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Les armées françaises dans la Grande guerre Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France MINISTÈRE DE LA GUERRE ÉTAT4IAJ0R DE L'ARMÉE - SERVICE HISTORIQUE i LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE TOME PREMIER QUATRIÈME VOLUME PARIS IMPRIMERIE NATIONALE MDCCCCXXXIV B&"ARMÉES FRANÇAISES DANS A GRANDE GUERRE TOME PREMIER LA GUERRE DE MOUVEMENT (OPÉRATIONS ANTÉRIEURES AU 14 NOVEMBRE 1914) QUATRIÈME VOLUME LA BATAILLE DE L'AISNE, LA COURSE À LA MER, LA BATAILLE DES FLANDRES, LES OPÉRATIONS SUR LE FRONT STABILISÉ (14 SEPTEMBRE-14 NOVEMBRE1914) ONT PARTICIPÉ À LA RÉDACTION DE CE VOLUME : MM. le chef de bataillon d'infanterie breveté MOREIGNE,

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Les armées françaisesdans la Grande guerreSource gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

MINISTÈRE DE LA GUERREÉTAT4IAJ0R DE L'ARMÉE - SERVICE HISTORIQUEiLES ARMÉES FRANÇAISESDANSLA GRANDE GUERRETOME PREMIERQUATRIÈME VOLUMEPARISIMPRIMERIE NATIONALEMDCCCCXXXIV

B&"ARMÉES FRANÇAISESDANSA GRANDE GUERRETOME PREMIERLA GUERRE DE MOUVEMENT(OPÉRATIONS ANTÉRIEURES AU 14 NOVEMBRE 1914)QUATRIÈME VOLUMELA BATAILLE DE L'AISNE, LA COURSE À LA MER,LA BATAILLE DES FLANDRES,LES OPÉRATIONS SUR LE FRONT STABILISÉ(14 SEPTEMBRE-14 NOVEMBRE1914)ONT PARTICIPÉ À LA RÉDACTION DE CE VOLUME :MM. le chef de bataillon d'infanterie breveté MOREIGNE,le chef de bataillon d'infanterie breveté DE MASCUREAU,le capitaine d'artillerie LEFÈVRE,le capitaine d'infanterie LAUGERY,le capitaine d'infanterie BROCHET.MINISTÈRE DE LA GUERREÉTAT-MAJOR DE L'ARMÉE. — SERVICE HISTORIQUELES ARMÉES FRANÇAISESDANS

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LA GRANDE GUERRETOME PREMIERQUATRIÈME VOLUMEPARISIMPRIMERIE NATIONALEMDCCCCXXXIIICOPYRIGHT 1933 BY LE MINISTÈRE DE LA GUERRETOUSDROITSDEREPRODUCTIOENT DRTRADUCTIORNÉSERVEPSOURTOUSPAYSAVANT-PROPOS.La période traitée dans le présent volume (i4 septembre,14 novembre 1914), est caractérisée, à la fois, par la fin de laguerre en terrain libre, menée depuis l'ouverture des hostilités, etpar le début de la guerre de position qui va se prolonger, avec desalternatives diverses, jusqu'en 1918.Malgré cette dualité d'aspect, elle possède une unité incontestable,répondant à l'idée maîtresse du général en chef au cours deces deux mois de campagne : rechercher un succès décisif enpoursuivant l'exploitation de la victoire de la Marne.Mais si cette idée a continuellement inspiré la conduite desopérations, la conception de manoeuvre n'a pas été invariable et,à cet égard, trois phases principales peuvent être distinguées dansla période envisagée : la bataille de l'Aisne (i4 au 20 septembre);la course à la mer (20 septembre au 14 octobre); la bataille desFlandres (14 octobre au i4 novembre).Dès les premières journées de la bataille de l'A isne, le généralen chef, constatant la fermeture de la brèche qui s'était ouverte,depuis la bataille de la Marne, dans le dispositif ennemi et l'insuccèsdes attaques frontales, décide de développer son effortoffensif à l'aile gauche, où le débordement et l'enveloppement dela droite allemande devront être recherchés par les terrains libresau nord de l'Oise.Cette décision qui fut, sans conteste, une des plus importantesde la guerre, dont elle a conditionné l'évolution, est prise en deuxtemps.D'abord, les Allemands ne paraissant pas modifier leur déploiementqui, vers l'ouest, ne dépasse pas l'Oise, le général en chefIl AVANT-PROPOS.envisage la manoeuvre d'aile dans un cadre limité et sans apporterde changement à l'ordre de bataille des armées. En effet, pour

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exécuter cette manoeuvre, il compte sur la seule VIe armée qui adéjà été chargée, à la Marne, d'une mission analogue, et qui,durant la poursuite, a été plusieurs fois invitée à étendre sonaction au nord de l'Oise.Mais bientôt les renseignements recueillis lui permettent dediscerner, dans les arrières ennemis, un glissement de forces versl'ouest, comme si la Direction suprême adverse, revenant à sonplan de campagne initial, était occupée à concentrer, vers sonextrême droite, une nouvelle masse de manoeuvre. Le généralJolfre, quoiqu'il n'ait pas encore de certitude au sujet des intentionsdu commandement allemand et bien que la situation soitloin d'être assurée sur l'Aisne et en Champagne, entend persévérerdans sa manoeuvre d'aile, en lui donnant, désormais, toutel'envergure nécessaire, non seulement pour déborder les Allemands,mais encore pour parer à toute tentative analogue de leurpart.Ainsi prend naissance la course à la mer, qui va se développeren une extension progressive du front de combat vers les Flandres,conséquence des efforts renouvelés des deux adversaires pour sedéborder mutuellement et se gagner de vitesse.Jusqu'au début d'octobre, le général en chef ne modifie pas saconception. Il intervient dans l'exécution, s'appliquant à éviterles rabattements trop étroits, condamnés à rester sans efficacitéen raison du développement de la manoeuvre adverse. D'autrepart, malgré les puissantes attaques frontales de l'ennemi, il renforcesans cesse son armée de manoeuvre en prélevant largementsur les autres.Cependant les premiers jours d'octobre sont marqués par unevéritable crise de la course à la mer. Les Allemands semblent prèsde l'emporter à l'aile marchante, parvenue vers Arras, tandis queleurs assauts répétés menacent de rompre le front de Picardiequi couvre, à courte distance, les communications vers le nord.AVANT-PROPOS. IIIEn outre, étant donné l'épuisement des réserves françaises, pourpouvoir continuer la manoeuvre de débordement, il faut recouriraux forces britanniques et belges; quelle que puisse être la fraternitéd'armes des Alliés, des difficultés d'un nouveau genresont à prévoir dans l'organisation et la conduite d'une action où

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devront être accordées les conceptions de trois commandementsdifférents.Le général Joffre fait face énergiquement à cette situationdifficile. Il intervient en personne pour empêcher un repli de lagauche française qui aurait marqué l'échec de la manoeuvre; et,pour assurer la continuation résolue de l'offensive d'aile, ainsique l'emploi des troupes alliées, il s'adjoint le général Foch.Il le charge de coordonner les actions de toutes les armées engagéesau nord de l'Oise.Toutefois, devant l'opiniâtreté des Allemands, l'importancedes moyens mis en oeuvre, l'avantage que leur donnent des communicationsplus faciles, il commence à douter du succès de lamanoeuvre. Et pour le cas où l'offensive des Alliés ne pourraitaboutir au débordement recherché, il fixe comme résultat minimumà atteindre, «l'immobilisation a du front.Il ne renonce d'ailleurs pas pour cela à son idée d'obtenir unsuccès décisif : au moment où il comprend l'impossibilité d'unemanoeuvre débordante, il revient à la conception d'actions derupture, abandonnée depuis la bataille de l'Aisne.La bataille des Flandres résulte du renversement progressif dela situation à un double point de vue. D'abord il ne s'agit plusde manoeuvre; l'attaque frontale est devenue inévitable. Ensuite,les Allemands engagent des forces nouvelles et réussissent àacquérir la supériorité numérique sur le champ de bataille : ilsprennent ainsi l'initiative des attaques, en dépit des efforts dugénéral Foch pour la conserver.Dès la mi-octobre, le front de combat atteint la mer, il n'estplus possible d'envelopper le flanc ennemi. La manoeuvre dedébordement ne resterait possible que comme deuxième stadeIV AVANT-PROPOS.d'une offensive qui réussirait, préalablement, à briser une aileadverse, encore peu solide sur le terrain. C'est à cette tâche quele général Foch se consacre avec son ardeur coutumière, et legénéral en chef, en partie gagné par la confiance de son lieutenant,continue à lui expédier des renforts dans les Flandres.Cependant il y a danger, en raison du manque de disponibilitéset de la précarité des communications, à accumuler des troupesdans cette région éloignée.Au commencement de novembre, le général en chef voit

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que les forces allemandes ne cessent de croître, qu'elles attaquentà leur tour, en direction de Calais, avec une violencegrandissante. La bataille a absorbé toutes ses réserves de manoeuvre,reconstituées en vue d'actions de rupture qui occupaientde plus en plus sa pensée: il reconnaît qu'il n'est pas enmesure d'imposer, dans ces conditions, sa volonté à l'adversaire.Il invite donc son adjoint à se mettre sur la défensive; ainsi, nonsans de nouveaux sacrifices, le résultat minimum qu'il demandaità la manoeuvre d'aile, « l'immobilisation D du front, estatteint, de façon satisfaisante puisque la couverture des bases duPas-de-Calais et de la Manche est assurée.Pendant que se développaient la course à la mer et la batailledes Flandres, sur le reste du front, les armées françaises, diminuéesen effectifs, rationnées en munitions, ne pouvaient effectuerque des attaques partielles et se trouvaient à peu prèsréduites à l'impuissance.Les Allemands, de leur côté, dirigent toutes leurs ressourcesdisponibles vers l'ouest et vers le nord. Il en est résulté la stabilisationdu front.Si le général en chef, durant ces deux mois, s'est préoccupésurtout de son aile de manoeuvre, il n'a pas négligé cependantses armées du centre et de l'aile droite. Le caractère nouveau desopérations, l'insuffisance des moyens existants, surprennent leschefs et les troupes; toute une expérience est à acquérir. Le généralJoffre s'applique donc, dans diverses instructions, à exposerAVANT-PROPOS. vles principes de la « guerre de siège», notamment en ce qui concerneles actions offensives. En outre, devant la disproportion,partout constatée, entre les moyens de destruction et la force derésistance des organisations défensives, il s'efforce de doter lesarmées du matériel d'artillerie lourde nécessaire au succès desattaques de rupture qu'il entend déclancher le plus tôt qu'il serapossible.Car il a l'espoir que la stabilisation sera momentanée. Les arméesfrançaises sont loin d'être hors de cause. Elles sont, pour l'instant,immobilisées, mais dans des conditions assez avantageuses, grâceà la ténacité du général Joffre à pousser à fond sa manoeuvre d'aile.Enfin, les armées russes sont victorieuses en Pologne. C'est doncavec une pleine confiance que le général en chef prépare une bataillenouvelle. Songeant à mettre à profit la forme enveloppante

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de l'immense front stabilisé, il distingue dès ce moment les deuxzones, Champagne et Artois, qui verront, au cours des mois àvenir, se développer les tentatives de « percée».*¥ *Le présent volume (quatrième et dernier du tome Ier) comprendquatre parties. Les trois premières correspondent auxtrois phases de la manoeuvre d'aile, la quatrième est consacrée àla stabilisation. Chacune d'elles comporte un chapitre exposantl'action du haut commandement, suivi de plusieurs autres chapitrestraitant les événements à l'échelon armée.Le volume se présente donc ainsi :Ire partie : La bataille de l'Aisne (l chapitres);IIe partie : La course à la mer (5 chapitres);Ille partie : La bataille des Flandres (5 chapitres);IVe partie : Les opérations des armées stabilisées (4 chapitres).Un appendice donne l'ordre de bataille des armées françaisesau cours de la période envisagée et des renseignements numéVIAVANT-PROPOS.riques sur les effectifs, les pertes, les consommations de munitions.Suivant le principe adopté dans les précédents volumes del'ouvrage « Les armées françaises dans la grande guerre», les opérationsdes armées alliées ne sont traitées que dans la mesureindispensable à la compréhension des événements. Le Servicehistorique ne possède d'ailleurs pas, pour ces armées, une documentationéquivalente à celle concernant les armées françaises.LAGRANDGEUERRE—. 1, 4*VOL. 1LES ARMÉES FRANÇAISESDANSLA GRANDE GUERRE-"<J:>C:-PREMIÈRE PARTIE.LA BATAILLE DE L'AISNE.(14-21 SEPTEMBRE 1 9 1CHAPITRE PREMIER.LA CONDUITE DES OPÉRATIONS AU LENDEMAINDE LA MARNE.(14-2 1 SEPTEMBRE 19 1

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(Cartes n"" 1 et 2.)I. - APRÈS L'ARRÊTDELARETRAITAELLEMAND(E14. -16 septembre 1914.)L'arrêt de la retraite allemande surprend le commandement français en pleine exploitationde la victoire de la Marne. — Imprécision des renseignements, incertitude sur lesintentions de l'ennemi. — Essai de continuation des actions offensives visant la destructionde l'aile droite allemande.II. — LAJOURNÉDEU17 SEPTEMBRiEgi4; NOUVELLOERIENTATIODNELABATAILLE.Situation de l'ennemi connue le 17 au matin; double menace sur l'Aisne et dans lenord-ouest. — Organisation de la lutte dans la zone centrale. — Première ébauche de lamanoeuvre d'aile au nord de l'Oise.111.— LE LABORIEUDXÉBUTDELAMANOEUVDR'EAILE(18-21 septembre 1914.)Nouvelles incertitudes. — Le amontage. de la manoeuvre d'aile. — La crise du 20 septembre.— La situation s'éclaire au cours des journées suivantes. — Conclusion.2 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.1. — APRÈS L'ARRÊT DE LA RETRAITE ALLEMANDE.(14- 16 SEPTEMBRE9]] 4. )La vaste manoeuvre de contre-offensive conçue le 25 août par legénéral en chef, et réalisée au cours de la bataille de la Marne, a étécouronnée par la victoire le 9 septembre1.Depuis cette date, les Allemands vaincus battent en retraite, poursuivi spar les Alliés qui n'ont pu, cependant, réussir à maintenir un contactétroit.Le 14 septembre, le général en chef, dans une instruction adresséeà toutes ses armées, définit un plan d'opérations d'une grande ampleur,témoignant de l'optimisme qui régnait à cette date.S'appuyant au pivot constitué par la région fortifiée de Verdun et parles armées de l'est, et mettant à profit une large brèche reconnue dans le

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dispositif ennemi à hauteur de Berry- au-Bac, Craonne, les Alliés doiventrompre le front allemand, rabattre sur la Meuse les armées du centreadverse et détruire l'aile droite ennemie ainsi séparée du gros et isoléeau nord de l'Aisne.Les missions des différentes armées sont ainsi exposées :«»II. — La mission de mettre hors de cause l'aile droite ennemie,éventuellement grossie des éléments de réserve provenant de Belgique oude la région de Maubeuge, appartiendra à la VIe armée2, à l'arméeanglaise et à tout ou partie de la Ve armée.« Au cours de cette opération le rôle des autres armées sera le suivant :« La IIe armée entre Toul et Verdun, la Ille armée dans la région deDamvillers, garantiront notre flanc droit contre toute entreprise ennemiepartant de Metz, Thionville. Une attitude menaçante de la Ire armée,établie entre Moselle et Vosges, doit faciliter la mission des IIe etIlle armées.1 Cf. tome I, iei, 2e et 3" volumes.* Au cours des journées précédentes, le général Joffre a invité à plusieurs reprises laVI' armée à étendre son action à l'ouest de l'Oise pour être en mesure de déborder largementla droite allemande en toutes éventualités. Cf. chapitre n.

TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 1". 3a« Les IVe et IXe armées doivent refouler l'ennemi jusque sur la Meuseet la région difficile des Ardennes, s'il continue à se replier, ou le contenir,s'il tentait de faire face pour porter secours à son aile droite. Ces deuxarmées effectueraient donc, dans l'ensemble, un mouvement de conversionvers le nord-est qui pourrait les amener sur le front Stenay, Rocroi. LaIVe armée aurait sa densité sur sa droite de manière à pouvoir déboucherau delà de la Meuse en terrain libre au moment opportun.. -1 »Mais, le jour même ou cette instruction est envoyée, les arrièregardesallemandes suspendent leur retraite et font face à leurs poursuivants.

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Le 15 septembre, à 1 1 heures du matin, le général en chef adresse à sesarmées le télégramme suivant :«Il semble que l'ennemi veuille accepter une nouvelle bataille sur despositions organisées au nord de l'Aisne, de la Vesle et de la Suippes oùses arrière-gardes paraissent se renforcer. Il ne s'agit plus par suite d'appliquerles procédés de poursuite mais de prendre des mesures méthodiquesd'attaque avec tous nos moyens, en organisant progressivement leterrain conquis8. »Ainsi, les Allemands, défaits sur la Marne, ne sont pas en déroute; ilsfont tète résolument et acceptent la bataille; la poursuite prend fin3. Leurvolte-face surprend le commandement français qui ne songeait qu'à l'exploitationde sa victoire, et qui espérait continuer la poursuite jusqu'àla Meuse et même au delà.*¥ ¥Le général en chef n'a pas été sans envisager, dans son instruction du14 septembre, l'éventualité où les armées allemandes de Champagneferaient tête pour dégager celles de l'aile droite. Mais l'arrêt de la retraiteG. Q. G. Instruction 2 particulière n° 25, 6200, 13b5o, lA septembre. Cf. tome P. 1 G.Q.G. Télégramme aux armées, 5342, 11 heures, 15 septembre iqi4. Annexe 11. G. Q. G. Comptes rendus au ministre de la Guerre, 5243, 7h 30, i4 septembre 1915^jid,1 Gh 3o, i.> septem bre 191/1, Annexe15.4 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ennemie constaté le 15 a un tout autre caractère. Le général en chef nes'y trompe pas. Ce n'est pas une réaction partielle, pour décrocher desunités en situation périlleuse, ni un arrêt momentané destiné à assurer labonne marche de la retraite. Il s'agit certainement d'une action généralenouvelle: les Allemands acceptent de reprendre la lutte pour remettre lavictoire en cause. De l'Oise à la Meuse, ils opposent aux armées francobritanniquesune tenace résistance, s'appuyant à des positions naturellementfortes (forêts de l'Oise, Chemin des Dames, Monts de Champagne,

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Argonne) et à des organisations défensives construites en hâte, mais déjàsuffisantes, sur bien des points, pour arrêter la progression des troupesalliées.Il faut donc remonter une bataille. Sur quelles bases? La prudences'impose, en raison de la fatigue des troupes, de la faiblesse de l'encadrement1,et du danger de manquer bientôt de munitions d'artillerie. Uneerreur de manoeuvre pourrait amener un échec qui aurait des conséquencesdésastreuses. L'ennemi, en battant en retraite, avait retrouvé sa libertéd'action; en s'arrêtant à son heure, il vient de reprendre en fait l'initiativedes opérations.Dans un compte rendu adressé au ministre de la Guerre le 15 aprèsmidi,le général en chef écrit : « Situation générale actuellementsatisfaisante, mais qui ne s'est pas encore dessinée2. »Or, le général Joffre n'est pas homme à écliafauder un plan d'opérationssur des données incertaines; sa stratégie, puissante et réaliste,réclame, pour prendre son essor, des données nettes et contrôlées, qu'ilne possède pas.Alors que, avant et pendant la bataille de la Marne, le 2e bureau duG. Q. G. l'avait documenté avec précision sur les mouvements de l'ennemiet lui avait permis de monter et de diriger sa manoeuvre « sur renseignements», une certaine indécision règne maintenant dans les bulletins.Les retraits de forces sur le front de Lorraine ou les apparitions de forcesnouvelles sur le front des armées du centre sont bien signalés au fur et àmesure qu'ils se produisent, mais ce sont là seulement des renseignementsde contact. Ce qui importerait davantage au commandement, pour monter

