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Le Nouvel Anachronique 2012 Le Nouvelle Anachronique Québec, Février 2012 Gratuit. Vous êtes présentement confrontés à la première édition du Nouvel Anachronique, le journal des étudiants et étudiantes en histoire de l’Université Laval. Les esprits les plus informés n’auront aucun mal à établir un lien avec l’Anachronique, défunt journal de nos illustres prédécesseurs. Bien malheureusement, des mesures d’austérité et d’origines philosophiques et idéologiques ont, encore une fois, réduit la publication au silence complet. C’est donc dans un esprit hédoniste affirmé et dans un objectif d’émancipation des plumes qu’une poignée d’étudiants ont consulté les antiques éditions du journal ayant été mises à l’Index et, prenant en compte l’héritage intellectuel dont ils avaient hérité, entreprirent la résurrection du principal organe d’expression libre des jeunes historiens de l’Université Laval. Comme son nom l’indique, le Nouvel Anachronique, tient à se définir par un certain renouveau. En fait, comme la totalité de ses collaborateurs en sont à leur première contribution à cette publication, il ne peut en être autrement. L’environnement dans lequel nous évoluons est également en transformation perpétuelle, tout comme notre perception des choses et des évènements qui régissent nos vies. En ce sens, nos collaborateurs s’affirmeront sur une actualité différente en affirmant leur individualité et leur propre perception du monde actuel. D’autre part, les intermédiaires médiatiques et les façons par lesquelles les étudiants vivent la communication se sont radicalement modifiés depuis quelques années. Il sera intéressant de voir de quelle façon le Nouvel Anachronique pourra s’affirmer et se démarquer par rapport aux réseaux sociaux qui sont désormais omniprésents et faciles d’accès. Inversement, il est certain que ce journal s’appuiera sur un héritage déterminant et inspirant. Un seul coup d’œil aux anciennes éditions de l’Anachronique provoque, chez n’importe quel individu doté de sens commun, un sentiment de fierté et d’admiration face à la qualité des textes, de la mise en page et à la pertinence des prises de positions. Le Nouvel Anachronique s’engage donc à réinstaurer cette tradition d’excellence et à la poursuivre à sa façon. Le journal restera aussi une œuvre collective, fonctionnant essentiellement grâce aux contributions et à l’apport du plus humble des écrivains. Chaque étudiant est effectivement invité et même encouragé à s’exprimer par notre intermédiaire sur ses propres préoccupations ou intérêts. Que votre production soit érudite, sous forme de vers ou graphique, elle sera publiée et transmise ici. Aurons-nous une orientation idéologique, une ligne éditoriale, une prise de position officielle? Bien sur. En parcourant les pages de cette édition vous verrez inséré de façon volontaire et évidente un argumentaire biaisé en faveur de la communication libre. C’est, tristement, l’élément le plus pris pour acquis de notre société. C’est pourtant la pièce centrale du casse-tête formant l’identité humaine et, tranquillement, on la voit s’envoler aux grés des anxiétés générales, des oppositions perplexes et même des législations idéologiques. La communication et notre capacité d’expression de soi constituent notre don le plus utile et précieux, c’est en quelque sorte un miracle naturel. Le Nouvel Anachronique sera donc votre outil pour relâcher vos pensées sur le monde connu et, assurément, en faire des merveilles. Miracles, héritages et évolution Loïc Voyer Contenu: - 2. Entrevue avec Marie- Josèphe Pigeon - 5. L’histoire: un domaine d’avenir? - 6. Capsule historique - 7. La fatalité et l’ignorance - 8. Vers la grève générale illimitée - 9. Hipster: Définition et histoire d’un mouvement - 10. À Québec, Portland! émerge. - 11. L’Ana-chronique musicale - 12. L’Ana-roscope - 13. Speak for real

Le Nouvel Anachronique édition de février

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Le Nouvel Anachronique édition de février

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Page 1: Le Nouvel Anachronique édition de février

Le Nouvel Anachronique 2012 Le Nouvelle Anachronique Québec, Février 2012 Gratuit.

Vous êtes présentement confrontés à la première édition du Nouvel Anachronique, le journal des étudiants et étudiantes en histoire de l’Université Laval. Les esprits les plus informés n’auront aucun mal à établir un lien avec l’Anachronique, défunt journal de nos illustres p r é d é c e s s e u r s . B i e n malheureusement, des mesures d ’ a u s t é r i t é e t d ’ o r i g i n e s philosophiques et idéologiques ont, encore une fois, réduit la publication au silence complet. C’est donc dans un esprit hédoniste affirmé et dans un objectif d’émancipation des plumes qu’une poignée d’étudiants ont consulté les antiques éditions du journal ayant été mises à l’Index et, prenant en compte l ’héritage intellectuel dont ils avaient hérité, entreprirent la résurrection du principal organe d’expression libre des jeunes historiens de l’Université Laval.

Comme son nom l’indique, le Nouvel Anachronique, tient à se définir par un certain renouveau. En fait, c o m m e l a t o t a l i t é d e s e s collaborateurs en sont à leur première contribution à cette publication, il ne peut en être autrement. L’environnement dans lequel nous évoluons est également en transformation perpétuelle, tout comme notre perception des choses et des évènements qui régissent nos vies. En ce sens, nos collaborateurs s’affirmeront sur une actualité différente en affirmant leur indiv idual i t é e t l eur propre

perception du monde actuel. D’autre part, les intermédiaires médiatiques et les façons par lesquelles les étudiants vivent la communication se sont radicalement modifiés depuis quelques années. Il sera intéressant de voir de quelle façon le Nouvel Anachronique pourra s’affirmer et se démarquer par rapport aux réseaux s o c i a u x q u i s o n t d é s o r m a i s omniprésents et faciles d’accès.

