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Master 2 Domaine Sciences des interactions humaines et sociales Mention Information, communication et société Spécialité Contenus et Projets Internet Parcours Gestion et Développement de Projets Le logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? Mémoire en vue de l’obtention du master 2 Mention Information, communication et société présenté et soutenu par Régis Beller http://www.nagadoudi.info/ Directeur de recherche : Brigitte Simonnot Septembre 2006

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Master 2Domaine Sciences des interactions humaines et sociales

Mention Information, communication et sociétéSpécialité Contenus et Projets Internet

Parcours Gestion et Développement de Projets

Le logiciel libre :quelle opportunité pour les PME ?

Mémoire en vue de l’obtention du master 2Mention Information, communication et société

présenté et soutenupar

Régis Beller

http://www.nagadoudi.info/

Directeur de recherche : Brigitte Simonnot

Septembre 2006

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? ›

Table des matièresIntroduction..............................................................................................................................51. Évolution de l’informatique en entreprise.....................................................................8

1.1. Historique du logiciel.................................................................................................. 91.2. Un phénomène récent : les logiciels libres..............................................................12

1.2.1. Définition.......................................................................................................................... 131.2.2. Un modèle de développement inédit........................................................................... 141.2.3. Évolution dans l’utilisation du logiciel libre............................................................... 17

1.3. La situation actuelle................................................................................................... 181.3.1. Un secteur privé encore réticent....................................................................................181.3.2. Le secteur public ouvre la voie du libre....................................................................... 25

2. Obstacles à l’adoption de l’open source....................................................................... 272.1. Critiques à l’encontre du libre.................................................................................. 282.2. Des risques décisionnels importants....................................................................... 29

2.2.1. L’incertitude légale..........................................................................................................292.2.2. Un risque personnel pour le DSI................................................................................... 312.2.3. La peur des coûts non maîtrisés.................................................................................... 322.2.4. Des inquiétudes sur la pérennité...................................................................................33

2.3. Des logiciels peu ergonomiques...............................................................................342.4. Quelle compatibilité avec l’existant ?...................................................................... 352.5. Conclusion des obstacles à l’adoption de l’open source.......................................36

3. Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?....................................................... 393.1. Réduction des coûts................................................................................................... 403.2. Fiabilité.........................................................................................................................433.3. Sécurité.........................................................................................................................453.4. Indépendance et interopérabilité............................................................................. 473.5. Une reconnaissance croissante................................................................................. 51

3.5.1. Dans les administrations................................................................................................ 523.5.2. Au sein des entreprises................................................................................................... 533.5.3. Parmi les constructeurs informatiques.........................................................................543.5.4. Chez les éditeurs informatiques.................................................................................... 54

3.6. Conclusion des raisons de l’utilisation du libre.....................................................554. Expériences de migrations...............................................................................................58

4.1. Deux PME du secteur tertiaire................................................................................. 604.2. La gendarmerie nationale..........................................................................................624.3. La CCI de Meurthe-et-Moselle................................................................................. 634.4. La chaîne de supermarchés Auchan........................................................................654.5. Une PMI – secteur industriel.................................................................................... 66

5. Conclusion générale......................................................................................................... 70Pour approfondir...................................................................................................................74Bibliographie......................................................................................................................... 76

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? ›

Préambule

Ce document est publié sous licence Creative Commons – paternité – partage des conditions initiales à l’identique 2.5.

Vous êtes libres :● de reproduire, distribuer et communiquer cette création au public ;● de modifier cette création ;● d’utiliser cette création à des fins commerciales...

... selon les conditions suivantes :● paternité : vous devez citer le nom de l’auteur original ;● partage des conditions initiales à l’identique : si vous modifiez, transformez

ou adaptez cette création, vous n’avez le droit de distribuer la création qui en résulte que sous un contrat identique à celui-ci.

Vous n’êtes pas obligé de me prévenir en cas de réutilisation ou distribution, mais un petit message me fera toujours plaisir. ;-)

Plus de précisions à l’adresse http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5/legalcode.

Je remercie :● Jean-Philippe Guillaume, Olivier Lutz et Sacha Goepp, responsables

en agences web,pour avoir répondu au questionnaire sur l’utilisation des logiciels libres dans leur entreprise ;

● Brigitte Simonnot, Maître de conférences à l’Université de Metz,pour son aide et sa disponibilité ;

● La communauté francophone Wikipédia,pour la formidable mine d’information dans laquelle généreusement j’ai puisé.

Ce dossier a été réalisé à l’aide de logiciels libres :● rédaction et graphiques : OpenOffice.org ;● illustrations : The Gimp ;● impression : Linux.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Introduction

Introduction

Dans l’économie de marché qui est la nôtre, la bonne santé des entreprises

régit celle du pays. Il est important qu’elles soient efficaces et rentables. Pour

réduire leurs coûts, elles se sont massivement équipées de l’outil informatique

depuis plusieurs décennies : elles ont ainsi pu notamment gagner du temps et

améliorer leur gestion. Les plus petites structures ont suivi le mouvement plus

récemment.

Un certain équilibre entre les constructeurs de matériel informatique, les

éditeurs de logiciels et les utilisateurs semble s’être trouvé. En effet, les quasi-

monopoles d’un nombre croissant d’éditeurs –chacun dans son ou ses domaines–

imposent une certaine homogénéité aux utilisateurs. Mais en y regardant de plus

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Introduction

près, on constate qu’une nouvelle famille de logiciels gagne sensiblement des parts

d’utilisateurs : les logiciels dits « libres ».

Les logiciels libres

L’utilisation de tout logiciel est soumise à l’acceptation d’un contrat

d’utilisation, aussi appelé licence. Pour la plupart des logiciels, dits « propriétaires »,

seule l’utilisation est autorisée, ce qui satisfait généralement le client. Leurs

équivalents libres sont soumis à des contrats plus permissifs. Ils permettent à toute

personne qui possède une copie du logiciel non seulement de l’utiliser, mais aussi de

l’étudier, le modifier et le redistribuer.

Il existe de nombreux travaux traitant des logiciels libres. Ils abordent souvent

ce thème sous son aspect « idéaliste ». En effet, le « mouvement du libre » est né

d’une philosophie du partage de l’information qui ne place pas les contraintes

financières au cœur de la réflexion. Le présent mémoire considérera le logiciel libre

d’un point de vue plus pragmatique, en tenant compte des réalités économiques du

système.

Les PME

Il est important pour les utilisatrices que sont les entreprises de connaître

objectivement l’offre logicielle existante. Or, la position dominante et les moyens

marketing des grands acteurs en place biaise l’information dont elles bénéficient.

Les plus petites structures, dont les moyens investis en « recherche et

développement » sont généralement moindres, sont davantage lésées par ce manque

d’informations neutres. Pourtant, les petites et moyennes entreprises françaises, ou

PME, jouent un rôle capital dans l’économie du pays car elles représentent 99 % des

sociétés et deux tiers de l’emploi.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Introduction

Ce mémoire va principalement aborder le thème des logiciels libres du point

de vue de ces PME. La nomenclature de l’Union européenne retient le seuil maximal

de 250 employés pour cette catégorie d’entreprises. La France y ajoute le seuil

minimal de 10 employés ; en deçà, il s’agit de très petites entreprises. L’approche du

mémoire sera restreint aux PME utilisatrices de logiciels ; les entreprises contributrices

(éditrices de logiciels) ne seront pas directement concernées... même si la

contribution implique généralement l’utilisation.

Le dossier commencera par une description de la situation : après avoir

retracé l’évolution passée de l’informatique en entreprise, il dépeindra la situation

actuelle, dominée par les logiciels propriétaires. Puis l’attention sera portée sur les

logiciels libres dans leur ensemble (incluant ceux fonctionnant avec des systèmes

d’exploitation propriétaires tels que Windows et MacOS : les obstacles à leur

utilisation, les bénéfices que les PME peuvent en attendre et quelques retours

d’expérience d’organismes qui ont franchi le pas. Un récapitulatif pratique donnera

quelques pistes aux décideurs néophytes désireux de migrer, partiellement ou non,

vers cette solution alternative.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

1. Évolution de l’informatique en entreprise

Pour bien comprendre le phénomène des logiciels libres, il est important de

bien assimiler celui des logiciels. C’est pourquoi ce premier chapitre en retracera

l’évolution, depuis l’apparition de la notion de logiciel jusqu’à la situation actuelle.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

1.1. Historique du logiciel

L’ère de l’informatique moderne

commence en 1938 en Allemagne, avec

l’apparition des premiers calculateurs

électromagnétiques, les Séries-Z. Pendant

plusieurs décennies, le matériel fonctionne

seul et lorsque les premiers programmes

apparaissent, ils sont indissociables des

machines pour lesquels ils sont conçus.

1969 – années 1970 : les premiers logiciels

En 1969, le fabricant d’ordinateurs américain IBM innove en séparant pour la

première fois le matériel et le logiciel (phénomène de unbundling, en anglais). Mais

tout le monde considère encore à cette époque les applications comme annexes : la

principale source de revenus, en informatique, est le matériel. Le logiciel n’est là que

pour affiner les réglages. Personne n’imagine encore qu’il puisse être vendu

séparément.

Les échanges de logiciels entre fabricants et groupes d’utilisateurs sont la

règle. Chacun y trouve son compte : les utilisateurs bénéficient gratuitement des

applications et, en cas de dysfonctionnements, ils corrigent les bogues1 et renvoient

les améliorations aux fabricants. Cette opération est rendue possible car n’importe

qui peut avoir accès au code source des programmes. Il faut dire qu’alors, les rares

informaticiens sont principalement des chercheurs et des étudiants passionnés.

Jusque dans les années 1970, il n’est pas commun d’appliquer le droit d’auteur

au secteur du logiciel.

1 Bogue ou bug : anomalie de fonctionnement d’un programme.

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Logiciel« Un logiciel, ou application, est un en-semble de programmes qui permet à un ordinateur ou à un système informatique d’assurer une tâche ou une fonction en particulier (exemple : logiciel de compta-bilité, logiciel de gestion des prêts). On oppose en général, dans un système infor-matique, la partie matérielle (l’ordinateur et ses périphériques) et la partie logicielle, immatérielle (les programmes “écrits” sur le disque dur). »Source :http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

Années 1970 – années 1980 : l’informatisation spécifique

Mais un nouvel acteur va bientôt

changer la donne. En 1975, deux jeunes

hommes d’une vingtaine d’années, Bill

Gates et Paul Allen, créent la toute

première société d’édition de logiciels :

Microsoft. Visionnaires, ils anticipent la

forte croissance à venir dans le secteur de

l’informatique. C’est pourquoi ils tentent,

avec succès, d’inverser la situation, comme

l’atteste la lettre ouverte aux hobbyistes2

rédigée par Bill Gates en 1976. Il y explique

pourquoi un programme est un bien

commercial comme un autre et pourquoi

le développeur qui en est à l’origine mérite

une rétribution. Il s’agit d’une véritable

révolution !

Comme il l’avait prévu, le marché informatique explose dans les années qui

suivent. La commercialisation du premier PC d’IBM en 1981 fait l’effet d’une bombe.

Il n’est désormais plus nécessaire de dédier une salle complète à l’installation d’une

seule machine. Les grandes entreprises et les administrations s’équipent

massivement en micro-ordinateurs et en logiciels.

La principale caractéristique de cette période réside dans le prix très élevé des

programmes. En effet, la plupart d’entre eux sont écrits sur mesure, pour les besoins

d’un client spécifique. Il existe encore très peu de logiciels standards comme on les

connaît aujourd’hui.

2 An Open Letter to Hobbyists : la lettre est disponible en annexes en versions originale et française.

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Code source« Le code source est un ensemble d'ins-tructions [...] humainement compréhen-sible, permettant d’obtenir un programme pour un ordinateur. »Analogie de la recette culinaire« Le code source peut être apparenté à une recette culinaire. Par exemple, si on mange un plat, il est fort probable que l’on puisse deviner les éléments princi-paux de sa composition et imaginer dans les grandes lignes comment le faire. Néanmoins, pour un plat très raffiné et subtil (comme l’est un programme) on ne pourra pas savoir comment le chef a procédé. Il faut la recette détaillée (pour un programme la recette peut compter plusieurs millions de lignes de code !) pour pouvoir reproduire le plat... ou bien on est obligé d’acheter les plats préparés.»Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Code_source

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

Années 1980 à aujourd’hui : normalisation de l’informatique

Le développement galopant de la micro-informatique entraîne de profondes

mutations. Les éditeurs de logiciels fleurissent et les licences d’utilisation

deviennent banales.

Légalement, un client n’achète pas le logiciel mais uniquement le droit de

l’utiliser pour son propre usage. La copie, par exemple, devient interdite, sauf à des

fins de sauvegarde personnelle. Techniquement, les programmes sont diffusés de

manière « compilée », c’est-à-dire en « langage machine », sans leurs codes sources.

Ainsi, seuls les ordinateurs peuven les comprendre et les exécuter. Aucun humain ne

peut y arriver.

Les entreprises s’équipent en logiciels de plus en plus standardisés.

L’exemple le plus connu est certainement le traitement de texte : la plupart des

entreprises, quelles que soient leurs tailles ou leurs domaines d’activités, rédigent

leurs textes avec le même logiciel. Du petit commerçant au coin de la rue à la grande

multinationale, pratiquement toutes les entreprises utilisent Microsoft Word3.

