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1 Année académique 2004 - 2005 L’INTEGRATION DES PE L’INTEGRATION DES PE L’INTEGRATION DES PE L’INTEGRATION DES PERSONNES HANDICAPEES RSONNES HANDICAPEES RSONNES HANDICAPEES RSONNES HANDICAPEES DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE VACANCE VACANCE VACANCE VACANCES : : : : QUEL APPORT POUR LES QUEL APPORT POUR LES QUEL APPORT POUR LES QUEL APPORT POUR LES PERSONNES VALIDES PERSONNES VALIDES PERSONNES VALIDES PERSONNES VALIDES ? Promotrice : Michèle PROVIS Mémoire présenté par Anne PONCIN Pour l’obtention du diplôme d’Assistant en Psychologie Haute Ecole Léonard de Vinci Haute Ecole Léonard de Vinci Haute Ecole Léonard de Vinci Haute Ecole Léonard de Vinci Institut Libre Marie Haps Institut Libre Marie Haps Institut Libre Marie Haps Institut Libre Marie Haps Sous le patronage de l’Université Catholique de Louvain Sous le patronage de l’Université Catholique de Louvain Sous le patronage de l’Université Catholique de Louvain Sous le patronage de l’Université Catholique de Louvain

L’INTEGRATION DES PE RSONNES HANDICAPEES … · Je la remercie pour les conseils ... mon frère, Amaryllis, Elizabeth, ... L’intégration est la reconnaissance du droit donné

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Année académique 2004 - 2005

L’INTEGRATION DES PEL’INTEGRATION DES PEL’INTEGRATION DES PEL’INTEGRATION DES PERSONNES HANDICAPEES RSONNES HANDICAPEES RSONNES HANDICAPEES RSONNES HANDICAPEES

DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE VACANCEVACANCEVACANCEVACANCESSSS : : : :

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Promotrice : Michèle PROVIS Mémoire présenté par Anne PONCIN

Pour l’obtention du diplôme d’Assistant en Psychologie

Haute Ecole Léonard de Vinci Haute Ecole Léonard de Vinci Haute Ecole Léonard de Vinci Haute Ecole Léonard de Vinci –––– Institut Libre Marie Haps Institut Libre Marie Haps Institut Libre Marie Haps Institut Libre Marie Haps

Sous le patronage de l’Université Catholique de LouvainSous le patronage de l’Université Catholique de LouvainSous le patronage de l’Université Catholique de LouvainSous le patronage de l’Université Catholique de Louvain

2

« Nous aurons au moins fait une expérience essentielle :

les différences sont une chance et non un obstacle.

Le handicap, même s’il comporte des difficultés, donne aussi lieu

à d’étonnantes richesses.

Ils ont maintenant cela dans leur bagage humain.

Ils seront là pour empêcher qu’une société aux tendances égoïstes

fasse de l’exclusion une habitude.

Ils seront là pour croire et pour témoigner que sans l’autre,

quel qu’il soit, on est bien pauvre. »

Jeunes en Mouvement, (2002). Dossier - S’ouvrir à la différence.

3

REMERCIEMENTS

Merci à toutes celles et ceux qui m’ont aidée dans la réalisation de ce projet.

Mes sincères remerciements vont en premier lieu à Madame PROVIS,

promotrice de ce mémoire. Je la remercie pour les conseils

qu’elle m’a prodigués tout au long de la réalisation de ce travail.

Un grand merci également à mes parents, mon frère, Amaryllis, Elizabeth,

Catherine et à tous mes proches qui m’ont apporté un soutien sans faille.

Je tiens aussi à remercier chaleureusement les animateurs et les enfants

qui ont participé aux entretiens de la partie pratique de ce mémoire.

Sans le concours et la disponibilité de toutes ces personnes,

ce travail n’aurait jamais vu le jour.

Un grand merci à vous tous.

4

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DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE DANS LES CENTRES DE VVVVACANCESACANCESACANCESACANCES ::::

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A mes yeux d’assistante en psychologie, ce mémoire étudie

plus particulièrement l’apport de la rencontre des

personnes valides avec des personnes handicapées .

La première partie de ce travail décrit, d’un point de vue

théorique, les mécanismes qui entrent en oeuvre durant

l’expérience d’intégration des personnes handicapées

auprès des personnes valides. En montrant ce qui se fait

actuellement dans la société et ce qui pourrait être amélioré

pour généraliser ces occasions de rencontre.

La deuxième partie développe, d’un point de vue pratique,

l’apport de cette intégration pour les enfants et les

animateurs durant un camp avec des enfants valides et

handicapés. Cette partie se base sur des entretiens

structurés réalisés durant celui-ci.

Ce travail tente de montrer que l’intégration contribue à une

modification des images stéréotypées sur le handicap et

permet de se former au civisme par l’expérimentation de la

solidarité et aussi par un apprentissage du vécu de la

différence. L’intégration est favorable à tous, autant pour

les professionnels que pour les enfants valides.

Cette expérience permet de déspécialiser la situation de

handicap par une diminution des présupposés sur les

incapacités et d’adopter une démarche plus individualisée

pour l’ensemble des enfants.

Ce travail se fonde sur les acquis techniques de mes études

d’assistante en psychologie ainsi que sur mon expérience

en tant qu’animatrice, entre autres, auprès d’enfants

handicapés.

5

IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN

I. QUESTION DE DÉPART

Quel est l’apport de la rencontre des personnes handicapées pour les

personnes valides dans les centres de vacances ?

II. IMPLICATION PERSONNELLE

Le sujet du mémoire a été choisi suite à une expérience personnelle.

L’animation en tant que bénévole dans les mouvements de jeunesse et entre autre

de camps en intégration avec des enfants valides et handicapés, depuis 3 ans, m’a

apporté énormément de choses mais il est très difficile de préciser lesquelles.

J’ai également eu l’impression que les rencontres avec les enfants handicapés

enrichissent les enfants valides qui participent à ces camps.1

Par ce mémoire, nous tenterons donc d’approfondir le vécu des personnes

valides suite à des expériences d’intégration. La rencontre de personnes

handicapées permet-elle une plus grande ouverture à la différence quelle qu’elle

soit ?

III. TRAVAUX TRAITANT DÉJÀ LE SUJET

En cherchant des données sur le sujet, nous nous sommes rapidement rendu

compte que rares sont les ouvrages qui traitent essentiellement de cette question.

Le vécu de l’intégration pour les personnes handicapées est très fourni en

littérature mais les auteurs se tournent plus rarement vers le vécu des personnes

valides.

Pour trouver les documents les plus intéressants, nous avons effectué les

recherches en Belgique, mais aussi en France dans la ville d’Angers. Cette

approche fut fort intéressante puisque beaucoup de littérature de psychologie se

développe en France et que ce pays a un autre fonctionnement en ce qui concerne

la scolarisation des enfants handicapés et l’intégration de ceux-ci.

1 J’utilise la première personne du singulier, pour ce paragraphe, car c’est une réflexion tout à fait personnelle.

6

IV. OBJECTIF DU TRAVAIL

L’enjeu de ce travail est de mieux comprendre les bénéfices de l’intégration

des personnes handicapées pour les personnes valides dans les loisirs mais ce

domaine étant très restreint au niveau des études, nous avons alors dû étendre nos

références théoriques à l’intégration en milieu scolaire. Nous n’avons

volontairement pas parlé des personnes handicapées dans le milieu familial car

ceci aurait trop élargi notre champ de travail, bien que cela aurait pu être aussi très

intéressant.

La partie théorique traitera donc de l’intégration dans un sens plus large, celui

des loisirs et de l’école. Et la partie pratique traitera uniquement de l’intégration des

personnes handicapées dans les camps de vacances et de ce que peuvent en

retirer les personnes valides.

V. ÉTAPES PARCOURUES

• Pour la réalisation de ce travail, nous avons d’abord tenté d’émettre des

hypothèses sur les apports de l’intégration pour les personnes valides.

• La réalisation des entretiens structurés de la partie pratique a très rapidement

suivi.

• Nous avons alors effectué les recherches théoriques pour essayer de réaliser

un travail préalable à l’analyse. Nous nous sommes rendu compte que pour

élaborer la partie théorique, nous partions aussi d’hypothèses.

• Nous avons alors réalisé l’analyse de la partie pratique presque en parallèle à la

partie théorique pour que les deux parties de ce travail s’enrichissent mutuellement

le plus possible.

7

PPPPPPPPRRRRRRRREEEEEEEEMMMMMMMMIIIIIIIIÈÈÈÈÈÈÈÈRRRRRRRREEEEEEEE PPPPPPPPAAAAAAAARRRRRRRRTTTTTTTTIIIIIIIIEEEEEEEE :::::::: TTTTTTTTHHHHHHHHÉÉÉÉÉÉÉÉOOOOOOOORRRRRRRRIIIIIIIIEEEEEEEE

Première Partie : Théorie

8

CCHHAAPPIITTRREE 11 DDÉÉFFIINNIITTIIOONNSS

I. VOCABULAIRE UTILISÉ

POUR LA POPULATION CIBLÉE

A travers les mots, se pose la question de l’identité et du regard que l’on porte

aux personnes !

Comme le dit I. Taubes : « Ce n’est pas un hasard si nous plaquons

indifféremment l’étiquette “handicapés” sur les individus aussi divers que les

aveugles, les trisomiques, les polyhandicapés de naissance ou depuis un accident,

les malades mentaux, ... Cet étiquetage témoigne de notre désir inavoué de créer

une frontière infranchissable entre nous, les normaux, et ceux qui ne sont pas dans

la bonne norme. »2

Un des premiers problèmes qui s’est posé à nous lors de nos recherches est

la question de la dénomination des personnes. Comment nommer, dans ce travail,

les personnes qui présentent ou non un handicap ?

Pour choisir nos termes, nous avons demandé l’avis de plusieurs personnes

et examiné les termes utilisés dans la littérature. Nous nous sommes rendu compte

que nous n’étions pas les seuls à être confrontés à ce problème et que chacun peut

avoir sa petite idée sur les termes nécessaires. Une foule de termes est utilisable et

utilisée.

Donc, pour les personnes handicapées, les propositions qui s’offraient à nous

étaient « personnes extraordinaires », « personnes non valides », « personnes

moins valides », « personnes déficientes » ou « personnes handicapées ».

Pour les personnes ne présentant pas de handicap, se présentaient aussi à

nous plusieurs propositions : « personnes valides », « personnes normales » ou

simplement « personnes ».

Que choisir parmi tous ces noms pour ne pas porter de jugement ou coller

d’étiquettes ?

2 Taubes, I. (2003). Pourquoi ils nous dérangent, Psychologie, 222, 79-81.

9

« Lorsque nous utilisons l’adjectif qualificatif “handicapé” et que nous parlons

de “bébés handicapés”, nous qualifions ce bébé à peine arrivé au monde d’un mot

très lourd de conséquences. Quelquefois, nous préférons parler d’une “personne

porteuse de handicap” afin d’introduire justement une distance entre le sujet et son

handicap. »3 Nous nous sommes rendu compte que dans chaque terme utilisable

un élément peut être perturbant, car ce n’est pas tellement le terme utilisé mais le

sujet abordé qui peut déranger.

Pour la réalisation de ce travail, nous avons décidé d’utiliser les termes de

personnes valides et personnes handicapées. Bien que notre idée première était

d'utiliser le terme « personnes moins valides », suite à l’éclairage de la littérature,

nous avons constaté que son utilisation est plus complexe.

Le nom de « personne handicapée » est plus couramment utilisé et trouve

une explication dans l’histoire (hand in cap, signifie : la main dans le chapeau et

trouve son origine dans les jeux de hasard). Tandis que l’utilisation de « personne

valide », permet de savoir exactement de qui nous parlons et de « catégoriser »

cette dernière comme nous le faisons avec l’utilisation du terme « personne

handicapée ».

II. QUELQUES DÉFINITIONS

1. DEFINITION DU « HANDICAP »

Selon le Dictionnaire de Psychologie, le handicap correspond à la « situation

d’une personne désavantagée d’une manière ou d’une autre par rapport à une

autre personne ».4

L’O.M.S.5 propose une classification internationale réalisée par le Professeur

Wood (1980). Trois axes définissent alors le handicap :

La déficience : toute altération d’une structure ou d’une fonction psychologique,

physiologique ou anatomique.

L’incapacité : réduction partielle ou totale de la capacité d’accomplir une activité.

Elle correspond à un écart par rapport à la norme en terme d’action d’un individu.

3 Kid’s Hope, (1994). A la rencontre d’un enfant pas comme les autres : colloque organisé le 6 mai 1993 par

Kid’s Hope dans les installations de la fondation Arnaud Fraiteur. Bruxelles : Kid’s Hope, p.18. 4 Sur base du cours : Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de l’Ouest. 5 O.M.S. : Organisation Mondiale de la Santé.

10

Le désavantage : le désavantage social résultant pour l’individu d’une déficience ou

d’une incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle normal.

2. DEFINITION DE « L’INTEGRATION »

L’intégration est la reconnaissance du droit donné à tout individu de participer

à la vie sociale c’est-à-dire d’en être un acteur à part entière. Le refus de

l’intégration est illégitime aux yeux de la loi.

L’intégration doit s’effectuer dans quatre domaines6 :

1) L’intégration scolaire

C’est le premier pas à effectuer pour que l’enfant handicapé s’intègre dans la

société. L’école est le premier lieu de socialisation, c’est un lieu où l’enfant va

appréhender l’autre, apprendre à vivre en société. Cette intégration pourra prendre

plusieurs formes, de l’intégration individuelle à l’intégration en classe spéciale.

2) L’intégration physique

Il doit y avoir un aménagement de lieux adaptés pour que les personnes

handicapées puissent vivre, se déplacer, …

3) L’intégration fonctionnelle

Cette intégration va permettre à l’individu d’assumer les activités quotidiennes

comparables à celles des personnes valides.

4) L’intégration sociale

Elle va permettre au citoyen handicapé de bénéficier de relations sociales par

différentes activités qui doivent leur être ouvertes. Par exemple : intégration dans

une activité sportive, dans une activité culturelle, dans une activité sociale. Les

familles mais également les institutions scolaires peuvent prendre l’initiative de

toutes ces activités intégratives.

6 Sur base du cours : Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de l’Ouest.

11

III. CLASSIFICATION DE DIFFÉRENTES

SORTES DE HANDICAPS

Nous pouvons rencontrer une multitude de handicaps comme il y a différentes

personnes handicapées. Mais nous pouvons réaliser des rapprochements en

fonction de certains comportements, capacités ou difficultés. Il est évident que nous

ne pouvons pas détailler toutes les formes de handicaps dans ce chapitre. Nous

avons choisi de nous baser sur les articles 19 et 20 des arrêtés d’application du

décret de la Communauté française du 20 septembre 2001 7 malgré le fait que cette

loi ne nuance pas les types de handicaps et ne laisse pas de place aux enfants

handicapés modérés et profonds.

1. ENFANT HANDICAPE LEGER

Un enfant handicapé léger est un enfant âgé de 30 mois à 21 ans, qui ne

nécessite pas d’aide ou alors seulement une aide partielle pour se laver, s’habiller,

se déplacer, aller aux toilettes, se nourrir, communiquer ou avoir conscience des

dangers.

Sont compris dans ce groupe :

• Les enfants ayant une arriération mentale légère ou modérée de cinquante à

cent pour cent d’invalidité.

• Les enfants trisomiques légers.

• Les enfants ayant des troubles instrumentaux ou du comportement.

2. ENFANT HANDICAPE LOURD

Un enfant handicapé lourd est un enfant âgé de 30 mois à 21 ans, qui

nécessite davantage d’aide ou une aide complète pour se laver, s’habiller, se

déplacer, aller aux toilettes, se nourrir, communiquer ou avoir conscience des

dangers.

7 Sur base de cette page Internet : Ecole de cadres FormAnim. (Page consultée le 24 avril 2005) Ecole de

cadres FormAnim, [En ligne]. http://www.formanim.com/visit/brevets/arrete-agrementcv.asp

12

Sont compris dans ce groupe :

• Les enfants qui ne peuvent se déplacer sans l’aide d’une tierce personne ou

sans l’usage d’un fauteuil roulant.

• Les enfants qui ne disposent pas de l’usage des deux jambes ou des deux bras.

• Les enfants sourds, muets ou aveugles.

• Les enfants atteints de maladies chroniques graves.

• Les handicapés mentaux ayant un quotient intellectuel inférieur à cinquante.

• Les enfants autistes.

13

CCHHAAPPIITTRREE 22

LL’’IINNTTÉÉGGRRAATTIIOONN DDAANNSS LL’’HHIISSTTOOIIRREE

EETT LLEESS SSOOCCIIÉÉTTÉÉSS

I. HANDICAP ET HISTOIRE

Le handicap a de tout temps intrigué. Le questionnement à ce sujet a toujours

existé, de manière positive ou négative. Nous allons ici, retracer un très bref

historique de la perception du handicap principalement en Europe occidentale.8

1. DANS LA GRECE ET LA ROME ANTIQUES

Les Grecs exposaient les nouveau-nés difformes afin qu’ils soient dévorés par

les animaux sauvages. Les pratiques étaient identiques dans la Rome Antique et

étaient même cautionnées par la « loi des douze tables ».

2. LES REPRESENTATIONS JUDAÏQUES ET CHRETIENNES

La conception judaïque au début de notre ère explique la maladie comme

venant de Dieu et étant la conséquence d’une faute. Mais cela ne veut pas dire

pour autant que, la malice vis-à-vis d’un infirme était supportée. Le sacrifice des

enfants est interdit et cela est stipulé tel quel dans le Lévitique (3e livre de l’Ancien

Testament), même si dans les faits, certains rois d’Israël l’ont autorisé.

Dans les évangiles, Jésus accueille et guérit aveugles, paralytiques, lépreux

(rejetés par la société) et ouvre la voie au respect de ces personnes.

3. AU MOYEN-AGE

Durant cette période, il existe des ambiguïtés dans les représentations des

simples d’esprit et des infirmes :

• Soit, ils sont sacrés car ils sont humbles.

• Soit, ils sont proches du démoniaque.

8 Sur base du cours : Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de l’Ouest.

Et sur base du cette page Internet : Association des jeunes chercheurs en sciences de la cognition. (Page consultée le 24 avril 2005) Le rituel et le matériel, [En ligne]. http://www.anthropologieenligne.com

14

Les hôpitaux servent d’asiles lorsqu’il faut séparer ces personnes du reste de

la population. Ils sont assimilés aux pauvres et acquièrent le droit de mendier.

4. DE LA RENAISSANCE AU DEBUT DES TEMPS MODERNES

Les personnes handicapées comme tous les vagabonds sont vus comme un

danger pour le bien public. Les fous sont enfermés dans des hospices, des asiles

ou des maisons de travail obligatoire qui se répandent un peu partout en Europe.

Mais le 18e siècle voit quand même la création à Paris d’une école spécialisée pour

les enfants aveugles et d’une école pour les sourds-muets avec l’utilisation du

langage gestuel. Les premiers traités d’éducation spécialisée voient le jour.

5. LE 19E SIÈCLE

Les conditions de vie des enfants handicapés, des orphelins ou des pauvres,

restent lourdes de brutalité à l’intérieur des asiles. Néanmoins des lois sont

promulguées, obligeant les services publics à prendre en charge les personnes

démunies et handicapées. Des efforts pédagogiques sont entrepris pour éduquer

les handicapés. Les causes organiques de la déficience mentale sont mises en

lumière avec les progrès de la médecine. La Déclaration des Droits de l’Homme

(1789) porte ses effets et la perspective humaniste transforme la façon de voir la

personne handicapée mentale.

6. LE DEBUT DU 20E SIECLE EN EUROPE ET EN AMERIQUE DU NORD

En 1850, avec l’effort pédagogique fournit par Seguin (fondateur

d’établissements pour enfants atteints de déficience mentale), l’institution était vue

comme un centre éducatif et thérapeutique.

Au début du 20e siècle, la tendance s’inverse, le projet éducatif visant le

développement de la personne handicapée mentale, est remplacé par

l’institutionnalisation. L’institution est alors un lieu d’enfermement basé sur un

fonctionnement en vase clos écartant toute possibilité de développement social.

Les institutions sont gigantesques et la vie y est très rude. Il faut protéger les

« normaux » face aux « anormaux ».

En Amérique du Nord le mariage de personnes handicapées mentales est

interdit et la stérilisation forcée est appliquée, comme en Europe. Les premiers

tests de QI (Binet – Simon) donnent une assise à la discrimination des personnes

handicapées mentales.

15

7. DE 1933 A 1945 DANS L’ALLEMAGNE NAZIE : L’EXTERMINATION

En Allemagne, l’application stricte de la loi de stérilisation des personnes

handicapées mentales est la première étape vers l’extermination de ces personnes.

L’étape suivante sera l’euthanasie, dans un premier temps par injection et ensuite

par gazage. Les handicapés mentaux ou moteurs seront donc les premières

victimes du régime nazi. Elles seront considérées comme « semi humaines » ou

des « vies sans valeur ». Elles étaient considérées comme un danger pour le

patrimoine génétique du peuple allemand.

8. DEPUIS 1950 EN EUROPE

Après la guerre, les déclarations des droits des personnes, entres autres la

Déclaration des droits de l’enfant (1959) et celle des droits du déficient mental

(1981) se mettent en place. Ces déclarations reconnaissent le devoir de la

communauté d’assurer une mission spéciale de protection de l’enfant handicapé.

La personne atteinte de déficience mentale est reconnue comme jouissant des

mêmes droits que les autres êtres humains. Elle peut bénéficier d’un traitement

approprié en fonction de sa situation.

Il y a, dans la Déclaration des droits du déficient mental, la volonté d’inscrire la

personne handicapée mentale dans la communauté humaine, de reconnaître sa

famille, et de la protéger des abus.

Si actuellement le statut de la personne handicapée a beaucoup évolué dans

notre pays, il reste encore des pays d’Europe où leur situation est déplorable. C’est

le cas entre autre en Roumanie, suite au régime communiste du dictateur Nicolae

Ceaucescu (déchu en 1989), où les enfants handicapés sont encore abandonnés

par les familles, pris en charge par l’Etat qui les enferme dans des asiles, sans

soins adaptés, dans des locaux insalubres, sans un minimum d’hygiène et sous la

surveillance d’un personnel sans qualification. Amnesty International dénonçait

encore en 2004 le sort déplorable réservé aux handicapés mentaux et la

maltraitance dont ils sont victimes en Bulgarie

En conclusion, cet aperçu historique nous interroge sur la place de la

personne handicapée et celle de la différence en général dans les sociétés. Il met

en évidence la négation des personnes et de leur place dans la communauté

humaine durant plusieurs siècles et fait ressortir la ségrégation institutionnelle.

16

Heureusement, après 1950, en Europe occidentale, il y a intégration de la personne

handicapée dans la société. Cela se révèle entre autre par la création d’écoles

spécialisées.

II. HANDICAP ET SOCIÉTÉ

La vision du handicap n’évolue pas seulement au cours du temps. Elle varie

également en fonction des sociétés.9

1. LE HANDICAP DANS LES SOCIETES INDUSTRIELLES

Dans certaines sociétés, la formule du ghetto est encore utilisée à ce jour

pour mettre à l’écart les personnes handicapées. C’est ce que les pays d’Europe

occidentale ont découvert avec effroi en décembre 1989 en Roumanie. En Bulgarie

aussi, les personnes handicapées sont mises à l’écart de la société, dans des

hôpitaux psychiatriques, sans mesure thérapeutique ou de réinsertion.

Heureusement, tous les pays n’ont pas les mêmes comportements et nous

pouvons observer chez nous une autre façon d’agir. Même s’il reste parfois une

tendance à tout faire pour que ces personnes retournent dans la norme.

2. LE HANDICAP DANS LES SOCIETES TRADITIONNELLES

Le corps ayant une grande place dans les sociétés traditionnelles, le fait d’être

mutilé, est une atteinte à l’image de la personne. Dans ces sociétés, le rejet des

personnes handicapées est réel.

Prenons l’exemple de la réincarnation où le fait d’être une personne

handicapée est considéré comme une punition car cela signifie qu’elle a vécu une

mauvaise vie précédemment.

9 Sur base du cours : Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de l’Ouest.

17

III. MÉCANISMES D’EXCLUSION

Dans toutes les sociétés, au-delà des différences culturelles et malgré

l’évolution historique, les attitudes de rejet persistent et continuent de se manifester

sur le plan social.10

La logique de l’exclusion commence par désigner l’autre comme radicalement

différent. C’est un mécanisme de projection qui consiste à rejeter, du dedans vers

le dehors, les pensées, sentiments ou attitudes déplaisantes pour le moi. Puis, les

personnes exclues feront l’objet de la haine et du rejet.

L’exclusion et l’intégration sont deux mots qui semblent s’opposer

naturellement. Pourtant les situations d’exclusion et d’intégration peuvent produire

de nombreux paradoxes. Les procédures d’intégration produisent parfois à leur insu

des situations d’exclusion : l’intégration dans un milieu « normal » peut-être une

forme d’exclusion si la personne handicapée est coupée de contact et d’échanges.

Et au contraire, l’exclusion dans un établissement spécialisé peut être une forme

d’intégration si dans cet endroit la personne handicapée trouve un lieu agréable

pour y vivre.

Par définition, une personne handicapée est une personne qui n’appartient

pas au monde des personnes valides. Cette constatation produit d’elle-même une

forme d’exclusion. Pour les personnes handicapées, cela peut être une source de

grande solitude. C’est ce qui crée chez les personnes valides l’envie d’intégrer les

personnes handicapées parmi elles. Mais il faut faire attention à ne pas abuser de

ce fonctionnement, il ne convient peut-être pas à tout le monde. Par exemple :

un enfant handicapé intégré dans une classe d’enfants valides peut se sentir exclu

car s’il a l’impression de ne rencontrer aucun enfant comme lui. Il peut être privé

des images d’identification nécessaires à tout enfant lors de son élaboration

psychique.

D’autres formes d’intégration peuvent alors être envisagées : la création de

structures qui accueillent un tiers d’enfants handicapés parmi deux tiers d’enfants

valides par exemple. Ce fonctionnement permet à tout enfant handicapé et valide

de trouver des images d’identification et de grandir avec cette variété d’images.

10 Sur base du livre : Sausse, S. (1996). Le miroir brisé : l’enfant handicapé, sa famille et le psychanalyste.

Calmann-Lévy : s.l, p.145-147.

18

CCHHAAPPIITTRREE 33

LL’’IINNTTÉÉGGRRAATTIIOONN AAUUXX YYEEUUXX DDEE LLAA LLOOII

EETT DD’’UUNN PPOOIINNTT DDEE VVUUEE ÉÉTTHHIIQQUUEE

I. TEXTES DE LOI BELGE

1. LE DECRET SUR L’ANIMATION DES ENFANTS

ET DES JEUNES HANDICAPES

D’application depuis le 20 septembre 2001, le Décret portant sur les centres

de vacances prévoit des dispositions particulières pour l’intégration et l’animation

d’enfants handicapés.11 Il ne s’agit pas d’intégrer n’importe comment. C’est

pourquoi des règles existent.

• La norme d’encadrement pour un centre de vacances organisé en faveur

d’enfants handicapés est de un animateur pour trois enfants handicapés légers et

de un animateur pour un enfant handicapé lourd.

• Un animateur sur quatre doit être porteur du brevet d’animateur avec une

spécialisation de minimum quarante heures pour l’animation d’enfants handicapés.

• Certaines subventions sont accordées, celles-ci varient en fonction du degré de

handicap de l’enfant.

2. LES LOIS SUR L’INTEGRATION SCOLAIRE

Comme nous l’avons vu, la première forme d’intégration se réalise par l’école.

Dans ce milieu aussi, il existe des règles à respecter et cela est dicté par la loi de

1970.

Elle a imposé deux principes de base :

• La règle générale est que l’enfant doit fréquenter une classe d’enseignement

ordinaire et que la fréquentation d’une école spéciale doit représenter l’exception et

doit être justifiée par l’avis d’un professionnel (par exemple : un psychologue).

11 Sur base de cette page Internet : Ecole de cadres FormAnim. (Page consultée le 24 avril 2005) Ecole de

cadres FormAnim, [En ligne]. http://www.formanim.com/visit/brevets/arrete-agrementcv.asp

19

• L’enseignement spécialisé est organisé en huit types ou huit organisations

pédagogiques censées chacune répondre au mieux aux besoins particuliers des

enfants.

Cette loi a conduit à la fermeture de nombreuses classes spéciales créées à

l’intérieur d’écoles ordinaires et à la mise en place d’un système d’école autonome.

Il existe très peu de liens entre les écoles ordinaires et les écoles spécialisées.

La loi de 1970 a été modifiée en 1986 et permet dorénavant à un enfant placé

dans une école spécialisée de fréquenter à temps partiel une école ordinaire.

Des lois permettent donc l’intégration des enfants handicapés parmi les

enfants valides, mais les structures d’accueil suivent-elles ? Quelles sont les idées

des personnes valides sur ce sujet ? Que peut-on faire ou non dans l’intégration ?

II. ÉTHIQUE ET HANDICAP

B. Robinson,12 psychanalyste, part d’une question fondamentale par rapport à

ce sujet : « Comment voulons-nous vivre avec les personnes handicapées

mentales ? » Nous pouvons nous demander ce qui est le mieux pour nous, mais

également ce qui est le mieux pour eux ?

B. Robinson développe en disant que le handicap mental a toujours existé.

Il existera encore jusqu’à ce que la médecine nous permette de l’éviter, de ne plus

y être confronté. Mais ce ne seront que les progrès scientifiques et technologiques

des médecins qui sont compatibles avec nos choix éthiques de citoyen qui seront

acceptés.

En attendant, le handicap mental existe. Des réponses différentes ont été

apportées aux questions de l’acceptation du handicap, et encore actuellement, des

réponses différentes sont fournies selon les pays, selon les cultures.

Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas découvert d’attitudes qui soit

universelle. Mais dans notre société, nous remarquons malgré tout une évolution

vers un souci d’intégration.

Le handicap nous confronte bien à une question éthique qui concerne

principalement le rapport social, celui que nous voulons avoir avec les personnes

12 Ethique et handicap. (Page consultée le 25 avril 2005) Le groupe Liégeois de l’Ecole Belge de

Psychanalyse, [en Ligne]. http://users.skynet.be/godard/Textes/Ethique/ethique.html

20

handicapées. Comme toutes les questions éthiques, celle-ci n’est pas

définitivement résolue, et ne le sera sans doute jamais.

Cependant nous pouvons observer certaines réponses plus particulières.

Quelles sont les réponses éthiques de l’Occident concernant le handicap mental ?

B. Robinson se risque à une formulation : « Nous voulons vivre, nous devons vivre

avec la personne handicapée mentale, en lui permettant d’accomplir son humanité

singulière, celle que nous pouvons partager avec elle, dans la mesure de ses

moyens. Sa dignité d’homme ou de femme est aussi la nôtre. »

Selon ce psychanalyste, le handicap ne relève pas du même processus

d’exclusion que nos difficultés à traiter les problèmes du quart-monde. Pour

B. Robinson, l’obstacle à la rencontre des personnes handicapées se trouve au

niveau de la reconnaissance et de la responsabilité. (Ce que nous développons

dans ce travail dans un chapitre sur « le miroir ».13)

Selon cet auteur, il faut également être attentif à ne pas désirer que les

personnes handicapées nous ressemblent le plus possible, nous copient, …

L’étrangeté de ces personnes nous rappelle notre étrangeté. Et c’est avec cette

question d’étrangeté et ce qu’elle cache qu’il nous faut travailler.

Toutes ces questions peuvent à elles seules remplir un travail, nous n’y

répondrons donc pas en tant que tel dans ce travail-ci.

13 Voir chapitre 5 : le handicap comme miroir déformant.

21

CCHHAAPPIITTRREE 44

LLEESS SSTTIIGGMMAATTEESS

EETT LLEESS DDÉÉTTEERRMMIINNAANNTTSS SSOOCCIIAAUUXX

I. LES STIGMATES

1. LA THEORIE DE GOFFMAN TRAITANT DES STIGMATES

Goffman (1975) consacre une grande part de sa théorie à la stigmatisation et

aux stigmates14. Le stigmate est une marque, un signe distinctif. C’est souvent une

marque physique mais cela peut aussi être une marque mentale.

Le risque du stigmate est qu’il a tendance à amplifier des actes

caractéristiques d’une personne. Il devient alors le stigmate de cette personne vu

par une autre (ce qui empêche la mise en œuvre de l’égalité). Il est ainsi difficile de

traiter avec égalité quelqu’un qui dans nos représentations possède un handicap

physique ou mental.

2. LA CONSTRUCTION DE LA REPRESENTATION DU HANDICAP

CHEZ L’ENFANT

Tout enfant va se construire une image de lui-même et ensuite des autres.

Cela se passe dans les différents milieux qu’il peut côtoyer, mais c’est

particulièrement en famille que l’enfant construit son système de valeurs. Ensuite,

cela se joue dans l’école et les différents groupes que l’enfant va rencontrer.

Dans ses rencontres, l’enfant est confronté à des valeurs positives mais

également négatives. S. Feard15 nous signale la « relative stabilité » des valeurs

quel que soit l’âge de l’enfant. Nous pensons qu’il est donc fondamental de

travailler la tolérance dès le plus jeune âge.

Malgré tout, les représentations évoluent avec l’âge. En effet, les enfants plus

jeunes se décrivent eux-mêmes comme bien élevés, bons élèves, courageux.

14 Sur base du livre : Feard, S. (1986). Les stéréotypes de valeurs de l’enfant handicapé chez l’enfant valide.

s.l, p.4. 15 Sur base du livre : Feard, S. (1986). Les stéréotypes de valeurs de l’enfant handicapé chez l’enfant valide.

s.l, p.3.

22

Tandis que les enfants plus âgés se décrivent comme travailleurs, francs,

honnêtes. L’élément qui fait varier les représentations est la maturité de l’enfant.

3. LES VALEURS ATTACHEES AU HANDICAP

Goffman dit que les valeurs attachées au handicap d’une personne sont avant

toute négatives.

Une étude réalisée à l’Université de Liège par l’institut de Psychologie16

montre que les enfants valides qui ont côtoyé des enfants handicapés, jugent ces

derniers comme : remuants, farceurs, forts, costauds, laids, en désaccord avec

leurs camarades et leurs parents. Alors que lorsqu’ils élaborent leur propre

autoportrait, ils se disent : sages, calmes, polis, sociables, courageux, francs,

intelligents, serviables, dépendants. Il faut évidemment nuancer les résultats en

fonction du type de handicap que les enfants valides doivent décrire.

Des entretiens réalisés auprès d’enseignants17 indiquent, qu’avant l’arrivée

d’enfants handicapés dans leur classe, ils ont les images suivantes de ces enfants :

• Limités dans leurs facultés d’expression, de communication.

• Limités dans leurs facultés de compréhension.

• Limités dans leurs facultés d’apprentissage.

• Enfermés dans un monde qui leur est propre (cette vision s’applique entre autre

à certains enfants trisomiques et enfants autistes).

« La représentation de l’enfant handicapé et de manière générale, la

représentation de soi en interaction avec autrui (ami, non ami) paraît être

déterminée principalement par l’environnement social de l’enfant valide. »18

Les stéréotypes vont s’établir, se renforcer, se matérialiser par le jeu, les

croyances, les attitudes, les normes, … véhiculés par le milieu. Il existe certains

stéréotypes sociaux que notre société ou le milieu de vie de l’enfant va proposer,

voire imposer à celui-ci.

16 Cité dans : Feard, S. (1986). Les stéréotypes de valeurs de l’enfant handicapé chez l’enfant valide. s.l, p.4. 17 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.195. 18 Sur base du livre : Feard, S. (1986). Les stéréotypes de valeurs de l’enfant handicapé chez l’enfant valide.

s.l.

23

Le travail de tolérance, s’il doit exister, ne peut s’effectuer qu’oralement et dès

le plus jeune âge mais il doit s’effectuer nécessairement parallèlement à une

éducation axée sur les représentations sociales de soi en interaction avec autrui.

II. LES DÉTERMINANTS SOCIAUX

Il revient régulièrement que l’entourage a une grande influence sur

l’acceptation ou non du handicap. C’est pourquoi nous allons dans ce chapitre,

essayer de clarifier les processus qui interviennent dans ces influences.

1. LA SOCIALISATION PAR LA FAMILLE ET L’INTERACTION

AVEC L’ADULTE

Fisher19 précise que les préjugés et attitudes se développent en même temps

que se déroule la socialisation de l’enfant et qu’ils résultent d’un apprentissage

social. Selon cet auteur, c’est le milieu familial qui conditionne en premier lieu les

préjugés et les attitudes. Les parents constituent le modèle qui, au départ, sera la

source privilégiée de connaissance pour l’enfant. En effet, c’est à travers eux que le

monde lui est expliqué. L’enfant apprend donc les comportements sociaux en

observant et en imitant ses parents. La famille peut donc être considérée comme

un lieu d’apprentissage privilégié en ce qui concerne la manière d’entrer en contact

avec autrui.

Nous pouvons également dire que le monde de la socialisation proposé par la

famille induit des tendances durables autant dans les attitudes que dans les

comportements. Le contexte familial particulier dans lequel chaque enfant grandit

ne peut donc pas être ignoré. Mais attention, une même attitude éducative aura des

effets différents sur des enfants qui sont également différents.

Giot et Mainguet 20 ont mis en évidence divers types de comportements

parentaux qui influencent les attitudes et les comportements de l’enfant. L’enfant

peut apprendre des comportements généraux par la simple observation des

comportements de l’adulte.

19 Cité dans : Pierrard, L. (2002). Représentations et attitudes à l’égard de l’enfant handicapé mental chez les

professionnels du handicap et chez les enfants en comparaison avec des familles contrôles. Université de Liège.

20 Cité dans : Pierrard, L. (2002). Représentations et attitudes à l’égard de l’enfant handicapé mental chez les professionnels du handicap et chez les enfants en comparaison avec des familles contrôles. Université de Liège.

24

Les facteurs les plus favorables au développement de la décentration sociale sont

les suivants :

• Des relations gratifiantes entre adultes et enfants.

• Les comportements altruistes des adultes à l’intérieur et à l’extérieur de la

famille.

• La verbalisation par les adultes de leurs propres sentiments et de ceux des

personnes auxquelles ils viennent en aide.

• La préoccupation des adultes pour des problèmes sociaux (vie des personnes

handicapées ou défavorisées, …).

• Leur encouragement pour que les enfants s’imaginent à la place d’autrui et en

interprètent les sentiments.

• Le feed-back correctif lorsque les enfants ont des réactions particulières.

• Les renforcements que les parents donnent aux comportements altruistes des

enfants.

Il est très interpellant de se rendre compte que certains enfants ont des

paroles non habituelles pour leur âge. Une étude menée par des étudiants de

l’Université catholique de l’Ouest à Angers,21 montre des discours d’enfants

fortement liés aux idées des parents. Et cela se remarque lorsque l’enfant utilise

des arguments ou un vocabulaire inhabituel.

2. LA SOCIALISATION A L’ECOLE

La majorité des écoles sont explicitement centrée sur la transmission des

connaissances « académiques », cela se traduit entre autre par le projet

pédagogique. Toutefois, un certain nombre d’attitudes et de comportements sont

implicitement valorisés par l’école, y compris la tolérance ou le respect des

différences individuelles. Cela varie donc en fonction du travail valorisé dans les

écoles. L’enfant est-il d’abord évalué en fonction de ses connaissances

académiques ou en fonction de ses caractéristiques personnelles et de ses

relations avec ses pairs ?

21 Sur base du cours : Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de l’Ouest.

25

Ces différences entre les écoles ont une incidence directe sur les attitudes

des enfants valides envers leurs pairs handicapés. Dans le contexte d’un

enseignement « académique », l’élève handicapé devra apporter la preuve de ses

compétences pour être en compétitivité avec les enfants valides. Par contre, dans

une école qui travaille plus sur la notion d’acceptation de la différence, il sera plus

facile pour l’élève handicapé de s’appuyer sur l’entraide et sur l’ouverture d’esprit

des élèves valides et donc de s’intégrer.

Il serait intéressant de projeter ce modèle pédagogique dans un modèle

éducatif plus général. Notons qu’en France l’organisation de l’enseignement est

différente et permet la création de classes spécialisées (appelée CLIS) intégrées

dans une école normale. Certains enfants « handicapés » des CLIS peuvent

intégrer des classes « normales » lors de certaines activités ou cours, ils sont

également ensemble durant les récréations.

L’organisation de l’enseignement en Belgique ne permet pas cette pratique.

Alors que nous avons vu l’importance de réaliser ces expériences d’intégration dès

le plus jeune âge.

Nous nuancerons malgré tout en disant que la Belgique met néanmoins en

place d’autres accès pour les personnes handicapées. Nous ne pouvons ici, faire

une critique du système belge, mais nous voulions montrer qu’il y a encore des

réponses (que d’autres pays ont parfois trouvées) à donner à l’intégration.

26

CCHHAAPPIITTRREE 55

LLEE HHAANNDDIICCAAPP CCOOMMMMEE

MMIIRROOIIRR DDÉÉFFOORRMMAANNTT

I. ORIGINES DE L’ANGOISSE FACE AU HANDICAP

L’altération de l’intégrité physique de nos semblables nous touche souvent

profondément. Prenons, par exemple, le spectacle d’interventions chirurgicales qui

peut affecter certaines personnes comme si elles subissaient elles-mêmes

l’intervention. De la même façon, nombreuses sont les personnes qui ne peuvent

supporter la vue d’un acte aussi banal que celui d’une piqûre sans s’identifier au

malade.

Nous pouvons donc comprendre qu’un phénomène identique

« d’empiètement de l’extérieur sur l’intérieur » peut se produire lorsque nous nous

trouvons en présence d’une personne handicapée. La déficience nous affecte

intimement, elle nous interpelle. Qui n’a jamais croisé une personne handicapée en

se demandant comment il pourrait supporter lui-même ce handicap ? Le handicap

nous touche, comme si nous avions un jour risqué ou comme si nous pouvions

encore risquer de devenir nous-mêmes sourds, paralysés, fous, …

Pour comprendre ce phénomène, il faut revenir à ce qui se passe dans les

premiers mois de la vie du tout petit. Le bébé, s’identifie aux personnes qu’il voit

dans ses premières perceptions, ses parents en particulier. Ils ont fonction de miroir

pour lui. Ce n’est qu’au bout de quelques mois qu’il réalise que l’image de sa

personne n’est pas ce qu’il voit de sa mère ou de son père, mais le reflet mouvant

qu’il aperçoit sur la surface du miroir, lorsqu’il se regarde. L’enfant et plus tard

l’adulte, n’abandonne jamais véritablement ce premier mode de perception de la

réalité extérieure.

L’enfant continue de se représenter un objet auquel il rêve plus ou moins de

s’identifier : un pareil, un semblable, un pair, … L’homme a besoin de vouloir

ressembler aux autres pour pouvoir se sentir en communauté avec son entourage

social. Face à une personne handicapée, nous pouvons avoir peur car son

étrangeté révèle aussi notre propre étrangeté que nous voulons parfois ignorer.

27

Nous ne sommes plus alors en communauté avec l’entourage social qui est notre

idéal.

Les personnes déficientes nous concernent dans la mesure où tous nos

semblables nous concernent. « Nous nous apercevons, mais il faut des années

pour cela, que cet enfant étrangement inquiétant ne nous est pas si étranger que

cela. »22

Nous pouvons illustrer cette idée par le témoignage d’une professionnelle

(rencontrée par S. Sausse) travaillant dans des CAMSP23 :

« Rien dans mon histoire, ne m’avait préparée à m’occuper de personnes

handicapées. Cependant, si j’y suis restée, si je m’y suis intéressée, et même

passionnée, c’est parce que j’ai découvert qu’il ne s’agissait pas d’un hasard.

Ce n’est qu’après bien des années de pratique auprès de ces êtres sans langage

que j’ai compris pourquoi je persistais à vouloir à tout prix entendre ceux qui ne

parlent pas. Et je me suis aperçue que la situation particulière de ces enfants que

personne n’écoute ou ne comprend ne m’était pas si étrangère… Si je souhaitais

tant prêter ma voix aux humiliés de la parole, n’avais-je pas été, moi aussi, l’un

d’eux ? »24

Une autre théorie, pour expliquer l’angoisse, selon C. Herou et S. Korff-Sausse

cite la peur émanant des idées de vie et de mort. « Un bébé atteint d’une anomalie

suscite un choc émotionnel qui mobilise toujours des idées de vie et de mort. »25

Les avancées de la médecine, avec le diagnostic anténatal, ne font qu’accentuer

l’ambivalence à l’égard de cet enfant handicapé, vécu comme une erreur de la

médecine, un raté de la prévention.

22 Sausse, S. (1996). Le miroir brisé : l’enfant handicapé, sa famille et le psychanalyste. Calmann-Lévy :

s.l., p.9. 23 CAMSP : Centre d’Action Médico-Social Précoce. (En France). 24 Sausse, S. (1996). Le miroir brisé : l’enfant handicapé, sa famille et le psychanalyste. Calmann-Lévy :

s.l., p.12. 25 Herou, C. & Korff-Sausse, S. (1999). Intégration collective des jeunes enfants handicapés : semblables et

différents. Ramonville Saint-Agne : Erès, p.10.

28

II. COMPORTEMENTS POSSIBLES LORS DE CONTACTS

AVEC LES PERSONNES HANDICAPÉES

Pour cette partie, nous allons principalement nous baser sur les propos

de M. Ringler.26

1. LE DENI DU HANDICAP

Il permet à certaines personnes de ne voir dans leur entourage que des

interlocuteurs normaux ou acceptables, ce comportement est inconscient. Il devient

conscient lorsque nous nous assurons qu’il vaut mieux ne pas tenir compte du

déficit de l’enfant, afin d’éviter de lui renvoyer une image trop dégradée de

lui-même, en ayant peur de le blesser encore davantage. Ce mode de

fonctionnement peut être risqué pour le développement de l’enfant si des attitudes

adéquates ne sont pas réalisées et que l’on n’apporte pas de réponses appropriées

(prises en charges rééducatives, ...) à ses difficultés.

2. LE REJET DU HANDICAP

Le rejet du handicap peut revêtir des formes très variées : de la simple

hésitation jusqu’au dégoût, en passant par l’attitude de rationalisation. Cette

dernière est sans doute la plus fréquente lorsqu’il s’agit d’essayer d’intégrer des

enfants handicapés dans des activités extrascolaires. Il peut arriver que des

personnes aient l’idéal d’un monde parfait en tête et que face à la découverte du

handicap, elle soit blessée narcissiquement car le handicap renvoie à leur propre

image.

3. L’ATTITUDE DE MAITRISE

Certaines personnes peuvent tenter de maîtriser leurs angoisses attachées à

la déficience par le contrôle tout puissant de l’enfant en difficulté : stratégie de

défense qui s’apparente beaucoup à celle du déni, puisqu’elle consiste à faire en

sorte que le jeune déficient soit comme tout le monde, qu’il ne présente pas de

difficultés visibles.

26 Sur base du livre : Ringler, M. (1998). L’enfant différent : accepter un enfant handicapé. Paris : DUNOD,

p.107-108.

29

4. LES COMPORTEMENTS SPONTANES

Lorsqu’il s’agit de comportements spontanés, quand l’on croise une personne

handicapée dans la rue par exemple, I. Taubes nous dit : « On n’est jamais aussi

bien effrayé que par sa propre imagination. Les pensées que nous prêtons, en

toute ignorance, aux personnes handicapées ne sont pas pour rien dans l’embarras

qu’il nous arrive de ressentir en leur présence. »27

Ainsi, en constatant qu’un non-voyant ou une personne en fauteuil roulant

s’apprête à traverser une rue, beaucoup d’entre nous ressentent une gêne aussitôt

suivie d’une foule de questions sur le comportement qu’il serait judicieux d’adopter.

Que dois-je faire ? Lui proposer mon aide ? Comment ? N’est-il pas plus

respectueux de faire « comme si de rien n’était » ? Comment va-t-il le prendre ?

Nous pensons que la meilleure solution consisterait à interroger le principal

intéressé sur ce qu’il souhaite mais peu d’entre nous osent le faire, s’imaginant que

communiquer avec quelqu’un qui se trouve du mauvais côté de la norme est

impossible. Un peu comme si la personne handicapée ne pouvait en aucun cas

être tenue pour un sujet à part entière. Ceci est une perception de la personne

handicapée, destinée, inconsciemment, à nous rassurer sur notre propre

« normalité ».

III. RESPONSABILITÉ

Etre responsable veut dire se porter garant. Implicitement dans toute

rencontre humaine, dans tout lien social, une question se pose : « Qui est

garant de qui ? »28

Cette question se trouve également à tout stade de la vie : entre les parents et

les enfants, entres les pairs, … C’est une question de confiance également.

Selon B. Robinson,29 le handicap vient décevoir l’attente parentale légitime.

Il parle ici principalement du handicap mental qui montre des facteurs de

dépendance plus élevés que le handicap physique. Selon lui, nous ne pouvons pas

compter sur les personnes handicapées pour soutenir notre propre existence, pour

27 Taubes, I. (2003). Pourquoi ils nous dérangent, Psychologie, 222, p.80. 28 Ethique et handicap. (Page consultée le 25 avril 2005) Le groupe Liégeois de l’Ecole Belge de

Psychanalyse, [en Ligne]. http://users.skynet.be/godard/Textes/Ethique/ethique.html 29 Sur base de la page Internet : Ethique et handicap. (Page consultée le 25 avril 2005) Le groupe Liégeois de

l’Ecole Belge de Psychanalyse, [en Ligne]. http://users.skynet.be/godard/Textes/Ethique/ethique.html

30

contribuer à créer un tissu social collectif qui nous permet de nous soutenir les uns

les autres, pour maintenir la vie contre la mort.

Par contre, dans l’émission « Ça se discute »,30 nous pouvons remarquer que

la présence de certains enfants handicapés permet au contraire de créer des liens

sociaux plus forts qu’avant. Nous pensons que cela doit varier fortement d’un

contexte familial et social à un autre.

La déficience des personnes handicapées suscite inévitablement de l’intérêt,

de la gêne ou de l’angoisse, émotions qui sont à l’origine de réactions de

protection, d’accaparement ou de contrôle de notre part.

La meilleure position face à ces réactions consiste encore à demeurer lucide,

afin d’éviter qu’elles n’agissent en dehors de notre contrôle conscient. C’est en

prenant acte de nos réactions affectives inconscientes que l’on parvient à adopter

une attitude juste et naturelle avec les personnes handicapées. Cela devient alors

plus clair et moins culpabilisant.

30 France 2. (2005). Comment grandissent les enfants handicapés ? Ça se discute. Mercredi 11 mai 2005.

31

CCHHAAPPIITTRREE 66

LLEESS MMOODDIIFFIICCAATTIIOONNSS DDEE PPEERRCCEEPPTTIIOONN

EENN FFOONNCCTTIIOONN DDEE LL’’ÂÂGGEE EETT DDUU SSTTAATTUUTT

I. L’ÂGE

Pour toutes relations de personne à personne, il doit y avoir acceptation des

caractéristiques de chaque individu. La personne valide est donc également

impliquée et ses caractéristiques personnelles vont jouer dans la manière dont elle

considère la personne handicapée. L’âge est un des premiers facteurs dont il est

intéressant de tenir compte.

Comme nous l’avons vu dans le chapitre sur les stigmates, il est important de

travailler la tolérance dès le plus jeune âge. Cette idée peut être illustrée par une

observation faite par J.E. Rynders31 : les enfants valides jeunes acceptent mieux

leurs pairs handicapés du même âge que les enfants valides plus âgés (également

par rapport à des pairs du même âge).

J.E. Rynders a réalisé d’autres études qui permettent de voir l’influence de

l’âge sur la perception des personnes handicapées. Il fait une comparaison. D’une

part, il observe qu’entre des enfants valides d’un même âge, les liens sociaux

tendent à être amicaux et réciproques. Par contre, lorsqu’une différence d’âge

existe, les rôles varient : les enfants plus âgés sont plus directifs et les plus jeunes

plus dépendants.

Une autre étude réalisée encore par J.E. Rynders apporte les données

suivantes : une grande différence d’âge entre partenaires avec et sans handicap

est associée à une pauvreté de la réciprocité des interactions, en comparaison

avec des partenaires d’âge identique. Lorsque l’enfant handicapé est plus âgé, il

ressort que les enfants valides inhibent certains comportements de jeu. Les auteurs

émettent l’hypothèse que cela serait dû au fait que l’enfant valide est intimidé par la

taille de l’autre en discordance avec ce dont un enfant non handicapé de son âge

31 Cité dans : Jonet, M-P. (1994). L’intégration d’enfants handicapés dans les mouvements de jeunesse :

enquête auprès des chefs. Université catholique de Louvain, p.36.

32

serait capable. Tandis que lorsque l’enfant valide est plus âgé de quelques mois et

jusqu’à 2 ans, les relations qui s’établissent sont réciproques.

Les relations au sein d’un groupe de personnes valides et handicapées ne

sont pas diamétralement opposées. Ce sont les mêmes genres de relations qui

s’installent, des relations plus ou moins égalitaires selon les âges considérés.

D’une manière plus précise, nous pouvons reprendre certains éléments

influents à chaque tranche d’âge de la vie. B. Giot 32 explique les attitudes et

comportements de l’enfant valide vis-à-vis de ses pairs handicapés à chaque

tranche d’âge :

• De 0 à 3 ans, l’enfant valide note progressivement les différences propres à

l’enfant handicapé. Il perçoit très précocement l’orientation positive ou négative des

attitudes de l’adulte. Il peut adopter des comportements de sympathie ou de

protection conformes aux modèles proposés par l’éducateur ou parfois se montrer

jaloux de l’attention spéciale accordée aux enfants handicapés. Les contacts avec

le jeune handicapé varient aussi en fonction de la personnalité et des

comportements de ce dernier. Plus rarement, l’enfant valide agit agressivement.

• De 3 à 6 ans, l’enfant s’affirme, son langage et ses savoirs sociaux se

développent. L’ouverture aux autres semble liée à une meilleure compréhension

des besoins des autres, à des sentiments d’amitié, au désir d’être approuvé par

l’adulte, aux bénéfices secondaires du comportement. Dans le cas où il y a

absence d’aide, cela semble être lié à la crainte de la désapprobation de l’adulte, à

l’embarras et à l’ignorance de la réaction appropriée, à un sentiment d’inquiétude

pour soi-même. Les comportements d’aide, d’attention, de surprotection sont

fréquents et l’enfant handicapé semble parfois mieux compris par ses pairs que par

l’adulte ; l’agressivité est rare. L’intérêt pour le handicap est manifeste : les

questions sont nombreuses. L’apparence physique de l’enfant handicapé semble

jouer un rôle plus important que précédemment. Les enfants les plus rejetés sont

ceux qui manifestent des comportements agressifs, égocentriques, perturbateurs.

L’attitude de l’adulte vis-à-vis des jeunes handicapés est prépondérante : l’enfant

valide saisit l’orientation positive ou négative de l’attitude de l’adulte et tend à

l’imiter.

32 Sur base de la revue : Giot, B. (1991). Handicap-Info, 1987, p.94.

33

• De 6 à 10 ans, l’enfant devient plus sensible aux normes, aux modèles

dominants. Il se définit par rapport aux autres et à leurs différences. « Je ne suis

pas comme ça. » Ses relations sociales augmentent en quantité, en qualité et en

même temps, les pressions exercées par les pairs s’accentuent. Il a tendance à

rejeter les manifestations émotionnelles perturbatrices et les comportements

inhabituels. Les difficultés de communication sont un obstacle important aux

interactions sociales. Les retards intellectuels sont jugés très négativement.

• De 9-10 ans à 14-15 ans, l’enfant ou l’adolescent cherche à comprendre le

monde et remet peu à peu les normes des adultes en cause ; son corps se

transforme, ses relations sociales sont nombreuses mais ses engagements sont

plutôt fragiles et variables. Il peut s’intéresser aux personnes handicapées et les

accepter ; il peut s’engager dans une action en leur faveur ; il peut aussi les éviter

(risque d’être remis en question, besoin de s’affirmer).

Par ces quelques précisions, nous nous rendons compte de l’importance d’un

des nombreux éléments influençant les attitudes des enfants : l’âge. Notons aussi

le rôle que joue la prise de position de l’adulte et des pairs car il contribue à la

définition des normes. Ils jouent le rôle de stéréotypes sociaux.

Mais tous les auteurs ne sont pas du même avis. En effet, une expérience

réalisée en Italie nous dit : « L’intégration des sujets handicapés est bien tolérée

par les autres enfants quand ils sont petits mais elle l’est plus difficilement par les

adolescents. »33 L’auteur développe cette idée, en disant qu’à l’adolescence, les

contacts qui avaient pu se développer avec les enfants handicapés s’estompent

devant d’autres intérêts.

D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon et P. Durning vont dans le même sens

que cette étude réalisée en Italie car ils nous disent que les activités des enfants à

tel ou tel âge influence l’intégration. « Le type d’activités pratiquées par les petits

favorise l’insertion : les jeux imaginaires, les activités de manipulation permettent à

tout enfant, même handicapé, de trouver son mode de participation. Avec l’âge, le

groupe d’enfants devient beaucoup plus fortement structuré, hiérarchisé, avec ses

leaders, ses règles, ses rivalités, ses compétitions. Celui qui ne suit pas trouve

difficilement sa place. Point n’est besoin d’être handicapé pour se trouver mis à

l’écart. »34 33 Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe. Paris : E.S.F, p.64. 34 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p. 77-78.

34

L’âge est donc un élément déterminant dans les représentations que l’enfant

valide peut se faire de ses pairs handicapés. Le rôle de l’entourage va permettre à

l’enfant valide de s’impliquer ou non dans une relation avec des enfants handicapés

et cela quel que soit l’âge. Les éducateurs devront alors mettre en place un cadre

qui permet de trouver des même centres d’intérêts pour favoriser les échanges

entre les enfants valides et les enfants handicapés.

II. LE STATUT

J.E. Rynders35 s’est posé la question de savoir comment les enfants valides et

handicapés participant à une activité commune peuvent être préparés à une

coopération36 réussie.

Les rôles attribués aux enfants valides sont souvent du type « tutorat » ou

« socialisant ».

• Dans un programme de tutorat, l’enfant valide reçoit une instruction

systématique quant à la manière d’être auprès d’un enfant handicapé. Il s’agit d’une

relation verticale, semblable à celle d’un enseignant vis-à-vis de ses élèves.

• Dans un programme socialisant, il s’agit d’une relation horizontale où les

enfants valides et handicapés sont invités à des relations égalitaires et amicales.

Ce rôle permet d’éviter une attitude autoritaire de l’enfant valide. Cette relation a

donc à long terme moins d’effets négatifs.

Donaldson37 est également d’accord avec ce point de vue car il favorise

l’égalité des statuts dans les relations entre personnes valides et handicapées.

Il montre aussi que lorsque la personne handicapée est significativement plus jeune

ou lorsqu’elle est placée dans une position où elle reçoit une assistance, le contact

est moins bon.

Il est donc important de veiller à ne pas renforcer la différence qui existe entre

les enfants valides et les enfants handicapés, mais plutôt de renforcer l’aspect

égalitaire et amical. On réduit ainsi la marginalisation de l’enfant handicapé.

35 Cité dans: Jonet, M-P. (1994). L’intégration d’enfants handicapés dans les mouvements de jeunesse :

enquête auprès des chefs. Université catholique de Louvain. 36 Coopération : Action de participer à une oeuvre commune. 37 Cité dans : Jonet, M-P. (1994). L’intégration d’enfants handicapés dans les mouvements de jeunesse :

enquête auprès des chefs. Université catholique de Louvain.

35

CCHHAAPPIITTRREE 77

LLEESS IINNFFOORRMMAATTIIOONNSS DDOONNNNÉÉEESS

AA LLAA PPEERRSSOONNNNEE VVAALLIIDDEE

I. LES INFORMATIONS PAR LES CONTACTS

Parmi les éléments influençant l’attitude des enfants handicapés, les

informations données aux enfants valides jouent un rôle important pour que le

moment de l’intégration se déroule positivement.

1. QUAND DONNER L’INFORMATION ?

Une expérience en école d’intégration indique les moments où les

enseignants donnent les informations aux enfants valides.38

Les informations jouent un rôle d’autant plus important qu’il s’agisse, pour un

groupe d’enfants valides, de la première expérience d’intégration. Lorsque l’enfant

handicapé n’a jamais été présent ou en contact avec des enfants valides, les

informations, lorsque cela est possible, sont données avant l’arrivée de celui-ci.

Elles consistent essentiellement en une présentation de l’enfant handicapé.

Par contre, si cet enfant est déjà présent dans l’école et déjà été vu par les enfants

valides, les informations sont alors données en réponse aux questions, réflexions

ou attitudes des élèves valides à l’égard de l’enfant handicapé. Il semble que les

enseignants préfèrent se guider sur les réactions des enfants valides pour apporter

les précisions nécessaires, au moment qui leur semble opportun. Dans tous les

cas, les enseignants choisissent de donner cette information en l’absence des

enfants handicapés concernés pour permettre une plus grande liberté de parole.

38 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.63.

36

2. QUEL EST LE CONTENU DE CES INFORMATIONS ?

Toujours dans cette expérience d’intégration en école, les auteurs39 nous

donnent quelques pistes sur le contenu des informations à donner.

• Les enseignants qui informent les enfants semblent considérer qu’en évitant des

effets de surprise ou des réactions d’incompréhension vis-à-vis de sa situation

singulière, ils facilitent l’accueil de ce jeune handicapé par les autres enfants.

• Il peut s’agir d’informations sur le handicap de l’enfant, le type de difficultés que

cela implique, les mesures particulières qu’elles nécessitent.

• Ou bien, il peut s’agir d’explications visant à susciter la compréhension et la

tolérance des enfants à l’égard de certains comportements surprenants que le

handicap entraîne parfois.

• Des recommandations sur l’attitude à adopter par les élèves envers leurs

camarades handicapés font également partie des éléments d’informations.

J.E. Rynders40 est également d’accord sur ce dernier point. Il estime que les

enfants valides ont besoin de recevoir de l’information quant au comportement à

adopter avec leurs pairs handicapés.

• Quand et comment les aider ? Quand ne pas les aider ? L’enfant valide sera

plus à l’aise si on lui explique la raison probable du comportement d’un enfant

handicapé qui le surprend parce qu’il est excessif ou sort des règles du jeu.