Inversement, il est certain que ce journal s’appuiera sur un héritage déterminant et inspirant. Un seul coup d’œil aux anciennes éditions de l’Anachronique provoque, chez n’importe quel individu doté de sens commun, un sentiment de fierté et d’admiration face à la qualité des textes, de la mise en page et à la pertinence des prises de positions. Le Nouvel Anachronique s’engage donc à réinstaurer cet te tradit ion d’excellence et à la poursuivre à sa façon. Le journal restera aussi une œuvre collective, fonctionnant e s s e n t i e l l e m e n t g r â c e a u x contributions et à l’apport du plus humble des écrivains. Chaque étudiant est effectivement invité et même encouragé à s’exprimer par notre intermédiaire sur ses propres préoccupations ou intérêts. Que votre production soit érudite, sous forme de vers ou graphique, elle sera publiée et transmise ici.

Aurons-nous une orientat ion idéologique, une ligne éditoriale, une prise de position officielle? Bien sur.

En parcourant les pages de cette édition vous verrez inséré de façon v o l o n t a i r e e t é v i d e n t e u n argumentaire biaisé en faveur de la c o m m u n i c a t i o n l i b r e . C ’ e s t , tristement, l’élément le plus pris pour acquis de notre société. C’est pourtant la pièce centrale du casse-tête formant l’identité humaine et, tranquillement, on la voit s’envoler aux grés des anxiétés générales, des oppositions perplexes et même des légi s la t ions idéologiques . La communication et notre capacité d’expression de soi constituent notre don le plus utile et précieux, c’est en quelque sorte un miracle naturel. Le Nouvel Anachronique sera donc votre outil pour relâcher vos pensées sur le monde connu et, assurément, en faire des merveilles.

Miracles, héritages et évolutionLoïc Voyer

Contenu:

- 2. Entrevue avec Marie-Josèphe Pigeon

- 5. L’histoire: un domaine d’avenir?

- 6. Capsule historique- 7. La fatalité et l’ignorance - 8. Vers la grève générale

illimitée - 9. Hipster: Définition et

histoire d’un mouvement- 10. À Québec, Portland!

émerge.- 11. L’Ana-chronique

musicale- 12. L’Ana-roscope- 13. Speak for real

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Entrevue avec Marie Josèphe Pigeon ancienne collaboratrice de l’Anachronique

Bonjour, Je tiens d'abord à vous remercier de prendre le temps de répondre aux questions du journal Le Nouvel Anachronique.

Ça me fait plaisir. Coïncidence heureuse : je revenais d'une réunion de la Commission nationale des femmes de Québec solidaire qui a eu lieu à deux corridors de l'ancien « bocal » étudiant au DeKoninck quand j'ai lu votre requête envoyée par courriel.

Donc, voici les questions : Simon Fortin-Dupuis: -Grâce à des copies d'éditions du journal H : hache ce que doit de 1983 que nous avons trouvé dans les archives de l'AÉÉH, nous avons pu constater votre élection sur le comité exécutif en tant que représentante du niveau II, ainsi que votre implication dans le journal. Qu'est-ce qui vous a poussé à vous impliquer dans la vie étudiante ? Quelle était la dynamique dans l'association étudiante ? Avez-vous des détails cocasses sur les activités de l'AÉÉH, le local, etc. ? Marie-Josèphe Pigeon: Ça faisait longtemps que je voulais m'engager dans le mouvement étudiant (secondaire et cégep) à Sherbrooke. Mais j'étudiais le violon et les réunions avaient tendance à se passer lors de mes pratiques sur l'heure du lunch. En arrivant à Québec, j'ai dû abandonner la musique et donc je me suis retrouvée disponible. Je suis arrivée à l'automne 1981, tout juste après une grève étudiante; les étudiantEs du niveau supérieur devaient reprendre des cours de première année. J'ai ainsi baigné rapidement dans un milieu militant. J'ai été rapidement élue - je fus même présidente du comité exécutif un certain temps. J'ai démissionné à la suite à de pratiques qu'on qualifiaient alors d'ultra-démocratique. Voyez-vous, dans ce temps-là, la règle était : membre du comité exécutif un jour, membre toujours, que tu sois au Bacc ou pas, ait participé à l'AG ou pas et que tes actions soient conformes aux mandats votés par l'AG ou pas. Évidemment, ma démission fut refusée!Le « bocal » étudiant avait un sympathique et très vieux frigo rétro (fin années 1950, début 1960) qu'on a repeint en rose.

SFD: Vous avez participé à l'élaboration de la première édition de H : hache ce que doit. Pouvez-vous nous décrire ce qui a poussé des membres de l'AÉÉH à recréer un journal à cette époque ? Est-ce que le climat de contestation qui transparait à travers les articles était un élément important ?

MJP: Un élément irrésolu de la grève de 1981 était le comité de programmes qui élaborait les contenus des cours. Les étudiantEs avaient quand même obtenu d'y siéger, mais le fonctionnement était ardu. Le journal nous permettait d'en faire part aux autres étudiantEs.

SFD: Il semble, au fil des éditions de H : hache ce que doit, que le comité de programme pose des problèmes aux étudiants de 1983. On y décèle aussi un appui de l'AÉÉH à la grève des employéEs de soutien et une remise en cause de la méthodologie enseignée. En somme, la tension semblait intense entre les étudiantEs et la direction. Est-ce que vous pouvez nous décrire cet antagonisme et nous parler des idées des étudiantEs pour faire changer les choses ?

MJP: Je me rappelle que j'avais écrit un article concernant le catalogue de cours, qui était à l'époque le moyen de choisir son université; c'était bien avant l'Internet et les journées portes ouvertes (j'ai commencé mon Bacc avec encore des boitiers de fiches en carton à la section référence de la bibliothèque). Moi j'avais choisi l'UL pour ses cours d'histoire médiévale - une quinzaine annoncée (l'Université de Sherbrooke débutait son propre programme alors il ne faisait pas encore partie de son catalogue). Quelle déconvenue : sur trois professeurs, l'un était en sabbatique et un deuxième était doyen : résultat un cours seulement offert par année !

