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1 Les Recommandations de bonnes pratiques professionnelles DE L’ANESM DE 2008 A 2011 Les Recommandations de bonnes pratiques professionnelles................................................................................ 1 DE L’ANESM DE 2008 A 2011............................................................................................................................ 1 1-Elaboration, rédaction et animation du projet d’établissement ; ANESM - mai 2010 ....................................... 2 2- La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre ; ANESM juin 2008.................................... 16 3- Mission du responsable d’établissement et rôle de l’encadrement dans la prévention et le traitement de la maltraitance ; ANESM décembre 2008 ............................................................................................................ 30 5- Les attentes de la personne et le projet personnalisé ; ANESM décembre 2008 .......................................... 53 6- Mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations accueillies ;ANESM juin 2008.......................................................................................................................... 63 7- L accompagnement des jeunes en situation de handicap par les services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) ; ANESM septembre 2011 ..................................................................................... 71

Les Recommandations de bonnes pratiques … - le projet est d’abord une dynamique : lélaboration du PE, moment fort à la fois fédérateur et dynamisant - c’est un document de

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Les Recommandations de bonnes pratiques professionnelles

DE L’ANESM DE 2008 A 2011

Les Recommandations de bonnes pratiques professionnelles................................................................................ 1

DE L’ANESM DE 2008 A 2011............................................................................................................................ 1

1-Elaboration, rédaction et animation du projet d’établissement ; ANESM - mai 2010 ....................................... 2

2- La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre ; ANESM – juin 2008 .................................... 16

3- Mission du responsable d’établissement et rôle de l’encadrement dans la prévention et le traitement de la

maltraitance ; ANESM – décembre 2008 ............................................................................................................ 30

5- Les attentes de la personne et le projet personnalisé ; ANESM – décembre 2008 .......................................... 53

6- Mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations

accueillies ;ANESM – juin 2008 .......................................................................................................................... 63

7- L’accompagnement des jeunes en situation de handicap par les services d’éducation spéciale et de

soins à domicile (Sessad) ; ANESM – septembre 2011 ..................................................................................... 71

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Recommandation 1

1-Elaboration, rédaction et animation du projet d’établissement ; ANESM - mai 2010

Les propositions de cette recommandation visent à :

- Définir les notions d’établissement, de service et de projet

- Mettre en évidence la dynamique de projet, et éclairer l’articulation entre les réflexions actuelles

concernant les pratiques de l’intervention sociale ou médico-sociale, et l’inscription de ces

orientations dans un document cadre

- Stabiliser une méthodologie, car la rédaction d’un projet d’établissement ou de service est aussi

affaire de méthode.

Cette recommandation est organisée en quatre parties complétées par des annexes :

1. les principes et les enjeux autour du projet d’établissement

2. les thématiques à traiter dans le projet d’établissement ou de service

3. les questions méthodologiques et d’organisation de la démarche

4. la mise en forme et des usages du projet d’établissement ou de service : garder au projet une

architecture fluide

Définitions :

- du point de vue du projet, il n’existe pas de différence juridique entre les services et les

établissements

- le terme service peut aussi désigner une unité organisationnelle à l’intérieur de la structure. Ces

unités n’ont pas d’existence juridique spécifique.

Les projets de ces unités s’inscrivent dans le projet de la structure dont elles dépendent.

- le projet d’établissement ou de service, un outil qui conforte les droits des usagers en ce sens qu’il

définit des objectifs en matière de qualité des prestations et qu’il rend lisibles les modes

d’organisation et de fonctionnement de la structure.

Finalités du projet d’établissement ou de service

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- le projet est d’abord une dynamique : l’élaboration du PE, moment fort à la fois fédérateur et

dynamisant

- c’est un document de référence à un moment donné

- c’est un document évolutif

- c’est un document à visée intégratrice

Deux finalités principales du projet peuvent être identifiées :

clarifier le positionnement institutionnel de la structure et indiquer les évolutions en

termes de public et de missions

donner des repères aux professionnels dans l’exercice de leur activité et conduire

l’évolution des pratiques et de la structure dans son ensemble

Le projet a une dimension descriptive, projective et stratégique

Le projet d’établissement ou de service et les autres documents institutionnels

Le projet est le document qui permet de positionner l’établissement ou le service dans son

environnement institutionnel

- les documents de positionnement institutionnel : arrêtés d’autorisation,…, documents de

programmation, projet associatif, données des observatoires, recommandations ANESM,…

- les outils de la loi 2002-2 concernant les usagers : le livret d’accueil, le règlement de

fonctionnement, les outils d’élaboration et de formalisation des PPA, les contrats de séjour,

la charte des droits et libertés de la personne accompagnée

- les outils de pilotage opérationnel : organigramme, budgets, référentiels relatifs à la

démarche qualité, les procédures formalisées, les outils de management (fiches de poste,

code de déontologie, référentiels métier, espaces éthiques, …

- les documents qui jalonnent la vie de la structure : les rapports d’activité (note de rentrée),

les rapports de synthèse d’évaluation, les différents questionnaires adressés par

l’administration

I. Les principes fondant le projet d’établissement ou de service

Le projet d’établissement ou de service permet de poser :

- les principes d’action,

- les orientations stratégiques pour les cinq ans à venir,

- les repères qui permettent d’être réactifs quand des changements extérieurs interviennent

C’est un exercice délicat car il doit intégrer de nombreuses variables dans des contextes institutionnels

et économiques de plus en plus incertains

Le projet d’établissement ou de service est à considérer comme un texte ayant valeur de référence à un

moment donné.

Il est recommandé d’identifier et d’analyser les éventuelles zones d’incertitude.

Le projet d’établissement ou de service s’articule avec les évaluations interne et externe : il convient de

nourrir le projet d’établissement ou de service par l’ensemble des réflexions qui accompagnent le processus

d’évaluation et d’intégrer les conclusions

4

Il est recommandé de construire, lors de l’élaboration du projet, des tableaux de bord renseignés annuellement,

repris dans les rapports d’activité, qui pourront servir de base aux évaluations.

Le projet indique les objectifs à atteindre.

Il est recommandé d’accompagner chaque objectif d’indicateurs de suivi et d’évaluation.

Il explicite la procédure d’évaluation interne et externe

Il est recommandé d’indiquer dans le projet les principaux aspects du processus d’évaluation, interne et externe,

en particulier le calendrier, les thématiques à évaluer en priorité, les données disponibles et celles à recueillir, la

méthodologie retenue

L’évaluation est une base du projet et de son actualisation

Il est recommandé d’intégrer lors de l’élaboration ou de l’actualisation du projet, les résultats de l’évaluation

antérieure (interne/externe), notamment en termes d’objectifs d’amélioration de la qualité des interventions et

des services rendus aux usagers

Si la démarche d’évaluation a conduit à mettre en place des outils d’analyse et de suivi, il est recommandé de

les reprendre pour alimenter la réflexion des équipes et de prévoir les modalités d’actualisation des tableaux de

bord

Le projet intègre les évolutions majeures du secteur

L’évolution de la place des usagers

L’usager est à la fois un bénéficiaire de prestations, un citoyen, et un acteur de son propre parcours

Il convient que la structure les prenne toutes en compte, en montrant comment la personne et son entourage

sont concrètement parties prenantes du projet d’établissement ou de service.

L’établissement devient une ressource, à un moment donné, dont l’usager se saisit dans une logique de

parcours

L’impact des nouveaux modes de coopération et de gouvernance

Il est recommandé d’aborder dans le projet l’articulation entre les interventions mises en place par la structure

et les dispositifs plus larges qui interfèrent avec ses interventions

L’ouverture de la structure sur l’environnement

L’ouverture, une orientation majeure à intégrer dans le projet. Elle doit être intégrée dans la stratégie de

l’établissement

Il est recommandé dans la démarche d’élaboration ou d’actualisation du projet :

- de traiter cette question d’emblée de manière transversale

- d’intégrer cette transversalité peu à peu en se fixant des objectifs précis à l’occasion des

actualisations du projet

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De nouveaux modes d’encadrement

Il est recommandé de prendre en compte le positionnement de l’encadrement intermédiaire et des cadres

fonctionnels, ainsi que l’évolution des interventions d’aide et d’accompagnement, pour décrire et anticiper les

évolutions de l’organisation, en termes de compétences à développer ou à s’adjoindre

Il est recommandé aux dirigeants et à l’encadrement intermédiaire de promouvoir des modes d’encadrement

soutenant les professionnels, notamment lorsque ceux-ci sont confrontés à des publics vulnérables

Des modes d’encadrement garant de la bientraitance

Il est recommandé que les professionnels fassent l’objet d’un encadrement cohérent avec des objectifs de

bientraitance des usagers (La bientraitance-ANESM-juillet 2008)

La fonction de soutien aux professionnels évolue et porte également sur de nouveaux volets de l’intervention

(partenariat, relations avec l’entourage des personnes accompagnées

Le projet est élaboré avec la participation active des parties prenantes

Professionnels, usagers et/ou leurs représentants légaux, partenaires, les bénévoles, les stagiaires

L’engagement des dirigeants

En premier lieu la direction de la structure, associer l’organisme gestionnaire…

La participation des professionnels

Il est recommandé, grâce à la participation des professionnels à l’élaboration du projet, de s’appuyer sur le

savoir collectif interdisciplinaire relatif aux attentes et aux besoins des personnes accompagnées ainsi qu’aux

réponses à apporter

Il est recommandé de mettre en valeur la réflexion sur le cadre organisationnel dans lequel chaque

professionnel exerce son activité au sein d’une organisation du travail souvent complexe

Dans les groupes de travail, il est recommandé de s’assurer de la représentativité des professionnels, à travers la

diversité des domaines d’intervention et de leur place dans l’organisation.

Il est recommandé que ce projet collectif soit construit avec le concours de tous les professionnels de

l’établissement ou du service, pour qu’il soit fédérateur et mobilisateur et qu’ils puissent s’y reconnaître (La

bientraitance-ANESM-juillet 2008)

La participation des usagers

Il est recommandé que le projet soit élaboré en mettant en place des formes adaptées de participation des

usagers. Celles-ci doivent leur permettre de contribuer aux différents débats préparatoires à l’élaboration ou

l’actualisation du projet, notamment en termes de qualité des prestations, et des modalités d’organisation et de

fonctionnement

Pour cela, il est recommandé de :

s’appuyer sur les formes de participation des usagers et de leur entourage existantes (CVS,..)

compléter, éventuellement par d’autres moyens, la contribution : enquêtes, questionnaires,

entretiens,…

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délimiter le champ du questionnement et des débats de manière à ce que la réflexion des usagers

soit mobilisée sur des thèmes où leurs avis peuvent réellement avoir un impact sur les pratiques,

l’organisation ou le fonctionnement de la structure

La participation des partenaires, des bénévoles et des stagiaires

Il est recommandé d’associer les partenaires aux parties du projet qui les concernent : définition de l’offre de

service, aux objectifs liés à l’amélioration et/ou au développement du partenariat

Stagiaires (stages longs) : il est recommandé de les associer à l’élaboration du projet

Il est recommandé d’utiliser les outils internes de suivi des stagiaires (bilans de stage…) et leurs propres

travaux (mémoire…) parmi les documents supports à l’analyse du fonctionnement

Les formes de participation

Il est recommandé de diversifier les formes de participation et de contribution au projet, en proposant aux

différents participants des modalités de travail différentes

II Les thématiques à traiter

1. L’histoire et le projet de l’organisme gestionnaire

Il est recommandé d’évoquer à la fois des repères internes, sur le plan des évènements et des héritages divers,

et des repères externes. L’évolution des l’établissement ou du service est mise en perspective avec celle des

publics et des politiques sociales

Il est recommandé d’être synthétique dans la présentation de quelques repères historiques

Le projet de l’organisme gestionnaire

Il est recommandé de s’assurer de la cohérence entre les principes d’intervention défendus par l’établissement

ou le service et les valeurs mises en avant par l’organisme gestionnaire

2. Les missions

Les enjeux pour l’établissement ou le service

Dans tous les cas de figure, le rappel formel des missions attribuées à la structure contribue à mieux identifier

le service rendu et l’articulation avec d’autres structures répondant à des missions différentes

Les repères juridiques

Catégorisation de l’établissement

Il est recommandé de citer la définition juridique de l’établissement qui est le fondement administratif

légitimant son fonctionnement

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Les schémas régionaux ou départementaux

Il est recommandé de mettre en exergue les grandes orientations du schéma ou du plan spécifique à la

catégorie de l’établissement, orientations qui permettent d’articuler l’analyse des besoins sur un territoire, les

dispositifs existants et l’offre de service proposée par la structure

Il est recommandé de montrer explicitement en quoi l’offre de service de la structure correspond aux

orientations du schéma adopté par les instances compétentes

Les arrêtés d’autorisation

Il est recommandé de citer les articles des arrêtés, agréments, habilitations ou circulaires qui définissent le type

de public accueilli, le nombre de places / mesures et éventuellement les modalités particulières de prise en

charge

Les conventions

Il est recommandé de citer les conventions qui lient éventuellement l’établissement à d’autres institutions (EN,

CPAM, Justice,…)

Le mode d’écriture

Pour ce chapitre, il est recommandé de s’en tenir aux textes eux-mêmes en citant explicitement les passages

particulièrement pertinents.

Le cas échéant, il est recommandé de définir explicitement les évolutions souhaitables en termes de

positionnement de l’établissement en s’appuyant sur l’évolution des besoins du public ou des ressources du

territoire ainsi que sur les évolutions juridiques susceptibles d’obliger à passer des conventions avec tel ou tel

partenaire.

3. Le public et son entourage

3.1. Les enjeux pour l’établissement ou le service

Mieux connaître le public réellement accueilli

L’élaboration ou l’actualisation du projet est l’occasion d’actualiser la connaissance du public accueilli et

souvent d’objectiver des impressions ou de les précisées

Anticiper les évolutions de population qui pourraient avoir un impact sur les caractéristiques du public à

accueillir

Identifier les dynamiques de parcours des usagers

Il est recommandé de décrire le public accueilli, non seulement par des caractéristiques intrinsèques mais par

les dynamiques de parcours qu’il effectue

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Il est recommandé d’expliciter dans le projet, les modalités d’élaboration du PPA, notamment la participation

des personnes accompagnées et de leur entourage

Il est recommandé de préciser les modalités de transmission des informations et de respect des règles de la

confidentialité

Favoriser l’expression et la participation des usagers

Il est recommandé que le projet précise les modalités de participation des personnes accompagnées et

éventuellement de leur entourage :

- sur un plan individuel : dans l’élaboration et la mise en œuvre de son projet personnalisé

- sur un plan collectif : CVS pour recueillir les avis et propositions des usagers sur le fonctionnement

de la structure

3.2. Les repères méthodologiques

L’identification des besoins et des attentes des usagers résulte principalement de l’analyse de 3 sources

d’informations :

- les comptes-rendus des réunions du CVS

- les enquêtes de satisfaction

- le bilan des PPA

Analyser les évaluations des PPA

Dans le cadre de cette analyse, il est recommandé de réaliser un bilan des attentes non satisfaites. Les équipes

pourront ainsi déterminer les actions à promouvoir pour construire les réponses aux attentes non satisfaites

récurrentes. (Les attentes de la personne et le projet personnalisé – ANESM – décembre 2008)

Les évolutions du public

Il est recommandé d’analyser les caractéristiques, les besoins et les attentes des usagers à partir de sources

internes et de sources externes (données sectorielles, études spécifiques,…)

Intégrer dans le projet les spécificités des pratiques liées à la population accompagnée (TED, Dys,…)

Les relations avec l’entourage

Il est recommandé de préciser la place des parents, des familles et de l’entourage en définissant aussi

clairement que possible les relations souhaitées ou mises en œuvre dans la structure

Intégrer et préciser la place des parents

Il est recommandé d’intégrer la place des parents dans tous les documents de la structure : livret d’accueil,

règlement de fonctionnement, projet d’établissement

Tous ces documents sont en effet autant d’opportunités de rappeler et préciser la plce des parents, de les

reconnaître en tant que parents, quelles que soient les difficultés qu’ils rencontrent. (L’exercice de l’autorité

parentale dans le cadre du placement – ANESM – mars 2010)

4 La nature de l’offre de service et son organisation

9

4.1 La nature de l’offre de service

Il est recommandé de décrire aussi précisément que possible les activités composants l’offre de service depuis

les plus matérielles (hébergement) jusqu’aux plus complexes (élaboration du PPA)

Cette approche des services rendus s’effectue en se plaçant du point de vue de l’usager.

Il est recommandé de mettre en évidence la cohérence des activités et prestations proposées, au besoin à l’aide

d’un schéma pour montrer les complémentarités.

4.2 L’organisation interne de l’offre de service

Les modalités d’admission

Les volets techniques du projet d’établissement ou de service

Projet de soins, projet de vie, projet pédagogique,…: ces différents volets n’ont de légitimité et de sens qu’à

l’intérieur d’un projet d’ensemble : ils ne sauraient s’autonomiser par rapport à la réflexion globale

Il est recommandé pour chacun des volets techniques du projet, de poser la question de la transversalité et des

interactions entre ces différentes dimensions

Les modes d’organisation interne

Choisir le bon niveau de description

L’objectif prioritaire est de décrire l’ensemble des systèmes d’action à l’intérieur de la structure et d’en

dessiner les articulations

Il est recommandé de valider l’écriture de cette partie par la question suivante : la description est-elle

suffisamment fine pour qu’un professionnel ait une compréhension correcte à la fois de l’unité dans laquelle il

intervient, de l’organisation du travail qui en découle et de l’articulation avec les autres groupes de la

structure

Interroger la pertinence

Les organisations sont d’autant plus évolutives qu’elles sont reliées à la réponse aux besoins des usagers

Les moyens matériels

Il convient de présenter les moyens matériels qui permettent la réalisation des missions

4.3 L’ancrage des activités dans le territoire : partenariats et ouverture

Il convient de réaliser une analyse multidimensionnelle dont les caractéristiques doivent être déterminées en

fonction de la nature de la structure et de ces enjeux propres. Cette analyse permet de préciser le

positionnement de la structure : spécificités, plus-value par rapport aux autres structures et coopérations à

poursuivre ou à mettre en œuvre

Les partenariats liés aux missions

10

Il est recommandé de distinguer clairement les partenariats obligatoires, d’en décrire et d’en analyser finement

les obligations réciproques

Il est recommandé d’être très précis dans la définition du mode de relation avec les partenaires (partenariat

formalisé / réseau) et dans les modalités de coopération pour aboutir à une analyse des apports réciproques

Par ailleurs, il convient de préciser les modes de relation avec des structures fédératives diverses, sectorielles

ou intersectorielles en indiquant le niveau d’implication dans ces structures

L’ouverture sur les ressources locales

Il est recommandé d’analyser les ressources locales (autres établissements ou services, mais aussi ressources

citoyennes, politiques, économiques, institutionnelles) en vue de faciliter le positionnement de la structure sur

le plan de la coopération et de souligner les atouts et la valeur ajoutée propre à la structure.