L’avantage de cette normalisation se fait sentir au niveau des coûts : une application

développée une fois et vendue à des millions d’exemplaires peut être vendue moins

chère qu’un programme spécifique à un seul client.

La diffusion croissante de l’informatique au sein des entreprises

s’accompagne de l’apparition des sociétés de services en ingénierie informatique,

communément appelées SSII. Elles fournissent différentes prestations, telles que le

conseil, la vente de licences, la formation, la maintenance...

Petit à petit, l’homogénéisation aboutit à la situation que l’on connaît

aujourd’hui. Quelques éditeurs ont pris le dessus sur les autres, jusqu’à un quasi-

monopole dans certains cas. Ainsi, la grande majorité des ordinateurs sont équipés

du système d’exploitation Microsoft Windows ; la suite bureautique incontournable

3 Microsoft Word est le logiciel de traitement de la suite bureautique Microsoft Office. http://www.microsoft.com/france/office/word/

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

est Microsoft Office ; SAP équipe généralement les entreprises en progiciels4 de

gestion intégrée ; Adobe domine le secteur de l’infographie...

1.2. Un phénomène récent : les logiciels libres

Depuis la fin des années 1990, un nouveau phénomène vient bouleverser cet

équilibre apparent. Il s’agit des logiciels libres. Imprévisibles car ne respectant aucun

des schémas de développement connus jusqu’alors, aucun professionnel n’osait y

croire sérieusement. Mais la situation est en passe de changer depuis quelques

années.

Curieusement, ils trouvent leur source à l’apparition des premiers logiciels

propriétaires, c’est-à-dire tous les autres. Au début des années 1980, Richard M.

Stallman, développeur au laboratoire d’intelligence artificielle du Massachusetts

Institute of Technology, se dit très déçu de la tournure « marchande » que prennent les

logiciels.

C’est pourquoi il fonde en 1983 le « projet GNU5 », dont l’objectif est de

développer des logiciels librement partageables pour le système d’exploitation Unix,

très répandu à l’époque.

Parallèlement, il crée la Free Software Foundation (FSF). L’objectif de cette

association est de définir le concept de « logiciel libre » et de valider ou non les

nombreuses licences qui se revendiquent comme tel. En 1989, il rédige la première

version de la licence publique générale GNU6 (en anglais GPL), référence des

licences libres.

4 Un progiciel est un logiciel vendu sous forme d’un produit complet, « clés en main ».5 GNU est l’acronyme récursif de “GNU’s not Unix” (« GNU n’est pas Unix »).6 La GPL en anglais : http://www.gnu.org/licenses/gpl.html et sa traduction française (non officielle) :

http://www.linux-france.org/article/these/gpl.html

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

1.2.1. Définition

Pour être considéré comme libre au sens de la FSF, un logiciel doit respecter

quatre libertés fondamentales.

1. Liberté d’exécution. Le programme peut être exécuté par tous et pour tous

les usages : privés, professionnels...

2. Liberté d’étude. Chacun peut étudier le fonctionnement du programme.

Cela suppose l’accès au code source.

3. Liberté de redistribution. Tout le monde peut redistribuer autant de

copies de l’application qu’il le souhaite, gratuitement ou contre

rémunération.

4. Liberté d’amélioration. Chacun a le droit de modifier le programme dans

le but de l’améliorer, puis de publier ces changements. Cette quatrième

liberté est peut-être la plus intéressante, car en plus de supposer l’accès au

code source, elle encourage la création d’une communauté de

développeurs autour du logiciel. De plus, elle autorise la séparation du

projet en deux branches concurrentes, en cas de désaccord entre les

développeurs. Ce phénomène, assez courant, s’appelle en anglais un fork.

Dans les faits, la « meilleure » branche finit souvent par prendre le dessus

sur l’autre.

Richard Stallman illustre le principe des quatre libertés par la métaphore de la

recette. Selon lui, le logiciel libre peut être assimilé à une recette obtenue légalement

par un moyen quelconque (revue culinaire, bouche à oreille...) Le marmiton peut, s’il

le souhaite, redistribuer la recette ou l’adapter « à sa sauce » et diffuser la version

modifiée. Selon le principe du logiciel propriétaire, le cuisinier n’a pas accès à la

recette, mais uniquement au gâteau déjà fait, en l’état. Il n’est de plus autorisé à le

manger que dans une seule cuisine et sans le partager.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

Confusion entre libre et gratuit

À tort, un amalgame est souvent commis dans les esprits entre « libre » et

« gratuit », pour deux raisons. La première est que les logiciels libres sont

généralement gratuits. Mais ce n’est pas systématique : les éditeurs de distributions

Linux7 vendent généralement leurs produits. La seconde raison est que « libre » et

« gratuit » sont homonymes en anglais : ils se traduisent tous deux par « free ». Pour

cette raison, le terme français « libre » est quelquefois utilisé pour éviter la confusion

(« a “libre” software »).

Les licences

Il existe plus d’une soixantaine de licences qualifiées de libres8. La plus

répandue est celle écrite par Stallman, la licence public générale GNU (GPL). Parmi

les autres, on compte la Apache Software License (ASL), la BSD License (BSD), la

Common Public License (CPL), la Mozilla Public License (MPL)...

Toutes ont en commun de respecter les quatre libertés fondamentales. Elles se

différencient sur d’autres points. Les modifications d’un programme protégé par la

GPL, par exemple, doivent obligatoirement être publiées sous la même licence. S’il

est intégré à une autre application, le résultat devra lui aussi être publié en GPL. La

licence BSD, en revanche, est plus permissive : un logiciel libre peut être modifié en

logiciel propriétaire.

1.2.2. Un modèle de développement inédit

Une des raisons à l’origine du manque de crédibilité des logiciels libres à leurs

débuts est leur modèle de développement décentralisé, ne ressemblant à aucun autre.

7 GNU/Linux est un système d’exploitation libre. Son succès en fait le produit de référence du monde du libre. Par abus de langage, le terme « Linux » remplace l’appellation officielle « GNU/Linux ». Une « distribution Linux » correspond au système d’exploitation de base, accompagné d’un ensemble de logiciels. Les principales sont Mandriva, Debian, RedHat, Ubuntu...

8 Source : article Free software licenses sur Wikipédia anglophone (http://en.wikipedia.org/wiki/Free_software_licenses)

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

Les communautés du libre

On évoque souvent la communauté du libre. Pour être précis, il en existe de

deux sortes.

1. Les communautés sous dépendance. Elle sont initiées par un acteur

unique, par exemple une société qui met son code sous licence libre, comme

c’est le cas pour Mozilla et OpenOffice.org. L’inconvénient majeur en est que

si la politique de l’entreprise change et qu’elle décide d’abandonner le

produit, la succession n’est pas forcément assurée. Il sera question plus loin

des communautés sous dépendance.

2. Les communautés dites « matures » : elle sont nourries par un noyau

de partenaires multiples et équilibrés.

Concernant ce second cas, les logiciels libres sont développés de manière

décentralisée : un individu passionné lance un projet et le fait savoir autour de lui par

le biais d’Internet. Si l’idée séduit, il peut être rejoint par un groupe de

programmeurs bénévoles qui se répartissent les tâches de manière à optimiser le

développement. En ce sens, la communauté du libre est fortement liée à Internet.

En effet, sans ce média, les développeurs amateurs répartis sur le globe ne pourraient

communiquer aussi facilement.

Ce modèle de développement présente un aspect connexionniste : un

ensemble d’idées est injecté dans un projet, ce qui aboutit à un certain résultat.

Constatant le produit obtenu, les programmeurs décident de le modifier pour

l’améliorer, éventuellement dans une autre direction. Ainsi, il est souvent impossible

de prévoir le résultat final dès le début du projet. Ce schéma peut paraître

« brouillon » ; c’est pourtant celui qu’a suivi le système d’exploitation libre de

référence : Linux. Dans son premier message annonçant la naissance du système

d’exploitation en 1991 (voir en annexes), Linus Torvalds affirme avoir créé un petit

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

système, pour le plaisir, fonctionnant sur la plate-forme PC (Intel x86) uniquement,

qui ne sera certainement jamais portable. Quinze ans plus tard, il s’avère que cette

prédiction est totalement fausse car Linux est aujourd’hui un des systèmes

d’exploitation les plus portables qui soit : il fonctionne notamment sur les

architectures PowerPC, ARM, StrongARM, Alpha, SPARC, MIPS, m68k, IA-64, PA-

RISC, MIPS, S/390... (À titre de comparaison, Windows est uniquement disponible

pour x86 et MacOS pour PowerPC et, depuis peu, x86.)

L’idée de partage de l’effort de création est quelquefois associée à une

idéologie communiste. Pourtant, Linus Torvalds fait remarquer le caractère

darwinien de la production de logiciels libres : face à la concurrence, seuls les

meilleurs projets survivent ; les autres ne rencontrent le succès ni chez les

développeurs, ni chez les utilisateurs. En ce sens, le modèle de développement du

libre rejoint l’idéologie libérale.

L’économie du libre

Il est bien entendu que « libre » n’est pas synonyme de « gratuit ». Pourtant

dans les faits, les logiciels open source9 sont souvent téléchargeables sans frais. Mais

alors, comment les entreprises orientées sur ce secteur génèrent-elles leurs revenus ?

Avec le modèle de développement, un autre des aspects novateurs du libre est

le mélange qu’il produit entre la couche communautaire et celle de l’économie

classique.

Les programmeurs passionnés et bénévoles et le milieu de la recherche

universitaire sont à l’origine d’un projet de logiciel libre. Ils investissent du temps et

des efforts par plaisir, par défi ou pour répondre à un besoin réel. Puis ils proposent

le fruit de leur travail sur Internet. L’avantage de cette couche communautaire réside

9 Selon la définition de l’organisation Open Source Initiative, un logiciel open source est librement redistribuable, son code source est disponible et les travaux dérivés sont possibles. Par abus de langage, « libre » et « open source » désignent la même famille de logiciels.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

dans le fait que, œuvrant en dehors du circuit traditionnel, les développeurs

prennent le temps de créer des produits fiables et non bâclés sous prétexte que les

contraintes économiques imposent de publier un logiciel, même s’il est clairement

bogué.

À cette couche de base viennent se greffer les acteurs classiques du marché,

chargés de la diffusion. Il s’agit d’une part de constructeurs vendant des ordinateurs

sur lesquels des logiciels libres sont pré-installés ou de simples magazines

accompagnés de compilations de logiciels sur CD-ROM. On distingue d’autre part

les éditeurs de logiciels libres et une nouvelle famille de SSII spécialisée dans le libre :

les SSLL, pour « sociétés de services en logiciels libres ».

Cette seconde catégorie est intéressante car elle a su mettre en place un

nouveau modèle économique. En effet, la source de revenus, initialement obtenue

par le commerce de licences, a été transférée vers la vente de services : conseil,

assistance, formation des entreprises.

1.2.3. Évolution dans l’utilisation du logiciel libre

L’intérêt des acteurs classiques pour le logiciel libre est le signe que ce marché

récent devient lucratif.

Recherche et universités

Comme aux États-Unis, les pionniers du libre en France ont été les universités.

Il est d’usage dans ce milieu que les résultats théoriques et expérimentaux des

recherches soient partagés avec la communauté, quel qu’en soit le domaine. Il était

donc tout naturel que ce principe s’applique également à l’informatique.

Le web a par exemple été conçu au CERN (Centre Européen pour la

Recherche Nucléaire), en Suisse10. De même, le courriel a été inventé au MIT

10 Le 6 août 1991, Tim Berners-Lee, chercheur au CERN, met en place « le projet World Wide Web (WWW) qui permet de faire des liens vers des informations, où qu’elles se trouvent ». La première

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(Massachusetts Institute of Technology). Mais la référence, dans le cadre des logiciels

libres, reste la Free Software Foundation fondée elle aussi au MIT, par Richard

Stallman.

Service public

Les logiciels libres sont récemment sortis des universités pour s’attaquer au

secteur public. En France et dans le monde, de plus en plus d’administrations

migrent leurs parcs informatiques vers le libre à une vitesse croissante. Les raisons

invoquées sont les coûts et la pérennité. Il sera question du service public au

paragraphe suivant (1.3. Situation actuelle), puis au chapitre 3.5. Une reconnaissance

croissante (page 51).

Secteur privé

Il en va de même pour les entreprises. Bien qu’à la traîne, elles prennent petit

à petit conscience de l’existence du libre. Les très grandes entreprises ont été les

premières à s’y intéresser. Les moyennes et petites structures, quant à elles, ignorent

encore généralement l’existence d’une telle offre...

1.3. La situation actuelle

Il s’impose de faire un point sur la situation actuelle de l’informatique : d’une

part dans les entreprises, parce qu’elles sont la cible de ce mémoire, et d’autre part

dans le secteur public, qui est plus en avance et qui pourrait bien refléter l’évolution

future de l’informatique dans le privé.

1.3.1. Un secteur privé encore réticent

Si l’ordinateur est bien maîtrisé par les grandes entreprises, il apparaît

page de l’Histoire fut créée à l’adresse http://info.cern.ch.

