Le Jour Où... « Le Monde » Choisit de Torpiller Giscard

25/07/14 08:56Le jour o... Le Monde choisit de torpiller Giscard

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Le jour o... Le Monde choisit de torpiller GiscardLE MONDE | 25.07.2014 10h55 Mis jour le 25.07.2014 12h16 | Par

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De 1945 2003, Le Monde raconte,pendant deux semaines, les dates qui ontmarqu l'actualit, mais aussi scand sapropre histoire. Ces douze pisodes de la srie le jour o seront publies dans le livredit pour les 70 ans du Monde , chezFlammarion, le 24 septembre.

Les relations ont toujours t mauvaises entre lenouveau prsident, lu en 1974 et le quotidien dusoir. Mais lorsque arrive en 1979 l'affaire desdiamants, rvle par Le Canard enchan , latension monte d'un cran. Philippe Boucher, unjeune rdacteur trs influent auprs du directeur,Jacques Fauvet, attise le feu anti-Giscard au granddam du service politique

Le Canard ! Le Canard ! Arpentant les couloirs, de l'imprimerieen sous-sol jusqu'aux soupentes de l'immeuble du Mond e, legaron d'tage a pris les manires d'un vendeur la crie. Tous lesmardis, en fin d'aprs-midi, il livre ainsi rue des Italiens

Le Canard enchan , quelques heures avant sa mise en ventedans les kiosques, et cette arrive tonitruante sonne toujours un peucomme une rcration. Les pieds sur le bureau, ceux qui planchaient surleur papier font soudain relche et, dans un nuage de fume, dvorentles scoops et s'essaient aux contrepteries.

Ce 9 octobre 1979, une nouvelle s'tale, en rouge vif, la une del'hebdomadaire satirique : Quand Giscard empochait les diamantsBokassa. A l'intrieur, bien en vue en page 3, l'hebdomadaire publie



le fac-simil d'un simple bon de commande. Adress six ans plus tt auComptoir national du diamant, le bordereau sign Gnral Jean-BedelBokassa , prsident de la Rpublique centrafricaine, intime un ordre quitient en quelques lignes : Veuillez remettre Madame Dimitri,secrtaire de la prsidence de la Rpublique, une plaquette de 30 caratsenviron destins M. Giscard d'Estaing, ministre des Finances de laRpublique franaise.

Depuis le 20 septembre, la presse vit au rythme de l'opration Barracuda qui a organis la destitution de ce chef d'Etat qui s'taitfait sacrer empereur. Le lendemain de la chute de Bokassa,

Le Monde a publi une tribune d'un ancien ambassadeur deFrance en Centrafrique qui racontait dj les cadeaux dont le

soudard , comme l'appelait de Gaulle, gratifiait sesvisiteurs officiels du temps de sa splendeur. Il parat donc possible qu'la faveur du changement de rgime et du dsordre de l'administrationcentrafricaine Le Canard ait mis la main sur la preuve de ce cadeau si embarrassant pour le prsident franais.

Enferm dans ce bureau austre o les jeunes reporters osent peineentrer, Raymond Barrillon se montre pourtant circonspect. Ce n'est pasque le si raide chef du service politique ait une quelconque indulgencepour le prsident de la Rpublique. Mais il sait que la publication d'uneinformation dans Le Monde vaut imprimatur et conditionnegnralement le menu des journaux tlviss du soir. Par prudence, ilrechigne reprendre sans vrification le scoop d'un confrre mettant encause le chef de l'Etat.

Depuis l'lection prsidentielle de 1974, le quotidien entretient pourtantdes relations tendues avec Valry Giscard d'Estaing. Lorsqu'il taitencore ministre des finances, VGE est venu une ou deux fois au marbrecorriger les preuves de ses tribunes. Mais, depuis son arrive l'Elyse, il s'agace sans cesse de ce que le directeur du



Mond e, Jacques Fauvet, qu'il a voulu en vain amadouerd'une Lgion d'honneur, cache peine son hostilit son endroit. Toutle service politique parat d'ailleurs avoir des sympathies pour la gauche.Barrillon, socialiste convaincu, joue rgulirement au ping-pong avecFranois Mitterrand, dans la salle de sport de l'Assemble nationale.Thierry Pfister, le rubricard qui suit le PS, ancien responsable destudiants de la SFIO, crivait autrefois les discours de Pierre Mauroy.Pis, aux yeux du chef de l'Etat, le seul homme de droite qui parattrouver grce aux yeux du Monde est son principal rival, JacquesChirac, dont Andr Passeron, charg de suivre les gaullistes, raconteavec bienveillance l'ambition grandissante.