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1 Cf. à ce sujetle tome I3 du * présent ouvrage. G.Q.G. Compte rendu au ministre de la Guerre, 54i3, x6 oo, u septembre 1914,Annexe 15.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 5LAGRANDGEUERRE—. I, AeVOL. 1Aune nouvelle manoeuvre, ce serait de discerner dans les mouvements derocade de l'ennemi les intentions de celui-ci et la destination des forcesqu'il retire de sa gauche. Mais, sur ce point, le 2e bureau du G. Q. G. restefortement indécis 1.Quelques jours auparavant, le général en chef, informé des prélèvementseffectués par le commandement allemand sur ses armées d'Alsace et dehaute Lorraine, s'était inquiété de la possibilité d'une concentration ennemiedans la région Metz, Thionville, suivie d'une offensive débouchant,avec de puissants moyens, du camp retranché de Metz dans le flanc droitdes armées françaises. Cette appréhension n'était pas seulement le refletdes préoccupations et des études d'avant-guerre, elle était aussi la suitelogique des craintes récemment éprouvées, tant pour le Grand Couronnéque pour le fort de Troyon, sur ce théâtre d'opérations de Lorraine où lesAllemands pouvaient préparer plus rapidement qu'ailleurs une riposte àla manoeuvre de la Marne. Elle avait amené le commandant en chef àmodifier le dispositif de ses armées de l'est et à les articuler en vue deparer à une attaque allemande dans cette région2.Au î 5 septembre , la menace subsiste mais ne se précise pas; il sembleau contraire qu'elle s'atténue, les dernières indications reçues signalant lerecul des éléments ennemis qui occupaient la Woëvre3.Cependant, aucun autre danger n'apparaît sur le reste du front desarmées :- en Alsace et sur la Meurthe, les Allemands se replient et s'affaiblissentpar de nouveaux prélèvements;— au nord de l'Oise, les rassemblements ennemis, d'ailleurs peuimportants, signalés antérieurement en Picardie, se retirent en directiondu nord-est; seule, la 7e division de cavalerie allemande se serait portéede Cambrai sur la région de Péronne;— entre Oise et Meuse, les armées allemandes vaincues à la Marne, et1 Cf.G.Q.G. 2ebureau. Comptes rendus de renseignements n° 90, 6 heures, 15 sep- tembre 1914., et n° 91,6 heures, 16 septembre 1914, Annexe 112; — note sur la compo- sition possible de la 7e armée allemande, 16 septembre 1014, Annexe 113. 2 G. Q. G. Note, 5o56, 13 septembre 1914; — instructions particulières, 5057, 13 sep- tembre 1914 etn° 25,5200, 14

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heures, 14 septembre iqi4- 3 G. Q. G., 2e bureau. Compte rendu de renseignements n° 90, 6 heures, 15 sep- tembre 1914.6 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.qui viennent d'arrêter leur retraite, sont fortement établies sur les plateauxau nord de l'Aisne, ainsi que sur la Suippes et la Retourne en Champagne,et se bornent pour l'instant à résister aux attaques. Le hautcommandement adverse parait occupé à combler la brèche qui s'ouvraitdans son dispositif à hauteur de Craonne, Berry-au-Bac, en faisant entreren ligne l'état-major de la 7e armée, retiré de Lorraine et disposant, sansdoute, de troupes récupérées sur les corps de siège de Maubeuge etd'Anvers (deux corps d'armée), ainsi que d'unités commençant à arriveret provenant des armées de Lorraine et d'Alsace1.En résumé, l'ennemi, sur l'immense front de contact entre l'Oise et lesVosges, ne témoigne nulle part de velléités offensives; même sa menacede Woêvre paraît s'évanouir. Au nord de l'Oise, il est à prévoir qu'uncertain délai serait nécessaire aux Allemands pour transporter dans cetterégion les forces provenant de l'est et reconstituer une nouvelle masse demanoeuvre importante.D'autre part, les renseignements recueillis au cours de la poursuite surl'état de l'armée allemande donnent à penser que celle-ci a été très sévèrementéprouvée. Le général en chef est donc fondé à imaginer que lesAllemands comptent livrer une bataille « à forme défensive », comme il letélégraphie, le i5 septembre dans l'après-midi, au ministre de la Guerre 2,bataille qui s'annonce dure, en raison des organisations sérieuses déjàréalisées par l'ennemi, et dont on ne peut espérer une décision rapide3.*

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« ¥Le général en chef, dont on sait la prudence, n'a pas de raisons sulIisantespour modifier l'économie générale de son dispositif et pas derenseignements assez précis pour baser un nouveau plan d'action.1 Cf. G. Q. G. 2e bureau. Compte rendu de renseignements n° 90, 6 heures, 15 septembre19i4; — note sur la composition possible de la 7" armée allemande, 16 septembre1914, Annexe 113; — compte rendu de renseignements n° 91, 6 heures,16 septembre 1914, Annexe 112. 1 - - - - - -. - - G. Q. G. Télégramme à ministre de la Guerre, 5413, 10 00, la septembre 191a,Annexe 15.3 G. Q. G. Comptes rendus au ministre de la Guerre, 5448, 6h30, 16 septembre 1914,et 5613, 7h 30,17 septembre 194, Annexe 241.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 71A.Il n'entend pas, cependant, attendre passivement que la situation se« dessine ». Il ne songe pas non plus à l'assaut frontal des positions organiséespar les Allemands. Ne vient-il pas de prescrire, le 14 septembre,de ne pas foncer sur les résistances qui se présentent, mais de les masqueret de les faire tomber par débordement1. La méthode peut être égalementemployée sur le plan stratégique.Alors que, pour forcer le passage, il faudrait plus de matériels et plus demunitions que jamais, les moyens vont faire défaut : l'artillerie lourde estnotablement insuffisante et l'ère des économies ne va pas tarder à s'ouvrirpour le 75.En effet, le renforcement de l'artillerie lourde, au moyen de canonsprélevés sur l'armement des places et des côtes et de matériels nouveauxde 105, ne fait que commencer; les premiers groupes de 95 arrivent auxarmées vers le 10 septembre et le io5 apparaitra seulement dans lesderniers jours du mois. Pour le 75, une crise de munitions menace. Lesapprovisionnements sont tombés à 695 coups par pièce, alors que, aumoment de la mobilisation, ils étaient de 1.2kk coups, la fabrication(20.000 coups par jour en moyenne) étant loin de répondre aux besoinsde plus de 3.000 pièces en service; de plus, les batteries ayant surtout

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tiré des obus explosifs, les stocks de munitions restant disponibles comprennentune proportion d'obus à balles supérieure à la proportionréglementaire ; or l'efficacité de cet obus sur des organisations défensivesest à peu près nulle 2.L'armée française est insuffisamment équipée pour une attaque frontaleet le général en chef insuffisamment éclairé sur la situation et les projetsde l'ennemi pour définir sur-le-champ une nouvelle manoeuvre de grandeenvergure; par suite, il se borne à poursuivre son offensive dans le cadredu plan exposé par l'Instruction particulière n° 25 du 14 septembre. Ceplan, notamment dans sa partie essentielle visant la destruction de l'aile1 G. Q. G. 2 Message téléphoné aux armées, 5186, 1Il septembre iqi4- Cf. sur ce sujet le tome I3 du présent ouvrage, chapitre xiv, et G. Q. G., DA, historiquedu ravitaillement en munitions, décembre 1916. — Cf. également: G. Q. G. Note—5205,14 septembre 9,4; - télégramme, 6235, 19h5, 19 septembre 191/i, Annexe 517; notes 63o2, 20 septembre 1914; 6721,22 septembre 1914; 7496, 2oh 10, 26 sep- tembre 19,4; 7513 et 7561, 27 septembre 191, Annexe 1444; ——télégramme 7G83, Ilh 25, 28 septembre 19 Annexe 1536.8 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.droite allemande au nord de l'Aisne, n'a pas été rendu entièrement caducdu fait de l'arrêt de la retraite ennemie. La VIe armée peut toujours chercherà déborder par l'ouest l'armée Kluck, et l'action de rupture prévuepour la Ve armée est peut-être elle-même encore possible, car, si le hautcommandement adverse est occupé à fermer la brèche de Craonne, cetteopération ne paraît pas terminée : les reconnaissances d'aviation ne signalenta aucun gros rassemblement dans la zone Berry-au- Bac, Laon, Sissonne,Montcornet, Rozoy-sur-Serre, Rethel » contrairement à ce qui se produitpour les zones voisines.Le i5 septembre au matin, les premières préoccupations du généralen chef sont donc pour ses Ve et VIe armées.Il rappelle au général Maunoury, commandant la VIe armée, qu'il fautpousser les débarquements du 13e C. A., en cours d'arrivée dans la valléede l'Oise, aussi loin que le service des chemins de fer le permettra, et ils'élève à ce propos contre la décision prise par le commandant de ce corpsd'armée d'arrêter à Creil les transports de ses troupes2. La VIe armée est

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du reste couverte vers le nord par le groupe de divisions territoriales dugénéral d'Amade, auquel le général en chef va faire savoir qu'il peut seporter en échelon avancé de la gauche des armées françaises, en directiongénérale Amiens, Arras ou Cambrai, suivant les circonstances3, et par lecorps de cavalerie Bridoux, qui agit dans la région de Péronne.En même temps, le général en chef attire l'attention du général Franchetd'Espèrey, commandant la Ve armée, sur l'utilité de renforcer le pluspossible la gauche de son armée au nord de l'Aisne, pour rompre ledispositif ennemi ; il lui fait savoir, pour qu'il s'engage sans arrière-penséedans cette voie, qu'à sa droite, en Champagne, la IXe armée attaque avectoutes ses forces4.Mais, toutes illusions au sujet du résultat à attendre d'une action dans1 Cf. G. Q. G.2° bureau. Compte rendu de renseignements n° 91, 6 heures, 16 septembreiqi4, Annexe 112.2 G. Q. G. Télégramme à VIe 3 armée, 5280, 7h45, i5 septembre 1914. G. Q. G. Instruction particulière n° 26, 5396, 14h3o, i5 septembre 1914, Annexe 14.Cf. ci-dessous, chapitre 11.4 G. Q. G. Télégrammes à Vearmée, 5324, 9h 25 et 5341, Ilb 15, 15 septembre 1914,Annexe 13; — Cf. ci-dessous chapitre III.TOME 1, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 9la région de Craonne ne tardent pas à se dissiper. La Ve armée, accrochéedans la région de Reims, n'est pas en mesure de redresser suffisammentvite son dispositif pour agir vigoureusement vers le nord; les Allemands,de leur côté, se hâtent de masser des forces importantes vers Laon etc'est en vue de parer à une attaque de leur part, et non plus pour attaquer,que, le i5 au soir, le général en chef recommande à nouveau au généralFranchet d'Espèrey de porter le gros de ses forces à son aile gauche 1.Les espoirs se reporlent dès lors entièrement sur l'action offensive dela VIe armée qui reste seule en situation d'infliger à l'ennemi un échecgrave et de permettre à l'ensemble des armées alliées la reprise du mouvementen avant.Encore faudrait-il que cette action fut menée avec une envergure suffisante.Or il n'en est rien; malgré les interventions du général en chefpour l'élargir au nord de l'Oise 2, la manoeuvre de débordement de laVIe armée demeure étriquée. Le 13e C. A., laissé dans la vallée et dirigésur Noyon, semble même près d'être aspiré par la bataille en cours au

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sud de la rivière, où la VIe armée croit tenir dans la région de Cariepontl'extrême aile droite allemande. Le général en chef signale au généralMaunoury « l'intérêt qu'il y aurait à pousser la plus grosse partie de cecorps d'armée au delà de Noyon, en direction de Guiscard, Villequier-Aumont ou Flavy-le-Martel, de manière à déborder constamment l'ailedroite ennemie et à menacer ses communications ». Il ajoute : « La présencedu 13e C. A. dans cette région aura sans doute pour la décision dela bataille plus de valeur qu'une intervention immédiate3 ».Dans la soirée, le général en chef insiste encore sur l'importance del'action de la VIe armée. « C'est de la VIe armée, fait-il téléphoner, et desforces de la gauche, en particulier, que dépend actuellement le sort dela bataille engagée4. »Le général Joffre va reconnaître bientôt la nécessité d'une interventionplus énergique encore de sa part. Il commence à discerner, en effet, unemenace nouvelle qui va l'obliger, sans délai, à renforcer la gauche françaiseet à donner de l'ampleur et de la puissance à sa manoeuvre d'aile.G. Q. G. 2 Télégramme à V. armée, 5438, 21b40, 15 septembre iqi4, Annexe 16. 3 Ci. chapitre n. G. Q. G. Message téléphoné à la VI*armée, 5548, 16h 45, 16 septembre 1914, Annexe118. — Cf. ci-dessous chaoitre II. 4 G. Q. G. Message téléphoné à la VIe armée, 55g8, 16 septembre 1914, Annexe 121.10 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.C'est à cette préoccupation que paraît répondre l'ordre, envoyé dans lajournée du 16 au général de Castelnau, d'éviter l'engagement prématuréde la IIe armée en Woëvre et de l'établir en position d'attente 1.II. — LA JOURNÉE DU 17 SEPTEMBRE 1914.NOUVELLE ORIENTATION DE LA BATAILLE.La date du 17 septembre est capitale dans l'évolution de la bataille.C'est ce jour là que le général en chef, esquissant le nouveau plan d'action,donne les premiers ordres orientant l'etfort des Alliés vers les régions aunord de l'Oise.Le haut commandement français, quoique confusément encore, commenceà pouvoir lire dans le jeu de son adversaire.Des renseignements recueillis, il résulte que :-- des débarquements ennemis importants auraient eu lieu, le 16, dansla région Valenciennes-Denain, renseignement qui confirme un avis del'attaché militaire français en Belgique, d'après lequel 3o.ooo ou40.000 hommes seraient venus d'Aix-la-Chapelle par Liège à destinationde la France, et qui est confirmé lui-même par un compte rendu émanant

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du général d'Amade, signalant qu'un corps d'armée allemand, débarqué àDenain, aurait cantonné le 16 dans la région de Cambrai et marcheraiten direction générale de Saint-Quentin, Poix;- une concentration de forces allemandes assez considérables (plusieursdivisions) serait en cours dans la région de Laon, soit au moyen d'unitésvenant du nord, soit au moyen d'éléments tirés d'autres parties du front;- en Champagne et entre Argonne et Meuse, l'ennemi paraît absorbépar le souci d'améliorer ses retranchements et de renforcer ses positionsdéfensives ;— à l'est de la Meuse, son attitude ne donne pas à prévoir une offensiveprochaine de sa part2.1 G. Q. G. Télégrammes à IIe armée, 5577, 18b30et 5588, 20b 4o, 16 septembre 19i4,Annexes 119 et 120.2 Cf. G. Q. G. 2* bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 17 septembre 1914,Annexe 238; — message téléphoné à VI' armée, 5602, 2h15, 17 septembre 1914, Annexe239.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE Ier. IlDe ces renseignements, faisant suite à ceux qui ont signalé les prélèvementssuccessifs faits par les Allemands sur leurs troupes d'Alsace et dehaute Lorraine, le général en chef paraît retirer l'impression d'un vasteremaniement du dispositif ad verse comportant une sorte de glissementvers le nord-ouest des forces allemandes. Ce glissement ne se produiraitpas seulement au long des voies ferrées de rocade, dans les arrières, maisaussi, peut-être, à proximité ou à hauteur même du front de combat. Onvoit, en effet, dans l'après-midi du 1 7, le général en chef signaler au commandantde la IIIe armée le gros intérêt actuel qu'il y aurait à savoir sil'armée du kronprinz n'exécute pas un mouvement vers l'ouest 1.Les appréhensions au sujet d'une attaque allemande en Lorraine s'atténuentde plus en plus; par contre, deux menaces ennemies paraissent sedessiner : une dans le nord-ouest, oÙ les Allemands.. reprenant leur thèmeinitial, peuvent rechercher le débordement de l'aile gauche française entrel'Oise et la mer, l'autre dans la région de l'Aisne, où les rassemblementssignalés répondraient non plus à la nécessité de boucher la brèche deCraonne, mais, au contraire, au dessein de rompre le front des Alliés.Le général en chef prend sans retard des dispositions pour faire face

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à ce double danger.** *Ce qui rend la situation délicate dans la région de l'Aisne, c'est laposition assez précaire delà Ve armée. Celle-ci, toujours vivement engagéeà son aile droite vers Reims, risque de se voir assaillie en même tempsà son aile gauche, alors qu'elle se trouve disposée en équerre, face à ladépression séparant les plateaux au nord de l'Aisne et les monts deChampagne.Pour lui venir en aide, le général en chef modifie le dispositif de sesarmées du centre par le décalage vers l'ouest d'un corps d'armée, en faveurdu secteur le plus menacé. H invite la IXe armée à prendre à sa charge lamission du corps de droite de la Ve, le 10e C. A.; celui-ci, rendu disponible,sera porté sur l'Aisne. En échange, la IXe armée pourra disposer du12e C. A. de la IVe armée. Dans ces conditions, le général en chefescompte que la Ve armée sera en mesure d'agir efficacement sur l'une1 G. Q. G. Message téléphone àIII" armée, 5695, i6h20, 17 septembre 1914-12 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ou l'autre rive de l'Aisne et principalement sur la rive nord, le 10e C. A.étant disposé de façon à pouvoir s'engager vers le nord, pour appuyer le18e, ou face au nord-ouest, c'est-à-dire vers le secteur britannique, aucas où une contre-attaque serait nécessaire dans cette directionl.S'il renonce, pour l'instant, à toute entreprise visant à rompre le frontallemand, le général en chef n'entend pas cependant que ses armées ducentre demeurent passives dans l'attente d'une attaque allemande. Il leurfait savoir qu'il est essentiel de conserver une attitude agressive et de tenirl'ennemi sous la menace d'une offensive, pour l'empêcher de se dégageret d'effectuer des mouvements de glissement d'une partie du front surl'autre. 11 recommande, en outre, particulièrement, de faire reconnaîtrepar l'aviation le sens des mouvements ennemis en arrière des lignes.Enfin, la bataille engagée paraissant pouvoir durer quelques jours avantqu'une solution décisive intervienne, il insiste sur la nécessité d'organiseravec le plus grand soin le terrain conquis et de profiter de l'appuique procure l'emploi de la fortification, pour constituer dans chaque arméedes réserves prêtes à l'offensive. La constitution de ces réserves permettrapeut-être, par ailleurs, de donner aux troupes du repos et d'opérer desdéplacements d'unités en vue de « manoeuvres ultérieures »2.Ainsi sa trouve nettement défini le caractère que doit prendre la lutte

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dans la zone centrale : vigilance afin de reconnaître, si possible, les intentionsde l'adversaire; dispositif de défense et retranchements, permettantde recevoir éventuellement le choc et, en tout cas, d'économiser desforces; agressivité susceptible d'inquiéter l'ennemi et de troubler le mécanismede sa manoeuvre; d'une façon générale il faut s'organiser pourdurer.Ce n'est donc pas de l'action des armées du centre que le général Joflreattend la décision de la bataille; d'autre part, il témoigne, par le modede renforcement adopté au profit de la Ve armée, que le danger d'unassaut ennemi sur l'Aisne vient au second plan de ses préoccupations.En outre, il semble, dès ce moment, envisager des prélèvements de forcedans la zone centrale du front.Sa pensée se tourne, de plus en plus, vers la région au nord de l'Oise.1 G. Q. G.Instruction particulière n'a 8, 56a1, 9h20, 17 septembre 1914, Annexe 242.1 G. Q. G. Instruction particulière n* 29, 565i, 10h 5o,17 septembre 1914, Annexe 244.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 1". 13Les « manoeuvres ultérieures » dont il parle à ses lieutenants, ces « manoeuvresnécessaires)) auxquelles il faisait allusion le matin même, dans soncompte rendu au ministre de la Guerre l, il les voit se développer enPicardie, à l'aile marchante.*¥ ¥La menace d'un débordement ennemi de grande envergure n'est pasencore précisée. Incontestablement, les Allemands renforcent et étendentleur aile droite jusqu'au delà de l'Oise, dans le dessein de manoeuvrerl'aile gauche française2, mais, d'après l'interprétation des renseignementsrecueillis, leurs intentions et leurs moyens plus au nord sont encore maldéfinis. C'est ainsi qu'en marge du bulletin signalant l'arrivée de 3o.oooà 40.000 hommes dans la région de Valenciennes, on peut lire cetteannotation manuscrite du colonel chef du 2e bureau du G. Q. G. : « Dansces 4o.ooo hommes, il y a des hommes de complément pour les armées.Il ne faut pas croire qu'il y a Ao.ooa hommes débarqués à Valenciennes.Je vois en cette région simplement l'arrivée de quelques brigades de landwehr

