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  • Maroc 2014

    www.africaneconomicoutlook.org

    Samia Mansour / [email protected] Vincent Castel / [email protected]

  • 2 Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

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    Lconomiemarocaineafaitpreuvedersilienceavecuntauxdecroissancede4.7%en 2013, tire principalement par la consommation intrieure et linvestissementpublic.Cettecroissanceaaussibnficidunesaisonagricolesatisfaisante.

    Les rformes engages depuis quelques annes pour promouvoir le secteur privonttconsolidesen2013parunerformefiscaleetlapoursuitedelarformedela Caisse de compensation. Celle-ci constitue une tape cl dans la rduction desdpensespubliques.

    LeMaroc amis sur des stratgies sectorielles cohrentes pour accompagner lesrformesengagesdepuisledbutdesannes2000,cequiapermisdacclrer latransformationstructurellede lconomieetdepromouvoirdenouveauxproduits.cetitre,denouvellesindustriescommelaronautiqueetlautomobileprsententdes relais de croissance importants et sont par ailleurs des vecteurs dinnovationpourlconomiemarocaine.CesrelaisdecroissancepeuventpermettreauMarocdecompenserlesdifficultsquerencontrentcertainssecteurstraditionnels,commeletextile.

    Vue densemble

    Lconomie marocaine a consolid sa croissance en 2013 avec un PIB en progression de 4.7 % aprs +2.7 % en 2012, et ce dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale. Cette performance est imputable en particulier la bonne vitalit de lagriculture, car les activits non-agricoles sont pour leur part restes peu dynamiques par rapport 2012. Les exportations globales de biens ressortent en baisse de 4 % en raison dun dclin de presque 28 % des exportations de phosphate et de ses drivs. Seules les exportations des biens dquipement, principalement les fils et cbles lectriques, ont profit de la reprise de la demande extrieure.

    Par ailleurs, le Maroc a continu de pratiquer une gestion macroconomique et budgtaire saine en 2013. Grce une politique montaire prudente, linflation a atteint 1.9 %, le dficit courant a t rduit 7.2 % du PIB, contre 10 % en 2012, et les rserves de change ont t portes 4.5 mois dimportations de biens et de services. Le dficit budgtaire a nanmoins atteint 5.3 % du PIB. cet gard, le gouvernement a engag des mesures correctives pour amliorer le recouvrement des recettes et revoir la baisse linvestissement public en 2014. Lobjectif est de ramener le dficit budgtaire 3 % du PIB dici 2016. Il convient toutefois de souligner que la rforme de la Caisse de compensation et lapplication du systme dindexation des produits ptroliers sont ncessaires pour atteindre cet objectif.

    Dans lensemble, la performance du Maroc est encourageante, le pays ayant su profiter de sa stabilit politique et sociale. Le climat des affaires sest amlior et le pays a gagn 8 places dans le classement annuel Doing Business, passant de la 95e la 87e place dune anne sur lautre. En outre, lanne 2013 a t marque par lamlioration des revenus du tourisme (+2 %), des transferts des marocains rsidents ltranger, et par une hausse significative des investissements directs trangers (+20 %).

    Malgr ces bonnes performances et lamlioration de la situation conomique dans son ensemble, le Maroc na pas pu rpondre au dfi pos par le chmage des jeunes (15-24 ans), qui sest lev 19.1 % en 2013. Pour lanne 2014, le Maroc va continuer de mettre en uvre son programme de rformes (subventions, fiscalit, retraite, protection sociale et systme budgtaire), avec un double objectif : i) amliorer lefficience des finances publiques ; et ii) soutenir le dveloppement dun modle de croissance inclusif port par le secteur priv, qui soit crateur demplois pour les jeunes.

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    Le Maroc a mis sur des stratgies sectorielles cibles pour accompagner ces rformes, acclrer le processus de transformation et de diversification de son conomie et par consquent crer plus demplois. Le Pacte National pour lmergence Industrielle dit PNEI (2009-15), qui a pour objectif la redynamisation du secteur industriel et la consolidation de sa comptitivit, constitue ainsi un cadre stratgique important pour lancer des filires industrielles o le Maroc peut se considrer plus comptitif. Dans cette perspective, lobjectif de crer 220 000 emplois nouveaux semblerait ralisable dici 2015. Les nouvelles industries de laronautique et de lautomobile prsentent ainsi un gisement important de croissance conomique et dinnovation pour le Maroc.

    Figure 1. TauxdecroissanceduPIBrel

    %

    2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    9

    10

    Taux de croissance du PIB rel (%) Afrique (%) Afrique du Nord (%)

    Source : BAfD, Dpartement Statistique PEA. Estimations (e) ; prvisions (p).

    Tableau 1. Indicateursmacroconomiques

    2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)Croissance du PIB 2.7 4.7 3.2 4.6

    Taux de croissance du PIB rel par habitant 1.3 3.2 1.7 3.3

    Inflation 1.3 1.9 2.7 3.0

    Solde budgtaire (% PIB) -8.6 -5.3 -5.5 -4.9

    Compte courant (% PIB) -10.0 -7.2 -7.8 -7.3

    Source : Donnes des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prvisions (p).

    Dveloppements rcents et perspectives

    En 2013, la situation conomique sest redresse au Maroc, avec une croissance qui sest leve 4.7 %, porte par la bonne performance du secteur agricole. La valeur ajoute agricole sest en effet inscrite en hausse 21 %, comparer avec une dclration de 2.5 % de celle des activits non agricoles.

    Le secteur primaire a bnfici dune pluviomtrie favorable et par consquent dune trs bonne saison agricole. La production cralire a enregistr une hausse de 86 % par rapport 2012 avec 20.42 millions de quintaux fin octobre 2013, constitue hauteur de 99 % de bl tendre. Grce lamlioration de la rcolte 2012/13, les importations de crales ont t rduites de 42 %. Pour les autres cultures agricoles, llevage et la pche maritime ont galement enregistr un rythme soutenu de leurs activits, bnficiant des programmes dinvestissement publics sectoriels, en

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    particulier le Plan Maroc Vert et le Plan maritime Halieutis. Au total, la croissance de la valeur ajoute du secteur agricole slve donc 21 % en 2013, et contribue prs de 15 % du PIB. Mais il faut noter que les conditions climatiques peu favorables ainsi que les faibles prcipitations pour la saison en cours devraient peser sur ces performances en 2014.

