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Mercredi 29 février 2012 - 68 e année - N˚20873 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA, 0 10 km 20 km 30 km 40 km 50 km 60 km 70 km Hollande domine (env. 30%) Sarkozy autour de 20 % Le Pen au plus bas Forte montée de Le Pen Recul de Hollande Sarkozy au plus bas (— de 20 %) Le Pen domine (+ de 25 %) Sarkozy remonte Hollande au plus bas (— de 25 %) Sarkozy au plus haut Hollande bas (env. 25%) Le Pen haut mais en recul Hollande remonte Recul de Sarkozy Le Pen stable Paris Créteil Boissy- Saint-Léger Brie-Comte- robert Mormant Nangis INFOGRAPHIE LE MONDE L e prix des carburants à la pompe flambe et les candi- dats à l’élection présidentiel- le – Nicolas Sarkozy et François Hollande en tête – regardent ailleurs. Ou, à tout le moins, dans la mauvaise direction. Alors que le litre de super sans plomb 95 a atteint 1,60 euro et celui du gazole 1,44 euro, le chef de l’Etat juge qu’on ne peut rien faire contre les forces du marché pétrolier. Le can- didat socialiste propose de geler les prix pendant trois mois et de rétablir une TIPP flottante, qui entraînerait un sérieux manque à gagner pour l’Etat. Mais entre ce laisser-faire et cet interventionnisme sans lende- main, il existe sans doute une troi- sième voie, de long terme, il est vrai : le développement d’un subs- titut au pétrole. Il porte un nom, honni par les mouvements écolo- gistes : les gaz de schiste. C’est leur présence, abondante sur la planè- te, qui fait dire aux experts de l’Agence internationale de l’éner- gie (AIE) qu’on est à la veille d’un « âge d’or du gaz ». La France en posséderait, avec la Pologne, les plus grandes réserves d’Europe. M. Sarkozy a interdit à Total et aux autres compagnies pétroliè- res de les exploiter en leur reti- rant en 2011 leurs permis d’explo- ration. M. Hollande, poussé par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), veut les laisser prisonnières du sous-sol. Pourra-t-on longtemps se plain- dre de la flambée des prix de l’énergie et refuser l’exploitation des gaz de schiste au nom des menaces qu’ils font peser sur l’en- vironnement (fracturation hydraulique, pollution des nap- pes phréatiques…) ? Le pire n’est jamais certain. L’Etat a les moyens, techniques et juridiques, d’en encadrer strictement la pro- duction. Si cette nouvelle source d’énergie ne peut pas remplacer totalement le pétrole, qui restera la base des carburants automobi- les, elle permettrait d’alléger la fac- ture des 11 millions de Français uti- lisant le gaz. Les gaz de schiste dessinent un scénario économique moins som- bre que certaines prédictions éco- logistes : un renforcement de l’in- dépendance énergétique au moment où le « nationalisme pétrolier » reste vigoureux de la Russie au Venezuela, en passant par les Etats du golfe Arabo-Persi- que ; un regain de compétitivité pour l’économie ; et, pourquoi pas, la relocalisation de certaines industries avec plus d’emplois et de recettes fiscales à la clé. Aux Etats-Unis, la production à grande échelle des shale gas depuis 2009, où ils représentent aujourd’hui 23 % de la consomma- tion, a commencé à modifier la donne. Le prix du gaz a été divisé par cinq depuis son sommet de l’été 2008. Désormais trois fois moins cher que sur le Vieux Conti- nent, il donne un avantage compé- titif indéniable à certains secteurs de l’industrie américaine (chimie, pétrochimie…). Tout indique que les prix du pétrole continueront d’augmen- ter dans les prochaines années, à mesure que les réserves décline- ront et que la demande des pays émergents augmentera. C’est donc tout le « mix énergétique » qu’il faut repenser – sans faiblesse vis-à-vis de la défense de l’environ- nement, mais sans tabou. p Lire page 15 ENQUÊTE Des sociétés de production choisies par les candidats tournent les images des meetings. P.2 ÉTUDE L’entrée en campagne a eu un effet limité. P. 5 FISCALITÉ Le socialiste a surpris en proposant de surtaxer les revenus supérieurs à 1 million d’euros. P.5 Hollande s’attaque aux très gros salaires ENTREPRISE L’échec du putsch d’Henri Proglio devant porter Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia profitera-t-il à Antoine Frérot ? Rien n’est vraiment joué. Page 15 RENCONTRE « Si la colère des gens ne se transforme pas en acte politique, nous serons perdus », affirme celui qui décrocha, en 1941, le drapeau nazi de l’Acropole. Page 17 ÉDUCATION Voulus par Nicolas Sarkozy, ils offrent une deuxième chance à 2 127 jeunes méritants issus de milieux défavorisés. Mais à un coût prohibitif. Page 4 D es mères de 15 ans, des orphelins du sida, des enfants rendus muets par l’ultraviolence familiale… Reporta- ge au centre Elton-John-Masibam- bane de Soweto qui aide les enfants perdus du township sud-africain à survivre et à se reconstruire. Un combat contre la misère des taudis, de plus en plus nombreux sur une planète qui s’urbanise à toute vites- se. L’Unicef a publié, le 28 février, un rapport intitulé « Les enfants dans un monde urbain », qui poin- te la vulnérabilité des centaines de millions de mineurs des mégalopo- les du tiers-monde. p Lire page 10 Des images de campagne très contrôlées Sarkozy frémit dans les sondages Editorial présidentielle 2012 La droite culmine à 50 km de Paris Après l’affaire Borloo, le patron de Veolia tente de rebondir A Homs, l’agonie d’une ville martyre t Pas d’eau, ni de soins, ni d’électricité, mais une pluie d’obus sur les civils Manolis Glezos, 89 ans, le Grec résistant qui résiste toujours Cinéma Les internats d’excellence métamorphosent les élèves Misère et rédemption des enfants de Soweto L’indémodable fauteuil CLUB, plus de 80 ans et toujours plus de succès ! Cuir mouton ciré, patiné, vieilli, suspension et ressorts. Plus de 30 modèles en exposition. 80, rue Claude-Bernard - 75005 PARIS Tél. : 01.45.35.08.69 www.decoractuel.com Fauteuils & Canapés Club Haut de Gamme UK price £ 1,50 t Une étude exclusive de l’IFOP établit un lien entre l’éloignement des centres urbains et le vote t Le phénomène est sensible dans toute la France. Nous l’avons vérifié en Seine-et-Marne t Le Front national enregistre ses meilleurs scores dans ces grandes couronnes périurbaines Page 3 « Oslo, 31 août » « En terrains connus » « Les Infidèles » P. 20-22 Le pétrole flambe, le gaz de schiste attend D eux quartiers d’Homs sont dans la ligne de tir des forces loyalistes du régime syrien : Baba Amro et Inchaat. Les blessés en sont évacués au compte-gouttes. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) exige deux heu- res de cessez-le-feu par jour, en vain. L’ob- jectif des forces de Bachar Al-Assad sem- ble être l’anéantissement, peu en importe le prix humain. Lundi, les violences ont fait au moins 125 victimes dans le pays, dont 64 à Homs, notamment des femmes et des enfants qui tentaient de fuir Baba Amro. Jacques Bérès, chirurgien français de 71 ans, cofondateur de Médecins sans fron- tières, raconte les deux semaines qu’il a passées à soigner des blessés dans les zones contrôlées par la rébellion. p P. 6 Le regard de Plantu

journal le monde du 29-2-2012

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صحيفة لومند ليوم 29-2-2012

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Page 1: journal le monde du 29-2-2012

Mercredi 29 février 2012 - 68e année - N˚20873 - 1,50 ¤ - Francemétropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA,Allemagne 2,00 ¤,Antilles-Guyane 2,00 ¤,Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 600 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 600 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 28 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,80 ¤, Gabon 1 600 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤,Hongrie 750 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤,Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH,Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,20 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 600 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,00 CHF, TOM Avion 380 XPF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 600 F CFA,

0 10 km 20 km 30 km 40 km 50 km 60 km 70 km

Hollande domine (env. 30%)Sarkozy autour de 20%Le Pen au plus bas

Forte montée de Le PenRecul de HollandeSarkozy au plus bas(— de 20%)

Le Pen domine (+ de 25%)Sarkozy remonteHollande au plus bas(— de 25%)

Sarkozy au plus hautHollande bas (env. 25%)Le Pen haut mais en recul

Hollande remonteRecul de SarkozyLe Pen stable

Paris Créteil Boissy-Saint-Léger

Brie-Comte-robert

Mormant Nangis

INFOGRAPHIE LE MONDE

L eprix des carburants à lapompe flambeet les candi-dats à l’électionprésidentiel-

le –Nicolas Sarkozy et FrançoisHollandeen tête – regardentailleurs.Ou, à tout lemoins, danslamauvaisedirection.Alors quele litre de super sansplomb95 aatteint 1,60 euro et celui dugazole1,44 euro, le chefde l’Etat jugequ’onnepeut rien faire contre lesforcesdumarchépétrolier. Le can-didat socialiste proposede gelerles prixpendant troismois et derétablir uneTIPP flottante, quientraîneraitun sérieuxmanqueàgagnerpour l’Etat.

Mais entre ce laisser-faire et cetinterventionnismesans lende-main, il existe sansdouteune troi-sièmevoie, de long terme, il estvrai : le développementd’un subs-titut aupétrole. Il porte unnom,honnipar lesmouvements écolo-gistes: les gaz de schiste. C’est leur

présence, abondante sur la planè-te, qui fait dire aux experts del’Agence internationalede l’éner-gie (AIE) qu’onest à la veille d’un«âged’or dugaz». La France enposséderait, avec la Pologne, lesplus grandes réservesd’Europe.M.Sarkozy a interdit à Total etauxautres compagnies pétroliè-res de les exploiter en leur reti-rant en 2011 leurspermis d’explo-ration.M.Hollande, pousséparEuropeEcologie-LesVerts (EELV),veut les laisser prisonnièresdusous-sol.

Pourra-t-on longtemps seplain-dre de la flambéedes prix del’énergie et refuser l’exploitationdes gaz de schiste aunomdesmenacesqu’ils fontpeser sur l’en-vironnement (fracturation

hydraulique, pollutiondesnap-pes phréatiques…)? Lepire n’estjamais certain. L’Etat a lesmoyens, techniques et juridiques,d’en encadrer strictement la pro-duction. Si cette nouvelle sourced’énergienepeutpas remplacertotalement le pétrole, qui resterala basedes carburants automobi-les, elle permettraitd’alléger la fac-turedes 11millionsde Françaisuti-lisant le gaz.

Les gaz de schistedessinentunscénario économiquemoins som-breque certainesprédictions éco-logistes: un renforcementde l’in-dépendanceénergétiqueaumomentoù le «nationalismepétrolier» reste vigoureuxde laRussie auVenezuela, enpassantpar les Etats dugolfeArabo-Persi-que; un regainde compétitivitépour l’économie; et, pourquoipas, la relocalisationde certainesindustries avec plusd’emplois et

de recettes fiscales à la clé.AuxEtats-Unis, la productionà

grandeéchelle des shalegasdepuis 2009, où ils représententaujourd’hui 23%de la consomma-tion, a commencé àmodifier ladonne. Leprix dugaz a été divisépar cinqdepuis son sommetdel’été 2008.Désormais trois foismoins cher que sur leVieuxConti-nent, il donneunavantage compé-titif indéniable à certains secteursde l’industrie américaine (chimie,pétrochimie…).

Tout indiqueque lesprix dupétrole continuerontd’augmen-ter dans les prochaines années, àmesureque les réservesdécline-ront et que la demandedes paysémergents augmentera. C’estdonc tout le «mixénergétique»qu’il faut repenser – sans faiblessevis-à-visde la défensede l’environ-nement,mais sans tabou.p

Lire page15

ENQUÊTEDes sociétés de production choisiespar les candidats tournent les images desmeetings.P.2

ÉTUDE L’entrée en campagne a eu un effet limité.P.5

FISCALITÉ Le socialiste a surpris enproposant desurtaxer les revenus supérieurs à 1million d’euros.P.5

Hollandes’attaqueauxtrèsgrossalaires

ENTREPRISEL’échecduputsch d’Henri Proglio devantporter Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia profitera-t-ilà Antoine Frérot? Rien n’est vraiment joué.Page15

RENCONTRE «Si la colère des gens ne se transforme pasen acte politique, nous serons perdus», affirme celui quidécrocha, en 1941, le drapeau nazi de l’Acropole.Page17

ÉDUCATIONVoulus parNicolas Sarkozy, ils offrentune deuxième chance à 2127 jeunesméritants issus demilieux défavorisés.Mais à un coût prohibitif.Page4

D es mères de 15 ans, desorphelins du sida, desenfants rendus muets par

l’ultraviolence familiale… Reporta-ge au centre Elton-John-Masibam-banedeSowetoquiaidelesenfantsperdus du township sud-africain àsurvivre et à se reconstruire. Uncombatcontre lamisèredestaudis,de plus en plus nombreux sur uneplanètequis’urbaniseàtoutevites-se. L’Unicef a publié, le 28février,un rapport intitulé «Les enfantsdansunmondeurbain», qui poin-te la vulnérabilité des centaines demillionsdemineursdesmégalopo-lesdutiers-monde.p

Lire page10

Desimagesdecampagnetrèscontrôlées

Sarkozyfrémitdanslessondages

Editorial

présidentielle2012

Ladroiteculmineà50kmdeParis

Aprèsl’affaireBorloo, lepatrondeVeoliatentederebondir

AHoms,l’agonied’unevillemartyretPas d’eau, ni de soins,ni d’électricité, mais unepluie d’obus sur les civils

ManolisGlezos,89ans,leGrecrésistantquirésistetoujours

Cinéma

Lesinternatsd’excellencemétamorphosentlesélèves

MisèreetrédemptiondesenfantsdeSoweto

L’indémodable fauteuil CLUB, plus de 80 ans ettoujours plus de succès ! Cuir mouton ciré, patiné, vieilli,

suspension et ressorts. Plus de 30 modèles en exposition.

80, rue Claude-Bernard - 75005 PARISTél. : 01.45.35.08.69

www.decoractuel.com

Fauteuils & Canapés ClubHaut de Gamme

UKprice£1,50

tUneétudeexclusivede l’IFOPétablit un lienentre l’éloignementdes centresurbains et le vote

tLephénomèneest sensibledans toute la France.Nous l’avonsvérifié enSeine-et-Marne

tLe Frontnational enregistre sesmeilleurs scores dans ces grandescouronnespériurbainesPage3

«Oslo, 31 août»«En terrains connus»«Les Infidèles»P.20-22

Lepétrole flambe, legazdeschisteattend

D eux quartiers d’Homs sont dans laligne de tir des forces loyalistes durégime syrien : Baba Amro et

Inchaat. Les blessés en sont évacués aucompte-gouttes. Le Comité internationalde la Croix-Rouge (CICR) exige deux heu-res de cessez-le-feupar jour, en vain. L’ob-jectif des forces de Bachar Al-Assad sem-ble être l’anéantissement, peuen importele prixhumain.

Lundi, les violences ont fait au moins125victimesdans lepays, dont64àHoms,notamment des femmes et des enfantsqui tentaient de fuir BabaAmro.

Jacques Bérès, chirurgien français de71ans,cofondateurdeMédecinssansfron-tières, raconte les deux semaines qu’il apassées à soigner des blessés dans leszones contrôléespar la rébellion.pP.6

LeregarddePlantu

Page 2: journal le monde du 29-2-2012

Les indégivrables Xavier Gorce

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0123est édité par la Société éditrice du «Monde» SADurée de la société : 99 ans à compter du 15décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).Rédaction 80, boulevardAuguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00Abonnements par téléphone : deFrance 32-89(0,34¤TTC/min); de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89oupar Internet : www.lemonde.fr/abojournal

Images fournies par l’UMP», « Ima-ges fournies par le PS». Depuis ledébutdelacampagneprésidentiel-leet l’entréedans lacoursedeNico-las Sarkozy, les journaux télévisésdiffusent de plus en plus des ima-

gesdemeetings réaliséespar des équipesde techniciens recrutés par les candidats.

Cette année, le PS, le Front de gauche,lesVertset le Frontnationalont adopté lemême dispositif que celui de l’UMP, quiavait été, en 2007, le premierparti à «pri-vatiser» les images des rassemblementsde Nicolas Sarkozy en faisant appel àRenaudLeVanKim,producteuretréalisa-teur du «Grand journal» sur Canal+.

Spécialiste des captations audiovisuel-les de grands événements, comme lesCésarouleFestivaldeCannes, ilétaitchar-gé de fournir une «image propre» et gra-

tuiteauxchaînesde télévisionqui ledési-raient.Des showsfilmés«à l’américaine»avec forêt de drapeaux, lumières tra-vaillées et spectateurs enchantés devantleur favori. L’argumentavancépour justi-fier cette privatisation de l’image étaitd’ordre pratique et sécuritaire. Il reste lemêmepour l’élection de 2012.

Selon les responsables de la communi-cation des candidats, le nombre toujours

grandissant de caméras et demicros, et lacohue qui va avec, peuvent être dange-reux et, surtout, brouiller l’image de leurleader. « Pour lemeeting du Bourget, on acompté plus de 400 journalistes et techni-ciens », indiqueManuelValls,directeurdela communicationde FrançoisHollande.

Pour cette présidentielle, le PS a doncfait appel à la société de production Evé-nementsgrandpublicetconférencespoli-tiques, filiale du groupe Euro RSCG, char-gée de «sécuriser» techniquement leslieux de rassemblement et de fournir lesimages, tant au site Internet du candidatqu’aux télévisions qui les sollicitent.

Ainsi, désormais, les caméras des chaî-nessont installéessuruneestradeaufonddessalles,afindelaisser leprestataireopé-rer en toute tranquillité. «On ne peut passe permettre que notre candidat soit noyésous une forêt de micros et de caméras etque lesmédias fassentbarrageentre lepré-sident et les Français», explique FranckLouvrier, directeur de la communicationdeM.Sarkozy. «Le prestataire travaille enpriorité,mais cela n’empêche pas les chaî-nes de faire ce qu’elles souhaitenten réali-sant leurmontage»,poursuit-il.

Cette année, l’équipe de M.Sarkozy atoutefois changédeprestataire. Elle a faitappelàYvesBarbara,réalisateurindépen-dant qui a travaillé longtemps à France 3,notamment sur le «19/20», «Thalassa»et «Faut pas rêver». «Le président aimebeaucoup“Thalassa”,etnous l’avonschoi-si car c’est un grand professionnel et quel-qu’un que l’on connaît bien », préciseM.Louvrier.

C’est surtout un vieux routier de l’Ely-sée et de la politique.Yves Barbaraa com-

mencé à fréquenter le « château» en1984, quand il faisait partie de la celluleimagede Jacques Pilhan, conseiller encommunication de François Mitterrand.Il acontinuéavec JacquesChiracet,ensui-te, avecM.Sarkozy.Dernièrement, il étaitauxmanettes pour « le signal internatio-nal» des sommets du G20 et du G8 et aréalisé, le 31décembre 2011, les vœux duprésident de la République à l’Elysée. «Jene suis pasunmilitant», assure le réalisa-teur. «Quelle que soit la captation, c’estmoi qui rythme et réalise, sans personnede l’UMP dansmon dos»,poursuit-il.

«Enplusdessixcamérasmisesàmadis-position, j’ai exigéunegruequimepermetdefairedesplansqu’aucunechaînedetélé-vision ne pourrait réaliser», dit celui qui,en 1997, futmêlé,malgré lui, à l’affairedu«vrai faux journal» de France3. Cetteannée-là, un spot publicitaire des labora-toires Pfizer, destiné à desmédecins-psy-chiatres,avaitété tournésur leplateaudu«19/20» de la chaîne avec la journalisteLaurence Piquet, qui y faisait «unména-ge». Le générique employé était celui du«19/20», tout comme le décor ainsi queson réalisateur, Yves Barbara. L’affaires’était transformée en scandale et avaitprovoquédegrosremousauseindeFran-ce 3. Après avoir déposé plainte en diffa-mation contre la direction, Yves Barbaraavaitfinalementétéblanchi.«Danslafou-lée, j’ai été interdit de travail pendant cinqans», dit -il.

Si les réalisateurs choisis par les candi-dats s’affichent désormais, il n’en est pasde même au FN. Joint par Le Monde, leprestatairequi assure les réalisationsdes

meetings deMarine Le Penpréfère resteranonyme car, selon lui, «on est très vitecatalogué lorsqu’on travaille pour leFront». Il ajoute : « Je ne fais pas un tra-vailmilitant, je fournis justeun serviceauFN, qui est un client.»

Ces dispositions commencent à fairegrincer des dents parmi les journalistesaudiovisuels qui, pour certains, n’accep-tentpasd’êtreutilisés commedes«relaisde communication». Mais les directeursdes rédactions semblent avoir acceptécette «obligation». «Pour le moment, iln’y a pas de problème, car nous ne diffu-sons jamais de meetings en direct »,confiait, début février, Thierry Thuillier,directeurde l’informationdeFranceTélé-visions, dans un entretien au «MondeTéléVision». «Lorsque nous prenons uneséquence d’un prestataire, nous le signa-lons à l’antenne, pour qu’il n’y ait pas deconfusion. Le principal est de maîtrisernos retransmissions et de donner un sensà nos images», poursuit-il.

«L’utilisationd’images fournies par lespartisnepeutse justifierque s’ilyauntra-vail critiqueet pédagogiqueàdestinationdes citoyens, sans quoi c’est dommagea-ble pour le journalisme», souligne Mar-lèneCoulomb-Gully,professeureencom-municationà l’universitédeToulouse-LeMirail dans un entretien à l’AFP. «Que lescommunicants veuillent imposer leurpoint de vue, c’est normal. L’honneur desjournalistes, c’est de résister à ce type desuggestion», ajoute-t-elle.

Y a-t-il un risque de manipulation?«Non», répond Hervé Béroud, directeurde la rédaction de BFMTV. «Si un candi-dat est mauvais sur le fond comme sur laforme, il seramauvais à l’antennemalgréles soins apportés à la réalisation», avan-ce-t-il. «On ne cherche à manipuler per-sonne», insistent, de concert, Franck Lou-vrier etManuel Valls.

Qu’on le veuille ounon, dansune cam-pagneélectorale, labataillede l’imageres-te primordiale.p

Daniel Psenny

présidentielle 2012

D ansunclimatpolitiqueoùil est tantquestiond’oppo-sitionentre les «élites» et

le «peuple», voici une étudequidevrait faire couler beaucoupd’encre. Etpour cause: des cher-cheursaméricainset canadiensdocumentent,dans l’éditiondulundi 27févrierde la revueProcee-dingsof theNationalAcademyofSciences (PNAS), l’existenced’unerelation inverse entreélévationdans lahiérarchie sociale et éthi-queducomportement indivi-duel. C’est-à-dire, exprimédemanièreunpeuplusdirecte, queplusvousêtes riche, plus vousêtes susceptibledevous compor-terdemanièremoralementlamentable.

L’équipeaméricano-canadien-nemenéeparPaulPiff (universitédeCalifornie àBerkeley) aquel-quesarguments. Les chercheursontmenépasmoinsde septproto-coles expérimentauxdifférents,qui concluent tousdans lemêmesens.

«Cupidité»Lepremier est simple: il s’est

simplementagide seposter àuncarrefouret d’observer les véhicu-lespris en flagrantdélit de refusdepriorité. Ladeuxièmeexpérien-ce, très semblable, a quantà elleconsistéà relever les situationsdans lesquellesunpiétonengagésurunpassageadhoc se fait cou-per la routeparunevoiture.Danslesdeuxcas, les chercheursontclassé les véhiculesencinqcatégo-ries, des épaves roulantes (grou-pe1) auxberlinesde luxe (groupe5). Résultat: prèsde30%desvéhi-culesdugroupe5 forcent lepassa-ge auxvoituresprioritaires,untauxquatre fois supérieurauxgroupes 1 et 2, et trois fois supé-rieurauxgroupes 3et 4. Corréla-

tionquasi identiquepour le res-pectdûauxpiétons…

Mais,direz-vous, cen’estpasparcequ’onaunebellevoiturequ’onestnécessairementriche.Cequin’estpas faux.Aussi, leschercheursont complété cesdeuxexpériencespard’autres,menéesen laboratoire.A chaque fois,unecentained’individusont été invi-tésàprendreconnaissancededivers scénariosou situations:atteinted’unobjectif auprixd’uneentorseà lamorale, capta-tiond’unbiendemanière indueaudétrimentd’un tiers,menson-geaucoursd’unenégociation,cau-tiond’une fautedans le cadrepro-fessionnel.Puis lesparticipantsont rempliunquestionnairerépondantà la questionde savoirdansquellemesure ils seraientprêtsà reproduireces comporte-ments.A chaque fois, unecorréla-tionentre le statut socialdesparti-cipantset leur capacitéà enfrein-dre l’éthiqueestmiseenévidence.

Unedernièreexpérienceaconsistéàplacerprèsde200per-sonnesdevantun jeu informati-quede lancerdedés:une sommed’argent leurétait promisesi lescoreatteint après cinq lancersétait élevé.Mais, bien sûr, le jeuétaitpipéet le scorenepouvaitexcéder 12points. Ceuxquiontrapportédes scores supérieursauxexpérimentateursontdonctriché.Mêmeen tenantcomptedenombreuxparamètres commel’ethnie, le sexe, l’âge, la religiosi-té, l’orientationpolitique, il n’y arienà faire,«la classe socialepré-ditpositivement le fait de tricher».Aquoi tient ce lienentrehauteursocialeetbassessemorale?Enpar-tie, répondent les chercheurs,«àuneperceptionplus favorabledela cupidité». p

Stéphane Foucart

Plusonestriche,moinsonademorale,c’estprouvé

La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’administration. Commission paritairedes publications et agences de presse n° 0712 C 81975 ISSN0395-2037

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94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

Selonlescommunicants,lenombregrandissantdecamérasetdemicros,etlacohuequivaavec,peuventêtredangereuxet,surtout,brouillerl’imagedeleurleader

Cesdispositionscommencent

àfairegrincerdesdentsparmilesjournalistes

audiovisuels

Enquête Invoquant raisonspratiques et souci de sécurité, des candidatsà laprésidentielle confient àdes sociétésdeproduction l’enregistrementde leursmeetings. Les chaînesde télévision s’enaccommodent

Commentleséquipesdecampagnecontrôlentlesimages

Conférence depresse de François Hollande, à Brest, le 30 janvier. J.-C. COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR «LE MONDE»

Meeting deNicolas Sarkozy à Lille, le 23février. BONAVENTURE/SIPA

2 0123Mercredi 29 février 2012

Page 3: journal le monde du 29-2-2012

présidentielle2012

Reportage

Mormant (Seine-et-Marne)Envoyé spécial

L e rendez-vous a été donnédevant la gare. En cette find’après-midi d’hiver, il fait

encore assez clair pour distinguer,au loin,des champsàpertedevue,à gauche, le clocher du vieuxvilla-ge, et, à droite, les dizaines depavillonsquiontéclosdanslesder-nières années du 20esiècle.

Avecleurspilesdeprogrammesde François Hollande sous le bras,on les reconnaît au premier coupd’œil. Ils sont cinq, ce jour-là, àaccompagner Patricia Inghel-brecht, candidate socialiste auxprochaines législatives dans la3ecirconscriptiondeSeine-et-Mar-ne,une soixantainedecommunesautotal,dontcellequ’ilsontchoisid’arpenter en cette fin d’après-midi d’hiver : Mormant, à 53 kilo-mètres de Paris. Une petite heurede train depuis la gare de l’Est.

Equipés du «Kit de survie duvolontaire en porte-à-porte», unvademecum de 5 pages distribuépar le «national» où l’on apprendnotamment comment «sentir si[son] interlocuteurestdegaucheoude droite», les six militants PS seconstituentenbinômes,serépartis-sentlestracts,etsedonnentrendez-vousuneheure et demieplus tard.PatriciaInghelbrechtanticipe:«Carisqued’êtreunpeudur...»

Un peu dur? Il est vrai que lesrésultats des dernières électionsfont de Mormant, pour ces mili-tants du PS, une terre de mission.La maire, ici, est UMP. Le député,l’anciensecrétaired’EtatYves Jégo,est vice-président du Parti radicalvaloisienetsoutientNicolasSarko-zy. Le conseiller général, lui, est à

gauche. Mais aux cantonales de2011, il est l’un des douze élus deSeine-et-Marne (sur 23) à avoiraffronté en duel un candidat duFront national, lequel a tout demême réalisé 41% des voix ausecond tour. «D’autant pluseffrayant que le FN a fait une cam-pagne aveugle, sans force militan-te,avecpourseulétendardl’afficheMarineLePen», commente Jocely-ne Sifflet-Guerquin, secrétaire de

la section socialistedeMormant.Un pavillon, un deuxième, un

troisième... Les portes s’entrou-vrent. «Bonjour, on vient pourFrançois Hollande...», lance la can-didatederrière le portail.

«Taper sur la table »De l’autre côté du jardinet, l’ac-

cueil est poli mais l’échange restelaconique. Au bout de la rue, unefemme d’une cinquantaine d’an-

nées se tient debout sur le trottoir.Son mari a la tête enfouie sous lecapot de sa voiture. La main noirede cambouis, il prend le program-medeHollandemaismetd’embléelespointssur les«i »:«Jevotepourla dame... » La dame, c’est MarineLe Pen. Ouvrier à la retraite, il veut«taper sur la table», en a «marredes racailles». Sa femme le coupe:«Monmariestpolonais, il s’est inté-gré, lui. Les étrangers, aujourd’hui,

ne font plus d’effort».Depassage àMormant pour voir «le fiston», ilsontfinipar«fuir»cettegrandeban-lieue où ils s’étaient installés dansles années 1980. «On s’est exilésdans le 40, s’amuse la femme. LesLandes,aumoinsil faitbeau.Etpuisça reste la France.»

Un peu plus loin, les pavillonslaissent la place à des immeublesdedeuxétages.Encettefind’après-midi, les cages d’escalier mal iso-

lées résonnent du brouhaha de latélévision.Ici, l’accueilestpluscha-leureux. L’échange peut mêmedurer deux-troisminutes. Le nomde François Hollande ne suscitepas d’hostilité particulière. Pas devéritable adhésion non plus. Uneoctogénaire prend son program-me pour sa fille. Elle a «voté Ségo-lène la dernière fois», se dit «fémi-niste», etpensecetteannée«beau-coupde biendeMarine».

A l’étage du dessous, un jeuneretraité qui a lui aussi «voté pourl’ex de Hollande» en 2007 confie àvoixbassequebeaucoupdesesvoi-sins «penchent pour le côté obs-cur». Patiemment, la candidate luiexplique que « le programme deHollande est très réaliste». Hoche-mentdetête.«Merci, jevaislire,çaal’air intéressant,mais je ne suis passûr de voter.» Sur le palier voisin,une jeune femme exprime lemême désabusement, mais pourelle, ce sera «le président». «Il nousa pas mal menés en bateau, maisbon, c’est un peu du pareil aumême,non?»

Il fait désormais nuit sur Mor-mant. A la gare, Patricia Inghel-brecht et sescamarades se retrou-ventcommeprévu.L’autrebinômefait ses comptes : «Sur 13 portesouvertes, 3 ont dit clairement qu’ilsvoteraient Le Pen», ce qui corres-pond grossomodo au score du FNaux cantonales. Restent les plusnombreux, ceux qui ont polimentprisletractdeM.Hollande,patiem-ment discuté, rarement claqué laporte. Mais jamais manifesté lemoindre enthousiasme. «On parledes “oubliés”. On est ici plutôt chezles “éloignés”, nuance PatriciaInghelbrecht.Toutnotreboulot, ici,c’estdelesraccrocher.Cavaêtredur,maisonest làpour ça.»p

ThomasWieder

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Les trois favoris au coude-à-coude à 50 km des grandes villes

0-10 km 10-20 20-30 30-40 40-50 50-60 60-70 70-80 80-90 90-100 plus de 100 km

INTENTIONS DE VOTE EN FAVEUR DES TROIS PRINCIPAUXCANDIDATS, en %

Distance aux aires urbaines de plus de 200 000 habitants

Périurbain

F. Hollande

N. Sarkozy

M. Le Pen

Grand périurbain Rural

ENQUÊTE IFOP-FIDUCIAL RÉALISÉE POUR « PARIS MATCH » AUPRÈS DE 8 052 PERSONNES ENTRE LE 9 JANVIER ET LE 14 FÉVRIER

Auxportesdespavillonsoùséduit«Marine»Mormant,à50kilomètresdeParis, est l’undecesvillages«rurbains»oùlagauchefait faceà l’extrêmedroite

DanslaFrancepéri-urbaine,le«survote»pourleFrontnationalexprimeunecolèresourde

Les enjeux internationauxau cœur de La campagne

Plus d’infos sur www.tv5monde.com/france2012

Philippe DESSAINT reçoitmarine Le pen, nathalie arthaud,philippe douste-BLazy

Mercredi 29 février à 21h00

en partenariat avecTV5MONDE, disponible

sur câble et satellite

Zone pavillonnaire de Seine-et-Marne. Dans ce département, les élus PS ont dumal à convaincre les habitants de voter pour eux. ARTEDIA/LEEMAGE

L’ÂGE, le sexe, la catégorie socio-professionnelle sont les varia-blesauxquelles on songe sponta-némentpour expliquer le com-portementdes électeurs. Elles nesontpas les seules. Depuisunedizained’années, quelques spécia-listesdegéographie électorale s’in-téressent à ce qu’ils appellent le«gradient d’urbanité». Derrièrecette expressionbarbare se cacheune idée au fond assez simple:selon la distancequi les séparedes grandes aires urbaines, lesindividusvotent de façon très dif-férente.

L’IFOP,dansuneétudequeLeMondepublie enexclusivité, enfait ladémonstrationédifiante.Cetteenquêtese fondesur lesdon-néescumuléesdeplusieurssonda-gesd’intentionsdevote réalisésentre le 9janvier et le 14février.Autotal, 8052électeursontété inter-rogés. Leprincipal résultat est lesuivant: dans les zones situéesàenviron50kmd’uneaireurbainedeplusde 200000habitants, lestrois favorisdupremier tourdel’électionprésidentielle– FrançoisHollande,NicolasSarkozyetMari-neLePen–obtiendraientquasi-ment lesmêmesscores: autourde25%chacun.

Pour le chef de l’Etat, il s’agit là

d’un score assez prochede samoyennenationale. Pour le candi-dat socialiste, il s’agit en revanched’une contre-performance.Dansces zones situées àune cinquantai-nede kilomètres des grandesaires urbaines, FrançoisHollandeobtiendraitdes scores inférieursd’environ6points à ceuxqu’il réa-liserait sur l’ensembledu territoi-re. Nulle part l’écart avec sonniveaumoyend’intentionsdevoten’est plus grand.

Riches viviersPourMme Le Pen, c’est exacte-

ment l’inverse. Ces territoirespériurbains sont précisémentceuxoù elle obtiendrait sesmeilleurs résultats: jusqu’à9points de plus que samoyennenationale.Dans ces espaces situésàunequarantainede kilomètresdes grandes villes, la présidenteduFrontnational pourraitmêmearriver en tête aupremier tour del’électionprésidentielle.

Ce «survote» frontiste de laFrancepériurbainen’est pas unenouveauté. En 1995, 2002 et 2007,c’est déjà là que Jean-Marie Le Penavait obtenusesmeilleurs résul-tats.Mais l’écart avec son scorenational était alors beaucoupplusténu: 2 points de plus, pas davan-

tage. SiMarine Le Pendépasse les16,9%de sonpère en 2002, elle ledevradonc enpremier lieu à lapercéequ’elle aura réaliséedansces territoires dont les graphiquesmontrentqu’ils constituentpourelle de richesviviers.

Commentexpliquer ces chif-

fres? La sociologie recoupe la géo-graphie. Au cours des dernièresdécennies, ces grandes couronnespériurbainesont connudepro-fondsbouleversements sociodé-mographiques. Les agriculteursn’y sontplus qu’unepoignée.Autourdes vieuxnoyauxvilla-

geois se sont adjointsdes lotisse-ments pavillonnaireset de petitsimmeublesd’habitat social. Là sesont installéesdes populationsvenuesdes centres-villes ou, plussouvent, des banlieuesproches.«Elles sont là par choix autant quepar contrainte, explique Jérôme

Fourquet, directeur adjoint dudépartementopinionde l’IFOP. Lechoix, c’est celui de la verdure, delamise à distancede la grande vil-le et de ses nuisances. La contrain-te, c’est celle duprix du foncier etde l’immobilier. Pourpouvoir ache-ter unpetit pavillonà la propriété,lesménagesmodestes doiventaller de plus en plus loin.»

SelonMichelBussi, professeurdegéographieà l’universitédeRouen, les«frustrations sociales»généréespar ce«mélanged’éloi-gnementchoisi etde relégationsubie» seraientpropicesà l’expres-siond’un«votedeprotestation».Selon lui, cespopulationssontvic-timesd’une«ascensionsociale ina-chevée». Leprixàpayerpour laviequ’ilsont choisieest élevé:emprunts immobiliers, tempsdetransports,éloignementpar rap-portauxservicespublics. L’isole-ment,quipeutêtre le fruitde stra-tégies individualistes, a aussi sesrevers: le repli sur soi et le rejet del’autre.De la réponsequ’apporte-ront les candidatsà la colère sour-dedecette France silencieu-sedépendraengrandepartie lerésultatde laprésidentielle: 28%desélecteursviventaujourd’huidansces territoirespériurbains.p

T.W.

30123Mercredi 29 février 2012

Page 4: journal le monde du 29-2-2012

L e candidat Nicolas Sarkozydevait visiter l’internatd’excellence de Montpellier

avantdeprésentersonprogrammesurl’éducation,mardi28février.Cenouveau type d’internat destinéaux élèves méritants de milieuxdéfavorisés est un des dispositifscentrauxdesapolitiqueéducative.Unpoint fort ouunpoint faible? Al’heure du bilan, ces réalisations,quiaurontcoûté500millionsd’eu-ros et hébergent 2 127élèves, nefontpas l’unanimité.

Les inspecteurs généraux quiont travaillé sur ce sujet en2010-2011 n’ont pas été les plusconvaincus.A leursyeux,«l’idéededistinguerpositivementcertainsélè-vesestpeucompatibleavecleprinci-pe d’égalité républicaine». Remisfin 2011 auministrede l’éducation,Luc Chatel, leur rapport d’évalua-tiondortdansun tiroir. LeMondeapu consulter cette analyse sansconcession,mais sanspartipris.

Après s’être félicitésde la bonneréactivité des rectorats parvenus àconstruiredes établissements aus-si rapidement, les huit signatairesse font plus critiques. Ils estimentqu’il faudrait préciser le conceptmême d’«excellence» qui ne faitpasconsensus. Ils s’interrogentsurle fait d’extraire des établisse-mentsfragileslesélèveslesplustra-vailleursetposent laquestionde la«soutenabilité financière» du pro-jetdans les annéesàvenir.

Aujourd’hui, 26internats d’exc-ellence ont ouvert. Ils scolarisent2127élèves,duCM2àl’après-bac.Lechef de l'Etat avait promis20000places pour 2013. On est à

dix fois moins. Sauf si l’on ajouteles quelque 8000jeunes accueillisdansdesplaces labellisées–des litsd’internats classiques rebaptisés«excellence»et attribuésàdes jeu-nesméritants–quiontpermisd’af-ficher 10000jeunes en internatsd’excellenceà la rentrée2011.

Autant d’élèves qui se voientoffrir une deuxième chance. Parceque,notent lesinspecteurs,«cequedémontrent les expériences, c’estqu’enengageantdesmoyensimpor-tants et dérogatoires, utilisés pardes personnels sélectionnés, moti-vésetcompétents,unemeilleurepri-seencharged’unpetitnombred’élè-ves issus de milieux modestes estpossible». Mais «cette démonstra-tion ne résout pas l’ensemble de laquestion». Le reproche fait est biend’avoir créé une vitrine très biendotée et laissé en friche le reste del’éducationprioritaire.

Les inspecteurs ont évalué lecoûtd’uneannéeeninternatd’exc-ellence entre 4500euros par élèveà Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) et 10 000 euros àSourdun (Seine-et-Marne). Dessommes consacrées à l’accompa-gnementdu soir, qui s’ajoutent au

coût classique d’une scolarité. Ceque l’inspection générale appelle«des budgets de fonctionnementconfortables» a de fortes implica-tions sur la vie des jeunes. ASourdun,l’internatcomptaitlapre-mière année 3,5enfants par adul-te ! Les jeunes y sont encadrés44heures par semaine.«Les activi-tés, c’est bien, mais on manque detemps pour travailler, ou pourrêver…», ont fait remonter des élè-ves de Barcelonnette àDominiqueGlasman, chercheur en éducationqui a partagé, le 27 janvier, sesimpressions lors d’une réuniondesdirecteursd’internat.

La liste des activités offertes aparfois pu virer à la démesure. Lapréparation d’un brevet de pilota-ge est-elle du ressort de l’école? Ya-t-ilunintérêtpédagogiquespéci-fique à organiser un voyage à Pon-dichéry, comme ce fut le cas àSourdun? «Ce que veut le disposi-tif,c’estamenerchacunaumeilleurde lui-même, conjuguer la rigueurscolaireavecuneouvertureaumon-de que l’école ne peut ignorer»,explique Jean-Michel Blanquer,

directeurdel’enseignementscolai-re et concepteur de ces internats.Pour lui, «c’est un laboratoire quiva faire évoluer tout le système».

Par la jonction qu’il offre entrele cours et l’étude, l’internat seraiten train de s’installer comme unenouvelleformescolaire.MichelSir-vent, le proviseur de Montpellier,n’estpasloindelepenser.Le27jan-vier, il confiait aux chefs d’établis-sement que, dans ces structures,« l’enseignant ne doit plus seule-ment se sentir responsable de latransmission, mais aussi de l’assi-milation des connaissances par lesélèves».

Que peut-on objectiver un anaprès l’ouverture des 12premiersinternats et un trimestre et demiaprès l’ouverture des 14suivants?Le résultat audiplômenational dubrevet?Entre74%et 100%desélè-ves l’ont obtenu. Avec une men-tion particulière pour Sourdun où18% ont décroché une mentionbien et 13%unemention très bien.Patrick Rayou, un des chercheursqui a travaillé sur Marly-le-Roi, aconstaté que les collégiens de cetinternat d’excellence des Yvelinesont rattrapé au brevet le niveaudes élèves de leur établissementd’accueil pour atteindre un scorede 10% supérieur à lamoyennedel’académie de Versailles. Joli résul-tat, mais «n’est-ce pas avant toutlié au retrait de ces élèves d’établis-sements stigmatisés et à leur arri-vée dans un contexte scolaire plusfavorable?», se demande le cher-cheur.

A ces doutes sur le fond s’ajou-tent les défauts de jeunesse. Lerecrutement de la première annéen’a pas toujours correspondu auprofil attendu. A Montpellier, 15des 90jeunes recrutés ont eu «degros problèmes de comporte-ment», selon les inspecteurs, quiontmesuré sur tous les sites entre«10%et 30%dedéparts». De l’avisgénéral, le recrutement de l’annéeen cours est « bien meilleur ».Autant d’ajustements qui amélio-rent le fonctionnement mais nerésoudront pas le conflit originelsur le concept.p

MarylineBaumard

présidentielle 2012

NicolasSarkozy veut des ensei-gnants«davantage présentsdans les établissements, disponi-bles pour les élèves. En contre-partie, leur rémunération serafortement augmentée», affir-me-t-il dansMidi libre,mardi28février, avant son discourssur l’école. Ces éléments

cadrent le nouveau contrat quele candidat veut proposer auxenseignants.«Je ne propose pasplus de professeurs, mais des pro-fesseurs mieux considérés, à quil'on donne les moyens de remplirleur mission d'éducation», a-t-ilajouté, taclant le candidat PS,M.Hollande, et ses60000postes.

