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    JOHA

    NNROUSSELOT.

    SIGNATURES

    NOUSSOMMESUNPEUPLE

    1,80 EURO. DEUXIME DITION NO10466 LUNDI 1 2 JANVIER 2 015 WWW.LIBERATION.FR

    IMPRIM EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne2,50 , Andorre2,50 , Autriche3,00 , Belgique1,90 , Canada5,00 $, Danemark29 Kr, DOM 2,60 , Espagne2,50 , Etats-Unis5,00 $, Finlande2,90 , Grande-Bretagne2,00 , Grce 2,90, Irlande 2,60 , Isral 23 ILS, Italie 2,50 , Luxembourg 1,90 , Maroc 20 Dh, Norvge 30 Kr, Pays-Bas 2,50 , Portugal(cont.) 2,70 , Slovnie 2,90 , Sude 27 Kr, Suisse 3,40 FS, TOM 450 CFP, Tunisie 3,00 DT, Zone CFA 2 300CFA.

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    EVENEMENT

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    A Paris,placede la Rpublique,

    dimanche.PHOTO JOHANNROUSSELOT.SIGNATURES

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    Lquipe de CharlieHebdo et lesfamillesdesvictimes en ttede la manifestationparisienne, dimanche.PHOTOSTPHANEMAH.

    REUTERS

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    Aupiedde lastatue

    de la Rpublique, Paris,dimanche.PHOTO FRDRICSTUCIN

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    Par LAURENTJOFFRIN

    Un lan magnifique

    Lespoir, avec le chagrin,marchait en tte ducortge.Dvaste,enpleurs,fatiguedutumulte,maischavireparune solidaritgrandecomme lamer, lquipe deCharlieamarch dansParis,suivie parplus dunmillion et demi depersonnes, cest--dire

    par laRpublique. Elle achemin sous lesapplaudissements dunepopulation ferventemasse sur lestrottoirsetlesbalcons,o lon voyait,presque chaque fentre,un calicot Je suisCharlie,une couverturede lhebdo etmme desunes deLib. Avec elle, lesfamilles des victimes juivesdu supermarch,les proches des policierstus etune troupedejournalistes, pour une foispopulaires,suivis parquarantechefsdEtat.La plus grande

    manifestationdepuis laLibration! Quelque chosedinou sest passdimanchedans lesrues deFrance.Contre la violence,contre lobscurantisme,contre la divisiondescommunauts, le paysdeVoltaire et deCabusest soulevdansun immense lan civique.LaRpublique a tfrappe au cur.Deuxjoursplus tard,la Rpublique est debout.Les fcheux disent quelesvaleurs se perdent,quilnya plus de transmission,que lasocit demdias et

    demarch a dcrbr lescitoyens, anmi le senscivique, abaissladmocratie.Mais o cesmarcheursdu 11 janvieront-ils puis leurmotivation, sinondansles souvenirsde lcolerpublicaine, dansles leons de lactualit,dans les enseignementsde lHistoire? Quidoncleur a appris tout cela,sinoncesprofsquonditdcourags, cesducateursquondit si peunombreux,ces lus sidcris, ces journalistesdonton fustige toujours

    la bien-pensance sanscomprendre quondnigredans lemme temps lesvaleurs communes de

    tolrance et de libert.On croit les citoyensanesthsis.Ils viennentdese dresserdans unlanmagnifique,comme jamaisdepuisplus decinquanteans.Cest quela compassionpour les victimesntait pas seule en jeu.En frappant lquipe de

    Charlie, en tuantquatreFranais juifs,en abattantdes policiers,les assassinsontport atteinteauxfondationsde laRpublique, lexpressionlibre, la protection desminorits et lacceptationdes diffrences, lordrepacifiquemaintenu parunepolice rpublicaine.Chacuna ressenti,au plusprofondde lui-mme,quetoutce qui leprotge,toutce quiluiassureunevie adulte et responsable,toutce quoiil croit a tattaqu par les fanatiques.Marcher pourdire non.

    Marcher pour tre libre.Le purdiamantde cettejourne fraternelle va-t-ilsvanouir commedans unrve? Ceuxqui necroientplus rien lediront.Cest le contraire quiestvrai.Les fractures ne sontpas seulementdansla ralit, dans la socit.Elles sont dans lesesprits.La bataille se joue danslesttes. Ehbien cettemobilisationresteradans lesmmoirescommeuneborne, unamer, unsmaphoredmocratique !Comment la fairefructifier? Cest tout

    simple: combattre, touslesjours, ici et maintenant,demainet plus tard,avec force, avec patience,la pesteidentitaire.Chacuna droit sa patrie, sa religion, sa tradition, ses racines.Personnenale droitde lesimposeraux autres. Le principequinous runit leplus,lesFranaislont dit avecforce, cest lacceptationdesdiffrences. Les cinglsdudogme,les exaltsdu nationalisme,lesadversaires de laRaisonsont lesfauteursdetrouble.Ils croient

    dfendreleur identit, ilsdfigurent la Rpublique.De leurdfaite renatralespoir.

    DITORIAL

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    Lerassemblement de Rennes,dimanche.PHOTOTHIERRYPASQUET.SIGNATURES

    Rassemblement face la mairie de Tourcoing. PHOTOAIMETHIRION

    Place Bellecour Lyon.PHOTOROMAINTIENNE Place de Jaude, Clermont-Ferrand. PHOTOPASCALAIMAR.TENDANCEFLOUE

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    En milliers de participants(estimations dimanche 19 h)

    samedi di manche non communiqu

    Bthune

    Sens

    St-tienne

    Rennes

    Lille

    Nantes

    ToulouseTarbes

    Calais Dunkerque

    Beauvais

    St-Quentin

    Laon

    Chteau-Thierry

    Orlans

    Le Mans

    Abbeville

    Bourges Dole

    Poitiers

    Besanon

    BrianonGap

    Orthez

    Le Havre

    Caen

    Saint-Nazaire

    Arras

    Niort

    Evreux

    Amiens

    Pau

    Limoges

    Chalon

    Dijon

    Lons le Saunier

    Saint-Claude

    Millau

    Narbonne Marseille

    Avignon

    Valence

    Montbliard

    pinal

    Mulhouse

    Compigne

    Dax

    Libourne

    Marmande

    Annonay

    Metz

    Montluon

    Als

    Chlons

    Auxerre

    Aurillac

    TulleBrive

    Guret

    Moulins Mcon

    Annecy

    Vannes

    Nmes

    Digne

    Clermont-Ferrand

    Saint-Malo

    Perpignan

    BeauneMontceau

    La Rochelle

    Colmar

    StrasbourgReims

    TroyesChaumont

    Cherbourg

    AlbiMontauban

    RodezCahors

    Blois

    Cholet

    NancyAlenon

    Vire

    Lisieux

    MontpellierCastres

    Nevers

    Aix-en-Provence

    Lannion

    Ajaccio

    Porto-Vecchio

    Laval

    Guingamp

    Auray

    Concarneau

    Angers

    ArgentonLes Sables-dOlonne

    Tours

    ChteaurouxChtelleraultLa Roche-sur-Yon

    Rochefort

    Saintes

    Angoulme

    Prigueux

    Bastia

    Bergerac

    Chambry

    Lyon

    Bar-le-Duc

    Charleville-Mzires

    Valenciennes

    Belfort

    GrenobleVienne

    Roanne

    ROUENPARISentre

    et

    A Strasbourg,o 45000 manifestantsont trecenss dimanche. PASCALBASTIEN

    A Lyon, 300000personnes ontdfil.PHOTOROMAINTIENNE Place Castellane, Marseille.PHOTOOLIVIERMONGE.MYOP

    Les chiffres officiels onttard.Endbut de soire, dimanche,le ministre de lIntrieurdnombraitde3,7millionsde Franais dansles rues unemobilisation jamais vue. A Paris,la barredu milliona tfranchieet on tangenterait les2 millions.Soitun nouveaurecord depuis laLibration.Leprcdent dataitdu 13 juillet1998,quand 1,5million

    de personnes avaient clbr lavictoire dela France laCoupe dumonde defootball. Et lesobsques de VictorHugo,en 1885,auraient rassembl 2 millionsdindividus.La vagueCharlieasubmerglerestedelHexagone,jusquedans sesmoindres recoins. De Dammartin-en-Gole, o 9000 personnes ontmarchalors quele villagecompte8000 habitants, Lyon,quia vudfiler prsde 300000 manifestants.DeTulle, cur de la Hollandie, toutela faademditerranenneronge parleFN.A Concarneau,Aubenas,Tours,Grenoble, Montbliard,Valenciennes,on a observdes mobilisationshistoriques.Unpeuple debout.L.Br.

    MANIFESTATIONRECORD DEPUISLA LIBRATION

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    Prsde4millionsdepersonnesontdfilenFrancedimanche, scandantJe suisCharlieetOnnapaspeur.AParis, la fouletaitsidenseque laprfecture aunmomentrenonc compter. Il sagirait delaplus fortemobilisation jamaisenregistredans lepays.

    Unpays debout facePar LILIAN ALEMAGNA,ALAIN AUFFRAY, JONATHANBOUCHET-PETERSEN,CHARLIEDUPLAN,MATTHIEUCOIFFIER, LAURE EQUYetCATHERINE MALLAVAL

    a impressionn: lintenseaccoladesur le perron de lElyse entre lachancelire allemande et FranoisHollande.Dela placede laRpublique cellede la Nation, des tonnerres dap-plaudissements retentissent plu-sieurs reprises, propageant une

    mme clameurdanslaville. Etquandlesmanifestants pas-sentdevant les for-cesde lordre, ilslesapplaudissent toutautant. Des scnesque certains poli-

    ciers, mus,enregistrentavec leursportables.

    MOTS DAMOUR.Le matin, plu-sieurs centaines de personnestaient rassembles devant lhtelde ville de Livry-

    PourBa Amadou,sans actionspolitiquesfortes,les choses vontsaggraver.PHOTOSTPHANEREMAEL PascaleLagrueet sa famille.

    BAAMADOU42 ANS, DUCATEUR SPCIALIS, PARIS XVE

    La fracture est telleque je la crois irrversible

    Je suis snagalais,jai lgedu po-licierqui sest fait abattre froide-ment et jai les plus grandes

    craintes pourlavenir. Lesdiscourspo-litiquementcorrects,le refusdes amal-games,cesttrsbien.Mais la fractureest telle au sein de la socit que je lacrois irrversible.Jesuisducateursp-cialis. Jectoie desjeunes quisortentde prison,en rupture sociale,sans re-pres, sans valeurs. Leur discours esthaineuxvis--vis de la Franceet de sesvaleurs.Le combatsculaire pour la to-lrance etla libertest menac parcesbrebisgares.Elles sontplus nombreu-

    sesque beaucoupsemblentlimaginer.Sansactions politiquesfortes, leschosesvont saggraver.Aurisque de choquer,je suissensibleauxinitiativesprisespar lesEtats-Uniscommele Patriot Act, la tolrance zro.Il faut nommer les problmes et lescombattre. Dansles prisons, il y a desprdicateurs, des personnagesignoblesquienrlentles jeunes.Il faut travailler,agirpour lesen empcher. Les milieuxassociatifs dans les quartiers doiventaussi maintenir le dialogue. Il ne fautpasbaisserles bras.

