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COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES LES EUROPEENS ET LA FAMILLE EUROBAROMETRE

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C O M M I S S I O N D E S C O M M U N A U T É S E U R O P É E N N E S

LES EUROPEENS ET LA FAMILLEEUROBAROMETRE

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EUROBAROMETRE 39.0

LES EUROPEENSET

LA FAMILLE

RÉSULTATS D'UNE ENQUÊTE D'OPINION

Rapport préparé en liaison avec la

COMMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENNES

DIRECTION GENERALE V,EMPLOI, RELATIONS INDUSTRIELLES ET AFFAIRES SOCIALES

Division de la Sécurité sociale et des Actions sociales

Par

Nicole MalpasPierre-Yves Lambert

26, Rue Wilmart4032 Chênée-Liège

BRUXELLES, DECEMBRE 1993

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Le présent document ne peut être considéré comme une prise de positionofficielle de la Commission. Les analyses développées n'engagent que leursauteurs.

Les personnes suivantes ont participé à l'élaboration du questionnaire:Dominique Vancraeynest (INRA), Anna Melich (DG X, unité "Sondages,Recherches, Analyses" ), Michèle Teirlinck (DG V/E/2) et Nicole Malpas. AlainNivarlet s'est chargé du rewriting.

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PREAMBULE

L'organisation des Nations Unies a proclamé 1994, Annéeinternationale de la famille. C'est dans ce contexte que la Communautéeuropéenne a mené une enquête Eurobarometre sur les Européens et leursperceptions à l'égard de la famille, de la formation et de la dissolution du lienconjugal, dû rôle du père et de la mère, des politiques familiales. Cetteenquête dont nous publions aujourd'hui les premiers résultats, est loin d'êtreune expérience isolée. En effet, à différentes reprises la Direction de l'emploiet des affaires sociales a posé des questions sur la famille dans le cadre desenquêtes eurobaromètres; rappelons à titre d'exemple les rapports sur "LesEuropéens et leurs enfants" (1979), "La famille et le désir d'enfants" (1990) et"Famille et emploi dans l'Europe des Douze" (1991).

Cette reconnaissance de la famille au niveau communautaire ne selimite pas uniquement à la publication de rapport d'enquêtes ou derecherches. En effet, les principes et droits fondamentaux relatifs au rôle et àla protection de la famille, reconnus tant au niveau international que national,font partie du patrimoine communautaire comme le confirment la déclarationcommune de l'Assemblée, du Conseil et de la Commission du 5.4.1977, lePréambule de l'Acte unique et la déclaration des droits et libertésfondamentaux du Parlement européen du 12.4.1989. La présentation par laCommission d'une communication sur les politiques familiales, puisl'adoption de conclusions par les Ministres responsables de la famille et leConseil, réunis au sein du Conseil le 29 septembre 1989, traduisentégalement cet intérêt. Ces conclusions d'ailleurs reconnaissent formellementla légitimité de l'intérêt communautaire pour la famille et soulignent lanécessité d'actions communautaires d'échanges et de prises en compte de ladimension familiale qui respectent les spécificités nationales et la diversitédes contextes dans lesquelles elles s'inscrivent.

La collecte et l'analyse régulière d'informations sur l'évolutiondémographique, la situation des familles et les mesures prises à leur égard,sont indispensables pour préciser les objectifs et les modalités de ces actions.C'est dans ce cadre que s'inscrit l'étude suivante.

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TABLE DES MATIERES

PREAMBULE ........................................................ Hi

TABLE DES MATIERES ......................................... v

LES EUROPÉENS ET LA FAMILLE ......................... 1Résumé de l'enquête d'opinion

INTRODUCTION ................................................... 5

Continuité ........................................................................ 5L'échantillon .................................................................... 6Une toile de fond .............................................................. 6Thématique ...................................................................... 7

CHAPITRE 1Y A-T-IL UNE EUROPE DES FAMILLES ? .............. 9

L'HÉRITAGE SOCIAL DE L'HISTOIRE ........................................... 9

DES CHIFFRES QUI PARLENT ...................................................... 11

Une fécondité déprimée ..................................................... 13Le recul des mariages ............;.......................................... 14Les nouveaux visages du couple ......................................... 15

LEPATCHWORK DES COMPORTEMENTS DÉMOGRAPHIQUES..................... 16

LA FAMILLE EUROPÉENNE VUE PAR L'EUROBAROMETRE............. 19

L'omniprésence du couple ................................................. 19Beaucoup de parents, peu d'enfants ..................................... 23Parents à un moment ou l'autre de la vie ............................. 25La composition des ménages .............................................. 27Études et professions ......................................................... 29Argent et logement ........................................................... 31

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vi Les Européens et la famille

CHAPITRE IIFORMATION ET DISSOLUTION DES COUPLES ......... 35

FORMER UN COUPLE: S'AIMER D'ABORD ..................................... 35

Homme ou femme: aimer à tout âge .................................... 37L'entente sexuelle pour les plus jeunes ................................. 38... et les enfants pour leurs aînés .......................................... 39Couples d'abord, parents ensuite .......................................... 41Vie de couple et statut matrimonial ...................................... 41La mosaïque des pays ......................................................... 42

SE MARIER, POUR QUOI FAIRE? ................................................. 45

Tendances générales ......................................................... 45Des motivations qui varient peu ......................................... 47Les parents et le mariage.................................................... 49La cohabitation, un facteur discriminant ............................. 51Visages européens du mariage ........................................... 53

ET SI ON DIVORÇAIT? .............................................................. 58

Pourquoi divorcer? .......................................................... 58Pourquoi éviter de divorcer? ............................................ 58Divorce: les jeunes plus que les vieux ................................. 58Parents ou non... ............................................................. 59Dis-moi ton état civil, et je te dirai commenttu acceptes le divorce ........................................................ 61Européens: à chacun ses raisons de divorcer... ................... 63... et ses raisons d'éviter le divorce ..................................... 65

ET SI ÇA NE VALAIT PAS LA PEINE DE DIVORCER?... .................... 67

Le temps affermit les couples ............................................. 69Les parents très conscientisés.............................................. 71Pas de divorce sans mariage ............................................... 71A chaque pays ses réticences .............................................. 73

CONCLUSION: LA FAMILLE, UNE AFFAIRE DE COUPLE ................. 74

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Table des matières w

CHAPITRE IIIIMAGES DE LA FAMILLE ET DES COUPLES 77

L'IMPORTANCE DE LA FAMILLE ................................................. 77

Des nuances dans l'unanimité ............................................. 79

LES EUROPÉENS SATISFAITS DE LEUR VIE? ............................... 83

LES NOUVELLES CONFIGURATIONS FAMILIALES ........................ 85

La cohabitation hors mariage ............................................. 85Surtout, ne pas juger ......................................................... 87Les célibataires plus tolérants ............................................ 87D'un pays à l'autre ........................................................... 89

LES ENFANTS MENACÉS? ........................................................ 89

La monoparentalité n'a pas la cote ..................................... 91Et si on se remariait? ....................................................... 92

LES DROITS DES HOMOSEXUELS ............................................... 93

Deux camps dans l'Europe ................................................. 93Les femmes plus tolérantes ................................................ 95

CHAPITRE IVPARENTS ET ENFANTS ........................................ 99

L'IMPORTANCE DE L'ENFANT .................................................... 99

COMMENT ÉDUQUER LES ENFANTS? ......................................... 103

Quelles qualités encourager? ............................................. 105Qualités sociales et qualités individuelles ............................ 107

LA MÈRE AU FOYER? ............................................................... 109

ET LES FEMMES «SACRIFIÉES» PROFESSIONNELLEMENT ? .......... 111

PÈRE ET MÈRE ÉDUCATEURS ..................................................... 115

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via Les Européens et la famille

A CHACUN SES TÂCHES ................................:.......................... 117

Maman soigne, papa punit ................................................. 120Les rôles du père restent maigres ....................................... 124Raison et inconscient collectifs ........................................... 125

ENTRE LES DEUX MON COEUR BALANCE... ................................ 125

CHAPITRE VLES RELATIONS AU SEIN DE LA FAMILLE ........... 127

L'INFLUENCE DES MUTATIONS SOCIALES ................................... 127

LES RELATIONS AU SEIN DE LA FAMILLE .................................... 129

Les enfants «traînent» chez leurs parents ............................. 129Faut-il garder ses parents chez soi? .................................... 131Qui garde ses parents chez soi? ......................................... 133Les distances entre générations .......................................... 133La pression de la crise économique .................................... 135

CHAPITRE VIFAMILLES ET POLITIQUES FAMILIALES .............. 137

NOMBRE D'ENFANTS ET VIE SOCIO-POLITIQUE ............................ 137

L'importance de la stabilité des couples ............................... 141Des motivations variables d'un pays à l'autre ....................... 143

L'ACTION DES GOUVERNEMENTS .............................................. 144

Logements et situation économique .................................... 144A chaque pays sa politique familiale ................................... 148

1989-93: DES CONSTANTES ..................................................... 149

LA SITUATION DES FAMILLES NOMBREUSES .............................. 151

Avantages variables selon les pays ...................................... 153

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Table des matières

VAUT-IL MIEUX ÊTRE MARIÉ OU EN COUPLE? ........................... 153

Célibataires et divorcés plus revendicatifs .......................... 154Toujours des disparités entre pays ..................................... 156Mariés, non mariés: tous égaux? ......................................; 156

CONCLUSION ..................................................... 159

ANNEXE I: Bibliographie ........................................ 163

ANNEXE II: Questionnaire bilingue - Eurobarometre 39.0(Printemps 1993) - INRA ........................................ 169

ANNEXE III: Fiche technique - Eurobarometre 39.0(Printemps 1993) - INRA ........................................ 187

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LES EUROPÉENS ET LA FAMILLERésumé de l'enquête d'opinion

Le but de ce résumé n'est pas de présenter une synthèse fidèle etexhaustive de notre rapport, dont il ne dispense par conséquent pas de lalecture. Notre objectif est ici de fixer, dans un langage accessible à tous etsans alourdir le texte de données chiffrées et de comparaisons par pays,les grandes tendances révélées par notre enquête.

Y A-T-IL UNE EUROPE DES FAMILLES?

Les changements de ces dernières décennies dans l'organisationsociale et dans l'insertion de la cellule familiale dans la société serépercutent sur l'idée même que se font les Européens de la famille, surla manière dont ils la vivent. Cependant, les valeurs traditionnelles sonttoujours visibles, les changements de fond que nous évoquons ne s'opérantque très lentement.

Deux tendances frappent d'emblée: la fécondité est en baissepresque partout et le nombre relatif de mariages diminue (même si cettediminution semble avoir atteint son niveau plancher). Le déclin de cesdeux modalités traditionnelles du couple laisse largement la place à denouvelles configurations, désormais légitimes: l'union "sans papiers",surtout, et les naissances hors mariage, dans une moindre mesure, semultiplient parmi les nouvelles générations.

Malgré tout, une constante traverse ces données apparemmentdisparates: la cellule familiale de base est désormais le couple, unitéfondamentale d'une construction dont les partenaires perçoivent lafragilité. Certes, devenir parents demeure un grand idéal, mais il estdésormais vécu sur un mode très qualitatif: il y a, dans l'absolu, de plusen plus de parents, relativement au nombre d'enfants par famille qui, lui,diminue.

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2 Les Européens et la famille

FORMATION ET DISSOLUTION DES COUPLES

En fonction de ce qui vient d'être dit, le «métabolisme» des couplesest désormais le point modal de l'observation du sociologue de la famille.

Former un couple, pour la majorité des Européens, c'est d'abords'aimer mutuellement. Bien sûr, d'autres facteurs importants (le respectmutuel, l'entente sexuelle, l'aisance financière,...) cimentent égalementl'unité du couple, mais dans une moindre mesure; quant aux valeursanciennes (le partage des mêmes convictions religieuses, par exemple),elles sont reléguées au second plan.

Le mariage, aboutissement logique de la vie de couple pourbeaucoup, est moins souvent choisi que par le passé, mais est surtoutchoisi plus tard, par exemple pour régulariser la situation des enfants.Engagement à la fidélité, preuve d'amour, le mariage est donc aussi, plusprosaïquement, un moyen de garantir les droits des enfants.

En 1993, pour près d'un couple sur trois, parler mariage, c'estaussi parler divorce ou, en cas de simple cohabitation, de dissolution ducouple. Le divorce apparaît d'abord comme un cas de force majeurelorsqu'un des deux partenaires devient violent ou dépendant de l'alcool oude la drogue. Le divorce, qui est souvent ressenti comme un échec ducouple, ressemble donc à une mesure ultime qu'on ne brandira pas, parexemple, si on ne peut avoir d'enfant ou si un des deux partenaires esttrop accaparé par son travail. Evidemment, les plus jeunes y recourrontsans grand a priori, tandis que les plus âgés sont toujours freinés par lesréticences de leur éducation. Les célibataires et les personnes séparées,marqués par leur expérience du moment, y sont également plusfavorables.

IMAGES DE LA FAMILLE

La famille demeure, pour la toute grande majorité des Européens,une réalité essentielle, si pas primordiale. Non seulement la famille et lecouple sont importants sur le plan des principes, mais ils sont égalementjugés satisfaisants, tels qu'ils fonctionnent réellement, par beaucoupd'Européens. L'adhésion à la famille ne change donc guère, ce sont lesvisages mêmes de cette famille qui évoluent: cohabitation hors mariage,nombre d'enfants, monoparentalité, hébergement des grands enfants et

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Résumé 3

des grands-parents,... tout cela est possible, et même admis (il importesurtout de ne pas juger).

A l'extrême du spectre des nouvelles formes de familles, se situe lecouple d'homosexuels. L'Europe est à cet égard plus divisée: on y trouvedes opinions très libérales (mariage légal, adoption d'enfants permise...)aussi bien que des mentalités conservatrices (les homosexuels, par exemple, «ne devraient pas» se marier).

PARENTS ET ENFANTS

Les Européens estiment majoritairement qu'il est important, voiretrès important, d'avoir des enfants. Il s'agit dès lors de les éduquer aumieux, suivant les valeurs qui prévalent pour leurs parents. Celles-civarient donc notablement: sens des responsabilités et tolérance ont lesfaveurs de beaucoup, tandis que les personnes aux valeurs plustraditionnelles privilégieront les qualités de portée sociale (bonnesmanières, obéissance, travail,...) et les jeunes générations seront plussensibles à des qualités plus individuelles (joie de vivre, détermination,créativité...).

La répartition des tâches maternelles et paternelles n'est pas encorel'objet d'un vrai consensus. On préfère les mères au foyer, même si lasituation économique en décide autrement; on réserve à la mère des tâchestraditionnelles (les «soins» des enfants) et on laisse au père la portioncongrue de distribuer argent et punitions! Heureusement, chacun se doitde répondre aux questions que l'enfant pose, et ce partage des tâchessemble bien indiquer la voie de l'avenir.

LES RELATIONS AU SEIN DE LA FAMILLE

Ici, la discussion porte essentiellement sur le fait de savoir si garderdes grands enfants et des grands-parents à l'intérieur de la cellulefamiliale est une bonne chose pour celle-ci ou non. Les réponses varientbeaucoup selon les paramètres envisagés; à preuve, cette impossibilité dese prononcer unanimement sur le fait de savoir si l'écart entre lesgénérations se creuse ou non. Une certitude cependant: c'est surtout lacrise économique qui pousse à ces nouvelles formes de cohabitation.

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4 Les Européens et la famille

FAMILLES ET POLITIQUES FAMILIALES

La stabilité du couple est le premier élément favorable pourl'accueil des enfants au sein d'une famille. Ensuite viennent des facteursplus conjoncturels —qu'une politique familiale pourrait doncinfluencer—, comme la disponibilité de logements, la situationéconomique ou les allocations familiales —surtout lorsqu'il n'y en a pas!Rendre des logements disponibles et lutter contre le chômage devraientdonc être les priorités gouvernementales en matière de politiquefamiliale.

Quant aux familles nombreuses, leur situation est perçuedifféremment selon les pays et selon l'expérience parentale. Révélateur:les parents de deux enfants les trouvent favorisées, tandis que les parentsde quatre enfants se trouvent eux-mêmes défavorisés!

Finalement, il est bien difficile de dire où, quand et comment ilvaut mieux vivre en Europe: mariés ou en couple? L'initiativegouvernementale, en cette matière, ne semble guère incliner lesmotivations plus personnelles.

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INTRODUCTION

Dans un article publié en 1987 sur les tendances de la rechercherelative à la famille, Kellerhals et Roussel concluaient en posant unequestion fondamentale: «Qu'est-ce que la famille» ? Depuis lors, la listedes publications sur le thème - pourtant déjà nombreuses à l'époque- n'acessé de s'allonger et malgré cet effort remarquable, les réponses restentencore multiples. Parallèlement, le champs de la recherche sur la familles'est diversifié puisque un accent particulier est placé sur certains de sesmembres. Désormais, le père, l'enfant, les grands-parents sont eux aussil'objet d'études spécifiques.

Continuité

Le but de ce rapport n'est pas de proposer une nouvelle synthèse, nide définir de nouvelles pistes de recherche, mais de «prendre le pouls»des Européens sur un thème d'actualité. En effet, la famille suscitemanifestement assez d'intérêt pour que les Nations Unies aient proclamé1994 «Année Internationale de la Famille». Adoptant par conséquent cetteperspective, la Commission des Communautés européennes a décidé demener une enquête «Eurobarometre» sur la famille. Cette enquêted'opinion s'inscrit dans la droite ligne d'autres grandes enquêtes portantsur ce thème, entièrement ou en partie; à titre d'exemple, nousrappellerons l'enquête canadienne sur la famille (1984) ou les deuxenquêtes européennes menées en 1981 et en 1990-91 par l'EuropeanValue System Study Group (EVSSG). La construction du questionnaire adonc bénéficié largement de l'apport de ces expériences antérieures,surtout dans la formulation des questions sur la hiérarchie des valeurs, lemariage, le divorce ou les qualités à encourager chez les enfants.Toutefois, quelques modifications y ont été apportées, de façon à collerdavantage aux realités nouvelles (par exemple: mieux cerner la

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6 Les Européens et la famille

dissociation entre la conjugalité et la parentalité, souligner l'émergenced'une individualisation de plus en plus grande, etc.).

L'échantillon

L'Eurobaromètre dont le questionnaire "famille" fait partie,constitue le 39ème de la série et a été réalisé entre le 16 mars et le 16avril 1993 par INRA (Europe), réseau européen d'Instituts de sondaged'opinion publique et d'études de marché. Cet Eurobarometre est uneenquête d'opinion réalisée auprès d'un échantillon de 1.000 personnesreprésentatives de la population totale des 15 ans et plus, tiré dans chacundes Etats membres. D'autre part, un échantillon limité de 500 personnes aété tiré au Luxembourg, tandis qu'en Allemagne, 1.000 personnes ont étéinterrogées en ex-RFA et 1.000 autres en ex-RDA, constituant unensemble de 2.000 interviewés (la convention dans ce rapport est deprésenter les totaux pour les deux ex-moitiés de l'Allemagne à côté dutotal combiné). Enfin, un échantillon de 300 personnes d'Irlande du Norda été ajouté à celui de la Grande-Bretagne, afin de constituer l'ensembleRoyaume-Uni. L'échantillon total comprend donc 12.800 personnes.

Une toile de fond

Un des principaux points forts de cette enquête vient du fait quel'ensemble des questions a été posé au même moment dans tous les pays dela Communauté européenne. Si cette simultanéité constitue un avantagepour la comparaison des données, l'inconvénient majeur réside enrevanche dans le fait que chaque mot, chaque concept peut revêtir uncontenu différent selon que l'on soit en présence d'un homme ou d'unefemme, d'une personne jeune ou âgée, d'un ouvrier ou d'un cadre,l'histoire personnelle ou collective jouant un rôle primordial dansl'appréhension des termes. Par-dessus tout, l'appartenance à un pays etsurtout l'usage de différentes langues viennent ajouter à la difficulté del'effort entrepris, même si un soin particulier a été apporté aux

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Introduction 7

traductions du questionnaire. Une fois ces éléments pris en compte, «...cetype d'enquête constitue cependant une indispensable toile de fond, surlaquelle tisser par la suite les dessins plus subtils de recherches cliniques»(VOYE et al., 1992, p.10).

Thématique

Afin d'adhérer au mieux aux préoccupations de l'heure, lesquestions posées ont été réparties sous différentes rubriques thématiques.Dans un premier chapitre, le décor sera planté grâce au rappel desgrandes tendances démographiques et sociologiques qui affectent lephénomène «famille». La population interrogée sera d'ailleurs analyséesuivant une série de paramètres démographiques. Cette mise enperspective permettra ultérieurement une interprétation plus fine desréponses aux différentes questions. Le deuxième chapitre examinera lesfacteurs qui sont à l'origine de la formation et de la dissolution descouples. Le chapitre trois mettra l'accent sur l'importance de la famillepar rapport à d'autres valeurs, puis dans un deuxième temps essaiera depercevoir l'attitude des Européens face aux nouvelles configurationsfamiliales. Le chapitre quatre se penchera sur les relations entre parentset enfants tandis que le chapitre cinq prendra en compte l'ensemble desrelations familiales. En conclusion, le chapitre six soulignera les actionsde politique familiale qui pourraient être entreprises par les différentsgouvernements.

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CHAPITRE 1

Y A-T-IL UNE EUROPE DES FAMILLES ?

Depuis le début des années 1970, la famille est non seulementdevenue l'objet d'une nouvelle discipline scientifique —la sociologie de lafamille— mais elle a en outre fourni aux médias quantité de sujetsd'articles ou d'émissions télévisées. Cet intérêt soudain pour une des plusvieilles institutions de l'humanité semble être le résultat desbouleversements majeurs qui ont affecté les comportements et lesopinions dans les domaines de la sexualité, du couple et de la famille. Lesévolutions de chacun de ces trois paramètres sont d'ailleurs étroitementliées. C'est parce que la fonction de la famille a évolué dans le temps,passant d'une unité de production à une unité de consommation, que lasignification du mariage a changé et que la sexualité a pris une place deplus en plus importante dans la vie du couple.

L'HÉRITAGE SOCIAL DE L'HISTOIRE

Jusqu'à la fin du XIXe siècle et même, dans certaines régions del'Europe des Douze, plus tardivement, la famille remplissait une doublefonction: d'une part, elle constituait l'unité où s'exerçait la reproductionde la vie, souvent d'ailleurs dans des conditions socio-économiquesdifficiles et, d'autre part, elle occupait une place primordiale dans lesecteur économique comme lieu de production-Durant cette période où lafamille constituait en fait le seul système de protection sociale pourchacun de ses membres, le mariage était subordonné à la survie dugroupe, à la protection de l'entreprise ou du patrimoine familial1.

1 Moheau n'écrivait-il pas à la fin du XVIIIe siècle que «le premier devoir d'un citoyenest de subir le joug du mariage (...). Les gens mariés forment la classe des citoyens la

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1 0 Les Européens et la famille

L'individu devait taire ses sentiments, ses désirs, et accepter le rôle quelui attribuaient la société et sa famille. C'était l'époque du «ménage-entreprise» caractérisé par un mariage tardif et un célibat définitifimportant, où dominait ce que Roussel appelle «la domestication del'affectif» (1989, p.38) dans le cadre des relations interpersonnelles.

Plus tard, l'introduction du travail salarié à l'extérieur de la cellulefamiliale a permis une dissociation des fonctions de la famille; celle-cireste le lieu privilégié pour la reproduction de la vie et la socialisationmais, dorénavant, la production économique se fait en dehors de soncadre. A cela s'ajoute une amélioration des conditions matérielles qui vapermettre l'apparition de la notion de bonheur individuel au sein mêmede la famille. Désormais, pour la plupart des familles, la question n'estplus «comment survivre ensemble» mais «comment être heureuxensemble» (ROUSSEL, 1989, p.52). Cette recherche du bonheur individuels'exprime à travers une expression plus forte des désirs et des aspirationspersonnelles mais aussi par la place grandissante laissée à la sentimentalitéet à la sexualité au sein du couple. Le mariage n'est plus subordonné à uneentreprise économique mais devient l'institution à travers laquelle lecouple peut exprimer ses sentiments et vivre sa sexualité. De la fin duXIXe siècle jusqu'après la seconde guerre mondiale, et même jusqu'en1960 dans certains pays de l'Europe des Douze, amour et mariage fontdonc bon ménage; l'âge au mariage diminue et le célibat définitif semarginalise.

Toutefois, comme le remarque Talcot Parsons, cette nouvelleautonomie de l'individu au sein de sa famille continue d'être fonctionnellepour la société. En effet, dans un univers où prime dorénavant latechnologie et la bureaucratie, où l'efficacité et la rationalité sont les seulsattributs des agents sociaux, la famille constitue une sorte d'hôpital où«l'homme malade de son exigeante et quotidienne instrumentanteanonyme dans le monde du travail» peut à nouveau se ressourcer(ROUSSEL, 1989, p.63).

plus utile, et parce qu'ils servent à la reproduction, et parce que les enfants sont desotages qu'ils donnent à la patrie», cité par LERIDON (1991), p.8.

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Y-a-t-il une Europe des familles? 11

Les générations d'après la seconde guerre mondiale ont précisémentremis en question ce partage trop tranché entre sphère publique et sphèreprivée. Désormais, le droit au bonheur est revendiqué dans tous lesdomaines de la vie sociale par l'individu triomphant. Dans cette optique,la famille traditionnelle apparaît comme un refuge pesant de stéréotypesdépassés, notamment dans le domaine de la sexualité. «Subissantl'influence de la psychanalyse, c'est l'épanouissement individuel quechaque femme et chaque homme recherchent dorénavant dans le couple,et non plus la simple reproduction biologique et sociale. C'est donc lasignification même attribuée à la famille qui change. «Le fondement de lavie commune n'est plus le lien institutionnel, mais la solidarité affective»et, de ce fait, «le sentiment amoureux suffit à justifier, même horsmariage, les relations sexuelles» (MELICH, 1991, p.61). S'il n'y a pas demariage sans couple, dorénavant, il y a des couples sans mariage. Enoutre, cette nouvelle logique de l'individu conduit à tirer les conséquencesde la disparition des liens affectifs entre les conjoints. La rupture seconsomme avec ou sans divorce quand le sentiment amoureux disparaît.

DES CHIFFRES QUI PARLENT

Cette évolution du rôle de la famille et de la fonction du couple aeu, bien entendu, des répercussions sur l'ensemble des comportementsdémographiques. Ainsi, en moins de vingt ans, dans la majorité des paysde l'Europe des Douze, le renouvellement des générations n'est plusréalisé, on observe une baisse de 30 à 40% des indices de nuptialité, lesremariages se font plus rares, la divortialité a été multipliée en moyennepar trois, les situations de fait, telle la cohabitation juvénile, sontsocialement admises, le taux de naissances hors mariage a bondi(KELLERHALS, ROUSSEL, 1987, p.l6). A cette évolution rapide desprincipaux indices démographiques, il faut ajouter le phénomène del'entrée massive des femmes sur le marché du travail. Les modèlesfamiliaux traditionnels quant à eux ont été remis en cause et, à côté deceux-ci, de nouvelles formes se sont juxtaposées: familles monoparentales,familles recomposées, ménages unipersonnels,... qui n'ont pas tardé à

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12 Les Européens et la famille

s'institutionnaliser. Désonnais, la famille a fait place aux familles. Ceschangements rapides ont obligé les scientifiques à revoir leurs hypothèsesde recherche et ont aussi bien interpellé l'homme de la rue qui vivait ouétait témoin, dans sa famille, de conduites jusqu'alors marginales et doncstigmatisées (KELLERHALS, ROUSSEL, 1987, p.l6).

La description de ce mouvement, «vague de fond» qui a touchél'ensemble des pays de la Communauté européenne, doit être cependantnuancée. En effet, l'intensité de ces changements et leur calendriermontrent de grandes disparités selon que l'on se trouve au Sud ou auNord de l'Europe, au Danemark ou en Irlande.

Tableau 1.1 : Indicateur conjoncturel de fécondité

PAYS

CE 12*BelgiqueDanemarkRépublique fédéraled'AllemagneGrèceEspagneFranceIrlandeItalieLuxembourgPays-BasPortugalRoyaume-Uni

1960

2.612.562.57

2.372.282.862.733.762.412.283.123.102.72

1970

2.402.251.95

2.032.392.902.473.932.421.982.572.832.43

1980

1.821.681.55

1.562.212.201.953.231.641.491.602.181.90

1990

1.541.621.67

1.451.421.331.782.191.261.601.621.501.84

SOURCE: EUROSTAT, Statistiques démographiques, 1993, p. 98

* Estimation EUROSTAT.

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Y-a-t-il une Europe des familles? 13

Une fécondité déprimée

L'examen du tableau 1.1 montre bien que la baisse de la féconditéqui caractérise l'ensemble des pays de la Communauté européenne estd'autant plus spectaculaire et tardive que le niveau de départ en étaitélevé, comme en Espagne, au Portugal, aux Pays-Bas ou en Irlande. Dansce dernier pays, on est ainsi passé d'une moyenne de quatre enfants parfemme au début des années 1960 à une moyenne de deux enfants vers1990 alors que, dans les trois autres pays, l'indice est descendu de troisenfants par femme à moins de deux. Dans l'Europe du Nord, ladiminution de la fécondité est plus précoce et relativement plus faiblepuisque, en 1960, la République fédérale d'Allemagne, le Danemark ou leLuxembourg avaient déjà un indice de fécondité qui se situait en moyenneà 2.4 enfants par femme, pour atteindre 1.5 enfants dès 1980. Cefléchissement du nombre des naissances, qui a commencé dans les pays duNord de l'Europe, se poursuit encore de nos jours dans l'Europe du Sud.Si l'Allemagne se distinguait en 1980 par un taux de féconditéparticulièrement faible, aujourd'hui c'est la femme italienne (1.26), suiviede peu par l'Espagnole (1.33) et la Grecque (1.42), qui détient le recordmondial du nombre d'enfants le plus bas. A noter qu'à l'aube des années1990, seuls les taux danois et luxembourgeois semblent amorcer unelégère remontée.

Parallèlement à la baisse de la fécondité, on observe uneaugmentation des naissances hors mariage. Cependant, ce phénomène estplus spécifique aux pays du Nord de l'Europe; au Sud, les naissances horsmariage sont encore marginales (voir tableau 1.2). Elles représententrespectivement 2.2%, 9.6% et 6.3% des naissances totales en Grèce, enEspagne et en Italie. La situation particulière du Portugal et de l'Irlandeest cependant à noter: la fréquence peu élevée de la cohabitation ycoïncide avec un taux de naissances hors mariage (14.7%) plus élevé quecelui du Luxembourg (12.9%) ou des Pays-Bas (11.4%). Enfin, troispays, respectivement le Danemark, la France et le Royaume-Uni,occupent les premières places du classement général des naissances horsmariage, soit 46%, 30% et 28% des naissances totales.

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14 Les Européens et la famille

Tableau 1.2 : Naissances vivantes hors mariage(pour 1 000 naissances vivantes)

PAYS

CE 12BelgiqueDanemarkRépublique fédéraled'AllemagneGrèceEspagneFranceIrlandeItalieLuxembourgPays-BasPortugalRoyaume-Uni

1960

48.620.778.275.6

12.423.161.015.924.231.713.594.552.2

1970

51.627.7

110.372.3

11.113.668.626.521.840.120.873.380.4

1980

87.541.2

331.7118.9

14.639.3

113.850.342.959.741.192.0

115.2

1990

186.1a106.7b464.0153.2

21.796.1

300.5146.462.9

128.8113.8147.1279.0

SOURCE: EUROSTAT, Statistiques démographiques, 1993, p. 86

Le recul des mariages

Une évolution similaire s'observe lorsqu'on étudie la nuptialité. Eneffet, alors qu'à la fin des années 60 et des années 70, le mariage étaitdevenu un phénomène quasi universel —la proportion des personnesmariées ou ayant été mariées atteignait 95%—, l'attitude face à cetteinstitution entraîne de nos jours un report de celui-ci dans le temps (lamoyenne de l'âge au mariage augmente de façon constante) et même, danscertains cas, son refus permanent (HOFFMANN-NOWOTNY, 1991, p.48).Statistiquement, ce changement se traduit par une baisse assez nette destaux de nuptialité. Comme pour la fécondité, les pays d'Europe du Nord

a Estimation EUROSTAT.b En 1988.

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tels la Belgique, l'Allemagne, le Luxembourg et les Pays- Bas ont connude 1970 à 1980 une baisse sensible de leur taux de nuptialité (de 7.5 à6.5 %0 ; voir tableau 1.3). Ce taux s'est stabilisé à un plafond de plus oumoins 6.5 %0 à partir de cette dernière date et connaît même une légèreremontée depuis 1990, en tout cas au Danemark, en Allemagne et auLuxembourg. Au contraire, dans les pays du Sud de l'Europe (àl'exception du Portugal) et en Irlande, la baisse s'est poursuivie; à l'heureactuelle, l'Espagne, l'Irlande et l'Italie sont les pays où. l'on se marie lemoins.

Tableau 1.3 : Taux brut de nuptialité(pour 1 000 habitants)

PAYS

CE 12BelgiqueDanemarkRépublique fédéraled'AllemagneGrèceEspagneFranceIrlandeItalieLuxembourgPays-BasPortugalRoyaume-Uni

1960

8.07.17.8

9.57.07.87.05.57.77.17.87.87.5

1970

7.87.67.4 .

7.47.77.37.87.07.36.49.59.28.5

1980

6.46.75.2

6.36.55.96.26.45.75.96.47.47.4

1990

6.06.56.1

6.55.95.65.15.15.46.16.47.36.5

SOURCE: EUROSTAT, Statistiques démographiques, 1993, p. 106

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16 Les Européens et la famille

Les nouveaux visages du couple

Si les taux de nuptialité connaissent une décroissance depuis la fin desannées 60, corrélativement, la cohabitation n'est plus un phénomènenégligeable. Evidemment, faute d'une définition satisfaisante de ce typed'union, il est souvent difficile de l'appréhender statistiquement; leschiffres cités par Hoffmann-Nowotny (1991, pp.53-54) et Roussel (1992,p. 136) montrent malgré tout que, si ce comportement est encore stigmatisédans certains pays du Sud de l'Europe, il semble socialement admis dansle Nord: dès 1981, plus de 45% des femmes de 20-24 ans vivaient ce typed'union au Danemark, 19% en France et aux Pays-Bas, 14% enRépublique fédérale d'Allemagne et 11% au Royaume-Uni (HOFFMANN-NOWOTNY, 1991, p.90). Ces données prennent une tout autre résonance«lorsqu'on interroge les couples non sur leur situation actuelle mais poursavoir s'ils sont passés par une cohabitation; les réponses positives sontalors extrêmement élevées au Danemark, relativement élevées aux Pays-Bas, en RFA, en France, et commencent à le devenir au Royaume-Uni; lacohabitation devient donc de plus en plus une modalité centrale et légitimed'entrée en couple» (KAUFMANN, 1993a, p.27).

Si les mariages sont moins fréquents et plus tardifs, ils semblent aussimoins stables. En effet, depuis 1965, le rythme des divorces s'estrégulièrement accéléré (CLIQUET, 1991, p. 25). «En vingt ans, de 1965 à1985, le divorce est passé dans les pays Scandinaves et au Royaume-Unid'un taux inférieur à 20 divorces pour 100 mariages à un taux supérieur à40% (44% pour le Danemark et 41% pour l'Angleterre-Galles en 1990).En Allemagne, en France, en Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas,l'évolution s'est produite dans les mêmes dates, à partir d'un taux initiallégèrement inférieur (8% à 15%) pour aboutir à un taux d'environ 30%.Dans les pays du Sud, l'augmentation est plus récente et plus faible: 13%pour la Grèce, 11.6% pour le Portugal, 8% pour l'Italie en 1989"»(KAUFMANN, 1993a, p.30).

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Y-a-t-il une Europe des familles? 17

LE PATCHWORK DES COMPORTEMENTS DÉMOGRAPHIQUES

Ce rapide tour d'horizon des comportements démographiques dansl'Europe communautaire permet déjà de dégager deux conclusionsimportantes esquissées précédemment. Premièrement, les transformationsdécrites plus haut ne se sont pas déroulées de façon simultanée. D'unepart, la baisse de la fécondité et l'augmentation des divorces ont précédéla chute de la nuptialité, qui est elle-même antérieure à la hausse desunions sans papiers et des naissances hors mariage, cet enchaînement étantcommun à tous les pays de la Communauté européenne. D'autre part,l'intensité et le calendrier de ces bouleversements sont différents; commele constate Roussel, «en fait, la diffusion de ces nouveaux comportementsa commencé dans les pays Scandinaves et s'est poursuivie vers le Sud, plusà l'Ouest qu'à l'Est» (1992, p.143). Et d'ajouter, «au bout du compte, lesécarts observés entre pays sont trop nets pour que l'on puisse parler d'uneunité même relative de l'Europe occidentale. Dans le domaine descomportements familiaux, l'Europe des familles est plutôt un manteaud'arlequin » (p.137). Secundo, des facteurs tels que la baisse de lafécondité, la chute de la nuptialité, l'augmentation du nombre desdivorces et de la cohabitation sont des révélateurs des transformationsprofondes qui affectent le processus de formation et de dissolution descouples, des nouveaux mécanismes qui régissent le rôle et la place dechacun des membres de la famille. Comme le souligne Kaufmann, «...laplace du mariage notamment a profondément évolué; il fondait le couple,il tend de plus en plus à le parachever; il définissait un cadre desocialisation, il tend de plus en plus à simplement institutionnaliser lecadre de socialisation préalablement mis en place. Contrairement à ce quiavait pu être pensé un moment, la cohabitation ne représente pas vraimentun mode de vie alternatif mais beaucoup plus une nouvelle séquence dansle cycle conjugal. Lorsque le couple a construit son système domestique,qu'éventuellement le premier enfant est né ou ne va pas tarder à naître,l'opinion des partenaires conjugaux change par rapport au mariage et ce

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18 Les Européens et la famille

Tableau 1.4a : Répartition de la population VIVANT en couple,selon le statut matrimonial, CE 12.