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Simon Fortin-Dupuis

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SFD: Le slogan qui suit « H » traduit un peu l'idée que pour changer les choses, il fallait mettre la hache dans quelques affaires désuètes. À quoi bon un catalogue de cours qui ne seront plus jamais donnés ? Que peut bien nous apprendre un professeur qui nous prend pour des cruches ? (« Vous êtes des amphores qu'il faut remplir ») Pourquoi n'y a-t-il pas plus d'arrimage entre l'Histoire de l'Art, l'archéologie et l'Histoire - qui avaient chacune leurs conventions bibliographiques ? Enfin, pourquoi ces disciplines sont-elles en « Lettres » ?

MJP: Effectivement, il y a eu appui aux employéEs de soutien, qui ne demandaient rien de plus que le respect. Comme j'étais présidente à ce moment-là, je devais faire des entrevues et des déclarations, à la radio de CBC notamment. Le syndicat fut l'objet d'une injonction; un nombre limité pouvait faire du piquetage, mais pas plus. Une étudiantE se postait à tour de rôle avec une pancarte bien en évidence « L’AÉÉH appuie le syndicat en grève » (histoire de bien montrer que nous n'étions pas du syndicat) à quelques pas du groupe des syndiquéEs (histoire de ne pas être comptabiliséEs par « mégarde ») devant l'entrée principale du DeKoninck. Je pensais qu'on exagérait avec les rumeurs d'infiltration de la GRC. J'étais moins certaine quand j'ai vu une jeune femme s'arrêter en face de moi, sortir tranquillement son appareil et me prendre en photo avec ma pancarte ...

SFD: Aujourd'hui, les étudiantes et étudiants font face à un gouvernement qui veut augmenter les frais de scolarité. Le mouvement étudiant se met en branle et se prépare pour la grève. Qu'est-ce que vous pensez du projet du Gouvernement libéral de Jean Charest, comment interprétez-vous la réaction étudiante et que feriez-vous si vous étiez toujours membre de l'AÉÉH ?

MJP: Eh ! C'est que je porte le carré rouge depuis plusieurs années moi ! Et que je suis étudiante à l'UQAM. Je suis du nombre des étudiantEs de l'AFESH qui a voté pour la grève ! En novembre, j'avais le choix du contingent pour la manifestation; je pouvais être avec les étudiantEs, avec mon parti ou avec les mouvements sociaux (celui que j'ai choisi, je portais fièrement la bannière de la Fédération des femmes du Québec).Quittons la politique pour des questions plus personnelles, si vous voulez bien y répondre bien sûr !

SFD : Pour plusieurs étudiantEs et professeurEs dans le Département d'histoire, le baccalauréat en histoire n'ouvre pas beaucoup de portes sur le marché du travail. Quel est votre avis sur le sujet et quel a été votre parcours depuis la fin de vos études en histoire ? Est-ce que vous considérez cet apprentissage comme utile ? MJP: J'ai toujours trouvé du travail, relativement bien payé à part ça, grâce à mon Bacc en histoire. Faut juste faire comme je disais au temps de mon Bacc : « L'histoire mène à tout pourvu qu'on en sorte ». Ou encore maintenant que je suis à la maîtrise en histoire profil appliquée « L'histoire a de l'avenir, particulièrement quand elle s'applique ». Dans le milieu muséal ou en économie sociale et solidaire d'abord, comme guide-interprète pour des corporations/coopératives en tourisme ou patrimoine, mais aussi en institutionnel comme Parcs Canada.

Dans le milieu communautaire autonome, en éducation populaire, les occasions sont intéressantes : nos compétences d'analyse et de synthèse sont reconnues. Je travaille depuis plus de 15 ans comme agente de développement et non seulement je rédige des « mémoires » et analyses, mais j'ai aussi monté diverses formations en histoire.Un domaine que je n'ai pas touché encore, mais qui paraît-il recherche la rigueur des historienNEs : l'édition comme Septentrion ou Chenevert. Mais dans mon cas, la question des débouchés, je ne me la suis jamais posée. Je sais que je suis une historienne depuis l'âge de 5 ans. C'est comme ça que ma création de sens se construit, en remontant dans le passé.

SFD: Vous êtes maintenant candidate pour le parti politique Québec solidaire dans le comté de Saint-Laurent, dans la région de Montréal. Quel a été votre parcours de l'Université Laval à candidate pour Québec solidaire et qu'est-ce qui vous a poussé à militer puis à vous présenter pour ce parti ?

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MJP: Effectivement, le comité exécutif, l'intérêt des étudiantEs de deuxième année qui reprenaient leur année de grève à transmettre leur analyse de leurs luttes, a été un tremplin pour moi. Par la suite, inscrite en création littéraire, j'ai été présidente du Cercle d'écriture de l'Université Laval (CEULa) et j'ai fondé une revue « l'écrit primal » avec Stanley Péan, Michel Pleau et Jean Désy. J'ai aussi organisé la première semaine de la création littéraire en 1987.En arrivant à Montréal, je me suis engagée dans le défunt Rassemblement des citoyenNEs de Montréal RCM.

Je suis très active au sein de l'organisation de l'Association régionale de Montréal de Québec solidaire depuis sa fondation le 16 juin 2006. Je suis maintenant Responsable Femmes de Montréal (et je travaille dans un regroupement féministe au niveau régional aussi), bref je botte le cul du patriarcat de 9 à 9 tous les jours !

Toute jeune j'étais déjà féministe. Curieusement, la militance me vient de mon père, qui m'a donné son code Morin quand j'avais 12 ans. Quatre ans plus tard, c'était la crise du pétrole. J'ai appris tout à la fois la montée de l'anticolonialisme et la faillite sociale du capitalisme. Les inégalités m'écoeurent, profondément. Et pour changer les choses, il ne suffit pas de dénoncer les discriminations. Faut prendre le pouvoir et les éliminer. J'ai appris ça à l'AÉÉH !!!