    Recueilli parNATHALIERAULIN

    Plus de 3 millions de jepour un seul nous. Uncollectif humanisteet d-mocrate,une foulediverse,

    dtermineet recueillie a marchdimanche Paris et dans de trsnombreuses villes de France etdEurope de Londres Madridenpassant par Dublin, Athnes etBruxelles. 230 manifestations enprovince ont rassembl environ1,5 million de personnes aprs les700000 comptabilises samedi. AAvranches (Manche), ils taient6300 sur 8000 habitants. Et prs

    de 2 millions Paris.Unsursaut sansprc-dent, impossible

    comptabiliser a finipar reconna-

    trela prfecture de police dpassepar cette vague citoyenne qui aaussi dferldans lesboulevards etlesruesadjacentes autrajet. Et ce,sansaucun incidentsignal.

    ACCOLADE.Contre le terrorisme,les manifestants ont cri on napas peur. En riposte lassassinatde dix-sept personnes CharlieHebdo, Montrouge (Hauts-de-Seine) et lors de la prise dotagesde lHyper Cacher Porte de Vin-cennes, ils ont scand Je suisCharlie, Je suis policier, Je suisjuif. Et chant la Marseillaisesurdes kilomtres. La prsencedunecinquantaine de chefs dEtatautour de Franois Hollande a

    mondialis la marche rpublicaine,faisant de Paris, pendant quelquesheures, la capitale meurtrie maisdeboutde la libert, desdroitsdelhomme et du droit rire de tout.Une photo pour lhistoire avec leprsident de la Rpublique fran-aise entour dAngela Merkel et

    dIbrahim Boubacar Keta,le prsi-dent malien. Et Benyamin Nta-nyahou, le Premier ministre is-ralien, quelques mtres duprsident palestinien, MahmoudAbbas (lire page 18). Quelques mi-nutesauparavant,une autreimage

    RCIT

    Suite page 12

    LaprsencedeschefsdEtatamondialis lamarche, faisantdeParis,pendantquelquesheures,lacapitalemeurtriemaisdeboutdelalibertetdudroit rire detout.

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    la terreur

    Quand je regardecette solidarit quisexprimedansla rue, je suisoptimiste,dit Betty Ory. PHOTOSTPHANEREMAELaprs-manif sera peut-trepire, sinquite-t-elle. PHOTOSTPHANEREMAEL

    BETTY ORY 58 ANS, RESPONSABLE RH, PARIS

    Labominationvaaboutiraurveil des consciences

    Personne ne sortiraindemnedecetvnement. Jesuisune en-fant deMai 68. Jai grandi avec

    Hara Kiri, le professeur Choron, CharlieHebdo. A lpoque,ce ton,cettelibertdexpression,ctait nouveau,a nousa marqus.Or,cettelibert sest depuisperdue. Nousnavons past assez vi-gilants. On a oublice questla naturehumaine. On a oubli lombre.Pourtant, quandje regarde autour demoi,cettesolidaritqui sexprimedansla rue,je suisoptimiste. Labominationva,je crois, aboutirau rveil descons-cienceset nous rendre lalibert. Onne

    construit pasune socit surdes aspi-rations individualistes. La dfiancevis--vis despolitiques a entrance retourde la spiritualit.Aujourdhui, le mondereligieux doitsimpliquer pour faire progresser lesesprits. Mme si les imams condam-nent lesactesterroristes, ils auraient dfaire biendavantageen amont auprsde leurs fidlespour lesviter. Onnousdemande de refuser les amalgames,mais cest eux aussi de faire des ef-forts pourque ces amalgames naientpluslieu dtre.

    Recueilli parN.R.

    PASCALE LAGRUE JOURNALISTE AUCHMAGE, NANTERRE

    Pour lutter,nousavonsbesoin dunit

    Je crains que laprs-manif res-semble lavant-manif, avectou-

    jours cesmmesregardsmfiantsenverslautre. Ce sera peut-tre mmepire, avec la peurde nouvellesactionsde fanatiques isols. Pour lutter, nousavons besoin dunit, et il sembleraitque nous nayons rien attendre despolitiquesde cepointde vue.Jai t choque par les propos queManuel Vallsa prononcs devantlpi-cerie ladresse de la communaut

    juive. Il a dit quil ny avait p as deFrance sans les Juifs. Il auraitt op-portundajouter cemoment-l quil

    ny a pas non plus de France sans lesmusulmans. De lammefaon,je suiscontre cette ide dinviter untel ouuntel manifestercontre lignominie.Nous, Franaisanonymes, navons tinvitspar personneet noussommesl,avec nosdeux enfants, parceque a faitpartie de lducation quenous voulonsleurdonner, desvaleurs quenous vou-lonsleur transmettre.LUMPet Sarkozysont assez grands pour savoir sils doi-vent venirsans avoir besoindtre invi-ts.Les Franais,eux, montrent quilssont capablesde seserrerles coudes.

    Recueilli parN.R.

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    Selon ColetteHervout,tout reste faire. PHOTODOUARDCAUPEIL Jenaipaspeur, jai juste t trschoqu,ditJames OBrien.PHOTODOUARDCAUPEIL

    russis ladressedes caricaturistesde lhebdo: Arrte ton char, lis,Charlibert, Charlie, je pensedonc je suis, Vous allez finir parvous aimer lesuns lesautres,bordel

    de merde!

    PRIMORDIAL. Desjeunes,Noirs,Arabes,Blancs,perchssur lespa-rois de la statue, lancent des slo-gans: Nous sommes Charlie, LaFrance est debout,maisaussi: Etmaintenant?On agite des dra-peaux tricolores, mais aussi alg-riens, tunisiens, israliens autourdecette Mariannede bronze quitientune branche dolivier en signe depaix.Certains,conscientsde vivreun moment historique,multiplientlesselfies.Dautres prennent laposeavec leur message. Comme Nora,48 ans,assistantematernelle: Pre

    musulman, mre catholique, je suishumaine.ouCcile,70 ans, lare-traite:Vos assassins ont t tus,dormez enpaix.On vous aime,je suisCharlie. Toutproche delle, Eric,

    55 ans, auchmage: Impossibledene pas venir. Jarrtepas de pleurer.

    Mais je veux montrerquil y a desva-leurs dfendre. Je voudrais un mira-cle. Je voudrais quaujourdhui lesmusulmanssoient en tteet devien-nent lefer delancede laRpublique.Marie-France, une de Libdans lamain, etPaulette sonten pleine dis-

    cussion.Elles nese connaissent pasmais sont arrives tt pour voirlambiance, linstallation, aller au-devant des autres, racontela pre-mireemploye de banque Men-

    necy (Essonne). Et puislesgensquiviennentds lematin, ce sont lesano-nymes, pas les orga-nisations, ajoute-t-e ll e. A 6 2 a n s ,cest sa premiremanif, contraire-ment Paulette,80 ans, qui a fait68. Aujourdhui sera

    peut-tre ma dernire manif, maisjepourrai dire que jy tais.Fathia,48 ans,chargede clientle,estvenue du Val-dOise avec sa fillede11 ans: Cestma premiremanif.Je voulais absolument tre l.Samre:Je suis trs touche. Ce ne

    sont mme pasdes animauxqui ontfait a, eux ne tuent que pour senourrir. Jesuis musulmane, et jeveuxdire queje suisune citoyenne, quejedfends la Rpublique,le droit. Na-

    rima, 64ans, la coupe: Nous som-mesicipourdire quelislam estunereligion de paix. Et, sil vous plat,ncrivez pas que ces assassinstaient des jihadistes. Normalement,le jihadisme est une cause noble.Eux,ce sont desassassins. Taou-fik,75 ans, a not sursa pancarteun verset duCoran: aditne tuezjamais lme innocente.Pas damal-game, lislam est oppos aux actesde ces fascistes,met en garde ceParisien naturalis il y a dix ans:Jefais partie dece paysdebout, jelai choisi.Sous le soleil ple de janvier, lafouleest mleet mlange. Lesre-

    Jean-Luc,biberonnHara-Kiri,sagacedevoircertainssepresseraprsavoir laiss lesdessinateursdeCharlieseulsquandils ont eulescouillesdepublierlescaricatures.

    JAMES OBRIEN 14 ANS, LYCEN ET GRAFFEUR, PARIS

    Pour lesmusulmans,ce qui sestpass est horrible

    Make art, not war : cest cequil a graff sur une largebanderole accroche entre

    deuxarbres place de la Rpublique.Unmessageque James OBrien,14 ans,lesbombes de peinture la main, expliqueutiliser depuis quelques annes, maiscette semaine, ctait le moment de leporter haut etfort.Cest dela folie, ce quisestpass,on ditquece sont desislamistes, maispourmoice sont des terroristes. Il connaissaitCharlie Hebdocommesymbolede lali-bert dexpression, mmesilne leli-sait pas etsi ses parents, amricain et

    anglaise,de gauche, lisent pluttlquivalent anglo-saxon du journalsatirique.Jenai paspeur, jaijuste t trs cho-qu. Je ne sais pas ce quon peut fairemaintenant, maisje trouve que cest hor-rible ce qui sest pass pour les musul-mans. Jai dit tous mesamismusulmansque ce nest pas limage que jai de leurreligion. Mmesi jesuis chrtienet catho-liquepratiquant, pourmoi, ce qui importe,ce sont cesdix-sept personnes qui ontttues,peu importe quelles soient juives,musulmanes ou catholiques

    Recueilli parLIANEPATRIARCA

    Gargan (Sei-ne-Saint-Denis), en mmoiredAhmed Merabet, le policierachev mercredidans la rueaprslatuerie de Charlie.Il tait musul-

    man,policieret franais, a rappelun ami de safamille.Signe avant-coureur de succs,lecortge sest form des heuresavant le dbut de la marche placedela Rpublique.Mass aupieddela monumentalestatue couvertedebanderoles, comme cet immensePourquoi?crit en noir. Parterre,comme descierges,des bou-giessont encoreallumes,des rosesetdes tulipes entrelaces.Il y a descroquis,comme cescrayonsdont lapointe touche le canon dun fusildassaut. Despetitsmotsdamour:Max et Louise sont Charlie. Etpuis desjeuxde mots plusou moins

    Suite de la page 10

    COLETTE HERVOUT 73ANS, EX-DIRECTRICEDESCOLES

    Transformer lesbellesparoles enactes

    En Mai 68, nous nous battionspourla conqurir,notrelibert.Aujourdhui, cest un peu la

    mmechose,maisavecune diffrence:nous sommes dans une socit frag-mente, abme partant de souffrance.Jespreque lespolitiques, quisemblentavoir pris la mesure du besoin de re-construire un nouveau vivre ensem-ble, seront capables de transformerleurs belles parolesen actes.Je nesuispasoptimiste. Pas sr que lecalendrierdu court-termisme lectoralsoit compatible avec ce nouveau dfiquiest devantnous et quincessitetel-

    lementde temps. Toutreste faire. Ilesttemps de regarder la ralit en face.Nousvivonsdans un pays quisest en-ferm dans le multicommunautaire,mais quichouesur sa capacit cons-truirede lintercommunautaire.A partconstater leurtat de dcomposition,quavons-nousfait pournos banlieues?Jai 73ans, jai t institutriceet direc-trice des coles pendant prs de qua-rante ans et aujourdhui, plus que ja-mais, je suis persuadedunechose: ilnousappartient de toutfairepourmisersurles jeunes, doncsur lducation.

