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N° 02 - octobre 2011 - Lettre indépendante d’information sur l’agglomération grenobloise Grenoble agglo : une attractivité menacée ?

Lettre du changement n° 2

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L'attractivité de l'agglomération grenobloise est-elle impactée par des évènements récents à l'exemple des violences urbaines de l'été 2010 ?

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N° 02 - octobre 2011 - Lettre indépendante d’information sur l’agglomération grenobloise

Grenoble agglo : une attractivité menacée ?

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Grenoble agglo : une attractivité menacée ?

La compétition des territoi-res bat son plein. Ces der-nières années, les critères d’attractivité des territoires ont beaucoup évolué. 5 groupes répondent à des logiques différentes. 1) Les capitales qui doi-vent défendre leurs pla-ces de marché. Ces villes sont installées dans le top. Elles visent à maintenir leur classement au moins. Ce sont de gran-des métropoles régionales à l’exemple de Lyon, Bor-deaux, Lille, Nantes, Mar-seille … pour qui la compé-tition est internationale. Leur classement est impacté par des projets à forte noto-riété où les enjeux évène-mentiels occupent une place particulière : les JO de Lon-dres en 2012, l’exposition universelle de Shangaï, le statut de Capitale Européen-ne de la Culture pour Mar-seille en 2013 à l’exemple de Lille en 2004 ... 2) Les capitales qui veu-

lent entrer dans le top du classement. La stratégie adoptée pour ces entrantes est celle du «flagship» : trouver un grand projet qu’elles mè-nent en faisant appel à de grandes signatures. Mont-pellier a bâti sous Frêche des opérations urbanistiques de ce genre. C’est le cas de Bilbao et la création du Mu-sée Guggenheim. 3) Des villes qui, sans prétendre au top, jouent la course de la Ville de référence régionale : An-nemasse, Besançon, Or-léans, Tours, Angers, Di-jon, Périgueux … Dans ce groupe, les atouts sont souvent ceux de la qualité de la vie : les espa-ces de loisirs (restaurants, boutiques, culture…), le pa-trimoine architectural ancien qui fait le « cachet » de la Ville … 4) Les villes duales : elles vivent des classements très différenciés. Elles ont des points forts mais elles sont

handicapées par des points faibles manifestes : climat, dessertes, économie en cri-se … 5) Les villes qui subis-sent un déclassement parce que leurs atouts traditionnels semblent en érosion : Toulon, Lens, Clermont-Ferrand, Metz, Douai, Dunkerque, Le Ha-vre ...

Les 6 défis majeurs Progressivement, 6 défis sont apparus comme consti-tuant les critères de l’attrac-tivité d’une ville. La géographie : la valeur symbolique attribuée au ter-ritoire joue un rôle détermi-nant : mer, montagne, nombre de jours d’ensoleil-lement … L’économie : le dynamis-me crée une énergie auto-entretenue. Ce facteur va du nombre de sièges so-ciaux à la statistique sur

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L’impact durable des violences urbaines de l’été 2010 ? Il est tôt pour identifier l’im-pact durable des violences ur-baines de l’été 2010 sur l’ima-ge de marque externe de l’ag-glomération grenobloise. Ces violences ont manifeste-ment altéré le capital initial d’évocation de la Capitale du Dauphiné. Ont-elles installé d’autres «références» ? Les prochaines enquêtes d’opinion le diront.

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l’emploi en passant par la présence de locomotives à forte image de marque. L’accessibilité : c’est le sentiment de centralité par rapport à l’ensemble des ré-seaux routiers, ferroviaires, aériens … L’urbanisme : le tissu ur-bain connait-il une bonne réputation avec une offre de logements diversifiée et de qualité ? Les services publics : ce facteur va de la qualité de l’offre d’enseignements à la présence de services hospi-taliers performants mais c’est aussi une appréciation sur la diversité des équipe-ments culturels ou la vitalité des équipes sportives. Entrent également en comp-te la superficie d’espaces verts, la réputation de pro-preté, le niveau de pollution … Le «statut politique» de la ville : des institutions in-ternationales sont-elles pré-sentes ? Des élus sont-ils associés à des responsabili-tés nationales à forte noto-riété ? Globalement, ce sont ces 6 défis majeurs qui structu-rent maintenant la compéti-tivité d’une ville. Comme les atouts positifs sont très concurrencés, il semble surtout indispensa-ble d’éviter des images ré-pulsives qui vont coller du-

rablement à la peau d’une ville et altérer son image de marque parfois même sans lien objectif avec la réalité technique de ses qualités. Ce sont des images qui ai-mantent des inquiétudes, des réflexes d’appréhen-sions.

L’agglomération grenobloise est confrontée à des images répulsives

C’est le nouveau défi ren-contré par l’agglomération grenobloise sous l’effet de trois évènements récents de forte notoriété nationale. Tout d’abord, l’impact des violences urbaines de l’été 2010 qui ont fait

éclater l’image de mar-que externe de l’agglo-mération grenobloise. A cette triste occasion, l’ag-glomération grenobloise est sortie de ses «images d’Epi-nal» qui voulaient qu’elle soit la ville de la montagne.