Tableau 1.4b : Répartition de la population NE VIVANT PAS en couple,selon le statut matrimonial, CE 12.

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y-a-t-il une Europe des familles? 19

dernier est alors souvent envisagé. Quand parfois ce n'est pas le cas et quele couple choisit de rester "sans papiers", la différence de mode de vie parrapport à un couple marié situé à la même étape du cycle conjugal estdans ce cas négligeable"» (1993a,pp.21-22).

LA FAMILLE EUROPÉENNE VUE PAR L'EUROBAROMETRE

La vague de fond qui a touché les comportements familiaux enEurope se répercute bien évidemment sur les réponses à diversesquestions posées dans le cadre de l'Eurobaromètre.

Afin de prendre en compte l'évolution des comportements quenous venons de décrire, il nous a semblé essentiel de compléter laquestion du statut matrimonial par une information sur la situation de faitde la personne interrogée. En effet, on peut bien être célibataire oudivorcé et vivre en couple. Une question supplémentaire a ainsi étéintroduite dans le bloc démographique, que nous formulions comme suit:«Actuellement, vivez-vous en couple, que vous soyez marié ou non?» Lavariable «état-civil» a quant à elle été raffinée. Dorénavant, nousdistinguerons «les mariés ayant déjà vécu en couple auparavant» desmariés n'ayant jamais cohabité; la même distinction a été opérée pour lescélibataires.

L'omniprésence du couple

Lorsqu'on examine le statut matrimonial de la populationinterrogée, il apparaît que 60% des Européens vivent en couple (voirtableau 1.8). Parmi ceux-ci, 91.5% des personnes sont mariées ouremariées et 6.4% se déclarent célibataires (tableau 1.4). Dans ces deuxgroupes, près d'un sixième des Européens mariés et la moitié descélibataires déclarent avoir déjà cohabité auparavant.

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Tableau 1.5:Répartition de la population selon le statut matrimonial, CE 12.

Mariés, n'ayant Jamais vécu encouple avant

Mariés, vivant en couple avant

Remariés

Célibataires, n'ayant jamais vécuavec quelqu'un d'autre avant

Célibataires, ayant déjà vécuavec quelqu'un avant

Divorcés

Séparés

Veufs/Veuves

Ne Sait Pas •

B

49.4

8.0

2.8

21.5

5.6

3.8

1.9

5.8

1.0

DK

41.0

8.2

3.1

20.6

14.3

3.8

0.9

7.5

0.4

WD

47.3

7.4

3.1

18.3

6.2

5.2

1.5

10.4

0.6

D

48.2

7.3

3.1

17.7

6.8

5.0

1.2

9.8

0.8

OD

51.8

6.9

3.0

15.5

9.1

4.1

0.3

7.5

1.7

GR

57.2

9.4

0.8

17.5

5.9

1.5

0.0

7.7

0.0

E

54.9

2.8

1.2

28.2

4.1

0.4

0.8

7.6

0.0

F

32.4

15.4

2.8

20.1

14.3

4.5

2.1

7.3

1.1

IRL

48.8

2.4

0.3

34.5

2.4

0.6

1.5

8.9

0.6

I

47.7

2.4

0.7

37.4

2.8

0.3

0.7

6.9

1.2

L

49.0

11.7

2.6

25.0

2.8

2.2

0.6

5.9

0.2

NL

42.9

11.1

3.0

24.8

5.8

6.7

0.4

5.2

0.1

P

58.5

2.0

0.5

26.8

1.6

1.3

1.5

7.8

0.0

UK

43.1

10.1

3.4

23.0

6.5

4.3

1.3

8.2

0.0

CE1 2

45.7

7.8

2.3

24.3

6.8

3.3

1.2

7.9

0.6

•Dorénavant NSP

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y-a-t-il une Europe des familles? 21

L'analyse du statut matrimonial selon le sexe montre que lesfemmes vivant en couple sont plus souvent mariées que les hommes(92.5% contre 90.7%). Les hommes, par contre, sont plus souventremariés que les femmes (4.2% contre 3.3%) ou ont plus fréquemmentexpérimenté une période de cohabitation avant le mariage (13.5% contre12%). Ils sont aussi plus nombreux parmi les célibataires qui ont déjàcohabité (3.9% contre 3.3%). Très peu de divorcés et de séparésdéclarent vivre en couple, qu'ils soient hommes ou femmes. A noter que0.7% des personnes qui vivent en couple ne savent pas à quelle catégorie«d'état-civil» elles appartiennent. Avons-nous à faire ici à ce qu'onappelle les «LAT» en anglais (Living Apart Together), c'est-à-dire «lespersonnes vivant ensemble séparément»?...

L'analyse par sexe et par âge vient renforcer l'image donnée plushaut. On trouve davantage d'hommes que de femmes, mariés ayantcohabité auparavant, dans les groupes de 15-24 ans à 40-50 ans, avec unmaximum à 25-39 ans, soit 21.2% de ce groupe d'âge. Au-delà de 40 ans,les hommes ont une propension plus importante que les femmes à êtreremariés.

Dans la catégorie des personnes qui ne vivent pas en couple, noussoulignons la proportion particulièrement importante de célibatairesn'ayant jamais cohabité (58%). Ce pourcentage est nettement plus élevépour l'ensemble des hommes, surtout dans le groupe des 40-54 ans et des55 ans et plus, où il équivaut presque au double de celui des femmes. Lesfemmes, en revanche, sont sur-representées dans la catégorie des veuves,puisque leur proportion est multipliée par quatre en comparaison de celledes hommes (29.6% contre 7.1%). Ceci nous semble refléter l'espérancede vie plus élevée, en moyenne de sept ans, des femmes. Notons encoreque le nombre de célibataires qui ne vivent pas en couple au moment del'enquête, mais qui mentionnent qu'ils ont déjà cohabité auparavant, estplus important chez les hommes que chez les femmes (14% contre 10%),surtout aux âges de 40-54 ans (21.1% contre 12.8%).

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22 Les Européens et la famille

La distinction des répondants selon le statut matrimonial et lanationalité vient illustrer la différence Nord/Sud en matière decohabitation, dont nous parlions plus haut (tableau 1.5). Ainsi, les mariés.n'ayant jamais vécu en couple auparavant sont les plus nombreux auPortugal, en Grèce et en Espagne (55% et plus). L'Italie se démarque deses voisins du Sud par une proportion nettement plus basse (48%) quis'explique par la présence beaucoup plus importante de célibatairesn'ayant jamais cohabité dans ses rangs (37% contre 24% pour la moyennecommunautaire). A contrario, c'est en France (15.4%), au Luxembourg(11.7%), aux Pays-Bas (11.1%) mais également au Royaume-Uni (10.1%)que l'on dénombre les pourcentages les plus élevés de répondants ayantcohabité avant le mariage; les Irlandais, les Italiens, les Portugais sesignalent par des proportions beaucoup moins fortes (moins de 3%).Etonnamment, 9.4% des Grecs déclarent avoir cohabité avant le mariage.L'importance du phénomène de la cohabitation est encore renforcé, danscertains pays du Nord quand on examine les taux de célibataires ayantdéjà cohabité: 14.3% en France et au Danemark, 9.1% en ex-RDA et6.5% au Royaume-Uni. La Grèce se démarque à nouveau de ses voisinsdu Sud puisque 5.9% de l'échantillon national est constitué par descélibataires ayant déjà cohabité2. A l'inverse, cette catégorie ne représenteque 1.5% au Portugal. Nous remarquerons enfin, que les divorcés sontplus nombreux aux Pays-Bas (6.7%), en Allemagne réunifiée (5%), enFrance (4.5%) et au Danemark (3.8%). C'est dans ces mêmes pays quel'on relève la proportion la plus élevée de remariés (aux alentours de3%), alors que dans le Sud, par exemple, elle dépasse rarement 1%.

Qu'ils soient mariés, célibataires, veufs ou divorcés, plus des troisquarts de notre échantillon (77.5%) ont, de façon générale, expérimentéla vie en couple à l'un ou l'autre stade de leur vie; parmi ceux-ci, 19%ont déjà connu une union "sans papiers".

2 Ces pourcentages sont confirmés par l'Eurobaromètre 40.0 de l'automne1993, dans lequel les deux questions sur la situation de fait et l'état civil ontégalement été posées.

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Y-a-t-il une Europe des familles? 23

Beaucoup de parents, peu d'enfants

S'il est important de définir le statut matrimonial, il est tout aussiimportant de définir le statut parental de la population interrogée, puisquela famille est l'objet principal de cette étude.

Or, lorsqu'on examine, en Communauté européenne, lespopulations de 15 ans et plus, réparties selon le nombre d'enfants, on voitapparaître quatre groupes d'importance inégale (voir tableau 1.6) :

- plus d'un tiers (36,4%) n'ont pas encore eu ou n'ont jamais eud'enfants;- un sixième (16,2%) n'en ont eu qu'un seul;- 26,7% en ont eu deux;- 20,5% en ont eu plus de deux, y compris 7,8% de parents deplus de trois enfants.

Si l'on compare ces derniers chiffres aux résultats publiés enoctobre 1979 dans le cadre de l'Eurobaromètre sur Les Européens etleurs enfants, on s'aperçoit que la proportion de non-parents et de parentsde deux enfants a légèrement augmenté (respectivement de 34% à 36.4%et de 26% à 26.7%), principalement au détriment de la catégorie desparents de trois enfants et. plus (20.5% contre 23%). Les parents de plusde quatre enfants ne constituent plus que 7.8% de l'échantillon contre10% lors de l'enquête précédente. L'examen de cette expérience dans lesdifférents pays montre évidemment une situation fort contrastée avec, auxdeux extrémités, l'Irlande —où 37.3% de la population interrogée a eu aumoins trois enfants— et l'Allemagne réunifiée —où seulement 14.2% del'échantillon a eu plus de deux enfants. La situation de l'Irlande est mêmeremarquable, dans la mesure où ce pays, tout comme l'Italie d'ailleurs, sedémarque par un nombre particulièrement élevé de personnes n'ayantjamais eu ou n'ayant pas encore eu d'enfants (40.8% pour l'Irlande et44.2% pour l'Italie). La France, la Belgique et le Royaume-Uni sont despays où environ un quart des personnes interrogées ont une famillenombreuse (trois enfants et plus).

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24 Les Européens et la famille

Tableau 1.6 :Répartition de la population selon le nombre total d'entants, CE 12.

Graphique 1.1 :Répartition de la population selon le nombre total d'enfants, CE 12.

Tableau 1.7 :L'expérience parentale dans les différents pays, CE 12.

"NON-PARENTS" âgé* de :

15 à 24 ans............

25 ans et plus.... .....

"EX-PARENTS".... ....

TOTAL des "PARENTSACTUELS"

CE1 2

%

17 7

18.7

22 1

41.5

B

%

175

16.7

22 8

42.9

DK

%

169

134

32.9

368

WD

%

16.3

20 0

31 6

32.2

00

%

13 7

129

328

40.6

GR

%

172

15.2

14.8

52.9

E

%

194

21 0

15.7

43.8

F

%

17 4

18.5

194

44 7

IRL

%

21 3

196

11.0

48 1

1

%

203

239

12 1

437

L

%

164

18.2

20.1

45.2

NL

%

18.0

21 4

24.5

36.1

P

%

194

14.5

-23.1

42.9

GB

%

164

13.8

252

446

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Y-a-t-il une Europe des familles? 25

Parents à un moment ou l'autre de la vie

Toujours par souci de comparaison avec l'Eurobaromètre de 1979mais également pour éclairer le reste de l'étude par l'expérience parentaledes personnes interrogées, nous avons repris les trois grandes catégoriesdéjà utilisées en 1979: les non-parents, les ex-parents et les parentsactuels. Nous sommes conscients des limites de cette division puisque,pour définir ces catégories, nous nous sommes basés sur la question«Avez-vous eu des enfants?» croisée avec la question «Combien d'enfantsau total, même s'ils sont déjà adultes, vivent actuellement dans votrefoyer?»

Ces croisements opérés, on repère parmi la population interrogée(voir tableau 1.7 et 1.8) plus d'un tiers (36.4%) de personnes sansenfants, que nous appellerons dorénavant les «non-parents». Parmi ceux-ci, la moitié (soit 18.7% de l'échantillon total) sont âgés de 15 à 24 ans.L'autre moitié est classée dans la catégorie des 25 ans et plus. Dans cedernier groupe, 41.9% ont plus de quarante ans et ont donc peu dechances d'être parents dans le futur. Les individus qui ont eu des enfantsse subdivisent en deux sous catégories:

- un groupe minoritaire de 22.1%, qui n'a plus d'enfants aufoyer et que dorénavant nous appellerons les «ex-parents»;parmi ceux-ci, 80% ont plus de 55 ans;- un groupe plus important (41.5%), dont les enfants viventencore dans leur foyer, forme le groupe dit des «parentsactuels»; 80% d'entre eux ont moins de 55 ans.

Parmi les Européens interrogés et appartenant à la catégorie«parents actuels», 17.5% ont un seul enfant, 15.6% sont parents de deuxenfants, 6% de trois enfants et seulement 2% de quatre enfants et plus.Dans l'Europe communautaire, la famille nombreuse fait donc figured'exception.

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Tableau 1.8 : Structure socio-démographiquedes groupes de parents distingués dans l'étude, CE 12.

Importance du groupe dans laCE

SEXE HommesFemmes

AGE 15-2425-3940-5455et+

Vivant en coupleNe vivant pas en couple

Mariés, n'ayant jamais vécu encouple avantMariés, vivant en couple avantRemariésCélibataires, n'ayant jamais vécuavec quelqu'un d'autre avantCélibataires, ayant déjà vécuavec quelqu'un avantDivorcésSéparésVeufs/veuvesNSP

EnsembleCE 12+

%

100

47.952.1

19.526.523.031.0

60.439.0

45.7

7.82.324.3

6.8

3.31.27.90.6

"NON-PARENTS"

15 à 24 ans 25 ans etplus

%

17.7(2260)

53.546.5

1000.00.00.0

11.187.5

4.8

1.00.2

84.4

8.7

0.10.00.00.7

%

18.7(2393)

55.744.3

0.058.216.625.3

38.460.7

22.2

6.21.5

43.6

17.7

3.10.93.91.0

EX-PARENTS

%

22.1(2833)

4357

0.42.417.779.5

68.531.1

57.4

5.13.80.5

1.7

6.12.022.90.5

TOTALPARENTSACTUELS

%

41.5(5314)

44.655.4

4.136.438.521.0

87.012.8

67.5

12.92.82.8

3.8

3.21.45.10.5

PARENTS ACTUELS VIVANT AVEC ...

1 2 3 4Enfant Enfants Enfants Entants

%

17.5(2242)

43.556.5

6.329.733.730.3

83.416.4

61.9

13.42.63.3

5.2

3.51.67.80.5

%

15.6(1996)

45.754.3

2.143.840.813.3

91.78.1

73.6

13.12.01.1

2.8

3.11.12.50.6

%

6.0(768)

46.453.6

2.934.9

-46.216.0

88.911.0

70.5

11.84.53.0

' 2.5

2.41.13.70.4

%

2.0(259)

42.957.1

1.941.344.512.2

88.211.5

70.0

10.16.01.5

2.9

3.32.23.70.2

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Y-a-t-il une Europe des familles? 27

Parmi les Etats membres, on constate que dans la catégorie non-parents, l'Italie, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Irlande ont des pourcentagesplus élevés que la moyenne européenne (tableau 1.7). Dans le groupe desex-parents, le Danemark et l'ex-Allemagne de l'Ouest et de l'Est (33%)émergent nettement, suivis de très loin par les Pays-Bas et le Royaume-Uni (25%); l'Irlande et l'Italie quant à elles se distinguent par un tauxd'ex-parents extrêmement bas (11%). La Grèce, l'Irlande, leLuxembourg, la France et le Royaume-Uni sont les pays où l'on comptele plus de «parents actuels».

La répartition de la population interrogée suivant son expérienceparentale et le statut matrimonial (voir tableau 1.8) montre que, parmi lesnon-parents, près d'un tiers a déjà connu une expérience de cohabitation,alors que un cinquième des parents actuels et 7% seulement des ex-parentspeuvent se prévaloir de ce type d'expérience. Près d'un cinquième des ex-parents appartiennent à la catégorie des veufs ou veuves. Plus de 80% desparents actuels sont mariés, 4.6% sont séparés ou divorcés. A noter que6.6% des parents actuels déclarent être célibataires.

Lorsqu'on analyse le groupe des parents actuels selon le nombred'enfants et le statut matrimonial, on constate que la plupart des parentsde deux enfants vivent en couple et sont mariés. Par contre, 16.4% desparents d'un seul enfant déclarent ne pas vivre en couple. Au sein de cedernier groupe, 78% sont mariés ou remariés, 8.5% sont célibataires et5.1% séparés ou divorcés. Dans cette même catégorie, on dénombre 7.8%de veufs ou veuves. Les parents de trois, quatre enfants et plus sont, pourleur part, majoritairement mariés (plus de 80%) et sont rarementcélibataires (moins de 5% du groupe).

La composition des ménages

L'évolution du statut matrimonial, mais aussi de la situationparentale des générations actuelles, a évidemment eu un impact sur lacomposition des ménages. L'observation du tableau 1.9 montre que 15%

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28 Les Européens et la famille

de la population interrogée vit dans un ménage unipersonnel, 28% dansun ménage de deux personnes et plus de la moitié dans un foyercomprenant au moins trois personnes. Moins de 5% de l'échantillon totalvit dans un ménage de six personnes et plus. Les femmes sont sur-représentées dans les ménages unipersonnels (17.7% contre 11.9% pourles hommes): Cependant, à 25-39 ans, les hommes vivent plus souventseuls que les femmes (5% de différence). Au contraire, 35.4% desfemmes de 55 ans et plus vivent dans un ménage unipersonnel, alors queles hommes de cette tranche d'âge se retrouvent, pour plus de la moitié,dans un ménage de deux personnes. La distribution de l'échantillon selonl'expérience parentale montre qu'un tiers des non-parents de plus de 25ans, de même que des ex-parents, vivent dans des ménages unipersonnels.Ces deux groupes sont également bien représentés dans les ménages dedeux personnes (respectivement 43.5% et 65.6%). On trouve également6.7% des parents actuels dans cette catégorie; 13.9% d'entre eux ont unenfant, ce qui laisse soupçonner la présence de familles monoparentalesdans cette catégorie. Dans l'ensemble cependant, la majorité des parentsactuels vivent dans des ménages de trois personnes au moins.

Tableau 1.9 :Répartition de la population interrogée selon le sexe, l'âge

et le nombre de personnes composant le foyer, CE 12.

Une personne

Deux personnes

Troie personnes

Quatre personnes

Cinq personnes

Six personnes et plus

Hommes

15-24

12.6

11.7

21.8

30.1

16.8

7.1

25-39

13.9

20.2

25.2

26.5

10.0

4.2

40-54

8.5

21.1

21.9

29.8

13.0

5.6

55+

12.5

56.6

15.6

8.6

4.6

2.1

Total

11.9

28.7

21.0

23.1

10.6

4.6

Femmes

15-24

10.7

17.2

20.7

.27.2

15.4

8.9

25-39

8.1

16.8

24.7

32.9

11.1

6.4

40-54

7.3

25.6

23.5

26.3

12.4

4.9

55+

35.4

41.9

11.2

6.8

3.6

1.0

Total

17.7

27.4

19.1

21.5

9.6

4.7

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Y-a-t-il une Europe des familles? 29

Etudes et professions

L'analyse du tableau 1.10 permet de compléter le portrait desEuropéens par les traits de leur scolarisation et de leur profession. Avecseulement 7.3% du groupe des 15-24 ans et 25.3% des 25 ans et plus quin'ont pas poursuivi leurs études au-delà de 15 ans, les jeunes non-parentsont d'ores et déjà atteint un niveau d'études supérieur à celui des ex-parents, dont plus de la moitié (57.2%) ont interrompu leurs études à 15ans au plus tard. Cette proportion est d'autant plus frappante que, en1979, deux fois plus de jeunes de 15 à 24 ans n'avaient pas poursuivi leursétudes au-delà de 15 ans. A cette époque également, un tiers étudiaitencore alors que, dans l'enquête actuelle, 52.7% déclarent toujourspoursuivre leurs études. Autre fait remarquable: 28,7% des non-parentsde plus de 25 ans et 20% des parents actuels ont terminé leurs étudesaprès 20 ans, contre 20% et 12% en 1979 (Eurobarometre 32, p.8). Cetteévolution reflète bien évidemment les effets de la prolongation del'obligation scolaire mise en place dans la plupart des Etats membres.

Si l'on examine la profession des personnes interrogées, onobserve qu'une part assez importante de non-parents appartient soit auxprofessions libérales, salariées ou non, à la catégorie des cadres moyens(environ 10%) ou sont momentanément sans emploi (8%). Plus de lamoitié des ex-parents (55.1%) sont des retraités. Les parents actuels sontdavantage représentés dans le groupe élargi des cadres et des employés(et, parmi ceux-ci, principalement les parents de deux enfants). Onretrouve la même proportion d'ouvriers chez les non-parents et lesparents actuels; parmi ces derniers, ils sont plus nombreux à avoir troisenfants. A noter que 5% des parents actuels et 7% des parents de quatreenfants et plus déclarent être sans emploi.

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Tableau 1.10 :Age de fin d'études et profession

des groupes de parents distingués dans l'étude, CE 12.

Importance du groupedans Ia CE

AGE DE FIN D'ETUDES

15 ou moine16-19 ans20 ans ou plusEncore aux études

PROFESSION DE LAPERSONNE INTERROGEE

Agriculteur exploitantPécheurProfession libérale (avocat.médecin, etc.)Commerçant, artisanIndustriel, propriétaire d'uneentrepriseProfession libérale salariéeCadre supérieur/dirigeantCadre moyenEmployée travaillant devant unbureauEmployé ne travaillant pas devant unbureau mais voyageantEmployé, secteur des servicesContremaître, agent de maîtriseOuvrier qualifiéAutre ouvrierEn charge des achats courants etdes taches ménagères ou sansaucune activité professionnelleEtudiantsAu chômage/temporairement sansemploiA la retraite ou en congé de maladieprolongé

EnsembleCE 12

%

100

33838.217.810.3

1 70 11.5

4.81.4

1.51.38 87.3

2.7

5 71 4804.014.8

10.35.7

20.7

NON-PARENTS

15 à 24 ans 25 ans etplus

%

17.7(2280)

7.331.28.852.7

1.40.00.2

2.00.3

0.80.03 37.8

1.8

5.40.510.84.41.0

52.78.0

0.2

%

18.7(2393)

25341 428.74.8

1.8032.3

5.91.3

3 31.7

10.410.8

4.3

8.01.8

10.83 85.4

4.88.5

17.8

EX-PARENTS

%

22.1(2833)

57.231 311.50.0

0.7001.4

2.71.2

08093 82 8

0.9

2.51 03.71.918.0

0.03.0

55.1

TOTALPARENTS

ACTUELS

%

41.5(5314)

38.543.419.70.4

2.4001.9

8 22.0

1.82.08.58.1

3.3

7.31.910.35.222.7

0.44.9

11.2

PARENTS ACTUELS VIVANT AVEC ...

1 2 3 4enfant enfanta enfants enfants

%

17.5(2242)

41.539.818.40.5

2 30.12.1

8.11.4

1.11.97.18.1

3.4

7.92.110.25.119.8

0.54.2

18.9

%

158(1998)

31.548.322.00.2

2.80.01.8

592.3

2.32.310.59.0

3.3

7.41.810.84.723.4

0.28.2

8.6

%

8(788)

34.045.819.70.8

2.2001.5

5.83.3

1.21.58.47.2

3.4

8.31.511.76.4289

086.5

7.7

%

2(289)

41.943314.80.3

2 20.01.8

10.11.7

1.42 46 83 2

3.1

3 52.08.48.733.4

0.37.2

7.0

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y'-a-t-il une Europe des familles? 31

Argent et logement

L'examen du tableau 1.11 permet d'avoir une vue d'ensemble dela situation financière et du logement des familles européennes. Un peuplus d'un tiers des personnes interrogées mentionnent que leur situationest confortable. Le contraste est cependant assez net entre les non-parents,dont deux sur cinq déclarent que leur situation est confortable, et mêmetrès confortable (45%), et les parents actuels, dont un peu plus d'un tiersseulement peuvent se prévaloir d'une telle situation (35%). Cepourcentage est encore bien plus bas chez les parents de quatre enfants etplus (26%). Près de la moitié des personnes interrogées mentionnentqu'en étant prudentes, elles parviennent à «nouer les deux bouts»; parcontre, un sixième avoue avoir des fins de mois difficiles et même trèsdifficiles, surtout dans la catégorie des non-parents de plus de 25 ans(14%) et des parents actuels (16%). Parmi ceux-ci, on retrouve surtoutles familles de trois et quatre enfants (23% et 26%).

A la question, «vous ou votre famille, êtes-vous propriétaire oulocataire de votre logement?», la majorité des Européens répondent êtrepropriétaires de leur logement (maison ou appartement), tandis que 15%sont des locataires de logements sociaux. Les parents de quatre enfants etplus sont particulièrement nombreux dans cette situation (17.5%), toutcomme les ex-parents (19.4%). Dans l'ensemble, les deux tiers desparents actuels sont propriétaires, tout comme les ex-parents.

§

Ce bref survol des premiers résultats de notre enquête vientconfirmer ce que nous avancions dans la première partie de ce chapitre.La fécondité est déprimée dans l'Europe des Douze mais de façondifférente suivant les pays. Les familles nombreuses semblent devenir uneespèce en voie de disparition. Le couple quant à lui se porte plutôt bienpuisque plus des trois quarts de notre échantillon à expérimenter la vie àdeux à l'un ou l'autre stade de sa vie. La cohabitation est bien présentemême si elle est principalement pratiquée par les plus jeunes.

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Tableau 1.11 :Situation financière et en matière de logement

des groupes de parents distingués dans l'étude, CE 12.

Importance du groupedans la CE

SITUATION FINANCIEREACTUELLE DE LA FAMILLE

Très confortableConfortableOn doit faire attention mais on yarriveOn a du mal à boucler les fins demoisLes choses sont très difficilesNSP

SITUATION AU NIVEAU DULOGEMENT

Propriétaire d'une maisonPropriétaire d'un appartementLocataire d'une maisonLocataire d'un appartementLocataire d'une "maison sociale"Locataire d'un "appartement social"Autres (loue une chambre.squatter....)

EnsembleCE 12

%

100

3.136.744.3

9.4

4.11.9

43.320.03.714.96.09.42.1

NON-PARENTS

15 à 24 ans 25 ans etplus

%

17.7(2260)

4.141.539.0

7.2

3.04.4

39.320.93.618.64.37.84.7

%

18.7(2393)

4.041.738.2

10.1

3.81.8

31.222.94.0

26.13.69.51.9

EX-PARENTS

%

22.1(2833)

3.235.248.7

8.4

3.21.1

48.515.82.112.06.413.01.8

TOTAL"PARENTS

ACTUELS"

%

41.5(5314)

2.233.346.9

10.5

5.31.4

47.620.64.59.87.58.11.1

PARENTS ACTUELS VIVANT AVEC ...

1 2 3 4Enfant Enfants Enfants Enfants

%

17.5(2242)

2.335.147.2

9.6

4.31.4

44.321.54.811.47.08.91.5

%

15.6(1996)

2.132.949.6

9.0

4.81.4

49.620.74.49.76.08.31.0

%

6(768)

2.232.640.3

15.2

7.81.6

51.421.94.15.69.96.30.5

%

2(259)

2.624.046.2

16.6

10.50.1

55.011.65.19.413.54.00.9

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Y-a-t-il une Europe des familles? 33

Ces évolutions démographiques ont eu un impact sur la taille des ménagesqui se réduisent de plus en plus; reflet d'une plus grande individualisation,d'une plus grande autonomie ou d'un isolement plus marqué ? Seule uneenquête sur les contacts et les échanges entre les proches -comme lerecommande Kaufmann dans son étude sur l'isolement- pourrait nous leconfirmer. Enfin, la scolarisation prolongée touche un nombre de plus enplus grand d'individus. Seuls points noirs au tableau, le pourcentage assezélevé de non-parents au chômage ainsi que la situation financière précaired'une proportion notable de notre échantillon. Une question -auquellenotre enquête ne peut apporter de réponses- la situation professionnelleinstable des non-parents et le malaise économique des parents actuels sont-ils à l'origine de projets conjugaux ou parentaux avortés?

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CHAPITRE II

FORMATION ET DISSOLUTION DES COUPLES

Les transformations profondes de la «mécanique» familiale ont misla notion même de mariage en question. Certains, tout à fait minoritaires,le rejettaient, les autres, la grande majorité, en ont changé le sens. Cemécanisme de transformation s'est semble-t-il accéléré ces dix dernièresannées, au point que la notion de vie en couple tend à s'imposer ou , entout cas, à précéder celle de mariage. Pour utiliser les termes desdémographes, nous dirons que ce qui compte le plus aujourd'hui, c'est laconjugalité et non la nuptialité. Toutefois, ne perdons pas de vue que cesvaleurs restent très proches l'une de l'autre, au point d'induire laconfusion chez certains. Lors des précédentes enquêtes EVSSG de 1981 etde 1990-91, une série de valeurs jugées importantes pour la réussite d'unmariage ont été analysées. Ces valeurs ont été reprises, pratiquement dansleur intégralité, dans le questionnaire de l'Eurobaromètre 39, à cetteimportante nuance près que l'objet de l'analyse n'est plus le mariage maisbien la vie en couple.

FORMER UN COUPLE: S'AIMER D'ABORD

Des résultats de cette nouvelle enquête, il ressort clairement que «serespecter mutuellement» et «s'aimer intensément» sont considérés par lespersonnes interrogées comme les facteurs primordiaux dans la réalisationd'une vie de couple réussie, avec respectivement 87% et 78% de réponses«très important» (voir graphique 2.1).

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36 Les Européens et la famille

Graphique 2.1:Facteurs qui permettent la réussite d'une vie de couple, CE 12.

Classification à partir de l'item "très imponant.

Tableau 2.1:Facteurs qui permettent la réussite d'une vie de couple, selon le sexe et l'âge, CE 12.

(Classification à partir de l'item "très important)

Se respecter mutuellement

S'aimer intensément

Avoir une bonne ententesexuelle

Ne pas vivre avec la bêle famille

Ne pas avoir de problèmesfinanciers trop importants

Avoir des enfante

Partager les mêmes idées, lesmêmes intérêts

Partager les marnes convictionsreligieuses

Avoir le même niveaud'éducation ou de formation

Appartenir au même milieusocial

Hommes

15-24

86.8

79.4

65.6

46.9

44.9

31.8

33.9

14,7

15.5

15.0

25-39

86.9

78.0

67.9

55.4

45.7

38.6

32.6

13.5

13.6

14.3

40-54

84.5

75.4

62.0

48.3

52.1

46.2

31.9

17.8

17.9

18.7

55+

85.8

76.7

53.7

47.3

57.7

58.0

39.9

30.3

25.8

26.3

Total

86.0

77.3

62.1

49.7

50.4

44.4

34.7

19.5

18.4

18.8

Femmes

15-24

89.1

86.9

66.4

55.4

43.5

36.4

37.1

14.1

14.5

12.7

25-39

90.5

79.7

64.6

59.5

50.6

42.4

35.5

15.3

15.5

15.4

40-54

86.7

71.3

53.1

52.4

54.1

48.3

39.3

20.4

22.6

21.9

55+

84.3

77.9

45.5

45.4

53.7

58.1

42.2

32.3

29.0

29.3

Total

87.3

78.6

55.9

52.4

61.1

48.0

38.9

22.0

21.5

21.1

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Formation et dissolution des couples 37

«Avoir une bonne entente sexuelle» (59% de réponses «trèsimportant» et 35% de réponses «plutôt important») et «ne pas avoir deproblèmes financiers trop importants» (51% de réponses «très important»et 42% de réponses «plutôt important») se révèlent être des facteursessentiels, mais dans une moindre mesure. Par contre, il semble que«partager les mêmes convictions religieuses», «appartenir au mêmemilieu social» et «avoir le même niveau d'éducation ou de formation»sont des facteurs marginaux, avec respectivement 45%, 36% et 33% deréponses «pas du tout important» et les réponses «très important» nedépassant pas la barre des 20%.

«Avoir des enfants» et «partager les mêmes idées, les mêmesintérêts» semblent finalement n'être que des facteurs secondaires, avecrespectivement 46% et 37% de réponses «très important» et 36% et 48%de réponses «plutôt important».

«Ne pas vivre avec la belle famille» est un item qui occupe uneplace particulière; il récolte un pourcentage relativement élevé deréponses «très important» (51%) et «pas du tout important" (18%),associé avec un faible pourcentage de réponses «plutôt important» (27%).

Homme ou femme: aimer à tout âge

Plus les personnes interrogées sont âgées, plus elles ont tendance àrépondre systématiquement «très important». Par ailleurs les femmes,dans l'ensemble, répondent plus facilement «très important» que leshommes.

Lorsqu'on considère l'âge et le sexe et qu'on classe les réponses«très important» en ordre décroissant, nous constatons que le classementde l'ensemble des Européens correspond pratiquement à celui despersonnes de 25 à 39 ans.

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3 8 Les Européens et la famille

Le respect mutuel et l'amour occupent systématiquement lapremière et la deuxième place pour chaque âge et chaque sexe (tableau2.1), tandis que les items classés aux trois dernières places sont, dans ledésordre, «appartenir au même milieu social», «avoir le même niveaud'éducation, de formation» et «partager les mêmes convictionsreligieuses». Le consensus est général sur ces différents points.

S'il y a peu de différences par rapport à l'ensemble des répondants,il est à noter néanmoins que les femmes de 15 à 24 ans placent le respectmutuel et l'amour pratiquement sur un pied d'égalité (89% et 87%), alorsque leurs aînées insistent davantage sur le respect mutuel et plusparticulièrement, celles de 40 à 54 ans pour lesquelles ce dernier (87%)précède largement l'amour (71%).

L'entente sexuelle pour les plus jeunes...

L'examen de la hiérarchie des autres facteurs permet de constaterune rupture assez nette entre les personnes de moins de quarante ans etleurs aînées. En effet, les hommes et les femmes de 15-24 ans et de 25-39ans classent en troisième position l'entente sexuelle, suivie par le fait dene pas vivre avec la belle famille, puis «ne pas avoir de problèmesfinanciers trop importants», «avoir des enfants» et «partager les mêmesidées, les mêmes intérêts», avec des pourcentages de réponses «trèsimportant» qui dépasse largement les 30%. Partager les mêmesconvictions religieuses, le même niveau d'éducation ou le même milieusocial récoltent moins de 15% des suffrages. Si le classement est similairepour les hommes et les femmes, on note cependant une différenced'intensité dans les réponses selon le sexe. Ainsi, les femmes plusfréquemment que les hommes soulignent l'importance de ne pas vivreavec la belle-famille (surtout celle de 15-24 ans avec 8% d'écart), d'avoirdes enfants (plus 4%), de ne pas avoir de problèmes financiers tropimportants (5% pour les 25-39 ans) et de partager les mêmes idées, lesmêmes intérêts (plus 3% pour les deux tranches d'âge).

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Formation et dissolution des couples 39

... et les enfants pour leurs aînés

A ce groupe des moins de quarante ans, on peut opposer le groupedes 55 ans et plus, dont la hiérarchie des facteurs qui favorisent la réussitede la vie de couple, est assez divergente. Pour ceux-ci, qu'ilsappartiennent au sexe masculin ou féminin, les enfants viennent entroisième lieu, suivis par l'absence de problèmes financiers tropimportants, l'entente sexuelle, le fait de ne pas vivre avec la belle-familleet enfin, le partage des mêmes idées et intérêts. Si «avoir des enfants» estplus souvent mentionné par les femmes des générations les plus jeunes, iciles proportions sont semblables pour les deux sexes (58%). A l'inversedes plus jeunes, la belle-famille, les problèmes financiers et l'ententesexuelle sont plus fréquemment évoqués par les hommes tandis que lesfemmes mettent davantage à l'avant plan le partage des mêmes idées. Ilfaut aussi noter que les répondants de 55 ans et plus, déclarent deux foisplus que les personnes de moins de quarante ans que les convictionsreligieuses, le même niveau d'éducation et le même niveau social sont«très importants» (en moyenne 30% contre 15% pour les groupes en-dessous de 40 ans).