    Pour leur part, les industries manufacturires ont connu une croissance faible et irrgulire en 2013. Leur contribution au PIB est infrieure 15 % et leur taux de croissance slve 0.6 % par rapport 2012. La valeur ajoute de ce secteur a en effet connu une volution disparate entre ses diffrentes filires. Ainsi, certaines industries, principalement lautomobile et laronautique, ont enregistr de fortes hausses lexport: respectivement plus de 20 % et plus de 14 %. linverse, limmobilier, les travaux publics, le textile et le cuir ont accus des taux de croissance ngatifs, ces filires ayant t fortement affectes par la baisse de la demande europenne. Les industries agroalimentaire et pharmaceutique ont quant elles connu des volutions plus positives et contribu aux exportations. Il faut noter que la rforme du secteur industriel marocain, porte par le Pacte dmergence Industrielle (PNEI) a permis de relancer le tissu industriel et le diversifier. ce stade, lanne 2014 affiche de bonnes perspectives pour certaines filires, en premier lieu les industries automobile et aronautique. Plus particulirement, le secteur automobile connat un fort dynamisme depuis linstallation de lusine Renault en fvrier 2012. Ses exportations ont ainsi connu une excellente croissance, au point de dpasser pour la premire fois le secteur textile. Pour sa part, le secteur aronautique est lautre secteur trs performant du Maroc, et se caractrise par une activit diversifie prsente sur toute la chane de valeur, de la production aux services ddis en passant par la maintenance et lingnierie. Inexistante en 2002, lindustrie aronautique au Maroc est aujourdhui forte dune centaine dentreprises dont des entits des plus grands groupes mondiaux tels que Bombardier, EADS, Safran, Aerospace et Aircelle. Elle emploie plus de 100 000 salaris hautement qualifis et ralise un chiffre daffaires de plus de 8 milliards MAD. Le chiffre daffaires du secteur aronautique a enregistr une croissance annuelle de 25 % sur les cinq dernires annes.

    Du ct des industries non manufacturires, la croissance a t trs faible en 2013 et parfois mme ngative pour certaines filires. La production de phosphates, point fort de lindustrie marocaine, sest inscrite en recul de plus de 2 %, refltant une moindre demande extrieure. Le chiffre daffaires lexport de lOffice Chrifien des Phosphates (OCP) a ainsi totalis 34.8 milliards MAD fin novembre 2013, soit un repli de 22 % par rapport 2012. Cette contre-performance est la consquence de la forte baisse des ventes ltranger, et cet effet une reprise en 2014 est envisageable si la demande extrieure repart la hausse.

    Pour le secteur secondaire dans son ensemble, les prvisions pour 2014 font tat dune croissance de 4.5 %, aprs une petite hausse de 0.6 % en 2013. Ce regain de croissance reposerait sur trois lments : i) une reprise dans le secteur extractif (5.6 % en 2014 contre 0.4 % en 2013) ; ii) un regain de croissance de lensemble des industries de transformation (4 % en 2014 contre 1.8 % en 2013), et notamment le secteur du textile-habillement ; et iii) un retour la croissance des activits du btiment et des travaux publics (4 % en 2014 contre -1.6 % en 2013).

    Les activits tertiaires ont, quant elles, continu de soutenir la croissance marocaine en 2013 mais un rythme en lger repli par rapport 2012, refltant le ralentissement du rythme de croissance de la valeur ajoute des administrations publiques. Pour lessentiel, ce sont les tlcommunications et le commerce qui sont lorigine de la croissance de la valeur ajoute du secteur tertiaire. Ainsi, la croissance des parcs de la tlphonie et de lInternet a t positive et la couverture des services de tlcommunications au Maroc sest largie. Le parc global de la tlphonie sest consolid avec un taux de croissance de 6.6 % et 44.3 millions dabonns, l o les services Internet ont augment de 34.7 %, soit 5.2 millions dabonns fin octobre 2013. En matire de tourisme, la valeur ajoute a poursuivi son redressement pour enregistrer une croissance de 4.8 % en 2013. Les nuites globales et les recettes voyage ont ainsi augment respectivement de 5 % et 13 %. En 2014, le secteur tertiaire devrait rester sur la mme tendance de croissance, avec une estimation de +5.1 %, sous leffet de la consolidation des performances des tlcommunications, du commerce et du transport. Le secteur du tourisme pourrait galement confirmer sa lgre reprise.

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    Toutefois, les prvisions font tat dun ralentissement de la croissance conomique en 2014, avec un taux de croissance estim 3.2 %. Cette volution est imputable plusieurs facteurs ngatifs, selon le Haut Commissariat au Plan marocain (HCP) : i) un mauvais dmarrage de la campagne agricole 2013/14 en raison dun dficit pluviomtrique important sur les trois derniers mois de 2013 ; ii) des cots de production agricole impacts par la flambe des prix des carburants ; et iii) limpact de la fiscalisation du secteur agricole. Le Maroc tant encore tributaire du secteur agricole, la reprise de lconomie dpendra de la mise en place et de lexcution des rformes en cours dans ce secteur. noter que les exportations restent aussi tributaires de la reprise de lconomie mondiale, et particulirement lconomie europenne.

    Tableau 2. PIBparsecteur(enpourcentageduPIB)2008 2012

    Agriculture, chasse, foresterie et pche 14.6 14.4

    dont pche 1.2 1.0

    Mines 7.3 5.3

    dont ptrle

    Manufactures 14.2 15.9

    Electricit, gaz et eau 2.6 2.6

    Construction 6.2 6.5

    Vente en gros et de dtail, htels et restaurants 14.0 13.0

    dont htels et restaurants 2.6 2.6

    Transports, entreposage et communications 7.3 6.7

    Finance, immobilier et services aux entreprises 14.0 14.1

    Services des administrations publiques 8.7 9.7

    Autres services 11.1 11.8

    Produit intrieur brut aux prix de base / au cot des facteurs 100.0 100.0

    Source : Donnes des administrations nationales.

