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— 138 — thacus titys (Scop.)] qui m'a paru être en plumage de noces. Le 2 novembre 1902, j'ai tué sur la côte de Brévends (Manche) ur. couple de Plectroplianes de neige (Ptectro- phanes nivalis Mey. et Wolf). Je n'y ai vu que ce couple isolé. Ce Plectrophane n'est pas très-rare en Normandie, et j'ai déjà signalé plusieurs fois à notre Société la capture de cet oiseau. Le 20 décembre 1902, j'ai tué à Géfosse (Calvados) un Grèbe à cou noir [Podiceps auritus (Briss.)]. Je me suis plusieurs fois procuré, cet oiseau depuis quelques années, et je le crois beaucoup moins rare sur nos côtes qu'on ne le pense généralement. Je me permets de signaler encore à la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen les quelques Oiseaux offrant un certain intérêt que j'ai tués ou reçus depuis le commencement de cette année : Le 10 février 1903, j'ai tué à la pointe de Barfleur (Man- che) un jeune mâle d'Eider vulgaire (Somateria mollis- sima Boie), et j'en ai vu abattre un semblable le même jour et au même endroit. Ces Fuligules portaient la livrée de deux ans. Le Cormoran huppé (Phalacrocorax minor Briss.) est commun au nord du département de la Manche; j'en ai tué ou reçu plusieurs sujets adultes et en noces, ainsi que quel- ques jeunes. J'ai abattu le premier en noces parfaites avec sa jolie huppe, le 15 février 1903, en face le cap Lévi (Man- che) ; je l'ai encore reçu en cette livrée le 26 mars. Les 10 et 12 février 1903, j'ai abattu deux Plongeons im- brim [Colymbus maximus (Klein)], entre les pointes de Lévi et de Barfleur (Manclie). Je dois enfin à la générosité de M. de Guerpel un beau — 139 — Chevalier brun mâle [ Totamis fuscus (L.) et un superbe couple de Chevaliers aboyeurs [ Totanus glottis (L.)] qu'il a tués à son gabion de Plainville (Calvados), le premier le 20 mars 1903, et les deux autres le 5 mai 1903. Je n'avais encore rencontré, sur nos côtes ou dans nos marais, ni l'une ni l'autre de ces espèces. Je suis heureux de remercier en- core l'aimable chasseur pour toutes les communications très- intéressantes que j'ai pu, grâce à son amabilité, transmettre à notre Société. Le 22 septembre 1903, j'ai vu à Laraberville (Seine-Infé- rieure) , soit un Gobe-mouches noir {Muscicapa atrica- capilla L.), soit un Gobe-mouches à collier (Muscicapa collarîs Bchst.) ; je l'ai malheureusement manqué. Je crois cependant que j'étais en présence d'un sujet de cette der- nière espèce. Le Chat sauvage ( Felis sylvestris Briss. ) existait-il encore au XVIII e siècle dans la forêt du Perche ? Par l'abbé A.-L. LETACQ Le Chat sauvage, qui habitait autrefois toute la France, y est maintenant fort rare. On ne le trouve plus guère que dans les massifs montagneux du Jura, des Alpes et des Pyrénées, et quelques forêls du Midi et du Centre, en par- ticulier de l'Indre et du Cher. (MARTIN et ROLLINAT, Verté- brés sauvages de l'Indre, 1894, p. 58.) Sa présence dans nos régions du Maine et de la Norman- die me semble plus que problématique. Les indications con- signées par MM. Henri Gadeau de Kerville (Faune de la. Normandie, V* fasc, p. 196) et Gentil (Mammalogie de la Sartke, p. 28) sont, de l'aveu des auteurs eux-mêmes,

Le Chat sauvage Felis sylvestris Briss. existait-il encore au XVIII … · Le Chat sauvage, qui habitait autrefois toute la France, y est maintenant fort rare. On ne le trouve plus

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Page 1: Le Chat sauvage Felis sylvestris Briss. existait-il encore au XVIII … · Le Chat sauvage, qui habitait autrefois toute la France, y est maintenant fort rare. On ne le trouve plus

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thacus titys (Scop.)] qui m'a paru être en plumage denoces.