SFD: Je vous remercie à nouveau pour votre collaboration au journal Le Nouvel Anachronique et je vous souhaite bon succès aux prochaines élections !

MJP: Merci beaucoup, mais pour ça, il va falloir une réforme du mode de scrutin.

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Railway monster - George Cruickshank 1845.

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Permettez-moi d’adresser cet article aux sceptiques, qui se reconnaissent assurément. Et après votre lecture, vous serez en mesure de le destiner à la personne de votre choix.

Mon intention, en rédigeant ces quelques lignes, n’est pas de faire état de toutes les carrières envisageables à la suite d’une formation universitaire en histoire. Mon intention, en rédigeant ces quelques lignes, est plutôt de faire voir la discipline sous un autre angle.

Pourquoi étudier en histoire ? C’est simple ! Parce que c’est fondamental de se retourner vers le passé et de comprendre ce qui l’a agité, pour mieux saisir le présent et envisager l’avenir avec intelligence. Parce que les historiens sont des citoyens avertis et engagés, capables de mettre en perspective les enjeux nationaux et internationaux. Parce que ce sont des personnes curieuses et ouvertes sur le monde. Les historiens sont reconnus

p o u r l e u r s o l i d e f o r m a t i o n intellectuelle. Ils jouissent d’une remarquable capacité d’analyse et de synthèse qu’ils sont en mesure d’appliquer dans une multitude de domaines. Bref, ce sont des êtres polyvalents. Peut-être cela paraît-il cliché, néanmoins c’est la juste réalité.Au terme de son baccalauréat, l’historien en devenir possède derrière lui un bagage de connaissances et devant lui un avenir prometteur. Ainsi, il ne tient qu’à lui de tirer profit de ce qu’il a acquis. Le célèbre Confucius a déjà dit : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». Je suis tout à fait d’accord avec ses propos. Il ne faut pas se fier et se laisser décourager par les palmarès (de plus en plus populaires) sur les c h a n c e s d ’ o b t e n i r u n e m p l o i directement lié aux études. Chacun a un projet de carrière particulier qui l’intéresse et qui lui tient à cœur. Il n’y a pas de modèle à suivre. L’important, c’est d’avoir confiance en

soi, de ne pas avoir peur de ses convictions et de pousser ses idées jusqu’au bout. Il faut aussi avoir confiance en la vie. Soyons idéalistes un instant et disons-nous que la seule limite imposée est celle de notre imagination.

En terminant, n’oublions pas que les historiens travaillent parfois (et même souvent) dans l’ombre. Quel est le dernier film que vous ayez vu ? Quel est le dernier roman que vous ayez lu ? N’y avait-il pas un fond de trame historique nécessitant des recherches ?L’histoire, un domaine d’avenir ? C’est une très bonne question susceptible d’animer bien des débats. Cela dit, c’est à nous de voir… seulement si nous en avons envie !

Donc , qu ’a t t endez-vous ? Les inscriptions pour la session prochaine ne sont pas terminées.

Myriam Cyr

L’histoire : un domaine d’avenir ?

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Entre 1815 et 1853, l’Europe connaît un système international caractérisé par une relative tranquillité. Celui-ci est tributaire de la distanciation opérée au congrès de Vienne par rapport à

un pur système d’équilibre des forces qui se fait au profit d’un concert européen orchestré par une diplomatie de congrès mue notamment par les manipulations de l’Autrichien Metternich. En

1853, la pérennité de cette tranquillité est menacée lorsque le vieux tsar Nicolas 1er constate la vulnérabilité de celui qu’il appelle « l’homme malade de l’Europe », l’empire Ottoman.

Légitimant ses visées expansionnistes en utilisant pour prétexte le traité de Kuchuk-Kainarji

signé en 1774 selon les termes duquel le tsar détient une responsabilité morale face aux populationsorthodoxes dans l’empire Ottoman, l’empire russe fait connaître ses intentions

d’occuper les principautés de Moldavie et de Valachie où vivent d’importantes populations orthodoxes. S’ensuit une série rapide d’événements : la Sublime Porte qui ne saurait accepter une

telle violation de territoires sous son égide considère le déplacement de troupes russes comme un casus belli et déclare à son tour la guerre. La Russie, nettement plus puissante que le décrépit

l’empire Ottoman, frappe fort et détruit la presque entièreté des flottes ottomanes stationnées à Sinope en novembre 1853. La brutalité de l’action incite finalement une réaction de la France et de la Grande-Bretagne, qui donnent collectivement un ultimatum à la Russie la

sommant de se retirer des principautés danubiennes.

Bien qu’une guerre contre les forces coalisées franco-britanniques serait porteuse de désastres politique, militaire et économique pour la Russie, le tsar ne recule pas. La Grande-Bretagne, soucieuse de préserver la neutralité du Bosphore et des Dardanelles et l’intégrité de

l’empire Ottoman, et la France, cherchant à se sortir de l’isolement imposé par le congrès de Vienne, déclarent conjointement la guerre à l’intransigeante Russie en 1854 : Nicolas 1er est tombé dans le piège qu’il s’est lui-même tendu et se retrouve désormais dans une guerre qu’il

peut difficilement gagner. Abjurant l’esprit de la Sainte-Alliance, la Prusse et l’Autriche demeurent neutres dans ce conflit. La décision de cette dernière est cruciale pour la suite : la Russie se sent trahie par son allié traditionnel et la France et la Grande-Bretagne sont fortement

déçues que l’Autriche sanctionne l’appétit russe en n’intervenant pas. Le Piémont-Sardaigne, avide de s’attirer les bonnes grâces de l’Europe, mais surtout de son voisin français, prendra part aux hostilités en 1855. De façon prévisible, la supériorité technique et militaire des forces

coalisées auront raison des forces russes.