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clairement que les structures plus modestes sont en revanche encore sous-

informatisées. À titre d’exemple, seules 55 % des PME françaises ont un site web, ce

qui place le pays derrière ses voisins européens l’Espagne (62 %), l’Italie (64 %) et

l’Allemagne (65 %). Le taux de connexion à Internet est meilleur puisque 93 %

d’entre elles sont connectées, mais là encore, ses voisins européens sont meilleurs

(respectivement 94 %, 95 % et 99 % de PME connectées)11.

11 Source : BNP Parisbas Lease Group, concernant les PME de 6 à 200 salariés chiffres 2004.

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Mais ce retard informatique est en passe d’être rattrapé : Microsoft évalue le

marché des PME-PMI à 11,5 milliards de dollars dans les prochaines années !

Un marché dominé par quelques éditeurs

Le paysage informatique actuel est dominé par quelques éditeurs, dont

Microsoft est le plus puissant : son système d’exploitation Windows est installé sur

89,9 % des ordinateurs professionnels dans le monde (ce chiffre monte à 94,6 % chez

les particuliers).

Microsoft domine également le marché des suites bureautiques avec son

célèbre pack Microsoft Office. Mais il n’est pas seul à dominer son secteur : Adobe

Photoshop est le seul logiciel de traitement d’image « crédible » aux yeux des

graphistes professionnels, SAP est le progiciel de gestion intégré12 de référence et la

liste est longue...

La notion de certification, proposée par certains éditeurs de logiciels,

témoigne de leur caractère dominant, voire de l’oligopole qui en résulte : Microsoft

12 Un progiciel de gestion intégré est, selon le grand dictionnaire terminologique, un « logiciel qui permet de gérer l’ensemble des processus d’une entreprise [...] comme la gestion des ressources humaines, la gestion comptable et financière, l’aide à la décision, mais aussi la vente, la distribution, l’approvisionnement, le commerce électronique. »

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ou Oracle13, par exemple, proposent des formations payantes et délivrent des

certificats de maîtrise de leurs logiciels. Un informaticien certifié peut ainsi prétendre

à un salaire plus élevé.

Cependant, une riposte se prépare du côté des logiciels libres, pour les

systèmes BSD14. En effet, des passionnés ont créé le « Groupe de certification BSD »

en janvier 2005, chargé de communiquer autour de leurs systèmes et, à terme, de

délivrer des certifications.

Malgré la dominance de quelques éditeurs, il est intéressant d’apprendre que

les PME-PMI n’ont pas d’attachement à une marque plutôt qu’à une autre.

Contrairement aux grands groupes victimes de leur rigidité, les petites structures

n’hésitent pas à expérimenter diverses solutions15.

Place du logiciel libre

Si l’utilisation des logiciels libres n’est plus marginale comme auparavant, elle

reste toutefois très limitée. La principale raison en est qu’ils sont encore très mal

connus. Selon une enquête de l’AWT16, les deux premiers motifs invoqués par les

PME pour justifier le non-usage de logiciels libres sont qu’elles n’en perçoivent pas

l’utilité et qu’elles n’en connaissent pas l’existence. Les réticences qui arrivent ensuite

sont d’ordre psychologique : craintes, résistance au changement... tandis que les

raisons pragmatiques, telles que les coûts de formation ou de migration sont très peu

citées.

Certains responsables informatiques, ou DSI17, utilisent aussi des logiciels

libres sans le savoir. C’est le cas notamment avec les « boîtes Internet ». Il s’agit

13 Oracle est un système de gestion de base de données. http://www.oracle.com/fr/14 BSD, acronyme de “Berkeley Software Distribution”, est une famille de systèmes d’exploitation.15 Source : enquête du cabinet d’études Jupiter Research, 200316 Enquête de l’Agence wallonne des télécommunications, effectuée en mars 2005 auprès de 1554

entreprises entre 5 et 250 travailleurs.17 Un DSI (acronyme de « directeur des systèmes d’information ») est le responsable des composants

matériels et logiciels du système d’information d’une entreprise.

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d’ordinateurs achetés « clés en mains » et servant d’interface entre le réseau de

l’entreprise et Internet : routeurs, pare-feu... Ils fonctionnent souvent avec le système

d’exploitation Linux et le serveur web Apache, par exemple, mais de façon

transparente.

Dans le cas où le contenu de ces boîtes Internet est connu, leur progression

permet une première acclimatation des solutions à base de Linux. Ce premier pas

vers les logiciels libres est sans grandes conséquences puisque le contenu des boîtes

est indépendant du reste du système. En cas de déception, il est facile de revenir en

arrière, ce qui est rassurant pour les DSI.

On constate également que, selon un schéma classique, les décideurs font

davantage confiance aux éditeurs reconnus (RedHat, Mandriva18...) et aux SSII car,

dans ce cas, l’offre proposée a déjà été testée par d’autres et parce que l’opportunité

d’une amélioration est plus facilement mesurable. Dans nombre de cas,

l’informatique n’est pas le cœur du métier des entreprises ; le DSI bénéficie donc

d’une plus grande liberté pour essayer ces systèmes alternatifs.

Mais l’appréhension reste toujours présente. Le spectre du manque de

contrôle et du bricolage intempestif plombe la confiance dans les logiciels libres. De

plus, certains DSI reprochent aux SSLL de se contenter de décrire l’offre existante,

sans vraiment répondre à leurs craintes : pour certains, elle n’est ni crédible, ni

industrialisable. Ces obstacles à l’adoption du libre seront détaillés au chapitre

suivant.

18 RedHat et Mandriva sont des éditeurs de distributions Linux. http://www.fr.redhat.com/ ; http://www.mandriva.com/fr/

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L’enquête de l’AWT (note 16, page 21) démontre que le recours aux logiciels

libres augmente avec la taille de l’entreprise.

Ce graphique montre que les entreprises de 50 à 99 employés sont les plus

enclines à migrer vers le libre. En-dessous, l’effort d’adaptation n’est pas rentable et

au-dessus, la rigidité des sociétés freine la réactivité.

La répartition par secteurs de l’enquête de l’AWT met en avant le fait que les

entreprises des TIC sont logiquement en tête dans l’utilisation des solutions open

source. Puis, à part dans les garages, les agences immobilières et les sociétés de

services aux entreprises, les logiciels libres sont très peu utilisés.

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Une enquête, menée en janvier 200619, permet de mettre en évidence les types

d’applications pour lesquels les entreprises ont recours aux logiciels libres. On

constate qu’en général, le libre est davantage utilisé côté serveur que côté station de

travail, où les utilisateurs y ont plus recours pour des logiciels isolés que pour des

systèmes d’exploitation. Avec 58,3 % et 57,6 %, les serveurs web et les systèmes

d’exploitation serveur sont les deux types d’applications les plus utilisés. Ils sont

suivis par les navigateurs web et la bureautique. Dans les dernières places, on trouve

la sécurité sur les postes utilisateurs et les applications de gestion d’entreprises. Les

DSI font en effet plus facilement confiance aux géants tels que Symantec (Norton

Antivirus) pour la mise à jour régulière de la base de données des virus. Quant aux

applications de gestion d’entreprises, elles sont souvent très complexes et les

migrations sont jugées trop risquées.

19 Enquête menée par ITRmanager avec le concours du salon Solutions Linux, auprès de 400 répondants, en janvier 2006.

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1.3.2. Le secteur public ouvre la voie du libre

Le système d’information de l’administration française a entamé une

profonde mutation, orchestrée par le ministère du Budget et de la réforme de l’État20.

Dans son rapport d’information du 9 juin 2004 relatif à la stratégie de sécurité

économique nationale, le député Carayon relève la vulnérabilité des systèmes

d’exploitation actuels et préconise l’utilisation de solutions libres. Fin juin 2004, le

ministre de la Fonction publique Renaud Dutreil annonce vouloir diviser par deux le

coût des logiciels utilisés par l’État, alors que la plupart des 900 000 licences expirent

fin 2007. Cette déclaration a eu pour conséquences de nombreuses migrations, qui

seront décrites plus loin, au chapitre 3.5. Une reconnaissance croissante (page 51).

D’après une étude menée par l’Université de Maastricht et commandée par

l’Union européenne, 49 % des collectivités régionales ou locales interrogées21 ont

installé des logiciels libres. L’Apronet avance le chiffre de 74 %22, concernant les

collectivités territoriales et administrations d’État. Il est à noter que 29 % des

administrations les utilisent sans même le savoir !

Les raisons expliquant ce choix ne sont pas politiques : il s’agit de diminuer

les coûts d’installation et de maintenance, tout en assurant la pérennité des données.

L’enjeu est de taille car le secteur public représente 13 % des dépenses informatiques

totales en France, soit 5,6 milliards d’euros en 200423.

Les logiciels libres sont souvent utilisés en complément aux logiciels

propriétaires déjà en place, ce qui indique une tendance à la migration en douceur.

20 http://www.modernisation.gouv.fr/21 Cette étude a été menée en 2005 dans le cadre du projet FLOSS - POLS (Free / Libre / Open Source

Software - Pols pour policy support), dirigé par l’Université de Maastricht et subventionné par l’Union européenne. Plus de 4 000 collectivités ont été interrogées dans 13 pays membres, dont la France.

22 L’Apronet est l’Association des professionnels Internet des collectivités publiques locales. http://www.apronet.asso.fr/. Chiffre juin 2005.

23 Source : IDC, groupe de conseil et d’étude sur les marchés des technologies de l’information. http://www.idc.com/france/

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 1.Évolution de l’informatique en entreprise

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En bref...

Après des débuts « ouverts », les éditeurs se sont

emparés des logiciels et ont commercialisé des

licences d’utilisation restrictives. La croissance

exponentielle du marché a abouti à une standar-

disation de l’informatique. Depuis une dizaine

d’années, un nombre restreint d’éditeurs se par-

tage le marché mondial. Mais un nouveau mou-

vement fait parler de lui : celui des logiciels libres.

Ils peuvent bien entendu être exécutés, mais

également étudiés, redistribués et améliorés par

les utilisateurs. Une communauté de passionnés

s’est créée autour de ce principe, qui a su

développer un nouveau modèle économique.

Aujourd’hui, si le secteur privé hésite encore à

considérer cette alternative comme crédible, les

instances publiques lui font davantage confiance.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source

2. Obstacles à l’adoption de l’open source

Le premier chapitre a décrit l’évolution des logiciels en entreprises. Il est clair

que l’écart de popularité entre programmes classiques et libres est énorme. Quelques

unes des limitations de l’open source ont été survolées... Ce chapitre tentera

d’apporter des réponses plus détaillées sur les raisons qui limitent leur utilisation

dans le monde professionnel.

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2.1. Critiques à l’encontre du libre

Le libre rassemble une communauté nombreuse de défenseurs qui ont en

commun de croire en une même idéologie. Il existe pourtant également un courant

de pensée opposé, qui voit un certain

nombre critiques à formuler à l’encontre

du logiciel libre.

Le premier, et probablement le plus

important, concerne la propriété

intellectuelle. Elle est une des bases de notre économie de marché. Il est évident

qu’un créateur –de logiciels ou autre– qui a consacré du temps, de l’énergie et des

capitaux pour fabriquer un produit innovant doit pouvoir le protéger contre les

opportunistes qui seraient tentés de l’imiter à moindre frais. En d’autres termes,

« tout travail mérite salaire ». Or, le principe de base du logiciel libre consiste à

partager à qui le veut le fruit de son travail en échange... de la reconnaissance de la

communauté. D’un point de vue économique, cette logique ne tient pas la route.

D’autre part, un pays qui souhaite une industrie du logiciel forte doit

favoriser les éditeurs traditionnels, qui génèrent des revenus et créent des emplois.

Le modèle économique « classique » du logiciel est à même de contribuer à faire

tourner l’économie ; le principe de passionnés, qui programment bénévolement sur

leur temps libre, ne participe pas à la circulation des capitaux et, si le mouvement

devait prendre de l’ampleur, il aboutirait à la mort de l’industrie logicielle telle que

nous la connaissons aujourd’hui.

Dans un article intitulé Il n’a de libre que le nom, le président de la fondation

Robert-Schuman24, Jean-Dominique Giuliani, se positionne clairement en détracteur

du logiciel libre. Une copie de son pamphlet est jointe en annexe.

24 http://www.robert-schuman.org/

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“First they ignore you, then they laugh at you, then they fight you, then you win.”« D’abord ils vous ignorent, puis ils se moquent de vous, ensuite ils vous combat-tent, et enfin vous gagnez. »Ghandi

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2.2. Des risques décisionnels importants

Le logiciel libre appartient à un monde encore trop récent, qui suscite de

nombreuses craintes pour le DSI. La migration d’un parc informatique vers le libre

s’apparente encore à un saut vers l’inconnu car beaucoup de questions effraient :

quelles seront les conséquences imprévues de ce changement, en termes de coûts

cachés, de changements d’habitudes des utilisateurs, de pérennité ?

La migration d’un parc informatique (dans un sens ou un autre) est synonyme

de prise de risques, de dépenses d’énergie et d’argent. La faible visibilité à long

terme des avantages potentiels n’incite pas les décideurs à prendre ces décisions.

2.2.1. L’incertitude légale

Du fait de leur caractère très récent, les logiciels libres « cherchent » encore

leur place dans la société. Rien n’est encore stabilisé, à commencer par la législation

les concernant. Elle évolue encore fortement et les différences peuvent être

importantes entre les pays.

