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LIVRES D'IMAGES
I Chez Albin Michel Jeunesse.,d'Isabelle Carrier : A l'endroit, à
l'envers (79 F). Un nouvel album
sur les contraires dont l'originalité
repose sur un système de doubles
pages à déplier qui créent la sur-
prise et provoquent le rire.
De José Stroo & Marijke Ten Cate :
Gentil Tigre (79 F). Un album sur
le thème de l'amitié et de la solidari-
té. Gentil tigre passe ses journées à
soigner ses amis jusqu'au jour où
lui-même a bien besoin de repos...
Les illustrations qui évoquent la
gravure sur bois ne manquent pas
de charme et donnent du relief à
cette histoire gentillette.
Deux titres de Lucy Cousins dans la
collection Un livre animé : Cache-
cache Mimi et Le Panda de Miini
(49 F chaque) dont l'animation repose
cette fois sur de simples caches ; dans
la collection Un Livre pêle-mêle :
Minii se déguise (59 F) qui - sur le
principe des pages cartonnées décou-
pées en 3 languettes - aurait pu faire
preuve de plus d'originalité : on
retombe dans les sempiternelles
pirates, clowns, danseuses, etc. Reve-
nons ici sur les trois titres chroniques
dans le dernier numéro pour préciser
qu'il ne s'agissait pas de nouveautés
mais de rééditions de titres parus en
1990 chez Ouest-France.
De Nick Denchfield et Ant Parker :
Charlie Poussin et Oscar la truffe
(65 F chaque). Charly Poussin est
très gros... mais il a de qui tenir !
Quant à Oscar, il est terrible... Un
graphisme haut en couleur très
stylisé et une dernière double page
spectacidaire qui se déplie pour at-
teindre 4 fois le format initial et
amener une chute amusante.
Bali, réveille-toi ! ill. Jan Jutte, Autrement Jeunesse
I Aux éditions Anthèse (30 avenue
Jean-Jaurès, 94117 Arcueil cedex),
de Gian Berto Vanni et Lowell A.
Siff : Love (120 F). Voir rubrique
« Chapeau ! », p. 9.
I Chez Autrement jeunesse, de Jan
Jutte : Bali, réveille-toi ! (79 F).
Tip a bien du mal à réveiller Bali,
son ami l'éléphant. Il a pourtant tel-
lement envie de jouer avec lui. L'his-
toire sert de prétexte à un jeu sur la
composition des illustrations : la dif-
férence de taille entre les deux per-
sonnages permet de rythmer la mise
en pages en faisant alterner les plans
serrés sur une partie de l'éléphant et
les doubles pages dans lesquelles ce
dernier peut apparaître en entier.
Le trait expressif, le travail sur les
couleurs renforcent la cohérence du
propos et le dynamisme de l'album.
De Rémy Simard, ill. Pierre Pratt :
Monsieur Ilétaitunefois (79 F). Il a
beau être extrêmement sympa-
thique, il n'en demeure pas moins
exaspérant, ce petit bonhomme qui
vient systématiquement vous inter-
rompre dès le début de votre
histoire ! Il faut dire qu'avec un
nom pareil, il répond à l'appel ! Un
bon petit album qui repose sur une
idée toute simple - que l'on retrouve
dans certains contes comme le Olala
du « Savoir magique » d'Afanassiev -
et que Pierre Pratt, décidément bien
inspiré, a su illustrer avec bonheur.
La chute, bien amenée, amuse
autant qu'elle surprend et boucle
parfaitement l'histoire.
I Chez Bayard, deux titres de Tira
Egan, trad. Marie-Hélène Delval :
Ça va barder ! (75 F). Bill, un hip-
popotame excellent pâtissier, tient
un restaurant. Il est secondé par un
canard un peu « zinzin » qui - in-
conscient du danger - sera le seul à
oser tenir tête à trois affreux tigres
provocateurs (entrés malgré le pa-
nonceau leur interdisant l'accès).
Une gigantesque bagarre à grands
coups de pâtisseries maison sauvera
de justesse le héros naïf et les fauves,
conquis par les talents culinaires de
Bill, deviendront par la siùte de dé-
licieux clients. Comme quoi on peut
changer d'avis ! Sympathique.
Une Petite ville pas si tranquille
(75 F). Tout le monde vivait bien
tranquillement à Hippopoville, jus-
qu'au jour où le roi déclara solennel-
lement qu'il léguerait son royaume à
N° 187 JUIN 1999/13
N O u V ucelui qui fera pousser la plus bellepastèque. La solidarité naguère demise entre voisins fait alors place àune concurrence mesquine et dé-loyale jusqu'à la chute finale. Clas-sique.