Ainsi, le déroulement du conflit importe moins pour les objectifs de ce court article que les conséquences à long et moyen terme de la guerre. Celles-ci sont infiniment complexes et il m’est impossible d’en faire ici un examen approfondi. Retenons cependant les plus importantes

répercussions du traité de Paris de 1856: la sortie de la France du confinement de 1815 et la consécration de son rôle « d’arbitre » européen, la confirmation de la proéminence du Piémont-Sardaigne en Italie avec l’appui de la France, l’isolement de l’Autriche sur la scène

internationale qui voit notamment ses positions lombardes affaiblies. Du côté de la Russie, la défaite est amère et humiliante, mais incite Alexandre II, ayant succédé à son père en plein milieu de la guerre, à prendre conscience de l’état arriéré de son empire et à lancer une

politique de modernisation tous azimuts.

La guerre de Crimée est un événement méconnu qui a pourtant façonné en grande partie la structure des relations internationales en Europe jusqu’à la Première Guerre mondiale. Ce conflit majeur met fin à l’ordre de 1815-1853 et à la mystique Sainte-Alliance. S’opère ainsi une

reconfiguration des relations internationales, facilitant par la bande plus tard les unifications italienne et allemande, la bonne entente germano-autrichienne après 1866 alors que l’Autriche isolée cherche des alliés, le renvoi des ambitions territoriales autrichiennes vers les

Balkans, beaucoup plus tard les ententes financières franco-russes dans le cadre des politiques de modernisation et qui mèneront à l’alliance franco-russe, etc.

Sur le sujet, je recommande les lectures suivantes : HEARDER, Harry. « Clarendon, Cavour, and the Intervention of Sardinia in the Crimean War, 1853-1855 », The International History Review, vol. 18, no. 4 (novembre 1996), p. 819-836.

GOUTTMAN, Alain. La guerre de Crimée, 1853-1856: la première guerre moderne. Paris, Perrin, 2006, 438 p. WARNER, Philip. The Crimean War : a reappraisal. New York, Taplinger Pub. Co., 1973, 232 p. W. Schroeder, Paul. Austria, Great Britain and the Crimean War: The destruction of the European concert. Ithaca, Corness University Press, 1972, 544 p.

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Capsule historique éclair: La guerre de Crimée en quelques 600 motsAlex Gagnon

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Artillerie française à la bataille d'Inkerman, novembre 1854

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C’est indéniable, Facebook est devenu un outil indispensable à notre quotidien d’étudiant cool et branché. Évènements, nouvelles, ULaval memes, tout y est, ou presque. Surtout, c’est une incroyable tribune pour s ’ e xpr imer . S ’ expr imer… sans nécessairement avoir l’air brillant.

D’ailleurs, les commentaires d’un ami – qui ne l’est plus vraiment depuis le cégep, soyons clairs dès le départ – m’ont récemment fait péter les plombs. Depuis quelque temps, on parle beaucoup d’une polarisation du débat entre la gauche et la droite et, l’autre jour sur Facebook, quelques-uns de mes contacts se sont ouvertement insurgés contre les propos d’Éric Duhaime, libertarien désormais bien connu de tous, qu’ils jugeaient exagérés et faux. Toujours prompt à répondre à ce genre de commentaires, mon ami s’est alors senti investi d’une

mission, celle de nous faire prendre conscience de la fatalité du monde et de l’inutilité du débat, prétextant qu’il ne servait à rien de se scandaliser ainsi [amoureux de la langue française, s’abstenir] : « les choses changerons jamais aussi ben les accepter, a cque je saches, nos grands parents, nos parents et nous vivons bien ? alors c'est chill jvois pas pkoi nos décendances viveraient moins bien ».

Tout était dit. Yo ! Par souci de politesse, je demeurerai muet sur les pensées qui m’ont alors traversé l’esprit concernant cet ami, mais j’ai par la suite réalisé qu’il n’était en fait qu’une goutte d’eau dans un océan de maux qui touchent notre société et qui la font couler à pic. Cette fatalité cache derrière elle un cynisme percutant, car nous semblons être f inalement arr ivés là où nos

dirigeants voulaient exactement nous amener : à un abandon de nos convictions. Pire encore, et c’est là où j’ai été le plus dégoûté, c’est de constater à quel point ce commentaire laissait paraître une insouciance déconcertante sur un enjeu qui, pour plusieurs citoyens, n’en est pas un : ce que nous deviendrons, en tant que société, dans les prochaines années.

L’histoire nous l’a appris, l’ignorance a u r a c o û t é c h e r à p l u s i e u r s civilisations tout aussi brillantes que la nôtre. Les civilisations sont mortelles, affirmait Paul Valéry, or force est d ’admettre que cette observation n’a pas été saisie par tous. Quant à moi, je vois plus que jamais l’importance de connaître et d’étudier notre histoire, car plus qu’un parcours académique, c’est une bouée qui me permet de me maintenir à flot.

La fatalité et l’ignorance Félix Rousseau

The mysterious visit, John Doyle, HB Sketches, 1829

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Vers la grève générale illimitée Marie-Christine Trottier

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Ve r s l a g r è v e g é n é r a l e illimitée

Depuis quelques semaines, les étudiantes et étudiants se mobilisent partout au Québec pour préparer une grève générale illimitée. Dans les médias québécois, on parle beaucoup du phénomène qui pourrait toucher la province dans les prochains jours. En effet, dans plusieurs programmes universitaires et collégiaux, des mandats de débrayage ont été votés, afin de permettre à tous et toutes de prendre part au mouvement de contestation.