Les brevets logiciels

Aux États-Unis, les éditeurs sont autorisés à déposer des brevets pour

protéger leurs logiciels. Ainsi, la plupart des concepts sont protégés : du principe de

barre de progression à l’algorithme de stockage des fichiers sur le disque dur, ce sont

des dizaines de milliers de brevets qui ont été déposés.

Le brevet protégeant le format d’image GIF est un exemple du tort fait aux logiciels

libres. La société américaine CompuServe a mis au point le format d’image numérique

GIF en 1987, qui est rapidement devenu un « standard » de fait, car largement utilisé

partout dans le monde. En 1994, la société Unisys, à l’origine de deux brevets de

compression utilisés par le format GIF, a soudainement décidé de taxer tous les

éditeurs de logiciels utilisant son format. Ce choix a eu entre autres conséquences la

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disparition de la prise en charge du GIF par les logiciels libres (parmi lesquels le

logiciel de traitement d’images The Gimp). Ceux-ci, généralement distribués

gratuitement, n’avaient pas les moyens de payer cette taxe. Depuis 2004, le brevet

détenu par Unisys est arrivé à expiration et le format GIF est à nouveau intégré aux

logiciels libres.

Dans le même ordre d’idées, la société Open Source Risk Management,

spécialisée dans la gestion des risques juridiques, a identifié 283 brevets logiciels

susceptibles de menacer le cœur de Linux ! Ces brevets ont été publiés, mais sont

encore en attente de validation par l’office américain des brevets et marques (US

PTO25). Leur mise en application pourrait être désastreuse pour le système

d’exploitation libre... Bien qu’un tiers de ces brevets ont été déposés par des sociétés

favorables à Linux (IBM, Oracle, HP, RedHat...), les deux tiers restant sont détenus

par Microsoft (27 brevets) et d’autres petites entreprises, qui n’auraient sans doute

aucun scrupule à les faire appliquer si les tribunaux leur donnaient raison.

La situation est moins préoccupante en Europe, où les brevets logiciels sont

interdits depuis la convention de Munich en 1973. Les géants de l’informatique

tentent néanmoins régulièrement de les rendre légaux et n’hésitent pas pour cela à

créer une pression sur les gouvernements. Le dernier débat dans ce sens a eu lieu en

juillet 2005, mais le parlement européen n’a pas donné raison aux requérants.

L’office européen des brevets (OEB) a pourtant déjà reçu 30 000 dépôts de

brevets logiciels, en attente de légalisation ! Qui peut affirmer que les brevets

logiciels n’auront pas d’existence légale dans cinq, dix ou vingt ans ?

La loi DADVSI

La toute récente loi DADVSI (« droit d’auteur et droits voisins dans la société

de l’information »), publiée au Journal officiel le 3 août 2006, est un autre exemple de

25 United States Patent and Trademark Office, http://www.uspto.gov/

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danger planant sur les logiciels libres. Cette transposition française de la directive

européenne EUCD (« European Union copyright directive ») suscite de nombreuses

craintes au sein de la communauté du libre car, au nom de la protection des droits

d’auteurs, elle interdit certains logiciels libres ! En effet, elle autorise les formats de

fichiers musicaux ou vidéos à être protégés par des algorithmes de cryptage

autorisant ou non leur lecture, selon que l’utilisateur ait payé ou copié illégalement le

fichier. Ce système de protection est connu sous l’acronyme DRM (Digital Rights

Management, gestion numérique des droits). Mais la loi interdit la lecture de ces

fichiers par des logiciels open source, qu’un programmeur mal intentionné pourrait

modifier pour faire sauter la protection. Pour lire des DVD et des sons ou vidéos

protégés sous Linux, une solution serait de fermer une partie des codes sources. Mais

les associations de défense du libre la refusent en bloc. C’est pourquoi les auteurs de

la distribution Linux Debian ont refusé catégoriquement d’y inclure un logiciel

capable de lire des DVD protégés par DRM.

La polémique est encore d’actualité et la plupart des développeurs du libre

attendent les jurisprudences pour prendre des décisions.

Ces deux exemples démontrent l’instabilité légale du logiciel libre

aujourd’hui et peuvent être à l’origine de craintes de la part des décideurs.

2.2.2. Un risque personnel pour le DSI

Par ailleurs, un DSI qui décide de passer au libre prend un risque personnel.

En effet, la notion de logiciel gratuit n’est ni sérieuse, ni professionnelle dans les

mentalités. Si la mise en place de logiciels libres venait à échouer, le DSI serait accusé

de faute professionnelle. En revanche, les problèmes engendrés par les logiciels

classiques sont acceptés par tous. Dans les mentalités, le DSI « n’y peut pas grand

chose si tel logiciel (propriétaire) ne fonctionne pas selon les attentes ».

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Ainsi, la situation de l’informatique propriétaire est beaucoup plus

confortable pour le responsable informatique, qui a par conséquent tendance à opter

pour ce choix moins risqué. C’est une des raisons pour lesquelles les logiciels libres

sont rarement utilisés pour les applications critiques des entreprises.

2.2.3. La peur des coûts non maîtrisés

Toute migration informatique demande un effort d’adaptation, que ce soit

depuis une solution propriétaire vers une solution libre ou dans le sens contraire. La

difficulté consiste à pronostiquer le coût de la migration, sans se laisser surprendre

par des dépenses imprévues.

Le « coût total d’appropriation », appelé aussi TCO (total cost of ownership) se

compose de l’achat des licences, de la migration et de la formation aux utilisateurs.

L’entreprise peut éventuellement faire appel à des compétences externes, comme une

SSLL. L’enquête menée par ITRmanager (note 19, page 24), indique que lorsque les

entreprises font appel à des prestataires externes pour la mise en œuvre de logiciels

libres, elles demandent des formations dans un cas sur deux.

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Dans le cas d’une migration vers des logiciels libres, la principale économie se

réalise au niveau des licences, car elles sont généralement beaucoup moins onéreuses

que leurs équivalentes propriétaires, voire souvent gratuites. Mais selon

l’argumentaire développé par Microsoft, le prix de la licence serait mineur par

rapport à l’ensemble du TCO.

L’utilisation de logiciels répandus, tels que Microsoft Office ou Internet

Explorer, n’est pas toujours satisfaisante. Mais les imperfections sont acceptées et les

dépenses connues, donc prévisibles, ce qui est rassurant pour le DSI. Avec des

solutions alternatives, les coûts sont plus flous.

Aux formations nécessaires, il faut ajouter la perte de productivité des

employés, le temps de l’adaptation. En effet, un stage n’empêchera ni l’utilisateur de

voir ses habitudes perturbées, ni d’être éventuellement mécontent, en attendant de

s’habituer aux nouveaux outils de travail.

L’expérience prouve qu’en changeant de logiciel, les utilisateurs commencent

par critiquer les aspects négatifs de la nouvelle solution, comme par exemple un

changement dans l’interface, une fonctionnalité manquante ou un bogue.

La durée de cette période transitoire est très difficile à estimer.

2.2.4. Des inquiétudes sur la pérennité

Le doute sur la pérennité est un facteur d’hésitation pour le responsable

informatique : l’avenir d’un logiciel libre qui n’est pas soutenu par un éditeur

classique est-il assuré à long terme ?

Le discours des défenseurs du libre se veut rassurant : ils assurent que la

pérennité est basée sur la « communauté ». Selon eux, si le responsable d’un projet

libre décide de l’abandonner, il y aura toujours quelqu’un d’autre pour prendre le

relais et continuer à le faire évoluer, étant donné que son code source est connu et

modifiable légalement.

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Ce genre de discours est catastrophique et produit l’effet inverse auprès du

DSI, qui préfère ne pas baser sa stratégie informatique sur une supposition théorique,

mais continuer à accorder sa confiance dans des éditeurs propriétaires chez qui la

pérennité a déjà été prouvée.

2.3. Des logiciels peu ergonomiques

Il convient de distinguer ici deux catégories de logiciels libres : d’une part,

les projets conséquents, aboutis et reconnus, tels que OpenOffice.org ou Mozilla

Firefox et d’autre part, les projets modestes, les plus nombreux, menés par quelques

bénévoles.

Seule cette seconde catégorie est concernée par cette critique. Initiées par des

programmeurs passionnés qui sont excellents dans leur discipline mais qui n’ont que

des connaissances très restreintes en matière d’ergonomie, ces applications sont

souvent trop techniques et souffrent d’une difficulté de prise en main. De plus, les

modes d’emploi ne sont généralement pas disponibles. Or, l’absence de

documentation est une « erreur de jeunesse » bien connue chez les informaticiens... ce

qui renforce la suspicion de la part du DSI.

Par ailleurs, les petits projets libres sont souvent inadaptés pour un usage en

entreprise. Les programmeurs qui en sont à l’origine « se font plaisir » et ne prennent

pas forcément le recul nécessaire à l’analyse des besoins. Par conséquent, l’offre ne

répond pas à la demande. En d’autres termes, ces logiciels libres sont trop

« universitaires ». Selon le libre blanc Di&Mark26, 13 % des entreprises reprochent

aux logiciels libres leur manque de maturité.

26 Livre blanc « Organisations et logiciels libres » de Di&Mark, http://www.diemark.net/texte_livreblanc.htm

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2.4. Quelle compatibilité avec l’existant ?

La compatibilité est un élément clé pour passer d’une solution à une autre.

Dans l’hypothèse d’une migration depuis une solution libre vers une solution

propriétaire, aucun problème de compatibilité ne devrait survenir, étant donné que

les logiciels open source utilisent généralement des formats de fichiers documentés. En

revanche, une migration inverse est généralement entravée par l’aspect « fermé » du

logiciel propriétaire en place. Lorsque tout un système est dirigé par Microsoft ou

SAP par exemple, il est difficile d’en sortir.

On constate aujourd’hui que les logiciels libres qui rencontrent le plus grand

succès sont ceux qui sont parvenus à être compatibles avec leurs homologues

propriétaires. OpenOffice.org, par exemple, lit et écrit quasiment parfaitement dans

le format fermé « doc » de Microsoft Word.

Il en va de même pour le navigateur Mozilla Firefox. Une série de standards

ont été définis pour le web. Mais Internet Explorer y a ajouté ses propres règles. Étant

dominant sur le marché, les créateurs de sites Internet s’y sont pliés, quelquefois sans

le savoir. Lorsque Firefox est arrivé, il s’est appliqué à respecter scrupuleusement les

standards définis pour le web. Mais pour assurer la compatibilité avec son rival, il a

su s’adapter dans certains cas et interpréter le code source des pages à la manière de

Microsoft.

OpenOffice.org et Mozilla Firefox sont deux excellents exemples de

compatibilité, tant au niveau des formats de fichiers qu’au niveau de l’interface

graphique, proche des homologues propriétaires afin de ne pas dérouter l’utilisateur.

Mais rares sont les logiciels libres qui suivent cet exemple. Dans de nombreux cas, la

compatibilité n’est pas assurée et c’est à l’utilisateur de « bricoler » s’il souhaite

réellement migrer.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source

2.5. Conclusion des obstacles à l’adoption de l’open source

Les principaux freins à l’adoption de logiciels libres dans une PME sont

d’ordre humain : méconnaissance du domaine, craintes des DSI, critiques des

utilisateurs... La difficulté dans le déploiement du libre réside davantage dans la

décision de changer que dans le changement lui-même.

Lorsque les sondeurs de l’enquête ITRmanager (note 19, page 24) demandent

aux 400 répondants quels seraient les freins à la mise en œuvre de logiciels libres

dans leurs entreprises, deux des trois réponses les plus citées sont d’ordre humain :

les changements dans les habitudes des utilisateurs arrivent en tête, suivie de

l’incompatibilité avec l’existant et du manque de compétences en interne.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source

Le même sondage pose la question des obstacles au déploiement d’un poste

client open source. Le manque de compétences arrive cette fois en deuxième position.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 2.Obstacles à l’adoption de l’open source

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En bref...

Si certains critiquent les principes de base du

mouvement du libre, ce sont des raisons plus

pragmatiques qui freinent son adoption dans les

PME. Le manque de recul, synonyme de prise de

risques, est généralement cité.

Les DSI évoquent l’incertitude des coûts de mi-

gration, de formation et de maintenance des solu-

tions libres. Ils préfèrent payer des licences pro-

priétaires, peut-être plus chères, mais dont le prix

est connu d’avance.

Le principal obstacle à la migration vers un

environnement libre n’est pas technique mais

humain. Les utilisateurs ne maîtrisent pas ces

nouveaux outils, ce qui se traduit par une forte

appréhension et d’importantes dépenses en

formations.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

3. Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Rien n’étant ni tout noir, ni tout blanc, les logiciels libres ont bien évidemment

aussi des qualités intéressantes ! Seules seront traitées celles qui concernent

directement les PME et qui peuvent influencer les décideurs dans leurs choix. À eux,

ensuite, de trancher...

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

3.1. Réduction des coûts

Le premier avantage qui vient naturellement à l’esprit pour les logiciels libres

concerne leurs prix. Leurs licences sont soit beaucoup moins chères que chez leurs

équivalents propriétaires, soit totalement gratuites.

Une critique qui revient souvent de la part des entreprises est le prix

exorbitant de certains produits. L’achat d’une licence Microsoft Word27 est-il justifié

si le traitement de texte n’est utilisé que pour rédiger des courriers ?