5. Les principes d’intervention

L’enjeu pour la structure est de construire des orientations qui, eu égard aux difficultés du public accueilli et/ou

accompagné, promeuvent les droits des usagers

Se doter de principes d’interventions communs

Il est recommandé d’intégrer dans le projet d’établissement ou de service une réflexion des équipes sur leurs

principes d’intervention auprès des personnes. Ces principes, n traduisent la manière concrète dont les

professionnels s’approprient les droits des usagers, et plus spécifiquement le droit de la personne à participer

activement au projet qui la concerne ainsi que les droits des représentants légaux (Les attentes de la personne

et le projet personnalisé –ANESM – décembre 2008)

5.1 Les sources des principes d’intervention

Ces principes trouvent leur fondement dans différents corpus :

- les principes républicains (laïcité, égalité, liberté de circuler,…), ceux définissant le service public

(continuité, égalité de traitement, neutralité…)

- les recommandations de l’ANESM

- les référentiels des fédérations sectorielles

- les référentiels métiers

- les valeurs de l’organisme gestionnaire

- des références théoriques partagées par l’équipe qui peuvent conduire à des choix de méthodes

comme par exemple la mise en place de thérapies de groupe

5.2 La gestion de paradoxes

L’article L.116-1 du CASF définit les fondements de l’action sociale et médico-sociale : « Elle tend à

promouvoir, dans un cadre interministériel, l’autonomie et la protection des personnes, la cohésion sociale,

l’exercice de la citoyenneté, à prévenir les exclusions et à en corriger les effets. Elle repose sur une évaluation

continue des besoins et des attentes des membres de tous les groupes sociaux, en particulier des personnes

handicapées…

Ces principes sont en tension par exemple :

- liberté et sécurité

11

- protection et émancipation (autonomie)

- prévention et correction des effets de l’exclusion

- individualisation de l’accompagnement et recherche de cohésion sociale

- personnalisation de l’accompagnement et règles de vie collective

Les équilibres entre protection et autonomie

La prise de risques est inhérente à la vie en général et à la prise en charge de personnes vulnérables. Il existe

une tension irréductible entre…la recherche d’autonomie par les personnes et la protection que les

établissements ou services leur doivent. (Ouverture de l’établissement à et sur son environnement – ANESM –

décembre 2008)

Evaluer le risque et travailler l’équilibre entre marges d’autonomie et d’incertitude

Les professionnels doivent être sensibilisés à ce travail sur les marges d’autonomie et les marges d’incertitude

par l’équipe de direction pour que le respect des règles de sécurité en vigueur ne conduise pas à des

restrictions de liberté inutiles ou injustifiées. Autant que possible, la liberté doit rester la règle et la restriction

de liberté, l’exception. ‘La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre – ANESM – août 2008)

En outre, un principe tel que « l’égalité de traitement » ne saurait faire obstacle à la personnalisation.

(Concilier vie en collectivité et personnalisation de l’accueil et de l’accompagnement – ANESM – novembre

2008)

A chaque établissement ou service sa réponse propre, qui constitue en quelque sorte sa carte d’identité, son

positionnement éthique et technique.

Il est recommandé d’expliciter sur le plan éthique et technique, la manière dont l’établissement ou le service va

prendre en compte les paradoxes propres à la prise en charge et l’accompagnement des personnes que ce soit

dans le domaine de la citoyenneté, de la personnalisation des réponses, de la dynamique collective, de la prise

de risques, de la protection des personnes, de la recherche de l’autonomie…

5.3 Des modalités de régulation

Il est recommandé de prévoir dans le projet de la structure des espaces de réflexion pour traiter les situations

singulières complexes. La mise en œuvre des principes d’intervention doit en effet se baser sur une

personnalisation, un traitement au cas par cas.

Il est recommandé de s’appuyer sur les enseignements de ces situations complexes pour préciser les principes

d’intervention.

5.4 Les repères méthodologiques

L’intervention d’un tiers peut se révéler utile pour mettre à jour et énoncer clairement ce qui va de soi dans les

pratiques quotidiennes des différents professionnels

Il est recommandé de s’interroger spécifiquement sur la manière dont ces principes sont mis en œuvre à travers

des modalités de travail

6. Les professionnels et les compétences mobilisées

6.1 Les enjeux

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Le projet d’établissement est l’occasion de mettre en lumière l’apport central des professionnels dans l’offre de

service…

Des responsabilités précises, un fonctionnement collectif cohérent

Il est recommandé que le projet institutionnel soit élaboré dans le souci de décliner des objectifs concrets et de

préciser les moyens utilisés pour y parvenir en termes de recrutement, de formation, de gestion des ressources

humaines notamment (La bientraitance – ANESM – juillet 2008)

6.2 Les points à traiter

Les compétences et les qualifications

Il est recommandé de présenter l’ensemble des compétences et des qualifications mobilisées pour mettre en

œuvre l’offre de service

Les fonctions et délégations

Il est recommandé de clarifier les fonctions, les responsabilités et les délégations de responsabilité.

Organigramme en annexe

La dynamique du travail d’équipe

Il est recommandé d’expliciter ou de clarifier les processus de travail en équipe : transmissions, mise en lien,

coordination, réunions, organisation, échanges, mise en débat des pratiques…

L’organisation de l’interdisciplinarité

Il est recommandé de spécifier les lieux, les processus, les dispositifs qui contribuent à favoriser

l’interdisciplinarité, le croisement des regards et des savoirs, la confrontation des pratiques et la coordination

entre professions différentes

Le soutien aux professionnels

Il est recommandé de mettre en valeur l’ensemble des actions de formation, de valorisation des acquis

professionnels et de soutien aux équipes (analyse des pratiques,…)

Il est recommandé d’identifier et de valoriser les nouvelles compétences issues des modes de travail en réseau

et en partenariat

L’adaptation à l’emploi au regard des populations accompagnées

La mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations

accompagnées se situe dans le champ des pratiques managériales et opérationnelles. Elle se réfère à la

stratégie même de la structure pour faire vivre le projet d’établissement ou de service, avec les personnels et

selon les publics réels et/ou projetés. (Mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au

regard des populations accompagnées – ANESM – juillet 2008)

Il est recommandé d’analyser le positionnement des professionnels à l’égard des usagers, et éventuellement de

procéder aux ajustements nécessaires sur le mode relationnel, le mode de coopération ou encore le respect des

droits

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Il est recommandé aux dirigeants de prévoir et de mettre en place des moyens, méthodes, outils, des instances

permettant aux professionnels d’évoquer leurs pratiques, de les partager avec des collègues, de les questionner,

de les adapter et de les améliorer, dans les établissements comme les services

7. Les objectifs d’évolution, de progression, et de développement

Dans tous les cas, qu’il s’agisse de dossiers lourds et stratégiques de transformation de la structure, ou d’une

amélioration de la situation existante, il est recommandé d’être pragmatique quant à la faisabilité des objectifs

Il est recommandé de préciser les objectifs à mettre en œuvre sous la forme de fiches-actions, elles-mêmes

rassemblées dans un plan d’actions

Dans le cas de nouvelles activités ou prestations, il est recommandé qu’elles soient attentivement suivies par

l’encadrement technique, puis évaluées afin d’en décider la poursuite éventuelle voire le développement

En conclusion, chaque objectif de progression, d’évolution ou de développement sera :

mentionné par un encart dans la partie du projet d’établissement concerné

rappelé dans le plan d’action

détaillé dans une fiche action

III L’organisation de la démarche

1. Poser le cadre

Voir document ANTEIS

1.4 Circulation de l’information

Tous les acteurs de la structure ne peuvent, pour des raisons d’organisation, participer aux groupes de travail. Il

est donc indispensable que la grande majorité des intervenants puisse discuter les travaux des groupes

2. Procéder par étape

2.2 L’analyse des enjeux propres à la structure

Cibler les thèmes à approfondir

Organiser des débats sur des thèmes ciblés

Il est recommandé de choisir précisément les thèmes de débat pour lesquels la production collective apporte

une réelle valeur ajoutée et de veiller à l’animation

2.3 La phase de rédaction

Il est recommandé de confier ce travail rédaction à une seule personne

Il est recommandé d’organiser des navettes entre le rédacteur et le comité de pilotage

14

Au cas où une aide extérieure interviendrait pour la rédaction, il est recommandé de préciser la contribution

demandée

2.4. La phase de validation

Il est recommandé de différencier deux étapes dans le processus de validation :

- vérification technique avec l’intervention du comité de pilotage

- validation politique des instances dirigeantes pour la seconde

2.5. La phase de suivi et d’actualisation

Il est recommandé de mettre en place une instance de suivi du projet, faisant suite au comité de pilotage,

chargée de réviser les perspectives en fonction des événements qui surviennent et chargé du suivi des

réalisations et des évolutions indiquées dans les « fiches-actions »

Il est recommandé de réserver le terme actualisation du projet à un processus formalisé et identifié, répondant à

l’exigence légale prévue par l’article L.311-8 du CASF

Quel impact du projet sur les pratiques professionnelles ?

Il est recommandé de s’interroger à la fois sur l’impact de la démarche sur les pratiques professionnelles, sur

l’efficience des méthodes employées, et sur l’usage qui est fait du projet d’établissement.

3. Repérer et mobiliser les moyens disponibles

3.1 Evaluer la capacité de la structure à mettre en œuvre la démarche

3.2 Ajuster la contribution des professionnels aux moyens disponibles

Il est recommandé de mettre systématiquement en place un comité de pilotage de la démarche et d’organiser au

moins un groupe de travail

Il est recommandé d’ajuster la démarche et la production attendue aux moyens dont la structure dispose, tant

sur le plan des thématiques et enjeux concrets à traiter que sur le plan des méthodes de travail à mettre en place,

en limitant les temps collectifs, voire en privilégiant les enquêtes directes

IV La mise en forme et les usages du document

1. La mise en forme du document

1.1 Différencier deux documents finaux

Il est recommandé de réaliser deux documents :

un document principal, d’une trentaine de pages, les annexes étant en plus et séparées

physiquement de ce document

une synthèse de quelques pages qui pourra reprendre les éléments principaux notamment les

objectifs d’évolution

Pour les autres points évoqués dans ce chapitre : à voir en comité de pilotage avec ANTEIS à la fin de la

démarche d’actualisation (pages 60 à 64 de la recommandation)

15

16

Recommandation 2

2- La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre ; ANESM – juin 2008

Introduction

L’objectif de la recommandation consiste à contribuer à la définition des principes fondamentaux de la

bientraitance au regard des situations spécifiques des usagers concernés. Il s’agit ainsi d’éclairer à la fois la

pratique quotidienne des professionnels et la culture de l’établissement ou du service auquel ils appartiennent.

La bientraitance, ses principes et applications, constitue le fondement de toutes les bonnes pratiques

professionnelles.

La bientraitance est une recherche et doit être réinventée, à partir de certains fondamentaux, par chaque

établissement ou service

Il est recommandé que la bientraitance soit une dynamique d’exigence collective

I. Définition retenue du concept de bientraitance

1. Les notions qui entourent et préparent le concept de bientraitance

La notion de bienfaisance (rapport Belmont 1979). La bienfaisance, définie comme une « obligation » pour

les professionnels de la recherche, est définie par deux règles générales :

- Ne faites pas de tort

- Maximisez les avantages et minimisez les dommages possibles

De cette notion, il faut retenir l’idée d’une absence de tort faite à l’autre et d’un équilibre à trouver au sein des

pratiques entre ce qui apportera un bénéfice et ce qui causera du tort à l’usager.

La notion de bienveillance. Elle consiste à aborder l’autre, le plus fragile, avec une attitude positive et avec le

souci de faire le bien pour lui. Cette notion revêt aussi bien un caractère individuel que collectif.

De ce concept, il convient de retenir l’importance de l’intention envers l’autre

Les enseignements en matière de communication de Carl Rogers. 4 dimensions pour éviter de mettre l’autre

en accusation à travers sa communication :

- La 1ère

: observer les faits en évitant les jugements de valeur

- La 2ème

: reconnaître ses propres sentiments

- La 3ème

: avoir conscience et exprimer ses besoins propres

17

- La 4ème

: savoir formuler sa demande et indiquer à l’autre quelles actions concrètes peuvent

contribuer à mon bien-être

A travers ces dimensions, c’est la faculté d’empathie et la posture de négociation qui doivent être retenus de la

part du professionnel

La notion de sollicitude (Paul Ricœur, philosophe) consiste à adopter envers l’autre, au sein d’une relation

dissymétrique une attitude permettant de rétablir un équilibre plutôt que d’accentuer le déséquilibre

La notion de care. L’enseignement du care décrit des attitudes et comportements non pas déterminés par la

règle ou le droit, mais par l’adaptation des réponses à une situation donnée, toujours singulière.

L’éthique du care est une réponse contextualisée et personnalisée

La réflexion sur la reconnaissance (Axel Honneth). Cette approche met l’accent sur l’importance pour toute

personne d’être regardée favorablement par ceux qui l’entourent pour développer une image positive d’elle-

même et en conséquence, pour déployer ses capacités au mieux.

Les 3 vecteurs privilégiés de la reconnaissance : l’attention affective, l’accès égal aux droits et l’estime sociale

Le concept de bien-traitance voit le jour dans les années 90 au sein du comité de pilotage ministériel de l’

« opération pouponnières », opération qui visait à l’humanisation de l’accueil de très jeunes enfants.

L’enjeu de ce concept était résumé ainsi : « La bien-traitance des plus vulnérables d’entre les siens est l’enjeu

d’une société toute entière, un enjeu d’humanité. »

2. Eléments de définition de la bientraitance

La bientraitance est à la fois démarche positive et mémoire du risque

La bientraitance est une culture inspirant les actions individuelles et les relations collectives au sein d’un

établissement ou d’un service. Elle vise à promouvoir le bien-être de l’usager en gardant présent à l’esprit le

risque de maltraitance

Mouvement d’individualisation et d personnalisation permanente de la prestation, la bientraitance ne peut

recevoir de définition définitive

Parce que la bientraitance est l’interprétation concrète et momentanée d’une série d’exigences, elle se définit

dans le croisement et la rencontre des perspectives de toutes les parties en présence

3. Les fondamentaux de la bientraitance procédant de cette définition

La bientraitance est une notion qui ne peut se comprendre que dans le sillage d’une recherche collective de

sens

3.1 Une culture du respect de la personne et de son histoire, de sa dignité et de sa singularité

Cette culture est fondée sur le principe de l’égale dignité de tous les êtres humains. Elle repose également sur la

conviction que tous les usagers sont des personnes dont la capacité de développement et la dignité doivent

recevoir les moyens de s’épanouir pleinement

3.2 Une manière d’être des professionnels au-delà d’une série d’actes

Née dans une culture partagée, la posture professionnelle de bientraitance est une manière d’être, d’agir et de

dire, soucieuse de l’autre, réactive à ses besoins et à ses demandes, respectueuse de ses choix et de ses refus.

Elle ne peut se résumer à une série d’actes.

18

Elle comporte le nécessaire souci de maintenir un cadre institutionnel stable, avec des règles claires et

sécurisantes pour tous, et un refus sans concession de toute forme de violence et d’abus sur le plus faible, d’où

qu’elle émane

Cela implique que les professionnels soient reconnus, soutenus et accompagnés dans le sens qu’ils donnent à

leurs actes

3.3 Une valorisation de l’expression des usagers

La bientraitance est d’abord une capacité d’adaptation à l’autre

3.4 Un aller-retour permanent entre penser et agir

De la bienveillance, la bientraitance retient l’importance de l’intention positive. En ce sens, c’est une culture de

questionnement permanent, y compris au regard des évolutions des savoirs et des découvertes des sciences

humaines, sociales et médicales

3.5 Une démarche continue d’adaptation à une situation donnée

La recherche de bientraitance est une dynamique qui appelle de la part des professionnels, des usagers et de

leurs proches et des autres parties prenantes de l’intervention, une réflexion et une collaboration continues à la

recherche de la meilleure réponse possible à un besoin identifié à un moment donné

II. Repères pour la mise en œuvre

Repère 1 – L’usager co-acteur de son parcours

1. Donner une réalité à la liberté de choix

1.1 Travailler dans le respect des droits et des choix de l’usager

Il est recommandé que le lieu où il souhaite demeurer, les rythmes et modes de vie qu’il souhaite adopter, les

modes de communication qu’il privilégie, soient les premiers fondements des interventions qui lui soient

proposées et dispensées

Lorsque l’usager n’est pas en mesure d’exprimer des choix, il est recommandé aux professionnels de s’appuyer

sur la parole et l’expérience des proches ou du représentant légal

1.2 Personnaliser l’accueil et accompagner l’intégration de l’usager dans la structure

L’étape de l’accueil est capitale pour la réussite de l’intervention ou de l’accompagnement mis en place en

faveur de l’usager. Ce temps de l’accueil doit être l’occasion d’ouvrir pour la personne accueillie de nouvelles

possibilités et de nouvelles perspectives

Ce dispositif repose notamment sur une personnalisation de l’accueil, l’aménagement d’un espace préservé

pour la rencontre et l’accompagnement des usagers dans la durée pour que cette installation soit accompagnée

jusqu’à ce que l’intégration soit effectivement réalisée

1.3 Entendre la parole de l’usager et respecter sa légitimité

Le respect de l’autonomie de l’usager suppose que les professionnels soient à l’écoute de ses besoins et de ses

demandes.

19

Il est recommandé que cette parole ne soit pas mise en doute mais qu’elle fasse l’objet d’une compréhension

adaptée dans le cas des usagers mineurs et en fonction des mesures de protection en vigueur

Dans les situations de troubles du comportement ou du langage, il est recommandé que les professionnels

adoptent une démarche d’attention et d’analyse adaptée pour que les préférences que manifeste l’usager soient

entendues et comprises

Il est recommandé d’encourager les professionnels à rechercher une solution qui prennent en compte les

aspirations de l’usager le mieux possible

Il est recommandé que le respect du regard de l’usager sur sa propre situation soit associé à un travail

d’accompagnement destiné à accroître son pouvoir d’action

Il est recommandé aux professionnels d’entreprendre avec les usagers un travail sur leur estime de soi et de

mes accompagner dans l’élaboration d’une image et d’une description d’eux-mêmes valorisantes car celles-ci

vont de pair avec la mise en œuvre d’une réelle autonomie dans la vie quotidienne

1.4 Développer les possibilités de relations de réciprocité entre les usagers et mettre en place une

organisation limitant les occasions de dépendance des usagers envers les professionnels

Il est recommandé que des relations de réciprocité soient encouragées entre les usagers

Il est recommandé que l’organisation de l’établissement ou du service ne multiplie pas inutilement les

occasions de dépendance des usagers à l’égard des professionnels là où ils pourraient exercer leur autonomie

1.5 Etre attentif au refus et à la non-adhésion pour faire évoluer la situation de manière adaptée

Il est recommandé que le refus ou la non-adhésion de l’usager soit systématiquement l’objet d’un

questionnement de la part des professionnels qui y sont confrontés afin qu’ils puissent y apporter la réponse la

plus appropriée

Le refus ou la non-adhésion de l’usager appelle une analyse, un travail de compréhension et d’adaptation des

professionnels afin qu’une prestation plus adaptée puisse être proposée

Il est recommandé qu’un refus ponctuel (d’une activité ou d’une prestation) soit en tous cas pris en compte sans

conditionner l’accompagnement de l’usager d’une manière générale ni l’accès à d’autres activités pour que ce

refus demeure une possibilité effective et non fictive

2. L’accompagnement à l’autonomie

2.1 Informer, premier support à l’autonomie

Conformément à la loi, l’usager (et/ou ses proches ou représentants légaux) doit être informé de l’ensemble de

ses droits et des possibilités qui s’ouvrent à lui dans le cadre de son accompagnement

Il est recommandé qu’une information à l’usager concernant les recommandations de bonnes pratiques

professionnelles soit mise en œuvre

2.2 Evaluer le risque et travailler à l’équilibre entre marge d’autonomie et marge d’incertitude

Les professionnels doivent être sensibilisés à ce travail sur les marges d’autonomie et les marges d’incertitude

par l’équipe de direction pour que le respect des règles de sécurité en vigueur ne conduise pas à des restrictions

20

de liberté inutiles ou injustifiées. Autant que possible, la liberté doit rester la règle et la restriction de liberté,

l’exception. ( cité dans fiche I page 10)

2.3 Prendre en compte le rythme de l’usager et l’ensemble de ses besoins

L’adaptation au rythme de l’usager est recommandée aussi bien en matière d’accompagnement quotidien que

de parcours proposé

Les professionnels interviennent auprès des usagers dans des modalités de temps et de rythme marqués par

leurs contraintes institutionnelles. Il est important que ces contraintes soient néanmoins périodiquement

questionnées et ajustées autant que de possible pour que l’ensemble des besoins de l’usager soit pris en compte

Il est également important que les rythmes propres de l’usager dans ses mouvements et sa vie quotidienne

(temps du lever, de la toilette,…) soient connus, respectés et pris en compte dans l’organisation du travail des

professionnels

2.4 Accompagner par la parole la réflexion et le parcours de l’usager

Ne pas restreindre l’usager à sa situation de fragilité, accompagner son développement et encourager son

autonomie, nécessite que les professionnels sachent accompagner par la parole les évolutions, prises de

conscience ou moments de détresse des usagers

Il est recommandé que les professionnels soient formés, accompagnés et soutenus pour pouvoir accueillir ces

moments de doute, de réflexion ou de détresse et ainsi, accompagner l’usager dans la maturation affective des

étapes de son parcours ou de son expérience

3. La communication individuelle et collective

3.1 Proposer à l’usager des occasions d’expression diversifiées

Le respect de l’autonomie a pour fondement l’écoute de l’usager.