Le 2 novembre 1902, j 'ai tué sur la côte de Brévends(Manche) ur. couple de Plectroplianes de neige (Ptectro-phanes nivalis Mey. et Wolf). Je n'y ai vu que ce coupleisolé. Ce Plectrophane n'est pas très-rare en Normandie, etj'ai déjà signalé plusieurs fois à notre Société la capture decet oiseau.

Le 20 décembre 1902, j'ai tué à Géfosse (Calvados) unGrèbe à cou noir [Podiceps auritus (Briss.)]. Je me suisplusieurs fois procuré, cet oiseau depuis quelques années, etje le crois beaucoup moins rare sur nos côtes qu'on ne lepense généralement.

Je me permets de signaler encore à la Société des Amisdes Sciences naturelles de Rouen les quelques Oiseauxoffrant un certain intérêt que j 'ai tués ou reçus depuis lecommencement de cette année :

Le 10 février 1903, j'ai tué à la pointe de Barfleur (Man-che) un jeune mâle d'Eider vulgaire (Somateria mollis-sima Boie), et j'en ai vu abattre un semblable le mêmejour et au même endroit. Ces Fuligules portaient la livréede deux ans.

Le Cormoran huppé (Phalacrocorax minor Briss.) estcommun au nord du département de la Manche; j'en ai tuéou reçu plusieurs sujets adultes et en noces, ainsi que quel-ques jeunes. J'ai abattu le premier en noces parfaites avecsa jolie huppe, le 15 février 1903, en face le cap Lévi (Man-che) ; je l'ai encore reçu en cette livrée le 26 mars.

Les 10 et 12 février 1903, j'ai abattu deux Plongeons im-brim [Colymbus maximus (Klein)], entre les pointes deLévi et de Barfleur (Manclie).

Je dois enfin à la générosité de M. de Guerpel un beau

— 139 —

Chevalier brun mâle [ Totamis fuscus (L.) et un superbecouple de Chevaliers aboyeurs [ Totanus glottis (L.)] qu'ila tués à son gabion de Plainville (Calvados), le premier le20 mars 1903, et les deux autres le 5 mai 1903. Je n'avaisencore rencontré, sur nos côtes ou dans nos marais, ni l'uneni l'autre de ces espèces. Je suis heureux de remercier en-core l'aimable chasseur pour toutes les communications très-intéressantes que j'ai pu, grâce à son amabilité, transmettreà notre Société.

Le 22 septembre 1903, j'ai vu à Laraberville (Seine-Infé-rieure) , soit un Gobe-mouches noir {Muscicapa atrica-capilla L.), soit un Gobe-mouches à collier (Muscicapacollarîs Bchst.) ; je l'ai malheureusement manqué. Je croiscependant que j'étais en présence d'un sujet de cette der-nière espèce.

Le Chat sauvage ( Felis sylvestris Briss. )existait-il encore

au XVIIIe siècle dans la forêt du Perche ?

Par l'abbé A.-L. LETACQ

Le Chat sauvage, qui habitait autrefois toute la France, yest maintenant fort rare. On ne le trouve plus guère quedans les massifs montagneux du Jura, des Alpes et desPyrénées, et quelques forêls du Midi et du Centre, en par-ticulier de l'Indre et du Cher. (MARTIN et ROLLINAT, Verté-brés sauvages de l'Indre, 1894, p. 58.)

Sa présence dans nos régions du Maine et de la Norman-die me semble plus que problématique. Les indications con-signées par MM. Henri Gadeau de Kerville (Faune de la.Normandie, V* fasc, p. 196) et Gentil (Mammalogie dela Sartke, p. 28) sont, de l'aveu des auteurs eux-mêmes,

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trop vagues ou trop contestées pour mériter la confiance. Jene crois pas, d'ailleurs, qu'on puisse citer dans ies collec-tions ou les Musées un seul exemplaire capturé chez nous.Mais il n'est pas inutile de rechercher l'époque où le Chatsauvage a disparu du pays.

