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Le journal scolaire (JS) et les principes de la pédagogie Freinet Sofia Lahlou Université Ouverte Hellénique, GAL50, 4 e réunion 2012-13 Nous allons faire une approche critique de trois journaux scolaires : 1) Le journal des quartiers Ripaille-Perrière d’Annonay. École Jean Moulin. Lire les pages 10-11 « Les actualités du quartier » et « Les actualités du monde » 2) Οι φιλίες των παιδιών, 35o Δημοτικό Σχολείο Αθήναρ, Εξάπχεια http://www.0- 18.gr/downloads/oi-filies-ton-paidion 3) Ma francophonie, n o 2, Journal des classes de FLE des écoles secondaires de l’Attique de l’est. Disponible sur : http://dide- anatol.att.sch.gr/tte/nea/sumbouloi/efimgal2.pdf Plus précisément, nous allons étudier si et comment à travers ces exemples de projets scolaires sont mis en œuvre les principes de la pédagogie Freinet - école moderne : l’expression libre le travail personnalisé (fichiers auto-correctifs, travail planifié, évaluation formatrice « brevets ») la recherche, la méthode naturelle d’apprentissage, le tâtonnement expérimental. le conseil coopératif de classe ou/et d’école pour élaborer les projets, les règles de vie et réguler les conflits. la communication : entretiens, débats, conférences, journal, correspondances. la découverte du monde : avec des visites, des voyages-échanges, des classes de découvertes, l’accueil de personnes ressources… la libre circulation au sein de la classe et de l’école dans le respect des règles de vie communes.

Le journal scolaire objectifs, exemples

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Page 1: Le journal scolaire   objectifs, exemples

Le journal scolaire (JS) et les principes de la pédagogie Freinet

Sofia Lahlou

Université Ouverte Hellénique, GAL50, 4e réunion 2012-13

Nous allons faire une approche critique de trois journaux scolaires :

1) Le journal des quartiers Ripaille-Perrière d’Annonay. École Jean Moulin. Lire

les pages 10-11 « Les actualités du quartier » et « Les actualités du monde »

2) Οι φιλίες των παιδιών, 35o Δημοτικό Σχολείο Αθήναρ, Εξάπχεια http://www.0-

18.gr/downloads/oi-filies-ton-paidion

3) Ma francophonie, no 2, Journal des classes de FLE des écoles secondaires de

l’Attique de l’est. Disponible sur : http://dide-

anatol.att.sch.gr/tte/nea/sumbouloi/efimgal2.pdf

Plus précisément, nous allons étudier si et comment à travers ces exemples de projets

scolaires sont mis en œuvre les principes de la pédagogie Freinet - école moderne :

l’expression libre

le travail personnalisé (fichiers auto-correctifs, travail planifié, évaluation

formatrice « brevets »)

la recherche, la méthode naturelle d’apprentissage, le tâtonnement expérimental.

le conseil coopératif de classe ou/et d’école pour élaborer les projets, les règles de

vie et réguler les conflits.

la communication : entretiens, débats, conférences, journal, correspondances.

la découverte du monde : avec des visites, des voyages-échanges, des classes de

découvertes, l’accueil de personnes ressources…

la libre circulation au sein de la classe et de l’école dans le respect des règles de

vie communes.

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Le journal scolaire (JS) et les principes de la pédagogie Freinet. Analyse critique

l’expression libre

Avec le JS on donne la possibilité aux enfants de s’exprimer librement selon leurs

intérêts et motivations s’adressant à de vrais destinataires.

« Le journal scolaire se veut le reflet de l’expression de l’enfant, de ses intérêts, de ses

questionnements, de ses recherches, de son travail. Il est le lieu de paroles vraies des enfants,

des jeunes » (Bachy M. et al., 2002).

« Dans le JS on écrit le plus pour être lu. Cette socialisation est indispensable, elle est l’un des

moteurs de la production. Il donne au jeune le moyen de diffuser sa parole, dans la société qui

l’entoure » (idem).