Les licences d’utilisation des programmes classiques sont généralement

monopostes, c’est-à-dire qu’un achat autorise l’utilisation de l’application sur un seul

ordinateur. Ce n’est pas le cas avec les logiciels open source. Une licence libre, même

payante, donne à l’acheteur le droit d’installer et d’utiliser le programme sur tous les

postes de l’entreprise. On la qualifie de multiposte.

Selon l’enquête ITRmanager (note 19, page 24), l’achat de licences n’est pas

adapté aux besoins des entreprises : elles préféreraient payer un abonnement annuel

pour le support technique de logiciel acquis gratuitement.

27 Une licence Word monoposte est vendue environ 300 € et la suite Office environ 650 €. À titre de comparaison, la suite StarOffice coûte environ 70 € et la suite OpenOffice.org est gratuite.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Et les coûts cachés ?

Si le faible coût d’acquisition des licences permet aux entreprises

d’économiser beaucoup d’argent, la question du coût total, comprenant la migration

et la formation, rebute encore les DSI.

La SSLL RyXéo28 apporte un élément de réponse. Selon elle, l’économie

réalisée au niveau des licences est redistribuée dans les frais d’adaptation : appel à

un prestataire externe, formation des utilisateurs, baisse de rentabilité. L’entreprise

ne connaît ni économie, ni surcoût, le temps de la transition. En revanche, le gain

d’argent est clairement quantifiable au bout de quelques mois ou années –selon

l’ampleur de la migration–, lorsque la mise à jour du parc informatique ne nécessite

plus l’achat de licences coûteuses.

28 RyXéo est une SàRL localisée en Aquitaine et spécialisée dans le développement de logiciels libres, l’administration système et réseaux et la sécurité des systèmes informatiques. http://www.ryxeo.com/

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Dans les faits, il s’avère que la peur des coûts non maîtrisés est injustifiée car

le passage au libre finit par être rentable à court ou moyen terme.

Lorsque la Chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle a

migré ses 160 stations de travail vers un environnement totalement libre, en 2005, elle

a planifié une économie de 1 000 € par poste et par an, soit 160 000 € par an ! Le

témoignage d’un responsable de l’opération sera joint au chapitre 4.3. La CCI de

Meurthe-et-Moselle (page 63).

La migration de la Direction générale des impôts française va également dans

le sens d’une claire économie. Fin 2006, le Trésor public migrera son parc

informatique de 80 000 postes vers la suite bureautique OpenOffice.org. La validité

des licences de Microsoft Office arrivant à échéance, une migration s’impose. Les

responsables estiment que la migration vers Office XP coûterait 29,5 millions

d’euros, alors que le choix de OpenOffice.org coûtera 0,2 millions d’euros. Après le

prix, la deuxième raison invoquée est le nombre de fonctionnalités inutiles dans le

produit de Microsoft. La migration se déroule dans le cadre du programme Copernic

lancé en 2001, qui prévoit une refonte totale du système d’information sur 7 ans.

Une gestion simplifiée

L’utilisation de logiciels libres demande moins d’efforts, quant à la gestion des

licences. Le responsable informatique n’a plus besoin de s’en soucier, il sait que son

entreprise est en règle.

Actuellement, le taux de logiciels piratés est de 35 % dans le monde et il

atteint 47 % en France, ce qui place le pays au troisième rang mondial en terme de

manque à gagner pour l’industrie du logiciel, après les États-Unis et la Chine29.

Les licences libres autorisant un nombre illimité d’utilisateurs, les salariés de

29 Source : BSA. http://www.bsa.org/france/press/newsreleases/2006-Global-Piracy-Study.cfm

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

l’entreprise peuvent installer chez eux les mêmes logiciels, gratuitement et en toute

légalité. La remarque est la même pour les clients, fournisseurs et partenaires

commerciaux.

Mais le coût est loin d’être le seul critère en faveur des logiciels libres. En 2003

a eu lieu « l’affaire de la municipalité de Munich ». La ville allemande a été une des

premières à choisir d’équiper son parc de 14 000 ordinateurs du système

d’exploitation Linux Suse. Pour contrer cette opération dangereuse pour Microsoft, la

firme américaine a proposé une série de rabais. Au final, son offre était moins chère

que celle de Linux... de 12 millions de dollars, selon le quotidien américain USA

Today ! Mais l’offre a été rejetée ; la municipalité a préféré migrer vers le système

libre, pour des raisons qui sont a priori autres que le prix des licences.

Il en va de même pour les PME. Le prix est un argument, mais il n’est pas

forcément déterminant. Les entreprises cherchent prioritairement des produits de

qualité.

3.2. Fiabilité

Un des points forts déterminants pour les logiciels libres est leur fiabilité.

L’expérience montre qu’ils connaissent moins de dysfonctionnements que leurs

équivalents propriétaires.

Lorsqu’un programmeur développe en open source, il expose son code à la

communauté. Il s’assure donc que celui-ci soit de qualité. Dans le cas contraire –et

c’est souvent ce qu’il se passe–, son code est repris et amélioré par un autre

développeur.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Un autre avantage qui découle de l’accès libre au code est l’absence de

chevaux de Troie30. En effet, la source est lue et relue par plusieurs individus. Si un

bout de code espion était inséré dans le programme, il serait vite détecté et supprimé.

Mais il semble que ce cas de figure ne soit jamais arrivé.

Les débogueurs sont nombreux

parmi les programmeurs et les utilisateurs

du libre. Par conséquent, les

dysfonctionnements sont rapidement

identifiés et corrigés, ce qui est une bonne

chose, car le coût de correction des bogues

est fonction du stade où ils sont identifiés.

Exemples

Une étude a été menée pendant trois mois Syscontrol31, sur une centaine de

sites suisses à fort trafic. Il en résulte que ceux fonctionnant avec le serveur web open

source Apache auraient une disponibilité plus de trois fois meilleure que ceux

utilisant l’équivalent Microsoft IIS.

30 En informatique, un cheval de Troie est un bout de code destiné à épier les actions de l’utilisateur à son insu. Un programme doté d’un cheval de Troie est appelé logiciel espion, espiogiciel ou encore spyware.

31 Syscontrol est une société suisse de mesure des performances sur Internet. http://www.syscontrol.ch/

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« Étant donnés suffisamment d'observa-teurs, tous les bogues sautent aux yeux. » C’est ce que j’appelle: « La Loi de Linus ».“Given enough eyeballs, all bugs are shal-low.” I dub this: “Linus's Law”.Eric S. Raymond, fouineur (hacker) célèbre

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

ZDNet.fr32 a procédé à un test de fiabilité sur dix mois, pour comparer les

systèmes d’exploitation Windows NT et Linux. Lors de ce test, le système de

Microsoft est tombé en moyenne une fois toutes les six semaines, immobilisant le

serveur pendant une trentaine de minutes. Les deux serveurs Linux –RedHat et

Caldera– ne se sont jamais arrêtés.

3.3. Sécurité

Contrairement à une idée reçue, l’ouverture du code source d’une application

ne le rend pas vulnérable, bien au contraire. Plusieurs faits expliquent ce phénomène.

32 ZDNet.fr est un site d’information pour les décideurs et les utilisateurs professionnels IT en France. http://www.zdnet.fr/

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

D’une part, le nombre d’informaticiens accédant au code étant plus important,

les failles sont découvertes plus rapidement. D’autre part, les pirates informatiques,

ou crackers, s’attaquent principalement aux logiciels fermés, par défi et par

convictions.

La communauté du libre est réputée pour sa forte réactivité : lorsqu’une faille

de sécurité est détectée, quelques heures à quelques jours suffisent pour que le

correctif soit proposé au téléchargement. Plus un projet est important, plus ce fait se

vérifie.

Dans le cas des logiciels fermés développés par un éditeur unique, les

correctifs sont souvent longs à être appliqués. L’utilisateur est totalement dépendant

de son fournisseur et ne peut qu’attendre en espérant ne pas être attaqué par un

individu mal intentionné. C’est notamment le cas du navigateur Internet Explorer,

comme le démontrent ces graphiques.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Il s’avère donc que les logiciels libres sont aussi performants que leurs

équivalents propriétaires, tout en étant moins sensibles aux problèmes de sécurité.

Cet argument est capital dans la politique informatique d’une PME, en termes de

temps, d’argent et de protection des données.

3.4. Indépendance et interopérabilité

Parmi les critères de choix qui

poussent les entreprises à adopter des

logiciels libres, l’indépendance arrive en

troisième place après les coûts et la

fiabilité. L’interopérabilité, quant à elle,

n’arrive qu’en cinquième position sur un

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Interopérabilité« L’interopérabilité est le fait que plusieurs systèmes, qu’ils soient identiques ou radicalement différents, puissent communiquer sans ambiguïté et opérer ensemble. »Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Interopérabilité

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total de neuf propositions33. Bien que les DSI ne semblent pas en avoir conscience, ces

deux qualités offertes par le libre jouent un rôle très important.

Le phénomène de la « cage dorée »

On peut assimiler la politique des éditeurs dominants à une cage dorée : ils

enferment l’utilisateur dans des solutions simples, rassurantes et productives... mais

qui masquent des problèmes potentiels à plus long terme.

Miser sur un logiciel qui n’utilise pas de formats standards revient à s’y

enfermer. Un exemple courant est le traitement de texte Microsoft Word. Bien que le

format « doc » utilisé soit fermé, cela ne semble pas poser de problèmes puisque

« tout le monde » l’utilise. Pourtant, lorsque l’éditeur décide de le faire évoluer, il

devient obligatoire de renouveler les licences afin de pouvoir lire les documents

reçus depuis l’extérieur. En effet, si chaque version de Word permet de lire les

fichiers enregistrés dans des versions plus anciennes, le contraire n’est pas vrai.

De même, en dehors de toute considération de version, Word ne gère pas les

formats de fichiers des autres traitements de texte ; seule la compatibilité envers les

produits Microsoft est assurée. Bien que cette stratégie marketing ait porté ses fruits

jusqu’à présent, la grogne commence à se faire sentir auprès des clients : pour 52 %

des PME, Microsoft se soucie plus de ses propres intérêts que des besoins des

utilisateurs... Seuls 4 % pensent le contraire34, 35.

33 Source : sondage réalisé en 2005 auprès de 200 entreprises, par le magazine 01 informatique et l’Afai (association française de l’audit et du conseil informatiques), en collaboration avec la société Comm’Back.

34 Source : enquête menée en 2003 par le cabinet d’études Jupiter Research.35 Voir l’article Critiques du fonctionnement et de la politique hégémonique de Microsoft joint en annexes.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Logiciels libres et formats ouverts

La première suite bureautique concurrente, OpenOffice.org36, assure non

seulement la gestion du format « doc », mais est également à l’origine du format

OpenDocument, qui a la particularité d’être le premier standard de traitement de

texte approuvé par l’organisme international de normalisation ISO.

De manière plus générale, une caractéristique commune à tous les logiciels

libres est leur utilisation de formats documentés pour l’enregistrement des données.

Cette qualité assure d’une part la pérennité des données. En effet, même si le logiciel

venait à disparaître, elles ne seraient pas perdues, puisque potentiellement

exploitables par un logiciel tiers.

L’interopérabilité est d’autre part garantie. Par exemple, le format

OpenDocument a été conçu pour devenir le format commun à tous les logiciels de

traitement de texte. L’utilisateur qui le souhaitera pourra désinstaller OpenOffice.org

au profit d’un autre logiciel, sans perte de données. Un autre exemple est le HTML,

format utilisé par les pages web. Un site développé en respectant les standards dictés

par le W3C37 sera consultable de la même manière, quel que soit le navigateur, à

condition que celui-ci respecte les standards. Firefox en fait partie... contrairement à

Microsoft Internet Explorer... qui interprête le HTML « à sa façon »...

L’importance de l’interopérabilité

Les administrations de nombreux pays sont les premières à accorder une

importance particulière aux formats standards. Depuis 2006, une directive française

leur impose d’échanger entre elles non plus des fichiers « doc », mais

OpenDocument. Face à ce constat, Microsoft a été « contraint » d’annoncer en juillet

36 Voir le dossier Pourquoi utiliser OpenOffice.org 1.1 joint en annexe37 W3C, pour World Wide Web Consortium, est un groupe de travail destiné à promouvoir la

compatibilité des technologies du web.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

2006 son intention de développer un plugin38 gérant ce format dans Word39.

Les mauvaises surprises des formats fermés

Les formats non documentés sont utilisés « en l’état » : tant qu’ils

fonctionnent, l’utilisateur est satisfait... mais des mauvaises surprises sont possibles.

Le format « doc » (encore lui !) a été à l’origine de plusieurs fuites d’informations...

Le gouvernement britannique de Tony Blair en a fait les frais en 200340. Le 10

Downing street a publié un dossier sur les organisations de sécurité et d’espionnage

en Irak, cité par Colin Powell dans son discours aux Nations Unies. Il a ensuite été

proposé en téléchargement sur Internet... au format Word. Un particulier, Richard M.

Smith, l’a alors examiné le fichier en profondeur et a pu constater qu’il s’agissait en

réalité d’un plagiat ! Après une annonce publique, le gouvernement a perdu en

crédibilité et un des responsables a dû s’expliquer devant le Parlement britannique.