Reportage

CHANGEMENTDEDÉCOR.Sur leurpremièrevie,unvoile et tombé.Miguel JesusSilvaetRalphLouimaont tournélapageenfaisant leurrentréeenseptembre2010à l’inter-natd’excellencedeMarly-le-Roi(Yvelines)quihébergeaujourd’hui152 jeunesscolarisésdans leséta-blissementsfavorisésdesYvelines.

Ils ne sont plus tout à fait lesmêmesdepuis qu’ils vivent là.Miguel est en 1e STGau lycée Louis-de-BrogliedeMarly. Ralph en ter-minale,mêmesection. «Si j’étaisresté auxMureaux, je termineraisunCAP, commemes copains. Et jecontinuerais sûrement à traîneravec eux, souritMiguel.Monpro-jet, c’est un bac pourm’inscrire enBTSde restaurationà Paris.»

A l’internat,Miguel partage sachambreavecRalph.Ungrandgar-çonaux racines africaines. Sa vieaussi a pris unvirage à90˚. «Desennuis avecmonpère et trois

petits frères et sœursàm’occu-per», Ralphn’avait tout simple-mentpas le tempsde travailler. Apeined’aller au collège.

Leursdeuxvies sont redeve-nuescellesd’ados classiques,dontl’horizonreste leprochaindevoirdemaths, lapréoccupation la sor-tie autoriséedumercredi après-midi. Leurquotidien, c’est lescours, les copainset lesdevoirsdusoir.«Ici, travailler c’est naturel.Tout lemondebosseautourdenous. Toutnotre emploidu tempsestpenséautourdesmomentsd’études», s’étonneMiguel.

Ascension socialePlusde sommeil,moinsde télé-

phoneportable. La télé se consom-meautrement.«Quand ils veulentvoirune émission, ils en font lademandeécrite», précise leprovi-seur, Jean-ChristopheBergeron,qui s’est attachéà ces jeunes«quichaque jour fontmentir l’imagequ’onvoudrait leur coller». Ce cli-

ché«jeunesdesquartiers», ils ontdû le combattreenarrivantdansleurnouveau lycéehuppé,pas trèshabituéauxpeauxmates.

AMarly, Ralph s’est«refait» etpasse sonbac cette annéeavec l’es-poird’intégrerunBTS commerceinternational.A lamaison, samèreest«extrêmement fière».«Etmonsouhait le plus cher c’est quemespetits frères et petites sœurspuissentvenir ici.»Miguel a justeenviededirequepour sonpère,maçon, l’important c’est l’ascen-sionsociale.«Ilm’a toujoursditque jedevaismieux réussir que lui.Çadevrait le faire.»

Tousdeuxavaientunpeu ratéleurpremièrechance.«L’avanta-ge, c’est qu’ici il suffitdedemanderpour revoirdes chosesqu’ona ratédans lespetites classes», rappelleRalph.«L’aideest partout.Y’a lessurveillantset y’adesprofs. Justeàdemander.»Desétudes,desmodu-lesdisciplinaireset desSOSsurunpointprécis.Miguel, lui, profitedu

soutienenanglais.«Je travailleavecdes listesdevocabulaire. Leprofme réexpliquedes structuresque j’auraisdûapprendreaucollè-ge.»Et il y a tout le reste.«L’opéra,les rencontresd’écrivains, les exposdegrandsphotographes», ajouteRalph.Cetteannée, leproviseuraregroupé lesactivités lemardi soirpourque les élèvesn’aientpas latentationd’en faire trop.

PatrickRayou, chercheurquis’est intéresséàcet établissement,s’était fait l’échod’un«trop-plein»culturelunpeucontre-productifdansun rapportd’étape. L’institu-tionena tenucompteet a rééquili-bré les activités.«Nousavonsmenébeaucoupd’entretiensavecles élèves et souvententendudesdiscoursde lamétamorphose.Nousavonsvudes jeunesquiavaientété empêchésde travailleret qui toutà coup, là, sedécou-vraient capables.»RalphetMiguelensont.p

M.B.

«L’idéededistinguerpositivement

certainsélèvesestpeucompatibleavecleprinciped’égalité

républicaine»Les inspecteurs généraux

Education: lesinternatsd’excellence,unedeuxièmechanceaucoûtprohibitifNicolasSarkozydevaitvisiter,mardi28févrieràMontpellier,undesétablissements lancésen2010.500millionsd’eurosontété investispour2000élèvesméritants issusdemilieuxdéfavorisés

AMarly-le-Roi, la«métamorphose»deMigueletRalphRalph (àgauche) etMiguel à l’internat du lycée Louis-de-Broglie (Marly-le-Roi). CAROLINA ARANTES POUR «LE MONDE»

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AprèsRachidaDati,NicolasSarkozyveut«récupérer»RamaYade

Après avoir renoué les liens avec l’anciennegardedes sceauxRachidaDati, Nicolas Sarkozy veut obtenir le ralliementdeRamaYade, passéeauParti radical de Jean-Louis Borloo.Nicolas Sarkozy et ses conseillersveulent approcher l’ancienne secrétaire d’Etat aux droits de l’homme.Le candidatUMPen aparlé à plusieursde ses proches. «On est plus fortsà plusieurs pour la convaincre», estime l’und’eux.«RamaYademèneson combat,mais elle fait toujours partie de notre famille politique.L’idée est qu’elle joue un rôle actif auprès du candidat. Onn’en estmal-heureusementpas là»,décrypteunprochedeNicolas Sarkozy.Interrogéepar LeMonde, RamaYadedit ne pas avoir eude contactsrécents avec l’Elysée. Elle précise: «Je veuxquema famille politiquegagne, sur une ligne équilibrée, qui tienne comptede ce quepensent lesradicaux.Nousne sommespas des objets qu’onpose sur une étagère»,déclareMmeYade. L’ancienne secrétaire d’Etat auxdroits de l’hommeseprésenteaux législativesdans lesHauts-de-Seine face à l’UMPManuelAeschlimann.«Je suis lamieuxplacée pour garder la circonscriptionàdroite», assène-t-elle. p ArnaudLeparmentier (PHOTO : AFP)

LeprogrammeidéologiquedeMarine LePen, c’est laréhabilitationde Pétain»

ARNOKLARSFELDLe président de l’Office français de l’immigration et de l’intégrationa appuyé, lundi 27février, les propos duministre de l’intérieur, ClaudeGuéant, qui juge le programmedu FN «nationaliste» et «socialiste».

FrançoisHollandesoignesonimagechezlesmilitantsdel’environnementDepuis la signaturede l’accord avec son allié écologiste ennovembredernier, et les démêléspublics sur l’EPRdeFlamanville, FrançoisHollan-de s’est vu accoler une imagede tiédeur sur toutes les questions ayanttrait à la défensede l’environnement. Son équipede campagne a repéréla faille et s’attachedésormais à gommer cette relative faiblesse.M.Hollande avait déjà fait le déplacement au congrèsde FranceNatureEnvironnement (FNE) le 28janvier, et il y avait été bien accueilli. Il comp-te franchirunpas supplémentaire en recevantmardi 28février à 18heu-res, à sonQG, les huit associationsqui avaientparticipé, aux côtés deNicolas Sarkozy, auGrenelle de l’environnement.Les socialistes affichent leur satisfaction: Greenpeace et Les Amis de laTerre, invités par le chef de l’Etat le 13février pour faire unbilanduGre-nelle, et qui ne s’étaientpas déplacés pourmontrer leur prise de distan-ce, devraient franchir ce soir les portes du siège de campagnedu candi-dat socialiste. pAnne-SophieMercier

Marine LePen annule desmeetings, «faute d’argent»MarineLePen renonce à deuxmeetings – l’un àAuxerre, l’autre àClermont-Ferrand–qui devaient avoir lieu enmars. Le Frontnationalavancedes raisons financières, duesnotamment au refus des banquesdeprêter de l’argent tant que la candidaten’a pas réuni les 500parraina-ges. Par ailleurs, la Conventionde Lyon sera réduite àun seulmeeting.

NicolasSarkozy veut «fortement augmenter» les profs

400000C’est le nombre – erroné –d’élèvesdemoins dans l’éducationnationaledepuisdix ans, selonNicolas Sarkozy sur RTL, lundi 27février. Le candi-dat ajoutait qu’il y avait eu, dans lamêmepériode, «45000professeursdeplus».Or, selon les chiffres de l’Insee, si le nombre total d’élèves dupremier et du seconddegré a biendiminué entre2000et 2010, cettebaisse se chiffre à 149000élèves, et non400000. Les chiffres duminis-tère de l’éducation confirment cette proportion. Par ailleurs, l’éduca-tionnationale estimeque le nombred’enseignants a baissé d’environ30000depuis 2000. Et non augmenté.L’équipedecampagnedeM.Sarkozyaensuite rectifiéauprèsde l’AFP:«Salangueafourché, il voulaitdiredepuisvingtansetnondepuisdixans.»

Levéed’immunité demandéepour Jean-NoëlGuériniet RobertNavarroLesdemandesde levéed’immunitéparlementairededeuxsénateursPS,Jean-NoëlGuérini (Bouches-du-Rhône)etRobertNavarro (Hérault), ontété transmises, lundi 27février, à laprésidenceduSénatpar la chancelle-rie.M.Guérini, 61 ans, présidentduconseil généraldesBouches-du-Rhô-ne, a étémisenexamenpourassociationdemalfaiteurs, traficd’influen-ceetprise illégaled’intérêts, dansuneaffaire touchantàdesmarchéspublicsprésumés frauduleuximpliquantson frèreAlexandre,patrondedécharges.M.Navarroestvisé, quantà lui, parune instructionpourabusdeconfiance. LePSavaitdéposéplainteenavril2011, après ladécouvertede«nombreuses factures» régléespar sa fédérationpourdesdéplace-ments,notammentenavion, sans lienavec son fonctionnement.– (AFP.)

4 0123Mercredi 29 février 2012

Page 5: journal le monde du 29-2-2012

présidentielle 2012

L ’entréeencampagnedeNico-las Sarkozy modifie-t-elle ladonne,àmoinsdedeuxmois

dupremiertourdel’électionprési-dentielle ? Une semaine aprèsavoir fixé un premier instantané,Ipsos-Logica Business Consulting,pour France Télévisions, RadioFrance et Le Monde, a réalisé unedeuxième photo des rapports deforce, dans une enquête d’inten-tions de vote menée les 24 et25février. Soit quelque dix joursaprès la déclaration de candidatu-redu chef de l’Etat, le 15février.

Elle infirme, pour l’heure, l’idéed’un profond bouleversement descartes. Cependant, l’écart au pre-mier tour entre les deux favoris,François Hollande, premier, etNicolas Sarkozy, deuxième, seréduit : il passe de 7 points à4,5points.Ausecondtour,unfossédemeure: M.Hollande est créditéde 58% des intentions de vote (–1point),contre42%pourM.Sarkozy(+1point). Soit 16pointsd’écart.

Entre la dixième et cette onziè-mevaguedubaromètre Ipsos,unesemained’intense activitédu chefde l’Etat s’est écoulée.M.Sarkozyatenusonpremiergrandmeeting,àMarseille. Il a été l’invité du jour-nal télévisé de France 2 et amulti-plié les déplacements de campa-gne. Bref, il s’est invité quotidien-nementà la table des Français.

Selon notre baromètre Ipsos,alors qu’il n’avait rien gagné justeaprès sa candidature, il progressecette fois de 2points, à 27% aupre-miertour.M.Hollande,lui,enregis-

tre une faible érosion de 0,5point,à 31,5%. Le paysage, pour le reste,demeure assez stable : le score deMarineLePennebougepas,à16%;FrançoisBayrouenregistreungainde 0,5point, à 11,5% ; Jean-LucMélenchonperd 1point, à 8%.

Au premier tour, cette étuded’Ipsos indique toujours un écart

plus grand que d’autres institutsentre les deux favoris. Ainsi, CSA,dans un sondage réalisé le20février, créditait le candidatsocialiste de 28%, contre 27% auprésidentdelaRépublique.L’IFOP,dans son «rolling» – une étuderenouvelée chaque jour par tiers,réaliséepour ParisMatch – de lun-

di27février,affichecemêmerésul-tat, soit un écart de 1 point.

Lesdifférentsinstitutsdesonda-ge, cependant, s’accordent pourconstater que M.Sarkozy a gagnéde 1 à2pointsdepuis sonentréeencampagne.Commentjugerladyna-mique de M.Sarkozy? En février,un facteur exogène, le retrait à sonprofit de trois candidats (HervéMorin, Christine Boutin, FrédéricNihous), est venu lui donner un(petit) coupdepouce.

Une campagne bipolariséeAutre constat, la consolidation

deson«socle»d’électeursprogres-se. Ainsi, fin octobre, 71% des élec-teurs de M. Sarkozy en 2007disaientvouloirrevoterpourlui. Ilssontaujourd’hui, selon Ipsos, 82%.

Le niveau auquel est mesuré lechef de l’Etat, ainsi que l’évalua-tion de sa progression, diffèrentpeud’un institutsur l’autre.Ladif-férence se fait sur le scoremesurépour M.Hollande. «Nous dou-blons nos études téléphoniquesd’études Internet, pour confirmerles résultats», préciseBriceTeintu-rier, directeur général délégué del’institut Ipsos.

Autre constat : la campagnes’est bipolarisée autour du duelannoncé entre M.Hollande etM.Sarkozy.L’écart entre ledeuxiè-me, M.Sarkozy, et la troisième,MmeLePen,n’a jamaisétéaussiéle-vé depuis le début de notre baro-mètre: ils’établit,danscetteonziè-mevague, à 11 points (+1 point).p

Pierre Jaxel-Truer

L apropositiondeFrançoisHol-lande, lundi 27février sur TF1,decréeruntauxd’imposition

à 75% pour les revenus supérieursà un million d’euros par an a pristout le monde de court. Y comprisdans son camp. Interrogé peuaprèssurFrance2, JérômeCahuzac,chargédelafiscalitéetdesfinancesdans l’équipedecampagneducan-didat socialiste, a paru ladécouvrirets’estavoué«circonspect».«Vousm’interrogez sur une déclarationque,pourmapart, jen’aipasenten-due, a tentéd’éluderleprésidentdelacommissiondesfinancesde l’As-semblée nationale. Je ne sais tropque vous dire. J’attends de voir unpeucequ’il enest vraiment.»

Mardimatin au Salon de l’agri-culture,M.Hollande, interrogésurle fait que M.Cahuzac n’était pasau courant de sa proposition, arépondu: « Il l’est maintenant. Ilestnormalquejeprenneuncertainnombre d’initiatives. Je suis le can-didat.» Sur le fond de sa proposi-tion, il a estimé que « ceux quigagnent le plus doivent montrerl’exemple» : «C’est du patriotismed’accepterunimpôtsupplémentai-re pour que le pays se redresse.»

Invité de l’émission «Parole decandidat» lundi,M.Hollandeavaitpointédudoigt lesgrossalaires.Ens’embrouillantunpeu.«J’ai apprisles progressions considérables desrémunérations des patrons duCAC40, 2millions d’euros parmoisenmoyenne. Comment l’accepter?Il n’est pas possible d’avoir cesniveaux de rémunération», a-t-ilsouligné. Il s’est prononcépouruntauxd’impositionde75%«au-des-

sus de 1million d’euros par mois».Avant de se reprendre pour préci-ser qu’il voulait parler de mon-tants«paran»etnonparmois.Cet-te hésitation témoigne peut-êtred’une part d’improvisation dansl’annonce.Celle-ci,eneffet,nefigu-repas dans les «60engagements»du candidat Hollande, qui pré-voient«unetranchesupplémentai-re de 45% pour les revenus supé-rieursà 150000eurosparpart».

La ministre du budget, ValériePécresse,s’estélevéecontre«l’infla-tion fiscale du programme» deM.Hollande,l’accusantd’«inventerchaque semaine une nouvelle taxesans jamais proposer la moindreéconomie». L’UMPs’estengouffréedanslabrècheensoulignantlesdis-sensions apparentes dans l’équipedu candidat socialiste. « JérômeCahuzac a carrément découvert laproposition de François Hollandesur la taxation de 75% des hautsrevenus,illustrantainsi,unenouvel-le fois, l’impréparation totale duprogrammeéconomique du candi-dat», raille Geoffroy Didier, secré-tairenationalde l’UMP.

Au cours de la même émission,M.Hollande s’est également pro-noncépourune«cotisation»desti-néeàfinancerlapriseenchargedespersonnes âgées dépendantes.«Pour assurer ce cinquième risque,nous aurons à appeler la solidariténationale, c’est-à-dire une cotisa-tion», a-t-il expliqué. La prise encharge du «cinquième risque»était une promesse du candidatNicolasSarkozyen2007.Elleestres-tée lettremorte.p

PatrickRoger

M.HollandeveutsurtaxerlesrevenuslesplusélevésValériePécresse (UMP)parled’«inflationfiscale»

Baromètre d’intentions de vote pour l’élection présidentielle. Enquête Ipsos/Logica Business Consultingpour France Télévisions, Radio France et Le Monde, réalisée par téléphone, du 24 au 25 février,sur un échantillon de 959 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.Méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, région, catégorie d’agglomération.

Nathalie Arthaud

Philippe Poutou

Jean-Luc Mélenchon

Eva Joly

Corinne Lepage

François Bayrou

Marine Le Pen

Définitif61 %

Le choix de vote est... Peut encore changer39 %

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Sarkozy

Dominique de Villepin

François Hollande

0,5

0,5 0,5

8

31,5

2,5

0,5

11,51

27

1

16

Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche,quel serait le candidat pour lequel il y aurait le plus de chancesque vous votiez... en % des exprimés

0,5

9

32

3

1

11

1,5

25

0,5

16

rappel17 et 18février

==

=

L’écart entre les deux favoris se réduitSondage Ipsos des 24 et 25 février 2012

M.SarkozygagnedesintentionsdevoteaprèsdeuxsemainesdecampagneLeprésident-candidat reconstitueprogressivement le«socle»desesélecteursde2007

50123Mercredi 29 février 2012

Page 6: journal le monde du 29-2-2012

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B abaAmro et Inchaat sont aubord de la mort ; la détressedesrésidentsnecessedegran-

dir», écrivent, lundi 27 février, lesmilitants du Conseil révolution-naire d’Homs sur Internet. Cesdeux quartiers rebelles et voisins,dans le sud-ouest de la «capitaledelarévolution», sontparticulière-ment exposés à l’offensive lancéepar le régime de Bachar Al-Assaddepuis le 3 février. Le Croissant-Rouge syrien, qui distribue, encoordination avec le Comité inter-national de la Croix-Rouge (CICR),de l’aide (nourriture, couvertures,aidemédicaled’urgence, kitsd’hy-giène) dans d’autres parties de laville,nepeutmêmepasypénétrer.

Nul ne sait aujourd’hui com-bien,des20000habitantsdeBabaAmro avant l’offensive, sont tou-joursprésents. Les résidentsrestéssurplacese terrent,pouréchapperauxbombardementsàl’armelour-de et aux combats entre les grou-pesarmésseréclamantde l’Arméesyrienne libre (ASL) et les troupesrégulières.«BabaAmroest l’undesdeuxquartiersoù la situationest laplus critique, àHoms. KarmAl-Zei-toun [sud-est] est aussi très touché.Iln’yapasdecommunications,pasd’électricité, pas de nourriture quirentre. L’eau manque, affirmeAbouAdham,un Syrienoriginaired’Homs, installé à l’étranger. Lessoins aux blessés sont de plus enplusdifficiles.»

Lundi, le Croissant-Rougesyrien est parvenu à évacuer troisblessés de Baba Amro; vendredi,sept blessés avaient été déjà escor-téspar l’organisationversl’hôpitalAl-Amine, attenant au quartierrebelle. Des opérations limitéespar les combats,mais que le Crois-sant-Rouge syrien et le CICR vou-draient multiplier : «Pour cela,nous continuons à demander uncessez-le-feu humanitaire d’aumoinsdeuxheuresparjour»,expli-que Saleh Dabbakeh, porte-paroleduCICRàDamas. Lesdeux journa-listes blessés qui s’y trouvent,Edith Bouvier et Paul Conroy,n’ont toujourspaspuêtre évacuéslundi, ni les corps deMarie Colvinet RémyOchlik, tués le 22février.

De retour àParis aprèsunemis-sionà Inchaat, assiégépar l’armée,Jacques Bérès, 71ans, chirurgien etcofondateurde l’organisationnongouvernementale Médecins sansfrontières (MSF), raconte «desconditions d’opération difficiles,notamment à cause de l’éclairagedéfectueux et des pannes de cou-rant.Lacliniqueétait installéedansun appartement privé. Les gens neveulentpasalleràl’hôpitaloùilsris-quentd’être arrêtésou torturés».

Lors de son déplacement, du 8au24février,danslevillagedeQus-sair puis à Homs, lemédecin a étéconfronté, chaque jour, à de nou-veaux blessés, «des civils pour laplupart, des vieillards, des femmes,des enfants». Selon lui, l’évacua-tiondesblessés lesplusgraves,quise faisait auparavant vers le Liban,est devenue impossible.

M.Bérès, parti clandestinementenSyrieàl’initiativedel’ONGFran-

ce-Syrie Démocratie et de l’Uniondes associations musulmanes deSeine-Saint-Denis, évoque aussiunquotidien,danslequartierd’In-chaat, où « l’eau, l’électricité et lefioul sont les denrées qui man-quent le plus. Il n’y a plus d’eau enbouteilles, seulement des jus defruits et du thé. Je n’ai pas entenduparler de cas demanque denourri-ture,mais lesgenssenourrissentdepain, de riz et demandarines». Les

boulangeries encore ouvertes sefont rares. La trêve demandée parle CICR permettrait de fournir àBaba Amro et Inchaat nourritureet assistancemédicale.

Une source humanitaire évo-que toutefois, dans ces lieux sinis-trés,unesituationdifférenteselonles quartiers: «Seule une partie deBaba Amro est tenue par les rebel-les.Làoùse livrent lescombats,per-sonne ne peut sortir. Dans lesautres quartiers, c’est aléatoire. Lesgens limitent leurs déplacementsau maximum. Quand une accal-mie le permet, certains vont encorese ravitailler dans des épiceries dequartier.»

Un scénario rendu impossible,lundi,par les intensestirsdebarra-gedel’arméesyriennesurlesquar-tiers de Khaldiyé et la vieille villed’Homs. Sur des vidéos, lesrideaux de fer desmagasins appa-raissent baissés dans le quartiercentral de Boustane Al-Diwani, où

vit la minorité chrétienne. Unesource religieuse au Liban, encontact avec les chrétiensd’Homs,estimeque90%de la communau-téa fui.«Ceuxqui sontencoredans

le quartier de Boustane Al-Diwanirestent enfermés chez eux. Ils ontpeur. Ils survivent avec le peu qu’ilsont. Ils ont besoin d’aide», indi-que-t-elle.

«L’aide humanitaire est néces-saire, mais ce n’est pas de faim oude maladie qu’on meurt à Homs,insiste le chirurgien JacquesBérès.

On y meurt des balles et des obustirés par l’armée et les snipers.»

Depuis début février, deuxconvois d’aide ont été acheminéspar le CICR et le Croissant-Rougesyrien vers Homs. «Nous fournis-sons aussi du matériel aux hôpi-tauxprivés qui continuent de fonc-tionnerdans laville, ajouteM.Dab-bakeh. Le Croissant-Rouge syrien,de son côté, délivre du lait ou de lanourriturepourbébés.»

Tandis que l’attentionmédiati-queseconcentresurHoms,lesmili-tants s’inquiètent que la répres-sion en cours à Hama, à Deraa et àIdlib passe inaperçue. A Hama, leCICR et le Croissant-Rouge syrienontfaitparvenir,lundi,descolisali-mentaires couvrant les besoins de12000personnes durant unmois.Aucunconvoi n’avait rejoint la vil-le d’un demi-million d’habitantsdepuis lami-janvier. p

ChristopheAyadet Laure Stephan (à Beyrouth)

«Nousdemandonsuncessez-le-feuhumanitaired’aumoins

deuxheuresparjour»SalehDabbakeh

porte-parole du CICR syrienAHoms, 64personnes ont étéretrouvéesmortes, lundi27février, tuées àun check-pointen tentant de fuir le quartier deBabaAmro, selondesmilitantslocaux. Ils affirment quedes fem-mesauraient également été kid-nappéesaubarrage, tenupar l’ar-méeet lesmiliciens pro-régime.Lundi, les violencesont causé125morts dans le pays, selondes

opposants. Par ailleurs, les auto-rités syriennes se sont félicitées,lundi, des résultats du référen-dumde la veille sur la nouvelleConstitution. Selon les chiffresofficiels, 57,4%des électeurssyriens se sont rendus auxurnes; 89,4%des votants ontvoté en faveur de la nouvellecharte.Washingtona dénoncé le«cynisme»du régime.

Urgencehumanitairepourlesassiégésd’HomsLesquartiers insurgés,pilonnéspar l’arméerégulièresyrienne,nereçoiventni ravitaillementniaidemédicale

L’UEàcourtdemoyenspoursanctionnerlerégimesyrienBruxellesBureau européen

L’Europe semble aubout de salogiquede sanctions en cascadecontre le régimesyrienmaisn’en-trevoit pas, à ce stade, commentelle pourrait contribuerd’uneautremanière à la findes violen-ces commisespar le régimeduprésidentBacharAl-Assad.

Lundi 27février, à Bruxelles, lesministresdes affaires étrangèresont, commeprévu, adoptéunnou-veau train demesures – le douziè-medugenre –pour tenter d’assé-cher lesmoyensde financementdeDamas. Après avoir visé le sec-teur industriel, le pétrole ou lesventesd’armes, les Vingt-Septontdécidéde geler les avoirs de la ban-que centrale syrienneen Europe,et de prononcerune interdictiondu commercedesmétauxpré-cieux, dont l’or. L’embargo sur lesimportationsdephosphates, unmoment cité commeuneautresanctionpossible, ne figurepasdans les conclusionsde lundi.

Un compromis a, d’autre part,été trouvé entre les capitales qui

prônaientune interdictiondetous les vols commerciauxet cel-les qui soulignaient le dangerd’une tellemesure: un embargovisera seulement les vols fret opé-réspar la Syrie, désormais inter-dits d’atterrissagesur le sol euro-péen. Cela préservera la possibili-té, pour les citoyens de l’Unioneuropéenne (UE) et d’autres étran-gers, de quitter éventuellement lepays à bordde vols civils.

Enfin, avec lesnomsdeseptministresajoutésaux listesprécé-dentes,quelque 160personnes,organisationsetentreprisessyrien-nesverrontdésormais leursavoirsgelésetnepourrontplusobtenirdevisas.

Cetensembledemesures«trèsfortes», commeleditAlain Juppé,

complétéparunappelà la fin«immédiate»desviolencesetaurespectdu travaildes journalistesétrangersaura-t-ilunréel impact?Plusieursministressemblaienteux-mêmesendouter. Et leuramertumese traduisaitpardescommentairesacéréssur le référen-dumconstitutionnelorganisédimanchedans lepays.«Unesinis-tremascarade», adénoncé, lundi,leministredesaffairesétrangè-resfrançais; certainsde ses collè-guesparlaientd’une«farce».

AuConseildesdroitsde l’hom-medesNationsunies, àGenève,M.Juppéaplaidéensuitepourunesaisinede laCourpénale interna-tionale (CPI).Unedémarcheelleaussi complexepuisqu’elledevrapasserpar leConseilde sécuritédel’ONU,Damasn’ayantpas signé laconventionquia créé laCPI.

Comptetenudurejetde l’op-tionmilitaire,qui, selonunemajo-ritéd’Etats, aggraverait la situa-tion, etdublocagepersistantauniveauduConseilde sécurité,où laRussieet laChinecampentsur leurposition intransigeante, les Euro-péenssemblent, en réalité, à court

demoyens. Ilsnepeuvent tablerquesur la capacitédemobilisationde l’oppositionou l’augmentationdesdéfectionsauseinde l’armée.Lundi, ils ont reconnuleConseilnational syrien (CNS) comme«représentant»desSyriens recher-chant«unchangementdémocrati-queetpacifique». Ils encouragentenfait l’oppositionàse fédérerautourduCNSet àdéfinirdes«mécanismesdecoordination»sous les auspicesde laLiguearabe.

Cettedernièreest, elle, encoura-géeà renforcersespressionssurDamasetpourrait, affirme l’UE,bénéficierde«soutienssupplémen-taires»à l’avenir. Lesquels?Cer-tainsdiplomatesavancent,avecbeaucoupdeprudence, l’idéed’unsoutienmilitaireetde formationauxforcesde l’opposition,par lebiaisdepayscommeleQatar, l’Ara-bie saouditeou laTurquie.Danscertaineszonesduterritoiresyrienouàses frontières.Uneoptionincluantaussiunappuientermesderenseignement,dedronesainsiqued’armesanticharset antiaé-riennes légères.p

Jean-PierreStroobants

L’opposition dénonce unmassacre à un check-point

Lors des funérailles de Syriens, tués, selon des opposants à Bachar Al-Assad, lors d’affrontements avec l’armée dans le quartier deKhaldiyé, àHoms, le 26février. REUTERS

LesVingt-Septontdécidédegeler

lesavoirsdelabanquecentralesyrienne

enEurope

6 0123Mercredi 29 février 2012

Page 7: journal le monde du 29-2-2012

international

Entretien

S évèrement battue aux élec-tions de l’Assemblée consti-tuante du 23octobre 2011 par

lepartiislamisteEnnahda,l’opposi-tion tunisienne tente de se recons-truire.Troispartis,lePartidémocra-te progressiste (PDP), Afek Touneset le Parti républicain ont annoncéleur fusionet tiendrontuncongrèsdu 17 au 19mars. Ahmed NejibChebbi, chef de file de l’oppositionà l’Assemblée et fondateur duPDP,était àParis, lundi 27février.Troismois après la formation dugouvernement, quel bilan dres-sez-vous?

Ce gouvernement estmajoritai-re,légitime,etilahéritéd’unesitua-tion peu enviable avec un blocageéconomique, une baisse des inves-tissementsetdes tensionssociales.Il n’en est pas responsable mais ilest làpourrésoudrelesproblèmes;or, il ne trouvepas la solutiond’ur-gence et cela participe au brouilla-ge. La Tunisie patauge. Le blocageéconomique développe les ten-sions sociales qui créent un climatpeufavorableauxinvestissementsqui, à leur tour, engendrent unesituationsécuritaire inquiétante.

Les Tunisiens ont voté pour laruptureavec l’ancien régime,maistroismois se sont écoulés sansquerien ne vienne, et l’exaspération arepris. On assiste à des signes detensionunpeupartout. Les jeunesont le sentiment que seule la pres-sion paie. Il ne suffit pas de lesempêcher de couper les routes, ilfautmettreenœuvreunprogram-me de développement régionalpourdésenclaverles régions,déve-lopper des activités agricoles tou-ristiques,etcréerunepolitiqued’al-locations de ressources qui encou-ragent lespromoteurset les indus-triels à investir. Il est grand tempsde résoudre les problèmes. Maispour cela, il faut «sentir» lepays.Comment jugez-vous les inci-dents qui opposent en cemoment Ennahda à l’Union géné-rale des travailleurs tunisiens(UGTT)?

Les syndicats qui s’étaient misun peu dans l’expectative sontobligés de prendre en charge lesrevendications sociales de leursmembres. L’UGTT ne peut pas fai-re la sourdeoreille sauf àperdresabase, d’autant qu’elle est désor-mais concurrencée par un autresyndicat. Le gouvernementsepré-sente comme la victime desmédias, des syndicats, de l’opposi-tion…Celan’aidepas beaucoup.Après le succès d’Ennahda, tousles partis, le vôtre compris, met-tent désormais en avant l’identi-té arabo-musulmane…

C’est incontournable. Nousassumonsnotre identité qui est leproduitdenotrehistoire,maispré-cisément cette histoire ne s’arrêtepas. Le problème n’est pas desavoir si nous sommes arabes ounon,mais si nous sommesmoder-nes ou pas? Nous voulons, nous,nous inscrire dans le sillage duréformisme tunisien, initié parKheireddine Pacha [grand vizir deTunisie au XIXe siècle] puis parBourguiba. Nous n’avons pas laprétentionde diriger la vie de l’in-dividu au nom d’une idéologie,comme les islamistes. C’est unedémarchequinous est étrangère.Les incidents avec les salafistessemultiplient. Comment réagis-sez-vous?

Ce qui s’est passé à côté de Sfax[après un accrochage meurtrieravec la police les 1er et 2février, dou-zehommesontétéarrêtésetprésen-tés par le ministre de l’intérieurcomme un réseau lié à Al-Qaida]montreque l’extrémismepeutfai-relelitduterrorisme.Lephénomè-nesalafistenepeutêtrequesociale-ment marginal mais politique-ment important. La plus grandevigilance est requise. Ennahda faitpreuve d’une réelle complaisanceà leur égard. Mais des tensionscommencent à se faire jour. A Jen-douba [où des heurts violents ontéclaté les 25et 26février], legouver-nement n’a pas pu rester untémoinpassif et impuissant.L’influenceduQatar vous inquiè-te-t-elle?

Elle ne m’inquiète pas, maiscommetous les Tunisiens, ellemedérange. Je n’ai pas de problèmesaveclesoutienduQatarà larévolu-tion, ou avec les accords de déve-loppement signés, mais s’il s’agitd’instrumentalisercetteaidepourfaire entrer la Tunisie dans songiron, oui, celamegêne.p

Proposrecueillis parIsabelleMandraud

InternetàTéhéran,delaToilemondialeauréseauirano-iranien

Imagesd’Iran (2/6)

P our la troisième fois depuisl’été2011,lesautoritésiranien-nes s’enprennent à la BBC en

persan.Lachaîneabeauêtre instal-lée à Londres et ne pas avoir debureau en Iran, ni de collaborateurofficiel, le bras des services de ren-seignements est long. Samedi25février, le Centre d’analyse descrimesorganisésdesGardiensde larévolution, surnommé Gerdab, aaccusé la chaîne par satellited’avoirmis surpiedunréseaud’es-pionnageen Iran.Unepremière.

Le communiqué du Gerdabdétaille les activités de cinq Ira-niens, sans citer leurnom.Mais lesrecoupements permettent d’iden-tifier trois journalistes et blo-gueursarrêtéscesdernièressemai-nes:ParastooDokouhaki,MarziehRasouli et Saham Borghani.MmeDokouhaki, ancienne journa-liste sans activité depuis la répres-sionde2009,aétérelâchéediman-che après six semaines de déten-tionàlaredoutableprisond’Evine.Sa famille a dû payer une cautionde 300millions de tomans

(180000euros).MmeRasoulia,elle,été relâchée lundi.

Début février, les services derenseignements iraniens avaientréussi à interroger par webcamuneemployée de la BBC enpersanvivant à Londres en faisant arrêtersa sœur, encore en Iran. Cette der-nière avait été forcée de faire desaveux devant une caméra en vued’un «documentaire» que prépa-rent les Gardiens de la révolution.La plupart des journalistes de laBBC en persan sont des exilésayant fui la répressionaprès2009.

Depuislacampagnedefermetu-remassive des journaux réforma-teurs, après les manifestationsmonstres de juin2009 contre laréélection contestée du présidentMahmoudAhmadinejad, les prin-cipales sources d’informationalternatives en Iran sont les chaî-nes satellitaires BBC et Voice ofAmerica, ainsi que la radio Farda,uneémanationdeRadioFreeEuro-pe. La DeutscheWelle a un serviceen persan, contrairement à RadioFrance Internationale qui a fermé

le sien. La radioZamanehest aidéepar le gouvernement néerlandais.En dehors des chaînes privées del’opposition en exil, à l’audiencelimitée, ces médias sont des chaî-nes publiques américaines ou bri-tanniques.Doncdes ennemis.

Tentatives de brouillageDès sa création, en janvier2009,

la BBC en persan avait reçu unaccueilmitigédesautorités.Larela-tionaviréà la franchehostilité lorsdes manifestations de juin2009.Une tension ravivée depuis la findel’été2011parlecontexteinterna-tional – Londres a joué un rôlemoteur dans l’imposition de sanc-tions contre l’Iran –mais aussi parladiffusiond’undocumentairesurleGuidesuprêmeAliKhamenei.

Peu après, six documentaristes,identifiés par leurs initiales,étaient arrêtés en tant que «mem-bres d’une cellule secrète ». Ilsn’avaientrienàvoiravecleportraitdeKhamenei, leur seul crimeétantd’avoiracceptéladiffusiondeleursœuvres, pourtant approuvées par

la censure iranienne, sur la chaînebritannique.Ilsont,depuis,étélibé-rés contred’exorbitantescautions.

La BBC fait régulièrement l’ob-jet de tentatives de brouillage deson signal sur Eutelsat, ce qui, enraison du coût, ne peut qu’être lefait d’un Etat. Quelle est la raisonde ce récent regain de tension? Lecontexte international assuré-ment et les menaces de guerre,mais aussi les luttes entre factionsultraconservatrices en Iran à l’ap-prochedes législativesdu 2mars.

La BBC en persan a notammentévoquérécemmentlapossiblesuc-cession de Mojtaba Khamenei, lefils aîné duGuide, au poste de sonpère. «Depuis deuxmois, une nou-velle campagne a été lancée contrela possessionde paraboles», ajouteRezaMoini,chercheuret responsa-bleIranàReporterssansfrontières.Les antennes paraboliques sontinterditesmais tolérées en Iran, augré de l’atmosphère politique. Encemoment, elle est tendue.p

ChristopheAyad(avecAssal Reza)

NéàTéhéranen 1970, AslonArfa a travaillépour des journauxetmagazines iraniens avantdedevenirphotographe indépendantLUNDI 16JANVIER,DESCLIENTSSE PRESSENTdansun cybercaféà Téhé-ran. L’accès à Internet fait l’objet de sévères restrictions et de coupuresrépétéesde la part des autorités iraniennes, qui envisagent la créationd’un réseau limité à l’Iran, prévuen juin. Les utilisateursde ce cybercafé

sontd’ailleurs obligésde présenterunepièce d’identité avantde pou-voir accéder auxordinateurs. Cemême jour, la Cour suprême iranienneavait confirmé la condamnationde SaïdMalekpourà la peine capitalepour«agitationcontre le régime» et «insultes contre l’islam».Ce concep-teurde sites Internet âgéde 35ans, résidentpermanent auCanada, avaitété arrêté le 4octobre2008, alors qu’il rendait visite à sa famille.

Six joursplus tôt, le 10janvier,MohammadSoleimaninia, le direc-teurdu siteU24, un réseau social professionnel iranien, créateur ethébergeurdeplusieurs sites d’associations et d’ONG, avait été arrêtédans la ville deKaraj. p ASLON ARFA POUR «LE MONDE»

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LaBBC,bêtenoiredupouvoiriranienTéhéranaccentue lespressions sur les journalisteset leurs famillesà l’approchedes législatives

«Nousn’avonspaslaprétentiondedirigerlaviedel’individuaunomd’une

idéologie,commelesislamistes»

«Ennahdaestcomplaisantaveclessalafistes»Tunisie:NejibChebbi, chefde filede l’opposition,déplore les tergiversationsdes islamistes

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Page 8: journal le monde du 29-2-2012

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Unagent de la police londonienne et son chien «renifleur» recherchent des personnes en possessionde drogue dans lemétro, au cours de l’opération Fallon, le 24 février. OLIVIA ARTHUR/MAGNUM PHOTOS POUR «LE MONDE»

international& europe

Reportage

LondresCorrespondance

T out se déroule en quelquessecondes. Quand le jeunehomme franchit le portillon

dumétro, le chien renifleur, tenuen laisse à proximité par une poli-cière,seprécipite,repérant l’odeurde drogue. Deux officiers en civil,méconnaissables au milieu de lafoule, avec leurs jeans et pulls,interviennent immédiatement,attrapant l’individu par les bras.Quelques instants plus tard, celui-ci est envoyé vers le fourgon depolice,tellementsurprisqu’iln’op-pose aucune résistance.

Toute la soirée du vendredi24février, à la sortie des métrosautour de Shoreditch, dans l’est deLondres, un quartier réputé pourses bars et boîtesdenuit, de jeunesbritanniques sont tombés dans lepiège de la même manière. Versminuit, 110 personnes avaient étéinterpellées,et11arrêtées,essentiel-lement pour possessionde droguede «classe A» (héroïne, cocaïne,LSD…).

L’opération «Fallon» était enmarche, fer de lance desméthodespolicières de Bernard Hogan-Howe. Le nouveau patron de Scot-land Yard a pris ses fonctions enseptembre et multiplie les opéra-tions coup-de-poing. Sa doctrine:«la police totale», une idée prochedela tolérancezéro inventéeàNewYorkpar le superflic américain BillBratton, lui-même conseiller dugouvernement britanniquedepuis l’été 2011.

Suivant cette logique, une àdeux fois par mois, la police deLondres met toutes ses forcesdansla luttecontreuncrimespéci-fique, mobilisant jusqu’à 5000hommes en même temps. SelonM.Hogan-Howe,auphysiqueaus-si sec et dur que sa doctrine,mieux vaut intervenir de façonspectaculaireplutôt que de diluerl’effort: celamarque les esprits eta un effet dissuasif.

C’estainsi qu’il s’enestpris auxbars et boîtes de nuit qui vendentde l’alcool sans licence, aux voitu-res sans assurance, et amené une«purge» contre les cambrioleurs

juste avant Noël. Le tout avec ungoût prononcé pour les interven-tions spectaculaires. «Cela doitêtre très visible : nous faisonsautant de publicité que possible»,explique le commandant Ste-phenWatson, chargé de ces gran-des opérations.

Fouille corporelle complèteL’opération Fallon, vendredi

soir,nedérogeaitpas à la règle. Lespersonnes interpellées n’étaientpas conduites au commissariatmais dans une immense tente de25mètresde long, installéepour lanuit dans une rue à proximité desbars. A l’intérieur, elles passaientchacune dans une cellule à l’abridesregards,pourunefouillecorpo-relle complète.

En même temps, dans une ruevoisine, une autre patrouille, gyro-phare allumé et radar repérant lesplaques d’immatriculation, détec-te les voitures listées sur desfichiers de suspects. Quand deuxvoituresde sport flambantneuves,moteurs rugissants, sont arrêtées,cinq jeunes en descendent : nonassurés, ils rentrent à pied… Danscesopérationscoup-de-poing,Scot-

landYardviseàchaquefoisunpro-blèmeplusgénéral.

«Dans 80% des cas, les voituressans assurance sont conduites pardes gens qui ont un casier judiciai-re», expliqueM.Watson.Demême,ladrogueestsouventliéeàd’autresdélits–pourlesdealers–tandisqueles consommateurs sont plus sou-vent victimes de vols et d’agres-sions. Est-ce efficace? A très courtterme, les chiffres sont éloquents,avec une réduction de moitié descrimes pendant la nuit de l’inter-vention.Maisà long terme, cen’estpour l’instantpasprouvé.