Jusqu’en juillet 2010, à l’ex-térieur de l’Isère, Grenoble était «poussée» par son dé-cor naturel : un cadre mon-tagneux qui a créé le mythe des pentes enneigées où des ingénieurs ou des cher-cheurs sur les technologies du futur passent leurs loisirs croisant des étudiants qui aiment le sport dans une ville qui bouge. D’un seul coup, ce mythe s’est effondré pour laisser place à une ville exposée à des violences urbaines sau-vages dans un contexte gé-

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néralisé de crises répétées (Place Grenette et l’accident d’avril, Echirolles et le viol en home jacking …). A l’extérieur de l’Isère, les questions portent désormais sur le niveau réel de l’insé-curité. Ensuite, les actualités ré-currentes sur les bou-chons : à chaque départ en vacances, Grenoble a remplacé Lyon sur le ta-bleau noir des villes à éviter pour cause de bou-chons interminables. C’est un second effet répul-sif. Grenoble est considérée comme une agglomération où l’on circule mal. L’acces-sibilité est donc un échec perçu. Enfin, c’est une agglomé-ration qui perd. Elle a per-du dans deux domaines à très forte notoriété : la can-didature aux JO de 2018 et la liquidation du club de football SASP GF 38. La première défaite a désa-cralisé la «Ville olympique» battue non seulement par la voisine Annecy perçue com-me «plus petite» mais par Nice à l’image de «ville de mer». Comme imaginer que la «capitale de la monta-gne» soit battue par une vil-le de mer ? Quant à la liquidation du club de football, elle est in-tervenue dans des condi-tions d’extrême rapidité comme échec également récurrent. Chaque diman-che, les émissions sportives consacraient des commen-taires de plus en plus ironi-

ques et sévères sur un club relégué en seconde division et battant les records de … défaites. A l’extérieur de l’Isère, com-ment comprendre et expli-quer qu’une ville dynamique puisse ne pas sauver son club de football ? Comment concevoir qu’au-cun pool d’entrepreneurs locaux ne se constitue pour redresser la barre ? C’est une situation incom-préhensible pour une agglo-mération du statut de l’ag-glomération grenobloise.

Hors de la performance tant que ces trois

images répulsives n’auront pas été

corrigées Pour reconquérir son attrac-tivité, l’agglomération gre-nobloise doit décoller ces trois images répulsives. Elle doit restaurer son image externe en matiè-re de sécurité. Le niveau d’implication des élus locaux dans la mise en place de po-lices municipales destinées à occuper le terrain est à ce jour insuffisant. Face à la crise de son image de marque dans ce domai-ne, l’agglomération greno-bloise, toutes tendances po-litiques confondues, aurait dû passer un message : la sécurité est la première des libertés. C’est certes une affaire de l’Etat mais pas seulement. Et en consé-

Les sources intel-lectuelles du pou-voir Sur le plan national, la mo-de est à la création de «think tank» : littérale-ment : réservoir à pensées. Cette logique est déjà très présente dans de nombreux autres pays selon des mo-dalités diverses. Aux Etats-Unis, il s’agit par-fois d’institutions indépen-dantes, sortes de satellites d’universités. D’autres affi-chent clairement leur ancra-ge idéologique. C’est le cas par exemple de la fameuse Hoover Institution qui a été le creuset du néo-conservatisme tout particu-lièrement lors des années Reagan. A l’opposé, la Car-negie Endowment rassemble des universitaires démocra-tes. Ces structures visent à per-mettre des pensées libres, préparer des retours aux affaires en ouvrant des en-jeux nouveaux, recharger les batteries intellectuelles en orientant les réflexions sur certaines priorités. Certaines de ces structures ont parfois progressivement créé, puis structuré des nouveaux modèles à l’exem-ple du «new federalism» si cher à la fameuse Hoover Institution. Il s’agissait alors de revenir à un Etat fédéral différent redonnant des pouvoirs plus importants aux différents Etats fédérés.

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Selon des modalités différentes d’organisa-tion, l’agglomération grenobloise vit actuel-lement une poussée de clubs de réflexions. Il y a là un phénomène porteur de sens dans trois directions importantes. Tout d’abord, le retour à une forme de vitali-té citoyenne qui a été l’une des fortes tradi-tions de l’agglomération grenobloise. C’est ensuite le contournement des partis politiques classiques dans une période où l’engagement partisan est en plein purgatoi-re. C’est enfin la certitude que l’exercice et la conquête du pouvoir doivent d’abord s’enra-ciner dans des sources intellectuelles fortes. Des priorités qui sont la colonne vertébrale d’une offre cohérente, imaginative, de pro-grès. Le pluralisme officiel est défunt actuellement