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ou d'ersatz pour parer à l'action du groupe d'Amade sur les communications3».Il semble, d'après cette annotation, que les éventualités du côté du nordétaient à ce moment un sujet de controverses au G. Q. G.Quoi qu'il en soit, le général en chef, lui-même, paraît avoirclairement pressenti, dès cette date, la préparation, dans le nord-ouest,d'une manoeuvre allemande puissante et de nature, si on la laissait sedévelopper, non seulement à enlever dorénavant aux Alliés la possibilitéde manoeuvrer eux-mêmes entre l'Oise et la mer, mais encore à lesmettre en situation critique.Dans la soirée du 16 septembre, ne comptant plus sur une action derupture pour obtenir la décision, il avait fait savoir à la VIe armée que1 G. Q. G. Compte rendu au ministre de la Guerre, 5613, Annexe 7'30, 17 septembre 1914, 241.23 G.Q.G. Message reçu du colonel Iluguet à 10 heures, 17 septembre iqi4. G. Q. G. 2*bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 17 septembre 1914 (exemplairecontenu dans le registre: G. Q. G. 3" bureau, bulletin de renseignements reçus dua' bureau), Annexe 238.14 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dorénavant le sort de la bataille dépendait d'elle et surtout de son ailegauche1. Dans la matinée du 1 7, il précise au général Maunoury la missionincombant à cette armée qui, restée jusqu'ici pelotonnée sur larive gauche de l'Oise sans prendre du champ à l'ouest, risque de ne jamaisarriver à déborder l'ennemi et de se laisser au contraire déborder par lui.Il écrit :« Des renseignements recueillis il semble que l'ennemi exécute des glissementsde troupes vers le nord-ouest, à l'abri de l'organisation défensivepuissante établie sur tout son front. Pour répondre à cette manoeuvre il y alieu de constituer à l'aile gauche de notre dispositif une masse capablenon seulement de parer au mouvement débordant de l'ennemi, mais aussid'assurer l'enveloppement.« A cet effet, il convient que la VIe armée ne cherche pas à enlever dehaute lutte les positions de l'ennemi mais qu'elle réponde à l'organisationdéfensive allemande par une organisation similaire qui lui permette, tout

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en assurant l'intégrité de son front, de faire des prélèvements de troupespour les reporter à son aile gauche2. aNe paraissant plus capable d'obtenir à l'est de l'Oise des résultatsintéressants pour l'ensemble de la bataille, elle doit donc se mettre enmesure de combattre, en deçà de la rivière, dans les conditions définiespour les armées du centre, c'est-à-dire en libérant sans délai les forcesqui deviennent nécessaires plus à gauche.Dans cet ordre d'idées, le général Maunoury est invité à rendre disponiblele 7e C. A., puis le 4e, si les circonstances le permettent, et à les portersur la rive ouest de l'Oise où ils joindront leur action à celle du 13e C. A.De nombreux points de passage, à établir immédiatement dans les environsde Compiègne et au nord, devront faciliter les mouvements entreles deux rives.En outre, le général en chef, tranquillisé au sujet du front de Lorraine,décide de prélever sur la Ire armée le i4e C. A.; ce corps d'armée, embarquédans la région d'Epinal, Bayon, le 18 septembre à partir de1 G. Q. G. Message téléphoné à Vie armée, 55,8, 16 septembre 1914, Annexe 121.1 G.Q. G. Note àVI' armée, 5657, 10h50, 17 septembre 1914, Annexe 245. — Cf. cidessous,chapitre 11.TOME T, V VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 155 heures, sera transporté dans la région au nord de Paris, vers Montdidier,Ailly-sur-NoyeAilly-sur-Noye est aux abords d'Amiens. Il ne s'agit plus pour l'ailegauche de la VIe armée de se contenter de pousser vers Guiscard, Villequier-Aumont, Flavy-le-Martel, encore moins de piétiner autour de Noyon.Il lui faut se déployer résolument à travers la plaine picarde. Le généralen chef décide d'ailleurs de lui attribuer encore le corps de cavalerie dugénéral Conneau, dont l'emploi à la Ve armée, désormais engagée sur unfront continu, ne parait plus à envisager. Laissant simplement une de sesdivisions, la 4e D. C., au général Franchet d'Espèrey, le général Conneause rendra par étapes, avec les deux autres (8e et ioe D. C.) et le régimentd'infanterie sur autos (45e) qui est à sa disposition, dans la région àl'ouest de Compiègne, où il passera aux ordres de la VIe armée. Il devraêtre en état d'agir efficacement dès son arrivée2.Ainsi, au cours des journées qui vont suivre, une masse de quatrecorps d'armée ( 13e, 7e, 4% 14e), appuyée par deux corps de cavalerie

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(Bridoux et Conneau) et par le groupe de divisions territoriales du générald'Amade, va être constituée au nord de l'Oise. C'est, comme l'a indiquéle général en chef au général Maunoury, se mettre en mesure non seulementde parer, mais encore d'attaquer en forces.Le général en chef va encore accentuer, dans la soirée du 17 septembre,le changement d'orientation de la bataille.En effet, peu après avoir envoyé les instructions qui viennent d'êtreanalysées, il est informé que la VIe armée est fâcheusement engagée dansdes combats confus autour de Carlepont et, fait plus grave, que sur la rivedroite de l'Oise, le 1 3e C. A. attaqué a marqué un mouvement de repli3.Il presse à nouveau le général Maunoury d'étendre énergiquement l'actionde ses forces vers l'ouest. Il lui fait téléphoner : « La solution de la batailleengagée aura lieu à votre extrême gauche. Il est de toute nécessité que1 C. Q. G. Messagetéléphoné à I" armée, 5610, 7h30, 17 septembre 1914, Annexe 240;— note à VI- armée, 5657, 10h55, 17 septembre 1914, Annexe 245; — télégramme567*2,141020,17 septembre iqi4, Annexe 247. G.Q. G. Instruction particulièren° 39, 5651, ioh 5o, 17 septembreiqi-4, Annexe 244. a VIearmée. Compte rendu à G. Q.G., 96, 15 heures, 17 septembre 1914, Annexe 291.16 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.vous repreniez le plus tôt possible une partie de vos forces pour les portercette nuit à la gauche du 13e corpsl ».Mais peut-on espérer monter ainsi une manoeuvre d'aile réellementefficace ? Celte manoeuvre correspond-elle aux possibilités d'une arméesévèrement engagée en deçà de l'Oise et absorbée par sa lutte frontale ?D'ailleurs, est-il rationnel de confier à un unique commandant d'armée laconduite d'opérations décisives sur le vaste front qui va s'étendre de Soissonsà Amiens?Le général en chef reçoit précisément de la Woëvre les renseignementsles plus rassurants. Il estime désormais possible d'alléger, au profit deson aile gauche, le lourd dispositif qu'il a établi en Lorraine au momentoù il appréhendait une olfensive allemande débouchant du camp retranchéde Metz. Il décide donc de faire transporter en Picardie, dans la région dePoix, l'étal-major de la IIe armée (général de Castelnau) et le 20e corpsd'armée 2.III. — LE LABORIEUX DÉBUT DE LA MANOEUVRE D'AILE.

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( 18-21 SEPTEMBRE 1914.)Du 17 au 20 septembre, les renseignements recueillis ne confirmentguère l'éventualité d'une manoeuvre ennemie importante dans le nordouestde la France.Des mouvements de troupes allemandes sont bien signalés entre laSensée et l'Oise, ainsi que des transports nombreux venant, à travers laBelgique, d'Anvers et de Lorraine, vers la région du Nord. Il est annoncéd'autre part que le corps de cavalerie Marwitz se porte de Laon surNoyon. Mais il semble que l'activité dans la région de Valenciennes (quiparaît être une inspection d'étapes) soit en grande partie le fait deconvois de ravitaillement de munitions et de vivres, et de détachementsde renforts rejoignant leurs unités. Les Belges ont encore fait, le 19,1G. Q. G. Message téléphoné à VI" armée, 56go, 16 heures, 17 septembre 191<4, Annexe248.G. Q. G. Message téléphoné à IIearmée, 5700, 17b5, 17 septembre 191 4, Annexe 249;—note pour la direction des chemins de fer, 5744, 20b i5, 17 septembre 191/i; — télégrammeà II" armée, 5793, 7h50, 18 septembre 1914, Annexe 391. — Cl. également lechapitre XVI de ce volume.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 17LAGRANDGEUERR—E. l, 48VOL. 2sous Anvers, des prisonniers du Ille C. R. qui avait été indiqué commeétant en route vers la France. Des troupes allemandes apparaissent biensur la frontière franco-belge, notamment de l'infanterie de marine, maisce sont sans doute des éléments de surveillance, en prévision d'une actiondes Alliés partant de la base de Dunkerque 1.Les informations fournies par le 2e bureau du G. Q. G. demeurent incertaines.On peut lire notamment dans le bulletin de renseignements du19 septembre au matin cette indication :« Les corps d'armée qui pourraient être transportés à l'ouest de l'Oiseseraient : le IIIe C. A. de réserve, dont une partie est déjà en mouvementvers le sud; le XIVe C. A., qui a disparu du théâtre vosgien depuis le 1 2 ;les trois corps bavarois, dont la disparition s'échelonne du 8 septembre(Ier B.) au 12 septembre (IIe B. et Ille B.).« L'ignorance où l'on est des destructions et réparations faites sur les

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voies ferrées en Belgique rend difficile l'appréciation des moyens detransport dont disposent les Allemands. Néanmoins, le transport duXIVe C. A. et des trois corps bavarois, suivant celui du XVe C. A.2, auquels'ajoutent les apports des dépôts et les ravitaillements, paraît dépasser, sil'on veut rester dans des conditions de temps acceptables, les possibilitésde rendement des voies ferrées. En tout cas, aucun renseignement nepermet actuellement de conclure à des débarquements considérables dansla région au nord de Sainl-Quentin3. »Par ailleurs, l'éventualité d'une offensive allemande dans la zone centralereste à envisager; d'importants mouvements de troupes ennemiessont, en effet, signalés à Mézières, Sedan, sans qu'il soit possible de savoirs'ils sont dirigés vers le sud ou vers Laon4.Les deux adversaires sont étroitement aux prises sur le front entre Oiseet Meuse. Les combats sont violents, notamment dans le secteur de l'Aisne,en Champagne, sur les contreforts de l'Argonne, dans la vallée de l'Aire.Attaques et contre-attaques se succèdent. Reims est bombardée, la cathélG. Q. G. 2* bureau. Bulletins de renseignements des 18, 19 et 20 septembre 1914, Annexes 389, 508 et 600.: Venu de Lorraine, le XVe C. A. allemand a été identifié dans la région de Laon.Lr.y. (j. 2 bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 19 septembre 1914, Annexe508.4 G. Q. G. Message téléphoné à Ve armée, 1ih 52, 18 septembre 1914, Annexe 398.18 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.drale en flammes1. Une certaine nervosité se fait sentir. Le général enchef devra même démentir de prétendus succès qu'auraient remportésles Allemands 2.Bien que la faiblesse des stocks de munitions d'artillerie l'oblige à prescrire l'économie 3, le général Jolfre continue à envisager avec confiance lasituationCelle-ci, pourtant, ne laisse pas d'être préoccupante dans le secteurdu centre, entre le Chemin des Dames et la région de Reims. L'ennemi,engageant des forces nouvelles, attaque avec vigueur. La Ve armée,déployée sur un front en équerre, engagée sur les deux rives de l'Aisne,apparaît en position difficile.Pour la soutenir, le général en chef fait appel à ses voisines : l'arméebritannique à l'ouest, la IXe armée à l'est. Mais, pour que cette dernière

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puisse apporter au général Franchet d'Espèrey un appui efficace, il faudraitqu'elle soit aidée elle-même par la IVe armée. Un renfort serait pour celanécessaire.A point nommé, le grand quartier général est informé que la Woëvre,à la suite des pluies diluviennes des derniers jours, peut être considéréecomme impraticable en dehors des routes. L'éventualité d'une attaqueallemande en Lorraine, déjà improbable, s'évanouissant ainsi complètement,le général en chef décide de prélever sur le front de Woëvre, où ilvient déjà de prendre l'état-major de la IIe armée et le 20c C. A., unnouveau corps d'armée, le 8e; ce corps d'armée, porté dans la région deSainte-Menehould et mis à la disposition de la IVe armée5, va permettred'assurer la situation dans la zone des armées du centre6. En attendant,la Ve armée est invitée à durer et à tenir, « notamment au nord de l'Aisne,pour couvrir le flanc droit de l'armée britannique et en vue de l'offensiveultérieure7 ».1 G. Q. G. 2e bureau. Bulletins de renseignements des 18, 19 et 20 septembre 1914,Annexes 389. 508 et 600.G. O. G. Compte rendu au ministre, 6188, 1q septembre iqi 4.s G. Q. G. Notes, 6213 et 6235, 19 septembre 191A, Annexe 517.4 G. Q. G. Télégramme à ministre de la Guerre, 6188, lQ septembre lQ14.5Cf. 6 chapitre IV. G. Q. G. Télégrammes 6082, 7h45; 6100,81130; 6122, 10 heures; 6i3o, 10 20;ordre, 615a, 12 heures, 1Q septembre iqi4, Annexes 512 et 514.7 G. Q. G. Télégramme à Varmée, 6099, 8h 30, 19 septembre 1914, Annexe 511.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 192.Pour sortir, cependant, de l'incertitude qui se prolonge au sujet desintentions de l'adversaire, le général en chef adresse, le 18 septembre, unnouvel et énergique appel à l'aviation qui l'avait si bien servi au momentde la manoeuvre de la Marne. Il l'invite, le 18, à pénétrer profondémentdans les lignes ennemies pour s'efforcer de reconnaître les mouvementsde rocade éventuels. Il prescrit à nouveau, le 19, de pousser les reconnaissancesaussi loin que le permettra le rayon d'action des appareils et desurveiller principalement : la voie ferrée Maubeuge, Cambrai, Saint-Quentin, la région nord de Laon et celle de Berry-au-Bacl. Un détachementd'aviation français est même envoyé à Anvers avec mission

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d'effectuer des reconnaissances aériennes sur le territoire de Belgique, enremontant les courants de transport jusqu'à la frontière belgo-allemande2.Malheureusement, au cours de ces journées, le mauvais temps empêcheou gène considérablement l'action de l'aviation 3.*Malgré les préoccupations que peut lui inspirer la bataille des arméesdu centre, le général en chef ne perd pas de vue la manoeuvre, qu'ilespère décisive, de son aile gauche. En attendant que soit arrivée à piedd'oeuvrela IIe armée, il insiste à nouveau auprès de la VIe pour que l'actionmenée à l'ouest de l'Oise soit étoffée et étendue. C'est ainsi qu'il invite legénéral Maunoury à porter le 4e C. A. à la gauche du 1 3e C. A. de façon àprolonger la ligne, et non entre ce corps d'armée et l'OiseIt, et à pousserle plus tôt possible l'attaque en Picardie, le 13e C. A. faisant son effortprincipal en direction de Lassigny tandis que le 4e se portera à l'ouest deRessons-sur Matz, prêt à marcher vers Roye5.Il organise également le commandement de la masse de cavalerie qui1 G. Q. G. Message téléphoné à laV" armée, ] 1b52, 18 septembre 191/1, Annexe 398;—télégramme à Ire armée, 5856, 11h50, 18 septembre 1914, Annexe 397; — télégrammesaux armées, 6286 et 6285, Ilb 20 et 2ih 55, ig septembre 191 Annexe — 518; 1télégramme à III" armée, 6344, 20 septembre1014, Annexe 601. G.Q. G. Ordre, 63o5, 20 septembre iqi4--s Ir. armée. Messagestéléphonés àG. Q. G., 17h 15, 18 septembre 19 14, Annexe 408, et1 heure, 20 septembre 1914. — V. armée. Télégrammes à G. Q. G., 20b 3o, 18 septembre,19144, Annexe 432, et 20b 35, 1q septembre iqi4- G. Q. G. Message téléphoné à VI*armée, 5q72, 13 heures. 18 septembre. Annexe 399. 5 G.Q. G. Télégramme à VI* armée, 6081, :¡h'5, 19 septembre iqi4, Annexe 510.20 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.va se trouver rassemblée au delà de l'Oise et dont quatre divisions serontplacées sous les ordres du général Conneau (le général Bridoux ayant ététué le 17 septembre), une cinquième demeurant à la disposition directedu commandant de la VIe armée1. Enfin, il prescrit au groupe de divisionsterritoriales qui, le 16, a reçu mission de se porter dans la régionde Péronne pour assurer la couverture de l'extrême gauche française,

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d'arrêter le gros de ses forces vers Corbie, de façon à protéger les débarquementsdelà IIe armée, qui vont avoir lieu dans la région de Poix2.Seule, l'entrée en ligne de cette armée permettra de donner à lamanoeuvre d'aile l'envergure nécessaire.Le général de Castelnau qui va être appelé à la commander est prié,le 18, de passer au grand quartier général pour y recevoir les instructionsdu général en chef.Le général Joffre se préoccupe, en outre, d'organiser dans le nord desactions de diversion destinées à inquiéter les communications des Allemands.Il signale au commandant de la 1re région, au gouverneur deDunkerque, l'intérêt capital qu'il y a à faire opérer des destructions sur lavoie ferrée Mons, Valenciennes, Cambrai, Bohain, Saint-Quentin3. Ilsollicite l'appui d'un corps de débarquement britannique, déjà offert parlord Kitchener quelques jours auparavant; ce corps aurait pour mission,en partant des bases de Calais et Dunkerque, d'agir d'une façoneffective et constante sur les communications de l'ennemi en concertantson action avec celle du G. D. T. 1. Il prévoit également, en direction deValenciennes ou Cambrai, l'emploi d'un autre détachement anglais disposantd'avions et dont le rôle serait de déterminer, par reconnaissancesaériennes, les principaux courants de transport sur la ligne Mons, Valenciennes,Cambrai, Péronne, et plus à l'est 5.1 G. Q. G. Télégrammes à VI" armée, 5802, 8h 3o, et 5827, 9113o, 18 septembre 1914.G. Q. G. Télégrammes à G. D. T., 16 septembre 1914, Annexe 122; 58o4, 18 septembre1914, Annexe 392; 6220, 19 septembre 1914, Annexe 516.4 G. Q. G. Télégramme chiffré, 6466, 21 septembre igi4, Annexe 702. * - G. Q. G. Télégrammes à ministre de la Guerre, 5819, 9 57, 18 septembre 1914, Annexe396; - à G. D. T., 6°75, 7h 30, 19 septembre 1914, Annexe 509; — missionmilitaire française auprès du G. H. Q., 6519, 13h45, 21 septembre 1914, Annexe 708.G. D. T. Télégramme à G. Q. G., Q8/3, 22h 5, 18 septembre 1014.5 G. Q. G. Télégramme à ministre de la Guerre, 6280, 22-heures, 19 septembre 19*4.