M.Hogan-Howe met en avantsonsuccèsàLiverpool,oùiladirigéla police de 2005 à 2009, et où lesstatistiquesdescrimesetdélitsontfortementbaissé.Mais Londres estunevillebeaucoupplusgrandeetilest difficile de s’y concentrer quar-tier par quartier, comme il l’avaitfait dans le nord de l’Angleterre. Lesuperflicde la capitale britanniquedoit encore faire sespreuves.p

EricAlbert

n Sur lemonde.frvoir le portfoliosur l’opération Fallon

BuenosAiresCorrespondante

C ’était prévisible. Tel est lecommentaire des médias,des syndicats et des usagers

après l’accident ferroviaire qui afait51mortset703blessés,mercre-di 22février, dansunegaredeBue-nos Aires. Alors qu’une enquête aétéouverte, lesobservateurspoin-tent les défaillances de la compa-gnieprivéeTrainsdeBuenosAires(TBA) et celles du gouvernementdans samissionde contrôle.

Lundi27février,aprèsplusieursjoursde silence, laprésidenteCris-tinaKirchnerademandéquelajus-tice se prononce rapidement pourdéterminer les responsables, affir-mant qu’elle «n’hésiterait pas àprendre toutes les décisions néces-saires». L’Etat s’est porté partiecivile,auxcôtésdesvictimes,maisn’a pas résilié le contratde TBA.

Le train qui n’a pas freiné avaitplusde50ansd’âge. Il transportait2000personnes, soit le double desa capacité. Il y a sixmois, un acci-dent sur la même rame, qui des-sert la banlieue pauvre de l’ouestdeBuenosAires, avait fait 11mortset 212blessés.

Entre2002et2008, l’auditgéné-ral de la nation avait émis quatrerapports avertissant du non-res-pect des normes élémentaires desécurité et de maintenance destrains, et alertant sur « les risquespour les usagers». Le machinisteaffirme avoir averti qu’il avait desproblèmes pour freiner. TBA rejet-te ce témoignage suggérant une«erreur humaine» du jeune hom-me.Descheminotsaffirmentavoirrégulièrement dénoncé des faillesmécaniques et avoir été sanction-nés s’ils refusaient d’opérer sur lestrains. Les syndicats ne sont pasau-dessusde tout soupçon.

L’opposition parle de corrup-tion.Unjuge,prochedugouverne-ment, vient de déclarer la nullitécomme preuves de courriers élec-troniques qui renforçaient lesaccusations pesant sur l’anciensecrétaire d’Etat aux transports,RicardoJaime–quiadûdémission-ner,en2009,aprèsavoirété impli-quédansquinzeaffairesdecorrup-tion. Parmi elles, l’usage d’unavion privé aux frais de TBA, dontles propriétaires, alliés du gouver-nement, exploitent plusieursconcessionsde transport public.

Projet de TGV abandonnéLes Argentins se plaignent des

conditions de sécurité à bord detrains vétustes et bondés, certainsvoyageurs sont contraints de setenir sur les marchepieds ou surles toits. Parfois, ils protestent encoupant des voies ferrées ou enincendiantdeswagons.Trois joursaprès l’accident, la découvertedans une voiture du 51e cadavre–un jeune homme de 20 ans – aamplifié la colère: la gare aété sac-cagéepar desmanifestants.

L’Argentine avait le meilleurréseauferroviaired’Amériquelati-neetl’undesplusétendusdumon-de.Ilaétéprivatisédanslesannées1990 par le président péronisteCarlos Menem (1989-1999). Ledémantèlement des trains acondamné à l’isolement les popu-lations de province. A son arrivéeau pouvoir en 2003, le péronisteNestor Kirchner avait promis lanationalisation des trains. Maispar la suite, les Kirchner s’étaiententhousiasméspour leprojetd’untrain à grande vitesse (TGV) sur700km.Chiffréà2,5milliardsd’eu-ros, le projet a été abandonné faceauxcritiques rappelant ledélabre-mentde l’ensembledu réseau.p

ChristineLegrand

Polémiqueaprèsl’accidentdetraindeBuenosAiresLeserrementsde l’Etat et la corruptionsontpointéspar lesusagerset lesmédias

La police a démantelé, dans lanuit du lundi27 aumardi28février, le campement instal-lé depuis plus de quatremoisdevant la cathédrale Saint-Paul,à Londres, par desmilitantsaltermondialistes. Les forces del’ordre ont arrêté 20 personnesmais jugé que l’opération avaiteu lieu «largement dans le cal-me». Organisé commeun villagealternatif, le campétait installé

depuis le 15octobre 2011 devantSaint-Paul, un des hauts lieux dutourismedans la capitale britan-nique, en plein cœur de la City, lequartier des affaires de Londres.LaCour d’appel d’Angleterreavait approuvé le 22févrierl’éviction du campement, qui aaccueilli jusqu’à 200 tentesdans la foulée dumouvement«OccupyWall Street» lancé auxEtats-Unis.– (AFP.)

Présidentielle auSénégal

M.WadeévoqueunsecondtourDAKAR. Leprésident duSénégal, AbdoulayeWade, a reconnu implicite-ment, lundi 27février, au lendemaindupremier tourde l’électionprési-dentielle, et alors que les premiers résultats étaient connus, unpremieréchecdans sa course àun troisièmemandat, en affirmantque «les ten-dances lourdes [le] classent en tête avec 32,17% et 25,24%pour [son] sui-vant», son ancienpremierministreMacky Sall. Il affirmait jusque-làpouvoir gagnerdès le premier tour du scrutin.Mêmes’il a voulu entre-tenir la flammedans sondiscours à la nation – «tout est encorepossi-ble: victoire [au premier tour]ou second tour» –, le «Vieux» commel’appellent les Sénégalais, âgéde 86 ans et aupouvoir depuis 2000, seraprobablementcontraint de livrer, finmars, un combat incertain face àun large front d’opposition.p ChristopheChâtelot

AllemagneBeateKlarsfeld candidate à la présidenceBERLIN.Die Linke, le parti de la gauche radicale allemande, a annoncé,lundi 27février, que la Franco-AllemandeBeateKlarsfeld, 73ans, seraitsa candidate à la présidencede la République le 18mars. Elle n’a aucunechanced’être élue à ce poste honorifique, tous les autres partis s’étantmis d’accord sur lenomde JoachimGauck, unpasteurde 72 ans ancienopposant à la dictature est-allemande.MmeKlarsfeld s’est dite «hono-rée»,même si elle reconnaît ne pas partager les analyses deDie Linke,notamment sur Israël. BeateKlarsfeld est célèbrepour la traquedenazis qu’elle amenée avec sonmari, SergeKlarsfeld, et pour avoir, en1968, giflé le chancelierKurt-GeorgKiesinger, anciennazi. – (Corresp.)

EspagneLe jugeGarzon acquitté dans l’affairedes disparus du franquismeMADRID. Le jugeBaltasarGarzon, accusédeprévaricationdans l’affairedesdisparusdu franquisme, a été acquitté, lundi 27février par le Tribu-nal suprême.Cettevictoirene change rienausort dumagistrat, condam-né le 9février àonze ansd’interdictiond’exercerpourdes«écoutes illé-gales»dansune enquête surun réseaude corruption. – (Corresp.)

Haïti L’ancien président Aristide est accusé de traficde drogue et de corruptionPORT-AU-PRINCE.Deuxplaintes, pour traficdedrogueetmalversation,ontétédéposées, lundi 27février, contre l’ancienprésident Jean-Ber-trandAristide, rentré enHaïti enmars2011 après sept ansd’exil. Ledos-sier vise égalementunedizainede ses anciens collaborateurs. – (Corresp.)

EquateurPardonprésidentiel pour un journal condamnéQUITO. Leprésidentéquatorien,RafaelCorrea, a accordésagrâce, lundi27février, aux responsablesdu journalElUniverso, condamnésà trois ansdeprisonet40millionsdedollarsd’amendepour injureau chefde l'Etat.«Unandeprocédureamalheureusementpermisà lapolarisationde s’ag-graver, a déclaré l’organisationReporters sans frontières. – (EFE, AFP.)

A moins d’un grain de sablediplomatique, la Serbiedevrait d’ici à la fin de la

semaine se voir octroyé le statutde candidat à l’Union européenne(UE), une étape indispensableavant l’ouverture de négociationsd’adhésion. Soutenue par la Fran-ce, cette perspective a longtempsété bloquée par l’Allemagne, quiconditionnait tout feu vert à desprogrès en matière de dialogueentrelaSerbieetleKosovo,ancien-ne province serbe dont Belgraderefusetoujoursdereconnaîtrel’in-dépendance,proclamée en 2008.

A portée de main, la décisionétait cependant suspenduemardi28 février au matin – avant unenouvelle réunion des ministresdes affaires étrangères des Vingt-Sept – à l’ultime opposition dedeux Etats membres de l’UE : laRoumanie, soucieuse d’obtenirdesgarantiespourlaminoritérou-maine de Serbie, et la Lituanie,furieuse de voir ce pays présenteruncandidatpour lepostedeprési-dent de l’Assemblée générale desNations unies, qu’elle convoite.Cette double opposition pourraitobligerchefsd’Etatetdegouverne-ment à se saisir du sujet lors duConseil européen des 1er et 2marssi la situation n’était pas déblo-quéemardi.

Pour le reste, les Vingt-Septconsidèrent que la Serbie a rempli

les ultimes conditions posées àl’obtention du statut de candidat,même si, à ce jour, aucune daten’est encore fixée pour l’ouvertu-re des négociations. Le dialogueentre la Serbie et le Kosovo pro-gresse, en particulier sur deuxquestions sensibles : la participa-tion de Pristina aux réunionsrégionales dans les Balkans, et lagestion de leurs postes-frontièrescommuns.

«Des conditions avaient étéposées. Elles sontmaintenant rem-plies », a insisté le ministre des

affaires étrangères français, AlainJuppé, lundi à Bruxelles. Unconstatdésormaispartagéparl’Al-lemagne.

Pour les capitales européennes,le rapprochement entre Belgradeet son ancienne province estd’autant plus indispensable qu’el-les seméfient d’avoir à gérer, dansla perspective d’une intégrationprogressive des pays des Balkansoccidentaux, les conflits issus del’éclatementde l’ex-Yougoslavie.

Déjà, la Slovénie, membre del’UEdepuis2004,avaitbloquépen-dant plusieurs mois les négocia-tions d’adhésion menées avec laCroatie en raison d’un différentfrontalier maritime: les pourpar-lers n’ont pu reprendre, pour êtreclos à la fin 2011, qu’en échange delapromessed’unarbitrageinterna-tional, toujours en cours.

Numéro d’équilibristeLecontextepolitiqueserbejoue

un rôle important. La montée enflèche de l’euroscepticisme à Bel-grade a convaincu les Européensqu’il fallait donner des gages auxforces pro-européennes : débutjanvier, seuls52%descitoyensser-bes se disaient prêts à voter «oui»à un référendum sur l’intégrationeuropéenne. Un nouveau reportde la décision, après le refus dedécembre,risque,selonlespromo-teurs de la candidature, de renfor-

cer les partis nationalistes antieu-ropéens,à l’approchedesélectionslégislativesquidoiventse tenir finavril ou débutmai. «En accordantà la Serbie le statut de candidat,l’Europefaituncadeauauxforma-tions pro-européennes», le Partidémocratique (DS) du présidentBoris Tadic et le Parti progressiste(SNS) de Tomislav Nikolic, estimeBoskoJaksic,commentateurpoliti-que auquotidienPolitika.

Un diplomate français confir-mequ’il est nécessairede«confor-ter le président Tadic, un interlocu-teur fiable et sincèrement engagésur lavoieeuropéenne»maisaffai-bli par la crise économique sévèrequifrappelaSerbie,oùlechômageatteint 25%.

A Bruxelles, M.Tadic a eu beaujeu d’affirmer que l’accord en vueconfortait le slogan de son parti :«Autant l’Europe que le Kosovo».Longtemps, ce numéro d’équili-briste entre les concessions à l’Eu-rope et les exigences de fermetévis-à-vis de l’ancienne province aparumener àune impasse.

« Sans les gages donnés parBruxelles, ajoute Bosko Jaksic, laprochaineétape,celled’unerecon-naissance inéluctable du Kosovo,serait tout bonnement inenvisa-geable.»p

PhilippeRicard(bureaueuropéen)etBenoît Vitkine

Le campement des «indignés» londoniens démantelé

Londrespasseàl’heuredela«policetotale»BernardHogan-Howe,nouveaupatrondeScotlandYard,multiplie lesopérationscoupsdepoing

50 km

BOSNIE-HERZÉGOVINE

ALBANIE

HONGRIE

ROUMANIECROATIE

MACÉDOINE

BULG

ARIE

Belgrade

MerAdriatique

MONTÉNÉGROKOSOVO

SERBIE

Boris Tadic

Mirko Cvetkovic

7,3millions

77 474 km2

Président

Premierministre

Population (hab.)

4661,1 eurosPIB/hab. 2011

Superficie

LaSerbieestenpassed’obtenir lestatutdecandidatàl’UnioneuropéenneBruxellesconsidèrequeBelgradea rempli sesobligationsenengageant ledialogueavec leKosovo

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Syndicat des Biologistes • 11, rue de Fleurus • 75006 Paris • www.sdbio.eu • [email protected]

Paris, le 28 février 2012

Lettre ouverte àMonsieur le Président de la République

Laisserez-vous mourir la biologie médicale de proximité ?

Monsieur le Président,

Dans le cadre de la définition puis de la mise en place d’une nouvelle politique de santé visant à maintenir les équilibres financiers de notre système de soins,gage de sa pérennité, votre gouvernement a engagé, au cours de la législature qui s’achève, une réforme en profondeur de la « biologie médicale ».

Elle a connu son point d’orgue avec l’Ordonnance du 13 janvier 2010 et a pour ambition de faire de notre profession l’une des plus performantes, desplus efficaces et, budgétairement l’une des plus efficientes des pays développés – un modèle à l’échelle européenne – tout en conservant l’essence de nosvaleurs : être au service de nos patients tant dans le secteur public que privé. Il s’agit d’une restructuration complète de la Biologie médicale,tant à l’hôpital qu’en ville.

Notre volonté de participer activement, forts de ces valeurs, à cette démarche ne s’est jamais démentie. Chaque fois que cela était possible, nous avons militépour le renforcement du caractère médical de notre discipline qui permet de maintenir le patient au cœur de cette politique moderne de santé.

A ce titre, les biologistes médicaux participent à l’animation des territoires de santé, assurent effectivement la « permanence des soins », sont des acteurs majeursde la sécurité sanitaire. Les Biologistes médicaux libéraux accueillent, chaque jour, dans leurs laboratoires 350 000 de nos concitoyens, interviennent dans prèsde 70% des diagnostics médicaux ; leurs confrères biologistes hospitaliers sont, pour leur part, les piliers des établissements de soins.

Certes, le texte de l’Ordonnance, par son ampleur, ne pouvait, dans sa rédaction initiale, être parfait. Il est rapidement apparu à l’ensemble des acteurs que desaménagements seraient nécessaires.

Il convenait notamment de corriger les imperfections qui permettent, encore aujourd’hui, à des fonds financiers spéculatifs, dont les préoccupations sontmanifestement étrangères à la santé publique, de faire main basse sur notre secteur. La « rationalisation économique » qui les pousse, chaque jour d’avantage,au regroupement des plateaux techniques et éloigne les patients de cette « offre de soins » ne permet déjà plus, ici ou là, essentiellement dans certains territoiresruraux ou semi ruraux, de faire face à des urgences – la genèse de risques sanitaires majeurs. Un fait : ces fonds d’investissement détiennent 30% des laboratoiresde biologie médicale. Il y a deux mois, ils n’en détenaient que 25%.

Il est aussi apparu nécessaire de mettre en place des outils modernes et éthiques de financement, propres à faciliter la transmission de nos structures aux jeunesprofessionnels dans des conditions décentes et performantes et permettre les très lourds investissements induits par cette réorganisation et le mécanismed’accréditation.

Les biologistes médicaux se sont engagés avec force et détermination sur ce chemin, avec votre soutien et celui de votregouvernement, assurés que ces aménagements seraient adoptés avant la fin de cette législature.A cet effet, un dernier projet - étranger aux querelles partisanes - a été récemment adopté à l’Assemblée Nationale sous l’impulsion des groupes UMP etNouveau Centre. Lors de la dernière Conférence des Présidents du Sénat, la représentante du groupe UMP a clairement rappelé son soutien au texte. Le rôleconstructif du parti socialiste a été apprécié par les biologistes médicaux. Le groupe EELV s’est associé à cette démarche. Le groupe communiste, vient, lui aussi,d’apporter un soutien ferme à cette proposition de loi.Donc, un consensus existe.

Dans un courrier daté de ce mois, votre chef de cabinet, M. Guillaume Lambert, nous a réaffirmé, et à travers nous, l’ensemble des biologistes médicaux français,votre volonté dans des termes non équivoques : “… le Chef de l’Etat et son Gouvernement apportaient leur soutien à la proposition de loi portantréforme de la biologie médicale…”.Pourtant, alors que ce texte bénéficiant d’un large consensus, a été voté le 26 janvier dernier à l’Assemblée Nationale, celui-ci n’est toujours pas inscrit à l’ordredu jour du Sénat.

S’agissant d’un sujet de santé publique, sauf à vouloir ménager certains intérêts particuliers, ce que nous ne pouvons nousrésoudre à envisager, nous ne comprenons pas la raison de l’embarras de certains membres du gouvernement à interveniractivement en faveur de son adoption.Profondément inquiets, les biologistes médicaux libéraux et hospitaliers sont donc contraints, aujourd’hui, de s’en remettre à votre sagesse et à votre autoritépour qu’il soit voté avant la fin de la législature.

Il y a urgence !Nous comprenons que vous entendiez être jugé sur des faits, sur votre capacité à donner corps à vos fortes convictions. L’occasion vous en est ici donnée. Laquestion est simple : souhaitez-vous, alors que l’achèvement de ce chantier - que vous avez initié - n’a jamais été aussi proche, échouer si près du but ?

Votre action sera votre réponse,Monsieur le Président.....

François Blanchecotte Président du Syndicat des Biologistes

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A Johannesburg, le centre Elton-John-Masimbambisane aide, par exemple, des familles de très jeunes parents. NADINE HUTTON POUR «LE MONDE»

Reportage

JohannesburgCorrespondance

A u centre Elton-John-Masi-bambisane, Berdinardino aretrouvélaparole. Il yacinq

ans, il l’avait quasiment perdue.Sous ses yeux, alors qu’il n’avaitque10ans, il avusonpapafrappersamaman. Tellement fort que cel-le-ci en a perdu la vie. Son pères’est retrouvé derrière les bar-reaux, et Berdinardino dans lesbras de sa grand-mère qu’il aimebien,mais qui boit trop.

Le centre, c’est son «autremai-son». Il y court à la mi-journéequand l’école est finie. A table,devant une assiette de pap(bouilliedemaïs locale) etdedeuxoutroismorceauxdebœufensau-ce, il parle avec ses amis.Tous sontsoitorphelins, soit«vulnérables» :ils n’ont plus qu’unparent.

Selon les après-midi, il fait sesdevoirs, danse, chante ou joue auballon. «Ici, si j’ai un problème, onm’écoute, on m’aide, confie-t-il.J’apprends surtout ce qu’il ne fautpas faire : boire de l’alcool, fumerde la drogue, voler des téléphonesportables.»

A Eldorado Park, un quartiersituéausuddeSoweto, l’immensebanlieue noire de Johannesburg,lecentreElton-John-Masibambisa-ne a été officiellement inauguréparlechanteuranglaisen2005.Enlangue zouloue, «masibambisa-ne» signifie «marchons ensem-ble».

L’anciennecrèchea été rénovéepar la JohannesburgChildWelfareSociety, une association financéemajoritairement par le gouverne-ment, qui aide près de40000enfantsenAfriqueduSud.Sur le papier, le centre accueille200 bénéficiaires par jour. Ce lun-di 27février, ils sont environ 150,

des plus petits, âgés de 2 ans, auxplus grands, 18 ans.

«Notre objectif, c’est de prendresoindecesenfantsfragilisésetd’évi-ter qu’ils finissent dans la rue, résu-meMatomeMokgoloboto, l’undesresponsables.Enville,c’estplusdiffi-cile qu’à la campagne car cesgaminssontexposésàplusdetenta-tions, de dangers.» En un siècle, lapopulation urbaine sud-africaineestpasséede23%à57%.

Dans la rue Ametes qui longe lecentre, on trouve au fond d’une

cour un liquor store (un magasinqui ne vend que de l’alcool), et unpeu plus loin, à peine dissimulé,une «maison de la drogue» quivenddunyaope, unmélange d’hé-roïne, de dagga (du cannabis) etd’antirétroviraux.

Au numéro9, Caroline Acker-man, mère célibataire de troisenfants, fait partie des 20% à 30%des habitants du quartier qui onttrouvéun travail. De son atelier decouture, elle ne rentre que vers17h30. «Au centre, je sais que mes

enfants sont en lieu sûr». Puis ellefondenlarmes.«Jenesaispascom-mentje feraisanseux,chaquemois,le centre nous donne un panier denourriture, du savon, et aussi descouvertures, des vêtements, deschaussures.» Sa plus grande fierté:sa filleaînéequi est à l’université.

ASlovoPark,unbidonvillejoux-tant Eldorado Park, Alina Mofo-keng vit dans un shack, sa maisond’une vingtaine de mètres carrés,auxmurs en tôles et privée d’élec-tricité. Cette grand-mère a plus de

70ans. Laissant derrière elle uneadolescente de 17 ans, la fille d’Ali-na est morte d’«une cause nonnaturelle»,comprenezdusida.Cet-temaladie qui est encore stigmati-sée dans le pays a brisé plusieursmillionsdefamillessud-africaines.

Sur les genoux d’Alina, uneautre petite fille : Girly, 4ans. Samèreestà l’hôpital,elleaussimala-de, tout comme son père qui n’apour l’instant pas eu besoin d’êtrehospitalisé. «Comment voulez-vous qu’à mon âge, je réussisse à

m’occuper de tout le monde? Jevieillis, je faiblis, j’ai de la tensionartérielle.» Sa pensionde 110 eurosversée chaquemois par le gouver-nement fait vivre toute la famille.

Alinane laissepas lapetiteGirlyjouerseuledehors,mêmependantla journée. L’enlèvement d’unenfant l’an dernier retrouvé à1500kilomètresde là, auCap, han-telacommunauté.Alinas’inquiètesurtoutpourlagrandefille,Tshipe-so: «Après l’école, elle rentre tard lesoir,il faitsombre.Etsielleétaitatta-quée? Et si on la violait? Et si on latuait? Toutpeutarriver ici.»

Assistante sociale au centre,Queen Mphahlele résume la viedans les bidonvilles à «une luttepoursurvivrepartous lesmoyens».L’un d’entre eux ? La quête de«sponsors» pour les filles, parfoisdès l’âge de 14 ans, qui abandon-nent alors l’école. «Encouragées

parfois par leurs parents, elles sor-tent avec un hommeplus âgé, cou-chent avec lui, et en échange, celui-ci lui achète des fringues, des pro-duits de beauté. Les abus sexuelssont fréquents.»

Les grossesses précoces aussi. Sicela arrive au centre Elton-John-Masibambisane, la jeune fille estexclue.«Lorsdepetitscours,onleurenseigne qu’il faut attendre le bonmoment, qu’elles aient fini l’écolepour ne pas ruiner leur vie», expli-queMatomeMokgoloboto.

Mais le formateur ne sous-esti-mepas latâche:«Ilyacequ’onleurdit ici, et cequ’il voit et cequi sepas-se chez eux. C’est la bataille entredeuxmondes dans laquelle il nousestdifficilede sortir vainqueur.»

Pressé d’aller taper dans le bal-lon sur le terrain à côté, Berdinar-dinopenseavoirchoisisoncamp.Ilsera footballeur «pour gagner del’argent et en donneraux enfants».Et s’il n’y arrive pas? «Je serai avo-catpour résoudre lesproblèmesdesgens.» p

SébastienHervieu

planète

Marc Voinchet et la Rédaction6h30/9h – du lundi au vendredi

Retrouvez la chronique«Les Faiseurs de culture»par Laurent Carpentiermercredi à 8h50 jusqu’au 15 avril.

franceculture.fr en partenariat avec

Descentainesdemillionsd’adolescentspiégésparleslumièresdelaville

Lesidaabriséplusieursmillions

defamillessud-africaines

La«luttepourlasurvie»desenfantsdeSowetoDansle townshipde Johannesburg,uneassociations’occupedes jeunes livrésauxmultiplesdangersde laville

L’ALERTEESTLANCÉE.Enpubliant, le 28février,un rapportsur«Les enfantsdansunmondeurbain», le FondsdesNationsuniespour l’enfance (Unicef)appelle les Etats à«redoublerd’ef-fortspourvenir enaideauxcentai-nesdemillionsdemoinsde 17ansqui viventdansdes taudisurbains»et quin’ontpasaccèsàl’électricité, à l’eaupotable, à l’édu-cationouauxservicesde santé…

Pour l’Unicef, l’imageclassiquede l’enfantafricainsous-alimentéquivitdansunpetit village ruralnedoitpasocculter lemodèlequisedessineaujourd’hui: l’urbanisa-tiondumondeetavecelle son lotdedéracinésetdemineurs isolés.Unhumainsurdeuxvitdésor-

maisenville.Chaqueannée, lapopulationurbainemondialegagneprèsde60millionsd’habi-tants: en2050, septpersonnessurdixvivrontdansdescités, petitesougrandes.Certes, desmillionsd’enfantsprofitent des avantagesde la vie urbaine.Mais pour beau-coupd’autres, l’attrait des lumiè-res de la ville devient vite synony-mede conditions insalubres, quifavorisent la transmissiondemaladies, notamment la pneumo-nie et la diarrhée, les deuxprinci-pales causesdemortalité chez lesenfants demoinsde 5ans à tra-vers lemonde.

Commel’indiqueaussi l’Unicef,les«flambéesde rougeole,de tuber-culoseetd’autresmaladiesévita-

blespar la vaccinationsontégale-mentplus fréquentesdans lesbidonvilleset les taudis où la densi-téde lapopulationest très élevéeetles tauxde vaccination très fai-bles».AuBangladesh, par exem-ple,uneétudemenéeen2009montreque le tauxdemortalitédes enfantsdemoinsde 5ansquihabitentdansdes taudis est de79%plusélevéque celuimesuréenmoyennesur l’ensembledesvil-lesdupays, et de44%supérieuràcelui relevédans les campagnes.

Selon lesdernièresestimationsdesNationsunies, 215millionsd’enfantsde5 à 17 ans sontcontraintsau travail, 115millionsd’entreeuxexerçantmêmeuneactivitédangereuse.

L’attrait de la ville conduit aus-si de plus enplus d’enfants àmigrer tout seuls, à l’intérieur deleurpays. Selon l’Unicef, unenfant (12-14 ans) sur cinqquitte-rait son foyer pour rejoindre la vil-le, sans ses parents. Et cette pro-portiongrimpeàunenfant surdeuxpour les 15-17 ans.

Cesmineurs isolés sontparticu-lièrementexposés à l’exploita-tion, aux trafics et auxmauvaistraitements. L’Unicef insiste sur laconditiondes enfants romsdeRoumanie: seulement46%desRomsâgésde 12 ans sont scolari-sés pendantplusde quatre ans,contre83%pour l’ensemblede lapopulation.p

Marie-BéatriceBaudet

LacrisehumanitairemenaceMadagascaret leMozambiqueBalayéspar lescyclones, lesdeuxpays tententdevenirenaideauxvictimesetauxsinistrés

Durban

Le Cap

Johannesburg

AFRIQUEDU SUD

Pretoria

NAMIB IEBOTSWANA

LESOTHO

SWA.

MOZ.

Z IMBABWE

OCÉAN INDIEN

O.AT

LANTIQ

UE

400 km

Soweto

Moinsde 18 ans2,201 milliards

dont moinsde 5 ans0,633 milliard

Plus de 1 milliardde moins de

17 ansvivent en zone

urbaine

POPULATION MONDIALE

TAUX D’URBANISATION GLOBAL

50 %

SOURCE : UNICEF 2010

6,8 milliardsd’individus

JohannesburgCorrespondance

U n nouveau cyclone, Irina, atouchéMadagascar diman-che 26 février, faisant au

moinsunmort.Ilfaitsuiteaupassa-ge, le 14février, du cycloneGiovan-na, qui a officiellement fait32morts, 245blessés et près de250000sinistrés. Le bilan définitifne sera pas connu avant plusieurssemaines. Vendredi, seulement169communes sur les 686 qui ontété balayées par des vents de plusde 200km/h avaient réussi à four-nirundécompte.

Le cyclone tropical Giovanna atraversé d’est en ouest la GrandeIle, en frappant la capitale, Antana-narivo. Routes, ponts, installationsélectriques: les dégâts matérielssont importants, notammentdans

la province du port de Toamasina.Quelque 45000habitations ontété totalement détruites et desdizaines de milliers de Malgachesn’ont plus de toit. Des opérationsd’urgence sont en cours pour four-nir eau potable, vivres et biens depremière nécessité aux habitants.Des campements ont été installéspouraccueillir les sans-abri.

Les autorités estiment que lebilan aurait pu être plus grave.«Notre niveaude préparation étaitassezélevé[desexercicesdesimula-tion auprès de la population sontrégulièrementorganisés]pourlimi-ter les dégâts potentiels», a expli-qué Louis de Gonzague Rakotoni-rainy, secrétaire exécutif duBureaunational de gestion des ris-ques et des catastrophes (BNGRC)deMadagascar. Il compareGiovan-na à Geralda, un cyclone qui avait

fait plus de 230morts en 1994. Sonintensité avait été mesurée à 7 surl’échelle de Dvorak (qui comptehuit échelons), alors que celle deGiovannaaatteintà6,5.

Chaque année, Madagascar estvictimede la saisoncycloniquequidure de novembre à février. Début2011, le cycloneBingizaavait faitaumoins34morts.

Appel d’urgence aux donsFaisantfaceàlaGrandeIle, sur la

côte est du continent africain, unautrepaystrèspauvre,leMozambi-que, a aussi été durement touché.Deux cyclones, Dando et Funso,ont balayé ses côtes entre le 18 et le26 janvier, faisant au moins40morts et près de 120000sinis-trés, selon le dernier bilan du gou-vernement.En2000, lecycloneEli-neavait tuéplusde700personnes.

Lesvictimesontéténoyées,élec-trocutées ou tuées par l’effondre-ment de leurs maisons. Au centredu pays, la province du Zambèzeest la plus meurtrie. Les inonda-tions ont détruit des routes et desponts. Environ 100000hectaresde cultures ont été ravagés alorsque80%desMozambicainsdépen-dentdes culturesvivrières.

LaCroix-Rouge a lancéun appeld’urgenceauxdons. «Plus tôt nousfournirons de l’aide, mieux nouspourrons éviter une crise humani-taire et alimentaire, note AmericoUbisse, secrétairegénéral de l’orga-nisation auMozambique. La situa-tionest aggravéepar ladestructiondes installationsd’eauetd’assainis-sement,quifaitplanerlamenacedela propagation du paludisme, ducholéraetde ladiarrhée.»p

S.H.

10 0123Mercredi 29 février 2012

Page 11: journal le monde du 29-2-2012

planète

D epuis huit ans, ses travauxsur lescellules souchesova-riennesrestaientcontrover-

sés. Le biologiste américain Jona-than Tilly (Massachusetts GeneralHospital, Boston) a publié, diman-che26février,surlesiteInternetdela revueNatureMedicine, unenou-velleétudemontrant,chezdesfem-mes adultes, l’existence de cellulessouches germinales capables de setransformerenovocytes.Un résul-tat qui, selon ce chercheur, ouvrede nouvelles perspectives pourretarder la ménopause ou traiterd’autres infertilitésféminines liéesparexempleàunechimiothérapie.

Le dogmeenvigueurdepuis lesannées 1950 était que les femmesnaissentavecuneréserved’ovocy-tes (200000à 400000 par ovai-re,austadeditdefolliculesprimor-diaux) et que ce stock décroît pro-gressivement avec l’âge. En 2004,JonathanTilly avait seméunepre-mière fois le doute avec des expé-riences suggérant que les ovairesde souris adultes pouvaient fabri-querdesovules àpartir de cellulessouches ovocytaires. Sa démons-trationn’avaitpasfait l’unanimitéchez les spécialistes dudomaine.

Cette fois, l’équipe américaine atravaillé à partir d’ovaireshumains, prélevés chez six fem-mesopéréespour changerde sexe.Dans un premier temps, les biolo-gistes ont isolé les cellules souchesovariennes grâce à un marqueurprotéique,puisilslesontgénétique-mentmodifiéespourqu’ellesexpri-ment une protéine fluorescenteverte. Les précieuses cellules ont

été ensuite injectées dans du tissuovarienhumain,etl’ensembleaétégreffé sous la peau de souris. Deuxsemainesplus tard,desovocytessesontdéveloppésauniveaudugref-fonetcertainsétaient fluorescents,ce qui prouve qu’ils étaient bienissusdes cellules souches.

Ces ovules seraient-ils féconda-bles? Jonathan Tilly, qui a fondéune firme privée, Ovascience, n’apasencorefranchicetteétape.Maisil rappellequed’autreschercheurs,notamment chinois, l’ont réaliséechez des souris, aboutissant à desembryons.

«Unprotocole lourd»«J’étais sceptique sur les premiè-

res publications de cette équipe,mais cette démonstration-là mesembleconvaincantequantà l’exis-tence de cellules souches ovarien-nes», commente Alain Gougeon,directeur de recherche Inserm(Lyon),spécialistedel’ovaire.Ildou-tetoutefoisdeséventuellesapplica-tions. «Ces cellules souches sontrares et je ne suis pas sûr qu’ellessoient fonctionnelles à l’état nor-mal, dit-il. En outre, le protocole estlourd, longetprobablementcher.»

Actuellement, les fillettes et lesjeunes femmes qui doivent subirune chimiothérapie ou une radio-thérapiemettanten jeu leur fertili-té se voient proposer un prélève-mentd’ovaire et sa congélation, envue d’une autogreffe. Une techni-que qui, jusqu’ici, a permis la nais-sance de moins d’une vingtained’enfantsdans lemonde.p

SandrineCabut

Lapistedescellulessouchescontrel’infertilitéféminineDeschercheursaméricains remettentencauseledogmede la réserve limitéed’ovocytes

Nitrates: laFrance,mauvaiseélève,devantlaCourdejusticeeuropéenne

Pétrole

Sablesbitumineux:TransCanadarelancel’oléoduccontroverséLe groupeTransCanadaa annoncé, le 27février, qu’il scindait endeuxsonprojet controverséd’oléoduc entre le Canada et les Etats-Unis, afinde lancer les travaux sur sa portion sud, entre l’Oklahomaet le Texas.Leprojet d’acheminement sur 2700kmdupétrole de la province cana-diennede l’Alberta vers les raffineries dugolfe duMexiqueavait étérejeté en janvier par le présidentBarackObamadans sa forme initiale.Le groupeva demanderunenouvelle autorisationpour le tracé entre lafrontière canadienneet l’Etat duNebraska. LaMaisonBlanche a«salué» cettedécision, s’engageant«àprendre lesmesurespour accélé-rer l’attributiondes permis fédérauxnécessaires». – (AFP.)p

ChineTreizemorts dans une usine d’agrochimieAumoins 13 personnesont été tuées et 43 autres blessées lors d’uneexplosiondansuneusine agrochimiquedunordde la Chine, dans laprovinceduHebei. La détonationa fait trembler le sol de trois villagesvoisins. – (AFP.)

PesticidesDes victimes demandentla reconnaissance demaladie professionnelleUnevingtainedepersonnesattein-tesdemaladiesdues, selonelles,auxpesticides, ontmanifesté, lun-di 27février, auSalonde l’agricultu-re,demandant le classementdecesaffectionsenmaladiesprofes-sionnelleset le retraitdesproduitsdangereux.Selon laConfédérationpaysanne, la consommationdepesticides«aaugmentéde 3%depuis 2008alorsque l’objectif estde la réduirede 50%d’ici à 2018».D’après l’undesmanifestants, leministrede l’agriculture,BrunoLeMaire,voudrait«faire évoluer lalégislationeuropéennesur lespro-duitsphytosanitaires». – (AFP.)

C ’estunvoletmajeurdelapoli-tiqueénergétiqueeuropéen-ne qui devait être adopté

mardi28février, avec levote,par lacommission de l’industrie, de larecherche et de l’énergie du Parle-mentdeStrasbourg,d’uneproposi-tion de directive sur l’efficacitéénergétique.Enjeu: laréductionde20% de la consommation d’éner-gie en Europe d’ici à 2020. Autre-ment dit, la définition d’un nou-veaumodèle économiquepermet-tantde fairemieuxavecmoins.

Le texte comportedeuxaspectsessentiels. D’une part, il fixe unobjectif contraignant de baisse dela consommation d’énergie, tra-duitenunchiffreabsolu: la réduc-tion de 368millions de tonneséquivalentpétroleen2020parrap-portàcequeconsommeraitl’Euro-pe si elle poursuivait la tendanceantérieure.

D’autrepart, unenouvelle règleimpose aux grandes entreprisesénergétiques d’investir chaqueannéeunepartde leurchiffred’af-faires pour obtenir 1,5% d’écono-mies d’énergie chez leurs clients.Ceci devrait progressivementpousser les industriels à dévelop-peruneactivitédeservicesénergé-tiques plutôt que de se concentrersur la seuleproduction.

Le texte comprend plusieursautres propositions, comme larénovation, chaque année, de 3%des bâtiments publics, ou le déve-loppementdelacogénération(uti-lisation de la chaleur générée lorsde la productiond’électricité).

Le vote devait se dérouler sansanicroche : en effet, un travailintense de négociations a étémené en amont, depuis plusieursmois, entre les groupes parlemen-taires. Jusqu’à 1 800 amende-ments ont été déposés, qui ontabouti aux 19 articles de compro-misqui composent le texte.

«Je n’ai jamais vuune telle pres-sion des lobbies depuis six ans quejetravailleici»,ditunassistantpar-lementaire. C’est que si les écono-miesd’énergieattirentpeul’atten-tion des médias, l’enjeu économi-que est énorme: 368millions detonnesde pétrole par an représen-tentenviron240milliardsd’euros.

En mars2007, les Etats mem-bresavaientadoptéuntripleobjec-tif : réduire de 20% leurs émis-sionsdegazàeffetdeserre,produi-re 20% de leur énergie à partir de

sources renouvelables et dimi-nuer leur consommationde 20%.

Mais seuls les deux premiersobjectifs étaient contraignants. Sibien que la nécessité de réduire laconsommation d’énergie n’a pasvraimentété intégréedans la poli-tique: alorsmême que le ralentis-sement économique, depuis2008,amodérélademande,l’Euro-pe est sur le chemin de réduire deseulement9%sa consommation.

L’idée de passer à un objectifcontraignant a fini par s’imposer.Elle s’est traduite dans la proposi-tion de directive publiée par laCommissionen juin2011 et finale-mentdiscutéemaintenant.

Selon le rapporteur du texte, ledéputé luxembourgeois ClaudeTurmes (Verts), « cette directivesera utile pour la relance économi-que en Europe. D’abord parce qu’il

y a peu de secteurs aussi créateursd’emplois que la rénovation desbâtiments. Ensuite parce qu’il per-mettra d’économiser sur la factureénergétique de l’Europe, alors queles prix de l’énergie sont sur unepenteascendante».

FlexibilitéMais les députés du groupe

majoritaire PPE (Parti populaireeuropéen, conservateur) ont pesépour introduire de la flexibilitédansun textequ’ils jugeaient tropdirectif. «Nous sommes d’accordpour un objectif global contrai-gnant, mais il faut laisser les Etatsadapter les mesures au contextelocal», dit Françoise Grossetête,députée françaisePPE.

Le travail n’est cependant pasfini. Un vote en session plénièreduParlementserapeut-êtrenéces-saire. Mais ce sontmaintenant lesgouvernements qui vont discuterauseinduConseileuropéen.Celui-ci est présidépar leDanemarkqui,très favorable au texte, espère lefaire adopter avant fin juin.

Les «petits » pays comme leDanemark, laBelgique, l’Irlande, laGrèce, le Portugal, mais aussi laPologneetlespaysd’Europeorien-tale y sont favorables. Mais plu-sieurs grands pays sont réticents.L’Allemagnesouhaiteplusdeflexi-bilité. Le gouvernement français,de son côté, est très hostile au tex-te.Maisonpeut imagineruneévo-lutionsi ladirectionde l’Etatchan-geaprès l’électionprésidentielle.p

HervéKempf

LeParlementeuropéenfixeuncapambitieuxd’efficacitéénergétiqueL’objectifde20%deréductionde laconsommationen2020deviendrait contraignant

L aCommissioneuropéenneaannoncé, lundi27février,qu’elle traduisait la France

devant laCourde justicedel’Unioneuropéennepoursesefforts insuffisantsdans la luttecontre lapollutionde l’eau.Cen’estpas fautede l’avoirpréve-nue.Finoctobre2011, aprèsplu-sieurs rappelsà l’ordre, telunmauvaisélève, le gouvernementavait reçuunavertissement–un«avismotivé»envocabulairebruxellois.

Lesautorités françaisesavaientdeuxmois pour faireleurspreuves, autrementdit seconformerenfinà la directiveeuropéennede 1991 sur lesnitra-tesd’origineagricole. En commen-çantpardésignerprécisémentl’ensembledes territoires frappéspar ladégradationde laqualité del’eauetpar adopterdesprogram-mesd’actionefficaces. Lesmaréesd’alguesvertesdues à l’eutrophi-sationdes eauxdans les estuairesgorgésdenitrates se trouvent ànouveauaucœurdu conflit.

Ladirection chargéede l’envi-ronnementattendait de la France– épinglée enmême tempsque la

Grèce– qu’elle interdise l’épanda-ged’effluentsd’élevage et d’en-grais chimiques sur despériodesplus longues, qu’elle oblige lesexploitantsagricoles à disposerde capacités de stockagede lisierplus conséquentes, qu’elle régle-mente avec fermeté l’applicationdes fertilisants sur les cultures.

ColèremontanteLegouvernementaacceptéde

modifiersa législationà traversplusieursdécretset arrêtéscontes-téspar lesassociationsécologis-tes. Il auraitpumieuxfaire: sa«lenteur»et«l’insuffisancedeschangementsproposés», selon lestermesdes fonctionnaireseuro-péens, l’ont conduitdevant legenredeconseildedisciplineoùlasanctionpourrait sechiffrer à28millionsd’euros,à encroireSan-drineBélier,députéeeuropéenneEuropeEcologie-LesVerts (EELV).

Celle-ci se dit surprise par lacélérité,maispas par la teneurdela décision. En tant quemembrede la commissiondes pétitions,elle s’est plusd’une fois chargéede rappeler à Bruxelles la colèremontante enBretagne face à la

récurrencedes alguesvertes nau-séabondeset toxiques et aupeud’empressementdugouverne-ment à froisser ses agriculteurssur ces questions. Fin décembre,avec trois autres députés euro-péensEELV, SandrineBélier avaitréclaméde connaître la réponsefrançaise sur cedossier. Sademandeavait été refuséeparceque la Commissionavait déjà dis-crètementouvertuneprocédured’infractionà l’égardde Paris.