I Chez Casterman, de WiebkeOeser, trad. Christine Dellise : LesVoiliers de Valérie (98 F). Unalbum déroutant qui laisse une im-pression de malaise. A l'instar deslivres dont vous êtes le héros, l'au-teur propose trois fins différentes àson histoire : une petite fille passel'après-midi à construire un bateaupirate. A peine mis à l'eau, celui-ciest englouti par un poisson vorace.L'enfant se trouve alors devant troisattitudes possibles : la résignation, lavengeance ou la rêverie. Le manquede linéarité rend la lecture difficilepour l'âge auquel l'album sembles'adresser et le propos un peufumeux. Quant à l'illustration quisemble réalisée à coup de crayons decouleurs rageurs, elle laisse toutaussi perplexe.
De Gabrielle Vincent, dans la sérieErnest et Célestine : Un Caprice deCélestine (75 F). Décidément - est-ce un effet de lassitude ? la série a20 ans... - les derniers titres n'arri-vent pas à nous convaincre. Làencore le style extrêmement syncopéde la narration et le côté très psy dupropos finissent pa r devenirpesants. Ici, Célestine tient absolu-ment à ce qu'Ernest se travestisseen femme et la promène dans unepoussette : quête de la mère ?
I Chez Circonflexe, dans la collec-tion Albums, de Bob Kolar, trad.Catherine Bonhomme : Tu viensjouer ? (72 F). Un album séduisantgraphiquement - une multitude depetits personnages s'animent sur des
doubles pages dynamiques aux tona-lités joyeuses - mais complètementdesservi par un texte dégoulinant debons sentiments sur le thème del'amitié. Dommage.
De Nina Laden, trad. CatherineBonhomme : Meuhtisse et Picochon(72 F). Un pastiche grotesque poursensibiliser les enfants à la peinturedes deux géants de l'art moderne...Matisse et Picasso à travers leur lé-gendaire rivalité. Nous sommescensés rire à la représentation deMatisse en vache et à celle de Picassoen cochon et trouver désopilants lesjeux de mots qui s'ensuivent : Meuh-tisse est évidemment traité de vachefolle et Picochon de tête de lard.Passons sur les navrantes « repro-ductions » des principaux tableauxdes peintres - même « Guernica »n'est pas épargné - et déplorons letraitement réservé à l'art contempo-rain. Si ce n'est pas du mépris, ça luiressemble et ce n'était sans doutepas l'intention de l'auteur.
De Dan Yaccarino : Si j'avais unrobot (65 F). Un petit garçon rêved'un robot qui se chargerait de toutce qu'il n'aime pas faire : mangerses légumes, ranger sa chambre,dire bonjour à tante Louise, etc. Unscénario classique remis au goût dujour par un illustrateur très connuoutre-Atlantique dont le graphismeaux arrondis et aux tonalitéschaudes séduit d'emblée.
Rupture de ton et lecture aux toutautres enjeux avec Grand-Père(72 F), de Gilles Rapaport. L'analyserepose sur des critères bien diffé-rents pour ce livre dont le sujet - ladéportation et les camps de concen-tration - dépasse le cadre du simplelivre d'images. Au-delà du témoi-gnage individuel (même si la dédicacelui donne un caratère manifeste-
ment personnel), loin de toute inten-tion documentaire, même s'il s'agitde faire savoir ce que fut l'histoire,ce livre est d'abord le fruit d'unevolonté de transmission, pourtoucher le plus grand nombre etpartager « une mémoire qui n'estpas la nôtre, qui n'est pas seulementcelle d'un homme, mais de millionsd'êtres. » Le texte est écrit avectoute la distanciation nécessairepour dire non seulement ce qu'unhomme a vécu - ce grand-père quivient de disparaître et n'a parlé quetrès tard - mais aussi ce qui fut lesort de millions de victimes et ce quiconcerne les générations d'aujour-d'hui. Rien n'est dit explicitement(le mot juif n'apparaît pas), il n'y aaucune date mais la seide histoire deGrand-Père, son terrible voyagedans un wagon à bestiaux, la « vie »en camp de concentration et la pertede sa femme qui elle, ne survivrapas. Les illustrations à l'encre, enbleu et noir, d'une froideur absolue,traduisent l'horreur en suggérantplus qu'en montrant. Par exemplesur la couverture, juste une touchede jaune - sans forme d'étoile - à lapoitrine. Cette absence de toute ré-férence directe semble s'inscriredans l'idée qu'il faut sensibiliser lesjeunes générations pour que la bar-barie ne puisse se reproduire. Unlivre très fort qui, par son sujet et lamanière dont il est abordé, s'adresseà des enfants déjà bien informés ouayant la possibilité d'en parler avecdes adultes prêts à le faire.