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TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE I". 21LAGRANDGEUERR—E. I, 4*VOL. 2 A** *Le général en chef est ainsi occupé à monter, pièce à pièce, sa manoeuvred'aile, quand il est brusquement surpris par les événements du20 septembre.Ce jour-là, les Allemands attaquent simultanément, avec violence, laVIe armée au nord de l'Aisne, la Ve armée au nord de Reims, et la menacede Woëvre, depuis peu disparue, reparaît soudainement : deux corpsd'armée ennemis, le Ille bavarois et le XIVe C. A., venant du front dehaute Lorraine, sont signalés dans la région de Thiaucourt.Dans l'est, les IIIe et Ire armées paraissent largement en mesure derépondre avec leurs seules forces à la menace qui ne fait que se dessinercontre les Hauts de Meuse.Au centre, la Ve armée repousse, non sans peine, les assauts des Allemands.Par contre, à l'aile gauche, la VIe armée, vivement pressée, marqueun mouvement de recul et paraît un moment en situation suffisammentdélicate pour que le général en chef, tout en l'invitant à maintenir à toutprix ses positions et à ne se replier sur la rive sud de l'Aisne qu'à ladernière extrémité, juge prudent de prescrire à la IIe armée d'agir sansdélai au profit de sa voisine. La situation se stabilise d'ailleurs rapidementet, dans la soirée, la IIe armée peut être entièrement rendue à savéritable mission1; l'alerte n'en pas moins été chaude et l'à-coup regrettablepour la IIe armée, dont la préparation pour une nouvelle manoeuvred'aile a ainsi été troublée.Or, ce jour même, où l'action laisse croire que l'ennemi va s'engagerà fond 2 dans une bataille de l'Oise à la Meuse, comportant poussée centraleet double enveloppement des ailes, les renseignements recueillis commencentà confirmer sérieusement les prévisions du général en chef touchantune action puissante des Allemands dans le nord-ouest.1 G. Q. G. Télégrammes, 6339 et 634o, 13" 4o, Annexe 603; 6381, Annexe '604;6382, 151045, Annexe 605; 6434, 19" 5, Annexe 609; 6441, 20 septembre 1914; —compte rendu au ministre de la Guerre, 64o8, 181030, ao septembre 1914. — Cf. chapitres

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11,III et xvi.t G. Q. G. Compte rendu au ministre de la Guerre, 6470, 21 septembre igi4, Annexe703.22 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Non seulement, en effet, ceux-ci se montrent de plus en plus mordantsà l'ouest de l'Oise, poussant des pointes de cavalerie sur Corbie et Montdidieret attaquant dans la région de Lassigny, mais, de sources différentes,on annonce des transports de troupes sur les lignes Cambrai,Busigny, Saint-Quentin et Valenciennes, Solesmes, Le Cateau; la gardedes voies ferrées a été très sérieusement organisée par l'ennemi, la garnisonde Saint-Quentin, renforcée; des éléments bavarois sont signalésdans la région de l'Oise; le XVIIIe C. A., prélevé sur le front entre lahaute Suippes et l'Argonne, aurait été transporté sur Saint-Quentin, et lapartie est du front de Champagne ne serait peut-être plus tenue que pardes éléments de réserve et de landwehr, le XIXe C. A. paraissant avoir étéenlevé, lui aussi, par le haut commandement adverse).Au cours des journées suivantes, les indications reçues au grand quartiergénéral confirment la menace ennemie pressentie depuis le 16. Les renseignementssur les courants de transports, sur l'activité de la T. S. F., concordent: toute l'attention des Allemands se porte sur leur droite. Bientôtle voile se déchire entièrement, lorsque le commandement français estinformé qu'une armée allemande (6e ou 7e, on ne sait pas encore exactement),dont le Q. G. serait à Saint-Quentin, s'engage en Picardie à l'ouestde l'armée Kluck, et que le XXle C. A. ennemi, venant de Lorraine, estsignalé débarquant dans la région de Cambrai 2.A partir de ce moment, le général en chef n'hésite plus à déplacerrésolument vers le nord le centre de gravité de ses forces. Notamment,il ne se laisse pas distraire par l'attaque allemande de Lorraine du nouveauchamp d'action où il poursuit la victoire; cette attaque, malgré les avantagesqu'elle remporte, ne l'inquiète, un moment, que de façon relative.Il peut, en effet, rapidement évaluer les moyens limités dont disposent lesAllemands entre Argonne et Moselle, et se contente de renvoyer sur laMeuse le 8e C. A. Dès le 23 septembre, alors que la bataille bat son pleindans la vallée de l'Aire, devant Saint-Mihiel et autour de Flirey, il prévient

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1 G. Q. G.2* bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 21 septembre 1914, Annexe701.* G. Q. G.2' Bureau. Bulletins de renseignements des 22 et 23 septembre 1914, Annexes826 et 945; — note au sujet de la 7* armée allemande, 22 septembre 1914,Annexe 828; — note au sujet de l'activité de la T. S. F. allemande, 23 septembre 1914.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE lor. 23aA.les Ire et IIIe armées qu'elles doivent prévoir l'enlèvement, vers le 27, decertaines de leurs unités, à destination de la Picardie et de l'Artois1.De même, sur le front des armées du centre, stabilisé en fait, conformémentà ses directives du 17 septembre, il recommande à nouveau demener la bataille avec économie et de s'organiser pour a durer ».Le général Foch, commandant la IXe armée, ayant prévu une actiond'ensemble comportant l'attaque du massif de Berru, Nogent-FAbbesse,Cernay, il lui fait savoir qu'une telle attaque «ne saurait avoir qu'unrésultat tactique limité Il, et l'invite à la reporter à plus tard, ce quipermettra d'envoyer le 1 ie C. A. à la VIe armée. Ainsi renforcée, cettedernière sera mieux en mesure de faciliter le démarrage de la IIe et d'exploiterses succès2.Au cours des dernières journées de septembre et des premiers joursd'octobre, les prélèvements sur les armées de l'est et du centre, au profitdes champs de bataille de Picardie, puis d'Artois, puis des Flandres,vont se multiplier, le général en chef s'efforçant d'accélérer et d'élargir lapoussée de son aile marchante, de remonter sans cesse, avec des troupeset des chefs nouveaux, cette manoeuvre de débordement à laquelle il neverra jamais prendre, cependant, ni l'élan ni l'essor espérés et nécessaires.** *Pour conclure, en ce qui concerne l'action du haut commandementfrançais, l'historique de cette phase « transitoire » de la guerre, qui s'étenddu 15 au 22 septembre 1914, deux remarques s'imposent :Tout d'abord, à l'inverse de la manoeuvre de la Marne, décidée soudainementau lendemain de la bataille des frontières, la manoeuvre d'aile,qui va devenir la course à la mer, a été conçue par le général Joffre defaçon progressive.

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En second lieu, cette manoeuvre a été à l'origine, non pas une attaquemais bien une riposte à une manoeuvre similaire allemande, d'abord pressentiepar le généralissime, puis peu à peu dévoilée.1 Cf. chapitre XVI. — G. Q. G. Télégrammes, 6801 et 680a, 23 septembre 1914, Annexes947 et * 948. G. Q. G. Télégrammes 6498, llh 10; 6499; 6518, 13 heures; 65g5; 6596, 21 septembre1914, Annexes 706, 705, 707, 711 et 712; 6992, 9h5, 24 septembre.24 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Les situations du 25 août et de la mi-septembre sont, en effet, entièrementdifférentes. A la première date, les renseignements du 28 bureauet des armées ont suffisamment éclairé le général en chef, qui a pu faireune synthèse rapide de la situation et discerner son évolution probable.Il n'en est pas de même à la mi-septembre, où le mystère cachant lesprojets de l'ennemi n'a été que progressivement déchiffré et où le généralen chef, incomplètement informé, a dû préparer, pour ainsi dire à tâtons,une nouvelle bataille. C'est donc à une allure prudente que, nuançant sastratégie suivant la physionomie changeante de la lutte, il s'est engagédans la manoeuvre d'aile.Avant d'exposer le développement de cette manoeuvre, il imported'étudier les batailles qui se sont déroulées sur l'Aisne et en Champagne,de façon parfois inquiétante, tandis que s'élaborait la conception dugénéral en chef.CHAPITRE II.LA BATAILLE DE L'AISNE À LA vr ARMÉE.(15-20 SEPTEMBRE1914.)(Cartes 3 à 7.)1— LAMANOEUVRDE'AILEAUSUDDEL'OISEdu 15 au 17 septembre 1914.Situation de la VI* armée, sa mission, ordres donnés par le général Maunoury le14 septembre.— Lajournée du 15 septembre: premiers résultats obtenus par la manoeuvred'aile. — La journée du 16 septembre: des attaques allemandes débouchant de Noyonenrayent cette manoeuvre. — La journée du 17 septembre: échec définitif de la manoeuvredans la région de Noyon, replis marqués par la VI' armée de part et d'autrede l'Oise.

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II. — L'EXTENSIODN8LAMANOEUVDR'EAILEAUNORDDBL'OISEdu 18 au 20 septembre 1914.Remaniement du dispositif de la VI*armée, suivant les instructions du général en chef:renforcement et extension de l'aile gauche (18 septembre). — Préparation du mouvementoffensif des i3* et 4* C. A. au nord de l'Oise (19 septembre). — La journée du ao septembre: attaque allemande repoussée entre Oise et Aisne; progrès marqués au nord de1Oise; situation le ao septembre au soir.I. — LA MANOEUVRE D'AILE AU SUD DE L'OISEDU l5 AU 17 SEPTEMBRE 191 4.Le 11 septembre, au cours de la poursuite consécutive à la victoire dela Marne, le général en chef a ainsi défini le rôle de ses armées degauche :« La mission incombant à la VIe armée, à l'armée anglaise et au détachementde gauche de la Ve armée consiste à prendre à partie le groupede l'aile droite allemande en cherchant toujours à déborder cette aile parl'ouest. A cet effet, la VIe armée sera renforcée par le 13e corps d'arméequi est transporté en chemin de fer et dont les débarquements commen26LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ceront demain 12 septembre après-midi sur la rive droite de l'Oise, etseront poussés aussi loin que le permettront les circonstancesl. »Le même jour, le général en chef fait savoir au général Maunoury :a il faut prévoir que l'ennemi faisant tête sur l'Aisne il vous serait difficiled'attaquer de front et il paraît nécessaire que vous ayez le plus tôtpossible des forces remontant la rive droite de l'Oise pour déborder l'ailedroite ennemie. Vous devez en plus envisager l'éventualité où des corpsde réserve allemands, rappelés d'Anvers et de Maubeuge, interviendraientdans cette région à l'extrême droite allemande. Le 13e corps serait toutdisposé pour appuyer votre action contre ces derniers 2. »Le lendemain, 1 2 septembre, envisageant la continuation du repliallemand, le général en chef prescrit de prendre les dispositions suivantesaprès le passage de l'Aisne :« Afin de déborder l'ennemi par l'ouest, la VIe armée laissant un fortdétachement dans l'ouest du massif de Saint-Gobain, pour assurer, entout état de cause, la liaison avec l'armée anglaise, portera progressivement

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le gros de ses forces sur la rive droite de l'Oise5. »Le 13 septembre, constatant que la retraite ennemie se poursuit, legénéral en chef invite toutes ses armées « à continuer énergiquement lapoursuite en direction générale du nord », la VIe armée agissant « à l'ouestde l'Oise4 ».Enfin, le i4 septembre, il rappelle que « la mission de mettre horsde cause l'aile droite ennemie, éventuellement grossie des éléments deréserve provenant de Belgique ou de la région de Maubeuge, appartiendraà la VIe armée, à l'armée anglaise et à tout ou partie de la Ve armée5. »A cette dernière date, l'ennemi, interrompant sa retraite, fait face à sespoursuivants; en particulier il oppose une énergique résistance à la1 G.Q. G. Instruction particulièren"2 2, 11 * septembre 1914. G. Q. G. Note, 4814, 11 septembre 1914. a G. Q. G. Instruction particulière n*a3, 4931,12 septembre 1914.G. Q. G. Instruction particulière n° a4, 5oa6 à 5o32, 13 septembre 1914. 1 G. Q. G. Instruction particulièren° 25, 5aoo, 14 septembre 1914.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 27VIe armée sur les plateaux au nord de l'Aisne. C'est la situation envisagéepar le général en chef le 11 septembre. Dans quelles conditions la VIe arméese trouve-t-elle à ce moment ?Son aile droite, formée par le 5e groupe de divisions de réserve ( généralde Lamaze) renforcé de la 45e division et de la brigade de chasseursindigènes du général Ditte, est dans la région de Soissons où elle franchitl'Aisne, non sans difficultés.Son centre, qui comprend, d'est en ouest, les 7e corps d'armée (généralVautier ), 6e groupe de divisions de réserve (général Ebener) et 4e corpsd'armée (général Boëlle), est au contact de l'ennemi, entre Aisne et Oise,sur le front : Fontenoy, Chevillecourt, Moulin-sous-Touvent, Tracy-le-Val, avec une brigade de marche de spahis (colonel Martin de Bouillon)en réserve à Attichy.Son aile gauche, à l'ouest de l'Oise, est constituée par : la 37e division(général Comby) et la 16e brigade (du 4e C. A.) dans la région nord deCompiègne; le 13" C. A. (général Alix), qui a été débarqué à Creil, dansla zone d'Estrées-Saint-Denis; enfin la 3e brigade marocaine, en cours dedébarquement à Clermont, venant d'Afrique.En outre, le commandant de la VIe armée dispose d'une importantecavalerie : tout le corps de cavalerie du général Bridoux, à trois divisions,dont l'une (3e) se trouve dans la région de Lassigny et les deux autres(ireet 5e), groupées sous les ordres directs du général Bridoux, dans le

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Santerre.La VIe armée est en liaison, à droite, avec l'armée britannique, occupéeà franchir l'Aisne. A sa gauche, vers le nord-ouest, le groupe de divisionsterritoriales du général d'Amade est dans la région d'Amiensl.Les unités ont un moral excellent, mais leur encadrement est incompleten raison des pertes subies, et la plupart (notamment celles de cavalerie)sont fatiguées à la suite des efforts fournis pendant la bataille de laMarne et la poursuite, menée sans désemparer et sous la pluie, depuisl'Ourcq. Par ailleurs, il est à remarquer que l'armée a une compositionassez hétérogène ; elle comprend, en effet: deux groupes de divisions deréserve, trois corps d'armée actifs, deux divisions et une brigade d'Afrique(37e et 45e divisions, brigade de spahis) et deux brigades marocaines(3e et brigade Ditte) récemment constituées, c'est-à-dire des troupes sen-1 Cf. carte n* 3.28 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.siblement différentes aux points de vue formation, esprit et capacités manoeuvrières.Le terrain sur lequel elle s'engage est une région de plateaux boisés etravinés où l'ennemi peut facilement accrocher sa résistance et mener unelutte d'usure; elle est coupée par la large vallée de l'Oise en partieinondée à la suite des pluies des derniers jours. Noyon, entourée de hauteurset de forêts, commandant à courte portée trois ponts importantssur l'Oise, et vers laquelle convergent des grandes routes venant de Laon,La Fère, Saint-Quentin, Roye, Compiègne, Soissons, apparaît comme lecentre naturel de cette zone d'action. La gauche de l'armée se trouve àproximité de ce point important.A la date du 14 septembre, il ressort des renseignements recueillis quela droite allemande (Ire armée, général von Kluck) se trouverait versNampcel, à l'est de l'Oise; à l'ouest de cette rivière, il n'y aurait que desdétachements peu importants, en retraite. Dans ces conditions, le généralMaunoury estime que la mission confiée à la VIe armée peut être remplieau moyen d'une manoeuvre à court rayon, restant limitée à la rive est dela rivière, mais flanc-gardée à l'ouest pour le cas, prévu par le généralen chef, où des forces nouvelles apparaîtraient à l'extrême droite allemande1.Tandis que les unités déployées de Soissons à Moulin-sous-Touvent(5e G. D. R.; 7e C. A.; 6e G. D. R.)2 s'efforceront de progresser dans leurszones d'action respectives, le 4e corps d'armée débordera et enveloppera

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l'aile découverte de l'armée Kluck en attaquant dans la région Nampcel,Carlepont.Il sera soutenu à sa gauche par la 37e division et la 16e brigade, rappeléesde la rive ouest sur la rive est de l'Oise.En ce qui concerne le i 3e corps (que renforcera la 3e brigade marocaine),le général Maunoury lui confie une double mission :- couvrir le flanc gauche de l'armée à l'ouest de l'Oise, en portant1 VI*armée. Compte rendu de renseignements, 13 septembre 1914; bulletin de renseig-neiml ents n° 16, 14 septembre îoid; ordre général d'opérations n° 88, 14 septembre igi4-7*C. A. Ordre général d'opérations n° 93, ob 3o, 15 septembre 1914, Annexe 65. —5e G. D. R. Ordre général d'opérations n° 36, 4h3o, 15 septembre 1914. - 6* G. D.R.Ordre d'opérations n° 7, a heures, 15 septembre 1914, Annexe 100.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 29les avant-gardes de sa division de tête à Thourotle et Villers-sous-Coudun,objectif ultérieur Noyon, la seconde division venant en même tempsdans la région Baugy, Monchy, Rémy, en échelon en arrière et à gauche;— en outre, se tenir prêt à participer directement à la bataille sur larive est de l'Oise en franchissant cette rivière par les ponts de Montmacqet du Plessis-Brion.Pour les divisions de cavalerie, le commandant de la VIe armée prévoitdeux rabattements, un au plus près pour la 3e D. C., l'autre à grandedistance pour les 1re et 5e.Il prescrit : « La 3e D. G. se portera vers Noyon pour coopérer à labataille en agissant sur les derrières de l'ennemi.e Le corps de cavalerie se portera sur Saint-Quentin d'où il se rabattrasur l'Oise sur les derrières de l'ennemi; il fera reconnaître les routesdébouchant de Guise vers le sud où sont signalés des mouvements detroupes 1. »Ainsi, le commandement de la VIe armée, estimant pouvoir déborderl'aile droite adverse et « briser définitivement la résistance de l'ennemi «sans avoir à prendre du champ vers le nord-ouest, emploie toutes lesunités de son aile gauche sur la rive gauche de l'Oise pour un effortdécisif et ne pousse sur la rive droite qu'un détachement de couverture.*¥ ¥La journée du 15 septembre s'engage sous des auspices assez défavorables.