Les déclarations répétéesdeNicolas Sarkozy à l’encontredesrègles«tatillonnes»deprotec-tionde l’eauqui gênent le travaildes agriculteursn’ont sans doutepas convaincude la bonnevolon-té du chef de l'Etat à agir. «La poli-tiquede l’eau est l’incarnationdela complexité et de l’allégementnécessaire», a insisté le candidatdans l’hebdomadaireAgraPressedu27février. NathalieKosciusko-Morizet ayant rejoint la directionde son équipede campagne, ledossier revient aupremierminis-tre, François Fillon, désormais enchargede la sensible questiondel’environnement.p

MartineValo

PROJECTIONS DE CONSOMMATION D’ÉNERGIE EN EUROPE POUR 2020en millions de tonnes équivalent pétrole

SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE

2005 2010 2015 2020

1 900

1 800

1 700

1 600

1 500

1 400

Nouvelobjectif

avec 20 %d’économie

1 842

1 678

1 474

Projection de 2007

Tendance actuelle

110123Mercredi 29 février 2012

Page 12: journal le monde du 29-2-2012

france

Saint-Denis de LaRéunionEnvoyée spéciale

D idier et Grégory, 22 et 24ans, sont frères. Ils ont leteint rougi par le soleil et le

cheveu ras, à l’exception d’unehouppette frontale pour le cadet.Leur copain Thomas, un «cafre»(Noir d’origine africaine) de Saint-Benoît, arbore la même coupeminimaliste. Ils se tiennent raidesà la barre du tribunal correction-nel de Saint-Denis de La Réunion,lundi 27 février, pour répondreaux questions du juge. Pour tousles prévenus de cette audience encomparution immédiate, la jus-tice aura lamain lourde.

Ces trois-là n’ont rien à voiravec les émeutiers qui défilent aupalais,aprèslesquatrenuitsconsé-cutives de violences urbaines queLa Réunion a connues depuis le21février, pour protester contre lavie chère. Samedi après-midi,désœuvréset imbibésd’unmélan-ge de rhum et de bière, ils se sontassisaubordde lanationale3,avecdes galets plein les poches. Ilsétaient si saouls qu’ils ont loupépas mal de voitures. Jusqu’à ce

qu’uneplusgrosse cible seprésen-te, immanquable.Uncar.Lechauf-feura eu le tempsdevoir trois jeu-nes gens torse nu, avec une échar-pe noire sur le visage. Quand lapolice est arrivée, prévenue pardes automobilistes, elle n’a pas eutropdemal à rattraper les fuyards,réfugiés dans unemenuiserie. Pasfacile de détaler avec 1,11 grammed’alcool dans le sang.

Rien à voir avec les émeutiers?Ils ont au moins le chômage enpartage, qui touche 59%de la jeu-nesse réunionnaise. Didier lahouppette est déscolarisé depuis« le niveau BEP». «Habite chez sesparents. A tendance à boire pouroublier», dit le procès-verbal. A24ans, son frère, muni d’un CAPde boucher, a déjà deux enfants àcharge,mais pas d’emploi. Il a étélicencié en septembre2010 par lesupermarché Champion. Depuis,rien. Thomas, peintre en bâti-ment, n’est même plus inscrit àPôle emploi car il a oublié de faireles démarches administratives.Aucun n’a jamais eu affaire à lajustice.

Le juge cherche à comprendre.«Quelle idée avez-vous eue de

caillasser ce bus?», «Pourquoi unbus?», «Qu’est-ce qui vous amoti-vés?». Cela dépasse son entende-ment. Atterrés, les trois garçonsbredouillent des mots informes,d’une voix inaudible. On entend«sous l’alcool». Et puis cette phra-se, imparable: «En fin de compte,quand on a lancé des cailloux,c’était lebusquipassait.»Voilà. Ilsnesaventpasmieuxdire leurfrus-tration de ne pas avoir de voitureau pays des « lotos» (automobi-les). Aucun des trois n’a son per-mis – trop cher – dans cette île quicompte 400000 véhicules pour817000habitants, où la case peutêtre minuscule du momentqu’une grosse voiture est garéedevant.LespetitsBlancscréolesetleur copain noir ont peut-êtrecaillassé un rêve qui passe à viveallure sur lanationale, inatteigna-ble.

Arrive Louis le beaugosse,mul-tirécidiviste, en tee-shirt noir àmotifs blancs, sur le côté duquelest écrit «Hors-la-loi». Il a 20 ans,habite chez sa mère. Elle a juréqu’il était «un bon marmaille»,depuis sa sortie de prison, en

décembre2011. «Il est calme. Il res-te avec sa copine dans sa chambreà regarder la télé.» Seulement, le25février à minuit, le beau Louis,coiffé d’une casquette rouge, vêtud’une veste de survêtement etmuni de gros gants malgré les

30degrés, était en traindecisaillerlagrilled’unmagasind’informati-que. La fumée des gaz lacrymogè-nes n’a pas réussi à le dissimuler.Caché dans un immeuble, «sansaucune échappatoire», dit le rap-port, il a fait semblant de s’êtreassoupi là. Le jeune homme res-sort cette fable à dormir debout,avecunaplombimpeccable.«Mal-heureusement, je le connaisdepuislongtemps, dit la procureureadjointe,DanielleBraud. Ilveutfai-

re lemariole auprès de ses copainsdeprison.»

Nicolas, lui,baisse tout le tempsla tête. Son survêtement,noir avecdes bandes aux couleurs rasta,vert, jauneet rouge, est trèsusé. Le24février, alors que les poubellesbrûlent dans le fameux quartierdu Chaudron, le jeune hommezoneenfacedupetitsnackBarBac-ca, en vélo. Un si joli vélo, bourrédetungstène,encarboneorange,à2500 euros. Un certain «Hassan»lui a vendu 300 euros, payable endeux fois. « Je me cherchais unmoyen de transport pour aller àma formation», tente Nicolas. Ilfrotte ses mains contre son jean.Déjà condamnépar le passé, il sortdu RSMA (régiment du servicemilitaire adapté). Le procureuradjoint demande l’application dela peineplancher.

Quand la brigade anti-crimina-lité (BAC) a arrêté Teddy qui refu-saitd’obéirà l’ordrededispersion,après la manifestation du24févrierauPort, il n’apas résisté.Mais lorsque le brigadier a vouluretirer sans ménagement le cor-don de son short, au poste, déchi-

rant le vêtement, Teddy le dockerl’a repoussé instinctivement.Echange de coups. « Il bougeaitbeaucoup, il s’est cogné tout seul»,assure le rapport de police. Lesang giclait partout, s’échappantde l’arcade sourcilière de Teddy.« Je ne me suis pas cogné, il m’afrappé, je trouve çahonteux!», ditle jeunehomme.

Six mois ferme pour Teddy,avec un probable aménagementde peine. Trois ans de prison dontdeux ferme pour Louis lecisailleur. Deux ans dont un fer-mepourNicolasetsonvéloencar-bone, restitué à son propriétaire.Huit mois avec sursis pour lescaillasseurs ivres, plus 210heuresde travaux d’intérêt général, uneobligation de formation et l’in-demnisationdutransporteurrou-tier.

Onvoudrait leurparler,mais ilsexpliquent dans un françaismâti-né de créole qu’ils ont une longuerouteà faire. Inutilede leurpropo-ser de les raccompagner en voitu-re. Ils se raidissent et partent fière-ment àpied.p

BéatriceGurrey

LanominationduPrJuvinauxurgencesdel’hôpitalPompidoucréeunepolémiqueDesmédecinsdénoncentunchoixpolitique. Lesecrétairenationalde l’UMPaffirmeavoirété sélectionnéaprèsune«procédurestricte»

Nicolas Sarkozy a indiqué, lundi27février, sur RTL, qu’il ferait«d’autres propositions» pour ledéveloppement de LaRéunion,touchée par des violences urbai-nes, lors d’un déplacement enavril. «Je ne crois qu’à une seulechose, au (…) développementéconomique endogène», a assu-ré le président-candidat, rappe-lant que l’île de l’océan Indienest située«dans un bassin de

80millions de francophones». Ila évoqué la création d’une facul-té demédecine ainsi que le déve-loppement de l’agriculture et del’élevage.«La justice comme lapolice et la gendarmerie ont faitleur travail en prononçant despeines très sévères qui ontcontribué d’ailleurs à ramener lecalme», a-t-il ajouté, en rendanthommage aupréfet et aux éluslocaux.

ParlementUn nouveausystèmede contrôle des armesPourmieux réprimer le trafic, leParlement a adopté à l’unanimité,lundi 27février, unnouveausystè-mede contrôle des armes. Ellesserontdésormais classées selonleurdangerosité réelle et nonplusselon leurs caractéristiques techni-ques.Quatrenouvelles catégoriescontrehuit aujourd’huisont ins-taurées: interdites (A), soumises àautorisation (B), soumises à décla-ration (C) et soumises à enregistre-ment et en vente libre (D). La nou-velle législation, issued’unepro-positionde loi UMP-PS, prévoitaussi un alourdissementdespei-nespour les auteursde trafics. –(AFP.)

Les injures enversles harkis pénaliséesLeParlement a adopté, lundi27février, unepropositionde loiUMPvisant à pénaliser la diffama-tion et l’injure envers lesharkis.La diffamation sera passiblede45000euros et l’injure de 12000euros. Les associationsde défensedeharkis et de leursdescendantspourrontdésormais se porter par-tie civile. – (AFP.)

EducationUn collégienpoignardé àmortdans un lycéeUncollégiende 17 ans a été poi-gnardéàmort, lundi 27février,dans l’enceinte d’un lycéedeMamoudzou, àMayotte. Unedis-pute aprèsun concert serait à l’ori-ginedudrame. La victimeauraitété poursuiviepar six assaillants.Tous ont été interpellés et placésengarde à vue. – (AFP.)

I lsont4et 5ans,ne saventenco-reni lireni écrire,maisontdéjàuncompteTwitter.A l’éco-

lematernellede la Providence,prèsdeDunkerque (Nord), les élè-vesdemoyenneet grandesectionsaventutiliser le réseausocial.Chaquematin,@Classe_Corinnetweete.Desmessagesdestinésauxparentsd’élèves,maisaussiauxautres classesqui les suivent.«Twittera remplacé le cahierdevie scolaire. Les enfantsy racon-tent lesactivités réalisées enclas-se», explique ladirectriceetpro-fesseuredes écoles, CorinneVans-traceele.

Vendredi 24février, c’est le car-naval deDunkerquequi est àl’honneur.Alors que leurs cama-radespréparentmasques etdéguisements,Rudy et Valentinenvoientunnouveau tweet :«Pour le carnaval, ona décoré lepépin (parapluie).»Avantdepublier cemessage, ils ont dû sou-mettre la propositionà leurmaî-tresse. Après avoir corrigé orale-ment leur phrase, elle l’inscrit enlettres capitales sur le papier. Ilssont alors autorisés à la recopier,lettre après lettre, sur le clavierde l’ordinateur.

«C’est unbon exerciced’appro-priationdu langage», souligneMmeVanstraceele. Ils sont obligésde connaître les lettres pour twee-ter, c’est très incitatif.»

Surtout, le réseau social leurpermetde trouverunsens à l’écri-

turepuisque leurs 172 abonnésinteragissent avec eux. «Aujour-d’hui, un garçona souhaitéunbonanniversaireàManon»,raconte la petite Lilou. S’adresseràundestinataire est bienplus sti-mulantpour apprendreà écrire.«Ils savent que cela va être luimmédiatement, et surtoutqu’onva leur répondre», expliqueMmeVanstraceele.

Ladirectrice d’écolen’est pasvraimentunehabituéedesréseaux sociaux,mais elle consi-dèreque «les enfants grandissentavec ces nouvelles technologies,onnepeut paspasser à côté».Celapermet aussi de leur incul-quer les codes à respecter, telsque la politesse.«Ce n’est pasuneperte de temps. Ils apprennent cequ’ils peuvent faire et ce qu’ils nedoiventpas faire sur les réseauxsociaux», estimeStéphanVin-cent-Lancrin, analyste à l’OCDE,auteurd’études sur les nouvellestechnologies à l’école.

Twitter resteunoutil pédagogi-queparmi d’autres.«C’est unmoyen supplémentaire, qui neremplacepas les ateliers de langa-ge traditionnels, comme les jeuxdemots», soutientMmeVanstra-ceele. L’initiative se limitepourl’instantà quatre classes dematernelle en France. Le clavieret la sourisn’ontdoncpas encoredétrôné le cahier et le crayon.p

AurélieAbadieDunkerque (Envoyée spéciale)

P eut-on être à la fois chef desurgences d’un mastodonte,l’Hôpital européen Georges-

Pompidou(HEGP)àParis, secrétai-renational de l’UMP, député euro-péen et maire de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine)? Pourl’intéressé, le Pr Philippe Juvin,oui. Pour certainsde ses confrères,absolumentpas. La polémique estmontéed’un cran, lundi 27février,à la suite de la nomination du PrJuvin,vendredi,à la têtedesurgen-ces de l’HEGP, alors que le départdesonprédécesseurétaitprévuennovembre.

Dans une lettre ouverte adres-sée àMireille Faugère, la directricegénérale de l’Assistance publique-HôpitauxdeParis(AP-HP),àlaquel-leappartientl’HEGP,AndréGrimal-di et Bernard Granger, responsa-bles duMouvement de défense del’hôpital public, Pierre Faraggi etBruno Devergie, de la Confédéra-tion des praticiens hospitaliers etChristophe Prudhomme,médecinurgentiste (CGT), demandent que«cessecettesituation».Unedémar-che accompagnée d’une demandeauministre de la santé Xavier Ber-trand que soit diligentée uneenquête de l’inspection généraledesaffairessocialessurcettenomi-nation.

Le tonducourrier est particuliè-rement violent. Les détracteurs de

l’ex-chef des urgences de l’hôpitalBeaujon, à Clichy (Hauts-de-Seine)ydénoncentdes«anomalies»danslaprocédure,ets’agacentdesmulti-ples casquettes du Pr Juvin. «Noussommesdevant un cas d’emploi engrande partie fictif», écrivent-ils,estimant qu’«il [lui] estmatérielle-ment impossible d’exercer à tempspleinsonemploihospitalo-universi-taire pour lequel il est pourtantrémunéréà tauxplein».

«Ingérence inacceptable»L’approche de l’élection prési-

dentiellen’est pas étrangère à lapolémique. Dénonçant une «ingé-rence inacceptable», la Confédéra-tion des praticiens hospitaliersréclamequelechangementdechefdesurgencesdel’HEGPn’intervien-ne qu’en novembre, au terme dumandat du prédécesseur duPrJuvin. LaCGT, la semainederniè-re, avaitdéjàpointé«le scandaledela nomination d’un ami du prési-dent», voyant dans cette décisionun«nouvel exemplede la “Républi-quedescopains”».«Silefonctionne-mentactueldel’universitéetdusec-teur hospitalier permet ce genre desituations,ildémontrequedeschan-gements deviennent nécessaires eturgents», estimait-elle.

Philippe Juvin dit «tomber del’armoire», et renvoie les attaquespolitiques à ses accusateurs: «On

me fait payer le fait d’êtrededroite.Si j’étais de gauche, on n’y auraitpasvudeproblème.»Concernantlecumuld’activités, il répond: «C’estle cas de nombreux médecins quiont des responsabilités syndicales,politiques ou associatives, y com-prisparmi ceuxquim’attaquent.»

«J’ai fait mes preuves à l’hôpitalBeaujon où j’ai amélioré les délaisde prise en charge aux urgences(alorsquej’exerçaisdéjàdesrespon-sabilités politiques), et j’ai été sélec-tionné parmi trois candidats dansle cadred’une procédure très strictequi a duré deux ans», plaide-t-il,ajoutant que le comité médicallocal a décidé de son arrivée dès àprésent sur des bases «strictementprofessionnelles et au vu desbesoinsduservice».Samissionserade raccourcir les délais d’attentedes urgences. Il promet des résul-tatsmesurablesd’ici unan.

La direction de l’AP-HP démenttouteanomaliedeprocédure,affir-mant que le processus a été« conforme au règlement inté-rieur».Elleexpliquesanominationdès à présent par un changementdepérimètredu service, qui a accé-léré son arrivée. Leministère, poursapart,estimequ’ils’agitd’unsujet«interne à l’hôpital» et rappelle leprinciped’autonomiedesétablisse-mentsde santé. p

Laetitia Clavreul

ALaRéunion,lamainlourdedelajusticeLesjeunesparticipantsauxémeutescontrelaviechèreontétésévèrementcondamnésparletribunal

Twitterenmaternelle,lecahierdeviescolaire2.0

Didierestdéscolarisédepuis«leniveau

BEP».«Habitechezsesparents.Atendanceàboirepouroublier»,ditleprocès-verbal

M.Sarkozy fera des «propositions» en avril pour l’île

Un centre social détruit par les flammes après une deuxième nuit d’émeutes, jeudi 23février, à Saint-Denis de La Réunion. RICHARD BOUHET/AFP

12 0123Mercredi 29 février 2012

Page 13: journal le monde du 29-2-2012

« RARESMAIS FORTS ENSEMBLE »,le slogan dela 5e éditionde la Journée internationaledesma-ladies rares a choisi de mettre en avant la soli-darité.Un thème cher au LFB,car,au-delà de sesprogrammes de développement de traitementsdédiés à ces pathologies, le laboratoire biophar-maceutique,dontl’actionnaireestl’Étatfrançais,s’attache depuis plus de dix ans à construire despartenariats pour faire avancer et partager lesconnaissances scientifiques et améliorer ainsila prise en charge desmalades.Toutnaturellement,leLFBseretrouvedoncpourcette journée à Bruxelles, aux côtés d’Eurordis,fédération européenne regroupant des associa-tions de personnes atteintes de maladies rares.EnFrance,danscettedémarchedepartenariat,ilest aux côtés,depuis dix ans,de l’Alliancemala-dies rares et l’un des rares industriels impliquésaux côtés d’Orphanet,structure française à l’ori-gine,quidéveloppeetpartageauniveau européen les informa-tionsconcernantcesmaladiesetles possibilités thérapeutiquesexistantes.«Soutenircesactionsest très important car lepartagedes connaissances scientifiqueset le suivi des patients dans lesmaladies rares est déterminantpour améliorer le diagnostic etla prise en charge desmalades»,souligne Christian Béchon, lePDGdu LFB.

Agir pour le mieux-être des personnes atteintesdemaladiesrares,c’estégalementpromouvoirdesprogrammes afin d’améliorer les longs séjours àl’hôpital,parfois nécessaires.Le LFB a ainsi déve-loppé en France des partenariats de longue duréeavec l’association Le RireMédecin - des clowns àl’hôpital - et le programme Culture et Santé pla-cé sous l’égide de deux ministères. Depuis 2004,une convention avec Iris,association de patientsatteints de déficits immunitaires primitifs, per-met l’organisation de spectacles au sein de plu-sieurs services d’immunologie pédiatriques.Les médicaments du LFB permettent la prise encharge d’environ 80 pathologies toujours graves,souvent rares : déficits immunitaires, maladiesauto-immunes, troubles de la coagulation, etc.Pour récompenser une innovation récente ma-jeure, le laboratoire a reçu le prix Galien 2011 enmai dernier, pour son fibrinogène humain,dans

la catégorie «médicaments des-tinés aux maladies rares».«Plusde 60% de nos médicamentssont indiqués pour desmaladiesrares,etparfoispourquelquesdi-zaines de patients.Pour certainsdéficits très rares,nous sommesles seuls, en France et parfoisdans le monde, à proposer unesolution thérapeutique. C’estune grande fierté pour les 1900collaborateurs duGroupe »,tientà soulignerChristianBéchon.�

SHIRE PARTICIPE à la journée mondiale desmaladies rares,pourquoi ?Partout dans le monde, nos équipes sont mobili-sées avec différentes actions autour des maladiesrares. Tous nos salariés vont porter un ruban ensigne d’engagement et de soutien.Dans le domai-ne desmaladies rares,un laboratoire tel que Shirene peut se résumer aux seuls développement etcommercialisation des produits. Le dialogue estpermanent avec les associations de patients, lacommunautémédicale et les autorités de tutelles.Ensemble, nous pouvons améliorer la prise encharge des patients et leur accès aux traitementsinnovantsdans lesmeilleursdélais.Àl’instardecequis’estpassédans lamaladiedeGaucheroùgrâceàlafortemobilisationdetous,notammentnoscol-laborateurs,nous avons pu accélérer le développe-ment et lamise sur lemarchédenotre traitement,etéviterainsiune interruptiondetraitementpourles patients dansuncontexte depénurie.Pourquoi la notion de communauté est-elle siimportante dans ce domaine ?La caractéristique des maladies rares est deconcerner un faible nombre de patients prisséparément.Mais si les patients et les acteurs seregroupent, les collaborations se nouent et dessynergies se dégagent. Shire, en tant que mem-bre de cette communauté, participe à la mise

en réseau de façon concrète. La solidarité est lethème de cette journée mondiale : en la matière,nousprivilégions l’actioncommuneet concertée.Ainsi,Shirevientd’organiseràMilanuneréuniond’experts européens de la maladie de Gaucher,pour mutualiser les informations, partager lesbonnes pratiques et conduire à une meilleureprise en charge des patients en Europe du Sud.Qu’apporte un laboratoire tel que Shire danscette communauté ?Shire apporte tout d’abord sa connaissance desmaladies et des traitements développés et com-mercialisés au sein de son entité HGT (HumanGenetic Therapies):dans la maladie de Fabry,dans la maladie de Hunter et dans la maladie deGaucher. Shire propose aussi un traitement del’angiœdème héréditaire.Plusieurs produits sonten développement clinique et devraient arriversur lemarché prochainement.Shire investit 30%desonchiffred’affairesdans la rechercheetdéve-loppement,ce qui est exceptionnel.Mais au-delàde laR&D,nousnous investissons beaucoupdansle dépistage et l’amélioration des conditions devie du patient,dans la sensibilisation et la forma-tiondespersonnels soignants.Nousavonsàcœurde mettre les patients au centre de nos efforts etd’innover auniveauscientifiquemais aussi auni-veau sociétal.�

Daté du mercredi 29 février 2012, est édité par CommEdition • Directeur général Éric Lista • CommEdition, agence de communication éditoriale • Tél. : 09 75 96 24 23 • [email protected]• Rédaction Anne Pezet • Création [email protected] •Maquette Cora Texier • Secrétaire de rédaction A.-M.Busnel

LA RÉDACTION DU QUOTIDIEN LE MONDE N’A PAS PARTICIPÉ À LA RÉDACTION DE CE PUBLI-RÉDACTIONNEL - NE PEUT ETRE VENDU SÉPARÉMENT

RARES, MAIS FORTS ENSEMBLE!maladies raresSpécial

COMMUNIQUÉ MERCREDI 29 FÉVRIER 2012

©L.Audinet/DR

LaurenceTiennot-Herment,présidente de l’AFM-Téléthon,revient sur le lancement,ce 29 février,de la Fondationmaladies rares dont l’Association française contre lesmyopathies estmembre fondateur.

CE 29 FÉVRIER,nous fêtons le 5e anni-versaire de la Journée internationaledes maladies rares. Un événementimportant pour les 30millions depersonnes concernées en Europe parplus de 6000 maladies rares. Plus decinquantepays serontmobilisés à tra-vers lemonde pour affirmer que noussommes «rares,mais forts ensemble».EnFrance,cette journéeestmarquéepar le lancement de la Fondationmaladies rares que nous appe-lions de nos vœux, de longue date.Membre fondateur de la Fondation,nous souhaitions que soit pérennisé

et amplifié l’élan initié par le Gis-Institut desmaladies rares quenousavons contribué à créer, en 2002, etque nous avons financé à hauteurde près de 18,7millions d’euros aucours de ces dix dernières années.Pour nous qui portons le combat desmaladies rares depuis tant d’annéesgrâce au soutien exceptionnel de lapopulation lors des Téléthon, ce nou-vel outil d’intérêt général doit,en pre-mier lieu,accélérer le développementde thérapeutiques pour lesmalades.Nous espérons, par ailleurs, que lescompétences fédérées au sein decette Fondation, qui allie les acteursmajeurs de la recherche sur lesmaladies rares ‒ associations demalades, Inserm, CHU, universités ‒,permettront de créer les synergiesnécessaires pour assurer l’indispen-sable continuum entre la recherchefondamentale et la recherche clini-que qui constitue,dans notre pays,unfrein permanent au développementdes thérapeutiques.Depuis, le premier Téléthon, nousmenons en effet notre combat avecla conviction que seule la mise en

place d’un tel continuum et seuleune concentration des moyenspermet d’obtenir des résultats si-gnificatifs. En effet, pour pallierl’insuffisance de financements del’innovation thérapeutique pour lesmaladies rares, l’AFM a impulsé denombreuxprojetsde recherchemaisaussi créé, au fil des Téléthon, des

laboratoires d’excellence : Généthonpour la génétique et la thérapie gé-nique, I-Stem pour les cellules sou-ches, l’Institut de myologie pour larecherche et le traitement des ma-ladies du muscle.Aujourd’hui, nousl’avons démontré, les maladies ra-res sont un véritable laboratoirepour l’innovation thérapeutique

et l’avènement d’une médecinepersonnalisée. La mobilisation detous les acteurs – publics, privésnon lucratifs et privés lucratifs ‒ estplus que jamais cruciale, alors quedes premiers traitements innovantsdémontrent leur efficacité et que lesessais thérapeutiques pour les ma-ladies rares se multiplient.Des échéances électorales majeuresapprochent, et il nous semble plusque jamais important de rappelerhaut et fort que seule l’innovationpeut redonner des perspectivespositives à notre pays. Parce quetout était à inventer,parce que pournos malades il y avait urgence, lesmaladies rares ont été le catalyseurde l’innovation au bénéfice du plusgrand nombre. Aujourd’hui, parceque les modèles historiques ontmontré leurs limites, nous avonsl’opportunité et le devoir de placerl’innovation au cœur de l’actionstratégique et politique.Et c’est aus-si pour cela que nous appelons denos vœux un débat plus ambitieuxdans ce domaine pour les semainesà venir.�

©psdesign1-Fotolia/DR

Christian Béchon,PDG de LFB SA

Chérifa Levet,vice-présidenteet DGde ShireHumanGeneticTherapies,France,Europe du Sud.

©LFB/DR

©SHIRE/DR

PARTAGE�L’ENGAGEMENT PÉRENNEDU LFB,UN LABORATOIRE PAS

COMME LESAUTRES

SOLIDARITÉ ACTIVE�SHIRE ENTRETIENTUN DIALOGUE PERMANENTAVEC LES PATIENTS

Spécialisé dans lesmaladies rares,le LFBest le partenaired’associationsdepatients et d’acteurs académiquesmajeurs dans cedomaine. Avecunobjectif essentiel :partager les connaissancespour avancer ensemble.

Leader dans les traitements des maladiesrares, le laboratoire britannique Shire

s’engage aux côtés de tous les acteurs dansune action concrète visant à améliorer laprise en charge des patients.La dirigeantede l’entité dédiée en France,Chérifa Levet,explique le sens de cette implication.

Laurence Tiennot-Herment,Présidente de l’AFM - Téléthon

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économie

A prèsBazookaI,BazookaII.LaBanque centrale européen-ne(BCE)vaprocéder,mercre-

di 29 février, à une deuxièmevague de prêts à troisans aux ban-ques européennes, au taux de 1%.Objectifdecedispositif,annoncéle8décembre2011:enrayerlaparaly-sie du système bancaire et évitertout credit crunch (pénurie de cré-dits). Et ce, par le biais d’opérationsinédites: les prêts de l’institutionsont limitésà troismoispar tempscalme,et jusqu’ici àunanencasdecrise. Le premier opus, lancé le21décembre,avaitpermisderame-ner progressivement le calme surles marchés par le biais d’un prêtglobal de 489milliards d’euros.Observateurs et marchés ne taris-sent d’ailleurs pas d’éloges surMarioDraghi, le patronde laBCE.

«Le risque de défaut bancairepourmanquede liquidités est pres-que complètement écarté», jugeLaurence Boone, chef économisteEuropedeBankofAmerica-MerrillLynch. Et le marché interbancaires’est dégrippé : l’Euribor àtroismois, le taux auquel les ban-ques se prêtent en euro, est passé,lundi, sous le taux directeur de laBCE, 1%. Unepremière depuis trei-zemois.

Mieux,l’accalmies’estdiffuséeàd’autres marchés. «En permettantauxbanquesde réduire leurdépen-dance aux marchés, l’opération acréé un appel d’air pour d’autrestypes d’émission de dette, commeles dettes d’Etat et d’entreprises»,soulignePatrick Jacq, stratège chezBNP Paribas. «Le climat a totale-ment changé, la grande terreur dumur de la dette à refinancer a étémagistralement écartée par laBCE», abonde Jean Pisani-Ferry,directeurde l’institutBruegel.

En décembre, le président Nico-las Sarkozy avait expliqué que lesbanques seraient tentéesd’em-prunter à bas coûts auprès de laBCE pour racheter des emprunts

d’Etat. Le procédé, dit «Sarko Tra-de», a bien été utilisé. La baisse desrendements d’Etat italiens àdixans a été spectaculaire, passantde7,1%début janvierà5,4%mardi.Quant à l’Espagne, elle a déjàemprunté 34% de ses besoinstotauxpour 2012! Ce retour au cal-meapermisàlaBCEdenepasavoirbesoin d’acheter le moindreemprunt d’Etat sur les marchéslorsdesdeuxdernièressemaines…

C’estdoncpeudirequelesmoda-lités de l’opération de mercrediseront scrutées de près. Les ban-ques devraient emprunter entre300 et 600milliards d’euros, le

consensus de l’agence Bloombergprévoyant 470milliards d’euros,soit sensiblement autant qu’endécembre. Seul bémol mais detaille: l’annonce mardi par la BCEqu’elle n’acceptait temporaire-ment plus la dette grecque engarantiepourraitminorercesmon-tantsde40à50milliards.

Comme la première fois, lesbanques espagnoles et italiennesdevraient être en première ligne.«On peut aussi s’attendre à uneparticipation accrue des banquesde petite taille, la première opéra-tion ayant surtout impliqué lesplus importantes»,préciseM.Jacq.

D’autant que ce second acte pré-sente une particularité : les ban-ques pourront apporter en gageune gamme plus large d’actifs(«collatéraux»). De quoi éveillerl’intérêtd’établissementsplus fra-giles car petits.

Pas un remèdemiracleQuid de la France ? Plusieurs

patrons de banque ont clamé cesderniers jours qu’ils n’avaient pasbesoin de l’opération. «Mais lesFrançais participeront sûrement»,fait valoirM.Jacq, qui pronostique«un effet positif sur lesmarchés lesplus risqués, comme lesactions».

Alain Bokobza, responsable del’allocation mondiale d’actifs à laSociété générale, est plus prudent:«La première opération avait crééune surprise énorme. La seconde,très attendue, n’aura sans doutepas lesmêmes effets etmoins d’im-pact global, même si elle répond àdevrais besoinsd’amélioration.»

Car les prêts à trois ansde laBCEneconstituentpasunremèdemira-cle. «Sur le plan structurel, rien n’aété résolu et le risque est désormaiscelui d’un optimisme excessif, noteM.Pisani-Ferry.Commesouvent, lamédecine a accentué certains traitsdangereux du système financier

européen:onaencouragédes com-portements où les banques rachè-tent de la dette de leur propre Etat.Avec, derrière, le risque d’un cerclevicieux.» Autre grief, celui de gon-fler encore le bilan de la BCE. Laseconde vague de prêts pourraitaccroîtrede8%à16%unbilandéjàtrès alourdi ces dernières années,estiment les experts de MorganStanley. La crainte d’une inflationgénérée par ce déversement deliquiditésn’estpasnonplusabsen-te. «Il n’y a pas d’inflation en vuetant que le risque de récession oud’une croissance très faible demeu-re», tranchetoutefoisMmeBoone.

Reste le risque de l’acharne-mentthérapeutique.«Unteldispo-sitif peut créer des “banques zom-bies”, comme cela s’était produitau Japon, surtout si la zone euroentre en déflation, juge un grandbanquier.Desétablissementspour-raientcontinueràsefinancer,alorsmêmequeleursfondspropresdimi-nuent. Une situation qui créeraitun aléa moral et pèserait sur laconcurrence.»

Mardi, l’optimisme dominaitcependantàlaveilledel’opération.«C’est peut-être la dernière occa-sion pour le secteur bancaire de serefinanceràboncompte: pourquois’en priver?», souligne Jean-Fran-çois Robin, stratège chez Natixis.Car, sauf scénario catastrophe, iln’estpasprévud’acteIII.p

ClémentLacombe etAudreyTonnelier

Pourcentage déjà réalisé

PROGRAMME D’EMPRUNTS PAR LES ÉTATS EN 2012, en milliards d’euros

Allemagne Espagne Pays-Bas Belgique Autriche Finlande

242

180 178

8660

26,2 22,3 14,4

Italie France

15 % 16% 22% 34% 29% 20 % 28% 21%

en%

RÉPARTITION PAR PAYS DES BANQUES AYANT SOUSCRITÀ LA PREMIÈRE OPÉRATION À 3 ANS DE LA BCE

RENDEMENTDES OBLIGATIONS ITALIENNES À 10 ANS, en milliard euros

Espagne Italie24 %

France18 %

Grèce12 %

Allemagne7 %

Portugal2 %

Belgique2 %

Autriche2 %

Autres*7 %

*Finlande et Luxembourg 0 %

Irlande1 %

489milliardsd’euros

SOURCES : BNP PARIBAS, BLOOMBERG, NATIXIS

5,5

5

6

6,5

7

7,5

Octobre 2011 Novembre Décembre

21 déc. 2011, 1re opération à trois ans de la BCE

Janvier 2012 Février

5,4625%

Un dispositif qui a déjà fait ses preuves

Enhaussele cigare cubain – Le groupeHabanos, quicommercialise l’essentiel de la productiondecigaresdeCuba, a indiqué, lundi 27février, avoirvu son chiffre d’affaires croître de 9%en 2011,à 401millionsde dollars. Le premiermarchédugroupeest l’Europeoccidentale (53%des ventes).

Enbaisselagrèce – L’agence Standard&Poor’s aabaissé, lundi 27février, la note de solvabilité delaGrèce à «SD», niveau correspondant àun«défaut depaiement sélectif», pour tenircomptede la restructurationde la dettepubliquegrecque lancéevendredi.

LaBCEréitèresonactiondesoutienauxbanquesLesétablissementsfinanciersdevraientemprunterde300à600milliardsd’eurosàtroisansetà 1%

LesAllemandsvotentlepland’aideàlaGrèce,maislamajoritésedivise

Malgréunbilansolide,HSBCpeineàaméliorersarentabilitéSonbénéficeavant impôtestenreculde6%,à 17,7milliardsdedollars (13,2milliardsd’euros), endépitde11000suppressionsd’emplois

Lescoursdujour ( 28/02/12,09h43 )

BerlinCorrespondant

Paradoxalement, lesGrecsontdavantagede raisonsd’être satis-faitsduvoteduBundestag, lundi27février,qu’AngelaMerkel.Auneécrasantemajorité (496voixpour,90contre, 5abstentions), lesdépu-tésallemandsont approuvé lesecondpland’aideàAthènes.Absents, 29n’ontpasprispart auvote.D’unmontantde 130mil-liardsd’euros, ceplan, élaboréparlesministresdes financesde lazoneeuro le 21février, devrait êtreratifiépar les chefsd’Etat etdegou-vernement, les 1er et 2mars.

Pour la chancelièreallemande,ce résultat estplus inquiétantqu’iln’yparaît. Sans les voixde l’opposi-tion, leprojetn’auraitpasétéadop-té. Il y a620députés auBundestag.C’estdoncàpartirde 311voixqu’un texteobtient lamajorité.

Les troispartisde la coalitionaupouvoir (laCDUdeMmeMerkel,sonéquivalentbavaroisde laCSUet leparti libéral) disposantde330élus, le gouvernementn’a jus-qu’àprésent jamaisétémisenminorité.Mais, lundi, seuls304députésde la coalitionontapprouvé le texte.Dix-septontvoté contre (8CDU, 5CSU,4libé-raux)et 3 (2CDU, 1libéral) se sont

abstenus.Le 29septembre2011,quand il s’était agide renflouer leFondseuropéende stabilité finan-cière (FESF), le texteavait obtenu523voix,dont 315 issuesde lamajo-rité.

AngelaMerkel critiquéeCetavertissementn’estqu’une

demi-surprise.Avant levote, lesdéputésavaient,durantplusdedeuxheures,participéàundébatquelquepeusurréaliste.Aprèsavoir entenduMmeMerkel expli-querpourquoi il fallait aider laGrè-ce,mêmesi la réussitedusecondpland’aideàAthènes«n’estpasgarantieà 100%»,Peer

Steinbrück,porte-paroleduSPD,etRenateKünast, aunomdesVerts,ont sévèrementcritiqué l’actionpasséeetprésentede la chanceliè-re surcedossier, avantde confir-merqu’ils voteraient ledeuxièmepland’aide.

Signeque ledoutegagne tousles esprits, lesopposantsà ceplan,y comprisauseinde laCDU,ontpus’exprimersansêtre chahutés.A laveilleduvote, leministredel’intérieur,Hans-PeterFriedrich(CSU), avait fait sensationendécla-rantau Spiegelque«les chancesdelaGrècedese redresseretde redeve-nir compétitiveétaientévidem-mentplusgrandesen sortantde la

monnaieuniquequ’en restantmembrede la zoneeuro».

C’est lapremière foisqu’unministreexprimeuntelpointdevue.MêmesiM.Friedrichavotél’aideà laGrèce, sesproposontsemé ledoute, tout commeceuxduministredes finances,Wol-fgangSchäuble, laissantentendrequ’il faudrait sansdouteaider ànouveaulaGrèceen2014.

Lundi, lequotidien leplus lud’Allemagne,Bild,avaitbarré sa«une»d’unénorme«Stop»etdon-né laparoleàdeséconomistescriti-quant lenouveaupland’aideà laGrèce.p

Frédéric Lemaître

LondresCorrespondance

L egroupeHSBCaunproblèmeàfairepâlird’enviesesconcur-rents: alors que denombreu-

ses banques peinent à lever desfondspour se renflouer d’urgence,legéantbancairebritanniqueasim-plementdesdifficultésàaméliorersa rentabilité. En 2011, malgré ungrandprogrammede réductiondesescoûts,sonbénéficeavantimpôt(en excluant un effet comptablesur sa dette) a reculéde 6%. Si c’est

unedéception – le cours de Boursea reculé de 2,3% à l’annonce de cerésultat,lundi27février–celasigni-fie quand même que le bénéfices’élève à 17,7milliards de dollars(13,2milliardsd’euros).

HSBC est un mastodonte. Pré-sentedans80pays(notammentenEuropeetenAsie), avec7200agen-ces et 300000employés, la ban-que a toujours fait preuve d’unevraie prudence dans son finance-ment, s’appuyantuniquement surla montagne de dépôts de sesclients–pas loinde 1000milliards

d’euros, soit presque le produitintérieur brut (PIB) de l’Espagne.Cela lui permet de faire face auxpires tempêtes: quand sa brancheaméricaine, qu’elle est en train defermer, a subi d’énormespertes en2008,labanqueaquandmêmeaffi-chéunbénéfice.

Enprenantlesrênesdel’établis-sementdébut2011, StuartGulliveravait estimé qu’il était temps defaire le ménage. Il avait annoncéun plan de réduction de ses coûts,cherchant à économiser jusqu’à2,5milliards d’euros par an d’ici à

fin 2013. Cela signifiait la suppres-sion de 30000emplois, dont 672enFrance.

Envolée des salaires enAsieMoins d’un an plus tard, seize

cessionsoufermeturesontétédéci-dées. Finie la banque de détail enRussie jugée trop peu rentable ;exit la gestion de fortune au Chili ;terminée la présence en Pologne.Quant aux emplois, plus de 11000ont déjà été supprimés. En France,où il n’y aura pas de licenciementssecs,ceuxquipartirontà laretraite

anticipésont été identifiés.Ces efforts ont permis d’écono-

miser700millionsd’eurosl’ander-nier.Celan’apassuffiàredresserlarentabilité de la banque. L’explica-tionvient engrandepartie de l’Eu-rope, où les bénéfices ont chuté de61%, crise de l’euro oblige. La bais-se vient particulièrement de Fran-ce, où se trouve le centre qui gèrelesobligationsd’Etateuropéennes.

Uneautreexplicationest l’envo-lée des salaires en Asie. Dans uneéconomieenpleine forme, lesban-quiers n’y ont pas de pression sur

leurbonuset le fontsavoir:HSBCaété obligée de s’aligner, augmen-tant de 800millions d’euros leursémoluments.

«EnEurope, lesgensont tendan-ce à oublier que le reste du mondecontinueàcroître»,rappelleM.Gul-liver. C’est sur cette croissance despays émergents qu’il compte dansles années à venir. Mais cela ne luiépargne pas de poursuivre sonplande restructuration,pour tenirparole sur l’améliorationde la ren-tabilitéd’ici à deuxans.p

EricAlbert

Euro 1euro 1,3448dollar (achat)Or Onced’or 1772dollarsPétrole LightSweetCrude 108,45dollarsTauxd’intérêt France 3,08 (àdixans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,94 (àdixans)

14 0123Mercredi 29 février 2012

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économie&médias

Une«miliceprivée»«nettoie»uneentreprisebelgeengrève

RouenCorrespondant

L a Société normande de pres-se, d’édition et d’impression(SNPEI ), éditrice des quoti-

diens Paris-Normandie, HavreLibre, LeHavre Presse-Le Progrès etdu journal du 7e jour Liberté-Dimanche,déposerasonbilanmer-credi 29février devant le tribunalde commerce duHavre, a confir-mé, lundi 27, le PDG Michel Lepi-nay, devant un comité d’entrepri-se extraordinaire.

Le personnel (365 salariés) étaitinformé depuis une semaine de ladécision de la SNPEI, les journauxde ce qu’on appelle le «pôle nor-mand» du Groupe HersantMédia(GHM)faisantfaceàundéficitchro-nique. «La direction a donné com-munication de la note explicativequ’elledonneraautribunaldecom-merce pour solliciter le redresse-ment judiciaire. Unanimement, lesélusFILPAC-CGT,SNJetCFE-CGContrejeté cette note qui est incomplète,tronquéeet présentéed’unemaniè-re orientée », a indiqué BrunoMarin,éluduSyndicatnationaldesjournalistes (SNJ) à l’issueduCE.

Lessyndicatssontsévèresà l’en-contrede leurdirection,deGHMetde son président PhilippeHersant,accusés d’avoir laissé péricliter lepôle normand. «L’actionnaire n’apas développé les journauxdeNor-mandie, a vendu des actifs, le siègesocial, les hebdomadaires, tout enrefusantdenousdoter denouvellesrotatives et en prenant un viragenumérique tardif», dénoncentBruno Marin et Véronique Chris-tol, secrétaireduCE (Filpac-CGT).

«Le dépôt de bilan a été organi-sé depuis le projet de fusion entreRossel et GHM, et aujourd’hui, onen paie la facture », poursuitBruno Marin, qui rappelle queGHMetlegroupebelgeRossel,pro-priétaire notamment de La Voix

duNord,ontlancéunprojetdehol-ding commune. Le groupe fran-çais y apporterait ses journauxdupôleSud(LaProvence,Nice-Matin),L’Union-L’Ardennais, alors que lepôlenormandenétaitmaintenuàl’écart, dans l’attente d’un retour àl’équilibre.