Pour l'Orne, j'avais cru pouvoir affirmer, d'après les tra-ditions conservées chez les vieux chasseurs voisins de nosforêts, que le Chat sauvage se rencontrait encore, il y a unsiècle, en Andaine, Ecouves et Saint-Evroult '.

Or, ces jours derniers, j'ai eu la bonne fortune de décou-vrir un document inédit qui, sans être, à mon avis, absolu-ment décisif, semble pourtant confirmer cette assertion.

Magné de Marolles, né à Tourouvre en 1728, mort à Pa-ris en 1792, avait publié en 1788 un volume in-S" de prèsde 600 pages sur la Chasse au fusil, où, après quantité dedétails historiques et techniques sur l'origine, la perfectionprogressive, la fabrication et l'usage des armes h feu, iltraite de la pratique de la chasse et des différentes, espècesde gibier qui se trouvent en France. Désirant compléter sonœuvre dans une seconde édition, il écrivit aux naturalisteset aux chasseurs de différentes régions de la France pourrecueillir de nouvelles indications sur les mammifères etles oiseaux de chasse. Les réponses qu'il reçut, soigneuse-ment reliées puis recopiées par Magné de Marolles lui-

1. À.-L. LETACQ : Les Mammifères du département de l'Orne,Catalogue analytique et descriptif, suivi d'indications détail-lées sur les espèces utiles ou nuisibles dans ies champs, les jar-dins et tes bois. Alençon, E. Renaut-de Broise, 1897, in-8",lii pages. — Dans cet opuscule j'avais cité, d'après les indicationsverbales d'un ancien conservateur, comme provenant de la forÈtdes Anglais, l'exemplaire conserve dans les collections de laFaculté des Sciences de Caen ; mais, M. Augustin Letellier ayantbien voulu, à nia prière, l'examiner à nouveau, a lu sur l'éli-quelle : « Ce magnifique exemplaire est un mâle adulte qui pro-vient des forêts des environs de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or). o

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même, forment un manuscrit d'environ 500 pages, grandin-8", qui est aujourd'hui la propriété dé M. Jean Bourni-sien, de Bellêrne.

C'est de ce manuscrit, très gracieusement mis à ma dis-position par M. Bournisien, que j'extrais une lettre datée du19 janvier 1788, indiquant le Chat sauvage dans 3a forêt duPerche. Elle est d'un nommé Bouley, que j'ai déjà cité(Bull., 1897, p. 19), à propos d'oiseaux extraordinairestués en 1758 sur l'étang de Chaumont, à la Trappe. Bouiey,qui dans les dernières années de sa vie était venu habiterle Val, non loin de Mamers, avait été longtemps garde-chasse à la Trappe, et on sait que la forêt du Perche s'étendsur une surface de plus de 3,000 hectares entre la Trappe,Tourouvre, la Poterie-au-Perche et Randonnai.

Voici ce que Bouley répondait à Magné de Marolles, quisollicitait du vieux chasseur quelques renseignements surles animaux dans la région, non sans lui adresser la des-cription de plusieurs d'entre eux, en particulier celle duChat sauvage.

Je conserve le style el l'orthographe de ia lettre.

a Vous désirez savoir, Monsieur, si je connais le chai» erré ou chat sauvage ; j'ai l'honneur de vous dire que» oui, je le connais. Cependant, ils sont très rares dans nos» forêts. Je n'en ai jamais vu qu'un en vie et mort. Vous» avez très bien pris son désignalement, sinon la barre» noire qu'il n'a point depuis la tète jusqu'à la queue, à» moins que la femelle ne l'ait, et c'était un mâle, et nous» l'avons eu sans y penser. Nous espérions déterrer un re-• nard, dans te milieu de la forêt du Perche, et nous avons» déterré un animai à nous inconnu, el le plus laid que j'aie» jamais vu et le plus malin. Il a la gueule plus alongée» que le chat domestique. Outre les bandes grises et noires» qu'il a sur le corps, il a le dessous du ventre d'un jaune» pale et le dedans des cuisses aussi. Sa taille est commea un bon renardeau d'un an. Il se loge dans la terre et dans