    Politique macroconomique

    Politiquebudgtaire

    En 2013, le Maroc a d durcir sa politique budgtaire pour faire face laugmentation des dpenses dans son budget constates depuis 2011. Le dficit budgtaire a ainsi t rduit 5.3 % du PIB en 2013. Pour contrebalancer ses charges additionnelles, dues principalement laugmentation de la masse salariale, le gouvernement sest engag dans un processus de rformes du systme de compensation et de modernisation fiscale, et sest fix lobjectif de ramener le dficit budgtaire 3 % du PIB dici 2016. Dans ce sens, le gouvernement a adopt, en 2013, un systme dindexation partielle sur les produits ptroliers qui sest traduit par la rvision des prix de 0.69 MAD pour le gasoil et 0.59 MAD pour lessence. Ces premiers efforts ont ainsi permis de ramener le dficit budgtaire de 8.6 % du PIB en 2012 5.3 % en 2013.

    La situation des finances publiques en 2013 sest caractrise par une baisse des recettes publiques sous leffet de moindres recettes fiscales, notamment les impts sur les socits (baisse de presque 13 % par rapport 2012) et les droits de douane. Quant aux dpenses, elles ont enregistr une lgre hausse et ce malgr la baisse de 23 % des dpenses de compensation. Cette hausse est principalement due laugmentation des dpenses de biens et services, et des charges de lintrt de la dette.

    Lanne 2013 a t marque par la volont des autorits marocaines daugmenter la transparence et la bonne gouvernance, notamment travers la prparation temps des comptes publics et leur publication. En vue dune rpartition plus quitable des ressources financires, le gouvernement soutient, via la rforme de la nomenclature budgtaire, linclusion de la dimension rgionale dans la rpartition du budget. Lobjectif est dassurer une rpartition optimale des efforts de ltat sur les diffrentes rgions.

  • 6 Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

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    En 2014, selon les prvisions, le dficit budgtaire devrait stablir 5.5 % du PIB. La ralisation de cet objectif reste toutefois tributaire de lexcution des rformes. Dans la perspective de contenir les dpenses publiques, le gouvernement entend poursuivre la rforme de modernisation du systme de protection sociale, afin de rduire les dpenses de compensation de 6 % 3 % du PIB en 2014. Concernant les finances publiques, les dpenses ordinaires devraient diminuer de 3.3 % pour atteindre 26.5 % du PIB en 2014, en raison notamment dun recul des dpenses globales. Pour leur part, les recettes ordinaires, hors recettes de privatisation, devraient connatre une lgre baisse denviron 1 % en 2014, par rapport 2013, sous leffet dune diminution des recettes fiscales, principalement celles de limpt sur les socits et des droits de douane.

    Tableau 3. Oprationsfinanciresdeltat(enpourcentageduPIB)2005 2010 2011 2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)

    Recettes totales (avec dons) 23.9 25.4 26.5 26.6 27.2 26.2 25.5

    Recettes fiscales 21.5 22.7 23.0 23.7 23.1 23.0 22.8

    Dons 0.5 0.0 0.6 0.3 1.5 0.6 0.2

    Dpenses totales (et prts nets) (a) 29.7 29.8 33.6 35.2 32.5 31.7 30.5

    Dpenses courantes 25.9 23.8 26.9 28.7 26.7 26.5 26.0

    Sans les intrts 22.6 21.5 24.6 26.3 24.5 24.3 23.8

    Salaires 11.7 10.3 11.1 11.6 11.2 10.8 10.3

    Paiement d'intrts 3.3 2.3 2.3 2.4 2.3 2.1 2.2

    Dpenses en capital 3.9 6.0 6.7 6.5 6.3 6.3 6.4

    Solde primaire -2.5 -2.1 -4.7 -6.2 -3.0 -3.4 -2.7

    Solde global -5.8 -4.4 -7.0 -8.6 -5.3 -5.5 -4.9

    Note : a. Seuls les principaux postes de recettes et de dpenses sont dtaills.Source : Donnes des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prvisions (p).

    Politiquemontaire

    Dans un contexte conomique international difficile, le Maroc a poursuivi une politique montaire prudente axe sur la matrise de linflation. ce titre, pour le mois de dcembre 2013, linflation est reste relativement stable, 1.9 % contre 1.3 % la mme priode de 2012. Ces volutions taient conformes aux prvisions de la Banque Centrale marocaine (Bank Al-Maghrib). Par consquent, en labsence de pressions inflationnistes, le conseil de la Bank Al Maghrib a dcid en dcembre 2013 de maintenir inchang le taux directeur, 3 %.

    Nanmoins, lvolution des prix en 2014 dpendra de lentre en vigueur du nouveau systme dindexation des prix de certains produits ptroliers en 2013/14, et de la charge de compensation programme dans le projet de loi de Finances 2014. Ainsi, bien que les prix la pompe de ces produits soient calculs sur la base des prix internationaux, les prvisions pour 2014 et 2015 prvoient une inflation relativement contenue, de respectivement 2.7 % et 3 %. Il faut noter que ces prvisions sont conformes lobjectif de stabilit des prix moyen terme.

    Concernant la masse montaire (M3), elle a affich une faible croissance pour ressortir +1.4 % la fin de 2013, contre +2.9.% en 2012. Cette progression rsulte principalement de la hausse des rserves internationales (+4.9 % contre -20.0 % en 2012). En revanche, les crances sur lconomie et les crances nettes sur ladministration centrale se sont nettement ralenties par rapport 2012 : respectivement +1.9 % et +22.2 % en 2013, aprs +5.5 % et +25.1 % en 2012. Il faut aussi noter que le dficit de liquidits des banques sest encore accentu en 2013, en raison de la faible croissance de la masse montaire.

    Le taux de change effectif nominal du dirham, dont le calcul se base sur un panier comprenant les monnaies des principaux pays partenaires et concurrents du Maroc, est rest quasiment stable en 2013 par rapport 2012. Il sest apprci de moins de 1 % fin 2013 par rapport 2012. La devise marocaine sest dprcie de presque 0.3 % par rapport leuro, et sest apprcie de presque 1.5 % vis--vis du dollar.