Mme les dbuts de ce prsident, pourtant si attentif la communicationpolitique moderne, n'ont pas sduit le journal. L'accrdit l'Elyse despremires annes du septennat, Thomas Ferenczi, un trentenaire distraitet un peu timide, a trs vite jug Giscard si distant qu'il estimpossible d'avoir la moindre conversation avec lui .

Normalien, ancien assistant de littrature franaise l'universitamricaine de Yale, Ferenczi aurait pourtant pu inspirer confiance cejeune chef d'Etat litiste qui attache tant d'importance aux diplmes et la ligne. Mais il a publi ds le 27 novembre 1974 un long article intitul Un certain exercice solitaire du pouvoir qui a fortement dplu Giscard parce que, contrairement aux habitudes de l'poque, il voquait mots couverts sa vie prive.

DURANT LE WEEK-END, M. GISCARD D'ESTAINGDISPARAT

Le prsident, qui dort en semaine dans les appartements privs del'Elyse, fait le va-et-vient entre son bureau et son domicile, o il dnesouvent, dtaillait l'article. Ses collaborateurs ignorent en gnralo il se trouve. Il lui est arriv, par exemple, de passer la nuit au GrandTrianon. Durant le week-end, M. Giscard d'Estaing disparat galementsans que l'on sache s'il est Chanonat, dans la gentilhommire de sesparents, Authon, dans la proprit de la famille de sa femme, ouailleurs ; seule une lettre scelle portant l'indication du lieu o il peut trejoint permet celui de ses collaborateurs qui assure la permanenced'entrer en contact avec lui.

Plus accablant encore, aux yeux de l'Elyse, le journaliste a repris uncho paru deux mois plus tt dans La L ettre de L'Expansion ,relatant un accident ayant eu lieu 5 heures du matin, en plein Paris,entre la voiture prsidentielle et un camion de livraison de lait,ayant oblig le conducteur rentrer son palais en taxi .Ferenczi en a fait trois lignes que VGE a dcouvertes, outr : Vraieou fausse, cette rumeur, formellement dmentie l'Elyse, est-il critdans Le Monde , commence devenir un fait politique ds lors



que les dirigeants de parti en font tat publiquement.

Depuis, le rubricard a t cart des invitations l'Elyse, o leprsident convie autour d'un th quelques journalistes tris sur le volet des conversations off. Avec ce que vous crivez sur nous, on ne vapas en plus vous aider ! , lui a lanc le secrtaire gnral de laprsidence, Claude Pierre-Brossolette. Lors d'un dner au Sicle, YvesCanac, secrtaire gnral adjoint de l'Elyse, a carrment rclam latte de Ferenczi Fauvet. Bien sr, elle lui a t refuse, mais lerubricard a fini par jeter l'ponge et a pris lui-mme l'initiative derejoindre le service culture.

Depuis, Nol-Jean Bergeroux, un fils d'instituteur jovial mais tenace, arepris le poste d'accrdit au palais prsidentiel. Les relations ne se sontpas rchauffes pour autant. Bergeroux, c'est un nom du Massifcentral ? , a questionn Giscard lors de leur premirerencontre. Oui, du Puy-de-Dme. J'aurais pari que c'taitdu Cantal La conversation n'est pas alle plus loin.

Elev dans l'orgueilleuse religion des informations maison, Barrillon n'adonc rien prvu d'autre qu'une brve signalant le scoop du Canarddans ses pages du lendemain. Mais, quelques pas, au deuximetage, dans son minuscule bureau peine clair par une fentredonnant sur un puisard, Philippe Boucher ne l'entend pas ainsi.