Un contexte favorable

Lors du dépôt du budget du 30 mars 2010, Raymond Bachand, le ministre des finances du Gouvernement du Québec, annonçait une hausse des frais de scolarité qui entrerait en vigueur dès septembre 2012. Déjà, à l’époque, la population étudiante se mobilisait et se préparait au pire, ne connaissant pas la nature exacte de cette hausse. Ce n’est que le 15 mars 2011 que le Gouvernement du Québec a établi que l’augmentation des frais de scolarité serait de 1625$, soit de 325$ cumulatifs sur 5 ans. Malgré de nombreuses contestations et tentatives de négociation avec le gouvernement, malgré une hausse actuellement vécue par les étudiantes et étudiants (de 500$, soit de 100$ cumulatif sur 5 ans depuis 2007), le gouvernement ne semble pas montrer d’ouverture particulière face aux demandes étudiantes. Ainsi, après avoir coupé les ponts avec les organisations étudiantes, le premier ministre Jean Charest a confirmé ne pas vouloir entrer en

négociation. La hausse des frais de scolari té es t -e l le pour autant inéluctable? En 2005, les étudiants et étudiantes avaient fait reculer le gouvernement en bâtissant un rapport de force grâce à une grève qui a duré, en moyenne, six semaines. Leurs revendications principales tournaient autour de la coupure des 103 millions de dollars en prêts et bourses, ce qui aurait pu grandement affecter le système d’éducation post-secondaire québécois. Face aux divers moyens de pression rendus possibles grâce à la grève, les acteurs politiques québécois ont été contraints de revenir sur leur décision et de négocier avec les organisations étudiantes.

Un ultime recours

Toutes les tentatives de la population étudiante pour montrer son désaccord contre la hausse des frais de scolarité o n t é c h o u é . L e s p é t i t i o n s , manifestations, rencontres entre r epré s en tant s é tud iant s e t l e g o u v e r n e m e n t , c o u p s d ’ é c l a t , communiqués médias, blocages, manifestations monstres : rien n’a su faire changer d’avis le gouvernement du Parti Libéral du Québec. La grève est donc le dernier moyen, pacifique et efficace, pour faire reculer le gouvernement. Dans le contexte actuel, le recours à la grève semble inévitable pour faire plier le gouvernement sur un enjeu central de notre société : en effet, la grève montre que la cause est sérieuse, que la population étudiante est prête à se rendre jusque-là. Même si ce moyen n’est pas sans conséquences (aussi minimes soient-elles), les étudiantes et étudiants semblent accepter les risques devant l’importance de l’enjeu. La

grève a un potentiel médiatique important ; elle provoque des débats et mobilise divers acteurs de la société, tout en libérant les étudiants et étudiantes pour mettre en place des actions de contestation à l’image de leurs revendications. Il faut donc s’attendre à ce que l’hiver québécois soit particulièrement chaud et que la grève étudiante soit aussi importante, sinon plus, que la grande grève de l’hiver 2005. La population étudiante semble prête à tout pour protéger le système d’éducation post-secondaire, et rien ne semble la faire reculer.

Political Opponents, engraving after John Buer, 1881.

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Le Nouvel Anachronique Février 2012

Hipster: Définition et histoire d’un mouvementPascal Lévesque

Depuis quelques années déjà, le terme « hipster » s’est propagé au sein du jargon commun. Qui n’a jamais entendu parler, lors d’une discussion quelconque et en terme parfois péjoratif, de ces individus qui affectionnent les pantalons « slim », les lunettes à la Xavier Dolan, les foulards, les chemises à carreaux et, chez les hommes, le port de la moustache? Trêve de généralisations, puisque de nos jours les hipsters représentent ces gens qui tendent à fuir ce que plusieurs qualifient de culture populaire définie par l’anglicisme « mainstream ». Ils prônent la consommation d’une culture plus « indépendante » et exaltent de la musique souvent qualifiée « d’indie » ainsi que des films d’auteur et des arts dits « postmodernes ». Bref, les hipsters valorisent l’expression d’une certaine individualité qui s’écarte de la masse, faisant preuve d’un dadaïsme contemporain tant dans leur allure que dans leur attitude désinvolte. Dans un article paru dans le New York Times en 2010, le journaliste Mark Greif mettait le terme « avant-garde » afin de définir la volonté des hipsters de créer des tendances, d’exprimer leur coolitude dans un idéal à la fois bohême et relativement apolitique.

Le terme hipster date de la période suivant la Seconde Guerre mondiale. Il est notamment utilisé par des auteurs tels que Norman Mailer pour définir des jeunes blancs marginaux qui durant la période d’après-guerre se réfugient dans la musique jazz et la culture afro-américaine dans le contexte d’un conservatisme américain alors teinté de maccarthysme. Des auteurs tels que les légendaires Jack Kerouac et Allen Ginsberg ont été associés à cette contreculture, préparant le terrain au mouvement beatnik qui allait faire sa marque dans une Amérique en mutation. Plus récemment, le terme hipster fut utilisé pour dénommer ces jeunes Européens de l’Est adeptes d’une culture importée du bloc de l’Ouest face à l’oppression des régimes autoritaires satellites de l’Union soviétique. Ceux-ci se regroupaient pour partager leurs goûts culturels dans une volonté libérale en divergence avec leur société et la valorisation d’un collectivisme extrême. Bref, l’essence même de la culture hipster fut historiquement de fuir un esprit étouffant et oppresseur en se détachant de la culture de masse imposée par la société. Il est cependant peu aisé de définir aujourd’hui les valeurs communes des hipsters. On peut voir chez les adeptes de ce mouvement, individus généralement issus de milieux relativement aisés, une opposition au consumérisme et une valorisation d’idéaux tels que l’écologisme et l’internationalisme. Ironiquement, comme plusieurs autres contre-cultures, le mouvement hipster est aujourd’hui de plus en plus médiatisé et est devenu un nouveau terme de catégorisation qui entre en contradiction avec la volonté des hipsters modernes qui méprisent souvent les étiquettes, expression d’une généralisation en contradiction avec leur aspiration d’individualité.

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Scene at the London Museum, caricature by George Cruickshank, 1835.

The man John Doyle, HB Sketches, 1829

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Le Nouvel Anachronique Février 2012

À Québec, Portland! émerge.