Il est recommandé que les structures développent les occasions de disponibilité et d’écoute active envers les

requêtes des usagers et de leurs proches

L’usager est et demeure un être qui s’exprime et doit être rencontré en tant que tel. Ceci appelle une grande

faculté de compréhension et d’analyse chez les professionnels en contact avec les usagers manifestant des

troubles du langage ou des troubles de comportement importants. Il est recommandé qu’ils soient formés à cet

effet

3.2 Créer dans les établissements un environnement propice à la prise de parole individuelle et

collective

Il est préconisé que les établissements aménagent des espaces préservant l’intimité, suscitent des occasions

propices à l’échange et d’une manière générale, cultivent une atmosphère favorable à la convivialité (confort

des locaux, petites unités, atmosphère calme, environnement sonore, visuel olfactif,…)

La communication collective doit également être encouragée et recueillie grâce à toutes les formes de

participation

4. Un projet d’accueil et d’accompagnement défini et évalué

21

4.1 Fixer des objectifs précis dans le cadre du projet personnalisé

Il est recommandé que, sans chercher à parvenir nécessairement à des écrits complets ou exhaustifs, les

professionnels s’attachent surtout à la démarche consistant à personnaliser la prestation le plus possible et

s’accordent sur les modalités d’accompagnement qui semblent les plus pertinents et réalistes de part et d’autre

Il est préconisé que ce projet soit remis à l’usager et accessible à tous les acteurs de la structure en lien avec la

personne accueillie

4.2 Fixer des modalités de mise en place et de suivi réalistes, respectueuses des capacités et des

rythmes de l’usager

Il est recommandé que le projet d’accueil et d’accompagnement de l’usager mentionne explicitement des

modalités de mise en place, de suivi et d’évaluation. Ces modalités permettront aux professionnels de s’assurer

du bon déroulement du projet d’accueil et d’accompagnement

4.3 Observer les effets positifs et négatifs des actions mises en place en faveur de l’usager et effectuer

en conséquence les ajustements nécessaires dans l’accompagnement

Il est recommandé que toutes les actions mises en place fassent l’objet d’un suivi et d’une observation pour

recueillir les impacts positifs et négatifs que ces mesures induisent dans la vie, la santé et le développement de

l’usager

Il est recommandé que les observations des professionnels et celles de l’usager ainsi que celles de son

environnement relationnel aboutissent à une co-évaluation de l’impact des actions mises en place et aux

réajustements qui s’avèrent nécessaires pour qu’elles soient les plus respectueuses possibles des intérêts et des

choix de l’usager (prendre en compte les expertises éventuelles posées par d’autres professionnels)

4.4 Etre attentif à la durée et à la continuité du parcours de l’usager

Pour la sortie de l’usager de la structure, il est recommandé que les professionnels réfléchissent avec lui à

toutes les mesures susceptibles de faciliter ce moment de transition. Ce moment étant considéré comme une

étape du parcours à part entière, il est recommandé un travail en réseau des professionnels avec d’autres

intervenants à l’extérieur

Il est important que l’usager puisse retrouver le soutien des professionnels qui l’ont accompagné s’il en

éprouve le besoin

Il est également recommandé que la sortie, préparée et accompagnée par les professionnels, soit réfléchie au

regard des bénéfices ou au contraire des dommages qu’une durée de séjour trop courte ou trop longue peut

amener dans le parcours d’une personne

Il est préconisé que toutes les formes de dispositifs transitoires et intermédiaires entre l’institutionnalisation

complète et la sortie définitive soient étudiées

Repère 2 – La qualité du lien entre professionnels et usagers

1. Le respect de la singularité, fondement de l’intervention

22

1.1 Accueillir l’usager et respecter sa singularité

L’objectif est de faire de ce moment de rencontre le socle d’une co-élaboration des prestations offertes à

l’usager et à son entourage suivant sa situation, ses attentes et ses ressources propres

1.2 Apporter une réponse adaptée aux besoins de l’usager grâce à la formation et à la qualification

des professionnels

Il est recommandé que ce recours puisse s’appuyer sur une qualification et une formation des professionnels

leur permettant de s’adapter aux publics accueillis et une compétence collective et individuelle entretenue et

complémentaire des ressources de l’usager et de ses proches

1.3 Formaliser le respect de la singularité de la personne grâce au contrat de séjour

Il est recommandé que la formalisation et la signature de ces documents soient des occasions d’éclairer les

usagers et leurs proches sur toutes les modalités de fonctionnement de l’établissement ou du service et

d’instaurer une relation claire en termes de droits et d’obligations réciproques

Le règlement de fonctionnement contribue au respect de la singularité des usagers. Il est recommandé qu’il soit

élaboré en ce sens

1.4 Porter toute l’attention nécessaire à la nature et à l’expression de la relation affective

Il est préconisé de la part des structures une réflexion collective sur les formes de lein et de relation

encouragées ou au contraire inacceptables afin que le professionnel puisse toujours situer son action et ses

réactions (verbales, physiques, comportementales) dans le cadre de valeurs et de missions clairement

identifiées.

Vécu de manière individuelle, le lien du professionnel à l’usager peut ainsi être entouré de garde-fous

indispensables, alimentés par des règles déontologiques des professionnels et la réflexion éthique entretenue

dans la structure

Il est recommandé que toutes les formes que prend le lien soient l’objet d’une réflexion quotidienne concrète

pour les professionnels et éventuellement d’un accompagnement psychologique. Ceci appelle une possibilité de

réflexion autour de la « juste distance » et de tous les gestes ou comportements qui sont susceptibles de la

concrétiser

2. La vigilance concernant la sécurité physique et le sentiment de sécurité des usagers

Il est recommandé que les structures prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des

personnes

Il est recommandé qu’une communication claire soit faite à l’égard des proches de l’usager

Il est préconisé que le bien-être physique de l’usager fasse l’objet d’une démarche volontariste de la part des

professionnels dans toutes les dimensions de l’accompagnement qui y contribuent, notamment l’attention

portée au confort dans la vie quotidienne

2.2 Veiller à la communication et à l’articulation entre les professionnels

23

La vie des structures appelle une rotation de personnels auprès des usagers

Il est recommandé que cette rotation fasse l’objet d’une réflexion de l’encadrement pour être limitée afin de ne

pas déstabiliser l’usager

Il est recommandé la mise en place de procédures de transmission d’information rigoureuses ainsi que des

moments réguliers de réflexion plus distanciée sur les formes et le devenir de cet accompagnement

Il est recommandé que les structures sensibilisent les intervenants à la fois à la rigueur de la transmission

d’information et à la nécessité d’informer l’usager du contenu de l’échange dont il a été l’objet. Les

informations échangées à son sujet doivent être formulées en sa présence ou, le cas échéant, lui être

communiquées de la manière la plus transparente possible et la plus adaptée

Il est recommandé que les informations concernant les usagers fassent l’objet, chaque fois que c’est pertinent

dans le respect du secret professionnel, d’une mutualisation avec d’autres structures afin d’améliorer la

coordination des accompagnements

2.3 Informer les usagers sur les événements institutionnels et les changements de professionnels

Pour préserver le sentiment de sécurité des usagers, leur permettre de comprendre ces changements et de ne pas

les interpréter de manière négative, il est recommandé que les modifications soient l’objet d’une

communication détaillée et adaptée de la part des professionnels

Il est préconisé que le fonctionnement ordinaire des structures s’établisse le plus possible dans un respect de la

parole donnée à l’usager (horaires, échéances,..)

2.4 Etre réactif aux besoins de l’usager et apporter à une réponse appropriée à la demande

Il est recommandé que les professionnels apportent la réponse la plus adaptée à la demande, qu’elle soit

humaine, médicale, éducative, sociale… et qu’elle appelle une intervention humaine, matérielle ou technique

Il est recommandé, en cas de refus à une demande, qu’il soit motivé ou qu’une explication soit apporté à

l’usager de façon à ce qu’il ne perde pas l’envie ni la possibilité d’adresser des demandes. Un mode de

communication adapté est préconisé pour accompagner ce refus

3. Un cadre institutionnel stable

3.1 Veiller à la connaissance et au respect du droit au sein de la structure

Il est recommandé que les lois de référence du secteur social et médico-social fassent l’objet d’un rappel écrit

et explicite ainsi qu’une appropriation régulière par les professionnels à la fois à l’occasion de formations et à

l’occasion du traitement préconisé face à une situation exceptionnelle (situation de violence par ex.)

Il est recommandé, avec tout l’accompagnement et le travail éducatif nécessaires, que les actes des usagers

soient inscrits de la même manière dans le respect du droit et qu’aucune permissivité ne soit de rigueur à

l’égard des transgressions qu’ils peuvent commettre.

Le respect des règles de sécurité s’applique à tous, dans un souci de graduation et de pédagogie

24

Le rappel des règles doit être particulièrement adapté dans tous les cas de violence physique ou verbale

émanant d’usagers qui, du fit d’une pathologie spécifique, ne peuvent en comprendre le sens ni en maîtriser la

portée (ne pas réduire la personne à son handicap et à renoncer à élaborer avec elle une socialisation construite)

3.2 Effectuer un rappel à la règle si nécessaire, sans glisser dans l’excès de rigidité institutionnelle

Il est recommandé qu’un rappel à la règle soit effectué par un professionnel habilité dans le respect des

procédures prévues au sein du projet de la structure et de manière adaptée à la capacité de compréhension de

l’usager

Il est recommandé que ce rappel à la règle soit accompagné d’une explication et opéré par le professionnel dans

une recherche manifeste de maintenir la communication, pour que la solidité du cadre ne devienne pas rigidité

punitive.

Il est recommandé que des voies de recours soient formalisées

Le rappel à la règle pour ne pas porter atteinte au respect de la personne est fait en prenant soin de ne pas

induire par l’appréciation sur l’acte commis un éventuel jugement sur la personne qui l’a commise

3.3 Intervenir en cas de violence pour contenir la personne qui l’exerce envers les autres

Il est recommandé que quelles que soient sa forme et sa gravité, toute forme de violence en établissement fasse

l’objet d’une intervention immédiate, de jour comme de nuit, et de manière adaptée par le professionnel présent

Il est préconisé que l’événement fasse l’objet d’un écrit puis d’une analyse distanciée dans le temps, afin d’en

repérer les origines et d’en rechercher collectivement des mesures correctives dans une volonté de prévention et

de compréhension

3.4 Interroger les passages à l’acte violents à la lumière de la vie de l’institution et du parcours de

l’usager

Il est recommandé que la violence fasse systématiquement l’objet d’une réflexion collective pour en

comprendre les causes

Elle peut prendre la forme d’une analyse des pratiques

Il est préconisé que, dans le cadre des réflexions qui ont lieu, l’usager ou le professionnel en cause ait la

possibilité de s’expliquer sur les raisons de son acte

Repère 3 – L’enrichissement des structures et des accompagnements par toutes

contributions internes et externes pertinentes

1. Travailler avec l’entourage et respecter les relations de l’usager avec ses proches

1.1 Créer un environnement qui prend en compte l’entourage et entend sa propre analyse sur la

situation de l’usager en complémentarité des autres analyses

Il est recommandé que l’analyse des familles et des proches soit recueillie régulièrement par les professionnels

pour compléter celle qu’exprime l’usager et celle que formalisent les professionnels

25

1.2 Créer des lieux ou des occasions qui permettent de reprendre, de maintenir et de conforter les

liens affectifs avec les proches dans le respect des intérêts et des souhaits de l’usager

Il est recommandé que l’accompagnement des professionnels, les lieux d’accueil ou les modalités

d’intervention soient pensés pour encourager le maintien ou la reprise de liens affectifs si cela correspond au

souhait de l’usager

Cette démarche positive en faveur du maintien ou du renforcement du lien appelle des aménagements

spécifiques si l’usager est l’objet d’une décision de justice concernant ses proches

Il est recommandé que le refus du lien avec ses proches exprimé par l’usager soit entendu et respecté en

prenant en compte s’il y a lieu le respect des décisions de justice

1.3 Entendre et comprendre les demandes et besoins familiaux pour instaurer des solutions de prise

en charge pérennes et respectueuses des équilibres familiaux

Il est recommandé que l’équilibre aménagé préalablement dans lequel était inscrit l’usager fasse l’objet d’une

réflexion de la part des professionnels. Il s’agit que les professionnels puissent amener une prestation dans un

respect aussi étroit que possible des relations précédents leur intervention

Il est préconisé que l’accompagnement des professionnels soit aménagé pour laisser aux proches le rôle et la

place qui sont le plus profitables à l’usager

1.4 Maintenir des positionnements professionnels neutres et sans jugement de valeur à l’égard des

relations entre l’usager et ses proches

Il est recommandé que les professionnels soient sensibilisés à garder à tout moment de leur intervention une

approche factuelle, sans jugement de valeur, des relations intimes que l’usager entretient avec sa famille

1.5 Aider les personnes isolées à se créer un réseau social

Il est recommandé que la structure offre des occasions de se créer des réseaux primaires grâce à des rencontres

ou à des activités à l’intérieur ou à l’extérieur de la structure

2. L’articulation avec les ressources externes

2.1 Ouvrir la structure à des ressources extérieures et développer les partenariats

Il est recommandé que les structures recherchent activement les contributions les plus à même de compléter

leur propre compétence et savoir-faire

2.2 Organiser une articulation avec les visiteurs réguliers et favoriser les interactions pour créer une

culture de l’échange

Il est recommandé que les professionnels formalisent les articulations entre leur accompagnement et celui des

visiteurs et mettent en place des rencontres formalisées pour favoriser à la fois la fluidité de l’information et la

confiance des uns envers les autres

2.3 Mettre en place des outils de recueil des perspectives extérieures à la structure

26

La mise en place de supports spécifiques et d’une transmission d’information adaptée est préconisée pour

recueillir le regard porté sur les modalités de fonctionnement de la structure par des intervenants ponctuels :

experts, bénévoles, stagiaires,…

2.4 Développer la mutualisation des expériences entre les structures

Il est recommandé que les structures mettent en place des partenariats avec d’autres structures exerçant des

missions comparables. Cette démarche contribue à rompre l’isolement dans lequel les professionnels peuvent

se trouver lorsqu’ils rencontrent des difficultés dans l’exercice de leur mission

3. La promotion de l’expression et de l’échange de perspectives

3.1 Solliciter les usagers afin qu’ils formulent leurs souhaits dans des instances représentatives

La recherche des solutions et des fonctionnements les plus adaptés aux attentes des usagers se fonde sur le

recueil et la prise en compte de leur expérience et de leurs souhaits

3.2 Mettre en place des lieux d’échanges où professionnels, familles ou proches et usagers peuvent

croiser leurs regards

La bientraitance est une culture issue d’une recherche collective vers le mieux

Il est recommandé que les occasions d’échange soient organisées de manière régulière et lisible pour tous, à un

rythme suffisamment soutenu pour maintenir le débat en vie

3.3 Promouvoir la participation en créant des liens lisibles entre les avis recueillis et l’évolution du

fonctionnement de la structure

Il est recommandé que les échanges tenus lors des débats formalisés entre toutes les parties prenantes de

l’accompagnement fassent l’objet d’un compte-rendu diffusé à tous les participants ainsi qu’à toutes les

personnes concernées

Faire figurer à la suite du compte-rendu les réponses de la structure ainsi que leurs motivations en cas de

réponse négative et leurs échéances de réalisation en cas de réponse favorable

3.4 Encourager la participation aux échanges par une sollicitation régulière et respectueuse des

usagers

Il est recommandé que les usagers soient sollicités individuellement pour exprimer leurs souhaits, suivant les

modes d’expression qui leur conviennent le mieux, de manère anonyme et écrite si cela peut faciliter la liberté

d’expression

Il est recommandé que cette sollicitation n’induise aucune obligation de participation ni d’expression lorsque

l’usager ne le souhaite pas

4. L’ouverture à l’évaluation et à la recherche

4.1 Recueillir les données pertinentes pour alimenter une démarche d’évaluation et de recherche

27

Il est recommandé que le recueil de données fiable et suivi fasse l’objet d’une attention et d’une rigueur

particulières afin de permettre à un travail d’évaluation et de recherche de pouvoir s’appuyer sur les données

recueillies ( veiller aux conditions de confidentialité, au respect des droits des usagers)

4.2 Ouvrir les structures à des actions d’évaluation et de recherche

Il est recommandé que les structures adoptent une démarche volontariste de collaboration avec les organismes

et équipes de recherche

Repère 4 – Le soutien aux professionnels dans leur démarche de bientraitance

Il est recommandé que les professionnels soient soutenus en garantissant que ces professionnels soient

entendus, reconnus et accompagnés dans l’exercice de leur mission

1. Une promotion de la parole de tous les professionnels

1.1 Promouvoir l’échange autour de l’observation de proximité

Il est recommandé que les structures mettent en place des moments d’échanges réguliers permettant à différents

degrés d’analyse de se croiser, à une approche de proximité de rencontrer une approche plus distanciée et à une

collaboration pluridisciplinaire ou pluri-professionnelle de se mettre en place

1.2 Sensibiliser régulièrement les professionnels sur le sens de leur mission

C’est lorsqu’ils trouvent un sens à leur mission que les professionnels sont le mieux à même de déployer de la

bientraitance

Ce travail sur le sens permet de développer un sentiment d’appartenance autour de valeurs partagées, de fédérer

les professionnels, d’anticiper le changement et de mieux faire face à des incertitudes

1.3 Favoriser un partage et un enrichissement des compétences autour des observations quotidiennes

Il est recommandé que par une sensibilisation continue, les professionnels soient accompagnés dans leur

réflexion et une prise de recul sur les événements qu’ils ont sous les yeux

Il est recommandé que des temps d’échanges réguliers favorisent des débats entre les professionnels

1.4 Formaliser avec les professionnels les supports d’information les plus adaptés

Il est recommandé que les supports de transmissions écrites internes fassent l’objet d’une réflexion collective

des professionnels

Il est préconisé que l’encadrement accompagne et maintienne la culture de l’écrit. Le contenu mérite d’être

encadré pour que les transmissions restent respectueuses des usagers ainsi que des professionnels évoqués

2. Une prise de recul encouragée et accompagnée

2.1 Accueillir le nouveau professionnel et lui donner les moyens de comprendre et de s’adapter aux

usagers qu’il accompagne

28

Le nouveau professionnel doit faire l’objet d’un accueil préparé et réfléchi pour faciliter son intégration à la

structure et sa prise de contact avec les usagers

Il est recommandé que des formes d’accompagnement spécifique à son égard soient mises en place dans

l’équipe pendant les premiers temps de sa prise de fonction

Il est préconisé qu’une formation concernant les spécificités des personnes qu’il accompagne lui soit proposée

à un moment de son parcours

2.2 Accompagner les pratiques professionnelles et soutenir les professionnels par une réflexion

régulière

Il est recommandé que les structures mettent en place des temps d’échanges réguliers, l’aide d’un tiers peut être

sollicitée

Il est recommandé que l’encadrement veille à ce que les équipes trouvent dans ces moments d’échanges

l’occasion d’évoquer ensemble leurs difficultés sans craindre de jugement

2.3 Inscrire ces échanges dans une démarche d’amélioration continue des pratiques

Il est recommandé que l’encadrement des structures mette en place un recueil et une analyse régulière des

événements indésirables cités par les professionnels

2.4 Mettre en place, en cas d’événement particulièrement difficile, un accompagnement ponctuel

approprié

Il est recommandé que l’équipe d’encadrement des structures mette en place, lorqu’une situation exceptionnelle

le nécessite, un accompagnement ponctuel approprié pour qu’un échange supervisé permette une telle

démarche

2.5 Promouvoir la réflexion éthique des professionnels

Il est recommandé que les équipes aient la possibilité d’avoir ensemble un questionnement éthique susceptible

d’amener une ressource de pensée indispensable pour maintenir vivant le désir d’agir pour et avec l’autre

3. Un projet d’établissement ou de service construit, évalué et réactualisé avec le concours des

professionnels et garant de la bientraitance

Pour l’ensemble de ce point 3 : voir fiche 1 « Elaboration, rédaction et animation du projet

d’établissement »

3.1 Construire avec le concours des professionnels un projet d’établissement ou de service qui

reprend le sens et fixe le cadre des missions des professionnels

3.2 Evaluer et faire vivre le projet d’établissement ou de service avec les professionnels et les usagers

3.3 Mettre en place des organisations qui fixent des responsabilités précises et un fonctionnement

collectif cohérent

3.4 Instaurer des modes d’encadrement respectueux des personnes et garants de la bientraitance

29

L’encadrement visé ici appelle 3 qualités importantes et complémentaires :

Une qualité d’engagement (présence sécurisante pour les professionnels, incarner et porter le

projet collectif de la bientraitance) : éthique de la conviction

Une qualité de clairvoyance et d’anticipation : éthique de la responsabilité

Une qualité de justice : ressort incontournable de la bientraitance et support de la visée éthique

contenue dans la bientraitance qui est « la visée de la vie bonne, avec et pour les autres, dans

des institutions justes ».