  • 7Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

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    Cooprationconomique,intgrationrgionaleetcommerce

    Le Maroc a opt pour une politique commerciale reposant sur une intgration rgionale et une coopration conomique forte, tant au niveau de la rgion mditerranenne que de lAfrique Sub-saharienne. Le Maroc a sign de nombreux accords de libre-change, bilatraux et multilatraux, pour permettre son conomie de sintgrer dans lespace commercial mondial: accords avec lUnion Europenne, les tats-Unis dAmrique, la Turquie et plusieurs pays arabes via lAccord dAgadir et lUnion du Maghreb arabe (UMA).

    Ces accords ont permis de dynamiser le commerce extrieur du Maroc, ce qui a permis dattnuer un dficit commercial important. Les changes extrieurs du Maroc ont ainsi t marqus en 2013 par une amlioration du solde commercial de 5.7 milliards MAD, ramenant le dficit commercial prs de 196.39 milliards MAD en 2013, contre 202.06 milliards MAD un an auparavant. Dans le dtail, cette amlioration du solde est principalement due la rduction de 2 % des importations en 2013 (379.22 milliards MAD, contre 386.95 milliards MAD un an plus tt), ainsi qu un repli de 1 % des exportations (182.84 milliards MAD contre 184.88 milliards MAD en 2012). Le repli des importations a port sur lensemble des produits lexception des biens dquipement et des semi-produits. Pour les exportations, le recul a surtout affect les phosphates et drivs (-21.7 %) ainsi que le secteur du textile et du cuir (-4.4 %). Par consquent, le taux de couverture des importations par les exportations a atteint 48.2 % en 2013, contre 47.8 % en 2012.

    En 2013, les flux des Investissements directs trangers (IDE) ont enregistr un gain de prs de 20 % par rapport 2012, conscutif lamlioration du climat des affaires. Le Maroc a ainsi pu lui seul attirer 25 % des flux dIDE destins au pays de lAfrique du Nord. Selon la revue du groupe Financial Times, FDI Intelligence, le Maroc est devenu le 2e pays le plus attractif en termes dIDE sur le continent africain sur la priode 2013-14, attirant 8.3 % des IDE destins lAfrique.

    noter que les envois de fonds des Marocains rsidant ltranger (MRE) sont rests relativement stables en 2013. Ces transferts ont totalis 58.3 milliards MAD en 2013, contre 58.8 milliards MAD en 2012.

    Tableau 4. Comptescourants(enpourcentageduPIB)2005 2010 2011 2012 2013(e) 2014(p) 2015(p)

    Balance commerciale -13.8 -19.4 -19.4 -20.8 -25.1 -26.0 -26.9

    Exportations de biens (f.o.b.) 18.0 19.6 21.8 22.3 21.3 20.1 19.5

    Importations de biens (f.o.b.) 31.7 39.0 41.2 43.1 46.4 46.1 46.4

    Services 7.2 9.6 5.4 5.6 5.7 6.4 8.2

    Revenu des facteurs -0.5 -1.6 -2.0 -2.4 -0.6 -2.5 -1.8

    Transferts courants 9.1 7.4 8.1 7.7 12.8 14.3 13.2

    Solde des comptes courants 2.0 -4.1 -8.0 -10.0 -7.2 -7.8 -7.3

    Source : Donnes de la Banque centrale et des administrations nationales ; calculs des auteurs pour les estimations (e) et les prvisions (p).

    Politiquedeladette

    En 2013, lencours de la dette publique a augment, atteignant 61.8 % du PIB contre 59.6 % en 2012. La dette publique suit une tendance haussire depuis 2009, o elle se situait 49 % du PIB. Cette volution devrait se poursuivre en 2014 avec une hausse 63 % du PIB, selon les prvisions. Lencours de la dette extrieure du pays sest galement aggrav, atteignant 27 % du PIB en 2013 contre 25 % en 2012. Par consquent, les charges dintrt de la dette extrieure ont progress de presque 16 % en 2013 par rapport 2012, en raison du paiement de la premire chance en intrts de lemprunt de 1.5 milliard USD contract en dcembre 2012 sur les marchs financiers internationaux. Par ailleurs, il faut noter que la dette publique marocaine reste soutenable, sous rserve du maintien dun taux de croissance suffisant et de la rforme de la politique de subvention mene par le gouvernement marocain.

  • 8 Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    La structure de la dette publique par cranciers montre que prs de la moiti (49.2 % du total de la dette) est dtenue par les institutions internationales. Le reste de la dette est dtenu par les cranciers bilatraux avec 34 %, les marchs financiers internationaux (MFI) et les banques commerciales en dtenant quant eux 16.8 %. Prs de 74 % de la dette extrieure est libelle en euros, 11.1 % en dollars et 4.6 % en yens. Par type de taux dintrt, la dette taux dintrt fixe domine la dette publique marocaine, reprsentant 76.8 % de celle-ci, contre 23.1 % de dette taux dintrt variable.

    Pour faire face ses besoins de financement et dans un contexte de dficit du budget devenu chronique, le Trsor prvoit de lever 3.34 milliards MAD linternational et 23.93 milliards MAD sur le march local, dans le cadre de la loi de Finances 2014. Si le gouvernement continue de solliciter principalement le march local, le Maroc aura toutefois recours aux institutions internationales dans les annes venir, au travers dune nouvelle srie de prts consentis par la Banque Mondiale ltat marocain pour un total de 4 milliards MAD sur la priode 2014-17.

    Figure 2. PartdelencoursdeladetteextrieuredanslePIBetratioduservicedeladettesurlesexportations

    %

    2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 20150

    5

    10

    15

    20

    25

    30

    35

    Dette extrieure (publique et prive) /PIB Service de la dette /Exportations

    Source : FMI (WEO & Article IV).

    Gouvernance conomique et politique

    Secteurpriv

    En 2013, le gouvernement marocain a poursuivi les rformes engages (lgislatives, rglementaires, institutionnelles) en vue damliorer le climat des affaires et de dynamiser le secteur priv. Une attention particulire a t porte par le Comit national de lenvironnement des affaires (CNEA) la simplification des procdures administratives, lamlioration du cadre juridique des affaires et la facilitation de laccs au foncier. Plusieurs autres textes lgislatifs et rglementaires visant au renforcement de la bonne gouvernance conomique ont t adopts et seront mis en uvre en 2014. Ces textes incluent notamment la rforme du dcret sur les marchs publics, la rforme de la loi sur la Libert des prix et la concurrence ainsi que le projet de loi relatif lInstance nationale de probit, de la prvention et de la lutte contre la corruption.