ON NE DONNE PAS DE RESPONSABILITS DESHOMMES COMME A

L'ditorialiste parat toujours l'afft d'une information un peu explosivedans ce journal si classique. Avec sa moustache, ses grandes charpesde couleur accordes ses yeux gris-vert, sa conduite dbride auvolant de sa Rover vintage 1967 et son arrogante aisance, cethomosexuel assum dtonne dans une rdaction o Hubert Beuve-Mryprofessait encore rcemment : On ne donne pas de responsabilits des hommes comme a

Lors de son arrive en 1970, la plupart des historiques du quotidien ontd'ailleurs regard d'un peu haut cet ancien employ de banque devenujournaliste, le prenant d'abord pour un saltimbanque ,brillant certes, mais destin, au fond, demeurer en marge. Ils ont dcependant se rendre l'vidence que Philippe Boucher est bien plus quecela. Plume talentueuse, il possde un entregent exceptionnel et uneinfluence particulire sur le nouveau directeur du Monde , JacquesFauvet.

Trois ans aprs son arrive, ce dandy non dnu dediablerie , comme dit la chef de la culture, Yvonne Baby, a t



nomm la tte du service socit, avant d'obtenir deux annes plustard un poste unique dans le journa l , sourit-il : celuid' ditorialiste rattach au directeur . Depuis, la rumeur interne etmme des graffitis sur les murs vnrables de l'immeuble de la rue desItaliens tmoignent de la stupeur de la rdaction : Boucher a vampFauvet !

Le directeur du Monde , si guind et habituellement si peu indulgentpour ses confrres, parat en effet subjugu. Chaque matin vers 7heures, arrivant parfois directement de bote de nuit, Philippe passedans le bureau directorial, rapportant la rumeur de Paris. Le soir, lejournaliste emmne le patron dans d'amusants dners, et mme, unefois, au Palace, o Jacques Fauvet et son pouse, Claude, ontdcouvert, sidrs, ce mlange spectaculaire de gays affranchis et defigures de la mode qui, au coeur de ces annes 1970, s'apprtent rvolutionner les moeurs en dansant sur de la musique disco.

Boucher abhorre le giscardisme et ses manires d'Ancien Rgime.Quelques annes plus tt, Jack Lang, rencontr au Festival de Nancy,lui a prsent Franois Mitterrand. Ce n'est pas que le leader socialisteait particulirement le vent en poupe : Depuis les lgislativesperdues de 1978, il est mme un peu sold aux piedshumide s , plaisante l'ditorialiste avec ce sens de la formulequi fait rire la confrence du matin, pourtant si austre. Mais ces deuxamateurs d'intrigues se sont bien trouvs. Un jour qu'il allait interviewerMitterrand, le sducteur Boucher a rclam l'issue de l'entretien :

Je voudrais vous demander un service. Pourriez-vous crire magrand-mre, inscrite la SFIO depuis Jaurs ? Le premiersecrtaire du PS n'y a pas rsist. Il a crit la lettre, et mme envoy seslivres ddicacs la vieille dame. Depuis, il est arriv que l'on croise lesdeux hommes chinant ensemble des manuscrits anciens dans leslibrairies des quais de Seine.



L'indiffrence et moi, nous ne sommes pas passs par la mmeporte , assure Philippe Boucher en guise d'autoportrait.Plaidant pour des enqutes plus vigoureuses contre le pouvoir on ne dit pas encore investigations , il multiplie les mercurialescontre les lois liberticides du ministre de l'intrieur, MichelPoniatowski, et du garde des sceaux, Alain Peyrefitte.

En lisant Le Canard , le journaliste a donc flair la bonne histoire.Simone Veil, connue dix ans auparavant lorsqu'elle tait magistrate, l'aappel de Strasbourg, o elle prside le Parlement europen : Toutle monde savait qu'il ne fallait pas aller en Centrafrique, parce queBokassa y distribuait des diamants. Mais le prsident n'a jamais pursister la chasse au gros ! Si mme l'ancienne ministre de lasant croit au scoop du Canard