La catégorie des 40-54 ans occupe une place intermédiaire. Eneffet, les hommes de cette tranche d'âge placent l'entente sexuelle entroisième position comme les plus jeunes mais situent les problèmesfinanciers au quatrième rang comme leurs aînés. Pour eux, «ne pas vivreavec la belle famille» arrive à la cinquième place alors qu'elle est à laquatrième chez les plus jeunes et à la sixième chez les 55 ans et plus.Comme chez moins de quarante ans, les enfants sont en sixième position,tandis que chez les plus âgés, ce facteur est classé troisième. Cetteclassification est reprise par les femmes du groupe des 40-54 ans aveccependant une inversion; chez elles, les problèmes financiers sont citésavant l'entente sexuelle. Dans cette tranche d'âge, la divergence la plusnette entre les sexes s'observe d'ailleurs pour cette variable; «avoir unebonne entente sexuelle», est en effet mentionnée par 62% des hommes etseulement par 53% des femmes. Ces dernières soulignent davantage que

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40 Les Européens et la famille

Tableau 2.2:Facteurs qui permettent la réussite d'une vie de couple,

selon l'expérience parentale, CE 12.(Classification à partir de l'item très important")

Se respecter mutuellement

S'aimer intensément

Avoir une bonne ententesexuelle

Ne pas vivre avec la bêle famille

Ne pas avoir de problèmesfinanciers trop importants

Avoir des enfants

Partager les mêmes idées lesmêmes intérêts

Partager les mêmes convictionsreligieuses

Avoir le même niveaud'éducation ou de formation

Appartenir au même milieusocial

Non-parents

15-24âne

889

830

662

507

433

332

362

145

159

14 0

25ans+

85 4

755

600

526

439

288

358

158

182

175

Ex-parents

85 1

774

505

459

557

570

385

26 9

24 1

267

Parentsactuels

871

772

596

533

544

539

369

225

204

20 1

Parents de

1enfant

86 1

775

59 1

502

544

536

384

22 8

20 7

205

2entants

88 1

774

595

534

532

54 4

350

21 2

196

19 1

3entants

689

787

642

589

574

531

392

235

21 3

221

4entantset+

894

73 8

579

644

61 3

58 5

360

276

203

21 1

Tableau 2.3:Facteurs qui permettent la réussite d'une vie de couple,

selon le statut matrimonial, CE 12.(Classification à partir de l'item "très important)

Se respecter mutuellement

S'aimer intensément

Avoir une bonne ententesexuelle

Ne pas vivre avec la belle famille

Ne pas avoir de problèmesfinancière trop importants

Avoir des enfants

Partager les mêmes idées lesmémos intérêts

Partager les mêmes convictionsreligieuses

Avoir le même niveaud'éducation ou de formation

Appartenir au même milieusocial

Vivant en couple

Manesans

cohabrtant

(5807)

870

783

56 3

489

54 6

557

384

258

21 6

226

Maneavec

cohabrtant(985)

874

756

61 2

577

474

402

31

109

165

14 5

Romane

(290)

85 7

755

59 5

49 2

526

370

328

14 5

18 1

250

Célibatsans

cohabrtant(220)

880

808

66 4

68 9

464

305

282

134

53

11 2

Célibatavec

cohabrtant(277)

82 7

677

64 7

564

51 5

263

29 1

93

89

11 7

Ne vivant pas en couple

Célibatsans

cohabrtant

(2867)

875

78 7

639

51 9

426

333

359

16 0

182

14 5

Célibatavec

cohabrtant(585)

849

81 6

68 1

592

46 3

294

345

8 6

128

11 3

Divorcé

(342)

864

737

51 3

589

548

356

35 5

159

204

235

Séparé

(136)

908

750

594

480

48 1

40 1

35 1

128

252

21 0

Veuf

(988)

842

795

485

427

575

633

444

332

299

326

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Formation et dissolution des couples 41

les répondants masculins, l'importance de l'éloignement de la belle-famille, le fait d'avoir des enfants et le partage d'idées ou d'intérêtscommuns.

Couples d'abord, parents ensuite

Comme il fallait s'y attendre, «avoir des enfants» constitue l'axeautour duquel s'articule le classement des différents facteurs selonl'expérience parentale: les non-parents n'y attachent guère d'importance(respectivement 33% et 29% de réponses «très important» pour les non-parents de 15 à 24 ans et pour les non-parents de plus de 25 ans) et les ex-parents y sont les plus sensibles (57%) classant cet item en troisièmeposition, tout comme les personnes de plus de 55 ans (tableau 2.2). Lesparents actuels se situent légèrement en dessous des ex-parents (54%) et lahiérarchie qu'ils proposent se calque sur celle du groupe des 40-54 ans, àla différence près que «avoir des enfants» précède la variable «ne pasvivre avec la belle-famille».

Au fond, la hiérarchie des valeurs susceptibles d'assurer la réussitedu couple, telle qu'elle est observée dans cette enquête, se trouve trèsproche de celle rencontrée lors des enquêtes antérieures sur le mariage.Ce parallélisme semble bien confirmer que le fondement actuel dumariage est le couple.

Vie de couple et statut matrimonial

Si nous considérons le statut matrimonial, nous constatons toutd'abord que les célibataires vivant en couple ont nettement moinstendance que les autres à répondre «très important»; par contre, lasituation est complètement inversée pour les couples mariés n'ayantjamais cohabité (tableau 2.3).

Somme toute, les réponses divergent assez peu par rapport auxscores de l'ensemble des répondants; en tout cas, la convergence desréponses concernant le respect mutuel, l'amour, la sexualité, la religion,

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42 Les Européens et la famille

le statut social et le niveau d'éducation n'est en aucun cas démentie.Néanmoins, les célibataires vivant en couple actuellement ainsi que lesdivorcés ne vivant pas en couple au moment de l'enquête, attachent plusd'importance à l'indépendance vis-à-vis de la belle-famille qu'à la qualitédes relations sexuelles (respectivement 69% et 59% de réponses «trèsimportant» pour la belle-famille contre 66% et 51% pour l'ententesexuelle). Pour les célibataires vivant en couple et ayant déjà cohabitéauparavant, l'amour et l'harmonie sexuelle revêtent pratiquement lamême importance, avec respectivement 68% et 64.7% de réponses «trèsimportant».

Pour 63% des veufs et plus de la moitié des couples mariés n'ayantjamais cohabité (55.7%), «avoir des enfants» s'avère plus important que«ne pas vivre avec la belle famille» pour réussir sa vie de couple. Aucontraire, les célibataires vivant en couple et ayant déjà cohabitéauparavant, se montrent beaucoup moins sensibles aux enfants qu'au faitde ne pas vivre avec la belle famille (respectivement 26.3% et 55.7% deréponses «très important»). La variable «ne pas avoir de problèmesfinanciers trop importants» est en cinquième position, avec des réponses«très important» oscillant entre 55.7% pour les couples mariés n'ayantjamais cohabité et seulement 42.6% pour les «vrais» célibataires(célibataires ne vivant pas en couple et n'ayant jamais cohabité). Lesveufs, les divorcés, les mariés n'ayant jamais cohabité et les remariésclassent ce dernier facteur en quatrième position, avec des réponses «trèsimportant» oscillant entre 57.5% et 52.6%.

La mosaïque des pays

Au regard des différences existant entre les différents pays de laCE (tableau 2.4), une première remarque s'impose: les Grecs répondentsystématiquement «très important» plus fréquemment que les autres, saufconcernant la proposition sur l'entente sexuelle, où ils se situent entroisième place, et pour l'intitulé «ne pas vivre avec la belle famille», oùils figurent légèrement en-dessous de la moyenne communautaire (tableau2.4).

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Formation et dissolution des couples 43

Tout le monde semble d'accord pour affirmer que le plusimportant est, d'abord, de se respecter mutuellement et, ensuite, des'aimer intensément. Toutefois, les Allemands des deux Allemagnes, lesLuxembourgeois et les Portugais ont inversé cet ordre.

L'entente sexuelle est partout mentionnée en troisième lieu, sauf enGrèce où cet item n'apparaît qu'en cinquième position, et dans les payssuivants —la France, l'Irlande, les Pays-Bas et le Royaume-Uni— où il ya inversion entre celui-ci et «ne pas vivre avec la belle famille». Parcontre, ce dernier item semble peu important aux yeux des Grecs et desAllemands des deux Allemagnes. De leur côté, les Portugais, s'ils ne sontpas très nombreux à considérer cette variable comme «très» importantesont de loin les plus nombreux à la trouver «plutôt» importante.

Les problèmes financiers préoccupent relativement moins lesFrançais et les Italiens que les Danois, les Allemands des deuxAllemandes, les Grecs, les Espagnols et les Luxembourgeois.

Curieusement, les Grecs sont les seuls répondants qui accordentbeaucoup d'importance au fait d'avoir des enfants pour réussir une vie decouple. Les Irlandais, au contraire, y sont les moins sensibles (les enfantssont classés au septième rang dans la hiérarchie nationale), bien que danscertains pays, comme le Royaume-Uni, la Belgique et l'Allemagne del'Ouest, le niveau des taux de réponses soit moins élevé qu'en Irlande. Ilfaut noter en effet que les Irlandais ont, tout comme les Grecs, unepropension plus nette à répondre «très important»; néanmoins, dans cecas, ils sont loin d'atteindre le niveau des Grecs.

Partout, nous constatons que «partager les mêmes idées, les mêmesintérêt» se révèle assez important —à condition de sommer les réponses«très» et «plutôt important»—, sauf pour les Français aux yeux desquelsl'intérêt est moins affirmé.

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Tableau 2.4:Facteurs qui permettent la réussite d'une vie de couple, selon les pays, CE 12.

(Classification à partir de l'item "très important")

Se respecter mutuellement

S'aimer Intensément

Avoir une bonne ententesexuelle

Ne pas vivre avec la belle famille

Ne pas avoir de problèmesfinanciers trop Importants

Avoir des enfants

Partager les mêmes Idées, lesmêmes Intérêts

Partager les mêmes convictionsreligieuses

Avoir le même niveaud'éducation ou de formation

Appartenir au même milieusocial

B

83.3

79.2

51.7

51.4

47.8

36.1

35.6

21.4

18.9

23.4

DK

96.1

78.2

60.7

45.9

52.6

45.8

19.9

31.9

10.2

15.3

WD

79.2

80.5

46.6

25.1

44.6

38.9

33.6

13.6

17.2

21.5

D

79.8

81.4

49.4

25.9

45.4

42.0

34.1

13.8

16.3

20.9

OD

82.1

85.0

60.0

29.3

48.7

53.8

35.9

14.7

13.1

18.6

GR

96.2

95.5

69.9

48.9

76.2

77.6

63.1

68.6

40.8

36.0

E

92.8

85.9

72.0

54.5

57.0

48.9

46.2

26.3

29.5

25.6

F

83.2

68.5

61.8

62.8

48.9

49.5

32.1

13.3

15.3

16.2

IRL

90.9

82.5

66.3

70.9

65.2

40.4

44.8

32.6

24.8

29.5

I

88.9

71.7

56.6

49.6

43.5

54.6

40.3

25.7

26.1

17.3

L

76.8

78

59.8

44.0

51.1

48.9

42.9

22.2

17.5

20,8

NL

95.8

91.4

71.2

73.4

58.3

41.8

31.3

21.5

18.8

25.4

P

73.2

73.3

55.8

35.8

52.2

54.0

34.1

24.2

22.4

20.7

UK

91.5

77.1

59.4

71.9

56.6

35.8

34.8

18.6

14.8

16.4

CE1 2

86.7

78.0

58.8

51.1

50.8

46.3

36.9

20.8

20.0

20.0

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Formation et dissolution des couples 45

De façon surprenante, au Danemark et en Grèce, les personnesinterrogées attachent relativement plus d'importance au fait de partagerles mêmes convictions religieuses que de partager les mêmes idées, lemême niveau d'éducation ou le même milieu social. Les Irlandais, bienqu'étant parmi les plus nombreux à estimer que les convictions religieusesdoivent être partagées, ne se distinguent guère des autres pays puisquecomme partout ailleurs, cet item arrive en huitième position. Pour lesFrançais et les Allemands, par contre, cette proposition se révèle sansimportance.

«Appartenir au même milieu social» et «avoir le même niveaud'éducation, de formation» sont unanimement considérés comme desmotivations de moindre importance. Seuls les Allemands de l'Ouesttempèrent, de manière fort discrète, cette appréciation d'ensemble.

A notre sens, le besoin intellectuel, bien compréhensible, d'établirune typologie est encore prématuré à ce stade de l'enquête.

SE MARIER. POUR QUOI FAIRE?

Même si le nombre de mariages tend à diminuer et son échéance àêtre retardée, il reste toutefois une institution très prisée, comme nousavons pu le constater dans le chapitre 1 (pour rappel, nous avons vu que56% de notre échantillon est marié ou remarié et que 12% de celui-ci estsoit veuf, séparé ou divorcé).

Tendances générales

La majorité des Européens interrogés sont «tout à fait d'accord»pour déclarer que «se marier», c'est d'abord «s'engager à être fidèle àson conjoint» (62%; voir graphique 2.2), c'est ensuite «le meilleur moyende garantir le droit des enfants» (51%) et c'est encore «prouver à l'autrequ'on l'aime vraiment» (41%).

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Graphique 2.2:Pour chaque affirmation, êtes-vous tout à fait d'accord, plutôt d'accord, plutôt pas d'accord

ou pas du tout d'accord, de dire que se marier, c'est...

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Formation et dissolution des couples 47

Par contre, se marier, ce n'est pas «céder à la pression sociale»(41.5% «pas du tout d'accord»), ni «s'enliser dans la routine» (35.7%), nidans une moindre mesure, «transformer inutilement une affaire privée enquelque chose d'officiel» (30.3%).

Les avis sont nettement moins tranchés en ce qui concerne lesautres affirmations. Les personnes interrogées pensent néanmoins que lemariage «aide à traverser plus facilement les difficultés» (39% de «plutôtd'accord») et qu'il peut «rendre la vie quotidienne plus pratique»(37.5%). Elles sont également plutôt d'accord sur le fait que le mariagerevient à «engager son avenir avec quelqu'un qui peut évoluer autrementque soi» (44.5%).

En revanche, les avis sont beaucoup plus partagés sur lespropositions «renoncer à une partie de sa liberté en acceptant le contrôlede l'autre» et «rendre plus difficile une rupture éventuelle». Dans lepremier cas, les avis favorables sont un peu plus nombreux; c'est l'inversedans le second cas.

Enfin, lorsque nous considérons la hiérarchie des réponses «tout-à-fait d'accord», nous voyons que celle-ci indique bien le sens de l'ensemblede toutes les réponses; seul l'item «renoncer à une partie de sa liberté enacceptant le contrôle de, l'autre» échappe à la règle, en apparaissantfaussement comme un item récoltant des avis négatifs. C'est d'ailleurs laprise en compte des réponses «tout-à-fait d'accord» qui guidera le restede notre analyse.

Des motivations qui varient peu

II est remarquable de noter que l'agent le sexe des personnesinterrogées ne modifient pratiquement pas l'ensemble de la classification(tableau 2.5) Seuls deux items montrent quelques fluctuations, trèsmodérées mais interdépendantes. La proposition «engager son avenir avecquelqu'un qui peut évoluer autrement que vous» témoigne d'unediminution de l'approbation avec l'âge, mais sans différence entre les

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48 Les Européens et la famille

Tableau 2.5:Le mariage, c'est ......

Réponses selon le sexe et l'âge, CE 12.

C'est s'engager à être fidèle àson conjoint

C'est le meilleur moyen degarantir les droits des enfants

C'est prouver à Fautre qu'onl'aime vraiment

Ça aide à traverser plusfacilement les difficultés

C'est rendre la vie quotidienneplus pratique

C'est engager son avenir avecquelqu'un qui peut évoluerautrement que vous'

C'est rendre plus difficile unerupture éventuelle

C'est transformer inutilementune affaire privée en quelquechose d'officiel

C'est renoncer à une partie desa liberté en acceptant lecontrôle de l'autre

C'est céder à la pression sociale

C'est s'enliser dans la routine

Hommes-

15-24

56.9

40.3

37.1

26.6

20.3

23.1

18.3

15.7

16.2

10.4

9.0

25-39

56.0

43.6

32.5

26.4

19.3

21.6

17.1

164

12.6

9.1

7.3

40-54

54.8

48.3

37.9

33.8

25.4

19.4

15.2

11.6

13.1

5.1

7.1

55+

65.8

63.5

51.3

42.7

33.9

17.6

19.1

14.2

14.8

6.3

6.4

Total

58.6

49.6

39.9

32.7

25.0

20.3

17.4

14.5

14.1

7.6

7.4

Femmes

15-24

64.6

42.5

36.1

25.5

18.4

21.7

18.2

13.8

10.9

7.2

6.9

25-39

61.8

46.0

34.3

26.4

20.7

19.2

15.6

14.2

11.6

7.6

6.2

40-54

62.7

52.0

37.0

31.6

25.1

20.6

17.1

13.4

13.2

6.9

8.1

55+

71.3

60.7

54.3

41.7

33.5

16.5

18.8

13.5

15.3

7.0

7.3

Total

65.7

51.7

42.1

32.6

25.6

19.1

17.5

13.7

13.1

7.2

7.1

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Formation et dissolution des couples 49

sexes (les réponses «tout à fait d'accord» passent de 22% chez lespersonnes de 15 à 24 ans à 17% chez les personnes de plus de 55 ans).«Rendre la vie quotidienne plus pratique» révèle un mouvement inverseplus net (les réponses «tout à fait d'accord» passent de 19% chez lespersonnes de 15 à 24 ans à 34% chez les personnes de plus de 55 ans).Ces deux mouvements combinés font que les femmes de 15 à 24 ans et leshommes de 15 à 39 ans classent la première proposition avant la seconde.

Si la volonté de «s'engager à être fidèle à son conjoint» est bien lapremière caractéristique du mariage pour tout le monde, elle constitueaussi le seul item qui montre une différence systématique entre les sexespour chaque groupe d'âge: les femmes l'approuvent de manière bien plustranchée que les hommes (différence d'environ 7% entre les réponses«tout à fait d'accord»). D'autre part, les personnes de plus de 55 ansl'approuvent plus nettement que ceux des autres catégories d'âge, demême que l'item «prouver à l'autre qu'on l'aime vraiment».Pareillement, sans bousculer la hiérarchie, il se dégage une approbationcroissante avec l'âge pour les items «ça aide à traverser plus facilementles difficultés» et «c'est le meilleur moyen de garantir les droits desenfants». Enfin, les femmes de 15 à 24 ans désapprouvent plus nettementque les hommes du même âge le facteur «céder à la pression sociale».

Les parents et le mariage

Parallèlement, lorsque nous regardons les chiffres sous l'angle de laparentalité, nous devons bien admettre qu'il n'y a pas de grandemodification dans la hiérarchie (tableau 2.6). Les ex-parents sontsystématiquement plus favorables à chaque item que les non-parents, lesparents actuels présentant une position intermédiaire. Seuls les items quisont désapprouvés, le sont plus nettement par les parents actuels que parles non-parents, avec dans ce cas-ci une position intermédiaire dés ex-parents.

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50 Les Européens et la famille

Tableau 2.6Le mariage, c'est...

Réponses selon l'expérience parentale, CE 12.

C'est s'engager à être fidèle àson conjoint

C'est le meilleur moyen degarantir les droits des enfants

C'est prouver à F autre qu'onl'aime vraiment

Ça aide à traverser plusfacilement les difficultés

C'est rendre la vie quotidienneplus pratique

C'est engager son avenir avecquelqu'un qui peut évoluerautrement que voue

C'est rendre plus difficile unerupture éventuelle

C'est transformer inutilementune affaire privée en quelquechose d'officiel

C'est renoncer à une partie desa liberté en acceptant lecontrôle de l'autre

C'est céder à la pression sociale

C'est s'enliser dans la routine

Non-parents

15-24ans

61.1

40.9

36.8

26.3

18.9

22.1

17.5

15.0

13.6

8.2

7.8

25ans+

53.3

' 44.8

33.2

28.3

20.0

20.3

16.6

17.6

13.4

8.7

7.7

Ex-parents

68.2

60.8

51.6

41.1

33.5

17.3

19.7

12.5

14.5

6.2

6.6

Parentsactuels

63.8

52.1

40.7

32.9

26.1

19.5

16.7

13.0

13.1

7.1

7.2

Parents de

1entant

62.6

53.3

43.9

34.2

28.0

18.1

17.1

13.0

12.2

8.2

7.7

2enfants

64.6

51.6

36.5

31.0

24.6

20.9

15.8

12.4

13.3

5.9

6.2

3enfants

64.4

51.5

42.5

32.4

25.2

18.2

18.3

13.9

15.2

7.2

7.9

4enfantset+

68.7

50.0

40.7

40.8

26.4

25.2

16.6

15.4

14.5

6.0

9.4

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Formation et dissolution des couples 51

La cohabitation, un facteur discriminant

Tout d'abord, il nous paraît opportun, à ce stade de l'analyse, dedistinguer deux groupes: le premier correspond aux personnes qui ont euune expérience de cohabitation mais qui ne se sont pas mariées, et ledeuxième reprend toutes les autres personnes, même celles qui viventactuellement en couple non marié, pour autant que ce soit leur premièreexpérience de cohabitation. En effet, ces dernières présentent un profiltrès similaire à celui des personnes mariées ayant déjà cohabité, ellesmêmes assez proches, finalement, des personnes mariées n'ayant jamaiscohabité (nous prendrons ces dernières comme prototypes pour cedeuxième groupe). Celui-ci à une seconde caractéristique: il ne s'écarteguère de l'ensemble des répondants. Sous cet angle, la fidélité et laprotection des enfants restent les maîtres mots, sans aucune exception.Néanmoins, on observe des fluctuations importantes. En effet, les gensqui ont une expérience de cohabitation antérieure et qui ne se marient pas,se montrent nettement plus tempérés que les autres (fidélité: .49.6% deréponses «tout à fait d'accord» contre 66.5%; enfants: 42.4% contre56.6%). Ils ont tendance à désapprouver ou à approuver moinsmassivement que les autres.

«Rendre plus difficile une rupture éventuelle», avec 34.9% deréponses «tout à fait d'accord», se classe en troisième position chez lespersonnes du second groupe, alors qu'il est plutôt désapprouvé par lesautres. La proposition «engager son avenir avec quelqu'un qui peutévoluer autrement» les agrée plus que les autres. De même, ilsapprouvent assez radicalement l'item «transformer inutilement uneaffaire privée en quelque chose d'officiel», alors que les autres lerejettent. Ils sont nettement partagés à propos de l'item «rendre la viequotidienne plus pratique». Ils désapprouvent modérément, avec des avisextrêmement partagés, l'item «prouver à l'autre qu'on l'aime vraiment»,alors que celui-ci est plébiscité par les autres, «renoncer à une partie de saliberté en acceptant le contrôle de l'autre» incite à fournir des avispartagés; en l'occurrence, ils sont modérément défavorables selonl'opinion des cohabitants et modérément favorables aux yeux des gens

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52 Les Européens et la famille

Tableau 2.7:Le mariage, c'est ...

Réponses selon le statut matrimonial, CE 12.

C'est s'engager à être fidèle àson conjoint

C'est le meilleur moyen degarantir les droits des enfants

C'est prouver à l'autre qu'onl'aime vraiment

Ça aide à traverser plusfacilement les difficultés

C'est rendre la vie quotidienneplus pratique

C'est engager son avenir avecquelqu'un qui peut évoluerautrement que vous

C'est rendre plus difficile unerupture éventuelle

C'est transformer inutilementune affaire privée en quelquechose d'officiel

C'est renoncer à une partie desa liberté en acceptant lecontrôle de l'autre

C'est céder à la pression sociale

C'est s'enliser dans la routine

Vivant en couple

Mariésans

cohabit.ant.

66.5

56.6

46.8

38.2

29.6

18.5

16.1

12.3

13.9

5.8

6.1

Maieavec

cohabit.ant.

57.6

44.3

35

28.3

21.1

18.5 '

15.7

12.5

10.4

8.0

5.7

Remarié

60.5

49.4

35.8

33.2

29.1

19.6

16.4

11.2

15.9

3.5

9.0

Célibat.sans

cohabit.ant.

62.9

48.3

32.5

24.8

20.2

20.2

22.1

23.8

8.9

16.2

9.6

Célibat.avec

cohabit.ant.

49.6

42.5

21.7

15.2

12.6

27.6

34.9

30.4

15.3

21.9

12.0

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant.

58.6

41.1

35.4

25.7

18.0

20.9

16.5

15.5

14.0

7.5

7.8

Célibat.avec

cohabit.ant.

46.2

38.4

24.7

18.4

16.0

28.9

23.4

19.9

16.0

13.7

11.4

Divorcé

63.3

45.6

31.9

26.1

20.6

22.6

20.2

15.4

13.7

5.9

11.2

Séparé

63.7

50.0

39.9

26.4

29.4

32.1

29.6

18.8

18.4

12.1

17.1

Veuf

68.8

65.0

54.0

45.5

36.8

14.1

19.4

11.4

12.9

6.0

6.5

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Formation et dissolution des couples 53

mariés, «ça aide à traverser plus facilement les difficultés» est uneopinion clairement rejetée par les cohabitants, alors qu'elle est plébiscitéepar les gens mariés. Enfin, si «céder à la pression sociale» est rejetémassivement par ces derniers, les cohabitants ne refoulent cetteaffirmation que du bout des lèvres. Toutefois, ils repoussent «s'enliserdans la routine» pratiquement de la même manière que les gens mariés.

Visages européens du mariage

Jetons maintenant un coup d'oeil sur les réponses par pays (tableau2.8). En effet, ils sont les seuls à préférer l'item «c'est le meilleur moyende garantir les droits des enfants» à «s'engager à être fidèle à sonconjoint» !

L'affirmation «prouver à l'autre qu'on l'aime vraiment» vientpresque partout en troisième position. Néanmoins, les Allemands de l'Est,les Grecs et les Espagnols inversent sa position avec l'item «ça aide àtraverser les difficultés» (51.5% contre 50.6% pour les premiers, 44.2%contre 43.8% pour les seconds et 53.3% contre 49.8% pour les derniers).

L'opinion «ça aide à traverser les difficultés» arrive le plus souventen quatrième position. Comme nous l'avons indiqué plus haut, elle estclassée en troisième position par les Espagnols (avec le pourcentage deréponses le plus élevé), les Allemands de l'Est et les Grecs (elle passemême en deuxième position chez ces deux derniers, quand on tientcompte des réponses «plutôt important»). Elle se retrouve en cinquièmeposition chez les Belges (24.6%) et les Britanniques (16.4%, ce qui estaussi le pourcentage le plus bas) et en sixième position chez les Danois(31.6%) et les Irlandais (21.5%). Cet item est encore celui qui révèle leplus grand écart entre les taux des réponses «tout-à-fait d'accord».

«Rendre la vie quotidienne plus pratique» arrive en cinquièmeposition, dans la plupart des pays, mais se retrouve en huitième positionchez les Britanniques (13%) et en neuvième position chez les Irlandais(19%) et les Néerlandais (14.6%), pays où les opinions se révèlent donc

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Tableau 2.8:Le mariage, c'est ...

Réponses selon les pays, CE 12

C'est s'engager à être fidèle àson conjoint

C'est le meilleur moyen degarantir les droits des enfants

C'est prouver à l'autre qu'onCalme vraiment

Ça aide à traverser plusfacilement les difficultés

C'est rendre la vie quotidienneplus pratique

C'est engager son avenir avecquelqu'un qui peut évoluerautrement que vous

C'est rendre plus difficile unerupture éventuelle

C'est transformer inutilementune affaire privée en quelquechose d'officiel

C'est renoncer à une partie desa liberté en acceptant lecontrôle de l'autre

C'est céder à la pression sociale

C'est s'enliser dans la routine

B

60.8

44.8

39.0

24.6

20.6

26.9

18.4

14.7

17.9

7.5

7.0

DK

75.2

68.5

44.0

31.6

36.6

24.6

36.7

13.2

18.4

4.4

6.1

WD

58.0

52.9

44.2

37.5

31.0

16.3

12.2

8.3

14.5

5.1

5.4

D

58.2

53.6

45.5

40.4

34.2

16.1

11.8

8.7

13.9

4.9

5.5

OD

59.2

56.3

50.6

51.5

46.3

15.2

10.5

10.4

11.7

4.2

5.8

GR

54.4

62.4

43.8

44.2

34.9

24.9

16.7

16.4

28.5

10.5

17.6

E

70.0

57.6

49.8

53.3

40.6

23.0

20.5

20.4

16.3

13.9

9.9

P

50.5

46.3

35.4

27.9

22.6

26.9

27.3

20.8

12.2

12.6

9.8

IRL

76.6

56.0

46.6

21.5

18.7

22.3

29.7

19.1

19.7

8.1

9.4

I

54.6

50.5

36.7

31.7

19.3

13.1

10.5

9.8

10.1

4.4

5.7

L

58.9

42.1

39.0

31.9

21.5

21.2

17.4

12.1

14.2

7.7

5.5

NL

77.8

50.8

37.7

26.1

14.6

23.6

25.8

19.4

17.5

6.8

5

P

54.7

43.5

42.3

28.6

24.1

8.3

16.6

10.4

6.8

5.9

6.6

UK

79.1

44.8

38.7

16.4

12.9

20.4

16.9

14.2

12.1

4.8

6.2

CE1 2

62.3

50.7

41.0

32.7

25.3

19.6

17.5

14.1

13.6

7.4

7.2

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Formation et dissolution des couples 55

beaucoup plus partagées. Quand on regroupe les réponses «tout-à-faitd'accord» et «plutôt d'accord», les Belges, les Français, lesLuxembourgeois, les Néerlandais et les Britanniques classent l'item«engager son avenir avec quelqu'un qui peut évoluer autrement que vous»en troisième position, les Irlandais en quatrième position, les Grecs enhuitième position, les Portugais en neuvième position et tous les autrespays en sixième position. Par conséquent, nous décelons ici deux groupesdistincts : les pays dont les habitants interrogés approuvent pleinement cetitem, sans pour autant en faire une priorité, et ceux dont les habitants ontdes avis nettement plus mitigés et/ou partagés. Les Belges (27% deréponses «tout-à-fait d'accord» et 48% de réponses «plutôt d'accord»)sont les plus chauds partisans du premier groupe et les Irlandais les plustièdes (22% de réponses «tout à fait d'accord» et 46% de réponses «plutôtd'accord»). Les Portugais (8% de réponses «tout à fait d'accord" et 38%de réponses «plutôt d'accord») sont les représentants les plus francs dudeuxième groupe, les Danois les plus partagés (25% de réponses «tout àfait d'accord» et 37% de réponses «plutôt d'accord») et les Allemands del'Ouest les plus mitigés (16% de réponses «tout à fait d'accord» et 49% deréponses «plutôt d'accord»). Lorsqu'on analyse l'item «rendre plusdifficile une rupture éventuelle», les Danois, surtout, (37% de réponses«tout à fait d'accord» et 26% de réponses «plutôt d'accord»), les Français(27% de réponses «tout à fait d'accord» et 35% de réponses «plutôtd'accord») et les Irlandais, dans une moindre mesure, (29.7% de réponses«tout à fait d'accord» et 30% de réponses «plutôt d'accord») sedémarquent nettement des Allemands des deux Allemandes (Ouest: 12%de réponses «tout à fait d'accord» et 26% de réponses «plutôt d'accord»;Est: 10.5% de réponses «tout à fait d'accord» et 21% de réponses «plutôtd'accord») et des Grecs (17% de réponses «tout à fait d'accord» et 29%de réponses «plutôt d'accord»). Si les premiers s'y montrent assezfavorables, les seconds par contre s'y opposent sans équivoque.

La proposition «transformer inutilement une affaire privée enquelque chose d'officiel» est classée en neuvième position par la majoritédes pays. Il s'agit du premier item clairement désapprouvé par tout lemonde. Cependant les Français, les Néerlandais et les Irlandais se

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56 Les Européens et la famille

montrent très partagés à ce sujet, avec environ 20% de réponses «tout àfait d'accord» et environ 25% pour chacune des trois autres réponsesproposées. Par contre, les Allemands (Ouest: 8% de réponses «tout à faitd'accord» et 23% de réponses «plutôt d'accord»; Est: 10% de réponses«tout à fait d'accord» et 16% de réponses «plutôt d'accord») et les Danois(13% de réponses «tout à fait d'accord» et 17% de réponses «plutôtd'accord») s'opposent assez radicalement à cette façon de voir.

Les Grecs (51% de réponses favorables) sont les seuls à ne pasdésapprouver l'item «s'enliser dans la routine». Par contre, lesNéerlandais (53% de réponses «pas du tout d'accord»), les Danois (48.2%de réponses «pas du tout d'accord») et les Espagnols (48% de réponses«pas du tout d'accord») le rejettent assez sèchement.

L'affirmation «céder à la pression sociale» est égalementfermement rejetée par les Danois (60% de réponses «pas du toutd'accord») et les Néerlandais (55% de réponses «pas du tout d'accord»).

La perspective de «renoncer à une partie de sa liberté en acceptantle contrôle d'un autre» entraîne des avis défavorables mais partagés chezles Espagnols, un peu plus défavorables mais moins partagés chez lesFrançais et clairement défavorables chez les Italiens. Les Grecs, de leurcôté, l'approuvent largement. Dans les autres pays, on note uneapprobation modérée, puisque cet item est classé en cinquième position enGrèce, en Irlande, aux Pays Bas et en Angleterre (au terme duregroupement des réponses «tout-à-fait d'accord» et «plutôt d'accord»).

En résumé, le mariage apparaît donc plus que jamais comme unserment d'amour et de fidélité, une garantie pour les enfants et pour lecouple.

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Graphique 2.3:Si vous étiez marié et ne vous entendiez plus avec votre conjoint, quelles sont les trois raisons

principales qui pourraient malgré tout vous pousser à ne pas divorcer(trois réponses maximum) , CE 12

Q75 • EUROBAROMETRE 39 • PRINTEMPS 1993

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58 Les Européens et la famille

ET SI ON DIVORÇAIT?...

Une hypothèse pourrait alors se dessiner: plus il y aurait demariage d'amour, plus il y aurait de divorce. Vérifions cela. Ce qui estsûr, de toute façon, c'est la croissance constante du nombre des divorces.

Pourquoi divorcer?

Assurément, le divorce se justifie aux yeux de la majorité de nosinterlocuteurs quand un des partenaires est violent (81%; graphique 2.3).Les répondants envisagent également de divorcer dans les cas suivants,classés par ordre décroissant (les avis devenant de plus en plus partagés):s'il n'y a plus de communication entre les conjoints (65%), si les conjointssont infidèles (61%), si les personnalités sont incompatibles (56%), si l'undes conjoints est dépendant de la boisson, de la drogue ou d'autre chose(54.5 %°et s'il n'y a plus d'intérêts communs, sauf la sécurité financière(47%).

Pourquoi éviter de divorcer?

Selon la majorité des répondants, si le couple ne peut avoird'enfant, il n'y a pas de raison de divorcer. Dans une moindre mesure eten ordre décroissant, les répondants n'envisagent pas de divorcer dans lescas suivants: si l'un des conjoints est systématiquement trop accaparé parson travail, si l'un ou l'autre est insatisfait de la répartition des rôles, sil'amour intense du début n'existe plus et qu'il ne reste que de l'amitié etdu respect, s'il y a de graves problèmes entre l'un des conjoints et l'un oul'autre des enfants du foyer et si les relations sexuelles ne sont plussatisfaisantes.

Divorce: les jeunes plus que les vieux

Dans l'ensemble, la hiérarchie générale est conservée (tableau 3.9).Plus les répondants des deux sexes sont âgés, plus ils sont réticents audivorce. La seule exception concerne la variable «l'un des conjoints est

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Formation et dissolution des couples 59

dépendant de la boisson, de la drogue ou d'autre chose», à propos duquelon constate que, plus les hommes sont âgés, plus ils sont favorables audivorce (encore que la pente de la courbe soit très douce: 48% pour les15-24 ans et 52% pour les plus de 55 ans). Le sommet de la courbeconcernant l'item «les personnalités sont incompatibles» se situe chez lespersonnes de 25 à 39 ans des deux sexes. Il se situe chez les hommes de 25à 39 ans pour l'item «il n'y a plus de communication entre les conjoints»et chez les femmes de 25 à 39 ans pour l'item «L'un des conjoints estdépendant de la boisson, de la drogue ou d'autre chose». En général, lesfemmes sont systématiquement plus favorables au divorce lorsque «l'undes partenaires est violent», lorsque «les conjoints sont infidèles» etlorsque «l'un des conjoints est dépendant de la boisson, de la drogue oud'autre chose». Les hommes sont systématiquement plus favorables audivorce quand «Les personnalités sont incompatibles» et ils se montrentmoins réticents à divorcer lorsque «les relations sexuelles ne sont plussatisfaisantes» et lorsque «l'amour intense du moment n'existe plus etqu'il ne reste que de l'amitié et du respect». Si les plus jeunes s'avèrentnettement favorables au divorce lorsqu'«il n'y a plus d'intérêts communs,sauf la sécurité financière», les plus âgés par contre s'y opposent.

Parents ou non...

11 n'y a guère de modification de la hiérarchie de ce point de vue.Dans la grande majorité des cas, nous découvrons une progression dans lesens vers une plus grande tolérance au divorce parmi les ex-parents, lesparents actuels et finalement les non-parents de plus de 25 ans.Néanmoins, lorsque «l'un des conjoints est dépendant de la boisson, de ladrogue ou d'autre chose», ce sont les non-parents de plus de 25 ans qui semontrent les moins favorables au divorce. Quand «l'un des partenaires estviolent» et quand «les conjoints sont infidèles», les parents actuels sont lesplus enclins à divorcer (tableau 2.10).

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60 Les Européens et la famille

Tableau 2.9:Si vous étiez mariés, envisageriez-vous plutôt de divorcer si ...

Réponses selon le sexe et l'âge, CE 12.