Émilie Roy et Jérôme Lévesque

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C’est dans un café très populaire auprès des étudiants de tous horizons que j’ai rencontré deux membres d’un groupe de Québec appelé Portland!. William, batteur et étudiant au Baccalauréat en histoire, ainsi que Pierre-Alexandre, guitariste, m’en ont appris davantage sur leur formation, leurs influences et leurs projets. Voici donc le compte rendu d’une discussion très agréable avec deux des membres d’un groupe émergent dans le monde la musique québécoise.

Nouvel Anachronique : Bonjour les gars ! Quand vous vous êtes présentés tout à l’heure vous m’avez dit que vous étiez le batteur (William) et l’un des guitaristes (Pierre-Alexandre). Qui sont les autres membres du groupe et de quel instrument jouent-ils ?

Pierre-Alexandre : Il y a Soufiane à la guitare, Olivier au chant et Gabriel à la basse.

N. Anachronique : Qui parmi vous a trouvé le nom de votre groupe ? Ce détail m’intrigue depuis que je connais votre existence.

William : Ce n’est pas une grosse histoire. En fait, on se cherchait un nom et après deux ou trois pratiques, Olivier est arrivé avec le nom Portland! et une image de phare de bateau. On a trouvé cela simple et que cela susciterait sûrement le questionnement, donc nous l’avons accepté à l’unanimité.

N. Anachronique : Effectivement, ça pique la curiosité ! Dites-moi, depuis combien de temps votre groupe existe-t-il ?

William : Depuis presque un an. Disons qu’on a eu notre première pratique en avril-mai 2011. Depuis ce temps, on a toujours gardé les mêmes membres, personne n’est parti et personne ne s’est joint.

P-A : Le mariage marche encore ! (rires)

N. Anachronique : D’ailleurs, comment s’est formé votre groupe ? Vous connaissiez-vous depuis toujours ?

William : En fait, non ! Olivier et Soufiane se connaissaient déjà et ils m’ont demandé de me joindre à eux pour former le groupe.

P-A  : Pour ma part, cela a été différent, parce que j’ai vu une annonce sur le site QuebecPunkScene.com. Les gars cherchaient un guitariste pour former un groupe de « easy core », ce qui m’a surpris, car je ne connaissais pas ce genre de musique. Donc, je les ai contactés et me voilà !

N. Anachronique : Comment pourriez-vous définir le « easy core » ?

William : C’est un mélange de pop et de punk avec des influences du « hardcore » parce qu’il y a du « scream ».

N. Anachronique : Quelles sont vos influences ?

P-A : Le groupe qui nous a le plus influencés est la formation Chunk ! No. Captain Chunk !, puis après il y a des groupes comme The Amity Affliction, Blink 182 ou Asking Alexandria qui nous guident lorsque nous composons.

N. Anachronique : Avez-vous des projets à court terme ?

William  : Déjà, il y a la sortie d’un EP, c'est-à-dire trois ou quatre chansons, qui va se faire prochainement. Le 14 février on va être au Dagobert avec The Queers, The Ataris et Far from finished, puis le 18 avril on sera à l’Agitée avec le band Woe is me.

N. Anachronique : Pour les gens de Québec, ça sera facile de vous suivre de plus près dans ce cas ! Pour terminer, est-ce que vous avez un site internet où il est possible d’avoir de plus amples informations sur Portland! ?

William  : Certainement, vous allez pouvoir écouter deux de nos compositions et avoir plus d’informations sur nos spectacles à l’adresse suivante : www.heyweareportland. com .

C’est donc un groupe à suivre dans les prochains mois !

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Le Nouvel Anachronique Février 2012

L’Ana-chronique musicale

Jérôme Lévesque

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Justice: audio, Video, Disco.

Quatre ans après la sortie de l’album † (Cross) les gars de Justice (Gaspard Augé et Xavier de Rosnay) reviennent à la charge avec un 2e album: Audio, Video, Disco qui signifie «J’entends, Je vois, J’apprends» dans la veille langue latine. Cette fois-ci, ils nous présentent un album très tourné vers un style Électro/Rock et en rendant à leur manière un hommage au groupe Hard-Rock des années 70, comme Led Zeppelin dans On’n’On, AC/DC dans New Lands et Queen dans Brainvision. L’album commence en puissance avec les pièces Horsepower et Civilisation rappelant un électro lourd et agressif digne de leur premier album. Ce n’est qu’à l’interlude de l’album que certains fans seront déçus par l'orientation musicale Électro/rock prise par le groupe. En milieu de passage l’album de Justice s’essouffle, les pistes deviennent mois entrainantes et on pourrait presque les qualifier d’électro ambiant. Au final, la 2e galette de Justice reste un très bon album électronique, et ce malgré la nouvelle orientation musicale qu’ils ont prise, ils ont essayé de se démarquer de leur dernier album qui leur faisait de l’ombre et cela a fonctionné. C’est donc pour cette raison que Audio, video, disco doit être écouté d’une oreille nouvelle en se libérant des ancrages d’un électro lourd et agressif de la traditionnelle «frenchtouch».

Kasabian: Vélociraptor!