Dans la collection Aux couleurs dumonde, de Joan Steiner : Trompe-l 'œi l (72 F) . Voir r u b r i q u e«Chapeau! »,p. 10.
Dans la collection Aux couleurs dutemps, d'Egon Mathiesen : Oswaldle singe (69 F). Voir rubrique« Chapeau ! », p. 8.
14 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENTANTS
N O u V A U
I Signalons la nouvelle édition d'Aupays d'Amandine... dine dine(350 F), de Philippe Claudet etD. Dufresne dans la collectionBrailli-Brailla aux éditions LesDoigts qui rêvent spécialisées dansles livres tactiles et en braille.
I Après Histoire d'Edouard.,L'Ecole des loisirs poursuit sontravail de « réédition » de l'œuvrede Philippe Dumas avec César lecoq du village (78 F) précédemmentédité chez Flammarion en 1978.Saluons cette initiative qui nouspermet de retrouver dans leurformat d'origine ces savoureuxalbums. Regrettons malgré tout quele texte ait été ici simplifié dans sonvocabulaire et parfois alourdi dansl'expression. La richesse et la viva-cité du trait de Dumas restent quantà elles intactes.
D'Olga Lecaye : Le Ballon (82 F).Randonnée. Tomi a perdu son beauballon rouge qui roule, roule àtravers la montagne. Tomi, PetitOurs et Balthazar se lancent à sapoursuite, tour à tour arrêtés dansleur course par la gourmandise.Le texte un peu faible est compensépar la sensualité poétique qui sedégage des illustrations d'Olga Lecayetraversées de zones d'ombres et delumière, des formes et des couleursdes vastes paysages de montagne.
De Grégoire Solotareff : 3 Sor-cières (78 F). Attention le rire peutprovoquer un changement d'étatquand on ne le pratique pas régu-lièrement ! C'est ce que prouventles mésaventures de Scolly, Squellyet Scory qui ont fondé l'association« Trois S ». S comme sœurs oucomme sorcières, et comme... touteune série de mots plus sinistres lesuns que les autres, des mots aveclesquels les lecteurs vont se délec-
3 Sorcières, ill. G. Solotareff, L'École des loisirs
ter. Il y a un peu des Trois bri-gands de Tomi Ungerer dans cetalbum, par le thème bien sûr, maisaussi dans les dessins, notammentles chapeaux et les silhouettes enombres des grandes images où do-minent le jaune, le rouge sombre etle bleu des sorcières au grand nez.La morale de l'histoire ? Sourirecommence aussi par un S.
A L'Ecole des hisirs-Archimède, deDominique Mwankumi : Prince dela rue (74 F). Un album attachantqui met en scène deux enfantscongolais qui, pour subsister, fabri-quent et vendent des jouets en fil de
fer dans les faubourgs de Kinshasa.Le happy-end final (l'un des deuxenfants va connaître un succès inat-tendu grâce à un instrument demusique qu'il a fait lui-même) s'il estun peu artificiel apporte la touched'espoir nécessaire. Les lumineusesillustrations à l'aquarelle de Domi-nique Mwankumi traduisent uneréelle atmosphère. Un bel album.Seul bémol : la note documentaire enfin d'ouvrage qui laisse perplexequant au destinataire, le vocabulaireemployé («... la mégapole livrée à ladébrouillardise de l'économie infor-melle... ») ne semblant manifeste-ment pas s'adresser aux enfants.
N° 187 JUIN 1999 /15
À L'École des bisirs-Loulou et Com-pagnie, d'Alex Sanders : DeboutBob ! (48 F). Petit album cartonnépour les petits sur l'heure difficiledu réveil. Le décalage final entre laquestion de la mère et la réponse esttrès drôle. Simple et efficace. A si-gnaler du même auteur : Ne pleurepas Bob ! (48 F).