Pour l’ensemble de ce point 3.4 : voir développement fiche 3 (pages 2 et suivantes)

30

Recommandation 3

3- Mission du responsable d’établissement et rôle de l’encadrement dans la prévention et le traitement de la maltraitance ; ANESM – décembre 2008

1. Introduction

La maltraitance n’est pas un risque hypothétique et lointain mais bien un risque incontournable, consubstantiel

des pratiques pour tous les professionnels au contact des personnes vulnérables, quel que soit leur métier.

L’exercice de leur mission appelle donc la conscience de ce risque et la vigilance qu’elle induit.

Cette recommandation s’adresse à l’ensemble des professionnels en situation de responsabilité et

d’encadrement qu’ils soient cadres ou non-cadres. Ils seront nommés dans le texte « équipes d’encadrement »

Cette recommandation s’inscrit en complémentarité de la recommandation « La bientraitance : définition et

repères pour la mise en œuvre (voir fiche n°2)

2. La vocation de la recommandation

La vocation de la présente recommandation :

Proposer des points de repère sur les conduites à tenir et les pratiques à développer dans une double

perspective :

- Permettre aux structures et aux équipes d’encadrement de construire leurs propres démarches en

fonction des principes fondamentaux présentés dans les recommandations dans le cadre de la

mission spécifique qu’elles assument

- Développer une culture de la prévention et du traitement des phénomènes de maltraitance à tous les

niveaux de l’organisation et pour tous les acteurs

3. Les cibles de la recommandation

Ensemble des professionnels en situation de responsabilité et d’encadrement

Il importe de rappeler que tous les professionnels sont susceptibles d’assumer une responsabilité pénale, civile

et professionnelle envers les usagers qu’ils accompagnent. Ils assument une responsabilité morale à part entière

envers l’usager

31

L’insistance de la recommandation sur le rôle des équipes d’encadrement va de pair avec la nécessaire

responsabilisation de l’ensemble des professionnels en contact avec les usagers

La recommandation peut servir aux usagers et à leurs représentants, aux associations d’usagers, à leurs familles

et à leurs proches

4. Repères pour l’utilisation de la recommandation dans les établissements

La recommandation a vocation à permettre de partager une réflexion enrichie sur les prestations et à

l’accompagnement qui sont proposées aux usagers. Elle nécessite une appropriation réfléchie et mûrie au sein

même de l’établissement

5. Définition de la maltraitance retenue

Définition du Conseil de l’Europe de 1987 :

Une violence se caractérise « par tout acte ou omission commis par une personne s’il porte atteinte à la vie, à

l’intégrité corporelle ou psychique ou à la liberté d’une autre personne, ou compromet gravement le

développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière. »

Cette définition est complétée par la classification que le Conseil de l’Europe a établie en 1992. La maltraitance

y est détaillée sous ses différentes formes, comme :

Violences physiques : coups,…

Violences psychiques ou morales : langage irrespectueux ou dévalorisant, absence de

considération, chantages, abus d’autorité, comportement d’infantilisation, non-respect de

l’intimité, injonctions paradoxales

Violences médicales ou médicamenteuses : manque de soins de base, non-information sur les

traitements ou les soins,…

Négligences actives : toutes formes de sévices, abus, abandons, manquements pratiqués avec la

conscience de nuire

Négligences passives : négligences relevant de l’ignorance, de l’inattention de l’entourage

Privation ou violation de droits : limitation de la liberté de la personne, privation de l’exercice

des droits civiques, d’une pratique religieuse

Violences matérielles et financières : vols, locaux inadaptés,…

La notion de maltraitance envisagée dans la recommandation recouvre l’ensemble des violences, abus ou

négligences commis par les professionnels envers les usagers mais non par les usagers envers les

professionnels qui seront, eux, qualifiés de « violences »

Cette perspective a été retenue au vu d’un aspect essentiel :

La maltraitance s’entend, dans cette recommandation, comme une situation de violence, d’abus, de privation

ou de négligence survenant dans une configuration de dépendance d’une personne vulnérable à l’égard d’une

personne en situation de pouvoir, d’autorité ou d’autonomie plus grande

Le mot de maltraitance sera donc utilisé de manière restrictive dans la présente recommandation pour désigner

la maltraitance exercée de manière individuelle et collective par un ou des professionnels envers un ou

plusieurs usagers

6. Principes éthiques et positionnements du management (voir fiche 2 : page 15)

32

6.1 L’engagement

En matière de lutte contre la maltraitance, le principe de l’engagement se traduit par le fait que les convictions

de l’équipe d’encadrement ne doivent faire aucun doute pour les professionnels. Elles doivent donc être

rappelées à chaque moment de communication institutionnelle opportun, et incarnées dans des attitudes et des

décisions concrètes chaque fois que les circonstances l’exigent

6.2 La responsabilité

Le principe de la responsabilité implique que les équipes d’encadrement soient amenées de façon régulière à

répondre de leurs actions en matière de prévention et de traitement de la maltraitance. Il est important que les

professionnels soient informés de l’existence de ce dispositif de contrôle, afin de savoir que, comme eux, les

membres de l’encadrement sont amenés à se positionner clairement

6.3 La justice

Définie comme juste milieu entre l’excès d’autorité et la permissivité, la justice appelle un positionnement

équilibré de l’encadrement correspondant à la volonté de rendre à chacun ce qui lui est dû

Ce sont la graduation, la proportionnalité et l’équité des décisions d’encadrement qui sont en jeu

Définie comme la capacité à prendre des décisions rationnelles, et non arbitraires, la justice induit un

positionnement rigoureux de l’encadrement à l’égard des professionnels. Il s’agit d’un positionnement distancié

et donc crédible pour poser des règles du jeu et les faire appliquer sereinement

Ces 3 principes éthiques (engagement, responsabilité, justice) fondent et animent l’ensemble des préconisations

contenues dans cette recommandation

I. Développer une conscience et une connaissance des risques de maltraitance

Les recommandations qui suivent visent à détailler les fondements et les étapes susceptibles de contribuer à la

construction collective et continue d’un processus de vigilance qui ne saurait se résumer à la simple production

de documents formalisés une fois pour toutes

1. Conscience et connaissance des risques par l’équipe d’encadrement

1.1 Définir le rôle de l’encadrement en matière de prévention et de traitement de la maltraitance

Informer, dès leur prise de fonction, la direction et l’encadrement intermédiaire des missions

qui leur incombent en matière de prévention, de repérage, de traitement et de signalement de la

maltraitance (fiche de poste, formation spécifique)

Informer l’encadrement intermédiaire de sa mission propre en matière de prévention de la

maltraitance

Informer ou former les membres de l’encadrement sur les obligations de signalement

1.2 Promouvoir conscience et connaissance des risques par l’équipe d’encadrement

Informer et sensibiliser les cadres des établissements sur la maltraitance dès leur recrutement

33

Conduire au sein de l’équipe d’encadrement une réflexion sur les risques spécifiques de

l’établissement : cette réflexion doit porter sur les risques liés à la structuration et à

l’organisation de l’offre de service, aux professionnels en poste, sur les risques liés aux

populations accompagnées

Appréhender les questions d’organisation et de climat social au regard des risques de

maltraitance éventuels : il est recommandé que l’équipe d’encadrement soit sensibilisée à

analyser certains faits ou événements survenant au sein de l’établissement et à en tirer des points

de vigilance particuliers en matière de risque de maltraitance

Conduire au sein de l’équipe d’encadrement une réflexion sur les signaux d’alerte : il est

recommandé que les équipes d’encadrement formalisent les « événements sentinelles » ou

« clignotants » susceptibles d’attirer l’attention de l’encadrement sur une situation à risque en

matière de maltraitance

Conduire au sein de l’équipe d’encadrement une réflexion sur l’interférence de la dimension

personnelle dans les comportements professionnels : l’équipement d’encadrement ne doit pas

intervenir dans la vie personnelle des professionnels. Elle doit néanmoins réfléchir

collégialement à des modes de régulation de ce type de problématiques

Prévoir le recours quand le dysfonctionnement concerne la direction de l’établissement :

deux objectifs sont en jeu :

le mode de management peut être source de maltraitance

inscrire les équipes d’encadrement dans un horizon plus large : celui de l’organisme

gestionnaire par exemple

2. Conscience et connaissance des risques par les professionnels

2.1 Sensibiliser les stagiaires et les nouveaux professionnels

Il est recommandé que la démarche d’accueil des professionnels ou des stagiaires comporte un moment de

communication consacré à la question de la maltraitance

(Voir fiche 5 : « Mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des

populations accompagnées » - page)

2.2 Mettre en place des formations pluri-professionnelles

Faire de la thématique de la maltraitance l’objet d’une formation spécifique pour les

professionnels et associer les bénévoles et les intervenants libéraux à la réflexion : il est

recommandé que la thématique de la maltraitance figure au sein des plans de formation des

établissements

Conduire cette formation de façon pluri-professionnelle : organiser les échanges où des

représentants de plusieurs corps de métier sont présents et peuvent être associés à la réflexion –

veiller qu’un temps de parole équilibré soit réservé à tous les participants- Il est rappelé que le

risque de maltraitance concerne l’ensemble des équipes

2.3 Amener les professionnels à réfléchir sur les risques spécifiques à leur établissement

Une réflexion institutionnelle formalisée est recommandée, animée par l’encadrement, référée au projet

d’établissement autour des risques liés aux populations accompagnées dans l’établissement

Objectifs :

- amener les professionnels à prendre conscience du caractère maltraitant de certaines orientations de

travail, de certains actes ou manières de faire qui sont éventuellement banalisés

34

- contribuer à faire naître une conscience plus aigüe de l’existence de certaines périodes ou situations

à risque

- recueillir les réflexions et suggestions des professionnels concernant la conception du travail

institutionnel et l’organisation quotidienne de travail la plus à même de prévenir les risques de

maltraitance

3. Conscience et connaissance des risques de maltraitance par les usagers et leurs proches

3.1 Informer les usagers et leurs représentants légaux de leurs droits et des bonnes pratiques et leur

traduction concrète dans l’établissement

Informer l’usager de ses droits au moment de l’accueil dans l’établissement : l’utilisation

du livret d’accueil de l’établissement est préconisée pour exposer de manière explicite le

positionnement et l’engagement de l’établissement et de l’organisme gestionnaire en matière de

prévention de la maltraitance (notamment recours à identifier en cas de problème)

Rappeler cet engagement en matière de maltraitance tout au long du séjour : il est

recommandé que cette information sur les droits en vigueur et la possibilité d’un recours en cas

de maltraitance soit rappelée, de manière adaptée, tout au long du séjour de l’usager

Compléter cette démarche par une information sur les bonnes pratiques : il est

recommandé que l’information concernant les droits de l’usager soit complétée, de manière

adaptée, par une information spécifique au sujet des bonnes pratiques en vigueur dans

l’établissement

3.2 Associer les usagers à l’amélioration continue des pratiques et à la lutte contre la maltraitance

Aborder ouvertement le sujet de la maltraitance au sein du conseil de la vie sociale :

permettre aux représentants des usagers d’évoquer librement les difficultés éventuelles et que le

sujet de soit pas tabou

Mettre en œuvre des consultations spécifiques des usagers : sous la forme de questionnement

ponctuel et restreint par un professionnel extérieur ou par voie de questionnaires anonymes

II. Mettre en place une organisation et des pratiques d’encadrement conforme aux

objectifs de prévention de la maltraitance Positionner l’équipe d’encadrement face au risque de maltraitance, c’est en premier lieu réfléchir et exercer

l’ensemble de ces missions (communication, organisation, gestion des ressources humaines) au regard des

risques de maltraitance

Il est important que le projet d’établissement intègre l’objectif de prévention de la maltraitance et en décline

les principales actions et modalités de mis en œuvre

1. Démarche institutionnelle de prévention

1.1 Fixer des responsabilités précises à tous les professionnels

Formaliser des missions précises à tous les professionnels : il est recommandé que les

professionnels trouvent une définition précise de leurs missions et responsabilités quotidiennes

formalisée au sein d’une « fiche de poste » remise à leur arrivée dans la structure (nécessité d’un

rappel régulier lors des échanges collectifs pour garantir qu’elles ne restent pas théoriques)

35

Accompagner les professionnels dans l’exercice de leurs responsabilités : il est recommandé

que l’encadrement de proximité saisisse régulièrement l’occasion d’accompagner les

professionnels dans l’exercice de leurs tâches quotidiennes et apporter, le cas échéant, les

correctifs nécessaires

1.2 Aménager des rythmes et une organisation du travail permettant un accompagnement continu

et fiable des usagers

Accompagner l’organisation du travail pour ajuster le mieux possible les rythmes des

professionnels à ceux des usagers : il s’agit de rythmes professionnels garantissant un mode

de vie normal pour les usagers et une qualité de présence réelle des professionnels auprès des

usagers. Lorsque la démographie professionnelle rend le recrutement difficile, il est

recommandé d’alerter les autorités compétentes

Structurer la mobilité des professionnels autour de la qualité de l’accompagnement

Deux impératifs :

Nécessité d’un lien de confiance qui suppose une stabilité relative des professionnels

auprès des usagers

Risque de routine, d’une relation fusionnelle ou de l’épuisement du professionnel qui

nécessite de changer l’affectation des professionnels

1.3 Définir des modalités d’échange et de coordination entre les métiers

Il est recommandé que les coordinations entre les métiers et entre les professionnels soient formalisées,

organisées et périodiquement vérifiées (créer une complémentarité entre les disciplines et les approches

proposées à l’usager, limiter l’impact des relations interpersonnelles et des conflits personnels)

1.4 Veiller à ce que le règlement de fonctionnement soit garant des libertés fondamentales

Ce document, référence commune à toutes les parties en présence en termes de droits et d’obligations, doit être

élaboré dans le respect des libertés individuelles fondamentales et de manière compréhensible.

1.5 Aménager le cadre de vie

Aménager les locaux pour favoriser la convivialité et permettre les moments d’intimité :

sécurité, liberté, confort, intimité et prise en compte de la singularité des usagers

Aménager les locaux pour permettre à l’usager d’habiter un espace personnalisé : il est

recommandé que les locaux soient pensés et aménagés pour que chaque usager puisse bénéficier

d’un espace personnalisé en y disposant les objets et les décorations comme il l’entend dans le

respect du règlement de fonctionnement et notamment des dispositions en matière de sécurité

1.6 Mettre en place des dispositifs d’analyse des pratiques

Il est recommandé qu’un dispositif d’analyse des pratiques vienne compléter les autres moments de

communication interne et de transmission d’informations afin d’aider les professionnels dans leur mise à

distance et leur réflexion critique sur les pratiques quotidiennes

1.7 Promouvoir un dispositif qui permette un regard extérieur sur l’établissement

36

Il est recommandé que les établissements mettent en place des dispositifs permettant de soumettre leur

fonctionnement à un regard extérieur, d’alimenter le questionnement des professionnels sur leurs pratiques et

de mieux détecter des dysfonctionnements éventuels

L’évaluation interne peut être un support intéressant pour favoriser ce type de dispositif

2. Des outils à l’appui de la démarche de prévention

2.1 Elaborer un dossier avec les informations essentielles concernant chaque usager

Il est recommandé qu’un dossier concernant chaque usager soit formalisé pour permettre aux nouveaux

professionnels de se familiariser avec les habitudes et besoins spécifiques (voir autorisation de l’usager et des

représentants légaux et respect des dispositions légales et réglementaires)

2.2 Formaliser avec les professionnels les conduites à tenir en cas de maltraitance constatée ou

relatée

Sensibiliser l’encadrement à la difficulté pour les professionnels de transmettre des

informations sur la maltraitance : nécessité d’évoquer le sujet de la maltraitance

régulièrement

Favoriser les échanges avec les professionnels sur les situations de maltraitance et réfléchir

avec eux aux conduites à tenir lorsqu’ils en sont témoins : il est recommandé que la direction

s’attache à faire en sorte que les situations de maltraitance soient parlées dans les lieux institués

afin de donner à ces échanges la dimension professionnelle. Il s’agit que les professionnels aient

conscience que leur loyauté et leur solidarité d’équipe ne doit pas occulter la protection qu’ils

doivent à l’usager

2.3 Formaliser avec les professionnels les outils de recueil et de traitement des plaintes, des

réclamations et des événements indésirables

Formaliser avec les professionnels les outils les plus efficaces pour permettre la circulation

de l’information sur la maltraitance : pertinence, obligations relatives au respect de la

confidentialité et de l’intimité des usagers

Organiser avec les professionnels un retour d’expérience sur les outils mis en place :

permettre de constater l’utilité ou les limites, améliorer et favoriser l’usage des outils

2.4 Formaliser avec les professionnels la procédure de gestion de crise

Réfléchir en amont à une procédure de gestion de crise : identifier la conduite à tenir en cas

de maltraitance particulièrement grave et mieux préparer la réaction institutionnelle à mettre en

œuvre dans une telle situation

Intégrer la question de la communication extérieure au sein de cette réflexion : réfléchir en