Le 19 septembre dernier, le quatuor britannique Kasabian sortait leur quatrième album, Velociraptor!. Un album très bien accueilli par la critique qui ne vient que confirmer le succès du groupe. Ce disque, comme tous les autres, est écrit et réalisé par le guitariste Sergio Pizzorno. Un opus fusionnant un son rock et électro avec une petite touche de Pop gravitant autour d’un univers psychédélique rappelant celui des années 60 et 70. Comparativement aux précédents , les mélodies de Velociraptor! sont beaucoup plus profondes et recherchés, c’est une vraie tempête musicale mélangeant des pièces puissantes comme Velociraptor! et Days are forgotten avec des balades douces comme La fee verte et Acid Turkish Bath (Shelter From The Storm) qui permet de créer un équilibre dans la fureur «dinosauresque» du groupe. L’opus Velociraptor! se taille déjà une place parmi les albums pouvant remporter le Mercury Prize 2012, une récompense annuelle remise au meilleur album britannique ou irlandais de la dernière année. Après avoir conquis leur Grande-Bretagne natale, ils vont tenter de faire de même sur le continent nord-américain avec une nouvelle tournée. D’ailleurs, ils seront de passage à Montréal le 28 mars prochain au théâtre Corona, et ce après quatre ans d’absence dans la métropole. Finalement, contrairement aux dinosaures, ce n’est pas une météorite qui va les arrêter. Il en faudra bien plus pour calmer le quatuor assoiffé de gloire. Bref, ils ne sont pas près de s’éteindre de si tôt.

The Company of Strollers, after Hogarth, 1880.

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Le Nouvel Anachronique Février 2012

L’Ana-roscope

Samuel Lacharité

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Pour certains d’entre vous, les secrets de votre mort en cette fin du monde 2012 seront dévoilés.

Bélier,

Votre habituel tempérament fonceur ne vous servira à rien. En effet, vous allez vivre dans les jours prochains des évènements dont vous ressentirez des émotions. Tout ça, dans un endroit précis. Parlant de choses précises, le 21 décembre, vous subirez quelque chose.

Taureau,

Vous voyez rouge cette semaine car Mars est de passage dans votre constellation. Votre libido se dirigera vers des gens habillés de vêtements rougeâtres. Cette tendance vous poussera malheureusement entre les mains du péril rouge. Vous finirez noyé par des chasseurs de sorcière maccarthystes.

Gémeau,

L’amateur de cuisine que vous êtes sera déçu cette année. On vous servira une Poutine réchauffée. Pour vous faire avaler la pilule, vous sombrerez dans la vodka et dans l’écoute de Raspoutine lover of the russian Queen. Vous terminerez votre vie dans un goulag en Sibérie.

Cancer,

C’est une semaine difficile pour vous. Du point de vue amoureux, vous serez déchiré entre deux personnages mystérieux. Méfiez-vous, car vous êtes tombé dans le traditionnel piège d’être amoureux/se d’un loup-garou et d’un vampire en même temps! Consolez vous dans le fait que c’est un problème répandu de nos jours.

Lion,

Votre noblesse naturelle vos permettra d’atteindre les plus haut rangs de la société et cela tout en restant, bien sûr, oisif. En les derniers jours de ce monde, vous devrez choisir entre les armées du Christ et de l’Antéchrist. N’y songez pas trop longtemps, vous mourrez atrocement d’un coté comme de l’autre. Fuyez, pauvre fou!

Vierge,

Votre habituel problème de prude d’hanche vous fera rater plusieurs occasions intéressantes. Laissez donc cette prudence et mordez dans la vie car l’amour, c’est mieux à deux. La sagesse des étoiles nous inspire encore une fois cette chronique pleine de sens.

Balance,

L’ombre des islamistes intégristes fondamentalistes terroristes pèse sur votre pauvre personne. Barrez bien vos portes, nous ne sommes jamais trop paranoïaques! Saisissez les opportunités d’appuyer les guerres au Moyen-Orient pour vous protéger. Et finalement, est-il nécessaire de vous dire que vous risquez de périr dans un attentat en cette fin du monde?

Scorpion,

Ne vous étonnez pas de vivre cette semaine bonheur, tristesse et ennui. Profitez en car ces sentiments peu communs ne vous arriveront pas toujours. De plus, Vénus est dans votre constellation et cela ne veut absolument rien dire. Les entrailles de moutons que nous avons fouillés sont restées muettes à votre sujet. N’hésitez pas à faire plusieurs sacrifices rituels pour rétablir votre santé.

Poisson,

Vous serez victime ce printemps d’une grande ébullition. En effet, vos loyaux sujets, qui vous aiment tant, pourraient être portés aux affres révolutionnaires. Qu’à cela ne tienne, ils n’ont que roches et cailloux alors que vous avez tanks et aviation. Vous périrez d’une balle dans la tête alors que vous vous terriez dans un égout.

Sagittaire,

Cette semaine vous rayonnerez de tous vos feux. On vous adulera et les gens éclateront en pleurs du seul fait de votre présence. Les petits oiseaux cui-cui siffloteront à votre passage. Rien ne saura faire flancher ce bonheur et vous passerez une fin du monde joyeuse dans l’allégresse où les sons de l’agonie vous paraîtront être une joyeuse symphonie.

Capricorne,

Quelle chance vous aurez cette année. On vous présentera une option aux allures nouvelles mais pleine de vide. Caq cela ne tienne, « on verra » bien ce qui en résultera. En passant, vous allez mourir d’ennui.

Verseau,

Méfiez-vous des jambons cette semaine. Ceux-ci ont toujours bon goût à première bouchée, mais détruisent votre santé mentale à long terme. Laisser vous plutôt guider par le vent, il vous mènera à bon porc. Pour vous, l’amour est dans le pré.

Page 13: Le Nouvel Anachronique édition de février

Le Nouvel Anachronique Février 2012

Speak for real

Pascal Lévesque

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J’ai choisi le best deal

Now I speak for real

I am not out of the league

Je pense au futur

C’est important d’être open pour les autres cultures

I choose the better way for it

En tant qu’internationaliste

Je m’oppose à l’américanisation

It’s so imperialist

And the nationalism is an outdated “ist”

It’s against progressives

And I hate conservatism

Now I speak for real

Je contribuerai à l’immigration

Contre le rejet, strong opposition

Exaltant l’intégration

Difficult mother tongs can be a Tic

Difficulties could create xenophobia

Molière, ta langue est dépassée

I choose to communicate

Belle route à l’uniformité

Now I speak for real

Frontiers will be evaporate

The door is now open

Better business will happen

Now I speak for real

I choose the best deal