• Les enfants valides ont également besoin de savoir si l’enfant handicapé

bénéficie des échanges, s’il comprend un petit peu et s’il vit bien ces moments de

relation.

• Il sera utile de suggérer à l’enfant valide une manière d’intervenir et de

poursuivre la relation.

Mais l’information à fournir aux personnes valides ne fait pas l’unanimité parmi

les auteurs.

39 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.65. 40 Cité dans : Jonet, M-P. (1994). L’intégration d’enfants handicapés dans les mouvements de jeunesse :

enquête auprès des chefs. Université catholique de Louvain, p.39.

37

Certaines recherches menées par Donaldson41 montrent que les contenus

des informations sont peu spécifiques et/ou risquent d’être confondus avec le

contact direct ou indirect des personnes handicapées, avec l’analyse de la nature

des préjugés ou avec la personnalité et les attitudes de celui qui informe.

Nous pouvons remarquer que les attitudes de l’informateur peuvent influencer

les comportements des personnes renseignées.42

Les auteurs ont remarqué que l’information donnée aux élèves est moins

fréquente lorsqu’il s’agit d’enfants présentant des troubles mentaux. Dans de rares

cas, il s’agit de la simple annonce de leur arrivée et pour d’autres, accueillis dans

une même classe, d’une remise au point.

Nous pouvons, alors, nous demander si les enseignants ne sont pas plus

hésitants à donner des explications à leurs élèves, quand les handicaps leur

paraissent plus flous ou mal définis.

La question de l’information à donner ouvre un champ d’investigation.

Comment transmettre ces communications ? Quel contenu ? Quelle forme leur

donner pour obtenir un résultat optimal ? A qui et par qui les fournir ? Nous

laisserons ces questions ouvertes afin de montrer l’importance d’adapter les

réponses en fonction de chaque rencontre.

3. FAUT-IL CONNAITRE LE DIAGNOSTIC ?

Selon D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon et P. Durning43 la classification

donnée à titre d’information aux différentes personnes valides permet de mettre

une distance, de classer le handicap dans une catégorie qui ne les décrit pas

entièrement.

Le fait de nommer le handicap, si cela cache la personne handicapée, est

dangereuse. Ce besoin d’information révèle le souci d’être rassuré et d’exorciser

notre propre peur du handicap. Mais cette manière de fonctionner ne permet pas

de comprendre les réactions que l’enfant peut avoir car celles-ci peuvent varier

également en fonction de toute son histoire.

41 Cité dans : Jonet, M-P. (1994). L’intégration d’enfants handicapés dans les mouvements de jeunesse :

enquête auprès des chefs. Université catholique de Louvain, p.39. 42 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.63. 43 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p. 81-88.

38

Selon ces auteurs, mieux connaître un enfant handicapé et l’aider à son

adaptation dans la collectivité n’implique pas de nommer en premier lieu le

handicap ou de pointer son origine. Car alors, il s’agit d’une réduction des capacités

de la personne tant les facteurs réels sont nombreux et complexes. C’est

également un fonctionnement qui masque les problèmes car les difficultés d’un

enfant ne sont pas toujours là où on les attend.

II. LE RÔLE DES MÉDIAS

De nos jours, le handicap n’est plus caché comme précédemment. Il est

même parfois montré de manière très ouverte dans l’intimité des personnes ayant

un handicap. Jusqu’où pouvons nous aller pour que ce ne soit pas du voyeurisme ?

Les médias diffusent souvent des images différentes, très contradictoires, des

personnes handicapées. Prenons le film « Le huitième jour », la presse a rehaussé

l’image de la personne handicapée en suscitant d’un autre côté l’appel à la pitié qui

déplaît aux personnes handicapées. Mais il est aussi important de donner aux

jeunes handicapés des modèles de héros qui, comme eux, ont rencontré de

grandes difficultés dans l’acceptation et la réalisation d’eux-mêmes.

Nous pouvons également voir l’émergence de spots publicitaires qui nous

disent : « Quittez la fibre de l’apitoiement, changez votre manière de regarder les

handicapés physiques. »44 Ces spots peuvent parfois sembler provocateurs ou à la

limite du débat mais cela permet d’alimenter les discussions.

EXEMPLE DE SPOT PUBLICITAIRE AYANT SUSCITE DE NOMBREUX

DEBATS

La scène se passe dans un restaurant. Autour de la table, plusieurs convives

écoutent l’un d’entre eux. Il monopolise la parole avec des propos de ce genre :

« Si les femmes ne travaillaient pas, il n’y aurait pas de problèmes… Une bonne

guerre, y’a que ça de vrai : je suis sûr que l’économie repartirait… Elle s’est plainte

de harcèlement sexuel, elle le cherche oui ! »45 Autour de lui, on reste coi. A ce

moment-là, la caméra change de plan et montre – de dos – l’oracle qui a tenu ces

discours : il est dans un fauteuil roulant. Une voix off dit alors : « Cet homme est

44 Gruber, P. (2003). Un spot mi-ange, mi-démon, Le vif l’express, p.51. 45 Gruber, P. (2003). Un spot mi-ange, mi-démon, Le vif l’express, p.51.

39

une personne handicapée. Mais avant tout, cette personne est un con. Les

personnes handicapées sont des femmes et des hommes comme tous les autres. »

Ce spot publicitaire montre le désir des personnes handicapées d’être

considérées comme n’importe quelle autre personne valide. Mais il passe d’un

extrême à un autre. Nous pouvons nous demander s’il n’aurait pas été plus

judicieux de valoriser cette personne dans un spot publicitaire qui montrerait une

personne valide aidée par une personne handicapée ?

En même temps, il ne faut pas se leurrer. Il existe des centres qui ont besoin

de jouer avec la pitié pour pouvoir subvenir aux besoins des personnes qui ne le

peuvent seules et pour qui une aide extérieure est nécessaire. Malheureusement,

certains de ces centres doivent parfois fonctionner grâce aux dons, sans soutien

financier de l’état. Il ne s’agit nullement de faire ici leur procès ni de nier leur travail

d’intégration, car ils sont souvent dans l’obligation de faire appel à la générosité

publique pour survivre afin d’accomplir un laborieux travail. Mais nous nous

rendons compte de l’ambiguïté profonde de ces démarches médiatiques et des

répercussions sur le public.

Nous pensons qu’il est utile de mener des réflexions autour de ces images,

c’est à partir des échanges à ce sujet que les choses pourront changer, évoluer.

Il faut donc être attentif à la manière dont le public perçoit certaines images.

Une difficulté se présente dans certaines émissions télévisées qui ne permettent

pas de suivi dans les réactions.

40

CCHHAAPPIITTRREE 88

LLEESS HHAANNDDIICCAAPPSS IINNFFLLUUEENNÇÇAANNTT

LL’’IINNTTÉÉGGRRAATTIIOONN

D’un point de vue psychologique, P. Bonjour et M. Lapeyre46 nous font

remarquer que certaines formes de handicaps sont mieux accueillies que d’autres.

I. LES HANDICAPS LES MIEUX TOLÉRÉS

Les handicaps les mieux tolérés sont :

• La débilité légère.

• L’infirmité motrice non cérébrale.

• L’amblyopie (diminution de l’acuité visuelle).

II. LES HANDICAPS LES MOINS BIEN TOLÉRÉS

Les handicaps les moins bien tolérés sont :

• L’infirmité motrice cérébrale.

• La surdité profonde.

• La cécité.

• Les troubles graves de la personnalité. Cela est dû au caractère déroutant des

réactions imprévisibles, l’agressivité, l’apparente inaccessibilité à toute pédagogie,

les graves problèmes de communication.

D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon et P. Durning47 nous disent qu’un

handicap physique empêche moins l’insertion qu’un handicap mental. La plupart

des enfants handicapés physiques peuvent trouver des terrains où ils font jeu égal

avec les enfants valides : jeux de société, déguisements, musique, tout ce qui fait

appel à la réflexion et à la parole, …

46 Sur base du livre : Bonjour, P. & Lapeyre, M. (1994). Handicaps et vie scolaire, l’intégration différenciée.

Lyon : Chronique sociale, p. 95. 47 Sur base du livre : Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en

centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p. 78.

41

Par contre, la barrière du handicap mental est plus difficilement franchissable.

Il suffit de voir le caractère extrêmement péjoratif et méprisant de l’expression

« espèce de débile ». Il est d’autant plus facile de se moquer de celui qui ne

comprend pas grand chose, la personne qui insulte risque moins de se faire

remettre en place.

Avec les enfants handicapés mentaux, le terrain d’entente est plus difficile à

trouver. Mais cela n’empêche pas certaines réalisations d’activités plus manuelles

ou de jeux dont la règle est simple (jouer à cache-cache par exemple). Dans

certains cas, ces enfants trouvent leur place en étant pris sous l’aile d’enfants

valides. Mais la participation au groupe sur un même pied d’égalité reste plus

difficile qu’avec les enfants handicapés physiques ou les enfants valides.

EXEMPLE DE L’AUTISME

Voici un exemple plus connu de handicap lourd, il peut bien évidemment

prendre de multiples formes.

Le dictionnaire nous définit l’autisme comme ceci :

« Repli pathologique sur soi accompagné de la perte du contact avec le

monde extérieur. L’autisme apparaît dès les premières années de la vie. Il se

marque par le désintérêt total de l’enfant à l’égard de l’entourage, le besoin

impérieux de se repérer constamment dans l’espace, des gestes stéréotypés, des

troubles du langage et l’inadaptation dans la communication : l’enfant ne parle pas

ou émet un jargon qui a la mélodie du langage, mais qui n’a aucune

signification. »48

Voici quelques éléments qui prouvent les difficultés d’un enfant autiste à

s’intégrer parmi les personnes valides.

• La difficulté de capter des informations verbales et affectives : l’enfant autiste a

une fonction cognitive qui est presque épargnée, c’est le primat du visuel sur le

verbal.

• La difficulté à motiver un enfant autiste et son faible niveau d’initiatives qui lui

permettrait d’avancer.

• Les problèmes de comportement : un enfant autiste surstimulé commence à

crier, à provoquer divers problèmes de comportement et d’agressivité.

48 Le petit Larousse illustré 1996.

42

• Les enfants autistes ont des difficultés à jouer. « Il est habituellement plus facile

pour un enfant autiste d’arriver à travailler que d’arriver à jouer. »49 Les enfants

atteints d’autisme ont souvent des difficultés avec les jeux impliquant des

interactions sociales. Et nous savons à quel point ces dernières jouent un rôle

déterminant pour les échanges entre les enfants.

Nous remarquons par ces quelques points que certains handicaps

(ici l’autisme) peuvent, à eux seuls, être la première difficulté pour l’intégration dans

un groupe d’enfants valides.

Par contre C. Herou et S. Korff-Sausse50 notent que les enfants valides

peuvent accepter certains comportements d’enfants autistes car ils font

parfaitement la différence entre un caprice et une autre attitude (l’angoisse par

exemple). Cela fait qu’un enfant autiste n’exprime pas les mêmes choses que les

autres, par exemple lorsqu’il déambule entre les tables, alors que la règle interdit

de se lever. Les enfants valides ne manifestent leur désapprobation ou leur désir

d’en faire autant que lorsque le problème de l’enfant autiste ou handicapé est de

l’ordre du caprice, jamais s’il s’agit de souffrance.

Aucun enfant autiste ne met donc en danger les règles de la vie en collectivité

si les adultes ne se laissent pas déborder par son angoisse ni par ses

manifestations insolites.

En résumé, nous pourrions dire que, plus le degré du handicap éloigne un

enfant des conditions de vie, des capacités et des centres d’intérêt de ses

camarades, plus son insertion nécessite effort et imagination de la part de son

entourage. Nous pourrions alors penser que les enfants handicapés entre eux

s’acceptent mieux, les handicaps créant une certaine similitude. Mais dans les

colonies spécialisées, existent aussi les moqueries, les réactions d’intolérance et

de rejet. Les enfants handicapés restent des enfants et réagissent comme tels : des

enfants rejetant parfois ce qui ne leur semble pas normal.

49 Zych, F. (2002). La problématique de l’intégration scolaire de l’enfant autiste : le point de vue des parents.

Université catholique de Louvain, p.49. 50 Herou, C. & Korff-Sausse, S. (1999). Intégration collective des jeunes enfants handicapés : semblables et

différents. Ramonville Saint-Agne : Erès, p.105.

43

CCHHAAPPIITTRREE 99

LLEESS MMOOMMEENNTTSS DD’’ÉÉCCHHAANNGGEE

EETT DDEE CCOOMMMMUUNNIICCAATTIIOONN

I. COMMUNICATION ENTRE LES ENFANTS VALIDES

ET LES ENFANTS HANDICAPÉS

« On ne peut pas ne pas communiquer. »51 Cette citation nous paraissait

adéquate pour introduire ce chapitre sur la communication. Tous les

comportements, y compris ceux de refus, d’opposition ou de retrait, ont un sens et

constituent des messages puisque ces façons d’être sont comprises par l’autre.

Toutefois, pour que la communication apporte quelque chose au sujet, il faut que

celui-ci abandonne son rôle de spectateur et s’engage dans la relation au monde.

En effet, la communication implique l’intégration des sujets dans une structure ou

dans un contexte relationnel, celui qui donne son sens à l’interaction présente.

Selon P. Vayer et C. Roncin : « La communication est un besoin fondamental

de l’être. Elle implique la présence d’un interlocuteur (l’autre pôle de la

communication). »52

C’est pourquoi les enfants ont plus de facilités à aller vers un interlocuteur qui

a des capacités d’acceptation et d’échange, un enfant qui le reconnaît et qui

comprend sa demande ou son langage. Par conséquent, l’interlocuteur devient

alors celui qui permet au sujet à la fois de se reconnaître et d’être reconnu par

l’autre. La communication entre deux personnes va permettre à chacun de faire

sien le modèle ou la proposition de l’autre, sans avoir le sentiment d’être dépendant

de celui-ci. Cela va permettre ainsi au sujet d’associer son désir et son imagination

à ceux des autres et donc de dépasser sa propre personne.

Ces influences entre interlocuteurs nous expliquent pourquoi l’enfant seul et

l’enfant choisi au sein d’un groupe de partenaires sont totalement différents.

Elles montrent également pourquoi la situation de groupe est généralement bien

vécue et gratifiante.

51 Watzlawick, P. (1972). Une logique de la communication. Paris : Le seuil. 52 Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe. Paris : E.S.F, p.82.

44

Une étude réalisée dans une école qui pratique l’intégration53 met en évidence

que le handicap de l’enfant n’est pas un facteur de répulsion ou d’attraction pour les

enfants valides. Quelle que soit la condition de l’enfant ou le statut qui lui est

attribué par l’adulte, celui-ci est recherché, accepté ou toléré en fonction du

sentiment de sécurité qu’il apporte aux autres. Cette étude montre aussi que les

partenaires sont choisis essentiellement en fonction de leurs capacités apparentes

de communication. Cela se fait de manière plus visible dans les situations de jeux

où les capacités dynamiques et les compétences ont une place importante dans les

interactions pour se faire une place dans un groupe. C’est pourquoi, nous pensons

qu’il faut donc différencier la situation classe et les situations extérieures.

Mais d’autres facteurs influencent aussi les choix. Comme dans toute

structure sociale, les relations avec les interlocuteurs sont toujours complexes.

Elles dépendent des caractéristiques de chaque personne mais aussi de

l’organisation des rapports déterminée par les adultes et des situations des uns et

des autres dans l’espace.

II. CURIOSITÉ DES ENFANTS VALIDES

Les enfants nous proposent un regard neuf sur la différence, car ils

l’expérimentent sans a priori et y consacrent leur soif de connaître. Et cela est

encore accentué si les enfants sont plus jeunes.

Une observation54 réalisée auprès d’enfants de 1 à 4 ans nous montre

certaines questions qu’ils se posent : Qui donc est celui-là ? Pourquoi ne marche-t-il

pas ? Si l’enfant constate la différence, il s’exprime habituellement sans aucune

retenue.

L’éventail des réactions de l’enfant peut être très large. Mais si la manière

varie, la curiosité est toujours là. Une curiosité neutre comme le dit cette personne

dans un entretien : « La plupart des gens dans la rue se retournent sur moi.

Des regards qui me dévisagent et qui me fuient en même temps. Surtout ceux des

adultes. Le regard des enfants est très curieux mais pas malsain. Celui des adultes

est plus douloureux. »55

53 Sur base du livre : Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe.

Paris : E.S.F, p.91. 54 Sur base du livre : Herou, C. & Korff-Sausse, S. (1999). Intégration collective des jeunes enfants

handicapés : semblables et différents. Ramonville Saint-Agne : Erès., p.41. 55 Taubes, I. (2003). Pourquoi ils nous dérangent, Psychologie, 222, p.81.

45

L’enfant pose des questions quand il est en âge de parler, il a des réactions

d’évitement ou d’attirance, il exprime sa peur ou son intérêt, son agressivité ou son

plaisir. Il regarde, il veut toucher. S’il n’y a pas de réaction particulière à l’égard de

l’enfant handicapé chez les tout petits, c’est parce que la différence n’a pas encore

la signification qu’elle va acquérir par la suite. Ce n’est que lorsque l’enfant arrivera

à la période oedipienne, avec la prise de conscience de la différence des sexes que

les dissemblances auront un sens pour lui. Et cela pourra générer de l’angoisse.

Il faudra alors être à l’écoute de l’enfant pour pouvoir répondre à cette angoisse et

l’apaiser.

Finalement pour toutes les personnes : « Ce n’est pas d’être regardé qui

blesse, mais d’être mal regardé, c’est-à-dire pas du tout regardé ou d’un regard qui

risque de tuer… »56

III. COMMENT S’EXPRIMENT LES ENFANTS

HANDICAPÉS ?

Certains handicaps causent des difficultés au niveau de la communication.

Il faut alors trouver des alternatives à celle-ci. Mais tous les enfants handicapés

ont-ils le désir de communiquer et communiquent-ils ?

Pour P. Sausse même si certains enfants handicapés ne parlent pas, ils ont

sûrement des choses à exprimer. « Ces enfants pas comme les autres sont surtout

des enfants que personne n’écoute. »57 Ils peuvent s’exprimer par des

balbutiements, des paroles hésitantes, des dessins malhabiles.

Il faut alors aller à la « pêche », chercher les mots pour dire les difficultés du

corps atteint, l’injustice, l’absurdité de la vie, le sens de leur histoire. Il faut bien

évidemment être ouvert, être disponible pour entendre ce que ces enfants peuvent

nous dire. Et ce, au risque même d’être ébranlés dans notre intégrité lors de la

manifestation de certains de leurs comportements.

56 Herou, C. & Korff-Sausse, S. (1999). Intégration collective des jeunes enfants handicapés : semblables et

différents. Ramonville Saint-Agne : Erès, p.137. 57 Sausse, S. (1996). Le miroir brisé : l’enfant handicapé, sa famille et le psychanalyste. Calmann-Lévy :

s.l., p.17.

46

CCHHAAPPIITTRREE 1100

LLEESS AAPPPPOORRTTSS DDEE LL’’IINNTTÉÉGGRRAATTIIOONN

DDEESS EENNFFAANNTTSS HHAANNDDIICCAAPPÉÉSS

I. REGARD TRANSFORMÉ

Le contact répété ou même ponctuel avec un enfant handicapé a-t-il une

incidence sur l’image que nous nous faisons des enfants handicapés en général ?

Pour que le regard soit transformé, il faut un travail d’élaboration psychique

avec tout ce que cela comporte de contradictions, d’incohérences, d’inachèvement, …

Il y a tout un cheminement qui doit alors s’effectuer, en passant par des craintes, des

doutes sur les capacités de l’enfant handicapé. Cela va déboucher sur une prise de

conscience des possibilités des enfants handicapés mais, en même temps, sur les

difficultés de celui-ci.

Des entretiens réalisés auprès d’enseignants montrent tout ce travail

d’élaboration.58 Nous allons détailler plus précisément les différentes étapes par où

sont passées les personnes qui disent avoir un regard transformé.

Dans cette étude auprès d’enseignants, la moitié d’entre eux seulement disent

avoir eu un regard modifié mais nous voulons préciser que si ce chiffre paraît faible,

c’est parce que les autres enseignants n’en sont pas à leur première expérience de

contact avec des enfants handicapés.

1. L’ANXIETE

Avant la rencontre avec l’enfant, nous pouvons ressentir une peur de

l’inconnu, principalement celle de ne pas pouvoir faire face ou encore la crainte que

l’enfant nous demande énormément de temps et d’attention. Cette peur ne se fixe

pas forcément sur un handicap en particulier mais elle associe des images de

dépendance, d’accaparement, d’irruption de l’inattendu où l’enfant est

complètement démuni, dérouté, renvoyé à l’absence de repères, au manque.

58 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.191-201.

47

L’anxiété est aussi fortement influencée par les préjugés, les stéréotypes59

que chaque personne se fait du handicap.

2. LES POSSIBILITES QUI SE REVELENT MAIS AUSSI

LA REALITE DU HANDICAP

La confrontation avec la réalité permet d’éliminer partiellement et au fur et à

mesure les images chargées négativement. Avec le temps, nous nous rendons

compte que nos craintes sont en grande partie non fondées et que les enfants

handicapés peuvent acquérir des connaissances, progresser et assumer beaucoup

plus que nous le pensons. Le professionnel va parfois devoir réprimer sa volonté

d’aider l’enfant lorsque celui-ci peut se prendre en charge lui-même. Il est parfois

plus facile de le faire à sa place que de s’informer ou de se rendre compte qu’il sait

le faire seul.

En même temps que nous constatons ses capacités, nous nous rendons

compte des difficultés que peut rencontrer cet enfant et des qualités qu’il doit

déployer pour les dépasser.

Par exemple, nous pouvons nous imaginer à la place des parents, cela peut

aider à comprendre davantage les familles. Ou alors être touchés par les désirs des

enfants handicapés de ne pas se distinguer des autres.

3. UN AUTRE REGARD

Après ce cheminement, certains stéréotypes sont alors remis en question. Un

des exemples le plus courant est le fait d’attribuer à des personnes handicapées

moteurs ou sensoriels un surhandicap psychologique ou intellectuel. Cet a priori

disparaît avec le contact.

Dans les entretiens des enseignants, la moitié des personnes interrogées

répondent que cette expérience les a amenés à modifier leurs appréhensions du

handicap parce qu’elle leur en avait donné une meilleure connaissance et une

ouverture sur ce monde.

Attention, tout cela ne veut pas dire que la déficience est niée. Elle est plutôt

resituée. L’enfant handicapé ne devient pas un être à part mais une personne

comme les autres avec des caractéristiques qui lui sont propres. Cela ne se fait

59 Voir chapitre 4 sur les stigmates, et les stéréotypes.

48

évidemment pas toujours dans la joie, mais peut aussi s’accompagner de

remaniements, de renoncements, d’inquiétudes, de souffrances.

4. QUI VIT CE TYPE DE PARCOURS ?

Au-delà du cadre enseignant, ce type de développement peut s’appliquer à

toutes les personnes en contact avec des personnes handicapées. Il faut

évidemment avoir le désir préalable de s’engager, assumer des responsabilités,

prendre des risques : celui d’être face aux blessures de l’enfant handicapé et des

résonances qu’il éveille en nous.

II. APPORTS PROFESSIONNELS

Un numéro de la revue Alter Educ nous apprend que : « Pour les

professionnels, intégrer un ou plusieurs enfants handicapés est l’occasion de

déspécialiser la situation de handicap par une diminution des présupposés sur les

incapacités, d’adopter une démarche plus individualisée pour l’ensemble des

enfants par un éclairage différent sur le processus d’apprentissage et de ses

troubles. »60

Nous nous rendons compte que les bénéfices de l’intégration sont autant

pour les enfants handicapés que pour les professionnels qui s’en occupent.

III. PLUS D’AUTONOMIE POUR LES ENFANTS

En présence d’enfants handicapées, les enfants valides apprennent de

nouvelles valeurs sur lesquelles d’autres enseignants d’une école « ordinaire »

n’insisteraient sans doute pas autant, telles que la tolérance, l’entraide, ...

Une étude belge61 indique que les enfants des classes ordinaires où se

trouvaient intégrés des enfants handicapés apprenaient à travailler avec plus

d’autonomie. C’est vraisemblablement parce que les enseignants poussaient les

enfants handicapés à se débrouiller. Les enfants valides apprenaient alors à être

plus prévenants.

Nous remarquons que l’intégration est positive à tout âge de la vie et dans

différentes situations. 60 Alter Educ, (2004). Intégrer des enfants handicapés dans des activités extrascolaires, Alter Educ, 83, 554. 61 Sur base de : Organisation de coopération et de développements économiques. (1995). L’intégration

scolaire des élèves a besoins particuliers. Paris : OCDE, p.161.

49

CCHHAAPPIITTRREE 1111

LLEESS IINNCCOONNVVÉÉNNIIEENNTTSS DDEE

LL’’IINNTTÉÉGGRRAATTIIOONN

Comme toute expérience, l’intégration n’est pas toute rose, il peut y avoir des

inconvénients à intégrer des personnes handicapées.

I. LA CRAINTE DES PARENTS DES ENFANTS VALIDES

Les parents qui laissent leur enfant valide entre les mains de professionnels

accueillant des enfants handicapés peuvent avoir des craintes. Leur peur principale

est que les professionnels, pour répondre aux besoins des enfants handicapés, ne

soient obligés de négliger les autres. Mais une étude suisse,62 voulant répondre à

cette inquiétude, a démontré que ces craintes étaient injustifiées. Pour se faire, ils

ont comparé les résultats scolaires entre une classe pratiquant l’intégration et une

autre ne la pratiquant pas. Ils ne trouvèrent aucune différence significative.

II. LES INCONVÉNIENTS POUR LES ENFANTS

HANDICAPÉS

Nous ne trouvons que peu d’inconvénients pour les enfants valides en dehors

des premières craintes qu’il faut dépasser. Par contre, certains auteurs dont D.

Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon et P. During63 montrent que certains enfants

handicapés peuvent mal vivre une intégration isolée. En effet, dans ces situations,

l’enfant handicapé ne rencontre aucun enfant comme lui. Les enfants handicapés

peuvent avoir le désir de se retrouver entre eux pour partager ensemble des

expériences communes qu’ils peuvent vivre.

Pour certains enfants handicapés, l’intégration collective sera peut-être plus

appropriée :« L’enfant bien portant verra des enfants handicapés. L’enfant

handicapé rencontrera des enfants normaux, mais aussi des enfants handicapés

62 Organisation de coopération et de développements économiques. (1995). L’intégration scolaire des élèves a

besoins particuliers. Paris : OCDE, p.162. 63 Sur base du livre : Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en

centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée.

50

comme lui ou encore, des enfants atteints d’une autre anomalie que la sienne. […]

A partir du moment où un certain nombre d’enfants handicapés sont accueillis au

sein d’un groupe d’enfants normaux, la perspective est modifiée. Le regard porté

sur l’enfant différent n’est plus le même. De plus, le regard que se portent les uns

sur les autres, les enfants sans handicap et les enfants marqués par une anomalie

est source d’échanges et d’interactions qui sont enrichissants pour tous. »64

Nous n’avons pas trouvé d’inconvénient à ces rencontres, pour les enfants

valides. Mais nous imaginons que certaines expériences peuvent malgré tout

parfois se vivre avec difficultés. Nous pensons que pour éviter ces difficultés, il faut

mettre en place un cadre d’écoute et de liberté de parole, ainsi que d’un suivi

durant l’expérience.

64 Herou, C. & Korff-Sausse, S. (1999). Intégration collective des jeunes enfants handicapés : semblables et

différents. Ramonville Saint-Agne : Erès, p.13.

51

CCHHAAPPIITTRREE 1122

LL’’IINNTTÉÉGGRRAATTIIOONN EENN CCEENNTTRREE

DDEE VVAACCAANNCCEESS

Les camps sont des lieux d’activités, de détente, de plaisir et de jeu. A la

base, c’est un projet de loisirs que les animateurs peuvent agrémenter par d’autres

projets pédagogiques satellites.

I. TROIS FORMES DE SÉJOURS CLAIREMENT TYPÉS

De manière plus générale, nous pourrions différencier les séjours en centre

de vacances pour les personnes handicapées en trois groupes.65

1. LES COLONIES SPECIALISEES

Ce sont des colonies n’accueillant que des enfants handicapés. Chaque

colonie n’accepte souvent qu’une sorte de handicap ou en tout cas des personnes

porteuses de handicaps similaires.

2. LES TRANSFERTS D’ETABLISSEMENTS PERMANENTS

Ces établissements accueillent toute l’année, en internat ou externat, des

enfants handicapés. Ces enfants et ces adultes souhaitent vivre, au cours de

l’année ou durant les congés, une période de vacances hors de l’institution, pour

connaître ainsi des relations différentes dans un cadre nouveau, inhabituel et

temporaire. Ce type d’échange se déroule principalement en France, à notre

connaissance, il est sans doute moins fréquent ou inexistant en Belgique.

3. L’INTEGRATION DANS UN CENTRE DE VACANCES ORDINAIRE

Un ou plusieurs enfants handicapés participent à un centre de vacances

ordinaire. Cette idée est entrée dans les mœurs dans les années 1970. Mais

soyons prudent car il existe des enfants avec lesquels les vacances en groupe ne

sont pas conseillées, par exemple, pour des enfants ayant des difficultés à vivre en

65 Sur base du livre : Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en

centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.14-16.

52

groupe. Les vacances pourraient, par contre, être un moment de vie plus en

solitaire, ce qui leur permettrait de souffler.

Il ne faut pas négliger non plus le surcoût qu’impose l’intégration en centre de

vacances car elle demande des animateurs plus nombreux, parfois des

aménagements pour rendre les locaux accessibles, …

Ce type de fonctionnement correspond à ce que l’on retrouve plus facilement

en Belgique, selon nos informations.

II. EXEMPLE D’INFORMATIONS DONNÉES DURANT

UNE FORMATION À L’ANIMATION

D’ENFANTS HANDICAPÉS

Nous allons dans cette partie, nous baser sur la formation Anijhan

(Animations de jeunes handicapés). Cette formation est proposée par les

Mutualités Chrétiennes, pour les animateurs désireux d’animer des enfants

handicapés.

Une formatrice explique que le travail sur les préjugés est important :

« On commence la formation par ça. Avant d’avoir eu des contacts avec des

enfants ou des personnes handicapées, certains animateurs se sont fait des films.

Le handicap fait peur, ils ne savent pas comment l’aborder. »66

Un travail est prévu également pour que les animateurs essaient de parler, de

plus en plus, en terme de capacités de l’enfant handicapé et non plus en terme de

difficultés.

Un autre élément sur lequel l’accent est mis en formation Anijhan est

l’importance de la communication entre les animateurs et les participants.

« L’animateur doit apprendre à décoder d’autres canaux de communications que le

verbal. Il faut connaître chaque enfant pour savoir comment adapter le langage,

comment réagir, notamment par rapport à l’agressivité. Ce n’est pas parce que

l’enfant est handicapé qu’il faut accepter l’inacceptable. »67

Pour ces formateurs, intégrer un enfant handicapé dans un groupe d’enfants

valides ne s’improvise pas, d’où l’importance pour les animateurs de réfléchir,

66 Jeunes en mouvement, (2002). Dossier : S’ouvrir à la différence, J.E.M., 101, p.14. 67 Jeunes en mouvement, (2002). Dossier : S’ouvrir à la différence, J.E.M., 101, p.15.

53

d’échanger avec des personnes spécialisées et, au besoin, de se former. En tout

cas, leur décision doit être éclairée avant tout engagement.

D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon et P. Durning68 nous mettent en

garde contre les dangers d’une préparation excessive qui pourrait enlever au centre

de vacances une grande place de hasard, de fantaisie, de spontanéité et qui

calquerait éventuellement les institutions où tout est prévu, contrôlé.

Par contre, ces auteurs expriment malgré tout le désir d’un minimum de

préparation car ce n’est pas en oubliant les différences que l’on peut abolir les

réactions ségrégatives. C’est en tenant compte des difficultés que le camp

parviendra à donner aux enfants handicapés une place parmi les autres. Il faut

préparer le camp mais pas de manière excessive ni trop pauvre, le juste milieu est

une position délicate à trouver.

Ils ne conseillent pas d’annoncer les handicaps des enfants aux enfants

valides, ils estiment au contraire que l’enfant comme tout autre enfant a droit à

« un casier judiciaire vierge ».69 Cela évite de stigmatiser l’enfant avant son arrivée.

III. L’ANIMATION NÉCESSITE

DE FAIRE ATTENTION À …

1. FAIRE ATTENTION AUX ACTIVITES REALISABLES

Ce chapitre va se baser sur les écrits de D. Camberlein, P. Camberlein,

J. Crinon et P. Durning.70

Les premières questions qui se posent lors de l’organisation du camp sont de

cet ordre-ci : que vais-je leur faire faire ? Quelles sont les activités que peuvent

pratiquer ces enfants ? La plupart des activités courantes paraissent impossibles

aux yeux des animateurs.

68 Sur base du livre : Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en

centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.96-98. 69 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p. 98. 70 Sur base du livre : Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en

centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée.

54

Il faut donc veiller à ne pas faire de l’enfant handicapé un spectateur des

activités réalisées avec les enfants valides. Le centre de vacances ne doit pas

devenir un lieu ou l’enfant handicapé subit sans jamais agir.

Ces difficultés peuvent être résolues à deux conditions :

• La première est de se persuader que les enfants handicapés peuvent pratiquer

la plupart des activités avec les enfants valides.

• La seconde est de croire à la valeur de tous les moments que l’on passe avec

les enfants. Ce qui fait la vie, c’est autant la façon de vivre les moments répétitifs,

quotidiens, que les moments accordés aux activités de loisirs.

Les enfants handicapés peuvent pratiquer presque toutes les activités qui

conviennent aux autres enfants. Il faut être conscient que ce n’est pas en posant

des limites, à partir de rares cas d’exception, que l’on peut progresser. Il est

toujours temps de découvrir, sur place, qu’un enfant n’est pas capable de faire telle

ou telle chose et de faire preuve d’imagination. Pour pallier, à la différence, dans la

plupart des cas, il suffit d’adapter le jeu, l’activité à la difficulté de l’enfant.

Mais il faut certes savoir ne pas ménager sa peine, car l’enfant handicapé

aura peut-être besoin de plus de temps pour comprendre. De plus, il aura sans

doute besoin qu’on l’aide à avancer ou encore besoin de la stimulation des

animateurs pour dépasser la simple manipulation et pouvoir lui aussi participer à

des activités plus élaborées. La question de l’adaptation des activités se pose avec

tous les enfants, il est simplement plus aigu avec des enfants handicapés.

Il faut également être attentif à ne pas réaliser des activités habituelles que les

enfants pratiquent déjà toute l’année à l’école ou à la maison. Il y a un risque aussi

que des animateurs se disent que tout est possible et qu’ils fassent alors

n’importe quoi !

55

2. FAIRE ATTENTION AU RYTHME DE CHACUN

« Animer des enfants handicapés ne s’improvise pas. »71

Il faut faire attention au rythme de chacun. Certaines activités peuvent

demander du temps et de la patience.

Tout est plus lent avec les personnes handicapées. Alors plutôt que d’essayer

de faire les choses plus vite, fonctionnellement, mécaniquement, il vaut mieux

profiter de ces moments pour entrer en relation, pour parler de soi, se comprendre.

La personne handicapée n’est pas un objet que l’on manipule, mais une personne

souvent capable de nous expliquer comment s’y prendre. Il est artificiel de vouloir

faire une distinction entre les activités « ludiques » et les tâches quotidiennes.

Toutes deux peuvent être génératrices de progrès mais également source de

plaisir. La formation à l’autonomie, autant pour les enfants valides que pour les

enfants handicapés, peut se faire dans ces deux types d’exercices.

Il faut malgré tout pouvoir aider l’enfant à aller plus vite lorsque celui-ci a le

désir de participer à une activité spécifique. Il est plus opportun de réaliser, à ce

moment-là, une tâche à la place de l’enfant, plutôt que de le laisser peiner.

Ne pas faire de distinction entre les activités et les tâches de la vie

quotidienne, évite le morcellement et crée des liens entre les séances. Il est

préférable d’avoir un rythme plus harmonieux et moins soumis à un horaire rigide.

« Tout peut être jeu, tout peut être fête ! »72

« Les vacances, le plaisir et la liberté des vacances, ça ne consiste pas

forcément à pratiquer des activités très élaborées et très techniques : c’est vivre,

communiquer, découvrir. »73

Des animateurs ayant appris à être plus attentifs aux besoins de chacun

seront plus à l’écoute de chaque enfant durant les séjours d’enfants valides

également. « D’où peut-être cette atmosphère de calme et de sérénité qui se

dégage. »74

71 Jeunes en mouvement, (2002). Dossier : S’ouvrir à la différence, J.E.M., 101, p.15. 72 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.62. 73 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.63. 74 Jeunes en mouvement, (2002). Dossier : s’ouvrir à la différence, J.E.M., 101, p.15.

56

3. PERMETTRE DES TEMPS DE PAROLES

« Il est important de pouvoir exprimer ses inquiétudes éventuelles pendant le

séjour. Pouvoir parler de ses difficultés, ses échecs, son malaise. »75 C’est un

élément important pour se sentir en sécurité, pour prendre confiance en soi et pour

progresser. Il faut dès lors créer des temps et des lieux spécifiques à cette

préoccupation pour que les personnes se sentent écoutées et que cela ne se fasse

pas de manière informelle. Cela permet aussi d’éviter de faire cela de manière non

voulue devant les enfants valides ou handicapés.

75 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.102.

57

CCOONNCCLLUUSSIIOONN DDEE LLAA PPAARRTTIIEE

TTHHEEOORRIIQQUUEE

Cette partie théorique nous a permis d’apporter des éclaircissements sur

certains mécanismes de la vie psychique (tel que le déni, le rejet ou l’attitude de

maîtrise) qui peuvent influencer nos comportements premiers d’angoisse face à la

différence que présente la personne handicapée.

Malgré les lois et décrets mis en place par l’Etat, des questions restent en

suspens, surtout les notions d’éthique. Dans la rencontre avec le handicap, les

stéréotypes jouent une place primordiale. En effet, ceux-ci risquent d’influencer

fortement la première rencontre. Ce sont, ensuite, les comportements de

l’entourage qui vont permettre à la personne valide de se sentir à l’aise ou non,

face aux personnes handicapées.

La tolérance envers autrui sera donc à apprendre le plus tôt possible dans la

vie d’un enfant. C’est dans sa plus petite enfance que l’enfant est le plus ouvert à la

différence. La famille, l’école, les amis, ... ont un rôle à jouer dans l’apprentissage

de cette tolérance.

Nous avons été agréablement surpris du consensus trouvé dans la littérature

à propos des informations à donner aux enfants valides sur les enfants handicapés,

même si occasionnellement un auteur n’installerait pas le même cadre ou ne

donnerait pas les mêmes informations de départ. En règle générale, nous pouvons

dire que ces informations fournies aux enfants valides sont d’une grande

importance que ce soit avant la rencontre ou en termes de réponses aux questions

que les enfants se posent.

L’intégration des personnes handicapées va être influencée par le type de

handicap et le nombre de personnes intégrées dans le groupe. Nous avons

remarqué que certains types de handicaps sont plus difficilement acceptés,

principalement les handicaps qui n’offrent pas de sécurité à l’enfant ou à l’adulte.

Tous les auteurs que nous avons pu lire, nous disent également que l’intégration

d’un enfant handicapé seul dans un groupe d’enfant valide est plus difficile à vivre.

Il est, par contre, plus intéressant de mettre en place des cadres d’intégration qui

58

permettent d’accueillir un tiers d’enfants handicapés avec deux tiers d’enfants

valides. Cela permet à tous de mieux s’y retrouver.

Nous avons terminé notre étude en montrant les multiples aspects positifs de

l’intégration. En effet, les enfants valides s’ouvrent à la différence mais apprennent

également à être plus autonomes, à aider l’autre, ... Les professionnels et les

animateurs apprennent à être plus attentifs à tous les enfants, à adapter leurs outils

d’animation, ... Il y a, malgré tout, durant l’intégration, des moments de doutes, de

difficultés, de remise en question.

En guise de conclusion, nous sommes persuadés que l’intégration est

bénéfique à tout le monde (enfants et adultes valides ou handicapés) si le cadre est

réfléchi et si les acteurs ont le désir de franchir le cap des premières craintes et de

se remettre en question durant l’expérience pour tirer profit de celle-ci !

59

DDDDDDDDEEEEEEEEUUUUUUUUXXXXXXXXIIIIIIIIÈÈÈÈÈÈÈÈMMMMMMMMEEEEEEEE PPPPPPPPAAAAAAAARRRRRRRRTTTTTTTTIIIIIIIIEEEEEEEE :::::::: PPPPPPPPRRRRRRRRAAAAAAAATTTTTTTTIIIIIIIIQQQQQQQQUUUUUUUUEEEEEEEE

Deuxième Partie : Pratique

60

CCHHAAPPIITTRREE 11

OOBBJJEECCTTIIFF EETT MMÉÉTTHHOODDOOLLOOGGIIEE

I. INTRODUCTION

Dans la partie pratique de ce mémoire, nous commencerons par présenter

l’objectif, pour ensuite expliquer la méthodologie (échantillons étudiés, le

questionnaire, ...). Nous terminerons par les conclusions qui se dégagent de

l’analyse des entretiens d’enfants et d’animateurs d’un camp de vacances.

Remarquons également qu’avec cette partie pratique, nous souhaitons

pouvoir améliorer l’animation du camp intégration réalisé par Jeunesse et Santé

Bruxelles (Association des Mutualités Chrétiennes spécialisée dans l’animation et

l’éducation permanente des jeunes) et guider les futurs animateurs et les enfants

qui participent à ce camp.

Pour information, les animateurs de ce camp ont tous suivi leur formation à

Jeunesse et Santé et sont bénévoles. La formation d’animateur dure 2 ans et

contient des stages pratiques se déroulant pendant les grandes vacances en

camps de 10 jours en Belgique.

II. OBJECTIF

L’objectif principal de ce mémoire est de tenter de savoir quels sont les

apports pour personnes valides, de la rencontre avec des personnes

handicapées ? Notre hypothèse étant que les personnes valides ressortent

changées positivement d’une expérience d’intégration des personnes handicapées

et cela sur différents plans. Notre hypothèse est basée sur des échos

d’expériences d’animateurs qui disent ne pas retrouver le même bonheur dans un

camp ne rassemblant que des personnes valides et avoir appris énormément

durant les camps d’intégration.

Le but de cette recherche est de cibler l’intérêt de l’intégration pour les

personnes valides alors que, d’après nos lectures et nos rencontres avec des

professionnels, elle est souvent ciblée sur l’intérêt de l’intégration pour les

61

personnes handicapées. De plus, les personnes qui ont participé à nos entretiens

ont émis le souhait d’avoir un retour sur les ressentis et les modifications que cette

expérience leur a apportés.

III. MÉTHODOLOGIE

1. DESCRIPTION DU DISPOSITIF DU CAMP EN INTEGRATION

1) La brochure d’annonce du camp pour

les enfants valides

Voici le texte descriptif du camp sur lequel se base notre partie pratique:

« Het Galjoen est une maison moderne entourée d’un grand jardin équipé

d’une plaine de jeux. Un petit centre convivial et confortable pour se retrouver entre

deux escapades vers la plage ou les dunes. Un autocar est à notre disposition sur

place pour tous ces petits trajets. Le séjour se déroule en parallèle avec le séjour

intégration. Les deux groupes qui sont bien distincts se sépareront durant les

activités et auront quelques moments communs. Durant ce séjour, vos enfants

auront la possibilité de vivre différentes aventures au travers des activités (grands

jeux, veillées, expressions techniques et manuelles). Le tout porté par un thème

santé et une équipe qui n’attend que l’occasion de vous montrer ses capacités. »76

Ce descriptif n’insiste pas beaucoup sur les moments d’intégration en

comparaison de ce qui a été réalisé pratiquement durant ce camp. Nous pouvons

aussi remarquer qu’il n’y a qu’un seul terme, un peu flou, qui indique la présence

d’enfants handicapés : « en parallèle avec le séjour intégration ». Il est tout à fait

compréhensible que certains enfants et leurs parents ne soient pas au courant de

la présence d’enfants handicapés durant le camp. Ce fonctionnement serait-il voulu

pour accueillir les enfants valides de manière non volontaire ? Ou par prudence

pour être sûr d’accueillir des enfants handicapés et valides durant le camp ?

2) Le camp

Nous sommes partis à De Haan pendant 10 jours du 1er au 10 juillet 2004.

Les activités proposées aux enfants étaient des plus variées : des grands jeux, des

veillées, des visites, ...

76 Brochure : Eté 2004, Vacances jeunes, Mutualité Chrétienne, Jeunesse et Santé.

62

Ce camp a pour objectif de permettre la rencontre entre les enfants valides et

les enfants handicapés dans un même lieu et de les guider vers une intégration la

plus étendue possible. En insistant durant le camp sur l’entraide et en dirigeant les

activités dans ce sens.

3) La population du camp

• 24 enfants valides âgés de 7 à 13 ans participent au camp dont le thème est

« la santé » (activité du matin). Ils sont encadrés par 6 animateurs.

• 8 enfants handicapés âgés de 7 à 13 ans participent au camp avec comme

thème « l’intégration ». Ils sont encadrés par 7 animateurs, chacun étant référent

pour un ou deux enfants handicapés.

• 13 animateurs : 3 animateurs responsables de l’organisation du camp,77

1 animatrice ayant fini sa formation, 3 animateurs étant en deuxième année de

formation, 6 animateurs étant en première année de formation.

Cette organisation respecte les normes d’encadrement nécessaires et permet

un certain équilibre durant le camp entre les enfants valides et handicapés et les

animateurs en cours de formation ou déjà formés.

4) Les activités

Certaines périodes et activités sont séparées et d’autres sont

systématiquement réalisées avec les enfants handicapés et les enfants valides

ensemble.

Les moments où les enfants valides et les enfants handicapés sont séparés :

• Les chambres des enfants valides et des enfants handicapés sont situées sur

deux étages différents, ce qui diminue malheureusement la possibilité de contacts

durant les levers, les siestes, les douches et les couchers. (Sauf pour deux filles

handicapées présentes dans deux autres chambres de filles valides.)

• Durant les ateliers qui durent une heure trente le matin.

77 J’étais responsable de ce camp plus précisément du suivi des enfants valides et de leurs animateurs. Ma

participation durant ce camp permettait une plus grande observation et compréhension durant les entretiens. Mais cela ne me permettait pas de tout voir et j’apprenais par les entretiens de nouveaux éléments non observé durant le camp.

63

Les moments d’intégration :

• Tout le reste de la journée, les enfants valides sont mélangés aux enfants

handicapés.

• L’entraide est sollicitée durant les activités, les équipes sont volontairement

changées régulièrement. Et celles-ci accueillent toujours au moins un enfant

handicapé parmi les enfants valides.

5) Le handicap des enfants présents au camp

Par souci d’anonymat, nous avons changé les prénoms des enfants et des

animateurs qui ont participé au camp. Ce qui suit se base sur les fiches médicales

et certaines observations faites durant le camp.

• Amélie (13 ans) est née en 1991. Elle présente un syndrome autistique78

poussé accompagné de stéréotypies. Elle est sous médicaments. Nous pouvons

communiquer avec elle grâce à des pictogrammes,79 elle émet quelques sons et

grincements de dents. Ses activités préférées sont : colorier, tourner les pages de

son livre sur la Bible, manipuler ses puzzles.

• Fabien (10 ans) est né en 1994. Il présente un syndrome autistique poussé.

Il est sous médicaments. Pour communiquer, il prend par la main, essaie de

prendre ce qu’il veut, va directement là où il le souhaite. Il peut passer facilement

des rires aux larmes et émet de très légers bruits. Il adore jouer avec l’eau des

robinets et la chasse des toilettes.

• Cédric (12 ans) est né en 1991. Il présente une agnosie du corps calleux80 et un

retard mental léger. Il a des difficultés d’élocution et d’articulation, il faut lui faire

répéter et souvent on comprend mieux par la suite. Il aime aller chez les scouts,

écouter de la musique, chanter, danser, aller à la piscine, jouer de l’accordéon et

« travailler » à l’ordinateur.

78 Syndrome autistique : Repli pathologique sur soi accompagné de la perte de contact avec le monde

extérieur. 79 Pictogramme : Dessin schématique normalisé destiné à signifier certaines indications simples. 80 Agnosie : Trouble de la reconnaissance des informations sensorielles, dû à une lésion localisée du cortex

cérébral, sans atteinte des perceptions élémentaires. Corps calleux : lame épaisse de substance blanche, réunissant les hémisphères cérébraux.

64

• Isabelle (13 ans) est née en 1991. Elle présente une encéphalopathie81

prénatale fixée avec épilepsie ainsi qu’une diplégie82 spastique. Elle a une

voiturette pour se déplacer mais sait marcher (difficilement) avec un appui, elle est

partiellement autonome. Isabelle prend des médicaments.

• Sandrine (7 ans) est née en 1996. Elle présente un retard mental d’étiologie

indéterminée. Elle a peur de l’inconnu. Durant le camp, elle dormait dans la

chambre des plus grandes filles valides.

• Julie (12 ans) est née en 1991. Elle présente un retard mental et poursuit sa

scolarité dans l’enseignement spécialisé. Elle a des difficultés familiales et loge

dans une famille d’accueil. Elle peut mentir et jouer avec tous les éléments qui sont

liés au corps des femmes. Elle dormait dans une chambre de filles valides. (Durant

le camp, elle a placé des serviettes hygiéniques usagées dans les vêtements de sa

meilleure amie parce que celle-ci se faisait une nouvelle amie.) Elle aime aller à

son club de gym, aux réunions d’un mouvement de jeunesse, bouger, se dépenser.

• Gérome (7 ans) est né en 1997. Il présente un syndrome William’s Beuren.83

Il ne peut pas se fatiguer. Il a des difficultés de prononciation mais parle beaucoup.

Il aime faire des blagues.

• Benjamin (13 ans) est né en 1990. Il présente un retard intellectuel et suit un

enseignement spécialisé. Il est autonome pour les tâches de la vie quotidienne.

Il aime jouer au ballon et aider les autres.

6) La mise en place des conditions d’intégration

Le premier jour, dès notre arrivée au lieu de camp, nous avons pris un

moment pour expliquer aux enfants valides qu’ils réaliseraient la plupart de leurs

activités avec des enfants handicapés (comme ils avaient déjà pu en remarquer

certains dans le car lors du voyage vers la Côte). De manière non voulue, nous

n’avons pas dit le nombre d’enfants handicapés qui étaient présents. Ce qui par la

suite donnera lieu à des questions de la part des enfants valides. Mais nous avons

signalé, dans la première partie de ce mémoire que D. Camberlein, P. Camberlein,

J. Crinon & P. Durning nous conseillent de ne pas annoncer les handicaps des

81 Encéphalopathie : Ensemble des affections neurologiques et psychiques chroniques consécutives à des

lésions de l’encéphale, d’étiologies diverses. 82 Diplégie : Paralysie bilatérale atteignant symétriquement des régions du corps plus ou moins étendues. 83 Syndrome de William’s Beuren : Maladie orpheline qui associe des anomalies cardiaques et du faciès ainsi

qu'un retard mental.

65

enfants handicapés aux enfants valides. Ils estiment au contraire que l’enfant

comme tout autre enfant a droit à « un casier judiciaire vierge ».84 Cela évite de

stigmatiser l’enfant avant qu’il n’arrive et qu’on le connaisse.

Durant ce moment d’échanges, nous avons expliqué, aux enfants valides du

camp, qu’ils pourraient poser toutes les questions qu’ils désiraient aux animateurs

et cela à n’importe quel moment.

Les premières questions qui sont ressorties furent des questions à propos des

handicaps de certains enfants et si ces enfants savaient parler ? Par la suite, les

questions posées durant le camp consistaient à savoir quels enfants étaient

handicapés ? Comment les enfants valides pouvaient faire pour parler, jouer avec

les enfants handicapés ? Pourquoi tel enfant handicapé allait toujours au même

endroit ou faisait toujours la même chose ? (Par exemple aller tout le temps aux

toilettes ou jouer avec l’eau). Ou encore des remarques sur des événements que

les enfants valides ne comprenaient pas ou qu’ils trouvaient injustes.

2. ADAPTATIONS REALISEES PENDANT LE CAMP

Durant le camp, nous avons dû réaliser certaines adaptations et modifications

d’organisation. Voici les modifications qu’il nous semble important d’exposer.

Nous avons changé Julie de chambre afin de retrouver une certaine harmonie

dans la chambre des grandes filles. Cela s’est imposé suite à une crise de jalousie

de Julie et l’événement perturbant des serviettes hygiéniques. Dans l’autre

chambre, les animateurs ont remarqué que Sandrine était essentiellement prise en

charge par les grandes filles du groupe et non pas par eux-mêmes. Ces grandes

filles étaient confrontées à des problèmes qu’elles essayaient de gérer seules mais

elles commençaient à être débordées par les événements (pipi dans la poubelle ou

dans l’évier, vol de brosses à cheveux, histoires inventées insensées et non

comprises par les grandes filles, émergence dans leur intimité, ...). Suite à

l’événement avec Julie, des moments de paroles ont été installés dans certaines

chambres pour permettre aux enfants de donner leur avis sur les problèmes qu’ils

rencontraient et leur permettre de poser leurs questions.

84 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p. 98.

66

Nous avons modifié le programme pour certaines activités prévues au départ

en commun. Nous avons souhaité les réaliser de manière séparée principalement

pour que le groupe très soudé des enfants handicapés puisse avoir une veillée et

quelques jeux supplémentaires bien à eux.

3. DESCRIPTION DE LA POPULATION ETUDIEE

Pour l’échantillon, nous avons choisi de prendre des personnes valides vivant

une expérience d’intégration dans le cadre d’un camp avec des enfants

handicapés.

Pour ce faire, nous avons divisé l’échantillon en deux sous-groupes.

• Les enfants valides les plus âgés du groupe.

• Les animateurs des enfants handicapés et des enfants valides.

Le choix de ces deux sous-groupes s’est fait pour les quatre raisons suivantes :

• Avoir des avis de personnes valides d’âges et de rôles tout à fait différents nous

semblait important pour nous rendre compte du vécu différent des personnes

interrogées.

• Nous avons choisi au départ entre 5 et 10 personnes valides de chaque

sous-groupe pour mener des entretiens structurés et non un questionnaire fermé.

• Nous avons mené les entretiens auprès des enfants valides les plus âgés pour

aboutir à une plus grande réflexion. Le choix des animateurs s’est fait en fonction

de la volonté de chacun de participer à cet entretien et aussi en tenant compte de

la disponibilité de ceux-ci.

• Nous avions, au départ, le désir d’effectuer deux entretiens structurés à l’aide

d’un questionnaire pour voir l’évolution des réponses entre le début et la fin de

l’expérience d’intégration. Cela a été réalisé avec les enfants mais les animateurs

n’ont été interrogés qu’après le camp car le temps ne nous a pas permis de le faire

pendant le camp.

67

4. DESCRIPTION DU CONTEXTE DES ENTRETIENS

1) Pour les enfants, les entretiens se sont déroulés

selon le schéma suivant

Nous sommes allés demander aux plus grands des enfants s’ils souhaitaient

participer à un entretien au début et à la fin du camp. Nous n’avons eu aucun refus.

Ces entretiens se sont déroulés durant les moments de pause de chaque enfant

pour leur éviter de manquer une activité.

2) Pour les animateurs, les entretiens étaient prévus

selon le schéma suivant

Nous avons convenu d’un rendez-vous à la fin du camp avec chaque

animateur volontaire. Nous avons décidé en commun d’un endroit calme pour

prendre le temps nécessaire pour l’entretien.

5. CHOIX D’UN ENTRETIEN STRUCTURE

L’entretien structuré à l’aide d’un questionnaire réalisé à l’avance permet

d’adapter les questions en fonction des réponses. Il permet aussi de diriger la

personne si elle s’éloigne de la question et d’approfondir la réponse si elle le

souhaite ou si cela peut être intéressant. L’entretien permet aussi au sujet de

s’exprimer sur tout ce qu’il souhaite en plus du questionnaire de base et ainsi, de

se sentir pris en compte globalement. Un simple questionnaire aurait apporté moins

de nuances.

L’entretien peut être pris plus au sérieux par les enfants qu’un questionnaire

écrit ou des dessins d’évaluation qui cibleraient moins le sujet et seraient beaucoup

plus flous car sans approfondissement possible en cas de besoin d’explications

supplémentaires.

La mise en place d’un climat de confiance était absolument nécessaire pour

laisser la personne s’exprimer librement sans peur de jugement. C’est pourquoi

certaines remarques étaient systématiquement rappelées avant chaque entretien et

celui-ci n’avait lieu que si le sujet avait donné son accord. Nous avons également

demandé l’autorisation pour pouvoir enregistrer l’entretien sur cassette en plus de

nos notes pour être plus à l’aise lors de l’analyse.

68

Voici les quelques remarques préalables exposées systématiquement aux

personnes participant aux entretiens :

• Quelques explications sur la raison de cet entretien avant de commencer.

• Cet entretien est tout à fait anonyme. La confidentialité sera en tout point

respectée. Ce qui se dit dans l’entretien ne sera en aucun cas répété à l’extérieur.

• Aucun jugement n’est porté sur ce qui se dit.

Voici les quelques consignes que nous nous étions fixé pour nous permettre

d’approfondir les réponses des participants :

• Chaque question peut être approfondie en demandant pourquoi ? Comment ?

• Chaque question peut être expliquée à partir d’un exemple si la personne

présente des difficultés à s’exprimer. Et pour les enfants, un dessin pourra

éventuellement être demandé.

• Lorsque nous parlons d’intégration, nous parlons des 2 groupes d’enfants

(valides et handicapés) dans une même activité. C’est le terme qui est utilisé entre

animateurs durant le camp.

• Pour désigner les enfants valides durant l’entretien, nous pourrons utiliser le

terme « enfants du groupe santé ». Santé est le thème du camp auquel les enfants

valides se sont inscrits.

6. CONSTRUCTION DES QUESTIONS DE L’ENTRETIEN

L’objectif de ce mémoire est de savoir quels sont les apports pour les

personnes valides d’une rencontre avec des personnes handicapées ? Pour les

connaître, nous avons voulu élargir le sujet afin d’observer différents points en lien

avec cette intégration.

1) Les différents thèmes des questions

• La description de la personne.

• Le choix du camp.

• Les expériences précédentes.

• La définition du handicap. L’idée de normalité / anormalité.

69

• Les différences faites entre les sortes de handicaps.

• Les réactions et l’accès au handicap.

• La peur, la curiosité.

• Les apports donnés aux enfants handicapés et aux enfants valides.

• Les apports reçus par les enfants handicapés et les enfants valides.

• Les projets pour le camp.

• L’avis sur l’intégration en camp.

• La remise en question, s’il y en a une.

• Les modifications d’émotions.

• La satisfaction / insatisfaction.

• L’évaluation de différents moments du camp.

• Le désir de renouveler l’expérience.

2) Les questionnaires

Les différents questionnaires utilisés comme base pour les entretiens se

trouvent en annexe.85

Ils sont divisés entre :

• Les questionnaires pour les enfants valides : un au début du camp et un autre à

la fin du camp.

• Les questionnaires pour les animateurs : deux animateurs ont répondu aux

questions au « début du camp » et à la « fin du camp », les quatre autres

animateurs ont répondu au questionnaire « après le camp ».

85 Voir annexes A1.

70

CCHHAAPPIITTRREE 22

AANNAALLYYSSEE DDEESS RRÉÉPPOONNSSEESS

I. ANALYSE VERTICALE

1. ANALYSE VERTICALE DES REPONSES DONNEES DURANT

LES ENTRETIENS

Sous ce titre nous allons rédiger une synthèse de l’analyse verticale des

réponses des différents sujets. En ce qui concerne les données directes, la

retranscription exacte de chaque entretien se trouve en annexe.86

Voici quelques informations pour une bonne lecture de ces annexes :

• Les numéros précédant les réponses remplacent les questions posées, celles-ci

se trouvent dans l’annexe : « questionnaires ».

• Une police de caractère normal indique la réponse du sujet.

• Une police de caractère italique indique nos interventions exactes.

• Une police de caractère normal (entre parenthèses) fournit une synthèse de ce

que le sujet a expliqué de manière un peu floue ou un peu trop longue.

Nous allons reprendre de manière systématique, par thèmes, les idées qui ont

changé entre les deux passations d’entretiens et cela pour chaque enfant.

Comme nous n’avons pas utilisé la même méthode pour les animateurs, nous

allons mettre en évidence certains éléments, lorsque les animateurs nous ont parlé

d’une évolution entre le début du camp et le moment de l’entretien.

Ce travail nous permettra de tenir compte de l’individu dans sa globalité et

d’avoir une idée de l’évolution personnelle et de l’utilité ou non de cet entretien

pour lui.

86 Voir annexes A2.

71

1) Entretiens des enfants

• ANNIE (12 ans).

Annie n’a pas choisi de participer à ce camp mais le handicap ne la dérange

pas car elle a une amie handicapée et elle connaît déjà un peu le monde du

handicap. Nous pouvons remarquer que le camp permet à Annie de nuancer un

peu plus ses connaissances et les différences qu’il y a entre les différents

handicaps tout en gardant une volonté de montrer que les enfants handicapés sont

comme nous.

Annie reste toujours dans le même ordre d’idée par rapport à la rencontre des

enfants handicapés mais elle éprouve plus de difficultés lorsque les enfants ont un

caractère qu’elle n’apprécie pas. Elle est surprise lorsqu’elle fait des découvertes

par rapport au handicap : les formes que celui-ci peut prendre et les

comportements que les enfants handicapés peuvent avoir. Durant l’entretien, Annie

pose des questions sur le handicap de certains enfants.

Les modes de communication sont également plus nuancés, elle s’adapte en

fonction des enfants handicapés et trouve des trucs personnels.

Le handicap ne lui fait pas peur car elle a déjà été en contact avec des

enfants handicapés. C’est aussi pour cette raison que la présence d’enfants

handicapés ne lui a jamais donné envie d’être séparée d’eux pendant le camp.

La seule peur qu’elle a est d’être elle-même handicapée et de ne plus pouvoir faire

tout ce qu’elle réalise comme activités actuellement.