    Recueilli parVITTORIO DEFILIPPIS

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    La familleTouazi, quia quitt Alger pour fuirle terrorisme. PHOTODOUARDCAUPEIL La lacit nedoit pastrengocie,martleZoDescoubes. PHOTODOUARDCAUPEIL

    ligions coexistent. Comme sur cepanneau mixantltoilede David,lacroix etle croissant. Lesconvic-tions politiques cohabitent. Ra-phal, 20 ans, de gauche:Je d-

    fends beauc oup de caus es, jemanifeste souvent.TandisquepourJrme, 37 ans, de droite, cestune premire : Je naime pas lafoule. Mais l, on a touch du pri-mordial, et jtais oblig dtre l.Matthieu,34 ans, voudrait surtoutquil nyait pasde rcupration.Ilnedevrait pas y avoir un cortge depolitiques.Les ges aussi ne comptent pas.Malone, 8 ans, a fait lui-mme sapancarte, Quand je serai grand,jeserai Charlie,tandis que Victor,70ans, manifestantde longuedate,rpte lenvi: De mmoire dl-phant, je nai jamais vu une telle

    unit. Onest desgensde tous lesges,de tous lesmilieux, il nyaurajamaisassezde bombeset dekalachspour nous dtruire tous,lance Phi-lippe,ingnieurde 60 ansqui vit

    Bailly, dansles Yvelines.

    BAL DESFAUX CULS. Depuis lesboulevards,des applaudissementssentendent encoreentre le gron-dementdes hlicos.Laurentet Ma-ric, venus de Houilles (Yvelines),veulent croire quece mouvementnest pasprsde retomber: Onvitdansun monde mfiant, ila fallu cedrame absolupour quonse rveille,quon se retrouve. Et puis cest obli-gatoire de sunircar dautrescatas-trophes nous attendent srement.Rester groups, chacun rptelimpratif, mais peut-ony croire?Jean-Luc, consultant dans la coo-

    pration Nord-Sud, biberonn Hara-Kiriet Charlie, sagacequandmme de voir certains se presseraprs avoir laiss les dessinateursde lhebdo seulsquand ils ont eu

    les couilles de publier les caricaturesde Mahomet: Aujourdhui, toutlemonde cherche prendre part audeuil. Moi, je suis venu me faire dubien, me rconforter, maiscestde-main que a commence. Il va falloirmettre des mots sur le problme, lagauche classique na jamais voululaborder par peur de stigmatiser.Cest ausein delEuropequilfautfaire quelque chose,puisque tous leschefssont l Paris, observeMar-tine,retraite de61 ans, venuedesYvelines.Je ne dis pas quil faut unEtat policier, maisquand mme, queles choses soient mieuxcontrles.Sous lunanimisme du pav pari-

    sien, desfissures existent. Certainssinsurgent de la prsencede cer-tains. Crient lhypocrisie. Refu-sentla tolrance pourles censeursoules potentats. AliBongo, lepr-

    sident gabonais, est prsent, desopposants protestent coup depancartes: Bongo nestpas Char-lie,Bongoest un charlot.La venuedu hongroisViktor Orbn ou celledu trs contestprsidentturc Re-cepTayyip Erdogansont tout aussidcries.Auseinde lquipede lhedbo,desvoix dnoncent la rcup,refusentde se joindre ce bal des fauxculs (lire page 14)En tte du cor-tge, les rescapsde Charliedfilentaux cots des proches et des fa-milles des autres victimes.Le des-sinateur Luzserre la main de Fran-ois Hollande,qui vient de quitter

    le cortge des officiels. LurgentistePatrick Pelloux tombe en pleursdansles bras du Prsident. Lequelserrela maindes famillesde poli-ciers tus et desvictimesde la prise

    dotages de lHyper Casher avantde quitterle cortge.Auseinde lagauchela plusprochede lhebdo des lzardes existent.Devant le Cirque dhiver, la gau-cheCharliesapprte convergervers Bastille avant de bifurquerversNation. Cestune autre ambiance.Plusclassique. Front du peuple oui!Union nationale non !brandit unmanifestant. Echarpes rouges,brassards rouges, service dordremaison tenant une corde pour lecarrofficielqui doitaccueillirJean-Luc Mlenchonet Pierre Lau-rentMais pasde drapeaux. Onrespecte les consi-

    ZO DESCOUBES 67ANS,COACH COMPORTEMENTALE, PARIS

    avapeut-tre faire sortirlesgensde langlisme

    Je vais peut-tre vous choquer, et

    je suis moi-mme choqueen ledisant, mais ce qui est advenu

    cettesemaine est peut-tre, dramati-quement, un mal pour un bien: a vapeut-tre rveiller les gens, les fairesortirde langlisme, de lhumanismelarvaire. Ce sera peut-tre unebrchedansla solitudede la rflexion.Il faut clamerqutre musulman, cenest pas cela. Il faut marteler que lalacit est une force extraordinaire etquonne lapasassez dfendue.La la-cit ne doit pas tre ngocie, elle estporteusede respectet de libert.

    Jai vcu enAlgrie, je suis issuedunefamille de cinq gnrations de pieds-noirs. Jai entendu parler de la Shoahquandjavais20 anset maractiona tdapprendre lhbreu pourcomprendrede lintrieur. Il faut descoursde reli-gion lcole, mais quisoientdes coursde culture, des cours dhistoire Desfois, CharlieHebdomagaaitprodigieu-sement,il ne majamaisinfluencein-tellectuellement, et la vulgarit mechoque, maisCharlie,cest le souriresarcastique de la socit. Un ballondoxygne.

    Recueilli par.Pa.

    Suite page 14

    FAMILLETOUAZI ORIGINAIRES DE PETITE KABYLIE, PARIS

    Onsesentait en scurit,le dmonnousa rattraps

    La famille Touazi est au complet:Seghir 52 ans, Dalila, 44 ans, etleurs filles,Lydia, 23 ans,Kenza,

    18ans, et Mlissa,5 ans. Cest commesi le pass nous avaitrattraps, disent-ils.Originaires de la petiteKabylie,ilssont arrivs en France en 2001 et ha-bitent dans le XXe arrondissement deParis. Onvivait Alger, ona toutlaisspour fuirle terrorisme,le GIA.En France,onse sentaiten scurit, enlibert, maisle dmon nous a rattraps.Ils dplorent une certaine surdit enFrance: Onne prenaitpas assezau s-rieuxla menacedu terrorismeislamiste.

    Lydiaet Kenzase sentent franaisesetne supportentpasle communautarisme.Kenza voqueces musulmansdans sonlyce qui jeudi disaient que CharlieHebdo lavaitbien cherch, quecari-caturer le prophte est interdit. La reli-gion,cest priv, ajouteLydia,onnapasbesoinde lacriersur lestoits.La lacit, anese ngocie pas. Seghirexplique que,par respect,il nosait pas contredireceuxqui dans sa communaut avaientdes propos antismites. Mais cest fini.Dornavant,les positionsdoivent tre plustranches.

    Recueilli par.Pa.

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    Lquipesinquitait dune possible rcuprationpolitiquede lamanif.

    Charlie, hebdo antircupQ

    uelquesjoursaprsles attaques,les des-sinateursLuz et Willemavaient exprimdesrserves surles risquesde rcup-ration de la manifestation. Avant et

    pendant celle-ci, nous leur avons demand,ainsi qutrois autres membres de Charlie, denous dire quel sens elle avaitpoureux.Comme le faitremarquerle chroniqueur IegorGran, certainsdes rescapsnavaientpas lin-tentiondy aller. Cest trs dur. On esten trainde produire le prochain numro deCharlie.Onnest mme pas encore dans le deuil, on vit surlmotion.Certains sont puiss. Ceuxqui ontt ct des tueurs et des victimes sont des mira-culs.Ils nevoient pas ce queleur prsenceap-porterait. Ils ont raison de se protger.Parmi

    ceux-ci, le chroniqueurLaurentLger, quinotequedans cette manif, il y a plein de gens quinont rien y faire, comme Bongo, le Premier mi-nistre turc ou le reprsentant de Poutine. Celaauraitt mieux queCharlie ny soit pas, ona ttouchs dans notrechair et nous voilassocistousces politiques. Dun autrect,il recon-nat quilfaut marcher contre le terrorisme etpour la libert. Au fond, on est contents que cesgenssoient l, mme si 90%dentre euxne nousontjamaislus.En venant ici[ Libration, ndlr],jai travers lafoule et jai t avectousces anony-mesqui portent desaffiches Charlie. Une foisarriv, jai misdeux crans detl surmon bu-reau, jyai vumes amis enpleurs.Ambivalence.Pour ceux qui y allaient, il yavait la crainte dune rcupration, dautantquil y a eu du sang. Le sang de nos amis estderrire a, remarqueIegor Gran. Maiscelui-cinest pas daccord avec ceux qui disent queCharlie estdevenu un symbole, alors queChar-lie estantisymboleset se moque desgensqui senservent. Willem, fidle sonmodede vie, est

    retourn travaillersur sonle bretonne.Il se ditsensibleau soutien desanonymes, mais pasceluides dictateurs africains et des ttes reli-gieuses. Ces individusreprsentent toutce contrequoinous sommes. Mme ambivalence chezLuz: a va tre bizarre,cette manifestation.Pasbizarre pour nous caron a lhabitudede manifes-ter. Ce nest pasun malque dautres manifestent,mais,comme disait la caricature de Cabu, ce nestpassimple dtre suivi pardes cons, dugenre An-gela Merkel Chacunpeut rcuprer ce quilveutdans un symbole, mais onne peut pasrcuprernotre travail,nos dessinsqui, depuisvingtans, sesont toujours voulus irrcuprables.Onle verra

    nanmoinsau cours de la manifestation serrerla main de Franois Hollande.Quant au chroniqueurAntonioFischetti,il re-marque que lunionsacre,cest toujours g-nant. Se retrouver au coude--coude avec desgens avec lesquels on nest pasforcment dac-cordMais onne peutpasdire une choseet soncontraire. Avant, on dnonait le fait que lesgensne nous soutenaientpas. Ce quils navaient peut-tre pascompris lpoque,cestquily a quelquechose dessentiel dans ce que faitCharlie. Simme nosennemis ontcomprisquon se retrouvesur un trucfondamental alors quon sopposelereste dutemps, cest bien. Jesuis pour cettema-nif, mmesily a deslimites: jene voudraispasquily ait une banderole duFN.Et ame vaquily ait Ntanyahou, mais seulement si Mahmoud

    Abbas estl aussi.Tousne sont pasdaccordnonplussur lexistencedune unit nationale.Gran parledun mouvement national, dunemobilisation internationale dune ampleur inoue,quia unsens. Que, dansune socitquonditdivise, le seulqui russisse fdrer, cesoitle clown zigouill, je trouvea formidable,mmesi jaurais prfrquil nyait pasde morts.ParcequCharlie,on ne manipule pas de conceptsphilosophiques,on dessinedes petits bonshom-mes. Je ne voyais pas la nation se rassemblerautour de clowns, lesFranais sonthabituellementsrieux, rationnels, ils aiment la gravit.Willem,nettement moinsconfiant dans lhu-

    manit, penseque anevapaschanger lepays.Lmotion

    vadurer deux semaines. Et jesuis optimiste.Valeur. Pour laprs,Luzappelle continuer laction:Cequime souciele plus,cestcequi varester,que cene soit

    pas la mmeconnerieque la manifde 2002contrele FN,sansrsultat.Pour quea serve quelquechose,il faut queles gens crentdes associations,des mouvements, des journaux, fassent vivre la

    presse.Que non seulementils manifestent maissemanifestent.Cest--dire quils montrent la valeurdes luttescontre lobscurantisme, religieux, poli-tique ou conomique. Si a peut servir ce quelUMPse dise quelesides deCharlie surle ma-riage pourtousne sont pasinintressantesSi cedrame permet de temprer la btise, tant mieux.Maisil faut avant tout crer,sexprimer. CharlieHebdo ne cherche pas une unit nationale,mais

    lutter contrelimbcillit. Ou alors, lunitnatio-nale selonCharlie, ce seraitde pouvoir semoquertous lesuns desautres.