  • 9Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    De fait, le Maroc a gagn plusieurs places dans les classements mondiaux sur la facilit de faire des affaires et la comptitivit conomique. Dans le rapport Doing Business 2014 de la Banque mondiale, le pays sest hiss la 87e place du classement gnral de la facilit de faire des affaires (sur 189 pays), en hausse de 8 places dune anne sur lautre, et 39e en matire de cration dentreprises, ce qui reprsente une avance de 14 places pour ce critre. Cette progression est principalement due lamlioration de la facilit et de la rapidit des procdures de cration dentreprises. Ces rsultats positifs pourraient tre consolids en 2014 sous leffet des initiatives prises par les pouvoirs publics marocains, linstar des projets de rformes en cours.

    De faon similaire, dans ldition 2013 du rapport Index of Economic Freedom de la Fondation Heritage, le Maroc a ralis un score de 76.4 sur 100 dans la rubrique Libert des affaires et sest class 46e sur 185 pays, devant le Luxembourg, la Thalande, lIndonsie et la Russie. Toutefois, malgr cette amlioration dans le classement et la simplification dans les procdures de cration et denregistrement, des amliorations du dispositif dappui au secteur priv savrent ncessaires et restent mettre en place notamment dans le domaine de la gestion du foncier, de la formation, du financement (particulirement pour les PME), du dmantlement des obstacles bureaucratiques et de la lutte contre la corruption. ce titre, dans le dernier rapport annuel de Transparency International, portant sur lindice de perception de la corruption dans le monde, le Maroc accuse un recul de trois places dans le classement 2013, la 91e place.

    Secteurfinancier

    Le secteur bancaire marocain est stable, bien capitalis et rsistant aux chocs. Lintermdiation financire a progressivement augment, et leffort engag par le systme bancaire en faveur de linclusion financire a port le taux de bancarisation 60 % fin 2013 tandis que le plan stratgique que pilote la Banque centrale, Bank Al Maghrib, vise porter ce taux 75 % de la population en 2014. Le taux des prts non performants, quant lui, reste faible autour de 5 % en 2013.

    En 2013, le dficit de liquidit bancaire du systme bancaire marocain sest creus pour atteindre 78.1 milliards MAD. Ce dficit de liquidit durable a ncessit des interventions rptes de la Banque centrale pour alimenter le secteur en liquidits suffisantes. Par consquent, afin de permettre au systme bancaire de sorganiser et de se renforcer, Bank Al Maghrib va mettre en uvre une directive sur les fonds propres partir du 1er janvier 2014 et ce jusquen 2019, tout en poursuivant sa politique de rformes, conformment aux exigences de lAccord de Ble III.

    En dpit dune conjoncture conomique nationale qui sest lgrement dtriore, le Maroc a pu se financer en 2013, en empruntant sur le march financier international un montant de 750 millions USD sur des maturits longue (10 ans) et trs longue (30 ans).

    Laccs aux services financiers des trs petites entreprises et petites et moyennes entreprises (TPE/PME) est encore faible en 2013, et le Maroc accuse un retard dans ce domaine. Le faible accs au crdit constitue un des facteurs de contrainte au dveloppement des PME. En effet, alors quelles reprsentent 93 % de lensemble des entreprises du pays, le crdit aux PME ne reprsente que 24 % de lensemble des prts consentis par le secteur financier. Toutefois, Bank Al-Maghrib a mis en place dans sa stratgie 2013-15 un dispositif spcifique pour le suivi du financement des PME et TPE. Par ailleurs, la microfinance reste faiblement dveloppe au Maroc. Aprs presque 20 ans dexistence, le secteur de la microfinance sest dot en 2012 de sa premire stratgie nationale, qui prvoit un accompagnement du secteur par ltat en vue de servir 32 millions de bnficiaires lhorizon 2022.

    Compare aux principales places boursires internationales, Casablanca fait partie de celles qui ont accus les plus fortes contre-performances en 2013: la Bourse de Casablanca se classe ainsi lavant-dernire place des Bourses mondiales, juste devant le march tunisien, avec un recul de 4.3 %.

  • 10 Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    En 2014, la dynamisation du march des capitaux dpendra de la mise en place des rformes associes, savoir la cration dun march terme des instruments financiers (MATIF) et lintroduction de nouveaux produits, tels que les Organismes de placement collectif en immobilier (OPCI).

    Gestiondusecteurpublic,institutionsetrformes

    Au cours des dernires annes, le Maroc sest lanc dans un processus de renforcement et de modernisation de ladministration publique. Ces efforts se sont poursuivis aprs lachvement de la 4e phase, en 2010, du Programme dappui de la rforme de ladministration (PARAP) par ladoption de la nouvelle Constitution en 2011, avec lengagement de renforcer la gouvernance et de rformer ladministration. Toutes ces rformes ont pour objectif principal de rendre oprationnels les principes de la bonne gouvernance : i) en amliorant la qualit et lefficacit des services publics ; ii) en renforant lcoute des citoyens ; et iii) en modernisant la gestion des ressources humaines.

    Lanne 2013 a t marque par la mise en uvre du plan lgislatif du gouvernement et la consolidation de la dmocratie participative travers la prparation et la prsentation de plusieurs projets de lois organiques destins donner un cadre oprationnel la nouvelle Constitution du Maroc. Ces lois ont port notamment sur lorganisation des travaux du gouvernement et de la Cour constitutionnelle. Ces textes concernent galement ladaptation des textes rgissant le Conseil conomique, social et environnemental, le Conseil de la concurrence et le Conseil suprieur de lducation, de la formation et de la recherche scientifique aux dispositions de la nouvelle Constitution du Royaume.

    Dautres rformes ont t mises en place pour assurer une rgionalisation avance, une meilleure dconcentration administrative et pour amliorer la gouvernance des politiques publiques. Toutefois, la mise en uvre de la rgionalisation avance ne se fera pas sans dfis, notamment en termes de capacits des institutions et de disponibilit des ressources humaines au niveau local. Un nouveau chantier de rformes fiscales a par ailleurs t lanc, avec pour objectif la mise en place dun systme fiscal juste et quitable favorisant la comptitivit des entreprises et la consolidation de la confiance entre ladministration fiscale et les citoyens. La mise en uvre progressive des recommandations est prvue au titre de lanne 2014.