équipe à la communication extérieure à adopter dans ce contexte pour faciliter sa mise en place

la plus appropriée le moment venu

3. Un accompagnement qui met en valeur les ressources des professionnels

La prévention de la maltraitance individuelle et collective est fortement corrélée à la possibilité pour les

professionnels de trouver un sens à leur mission. Cette démarche de valorisation doit être reconnue et mise en

valeur dans le projet d’établissement

37

3.1 Recruter les professionnels dans une logique de prévention

Eclairer la décision de recrutement par la contribution de plusieurs membres de

l’encadrement

Il est recommandé que, au sein du processus de recrutement d’un professionnel, le responsable d’établissement

prenne plusieurs avis au sein de l’équipe d’encadrement avant de prendre une décision définitive (analyses

complémentaires, mieux cerner les aptitudes ou les fragilités du professionnel au regard des populations

accueillies et accompagnées

Effectuer le recrutement dans une logique pluri-professionnelle

Il est préconisé un recrutement permettant une complémentarité des compétences

3.2 Rappeler régulièrement l’objectif de travail vis-à-vis de l’usager

Il s’agit de rappeler régulièrement à l’ensemble du personnel travaillant ou non directement avec les usagers,

que l’objectif premier de tout travail en établissement est le bien-être de l’usager, son épanouissement et son

autonomie

3.3 Reconnaître et promouvoir les ressources des professionnels

Mettre à profit une observation quotidienne des pratiques et des rencontres individuelles

avec les professionnels pour identifier leurs compétences spécifiques

Mettre en valeur les talents et compétences spécifiques : l’entretien annuel individuel peut

être un moment privilégié pour cette valorisation

3.4 Valoriser et développer la compétence individuelle et collective par la formation continue

Cette démarche s’inscrit dans la logique des bonnes pratiques inscrites au sein de la recommandation « Mise en

œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations accompagnées » (voir

fiche n° 5)

3.5 Prendre en compte le risque d’une usure professionnelle

Engager des actions de prévention : repérer chez les professionnels des capacités et des

compétences non encore exprimées et développer ces compétences – favoriser la mobilité

Mettre en œuvre des actions correctives : diversifier le rythme, les modes et lieux

d’intervention, ouvrir des perspectives d’évolution interne…

3.6 Informer l’encadrement des recours et personnes ressources auxquels adresser les

professionnels rencontrant des difficultés personnelles: permettre à l’encadrement de ne pas se

trouver démuni ou conduit à adopter une réponse uniquement disciplinaire

3.7 Adopter une démarche d’analyse et d’échange autour des conduites violentes éventuelles des

usagers à l’égard des professionnels

Mettre en place une démarche volontariste d’encadrement des professionnels

38

Il est recommandé que les professionnels soient formés et encadrés pour mieux prévenir les passages à l’acte

violents des usagers

Ces démarches peuvent s’inspirer de la recommandation « Conduites violentes dans les établissements

accueillant des adolescents : prévention et réponses » (voir fiche n° 4)

Positionner l’encadrement en régulateur des conflits

Ce positionnement permet de ne pas laisser le professionnel seul dans sa difficulté et d’identifier les

modifications d’approche ou d’accompagnement susceptibles d’éviter la violence

Protéger les professionnels des atteintes à leurs droits fondamentaux

Il est recommandé que l’encadrement se positionne clairement pour rappeler les droits fondamentaux des

professionnels toutes les fois où ils sont mis en cause

3.8 Mettre à profit le regard et les interrogations des stagiaires pour questionner les pratiques des

professionnels

Il est recommandé que l’encadrement intermédiaire veille à valoriser le questionnement des stagiaires

Il est recommandé que, dans le cadre d’un entretien de fin de stage, l’échange entre l’encadrement et le

stagiaire soit une occasion de recueillir des interrogations

Il est recommandé de formaliser des outils de recueil écrits des perceptions des stagiaires

4. Un encadrement présent et engagé

4.1 Veiller à la présence régulière et impliquée de l’encadrement pour déployer une vigilance au

quotidien

Veiller à une présence régulière de l’encadrement auprès des professionnels afin :

d’observer des pratiques quotidiennes

de conforter les bonnes pratiques

d’apporter des correctifs

d’apporter un soutien dans la résolution des difficultés quotidiennes

de prévenir la maltraitance avant qu’elle n’atteigne des proportions graves

garantir un temps de disponibilité de l’encadrement

La fonction de régulation appelle un temps de disponibilité repéré et régulier de la part de l’encadrement à

l’égard des professionnels

4.2 Mettre en œuvre un encadrement qui fasse référence en matière de respect du droit et des

personnes

L’efficacité du management se trouve renforcé lorsque les conduites sont cohérentes avec les messages que

l’encadrement diffuse auprès des professionnels. Une prévention efficace de la maltraitance appelle des

conduites cohérentes avec les exigences de respect du droit et des personnes que l’encadrement adresse à ses

équipes

39

4.3 Garantir la réactivité de l’encadrement

Exercer quotidiennement une fonction de régulation

Il s’agit de se montrer disponible et réactif face aux difficultés quotidiennes évoquées par les professionnels

Traiter rapidement l’ensemble des dysfonctionnements

Un positionnement attentif de l’ensemble de l’équipe d’encadrement est préconisé. Une réponse rapide est la

meilleure prévention de la maltraitance

4.4 Positionner l’encadrement au regard des violences entre les usagers

Il est recommandé que l’encadrement soit suffisamment présent auprès des usagers. La première forme de

maltraitance institutionnelle consiste à laisser le champ libre aux violences exercées par un usager sur un autre

plus vulnérable

4.5 Mettre en place des démarches de formation continue de l’encadrement

Il est recommandé que des démarches de formation continue sur ce thème soient mises en place à destination

des équipes de direction et d’encadrement

L’ANESM propose des éléments pour l’analyse d’outils pour la prévention de la maltraitance : Guide adapté

des critères de qualité de l’INPES « référentiel de bonnes pratiques. Outils d’intervention en éducation pour la

santé : critère de qualité (février 2009)

III. Organiser un traitement systématique des faits de maltraitance

Une démarche rigoureuse est indispensable pour que le traitement des faits soit juste et compréhensible.

Cette démarche suppose :

Une transmission aux professionnels de documents écrits (charte des droits et libertés, fiches de

poste, règlement de fonctionnement, règlement intérieur,…) permettant de les informer sur les

conduites qualifiées de « maltraitante »

Une démarche de traçabilité de l’encadrement

La mise en place de formations

Un impératif pour toutes les préconisations qui suivent : respect de la confidentialité et de la préservation de

l’intimité de la personne victime de maltraitance

1. Un traitement adapté à la gravité des faits

Lorsque les professionnels sont confrontés à un acte de maltraitance au sens pénal du terme, ils ne disposent

d’aucune faculté de procéder à des investigations préalables et n’ont aucune marge d’appréciation. Cette

obligation est absolue. Elle porte tant sur la connaissance d’un fait avéré que sur sa possibilité de réalisation,

qu’il s’agisse d’informations objectives ou subjectives, communiquées explicitement ou implicitement,

directement ou indirectement

40

1.1 Etre réactif à chaque fait de maltraitance

Réagir rapidement dès que l’encadrement a connaissance d’un fait de maltraitance

Effectuer le rappel à la règle dans une logique pédagogique

1.2 En cas d’énonciation de maltraitance grave, avérée ou supposée, recueillir les faits, protéger et

accompagner la victime présumée

Recueillir les faits, protéger et accompagner la victime présumée

Il est recommandé de retenir 3 principes a minima :

1) Mettre en place de nouvelles modalités d’accompagnement de l’usager pour qu’il ne soit plus en contact

rapproché avec le professionnel mis en cause

2) Prévoir plusieurs échanges individuels, voire un suivi psychologique, avec l’usager ou les usagers

concernés

3) Sensibiliser les professionnels amenés à accompagner l’usager à l’objectif de rétablir le lien de

confiance dans les équipes et à conforter l’usager dans ses droits

Suivre la procédure de traitement de la maltraitance en gardant un positionnement

distancié

Il est recommandé que le recueil des faits soit effectué rapidement, avec rigueur et en usant d’une grande

prudence

1.3 Signaler les faits aux autorités de contrôle et à la justice

Les faits de maltraitance doivent être signalés au Procureur de la République. En tenant compte des protocoles

locaux, signaler les faits de maltraitance à l’autorité compétente

Il est recommandé que les modalités de ce signalement soient prévues et accompagnées par une procédure au

niveau de l’organisme gestionnaire

1.4 Mettre en place des mesures disciplinaires

Mettre en place un traitement systématique et proportionnel à la gravité de l’acte

Aucun acte de maltraitance ne doit être minimisé ou passé sous silence. Le traitement disciplinaire est

proportionnel à la gravité de l’acte

Garder un e trace écrite de l’action disciplinaire mise en œuvre

Compléter la sanction disciplinaire par une action d’accompagnement du ou des

professionnels

Veiller à garantir la présomption d’innocence

2. Communiquer autour des faits de maltraitance avérés

2.1 Informer le représentant légal des faits de maltraitance

41

Lorsque l’usager est mineur ou lorsque l’usager a un représentant légal, ce représentant doit être informé sans

délai des faits

Lorsque l’usager est une personne faisant l’objet d’une protection judiciaire, les faits doivent être rapportés

sans délai au magistrat concerné

2.2 Informer l’usager victime et/ou son représentant légal

Les suites données à l’acte de maltraitance doivent être transmises à l’usger ou aux usagers victimes ainsi qu’à

leur représentant légal.

2.3 Mettre en place une information ciblée auprès des autres usagers et un dispositif d’aide

Il est recommandé que des lieux de parole existants soient utilisés pour permettre des échanges sur

l’événement

Si la gravité de l’événement le nécessite, une aide spécifique est mise en place

3. Suivi et pédagogie auprès des professionnels

3.1 Resituer l’énonciation du fait de maltraitance dans le cadre de la loi, du projet d’établissement

et/ou du projet de l’organisme gestionnaire

Rappeler aux professionnels la nécessité d’énoncer la maltraitance

Donner à ce rappel une vocation pédagogique : il est préconisé que l’énonciation du fait de

maltraitance soit resituée dans un cadre moral et légal du respect des personnes et de leur dignité

3.2 Mettre e n place une communication et un accompagnement adaptés

3.3 Solliciter éventuellement une aide extérieure pour accompagner le déploiement d’une nouvelle

dynamique nouvelle dynamique

Veiller à une présence renforcée de l’encadrement auprès des professionnels

Protéger l’usager ou le professionnel qui a signalé de toutes les formes de représailles

3.4 Solliciter éventuellement une aide extérieure pour accompagner le déploiement d’une nouvelle

dynamique nouvelle dynamique

Dans l’hypothèse où le fait de maltraitance est induit par des dysfonctionnements graves ou remises en

question très profondes de l’établissement sur le plan éthique

3.5 Réunir les professionnels pour procéder à une analyse à distance

Permettre aux professionnels d’identifier les causes de l’événement

Renforcer la démarche de prévention en identifiant les signes avant-coureurs de

maltraitance

Donner une occasion à l’équipe d’encadrement d’analyser les faits et de renforcer sa

démarche de prévention

42

Recommandation 4

4-Conduites violentes dans les établissements accueillant des adolescents : prévention et réponses ; ANESM – juillet 2008

Etablissements concernés :

Protection de l’enfance, enfance délinquante

Instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques

Présentation générale

Prévenir et traiter les violences dans les établissements représente une des voies essentielles pour assurer le

bien être des adolescents ainsi que les conditions favorables à leur développement et à leur protection

Elles s’adressent à l’ensemble des professionnels, certaines recommandations s’adressent plus particulièrement

aux responsables d’établissements, indirectement aux organismes gestionnaires

Elles concernent les usagers adolescents en ce qu’elles visent à garantir leur intégrité et leur sécurité et qu’elles

cherchent à les associer à la prévention et au traitement des situations de violence

1. La méthode de travail

2. Le champ des recommandations

Le choix a été fait de ne pas donner de définition de la violence pour privilégier une approche dynamique dans

la pratique quotidienne

Trois types de violence sont pris en compte :

La violence entre les usagers

La violence des usagers à l’égard des professionnels

La violence de la structure envers les usagers

43

La clé d’entrée est le passage à l’acte mais le rapport entre les « micro-violences » et le passage à l’acte a été

pris en compte

Les atteintes volontaires à soi-même (automutilation, tentative de suicide) n’entrent pas dans le champ de ces

recommandations

3. Les objectifs généraux

Ces recommandations visent à restaurer la pensée et l’élaboration dans les situations de violences

L’ambition est de proposer des points de repère sur les conduites à tenir et les pratiques à développer dans une

double perspective :

Permettre aux établissements de construire leurs propres réponses en fonction de fondamentaux

présentés dans les recommandations et ceci dans le cadre de la mission spécifique qu’elles

assument

Développer une culture de prévention et du traitement des phénomènes de violence à tous les

niveaux de l’organisation et pour tous les acteurs

4. Les principes directeurs

Deux principes fondent l’esprit de ces recommandations :

La violence n’est pas considérée comme un acte individuel et isolé ; en conséquence, la

prévention est centrée sur l’acte situé dans son contexte

Le traitement n’a pas pour finalité d’empêcher toutes violences mais d’éviter la reproduction des

conditions qui ont conduit à une situation de violence. En cela le traitement participe à la

prévention car il permet d’analyser et de comprendre la situation de violence afin de dégager des

perspectives d’action

5. Eléments pour l’appropriation des recommandations

Leur appropriation repose sur la définition de priorités au regard des réalités de l’établissement

Cette démarche sera l’occasion de définir le suivi et les moyens d’évaluer le chemin parcouru d’année en année

au regard de ces recommandations

I. Identifier, observer, analyser la violence

Cette partie s’adresse en particulier aux responsables des établissements et recommande d’organiser au sein de

l’équipe de professionnels une réflexion sur le thème de la violence

L’identification de la violence constitue un préalable

L’approche vise à favoriser la confiance dans l’échange et à construire des représentations partagées qui

participent à la mise en œuvre d’une organisation préventive

44

Cette étape conditionne autant l’observation et l’analyse de la violence que la construction de protocoles de

prévention, de traitement et d’information

1. Identifier la violence

Prévenir et traiter la violence implique au préalable d’identifier ce qui est qualifié de violence

Il est recommandé de mener une réflexion sur la définition de la violence et d’identifier les types de violence en

présence, leurs causes et leurs processus

1.1 Mettre en place des réunions de travail, destinées à réfléchir ensemble et à identifier ce qui est

qualifié de violence, avec les professionnels de l’établissement

Ce travail permet de développer une compréhension partagée de la violence au sein de l’établissement, en ayant

à l’esprit de ne pas banaliser et de construire une réflexion sur le rapport à la loi

1.2 Mettre en place des groupes d’échanges avec les adolescents, destinés à réfléchir ensemble et à

identifier ce qui est qualifié de violence

Cette démarche permet de mobiliser les adolescents sur ce sujet et de comprendre leurs préoccupations et les

différences éventuelles avec celles des professionnels

1.3 Conduire cette réflexion avec les équipes d’autres établissements

Cette modalité permet de confronter les expériences, les représentations, les « seuils de tolérance » …

1.4 Associer les partenaires à ce travail d’identification

Cette démarche permet de développer un langage commun, une culture partagée sur la violence et participe de

l’élaboration du travail partenarial

1.5 Informer les autorités de contrôle des fruits de ce travail

Cette pratique permet d’échanger sur ce qui est qualifié de violence et de mieux cerner les attentes réciproques

sur ces questions sensibles

2. Observer, analyser la violence

L’observation et l’analyse de la violence participent à la prévention et conduisent à l’élaboration d’outils de

suivi. Elles permettent de restaurer, après des actes violents, le travail d’élaboration en équipe et de prévenir la

répétition de ces actes en identifiant les facteurs de risque

2.1 Identifier les risques propres à l’établissement

Il est recommandé que l’identification des facteurs de risque propres à l’établissement soit conduite avec le

personnel et révisée régulièrement

Il s’agit d’identifier les risques la maltraitance institutionnelle, les facteurs de risques a priori et les facteurs de

risque de répétition

2.2 Etre attentif au climat socio-émotionnel et aux indices de détérioration

45

2.3 Distinguer et qualifier les situations de violence

On peut distinguer :

- Les situations durables et chroniques de violences

- Les violences endémiques

- Les surgissements brutaux et exceptionnels de violences physiques, sexuelles ou psychologiques

- Les violences non visibles, introverties

- Les micro-violences

- …

2.4 Installer un dispositif d’observation et d’analyse en continu des événements précurseurs de

violence

L’observation et l’analyse des incidents et événements critiques au sein de l’établissement par un groupe de

travail participent à la prévention. Elles sont utilement documentées par la production de tableaux de bord et de

bilans réguliers

Ces bilans réguliers conduisent à réinterroger l’organisation et les procédures, à retenir des pistes

d’amélioration

2.5 Repérer des solutions et les inscrire dans un plan d’action évaluable

Il est recommandé que les solutions pour répondre aux causes de violence et faire diminuer les facteurs de

risque soient expérimentées

3. Prévoir des protocoles d’information interne et externe

3.1 Elaborer des protocoles internes de traitement des situations de violence et de diffusion de

l’information

Il peut être élaboré des protocoles :

- Ayant pour but de porter les actes de violence à la connaissance de l’équipe de direction

- De gestion de crise

- De sortie de crise

L’élaboration participative des protocoles permet une appropriation collective et concourt à la prévention

3.2 Prévoir des protocoles d’information externe

Des protocoles externes préexistants peuvent être utilisés

3.3 Veiller à la réactualisation et à la révision régulière des protocoles pour permettre leur évolution

selon les situations et leur appropriation par les équipes

3.4 Associer selon des modalités adaptées les personnels, les adolescents, les familles, les partenaires à

l’élaboration des protocoles et procédures internes

3.5 Informer, selon des modalités diverses, les différents acteurs concernés

46

Les adolescents accueillis, les familles, les partenaires sont informés de l’existence de protocoles de saisine des

autorités administratives et judiciaires. Cette information a un caractère préventif

II. Procurer une sécurité de base

Une démarche inscrite dans une dynamique générale de l’établissement et reliée à la notion de bientraitance

Cette partie porte sur le sentiment de sécurité dans l’organisation et les modalités d’accueil

1. Procurer une sécurité de base à travers l’organisation et le fonctionnement de l’établissement

1.1 Etayer les professionnels

L’étayage et la sécurisation des professionnels, une responsabilité de l’établissement, participent à la

prévention de la violence

Plusieurs formes d’étayage :

créer les conditions de sécurisation des postures professionnelles

positionner clairement l’équipe de direction dans la gestion des situations de crise et de

conflit

prévoir des pratiques de médiation entre professionnels : il est recommandé de mettre en

œuvre des pratiques de médiation en cas de conflit ou de désaccord durable entre professionnels

proposer une analyse régulière des pratiques

proposer des formations continues sur l’identification, la compréhension de la circulation

de la violence, la prévention et le traitement de la violence

proposer des formations spécifiques visant à faciliter l’adoption d’attitudes sécurisantes à

l’égard des adolescents : l’objectif est de développer le sentiment de sécurité des professionnels.