Redressement inaccessibleOrParis-Normandieetlesquoti-

diens havrais subissent des pertesrécurrentes (2millions d’euros en2011) pour un chiffre d’affaires de40millions d’euros et une venteen baisse constante (de94000 exemplaires en 2006 à75 000en2011).Fauted’investisse-ments lourds, le redressement del’entreprise semble inaccessible.Or c’est bien ce que reprochent lesélus du personnel au président de

GHMqui «ne se remet pas en cau-se»et s’estconstituéuntrésoréva-lué à un milliard d’euros avec lavente du Figaro et de la Socpresse,«planqué en Suisse» où il a éludomicile, accusent les syndicats.Ils refusent de subir le sort réservéàlaComareg,pôledejournauxgra-tuits, dont le fleuron était Paru-Vendu, liquidé en novembre2011avec ses 1650 salariés.

Mercredi, le tribunal de com-merce duHavre devra se pronon-cerentreunredressementjudiciai-re avec la nomination d’un admi-nistrateur judiciaire ayant toutpouvoir ou d’une simple missiond’accompagnement, et une liqui-dation immédiate. «Les chosessont peut-être déjà ficelées», sup-pose Véronique Christol qui aentenduladirectionassurerqu’el-

leattend«unemissiond’accompa-gnement».

«Onn’ajamaisvoulunousécou-ter.Ornousavonsdespropositionsà faire et nous allons finaliser undossier», indiqueMmeChristol, quiprésentera la position du person-nel devant le tribunal.

Unnouveaucomitéd’entrepri-se extraordinaire est convoqué levendredi2mars.AusiègedeParis-Normandie à Déville-lès-Rouen,les syndicats attendent mainte-nant les «manifestations de soli-darité » des autres entités deGHM qui se sont annoncéesdepuis le meeting organisé ven-dredi dans les locaux du journal,enprésencedequatreàcinqcentspersonnes, dont de nombreuxélus régionaux.p

EtienneBanzet

B onnets et blousonsnoirs,matraques et sprays lacry-mogènes, gilets pare-balles

pour certains: environ 20mem-bres du service de sécuritéembauchés par la société alle-mandeMeister pour «nettoyer»son site en grève de Sprimont,dans la régionde Liège, en Belgi-que n’étaient peut-être pas desnéo-nazismais, aumoins, desnéo-nervis.

Legroupe, cheveuxrasetregardssombres, apénétré sur lesitedimanche26févrieravec, sem-ble-t-il, lamissiond’évacuer troiscamionsremplisdematériels. Ilsontbrutalisédeuxouvriersdemaintenance, forcédes casiers,volédesdocumentsavantdedétruirecertaines installations.

Desdizainesde syndicalistesmobilisésà lahâteontbloqué lesissuesde l’usineavantquedespolicierss’interposentetorgani-sentdans la soirée l’«exfiltra-tion»de ceque lesouvriersontappeléune«miliceprivée». Un«conciliateursocial»aétédépê-chésurplacepar leministèredel’emploi. Lundi27février, lepar-quetgénéralde Liègeaannoncél’ouvertured’une informationjudiciaire.

MeisterBeneluxfabrique,depuis 1983, à Sprimontdesélé-mentsde freinageetdesécuritépour l’industrieautomobile,dontlegéantVolkswagen.Lundi20février, la centainede tra-vailleurs, survivantsd’un licencie-mentcollectifdécidéenseptem-bre2011, avait apprisquedeuximportantescommandesqui

devaientêtre réaliséesenBelgi-queseraientdélocaliséesvers lafiliale tchèquedugroupe.

Deux joursplus tard, ils séques-traientdurantplusieursheuresdesmembresde ladirection, s’atti-rant les foudresde l’Unionwallon-nedesentreprises. Lespatronswallonsdéploraientunepratique«illégale,détestableetdénuéedetout sens»et, constatant lamulti-plicationdece typed’actions, sou-lignaient«l’urgentbesoind’uncli-mat social favorable».

PolémiqueLes patrons deMeister ont

répliqué à leur façon enmobili-sant leur étrange société de gar-diennage, dont l’origine n’étaitpas clairement établiemardi.Une polémique est d’ailleursrapidementnée, des syndicatsdénonçant l’attitude de la policequi a, semble-t-il, laissé repartirle groupe de «gros bras» en secontentant de relever quelquesidentités.

Le lendemainmatin, laminis-trede l’intérieur, JoëlleMilquet,affirmaitque le groupe avait«plus que vraisemblablement»enfreint la loi belge sur le gardien-nageprivé: nonagréépar lesautorités, il tombait dès lors surle coupdedispositions interdi-sant lesmilices privées.

Le parti vert Ecolo a réclamé,quant à lui, une «démarche diplo-matique» du gouvernementbel-ge auprès des autorités alleman-des. p

Jean-PierreStroobants(Bruxelles, correspondant)

Lepersonnelde«Paris-Normandie»,endépôtdebilan,incriminelagestiondeGroupeHersantMédiaLequotidienaperdu2millionsd’eurosen2011pourunchiffred’affairesde40millionsd’euros

L e constructeur automobileaméricain General Motorss’apprêterait à prendre une

petite participationdans PSA Peu-geotCitroën,dans le cadrede leursdiscussionspourscelleruneallian-cestratégique.Lesagencesdepres-se anglo-saxonnes Bloomberg etReuters ont toutes deux fait état,lundi 27février dans la soirée, del’annonce possible, dans la semai-ne, d’une entrée du groupe améri-cain dans le capital du français: lapremière annonce que cette parti-cipation pourrait atteindre 7%, lasecondeque les discussionsporte-raient sur 5%.

Selon une source citée par Reu-ters, qui prévient que l’opérationpourrait encore tourner court,tout achat de GM serait «pure-ment symbolique» afin de scellerl’alliance commerciale entre lesdeuxentreprises. L’agenceBloom-bergexplique,elle,que l’opérationcomporterait une clause empê-chant le constructeur américaind’accroîtreparlasuitesaparticipa-tiondans le groupe français.

PSAPeugeotCitroënétant valo-risé en Bourse quelque 3,6mil-liardsd’euros,uneprisedepartici-pation comprise entre 5% et 7%coûterait en théorie à GeneralMotors entre 180 et 252milliardsd’euros.

Cette option permettrait à lafamille Peugeot, qui détientaujourd’hui 30,9% du capital dugroupe PSA et 48,3% des droits devote, de ne pas céder trop de pou-voir. Réagissant à ces informa-tions, letitrePSAgagnait8,5%mar-dimatinà l’ouverturede laBoursedeParis.

Depuis son arrivée à la tête dePSA en 2009, Philippe Varin, lepatron du groupe, n’a cessé de

répéter que son groupe devaittrouver un allié afin de mettre enplace des synergies industriellesimportantes, d’améliorer sesmar-ges et d’accélérer l’internationali-sation encore trop faible du grou-pede Sochaux.

Dans une industrie où le coûtde développement des automobi-les a explosé, du fait notammentdes réglementations environne-mentales toujours plus strictes, ildevient nécessaire de mutualiserses dépenses et de les amortir envendant plus de modèles sur unplus grand nombre de marchés.D’autant qu’environ 70% du coûtd’unevoitureest constituépardesélémentsachetés à des tiers…

SurcapacitésLe choix de sceller une alliance

avec General Motors n’est cepen-dant pas sans risque. Le groupeaméricainfait deux fois la tailledePSA et a réalisé des bénéfices dixfois supérieurs en 2011 : 5,8mil-liards d’euros pour GeneralMotors, contre 588millions pourle français.

Les deux constructeurs sontégalementconfrontésàdesproblè-mes de surcapacité en Europe, oùGeneral Motors est présent à tra-vers sa filiale en difficulté Opel :celle-ci a perdu 550millions d’eu-ros en 2011. Or, les deux groupessont présents peu ou prou sur lesmêmessegmentsdemarchésur leVieuxContinent…

PSA,desoncôté,avusonbénéfi-ce fortement baisser en 2011, à588millions d’euros, enregistréune perte de 92millions d’eurosde sa branche automobile etannoncé le doublement de sa det-te à plus de 3milliards d’euros.–(avecBloomberg et Reuters.)p

GMpourraitentrersymboliquementaucapitaldePSALesdeuxgroupesautomobilessontconfrontésàdessurcapacitésdeproductionenEuropeU nputschquifait«pschitt»?

Après avoir agité le tout-Paris des affaires et de la

politique la semaine dernière, latentative d’Henri Proglio, PDGd’EDF, de porter Jean-Louis Borlooà la tête de Veolia, révélée par lapresse lundi 20 février, sembledésormais avortée.

Selon nos informations, aucu-nemotiondemandantlatêted’An-toineFrérot, l’actuelPDGdunumé-ro1mondialdesservicesliésà l’en-vironnement,ne seradéposée lorsdu conseil d’administration quidoit se dérouler ce mercredi29février, la veille de la présenta-tiondesrésultatsannuelsdugrou-pe.«HenriProglioatentédepasserenforceet ilaperdu»,seréjouit-ondans l’entouragedeM.Frérot.

Jugée «au mieux malvenue, aupire indécente», la tentative deM.Proglio a été trèsmal vécue parcertains des dix-sept administra-teurs du groupe. Le PDG d’EDFaurait été recadré par plusieursd’entre eux, effarés de voir ses«petites combines» étalées dans lapresse.

«La seule chose que je peuxdire,c’estquetoutcelamanquedesages-se et que c’est très mauvais pourl’image de Veolia», élude SergeMichel, l’un de ces administra-teurs, vétéran de la Générale deseaux et considéré comme l’un des«parrains» duCAC40.

Plusieurs membres du conseils’inquiètent notamment de l’effetdésastreux de cette affaire sur lagouvernance «à la française», cemélange d’intérêts privés et

publicsqu’onretrouvedanslaplu-part des conseils d’administrationdes grandes entreprises tricolores.«OnvoudraitpasserpourdesPiedsNickelés aux yeux du monde desaffaires, notamment anglo-saxon,qu’on ne s’y prendrait pas autre-ment», regrette l’und’eux.

Ce sentiment est d’autant pluspartagéquelaplupartdesadminis-trateurs de Veolia sont membresd’autresconseils.LouisSchweitzerémarge chez BNP Paribas etL’Oréal,DanielBoutonà labanqueRothschildetchezTotal, Jean-Fran-çois Dehecq chez Air France-KLM,BaudouinProt chez PPR…

Agacés, plusieurs fonds anglo-saxons et moyen-orientaux,actionnaires de Veolia, auraientaussicontactéAntoineFrérotpourluidire tout lemalqu’ilspensaientde cette opération. «Certains ontégalement appelé l’Elysée, et paspour parler du beau temps», croit-onsavoirdansl’entourageduPDG.

Nicolas Sarkozy lui-mêmeaurait été très irrité de voir sonnom associé à cette tentative deputsch,aumomentoùilseprésen-tait comme le «candidat du peu-ple contre les élites». Mais, selonnos informations, il n’aurait pasparlé directement à M.Progliodepuis la révélationde l’affaire.

Untempsdéstabiliséparl’offen-sivedesonex-mentor,AntoineFré-rotprofitera-t-ildufauxpasd’Hen-riProgliopourprendrel’avantage?EnpleinerestructurationdeVeolia– il a notamment passé 838mil-lions d’euros de provisions fin2011–, ilsaitquesonconseild’admi-

nistrationestdivisé.Certainsmem-bres sont d’accord avec son dia-gnostic : trop d’activités, trop defiliales,tropdedépenses.Maistousne partagent pas sa stratégie. Plu-sieurs d’entre eux s’opposent parexemple à la cession de Transdev,lafilialedetransportsdugroupe,etde Dalkia, l’activité de chauffageurbain,queM.Frérotestimenéces-saire pour réduire la dette de Veo-lia, qui atteint 15milliardsd’euros.

M.Frérotpourraitdoncêtreten-té de faire le ménage parmi lesadministrateurs du groupe, touschoisis par M.Proglio entre2003et 2010, afin d’imposer certainsdeses fidèles au conseil. Il disposepour cela d’une fenêtre de tir idéa-le : le 15mars, quatremandats doi-vent être renouvelés, ceux deLouis Schweitzer, de BaudouinProt (BNP Paribas), de Jean Azéma(Groupama) et de Pierre-André deChalendar (Saint-Gobain).

« C’est là que les grandesmanœuvres vont véritablementcommencer,estimeunadministra-teur. On va voir ce jour-là de quelcôté bascule le rapport de forces.»

D’autres estiment au contraireque rien ne devrait bouger avantl’élection présidentielle. Trop ris-qué pour un groupe qui réalise40%desonactivitéavec lescollec-tivités locales en France. Certes,M.Proglio et M.Frérot ne se sontpas parlés depuis le 8février, datedeleurdernièrerencontre,particu-lièrement tendue, au siège d’EDF,avenue deWagram, à Paris. «Maisni l’un ni l’autre n’a intérêt à fairede vagues pour lemoment», assu-reunprochedes deuxhommes.

Cet apaisement est en tout casvécuavecsoulagementeninterne.«Depuis une semaine, on ne parleque de ça dans les couloirs, expli-queun cadre de la branche Eau dugroupe. Beaucoup de gens sedemandent cequi va sepasser.» Le22février, M.Frérot a réuni au siè-ge de Veolia, avenue Kléber, àParis, les 300 plus importantscadres du groupe en France, pourles rassurer. Son discours, s’il a étéjugéassez terne, anéanmoinsper-mis de «montrer qu’il y avait uncapitaineà la tête du navire», esti-meunparticipant.

En interne, pro et anti-Frérot semobilisent. Des salariés ont postésur Facebook une lettre ouverte,où ils dénoncent «une entreprisede déstabilisation orchestrée pardes intérêts particuliers» et regret-tent que Veolia devienne un « lieude villégiature pour personnalitésendéshérence».Maisd’autresn’hé-sitent plus à dire publiquementque M.Frérot n’a pas l’étoffe etdoit partir. Ambiance… p

Cédric Pietralunga

Al’imprimerie de«Paris-Normandie», àDéville-lès-Rouen (Seine-Maritime), le 24février. KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Bougeravantl’électionprésidentielleseraittroprisquépourungroupequiréalise40%desonactivitéaveclescollectivitéslocalesenFrance

Aprèsl’échecduputschdupatrond’EDF,unetrêveprécaires’installechezVeoliaLebrasde fersepoursuivra lorsdurenouvellementduconseild’administration le 15mars

150123Mercredi 29 février 2012

Page 16: journal le monde du 29-2-2012

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 28/2 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 22,87 24/2

Fonds communs de placementsCM-CIC EUROACTS C 18,00 24/2CM-CIC SELECT.PEA 7,47 24/2CM-CICMID EUROPE 20,47 24/2CM-CIC TEMPEREC 172,02 24/2CM-CIC DYN.EUROPE 32,50 24/2CM-CIC FRANCEC 30,26 24/2CM-CIC EQUILIBRE C 72,02 24/2CM-CIC DYNAM.INTLE 27,82 24/2CM-CIC OBLI C.T.D 133,58 27/2CM-CICMID FRANCE 33,79 24/2

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SICAVET FCP

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3454,11 28/2 0,37 3478,03 22/2 3114,45 9/1 9,00

ALLEMAGNE DAX Index 6876,77 28/2 0,40 6971,03 21/2 5900,18 2/1 9,35

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5923,11 28/2 0,13 5964,02 24/2 5572,28 3/1 9,66

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12981,51 27/2 0,00 13027,52 27/2 10404,49 4/10 11,19

Nasdaq composite 2966,16 27/2 0,00 2970,88 24/2 2298,89 4/10 15,79

JAPON Nikkei 225 9722,52 28/2 0,92 9736,11 27/2 8349,33 6/1 13,11

LESMARCHÉSDANSLEMONDE 28/2, 9h43

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PERcours 2011 2011

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Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,02 26,11 -0,36 32,86 27,74 18,70 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 97,13 97,05 0,08 1,61 99,50 94,21 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,93 1,91 1,10 59,73 1,97 1,21 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 32,01 32,19 -0,56 36,62 32,43 21,93 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ............... 15,95 15,86 0,54 12,85 17,96 14,03 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,06 12,03 0,33 20,11 12,92 9,39 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 36,73 36,59 0,38 21,02 38,09 27,52 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 24,48 24,43 0,20 0,55 25,74 22,50 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 32,39 32,38 0,02 34,15 33,10 24,04 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 17,96 17,91 0,31 1,99 18,62 16,27 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 4,75 4,73 0,51 8,97 5,71 4,01 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 50,77 50,80 -0,06 4,53 50,93 45,93 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 27,13 27,16 -0,13 12,34 27,66 24,02 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 18,68 18,62 0,32 -0,64 19,32 16,92 0,57 A FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 59,90 59,73 0,28 9,81 60,17 54,50 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 11,74 11,71 0,21 -3,26 12,40 11,09 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 19,75 19,68 0,36 -6,49 21,85 19,06 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 34,51 34,98 -1,34 27,04 35,93 26,07 1,00 T FR0000120537LEGRAND .......................... ◗ 27,19 27,22 -0,11 9,42 27,80 24,54 0,88 T FR0010307819L’OREAL ............................ ◗ 85,63 85,44 0,22 6,11 86,12 79,22 1,80 T FR0000120321LVMHMOET HEN. ............ ◗ 125,05 124,70 0,28 14,31 129,60 108,00 0,80 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 51,80 51,66 0,27 13,41 57,93 45,61 1,78 T FR0000121261PERNODRICARD ............... ◗ 76,93 77,13 -0,26 7,35 78,21 70,50 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 16,41 15,30 7,22 35,51 17,39 11,98 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 126,40 126,10 0,24 14,23 128,50 110,70 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 40,74 40,80 -0,13 14,63 42,60 35,30 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 39,31 39,06 0,64 46,70 42,05 26,76 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 24,40 24,36 0,18 5,15 26,01 22,75 0,25 A FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 35,65 35,55 0,28 20,18 37,62 29,03 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 56,03 56,05 -0,04 -1,27 57,42 54,86 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 49,89 49,91 -0,03 22,64 51,98 40,31 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 23,93 23,71 0,95 39,12 25,25 14,88 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,38 5,35 0,60 17,23 5,83 4,59 0,09 A NL0000226223TECHNIP ............................. ◗ 81,70 81,49 0,26 12,50 82,68 68,76 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 42,09 41,97 0,29 6,56 42,27 38,57 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 144,60 144,35 0,17 4,10 152,25 130,35 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 52,15 52,79 -1,21 3,97 58,24 49,68 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 8,98 8,98 n/d 6,09 9,79 7,88 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 38,55 38,34 0,55 14,20 38,96 33,62 0,55 A FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 16,41 16,32 0,55 -3,01 17,62 15,58 1,40 T FR0000127771

Mardi 28 février 9h43Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code

cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

FinanceLe FMI débloque4milliards de dollarsau profit de l’IrlandeLe Fondsmonétaire international(FMI) a approuvé, lundi 27février,le versementd’unprêt de4,33mil-liardsde dollars (3,22milliardsd’euros) à l’Irlandedans le cadred’unpland’aide conclu en2010.Leversementde cette tranchepor-te à 21,49milliardsde dollars lessommesmises à dispositiondeDublinpar le FMI sur un total de30,23milliards. – (Reuters.)

EnFrance, l’assurance-viese redresse,mais restedans le rougeL’assurance-vie,qui a connuen2011uneannéemarquéepar desretraits supérieursauxverse-mentspendantcinqmoisd’affi-lée, est restéedans le rougeen jan-vier,mais s’est redressée, selondeschiffrespubliés, lundi 27février,par la Fédération françaisedes

sociétésd’assurance. Ladécollectenette (retraitsmoinsversements)a atteinten janvier – 1,1milliardd’euros (après – 3,8milliardsendécembre). – (AFP.)

DistributionCasino rejettel’offre de rachat deses parts dansMonoprixLe conseil d’administrationdeCasinoa rejeté, lundi 27février, la

propositiondesGaleries Lafayet-te de racheter audistributeur sté-phanois ses 50%deMonoprix auprixde 1,35milliardd’euros. Parailleurs, Casino a annoncé,mardimatin, unbénéficenet 2011 enhaussede6,5% à 568millionsd’euros, grâce à ses bonnesperfor-mances à l’étranger. Le résultatopérationnel courant a progresséde 19,1%, à 1,548milliardd’euros.

Energie La justiceconfirme la reprisedePhotowatt par EDFLe tribunal de commercedeVien-ne (Isère) a confirmé, lundi27février, la reprise du fabricantdepanneaux solaires Photowattpar EDF. Le grouped’électricités’engage à reprendre 355salariéset à en reclasser 70autres dansl’unede ses deux filiales, EDF SAouERDF, dansun rayonde60km.

RestaurationBurger Kingfait son retour en FrancePascalMadry, directeurà la fédéra-tionProcosdu commerce spéciali-sé, a confirmé,mardi 28février,que l’enseignede fast-foodBurgerKing, partie dumarché françaisen 1997, y fera son retour.«OnattendBurgerKingdans le futurcentre commercial de la gare Saint-Lazare inauguré le 21mars», décla-re-t-il, confirmantune informa-tiondu Figaro.

Marchés

Energie

Maréenoire:BPprêtàpayer14milliardsdedollarsLes discussions en vued’un accordentre le groupepétrolier britanni-queBP et les avocats des victimesde lamaréenoiredans le golfe duMexique, en 2010, portent sur 14milliards dedollars (10,4milliardsd’eu-ros), selon leWall Street Journal. Cette sommeconstitue le soldedes20milliardsde dollars qui avaient étémis de côté par BP en 2010pourindemniser les particuliers et les entreprises.Un accord amiablepour-rait être annoncé très prochainementet impliquer despaiements addi-tionnels substantiels parBP, ont fait valoir les sources citées par leWallStreet Journal. – (AFP.)p

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Samedi 10 h à 14 h

BarceloneEnvoyées spéciales

C omment exister quandApple et Samsung écrasentlittéralement la concurren-

ce dans les smartphones, trustant,à euxdeux, plus duquart (27%) decemarché, selon les derniers chif-fres du cabinet d’étudesGartner?

Les concepteurs de téléphonesqui comptent encore sur ce mar-ché ont tous tenté de se différen-cier au Mobile World Congress, leplusgrandshowmondialdumobi-le, qui a ouvert ses portes le27février à Barcelone.

Latâcheestd’autantplusdiffici-le que la plupart d’entre eux –excepté le finlandais Nokia et lecanadien RIM, le concepteur duBlackberry – ont adopté le mêmesystèmed’exploitation pour leursmachines: Android, deGoogle.

Certainsontpris l’optionde fai-re la course à la performance: pro-cesseurs ultrarapides, téléphonescompatibles avec la 4egénérationderéseauxmobiles,appareilspho-to supersoniques…

Le coréen LG promeut notam-ment l’affichage en trois dimen-sions, capitalisant sur son savoir-faire en la matière dans les télévi-

seurs. Son téléphone «Optimus3DMax» permet de visualiser ducontenu 3D sans lunettes et deconvertir des vidéos et images 2Den3D (et vice versa).

Cette gamme de téléphones,commercialisée depuis quelquesmois, ne s’est écoulée qu’à unmil-lion d’exemplaires, surtout enCorée du Sud. «Je suis sûr qu’il y aunmarché,même s’il se développelentement», affirme KennethHung,directeurde la communica-tion auniveaumondial.

Le taïwanais HTC parie, lui, sur

un son exceptionnel, grâce à l’ac-quisition récente de la start-upBeats Electronics (qui commercia-lise des casques audio au look étu-dié).Et surunappareilphotocapa-ble de prendre des photos panora-miques avec une profondeur dechampexceptionnelle.

«Etre innovants»Nokia mise aussi sur la photo,

avec un téléphone proposant unerésolution encore jamais atteinte:41mégapixels. «Le but est de prou-ver que nous pouvons à nouveauêtre innovants », relève NiklasSavander, vice-président de Nokia.Le groupe, premier vendeur aumonde de téléphones, tous modè-lesconfondus,n’avaitpasétonnélemarchédepuisdesannéessurlecré-neaudesmobiles intelligents.

Maisuneautre stratégieconsis-te àmiser sur le prix. Nokia a ainsiprésentéàBarceloneunsmartpho-ne, leLumia610,à189dollars(horstaxes et subventions). «Ce nou-veaumodèlevaprobablementêtresubventionnépar lesopérateurs,etpassera du coup à 0 euro», espèreM.Savander.

«Le 610 est un très bon télépho-ne. Ce n’est pas un smartphone aurabais», relève Francisco Jeroni-

mo,ducabinet IDC. Selon l’analys-te, parmi ces marques qui misentsur le prix, une se distingue : lechinois Huawei. A l’origine fabri-cant d’équipementsde réseauxdetélécommunication, le groupes’est lancé il y a quelques annéesdans la fabrication de téléphonespour d’autres et veut aujourd’huilancer sa propremarque.

En Europe, Huawei devrait pro-poser dans les mois qui viennentune gamme de smartphones de15% à 20% moins chers que lesautres, à performances égales.«C’est unacteurqui va compter lesannées à venir», estime M.Jeroni-mo.

Malgréleursefforts,lesconstruc-teurs admettent en privé qu’Appleet,dansunemoindremesure,Sam-sungdemeurentbientropenavan-cepourêtre inquiétés,dumoinsen2012.«Nousdevons resterhumbles,onfait tousdesefforts,maisperson-ne ne joue dans la catégorie d’Ap-ple», avoue le responsable françaisd’un grand constructeur. Le géantaméricain a publié, pour 2011, unchiffred’affairessupérieuràlasom-mede ceux de tous ses principauxconcurrents.p

SarahBelouezzaneetCécileDucourtieux

économie

TokyoCorrespondance

C ’est la faillite la plus impor-tante de l’après-guerre auJapon. Le fabricant de semi-

conducteurs Elpida Memory adéposé le bilan lundi 27 février.Une décision motivée par448,03milliards de yens (4,13mil-liards d’euros) de dettes accumu-lées au 31mars 2011 et 42,1mil-liards de yens de pertes nettesentreoctobre et décembre2011.

Elpida est le dernier fabricantjaponaisdecomposantsélectroni-quesmémoiresde typeDRAM, cespuces surtout utilisées pour stoc-ker les données dans les ordina-teurs. Le constructeurest confron-té tout à la fois à l’effondrementdes prix, à la concurrence desgéants sud-coréens, comme Sam-sung ouHynix, ainsi qu’à la haus-se du yen. Aujourd’hui, a déploréYukio Sakamoto, le président d’El-pida, « vous pouvez acheter unsemi-conducteur pour le prix d’unonigiri», une boule de riz vendueunpeuplusde 100yens (1 euro).

En décembre2011, les banquesdu groupe avaient exigé un plande restructuration. La Banquejaponaise de développementavait annoncé qu’en l’absence deréformes, elle retirerait son appuile 31mars.

Elpida avait sollicité une dizai-ne de ses clients pour obtenir unsoutien de 500millions de dollars(371,7millions d’euros) et avaitannoncé une délocalisation de saproductionà Taïwan.

Des rumeurs ont circulé surune alliance avec le taïwanais

Nanya et le japonais Toshiba. Lapossibilitéd’unrachatpar le fabri-cant américain Micron Technolo-gy, lui aussi spécialisé dans lescomposants mémoires, était enbonnevoiejusqu’àcequelesnégo-ciations soient interrompues parledécès, le3février,deSteveApple-ton, patrondeMicron.

Le ministre de l’économie, ducommerce et de l’industrie YukioEdano a qualifié la faillite d’Elpidade «regrettable mais inévitable».«Nousespéronsquelegroupepour-ra relancer ses opérations le plusvite possible», a-t-il ajouté.

Externaliser la productionCeredressements’annoncedéli-

cat.Elpida,néeen1999dela fusiondes activités de NEC, Mitsubishi etHitachi, et cotée depuis 2004, areçu une importante aide de l’Etataprès la crise de 2008. Le groupen’apasremplisesobjectifs.M.Saka-motovoulaitenfaire lenumérounmondial.Elpidanedétientque12%du marché mondial des DRAM,loindernière Samsung (45%).

Cette faillite pourrait marquerla fin des circuits intégrésmémoi-res«madeinJapan».Cetteactivitéa connu son âge d’or dans lesannées 1980, quand les groupesnipponsdétenaientplusdelamoi-tié dumarchémondial.

Leur déclin illustre leurs diffi-cultés à s’adapter. Incapables des’en sortir seuls, Renesas, Panaso-nic et Fujitsu négocient ainsi unefusion,quipourraitse traduireparune externalisation de la produc-tion, condition indispensablepour rester compétitif.p

PhilippeMesmer

L e prix des carburants à lapompe est devenu un vérita-blebouletpourNicolasSarko-

zy, comme il joue contre BarackObamaauxEtats-Unis.A 1,60eurole litre de super sans plomb95 et1,44euroceluidegazole,c’estdeve-nu le symbole de la baisse dupou-voird’achat,quihandicapeleprési-dent sortant, incapable d’infléchirle cours des choses sur le marchémondial du brut. La prédiction duPDGdeTotal,ChristophedeMarge-rie, est en train de se réaliser : tôtou tard, le litre de super atteindra2euros.

Le président-candidat a recon-nu une forme d’impuissance, lun-di 27 février. Peut-on bloquer lesprix de l’essence et du gazole ?«C’est mentir de dire ça ; ça n’aaucun sens, a réponduM.Sarkozysur RTL. Le blocage des prix peutavoir du sens pour quelque chosequiestenFrance,maisquelquecho-se qui est acheté à l’étranger?»

La«TIPP flottante»Il répondait aux accusationsdu

socialiste Jean-Marc Ayrault. «Leprixdel’essencebattous lesrecordset M. Sarkozy n’a rien à proposeraux Français qui voient leur factu-re énergétique augmenter chaquesemaine», avait dénoncé celui-ci.

De son côté, François Hollandeaproposéunretourà la«TIPP flot-tante» créée par le gouvernementJospin en 2000. La taxe intérieuresur les produits pétroliers (TIPP)estassisesurlesvolumesdecarbu-rants–nonsurleurprix,contraire-mentàlaTVA–etelleestdoncsen-sible aux quantités écoulées. LaTIPP serait automatiquementréduite à hauteur du surcroît derecettes de TVA lié à la hausse desprix des carburants. Mais l’Etat

devrait se priver de près de 4mil-liards de recettes pour financerunebaissede10centimespar litre,a calculé Yann Wehrling, l’anciensecrétairenationaldesVertspasséauMoDemde FrançoisBayrou.

C’est le coût exorbitant de la«TIPP flottante» qui avait signésonarrêtdemorten2002.Réduirela très faible part de TIPP verséeauxrégionsn’auraitaucunimpactsur le consommateur, selon AlainRousset(PS),présidentdel’Associa-tiondes régions de France.

M.Hollande a aussi proposé unblocage des prix pendant troismois. Le gouvernement Bérégo-voy y avait eu recours, enaoût1990, à la veille de la guerredu Golfe, pour limiter la flambéedesprixpétroliers.Uneidéesoute-nuedepuisdesmoispar leConseilnational des associations familia-les laïques. Ce mouvement jugequelegouvernementpeut,ens’ap-puyant sur le Code du commerce,prendre«desmesurestemporaires[sixmoismaximum]motivéesparune situation de crise, des circons-tancesexceptionnelles,unecalami-tépubliqueouunesituationmani-festementanormaledumarché».

Le baril de brent a atteint, ven-dredi 24 février, son plus hautniveau en dix mois, à 125dollars.En euros, il a atteint 93,60euros,dépassant ses cours de l’été 2008.Depuisledébutdel’année,sahaus-se a été de 15%, alimentée par lestensions liées au programmenucléaireiranienetàunebaissedela production de plusieurs pays(Syrie,Yémen,SoudanduSud).Cet-te hausse attise les craintes despays duG20de voir certaines éco-nomies occidentales basculerdansunenouvelle récession.p

Jean-MichelBezat

17,7

5

3,2

45,4

SOURCE : GARTNER

Nokia toujours leader

Nokia Samsung

Apple

4,9LG ElectronicsAutres

ZTE

PARTS DE MARCHÉDES FABRICANTS DE MOBILESen volume, en %

23,8 %

Smartphones:lesconcurrentsd’AppleetdeSamsungcherchentàexisterCertains fabricants, commele finlandaisNokiaou lechinoisHuawei, jouent labaissedesprix

LefabricantjaponaisdemémoiresElpidaenfailliteLegroupeestdépassépar ses rivauxcoréens

MM.SarkozyetHollandes’opposentsurleblocagedesprixdescarburantsLacrise iranienneafaitprogresser le coursdupétrolede 15%depuis ledébutde l’année

16 0123Mercredi 29 février 2012

Page 17: journal le monde du 29-2-2012

décryptagesRENCONTRE

L’oracledeNaxosAthènes

Correspondance

Manolis Glezos est unhéros grec. Pas undemi-dieudel’Antiqui-té, mais un hommebienvivantet toujoursactif de 89 ans – «dont

75ans de luttes» –, qui résume à lui seull’histoire blessée de la Grècemoderne, del’Occupationallemandeau combat actuelcontre la «troïka».

L’homme qui a décroché le drapeaunazi de l’Acropole en 1941 conserve en luiune part de jeunesse. Il n’est pas trèsgrand.Sachevelureblancheondulelégère-mentsur lanuque. Il a l’œil vif et souriant.Sa moustache et ses sourcils fournis luidonnent une «gueule» qui porte sur elletoute la fiertéde laGrèce.Et sonhumanitépassedans son regard clair.

Dimanche 12 février, alors qu’il étaitassis avec le musicienMikis Theodorakis–son cadet en résistance, âgé de seule-ment86ans–,devantlesdéputésquis’ap-prêtaient à voter de nouvelles mesuresd’austérité, un ministre s’est senti obligéde rendre hommage aux deux «monu-ments » présents ce soir-là. Les deuxmonuments en question venaient d’êtreatteints par des gaz lacrymogènes, alorsqu’ils demandaient à entrer dans le Parle-ment, comme ils en ont le droit en tantqu’anciens députés, suivis par un cortègede 100000manifestants.

Quelqu’unademandéau chefdesMAT(les CRS grecs) pourquoi il ne voulait pasles laisser passer. «On ne va pas laisser lescommunistes occuper le Parlement», arépondu l’officier. Manolis Glezos éclatede rire en racontant cette histoire, qui luirappellebiendessouvenirs.Lesdeuxcom-pères ont fini par entrer au Parlement,aprèsavoirfaitétapeàl’infirmeriepoursefaire soigner.

Dix jours après, Manolis Glezos prendencore desmédicaments pourmieux res-pirer. Sur une feuille, il dessine. L’endroitoù il se trouvait, place Syntagma, ce jour-là ; puis la tribune où ils siégeaient avecTheodorakis, à la gauche du président,face aux députés. «Nous n’avions pas ledroit de parler, mais j’étais là pour trans-mettre l’angoissedupeuplegrecdevant lesmesures qu’ils allaient voter.» C’était unsilenceparlant.

«Toute ma vie, on a essayé de faire demoi un monument pour me faire taire. Je

ne suis pas une statue ou un tableau, et jeparle tout le temps.» Il est infatigablepourparler dupassé, du présent, du futur et del’avènement d’une démocratie directequ’il appelle de ses vœux.

Il n’y a qu’un sujet dont il ne souhaiteplus parler : la nuit du 30 au 31mai 1941,quand, à 18 ans, il est allé avec son amiApostolosSantas,mortenavril2011,décro-cher ledrapeaunaziqui flottait sur l’Acro-pole. Ilbascule lentementla têteenarrièreen disant dans un sourire «Oxi» («non»).«Jenesuispasunestar.Ceseraitridiculederaconter toujours lamême chose.»Mais ilveut bien expliquer leur geste : «Nousavions entendu qu’Hitler avait déclaré lavictoire allemande en Europe. On s’est ditque, si tel était son avis, on allait lui mon-trer que la lutte ne faisait que commencer.Et nous sommes partis le lendemain versl’Acropole.»

Dans le documentaire sur Les Combat-tants de l’ombre (à voir sur le sitehttp://lescombattantsdelombre.arte.tv),Apostolos Santas raconte cette nuit declairdelune, lesgardesallemandsqui fontla fête avec des femmes pour célébrer lavictoire du Reich, leurs vaines tentativespour grimper au mât glissant et le dra-peau gigantesque qui finit par tomber. Ils

découpentchacununmorceaude la croixgammée, avant de jeter le reste de l’ensei-gnedansunpuitsoù, selonlamythologie,se tenait le serpent qui gardait l’Acropole.«Acemoment-là, expliqueApostolosSan-tas, nous avons ressenti, Manolis et moi,une grande fierté. Nous étions au sommetde l’Acropole. Nous ne portions aucunearmeetnousavionsréussiàenleverlesym-boledes forcesquiavaient traumatisé l’Eu-rope entière.»

Manolis Glezos n’a guère le temps desavourer son acte d’héroïsme, ni pendantniaprès laguerre. Il a étécondamnéàmorttrois fois, a subi neuf tentatives d’assassi-natetpasséseizeansdesavieenprison.Vic-time des Allemands pendant la guerre ou,la plupart du temps, de son propre pays,qu’il apourtantcontribuéà libérer.

Après la défaite allemande, les troupesanglaises combattent les résistants com-munistes qui ont gagné la guerre et refu-sent de désarmer. Le pays entre dans qua-treannéesdeguerrecivile.En1949,Mano-lisGlezosestcondamnéàmortpourtrahi-son. Un dirigeant grec l’annonce à unepresse incrédule, en leur affirmant que satombe est déjà prête. «Ma mère est alléevoirmontombeau»,explique-t-il. Ilsesou-vient de la radio grecque diffusant, ledimanche après sa condamnation, unextrait de la radio française, qui annonce:«Le général deGaulle s’adresse au gouver-nementgrecpourqu’iln’exécutepas lepre-mierrésistantd’Europe.»«Dansmonvilla-ge, sur l’île deNaxos, tout lemondea signéenmafaveur,mêmelepope.Et ilsn’étaientpas tous communistes», souligne-t-il.

«Le général de Gaulle a exagéré. Je nesuis pas le premier résistant d’Europe.» Ilse lève et sort de sa bibliothèque les deuxgros volumes de son histoire de la Résis-tance ainsi que la photo en noir et blancd’un jeune homme. «C’est lui le premierpartisan.» Il s’agitdeMathiosPotagas.«Le2mai 1941, il s’est mis sur la route devantune colonne allemande pour leur deman-der d’arrêter et leur dire: “Vous n’avez pasgagné. Vous n’allez pas nous rendre escla-ves, car notre âme est toujours libre. Je suisseul,mais derrièremoi il y a tout le peuplegrec.” Il avait 17ans. Ils lui ont écrasé la têteà coupsde pierres.»

Dans samaison du quartier résidentielde Neo Psychiko, dans le nord d’Athènes,le portrait d’un jeune homme fait face àl’entrée. C’est celui de son frère, exécuté à19anspar lesAllemands.«C’estunpeintreallemandqui l’a faitàpartird’unephoto. Ilest venume l’apporter à Naxos.» S’il mili-te,depuisbienavant lacriseactuelle,pourque l’Allemagne rembourse l’argent quela Grèce a dû lui prêter pendant la guerre,Manolis Glezos s’est toujours défendu detout antigermanisme,pourtant à lamodeen cemomentdans le pays.

L’homme,emprisonnéànouveausousle régimedescolonels (1967-1974), adéser-té les rangs communistes depuis long-temps. Il est aujourd’huimembreduSyri-za, lepartid’extrêmegaucheparlementai-re, farouchement opposé aux mémoran-dums signés avec la «troïka» – les repré-sentants du Fonds monétaire internatio-nal (FMI), de la Commission européenneetde laBanquecentraleeuropéenne (BCE)–, qui ont prêté 110milliards d’euros à laGrèce enmai2010 en échange de sévèresmesures d’austérité ; et s’apprêtent àremettre au pot 130milliards d’euros,contredesmesuresencoreplussévèresdebaisse des salaires et des pensions deretraite.

«L’ancien président de l’Institut fran-çaisd’Athènes, RogerMilliex, avait dit pen-dantlaguerrequelacapitaledelaRésistan-cede l’Europeétait Athènes. Cela redevientvrai aujourd’hui. Face à ces mouvementspopulaires, le gouvernement est en pani-que.» Le 12février, la police a lancé très tôtdes gaz lacrymogènes pour disperser lamanifestation et des bandes organiséesen ont profité pour incendier plusieursimmeubles. Les pompiersont eudumal àintervenir dans la foule. Les gens quifuyaientlesgazseheurtaientàceux,nom-breux, qui continuaient d’arriver, don-nantune impressionde chaos.

«Legouvernementn’apasde légitimitépopulaire, alors que les mesures qui sontprises vont engager la Grèce pendant plusde vingt ans», explique Manolis Glezos.En novembre2011, Lucas Papadémos aremplacé le premier ministre GeorgesPapandréou, contraint à la démission.

L’ancien vice-président de la BCE a alorsforméungouvernementdecoalitionaveclessocialistesduPasok, ladroitedelaNou-velle Démocratie et l’extrême droite duLaos, qui a quitté le navire début février.

«Les gens sont en colère. La marcheincontrôlable de cette colère peut nousentraîner dans un très grave conflit, expli-quelevieuxmilitant. Ilyadessuicides,desgens qui sont arrêtés parce qu’ils volentpournourrir leurs enfants.Mais que va-t-ilse passer quand les ressources des gensseront complètement épuisées? Si cettecolèrene se transformepasenunactepoli-tique, nous serons perdus. C’est pour çaqu’il faut des élections le plus vite possible.L’écart entre le peuple et le gouvernementdevient trop important. Les députésn’osent pas apparaître enpublic.»

D uhautdeses70annéesderésistan-ce, il affirme: «On vit un change-menthistorique,quivabouleverser

le monde entier, dans dix ans, vingt ans,quarante ans. Si nous ratons cette occa-sion,nousallonsreculer.»Aprèsde90ans,il aspire à une démocratie directe, qu’il amise enpratiquependantdouze ansdansson village d’Apiranthos, sur l’île deNaxos. «C’est le seul village de 1000 habi-tants avec cinq musées et trois bibliothè-ques. Aujourd’hui, les Constitutions desprincipaux pays sont les mêmes: le pou-voir vient du peuple et il est exercé en sonnom.Il fautquelepouvoirsoitexercépar lepeuple. Il y a de plus en plus d’assembléespopulaires, dans des entreprises ou desmunicipalités… Il suffit de quelquesminis-tères – pour les affaires étrangères ou ladéfense– et, aprèsdevraisdébats, onorga-nisedesréférendumspourlesgrandesdéci-sions.»

C’est le retour à la cité antique, la polis.Outre ses activités politiques, ManolisGlezosapubliédes livres sur la géologieetla linguistique, deux sciences apprises,pour l’essentiel, à l’universitéde laprison.Lelinguistepoursuitsaleçon.«Polisadon-né polites, le citoyen, et politismos, laculture.Nous avons donné tout ça à l’Occi-dent et qu’avons-nous reçu en échange?»Il laisse passer un moment de silence etrépond en français : «La police ! » A cemoment-là, ses yeux pleins demalice ontl’air d’éclaterde rire.p

«Silacolèredesgensnesetransformepasen

unactepolitique,nousseronsperdus»

Manolis Glezos

Manolis Glezos, à sondomicileathénien, le 22 février.MYRTO PAPADOPOULOS POUR «LE MONDE»

Alain Salles

A89ans,ManolisGlezosest toujoursunefigureactivede la résistance.Celuiquiadécrochéledrapeaunazidel’Acropole souhaiteaujourd’hui faireentendre lavoixdupeuplegrec

170123Mercredi 29 février 2012

Page 18: journal le monde du 29-2-2012

EnSyrieparHassanBleibel

Onprête àGandhi l’affirma-tion suivante : «La gran-deurd’unenationet de sonprogrès moral peut êtrejugée à la façon dont elletraite ses animaux.»