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Presque partout, les unités entrent en action dans des conditionspeu satisfaisantes, au centre, en raison des délais exigés par la transmissiondes ordres, et dans larégionde Carlepont, à cause des retards subispar les 3 7e division et 16e brigade au cours de leur marche et notammentau passage de l'OiseVI*armée. Ordre général d'opérations n° 91, 142, 10 heures, 14 septembre 19 14. -13" C.A. 2 Ordre général d'opérations n° 47,4 heures, 15 septembre iqi4, Annexe 79. VI*armée. Compte rendu du capitaine Goudot en liaison au 4e C.A, 8h30, 15 septembre1914; — Journal des marches et opérations. — 4e C. A. Ordre à 37" division, 9h i5,15 septembre 1914, Annexe 61.. — 7e C.A. Bulletin de renseignements, 8h i5, i5 septembre1914. — 6*G. D. R. et 37*division. Journaux des marches et opérations.30 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le commandant de la VIe armée s'efforce cependant de donner del'élan à son offensive, surtout à gauche; il presse le 4e corps d'arméed'attaquer vigoureusement en direction de Nampcel sans attendre l'arrivéede la 16e brigade; il invite la 37e division à se hâter, pour prolongerl'action de ce corps d'armée dans la région Carlepont, CaisnesA l'aile droite et au centre de la VIe armée, la journée n'est marquéepar aucun changement sensible. Les troupes françaises se trouvent arrêtées,comme l'armée britannique, dans la région de Vailly, par une résistanceennemie solidement organisée : au 5e groupe de divisions de réserve,la 45e division essaie en vain d'occuper le plateau au nord de Soissons;dans la région de Pernant, la rivière n'a pu encore être franchie; plus àl'ouest, les 7e C. A. et 6e G. D. R. ne peuvent réaliser une avance appréciablesur les plateaux de part et d'autre du rû d'Hozien2. Par ailleurs,l'aviation signale des rassemblements ennemis importants faisant prévoirl'éventualité d'un retour offensif des Allemands pour forcer le passage del'Aisne dans la région de Soissons. Cette perspective n'inquiète guère,d'ailleurs, le général Maunoury, qui écrit au commandant du 5e G. D. R. :« La VIe armée manoeuvrant par sa gauche, cette manoeuvre de l'ennemine pourrait que faciliter l'action débordante de nos troupes en éloignantles gros ennemis du point où elles cherchent la décision. » Il prescrit seulement

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d'assurer l'inviolabilité de la ligne de l'Aisne par une solide organisationde la rive sud, sans que le souci de cette organisation empêche dese tenir prêt à pousser de l'avant au premier indice de retraite des Allemands3.Dans quelles conditions, cependant, se développe la manoeuvre d'aileconfiée au 4e C. A. et à la 37e division ?Le 4e corps d'armée, attaquant en direction générale est-nord-est, nepeut progresser sensiblement dans la région de Nampcel, mais la 37e divi-1 VIe armée. Ordres particuliers nos 92, 9* 10, et 93, gh15, 15 septembre 1914,Annexes 34 et 35. - 378 division. Ordre d'engagement, 10 heures, et ordre, 15h25,15 septembre iqi4, Annexes 106 et 107.2 VI*armée. Comptes rendus du capitaine Hinckenbach, officier de liaison auprès du5'G.D.R., iob3o et 11h30, 15 septembre 1914.— 7*C.A. Télégrammes à VI*armée,14 heures et 16"45, 15 septembre 1914, Annexe 67. — 5" G. D. R. Situation en fin dejournée, 15 septembre 1914. — 6* G. D. R. Situation en fin de journée, 15 septembre 1914.- 45" D.I. Situation à 9h45; compte rendu 14 heures, 15 septembre 191/1.— 61" division.Note à 14" division, 12b30, 15 3 septembre iqi4- Yr armée. Ordre particulier n° 95', 16 heures, 15 septembre191 4, Annexe 37.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 11. 31sion, couverte vers Pontoise par la 16e brigade, occupe le bois de la Montagne,enlève Caisnes et le bois de Choisy, s'empare de la Pommeraye etde Cuts. De son côté, la brigade de spahis, portée d'Attichy vers Bailly,pousse une forte reconnaissance vers Quierzy 1.Sur la rive ouest de l'Oise, le 13e corps d'armée a été invité, un peuavant midi, par le général Maunoury, à porter sa division de tête à hauteurde l'Ecouvillon, Pimprez, en s'éclairant vers Pontoise, Noyon et Lassigny,et à se tenir prêt, soit à répondre à une attaque ennemie venant de Noyon,soit à passer, si nécessaire, à l'est de l'Oise 2. Il conserve ainsi la doublemission qui lui a été fixée la veille.Cependant la 3edivision de cavalerie, conformément aux ordres qu'ellea reçus du commandant de la VIe armée, s'est portée de la région d'Amy,où elle stationnait, sur Noyon; parvenue aux abords de cette ville, elle

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se heurte à des détachements ennemis qu'elle canonne et surveille au coursde l'après-midi; elle se replie le soir sur Marquéglise. Quant au corps decavalerie du général Bridoux (iie et 5e D. C.), il a progressé de la zoneCaix, Rosières-en-Santerre, vers la Somme qu'il a franchie dans la régionde Péronne, et a gagné la zone de Templeux-la-Fosse. Il doit se porteren avant le lendemain pour tenter la destruction de la voie ferrée Busigny,Saint-Quentin et opérer sur Saint-Quentin3.En résumé, d après les renseignements recueillis le 15 au soir, il n'yaurait pas de troupes allemandes importantes dans la zone de Noyon; desrassemblements, représèntant la valeur d'une brigade environ, ont été seulementrepérés dans la zone Appilly, Chauny4.Le commandant de la VIe armée croit donc au développement favorablede sa manoeuvre. A 17h 15, il fait télégraphier au grand quartier général :1 4' C. A. Ordre à 37e division, 911i5, Annexe 61; — ordre 14h 4o, Annexe 62;— compte rendu de fin de journée, 15 septembre 1914, Annexe 63; — situation à mididu 4" C.A.et de la 37' division, 15 septembre 1914; situation à 5 heures, 16 septembre191/1. — 6" G.D.R. Compte rendu à VI* armée, nh45, 15 septembre 19 14. -37* division. Journal des marches et opérations. — Brigade de spahis. Compte rendu à6*G. D. R., 15 2 septembre 101A. VI*armée. Ordre particulier n° oA, 11 heures, 15 septembre 1014, Annexe 35. 3 VI*armée et 3' D. C. Journaux des marches et opérations. — Corps de cavalerie. Compterenduà VI' armée, 20 heures, i5 septembre 1914, Annexe 104.VI armée, 2' bureau. Bulletin de renseignements n° 17, 15 septembre 19i4,Annexe 42.32 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.«Situation se présente pas mauvaise, personne n étant signalé sur monflanc gauche1. »Il est persuadé que la 37e division et la 16e brigade ont « complètementdébordé la droite ennemie attaquée par le 4e C. A. », et donne pour le16 septembre les instructions suivantes :« Les objectifs demeurent ceux assignés antérieurement, c'est-à-dire lesforces ennemies qui tiennent les hauteurs sud d'Audignicourt et Morsainet le plateau au nord 2.» Ces forces devront être refoulées et dissociées,puis on visera leurs lignes de retraite.

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Les 4e C. A. et 37e division, qui demeurent chargés de la manoeuvred'aile, pourront être appuyés au besoin par la 3e brigade marocaine, enlevéeau 13e C. A. et invitée à se porter, par le pont de Montmacq, surCarlepont, où elle sera en réserve d'armée. En outre, le 13e C. A. enverra,également à l'est de l'Oise, par le pont de Bailly, une de ses propres brigadesavec un groupe d'artillerie pour étayer la 37e division et prendre partultérieurement à l'action générale dans la région de Pontoise3. Ainsi, laconcentration des forces de l'aile gauche en deçà de la rivière s'accentue.A l'ouest de l'Oise, cependant, le 13e C. A. (une division et demie),couvert par la 3e division de cavalerie éclairant vers Roye, Nesle, Ham etChauny et cherchant à agir sur les derrières de l'ennemi, se portera surNoyon et les hauteurs à l'ouest, « couvrant la gauche de la VIe armée,coopérant au besoin à l'attaque sur la rive gauche de l'Oise et attaquantéventuellement dans le flanc des colonnes ennemies en retraite. Il devraconstruire des ponts d'équipage ou de circonstance à Pimprez et ultérieurementà Ourscamp4 D.Le corps de cavalerie conservera sa mission antérieureComme il importe que la décision de la bataille soit obtenue au plus tôt,1 VIe armée. Télégrammes à G. Q. G. n° 80, 17'' i5, Annexe 38; — 23h 43, 15 septembreiqi4, Annexe 41.il VI' armée. Ordre général d'opérations n"96, i43, 22 heures, i5 septembre 1914,Annexe 39.3 VI*armée. Ordre particulier n° 97, 22h 3o, 15 septembre 191A, Annexe 40.« VI" armée. Ordre général d'opérations n° 96, 22 heures, 15 septembre 1914, Annexe 39.— Cf. également: 4* C. A., ordre général n° 54, ih 3o, 16 septembre 1914, Annexe 182.—7* C. A. Ordre général d'opérations n° 97, Ih30, 16 septembre 19M, Annexe 192. —13" C. A. Ordre général d'opérations n° 49, 2 heures, 16 septembre 19*4, Annexe 208. —5* G. D. R. Ordre général d'opérations 0037, 2 heures, 16 septembre 1914, Annexe 224.—

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37e division. Ordre pour la journée du 16, 16 septembre 1914, Annexe 234.TOME I, W VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 33LAGRANDGEUERR- El,. 4*VOL. 3avant l'arrivée de renforts ennemis, le général Maunoury adresse un pressantappel à ses troupes, qui devront s'engager à fond le 16 septembre :« Dès 5 heures du matin, les attaques reprendront sur toute la ligne avecla plus grande violence et devront être menées coûte que coûte jusqu'àl'assaut.«Il s'agit aujourd'hui de vaincre ou de se faire tuer; le général compteque tout le monde comprendra la gravité de l'heure présente qui exige tousles sacrifices en vue du succès définitif1. »*¥ *Cependant, la situation est moins favorable que ne le croit le commandantde la VIe armée le i 5 au soir, d'après les renseignements reçus en finde journée. Les éléments ennemis qui ont occupé la région de Noyonsans coup férir, puisqu'ils n'ont eu à subir que quelques coups de canonsde la 3e division de cavalerie, ont poussé vers le sud; notamment, deuxcolonnes se sont portées, l'une sur Thiescourt, l'autre, par Pont-l'Evêque,dans la direction de Carlepont2. Ce sont ces troupes ennemies qui, dèsl'aube du 16 septembre, prennent l'initiative de l'offensive et, de ce fait,empêchent le développement prévu de la manoeuvre d'aile.En effet, les Allemands attaquent de part et d'autre de l'Oise. A l'ouestde la rivière, ils assaillent les éléments avancés du 13e corps d'armée, surle massif de l'Ecouvillon et au nord de Ribécourt3. A l'est de la rivière,qu'ils franchissent à Sempigny, ils pénètrent dans la forêt de Carlepont etprogressent rapidement jusqu'au village de ce nom; ils trouvent cette zoneboisée à peu près complètement démunie de défenseurs, la 3e brigade marocaineet la brigade du 13e C. A., que le général Maunoury avait prescritla veille d'y porter, ayant été retardées par le combat sur la rive ouest. Plusau nord, entre les fermes le Mériquin et la Vallée, la 16e brigade est égale-1 VI* armée. Ordre général d'opérations n° 96t 143, 22 heures, 15 septembre 191/1,Annexe 39.4 VI"armée. Télégramme à G. Q. G., 1111, 23h45, 15 septembre 19id, Annexe 41. —

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3*D. C. Compte rendu de lin de journée, 15 septembre iqi/i, Annexe 110. 3 VI*armée. Journal des marches et opérations.— i3* C. A. Ordreà 25' division, 4 heures;— compte rendu à VI' armée, 16h 3o, 16 septembre 191/I; — journal des marches et opérations.— 25'et 26" divisions. Journaux des marches et opérations.34 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ment attaquée et refoulée par des éléments ennemis débouchant dePontoise 1.Ces événements, fort inquiétants pour la 37e division et le 4e C. A.,déployés face à l'est, de Cuts à la ferme du Tiolet, et ainsi menacés d'êtrepris à revers, provoquent une certaine confusion. Tandis que les Allemands,maîtres de Carle pont, s'avancent sur le Champ du Merlier, la défensede Tracy-le-Val est hâtivement organisée avec des éléments divers :détachements du 4e C. A. et de la brigade de spahis. Le commandant deLalène Laprade, chef du 3e bureau de la VIe armée, qui se trouve sur leslieux, prend l'initiative d'inviter la 3e brigade marocaine à déblayer, dèsson arrivée, la rive gauche de l'Oise entre Bailly, Pontoise et Carlepont, àbarricader les ponts pour couvrir les derrières de la 37c division, puis, sipossible, à coopérer à l'action de cette grande unité. La brigade du 13eC. A.(51e brigade), qui arrivera ensuite, se placera en réserve d'armée dans larégion de Carlepont 2.De son côté, le général Maunoury fait appel au 13e corps d'armée, auquelil adresse, à i 1 heures, l'instruction suivante :« Il importe d'agir avec le maximum de forces sur l'aile droite allemandequi occupe le front Nampcel, Blérancourt et au nord, et quiattaque en ce moment la 37e division et l'aile gauche du 4e C. A.« Tout en maintenant les forces que vous jugerez indispensables dans larégion de Noyon pour arrêter tout mouvement de l'ennemi sur notre flanc1 VI" armée. 2' bureau. Bulletin de renseignements n" 18, 2oh 3o, 16 septembre 191/1,Annexe 157. — 3' bureau. Compte rendu du commandant Rolland sur la situation de la37* division, 11la 30; — compte rendu du capitaine Cabieux, ioh45, 16 septembre 191/1;— journal des marches et opérations. — 4' C. A. Situation à 5 heures, 16 septembre 1914.

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- 13" C. A. Compte rendu à II*armée, 16103o, 16 septembre 1914. — 37*division. Note ài3* C. A., 9 heures; note à 7e division, lOb30; - ordre à brigade marocaine, 11 heures,16 septembre 191/1; — journal des marches et opérations. — 16" brigade. Compte rendu à4* C.A., 16 3 septembre iqi4. VIearmée. Ordre particulier n° 99 bis, 13b 45, 16 septembre 1914, Annexe 159. -3* brigade marocaine. Rapport sur le combat du 16 septembre 1914 (contenu dans le journaldes marches et opérations du 6" G. D. R. devenu par la suite 35e C. A.); c'était la 5o* brigade,de la 25e division, qui avait été désignée tout d'abord pour aller à Carlepont, mais enraison de la situation de la 25"di vision dans la région de Ribécourt, la 51" brigade, de la36* division, est désignée à sa place. D'olt retard, aggravé du fait que l'ordre envoyé à la5i* brigade a donné lieu à un contre-ordre puis a dû être renouvelé (36° division. Journal desmarches et opérations).TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 353.gauche, vous engagerez les forces dont vous croirez devoir disposer et lemaximum d'artillerie sur la rive gauche de l'Oise en agissant à la gauche dela 37e division 1. 1Le commandant de la VIe armée considère donc que la manoeuvre d'ailetelle qu'il l'a conçue, en deçà de l'Oise, reste susceptible de se développerfavorablement. D'après les indications qu'il possède, en effet, les Allemandsauraient peu de troupes dans la région de Noyon: une brigade mixte delandwehr seulement serait en face du 13e corps d'armée.Cependant, le général Alix, commandant ce corps d'armée, estimedevoir se borner à l'envoi, sur la rive gauche de l'Oise, de deux groupesd'artillerie 2, toute l'infanterie dont il dispose après le départ de la 5ie brigadepour Carlepont (25e division et une brigade de la 26e division) luiparaissant indispensable pour mener la lutte sur la rive droite3. Il a prescrità cet effet que la 2 5e division attaquerait en direction de Noyon tandisqu'un régiment de la brigade de la 26e division (52e brigade) s'efforcerait

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de contourner le massif de i'Ecouvillon par Elincourt-Sainte-Marguerite etla Rue des Boucaudes, l'autre régiment de cette brigade demeurant enréserve de corps d'armée 4.Le général en chef est informé, au début de l'après-midi, de la situationdelà VIe armée et n'en est pas satisfait. La veille, il s'est déjà élevé contrela décision prise par le commandant du 13e corps' d'armée d'effectuer lesdébarquements de ses troupes dans une zone (Creil) beaucoup trop enretrait, alors que les transports auraient dû être poussés le plus avant possible5.Il s'inquiète maintenant de constater que cette grande unité estarrêtée par des forces ennemies paraissant lui être sensiblement inférieureset il appréhende de la voir aspirée à l'est de l'Oise, dans une lutte sansissue, au détriment delà manoeuvre d'aile. Il reconnaît nécessaire d'activeret d'élargir, hors de la vallée de l'Oise, l'action débordante qu'il a pres-1 VIearmée. Instruction n° 98, 11 heures, 16 septembre qp/t, Annexe 158.! Un trroupe a déià été envoyé avec la 5i* brigade, ce aui fait trois au 3 total. 13" C. A. Compte rendu à VIearmée, 16"3o, 16 septembre 1914; — journal desmarches et opérations. 4 It. C. A. Compte rendu de l'officier de liaison envoyé au i3* C. A., 14b5o, 16 septembre1914. - 13' C. A. Compte rendu à VI*armée, 16b 3o, 16 septembre 1914; — journal desmarches et opérations. à G. Q. G. Télégramme à VI"armée, 7 heures, i5 septembre 1914, Annexe 10.36 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.crite et fait téléphoner au général Maunoury : « Je vous signale l'intérêtqu'il y aurait à pousser la plus grosse partie du 13e corps au delà deNoyon, en direction de Guiscard, Villequier-Aumont ou Flavy-le-Martel,de manière à déborder constamment l'aile droite ennemie et à menacerses communications. La présence du 1 3e corps dans cette région aura sansdoute pour la décision de la bataille plus de valeur qu'une interventionimmédiate 1. »Dans la soirée, il insiste à nouveau sur le rôle capital qui incombe àla VIe armée, notamment aux forces de sa gauche, et termine ainsi sonmessage au général Maunoury : « Je vous prie de dire à vos troupes, et enparticulier à celles des 4e et 13e corps et de la 37e division, par l'intermédiairede leurs chefs, que je compte absolument sur elles2. »En application de ces directives, le commandant de la VIe armée presse

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le 13e C. A. de refouler vigoureusement les quelques bataillons de landwehrqui s'opposent à sa marche, d'occuper Noyon le soir même et deporter des avant-postes dans les directions de Guiscard et de Chauny 3.Mais, le 1 3e corps d'armée se montre hors d'état de remplir cette mission.Dans la vallée de l'Oise, la 2 5e division ne dépasse guère Pimprez etDreslincourt; sur le plateau, elle occupe l'Ecouvillon, sans pouvoir s'emparerde la ferme Attiche. Plus à l'ouest, le régiment de la 52e brigade,chargé de contourner le massif, est attaqué à Elincourt-Sainte-Margueriteau moment où il commence son mouvement et il se replie sur le Matz4. Ala nuit, le i 3e corps d'armée se trouve déployé entre Vignemont et l'Oise,au contact d'un ennemi plus fort qu'on ne l'avait pensé et paraissantesquisser, vers l'ouest, une attaque débordante; les liaisons sont précaires,parfois inexistantes, entre les unités dont certaines ont été sérieusementéprouvées5. La 3e division de cavalerie a rencontré, dans la région de1 G. Q. G. Message téléphoné à VI* armée, 5548, 16b i5, 16 septembre 1914, Annexe118.2 Cf. chapitre 1" de ce volume. — G. Q. G. Message téléphoné à VI* armée, 5598,-16- -se-nrte-m--b--r-e- i-qIilà--.-.--Anne-x-e- -12-1-.;t VIe armée. Ordre à 13" C. A., 17 heures, 16 septembre iqi4, Annexe 161.4 VI" armée. Télégramme du commandant d'Espérey, 15 heures, 16 septembre 1914. —13" C.A. Compte rendu à VI" armée, 18h3o, 16 septembre 1914, Annexe 210; — journaldes marches et opérations. — 25" et 26° divisions. Journaux des marches et opérations. 5 13° C. A. Comptes rendus à la VI*armée, 18h3o, 16 septembre 1914, Annexe 210; —3h 4o et 3h 5o, 17 septembre 1914, Annexe 350; — journal des marches et opérations.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 37LAGRANDGEUERR—E. I, 4"VOL. 3AKessons-sur-Matz, de la cavalerie ennemie. « Espérant un combat de cavalerieet dans l'impossibilité de le livrer dans un terrain aussi coupé », ellese déploie sur le plateau à l'ouest de Lataule. Mais la cavalerie ennemiese dérobe dans les bois et fait occuper Bayencourt par des hommes àpied. Des fantassins allemands progressent dans le vallon de Ressons-sur-

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Matz, d'autres s'avancent à l'est de Mareuil-Lamotte. La division, aprèsavoir tiré quelques coups de canons, se replie vers 18 heures et va cantonnerdans la zone Rémy, Lachelle, avec avant-postes sur l'Aronde 1.Quant au corps de cavalerie, il a, au cours de la journée, surveillé desdétachements ennemis importants signalés vers le Catelet, envoyé unebrigade à Bohain pour couper la voie ferrée, et bombardé Saint-Quentin,occupé par des éléments ennemis 2.Les résultats de la journée ne sont pas meilleurs à l'est de l'Oise.Si, en eflet, la brigade marocaine, que la 51e brigade vient étayerdans la soirée, réussit, au cours d'une lutte violente, à enrayer la pousséedes Allemands dans la zone de Carlepont et à reprendre pied dans levillage, ni la 37e division, à peu près encerclée dans la région du Montde Choisy, ni le 4e corps d'armée ne sont en mesure de progresser versBlérancourt et Nampcel3. Sur le plateau d'Autrèches, le 7e corps d'arméene peut effectuer, aux prix de pertes sévères, qu'une avance réduite. VersSoissons, la lutte prend le caractère de la « guerre de siège Il.En résumé, le 16 septembre, la VIe armée a combattu sur place; samanoeuvre d'aile, troublée par l'action offensive des Allemands rayonnantautour de Noyon, de part et d'autre de l'Oise, a dégénéré en une lutteconfuse tant sur le massif de l'Ecouvillon que dans la région de Carlepont.1 3eD. C. Journal des marches et opérations. 2 1" C. C. Journal des marches et opérations. — VI" armée. Ordre général d'opérationsn" io4, 20h 00, 16 septembre 1914, Annexe 162.3 VI* armée. Compte rendu du commandant Rolland, iih 3o, 16 septembre 1914. -t¡" C. A. Comptes rendus à VI* armée, sans heure et 18"30, 16 septembre 1914, Annexe183. — 37* D. I. Compte rendu à VI. armée, 16 septembre 1914, Annexe 235;— note à 7' D. 1., 4"30, 17 septembre 1914. — 3" brigade du Maroc. Rapport sur lecombat du 16 septembre 1914 (35* C. A., journal des marches et opérations.) 4 VIe armée. Comptes rendus du commandant Dutilleul, sans heure et 9h30, 16 septembre191/1. — 7* C. A. Comptes rendus à VIe armée, i7hao et 19 heures, 16 septem- bre 1914, Annexe 193. — 5* G. D. R. Situation à 13" 3o, 16 septembre 1914, Annexe225. - G. Q. G. Bulletin de renseignements, 6 heures, 17 septembre 1914, Annexe 238.