    NATALIELEVISALLESet RICLORET

    Lquipe de CharlieHebdo, dimanche, lorsde la manifestation. De face, avec deslunettes, le dessinateurLuz. PHOTOALBERTFACELLY

    gnes deCharlieHebdo:pas de rcupration, souli-gneAnneSabourin,responsable duPCF. Cequa fait Hollandea dmobi-lisun peude monde.Maisil fauttre

    l. Cest un momentcitoyen.Cequi ressort, cest le vivreensem-ble. Pas la colre, pas la haine.Le Pen, Zemmouret tous ceux-l,onleur dit: arrtez, dit Pierre-Franois Grond du Frontde gauche,ex-partenaire dOlivier Besance-not, rest lui la maison.A mesure que la mare humainedferle, les politiques constatent sapuissance. Unemobilisationaussimassivede citoyens, de chefs dEtatet de gouvernement,on na jamaisvu a. Pas mme pour le 11 Sep-tembre. Cestque lattaque de 2001tait une agressionde lextrieur, v-cue comme telle. L cest de lin-trieur que a vient, observe lemaire UMP juppiste du Havre,

    EdouardPhilippe. A sescts dansle cortge, Bruno Le Maire con-firme: Aujourdhui,les Franais di-sent quea ne peut pascontinuer. Cesont nosenfants quionttu, leproduitde notre socit. Boulevers, lemaire UMP dOrlans, SergeGrouard, voit se dployer quelquechose de trs fort et de trs profond.Cest la France qui est l. On avaitbesoin de a depuis longtemps. Dom-mage quil aitfallu tous cesmorts.

    CHEZ NOUS.Beaucoup de per-sonnes du quatrime ge se sontpostes dentre de jeu Nation,terminusdu cortge.Cestma der-nire manifestation. Ce sontmes tri-pesqui parlent aujourdhui. Voussa-

    vez, je me suis beaucoup mobilisedans le pass, souvent contre. Cettefois, pour la vie.Fabia, 90 ans,pleure depuistrois jours: Jai tou-tes les maladies du monde, jai topre seize fois, jai de larthrosemais l, je ne me voyais pas treailleurs. Pareil pour Lucette,81ans, quiestalle lamesse avecsonbadge JesuisCharlie,et quipeste contre sescopines quinontpasvouluvenirde peurdtre bous-cules. On peut toujours se trouverdes excuses. Elle, elle y tait.Pendant ce temps-l, Beaucaire(Gard), Marine Le Pen sexprimedevantun petit millierde person-nes depuis le balcon de lhtel deville conquis par le FN en mars:

    Merci dtrel pour rappelerles va-leurs de la libert,lance la prsi-dente du parti dextrme droite.On est chez nous, on est cheznous, hurlent sessupporteurs. Ades annes-lumire de lesprit deconcorde qui prvaut partoutailleurs. Cestde fraternit dontlaFrance besoin,dclare HamKor-sia,le grandrabbin de France, lagrande synagogue de Paris o sesont rendus Hollande et Ntanya-houen fin daprs-midi. Unviolo-nistejoue Yeroushalaimencho auchur battant de la Rpublique. Legrand rabbin dclare: La France,ce soir,revendiquele droit dtre unidans le bonheur.En dbut de soire, dans le mtrobondde manifestants,un conduc-teur prend le micro: Je suis heu-reux de vousreconduire, je vous em-brasse.

    Suite de la page 13

    Si cedramepermetdetemprer labtise,tantmieux.Mais il fautavant toutcrer,sexprimer.Charlienecherchepasuneunitnationale,mais lutter contre limbcillit.Luzdessinateur CharlieHebdo

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    Discriminations, rcupration politique,DieudonnAParisouenbanlieue,des habitants sontrests lcart dundfildont ils semfient.

    Un rassemblementqui nemarchepas de soi

    L

    oin,trs loinde la manifestation quiallait rassembler plus dun millionde personnes Paris quelquesheures

    plus tard. Dimanche, lheure dudjeuner, le parkingdu centre commercialRosny 2, le plus frquent de Seine-Saint-Denis, affiche presquecomplet. La jeunessecolleles vitrines pource premierweek-endde soldes.Samia,maquille, sourianteet ba-varde, aimerait acheter des bottes. Sa co-pine, Aurlie, 28 ans,plus discrte, laccom-pagne pourle plaisir. Elle a dj fumsa carte bleue la veille. La manifestation?Jait marquepar les vnements maisjene sais pas pourquoi, jai le sentiment de nepasme sentirconcerne,confie Samia. Commesictait loinde moi alors quejhabite dix mi-nutes de la Porte de Vincennes.Devant une boutique de baskets, Hayette,31 ans, attendson copainqui passe encaisse.Ellea longuementhsit entrela marcheetlessoldes. Samedi,devant lesinfos,elle a faitson choix. Lassistante sociale sexplique voix basse:Au dpart ctait un superbemouvement,mais les politiques gchenttout:ils ontrcupr linitiative du peuple.Elle in-

    terroge: aveut dire quoila libert dexpres-sion? Hier, jai fouill un peu sur Internet etCharlie Hebdo,ctait violent parfois. Et pour-

    quoi Dieudonnna pasle droit laparole? Jenecautionnepasla mortdes victimes maisjeme pose des questions. Malik, le mecdHayette, dbouleavec sa nouvelle paire debaskets. Il coupe la conversation: Cette his-toire, cest bizarre. Je ne sais pas qui estderrire tout a et cest pour cette raison queje ne suis pas all manifester. On nous cachedes choses.

    FRRE.Cette comparaison avec le pol-miste, Boubacar la fait aussi. Pos la ter-rasse dunebrasserie dansle XVIIIe arron-dissementde Paris, ceMaliende 29ans a faitle choix, midi,de ne pas dfiler entreRpublique et Nation. Par peurque la foliehumaine ne frappe encore, mais surtoutparce que certains dessins de Charlielontchoqu. Il prcise: Jene suispas daccordavec toutce quedit Dieudonndansses specta-cles, mais ctait une autre forme de libertdexpression, non? A lintrieur, on sen-gueule secdevantBFMTV. La patronne,Pa-

    loma, menace de virer un client.Aujour-dhui, il faut du respect pour les morts, on nefait pas de politique. Sortez, monsieur !Le

    gars, un Mauritanien, tient tte. La manif nele touche pas spcialement. Tous les jours,il y a des morts dans le monde, lche-t-il.Jean-Marie, Malien dune cinquantainedannes, entre dans la danse :Mais mon

    ami, a ta fait quoi quand tu as vu que cestnotre frre Coulibaly qui a tu? Moi, jtaisabasourdi: un black, dorigine africaine,comme moi Le Mauritanien: Tu las vutirer, Coulibaly?Dansce quartier populaireparisien,ils sontnombreux ne pastreall dfiler, pris parletravailou occups ence dimancheaprs-midi. Mais limmense majorit ditsoutenirles manifestants. Mme si lesdessinateurs de

    Charlie onttouch notresymbole, le prophteMahomet, les terroristes nauraient jamaisdfaire a, expliquent Dab et Taeb, attablsdansun barde la rueMarcadet. Karim,g-rant dun fast-food halal deux pasdu m-tro, estaussi retenupar sonboulot.Mais cestvolontiers quil aurait dfil.Jesuis mu-sulman,maisje nai pas tre dsol desactesde ces terroristes, ces dtraqus,dit-il. Legaillard,crneras, sweat capucheet car-ruremassive, avait un message faire passer:Quon arrte lesamalgames entrelislam etles terroristes. Il espreque lesFranais tra-verseront cedeuil ensemble, main dans lamain. Mais Karimen doute, il pensemme quitterla France. Je neveuxpas que mesenfants grandissent avec ce regardsur eux, ce-

    lui qui leur ditTu nespas franais.

    SILENCE.Devant le centre commercial deRosny,une bande decopains originairesdeBondyattend lentredu cinma. Ilshsi-

    tent entreplusieurs films. Lorsquelamanifestation arrive sur le tapis, unsilencesinstalle. Eric, le plus grand,se lance: Franchement, cest chaudlesterroristes,mais a nesert rien demarcher. Youssoufprend le relais:Les gens veulent quon manifeste.Trs bien, mais demain,on fait quoi?

    On nouspointe du doigt avec un regard de tra-vers? Je neveux pasfaire partiede cette Franceuneseule aprs-midi maistousles jours. Ilseretourne versson poteIdrissa. Son nomdefamille, cest Coulibaly, comme le terroriste.Vous pensez que a va tre facile pour lui detrouver duboulot? Non, mme sil marchepen-dant des jours.

    RACHIDLARECHEet SYLVAINMOUILLARD

    Au barAuvergnat, Chteau-Rouge,dans le XVIIIe arrondissement de Paris,dimanche.PHOTOFRDRCISTUCIN

    Les gens veulentquonmanifeste.Trs bien,maisdemain, onfait quoi?Onnouspointe dudoigtavecunregard detravers?Youssouforiginairede Bondy

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    AVEC QUI AVEZ-VOUS PASSLA DERNIRE NUIT ?

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    de bien. Vous aimez le toucher, le caresser du bout des doigts...

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    Enpilotant les oprations et enmultipliant les gestesdapaisement,lePrsident a retrouv une lgitimit et sest replacaucentre dujeu.