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» de gros modernes » creux, où il y a des trous assez grands» pour y passer, et il ne sort que la nuit, et voilà pourquoi» on n'en voit pas tant, »

Voilà bien les habitudes du Chat sauvage, qui le jour seretire dans un terrier ou se cache dans un trou d'arbre, ensort le soir pour se mettre à la poursuite des lièvres, lapins,etc., qui composent sa nourriture, et se fait remarquer parsa férocité ; c'est un tigre en miniature. La taille égale àcelle d'un jeune renard, le pelage marbré de bandes noirâ-tres, plus foncé en dessus qu'en dessous, ne sont pas moinscaractéristiques ; mais, au dire de Bouley, il manquait à cettebête la ligne noire sur le milieu du dos, qui est une desnotes distinctives de l'espèce.

Aussi je crois devoir émettre un léger doute sur l'identitéde l'animal observé flans la forêt du Perche.

Remarquons, cependant, que. Bouley n'avait dû prêterqu'une attention assez sommaire à la coloration du Chat, etqu'un caractère a pu lui échapper; que sa description ayantété rédigée sur de lointains souvenirs, la mémoire pouvaità une distance de trente années oublier un détail même desplus significatifs.

De plus, il s'agit bien d'un Chat ; le vieux chasseur n'a puse tromper sur le genre de l'animal ; ce Chat ayant toutesles habitudes et en partie les caractères du Chat sauvage,serait au moins un métis du Chat sauvage et du Chatdomestique ; mais cette hypothèse impliquerait encore l'exis-tence vers le milieu du xvmB siècle de l'espèce type dans laforêt du Perche.

Je serais heureux si ma communication pouvait engagerles naturalistes à faire quelques recherches sur un sujetintéressant pour la Zoologie normande.

1. Troncs d'arbres.

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M. Henri Gadeau de Kervîlle dit que M. Louis Ternier,le savant directeur de « La Chasse illustrée s, doublé d'unexcellent observateur, lui a obligeamment communiqué lesdeux intéressants renseignements ornithologiques qui sui-vent :

1" Un Phalarope platyrhynque [Phalaropus fulicarius(L.)] a été tué par lui, le 30 octobre 1903, au marais dePennedepie (Calvados), entre Honfleur et Villerville. D'aprèsM. Louis Ternier, cet oiseau, « dont le vol tenait le milieuentre celui de la Bécassine et celui du Chevalier, poussaitcontinuellement, en volant, un cri que l'on peut traduireexactement par : sik ! sik ! » Le Phalarope platyrhynqueest rare en Normandie;

2° Le gardien du phare de Berville-sur-Mer ( Eure ) a tuéquelques jours auparavant, dans cette commune, une jeuneFuligule eider [Fuligula mollissima (L . ) ] . Ce Palmipèdeest assez rare en Normandie.

M. Henri Gadeau de Kerville communique une notesur un tout jeune Canard domestique appartenant auxmonstres doubles du genre Métopage, et donne quelquesdétails sur les différents genres de monstruosités de lafamille des Eusomphaliens, à laquelle appartient le genreen question. Notre collègue fait passer sous les yeux del'Assemblée le spécimen dont il s'agit, spécimen des plusrares, conservé dans l'alcool, et qu'il photographiera etdisséquera ultérieurement.

M. l'abbé Palfray signale qu'il a vu ces jours derniers despoiriers fleuris, et que M. Henri de Parville cite le cas delilas en pleine floraison, fait qui ne s'était pas reproduiten cette saison depuis vingt-cinq ans.

M. Auguste Lemarchand et Maurice Nibelle disent qu'ilsont été, ces jours derniers, témoins de faits semblables, etqu'ils ont vu des ormes en feuilles, des primevères, despoiriers et des pommiers en fleurs.