Annie a des difficultés pour expliquer ce qu’elle a pu apporter aux différents

enfants. Tout comme elle pense que les autres ne lui ont rien apporté en dehors du

fait de ne pas s’ennuyer. L’intégration, selon elle, lui apporte de l’amusement.

Comme le handicap ne la dérange pas, refaire un camp avec des enfants

handicapés ne la dérangerait pas non plus. Elle serait même prête à vivre tout le

camp en contact avec eux.

• CHRISTINA (12 ans).

En venant au camp, Christina avait un objectif très précis : mieux accepter le

handicap et sa maman avait envie que cela lui permette d’entrer plus facilement en

contact avec un membre de sa famille.

72

Le contact avec des enfants handicapés ne la dérange pas et elle ne

comprend pas pourquoi on sépare les enfants valides des enfants handicapés de

temps en temps. Nous pouvons remarquer que le camp ne modifie pas l’avis de

Christina.

Sa peur se situe au niveau de la compréhension. Les enfants handicapés la

comprennent-t-elle ? Le camp lui fait comprendre que les enfants handicapés

comprennent peut-être quand même un petit peu. Christina utilise maintenant des

gestes et pose des questions simples aux enfants handicapés.

La rencontre avec les enfants handicapés et les enfants valides durant le

camp lui permet d’aller plus facilement vers toute autre personne.

Christina trouve que l’entraide est quelque chose d’important pour se sentir

bien et vivre de bons moments, que ce soit pour des enfants valides entre eux ou

des enfants valides envers les enfants handicapés.

L’observation lui a parfois permis d’adapter un peu mieux ses actions.

Le handicap ne la dérange pas, elle serait volontaire pour refaire un camp en

intégration. Tout comme elle souhaiterait que certains moments se fassent plus en

commun, sauf peut-être pour les chambres.

• JONATHAN (14 ans).

Jonathan n’avait pas d’objectifs en venant à ce camp mais il savait qu’il y

aurait des enfants handicapés et que cela ne le dérangerait pas. Il a déjà eu des

contacts avec le monde du handicap car il a une personne dans sa famille qui est

handicapée physique et il adapte ses activités quand il est en sa compagnie.

Il n’est absolument pas dérangé par le système de l’intégration, il aurait

malgré tout divisé le camp en deux temps pour permettre de se connaître d’abord

entre enfants valides et ensuite intégrer complètement les enfants handicapés au

sein du groupe. Il ajoute qu’il préfère les camps avec des enfants handicapés.

Pour lui, les enfants handicapés sont des enfants comme les autres mais ayant des

difficultés physiques ou mentales ou des difficultés de mémorisation.

Il n’a aucune peur. Son avis premier de dégoût possible a évolué durant le

camp car, à la fin du séjour, il pense que personne ne peut le dégoûter.

Il a différents modes de communication pour entrer en contact avec les

enfants mais il essaie d’abord de communiquer comme avec n’importe quel enfant

73

et il attend de voir les réactions. Il observe beaucoup et cela lui permet de trouver

réponses à ses questions.

La rencontre avec les enfants handicapés l’aide à aller plus facilement vers

les autres et cela lui servira surtout lorsqu’il sera adulte, il n’est pas d’accord avec

l’indifférence qu’il peut observer de la part de certains d’entre eux.

Jonathan trouve qu’il apporte et reçoit beaucoup plus, en terme de sympathie

et d’apprentissage, dans ses liens avec des enfants handicapés qu’avec des

enfants valides.

Il est content d’avoir répondu à cet entretien, cela lui a permis de donner

son avis.

• MYRIAM (13 ans).

Myriam ne savait pas qu’elle serait aussi souvent en contact avec des enfants

handicapés durant le camp, mais cela ne l’a pas dérangée sauf lorsqu’un enfant

l’ennuyait. Elle pense, qui plus est, qu’il faudrait être plus souvent ensemble.

Elle connaissait déjà un peu le monde du handicap grâce à une voisine.

Pour elle, les enfants handicapés sont des enfants comme les autres et elle

n’a pas envie de faire des différences. Si elle doit en faire, elle le fait en fonction du

handicap : handicap physique, mental ou lié à l’accès au langage verbal.

Elle n’a aucune peur face au handicap. Par contre, avant le camp, certaines

personnes pouvaient la dégoûter. Tandis qu’à la fin du camp, elle estime que

personne ne peut la dégoûter. Elle veut bien entrer en contact par différents

moyens de communication avec des enfants handicapés mais il faut que ceux-ci

écoutent.

Le camp lui a donné l’occasion de faire des rencontres et de créer des amitiés

avec des enfants valides mais elle ne pense pas avoir apporté plus, ni reçu plus.

Myriam trouve que c’est fatiguant de s’occuper d’enfants handicapés.

Pour bien vivre cela, il faut être soutenu par les autres personnes valides qui nous

entourent.

Elle est contente d’avoir répondu à cet entretien, cela lui a permis de dire ce

qu’elle voulait dire.

74

• NATACHA (12 ans).

Natacha a déjà rencontré des enfants handicapés. Elle sait également ce

qu’est la vie avec des enfants valides car elle a l’habitude de participer à des

camps. C’est pour cela qu’elle ne reçoit rien de spécial en plus lors de ce camp :

c’est comme d’habitude.

Pour elle, les personnes handicapées sont des personnes qui ont une

maladie. Sa définition du handicap ne change pas au cours du camp.

Elle nous indique qu’il faut un certain temps pour s’habituer aux personnes et

qu’ensuite nous ne ressentons plus de dégoût envers elles. Il faut également du

temps pour comprendre comment parler aux enfants qui n’ont pas accès au

langage verbal. La difficulté se fait sentir lorsqu’un enfant n’écoute pas.

Ce camp l’a amenée à porter un regard différent sur les enfants handicapés,

c’est aussi ce qu’elle espérait et ce qu’elle dit avoir apporté aux autres. Le camp lui

a également permis d’apprendre à vivre avec des enfants handicapés.

Refaire un camp avec des enfants handicapés ne la dérangerait pas du tout.

Elle portera sont choix d’abord en fonction du thème du camp.

Natacha nous dit que le questionnaire l’a aidée à réfléchir un peu plus que s’il

n’y en avait pas eu.

• YVES (11 ans).

Yves dit avoir déjà eu des contacts avec des enfants handicapés mais ne

nous donne pas d’exemple de camp d’intégration auquel il aurait participé. La vie

de camp avec des enfants valides lui plaît toujours autant et c’est pour cela qu’il

participe à de nombreux camps.

Il différencie les personnes handicapées en disant qu’elles ne sont pas

comme les autres mais il a le désir de les considérer comme des êtres humains.

Selon lui, il n’est jamais arrivé à entrer en contact avec des enfants

handicapés. Par contre, il dit qu’il joue avec Fabien (un enfant autiste) et qu’il est

attiré par lui. Il y a donc malgré tout une certaine forme de communication.

L’observation lui permet d’essayer différentes techniques de jeux avec l’enfant

handicapé.

75

Les enfants handicapés ne l’ont pas dérangé mais il craignait leur présence

dans les chambres et durant les soins. Il va vers les enfants handicapés lorsqu’il

n’a pas de place auprès de ses copains valides.

Il insiste sur le fait que l’intégration apporte davantage aux enfants

handicapés qu’aux autres. De toute façon, lui sait déjà ce que c’est.

Yves refera de toute façon des camps avec des enfants valides mais cette

expérience ne va pas lui servir pour plus tard car il est habitué à faire des camps.

Il a trouvé le questionnaire un peu trop long.

2) Entretiens des animateurs

• ADRIEN (17 ans).

Adrien a déjà été en contact avec une personne ayant une trisomie 21. Il en

est par contre à sa première expérience en tant qu’animateur et a donc tout à

découvrir dans ce camp intégration. Le camp lui a permis de découvrir qu’un même

handicap peut avoir des degrés différents, par exemple : l’autisme. Lorsqu’il donne

une définition du handicap nous pouvons remarquer sa volonté de considérer les

personnes handicapées comme toutes autres personnes et en même temps, pour

les décrire, il fait appel à la question de la norme dans la société.

Le camp lui a donné envie, lorsqu’il croise une personne handicapée dans la

rue, d’être plus attentionné et de se demander ce qu’elle présente comme

handicap. Selon lui, le temps est un facteur qui permet de diminuer le dégoût, par

habitude.

Le contact qui s’établit entre lui et un enfant handicapé est très subjectif en

fonction de l’enfant. Adrien va d’abord regarder comment l’enfant réagit et ensuite,

il va adapter ses comportements en étant plus doux, plus calme, plus attentif aux

expressions. L’observation l’a également aidé à modifier certains de ses

comportements.

Dès le début du camp, sa peur était en rapport avec la force des enfants.

Cette peur l’accompagne toujours. Après ce camp, ses difficultés avec Amélie

(l’enfant au handicap le plus lourd) lui donnent envie d’en savoir plus sur l’autisme

et il a envie d’aider encore davantage ces enfants. Si Adrien a un dégoût, c’est

lorsqu’il se sent inutile, qu’il n’a pas de retour de ce qu’il réalise avec un enfant.

76

Adrien a également eu des difficultés à se rendre compte du degré de certains

handicaps car il ne sait pas bien ce qu’un enfant doit savoir faire à tel ou tel âge.

Adrien nous dit également qu’il a parfois plus difficile avec les enfants

présentant un handicap léger car il ne repère pas exactement leur handicap.

Durant ce camp, il a découvert comment s’organise un camp et la réunion de

préparation lui a principalement servi à répondre à ces questions-là. Durant le

camp, il a fait la découverte du monde des enfants handicapés et il définit celui-ci

comme différent du monde des enfants valides. Les enfants handicapés permettent

de redonner du baume au cœur plus facilement. La présence des enfants

handicapés ne l’a jamais dérangé sauf lorsqu’il avait envie de souffler par rapport à

Amélie et surtout durant les soins et les repas.

Adrien a envie que les enfants valides sortent de ce camp en ayant un autre

regard face au handicap et que les enfants handicapés sachent qu’ils peuvent être

intégrés. Il est content du cadre qui a pu être mis en place pour la réalisation de cet

objectif, de l’entraide qu’il y a eu entre les enfants valides et handicapés.

Ce camp lui a permis d’adapter ses activités et ses comportements en

fonction des enfants et cela autant pour les enfants handicapés que pour les

enfants valides. D’être également plus patient et plus maternant.

Adrien a le désir de refaire un camp de ce type car il a l’impression (même

sans avoir vécu d’autres camps) que la rencontre avec les enfants handicapés lui

apporte beaucoup. Ce camp, lui donne une expérience supplémentaire mais

également une certaine maturité.

• EMILIE (19 ans).

Emilie a déjà quelques expériences en animation d’enfants. Le handicap

l’intriguait depuis un certain temps et elle trouvait que cela pouvait être enrichissant.

Elle avait déjà été en contact avec le monde des personnes handicapées lors d’une

journée d’animation.

Emilie n’aime pas parler de ce qu’elle ne connaît pas bien, elle n’aurait donc

pas voulu donner une définition au début du camp. Après le camp, elle a un peu

mieux compris ce que peut être un handicap et elle fait une différence entre les

enfants handicapés physiques et les enfants handicapés mentaux. Elle s’est

également rendu compte des différents degrés que peuvent présenter certains

77

handicaps et en a même été surprise. Emilie porte un jugement sur la manière dont

la société voit le handicap et elle dit que cela rend l’intégration plus difficile.

La participation à ce camp lui donne envie d’aller vers les personnes

handicapées qu’elle croise dans la rue. Et lui donne également l’envie d’approfondir

ses connaissances sur le handicap et principalement sur l’autisme car elle a vécu

quelques difficultés à entrer en contact avec Amélie. Une de ses craintes lorsqu’elle

se trouve face à un enfant handicapé est l’impossibilité de communiquer. Une autre

crainte, plus importante encore, est le manque de réciprocité dans le désir de

communiquer.

Elle utilise différents moyens pour communiquer avec les enfants mais ces

techniques se sont petit à petit affinées durant le camp. D’ignorer qui étaient les

enfants handicapés lui a permis d’avoir une première approche comme avec tout

autre enfant et de s’adapter par la suite en fonction des réactions de celui-ci.

L’observation l’a également aidée pour avoir des exemples de comportements

adéquats et d’autres à rejeter.

L’équipe d’animation entière a eu, selon elle, un grand rôle à jouer dans

l’intégration et elle a été surprise par la capacité des enfants valides. Selon elle,

c’est également l’équipe d’animation qui permet d’apprendre aux enfants les règles

de vie en groupe, la tendresse, la joie, …

Ce camp l’a rendu heureuse comme tous les autres camps auxquels elle a

participé. Mais celui-ci plus particulièrement car dans le camp suivant, regroupant

uniquement des enfants valides, elle n’a pas réussi à retrouver ce bonheur

particulier et indescriptible, selon elle.

La présence des enfants handicapés ne l’a pas dérangée sauf à certains

moments, où elle avait le désir de souffler et de se lâcher sans avoir à s’occuper

d’enfants handicapés.

Elle pense que ce camp l’a rendue plus mature, l’a amenée à adapter ses

réactions et à prendre les choses plus en mains.

• GAELLE (18 ans).

Gaelle est animatrice depuis 2 ans et a été animée en camp déjà toute petite.

Son choix pour ce camp s’est porté en fonction des dates et du thème. Elle

n’imaginait pas que les contacts avec les enfants handicapés seraient si nombreux,

surtout pour elle car elle s’était inscrite du côté de l’animation des enfants valides.

78

Elle n’a pas d’expérience de rencontre particulière avec une personne

handicapée sauf lorsqu’elle les croise dans la rue. Elle se demande alors ce que

c’est de vivre avec un handicap. Lui donner un sentiment de répulsion est très

difficile car elle relativise et se dit que ce n’est pas grave. Ce camp lui fait réaliser la

difficulté que peuvent vivre les familles avec une personne handicapée.

Elle définit le handicap par rapport au reste de la société mais met également

en évidence le fait que tout le monde a certaines difficultés, donc que tout le monde

est en partie handicapé.

Ce camp, lui donne envie d’en savoir un peu plus sur l’autisme

essentiellement pour comprendre comment elle peut entrer en contact avec ces

enfants. Pour communiquer avec les autres enfants handicapés, elle fait comme

avec tous les enfants valides et puis elle s’adapte. Elle a surtout du mal avec les

enfants autistes parce qu’elle ne sait pas encore très bien si Amélie l’écoutait. Vers

la fin du camp, Gaelle lui parlait en monologue car elle avait entendu dire qu’Amélie

écoutait, mais elle n’en est pas encore persuadée.

Elle a une crainte plus grande par rapport aux handicaps présentant une force

physique importante et surtout des personnes plus brusques.

Ce camp lui a permis d’être plus à l’aise face aux enfants handicapés, d’être

plus ouverte, d’avoir une autre considération pour ces enfants. Le fait d’apporter de

l’aide, de la joie, … lui donne un but à son existence.

La participation à ce camp lui a appris à adapter davantage ses animations,

ses paroles.

Elle a très bien apprécié les moments d’échanges qu’elle pouvait avoir avec

les enfants valides et handicapés, les moments où elle se sentait hors du temps.

La présence des enfants handicapés ne l’a pas dérangée mais elle s’est un peu

éloignée de deux enfants (Julie et Amélie) avec lesquels elle avait des craintes de

ne pas pouvoir gérer la relation.

• MARTINE (16 ans).

Martine en est à sa première expérience d’animation d’enfants mais a déjà

participé à des camps comme enfant. Elle a déjà eu une expérience de rencontre

avec des personnes handicapées mentales adultes. Elle avait des difficultés à

savoir ce qu’elle pouvait faire avec eux. Avant, comme pendant le camp, elle

utilisait le langage gestuel pour communiquer avec ces personnes. Elle a observé

79

comment les autres animateurs faisaient et la manière dont les enfants

réagissaient.

Pour elle une personne handicapée est une personne qui n’est pas dans la

norme de la société et qui présente des difficultés.

Elle a été surprise de découvrir des types de handicaps qui pouvaient se

remarquer aussi peu.

Elle a plus de craintes face aux personnes qui présentent une grande force et

est plus attirée par les enfants handicapés mentaux que par les enfants handicapés

physiques. Elle a le désir d’en savoir plus sur le monde des personnes

handicapées mentales. Ses peurs ont fortement diminué avec le temps car elle

savait, de plus en plus, comment se comporter et elle se sentait plus à l’aise avec

tous les enfants.

Ce camp lui a permis de découvrir ce qu’est l’animation. Elle s’est rendu

compte qu’il faut adapter les activités, tenir compte des capacités de tous à

l’intégration et tester son autorité. Elle pense qu’elle aura plus facile dans le futur à

gérer les difficultés avec les enfants.

Le principe d’intégration lui convient. Elle trouverait plus intéressant d’avoir

des enfants avec qui des échanges verbaux sont possibles.

• CAROLINE (20 ans).

Caroline participe à des camps depuis 5 ans et en est à sa deuxième

expérience d’animation d’enfants handicapés dans un camp intégration. Elle était

adjointe à ce camp-ci. Elle renouvelle l’expérience car elle s’est rendu compte que

cela lui a apporté plus qu’elle n’a dû donner. C’est pourquoi, elle a voulu suivre une

formation d’animation pour enfants handicapés pour améliorer encore ce qui était

possible.

Avant chaque rencontre avec un enfant handicapé, Caroline a toujours une

angoisse mais celle-ci ne l’empêche pas du tout d’aller vers lui et d’adapter son

comportement en fonction des réactions de cet enfant. Ce désir de rencontre la

pousse aussi à vouloir apprendre différents modes de communication, comme la

langue des signes.

Elle n’arrive pas à donner une seule définition d’une personne handicapée car

elle estime qu’il y a autant de formes de handicaps qu’il y a de personnes

80

handicapées. Par contre, elle nous fait remarquer que cette notion varie en fonction

des normes d’un groupe, de la société.

Après ce camp, lorsque Caroline croise un enfant handicapé dans la rue, elle

a le désir d’aller vers lui. Parce que ça lui fait personnellement du bien mais aussi

pour compenser ce que les autres ne font pas. Elle se comporte ainsi également

durant le camp en allant plus vers les enfants qui sont moins pris en charge par les

autres animateurs.

Elle considère que lorsqu’elle se trouve en présence d’un enfant qui la

dégoûte, elle pourra rester près de lui. Elle sait néanmoins qu’elle s’en occupera

moins bien car, comme dans toute relation, ça passe ou non (que ce soit un enfant

handicapé ou un autre).

Caroline a plus de difficultés face à un enfant qui présente un handicap léger

car elle attend qu’il fasse tout comme les autres. Vis-à-vis d’un enfant avec qui il est

plus difficile d’échanger, ça devient alors un défi de montrer aux autres animateurs

qu’il y a une communication possible. Elle rencontre aussi des difficultés à gérer les

problèmes psychologiques, car elle se dit non formée pour cela.

Ce camp lui a permis d’être plus maternante lorsque les enfants en ont eu

besoin mais également de laisser sortir ses émotions, être vraie face aux enfants.

Ce sont d’ailleurs ces moments-là, qu’elle a préféré durant le camp. Par contre, elle

n’a pas du tout apprécié voir qu’un animateur se sentait perdu face au handicap

d’Amélie.

Selon elle, la rencontre entre les enfants handicapés et les enfants valides

leur a appris la vie en groupe, la tolérance et la découverte de la différence.

La présence des enfants handicapés ne la dérange pas sauf lorsqu’il faut rester

uniquement avec un enfant handicapé en difficulté et qu’à force, ça l’écarte du reste

du groupe.

Ces camps lui permettent de découvrir ses limites et de les accepter, elle

apprend toujours beaucoup humainement comme dans toute rencontre sociale.

• ARTHUR (18 ans).

Arthur a déjà animé deux camps avant celui-ci. Il a aussi été très souvent

animé auparavant. Il a déjà eu des expériences avec des enfants malades et

rencontrés des enfants handicapés physiques et mentaux lorsque lui-même était

enfant.

81

Une personne handicapée est pour lui une personne qui ne correspond pas à

la moyenne. Il différencie les handicaps en fonction des caractéristiques mentales

et physiques.

Depuis le camp, lorsqu’il croise un enfant handicapé dans la rue, il a un

regard beaucoup plus respectueux. Et face à un enfant qui le dégoûte, il sera

également respectueux car le respect de l’autre est une de ses valeurs.

Pour communiquer avec un enfant handicapé, il emploie les outils spécifiques

utilisés par l’enfant si celui-ci en a. Ensuite, il essaie par d’autres techniques dont

les activités artistiques. Mais tout dépend de l’enfant et de son désir de

communiquer. L’observation et les discussions avec d’autres animateurs l’ont aidé

à y voir un peu plus clair et à adapter ses comportements.

Il a plus de craintes face aux enfants ayant une grande force et dont il ne peut

pas prévoir les réactions. Il a également plus de mal avec les enfants qui ne parlent

pas. C’est pourquoi il a plus d’affinités avec les enfants handicapés physiques

qu’avec les enfants handicapés mentaux.

Il n’a pas bien vécu les moments de soins avec les enfants handicapés.

Il avait l’impression de violer leur intimité. Il a également ressenti des difficultés lors

des repas avec Amélie (l’enfant qui avait le plus lourd handicap).

Selon Arthur, les enfants valides apprennent plein de choses dans un camp

mais en plus, ils ont pu apprendre l’intégration. Cela pourra sans doute les aider

dans le futur. Arthur a été surpris de leur capacité à accepter la différence.

La rencontre lui a personnellement appris à adapter ses activités, à être

attentif à la sécurité, à modifier ses conceptions de la vie et certaines valeurs.

Il estime qu’une formation ou une plus grande connaissance des réactions

nécessaires lui aurait été utile avant le camp. Il estime également que cet entretien

lui a donné du recul et une vision plus positive des choses.

2. CONCLUSION DE L’ANALYSE VERTICALE

1) Réflexion sur notre outil d’analyse :

l’entretien structuré

Pour beaucoup de sujets, le questionnaire a paru parfois fort long, mais les

animateurs se sont rendu compte de l’importance de cette longueur. Ils ont trouvé

utile de répéter certaines questions. La longueur de l’entretien leur a permis d’aller

82

plus loin dans leur réflexion. Nous avons pu remarquer en analysant les entretiens

que des réponses plus élaborées sont souvent apportées dans des questions

ultérieures. Cette observation nous montre l’importance de laisser le temps de

mener une réflexion durant un entretien.

Nous remarquons également que les premières réponses (au début du camp

ou dans le début des entretiens) sont plus proches d’un avis conforme à la société

et que petit à petit, les réponses se font de plus en plus personnelles. L’ordre des

questions influence cette réaction car le début est beaucoup plus général et se

base moins sur un vécu.

Le type de réponses apportées par les enfants varie également en fonction de

leur âge. Certains enfants se sentent plus concernés par l’intégration que d’autres.

Jonathan a, lui, le désir de recommencer un camp avec des enfants handicapés

tandis qu’Yves se rendait à peine compte de la présence de ceux-ci. Nous pensons

que l’âge des enfants joue ici un rôle important. En effet, Jonathan a 14 ans et se

rapproche du modèle de l’adolescent, décrit par B. Giot,87 qui peut s’intéresser aux

personnes handicapées et les accepter, il peut s’engager dans une action en leur

faveur. Tandis qu’Yves qui n’en a que 11 se rapproche du modèle des enfants de

6 à 10 ans qui montre une tendance à rejeter les manifestations émotionnelles

perturbatrices et les comportements inhabituels. Yves vit les difficultés de

communication comme un obstacle important aux interactions sociales.

Lors de la passation des entretiens, nous avons observé que certains enfants

pensent à des enfants handicapés connus d’eux pour expliquer, par exemple, la

définition du handicap. Cela nous montre que les personnes se basent sur des

exemples qu’ils connaissent pour se faire une idée des situations. Les expériences

observées, pratiquées, ... influencent notre manière de voir les choses et modifient

cette vision.

Nous nous sommes rendu compte qu’il est important de ne pas faire passer

l’entretien à 2 animateurs en même temps (pour gagner du temps). En effet,

certains peuvent répondre de manière individuelle mais d’autres peuvent être

influencés par les réponses du partenaire. Nous avions fait passer la première

partie de l’entretien de Martine et Adrien ensemble, mais nous les avons séparés

par la suite pour être sûr que Martine ne soit pas influencée par Adrien.

87 Sur base de la revue : Giot, B. (1991). Handicap-Info, 1987, p.94.

83

2) Observation de l’évolution des comportements

au travers des questionnaires

Cette analyse verticale a pour but principal de noter les évolutions qui se sont

produites entre le début du camp et la fin de celui-ci. Toutes les personnes

interrogées montrent une modification de comportement durant ce camp vis-à-vis

des enfants handicapés.

L’élément principal à mettre en évidence est la patience apprise au cours du

camp. Cette notion est large et regroupe différents comportements : le rythme,

l’adaptation, profiter du moment présent, s’approprier autrement les activités, ...

L’adaptation des activités a des effets bénéfiques pour tous les enfants.

En effet, les enfants handicapés s’approprient différemment certains jeux et les

enfants valides peuvent aussi bénéficier d’un autre regard face aux jeux. Cela peut

s’observer entre autre chez Yves (un des enfants valides) qui dit : « Fabien, le jeu

des mains. Si j’avais joué le jeu des mains avec mes amis, j’aime pas ça mais avec

Fabien, j’aime bien. Avec lui, j’aime bien faire mais avec mes amis non. »

Les remarques des animateurs nous montrent l’importance de profiter du

moment présent. Gaelle nous dit : « J’ai bien aimé quand je lui faisais prendre sa

douche, je chantais avec elle. » C’est également ce qui est mis en évidence dans

cette phrase : « Tout est plus lent avec les personnes handicapées. Alors plutôt

que d’essayer de faire les choses plus vite, fonctionnellement, mécaniquement,

mieux vaut profiter de ces moments pour entrer en relation, pour parler de soi, se

comprendre. [...] Toutes les activités, peuvent être génératrices de progrès mais

également source de plaisir. »88

La communication est un élément essentiel pour permettre les échanges

bénéfiques de l’intégration. Pour beaucoup de sujets, le plus important est de se

rendre compte que l’enfant handicapé a le désir lui aussi de communiquer.

Myriam nous dit : « Il faut un peu s’adapter, Amélie, elle a les pictogrammes et

je ne connais pas les pictogrammes donc... Elle écoute pas, on dirait quand j’essaie

de lui parler. »

Un facteur facilitant ou perturbant l’intégration est, pour Adrien, un animateur,

la connaissance ou non des capacités d’un enfant à tel ou tel âge. Nous constatons

88 Jeunes en mouvement, (2002). Dossier : S’ouvrir à la différence, J.E.M., 101, p.15.

84

que certaines personnes ne se rendent pas compte du handicap de certains

enfants handicapés mentaux (Isabelle par exemple n’est pas considérée comme

une enfant handicapée mentale par la plupart des enfants valides). Ceux-ci

présentent effectivement des comportements d’enfants d’âge plus jeune. Nous

voyons à ce phénomène des effets positifs et négatifs. Cela peut permettre de faire

connaissance avec l’enfant handicapé sans a priori mais cela peut aussi déranger

les enfants handicapés car il y a des risques qu’ils soient considérés comme plus

petits et moins autonomes.

Le travail d’intégration se fait toujours en terme de progression, lorsque les

enfants valides et les animateurs découvrent petit à petit les enfants handicapés.

Malheureusement ou heureusement, la réalisation d’un camp a des limites dans le

temps, entre autre, ce qui pour certains animateurs donne l’envie de recommencer

pour explorer plus loin le « monde » du handicap. Caroline nous dit : « La décision

de faire ce camp cette année, c’est aussi parce que j’ai eu le désir de faire la

formation, je me suis rendu compte que ça m’avait apporté plus que ça ne m’avait

coûté même si ça m’avait coûté beaucoup l’année passée. Et c’était à moi de

m’armer mieux par rapport à ça, et le désir de la formation, c’était pour plus cerner

ce qui était améliorable. »

Le temps du camp est court et permet, porté par le groupe, d’avoir des

réactions adaptées. Mais ce temps court peut aussi limiter la compréhension du

handicap. Certains enfants n’ont pas compris qu’Isabelle présentait un handicap

mental en plus d’un handicap physique. Et Yves ne s’est pas rendu compte que

Benjamin était un enfant handicapé, il nous dit : « C’est qui Benjamin ? Le tout

grand ? Il a un handicap ? Je ne savais pas du tout ça. » Cette non-vision du

handicap est-elle positive pour le fonctionnement du camp et pour les réactions

envers les enfants handicapés ou cela peut-il poser problème ?

En guise de conclusion, je reviendrais au but de cette analyse verticale :

montrer l’évolution des comportements durant le camp. Il y a clairement une

évolution chez toutes les personnes interrogées. Certaines parlent d’ouverture vers

tous les enfants ou de surprise lors de la découverte des capacités des enfants

handicapés. Ce qui est clair, c’est qu’au fur et à mesure du camp les enfants

comme les animateurs passent plus de temps avec les enfants handicapés pour

jouer, les aider, parler avec eux, ... Cela s’observe dans les faits et s’exprime

durant les entretiens.

85

II. ANALYSE HORIZONTALE

1. ANALYSE HORIZONTALE DES REPONSES DONNEES

DURANT LES ENTRETIENS

NOMS DES ENFANTS

A = Annie D = Myriam

B = Christina E = Natacha

C = Jonathan F = Yves

NOMS DES ANIMATEURS

A = Adrien D = Martine

B = Emilie E = Caroline

C = Gaelle F = Arthur

Notre analyse va se baser sur les entretiens réalisés à la fin du camp.

Nous allons différencier les réponses des animateurs et celle des enfants lorsque

cela est nécessaire.

L’analyse de cette partie va se réaliser en deux temps pour chaque thème analysé

lors des entretiens.

• Le premier temps consiste en une description détaillée des résultats pour

permettre au lecteur de se baser sur des chiffres s’il le souhaite. Certains sujets

n’ont pas répondu à toutes les questions, nous ne les avons donc pas comptabilisé

dans la somme des personnes ayant répondu.

• Le deuxième temps conclura chaque thème en fonction de l’analyse des

réponses fera des liens avec la théorie de certains auteurs.

86

REMARQUES POUR LA LECTURE :

• Les puces noires (•) indiquent les premiers résultats.

ο Les puces vides (ο) nuancent les réponses données.

⇒ Le signe (⇒) indique des liens avec la théorie présentée en première partie

ou avec les entretiens.

1) Description de la personne

Idée d’une future professionIdée d’une future professionIdée d’une future professionIdée d’une future profession ????

• 3/6 animateurs (A, B, F) vont suivre ou suivent des études de communication.

• 1/6 animateur (E) suit des études de droit pour travailler dans les ONG.

• 2/6 animateurs (C, D) veulent travailler dans le domaine médical en tant qu’infirmière ou médecin.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Nous remarquons que les animateurs interrogés désirent effectuer un métier

où les relations sont importantes.

2) Expériences précédentes avec des enfants handicapés

avant ce camp

Nombre d’expérienceNombre d’expérienceNombre d’expérienceNombre d’expériences de camp déjà réaliséess de camp déjà réaliséess de camp déjà réaliséess de camp déjà réalisées ????

• 1/6 enfant (A) répond qu’il n’a jamais participé à des camps avant celui-ci.

• 1/6 enfant (B) répond qu’il a déjà suivi un camp avant celui-ci.

• 4/6 enfants (C, D, E, F) répondent qu’ils ont déjà participé à de nombreux camps avant celui-ci.

ο Parmi ceux-ci 1/4 enfant (C) répond qu’il a déjà vécu certains camps avec des enfants handicapés.

• 2/6 animateurs (A, D) sont en première année de formation à Jeunesse et Santé et vivent leur première expérience en tant qu’animateur, ils ont déjà été animés.

• 2/6 animateurs (C, F) sont en deuxième année de formation à Jeunesse et Santé et ont une expérience en tant qu’animé ou en tant qu’animateur (scout) en dehors de Jeunesse et Santé.

• 1/6 animateur (B) est formé et a, de ce fait, déjà effectué beaucoup de camps à Jeunesse et Santé et désire aussi continuer dans ce domaine.

• 1/6 animateur (E) est en cours de formation comme responsable et participe au camp intégration pour la deuxième fois.

87

AvaisAvaisAvaisAvais----tu déjà rencontré précédemment un enfant handitu déjà rencontré précédemment un enfant handitu déjà rencontré précédemment un enfant handitu déjà rencontré précédemment un enfant handicapécapécapécapé ????

Quel lien avaitQuel lien avaitQuel lien avaitQuel lien avait----il avec toiil avec toiil avec toiil avec toi ????

• 6/6 enfants disent qu’ils ont déjà eu des rencontres avec des personnes handicapés avant le camp.

ο Parmi ceux-ci 4/6 enfants (A, B, C, D) ont des rencontres régulières avec une personne handicapée parce qu’ils sont voisins, amis ou membres de la famille.

ο Et 2/6 enfants (E, F) ont rencontré des enfants handicapés lors d’activités organisées par l’école ou lors de camps.

• 1/6 enfant (F) dit avoir fait des rencontres avec un enfant handicapé physique.

• 5/6 enfants (A, B, C, D, E) disent avoir fait des rencontres avec des personnes handicapés mentales et des personnes handicapées mentales et physiques.

• 1/6 animateur (A) a dans sa famille une personne handicapée (enfant trisomique).

• 2/6 animateurs (C, E) n’ont fait que croiser des enfants handicapés et ne sont pas entrés en contact avec elles.

• 3/6 animateurs (B, D, F) ont déjà eu des contacts avec des personnes handicapées au moins une fois (lors d’une journée d’animation ou d’une expérience d’animation à l’hôpital).

ο 1/3 animateur (F) a déjà vécu une expérience en tant qu’enfant avec des enfants handicapés (enfants présentant un handicap physique et handicap mental).

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Nous remarquons que très peu d’enfants ont déjà vécu précédemment des

camps avec des enfants handicapés, mais ils ont tous déjà rencontré des

personnes handicapées. Cette expérience va sans doute influencer fortement leurs

comportements de découverte face au handicap. Par contre, 2/6 animateurs

n’avaient jamais échangé antérieurement avec des enfants handicapés.

Le niveau de formation des animateurs est très variable. Il y a des animateurs

qui n’ont aucune expérience et d’autres qui ont déjà suivi de nombreux camps mais

aucun avec des enfants handicapés. Un seul animateur a déjà participé à ce type

de camp intégration.

88

⇒ Selon une étude réalisée auprès d’enseignants accueillant des enfants

handicapés89 : les informations sont le plus souvent données et demandées

lorsqu’il s’agit pour un groupe d’enfants valides, de la première expérience

d’intégration.

3) Choix et attentes pour ce camp

AsAsAsAs----tu choisi ce camp, étaistu choisi ce camp, étaistu choisi ce camp, étaistu choisi ce camp, étais----tu au courant qu’il y aurait des enfants tu au courant qu’il y aurait des enfants tu au courant qu’il y aurait des enfants tu au courant qu’il y aurait des enfants

handicapéshandicapéshandicapéshandicapés ????

• 1/6 enfant (A) n’a pas choisi le camp lui-même, mais ce sont ses parents qui l’ont choisi.

• 4/6 enfants (C, D, E, F) ont choisi le camp en fonction du lieu, du thème et des dates.

• 1/6 (B) enfant a choisi le camp car il voulait découvrir les relations et les différences qu’il y avait entre les enfants handicapés et les enfants valides.

• 3/6 animateurs (C, E, F) ont choisi le camp en fonction des dates ou du thème et ne savaient pas qu’ils allaient être aussi souvent en contact avec des enfants handicapés lors de leur première expérience de camp. Leur présence comme animateur dans ce camp intégration est due au hasard.

• 2/6 animateurs (B, D) ont choisi ce camp pour des raisons personnelles (l'idée que ce serait enrichissant ou chouette).

• 1/6 animateur (A) a choisi ce camp dans le but de montrer aux autres (enfants) que l’intégration est possible.

PensesPensesPensesPenses----tu que tes parents attendent quelque chotu que tes parents attendent quelque chotu que tes parents attendent quelque chotu que tes parents attendent quelque chose de ce campse de ce campse de ce campse de ce camp ? ? ? ?

(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)

• 4/6 enfants (A, C, D, E) pensent que leurs parents n’ont pas choisi ce camp parce qu’il y avait des enfants handicapés ou qu’ils en attendaient quelque chose.

• 2/6 enfants (B, F) pensent que leurs parents savaient qu’il y avait des enfants handicapés.

ο 1/2 enfant (B) pense que ses parents voulaient qu’il découvre que les enfants handicapés sont comme les autres.

ο 1/2 enfant (F) pense que ses parents savaient mais ne lui ont pas dit.

AvaisAvaisAvaisAvais----tu un projet par rapport à ce catu un projet par rapport à ce catu un projet par rapport à ce catu un projet par rapport à ce campmpmpmp ? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)

• 3/6 animateurs (A, D, E) invoquent un projet pour le futur, le fait que l’expérience puisse lui servir (ouvrir aux autres, communiquer avec les autres).

89 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.63.

89

• 5/6 animateurs (A, B, C, D, F) parlent d’un projet en terme de comportements à avoir face aux enfants handicapés et valides (garder patience, leur apporter du bonheur, leur apprendre des choses, essayer d’être moins froid, savoir animer, réussir le camp, avoir des enfants heureux).

• 2/6 animateurs (B, E) parlent de l’envie de mettre en pratique des idées personnelles de loisirs (envie d’une bonne intégration ou souhait d’un accès pour tous).

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Pour la plupart des enfants, les parents ne jouent pas un rôle dans le choix du

thème du camp ni dans les attentes mises en place. Un seul enfant avait un objectif

précis en accord avec ses parents avant de partir en camp.

La moitié des animateurs ont eu leur première expérience au cours de ce

camp, un peu par hasard. L’autre moitié avait une idée ou un projet avant de partir.

Tous les animateurs une fois engagés dans ce camp, disent avoir un projet

vis-à-vis des enfants handicapés, que ce soit en terme d’évolution personnelle ou

de bonheur à apporter à tous les enfants.

4) Définitions

C’est quoi un enfant handicapé pour toiC’est quoi un enfant handicapé pour toiC’est quoi un enfant handicapé pour toiC’est quoi un enfant handicapé pour toi ????

• 5/6 enfants (A, B, C, D, F) dans leur définition citent la différence entre le handicap physique et mental.

• 2/6 enfants (A, F) font une comparaison avec le reste de la population, parle de moyenne.

• 3/6 enfants (C, D, E) parlent de capacités que la personne a en moins que les autres ou de handicap supplémentaire.

• 1/6 animateur (E) ne veut pas donner de définition car il y a trop de types de handicaps différents.

• 4/6 animateurs (A, B, D, F) dans leur définition citent la différence entre le handicap physique et mental.

• 1/6 animateur (F) fait une comparaison avec le reste de la population, parle de moyenne.

• 3/6 animateurs (A, B, C) parlent de capacités que la personne a en moins que les autres.

90

Quelle différence y aQuelle différence y aQuelle différence y aQuelle différence y a----tttt----il entre un enfant handicapé et un autil entre un enfant handicapé et un autil entre un enfant handicapé et un autil entre un enfant handicapé et un autrererere ????

• 2/6 enfants (A, C) disent qu’il n’y a pas de différence.

• 2/6 enfants (B, D) disent que les personnes valides s’attachent plus facilement aux personnes qui ont besoin de plus d’aide (personnes handicapées).

• 2/6 enfants (E, F) disent qu’il y a quelque chose de différent mais ne précisent pas.

• 4/6 animateurs (B, D, E, F) parlent en terme de vision du groupe ou de la société.

• 2/6 animateurs (A, C) comparent avec les autres personnes, des personnes qui présentent un handicap plus visible que les autres.

VoisVoisVoisVois----tu des différences entre les enfants handicapéstu des différences entre les enfants handicapéstu des différences entre les enfants handicapéstu des différences entre les enfants handicapés ? ? ? ?

• 3/6 enfants (D, E, F) parlent d’abord en terme de différence entre les personnes présentant un handicap physique ou mental.

• 4/6 enfants (A, B, D, F) parlent de difficultés de communication et de la présence de stéréotypies. Mais n’en parlent pas en début de camp.

• 1/6 enfant (C) parle de difficulté de mémorisation.

• 3/6 animateurs (A, E, F) parlent d’abord en termes de différence entre les personnes présentant un handicap physique ou mental.

• 1/6 animateur (B) parle de difficultés de communication.

• 2/6 animateurs (C, E) parlent de manque d’autonomie ou de capacité à participer à certaines activités.

• 3/6 animateurs (B, D, E) insistent sur le fait qu’il y a des degrés différents pour un même type de handicap et que cela dépend de l’enfant.

• 3/6 animateurs (B, C, D) ont été surpris des réactions des enfants en fonction de leur handicap.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Nous pouvons constater que, régulièrement, les enfants disent qu’ils ne font

pas de différence entre les personnes valides et les personnes handicapées mais

que le seul moyen qu’ils ont pour donner une définition est de l’exprimer en

comparaison avec le reste de la population. C’est également ce qui se passe chez

4/6 animateurs.

91

⇒ Pour cela ils rejoignent la définition du Dictionnaire de Psychologie, selon

lequel, le handicap correspond à la « situation d’une personne désavantagée

d’une manière ou d’une autre par rapport à une autre personne ».90

La différence entre les enfants handicapés physiques et les enfants

handicapés mentaux est un outil de différenciation pour les enfants valides comme

pour les animateurs.

La communication est un élément qui interpelle plusieurs personnes

(4/6 enfants) durant les entretiens surtout dans le questionnaire de fin de camp.

⇒ Selon P. Vayer et C. Roncin « La communication est un besoin fondamental

de l’être. Elle implique la présence d’un interlocuteur (l’autre pôle de la

communication). »91 C’est pourquoi les enfants ont plus de facilités à aller vers

un interlocuteur qui a des capacités d’acceptation et d’échange. Ce sera alors

un enfant qui le reconnaît et qui comprend sa demande ou son langage.

L’interlocuteur devient alors celui qui permet au sujet à la fois de se

reconnaître et d’être reconnu par l’autre.

La communication peut prendre des formes très variées, tant qu’il y a un

échange et que cette communication ne se fait pas à sens unique.

⇒ Emilie nous dit : « S’ils me montrent qu’ils ont envie de communiquer avec

moi, même d’une autre manière qu’avec la parole d’office, j’essayerai de faire

en sorte. [...] Je sais que beaucoup de gestes que l’on peut faire peuvent être

communicatifs avec les enfants. [...] En jouant énormément aussi tout comme

les câlins. »

⇒ Natacha utilise le jeu pour « communiquer » avec Fabien : « Fabien, il parle

pas mais on peut faire des jeux, et apparemment, il comprend. Avec Fabien,

on lui parlait, on lui tendait la main. »

Chez les animateurs et certains enfants, la surprise face aux formes que peut

prendre un même type de handicap et devant les capacités de certains enfants

handicapés est assez importante.

⇒ Lors d’expériences avec des enfants handicapés, les possibilités de ceux-ci

se révèlent mais aussi la réalité du handicap.92 La confrontation avec la réalité 90 Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de l’Ouest. 91 Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe. Paris : E.S.F, p.82. 92 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.191-201.

92

permet d’éliminer partiellement et au fur et à mesure les images trop chargées

négativement. Avec le temps, nous nous rendons compte que les craintes que

nous avons sont en grande partie non fondées et que les enfants peuvent

acquérir des connaissances, progresser et assumer beaucoup plus que nous

le pensons. En même temps que nous constatons les possibilités, nous nous

rendons compte des difficultés que peuvent rencontrer ces enfants et des

qualités qu’ils doivent déployer pour les dépasser.

5) Réactions spontanées

Comment réagisComment réagisComment réagisComment réagis----tu si tu croitu si tu croitu si tu croitu si tu croises un enfant handicapé dans la rueses un enfant handicapé dans la rueses un enfant handicapé dans la rueses un enfant handicapé dans la rue ????

• 3/6 enfants (A, B, F) émettent le désir de sourire.

• 2/6 enfants (B, E) vont se poser des questions.

• 1/6 enfant (D) a le désir d’aider si la personne en a besoin.

• 2/6 enfants (D, F) disent qu’ils ne font pas attention ou réagissent comme face à n’importe quelle autre personne.

• 2/5 animateurs (D, E) disent avoir une réaction normale avant l’expérience de ce camp, comme pour n’importe quel autre enfant croisé en rue.

• 4/5 animateurs (A, B, D, F) disent qu’ils regardent d’une autre manière depuis le camp.

• 3/5 animateurs (D, E, F) agissent différemment depuis le camp, recherchent le contact plus qu’avant, sont plus respectueux, disent que l’expérience les fait moins fuir.

PensesPensesPensesPenses----tu pouvoir entrer en contact avec un enfanttu pouvoir entrer en contact avec un enfanttu pouvoir entrer en contact avec un enfanttu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui te donne qui te donne qui te donne qui te donne

un sentiment de répulsion, qui te dégoûteun sentiment de répulsion, qui te dégoûteun sentiment de répulsion, qui te dégoûteun sentiment de répulsion, qui te dégoûte ????

• 1/6 enfant (D) dit que non, mais qu’il restera malgré tout poli.

• 2/6 enfants (A, B) disent que le physique ne peut pas bloquer.

• 2/6 enfants (C, F) disent qu’ils n’éprouvent pas de dégoût envers quiconque.

• 1/6 enfant (E) dit qu’il faut apprendre à connaître.

• 6/6 animateurs répondent oui.

ο 1/6 animateur (B) ne sait pas si c’est possible d’éprouver du dégoût envers quiconque.

ο 2/6 animateurs (A, D) demandent du temps pour s’habituer afin de rendre les contacts possibles.

93

ο 1/6 animateur (E) dit que ce n’est pas un obstacle pour entrer en contact mais ça empêche de s’en occuper correctement.

ο 2/6 animateurs (C, F) essaient même si c’est difficile et relativisent.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Le dégoût ne semble pas être un élément qui empêche les contacts entre les

enfants valides et les enfants handicapés. La plupart des enfants et des animateurs

restent au minimum polis même s’ils passent moins de temps en présence des

enfants qui les dégoûtent. Le dégoût est donc un facteur qui peut empêcher de

s’occuper correctement des enfants. Le temps est un facteur qui agit aussi sur les

comportements et permet de s’habituer à l’autre, pour 2/6 animateurs.

Nous remarquons également que la rencontre d’une personne handicapée ne

laisse pas indifférent : 5/6 enfants ne restent pas indifférents. Soit ils sourient, soit

ils se posent des questions. Par contre chez les animateurs, une modification des

comportements s’observe suite au camp : moins de craintes, un regard plus

favorable. Le regard que portaient les animateurs au début relevait donc plus de la

curiosité. Mais est-ce la même curiosité que celle des enfants ?

⇒ Un témoignage nous éclaire sur le regard perçu par les personnes

handicapées lorsqu’elles sont dans la rue. « La plupart des gens dans la rue

se retournent sur moi. Des regards qui me dévisagent et qui me fuient en

même temps. Surtout ceux des adultes. Le regard des enfants est très curieux

mais pas malsain. Celui des adultes est plus douloureux. »93

⇒ S. Sausse94 nous fait remarquer que la déficience nous affecte intimement,

elle nous interpelle. Qui n’a jamais croisé une personne handicapée en se

demandant comment il pourrait supporter lui-même ce handicap ?

Le handicap nous touche, comme si nous avions un jour risqué ou comme si

nous pouvions encore risquer de devenir nous-mêmes sourds, paralysés,

fous, … C’est le désir d’être en communauté avec un entourage social

correspondant à notre idéal, qui entre en jeu dans ce type de comportements.

93 Taubes, I. (2003). Pourquoi ils nous dérangent, Psychologie, 222, 79-81. 94 Sausse, S. (1996). Le miroir brisé : l’enfant handicapé, sa famille et le psychanalyste. Calmann-Lévy :

s.l., p.9.

94

6) Questions

AsAsAsAs----tu posé destu posé destu posé destu posé des questions à quelqu’un avant de partir en camp questions à quelqu’un avant de partir en camp questions à quelqu’un avant de partir en camp questions à quelqu’un avant de partir en camp ????

(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)

• 6/6 enfants n’ont pas de questions à poser.

ο 3/6 enfants (A, B, C) se disent surpris ou mal à l’aise parce qu’ils ne connaissent pas le contexte.

ο 2/6 enfants (E, F) n’ont pas peur parce qu’ils connaissent déjà des personnes handicapées et le milieu des camps.

ο 1/6 enfant (D) pensait que les enfants valides seraient séparés des enfants handicapés.

La préparation du camp avaitLa préparation du camp avaitLa préparation du camp avaitLa préparation du camp avait----elle répondu à certaines questionselle répondu à certaines questionselle répondu à certaines questionselle répondu à certaines questions ????

(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)

• 2/6 animateurs (A, D) répondent oui : ils ont eu des informations sur l’organisation du camp.

• 2/6 animateurs (B, F) disent que cela leur a seulement permis d’avoir un aperçu sur papier du type d’enfants qu’ils allaient animer.

• 1/6 animateur (C) dit avoir appris sur le coup : auparavant, elle ne s’en préoccupait pas.

• 1/6 animateur (E) dit qu’avant la camp, ça n’apporte pas de grandes informations sur les réactions qu’il faudra avoir.

• 1/6 animateur (F) trouve que la réunion n’a pas suffi, il aurait souhaité savoir comment réagir face à tel ou tel événement.

AsAsAsAs----tu des questions que tu souhaiterais posertu des questions que tu souhaiterais posertu des questions que tu souhaiterais posertu des questions que tu souhaiterais poser ? (Pour les enfants.)? (Pour les enfants.)? (Pour les enfants.)? (Pour les enfants.)

• 2/6 enfants (A, B) ont été surpris de découvrir, parmi les enfants, ceux qui étaient atteint d’un handicap.

• 2/6 enfants (A, F) posent des questions sur le type de handicap de tel ou tel enfant.

• 4/6 enfants (B, C, D, E) ne posent pas de questions durant le questionnaire.

T’esT’esT’esT’es----tu senti entouré, encadré dans tes questionstu senti entouré, encadré dans tes questionstu senti entouré, encadré dans tes questionstu senti entouré, encadré dans tes questions ????

• 5/6 enfants ( A, C, D, E, F) disent que oui.

• 1/6 enfant (B) dit que non parce qu’il n’osait pas.

• 2/6 enfants (B, C) ajoutent que l’observation a aussi beaucoup aidé.

• 6/6 animateurs répondent oui.

95

PensesPensesPensesPenses----tu que cette expérience va te servir dans un autre camptu que cette expérience va te servir dans un autre camptu que cette expérience va te servir dans un autre camptu que cette expérience va te servir dans un autre camp ? ? ? ?

(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)(Pour les enfants.)

• 2/5 enfants (D, F) disent que non, car ils sont habitués.

• 3/5 enfants (B, C, E) répondent que oui et parlent d’une ouverture vers les autres.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

La moitié des enfants (B, C, E) pensent que l’expérience leur permettra de

s’ouvrir plus aux autres quels qu’ils soient.

La majorité des enfants a pu poser les questions souhaitées et ne désire pas

poser de questions supplémentaires.

Nous pouvons aussi remarquer que pour les toutes premières expériences de

camp, comme c’est le cas pour Adrien et Martine, ce n’est pas tant la rencontre du

handicap qui fait peur mais plutôt le contexte, le lieu, l’organisation. Pour les autres

animateurs, la question de l’organisation ne se pose plus car ils n’en sont pas à leur

première expérience de camp et, pour les enfants, ils n’en sont pas à leur première

rencontre avec des personnes handicapées. La préparation était utile pour

l’organisation du camp mais les animateurs n’arrivaient pas à imaginer sur papier le

type d’enfants handicapés qui allaient être présents au camp. Un seul animateur

trouve que l’information n’était pas suffisante.

⇒ Selon une étude réalisée auprès d’enseignants accueillant des enfants

handicapés95 : les informations sont le plus souvent données et demandées

lorsqu’il s’agit, pour un groupe d’enfants valides, de la première expérience

d’intégration.

Adrien nous montre que ce sont les enfants qui informent sur la manière dont-

il faut réagir face à eux, il nous dit : « Je pense que c’est eux qui vont m’apprendre

comment il faut réagir, ce qu’il faut faire ou ne pas faire. » C’est donc la pratique qui

permet de comprendre les réactions à avoir face à chaque enfant handicapé.

95 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des instituteurs

parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.63.

96

7) Modes de communication

AvaisAvaisAvaisAvais----tu déjà rencontré précédemment un enfant handicapétu déjà rencontré précédemment un enfant handicapétu déjà rencontré précédemment un enfant handicapétu déjà rencontré précédemment un enfant handicapé ? ? ? ?

Comment avezComment avezComment avezComment avez----vous échangévous échangévous échangévous échangé ????

• 1/6 animateur (A) répond directement aux demandes de l’enfant handicapé.

• 1/6 animateur (B) utilise la musique.

• 2/6 animateurs (D) utilisent les jeux.

PensesPensesPensesPenses----tu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parletu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parletu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parletu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parle

pas du toutpas du toutpas du toutpas du tout ????

• 6/6 enfants répondent oui.

ο 2/6 enfants (A, B) ajoutent que l’enfant handicapé comprend peut-être même s’il ne parle pas.

ο 4/6 enfants (C, D, E, F) ajoutent qu’ils le font par le jeu, par gestes.

• 4/6 animateurs (A, C, D, E) répondent oui.

• 2/6 animateurs (B, F) répondent oui si l’enfant a le désir de communiquer aussi et qu’il le montre.

Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés

de ce campde ce campde ce campde ce camp ????

• 3/6 enfants (A, E, F) évoquent le jeu comme moyen.

• 3/6 enfants (A, B, C) adaptent leurs paroles.

• 3/6 enfants (B, C, E) utilisent les gestes.

• 6/6 animateurs répondent : comme avec un autre enfant au début. Par la suite, ils s’adaptent en fonction des réactions de ce dernier.

ο 3/6 animateurs (A, D, F) modifient leur manière de parler (plus lente, plus adaptée).

ο 2/6 animateurs (B, F) utilisent les jeux, un élément qui permet aussi de voir les premières réactions de l’enfant.

ο 5/6 animateurs (A, B, C, E, F) sont plus vagues et parlent d’adapter en fonction des enfants et des techniques que l’enfant utilise déjà.

97

La manière dont les personnes autour de toi ont réLa manière dont les personnes autour de toi ont réLa manière dont les personnes autour de toi ont réLa manière dont les personnes autour de toi ont réagi aagi aagi aagi a----tttt----elle modifié elle modifié elle modifié elle modifié

quelque chosequelque chosequelque chosequelque chose ? ? ? ?

• 3/3 enfants (B, C, F) disent qu’ils ont observé pour comprendre les enfants handicapés et ont essayé les mêmes techniques déjà utilisées par d’autres enfants valides et animateurs.

• 5/6 animateurs (A, B, C, D, F) disent clairement que les réactions observées ont influencé leur manière d’entrer en contact.

ο 3/6 animateurs (B, C, D) disent que l’observation permet de voir leurs réactions et de comprendre ce qu’ils apprécient ou non.

• 1/6 animateur (E) répond qu’elle a tendance à compenser lorsqu’un enfant est peu regardé par le groupe.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Nous pouvons nous rendre compte que les enfants et les animateurs trouvent

des adaptations au langage verbal pour entrer en communication par d’autres

moyens. La variété des techniques peut s’expliquer par la variété d’enfants

handicapés présents à ce camp. Beaucoup d’enfants utilisent les jeux et les gestes

pour aller vers les enfants handicapés. Le jeu est un espace transitionnel particulier

car il se situe en dehors des codes habituels et permet l’utilisation de nouveaux

moyens de découvertes.

Par contre, 2/6 animateurs font remarquer que l’enfant montre des signes

d’envie de communication quelle qu’elle soit même si ce n’est pas de manière

verbale.

⇒ La conclusion d’une étude réalisée dans une école qui pratique l’intégration96

met en évidence que le handicap de l’enfant n’est pas un facteur de répulsion

ou d’attraction pour les enfants valides. Quelle que soit la condition de l’enfant

ou le statut qui lui est attribué par l’adulte, celui-ci est recherché, accepté ou

toléré en fonction du sentiment de sécurité qu’il apporte aux autres. Cette

étude montre aussi que les partenaires sont choisis essentiellement en

fonction de leurs capacités apparentes de communication. Cela se fait de

manière plus visible dans les situations de jeux où les capacités dynamiques,

donc les compétences, jouent un rôle dans les interactions.

96 Sur base du livre : Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe.

Paris : E.S.F, p.91.

98

L’observation est un facteur influençant chez plus de la moitié des personnes

interrogées. Les comportements et actions se modifient en fonction de cette

observation.

⇒ Christina, dans l’entretien à la fin du camp, à la question : « Etait-ce important

de voir les réactions des animateurs, de voir comment ils réagissaient ? »

répond : « Oui, parce que je me posais des questions sur comment ils

répondent. »

Durant notre questionnaire et durant le camp, très peu de questions ont été

posées par les enfants et les animateurs concernant la manière de faire avec tel ou

tel enfant handicapé. L’observation est donc plus importante que le fait de poser

des questions durant le camp.

⇒ Arthur nous dit : « Je n’ai pas posé de questions mais j’ai surtout observé ce

qui se passait. »

8) Peur, curiosité, moment de malaise, désir de ne pas

avoir d’enfants handicapés à côté de soi.

AsAsAsAs----tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants

handicapéshandicapéshandicapéshandicapés ? ? ? ?

• 2/6 enfants (B, E) parlent de la peur que l’enfant ne les comprennent pas ou qu’il ne les écoutent pas.

• 2/6 enfants (A, D) disent qu’ils ne vont pas vers eux s’ils n’aiment pas leur caractère.

• 2/6 enfants (B, E) disent qu’ils vont plus vers eux qu’en début de camp.

AsAsAsAs----tu des craintes, des peurs ou un intérêt vistu des craintes, des peurs ou un intérêt vistu des craintes, des peurs ou un intérêt vistu des craintes, des peurs ou un intérêt vis----àààà----vis d’une forme de vis d’une forme de vis d’une forme de vis d’une forme de

handicap plutôt qu’une autrehandicap plutôt qu’une autrehandicap plutôt qu’une autrehandicap plutôt qu’une autre ? ? ? ?

• 1/6 enfant (A) a plus peur des enfants handicapés physiques car il a peur que cela lui arrive et qu’il ne puisse plus marcher.

• 3/6 enfants (C, E, F) ont plus difficile avec les enfants handicapés mentaux car le contact est plus compliqué au niveau du langage.

• 2/6 enfants (B, D) disent qu’ils n’ont pas plus peur ou plus d’intérêt pour une forme plus qu’une autre.

• 4/6 animateurs (A, C, D, F) répondent qu’ils ont plus peur des enfants handicapés qui présentent une grande force, qui sont plus brusques.

• 2/6 animateurs (A, E) répondent qu’ils ont plus difficile avec des enfants qui présentent un handicap plus léger.

99

• 3/6 animateurs (A, B, C) ont envie de connaître un peu plus ces handicaps.

ο 2/6 animateurs (A, B) ont aussi une certaine crainte par rapport à l’autisme et durant le camp par rapport à Amélie (enfant autiste) car ils ne l’ont pas comprise.

• 3/6 animateurs (C, D, E) ont envie de parfaire leur connaissance et les techniques utilisées avec les enfants handicapés (en dehors de l’autisme).

• 2/6 animateurs (E, F) préfèrent entrer en contact avec des enfants handicapés physiques ou ceux qui ont accès au langage.

• 1/6 animateur (D) préfère rentrer en contact avec des enfants handicapés mentaux.

VoisVoisVoisVois----tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ou ta tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ou ta tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ou ta tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ou ta

motivationmotivationmotivationmotivation ? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)

• 5/6 animateurs (A, B, C, D, E) invoquent le temps comme un facteur influençant les comportements.

ο 3/6 animateurs (C, D, E) disent que le temps permet de savoir comment se comporter, permet d’être plus à l’aise face à l’enfant.

• 3/6 animateurs (A, B, F) ont le désir de réessayer car ils ont vécu certaines épreuves avec Amélie (une des enfants handicapées présentant un trouble autistique) comme un échec et veulent voir s’ils sont capables de s’améliorer.

Y aY aY aY a----tttt----il un moment avec les enfants handicapés où tu étais mal à l’aise, où tu il un moment avec les enfants handicapés où tu étais mal à l’aise, où tu il un moment avec les enfants handicapés où tu étais mal à l’aise, où tu il un moment avec les enfants handicapés où tu étais mal à l’aise, où tu

aaaas eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçues eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçues eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçues eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçue ????

(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)

• 3/6 animateurs (A, D) évoquent le moment où ils ont dit ou fait des choses qu’ils n’aiment pas faire ou qu’ils n’auraient pas du faire (mauvaises paroles, chantage, forcer à prendre un médicament).

• 2/6 animateurs (C, F) parlent des soins comme une impression d’intrusion dans la vie privée.

• 1/6 animateur (B) signale le moment où il a été attristé par l’histoire personnelle d’un enfant (Julie).

Y aY aY aY a----tttt----il un moment avec lil un moment avec lil un moment avec lil un moment avec les enfants valides où tu étais mal à l’aise, où tu as es enfants valides où tu étais mal à l’aise, où tu as es enfants valides où tu étais mal à l’aise, où tu as es enfants valides où tu étais mal à l’aise, où tu as

eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçueeu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçueeu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçueeu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçue ? ? ? ?

(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)

• 4/6 animateurs (A, B, C, D) montrent que c’est lié à des comportements ou des actions dont ils ne sont pas fiers ou qu’ils trouvent mal adaptés (mauvais avis sur un enfant, trop peu de présence avec eux ou promesse non tenue).

• 2/6 animateurs (E, F) montrent qu’ils sont déçus de certains comportements d’enfants (quand ils étalent leur vie privée, quand ils font des bêtises).

100

Y aY aY aY a----tttt----il eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapéil eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapéil eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapéil eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapé

à côté de toià côté de toià côté de toià côté de toi ????

• 3/6 enfants (A, C, E) répondent non.

• 1/6 enfant (B) dit que c’est quand il n’a pas envie de rire.

• 1/6 enfant (D) dit que c’est lorsqu’un enfant handicapé l’ennuie.

• 1/6 enfant (F) dit qu’il n’aurait pas apprécié que les enfants handicapés soient présents lors des soins et dans les chambres.

• 3/6 animateurs (A, B, F) souhaitaient ne pas s’occuper des soins ou des repas à certains moments.

• 3/6 animateurs (B, D, E) désiraient rejoindre le groupe lorsqu’ils en étaient en partie exclus parce qu’ils s’occupaient d’un enfant en particulier.