Depuis des semaines dort dans le frigo du journal un article sur lesinvestissements de deux cousins Giscard d'Estaing au Tchad et auCameroun que l'on n'a pas encore trouv l'occasion de publier. Enmettant bout bout le patrimoine des cousins Giscard, l'histoire desdiamants de Bokassa et un papier sur la pratique des cadeaux en Franceet l'tranger, en tricotant un petit point sur la situation en Centrafriqueet un autre sur les mises en cause de chefs d'Etat depuis la IIIeRpublique, en casant un filet sur la ppite offerte autrefois de Gaulle et laisse l'ambassade de France Brazzaville par unGnral exceptionnellement pointilleux sur le sujet , et mme enplaant un article qui reprend les informations de l'hebdomadaired'extrme droite Minute sur le permis de construire obtenu par lepremier ministre Raymond Barre Saint-Jean-Cap-Ferrat, il y a de quoi,assure Boucher, monter une double page . Reste vendre la direction du Monde cet ensemble foutraque.

LA MORSURE DOULOUREUSE DANS LECOEUR

Le soir mme, Jacques Fauvet doit se rendre l'ambassade du Portugalpour un dner offert par le prsident Ramalho Eanes, en visite officielle Paris. Giscard en est galement. Au cocktail, les deux hommesconversent comme si de rien n'tait. Le secrtaire gnral de l'Elyse,Jacques Wahl, n'a pas dit un mot au prsident de l' affaire quiagite dj le microcosm e , comme dit avec mprisRaymond Barre. Et Fauvet n'a pas encore pris connaissance del'ensemble imagin par l'ditorialiste qui lui est directement rattach.

Des annes plus tard, Giscard confiera la morsure douloureusedans le coeur qui le saisit le lendemain en dcouvrant, la sortie duconseil des ministres, les deux pages du Monde , dont aucun articlen'est sign, sauf un ditorial cinglant de Jacques Fauvet, intitul Lavrit et l'honneur , que le directeur du Monde a, en ralit, crit



avec Boucher. Je n'arrive pas le croire ! J'ai dn la veille au soiravec le directeur du Monde , raconte l'ancien prsident dans

Le Pouvoir et la vie , le rcit de ses annes au pouvoir. S'il s'agitd'une double page et d'un ditorial, ils devaient dj tre composs. Il nem'en a pas dit un mot, ne m'a pas fait une allusion. Qu'il attaque leprsident de la Rpublique, c'est son droit. Mais qu'il ne prenne mmepas la peine de lui dire qu'il a reu des informations, qu'il va les publier,et surtout qu'il reste devant vous, le visage souriant, sachant ce qu'ils'apprte faire

En vrit, le 10 octobre 1979, les deux pages du Monde font l'effetd'une bombe. Si le quotidien de rfrence reprend le scoop du

Canard enchan , c'est donc qu'il est vrai. Jusque-l, seule lapresse d'opposition, Le Matin de Paris, Libration et

L'Humanit avaient fait tat de l'information du palmipde. Mais,aprs la parution du Monde , l'Agence France-Presse s'oblige demander une rponse de l'Elyse.

JE NE VOUS EN VEUX PAS PERSONNELLEMENTMAIS, SI JE SUIS RLU, LE JOURNAL N'AURAAUCUN CADEAU.

Il arrive parfois que les patrons de presse saisissent avant les chefsd'Etat le danger qui les menace. Alors que Valry Giscard d'Estaing adcid de traiter le sujet par le mpris, un homme a compris d'emblel'impact dvastateur de la double page du Monde . Aprs avoir luson principal concurrent comme il le fait toujours avant le djeuner,Robert Hersant, le propritaire du Figaro , s'est dcid appelerVictor Chapot, le conseiller du prsident de la Rpublique : Demain,ce sera l'incendie dans toute la presse. Il faut que l'Elyse fasse trs viteun dmenti muscl. Je ne pourrai plus tenir mes journalistes.

Ceux de la rue des Italiens sont eux-mmes en moi. Beaucoupd'entre nous taient gns de voir sortir cette histoire un an et demiavant la prsidentielle, se souvient Andr Laurens, alors adjoint deRaymond Barrillon. Certains jugeaient mme l'affaire vnielle, et, entout cas, le service politique n'admettait pas que cette chasse l'hommecontre Giscard soit sortie hors de son contrle. Une partie de lardaction s'exaspre plus encore de l'influence grandissante de PhilippeBoucher, dont Jacques Fauvet parat ne plus pouvoir se passer.