    FranoisHollande endossele statut du commandeur

    Poursoncarr defidles,cest un signequine trompepas. Depuismercredietla tuerie de Charlie Hebdo, Franois

    Hollande nenvoie plus de SMS, ce cordonombilicalqui luipermetdordinaire de pas-ser les murs de lElyse. Son tlphone

    loreille, le prsident traverse sansdoute lespires heures de son quinquennat, maisonne voit pas la trace de la fatigue sur son vi-sage, confie un ministre quila croissa-medi lElyse. Le dclenchementdes op-rationsau Maliet enCentrafriqueavaitrvlun Hollande indit: dcid et solennel.War room. Pourles ministresinstallsla table de la runion de crise quotidiennedepuiscinq jours lElyse, cest ce Hollan-de-lqui pilotelesoprations il a donnlefeu vert pourle double assaut concomittantde Dammartin-en-Gole(Aisne) et Porte deVincennes mais aussi qui se dmultiplieauprs des Franais touchs de prs ou deloinpar lesattaques.Le chmage, le Medef,les dficits,cest autre chose, confieFranoisRebsamen, ministre du Travail et ami detrente ans. L, cest lui qui commande.Letout sous desdoruresqui cadrent assez peuavec la lutte contreun terrorismede plusenplushigh-tech.Lestapis moelleux,le bureauen marqueterie et la tl branche sur i-Tl,

    cest sr que a ne fait pas tropwar roomdObama lorsde lattaque contreBen La-den,souritun conseiller ministriel.Dimanche,Franois Hollande a accueilliunequarantaine de chefs dEtat de la Terre en-tire lElyse,avant dembarquertout le

    mondedansdesbus aux vitres fumeset dedfiler avec eux. Mais dans la matine, iltait auxcts des forcesde lordreblesses

    parAmedy Coulibaly. Et juste aprs, avec lafamilledAhmedMerabet,le policier abattuboulevard Richard-Lenoir, avant de termi-nersa journe la Grande Synagoguede Pa-ris. La veille, Franois Hollande stait denouveau dplac au chevet des personnestouches, dans les hpitaux.Il parle auxblesss, auxpoliciers, auxministres, tout lemondeet il faitparler,rapportela ministreMarisol Touraine (Sant), qui laccompa-gnait dans sa tourne.Il a su tre chaleu-reux,prsent et ne passe laisser emporterdans

    lmotion, estimela ministre de la Dcentra-lisation, Marylise Lebranchu. Trouver labonne distance, cest trs important, a.Partition. La politiquena pas totalementdisparuderrirece concertde louanges omme lessocialistes lesplus sceptiquespar-

    lentdun sans-faute. Chacun saplace dansle gouvernement a grdepuis cinq jours unenorme motioncitoyenne, sa responsabilit s

    qualits, maisaussi sa stratgiepersonnelle,glisse un tnorsocialiste. Do unpasde deuxcontinuel la tte de lexcutifentrele Prsidentet le Premierministre, jusqu presque semarchersur lespiedsvendredisoir, unefois lesdeux assauts

    termins,entre lallocutionofficielle du pre-mier et linterview surle plateau de TF1 dusecond.Le matin mme, Franois Hollande staitrendu au ministre de lIntrieur poursadresseraux prfets.Beauvau, cestuni-quement pouremmerder Valls,assureun con-seiller de lexcutif pour qui,jusqu diman-chesoir, la partitiontait facile: Hollandeestlepredunenationen deuil etdun peupleenmoi. Demain,cest autrechose.

    LAUREBRETTON

    DeschefsdEtatlappelPlusdecinquante dirigeants internationauxont dfil Paris contre le terrorisme.Ungeste sansprcdent.

    L

    eur marche na gure dpass300mtres,justeun bout de bou-levard Voltaire jusqu la place

    Lon-Blum puis ils sont repartisvers lElyse.Mais le symboleest l,sansprcdent. Prsdune cinquantainede chefs dEtat ou de gouvernementdfilantcte cte contrele terro-risme en solidarit avec les victimes deCharlieet de laprisedotage de lHyper Ca-cher.Paris est aujourdhui la capitale dumonde, avaitlancle matinFranois Hol-lande devantses ministres.Il esten tte ducortge avec la chancelire allemande,An-gelaMerkel, sagaucheet, sadroite, leprsident malien Ibrahim Boubacar Keita,surnomm IBK.Les places au premier rang image pourlhistoire reprise par les mdias ont tpeses au trbuchet en fonctiondes rglesdu protocole et du messagepolitique.Do-naldTusk, lex-Premier ministrepolonais

    et nouveau prsidentdu Conseileuropen,est ct de Merkel et duprsident palesti-nien Mahmoud Abbas.A ladroite duprsi-dent franais, juste aprs IBK, marche lePremierministreisralien, Benjamin Neta-nyahou. Quelques mtres peine lespa-rent de son homologue palestinien.Cinq bus avaient amen les dirigeantstrangersde lElyse lamanifestation etles deux hommes ntaient pas dans lemme. LIsralien et le Palestinien ne sem-brasseront pas ou ne se serreront la maindevant les camras mais limportant auxyeux des autorits franaises est quilssoientl tous lesdeux.Benyamin Ntanya-hou avait t le premier annoncer savenue, en dbutdaprs-midi. MahmoudAbbas,encourag par les autoritsfranai-ses, nannoncera la sienne quen fin de

    journe, la grande satisfaction de Parisqui sactivepour relancerun processusdepaixisralo-palestinien, au point mort.Parangons. Une telle brochette de diri-geants trangers dfilant ensemblecontrele terrorisme est sansprcdent. Unepre-mire historique. Mme aprs le 11 Sep-tembre, il nyavaitpas eu un tel rassem-blement. Le prsident amricain, BarackObama, na pu faire le dplacement maissonministrede laJustice,EricHolder, estdans la capitalefranaise. Il y a laussibienle prsident ukrainien,PetroPorochenko,que le chef de la diplomatie russe, SergeLavrov. Il y a l le roi de Jordanie Abdal-lahII etla reineRania,ainsiquele Premierministre tunisien, Mehdi Jomaa, maisnombrede pays arabes commencer parle Maroc se sontfait reprsenterpar leursambassadeurs.Un certain nombre de chefs dEtat ou degouvernementqui sontl pourCharlieaunomdu droit lacritiquene sont paschez

    euxdes parangonsde lalibert dela presse.Le Premierministreislamo-conservateurturc, AhmetDavutoglu, reprsentele prsi-

    dent Erdogan quia dnonc lattentat con-treCharliecomme uneattaque contrelis-lam. Mais prs de 80 journalistessont emprisonnsdans ce pays queReporters sans frontires classe au

    154e rang (sur180) enmatire de libertdela presse.Le prsident gabonais,Ali Bongo,nestgure plusbrillant sur ce terrain. Etle Premierministreconservateur hongrois,Viktor Orbn, sest illustr ces derniresannespar sarepriseen main desmdias.Compte tenu du mal mondial que reprsenteleterrorisme, tousceux quisontprts nousaider le combattre sontles bienvenus,sest

    justifi lElyse.Prsence. Cette premirehistorique estne de linitiative desdirigeantseuropens.Ds jeudi, la chancelire Angela Merkel

    voquaitune possiblevenue Paris pour sejoindreau cortge initialement prvu sa-medi. Cestun signeimportantde lamiti

    franco-allemande que noussoyons ensembleen un tel moment,avait-elle dclar. LeBritannique DavidCameron,lItalienMat-teo Renzi, lEspagnol Mariano Rajoy an-nonaient leur prsence. Le mouvementtait ds lors lanc, tous les autres Euro-pens ont suivi le mouvement.Dansla matinedhier sest galement te-nueune runion commune desministresde lIntrieur de onzepayseuropens et deleur homologue amricain, Eric Holder,afinde mieux coordonner lesinformationsmaisaussi lescontrlesaux frontires ext-rieures de lUE et sur les passagers descompagnies ariennes ainsi quesur leNetpourretirerles contenus incitant la haineet la terreur.

    MARC SEMO

    RCIT

    Chacun saplacedans legouvernementa gr depuis cinqjoursune normemotioncitoyenne [],mais aussisa stratgiepersonnelle.Untnor socialiste

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    Sicertains appellent poursuivre laconcorde, nombreux sontles lusnepasy croire.

    Lunionnationale lamerci des politiquesL

    e jourdaprs.A quoiressemble le pay-sage politiquece lundi matin,au lende-main de cette mobilisationhistorique?

    Plus rien ne pourratrecommeavant, vou-laient croireles plusoptimistes. Tout indique,pourtant, queles vieux clivages politiques ris-

    quenttrsvitede reprendreleurs droits. Nousnavons aucune illusion sur lunanimisme,confieJulienBayou,porte-parole dEurope Ecologie-lesVerts(EE-LV). AuFront de gauche, on es-pre, explique RaquelGarrido(Partide gau-che), que llectrochoc des mobilisationspermettra de maintenir la socitmobilise, surle principeque lonpeut fairepeuple ensemble.Ilfautsortir dune parolepolitique oles actesdeviennent vides de sens et sont contraires laparole donne, ajoute Pierre Laurent, patrondu PCF.Ct PS, on prdit que lavie politique va re-prendreson cours normalement.On neva pasmaintenir un unanimisme artificiel,poursuitCorinneNarassiguin,porte-parole du PS, quivoit revenir,avec la loiMacronendbat lAs-semble,le retouraux bonnes vieillesdivisions.Retoqu. Ct UMP, on sedfend devou-loirgcherce grandmomentdunitnationale.Aujourdhui,nous sommes la France,a insistValrie Pcresse. Je suis lpourdire queje suisfire dtrefranaise,renchrit NathalieKos-

    ciusko-Morizet, tandis que Bruno Le Maireforme le vuque lesresponsablespolitiquessauront tre la hauteur du courage et de ladignit du peuple Franais. Mais certains,comme le dputPierre Lellouche, sontdjprt en dcoudre.Le compassionnel, cest

    bien, maismaintenantjattends des actes, ex-plique-t-il. Il reproche au ministre de lInt-rieur,Bernard Cazeneuve, davoir retoqulesamendements de la droite trop liberti-cides lors dela rcentediscussionsur lar-pressiondu terrorisme islamiste.Cazeneuvedisaitquontait entemps de paix, je luidisais:Non, nous, sommes en guerre.Lelloucheprometau ministreune auditionmouvemen-te, ds mardi matin, devant la commissiondenquteparlementairesur lesfilires jihadis-tes.A lUMP, on reproche Franois Hollandede passer soussilence la questionde limmi-gration au nom du refus des amalgames. Aloccasionde la sance de questionsau gouver-nement, mardi aprs-midi,la droite deman-dera communicationdu bilandes incidentsre-censs dans les tablissements scolaires lasemainedernire. Lesanciensministres ValriePcresse et Bruno Le Mairese disent trs in-quiets desmultiplesappels de professeurs t-moignant,partout en France,de leursdifficul-ts faire respecter la minute de silence.

    Certains, gauche,rvent dunaprs pleindunit. Je ne pourrai pasfairecomme avant,dit dj la numro 1 dEE-LV, EmmanuelleCosse. Aprs,est-ceque la classepolitiqueen estcapable? Jenen saisrienCe sera un vrai dfipourles dirigeantset lesmilitants. Cesmorts

    peuvent tre loccasion dun bond en avant surnotre faon de vivre ensemble, dintgrer, de pro-mouvoir mais surtout de regarder les choses enface, insiste Marisol Touraine, ministre desAffairessociales, auprs de Libration. Mmevupour sa collgue MaryliseLebranchu (D-centralisation): Lagauche et ladroitese sonttoujours retrouves dans les moments dunionrpublicaine. Mais il y a aujourdhui peut-trequelque chose de plus. Le sentiment davoir partager une responsabilit commune.Et donc se parler diffremment.Temprer. Desvuxpieux? Certains socia-listes veulent vite temprer les ardeurs desleurs. Jenoubliepas le black-blanc-beuretlemillion de manifestants du1 ermai2002, rap-pelleun conseiller ministriel. On dclarait leracisme enterr et on a eu dix ansde sarkozysmederrire.Un tnor du PS va dans le mmesens: Je crains que tout ce petitmonde socialistene retombe sur ses pattes ds lundi matin.Sarkozy la compris,il sinvite djsur RTL.

    LILIANALEMAGNA et ALAIN AUFFRAY

    Jean-MarieLePenadvoilsacandidatureauxrgionales.