• 1/6 animateur (C) s’éloignait de certains enfants avec qui il avait plus peur ou plus difficile.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

La moitié des enfants ont plus difficile avec les enfants handicapés mentaux

qu’avec les enfants handicapés physiques et ce, essentiellement, parce qu’ils ne

parlent pas. La force des personnes est également un élément qui vaut la peine

d’être retenu, qu’il s’agisse d’enfants handicapés ou non, 4/6 animateurs invoquent

la force comme un facteur qui fait peur.

Autant pour les enfants que pour les animateurs, ce qui leur fait peur est un

sentiment d’insécurité : les enfants ont du mal à imaginer les réactions possibles et

les animateurs ne savent pas jusqu’où la force de l’enfant handicapé peut aller.

⇒ P. Vayer et C. Roncin nous disent qu’au niveau des activités,97 le choix des

pairs va se faire en fonction du sentiment de sécurité qui facilite l’engagement

dans l’action. La communication entre deux personnes va permettre à chacun

de faire sien le modèle ou la proposition de l’autre sans avoir le sentiment

d’être dépendant de celui-ci. Cela amènera ainsi le sujet à associer son désir

et son imagination à ceux des autres et donc à dépasser sa propre personne.

⇒ Le sentiment de sécurité est important pour Gaelle lorsqu’elle nous dit :

« J’ai plus de crainte pour les handicapés qui sont plus brusques et plus

dangereux, pour eux et pour nous. C’est un imprévu qui peut déboucher sur

n’importe quoi. »

97 Sur base du livre : Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe.

Paris : E.S.F, p.82.

101

Notons également que la présence de certains types de handicaps a été plus

difficile à gérer autant pour les enfants que pour les animateurs. C’est le cas pour

Amélie (une enfant autiste) et Julie (ayant des troubles de la personnalité). Les

moments positifs ont surtout été vécus avec des enfants handicapés légers malgré

la difficulté pour certains animateurs de les considérer comme ayant un handicap.

L’autisme intrigue beaucoup d’animateurs mais les difficultés qu’ils ont eu

avec Amélie leur donne une nouvelle motivation, un défi. L’autre type de handicap

qui perturbe plus les animateurs est le handicap plus léger : il ne leur permet pas

de les traiter comme des enfants handicapés.

⇒ Caroline, animatrice, dit face à ce type de handicap : « On attend qu’il fasse

tout comme nous. » Ce qui montre que les réactions que l’on a face aux

personnes handicapées sont différentes de celles que l’on a face aux

personnes valides.

⇒ N‘oublions pas que, selon P. Bonjour & M. Lapeyre,98 des formes de

handicaps sont plus difficilement acceptées que d’autres. L’infirmité cérébrale

et les troubles graves de la personnalité sont moins bien tolérés. Cela est dû à

leur caractère déroutant, à des réactions imprévisibles et aux graves

problèmes de communication. Parmi les handicaps les mieux tolérés se

trouvent les débilités légères.

Mais, malgré cela, aucun animateur n’a le désir de tout abandonner et de ne

pas essayer d’en faire plus. Même si l’expérience a été vécue comme difficile.

⇒ Emilie nous dit : « Ce n’est pas facile mais pas dur. »

La plupart du temps, les animateurs sont mal à l’aise par rapport aux

comportements dont ils ne sont pas fiers, qu’ils auraient souhaité ne pas avoir.

Nous constatons également que le moment des soins dérange certains

animateurs. Ce malaise revient dans les réponses à deux questions. Même s’il

semble que ça ne dérange pas les enfants handicapés. Remarquons que cette

réflexion ne se pose pas pour les soins aux enfants valides (douches, pipi au lit, ...).

⇒ Arthur nous dit : « Le moment où, j’ai changé Amélie, là, je me suis senti plus

que mal à l’aise. Le lavage, les soins des enfants moins valides en général, je

les ai vécus très mal. C’était un moment que je n’aimais pas du tout, parce

98 Selon : Bonjour, P. & Lapeyre, M. (1994). Handicaps et vie scolaire, l’intégration différenciée.

Lyon : Chronique sociale, p. 95.

102

qu’il fallait vraiment les laver et j’avais l’impression de rentrer un petit peu

dans leur intimité, Amélie plus que les autres enfants. »

⇒ Gaelle nous dit : « Au début, j’étais mal à l’aise parce que je devais les laver,

et j’avais l’impression de rentrer dans un terrain interdit. C’est l’intimité de

chaque personne mais apparemment ils l’acceptent, parce qu’ils savent qu’ils

ne savent pas le faire eux-mêmes. »

9) Apports donnés et reçus

PensesPensesPensesPenses----tu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapéstu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapéstu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapéstu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapés ????

• 1/5 enfant (D) dit qu’il ne pense pas avoir apporté quelque chose.

• 2/5 enfants (C, E) disent qu’ils ont apporté de la sympathie et de l’amitié.

• 2/5 enfants (B, F) ne répondent pas directement à cette question mais disent qu’ils auront moins peur d’être jugés, qu’ils seront mieux dans leur peau.

• 2/6 animateurs (A, F) disent avoir permis aux enfants de montrer qu’ils peuvent être intégrés, considérés comme des enfants normaux.

• 2/6 animateurs (B, E) disent qu’ils ont apporté de la bonne humeur (joie, sourire, bons moments, ...).

ο 1/2 animateur insiste sur le fait que ce n’est pas elle seule mais que c’est le travail d’équipe des animateurs qui a permis d’apporter de la bonne humeur.

• 1/6 animateur dit avoir permis aux enfants de quitter leur monde.

PensesPensesPensesPenses----tu avoir apporté quelque chose aux enfants «tu avoir apporté quelque chose aux enfants «tu avoir apporté quelque chose aux enfants «tu avoir apporté quelque chose aux enfants « normauxnormauxnormauxnormaux »»»» ????

• 2/6 enfants (A, B) parlent d’entraide entre les enfants valides quand il faut aider les enfants handicapés.

• 1/6 enfant (C) dit qu’il n’a rien apporté.

• 1/6 enfant (E) dit avoir permis aux enfants valides de porter un autre regard et permis l’intégration.

• 2/6 enfants (D, F) parlent d’amitié.

• 3/6 animateurs (A, D, F) disent avoir permis aux enfants valides de porter un autre regard et de favoriser l’intégration.

• 3/6 animateurs (B, C, D) disent qu’ils ont apporté de la bonne humeur (joie, sourire, bons moments, ...).

• 1/6 animateur (F) dit avoir apporté de nouvelles connaissances aux enfants valides.

• 2/6 animateurs (B, E) disent avoir apporté des connaissances et des valeurs de vie en groupe.

103

PensesPensesPensesPenses----tu avoir apporté quelque chose aux enfants dans la rencontu avoir apporté quelque chose aux enfants dans la rencontu avoir apporté quelque chose aux enfants dans la rencontu avoir apporté quelque chose aux enfants dans la rencontretretretre ? ? ? ?

(Pour les animateurs.) (Pour les animateurs.) (Pour les animateurs.) (Pour les animateurs.)

• 4/6 animateurs (D, E, F) indiquent que la rencontre servira aux enfants valides plus tard (la tolérance, un nouveau regard, anticiper leurs réactions futures).

• 2/6 animateurs (B, C) montre que c’est grâce à l’équipe et au cadre installé par celle-ci que l’intégration a pu être possible.

PensesPensesPensesPenses----tu retirer quelque chose du fait d’avoir apporté aux enfantstu retirer quelque chose du fait d’avoir apporté aux enfantstu retirer quelque chose du fait d’avoir apporté aux enfantstu retirer quelque chose du fait d’avoir apporté aux enfants ? ? ? ?

(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)(Pour les animateurs.)

• 1/6 animateur (C) se sent utile.

• 4/6 animateurs (A, B, E, F) disent que ça les a changés (nouveau regard, maturité en plus, prise de responsabilités, réduction des préjugés).

• 2/6 animateurs disent (B, D)que ça fait plaisir, ça rend heureux.

PensesPensesPensesPenses----tu que ça t’a apporté quelque chose de rencontrertu que ça t’a apporté quelque chose de rencontrertu que ça t’a apporté quelque chose de rencontrertu que ça t’a apporté quelque chose de rencontrer

ces enfants handicapésces enfants handicapésces enfants handicapésces enfants handicapés ????

• 2/6 enfants (A, F) disent que non.

• 2/6 enfants (B, E) pensent qu’ils ont appris à vivre avec eux et faire attention à ce qu’on dit.

• 2/6 enfants (B, C, D) pensent que la rencontre avec ces enfants permet de modifier le regard et d’aller plus facilement vers eux.

• 2/6 animateurs (A, B) trouvent que ça apporte un certain bonheur d’être en leur compagnie.

• 3/6 animateurs (A, D, E) trouvent que la rencontre de ces enfants leur a permis de modifier des comportements : apprendre à adapter les activités, à être un peu plus maternant.

• 3/6 animateurs (C, E, F) pensent que la rencontre avec ces enfants permet une ouverture sur le monde et à l’inconnu, une plus grande tolérance et change des conceptions de la vie.

Les enfants valides t’ontLes enfants valides t’ontLes enfants valides t’ontLes enfants valides t’ont----ils apporté quelque choseils apporté quelque choseils apporté quelque choseils apporté quelque chose ????

• 1/6 enfant(C) dit non.

• 5/6 enfants (A, B, D, E, F) disent que ça leur a permis de passer du bon temps, de l’amitié, de la joie.

• 2/6 animateurs (A, C) disent que ce camp les a amenés à connaître un peu mieux les enfants et à avoir des comportements plus adaptés.

• 3/6 animateurs (B, D, F) disent qu’ils ont été surpris de la possibilité d’intégration entre les enfants valides et handicapés.

104

• 1/6 animateur (E) dit que ces enfants lui permettent d’être plus responsable.

• 1/6 animateur (E) dit que ces enfants lui ont apporté du bonheur.

Le camp intégration en général t’aLe camp intégration en général t’aLe camp intégration en général t’aLe camp intégration en général t’a----tttt----il apporté quelque choseil apporté quelque choseil apporté quelque choseil apporté quelque chose ????

• 1/5 enfant (A) dit non.

• 2/5 enfants (D, F) disent que c’est bien pour les enfants handicapés car ils peuvent croire qu’ils sont comme les autres.

• 1/5 enfant (E) dit que ça fait porter un nouveau regard.

• 1/5 enfant (B) dit qu’il va plus vers eux.

• 1/5 animateur (A) montre que cela lui a permis de connaître deux mondes différents.

• 1/5 animateur (B) pense que l’intégration favorise une certaine harmonie en comparaison des autres camps.

• 2/5 animateurs (C) disent que ça fait porter un nouveau regard, apporte un nouveau seuil de tolérance.

• 1/5 animateur (F) pense que les deux types d’enfants ont dû faire des efforts pour l’intégration.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Tous les animateurs considèrent qu’ils ont apporté quelque chose tant aux

enfants handicapés qu’aux enfants valides.

En ce qui concerne les enfants handicapés, les animateurs pensent leur avoir

apporté de la joie et peut-être l’idée d’être comme les autres. Et en ce qui concerne

les enfants valides, ils considèrent que les enfants handicapés sont comme eux et

qu’ils leurs ont aussi apporté de la joie. L’ambiance du groupe les a portés à vivre

des moments de bonheur, de joie, de satisfaction générale.

⇒ Cela rejoint l’idée que les camps sont avant tout « des lieux d’activités, de

détente, de plaisir, de jeu. C’est un projet de loisirs à la base, ensuite les

animateurs peuvent mettre en place d’autres projets pédagogiques autour. »99

Il y a malgré tout quelques enfants et la moitié des animateurs qui pensent

que cette expérience va leur permettre d’aller plus facilement vers les

personnes handicapées par la suite.

99 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.117.

105

La rencontre nous montre que le cadre installé par l’équipe est important pour

que l’intégration se déroule positivement. Et ensuite pour permettre aux enfants

valides de porter un nouveau regard et peut-être influencer leurs comportements

futurs, mais c’est également vécu par les animateurs sans qu’ils s’en rendent

compte durant le camp.

Les animateurs arrivent à clarifier un peu plus l’apport de cette rencontre.

Nous pouvons nous rendre compte que, lorsqu’il s’agit de parler des enfants

handicapés, 2/6 répondent qu’ils leur apportent du bonheur mais qu’un seul

animateur parle de cela avec les enfants valides. Nous pouvons supposer que tous

les enfants apportent du bonheur, car c’est souvent le premier objectif des camps.

Pourquoi y a-t-il si peu de termes descriptifs des relations entre les personnes

valides ? Serait-ce en comparaison du bonheur qu’ils ont eu avec les enfants

handicapés ?

⇒ Emilie dit : « Je n’arrive pas à ravoir tout ce bonheur avec les enfants

normaux ! »

L’ouverture sur l’extérieur, porter un nouveau regard, revient dans deux des

questions. Ce type de camp apprend la tolérance.

⇒ C’est également ce que nous montre ce témoignage : « Nous aurons au

moins fait une expérience essentielle : les différences sont une chance et non

un obstacle. [...] Ils seront là pour empêcher qu’une société aux tendances

égoïstes fasse de l’exclusion une habitude. Ils seront là pour croire et pour

témoigner que sans l’autre, quel qu’il soit, on est bien pauvre. »100

10) Intégration

Quel est ton avis sur l’intégration en généralQuel est ton avis sur l’intégration en généralQuel est ton avis sur l’intégration en généralQuel est ton avis sur l’intégration en général ????

• 1/2 enfant (B) dit que ça aide à aller plus vers eux.

• 1/2 enfant (D) dit que c’est chouette pour les animateurs.

• 6/6 animateurs sont pour les camps en intégration.

• 2/6 animateurs (D, F) sont pour le camp intégration mais à condition que la communication (verbale ou non verbale) soit possible.

100 Jeunes en mouvement, (2002). Dossier : S’ouvrir à la différence, J.E.M., 101, p.17.

106

FeraisFeraisFeraisFerais----tu des modifications éventuellestu des modifications éventuellestu des modifications éventuellestu des modifications éventuelles ????

• 2/6 enfants (A, D) font des reproches aux animateurs à propos de comportements qu’ils n’ont pas compris.

• 1/6 enfant (F) ne changerait rien.

• 5/6 enfants (A, B, C, D, E) demandent plus d’activités en intégration.

• 6/6 animateurs ont des avis pour des modifications.

ο 3/6 animateurs (B, E, F) estiment qu’il faut être formé surtout si le camp accueille des enfants avec un handicap plus lourd physiquement ou mentalement.

ο 3/6 animateurs (C, E, F) estiment qu’il faudrait une plus grande préparation ou pouvoir reparler des handicaps en équipe après le premier jour.

ο 2/6 animateurs (B, F) réaliseraient, ajouteraient d’autres activités ou lieux de rencontres entre les activités.

ο 1/6 animateur (E) ne souhaite pas d’animateur en première année dans ce camp, il estime qu’il faut un minimum d’expérience.

Que peQue peQue peQue pensesnsesnsesnses----tu des chambrestu des chambrestu des chambrestu des chambres ? (La question a été posée à trois enfants? (La question a été posée à trois enfants? (La question a été posée à trois enfants? (La question a été posée à trois enfants

et à quatre animateurs.)et à quatre animateurs.)et à quatre animateurs.)et à quatre animateurs.)

• 1/3 enfant (E) désire que les chambres soient complètement séparées entre les enfants handicapés et valides.

• 2/3 enfants (A, B) désirent que les chambres soient plus mélangées mais en choisissant les enfants handicapés.

• 2/4 animateurs (A, E) désirent que les chambres soient complètement séparées entre les enfants handicapés et valides.

• 1/4 animateur (D) désire que les chambres soient plus mélangées mais ne sait pas si cela serait favorable pour tous.

• 2/4 animateurs (C, E) mettraient des animateurs référents plus visibles du côté des chambres des enfants handicapés ou valides.

AsAsAsAs----tu actuellement le désir de renouveler l’expériencetu actuellement le désir de renouveler l’expériencetu actuellement le désir de renouveler l’expériencetu actuellement le désir de renouveler l’expérience ????

• 4/6 enfants (B, C, E, F) répondent oui ou que ça ne les dérangerait pas.

• 1/6 enfant (A) répond qu’il n’a pas d’avis.

• 1/6 enfant (D) répond non car elle veut réaliser des activités plus difficiles d’accès aux enfants handicapés (tel que l’escalade, ...).

• 5/6 animateurs (A, B, C, D, E) répondent oui.

• 1/6 animateur (F) répond oui mais sans Amélie.

107

ConclusionConclusionConclusionConclusion

La présence des enfants handicapés dans le camp n’a pas dérangé les

enfants valides et 4/6 enfants seraient même prêts à refaire l’expérience. 1/6 enfant

n’a pas le désir de renouveler l’expérience car il souhaite réaliser des activités sans

doute moins accessibles aux personnes handicapées tel qu’un camp aventure.

⇒ Cela illustre le fait qu’à l’adolescence, « les contacts qui avaient pu se

développer avec les enfants handicapés s’estompent face à d’autres

intérêts ».101

Par contre, tous les animateurs ont le désir de refaire un camp en intégration

malgré le fait que des propositions de modifications soient apportées.

La question de l’intégration est très variable d’un enfant à l’autre. Toutefois,

nous pouvons noter un désir pour les enfants valides d’avoir plus d’activités en

intégration. Les enfants valides n’ont pas bien compris le pourquoi de certaines

activités séparées. Ils pensaient que cela ennuyait les enfants handicapés.

Alors que cela a été prévu pour permettre aux enfants handicapés d’être de temps

en temps entre eux. Les animateurs ont observé un désir de certains enfants

handicapés de se retrouver plus souvent entre eux.

Au niveau de l’intégration dans les chambres, les avis des enfants divergent

beaucoup plus. C’est également une question qui se pose chez beaucoup

d’animateurs sans pour autant connaître la réponse. La disposition telle qu’elle a

été faite durant le camp en a perturbé certains et cela se ressent dans les réponses

au questionnaire. L’idée d’avoir des référents plus présents permettrait peut-être de

résoudre les problèmes qui sont survenus dans les chambres des enfants valides.

Séparer complètement les chambres rendrait les choses claires dès le début,

comme le propose Adrien.

Une question reste malgré tout en suspens : la tension entre le désir des

animateurs de réaliser plus d’activités séparées et le désir des enfants d’avoir plus

d’activités en commun. Jusqu’où faut-il pousser l’intégration ? Les enfants valides

vivent la séparation des activités comme une punition pour les enfants handicapés

alors que les animateurs remarquent un désir des enfants handicapés d’avoir des

moments plus séparés.

101 Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la classe. Paris : E.S.F, p.64.

108

⇒ Christina nous dit : « Surtout quand on est séparé, qu’on fait deux trucs

différents. Je trouve ça débile de faire ça. Ils ont le droit de faire nos

activités. »

11) Compétences et modifications pour vivre avec

des enfants handicapés

PensePensePensePense----tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour vivre tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour vivre tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour vivre tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour vivre

avec des avec des avec des avec des enfants handicapésenfants handicapésenfants handicapésenfants handicapés ????

• 2/6 enfants (C, F) répondent non.

• 1/6 enfant (E) pense qu’il faut être ouvert.

• 2/6 enfants (B, E) pensent qu’il faut être patient.

• 2/6 enfants (B, E) pensent qu’il ne faut pas avoir de dégoût.

• 1/6 enfant (A) pense qu’il faut aimer les enfants.

• 1/6 enfant (D) pense qu’il faut avoir du soutien.

• 3/6 animateurs (B, D, E) pensent qu’il faut être animateur avant toute chose, passionné par ce que l’on fait, avoir l’expérience d’autres camps, aimer les enfants.

• 4/6 animateurs (A, C, E, F) pensent qu’il faut être ouvert, vouloir le contact, être attentionné.

• 5/6 animateurs (A, B, D, E, F) pensent qu’il faut être patient, plus doux et maternant, être plus à leur service, tenir compte des limites de l’enfant.

• 1/6 animateur (E) pense qu’il faut être communicatif.

• 1/6 animateur (B) pense qu’il faut de la motivation.

• 1/6 animateur (B) pense qu’il faut avoir un esprit de groupe.

• 4/6 animateurs (A, B, D, E) pensent qu’il faut se remettre en question.

• 3/6 animateurs (C, D, F) pensent qu’il faut être imaginatif, curieux.

• 1/6 animateur (C) pense qu’il faut être cultivé ou avoir envie de faire découvrir.

• 2/6 animateurs (C, F) pensent qu’il faut être responsable, référent, faire plus attention à la sécurité.

• 4/6 animateurs (A, B, C, F) pensent qu’il faut être juste, équilibré ou ne pas juger.

• 1/6 animateur (E) pense qu’il faut de l’échange, du partage.

• 4/6 animateurs (A, D, E, F) pensent qu’il faut de l’écoute ou de l’observation.

• 3/6 animateurs (A, E, F) pensent qu’il faut du respect ou de la tolérance.

• 1/6 animateur (B) pense qu’il faut faire preuve d’empathie.

• 1/6 animateur (F) pense qu’il faut être altruiste.

109

• 5/6 animateurs (A, B, C, D, F) pensent que tous les points de la liste proposée sont importants et se complètent.

• 2/6 animateurs (D, E) pensent qu’il ne faut pas se mettre au même niveau.

• 1/6 animateur (E) pense qu’il ne faut pas être altruiste.

PensePensePensePense----tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être

animateur d’enfants validesanimateur d’enfants validesanimateur d’enfants validesanimateur d’enfants valides ? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)

• 3/6 animateurs (B, E, F) pensent qu’il faut être animateur avant toute chose, passionné par ce que l’on fait, aimer les enfants.

• 4/6 animateurs (A, C, E, F) pensent qu’il faut être ouvert, vouloir le contact.

• 2/6 animateurs (A, D) pensent qu’il faut être patient.

• 4/6 animateurs (A, D, E, F) pensent qu’il faut être communicatif.

• 2/6 animateurs (B, D) pensent qu’il faut de la motivation.

• 1/6 animateur (B) pense qu’il faut avoir un esprit de groupe.

• 1/6 animateur (B) pense qu’il faut se remettre en question.

• 1/6 animateur (C) pense qu’il faut être imaginatif.

• 2/6 animateurs (C, D) pensent qu’il faut être cultivé ou avoir envie de faire découvrir.

• 2/6 animateurs (C, F) pensent qu’il faut être responsable ou référent.

• 1/6 animateur (C) pense qu’il faut être juste ou équilibré.

• 2/6 animateurs (E, F) pensent qu’il faut de l’échange, du partage.

• 1/6 animateurs (D) pensent qu’il faut de l’écoute.

• 1/6 animateur (E ) pense qu’il faut du respect ou de la tolérance.

• 1/6 animateur (F ) pense qu’il faut être social.

• 4/6 animateurs (A, B, C, F) pensent que tous les points de la liste sont importants et se complètent.

Comment être animateur en camp intégrationComment être animateur en camp intégrationComment être animateur en camp intégrationComment être animateur en camp intégration ????

FautFautFautFaut----il opérer des modificationsil opérer des modificationsil opérer des modificationsil opérer des modifications ? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)

• 2/6 animateurs (A, E) disent qu’il faut être plus patient ?

• 3/6 animateurs (B, C E) disent qu’il faut s’adapter à l’enfant : dans ses actes, gestes, paroles, le timing, ne pas prendre une trop grande place dans les jeux.

• 4/6 animateurs (C, D, E, F) disent qu’il faut adapter les activités.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Nous allons ici différencier les réponses des enfants et des animateurs étant

donné que leur façon de répondre est totalement différente.

Nous voyons que les compétences qui sont citées par les enfants valides

varient en fonction de leur propre vécu et de leurs propres difficultés.

110

Il est étonnant de se rendre compte que le dégoût revient lors des réponses

durant les entretiens alors que très peu d’enfants ont cité le dégoût comme étant un

frein à la rencontre. Y aurait-il là un déni du handicap, de la difficulté de la

rencontre ?

⇒ Le déni selon M. Ringler « permet à certaines personnes de ne voir dans leur

entourage que des interlocuteurs normaux ou acceptables ».102

Il est aussi surprenant de se rendre compte qu’1/6 enfant estime qu’il faut du

soutien. Ça montre malgré tout une difficulté à l’intégration. Cela ne se fait pas tout

seul malgré le fait que ce soit plus facile vers la fin du camp quand la peur s’est

estompée.

Les réactions des animateurs face à cette question sont tout à fait différentes,

ils donnent une liste importante de comportements à avoir. Nous pouvons

remarquer que les animateurs mettent en avant des valeurs relationnelles,

psychosociales, de groupe avec une certaine idée d’éthique. Cette observation

rejoint le fait que les animateurs désirent tous effectuer un travail relationnel dans le

futur.

L’animation d’enfants handicapés exige beaucoup plus d’adaptation que celle

des enfants valides. Il faut être plus maternant, se remettre davantage en question,

ne pas juger, être plus à l’écoute et bien observer. 2/6 animateurs disent que

certaines qualités de la liste ne sont pas nécessaires. Il ne faut pas se mettre au

même niveau et être altruiste car on en retire de toute façon quelque chose.

Seulement 1/6 animateur indique qu’il faut faire davantage attention à la

sécurité avec les enfants handicapés. C’est étonnant de remarquer que si peu

d’animateurs s’en soucient car c’est un élément qui peut parfois amener de

grandes difficultés durant les camps.

Les animateurs disent que les adaptations d’activités pour les enfants

handicapés servent également pour les enfants valides.

⇒ Selon D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon & P. Durning,103 il faut faire

attention à ne pas faire de l’enfant handicapé un spectateur des activités

réalisées avec les enfants valides. Ne pas faire du centre de vacances un lieu

102 Sur base du livre : Ringler, M. (1998). L’enfant différent : accepter un enfant handicapé. Paris : DUNOD,

p.107-108. 103 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée.

111

où l’enfant handicapé subit mais n’agit pas. Pour ce faire, il faut vivre les

moments du camp dans l’idée que tous les enfants peuvent pratiquer toutes

les activités en les adaptant si nécessaire. Et il faut croire à la valeur de tous

ces moments que l’on passe avec les enfants. Dans la plupart des cas, il suffit

d’adapter le jeu, l’activité à la difficulté de l’enfant et ne pas ménager sa peine

en temps et en explications.

⇒ Gaelle nous dit : « Ca m’a servi pour les enfants valides, j’ai tendance à être

un peu plus, pas mère poule, mais plus tendre. Parce que les enfants

extraordinaires ont besoin de beaucoup plus de tendresse et j’en ai donné aux

autres en même temps. »

⇒ Cette opinion est exprimée par D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon &

P. Durning : « la question de l’adaptation des activités se pose avec tous les

enfants, il est simplement plus aigu ici avec des enfants handicapés ».104

12) Modifications des avis et des sentiments

Y aY aY aY a----tttt----il eu un moment où tu as changé d’avis ou il eu un moment où tu as changé d’avis ou il eu un moment où tu as changé d’avis ou il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport d’attitude par rapport d’attitude par rapport d’attitude par rapport

aux enfants handicapésaux enfants handicapésaux enfants handicapésaux enfants handicapés ????

• 1/6 enfant (A) a été surprise des capacités de certains enfants dans quelques activités.

• 4/6 enfants (B, C, E, F) vont plus vers eux et vont plus les aider.

• 1/6 enfant (D) dit qu’il a changé d’avis en connaissant l’enfant handicapé.

• 3/5 animateurs (A, B, D) indiquent qu’avec le temps, ils ont plus approché les enfants handicapés.

• 3/5 animateurs (A, C, E) disent qu’ils ont changé de comportement envers un enfant.

• 1/5 animateur (C) indique un retrait par rapport à un enfant handicapé par peur d’entrer dans une relation qu’il ne maîtrise pas.

Y aY aY aY a----tttt----il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapportil eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapportil eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapportil eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport

aux enfants validesaux enfants validesaux enfants validesaux enfants valides ????

• 5/6 enfants (A, C, D, E, F) répondent non.

• 1/6 enfant (B) dit qu’il va plus vers eux.

104 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée.

112

• 2/5 animateurs (A, C) disent qu’ils ont changé de comportement envers un ou plusieurs enfants (comportement plus amical, plus maternant).

• 1/5 animateur (D) indique qu’avec le temps, il a été plus vers les enfants.

• 2/5 animateurs (B, F) disent que leur avis sur l’intégration s’est modifié suite à la vision de ce que les enfants valides étaient capables de faire.

Ce camp aCe camp aCe camp aCe camp a----tttt----il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être

par rapport aux enfantspar rapport aux enfantspar rapport aux enfantspar rapport aux enfants ????

• 2/6 enfants (B, E) disent qu’ils ont moins peur.

• 1/6 enfant dit qu’il a moins de dégoût.

• 3/6 enfants (A, D, F) répondent non.

• 4/5 animateurs (A, B, E, F) parlent de sensibilité dans cette question (larmes de bonheur, laisse sortir sa sensibilité, apporte beaucoup).

• 1/5 animateur (D) se sent plus à l’aise avec les enfants.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

La modification du regard se remarque avec le temps et est liée au contact

avec les enfants handicapés mais cela est aussi dû à la découverte des enfants

valides. Nous observons également un désir d’approcher davantage les enfants

handicapés en même temps qu’une diminution des peurs. Nous remarquons aussi

que 2/5 animateurs invoquent des changements de comportement avec Amélie

(enfant autiste). C’est une enfant qui est souvent reprise dans les difficultés ou les

questionnements autant chez les enfants que chez les animateurs.

⇒ Nous avons vu dans la partie théorique que l’autisme est un handicap

particulièrement difficile pour l’intégration car il pose un grave problème au

niveau des interactions sociales, ces dernières étant la clé des échanges

entre les enfants.

⇒ L’expérience de rencontres entre des enseignants et des enfants

handicapés,105 montre que certains stéréotypes sont alors remis en question.

La moitié des enseignants interrogés répondent que cette expérience les a

amenés à modifier leurs appréhensions du handicap parce qu’elle leur en

avait donné une ouverture et une meilleure connaissance de ce monde du

handicap. Attention, tout cela ne veut pas dire que la déficience est niée. Elle

est plutôt resituée. L’enfant handicapé ne devient pas un être à part mais une

105 Sur base du livre : Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des

instituteurs parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan, p.191-201.

113

personne comme les autres avec des caractères qui lui sont propres. Cela ne

se fait évidemment pas toujours dans la joie, mais peut aussi s’accompagner

de remaniements, de renoncements, d’inquiétudes, de souffrances.

La sensibilité est un point qui apparaît pour 4/5 animateurs. La participation à

l’animation de ce camp les rendent plus sensibles aux enfants handicapés et

valides et cela leur apprend à exprimer cette sensibilité aux uns et aux autres.

13) Satisfaction (Pour les animateurs.)

D’une manière générale esD’une manière générale esD’une manière générale esD’une manière générale es----tu satisfait du camptu satisfait du camptu satisfait du camptu satisfait du camp ????

• 6/6 animateurs répondent oui clairement.

EsEsEsEs----tu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants handicapéstu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants handicapéstu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants handicapéstu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants handicapés ????

• 6/6 animateurs répondent oui.

ο 2/6 animateurs (B, F) sont satisfaits sauf de ce qu’ils ont apporté à Amélie.

EsEsEsEs----tu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants validestu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants validestu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants validestu satisfait de ce que tu as apporté aux enfants valides ????

• 4/6 animateurs (A, B, E, F) répondent oui.

• 2/6 animateurs (C, D) répondent plus ou moins. Ils auraient souhaité être plus présents (D) ou apporter plus au niveau des activités en fonction du thème (C).

EsEsEsEs----tu satisfait de ce que tu as apporté dans la rencontretu satisfait de ce que tu as apporté dans la rencontretu satisfait de ce que tu as apporté dans la rencontretu satisfait de ce que tu as apporté dans la rencontre ????

• 5/6 animateurs (A, B, C, D, F) disent oui.

ο 1 des 5 animateurs (B) dit que c’est le groupe d’animation qui a permis une bonne rencontre.

• 1/6 animateur (E) répond que ce sont les enfants seuls qui ont apporté une bonne rencontre.

EsEsEsEs----tu satisfait de ce qu’ils t’ont apportétu satisfait de ce qu’ils t’ont apportétu satisfait de ce qu’ils t’ont apportétu satisfait de ce qu’ils t’ont apporté ????

• 6/6 animateurs disent oui.

ο 1/6 animateur (C) dit que ça apporte plus aux enfants handicapés qu’à lui-même.

ο 2/6 animateurs (A, F) disent que ça apporte un nouveau regard.

ο 1/6 animateur (B) dit que ça apporte beaucoup de bonheur.

ο 1/6 animateur (E) dit que ça lui a permis de mettre en pratique la communication non verbale.

D’une manière générale esD’une manière générale esD’une manière générale esD’une manière générale es----tu satisfait des tu satisfait des tu satisfait des tu satisfait des outils que tu as amenésoutils que tu as amenésoutils que tu as amenésoutils que tu as amenés ????

• 5/6 animateurs (A, B, D, E, F) répondent oui.

• 1/6 animateur (C) n’est pas satisfait et trouve qu’il aurait pu apporter plus.

114

ConclusionConclusionConclusionConclusion

D’une manière générale tous les animateurs sont satisfaits du camp. Certains

sont un peu déçus de leur comportement face à Amélie et d’autres auraient

souhaité être plus présent ou apporter plus au thème du camp pour les enfants

valides.

⇒ Gaelle nous dit : « J’aurais pu plus améliorer le point santé, le thème qui n’a

pas été assez abordé. On a fort misé sur le thème intégration. »

Certains animateurs trouvent que c’est le groupe ou les enfants valides

eux-mêmes qui ont permis que la rencontre se déroule bien.

Les animateurs retirent tous quelque chose de cette expérience (un nouveau

regard, du bonheur, ...). Et seul un animateur n’est pas satisfait des outils qu’il a

apportés.

14) Evaluation

D’une manière générale esD’une manière générale esD’une manière générale esD’une manière générale es----tu satisfait du camptu satisfait du camptu satisfait du camptu satisfait du camp ????

• 6/6 enfants répondent oui.

• 6/6 animateurs répondent oui clairement.

Moments positifs avec un enfant hanMoments positifs avec un enfant hanMoments positifs avec un enfant hanMoments positifs avec un enfant handicapédicapédicapédicapé

• 3/6 enfants (D, E, F) citent un moment de complicité et d’échange avec un enfant en particulier.

• 3/6 enfants (A, B, C) parlent d’un moment où ils ont aidé.

• 2/6 animateurs (A, D) citent un moment où ils ont vu l’enfant handicapé épanoui.

• 2/6 animateurs (E, F) citent un moment de complicité avec un enfant en particulier.

• 3/6 animateurs (B, C, E) citent un moment tendre, magique, hors du temps.

Y aY aY aY a----tttt----il eu un moment du camp plus important à tes yeuxil eu un moment du camp plus important à tes yeuxil eu un moment du camp plus important à tes yeuxil eu un moment du camp plus important à tes yeux ????

• 2/6 enfants (A, D) parlent d’un moment où ils se sentaient bien dans le groupe.

• 4/6 enfants (B, C, E, F) parlent d’un moment avec des enfants handicapés où ils ont pu les aider ou jouer avec eux.

• 2/6 animateurs (B, D) répondent que c’est un moment où ils ont pu se lâcher car ils n’avaient pas la « charge » d’un enfant handicapé ou lorsqu’ils se sentaient à l’aise avec eux.

115

• 3/6 animateurs (C, E, F) répondent que c’est lorsqu’ils avaient l’occasion de faire connaissance avec les enfants.

• 2/6 animateurs (A, F) citent un moment où ils ont vu un enfant valide aider un enfant handicapé, une bonne intégration.

Moment négatif avec un enfant handicapéMoment négatif avec un enfant handicapéMoment négatif avec un enfant handicapéMoment négatif avec un enfant handicapé

• 3/6 enfants (A, B, D) parlent d’un moment où ils n’aimaient pas ou ne comprenaient pas le comportement d’un enfant handicapé.

• 1/6 enfant (F) parle d’un moment où il n’aimait pas voir la saleté avec laquelle l’enfant handicapé mangeait.

• 2/6 enfants (C, E) ne trouvent pas de moment négatif.

• 1/6 animateur (A) cite un enfant qui n’accepte pas son handicap.

• 3/6 animateurs (A, B, D) expliquent qu’ils n’ont pas su comprendre un enfant, qu’ils n’arrivaient pas à communiquer avec lui.

• 1/6 animateur (E) cite un moment où il a du forcer un enfant à faire quelque chose.

• 1/6 animateur (F) cite un moment où il a contré sa volonté : les soins.

Y aY aY aY a----tttt----il un moment négatiil un moment négatiil un moment négatiil un moment négatif du camp plus important à tes yeuxf du camp plus important à tes yeuxf du camp plus important à tes yeuxf du camp plus important à tes yeux ????

• 2/6 enfants (A, F) parlent d’activités qu’ils n’ont pas aimées.

• 1/6 enfant (E) cite un moment de dispute.

• 3/6 enfants (A, C, D) parlent de difficultés avec des animateurs.

• 1/6 enfant (B) parle des moments où les enfants handicapés ne réalisaient pas les activités avec eux, il a l’impression qu’ils s’ennuyaient.

• 1/6 animateur (A) cite une dispute entre les enfants valides.

• 3/6 animateurs (C, D, F) citent l’impression de ne pas être écouté, entendu par les enfants, un manque d’autorité.

• 1/6 animateur (B) explique que c’est lorsqu’elle a eu peur que du mal soit fait aux enfants handicapés, même involontairement.

• 1/6 animateur (E) cite un moment de dégoût à cause d’un événement.

PensesPensesPensesPenses----tu que les enfants handicapés atu que les enfants handicapés atu que les enfants handicapés atu que les enfants handicapés auront le désir de renouveler uront le désir de renouveler uront le désir de renouveler uront le désir de renouveler

l’expériencel’expériencel’expériencel’expérience ? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)? (Pour les animateurs.)

• 6/6 animateurs répondent oui.

116

PensesPensesPensesPenses----tu que les enfants valides auront le désir de renouveler tu que les enfants valides auront le désir de renouveler tu que les enfants valides auront le désir de renouveler tu que les enfants valides auront le désir de renouveler

l’expériencel’expériencel’expériencel’expérience ? (Pour les animateurs.) ? (Pour les animateurs.) ? (Pour les animateurs.) ? (Pour les animateurs.)

• 1/6 animateur (B) répond oui.

• 5/6 animateurs (A, C, D, E, F) répondent que certains enfants seulement le voudront.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Nous observons que les enfants valides arrivent plus difficilement que les

animateurs à citer un moment négatif avec leurs pairs, enfants handicapés. Cela

est sans doute lié à une prise de recul plus difficile pour eux que pour les

animateurs. Les enfants ont également un autre statut.

5/6 enfants nous parlent de moments d’entraide vécus comme très positifs.

Ce sont aussi ces moments-là que les animateurs ont appréciés.

⇒ Ces moments d’entraide sont-ils des moments où les enfants sont sur le

même pied d’égalité ou s’agit-il d’un statut du type « tutorat » ? Durant ces

instants, l’enfant valide se sent-il responsable des enfants handicapés ou bien

vit-il ce moment d’entraide comme spontané et sans obligation ?

Etre responsable veut dire se porter garant. Implicitement dans toute

rencontre humaine, dans tout lien social, une question se pose : « Qui est

garant de qui ? »106

Par contre les moments positifs vécus par les animateurs sont plus des

moments de complicité en groupe ou avec un enfant en particulier. Un moment

d’échange avec ceux-ci.

Nous remarquons que chez les animateurs, il s’agit plus de moments

d’échanges que de moments d’aide. La vision pour ceux-ci se rapproche beaucoup

plus d’une relation horizontale et de moments où les animateurs ne devaient pas

montrer leur casquette d’animateur, mais bien de compagnons, d’amis, ...

⇒ Malgré certaines difficultés avec Amélie, Adrien nous dit : « De retour de

camp, tu as un peu la nostalgie d’Amélie. Même si on avait droit qu’à des

petits sons, ça reste attachant. »

106 Ethique et handicap. (Page consultée le 25 avril 2005) Le groupe Liégeois de l’Ecole Belge de

Psychanalyse, [en Ligne]. http://users.skynet.be/godard/Textes/Ethique/ethique.html

117

Les moments négatifs ne sont que très peu liés à des caractéristiques de

handicap mais davantage à des comportements humains non appréciés en tout

temps et tout lieu. Pour les enfants et les animateurs, ce sont souvent des

moments de malentendu entre eux ou de malentendu entre les enfants valides.

15) Utilité de ce camp et du questionnaire

PensesPensesPensesPenses----tu que cette expérience va te servir dans un autre camp tu que cette expérience va te servir dans un autre camp tu que cette expérience va te servir dans un autre camp tu que cette expérience va te servir dans un autre camp

ou plus tardou plus tardou plus tardou plus tard ????

• 6/6 animateurs répondent oui.

ο 4/6 animateurs (A, B, E, F) parlent d’une plus grande maturité, d’une découverte de ses limites, responsabilité.

ο 1/6 animateur (C) parle d’une ouverture vers les autres.

ο 4/6 animateurs (A, D, E, F) disent que c’est une expérience supplémentaire et que cela sert toujours, entre autre pour adapter des activités, réagir mieux avec les enfants.

PensesPensesPensesPenses----tu que ce questionnaire a servitu que ce questionnaire a servitu que ce questionnaire a servitu que ce questionnaire a servi ????

• 3/6 enfants (C, D, E) trouvent que le questionnaire leur a servi à dire ce qu’ils pensaient et les ont fait réfléchir un peu.

• 1/6 enfant (B) insiste plus sur l’observation qui l’a aidé.

• 2/6 enfants (A, F) critique le questionnaire qui était fort long et les questions qui se répétaient.

• 5/5 animateurs (B, C, D, E, F) pensent que ça fait réfléchir.

ο 4/5 animateurs (B, D, E, F) pensent que de laisser un peu de temps après le camp pour réfléchir permet de répondre mieux à ce questionnaire, permet d’avoir un peu plus de recul.

ο 1/5 animateur (C) pense que ça lui aurait servi pendant le camp.

ConclusionConclusionConclusionConclusion

Pour la moitié des enfants, l’entretien a été bien vécu car il leur a permis de

s’exprimer. Tous les animateurs retirent quelque chose de ce camp, ne fût-ce

qu’une expérience supplémentaire qui, selon eux, est toujours utile.

⇒ Arthur nous dit : « Oui, ça va m’aider en voyant la masse d’enfants et à me

dire : là-dessus il y a des enfants qui sont plutôt comme ça, comme ça, donc il

faudrait que je fasse des activités plus mitigées. Avant, je n’avais pas

tendance à le faire, là, je suis plus mitigé par rapport aux activités que je peux

faire. Et ça m’a servi par rapport au camp que j’ai fait juste après, parce qu’il y

118

avait des enfants plus petits. Oui, ça me sert toujours. J’ai plus de maturité

après ce camp, j’ai pris beaucoup plus de maturité, et ça s’est vu dans le

camp que j’ai fait après où j’ai joué le rôle de responsable, de formateur, de

comptable, …Et certains réactions par rapport à des enfants plus difficiles. »

Nous remarquons que la plupart des animateurs ont apprécié ce

questionnaire malgré sa longueur.

⇒ « Il est important de pouvoir exprimer ses inquiétudes éventuelles pendant le

séjour. Pouvoir parler de ses difficultés, ses échecs, son malaise. »107 C’est

un élément important pour pouvoir se sentir en sécurité, pour prendre

confiance en soi et pour progresser. Il faut créer des temps et des lieux

spécifiques pour que les personnes se sentent écoutées et que cela ne se

fasse pas seulement de manière informelle. Cela doit se dérouler durant le

camp et les échanges après le camp sont utiles aussi comme le montre ce

travail.

La notion de croissance personnelle nous semble importante à mettre en

évidence. Pour les animateurs, cette croissance inclut entre autre la notion de

responsabilité que l’on peut avoir lorsque l’on s’occupe de plus faibles que soi.

Les animateurs ont également apprécié le fait que l’entretien se déroule un

peu plus tard après le camp. Ce délai, leur a permis une certaine prise de recul et

un regard plus neutre sur tout ce qui s’était passé.

2. CONCLUSION DE L’ANALYSE HORIZONTALE

La plupart des constatations réalisées sur base de nos entretiens rejoignent

celles avancées par les auteurs dont nous avions parlé dans la partie théorique.

1) Points les plus représentatifs

Voici certains points qui nous semblent importants à mettre en évidence en

guise de conclusion.

• La première rencontre avec les personnes handicapées est celle qui interpelle

sans doute le plus. Les personnes n’ayant jamais été en contact avec des enfants

handicapés avant ce camp nous parlent de l’apport de ce camp avec plus

107 Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en centres de

vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p. 102.

119

d’éléments nouveaux, de découvertes, ... Si cette rencontre est bien vécue, elle va

permettre d’entamer une deuxième expérience avec moins de craintes.

• Pour qu’il y ait communication, les personnes valides ont besoin de sentir qu’il y

a un retour de la part de la personne handicapée. Le retour peut se montrer par

différentes formes de communication. Le jeu est un outil transitionnel qui permet

d’entrer en relation avec la personne handicapée.

• D’une manière générale, la définition du handicap pour les animateurs et les

enfants valides se fait en rapport avec la notion de norme d’un groupe. De ce fait,

lorsque l’enfant handicapé montre des capacités inattendues, la personne valide se

dira parfois très surprise de cette découverte.

• Le dégoût n’entrave pas la rencontre mais, pour certains animateurs, c’est un

facteur qui empêche de s’occuper correctement de l’enfant handicapé ou valide.

Néanmoins, nous remarquons que le temps est un facteur qui permet de s’habituer

à certaines situations et Christina nous a montré qu’il ne fallait pas forcément

attendre longtemps avant de voir des modifications de comportement.

• La réalisation de ces entretiens met en évidence que cette expérience permet

aux personnes d’avoir un regard sur le handicap, plus favorable pour la suite. Cette

nouvelle vision de la différence donne plus facilement envie d’aller aider une

personne en difficulté, par exemple dans la rue.

• Comme nous le disent D. Camberlein, P. Camberlein, J. Crinon et P. Durning108

il faut trouver le juste milieu entre une préparation excessive du camp qui ne

permet plus de fantaisie et une préparation trop pauvre qui n’apporte pas un cadre

sécurisant. Lors de ce camp, rares sont les animateurs qui auraient souhaité avoir

plus d’informations car la plupart se basent plus sur la rencontre réelle avec les

enfants handicapés. Notons aussi que, pour les enfants valides comme pour les

animateurs, l’observation joue un rôle plus important que de poser des questions.

• Les animateurs disent régulièrement durant les entretiens que l’adaptation des

activités est un point important pour la réalisation d’un bon camp d’intégration.

Apprendre à adapter les activités avec les enfants handicapés va également servir

pour animer des enfants valides.

108 Sur base du livre : Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants handicapés en

centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée, p.96-98.

120

• Les craintes qu’apporte la rencontre avec le handicap sont essentiellement liées

au sentiment d’insécurité face à l’enfant handicapé. Des malaises peuvent se faire

sentir dans différentes situations de face à face avec l’enfant handicapé entre autre

lors des soins. Il a été étonnant de remarquer que le handicap léger peut lui aussi

perturber la prise en charge.

• Il ressort de cette expérience positive pour tous les animateurs et les enfants

valides interrogés que le groupe a été porteur d’une bonne ambiance qui a permis

d’apporter de la joie, du bonheur, l’apprentissage de la tolérance et une ouverture

aux autres. Toutes ces personnes sont également prêtes à recommencer

l’expérience si l’occasion se présente.

• Nous avons remarqué des avis divergents entre les enfants valides et les

animateurs sur les modalités d’intégration. En effet, les enfants désirent vivre plus

d’expériences en intégration tandis que les animateurs ont désiré réaliser plus

d’activités de manière séparée durant ce camp. L’intégration complète, entre autre

dans les chambres, reste une interrogation.

• A la question des qualités requises pour être animateur d’enfants handicapés,

les animateurs mettent clairement en évidence des valeurs relationnelles,

psychosociale et de groupe. Tandis que les réponses des enfants valides nous ont

permis de mettre à jour certains mécanismes de défense. Au début du camp, les

enfants disent qu’ils ne sont pas dégoûtés par les enfants handicapés. Mais les

entretiens de fin de camp nous montrent qu’il y avait malgré tout un minimum de

dégoût non exprimé.

• Les moments vécus comme positifs par les enfants sont principalement des

moments d’entraide. Nous nous demandons encore à ce stade-ci, à quel point cette

entraide est positive ? Cela est-il vécu sur un modèle horizontal : les enfants n’ont

pas alors d’autorité l’un sur l’autre. Chez les animateurs, les moments positifs sont

essentiellement des moments de relation horizontale, de complicité avec un enfant

handicapé ou valide en particulier. Les moments négatifs sont liés à des

malentendus mais pas à une relation particulière avec un enfant handicapé.

• Notons que ce thème intégration prend beaucoup d’énergie durant le camp, une

animatrice nous fait remarquer que cela se fait peut-être au détriment du thème du

camp des enfants valides (« santé »).

121

• De manière plus globale, ce camp apporte à tous les enfants qui disent aller

plus facilement vers les personnes différentes et aux animateurs qui disent avoir

acquis une certaine croissance personnelle durant cette expérience. Cela est rendu

possible si le cadre du camp est sécurisant et permet d’avoir des moments de

paroles, de réflexions, ...

Il serait donc tout à fait intéressant de se demander pourquoi la société

n’accorde pas une plus grande place à ce genre d’expérience. Ne serait-il pas utile

de généraliser les camps intégration ?

Grâce à l’analyse horizontale des entretiens, nous avons remarqué que les

enfants et les animateurs se rejoignent sur certaines difficultés ou moments

agréables vécus durant le camp. Les réponses sont fortement liées au vécu d’un

camp précis. Une autre expérience n’aurait sans doute pas révélé les mêmes

difficultés. Mais néanmoins, nous pensons que ce genre d’expérience marque les

personnes.

En conclusion, nous pensons que notre hypothèse (les personnes valides

ressortent changées positivement d’une expérience d’intégration avec des

personnes handicapées et cela sur différents plans) a été vérifiée pour notre

échantillon. En effet, celui-ci a bien vécu le camp et retiré du plaisir ainsi que des

apports personnels à vivre auprès des personnes handicapées durant dix jours.

2) Suggestions de modifications pour l’avenir

Un objectif sous-jacent à ce mémoire est de pouvoir améliorer l’animation du

camp intégration proposer par Jeunesse et Santé Bruxelles et pouvoir guider les

futurs animateurs et enfants qui participent à ce camp. Pour répondre à cela, nous

allons reprendre de manière systématique les propositions de modifications des

enfants et des animateurs dans le but d’ouvrir le débat pour la préparation des

camps suivants.

a)a)a)a) Suggestions d Suggestions d Suggestions d Suggestions des enfants valideses enfants valideses enfants valideses enfants valides

• Ne pas avoir Sandrine dans la chambre des grandes filles mais plutôt Isabelle.

• Jonathan suggère de séparer le camp en deux temps. Un temps où tous les

enfants valides sont ensemble pour bien se connaître entre eux et dans un

deuxième temps seulement rencontrer les enfants handicapés.

122

• Réaliser toutes les activités en intégration et ne pas avoir d’animateurs

différents pour les enfants valides et les enfants handicapés.

b) Suggestions des animateurs b) Suggestions des animateurs b) Suggestions des animateurs b) Suggestions des animateurs

• Plus de préparation pour les animateurs avant le camp, une formation ou un

dossier pour chaque animateur reprenant la fiche médicale de chaque enfant. Ainsi

qu’une rencontre préalable au camp entre les enfants handicapés et les

animateurs.

• Insister davantage sur le thème du camp pour les enfants valides.

• Avoir des référents plus clairement désignés pour les enfants handicapés.

• Pas d’enfants handicapés physiques car les animateurs ne sont pas formés

pour les manipulations de ces enfants.

• Passer en revue les fiches médicales après le premier jour de camp afin de

pouvoir mettre le type de handicap sur le visage de chaque enfant.

• Pas d’animateur de première année du côté des enfants handicapés.

• Avoir des animateurs référents par chambre pour les enfants valides et

handicapés pour avoir un plus grand dialogue.

• Faire moins d’activités en intégration pour permettre aux enfants handicapés

d’être plus souvent avec leur animateur référent.

• Un seul animateur (Arthur) demande plus d’activités en intégration.

• Avoir des enfants handicapés qui parlent.

• Avoir une tranche d’âge plus restreinte pour les enfants valides.

Nous pouvons remarquer ici, la différence de souhaits entre les enfants

valides et les animateurs. Les premiers désirent être plus souvent ensemble, parce

qu’ils vivent cette séparation comme une punition pour les enfants handicapés.

Christina nous dit : « Je trouve cela débile d’être séparés. Ils ont le droit de faire

nos activités. » Tandis que les animateurs, sauf Arthur, désirent avoir plus

d’activités séparées pour avoir des moments d’échanges particuliers plus

nombreux.

123

Les réponses apportées par cette analyse permettront également de tenter de

répondre à des problèmes qui peuvent survenir durant le camp, comme la

vérification de l’adaptation des animations pour tous, l’instauration des temps de

paroles pour les enfants, ...

Nous n’allons pas apporter de point du vue sur les modifications que nous

ferions et cela dans le souci de pouvoir en discuter en équipe lors de la préparation

du prochain camp. Nous pensons que les réflexions ont autant d’importance que

les réponses !

124

CCOONNCCLLUUSSIIOONN DDEE LLAA PPAARRTTIIEE PPRRAATTIIQQUUEE

L’objectif principal de notre mémoire était de tenter de savoir quels sont les

apports pour les personnes valides d’une rencontre avec des personnes

handicapées.

Le choix de notre échantillon s’est porté sur des enfants valides et des

animateurs également valides qui participaient à une expérience de camp

accueillant huit enfants handicapés et vingt quatre enfants valides. Nous avons

alors réalisé des entretiens structurés avec ces personnes afin de voir l’évolution de

leurs idées et de leurs comportements durant le camp. Six animateurs et six

enfants ont participé à ces entretiens.

Nous avons procédé à une analyse verticale des entretiens. Il en ressort que

le camp en intégration fait varier rapidement dans le temps les comportements face

aux enfants handicapés. L’observation de personnes plus habituées à la présence

d’enfants handicapés dans les premiers moments du camp est importante et

permet aux enfants et aux animateurs de trouver des exemples pour entrer, elles

aussi, en contact avec les enfants handicapés.

Grâce à l’analyse horizontale, nous avons remarqué que les personnes

valides (enfants et animateurs) interrogées semblent toutes avoir retiré du plaisir et

fait des découvertes dans cette expérience, que ce soit en termes de compétences

à l’animation, de bien être, de bonheur, d’ouverture aux personnes, de

maternage ...

Le bilan final est positif, malgré certaines difficultés liées aux handicaps plus

lourds et aux difficultés de communication lorsque la personne valide ne reçoit pas

de retour ou est bouleversée par la rencontre. Pour bien vivre cette intégration,

il faut être prêt à être surpris et remis en question, le cadre sécurisant que

l’organisation apporte permettra d’accepter cela.

Ces différentes observations ont pu être reliées à d’autres, effectuées par

divers auteurs, dans des contextes variés. Elles nous montrent l’utilité de

l’intégration des enfants handicapés pour toutes les personnes valides, aussi bien

les animateurs (les professionnels) que les enfants.

125

Par conséquent, nous pensons que notre travail a vérifié notre hypothèse.

Les personnes ayant participé aux entretiens disent avoir retiré du plaisir à vivre

avec des personnes handicapées durant ce séjour et chacun a pu trouver dans ce

camp des éléments lui permettant de faire face à la différence. Finalement tous les

sujets sont prêts à recommencer l’expérience.

Ce mémoire pourra également améliorer l’animation du camp intégration

organisé par Jeunesse et Santé Bruxelles et guider les futurs animateurs et enfants

qui participent à ce camp. Les réponses et suggestions de modifications apportées

par cette analyse permettront durant les camps suivants d’être plus attentif aux

problèmes qui peuvent survenir. Elles permettront également de donner plus

d’importance aux informations avant et pendant le camp, ainsi qu’à l’instauration de

temps de paroles pour les enfants et les animateurs, ...

En conclusion, nous pensons que, lorsque l’intégration est soigneusement

réfléchie en amont, elle est positive pour tout le monde et vaut la peine d’être

menée. La réflexion sur l’intégration que ce questionnaire a permise est utile entre

autres pour les animateurs de camps en intégration et sans doute nécessaire.

Il serait intéressant de généraliser ce genre de démarche d’intégration dans la

société, que ce soit par un plus grand nombre de camps de ce type ou d’autres

activités plus ouvertes.

126

CCOONNCCLLUUSSIIOONN GGÉÉNNÉÉRRAALLEE

Au terme de ce travail à la fois théorique et pratique, nous avons pu affiner

notre compréhension sur l’intégration des personnes handicapées auprès des

personnes valides (ses règles, son historique, les mécanismes de défense, ses

conditions, difficultés, avantages, bénéfices, ...) et en particulier l’intégration dans

les séjours de vacances.

La première partie nous a permis de nous rendre compte qu’il existe des

règles et des normes à respecter en terme d’intégration, ce qui montre aussi que

des réflexions se font dans notre pays. Elle nous a également fait remarquer que

les difficultés sont présentes et que des mécanismes de défense sont alors mis en

place. A ce moment-là, un bon moyen de réagir est d’essayer de comprendre le

plus possible la raison de nos réactions. Nous nous sommes également questionné

sur les différences qui montrent un vécu varié de cette intégration en fonction du

statut, de l’âge, du rôle, des informations apportées, ... Grâce à certaines

observations et études réalisées par différents auteurs, nous avons pu terminer

cette partie en montrant différents moyens de pratiquer l’intégration dans les camps

de vacances et les éléments auxquels il faut être attentif pour que cette intégration

soit bien vécue.

Bien sûr, d’autres ouvrages ou d’autres points de vue auraient pu s’y ajouter.

Nous aurions pu, par exemple, élargir notre recherche aux fratries ou réaliser

davantage d’entretiens de professionnels pratiquant l’intégration avec des

personnes handicapées et des personnes valides au niveau des loisirs. Mais cette

extension risquait de ressembler à la partie pratique.

Il nous semble que la partie théorique constitue une bonne synthèse des

écrits portant sur le sujet bien que très rares sont les ouvrages essentiellement

consacrés à celui-ci.

Par ailleurs, l’analyse des entretiens réalisés avec des enfants et des

animateurs ayant vécu une même expérience d’intégration dans un camp de

vacances a pu mettre en évidence les effets positifs de celle-ci.

L’aspect collectif du camp a permis aux enfants et aux animateurs de se sentir

soutenus, pour pouvoir mettre en place une organisation et un cadre basé sur l’idée

d’intégration. Les participants ressortent de ce camp avec un sentiment de bonheur

127

et de joie. Les animateurs ont pu accroître leur sensation de responsabilité et les

enfants ont pu se sentir utiles. Cette expérience leur a également apporté un regard

plus positif face à la différence et a modifié certaines de leurs valeurs de vie : vérité,

bonté, simplicité, patience, ... Malgré les bouleversements que peut produire la

rencontre avec la différence, tous les sujets sont favorables à l’idée de l’intégration.

A la suite de ce travail certaines nouvelles perspectives s’offrent à nous :

• Il serait intéressant de connaître les réactions des enfants valides et des

animateurs une fois de retour dans leur famille et en contact avec des enfants

handicapés.

• L’échantillon ne se base que sur l’expérience d’un seul camp. Il serait

intéressant d’élargir cet échantillon pour voir ce qui se passe ailleurs (dans d’autres

camps).

• Une étude comparative plus poussée entre différents pays et une recherche sur

les actions qui sont les plus enrichissantes serait également très intéressante.

Les quelques mois vécus en France, lors d’un séjour Erasmus, nous ont permis de

constater d’autres pratiques d’intégration scolaire. Il en est probablement de même

pour l’intégration en milieu de loisirs.

Finalement, le but premier d’un mémoire est d’apprendre et de faire part de

ses propres découvertes aux personnes qui nous entourent ? Pour notre part, nous

avons pu comprendre ce qu’était l’intégration et sa richesse pour tout le monde

quand son cadre est bien réfléchi. Nous espérons que ce mémoire vous a

également enrichi et qu’il vous a montré l’importance d’aller vers TOUS les autres,

parfois différents de nous.

Nous espérons en parallèle que ce mémoire pourra aider à créer une

organisation de camp en intégration la plus adaptée possible au type de population

accueillie. Et nous avons le désir de montrer son utilité d’une manière plus générale

dans une société qui pourrait être plus soucieuse de l’intégration et des bénéfices

qu’elle apporte aux personnes handicapées et aux personnes valides.

128

BBIIBBLLIIOOGGRRAAPPHHIIEE

I. LIVRESI. LIVRESI. LIVRESI. LIVRES

• Bonjour, P. & Lapeyre, M. (1994). Handicaps et vie scolaire, l’intégration

différenciée. Lyon : Chronique sociale.

• Camberlein, D., Camberlein, P., Crinon, J. & Durning, P. (1982). Enfants

handicapés en centres de vacances : vers l’intégration. Paris : Scarabée.

• De Saint Mars, D & Bloch, S. (1998). Alex est handicapé. CEE : Calligram.

• Feard, S. (1986). Les stéréotypes de valeurs de l’enfant handicapé chez l’enfant

valide. s.l.

• Gardou, C. (1997). Frères et soeurs de personnes handicapées. Ramonville

Saint-Agne : Erès.

• Herou, C. & Korff-Sausse, S. (1999). Intégration collective des jeunes enfants

handicapés : semblables et différents. Ramonville Saint-Agne : Erès.

• Lantier, N., Verillon, A., Aublé, J.P. (1994). Enfants handicapés à l’école : des

instituteurs parlent de leurs pratiques. Langres : L’Harmattan.

• Office des personnes handicapées du Québec. (1984). A part égale :

l’intégration sociale des personnes handicapées : un défi pour tous. Québec :

Gouvernement du Québec.

• Organisation de coopération et de développements économiques. (1995).

L’intégration scolaire des élèves à besoins particuliers. Paris : OCDE.

• Philippe, F. & Philippe, J. (1996). Enfants handicapés & intégration scolaire.

Paris : Masson et Armand Colin.

• Ringler, M. (1998). L’enfant différent : accepter un enfant handicapé. Paris :

DUNOD.