Les attitudes de distance physique adéquate, de contenance sans violence sont favorables à ce

sentiment de sécurité et évitent les risques d’ « escalade »

prévoir une organisation du travail qui évite l’installation d’une situation d’alerte

continue : il est recommandé d’organiser le travail de manière à réduire les situations d’alerte en

prévoyant :

le travail en binôme qui permet le partage des rôles et le contrôle réciproque des attitudes

professionnelles

le recours en cas de situation de violence à un professionnel non directement impliqué

dans le conflit

créer des dispositifs d’appel à l’aide

1.2 Identifier et mettre en œuvre des modalités d’organisation et de fonctionnement de l’établissement

qui contribuent à la prévention de la violence

L’organisation de l’établissement a un impact sur le climat socio-émotionnel. La qualité de ce climat influe sur

la qualité des relations

organiser la prise en charge en petites unités : plus contenante, diminue les phénomènes de

groupes, facilitent l’investissement de l’environnement

les petites unités peuvent prendre différentes formes…

tout en veillant à la composition des groupes

47

porter attention à la qualité des repas et de l’hébergement

porter attention au cadre architectural avec des espaces d’intimité et des lieux

d’apaisement

développer la pluralité des lieux et espaces d’intervention tout en garantissant la sécurité

garantir la permanence et la continuité des intervenants

faire connaître aux adolescents les temps de présence et de disponibilité de chacun des

intervenants

construire des partenariats

favoriser l’ouverture des adolescents vers l’extérieur : voir recommandation « Ouverture de

l’établissement à et sur son environnement » - ANESM – décembre 2008

favoriser l’ouverture de la structure vers l’extérieur : voir recommandation « Ouverture de

l’établissement à et sur son environnement » - ANESM – décembre 2008

2. Procurer une sécurité de base à travers l’accompagnement individualisé

2.1 Préparer l’accueil

La préparation de l’accueil favorise l’adhésion de l’adolescent au projet et prévient les risques de violence

Le but de la préparation est de permettre à l’adolescent de comprendre les objectifs de la prise en charge pour

lui donner la possibilité de se projeter. Il est nécessaire de tenir compte de l’expression du point de vue de

l’adolescent. La qualité de l’accueil et de sa préparation influe sur la qualité des relations futures

Les contraintes de fonctionnement de l’établissement ne justifient pas un accueil non préparé

Favoriser le relais entre les différents acteurs présents et passés de l’accompagnement : il

s’agit de permettre à l’adolescent et sa famille de faire des liens

Evaluer lors de l’accueil les risques de passage à l’acte et les risques de violences

institutionnelles : dès l’accueil, il est nécessaire d’évaluer de manière interdisciplinaire la

situation de l’adolescent et de porter une attention particulière à la transmission des informations

et à la connaissance du dossier de l’adolescent

Clarifier avec l’adolescent et avec sa famille les objectifs de l’accompagnement : il s’agit de

définir en commun, dans une perspective de co-intervention, des objectifs précis et clairs

engageant l’adolescent, sa famille et l’établissement sur les évolutions demandées et sur les

engagements réciproques à faire respecter

Expliquer la durée de l’accompagnement et les possibilités d’orientation à la sortie : il est

recommandé d’expliquer à l’adolescent et sa famille la durée prévue de la prise en charge et de

présenter les possibilités d’orientation à la sortie ou de prolongation de la prise en charge

Permettre à l’adolescent et à sa famille, ensemble ou séparément, de visiter l’établissement

avant le jour d’entrée

Eviter de préparer l’accueil devant l’adolescent : il est recommandé d éviter toute préparation

de cet accueil devant l’adolescent afin que ce dernier ait le sentiment d’être « attendu » par

l’encadrement et ses pairs

Préparer l’accueil avec les autres adolescents, favoriser l’accueil par les pairs… : cette

préparation par les adolescents favorise l’émulation entre pairs et le développement de

compétences

…tout en encadrant l’implication des autres adolescents

2.2 Préparer la sortie

48

L’accompagnement à la sortie est à inscrire comme priorité afin de ne pas perdre tout le bénéfice de la prise en

charge

La fin de l’accompagnement est anticipée et préparée avec l’adolescent afin d’éviter un

sentiment d’insécurité

Les contraintes de fonctionnement de l’établissement ne peuvent pas justifier une sortie

non préparée, voire précipitée

2.3 Veiller à la sécurité de base à travers la prise en compte de l’environnement familial

Pour comprendre et prendre en charge l’adolescent, il est nécessaire de connaître son contexte familial de vie et

de travailler en relation avec la famille

Utiliser un vocabulaire non stigmatisant pour l’adolescent et sa famille : ne pas disqualifier

sa famille aux yeux de l’adolescent

Instaurer un dispositif d’échanges avec la famille : ce dispositif suppose des temps formalisés

et réguliers entre l’établissement et la famille

Faciliter l’expression directe des parents : par exemple sous forme de groupes de parole

structurés et animés par des professionnels formés

Favoriser l’ouverture de l’établissement aux parents et leur accueil tout en encadrant les

visites de la famille dans l’établissement : les visites sont encadrées et la venue des parents

dans l’établissement répond à un cadre précis, contenant

Veiller à la pertinence de l’organisation de la suppléance aux fonctions familiales, le cas

échéant : il convient à cet égard de repérer celles qui peuvent être exercées par les parents, ce

qui est expliqué à l’adolescent et à ses parents en vue de clarifier les rôles de chacun

Porter une attention particulière à l’organisation des week-ends et des visites des parents

en tenant compte des besoins et des souhaits de l’adolescent

Porter attention, le cas échéant, à l’organisation des contacts avec la fratrie

Favoriser la permanence des liens avec les personnes extérieures qui comptent pour

l’adolescent

Ménager des temps de réflexion et d’élaboration avec l’adolescent à propos de sa situation

familiale : tout au long de la prise en charge, l’adolescent se voit réserver des temps individuels,

cet espace réflexif lui permet d’élaborer avec un professionnel sur sa situation familiale

Organiser un espace de réflexion pour l’adolescent et sa famille, ensemble ou séparément

Evaluer, le cas échéant, si une séparation est nécessaire (dans le cas des établissements

hors protection de l’enfance

2.4 Veiller à la prise en compte de l’environnement social pour prévenir la violence

Il est recommandé de prendre en compte le contexte social et environnemental de l’adolescent et de sa famille

pour adapter la prise en charge et prévenir les risques de violence

Connaître le contexte social de la famille et de l’adolescent

Etre à l’écoute des aspirations et convictions personnelles de l’adolescent au regard de son

environnement : favoriser l’identification et l’expression des propres références de l’adolescent

et développer sa capacité de pensée personnelle et son autonomie

Repérer les réseaux sociaux d’appartenance de l’adolescent : évaluer s’ils sont bénéfiques ou

à éviter

49

Prendre en compte la situation socio-économique de la famille de l’adolescent : évaluer et

faciliter les conditions matérielles concrètes de travail avec l’établissement

III. Mettre en œuvre une prévention et des interventions ciblées

Travailler sur la problématique de la violence en établissement comporte une double nécessité :

être suffisamment en prise avec les questions pratiquent que posent les situations de violence

être à bonne distance de ces réalités sensibles

S’appuyer sur des repères conceptuels et méthodologiques rend possible le travail collectif et l’adaptation des

pratiques

1. Elaborer, partager des références et coordonnées les interventions

Cette partie porte sur les références théoriques, l’articulation des interventions et des stratégies psycho-socio-

éducatives en vue de prévenir et traiter la violence

1.1 Elaborer et partager les références théoriques et pratiques

Des stratégies éducatives connues, partagées, élaborées par les professionnels concernés

participent tant à la qualité des interventions qu’à la prévention et au traitement de la

violence : des stratégies éducatives explicites, expliquées, écrites et communiquées sécurisent

les professionnels, les parents et les adolescents et sont un facteur d’apaisement des relations

Installer les conditions d’un débat sur la pertinence des pratiques

Etre attentif à l’intégration de nouvelles connaissances et outils adaptés aux évolutions des

besoins et des pratiques, sans que les références théoriques (psycho dynamiques,

cognitivo-comportementales, cognitivo-développementales) ne soient exclusives les unes

des autres

1.2 Travailler à la cohérence des interventions

La complémentarité et la cohérence entre toutes les dimensions (éducative, pédagogique, thérapeutique et

sociale) ainsi que la cohésion au sein de l’équipe sont indispensables, comme facteurs de stabilité tant pour les

adolescents que pour le personnel. Cette cohérence participe à la prévention de la violence

Coordonner les interventions éducatives avec les autres dimensions de la prise en charge

Veiller à l’articulation des interventions délivrées individuellement avec celles délivrées

collectivement, dans le cadre du projet d’accompagnement de l’adolescent

Proposer des temps de prise en charge individuelle

Proposer des temps de prise en charge collective

Assurer la continuité et l’adaptation de la prise en charge

Planifier et évaluer les interventions

2. Mettre en œuvre des actions psycho-socio-éducatives pour la prévention et le traitement de la

violence

50

2.1 Favoriser l’utilisation par l’adolescent d’un vocabulaire élargi : la faiblesse des ressources

langagières peut entraver la mise en place et la qualité des relations et les difficultés de verbalisation

peuvent susciter le passage à l’acte chez l’adolescent

2.2 Aider l’adolescent à comprendre ce qui se joue pour lui dans les relations et à travers ses réussites

et ses échecs : favoriser chez l’adolescent la capacité de penser les ressorts de ses conduites et attitudes

2.3 Proposer si nécessaire un accompagnement psychothérapeutique : soutenir l’adolescent dans

l’élaboration psychique à propos de sa situation de vie, de son histoire

2.4 Mettre en place des groupes de parole où les adolescents peuvent évoquer leurs difficultés et

résoudre en commun des situations : permettre d’apaiser les tensions

2.5 Viser, par les interventions, le changement : acquisition de nouvelles compétences sociales,

modification des représentations, des comportements… : favoriser le vivre ensemble

2.6 Entraîner individuellement les adolescents à la résolution de problème : faire prendre conscience à

l’adolescent de ses « pensées limitantes » et des pensées automatiques liées à l’événement pour pouvoir

substituer d’autres modes de raisonnement

2.7 Entraîner à la responsabilité et placer l’adolescent en face de décisions à prendre qui ne lui sont

pas imposées : lors de la préparation de la sortie, soutenir l’adolescent dans sa démarche de recherche

de travail ou de logement

3. Aménager des conditions de participation et de médiation pour prévenir et traiter la violence

La participation des adolescents et la médiation permettent de prévenir les conflits et la violence : leur donner

la possibilité d’exprimer leur point de vue, développer le sentiment de responsabilité partagée

3.1 Favoriser un fonctionnement participatif de l’établissement : placer les adolescents dans la position

de négocier avec leurs pairs dans une prise de responsabilité réelle

3.2 Associer les adolescents à l’élaboration et à la révision du règlement de fonctionnement

3.3 Favoriser l’apprentissage de la représentation et installer les conditions de bon fonctionnement

du conseil de la vie sociale

3.4 Organiser des groupes de discussion avec les adolescents sur des dilemmes sociaux : pour que

l’intérêt de ces groupes de discussion puisse être perçu par les adolescents, il est nécessaire qu’ils

puissent expérimenter des règles démocratiques au sein de l’établissement

3.5 Favoriser une analyse collective des actes violents par les adolescents : avec possibilité de

graduation des actes en référence au règlement de fonctionnement

3.6 Mettre en place des instances de médiation : prévoir la régularité et l’accessibilité entre adolescents,

entre adolescents et professionnels

3.7 Proposer des activités artistiques, sportives et relatives aux nouvelles technologies

51

IV. Traiter une situation de violence

Ces recommandations soulignent l’interaction étroite entre la prévention et le traitement de la violence

1. Traiter la crise

Plusieurs étapes peuvent être distinguées :

1.1 Repérer les différentes phases d’une crise pour ajuster les attitudes professionnelles successives :

apparition, développement, désorganisation, décompression, récupération. Ce repérage s’avère

opérationnel car chaque phase donne lieu à un traitement

1.2 Evaluer la gravité de la situation : il est recommandé de construire des indicateurs en commun pour

évaluer la gravité des situations

1.3 Assumer l’autorité selon la place de chacun : les niveaux d’autorité sont différenciés et légitimés

suivant les fonctions

1.4 Utiliser les protocoles de traitement de la violence et d’information : il s’agit de se référer aux

protocoles de traitement de la violence élaborés collectivement et si nécessaire aux protocoles

d’information aux autorités

1.5 Contenir pour protéger et apaiser : l’acte de contenance sera réalisé dans un esprit non de domination

mais d’apaisement en évitant la brutalité, l’humiliation, l’érotisation. Cet acte de contenance est suivi

d’une verbalisation et d’une réflexion

1.6 De façon exceptionnelle, isoler temporairement l’adolescent du groupe de vie : l’isolement est

d’une durée courte et l’adolescent est accompagné durant ce temps. Une trace écrite est laissée. Il en

sera reparlé. En dehors de ces situations et conditions, l’isolement est à proscrire

1.7 Accompagner et soutenir physiquement et psychologiquement les personnes victimes

d’agression : il s’agit d’apporter les premiers soins, de prévenir la famille, de désigner un référent pour

accompagner la personne tout au long de la procédure

1.8 Prendre en compte les effets sur les autres adolescents, mettre en place des actions de protection

(éloignement,…) : éviter la propagation de la violence

2. Traiter la situation de violence au-delà du moment de crise

2.1 Réaliser une analyse de l’acte violent par les adolescents entre eux ou entre les professionnels et

les adolescents : l’analyse des actes de violence est primordiale. Description et analyse sont cadrées et

recentrées

2.2 Conduire des actions de « débriefing » et de restauration : amener à prendre en compte le vécu et la

représentation de la victime, réparer son acte

2.3 Favoriser des actions de réparation : les actions de réparation matérielle et sociale sont encouragées

et nécessitent d’être soutenues et favorisées

52

2.4 Recourir à des sanctions proportionnelles, sensées et respectant l’intégrité des usagers : il est

recommandé qu’elles prennent du sens au regard de l’acte sanctionné. Les sanctions respectent

l’intégrité et la sécurité des personnes et ne peuvent porter atteinte aux libertés fondamentales

2.5 Encadrer les mesures de réorientation : il n’est pas souhaitable d’utiliser ces mesures comme

sanctions

2.6 Conduire une analyse de la situation participe à la prévention du renouvellement de cet

enchaînement : produire une analyse partagée de la situation et de son contexte, formuler des points

d’attention et construire un plan d’actions

53

Recommandation 5

5- Les attentes de la personne et le projet personnalisé ; ANESM – décembre 2008

Présentation générale

1. Introduction

Cette recommandation de bonnes pratiques professionnelles vise à favoriser l’expression et la participation de

l’usager dans la conception et la mise en œuvre du projet qui le concerne

2. La méthode de travail

3. le contexte et les enjeux

3.1 Le renforcement des droits des usagers

Le droit à un accompagnement adapté aux spécificités de la personne, à ses aspirations et à ses

besoins, à l’évolution de sa situation, respectant son consentement éclairé

Le droit d’exercer un choix dans ces prestations adaptées

Le droit de participation directe de l’usager ou de son représentant légal à la conception et

à la mise en œuvre du projet d’accueil et d’accompagnement qui le concerne

3.2 L’évolution de la structuration de l’offre de prestations

De plus en plus souvent, l’usager accède à des services portés par un réseau d’intervenants et non plus par un

seul établissement. Il s’ensuit une difficulté potentielle pour lui à faire entendre son point de vue, un risque

d’incohérence des interventions, d’incompréhension par la personne…

3.3 une confusion sémantique

Selon les missions de l’établissement, le projet qui concerne la personne a différentes appellations.

Le terme de projet d’accueil et d’accompagnement, introduit par la loi du 2 janvier 2002, présente l’intérêt

d’être commun à l’ensemble du secteur social et médico-social (peu utilisé)

Le terme de « projet personnalisé » a été retenu dans cette recommandation pour qualifier la démarche

de co-construction du projet entre la personne accueillie/accompagnée et les équipes professionnelles

Ce terme :

témoigne explicitement de la prise en compte des attentes de la personne

englobe la question de l’individualisation

54

permet d’inclure différents volets plus spécifiques dont il organise l’articulation

est largement utilisé

vient à l’ensemble du secteur social et médico-social

est celui qui figure dans le cahier des charges de l’évaluation externe

4. Les objectifs de la recommandation

Nécessité de porter un nouveau regard de la part des professionnels sur les rapports qu’ils entretiennent avec

les usagers et leur entourage

La recommandation s’inscrit dans cette finalité en proposant d’adopter une posture d’alliance,

supposant un croisement des savoirs et des pratiques qui, sans supprimer les statuts, permette à chacun

une reconnaissance

La recommandation a pour objectifs :

Faciliter la participation des personnes accueillies et accompagnées

Soutenir les professionnels dans leurs pratiques

Contribuer à clarifier des termes utilisés

La perspective adoptée dans cette recommandation est celle de la personne accueillie et accompagnée

I. Repères et principes

1. Les repères

1.1 Au-delà de l’usager, la personne et ses attentes

Il est courant de se référer à la notion d’ « usager ». Il sera préféré une notion plus large, celle de personne

Cette personne :

Est bénéficiaire directe des accompagnements et des prestations. Elle se différencie de son

représentant légal ou de ses proches. Le travail des professionnels consiste à créer un cadre

facilitant une expression différenciée des attentes : personne, proches, représentant légal

A des attentes vis-à-vis des professionnels. Ces attentes peuvent être latentes, ressenties,

explicites ou implicites, mais elles existent toujours

A souvent une représentation de ses propres besoins d’aide et d’accompagnement

Le travail des professionnels consiste à aider la personne à affiner sa compréhension de sa situation, exprimer

ses attentes et construire avec elle le cadre d’un accueil et d’un accompagnement personnalisés

1.2 Un droit, pas une obligation

Les professionnels encouragent les personnes à participer et facilitent leur expression mais ils ne peuvent pas

les obliger à participer

1.3 Projet personnalisé et contrat de séjour

Ils se chevauchent mais ne se recouvrent pas :

55

Le projet personnalisé est avant tout une démarche dynamique, une co-construction, répondant

à des principes développés plus loin. Il a son rythme, différent selon les personnes

accompagnées

Le contrat de séjour mentionne les objectifs et les prestations adaptées

Il est recommandé de mentionner dans le contrat de séjour, l’existence du projet personnalisé

2. Les principes retenus

Le projet personnalisé tente de trouver un équilibre entre différentes sources de tension, notamment entre :

Les personnes et leur entourage

Les personnes/leur entourage et les professionnels

Les professionnels d’établissements/services différents

C’est la raison pour laquelle cette démarche de co-construction aboutit souvent à un compromis

2.1 La co-construction du projet personnalisé est issue d’un dialogue régulier

La situation des personnes est en constante évolution : la pertinence du projet personnalisé sera réinterrogée

régulièrement

Le dialogue autour du projet personnalisé est crucial.

Les décisions qui ont un impact important sur la vie des personnes nécessitent de nourrir ce dialogue entre la

personne, ses proches et les professionnels concernés

2.2 La participation la plus forte de la personne est recherchée

La participation de la personne au projet personnalisé :

Nécessite une information préalable et adaptée

Nécessite de rechercher des formes de communication diversifiées

Est fonction de la situation spécifique de la personne

Nécessite un questionnement régulier

Pour les mineurs, il est recommandé que les équipes mettent en place des modalités de participation adaptées à

leur maturité

2.3 La dynamique du projet est souple et adaptée au rythme de la personne

Le projet personnalisé est ouvert aux événements. Le processus du projet aura suffisamment de souplesse pour

permettre d’intégrer les « incidents de parcours »

Cette dynamique n’a d’intérêt que si elle améliore la situation de la personne

Une grande attention sera portée au rythme de la personne. C’est pourquoi l’accompagnement du projet

personnalisé nécessite des pratiques diverses : écoute, stimulation, recadrage, « être là », attente,…

2.4 L’ensemble des professionnels est concerné par les projets personnalisés

Dans le respect de différentes fonctions et positionnements, il est recommandé de :

Faciliter l’expression de chaque professionnel

56

Solliciter l’expression des professionnels de proximité (surveillants de nuits, employés des

services logistiques,...