    Gestiondesressourcesnaturellesetenvironnement

    La fragilit de lenvironnement et les effets du changement climatique sont une source de fragilit pour le dveloppement durable de lconomie marocaine. En effet, les tudes sur lvolution du climat indiquent une aggravation de laridit sous leffet combin de la baisse des prcipitations et de laugmentation significative des tempratures sur lensemble du territoire marocain.

    Conscientes des consquences de la dgradation des ressources naturelles sur la population, les autorits marocaines ont inscrit dans la nouvelle Constitution laccs un environnement sain comme droit fondamental des citoyens. Depuis 2011, de nombreux programmes de mise niveau environnementale visant lamlioration des conditions de vie des populations ont ds lors t mis en uvre: protection de la qualit de leau, rglementation des missions de polluants dans lair, gestion des dchets, mise en valeur et rhabilitation des aires protges, du littoral et du sol, ainsi quun accs linformation environnementale. Pour sa production dnergie, le Maroc sest aussi fix un objectif ambitieux : porter 42 % la puissance installe gnre par des nergies renouvelables lhorizon 2020, contre 32 % actuellement. Le Maroc a galement fait de la viabilit des stocks de poissons lun des principes fondamentaux de sa stratgie pour la pche, et a plac le patrimoine naturel comme actif stratgique pour le secteur du tourisme.

    En 2013, le Maroc a fait du Plan Vert lune de ses grandes priorits dans le but dtablir une conomie rsiliente et solide, source dopportunits pour les populations vulnrables. Ce plan donnera lieu ladoption de pratiques agricoles durables et au dveloppement de nouveaux secteurs comme lcotourisme et laquaculture, qui offrent la possibilit de crer des emplois et de diversifier les sources de revenus dans les zones rurales o vivent 70 % des marocains pauvres.

  • 11Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    Contextepolitique

    Le Maroc jouit dune bonne stabilit sur le plan politique. Les lections de novembre 2011 ont abouti la victoire du parti islamiste, le Parti de la Justice et du Dveloppement (PJD), dont le Secrtaire gnral, Abdelilah Benkirane, a t nomm la tte du gouvernement. la suite de cette nomination, un gouvernement de coalition a t mis en place le 3 janvier 2012.

    Toutefois, depuis son arrive au pouvoir, le PJD a fait face des attentes importantes sur le plan social, qui ont pris la forme de manifestations et de grves, mais aussi dans les domaines politique, lgislatif et rglementaire. Plusieurs manifestations et une grve gnrale ont eu lieu en septembre 2013 pour protester contre la hausse des prix et limposition dun systme dindexation partielle sur les produits ptroliers liquides. Pour rpondre ces attentes, le gouvernement a poursuivi des rformes en 2013 afin de consolider la dmocratie participative, de renforcer la gouvernance des politiques publiques et dassurer une meilleure dconcentration administrative.

    Malgr une situation scuritaire rgionale proccupante, en raison de lactivisme des cellules terroristes au cours de lanne 2013, la situation scuritaire du Maroc a t matrise. En effet, le pays a renforc ses services de scurit en termes de ressources humaines et de moyens logistiques, et a aussi assur la scurit au niveau de ses frontires pour lutter contre la monte du terrorisme.

    Par ailleurs, lissue dune anne au Conseil de scurit comme membre non permanent, le Maroc a intgr le Conseil des droits de lHomme de lONU pour un mandat de trois ans, ainsi que le Comit des Nations Unies contre la torture, le Conseil de lOrganisation maritime internationale (OMI) et le Conseil excutif de lUnesco. Le choix a galement t port sur le Maroc pour abriter la deuxime dition du Forum mondial des droits de lHomme en 2014.

    contexte social et dveloppement humain

    Dveloppementdesressourceshumaines

    Le Maroc a mis en uvre depuis 2009 un programme durgence de lducation et de la formation. De fait, les taux de scolarisation sont passs entre les priodes 2007-08 et 2012-13 de 91.4 % 99.6 % pour lenseignement primaire et de 71.3 % 85.1 % pour lenseignement secondaire collgial. Le nombre de bnficiaires des programmes dalphabtisation est pass de 180 000 en 1998-99 prs de 763 000 en 2012-13.

    Par ailleurs, les efforts dploys dans le cadre des programmes dalphabtisation ont abouti une rduction graduelle du taux danalphabtisme de la population ge de 10 ans et plus, de 43 % en 2004 28 % en 2013. Afin de remplir lun des objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) de lONU et atteindre une rduction de lanalphabtisme 20 % lhorizon 2016, le Maroc doit crer en 2014 une Agence nationale de lutte contre lanalphabtisme.

    Pour leur part, les indicateurs de sant et dutilisation des services de sant nont pas connu lamlioration quon aurait pu attendre au vu du PIB par habitant du pays. La mortalit infantile au Maroc apparat plus leve que dans un certain nombre de pays affichant un niveau comparable de revenu par habitant. Le ratio de mortalit maternelle a atteint, en 2013, 112 pour 100 000 naissances vivantes avec un niveau de recours aux soins prnataux, postnataux et daccouchement en milieu mdical relativement faible. De plus, de fortes disparits en matire de sant existent selon les milieux urbain/rural, le genre et le quintile de revenu.

    Le Maroc ambitionne damliorer laccs aux services sociaux de base pour toute la population au travers du dveloppement de filets de protection sociale. Le Rgime dAssistance Mdicale (RAMED), destin aux plus dmunis, et lextension de la couverture mdicale sinscrivent dans la politique de rduction de la pauvret et du dveloppement social du royaume. En 2013, laccs aux soins de sant est toutefois rest limit, puisque plus de la moiti de la population (51 %) ne bnficie pas dun systme de couverture mdicale. Seuls 34 % de la population sont couverts par lAssurance Maladie Obligatoire (AMO), des rgimes internes, mutuelles et entreprises dassurance. Quant la RAMED, environ 15 % de la population taient couverts par ce rgime fin juillet 2013.