• Sausse, S. (1996). Le miroir brisé : l’enfant handicapé, sa famille et le

psychanalyste. Calmann-Lévy : s.l.

• Vanier, J. (1979). La communauté, lieu du pardon et de la fête. Paris :

Fleurus/Bellarmin.

129

• Vanier, J. (1994). Toute personne est une histoire sacrée. Saint-

Amand-Montrond : Plon.

• Vayer, P. & Roncin, C. (1987). L’intégration des enfants handicapés dans la

classe. Paris : E.S.F.

• Watzlawick, P. (1972). Une logique de la communication. Paris : Le Seuil.

II. ARTICLES DE REVUII. ARTICLES DE REVUII. ARTICLES DE REVUII. ARTICLES DE REVUES ET PUBLICATIONSES ET PUBLICATIONSES ET PUBLICATIONSES ET PUBLICATIONS

• Alter Educ, (2004). Intégrer des enfants handicapés dans des activités

extrascolaires, Alter Educ, 83, 554.

• Brochure : Eté 2004, Vacances jeunes, Mutualité Chrétienne, Jeunesse et

Santé.

• Cambazardi, M. (1980). Comme les autres ce sont des enfants, Publications du

C.T.N.E.R.H.I.

• Giot, B. (1991). Handicap-Info, 1987, 94.

• Gruber, P. (2003). Un spot mi-ange, mi-démon, Le vif l’express, 51.

• Jeunes en mouvement. (2002). Dossier : s’ouvrir à la différence, J.E.M.,

101, 9-19.

• Jeunesse et Santé. (2004). Animons des Enfants Extra-Ordinaires..., Boîte à

outils pour l’animation de jeunes handicapés. Edité par Jeunesse et Santé.

• Jollien, A. (2003). Vous me prenez pour un débile, Psychologie, 222, 76-78.

• Mairesse, M. (2000). L’école de la différence, Marie Claire, 578, 330-334.

• Publications du C.T.N.E.R.H.I. (1981). Intégration du jeune enfant handicapé en

crèche et en maternelle, Publications du C.T.N.E.R.H.I, 1.

• Publications du C.T.N.E.R.H.I. (1981). Vivre ensemble ?, Publications du

C.T.N.E.R.H.I., 3.

• Publications du C.T.N.E.R.H.I. (1983). L’intégration des enfants et des adultes

handicapés, Publications du C.T.N.E.R.H.I., 4.

• Taillade, F. (1979). La cruauté des enfants entre eux, Actualquarto, 12, 21.

• Taubes, I. (2003). Pourquoi ils nous dérangent ?, Psychologie, 222, 79-81.

130

III. SITES WEBIII. SITES WEBIII. SITES WEBIII. SITES WEB

• Association des jeunes chercheurs en sciences de la cognition. (Page consultée

le 24 avril 2005) Le rituel et le matériel, [En ligne].

http://www.anthropologieenligne.com

• Association du syndrome de William et Beuren. (Page consultée le 24 avril 2005)

Le site de la prévention santé, [En ligne].

http://www.essentielsante.net/Html/MaladiesRares/cadre/120060700.htm

• Ecole de cadres FormAnim. (Page consultée le 24 avril 2005) Ecole de cadres

FormAnim. [En ligne]. http://www.formanim.com/visit/brevets/arrete-agrementcv.asp

• Ethique et handicap. (Page consultée le 24 avril 2005) Le groupe Liégeois de

l’école Belge de Psychanalyse, [en Ligne].

http://users.skynet.be/godard/Textes/Ethique/ethique.html

IV. MÉMOIRESIV. MÉMOIRESIV. MÉMOIRESIV. MÉMOIRES

• Daxhelet, F. (1995). L’intégration d’élèves de l’enseignement spécial de type 8

au cours de leur scolarité primaire. Université catholique de Louvain.

• Douillet, V. (2002). Mon frère, ma soeur autiste. Haute Ecole Léonard de Vinci –

Institut Libre Marie Haps.

• Jonet, M-P. (1994). L’intégration d’enfants handicapés dans les mouvements de

jeunesse : enquête auprès des chefs. Université catholique de Louvain.

• Kutuka, G. (1998). Regards d’enfants sur le handicap visuel. Université de

Liège.

• Patrick, R. (1994). Comment se structure la perception sociale d’élèves lors

d’une expérience d’intégration scolaire de jeunes handicapés mentaux ? Université

catholique de Louvain.

• Pierrard, L. (2002). Représentations et attitudes à l’égard de l’enfant handicapé

mental chez les professionnels du handicap et chez les enfants en comparaison

avec des familles contrôles. Université de Liège.

• Warrand, B. (1990). A propos de l’intégration préscolaire de l’enfant handicapé

mental modéré et sévère. Université catholique de Louvain.

131

• Zych, F. (2002). La problématique de l’intégration scolaire de l’enfant autiste : le

point de vue des parents. Université catholique de Louvain.

V. ÉMISSIONS TÉLÉVISV. ÉMISSIONS TÉLÉVISV. ÉMISSIONS TÉLÉVISV. ÉMISSIONS TÉLÉVISÉSÉSÉSÉS

• France 2. (2005). Comment grandissent les enfants handicapés. Ça se discute.

Mercredi 11 mai 2005.

• T.V.5. (2004). Vaincre les préjugés. Le point. Mardi, 23 mars 2004.

VI. COLLOQUES ET DÉBVI. COLLOQUES ET DÉBVI. COLLOQUES ET DÉBVI. COLLOQUES ET DÉBATSATSATSATS

• Kids’hope, (1993). A la rencontre d’un enfant pas comme les autres : colloque

organisé le 6 mai 1993 par la fondation Arnaud Fraiteur. Bruxelles : Kid’s Hope.

• MPT Monplaisir, (2004). L’intégration des enfants handicapés dans les écoles :

le handicap parlons-en ! Dans le cadre de la quinzaine d’animation

du 4 au 16 octobre 2004. Angers : Maison pour tous Monplaisir.

VII. COURSVII. COURSVII. COURSVII. COURS

• Loiret, S. (2004-2005). Description et analyse des phénomènes psychologiques.

Université catholique de l’Ouest.

• Pierrard, E. (2004-2005). Psychologie de l’enfant délinquant. Institut Libre Marie

Haps.

• Rousseau, T. (2004-2005). Psychologie et handicap. Université catholique de

l’Ouest.

VIII. DICTIONNAIREVIII. DICTIONNAIREVIII. DICTIONNAIREVIII. DICTIONNAIRE

• Le petit Larousse illustré 1996.

ILLUSTRATIONSILLUSTRATIONSILLUSTRATIONSILLUSTRATIONS

• De Saint Mars, D & Bloch, S. (1998). Alex est handicapé. CEE : Calligram.

• Jeunesse et Santé. (2004). Animons des Enfants Extra-Ordinaires..., Boîte à

outils pour l’animation de jeunes handicapés. Edité par Jeunesse et Santé.

132

TTTTTTTTRRRRRRRROOOOOOOOIIIIIIIISSSSSSSSIIIIIIIIÈÈÈÈÈÈÈÈMMMMMMMMEEEEEEEE PPPPPPPPAAAAAAAARRRRRRRRTTTTTTTTIIIIIIIIEEEEEEEE :::::::: AAAAAAAANNNNNNNNNNNNNNNNEEEEEEEEXXXXXXXXEEEEEEEESSSSSSSS

Deuxième Partie : Pratique

Troisième Partie : Annexes

133

QUESTIONNAIRE

Guide des questions pour les enfants au début du camp intégration

1. Nom

2. Date de naissance

3. Sexe

4. Composition de la famille

5. A combien de camps as-tu déjà participé ? En fais-tu régulièrement ?

6. As-tu choisi ce camp, étais-tu au courant qu’il y aurait des enfants handicapés ? (Désir personnel ou de tes parents ?)

7. Penses-tu que tes parents attendent quelque chose de ce camp ? Si oui, es-tu d’accord avec eux ?

8. As-tu pu poser des questions à quelqu’un avant de partir en camp ? Est-ce que quelqu’un t’a expliqué ce que tu ferais durant ce camp et quel type d’enfants serait présent ?

9. As-tu déjà rencontré précédemment un enfant handicapé? Quel lien avait-il avec toi ? (Croisé, vécu avec lui, dans la famille, …) Ou une personne adulte handicapée?

10. Si oui, quel aspect général (extérieur) avait-elle ? Comment avez-vous échangé ? Explique la manière dont tu es entré en contact avec elle la première fois.

11. Si l’expérience de ce camp est renouvelée :

a) Pour quelles raisons renouvelles-tu l’expérience ?

12. C’est quoi un enfant handicapé pour toi ?

13. Quelle différence y a-t-il entre un enfant handicapé et un autre ? (Physique, mental ?)

14. Vois-tu des différences entre les enfants handicapés ? Est-ce qu’ils sont handicapés de la même manière ? (Remarque : en fonction des réponses qui me seront fournies, je pourrai nuancer mes autres questions.)

15. Comment réagis-tu si tu croises un enfant handicapé dans la rue ? (Handicap visible de l’extérieur.) Quelle réflexion portes-tu ? Quelles idées te traversent l’esprit ?

16. Penses-tu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parle pas du tout ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière entre toi et elle ?

Qu’est-ce qui pourrait t’aider à l’ouvrir ?

17. Penses-tu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui te donne un sentiment de répulsion, qui te bloque ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ? Qu’est-ce qui pourrait

t’aider à t’ouvrir ?

134

18. As-tu un peu peur ou as-tu envie de découvrir, d’apprendre par rapport au camp en général ?

19. As-tu un peu peur ou as-tu envie de découvrir, d’apprendre à vivre avec des enfants handicapés ? (Le handicap : objet d’attirance ou de peurs ?)

20. As-tu plus de crainte vis-à-vis d’un handicap comparé à un autre ?

21. As-tu des questions que tu souhaites poser ? (J’y répondrai plus tard et tout le groupe pourra en profiter sans savoir qui a posé la question.)

22. Quels sont tes premières impressions sur la rencontre que tu as déjà eue avec les enfants handicapés durant le tout début du camp ? (Dans le bus ou quelques petites activités.)

23. Penses-tu, par ta présence, pouvoir apporter quelque chose aux enfants handicapés ?

24. Penses-tu, par ta présence, pouvoir apporter quelque chose aux enfants « normaux » ?

25. Penses-tu que ça va t’apporter quelque chose de rencontrer les enfants handicapés ? Penses-tu que ça va changer ta manière d’être ?

26. Penses-tu que ça va t’apporter quelque chose de rencontrer les enfants « normaux » ? Penses-tu que ça va changer ta manière d’être ?

27. Penses-tu que de voir comment se rencontrent les enfants « normaux » et les enfants handicapés va t’apporter quelque chose ? Penses-tu que ça va changer ta manière d’être ?

28. Si l’expérience du camp est renouvelée :

a) As-tu un projet par rapport à ce camp, un désir ? b) Par rapport à toi-même ? c) Par rapport aux enfants handicapés ? d) Par rapport aux enfants « normaux » ? e) Pour un projet futur ?

29. Si l’expérience du camp est renouvelée :

a) Quel est ton avis sur l’idée d’intégration ? 1. Pour et/ou contre ? Pour quelles raisons ? 2. Pour quel type de handicaps, quel type d’enfants « normaux » ? 3. Dans quelles conditions ?

30. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour vivre avec des enfants handicapés ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

135

Guide des questions pour les enfants en fin de camp intégration

1. Nom

2. La définition du handicap que tu me donnais au début du camp a-t-elle changée selon toi ? (Si la personne ne sait plus : demander une nouvelle définition et puis rappeler la première.)

3. Qu’est-ce que pour toi un enfant handicapé ?

4. Quelle différence y a-t-il entre un enfant handicapé et un autre ? (Physique, mental ?)

5. As-tu découvert pendant ce camp différentes formes de handicaps ? Ou de nouvelles formes ou de nouveaux éléments par rapport à ce que tu connaissais déjà ? (Remarque : En fonction des réponses qui me seront fournies, je pourrai nuancer mes autres questions.)

6. Comment réagiras-tu si tu croises un enfant handicapé dans la rue ? (Handicap visible de l’extérieur.) Quelle réflexion porteras-tu ? Quelles idées te traverseront l’esprit ?

7. Penses-tu, dans le futur, pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parle pas du tout ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ?

Qu’est-ce qui pourrait t’aider à l’ouvrir ?

8. Penses-tu, dans le futur, pouvoir entrer en contact avec un enfant qui te donne un sentiment de répulsion, qui te bloque ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ?

Qu’est-ce qui pourrait t’aider à l’ouvrir ?

9. A ce stade-ci as-tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants handicapés ? (Le handicap : objet d’attirance ou de peurs ?)

10. A ce stade-ci as-tu des craintes, des peurs ou un intérêt vis-à-vis d’une forme de handicap plutôt que d’une autre ?

11. Vois-tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ? Comment ont-ils évolués ? (Eventuellement : rappeler les craintes de départ de l’enfant.)

12. Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés de ce camp ? Qu’est-ce qui a facilité ce contact ? (Regards, déplacements, contacts physiques, … ?)

13. Te reste-t-il des questions que tu souhaiterais poser ?

14. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapés ? Pourquoi ? Comment ?

15. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants « normaux » ? Pourquoi ? Comment ?

136

16. Penses-tu que ça t’a apporté quelque chose de rencontrer ces enfants handicapés ? Pourquoi ? Comment ?

17. Penses-tu que la rencontre avec les autres enfants t’a apporté quelque chose ? Pourquoi ? Comment ?

18. Le camp intégration en général t’a-t-il apporté quelque chose ? Pourquoi ? Comment ?

19. Si l’expérience de ce camp est renouvelée :

a) La répétition de ce camp continue-t-elle à t’enrichir ? b) La répétition de ce camp aiguise-t-elle ton regard ?

20. Y a-t-il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport aux enfants handicapés ?

21. Y a-t-il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport aux autres enfants ?

22. Ce camp a-t-il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être par rapport aux enfants ? Dans tes contacts avec les enfants handicapés, ressens-tu les choses différemment, réagis-tu différemment maintenant ?

23. D’une manière générale es-tu satisfait du camp ?

Oui Plus ou moins Non

24. Y a-t-il eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapé à côté de toi ?

25. Quel est ton avis sur l’intégration en camp si tu devais en refaire un :

a) Es-tu d’accord avec l’idée de faire un camp en intégration ou préfèrerais-tu un camp plus séparé ?

b) Y a-t-il une sorte de handicap que tu ne souhaiterais pas durant le camp ? c) Y a-t-il des activités précises que tu ferais en intégration et d’autres séparées ?

26. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour vivre avec des enfants handicapés?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

27. Y a-t-il eu un moment du camp plus important à tes yeux, que tu voudrais partager ? (Demander par un dessin.)

a) Un moment positif ? b) Un moment négatif ?

137

28. Y a-t-il eu un autre moment avec les enfants handicapés important à tes yeux, que tu voudrais partager ? (Demander par un dessin.)

a) Un moment positif ? b) Un moment négatif ?

29. As-tu eu un bon moment avec un enfant handicapé en particulier ? Pourquoi cet enfant-là ?

30. As-tu eu un mauvais moment avec un enfant handicapé en particulier ? Pourquoi cet enfant-là ?

31. As-tu envie de refaire un camp avec des enfants handicapés l’année prochaine ? Pourquoi ?

32. Ferais-tu des modifications éventuelles ? Lesquelles et pourquoi ?

33. T’es-tu senti entouré, encadré dans tes questions ?

34. Penses-tu que cette expérience va te servir dans un autre camp ? Penses-tu que ce camp t’a permis de grandir ?

35. Que penses-tu du questionnaire ?

Guide des questions pour les animateurs au début du camp intégration

36. Nom

37. Date de naissance

38. Sexe

39. Etudes

40. Idées d’une future profession

41. Composition de la famille

42. Année de formation

43. Nombre d’expériences d’animation d’enfants déjà réalisées

44. Pourquoi avoir choisi ce camp ? Désir de longue date ? Comment s’est effectué le choix ?

45. As-tu déjà rencontré précédemment un enfant handicapé? Quel lien avait-il avec toi ? (Croisé, vécu avec lui, dans la famille, …) Ou une personne adulte handicapée?

46. Si oui, quel aspect général (extérieur) avait-elle ? Comment avez-vous échangé ? Explique la manière dont tu es entré en contact avec elle la première fois.

47. Si l’expérience de ce camp est renouvelée :

a) Pour quelles raisons renouvelles-tu l’expérience ?

48. Qu’est-ce qu‘un enfant handicapé pour toi ?

138

49. Fais-tu des différences entre le handicap et la « normalité » ? (Lesquelles ?)

50. Connais-tu différentes formes de handicaps ? (Remarque : en fonction des réponses qui me seront fournies, je pourrai nuancer mes autres questions.)

51. Comment réagis-tu si tu croises un enfant handicapé dans la rue ? (Handicap visible de l’extérieur). Quelle réflexion portes-tu ? Quelles idées te traversent l’esprit ?

52. Penses-tu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parle pas du tout ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière entre toi et elle ? Qu’est-ce

qui pourrait t’aider à l’ouvrir ?

53. Penses-tu pouvoir entrer en contact avec un enfant qui te donne un sentiment de répulsion, qui te bloque ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ? Qu’est-ce qui pourrait

t’aider à l’ouvrir ?

54. As-tu des craintes ou un intérêt par rapport à ce camp ?

55. As-tu un peu peur ou as-tu envie de découvrir, d’apprendre à vivre avec des enfants handicapés ? (Le handicap : objet d’attirance ou de peurs ?)

56. As-tu plus de crainte vis-à-vis d’une forme de handicap plutôt qu’une autre ? Pourquoi ?

57. Quels sont tes premières impressions sur la rencontre que tu as déjà eue avec les enfants handicapés durant le tout début du camp ? (Dans le bus ou quelques petites activités.)

58. Penses-tu, par ta présence, pouvoir apporter quelque chose aux enfants handicapés ?

59. Penses-tu, par ta présence, pouvoir apporter quelque chose aux enfants «normaux » ?

60. Penses-tu, par ta présence, pouvoir apporter quelque chose aux enfants « normaux » par rapport aux enfants handicapés ? (Changer la mentalité ?)

61. Penses-tu que ça va t’apporter quelque chose de rencontrer les enfants handicapés ? Penses-tu que ça va changer ta manière d’être par rapport aux enfants ?

62. Penses-tu que ça va t’apporter quelque chose de rencontrer les enfants « normaux » ? Penses-tu que ça va changer ta manière d’être par rapport aux enfants ?

63. Penses-tu que la rencontre entre les deux types d’enfants va t’apporter quelque chose ? Penses-tu que ça va changer ta manière d’être par rapport aux enfants ?

64. As-tu un projet par rapport à ce camp, un désir ?

a) Par rapport à toi-même ? b) Par rapport aux enfants handicapés ? c) Par rapport aux enfants « normaux » ? d) Pour un projet futur ?

65. Quel est ton avis sur l’idée d’intégration ?

a) Pour et/ou contre ? Pour quelles raisons ? b) Pour quel type de handicaps, quel type d’enfants « normaux » ? c) Dans quelles conditions ?

139

66. La préparation du camp a-t-elle répondu à certaines de tes questions ? T’a-t-elle apporté quelque chose ? As-tu des questions ?

67. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être animateur d’enfants « normaux » ? Est-ce qu’il y a un profil de l’animateur ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

68. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être animateur d’enfants handicapés ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

Guide des questions pour les animateurs en fin de camp intégration

69. Nom

70. La définition du handicap que tu me donnais au début du camp a-t-elle changée ? (Si la personne ne sait plus : demander une nouvelle définition et puis rappeler la première.)

71. Qu’est-ce qu‘un enfant handicapé pour toi ?

72. Fais-tu des différences entre le handicap et la « normalité » ? (Lesquelles ?)

73. As-tu découvert pendant ce camp différentes formes de handicaps ? Ou de nouvelles formes ou de nouveaux éléments par rapport à ce que tu connaissais déjà ? (Remarque : en fonction des réponses qui me seront fournies, je pourrai nuancer mes autres questions.)

74. Comment réagiras-tu si tu croises un enfant handicapé dans la rue ? (Handicap visible de l’extérieur). Quelle réflexion porteras-tu ? Quelles idées te traversent l’esprit ?

140

75. Penses-tu, dans le futur, pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parle pas du tout ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ? Qu’est-ce qui pourrait

t’aider à l’ouvrir ?

76. Penses-tu, dans le futur, pouvoir entrer en contact avec un enfant qui te donne un sentiment de répulsion, qui te bloque ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ? Qu’est-ce qui pourrait

t’aider à l’ouvrir ?

77. A ce stade-ci as-tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants handicapés ? (Le handicap : objet d’attirance ou de peurs ?)

78. A ce stade-ci as-tu des craintes, des peurs ou un intérêt vis-à-vis d’une forme de handicap plutôt que d’une autre ?

79. Vois-tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ou ta motivation ? Comment ont-ils évolués ? (Eventuellement : rappeler les craintes de départ de l’animateur.)

80. Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés de ce camp ? Qu’est-ce qui a facilité ce contact ? (Regards, déplacements, contacts physiques, … ?)

81. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapés ? Pourquoi ? Comment ?

82. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants « normaux » ? Pourquoi ? Comment ?

83. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants « normaux » par rapport aux enfants handicapés ? (Changer la mentalité des enfants « normaux » ?) Pourquoi ? Comment ?

84. Penses-tu retirer quelque chose du fait d’avoir apporté aux enfants ? Pourquoi ? Comment ?

85. Les enfants handicapés t’ont-ils apporté quelque chose ? (Expliquer par un exemple de situation.) Pourquoi ? Comment ?

a) D’un point de vue personnel ? b) Pour tes projets ? c) Dans ta manière d’animer ?

(Les enfants handicapés et les enfants « normaux » ?)

86. Les enfants « normaux » t’ont-ils apporté quelque chose ? Pourquoi ? Comment ?

87. Le camp intégration en général t’a-t-il apporté quelque chose ? Pourquoi ? Comment ?

88. Est-ce que la manière dont les autres animateurs (ou les enfants) ont réagit a modifié quelque chose ? Pourquoi ? Comment ?

89. Si l’expérience de ce camp est renouvelée :

a) Est-ce que la répétition de ce camp continue à t’enrichir ? b) Est-ce que la répétition aiguise ton regard ?

141

90. Y a-t-il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport aux enfants handicapés ?

91. Y a-t-il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport aux autres enfants ?

92. Y a-t-il eu un moment où tu as été mal à l’aise, où tu as eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçue ? Pourquoi ? Comment ?

a) Avec les enfants « normaux » ? b) Avec les enfants « handicapés ?

93. Ce camp a-t-il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être par rapport aux enfants ?

94. D’une manière générale es-tu satisfait du camp ?

Oui Plus ou moins Non

95. D’une manière générale es-tu satisfait :

a) De ce que tu as apporté aux enfants handicapés ? b) De ce que tu as apporté aux enfants « normaux » ? c) De ce que tu as apporté dans la rencontre des enfants « normaux » et

handicapés ? d) De ce qu’ils t’ont apporté ?

1. Les enfants handicapés ? 2. Les enfants « normaux » ?

e) De ce que la rencontre des enfants « normaux » et handicapés t’a apporté ? f) Du camp intégration en général ?

96. D’une manière générale es-tu satisfait des outils que tu as amenés ?

97. Y a-t-il eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapé à coté de toi ?

98. Quel est ton avis sur l’intégration en camp si tu devais en refaire un :

a) Es-tu d’accord avec l’idée de faire un camp en intégration ou préfèrerais-tu un camp plus séparé ?

b) Y a-t-il une sorte de handicap que tu ne souhaiterais pas durant le camp ? c) Y a-t-il des activités précises que tu ferais en intégration et d’autres séparées ?

99. Quel est ton avis sur l’idée d’intégration ?

a) Pour ou contre ? Pour quelles raisons ? b) Pour qui ? (Quel type de handicap ?) c) Dans quelles conditions ?

100. Comment être animateur dans un camp intégration ? Faut-il opérer des modifications ?

142

101. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être animateur d’enfants « normaux » ? Est-ce qu’il y a un profil de l’animateur ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

102. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être animateur d’enfants handicapés ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

103. Y a-t-il eu un moment d’intégration important à tes yeux, que tu voudrais partager ?

a) Un moment positif ? b) Un moment négatif ?

104. Y a-t-il eu un autre moment du camp important à tes yeux, que tu voudrais partager ?

a) Un moment positif ? b) Un moment négatif ?

105. As-tu eu un bon moment avec un enfant handicapé en particulier ? Pourquoi cet enfant-là ?

106. As-tu eu un mauvais moment avec un enfant handicapé en particulier ? Pourquoi cet enfant-là ?

107. As-tu actuellement le désir de renouveler l’expérience ? Et pourquoi ?

108. Ferais-tu des modifications éventuelles ? Lesquelles et pourquoi ?

109. Penses-tu que les enfants auront le désir de renouveler l’expérience ?

a) Les enfants handicapés ? b) Les enfants « normaux ?

110. T’es-tu senti entouré, encadré dans tes questions ?

111. Penses-tu que cette expérience va te servir dans un autre camp ? Penses-tu que ce camp t’a permis une croissance personnelle ?

143

Guide des questions pour les animateurs après le camp intégration

112. Nom

113. Date de naissance

114. Sexe

115. Etudes

116. Idées d’une future profession

117. Composition de la famille

118. Année de formation

119. Nombre d’expériences d’animation d’enfants déjà réalisées

120. Pourquoi avoir choisi ce camp ? Désir de longue date ? Comment s’est effectué le choix ?

121. Avais-tu déjà rencontré précédemment un enfant handicapé? Quel lien avait-il avec toi ? (Croisé, vécu avec lui, dans la famille, …) Ou une personne adulte handicapée?

122. Si oui, quel aspect général (extérieur) avait-elle ? Comment avez-vous échangé ? Explique la manière dont tu es entré en contact avec elle la première fois.

123. Si l’expérience de ce camp est renouvelée :

a) Pour quelles raisons renouvelles-tu l’expérience ?

124. Qu’est-ce qu‘un enfant handicapé pour toi ?

125. Fais-tu des différences entre le handicap et la « normalité » ? (Lesquelles ?)

126. As-tu découvert pendant ce camp différentes formes de handicaps ? Ou de nouvelles formes ou de nouveau éléments par rapport à ce-que tu connaissais déjà ?

127. Comment réagiras-tu si tu croises un enfant handicapé dans la rue ? (Handicap visible de l’extérieur.) Quelle réflexion porteras-tu ? Quelles idées te traversent l’esprit ? Penses-tu que ta réaction était la même avant le camp ?

128. Penses-tu, dans le futur, pouvoir entrer en contact avec un enfant qui ne parle pas du tout ? Penses-tu que ta réaction était la même avant le camp ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ? Qu’est-ce qui pourrait

t’aider à l’ouvrir ?

129. Penses-tu, dans le futur, pouvoir entrer en contact avec un enfant qui te donne un sentiment de répulsion, qui te bloque ? Penses-tu que ta réaction était la même avant le camp ?

a) Si oui, par quels moyens ? b) Si non, qu’est-ce qui te bloque, qui place une barrière ? Qu’est-ce qui pourrait

t’aider à l’ouvrir ?

144

130. A ce stade-ci as-tu des craintes, des peurs ou un intérêt par rapport aux enfants handicapés ? (Le handicap : objet d’attirance ou de peurs ?) Compare avec avant ou le début du camp ?

131. A ce stade-ci as-tu des craintes, des peurs ou un intérêt vis-à-vis d’une forme de handicap plutôt que d’une autre ? Compare avec avant ou le début du camp ?

132. Vois-tu un changement par rapport à tes craintes, ton intérêt ou ta motivation ? Comment ont-ils évolué ?

133. La préparation du camp avait-elle répondu à certaines de tes questions ? T’avait-elle apporté quelque chose ? Avais-tu des questions ?

134. Explique la manière dont tu es entré en contact avec les enfants handicapés de ce camp ? Qu’est-ce qui a facilité ce contact ? (Regards, déplacements, contacts physiques, observation des autres … ?)

135. Avais-tu un projet par rapport à ce camp, un désir ? Ce projet s’est-il réalisé ?

1. Par rapport à toi-même ? 2. Par rapport aux enfants handicapés ? 3. Par rapport aux enfants « normaux » ? 4. Pour un projet futur ?

136. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants handicapés ? Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

137. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants « normaux » ? Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

138. Penses-tu avoir apporté quelque chose aux enfants « normaux » par rapport aux enfants handicapés ? (Changer la mentalité des enfants « normaux » ?) Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

139. Penses-tu retirer quelque chose du fait d’avoir apporté aux enfants ? Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

140. Les enfants handicapés t’ont-ils apporté quelque chose ? (Expliquer par un exemple de situation.) Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

a) D’un point de vue personnel ? b) Pour tes projets ? c) Dans ta manière d’animer ?

(Les enfants handicapés et les enfants « normaux » ?)

141. Les enfants « normaux » t’ont-ils apporté quelque chose ? Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

142. Le camp intégration en général t’a-t-il apporté quelque chose ? Pourquoi ? Comment ? Compare avec ton avis au début du camp ?

143. Est-ce que la manière dont les autres animateurs (ou les enfants) ont réagi a modifié quelque chose ? Pourquoi ? Comment ?

144. Si l’expérience de ce camp est renouvelée :

a) Est-ce que la répétition de ce camp continue à t’enrichir ? b) Est-ce que la répétition aiguise ton regard ?

145

145. Y a-t-il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport aux enfants handicapés ?

146. Y a-t-il eu un moment où tu as changé d’avis ou d’attitude par rapport aux autres enfants ?

147. Y a-t-il eu un moment où tu as été mal à l’aise, où tu as eu une parole adaptée ou non, où ton intention a été mal reçue ? Pourquoi ? Comment ?

a) Avec les enfants « normaux » ? b) Avec les enfants « handicapés ?

148. Ce camp a-t-il modifié des émotions, des sentiments, des manières d’être par rapport aux enfants ?

149. D’une manière générale es-tu satisfait du camp ?

Oui Plus ou moins Non

150. D’une manière générale es-tu satisfait :

a) De ce que tu as apporté aux enfants handicapés ? b) De ce que tu as apporté aux enfants « normaux » ? c) De ce que tu as apporté dans la rencontre des enfants « normaux » et

handicapés ? d) De ce qu’ils t’ont apporté ?

1. Les enfants handicapés ? 2. Les enfants « normaux » ?

e) De ce que la rencontre des enfants « normaux » et handicapés t’a apporté ? f) Du camp intégration en général ?

151. D’une manière générale es-tu satisfait des outils que tu as amenés ?

152. Y a-t-il eu des moments où tu ne voulais pas un enfant handicapé à côté de toi ?

153. Quel est ton avis sur l’intégration en camp si tu devais en refaire un :

a) Es-tu d’accord avec l’idée de faire un camp en intégration ou préfèrerais-tu un camp plus séparé ?

b) Y a-t-il une sorte de handicap que tu ne souhaiterais pas durant le camp ? c) Y a-t-il des activités précises que tu ferais en intégration et d’autres séparées ?

154. Quel est ton avis sur l’idée d’intégration ?

a) Pour ou contre ? Pour quelles raisons ? b) Pour qui ? (Quel type de handicap ?) c) Dans quelles conditions ?

155. Comment être animateur dans un camp intégration ? Faut-il opérer des modifications ?

146

156. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être animateur d’enfants « normaux » ? Est-ce qu’il y a un profil de l’animateur ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

157. Penses-tu qu’il faut des qualités ou des compétences particulières pour être animateur d’enfants handicapés ?

Valeurs et compétences : Partage Communication Echange Remise en question Egalité Curiosité Respect Altruisme Tolérance/ Ouverture Observation Service Patience Ecoute Empathie Se mettre au même niveau Autres…

158. Y a-t-il eu un moment d’intégration important à tes yeux, que tu voudrais partager ?

a) Un moment positif ? b) Un moment négatif ?

159. Y a-t-il eu un autre moment du camp important à tes yeux, que tu voudrais partager ?

a) Un moment positif ? b) Un moment négatif ?

160. As-tu eu un bon moment avec un enfant handicapé en particulier ? Pourquoi cet enfant-là ?

161. As-tu eu un mauvais moment avec un enfant handicapé en particulier ? Pourquoi cet enfant-là ?

162. As-tu actuellement le désir de renouveler l’expérience ? Et pourquoi ?

163. Ferais-tu des modifications éventuelles ? Lesquelles et pourquoi ?

164. Penses-tu que les enfants auront le désir de renouveler l’expérience ?

a) Les enfants handicapés ? b) Les enfants « normaux ?

165. T’es-tu senti entouré, encadré dans tes questions ?

166. Penses-tu que cette expérience va te servir dans un autre camp ? Penses-tu que ce camp t’a permis une croissance personnelle ?

167. Penses-tu que ce questionnaire a servi aux enfants qui l’ont passé ? As-tu entendu des réflexions à propos de celui-ci ? Penses-tu qu’il aurait pu te servir durant le camp si je te l’avais fait passer auparavant ?

147

ENTRETIENS STRUCTURES

Voici quelques informations pour une bonne lecture de ces entretiens :

• Les numéros précédant les réponses remplacent les questions posées, celles-ci se trouvent dans l’annexe : « questionnaires ».

• Une police de caractère normal indique la réponse du sujet.

• Une police de caractère italique indique nos interventions exactes.

• Une police de caractère normal (entre parenthèse) fournit une synthèse de ce que le sujet a expliqué de manière un peu floue ou un peu trop longue.

ENFANTS

ANNIE (12 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 2/07/2004

14 septembre 1991.

Féminin.

2 sœurs (1 ½ an et 11 ans).

Je n’ai jamais fait de camp avant, sauf avec l’école. Je n’ai jamais fait de camp avec des enfants moins valides.

Ce sont mes parents qui ont choisi ce camp.

Ils ont sans doute l’intention que je m’amuse. Mes parents savaient sans doute qu’il y avait des enfants handicapés, mais je ne le savais pas, ils me l’ont dit ce matin. Tu penses que tes parents ont choisi ce camp parce qu’il y a des enfants handicapés ? Je ne pense pas.

J’ai demandé où j’allais mais on ne m’a rien dit. Mes parents voulaient me faire la surprise. Par contre, ma sœur était au courant.

On a un bateau où il y a la fille du concierge qui est handicapée. Elle a un handicap physique et un peu mental aussi.

As-tu fait des activités avec elle ? Elle ne peut pratiquement rien faire. Lorsqu’il y a des fêtes, on reste avec elle, elle sait parler mais pas très bien. Je la comprends un peu mais j’ai une amie qui demande toujours ce qu’elle raconte. Je suis habituée à ce qu’elle dit car je la connais. Je vois la fille presque tous les week-ends.

/

Ce sont des gens qui n’ont pas eu de chance. Suite à quoi ? Y en a c’est à la naissance ou à cause d’un accident.

Pour moi, il n’y a pas de différence, c’est la même chose. Pourquoi à ton avis on les catégorise comme handicapés ? Je ne sais pas.

148

Non. Fais-tu des différences dans le handicap mental, si je te dis enfant trisomique ou enfant autiste, ça te dit quelque chose ? J’ai déjà entendu mais je ne sais pas ce que c’est.

Je lui fais un sourire. A quoi penses-tu ? A rien.

Oui, sauf que lui, il ne va pas répondre. Tu penses qu’il peut comprendre ? Ben oui.

Non. Qu’est-ce qui te bloque ? Si déjà je ne l’aime pas au départ, je ne vais pas parler avec. Feras-tu quand même des efforts ? Je ferai des efforts pour ne pas vexer la personne.

J’ai envie de m’amuser, comme tout le monde je suppose. Et j’avais envie de savoir où j’allais aller.

Comme j’ai déjà mon amie qui est handicapée, je sais comment elle vit. Je n’ai pas besoin de découvrir parce que je connais déjà.

Peur de ceux qui ne savent plus marcher. Pourquoi ? Parce que si moi je ne sais plus marcher, je ne sais plus rien faire. Déjà mes activités sportives je ne saurai plus les faire. Le trapèze, je ne saurai plus en faire.

Non

Au départ, j’ai vu des enfants, par exemple Fabien. Au départ, je ne savais pas qu’il était handicapé. Parce que sa mère est sortie de la voiture et je n’avais pas vraiment regardé et puis quand j’ai regardé un peu plus, il ne parlait jamais. Je ne savais pas au départ, j’avais vu Isabelle et Cédric mais les autres, je ne savais pas du tout. Tu as demandé à tes parents ? Non, je n’ai pas demandé, j’ai découvert toute seule.

Penses-tu pouvoir leur apporter quelque chose ? Mais quoi ? Un sourire ou le fait de pouvoir faire un jeu avec eux ? Ben oui, on a fait un jeu tout à l’heure avec eux. Préfères-tu que les groupes soient séparés ? Oh non !

Ben oui.

Je pense que ça ne va rien m’apporter.

A moi rien. Si tu étais toute seule, ça ne changerait rien ? Non. Il y a juste le fait d’être amis, de s’amuser ensemble.

Non…

/

Es-tu d’accord avec l’idée d’intégration et pourquoi ? C’est chouette qu’ils puissent s’amuser avec nous, ça leur apporte quelque chose. Ils s’amusent.

Non. N’importe qui.

ANNIE (12 ANS). - FIN DE CAMP LE 10/07/2004

168. Je ne sais pas.

169. Ce sont des gens comme nous un peu différents. Il y en a c’est dans la tête, il y en a c’est physique.

170. /

171. Mais je ne vois pas ce que Isabelle a ? Isabelle, elle a un léger retard dans la tête. Elle a un retard dans la tête ? Mais, elle sait marcher. Elle a aussi un handicap moteur. Mais elle a ses pieds comme ça. Est-ce que tu vois différents types de handicaps, est-ce que pour toi, Isabelle c’est la même chose que Fabien ? Fabien il ne sait pas parler et Isabelle elle sait parler. Et Amélie ? Amélie, je ne comprends pas ce qu’elle peut

149

faire. Elle sait faire quoi en fait, elle sait écrire ? Elle ne sait pas écrire ni calculer mais elle comprend ce qu’on dit. Par contre, elle est dans son monde à elle. Mais elle sait dire qu’elle a faim avec ses pictogrammes ? Oui, il y a moyen de lui apprendre, il faut du temps, il faut lui parler clairement. Pourquoi elle est toujours comme ça avec ses mains? Ce sont des caractéristiques de certains handicaps, ils font toujours des mêmes jeux. J’ai été étonnée de ce qu’elle pouvait faire avec sa balle qu’elle fait tourner autour de sa main, même moi, je ne sais pas faire ça. Qu’est-ce que ça t’a fait de découvrir qu’elle savait faire cela ? Ça m’a fait un choc. C’est comme avec Gérome, qui arrive à mettre la boule de pétanque près du cochonnet alors que je n’y arrive pas. Gérome, il a quoi ? Il a aussi un léger retard. Mais il y en a plein on ne dirait pas. Julie, elle, elle n'est pas gentille, elle est méchante, elle me parle comme si j’avais cinq ans. Qu’est-ce que ça te fait quand elle te parle comme si tu avais cinq ans ? Moi, je pars tout de suite. (Elle me raconte une partie de l’histoire qui s’est passée avec le vêtement volé par Julie et qui a interpellé beaucoup d’enfants.) Et Sandrine qu’est-ce qu’elle a ? Elle a aussi un retard mais ça se caractérise un peu différemment pour chaque enfant. Elle sait recopier les lettres. Elle a un âge mental en dessous de son âge. Moi, j’ai une amie, un bus vient la chercher, elle arrive à l’école, elle sait ou aller, elle parle bizarrement, elle sait ou aller mais moi je m’étais assise au mauvais endroit. Elle sait lire, écrire mais moi je n’ai pas compris comment elle fait ça. (Elle me raconte qu’elle est allée visiter un atelier protégé, elle me fait remarquer qu’ils travaillent « super bien ». Elle trouve ça chouette qu’ils puissent faire des vêtements dans cet atelier car il n’y a pas grand chose qu’ils peuvent faire autrement.) Es-tu contente de faire ce camp-ci ? Oui, je trouve ça bien parce qu’ils sont en groupe et ils sont avec des gens de leur niveau et moi je trouve que c’est bien, parce qu’à mon avis ils sont toujours tout seul chez eux et ici, ils sont en groupe. (C’est l’idée d’être en groupe qui prédomine même si elle me rappelle qu’il y a des enfants qu’elle n’aime pas.)

172. Je lui souris, tout comme avant.

173. Ben oui, Fabien c’est la preuve. D’abord Fabien il comprend tout ce qu’on dit, il ne sait pas dire ce qu’il veut. Mais moi, Fabien il n'est jamais avec moi.

174. Non. Mais, qui me dégoûte de quelle manière ? S’il me dégoûte, qu’il est moche, là je peux rentrer en contact mais s’il me dégoûte de caractère, je ne peux pas. Je ne vais pas dire à la personne, non, je ne t’aime pas, mais je le sais très bien au fond de moi.

175. Non. Mais il y a des fois où ils ne sont pas sympas. Cédric la fois passée, il a sorti un mot, un truc que même moi, je n’aurais pas imaginé dire à Sandrine, c’est vrai qu’elle est un peu chiante mais quand même. Mais aussi, les garçons n’arrêtent pas de mettre des trucs dans les cheveux de Sandrine. Cela te fait quoi de savoir ça ? Moi, je trouve que c’est un peu dégueulasse parce que Sandrine elle n'a rien fait. Et si ce n’était pas Sandrine ? Je réagirais de la même manière. Mais Benjamin il a quoi ? Il a des difficultés dans la scolarité. Il a quel âge ? 13 ou 14 ans. Ils sont tous plus grands que moi ici, je n’en ai que 12.

176. Je n’avais pas de crainte, je n’avais pas de peur, et d’abord je ne savais même pas qu’il y avait des enfants handicapés. Je n’étais pas au courant.

177. Mais Benjamin, il est toujours tout seul ou alors il me colle ou il est tout seul.

178. Mais comment expliquer, c’est trop dur tes questions, moi je ne comprends rien. Sandrine, c’est dur avec Sandrine parce que Sandrine, tu lui dis quelque chose et elle fait le contraire. Alors moi j’ai trouvé le truc, je lui dis le contraire de ce qu’elle doit faire. Comment est-ce que l’idée t’est venue ? Elle faisait toujours le contraire. Et avec Isabelle par exemple, comment ça se passe ? Je suis restée avec elle, j’ai fait un jeu avec elle. Elle n’avait pas sa chaise roulante, si elle l’avait mais elle ne voulait pas s’asseoir.

150

179. Oui, moi je n’ai rien compris, au départ je ne savais pas qui était handicapé. Mais il y en a plein, je n’étais pas au courant. Cela m’a fait un choc parce que ça ne m’était vraiment pas venu à l’idée que Sandrine était handicapée. Je n’ai pas compris. (Elle m’explique que pour certains enfants handicapés cela se voit par le visage.)

180. Je ne sais pas.

181. Oui, ça oui, parce que moi je n’en pouvais plus, ils n’arrêtaient pas de parler dans la chambre et moi, ça m’énervait et j’ai crié une fois et tout le monde s’est tu. (Elle me raconte qu’elle est resté avec plusieurs filles, qu’elle a parlé, mais rejette certaines autres filles qui étaient toujours entre elles. Elle intervient quand il y a des problèmes entre les enfants.)

182. Oui, parce que d’habitude je m’ennuie.

183. Non, j’ai mon amie donc, je connais déjà les handicaps. Et les autres ? Non, parce que quand j’ai été à son école, il y avait plein de handicaps différents. Il y avait même des gens, je pensais que c’était des professeurs tellement ils étaient grands. Il paraît que ceux qui sont trop grands c’est un handicap.

184. Non

185. /

186. Non

187. Non

188. Non

189. Oui.

190. Non

191. Le matin ils ne sont jamais avec nous, il y a des jeux qu’ils font tout seuls ! Tu voudrais que ce soit tout le temps tous ensemble ? Oui, mais il y a des jeux qu’ils ne savent pas faire tous. Il n’y a aucun moment où tu ne voulais pas d’un enfant handicapé à côté de toi ? Non.

192. Tout le monde peut le faire, mais il faut aimer les enfants. Etre patient ou… ? Oui mais ça c’est normal.

193. a) Moi, j’ai bien aimé quand on était dans la forêt, j’aimais bien mon groupe.

b) Ce qui est parfois embêtant c’est que parfois on ne choisit pas son groupe.

Mais le plus négatif c’est la sieste. Vous n’êtes jamais d’accord sur un point.

194. a) Avec Isabelle quand on a du aller chercher le dentifrice (pièce d’un jeu à aller chercher), parce qu’elle était dans mon équipe. Elle était là, j’ai parlé avec elle, elle n’avait pas sa chaise non plus, je me suis occupé d’elle.

b) Une fois, c’était Julie, elle était dans mon équipe, elle n’arrêtait pas de me coller.

195. Voir question 28 a)

196. Voir question 28 b)

197. Moi, je m’en fous. Du moment que je m’amuse. De toute façon, ce n’est quand même pas moi qui décide.

198. Oui, il faut que tous les animateurs soient d’accord sur un même point par exemple la sieste.

199. Oui, je pense.

151

200. Je ne sais pas moi.

201. C’est chiant tes questions. Ça se répète sans arrêt.

CHRISTINA (12 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 3/07/2004

3 janvier 1992.

202. Féminin.

203. Un frère de 9 ans.

204. Oui, un à St-Idesbald avec Jeunesse et Santé.

205. C’est moi qui ai choisi avec mes parents. Je voulais un peu voir comment c’était s’il y avait des différences. Tu savais que c’était en intégration ? Oui, je voulais voir les relations qu’on pouvait avoir.

206. Oui, parce que mon beau-père a un frère et il est handicapé et je ne parle pas souvent avec lui, je ne sais pas pourquoi mais… Ma maman voulait que je sache qu’ils sont comme nous. Tu penses que tes parents avaient comme objectif, en te mettant dans ce camp, que tu puisses rentrer davantage en contact avec le frère de ton beau-père ? Oui.

207. Non, elle m’a juste passé la feuille et alors elle m’a expliqué que c’était avec 8 personnes handicapées, et puis elle m’a fait lire, j’ai un peu lu tout ce qui allait se passer. Au début, je ne voulais pas trop venir mais par après, ça allait. Et tu sais pourquoi tu ne voulais pas venir ? Je ne connaissais pas très bien le contexte et tout ça.

208. Est–ce que tu sais ce que le frère de ton beau-père a comme handicap ? Je sais que dans sa tête il a 6 ans, en réalité il en a 42. Il est un peu handicapé physique. Il ne parle pas souvent, il est très fermé. As-tu rencontré d’autres personnes handicapées ? Oui, j’avais une amie, à l’école. Elle avait 10 ans d’âge mental, 13 ans en réalité et physique on ne savait pas très bien. Comment rentrais-tu en contact avec elle ? En fait, elle restait tout le temps enfermée sur elle-même, elle n’était pas souvent avec les autres, elle se sentait mal et tout ça, et donc, j’ai été vers elle, parce que je n’aimais pas la voir comme ça, la pauvre. Et puis, j’ai été un peu parler avec elle, et puis, j’ai vu que c’était pareil quoi.

209. (Voir question 9.)

210. /

211. C’est quelqu’un de normal qui a … Si c’est physique, c’est simplement une déformation, mais bon, ce n'est pas grave. Si c’est mental, ce n’est pas de leur faute quoi, mais ils sont normaux.

212. Les personnes handicapées, j’ai remarqué qu’elles s’attachaient très vite aux gens. Parfois, il faut beaucoup s’occuper d’eux. Sandrine qui est dans notre chambre, elle a 8 ans, je ne sais pas quel âge elle a dans sa tête. Mais on doit beaucoup l’aider, elle est un peu collante mais elle est gentille.

213. Non ? Si je te dis enfant trisomique ou autiste, cela te dit quelque chose ? Trisomique, c’est handicapé, mais autiste ?

214. Ben déjà, je ne le regarde pas de travers. Parce que je sais que ce n’est pas sa faute, qu’il n’en peut rien, qu’il est normal. Tu le regardes quand même ? Comme une autre personne qui passe. Est-ce que tu lui souris ou… ? Souvent, il y a des gens qui sourient et d’autres qui regardent au sol. Te poses-tu des questions ? Je me demande comment ça c’est passé, comment ça se fait qu’elle est handicapée.

215. C’est difficile parce que quand j’essaie déjà de parler avec Amélie, c’est un peu dur. Moi, je veux bien parler avec elle, parfois je lui parle mais elle tourne la tête, je ne sais

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pas si elle est sourde ou quoi. Moi je veux bien mais… Penses-tu que les personnes qui ne parlent pas, elles ne comprennent pas ? Heu, non.

216. Mais il n’y a personne qui me dégoûte. Je m’en fous de comment est la personne à l’extérieur, ce n’est pas de leur faute.

217. J’avais envie de voir comment ça allait se passer. Et par rapport au camp en général ? Moi, je trouve que c’est bien. Parce que ce n’est pas souvent qu’on peut faire des choses comme ça, ils sont gentils mais… Moi je trouve ça bien, allez, il y a des gens qui n’ont pas envie de… qui préfèrent aller voir des gens normaux. Et il y a des gens qui ont envie d’aborder des personnes handicapées. Ici, ça nous fait comprendre qu’ils sont normaux.

218. Etait-ce ton avis au premier jour du camp ? Penses-tu que ça a un peu évolué ? Ça a un peu évolué parce qu’avant, ça m’était complètement égal, tandis que maintenant, je me dis qu’il faut quand même essayer d’aller vers eux.

219. Non.

220. Au début du camp, je ne voyais pas très bien qui étaient les personnes handicapées. Je ne trouvais vraiment pas que ça se voyait, les seules personnes où ça se voyait, c’était Cédric et Isabelle parce que je la voyais dans une chaise roulante. Sandrine, je n’avais même pas vu que c’était une personne handicapée, Benjamin je ne voyais pas non plus.

221. Ça m’a étonné, déjà la rencontre dans le car, enfin, je savais qu’il y en avait mais je pensais qu’ils allaient arriver par la suite. Je ne voyais vraiment pas qui c’était. Et dès que je l’ai su, qui était dans les enfants handicapés, j’ai été étonnée parce qu’il y a des gens où je ne me rendais pas compte. Benjamin, je n’avais pas forcément été très gentille avec lui, je me suis excusée parce que je ne savais pas. Penses-tu que tu aurais plus tendance à faire attention à ce que tu dis avec des enfants handicapés ? Oui. Parce que je ne dirais pas, je ne vais pas l’insulter, parce que je sais qu’il y en a qui ne sont pas bien dans leur peau à cause de ça. Des fois, je dis un peu ça pour rigoler ou quoi, je sais qu’avec eux je ne dois pas faire ça parce que c’est un peu différent.

222. Peut-être que si on montrait qu’on savait aller vers eux, qu’on savait être ami avec eux, peut-être qu’ils se sentiraient mieux, qu’ils iraient plus vers les gens. Tu avais envie qu’ils se sentent intégrés ? Oui. Parfois quand on discute un peu sur Sandrine, il y en a une qui intervient parce qu’on se rend compte de ce qu’elle fait. Par exemple, elle avait mis ma brosse à cheveux dans la poubelle, on s’était un peu énervées mais après on s’est rendues compte de la gaminerie de ce qu’on était occupées à faire. Après on n’était pas bien quoi. On s’aide entre nous, parce que parfois c’est difficile.

223. Mais je sais déjà que mes copines, elles savent qu’elles doivent faire attention, elles ont la même opinion que moi. Il faut faire attention à ce qu’on dit, il ne faut pas faire n’importe quoi. Mais qu’ils sont mignons quoi.

224. Ben oui, je peux peut-être plus facilement aller vers eux. Avais-tu la même idée au début du camp ? Non pas vraiment, j’y portais pas vraiment attention, il y avait même des fois où je me disais que ça servait peut-être à rien. Peut-être qu’ils n’écoutaient pas, mais maintenant j’ai compris qu’il y a des liens possibles.

225. Je vais plus facilement vers les gens, je rigole plus, je m’amuse, je trouve vraiment que c’est bien de faire des camps.

226. Oui, parce que moi au début du camp, j’osais pas trop aller vers eux mais quand j’ai parlé à Isabelle, à Cédric… Moi Isabelle, je l’aime bien, elle est chouette. Cédric j’ai pas trop parlé avec, mais j’ai vu qu’il était gentil, bien quoi. Quand je vois une personne normale qui va vers une personne handicapée, quand je vois la réaction de la personne handicapée, je trouve que c’est bien. Moi aussi je fais pareil alors, parce que je vois

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qu’elle ne refuse pas, qu’elle veut bien rentrer en contact. Tu observes la manière dont les personnes réagissent ? Oui.

227. /

228. Moi, en fait, ça m’était complètement égal, je me demandais pourquoi on faisait ça parce que c’était un camp comme un autre. Mais en fait, je me suis rendue compte par la suite, qu’en fait ça nous aidait à aller plus vers eux, ça nous fait rentrer en contact sans même presque qu’on s’en rende compte. Par la suite, j’ai été vers eux. Au début savais-tu comment ça allait se passer ? Non en fait, je pensais qu’on allait tous être ensemble, je ne savais pas qu’on allait être un peu séparé, ça m’a fait bizarre quand j’ai vu les chambres qui étaient séparées. Tu aurais voulu que les chambres soient moins séparées ? Oui, parce que ça nous aurait encore plus aidés, on aurait encore plus parlé avec eux, savoir comment ils font et tout ça.

229. Il ne faut déjà pas juger sur les apparences parce que les personnes qui sont handicapées physiquement ils n’en peuvent rien donc, à mon avis il ne faut pas se dire dans sa tête qu’on le trouve dégueulasse, sale et tout ça au sinon, on n’arrivera jamais à aller vers eux. Et pour faire un camp avec des enfants non handicapés ? Ça c’est plus facile parce qu’on sait à peu près comment la personne va réagir ou en tout cas qu’on pourra plus facilement parler avec elle. Ça change pas beaucoup quoi, mais il faut pas spécialement de qualités je pense.

CHRISTINA (12 ANS). - FIN DE CAMP LE 10/07/2004

/

230. C’est un enfant normal, comme nous. Je pense toujours la même chose mais, par exemple Sandrine au début quand on lui disait quelque chose, elle nous écoutait et maintenant, elle vient nous frapper ou …Elle s’est transformée durant le camp, j’ai l’impression que les filles de sa nouvelle chambre sont hyper méchante avec elles. Il y a des différences entre les enfants handicapés physique et mentaux.

231. Il n’y a pas spécialement de différence.

232. Non. Caractérises-tu Benjamin comme Fabien ? Pas vraiment parce que Benjamin on sait parler avec lui et pas Fabien. C’est plus par rapport au langage que tu fais des différences ? Oui, même avec Amélie.

233. Je vais lui sourire. Je me pose certaines questions sur leur handicap, qu’est-ce qu’ils ont.

234. Je le fais déjà avec le frère de mon beau-père, mais il comprend bien ce qu’on lui dit aussi. Et Amélie ? Peut-être qu’elle comprend mais qu’elle fait pas attention à ce qu’on lui dit. Comment expliques-tu la manière dont tu entres en contact avec Fabien ? Parfois, je lui pose des questions par oui ou non. Ou par exemple pour la balançoire, je lui montre la balançoire et je lui demande s’il veut monter. Je vois s’il veut ou non.

235. Il n’y a personne qui me répugne ici. Et si c’était à l’extérieur ? Oui, j’aurais difficile parce que je ne connais pas la personne. Mais si je la connais plus, ça va.

236. Parfois, il y a des personnes handicapées, et j’aimerais bien rentrer en contact avec eux, parfois c’est difficile. Penses-tu que ce camp-ci va t’aider ? Oui, parce qu’avant je n’allais pas du tout vers eux. Et puis maintenant, je me sens prête. Je ne savais pas trop comment faire et tout ça.

237. Au début j’avais plus envie de faire connaissance avec Isabelle parce que je sentais bien que c’était pas mental. Avant, j’avais peur de dire quelque chose à un handicapé mental. Si je dis quelque chose à un enfant qui est handicapé mentalement, j’ai peur qu’il ne me comprenne pas, qu’il ne m’écoute pas. Quand on ne m’écoute pas, c’est pas chouette. Par exemple, Amélie, c’est difficile de parler.

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238. Je vais plus vers eux, j’ai appris à les connaître.

239. Par exemple Gérome, je n’arrête pas de rigoler avec lui. Au début du camp, je ne parlais pas trop avec mais maintenant ça me donne envie d’aller vers eux. Par exemple, Isabelle au début du camp, je n’avais pas l’impression qu’elle avait envie de me connaître, elle répondait par un oui et un non, et puis pour finir, je me suis rendue compte que j’avais tout faux. Et aujourd’hui, j’ai appris à connaître Cédric. Que penses-tu de Cédric ? Il faut lui parler simplement. Mais il est gentil. J’ai un peu su comment m’y prendre avec eux.

240. Voir question 33.

241. Peut-être pas seulement par moi, mais un peu de tout le monde, ils ont moins peur. Que les enfants handicapés ont moins peur d’être jugés par rapport au début du camp. Isabelle, elle ne parlait pas avec beaucoup de monde.

242. Parfois, on s’entraidait entre nous. Parfois quand Sandrine était dans notre chambre, j’ai failli péter un câble, elle faisait n’importe quoi. Elle avait fait pipi dans la poubelle, quand on lui demandait si elle devait aller faire pipi, elle allait dans le lavabo. Pour finir, je me dis que ce n’était pas très grave.

243. Oui, parce que je ne m’attendais pas à ce qu’il y en ait. Isabelle, la première fois que je l’ai vue, elle était debout et j’ai pas fait attention sauf Cédric. Benjamin, j’ai pas été sympa avec lui, je ne savais pas qu’il était handicapé, après j’étais super mal. C’est lui qui est venu s’excuser et nous aussi. Tu avais plus mal parce que c’était un enfant handicapé que pour un autre enfant ? Oui.

244. En fait, je suis très influençable. Donc si on m’avait dit celui-là, il est pas sympa ou dégoûtant, et bien, je n’aurais pas été vers eux. Je suis hyper influençable, donc j’aurais fait comme mes copines mais comme elles ne sont pas comme ça, ça m’a aidé. Parce que je me suis demandé au début si les filles avec qui j’allais être, allaient plutôt les repousser ou …Et j’ai vu qu’elles étaient à peu près comme moi.

245. Oui, je trouve que c’est génial. En plus, ça nous aide à aller vers les gens, au début, je n’étais pas très motivée, maintenant, je suis à fond dedans. Cela t’aide à aller vers les personnes handicapées ou vers tout le monde ? Surtout vers eux, mais aussi vers les autres gens. Je me poserai toujours des questions sur les réactions des gens mais c’est normal.

246. /

247. Oui par exemple avec Isabelle, voir question 10.

248. Oui, je vais plus vers eux.

249. Voir question 20 et 21.

250. Oui. Je me suis bien amusée quoi. J’ai traité un enfant comme un autre.

251. Personnellement quand j’avais pas très envie de rire. Gérome qui mangeait comme un cochon et il en avait foutu plein sur moi. J’avais pas envie de rire là.

252. a) Oui, ça nous aide à aller vers les autres.

b) Non pas spécialement, mais c’est clair que je ne mettrais pas quelqu’un comme Sandrine parce que c’est vraiment dur.

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c) Tous ensemble. Et le fait de vous avoir placé mélangé dans les chambres ? On est même pas avec les autres, les autres sont en bas. J’aurais voulu avoir Isabelle dans ma chambre.

253. Je pense qu’il faut avoir la patience, moi je suis pas du tout patiente. Et tu penses que tu seras plus patiente plus tard ? Oui, parce que je suis mais vraiment pas patiente du tout. Je me suis un peu calmée, je trouve. N’importe qui peut le faire, sauf qu’il faut pas avoir du dégoût et il faut vouloir aller vers eux. Penses-tu qu’il faut que ce soit une décision avant de faire le camp ? Oui, enfin non, parce que moi, on m’a pas trop demandé. Je trouve que c’est bien, il ne faut pas spécialement réfléchir.

254. a) C’est bien qu’on soit ensemble, ça nous aide à plus les connaître. (Elle a fait plus connaissance avec Isabelle.) J’ai appris après à connaître aussi Benjamin, Julie, Fabien grâce à Martine. Etait-ce important de voir la réaction des animateurs, de voir comment ils réagissaient ? Oui, parce que je me posais des questions sur comment ils répondent.

b) Surtout quand on est séparé, qu’on fait deux trucs différents. Je trouve ça débile de faire ça. Ils ont le droit de faire nos activités.

255. a) Quand on a fait les groupes, j’ai aidé Isabelle, je l’ai aidée à marcher et tout ça, je me suis bien amusée avec elle, on a parlé et tout ça. Ça m’a fait plaisir de l’aider mais ce qui m’énervait c’est que les autres s’en foutaient complètement.

b) Parfois, Sandrine elle raconte n’importe quoi. En fait, elle avait fait pipi dans son lit et elle n’a pas osé l’avouer, alors elle a raconté qu’on l’avait réveillée pendant la nuit et qu’on lui avait foutu de l’eau dans son lit. Ça m’a mis hors de moi, ça m’a choquée, parce que nous on était toujours sympa mais dès qu’elle a répondu cela, ça m’a énervé. Tu n’as pas compris pourquoi elle répondait ça ? Elle n’avait pas envie de se faire engueuler, ça faisait déjà trois jours, qu’elle faisait pipi au lit. Ou quand elle crie comme si on la torturait. Il y a des réactions de Sandrine que je ne comprends pas.

256. Voir question 28 a)

257. Voir question 28 b)

258. Oui

259. Je ne vois pas pourquoi il y a des chambres séparées. Peut-être qu’ils ont plus besoin d’aide et tout ça. Peut-être que je ne séparerais pas les groupes le matin.

260. J’ai rien demandé, j’ai essayé de savoir un peu. Mais parfois, j’ai peur que les moniteurs ne veuillent pas me répondre. J’ai peur que, par exemple, si je pose une question sur Sandrine ou… j’ai peur qu’on ne veuille pas me répondre. Je ne sais pas pourquoi, je suis hyper renfermée, j’allais pas vers eux, mais maintenant, je suis avec Isabelle, j’arrête pas de rigoler avec elle. Quel type de question, aurais-tu voulu poser durant le camp ? Par exemple la différence entre physique et mental et par rapport à Isabelle. (Je lui ai répondu). Je parle avec Isabelle comme je parle avec Myriam, c’est bizarre qu’elle ait un handicap mental. (Les histoires concernant Sandrine, personne ne les a jamais entendues en dehors de moi durant les entretiens avec les filles de sa chambre).