I Chez Gallimard Jeunesse, deTony Ross, trad. Anne de Boucho-ny : Je veux une petite sœur(76 F). La désormais célèbre petiteprincesse accepte avec joie l'idéeque sa mère attende un bébé... àcondition que ce soit une fille. Legrand-père battra en brèche les ar-guments sexistes de sa petite-fille etles parents sauront la rassurer surla place qu'elle continuera d'occu-per dans la famille. Un sujet clas-sique traité avec l'humour habituelde Tony Ross.En Folio Benjamin, d'AllanAhlberg, trad. Anne deBouchony, ill. EmmaChichesterClark :MadameCampa-gnol lavétérinaire(26 F). Une jeune femme divorcéeaimerai t bien r encon t re r un
l'album s'adresse. Difficile d'ad-mettre que l'édition française ne soitpas capable de proposer en perma-nence et dans leur format d'origineles livres d'un auteur tel queWilliam Steig tout aussi fondamen-tal qu'Ungerer ou Sendak.
I Chez Gautier-Languereau, deNiki Daly, trad. Marie-FranceFloury : Kwela, kwela, Jainela !(79 F). Auteur sud-africain, NikiDaly raconte un petit épisode d'uneenfance au Cap. Alors que sa mère adépensé une fortune dans l'achatd'un tissu pour la robe qu'elle doitporter à un mariage, Jamela ne peuts'empêcher de s'en parer pour allerparader en ville. Evidemment, lesplendide tissu ne résistera pas à
nouveau compagnon, mais encorefaut-il que celui-ci réponde aux exi-gences de ses deux enfantsQuoique... la première impressionest souvent la meilleure...
De William Steig, trad. CatherineDeloraine : Caleb et Kate (29 F).On ne sait si l'on doit se réjouir devoir enfin réédité Caleb et Kate ouse désoler de le voir ainsi comprimédans un format de poche inadaptéqui rend la lecture peu attrayantepour les jeunes enfants auxquels
l'épreuve et l'on sent poindre ledrame... Tout finira pourtant pars'arranger. Une jolie histoire auxillustrations pleines de vie, bienqu'un peu desservies par des cou-leurs aux tons trop sucrés.
I Chez Kaléidoscope, de Jean-Michel Billioud, ill. Michel Gay :Une Affreuse rage de dents (79 F).Un crocodile avec une rage dedents, ça souffre énormément. Seulun dentiste pourrait le soulager,mais qui acceptera de le soigner ? Ilne faut jamais faire confiance à uncrocodile ! L'album fonctionne surla répétition et la progression d'unesituation dont le comique repose surla mise en images expressive deMichel Gay. On le retrouve ici aussiconvaincant que par le passé.Simple, drôle et efficace.
De Malachy Doyle, trad. ElizabethDuval, ill. Paul Hess : Le GrandChâteau de Tire-Larigot (79 F). Unalbum qui, bien que semblant
sortir des années cinquante,apporte un petit je-ne-sais-quoide fraîcheur. Un petit garçonrend visite à un drôle de bon-homme qui rebapt ise à samanière les mots du quotidien.Ce parti pris - qui pourrait pa-raître gratuit - prend tout sonsens à la page où l'enfant devantune situation d'urgence emploieprécipitamment tous ces mots dansune accumulation totalement lou-foque mais extrêmement drôle.Une histoire que l'on a immédiate-ment envie de lire aux enfants.
De Tana Hoban : Regarde bien(89 F). Voir rubrique « Chapeau ! »,p. 8.
D'Hiawyn Oram, trad. lsabel Fin-kenstaedt, ill. Mark Birchall : LeManteau qu'il faut (79 F). Parents
16 / LA REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS
et amis ont beau essayer deconvaincre Panzé (c'est un singe)que son nouveau manteau lui va àmerveille, c'est quand même lui lemieux placé pour le savoir, non ?Et, malgré de nombreux essais, il sesent vraiment mal à l'aise. Et s'ilessayait de l'échanger... Une histoi-re à laquelle de nombreux enfantspourront s'identifier, servie parune illustration caricaturale un peuraide qui traduit bien le sentimentd'inconfort.
De Sheena Knowles, traduit de l'an-glais par Isabel Finkenstaedt, illus-tré par Rod Clément : EdouardPémeu (79 F). Mais qu'il est drôlecet émeu dans son application àimiter les animaux qu'il envie ! Ilfaut le voir sortir du bassin de l'ota-rie, les plumes du crâne encore dé-goulinantes et l'air benoîtement sa-tisfait, rugissant comme le lion ouinconfortablement alangui sur unebranche, son cou démesuré pendantdans le vide... Les commentaires desvisiteurs du zoo l'entraînent d'unecage à l'autre jusqu'à son propreenclos où une surprise de taille l'at-tend. Un dessin désopilant qui joue
Beau corbeau, ill. M. Vautier, Thierry Magnier
admirablement avec les limites de lapage pour créer le mouvement et dessituations tordantes !
