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EHESS Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle by Robert Mandrou Review by: E. P. Archives de sociologie des religions, 14e Année, No. 28 (Jul. - Dec., 1969), pp. 221-222 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30123652 . Accessed: 10/06/2014 23:43 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sociologie des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.46 on Tue, 10 Jun 2014 23:43:21 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècleby Robert Mandrou

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Page 1: Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècleby Robert Mandrou

EHESS

Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle by Robert MandrouReview by: E. P.Archives de sociologie des religions, 14e Année, No. 28 (Jul. - Dec., 1969), pp. 221-222Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30123652 .

Accessed: 10/06/2014 23:43

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BULLETIN DES OUVRAGES

((a les jours de penitence dans l'Ancien Israel n, a la convocation ? la liturgie p6nitentielle et a les rites de la liturgie p6nitentielle ,.

Dans ce triple domaine, les parallkles ne manquent pas, en particulier avec la litt6rature canandenne de Ras Shamra-Ugarit. Le corps de l'ouvrage est 6videmment consacr6 aux psaumes eux-m~mes, qui sont successivement pr6sent6s d'une maniere analytique (ch. IV), et dont le but et l'efficacit6 apparaissent ensuite dans le cha- pitre V: ((a Sacrifice, oracle et b6n6diction )).

Cette 6tude, faite par un ex6gite qualifib, a le gros avantage d'c animer)) les textes bibliques en les situant dans un cadre concret, qui permet au sociologue de

((sentir,) leur

milieu, leur but et la r6alit6 presque physique des sentiments qu'6prouvaient ceux qui les psalmodiaient dans les c6r6monies du culte. Le livre pr6sente done un int6r~t qui d6passe largement la valeur thbologique de son contenu.

J. H.

226

Liturgies et communaut~s humaines; vers une vie liturgique diversifiee. Paris, Ed. du Centurion, 1969, 130 p. (Coll. ( Vivante Liturgie , n0 84).

Cinq auteurs (Th. Maertens, P. van Hooij- donk, J.F. Lescrauwaet, H. Manders et E. Schillebeeckx) s'interrogent sur la riforme liturgique actuelle dans 1'Eglise catholique et plaident pour sa diversification selon les lieux, les temps et les groupes. La contribu- tion de P. van Hooijdonk retiendra particu- lirement I'attention ((( Liturgie universelle et liturgie des communauts : une etude socio- logique , p. 17-42). A partir d'une enqubte par questionnaires et discussions de groupes effectude dans trois localitds n~erlandaises, I'A. distingue deux types de liturgie vdcue (voir le titre de son article) correspondant respective- ment au type-Eglise et au type-denomination. A notre avis, la r~alit| liturgique est plus foisonnante qu'on ne le montre ici. Mais cette premiere tentative d'exploration du culte catholique A partir de categories sociologiques m~rite d'6tre remarquie. On aurait aimS, aussi, connaitre la teneur des questionnaires utilis~s et la facon dont ils ont 6t6 administr~s.

J. S.

227 MANARANCHE (Andre).

Y a-t-il une 6thique sociale chretienne ? Paris, Ed. du Seuil, 1969, 256 p.

Le caractbre interrogatif du titre rigne sur I'ensemble de l'ouvrage qui est plut6t un trend report - conduit avec 6rudition et

finesse - des r~ponses thdologiques contem- poraines (surtout catholiques et protestantes), rdponses oui, r~ponses non ou r~ponses oui et non B cette interrogation fondamentale. C'est dire en tout cas que A. M. se propose moins d'exposer ce qu'est une 6thique sociale chr~tienne que de se demander s'il y en a une et, si oui, dans quelles limites et selon quelle 6pist~mologie. Un an sit, plut6t qu'un quid sit.