    Pasde trvequi tiennepour leFN

    Au FN,la rcuplectoraletournedj plein rgime. Alors queplus de 3 millions de Franais

    dfilaient, Jean-Marie Le Pen na pashsit profiter dunerunionmilitante Tarascon(Bouches-du-Rhne) autourdune galette des rois pour confirmerquil conduirait la liste du parti dex-trme droite enPaca lorsdes rgionales

    en fin danne. A 86 ans, le prsidentdhonneur du FN rempilera doncdansune rgion o il a t lu pour la pre-mirefoisen 1992 eto ilpourraitlem-porter: Je suis la meilleure locomotivecompte tenu de mes derniers rsultats[aux europennes].Pasquestionpour Le Pen de respecterune quelconque trve en ces tempsdmotion. Au contraire. Commentcela,il ne serait pas convenable de parlerdlections en cette priode? a-t-illanc Librationpour justifier sontweet appelant voter pour MarineLe Pen en2017 etpubli vendredialorsque les assauts contre les terroristesnavaient mme past lancs. Je nesuis pas Charlie, je suis Charlie Martel,a mme os loctognaire, sappro-

    priant un slogan desmilitants du Blocidentitaire.Tous ces gens marchentavec unepancarte Jesuis Charlie,alorsquece sont descharlots quisont respon-sables de la dcadence de la France,aajout Le Pen pre ladresse de laclasse politique.Pas un hasard non plus si MarineLe Pen, persona nongrata la manifes-tationparisienne,a choisidaller mani-fester Beaucaire(Gard), ville rempor-te parle FN lors desmunicipales.Uneaction quia rapidement prisdes alluresde meeting. Acclame parun millierdepersonnes aux cris de Marine,laprsidente duFN a lancdu balcon delhtelde villemerci dtre l pour rap-peler lesvaleursde libert. Onest cheznous!lui ont alors rpondu ses sup-

    porteurs. Une manire aussi pourellede se dmarquerdu cortgeparisienodfilaient les principaux dirigeantseuropens et responsables des partispolitiques franais (lire ci-contre),autant de reprsentants de ceslitesquelle ne cesse dopposer au vraipeuple du pays rel.Untemps voquepourtrettede listeenPaca,ladpute FN du Vaucluse, Ma-rionMarchal-LePen,manifestait,elle, Montauban (Tarn-et-Garonne), d-nonant sur Twitter la civilisation fran-aise attaque etappelant lEtat-na-tion rempart contre la charia. A Paris,le FN sest content de dposer desfleurs la prfecture de police en hom-mage aux policiers tus.Je voudraisquonne votepasLe Pen aprs.Sinon, ilsseraient morts pourrien,a dclar ElsaWolinski,la fille du dessinateurassas-sin dans les locaux de Charlie.

    CHRISTOPHE FORCARI

    BenyaminNtanyahouet Franois

    Hollande,dimanche la

    grandesynagogue.

    PHOTOMATTHIEU

    ALEXANDRE.AFP

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    Degauche droite:BenyaminNtanyahou,NicolasSarkozy, le prsidentmalien, IbrahimBoubacarKeta,FranoisHollande,AngelaMerkel,Mahmoud Abbaset Matteo Renzi.PHOTOPHILIPPEWOJAZER. REUTERS

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    pasla transitionde ce pays. Jaisoulignque lasolutionpouvait tre pire quele mal,mais je naipas tentendu.Aujourdhui,le chaos rgne en Libye et ce pays est

    devenule sanctuaire de grou-pes qui dstabilisent toute largion. Ce qui sest pass au

    Mali esten grandepartie la consquencede la chute de Kadhafi. Aujourdhuiencore, cest de Libye que viennent lesarmes quicirculentdans le nord du Mali,cest en Libye que se rfugient les terro-

    ristes pourchapperaux forcesfranaiseset africaines.Ny a-t-il pas aussi une impuissancedesdmocratiesface cesgroupes int-gristes?Il faut continuer mutualisernos forces,cest la seule solution. Nous le faisonsdjauSahelaveclappuide la France traversle dispositif de scurit renforc mis enplace par loprationBarkhane. Il ne fautpas se leurrer: le combat va tre long.Reste que lhistoire nousenseigneque les

    extrmismes sortent toujours perdants,Cest ce quisestpass avec le fascisme enEurope, cest ce quiva se passer avec lin-tgrisme islamiste.En vous plaant en premire ligne danscecombat, ne risquez-vous pas de faire devotre pays une cible? Il y a dj eu plu-sieursprisesdotages et attentatsau Nigerces dernires annesNous navons pasdautrechoixque celuide dfendre nos valeurs. Or, si le terro-

    risme se nourritdu sous-dveloppement,il le renforce aussi. Nous avons d ac-cueillir prs de 150000 rfugis quifuyaient lesexactionsde Boko Haram auNigeria. Ils sajoutentaux 50000 rfugisquiont fuile Mali. Cest unelourde chargepour unpays pauvre. Ona souvent ditquelAfriquene faisaitpas assezface cesfor-ces dstabilisatrices. Mais lAfrique napas tconsulte quand lintervention enLibyea t dcide.Et puis, ilne fautpasoublier que, dans un pass rcent, nosforces de scuritont taffaiblies par lesprogrammes dajustementstructurel. LeFondsmontaire international et la Ban-quemondialenousont imposde neplusinvestirdans nos forcesarmes,consid-res commerpressives. Rsultat? Nousnous retrouvons avec des armes peu

    quipes, mal formes, peu entranes.Aujourdhuipourtant,tout le monde estdaccordpour direque le dveloppementet la dmocratieont aussi besoin de scu-rit, ce sonttroispiliersindissociables.Le drame qui sest droul en Francenclipse-t-ilpas lesmassacresen Afrique,oBokoHaramtue dixfoisplus?Non, il nya pasdmotion slective. Re-gardezla mobilisation plantaire suscitepar lenlvementdeslycennesde Chibokau Nigeria. Les gensse sentent concernset se scandalisent pour des drames quitouchent tout le monde. Cest ce quonvoit aussi avec la marche Paris.Vous avez djlu Charlie Hebdo?Oui, je lai lu,et je connaissais certains des

    journalistesassassins,comme Wolinskiet Cabu. Pourmoi, ce drame a aussiunedimensionpersonnelle,mais a nemp-chepas quaujourdhui, noussommestousCharlie.

    Recueilli parMARIAMALAGARDIS

    Il a tlun despremiers chefs dEtat exprimerle souhait devenir Parispour participer la marchequi sestdroule dimanche: Mahamadou

    Issoufou, prsident du Niger depuis 2011,est effectivementconcern.Son paysestentourde paysmenacspar le terrorismeislamiste (Libye, Mali et Nigeria). Il estaussi en premire ligne dans le combatpour y mettre un terme. Rcemmentencore,il fut le premier chef dEtat afri-

    cain appeler uneinterventionarme enLibye. Prsident dun pays majoritaire-ment musulman,il estaussile seul trevenu Paris avec lesplus hauts reprsen-tants des communauts musulmane etchrtienne de son pays: Cheik DiabiriOmaret monseigneur Michel Cartatguy(quiest basque).Dimanche, juste avant lamarche, ila accord Librationuneinter-view exclusive.Pourquoi venir Paris ce dimanche?Dsque jaisu quecettemarche tait pr-vue,jai voulu y participer,conscient quectait un vnement importantpourren-dre hommage aux victimes et montrernotresolidarit. Jai aussi tenu veniravecle prsident de lassociationislamiqueduNiger et larchevque de Niamey. Lessym-boles sont importants. AuNiger, lesreli-

    gionscoexistent pacifiquement, nousado-rons tous le mme Dieu. Il faut refuserles amalgames et rpter que ces terro-ristes quidfigurent lislam sontses prin-cipaux ennemis.Il fautse mobiliser car,si on ne ragit pasaujourdhui, on le ferademain dans des circonstances encoreplus difficiles.Y a-t-ilun lien entrece quisestpass enFrancecette semaine et la dstabilisationdu Sahel par desgroupes intgristes?Nous faisons face une seule et mmeinternationale terroriste, qui va duMoyen-Orient au Sahel, en passant parle Ymen. Ces groupes se revendiquentdu mme combat, comme laconfirm lundes deux assas-sins des journalistes de CharlieHebdo. Ilsontdes liensentre eux. Maisily a desdangers quinont pastanticips:ds le G8 Deauville, en 2011,jai alertsurles consquences nfastes de linter-vention en Libye si on naccompagnait

    LeNigrienMahamadouIssoufou, prsidentdunpayscern par les groupesislamistesqui svissent enLibye,auMalietauNigeria, appelle unemobilisationconcerteet immdiate contre ceuxqui dfigurent lislam:

    Nous faisons face une seule etmmeinternationale terroriste

    INTERVIEW

    Mahamadou Issoufou, prsident du Niger depuis 2011, Paris dimanche. FRDRICSTUCIN

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    A Madrid, dimanche,descentaines demusulmans ontmanifestcontrele jihadismeet lislamophobiedevant lagaredAtocha, lunedes

    cibles desattentatsdu11mars 2004. PHOTOJUANMEDINA.REUTERS

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    Lemouvement desolidarita suscit lacontroverseBeyrouth, certainsdnonantune socit hypocriteplusprompte semobiliser pour laFranceque poursonpays.

    AuLiban,lamobilisation

    fait grincerquelquesdents

    Dimancheen fin daprs-midi, plusieurscentainesde personnesse sontrassem-bles en hommageCharlie Hebdo ausquare Samir-Kassir,autour de la statue

    du journaliste libanais assassinen 2005.Si quel-quespancartes nvitaientpas la rcupration poli-tique, la plupart respectaient le motdordrede lamobilisation. Jesuis la libertdexpression meur-trie, Je pense donc je dessine, ou, plus sobre-ment, Jesuis Charlie. AymanMhanna, fondateurde la Fondation Samir-Kassir, avait fermementrappelles consignesavant le rassemblement. Lamanifestation serasilencieuse. Quellesque soientlesdiffrencesdopinions, elle runiraceux quicroientque la libertdexpressionne doitjamaistrerduite ausilence parle meur-tre. Pourlever toutmalentendu.Opportunisme.Car depuislannoncede la manifestation, et lutilisationpar

    les Libanaisdu hashtag Jesuis Char-lie, la controverse enflamme la Toile.Jesuis Beyrouthand Immoredamaged than Char-lie, clame un autre hashtag dnonantlopportu-nismede certainsLibanais quiprfrentse mobili-serpourdes causes extrieures.Ilssontincapablesde manifester pour leurs propres frres, pour leurssoldats pris en otage oupour leurs journalistes oupo-liticiensassassins. Et soudain, ilsse mobilisentpourCharlieHebdo? Quellehypocrisie, lcheHatemal-Khalil,31 ans.Chaquejour, desenfants syriens

    meurent de froiddans notrepays et personne ne ra-git, lance poursa partNayal-Rahi,29 ans. De-puis deuxjoursse rpand aussi Jesuis JabalMoh-sen, en rfrence lattentat-suicide revendiqupar le Front al-Nusra, qui a vis samedi soir cequartier alaouite de Tripoli et a fait neuf morts.La moiti desFranais devraient crire ce hashtagsur Facebook! crit ironiquement Safaa.Dautres voixont vu au contraire danslappropria-tionde Jesuis Charlie un geste salutaire. Cestloccasion pourles Libanaisde se rassemblerautourde la dfensede la libertdexpression, qui est si im-portante dans notrepayset dans lemondearabe, tel-

    lement elle est bafoue,argumente Ali Noured-dine, 25 ans.Apprenonsdes Franais,plutt quede leur donner desleonsde libertou de contre-ter-rorisme, sagacele blogueur Najib Mitridans BlogBaladi.La France se lve comme un seul hommecontre le meurtre de quatre journalistes controverss,alors que nous sommes incapables de rassemblerquelques milliers de personnesquandnos journalistesse font assassiner,ou pour protester contreles vio-

    LaFrance se lvecommeunseulhomme,alorsquenoussommesincapablesderassemblerquelquesmilliersdepersonnesquandnosjournalistes se fontassassiner.