L'un des partenaires est violent

II n'y a plue de communicationentre les conjoints

Les conjoints sont infidèles

Les personnalités sontincompatibles

L'un des conjoints estdépendant de la boisson, de ladrogue ou d'autre chose

II n'y a plus d'intérêts communs.sauf la sécurité financière

L'amour intense du débutn'existe plus et qu'il ne resteque de l'amitié et du respect

Les relations sexuelles ne sontplus satisfaisantes

II y a de graves problèmes entrel'un des conjoints et l'un oul'autre des enfants du foyer

L'un ou F autre est insatisfait dela répartition des rôles dans lecouple

L'un des conjoints estsystématiquement tropaccaparé par son travail

Le couple ne peut pas avoird'enfant

Hommes

15-24

80.9

71.6

66.3

58.1

47.9

55.8

36.7

27.1

22.8

19.1

13.8

5.8

25-39

81.4

73.4

61.4

63.1

47.8

53.5

29.4

28.8

174

17.0

12.7

4.2

40-54

78.3

65.9

57.8

58.3

49.7

44.4

21.4

20.7

16.3

15.3

11.0

5.5

55+

75.0

57.1

56.0

51.7

51.8

34.4

14.7

13.7

14.7

12.1

9.0

4.5

Total

78.8

66.7

60.1

57.8

49.4

46.5

24.9

22.3

17.5

15.6

11.5

4.9

Femmes

15-24

89.1

73.7

73.1

57.0

58.1

61.4

32.7

24.2

22.5

18.7

17.2

4.1

25-39

87.1

68.9

63.6

60.8

59.6

56.7

25.4

23.0

25.5

16.7

13.0

3.9

40-54

87.2

65.5

61.5

57.5

58.3

45.0

16.9

15.8

22.6

17.2

10.9

3.0

55+

76.1

52.8

53.5

46

54.4

32.6

15.2

14.3

16.2

13.5

8.7

5.2

Total

83.7

63.5

61.4

54.3

57.3

46.8

21.4

18.7

21.1

16.1

11.8

4.2

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Formation et dissolution des couples 61

Dis-moi ton état civil, et je te dirai comment tu acceptes ledivorce

Dans l'ensemble, les personnes qui ont déjà connu une expériencede rupture sont plus facilement prêtes à divorcer que celles qui n'ont paseu cette expérience (tableau 2.11). Les «séparés», pour lesquels le vécu dela rupture semble le plus aigu, ont la propension à divorcer la plus élevée,et les veufs la moins élevée. Ces derniers s'opposent au divorce lorsqu'iln'y a plus d'intérêts communs, sauf la sécurité financière» (29% deréponses favorables au divorce contre 57% de réponses défavorables),ainsi que les couples mariés n'ayant jamais cohabité (38% de réponsesfavorables au divorce contre 48.8% de réponses défavorables), alors quetous les autres y sont favorables (réponses favorables au divorce oscillantentre 54% pour les célibataires n'ayant jamais cohabité et 70% pour lescélibataires ne vivant pas actuellement en couple mais ayant déjàcohabité). Globalement, tout le monde classe les affirmations «l'un despartenaires est violent» et «il n'y a plus de communication entre lesconjoints» en première et deuxième position (avec des réponsesfavorables oscillant entre 93% pour les personnes séparées et 75% pourles veufs —dans le premier cas— et entre 81% pour les personnesdivorcées et 59% pour les personnes mariées n'ayant jamais cohabité—dans le deuxième cas). Seuls les veufs font exception en classant l'item«II n'y a plus de communication entre les conjoints» en quatrièmeposition, avec 51% de réponses favorables; chez ces personnes, ledeuxième motif de divorce se rencontre lorsque «l'un des conjoints estdépendant de la boisson, de la drogue ou d'autre chose» avec seulement, ilest vrai, 54% de réponses favorables. Pour les personnes divorcées, celui-ci s'avère être le troisième motif de divorce, avec 71% de réponsesfavorables. L'infidélité des conjoints constitue le troisième motif dedivorcer pour les séparés (75%), les célibataires ne vivant pas en coupleet n'ayant jamais cohabité (66%), les mariés n'ayant jamais cohabité(58.5%) et les veufs (52%); cette proposition ne devient le sixième motifde divorcer que pour les cohabitants non mariés ayant déjà cohabité(58%), ceux-ci choisissant l'item «il n'y a plus d'intérêts communs, saufla sécurité financière» comme troisième raison de divorcer (69%).

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62 Les Européens et la famille

Tableau 2.10:Si vous étiez mariés, envisageriez-vous plutôt de divorcer si ...

Réponses selon l'expérience parentale, CE 12.

L'un des partenaires est violent

II n'y a plus de communicationentre les conjoints

Les conjointe sont infidèles

Les personnalités sontincompatibles '

L'un des conjoints estdépendant de la boisson, de ladrogue ou d'autre chose

II n'y a plue d'intérêts communs.sauf la sécurité financière

L'amour intense du débutn'existe plus et qu'il ne resteque de l'amitié et du respect

Les relations sexuelles ne sontplus satisfaisantes

II y a de graves problèmes entrel'un des conjoints et l'un oul'autre des enfants du foyer

L'un ou l' autre est insatisfait dela repartition des rôles dans lecouple

L'un des conjoints estsystématiquement tropaccaparé par son travail

Le couple ne peut pas avoird'enfant

Non-parents

15-24ans

84.5

72,4

69.5

57.8

51.9

58.3

35.1

25.4

22.4

18.5

15.1

5.1

25 ans+

79.8

67.4

58.3

60.5

52.1

51.1

25.7

25.5

18.1

18.6

12.1

4.4

Ex-parents

79.8

58.8

55.4

50.9

53.4

37.7

15.9

15.5

16.8

12.4

8.9

4.8

Parentsactuels

81.6

- 64.2

61.0

55.9

54.8

44.5

20.6

18.6

20.1

15.3

11.4

4.2

Parents de

1enfant

82.1

65.1

60.1

55.5

54.4

45.6

21.5

20.1

19.0

15.7

11.1

4.0

2enfants

83.0

66.2

62.8

58.4

55.9

46.9

20.4

18.6

21.0

15.6

11.4

4.2

3enfants

80.9

59.9

62.5

55.0

55.4

37.7

19.3

15.5

21.8

13.8

11.4

5.6

4entantset+

74.6

56.1

54.8

48.2

50.5

40.0

19.1

16.0

20.4

12.8

14.5

3.6

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Formation et dissolution des couples 63

Selon l'opinion des personnes mariées ayant cohabité (66.5%), despersonnes remariées (64%), des cohabitants actuels sans expérience decohabitation préalable (71%) et des célibataires ayant eu une expériencede cohabitation antérieure (72%), la troisième raison de divorcer apparaîtlorsque «Les personnalités sont incompatibles».

Les items «le couple ne peut avoir d'enfant», «l'un des conjoints estsystématiquement trop accaparé par son travail» et «'un ou l'autre estinsatisfait de la répartition des rôles» sont respectivement classés par toutle monde en première, deuxième et troisième position parmi les motifs dene pas divorcer. Toutefois, un certain nombre préfèrent classer l'item «ily a de graves problèmes entre l'un des conjoints et l'un ou l'autre desenfants du foyer» en troisième position: ce sont les séparés, les divorcés etles célibataires ne vivant pas en couple mais ayant une expérience decohabitation . Si «l'amour intense du moment n'existe plus et qu'il nereste que de l'amitié et du respect» et si «les relations sexuelles ne sontplus satisfaisantes», le divorce ne se justifie pas; les réponses favorablesau divorce fluctuent tout de même entre 38% pour les célibataires nevivant pas en couple actuellement et 16% pour les veufs (dans le premiercas) et 39.5% et 14% (dans le deuxième cas).

Européens: à chacun ses raisons de divorcer...

Comment se distribue l'ensemble des raisons de divorcer quiagréent la plupart des répondants dans les différents pays de laCommunauté Européenne?

Les Danois sont quasiment unanimes pour justifier un divorcequand «l'un des partenaires est violent», tandis que les Allemands de l'Estet les Français les suivent de peu (tableau 2.12). Les Portugais et lesEspagnols sont nettement plus partagés mais optent en majorité, malgrétout, pour le divorce. Les Portugais et les Luxembourgeois comptent leplus d'indécis dans leurs rangs. Les Danois, surtout, les Français et les

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64 Les Européens et la famille

Tableau 2.11:Si vous étiez mariés, envisageriez-vous plutôt de divorcer si ...

Réponses selon le statut matrimonial, CE 12.

L'un des partenaires est violent

II n'y a plus de communicationentre les conjointe

Les conjoints sont infidèles

Les personnalités sontincompatibles

L'un des conjoints estdépendant de la boisson, de ladrogue ou d'autre chose

II n'y a plus d'intérêts communs.sauf la sécurité financière

L'amour intense du débutn'existe plus et qu'il ne resteque de l'amitié et du respect

Les relations sexuelles ne sontplus satisfaisantes

II y a de graves problèmes entrel'un des conjoints et l'un oul'autre des entants du foyer

L'un ou F autre est insatisfait dela répartition des rôles dans lecouple

L'un des conjoints estsystématiquement tropaccapare par son travail

Le couple ne peut pas avoird'enfant

Vivant en couple

Mariésans

cohabit.ant

78.7

59.0

58.1

51.2

51.4

38.3

17.0

14.0

16.2

12.5

9.3

4.0

Mariéavec

cohabit.ant.

88.1

76.4

61.2

66.5

56.8

54.3

22.9

24.8

25.7

18.4

12.9

5.3

Remarié

84.0

66.3

63.1

64.2

56.4

57.9

20.1

21.2

23.5

12.2

8.7

6.5

Célibat.sans

cohabit.ant.

92.7

72.8

68.2

71.0

58.6

62.6

27.3

31.2

23.1

15.5

11.1

5.0

Célibat.avec

cohabit.ant

93.8

79.0

-57.6

68.9

60.1

69.0

30.6

30.8

23.2

21.8

22.0

5.4

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant.

80.9

70.0

65.7

57.6

51.4

54.2

32.3

25.7

20.8

18.1

14.0

4.5

Célibat.avec

cohabit.ant.

89.0

79.4

64.1

71.6

57.4

69.9

38.0

39.5

23.3

27.5

16.9

5.3

Divorcé

90.7

80.7

67.2

68.0

70.9

62.5

29.5

28.0

28.1

27.8

20.1

5.0

Séparé

93.1

80.1

74.7

64.8

60.5

61.8

32.8

36.0

29.0

30.4

19.8

6.2

Veuf

75.1

51.3

52.3

43.3

53.7

29.4

15.6

14.4

16.4

11.4

6.8

4.5

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Formation et dissolution des couples 65

Hollandais, ensuite, optent pour le divorce sans trop d'hésitation,lorsqu'il n'y a plus de communication entre les conjoints». Les Portugaiset les Irlandais sont assez partagés, les premiers étant les plus indécis.

L'infidélité semble la première justification du divorce chez lesGrecs et chez les Portugais. Les Portugais semblent prêts à divorcer plusfacilement en cas d'infidélité qu'en cas de violence oud'incommunicabilité entre les conjoints. Les Grecs, pour leur part, sontprêts à divorcer en cas d'infidélité, aussi facilement qu'en cas de violenceentre les conjoints. Par contre, les Danois se montrent très indécis dans cedernier cas. Pour les Français, il semble aussi justifié de divorcer lorsque«les personnalités sont incompatibles» que lorsqu'il n'y a plus decommunication entre les conjoints». Ils sont d'ailleurs les seuls à défendreaussi nettement cette opinion. Au contraire, les Irlandais ne semblent pasprêts à divorcer dans ce cas. Les Portugais et les Grecs sont assezpartagés. Les Français se montrent, à nouveau et nettement, les plusfavorables au divorce lorsque «l'un des conjoints est dépendant de laboisson, de la drogue ou d'autre chose». Les plus partagés se révèlent êtreles Luxembourgeois. Les Irlandais (55%) ne sont pas prêts à divorcerquand «il n'y a plus d'intérêts communs, sauf la sécurité financière»;suivent en ordre décroissant —les avis étant néanmoins plus partagés—,les Belges, les Portugais, les Grecs, les Luxembourgeois, les Italiens et lesEspagnols. Les Français, les Allemands de l'Est et les Danois sont les plusenclins à divorcer dans ce cas.

... et ses raisons d'éviter le divorce

Interrogeons-nous de la même manière sur les situations qui nejustifieraient pas un divorce aux yeux de l'ensemble des répondants.

Lorsque «le couple ne peut avoir d'enfant», on préfère ne pasdivorcer, tout le monde semble d'accord là-dessus. Les Hollandais sontmoins enclins à éviter le divorce quand «l'un des conjoints estsystématiquement trop accaparé par son travail». Les Grecs sont les plusdisposés à ne pas divorcer dans ce cas. Les Grecs, les Portugais et, dans

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Tableau 2.12:SI vous étiez mariés, envisageriez-vous plutôt de divorcer si ...

Réponses selon les pays. CE 19.

L'un des partenaires est violent

II n'y a plus de communicationentre les conjoints

Les conjoints sont Infidèles

Les personnalités sontincompatibles

L'un des conjoints estdépendant de ta boisson, de ladrogue ou d'autre chose

II n'y a plus d'intérêts communs.sauf la sécurité financière

L'amour intense du débutn'existe plus et qu'il ne resteque de Famille et du respect

Les relations sexuelles ne sontplus satisfaisantes

II y a de graves problèmes entrel'un des conjoints et l'un oul'autre des enfants du foyer

L'un ou l'autre est insatisfait dela répartition des rôles dans lecouple

L'un des conjoints estsystématiquement tropaccaparé par son travail

Le couple ne peut pas avoird'enfant

B

78.4

64.8

59.6

60.0

53.9

38.1

14.4

15.9

14.8

15.6

10.2

5.3

DK

91.6

79.2

61.2

56.7

59.5

55.9

25.2

17.1

13.0

14.3

5.4

1.7

WD

84.8

67,4

57.2

51.5

47.0

47.4

20.7

18.9

14.8

14.6

9.0

3.1

D

85.7

67.9

57.7

52.7

48.5

49.5

22.1

20.5

15.4

14.8

8.6

3.3

00

88.8

69.9

59.7

57.3

54.4

57.5

27.7

27.0

17.7

15.5

7.1.

4.1

GR

72.2

60.3

74.4

45.8

51.1

42.8

19.7

22.1

8.1

9.9

11.2

4.5

E

68.3

60.0

63.6

47.2

43.4

41.3

26.1

18.1

13.6

18.2

9.0

2.1

F

88.5

71.6

65.8

72.1

68.5

58.8

25.3

30.7

28.5

20.4

14.5

10.0

IRL

71.2

48.7

50.0

33.7

52.4

31.5

22.4

21.0

29.2

15.8

14.1

4.1

I

77.3

57.5

61.1

57.1

57.0

39.9

19.8

18.0

13.8

14.5

9.4

4.9

L

78.6

57.3

56.6

61.2

41.3

39.7

14.6

19.9

13.5

5.9

11.1

7.0

NL

82.7

71.0

57.7

57.8

50.7

46.3

15.0

12.6

9.6

11.2

18.4

2.6

P

61.6

45.2

69.1

41.2

43.2

36.5

26.6

17.2

17.9

5.4

10.7

3.5

UK

85.6

68.0

56.1

54.1

51.7

45.4

27.1

17.6

31.3

17.2

16.5

3.1

CE1 2

81.4

65.0

60.8

56.0

53.5

46.7

23.1

20.4

19.4

15.9

11.7

4.5

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Formation et dissolution des couples 67

une moindre mesure, les Luxembourgeois sont les plus réfractaires audivorce quand «l'un ou l'autre est insatisfait de la répartition des rôles».Les Espagnols, par contre, sont un peu plus partagés, même s'ils restentdans l'ensemble plutôt opposés à un divorce. Parmi les Grecs, lesLuxembourgeois et les Belges, il est plus de répondants pour trouver quele fait que «l'amour intense du moment n'existe plus et qu'il ne reste quede l'amitié et du respect» ne justifie pas un divorce. Les Portugais sont lesplus indécis à ce propos.

Pour les Grecs, surtout, qu'il existe de graves problèmes entre l'undes conjoints et l'un ou l'autre des enfants du foyer, n'est sûrement pasune cause de divorce. Après les Grecs et à une bonne distance, lesHollandais et les Espagnols se montrent les plus réfractaires au divorcepour cette raison.

Finalement, nous ne décelons que peu de variations entre pays àpropos de l'item «Les relations sexuelles ne sont plus satisfaisantes». Onnote simplement une proportion assez importante d'hésitants chez lesDanois, les Hollandais et les Italiens.

ET SI ÇA NE VALAIT PAS LA PEINE DE DIVORCER?...

Il apparaît par ailleurs que le divorce n'est vraiment pas conseillés'il y a des enfants, surtout en bas âge (62%; graphique 2.4)), maiségalement lorsqu'ils sont déjà adolescents (34%). Nombreux sont ceux quipensent qu'ils fuiraient ainsi leurs responsabilités (32.5%). Ensuite, c'estla crainte de se retrouver seul qui retiendrait les gens de divorcer (29%).Les autres raisons invoquées suivent dans un ordre décroissant: «c'esttoujours un échec» (21.5%), «cela entraîne de lourdes difficultésmatérielles» (20%), «c'est être en désaccord avec ses convictionsreligieuses» (12%). Il est à noter que 10% «ne savent pas». Les deuxdernières .raisons n'ont guère d'importance: «ce n'est pas toujours bienaccepté par les autres» (6%), «c'est préjudiciable à la carrièreprofessionnelle» (3%).

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68 Les Européens et la famille

Graphique 2.4:Motifs pour ne pas divorcer, CE 12.

Tableau 2.13:Si vous étiez marié; et ne vous entendiez plus avec votre conjoint, quelles sont les trois raisons

principales qui pourraient malgré tout vous pousser à ne pas divorcer ?Réponses selon le sexe et l'âge, CE 12.

C'est peu conseille s'il y a desenfante en bas âge

C'est peu conseillé s'il y a desenfants adolescents

C'est fuir ses responsabilités

C'est se retrouver seul

C'est toujours un échec

Cela entraine de lourdesdifficultés matérielles

C'est être en désaccord avecvos convictions religieuses

NSP

Ce n'est pas toujours bienaccepté par les autres

C'est préjudiciable à votrecarrière professionnelle

Hommes

15-24

68.5

34.7

33.5

26.3

22.0

18.0

7.0

10.3

6.6

3.4

25-39

639

32.6

34,7

27.0

21 1

16.0

78

12.0

5.1

2.6

40-54

64.6

39.2

40.2

285

23.1

20.5

8.5

82

4 3

25

55+

57 1

32.9

35.5

31.3

24 7

19.0

16.3

9 4

58

3.1

Total

63.1

34.7

36 0

28 4

22.8

18.3

102

10.0

5.4

2.9

Femmes

15-24

62.6

33.0

31.5

29.4

21 3

19.9

9.9

9.6

7.6

2.9

25-39

61.9

29.9

30.9

28.1

20.6

23.3

8 4

11.8

5.7

2.3

40-54

59.1

35.6

30.3

24.5

18.8

23.2

11.6

11.0

7.1

4 4

55+

60.7

32.2

26.4

33.0

20.8

20.4

20.7

8.9

6.9

3.4

Total

61.0

32.5

29.3

29.2

20.4

21.7

13.6

10.2

6.8

3.3

Note: Les question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que. de la hâte des possibilités offertes auxrepondants, plusieurs réponses étaient admises; dans ce cas-ci, trois. En conséquence, la somme des fréquencesde réponses données est supérieure à 100%.

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Formation et dissolution des couples 69

Le temps affermit les couples

Les hommes invoquent les enfants et l'item «fuir sesresponsabilités» plus souvent que les femmes, la différence étant plusnette dans ce deuxième cas (7%). Les femmes, par contre, mentionnent unpeu plus souvent la solitude, les difficultés matérielles et la religion. Ladifférence la plus nette se rencontre avec l'item «c'est être en désaccordavec ses convictions religieuses» (3% de différence).

Plus les répondants sont jeunes, plus ils proposent la question desenfants en bas âge. Le groupe d'âge de 40-54 ans, pour sa part, sedistingue des autres en proposant plutôt les adolescents. Les personnes deplus de 55 ans invoquent moins souvent le fait de «fuir sesresponsabilités» que les autres groupes d'âges; l'inverse est vrai pourl'item «se retrouver seul». De même, ces personnes sont beaucoup plussensibles à l'item «être en désaccord avec ses convictions religieuses».

Plus les hommes sont jeunes, plus ils se préoccupent de la questiondes enfants en bas âge; les femmes proposent systématiquement moins cetitem que les hommes. Chez elles, les différences entre les âges sontnettement plus faibles que chez les hommes. Comme nous l'avonsmentionné ci-dessus, les hommes proposent plus souvent les adolescentsque les femmes. Le groupe d'âge de 40-54 ans se préoccupe plusparticulièrement des adolescents, tant chez les hommes que chez lesfemmes. Les hommes se sentent plus systématiquement concernés par laperspective de fuir ses responsabilités que les femmes. Les hommes de 40à 54 ans y sont particulièrement sensibles, au contraire des femmes qui,moins elles sont âgées, moins elles se sentent concernées.

On ne s'étonnera pas que les personnes de plus de 55 ans —plusparticulièrement les femmes—, craignent de se retrouver seules. D'autrepart, les femmes sont systématiquement plus réticentes au divorce enraison de leurs convictions religieuses. Plus elles sont âgées, plus elles ysont sensibles, la différence la plus nette se rencontrant entre les groupes

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70 Les Européens et la famille

Tableau 2.14Si vous étiez mariés et ne vous entendiez plus avec votre conjoint, quelles sont les trois raisons

principales qui pourraient malgré tout vous pousser à ne pas divorcer ?Réponses selon l'expérience parentale, CE 12.

C'est peu conseillé s'il y a desentants en bas âge

C'est peu conseillé s'il y a desenfants adolescents

C'est fuir ses responsabilités

C'est se retrouver seul

C'est toujours un échec

Cela entraine de lourdesdifficultés materielles

C'est être en desaccord avecvos convictions religieuses

NSP

Ce n'est pas toujours bienaccepté par les autres

C'est préjudiciable à votrecarriere professionnelle

Non-parents

15-24ans

66.2

34.1

32.9

27.5

21.7

18.9

8.9

9 7

6.9

3.0

25ans+

55.7

31.3

28.7

29.3

23.3

174

11.1

13.8

5.0

4.0

Ex-parents

59.7

32.4

33.7

32.4

22.1

21.4

15 1

9 4

5.9

3.0

Parentsactuels

64.3

35.0

33.5

27.3

20.4

21

11.9

9.0

6.4

2.7

Parents de

1enfant

61.5

30.9

33.5

28.4

21.7

21.6

11.9

9.7

6.3

3.2

2enfants

66.6

37.3

35.0

27.1

20.7

21.2

9.8

8.6

5.9

2.8

3enfants

69.2

40.9

32.5

24.9

174

21.1

15.2

7.9

7.7

2.1

4enfantset+

61.0

36.7

28.1

28.0

17.5

15.9

19.8

10.2

8.4

0.7

Note: voir tableau 2.13Tableau 2.15:

Si vous étiez mariées ne vous entendiez plus avec votre conjoint, quelles sont les trois raisonsprincipales qui pourraient malgré tout vous pousser à ne pas divorcer ?

Réponses selon le statut matrimonial, CE 12.

C'est peu conseillé s'il y a desentants en bas âge

C'est peu conseillé s'il y a desenfants adolescente

C'est fuir ses responsabilités

C'est ce retrouver seul

C'est toujours un échec

Cela entraîne de lourdesdifficultés matérielles

C'est être en désaccord avecvos convictions religieuses

Ne Sa» Pas

Ce n'est pas toujours bienaccepté par les autres

C'est préjudiciable à votrecarrière professionnelle

Vivant en couple

Mariésans

cohabit.ant

634

36.2

35.3

29.0

224

19.8

14.4

8 4

6.7

2.7

Mariéavec

cohabit.ant

63.3

31 1

39.7

31.8

204

227

6.0

7.0

4.4

3.6

Remarié

60.7

26.3

32.2

30 1

20.2

27.4

4.5

12.2

3.7

3.2

Célibat.sans

cohabit.ant

61.8

26.0

34.2

32.2

19 1

23.7

1.3

12.4

2.3

3.6

Célibatavec

cohabit.ant

56.9

28.5

32.7

33.6

22.9

23.8

2.6

13.8

3.2

3.6

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant

64.1

35.8

30.6

26.0

22.0

15.8

11.8

10.9

6.3

2.9

Célibatavec

cohabit.ant

60.1

28.5

25.2

256

20.9

21.4

3.6

16.1

4.7

4.3

Divorcé

45.8

24.1

22.0

33.1

19.3

34.7

9.7

11.6

8.0

4.3

Séparé

56.9

22.9

22.9

35.4

19.6

27.6

6.3

14.0

11.5

5.9

Veuf

59.9

28.9

27.1

32.4

19.8

16.0

18.9

11.0

5.8

3.2

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Formation et dissolution des couples 71

des 40-54 ans et des plus de 55 ans. Chez les hommes, plus on est âgé,plus on invoque les convictions religieuses. La différence la plus nette serencontre entre les groupes des 40-54 ans et des plus de 55 ans.

Les parents très conscientisés

Ici, les différences sont dans l'ensemble peu importantes (tableau .Nous pouvons néanmoins affirmer que les craintes concernant les enfant.)et les responsabilités ont davantage préoccupé les parents actuels. Lesopinions «se retrouver seul» et «être en désaccord avec ses convictionsreligieuses» préoccupent plus les ex-parents, tandis que les non-parentsreconnaissent nettement plus souvent que les autres ne pas savoir; lorsqueces derniers se prononcent, ils opteraient plutôt pour le motif «c'esttoujours un échec».

Jusqu'au troisième enfant, plus les parents ont d'enfants —quel quesoit leur âge— et plus ils considèrent qu'un divorce est déconseillé; parcontre, cette préoccupation décroît quand il y a au moins quatre enfants.La préoccupation décroît également pour l'item «fuir ses responsabilités»,et ce dès le troisième enfant. En revanche, plus on a d'enfants et plus onest réticent au divorce en raison de ses convictions religieuses.

Pas de divorce sans mariage

Tout le monde est d'accord pour considérer en premier lieu qu'undivorce est peu conseillé s'il y a des enfants en bas âge (tableau 2.15).«C'est peu conseillé quand il y a des enfants adolescents» vient endeuxième position chez les personnes mariées sans cohabitationantérieure, chez les célibataires ne vivant pas en couple et n'ayant aucuneexpérience de cohabitation antérieure et chez tes célibataires ne vivant pasen couple et ayant une expérience de cohabitation antérieure.L'affirmation «c'est se retrouver seul» apparaît en deuxième lieu chez lespersonnes mariées ayant cohabité auparavant, les cohabitants non mariésayant déjà cohabité antérieurement, les personnes séparées et les veuves.Les personnes remariées et les cohabitants non mariés sans expérience

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Tableau 2.16:SI vous étiez mariés et ne vous entendiez plus avec votre conjoint, quelles sont les trois raisons

principales qui pourraient malgré tout vous pousser à ne pas divorcer ?Réponses selon les pays, CE 12.

C'est peu conseillé s'il y a desenfants en bas âge

C'est peu conseillé s'il y a desentants adolescents

C'est fuir ses responsabilités

C'est se retrouver seul

C'est toujours un échec

Cela entraîne de lourdesdifficultés matérielles

C'est être en désaccord avecvos convictions religieuses

NSP

Ce n'est pas toujours bienaccepté par les autres

C'est préjudiciable à votrecarrière professionnelle

B

59.1

33.8

30.0

31.6

26.8

20.0

10.5

7.8

6.5

3.5

DK

60.9

32.3

36.2

17.8

22.0

23.3

2.7

12.1

4.7

1.3

WD

53.9

26.3

39.1

31.5

26.7

31.7

10.2

8.5

8.0

4.0

D

53.5

25.5

41.9

32.9

26.5

30.6

9.2

8.3

7.7

4.0

OD

52.1

22.3

52.4

38.1

25.9

26.4

5.4

7.6

6.5

4.2

GR

80.3

48.2

18.8

23.1

19.6

4.8

12.9

5.2

16.9

1.6

E

65.9

38.5

22.9

21.9

12.6

11.5

16.3

14.7

5.1

2.1

F

65.8

35.8

24.5

32,7

29.9

20.3

5.7

9.4

5.0

3.4

IRL

65.2

34.1

37.2

29.2

7.9

19.7

27.7

11.4

9.6

4.2

I

66.2

41.3

29.2

26.3

32.0

10.2

17.9

7.6

4.2

1.6

L

61.1

40.3

25.8

21.9

12.5

20.4

8.8

14.1

5.1

2.9

NL

62.2

40.3

37.6

17.2

7.2

13.1

10.2

13.5

5.6

2.4

P

48.7

36.6

18.8

34.9

17.8

6.1

15.5

18.8

13.7

5.5

UK

63.5

27.4

39.5

29.8

6.0

26.6

12.8

11.6

4.5

3.5

CE1 2

62

33.6

32.5

28.8

21.5

20.1

11.9

10.1

6.1

3.1

Note: Les question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que. de la liste des possibilités offertes auxrépondants, plusieurs réponses étalent admises; dans ce cas-ci, trois. En conséquence, la somme des fréquencesde réponses données est supérieure à 100%.

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Formation et dissolution des couples 73

antérieure de cohabitation placent l'item «c'est fuir ses responsabilités» .endeuxième position. Par contre, pour les divorcés, ce sont plutôt leslourdes difficultés matérielles qu'un divorce peut entraîner qui posentproblème (deuxième position). De toute manière, les fluctuations pourl'ensemble des réponses concernant les trois items «c'est peu conseilléquand il y a des enfants adolescents», «c'est fuir ses responsabilités» et«c'est se retrouver seul» n'oscillent qu'entre 23% et 36%.

A chaque pays ses réticences

Les personnes interrogées quelque soit leur pays d'origine,répondent quasi unanimement en premier lieu que le divorce «est peuconseillé quand il y a des enfants en bas âge» (tableau 2.16). Seuls lesAllemands de l'ex-RDA se distinguent; pour eux, divorcer revient plutôtà «fuir ses responsabilités». De toute manière, même ici, le motif d'avoirdes enfants en bas âge vient en deuxième lieu. Une grande majorité desautres pays propose en deuxième lieu l'affirmation «c'est peu conseilléquand il y a des adolescents». Sauf pour les Danois et les Irlandais —pourlesquels cet item vient en troisième lieu— et les Allemands des deuxAllemandes ainsi que les Britanniques —pour lesquels cet item n'est pasrepris dans les trois premiers cités.

Néanmoins, on peut d'ores et déjà affirmer que la première raisonpour ne pas divorcer est la présence des enfants, quel soit leur âge (si onregroupe les deux items concernés, le pourcentage de réponses se trouvetrès au dessus des autres items, même pour l'Allemagne de l'Est). Laproposition «c'est fuir ses responsabilités» est mise en deuxième place parles Danois, les Irlandais, les Allemands de l'Ouest et les Britanniques ,alors que les Allemands de l'Est l'ont classée en premier lieu, commenous l'avons écrit plus haut. Seuls les Espagnols, les Luxembourgeois etles Hollandais ne se prononcent pour cet item qu'en troisième lieu. Parcontre, les Belges, les Grecs, les Français, les Italiens et les Portugais necitent pas du tout cet item parmi les trois premiers choix. «C'est seretrouver seul» est la proposition classée en troisième position dans lespays suivants: la Belgique, l'Allemagne de l'Est, la Grèce, la France, le

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74 Les Européens et la famille

Portugal et le Royaume-Uni. Les Italiens placent également «c'esttoujours un échec» en troisième lieu et les Allemands de l'Ouest font demême avec l'item «cela entraîne de lourdes difficultés matérielles». II fautnoter que, même s'il rencontre peu d'écho dans l'ensemble, l'item «c'estêtre en désaccord avec ses convictions religieuses» enlève tout de même11.3% des suffrages en Irlande.

CONCLUSION: LA FAMILLE, UNE AFFAIRE DE COUPLE

La famille contemporaine se forme autour du couple. Celui-ci seconstruit comme un édifice dont la base serait le respect mutuel de chacundes partenaires, les piliers l'indépendance, la sexualité et les moyensfinanciers et la clef de voûte l'amour. Cet édifice est fragile et instable,les failles le guettent. Il requiert un ciment d'autant plus puissant quel'enfant d'aujourd'hui est de plus en plus le fruit du désir et de l'amour, etdonc un sujet d'investissement affectif (cette dimension est plusdéstabilisatrice qu'auparavant, à une époque où l'enfant était plutôt vucomme un «outil» de production et une assurance pour le futur).

Trois scénarios typiques nous semblent se dégager.Premier scénario: on se rencontre, on s'aime, on s'aime déjà

physiquement (ou non), on veut vivre ensemble, on désire des enfants.D'emblée on se marie, on se jure fidélité et amour pour toujours, c'est-à-dire qu'on fait un grand pas ritualisé qui marque bien l'avant et l'après:un saut dans une grande aventure qu'on espère merveilleuse. On s'engagedevant les autres, bien sûr, mais surtout on s'engage devant son conjoint:c'est avant tout un contrat individuel, ce n'est plus un contrat social. Onconstruit son couple dans le mariage avec les matériaux qu'on juge lesplus solides, telle la fidélité. Si on est persuadé que la stabilité est mieuxgarantie, tant émotionnellement que matériellement, l'enfant peut naîtretout de suite. C'est le modèle dominant, qui fonctionne déjà depuis ledébut du siècle et où le contenu individuel du contrat de mariage aprogressivement supplanté le contenu social.

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Formation et dissolution des couples 75

Deuxième scénario, qui tend peu à peu à supplanter le premier chezles plus jeunes et les plus scolarisés: on se rencontre, on s'aime, on s'aimephysiquement, on veut vérifier si on peut vivre ensemble, on souhaiteapprendre à se connaître mieux, on compte découvrir si on peut sesupporter au quotidien; on ne se jure pas nécessairement fidélité, mais onessaye d'être fidèle. Certes, la rupture est toujours possible, toujoursenvisageable, mais comme en filigrane. Si on se supporte encore, si ons'aime toujours et que le désir d'enfant point et que l'enfant paraît, on semariera peut-être pour la sécurité des enfants, mais aussi parce qu'onestime qu'on pourra s'aimer longtemps, se respecter et communiquersuffisamment. L'engagement est moins solemnel, mais le couple est déjàconstruit et chacun en connaît les forces et les faiblesses.

Troisième scénario, peut-être celui des «militants»: on ne se mariepas, mais on a aussi, il est vrai, un désir d'enfants qui semble moins aigu.

Enfin, on divorce quand le respect ne peut plus s'exprimer ou quel'on n'arrive pas à tenir ses engagements de fidélité. Malgré tout, onessaie de tenir bon, surtout lorsqu'on on a des enfants. On ne divorce pasnécessairement quand on ne s'aime plus, quand on ne s'entend plussexuellement et quand on ne peut avoir d'enfant. A première vue, cesvaleurs sont constructrices quand elles sont présentes, mais ne sont pasdestructrices quand elles sont absentes.

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CHAPITRE III

IMAGES DE LA FAMILLE ET DES COUPLES

Comme le chapitre un nous l'a montré, la famille et le coupletraditionnels ont subi des transformations profondes. Il était doncimportant de déterminer comment les Européens perçoivent leur nouvelleimage.

L'IMPORTANCE DE LA FAMILLE

Comme l'enquête actuelle a la famille pour objet principal, il. s'estavéré essentiel qu'une des premières questions posées aux personnesinterrogées soit d'évaluer l'importance qui lui est accordée. Pour ce faire,une question classique de l'EVSSG (European Value System StudyGroup) et d'autres enquêtes, a été reprise et un item lui fut ajouté: la viede couple. On se souvient en effet que le chapitre précédent a mis enévidence l'importance du projet conjugal.

Bien qu'elle ait traversé de nombreuses turbulences durant lestrois dernières décennies, la famille reste pour la majorité des Européensune valeur essentielle, puisque 96% d'entre eux la place au premier rangdes domaines de la vie «plutôt important(s)» (voir graphique 3.1).Viennent ensuite, dans l'ordre, le travail, les amis et les connaissances, lesloisirs, la vie de couple. Comme il est apparu lors d'enquêtes antérieures,la religion et la politique semblent moins prisées par nos concitoyenseuropéens.

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78 Les Européens et la famille

Graphique 3.1 :Hiérarchie des valeurs dans la Communauté européenne, CE 12.

Question 92: veuillez rrrindiquer si le travail, la (amie, lesamis et les connaissances, les loisirs, la politique, larégion et la vie de couple constituent pour vous quelquechose de très important.

092 • EUROBAROMETRE 39 • PRINTEMPS 1993

Tableau 3.1 :Hiérarchie des valeurs dans la Communauté européenne,

répartition selon le sexe et l'âge, CE 12.