Cette belle idée sert aujourd’hui de ferde lancedans laguerreduplus civiliséquesemènentlesgroupes«identitaires».Celafait quelques années déjà que ceux-ciessaient de rejouer le conflit des civilisa-tions autour de l’abattage des animaux.Les identitaires « laïques» affirment quel’augmentation des abattages halal est lesigne d’une « islamisation de la Républi-que». Les intégristes chrétiens insistentsur la souffrance des animaux abattusselon les méthodes qu’ils qualifientd’«archaïques» des juifs et des musul-mans.Lesmusulmansradicauxs’effraientde la cruauté desméthodes d’«assomma-ge» de l’abattage conventionnel. Chacuncraint la barbariede l’autre.

Le problème de l’abattage rituel n’estpourtant pas culturel mais économique.S’il faut en effet refuser d’aller sur le ter-rain culturel du Front national, il ne fautpasnier qu’il existeunproblèmede traça-bilité dans les abattoirs, dont les causeséconomiques ont des implications éthi-quesetpolitiques.Lesautoritésfrançaisessont au courant de ce problèmedepuis denombreusesannéesetontétéalertéesdès2005, chiffres à l’appui, parun rapport duComité permanent de coordination desinspections (Coperci) intitulé «Enquêtesur le champduhalal».

J’observedepuiscinqansuneradicalisa-tion des positions des organisations deprotectionanimale, et notammentde cel-les qui n’ont pas de lien historique avecl’extrême droite. Elles ont été exaspéréespar les promessesnon tenuesducandidatNicolas Sarkozyen2006, lequel avait pro-mis qu’il prônerait la généralisation del’étourdissement préalable à l’abattage.Cette radicalisation, et les excès auxquelselle a pu conduire (comme cette campa-gne d’affichage refusée par l’Autorité derégulation professionnelle de la publicitéaumotif qu’ellepouvait choquerunepar-tie du public), ne doit cependant pas faireoublierque l’industrialisationet lamassi-fication de l’abattage halal posent un réelproblèmede souffranceanimale.

En effet, pour ce type d’abattage, effec-tuéenFrance sans étourdissementpréala-bleenvertud’unedérogation, lesabattoirsdoiventutiliserdesmoyensdecontentionspécifiques et ralentir les cadences d’abat-tage.Or,dansuneindustrietayloristecom-mel’abattoir, letempsc’estde l’argent,et ilarrive que ces mesures de précaution nesoient pas mises en œuvre correctementparcequ’elles fontperdre tropde tempsetdonc tropd’argent.

Pour satisfaire leurs commandes deviandes rituelles et non rituelles, il est fré-quent que certains abatteurs abattent latotalitéd’unlotd’animauxenmoderituelpour n’en écouler qu’une partie dans lescircuits de distribution religieux, le resteétantorientéversdescircuitsconvention-nels.Dansunrapportde ladirectiongéné-rale de l’alimentation du ministère,publiéparBulletindel’Académievétérinai-re de France en 2008, il apparaissait quesur le territoirenational32%desanimauxétaientmisàmortselonunprocédérituel.Les exportations résiduelles n’expliquentpas seules l’écart de ce chiffre avec unedemande religieuse estimée à 7% de lapopulation française.

Le responsabledece supplémentévita-ble de souffrance animale n’est pas lerituel musulman mais son industrialisa-tion et la course à la rentabilité dans uncontexte très compétitif qui amèneà pro-duireen rituelplusquenécessaire, etplusvite quene l’autorise la réglementation.

Ceproblèmene seposepasqu’en Fran-

ce, il existe en Belgique, au Pays-Bas ouencoreenEspagneet,dansunmarchéuni-que, il concerne toute l’Union européen-ne.Desparlementaireseuropéensontexi-gé une traçabilité pour toutes les viandesrituelles halal et cachère afin que soit pré-cisé lemode d’abattage sur les barquettesdeviande.Ils’agitdefairepressionsurl’in-dustrie par l’intermédiaire de la vigilancedu consommateur.

Mais les industriels ne veulent pas detraçabilité et pèsent de tout leur poidsauprès du Conseil de l’UE pour éviterqu’une telle mesure soit prise, reprenantl’argument avancé par les rabbins euro-péens qui craignent qu’une tellementionne stigmatise les communautés juives.Lesrabbinsrappellentàraisonquelesatta-ques contre la shehita [l’abattage ritueljuif] ont été les premièresmesures prisespar les antisémitesdans lespériodes som-bresde l’histoire européenne.

Le problème du non-respect des régle-mentations dû à l’absence de traçabilitédescarcassesestéconomique,etsontraite-ment n’est pas culturel mais politique.Derrière le refus de «manger du rituelsans le savoir», il n’y a pas seulement unecrispation identitaire ou une extrêmedroitisation d’une frange de la popula-tion. Il y a aussi l’affirmation d’un droitcitoyenàexerceruncontrôlesurcequiestacheté et consommé.

Depuis la série de crises de sécurité ali-mentaire (encéphalopathie spongiformebovine, OGM, dioxine, grippe aviaire) quiamarqué les années 1990, on a demandéaux mangeurs d’être des «consomma-teurs citoyens», d’exercer leur vigilancesurlabased’étiquetagesflattantlesappar-tenances, les terroirs, les régions ou lesnations comme s’il y avait un lien entresûreté alimentaire, proximité et origine.

La réponse gouvernementale à la crisedel’ESBaconsistéàtransférersaresponsa-bilitéverscelleduconsommateurenfavo-risantl’informationpardesfilières«quali-té» via les mentions nationales, comme«Viande bovine française», et d’autresschèmes de certification privée d’origineoude tradition.

Parallèlement,legouvernementadimi-nué les contrôles directs dans les abat-toirs. La privatisation du contrôle ademandé, et effectivement induit, unchangement d’attitude des consomma-teursqui sontpassésd’une confiancepas-sive dans les organismes d’Etat à unedéfiance active vis-à-vis des étiquettes etdesmarques.

Ne faudrait-il pas à présent que l’Etatassume cette libéralisation et qu’il joue lejeu de la transparence et garantisse uneinformation alimentaire fiable? N’est-ilpastempsd’informersurlabaseduprocé-déde fabricationplutôtquede s’en tenir àfavoriser des informations publicitairessur l’origineoude l’identité?

Les viandes rituelles, comme tous lesaliments qui font l’objet d’un processussignificativement distinct de fabrication,devraientêtretracéeset identifiablesde lamême manière que les produits bio. Latraçabilité ne sépare pas, elle éclaire leschoix que nous sommes obligés de fairesur la base du travail réalisé sur les pro-duits et non sur de chimériques différen-ces identitaires.p

AlainGenestarDirecteur de «PolkaMagazine»,ancien directeur de la rédactionde «Paris Match» (1999-2006)

décryptagesDÉBATS

Souslaquestiondelaviandehalal,celledelatraçabilitéLevraiproblèmen’estpasculturelmaisindustriel

Dire, voir, raconter, photographier cequi se passe dans des zones interditesoùdes tyransmassacrent leur popula-tion, c’est lamission essentielle – biensûr dangereuse mais, pour nous tous,magnifique –, de ces journalistes et

photographes qui, risquant leur vie, peuvent en sau-ver d’autres.

Deux d’entre eux sontmorts,mercredi 22février, àHoms, en Syrie. L’Américaine Marie Colvin, 56 ans,journaliste pour le Sunday Times. Et le Français RémiOchlik, 28 ans, photographe indépendant, qui venaitd’acheverunreportagepourParisMatch. Il avait fait lechoix de rester afin de continuer à photographier laguerreautourde lui. Laveille, le SyrienRamiAl-Fayed,25ans, filmaitdans sa voiturequand il a été tuéparunobus. Comme le 11 janvier, toujours àHoms,Gilles Jac-quier, de France2.

La liste est longue des journalistes, photographes,cameramen morts ces derniers mois. Lucas Dolega,blessémortellementàTunisenjanvier2011.ChrisHon-dros et Tim Hetherington, tous les deux, morts lemême jour à Misrata (Libye) en avril 2011. Et tantd’autres, ces anonymes, ces correspondants locauxqui tombent sans même être salués par le rappel deleurnom.

Parlerde«nosmorts»,pournous, journalistescom-me eux, n’est jamais facile. Une fois l’hommage rituelprononcé rapidement, on s’oblige à ne pas trop insis-ter. L’actualité continue. Les journalistes et photogra-phes tuésoublessés sontdesprofessionnelsqui pren-nent des risques en connaissance de cause. Et il n’y apasdehiérarchieà faireparmilesvictimes.Lesjourna-listesmortsnesontpasplus importantsque lesautresmorts, les milliers de Syriens, des civils, des enfants,sept àhuitmille tués depuis l’éclatementde la révolteenmars2011.

Parler de «nos morts» n’a donc de sens que si onajoute, au-delà de l’intimité de l’hommage, quelquesréflexions générales qui peuvent éclairer le public.Dont, peut-être, ces quatre-là.

La première est évidente. On la connaît par cœur.Sans les journalistes de terrain, sans eux, il n’y auraitni son, ni image, ni preuve de ce qui se passe. Leursmots, leurs photos sont des pièces à conviction quipermettent à la communauté internationale desavoir pour réagir. Toujours poser cette question,sans cesse la répéter : quelle aurait été la réaction del’opinionpubliquemondialesi, en1942,des journalis-tesavaientraconté, sidesphotographesavaientmon-tré la réalité de ce qui se passait à l’intérieur descamps de la mort, dans l’Allemagne nazie et la Polo-gne occupée?

Ladeuxièmeréflexiondécouledelapremière.Apar-tir du moment où ces journalistes et photographessont indispensables à la connaissance des faits, oùleurs preuves sont utiles à la collectivitémondiale, ilsdoivent être secourus, en cas de blessures oudeprisesd’otages, par les institutions internationales et lesministèresdes affaires étrangèresde leur pays.

La troisième réflexion concerne tous les journalis-tes de terrain mais davantage encore les photogra-phes. Ils sont aujourd’hui beaucoup plus en dangerque par le passé. La raison se trouve dans la crise desgrandes agences et, plus généralement, dans les diffi-cultés de la presse écrite qui ont entraîné des coupesbudgétaires.Aunomdes économies à faire, les photo-graphes ont subi, ces dix dernières années, une chutevertigineusedes commandeset des tarifs.

Ils partent quand même sur ces zones de guerre.A leur compte, sans l’assuranced’être payé au retour,sans le lointain filet de protection d’une rédaction,sans les moyens financiers et matériels, sanslesconversations avec les rédactions en chef, sansleurs conseils, dont celui-ci, parfois, qui sauve: «Ren-tre.» Les photographes s’approchent au plus près dudanger pour rapporter les images les plus vraies, lesplus fortes. Pour espérer les vendre. Et essayerd’envivre.

Enfin, toujoursàproposdesphotographes,derniè-re réflexion en réponse à cet argument du momentqui consiste à dire, surun tonpéremptoire, que grâceau numérique, que grâce à Internet, aux réseauxsociaux et auxportables, il n’est plus besoin de dépê-chersurplacedes envoyésspéciauxoud’acheter, fût-ce à bas prix, des reportages ou des photos puisque«n’importe qui» peut envoyer des images de n’im-porte où.

Mais si ce supplément d’images et d’informationsest un progrès incontestable dans la recherche de lavérité, le problème est dans le «n’importe qui». Quiest-il ? Quelles sont ses intentions? Est-il manipulé?Manipule-t-il?…Ces images sont, en fait, des alertes.Ellespréviennentmaisneremplacentenrienlerepor-tage d’un photographe professionnel qui, en plusdeson talent et de ses capacités à écrire photographi-quement une histoire, garantit l’authenticité de sesimages.

Dire que le flux des photos anonymes qui arriventsurnosécranspeutremplacerletravaildesphotojour-nalistes, c’eût été dire, il y a quelques décennies, quel’invention du téléphone cellulaire allait supprimerles journalistes radio puisque «n’importe qui» allaitraconterde «n’importe où» ce qui se passe.

L’information, donc le public, aura toujours besoindes Rémi Ochlik pour prendre des photos certifiéesconformesàlaréalité.EtdesMarieColvinpourenécri-re les vraies légendes.p

«Lesconsommateurssontpassésd’une

confiancepassivedanslesorganismesd’Etatàunedéfianceactive

vis-à-visdesétiquettes»

FlorenceBergeaud-BlacklerAnthropologue, chercheuse associéeà l’Institut de recherches et d’étudessur lemonde arabe etmusulman

«Enplusdesontalentetdesescapacitésàécrirephotographiquementunehistoire,

unphotographeprofessionnelgarantit l’authenticitédesesimages»

¶Un sondage IFOP réalisé en 2011auprès de familles musulmanesrelève que 60% d’entre ellesachètent systématiquementde la viande halal, contre 91%

pour celles qui vont à lamosquée tous les vendredis.Florence Bergeaud-Blackler

a publié «Comprendre le halal »(Edipro, 2010).«Oscar de la pire comédie noire». «Droits de l’homme». CARTOONS. COURRIERINTERNATIONAL.COM

¶Trois journalistesétrangers et unsyrien ont perdula vie depuis

le débutde la révolte,enmars2011.Trois citoyensjournalistes

syriens ont aussiété tués alors

qu’ils exerçaientleur activité,rapporteReporters

sans frontières

HommageauxjournalistesassassinésCeuxquisonttombésenSyrie lemontrent:êtreunreporterresteuneprofession

18 0123Mercredi 29 février 2012

Page 19: journal le monde du 29-2-2012

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P eut-on fairemieux que d’in-terroger des terroristes pourparler du terrorisme? C’est

ce qu’a entrepris le documentaris-te Michaël Prazan, dans son der-nierouvrage,Unehistoireduterro-risme,versionlittéraired’unesériede trois documentaires diffuséssurFrance3àpartirdu5mars.Loindes travaux universitaires etautres commentaires d’experts,l’auteur a privilégié les échangesavec lesacteursde laviolencepoli-tique.Côté illégal,desmembresdegroupesarméstoujoursàlarecher-che d’une légitimité. Côté légal,des interlocuteurs issus de l’espa-cepublic,ministres, agentsde ren-seignement, avocats et juges.

Le résultat est étonnant : les33entretiensessentiellementréali-sés en 2010ont conduit cedocteuren lettresdesEtats-Unisà l’Egypte,delaFranceàlaPalestine,viaIsraëlet la Jordanie. Un parcours sou-vent confidentiel, où l’itinérairefaitéchoàcetteméthodeoriginalequi tient en 524pages palpitantesà lire d’une traite. Rencontrer desmembresduDjihad islamique, duFPLP et des bras armés du Hamas,du Fatah et des pasdarans ira-niens, alors que ces derniers igno-renttoutdesintentionsdel’enquê-teuretdu résultat final de sonétu-desensible,estunparioséetpour-rait relever de l’aventurisme.

Mais Michaël Prazan a pris sesprécautions. D’abord, il s’agitd’«une histoire» et non de «l’his-toire» du terrorisme. Une nuancesalutaire qui lui permet d’éviter lacritique de ceux qui s’étonneront

denepasvoirderéférenceaunihi-lisme russe comme source du ter-rorisme contemporain. Ensuite, iln’accorde pas trop d’importanceau terrorisme d’Etat, un conceptplus que flou pour les puissances,quidesurcroîtnes’entendentdéjàpassurunedéfinitionconsensuel-le du terrorisme. En outre, mêmesi son objet d’étude couvre lesexemples américain (Black Pan-

thers) et italien (Brigades rouges),son cœur de cible reste la fournai-se du monde arabo-musulman:de l’Algérie du FLN à Al-Qaida vial’Iran et la Palestine. Enfin,MichaëlPrazanproposedesmicro-études de cas terroristes pour évi-ter le piège de l’approche néocon-servatrice qui essentialise la«guerre contre le terrorisme»commeseul recours contre la sub-versionarmée.

Mais, au-delàdecetteméthodo-logiesingulière, il fautretenirde ladémonstration de l’auteur deuxautres particularités. La première,c’est qu’il part du postulat que laRésistancefrançaisesousl’Occupa-tion est le référent symbolique etmoral sur lequel les groupesarmésbâtissentleurcorpusidéolo-giqueàlarecherchedejusticeetdereconnaissance. Et ce, écrit-il, danslecadred’uneunicitéduphénomè-neterroristediviséentroisséquen-ces : les années de libéra-tioncontre les puissances colonia-les (1945-1969), les années de pou-dre (1969-1989), les années djihad(1989-2012).

NébuleuseOutrecedécoupagechronologi-

que, le terrorisme secréterait uneformede tensionauseinmêmedelanébuleusearméedéchiréeentrecoopération (financements, idéo-logie, logistique) et concurrenceclandestine,à l’imaged’unmarchéoù le mode opératoire d’un atten-tat pourrait servir d’inspiration àd’autres tout en rappelant l’exis-tence d’une compétition entregroupes terroristes obsédés partoujoursplusdesoutienpopulairesur fondde sociétés guerrières.

Riennepeutdèslorsstoppercet-te fabriqueduterrorisme,tantquele système international ne rom-pra pas avec une forme d’exclu-sionet n’aura pas décidéde traiterlespathologiessocialesàleursraci-nes. Le terrorisme a donc un belavenir devant lui, rappelleMichaël Prazan, qui, en conclu-sion, voit dans lamenace nucléai-re iranienne l’ouverture d’unenouvelle séquence du terrorismeglobal en cas de raids sur l’Iran. p

GaidzMinassian

décryptagesANALYSES

L e comédienaméricainMikeDaiseyest une sortede geekdéguisé enMichaelMoore,

unamoureuxde lahigh-techquia euenvie d’aller regarder trèsloin sous le capot et n’a pas tropaimécequ’il a trouvé.

La premièrepartie de son spec-tacle,TheAgonyandEcstasyof Ste-ve Jobs, est unedéclarationd’amouràApple. Rienne l’exciteplusque l’odeurd’unproduittechno toutneuf, «le genred’odeurde PVC roussi lorsque vousbranchez l’électricité pour la pre-mière fois, vous voyez? J’adore».

Surtout si ce produit technotoutneuf est frappédu sceaude lapomme.«Parce que, dit-il, je suisunaficionadod’Apple, je suis unpartisand’Apple, un fand’Apple,unadorateurdu culte duMac. Jesuis allé à lamaisonde Jobs, j’aifait son cheminde croix, jeme suisagenouillé devant son trône.»

Un jour, sur Internet,MikeDai-sey tombe sur l’histoire d’un iPho-neneuf qui contenait desphotosde l’usineoù il avait été fabriqué.Dans la tête denotre idolâtre, çafait tilt. Il veut voir où est fabri-quée cette «dope», ces produitsdont lui et quelques centainesde

millionsd’Américains, d’Euro-péens et de consommateursdumondeémergentnepeuventplusse passer.

Alors il y va. DeHongkong, ilpasse à Shenzhen, la ville voisine,reliéepar lemétro.«Shenzhen, il ya trente ans, était un villagedepêcheurs.Aujourd’hui [en 2010],c’est une ville de 14millionsd’habi-tants. C’est plus grandqueNewYork, et c’est l’endroit d’oùvientpresque toute votre dope. Et,le plus impressionnant, c’est qu’enAmérique,personnene connaîtsonnom.»

L’acteIVdu spectacledeMikeDaisey, unone-man-show, se pas-se doncà Shenzhen, devant lesgrillesdes usines Foxconn,«laplus grandeboîte dont vousn’ayez jamais entenduparler»,d’où sortent lesmerveilleux iPod,iPhone, iPad et autresMacBooks.Il se plante là, duhautde ses36ans et de son imposante statu-re, arméd’unepetite traductricechinoise aussi gonfléeque lui. Ilveut, simplement, parler avec desouvriersde Foxconn– ils ne sontjamaisque 230000 salariés sur cesite – et leur demanderdansquel-les conditions ils fabriquent les

objetsdenos rêves. L’espace d’uninstant, apercevant les gardes, ilse prendàdouterdes chancesdesuccèsde son entreprise. Puis sedit : «Après tout, je suis gros, je suisaméricain, et je porte uneputainde chemisehawaïenne. J’y vais.»Le culot paie. Des témoignages, endeuxheures, il en réunit plusqu’iln’endemandait, y compris de lapart d’ouvrièresde 13 ans.

Vouspouvez lire la suite, tour àtourpassionnante, tragiqueethilarante, sur le net, àwww.mike-daisey.com.Vouspouvezmêmetraduire la pièce, la produire ou lajouer si le cœurvous endit : il y aquelques jours, l’auteura décidédemettre le textede sonmonolo-gueà ladispositionde tous, gratui-tement, sur son site Internet. CarShenzhen fait désormaispartieduvocabulairedesAméricainsetles conditionsde travail chez Fox-conn, sous-traitant taïwanaisd’Apple,Dell,Hewlett-Packard,Lenovo, Toshiba,Nokia et autresfirmes, sont devenuesundessujets lesmieuxdocumentésdelamondialisation.

Les cadences infernales, lessemaines sans jour de congé, lesfilets installés sous les fenêtrespour empêcher les suicides, toutça est désormais connu. Fin jan-vier, leNewYorkTimes ya consa-créune enquêtemagistrale en

deuxvolets, dumatériaudont onfait les Pulitzer. Aboutissementdeplusieursmoisde travail, ces arti-cles expliquentpourquoi lesemploisnécessaires à la fabrica-tiondes iPhonene sontpas auxEtats-Unis; ils racontentaussi lecoûthumain, dansuneusine Fox-conndeChengdu, enChine, de cet-te productiondemasse.

Mêmesi le sujetn’était pasnou-veau, l’enquêteduNewYorkTimesa fait grandbruit. Parceque c’estleNewYork Times, parce que c’estApple, parceque c’est la Chine.

Parceque, aussi, elle illustre, com-me lemonologuedeMikeDaisey,le rapport compliquédesAméri-cains, dans cemondenouveau,avecune technologiequ’ils ontinventée et qu’ils vénèrent, dontles emplois leur ont échappé,dont les Chinois se sont emparéspourmieux leur vendre… les pro-duits qu’ils ont inventés. Et l’al-liance contre-natureque formentle génie de l’innovation technolo-gique chez euxet les violationsdesdroits de l’hommechez les

Chinoisne peutque perturberunpeuplus l’esprit américain.

Heureusementpour lamoralede l’histoire, leNewYorkTimes etMikeDaisey font aussi partie del’esprit américain. L’enquêtedupremiera été traduite et publiéepar lemagazine chinoisCaixing,qui s’est fait, avec beaucoupd’audace,une spécialitéde l’inves-tigationéconomiqueet a euunlarge écho sur les réseauxsociaux.Quantaumonologuedu second,il est sorti du relatif anonymatduoff-Broadwayavec lamort de Ste-

ve Jobs, le 5octobre 2011: écrit en2010, ce texte a détonnédans leflot de récits hagiographiques surle fondateurmythiquedeApple.

Sur scène,MikeDaiseyévoquecrûment les deuxcôtésde SteveJobs: «visionnaire» et «salaud».Dansunarticle publié le lende-mainde lamort de Jobsdans leNewYorkTimes, il dit les chosesplus subtilement: «Ungrandhommedont le génie dudesign,dumarketing et dumanagementtechnologiquesn’aurapas d’équi-

valent denotre vivant,mais aussiunhommequi, au boutdu comp-te, n’a pas réussi à “penser dif-féremment”, profondément, surles besoinshumainsde ses usagerset de ses employés. Le travail qu’iln’a pas réussi à fairenous incom-beàprésentà nous, les rebelles, lesinadaptés, les fous qui pensentqu’ils peuvent changer lemonde.»

Depuis la publicationde l’en-quêteduNewYork Times, Apple acontre-attaquéen faisant ouvrirles portes de FoxconnCity à lachaînede télévisionABC, pourune émission«exclusive», qui esttombéeàplat. PuisApple a confiéàunorganismed’étudededroitdu travail, la Fair LaborAssocia-tion, unaudit sur les conditionsde travail chez Foxconn:une équi-pe de 30 inspecteurs a entreprisd’interroger 35000employéschinois, selonuneméthodequiest déjà contestée. La directiondeFoxconna annoncéune augmen-tationde 16%à 25%du salaire deses employés –mais, vérificationsfaites, l’opération,moins avanta-geusequ’il n’y paraît, se limiteauxseuls ouvriersde l’usinedeShenzhen. Commepour les ate-liers clandestinsdeNikedans lesannées 1990, cette fois, ça y est : lever est dans la pomme. p

[email protected]

L’alliancecontre-naturequeformentlegéniedel’innovationtechnologiquechezlesAméricains

etlesviolationsdesdroitsdel’hommechezlesChinoisnepeutqueperturber

Livredujour

L’air dumonde | chroniquepar SylvieKauffmann

Apple,Foxconnet l’espritaméricain

Unehistoire du terrorismeMichaël PrazanFlammarion Enquête524 p., 22,50 euros

Paroledeterroristes

190123Mercredi 29 février 2012

Page 20: journal le monde du 29-2-2012

culture

Oslo, 31août

ppv

E ndécouvrantAndersdans lespremiers plans d’Oslo,31août, son visage fermé, ses

cheveuxras, sonblouson,onpour-rait le prendre pour un skinhead,l’un de ces pauvres héros du ciné-masocialeuropéen,ballottéspar lacrise. Il ne faut pas se fier à cetteapparence, Anders (AndersDaniel-senLie)est faitd’uneautreétoffe. IldescenddujeuneWertheràtraversAlain, le protagoniste du Feu folletde Drieu LaRochelle, roman dontest tiré le scénario du film de Joa-chim Trier, son deuxième long-métrage.Lejeunemetteurenscènenorvégien fait traverser une jour-néedefind’étéàcetêtretourmentéet ces quelques heures deviennentun film fin et sensible, mais pasdépourvudecruauté.

Après avoir quitté une femme,Anders marche jusqu’au bord del’eau.Là,ilemplitsespochesdepier-res et avance jusqu’à être submer-gé. Il réapparaîtbientôtà la surfaceet regagne une grande demeure,quiabriteuncentrededésintoxica-tion.OnestenNorvège,où les toxi-comanes sont des malades, assis-tés, mais aussi étroitement enca-drés. Ayant passé les premiers obs-tacles d’une cure, et sans avoir riendit de sa tentative de suicide,Anders se voit offrir une permis-sion de sortie afin de passer unentretiend’embauche.

C’est le Oslo d’avant le boompétrolier, du temps où la capitalenorvégienne était encore plus pro-vinciale qu’elle ne l’est restée, avecune voix off évoquant des souve-nirsd’enfance. Cette accumulationde signes donne immédiatementau film son parfum romanesque.On s’apercevra vite qu’Anders estunécrivainquin’apastenusespro-messes, et on se dit que c’est sansdoute en hommage à VirginiaWoolf qu’il a choisi cetteméthodeexigeantepourtenterdemettrefinà ses jours. C’est aussi un hommeassez vieux pour être en proie à lanostalgie d’un monde que, quelsquesoientseseffortspourseréinté-grer, il ne retrouverapas.

Une foisAndersarrivéenville, ilsuitunparcours faitdes fragmentsdesaviepassée,amis,amantes,dea-ler.Même si les sous-titres ne peu-vent donner une idée exacte des

dialogues,onestfrappéparlaquali-té de l’écriture du scénario d’EskilVogt et de Joachim Trier. ChacunedesrencontresmetAndersauxpri-sesavecunpersonnageàpartentiè-re. Son ami Thomas (Hans OlavBrenner)n’estniunlâcheniunBon

Samaritain,maisunhommequisedemandes’ilvautlapeinededéran-ger sa vie pourunancienami qui adéjà démontré sa capacité à l’auto-destruction. Même le directeur derevue qui lui propose un emploi letraite avec correction et fait un beléchantillonde laconscienceartisti-quecontemporaine.

Cette civilité ambiante va depair avec le paysage urbain, Oslo,villedouceàvivre,unpeumélanco-liqueencettefind’été.Laplusbelleséquence du film montre Andersdans un café. Il observe les tablesautour de lui, s’insinue dans lesconversations, imagine leurs pro-longements. Ces moments sontmis en scène avec une virtuositécalme, qui, tout en relevant del’exercice de style brillant (maniè-re originale de gommer la frontiè-re entre réel et imaginaire), conti-nue l’exploration de l’âme tour-mentéedenotrehéros.

Car Anders en est un, qui se batcontre son propre malheur. Tentépar la contrition (une scène d’uncomiquegrinçantl’opposeàungar-çon pour qui l’a quitté sa petiteamie), par la colère, par la normali-sation(maissafamille letientàdis-tance). Il est surtout attiré par levide. Or la mise en scène de Joa-

chimTrierrefusetoutecomplaisan-cemorbide.

Le monde dans lequel se meutsonpersonnageest tout sauf répu-gnant.Detouteévidence,leréalisa-teurne partage pas le point de vued’Anders selon lequel les gens quis’y sont fait une place «sont desidiots» et jamais l’imagen’est toutàfaitenaccordavecledésespoirduhéros. Un de ces films qui préfè-rent interrogerque répondre.

Joachim Trier a trouvé enAnders Danielsen Lie le parfaitvéhicule pour ses interrogations.L’acteur (qui n’en est pas vrai-ment un) porte l’angoisse avecune élégancenonchalante qui faità la fois comprendre la séductionqu’il a pu exercer du temps de sasplendeur et la fragilité qui est lasienne aumoment où il doit choi-sir entre continuer de vivre oumourir.

Insensiblement,ons’estintéres-sé de si près au sort d’Anders quel’étude de caractère s’est transfor-mée enun suspense presque dou-loureux,tantoncroità laréalitédece personnage, tant l’on sent quesa viene tient qu’àun fil.p

Thomas Sotinel

Film norvégien de Joachim Trier.Avec Anders Danielsen Lie, Hans OlavBrenner, Ingrid Olava (1h36).

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JoachimTrier:«Montrerlafaçondontonpasseàcôtélesunsdesautres»

Uneaccumulationdesignesdonneimmédiatement

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JoachimTrier a trouvé enAnders Danielsen Lie le parfait véhicule pour ses interrogations.MEMENTO FILMS/DR

Anders,quisebatcontresonpropremalheurLeNorvégienJoachimTrieradapte«LeFeufollet»deDrieuLaRochellepoursondeuxièmelong-métrage

Entretien

Oslo, 31août est le deuxièmelong-métrage de Joachim Trier,aprèsNouvelle Donne (tourné en2006, sorti en France en 2008).A 38 ans, le cinéaste est unenfant de la balle. Petit-fils duréalisateur Erik Løchen, élevédans une famille où l’on tra-vaille dans le cinéma, il parcourtson enfance en super-8, à l’âgeoù d’autres se contentent d’unetrottinette. A l’entendre, cepen-dant, on ne le devinerait guère.Tout semble pour lui bien plussimple qu’un héritage à fairefructifier, bien plusmodestequ’une vocation inspirée par lamuse: cette voie qui s’est révé-lée d’elle-même, entre grandesémotions de petit cinéphile etjeux d’enfants, il s’est contentéde la suivre.Comment et pourquoi êtes-vousdevenu réalisateur?

Tout d’abord, je pense quec’est venu des heures passées àregarder des films: les grandsclassiques américains, les filmsd’aventure avec Errol Flynn, lesvieux films en noir et blanc,Mon oncle, de Jacques Tati, quemamèrem’a fait voir quandj’avais 7ans, des dessins ani-més… J’adorais le simple faitd’être dans la salle de cinéma.Ensuite, je viens d’une familleliée à cemilieu-là. : mon grand-père, comme vous savez, étaitréalisateur etmes deux parentstravaillent dans le cinéma…Quand vous faites un film, quelssont vos objectifs? Vers quoivoulez-vous aller?

J’essaie d’obtenir la plus gran-de vérité d’une image, émotion-nellement parlant. Ne pas utili-ser unemusique trop visible-

ment sentimentale, ou cliché,par exemple. Trouver une idéeoriginale pour représenter lescomportements humains, partirde quelque chose de spécifique.

Plus je travaille, plus jem’atta-che à représenter ce que jeconnais, d’après nature. J’ai com-mencé par faire des courts-métrages assez abstraits, plustravaillés par l’imagination,l’idée d’unmonde alternatif…Puis je suis revenu vers quelquechose de plus concret. Je pensequ’il y a bien assez de poésie etde beauté à trouver dans la réali-té et ce qu’elle cache.

C’est l’une des raisons pourlesquelles j’ai choisi de travaillersur Oslo, par exemple : c’est uneville que je connais bien. J’y aigrandi.Quels sont les réalisateurs, ouartistes en général, qui vousinfluencent le plus dans votretravail?

J’ai toujours été fasciné parles gens capables demettre leurcaméra dans un endroit nou-veau. Jamais parmaniérisme,mais avec intelligence et aveccœur. Il peut s’agir aussi bien dela façon dontWoody Allen peintles rapports humains que de laportée philosophique des ima-ges d’Antonioni ou de Bresson:dans tous les cas, ce sentimentqu’un cliché vient d’êtremistête en bas.Que vouliez-vousmontrer dans«Oslo»qui sorte du cliché?

J’ai essayéde la peindre com-meuneville au charmecaché. Onpeut voir en elle la banlieuedel’Europe: unegrandeville faitedepetites villes, caractérisée enpro-fondeurpar cemélange.Ony trou-ve cette populationquevousappelez ici «bobo», bohèmeet

bourgeoise. Les parentsd’Andersen font partie: des gensnés dansunmilieu cultivé, qui ont bénéfi-cié d’unebonne éducation, sem-blent avoir tous les choix.Maismêmeavec tout cela, certains sedétachent et partent à la dérive.C’est cemystère existentiel quim’intéressait: unpersonnagequin’est la victimedepersonned’autrequede lui-même.Qu’aviez-vous comme référen-ces aumoment du tournage?

Jeme suis intéressé à cettemanièreparticulièrede raconterunehistoire enun jour, parcequ’elle permetde faire de chaqueinstantoupresqueun instant-clé,mais aussi parce qu’elle respectela véritable structure temporellede la journée, son alternanced’échangeset de silences… J’ai pen-sé àCléode 5 à 7,d’AgnèsVarda, àLa 25eHeure, de Spike Lee, LaNuit,d’Antonioni…Des films auxquelsla structure temporellede l’histoi-re apporteune densitéunique.Qu’est-ce qui caractérise le lienentreOslo et ses habitants, etplus particulièrement Anders?

Oslo commence par desextraits de documentaires, de fic-tions, différentsmatériaux à par-tir desquels j’ai fait une sorte demontage de souvenirs autour dela ville. Comme un prologuemusical. Je voulais que le filmparte de loin, pour venir progres-sivement vers un seul personna-ge, à travers toutes les petitesvoix. Ce sont les habitants quifont la ville. Je voulaismontrerla façon dont nousmarchonstous les jours côte à côte, et donton passe à côté les uns desautres, sans entendre vraimentl’histoire de chacun.p

Proposrecueillis parNoémie Luciani

20 0123Mercredi 29 février 2012

Page 21: journal le monde du 29-2-2012

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DAME DEFER

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Faiseursdeculture |Présidentielle: laparoleàceuxquifontbouger lesrégions

GuyPezet, àRieupeyroux

MarthaMarcyMayMarlene

ppv

S uggérerlaplusgrandeviolen-ce par la plus grande dou-ceur:c’estsurceterrainqu’on

trouve quelques-uns des plusbeauxfilmsaméricainscontempo-rains. Après Elephant (Gus VanSant),Virgin Suicides (Sofia Coppo-la), La Dernière Piste (Kelly Rei-chardt) ou Take Shelter (JeffNichols), c’est de ce bois qu’est faitMartha Marcy May Marlène, pre-mierlong-métragedeSeanDurkin.

L’affaire tient en peu de mots :Martha, une jeune femme quivient de passer deux années dansune secte desmonts Catskill, dansl’Etat de New York, trouve refugechez sa sœur aînée Lucy et sonbeau-frère Ted, dans une maisonpaisible au bord d’un lac. L’ouver-ture du film, en quelques plansd’uneremarquableconcision,metenscènelafuitedeMartha, toutensuggérant le cauchemar dont elles’échappe: une ferme isolée, quel-ques personnages abandonnésdansun tableaudepastorale amé-ricaine, une tabléede jeuneshom-mes silencieux dînant sous laconduitepacifiqued’unguidehié-ratique, un groupede femmesquiattendent le signal pour occuper àleur tour la salle à manger… Toutici se déroule dans le calme etselon un ordonnancement tacitequi passerait pour de la sérénité sil’onn’ypressentaitle jougdel’alié-nation collective et de la servitudevolontaire.

Avec l’arrivée de l’aube, une sil-houetteblondeenjambesilencieu-sement la fenêtre, puis court pani-

quée vers les bois. Une battue s’or-ganise. Un jeune homme blondretrouve Martha, rencognée dansun restaurant des environs. Il lamorigène sans élever le ton, faitmine de la ramener avec lui. Elles’accrocheàsonsiège.Ils’enva.Ellepasse un coup de téléphone, bre-douille quelquesmots à une inter-locutrice rongée d’inquiétude: sasœur Lucy qui la ramène chez elle.Est-elle sauvée? Rien n’est moinssûr. Ce qui paraît une fin n’est enréalitéqu’uncommencement.

Ouvert sur le doublemotifde lacontrainte mentale et de la fuiteéperdue, le film ne va plus en sor-tir. Installée dans la grande mai-son près du lac, accueillie à brasouverts par le couple qui craint dela brusquer, la jeune femme estincapabled’avoueràsasœur,qu’el-len’apasrevuedepuisdeuxans,nilemotifde sadisparitionni sades-tination. Est-elle même sûre d’enêtre sortie? Le film, c’est ce qui fait

sa force et son trouble, permetd’en douter. Il se construit, à ceteffet, sur un va-et-vient perma-nententrel’accommodationnébu-leuse de Martha à sa nouvelle vieet les souvenirs qui ne cessent derevenir hanter sa conscience, sousforme de retours en arrière. Nultrucage,nuldiscours,nullepsycho-

logie ne sont ici requis. Cela tientsimplement à la manière dont lamise en scène ménage les transi-tions entre ces deux niveaux deréalité, par une similitude dedécor, ou un raccord dans lemou-vement.

Cette perpétuelle collusionentre deux espaces-temps déso-

rientelespectateur,fait insensible-ment entrer dans la tête de Mar-tha, permet de prendre la mesured’unespritsous influence.Lefonc-tionnementde la secte relèvede lamême subtilité: tout y est retenu,posé, effroyablement banal.Dépourvue d’un nom ou d’unedoctrine identifiables, la commu-nauté possède dumoins les carac-tères fondamentaux de l’aliéna-tion sectaire : gourou fumeux etsexuellement dominant, refonda-tion familialiste, ésotérisme depacotille, rituels inféodant le librearbitredechacunàla loisacrificiel-ledugroupe.Unviolentdélire col-lectif, tapi sous l’apparence trom-peused’uneutopie réalisée.

Tout aussi bienvu, l’infranchis-sable fossé qui sépare la possédéedeceuxquinesontpassouslepou-voir morbide de l’enchantement.Ted et Lucy finissent par se heur-ter à Martha et demeurent tragi-quement incapables de soupçon-ner ses tourments. Le film par-vientdelasorteàorganiserautourdela jeunefemmeunlentcrescen-do de la solitude et de l’effroi, quiva culminer dans des scènes fina-les dont nul ne pourra décider sielles sont l’expressionde la réalitéou d’un esprit qui a largué lesamarres. Ce sentiment d’ambiguï-té tient beaucoup à la révélationde la jeuneactriceElizabethOlsen,à son intensité de jeu, à sa beautéchangeante, indécidable, tour àtour impérieuse et brisée, tou-jours sidérante.p

JacquesMandelbaum

Film américain de Sean Durkin. AvecElizabeth Olsen, Christopher Abbott,Brady Corbet, Sarah Paulson (1h41).

Qu’attendez-

vous d’une

politique

culturelle?

«Permettrel’accès à laculture pourtous, tant auniveau de lapratiqued’une activitéculturelle quede la “con-sommationculturelle”.Soutenir lespolitiquesd’aide aux ter-ritoires et àses acteurs,en particulierenmilieurural. Contrele spectredes “zonesblanches”, ilfaut unepoliti-que d’éduca-tion populaireà l’attentionde tous lespublics.»

I l ressemble davantage à l’acteur Jean Ben-guigui qu’à Pierre Tchernia, mais c’est unpeule«MonsieurCinéma»duSégala.Bar-

be en bouc et tonsure de moine, Guy Pezet,57ans,enseignelefrançaisaucollègeGeorges-Rouquier de Rignac (Aveyron). A l’inspectiond’académie, il est l’enseignant-référent quirédige des fiches pédagogiques à l’attentiondes collègues voulant utiliser des films encours. «Nous formons les spectateurs dedemain»,veut croire l’enseignantcinéphile.

Ce cinéphagenepassepas tout son tempsàdes tâches aussi obscures que les salles qu’ilaffectionne. Chaque année, il va sur le terrainavec ses élèves pour visiter une ferme. Geor-gesRouquier,quiadonnésonnomaupetitcol-lègedeRignac,avait tournédeuxfilms (Bique-farre et Farrebique) sur la vie quotidienne desagriculteursde ce coinduRouergue. Creusantle même sillon, Guy Pezet et quelques amisont fait venir cet automne Christian Rouaudet les acteurs paysans du documentaire Tousau Larzac [César 2012 du meilleurdocumentaire]pour uneprojection en avant-premièreàRieupeyroux.

Cepetit bourgde 2500habitants a leprivi-lège de bénéficier d’une salle de cinéma de240places flambant neuve. Construite en2001, elle vient d’être équipée en numériqueet peut aussi projeter des films en 3D. Avec11500spectateurs en 2011, la fréquentationde cet équipement rare en milieu rural aconnu un bond de 20%, se réjouit Guy Pezet

dans la «newsletter» qu’il rédige etdiffuse régulièrementparcourrier électroni-que. Le prof de fran-çais est l’un des pro-

grammateursbénévoles ducinéma.

«Chaquesemaine, nouschoisissonsdeux films »,explique-t-il,plus enclin à

défendre le cinémad’art etd’essaique lesproductions «popu-laires qui bénéfi-cient de plus de

400copieslors de leur

sortie». Faute depouvoir vision-ner tous les filmsen avant-premiè-re, ilse fieaunomdu réalisateur.«Parcequeleciné-maestunart, passeulement undivertissement»,plaide le professeur de lettres. Etudiant, Guycherchaitdéjààpartagersapassionententantde relancer le ciné-club au lycée de Villefran-che-de-Rouergue, l’une des «grandes villes»(12000habitants) du département où il étaitsurveillant. Il défend aujourd’hui ses filmsfavorissurlesondesd’uneradiolocale.Sachro-niques’intitule«Cinécessaire».

Sur tous les frontsGuyPezetest lecoprésidentdel’association

«Rencontres à la campagne», qui organise cepetit festival depuis 1998 avec l’aide d’unesoixantaine de bénévoles. Films, débats,concerts et marché de produits locaux ani-ment la vie de la commune à chaque rentréescolaire. Il se souvient des premières éditionsdufestival,sousunchapiteauplantésurlapla-ce du Foirail. «La construction de la salle achangénotre travail»,dit-il. Elle accueille aus-sidespiècesdethéâtre,etportelenomdumai-re qui a soutenu le projet, posant les fonda-tions d’un bâtiment qui se présente aujour-d’hui comme le centre culturel de tous lespetits villagesduSégala.