261. Oui. Je vais plus vers les autres.

262. Il y a des camps comme ça chaque année ? Normalement il y en a encore l’année prochaine ? En fait, vous avez pu choisir vous de faire ça ? Oui. Oui. Moi, je trouve que c’est bien. On a plus facile à aller vers les gens, à essayer de les comprendre. Est-ce que mon questionnaire t’a embêté ? Non, j’ai pu dire ce que je pensais.

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JONATHAN (14 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 1/07/2004

263. 8 mars 1990.

264. Masculin.

265. 1 sœur (11 ans) et 3 frères (16,18,20 ans) : ceux de 18 et 20 ans ne vivent pas à la maison en semaine.

266. (Il participe à des camps depuis 4-5 ans de manière régulière dont de nombreux camps déjà avec des enfants handicapés.)

267. (Il a choisi ce camp avec ses parents et était au courant qu’il y aurait des enfants handicapés. Le camp a été choisi en fonction de l’idée et de l’endroit.)

268. (Il ne pense pas que ses parents attendent quelque chose de ce camp.)

269. (Il n’as pas posé de question à ses parents avant et n’a pas eu d’explications particulières. Au début, il est toujours un peu mal à l’aise.)

270. (Son cousin de 8 ans est atteint d’un handicap physique il n’arrive pas très bien à marcher. Cela ne dérange pas Jonathan qu’il soit handicapé malgré qu’il y ait des activités où c’est difficile. Jonathan fait attention à cela.)

271. (Pour entrer en contact avec un enfant handicapé, Jonathan ne « fait rien de spécial ». Mais, il attend plus que la personne vienne vers lui. Il préfère que la personne vienne d’elle-même lui parler et puis, il laisse faire le temps.)

272. (Il a choisi ce camp parce qu’il aime faire des camps. Et il l’a choisi en fonction de l’endroit où celui-ci se déroule.)

273. C’est une personne comme une autre, sauf qu’elle a un problème physique ou mental.

274. Idem que 12.

275. (Il ne fait pas de différence entre les types de handicaps. Si je lui dis enfants trisomiques ou autistes, il a déjà entendu les termes et il sait que c’est une maladie mais ne sais pas plus.)

276. Je suis un peu mal à l’aise. As-tu tendance à sourire ? Je ne souris pas, car il pourrait penser que c’est ironique. As-tu des idées qui te passe par la tête ? Je pense que j’ai de la chance de ne pas être handicapé. Ça te fais peur ? Oui, ça me fait peur, maintenant quand j’y pense, ça me fait peur mais si j’étais dans la peau d’un handicapé, ça ne me ferait pas peur.

277. Oui, je pense. Je le ferai de manière gestuelle. Mais, il attendra toujours que la personne vienne vers lui, il ne ferait pas le premier pas.

278. Je pourrais entrer en contact mais je pars assez vite. Je réponds si il engage la conversation. Qu’est-ce qui te bloque ? Je ne sais pas. Penses-tu que tu réagirais de la même manière avec un autre enfant ? Oui, je pense que ce serait la même chose, c’est le même pour les deux.

279. (Il n’a pas d’envie par rapport à ce camp. Un peu seul au début mais il l’explique par le fait qu’il a déjà fait plusieurs camps et qu’évidemment, on est un peu seul au début. Mais, après une nuit, ça va mieux, on se connaît de mieux en mieux. Pas de souhait particulier, il suit ce qui sera fait.)

280. As-tu des souhaits vis-à-vis des enfants handicapés ? Veux-tu faire les activités ensemble ou séparé ? Je m’en fous un peu, qu’elles soient là. S’il y a des activités en communs participeras-tu avec eux ? Oui, sans problèmes.

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281. Oui, j’ai plus peur des handicapés mentaux. On a plus de mal à rentrer en contact avec eux qu’avec les handicapés physiques.

282. Je sais me débrouiller, j’ai pas besoin de poser des questions. Il découvrira en les observant.

283. Je n’avais pas remarqué qu’il y avait des handicapés au début. Et s’il y avait eu un enfant handicapé à coté de toi ? J’aurais fait la même chose, fait connaissance et s’il répond pas c’est pas grave.

284. En tout cas ne pas les attrister. Parce que s’il me parle, je leur parle, je pars pas quoi. Les rendre un peu plus joyeux ? Oui.

285. Oui, la même chose.

286. Les enfants handicapés comme pas handicapés peuvent m’apporter des choses. Et quoi par exemple ? Cela dépend, qu’ils soient sympas avec moi par exemple et je serai content. Donc une attente par rapport à ce camp, c’est d’être content ? Oui, que ça se passe bien et tout ça, que je m’amuse.

287. (Voir question 25.)

288. Si jamais adulte, il y a d’autres problèmes, ainsi je pourrais aider la personne et ne pas partir comme d’autres gens. Tu remarques qu’il y a des gens qui ont tendance à partir ? Oui il y en a beaucoup. Cela t’apporte-t-il aussi quelque chose pour les autres personnes, pas uniquement pour les personnes handicapées ? Oui, je pense aussi.

289. /

290. Etre en contact ? Ça ne me pose pas de problèmes. Peut-on mettre n’importe quel enfant handicapé ? Ça ne me déplait pas. Le fait d’être ensemble dans les chambres qu’en penses-tu ? Ça m’est égal.

291. Penses-tu qu’il faut des qualités particulières ? Non. Vivre toute la journée avec un enfant handicapé dans la famille ou autre change-t-il les choses ? Non, n’importe qui peut le faire.

JONATHAN (14 ANS). - FIN DE CAMP LE 10/07/2004

2. Je disais que c’était un enfant comme nous et qu’il avait certaines difficultés mentales ou physiques je pense. Penses-tu toujours la même chose ? Oui.

3. (Voir question 2.)

4. Un enfant handicapé a justement plus de difficultés. Avoir comme Isabelle, des problèmes physiques. Dans le mental fais-tu des différences ? Non. Benjamin, est-ce la même chose que Fabien pour toi ? Benjamin, il a plus dur à enregistrer tout ce qu’il apprend et Fabien, il ne sait pas du tout.

5. (Voir question 4.)

6. Ça dépend s’il est en difficulté sur le moment, je vais l’aider, mais si ce n’est pas comme ça, je vais continuer. Vas-tu te poser davantage de questions ? Avant le début du camp, j’étais plus mal à l’aise quand je regardais un enfant handicapé et maintenant dès que j’en vois un j’ai envie de l’aider.

7. Avec des images, des gestes. Comment es-tu entré en contact ici avec Fabien, par exemple ? Fabien c’est déjà plus dur parce que même les gestes et les images, ça passe très bien mais tu peux lui parler, mais il ne comprend pas tout à fait.

8. Oui, mais aucun enfant ne me dégoûte ici mais même plus tard je ne pense pas que quelqu’un peut me dégoûter vraiment.

9. Non.

158

10. Non. Il n’a pas plus de peur ou d’attirance envers un handicap que un autre. Ça ne change rien quoi.

11. Je vais plus aider l’autre. Pourquoi as-tu envie de les aider ? C’est un peu de la pitié.

12. (Voir question 7.)

13. Non.

14. De la sympathie, j’étais tout le temps très gentil avec les handicapés.

15. Non, je ne pense pas. Le fait que tu sois là ou non, ça n’aurait rien changé ? Non.

16. Ça peut m’aider pour plus tard si jamais j’en rencontre. Sans avoir de gêne ou quoi.

17. Non. Le fait que tu restes à la maison ou que tu sois ici, c’est la même chose ? Oui.

18. (La question n’a pas été posée.)

19. /

20. (Voir question 11.)

21. (Voir question 17.)

22. (Voir question 8.)

23. Oui, parce que c’est génial pour vivre avec les handicapés, pour les comprendre et tout ça. Parce que quand on voit des handicapés d’habitude, on ne sait pas leur nom, leur famille, comment leur parler et tout ça, pendant 10 jours on peut leur parler.

24. Non, jamais. Aurais-tu souhaité que certains garçons handicapés viennent dans ta chambre ? Ça ne m’aurait pas dérangé.

25. a) Je ferais un camp comme ça.

b) Je mélangerais tout le monde. c) Moi, j’aurais fait quelques jours tous ensemble et quelques jours séparés. Pour que

tous les enfants normaux, rencontrent tous les enfants normaux. Et pour bien comprendre pourquoi les handicapés sont là, et pour que les handicapés puissent bien se connaître entre eux. (Il désire que les enfants se connaissent avant pour pouvoir aller vers l’autre). As-tu eu assez d’explication au début ? Non, pas du tout.

26. Non. Ça dépend, il faut savoir s’en occuper quoi. N’importe quel enfant et n’importe quel animateur.

27. a) Le moment où on était en équipe et où j’étais avec Isabelle parce que je suis resté longtemps avec elle, j’ai pu parler avec elle tranquillement, j’ai pu l’aider.

b) Non, ah oui, la punition mais évidemment je n’avais pas été très gentil.

28. a) Un moment où ce n’était pas en intégration ? Non, j’étais tout aussi bien avec des handicapés que d’autres.

b) Non plus.

29. As-tu eu un petit chouchou dans les enfants handicapés ? Cédric, parce que lui aussi il est très très intelligent, il peut me comprendre et parfois je me demande pourquoi on l’a mis dans les enfants handicapés parce qu’il est tellement intelligent. Le fait de pouvoir l’aider aussi, tu aimes bien ? Oui, je lui tiens la main pour aller à la plaine, je fais ce genre de choses, je lui mets ses chaussures.

30. Non.

31. Oui, un camp avec des enfants handicapés, je préfère oui. Tu aurais un objectif particulier par rapport à ce camp ? Aider les enfants handicapés et m’amuser.

159

32. Je serais plus sage. Par rapport à la manière dont on à créé le camp ? Non, c’était très bien.

33. Oui. As-tu été trouver des animateurs pour poser des questions ? Oui, j’ai demandé quelles étaient exactement les maladies des handicapés, comment on pouvait leur parler et tout ça. Le fait d’observera-t-il joué un rôle ? Oui, ça m’aide beaucoup.

34. Maintenant, je peux l’aider sans avoir de gêne ou quoi, si j’en croise un dans la rue. J’ai vécu 10 jours avec eux, au début, j’étais mal à l’aise mais maintenant, ça va très bien avec eux. Penses-tu que ça va t’aider pour entrer en contact avec n’importe quel enfant ? Peut-être.

35. (Il trouve que c’est un peu long mais pour parler du camp c’est bien.) Si tu pouvais retourner en arrière et que tu pouvais choisir de le passer ou non ? Je préfèrerais le passer. Ça m’a servi, je peux dire à un animateur ce que je pense et tout ça quoi.

MYRIAM (13 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 2/07/2004

2. 24 juin 1991.

3. Féminin.

4. Une grande sœur, elle va avoir 16 ans.

5. Oui, des camps scouts depuis que j’ai 6 ans. Je fais des camps Jeunesse et Santé. Et tu as déjà fait un camp avec des enfants handicapés ? Non, c’est la première fois.

6. Au début je voulais faire un camp équitation. Et puis finalement, c’est ma maman qui a choisi. Sais-tu pourquoi elle a choisi celui-ci ? Non, je suppose en fonction des dates, elle voulait que je fasse un camp et puis que j’aille à la mer. Je ne pense pas qu’elle savait qu’il y avait des enfants moins valides.

7. (Voir question 6.)

8. Moi, je l’avais lu mais je pensais que c’était un autre séjour et ma maman aussi sans doute. Vous pensiez que ce serait séparé ? Oui.

9. Ma voisine. Elle a quoi comme genre de handicap ? Un peu comme Amélie, elle ne sait pas parler, elle ne sait pas bien marcher. Elle n'est pas bilingue parce qu’elle ne sait pas parler mais elle comprend deux langues, donc elle est intelligente. Je m’occupe souvent d’elle quand j’ai le temps, je vais quand même souvent chez elle. Elle doit avoir 6-7 ans. As-tu déjà rencontré une personne adulte handicapée ? Ce n'est pas vraiment adulte mais elle avait 16 ans. Mais il y a trois ans de cela. Elle avait un peu « âge mental », il y avait son petit frère mais elle le prenait pour son grand frère. Ils avaient beaucoup plus d’amour envers leurs parents ou envers leur proche qu’envers n’importe quelle autre personne.

10. (Voir question 9)

11. /

12. C’est quelqu’un qui a des difficultés ou alors qui n'est pas bien développé.

13. Il y a des petits enfants où on s’attache plus. Par exemple, les enfants à la crèche ne font pas attention avec qui ils vont, ça dépend du caractère des enfants. Je sais que les enfants en difficulté ont besoin de plus d’attention que les autres. Ça dépend de la personne avec qui je m’entends bien.

14. Non, je ne vois pas de différence. D’un point de vue extérieur, vois-tu la différence ? Oui, on la voit mais je ne fais pas de différences entre les personnes normales et les enfants handicapés. Même si c’est mental, bon. Moi, si j’étais handicapée, je ferais avec, donc…

160

15. Quand quelqu’un me regarde comme ça, je souris toujours. Je vais donc lui sourire mais je ne vais pas spécialement faire attention à elle. Comme à un bête passant comme tout le monde.

16. Oui, je le fais déjà avec ma voisine. Elle parle le langage des signes. En fait, quand elle essaie de parler, je demande toujours à sa maman ce qu’elle dit, puis, je lui réponds, je joue avec elle, finalement, on sait très bien si elle a envie de jouer à ça ou à ça. Elle comprend hyper bien le Français, elle comprend le Portugais aussi donc… Je rentre facilement en contact avec elle. Mais il faut un peu s’adapter, Amélie, elle a les pictogrammes et je ne connais pas les pictogrammes donc… Elle écoute pas, on dirait quand j’essaye de lui parler.

17. Franchement non. Qu’est-ce qui te choque ? En fait, y a vraiment des personnes que je trouve dégoûtante et je ne m’approche pas d’eux. Je ne vais pas aller vers eux, mais si eux ils viennent vers moi, je ne vais pas spécialement être gentille ou quoi mais si je les trouve gentils, je vais rester avec eux. Des fois quand tu vois une personne, ce n'est pas du tout agréable de voir une personne avec les cheveux gras et quand ça fait un peigne.

18. /

19. Je ne les ai pas vus dans le car tout de suite. Mais après ça se voyait, par exemple : Isabelle, Fabien ou Gérome. Mais je me suis demandée lesquels sont handicapés parce que j’avais entendu qu’il y en avait 8. J’ai fait des suppositions. Mais à un moment, on ne savait plus. Alors on a dit des personnes qui ne l’était pas, mais c’était pas méchant. On ne savait pas, par exemple Benjamin, moi je l’ai vu mais je l’ai mis après dans les handicapés. On lui a d’ailleurs dit des trucs pas très gentils. Ou Julie, c’est la dernière personne que j’aurais mise dans les handicapés. D’ailleurs ça m’étonne quelle est là. (J’explique qu’elle a malgré tout un léger handicap.) As-tu envie de découvrir certaines choses ? J’ai envie mais je ne sais pas quoi leur dire. Quand on leur parle, c’est oui, non et puis ils ne savent plus quoi dire.

20. /

21. Le premier jour, j’ai demandé ce que Benjamin avait. Et je n’avais pas encore vu Amélie. Je ne savais pas que Julie était dans les moins valides. Après, je me suis demandé ce qu’elle a et je ne comprends toujours pas. Et j’ai demandé ce qu’elle avait, Sandrine. Parce qu’elle est dans ma chambre. Et en posant les questions, tu voulais savoir si elle comprenait ce qu’on lui dit ou… ? Mais Sandrine elle comprend pas. Si on lui dit t’es bête elle va comprendre, si on lui dit t’es intelligente elle ne va pas comprendre. Elle comprend des petites choses.

22. Sandrine, je ne connais pas bien les autres parce qu’ils ne sont pas dans ma chambre mais… Sandrine, elle m’énerve un peu, on lui dit pas mais, des fois quand elle est là, elle veut toujours être avec nous et tout ça. Mais c’est chiant, parce qu’on aimerait bien moi, Christina, Natacha et Jonathan être ensemble et elle est tout le temps là et ça c’est un peu embêtant. Souhaiterais-tu des moments plus séparés ? Non, même si c’est parfois plus difficile. Ça ne me gêne pas que Sandrine soit là, c’est le fait qu’elle nous colle parce qu’elle est handicapée. Au sinon, moi je m’en fous, je trouve que c’est bien qu’ils soient avec nous, je trouve que tout le temps séparé… A la limite pour Isabelle ou Amélie parce qu’elles ont un handicap plus sévère. Mais pour Julie, ça doit être chiant parce que toutes ses amies sont là-bas (chez les enfants valides). Elle doit se dire, je suis handicapé et donc je suis avec des qui sont beaucoup plus sévères que moi. C’est pas très chouette pour elle. Par rapport à l’activité du matin où vous étiez séparé ? Julie aurait pu être là, Benjamin aussi. Je trouve que c’est un peu bête parfois. Comment différencies-tu ceux qui vont d’un côté ou d’un autre ? C’est au parent à le faire. Moi, je trouve que c’est un peu bête.

23. Non. Même pas à Sandrine ou à Julie ? Julie je ne la connais pas, peut-être à Sandrine. Mais non, je pense pas, à Sandrine non plus.

161

24. Des amis quoi, je sais pas, on rigole ensemble, on s’amuse.

25. Non, ça va rien changer.

26. Mais c’est chouette, moi j’aime bien. Ça m’apporte de pas étudier, mais…Sauf qu’après le truc on ne va plus se revoir.

27. Non.

28. Avoir des amis, m’amuser.

29. /

30. S’ils aiment leur enfant. Si une maman donne naissance à un enfant handicapé, elle l’aimera. Je pense que ça change rien, tu peux avoir plein de défauts, être alcoolique, mais n’importe qui peut aimer ces enfants, tout le monde peut le faire pour leurs enfants.

MYRIAM (13 ANS). - FIN DE CAMP LE 10/07/2004

2. C’est la même chose. Ma définition n’a pas vraiment changé.

3. C’est quelqu’un qui est retardé mental, j’aime pas dire ça parce que c’est vraiment méchant de dire ça. « Retardé mentalement » si c’est un handicap mental et « physiquement » s’il a des différences physiques. Par exemple, il n'a pas un nez comme nous, une bouche comme nous. Pour moi dire « retardé mental », ça veut dire toi t’es nul, on ne te cause pas, je trouve cela hyper méchant. Comment les appelles-tu ? Moi, je les appelle handicapés parce que c’est le mot, mais pas « retardé mental » ou « moins valide » ça va aussi. Il ne faut quand même pas jouer avec les mots.

4. /

5. Je ne connaissais pas du tout le monde des handicapés, je connaissais l’autisme. Et sans donner de nom au handicap ? Je sais qu’il y en a qui ne savent pas parler. Isabelle, elle est juste physique pas mentale, moi je trouve quoi. Moi, je trouve qu’elle n’a pas de léger retard. Avant, je lui donnais un peu une étiquette, mais une fois que j’ai parlé un peu avec elle, je me suis rendue compte qu’elle est hyper gentille. La première fois, j’ai été vers elle, je me suis hyper bien entendue avec elle, je trouve qu’elle est gentille, elle a de la conversation. Et avec d’autres enfants ? Fabien c’est par l’intermédiaire de quelqu’un d’autre. Amélie, j’ai laissé tomber, elle ne parle pas, quand je lui pose une question, elle me pousse comme ça. Sauf hier, elle a bien voulu me donner une fois la main, j’étais très contente. Gérome, il me fait rire, une fois on a mangé avec lui, il me fait rire. Sandrine, vu qu’elle était dans ma chambre. Je pense qu’il n’y a que Benjamin que je ne connais pas vraiment.

6. Comme avant, je ne fais pas attention.

7. Oui, Amélie c’est dur, elle ne parle pas, mais c’est le plus dur. Chez Fabien, j’essaye, lui il comprend. Ma voisine, je comprends pas ce qu’elle me dit mais elle me parle. J’arrive à la comprendre et puis il y a sa maman à côté.

8. Non, je peux pas rester une demi-heure face à quelqu’un qui me répugne. Je suis obligé si c’est un de mes profs, j’ai été obligé cette année avec un de mes profs.

9. Non.

10. Je ne veux rien savoir de Julie, je ne l’aime pas du tout. Elle a un sale caractère. Ce que j’ai peur, c’est que si j’aime pas Julie, on va dire que je ne l’aime pas parce qu’elle est handicapée, alors que c’est pas du tout ça, je ne l’aime pas parce que je n’aime pas son caractère.

11. Non.

12. (Voir question 5)

162

13. Non.

14. Non.

15. Une amie quoi, on va garder contact par ordinateur et tout ça, on est amies, ça apporte de l’amitié. On peut vraiment se confier, dommage qu’on est pas dans la même école.

16. Non. Ça ne change rien, tant mieux, je fais connaissance avec des personnes handicapées mais ça change rien.

17. Je me sens bien avec elle, je peux parler, rigoler, je n’ai pas peur de les gêner, si des fois, mais…

18. Pour les handicapés, je pense que c’est important, ils peuvent se faire croire qu’ils sont comme les autres. Ils peuvent se dire qu’ils sont comme les autres, qu’ils jouent comme les autres, je trouve ça hyper bien.

19. /

20. (Voir question 5 avec Isabelle.)

21. Non.

22. Non.

23. Plus ou moins. Il y a des monos que j’aime bien, il y en a que je n’aime pas. Il y en a que je vais dire proches et d’autre chiants. Il y en a, je ne peux pas rester 20 minutes avec eux, ils me dégoûtent. Mais avec mes copines, on s’entend super bien et tout ça.

24. Non, sauf quand ça devenait lourd avec Sandrine parce qu’elle collait.

25. a) Moi, je m’en fous. Si toi tu devais créer un camp, que ferais-tu ? Je trouve que c’est chouette pour les animateurs de pouvoir animer des enfants avec des déficits. Je pense que c’est chouette quoi. S’il y avait un truc à reprocher c’est qu’il y avait des animateurs pour les enfants handicapés et d’autres pour nous. Je trouve qu’il faudrait vraiment mélanger. Sauf pour Fabien et Amélie.

26. Non, j’avais déjà répondu la dernière fois donc. Ça doit être hyper crevant, donc c’est bien d’avoir des amis.

27. a) Je pense que moi, même si ça ne s’est pas encore passé, je pense que ce qui va vraiment me marquer, c’est le départ au car, quand je vais devoir dire au revoir, parce qu’elles vont pleurer et tout ça, on s’entend vraiment hyper bien.

b) C’est quand Arthur m’a engeulée, parce que l’autre jour, je ne voulais pas prendre ma douche avec Sandrine et il était pas d’accord.

28. a) Avec Isabelle, tous les moments avec elle, j’aime bien son caractère, elle est vraiment très chouette, elle rigole et tout ça. Même si on ne comprend pas toujours ce qu’elle dit, on voit qu’elle a le sourire.

b) Sandrine, on fait tout pour elle, quand elle était dans notre chambre et à la fin, c’était vraiment trop, on ne pouvait plus la supporter. Ou alors avec Julie, c’est difficile à la supporter, son caractère, en fait, j’ai l’impression quand on la regarde qu’elle ne sait pas qu’elle a des problèmes, quand elle fait une bêtise, elle s’en fout. Elle n’a pas de regrets.

29. (Voir question 28.)

30. (Voir question 28.)

31. Non, parce que j’irais faire un camp spécial 14 ans. Et si je devais choisir entre un camp avec des enfants handicapés ou un autre, je choisirais sans handicapés, ce n’est pas que j’aime pas mais j’ai envie d’aller à Salavas où on fait de l’escalade, de la spéléo. Et ça ça ne se fait pas avec des handicapés. Mais c’était chouette.

163

32. Les filles tout le temps les premières à la douche parce que sinon, on a de l’eau froide. Les activités étaient un peu bébé, pas vraiment de mon âge. Ce qui est hyper chiant, c’est par rapport aux petits groupes par âge, Christina n’était pas avec nous. Si je pouvais dire mon avis, je n’engueulerais pas si on parle le soir. Je me ferais dans le choix de la table toujours première. Je choisirais un endroit plus grand où la bouffe est moins dégueulasse. J’autoriserais aux personnes de 13 et même de 12 ans d’aller sur le plongeoir.

33. Je n’ai jamais eu de question mais oui, j’aurais pu les poser à mes amies ou à une animatrice.

34. Non.

35. As-tu des choses à me dire par rapport à mon questionnaire ? Je trouve ça chouette de pouvoir donner mon avis.

NATACHA (12 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 2/07/2004

2. 18 juillet 1991.

3. Féminin.

4. 1 sœur de 10 ans. Les parents sont séparés.

5. C’est mon premier camp avec des enfants handicapés mais j’ai déjà été à la Clairière, c’est une école pour enfants handicapés. C’était dans le cadre d’une journée sportive, les 6èmes faisaient des jeux et les 5èmes accompagnaient. (Elle a l’habitude de faire des camps depuis l’âge de 7 ans.)

6. Oui, pour apprendre plus de choses sur le thème du camp qui est « santé ». (Choix avec les parents qui lui ont proposé plusieurs choses à faire durant le mois du juillet et d’août. Et c’est elle qui a choisi.)

7. Ils sont d’accord pour tous les camps qu’elle a choisis.

8. Je n’ai pas de question à poser car je connais déjà par la Clairière.

9. Oui, à la Clairière.

10. Peux-tu m’expliquer la manière dont tu es entrée en contact avec les enfants à la Clairière ? D’abord, ils ont expliqué quels étaient leurs problèmes. D’abord on ne savait pas quoi faire. Et après, au fur et à mesure, on a découvert par les contacts.

11. /

12. C’est quelqu’un qui a un problème.

13. Il y a des handicapés physiques et des handicapés mentaux.

14. Physique c’est au niveau du corps. Il y en a qui ont des difficultés plus à marcher ou quoi. Si je te dis enfants trisomiques et enfants autistes ? Trisomique, c’est avec les yeux bridés, mais je ne sais pas plus.

15. Je regarde comme tout le monde.

16. A mon école, il y a une fille qui est sourde et qui a très difficile à parler. Elle suit avec les lèvres. Quand je parle, j’articule bien.

17. Au début, on ne sait pas très bien comment faire. Est-ce l’aspect physique de la personne qui fait que tu es un peu plus gênée ? Oui.

18. Non.

19. Non, par exemple si on me demande de rester avec eux je reste. Comment vivras-tu le fait de rester avec les personnes handicapées ? Je vais les occuper.

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20. Non. Si je mets devant toi une personne qui ne sait pas parler ou qui ne marche pas ? Plus difficile de rentrer en contact avec celle qui ne parle pas que celle qui ne marche pas.

21. Non, pas pour le moment.

22. J’en ai pas croisés dans le car, je savais qu’ils étaient dans le car. Le premier que j’ai vu c’est Cédric. Tu n’as pas eu de réactions particulières ? Non.

23. Rester plus avec eux pour ne pas qu’ils se sentent trop à l’écart.

24. Je sais pas. Maintenant avec Annie on s’entend bien.

25. Mieux les connaître. Ça leur permettrait d’être plus habitués. Penses-tu que ça pourrait te servir pour la vie future ? Si par exemple, je suis avec des gens qui les regardent bizarrement ou quoi, je pourrais leur expliquer. Penses-tu que ça va changer ta manière d’être ? Peut-être que ça m’aidera plus à aller vers les autres. Vers tous les autres ? Vers tous mais sans doute un peu plus vers les personnes handicapées. Mais quand même les deux (personnes handicapées et personnes valides).

26. Depuis l’âge de 7 ans je fais ça, donc je sais plus ou moins comment ça se passe.

27. J’ai déjà été en contact avec des enfants handicapés mais peut-être que les autres vont voir les handicapés d’un autre regard.

28. As-tu un projet particulier ? Non. Découvrir l’autre ou te faire des amis ? Me faire des amis.

29. a) Comme ça les autres ne rejetteront pas les personnes handicapées.

b) Je mettrai n’importe qui. c) Faire des activités séparées car il y a peut-être des activités que les handicapés ne

savent pas faire.

30. Il ne faut pas être raciste, il ne faut pas faire des différences. Parmi ces valeurs-ci (voir le questionnaire) penses-tu qu’il faut des qualités particulières ? Patience, communication, respect, service.

NATACHA (12 ANS). - FIN DE CAMP LE 10/07/2004

2. C’est plus ou moins la même chose qu’avant je pense.

3. C’est une forme de maladie qui les différencie de nous.

4. C’est qu’eux, ils ont un petit truc qui les différencie, ça peut être physique ou mental. Nous on est, on peut dire normaux, mais eux ils ont un petit truc qui est un peu différent. Physique, c’est quand ils ont des difficultés à marcher, mental c’est quelqu’un qui à un âge différent que la réalité. Un retard ? Oui.

5. (La question n’a pas été posée.)

6. Je pense que je réagirais vraiment autrement, je voudrais comprendre ce qui lui arrive. Je me demanderais comment elle est devenue comme ça.

7. Fabien, il parle pas mais on peut faire des jeux, et apparemment, il comprend. Avec Fabien, on lui parlait, on lui tendait la main.

8. Ça c’est plus difficile je pense. Petit à petit, le fait de connaître la personne peut l’aider. (Elle pense que la communication, c’est le plus difficile.)

9. Je vais plus facilement vers eux qu’au début du camp.

10. C’est quelqu’un qui me dégoûte entre parenthèses, j’irais moins facilement vers lui mais au sinon ça va. Y a-t-il un enfant qui te dégoûte un peu ou pas ? Non.

165

11. Au début, je ne parlais pas souvent avec eux, mais maintenant, je parle normalement. Isabelle, je parle beaucoup avec. Gérome, on s’amuse. Cédric et Benjamin aussi on parle. Y a-t-il un enfant avec lequel c’est plus difficile ? Amélie, parce que quand on lui parle, elle ne fait pas attention. Il faut toujours avoir un carnet avec nous, pour lui demander des choses.

12. (Voir question 11.)

13. Non.

14. Peut-être plus de l’amitié ou quoi.

15. Un regard différent. Vous regardez les enfants handicapés différemment ? Oui. Avant, on n’osait pas trop, on reculait un peu.

16. Apprendre à vivre avec eux. Penses-tu que ça va te servir plus tard ? Je pense que, si je dois vivre avec un enfant handicapé, je saurais plus comment faire.

17. Le fait de vivre avec eux.

18. (Voir question 15.)

19. /

20. Je vais plus facilement leur parler.

21. Non, peut-être que je vais plus facilement vers eux aussi.

22. (Voir question 20.)

23. Oui.

24. Non. (Le fait qu’ils soient tout le temps là, ne lui a pas posé de problèmes.) Voulais-tu des moments où ils soient plus présents ? Non, ça m’est égal.

25. a) Je ferais comme celui-ci. Mélangerais-tu les enfants dans les chambres ? Peut-être pas mélangées.

b) Non. c) Coloriage ou la peinture on peut faire ensemble.

26. Il faut de la patience, il ne faut pas trop de dégoût non plus. Il faut être ouvert.

27. a) Que quand on nous demande de les aider ou quoi, je le fais sans problème. Je le fais naturellement.

b) Avec une dispute avec quelqu’un mais au sinon.

28. a) C’est avec Gérome, parce qu'avec Gérome, on arrive plus à parler avec lui, il le fait naturellement.

b) Non.

29. Voir question 28 a)

30. Voir question 28 b)

31. Ça ne me dérangerait pas de faire un camp mélangé. (Elle regarderait plus par rapport au thème du camp alors.)

32. Je n’ai rien à dire.

33. Je me demandais comment parler avec Amélie ou quoi mais maintenant, j’ai compris.

34. Mais si j’ai un enfant, ça va me servir. Si je suis en contact, je serai plus facilement parler et tout.

35. (Elle trouve le questionnaire intéressant, il permet de répondre plus facilement aux questions.) Je pense qu’avec ça, j’ai réfléchi un peu plus.

166

YVES (11 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 3/07/2004

2. 21 septembre 1992.

3. Masculin.

4. Il vit seul avec ses parents, il est fils unique.

5. Oui, beaucoup. Tu en fais depuis longtemps ? Oui, j’adore ça. Depuis ma troisième primaire je pense. Pendant les grandes vacances j’en fais toujours deux.

6. J’ai choisi avec mes parents. Je voulais quand même aller à la plage.

7. Mes parents, ils auraient bien aimé ça, mais ils ne m’obligent pas.

8. Savais-tu avant de venir en camp, qu’il y avait des enfants handicapé ? Non, je ne savais pas. Je l’ai découvert le premier jour après le car. Penses-tu que tes parents le savaient ? Je pense bien.

9. (Il n’a pas de personne handicapée dans son entourage proche). Oui, dans chaque camp, j’ai toujours rencontré des handicapés.

10. Peux-tu m’expliquer ce qu’avait une des personnes que tu as pu rencontrer ? Oui, c’était un très chouette type, un garçon, il boitait tout le temps, un peu bizarre mais très chouette. Parlait-il correctement ? Oui, il parlait correctement, il était comme les autres, mais c’était un handicapé.

11. /

12. C’est une personne qui est mentalement parfois pas comme les autres, pour moi c’est quelqu’un d’autre que tout le monde. Mais ça reste un être humain.

13. La différence c’est que je trouve que les enfants handicapés, c’est pas la même chose que les enfants normaux. Parce qu’ils ont toujours quelque chose de différent, mentalement, physiquement, c’est pas leur caractère mais ils ne sont pas comme nous. J’ai quelqu’un que j’ai vu animer, il boitait. Les normaux, ils ne boitent pas. Il est différent des autres mais mentalement ça va.

14. Non. Tous les handicapés sont-ils pareils pour toi ? Non, tous les handicapés ne sont pas pareils. Il y a des différences entre le fait de boiter et le normal. Il y a aussi des différences physiques et mentales. Dans le handicap mental fais-tu des différences ? Non.

15. Je suis toujours déçu mais… Pourquoi ? Parce que je n’aime pas de les voir comme ça. Ça te fait peur ? On peut dire ça comme ça, oui. Tu sais ce qui te fait peur ? Un accident de voiture qui pourrait m’arriver.

16. Moi j’ai l’impression que non, mais ce n’est qu’une impression. Donc au final c’est oui ? Non, je ne sais pas en fait. Penses-tu que le camp va te faire découvrir quelque chose pour savoir si c’est possible de rentrer en contact avec les enfants handicapés ? J’ai déjà fais plein de camps, je ne sais toujours pas.

17. Oui, je n'aime pas tellement de voir ça, ça me dérange un peu mais ça va, il y a pire. Penses-tu que tu pourrais faire de cet enfant là, quelqu’un avec qui tu parlerais ? Oui, bien sur. Et par quel moyen ? Je ne sais pas pourquoi j’attends toujours un petit peu, et après seulement je vais vers lui, je regarde sa façon d’agir aussi. Tu observes d’abord la personne ? Oui.

18. J’ai l’habitude.

19. Non pas du tout, ça non pas du tout.

167

20. J’ai plus difficile d’aller vers un handicapé mental car je ne sais pas quoi dire, c’est plus dur de parler avec lui. J’ai l’impression qu’ils ne comprennent jamais rien. Isabelle, j’ai l’impression qu’elle comprend, elle sait un peu parler. Gérome aussi, mais là, il y a son caractère que je n’aime pas trop. Trouves-tu qu’ici il y a des enfants qui ne comprennent pas ? Amélie, Cédric non pas Cédric. Et Fabien.

21. Non, parce que je savais ce que c’était un handicapé, je savais qu’il n’y avait aucun moyen d’avoir peur. Il n'y a jamais rien qui peut nous arriver.

22. La première fois que tu as vu Amélie ou Cédric, t’es-tu posé des questions ? Non, pas directement, mais après un peu plus. Au début je ne voyais pas très bien leur handicap et maintenant, je vois comment ça se déroule.

23. Oui, je crois bien, je ne sais pas quoi mais je crois bien. Oui, ils se sentent mieux dans leur peau je crois. Pour qu’ils aient des contacts avec les autres.

24. De l’amitié oui. De la joie, de l’humour, de la rigolade.

25. Non.

26. J’aime bien faire des camps, parce qu’on joue là-bas, à la maison, je m’ennuie beaucoup. Et je choisis des amis ici dans le camp mais je ne garde pas tellement contact. Avec mes copains de chambre, je les aime bien mais pas tellement quoi. Ce sont des copains, pas des meilleurs amis. A d’autres camps, j’ai déjà pris contact.

27. Je trouve pas qu’il faut séparer. Est-ce que tu aimerais bien un camp où il y a seulement des enfants sans handicap ? Oui, mais d’un autre côté c’est pas bien pour les handicapés, pour aider à s’intégrer.

28. /

29. (La question n’a pas été posée.)

30. (La question n’a pas été posée.)

YVES (11 ANS). - FIN DE CAMP LE 9/07/2004

2. Te souviens-tu de la définition du handicap que tu me donnais au début du camp ? Oui, c’est quelqu’un qui n’est pas comme les autres mais qu’on peut accepter. Penses-tu que ta définition a changé depuis le début du camp ? (Je lui rappelle la définition qu’il m’avait donnée au début du camp.) Je ne dis pas la même chose, mais je pense la même chose.

3. C’est une personne comme les autres sauf qu’elle a un petit quelque chose de différent. Qu’est-ce qui pourrait être différent ? Le mental ou le physique.

4. Vois-tu des différences de handicap dans le mental et le physique ? Non, je ne vois pas. Cédric lui il sait parler. Fabien il ne parle pas, par exemple, si je mets ma main là, Fabien met sa main au-dessus mais je ne l’ai jamais entendu parler. Amélie, elle a toujours quelque chose en main. Par rapport au handicap physique vois-tu différentes formes de handicap ? Ça peut être les yeux, les jambes, et tout des trucs comme ça.

5. J’ai déjà croisé des personnes, une qui boite toujours.

6. Comme une autre personne, n’importe laquelle. Aurais-tu tendance à plus sourire ou… ? Oui.

7. Moi j’ai pas l’impression mais tout est possible. Je sais que ça peut se faire mais je ne sais pas comment. Avec Fabien comment expliques-tu les moments que tu as eus avec lui ? C’est pas forcément chouette, ni embêtant, c’est simplement pour jouer avec lui. Parfois si je veux aller avec mes copains et qu’il n’y a plus de place, je vais aller chez Fabien.

168

8. Non, je ne crois pas. Généralement aucun handicapé ne me dégoûte. Non, je ne tiens pas compte de l’aspect extérieur, si elle sait parler. Tiens-tu plus compte du fait que la personne puisse parler ou non ? Oui.

9. Moi je trouve que c’est bien pour eux, d’être avec des autres personnes que des handicapés. Et de ne pas rester dans un coin. Pour moi, ça ne m’apporte pas grand chose.

10. Par exemple, rentres-tu plus difficilement en contact avec Cédric, Benjamin ou Fabien ? C’est qui Benjamin ? Le tout grand ? Il a un handicap ? Oui. Je ne savais pas du tout ça. (Il n’a pas plus difficile avec une forme de handicap ou une autre sauf si c’est pour parler.)

11. /

12. Je regarde d’abord les autres et après je regarde comment ils réagissent. Et pour Fabien ? J’ai d’abord vu quelqu’un jouer et ensuite j’ai essayé. Qu’est-ce qui t’attire plus chez Fabien que chez les autres ? Franchement je ne sais pas. Il parle pas c’est bizarre mais je ne sais pas.

13. Qui crois-tu qui est enfant handicapé ici ? Sandrine, Jonathan je pense que c’est un peu un fou. Fabien et Amélie. Isabelle, Gérome. Ce sont des handicapés c’est comme ça. Ils ont l’air bizarre c’est pour ça que je dis qu’ils sont handicapés, je me dis que ce ne sont pas des personnes normales.

14. Oui, je pense, la joie. Moi je m’embête à la maison. Ou alors je demande à mes parents de jouer à un jeu de cartes.

15. De l’amitié, si je serais tout seul ça n’irait pas. A quatre là, c’est plus chouette, on s’amuse plus que tout seul.

16. Moi, je dirais que ça ne m’apporte aucune expérience d’être avec des enfants handicapés. Ça ne m’ennuie pas, je trouve cela plutôt positif. Parce que eux, ils peuvent s’amuser, ils ne sont pas seuls chez eux. Généralement je pense qu’ils ne s’amusent pas chez eux.

17. Et toi, le fait d’être ici, ça t’amuse ? Oui.

18. (La question n’a pas été posée.)

19. /

20. Non. Je n’ai pas changé.

21. (Voir question 20.)

22. Oui, c’est plus facile à rentrer en contact avec lui, je crois pas que ça ne va rien changer.

23. Oui. Y a-t-il des choses que tu n’as pas aimées ? Peut-être certaines veillées, ce que je n’aime pas dans les camps, c’est toujours se coucher après. Et dans tous les camps c’est comme ça.

24. Non.

25. Non, comme ça c’est bien. Voudrais-tu un enfant handicapé dans ta chambre ? Non, ça non. Je ne préfère pas, ce n’est pas parce que j’ai peur, je préfère jouer avec eux, mais pas dormir avec eux. (Il préfère aussi que les chambres soient séparées. Les douches, il préfère les prendre avec ses copains.)

26. Non, n’importe qui peut en faire.

27. a) Moi, je trouve qu’ils ont tous été bien. Surtout pendant le repas, j’ai joué avec Fabien.

b) Les veillées trop courtes, ça j’aime pas.

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28. a) (Voir question 27.)

b) Amélie, je n’aime pas être avec elle, surtout à table. C’est une personne qui ne mange pas proprement.

29. Fabien, le jeu des mains. Si j’avais joué le jeu des mains avec mes amis, j’aime pas ça mais avec Fabien j’aime bien. Avec lui j’aime bien faire mais avec mes amis non.

30. Voir question 27 b)

31. Comme ici, j’aime bien. Oui, ça va. Y a-t-il un camp que tu as préféré ? Là, tu me poses une colle.

32. Non. C’est très très bien.

33. Oui.

34. Pour moi, ça change pas. Je fais toujours des camps avec des handicapés mais il y avait un camp où, à table, il y avait des handicapés. Mais ils n’étaient pas dans mon groupe. Si je ne les connais pas trop je ne vais pas les approcher non plus. Si on les voit juste à table, j’ai pas envie de les approcher non plus. Mais quand on joue ensemble, là je préfère.

35. Le questionnaire était-il long pour toi ? Oui.

ANIMATEURS

ADRIEN (17 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 1/07/2004

2. 15 septembre 1986.

3. Masculin.

4. En dernière année d’humanité.

5. Je voudrais faire des études de communication l’année prochaine.

6. J’ai une petite sœur qui a 15 ans.

7. Première année.

8. C’est mon premier camp comme animateur, pas comme animé.

9. J’aime bien les enfants en général, j’ai choisi ce camp-ci pour vraiment montrer que les personnes qui ont une autre personnalité peuvent être intégrées aux autres. Même si elles sont différentes autant physiquement que mentalement. Je veux montrer cela dans un esprit de groupe.

10. Ma tante, elle avait un fils qui avait une trisomie 21.

11. Comment pouvais-tu échanger avec lui ? Comment entrais-tu en contact avec lui ? Très difficilement, au départ car il était dans son monde à lui et puis, je pense que j’ai plus su communiquer avec lui en l’observant, j’ai essayé de faire la même chose que lui en fait. Chaque fois qu’il faisait une mimique ou un petit bruit, je savais que ça voulait dire merci ou…

12. /

170

13. Pour moi c’est une personne identique et différente à la fois. Identique parce que ça reste un être humain et différente parce qu’elle a un problème physique ou est retardée mentalement, c’est ce qui la différencie.

14. L’enfant handicapé mental est beaucoup plus retardé et vit dans son monde à lui. Tu catégorises plus les enfants handicapés mentaux et pas les enfants handicapés physique ? Oui.

15. A part, le physique ou le mental ? Oui, Tu m’as parlé d’enfant trisomique. Trisomique, autiste, les autres je ne sais pas. Et même si tu ne connais pas les noms ? Dans les handicapés mentaux, il y a ceux qui sont retardés et ceux qui sont au même niveau que d’autres mais qui vivent dans leur monde à eux. Et alors il y a tous ceux qui sont beaucoup plus avancés, qui ont du vocabulaire assez avancé. Au niveau physique, je ne fais pas de grandes différences.

16. Si je le vois et qu’il me regarde, je lui fais un sourire au sinon, je peux être indifférent si je ne le vois pas. (Si une aide peut-être apporté à la personne au moment où Axel est là, il lui demandera s’il peut aider.) Tout dépend du contexte.

17. Oui grâce à des gestes, des pictogrammes, mais je pense que c’est très difficile, ici j’ai pu le voir avec Amélie, même aujourd’hui. Ce n’était que la première journée aussi, elle ne parle pas. C’est très difficile de rentrer en contact avec elle-même, avec ses pictogrammes.

18. C’est très difficile, beaucoup plus difficile. C’est le physique qui te fait peur ? C’est peut-être sa manière d’être. Au premier abord, je serai un peu réticent et après, j’irai vers lui mais…Penses-tu que tu seras plus réticent envers un enfant handicapé qui te répugne ou est-ce la même chose qu’avec une personne normale ? Non, je pense que c’est la même chose.

19. Avec tous, ça va plus ou moins. J’arrive à rentrer dans leur monde, mais c’est vrai que par exemple Amélie, j’ai vraiment très dur à me mettre dedans, je ne sais vraiment pas comment réagir. Je me demande si des fois il ne faut pas la laisser partir, et si elle ne reviendra pas d’elle-même. Ou bien s’il faut pratiquement la tenir avec une camisole et la laisser comme ça. Je ne sais pas comment réagir.

20. (La question n’a pas été posée.)

21. Moi j’ai plus de crainte par rapport au handicap physique que mental. Ces personnes-là ont beaucoup plus de force que les autres. Moi j’ai une crainte. Tu crains quoi ? Leur force, ce sont des personnes beaucoup plus fortes.

22. Génial, je pense que le contact est vraiment bien passé à part avec quelques personnes. Pour le grand nombre c’est bien. Il y en a beaucoup qui sont ouverts. Tu parles de tous les enfants ? Oui, même Cédric, il est venu me prendre la main, alors que je ne faisais pas attention à lui, il fait comme les autres enfants, il a peut-être un handicap et lui on a vraiment l’impression qu’il passe au-dessus. Même si on le regarde différemment.

23. C’est le fait de leur apprendre qu’ils savent qu’ils sont handicapés mais qu’il n’y a aucune différence à faire, qu’ils sont intégrés comme les autres. Moi j’ai envie qu’il rentre chez lui et qu’il se dise : voilà, je suis différent des autres et en même temps je suis identique, je me suis amusé autant que les autres.

24. La même chose surtout à cet âge-là, 7-8 ans, j’ai vu tout à l’heure un enfant regardé Julie d’un drôle d’air et dire des « messes basses ». J’aimerais bien à la fin du camp qu’ils rentrent chez eux et qu’ils se disent en eux-mêmes, voilà pendant autant d’années j’ai réagi comme ça et maintenant, c’est complètement débile la façon dont je réagissais. J’ai pu vivre ces 10 jours de camp et j’ai une autre vision. Les enfants handicapés sont identiques à eux.

171

25. L’idée de jouer tous ensemble sans avoir un regard indifférent. Qu’ils puissent s’amuser autant avec une personne extraordinaire qu’avec une personne qui est normale.

26. La façon dont il faut réagir avec eux. Je pense à tout à l’heure, je ne savais pas trop comment réagir, je suppose qu’à la fin du camp, je serai beaucoup plus rassuré. Je saurai que pour tel type de handicap, il faut réagir comme ça. Je pense que c’est eux qui vont m’apprendre comment il faut réagir, ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Penses-tu que ça t’apportera quelque chose par rapport à ta vie future ? Non, ça je ne le sais pas encore.

27. Désir de rencontrer les enfants. Surtout les enfants extraordinaires, ils peuvent apporter quelque chose. C’est une façon aussi d’apprendre à faire des jeux, des activités pour les animer, c’est la façon dont ils vont réagir aussi. Et toi le fait d’animer t’apporte-t-il quelque chose ? Tu peux décrire cela ? Pour être en contact avec les enfants. C’est plus un désir de pouvoir les animer et en même temps de pouvoir eux les épanouir. J’ai déjà vécu d’autres camps en tant qu’animé et en voyant ce que les animateurs me préparaient comme activités, ça m’a donné envie d’animer.

28. (Voir question 27.)

29. Apprendre à réagir face, tout d’abord, aux enfants extraordinaires et puis face aux enfants aussi. Pour voir, si je suis capable de les épanouir. As-tu un projet d’animation pour après le camp ? Dans mes études, la communication c’est avec tout le monde, et puis, je ne sais pas ce que je ferais dans le futur, donc avoir un bagage peut être intéressant. En même temps, ça distrait aussi, entre animateur, si tout le monde s’entend bien. Le fait d’être avec les copains, …

30. a)Je suis pour l’intégration sauf pour mettre des enfants normaux et des enfants extraordinaires physiques forts qui ont des crises et tout cela. Parce que déjà nous, on a difficile à réagir. Alors pour les enfants, ils risquent de mal réagir. Et par rapport aux choix ici, as-tu des craintes, si toi tu avais dû choisir les enfants ici ? Non je pense que c’est un bon choix. Mais ce sont les réactions plus violentes. Comme quelqu’un qui sauterait plus facilement au cou, …

31. Moi ça m’a soulagé, j’étais très très stressé. Avant la réunion, je ne savais pas ce que je devais faire et quand je suis sorti, je savais ce que je devais faire, comment je devais le faire. Je ne me souviens pas avoir posé de questions mais si j’en avais, je pense que je les aurais posées.

32. Sur base de la liste ? Comme pour les enfants extraordinaires : ouverture/tolérance, savoir se contrôler, ça doit être la base.

33. Savoir se contrôler. En montrant la liste, y en a-t-il d’autres que tu pointerais plus particulièrement ? Ouverture, égalité.

ADRIEN (17 ANS). – APRES LE CAMP LE 24/07/2004

2. (Voir question 3. Lorsque je lui lis sa définition, il acquiesce.)

3. C’est une personne qui peut avoir un retard mental ou un problème physique flagrant.

4. La normalité c’est justement celui qui n’a pas de problèmes mentaux ou physiques.

5. L’autisme, je ne savais pas que ça pouvait aller si loin, tu vois Fabien d’un côté et Amélie de l’autre, je n’arrive pas à les cerner de la même manière, alors qu’ils ont le même problème à la base. Et Julie, qui a un problème mental mais je n‘arrive pas à la placer dans les moins valides. Et les problèmes qui se sont passés dans les chambres c’est quelque chose de leur âge, Julie parle normalement, … Tu regardes Benjamin, et puis tu te rends compte que c’est flagrant après. A mon avis, je ne connais pas assez la mentalité d’un enfant de 10 ans par rapport à un enfant de 12 ans. Je n’arrive pas à cerner cela. Quels sont les différentes formes de handicaps que tu distingues ? Il y a

172

les handicapés mentaux et physiques. Dans physique, il y a ce qui est visible par le physique et ce qui empêche la mobilité. Gérome ou Cédric où c’est visible dans le physique, et lié à un mental. Dans les handicaps mentaux, il y a un retard mental ou on ne le voit pas, et le handicap mental flagrant ou il y a 3 ou 4 ans de différence.

6. Avant, je n’avais pas un regard négatif sur eux, et si je voyais qu’ils avaient un problème, j’étais là s’ils avaient besoin d’aide. Avant, je passais devant un handicapé et je regardais un peu, parce que tu regardes parce que c’est humain. Avant c’était juste comme ça et maintenant, je regarde plus avec un regard attentionné. Je suis plus attentionné envers eux. As-tu des réflexions qui te passent par la tête ? Ça dépend des moments, et il y a peut-être des moments ou en regardant comme ça, j’essayerais plus de savoir ce qu’il a comme problème, mais je ne commence pas à me questionner dessus.

7. Oui, ça dépend de l’enfant. Fabien, il n’y a eu aucun problème tandis qu’Amélie, j’avais beau lui dire ce que je voulais, elle écoutait mais c’était tout. Fabien, il rigolait, il regardait tandis qu’Amélie, elle a toujours le même regard. Ça dépend de l’enfant, je ne sais pas s’il y a différents degrés, Fabien je le mets dans un degré plus léger qu’Amélie. Avec Amélie, j’ai eu l’impression d’être inutile. Tu lui parlais, elle ne te répondait pas, sauf à certains moment où tu lui disais, on va lever la jambe, elle le faisait mais il fallait la forcer et l’aider. C’est lié au degré de son handicap. Tu te sens inutile mais tu restes objectif quand même. Il y a parfois un certain dégoût, d’être inutile, ça énerve un peu, et en même temps tu es un peu dégoûté de son handicap. Mais c’est passager.

8. Dégoûté comment ? Physique ? Non. On a déjà vu Isabelle, j’ai peut être été en arrière mais après j’ai su l’aborder comme une enfant normale. Même si au début j’ai été un peu choqué. Mais même avec Amélie, les repas à table, les premiers n’étaient pas faciles. Plusieurs fois, je sortais de table et j’avais l’impression de n’avoir rien mangé. Parce qu’elle mangeait à son rythme et elle passait avant moi, il fallait l’aider. J’étais un peu écoeuré de la façon dont elle mange. Au moment même tu es un peu repoussé, et à la fin tu te dis : ça ne sert à rien de s’énerver, elle n’y peut rien. Il n’y a aucun dégoût sauf la première fois que je la vois. Après ça vient tout seul.

9. J’ai un intérêt. Mais, il y a toujours la crainte de la force. J’ai peur qu’il arrive un accident involontaire de leur part parce qu’ils ne mesurent pas leur force. J’ai eu le coup le dernier jour parce qu’Isabelle m’a serré dans ses bras et je me demandais si je n’avais pas des os qui allaient craquer. J’ai peur pour moi et peur pour elle aussi. Mais je ne vais pas rester à trois mètres d’eux non plus. Un intérêt, si je vois un enfant handicapé, je serai directement là pour l’aider. Désir de recommencer l’expérience ? Oui, j’ai été beaucoup plus attaché à des enfants extraordinaires qu’aux autres enfants. C’est peut-être parce que j’étais de ce côté-là des enfants. Si tu avais le moral à zéro, tu rentrais dans leur chambre et ça allait beaucoup mieux. Avais-tu un objectif précis ? Si je vois un autiste, je voudrais essayer, si Amélie revient, je serais prêt à recommencer avec elle. Je serais content de la ravoir un moment, même s’il y a des moments où tu as envie de pêter les plombs, ça reste attachant. De retour de camp, tu as un peu la nostalgie d’Amélie. Même si on avait droit qu’à des petits sons, ça reste attachant. J’aimerais bien aller plus vers les autistes et tout autre handicap et essayer de les comprendre un peu plus. J’aimerais bien être trente secondes dans leur peau pour essayer de comprendre ce qu’eux vivent.

10. Oui, parce qu’avant, je restais un peu perplexe, tu restes toujours un peu à l’écart d’eux. J’ai eu un contact avec un autiste et je n’étais arrivé à rien avec lui. Je ne faisais pas le premier pas et je ne sais pas si lui fait le premier pas, si je vais aller l’aider. Mais maintenant, je me dis que ça rapproche le fait de les avoir côtoyés pendant 10 jours, je serai toujours là pour pouvoir les aider.

11. (Voir question 9.)

173

12. Tu rentres en contact comme avec tout autre enfant, et après tu essaies de changer ta manière d’aborder s’ils ne comprennent pas mais au départ, c’est la même manière pour tout le monde. Sinon, à la fin tu es plus attentif, plus calme, plus doux. Si je sais qu’ils sont handicapés, je serai plus calme parce que je sais qu’eux ont besoin de plus d’affections que d’autres.

13. Non parce que le dernier jour, j’avais vraiment un dégoût d’Amélie, dégoût d’avoir été inutile pendant 10 jours. Si je ne tiens pas compte d’Amélie, j’ai pu leur montrer que comme tous les autres enfants, ils sont intégrables, qu’ils peuvent jouer au foot avec les autres pour ceux qui savent, qu’il n’y a aucun problème d’intégration. L’idée globale c’est l’intégration partout. Par exemple, au repas, ils n’étaient pas séparés. Les enfants handicapés sont les enfants avec lesquels je me suis le plus attaché ou avec lesquels j’ai le plus ri. Même si à certains moments on se foutait un peu trop d’eux, on nous a alors fait la remarque et on s’est calmé. Leur montrer qu’ils étaient intégrables. Le fait de rire des enfants, c’était pour te défouler ? Tu l’expliques comment ? Oui, me défouler et en même temps, de rire d’eux, ça veut dire que tu as quand même un regard attentif envers eux. Envers Amélie par exemple. J’avais toujours cette idée, que si tu faisais ça, c’est que tu étais quand même attentif à eux. Et il fallait faire attention à ne pas le faire devant les autres enfants, c’est vrai que ce n’est pas un truc à faire. Surtout si tu leur demandes de les intégrer et que toi à côté tu leur montres autre chose, ils ne le comprendront pas de la même manière que nous.

14. Je pense qu’on leur a permis d’avoir un autre regard. C’est l’intégration le plus fort. C’est vrai qu’il y a des cercles qui se sont refermés. Mais Jonathan, c’est vrai que le nombre de fois où je l’ai vu prendre la main de Cédric ou Gérome, je suis content d’avoir pu leur montrer cela. Ça fait plaisir de savoir qu’on a pu leur apporter cela.

15. (Voir question 14.)

16. Moi, en leur permettant d’avoir un nouveau regard, j’ai moi-même eu un nouveau regard. J’ai appris des choses aussi.

17. a) C’est un autre monde dans lequel tu es, c’est un autre style de communication. Amélie, elle avait les pictogrammes mais on n’arrivait pas à les utiliser. Gérome, il voulait descendre de son lit et il le montrait. Quand ils sont entre eux, il y avait une bulle qui reste ouverte et une bulle qui redonne du baume au cœur.

b) (Voir question précédente.) c) C’est dur à répondre parce que c’est mon premier camp, l’animation j’ai vraiment

acquis cette année. Durant le camp, ma veillée radiophonique n’était pas adaptée aux enfants moins valides, ça a du être pénible pour eux. A la fin du camp, quand je construisais une activité je la construisais autour des enfants moins valides. Les enfants moins valides passaient avant tout. Ne fut-ce que par le vocabulaire, et en même temps tu fais tout pour être sûr qu’ils aient vraiment compris.

18. Oui, rester zen, me contrôler, c’était une grande peur au début. J’avais peur de l’autorité, je ne savais pas trop comment réagir. J’ai encore des lacunes mais je pense que je m’en suis bien sorti. Ne pas montrer devant eu que tu es énervé. J’ai appris que tout enfant à son style d’apprentissage et que le temps de réflexion est différent. Donc il ne faut pas s’énerver s’il faut répéter trois fois la même chose. C’est d’abord eux qui doivent avoir du plaisir durant le camp. Il faut aborder chaque enfant différemment, parce qu’ils n’ont pas la même manière d’écoute.

19. Il y a des fois en restant avec des enfants moins valides, il y a des fois ou tu désires retrouver ta bulle à toi, j’étais content d’avoir les deux types d’enfants et de pouvoir passer d’une bulle à l’autre. Juste des enfants valides, je ne savais pas du tout ce que c’était. Avant, déjà les enfants valides, je ne savais pas comment ça allait se passer, et les enfants moins valides encore moins. J’avais une grand crainte envers ça, j’étais content qu’il y ait les deux. J’aurais fait un camp, juste avec des enfants valides, j’aurais peut-être été aussi content, je ne peux pas juger.

174

20. Ça a modifié des choses, c’est-à-dire qu’au début du camp, je partais avec mes bases à moi, et grâce aux animateurs un peu plus expérimentés, j’ai appris des choses que je ne savais pas avant de venir. Ce sont des petites choses que tout le monde me disait, et que je n’aurais jamais pu dire tout seul. Ça a changé ma manière d’animer.

21. /

22. Avec les autres enfants moins valides, je n’ai eu aucun problème mais avec Amélie, je ne savais pas trop comment allez vers elle. Je ne savais pas comment l’aborder, donc j’étais fort en recul par rapport à elle. Je me suis dis : bon, tu es animateur donc tu dois y aller, et ça c’est super bien passé. Même si tu as l’impression qu’elle ne t’écoute pas, elle t’écoute quand même. Et puis tout ce que j’ai fait avec Amélie a été réduit à néant la veille du retour à cause des soins qui s’éternisaient et on ne savait pas comment faire. J’ai été parler avec plusieurs personnes et je me suis dit que ça ne devait pas mettre une barrière sur tout ce que l’on avait fait. Je suis sorti de ce camp en me disant que mon camp était super et qu’il n’y avait pas eu que ce problème-là.

23. Oui, avec Jonathan, au début je trouvais que c’était un enfant insupportable, infernal, je ne savais pas le cerner et en le voyant avec Emilie, j’ai essayé d’avoir le même comportement qu’elle. Avoir un comportement de copains avec lui, tu le laisses dire des conneries tant que ce n’est pas vulgaire, et après, ça c’est super bien passé avec lui. C’est un des garçons avec lequel j’ai le plus parlé. Et Julie, au début, j’étais fort autoritaire avec elle et quand on a appris ce qui c’était passé à la réunion durant le camp, je me suis demandé comment je devais faire et j’ai été plus calme avec elle. Je ne sais pas si ça a changé quelque chose. Le fait qu’on l’ait mise dans les chambres avec les enfants valides, penses-tu que ça a changé la perception que tu avais d’elle ? Oui, je suis plus patient avec les enfants moins valides sans doute. Tu adoptes une certaine façon de parler, de maîtrise, … Le problème c’est qu’elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle n’était pas tout le temps avec les autres. On n’osait pas lui dire qu’elle avait un handicap on lui disait que c’était dû au nombre de places, … Est-ce que le fait qu’elle soit enfant handicapé plus léger, rends les choses plus faciles ou plus difficiles ? Plus difficile, parce que je n’arrive pas à voir son handicap, je n’arrive donc pas à l’aborder comme une fille moins valide, mais comme une enfant valide. Je n’ai jamais pu rentrer dans sa bulle comme j’y arrivais avec Cédric.

24. a) J’ai eu, au sinon, des avis sur des personnes qui n’étaient pas ce que je pensais après. Comme avec Jonathan.

b) Avec Amélie, le fait d’avoir un certain dégoût, a engrangé inévitablement des paroles que je ne voulais pas dire. Avec Arthur (animateur), c’est vrai qu’il y avait des fois où on était vachement cynique, on pouvait même être méchant. Après on se disait mais ce n’est pas possible que l’on ait dit ça, mais sur le moment même on ne s’en rendait pas compte. Tu ne penses pas ce que tu dis, mais tu le dis quand même.