La famille

Le travail

Les anus et les connaissances

Les loisirs

La vie de couple

La religion

La politique

Hommes

15-24

93.0

92.3

93.3

90.1

73.3

29.2

374

25-39

930

94.2

88.7

89.3

87.8

23.0

36.9

40-54

96 6

95.0

87.1

86.3

90.2

33.3

42.3

55+

96.8

89.8

86.2

82.6

89.5

49 4

44.4

Total

94 9

92.8

88.6

86.9

85.9

34.1

40.4

Femmes

15-24

93.3

90.0

90.8

867

76.8

32.7

26.5

25-39

96.9

88 1

89.4

87.5

87.8

33.8

30.2

40-54

97.2

89.4

87.8

82.5

85.2

42.6

34.3

55+

97.4

85.3

85.5

75.0

80.3

58.6

29.3

Total

96.5

87.8

88.0

82.0

82.7

44.0

30.1

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Images de la famille et des couples 79

Des nuances dans l'unanimité

Si la famille remporte une adhésion générale, certaines nuancesdoivent cependant être apportées. Par exemple, les femmes mentionnentla famille avec plus d'insistance que les hommes. En général, plus laclasse d'âge s'élève, plus on observe une légère augmentation despourcentages d'adhésion, et cela pour les deux sexes (voir tableau 3.1).Pour les hommes jeunes (15-24 ans), la famille se trouve en concurrenceavec les «amis et les connaissances», qui occupent la première place avec0.3% d'avance! Le travail suit immédiatement. Les taux atteignent unmaximum chez les femmes de 40-54 ans et 55 ans et plus, soit 97.2% et97.4%. Un autre constat intéressant est que la vie de couple, même si ellen'occupe que la cinquième position de la hiérarchie, est plus souventmentionnée par les hommes que par les femmes, et surtout parmi lesclasses d'âge de 40-54 ans et de 55 ans et plus, où elle occupe la troisièmeplace du classement (respectivement 90.2% et 89.5% pour les hommes et85.2% et 80.3% pour les femmes).

L'expérience parentale influence également le choix desrépondants (voir tableau 3.2). C'est ainsi que la famille est plébiscitée parles ex-parents et les parents actuels, les pourcentages dépassant les 98% etatteignant 99% pour les parents de quatre enfants et plus. A contrario, letravail passe avant la famille pour les non-parents de 25 ans et plus. Ilfaut remarquer que les parents actuels attachent autant d'importance à lavie de couple qu'au travail (en moyenne 91%), alors que les non-parentsy montrent moins d'intérêt (74.4% pour les moins de 25 ans et 77.7%pour les 25 ans et plus).

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80 Les Européens et la famille

Tableau 3.2 :Hiérarchie des valeurs dans la Communauté européenne,

répartition selon l'expérience parentale, CE 12.

La famille

Le travail

Les amis et les connaissances

Les loisirs

La vie de couple

La religion

La politique

Non-parents

15-24

93.6

92.2

934

89.4

74 4

31.9

32.6

25+

895

91.4

89.3

85.9<

77.7

33.1

36.9

Ex-parents

97.9

86.8

87.4

81.5

85.6

48.2

37.1

Parentsactuels

98.3

90.6

86.1

83.0

90.6

404

34.1

Parents de

1enfant

98.2

90.2'

85.7

82.4

89.7

386

32.8

2entants

98.9

91.4

87.6

85.3

92.4

39.2

36.3

3entants

98.9

93.0

85.7

82.3

91.5

47.6

32.7

4entantset+

98.8

88.2

83.5

77.1

88.9

45.4

34 6

Tableau 3.3:Hiérarchie des valeurs dans la Communauté européenne,

répartition selon le statut matrimonial, CE 12.

Famille

Travail

Les amis et connaissances

Les loisirs

La vie de couple

La religion

La politique

Vivant en couple

Mariésans

cohabitant

986

90.5

86 0

83 1

93 3

46 1

363

Mariéavec

cohabitant

974

90 9

88 7

84 9

95 3

21 7

36 9

Remarié

96.3

91.1

875

868

94 1

28 4

398

Célibat.sans

cohabitant

92 4

91.9

94 9

87 7

90 5

18.3

40 4

Célibat.avec

cohabit.ant

90.8

92.4

92 5

89.2

890

12 1

296

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant

92 4

92.2

91 9

88.7

702

370

34 4

Célibatavec

cohabitant

85.7

91.5

91 8

87.3

73.0

17.3

32 6

Divorcé

90.0

83.6

887

86.3

55.2

25.0

33.5

Séparé

93.5

93.9

883

88.2

73.5

34.4

30.5

Veuf

99.1

82.5

864

73.7

73.8

61.0

288

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Images de la famille et des couples 81

L'analyse des réponses en fonction du statut matrimonial montreque la famille est à l'avant plan pour la plupart des catégories reprises autableau 3.3, à l'exception toutefois de l'ensemble des célibataires pour quila famille entre en concurrence directe avec le travail ou les amis et lesconnaissances. Les célibataires ne vivant pas en couple actuellement maisayant déjà. cohabité y accordent la plus faible importance (85.7%),puisque la famille arrive en quatrième position après les amis et lesconnaissances, le travail et les loisirs. Les veufs et les personnes mariéessans avoir cohabité auparavant, atteignent des taux qui frisent les 100%(respectivement 99.1% et 98.6%). La vie de couple est également undomaine primordial pour l'ensemble des personnes mariées, etprincipalement pour les mariés qui ont cohabité auparavant (95.3%).Pour les célibataires vivant en couple au moment de l'enquête, la vie decouple arrive seulement en quatrième position mais au terme d'un écarttrès mince (2.5%). Le taux d'adhésion à ce même domaine estparticulièrement bas pour les personnes interrogées qui ne vivent pas encouple, et, plus encore, pour les divorcés (55.2%).

Si l'on tient compte maintenant de l'âge auquel les répondants ontterminé leurs études, on constate que plus cet âge est élevé et plus les tauxde choix en faveur de la famille fléchissent. L'écart entre les personnesqui ont terminé leurs études avant quinze ans et celles qui étudienttoujours n'est cependant que de 4%.

En ce qui concerne la profession, il y aussi peu de variation, lemaximum étant atteint par les femmes au foyer (97.7) et le minimum parles cadres (93.9). Quant aux opinions politiques, elles ne semblent jouerqu'un rôle marginal, puisque l'attrait pour la famille ne varie aumaximum que de trois points entre les résultats des différents groupesdéfinis par l'échelle gauche-droite.

Le classement par pays offre quant à lui des contrastes assez nets(voir tableau 3.4). Certes, la famille occupe partout le sommet de lahiérarchie, à l'exception des Pays-Bas où elle arrive seulement enquatrième position (87.1%) après les amis et les connaissances (93.6%),

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Tableau 3.4 : Hiérarchie du système de valeurs par pays, CE 12.

B

Famille(94.4)

Travail(88.2)

Vie decouple(85.2)

Loisirs(78.8)

Amis etconnais-sances(77.1)

Religion(28.9)

Politique(18.6)

DK

Famille(98)

Amis etconnais-sances(97.6)

Loisirs(96)

Travail(92.7)

Vie decouple(73.1)

Politique(56.2)

Religion(28.4)

WD

Famille(93)

Amis etconnais-sances(88.3)

Loisirs(85.2)

Travail(84.7)

Vie decouple(80.3)

Politique(34.7)

Religion(31.5)

D

Famille(93.4)

Amis etconnais-sances(87.8)

Travail(87)

Loisirs(85.2)

Vie decouple(81.6)

Politique(35.6)

Religion(27.7)

OD

Travail(95.6)

Famille(95.2)

Vie decouple(86.7)

Amis etconnais-sances(85.9)

Loisirs(85.1)

Politique(38.9)

Religion(13.5)

GR

Famille(99.4)

vie decouple(97.5)

Travail(95)

Amis etconnais-sances(93.4)

Loisirs(90.8)

Religion(86.7)

Politique(61.1)

• E

Famille(97.4)

Travail(96.7)

Amis etconnais-sances(86.5)

Loisirs(83.4)

Vie decouple(79.2)

Religion(42.8)

Politique(25.8)

F

Famille(94.4)

Vie decouple(93.5)

Travail(93.3)

Amis etconnais-sances(85.5)

Loisirs(82.3)

Politique(28.4)

Religion(25.9)

IRL

Famille(97.1)

Amis etconnais-sances(93.9)

Travail(86.7)

Loisirs(81.3)

Religion(67)

Vie decouple(62.5)

Politique(28.6)

I

Famille(98.9)

Travail(98.8)

Vie decouple(93.5)

Amis etconnais-sances(85.3)

Loisirs(83.7)

Religion(62)

Politique(41.7)

L

Famille(95.9)

Travail(88.2)

Loisirs(86.8)

Vie decouple(86.3)

Amis etconnais-sances(85.4)

Religion37.8)

Politique(33.7)

NL

Amis etconnais-sances(93.6)

Loisirs(90.6)

Travail(89)

Famille(87.1)

vie decouple(81.8)

Politique(39.9)

Religion(33.1)

P

Famille(99)

Travail(97.3)

Amis etconnais-sances(94.1)

Vie decouple(93.5)

Loisirs(88)

Religion(67.9)

Politique(40.4)

UK

Famille(96.9)

Amis etconnais-sances(93.1)

Loisirs(83.1)

Travail(77.6)

Vie decouple(71.7)

Politique(34.4)

Religion(33.1)

CE 12

Famille(95.7)

Travail(90.2)

Amis etconnais-sances(88.3)

Loisirs(84.3)

Vie decouple(84.2)

Religion(39.3)

Politique(35)

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Images de la famille et des couples 83

les loisirs (90.6%) et le travail (89%), et en ex-RDA où elle est enconcurrence avec le travail. Le pourcentage le plus élevé en faveur de lafamille se trouve en Grèce, où l'unanimité est quasi réalisée (99.4%),suivi de très près par le Portugal (99%), le Danemark (98%), l'Espagne(97.4%) et l'Irlande (97.1%). Les autres pays avoisinent les 94%. Il estintéressant de noter que les Français et les Grecs mentionnent la vie decouple comme domaine le plus important directement après la famille etavant le travail. En Belgique, en ex-RDA et en Italie, cet item se classe entroisième place; il est en cinquième position, avec 80% ou moins, auDanemark, en Allemagne de l'Ouest, en Espagne, aux Pays-Bas et auRoyaume-Uni. Pour les Irlandais, la vie de couple se retrouve en avantdernière ligne, après la religion mais avant la politique !

«

LES EUROPÉENS SATISFAITS DE LEUR VIE?

La famille, surtout, et le couple, dans une moindre mesure, sontdonc des valeurs sûres pour les Européens. Mais cette constatationpermet-elle de conclure que les parents et les couples sont «satisfaits» dela vie qu'ils mènent?

Tableau 3.5 :Degré de satisfaction des Européens, CE 12.

Très satisfait

Plutôt satisfait

Plutôt pas satisfait

Pas du tout satisfait

NSP

Non-parents

22.2

58.5

14.7

4.1

0.5

Ex-parents

24.8

55.8

15.0

3.8

0.4

Parentsactuels

18.3

58.7

16.4

6.0

0.4

CE 12

21.2

58.0

15.5

4.8

0.4

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84 Les Européens et la famille

L'observation des tableaux 3.5 et 3.6 nous autorise à fournirquelques éléments de réponse. A la question «D'une façon générale, êtes-vous très satisfait, plutôt satisfait, plutôt pas satisfait ou pas satisfait dutout de la vie que vous menez?», les ex-parents sont ceux qui expriment leplus haut degré de satisfaction (80% de très satisfaits et de plutôtsatisfaits), suivis de très près par les non-parents (un point d'écart), puispar les parents actuels. Parmi ces trois groupes, les parents actuels sontceux qui manifestent davantage leur insatisfaction face à la vie qu'ilsmènent (22.5% contre 18.8% pour les deux autres groupes).

Tableau 3.6:Degré de satisfaction des Européens, CE 12.

Très satisfait

Plutôt satisfait

Plutôt pas satisfait

Pas du tout satisfait

NSP

Vivant en couple

Mariésans

cohabit.ant

22.6

57.6

14.3

4.9

0.5

Mariéavec

cohabit.ant.

19.6

61.6

14.3

4.3

0.0

Remarié

20.3

57.0

18.8

3.8

0.0

Célibat.sans

cohabit.ant.

21.4

57.6

13.6

6.7

0.7

Célibat.avec

cohabit.ant.

22.3

46.2

23.2

8.2

0.0

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant.

22.8

59.4

14.4

3.0

0.3

Célibat.avec

cohabit.ant.

12.2

62.6

15.8

9.1

0.2

Divorcé

15.0

54.9

23.3

5.4

0.6

Séparé

12.9

51.6

30.0

5.5

0.0

Veuf

17.9

57.4

18.3

5.6

0.9

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Images de la famille et des couples 85

La répartition des réponses selon le statut matrimonial despersonnes interrogées indique que, dans l'ensemble, les Européens vivanten couple sont satisfaits (en moyenne 80%), à l'exception toutefois descélibataires ayant déjà cohabité auparavant (68.5%). Les célibataires nevivant pas en couple et n'ayant jamais cohabité sont tout aussi satisfaits dela vie qu'ils mènent que les couples mariés. Les divorcés et les séparéssont les deux groupes qui se disent les moins satisfaits (30%).

LES NOUVELLES CONFIGURATIONS FAMILIALES

Comme nous venons de le constater, la famille est le domaineprioritaire pour la grande majorité des Européens. Mais les contours decelle-ci ont évolué, durant les dernières décennies, sous l'impact deschangements socio-démographiques, donnant lieu à ce que certainsappellent les «nouvelles constellations familiales». Dorénavant, lesménages de cohabitants, les familles monoparentales, les famillesrecomposées font aussi partie de la photo de famille. Face à ces nouvellesconfigurations, comment réagit l'homme de la rue? Plusieurs questionsont tenté de saisir l'opinion des Européens à cet égard.

La cohabitation hors mariage

Comme nous l'avons mentionné plus haut, 78% des personnes denotre échantillon ont expérimenté la vie en couple lors d'une ou deplusieurs séquences de vie, notamment sous la forme d'une période decohabitation (19%). Que pensent donc les Européens de ce comportementqui touche un sixième de la population interrogée?

A la question: «Un certain nombre de gens vivent ensemble sans semarier. Pensez-vous que c'est une bonne chose, une mauvaise chose ouqu'il n'y a pas à juger?», plus de trois Européens sur cinq répondent qu'iln'y a pas à juger, un cinquième estime que c'est «une bonne chose» et14% déclarent que c'est une «mauvaise chose» (tableau 3.10). L'analyse

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86 Les Européens et la famille

Tableau 3-7 :Un certain nombre de gens vivent ensemble sans se marier. Pensez-vous que c'est...? CE 12.

Bonne chose

Mauvaise chose

II n'y a pas à juger

NSP

Hommes

15-24

31 9

5 5

593

29

25-39

23 7

6 2

668

26

40-54

164

125

679

2 8

55+

11 2

25 5

589

3 5

Total

202

129

63 3

30

Femmes

15-24

270

73

61 6

26

25-39

21 6

66

69 3

1 9

40-54

185

122

659

3 1

55+

104

262

578

4 7

Total

18 1

147

632

32

Tableau 3.8 :Perception de la cohabitation selon l'expérience parentale, CE 12.

Bonne chose

Mauvaise chose

II n'y a pas à juger

NSP

Non-parents

15-24ans

297

6 4

60 4

29

25 ans+

21 6

93

652

30

Ex-parents

130

228

592

4 3

Parentsactuels

167

142

658

26

Parents de

1enfant

173

150

64 9

2 4

2enfants

167

11 8

684

28

3enfants

14 4

177

655

2 1

4enfantset+

188

15 7

604

4 3

Tableau 3.9:Perception de la cohabitation selon le statut matrimonial, CE 12.

Bonne chose

Mauvaise chose

II n'y a pas à juger

NSP

Vivant en couple

M ânesans

cohabitant

12 7

189

64 7

3 2

Marieavec

cohabitant

248

5 9

66 1

2 6

Remarié

15 6

10 1

68 1

56

Célibatsans

cohabitant

38 5

39

57

0 3

Célibatavec

cohabitant

377

1 6

584

1 4

Ne vivant pas en couple

Célibatsans

cohabitant

248

76

63 4

33

Célibatavec

cohabitant

379

1 8

598

02

Divorcé

23 6

82

625

39

Séparé

273

58

626

1 9

Veuf

103

285

56 1

43

Tableau 3.10:Perception de la cohabitation selon les pays, CE 12.

Bonne chose

Mauvaise chose

II n'y a pas à juger

NSP

B

260

11 6

590

1 8

DK

14 5

56

795

04

WD

266

128

529

63

D

252

124

-548

59

OD

202

11 0

620

4 3

GR

23

357

39 7

1 6

E

196

125

655

2 4

F

23 5

8.3

663

1 8

IRL

189

25 7

50 5

4 8

I

95

186

679

4 0

L

376

11 0

483

3 1

NL

197

99

678

26

P

223

208

533

36

UK

132

138

71 0

0 7

CE1 2

19 1

138

83.3

3 1

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Images de la famille et des couples 87

selon le sexe et l'âge montre des différences sensibles selon l'âge desrépondants. Les hommes, un peu plus que les femmes, sont favorables à lacohabitation, et les plus jeunes approuvent davantage que les plus âgés; onenregistre en effet 30% de réponses positives dans la catégorie des 15-24ans contre seulement 10% au-delà de 55 ans (tableau 3.7). De façongénérale, il y a toujours plus d'individus pour accepter que pourdénoncer, à l'exception toutefois des personnes de 55 ans et plus, chez quiles proportions s'inversent. Un quart d'entre elles pensent que c'est unemauvaise chose et 11%, une bonne chose. Le degré de désapprobationdiminue quand les revenus augmentent, lorsque les répondants ontprolongé leurs études au-delà de vingt ans ou qu'ils sont originaires d'unmilieu urbain. Il augmente en revanche lorsque la personne interrogée n'apas poursuivi ses études au-delà de quinze ans, qu'elle habite la campagneou lorsque ses revenus sont bas.

Surtout, ne pas juger

L'avis des ex-parents peut se calquer globalement sur celui despersonnes de 55 ans et plus, groupe dont ils font sûrement partie,puisqu'ils sont deux fois plus nombreux à stigmatiser la cohabitation qu'àl'accepter (tableau 3.8). Il faut remarquer malgré tout que 60% d'entreeux préfèrent «ne pas juger». Les parents actuels et les non-parents deplus de 25 ans se distinguent par un nombre élevé de réponses tendant à«ne pas juger». Les non-parents, et surtout ceux de moins de 25 ans, sontnettement plus favorables à la cohabitation que les parents actuels (29.7%et 21.6% contre 16.7%).

Les célibataires plus tolérants

A nouveau, c'est par rapport au statut matrimonial que l'on observeles plus grandes variations (tableau 3.9). En effet, 38% des célibataires,qui vivent en couple, de même que les célibataires qui ne vivent pas encouple mais qui ont déjà expérimenté une période de cohabitation,considèrent que cette dernière est une bonne chose. Les plus réfractaires

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8 8 Les Européens et la famille

Tableau 3.11:Pour chacune des situations familiales que je vais vous citer, pensez-vous que lesconséquences pour les enfants sont plutôt positives ou plutôt négatives ? CE 12.

Le divorce des parentsqui ne s'entendent plus

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le fait qu'un enfant nevive qu'avec un seul deses parents

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le remariage des parentsqui ont d'autres enfantsaprès

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Hommes

15-24

28862 978

11 6735146

32 142 1255

25-39

33458476

12873 1134

34 139 026 1

40-54

32 159 18 5

13 474311 9

287473236

55+

2586795 8

11 8774103

23 556 0198

Total

3006227 4

124746124

29446 3236

Femmes

15-24

3985267 1

16 1704130

359400237

25-39

41 15028 1

189657148

34 640 724 1

40-54

365530102

19 8659140

303463232

55+

2656369 4

149690154

23451 7240

Total

34955888

17367714 5

30 1456238

Tableau 3.12:Conséquences positives ou négatives du divorce des parents qui ne

s'entendent plus, de la monoparentalité et du remariage des parents sur l'enfant,selon l'expérience parentale des répondants, CE 12.

Le divorce des parentsqui ne s'entendent plus

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le fait qu'un enfant nevive qu'avec un seul deses parents

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le remariage des parentsqui ont d'autres enfantsaprès

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Non-parents

15-24ans

33758 97 1

12773 3137

33441 824 6

25ans+

34254 810 2

13 3674184

30840 2283

Ex-parents

30 061 9

78

16 2708126

27251 121 0

Parentsactuels

32 759 178

15 971 911 7

29 1475228

Parents de

1enfant

32 760 26 9

17270611 9

28 246 8244

2enfants

32959278

14074 111 9

28549 4220

3enfants

31 160384

17573 19 1

33648018 1

4entantset+

35549714 8

154677166

279432287

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Images de la famille et des couples 89

figurent parmi les mariés n'ayant jamais cohabité et les veufs; dans leursrangs, respectivement 18.9% et 28.5% pensent que les «unions sanspapiers» sont une mauvaise chose. La majorité toutefois préfèrent ne pasjuger (60%).

D'un pays à l'autre

Des différences importantes sont également à noter dans larépartition des résultats par pays même si, dans l'ensemble, c'est larubrique «ne pas juger» qui l'emporte (tableau 3.10). En effet, plus de70% des Danois et des Britanniques, les deux tiers des Espagnols, desFrançais, des Italiens, des Néerlandais et des Allemands de l'ex-RDA, plusde 50% des Belges, des Irlandais et des Portugais ont choisi cet item enpremier lieu. Sinon, quand il s'agit de se prononcer, plus d'un tiers desGrecs, un quart des Irlandais et un cinquième des Italiens déclarent quec'est une mauvaise chose. La proportion de Belges, d'Allemands et deNéerlandais, qui déclarent que la cohabitation est une bonne chose, estdeux fois plus élevée que celle de ceux qui pensent que c'est une mauvaisechose; elle est trois fois plus forte pour les Danois, les Français et lesLuxembourgeois.

LES ENFANTS MENACÉS?

Une autre question avait pour objectif de déterminer dans quellemesure les nouvelles configurations familiales ont un impact sur lesenfants; elle était formulée comme suit: «Pour chacune des situationsfamiliales que je vais vous citer, pensez-vous que les conséquences pourles enfants sont plutôt positives ou plutôt négatives? Le divorce desparents qui ne s'entendent plus, le fait qu'un enfant ne vive qu'avec unseul de ses parents et le remariage des parents, qui ont d'autres enfantsaprès» (voir tableau 3.11 à 3.14). A la première proposition (divorce),60% des Européens interrogés déclarent que le «divorce des parents quine s'entendent plus» est plutôt négatif pour l'enfant et un tiers d'entre euxpensent que c'est plutôt positif. Les hommes, davantage que les femmes,

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90 Les Européens et la famille

Tableau 3.13Conséquences positives ou négatives du. divorce des parents qui ne

s'entendent plus, de la monoparentalité et du remariage des parents sur l'enfantselon le statut matrimonial des répondants, CE 12.

Le divorce des parent*qui ne «'entendent plus

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le fait qu'un entant nevive qu'avec un seul deses parents

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le remariage des parentsqui ont d'autre» enfant»•pris

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Vivant en couple

Mariésans

cohabit.ant

28.463.57.7

12.974.212.3

26.051.122.2

Mariéavec

cohabit.ant.

38.454.76.7

17.770.911.2

37.440.322.1

Remarié

37.052.410.6

22.367.310.4

36.740.422.9

Célibat.sans

cohabit.ant.

41.152.26.8

20.065.114.9

45.934.020.1

Célibat.avec

cohabit.ant.

46.946.26.7

17.169.713.0

46.126.627.1

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant.

33.257.48.7

13.270.815.3

30.342.626.4

Célibat.avec

cohabit.ant

39.953.26.3

16.265.217.9

39.235.025.2

Divorcé

46.140.513.4

31.652.116.0

38.933.827.2

Séparé

46.947.55.7

23.759.916.0

31..644.723.4

Veuf

28.262.49.3

15.670.913.4

23.352.424.2

Tableau 3.14:Conséquences positives ou négatives du divorce des parents qui ne

s'entendent plus, de la monoparentalité et du remariage des parents sur l'enfant,selon les pays, CE 12.

Le divorce des parentsqui ne s'entendent plus

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le fait qu'un enfant nevive qu'avec un seul deses parents

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

Le remariage des parentsqui ont d'autres enfantsâpres

Plutôt positivesPlutôt négativesNSP

B

28.762.57.9

12.473.812.6

24.351.922.4

DK

40.448.910.5

28.655.815.4

37.334.927.4

WD

37.454.0

7.7

14.470.014.6

35.536.926.2

D

36.455.3

7.4

14.570.513.9

36.835.926.0

OD

32.860.3

5.9

14.872.711.4

41.732.025.0

GR

18.378.0

3.8

6.890.0

3.2

17.859.922.2

E

34.956.3

8.8

7.877.914.4

26.248.126.7

F

33.859.8

6.4

13.972.813.3

31.545.922.6

IRL

33.649.716.7

24.854.021.2

2252.525.5

I

21.570.58.0

13.475.011.7

18.260.421.3

L

21.872.16.1

11.775.013.2

23.256.919.9

NL

38.349.612.1

17.462.620.0

37.429.533.1

P

18.376.15.7

6.685.08.4

21.461.517.1

UK

38.849.910.1

23.660.214.9

34.143.021.5

CE1 2

32.658.98.1

14.971.113.5

29.845.923.7

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Images de la famille et des couples 91

considèrent le divorce plutôt négatif, principalement dans les classesd'âges 15-24 ans et 25-39 ans où l'écart avoisine les 10% (62.9% et58.4% pour les hommes et 52.6% et 50.2% pour les femmes). Cettedivergence entre les repondants est moins nette lorsqu'on examine lesrésultats selon l'expérience parentale, mais est renforcée lorsqu'on tientcompte du statut matrimonial. Ainsi, 30% des ex-parents, 33% desparents actuels et 34% des non-parents déclarent que l'impact du divorcesur les enfants est dans ce cas plutôt positif; 60% des deux premièrescatégories estiment cependant qu'il est plutôt négatif. Les divorcés, lesséparés et les célibataires ayant expérimenté plusieurs cohabitations, separtagent également entre les rubriques "plutôt positif" et "plutôt négatif"(45%). A l'autre extrême, on retrouve les mariés n'ayant jamais cohabitéet les veufs, dont 63% pensent que le divorce est plutôt négatif pour lesenfants et seulement 28%, qu'il est plutôt positif.

La monoparentalité n'a pas la cote

L'aspect positif ou négatif de la monoparentalité est souligné dans ladeuxième partie de la question. Pour plus de 70% des personnes del'échantillon, le fait de vivre avec un seul parent est plutôt négatif(seulement 15% des repondants estiment que c'est positif et plus de 13%ne se prononcent pas). Comme pour la première proposition, on note unedivergence entre les réponses féminines et masculines, à l'avantage desfemmes, dont 17% pensent que la monoparentalité est plutôt positive. Lesparents et les ex-parents ont des taux similaires à la moyennecommunautaire, alors que les non-parents sont en-dessous (67.4%) ou au-dessus (73.3%) de cette moyenne, selon qu'ils appartiennent au groupedes 25 ans et plus ou des moins de 25 ans. La répartition selon le statutmatrimonial montre des variations plus nettes. Les mariés n'ayant jamaiscohabité, les remariés, les divorcés et les séparés se départissentnotamment de cette moyenne, les premiers parce qu'ils déclarent plusfréquemment que la monoparentalité est «plutôt négative» (74.2%), lesautres parce qu'ils disent qu'elle est «plutôt positive» (de 22.3% à31.6%).

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92 Les Européens et la famille

Et si on se remariait?

En ce qui concerne l'éventualité du remariage des parents, suivid'une nouvelle naissance, 30% des répondants trouvent que c'est «plutôtpositif», 45% «plutôt négatif» et 23% déclarent ne pas savoir. Dans cettesous-question, ce sont davantage les hommes de 40-54 ans et de 55 ans etplus, qui pensent que le remariage est «plutôt positif». Cette prise deposition s'explique-t-elle parce que les hommes de ces groupes sont plussouvent remariés que les femmes (voir chapitre 1)?...

Les parents actuels ont des taux de réponse qui se conforment à lamoyenne communautaire, les ex-parents déclarent davantage que cettesituation est «plutôt négative», tandis que les non-parents la jugent «plutôtpositive». Les écarts les plus importants se situent dans le classement selonle statut matrimonial. En effet, pour 46% des célibataires vivant encouple au moment de l'enquête, ainsi que 40% des divorcés, se remarierest plutôt positif que plutôt négatif. Au contraire, plus de la moitié desmariés n'ayant jamais cohabité et des veufs pensent que c'est «plutôtnégatif».

La moitié des Européens de quelques pays qu'ils soient, déclarentque le divorce et la monoparentalité ont un impact plutôt négatif sur lesenfants (tableau 3.14). Certaines nuances doivent être apportéescependant. Si le Royaume-Uni, les Pays-Bas et le Danemark ont des tauxde réponses plutôt positif qui avoisinent les 50%, les taux de la Grèce, del'Italie, du Luxembourg et du Portugal, quant à eux, dépassent largementles 70%. En Grèce et au Portugal, ces pourcentages dépassent même 85%de réponses plutôt négatif quand il s'agit de se prononcer sur lamonoparentalité. La question sur le remariage se caractérise par un tauxde réponses «ne sais pas» relativement élevé (22%). Comme pour lesdeux sous-questions précédentes, les Danois et les Néerlandais sont lesplus favorables au remariage (37%); les Grecs, les Portugais et lesLuxembourgeois sont les plus défavorables (60%).

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Images de la famille et des couples 93

LES DROITS DES HOMOSEXUELS

Dans les chapitres précédents, nous avons insisté sur le fait que ladissociation du couple et de la fonction parentale est l'expression del'existence de deux processus désormais autonomes. Comme le souligneDumon dans un rapport présenté à la réunion préparatoire de l'AnnéeInternationale de la famille (La Valette - Malte, 26-30 avril 1993), «...laformation du couple est devenue également autonome. La reconnaissancede plus en plus grande des couples de même sexe proches du couplemarié, ou plus précisément des familles fondées sur un couplehomosexuel, montre clairement la dissociation de la formation du coupleet de la fécondité. Bien que ces familles n'aient pas encore été pleinementreconnues et que la relation gay, lesbienne ou homosexuelle soit fortdifféremment acceptée selon les pays d'Europe, elle est de mieux enmieux reconnue dans certains de ces pays, à tel point qu'elle a été semi-institutionnalisée au Danemark et, dans une moindre mesure, aux Pays-Bas» (DUMON, p. 5).

Puisque, dans ce chapitre, nous nous intéressons à l'attitude àl'égard des «nouveaux» comportements ou, du moins, à descomportements qui deviennent de moins en moins tabous, il s'est avérépertinent de poser quatre questions sur les droits des homosexuels.

Deux camps dans l'Europe

Comme on pouvait s'y attendre, l'analyse des réponses selon le paysd'appartenance du répondant montre des différences assez nettes, maispermet cependant de distinguer deux grands «groupes». Le premierd'entre eux est formé par les pays qui, tels le Danemark, les Pays-Bas etl'Espagne se démarquent parce que dans une large majorité, ilsconsidèrent que les homosexuels devraient avoir le droit de se marier(graphique 3.2), de bénéficier des mêmes avantages que les couplesmariés (graphique 3.3), de pouvoir hériter l'un de l'autre (graphique 3.4)et, dans une proportion un peu moins forte, devraient pouvoir adopterdes enfants (graphique 3.4). Le second groupe est constitué par la Grèce

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94 Les Européens et la famille

Tableau 3.15:Perception des droits des homosexuels, selon le sexe et l'âge des répondants, CE 12.

Graphique 3.2 :Droit des homosexuels à se marier, CE 12.

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Images de la famille et des couples 95

et le Portugal, deux pays où, dans l'ensemble, deux tiers des répondantsdéclarent que les homosexuels ne devraient avoir aucun des droitsspécifiés plus haut. Une analyse plus fine de ces deux groupes permetd'apporter quelques nuances. En effet, 60% des Danois et des Néerlandaispensent que les homosexuels devraient pouvoir se marier; bien plus, 70%des Danois, estiment qu'ils devraient bénéficier des mêmes avantages queles couples mariés, alors que la moyenne communautaire se situe auxalentours de 30 et 40% pour ces deux premières questions. Les Espagnolsarrivent en troisième place avec des taux de 42% et de 50%. A l'autreextrémité, plus de 65% des Grecs et des Portugais interrogés répondentque les homosexuels «ne devraient pas» jouir de tels droits. Cependant, laquestion portant sur le droit des homosexuels à adopter des enfantsrenverse quelque peu les perspectives. En effet, 47% des Néerlandais et33% des Espagnols marquent leur adhésion, alors que, parmi les Danois,seulement 16.6% envisagent cette éventualité. Plus des trois quarts desGrecs et des Portugais (respectivement 83.3% et 77.5%) pensent que leshomosexuels ne devraient pas adopter d'enfants. La question sur le droit àhériter favorise néanmoins un consensus plus large. A l'exception de laGrèce, de l'Irlande, de l'Italie, du Luxembourg et du Portugal, plus de60% des personnes interrogées déclarent en effet que les homosexuelsdevraient pouvoir hériter l'un de l'autre.

Les femmes plus tolérantes

Pour les quatre questions, l'analyse par âge et par sexe montre deprofondes divergences. Les femmes sont davantage favorables aux droitsdes homosexuels que les hommes (tableau 3.15). Cette différence estparticulièrement forte aux âges les plus jeunes, où l'on relève en moyenneun écart de six points entre les deux sexes. Il faut encore remarquer quel'on est deux fois plus favorables à des droits de 15 à 39 ans que dans lestranches d'âge supérieures, et ce aussi bien chez les hommes que chez lesfemmes. Le même constat peut être fait entre les non-parents de moins de25 ans et les ex-parents, les premiers approuvant nettement plus cetteperspective que les seconds (tableau 3.16). Les parents, quant à eux, ontune attitude qui avoisine la moyenne communautaire.

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96 Les Européens et la famille

Tableau 3.16:Perception des droits des homosexuels,

selon l'expérience parentale des répondants, CE 12.

Les homosexuelsdevraient ou non semarier

DevraientNe devraient pasNSP

Les homosexuelsdevraient avoir les mêmesavantages que lescouples mariés

DevraientNe devraient pasNSP

Droit des homosexuels àadopter des enfants

DevraientNe devraient pasNSP

Droit des homosexuels àhériter l'un de l'autre

DevraientNe devraient pasNSP

Non-parents

15-24ans

45.840.912.9

53.033.513.2

27.959 312 4

69.817.812.0

25ans+

36.746.815.8

46.239.114.1

25.760.413.3

63.621.714.2

Ex-parents

16.470.712.3

27.959.312.4

12.777.7

9.0

48.436.114.7

Parentsactuels

28.256.714.4

39.546.613.3

17 170.711.7

57.728.113.7

Parents de

1enfant

28.356.814.3

41.844.113.6

18.368.812.7

59.426.713.6

2enfants

29.456.314.0

40.147.212.6

16.972.210.6

58.827.313.7

3entants

25.659.714.4

33.753.312.2

15.273.511.0

52.733.912.9

4enfantset+

27.754.517.8

34.246.519.3

15.471.513.1

51.831.017.2

Graphique 3.3 :Droit des homosexuels à avoir les mêmes avantages

que les couples mariés, CE 12.

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Images de la famille et des couples 97

Graphique 3.4 :Droit des homosexuels à adopter des enfants, CE 12.

(classé en fonction de l'item "ne devraient pas")

Graphique 3.5 :Droit des homosexuels à hériter l'un de l'autre, CE 12.

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CHAPITRE IV

PARENTS ET ENFANTS

Le visage de la famille s'est profondément modifié au cours dutemps. La famille traditionnelle, lieu de production et de reproduction, afait place peu à peu à d'autres formes de famille où prédominentdorénavant, les liens affectifs. Au sein de ces nouvelles configurationsfamiliales, le rôle des parents et surtout la place de l'enfant ont connu euxaussi des changements importants.

Auparavant, dans la famille traditionnelle, ce n'était pas les qualitéssingulières de l'enfant, ni même son affection qui en faisaient son prix.L'enfant avait une valeur non seulement parce qu'il permettait à sesparents de se projeter dans le futur mais aussi parce qu'il leur conféraitun statut de membre à part entière dans la communauté (ROUSSEL, 1989,p. 163). Grâce à leur descendance, les parents perpétuaient le groupe.

A l'intérieur de la famille moderne, l'enfant n'est plus le moyen parlequel on s'insère dans la vie communautaire. S'il est toujours porteurd'avenir pour ses parents, c'est parce qu'il viendra concrétiser leurs rêvesde réussite. Pour ce faire, les parents s'investissent davantage dans leurprogéniture et dès lors, les familles nombreuses diminuent.

Si l'apparition de la notion de bonheur dans tous les domaines de lavie a eu un impact sur les relations au sein du couple, elle a égalementdéterminé le nouveau rôle de l'enfant dans les familles actuelles, qu'ellessoient fusionnels ou associatives, pour reprendre la terminologie deRoussel. Dans les premières, l'affection est le maître-mot de la relation

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1 00 Les Européens et la famille

Graphique 4.1 :Importance de l'enfant, CE 12.

Tableau 4.1:Importance des enfants selon le sexe et l'âge, CE 12.

\

Indispensable

Très important

Plutôt important

Pas très important

Pas important du tout

NSP

Hommes

15.24

8.2

36.2

29.4

11.2

6.9

7.7

25-39

13.6

43.1

23.6

11.6

5.3

2.2

40-54

17.3

49.9

19.1

8.1

3.7

1.8

55*

230

48.0

18.3

4.9

3.8

1.6

Total

16.0

44.7

22.2

8.8

4.8

3.1

Femmes

15-24

15.6

40.9

25.3

11.4

2.7

3.7

25-39

16.6

50.9

21.0

6.7

3.1

1.2

40-54

20.8

53.0

16.1

5.6

2.4

1.7

55+

19.7

52.6

15.4

5.9

3.7

2.1

Total

18.4

50.1

18.8

7.0

3.1

2.1

Tableau 4.2:Importance des enfants selon l'expérience parentale, CE 12.