I À La joie de lire, dans la collec-tion Albums pour les petits, deGermano Zullo, ill. Albertine :Marta et la bicyclette (82 F). Unevache orange, totalement indiffé-rente aux trains, rêve de devenir cy-cliste. A force d'efforts et de persé-vérance elle deviendra championnemais fera aussi des émules, et Martan'a que faire d'être comme lesautres : elle veut garder son origina-lité. Une petite histoire fantaisisteaux illustrations pleines de vie, defraîcheur et d'humour.
• Chez Thierry Magnier, de Natha-lie Lété : Tout nu tout vêtu (89 F).Un livre pêle-mêle assez inventifdans ses propositions mais pour lemoins déconcertant sur le plan gra-phique.
Six nouveaux titres dans la collec-tion Tête de lard (39 F chaque).De Jean-Pierre Blanpain : Moncochon. Mon cochon n'aime pas sa
couleur, il se voudrait vert commela forêt, jaune comme le soleil, bleucomme le ciel, etc. Les métamor-phoses sont amusantes et la chuteplus encore. Quant au fond vichyrosé, on aurait aimé qu'il rappelledavantage les papiers d'emballagesde charcuterie et moins les sacs Tati- papier glacé oblige.
De Bénédicte Guettier : Le PetitPouët. Un tout petit bonhommenous livre ses états d'âme. L'intérêtréside principalement dans l'imagequi joue sur le point de vue et l'al-ternance d 'échel les . On peuttrouver à redire sur l'humour com-plaisant du Petit Pouët lorsqu'il sesent moche comme un « loulou dunez » mais les autres pages sontdrôles, particulièrement la dernière.
D'Antonin Louchard et CharlotteMollet : Mon oreiller. Une invita-tion au voyage à travers différentsmoyens de transport : soulier,patin, vélo, voiture, train, bateau,avion et surtout celui qui les réunittous, l'oreiller, tremplin vers lesommeil, qui offre tant de possibili-tés ! Le texte fonctionne comme unecomptine, les illustrations offrent un
N° 187 JUIN 1999/17
N O u V A U T
mélange de techniques modernes
- fonds ou éléments tramés, collages,
jeu sur les perspectives - et an-
ciennes, évoquant là encore la
gravure sur bois, dans une gamme
chromatique d'une grande richesse.
D'Antonin Louchard et Moreno :
Dans la galette, il y a... des tas de
choses qui se terminent en « ette » !
Et plus on en trouve, moins il reste
de galette, bien sûr. L'illustration
mélange graphisme et montages pho-
tographiques.
De Mireille Vautier : Beau corbeau.Un petit album qui dénonce l'exclu-
sion et fait l'éloge de la différence
avec une remarquable économie de
moyens. Mireille Vautier est passée
maître dans l'art de parler simple-
ment de choses difficiles. La conci-
sion du texte, la force et la poésie de
son trait au pinceau qui évoque les
dessins d'enfants, rendent son
propos totalement convaincant. Une
réussite.
De Voutch ; La Planète bizarre. Une
planète où tout marche à l'envers.
C'est amusant mais un peu court.
I Chez Nord-Sud, de Carol Roth,
trad. Michelle Nikly, ill. Valeri Gor-
bachev : Quelle nuit Matty ! (89 F).
Matty va passer la nm't chez sa mar-
raine, mais il n'a pas l'habitude de
dormir seul. Il décide alors d'aller
chez un ami, mais impossible de
trouver le sommeil : l'écureuil gri-
gnote, l 'ours ronfle, le hérisson
pique... Un album assez convention-
nel mais qui réunit les mêmes quali-
tés que dans le précédent titre Matty
et les cent méchants loups : histoire
simple et efficace sur le principe de
la randonnée, illustration sans pré-
tention mais tendre et expressive,
thème parfaitement enfantin.
• Chez Nord-SudIMichael Neuge-
bauer dans la collection Un livre
d ' images Nord-Sud, de Jane
Goodall, trad. Géraldine Elschner,
ill, Julie Litty : Le Bon docteurblanc (89 F). Le bon docteur blanc
est un petit chien. Sa présence à
l'hôpital dans le service des enfants
cancéreux a apporté aux enfants un
tel réconfort que leur état s'est
amélioré de façon spectaculaire. Le
bandeau rouge apposé sur la cou-
verture le proclame haut et fort :
« Cette histoire si extraordinaire
qu'elle paraisse, s'est réellement
passée... ». Faut-il pour autant
adhérer au propos ? Cette façon de
vendre paraît assez racoleuse et le
traitement mélodramatique du
sujet extrêmement maladroit : texte
et illustration rivalisent de mièvre-
rie et présentent l 'expérience
comme une espèce de méthode-
miracle. On ne doute pas de l'im-
portance du réconfort moral dans
le traitement des malades mais
laisser entendre que la seule pré-
sence du chien suffise pour amener
une guérison complète et qu'en son
absence rien n'est possible paraît
pour le moins contestable.