25. J’ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux quand j’étais dans cette bulle d’enfants moins valides. Des larmes de bonheur.

26. Oui.

27. a) Oui, au niveau de l’intégration. La compréhension entre eux, compréhension des handicaps de chacun. Ce sont les deux choses les plus importantes.

b) Oui, de nouveau l’intégration par rapport aux enfants extraordinaires. Compréhension entre eux aussi par rapport aux réactions qu’ils peuvent avoir, exemple avec les pipis au lit, il y a des enfants qui demandaient : « Pourquoi vous l’avez réveillé en plein milieu de la nuit ? ».

c) Oui, je suis satisfait de cette intégration. Je reprends l’exemple des enfants qui tiennent Gérome par la main et c’est bénéfique pour tout le monde.

d1 et d2) Nouveau regard en fonction des enfants valides et moins valides. Il faut trouver la manière d’aller chez chaque enfant. La différence d’âge bloque un peu,

175

parce que je ne sais pas comment réagir envers les plus petits ou les plus grands. Il y avait une trop grande différence d’âge entre les enfants. Je ne pensais pas que la rencontre/intégration serait aussi facile, que ça se passerait aussi bien. Ça coule de source à la fin.

28. Avant le camp, j’ai relu dans l’Animatruc (livret donné lors de la formation d’animateur), le module avec les enfants moins valides. Je ne me suis jamais dit durant le camp, tiens qu’est-ce que je pourrais faire ? Ça venait tout seul.

29. Avec Amélie, plusieurs fois, Arthur me disait : tiens aujourd’hui, je te laisse à côté d’elle, moi, je vais manger ailleurs, et je disais parfois non, parce que moi non plus je n’arrivais pas à manger normalement. Elle n’y pouvait rien, c’est un rejet de quelques secondes. Au niveau des soins ? Peut-être le fait de la changer, ce n’est pas un rejet de dégoût mais plus parce qu’à ce moment-là, je n’avais pas envie de le faire. Amélie, je n’avais pas envie de la changer, mais je me disais que ce n’était pas un truc qui se faisait et j’allais la changer sans attendre forcément les douches du soir pour faire ça en même temps.

30. a) Oui.

b) Je ne prendrais pas un autisme plus poussé qu’Amélie, ça allait encore mais Arthur et moi on a été plusieurs fois déçus, on s’est dit plusieurs fois qu’elle n’avait rien à faire ici, mais Caroline (animatrice adjointe) nous a expliqué que c’était parce que la différence des handicaps entre les enfants était trop grande. Ça fait un grand fossé. Peut-être pas trop d’enfants comme Amélie. Je n’en mettrais pas deux ou trois.

c) Je mettrais une autre tranche d’âge. Il y avait trop de différence d’âge. Les plus grands se plaignaient : vos jeux sont « débiles ». Moi, je suis d’accord avec l’horaire séparé le matin, …Au niveau des chambres ? J’aurais peut-être mis, Sandrine et Julie avec les enfants moins valides, comme ça elles sont moins valides pour tout le camp et auraient sans doute posé moins de question, surtout Julie.

31. a) Pour, oui je suis pour et pour tous les enfants. Pour leur permettre d’avoir un autre regard.

b) Principalement l’autisme, j’ai lu des magazines, la plupart des autistes ne parlent pas, et c’est plus difficile des les intégrer, si c’est plus difficile, tu feras plus attention pour que l’intégration fonctionne. Et des handicaps physiques, c’est plus difficile. Le problème c’est que les enfants normaux doivent s’adapter aux jeux des enfants handicapés physique par exemple s’ils font du basket en chaise roulante. L’intégration pour tous les autres handicapés aussi.

c) (Voir question 30.)

32. Je pense que ce n’est pas la même chose entre les deux types de camps. Ici, on adopte des comportements plus attentionnés envers les enfants moins valides et 30 secondes après tu es de nouveau toi-même, sans modification par rapport aux enfants normaux, j’ai bien aimé ce passage de l’un à l’autre. Je pense que ça a pu m’enrichir.

33. Etre ouvert à la discussion, même si ce n’est pas le moment, être à leur écoute 24 h sur 24. Et si je te montre la liste ici ? La patience. La communication, c’est mieux qu’ils parlent entre eux. Il n’y en a aucun qui me semble inutile.

34. L’écoute de nouveau. L’attention, être plus attentionné, plus doux et maternel. Et si je te montre la liste ici ? Egalité, montrer que Gérome et Amélie, c’est la même chose. Observation pour voir comment les aborder. Etre à leur service. Respect, s’il doit mettre 20 minutes pour s’habiller et bien il en prendra 20, on n'a rien à dire. Remise en question. Il n’y en a pas qui soit inutile.

35. a) Un trajet où un enfant prend la main de Gérome pour aider à traverser.

b) L’attitude de Julie envers le fait qu’on l’ait mise dans les enfants moins valides. Le fait qu’elle ne l’accepte pas.

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36. Juste avec les enfants valides ?

a) Le fait que malgré que les grands trouvent absurdes les activités avec les petits, ils aident quand même les enfants moins valides. Je pense que les grandes filles auraient fait la même chose si Sandrine n’était pas moins valide, mais le fait que ce soit un enfant moins valide accentue les choses.

b) Le fait que chaque fois qu’on aille dehors, toute la bande joue au foot, mais ils ne revenaient jamais en rigolant, ils arrivaient toujours à trouver un problème.

37. La douche de Fabien, je l’ai fait une fois, elle était brève, mais il était content parce qu’on le lavait et parce qu’il jouait avec l’eau. Il était dans son élément. Il est complètement épanoui.

38. Sandrine que je n’ai jamais vraiment réussie à cerner.

39. Oui.

40. ( Voir question 30.)

41. Certains.

a) Oui, la plupart mais il n’y a que Benjamin qui aura peut-être un désir personnel. b) Oui, dans les plus grands mais d’autres non. Il y en a qui n’ont même pas fait preuve

d’intégration. Visuellement peut-être qu’ils jetaient un autre regard mais physiquement je n’ai rien vu.

42. Quand on prenait une douche avec un enfant et qu’on se retrouvait face à la responsable, Caroline ou toi et que vous demandiez si ça va, c’est bien. J’ai tout le temps été bien encadré. J’avais des questions, on me répondait directement.

43. Oui, grâce aux contacts que j’ai eus avec des enfants valides et moins valides aussi pour des camps « normaux » futurs. Je pense que ça pourra me servir. Penses-tu que ça t’a permis une croissance personnelle ? Oui, Il y a des trucs que sans ton questionnaire, je n’aurais jamais été rechercher. J’ai appris de nouvelles choses.

Que penses-tu du questionnaire ? Ton questionnaire, c’est vraiment quelque chose qui m’a servi. Comme pour toute évaluation. Je pense que ça peut servir à tout le monde. Ça reste confidentiel et l’adjoint ou le responsable peut un peu voir l’avis. Comment penses-tu que je pourrais le faire passer si j’en faisais un pour les animateurs du camp l’année prochaine ? Tu ne peux pas l’imposer, un entretien est plus chouette que de donner la feuille. Tu peux aider, pousser, pour que la personne découvre plus. Mais il ne faut pas l’imposer. Moi, je le ferais en oral pas en écrit. La longueur cette fois-ci, je peux comprendre, c’est pour ton mémoire.

MARTINE (16 ANS). - DEBUT DE CAMP LE 1/07/2004

2. 12 octobre 1987.

3. Féminin.

4. En dernière année d’humanité en sciences sociales.

5. Infirmière.

6. J’ai 2 frères et 1 sœur. Mon petit frère à 8 ans, mon grand frère en a 18 et ma petite sœur en a 13.

7. Première année de formation.

8. (C’est son premier camp. Elle a déjà fait des camps mais en tant qu’animée.)

9. J’adore les personnes handicapées. Je trouve ça chouette de les animer. Tu avais un désir depuis longtemps ? Mais avec les guides l’année passée, on a fait des sorties avec des adultes handicapés mentaux. C’était super chouette quoi.

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10. Non, dans ma famille je n'en ai pas. Mais avec les guides. La première fois comment s’est passée la rencontre ?

11. On était en contact avec une centaine de personnes handicapées, mais après c’était limité, on en avait une dizaine. On jouait au ballon et des trucs comme ça et ça allait. Mais c’est difficile de savoir ce que l’on peut faire avec eux.

12. /

13. C’est quelqu’un qui a un handicap mental ou physique, qui vit d’une autre manière quoi.

14. Mais il y a une différence mais c’est difficile à dire. (Elle se base sur des exemples mais éprouve des difficultés à expliquer les différences entre les enfants handicapés qui se trouvent dans le camp). Je ne sais pas vraiment dire.

15. Y a ceux qui sont handicapés depuis la naissance et ceux qui sont handicapés à cause d’un accident. Et au niveau mental, il y a différents niveaux entre les retardés plus lourds et plus légers et les « surdoués ».

16. Je lui souris, normal comme si je croisais un petit enfant dans la rue. Je souris comme à tout autre enfant.

17. Oui. Par quels moyens ? Par des jeux, des gestes, des mimes, en lui tenant la main, en lui montrant. Penses-tu que cet enfant te comprend ? Non, enfin ça dépend s’ils sont dans leur monde ou pas.

18. J’irais moins vite vers lui et je serais moins proche qu’avec un autre enfant puisqu’il me répugne. Même avec le temps ? Avec le temps, je risque de m’y faire, mais je crois, quand même qu’un enfant qui bave me donne moins envie d’aller près de lui qu’un autre.

19. Oui quand même, je pense par exemple avec Amélie, je trouve ça quand même assez dur. On ne sait pas toujours les maîtriser, elle a une force, beaucoup plus grande que moi. Je ne sais pas quoi faire pour la calmer ou quoi. Je pense que les autres en général ça va. Les autres, on sait vite les arrêter.

20. (La question n’a pas été posée.)

21. Ça dépend si le handicap est vraiment profond ou pas. Physique on sait passer au-dessus mais mentaux il faut déjà se mettre dans le monde de l’enfant et tout ça. Et puis ça dépend s’il est profond ou pas. J’ai plus de crainte avec les handicaps mentaux profonds.

22. Je trouve ça chouette, j’avais un peu peur avant. Peur de quoi ? C’était même pas sur le fait que ce soit un camp intégration, c’était plus peur d’animer des enfants, n’importe quel enfant. Mais aussi parce je trouve qu’il n’y a pas une énorme différence d’âge entre ceux qui ont 13 ans et moi qui en ai 16. Je trouve ça un peu limite pour avoir de l’autorité sur ces enfants. C’est plus le fait d’avoir de l’autorité qui me faisait peur avant d’arriver. Mais je trouve que ça se passe bien.

23. J’espère qu’ils vont passer un chouette camp. Qu’ils vont rentrer chez eux tout contents, qu’ils auront plein de souvenirs et tout ça.

24. Aux enfants normaux c’est surtout le fait qu’ils soient peut-être arrivés avec des préjugés et je veux qu’ils rentrent chez eux avec eux leur propre idée. Qu’ils découvrent eux-mêmes comment sont les personnes handicapées.

25. Je trouve ça bien que les 2 soient ensemble, pour qu’ils voient comment il y en a qui réagissent. Et qu’ils sachent s’aider entre eux spontanément.

26. Du point de vue technique, je saurais plus facilement comment réagir. Je ne sais pas, je trouve que les enfants handicapés ont d’une certaine manière une insouciance de la vie. Je trouve cela super choux. C’est une manière de vivre que j’aime bien.

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27. Oui, les enfants c’est chouette. Je ne sais pas, ça apporte de la jeunesse je ne veux pas dire que je ne suis plus dans la jeunesse mais… Ils ont toujours plein de choses à partager. Je ne crois pas que ça m’apportera quelque chose de précis mais… Et dans ton choix d’être animatrice par exemple ? Désir de rencontre avec les enfants.

28. (Voir plus haut.)

29. Savoir animer les enfants. J’avais envie de voir la réaction des enfants valides face aux enfants moins valides. Voire comment ils réagissent, mais aussi voir ma réaction à moi, savoir si je suis capable d’animer, donc on verra : si je suis capable d’animer. Et par rapport à un projet futur, y a-t-il un lien ou pas ? J’ai envie de pouvoir m’ouvrir aux autres dans le futur, donc savoir s’ouvrir aux enfants aussi.

30. a) Moi je suis pour en général. Il y a plein d’activités dans lesquelles les enfants peuvent se retrouver. Ça fonctionne toujours.

b) En soit, ça sert toujours de mettre en contact deux types de personnes. Mais il faut faire attention aussi à ce que ce ne soit pas ingérable parce que ça risque de gâcher tout le camp des autres enfants. C’est triste pour l’enfant mais on ne sait pas non plus mettre en contact tous les enfants handicapés. Ou alors, il faut juste les mettre en contact face à une autre personne ou quoi…

31. Je suis contente d’avoir eu cette réunion, ce n’est pas forcément du point de vue des enfants handicapés que j’avais des craintes mais plus dans la préparation des jeux, des veillées, … Savoir quoi faire.

32. Moi je pense, être à l’écoute, essayer de comprendre vraiment l’enfant. Essayer de voir ce qui va, ce qui ne va pas.

33. Partage, échange, il y a beaucoup de valeur mais il les faut aussi pour les enfants normaux. Il faut sans doute un peu plus de patience et d’écoute. Curiosité oui mais pas de la curiosité négative.

MARTINE (16 ANS). - APRES LE CAMP LE 31/08/2004

2. /

3. C’est une maladie, physique ou mentale qui atteint la personne.

4. Je ne sais pas, parce qu’il n’y a pas vraiment de normalité ou de non-normalité, mais souvent on place le handicap dans la non-normalité, mais durant le camp, il y a tellement de gens qui ont un handicap que ça devient la normalité. Mais dans la société c’est placé dans la non-normalité.

5. Oui, je connaissais l’autisme de nom, mais je n’avais jamais vu d’enfant ni rien, j’ai donc découvert les comportements. Gérome, je ne vois pas ce qu’il a ? Un retard mental. Ils ont tous presque un retard mental. Je connaissais aussi de nom mais je n’avais jamais vu avec quelqu’un, ce n’est pas comme je l’imaginais, où ça se voit très fort.

6. Normal, si je le connais, je lui dis bonjour, si je ne le connais pas, je ne fais rien de particulier. Penses-tu que le fait d’avoir fait le camp, fera que tu te poseras plus de questions ? Si je vois un enfant dans la rue qui a un drôle de comportement ou quoi, ça me fera sans doute moins fuir qu’avant.

7. Oui, maintenant, je sais comment ça peut se faire. Comment es-tu entrée en contact durant le camp ? Par le physique, on sait se faire comprendre sans parler. Montrer les choses et tout ça.

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8. Entrer en contact oui, mais peut-être pas une grande relation, ce sera moins sympathique qu’avec un autre enfant. Qu’est ce qui te bloque plus ? Je n’aime pas les enfants que je ne peux pas maîtriser, ça me donne moins envie de m’occuper d’eux, un enfant qui aurait trop de force et où moi je ne sais rien faire pour le maîtriser. As-tu des exemples d’enfants un peu plus forts ? Ici, c’était plus Amélie, parce que je ne pouvais pas la retenir. Fabien qui s’enfuit, mais si on le regarde ça va. Un enfant très très sale ou quoi, qui ne donne pas envie d’aller au premier abord chez lui.

9. J’ai plus d’intérêt, je trouve cela encore plus chouette.

10. Je préfère les handicapés mentaux que les handicapés physiques. Tu sais pourquoi ? Handicapé physique, c’est juste un problème physique. Tandis que handicapé mental, on peut découvrir leur monde aussi. Amélie, j’avais plus peur, Fabien ça allait parce qu’on sait le maîtriser. Le premier jour, j’avais plus peur en voyant Fabien et Amélie que les autres. Mais ça passe. Je crois qu’il faut attendre un ou deux jours pour voir comment on réagit et savoir si ça passe ou non.

11. Au début, j’avais plus peur. Parce que c’était aussi mon premier camp en tant qu’animatrice. Mais à la fin, on sait déjà un peu mieux comment faire avec eux. Mais il faut voir la personne pour voir si ça passe quoi.

12. Je regardais comment les enfants réagissaient, essayer de parler avec eux et tout ça. Regarder comment ils font pour ne pas les brusquer au début.

13. Je ne sais pas. Sans doute autant qu’eux m’ont apporté.

14. Un chouette camp.

15. Aux enfants handicapés, ben de quitter un peu leur monde et de voir les autres enfants. Et aux autres enfants, ils ont pu découvrir ce que c’est d’être un enfant handicapé. Et sans doute avoir moins peur après quand ils en rencontreront un. Je trouve ça chouette, vers la fin du camp, il y avait beaucoup plus d’intégration, même de la part d’enfants qui étaient un peu plus distant. Je trouve ça chouette que les enfants aient fait ce camp-là en sachant qu’il y avait des enfants handicapés, qu’ils avaient envie de découvrir. C’est chouette pour eux.

16. J’ai envie de continuer la formation d’animatrice. J’aimais bien mes camps en tant qu’animée donc c’est chouette de me dire que c’est moi l’animatrice maintenant, j’ai adoré. Donc ça donne envie de continuer.

17. a) J’ai découvert ce que c’était, ils m’ont apporté un plus grand intérêt à leur égard. Je ne sais pas, ça permet de mieux les comprendre et de voir quelque chose d’un peu différent.

b) Je voulais faire ce camp-là, pour voir comment animer les enfants handicapés, je voulais aussi voir l’intégration avec les autres enfants. Je suis contente de ce que j’ai appris mais je voudrais découvrir un peu plus dans les handicaps différents et tout ça. C’est déjà pas mal je pense.

c) Faire des choses un peu moins compliquées qui durent un peu moins longtemps aussi, que ce ne soit pas trop physique. Ça on le sait à l’avance, donc il n’y a pas de problème.

18. Ici, j’ai fait le camp avec les enfants handicapés mais à la base, je voulais juste faire un camp avec des enfants. Et le fait de faire un camp avec des enfants handicapés c’était un plus quoi. J’avais toujours eu la vision en tant qu’animé et je voulais voir l’autre côté, j’ai découvert pas mal de choses.

19. (Voir questions 15, 17 et 18.)

20. Avec l’enfant handicapé, je me suis bien basée sur la manière dont Caroline faisait, parce que je ne savais pas vraiment quelle relation je pouvais avoir au début. Avec les enfants en général, je regardais aussi, comment il fallait être, laisser faire mais pas trop. Comment gérer l’autorité quoi !

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21. /

22. Je crois que le déclic, il s’est fait dès les premiers jours pour les 2 types d’enfants, au début je n’étais pas trop à l’aise avec eux, je n’osais pas trop m’approcher, mais je me suis dis : ben il faut, c’est pour cela que tu fais l’animation avec des enfants.

23. (Voir question 22.)

24. a) J’étais plus mal à l’aise de faire attention à ne pas non plus trop parler de soi, parce qu’ils posent pleins de questions. Mais je n’ai jamais eu de regrets.

b) C’est avec Gérome que j’étais le moins à l’aise parce que je faisais du chantage. Parce que c’est hyper chouette à faire avec les enfants, mais ça a été quand même.

25. Je suis plus à l’aise avec les enfants maintenant qu’avant. Je n’étais pas très à l’aise même si j’adore les enfants. J’arriverais plus facilement à rentrer en contact avec les enfants après.

26. Oui.

27. a) Oui.

b) Plus ou moins car j’étais moins présente avec eux qu’avec les enfants handicapés et c’est vrai que j’aurais pu être plus présente. C’est, je crois parce que je connaissais mieux les enfants handicapés.

c) Oui. d1) Oui. d2) Oui, je suis contente de mon premier camp et de la manière dont ça c’est passé.

28. Plus ou moins parce que je me suis plus basée sur ce que faisaient les autres. Je n’ai pas vraiment apporté d’idée originale, mais c’est aussi le fait que ce soit mon premier camp. Penses-tu avoir bien utilisé les outils des autres ? Oui.

29. Vers la fin du camp, j’avais envie d’avoir enfin un repas sans devoir veiller sur quelqu’un. Sur la fin du camp, j’étais moins avec Fabien et je trouvais ça bien.

30. a) Je suis pour.

b) Il faut quand même des enfants où il y a un contact qui peut passer entre les 2 types d’enfants. Au sinon, l’intégration peut quand même être réussie mais il n’y a pas eu d’échange. Amélie, je ne trouve pas qu’il y a eu des contacts, il n’y a qu’elle. En ce qui concerne le handicap physique, il faut faire attention aux activités, c’est plus difficile.

c) Au niveau des horaires, je trouvais ça juste bien. Le fait que ce soit le matin permettait à tout le monde de respirer un peu au niveau de l’adaptation des activités. Au niveau du nombre d’enfants handicapés, je trouvais ça juste bien par rapport au nombre d’enfants au total. Les chambres, ils auraient peut-être pu être plus mélangés mais c’était plus facile pour nous comme ça et je ne sais pas comment ça se serait passé. Il y a des points positifs à plus les mélanger mais il y a aussi des points négatifs.

31. a) Je suis pour. Ça permet de découvrir d’autres choses qu’on n'a pas l’habitude de découvrir, ça c’est pour moi, car je découvre de nouvelles choses. Et avec les enfants, eux aussi ils apprennent comment c’est quelqu’un handicapé en chaise roulante, ils apprennent à aider, à moins critiquer tout de suite. Et pour les enfants handicapés, c’est chouette qu’ils puissent se dire: on a fait un camp avec d’autres enfants.

b) (Voir question 30.) c) (Voir question 30.)

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32. Il faut moins d’enfants ou plus d’animateurs. Il faut que ce soit plus adapté. Il ne faut pas faire des jeux compliqués.

33. Avoir de la patience, de la motivation, envie de faire découvrir quelque chose aux enfants, être à l’écoute et avoir de la patience mais c’est sans doute un peu moins fort que chez les enfants handicapés. Et quand je te montre la liste ? La même chose que pour la question 34 mais moins fort que pour les enfants handicapés. Echange, écoute, patience et communication je les pointerai un peu plus.

34. Aimer l’animation, avoir envie de découvrir ce que c’est, avoir de la patience, être à l’écoute plus des enfants et voir si quelque chose ne va pas. Et quand je te montre la liste ? Se mettre au même niveau mais pas tout à fait. Rendre service, il faut faire plus de choses pour eux mais en même temps, je pense qu’il faut les laisser faire par leurs propres moyens. Avoir un peu plus de recul, il faut savoir regarder la situation un peu différemment que si c’était un enfant normal. Curiosité oui, mais pas trop. Altruisme. Observation. Empathie. Echange, écoute, patience et communication je les pointerais un peu plus.

35. Si tu dois plus te cibler sur les enfants normaux ?

a) Quand j’étais vraiment à l’aise avec les enfants, vers la fin du camp. b) La sieste, c’était ennuyant, j’avais du mal à avoir de l’autorité.

36. a) La veillée à ce qu’on a faite, juste avec les enfants handicapés.

b) Les problèmes qu’il y a eu avec Julie, ce n’est pas du tout positif à part que l’on a pu découvrir son caractère. Pour les autres enfants, ça n’a pas du être facile.

37. Avec Fabien, la veillée parce qu’il a été hyper présent plus que d’habitude.

38. Lorsque j’ai été pour accueillir Amélie le premier jour, je n’avais jamais eu de contact avec un enfant handicapé avant et elle n’était pas hyper facile. Ce n’est pas que je n’aie pas aimé, ça m’a fait un peu plus peur.

39. Oui, j’aimerais bien mais je me dis qu’il faut quand même laisser la place. Je trouve ça plus chouette, j’ai l’impression que c’est moins compliqué qu’un camp normal, je me trompe peut-être parce que je n’ai pas d’expérience d’un autre camp. Je me sens plus à l’aise avec les enfants handicapés, peut-être que c’est plus au point de vue de l’autorité et de la force de caractère ou quoi, c’est peut-être plus facile avec des enfants handicapés.

40. (Voir question 30.)

41. a) Moi je pense que oui, autant les enfants handicapés que non handicapés. Je pense qu’ils ont bien aimé le camp qu’ils ont fait.

b) Mais sans doute pas tous. Mais il y a, je pense, une bonne partie qui a bien aimé.

42. Si j’avais voulu avant le camp, j’aurais pu. C’était plus des questions parce que je m’inquiétais du camp. Et pendant le camp, il y avait plein de temps le soir pour poser des questions. Je ne pense pas que j’en ai posé vraiment. Je n’ai aucun souvenir de questions que je n’ai pas su poser.

43. Oui, ça va me servir parce que j’aurais déjà fait un camp avant celui de l’année prochaine. Si je refais un camp avec des enfants handicapés, il y a plus de chance que ça me serve. Si je refais un camp avec des enfants normaux, ça va sans doute me servir s’il y a un enfant plus difficile. Penses-tu que ce camp t'a fait grandir ? Non, je ne pense pas vraiment.

44. Penses-tu que le questionnaire a pu servir aux enfants ? Sans doute, oui. Il y a des questions qu’ils n’osent pas poser mais peut-être qu’en privé avec une personne ils en posent plus. As-tu entendu des réflexions ou des questions qui se sont posées sur les enfants handicapés ? C’était plus, des remarques comme : à bon lui aussi il est handicapé !

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45. As-tu des choses à rajouter ou par rapport au questionnaire ? Non, tout ce que je pense a été dit. Le questionnaire est assez complet, il y a toutes les nuances dans les questions, ça permet d’approfondir un peu plus par rapport à la question d’avant. C’est long comme questionnaire mais ça ne prend pas hyper longtemps pour y répondre. Je trouve qu’1 mois ½, c’est trop loin pour y répondre mais juste après se serait trop rapide. Penses-tu que faire passer un questionnaire comme ça en évaluation durant les camps peut-être intéressant pour les animateurs ? Oui, même ici, je trouve que c’était un plus quoi, il y a des choses que j’ai pu approfondir ou que je n’aurais pas pointées. Il ne le faudrait pas aussi long pour tous les animateurs. Comment le ferais-tu passer ? Je l’inclurais dans l’évaluation de fin de camp.

EMILIE (19 ANS). – APRES LE CAMP LE 4/09/2004

2. 11/05/1985.

3. Féminin.

4. Etude de communications, en début de deuxième année.

5. Dans la communication mais je ne sais pas encore exactement quoi.

6. Un frère un peu plus grand et une sœur un peu plus petite.

7. Brevetée à Jeunesse et Santé. Désir de devenir formatrice.

8. Un grand camp en tant que chef lutin et au moins 7 camps Jeunesse et Santé.

9. Ça m’intriguait, je voyais beaucoup de reportage à la télévision sur des enfants moins valides et je voyais la réaction et je me disais que ça pouvait être vraiment intéressant et enrichissant pour moi de partir avec des enfants pareils et de vivre une expérience. J’admets que j’ai été faire un camp à côté avec des enfants qui ne sont pas moins valides, ça m’a aidé à partir avec des moins valides, parce que je savais que c’était un camp un peu différent et pour pouvoir retourner un peu dans mes marques après quoi. Ce camp-ci était reconnu par mon stage dans mes études de communication, et ça donne mieux de dire que je suis partie avec des enfants moins valides même si je ne suis pas partie pour ça pas du tout. Mais, c’est un point en plus qui m’a décidé à faire ce camp-ci et à rester parce qu’on m’a proposé de partir et j’ai dis non. Je voulais rester, je ne voulais pas partir, j’étais heureuse de faire ce camp-ci.

10. Une animation d’un jour avec Jeunesse et Santé. Comment avais-tu vécu cette animation ? C’était génial, c’est hyper difficile à expliquer ce que ça apporte mais j’ai vraiment aimé, c’est ce qui m’a fait partir en camp avec Jeunesse et Santé.

11. Il y en a un qui était handicapé physique, il n’avait pas de bras. Je suis surtout rentrée en contact avec lui en mettant en valeur les capacités qu’il avait avec ses pieds, c’était incroyable, il voyait que j’admirais ça et ça le mettait un peu en confiance, ça l’aidait un peu à sourire par rapport aux autres. C’est surtout avec lui que je suis restée pendant la journée. Avec les autres, la musique a surtout aidé à nous rapprocher énormément, il y avait des chansons qu’ils adoraient, on les mettait, les remettait, on arrêtait même les activités s’ils avaient envie pour faire un petit temps musique. Et puis parler, je ne pense pas qu’ils sont différents des autres, donc moi je leur parlerais comme je parle à un enfant normalement, peut-être que j’irais un peu plus lentement si je sais qu’ils ont du mal à comprendre, je serais plus patiente mais en soi, j’aurais les mêmes discussions qu’avec un autre enfant s’il y a moyen, si la communication est possible.

12. /

13. Pour les handicapés physiques, ils ont des capacités en moins que nous du point de vue moteur. Par contre les handicapés mentaux, je dirais une inconscience vis-à-vis de certaines choses. Ça va pour les autistes, une inconscience du monde en général, tout comme les retardés qui vivent leur vie à eux sans se rendre compte de ce qui se passe

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autour, ils sont complètement inconscients des dangers qu’il peut y avoir dans leurs réactions et dans leurs gestes. Penses-tu que tu aurais donné la même définition au début du camp ? Non, je ne pense pas, je pense qu’avant, je n’aurais même pas été capable de donner une définition. Je ne juge pas les gens donc rarement je dis quelque chose que je ne sais pas ou dont je ne suis pas sûre. Donc je préfère ne rien dire quand je suis pas sûre, là je sais que cette inconscience, elle est là, je l’ai vue.

14. Vis-à-vis de mes réactions, je ne distinguerais pas, je ne jugerais pas un enfant handicapé. Mais du point de vue de la société, il y a des enfants handicapés et ce sont les enfants qui auront du mal à s’intégrer pour x manières ou x raisons. Ils resteront toujours à part de la société. Maintenant, moi-même, j’ai autant envie d’animer des enfants handicapés que des enfants normaux. L’année prochaine si on me demande de partir, surtout qu’il y a les deux dans les camps intégration, moi je repars directement. Je pense qu’on a eu des enfants assez faciles au niveau des handicaps, il doit y avoir plus dur mais je suis prête à le vivre. Je préfère avoir commencé avec des handicaps plus légers pour pouvoir maintenant, comprendre leurs réactions et un minimum, peut-être pas ce qu’ils ont dans leur tête mais comprendre certaines choses qu’ils vivent tous les jours. Pour pouvoir endosser d’autres trucs.

15. Oui, en soi oui, parce qu’on est tombé sur une fille handicapée que l’on a prise pour une fille « normale » et je ne pensais pas que quelqu’un qui paraissait aussi normale puisse à côté avoir des réactions comme elle a eu. Je ne pensais pas qu’ils pouvaient être aussi mesquins certains handicapés. C’est normal, ce sont des gens comme nous et il y a des gens qui sont mesquins. Je crois que je les voyais plus naïvement, je ne pensais pas qu’un enfant handicapé arriverait à faire cela, maintenant, je ne la juge pas. A ce niveau-là, j’ai appris des choses, l’autisme je savais que ça existait. Qu’est-ce que tu connais comme handicap ? Il y a l’autisme avec différents grades, les retardés mentaux, les trisomiques, les handicaps moteurs, les enfants qui ont des problèmes de communication et toutes sortes de handicaps. Beaucoup de monde connaît les noms, mais je n’avais aucune expérience même cette journée ne me permettait pas de dire que j’avais une expérience. Au bout de 10 jours, je peux dire que j’en connais quelques uns mais je pense que c’est tellement propre à chacun, même s’il y a des généralités.

16. Je crois que maintenant, j’en ai vu un depuis le camp et j’ai souri, je me suis rappelé tous les moments que j’ai passés avec des enfants comme lui. Avant c’était plus un regard de curiosité, et maintenant, j’ai un peu apaisé cette curiosité et ce sont plus des souvenirs d’avant qui me reviennent. J’ai une envie d’aller vers eux même si je sais que ça ne se fait pas, je ne peux pas aller vers tous les enfants. Mais j’ai une envie.

17. Oui, il y a toujours moyen, enfin, ça dépend des enfants. S’ils me montrent qu’ils ont envie de communiquer avec moi, même d’une autre manière qu’avec la parole d’office, j’essayerai de faire en sorte. Mais si lui-même, n’essaie pas de communiquer avec moi. Amélie, ce n’est pas passé pendant le camp et elle ne montre pas une envie de communiquer avec moi, et moi je n’arrivais pas à rentrer en communication avec elle. Ce n’est pas le fait qu’ils savent parler ou pas, c’est le fait qu’ils ont envie ou pas de communiquer ou s’ils montrent une envie et moi je suis. Pensais-tu la même chose avant ? Je pense que oui, peut-être pas aussi facilement, mais je sais que beaucoup de gestes que l’on peut faire peuvent être communicatifs avec les enfants. Avec Fabien, tu as trouvé ça facile ? Fabien il avait une envie, il venait vers toi, ça a été tout seul, ça a mis un peu de temps mais une fois que c’était installé ça allait. Par quelle technique es-tu rentrée en contact avec Fabien ? En lui parlant, comme les autres. Sauf qu’il ne peut répondre que par des oui ou par des non. En le considérant comme un autre enfant, en jouant énormément aussi tout comme les câlins. C’est en observant les autres animateurs que tu as su ? Oui, carrément. A ce niveau-là, ma réaction vis-à-vis des enfants, j’ai beaucoup observé, j’ai suivi mon instinct évidemment aussi. J’avais déjà vu à la journée d’animation, observé quelqu’un qui a déjà fait.

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18. Personne ne m’a répugnée. Donc je ne peux pas dire, mais je pense qu’avant qu’un enfant arrive à me répugner, il faudrait énormément. Même s’il y a un petit point que je n’aime pas, il n’arrivera pas à me répugner. Je trouve ça énorme, je ne saurais même pas te dire ce que c’est pour moi répugner.

19. J’aurais toujours des craintes, craintes que ça ne passe pas. Parce qu’avec des enfants qui ne sont pas handicapés même si ça ne passe pas, il y a toujours moyen de faire en sorte que ça passe après. Mais j’ai l’impression qu’avec des enfants handicapés, si ça ne passe pas c’est très difficile. Je fais des études de communication ce n’est pas pour rien, c’est parce que j’ai besoin de parler avec les gens, c’est quelque chose que j’adore et particulièrement avec les enfants. C’est un point principal dans mes camps, les moments où je vais vers eux et où on parle de leur vie et tout ça. Il faut un échange intéressant. Avec Amélie pour moi, c’est un échec. Et en même temps, je l’ai un peu mise de côté, ce qui m’a permis de mieux connaître les autres enfants, pour moi, c’est un échec et j’espère que si je repars en camp, je n’aurai plus un cas comme celui-là. Mais même dans la vie de tous les jours, il y a des choses qui ne passent pas avec certaines personnes. Penses-tu qu’avec un peu de temps, ça aurait pu passer ? Oui, je pense qu’avec plus de confiance en moi, d’expérience et de temps ça aurait pu passer mais là, je n’y suis pas arrivée. C’est vrai qu’elle je l’ai un peu laissée de côté comparé aux autres. Je ne suis pas fier de moi. As-tu un intérêt qui a grandi ou … ? Oui, ils t’apportent un bonheur qui est indescriptible. Je veux dire, je m’en souviendrai toujours de la veillée rien qu’entre enfants moins valides, je me souviendrai toujours de l’aboutissement de certaines choses avec eux. Certaines choses qu’ils n’auraient jamais réussi à dire avant, c’était un bonheur incroyable de savoir que tu as pu leur apprendre des choses toi-même et que ce camp peut leur apporter des choses qui dans leur vie ne doit pas être facile tous les jours. De les voir heureux comme ça, c’est l’effet d’une bonne action en soi. Ils nous apportent énormément et on leur apporte énormément aussi je pense. Un vrai échange.

20. J’ai une plus grande crainte vis-à-vis de l’autisme quand il est fort développé. Amélie, pour moi, c’était déjà pas mal, même si elle arrive à communiquer avec certains. Même si j’ai envie de me lancer un challenge et me dire que j’ai envie d’y arriver. C’est plus une motivation qu’une crainte. Et un intérêt vis-à-vis de certains, les critères sont les mêmes qu’avec des enfants normaux, s’ils sont souriants, participants, prêts à être animés. Plus grande crainte vis-à-vis de ceux qui ne communiquent pas ou surtout qui ne cherchent pas à communiquer.

21. Voir question 17.

22. On a pu un peu apprendre quel était le handicap des enfants, donc ça a répondu à certaines de mes questions. Maintenant en général mes questions étaient plus par rapport à mes réactions vis-à-vis de certains enfants. C’était plus propre à eux et en préparation de camp on ne pouvait pas y répondre. Je n’avais pas de question, aussi parce que j’avais déjà fait des camps. Le fait de voir les enfants avant sur les papiers a déjà aidé, ça c’est clair.

23. Même le premier jour de camp on ne savait pas qui était handicapé et qui ne l’était pas, je trouvais ça génial parce que je n’avais pas retenu les prénoms, il y en a où ça se voyait et un autre où je pouvais dire qu’il était hyperkinétique ce qui pour moi n’est pas un handicap mais plus un comportement. Et puis une fois qu’on était ensemble, je pense que les jeux, c’est le plus facile pour entrer en communication parce qu’on voit leur réaction ce qui aide à entrer en communication. Parfois on se lie à eux pour les aider, ils apprécient et quand on devait s’occuper d’un enfant, on connaissait sa vie, ses habitudes, sa vie parce qu’on avait eu le temps de parler et lui a senti qu’on était plus présent pour lui et moi j’ai pu communiquer avec Isabelle. Mais Isabelle communiquait sans problème aussi, j’avais un enfant « facile ».

24. 1) Je voulais garder patience et pouvoir leur apporter quelque chose. Un bonheur qu’ils n’ont peut-être pas toujours.

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2) Leur apprendre des choses. Voir question 19. 3) J’avais envie qu’une bonne intégration se passe. Et j’étais étonnée que ça se fasse

tout seul. Je n’ai pas eu grand chose à faire pour que ce projet-là se réalise. J’avais envie qu’ils se rendent compte qu’ils pouvaient tout à fait jouer avec les enfants handicapés et les faire participer aux activités, ce qu’ils font tout seul d’ailleurs.

4) Je suis partie au camp de manière on y va, on verra. Je me suis dis tant pis, je n’ai pas envie de me préparer, j’ai préparé les jeux. En plus c’est très vite après les examens donc je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir. Des désirs oui, mais des projets non.

25. Je pense que oui et je l’espère. Je pense que ce n’est pas descriptible par des mots, ce sont des réactions qu’ils ont eux, et j’ai vu leur sourire. Je pense et j’espère que je leur ai apporté quelque chose comme n’importe qui peut apporter quelque chose. Par leurs réactions vis-à-vis de nous oui, clairement je pense qu’on leur a apporté quelque chose. Mais peut-être pas à long terme mais durant le camp, oui.

26. J’ai été en contact avec certains, pas avec tous et je pense que c’est ce qui m’a le plus perturbé, parce que je ne connaissais presque pas tous les noms. Est-ce que je leur ai apporté quelque chose, je ne dirais pas moi, mais les enfants handicapés leurs ont apporté quelque chose, par mon intermédiaire peut-être et comme moi, je n’ai pas animé ces enfants-là. Tu penses que les autres animateurs leur ont apporté quelque chose ? Sûrement comme les règles de vie en groupes, des choses que certaines ont sans problèmes mais que d’autres ont du mal et il faut les aider. Et cela peut les aider pour toute leur vie. Leur apporter de la tendresse, des joies, des petites choses comme ça dont ils ont besoin.

27. On a eu un rôle à jouer, peut-être pas moi, mais l’équipe oui, certainement. On a toujours tout adapté pour les deux. Faire en sorte que les enfants handicapés n’étaient pas complètement en dehors du coup. Oui, on les a aidés. On a mis un cadre et eux se sont complètement intégrés dans le cadre. Moi toute seule, je ne peux pas dire. Et par rapport au début du camp, pensais-tu tout cela ? Je ne pensais pas que ce camp allait se dérouler comme ça, je le voyais plus dur, je croyais que j’allais beaucoup plus souffrir et devoir m’occuper tout le temps des enfants handicapés, et ne pas pouvoir m’occuper des autres, ce qui n’a pas été le cas. Ce n’est pas facile mais ce n’est pas dur, il faut avoir une certaine patience, certaines choses que certains n’ont pas, j’avais de l’expérience aussi vis-à-vis des camps. Ça m’a aidé aussi, je connais les réactions des enfants même s’ils sont handicapés, il y a des réactions qui restent des réactions d’enfants.

28. Ça me rend heureuse. Je ne ferais pas des camps si ça ne me rendait pas heureuse. Un camp, c’est un autre monde, c’est vivre dans un autre monde, c’est beaucoup plus gai qu’ici, quand on rentre, c’est retourner dans les règles. Mais à moi, ce que je pourrais en retirer, c’est une plus grande indépendance, peut-être maturité même. Parce que je suis plus livré à moi-même. Je n’ai plus papa et maman derrière moi. Déception, je n’en ai pas eu. A part Amélie peut-être. Voir question 19.

29. Voir question 19.

30. Les enfants m’ont bluffée dans l’intégration, ils m’ont prouvé qu’ils pouvaient être plus matures que ce que je pensais. Ils m’ont fait changer un peu l’image que j’avais des enfants même si je n’avais pas une image négative. Je pensais que c’était plus des petits monstres. Là, j’ai une autre vision vis-à-vis d’eux. Les camps que j’ai faits juste après, j’ai été trop perturbée parce que c’était trop différent et j’ai l’impression que les enfants handicapés ils apportent une harmonie dans un camp. L’ambiance que j’ai eue dans ce camp et le plaisir que j’ai eu dans ce camp, je ne le retrouverai nulle part. C’est la particularité de ces enfants handicapés, ils peuvent nous apporter quelque chose que personne d’autre ne peut nous apporter.

31. Voir question 30.

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32. Ça m’a aidé oui. En regardant les autres animateurs, j’ai vu les réactions que j’aurais voulu prendre mais aussi les réactions que je ne voulais surtout pas prendre. Je ne dis pas qu’il y avait des mauvais animateurs car on a tous des mauvaises réactions mais ça m’a appris beaucoup autant sur ce que je devais faire et sur ce que je ne devais pas faire. J’observe souvent beaucoup et c’est souvent très enrichissant parce qu’on voit la réaction des enfants, sur ce qu’on peut faire ou non avec eux. Je n’ai même pas d’exemple de réactions, je sais juste que ça m’avait marqué.

33. /

34. Ça c’est fait au fur et à mesure mais il n’y a pas eu un moment mais pendant le camp, je ne me le suis pas dit. Pendant le camp, j’ai vécu le camp. C’est après, surtout après un camp pareil tu y repenses, mais je n’ai pas eu de déclic.

35. C’est pareil. Mais il y a eu une évolution. C’est après que je me rends compte que ma vision des choses a changé.

36. a) Je crois que je n’étais pas assez avec eux, pour vivre une situation qui m’aurait mis mal à l’aise.

b) Oui, avec Julie. J’étais mal à l’aise mais je pense que ma réaction, j’ai pu la comprendre un peu. Mon histoire m’a aidé à comprendre des choses qu’à mon avis d’autres gens n’ont pas pu comprendre durant le camp. Ça m’a aidé à avoir des réactions qui, je pense, étaient adaptées à la situation. Je pense ça, parce qu’elle ne m’en a jamais voulu. Je lui ai fait un câlin après toute cette histoire et je pense qu’elle a apprécié ce câlin. Elle sait qu’elle nous a choqué et fait mal mais ça ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie. Et Amélie, je n’arrivais pas à communiquer avec elle, et toujours pas, même à la fin du camp, je ne peux pas dire qu’il n’y a pas eu d’évolution mais en tout cas pas une comme je voulais. Les autres enfants je ne pense pas que j’ai été mal à l’aise vis-à-vis d’eux, mais ce sont ces deux-là.

37. Oui, mais j’ai du mal à le dire. Mais j’ai réagi avec les enfants handicapés comme je réagissais avec des enfants normaux, oui ça a dû changer des choses mais pas du tout au tout. Moi, je ne m’en rends pas forcément compte. Tu le places peut-être plus dans la maturité ? Oui, ça m’a apporté beaucoup à moi, mais pas au niveau de l’animation en général.

38. Oui.

39. a) Sauf Amélie oui.

b) Oui, parce que j’ai pu discuter de certains handicaps et faire comprendre à certains enfants qui posaient des questions. J’ai pu leur faire comprendre certaines choses. As-tu des exemples de questions que les enfants ont posées ? Oui, Ils ne comprenaient pas pourquoi Fabien s’en allait comme ça pendant le repas, il a fallu expliquer qu’il ne savait pas communiquer et que s’il avait envie de faire pipi, il devait se lever et y aller. Pourquoi Isabelle mangeait lentement et mal, il a fallu leur expliquer. Ce n’était pas méchant, c’était vraiment de la curiosité tout à fait normale. Je suis contente qu’ils me les posent ces questions, ça veut dire que j’étais quand même un minimum proche d’eux. Ce qui est important pour moi, d’être proche des deux types d’enfants.

c) Oui, même si je pense que je n’ai pas eu un grand rôle à donner. Je suis satisfaite parce que je ne vois pas ce que j’aurais pu apporter d’autres.

d1) Oui, j’ai un bon exemple, où j’ai appris cocodicodicoda à Gérome et qu’il a réussi à le dire, là il m’a apporté beaucoup de bonheur. En plus, comme il a des problèmes de prononciation, … Ou même le fait qu’il arrive à la mémoriser et les gestes en même temps. Les voir tous faire ce cocodicodicoda, je n’ai jamais été aussi émue de ma vie quoi. C’était beau.

d2) Oui, car ils m’ont bluffée complètement.

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40. Je pense que mes outils, c’est ma façon d’animer par rapport à mon expérience, il y avait énormément d’animateurs qui n’avaient pas d’expérience. J’ai plus apporté des réponses en général, vis-à-vis des horaires, des responsables, des questions que les animateurs se posaient et qu’ils n’osaient pas poser au responsable, c’était chez moi qu’ils venaient. Pas par rapport aux enfants. Par exemple, j’ai fait l’animation parachute, d’ailleurs je suis très fière de cette animation où j’ai réussi à faire tenir les enfants 1 heure ½ sans qu’ils arrêtent. Je suis trop fière de ce truc. Là, comme j’étais toute seule face aux enfants, ils ont pu voir des réactions qu’ils pouvaient avoir, des exemples de réactions face aux enfants. Ce qu’il faudrait faire une fois, une animation à 3 animateurs pour donner un exemple d’une activité type.

41. A table, il y a eu des moments où j’avais envie de voir d’autres enfants une fois. Etre avec elle, m’a dérangé parce qu’elle choisissait les enfants avec qui elle voulait aller, et c’était souvent les mêmes. Je crois qu’Amélie, ça ne me dérangeait pas de l’avoir à côté de moi, ce qui me dérangeait c’était ma réaction entre elle et moi mais pas elle.

42. a) Je ne crois pas que j’aurais pu faire mieux que la responsable, je reprendrais beaucoup de ces points : les fiches qu’elle a faites sur les enfants handicapés, les horaires très fixés et clairs et nets, les réunions le soir très bien et la manière dont elle dit les choses. Il y a des choses que je changerais sans doute mais ce sont des petits détails.

b) Je crois que les handicaps qu’on a eus, ça va, même Amélie ça peut être gérable pendant un camp. Je crois que les handicapés moteurs qui ne savent vraiment pas marcher, je ne prendrais pas, je crois qu’on est pas formé, ceux qui ont besoin de soins médicaux aussi d’ailleurs. On a quand même un manque de formation et il faut s’en rendre compte à moins qu’on nous amène une infirmière ou quelqu’un de formé.

c) Je pense qu’il faut un moment ou les activités sont séparées si on veut avoir un moment pour apprendre à les découvrir. Au début, ils n’étaient pas spécialement à l’aise d’être avec ce grand groupe et le matin par exemple, ils étaient contents de pouvoir se retrouver ensemble, c’est nécessaire. Même si c’est un camp intégration, c’est un fait c’est comme ça, ils sont comme ça et on ne peut pas non plus pénaliser les enfants normaux par exemple avec les bricolages. Pour permettre aux enfants normaux de profiter de leur camp et pour permettre aux enfants handicapés d’aller à leur allure à certains moments.

43. Voir question 42.

44. Oui, dans des camps où il n’y a pas d’enfant handicapé, il faut les soumettre à certaines règles qu’ils ne peuvent pas dépasser. Tandis qu’avec des enfants handicapés, inconscients de certaines choses, il faut un peu plus se plier à certains de leurs désirs, ils sont parfois un peu plus les rois que ce qu’on laisse faire dans d’autres camps. Il faut influencer notre caractère en fonction d’eux, ce qu’on ne peut pas faire dans un camp normal où on est les animateurs, on décide et c’est tout, au sinon, ça devient ingérable. Avec les enfants handicapés, c’est tout à fait gérable s’ils font un peu n’importe quoi. Il y a des activités qu’on ne peut pas faire. Mais il n’y a pas d’activités propres, il faut adapter en fonction de leurs handicaps.

45. De la motivation, aimer les enfants. Un esprit de groupe, si on a une bonne équipe, ça ira mieux pour les enfants moins valides et valides. En te montrant la liste y a-t-il des choses que tu pointerais plus particulièrement ? La remise en question. Ils sont tous nécessaires, mais tous au même niveau, ils s’égalisent entre eux. C’est une balance qu’il faut accorder.

46. Beaucoup de patience. Il aurait fallu un peu d’expérience pour certains, il y en a qui s’en sont très bien sortis mais qui ont sans doute fait le scoutisme ou qui ont eu des frères et sœurs qui leurs on permis de savoir, il faut une expérience d’animation avant. Il ne faut pas juger. Faire preuve d’empathie ? Oui, c’est ça, il faut s’adapter à lui et ce

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n’est pas parce qu’il a cette réaction-là ou celle-là qu’il faut… Au sinon, on est parti dans une mauvaise spirale. Je dis ça pour les enfants handicapés, parce qu’on jugera moins facilement un enfant normal parce qu’il aura des réactions moins choquantes. De la motivation de toute façon et aimer les enfants. Un esprit de groupe, si on a une bonne équipe, ça ira mieux pour les enfants moins valides. En te montrant la liste, y a-t-il des choses que tu pointerais plus particulièrement ? La remise en question par rapport à soi-même et ses réactions, parce qu’on a tellement de réactions qui sont différentes de la vie de tous les jours, avec les enfants valides, c’est moins nécessaire, parce qu’on se connaît plus vis-à-vis d’eux, surtout ceux qui ont de l’expérience. Pour les enfants valides, on se connaît avec eux. Et pour les moins valides, c’est moins nécessaire si on a déjà eu des expériences. Ils sont tous nécessaires, mais tous au même niveau, ils s’égalisent entre eux.

47. a) Gérome qui fait cocodicodicoda ou de voir les autres. C’est un moment magique. Voir question 39.

b) Quand je me suis énervée sur Amélie parce qu’elle ne voulait en faire qu’à sa tête et je n’aime pas m’énerver sur des enfants comme ça, je crois qu’elle m’a vraiment parfois mise à bout, je n’ai pas eu de réactions méchantes mais ce sont des réactions que moi personnellement je n’accepte pas, même si ça peut ne pas choquer.

48. a) A un souper où je n’ai jamais autant rigolé. Où je n’étais pas avec Isabelle et je ne devais pas m’occuper d’un enfant difficile et j’ai pu rigoler avec eux. J’ai enfin pu me lâcher, je crois qu’ils ont vu ce que c’était quand je me lâchais et je pense qu’ils ont été étonnés eux-mêmes mais…J’avais des responsabilités en moins, quand j’ai des responsabilités sur le dos, il y a des choses que je ne peux pas faire et je ne les ferais pas mais me retirer parfois quelques responsabilité j’aime bien le faire, je l’avoue.

b) Quand ils poussent la charrette d’Isabelle, il y avait des moments où ils exagéraient et ils ne se rendaient pas compte que ce n’était pas un jouet. Même si je sais que ça partait d’un bon sentiment. Il y a certains animateurs qui m’ont choquée, j’ai demandé à un animateur de pousser et j’ai retrouvé je ne sais plus qui derrière. Ou alors il faut qu’un animateur reste à côté.

49. Voir question 47 a).

50. Voir question 47 b).

51. Oui, pour tout ce qu’ils m’apportent.

52. Voir question 42.

53. a) Je suis quasi sûre que oui, je pense qu’ils se sont vraiment bien amusés.

b) Je crois aussi, je pense qu’ils se sont vraiment bien amusés.

54. Oui, j’ai eu la chance de vous avoir toutes les trois pour moi, ça m’a aidée, j’allais voir l’une ou l’autre et vous avez trois visions différentes mais vous vous complétez toutes les trois donc pour moi, c’était le pied.

55. Oui mais pas sur un point précis, au niveau de la maturité. C’est plus vis-à-vis de mes réactions, j’arrive plus à prendre les choses en mains. Ce camp m’a aidé, parce que ça m’a fait réfléchir pour moi et que ça m’a apporté beaucoup de bonheur. Maintenant, il y a aussi du négatif, je n’arrive pas à ravoir tout ce bonheur avec les enfants normaux. Je n’arriverais pas à ravoir ça, à part si je repars avec des enfants handicapés. Je n’arriverais pas à m’émerveiller devant un cocodicodicoda.

56. S’ils l’ont pris au sérieux, oui. Mais certains ne l’auront pas pris au sérieux. Sûrement, comme ça les fait un peu réfléchir, sur le moment même, ils ont du se rendre compte de certaines choses. As-tu entendu des réflexions ? Non. Penses-tu qu’il aurait pu te servir si je te l’avais fait passer pendant le camp ? Je crois que ça m’aurait embêté, moi

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il me faut toujours un temps après pour y revenir, y repenser. Je crois que ça m’aurait embêtée de passer, je ne sais pas combien de temps à répondre à des questions alors qu’il y a des enfants qui m’attendent. Je ne l’aurais pas pris autant au sérieux. Et maintenant, le fait de te le faire passer, cela te sert-il ? Si parce que maintenant, je me rappelle de certaines réactions et qu’à mon avis, Amélie, je l’aurais facilement mise de côté et me dire que tant pis. Et là, ça me donne envie de retomber sur quelqu’un comme Amélie et d’y arriver. Les échecs, j’ai tendance à les effacer et je me rends compte qu’il ne faut pas que je les oublie. Penses-tu que faire un questionnaire comme ça en évaluation durant les camps peut-être intéressant pour les animateurs ? Je pense que ça dépendra des animateurs. Par écrit c’est plus facile, et c’est pour eux. Je crois que c’est nécessaire de le faire après le camp et pas pendant le camp pour que ce ne soit pas pris comme une évaluation, mais comme un projet pour eux-mêmes. Et s’ils veulent en parler, ils peuvent venir. Mais il ne faut pas les forcer parce que ça pourrait en bloquer certains.

GAELLE (18 ANS). – APRES LE CAMP LE 27/09/2004

(La seule ayant participé à l’entretien et étant animatrice du côté des enfants valides).

2. 23 juillet 1986.

3. Féminin.

4. Mathématique et Science pour la fin de ses humanités. Et va commencer des études de médecine.

5. Médecin.

6. Deux frères de 5 ans et 28 ans et une sœur de 13 ans.

7. Fini cette année la formation.

8. Les scouts plus Jeunesse et Santé depuis 2 ans.

9. J’avais choisi le camp « Santé », ça m’arrangeait au niveau des dates. J’ai choisi par rapport au thème. Je ne savais pas que c’était en même temps que les enfants handicapés. Je pensais que c’était totalement séparé. Comment as-tu réagi quand tu l’as su ? Moi, je trouvais ça bien. J’ai maintenant, peut-être le désir de faire la formation complémentaire pour m’occuper des enfants moins valides. Même si on était du côté Santé, il fallait quand même s’en occuper. De temps en temps les animateurs avaient besoin quand même de se relâcher et donc d’échanger un peu. Le fait de séparer, bloque la communication dans l’équipe, et à la fin on formait une équipe. C’est bien de mélanger les tâches.

10. Oui, comme ça dans la rue.

11. Comment réagissais-tu avant ? Je n’ai pas de réactions particulières, je me demande comment c’est de vivre si j’étais à sa place. Penses-tu que ta réaction va changer ? Oui, je vais me dire que c’est dur de vivre comme ça autant pour lui que pour les gens qui l’entourent, c’est une charge très lourde de s’occuper d’enfants handicapés. On ne sait pas si l’enfant a conscience ou non de ce qu’il est par rapport aux autres. Je suis plus sensible par rapport à la vie de l’entourage.

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13. C’est un être humain qui a quelques capacités moins développées.

14. On est tous un peu handicapé, on a tous des choses qui ne fonctionnent pas normalement. Par exemple par rapport au physique, il y en a qui sont beaux. Ou pour l’endurance, il y en a qui n’arrivent pas à courir aussi vite, on pourrait dire que ceux-là sont handicapés. On a tous un handicap par rapport aux autres. Il y a des handicaps plus visibles que d’autres.

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15. Oui, je n’avais jamais vu d’enfant autiste, et ça m’a étonné. Certains enfants étaient chez les moins valides mais moi je ne comprenais pas pourquoi ils y étaient. Par exemple, Benjamin, et comme ça de l’extérieur j’aurais plutôt mis Jonathan, j’aurais fait l’inverse. Mais après, j’ai trouvé que c’était justifié tout comme pour Julie. Est-ce que ça t’a servi à savoir-faire des catégories dans les handicaps ? Il y en a qui savent se débrouiller tout seul et d’autres, c’est comme si on complétait cette personne. Exemple Amélie, on la complète. C’est par rapport à l’autonomie.

16. (La question n’a pas été posée.)

17. Oui, je ne m’étais jamais posé la question avant. Maintenant, je trouve que c’est possible. Au début, c’est évident que ça bloque car on ne sait pas comment réagir quand il fait tel geste ou tel acte mais grâce à l’apport des parents et nos activités on y arrive.

18. C’est rare qu’un enfant me donne un sentiment de répulsion, à moins que ce soit vraiment fort mais j’essaie toujours de relativiser, donc c’est possible que je rentre tout de même en contact avec lui.

19. J’aimerais bien en savoir un peu plus sur les autistes, leur monde, ce que c’est. Désir de renouveler l’expérience l’année prochaine ? Oui, moi en tant qu’animateur intégration pas du côté des enfants valides. Je suis curieuse de savoir, je me demande pourquoi, comment on peut rentrer en contact avec eux.

20. Plus d’intérêt pour l’autisme. Plus de crainte pour les handicapés qui sont plus brusques et plus dangereux, pour eux et pour nous. C’est un imprévu qui peut déboucher sur n’importe quoi.

21. L’intérêt il a grandi. De la crainte il n’y en a pas vraiment, mais je me sens plus à l’aise avec les enfants extraordinaires. Est-ce que ça t’a servi pour les autres enfants ? Oui, j’ai tendance à être un peu plus pas mère poule mais plus tendre. Parce que les enfants extraordinaires ont besoin de beaucoup plus de tendresse et j’en ai donné aux autres en même temps.

22. On a plus appris sur le coup qu’avant. Au début du camp, je me disais qu’il y avait les animateurs pour chaque enfant et je ne me posais pas de questions mais une fois sur place, je me suis rendue compte que ce n’était pas possible de fonctionner comme ça. Et que tous les animateurs, devaient s’occuper des enfants handicapés.

23. Au départ, je suis rentrée en contact avec des enfants extraordinaires en pensant que c’était des enfants valides, donc je n’ai pas pensé qu’il fallait adopter une démarche particulière. Et pour Fabien et Amélie, je faisais comme avec tout enfant et j’adaptais. L’observation a-t-elle pu t’aider ? Oui, tous ceux qui étaient souvent en contact avec ces enfants-là, je n’ai pas posé de questions, j’essayais d’apprendre par moi-même.

24. J’avais un projet en tant qu’animatrice, essayer d’être moins froide, c’est mon caractère mais je me suis rendue compte que les enfants avaient besoin de chaleur, et c’est à moi à améliorer les choses. Je n’avais pas d’optique future.

25. Peut-être pour Isabelle, il y aurait eu une différence si j’étais là ou non. Parce que là, il y avait vraiment un contact et je savais qu’elle le rendait mais pour les enfants autistes, je ne savais pas s’ils savaient que j’étais là. Je pense que les enfants autistes, reçoivent les messages mais ce n’est pas la priorité qu’ils font. Pour Julie, Benjamin, ils le savaient.

26. J’ai apporté de la joie, de l’humour, le sourire, la rigolade et du bien être, le fait de se sentir bien là où on est dans le camp.

27. Je n’y ai pas apporté quelque chose toute seule, mais avec toute l’équipe d’animation par rapport aux équipes que l’on faisait, les mettre à table, à force de le répéter, ça a donné quelque chose, ils s’entendaient bien tous ensemble et après ça venait d’eux-mêmes.

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28. Oui, je me sens utile, le sentiment que je ne fais pas tout ça pour rien, ça donne un but à l’existence.

29. a) Une ouverture sur le monde, un meilleur intérêt pour les enfants extraordinaires et une autre considération de ces personnes.

b) Non, parce que je n’ai pas de projet particulier. c) Adapter mes animations, faire attention à la manière dont je le dis, parce que pour

moi, ça peut sembler clair mais par forcément pour eux.

30. Ils m’apportent toujours quelque chose, mais je ne sais pas forcément quoi.

31. Ça m’a fait comprendre que parfois on avait un regard faussé, les enfants et nous, sur des choses qu’on ne connaissait pas. Heureusement qu’on est là, pour faire en sorte de faire avancer les choses, faire ouvrir les yeux sur la réalité que ce sont des enfants comme les autres. Faire ouvrir les yeux aux enfants, penses-tu que ça t’a fait ouvrir tes yeux à toi aussi ? Oui.

32. Oui, les considérations qu’on me faisait le soir, m’amenait à changer quelque chose dans mes animations ou reconsidérer la manière dont je les avais faites.

33. /

34. Des fois par rapport à Amélie, avant je ne lui parlais pas, je me disais qu’elle ne comprenait pas. Je lui donnais juste à manger et après, j’ai commencé à lui parler parce que j’ai entendu qu’ils comprenaient malgré tout, même s’ils donnent l’impression de ne pas comprendre. Ça faisait monologue mais je lui parlais quand même.