Indispensable

Très important

Plutôt important

Pas trés important

Pas important du tout

NSP

Non-parente

15-24ans

11.2

37.7

27.9

11.8

5.0

6.1

25 ans+

7.4

31.3

24.1

18.8

12.5

5.4

Ex-parents

23.1

52.6

17.6

4.4

1.2

0.6

Parentsactuels

21.1

56.2

17.2

3.2

1.1

0.8

Parents de

1entant

19.2

55.3

19.9

3.1

1.4

0.9

2enfants

21.5

58.1

15.5

3.6

0.7

0.5

3enfants

23.1

56.1

16.0

1.6

1.6

1.2

4entantset+

31.7

55.0

9.9

3.1

0.1

0.2

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Parents et enfants 1 °1

parent-enfant. Pour les conjoints fusionnels en effet, l'enfant est lesymbole même de l'amour qui les lie; il devient donc un être singulier,irremplaçable et rare. L'inflation d'attente affective qui caractérise cetype de famille est incompatible avec un nombre élevé d'enfants. Dans letype de famille associative comme la famille-club ou la famille-histoire,c'est l'autonomie qui est davantage privilégiée. Dans la famille-club,l'autonomie, plus ou moins large que les conjoints se reconnaissent, estégalement conférée à l'enfant. Partenaire de la famille, celui-ci l'est enprincipe à part égale; à la différence près que ce sont les parents quiédictent les règlements! Dans la famille-histoire, l'enfant est reconnucomme un sujet qui a des droits, mais non pas comme un être déjàautonome. L'enfant est quelqu'un qui doit un jour se donner sa proprehistoire et dans cette perspective, le rôle primordial des parents est de luipermettre d'acquérir son autonomie affective (ROUSSEL, 1989, pp.164-168).

Cette évolution des relations parents-enfant demandait donc qu'ons'y arrête au cours de notre enquête.

L'IMPORTANCE DE L'ENFANT

L'analyse proposée dans les chapitres deux et trois ont confirmé laposition centrale et fondatrice de l'enfant. Il était donc nécessaire dedemander aux Européens quelle importance revêt pour eux le fait d'avoirun enfant. Pour plus des deux tiers des Européens, il est en effet«important» ou «très important» d'avoir un enfant. A peine plus de 10%d'entre eux considèrent que ce n'est «pas très important» ou «pasimportant du tout» (voir graphique 4.1).

Comme pour les questions précédentes, ce sont plutôt l'âge etl'expérience parentale qui influencent les résultats. Le pourcentaged'hommes et de femmes qui pensent qu'un enfant n'est pas très importantou pas important du tout est, on le voit, assez bas et quasi identique pourles deux sexes (moins de 15%). En ce qui concerne l'importance des

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102 Les Européens et la famille

enfants, un regard sur le tableau 4.1 permet de constater qu'en général lesfemmes répondent de façon plus intense et sont les plus nombreuses àmentionner qu'un enfant est indispensable ou au moins très important:c'est vrai pour près des trois quarts du groupe des femmes de 40-54 anset de 55 ans et plus, pour les deux tiers des 25-39 ans et la moitié des 15-24 ans. Parmi les hommes, ce sont surtout ceux qui sont âgés de 55 ans etplus qui jugent que les enfants sont indispensables (23%). Au contraire,un sixième des plus jeunes (15-24 et 25-39 ans) pensent que ce n'est pastrès important ou pas important du tout. La majorité des répondantsmasculins se retrouvent tout de même sous la rubrique «plutôtimportant», toutes catégories d'âge confondues, avec cependant uneproportion un peu plus élevée chez les 15-24 et les 25-39 ans.Evidemment, l'expérience parentale joue également un rôle importantdans le choix de la réponse. Ainsi, plus d'un cinquième des parents et desex-parents mentionnent que l'enfant est indispensable, ce qui constitue uneproportion trois fois plus élevée que chez les non-parents de 25 ans etplus. Au sein de ce dernier groupe, près d'un tiers des répondantsdéclarent que ce n'est pas très important ou pas important du tout,pourcentage six fois plus élevé que chez les parents actuels (5.6%).Quelques nuances sont encore à apporter en ce qui concerne les parentsactuels. Les parents de quatre enfants et plus sont presque un tiers àpenser que les enfants sont indispensables; plus de 80% des parents dedeux enfants et plus, estiment que les enfants sont très importants.

Tableau 4.3:Importance des enfants, selon le pays. CE 12.

Indispensable

Très important

Plutôt important

Pas très important

Pas important du tout

NSP

B

17.8

46.3

20

9.1

3.6

3.3

DK

8 5

55

22.6

8 1

3.5

2.2

WD

14 5

41.7

23.4

11.2

5 4

3.3

D

15.7

43.3

22.1

10.3

4.9

3

OD

20.2

49.7

17.1

7.3

2.9

1.8

GR

42

46.8

8.3

1.5

0.5

1

E

18.8

54.1

17

4 4

34

2.2

F

22.5

44.8

21.6

5.1

3.8

2.2

IRL

11.9

40.6

24.6

9.9

8.7

4.2

I

14 9

56.1

18.8

6.1

1.3

2.9

L

15.6

50.6

23.5

4.6

0.7

5

NL

13.6

41.7

21.4

13.4

5.6

4.4

P

26.6

45.6

22.5

3

0.6

1.8

UK

12

46

22.2

11.3

6.2

1.8

CE12

17.2

47.6

20.6

7.9

3.9

2.6

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Parents et enfants 103

Le tableau 4.3 qui répartit les réponses selon l'appartenancenationale des répondants indique des fluctuations assez sensibles. Pourplus des deux tiers des Grecs (89%), des Espagnols (73%), des Italiens(71%), des Allemands de l'ex-RDA (70%), des Français (67.3%) et desItaliens (66%), les enfants sont très importants; ils sont mêmeindispensables pour 42% des Grecs, un quart des Portugais et plus d'uncinquième des Français, des Allemands de l'ex-RDA et des Espagnols. Acontrario, les Danois (8.5%), les Irlandais (12%), les Allemands de l'ex-RFA (14.5%) et les Britanniques (12%) ont des taux de réponse qui nedépassent pas la borne des 15% à la rubrique "indispensable". Al'exception des danois, ils répondent d'ailleurs plus fréquemment qu'unenfant n'est pas très important et même pas important du tout (plus de15% pour l'ensemble des deux items).

COMMENT ÉDUQUER LES ENFANTS?

De nombreuses recherches ont déjà été entreprises afin d'étudier lamanière dont les parents menaient l'éducation de leurs enfants. Il enressort que l'univers socio-culturel, le niveau d'éducation, la profession etle niveau de vie des parents influencent grandement les principes éducatifsmis en œuvre (KELLERHALS, J., MONTANDON, C., 1991, p.195).«Différentes attitudes étaient ainsi valorisées selon le milieu socialconsidéré: les mères de milieux favorisés mettaient l'accent sur la maîtrisede soi, l'autonomie, la curiosité d'esprit; les milieux populaires insistaientsur l'ordre, la propreté, la discipline». Ces divergences ont été expliquéespar un certain mimétisme culturel: les parents dont l'activitéprofessionnelle implique des capacités d'initiative, des performancesindividuelles, auraient tendance à encourager l'autonomie de leursenfants, par une sorte de transposition des nonnes de la sphère publiquevers la sphère privée. C'est ainsi qu'ont été mis en évidence des finalitéset des styles éducatifs typiques de certaines configurations

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Graphique 4.2 :Valeurs à encourager chez les enfants, CE 12.

Q82 - EUROBAROMETRE 39 - PRINTEMPS 1993

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Parents et enfants 105

familiales (KELLERHALS, J., MONTANDON, C., 1991, pp.197-199). Dans unetelle optique, une courte investigation sur les valeurs guidant l'éducationdes enfants s'avérait du plus grand intérêt.

Quelles qualités encourager?

Quelles qualités le milieu familial doit-il encourager chez l'enfant?Les Européens interrogés à ce sujet mentionnent en premier lieu le sensdes responsabilités (56%), la tolérance (50%) et les bonnes manières(46%; voir graphique 4.2). Deux de ces qualités sont d'ailleurs liées à lareconnaissance de la vie collective. Viennent ensuite, sur un piedd'égalité, l'autonomie et la joie de vivre (29%) qui, au contraire, sontplutôt des qualités de portée individuelle, comme le sens desresponsabilités d'ailleurs. La persévérance, l'obéissance, la créativité, letravail dur, le sens de l'économie, la foi religieuse, le courage sont aussiencouragés, mais dans une moindre mesure (plus ou moins 10%). Le goûtdu plaisir et le sens esthétique occupent une place marginale (5% et 2%).

Des divergences plus profondes se manifestent lorsque descatégories telles que l'âge, le sexe ou l'expérience parentale sontenvisagées (voir tableau 4.4 et 4.5). Ainsi, les bonnes manières,l'obéissance et l'autonomie sont un peu plus souvent privilégiées par lesfemmes (en moyenne, un point d'écart entre les deux sexes), de même quel'autonomie et la tolérance mais dans des proportions plus fortes (4%d'écart). Les valeurs traditionnelles comme les bonnes manières,l'obéissance et la foi religieuse sont surtout mentionnées par les femmesde 55 ans et plus, tandis que la tolérance est citée davantage par lacatégorie des 25-39 ans. Au contraire, les hommes retiennent plusvolontiers le sens des responsabilités, la détermination et le courage,principalement dans le groupe des 40-54 ans. la créativité et le goût duplaisir sont plutôt favorisés par les hommes de 15-24 ans. Un sixième deshommes de 55 ans et plus soulignent l'importance de travailler dur. D'unemanière générale, on remarque que, pour les deux sexes, les valeurstraditionnelles (bonnes manières, obéissance, travail dur, épargne)

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1 06 Les Européens et la familleTableau 4.4,

Valeurs à encourager chez les enfants, selon le sexe et l'âge, CE 12.

Responsabilité

Tolérance/respect des autres

Bonnes manières

Autonomie

Joie de vivre

Déterminal ion/persévérance

Obéissance

Créativité/imagination

Travaillée Air

Sens de l'économie/épargne

Foi religieuse

Courage

Générosité

Goût du plaisir

Sens esthétique

Hommes

15-24

52.5

43.8

37.0

30.9

34.8

13.6

10.5

16.6

10.9

6.8

6.0

10.8

7.8

8.0

2.5

25-39

56.7

49.2

37.0

30.8

33.4

14.3

9.6

17.1

9.2

7.5

5.4

7.5

7.8

6.8

2.6

40-54

58.8

50.7

39.4

28.8

25.9

14.5

12.1

9.6

13.2

10.7

6.8

10.4

8.7

5.1

2.0

55+

58.7

46.3

45.1

25.0

19.5

13.2

15.8

6.4

. 16.7

16.4

12.2

9.0

7.9

3.2

2.2

Total

56.9

47.7

39.8

28.7

28.0

13.9

12.1

12.2

12.6

10.6

7.7

9.3

8.0

5.6

2.3

Femmes

15-24

53.3

55.2

36.8

29.0

37.8

15.0

11.0

14.5

6.5

5.9

6.3

7.0

8.9

6.5

1.4

25-39

56.0

56.1

34.4

30.1

33.8

13.3

12.6

14.1

7.5

8.3

7.6

8.9

8.7

5.3

1.9

40-54

56.9

51.5

39.6

32.2

27.1

15.4

10.9

8.1

11.2

10.4

10.8

8.8

7.3

2.9

1.6

55+

54.9

44.9

48.9

26.9

19.7

8.9

17.8

6.9

12.7

15.6

17.6

7.3

8.0

3.1

2.7

Total

55.3

51.1

40.9

29.3

28.2

12.6

13.7

10.4

9.9

10.8

11.5

8.0

8.2

4.2

2.0

Note: Las question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que, de la liste des posebilités offertes auxrépondants, plusieurs réponses étaient admises; dans ce cas-ci, trois. En conséquence, la somme des fréquencesde réponses données est supérieure à 100%.

Tableau 4.5.Valeurs à encourager chez les entants, selon l'expérience parentale, CE 12.

Responsabilité

Tolérance/respect des autres

Bonnes manières

Autonomie

Joie de vivre

Détermination/persévérance

Obéissance

Créativité/imagination

Travailer dur

Sens de l'économie/épargne

Foi religieuse

Courage

Générosité

Goût du plaisir

Sens esthétique

Non-parents

15-24ans

53.7

49.4

367

28.7

36.3

14.1

10.2

15.7

8.9

6.3

6.4

9.3

8.0

7.7

1.9

25ans+

55.0

51.1

35.1

30.2

31.3

12.6

10.1

14.7

10.4

8.8

7.9

8.8

7.4

5.9

2.6

Ex-parents

58.2

46.4

46.8

31.7

20.7

11.8

14.4

7.5

12.8

15.5

13.3

8.2

6.7

3.4

2.3

Parentsactuels

56.4

50.4

41.0

27.2

27.2

13.9

14.6

9.8

11.6

10.9

9.9

8.4

9.2

4.1

2.0

Parents de

1entant

57.1

48.5

40.9

31.5

27.5

12.3

13.4

9.8

11.4

11.6

9.2

7.4

9.9

4.2

1.9

2entants

57.7

51.1

40.3

26.8

26.5

14.6

14.6

10.5

12.1

11.5

9.2

9.2

, 8.6

4.3

2.5

3entants

54.6

56.0

42.2

20.0

26.9

16.3

17.6

8.6

12.2

8.5

13.2

8.6

9.9

3.1

0.7

4entantset+

50.6

48.7

46.8

17.6

33.0

15.2

18.2

10.1

9.8

8.9

13.9

11.6

7.3

3.6

2.2

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Parents et enfants 107

obtiennent un taux d'adhésion plus élevé lorsque l'âge s'accroît. Lesqualités de portée individuelle telles que l'autonomie, la joie de vivre,l'imagination et le goût du plaisir rallient surtout les répondants les plusjeunes, qu'ils soient hommes ou femmes.

Notons la forte proportion de jeunes qui ont choisi la joie de vivre.Pour les 15-24 ans et les 25-39 ans, cet item bouscule d'ailleurs leclassement général, puisqu'il vient s'intercaler en quatrième position chezles hommes, (avant l'autonomie) et presque en troisième place chez lesfemmes (juste après le sens des responsabilités et la tolérance). Pour lesdeux sexes, les écarts sont plus grands suivant l'âge, du moins pour lesqualités de portée individuelle. Le fait d'avoir eu des enfants accentue lechoix des valeurs traditionnelles, tandis que la non parentalité renforcel'adhésion à des qualités de portée individuelle.

Qualités sociales et qualités individuelles

Le classement par pays présente quant à lui de profonds contrastes(tableau 4.6). Le sens des responsabilités est encouragé plusparticulièrement en Espagne et en Italie (63%), mais beaucoup moins enGrèce (48%). Par contre, les bonnes manières figurent en première place(59%) dans ce dernier pays, alors qu'elles n'occupent que la cinquièmeposition chez les Danois (30%). Au Royaume-Uni, la tolérance est lapremière qualité à transmettre aux enfants, tandis qu'elle est seulementclassée à la sixième place chez les Grecs.

Les écarts par rapport à la moyenne sont particulièrement élevéspour les items suivants. Les Allemands de l'Est revendiquent à plus de70% l'autonomie, alors qu'à l'autre extrême, on retrouve le Portugal avecun pourcentage quatre fois moins élevé (14%). Autres qualités pourlesquelles les contrastes sont bien marqués: la joie de vivre, qui recueille38% des suffrages des Néerlandais, soit trois fois plus que chez lesPortugais; le courage, choisi par 19% des Français et seulement par 1.7%des Néerlandais et 2.4% des Danois. Une série de résultats semblent aller

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Tableau 4.6:Valeurs à encourager chez les enfants, selon les pays, CE 12.

Responsabilité

Tolérance/respect des autres

Bonnes manières

Autonomie

Joie de vivre

Détermination/persévérance

Obéissance

Créativité/Imagination

Travailler dur

Sens de l'économie/épargne

Fol religieuse

Courage

Générosité

Goût du plaisir

Sens esthétique

B

51.6

46.6

41.5

18.5

21.9

21.5

14.6

8.9

9.0

14.9

6.0

12.4

5.6

9.8

1.9

DK

59.1

59.2

30.9

59.0

36.1

10.9

5.7

22.8

1.1

4.1

2.5

2.8

1.1

1.0

0.7

WD

60.2

44.7

31.0

60.2

33.5

6.1

8.4

15.0

4.8

13.3

7.5

5.0

2.7

5.0

4.5

D

58.7

41.5

31.9

62.4

32.9

6.7

8.9

14.8

5.3

15.0

6.6

5.0

2.4

4.9

4.8

0D

53.1

29.4

35.3

70.7

30.4

8.8

10.4

13.8

7.3

21.4

3.1

4.9

1.4

4.6

5.7

GR

47.6

21.1

58.8

16.4

26.3

27.3

16.0

12.0

10.0

7.5

21.9

15.0

2.4

6.4

1.1

E

63.9

56.1

41.8

14.9

25.8

8.3

12.1

12.3

13.5

13.7

9.7

4.2

9.6

5.5

0.9

F

48.4

53.3

32.2

21.7

27.4

20.1

16.8

14.4

13.7

8.2

5.7

19.1

14.3

7.0

1.5

IRL

50.7

53.5

53.8

19.3

19.2

13.8

12.1

8.4

16.9

6.4

19.3

7.2

7.4

2.4

2.9

I

63.6

45.5

42.9

17.7

26.4

12.1

10.3

5.1

10.7

14.6

17.1

10.5

12.0

4.4

0.6

L

55.6

50.8

48.6

18.9

29.5

17.8

12.4

10.6

6.5

16.1

4.5

8.9

7.4

1.7

1.1

NL

61.1

52.4

50.0

17.4

38.0

23.3

12.5

6.2

7.0

4.7

9.9

1.7

0.6

7.2

0.9

P

53.1

41.5

47.8

14.4

12.6

9.6

17.3

9.8

36.6

15.1

10.8

5.5

11.5

3.4

0.1

UK

48.4

61.5

50.1

16.0

26.6

14.7

17.6

9.7

14.2

2.6

8.9

6.0

8.9

2.1

2.5

CE1 2

56.1

49.5

40.4

29.0

28.1

13.2

12.9

11.3

11.2

10.7

9.7

8.6

8.1

4.9

2.2

Note: Les question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que. de la liste des possibilités offertes auxrépondants, plusieurs réponses étalent admises; dans ce cas-cl, trois. En conséquence, la somme des fréquencesde réponses données est supérieure à 100%.

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Parents et enfants 109

à rencontre de certains préjugés populaires, puisque les Italiens sont ceuxqui encouragent le moins la créativité et l'imagination; les Allemands,comme les Danois, privilégient moins 'le travail dur, enfin, ce sont lesGrecs (et non les Irlandais ou les Italiens) qui insistent le plus surl'encouragement de la foi religieuse. De façon générale, on peut donc direque des pays tels que le Danemark, l'Allemagne réunifiée et les Pays-Basencouragent nettement les qualités à caractère individuel, tandis que despays comme la Grèce, le Portugal et l'Italie en appellent davantage auxvaleurs traditionnelles.

LA MÈRE AU FOYER?

Responsable, tolérant et bien élevé, tel devrait être le petitEuropéen de demain! Mais qui de papa et de maman doit veiller le plus àl'éducation de ces chers petits?

Plus des trois quarts des répondants estiment qu'une mère doitrester à la maison pour élever son enfant; les hommes un peu plus que lesfemmes, et ce à tout âge, sauf pour le groupe des 25-39 ans (tableau 4.7).Parmi les femmes comme parmi les hommes, on observe une ruptureassez nette entre les groupes de 15-24 ans et 25-39 ans, et leurs aînés. Eneffet, plus l'âge augmente et moins le travail à l'extérieur de la mère, estrecommandé (22.7% chez femmes de 15-24 ans contre 9.1% chez cellesde plus de 55 ans). Il faut noter cependant que les hommes de 15-24 anssont plus nombreux que les femmes de leurs générations à estimer qu'unemère doit rester à la maison (72.7% contre 66.1%).

<

Les ex-parents surtout (85%), les parents actuels ensuite (78%), lesnon-parents enfin (69%), sont dans une grande majorité favorables au faitqu'une mère doive rester à la maison (tableau 1.8). Les parents actuelsd'une famille nombreuse sont les plus réticents à laisser une mèrepoursuivre son activité professionnelle à l'extérieur.

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11 0 Les Européens et la famille

Tableau 4.7:Pensez-vous qu'il sort mieux pour un enfant que sa mère reste à la maison pour ('élever,

pendant qu'il est petit ou que sa mère continue à travailler à l'extérieur?...Réponses selon te sexe et l'âge. CE 12.

Mère reste à la maison

Mère continue à travailler àl'extérieur

NSP

Hommes

15-24

72.7

15.1

11.5

25-39

68.8

18.1

12.5

40-54

78.7

11.9

9.0

55+

87.8

6.1

5.7

Total

77.2

12.7

9.6

Femmes

15-24

66.1

22.7

10.7

25-39

69.7

18.3

11.4

40-54

77.3

15.1

7.5

55+

83.9

9.1

6.6

Total

75.6

15.3

8.8

Tableau 4.8:Présence à la maison ou travail à l'extérieur de la mère,

selon l'expérience parentale, CE 12.

Mare reste à la maison

Mère continue à travailler àl'extérieur

NSP

Non-parents

15-24ans

68.8

19.5

11.4

25 ans+

69.5

16.3

13.7

Ex-parents

85.3

8.3

6.1

Parentsactuels

77.9

13.7

7.8

Parants de

1entant

77.9

14.1

7.8

2entants

77.6

14.1

7.9

3enfants

80.0

13.3

6.5

4enfantset+

79.1

10.6

10.3

Tableau 4.9:Présence à la maison ou travail à l'extérieur de la mère,

selon le pays, CE 12.

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Parents et enfants 111

A l'exception de la Belgique et du Danemark où un quart desrépondants déclarent qu'il vaut mieux que la mère continue à travailler(tableau 1.9), dans les autres pays, plus de 70% des personnes interrogéespensent que la mère doit rester à la maison. En ex-RFA, les taux deréponse à ce dernier item dépasse même les 85%.

ET LES FEMMES «SACRIFIÉES» PROFESSIONNELLEMENT ?

Si les femmes doivent rester à la maison pour élever leurs enfants,les Européens ont-ils conscience que cette situation peut constituer uneentrave à leur vie professionnelle? Il était donc important de demanderaux personnes interrogées, si le mariage et le fait d'avoir des enfantsétaient un obstacle à la vie professionnelle de l'homme et de la femme.

Un peu plus de la moitié des Européens pensent qu'avoir desenfants est un obstacle à la vie professionnelle de la femme (55% deréponses "oui", tableau 4.10) alors que, ni le mariage, ni le fait d'avoirdes enfants ne sont des obstacles à la vie professionnelle de l'homme(92.8% et 90.3% respectivement de réponses "non "). Le mariage nesemble pas être non plus un obstacle à la vie professionnelle de la femme,mais les avis sont toutefois moins unanimes (73,9% de réponses "non";tableau 4.10).

Le mariage et le fait d'avoir des enfants est donc reconnu presqueunanimement par les deux sexes comme n'étant pas un obstacle à la vieprofessionnelle de l'homme. Il faut cependant remarquer que lesproportions de réponses positives sont un peu plus élevées chez leshommes que chez les femmes, et surtout dans le groupe des 15-24 ans oùdeux fois plus d'hommes que de femmes de leurs générations, déclarentque le mariage et les enfants sont un obstacle à leur vie professionnelle.Au contraire, plus d'un cinquième des personnes interrogées voient dansle mariage un obstacle à la vie professionnelle des femmes (22.3% deoui), les femmes davantage que les hommes et principalement à 40-54 ans(27.2% de réponses positives). Quand on aborde la question concernant

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112 Les Européens et la famille

Graphique 4.3:Le mariage et le tait d'avoir des enfants comme obstacle à la vie professionnelle

de l'homme et de la femme?...

074 - EUROBAROMETRE 39 - PRINTEMPS 1993

Tableau 4.10Le mariage et te fait d'avoir des enfants comme obstacle à la vie professionnelle

de l'homme et de la femme?...Réponses selon le sexe et l'âge, CE 12.

Le mariage est un obstacle à lavie professionnelle de l'homme

Le mariage est un obstacle à lavie professionnelle de la femme

Le tait d'avoir des entante «etun obstacle à la vieprofessionnelle de l'homme

Le fart d'avoir des entants estun obstacle à la vieprofessionnelle de la femme

Hommes

15-24

7.1

20.8

13.5

57.9

25-39

4.9

19.8

11.0

56.0

40-54

6.1

21 3

6.7

54.0

55+

3.0

195

4.3

49.2

Total

5 1

203

8.6

54.0

Femmes

15-24

3.6

22.5

7.0

59.7

25-39

3.5

26.5

4.5

60.2

40.54

3.5

27.2

3.6

58.6

55*

2.9

21.0

3.9

48.9

Total

3.3

24.1

4.5

55.9

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Parents et enfants 113

les enfants, plus de la moitié de l'échantillon repond que ceux-ci sont uneentrave à la vie professionnelle de la femme. L'effet de l'âge se faitégalement sentir: près de 60% des femmes considèrent que l'enfant est unobstacle, à l'exception toutefois de la catégorie des 55 ans et plus, chez quile pourcentage chute en-dessous de la barre des 50%. Les hommespartagent l'avis de leur compagne mais avec des proportions légèrementplus basses à tous les âges, sauf à 55 ans et plus, où leur niveau de réponseéquivaut à celui des femmes (49%).

L'analyse selon l'expérience parentale (tableau 4.11) montre trèspeu de fluctuations par rapport à la moyenne communautaire (tableau4.13). Seuls, les non-parents de 15-24 ans se démarquent en soulignantplus fréquemment que les autres catégories, que le fait d'avoir des enfantsest un obstacle à la vie professionnelle de l'homme (10% contre 6.5%pour la moyenne communautaire) et de la femme (59% contre 55%).Leur avis est partagé par les parents de trois enfants, avec un pointd'écart cependant.

Les variations sont beaucoup plus importantes quand on tientcompte du statut matrimonial (tableau 4.12). A l'exception des veufs, plusd'un quart des personnes ne vivant pas en couple déclarent que le mariageest un obstacle à la vie professionnelle de la femme, avec une pointemaximale chez les divorcés (30%). Cette dernière catégorie, tout commeles célibataires ayant déjà cohabité et les remariés, constitue le groupe derépondants pour lequel, le plus fréquemment, les enfants sont desobstacles à la vie professionnelle des femmes (respectivement 68%, 62%et 65%). A l'autre extrême, on retrouve les veufs, avec une proportionqui ne dépasse pas 45%.

Les différences sont tout aussi extrêmes lorsqu'on examine lesréponses par pays (tableau 4.13). Les Grecs (8.9% de réponses "oui")sont les plus nombreux à estimer que le mariage puisse être un obstacle àla vie professionnelle de l'homme et les Néerlandais les moins nombreux(1.8%). Les Danois (10.4% de "oui") et les Britanniques (9.9% de "oui")ont davantage tendance à considérer le fait d'avoir des enfants comme un

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114 Les Européens et la famille

Tableau 4.11Le mariage et te fart d'avoir des entants comme obstacle à la vie professionnellede l'homme et de la femme?... Réponses selon l'expérience parentale, CE 12.

Le mariage est un obstacle à lavie professionnelle de l'homme

Le mariage est un obstacle à lavie professionnelle de la femme

Le tait d'avoir des entants estun obstacle à la vieprofessionnelle de l'homme

Le fait d'avoir des entants estun obstacle à la vieprofessionnelle de la femme

Non-parents

15-24ans

5.5

22.0

10.8

58.8

25ans+

4.9

23.3

8.0

54.0

Ex-parents

3.1

20.3

3.9

52.7

Parentsactuels

3.9

23.0

5.4

55.1

Parents de

1enfant

3.4

22.9

5.1

53.1

2enfants

4.3

23.0

4.7

56.9

3enfants

3.6

24.5

8.1

57.3

4entantset*

3.7

22.1

3.9

55.5

Tableau 4.12Le mariage et le fart d'avoir des enfants comme obstacle à la vie professionnelle

de l'homme et de la femme?— Réponses selon le statut matrimonial, CE 12.

Le mariage est un obstacle à lavie professionnelle de l'homme

Le mariage est un obstacle à lavie professionnelle de la femme

Le fait d'avoir des enfants estun obstacle à la vieprofessionnelle de l'homme

Le fait d'avoir des enfants estun obstacle à la vieprofessionnelle de la femme

Vivant en couple

Mariésans

cohabit.ant

3.3

22.1

4.9

54.0

Mariéavec

cohabit.ant.

4.5

18.5

7.1

55.6

Remarié

3.5

22.3

7.5

65.0

Célibat.sans

cohabit.ant.

6.9

16.5

11.6

53.4

Célibat.avec

cohabit.ant

5.0

19.1

5.7

61.7

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant.

5.4

24.1

9.5

56.0

Célibat.avec

cohabit.ant.

7.2

26.1

10.6

61.7

Divorcé

5.5

29.8

5.5

68.0

Séparé

2.8

24.9

3.8

53.5

Veuf

2.5

17.9

3.3

44.8

Tableau : 4.13Le mariage et le fait d'avoir des entants comme obstacle à la vie professionnelle

à la vie professionnelle de l'homme et de la femme?...Réponses selon les pays CE 12.

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Parents et enfants 115

obstacle à la vie professionnelle de l'homme que les Allemands de l'ex-RDA (3.9% de "oui") et les Français. (5.2% de "oui"). Les Irlandais(32.5% de oui), les Italiens (28.5% de oui), les Anglais et les Grecs(25.7% de oui chacun) sont les plus enclins à penser que le mariage puisseêtre un obstacle à la vie professionnelle de la femme, par contre, lesBelges (13.6% de oui), les Portugais (14.7%) et les Français (15.8%) lesont le moins.

Le Portugal, la Grèce et la Belgique se distinguent des autres Etatsmembres de la CE car un peu moins de la moitié de leur échantillonestime qu'avoir des enfants n'est pas un obstacle à la vie professionnellede la femme. A contrario, les Anglais, les Allemands de l'Ouest et, dansune moindre mesure, les Luxembourgeois sont plus enclins à penserqu'avoir des enfants puisse être un obstacle à la vie professionnelle de lafemme.

PÈRE ET MÈRE ÉDUCATEURS

Lorsqu'on envisage le rôle du père dans l'éducation des enfants,87% de l'ensemble des répondants pensent qu'un père doit participer àl'éducation de ceux-ci dès le plus jeune âge (tableau 1.14). Les hommessont un peu moins enthousiastes que les femmes à cette perspective, et ce àtous les âges. D'une manière générale, plus les personnes sont jeunes etplus cette opinion s'impose. Du point de vue du statut parental, nousremarquons que les ex-parents et les non-parents de plus de 25 ans sontles moins nombreux à penser que le père doit participer à l'éducation del'enfant; toutefois, les premiers se montrent plus favorables à un rôleprépondérant de la mère, les seconds reconnaissent plus souvent ne passavoir (tableau 4.15). En fait, les parents actuels ont un niveau de réponsetrès proche de celui de l'ensemble des répondants: plus ils ont d'enfants(jusqu'au troisième), plus il leur importe que le père participeprécocement à l'éducation des enfants, encore que la tendance soit moinsnette pour les parents de plus de quatre enfants.

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116 Les Européens et la famille

Tableau 4.14:Pensez- vous qu'il sort mieux pour un enfant que son père participe intensément, dès son plus

jeune âge, à son éducation ou que son éducation soit, avant tout du ressort de la mèreet non du père?... CE 12.

Père participe à l' éducation del'entant

L'éducation est uniquement duressort de la mère

NSP

Hommes

15-24

89.5

6.3

4.0

25-39

87.1

8.4

4.0

40-54

87.5

8.1

4.1

55+

82.1

12.7

4.5

Total

86.3

9.1

4.2

Femmes

15-24

90.2

5.7

3.4

25-39

89.4

6.6

3.5

40-54

87.7

8.8

3.3

55+

84.2

11.4

4.2

Total

87.4

8.6

3.7

Tableau 4.15:Participation ou non du père à l'éducation des enfants,

selon l'expérience parentale, CE 12.

Père participe à l' éducation del'enfant

L'éducation est uniquement duressort de la mère

NSP

Non-parents

15-24ans

90.0

6.0

3.8

25 ans+

84.8

8.3

6.5

Ex-parente

84.2

12.1

3.3

Parentsactuels

87.9

8.5

3.1

Parents de

1enfant

87.2

9.1

3.3

2enfants

89.2

8.2

2.4

3enfants

89.5

7.4

2.8

4enfantset+

84.6

8.6

6.9

Tableau 4.16:Participation ou non du père à l'éducation des enfants,

selon les pays, CE 12.

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Parents et enfants 117

A cette question, la plupart des pays ont un taux de réponse quifluctue autour de la moyenne communautaire, à l'exception de l'ex-RFAet de la Grèce où une plus grande proportion de répondants estiment quel'éducation est uniquement du ressort de la mère (15% et 20%; tableau4.16). Au contraire, plus de 90% des Danois, des Français et des Italiensjugent favorablement une participation précoce du père à l'éducation deses enfants.

A CHACUN SES TÂCHES

Mais quand le père participe à l'éducation des enfants, quellestâches lui sont réservées? Une des questions de notre enquête tented'apporter des éléments de réponse à cette interrogation et se lit commesuit:

«Voici une liste des tâches que le père et la mère peuvent avoir dans leurfoyer. Pour chacune d'entre elles, voulez-vous me dire si elles devraientêtre effectuées surtout par le père, surtout par la mère ou par les deuxensemble»;

A. faire du sport avec les enfants;B. conduire les enfants à des activités de jeunes

telles que théâtre, musique, boy-scout,...;C. langer les bébés;D. habiller les enfants ou choisir leurs vêtements;E. conduire les enfants chez le médecin;F. aider les enfants dans leurs tâches scolaires,

aller aux reunions de parents;G. donner à manger aux enfants;H. acheter des jouets pour les enfants;I. donner de l'argent de poche aux enfants;J. punir les enfants;K. mettre les enfants au lit;L. répondre aux questions importantes

que l'enfant pose.

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11 8 Les Européens et la famille

Graphique 4.4 :Répartition des tâches relatives aux enfants,

CE 12

Les réponses aux différentes sous-questions mentionnées plus hautont été classées en ordre croissant, à partir de la variable «les deuxensemble». Sur la base de ce classement, le graphique 4.4 montre que lamajorité des Européens (75%) considèrent que toutes les tâchesconcernant les enfants devraient être du ressort des deux parents,indifféremment. Nous noterons cependant que la distribution passe de54.1% pour la question «habiller les enfants» à 91.5% pour l'item«répondre aux questions importantes que pose l'enfant».

Une analyse comparative des différentes réponses données permetcependant de constater que, lorsqu'il s'agit d'habiller, de langer lesenfants, de leur donner à manger ou de les conduire chez le médecin,35% des Européens interrogés estiment que ces tâches sont surtout duressort de la mère, tandis que 18% pensent que faire du sport avec lesenfants est surtout l'apanage du père. Des tâches telles qu'acheter desjouets, aider les enfants dans leurs tâches scolaires ou conduire les enfantsà des activités socio-culturelles sont des domaines qui, bien qu'étant trèsnettement de la compétence des deux parents (plus de 80%), ont étédésignées une fois sur dix comme relevant plus spécifiquement du rôle dela mère; une fois sur dix également, punir les enfants et leur donner de

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Parents et enfants 119

l'argent de poche est considéré comme une tâche plus particulièrementréservée au père.

Graphique 4.5:Répartition des tâches "surtout effectuées par la mère",

selon le sexe des répondants, CE 12

Graphique 4.6 :Répartition des tâches "surtout effectuées par le père",

selon le sexe des répondants, CE 12

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120 Les Européens et la famille

Maman soigne, papa punit

Le classement adopté lors de l'analyse du graphique 4.4 est reprisdans les graphiques de la page précédente. Ainsi, si on distribue selon lesexe les répondants qui privilégient le rôle de la mère (graphique 4.5) oudu père (graphique 4.6), on s'aperçoit qu'il y a peu de différence entre lesréponses des hommes et celles des femmes. De façon générale, les uns etles autres sont d'accord pour déclarer qu'habiller les enfants, les langer,leur donner à manger ou les conduire chez le médecin (tâches que nousappellerons dorénavant les «soins aux enfants»), sont des tâches àcaractère plus «maternel», tandis que faire du sport avec l'enfant, luidonner de l'argent de poche ou le punir sont des tâches à caractère plus«paternel». Il faut cependant signaler que les hommes ont une tendanceplus nette (entre 1% et 3% d'écart) à renforcer les rôles séparés du pèreet de la mère. Au contraire, les femmes déclarent davantage que lesactivités «sous observation» (à l'exception de «conduire l'enfant chez lemédecin») relèvent plutôt des compétences des deux parents. '

Graphique 4.7 :Répartition des tâches "surtout effectuées par la mère",

selon l'âge des répondants, CE 12

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Parents et enfants 121

Graphique 4.8 :Répartition des tâches "surtout effectuées par le père",

selon l'âge des répondants,CE 12

Toujours en se basant sur le classement antérieur, les graphiques 4.7et 4.8' permettent d'observer que cette répartition des tâches plutôt«maternelles» ou plutôt «paternelles» se renforce avec l'âge. En effet,d'une part, environ 48% des Européens de plus de 55 ans contre 28% dela catégorie des 25-39 ans (graphique 4.7) estiment que les soinsquotidiens aux enfants relèvent davantage des compétences de la mère.D'autre part, 17% des Européens de plus de 55 ans, contre 11% de lacatégorie des 25-39 ans (graphique 4.8), considèrent que faire du sportavec les enfants, leur donner de l'argent de poche et les punir est plutôtdu ressort du père. De cette analyse des réponses classées selon l'âge desrépondants, on retiendra que la classe d'âge des 25-39 ans est la catégoriepour laquelle, dans de fortes proportions, l'ensemble des tâches à l'égarddes enfants relève de la compétence des deux parents. Inversement, les 55ans et plus mettent davantage l'accent sur une distribution des rôles bienmarquée entre les sexes. Curieusement, les individus âgés de 15 à 24 ansont soit des pourcentages avoisinants ceux des 40-54 ans, soitintermédiaires entre cette dernière classe d'âge et les 25-39 ans. L'attitudedes plus jeunes se démarque donc de celle des générations qui lesprécèdent et se calque sur celle des 40-54 ans, surtout quand il s'agit de

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122 Les Européens et la famille

Tableau : 4.17Voici une liste des tâches que le père et la mère peuvent avoir dans leur foyer. Pour chacune d'entre

elles, voulez-vous me dire si elles devraient être effectuées surtout par le père,surtout par la mère ou les deux ensemble?... CE 12.