On se demande si cette originalit6 certaine ne s'enferme pas cependant dans la complexit6 mdme du dossier contemporain. Sur un sujet pareil E. Trceltsch n'apparait que dans l'6clair d'une allusion (p. 105). La problhmatique mime ne rellverait-elle pas cependant de son oeuvre magistrale encore ind~passbe ? Et les Soziallehren du christianisme contemporain sous leurs formes protestantes ou sous leurs formes catholiques ne sont-ils pas finalement un chapitre - celui du dernier demi-siicle - ajouter et a ajuster B Troeltsch, ? condition d'en int~grer la m~thode et la mise en pers- pective.

A. M., dont I'acuit6 et l'agilitP d'esprit ne sont plus B d~montrer apr~s cet ouvrage, trouverait sans doute dans cette distanciation de quoi donner suite B son hypoth~se finale sur cette perception du a Royaume (( a un niveau plus originaire que celui des decisions morales , (p. 245-246). Mais, sit venia verbis (p. 17, n. 16), ce serait passer d'une theologie sociale i une thdologie sociologisante ou mime ((sociolo- gisbe

,. Celle-ci ne serait pas pour autant une

sociologie a-thbologique >. A. M. n'en voudrait pas pour lui-m~me; c'est son droit et qui pourrait le contester ? - mais il s'y trouverait du moins au rendez-vous d'une sociologie historique du ou des christianismes, oh il puiserait renfort et r6confort.

~H. )D.

228 MANDROU (Robert).

Magistrats et sorciers en France au XVIIe siocle. Paris, Pion, 1968, 583 p. (Coll. Civilisations et mentalit~s).

(( Dmons, demons, ils sont partout. Ils hantent les jours et les nuits des hommes les plus intelligents de ce temps

,, notait Lucien

Febvre en 1948 s propos d'un ouvrage sur la sorcellerie en Franche-Comtt. Or vient un temps oh cette hantise a disparu: tout ce qui la nourrissait a 6th jug6 impossible. Que s'est-il pass6 ? c Quand nous avons dit: credulit6, superstitions, manque de sens critique, nous sommes bien avanc~s... Non, il ne suffit pas de hausser les 6paules e. En fait, il s'est produit une transformation mentale collective, une de a ces rtvolutions de l'esprit qui se font sans

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

bruit et qu'aucun historien ne s'avise d'enre- gistrer

,. Ensemble imaginaire, mais croyances

trbs rbelles tant qu'elles ne se sont pas dissi- p~es, et que l'histoire doit prendre en charge.

C'est ce qu'a voulu faire R. M. dans une these de Sorbonne, fondde sur le d~pouillement des procedures de sorcellerie (celles qui n'ont pas 6t6 br.lbes avec l'accus6, comme il btait d'usage, ou qui n'attendent pas encore d'etre inventoribes, comme i Toulouse oh 80.000 sacs i procis criminels sont dans ce cas), en se limitant (c'est encore considerable) aux parle- ments frangais du XVIIe siicle, e'est-i-dire, n6gligeant survie et mutations des croyances populaires, au niveau des juridictions sup&- rieures. Problinme : les poursuites en sorcelleries, accueillies sans rnsistance au dlbut du sicle, ne sont plus retenues i la fin; en 1640, le parlement de Paris fait encore cavalier seul, mais apris 1660, le reflux d~cisif a commence. Mutation difficile : mais il aura suffi de quelques dizaines d'annies pour que soit contest6e, discut6e et finalement abandonn~e ((a une jurisprudence solidement assise sur des silcles de pratique continue >. Nous avons, sous nos yeux, I'expbrience de ces barrages d'une resistance ~prouv~e, qui cdent pourtant brusquement de fagon inattendue.