De Sabien Jorg, t rad . Danièle
Simon, ill. Alexander Reichstein :
Mina le petit ours (89 F). Mina se
sent bien incomprise dans safamille. Elle aimerait tellement
avoir un ours en peluche qu'elle en
tombe malade. Un médecin particu-
lièrement inventif et psychologue lui
raconte alors une drôle d'histoire
qm se présente comme un encart à
l'intérieur de l'album avec l'utilisa-tion d'un papier différent, une typo-
graphie différente, un style gra-
phique et un sens de lec ture
différents. Guérie, la petite fille
porte un autre regard sur son en-
tourage. Original et intéressant.
D'Adèle Sansone, trad. Danièle
Simon, ill . Alan Marks : Monpoussin vert (89 F). Un nouvel
album sur le thème de l'adoption.
Une cane en mal de poussin couve
un œuf déniché par le chien de la
ferme : ce sera son poussin, qu'im-
porte qu'il soit vert et qu'il ait des
écailles à la place des plumes ! C'est
l'amour qui compte plus que la filia-
tion biologique. Drôle, attachant et
sans prétention.
I Aux éditions Paquet (4 rue Hesse,
1204 Genève, Suisse), de Yann Fastier :
Gamelle (59 F). Petit album sans
texte, à l'italienne, mettant en scène
les avatars d'une petite boîte de
conserve partie découvrir le vaste
monde. Un dessin au trait, en brun et
blanc, (avec ombres tramées) parfai-
tement maîtrisé et expressif.
I On ne peut que se réjouir de voir
réédités au Père Castor-Flamma-
rion dans leur format d'origine trois
albums de John Burningham : l'in-
contournable et indémodable Préfè-rerais-tu..., Train de nuit et Aupays des nuages (87 F chaque).
Début prometteur qui laisse augurer
d'une suite car on ne peut imaginer
que La Promenade de Monsieur
Gumpy ne soit plus disponible !
Grand-Papa nous manque et Où est
passé Jules ? Pour n'en citer que
quelques-uns parmi les t i t res
épiùsés. L'éditeur n'a que l'embar-
ras du choix. A nous de l'encoura-
ger. Lecteurs, à vos commandes !
I En Pocket Junior, Kid Pocket
Rouge, de William Steig, trad. Ca-
therine Deloraine : Shrek ! (28 F).
Même problème que pour Caleb et
Kate en Folio Benjamin, le format
poche ne convient guère aux albums
- redisons-le, essentiels - de William
18 / U REVUE DES LIVRES POUR ENFANTS
N O u V A
Gardez h culotte .', LU. F. Bertrand, Éditions du Rouergue
Steig et en l'occurence ce titre esttoujours disponible en formatalbum chez Mango Jeunesse.
I Aux Éditions du Rouergue, deFrédérique Bertrand : Gardez laculotte ! (68 F). Dans la même veinequ'Ore ne copie pas, ce nouvelalbum inter-générations poursuitl'étude hautement documentée de lavie scolaire. L'auteur s'attaquecette fois à la sacro-sainte visite mé-dicale ! Et nous de nous esclafferdevant les recommandat ionsmaintes fois répétées de l'ensei-gnant, l'air goguenard piùs de moinsen moins rassuré des élèves à l'ap-proche de la date fatidique - jusqu'àl'angoisse totale qui s'empare del'enfant à l'appel de son nom -, les
injonctions de la secrétaire médi-cale, la représentation floue (onpense à Woody Allen) de celui quidevra porter des lunettes et, biensûr, celle du penaud et incontour-nable étourdi qui a oublié le fameuxpetit flacon... On s'y croirait !Humour garanti.