Sur tous les fronts,GuyPezetprésideégale-ment une association créée pour s’opposer àunprojetd’enfouissementdedéchetsnucléai-res sousces terresaveyronnaises.«Desélusdetous bords politiques nous ont rejoints», affir-me-t-il. Lui-mêmea été éluau conseilmunici-palde Sanvensa, le villageoù il réside. Cemili-tant infatigable figurait aussi sur la liste d’Eu-ropeEcologieauxdernièresélectionsrégiona-les. Fautede tempset degoûtpourposer souslesprojecteurs, le sosiedeBenguigiatoutefoisveillé à ne pas être en position éligible. Pourjouerunenouvelle fois le second rôle.p

StéphaneThépot(Toulouse, correspondant)

Prochain article Isabelle Richomme, fondatricedu café Waaw (pour What an Amazing World),café culturel à Marseille.

En terrains connus

ppv

I l suffit qu’un monsieur appa-raisseàlaportedugarageetdise«jeviensdufutur»pourqu’opè-

re le jeu de mots. « En terrainsconnus» devient «en terre incon-nue», et ce filmquébécoisquiavaitcommencé sur un mode dépressifet enneigé bifurque vers la fantai-sie. Stéphane Lafleur, qui réalise icisondeuxièmelong-métrage,témoi-gne d’une faculté rare à extrairel’étrangeduquotidien.

Benoît (Francis LaHaye) etMaryse (Fanny Mallette), frère etsœur,quihabitentdans labanlieuede Montréal. Malgré la trentainepassée, le premier mène une vieadolescente auprès de son père. Ilcherche des objets enfouis sous laneige à l’aide d’un détecteur demétaux et entretient une liaisoncalamiteuse avec une voisine affli-géed’un fils insupportable.Maryseaun épouxqui fait le Tourde Fran-ce sur un vélo d’appartement, enregardant défiler le paysage sur unécran de télévision. Elle travailledansune cartonnerie et est témoind’un accident dans lequel unouvrierperdunbras.

L’accident–ilyenauratrois,cha-cun annoncé par un carton – est lemoteur de cette fiction. Il s’agit demettre enmouvement ces vies pri-ses dans la glace. Le film est jonchédemécaniques rétives: Benoît che-vaucheun Ski-Dooqui ne démarrequ’une fois sur deux; dans l’alléedu garage de Maryse, son épouxexpose une pelleteuse de jardinqu’ilvoudraitvendre.

Stéphane Lafleur est de cescinéastesquiadorentcadrerlespay-sagesanodinsetyintroduireunélé-ment qui en souligne l’absurdité.Un terrain enneigé traversé par unmotoski;unpavillondontunefenê-tre illuminée laisse voir un cyclistes’acharner comme s’il était sur lemontVentoux.

Hommedufutur.comIl faut qu’arrive « l’homme du

futur» pour que la débâcle s’amor-ce. On ne dira pas comment – ceserait gâcher un très bref dialogue,l’un des plus drôles que l’on aitentendus ces derniers temps. Cegrainde fable suffit à faire déraillerla chronique, à poser des questionsbien trop grandes pour ces petitspersonnagesquisedébattent faceàl’idéededestin.Quandça l’arrange,Stéphane Lafleur retire l’échelle, etses personnages retrouvent la leur,bienproportionnésdansleurquoti-dien gentiment absurde, quandmême requinqués par l’étrangeaventure qu’ils viennent de vivre.L’interprétation et leminimalismede lamise en scène auraient empê-ché toute émotionexcessive, susci-tant, c’est déjà beaucoup, l’amuse-mentet la sympathie.

On ne saurait trop conseiller,après avoir vu le film, d’aller faireun tour sur le site Hommedufu-tur.com, à la gloire du garage danslequel travaille ce personnage quel’onn’attendaitpas.p

T.S.

Film canadien (Québec) de StéphaneLafleur. Avec Francis LaHaye, FannyMallette (1h28).

Avecsubtilité,touticiestretenu,

posé,effroyablementbanal

UnefemmesousinfluenceDans la têtedeMarthaquia fui levidesacrificield’unesectepour la solituded’unevie

Le film tient beaucoup à l’intensité sidérante d’Elizabeth Olsen(Martha), à gauche sur la photo. JODY LEE LIPES/TWENTIETH CENTURY FOX2012

Del’usagedel’accidentpourbriser laglaceUnefantaisiequébécoise réjouissante

210123Mercredi 29 février 2012

Page 22: journal le monde du 29-2-2012

nRetrouvez l’intégralitéde la critique sur Lemonde.fr

ppvà voirDemémoires d’ouvriersDocumentaire françaisdeGilles Perret (1h19).En terrains connusFilm canadien (Québec)de Stéphane Lafleur (1h28).MarthaMarcyMayMarleneFilmaméricainde SeanDurkin (1h41).Oslo, 31aoûtFilmnorvégiende JoachimTrier (1h36).

pvvpourquoi pasLes InfidèlesFilm françaisd’EmmanuelleBercot, FredCavayé, AlexandreCourtès, JeanDujardin,MichelHazanavicius, Eric Lartigau,GillesLellouche (1h48).

nL’Hiver dernierFilm franco-belgede John Shank (1h43).Filmer la paysannerie françaised’aujourd’huidans le style d’unwestern classique, ou d’un filmdemafia américain. Le défi étaitde taille, et John Shank, cinéasteaméricainde naissance, euro-péend’adoption, l’a relevé sur leplan formel. Lamoindre scènedonne lieu à une série de plansgrandioses. Le film s’en trouvepropulsédans une dimensionquasimythique, que renforce laprésenced’acteurs commeAuro-re Clément ouMichel Subor. L’en-nui, c’est que cettemise en scènegrandiloquente est au serviced’un récit d’une pesanteurdifficile à supporter.p I.RnRivesFilm françaisd’ArmelHostiou (1h18).Trois solitudes dans Paris. Un ado-

lescent des beauxquartiers quifait l’école buissonnière.Une étu-diante tchèque qui a lemal dupays.Un immigré vraisemblable-ment indien abusépar sesemployeurs. Problème: le filmnejustifie jamais ce rapprochement,hors l’arbitrairedumontage alter-né qui les filmedans leur désarroien leur ôtant l’usage de la parole.Cela s’appelle unpassage en for-ce, qui casse plus sûrement qu’ilne passe.p J.M.nLe Territoire des loupsFilmaméricainde JoeCarnahan (1h57).Ungrouped’employésd’une raffi-nerie de pétrole, en plein cœurdel’Alaska, survit à l’accident del’avionqui le transportait et tentede cheminer à travers unecontrée glaciale, traquépar unemeute de loups qui réduit pro-gressivement la distributiondufilm. Plutôt que de s’en tenir àune approche strictement com-portementaliste, cinéaste etscénaristes surchargent le stoïcis-memâle des personnagesdeconsidérationsdiverses, etsouvent oiseuses, à coups deretours en arrière ridicules etd’emphase sentimentale. Dom-mage.p J.-F.R.

vvvon peut éviternExtrêmement fortetincroyablement prèsFilmaméricainde StephenDaldry (2h08).Imaginezqu’au cinémavousregardiez à l’écran les illustra-tionsd’un romanparlantd’unpetit garçonnew-yorkaisorphelindepère après les atten-tats du 11septembre 2001, pen-dant qu’un enfant assis à côté devous lit à haute voixunmonologuependant plus de deuxheures. Ce serait extrêmementirritant et incroyablement long. p

T.S.

cinéma

ppp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Lesfilmsdelasemaine

APRÈS

LION D’ORVENISE 2003

LE NOUVEAU FILM DE ANDREÏ ZVIAGUINTSEV

PRIX SPÉCIAL DU JURYFESTIVAL DE CANNES - UN CERTAIN REGARD

P Y R A M I D E P R É S E N T E

NON STOP PRODUCTION PRÉSENTE «ELENA» AVEC NADEJDA MARKINA ANDREÏ SMIRNOV ELENA LIADOVA ALEXEÏ ROZINESCÉNARIO OLEG NEGUINE ANDREÏ ZVIAGUINTSEV DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE MIKHAÏL KRITCHMAN SON ANDREÏ DERGATCHEV

CHEF DÉCORATEUR ANDREÏ PONKRATOV COSTUMES ANNA BARTOULI MAQUILLAGE GALIA PONOMAREVA MONTAGE ANNA MASSPRODUCTEUR EXÉCUTIF EKATERINA MARAKOULINA PRODUCTEURS ALEXANDRE RODNIANSKI ET SERGUEÏ MELKOUMOV

RÉALISATEUR ANDREÏ ZVIAGUINTSEV VENTES ÉTRANGER PYRAMIDE INTERNATIONAL DISTRIBUTION PYRAMIDE

AU CINEMA LE 7 MARSW W W . P Y R A M I D E F I L M S . C O M

YANNICK BERNÈDE © PYRAMIDE 2012 - PHOTOS © NON-STOP PRODUCTIONS

« Une facture bergmanienne,un sujet chabrolien » LE MONDE

Chronicle 1 369 063 341 " _ 369 063

La vérite si je mens ! 3 4 363 631 894 ! –40% 4 109 918

Voyage au centrede la Terre 2:

L’île mystérieuse 2 278 262 444!

–17% 712 047

Sécurite rapprochée 1 260 999 309 " _ 260 999

Cheval de guerre 1 251 075 425 " _ 251 075

Zarafa 3 245 158 685 # 14% 805 764

Devil Inside 1 185 489 197 " _ 185 489

Sherlock Holmes 2:jeu des ombres 5 144 452 514 ! –35% 2 191 228

The Artist 20 139 917 491 # 60% 2 243 590

La Dame de fer 2 105 287 236 ! –46% 343 544

Source : Ecran Total (1) Période du 22 au 26 février inclus

Lesvacances scolaires, c’est aussi pour lesmutants.Chronicle, qui apourhérosdesadolescentsdouésdepouvoirshorsducommun, s’impo-se en têtede ceclassement, avecplusdemille spectateurspar salle. Leseulautre filmàapprocher ces scorespasse l’exorcismeà la sauceBlairWitch. Précédéd’uneréputationcalamiteuse (les critiques américaines)et cachépar sondistributeur français jusqu’au jourde sa sortie,Devil Insi-deenregistreunemoyennede942entréespar écran.Chevaldeguerre, deStevenSpielberg,peineà trouver sonpublic. Lesparents semblentaussiréticentsà emmener leurs enfantsvoirun filmdeguerrequ’à leurpropo-serune fable féeriqueduréalisateurde Shutter Island. Parmi les sortiesplusdiscrètesonnote la réussitedeBullhead. Le candidatbelgeà l’Oscarse classe25e avec 18339 spectateurssur seulement36 salles.Distribuésur150écrans,LaMeràboirea réuni65311 spectateurset se classe 16e.

Les Infidèles

pvv

O n ne s’étonnera pas ducaractère trompeur de cefilmconsacréà l’inconstan-

ce masculine. Réalisé sous l’égideduduoJeanDujardin-GillesLellou-che(producteurs,scénaristes,inter-prètes) par une poignée de cinéas-tesvenusd’horizonsdivers,LesInfi-dèles se présente sous l’apparenced’une comédie égrillarde, avec sesaffiches montrant des mâles auphysique avantageux et quelquesmorceaux d’anatomie féminine.Leproduitproposéestpluscomple-xe, au risquededérouter.

En six courtes histoires et troisinterludes, Jean Dujardin et GillesLellouche retrouvent l’ambitionfallacieusedes filmsàsketchesdesannées 1960 qui affichaient leursaspirations morales (Les SeptPéchés capitaux) ou satiriques (LeSexe fou)maisn’oubliaient jamaisd’émoustiller. Le thème retenupar la paire de pères du projet estdonc l’infidélitémasculine.

Le prologue (réalisé par Fred

Cavayé) et la conclusion (dirigéepar Dujardin et Lellouche) met-tent en scène deux amis insépara-bles jusqu’à prendre la mêmechambre d’hôtel lorsqu’ils trom-pent leurs épouses respectives.Malgré l’épilogue transgressif dudernier sketch, on ne sort pasd’une caricature narcissique quiexprime toute l’admiration horri-fiée et amusée que ce duo de Pari-siens fortunés suscite chez lesauteurs.

Sur le mêmemode, les interlu-despaillardset lesketchréaliséparAlexandre Courtès (dont on verrabientôtun long-métragede genre,réaliséauxEtats-Unis)permettentseulement à Guillaume Canet enTartuffe érotomane et à SandrineKiberlain en éducatrice pour sexaddict de s’amuserunpeu.

Restent trois petits films réali-sés par Michel Hazanavicius,Emmanuelle Bercot et Eric Larti-gau. Le premier ravale Jean Dujar-dinau rangdeperdant sans splen-deur, qui essaie désespérémentdenepasgâcher ladernièrenuitd’unséminaire d’entreprise. S’il nes’agissait pas du Maurice Cheva-lierduXXIesiècle, l’affaireneseraitque déprimante, la justesse d’ob-servation confinant à la misan-thropie.Mais le nouveau statutdel’interprète principal donne à sadégradation une espèce de par-fumde scandale.

Emmanuelle Bercot dirige JeanDujardin et Alexandra Lamy dansLaQuestion. Celle-ci ne se terminepasparunpointd’interrogationettient en deux phrases : « Je ne leprendrai pas mal. Tu peux me ledire, si tum’as trompée.» Filmé auplus près des visages, ce court-métrage prouve qu’un gars, unefille sont bien devenus un hom-me, une femme.Mais qui en dou-tait? Le scénario témoigne d’uneoreille remarquable, mais d’unevueunpeu courte.

Lolita, d’Eric Lartigau ne pré-tend même pas faire rire. GillesLellouche joue un orthodontistetombé amoureux d’une de sespatientes. Ce joli film mêmen’échappe pas à l’impression dedésuétude que suscite Les Infidè-les. Elle tient au format du film àsketches,mais surtout à une divi-sion de l’humanité qui renvoie àdes temps révolus. La virilité évi-dente (toujours ces affiches) desauteurslesaapparemmentempê-chés de voir par-dessus le rideaude fer qui, dans leur monde, esttombé entre les sexes. A l’excep-tion de celui que joue AlexandraLamy, les personnages fémininssontaumieuxdessilhouettesillu-minéespar la libidomasculine,aupire des mégères ou des bimbos.Les Infidèles font l’effet d’unemachine à remonter vers untempsqu’onne regrette pas.p

Thomas Sotinel

Film français d’Emmanuelle Bercot,Fred Cavayé, Alexandre Courtès, JeanDujardin, Michel Hazanavicius, EricLartigau, Gilles Lellouche (1h48).

Lesmeilleures entrées en France

LenouveaustatutdeDujardindonneàsadégradationunparfumdescandale

Demémoiresd’ouvriers

ppv

S avoyard de 43ans, le réalisa-teurGillesPerreta fait lepari,honorable mais profession-

nellement risqué, d’exercer son

métier de réalisateur dans sarégion,etautourdesarégion.Acetancrage local, le documentaristeajoute un engagement marquépour les questions sociales, ce quinemanque pas encore d’être cou-rageux.Bardédecedouble«handi-cap», il n’en parvient pasmoins à

réaliser de nombreux films, dontcertains trouvent le chemin dessalles.Onaainsi pudéjàdécouvrirMamondialisation (2006), regardsavoyard sur le phénomène, etWalter, retourenrésistance (2009),qui stigmatise à travers la person-ne d’un déporté résistant monta-

gnardlatrahisondesidéauxpoliti-ques et sociaux nés de ce combat.C’est un peu grâce à ce film, qu’ilillumine de sa présence et danslequel son futur éditeur le décou-vre, que StéphaneHessel est deve-nuunauteurde best-seller.

Demémoires d’ouvriers, le nou-veau film de Perret, entre dansl’épure des précédents: s’emparerd’une histoire locale et dévider lapelote qui la relie au vastemonde.C’est aussi le plus réussi et le plusémouvant. Ouvert sur un faitdiverspolitiquequiendit long– lemassacre de grévistes à Cluses(Haute-Savoie)en1904parlesqua-trefilsdumairedelaville– ledocu-mentaire esquisse en un peu plusd’uneheureunehistoirede la pré-senceouvrièredanslarégion.Atra-vers elle, il ressuscite aussi unemémoire sociale et industrielle enpasse d’être balayée par les muta-tions contemporaines. Essor dudébut duXXesiècle lié au dévelop-pementdel’hydroélectricité,déve-loppement de la production del’aluminiumetdel’acier,construc-tion de cités ouvrières, mouve-mentdesouvrierspaysans, rôledel’immigration sur les chantiers,travaux d’Hercule des grands bar-ragesdans les années 1960…

La fierté du travailCette histoire, passionnante,

repose sur la parole, d’autant plusforte qu’elle est ancrée dans l’his-toire locale, d’historiens etd’ouvriers, mais aussi sur desarchives extrêmement précieusesextraites de la Cinémathèque despaysdeSavoieetdel’Ain.Ellenousraconte à sa façon une épopéeancienne : celle d’une vie rude,mais solidaire, où le paternalismepatronal, les revendications socia-les, la fiertédutravail, le cosmopo-litismeuniversaliste, la foi dans leprogrès, la dignité d’une retraitedurement gagnée façonnaientune culture spécifique. Uneculture aujourd’hui éradiquée, enmême temps que les acquissociaux, par la puissance dissol-vante du libéralisme économiqueet du capitalisme mondialisé.Actionnairesinvisiblesetomnipo-tents, usines démembrées, travaildévalorisé en faveur de la seulelogique du profit, ouvriers préca-risés et démotivés: tel est le nou-veau paysage savoyard, peu ouprou reconverti à l’industrie dutourismeetduluxe(prixd’uncha-let haut de gamme à Courchevel:25millionsd’euros).p

JacquesMandelbaum

Documentaire français de Gilles Perret(1h 19).

Allez,allez,debout, lesdamnésdelaTerre!Unechargecontre le capitalismemondialisévudepuis laSavoie

CensureEn Egypte, des cinéastes dénoncentla déprogrammation du film«Cairo Exit»Plusieurs cinéastes et critiques égyptiens ontdénoncé lundi 27février«les atermoiements»de la censure, qui ont empêché seloneux laprojec-tiond’un filmégyptien racontantunehistoired’amour entreune chré-tienne etunmusulman.Dansun communiqué, les signataires«condamnent le fait que la censure n’ait pas permis la projectiondeCairoExitd’HeshamIssawi, qui devait participer (…)à la compétitionofficielle du Festival de Louxor pour le cinémaafricain»,qui se tient jus-qu’au28février. Les signataires, parmi lesquels figurent les réalisateursMohammedKhanetKhaledYoussef, ont «regretté quede telles prati-ques aient lieuaprès la révolutiondu 25janvier qui a adopté le principede la liberté et de l’Etat civil». En2011, le réalisateurdu film,HeshamIssawi, déclarait au site Internet du Festival de Tribeca, àNewYork:«L’histoire traite denombreuses questions touchant le tissu social égyp-tien. Le conflit religieux entremusulmans et coptes est un importanttaboudans lesmédias égyptiens.» – (AFP.)

EvolutionNombre de par rapport Totalsemaines Nombre Nombre à la semaine depuis

d’exploitation d’entrées (1) d’écrans précédente la sortie

Dujardin:retouràlacasesketchL’acteuroscariséest, avec soncompèreGillesLellouche, aucœurd’unfilmléger…etdésuet

22 0123Mercredi 29 février 2012

Page 23: journal le monde du 29-2-2012

mode

CARLASOZZANI, qui a fondé en1990, àMilan, l’undes premiers«concept store» baptisé CorsoComo, enmêlant lamode, la pho-to, les livres, le design…est uneacheteuse influente.Vous êtes toujours assise au pre-mier rang dans les défilés, àMilan comme àParis. Commentchoisissez-vous d’acheter telleou telle collection?

J’achète sur des coupsde cœur,selonmonpoint de vue, et je pen-se que c’est aussi le point de vuedes clients et visiteursqui, depuisvingt-deuxans, se déplacentpourvenir à CorsoComo. Pour qu’unvêtement se retrouvedansmesrayons, il faut qu’il exprime inté-grité, individualité. Il faut que cesoit unvêtement vrai.L’Italie a fourni de grands nomsde lamode.Mais la dernière«success story», c’est Dolce&Gabbana, il y a vingt ans. Quese passe-t-il?

Les jeunes stylistes n’ont pasenviede souffrir. Ils veulent êtrerecrutéspar de grands groupes, àdes postes glorieux commeRic-cardo Tisci chezGivenchy à Paris,plutôt que de se lancer seuls. SiValentino,Armani etDolce&Gab-bana…ont réussi, c’est qu’ilsavaient quelque chose à expri-mer et travaillaient pour leurcompte. Il y a une formed’égoïs-

me à ne pas vouloir souffrir pourson art, non?Mais l’économieestglobalisée,percern’est-t-il pasplusdifficile?

GiorgioArmanin’apasconstruit son empire enun jour. Ilfautdu temps; ChristopherKane,DriesVanNoten…se développentaujourd’huipetit à petit. Il y a dejeunes Italiens très bienqui défi-lent àMilan: FrancescoScognami-glio, DanielaGregis, Albino,GabrieleColangelo, SilvioBetterel-li… sans compterAntonioMarrasetAquilano et Rimondi.Quels conseils leur donnez-vous?

Je les pousse à rester indépen-dants. Sinon lamoden’avancepas. Certes, cela signifie plus deweek-ends, des cauchemars et lapeurdenepas vendre…Mais jeme souviensdeRei Kawakubo(Commedesgarçons) qui prenaitle bus pour se rendre à sondéfilé,d’AzzedineAlaïa qui dormait sursonmatelas aupiedde sonman-nequinde bois, oude JeanPaulGaultierqui recrutait ses copinescommemannequins. Tous cesgensont réussi parce qu’ilsavaient le «feu sacré de l’art»,commeondit en Italie. Ilsn’avaientpas peurde voyager en3e classe. p

Proposrecueillis parV.L.

MilanEnvoyée spéciale

L ongue liane dans un fourreau noir,boucles blondes sous un chapeaucoquinetbijouxXXL: ledernierman-

nequin du défilé Giorgio Armani, lundi27février, avaitdesairs saisissantsdeLou-loude la Falaise, lamused’Yves Saint Lau-rent disparue le 5novembre 2011. Commeinspiré par l’élégance bohème, leMaestropropose, pour l’hiver prochain, unemodeandrogyne décontractée, avec cape enrubans de fourrure orangée sous un feu-tremasculin, et bermudade satin rose surdes souliers plats et pointus, zébrés oustrassés.

Ce vestiaire un tantinet «rockabilly»emprunte beaucoup à la garde-robemas-culine,aveccespantalonsprince-de-gallesà la coupe stricte, ces derbies et cesblazersépaulés. Pour le reste – veste fluide com-me un cardigan, robe entièrement rebro-dée de perles et sequins, blouse corolle desoie orange, fuchsia ou rouge tibétain… –,voilàl’universclassiquechicquifait lesuc-cès deGiorgioArmanidepuis des années.

Rockabilly, les « College Girls » deDsquared2, la marque du duo canadienDean et Dan Caten. Dans un décor d’uni-

versitéaméricaine, elles sont apparues lescheveuxen choucroutesousunecasquet-te léopard, avec pantacourt rose sous uneveste de crocodile gazonou jean avec san-dalesà strass et sweaterornéd’uncanicheen relief. Rencontre du denim et des dia-mants, du T-shirt rayé de base-ball avec larobe moulante pour Barbie années cin-

quante : c’est kitsch. Pour dénicher delongsgantsmauves,uneétolede fourrureimprimée léopard à la doublure rosechewing-gum, des lunettes yeux de chatavec strass ou un sac à main turquoisefaçon cartable d’écolier, c’est l’adresse àretenir.

Chez Roberto Cavalli, on a ouvert lacage aux fauves. En sont sorties de super-bes et sauvages créatures tigrées, zébréesou emplumées, sur unpodium tapissé de39000 roses, disposées de façon à imiterla peau d’un tigre. Les robes longues àvolants, façon Autant en emporte le vent,

succèdent aux pantalons patte d’élé-phant, cloutés de pierreries, façon Abba.Derrière cem’as-tu-vu, des tenues dont letravail laisse pantois…, notamment enprêt-à-porter. Les grandes jupes sont fai-tesdepythonpeint, le cuir est découpéaulaser pour imiter le crocodile, les jac-quards enmohair ou cashmere reprodui-sentlepelaged’unocelot,desbroderiesentrois dimensions rivalisent avec la peaude reptile ou la fourrure. En clôture de cefestival animalier, Naomi Campbell estapparue, superbe dans son fourreau bro-dé de confettis de cuir.

C’est à un jeu de trompe-l’œil surpre-nant auquel Federico Piaggi et StefanoCitron, chez Gianfranco Ferré, ont conviélepublic.Untravailsansfautedeconstruc-tion et déconstruction avec cette robetaillée en circonvolutions, cette jupe-culotte métamorphosée en robe du soir,selon qu’on la regarde de face ou de dos,ou cette veste auxmultiples cols de diffé-rentes couleurs, qui laisseraient croire àunesuperposition.Maisicionnesuperpo-se pas, on imbrique dans une sensuellegéométrie. Le tandem créatif invente denouvelles pièces au vestiaire féminin quien a tant besoin. p

V.L.

Le tracde Naomipar Véronique Lorelle

Elle est apparue en final du défiléRoberto Cavalli, altière, avec unedésinvolture superbe, bien différentede la posture des autres mannequins,plus jeunes et au visage fermé. Quel-ques secondes auparavant, pourtant,Naomi Campbell, fumait, en tirantnerveusement sur sa cigarette… «J’aile trac», avouait le mannequin, icônede la fin des années 1980, qui a à sonactif plus de cinquante couverturesdemagazines… La dernière fois qu’el-le a défilé? C’était il y a deux saisons,

chez Louis Vuitton. NaomiCampbell ne fait plus que derares apparitions sur lespodiums, en guest star, pourdes stylistes amis. Et commetous les grands, elle a encore letrac. Quand on lui demande cequ’elle pense dumannequinataujourd’hui, elle rétorque:«Cela manque de mannequinsde couleur!» A la grande épo-que, il y avait ces filles éton-nantes, sublimes: Grace Jones,Sonia Cole, Iman et Katoucha,surnommée «la princesse peu-le». Curieusement, la relèven’a pas été assurée.p

Aufildesdéfilés

UnfinalentoutefantaisieVesteencrocodilevertgazon,pelage façonocelot, lebestiaire investit lespodiums

Zoom«Lesjeunesstylistesn’ontpasenviedesouffrir»

ChezRobertoCavalli,onaouvert lacageauxfauves.Ensontsortiesdesuperbes

etsauvagescréatures

cRobertoCavalli.ANTONIO CALANNI/AP

DGianfrancoFerré.ANTONIO CALANNI/AP

Prêt-à-porter femmesMILAN | AUTOMNE-HIVER 2012-2013

cGiorgioArmani. GIUSEPPE CACACE/AFP

230123Mercredi 29 février 2012

Page 24: journal le monde du 29-2-2012

Aberdeen Global Services S.A.2B rue Albert Borschette,L-1246 Luxembourg

R.C.S. Luxembourg B 120637agissant en sa qualité de société de gestion d’Aberdeen Liquidity Fund (Lux)

(la « Société de gestion »)

Avis de convocation en assemblée des porteurs de parts d’Aberdeen Liquidity Fund (Lux)(le « Fonds »)

Les porteurs de parts du Fonds sont informés de la décision du conseil d’administration de la Société de gestion deproposer la conversion du Fonds (un Fonds Commun de Placement) en société d’investissement à capital variable(SICAV) (la « Conversion »).Les porteurs departs duFonds sont donc invités àparticiper à l’assembléegénérale des porteurs departs (« l’Assemblée»)du Fonds qui se tiendra au siège social de la Société de gestion à Luxembourg, le 19 mars 2012 à 11 heures (heure deLuxembourg) afin de délibérer et de voter l’ordre du jour suivant :

RÉSOLUTION UNIQUEa) Approbation, conformément à l’article 180(2) de la loi du 17 décembre 2010 relative aux organismes de

placement collectif (la « Loi de 2010 »), de la conversion du Fonds en société d’investissement à capital variable(« SICAV ») régie par le chapitre 3 de la Loi de 2010, ayant pour dénomination «Aberdeen Liquidity Fund (Lux) »(la « Conversion ») ;

b) Fixation de la date de prise d’effet (la « Date de prise d’effet ») de la Conversion au 1er avril 2012 ;c) Adoption des statuts de la SICAV, sous la forme soumise aux porteurs de parts ;d) Établissement du siège social de la SICAV 2b rue Albert Borschette, L-1246 Luxembourg ;e) Nomination des personnes suivantes en qualité d’administrateurs de la SICAV à compter de la Date de prised’effet, pour un mandat prenant fin à l’assemblée générale annuelle de 2013 :

Gary Marshall Hugh Young Alan Hawthorn Low Hon-YuRod MacRae Menno de Vreeze Ken Fry

f) Désignation de KPMGAudit en qualité de réviseur d’entreprises de la SICAV pour l’exercice clos le 31 mars 2013.Le vote de l’ordre du jour décrit ci-dessus est structuré sous la forme d’une résolution unique. Toutes les décisionssoumises au vote devront être approuvées ou rejetées dans leur intégralité.Aucun quorum n’est requis pour délibérer sur l’ordre du jour et la résolution sera adoptée à la majorité des deux tiersdes votes des porteurs de parts présents ou représentés en Assemblée.Il est demandé aux porteurs de parts qui ne peuvent pas participer à l’Assemblée du 19 mars 2012 d’exercer leursdroits de vote en remplissant et retournant la procuration (disponible auprès du siège social de la Société de gestion) àAberdeen Global Services S.A., par télécopie (+352 2643 3097) ou par courrier à l’adresse susmentionnée afin qu’ellesoit reçue au plus tard le 16 mars 2012 à 12 heures (heure de Luxembourg).À compter de la Date de prise d’effet, Aberdeen Global Services S.A. émettra pour les porteurs de parts du Fonds unnombre identique d’actions de même classe du compartiment concerné de la SICAV. Elles porteront le même codeISIN. Le nombre d’actions à émettre sera d’une nouvelle action par part détenue dans le Fonds, selon une valeurnette d’inventaire équivalente à la valeur nette d’inventaire par part de la classe concernée du Fonds à la Date deprise d’effet. Toute part au porteur historiquement émise et toujours existante à la Date de prise d’effet seraautomatiquement convertie en action au porteur. Cependant, il est rappelé aux détenteurs de ces titres qu’ilsdoivent présenter les certificats au porteur et coupons (le cas échéant) à l’Agent de transfert qui donnera lesinstructions nécessaires pour la remise de ces certificats et coupons et leur conversion en actions nominatives.Il est important que les porteurs de parts consultent leurs propres conseillers juridiques ou fiscaux concernant lesimplications fiscales de la Conversion les concernant. Les porteurs de parts doivent savoir que les conséquencesfiscales résultant de la Conversion peuvent être à leur désavantage.Les porteurs de parts peuvent demander sans frais l’avis aux porteurs de parts et la version préliminaire de ladocumentation afférente à la Conversion, ainsi que la version préliminaire du prospectus, auprès du siège social de laSociété de gestion.Les porteurs de parts sont également informés qu’avant la Date de prise d’effet de la Conversion, le règlement degestion d’Aberdeen Liquidity Fund (Lux) sera modifié afin de stipuler que l’exercice comptable du Fonds se terminerale 31 mars de chaque année. L’exercice comptable qui a débuté le 1er janvier 2012 se terminera le 31 mars 2012.Le nouveau règlement de gestion entrera en vigueur le 31 mars 2012.Les Porteurs de Parts du Fonds qui n’acceptent pas la proposition de modification du règlement de gestion duFonds ou de Conversion peuvent demander le rachat (sans frais) de leurs parts dans les conditions établies dansle prospectus en vigueur, sous réserve que leur demande soit reçue par le Fonds au plus tard le 30 mars 2012, àl’heure limite applicable au compartiment concerné.

&vous

Dormirouconduire, il fautchoisirDe18%à33%,selonl’originedesstatistiques,desaccidentsmortelssurautorouteseraientcauséspar lasomnolence

C’estmoiquil’aifait!Règle numéro un: ne jamais cracher sur un ustensile qui peutvous faire passer pourunedemi-déesse (ouundemi-dieu) letempsd’un goûterd’anniversaireou lors d’undîner. En formedetrainoude château fort, lesmoules en silicone ScrapCooking (de15 à 25 euros) ont parfois l’avantagede reléguer au secondplan cequ’il y a dedans. Unavantagede taille pourunanniversaireoù–cerise sur le gâteau –, les abominables bambinspréfèrent sou-vent se gaver de bonbonsque dedéguster le gâteau susnommé.

Pourdes dîners entre grands, onpeut essayer lemoulepuzzleimaginépar PaDesign (26¤), qui fait un sacré effet. L’astu-cieusepelle à gâteauCake Server deMagisso (17,90¤), quipermetde couperunepart régulière et de la servir enmêmetemps, relèvedu tourdemagie discret et efficace

pourparfaire votre image.Quant auxadeptesdukitsch, undétourpar le site du fabricant italien Silikomart s’impose: rosegéantepour gelée, gerbes baroquespourpâtes levées… L’universdeBarbara Cartlandenfin accessible… p LaureBelot (PHOTOS DR)

Sécurité routière

Q uelest lerôlede lasomnolen-cedanslesaccidentsdelarou-te? L’association 40Millions

d’automobilistes, puissant lobbyqui revendique 320000adhé-rents, assurequ’elle cause«autantd’accidents que la vitesse». Horsautoroutes et agglomérations, elleaurait entraîné 622décès, soit22,52% desmorts sur ce réseau, en2011. «Les accidents concernés onteu lieu en ligne droite, précise Lau-rentHecquet, sondéléguégénéral.Les explications officielles invo-quent la vitesse, alors que plus on

vavite,plusonserre lesmainssur levolant sans dévier de sa trajectoi-re», observe-t-il.

Le professeur Claude Got,expert en accidentologie, etconseiller de la Ligue contre la vio-lence routière, conteste vigoureu-sement ces conclusions : « Lesdéfenseurs de l’automobileconstruisentunraisonnementcau-sal sans avoir de preuve de ce qu’ilsavancent, affirme-t-il. En effet, ilsreconnaissent qu’ils n’ont pas derenseignement sur la vitesse de cir-culation avant l’accident, sur l’al-coolémie, sur l’usage éventuel destupéfiants ou du téléphone, ni sur

l’état de vigilance ou d’attention.»Selon lui, le lobby surévalue le rôlede la somnolence, pour «exonérerlavitessedesonrôledefacteurcom-munà tous les accidents, et obtenirque l’on supprime les radars».

Comment évaluer scientifique-ment le rôle de la somnolence?«Elle est difficilement décelable»,admet Christophe Perrin, chargéde recherche à l’Institut françaisdes sciences et technologies destransports, de l’aménagement etdes réseaux (Ifsttar). Toutefois,«certainsindicesmatérielspermet-tent de déduire qu’elle est la causede l’accident», constate cet expert

qui travaille dans l’unité des«mécanismes d’accidents ». Ils’agit notamment de la «présencedetracesderoulagedanslesaccote-ments», de l’«absence de trace deripage et de freinage sur la chaus-sée», et du constat d’un «impactdirectsurunobstacle,sansmanœu-vre d’évitement». Pour les obser-ver, préciseM.Perrin, «il faut exa-minerl’étatde laroutetoutdesuiteaprès l’accident». «Et encore, cen’est pas toujours aisé, car les ABS[anti-blocage système] suppri-ment souvent les traces de freina-ge», ajoute-t-il.

Sonunité,situéeàSalon-de-Pro-vence (Bouches-du-Rhône), serend sur les lieux de tous les acci-dents qui surviennent dans unrayon de 15km, depuis 1992. «Despsychologues recueillent les témoi-gnages de conducteurs dont l’étatlepermet,quiconfient s’être endor-mis», ajoute-t-il.

Lesforcesdel’ordre,quiremplis-sentdesprocès-verbauxaprèscha-queaccidentcorporel,doiventexa-miner ces indices matériels. Lesbulletins d’analyse, qui codifientensuite leurs observations, com-portent une soixantaine de critè-res (luminosité, alcoolémie, portou non de la ceinture…) dont undénommé«malaise -fatigue», quidoit être coché lorsqu’elles soup-çonnentunendormissement.

Selon l’Observatoire nationalinterministériel de la sécurité rou-tière (Onisr), qui fonde ses statisti-ques sur ces bulletins, le facteur«malaise-fatigue» était, en 2010,la causede 18%desaccidentsmor-tels sur autoroute, de 15%des acci-dents sur route nationale, de 7%sur départementale et de 3% surroute communale. Ces accidentsétaient plus fréquents le jour quela nuit (22% le jour sur autoroute,14% la nuit, par exemple), la som-nolence étant souvent due à unedettedesommeilouàunecondui-te postprandiale.

L’Association des sociétés fran-çaisesd’autoroutes(ASFA),quiras-

semble les sociétés d’autoroutesconcédées à péage, soit 74,5% deces voies, estime pour sa part que« la somnolence intervient dans33%desaccidentsmortels» sursonréseau – soit 50 morts sur 153 en2010. C’est plus que pour l’Onisr

(18%). La différence s’expliqueraitparlanaturedessourcesqu’exploi-tentlessoixanteanalystessécuritédes sociétés d’autoroutes: ils exa-minentlesprocès-verbauxdesfor-ces de l’ordre, et non les bulletinsqui les codifient, jugés réducteurs.«Ces procès-verbaux, qui peuvent

comprendre 70pages, et de nom-breuses photographies, détaillentpar exemple la journéequi aprécé-dé l’accident», explique PascalContremoulins, responsable sécu-rité routièredugroupe Sanef.

En 2007, l’ASFA a conduit uneétude auprès de 35000abonnésau service de télépéage, sous ladirectiondePierrePhilip,spécialis-te des troubles du sommeil auCHU de Bordeaux. Elle a montréque 11% avaient eu au moins un«presque accident», ou accidentévitéde justesseavecsortiederou-te ou franchissement de ligne, aucours de l’année. Malgré leur fati-gue,30%desconducteursnes’arrê-tent pas pour dormir. Un tiersouvre la fenêtre, 24% fontdubruitou augmentent le son de la radio.Les autres «résistent»…p

RafaëleRivais

Siègevibreuretcapteursd’endormissement

Elleestsouventdueàunedettedesommeil

ouàuneconduitepostprandiale

Des pauses toutes les deux heures limitent les risquesd’endormissement au volant. OOTE BOE/AGE FOTOSTOCK

UNCONDUCTEURqui s’endort atendanceà laisser sa voiture zigza-guer.Depuisquelques années, laplupartdes constructeursautomo-bilesontdonc installé, sur les véhi-culeshautde gamme,principale-ment, des systèmes électroniquesd’alerte, en casde changementdetrajectoirenonaccompagnéd’uneactivationdu clignotant.

Sur lesDS5deCitroën (àpartirde 30000euros), le siège semet àvibrer, lorsque la caméra situéedans la partie supérieuredupare-brise analyseun franchissementinvolontairede ligne. Ce système,mis aupoint fin 2011 et venduenoption, fait partied’un«pack sécu-rité» à 600euros, qui comprendle changementautomatiquedesphares en codequandon croiseunvéhicule lanuit.

ChezMercedes, c’est le volantqui vibre, lorsque le conducteurdéviede sa trajectoire. Le construc-teur allemandaenoutre intro-duit, en 2009, sur sa classe E (de40000à60000euros), le systè-meAttentionAssist, qui, grâce àdes capteurs, détecte lesmouve-mentsdebraquageanormaux,mais aussi les signes caractéristi-quesde l’endormissement: cligne-mentsd’yeux, inclinaisonde latête (qui sepenche) et positiondupied sur la pédale (qui se relève).Unavertisseur retentit alors, etune tassede café s’affiche sur letableaudebord.

Fordaussi proposeen optiondesdétecteursdeperte devigilan-ce sur sesmodèles Focus,Mondeo,S-MaxetGalaxy. Le dispositif, cou-plé à d’autres fonctions telles que

l’alertede franchissement invo-lontairede ligne, coûte entre800et 1200euros. ChezVolvo, le coûtdupack «alertes vigilanceet fran-chissementde ligne» est de650ou700euros.

L’association40Millionsd’automobilistesdemandequeles exploitantsd’autoroutes ins-tallent desbandes rugueuses lelongdes bandesd’arrêt d’urgence,afinque le frottementdes rouesfassedubruit et réveille le conduc-teur. L’Associationdes sociétésfrançaisesd’autoroutes (ASFA)indiqueavoir équipé lamoitié deson réseau. Elle a aussimultipliéles campagnes endirectiondesconducteurs, afinqu’ils fassentdespauses toutes les deuxheu-res. p

R.Rs

24 0123Mercredi 29 février 2012

Page 25: journal le monde du 29-2-2012

Dmitri Nabokov,dernier gardiendes secrets de sonpère,par Lila AzamZanganeh

LinaRomay, actrice érotique,par Jean-FrançoisRauger

Anthony Shadid, journaliste et passeurentredeuxmondes, par ChristopheAyad

Sur0123.fr

disparitions

Voici un mois, nous nousétions retrouvés au SpecialForces Club de Londres, leclub des services secrets bri-tanniques.Ce fut sansdoutesa dernière interview. La

voix de l’historien anglais Michael Foot,mort le 18février, ne pouvait être absentedenotre filmenpréparation(avecLaurèneL’Allinec) pour France5 sur «la contribu-tionbritanniqueàlaRésistancefrançaise»,sujet étrangement ignoré sinon refoulé dece côté-cide laManche.

Car «MRD» (Michael Richard Daniell)Foot, telqu’il seprésentaitpournepas êtreconfondu avec un homonyme leader tra-vailliste, est avant tout l’auteur dumagis-tralouvrageSOEinFrance, l’histoireduSpe-cial Operations Executive, le service secretcréé à l’été 1940 enmarge de l’IntelligenceService par le gouvernement Churchill«pourmettre l’Europeen feu».

Arrière-petit-neveu d’un Premier Lordde lamer, petit-filsd’ungénéral, Footavaitlui-même été engagé dans les opérationsdont il a fait samatièred’historien.Envoyéen mission près de Saint-Nazaire, enaoût1944, pour tenter d’éliminer un offi-ciertortionnairedelaGestapo,ilfutfaitpri-sonnier et torturé, réussit trois fois à s’éva-dermais fut trois fois repris. Lorsde sader-nièretentative,ilseréfugiadansunefermemaisfutpasséàtabacpardespaysansfran-çais. Remis grièvement blessé aux nazis, ilfut finalement sauvé de l’exécution enétant échangé contre un officier de sous-marinsallemand.

Guerrier mais aussi gentleman – par leton, l’allure, les manières et l’humour –,Footétaitéprisdesciencepolitique.Ilensei-gna àOxford, fut titulaire jusqu’en 1973 delachaired’histoiremodernede l’universitéde Manchester, puis directeur de l’Euro-peanDiscussionCenterduForeignOffice.Ilseconsacraitàl’éditiondu JournaldeGlads-tone lorsqu’en 1960, le premier ministreHaroldMacmillan, soucieuxde répondreà

des pressions parlementaires et peut-êtredefairepièceautroisièmetomedesMémoi-resdeguerredeDeGaulle,décidaderendrepublique l’action clandestine du SOE. LeForeign Office chargea Michael Foot d’enécrire l’histoire, en lui ouvrant les archiveset lesdossiers lesplusconfidentiels.