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38 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Cependant, dans la soirée, le général Maunoury continue à espérer uneévolution favorable des opérations en cours; il estime toujours que lesforces adverses engagées au sud de Noyon, sur les deux rives de la rivière,sont peu considérables, et l'aviation ne signale pas de réserve importantederrière l'aile droite ennemie (région de Nampcel). Le commandant de laVie armée envisage même l'éventualité d'un repli des Allemands devantson armée1.A 21h 3o, il rend compte au grand quartier général : « Maintiendronsdemain nos positions et continuerons enveloppement par 37e division surrive gauche de l'Oise et par 13e C. A. sur rive droite par Guiscard etVillequier-Aumont2. »Les instructions qu'il donne pour le 17 septembre, sorte de compromisentre les errements suivis jusqu'alors et les suggestions nouvelles dugénéral en chef, comportent, en effet, une double action.Sur la rive gauche de l'Oise, un groupement provisoire, placé sous lesordres du général Comby, commandant la 37e division, et comprenant,outre cette grande unité, les 3e brigade marocaine, 16e brigade (du 4e C. A.)et brigade de spahis, cherchera à déborder l'ennemi en prenant pour premierobjectif le front Blérancourt, Besmé. La 5ie brigade restera en réserved'armée à Carlepont.Sur la rive droite de l'Oise, le 13e corps d'armée, renforcé d'une nouvellebrigade marocaine (4e) qui va arriver à Compiègne, poussera le grosde ses forces dans la direction de Guiscard; il laissera une brigade dansla vallée de l'Oise pour lier son mouvement à celui de la 37e division.Le corps de cavalerie et la 3e D. C. conserveront leurs missionsantérieures 3.Sur le reste du front de la VIe armée, de Nampcel à Soissons, lestroupes organiseront le terrain conquis et maintiendront un contact étroit1 VIe armée, 2' bureau. Bulletin de renseignements n° 18, 201.3o, 16 septembre 19M,Annexe 157; — 3* bureau. Ordre général d'opérations n° 104, 20h3c>, 16 septembre,Annexe 162.VI*armée. Télégramme à G. Q. G. i45, 2ih 3o, 16 septembre 19M, Annexe 164. —Cf. également,VI*armée. Mess.télépli. à G.Q.G., 1îQQ, 20h35, 16 septembre, Annexel63.

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3 VIearmée. Ordre général d'opérations n° io4, 20'30, 16 septembre 1914, Annexe 162.— Cf. également: 4* C. A. Ordre générai n° 56, 1 heure, 17 septembre 1914, Annexe316. —7° C. A. Ordregénéral n° 101,16 septembre 1914, Annexe 194. —5' G. D.R.Ordre général n° 38 pour le stationnement du 16 au 17 septembre 1914; — ordre générald'opérations n° 39, 23h 45, 16 septembre 1914, Annexe 226. — 6e G. D. R. Ordre préparatoired'opérations n" 9, ob 3o, 17 septembre 1914, Annexe 374.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 393A.avec l'ennemi, se tenant prêtes à reprendre l'offensive vers le nord. Il estrecommandé au 6e groupe de divisions de réserve de constituer une réserved'armée, ayant la force d'une brigade l.** *La journée du 17 septembre marque l'échec définitif de la manoeuvred'aile poursuivie depuis le 15 par la VIe armée et caractérisée par de vainsefforts pour réaliser l'enveloppement tactique de la droite allemande. Nile groupement Comby, ni le 13e corps d'armée, ne peuvent, en effet,développer les actions qui leur ont été prescrites.Le général Comby n'est même pas en mesure d'assurer dans des conditionssatisfaisantes le commandement de son groupement, car il se trouveavec sa division, la 37e, à peu près encerclé dans la région du promontoirede Mont de Choisy et attaqué de toutes parts. Il ne dispose pourcommuniquer avec l'arrière que du chemin de terre traversant le bois dela Montagne, rendu impraticable aux voitures par la pluie; des partisennemis réussissent d'ailleurs à s'infiltrer dans ce bois2.Avant de reprendre l'offensive vers Blérancourt, Besmé, comme il en areçu mission, le général Comby entend dégager sa division en chassantl'ennemi de la région boisée de Carlepont. La 3e brigade du Maroc, àlaquelle se joint la 5ie brigade (du i 3e C. A.), désignée pour rester enréserve d'armée mais que le général Maunoury se décide à engager, et querenforcent des éléments de la 16e brigade (4e C. A.) et de la brigade demarche de spahis, est chargée de cette opération.La 3e brigade du Maroc ne réussit pas à refouler les Allemands : aprèsune progression limitée et laborieuse au nord de Carlepont et de GrandMaupas, malgré des efforts répétés, elle ne peut s'emparer de Laigle, for-

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1 Voir note 3. Dae-e38.s VI*armée. Ordre particulier n° 108, 9h i5, 17 septembre 191/1, Annexe 288; -comptes rendus du capitaine de Douglas, 7* i5, 8 heures, 11 heures, 13h 3o,17 septembre 1914; — compte rendu du capitaine de la Chavigncrie, 91115, 17 septembre191/i; — journal des marches et opérations. — 37" D. I. Lettre à 7* D. I., 4h 3o; — note,lb 40; — ordre à 3*brigade marocaine, sans heure; — compte rendu à VI*armée, 13h 40,17 septembre îgi^Annexe 384; — comptes rendusdu capitaine Perrot, 8k 45, 13h 3o,17 septembre igi4; — journal des marches et opérations. — 6* G. D. R. (35*C. A.). Journaldes marches et opérations contenant un rapport de la 3e brigade du Maroc.40 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.tement tenu par des mitrailleuses et où l'ennemi s'est retranché. A sagauche, la 5 iebrigade échoue devant Les Cloyes et La Bellourde, barricadéset crénelés par les Allemands, qui, non seulement résistent énergiquement,mais encore contre-attaquentl.Informé des difficultés que le général Comby éprouve pour coordonnerles opérations des différentes unités de son groupement, le général Maunourydécide, dans l'après-midi, de confier la direction de la bataille dansla zone de Carlepont au général Ebener, commandant le 6e groupe dedivisions de réserve, avec mission de déblayer le terrain et de rejeter lesAllemands au delà de l'Oise 2. Le général Ebener trouve à son arrivée unesituation précaire : les troupes sont éprouvées et très fatiguées, les unitésmélangées. Les 5ie brigade et 3e brigade du Maroc sont toujours immobiliséespar la résistance ennemie, la défense de Carlepont est à peineassurée. La 37e division, toujours aux trois quarts investie, a dû évacuerLa Pommeraye, Cuts et le bois de Cuts, les munitions commencent à luifaire défaut; certaines de ses unités ont déjà mangé leurs vivres deréserve3.Tandis que la lutte évolue de façon si peu favorable à l'est de l'Oise,sur la rive ouest de la rivière, dès le matin, les événements ne prennentpas meilleure tournure.

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La situation du 13e C. A. ne s'est pas améliorée depuis la veille; notammentles liaisons font défaut entre les différentes unités, circonstance particulièrementnéfaste dans un terrain boisé, coupé de vallées encaissées,propice aux surprises et aux combats corps à corps.Les troupes sont ainsi réparties :— la 25e division a la 5oe brigade, qui doit attaquer sur Noyon, dans1 Voir note 2, t page 3q. Le général Desprez, commandant la 6i* division,reçoit le commandement du front du6' G. D. R. (région de Moulin-sous-Touvent). — VI' armée. Ordre particulier à 6* G. D. R.,n° 111, 14b3o, Annexe 290; — ordre particulier n° 116 bis, 18 heures, 17 septembre 1914,Annexe 293.3 VI" armée. Note sur la situation du général Ebener, 18b 3o, 17 septembre 1914: —compte rendu du capitaine de Douglas, 17 heures, 17 septembre igi4; — journal desmarches et opérations. — 37* D. I. Compte rendu du capitaine Perrot, 16b45, 17 septembre1914; — journal des marches et opérations. — 6* G. D. R. Journal des marches etopérations.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 41la vallée de l'Oise, ses éléments avancés tenant Pimprez, Dreslincourt, etla 4ge brigade, qui doit attaquer sur Cannectancourt, dans le massif del'Ecouvillon, vers la ferme La Carmoy et Montigny;— la 26e division, ne disposant que de la 52e brigade (la 5ie est versCarlepont), occupe, au sud du Matz, les hauteurs de La Croix-Ricard,château de Rimberlieu, Le Zoët et les villages de Vandelicourt et Vignemont;elle a reçu pour mission de contenir à tout prix l'ennemi qui, laveille, s'est emparé d'Elincourt-Sainte-Marguerite et a pu amorcer unmouvement débordant de ce côté; un bataillon est en réserve de corpsd'armée à Béthancourt;- la 3e division de cavalerie couvre la gauche dans la région Antheuil,Ressons-sur-Matz ;— la 4e brigade du Maroc, qui doit arriver en renfort, est encore encours de transport 1.

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En résumé, le dispositif réalisé à l'ouest de l'Oise comporte, du fait duterrain très compartimenté, trois groupements distincts, de la force d'unebrigade d'infanterie et de deux ou trois groupes d'artillerie chacun2, ayantdes missions différentes, et qui, en fait, vont combattre isolément. Notamment,une large brèche existe entre les 25e et 26e divisions à hauteur deSamson, Elincourt-Sainte Marguerite. Le général Maunoury prescrit bien deréoccuper le plus tôt possible ce dernier village, afin de dégager l'ailegauche du 13e C. A. qui pourra alors agir dans la direction de Noyon3,mais aucune mesure n'a encore été prise dans ce dessein lorsque les Allemandsprennent l'offensive.Dès la première heure, et tandis que la 4ge brigade s'efforce de progresservers le nord sur le plateau de la ferme Attiche, l'ennemi attaquede part et d'autre du massif de l'Ecouvillon, dans les vallées de l'Oise etdu Matz.Dans la vallée de l'Oise, débouchant de Chiry-Ourscamp, il avance1 VI* armée. Compte rendu du commandant d'Espèrey, 8h 3o, 17 septembre 1914,Annexe 298; — journal des marches et opérations. — i3* C. A. Compte rendu à VI. armée,3h 40; — lettre à VI*armée, 3h 5o, 17 septembre 191*4,Annexe 350. — Journal des marcheset opérations. — 25e et 26e divisions. Journaux des marches et opérations. — 498 brigad2e.Extrait du journal des marches et opérations. Le 10*L. A. avait envoyé trois groupes d'artillerie avec la 5i* brigade à l'est de l'Oise. 3 VI" armée. Ordre n° 106, 7 heures, 17 septembre 1914, Annexe 287.42 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.sur la crête boisée au sud-ouest et par la grand'route de Ribécourt, pressantde front la 50e brigade. Dans la vallée du Matz, il occupe Marest, cequi provoque l'abandon momentané de Vandelicourt par la 26e division,et parvient à Machemont sans rencontrer de résistance sérieuse.Les deux brigades de la 25e division se trouvent alors prises à revers. La5oe se replie à l'est de l'Oise, surBailly, Saint-Léger-aux-Bois; la 4ge, renonçantà poursuivre son action offensive vers le nord, parvient à se faire jouraprès un combat dans les rues de Machemont et se regroupe, le soir du1 7, dans la zone Melicocq, Thourotle

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A gauche, la 26e division (52e brigade) occupe, en fin de journée, lesmêmes positions que le matin; l'ennemi s'est montré peu nombreux et nullementagressif devant elle. De son côté, la 3e division de cavalerie,conservée en flanc-garde du 13e C. A., n'a eu aucun engagement sérieuxet est demeurée dans la région d'Antheuil, maintenue liée au flanc del'infanterie i.Dans la région de Saint-Quentin, le corps de cavalerie a attaqué la ville,sans réussir à y pénétrer. Le général Bridoux ayant été tué au cours del'action, son remplaçant, le général Buisson, fait replier, vers 16 heures,les ire et 5e D. G. sur Templeux-la-Fosse 1.En somme, le mouvement débordant ennemi, si vivement appréhendéla veille et le matin même, ne s'est pas développé. La menace a sufficependant pour maintenir sur place, dans une attitude défensive, l'ailegauche du 13e C. A. et la 3e D. C. Par ailleurs, ce corps. d'armée, disloquépar suite de l'avance allemande sur Machemont, a marqué un sensiblerepli, perdant le massif de l'Ecouvillon2.1 VIe armée. Bulletin de renseignements, i5 heures; — compte rendu à G. Q. G. 9h i5,17 septembre 1914. Annexe 289; — comptes rendus du commandant d'Espèrey, 8h 3o,¡(jb 20 et sans heure, 17 septembre 1914, Annexes 298 et 300; - comptes rendus ducapitaine de Douglas, 13b 20 et 17 heures, 17 septembre 19 14. - 4e C. A. Situation connueà l'E. M. du 13° C. A. vers 10 heures, 12h i5; — compte rendu à VI" armée, 13h 3o,17 septembre 1914. — 13° C. A. Ordre à 25' D. I. 9 heures, Annexe 351; — Ordre à3* D. C. lAh 15, Annexe 352; — ordres à 26* D. 1., 14h 40 et 17 heures, 17 septembre1914, Annexes 353 et 354. — 1" G. G. Journal des marches et opérations. — 25* D. I.Ordre à 5o' brigade, 9114o, 17 septembre igi4; — journal des marches et opérations. —26* D. I. Journal des marches et opérations. — 49e brigade. Extrait du journal des marcheset opérations. — 5oe brigade. Compte rendu, 8 heures, 17 septembre 1914. — 62* brigade.

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Comptes rendus, 71120 et 16 heures, 17 septembre 1914. — 3e D. C. Ordn; pour la journéedu 17 septembre 1914; — journal des marches et opérations.*Cf. carte n* 4.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 43Le général en chef n'a pas attendu la fin de cette décevante journéepour adresser au commandant de la VIe armée des instructions nouvelles,afin de réagir énergiquement contre la tendance persistante à restreindrel'amplitude de la manoeuvre d'aile.Il estime qu'il faut d'autant moins s'obstiner dans des combats frontauxque, d'après les renseignements recueillis au grand quartier général, lesAllemands semblent faire glisser des troupes vers le nord-ouest dans ledessein de réaliser eux-mèmos le débordement de notre gauche. Pour prévenircette menace, il importe de remonter sans retard notre propremanoeuvre en lui alfectant des moyens importants2.La VIe armée va rester chargée de cette manoeuvre, en attendant l'entréeen action des forces que le général en chef décide de prélever sur sesarmées de l'est (état-major de la IIe armée, 14e et 20e C. A.) et du centre(corps de cavalerie du général Conneau). Elle est invitée, en conséquence,à se mettre sur la défensive en deçà de l'Oise, où l'emploi de la fortificationdoit lui permettre de libérer un certain nombre d'unités au profit de l'ailegauche, sans compromettre l'intégrité de son front. Un corps d'armée aumoins, deux si possible (7e et 4e) seront ainsi retirés entre Oise et Aisneet portés à l'ouest de l'Oise pour agir avec le 13e C. A.3.Le général Maunoury qui, dans le courant de l'après-midi, espéraitencore une offensive fructueuse du groupement Ebener et du 13e corpsd'armée 4, doit reconnaître, dans la soirée, la nécessité de réorganiserl'action de son armée, conformément aux directives du général en chef. Ilne doute plus que les Allemands disposent de sérieux moyens dans larégion de Noyon, à savoir, le IXe C. R., venant de Belgique, renforcéd'unités de landwehr et aussi sans doute de fractions des IXe C.A. et IVe C.R.5.1 G. Q. G. Comptes rendus reçus du lt-colonel Brécard, 7 heures, 10h4o, 15h3o, 2 2h3o,17 septembre 191/i, Annexes 252, 253 et 254. — VI*armée. Compte rendu à G. Q. G. 96,15 heures, 17 septembre iqi/4, Annexe 291.2 G. Q. G. Note à VIe armée, 5657, lOb55, 17 septembre 191/i, Annexe 245.

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Cl. chapitre 1" du présent volume. — G. Q. G. Note à VI" armée, 5657, 10 55.Annexe 245; — message téléphoné, 56go, 16 heures, Annexe 248; — instruction particulièren° 29, 5651, Annexe 244; — ordre à II*armée, 5793, 18 septembre 19M, 7h 5o,Annexe 391.4 VI*armée. Ordre particulier à 6*G. D. R. n° 111, 14h 3o, Annexe 290; — ordre ticulier au par- 13. C. A. n° n3, 15b3o, 17 septembre 1Q14, Annexe 292. 1 VI" armée. Bulletin de renseignements n° 19, 22 heures, 17 septembre 1914, Annexe286.44 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Il s'applique d'abord à remettre de l'ordre, notamment dans la régionde Carlepont où règne la confusion, et, renonçant à conserver les positionsen flèche occupées par la 37e division autour de Caisnes, il décide deramener le groupement Ebener et le lle corps d'armée sur la ligne Bailly,Tracy-le-Val, bois Saint-Mard, ferme Puiseux. Ce repli, en raccourcissantde façon sensible la ligne de feu, permettra d'économiser des troupes.Il prescrit d'autre part au 13e corps d'armée, que va renforcer la 4 e brigadedu Maroc 1, et que la 3e division de cavalerie continuera à appuyer,de défendre les positions qu'il a pu conserver : ligne du Matz jusqu'à Vandelicourt,Vignemont, et, en cas de repli forcé, de tenir « coûte que coûteJIla ligne Longueil-Annel, Coudun, Braisnes2.Enfin, il donne comme mission au centre et à l'aile droite de l'armée,dont la situation n'a pas subi de modifications appréciables au cours de lajournées, de s'organiser pour la résistance en se préoccupant de reconstituerdes réserves partielles; le 5e groupe de divisions de réserve, en particulier,est invité à placer une brigade à Jaulzy en réserve de la VIe armée; celle-cidisposera également de la 124e brigade, retirée du front du 6e G. D. R.,dans la région de Tracy-le-Mont, conformément aux ordres précédemmentdonnés par le général Maunoury 4.Le général Maunoury fait connaître à ses subordonnés que ces diversesmesures sont destinées à permettre le renforcement de l'aile gauche del'armée. Il compte, en effet, prendre le lendemain, 18 septembre, desdispositions pour faire repasser à l'ouest de l'Oise les unités du 13e corpsd'armée portées à l'est de cette rivière et pour retirer du front le 4e corpsd'armée, qui passera, lui aussi, à l'ouest de l'Oise dans la nuit du 18au 196.