  • 12 Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    La lutte contre la tuberculose a toujours t considre comme une priorit. La gratuit des soins assure pour tous et sur tout le territoire a permis dobtenir un taux de succs thrapeutique dpassant 85 %, tandis que le taux de dtection sest tabli 95 %. En 2013, les efforts se sont poursuivis dans ce domaine et le ministre de la Sant a tabli une stratgie nationale anti-tuberculose sur une dure de trois ans afin dradiquer cette maladie.

    Rductiondelapauvret,protectionsocialeettravail

    Le Maroc a enregistr des avances importantes dans la rduction de la pauvret et de la vulnrabilit entre 2001 et 2011. Ainsi, selon les donnes du Haut Commissariat au Plan marocain, la pauvret absolue est passe de 15.3 % 6.2 % au niveau national : de 7.6 % 3.5 % en milieu urbain et de 22 % 10 % en milieu rural. La vulnrabilit, quant elle, est passe de 22.8 % 13.3 % au niveau national: de 16.6 % 9.4 % en milieu urbain et de 30.5 % 18.7 % en milieu rural.

    De mme, les dpenses publiques sont de plus en plus conformes aux priorits de rduction de la pauvret. La dynamique cre par lInitiative nationale pour le dveloppement humain (INDH), qui prvoit la ralisation de plusieurs projets sur la priode 2005-11 au profit de personnes en situation de prcarit, a permis des progrs notables pour amliorer les conditions de vie des populations et dans la ralisation des OMD. Ainsi, les avances ralises au niveau de lOMD 1 (rduire lextrme pauvret et la faim) ont permis de dpasser les objectifs prvus pour 2015. Toutefois, en dpit des efforts dploys, les disparits rgionales dans ce domaine demeurent un dfi important pour le gouvernement. En ce sens, la seconde phase du programme INDH, dote dun budget total suprieur 17 milliards MAD pour la priode 2011-15, vise prioritairement les zones montagneuses et les communes rurales affichant un taux de pauvret encore lev. LINDH2 finance des activits gnratrices de revenus ainsi que lamlioration de laccs aux services de base et aux infrastructures essentielles dans les rgions les plus pauvres du Maroc.

    Du point de vue de la protection sociale, le Maroc sest engag depuis 2011 dans un vaste programme de mise niveau des diffrents filets de scurit sociale. Le dialogue social engag entre le gouvernement et les partenaires conomiques et sociaux marocains a abouti une revalorisation des pensions de 600 1 000 MAD par mois et une hausse de la valeur des allocations familiales pour les trois premiers enfants (200 MAD). En 2013, le renforcement de la protection sociale a galement pris la forme de la cration de lIndemnit pour perte demploi (IPE) par le conseil dadministration de la Caisse nationale de scurit sociale.

    Du ct des prestations de sant, le rgime dassistance mdicale des personnes conomiquement dmunies a t gnralis lensemble du Maroc en avril 2012, et lon dnombrait environ 5.1 millions de personnes couvertes par la RAMED fin juillet 2013. Dautres mesures ont port sur des revalorisations salariales et des promotions exceptionnelles lissue du dialogue social entre le gouvernement marocain et les forces syndicales.

    galithommes-femmes

    Les progrs du Maroc en termes dgalit entre les sexes sont indniables: le Maroc a ratifi les principales conventions relatives aux droits humains et a harmonis ses lois avec les instruments internationaux dans ce domaine. Le gouvernement sest aussi engag dans plusieurs programmes pour assurer lgalit des citoyennes et des citoyens au niveau des droits civils, politiques, conomiques, sociaux, culturels et environnementaux. Il sest de plus engag dans son programme 2012-16 renforcer la reprsentativit de la femme dans tous les domaines et placer la question de lgalit et la lutte contre les discriminations lgard des femmes au centre de ses proccupations. cet gard, le Plan gouvernemental de lgalit en perspective de la parit, baptis IKRAM, constitue le cadre de rfrence.

    Il convient aussi de noter que les efforts mens pour favoriser la scolarisation des femmes sont importants. Ils ont permis de porter en 2012 le taux de scolarisation des femmes 97 % dans le primaire et 78.3 % dans le secondaire (de 12 14 ans), contre respectivement 47 % et 16.5 % en 1990. Le taux danalphabtisme a t rduit 38 % en 2012, contre 78 % en 1982 et 54.7 % en 2004.

  • 13Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    Toutefois, ces rsultats demeurent insuffisants pour atteindre lobjectif arrt dans le cadre de lOMD 2 : un taux danalphabtisme de 20 % pour la population de plus de 10 ans en 2015.

    En conclusion, le Maroc doit encore relever des dfis importants pour rduire les ingalits lies lquit de genre, avec par exemple un taux de fminisation de ladministration publique et des collectivits locales encore faible, de moins de 30 %.

    analyse thmatique : Les chanes de valeur mondiales et lindustrialisation de lafrique

    Au cours des dernires annes, le dficit de la balance commerciale du Maroc sest progressivement creus, sous leffet de lentre en vigueur de nombreux accords de libre-change, et le profil des exportations du pays, en particulier les produits forte technologie, est devenue problmatique. La politique de substitution aux importations mene de lindpendance jusquau milieu des annes 1980 a conduit une spcialisation du pays base seulement sur des produits faible valeur ajoute et faible cot de main-duvre. Le Pacte national dmergence industrielle (PNEI), en vigueur depuis 2005, a ainsi pour objectif dattirer de nouveaux investissements internationaux au Maroc. Lobjectif est de dvelopper les mtiers mondiaux dans lesquels le pays a un avantage comparatif et de rorienter les exportations vers les marchs en forte expansion. lhorizon 2015, le PNEI devrait ainsi permettre de raliser une croissance de 6 %, apporter une valeur ajoute de 53 milliards MAD et crer plus de 250 000 emplois directs.

    Conformment au PNEI, le lancement des nouvelles stratgies industrielles tournes vers les mtiers mondiaux du Maroc a permis dacclrer la croissance du secteur industriel. Celui-ci, tir par lautomobile et laronautique, a connu une croissance moyenne de 7.6 % par an entre 2005 et 2011, contre 1.5 % entre 1999 et 2004. Cependant, la cration demploi industriel ne profite que marginalement de cette hausse, les emplois cres ou gagns dans ces secteurs dynamiques ayant t perdus dans les secteurs en repli. Dautre part, il convient de relever que la structure des exportations sest modifie entre 1998 et 2011 au profit des secteurs chimie et parachimie (pass de 32 % 43 % des exportations) ainsi que des industries lectriques et lectroniques (passe de 5 % 19 %), ce au dtriment du traditionnel secteur textile et cuir (pass de 41 % 15 %).