Exemple : Dans le JS Ma francophonie, no 2, les élèves expriment leurs pensées et

inquétudes dans des textes libres (sans sujet imposé) dans des petits poèmes sans rime

et dans un travail individuel ou collectif. C’est le cas de la rubrique inquiétudes, 1e

page.

le travail personnalisé (fichiers auto-correctifs, travail planifié, évaluation

formatrice « brevets »)

Le travail est le résultat des intérêts et des vocations individuels des apprenants,

l’évaluation est positive. Tous les sujets choisis pour le journal scolaire partent du

vécu des apprenants.

Exemple : Dans l’interview réalisé par les élèves auprès de Pavlina Pampoudi ou de

Pavlina auprès des élèves qui prend en fait la forme de jeu (Filies ton Paidion, p. 5)

on voit que les apprenants posent des questions diverses selon un choix personnel.

Les besoins de la tâche (interagir lors d’un entretien, poser des questions à l’auteure

et puis transcrire ces questions - réponses) demande aux élèves de travailler sur les

phénomènes linguistiques (forme interrogative, mots interrogatifs, verbes au présent)

et sociolinguistiques (vouvoyer, être gentil). Donc, chaque apprenant participe selon

ses capacités et ses intérêts et son travail est le résultat de son effort personnel et du

travail guidé par l’enseignant qui fournit les outils nécessaires pour

l’accomplissement des tâches.

la recherche, la méthode naturelle d’apprentissage, le tâtonnement expérimental.

Le JS permet un apprentissage naturel de la lecture et de l’écriture. On apprend à lire

et à s’exprimer (à écrire) par besoin de s’exprimer. Avec le JS on donne matière à lire

et raison de lire. Ecrire est ici un outil pour communiquer, pour s’exprimer.

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Exemples :

a) Dans l’exemple précedent, l’apprentissage des éléments linguistiques se fait

naturellement pour répondre aux besoins de la tâche. Un travail en classe collectif et

individuel (avec fichiers auto-correctifs) sur les phénomènes prépare les élèves à

l’éxecution de la tâche. Les élèves apprennent donc naturellement à poser des

questions pour les poser dans une situation réelle d’entretien.

b) Pour présenter leur jeu, dans le JS Ma francophonie, no 3, page 3, Faites

correspondre les pays visités et les albums d’Astérix, les élèves apprennent

naturellement et sans contrainte le vocabulaire des pays (les nommer et les écrire).

le conseil coopératif de classe ou/et d’école pour élaborer les projets, les règles de

vie et réguler les conflits.

Le journal scolaire est une œuvre coopérative, elle n’est pas une technique isolée.

« La coopération, c’est pouvoir un jour réjouir et profiter positivement des différences entre les

êtres, en jouissant de la complémentarité qu’elles offrent. C’est apprécier l’existence et la

présence des autres à nos côtés. » (Lemery et Bizieau, 2002, 63). Cela va à l’encontre d’une

éducation à la compétition par la compétition et à la réussite au détriment de l’autre. L’autre…

l’étranger… la classe sociale différente… (idem.)

Exemple : le JS est toujours le produit d’un travail coopératif puisque dans ceci

plusieurs articles sont présentés dans un produit commun. Pour choisir les articles,

jeux, images et photos à publier dans son journal, le conseil éditorial doit collaborer

et prendre des décisions. Dans ce conseil il y a des résponsables en fonction du

niveau de scolarisation (présentation des rubriques, de la Une, rersponsble des

lectures, de la mise en page, du receuil des articles etc.)

Plusieurs articles sont aussi préparés en collaboration. Dans le JS Ma francophonie,

no 2, les élèves du 2

e collège « Tossitsio » de Écali expriment leurs pensées et

inquétudes dans un travail collectif, Le corps humain, p. 1 et les élèves du 2e collège

de Koropi présentent collectivement Le cycle de l’eau, p. 2.

la communication : entretiens, débats, conférences, journal, correspondances.