2.5 Plus les parties prenantes sont nombreuses, plus il faut veiller à l’expression de la personne

Le projet est un processus complexe qui implique le plus souvent plusieurs parties prenantes

Il est recommandé que les équipes concernées veillent à ce que :

La personne comprenne bien le rôle de chaque partie prenante

Sa parole soit entendue dans les instances et auprès des autres parties prenantes

La cohérence des prestations se fasse dans le respect de la confidentialité

L’ensemble des interventions et actions respecte le confort de vie et les attentes principales dans

le respect des éventuelles décisions judiciaires

II. La participation de la personne tout au long de la démarche

La démarche d’un projet personnalisé respectueux des attentes de la personne nécessite plusieurs phases

(détaillées ci-dessous)

Il convient de différencier chaque phase en prenant soin que la personne, les proches voire le représentant légal

aient bien intégré les enseignements d’une phase avant d’aborder l’autre. Il s’agit d’aider la personne à

comprendre et assimiler chaque phase

1. Les premiers contacts

Il s’agit de construire les bases d’une alliance dynamique de la personne avec les professionnels dans un projet

commun qui favorise « le partage, l’échange et modifie le rapport dominant-dominé… »

La construction de l’alliance autour du projet trouve un équilibre entre diverses tensions :

Le souhait de connaître les attentes précises de la personne et la nécessité de ne pas être intrusif

Le souci de mettre en perspective les différents éléments des projets personnels et le risque

d’avoir sur la vie des personnes une vision totalisante

1.1 Etre attentif aux premiers contacts

C’est dans ces moments que la confiance commence à s’établir…

1.2 Réunir les conditions pour l’expression des attentes

Il est recommandé :

De repérer et de respecter le temps dont la personne a éventuellement besoin pour se poser et

entamer un dialogue avec les professionnels

D’alterner temps d’échanges avec les professionnels et temps de réflexion personnelle afin de

permettre à la personne de se forger une opinion

1.3 Utiliser des supports facilitant l’expression des personnes

L’objectif de ces supports est de permettre à la personne de dégager et hiérarchiser ses attentes

2. L’analyse de la situation

57

A partir du recueil des attentes, l’enjeu de cette phase est d’aboutir à une analyse partagée qui pourra

déboucher sur la co-construction d’un projet réaliste

Dans cette phase, le soutien mis en place par les professionnels va :

Essayer de dégager avec les personnes et leurs proches une vision prospective de l’évolution de

la situation (atouts et difficultés)

Construire les bases d’un projet ouvert

Préparer le choix des objectifs et des modalités d’action

2.1 Donner à la personne l’information utile

Cette information portera notamment sur :

Le cadre institutionnel de l’aide proposée

L’offre de prestations

Le type d’accompagnement

Il est recommandé que ces informations soient données à la personne/son représentant légal selon des modalités

favorisant la représentation concrète de ce qui est possible et accessible

2.2 Recueillir les seules informations nécessaires

L’information nécessaire à l’analyse de la situation se situe dans une tension entre des exigences

contradictoires et des risques divers (respect de l’intimité, de la réserve, risque de produire des éléments de

compréhension hâtifs, permettre aux personnes de repartir sur de nouvelles bases,...)

2.3 Associer la personne au travail de recueil d’informations auprès des partenaires

L’accord de la personne et/ou son représentant légal est nécessaire pour tout partage d’informations qui la

concernent

Autant que faire se peut, la personne est elle-même le vecteur de ces informations émanant des partenaires

(placer la personne dans une position active

2.4 Solliciter l’entourage de la personne

Il faut entendre par entourage l’environnement relationnel : la famille élargie, les amis, les pairs…

2.5 Repérer les habitudes de vie

Quel que soit le lieu, les équipes seront attentives à repérer les habitudes et le cadre de vie des personnes, ce qui

fait qu’elles « tiennent »ou pas, ce qui a du sens pour elles ou une importance affective

2.6 Créer ou adapter des supports pour faciliter la réflexion

Il peut être facilitant pour la personne d’être aidée dans sa réflexion par des supports

2.7 Faciliter l’expression de la personne

Il est recommandé d’organiser les entretiens de manière à faciliter l’expression de la personne : moment, durée,

nombre de participants, organisation de l’espace,…

58

2.8 Produire une analyse partagée

2.8.1. En facilitant l’expression de tous les professionnels concernés

L’objectif de cette phase est de parvenir à une analyse partagée également au sein des équipes

Les réunions d’équipe sont utiles si elles permettent :

A chaque professionnel d’exprimer son point de vue

De distinguer dans les propos l’exposé des faits ou des observations et l’interprétation qui en est

faite

D’approfondir les échanges pour que le consensus entre les professionnels soit réel et non de

façade

De dégager des lignes directrices claires facilitant

le positionnement des professionnels

la compréhension de la personne

2.8.2 En utilisant l’expertise de la personne

La personne possède des compétences d’analyse que les professionnels pourront repérer et dont ils faciliteront

l’expression. Dans certains cas, ces derniers aideront la personne à construire une distanciation suffisante avec

son vécu afin de l’aider à sortir d’une analyse figée de son histoire et de sa situation

3. La phase de co-construction du projet personnalisé

A partir de l’analyse partagée, la personne et les professionnels vont pouvoir construire le projet personnalisé

3.1 Se placer en position de reconnaissance mutuelle

L’organisation de la co-construction du projet personnalisé se fonde sur une reconnaissance mutuelle de la

personne/de son représentant légal et des professionnels

3.2 Faire émarger des propositions nouvelles

Il est recommandé que les professionnels recherchent toutes les réponses possibles pour être au plus près des

attentes des personnes et de leur représentant légal dans le respect des décisions judiciaires

Lorsque les attentes ou propositions des personnes ou les suggestions des professionnels débordent de la

mission de l’établissement, les équipes seront amenées à chercher des réponses auprès d’autres structures ou

dispositifs

3.3 Oser aborder les questions « sensibles »

Il revient au professionnel de susciter le dialogue quand la personne souhaite aborder des questions délicates.

Le périmètre de ces questions est difficile à délimiter. L’analyse des pratiques peut aider chaque professionnel

à ajuster son positionnement

3.4 Intégrer au mieux les habitudes de vie

Il est recommandé de respecter les habitudes de vie dont les manifestations ne portent ni préjudice à la

personne elle-même, ni à son environnement

3.5 Encourager des essais

59

La meilleure manière de permettre aux personnes de jouer un rôle actif dans le projet personnalisé est de lui

permettre de faire leurs propres expériences

Insister sur le caractère d’essai relativise l’échec éventuel qui devient un « problème à résoudre ensemble » et

non pas l’échec de la personne malgré toute l’aide apportée

4. La phase de décision

Le projet personnalisé prend place dans un cadre réglementaire qui autorise et limite le champ des actions

possibles. L’existence et les contraintes de ce cadre seront clairement expliquées aux personnes par les

professionnels

4.1 Inviter systématiquement les personnes à participer à la prise de décision

Il est recommandé :

De toujours associer le plus étroitement possible les personnes aux décisions prises dès lors

qu’elles acceptent cette participation et dans le respect du cadre judiciaire

Quand il y a divergence entre l’avis de la personne et celle des équipes, d’aménager des

« périodes d’essai », de proposer des alternances, pour comprendre l’origine de ce désaccord et

réduire progressivement la distance entre les projets de la personne et les avis des professionnels

4.2 Dégager des objectifs issus du dialogue

Ce sont ces objectifs qui témoignent de l’engagement des professionnels auprès de la personne

Ces objectifs retenus seront :

Adaptés aux situations des personnes de manière à restaurer le sentiment de compétence et la

prise d’initiative

Concrets de manière à ancrer le projet personnalisé dans la vie de la personne et contribuer au

sentiment d’avancée

La présence d’objectifs permettant de restaurer l’estime de soi sera priorisée

L’intimité des personnes est à respecter et privilégier

4.3 Dans les situations encadrées par une décision de justice

4.3.1 Expliquer les décisions de justice prises « dans l’intérêt de la personne »

Le cadre dans lequel ces décisions interviennent sera clarifié, les fonctions de chaque partie prenante précisées

et ce qui est attendu de chacun bien identifié

4.3.2 Laisser le maximum d’autonomie à la personne

Les professionnels éviteront de renforcer la contrainte au cours de la mise en œuvre du projet personnalisé. La

contrainte sera intégrée au projet personnalisé et non pas renforcée par les modalités d’accompagnement

4.4 En cas de déficit de l’offre ou d’une attente prolongée, prévoir des aménagements spécifiques

60

Quand des décisions sont prises « faute de mieux », il est recommandé de formaliser aux différentes parties

prenantes les raisons de cette décision. Des aménagements transitoires pourront être prévus afin de donner à

cette période un intérêt pour la personne

4.5 Repérer des zones de vigilance

Ces zones de vigilance peuvent être des moments, des actions, des microprojets,…qui réclameront une

attention particulière

5. La mise en œuvre du projet personnalisé

Il est normal que cette phase de concrétisation révèle des incohérences, des écarts, des imprévus,…

5.1 Etre attentif à la mise en place

5.2 Encourager un rôle actif des personnes dans la mise en œuvre

Il est recommandé aux professionnels de repérer puis d’interroger un éventuel repli de la personne qui peut être

dû à de multiples facteurs : psychologiques, médicaux mais aussi institutionnels

Il convient de ne pas confondre les pauses nécessaires au rythme des personnes et ce qui ressort d’un problème

à résoudre

5.3 Coordonner le projet et garantir la mise en œuvre

La désignation d’un coordinateur de projet n’exonère pas l’ensemble des professionnels qui interviennent

autour de la personne de maintenir un lien attentif et respectueux avec elle

La personne est d’ailleurs susceptible de choisir un moment et un professionnel pour exprimer son avis ou

montrer satisfaction ou malaise qui ne sont ni les moments officiels de bilan ni le coordinateur désigné

5.4 Suivre le projet personnalisé

La mise en œuvre du projet personnalisé (vérifier l’avancée des objectifs, la cohérence de l’accompagnement et

des prestations avec l’évolution de la situation)

Les modalités de suivi du projet personnalisé sont prévues dès sa mise en place et les entretiens de suivi

programmés. Cette programmation n’exclut pas une souplesse.

Dans la phase de suivi du projet personnalisé :

La personne (et son représentant légal) participe aux temps de suivi du projet personnalisé

La réflexion de la personne (et son représentant légal) est facilitée par tous les moyens adaptés

La personne, à sa demande et avec son accord, est éventuellement soutenue par des tiers lors des

bilans

5.5 Accompagner les propositions d’interruption

Lors de ces situations, il est recommandé :

D’organiser une rencontre avec la personne concernée

D’analyser avec la personne et son représentant les conséquences sur le projet personnalisé

61

De rechercher les solutions alternatives possibles et de les expliquer en s’assurant de la

compréhension par la personne

D’aider la personne ou son représentant légal dans la recherche d’une solution, ou de l’orienter

vers un lieu-ressource

6. La co-évaluation du projet personnalisé

Le projet personnalisé est co-évalué par la personne elle-même et son représentant légal, les professionnels et

les partenaires concernés. Si la personne le souhaite, ses proches peuvent être associés à cette co-évaluation

Les parties prenantes du projet personnalisé échangent sur la réalisation des objectifs, repèrent les effets,

produisent une analyse et réinterrogent les hypothèses

Les résultats de la co-évaluation permettront :

d’élaborer de nouveaux objectifs

de modifier les actions proposées

d’ajuster les types d’accompagnement (voire de proposer une nouvelle orientation)

de réinvestir le projet personnalisé afin de l’actualiser

6.1 Etre attentif à la périodicité de l’évaluation

Le projet personnalisé sera évalué au moins une fois par an

6.2 Organiser un cadre facilitant la réflexion de la personne

Il est recommandé de proposer à la personne et à ses proches des supports de questionnement et d’analyse

évaluative

6.3 Permettre à la personne de formuler de nouvelles attentes

Les professionnels veilleront à ce que les personnes et éventuellement leurs représentants légaux, puissent

formuler de nouvelles attentes, sur la base des enseignements de cette co-évaluation

Dans le cas de personnes orientées vers un nouvel établissement/service, les professionnels repéreront chez les

personnes « ce à quoi elles tiennent » dans la prise en charge de l’établissement qu’elles quittent et qu’elles

aimeraient retrouver là où elles sont orientées

7. La rédaction du projet personnalisé

La loi n° 2002-2 ne précise pas si la formalisation du projet doit être écrite. Mais rédiger l’ensemble du projet

permet de produire un document qui :

Constitue une base commune

Fait trace tant du cheminement que des décisions prises

Facilite le suivi puis l’évaluation du projet personnalisé

Il est recommandé aux professionnels de veiller à ce que le projet personnalisé soit rédigé, en conservant la

trace des différentes phases de la co-construction

7.1 Séparer clairement les faits de leur analyse

62

7.2 Ecrire dans le respect des personnes

Il est recommandé aux professionnels de prendre garde au choix des mots (valoriser la dynamique, ne pas être

blessant,…)

7.3 Ne pas transformer le projet en injonction

Le projet écrit est un support pour les parties prenantes. A ce titre, il a vocation à engager et non pas à obliger

7.4 Inviter la personne à conserver un exemplaire du projet personnalisé

Les professionnels remettent à la personne un exemplaire actualisé du projet personnalisé en attirant son

attention sur la discrétion nécessaire qui doit entourer le document

III. La contribution des projets personnalisés au projet d’établissement ou

de service

Projets personnalisés et projet d’établissement entretiennent une rlation d’enrichissement mutuel

1. Se doter de principes d’intervention communs

Il est recommandé d’intégrer dans le projet d’établissement une réflexion des équipes sur leurs principes

d’intervention auprès des personnes

Ces principes traduisent la manière concrète dont les professionnels s’approprient les droits des usagers, et plus

spécifiquement le droit de la personne à participer activement au projet qui la concerne, ainsi que les droits des

représentants légaux

Le sens général de la démarche du projet personnalisé, le rôle général de chaque partie prenante et la

procédure seront expliqués dans le livret d’accueil

2. Analyser les évaluations de projets personnalisés

Dans le cadre de cette analyse, il est recommandé de réaliser un bilan des attentes non satisfaites

3. Utiliser les résultats des enquêtes de satisfaction

Des pistes pourront être repérées et utilisées pour améliorer la dynamique ou l’organisation des projets

personnalisés, pour faciliter la réflexion des personnes et de leurs représentants légaux

4. Mener une réflexion autour des informations

Il est recommandé de mener une réflexion sur les questions liées au recueil, à la circulation et à la conservation

des informations contenues dans le projet personnalisé

5. Mobiliser le conseil de la vie sociale

Deux thèmes pourront particulièrement mobiliser cette réflexion :

Le bilan global des attentes non satisfaites

Les supports d’aide à la formulation des attentes, d’aide à l’analyse de la situation, à l’évaluation

du projet personnalisé

63

Recommandation 6

6- Mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations accueillies ;ANESM – juin 2008

Ce thème se réfère directement à la recommandation de l’ANESM : « La bientraitance : définition et repères

pour la mise en œuvre ». La stratégie d’adaptation à l’emploi constitue une des modalités de soutien aux

professionnels dans leur démarche de bientraitance.

L’adaptation à l’emploi est considérée comme un processus continu

Ces recommandations de bonnes pratiques professionnelles sont situées dans le champ des pratiques de

management et d’organisation

Elles s’adressent aux responsables et à l’encadrement des établissements

Elles ont vocation à éclairer la pratique et à servir de points d’appui pour le dialogue et les échanges entre tous

les acteurs sur les questions d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations accompagnées

I. Cadrage et principes directeurs retenus

1. La méthode de travail

2. Le cadrage retenu

2.1 Définitions et enjeux de l’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations

accompagnées

Dans le cadre de ces recommandations :

L’emploi est défini comme l’exercice d’une activité professionnelle dans un contexte donné

Le terme adaptation se réfère à des notions comprenant l’idée de mouvement : action,

modification, ajustement, mise en harmonie

L’adaptation à l’emploi renvoie aux ajustements des pratiques et au développement des compétences dans

l’exercice d’une activité professionnelle en fonction du contexte de travail

64

Traiter de l’adaptation à l’emploi « au regard des populations accompagnées », c’est se placer à un niveau

plus général que celui de l’adaptation à la personne accompagnée, dans sa singularité

Cette dimension de la personnalisation, à travers le projet de la personne et l’accompagnement personnalisé,

constitue en soi l’objet d’autres recommandations (voir recommandation n° 5 « Les attentes de la personne et

le projet personnalisé »- ANESM – décembre 2008

L’ensemble des personnels est concerné par l’adaptation à l’emploi au regard des populations accompagnées

Au regard de ces éléments, l’adaptation à l’emploi des personnels, selon les populations accompagnées ne

peut être traitée par des actions ponctuelles mais relève d’une vision d’ensemble et donc de la conception et

de la mise en œuvre d’une stratégie

2.2 Le champ des recommandations et ses limites

La mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi mobilise le management en place dans la structure

tant au niveau de la conduite de l’animation des équipes qu’au niveau générale de l’établissement

Reliée à la gestion des ressources humaines, la stratégie d’adaptation à l’emploi est distincte :

De la formation continue et de la formation tout au long de la vie même si l’adaptation peut

croiser ces contenus

De la gestion prévisionnelle des emplois et compétences dont elle est complémentaire

De la professionnalisation à laquelle elle contribue

3. La finalité et les objectifs des recommandations

La mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi a pour finalité d’offrir aux populations

accompagnées des pratiques professionnelles adaptées, différenciées et bientraitantes

Destinées aux personnels, les recommandations ont pour objectifs de :

Faciliter la prise de fonction, l’exercice professionnel dans la durée et les changements d’emploi

au sein du secteur social et médico-social

Contribuer à la prévention des risques de maltraitance involontaire des populations

accompagnées, d’une part, et à la prévention des risques professionnels d’autre part (lors de la

prise de fonction, tout au long de la vie professionnelle)

Anticiper et accompagner différents types d’évolutions (au sein même de l’établissement, dans

un contexte plus large)

4. Les principes directeurs des recommandations

L’adaptation à l’emploi est envisagée comme un processus continu sous-tendu par plusieurs principes qui

fondent ces recommandations et sont regroupés sous les deux axes suivants :

Veiller en permanence au sens du travail avec la population accompagnée

- La relation avec l’usager : les « gestes professionnels » avec les personnes accompagnées

ne sont pas de simples actes. Ils ont une dimension symbolique et une dimension éthique.

Ces dimensions appellent la mise en mouvement d’un processus continu de réflexion sur

les pratiques

65

- Un regard global : chacun est concerné par la mise en perspective de son intervention au

sein du travail collectif par rapport à la personne accompagnée. Celle-ci est considérée

dans sa globalité, de façon non morcelée

- L’accompagnement personnalisé : l’adaptation aux attentes et aux besoins de chaque

personne est un vecteur d’adaptation à l’emploi

Prendre en considération les interactions et les dynamiques en jeu

- Entre les professionnels : l’adaptation est sous-tendue par la mise en mots et la

transmission des savoirs, le questionnement des pratiques et leurs remaniements. Les

interactions entre les différents intervenants participent à l’adaptation à l’emploi et à la

construction d’une compétence collective

- Au niveau de l’organisation : l’implication des personnels suppose une dynamique de co-

production et que la finalité et les objectifs soient partagés

- Avec l’extérieur : l’adaptation à l’emploi au regard des populations accompagnées est un

processus qui requiert des liens avec l’extérieur. L’ouverture sur l’extérieur favorise

l’émergence d’innovations pratiques et méthodologiques

II. Des modalités de mise en œuvre

Volet 1. L’analyse des besoins et la stratégie

1. Le recueil et l’appréciation des besoins d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des

populations accompagnées

1.1 Repérer et analyser les besoins, les ressources, les potentialités des populations accompagnées

ainsi que leurs vulnérabilités et les risques liés à des pratiques inadaptées voire nocives

Il est recommandé de s’appuyer sur des expertises internes et externes et, en particulier, de recueillir celle des

usagers et de leur entourage

La formation de l’encadrement sur les besoins et les potentialités des populations accompagnées contribue à

cette analyse

1.2 Mettre en place des outils de veille sur la progression des connaissances relatives aux populations

accompagnées et organiser cette veille au niveau de l’encadrement

La veille technique, professionnelle et scientifique sur les populations accompagnées permet de repérer les

nouvelles connaissances à même de contribuer à une amélioration des pratiques professionnelles

1.3 Repérer l’évolution, en cours ou à venir, de la population accompagnée au sein de l’établissement

L’évolution de la population accompagnée est reliée à différents types de facteurs :

Les évolutions intrinsèques aux populations

Les évolutions des textes législatifs et réglementaires

Les évolutions des schémas d’organisation territoriaux et des politiques publiques

Les évolutions du contexte démographique, social, culturel et économique

66

1.4 Analyser les besoins d’adaptation à l’emploi au regard des spécificités du projet d’établissement

et de son actualisation

L’actualisation du projet d’établissement peut induire des modifications dans les pratiques professionnelles

1.5 Evaluer lors du pourvoi de chaque poste les écarts entre les compétences requises pour l’emploi

auprès de la population accompagnée et le profil de la personne affectée

Des outils tels que les grilles de repérage des compétences contribuent à l’évaluation qualitative de ces écarts.