Le géant des télécommunications Alcatel a également souffert de ce problème

de confidentialité lorsque, en 2001, il a publié un communiqué de presse au sujet de

failles de sécurité dans une série de modems. Une analyse détaillée des fichier « doc »

a permis de mettre en évidence une série d’informations qu’Alcatel pensait avoir

supprimé dans le but de les garder secrêtes.41 D’autres exemples de ce type sont listés

dans un article intitulé « Les travers du format MS Word », inséré en annexes.

Selon Patrick Chambet, consultant en sécurité chez la SSII Edelweb et Eric

Filiol, directeur du laboratoire de cryptologie et de virologie à Esat42, « il ne s’agit pas

de failles », mais de « fonctionnalités conçues délibérément, certainement dans un

souci d’ergonomie toujours plus grande, mais qui au final font de l’utilisateur une

victime ». On est en droit de penser que ce genre d’aléas est exclu des formats

38 Un plugin, ou greffon, est un petit programme destiné à apporter de nouvelles fonctionnalités à un logiciel.

39 Adresse du projet de plugin : http://sourceforge.net/projects/odf-converter40 Voir l’article « Microsoft Word mord les fesses de Tony Blair » en annexes.41 Voir l’article « Les vices cachés des .doc » en annexes.42 Esat : École supérieure et d’application des transmissions

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ouverts car, ne pouvant se protéger par l’absence de spécifications, ils accordent une

place importante à la sécurité. Et là encore, l’expérience montre que lorsqu’une telle

brèche est découverte, elle est rapidement corrigée.

3.5. Une reconnaissance croissante

Malgré les points forts « théoriques » des logiciels libres, peu de PME osaient

tenter l’expérience jusqu’à récemment. La raison en était que l’open source n’avait pas

suffisamment pénétré le marché des grandes entreprises. Or, les petites structures

ont tendance à accorder une confiance plus grande dans des solutions déjà testées

ailleurs, comme l’atteste l’enquête menée par ITRmanager (note 19, page 24). Pour

71,4 % des sondés, l’existence de suites éprouvées est un accélérateur pour l’adoption

de l’open source sur le poste client... ce qui en fait la première réponse donnée.

L’adoption et le soutien croissants du logiciel libre par les administrations et

entreprises contribuent largement à sa crédibilité.

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3.5.1. Dans les administrations

De nombreuses administrations françaises et internationales font confiance à

l’open source. L’Éducation nationale a été la première à utiliser des serveurs libres et

proposer des stations de travail équipées de Linux dans les universités. Un magazine

publié par le ministère informe que « plus de 60 % des licences logicielles utilisées

sur les serveurs de l’éducation nationale sont issues du monde libre » et qu’environ

15 000 serveurs Linux équipent collèges et lycées.

En 2003, le ministère de l’Intérieur et de l’aménagement du territoire a

équipé ses 15 000 postes avec la suite bureautique OpenOffice.org.

En juin 2004, le ministère de l’Économie, des finances et de l’industrie a

décidé de faire appel au libre pour la gestion des impôts.

Un mois plus tard, le ministère des Transports, de l’équipement, du

tourisme et de la mer a annoncé son intention de remplacer l’ensemble de ses 1 500

serveurs Microsoft NT par des serveurs Linux.

La même année, le ministère de la Défense français a lancé un projet de

développement d’une distribution Linux de haute sécurité, en partenariat avec

différents acteurs, dont Mandriva43.

En 2005, la gendarmerie nationale a déployé la suite bureautique

OpenOffice.org sur tous ses ordinateurs. L’expérience ayant été concluante, elle a

décidé de passer à Firefox (navigateur web) et Thunderbird (gestion des courriels) en

janvier 2006.

En juillet 2005, c’est au tour du ministère de l’Agriculture et de la pêche de

migrer ses serveurs Windows NT vers Linux.

De nombreux pays, sur les cinq continents, adoptent la même démarche. Une

liste de plus de soixante-dix migrations publiques est jointe en annexe.

43 Mandriva, anciennement Mandrake, est une société française éditrice du système d’exploitation Linux.

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La plus grosse migration au monde aura lieu au sein de l’administration

centrale française, courant 2007. Ce sont 400 000 postes qui migreront vers

OpenOffice.org et son format OpenDocument !

Les cas du Trésor public (3.1. Réduction des coûts, page 42) , de la gendarmerie

nationale (4.2. La gendarmerie nationale, page 62) et de la Chambre de commerce et

d’industrie de Meurthe-et-Moselle (4.3. La CCI de Meurthe-et-Moselle, page 63) sont

développés par ailleurs.

3.5.2. Au sein des entreprises

Bien que la voie ouverte par les administrations soit encourageante, celles-ci

ne dépendent pas de l’économie de marché comme les entreprises. C’est pourquoi il

serait d’autant plus rassurant pour les PME de constater que le secteur privé, lui

aussi, s’intéresse grandement aux logiciels libres.

Le paragraphe 1.3.1. Un secteur privé encore réticent (page 18), pourtant,

témoigne de la grande prudence avec laquelle les PME abordent le libre. À l’inverse,

les témoignages d’entreprises ayant franchi le pas, rassemblés à la partie

4. Expériences de migrations (page 58), sont plus rassurants.

Enfin, beaucoup de très grandes entreprises utilisent Linux à plus ou moins

grande échelle : Disney, General Electric, Ernst & Young, UPS, Nasdaq, Boeing,

United States Postal Service, Ikea, Cisco, Sony WorldWide Networks, Mercedes-

Benz, Netscape, IBM, Apple, Microsoft, Schlumberger, la BNP, France Télécom,

L’Oréal, Canon, Radio France, Publicis, la Sagem, Alcatel, Siemens et des centaines

de fournisseurs d’accès à Internet44.

44 Sources : Wired, Linux Journal, Linas, l’AFUL. Informations collectées à la page http://cyril.org/lindict.html#bignames.

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3.5.3. Parmi les constructeurs informatiques

Constatant le succès grandissant des logiciels libres et en particulier de Linux,

les constructeurs d’ordinateurs accompagnent le mouvement, en vendant des

machines prêtes à fonctionner sous le système d’exploitation libre. Cette situation est

confortable pour le DSI, qui n’a plus à se préoccuper de la compatibilité entre le

matériel et le logiciel lorsque son entreprise investit dans un serveur Linux, par

exemple.

IBM en tête, mais aussi Dell, HP, Compaq... commercialisent des gammes de

serveurs et des stations de travail Linux, puis en assurent le service après-vente.

3.5.4. Chez les éditeurs informatiques

Les éditeurs « classiques » de logiciels ne sont pas en reste.

Le géant Sun est considéré comme

le premier supporter du libre : après avoir

racheté la société allemande StarDivision, il

a « offert » la suite StarOffice à la

communauté en la publiant sous licence

libre : OpenOffice.org était né.

La firme Netscape a agi de même en

publiant le code source de sa suite Internet

sous licence libre, ce qui a abouti à la

création de Mozilla. Puis les logiciels de la

suite se sont scindés en navigateur web et

gestionnaire de courriels indépendants,

pour créer les célèbres Firefox et Thunderbird.

Par ailleurs, IBM, Corel, Computer Associates, Oracle et d’autres sont connus

pour leur support actif à a communauté du libre.

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« Par ailleurs, des gens comme IBM ont bien compris que leur précédent schéma était voué à l’échec. On ne contrôle pas un marché avec une solution propriétaire, lourde à entretenir. Au contraire, ils apportent désormais énormément au monde des logiciels libres en affectant d’énormes ressources. Ils en retirent toute l’innovation qui est liée à ce monde-là. Pour nous, c’est une très bonne nouvelle qu’ils investissent dans ce domaine. Aujourd’hui, les contributions majeures viennent de boîtes comme IBM, pas de hackers au fond d’un garage. »Colin Tenwick, VP & General Manager Europe Middle East & Africa de Red Hat, http://domain39.altern.com/a3873

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

Des acteurs tels que l’INRIA, Bull,

France Télécom, Thales Group, NEC Soft,

RedHat et SuSE ont créé ensemble le

consortium ObjectWeb45, dédié au

développement d’intergiciels46 libres

destinés à l’industrie. En raison de la

concurrence et les sommes colossales en

jeu, le choix du libre a été fait dans le but

de créer des projets robustes et neutres vis-

à-vis des intérêts commerciaux divergents.

L’ensemble de ces acteurs contribue

à renforcer la crédibilité des logiciels open

source aux yeux des PME.

3.6. Conclusion des raisons de l’utilisation du libre

Bien d’autres avantages sont inhérents au libre... L’ouverture du code source

permet à qui le souhaite de modifier le programme pour l’adapter à ses besoins.

L’architecture de certains programmes libres –notamment de Linux– est modulaire :

chacun peut en interchanger les éléments en fonction de ses besoins, contrairement

aux applications propriétaires, généralement monoblocs. Le modèle économique du

libre favorise les services : les sources de revenus ne sont plus issues de la vente de

licences mais de prestations de proximité telles que l’assistance à l’installation, le

conseil, la formation... ce qui revient à créer des emplois locaux, non délocalisables.

Mais dans la pratique, ces différents aspects ne concernent pas directement les PME,

c’est pourquoi ils ne sont pas développés ici.

45 http://www.objectweb.org/46 Un intergiciel, ou middleware, est un programme destiné à faire communiquer des systèmes

hétérogènes.

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« Il faut bien se rendre compte que Linux a commencé avec les “early adopters” , c’est-à-dire avec des étudiants ou des ingénieurs qui n’ont absolument pas besoin de support ou de services. C’est pourquoi beaucoup d’observateurs ont considéré que Linux était un marché où il n’y avait pas d’argent à gagner. Les choses changent aujourd’hui car ces “early adopters” ne sont que 10% des clients potentiels. Les autres 90% ont besoin de services et de support, ils le paieront si Linux répond à leurs besoins et permet d’améliorer le TCO (coût total de possession) »Interview de Bob Young, co-fondateur de RedHat, au magazine Linux+, septembre 2000, pp. 10-11

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

En conclusion, il apparaît que les logiciels libres ne sont plus considérés

aujourd’hui comme des logiciels au rabais. Les critères de choix généralement cités

par les entreprises ne sont plus d’ordre idéologique, mais purement pratique : coûts,

fiabilité, efficacité... Ce sont finalement les mêmes que pour les logiciels propriétaires.

Un enquête menée par le cabinet d’expertise Benchmark Group annonce

qu’en 2002, 75 % des entreprises qui utilisaient déjà des logiciels libres se disaient

« satisfaites sans hésitation ». Le livre blanc « Organisations et logiciels libres »

publié par la société de services et de conseil Di&Mark (note 26, page 34) pousse le

taux de satisfaction à 89 % en 2005.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 3.Pourquoi utiliser le logiciel libre en entreprise ?

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En bref...

Parmi les avantages auxquels peuvent prétendre

les PME optant pour les logiciels libres, on

compte la réduction des coûts. Malgré la crainte

des dépenses cachées, l’expérience démontre que

l’investissement engagé dans une migration est

généralement amorti à moyen terme.

Les applications open source sont également

réputées plus fiables et plus axées sur la sécurité

que leurs équivalents classiques.

Elles permettent aux PME de ne pas s’enfermer

dans des solutions propriétaires desquelles elles

pourraient difficilement se défaire.

Enfin, l’argument de l’expérience vient compléter

la liste, puisqu’un certain nombre de logiciels

libres ont démontré leur efficacité auprès

d’administrations et d’entreprises.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

4. Expériences de migrations

Le logiciel libre a déjà bien pénétré certains domaines, notamment celui des

serveurs, où certaines applications rivalisent avec les logiciels propriétaires et où

d’autres les surpassent, comme Apache, le serveur web le plus utilisé au monde.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

Mais le champ d’application du libre est toujours restreint : il a encore du mal

à s’imposer sur les postes de travail des utilisateurs. Pourtant, il bénéficie d’un

potentiel pour y arriver. C’est du moins ce que pensent les utilisateurs, selon

l’enquête ITRmanager (note 19, page 24) pour lesquels le poste de travail est le

deuxième domaine où la concurrence peut jouer.

Quelques applications ont déjà fait leurs preuves : OpenOffice.org, Mozilla

Firefox... mais elles sont encore rares.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

Un certain nombre d’entreprises qui ont opté pour les logiciels libres, ont

accepté de communiquer sur leurs expériences. Cette dernière partie relatera les

témoignages de deux PME, deux administrations publiques, une PMI et une grande

entreprise.

4.1. Deux PME du secteur tertiaire

E-maginair47 et WebCD48 sont deux agences web49 de quatre et sept employés,

basées respectivement dans le Doubs et dans le Bas-Rhin. Comme nombre

d’entreprises appartenant au secteur des technologies de l’information et de la

communication (TIC), elles ont été parmi les premières à tester les logiciels libres.

Leurs responsables informatique et réseaux Jean-Philippe Guillaume50 et Olivier Lutz

47 http://www.emaginair.com/48 http://www.webcd.fr/49 Une agence web est une entreprise spécialisée dans la création et la mise à jour de sites Internet.50 Depuis peu, Jean-Philippe Guillaume a quitté E-maginair et créé sa propre agence web :

http://www.iloclic.com/.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

ont accepté de répondre à un questionnaire, pour les besoins de ce mémoire. Bien

que ne se connaissant pas, ils ont tous les deux fourni des informations très

similaires.