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En résumé, les combats du 15 au 17 septembre s'achèvent pour la1 G. Q. G. Télégramme à VI*armée, 1ih4-5, 17 septembre iqi4, Annexe 246.* VI*armée. Ordre particulier n° 116, 1q heures, 17 septembre iqi4, Annexe 294.VI' armée. Situation du 5' G. D. R.à 6 heureset à midi, 17 septembre 19 14; -situation du 4. C. A. à midi, 17 septembre; — journal des marches et opérations. — 4* C. A.Ordre général n° 56, 1 heure, Annexe 316; — lettre 5" 3o, 17 septembre. — 6* G. D. R.Ordrepréparatoire d'opérations n° 9, o**3o, 17 septembre 1914, Annexe 374.VIearmée. Ordre particulier à 6* G. D. R. n° 111, 14 3o, Annexe 290; — ordre particuliern° 116, 19 heures. Annexe 294; - situation à 19 heures; — ordre particulier n° 117,1A7, 21 heures, Annexe 295; — instruction personnelle et secrète n° 118, i48, 22 heures,17 septembre iqi4, Annexe 296. — 12A*brigade. Journal des marches et opérations.VI' armée. Télégramme à G. Q. G., n° 1,22h 45, 17 septembre 1914, Annexe 297.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 45VIe armée par un échec. La manoeuvre de débordement à court rayon n'apas abouti. Après les succès locaux remportés, le 15, par la 37e division,dans la région de Caisnes, l'aile marchante, surprise et arrêtée le 16, parles attaques allemandes débouchant de Noyon, n'a pu refouler l'ennemi ;au contraire, le 17 au soir, elle cède du terrain. La nécessité de remettrede l'ordre et de remanier le dispositif pour relancer la manoeuvre d'aileau nord de l'Oise, va suspendre momentanément l'action offensive de laVIe armée au sud de cette rivière.II. — L'EXTENSION DE LA MANOEUVRE D'AILE AU NORD DE L'OISE.DU 18 AU 20 SEPTEMBRE 1914.Les mouvements de repli prescrits, le 17 au soir, par le commandantde la VIe armée, sont effectués dans des conditions satisfaisantes, sous laprotection de fortes arrière-gardes, au cours de la nuit du 17 au 18. Enfin de mouvement, le front Bailly, ferme Puiseux est occupé par le groupement

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Ebener et par le 4e C. A., comme il avait été prévu1. Toutes dispositionssont aussitôt prises pour retirer de la ligne de feu le fie C. A.(fui-, renforcé de la brigade de spahis du colonel Martin de Bouillon, doitêtre porté sur la rive ouest de l'Oise 2.Après son départ, les forces déployées de Bailly à Soissons vont formertrois groupements, savoir :— le 5e G. D. R. (général de Lamaze), dans la région de Soissons;— le 7e C. A. (général Vautier), dans celle de Nouvron- Vingré, Autrèches;1 VI*armée. Compte rendu à G. Q. G., 8 heures, 18 septembre 191/1, Annexe 403; —comptes rendus du capitaine de Laprade, 8 heures, 9" 3o, 18 septembre 1914; — rendu du compte capitaine Bertaux, nh 3o, 18 septembre 191/1, Annexe 452. — 4* C. A. Ordregénérai n° 57, 1 heure, 18 septembre 1914, Annexe 467. — Groupement Ebener. Ordregénéral, oh 15, Annexe 498; — comptes rendus à VIe armée, oh 3o et sans heure, 18 sep- tembre 1914, Annexes 499 et 500. — G° G. D. R. Journal des marches et opérations. — Cf. carte n° 5.2VI* armée. Compte rendu à G. Q. G., 8 heures, Annexe 403; — ordre préparatoiren° 119; — ordre général d'opérations n° 121, i5o, nh 3o, 18 septembre 1914, Annexe 447. — 4' C. A. Télégramme à VI*armée, 2h 3o, Annexe 468; — ordre général n" 58, 17 heures, 18 septembre 1914.46 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.- le groupement Ebener (6e G. D. R., 07e division et 3e brigade duMacoc), de Bout-de-Vaux à Bailly, par le bois Saint-Mard.Leur mission est, pour l'instant, défensive; elles ont à s'établir en conséquencesur le terrain, mais doivent «conserver sur tout le front uneattitude agressive et tenir toujours l'ennemi sous la menace d'une offensiveénergique, de manière à l'empêcher de se dégager1 ».La journée du 18 se passe pour elles dans le calme, sauf des canonnadesassez vives, vers Soissons qui est bombardé et vers Carlepont, et uneattaque locale repoussée dans la région de Tracy-le-Val 2.Cependant, le commandant de la VIe armée réorganise son aile gauche.Il se préoccupe d'abord de regrouper le 1 3e corps d'armée au nord del'Oise, en faisant repasser la rivière aux divers éléments qui avaient combattu

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à Carlepont ou qui s'étaient réfugiés dans la zone Bailly, Saint-Légeraux-Bois3. Cette opération peut s'effectuer en toute tranquillité, l'activitéde l'ennemi dans cette région se bornant à une attaque, violente maislocalisée, sur Béthancourt. La ligne avancée est: Cambronne, Machemont,Chevincourt, hauteurs du château de Rimberlieu, Vandelicourt, Vignemont.La 4e brigade du Maroc, en cours de débarquement, est placée enréserve à Coudun, Giraumont, derrière la droite du corps d'armée et àproximité de la vallée de l'Oise4.D'après les renseignements recueillis, les Allemands ne semblent pass'être renforcés depuis leur succès de la veille. A gauche, vers Ressons-1 VI' armée. Ordre général d'opérations n° 121, i5o, 1ih 3o, Annexe 447; — instructionpersonnelle et secrète n° 122, 162, 12 heures, Annexe 448; - ordre particulier n* 125,i54, 14h 45, Annexe 449; — ordre général n° 126, i55, 21 heures, 18 septembre 1914,Annexe 450. — 7* C. A. Ordre général d'opérations n° io4, 1 heure; — ordre généraln° 107, 19h 3o, 18 septembre 1914. — 5' G. D. R. Ordre général d'opérations n° 41, Ih30,18 septembre 1914. — Groupement Ebener. Ordre d'opérations n° 10, 18 septembreiq*i4.VI*armée. Compte rendu à G. Q. G., 19* 45, 18 septembre 1914; — compte rendudu capitaine Cabieux, i2h 3o, 18 septembre 1914; — compte rendu du commandant deLaprade, 14" 3o, 18 septembre 1914. — 7" G. A. Comptes rendus à VI' armée, 12113o et16 heures, 18 septembre 1914. — Groupement du nord (groupement Ebener). Ordre.-g,énséral d'opérat-ion-s-, n° -1-1. i211-3-o.,. -mZ, -s-prnt-A--m. -hrp , (i%l, i. i3 C. A. Ordre p--articulier, san-suh--p.irip- 18 sAnfpmlirpmi/i. 6 i3* C. A. Ordre particulier, 8 heures; — compte rendu de la journée du 18 septembre1914» Annexe 487; ordre général n° 52, 18 septembre 1914.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 47sur-Matz, Cuvilly, où patrouillent la 3e D. C. 1 et la cavalerie du 13e C. A.,n'apparaissent que des détachements légers de cavalerie ennemie; parcontre, un rassemblement important de troupes de toutes armes est signalé

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dans la région de Mareuil-Lamotte, ferme Saint-Claude ; il s'étend vers le sudsur le promontoire de la cote 179. Les Allemands occupent égalementElincourt-Sainte-Marguerite, où ils se retranchent, et Ribécourt, mais ilsne montrent aucun élément dans la zone comprise entre ces deux villages,c'est-à-dire sur le massif de l'Ecouvillon. Le général Alix, commandant le13e G. A., prescrit d'occuper sans retard la croupe entre Machemont etCambronne et de tenir Montigny, la cote 145, la ferme la Cense etSamson 2.Jusque vers 16 heures, l'aviation est gênée par la pluie et des rafales devent, mais, en fin d'après-midi, elle signale une longue colonne ennemiefaisant mouvement de Chauny vers Noyon3.Le 4e C. A. se prépare à rejoindre le 13e, mais le commandant de laVIe armée n'estime pas devoir prélever encore le 7e C. A. sur les forcesd'entre Oise et Aisne, comme le général Joffre le lui a suggéré la veille; ilne croit pas non plus pouvoir faire suivre le 4e C. A. par la 3e brigade marocaineet demande qu'un ordre, qui lui est envoyé à cet égard par lecommandant en chef, soit rapporté 4. Il témoigne même de quelque hésitationau sujet du mouvement du 4e C. A5.Le général en chef, informé, afin d'éviter une interprétation trop étroitede ses directives, fait téléphoner au général Maunoury : «Il est indispensableque le 4e corps vienne se placer à la gauche du 13e et non entrel'Oise et le 13e. »En outre, il envoie au quartier général de la VIe armée un officier deson état-major, le lieutenant-colonel Serret, chargé de donner sur la ma-1 3e D. C. Ordre, 6 heures; — télégramme, 18 1 septembre iqi4, Annexe 506. i3* C. A. Ordre à 26' division, 16 heures; — ordre 16b 45, 18 septembre 101/1.G. Q. G. Mess. téléph. reçu de Villers, n° 7, 2ih 3o, 18 septembre 191 ; — compterendu de l'aviation de la VI' armée, 22h 45, 18 septembre, Annexe 451. — VI" armée.Renseignements reçus du 106 C. A., 17 heures; — compte rendu à G. Q. G. 19h 45; —ordre général 11°126, 155, 21 heures, 18 septembre, Annexe 450. — i3* C. A. Ord re particu,

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lier, 10h 3o; — compte rendu de la journée du 18 septembre Hp4, Annexe 487. VIearmée. Compte rendu à G. G. Q., 8 heures, Annexe 403; — télégramme à G. Q. G.,22 heures, 18 septembre iqi4. 5 VIearmée. Compte rendu à G. Q. G., 8 heures, 18 septembre igi4, Annexe 403.48 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.noeuvre à réaliser les éclaircissements nécessaires pour faire disparaîtretoute incertitude 1.Les ordres envoyés à 2 1 heures par le commandant de la VIe arméesont les suivants :Dans la journée du 19 septembre, le i 3e C. A. se portera dans ladirection de Noyon, en prenant comme premier objectif le front l'Ecouvillon,Pimprez, sur lequel il se retranchera, après quoi il poussera surla Divette, de Passel à Thiescourt. L'occupation d'Elincourt-Sainte-Margueritedevra lui permettre de se flanc-garder contre les forces ennemiessignalées dans la région de Mareuil-Lamotte. A sa gauche, la 3e division decavalerie, opérant en liaison avec lui, se portera dans la région de Lassigny.Quant au corps de cavalerie, très fatigué, il s'est reposé au cours de lajournée du 18 dans la zone de Templeux-Ia-Fosse, se contentant d'envoyerdes découvertes dans les directions Ham, Saint-Quentin, Le Catelet, Bohain,Cambrai, région sillonnée de petits éléments ennemis très mobiles;il reçoit l'ordre, tout en continuant d'éclairer vers Bohain et Cambrai, dose porter dans la direction générale de laFère, afin de couper les communicationsde l'ennemi à l'ouest de l'Oise 2.Pour ce qui est du 4e C. A., le général Maunoury pense d'abord àl'orienter sur Ressons-sur-Matz 3, mais il se décide ensuite à élargir le mouvementet invite le général Boëlle, commandant de cette grande unité, àpousser de fortes avant-gardes, pour le 19 à midi, sur le front : Gournaysur-Aronde, Moyenneville, la Neuville-Roy, et pour le 20, sur le front :Méry, Montgérain, les gros venant dans la zone Gournav-sur-Aronde,Moyenneville, la Neuville-Roy, Francières etElogelte2.*» #Le 19 septembre 4 au matin, le lieutenant-colonel Serret, officier du

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G. Q. G. envoyé en liaison auprès du général Maunoury, remet au com-1 G. Q. G. Message téléphoné à VI' armée, 5973, 13 heures, 18 septembre 191/1, Annexe399.2 VIe armée. Ordre général n° 126, 155, 21 heures, 18 septembre]914, Annexe 450.: VIe armée. Compte rendu à G. Q. G., 19 45, 18 septembre 1914.-Lt. carte n b.TOME I, 4" VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 49LAGRANDGEUERR—E. 1, 4"lOL 4mandant de la VIe armée une note résumant les directives du général enchef au sujet de la zone d'engagement du 4e C. A.: «La situation qu'onvoudrait réaliser au plus tôt, soit demain 20 dans la matinée, pour le4e G. A. est la suivante :« Le corps d'armée orienté face au nord, front sur la ligne généraleCuvilly, Méry, Tricot, avant-gardes sur Conchy-les-Pots et Montdidier.« Quels que soient les événements qui puissent se produire aujourd'hui19 dans le 13e corps, c'est nettement en dehors du flanc gauche dece corps, soit à l'ouest de la route d'Estrées-Saint-Denis à Roye, que le4e corps doit être porté 1. nLes instructions données, le 18 septembre au soir, par le général Maunoury,répondent déjà à cette conception, mais ce n'est pas le 4e C. A. seulementqui doit être orienté vers une manoeuvre de débordement largementouverte. Il faut que le i 3e C. A., lui aussi, agisse au plus tôt dans ce senset redresse son axe de marche vers le nord, pour éviter le risque de sevoir immobilisé dans une lutte frontale sans issue, conséquence d'unrabattement trop étroit vers Noyon2. Le général en chef fait donc télégraphierau général Maunoury, le 19 au matin : « Il importe que le13e corps passe à l'attaque le plus tôt possible : son effort principal endirection Lassigny, Guiscard. Le 4e corps plus à gauche se portera à l'ouestde Ressons-sur-Matz, prêt à marcher en direction de Roye.3 ».Le général Maunoury, en conséquence, prescrit au général Alix, commandantle 13e C. A., d'éviter, « dans la limite de la liberté que laisseral'ennemi », d'engager des troupes nombreuses à travers le massif boiséNoyon, Thiescourt, Cambronne, et d'orienter, si possible, le gros de sesforces vers Belval, Lassigny, plutôt que vers Noyon 4.

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Les Allemands n'apparaissent pas en mesure d'arrêter la manoeuvre du13e C. A. D'après les renseignements recueillis le 19, ils ne disposeraient,1 VI*armée. Note laissée par le lieutenant-colonel Serret du G. Q. G., 19 septembre 1914,Annexe 519.S VI*armée. Ordre particulier à 13*G. A., 6 heures, 19 septembre 1914, Annexe 550.:- G.Q. G. Télégramme à VI' armée, 6081,7* 5o, 19 septembre 191A, Annexe 510. VI armée. Ordre particulier a 13' C. A., 6 heures, 19 septembre 191a, Annexe 550;— Cf. également, G. Q. G. Compte rendu du lieutenant-colonel Serret, 7h 3o, 19 septembreigilt, Annexe 520.50 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.en face de ce corps d'armée, que d'une division du IXeC. R. couverte,vers l'ouest, par une division de cavalerie (7e) 1. Mais le général Alix,pour réaliser le changement d'orientation qui lui est indiqué, doit complètementmodifier les ordres qu'il avait précédemment donnés en applicationdes instructions reçues, le 18 au soir, de la VIe armée 2.Il décide que, face à la direction de Noyon, la 2 5e division se borneraà faire barrage, avec une de ses brigades, sur la ligne: BéthancourL, fermela Cense, tandis que l'offensive sera menée, à l'ouest du massif de l'Ecouvillon,vers Lassigny et Canny-sur-Matz, par les 26e division et 4e brigadedu Maroc, cette dernière étant remplacée, comme réserve de corpsd'armée, par la deuxième brigade de la 2 5e division. La 3e division decavalerie se portera dans la région de Lassigny, avec mission de couvrirl'attaque du 13e C. A., d'agir par son canon contre les détachements ennemisqu'elle apercevrait dans la vallée de la Divette et d'envoyer desreconnaissances d'officiers vers Noyon, Roye, Chaulnes et Montdidier 3.Au début de l'après-midi, le général Maunoury invite le 1 3e C. A. àpresser le plus possible son offensive vers Lassigny en vue d'une marcheultérieure, par Guiscard, sur les arrières de l'ennemi 4.Les 4e brigade du Maroc et 26e division ne peuvent entrer en actionqu'assez tardivement, à cause des délais nécessités par les nouveaux ordres;aussi, bien que n'ayant rencontré aucune résistance sérieuse, ellesatteignent seulement le 19 au soir, avec leurs avant-gardes, Ressons-sur-Matz, Mareuil-Lamotte, château de Bellinglise et la cote 166. Le général

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Alix prescrit la reprise du mouvement offensif pour le 2o au matin 5. Legénéral Maunoury lui recommande de profiter de l'avance réalisée à sagauche pour pousser également la 25e division en avant, sur la Divette fi.1 G. Q. G. Compte rendu du lieutenant-colonel Serret, 7b30,] 9 septembre 191/1, Annexe520.2 ) 3" C. A. Ordre général d'opérations n° 53, 5h 3o, 3 10 septembre iqi4. 13e C. A. Instruction particulière à la 3* D. C., 5h 00, Annexe 587; — ordre d'opérationsn° 54, 10 heures, 19 septembre 1914, Annexe 588.VIearmée. Ordre particulier n° 128, 13 heures, 19 septembre iqi4, Annexe 551.5 G. Q. G. Compte rendu du lieutenant-colonel Brécard, i8h 3o, 19 septembre 1914,Annexe 521. - VI" armée. Ordre général d'opérations n° 129, 159, 18 heures, 19 septembre1914, Annexe 552. — i3° C. A. Ordre particulier, 16 heures, Annexe 589; —ordre général d'opérations n° 56, 23h 5o, 19 septembre 1914, Annexe 590. — 26. divisionet 4' brigade du Maroc. Journaux des marches et opérations. — 3* D. C. Ordre d'opérations-pou6r la journée du 20 septembre; — télégramme à VIearmée, 191145, 19 septembre 1914. VI*armée. Ordre particulier n° i3o, 21 heures, 19 septembre 1914, Annexe 553.TOME I, he VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE II. 514.Le he G. A., pendant ce temps, effectue en arrière du front son mouvementde rocade d'est en ouest, dans des conditions que la pluie rendassez pénibles. Quoique retardé par la relève de ses unités sur le frontbois Saint-Mard, ferme Puiseux, et par des incidents au passage del'Oise, il peut atteindre avec ses avant-gardes la ligne Gournay-sur-Aronde,Moyenneville, la Neuville-Roy, comme il avait été prévu 1.Comme la veille, le corps de cavalerie est demeuré dans la zone deTempleux-la-Fosse, envoyant des détachements de découverte vers Ham,Saint-Quentin, le Catelet, Bohain.En résumé, la situation sur la rive droite de l'Oise se présente, le i 9au soir, sous un jour favorable. Le 13e C. A., remis de l'échauffourée du 17et entièrement regroupé, est en bon état 2; il a entamé avec succès sonaction offensive vers Lassigny. Le 4e C. A. arrive à pied d'oeuvre. D'autre

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part si, comme le signalent certains renseignements, l'ennemi procède àune concentration de forces (4 ou 5 divisions) vers Noyon 3, il ne semblepas avoir encore dans cette région des forces susceptibles de tenir tète àdeux corps d'armée; en tous cas, il ne s'est montré nullement agressif aucours de la journée.La manoeuvre d'aile parait pouvoir se développer désormais de façond'autant plus satisfaisante que le général de Castelnau, arrivant de Lorraine,va pouvoir en assurer la direction 4 avec une liberté d'esprit que nepouvait avoir le général Maunoury, dont l'armée était en grande partieimmobilisée entre Oise et Aisne.Si le front de Soissons à Bailly n'a subi aucune modification importantedepuis le repli du groupement Ebener 5, la situation n'y est cepen-1 G. Q. G. Compte rendu du lieutenant-colonel Brécard, 18b 3o, 19 septembre 191/1,Annexe 521. — VIearmée. Comptes rendus à G. Q. G., 12 heures et 21b30, 19 septembre1914, Annexe 554. — 4e C. A. Ordre général n" 59, 11 heures; — ordre généraln° 60, 22 heures, Annexe 568; — compte rendu à VIe armée, 12 heures, 19 septembre191/1, Annexe 567; — journal des marches et 8 opérations. G. Q. G. Compte rendu du lieutenant-colonel Brécard, 18b 3o, 19 septembre 1914,Annexe 521.VI*armée, 2* bureau. Rapport de renseignements, midi, 19 septembre 19i4, Annexe549.4 G. Q. G. Instruction particulière n° 32, 6i53, nb 15, 19 septembre 1914, Annexe513.Ii G. Q. G. Compte rendu du lieutenant-colonel Serret, 7h30, 19 septembre iqi4, Annexe520. — VI"armée. Compte rendu du capitaine Bru, 8 heures; — compte,rendu ducapitaine Voruz, 21 heures, 19 septembre 1914.52 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dant pas complètement stabilisée 1. La position des troupes, en tète depont au nord de l'Aisne, où le nombre des passages est encore limitémalgré l'activité déployée par le génie, deviendrait vite périlleuse en casd'attaque ennemie dotée de sérieux moyens. Or, dans la nuit du 18 au 19,