    NajibMitridansBlogBaladi

    Sur la place Samir-Kassir, samedi Beyrouth, devant la statue du journalistelibanais assassin le 2 juin2005 dansun attentat la voiturepige. PHOTOANWARAMRO.AFP

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    lences faites aux femmes ou la prorogation illgaledu mandatdes dputs.Aucun tabou.Pluslargement,le termemmede dfensede la libertdexpression tait au curdesdbats. Insulter la minorit musulmane,qui atdjopprime pendant desdcennies decolonia-lisme,en publiantsur elle unesrie declichs nerelvepasde lalibert dexpression, estimeainsiun acti-viste quise faitappeler Georges Abdallah, du nomdu militantcommunistelibanaiscondamn pourdes attentats commis en France.La libertdex-pression cest le droit de tout dire, de navoir aucuntabou, contestele journalisteSalimal-Lawzi. Cestpouvoir se moquerde HassanNasrallah[leleader duHezbollah,ndlr] dupape,de Jsusou duProphte.Cest un droitvital.Lesprotestations surla Toileont aussi prisune di-mensionreligieuse,ravivant le dbat surles cari-catures de Mahomet qui avait embras Beyrouth

    en fvrier 2006,entranantlincendie de lambas-sade du Danemark par des milliers de manifes-tants survolts.Le leaderdu Hezbollah a pourtantcondamn,il y a troisjours, lemassacre CharlieHebdo: A traversleurs actes immondes, violents etinhumains,les groupestakfiristes ont port atteinteauProphteet auxmusulmansplus quene lont faitleurs ennemis [], plus queles livres, lesfilmset lescaricatures ayant injurile Prophte.

    De notre correspondant BeyrouthTHOMASABGRALL

    Des rassemblementsont eulieudansdesdizainesdevilles.Unhommage entachpar lincendievolontairedunquotidienallemand.

    De la Belgique laMongolie,unemarcheplantaireD

    es dizaines de milliers de per-sonnesont dfildimanchedansle monde en signe de solidarit

    avec lesvictimes desattentatsde Paris.Chaque paysou villeavecsa sensibilitpropre. Ainsi Bruxelles touchparunattentatayant vis leMuse juif dela ville en mai (quatre morts), plus

    de 10000 personnes se sont rassem-bles derrire le slogan Ensemblecon-tre lahaine. Bonnombre portaient desaffichettes Jesuis Charlie ou encoreLibertdexpression.Cette marcheci-toyennetait organise parun collectifde citoyens, dessinateurs,journalistes,syndicalistes, entrepreneurs, associationsde lutte contre la xnophobie et le racisme,reprsentants de partispolitiques belgeset franais. Alorsqueles Belges mani-

    festaient en masse,lquipe du quoti-dien leSoira dtrevacue aprsunealerte la bombe. a va pter dansvotre rdaction, vousne nous prenezpasau srieux,a affirm aujournalun in-terlocuteur anonyme.A Londres, un nouveau rassemblementa commenc en fin daprs-midi sur

    Trafalgar Square, o se mlaientpanon-ceaux Je suis Charlieet drapeauxfranais. En Allemagne, o lesmani-festantsdevaientse runir devant lam-bassadede France Berlin,des voix sesontlevespourdemanderau mouve-ment anti-immigration Pegida derenoncer organiser un nouveau dfil Dresde.Les victimes [deParis]ne m-ritent pas dtre instrumentalises par desagitateurs commeeux, a dclar le mi-

    nistrede la Justice, le social-dmocrateHeiko Maas,au journalpopulaireBild.Cetappelintervient alors quun enginincendiaire a vis dimanche matin leHamburger Morgenpost,un quotidienallemand de Hambourgqui avait publides caricatures de Mahometprovenantde Charlie Hebdo.

    Manifestations, rassemblementsou d-fils ont galement eu lieu dans despaysaussi diffrentsque leBurundi (ensolidarit avec la France), la Mongolie(Jesuis Charlie enlettresde feu) ouencore laRussie (o200 personnesontchant en chur la Marseillaise).Dautresmanifestationstaient prvuesplustard dcalage horaire oblige Washingtonet Montral.

    S.tr.

    Lextrieur de lambassade de France Londres, jeudi. PHOTOSTEFANWERMUTH. REUTERS Hommage devant lambassadede France Rome, jeudi.PHOTOALESSANDROBIANCHI.REUTERS

    Veilledes journalistes mongols Oulan-Bator, vendredi.PHOTOENTSENDORJBAZARSUKH.REUTERS Manifestation Tel-Aviv, samedi.PHOTOBAZRATNER.REUTERS

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    Retour sur laprisedotagesduHyperCacherdelaPortedeVincennes,

    racontepar lundes rescaps:

    Coulibaly nousadit:Voil pour

    ceuxqui tententde sedfendreI

    l est 13 heures Saint-Mand cevendredi: lheure defaireles der-nires courses avant le dbut dushabbat.Pourles juifspratiquants,

    cest un moment de repos et de re-cueillement, mais aussi loccasion debons repas en famille. Pour dautres,comme Nessim et sa compagne Ma-

    rie (1), 37anstouslesdeux, ilsagittoutsimplement de faire quelquesemplettesavant le week-end. Ce vendrediaprs-midi,les deux jeunesgensse sont ren-dus au magasin Hyper Cacher,avenue de la Portede Vincennes.La suprette estinstalleau rez-de-chausse dun petit immeuble, enbordure du priphrique.Elle avaitouvertil y a seulementdeuxou troisans etavait acquisune bonne rputation, tmoi-gne un riverain,client occasionnel.Laclientle tait locale, avecbeaucoupde fa-milles trstraditionalistesmangeant stric-tement casher. Maisa brassaitlarge,caril y avaitaussiun traiteuret uneboucheriecasher juste ct.De lautre ct du priphrique, Ro-main,vendeur dansun magasindlec-

    tronique, fume une cigarette sur sonbalcon. Du diximetage de songrandimmeuble, pas grand-chose ne luichappe. A un moment, jentends descoups de feu,raconte-t-il.Je vois deuxpersonnes, dont lune sembleblesse aubras, se prcipiter sur une voiture de policequi se trouvait l.Quelques instantsplus tard, dautres dtonationsse fontentendre. Amedy Coulibaly vient depntrer dans lHyper Cacher et dyfaire ses premiresvictimes.

    CHAMBRE FROIDE.Dans le magasin,Nessim etMarieont euxaussientendules dtonations.Ils se prcipitent aussi-ttversla portequi donne surle sous-sol, o se trouvent la rserve et unechambrefroide. Cest un employ mu-sulman du magasin, Lassana Bathily,quirefermera laportesureux ettein-dra le moteur de la chambre froide,avantde senfuir.Lesclients syretrou-

    vent unepetite dizaine, selonNessim,dont aumoinsun enfant. Cinqminutesplus tard, uneemploye envoye parCou-libalyest venuenous dire que,si nous neremontionspas,il tueraittout le monde l-haut, raconteNessim. Sa compagne etluiremontent alorsdans le magasin,ac-compagns dunjeune homme, Yohan

    Cohen.Selon le tmoignage de Nessim, cestune fois revenu ltage que Yohanaurait aperu la kalachnikovdu terro-

    risteposenonloinde lui,suruncarton, et aurait tent de senemparer. Ila sautdessus tandis

    que je me dissimulaisderrireun rayon,poursuitle tmoin.Jaientenduun coupde feu. Lorsque jai regard, le jeunehomme[Yohan] tait au sol. Et Coulibalynous dit: Voil cequi arrive ceux quiessaient de se dfendre.Le preneur dotages estquipdunfu-sil dassaut kalachnikov, dun pisoletmitrailleurSkorpionet de deuxarmesde poing russes Tokarev,dun gilet pa-re-balles et dun couteau. Nessim ditaussi avoir aperu des btons de dyna-

    mite dans unsac pos ausol. Plus loin,il voit un autre homme terre, suffo-quant. Coulibaly nous a demand si onvoulaitquil lachve. Onlui a ditque non.Il na rien fait et, au bout dune demi-heure, la personne na plus fait de bruit.

    SANDWICH LA DINDE.Apparemmenttrs dtendu, le terroristelaisseses ota-geslibres dese dplacerdans lemaga-sinet discute volontiersaveceux.Il leurordonnetoutefois deffectuerquelquestches: arracher les camras de sur-veillance, barricader la porte de livrai-son du magasin ou encore coucherquelques chariots au solpour que lesfemmes puissentsasseoir.Une rpartition des rles spontaneseffectueau sein du groupe: Commecertains avaient leur tlphone, ils don-naient des informations la police. Unautre soccupait de fairemarcher lordina-teur du magasinpour que Coulibaly puisse

    voir les informations, et moijessayais dele dtendredu mieux queje pouvais, ex-pliqueNessim. Comme il avaitlaird-

    tendu, je me disais qu un moment jepourrais tenterquelque chose contre lui.De toute faon, dans matte, jtaisdjfichu.Javais appelma mre pour luidireque jallais sans doute mourir. Mais jepensais ce qui arriverait aux autres sijchouais.Se servant dansles rayons, Coulibaly secompose unsandwich ladindecasher

    et invite ses otages faire de mme.Cest gentil mon pote, mais tu mascouplapptit,rpond Nessim, quile jihadiste a parailleurs interditla ci-garette.Il nous a dit que cest lui qui

    avait tu la policire de Montrouge, pour-suitlotage. Quilconnaissait bienles fr-res Kouachi. Quil agissait au nom de

    lEtatislamique.Il nous a mme ditquilnavait rien contre les juifs, mais quonpayaitnos impts lEtatfranais et doncquon le cautionnait.

    SOURICIRE. Selon Nessim,le terroristeaurait tquipdune camra GoProainsiquedunordinateurpersonnelsurlequel il auraitmanipulles images ainsi

    filmes. Il semontre aussi trsintressparles chanes din-formationqui couvrenten di-rect sa propre action.Commelatlne donnait pasles bonnesinformations, il sestnerv, ra-conteNessim.Comment a,il ny a pas de morts ? Ils vontvoirsilnya pas demorts!

    Coulibaly contactera lui-mmeBFM TVpour fairetat dubilan delattaque etexposer ses revendications notam-mentle retraitdes troupes franaisesdetous les Etats islamiques.