Les deux PME utilisent des serveurs totalement libres. Ayant fait ce choix dès

leurs créations en 1998 et 1999, elles n’ont pas eu à migrer. Pour l’hébergement de

leurs sites, elles font appel à la combinaison « LAMP » : Linux, Apache, MySQL et

PHP. Des outils de surveillance et de suivi, libres eux aussi, sont utilisés : Ntop,

Nagios, Awstats, RDDtool...

Une solution mixte a été choisie pour les postes de travail : environnement et

logiciels propriétaires, accompagnés d’applications open source : bureautique,

navigation, gestion des courriels.

Les raisons évoquées pour le déploiement de solutions libres sont la réduction

des coûts, la confiance dans la sécurité, la fiabilité et les meilleures performances

des serveurs, notamment dans les situations de forte affluence.

En revanche, les logiciels propriétaires sont solidement ancrés pour certaines

utilisations, où leurs équivalents libres sont encore inexistants ou immatures. C’est le

cas de la création multimédia avec Adobe Flash et Photoshop. Un équivalent à ce

dernier existe (The Gimp), mais sa prise en main n’est pas évidente pour un non

initié.

Le principal frein à une plus grande utilisation des logiciels libres dans les

PME est le manque de connaissances, le besoin de formations. Il est toutefois souvent

comblé par la richesse des informations et la disponibilité de la communauté sur

Internet, qui fait office d’assistance gratuite.

Les deux agences web envisagent d’accorder une place croissante aux logiciels

libres à moyen terme. Leur compatibilité avec les programmes classiques facilite la

migration sur le poste client : OpenOffice.org gère très bien le format « doc » de

Microsoft Word et Firefox et Thunderbird importent sans problèmes les données

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

(favoris, courriers, carnets d’adresses) d’Internet Explorer et Outlook.

Mais elle continueront à utiliser les logiciels propriétaires tant que ceux-ci

seront majoritaires. En effet, une des contraintes de l’agence web est de tester ses

produits selon la configuration de ses clients.

Pour plus de détails, les questionnaires des responsables informatique sont

joints en intégralité dans les annexes.

4.2. La gendarmerie nationale

Après sa migration vers OpenOffice.org annoncée en janvier 2005, la

gendarmerie nationale française a réitéré sa confiance dans les logiciels libres début

2006 en communiquant son intention de déployer le navigateur Mozilla Firefox sur

ses 70 000 postes de travail et le client de messagerie Mozilla Thunderbird sur 45 000

d’entre eux.

Dans un entretien accordé à un magazine spécialisé51, le Général Brachet,

sous-directeur des télécommunications et de l’informatique de la direction générale,

révèle que la première raison expliquant ce recours au logiciel libre est le besoin

d’interopérabilité. Il ajoute ensuite qu’il « s’est révélé comme une alternative

crédible et économiquement intéressante » car, « il n’est pas gratuit mais largement

moins onéreux que des solutions d’éditeurs à fonctionnalités égales ». Selon le

Général Brachet, le logiciel libre représente également « un gage d’indépendance et

de pérennité ».

Quelques extraits de cet entretien sont fournis en annexes.

51 Entretien accordé au magazine Linux pratique, numéro 33, janvier 2006.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

4.3. La CCI de Meurthe-et-Moselle

Philippe Klein, membre du comité de direction de la Chambre de commerce et

d’industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle, a donné une conférence52, dans laquelle il a

donné des détails relatifs à la migration de l’organisme public vers une solution

totalement libre.

Elle s’est organisée en deux temps. En 2005, l’ensemble des postes de travail a

été basculé vers un environnement libre. L’année suivante, c’est le système de

téléphonie qui a migré vers la technologie VoIP53 accompagnée d’outils open source.

150 collaborateurs travaillant sur dix sites distants étaient concernés. D’un

point de vue matériel, la migration a touché 160 postes de travail, 200 postes

pédagogiques et 15 serveurs gérant notamment l’accès au système par des appareils

nomades : Smartphones et ordinateurs personnels. Le service informatique de la CCI a

orchestré les opérations et des sessions de formation en interne ont été données par le

groupe CCI Formation 54.

La démarche de l’initiateur

Pour faire approuver son projet, Philippe Klein a présenté des arguments non

techniques aux dirigeants de la CCI. Une migration était devenue nécessaire car le

parc informatique vieillissait. Le choix du libre était en partie dû à une volonté

d’économie du denier public, mais également dans le but stratégique d’entretenir

l’innovation au sein de la structure : l’acquisition de nouvelles compétences est

ensuite valorisée via les formations données à l’extérieur. L’initiateur a comparé les

avantages et inconvénients des solutions possibles dans le tableau qui suit.

52 La conférence, intitulée « La CCI 54 ose le bureau 100 % libre », a eu lieu le 5 juillet 2006 lors des Rencontres mondiales du logiciel libre à Vandœuvre-lès-Nancy.

53 La voix sur réseau IP, ou VoIP, est une technique qui permet de téléphonie via Internet. Ses principaux avantages sont la réduction des coûts et le traitement informatique des appels.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

Critères Systèmes propriétaires Systèmes ouvertsPhilosophiques

• universalité• pérennité• indépendance• formats ouverts

- +

Techniques• robustesse• fiabilité• performance• sécurité

- +

Stratégiques• risque• non conformisme• exemplarité

+ / - - / +

Économiques• mise en oeuvre• évolution

- +

Tableau 1 : Comparatif entre systèmes propriétaires et ouverts

Des circonstances favorables

La migration s’est déroulée relativement facilement car l’initiateur appartenait

au comité de direction. De plus, le président y était favorable. Enfin, une majorité

d’applications de production de la CCI a été développé en interne et pour le web. Or,

cette technologie n’est pas limitée à une plate-forme : elle s’utilise aussi bien avec

Linux qu’avec Windows. Enfin, un certain nombre de stagiaires universitaires ont

aidé au bon déroulement des opérations.

Des difficultés

La migration ne s’est pas déroulée sans quelques embûches. Comme souvent,

elles ont concerné l’aspect humain du changement. Les responsables ont dû gérer

une véritable « peur du changement » et former longuement les collaborateurs.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

Un problème matériel a également freiné les opérations : l’imprimante

utilisée par une majorité de collaborateurs, la Canon CAPT, n’a pas pu fonctionner

sous Linux. Cet obstacle s’est soldé par un remplacement de ces imprimantes.

D’importantes économies

La CCI a profité de cette migration pour repenser son architecture réseau.

Ainsi, sept serveurs de sessions ont été mis en place, auxquels les utilisateurs ont

connecté leurs stations de travail pour bénéficier de leurs ressources.

Le parc se compose donc d’une poignée d’ordinateurs performants et d’une

multitude de machines « bas de gamme » qui fonctionnent efficacement en se

partageant les ressources des serveurs. Il n’est donc plus nécessaire d’acheter de

nouveaux PC régulièrement. Cette technique permet de réaliser d’importantes

économies sur le matériel.

Au final, en tenant compte de l’argent dépensé dans les formations et

économisé sur le matériel et les licences, il s’avère que la CCI a réalisé des économies

importantes et récurrentes, à hauteur de 1 000 € par poste et par an, soit 160 000 €

épargnés chaque année !

Les acteurs de la CCI espèrent maintenant transmettre l’expérience capitalisée

au travers de formations et démarrer un effet « boule de neige ».

4.4. La chaîne de supermarchés Auchan

Les supermarchés Auchan ont décidé de migrer leurs serveurs

départementaux de Windows NT vers Linux, déjà en 2002.

Le directeur technique d’Auchan International Technology, Michel Barthélémy,

expliquait alors : « Linux est aujourd’hui une alternative crédible [...] ce qui n’était

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

pas le cas il y a 3 ou 4 ans » (citation de 2002). Et d’ajouter « Le coût d’une migration

vers XP aurait été beaucoup plus élevé. La différence se chiffre en millions de francs,

du seul fait des licences. [...] Le coût des licences des éditeurs propriétaires est

maîtrisable si vous suivez leur politique de mise à jour. Mais ce n’est pas notre cas. »

Le premier aspect évoqué était donc, comme souvent, d’ordre financier. Sans

communiquer le montant de l’investissement, la chaîne a tout de même précisé que

le retour sur investissement était attendu dès la première année.

Michel Barthélémy enchaînait sur les gains en fiabilité attendus : « Dans

l’environnement Windows, chaque machine assure un, deux ou trois services au

maximum afin que le plantage d’un serveur n’obère pas du fonctionnement de

l’ensemble des services. Cela a un coût matériel. Il faut une trentaine de micros pour

assurer une cinquantaine de services sous Windows. On peut tout à fait remplacer

une quinzaine de serveurs Windows par deux serveurs Linux et assurer une

meilleure continuité de service ». Il ajoutait ensuite que l’environnement open source

était plus personnalisable, plus souple et plus sécuritaire.

L’intégralité de l’article, tiré du site d’informations ZDNet.fr, est jointe en

annexes.

4.5. Une PMI – secteur industriel

La SSLL marseillaise Bashprofile54, par la voix de son dirigeant Marc Bey, a

témoigné d’une expérience de migration récente dans le secteur industriel55.

L’opération concerne une PMI de confection de sacs en plastique. Le dirigeant

a expliqué son choix par une volonté de réaliser des économies.

54 http://www.bashprofile.net/55 La conférence, intitulée « Migration vers Linux et les logiciels métiers – expérience d’une migration

vers Linux dans le secteur industriel », a eu lieu le 5 juillet 2006 lors des Rencontres mondiales du logiciel libre à Vandœuvre-lès-Nancy.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

L’existant

Le parc informatique de l’entreprise était constitué d’un serveur Windows NT

et de huit stations de travail, nécessitant l’accès à Internet et aux logiciels métiers, à

savoir un programme de gestion de production, un autre de comptabilité

fonctionnant avec MS-DOS56 et la suite bureautique Microsoft Office.

La contrainte temps était importante pour la SSLL car le patron était

« pressé ».

Solutions de la SSLL

La société de services a proposé la migration totale des stations de travail vers

un environnement libre : système d’exploitation, suite bureautique et navigateur.

Pour des raisons de compatibilité avec les machines de fabrication, le serveur est

resté sur Windows NT : l’application gérant les robots n’était pas portable vers

Linux. Elle a ensuite proposé la mise en place d’une passerelle57 Mandriva intégrant

le serveur de messagerie Postfix.

Difficultés rencontrées

Là encore, la SSLL a eu à faire face aux craintes des utilisateurs, peu habitués

à leur nouvel environnement de travail. Elle s’est également heurtée à des difficultés

dans la migration de la gestion de production, mais y est finalement parvenue. La

migration de la suite bureautique a aussi posé quelques problèmes, notamment au

niveau des données croisées dynamiques58 et des macros59.

56 MS-DOS est le système d’exploitation prédécesseur de Windows.57 Une passerelle est un ordinateur servant d’interface entre Internet et le réseau local de l’entreprise.58 Les données croisées dynamiques sont une fonctionnalité du tableur Microsoft Excel permettant

des manipulations et mises en relation de données.59 Une macro est un petit script permettant d’automatiser une succession de tâches.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

Conclusion de la migration

Le retour sur investissement a été « plutôt conséquent », même s’il n’a pas été

chiffré publiquement.

L’intervenant de la SSLL a conclu que l’implantation du libre restait difficile,

plus pour des raisons humaines que techniques. Il a de plus déploré la trop faible

offre logicielle disponible sous Linux : gestion de production, de paie, de

comptabilité et de télétransmission bancaire sont immatures ou manquants. Ce

défaut a entraîné l’obligation pour la PMI de conserver un serveur Microsoft

Windows NT.

Le responsable SSLL conclut de cette expérience que l’implantation de Linux

dans le secteur privé devra impérativement passer par un renforcement de la couche

applicative.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 4.Expériences de migrations

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En bref...

Les retours d’expériences de migrations sont

globalement positifs. Lorsque des problèmes sont

rencontrés, ils sont plus souvent d’ordre humain

(appréhensions, formations...) que technique

(incompatibilité matérielle...)

Il apparaît plus difficile pour les entreprises

utilisant des logiciels « métier » (PMI...) de

migrer totalement vers le libre pour des raisons de

compatibilité (logiciels spécifiques, machines

d’usine...). Une migration partielle est tout de

même envisageable.

Les sociétés de services utilisant des applications

standardisées sont les plus à même de migrer

dans de bonnes conditions. L’obstacle humain

disparaît si elles œuvrent dans les TIC.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale

5. Conclusion générale

Malgré les grandes avancées qu’a connu le mouvement, il convient de

relativiser : le logiciel libre n’en est qu’à ses débuts. Depuis les années 2000, sa

notoriété dépasse petit à petit les frontières de sa communauté pour atteindre les

acteurs du marché que sont les entreprises et les administrations.

Sa progression est ralentie par le manque de moyens dont il dispose pour

faire face au logiciel propriétaire qui, lui, se fait connaître grâce à des budgets

marketing et publicitaires considérables. Le logiciel libre bénéficie certes d’un écho

favorable dans le milieu informatique... mais la voix des amateurs a-t-elle de la

valeur aux yeux du DSI ?

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale

Pourtant, il est indéniable que le libre gagne du terrain. Le cabinet Pierre

Audouin Consultants estime le marché de l’open source à 146 millions d’euros en

2004. Il précise que sa croissance a été de 46 % entre 2003 et 2004 –contre 5 à 7 % pour

l’ensemble du marché du logiciel– et prévoit une croissance annuelle de 40 %

jusqu’en 2008.