Entre Le Monde et l'Elyse, les relations se font glaciales. Depuisqu'il a dcouvert la fameuse double page, le prsident jure qu'il nepourra plus jamais lire le quotidien du soir. A Nol-Jean Bergeroux, illche : Je ne vous en veux pas personnellement mais, si je suisrlu, le journal n'aura aucun cadeau. De quoi inquiter le servicepolitique, qui pense encore que le prsident sortant finira par tre rlu



et se montre presque plus confiant que le Chteau. Chaque fois que lespcialiste des sondages de l'Elyse s'inquite des faiblesses del'lectorat de droite, les journalistes se rcrient avec une pointed'amertume : Mais non, il va encore gagner ! Le 10 mai 1981,c'est pourtant Franois Mitterrand qui l'emporte. Peu aprs 20 heures,Jacques Fauvet monte jusqu'au deuxime tage congratuler Barrillon, etles journalistes regardent, bahis, ces deux monstres froids pleurantdans les bras l'un de l'autre.

L'histoire n'est pourtant pas tout fait termine. Dix jours plus tard, unditorial au vitriol contre le prsident battu provoque de tels remous ausein de la rdaction qu'il fait l'objet d'un sujet spcial au journal tlvisdu soir, sur TF1. Non sign, mais en fait rdig par Philippe Boucher,l'article dnonce violemment, en une , les manires giscardiennes :

Si ces mmeries n'taient odieuses, elles taient grotesques ! Legrotesque retombait sur la France entire, crit l'ditorialiste. Il estaujourd'hui de bon aloi que le nouveau prsident choisisse prsent dese rendre au Panthon rpublicain pour s'y rfrer Jean Jaurs pluttque de rver Louis XV. Oui, ouf ! Plutt cela que d'tre tent dechanter le a ira !

JE RECONNAIS QUE J'AVAIS LA DENT UN PEUDURE

Cette fois, la Socit des rdacteurs se saisit de l'affaire. Car ellesouponne dsormais l'lection prsidentielle d'en masquer une autre,un scrutin cach mais combien crucial et stratgique pour lesjournalistes. La voil en effet convaincue que Fauvet s'est choisi Bouchercomme successeur, un Boucher confort par la victoire de Mitterrand, etqui critique le service politique, un classique dans tous les journaux. Ellecherche lui barrer la route et obtient que, dsormais, les ditoriauxsoient relus soigneusement afin d'empcher tout glissement quiremettrait en cause esprit de critique et d'objection l'gard du pouvoiren place . Le directeur du Monde doit s'incliner et renoncer adouber ce fils lectif. Jacques Fauvet quitte le journal deux ans plustard, bientt nomm la prsidence de la CNIL par Franois Mitterrand,qui le fera grand officier de l'ordre national du Mrite en 1988.

De cette poque, certains, comme Thierry Pfister, ont gard le souvenirdes illusions perdues. L'ancien rubricard du PS, qui avait rejoint lecabinet de Pierre Mauroy Matignon, quelques jours aprs la victoiresocialiste de mai 1981, a termin sa carrire comme diteur chez AlbinMichel, o il a notamment publi le livre de l'inspecteur Gaudinodnonant le financement occulte du Parti socialiste. Raymond Barrillonest mort d'un cancer, en 1983, l'hpital o le prsident de laRpublique tait venu discrtement lui rendre visite.

Rest fidle Franois Mitterrand, Philippe Boucher, retrait du Conseil



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d'Etat, o le prsident socialiste l'avait nomm en 1991, a gard sescharpes bleues, sa Rover d'poque et son ironie mordante. Jereconnais que j'avais la dent un peu dure , concde-t-il uneterrasse de caf Montparnasse. Il continue aujourd'hui d'adresser desmails ses anciens confrres, commentant le journal comme s'il encrivait encore l'ditorial. Seul Valry Giscard d'Estaing a gardlongtemps sa rancoeur intacte. Ses collaborateurs jurent qu'il a mis desannes avant de pouvoir relire Le Monde .

Demain : Le jour o... Le Monde vire Reiser

Par Raphalle Bacqu (/journaliste/raphaelle-bacque/)

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