D'Agnès Boukri, ill. Emilie Chollat :Tout va bien ! (72 F). Nous atten-dions avec impatience un nouvelalbum d'Emilie Chollat tant son gra-phisme nous avait séduits dans LeDéfilé. Elle change ici un peu de re-gistre, accentuant le style humoris-tique au détriment d'une certaineélégance de mise en pages pourmieux servir le propos de l'histoire :Maman et les enfants partent en va-cances. Papa reste travailler. Situa-
U T
tion classique, vision convention-nelle de la vie familiale qui permet-tra aux auteurs de multiplier lesclichés pour mieux en jouer. Le stylesouvent allusif du texte, quelquefoisen parfait décalage avec la réalitédonnée à voir par les illustrations, lamise en vis-à-vis des activités paral-lèles des uns et des autres, l'abon-dance de détails et clins d'oeil amu-sants des illustrations, le dynamismede la mise en pages, le travail sur lecadrage et les notions de point devue (plongées - contre-plongées, etc.)accentuent la drôlerie des situationset raviveront de nombreux souvenirschez les lecteurs, petits et grands.
De Christine Destours : Messieurspropres (68 F). Ils s'en donnent dumal pour tout nettoyer dans lamaison ! Ils ? Ce sont les cinq doigtsde la main - l'union fait la force -astucieusement représentés à l'aidede montages photographiques réa-lisés à partir de doigts de gants encaoutchouc découpés et mis enscène dans une image elle-mêmeconstituée des multiples matériauxliés au ménage : éponge, torchon,poussière, balai, etc. Original, in-ventif et amusant.
De Sophie Mandon, ill . YannFastier : Bob le déboussolé (68 F).Soutenu et accompagné de ses amis,Bob veut retrouver ses racines,normal pour un tournesol. Traver-sant les contrées, il s'adapte tantbien que mal aux différents us etcoutumes en cours jusqu'au jour oùil retrouve ses congénères. Il croitavoir enfin trouvé sa place, avant decomprendre que le bonheur n'estpas de faire ce qu'on attend de vousmais de savoir ce pourquoi l'on estfait et de vivre auprès de ceux qu'onaime. Un petit album au graphismetout simple, efficace et expressif.
N° 187 JUIN 1999/19
#
Maman était une enfant calme.
Maman était petite avant d'être grande, V. Larrondo, C. Desmarteau, Seuil Jeunesse
De Zazie Sazonoff, photographies
de Fred Chapotat : La Fête àNeuneu (72 F). Une entrée en
fanfare dans le monde du cirque en
compagnie du père Neuneu. Les
créations en volume photographiées
par Fred Chapotat - que l'on connaît
déjà à travers son travail avec Les
Chats pelés - nous entraînent joyeu-
sement à la rencontre de la femme-
obus « plutôt canon » !, en haut des
montagnes russes, à bord du train
fantôme et à la découverte de mondes
fantastiques. Envoûtant.
De Lamia Ziadé : Rayon beauté
(68 F). Ils se sont rencontrés au
rayon hygiène-beauté du super-
marché. Il ainie le riz, elle préfère les
nouilles et après avoir partagé un
plat de nouilles au riz dans un restau-
rant japonais, ils se sont mariés à la
mairie et ont commencé à utiliser le
même tube de dentifrice qui servira
bientôt à toute la famille. Fantaisie,
audace graphique, coloris « kitsch »,
mélanges de styles (graphisme, photo,
tissus), un album qui décoiffe !
Dans la collection 12x12 (35 F
chaque), d'Olivier Douzou : Capi-taine. Succès assuré auprès des
tout-petits, grands amateurs d'hu-
mour scatologique.
De Lynda Corazza : Petit, GRAND.Les pots de petit suisse et de yaourt
ont inspiré Lynda Corazza qui
s'amuse à les transformer en autant
de voitures, maison, train, sans
oublier le passage rituel dans la vie
des petits du petit pot au grand pot
et le clin d'œil aux adultes avec le
Petit Suisse et le grand Bulgare !
De José Parrondo : Mon œil. Un
chien court sur pattes et à vue basse
prend des vessies pour des lanternes
en n'identifiant qu'une infime
partie des personnages qu'il ren-
contre. Ainsi un os se révèle être le
bout de la trompe d'un éléphant, le
pied d'un réverbère, une jambe,
etc. Comme le chien, l'enfant ne dé-
couvrira l'élément dans son en-
semble qu'en tournant la page. Le
moment le plus drôle étant bien sûr
la paire de lunettes qu'il néglige
d'un air hautain, trouvant l'objet
totalement dénué d'intérêt. Tout
bête et d'autant plus convaincant.