Infléchir la vision «patriotique»Ecrire l’histoire officielle d’une centrale

de subversionà l’étranger était une gageu-re. Il releva brillamment le défi. L’ouvrage,publié non sans péripéties à Londres en1966, contredisait les lois du genre par saliberté de ton et sesmultiples révélations:qui savait, qui saitmême de nos jours qued’Angleterre étaient partis vers la France,de 1940 au6juin 1944, 1100agents etmes-sagers clandestins, moitié pour le comptebritannique, moitié pour le compte de laFrance libre? Foot ne dissimulait pas plusles problèmes que les coups tordus, leserreurs ou les échecs, ni la rivalité entre leM16–l’IntelligenceService–et leSOE,ni lesfrictions parfois violentes avec le Bureaucentral de renseignements et d’action(BCRA)deDeGaulle – «une espèce de com-

pétition coopérative!», aimait-il dire –, niles coups tordus et le fait que certains desréseaux sous contrôle purement anglaismis en place en France, les «réseauxBuck-master», avaient à l’occasionmisé sur lesantigaullistes, voire tenté de créer uneArméesecrètebis.

LaparutiondeSOEinFrancefutenAngle-terre un événement. Fayard l’avait fait tra-duire, mais le Foreign Office réussit à eninterdire la parutionen français, sansdou-tepar craintede susciter l’ire dugénéral deGaulle et les protestations d’anciens résis-tantsendémontrantquelaRésistancefran-çaisen’aurait pu être ce quelle a été sans leconcours britannique. Il a fallu attendre2004 pour qu’une réédition anglaise deSOE in France nous incite à faire lever leveto et à concourir, après quarante ans dequasi-clandestinité, à sa traduction sous letitreDesAnglais dans laRésistance (éd. Tal-landier, 2008).

Même s’il appelle aujourd’hui, sur cer-tains points, corrections ou réserves,l’ouvrage reste une sourcemajeure. Il rap-pelle, chiffres à l’appui, que les Britanni-ques ont fourni aux services secrets de la

France libre l’intégralité de leur logistique,forméleursagents,prisenchargelatotalitédes communicationsmaritimes et aérien-nes avec la clandestinité, réparti les postesémetteurset les codes, assuré enexclusivi-té le fonctionnement du trafic radio clan-destin, financé jusqu’à juillet1943 la Résis-tance française, et, couronnant le tout,pourvuàsonarmement.Il retracelavie, lessacrifices et lamort des réseaux de sabota-ge et d’action proprement britanniquesmis en place sur notre sol (plus de 50 aujour du Débarquement) et fait revivre dehautes figuresabsentesdenotrepanthéonnational, tels ces «organisateurs» anglaisquiarmèrent lesmaquisde l’Ain,de l’Aqui-taine et du Sud-Est, et combattirent à leurtête, auxcôtésdes chefs résistants locaux.

Comme Paxton à un autre degré,Michael Foot nous a contraints d’infléchirnotre vision «patriotique» d’une phasesensible de notre histoire. Il mérite l’hom-mage français dû à un historien de classequiétait, pour ceuxqui l’ont connu,unsei-gneur.p

Jean-Louis Crémieux-BrilhacHistoriende la secondeguerremondiale

Trompettisteclassiqueetvedettepopulaire

MauriceAndré

L ’acteurErland Josephsonestmort, le25février à Stockholm, des suites dela maladie de Parkinson. C’est au

cinéma d’Ingmar Bergman, particulière-ment dans ses dernières années, qu’il étaitidentifié, aupoint que l’onpouvait voir enluiuneincarnationducinéastedansdesfic-tions d’où le souci autobiographiquen’étaitpas toujoursabsent.

Né le 15 juin 1923 à Stockholm, ErlandJosephson commence une carrière théâ-trale et rencontre Bergman à la fin desannées 1930. C’est le début d’une longueamitié. Le réalisateur lui confie quelquespetits rôles dans Il pleut sur notre amour(1946), Au seuil de la vie (1950), Le Visage(1958), L’Heure du loup (1968), mais cen’est qu’à partir deCris et Chuchotements,en1972,etsurtoutdeScènesdelavieconju-gale, en 1973, qu’il obtientdes rôlesdepre-mier plan dans le cinéma du maître sué-dois. Il y incarne des hommesmûrs, dou-blesducinéaste, confrontésàd’insolublesinterrogations existentielles sur lemaria-ge (Scènes de la vie conjugale), la créationthéâtrale(Aprèslarépétition,en1984), l’ap-prochede lamort (Saraband, en 2006).

S’ouvre dès lors pour lui une carrièredans le cinéma d’auteur international. Il

tournera avecAndreï Tarkovski dansNos-talghia, où il incarne Domenico, l’ermitequi se suicide après avoir enfermé safamille, et dans Le Sacrifice, où il joue unhommequi décide de ne plus parler pourrésisterauxmauxdumonde. Il tientaussiunrôle importantdansLeRegardd’Ulysse,de Théo Angelopoulos, en 1995, avec Har-vey Keitel en vedette. Il a aussi été Nietzs-chedansAu-delàdubienetdumal,deLilia-na Cavani en 1977. Il aurait refusé un rôlede scientifique dans Les Dents de la merdeuxièmepartie,deJeannotSwarcz,préfé-rant, dira-t-il, «avoir des débats intellec-tuels avec Liv Ulmann que de [se] battreavec un requin». Il tourne aussi pourDusan Makavejev, Istvan Szabo, PhilipKaufmanet PeterGreenaway.

Il avait succédé à Bergman à la tête duThéâtre royal de Stockholm en 1966 et yétaitrestéjusqu’en1975. Ilavaitaussiréali-sédeuxfilms,dontEnochenen 1978, cosi-gné par Ingrid Thulin et Sven Nykvist,écritdespoèmes,des romansetdesscéna-rios. Dans une interview donnée auxCahiersducinémaen1985, ilavaitdéclaré:«Unjour, j’aidécouvertquelacaméraétaitune chose très vivante avec laquelle, entantquecomédien,onpouvaitvivredeshis-toires fortes d’amour et de haine.»p

Jean-FrançoisRauger

Maurice André, dont lechef d’orchestre Her-bert von Karajandisait qu’il «n’est pasde notre monde »,n’est plus de ce mon-

de : le trompettiste classique est mort le25février,à l’hôpitaldeBayonne,à l’âgede78ans.Connudumondeentier,etparticu-lièrement des Français, Maurice Andréétait une vraie vedette populaire grâce àses multiples enregistrements (plus dedeux cent cinquante, dont plusieurs ontété Disques de platine) et ses apparitionsdans des émissions de télévision («LeGrand Echiquier», de Jacques Chancel,«L’Ecole des fans», de Jacques Martin). Ilavaitdonnésondernierconcerten2008,àSaint-Nazaire.Lanouvellede samorta étéannoncée à la télévision et le président dela République a lui-même signé un com-muniquéoù il salue l’artiste, selon lui, «lapreuve vivante [sic] que le travail et letalent peuvent tout».

Sa vie est en effet une success story: néle21mai1933prèsd’Alès(Gard), ilabordelamusique par la pratique d’un instrumentà cuivre – le cornet à pistons, dans le cadred’une harmonie-fanfare. De 14 à 18ans,Maurice André travaille, comme son père(luiaussi trompettiste),à lamine:«Le seulendroit où j’ai trouvé un immense respectmutuel entre tous ceux qui travaillaient

ensemble», dira-t-il (propos rapportés parMarcTrautmanndansle livretd’accompa-gnement du CD Maurice André pour lesnuls, EMIClassics).

Après des études à Nîmes, il intègre laclasse de Raymond Sabarich au Conserva-toirenational supérieurdeParis (il lui suc-cédera à ce poste de 1967 à 1978). Il en sortavec un premier prix de cornet, en 1952,puisdetrompette,en1953.Ilestsuccessive-ment trompettesolodesConcertsLamou-reux (1953-1960), de l’Orchestre philhar-moniquede l’ORTF (1953-1963) etde l’Opé-ra-Comique (1962-1967).

MaisAndré joueaussi,pour le cachetonet leplaisir,de lavariété (la trompettebou-chée deNationale 7, de Charles Trenet, en1955, c’est lui), de la musique de film(Lecave se rebiffe, de Gilles Grangier, en1961), se produit en cabaret, parfois sousdes vols de sous-vêtements de strip-teaseuses… Il grave, en 1953, le premier

d’une cinquantaine de disques avec l’Or-chestre Jean-François Paillard (Erato). Ilremporte, en1955 et 1963, les concours deGenèveetdeMunich.En1974,HerbertvonKarajan, qui chérissait l’école française detrompette, engage lemusicien pour enre-gistrer, sur un instrument piccolo (queMaurice André a contribué à développerpour le facteur Selmer), le solo suraigu duDeuxième concerto brandebourgeois, de

Bach.AvecKarajan,maisaussiavecRiccar-doMutiouCharlesMackerras (c’est-à-direde finsmusiciens) et tant d’autres,Mauri-ceAndrégravedenombreuxconcertos.

Mais il est aussi célèbre pour ses pro-grammes « trompette et orgue», avecMarie-ClaireAlain(Erato),etpoursesenre-gistrements de pages populaires, commel’Adagiod’Albinoni, lesgrandsairsd’opéraouencoreleConciertod’Aranjuez,originel-lement conçu pour guitare par JoaquinRodrigo, que Miles Davis a aussi adaptépour la trompette. Jacques Chancel luidemande, un soir, au «Grand Echiquier»,sur France 2, s’il aime lamusique d’avant-garde:«Ahnon!Pasdutout!C’estunbruitqui me rappelle la mine.» Aussi, MauriceAndré commandera-t-il des œuvres à descompositeurs plutôt traditionnels, com-me André Jolivet, Marcel Landowski ouHenriTomasi.Ildéfrichelerépertoirebaro-queoubliéet favorise«la renaissanced’ungrand répertoire de la trompette», selonson disciple Guy Touvron, qui lui a consa-créun livre (Une trompettepour la renom-mée, éditionsduRocher, 2003).

Après son retrait des estrades deconcert, Maurice André s’est adonné pluspleinement à la sculpture sur bois : «Pourunmusicien qui a soufflé toute sa vie dansdu cuivre, c’est le comble ! », conclutl’auteurdeMauriceAndrépour les nuls.p

RenaudMachart

En 2003. RUE DES ARCHIVES/BCA

21mai 1933Naissance à Rochebelle(Gard).1951 Entrée au Conservatoire de Paris1955Premier Prix au Concoursinternational de Genève25 février 2012Mort à Bayonne(Pyrénées-Atlantiques)

14décembre 1919Naissanceà LondresAoût 1944Parachutage en Francepour unemission clandestine quiéchoue et se termine par son échangecontre un officier nazi1966Publication à Londresde «SOE in France»18 février 2012Mort à Royston(Angleterre)

15juin 1923Naissance à Stockholm1966Direction du Théâtre royal1973 «Scènes de la vie conjugale»,d’Ingmar Bergman1984 «Le Sacrifice», de Tarkovski25février 2012Mort à Stockholm

Agentpuishistoriendesréseauxbritanniquesde laRésistance

MichaelR.D.FootActeursuédoisErlandJosephson

En 1980. PIERRE GUILLAUD/AFP

En 1964. RUE DES ARCHIVES/AGIP

250123Mercredi 29 février 2012

Page 26: journal le monde du 29-2-2012

2012, annéebissextile29février 2012.Commentmarquerd’unepierre cettedateparticulièresur laquelle nos calendriers géorgiens font l’impasse trois années surquatre?Une fois entré «29février» dansmonmoteurde recherche, plu-sieurs options seprésentent àmoi. Première suggestion, celle de pren-drepart à la grève européenne contre l’austérité lancéepar la Confédé-rationeuropéennedes syndicatspour faire front contre la crise et semobiliserpour l’emploi. Autre option? Et si je signais la pétitionduMouvementde libérationdu29févrierdont lemanifestedit en substan-ce: «Point ne travailleronsplus sans gagnerplus. Pourun 29février fériésans répit nous lutterons.» 2012, année bissextile, compteune journéesupplémentairede travail pour les salariés, une journéequi ne sera pasrétribuée.Aussi, le site 29-fevrier.orgme convie-t-il à retrouver «l’espritde 1989, où la République françaiseavait établi que le bissexte porteraitle nomde “jour de la révolution” et serait célébrée comme fêtenationale,chôméeévidemment».Une autre idée à suivre?Acheter le 9e numéro de La Bougie du sapeur,«dans les kiosques dèsmaintenant et jusqu’àaujourd’hui»puisqu’il estle seul quotidiend’informationàneparaîtreque le 29février. Après1460joursdenon-parution, ce journal,«drôlemais pasméchant», com-me le qualifie son rédacteur en chef, Jeand’Indy, va enfinmedévoiler lasolutionde la grille demots croisés sur laquelle j’avais séché en 2008!(bit.ly/zEuMKY)Nés un 29février. Autre piste? Répondre à l’appel à témoins du quoti-dien L’Est républicain, «Vous êtes néun 29février», sollicitant ceuxdont l’anniversairene tombeque tous les quatre ans (bit.ly/zYHJeX).Comme le souligneG. C.Lichtenbergdans sesConsolations à l’adressedesmalheureuxqui sont nés un 29février, «ondira ce qu’on voudra,mais unhommequi n’a d’anniversaireque tous les quatre ans n’est pascomme les autres». Et à supposer que je sois une femme?p

PolitiqueLesministères deHollandeLe candidatHollande s’engageà créerunedizainedegrandspôlesminis-tériels autourde thèmes comme l’égalité, le droit des femmes, l’éduca-tion, la jeunesse, la diversité, l’industrie et la production, les finances etle budget, la réformede l’Etat, la fonctionpubliqueet la culture.Desassemblagesbaroquesdevraient donc intervenir dans lesministèresrestants afind’y regrouper, entre autres, les affaires étrangères (et euro-péennes), la défense, l’intérieur, la justice, etc. Quant aux intitulésdesministères envisagés, ils laissent songeur. Ceuxdésignantdespublicsspécifiques (femmes, jeunesse, diversité) témoignentd’une conceptionsegmentéede la société française, surprenante chezun candidatqui pré-tend rassembler, et sont aumieuxsuperfétatoires, aupire contradictoi-res avec l’existenced’unministèrede l’égalité.Quant au rattachementdu sport à la jeunesse, il traduit unevision réductricedu sport et de lajeunesse; avec l’adjonctionde la diversité, le cliché est parfait.

Agathe Carli, Paris

Courriels

C’est toutNet! Marlène Duretz

Mardi28févrierTF1

20.50 Dr House.Série. House-sitter. La Petite Dernière (S7, 5et 6/23, inédit) ; L’argent ne fait pas le bonheur.Le Cœur du problème (saison 6, 4 et 5/21)U.0.05 Forgotten. Série.Le Réseau identité. L’Inconnue au diamantU(S1, 1 et 2/17). Avec Christian Slater (105min).

FRANCE2

20.35 Histoires en série.Disparitions mystérieuses : quand les famillesmènent l’enquête.Magazine.22.50 Infrarouge.Les Fils de la terre. Documentaire (Fr., 2012).0.35 Nos années. Année 1960 : Les Mythologiques.0.20 Journal, Météo (20min).

FRANCE3

20.35 Petits arrangementsavecmamère.Téléfilm. Denis Malleval. Avec Line Renaud,Samuel Labarthe, Michel Aumont (Fr., 2011).22.15 et 1.10 Soir3.22.40 Ce soir (ou jamais !). Présentéen direct, par Frédéric Taddeï (120min).

CANAL+

20.55 Tout va bien :The Kids Are all RightpFilm Lisa Cholodenko. Avec Annette Bening,Julianne Moore, Mark Ruffalo (EU, 2010)U.22.35 Mes parents sont homosexuels (2012).23.40 Ce n’est pas un film de cow-boys (2011).23.50 Angèle et Tonypp

Film Alix Delaporte. Avec Clotilde Hesme,Grégory Gadebois (France, 2010, 80min)U.

ARTE

20.35 Thema- I Love Democracy.20.40 I Love Democracy. [2/6] Russie.Documentaire (France, 2012).22.10 Dans la peau de Vladimir Poutine (2012).23.30 Le Dessous des cartes. Visions de la Russie.23.45 Anna Politkovskaïa. Une vie pour la liberté.1.10 Yourope. Féminisme (40min).

M6

20.50OSS 117 : Rio ne répond pluspFilm Michel Hazanavicius. Avec Jean Dujardin,Louise Monot, Alex Lutz (Fr., 2009, audiov.)U.22.40 Le Phénomène Jean Dujardin.Documentaire (France, 2012, 85min).

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

Sud-Ouest

Sud-Est

Jours suivants

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Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

Occlusion Thalweg

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TripoliTripoli

Lisbonne

ReykjavikReykjavik

En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

RigaRomeSofiaStockholmTallinTiranaVarsovieVienneVilniusZagrebDans le mondeAlgerAmmanBangkokBeyrouthBrasiliaBuenos AiresDakarDjakartaDubaiHongkongJérusalemKinshasaLe CaireMexicoMontréalNairobi

New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

Paris

Madrid

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Rabat

AlgerTunis

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Le CaireJérusalem

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Moscou

30 à 35° > 35°25 à 30°20 à 25°15 à 20°10 à 15°5 à 10°0 à 5°-5 à 0°-10 à -5°< -10°

Amiens

Metz

Strasbourg

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Caen

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Montpellier

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Clermont-Ferrand

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Jeudi

Mercredi 29 février29.02.2012

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-3 degrés à Montréal et -4 à Moscou où le froid persiste

En Europe12h TU

Lemême type de temps que la veillese produira, avec de fréquents nuagesbas ou brouillardsmatinauxnotamment sur lamoitié nord,ceux-ci ayant parfois dumal à sedissiper totalement en cours dejournée. Le soleil restera dominantsur lamoitié sud. Les températuresseront partout en hausse etafficheront des valeurs printanièresdu Sud-Ouest à laMéditerranée.

Saint AugusteCoeff. demarée

LeverCoucher

LeverCoucher

Encore de larges éclaircies au Sud

Aujourd’hui

météo& jeux écrans

Mercredi29févrierTF1

20.40 Football.Match amical. Allemagne - France.En direct de Brême (Allemagne).22.55 Les Experts.Série. Radioguidé. Quand docteur Langston......rencontre Jekyll (S10, 17, 22 et 23/23).1.20Nikita. Série. Libertés fragiles(saison 1, 20/22, inédit, 55min)U.

FRANCE2

20.35 Des soucis et des hommes.Série. Des hommes de secret. Des hommesde cœur (saison 1, 3 et 4/8, inédit).22.20 Dans les yeux d’Olivier.Accusés à tort. Retour sur les mystères de la foi.23.55 Journal, Météo.0.10 Desmots de minuit. Invités : JohnShank, Fabienne Yvert, Cécile Ladjali... (95min).

FRANCE3

20.35 Des racines et des ailes.Passion patrimoine : un balcon sur les Alpes.22.35 et 2.40 Soir3.23.00 Spécial Claude François.Trente ans déjà... Présenté par Mireille Dumas.0.50 Doc 24. Documentaire (55min).

CANAL+

20.55HolidaypFilm Guillaume Nicloux. Avec Jean-PierreDarroussin, Judith Godrèche (Fr., 2010)U.22.20 La Caméra planquéede François Damiens.22.45 LargoWinch II Film Jérôme Salle.Avec Tomer Sisley (coprod., 2011, 115min)U.

ARTE

20.35 Sparrowpp

Film Johnnie To. Avec Simon Yam (HK, 2008).22.00 Toscanini par lui-même.Documentaire (France, 2008).23.10 RachelpFilm Simone Bitton (France, 2008, v.o.).1.00 Borgen, une femme au pouvoir.Série (saison 1, 5 et 6/10, 120min).

M6

20.50 Zita, dans la peau de...... Une femme obèse. Documentaire (Fr., 2012).22.00 ... Une femme de ménage. Documentaire.23.20 Belle toute nue.Christine et Laura. Magazine (105min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les joursMots croisés et sudoku.

Sudokun˚12-051 Solutiondun˚12-050

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Le Mondesur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du lundi 27 février.8, 23, 33, 41, 45 ; numéro chance : 1.Rapports :5 bonsnuméros etnuméro chance : pas de gagnant ;5 bonsnuméros : 173 387,70 ¤ ;4 bonsnuméros : 1 601,50 ¤ ;3 bonsnuméros : 12,10 ¤ ;2 bonsnuméros : 5,60 ¤.Numérochance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 1 554926.

Motscroisés n˚12-051

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MoyenCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

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LotoHorizontalement Verticalement

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II

III

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Solution du n° 12 - 050HorizontalementI. Contraceptif. II. Edite. Hérita.III. Saccage. Etoc. IV. Ale. Lave.IUT.V. Ri (mari).Migrais.VI. Isbas.Edo. Ré.VII. Equité. Leu.VIII.Nul.Eta. Reps. IX.Néon. Amadoué.X. Esthétisants.

Verticalement1. Césarienne. 2.Odalisques.3.Nice. Bulot. 4. TTC.Mai. Nh.5. Réaliste. 6.Gag. Etat. 7. Chèvre.Ami. 8. Ee. EADS. As. 9. Pré. Io.RDA. 10. Titis. Léon. 11. Itou. Reput.12. Factieuses.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12

1. Léger flottement dans les airs.2.Ouvrage eschatologique.3. Reste à terre. Un plan chez lepréfet. 4. Vous fait passer aujaune. Point de départ. 5. Accordparfait. Fis des réductions.6. Equipas le bâtiment. Têted’affiche. 7.Gai participe. Ami deHaydn et rival deMozart.8. S’oppose à tout. Lettresd’embauche. 9.Demidi àminuit.Planté avant de frapper.10. Travaillât en plein champ. Aun air pincé en Iran. 11.Difficile àcontrôler, même verbalement.12. Pourront bien plus facilements’adapter.

I. Tout l’art de passer la brossedans le bon sens. II.Quand leplaisir devient art de vivre.III.Grosse farce duMoyen Age.Division germanique.IV. Romains. S’imposent pouratteindre la perfection.V. Possessif. Manœuvraihabilement. Moins facile que lacritique.VI. Purgatif. Travaillai àla charpente.VII. Souraujourd’hui. Diptère velue. Sortiesdu paquet.VIII. Fait la différencechez soi. Fortesmâchoires. IX.Unpeu trop salés. Choc entre deuxconducteurs. Pièce de la charrue.X. Amateurs de divins breuvages.

26 0123Mercredi 29 février 2012

Page 27: journal le monde du 29-2-2012

270123Mercredi 29 février 2012 carnet

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissances

De Bruxelles, Jaipur, Marolles-en-Brie,Maya,

est fière et heureuse d’annoncerla naissance de son petit frère

Ishan,le 3 février 2012.Familles AHLAWAT et DEMOGUE.

Passerose MANTOYet

Henri GRENONont la joie d’annoncer la naissance de

Robinson,né le 22 février 2012, à Dublin.77 Lower Drumcondra Road,Dublin 9,Irlande.

Décès

Le présidentde l’Ecole pratique des hautes études,Le doyen de la section

des Sciences historiques et philologiques,Les enseignants-chercheurs de l’EPHE,Les étudiantsEt les auditeurs,

ont la profonde tristesse d’annoncerle décès de

Hervé COUTAU-BÉGARIE,directeur d’études à l’EPHE,

chaire« Histoire des doctrines stratégiques »,

survenu le 24 février 2012.Ils s’associent à la douleur de ses

proches.

Saint-Maur-des-Fossés.Cos.

Annie Cunnac,son épouse,

Caroline,sa fille,Les familles Cunnac, Lagarde et Faure,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Jean-Paul CUNNAC,

survnu à Paris, le 22 février 2012,dans sa soixante-cinquième année.

La famille remercie les équipesdes hôpitaux de Saint-Antoine et de laSalpêtrière.

Les obsèques religieuses ont étécélébrées ce mardi 28 février, à 11 heures,en l’église Saint-Volusien, à Foix(Ariège).

«Mon bien-aimé est descenduà son jardin,

Au parterre d’aromates,Pour faire paître son troupeau

dans les jardins,Et pour cueillir des lys. »

Le Cantique des Cantiques.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Guy de Wouters,son frère,Monica et Jean-Louis Burckhardt,

sa sœur et son beau-frère,Ses neveux et nièces,

ont la grande tristesse de faire partdu décès du

père Hubert de WOUTERS,prêtre au diocèse de Pariset professeur de théologie.

La célébration des funérailles aura lieule samedi 3 mars 2012, à 10 heures,en l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas,252, rue Saint-Jacques Paris 5e.

Biéville-Beuville.

Françoise Drosdowsky,son épouse,Serge et Marc,

ses enfantset leurs épouses, Isabelle et Katia,Sacha et Pierre-Alexandre,

ses petits-enfants,Marie-Hélène Vauche, Paul Babaz,Larissa Drosdowsky

(Odessa),Hélène Dvorine

et sa famille(Tel-Aviv),

ont la douleur de faire part du décès de

Michel DROSDOWSKY,ancien interne des Hôpitaux de Paris,

professeur des Universités,praticien hospitalier.

La cérémonie d’Adieu aura lieuau crématorium de Caen, rue de l’Abbayed’Ardenne, le jeudi 1er mars 2012,à 12 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

14, impasse de Rubercy,14112 Biéville-Beuville.

Georges Yénouyaba Madiéga,son épouxEt ses enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Annie DUPERRAY MADIÉGA,historienne et universitaire,

survenu le 10 février 2012,dans sa soixante-dixième année.

Les funérailles ont eu lieu le 14 février,à Amplepuis (Rhône).

La famille remercie tous ceux quiprennent part à sa peine.

131, rue Louis Becker,69100 Villeurbanne.

Céline Engel Toledano,Claudia Engel,Tatiana Antonelli Engel Abella,Djamila Taule,

ses filles,Sarah,Ilan,Mia,Lorenzo,Pietro,Tanit,

ses petits-enfants,Babette, Tobias, Colas, David Engel,

ses frères et sœurs,Thomas, Nina, Léo, Mathilde,

ses neveux et nièces,Les familles Toledano, Engel, Abella,

Hayeres, Mate, Antonelli, Weichberger,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

M. Michel ENGEL,survenu le 24 février 2012,à l’âge de soixante-quatorze ans,à son domicile parisien.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 1er mars, à 14 h 30, au templedes Batignolles, 44, boulevard desBatignolles, Paris 17e.

Elle sera suivie de l’inhumationau cimetière parisien de Patin, à 15 h 45.

59, boulevard du Château,92200 Neuilly-sur-Seine.

Anne et Adriensa fille et son petit-fils,

ont la tristesse de faire part du décès de

Janine GERY,attachée de presse de l’Olympia

et chez Polydor,

survenu le 21 février 2012, à Paris,à l’âge de quatre-vingt-trois ans.

Selon ses dernières volontés, elle a faitdon de son corps au service de la vie.

Denis Heller,son époux,Benoît et Renaud,

ses fils,Marine Griveaux,

sa filleEt ses sept petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

Marie-Claude HELLER,survenu le 25 février 2012,dans sa soixante-neuvième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 2 mars, à 10 h 30, en l’égliseSaint-Séverin, Paris 5e.

Cet avis tient lieu de faire-part.

48, rue Monsieur le Prince,75006 Paris.

Saint-Brieuc. Pléneuf-Val-André.Rennes. Paris.

Germaine Jan,son épouse,Gwénolé Jan,

son filset son compagnon, Emilio Conti,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Albert JAN,

survenu le 24 février 2012,dans sa quatre-vingt-dix-huitième année.

Les obsèques religieuses auront lieule mercredi 29 février, à 14 h 30, enla cathédrale Saint-Etienne, à Saint-Brieuc,suivies de la crémation dans l’intimitéfamiliale.

54, rue du 71e RI,22000 Saint-Brieuc.La Caderie,22370 Pléneuf-Val-André.

Frédéric Dardel,président de l’université Paris Descartes

Patrick Berche,doyen de la Faculté de médecine ParisDescartes,

ont la tristesse de faire part du décès,le 17 février 2012, de

Pierre MAUVAIS-JARVIS,professeur émérite d’endocrinologie,chef du service d’endocrinologieet médecine de la reproduction

de l’hôpital Necker de 1975 à 1994,membre du Conseil nationaldes universités de 1975 à 1994.

Le président, le doyen et tout lepersonnel de l’université présentent leurssincères condoléances à sa famille.

Une bénédiction a eu lieu le 23 février,en l’église Saint-Clodoald, à Saint-Cloud.

Ginette Catala, née Freychet,son épouse,Françoise Catala,Alain et Mariane Catala

et leurs enfants,Pierre-Etienne et Elisabeth Catala

et leurs enfants,Jean-Michel et Marie-Françoise Catala

et leurs enfants,Edith et Jean-Paul Leenhardt

et leurs enfants,Marc Catala

et ses enfants,Myriam Catala

et ses enfants,Christophe Catala

et ses enfants,ses enfants et petits-enfants,Ses quarante-quatre arrière-petits

enfants,Les familles Marquer, Aurenche,

Chapellier, Jouty, Morel, Freychet, Sigrist,Causse,Alliés et amis,

ont la très grande douleur de faire partdu décès de leur très cher

Pierre CATALA,chirurgien retraité,

survenu le 13 février 2012,à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans.Un culte d’act ion de grâce au

funérarium de Marseille, puis l’inhumationau cimetière de Die ont eu l ieule 17 février.

Mme Pierre Catala,Résidence Prado-plage, Bât.-J,59, promenade Georges-Pompidou,13008 Marseille.

Patricia Johansson-Rosen,son épouse,Sa familleEt ses amis,

ont l’infinie tristesse de faire part du décèsde

Nils JOHANSSON-ROSEN,à l’âge de cinquante-trois ans.

Il fut admirable dans ses combats.

Ses obsèques auront lieu le samedi3 mars 2012, à 8 h 30, au crématoriumdu cimetière du Père-Lachaise, dans la salledu dernier hommage, 71, rue des Rondeaux,Paris 20e, suivie de la dispersion deses cendres au jardin du souvenir.

77, rue des Grands-Champs,75020 Paris.

Fabien, Olivia et Delphine,ses enfants,Elliot, Félix et Oscar,

ses petits-enfants,La familleEt ses amis,

ont la profonde tristesse de faire partdu décès de

Herbert MAISL,chevalier de la Légion d’honneur,

officier dans l’ordre national du Mérite,chevalier des Palmes académiques,

conseiller d’Etat honoraire,président de section

à la Cour nationale du droit d’asile,ancien recteur de l’Académie de Rennes,professeur de droit public des universités

d’Orléans, Paris X - Nanterre,Paris I - Panthéon Sorbonne,

survenu le 19 février 2012, à Paris,à l’âge de soixante-neuf ans.

La cérémonie religieuse se tiendraen l’église Saint-Julien-le-Pauvre, Paris 5e,le jeudi 1er mars, à 14 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

www.maisl.fr/herbert

Xavier et Arnaud Malgorn,ses fils,Dimitri, Rose-Mirka,

ses petits-enfants,Marthe Bouzol-Reiter,Suzanne Ducroux,

ses sœurs,Les familles Popovics, Bouzol,

Ducroux, Bai,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Marie-MadeleineMALGORN,née BOUZOL,

survenu le 17 février 2012.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 2 mars, à 14 h 15, en l’égliseSaint-Clodoald, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).

Wignehies. Chaourse.

Mme Bernade t t e Med jek -Noë l ,son épouse,Ses enfantsEt ses petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Mustapha MEDJEK,retraité des assurances GAN,

survenu à Wignehies, le 25 février 2012,dans sa soixante et onzième année.

Geneviève et Jean-Louis Solari,Frédérique Rimbaud,Amélie et Sandrick Giuliani-Viallard,Jean-Raphaël Giuliani

et Silke Nikolay,Jean-Sébastien et Magali Giuliani,

ont la profonde tristesse d’annoncerque leur mère, belle-mère et grand-mère,

JeannineRIMBAUD-MERIGNARGUES,les a quittés ce vendredi 24 février 2012,dans sa quatre-vingt-troisième année.Elle a rejoint

Georges,son mari,et

Louis,son fils.Les obsèques seront cé lébrées

le mercredi 29 février, à 11 h 30,au c rémato r i um de Grammon t ,àMontpellier.Cet avis tient lieu de faire-part.

L’association des amis et des anciensélèves du lycée Lakanal de Sceaux

a le regret de faire part du décèsde son président d’honneur,

Henri SEGUIN,commandeur

dans l’ordre des Palmes académiques,

qui a été son président de 1980 à 2005.

www.aaaellk.fr

Annick Chauvet,son épouse,Bertrand,

son fils,Sa famille,Ses amis,

ont la douleur et la rage de faire partdu décès de

Gilles THEVENET,Zident.

Un hommage lui sera rendu lorsde la cérémonie civile qui se déroulerale vendredi 2 mars 2012, à 11 h 30,au crématorium de Mireuil, à La Rochelle(Charente-Maritime), rue de la Bergerie.Ni fleurs ni couronnes.50, rue de la Garenne,79210 Arcais.

Condoléances

Le docteur Maya Evrard,sa fille,M. Michel Renard (†),

son fils,Mme veuve Maggy Schillis,

sa soeur,M. Ernest Walferdin,

son frèreEt toute sa famille,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Mme AndréeWALFERDIN-RENARD,chevalier de la Légion d’honneur,

chevalier dans l’ordre national du Mérite,chevalier

dans l’ordre des Palmes académiques,survenu le 24 février 2012.La cérémonie religieuse sera célébrée

en l’église Saint-François-Xavier,à Paris 7e, le mercredi 29 février et serasuivie de l’inhumation dans le caveaufamilial, au cimetière du Montparnasse.Cet avis tient lieu de faire-part.

Souvenir

Gérard LORIN,comédien,

garde sa place dans notre mémoire.« L’esprit beau, prompt, accort,

l’humeur un peu railleuse. »Corneille, L’illusion comique,

Acte III, sc. 5.

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Page 28: journal le monde du 29-2-2012

ExpositionPicasso à l’œuvrePendantdix-sept ans, IsmaëlDuncan, photographede guerre, a suivi lepeintre PabloPicasso, à l’initiativede Robert Capa.On lui doit quelques-unesdes photos les plusmarquantesdupeintre, prisesparfois dansl’intimitéde l’artiste. Sur sonblog, LunettesRouges évoque l’expositionconsacrée à ces deux figures de l’art duXXesièclepar La Piscine,lemuséedeRoubaix.http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/

Anepasmanquer sur0123.fr

LedéclindurêveaméricainLettredeWall StreetClaireGatinois

O bsolète le rêve américain? Lapro-messequ’unhommede rienpuis-se, aux Etats-Unis, plusquenulle

part ailleurs, nourrir les espoirsde fortu-ne les plus délirants, n’est-il plus qu’unechimère? Le constat cruel, presquedésho-norantpour la première économiemon-diale, a été dressépar les équipesmêmesduprésident américain, BarackObama,mi-février. Enpage177du rapport écono-miqueannuel duprésident remis auCongrès figure ce qu’onappelle «la cour-be deGatsby leMagnifique». Le romandeFrancis Scott Fitzgerald, peinture de lavanitébourgeoisede l’Amériquedesannées 1920, donne sonnomàun graphi-queoù se croisent, sur un axehorizontal,les donnéesmesurant le degréd’inégalitédes revenus et, à la verticale, le lien entrele revenudupère et celui de ses descen-dants, baromètrede lamobilité sociale.

Quenousdit cette courbe?Quel quesoit l’angle sous lequel on l’observe, lesEtats-Unis sont les plusmauvais. Les iné-galités de richesses semêlent àun immo-bilisme social que l’onpensait réservé à laVeille Europe. L’Amériquede ParisHiltonse range ainsi loin derrière les paysnordi-ques,mais aussi derrière la France, laNou-velle-Zélande, le Japon et le Royaume-Uni…

L’ampleuret la distorsiondes riches-ses outre-Atlantiqueont déjà été démon-tréespar les travauxde l’économiste ethistorien français ThomasPiketty.Maisaborder cette questionavecunAméri-cain et il vous sera réponduque « lesriches sont riches parcequ’ils leméritent».Que l’idée quasi communistequi consis-terait à prendre aux fortunéspour don-ner auxplus démunisn’est pas une justerécompensedu talent. A forcedepugnaci-

té, un citoyenaméricainnedoit-il pas unjour ou l’autre être enmesure d’atteindrelehaut de la pile? «Nopain, no gain»,entend-on. La «courbedeGatsby leMagnifique» offre undémenti cinglant àcette théorie. Et auxEtats-Unis commeailleurs le «talent» se résumebien sou-vent àhériter.

Le systèmeéducatif américain, autre-fois considéré comme lemeilleur «égali-sateur de société», est partie responsable.Une étude récenteduMichigan, citée parleNewYork Times, révèle que l’écart deperformancesentre les étudiants richeset pauvres a bondi de 50%depuis lesannées 1980. Plus que la race, la richessefait aujourd’hui la différenceà l’école.

Et ensuite? L’espoirde la bonne fortu-ned’unouvrier américain s’amoindritaussi. La crise et le chômagequi tendentl’un comme l’autre à comprimer les salai-resn’expliquentpas tout. Car enpage65dumêmerapport figure «l’autre graphi-que le plus commenté»par les experts:une courbedémontrantque, depuis lesannées 2000, le travail d’unAméricainest de plus enplusmal rétribuéalors queles entreprises amassentdeplus enplusdebénéfices. Résultat, les profits des com-pagnies américainesà 13%duproduitintérieurbrut sont historiquementéle-vés, observeEvariste Lefeuvre, chezNatixis àNewYork.

Le sujet du rapport économique, remisenpleine année électorale, ne doit rien auhasard. En insistant sur les inégalitéssociales, le documentoffre des argu-

ments censés être imparables auxdémo-cratespour défendre l’idée d’une fiscalitéplus redistributive.Quitte à surfer sur lepopulisme.

Après avoir vanté la «RègleBuffett»,dunomdumilliardaire américainWar-renBuffett appelant à taxer davantageles super-riches comme lui, le président alancé,mercredi 22février, une salvecontre les profits des entreprises.Une ini-tiative audacieuse et dangereusedansunpaysoù la liberté d’entreprendre estsacrée. Pournepas choquer, l’idée aconsisté en façade à réduire le tauxd’im-positionsur les bénéfices de 35%à 28%.En façade seulement, car le dispositif vise

aussi à supprimer la plupart des nichesfiscalesutilisées par lesmultinationales.Le projetmort né – il n’a aucune chanced’être adoptépar unCongrès où la cham-bredes représentants est àmajorité répu-blicaine– anéanmoinspermisdedémon-trer que les compagnies américainesnepayaientpresque jamais le tauxplein. Dequoinourrir des rancœurs inédites?Quel-ques jours plus tard, le 24février, le quoti-

dienUSAToday titrait sur l’explosiondel’extrêmepauvreté aux Etats-Unis, indi-quantque le nombrede famillesvivantavecmoinsde deuxdollars par jour avaitplusque doublé enquinze ans, passantde636000en 1996à 1,5millionen 2011.

Mais l’argument le plus favorable àBarackObamase trouvepeut-être toutsimplementchez son adversaire, le candi-dat républicainMitt Romney. Ancienpatronde la sociétéde capital investisse-mentBainCapital, l’hommeest à lui seulunedémonstrationde l’injustice fiscaleaméricaine. Sapetite fortuneengrangéegrâce à son fonds d’investissementesttaxée àhauteurde 15%comme tout reve-nudu capital. Dequoi ranger le candidatdans le campde ceshommesd’affairesmoins imposésque leur secrétairepuis-que les revenusdu travail, eux, sont taxésentre 10%et 35%.

Quelquesmois après lesmanifesta-tionsdesOccupyWall Street opposant les1%deprivilégiés qui continuent imper-turbablementà s’enrichir aux autres99%, le débat que tente de fairenaîtreBarackObamapeut avoir unparfumdeluttedes classes. Inadéquat avec lacultureaméricaine?Un sondagepubliépar leNewYork Times et la chaînede télé-visionCBSNews soulignait, en octo-bre2011, que 66%desAméricainspen-sent que la distributiondes revenus etdes richesses auxEtats-Unis devrait«êtreplus équitable».p

[email protected]

C ’est un lendemaindevictoi-re, un lendemainde coqquichante. Saufque les écrans

sontpavoisésdenoir et blancplu-tôtquedebleu-blanc-rougeetqu’au lieudevoir, revoir etre-revoirdesbuts, des essaisoudespoints gagnants, onvoit,revoit et re-revoit l’ouverturedel’enveloppe, lamontée sur scène,les remerciements. Lundi27février, le triomphedufilmfran-çaisTheArtistauxOscarsaété célé-bréà la télévisioncommele seraitunegrandevictoire sportive (surterrainadverse) : longuement, fiè-rement, franchement, fran-chouillement…Allez, pourunjour, noussommes tous commeHollywoodsemblenousvoir etnousaimer: tousdesArtists char-mants, so French, délicieusement.

Sur i-Télé, lesprésentateursdela tranche 17heures-20heures s’of-frent cepetit plaisir: ils apparais-sent ennoir et blanc,muets, et cen’estpas simal car, à cetteheure-là, il n’y adéjàplus grand-choseàdire.Apart appeler les envoyésspéciaux, et lesprévenir, commesurBFMTV, qu’«ici, onest trèsfiers».Mais le jour se lève surLosAngeles, et l’ambianceestbeaucoupmoinsélectrique,plusdu toutglamour.Qu’à celane tien-ne, le correspondantd’i-Télé surSunsetBoulevardcrée le suspen-se: «Laquestionqui sepose cematinest: oùest passé JeanDujar-din? Il ya les rumeurs les plus follesàproposde l’acteur français osca-risé…»Ahnon!pasdéjà, se déso-le-t-on.«Selon certains, il rentre-rait sur la Franceàbordd’unavionprivéquipartirait de LosAngelesnon-stop jusqu’auBourget.» Si cen’estque ça, se rassure-t-on.«Maisen fait, JeanDujardin se repose. Il aencoredes interviewsà faire…»

Eneffet, il enchaînele«19/20»surFrance3, les«20heures»deFrance2puisTF1, et cen’estpas lemoindredesesméritesquedepar-

venirà fairevarierses réponsesquand,d’unechaîneà l’autre, seposent lesmêmesquestions.Qu’avez-vousressentià l’annoncedevotrevictoire?«Jepesais500kg; jemesuis laisséporter.»Dequoiavez-vousenviemaintenant?«D’unossobucco;de fairemonmétier.»Et lagrosse tête?Non, tou-jourspas.Mais ilmontreunsourcilagacéquandGillesBouleau,surTF1, luidemandesi le«putain!»lancésur scèneétait«prémédité».«Vouscroyezqu’oncalculecegenredechose?Çasertpasàgrand-chosede le relever,en fait.»

JeanDujardinet sespartenairessedoutent-ilsde la reconnaissancequ’on leurdoit d’avoir transforméen jourdegloire cequi s’annonçaitcommeune tristounette journéedecampagneentreunevisite auSalonde l’agricultureet le deuxiè-menumérode«Parolede candi-dat», surTF1? Laprésentatrice,LaurenceFerrari, imagineunscé-nario: «Peut-êtreque l’électionsejoue ici, sur ceplateau…» L’invité,FrançoisHollande,décritunbilannoir etunavenirplusblanc. Etl’agricultriceàqui il proposeun«contratcollectif»pour fixer leprixdu lait réplique:«Unboncontrat, commeuncontratde ciné-ma,quoi.»Ah, si toutes les campa-gnesse faisaientàHollywood!p

JeanDujardinetsespartenairessedoutent-ils

delareconnaissancequ’onleurdoitd’avoir

transforméenjourdegloirecequis’annonçaitcommeunetristounette

journéedecampagne?

Lenombredefamillesvivantavecmoins

de2dollarspar jouraplusquedoubléenquinzeans,passantde636000en1996à1,5millionen2011

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C’est toutvu! | chroniquetélépar Isabelle Talès

Tousdes«Artists»

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28 0123Mercredi 29 février 2012