en raison d’une concentration inédite du pouvoir politique. Mais le pluralisme de réflexion retrouve une grande vitalité. C’est le monopole contourné dans l’indépendance et, peut-être, dans l’in-novation quand des propositions concrètes verront le jour. Sous cet angle, l’actuelle période est pleine de passions avec de nouveaux équilibres en plein mouvement loin de tout tapage média-tique mais avec beaucoup de sérieux. Merci par avance pour votre participation à nos travaux ([email protected]). Denis BONZY Une expérience de : Président de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse Président de l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomé-ration Grenobloise (AURG) Vice-Président du Conseil Régional Rhône-Alpes chargé des Finances Conseiller Général de l’Isère

quence, l’agglomération grenobloise aurait corrigé, voire inversé son image en affichant des mesures for-tes, symboliques, exemplai-res sur le plan national. Rien de tout cela n’est inter-venu. Par conséquent, il n’y a aucune raison pour que l’image de marque ne soit modifiée sur ce plan. Second défi : la fluidité de circulation dans l’ag-glomération. Là aussi, le message était attendu. Une agglomération ne peut être compétitive si ses axes de circulation sont encombrés en permanence. Dans ce domaine, pas d’an-nonce forte, pas de plan pluri-annuel permettant de changer la donne à moyen terme. Bien au contraire,

l’aménagement de la rocade ouest (l’A 480) donne un sentiment de «petitesse» des travaux par la seule suppression de la bande des arrêts d’urgence qui dégage une impression de blocage généralisé en la matière :

effet des écologistes, des difficultés financières … ? Enfin, troisième enjeu : retrouver le chemin des succès. Cette nécessité naît d’un double constat. D’une part, l’agglomération grenobloise ne dispose plus de fer de lance pour symbo-liser sa capacité à gagner sauf dans des classements à vocation technique. Mais d’autre part, bien da-vantage, Michel Destot est désormais, y compris dans son propre camp, souvent

raillé pour incarner «le mau-vais choix». Ses échecs sont désormais cités par ses pro-ches : Métro, élections sé-natoriales et la victoire de M. J. Chiron contre le choix publiquement exprimé par Michel Destot, l’engagement à la coprésidence des élus locaux favorables à DSK … Il y a même des responsa-bles socialistes qui ont dé-duit rapidement la victoire de François Hollande à la primaire PS puisque Michel Destot avait choisi de soute-nir … Martine Aubry. Cette réalité touche au cœur de l’ADN de l’agglomération grenobloise. Le chauvinisme local est mis à mal. Les JO de 1968 ont apporté à Grenoble une double re-nommée : une ville en

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avance et le coût toujours polémique. Les commentaires sur l’ar-doise des JO ont été causti-ques pendant longtemps. Situation d’autant plus éton-nante qu’il ressort des dé-comptes officiels que l’Etat a pris 70 % des frais engagés et que les emprunts de la Ville pour les dépenses né-cessaires l’ont été au taux de 5, 25 %. L’agglomération venait de faire financer par l’Etat pour des montants re-cords et dans un calendrier très serré des équipements parfois même très éloignés de tout rapport direct avec la neige comme la gare, deux quartiers neufs, la Maison de la Culture, des voies urbaines remises à gabarit … C’est d’ailleurs peut-être ce sentiment de «bonne affai-

re sans le proclamer à haute voix» qui dicte les juge-ments sévères sur les ré-cents échecs comme autant d’occasions manquées. Ces trois facteurs menacent désormais l’attractivité de l’agglomération grenobloise. L’agglomération grenobloise est entrée dans le groupe des appréciations duales : un rapport très contrasté aux qualités et aux défauts d’un territoire. Des images fortes aux évo-cations très différentes en-trent en choc. Les vrais luxes des territoires d’avenir résident dans le dynamisme économique porteur d’em-ploi dans un cadre d’aména-gement où le calme, la ver-dure, la qualité de vie sont préservés. C’est l’enjeu des «villes vil-

lages». La ville dans son en-tité globale doit être une collectivité performante. Mais à l’intérieur de la ville, c’est la mode des villages quand les quartiers sont des entités à dimension humai-ne où il font bon vivre dans le calme, la sécurité, avec des services publics de proximité. C’est un rendez-vous qui a été manifestement manqué par l’agglomération greno-bloise ces dernières années. Pour cette raison, son at-tractivité est désormais moindre. Elle est menacée par des images répulsives qui doivent être corrigées de façon radicale et urgente.

Editeur : [email protected] www.denisbonzy.com

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Le PS peut-il perdre Grenoble en 2014 ? 8

Dans une agglomération en perte de vitesse, le PS peut-il perdre la collectivité la plus importante : la Ville de Greno-ble ? Au pouvoir depuis 1995, c’est la première fois qu’il enregis-tre des divisions internes aussi profondes et publiques. La poussée des Verts altère l’uni-té de la gauche. Le mandat en cours a connu des échecs per-ceptibles. La compétition pour 2014 s’engage-t-elle sur des bases réellement nouvelles ?