    Pour mieux dynamiser son secteur industriel, le gouvernement a mis en place ces dernires annes un programme ddi, le Plan mergence marocain. Lanc en 2005, il a t actualis en 2009 et baptis Pacte national pour lmergence industrielle (PNEI). Ce Pacte fixe des objectifs prcis en termes daugmentation du PIB industriel, de chiffres daffaires lexport et de cration additionnelle demplois lhorizon 2015. Six secteurs dactivit, dnomms Mtiers Mondiaux du Maroc (MMM), ont t identifis et retenus en raison de leur fort potentiel de croissance: laronautique, loffshoring, lagro-alimentaire, le textile, llectronique et lautomobile. Deux autres secteurs ont t par la suite ajouts en fvrier 2013 : le secteur pharmaceutique et celui de lindustrie chimique et para-chimique. Ce choix a t motiv par le recadrage du positionnement naturel du Maroc, de la proximit gographique et la disponibilit dune main-duvre bon march, un positionnement stratgique ax sur la logistique et une offre comptitive.

    En dpit des efforts fournis, le secteur industriel du Maroc reste un secteur faible contribution de la valeur ajoute rapport lensemble des secteurs, faute davoir connu une vritable transformation structurelle. Des amliorations ont t constates seulement pour les industries mtallurgiques, mcaniques et lectromcaniques, en relation avec les secteurs automobile et aronautique, ainsi que dans lagroalimentaire : ces deux industries ont enregistr des taux de croissance de respectivement +32 % (passant de 16.7 % en 1998 22 % en 2012) et +4 % (passant de 26.3 % en 1998 27.4 % en 2012). En contrepartie, le secteur du textile et cuir a connu un flchissement net dans sa contribution dans la valeur ajoute industrielle, de lordre de -22 % sur la priode 1998-2012, et de -21 % pour le secteur de la chimie et parachimie.

    lheure actuelle, les principaux secteurs industriels au Maroc sont les industries des phosphates, de lagroalimentaire, de lautomobile et de laronautique. Lindustrie des phosphates a

  • 14 Perspectives conomiques en Afrique BAfD, OCDE, PNUD 2014

    Maroc

    Maroc

    t dveloppe sur lensemble de la chane de valeur : de lextraction la production dengrais, dacide phosphorique et dautres produits drivs. LOffice Chrifien des Phosphates (OCP), qui ne comptait sa cration que quelques centaines demploys et avait un chiffre daffaires de 3 millions USD, employait prs de 23 000 personnes pour un chiffre daffaires de 7.1 milliards USD en 2012.

    Les filires agroalimentaires jouent par ailleurs un rle socio-conomique important au Maroc, au travers des contrats programmes lancs depuis la mise en uvre du Plan Maroc Vert, en 2008. Ces contrats programmes ambitionnent de restructurer lensemble des chanes de valeurs des filires exportatrices, au moyen notamment dune meilleure organisation des acteurs dans le cadre dinterprofessions structures. Ces contrats ncessitent des investissements slevant prs de 70 milliards MAD, qui portent essentiellement sur quatre principales filires : les agrumes, larboriculture, le marachage de primeur et loliculture. Il convient de noter que la forte concentration de ces exportations sur le march europen, notamment la France et lEspagne, rend le Maroc trs vulnrable lvolution de la conjoncture conomique de lUnion europenne. La faible diversification des dbouchs linternational, et la poursuite dune politique mettant fortement laccent sur laugmentation de la production au dtriment de la promotion et de la prospection de nouveaux marchs constituent des insuffisances majeures dans ce secteur.

    Pour sa part, le secteur automobile au Maroc dgage un potentiel de croissance important depuis plus dune dcennie, avec un rythme de croissance annuel deux chiffres en termes dinvestissement et dexportation. Lillustration majeure de lmergence du secteur automobile au Maroc est ltablissement du complexe industriel Renault-Nissan, en 2012 Tanger, dot dune capacit de production annuelle de 340 000 vhicules dont 90 % sont destins lexportation, en particulier le march europen. Depuis son installation au Maroc, le groupe Renault na cess de mettre en uvre une politique dintgration locale visant augmenter le taux des composants qui sont approvisionns localement. Cette tendance est motive par les conomies que permet la baisse des cots logistiques.

    Enfin, le secteur aronautique, considr comme une chaine de valeur mondiale trs prometteuse, est accompagn dans son dveloppement par des mesures concrtes de ltat. Parmi les illustrations de cet accompagnement, on peut citer le dveloppement du parc industriel intgr MidParc proche de Casablanca, inaugur le 30 septembre 2013, la cration dun pool de ressources humaines qualifies, ou encore une contribution financire publique pouvant atteindre 2.7 millions EUR, via le Fonds Hassan II pour le Dveloppement Economique et Social. Orient 100 % vers lexport, le secteur aronautique marocain est constitu de prs de 100 entreprises la porte internationale, prsentes dans les activits de production, de services et dingnierie, soit les composantes principales de la chaine de valeur aronautique mondiale. On peut citer notamment EADS, Boeing, Safran, Ratier Figeac, et rcemment Eaton et Hexcel.

    Il convient de noter toutefois quen dpit des apports du PNEI, le modle industriel marocain reste vulnrable, ce qui peut sillustrer dans quatre domaines : i) la persistance de dficiences en termes des prrequis de base (politiques industrielles et sectorielles efficaces, bonne qualit des infrastructures de transport, notamment) qui peuvent faciliter lintgration des entreprises marocaines dans les chanes de valeurs mondiales ; ii) limpact limit en matire dindustrialisation et damlioration de la comptitivit globale du pays ; iii) le systme dducation et de formation, qui narrive pas encore offrir au tissu productif les ressources humaines en quantit et en qualit suffisantes ; et iv) la contribution limite des entreprises industrielles la croissance conomique.