La montée en puissance des acteurs du libre se perçoit également à travers des

faits fortement symboliques. Pour la première fois dans l’histoire de l’informatique,

Microsoft Office, deuxième source de revenus du premier éditeur au monde, a cédé

face à un concurrent libre. En effet, OpenOffice.org a mis au point le format

OpenDocument, agréé par l’ISO et très prochainement utilisé par les administrations

françaises. En juillet 2006, Microsoft s’est vu « contraint » d’intégrer le support de ce

format dans sa suite bureautique.

Selon l’enquête menée par ITRmanager (note 19, page 24), 53,1 % des 400

répondants estiment que le modèle de développement et de mise en œuvre de Linux

et des logiciels libres deviendra le modèle dominant... alors que seuls 2,1 % pensent

le contraire.

Le logiciel libre, une opportunité pour les PME

Dans l’analyse du rapport qui lie le libre au monde professionnel, il est

nécessaire de différencier deux types de logiciels : les applications matures et les

autres. Sous peine de contre-productivité, il est recommandé que les entreprises ne

s’intéressent dans un premier temps qu’aux logiciels mûrs et éprouvés par ailleurs.

Issu d’un milieu encore peu connu des professionnels, le logiciel libre suscite

des craintes. Certains considèrent encore le choix de l’open source comme risqué,

notamment à cause de la difficulté à chiffrer l’investissement nécessaire. En cas de

migration, la principale dépense de temps, d’énergie et d’argent concerne la

formation des utilisateurs. Le facteur est donc humain.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale

Face à cette incertitude, les défenseurs du libre rétorquent « qui ne tente rien

n’a rien ». En effet, pour un nombre croissant de décideurs, le logiciel libre a su

développer un modèle économiquement viable. Bien que discutable à court terme, la

réduction des coûts peut être réelle. Une étude préalable permet de minimiser les

risques.

Aujourd’hui, la migration est facilitée par la compatibilité de nombreux

logiciels libres avec leurs équivalents propriétaires.

Pour beaucoup, le libre est une solution durable, qui nécessite un

investissement rentabilisé à moyen terme. Il apporte fiabilité, sécurité et pérennité

au système informatique de l’entreprise.

L’existence de solutions éprouvées, c’est-à-dire utilisées par de nombreux

acteurs présents dans tous les domaines, minimise la prise de risques du DSI ; le

logiciel libre devient alors un logiciel « normalisé ».

Pour optimiser leur outil informatique tout en minimisant encore les risques,

les PME peuvent faire appel à des prestataires externes, les SSLL, qui bénéficient

d’un savoir-faire afin que la migration se passe au mieux.

Les PME, une opportunité pour le logiciel libre

Malgré l’apparente opposition entre l’esprit du libre et celui du monde

professionnel, le lien qui unit les logiciels open source et les entreprises est

symbiotique : les deux milieux ont su trouver un équilibre « gagnant-gagnant ».

La communauté du libre s’est adaptée au monde professionnel via la création

d’entreprises spécialisées : les SSLL et les éditeurs tels que Mozilla Corporation,

Mandriva, RedHat, Ubuntu, SuSE...

Inversement, le milieu professionnel informatique s’est adapté. Les grands

constructeurs et éditeurs publient des logiciels libres ou proposent leurs services

dans ce domaine. Aujourd’hui, les deux logiciels libres les plus utilisés après le

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › 5.Conclusion générale

système d’exploitation Linux sont dirigés par des entreprises : Sun, pour

OpenOffice.org et Mozilla Corporation, pour Firefox.

Le changement est clairement en marche. Mais pour gagner ses lettres de

noblesse, le logiciel libre devra pénétrer plus profondément encore le marché colossal

des PME car, libre ou propriétaire, le « nerf de la guerre » du logiciel dans notre

société est l’argent.

Pour ce faire, de nombreux efforts devront être fournis sur un point crucial : le

facteur humain. S’il ne fallait retenir qu’une information de ce mémoire, la voici :

l’adoption généralisée du logiciel libre passera par la formation des dirigeants et

des utilisateurs ou ne passera pas.

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Pour approfondir...

Pour approfondir...

Quelques liens Internet...

Logiciels

● Équivalences entre logiciels propriétaires et libreshttp://fr.wikipedia.org/wiki/Alternatives_libres_aux_logiciels_propriétaires

● Annuaire et articleshttp://www.framasoft.net/

● Annuairehttp://www.jesuislibre.org/

Témoignages

● ERP Open Source ou SAP : Solideal a tranchéhttp://www.indexel.net/1_6_3534__3_/4/23/1/ERP_Open_Source_ou_SAP___Solideal_a_tranche.htm

● Migrer vers Open Source pour réduire ses coûts et gagner en évolutivitéhttp://www.indexel.net/1_6_3844__3_/4/50/1/Migrer_vers_Open_Source_pour_reduire_ses_couts_et_gagner_en_evolutivite.htm

● Témoignages de migrations de OOo http://fr.openoffice.org/servlets/ProjectDocumentList?folderID=272

● Liste de témoignages d’utilisateurs professionnels de Linuxhttp://www.aful.org/xp/pros.html

● Comment la ville de Sélestat appréhende les nouvelles technologieshttp://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39294943,00.htm

Divers

● Portail d’actualités relatif aux logiciels libreshttp://linuxfr.org/

● Liste de migrations vers le librehttp://chl.be/migrations/

● Association des SSLLhttp://www.ass2l.org/

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Pour approfondir...

● Actualités relatives aux formats ouvertshttp://www.formats-ouverts.org/blog/Entreprise

● Déploiement d’OpenOffice.org sur les postes de travailhttp://www.adullact.org/documents/changement-OOo-ADULLACT.pdf

Articles

● Si vous découvrez les logiciels libres...http://www.framasoft.net/article2112.html

● Livre blanc « Organisations et logiciels libres » de Di&Markhttp://www.diemark.net/texte_livreblanc.htm

● Le logiciel libre en entreprise : dossier en 4 partieshttp://www.01net.com/article/175882.html

● Logiciels libres pour l’entreprise: la bureautique (partie 1)http://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39306478,00.htm

● Logiciels libres pour l’entreprise: la gestion (partie 2)http://www.zdnet.fr/entreprise/commercial-marketing/relation-client/0,50007171,39307158,00.htm

● Logiciels libres pour entreprise: les outils système et de sécurité (partie 3)http://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39308218,00.htm

● Passer de Windows à Linuxhttp://www.tomshardware.fr/passer_de_windows_linux_1_re_partie_la_preparation-art-591-1.htmlhttp://www.tomshardware.fr/passer_de_windows_linux_2_me_partie-art-606-1.html

● Quelles solutions open source adopter pour le poste utilisateur?http://www.zdnet.fr/entreprise/management-rh/collaboratif/0,50007183,39139770,00.htm

● Suites bureautiques: OpenOffice ou Microsoft Office, que choisir?http://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/poste-client/0,50007192,39301700,00.htm

● Linux contre NThttp://cyril.org/linbusiness.html

● Décryptage : pourquoi IBM, HP et Oracle se convertissent à Linuxhttp://www.zdnet.fr/entreprise/service-informatique/serveurs-stockage/0,50007198,2120269,00.htm

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Bibliographie

Bibliographie

Ouvrages

● Smets-Solanes J.-P., Faucon B., 1999, Logiciels libres : liberté, égalité, business,

Paris, Edispher.

● Rastetter Y., 2002, Le logiciel libre dans les entreprises, France, Hermes

Travaux étudiants

● Héritier J.-C., 2001, « Quelle viabilité au niveau des utilisateurs

(entreprises », pp. 40-49, in : Les logiciel libre : un modèle économique viable ?,

mémoire en Institut européen d’études commerciales supérieures,

Université Robert Schuman de Strasbourg.

● Kuoch A., LY C., 2006, Logiciel libre en entreprise : évolution et perspective,

synthèse en Ingénierie de l’information, de la décision et de la

connaissance, Université de Marne-la-Vallée.

Articles

● Bodor D., Brosseau F., 2006, « Firefox, plébiscité par la gendarmerie :

interview », Linux pratique, 33, pp. 18-20.

Ressources électroniques en ligne

● Dordoigne D. Le droit du logiciel (libre) : état et évolutions. LinuxFr. 7 avril

2006. Disponible sur http://linuxfr.org/2006/04/07/20629.html

● Dumont E., Dupin L. Open source: les collectivités locales européennes et

françaises en redemandent. ZDNet.fr, 3 novembre 2005. Disponible sur

http://www.zdnet.fr/entreprise/gestion-

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Bibliographie

finances/progiciel/0,50007180,39284398,00.htm

● Guély F. Logiciels libres : débat. 25 septembre 2001, mis à jour le 7 avril 2002.

Disponible sur http://www.vnunet.fr/fr/vnunet/news/2003/07/16/pme-cinq-

utilise-linux-pc

● Le Quézourec O. Une PME sur cinq utilise Linux sur ses PC. VNUnet. 16

juillet 2003. Disponible sur http://fguely.club.fr/logiciel_libre/debat.html

● Faits de société entourant la mise en place de la loi DADVSI. Wikimedia

Foundation, consulté en septembre 2006. Disponible sur

http://fr.wikipedia.org/wiki/Faits_de_société_entourant_la_mise_en_place_de_la_l

oi_DADVSI

● Firefox, un an après : une progression ininterrompue. XiTiMonitor, 2005.

Disponible sur http://www.xitimonitor.com/etudes/equipement12.asp

● La question de la légitimité du logiciel libre ne se pose plus. 01 Informatique, 26

janvier 2006. Disponible sur

http://www.01blog.fr/2006/01/la_question_de_.html

● Le libre en entreprise. Ryxeo, 6 juillet 2006. Disponible sur

http://www.ryxeo.com/index.php/2006/07/06/52-le-libre-en-entreprise

● Les raisons d’utiliser les logiciels libre en entreprise. Prolibre, consulté en

septembre 2006. Disponible sur http://www.prolibre.com/documents/entreprise

● Les vices cachés des .doc. Transfert.net, 17 juin 2003. Disponible sur

http://www.transfert.net/a8977

● Linux menacé par des brevets logiciels. Infos du net, consulté en septembre

2006. Disponible sur http://www.infos-du-net.com/actualite/3366-linux.html

● Logiciel libre. Wikimedia Foundation, consulté en septembre 2006.

Disponible sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Logiciel_libre

● Logiciels libres ou « open source ». AWT, 23 septembre 2005, mis à jour le 10

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Régis BellerLe logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ? › Bibliographie

octobre 2005. Disponible sur

http://www.awt.be/web/dem/index.aspx?page=dem,fr,025,030,020

● Microsoft Word mord les fesses de Tony Blair. Club Linux Nord-Pas-de-Calais,

30 juin 2003. Disponible sur http://clx.anet.fr/spip/article.php3?id_article=217

● Migrations GNU/Linux. consulté en septembre 2006. Disponible sur

http://chl.be/migrations/

● ObjectWeb. Wikimedia Foundation, consulté en septembre 2006. Disponible

sur http://fr.wikipedia.org/wiki/ObjectWeb

● Petites et moyennes entreprises. Wikimedia Foundation, consulté en

septembre 2006. Disponible sur

http://fr.wikipedia.org/wiki/Petites_et_moyennes_entreprises

● Pourquoi Auchan a choisi Linux pour gérer ses serveurs départementaux.

ZDNet.fr, 5 avril 2002. Disponible sur http://www.zdnet.fr/entreprise/service-

informatique/serveurs-stockage/0,50007198,2107829,00.htm

● Quelle place pour le logiciel libre ?. ITRmanager, 1er février 2006. Disponible

sur http://itrmanager.com/article.php?oid=49159

● Tous les chiffres-clés de l’Internet et des nouvelles technologies en France et dans

le monde. consulté en septembre 2006. Disponible sur

http://www.journaldunet.com/chiffres-cles.shtml

Conférences

● Klein P., 2006, La CCI 54 ose le bureau 100 % libre, Vandœuvre-lès-Nancy,

Rencontres mondiales du logiciel libre.

● Bey M., 2006, Migration vers Linux et les logiciels métiers – expérience d’une

migration vers Linux dans le secteur Industriel, Vandœuvre-lès-Nancy,

Rencontres mondiales du logiciel libre.

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Régis [email protected]

Sous la direction de Brigitte Simonnot : [email protected]

Le logiciel libre : quelle opportunité pour les PME ?

Ce mémoire aborde le thème des logiciels libres d’un point de vue professionnel et plus précisément des petites et moyennes entreprises. Après une mise en situation retraçant l’évolution passée du logiciel, le sujet se concentre sur les applications open source : leurs défauts et les opportunités qu’ils offrent aux PME. Une série de témoignages d’administrations et d’entreprises de tailles variées complète ce dossier.

open source – petite moyenne entreprise – enjeustratégie professionnelle – DSI – TIC

Free software : an opportunity for small businesses?

This memoir treats of free softwares with the small businesses point of view. After going through the software’s history, the theme deals with open source programs: what don’t work as well as the opportunities they have to offer to small businesses. A series of testimonies from public services and companies of various sizes completes this essay.

libre software – company – firmprofessional strategy – information technology

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