    RCIT

    Par DOMINIQUEALBERTINIetPATRICIATOURANCHEAU

    CommeCoulibalyavait lairdtendu, jemedisais qu unmoment jepourraistenter quelquechosecontre lui.Detoute faon,dansmatte, jtaisdj fichu.Nessim ex-otage delaPortede Vincennes

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    Vendredi,au borddu priphrique,laPortede

    Vincennes,la BRIse positionnepour intervenir.PHOTOSBASTIEN

    CALVET

    Pendant ce temps, ausous-sol de la su-prette, lattente se poursuit pour lesquelquespersonnes demeures dansla

    chambrefroide malgr les menaces deCoulibaly et une nouvelle visite delemployequil utilise comme mis-saire. Quelques coups de fil peuventtrepasss lextrieur.La tempra-ture baissait rgulirement, tmoigneMalik Yettou,conseiller municipal PS Saint-Maurice (Val-de-Marne), quisestentretenu avec lundes otages. Ilsdonnaient leur vtement pour couvrir le

    jeune enfant et plaisantaient en disantquils allaient ouvrirune bouteille de vinde la rserve.

    Dehors, la souricire se met en place.Depuis le dbut daprs-midi, le quar-tier estboucl, le priphrique stoppcertainspasseronttout laprs-mididansleurvoiture. Desdizaines de vhi-cules depoliceet dambulancesoccu-pentla chaussetandis quunhlicop-tre survole la zone. Les riverains sepressentaux terrasses. Ainsi queles ca-mras de tlvision, augranddam des

    policiers, qui vont dappartement enappartement pour prier la pressede re-descendre.

    Unecinquantaine dhommesde la bri-gade de recherche et dintervention(BRI) deParis etautantdu RaidmontentunPC commun sous des tentes,ra-conte ChristopheMolmy, patron de laBRI. Selon leur code, le terroriste de-vientTango, lesotages desOscarset lestireurs dlitedes Omega. Unecellule mixte de ngociation contacteAmedy Coulibaly aunumro aveclequel

    il a appelBFMTV. Le preneur dotagesdonneses exigences: Vousne devezpasvousattaqueraux frresKouachi, sinon jetue tout le monde. Selonle commissaireMolmy, le ngociateur a alorsle senti-

    mentque lonna aucune chance darriver laredditionde Coulibaly, quiest extr-mementcalmeet dtermin et consentduboutdes lvres envisager ventuellementde librer lenfant. On comprend quilfaudra vraisemblablement aboutir lassaut.Dcision dure prendre, sachant queCoulibalya pigle magasin etquilris-quait de faire sauter tout le monde. Leplanest valid parle prfetde policedeParis, Bernard Boucault, prsent surplace,et parle ministre de lIntrieur,BernardCazeneuve.Lorsqueles poli-ciers ontdes otages au tlphone,ils neleur parlent pas de ce qui se prparemaisleur donnentdes consignes: Sivous entendez descoupsde feu, mettez-voustous terre, les mainssur lanuque

    et ne levez surtoutpas la tte. Lassautdoit trecoordonn aveclinterventiondu GIGN contreles frres Kouachi, re-tranchs dans un entrept Dam-martin-en-Gole.Or, 16h57, ceux-cifontfeusur leGIGN. A Paris,le patrondu Raid,Jean-MichelFauvergue,donnele topdpartde lassaut.

    PAQUETS DE FARINE.Des charges ex-plosivesse dclenchentprsde lafaadedu magasin vers laquelle avancent lesagents cuirasss. Quandla vitrine a ex-plos,Coulibalya cri,raconte Nessim.Ila couru versla porte desecours, sur lect du magasin. Maisderrire celle-ci,setrouventMolmy etsa colonne: leplanprvoit en effet dattaquer parla portelatraledes livraisons pour faire diversion

    et attirer le terroriste, car les vitrines delentre ct ruesont opacifieset de grosconglateurs se trouvent derrire.Laco-lonnefaitsautercette entre secondaire,bloque parun diable et unepalette depaquets de farine. Coulibaly ouvre lefeu, blessantun policierau mollet, maisrecule devant la rplique.Etenduau sol, Nessim voit alorsle ter-roristese diriger vers lentreprincipaledu magasin, dont le rideau de fer sesoulve doucement. Coulibaly passetoutprsde sesotages sanssen prendre eux.Il ouvre enrevanchele feu sur lespoliciers.Je ne sais pas ce qui lui estpass par la tte mais il est sorti dans larue en tirant, blessant trois policiers duRaid, poursuit Molmy. Puis onla abattusur le trottoir. Lesotages, dont aucun

    nat bless pendantlopration, sor-tent en courant du magasin, contour-nant lescadavres tendus prs descais-seset celui, cribl de balles, du terroristequi voulait mouriren martyr.

    (1)Lesprnomsont tmodifis leur demande.

    Liregalement surLibration.frle rcitcompletdu patronde laBRI,ainsique letmoignagede Nessim.

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    Lancien prdicateurdelafiliredesButtes-Chaumont estdevenu

    apprenti infirmier.

    Benyettou,lex-mentordesKouachireconverti

    auraitputre gnant: dsormaislve infirmier, Farid Benyet-tou, quifut le prdicateur de lafiliredes Buttes-Chaumont

    ayant radicalisChrif Kouachidansles

    annes2000, effectuaitjusqucesder-niersjoursun stageaux urgencesde laPiti-Salptrire, Paris. Comme lePa-risienla rvl dimanche, et mme silnapas de responsabilit dansle mas-sacreperptrpar sonanciendisciplemercredi Charlie Hebdo, il a tretirdesplannings jeudi, et son stage dansle service accueillant les victimes desattentats a tcourt.Nun certain10 mai 1981 Paris, FaridBenyettouavaitt condamnen 2008 sixans de prisonfermepourson rledansune filirequi recrutait desjihadis-tespourles envoyer en Irak partirde2004.Condamndans le mme dossier,Chrif Kouachi, tuvendredi,expliquaitqueBenyettou,quidonnait descoursdereligion dansson appartement,a jou

    un rle central pour lui,affirmantno-tammentque ctaitcrit dansles textesquecest bien de mouriren martyr.Sorti de prisonen 2011, FaridBenyettoua intgrlInstitut de formation ensoinsinfirmiers(Ifsi). Une lvequi lyctoieet quia souhait garderlanonymat ra-conte Libration: Ona commenc laformation le 6 fvrier2012, et on a su dsla premire semaine quiil tait: quelquuna tapson nom surGoogle,et unarticleduMonde de2005 estsorti surla filireduXIXe.Ellele dcritcommesuperpopulaire, ayant prisbeaucoup das-surance,alorsquau dbut il ne regar-dait pasdansles yeux: Ila t lu dl-gude promoau semestre5. Ilramnedesbonbons et desMalabar tous lescours.Il est gentil. Il rigole.

    Ellela questionn surson pass.Il a r-pondu sans souci: Pourlui,cestun as-pectnormalde sa vie.Il ditqu lpoqueles mdias ont vachement exagr sur cequistait pass.Il nous a expliqu queluine faisaitque donner descoursde religion,et que, ensuite, ce ntaitpas sa faute sidesmecs allaientse fairepterl-bas,enIrak ou en Syrie. Il se ddouanait. Selonsesdires,il serait contre le fait de tuerdes civils; seulementdes militaires.Et,daprs une copine, il fait la formationpour ensuite aller en Syrie comme infir-mier, soigner desblesss, mais je nesaispas si cest vrai.LAssistance publique-hpitauxde Parisa prcis quesa situationtaitrgulireet connue, et quesi unecondamnationsurle casier judiciairelinterdit dtrerecrutsur unemploipublic,il peut enrevanchepasser le diplme, et exercerdansle priv.

    MICHELHENRY

    Dans unevidoposthumeposte surInternet, le terroriste justifie son acteet voque une actioncoordonneavec les frresKouachi.

    AmedyCoulibaly, disciplerevendiqude lEtat islamique

    Septminutes et dix-septsecondes.Cestletempsquila fallu Amedy Couli-baly,auteurde lassassinat de la poli-

    cirede Montrouge et dela prisedotage delhypermarch casher, poursignersa sinis-tremission. Dansune vidoposthume miseen ligne dimanche et authentifie pardessources prochesde lenqute, Abou Bassir

    Abdallah al-Ifriqisonnomde guerre r-vleavoir fait allgeanceau calife[Abou-Bakral-Baghdadi, chefde lEtat islamiquendlr] ds la dclarationdu califat,finjuin2014. Sensuitune longue tirade enarabe,que Coulibaly ne matrise pas tant il ba-fouille.Le film est dcoup en quatre chapitres.Lhomme, la robustecarrure, estvtudif-fremmentsur chacun deux; tantt enha-bitsreligieux, tantt engiletde protectionmilitaire. Dans la troisimesquence,surune tagre en arrire-plan, on distingueHygine de lassassin, lepremierlivre delaromancire belge AmlieNothomb.Que faites-vous? Des analyses sontmenes sous lautorit du parquet anti-terroriste de Parispour connatre la ou lesdate(s) de tournage,ainsi quelventuelleprsence de complices. Sur la vido, 3 minutes et 15 secondes,Coulibalyvoqueclairement loprationavec lesfrres Koua-chi,ce quilaissepenser quecertainspas-

    sages ontpu tre tourns aprs lesattaquesde Charlie Hebdoet de Montrouge. Fier delui, il explique: Les frres, dans notrequipe divise en deux, ont faitCharlieHebdo.Moi, je suis sorti un petit peu aussicontrela police.On a fait leschosesun petitpeuensemble,un petit peuspars, pour quea aitplus dimpact.

    Coulibaly dit ensuite sen prendre laFrance pour sonengagementdans la coali-tion contre le groupe Etat islamique: Vousbombardez rgulirementl-bas. Vous avezinvesti des forces. Vous tuez des civils. Voustuezdescombattants. Pourquoi? Parce quon

    appliquela charia? Mmechez nous, onnaplus ledroit dappliquerla chariamaintenant!Cest vous quidcidez dece quiva se passersurla Terre, cesta ? Non.Le terroriste conclut par une adresse auxmusulmansde France,quil somme de ra-gir: Quefaites-vous mes frres? Quefaites-vous? Quefaites-vousquandils insultent leProphte rptition? Que faites-vous quand

    ils massacrent la population entire ?Par ailleurs,selonEurope1, lesenquteursontdcouvertdimanche dansla matineun appartement qui aurait servi de basearrire Amedy Coulibaly. Des pistoletsautomatiques,des dtonateurs maisaussides papiers didentit, des cartesbancaireset des tlphones ont t saisis. Selon la

    radio, le logement se trouve Gentilly (Val-de-Marne), commune populaire de17000 habitants.Rapprochement.Dernierrebondisse-ment: la possibleimplicationde Coulibalydans une fusillade survenue mercredi

    20h30 sur lacouleverte deFontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine),soit la veille de las-sassinatde la policire munici-pale Montrouge. Un joggeurde 32 ans a t grivementblessparun inconnuqui lui atirdessus,le touchanttrois fois

    lajambeetaudos,selon le Parisien. Lex-ploitation balistique a permisdefaire unrapprochement entre les tuis percuts d-couverts Fontenayet le pistoletTokarev re-trouvsur les lieuxde lhypermarch casherPortede Vincennes,a indiqule parquet deParis.La section antiterroriste sestsaisiedecette enqutepour tentativedassassinat.

    WILLY LEDEVIN

    Capturedcrande la vido postepar Amedy Coulibaly et authentifiepar dessources prochesde lenqute. PHOTOAFP

    Les frresont faitCharlieHebdo.Moi,je suissorti unpetit peuaussi contrelapolice.Onafaitleschosesunpetitpeuensemble,unpetit peuspars.AmedyCoulibalydanssavidode revendication

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