Surtout par te père

Habiter les entants ou choisirleurs vêlements

Langer les bébés

Donner à manger aux entants

Conduire tes entants chez lemédecin

Mettre tes entants au il

Donner de l' argent de pocheaux entants

Faire du sport avec tes enfants

Conduire tes enfanta à desactivités de «unestelles que théâtre, musique.boy-scout....

Acheter des jouets pour tesentants

Punir tes entants

Aider tes enfants dans leurstaches sociales, aller auxréunions de parents

Répondre aux questionsimportantes que reniant pose

B

0.6

0.5

0.5

1.7

1.0

13.2

18.1

8.4

2.2

9.0

6.4

3.0

UK

0.1

0.2

0.3

0.4

0.3

5.5

6.0

2.8

1.9

3.2

1.6

0.6

WD

0.4

0.7

0.7

1.2

0.5

15.0

16.9

5.6

2.6

7.4

3.5

2.9

D

0.5

0.8

0.6

1.2

0.5

14.4

16.6

5.2

2.5

6.9

3.4

2.7

00

0.8

1.0

0.4

1.3

0.7

12.0

15.9

3.8

2.7

4.9

2.7

1.6

GR

0.1

0.2

0

0.5

0.1

13.3

32.5

4.1

4.1

7.9

1.2

1.0

E

0.5

0.4

0.9

1.1

0.7

15.8

13.8

4.2

2.2

8.3

4.3

5

F

0.6

0.4

0.4

1.6

1.1

12.9

17.7

6.0

2.6

10.1

2.4

2.9

IRL

0.2

0.2

0.2

0.3

0.5

9.6

20.5

2.7

1.1

3.5

0.7

0:5

I

0.5

0.3

0.7

1.4

0.6

15.3

26

7.6

4.6

10.0

2.1

5.0

L

0.7

0.1

0.8

1.6

1.0

9.3

18.4

6.6

3.0

3.3

1.7

2.1

NL

0.5

0.2

0.5

0.5

0.9

12.2

9.2

3.1

0.6

2.9

2.9

0.8

P

0.5

0.4

0.8

1.9

0.3

15.9

25.1

13.0

4.7

6.2

7.2

5.9

UK

0.9

0.5

0.6

0.7

1.2

17.1

16.5

3.9

2.7

6.7

2.6

1.7

CE1 2

0.6

0.5

0.6

1.2

0.8

14.6

18.4

5.5

2.9

7.8

3.0

3.1

Surtout par l* mère

Habiter tes entants ou choisirleurs vêtements

Langer tes bébés

Donner a manger aux entants

Conduire tes entants chez temédecin

Mettre tes entants au H

Donner de l' argent de pocheaux enfants—

Faire du sport avec tes entants

Conduire tes enfants à desactivités de jeunestelles que théâtre, musique.boy-scout....

Acheter des fouets pour tesentants

Punir tes entants

Aider tes enfants dans leurstaches scolaire», aller auxréunions de parente

Répondre aux questionsimportantes que l'entant pose

B

46.3

32.0

23.6

24.4

17.9

7.6

1.8

10.5

13.1

2.9

7.2

5.8

DK

22.8

11.7

12.8

17.5

7.0

3.2

1.2

2.7

4.1

1.9

4.4

1.8

WD

50.7

42.6

45.6

36.6

23.0

9.4

4.0

13.4

19.3

5.4

20.2

5.9

D

60.7

43.1

42.6

35.1

22.9

9.6

3.5

12.1

18.1

5.0

17.6

5.5

OD

50.8

45.1

31.4

28.6

22.6

10.6

1.6

7.3

13.3

3.7

8.5

3.7

GR

36.2

48.7

41.6

10.0

28.7

1.2

1.7

8.3

4.4

3.1

10.3

2.3

E

32.1

25.3

22.0

17.5

. 16.9

3.9

0.9

6.0

5.4

3.1

6.3

2.3

F

48.7

41.4

29.2

27.1

24.4

6.6

0.8

14.0

11.9

3.9

9.7

4.2

IRL

36.9

23.9

20.8

22.9

14.4

5.2

1.0

13.1

11.8

8.5

9.5

5.6

I

47.2

43.0

35.1

21.5

26.9

4.6

1.2

6.2

9.6

4.3

14.1

4.1

L

42.0

29.2

29.4

32.3

20.4

13.1

1.6

8.7

15.6

6.4

15.2

5.3

NL

33.7

16.5

15.7

24.7

7.5

8.0

1.2

6.5

9.9

2.4

2.8

2.7

P

41.5

42.8

29.3

16.8

26

2.8

1.6

3.9

13.2

4.0

7.5

3.9

UK

40.0

19.7

24.3

29.4

14

5.6

1.5

9.6

6.7

6.8

5.4

4.1

CE1 2

43.9

35.0

31.1

26.3

20.6

6.3

1.7

9.6

11.4

4.6

10.8

4.2

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Parents et enfants 123

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124 Les Européens et la famille

tâches qui devraient être effectuées par le père. Cette dichotomie entretâches «réservées» au père ou à la mère, est encore renforcée lorsqu'oncombine l'âge et le sexe. Ainsi, pour un tiers des hommes de 15-24 ans,langer un enfant est une activité surtout maternelle, alors que seulementun peu plus d'un cinquième des femmes de cette catégorie estiment quecette tâche est l'apanage de la mère. De la même façon, on trouve deuxfois plus d'hommes que de femmes de ces âges (22,2% contre 11,1%)pour considérer que faire du sport avec l'enfant est une activité«réservée» au père.

Les rôles du père restent maigres

Après avoir examiné la répartition des réponses au niveau européen,il semble opportun d'étudier les choix effectués par les répondants dechacun des Etats membres (tableau 4.17). Nous n'envisagerons passystématiquement tous les items de la question 80, nous retiendrons plutôtles sous-questions habiller les enfants, les conduire chez le médecin etfaire du sport qui, d'une certaine façon, stigmatisent certains choix deréponse. En effet, c'est à l'interrogation "habiller les enfants" que le plusgrand nombre affirme qu'il s'agit d'une tâche «surtout de la mère», alorsque l'item «faire du sport avec l'enfant» émerge comme prototype desactivités qui sont surtout dévolues au père. Enfin, il existe un consensusgénéral pour dire que «répondre aux questions importantes des enfants»requiert l'attention des deux parents.

Pour les trois items retenus, les Danois et les Néerlandais seretrouvent systématiquement en tête des réponses «les deux ensemble».Quand il s'agit de déterminer qui devrait habiller l'enfant, les Allemands,aussi bien de l'ex-RFA que de l'ex-RDA, sont les premiers à désigner lamère, suivis de peu par les Français, les Italiens et les Belges. Les Grecs,quant à eux, sont une majorité à associer le père et la pratique d'un sport,tout comme les Portugais et les Italiens. De cette analyse, il ressort que—nonobstant l'intention d'effectuer l'ensemble des tâches à deux (serait-ce un vœu pieux ?)— le rôle du père reste bien maigre, puisqu'on ne luiconcède une implication que dans les loisirs et encore, pas n'importe

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Parents et enfants 125

lesquels : le sport uniquement! Il est tout de même toléré en ce quiconcerne l'école et les activités socio-culturelles. Son rôle est plusimportant dans les relations d'autorité: donner l'argent et punir. La mère,quant à elle, reste seule maître à bord en ce qui concerne les soinsquotidiens aux enfants.

Raison et inconscient collectifs

Ce constat nous. interpelle et nous suggère la présence d'un conflit,d'une part, entre la «raison collective» —un père et une mère ont lesmêmes droits et les mêmes devoirs vis-à-vis de leurs enfants— et, d'autrepart, l'« inconscient collectif» —le père doit s'éloigner de ses enfants pourles faire vivre, tandis que la mère doit s'y attacher. Si nous nous basonssur les réponses des Danois et des Néerlandais, ils semblent que ceux-ciont entamé un processus de «dépolarisation» des rôles paternels etmaternels.

ENTRE LES DEUX MON COEUR BALANCE...

L'individualisation croissante, la prépondérance du couple, letriomphe de l'enfant-roi, tels pourraient être les slogans utilisés pourcaractériser la famille actuelle. Mais comment se situent les Européensquand on leur propose les deux opinions suivantes?

- «Dans une famille, la seule chose qui compte, c'est le bonheurdes enfants.- Dans une famille, la seule chose qui compte, c'est le bonheur desparents».

Sur l'échelle proposée (graduée de 1 à 7), près de la moitié desEuropéens interrogés choisissent la position intermédiaire entre d'un côté«le bonheur des parents» et de l'autre «le bonheur des enfants». De façongénérale cependant, le bonheur des enfants remporte plus de suffragesque le bonheur des parents puisque plus de 30% des répondants se situent

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126 Les Européens et la famille

du côté «enfants» de l'échelle proposée, avec 9.4% des personnesinterrogées plaçant le bonheur des enfants en premier lieu contre 1.7%seulement, pour qui le bonheur des parents occupe la première place.Cette gradation est renforcée chez les femmes de tous les groupes d'âge etprincipalement dans la catégorie des 55 ans et plus. Ce sont davantageles hommes de 40-54 ans et de 55 ans et plus, qui privilégient le bonheurdes parents.

Les parents et surtout les ex-parents choisissent plus souvent lebonheur des enfants. Les non-parents de plus de 25 ans ont tendance àmentionner un peu plus le bonheur des parents.

La position des répondants fluctue bien évidemment en fonctiondes pays d'appartenance. Ainsi, les Danois, les Néerlandais et lesBritanniques sont les plus nombreux à choisir la position intermédiairesur l'échelle proposée (plus de 60% et 69% pour les Néerlandais). Aucontraire, les Italiens et les Portugais sont plus extrêmes dans leur choix.Cependant, ils penchent davantage pour le bonheur des enfants, bien quele bonheur des parents ne soit pas négligé. Les Français, quant à eux,occupent l'extrémité «enfants» de notre échelle. Etonnamment, lesrépondants Irlandais penchent plutôt du côté «parents».

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CHAPITRE V

LES RELATIONS AU SEIN DE LA FAMILLE

L'INFLUENCE DES MUTATIONS SOCIALES

Comme le mentionne Martine Segalen dans La famille, l'état dessavoirs, «pour que les relations de parenté soient redécouvertes, il a fallula pression des faits sociaux, c'est-à-dire les transformations du couple.Les liens entre les générations et les collatéraux ont été brisés parl'industrialisation, celle-ci contraignant aux mobilités géographiques.Autrefois paysanne et étendue, la famille devient, sous l'effet del'industrialisation, urbaine et nucléaire. Autrefois lieu de superpositiondes relations de parenté, de production, de consommation, elle n'assureplus ces fonctions et les anciennes solidarités s'y effritent. Après laseconde guerre mondiale, dans la plupart des pays occidentaux, la mise enplace de systèmes d'assistance sociale et de scolarisation étendus nepouvait que conforter cette idée d'une petite famille, dépouillée de sesanciennes fonctions de solidarité (puisque jeunes comme vieux y étaientpris en charge par l'Etat) et privée de ses fonctions de transmission. Nisavoirs, ni avoirs n'en dépendent plus, dès lors qu'il n'est plus besoind'attendre la mort du père pour obtenir une place à la ferme, à l'atelier.Le salariat n'avait-il pas libéré les individus des pesanteurs familiales?»(pp.232-233) Le discours sur le rétrécissement de la famille sous l'effetconjugué des mesures légales et sociales de-l'Etat-providence et de lamodernité, a fait place au thème de la crise de la famille. Pourtant, dessociologues tels que Louis Roussel ou Agnès Pitrou ont toujours attirél'attention sur la force des relations entre générations, entre frères etsœurs, de même que Catherine Bonvalet et Hervé Le Bras plusrécemment.

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128 Les Européens et la famille

En fait, l'intérêt sociologique pour les liens de parenté provient deschangements démographiques et sociaux qui ont affecté le corps social, etnotamment le vieillissement de la population. Du fait de la crise de l'Etat-providence, les autres formes de solidarité, notamment les solidaritésfamiliales entre les générations, ont été reconnues. Les problèmes poséspar le poids démographique des personnes âgées dans les sociétésoccidentales relayent à présent les discours relatifs à la fragilité ducouple, ces nouveaux équilibres démographiques modifiant les transfertsentre générations (SEGALEN, 1991, pp.232-238).

A ce débat vient s'en ajouter un autre: la prolongation del'éducation scolaire et un chômage des jeunes particulièrement élevé, dansune Europe qui connaît à nouveau une crise de l'emploi généralisée,demandent également aux solidarités familiales de s'exercer.

Comme le mentionne l'Observatoire européen des politiquesfamiliales nationales dans son rapport publié en 1992, face à cesévolutions, une question-clé se pose aux politiques et concerne «larépartition des investissements entre les enfants et les personnes âgées.L'augmentation de l'espérance de vie oblige à donner la priorité auxinvestissements en faveur des personnes âgées; par ailleurs, les enfantsconstituent le groupe le plus vulnérable aux crises économiques et auxcrises familiales. On observe parallèlement une reconnaissance croissantedes enfants en tant que personnes à part entière. Dans les périodes destagnation économique, les gouvernements sont donc confrontés à desexigences croissantes; aux deux extrémités de la chaîne, les enfants et lespersonnes âgées, dans une situation de gain zéro» (Observatoire, 1992,p.107).

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Les relations au sein de la famille 129

LES RELATIONS AU SEIN DE LA FAMILLE

Dans cette enquête, il s'est donc avéré utile de poser quelquesquestions sur ce thème et, plus particulièrement, sur la perception par lesEuropéens de la prise en charge des enfants et des parents mais égalementsur la distance entre les générations et l'impact du chômage sur lesrelations familiales.

Les enfants «traînent» chez leurs parents

A la question sur la présence de plus en plus longue des enfantschez leurs parents, 52% des populations interrogées pensent que c'est«une chose plutôt bonne», 20% déclarent que c'est «une chose plutôtmauvaise» et 22 % adoptent une position neutre («ni l'une, ni l'autre»),En fait, les femmes sont généralement plus favorables (plus 4%) que leshommes et surtout dans le groupe des 40-54 ans (voir tableau 5.1). Parmiles hommes, la catégorie des 25-39 ans enregistre le taux de réponsespositives le plus bas ( «une chose plutôt bonne» : 44%). Les deux sexesémettent des réponses neutres dans les mêmes proportions, à l'exceptiondes 25-39 ans, groupe pour lequel le pourcentage est un peu plus élevé.

L'expérience parentale (voir tableau 5.2) conditionne à nouveau lechoix des réponses, puisque les ex-parents comme les parents —et, parmiceux-ci, les parents de quatre enfants et plus (61.5%)— considèrent quec'est «une chose plutôt bonne» (54%). Remarquons que 25% des non-parents de plus de 25 ans déclarent qu'ils y voient «une chose plutôtmauvaise»; ils sont aussi les plus nombreux à ne pas se prononcer.

Les divergences entre les différents pays se marquent de façon nette(voir graphique 5.1). Ainsi, 70% des Grecs se prononcent en faveur de laprésence prolongée des enfants au sein de la famille, alors que seulement32% des Espagnols y sont favorables. Les autres pays fluctuent autour dela moyenne communautaire (52%), à l'exception du Royaume-Uni (62%),de l'Irlande (59%) et du Luxembourg (57%) qui soulignent davantagel'aspect positif de cette présence prolongée.

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130 Les Européens et la famille

Tableau 5.1 :Perception de la présence de plus en plus longue des entants chez leurs parents,

selon le sexe et l'âge, CE 12.

Plutôt bonne

Plutôt mauvaise

Ni l'une, ni l'autre

NSP

CE 12

51.6

20.1

21.9

6.2

Hommes

15-24

50.5

20.9

19.3

9.2

25-39

44.0

23.5

25.2

6.9

40-54

50.0

21.8

22.5

5.6

55+

52.6

18.7

22.6

5.8

Total

49.2

21.2

22.6

6.7

Femmes

15-24

50.0

22.2

20.8

6.5

25-39

50.6

20.5

22.6

5.9

40-54

56.9

17.9

20.3

4.6

55+

56.1

16.8

20.9

5.7

Total

53.8

19.0

21.2

5.7

Tableau 5.2 :Perception de la présence de plus en plus longue des enfants chez leurs parents,

selon l'expérience parentale, CE 12.

Plutôt bonne

Plutôt mauvaise

Ni l'une, ni l'autre

NSP

Non-parents

15-24ans

50.5

21.3

20.2

7.9

25 ans+

42.2

24.8

24.4

8.4

Ex-parents

54.3

18.0

22.3

5.3

Parentsactuels

54.8

18.5

21.2

4.9

Parents de

1enfant

53.9

18.4

22.4

5.2

2enfants

55

17.6

21.6

5.7

3enfants

56.7

21.7

18.3

3.0

4enfantset+

61.5

17.2

18.2

3.1

Graphique 5.1 :Perception de la présence de plus en plus longue des enfants

chez leurs parents, CE 12.

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Les relations au sein de la famille 131

Faut-il garder ses parents chez soi?

Nous observons un certain parallélisme dans les réponses à laquestion sur la prise en charge des parents (voir graphique 5.3), puisque50% pensent qu'il s'agit d'«une chose plutôt bonne», 23% d'«une choseplutôt mauvaise» et 19% restent neutres. Ici encore, les hommes, un peuplus que les femmes, répondent qu'ils jugent que c'est «une chose plutôtmauvaise» (24% contre 22%), surtout entre 25 et 39 ans, et même si lesfemmes de 40-54 ans partagent également leur position (26%). L'opinionde ces dernières peut aisément s'expliquer, dans la mesure où ellesappartiennent à la génération «sandwich», c'est-à-dire la génération quicontinue à élever ses enfants mais qui est aussi de plus en plus souventconfrontée à la prise en charge d'une personne âgée. Par contre, au-delàde 55 ans, les deux sexes ont un pourcentage de réponses favorables plusélevé (57% et 54%).

Des divergences sont bien évidemment à relever lorsqu'on tientcompte de l'expérience parentale (voir tableau 5.4). Les ex-parents sontles plus favorables à la prise en charge des parents (51.6%),probablement parce qu'ils seront eux-mêmes, dans un avenir plus oumoins rapproché, dans la situation où le soutien d'un enfant leur serautile. Au contraire, les parents actuels sont un peu plus nombreux que lamoyenne communautaire à déclarer qu'ils y voient «une chose plutôtmauvaise» (24.7% contre 22.7%, principalement parmi les parents detrois enfants et plus —27%).

Les variations par pays sont beaucoup plus nettes (voir graphique5.2), puisque plus des trois quarts des Grecs et des Portugais, près desdeux tiers des Italiens et des Irlandais pensent que c'est «une chose plutôtbonne» que les enfants prennent leurs parents en charge. Au contraire,près de la moitié des Néerlandais et un peu plus d'un tiers des Français etdes Danois déclarent que c'est «une chose plutôt mauvaise». Les Belges etles Espagnols font figure d'hésitants, puisqu'ils sont les plus nombreux àrépondre «ni l'une, ni l'autre».

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132 Les Européens et la famille

Tableau 5.3 :Perception de la prise en charge des parents par leurs enfants,

selon le sexe et l'âge, CE 12.

Plutôt bonne

Plutôt mauvaise

Ni l'une, ni l'autre

NSP

CE 12

498

22 7

19.0

78

Hommes

15-24

48.3

24.8

16 6

10.3

25-39

45.3

25 9

204

7.6

40-54

49.2

24.9

18 7

6.7

55+

57 1

19.3

16.5

6.4

Total

50.1

23.6

18 1

7.6

15-24

47.0

20.0

21.3

10.4

25-39

46.8

23 6

21.2

78

Femmes

40-54

484

25.7

186

6.6

55+

53.6

19.2

18.9

7.5

Total

49.5

21.9

19.8

7.9

Tableau 5.4 :Perception de la prise en charge des parents par leurs enfants,

selon l'expérience parentale, CE 12.

Plutôt bonne

Plutôt mauvaise

Ni l'une, ni l'autre

NSP

Non-parents

15-24ans

48 6

21 6

18 8

10 5

25 ans+

48.2

20.9

21 5

9.1

Ex-parents

51 6

223

18 4

7.0

Parentsactuels

50.1

24.2

18 3

6.5

Parents de

1enfant

50.8

23.0

189

6.6

2enfants

50.3

24 4

17 7

7.2

3enfants

49.5

26.8

198

3.7

4enfantset+

49.1

26.8

164

7.7

Graphique 5.2 :Perception de la prise en charge des parents par leurs enfants. CE 12.

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Les relations au sein de la famille 133

Qui garde ses parents chez soi?

L'attitude de ces différents pays prend une tout autre colorationlorsqu'on la met en parallèle avec leurs réponses à la question suivante:«Y-a-t-il des personnes âgées de 65 ans et plus qui vivent en permanencedans votre foyer?» En effet, plus d'un cinquième des Grecs (25.4%), desEspagnols (21.7%) et des Italiens (20.2%) répondent par l'affirmative,tout comme 17.9% des Portugais et 15.2% des Irlandais. En revanche,seulement 12.5% des Danois, 11% des Néerlandais et 8.3% des Françaisdéclarent vivre avec une personne de plus de 65 ans dans leur foyer.Serait-ce par méconnaissance de la situation que les répondants de cestrois pays ont déclaré plus fréquemment (voir ci-dessus) que la prise encharge de leurs parents est «une chose plutôt mauvaise»? A moins que çane soit déjà une mise en application de cette perception...

Les distances entre générations

A la question sur la distance entre les générations, un tiers desrépondants mentionnent que cette distance augmente, tandis qu'un autretiers estiment qu'elle reste constante, un quart pensent qu'elle diminue et10% ne se prononcent pas. Les principales différences d'appréciation seremarquent chez les plus jeunes et les plus âgés. Les premiers, et dans cegroupe principalement les femmes, déclarent plus souvent (30%) quecette distance diminue, tandis que les seconds, et cette fois surtout leshommes, considèrent qu'elle augmente (37.4%). Ces attitudes opposéessont confirmées par l'expérience parentale: les ex-parents sont les plusnombreux à penser que la distance croît alors que les non-parents demoins de 25 ans jugent qu'elles diminuent.

Paradoxalement, à la question sur la distance entre les générations(voir graphique 5.3), ce sont les Néerlandais et les Danois (37.9% et34.7%), suivis de peu par les Britanniques et les Irlandais, qui répondentque cette distance tend à diminuer; pour leur part, les Portugais (44%),les Italiens (38%) et les Grecs (34%) pensent que cette distance augmente.Serait-ce donc pour prévenir la distanciation des générations qu'à la

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Les Européens et la famille134

Tableau 5.7 :Perception de l'impact du chômage sur tes relations familiales,

selon te sexe et l'âge, CE 12.

Une plus grandesolidarité

Une tension

La rupture de lafamille

NSP

CE 12

13.3

68.2

12.4

5.9

Hommes

15-24

14.8

64.6

12.5

8.1

25-39

14.5

69.1

10.1

5.9

40-54

14.3

69.3

10.8

5.5

55+

12.3

69.3

13.0

5.1

Total

13.9

68.2

11.6

6.0

Femmes

15-24

11.7

68.8

12.3

6.7

25-39

12.3

71.6

11.3

4.3

40-54

12.0

68.6

14.0

5.1

55+

14.1

64.6

14.5

67

Total

12.7

68.1

11.6

5.7

Tableau 5.8 :Perception de l'impact du chômage sur tes relations familiales,

selon l'expérience parentale, CE 12.

Une plue grande solidarité

Une tension

La rupture de la famille

NSP

Non-parents

15-24ans

13.3

67.5

11 9

7.3

25ans+

13.6

68.7

10 1

7.2

Ex-parents

12.3

66.2

15.9

5.4

Parentsactuels

13.6

69.2

11 8

5.0

Parents de

1enfant

13.5

66.9

13.7.

5.7

2entants

13.5

71.3

10.9

4.2

3enfants

14.2

72.5

8 7

4.4

4enfantset+

15.7

67.4

11.9

5.0

Graphique 5.4 :Impact du chômage sur les relations familiales,classé en fonction de l'Item "rupture", CE 12.

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Les relations au sein de la famille 135

question précédente, les répondants de ces trois derniers pays déclarentque prendre en charge ses parents est «une chose plutôt bonne»? Ou bien,autre interprétation possible, les pays où l'on met l'accent sur ladiminution de la distance entre les générations, sont ceux où lacommunication entre les générations est la meilleure, mais dans le respectde l'autonomie et de l'indépendance de chacun.

La pression de la crise économique

La famille, de plus en plus sollicitée pour la prise en charge de sesenfants comme de ses aînés, suite à la crise de l'Etat-providence, subitsimultanément les effets d'une crise générale de l'emploi, qui se reflètedans des taux de chômage particulièrement élevés. Comment lesEuropéens réagissent-ils face à ce nouveau coup de boutoir? Voient-ilsdans cette situation l'occasion de réaffirmer les anciennes solidaritésfamiliales ou, au contraire, une nouvelle occasion de tension et même derupture de la famille?

L'analyse par âge, par sexe et l'expérience parentale montrent uneévolution parallèle des réponses (tableau 5.7 et 5.8). Plus des deux tiersmentionnent l'existence de tensions. Une même proportion penche d'uncôté pour une plus grande solidarité et, de l'autre, souligne le danger dela rupture (environ 12%). Remarquons que l'ensemble des femmes deplus de 24 ans déclarent, un peu plus que les hommes (2%), que l'impactdu chômage peut aboutir à une rupture de la cellule familiale.

Un cinquième des Danois et des Français, un sixième des Italiens etdes Luxembourgeois se situent légèrement au-dessus de la moyennecommunautaire en affirmant que cela renforcera la solidarité, tandis queles Néerlandais, les Espagnols et les Belges penchent plutôt pourl'aggravation des tensions (voir graphique 5.4). Plus radicaux, 38% desPortugais, 22% des Irlandais et 18% des Grecs pensent qu'«une situationde chômage conduisant à un manque de ressources entraîne la rupture de

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136 Les Européens et la famille

«l'augmentation de la solidarité» aux yeux des Portugais et des Grecs, etquatre fois plus fortes pour les Irlandais.

§

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CHAPITRE VI

FAMILLES ET POLITIQUES FAMILIALES

Comme nous l'avons déjà souligné plus tôt, la famille estétroitement liée aux évolutions de société. Il nous a donc semblé opportund'étudier non seulement dans quelle mesure toute une série de facteursextérieurs peuvent ou non influencer le nombre d'enfants que les genssouhaitent avoir, mais également de déterminer quels types d'actions lesgouvernements peuvent entreprendre pour faciliter la vie des familles.

NOMBRE D'ENFANTS ET VIE SOCIO-POLITIQUE

En ce qui concerne les facteurs qui peuvent influencer le nombred'enfants, la moitié des Européens interrogés (50%) mettent l'accent surla stabilité du couple (voir graphique 6.1). Viennent ensuite ladisponibilité de logements (42.3%), la crise économique et le chômage(37.1%). Le coût de l'éducation des enfants (23.6%), des horaires detravail flexibles (23.5%), des gardes d'enfants accessibles et de bonnequalité (22.3%), un congé d'une durée assez longue que la mère ou lepère puissent prendre à la naissance (14.9%) sont également importants,mais dans une moindre mesure. Les allocations familiales et les avantagesfiscaux ne semblent pas avoir une grande influence (moins de 10%).Quant à la disponibilité des grands-parents, des moyens contraceptifs etdes moyens de transport, leur impact est marginal.

L'examen des tableaux 6.1 et 6.2 montre que la classificationmentionnée ci-dessus est la même pour les hommes et pour les femmes,pour les non parents, les ex-parents et les parents actuels; seule l'intensité

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Graphique 6.1 :Facteurs pouvant Influencer le nombre d'enfants, CE 12.

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Familles et politiques familiales 139

Tableau 6.1 :Facteurs qui peuvent influencer le nombre d'entants,

selon le sexe et l'âge, CE 12.

La stabilité du couple

La disponibilité de logementsadaptés

La crise économique et techômage

Les coûte d'éducation desenfants

Des horaires de travail flexible

Des gardes d'enfantsaccessibles et de bonne qualité

Un congé d'une durée assezlongue que la mère ou le pèrepeuvent prendre à la naissance

Le niveau des allocationsfamiliales

Les avantages fiscaux pour lesfamilles avec enfants

La disponibilité des grands-parents

La disponibilité de moyensanticonceptionnels

Les facilités de transport vers tetravail ou vers tes écoles

Hommes

15-24

45.2

37.5

34.3

25.6

27.7

21.3

14.7

15.0

8.8

6.7

6.8

5.6

25-39

50.2

42.4

39.1

24.2

24.5

22.3

13.6

16.3

8.1

5.2

6.0

4.4

40-54

51.9

46.5

39.1

25.9

22.0

20.4

13.1

12.3

10.6

5.5

6.2

6.3

55+

48.5

47.7

36.8

23.1

17.8

20.5

13.3

13.8

10.3

6.7

6.5

5.5

Total

49.1

43.8

37.5

24.6

22.7

21.1

13.6

14.4

9.5

6.0

6.3

5.4

Femmes

15-24

55.4

37.9

38.2

17.8

28.5

25.0

17.2

14.6

9.8

5.5

5.6

3.7

25-39

52.9

39.3

38.9

23.9

29.0

25.2

16.2

12.6

7.8

5.7

6.3

5.2

40-54

52.9

41.0

36.0

23.0

24.8

24.1

18.6

11.6

10.4

6.4

6.8

4.9

55+

45.3

43.6

35.1

24.2

18.0

20.9

13.8

13.8

8.3

10.7

5.9

5.0

Total

50.8

40.9

36.8

22.7

24.2

23.5

16.1

13.2

8.9

7.5

6.1

4.8

Note: Les question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que, de la liste des possibilités offertes auxrépondants, plusieurs réponses étaient admises: dans ce cas-ci, trois. En conséquence, la somme des fréquencesde réponses données est supérieure à 100%.

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140 Les Européens et la famille

Tableau 6.2 :Facteurs qui peuvent influencer le nombre d'entants

selon l'expérience parentale, CE 12.

La stabilité du couple

La disponibilité de logementsadaptée

La crise économique et lechômage

Les coûte d'éducation desenfants

Des horaires de travail flexible

Des gardes d'entantsaccessibles et de bonne qualité

Un congé d'une durée assezlongue que la mère ou le pèrepeuvent prendre à la naissance

Le niveau des allocationsfamiliales

Les avantages fiscaux pour lesfamilles avec enfants

La disponibilité des grands-parents

La disponibilité de moyensanticonceptionnels

Les facilités de transport vers letravail ou vers les écoles

Non-parents

15-24ans

50.3

36.8

36.3

21.8

28.0

22.7

16.3

14.7

9.1

6.0

6.3

4.5

25 ans+*

51.4

39.1

35.9

21.2

26.8

21.2

15.1

12.1

8.8

4.9

6.7

3.9

Ex-parents

49.6

48.0

35.4

23.9

18.6

22.8

14.5

13.4

9.4

8.8

6.7

5.0

Parentsactuels

49.4

43.1

39.0

25.3

22.7

22.5

14.5

14.3

9.3

6.9

5.7

5.9

Parents de

1enfant

49.5

43.0

35.5

23.7

25.1

24.6

13.7

12.9

9.5

9.1

6.0

50

2enfants

49.8

42.7

43.0

27.4

21.8

22.6

13.7

15.2

8.4

5.8

6.0

6.2

3entants

48.7

43.2

40.5

25.0

20.4

19.1

18.7

15.0

9.7

4.6

4.6

8.5

4enfantset+

50.1

47.7

35.3

28.9

17.1

15.3

16.5

18.9

14.4

4.0

5.3

4.2

Note: Les question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que. de la liste des possibilités offertes auxrépondante, plusieurs réponses étaient admises; dans ce cas-ci, trois. En conséquence, la somme des fréquencesde réponses données est supérieure à 100%.

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Familles et politiques familiales 141

des réponses varie d'un groupe à l'autre. Ainsi, ce sont les femmes de 15-24 ans et les hommes de 40-54 ans qui soulignent le plus nettementl'importance de la stabilité du couple, tandis que les hommes de 15-24 anset les femmes de 55 ans et plus, adhèrent moins fortement à cetteproposition (moins 5% par rapport à la moyenne). Les facteurséconomiques, tels que la disponibilité de logements, la crise économiqueet le chômage, les coûts d'éducation des enfants, le niveau des allocationsfamiliales et les avantages fiscaux pour les familles avec enfants, sont unpeu plus souvent cités par les hommes (en moyenne 1 % de plus), tandisque les femmes sont plus sensibles aux problèmes pratiques tels quel'adaptation des horaires de travail, l'accès à des gardes d'enfants debonne qualité, le congé parental ou la disponibilité des grands-parents.Ces choix sont bien évidemment renforcés par l'âge. Ainsi, les hommesde 25-39 ans et de 40-54 ans et les femmes de 15-24 et de 25-39 ansmentionnent l'importance de la crise économique et le chômage de façonplus nette (39%). Ceci ne nous étonne guère, puisque dans notreéchantillon, 9.1% et 6.4% des hommes interrogés dans ces deux groupesd'âge se déclarent être sans emploi, tout comme 7.4% et 8.1% desfemmes des deux catégories mentionnées plus haut. Les horairesflexibles, les gardes d'enfants et les congés parentaux sont davantage citéspar les tranches d'âge de 15-24 ans et de 25-39 ans, et surtout par lesfemmes qui, à ces âges, sont davantage confrontées aux difficultés deconcilier vie familiale et vie professionnelle. La disponibilité des grands-parents est mentionnée par les femmes de 40-54 ans et de 55 ans et plus.A-t-on droit ici à un constat des "mamy" de service?

L'importance de la stabilité des couples

En ce qui concerne l'expérience parentale, nous retiendrons que lastabilité des couples est soulignée par les non-parents de 25 ans et plus,tandis que le logement adapté est un élément important pour les ex-parents. Les parents actuels, et plus spécialement ceux qui ont deuxenfants, sont davantage préoccupés par la crise économique, bien que danscette catégorie, le taux de répondants sans emploi soit nettement plus basque dans la catégorie des non-parents (4.9% contre 8%, voir tableau 1.9).

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142 Les Européens et la familleGraphique 6.2 :

Impact de la stabilité du couple sur le nombre d'entants,classification par pays, CE 12.

083 - EUROBAROMETRE 30 - PRINTEMPS 1993

Graphique 6.3 :Impact de la disponibilité de logement sur le nombre d'enfants,

classification par pays, CE 12.

Q83-EUROBAROMETRE 39- PRINTEMPS 1993

Graphique 6.4 :Impact de la crise économique et du chômage sur le nombre d'enfants,

______________classification par pays, CE 12._____________

083 • EUROBAROMETRE 38 • PRINTEMPS 1003

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Familles et politiques familiales 143

Les horaires flexibles, les solutions de garde et la disponibilité desgrands-parents sont des facteurs importants pour les parents d'un enfant,tandis que les parents de familles nombreuses invoquent plus facilementles avantages fiscaux, les allocations familiales ou le congé parental.

Des motivations variables d'un pays à l'autre

Un regard sur ces différents facteurs, classés par ordred'importance croissante dans les Etats membres de la Communauté,montre des divergences assez nettes d'un pays à l'autre. Les pays d'unepremière série classent la stabilité du couple en premier lieu, mais dansdes proportions souvent très divergentes (graphique 6.2): il s'agit duDanemark (66.6%), du Royaume-Uni (63%), de la France (52.3%), del'Irlande (50.6%), de l'Italie (50.3%), des Pays-Bas (48.5), de la Belgique(46.3%) et du Luxembourg (37.6%). Notons au passage que les troispremiers pays cités sont ceux qui connaissent les taux de divorce les plusélevés de l'Europe des Douze. L'Espagne et l'Allemagne réunifiée mettentd'abord l'accent sur la disponibilité de logements adaptés (graphique 6.3),alors que ce facteur est classé en second lieu au Danemark, avec unpourcentage toutefois plus élevé (61.8% contre 53% pour les deuxpremiers pays). La crise économique et le chômage (graphique 6.4) sontévoqués en première position par l'ex-RDA (50.4%) et la Grèce (47.1%).Le spectre de la crise se profile également en Espagne, en Italie, enFrance et au Royaume-Uni, puisque cet item arrive second au classementgénéral de ces pays. Au Portugal, c'est le coût de l'éducation qui occupela première place avec un taux de 41.2%; viennent ensuite la disponibilitéde logements et l'accès à des gardes d'enfants. La stabilité du couple,raison citée en tête de classement par les deux tiers des pays de laCommunauté, n'occupe ici que la cinquième position. Le coût del'éducation est également important pour les Belges et les Grecs, quiclassent cet item au deuxième rang de leur hiérarchie respective.