« Le journal scolaire place l’enfant dans une situation authentique de communication. Former

des enfants producteurs d’écrits n’est pas possible que si les écrits ont un sens pour eux »

(idem).

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Exemple : Le journal est une situation authentique de communication car les èléves

écrivent pour être lus. Dans le journal lui-même, on trouve aussi des entretiens, Filies

ton Paidion, p. 5 et p. 14 et du courrier des lecteurs, Filies ton Paidion, p. 12, p. 16.

la découverte du monde : avec des visites, des voyages-échanges, des classes de

découvertes, l’accueil de personnes ressources…

Le JS permet l’ouverture vers l’extérieur, l’ouverture sur le monde et la découverte du

monde.

« Les journaux « scolaires » qui arrivent dans la classe sont une fenêtre ouverte sur le monde.

Les enfants découvrent d’autres enfants, sont sensibilisés aux problèmes de vie et de société

qui traversent ces journaux, témoins de leur temps et de leur environnement social et

géographique » (idem).

Exemple : Découverte de la BD Astérix et du Parc Astérix, Ma francophonie, no 3,

Le Parc Astérix à Paris, p. 3. Plein dautres exemples dans tous les journaux.

la libre circulation au sein de la classe et de l’école dans le respect des règles de

vie communes.

Le JS (la collaboration et la prise de décisions pour l’édition du JS) s’intègre à la vie

coopérative de la classe qui est caractérisée par l’esprit démocratique de l’école.

Exemple : On le voit par la polymorphie dans les sujets et la forme des écrits et des

messages des journaux. Il est clair qu’on respecte toutes les opinions. To parko, Filies

ton Paidion, p. 12.

De l’éducation aux médias

« Les jeunes appréhendent le fonctionnement médiatique, prennent conscience des enjeux de la

liberté d’expression et forgent leur identité de citoyen. Ils comprennent la puissance des

medias. Leur sens critique s’aiguise. L’éducation aux médias est actuellement un enjeu majeur

de la formation du citoyen capable de porter un regard critique sur le monde qui l’entoure »

(idem, 5). « Il devient urgent de construire des outils d’analyse permettant de décrypter ce

langage, de donner des clés, de traquer la désinformation, la manipulation, la propagande… »

(idem, 7).

Exemple : Dans Filies ton Paidion, p. 14-15, les élèves prennent conscience de la

valeur de la libérté de l’expression. En fonction de leur niveau de scolarité, ils vont

forger leur identité de citoyen.

De la socialisation de l’enfant

Page 5: Le journal scolaire   objectifs, exemples

Dans le JS on écrit pour être lu. « Cette socialisation est indispensable, elle est l’un

des moteurs de la production. Il donne au jeune le moyen de diffuser sa parole, dans

la société qui l’entoure » (idem).

Exemple : les élèves communiquent entre eux et collaborent pour la production

d’articles collectifs et pour l’édition du JS. Ils ne sont plus enfermés en eux-mêmes,

ils se socialisent dans la communauté de la classe. Ils communiquent aussi evec le

monde extérieur (entretiens), ils ne sont, donc, plus enfermés dans les murs de la

classe. Ils diffusent leur travail, ils s’ouvrent à la communauté de l’école, de la ville et

à tous ceux qui lisent leur journal. C’est le cas de tous les JS.

Références bibliographiques

Bachy, M., Bizieau, Ch., Le Menaheze, Fr., 2002, Le journal scolaire, Editions ICEM –

Pédagogie Freinet, dossier no 10-11.

Lemery, J., Bizieau, Ch., 2002, La pédagogie Freinet, des principes, des pratiques,

Editions ICEM – Pédagogie Freinet, dossier no 31.

Autres exemples de journaux scolaires:

Les fougères. Disponible sur :

http://catice.ac-besancon.fr/fougerolles_ecole_fougeres/internet/multi/multi00.htm

Ma francophonie, no 1. Disponible sur :

http://dide-anatol.att.sch.gr/tte/nea/sumbouloi/efimgal1.pdf