De Jochen Gerner : Harry Staute.« Les sons émis par la voix sont les
symboles des états de l'âme et les
mots écrits les symboles des mots
émis par la voix et de même que
l'écriture n'est pas la même chez
tous les hommes, les mots parlés ne
sont pas non plus les mêmes bien
que les états de l'âme dont les ex-
pressions sont les signes immédiats
soient identiques chez tous comme
sont identiques aussi les choses dont
ces états sont les images ». Difficile
Aristote ? Beaucoup plus drôle en
tout cas lorsqu'il est interprété par
Jochen Gerner qm nous propose ici
une lecture phonétique et imagée
(les sons donnant d'autres sens) qui
vaut son pesant de cacahuètes.
Mais... à qui s'adresse-t-on ?
I Au Seuil Jeunesse, de Fred Ber-
nard, illustré par François Roca :
Monsieur Cloud nuagiste (59 F).
20 / LA REVUE DES LIVRES PODR ENFANTS
Monsieur Cloud est « nuagiste »(d'où son nom, clin d'œil à l'anglais)dans une fabrique de parapluies.Son travail consiste à faire pleuvoirles nuages. Or, sa machine a bienramené les nuages au-dessus de la
Où l'on verra que sciences et poésiepeuvent faire bon ménage. Les illus-trations de François Roca en noir etblanc (qui semblent réalisées sur dela carte à gratter) sont particulière-ment intéressantes : tout à la fois in-quiétantes et poétiques. Le texte,composé dans une jolie typographiesur papier crème, est tout aussiprenant. Un bel objet.
De Lionel Koechlin, 01, PhilippePetit-Roulet : Le Tricycle de Pelu-chon ; La Peinture de Peluchon(42 F chaque). Pauvre Peluchon,souffre-douleur des trois affreux,lâches et méchants frères Loulous.Heureusement Papa Ours n'estjamais bien loin et il est magicien !Après un passage extrêmement re-marqué par la publicité, PhilippePetit-Roulet abandonne la Twingopour le tricycle et revient au livrepour enfants. On se demande un peupourquoi Koechlin n'a pas mis enimages lui-même ses nouveaux hérosmais le duo fonctionne bien et nouslivre des petits albums tout simples etun personnage attachant auquelbeaucoup d'enfants pourront s'identi-fier. Les personnages de Petit-Rouletdessinés au trait sur des fonds pastelfont un peu penser au Coby de Maris-cal pour les jeux olympiques de Bar-celone. Espérons que Peluchon engrandissant trouvera d'autres res-sources que la magie de son père pourfaire face à l'adversité.
De Valérie Larrondo et ClaudineDesmarteau : Maman était petiteavant d'être grande (65 F). Undémenti désopilant au discours que
tiennent habituellement les mères defamille à leurs rejetons quand ils'agit de leur inculquer quelquesprincipes. Enfants modèles préten-dent-elles ? Les illustrations haute-ment expressives prouvent tout lecontraire. Une lecture jubilatoirequi amusera autant les enfants queleurs parents.
De Nathah'e Lété, dans la collectionTête-à-queue : Découvre lesanimaux familiers ; Découvre lesanimaux sauvages (49 F chaque). Ungraphisme beaucoup moins déroutantque dans le pêle-mêle évoqué plushaut nous permet d'apprécier uneautre facette du travail de Nathah'eLété et l'élégance de sa palette decouleurs. L'aspect ludique du livreaccordéon qui invite à constituer denouvelles espèces chimériques tellesqu'un Croco-zelle, un Cha-tor etautres Rhin-oque (quelquefoiscontrées par l'épaisseur du carton)garantit le succès de l'entrepriseauprès des enfants.
I Chez Syros Jeunesse, de PulasBiswas et Anushka Ravinshankar :Libérez Petit-Tigre ! (69 F).Curieux de tout ce qui l'entourePetit-Tigre s'aventure de plus enplus loin jusqu'à sa rencontre avecune chèvre. Effrayé, il se réfugiedans un arbre . Des chasseursl'aperçoivent et, intrigués par soncomportement, le déclarent dange-reux et décident de le capturer.Mais qu'en faire ? Sous couvertd'une petite histoire toute simple,cet album d'origine indienne quiporte le logo d'Amnesty Internatio-nal interroge l'enfant lecteur : faut-il avoir peur de ceux que l'on neconnaît pas ou que l'on ne com-prend pas ? L'album séduit d'em-blée par son illustration au gra-phisme stylisé. Deux couleurs : unnoir et un très beau rouge briquequi tranchent sur le blanc ivoire dela page et accentuent le dynamismeet la simplicité du récit composédans une belle typographie remar-quablement mise en pages.
B.A.:A.E.
Libérez Petit-Tigre .', P. Biswas, A. Ravinshankar, Syros Jeunesse
N° 187 JUIN 1999/21