En 1989, dans l'Eurobarometre 32, une question similaire a étéposée; cependant, la formulation des items n'étant pas la même, unecomparaison systématique s'avère impossible. A titre indicatif, nous

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144 Les Européens et la famille

signalerons tout de même qu'à l'époque, c'était l'incertitude de l'aveniréconomique qui occupait la première place (51.4%), suivi par ladisponibilité de logements adaptés (39.9%) et le travail des femmes àl'extérieur (37.7%). Le risque de la rupture des couples arrivait encinquième position avec 24.2% (Eurobarometre 32, p.27). L'accent missur la stabilité du couple dans l'enquête actuelle peut sans doutes'expliquer par un effet «contaminant» de l'ensemble du questionnaire,qui porte principalement sur la famille et le couple.

L'ACTION DES GOUVERNEMENTS

Puisque, parmi les facteurs qui peuvent influencer le nombred'enfants, un certain nombre relèvent des compétences desgouvernements, il nous a paru essentiel de poser une question sur lespolitiques que ceux-ci pourraient entreprendre afin d'améliorer la vie desfamilles.

A cette question, près de la moitié des Européens (48.7%) ontrépondu que les gouvernements devaient agir prioritairement sur ladisponibilité de logements adaptés et, secondairement, sur l'incertitude del'avenir économique et sur le chômage (42.8%, graphique 6.5). Un tiersdes répondants demandent une intervention en ce qui concerne le coût del'éducation des enfants, l'adaptation des horaires de travail, et l'existencede solutions pour les gardes d'enfants. Un peu moins d'un quart despersonnes interrogées souhaitent aussi le concours des gouvernementsdans les domaines suivants: les avantages fiscaux pour les familles avecenfants, le niveau des allocations familiales, et la durée du congé parentallors d'une naissance.

Logements et situation économique

Comme pour la question précédente, nous ne relevons que peu dedivergences dans le classement selon le sexe, l'âge ou l'expérienceparentale (tableaux 6.3 et 6.4). Ici aussi, les hommes demandent

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Graphique 6.5 :Facteurs sur lesquels les gouvernements devraient agir

pour améliorer la vie des familles. CE 12.

Q 87 • EUROBAROMETRE 39 - PRINTEMPS 1993

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146 Les Européens et la famille

Tableau 6.3 :Facteurs sur lesquels les gouvernements devraient agir pour améliorer la vie des familles,

selon le sexe et l'âge, CE 12.

La disponibilité de logementsadaptes

L'incertitude de l'aveniréconomique (ex le chômage)

Les coûts d'éducation desenfants

L'adaptation des horaires detravail

L'existence de solutions degarde d'entants

Les avantages fiscaux pour lesfamilles avec entants

Le niveau des allocationsfamilles

La durée du congé que mèreou père peuvent prendre à lanaissance

La disponibilité de moyensanticonceptionnels

NSP

Note voir tableau 6 1 et 6 2

Hommes

15-24

44 0

41 8

356

337

260

246

229

236

5 3

60

25-39

51 3

45 8

327

320'

31 7

264

222

23 7

4 2

2 6

40-54

51 6

470

372

293

31 7

29 7

20 8

184

5 3

29

55+

55 1

45 1

31 5

289

29 1

261

235

180

5 7

4 6

Total

509

45 1

34 1

308

298

267

224

209

51

39

Femmes

15-24

44 0

408

34 1

34 1

31 6

207

260

31 3

49

30

25-39

429

452

34 9

396

369

234

224

25 0

57

24

40-54

454

42 1

322

358

329

26 1

228

21 4

73

30

55+

51 9

365

320

31 9

295

24 3

207

197

68

73

Total

467

40 8

332

35 1

325

23.8

226

235

6.3

4 3

Tableau 6.4 :Facteurs sur lesquels les gouvernements devraient agir pour améliorer la vie des familles,

selon l'expérience parentale, CE 12.

La disponibilité de logementsadaptes

L'incertitude de F aveniréconomique (ex le chômage)

Les coûts d'éducation desentants

L'adaptation des horaires detravail

L'existence de solutions degarde d'entants

Les avantages fiscaux pour lesfamilles avec entants

Le niveau des allocationsfamiales

La durée du congé que mèreou père peuvent prendre à lanaissance

La disponbliité de moyensanticonceptionnels

NSP

Non-parents

15-24ans

43 0

41 2

348

336

28 7

23 1

24 0

279

52

4 9

25 ans+

47 7

432

32 1

34 3

30 8

22 8

19 1

230

59

6 1

Ex-parents

53 7

41 5

306

300

332

244

21 4

19.3

75

50

Parentsactuels

49 0

44 0

354

34 0

31 4

276

24 0

21 1

4 9

2.5

Parents de

1enfant

50 7

430

32 4

36 3

34 1

259

229

21 1

50

25

2enfants

472

474

376

34 1

323

276

223

207

4 4

25

3enfants

479

433

38 0

304

25 7

31 8

28-1

209

50

21

4enfanteet+

54 5

344

372

257

227

321

365

254

61

1 8

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Tableau 6.5:Facteurs sur lesquels les gouvernements devraient agir pour améliorer la vie des familles,

selon les pays, CE 12.

La disponibilité de logementsadaptés

L'Incertitude de l'aveniréconomique (ex. chômage)

Les coûts d'éducation desenfants

L'adaptation des horaires detravail

L'existence de solutions degarde d'enfants

Les avantages fiscaux pour lesfamilles avec enfants

Le niveau des allocationsfamiliales

La durée du congé que mère etpère peuvent prendre à lanaissance

La disponibilité de moyensanticonceptionnels

NSP

B

21.9

46.5

34.1

36.7

24.6

30.3

21.8

23.6

6.3

5,3

DK

46.9

28.9

15.3

49.4

42.0

31.2

5.5

45.2

1.7

1.9

WD

59.4

35.8

28.0

30.5

41.7

35.4

18.8

20.0

4.3

2.8

D

59.5

42.5

27.0

29.4

43.1

31.8

17.8

18.4

5.3

2.7

OD

59.5

67.8

23.5

25.2

48.1

18.3

14.1

12.4

8.9

2.1

GR

39.3

41.3

39.2

20.5

37.3

32.2

36.9

13.2

1 3

3.7

E

61.5

40.5

49.4

24.4

12.0

16.5

30.9

18.7

6.5

5.7

F

29.3

56.1

36.7

48.8

20.2

20.3

25.4

30.8

5.5

2.1

IRL

49.2

30.0

45.3

22.9

25.0

34.2

29.9

16.9

13.4

5.7

I

39.8

49.0

28.0

33.6

25.6

27.3

23.3

20.9

2.2

6.5

L

46.6

31.3

22.9

31.0

33.9

33.3

17.1

20.0

3.8

10.4

NL

41.1

35.3

26.0

44.5

42.7

17.6

11.1

27.5

4.1

6.9

P

35.9

32.8

49.7

22.1

43.3

18.5

28.3

30.1

3.1

6.6

UK

63.0

31.3

34.7

28.0

37.3

23.8

21.0

20.2

10.9

3.6

CE12

48,7

42.8

33.6

33.1

31.2

25.2

22.5

22.3

5.7

4.1

Note: Les question traitées admettent plusieurs réponses. Cela signifie que. de la liste des possibilités offertes aux répondants, plusieursréponses étaient admises; dans ce cas-cl, trois. En conséquence, la somme des fréquences de réponses données est supérieure à 100%.

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148 Les Européens et ta famille

davantage d'interventions dans les secteurs économiques, alors que lesfemmes réclament des actions qui leur permettraient d'améliorerl'organisation de leur vie domestique. Cependant, les écarts entre lesniveaux de réponse selon le sexe sont plus marqués (en moyenne 5%contre 1 % pour la question précédente). Les ex-parents demandent quantà eux l'accès à des logements mieux adaptés, les parents actuels insistentd'abord sur l'incertitude de l'avenir économique, puis sur le coût del'éducation des enfants et l'adaptation des horaires de travail. Les parentsd'un enfant invoquent un peu plus que les autres l'accès à des gardesd'enfants et l'adaptation des horaires de travail. Les parents de famillesnombreuses réclament pour leur part des logements adaptés et uneamélioration des mesures financières (allocations familiales et avantagesfiscaux).

A chaque pays sa politique familiale

Ici encore, les divergences les plus nettes s'observent quand onopère un classement par pays. Ainsi, «la disponibilité de logementsadaptés», qui est classée en premier lieu au niveau communautaire,occupe également la première place de la hiérarchie des cinq payssuivants: le Royaume-Uni (63%), l'Espagne (61.5%), l'ex-RDA (59.4%),l'Irlande (49.2%) et le Luxembourg (46.6%), et la seconde en ex-RFA(59.5%), au Danemark (46.9%), en Italie (39.8%) et en Grèce (39.3%).«L'incertitude de l'avenir économique», qui vient en seconde positiondans le classement communautaire, est au contraire classé numéro un,avec des proportions particulièrement élevées, par l'ex-RDA (67.8%), laFrance (56.1%) et l'Italie (49%) et, avec des pourcentages un peu plusbas, en Belgique (46.5%) et en Grèce (41.3%). «L'adaptation des horairesde travail» constitue le facteur de première importance au Danemark(49.4%) et au Pays-Bas (44.5%), tandis qu'au Portugal, on se montresensible au «coût de l'éducation» (49.7%). Si, au niveau communautaire,«l'existence de solutions de garde d'enfants» arrive en cinquième place dela hiérarchie avec 31.2%, en revanche, lorsqu'on se place au niveaunational, on s'aperçoit que ce facteur est classé en deuxième lieu par lePortugal (43.3%), les Pays-Bas (42.7%), l'ex-RFA (41%), le Royaume-

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Familles et politiques familiales 149

Uni (37.3%) et le Luxembourg (33.9%), et en troisième place —avec desproportions plus élevées— en Grèce (39.2%), en France (36.7%) et enBelgique (34.1%). Nous noterons enfin que 13.4% des Irlandaisdemandent que le gouvernement favorise l'accès aux moyenscontraceptifs, toujours illégaux dans ce pays.

1989-93: DES CONSTANTES

Ces différents classements sont particulièrement révélateurs dessituations existantes dans les différents Etats membres; elles ont déjà étésoulignées dans l'Eurobaromètre 32 ainsi que dans le rapport 1991 del'Observatoire européen des politiques familiales nationales. Comme dansl'enquête de 1989, la disponibilité de logements adaptés est placé aupremier rang des actions gouvernementales prioritaires mais avec uneproportion de réponses plus élevée en 1993. Dans l'enquête actuelle parcontre, la crise économique et le chômage arrive en seconde place alorsqu'en 1989 cet item n'était classé qu'en cinquième position. Le coût del'éducation occupe la troisième place dans les deux enquêtes. Les solutionsde garde d'enfants sont moins souvent mentionnées en 1993 qu'en 1989, àl'inverse de l'adaptation des horaires de travail. Pour les autres items, leclassement est similaire. Notre enquête vient aussi renforcer certainesréflexions émises par les experts de l'Observatoire, et notamment l'expertespagnol, qui précisait déjà, en 1991, que «la crise du logement dans lesgrandes villes (espagnoles) semble atteindre une dimension telle qu'elleest passée au premier rang des préoccupations des citoyens. Son impactsur la famille est spécialement important, dans la mesure où la difficulté,ou même l'impossibilité, de trouver un logement frappe surtout les jeunesdésirant quitter le domicile familial, souvent pour fonder à leur tour unefamille». Plus loin encore, il ajoute: «l'accès des jeunes au premierlogement (...) peut avoir une influence décisive pour la solution d'unproblème qui pèse sans doute lourdement sur la démographie espagnole:le retard de l'âge au mariage, qui pourrait expliquer, au moins en partie,le retard des naissances de ces dernières années» (Observatoire, 1992,pp.15-16). Une analyse plus poussée de la situation dans d'autres pays

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150 Les Européens et la famille

Tableau 6.6:Perception de la situation des familles nombreuses par rapport aux familles rédunes

ou sans enfants, selon le sexe et l'âge, CE 12.

Plutôt favorisées

Plutôt défavorisées

NSP

CE 12

37.6

31.8

30.1

Hommes

15-24

35.7

29.2

35.0

25-39

37.8

33.8

27.8

40-54

390

35.8

24.6

55+

39.5

31.9

27.5

Total

38.1

32.8

28.4

Pommes

15-24

35.7

31.5

32.4-

25-39

37.6

33.0

28.6

40-54

39.4

30.1

29.9

55+

35.9

29.2

34.5

Total

37.1

30.8

31.6

Tableau 6.7:Perception de la situation des familles nombreuses par rapport aux familles réduites

ou sans enfants, selon l'expérience parentale, CE 12.

Plutôt favorisées

Plutôt défavorisées

NSP

Non-parents

15-24ans

35.4

30.4

34.2

25 ans+

37.2

32.9

29.7

Ex-parents

37.8

30.5

31.1

Parentsactuels

38.6

32.5

27.9

Parents de

1enfant

39.0

30.3

298

2enfants

41.6

31.1

27.0

3enfants

34.6

39.6

25.2

4enfantset+

27.7

47.6

23.9

Graphique 6.6 :Perception de la situation des familles nombreuses par rapport aux familles réduites

ou sans enfants, selon le pays, CE 12.

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Familles et politiques familiales 151

pourrait peut-être aboutir à des conclusions similaires. En matièred'allocations familiales par exemple, l'expert grecque soulignait quant àelle la modestie des sommes versées par le gouvernement grec(Observatoire 1992, p.11). Ceci explique peut-être pourquoi, dansl'ensemble des Etats membres, la Grèce est le pays où la proportion desrépondants qui réclament une intervention plus forte du gouvernement enmatière d'allocations familiales, est la plus élevée (36.9%, alors que lamoyenne communautaire est de 22.5%).

LA SITUATION DES FAMILLES NOMBREUSES

Dans une communication sur les politiques familiales (COM(89)363 final du 8 août 1989), la Commission des Communautés européennessoulignait en conclusion «qu'une concertation régulière au niveaucommunautaire pourrait être envisagée sur quatre grands thèmes d'intérêtcommun», dont l'un concerne «les mesures prises en faveur de certainescatégories de familles, notamment les familles monoparentales et lesfamilles nombreuses» (p. 18). Les conclusions du Conseil et des Ministreschargés de la famille, réunis le 29 septembre 1989 pour examiner lespolitiques familiales en cours, préconisaient «...la poursuite d'échangesréguliers d'informations au niveau communautaire, en accordant uneattention particulière (...) aux mesures en faveur des familles, y comprisdes actions répondant aux caractéristiques ou aux difficultés de certainesd'entre elles».

Etant donné l'intérêt des Etats membres pour la situation decertains types de familles, il était normal de poser une question sur lesfamilles nombreuses. Ces dernières ne devraient-elles pas être, en effet,l'objet d'une attention plus particulière des gouvernements, puisqu'ellescontribuent un peu plus que les autres au renouvellement des générations?Nous avons donc demandé aux Européens si «les familles nombreusessont plutôt favorisées ou plutôt défavorisées par leur gouvernement parrapport aux familles réduites ou sans enfants». Un peu plus d'un tiers desrépondants pensent que ces familles sont «plutôt favorisées», un peu

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152 Los Européens et la famille

Tableau 6.8:Perception de la situation des couples mariés et non mariés face aux allocations familiales, aux

réductions d'impôts, à la protection de la famille, selon te sexe et l'âge, CE 12.

Tableau 6.9:Perception de la situation des couples mariés et non mariés face aux allocations familiales, aux

réductions d'impôts, à la protection de la famille, selon l'expérience parentale, CE 12.

Plutôt favorisés

Plutôt défavorisés

NSP

Non-parents

15-24ans

53.6

17.1

29.0

25ans+

53.1

19.8

27.0

Ex-parents

49.3

20.7

29.3

Parentsactuels

48.2

24.0

26.9

Parents de

1enfant

47.8

23.5

28.0

2enfants

50.1

23.8

25.5

3enfants

46.3

26.3

26.7

4enfantset+

45.9

26.4

26.9

Graphique 6.7 :Perception de la situation des couples mariés et non mariés face aux allocations familiales, aux

réductions d'Impôts, à la protection de la famille, selon le pays, CE 12.

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Familles et politiques familiales 153

moins d'un tiers répondent le contraire, tandis qu'une même proportiondéclarent ne pas savoir (tableau 6.6). Cette repartition est quasi identiquequels que soient le sexe et l'âge des répondants (tableau 6.7). Nousrelevons seulement une différence selon le nombre d'enfants des parentsactuels. Ainsi, 41.6% des parents de deux enfants pensent que les famillesnombreuses sont «plutôt favorisées»; au contraire, 47.6% des parents dequatre enfants et plus déclarent que les familles nombreuses sont «plutôtdéfavorisées».

Avantages variables selon les pays

Le graphique 6.6 indique une forte disparité des réponses selon lespays. Pour plus de 60% des Grecs et des Français, 50% des Belges et desLuxembourgeois, les familles nombreuses sont «plutôt favorisées». Aucontraire, la moitié des Portugais et des Italiens, et 40% des répondantsde l'Allemagne unifiée déclarent que ces familles sont «plutôtdéfavorisées». Par ailleurs, il faut remarquer le taux particulièrementélevé de réponses «ne sait pas»: plus de la moitié des Danois et desNéerlandais, environ 40% des Britanniques, des Irlandais et desEspagnols.

VAUT-IL MIEUX ÊTRE MARIÉ OU EN COUPLE?

La distinction selon le statut matrimonial a traversé une bonnepartie de nos analyses. Un accent plus particulier a été mis sur lespersonnes cohabitant ou ayant cohabité. Même si ce phénomène n'est plusmarginal dans un certain nombre de pays, les législations nationales nesont pas toujours adaptées à l'évolution de ces nouvelles structuresfamiliales. Deux questions touchant ce thème ont donc été posées auxEuropéens; la première: «Selon vous, les couples mariés dans votre payssont plutôt favorisés ou plutôt défavorisés par rapport aux couples non-mariés, sur le plan des allocations familiales, de la réduction d'impôts, dela protection de la famille,...?»; la seconde: «Est-ce que, à votre avis, les

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154 Les Européens et la famille

couples non-mariés devraient bénéficier des mêmes avantages que lescouples mariés?»

Célibataires et divorcés plus revendicatifs

A la première question, la moitié des personnes interrogéesrépondent que les couples mariés sont «plutôt favorisés», une sur cinqqu'ils sont «plutôt défavorisés», mais plus d'un quart des répondants del'échantillon avouent leur ignorance en la matière (tableau 6.8). Lesvariables sexe, âge ou expérience parentale interfèrent peu sur le niveaudes taux de réponses (plus ou moins 2% par rapport à la moyennecommunautaire; tableaux 6.8 et 6.9). Les variations les, plus marquéesdépendent en fait du statut matrimonial.

Tableau 6.10:Perception de la situation des couples mariés et non mariés face aux allocations familiales,

aux réductions d'impôts, à la protection de la familleselon le statut matrimonial, CE 12.

Plutôt favorisés

Plutôt défavorisés

NSP

Vivant en couple

Mariésans

cohabitan».

49.2

23.0

274

Mariéavec

cohabit.art

52.2

22.9

24.4

Remarié

53.4

26.9

18.9

Célibat.sans

cohabitart

54.9

21.9

22.6

Célibat.avec

cohabit.art.

53.1

19.7

26.4

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.art.

50.2

18.7

30.3

Célibat.avec

cohabit.ant.

60.7

17.0

21.6

Divorcé

57.6

17.9

22.8

Séparé

55.7

23.8

20.5

Veuf

45.3

18.7

35.5

Le tableau 6.10 indique en effet que, parmi les personnes ne vivantpas en couple, ce sont les célibataires ayant déjà cohabité et les divorcésqui déclarent majoritairement (respectivement 60.7% et 57.6%) que lescouples mariés sont «plutôt favorisés» et un quart des séparés quimentionnent que les couples mariés sont «plutôt défavorisés». L'avis de cedernier groupe est partagé par environ un quart des mariés (23%) et des

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Familles et politiques familiales 155

Tableau 6.11:Perception de l'égalité entre couples mariés et couples non mariés,

selon le sexe et l'âge, CE 12.

OUI

NON

NSP

CE 12

57.1

30.1

12.6

Hommes

15-24

60.2

27.0

12.7

25-39

65.2

24.9

9.6

40-54

54.5

33.6

11.8

55+

46.3

40.3

13.2

Total

56.4

31.7

11.8

Femmes

15-24

66.2

20.0

13.5

25-39

63.8

24.6

11.2

40-54

61.0

28.1

10.6

55+

47.0

36.4

16.5

Total

57.9

28.5

13.3

Tableau 6.12:Perception de l'égalité entre couples mariés et couples non mariés,

selon l'expérience parentale, CE 12.

OUI

NON

NSP

Non-parents

15-24ans

63.1

23.4

13.4

25 ans+

61.5

24.5

13.7

Ex-parents

48.2

38.5

13 1

Parentsactuels

57.4

30.9

11 4

Parents de

1enfant

58.4

29.2

12.3

2enfants

56.1

32.8

11.1

3enfants

57.2

32.8

9.7

4enfantset+

62.8

27.0

10.2

Graphique 6.8 :Perception de l'égalité entre couples mariés et couples non mariés.

selon les pays, CE 12.

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156 Les Européens et la famille

remariés (27%), qui considèrent eux aussi que les couples mariés sont«plutôt défavorisés», bien qu'un peu plus de la moitié mentionnent que lescouples mariés sont «plutôt favorisés».

Toujours des disparités entre pays

La répartition selon la nationalité des répondants montre quelquesdivergences par rapport à la moyenne communautaire. Il faut toutd'abord noter qu'un tiers des répondants de l'échantillon ne se prononcentpas, avec un maximum de 44.2% au Danemark et de 46.6% aux Pays-bas.A l'autre extrémité, nous retrouvons la Grèce, avec seulement 8.5% de«ne sait pas». La grande majorité des Grecs déclarent quant à eux que lescouples mariés sont «plutôt favorisés», tout comme les deux tiers desAllemands de l'ex-RFA et des Néerlandais. Les Irlandais se démarquentnettement, puisque 40% d'entre eux pensent que les couples mariés sont«plutôt défavorisés». Enfin, d'une manière générale, l'ensemble des autreEtats-membres se situent à quelques points d'écart seulement de lamoyenne communautaire.

Mariés, non mariés: tous égaux?

A la question sur l'égalité entre couples mariés et couples non-mariés, par contre, nous notons une forte divergence non seulement selonle sexe et l'âge, mais également selon la situation parentale et le statutmatrimonial. C'est ainsi que près des deux tiers des hommes et desfemmes de 15-24 ans et de 25-39 ans déclarent que les couples non mariésdevraient bénéficier des mêmes avantages que les couples mariés (tableau6.11). Leurs aînés marquent clairement leur désaccord: 40.3% deshommes de 55 ans et plus et 36.4% des femmes de 55 ans et plusrépondent par la négative, tout comme 38.5% des ex-parents, sachant quela moyenne communautaire est de 30%. Les non-parents sont les plusaffirmatifs (63.1% et 61.5%), les proportions de réponses des parentsactuels coïncident avec la moyenne communautaire (57.4%; tableau 6.12),tandis que les ex-parents se situent nettement en-dessous de cette moyenne(10%).

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Familles et politiques familiales 157

Tableau 6.13:Perception de l'égalité entre couples mariés et couples non mariés,

selon le statut matrimonial, CE 12.

OUI

NON

NSP

Vivant en couple

Monsans

cohabit.ant.

51.0

36.4

12.6

Mariéavec

cohabit.ant.

68.1

23.8

7.9

Remarié

57.4

31.0

11.4

Célibat.sans

cohabit.ant.

77.4

19.6

3

Célibat.avec

cohabit.ant.

83.7

10.6

5.2

Ne vivant pas en couple

Célibat.sans

cohabit.ant.

32.5

34.0

32.9

Célibat.avec

cohabit.ant.

43.4

26.5

299

Divorcé

41.3

28.7

29.3

Séparé

40.4

28.4

31.3

Veuf

35.1

28.7

35.9

Enfin, les écarts sont encore plus grands lorsqu'on examine le statutmatrimonial (tableau 6.13). Parmi les personnes vivant en coupleactuellement, plus des trois quarts des célibataires (ayant ou non cohabitéantérieurement) répondent de façon positive, tout comme les deux tiersdes mariés ayant cohabité auparavant. Les mariés n'ayant pas cohabitéauparavant sont les plus réfractaires à la proposition, avec les célibatairesne vivant pas en couple et n'ayant jamais cohabité: plus d'un tiers en effet(respectivement 36.4% et 34%) pensent que les couples non-mariés nedevraient pas bénéficier des mêmes avantages que les couples mariés. Ilfaut cependant noter que les réponses des célibataires ne vivant pas encouple sont tempérées par le fait que 30% d'entre eux préfèrent répondre«je ne sais pas» à cette question, contre 10% des répondants mariés.

Enfin, les réponses à cette dernière question divergent asseznettement selon les pays. La plupart des Danois (70%), des Espagnols, desNéerlandais et des Portugais déclarent que les couples mariés et non-mariés devraient avoir les mêmes avantages, tandis que près de la moitiédes Grecs et des Allemands (ex-RFA et ex-RDA confondues) et 40% desIrlandais réfutent la proposition. Les Italiens se signalent par laproportion la plus élevée de réponses «je ne sais pas» (20%).

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CONCLUSION

Au terme cette étude, que pouvons-nous conclure? Tout d'abordque la famille reste une valeur essentielle pour les Européens. Cependant,cette famille que les personnes interrogées mettent à l'avant-plan, estmultiple et changeante. Elle a été marquée durant les dernières décenniespar les transformations de ses fonctions. De lieu de production et dereproduction, elle est devenue le lieu de l'expression des relationsaffectives, entre conjoints mais aussi entre parents et enfants. Cechangement majeur transparaît d'ailleurs tout au long de notre étude. Eneffet, même si incontestablement, le mariage reste une institution très"pratiquée", l'évolution actuelle des situations familiales avec sesmouvances et son indéniable patchwork met de plus en plus en évidencel'importance des relations interpersonnelles dans la formation et ladissolution des liens. L'affectif est au coeur même de l'institution. Il n'y apas de mariage sans couple, mais il y a des couples sans mariage.

Aussi n'est-il pas du tout étrange de constater que pratiquement tousles Européens estiment que «sans respect mutuel et sans amour», il n'y apas de réussite du couple possible. Ces deux valeurs phares ont d'ailleurséclairé tout le site de notre enquête. Viennent ensuite l'entente sexuelle,l'indépendance vis-à-vis de la belle-famille et l'absence de problèmesfinanciers trop importants. Le fait d'avoir d'avoir des enfants se révèlesecondaire, tout comme partager les mêmes idées et les mêmes intérêts.Finalement partager les mêmes convictions religieuses, appartenir aumême milieu social et avoir le même niveau d'éducation et de formations'avèrent peu ou pas important. Plus on est jeune, plus on accorded'importance aux valeurs individuelles: amour, respect mutuel,indépendance et entente sexuelle. Plus les individus sont âgés, plus ilsaccordent de l'importance aux valeurs traditionnelles comme avoir des

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160 Les Européens et la famille

enfants, appartenir au même milieu social, avoir le même niveaud'éducation et partager les mêmes convictions religieuses.

Cette hiérarchie est, somme toute, assez similaire à celle issue del'enquête menée par l'European Value Systems Study Group, nonobstantla différence d'objet d'étude. En effet, il s'agissait d'analyser, à l'époque,les conditions d'un bon mariage et non celle d'un bon couple. Seuledivergence, et signe des temps, la plus grande importance donnée dansnotre enquête à une valeur plus matérialiste telle que le souci desdifficultés financières. Mais n'avons-nous pas vu que les non-parents et lesparents actuels, sont les personnes interrogées qui déclarent le plussouvent être au chômage mais aussi à avoir du mal à "boucler les fins demois"? Les parents actuels sont également ceux qui sont le moins satisfaitsde la vie qu'ils mènent.

La vision plus traditionnelle de la vie de couple et de la famille sereflète davantage lorsqu'on envisage la cohabitation, le divorce desparents, les situations de monoparentalité, les remariages de parents ouencore le droit des couples homosexuels. On découvre là une ligne derupture assez nette entre deux générations: l'une la plus âgée, réfractaireà l'idée de couple sans mariage ou de configurations familialesdifférentes, accordant plus d'importance aux éléments qui fondaient unefamille traditionnelle c'est-à-dire la reproduction économique et sociale;et l'autre, la plus jeune, dévalorisant ces dernières et soulignant surtoutl'importance des conditions qui permettent au mieux l'épanouissement del'individualité.

Ces différences entre générations se perçoivent aussi quand l'enfantparaît. Les générations les plus jeunes le veulent responsable, tolérant,plein de joie de vivre et créatif; les plus âgés le voient plus souvent bienélevé, obéissant, persévérant et religieux. Quant à son éducation, les plusjeunes optent pour des tâches partagées entre le père et la mère tandis queles plus vieux soulignent davantage le rôle essentiel de la mère. Quand onparie du bonheur des parents et des enfants, les jeunes générations le

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Conclusion 161

mettent plus volontiers sur un pied d'égalité alors les personnes plus âgéesplacent décidément l'enfant à l'avant plan.

La famille est une valeur sûre à la bourse de l'opinion, mais est-elleégalement un refuge? Plus de la moitié de notre échantillon, se dit prêt àhéberger de grands enfants et à prendre en charge des parents âgés. Maisqu'adviendra-t-il de ces bonnes intentions si crise économique et chômageperdurent? Aboutira-t-on à la rupture de la famille comme 40% dePortugais et un cinquième d'Irlandais et de Grecs le déclarent?

Dans cette optique, le message lancé aux différents gouvernementsest clair puisque plus de 40% de la population interrogée souhaitent qu'ilsinterviennent sur la situation économique et le chômage. Ceux-ci nedoivent pas oublier que la fonction de la famille a changé de sens; ellen'est plus un lieu de production économique mais un lieu d'échangesaffectifs. Devant les carences de l'Etat providence, aura-t-elle encore lacapacité de prendre le relais et de supporter ses membres les plusfragiles?

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ANNEXE 1

Bibliographie

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BIBLIOGRAPHIE

La bibliographie suivante reprend des ouvrages cités dans lerapport mais également des articles ou des livres qui ont guidéou inspiré nos analyses. La liste des publications récentes sur lesthèmes abordés dans le cadre de cette enquête est cependant loind'être exhaustive. Il est donc important de signaler que laCommission des Communautés Européennes publieraprochainement grâce à la collaboration du G.I.D.S. (Leuven-Belgique) une bibliographie beaucoup plus complète notammentsur les thèmes suivants: Père et paternité. Famille et travail etFamille-enfant(s).

BARRÈRE-MAURISSON, M.A. (1992), La division familiale du travail Lavie en double, Paris, PUF.

CASTELAIN-MEUNIER, C. (1992) .Cramponnez-vous les pères. Leshommes face à leur femme et à leurs enfants, Paris, Albin Michel.

CLIQUET, R. (1991), "La deuxième transition démographique: réalité oufiction?", Etudes démographiques, n°23, Conseil de l'Europe. *

COMMAILLE, J. (1978), Le divorce en France, Paris, La Documentationfrançaise (Notes et études documentaires).

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ANNEXE II

Questionnaire bilingue

Eurobarometre 39.0(Printemps 1993)

INRA

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Page 1

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INRA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - PRINTEMPS 1993 page 2

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RA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 • PRINTEMPS 1993 page 3

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INRA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - NUNTEMPS 1993 page 4

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INRA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - PRINTEMPS 1»} Page 5

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INRA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - PRINTEMPS 1993 Page 6

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INRA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 • PRINTEMPS 1993

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INRA (EUROPE) - EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - PRINTEMPS 1993

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INRA (EUROPE) - STANDARD EUROBAROHETER 39.0 - SPRIIK 1993

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INRA (EUROPE) - STANDARD EUROBAROHETER 39.0 • SPRIN6 1993

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A (EUROPE) - STANDARD EUROBAROHETER 39.0 - SPRING 1993

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INRA (EUROPE) - STANDAID EUROBAXOHETER 39.0 - SPkINC 1993

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NKA (EUROPE) - STANDARD EUROBAROHETER 39.0 • SPRING 1993

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INRA (EUROPE) - STANDARD EUROBAROHETER 39.0 - SPRINC 1993

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NRA (EUROPE) • STANDARD EUROBAROHETER 39.0 - SPRINC 1993

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INRA (EUROPE) - STANDARD EUROBAROHETER 39.0 - SPRINC 1993

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ANNEXE III

Fiche technique

Eurobarometre 39.0(Printemps 1993)

INRA

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EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - SPECIFICATIONS TECHNIQUES

Entre le 16 mars et le 16 avril 1993, INRA (EUROPE!, un réseau européen d'agences d'études de marché et d'opinion publique.a réalisé la vague 39.0 de l'EUROBAROMETRE STANDARD, à la demande de la COMMISSION DE LA COMMUNAUTEEUROPEENNE.

L'EUROBAROMETRE 39.0 couvre la population nationale, de 15 ans et plus, dans chaque Etat membre de la CommunautéEuropéenne. Le principe d'échantillonnage appliqué dans tou» les Etat» membres est une sélection aléatoire (probabiliste) èmultiples phases. Dana chaque pays CE, divers points de chute ont été tiré» avec une probabilité proportionnelle è la taille dela population (afin de couvrir la totalité du pays) et à la densité de la population.

Pour ce, ces points de chute ont été tirés systématiquement dans chacune de* "unités régionales administratives*, après avoirété stratifiés par unité individuelle et par type de région. Ils représentent ainsi l'ensemble du territoire des Etats membres, selonles EUROSTAT-NUTS II et selon la distribution de la population résidente nationale en terme» de régions métropolitaines.urbaines et rurales. Dans chacun des points de chute sélectionnés, une adresse de départ a été sélectionnée aléatoirement.D'autres adresses ont ensuite été sélectionnées, comme chaque adresse N, par des procédures de "random route' à partir dal'adresse initiale. Dans chaque ménage, le répondant a été tiré aléatoirement. Toutes les interviews ont été réalisées en faceà face chez les répondants et dans la langue nationale appropriée.

PAYSBelgiwnDenmarkGennanYlEartIG«rm»ny(We«tlGreeceSpamFranceIrelandttalyLuxamburgTha NethertandiPortugalGret BnfinNorthem Iraland

INSTITUTS N°MARKETING UNITGFK OANMARKSAMPLE INSTITUTSAMPLE INSTITUTKEMECIMEITMO ConiultanfLANSOOWNE Market R««e*rchPRAGMAILBESNIPONORMANOP Corporate •nd FinancialULSTER MARKETING SERVICES

INTERVIEWS102210001064103610031022101910081039513

100410001073306

DATES DE TERRAIN20/03 • 15/0420/03 • 14/0425/03 - 10/0425/03 - 10/0419/03 • 04/0419/03 • 14/0425/03 • 09/0413/03 • 15/0425/03 - 15/0416/03 • 16/0427/03 - 10/0422/03 - 09/0419/03 -07/0419/03 - 13/04

POPULATION 15 + 1x000)7 994 44 160.4

13607.051 7080

7 825.629 427 243 3185

2 583.045 902.8

302.611 603.67 718 7

44 56201159 1

Dans chaque pays, l'échantillon a été comparé à l'univers. La description de l'univers se base sur les données do populationEUROSTAT. Pour tous les Etats membres CE, une procédure de pondération nationale a été réalisée (utilisant des pondérationsmarginales et croisées), sur base de cette description de l'univers. Dans tous les pays, au moins le sexe, l'âge, les régions NUTSII et la taille de l'agglomération ont été introduits dans la procédure d'itération. Pour la pondération internationale d.a. lesmoyennes CE), INRA (EUROPE) recourt aux chiffres officiels de population, publiés par EUROSTAT dans l'Annuaire 1989 desStatistiques Régionales. Les chiffres complets de la population, introduits dans cette procédure de post-pondération, sontindiqués ci-dessus.

Les résultats des études EUROBAROMETRE sont analysés et sont présentés sous forme de tebleaux, do fichiers do donnée*et d'analyses. Pour chaqua question, un tableau de résultats est fourni, accompagné de la question complète (en anglais et onfrançais) en tête do page; ces résultats sont exprimés 1 ) en pourcentage calculé sur la base totale et 2) en pourcentage calculésur le nombre de réponses "valables" (1.0. "Ne sait pas* et "Sans réponses" exclus). Tous les fichiers do données dol'EUROBAROMETRE sont déposés au Zentralarchiv (Universitat Kôln. Bachemer Strasse 40, 0-5000 Kôtn 41 ). Ils sont è ladisposition de tous les instituts membres du "Européen Consortium for Political Research" (Essex), du "Inter-UniversityConsortium for Political and Social Research' (Michigan) et de toute personne intéressée par la recherche en sciences sociales.Les résultats des anquétes EUROBAROMETRE sont analysés par l'unité "Sondages, Recherches, Analyses" do la DG X de laCommission de la CE, "EUROBAROMETRE", Rua de la Loi 200, B-1049 Bruxelles ; ils peuvent être obtenus i cette adresse.

Il importe de rappeler aux lecteurs que les résultats d'un sondage sont des estimations dont l'exactitude, toutes choses égalespar ailleurs, dépend de la tailla de l'échantillon et du pourcentage observé. Pour des échantillons d'environ 1.000 interviews.le pourcentage réel oscille dans les intervalles de confiance suivants :

Pourcentaga observé

Intervalle de confianca

10% or 90%

± 1.9%

20% or 80%

± 2.5%

30% or 70%

t 2.7%

40% or 60%

± 3.0%

50%

t 3.1%

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EUROBAROMETRE STANDARD 39.0 - SPECIFICATIONS TECHNIQUES

INSTITUTS ET RESPONSABLES DE RECHERCHE