35. Non, je pense que je suis restée la même pendant 10 jours.

36. a) Une enfant valide, voulait quelque chose de sa cacahouète, je lui ai dit qu’elle aurait quelque chose, et finalement elle venait me demander quelque chose, je lui ai donné quelque chose. Mais je me suis dit, la prochaine fois, il faudra faire attention à ce que tu dis.

b) Au début, j’étais mal à l’aise parce que je devais les laver, et j’avais l’impression de rentrer dans un terrain interdit. C’est l’intimité de chaque personne mais apparemment ils l’acceptent, parce qu’ils savent qu’ils ne savent pas le faire eux-mêmes.

37. Par rapport à Julie, l’histoire qu’elle a dite, qu’elle voulait se suicider, j’étais refroidie, qu’à cet âge-là, on était aussi possessif. As-tu changé d’attitude avec Julie ? Non, au contraire, je me suis éloignée un peu d’elle, parce que je me disais que si j’étais plus proche, elle allait l’être aussi et je ne le sentais vraiment pas. Surtout par peur de rentrer dans quelque chose ou je ne pouvais plus en sortir, j’avais peur de mettre les pieds où il ne faut pas.

38. Oui

39. a) Oui, les activités en tant qu’animateur santé, je voyais que les équipes étaient bien, j’étais contente d’avoir pu participer à l’intégration.

b) Moyen, j’aurais pu plus améliorer le point santé, le thème qui n’a pas été assez abordé. On a fort misé sur le thème intégration.

c) L’ouverture sur tous, de l’intérêt. d1) Oui pour l’intégration. d2) Plus ou moins. Je trouve que la rencontre leur apporte plus à eux qu’à nous.

40. Non, j’aurais pu travailler plus ce côté-là.

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41. Il y en a que je fuyais à certains moment : Amélie parce qu’il faut aussi s’occuper de tous les enfants autour et on a tendance à un peu l’oublier. Et Julie parce qu’elle s’attache.

42. b) Je crois que tous les handicaps étaient à leur place, mais je ferais plus de préparation pour les animateurs.

c) J’insisterais plus sur le point des activités santé. Au sinon, je trouvais les activités bien disposées. Au niveau des chambres ? Au début, ça allait mais après le changement, il fallait plus s’occuper d’elles. Il aurait fallu plus de référents par rapport aux enfants moins valides, je ne savais pas à qui m’adresser s’il y avait quelque chose qui n’allait pas.

43. (Voir question 42.)

44. Il faut adapter plus les activités. Et les adapter, on ne sait pas forcément les faire très à l’avance. Il faut veiller à ce qu’elles ne soient pas trop compliquées mais toujours attrayantes.

45. Etre ouvert. Imaginatif. Cultivé. Responsable. Juste. Equilibré. Si je te montre une liste, en ciblerais-tu plus ou non ? Elles sont toutes utiles à différents moments. Mais au final, elles se complètent plus.

46. Ce sont les mêmes que pour la question 45. Si je te montre une liste, en ciblerais-tu plus ou non ? Echange. Se mettre au même niveau. Altruisme. Patience, il faut être fort patient. Celle-là un peu plus.

47. a) Quand on attendait avec les moins valides le début de la veillée en bas, c’était un moment chaleureux, tendre, innocent, personnellement j’étais hors du temps. b) Les histoires de possessivité entre Julie et les autres enfants.

48. a) J’aimais bien les chemins que l’on faisait, on avait l’occasion de se balader, d’aller devant, derrière.

b) Quand il fallait sans arrêt aller sermonner les garçons, j’avais l’impression de ne pas être entendue.

49. Quand je lui faisais prendre sa douche, je chantais avec elle.

50. Il n’y en a pas eu.

51. Oui, (voir question 19.)

52. (Voir question 42.)

53. Oui, des deux cotés, ils auront envie. Il y en a qui ne voudront de toute façon pas car ils n’ont pas forcé la barrière de l’ouverture.

54. Oui. Te souviens-tu de questions que tu as posées ? Oui, est-ce qu’il y en a qui comprennent ou pas quand on leur parle. Est-ce que c’est normal qu’il aille tout le temps aux toilettes ?

55. Oui, avec tous les enfants. J’aurais plus de bien être, plus d’ouverture.

56. Ça les a fait réfléchir à ce qu’ils avaient vécu. Parce qu’ils vivent un camp, mais le fait de leur poser des questions, ça va les amener à y penser, y réfléchir. Penses-tu qu’il aurait pu te servir à toi durant le camp ? Oui, ça m’aurait servi à voir les choses sous un autre regard par rapport aux conseils, … Des choses à rajouter ? Personnellement, j’ai envie de refaire un camp. Ton questionnaire est complet, il est long mais complet.

CAROLINE (20 ANS). – APRES LE CAMP LE 15/07/2004

193

57. 2 septembre 1983.

58. Féminin.

59. Droit.

60. Politique pour les ONG au niveau international.

61. J’ai 2 frères, 16 ans et 7 ans.

62. Formation de coordinatrice de centre de vacances et formation Anijhan (Animation de jeunes handicapés).

63. Cela fait 5 ans, que je suis à Jeunesse et Santé et c’est la deuxième fois que je fais le camp moins valides.

64. L’année passée, c’était parce que c’était une des seules places qui restait. Je n’ai pas décidé tout de suite de le faire, j’ai d’abord rencontré la responsable et je me suis posé des questions sur la faisabilité pour moi. La décision de faire ce camp cette année, c’est aussi parce que j’ai eu le désir de faire la formation, je me suis rendue compte que ça m’avait apporté plus que ça ne m’avait coûté même si ça m’avait coûté beaucoup l’année passée. Et c’était à moi de m’armer mieux par rapport à ça, et le désir de la formation, c’était pour plus cerner ce qui était améliorable.

65. Très peu, j’ai fait 48. 81.00. Au moment où c’était des personnes paraplégiques mais j’avais peu de contact avec eux, mais plus avec les parents des enfants.

66. On vendait et les parents avec les enfants sont venus relever les sous et il y avait leur fils qui était présent à l’arrière de la voiture et j’ai dit bonjour, mais je n’ai pas dit plus. Parce que je ne savais pas s’il me comprenait et que clairement ça me faisait peur de voir des tics comme ça. Le premier contact fait peur clairement. J’étais jeune moi et maintenant, je n’aurais plus ça. Je n’ai pas eu particulièrement peur la première fois du camp l’année passée. Je pense que c’était clairement l’âge qui jouait. Il y aura toujours une certaine anxiété mais qui n’empêchera pas la communication. Je ne sais pas comment la communication va être reçue, en commençant par parler avec les enfants, on ne commence pas à les toucher mais on peut aller vers, les toucher plus tard. La manière première de rentrer en communication sera la même qu’avec n’importe qui d’autre.

67. (Voir question 9.)

68. Une définition je ne sais pas, il y tellement de handicaps différents. Je ne sais pas donner une définition du handicap particulier.

69. Je dirais que l’enfant handicapé est quelqu’un qui a des difficultés à s’adapter à ce que nous, nous considérons comme normal. A ce que nous, nous considérons comme ça doit fonctionner. Sans que ce soit forcément eux qui sont dans l’erreur mais on a un certain standing, une norme. Qu’est-ce que c’est la norme ? Je pense que ça dépend très fort du groupe. Pour l’humanité un homme est quelqu’un qui sait marcher, parler mais que maintenant, dans un groupe précis ça va être quelqu’un qui s’habille de cette manière-là, qui parle de cette manière-là. Donc la norme est variable en fonction du groupe dans lequel on est, et c’est plus ou moins strict en fonction du groupe. Il y en a qui sont très fermés sur des stéréotypes.

70. Il y a la grande différence handicaps physique et mental. Handicap physique les empêche de faire plus ou moins de choses mais au sein du handicap mental, je pense qu’il y a des enfants différents et pas forcément des handicaps différents et que un même handicap ne donnera pas forcément la même chose sur un enfant que sur un autre. Je connais les grands types de handicaps, j’ai étudié dans la formation. Mais le contact que l’on peut avoir avec deux enfants trisomiques peut-être très différent et se rapprocher très fort d’un contact que tu peux avoir avec un enfant autiste. Par rapport au contact, je peux difficilement faire des grandes catégories. Penses-tu que cette vision a évolué ? Oui, parce que pour moi, tout trisomique était trisomique. Tout autiste

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était un autiste, ne fut-ce que me rendre compte qu’il y a des niveaux différents. Je me rends compte que ce sont des êtres humains comme les autres et que donc ils ont des différences comme tout être humain, et donc arrêter de les classifier dans des catégories dans lesquels aucun être humain ne rentre mais qu’on a tendance à faire pour eux.

71. Maintenant je recherche le contact alors qu’avant je serais passé à côté de lui comme n’importe quel autre enfant. J’irais plus vers lui, je ne vais pas vers tous les enfants que je croise même si je vais beaucoup vers tous les enfants que je croise dans la rue qu’ils soient handicapés ou pas. Mais j’irais plus facilement parce que c’est un enfant handicapé. Peut-être pour compenser le fait que les gens ne le font pas, peut-être parce que moi ça me fait du bien aussi.

72. Oui, Fabien et Amélie. Avec Amélie, je me suis bloquée dans le mode de communication que ses parents nous avaient donné et qui pour nous n’a pas fonctionné clairement. Je me suis bloquée dans les pictogrammes mais ils n’ont pas fonctionné et puis on a développé notre propre mode de communication et je ne sais pas te dire ce que c’était, toujours est-il que ça passait. Mode de communication personnel entre moi et Amélie.

73. Il y a des enfants qui me dégoûtent ; ça ne m’empêche pas de rentrer en contact avec eux, mais ça m’empêche de m’occuper d’eux correctement. Je ne sais pas dire quel enfant va me dégoûter, c’est super subjectif. Karima l’année passée, elle me dégoûtait. Pourquoi elle, je ne sais pas. Peut-être parce que c’était mon premier camp aussi, je crois que c’est dû aussi à l’expérience qu’on a. C’est subjectif, c’est quelque chose d’humain qui passe ou qui ne passe pas. Et je pense que quelque chose que j’ai appris aussi, c’est qu’ils peuvent nous dégoûter aussi, et de ne plus culpabiliser si un enfant me dégoûte. Parce que ça peut ne pas passer avec un enfant moins valide comme ça peut ne pas passer avec un adulte et arrêter de me dire que comme ce sont des enfants moins valides, je dois les aimer et ce n’est pas vrai. C’est comme Léon qui se jette sur la nourriture, pourtant lui, c’est un enfant tout à fait normal.

74. J’ai envie de faire une formation en langue des signes de manière générale pas juste pour les enfants moins valides. Pousser plus loin toutes les manières de communiquer, toutes les alternatives qui sont instituées, dans le but de pouvoir plus facilement m’adapter. Peut-être que si j’avais appris comment utiliser les pictogrammes, j’aurais pu rentrer plus en communication avec Amélie, les pictogrammes c’est bien joli mais il y a une manière de les utiliser. Ce n’est pas juste comme ça. Par rapport à ce camp-ci, les problèmes psychologiques, même si je pense que les enfants qui ont des problèmes psychologiques n’ont pas leur place ici, parce qu’on est vraiment pas formé pour ça. J’ai su adapter les activités, apporter un bien être mais je n’ai pas eu le côté psychologique qu’on peut leur apporter en cas de crise.

75. J’aime bien les enfants trisomiques, mais ça ne veut rien dire, parce que ça dépend de chaque enfant. J’ai plus simple avec les enfants qui parlent. J’ai remarqué qu’on a beaucoup plus dur avec les handicaps légers. Parce que quelqu’un qui fait tout comme vous, vous attendez de lui qu’il fasse vraiment tout comme vous. Hors on a tendance à oublier qu’ils sont handicapés et donc plus lents. On a tendance à oublier qu’ils sont handicapés, et ne pas supporter cette lenteur, ne pas supporter qu’ils ne soient pas aussi efficaces que nous. Tandis que quelqu’un qui est fortement handicapé, on s’adapte, on ne lui demande pas plus que ce qu’il peut faire, on accepte ses limites. C’est le problème que moi j’ai eu, ne plus accepter les limites d’un enfant parce qu’elles sont trop proches des nôtres.

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76. Je me sens nettement plus à l’aise, je ne sais pas expliquer en quoi exactement, c’est un sentiment général, de savoir affronter ce qui va se passer, de reconnaître des situations à la place de les découvrir. Je voudrais ne plus faire que ça, j’ai le désir de renouveler mais le fait de ne faire que ça, j’ai l’impression de perdre un peu mon rôle d’animatrice. Je suis plus animatrice que mère poule, je pense qu’il faut malgré tout des animateurs qui restent animateurs durant le camp au sinon, on n’a plus que des mères poules.

77. Sincèrement, j’étais en blocus et je n’y ai pas mis toute l’attention nécessaire à l’avance. Je pense que c’est le premier soir qu’il aurait fallu relire les fiches médicales. A l’avance, ça ne veut pas dire grand chose. Alors on sait mettre un visage, sur les astuces, …

78. Voir question 11 et 17.

79. 1) C’était un test, parce que l’année passée, j’étais ressortie du camp en me disant : plus jamais les enfants handicapés. Test de le faire ou pas, test de savoir si la formation sert à quelque chose ou non. Je ne peux pas vraiment dire si la formation a permis que je me sente mieux ou non. Je pense que c’est un ensemble qui m’a permis de me sentir mieux à ce camp-ci. Un projet : mettre ensemble mes convictions et mes actions, je ne pourrais pas supporter de parler d’intégration et d’un monde meilleur et de mon côté de ne rien faire. Mes idées, c’est l’intégration, droit au loisir pour tous aussi.

2) /

3) /

4) Je pense que tout échange humain peut m’apporter quelque chose pour le futur et le

camp moins valide est quand même une espèce d’échange humain assez intense.

80. Pas personnellement, mais je pense que l’équipe moins valides leur a apporté beaucoup de sécurité et une bonne ambiance de camp, je pense que les animateurs y sont pour beaucoup dans cette ambiance de groupe qu’il y a eu entre les enfants moins valides et je pense qu’on leur a offert de magnifiques moments familiaux. Je pense que les enfants moins valides ont passé un très bon camp, un camp où ils vivaient en groupe et leur apprendre la socialisation et la vie en plein air des camps. On leur a apporté tout ce qu’un camp apporte à des enfants qui font des camps tout à fait normaux, la vie en groupe, on leur a apporté ça aussi.

81. C’est de sortir de leur bulle familiale, donc l’autonomie et le fait de tenir compte d’autres personnes autour d’eux. Une certaine discipline, le respect de règles parce qu’au sinon, il n’y a personne qui s’en sort. La coopération, qui est forcément plus grande quand on est 25 que deux ou trois à la maison. La socialisation clairement dans tout ce qu’elle a de positif et parfois de négatif, tenir compte de ce que veulent les autres. Les valeurs de Jeunesse et Santé quoi.

82. Je pense que l’intégration a de nouveau très bien fonctionné comme l’année passée. Et de nouveau on a appris la tolérance à ces enfants et l’adaptation. Pour eux, c’est bien aussi, la prochaine fois, qu’ils auront l’inconnu en face d’eux, ils savent que l’inconnu peut devenir connu. On peut l’apprivoiser, on peut en faire quelque chose. Eux ne seront plus handicapés face à l’inconnu, donc on leur a enlevé un handicap à ces enfants.

83. Je retire la même chose que les enfants. Que ce soit avec les enfants ou le groupe d’animateurs, on a les mêmes contraintes avec quelques chose en plus, c’est un apprentissage magnifique pour apprendre la responsabilité, je pense qu’être animateur est la meilleure manière d’apprendre la responsabilité de manière agréable.

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84. a) La tolérance. Apprendre aussi à dépasser l’inconnu. Apprendre à voir l’être humain qui se cache derrière quelque chose. Derrière une façade qui peut être moins plaisante d’un premier abord. Les enfants moins valides sont généralement marqués sur le visage. Passer outre le concept de beau de la société, et voir la personne qu’il y a derrière et c’est applicable à tous. Ça ouvre à la différence et permet d’aller plus facilement vers la différence. Ça relativise ce que l’on considère comme normal.

b) /

c) La capacité d’adaptation d’un jeu, je pense que c’est le camp où on apprend le plus

à adapter un jeu. La patience, je pense que je suis plus patiente. Moi aussi, la notion

de mère poule que je n’avais pas avant. Avant, j’étais juste animatrice quoi.

S’occuper d’un enfant plus. Maintenant, j’en suis plus capable.

85. De l’amusement. La responsabilité. L’attachement que te porte un enfant est désintéressé, détaché. Ça ne sert à rien de mentir à un enfant. Tu es comme tu es. Tu ne pourras pas lui mentir. Donc, lui quand il te dit : je t’apprécie beaucoup, il ne te le dit pas pour obtenir quelque chose mais il te le dit pour ce que tu es toi, parce que tu n’as pas pu lui cacher. Le fait de faire du bénévolat et de savoir qu’à Jeunesse et Santé on risque d’avoir des enfants qui vivent des situations difficiles, c’est dans le même ordre d’idée que les enfants moins valides. Bénévolat c’est dans l’idée de permettre à tout le monde d’avoir des vacances et moi, ça me donne l’impression d’être utile. De faire quelque chose pour que ça change à mon niveau.

86. (Voir question 27).

87. Par exemple, Arthur et Adrien qui se rebiffent par rapport à Amélie, moi, ça me fait réagir à l’inverse, je vais aller la sécuriser parce qu’elle le sent. D’une part ça me fâche très fort par rapport à eux et d’autre part, je me dis, je vais aller lui donner la tendresse qu’on lui a volée. J’ai aussi les réactions en sens inverse. Un enfant qui est le chouchou d’un animateur et ça se voit, moi je vais être plus distant par rapport à lui. Plus compenser ce qui se passe autour. Je n’observe pas vraiment ce que les animateurs font avec les enfants mais plus alors ce que l’on dit le soir : moi, j’ai fait ça et si ça fonctionnait, je le referais sans doute. Peut-être parce que, je n’ai pas eu l’impression de ne pas rentrer en contact avec un enfant handicapé.

88. /

89. Il a bien dû se passer quelque chose avec Amélie pour que je me dise ça y est la communication est possible mais quoi je ne sais plus. C’est plus par rapport à Amélie, parce que les autres, il n’y avait pas de problème de communication. Fabien je le connaissais de l’année passée. Et le seul pour lequel il doit y avoir une question sur la communication possible pour moi, c’est Amélie. Je pense que ça doit être lié aux 2 garçons qui me disaient qu’ils trouvaient qu’Amélie, n’était pas adaptée à ce camp-ci, je leur ai répondu qu’on était le premier jour et qu’il fallait peut-être attendre un petit peu et que l’image d’Amélie était faussée parce qu’elle avait un handicap plus lourd que tous les autres enfants. Et c’est peut-être ça qui m’a fait dire qu’il fallait que je leur prouve que c’était possible de communiquer avec Amélie. L’année passée, Fabien, il n’y avait pas moyen d’avoir le contact avec lui et j’y suis arrivée quand il n’a pas enlevé ma main quand j’ai voulu prendre la sienne.

90. Julie, quand j’ai vu que son problème était aussi profond au sinon, clairement elle aurait passé un meilleur camp.

91. a) Je ne les ai pas beaucoup vus, oui j’ai parfois coupé court à des conversations : il y avait une gamine qui avait l’air d’étaler sa vie privée avec son papa et les histoires

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n’étaient pas drôles mais je ne voulais pas qu’elle impose cela à table à tous les enfants. Si leur vie est bonne, elle est bonne et ils n’ont pas forcément besoin de savoir tout ce qu’elle disait, ils ne vont pas comprendre ce qui se passe. Si elle veut venir m’en parler, elle peut venir en parler mais pas devant tous les autres enfants. Il y en avait deux ou trois comme ça, qui étalaient leur vie privée à table et j’ai coupé court.

b) Par rapport à Julie oui, parce que je n’ai pas fait de formation en psycho et j’ai

tendance à dire ce que je pense et j’ai tendance à moins peser mes mots que toi.

Je réagis comme ça me vient, il y a toujours un minimum de réflexion derrière mais

je suis très mal à l’aise de la manipuler comme on l’a fait pour savoir la vérité. C’était

bof quoi, mais il fallait qu’on la fasse avouer, peut-être qu’on aurait pu le faire

autrement. Aussi le moment où j’ai donné le médicament à Amélie, j’ai dû la forcer.

Je l’ai mal vécu et après ça, j’avais besoin de lui donner moi-même à manger, j’avais

besoin de lui montrer : oui, je t’ai fait mal mais je ne voulais pas jouer le mauvais rôle

qu’on doit tenir. C’est dur à vivre.

92. Je laisse plus ressortir ma sensibilité quand je suis avec des enfants moins valides parce qu’eux en ont besoin, donc je me sens plus en sécurité pour la montrer. A ce moment-là, ce n’est pas me mettre à nu, puisque eux en ont besoin, donc c’est utile pour eux. On leur apporte cette sécurité qu’ils ont besoin.

93. Oui.

94. a) Oui, je pense que j’ai participé, que j’ai bien géré cette équipe aussi, les animateurs se sentaient en confiance avec moi. Je devais faire aussi en sorte que les enfants se sentent bien avec les animateurs.

b) Oui, je pense que je les ai bien animés durant les animations mais je n’ai rien fait de

plus. Ce qui leur permettait de rentrer bien dans les jeux.

c) Je n’ai pas eu l’impression d’être super responsable de l’intégration, ça c’est fait tout

seul. Quelques fois, oui, remettre les choses au point mais je pense que je l’ai fait

moins bien que toi parce que moi je n’étais pas avec les enfants valides, j’ai du

réagir plus au niveau des remarques à faire que de répondre à leur question. Mais je

pense qu’on n'est pas super responsable de l’intégration qui se fait, ce sont les

enfants eux-mêmes qui le font.

d1) Oui, Amélie m’a permis de mettre en pratique toute cette notion de communication

non verbale, j’ai eu un bon contact avec tous, et avec tous, j’ai été assez mère

poule, assez animatrice et assez adjointe du camp.

d2) Oui, de bons moments, c’est quelque chose de beau, c’était un chouette groupe

quoi.

95. Je n’en ai pas apporté des masses, mais je pense que quand on a fait des exemples, on a fait de bons exemples. Je pense avoir beaucoup écouté Arthur et Adrien quand ils en avaient besoin.

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96. Je n’ai pas eu très souvent des handicaps vraiment embêtant à table. Il y a quand même des moments où ça me pompait un peu l’air, pas de m’occuper d’Amélie, mais d’être hors du groupe. J’avais peur qu’il se passe la même chose que l’année passée et que l’on dise que je ne faisais pas partie du groupe alors que je m’occupais entre autre d’un enfant qui s’écarte du groupe.

97. a) Non, je suis pour évidemment.

b) Quelqu’un qui est en chaise et qui ne sait pas sortir de sa chaise, qui n’a pas de

force dans les jambes. Isabelle, savait marcher, donc ça allait. Dans l’état actuel des

choses, personne n’a la formation pour. J’éviterais de mélanger handicaps physique

et mental. Je remontrerais les fiches médicales après le premier jour.

c) Je ne veux plus d’animateurs de première année de formation parce qu’ils ne savent

déjà pas ce que c’est un camp et que je considère pour faire un camp moins valide il

faut savoir ce que c’est un camp. Il ne faut pas découvrir le handicap au 1er camp

que l’on fait comme animateur. Il y a des bases qu’il faut connaître, dans lesquelles il

faut se sentir à l’aise pour pouvoir gérer la différence moins valide. Je voudrais des

animateurs référents par chambre, ne fut ce que chez les enfants valides aussi,

parce que ça permettrait un plus grand dialogue. Ça rejoint un peu l’idée mère

poule. Et ça permettrait un plus grand dialogue pour les enfants valides, pour poser

des questions sur les enfants moins valides. Je pense que je mettrais tous les

enfants moins valides au même étage, mais je n’en sais rien. Je pense que je

mettrais tous les enfants moins valides ensemble pour vraiment leur permettre

d’avoir leur moment à eux. Je ferais moins d’intégration, je trouve qu’il n’y a pas eu

assez de moment où les enfants moins valides étaient avec leur animateur référent.

Je ferais les temps d’équipes séparés, l’après-midi. 2 animateurs pour 3 enfants, par

exemple. J’adapterais en fonction des moins valides, peut-être plus d’activités, de

veillées moins valides. J’insisterais plus pour les jeux à avoir un animateur par

enfant moins valide, parce que finalement c’était 13 animateurs et 1 ou 2 pour

Amélie et Fabien. Alors que les jeux, se gèrent à 5-6 animateurs normalement.

98. (Voir question 42.)

99. Il faut être beaucoup plus mère poule, ne pas oublier le côté familial. Moins essayer de respecter un timing, plus de patience. Faire attention à moins se prendre dans les jeux, qu’avec les enfants valides. Le risque avec les enfants moins valides est qu’à la fin, toi tu joues et qu’eux ne jouent plus, tu joues à leur place. De l’animation mais avec énormément d’accompagnement.

100. Il faut être animateur. Si je te montre la liste, y en a-t-il que tu pointes plus que d’autres ? Le respect, la tolérance et l’ouverture, la communication. A partir du moment où tu as cela, tu as forcément une notion de partage.

101. (Il faut en plus de la réponse à la question 45). Plus de patience, d’observation et capacité de remise en question. Le but n’est pas de régresser, il ne faut pas se mettre à niveau. Je ne pense pas que partir en camp c’est complètement altruiste, on retire de

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toute façon quelque chose de partir en camp. On y va pour nous aussi. Je ne me considère pas comme altruiste quand je pars en camp. J’hésite sur l’empathie, mais je pense que ce n’est pas essentiel, il ne faut pas se mettre à la place de l’enfant, on doit pouvoir le comprendre mais ça passe par l’observation et la communication, il faut tenir compte de ses propres limites par contre.

102. a) Les enfants moins valides après la douche, le délire sur les câlins.

b) Adrien qui pête les plombs le dernier soir après avoir dû nettoyer Amélie, Adrien qui

a fait un super camp et qui au dernier moment trouve que ça n’a pas été.

103. a) Les shampooings anti-poux.

b) Je n’ai pas eu assez de moment avec eux, pour avoir un moment vraiment négatif.

Le problème c’est qu’après le camp tu idéalises, tu m’aurais demandé ça pendant le

camp, je t’en aurais trouvé un.

104. Benjamin qui m’aide à ranger la chambre, parce qu’il y avait une chouette complicité entre nous.

105. Les médicaments d’Amélie.

106. Oui.

107. /

108. a) Oui, je pense qu’ils ont passé un super bon camp.

b) De ce qu’ils m’ont dit, oui, ils se sont bien amusés, mais il y a sûrement eu des

réfractaires, qui ne le referont pas.

109. Oui, avec la responsable et toi. Même quand je t’ai refilé la patate chaude pour aller parler à l’enfant à qui je ne voulais pas aller parler. Je pense qu’on s’est bien soutenue toutes les trois. Pour les autres animateurs, penses-tu que ça a été vécu de la même manière ? De nouveau, je ne peux te parler que des moins valides, et je pense que j’ai été bien à leur écoute. D’après ce qu’ils m’ont dit, ça avait l’air d’aller.

110. La notion de patience et de mère poule, les adaptations d’activités, peut-être que maintenant, je serais plus douée pour animer des enfants plus jeunes alors qu’avant ça ne me tentait pas. Ce n’est pas ce que je recherche, non plus, je voudrais aller faire un camp avec des grands pour le moment. Surtout cette année-ci c’est une forme de responsabilité en plus par mon rôle d’adjointe au camp. C’est une forme d’apprentissage, malgré le fait que je sorte de trois mois de blocus, je crois que j’ai appris plus humainement durant ces 10 jours que durant les 3 mois devant mon bureau. Découvrir mes limites et accepter mes limites.

111. Ça leur à peut-être permis de réfléchir. As-tu entendu des réflexions ? Non. Penses-tu qu’il aurait pu te servir à toi, si je te l’avais fais passer au début et à la fin du camp ? Non, parce que je te dis que c’est mûrement réfléchi maintenant. C’est aussi sans cesse réfléchi durant l’année, mettre en adéquation mes actions et mes idées, c’est un engagement politique mûrement réfléchi aussi.

ARTHUR (18 ANS). – APRES LE CAMP LE 12/08/2004

112. 17 juillet 1986.

200

113. Masculin.

114. Fini ses études secondaires et va commencer des études d’infos et communication. Tu as une idée d’un futur métier ? Oui, dans l’édition ou bien journaliste.

115. (Voir question 4.)

116. Une sœur qui a 22 ans.

117. Fini sa deuxième année de formation.

118. Je n’ai pas eu d’autre expérience en tant qu’animateur précédemment. Mais j’ai été animé. Juste après le camp, j’ai fait un camp scout en animation.

119. Je n’avais pas choisi ce camp, c’est clair qu’après que je le sache, ça m’a tenté. Mais à la base, j’avais choisi le camp cirque et j’ai fait celui-ci car ça correspondait mieux au niveau des dates. Tu as eu le choix ou non, pour aller du côté des moins valides ou non ? Je n’ai pas eu mon mot à dire, j’ai seulement vu après, et je ne savais pas que c’était un camp intégration à la base. J’ai vu la liste des camps, je n’ai pas vu le thème mais juste les dates.

120. Oui, j’ai bossé à Arcadie. (Cellule qui propose d’animer des enfants malades et les frères et sœurs, le mercredi et samedi dans un hôpital). Il y avait des enfants malades aussi bien que des enfants pas malades, des enfants hospitalisés et handicapés, j’en connais un ou deux. Tu les connais d’où ? Aux scouts avec moi, avant.

121. Enfants handicapés moteurs, ils étaient en chaise roulante. Un enfant avec handicap moteur et l’autre handicap mental, il était retardé. Et j’étais chef de sizaine aux scouts, j’ai eu l’enfant qui était retardé parce que l’autre est parti, c’était trop difficile. Et celui-là, était dans ma sizaine et je devais m’occuper de lui, ça se passait bien, c’était seulement qu’il fallait parfois lui expliquer un peu plus que les autres. Mais dans les jeux, il était dedans autant que les autres, donc ça ne posait pas trop de problèmes. Je n’étais pas chef donc je ne savais pas savoir s’il y avait des difficultés ou non. Mais moi, je n’avais pas de problème.

122. /

123. C’est un enfant différent des autres, parce qu’il ne correspond pas au type même d’une personne humaine, mais ça reste quand même une personne humaine, sans problème. Il ne correspond pas à la moyenne des humains qui sont comme ça, comme ça, comme ça, … C’est tout. Physique, c’est beaucoup plus marqué parce que tu le vois tandis que mental tu le vois moins, sauf Julie. Au départ, on ne savait même plus quel enfant était handicapé parce que ça ne se voyait pas physiquement, c’est seulement après mentalement qu’on a appris.

124. (Voir question 13.)

125. Autisme, je connaissais mais je n’avais jamais rencontré une personne autiste. Mental, oui, parce que des handicapés mentaux, j’en avais connu. Chaise roulante, je connaissais aussi. Pas de handicap, très nouveaux, j’ai approfondi un peu la connaissance mais j’étais déjà au courant.

126. Là, j’avoue qu’après le camp, c’était un petit peu dur et que j’en avais un peu ras le bol des enfants handicapés 10 jours avec eux, s’occuper. Surtout dans l’équipe moins valide durant toute la journée. Maintenant, c’est clair que quand je croise un enfant moins valide, je fais attention pour être respectueux vis-à-vis d’eux. Je pense que si une personne avait un problème par exemple pour traverser dans la rue, je l’aiderais. Mais je n’irais pas forcément parler et dire… Penses-tu que ton avis a changé par rapport au début du camp ? Ce qui m’a le plus marqué pendant le camp, c’est de voir les enfants handicapés sourire, genre Isabelle, ça m’a beaucoup marqué. Mais je pense que j’ai plus tendance maintenant, à les regarder d’un autre œil, un œil comme s’il n’y avait pas de différence pour moi.

201

127. Oui, j’essayerais, je ne sais pas si j’y arriverais. Mais je tenterais par des dessins, des pictogrammes s’il en a. Avec Amélie, j’y arrivais 1 ou 2 fois à lui faire comprendre en lui tenant le carnet mais c’était plutôt rare, tout dépend si l’enfant veut communiquer ou non. Ça dépend aussi de l’enfant mais je pense que moi, je ferais le geste d’essayer. Penses-tu que ta réaction était la même avant ? Non, si j’avais découvert un enfant qui ne parle pas, je ne pense pas que j’aurais tenté la chose, maintenant par mon expérience, je suis prêt à tenter la chose.

128. Oui, car je pars du principe que c’est un être humain. Moi, je suis croyant, catholique et on m’a toujours appris que tout le monde était égaux. Et que chaque personne était humaine, je pense que j’essayerai de rentrer en contact avec lui, même s’il me répugne. Je ne dis pas que je passerai 100 pour cent de mon temps avec lui, mais un minimum de temps quand même, même si ça me répugne. Même réaction avant le camp ? Oui, parce que c’est un de mes principes, je ne laisserai personne sur le carreau, mais c’est clair que si je n’ai pas d’affinité avec cet enfant et que si en plus il me répugne, je dirais aux autres animateurs : écoutez ça ne va pas avec lui, je préfère que vous vous en occupiez. Je ferais au moins le geste d’essayer, si je peux essayer de changer par rapport à lui.

129. Un intérêt oui, parce que ça ne me dérangerait pas de recommencer l’expérience. Je pense que c’était une super bonne expérience même si ça a été dur pendant le camp, j’ai eu les nerfs qui craquent un petit peu, surtout avec Amélie. Des peurs, non, parce que je n’ai pas peur de rentrer en contact avec eux, ni de me retrouver tout seul avec eux. Pour certains handicaps un peu plus peur. Amélie qui a par exemple une plus grande force, et un regard un peu vide. Cela m’a choqué : des enfants tout tout calmes qui ne communiquent pas et puis qui ont une force pour essayer de s’en aller, de se débattre et tout ça. C’est-à-dire qu’on ne peut pas prévoir les réactions. Peut-être qu’avec une formation, j’aurais peut-être un peu moins peur. Mais pourquoi pas recommencer. Au début du camp, avais-tu aussi des craintes ? Je n’avais pas de formation, je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. Je me posais certaines questions, il y avait des enfants avec qui ça passait directement, Gérome et Isabelle par exemple. Et des enfants comme Amélie ou Benjamin, où je n’arrivais pas trop à les cerner. Maintenant, après l’expérience, je me dis : ah oui, j’aurais du réagir comme ça dès le départ. Mais ça, ça vient avec l’expérience.

130. Handicap au niveau de la force me fait plus peur. Je préfère les handicaps physiques parce que le contact passe plus, là, on voit tout de suite le handicap. Isabelle, elle était handicapée au niveau moteur mais mentalement, elle était tout à fait bien. Un handicap qui me fait peur, je pense que c’est l’autisme. Parce qu’il ne parle pas, je n’arrive pas à cerner, ni à anticiper les réactions.

131. Intérêt oui, je pense que je suis plus intéressé par rapport à certains handicaps, le handicap physique et l’autisme, ça m’intrigue mais je ne sais pas si j’oserais à nouveau franchir le pas avec un autiste. Des craintes par rapport à l’autisme, je n’y connaissais rien avant et maintenant que je connais, ça me fait encore plus peur. La motivation a changé, maintenant, ça me tenterait de tester un peu mes limites et voir si je peux m’améliorer par rapport à ça. Mais avec comme condition, certains handicaps par rapport à d’autres.

132. Non, pas vraiment, ce que j’aurais voulu, c’est ce que la responsable allait faire (un dossier) et j’aurais voulu l’avoir. Mais cette petite réunion à permis de voir les différents handicaps mais je ne savais pas coller de visages, ni de noms. Ce qui m’aurait plus, c’est tel enfant, d’après nos études, ils peuvent réagir comme ça ou comme ça. Mais chacun à sa personnalité mais au moins avoir un petit indice sur les choses à faire ou non avec tel type d’enfant. Te souviens-tu de questions au début du camp ? Je n’ai pas posé de questions mais j’ai surtout observé ce qui se passait.

133. Avec Isabelle, tout à fait normalement, j’ai d’abord essayé de la considérer comme une personne normale, pas spécialement comme un enfant plus jeune qu’un autre. Au

202

point de vue sécurité, je faisais clairement attention. Par exemple Gérome qui courait d’un endroit à un autre. Il fallait faire attention parce qu’il était hyper actif en même temps. Ou Amélie, qu’on ne savait pas du tout cerner et qui avait une force, là, je savais, il faut un animateur minimum à côté d’elle. Pour les handicapés qui savaient parler, tout à fait normalement, jouer avec eux, écouter de la musique, essayer de leur changer les idées. Pour les handicapés mentaux comme Amélie, j’ai essayé de faire comme tous les enfants, de communiquer. Amélie, j’ai essayé avec son carnet de pictogramme, faire des tests, les premiers jours ça ne marchait pas trop et puis, je pense qu’elle a commencé à s’habituer un petit peu à nous, et se dire : et bien là ce sont les animateurs avec qui je passe le plus de temps. Je me souviens qu’une fois à table, on n’arrivait pas à la faire manger et on a pris son carnet, on a pointé sur « j’aime », « j’aime pas » et là, elle a pointé sur « j’aime pas », donc là on a vu qu’elle commençait à faire des progrès. Avec les enfants handicapés qui avaient une méthode, j’ai utilisé la méthode dont on avait parlé et pour le reste : au feeling. Avec Amélie, j’avais essayé avec des dessins, on ne sait jamais, mais ça ne fonctionnait pas. La manière dont les autres animateurs on réagit a-t-elle pu t’aider ? Les animateurs qui avaient plus d’expérience, j’essayais de plus vous observer avec les enfants pour voir comment vous réagissiez par rapport aux attentes des enfants. En me disant : et bien oui, ils font comme ça, je pourrais essayer comme ça. Et puis, j’ai parlé pas mal avec Caroline à des moments où j’en avais marre, et elle m’a dit : c’est normal que tu en aies marre, c’est normal que tu n’arrives pas à faire comme ça, j’ai eu pas mal de conseils d’animateurs qui sont déjà qualifiés à la base. Et les autres animateurs, je pense qu’ils étaient aussi perdus que moi à la base, parce qu’ils n’avaient pas ces formations-là, donc sur eux, je ne prenais pas trop exemple mais si je voyais que quelque chose marchait, je le retenais. Je pense que tout le monde était plus attentif à vous trois en fait.

134. 1) Réussir le camp, comme tout camp.

2) Après la première réunion, là j’étais vraiment dégoûté, non ce n’est pas possible, un

camp handicapé, surtout que j’avais bossé toute l’année Arcadie pour moi, ça faisait

de nouveau recommencer. Et puis après, je me suis dit comme objectif, réussir le

camp et essayer d’approfondir mes connaissances sur les enfants handicapés.

Penses-tu que le fait d’avoir fait Arcadie a pu t’aider à ce camp-ci ? J’ai essayé

certaines méthodes d’Arcadie, on essaie de faire émanciper les enfants à travers

l’expression artistique, j’ai essayé ça avec les enfants. Généralement, tu peux

découvrir certaines choses par le dessin. Pour certaines réactions aussi, par

exemple des gens comme Isabelle, j’en ai vu certains à Arcadie, donc je sais

comment communiquer, c’est clair que l’expérience j’ai essayé de la mettre en

pratique.

3) Comme tout camp, essayer de réussir d’avoir des enfants heureux à la fin du camp.

4) Non, rien de particulier à part l’objectif de base, réussir le camp et je donne le

meilleur de moi-même.

135. Oui, j’ai vu Isabelle, on sent qu’elle était quand même attachée à moi, on sent qu’ils ont appris certaines choses. Je pense qu’ils ont été intégrés aussi bien par les animateurs que par les enfants eux-mêmes. Je pense que nous, on a appris quelque chose d’eux, et on leur a appris à peut-être avoir plus confiance en eux, à s’intégrer, à oser beaucoup plus. Ils ont du se sentir considérés comme des enfants normaux,

203

Isabelle m’a par exemple parlé du fait que chez elle, elle était rejetée par ses frères qui la considéraient comme une petite fille en chaise roulante, avec ses sœurs ça allait bien par contre.

136. Comme chaque camp où on apprend un tas de choses, ne fut-ce que par le thème et les activités qui sont faites. Mais je pense qu’on leur a appris l’intégration, on voyait des enfants, qui s’occupaient beaucoup d’Isabelle, des enfants qui se battaient presque pour pousser le fauteuil roulant. On a anticipé leurs réactions futures par rapport aux personnes handicapées, on a changé leur avis par rapport à ça. Pour moi, l’objectif du camp est réussi à 100 pour cent : l’intégration. Pensais-tu au début du camp pouvoir apporter tout cela ? Non, parce que je ne savais pas ce qui allait arriver. J’étais un petit peu stressé au début du camp. Mais c’est clair que je savais que j’apporterais certaines choses, mais je ne savais pas que j’allais apporter autant de choses, je ne m’attendais pas à un tel résultat.

137. (Voir question 26.)

138. Je retire les préjugés de certains enfants ou nos préjugés à nous en tant qu’animateurs. On voit les gens différemment, moi je me suis retiré un préjugé par rapport aux autistes en me disant que j’arrivais quand même à communiquer plus ou moins avec Amélie. J’enlève un préjugé, je les ai modifiés. Préjugé pas spécialement négatif.

139. a) Ils m’ont appris à enlever certains préjugés. Ils m’ont appris qu’ils peuvent avoir une telle joie de vivre par rapport à nous, comme Isabelle qui est en chaise et qui a un grand sourire. On peut se dire qu’on est quand même capricieux par rapport à ce que l’on peut voir durant le camp. Sur la conception de la vie, ça a changé des choses.

b) /

c) Faire beaucoup plus attention à ce que je fais, du point de vue sécurité par exemple.

Il fallait faire plus attention. A créer des activités plus adaptées à certains enfants.

Ça va me servir plus tard au niveau de l’adaptation de mes activités. Et par exemple,

j’ai eu des enfants incontinents durant mon camp après et je savais ce que je devais

faire. Parce que je m’étais occupé d’Amélie. Ce qui me dérangeait vraiment par

rapport à Amélie, c’est qu’elle avait 13 ans et qu’elle était formée. C’est un petit peu,

une impression de violer quelqu’un quand tu fais ça. Elle est formée, elle comprend

ce qui se passe et les enfants de 5 ans, ça ne me dérange pas des les changer.

Mais à la base, je préfère changer des garçons que des filles, c’est plus évident pour

moi aussi. Pourquoi avez vous choisi Amélie ? On avait eu Amélie en temps

d’équipe et au départ, on s’en était occupé en temps d’équipe à deux, on avait super

bien géré le truc et on s’est dit pourquoi pas continuer en fait. On avait aussi

Sandrine et Julie. C’était un peu un défi aussi pour nous, de se dire : voilà, nous on

s’entend bien aussi entre animateurs et on a bien réussi à gérer le truc, continuons à

deux. Sandrine et Julie, étaient imposées, parce qu’il n’y avait pas vraiment trop de

difficultés. Mais Julie, on n'a pas du trop s’en occuper, toute l’équipe d’animation

était dedans et durant le problème, c’était plus le rôle de la responsable de dire :

204

halte là. Sandrine, je m’en suis occupé un petit peu. Mais au sinon, c’était vraiment

Amélie, Amélie et les 2 autres, ça allait surtout que les filles de la chambre

s’occupaient de Sandrine, c’est vraiment chouette.

140. Oui, ils m’apportent toujours quelque chose. Non parce que c’est comme chaque enfant. Mais par rapport au thème de l’intégration oui, ça m’a appris que les enfants peuvent arriver à communiquer avec des enfants handicapés. Peuvent arriver à être aussi doux avec des enfants handicapés et peuvent être infernaux à d’autres moments. Leurs réactions m’ont vraiment surpris. Il n’y a pas d’intérêt à séparer les deux, tous les enfants ont dû faire des efforts de leur côté pour arriver à s’intégrer dans les deux sens.

141. Penses-tu que ça peut t’aider par exemple pour ton projet Arcadie ? Oui, ça m’a apporté de l’expérience. Mais par rapport à Arcadie, non parce que je n’aurai pas le temps de continuer, mais je vais aller dans une animation pour les enfants africains. Je ne saurais pas gérer les trois en même temps. De l’expérience, ça m’a apporté, ça c’est clair, ça m’aide de toute manière parce que je réagis différemment en modifiant son animation.

142. (Voir question 23.)

143. /

144. Par rapport à Amélie, je me suis dit un soir, ce genre de handicap, non je ne peux pas. Donc ça c’est négatif, là je me suis dit : c’est trop pour moi, je ne peux pas quoi. Par rapport aux autistes, je veux bien essayer, mais je ne sais pas quoi. Avec Fabien, ça passait mieux qu’avec Amélie ? Oui, mais j’avoue que Fabien qui se lavait les mains mais qui retournait sans arrêt aux toilettes, je me disais: hou là, qu’est-ce qu’il fait lui ? Parce que je n’arrive pas à comprendre cette réaction, je me dis : là, je suis perdu, je ne comprends pas. Je ne sais pas quoi faire, je le laisse faire, mais je me dis : ça m’énerve qu’il ouvre le robinet, il gaspille de l’eau pour rien. Et de l’autre je me dis : il est comme ça et je ne sais pas faire autrement. Ça me fait peur, c’est leur réaction qui me semble étrange.

145. Lorsque j’ai vu Jonathan qui s’occupait d’Isabelle. Là, je me suis dis : on réussit quand même bien ce que l’on veut entreprendre. Je me suis dis : Julie, elle arrive à être plutôt bien intégrée par les autres enfants, je me suis dis : est-ce qu’ils savent qu’elle est moins valide ? Ils l’ont su parce qu’elle était séparée le matin, et là, je me suis dis qu’il y avait quand même des enfants moins valides qui arrivent à cacher leur handicap plus ou moins bien et qu’ils ne vivent pas bien leur handicap. Je me suis demandé s’il fallait vraiment séparer les moins valides des enfants valides. Elle ne voulait pas faire les activités du matin et je comprends parce que c’était des activités pour les enfants plus retardés.

146. a) Il y a une fois où j’ai crié sur eux, j’étais mal à l’aise après mais au moment même, je savais très bien, qu’il fallait que je le fasse. J’étais obligé au sinon, c’était le chambard. C’est aussi ça le rôle d’animateur, de remettre de temps en temps les points sur les i. Mais je déteste crier et donc je suis toujours mal à l’aise par rapport à ça. Mais après, j’ai été trouver les enfants en leur disant : voilà, j’ai crié mais là, il y avait quelqu’un qui était en grand problème donc, il fallait que je le fasse.

b) Le moment où, j’ai changé Amélie, là, je me sui senti plus que mal à l’aise. Le

lavage, les soins des enfants moins valides en général, je les ai vécus très mal.

C’était un moment que je n’aimais pas du tout, parce qu’il fallait vraiment les laver et

j’avais l’impression de rentrer un petit peu dans leur intimité, Amélie plus que les

autres enfants. Parce que j’étais vraiment responsable d’elle et il fallait la changer,

205

elle avait 13 ans, et j’avais vraiment l’impression de la violer en la changeant. Je me

souviens avec Adrien, c’est clair qu’il y a des paroles qui à ces moments-là, m’ont

échappé. Que je n’ai pas eu face aux autres enfants moins valides, mais que j’ai eu

face à elle, parce que je n’en pouvais plus et que j’avais les nerfs qui craquent. C’est

le seul moment, les autres moments ne me dérangeaient pas avec eux, sauf les

repas, mais ce n’était pas tous les repas. C’était plus le fait, d’être tout le temps à

côté d’Amélie, il y a des moments où j’ai besoin de souffler. Emilie avait les mêmes

réactions par rapport à Isabelle, Adrien avait les mêmes réactions par rapport à

Amélie aussi. Il fallait à table jeter un coup d’œil sur les enfants, il y a des moments

où j’ai clairement changé de table avec Emilie par exemple, où je m’occupais

d’Isabelle et Emilie d’Amélie. Ce sont les soins plus qu’autre chose.

147. Modifier des sentiments par rapport aux enfants moins valides, oui. Parce qu’au départ, j’étais un petit peu réticent, j’avais certains préjugés qui ont été modifiés. Ça a amené d’autres sentiments, je me suis attaché à Isabelle, à Gérome que je n’arrivais d’ailleurs jamais à engueuler parce qu’il regardait avec des yeux … ! Modifier des émotions, oui, à certains moments où j’étais vraiment ravi de voir des enfants moins valides qui étaient vraiment heureux. Ça apporte quand même une certaine émotion, on a quand même donné pas mal durant le camp et là, on reçoit en retour tout ce qu’on a semé.

148. Oui.

149. a) Oui, par rapport aux enfants moins valides en général, oui. Par rapport à Amélie, non. Parce que je pense que j’aurais du réagir différemment mais j’avoue que même maintenant, je ne vois pas comment j’aurais pu réagir. Peut-être avec moins de dégoût, peut-être essayer de prendre sur moi plus.

b) Oui, on leur a appris l’intégration, là je suis totalement satisfait par rapport à ça.

c) Oui, oui.

d1) Oui, ils ont changé ma manière de penser par rapport à certains handicaps donc

oui. Il y a quand même le cas d’Amélie ou de Fabien où j’ai eu pas mal de difficulté

et je vois mal ce qu’ils ont pu m’apporter.

d2) Oui, par rapport à ce qu’ils m’ont appris à l’intégration, leurs capacités à intégrer.

150. Oui, par exemple la langue des signes où je suis satisfait, ça en général dans tous les camps que j’ai faits, ça marche super bien. L’expression artistique qui a aussi bien marché, qui a permis aux enfants de s’exprimer, il y a eu des moments intimes entre les enfants moins valides et les animateurs. La relaxation aussi, qui a bien marché.

151. Les repas, les soins en général pour tous les enfants handicapés, mais plus les soins que les repas.

152. a) Je ferais une formation pour les animateurs ou un petit dossier en présentant la fiche médicale de chaque enfant pour que chaque animateur ait le temps de bien la lire, je ferais peut-être une rencontre avant. Juste moins valide et animateurs.

b) Les enfants autistes peuvent être présents mais avec un handicap plus léger

qu’Amélie.

206

c) Je ferais les soins plus avec les enfants moins valides. Peut-être pas au niveau des

chambres en tant que tel mais je les mettrais au même étage que les enfants

valides. Je créerais un coin doudous pour tous les enfants, où ils auraient pu se

rencontrer au moment de la sieste où ils pourraient se rencontrer. Les animations du

matin, je les laisserais mais je ne ferais pas tout le camp comme ça, la moitié du

camp séparé et l’autre moitié ensemble, un jour sur deux. Pour les activités

maquillage, peinture et tout ça, ils auraient pu être ensemble. Les enfants moins

valides s’étaient fait des copains parmi les enfants valides et ils étaient séparés le

matin. Pour faciliter, c’était bien que les enfants moins valides soient ensemble

quelques fois. Il faudrait un bus pour aller à la plaine, problème dans l’organisation

des lieux, manque de lieux. Je trouverais un endroit plus près de la plage, surtout

quand on est avec des enfants moins valides et qu’il faut plus de temps pour les

trajets.

153. a) Pour.

b) Handicapés physiques et mentaux aussi mais c’est clair que j’hésiterais d’avoir des

enfants qui ne savent vraiment pas parler. C’est beaucoup plus dur autant pour les

animateurs que pour les enfants. Amélie, était souvent fort à l’écart. Il n’y avait pas

de contact qui se créait entre eux.

c) Voir question 42c)

154. On utilise tout le temps les méthodes de Jeunesse et Santé mais il faut être plus attentif à la sécurité, faire plus attention par rapport aux enfants moins valides, à leurs attentes. Etre plus présent avec eux, mais l’animation ne change pas, il faut être plus adapté à eux. Il faudrait une formation complémentaire moins valides, pour savoir au niveau des repas, des soins, …

155. Il faut être social, référent, avoir le contact avec les enfants, être passionné par ce qu’on fait. Il n’y a pas vraiment de capacité spéciale, il faut suivre le « code » Jeunesse et Santé. Il ne faut pas être enfermé à la base. Si je te montre une liste, y a-t-il des termes que tu pointerais plus ou non ? Communication, échange, partage, mais aussi avec les enfants moins valides. Tout est au même niveau. Etre au service des enfants valides. Il n’y en a aucun qui est inutile.

156. De la patience, mais je pense que ça s’apprend aussi. Il y a une formation peut-être à avoir pour être informé sur le handicap des enfants. Mais c’est plus par rapport à la sécurité, mais comme tout camp, il faut savoir se démerder avec les enfants. Si je te montre une liste, y a des termes que tu pointerais plus ou non ? Patience, tolérance et ouverture, égalité, observation, altruisme. Il n’y en a aucun qui est inutile.

157. a) L’intégration réussie, avec par exemple des enfants valides et moins valides ensemble.

b) Les soins des enfants moins valides.

158. a) Quand les douches se passent bien. Et en même temps, je pouvais parler avec les enfants. C’était un des seuls moments où je n’étais qu’avec des enfants valides.

207

b) Le moment où ils étaient ensemble dans la chambre et où j’ai du leur crier dessus

parce qu’ils faisaient des bêtises.

159. Isabelle, où j’ai fait tout le chemin avec elle, et où quand j’arrêtais de la pousser et où elle demandait que ce soit moi qui la pousse. J’ai pu parler avec elle, j’étais vraiment content.

160. Amélie au soin ou même Fabien mais j’étais dégoûté de toute façon.

161. Oui, mais avec certaines conditions. Une formation ou un petit dossier pour visualiser vraiment la personne pour que l’on puisse dire dès le départ : ah oui, lui c’est un enfant moins valides, je vois qui c’est. Et pas d’enfant comme Amélie sauf si je ne suis pas référent.

162. (Voir question 42.)

163. a) Oui, ils ont été pleinement satisfaits à mon avis.

b) Oui, parce que de toute manière ils ont été satisfaits du camp, mais je pense qu’eux,

aimeraient sans doute aller dans d’autres camps.

164. Oui, j’ai eu des conseils des animateurs, j’ai pu discuter quand ça n’allait pas.

165. Oui, ça va m’aider en voyant la masse d’enfants et à me dire : là-dessus il y a des enfants qui sont plutôt comme ça, comme ça, donc il faudrait que je fasse des activités plus mitigées. Avant, je n’avais pas tendance à le faire, là, je suis plus mitigé par rapport aux activités que je peux faire. Et ça m’a servi par rapport au camp que j’ai fait juste après, parce qu’il y avait des enfants plus petits. Oui, ça me sert toujours. Penses-tu que ce camp t’a permis une croissance personnelle ? Oui, plus de maturité après ce camp, j’ai pris beaucoup plus de maturité, et ça s’est vu dans le camp que j’ai fait après où j’ai joué le rôle de responsable, de formateur, de comptable, …Et certains réactions par rapport à des enfants plus difficiles.

166. C’est une auto-évaluation d’eux-mêmes et une évaluation c’est toujours positif. Je ne savais pas que tu le faisais passer. J’ai entendu des réactions d’Adrien après le camp, disant c’est long mais c’est intéressant. Si je te l’avais fais passer pendant le camp, penses-tu qu’il aurait pu te servir ? Non, parce que je pense qu’après le camp, on a vraiment le recul qu’il faut. Si tu l’avais fait passer en camp, on n'aurait peut-être pas eu les mêmes réactions. Là maintenant, on a su y penser, évaluer un peu ce qu’on a fait, savoir si on a aimé. Je suis revenu du camp, j’étais un peu dégoûté par rapport aux enfants handicapés et maintenant, je vois ça tout à fait différemment. Ça me sert plus. Un questionnaire comme cela peut-il servir pour les camps suivant, qu’en penses-tu ? En réduisant les questions, en tout cas pas en les répétant comme ça. Mais, oui, une page de questionnaire, ça peut super bien servir à tous. Je le ferais oralement avec peut-être pas un responsable ou après le camp pour que ce ne soit pas considéré comme une évaluation. Si c’est dans l’ambiance Jeunesse et Santé, l’animateur aura peut-être tendance à réfléchir à ce qu’il doit répondre.

208

TTAABBLLEE DDEESS MMAATTIIEERREESS

INTRODUCTION ................................................................................................................ 1

I. Question de départ................................................................................................... 5 II. Implication personnelle............................................................................................ 5 III. Travaux traitant déjà le sujet .................................................................................. 5 IV. Objectif du travail ................................................................................................... 6 V. Étapes parcourues.................................................................................................. 6

PREMIERE PARTIE : THEORIE......................................................................................... 7

Chapitre 1 Définitions.................................................................................................... 8 I. Vocabulaire utilisé pour la population ciblée............................................................. 8 II. Quelques définitions................................................................................................ 9

1. Définition du « handicap » ................................................................................... 9 2. Définition de « l’intégration » ............................................................................. 10

III. Classification de différentes sortes de handicaps ................................................. 11 1. Enfant handicapé léger...................................................................................... 11 2. Enfant handicapé lourd...................................................................................... 11

Chapitre 2 L’intégration dans l’histoire et les sociétés ................................................ 13 I. Handicap et histoire ............................................................................................... 13

1. Dans la Grèce et la Rome Antiques................................................................... 13 2. Les représentations judaïques et Chrétiennes................................................... 13 3. Au Moyen-âge................................................................................................... 13 4. De la renaissance au début des Temps Modernes............................................ 14 5. Le 19e siècle ..................................................................................................... 14 6. Le début du 20è siècle en Europe et en Amérique du Nord............................... 14 7. De 1933 à 1945 dans l’Allemagne nazie : l’extermination.................................. 15 8. Depuis 1950 en Europe..................................................................................... 15

II. Handicap et société............................................................................................... 16 1. Le handicap dans les sociétés industrielles ....................................................... 16 2. Le handicap dans les sociétés traditionnelles.................................................... 16

III. Mécanismes d’exclusion ...................................................................................... 17

Chapitre 3 L’intégration aux yeux de la loi et d’un point de vue éthique...................... 18 I. Textes de loi belge ................................................................................................. 18

1. Le Décret sur l’animation des enfants et des jeunes handicapés....................... 18 2. Les lois sur l’intégration scolaire........................................................................ 18

II. Éthique et handicap .............................................................................................. 19

Chapitre 4 Les stigmates et les déterminants sociaux................................................ 21 I. Les stigmates......................................................................................................... 21

1. La théorie de Goffman traitant des stigmates .................................................... 21 2. La construction de la représentation du handicap chez l’enfant......................... 21 3. Les valeurs attachées au handicap ................................................................... 22

II. Les déterminants sociaux...................................................................................... 23 1. La socialisation par la famille et l’interaction avec l’adulte ................................. 23 2. La socialisation à l’école.................................................................................... 24

209

Chapitre 5 Le handicap comme miroir déformant....................................................... 26 I. Origines de l’angoisse face au handicap ................................................................ 26 II. Comportements possibles lors de contacts avec les personnes handicapées....... 28

1. Le déni du handicap .......................................................................................... 28 2. Le rejet du handicap.......................................................................................... 28 3. L’attitude de maîtrise ......................................................................................... 28 4. Les comportements spontanés.......................................................................... 29

III. Responsabilité...................................................................................................... 29

Chapitre 6 Les modifications de perception en fonction de l’âge et du statut.............. 31 I. L’âge...................................................................................................................... 31 II. Le statut ................................................................................................................ 34

Chapitre 7 Les informations données à la personne valide ........................................ 35 I. Les informations par les contacts ........................................................................... 35

1. Quand donner l’information ? ............................................................................ 35 2. Quel est le contenu de ces informations ?......................................................... 36 3. Faut-il connaître le diagnostic ?......................................................................... 37

II. Le rôle des médias................................................................................................ 38 Exemple de spot publicitaire ayant suscité de nombreux débats........................... 38

Chapitre 8 Les handicaps influençant l’intégration ..................................................... 40 I. Les handicaps les mieux tolérés ............................................................................ 40 II. Les handicaps les moins bien tolérés.................................................................... 40

Exemple de l’autisme ............................................................................................ 41

Chapitre 9 Les moments d’échange et de communication ......................................... 43 I. Communication entre les enfants valides et les enfants handicapés ...................... 43 II. Curiosité des enfants valides................................................................................. 44 III. Comment s’expriment les enfants handicapés ? .................................................. 45

Chapitre 10 Les apports de l’intégration des enfants handicapés............................... 46 I. Regard transformé ................................................................................................. 46

1. L’anxiéte............................................................................................................ 46 2. Les possibilités qui se révelent mais aussi la réalité du handicap..................... 47 3. Un autre regard ................................................................................................. 47 4. Qui vit ce type de parcours ?............................................................................. 48

II. Apports professionnels.......................................................................................... 48 III. Plus d’autonomie pour les enfants........................................................................ 48

Chapitre 11 Les Inconvénients de l’intégration ........................................................... 49 I. La crainte des parents des enfants valides............................................................. 49 II. Les inconvénients pour les enfants handicapés .................................................... 49

Chapitre 12 L’intégration en centre de vacances........................................................ 51 I. Trois formes de séjours clairement typés ............................................................... 51

1. Les colonies spécialisées .................................................................................. 51 2. Les transferts d’établissements permanents...................................................... 51 3. L’intégration dans un centre de vacances ordinaire........................................... 51

II. Exemple d’informations données durant une formation à l’animation d’enfants handicapés........................................... 52

III. L’animation nécessite de faire attention à … ........................................................ 53 1. Faire attention aux activités réalisables ............................................................. 53 2. Faire attention au rythme de chacun ................................................................. 55 3. Permettre des temps de paroles........................................................................ 56

Conclusion de la partie théorique.................................................................................. 57

210

DEUXIEME PARTIE : PRATIQUE .................................................................................... 59

Chapitre 1 Objectif et méthodologie ........................................................................... 60 I. Introduction ............................................................................................................ 60 II. Objectif.................................................................................................................. 60 III. Méthodologie ....................................................................................................... 61

1. Description du dispositif du camp en intégration................................................ 61 2. Adaptations réalisées pendant le camp............................................................. 65 3. Description de la population étudiée.................................................................. 66 4. Description du contexte des entretiens.............................................................. 67 5. Choix d’un entretien structuré............................................................................ 67 6. Construction des questions de l’entretien .......................................................... 68

Chapitre 2 Analyse des réponses............................................................................... 70 I. Analyse verticale .................................................................................................... 70

1. Analyse verticale des réponses données durant les entretiens.......................... 70 2. Conclusion de l’analyse verticale....................................................................... 81

II. Analyse horizontale............................................................................................... 85 1. Analyse horizontale des réponses données durant les entretiens ..................... 85 2. Conclusion de l’analyse horizontale................................................................. 118

Conclusion de la partie pratique.................................................................................. 124

CONCLUSION GÉNÉRALE............................................................................................ 126

BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................ 128

TROISIEME PARTIE : ANNEXES .................................................................................. 132