La croyance aux sorcires n'est pas simple fantasme enracin6 dans les terreurs paysannes, produit d'un sous-d~veloppement culturel et bconomique; elle est aussi une construction intellectuelle, fond~e sur I'expbrience, la raison et les lois. La lenteur i suivre la nou- velle jurisprudence ne manifeste pas tant les pr~jug~s et ignorances de la haute magistrature que ses exigences d'esprit. Il ne lui suffit pas en effet de s'en remettre au jugement des thbologiens pour d~cider si, par ce biais, ne s'introduit pas une opinion contraire aux principes de la religion: i partir de faits que tous peuvent constater, il lui faut 6tablir l'origine des forces ou des intelligences ainsi r6v6les, savoir ce qui vient de Dieu ou du diable, et d'abord ce qui est du domaine de la nature et ce qui d~passe les capacit~s de l'homme, et finalement trouver place dans le naturel pour I'anormal, le pathologique, la maladie mentale, le d6lire imaginatif, etc.

L'avinement de la nouvelle jurisprudence fait partie de cet effort beaucoup plus g~nbral au XVIIe silcle pour surmonter les obstacles intellectuels i la constitution d'une science et d'une pensbe fond~es sur une nouvelle raison. Dans cet univers, Dieu et Satan cessent d'in- tervenir dans le cours naturel des choses et dans la vie ordinaire des hommes. Pourquoi s'6tonner que cette mutation ait ~t6 mirie dans un 6troit groupe social, non seulement vou6 i l'6tude et au savoir, mais plac~ pro-

fessionnellement au centre de decision et

port6 i la voie moyenne, aussi 61oign~e du scepticisme libertin que de la cr6dulit6 d6vote ?

Une seconde raison explique cette lenteur: i c6t6 du mur culturel i passer, il y avait un foss6 culturel i combler; i e6t6 du progris n~cessaire, un retard inhibiteur. Les grandes 6pidtmies de sorcellerie, par provinces entibres, relevaient de la sorcellerie rurale ; or les grands scandales qui ont declench6 la crise de conscien- ce des magistrats ont 6th des cas urbains de possessions conventuelles. La difference est a la fois religieuse et sociale, mime si le fonds de croyance demeure identique: en ville, des religieuses de bonne famille ont le diable au corps ; dans les campagnes, la peur et la misi~re jouent tragiquement leur rl61e. Sans doute etait-il plus facile de comprendre le premier ph6nomhne, que d'extirper le second.

R. M., au terme de son analyse, observe a l'exceptionnelle stabilit6 des structures men- tales dans l'histoire des civilisations occiden- tales

), et, de ce fait, I'6norme distance qui s~pare la novation solitaire d'une r~volution spirituelle, en m~me temps que la difficult6, pour une d~marche collective, i s'assurer et i s'affermir. Ses r~flexions se laissent ais6ment prolonger. Comment, d'abord, ne pas 6voquer ici la crise moderniste ? Ces deux transforma- tions pr~sentent nombre de points communs, et c'est bien I'horizon surnaturel que structure ici et his selon des exigences nouvelles l'exercice de la raison critique et dont il modifie les conditions de crbdibilit6. Pourtant, si elles rencontrent les m~mes freinages, elles ne connaissent pas les m~mes d~veloppements. Apparemment, le crime de sorcellerie a &th disqualifii. En r~aliti, il s'est dicompos6, et l'on assiste i une triple diff~renciation pos- sible: la justice le rbduit au rang de dblit social (imposture et superstition, exploitation de la cr~dulit6 publique); la mddecine y d~couvre une forme de la maladie mentale; quant i la religion, elle ne renoncera pas pour si peu aux entreprises sataniques dont la subversion rivolutionnaire ne tardera pas i apparaitre comme le nouveau visage. Le diable qui se laisse exploiter ou interner ne doit pas faire oublier le prince des t~ndbres dont i'action occulte nourrit une peur bien diff&- rente de celle des siecles passes mais non moins profonde.

E. P.

229 MANEN (Henri). Le Pasteur A.N. Bertrand, tbmoin de l'unite ~vang6lique, 1876-1946. S. 1., s. d., 280 p. (publi6 avec le concours du C.N.R.S.).

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