Elles permettent d’identifier les besoins immédiats en matière d’adaptation à l’emploi, pour tous les postes

1.6 Repérer, en particulier lors des moments prévus à cet effet, les attentes et les besoins des

personnels au regard de leurs rôles et de leurs pratiques avec les populations accompagnées

Les entretiens sont l’occasion de faire le point sur les interrogations éventuelles des personnels

Des outils spécifiques peuvent être élaborés et proposés pour stimuler le questionnement et accompagner la

réflexion sur les potentiels de chaque professionnel

1.7 Organiser, au niveau des responsables et au niveau de l’encadrement de proximité, le repérage

des besoins d’adaptation à l’emploi, selon les groupes professionnels

Ce processus d’accompagnement à l’émergence des besoins concourt à l’adaptation à l’emploi

Mettre en place avec les équipes des espaces de travail et de réflexion sur la notion d’adaptation

à l’emploi au regard des populations accompagnées :

Ce travail a une double visée :

Recueillir le point de vue et écouter les professionnels sur leur connaissance de la

population et de ses évolutions

Entraîner à une auto-évaluation des besoins, individuels et collectifs, d’adaptation à

l’emploi

Organiser, au sein de l’établissement, la réflexion pour analyser les pratiques jugées inadaptées

et leur contexte de survenue : cette réflexion participative et documentée, vise à vérifier la

pertinence d’une organisation, à préciser les apports nécessaires et les réponses possibles sur

différents plans

1.8 Porter un regard d’analyse sur les indicateurs sociaux existant dans les structures, par rapport

aux risques de « fragilités collectives » et aux atouts en matière d’adaptation à l’emploi

Ce regard d’analyse (à partir du bilan social notamment) participe à la vigilance sur les besoins d’adaptation à

l’emploi des personnels et au repérage des points d’appui pour la stratégie d’adaptation à l’emploi

2. La définition et la mise en œuvre d’une stratégie

2.1 Définir et intégrer la stratégie d’adaptation à l’emploi dans le projet d’établissement en la

mettant en perspective avec les autres axes du projet

67

Le processus d’adaptation à l’emploi s’articule avec les différents axes du projet d’établissement

L’adaptation à l’emploi est mise en perspective avec le recrutement, la GPEC, la mobilité professionnelle, le

plan de formation

2.2 Au regard des besoins et du projet d’établissement, traduire, le cas échéant, la stratégie dans un

dispositif d’actions pluriannuel

2.3 Identifier et mobiliser les différents niveaux de responsabilités pour la mise en œuvre de la

stratégie d’adaptation à l’emploi

La mise en œuvre d’une stratégie suppose que soient clairement identifiés les rôles et les responsabilités des

différents acteurs

Les délégations de suivi de la mise en œuvre sont repérées et font l’objet de bilans

2.4 Concevoir et organiser une phase d’accueil et d’intégration individualisée pour tous les nouveaux

arrivants

Il est recommandé de préparer l’accueil et d’élaborer des plans d’accueil et d’intégration individuels afin de

prendre en compte les besoins immédiats de chaque nouvel arrivant en matière d’adaptation à l’emploi qui

dépendent de différents facteurs :

- Les vulnérabilités spécifiques de la population et les risques de survenues de crises ou d’aggravation

liés à des pratiques inadaptées

- La proximité avec la population accompagnée

- L’isolement du professionnel

- L’existence de connaissances actualisées et de pratiques antérieures avec la population

accompagnée

2.5 Repérer, en équipe de direction et d’encadrement, les leviers d’actions pertinents et cohérents

pour l’adaptation à l’emploi – en phase d’accueil et d’intégration et en cours d’exercice

professionnel – en utilisant différents critères :

- Type de structure

- Taille et liens structurels avec d’autres établissements et services

- Configuration du personnel

- Groupe professionnel concerné

- Evolutions en cours ou à venir au sein de l’établissement

Volet 2. Les leviers pour l’adaptation à l’emploi

1. L’information

Phase d’accueil et d’intégration des nouveaux professionnels

1.1 A l’entrée dans l’emploi, organiser un entretien d’accueil avec le supérieur hiérarchique direct

Cet entretien permet :

- des échanges sur les représentations de la population accompagnée et de ses besoins

- de présenter la structure

- d’informer sur l’environnement réglementaire et organisationnel

68

- de communiquer le cadre, les références et les règles de travail avec la population accompagnée

Les documents institutionnels sont regroupés dans un livret d’accueil du personnel, remis et commentés

1.2 Informer les usagers concernés et les personnels en place de l’arrivée de nouveaux personnels

Différents outils peuvent être utilisés : réunions, affichage, photos, journal interne,…

1.3 Mettre en place des réunions collectives d’accueil des nouveaux arrivants

Pour permettre de présenter et d’échanger sur le projet de la structure et contribuer au développement du

sentiment d’appartenance

1.4 Diffuser le projet d’établissement et y développer des points de repère pour mieux comprendre

la population accompagnée et les pratiques mises en œuvre

1.5 Faciliter l’accès à l’information externe relative aux populations accompagnées

Différents moyens permettent l’accès à l’information externe :

Mise à disposition et facilitation de l’accès à une documentation diversifiée, actualisée et

adaptée suivant les groupes professionnels

Mise en circulation de documents et de revues professionnelles

Organisation de rencontres

Formalisation des relations avec les centres de ressources spécialisées

Participation à des réseaux d’établissements et de professionnels

Participation à des colloques, journées d’études, journées professionnelles sur des thèmes

relatifs à la population accompagnée

1.6 Mettre en place des réunions collectives pour informer sur des évolutions relatives aux

populations accompagnées

2. Le management d’équipe et l’organisation

Phase d’accueil et d’intégration des nouveaux professionnels

2.1 Organiser l’accompagnement du nouvel arrivant en phase d’accueil et d’intégration

Différentes modalités sont possibles :

Identifier un référent pour la phase d’accueil et d’intégration de chaque nouvel arrivant

Le référent a une vue d’ensemble sur l’accueil et l’intégration du nouvel arrivant. Il est garant de

la mise en œuvre de toutes les actions concourant à cette phase. Il fait des bilans réguliers avec

le nouvel arrivant. Le référent est souvent le supérieur hiérarchique

Mettre en place un accompagnement par un pair disponible durant le temps de travail La reconnaissance de cette fonction d’accompagnement permet de la stabiliser

Organiser le travail en doublon débutant/expérimenté

2.2 Prévoir dans l’organisation du travail de l’encadrement intermédiaire sa disponibilité et sa

proximité avec les équipes de terrain

69

L’encadrement intermédiaire est alors en position de contribuer à l’ajustement des pratiques et de mieux en

faire comprendre les enjeux

2.3 Dans le cadre du travail d’équipe, veiller tout particulièrement à…

Poser des espaces de concertation et d’échanges interdisciplinaires contribuant à une

connaissance réciproque du travail et des savoirs, théoriques et pratiques, de chacun

Il s’agit de repérer sa place par rapport à un ensemble d’intervenants, de créer du lien et d’ajuster

sa propre intervention

Organiser dans les groupes de pairs la mise en débat et les échanges sur le travail

Dédier des temps à l’observation, pour les personnels volontaires, et les exploiter en

équipe : cette observation est nécessairement préparée et structurée

Aménager des modes de participation des personnels pour la co-construction et la

production des documents institutionnels liés aux pratiques relatives aux populations

accompagnées : la production, l’actualisation des documents institutionnels sont autant de

moments propices pour reconsidérer et interroger les pratiques avec les populations

accompagnées

Mettre en place des groupes de parole pour les professionnels dont le travail est de nature

isolé

Examiner avec les équipes des ajustements dans les pratiques et dans l’organisation du

travail et les expérimenter : les expérimentations sont encadrées méthodologiquement et

évaluées avant d’être adoptées

2.4 Travailler en lien avec les réseaux et les fédérations

Organiser des échanges de personnels et des rencontres inter-structures : à tous les

niveaux, les échanges (rencontres et actions communes), préparés et ponctuels, de personnels

volontaires permettent de confronter leurs pratiques

Organiser des journées d’études et impliquer les personnels dans leur organisation :

internes ou ouvertes à l’extérieur, ces journées d’études sont l’occasion de centrer le travail sur

un thème précis et d’impliquer les personnels dans la programmation et l’organisation

Mobiliser les personnels pour participer à des travaux de capitalisation puis de

mutualisation de savoirs pratiques relatifs à la population accompagnée

3. La formation

Ces recommandations de bonnes pratiques professionnelles concernent les situations de formation formelles

propres à contribuer à l’adaptation à l’emploi au regard des populations accueillies

3.1 Déterminer les objectifs de formation au regard des besoins d’adaptation à l’emploi des

personnels selon les populations accompagnées

Les objectifs de formation se réfèrent aux compétences à acquérir, à développer ou à actualiser, liés aux

situations professionnelles des personnels avec la population accompagnée

3.2 Mobiliser en amont les personnels concernés

Le travail de mobilisation est amorcé dès la phase de recueil et d’émergence des besoins, individuellement et

en équipe

70

3.3 Mettre en place des actions de formation et des cycles d’analyse des pratiques en précisant les

dispositifs pédagogiques

Le choix du dispositif pédagogique est fonction de différents critères tels que :

- Le degré de précision et la nature des objectifs de formation

- La construction de compétences individuelles et/ou collectives

- Les objectifs en termes de mise en cohérence ou de production interne

s’assurer de la mise en œuvre de méthodes actives et participatives : fondées sur les

échanges et le travail de construction collectif, ces méthodes stimulent la capacité de s’adapter

au contexte

s’assurer que les actions de formation recouvrent les différentes dimensions en jeu dans la

relation avec la population accompagnée : elles nécessitent un travail sur les représentations et

les valeurs, sur l’écoute des usagers, de prendre en compte la complémentarité et

l’interdépendance des savoirs théoriques, pratiques et méthodologiques. Elles prennent en

compte les recommandations de bonnes pratiques professionnelles

3.4 Préparer et suivre les actions de formation

choisir des prestataires, formateurs et intervenants, compétents, tant en termes de

connaissance de la population accompagnée qu’en animation de groupes

organiser des échanges avec le prestataire de formation préalablement à la mise en œuvre

de l’action de formation

veiller à la facilitation de l’expression des personnels en formation

réaliser des bilans d’étapes et des évaluations des actions de formation, à court et moyen

termes

Volet 3. Eléments pour l’appropriation des recommandations

Les recommandations sont un outil de dialogue, de responsabilité, destiné à une mise en œuvre selon les

besoins et le contexte

L’appropriation de ces recommandations repose sur la démarche construite par l’établissement pour la mise en

œuvre d’une stratégie d’adaptation à l’emploi des personnels au regard des populations accompagnées

Dans la perspective des évaluations à venir, l’appropriation des recommandations pourrait s’appuyer sur un

processus de questionnement organisé en deux phases :

1. Etat des lieux

Quels sont les outils actuellement mis en œuvre pour le recueil et l’appropriation des besoins ?

Quelles sont les pratiques actuelles pour la définition et la mise en œuvre d’une stratégie ?

Quels sont les leviers actuellement utilisés pour l’adaptation à l’emploi ? Dans quels registres se

situent-ils ?

2. Axes de développement

Quels autres outils pourraient être mis en œuvre ?

Quelles priorités pour améliorer la définition et la mise en œuvre de la stratégie ?

Quels nouveaux leviers pertinents utilisés ?

71

Recommandation 7

7- L’accompagnement des jeunes en situation de handicap par les services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad) ; ANESM – septembre 2011

Depuis leur création, les Sessad se démarquent par leur positionnement dans les espaces de vie des jeunes en

situation de handicap comme de leurs familles. En assurant un soutien spécialisé en milieu ordinaire, ces

services, qui ont enregistré un développement notable en moins de 10 ans, prennent leur place dans une palette

de réponses qui peuvent constituer un des éléments de la compensation. L’objectif de cette recommandation, inscrite dans le programme 4 de l’Anesm « Le soutien aux professionnels », est de mettre en évidence les conditions et pratiques d’accompagnement qui facilitent et étayent la socialisation, la scolarisation et la formation des jeunes en situation de handicap. Cette recommandation est construite dans la logique de la loi du 11 février 2005 selon un cheminement qui part des besoins des jeunes accompagnés et de leurs parents, puis de leurs lieux de vie pour traiter in fine de la dynamique interne du service et de son organisation. Elle s’adresse à l’ensemble des services médicosociaux qui accompagnent enfants, adolescents et jeunes majeurs en situation de handicap, quelle que soit leur spécialisation par type de handicap et / ou par âge, professionnels de terrain et de direction. La première partie permet d’aborder les principales étapes de construction du projet personnalisé et les modalités de l’intervention. La seconde partie décline le travail avec et sur les environnements. La dernière partie se centre sur la dynamique interne du service et son organisation. Ci-dessous, l’essentiel de chaque séquence.

1. Un accompagnement conçu avec et pour le jeune et sa famille

La co-construction de l’accompagnement avec le jeune et ses parents

Entendre, respecter et faciliter la parole du jeune.

Respecter son rythme et ses relations avec son entourage. Travailler sur ses compétences et son potentiel de progression, sans se focaliser uniquement sur ses

difficultés ou incapacités. Veiller à ne pas, indirectement, stigmatiser le jeune et l’isoler. Accompagner les parents dans la prise de risque inhérente à la démarche éducative. Les soutenir dans leurs responsabilités parentales, sans se substituer à eux et en valorisant et mobilisant leurs

compétences et expertise Aider les parents dans la coordination des interventions autour de leur enfant.

Répondre aux demandes d’appui et de soutien des parents, de la fratrie et de la famille élargie.

72

Les étapes de la co-construction du projet personnalisé et sa formalisation

Mener une réflexion approfondie sur l’accueil dans le cadre du projet de service et / ou de la démarche

d’évaluation interne.

Organiser systématiquement une réunion de projet avec les parents, véritable lieu de conception du projet

personnalisé.

Associer étroitement le jeune et ses parents à l’évaluation du projet personnalisé et aux étapes importantes

du parcours du jeune.

Faciliter les contacts, le dialogue et les échanges réguliers avec les parents.

Préparer la fin de l’accompagnement auprès du jeune, de ses parents et des partenaires sans brûler les étapes, ni faire l’impasse sur ce qui est en train de se construire.

Modalités d’interventions

Interroger systématiquement et évaluer régulièrement la pertinence du choix du lieu et des modalités

d’intervention.

Inscrire les interventions collectives dans le cadre de la dynamique du projet personnalisé, dès lors que

celles-ci paraissent utiles aux objectifs fixés dans ce cadre.

2. Le travail avec et sur l’environnement : l’ancrage territorial Construire l’assise territoriale du Sessad

Favoriser le repérage et la connaissance mutuelle des partenaires de l’accompagnement des jeunes en

situation de handicap.

Diffuser auprès d’eux le projet de service et organiser des actions de communication locales. Concrétiser les liens de partenariat pour assurer la cohérence du parcours d’accompagnement des personnes.

Sensibiliser le grand public aux questions liées aux situations de handicap.

Participer aux instances partenariales stratégiques. Mobiliser les dispositifs de droit commun. Proposer une médiation entre les jeunes et leur environnement et étayer ce dernier pour lui permettre de les

accueillir dans de meilleures conditions.

Réunir les conditions facilitant le partenariat autour du projet du jeune

Respecter les modalités et les logiques de fonctionnement propres à chaque institution partenaire.

Formaliser les partenariats, qui font l’objet de coopérations régulières (Ecole…).

Évaluer régulièrement et conjointement ces partenariats.

Inviter les partenaires aux réunions du Sessad. Organiser des espaces pour, au‐ delà des situations individuelles, réguler ce travail de partenariat. Positionner le Sessad comme lieu ressource pour l’environnement.

3. La dynamique du service et son organisation La cohérence de chaque projet personnalisé

Fonder un positionnement d’équipe sur le projet de service (principes d’intervention communs et

organisation explicite basée sur une compréhension de la philosophie générale de l’intervention, des missions et

des objectifs du service…).

Mettre en place une démarche d’évaluation interne participative, tant au niveau des professionnels du service que de ses usagers et partenaires.

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Mettre en place une modalité de représentation et de participation collective des usagers leur permettant

d’être à l’initiative d’un questionnement propre sur le fonctionnement général du service.

Accorder un soin tout particulier aux modalités d’organisation de la coordination des projets et à l’organisation des temps de travail collectifs.

Mettre en place des travaux transversaux sur les différentes thématiques liées à l’accompagnement des jeunes.

Encourager l’échange autour de l’observation de proximité et favoriser un partage et un enrichissement des

compétences autour des observations quotidiennes (temps dédiés, formalisation de supports et outils

d’observation communs).

Organiser les coopérations avec les professionnels du secteur sanitaire (libéral ou hospitalier) qui interviennent régulièrement au sein du Sessad tout en tenant compte de leurs spécificités. Le suivi et l’évaluation du projet personnalisé

Limiter le décalage entre l’arrivée du jeune au Sessad et la construction puis la mise en œuvre du projet

personnalisé.

Être attentif et s’adapter au mieux aux contraintes des familles Assurer le suivi et l’évaluation continus du projet personnalisé lors des réunions hebdomadaires de service

et des bilans avec les partenaires.

Anticiper et préparer les événements importants de la vie du jeune. Mettre la pluralité des intervenants et des partenariats au service d’une vigilance collective.

Élaborer des procédures d’intervention spécifiques aux situations d’urgence. Adapter les horaires et périodes d’ouverture aux besoins des jeunes et de leurs parents et mettre en place

des modalités permettant d’assurer la continuité du projet lors des fermetures annuelles du service en lien avec

les partenaires.

Prendre en compte la préparation de la fin de l’accompagnement et de « l’après Sessad » dans le projet de

service. Le soutien et l’étayage des professionnels

Rappeler aux professionnels la nécessité de se référer au projet personnalisé comme au projet de service.

Mettre en place les conditions d’un retour, d’une mutualisation et d’un partage au sein du service (réunion

d’équipes, analyse de pratiques professionnelles, réunions d’équipe thématiques, conception d’outils…).

Ajuster les modalités d’interventions en cas de difficulté d’un professionnel de l’équipe et, le cas échéant, organiser un relais à un niveau plus institutionnel.

Faire de la formation une priorité (caractéristiques des publics accueil‐ lis, intervention au domicile,

accompagnement de projets…).

Mutualiser les formations suivies par les professionnels du Sessad.

Favoriser les échanges interinstitutionnels (partage de savoir‐ faire, confrontation d’apports théoriques et

pratiques lors de formations conjointes). La dynamique d’ouverture aux actions de recherche

Mobiliser les équipes dans des démarches de collaboration avec les organismes de recherche, afin de

contribuer au progrès de la connaissance des publics accueillis, de leurs besoins, et des modalités d’accueil

susceptibles d’être proposées.

P révo ir le ca pi tal isati o n d’expériences et de savoir-faire et leur diffusion au sein du service et auprès des partenaires.

Développer la recherche et les échanges avec des services du même type en France et à l’étranger.

Pour en savoir plus : L’accompagnement des jeunes en situation de handicap par les services

d’éducation spéciale et de soins à domicile

(Sessad)