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le commandant de la VIfi armée est informé par le 5e G. D. R. que plusieursindices donnent à penser que les Allemands vont tenter de franchirl'Aisne vers Bois-Roger, près de Soissons 2.** *L'attaque annoncée par le 5e G. D. R. se produit effectivement, maisplus à l'ouest 3.Le 2o septembre au matin, tandis que le général Maunoury règle avecle général de Castelnau les conditions dans lesquelles les forces engagéessur la rive droite de l'Oise passeront, le 11 à o heure, aux ordres du commandantde la IIe armée 4, il est avisé que le groupement Ebener et le7e C. A. sont violemment assaillis entre Oise et Aisne. La situation s'annoncesérieuse, notamment à droite, au 7eG. A., dans la région Nouvron-Vingré, Le Port, où l'ennemi progresse sur le front de la 63e division 5.Pour soutenir cette grande unité, le général Maunoury fait appel auxéléments de la 56e division placés en réserve d'armée et les fait dirigerimmédiatement sur Ambleny 6. D'autre part, il prescrit au groupementd'artillerie lourde, mis la veille à la disposition du 5e G. D. R. pour fairede la contre-batterie, de se porter dans la région de Saconin-et-Breuil, demanière à pouvoir agir sur l'artillerie ennemie si celle-ci parvenait à s'établirsur les croupes au sud de Nouvron et au sud-ouest de Cuisy 7.17* C. A. Comptes rendus à VI" armée, 7h 15 et 8 heures, 19 septembre 1914. —5" G. D. R. Ordre, 275, 9113o, 19 septembre 1914. — 61. division. Compte rendu, 8h 3o,19- septembre 19i4. 5eG. D.R. Compte rendu à VI*armée, n° 37, 1920, 19 septembre 1914.Ci. carte n° 7.G. Q. G. Message téléphoné du lieutenant-colonel Brécard, 8 i5, 20 septembre 1914.— VI' armée. Ordre général n° 131, 7h 3o, 20 septembre iqi4, Annexe 642.5 VIearmée. Compte rendu du commandant de Laprade, 8 heures, ao septembre 1914,Annexe 655; — journal des marches et opérations. — 7" C. A. Télégramme à VIearmée,

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6h 3o, 20 septembre iqi4, Annexe 669. — 6' G. D. R. Journal des marches et opérations. 6 VI* armée. Ordre particulier n° 132, 168, 9 heures, 20 septembre 1914, Annexe 643.7 VIe armée. Ordre particulier n* 133, 163,-9 heures, 20 septembre 1914.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE n. 53LAGRANDGEUERRE- . I, 4*VOL. 4AAu cours des dernières heures de la matinée, la lutte évolue de façoninquiétante.Au 7e C. A., la 63° division se replie sur Fontenoy et Le Port et deséléments d'infanterie ennemie sont signalés se glissant par Vaux, jusqu'àl'Aisne. Dans la région d'Autrèches, la 1 4 e division se trouve en difficultédu fait des progrès marqués par les Allemands sur ses deux flancs; ellereçoit l'ordre de reporter ses unités en arrière pour former tète de pont aunord de Vic-sur-Aisne. A sa gauche, sur les plateaux entre Tracy-le-Montet Moulin-sous-Touvcnt, le groupement Ebener est également refoulé 1.La situation apparait d'autant plus dangereuse que la VIe armée combatavec une grande rivière à dos. A midi, en rendant compte des événementsau général en chef, le général Maunoury envisage la nécessité où il peutse trouver de ramener ses troupes au sud de l'Aisne 2. Il donne des instructionsà cet égard à ses commandants de corps d'armée, tout en spécifiantqu'il s'agit seulement de prévisions : les tètes de pont au nord de l'Aisne neseront abandonnées qu'à la dernière extrémité. Par ailleurs, il demande au13e G. A. d'assurer la garde des ponts de l'Oise découverts par le recul dugroupement E, benerLe général en chef, cependant, prescrit à la VIe armée de maintenir àtout prix ses positions au nord de l'Aisne et de ne se replier sur la rivegauche que contrainte et forcée. Il la prévient que la IIe armée vient d'êtreinvitée à laisser provisoirement des forces pour tenir les ponts de l'Oiseautour de Compiègne et ceux de l'Aisne jusqu'à Rethondes, et à fairesentir énergiquement, le plus tôt possible, l'action de sa droite pourdégager les unités pressées par l'ennemi entre Oise et Aisne 4.De son côté, le général de Castelnau offre au général Maunoury de1 VI*armée. Ordre particulier, iih i5, 20 septembre 191/1, Annexe 644; - journal desmarches et opérations. — 7* C. A. Compte rendu à VI" armée, 9h45, 20 septembre 191/1,Annexe 670.

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2 VI*armée. Messagetéléphoné à G. Q. G. n" i65, 12 heures, 20 septembre igi4, Annexe645.s VI* armée. Ordre particulier, n* i5, 20 septembre 1914, Annexe 644; — instructionpersonnelle et secrète n° i35, 167, midi, 20 septembre 1914, Annexe 646. — 7*C. A.Ordre, 238, 13 heures; —lettre à VI" armée, 151a3o, 20 septembre 1914. — Groupement Ebener. Ordre d'opérationsn* 12. 18 heures. 20 sentembre101/1. Annexe 691. 4 G. Q. G. Télégramme à VI*armée, 6383, 15b45, 20 septembre 1914, Annexe 605; — à II. armée, 6381, 20 septembre 1914, Annexe 604.54 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.laisser momentanément à sa disposition le 13e G. A. et même d'autres élémentsde la IIe armée, si nécessaire l. Mais le commandant de la VIearméeestime que les 4e et î 3e C. A., étant donné leur éloignement, ne peuvent1aider que par un mouvement à grande envergure. Il demande toutefoisque la 49e brigade, du 13e C. A., demeure sous ses ordres pour garder lesponts de l'Oise et les avenues de la forèt de Laigue 2.D'ailleurs, la situation entre Oise et Aisne s'améliore, dans l'ensemble,au cours de l'après-midi. A droite, le 7e corps d'armée réussit à enrayerl'avance allemande et à se rétablir sur la ligne générale : sud de la fermeSainte-Léocade, Vingré, hauteurs de Fontenoy. A gauche, la 37e divisionse maintient à Ollencourt, Nervaise, Tracy-le-Mont, parc d'Offémont. Aucentre seulement, sur les plateaux au nord d'Attichy, la bataille restemenaçante, la 61e division refluant vers Bitry et Jaulzy. Le général Maunouryne se laisse pas émouvoir par ce fléchissement local. Il envoie augroupement Ebener la 1 12e brigade de la 56e division, réserve d'arméedonnée le matin au 7e C. A. qui n'en a plus besoin; il interdit tout replivolontaire et prescrit de reporter au nord de l'Aisne les éléments qui ontfranchi les ponts. Le groupement Ebener parvient finalement à se maintenirsur la rive droite de la rivière, où son front de combat, dans lasoirée, suit le tracé : Saint-Léger-aux-Bois, Tracy-le-Mont, ferme Morenvalet ferme Gamet. Dans la région de Soissons, la situation n'a subi aucunemoditication, le 5e G. D. R. n'ayant pas été attaqué 3.Dans la nuit, le général Maunoury ordonne à ses troupes de se cramponnerau terrain, de fortifier immédiatement et de défendre coûte que

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coûte les positions occupées, « de façon à interdire à l'ennemi la progressionvers l'Aisne en attendant la reprise de l'offensive. » Il compte que la1 IIearmée. Message téléphoné à Vie armée, 16h35, 20 septembre 1q14, Annexe 619.2 VIe armée. Télégramme à II* armée, 1Gb4o, 20 septembre ig 14, Annexe 647; —j-ou:rinal des marches et opérations. VI* armée. Bulletin de renseignements n° 21, Annexe 641; — ordres particuliersn° 136, 16b115, Annexe 648; — n° 137, 171, 18 heures, Annexe 650; -- n° 138,21 heures, Annexe 652; — comptes rendus au G. Q. G., 172, 20h5o, 20 septembre 1914.Annexe 651; — oh 15, 21 septembre 19i4; — journal des marches et opérations. -6e G. D. R. Compte rendu à VIearmée, 20 septembre 1914, Annexe 692; — ordre d'opérationsn° 13, 21 septembre 1914, Annexe 799; — journal des marches et opérations. —14", 37e, 63" divisions. Journaux des marches et opérations.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE Il. 55/|aIIe armée pourra contribuer à le dégager par une action sur les derrièresde l'ennemi 1.Pendant que la VIe armée soutenait ces durs combats entre Oise etAisne, sur la rive droite de l'Oise les 4e et 13e C. A. ont pu effectuer dansde bonnes conditions les mouvements qui leur avaient été prescrits laveille.Au 13e C. A., la 25e division, débusquant quelques compagnies ennemies,a occupé l'Ecouvillon, la ferme Attiche et Ribécourt; la 2 6e divisionet la 4e brigade marocaine n'ont eu affaire qu'à des éléments peuimportants, notamment des détachements de cavalerie appuyés par ducanon, qui n'ont pas sérieusement entravé leur marche, et elles sontparvenues, en fin de journée, au delà de Canny-sur-Matz, aux abords sudde Lassigny, à Belval et à La Rue des Boucaudes. La 3e D. C. a euquelques engagements avec la cavalerie allemande dans la région de Conchy-les-Pots. Pour ce qui est du 4e C. A., il n'est pas encore arrivé aucontact de l'ennemi; ses avant-postes sont installés, dans la soirée, sur laligne générale : Cuvilly, Courcelles-Epayelles, Tricot, Coivrel 2.

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Toutes ces forces vont passer, à minuit, sous les ordres du général deCastelnau, chargé maintenant de la manoeuvre d'aile.Les opérations qui se sont déroulées du i5 au 20 septembre, de partet d'autre de l'Oise, constituent pour le haut commandement français uneréelle déception.Depuis la bataille de la Marne, en effet, une des pensées dominantesdu général en chef a été de déborder l'aile droite allemande et, à plusieursreprises, le commandant de la VIe armée a été invité pour celaà étendre sa gauche. Mais cette manoeuvre de débordement, par laquellele général Joffre espérait empècher le rétablissement des forces adverses1 VI*armée. Ordre général d'opérations n° 139, 175,22 heures, Annexe 653; — Messagetéléphoné à II" armée, 22 heures, 20 septembre iqi4, Annexe 654. — 2 Cf. carte n° 7. VI*armée. Compte rendu du capitaine Cabieux, 11 heures; — bulletin de renseigne- ment n* 21, Annexe 641; — télégramme à G. Q. G., 172, 20h 5o, 20 septembre 1914,Annexe 651; — 4* C. A. Journalodes marches et opérations. — 13CC. A. Situation en finde journée, 19 heures, 20 septembre 1914, Annexe 677; — journal des marches et opérations.— 26" D. I., 3e D. C., 4" brigade du Maroc. Journaux des marches et opérations.56 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.et permettre l'exploitation de la victoire, ne donne pas le résultat escomptépar lui.La VIe armée a vainement cherché une décision tactique dans une zoneétroite, elle se trouve désormais engagée dans une lutte frontale. La manoeuvrelui échappe et, pour reprendre la marche en avant 1, elle doitcompter sur la réussite de l'action de flanc confiée à une nouvelle arméed'aile.1 G. Q. G. Instruction particulière n° 22, 6153, 19 septembre 1914. Annexe 513.CHAPITRE III.LA BATAILLE DE L'AISNE À LA V. AnIIE.2 0 SEPTEMBRE 1914.)(Cartes 8 à 10.)I. — LAMANOEUVRAEUSUDDEL'AISNE(15 et 16 septembre 1914).

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Situation de la V' armée, sa mission; ordres donnés par le général Franchet d'Espèreyle septembre au soir.Journée du 15 septembre. Une offensive allemande sur les deux rives de l'Aisne arrêteà ses débuts la manoeuvre du général Franchet d'Espèrey au sud de cette rivière. Interventiondu général en chef. Analogie entre la manoeuvre de la V*armée sur l'Aisne et cellede la VI*armée sur l'Oise.Journée du 16 septembre. Une nouvelle intervention du général en chef amène unchangement dans le dispositif de la V*armée. Le général Franchet d'Espèrey se met sur ladéfensive au sud de l'Aisne. L'ennemi ralentit ses attaques et rassemble des forces au nordde la rivière.II. — TENTATIVDEEREPRISEDELAMANOEUVARUENORDDEL'AISNE(17 et 18 septembre IGI4).Journée du 17 septembre. L'aile gauche de la V*armée fait ses préparatifs. Le corps decavalerie Conneau est dirigé vers l'aile droite. Renseignements sur l'ennemi. L'offensiveallemande se développe sur tout le front. La V* armée condamnée à la défensive. Lesmesures prises par le général Franchet d'Espèrey. Intervention du général en chef, sesinstructions particulières n" 28 et 29.Journée du 18 septembre. Le général Franchet d'Espèrey renouvelle ses ordres d'attaqueau nord de l'Aisne. Echauffourée de Courcy. Maintien du 10° C. A. dans la région deReims. L'attaque des 1" et 18* C. A. ne peut avoir lieu. Éventualités envisagées par lecommandant de la Ve armée.III. — LA V*ARMÉEPREND,SURL'ORDREDUGÉNÉRALENCHEF,UNEATTITUDEDEDÉFENSIVEAGRESSIV(1E9 et 20 septembre 1914).

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Journée du 19 septembre. La nouvelle mission de la V*armée. Les ordres donnés parle général Franchet d'Espèrey.Journée du 20 septembre. La Vearmée repousse avec succès l'offensive déclenchée parl'ennemi au nord de l'Aisne.58 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.I. — LA MANOEUVRE AU SUD DE L'AISNE( 15 ET 16 SEPTEMBRE 19 14).Le 1li septembre au soir, le général Franchet d'Espèrey, commandantla Ve armée, fait part au général en chef des événements de la journéedans les termes suivants :« La journée du i Il septembre a été un engagement d'ensemble de toutela Ve armée, contre des forces importantes dont les gros nous avaient étésignalés hier sur la Retourne.«La gauche de ces forces, fortement retranchée sur le massif Berru,Nogent-l'Abbesse, a permis à la droite de reprendre une offensive vigoureusequi n'a pu être enrayée que grâce aux efforts de tous 1. »A cette date du i/j. septembre, il n'est déjà plus question pour laVe armée de poursuivre, ni même de s'arrêter devant un ennemi retranché,mais bien de faire face à une nouvelle offensive livrée par le haut commandementallemand, à son heure et sur un terrain choisi par lui.Telle est la caractéristique de la lutte qui va mettre aux prises, dans lesjournées suivantes, d'une part la Ve armée, d'autre part les forces allemandesamenées en grande hâte par la «Direction Suprême» pour comblerla brèche créée entre ses deux armées d'aile droite par la retraitequi suivit la bataille de la Marne 2.Avant d'aborder le récit des opérations de la Ve armée sur les deux rivesde l'Aisne, il est nécessaire de préciser le front occupé par les troupes decette armée, le 14 septembre au soir, et de connaître la mission confiéeà cette date par le généralissime au général Franchet d'Espèrey.La Ve armée tient par ses éléments avancés une ligne jalonnée du sudestau nord-ouest par: le village de Prunay, les lisières est de Reims et deBétheny, les bois Soulains, le canal de l'Aisne à la Marne entre Courcy1 Ve armée. Compte rendu de situation de la V° armée dans l'après-midi du 1 septembre,14 septembre 191/1, 19 heures. — Cf. carte n° 8.

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2 Cf. tome I, 3*volume.TOME I, 4° VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 111. 59et Berry-au-Bac, la Ville-aux-Bois, Craonne et la partie orientale du Chemindes Dames jusqu'au nord de Paissy »Elle est encadrée à l'est par la IXe armée, établie sur l'ancienne ChausséeRomaine face à un ennemi retranché sur les pentes sud du massif deMoronvilliers, à l'ouest par les forces britanniques du maréchal French,dont les unités de droite (ier C. W.) couronnent le Chemin des Damesdans la région de Troyon.Son aile droite (10e C. A., général Defforges), appuyée par la divisionmarocaine (IXe armée), est arrêtée sur la rive droite de la Vesle aux piedsdes pentes du massif de Nogent-l'Abbesse.Son centre, formé des ier C. A. (général Deligny) et 3e C. A. (généralHache) occupe Reims et le canal jusqu'au Godât.A gauche, le 4e G. D. R. (général Valabrègue) tient Berry-au-Bac et lesvillages de la Neuville et de Sapigneul.A l'extrême gauche, au nord de l'Aisne, le 18e C. A. (général deMaud'huy), flanque le gros des forces de la Ve armée. Il se relie à l'arméebritannique par un détachement mixte de la 38e division sous les ordresdu colonel Pichon. En arrière de ce corps d'armée, sur la rive sud deFAisne, le corps de cavalerie du général Conneau (4e, 8e et ioe D. C.) stationnedans la région : Révillon, Courlandon, Montigny, Ventelay.Les troupes du général d'Espèrey ont un excellent moral. Elles sontaussi fatiguées physiquement que celles de la VIe armée; toutefois, ellesprésentent plus de cohésion, car sur douze divisions d'infanterie que comprendla Ve armée, trois seulement appartiennent à des formations deréserve constituées à la mobilisation.Quoique la Ve armée ait vu ses effectifs, et en particulier ses cadres,décimés par les combats de la Marne et les fatigues de la poursuite elleparait être en état de mener à bien la délicate mission qui lui a été confiée.Cette manoeuvre a été définie par le commandant en chef au lendemainde la victoire de la Marne. La Ve armée, considérée par lui commeune véritable masse de manoeuvre, doit pouvoir à tout moment «agir, soitcontre le groupement ennemi du nord-ouest» et le mettre hors de causeavec le concours de la VIe armée et de l'armée britannique, « soit contrecelui du nord-est », de façon à aider les IXe et IVe armées dans leurmanoeuvre de rabattement en direction du nord-est1.

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1 G. Q. G. Instruction particulière n° 22, 4801, 151045, 11 septembre 1914.60 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le 14 septembre, dans l'après-midi, la mission de la Ve armée est simplifiée.Le général Joffre, renseigné sur la constitution possible d'un groupementennemi important, formé avec les troupes retirées d'Alsace et deLorraine et destiné vraisemblablement à menacer le flanc gauche de sondispositif, songe à annihiler l'aile droite allemande avant l'intervention dece groupement.Il n'est plus question de contribuer, le cas échéant, au succès de lamanoeuvre de rabattement confiée aux IXe et IVe armées, mais seulementde participer à la mise hors de cause de l'aile droite ennemie, avec tout oupartie des forces de l'armée 1.Un télégramme adressé par le général Joffre dans la matinée avaitorienté déjà en partie le commandant de la Ve armée sur sa mission définitive: «Il y aurait intérêt que vous ayez ce soir grosse partie de vos forcesau nord Neufchâtel, Guignicourt, Berry-au-Bac, en vue réaliser dispositifprévu par instruction particulière n° 22 2. »Au moment où ces directives lui parviennent, le général Franchetd'Espèrey est dans l'impossibilité de s'y conformer.Fixé par sa droite devant des organisations énergiquement défendues,ayant d'autre part son centre et sa gauche au contact d'un ennemi débouchantde la vallée de l'Aisne, le commandant de la Ve armée n'a plus laliberté d'action nécessaire pour remanier son dispositif.Aussi se borne-t-il, dans la soirée du 14 septembre, à maintenir pourla journée du i 5 les ordres donnés la veille.Le 18e C. A. couvrira le flanc gauche de l'armée en se maintenantsolidement sur la partie orientale du Chemin des Dames, le 3e G. A., renforcéet appuyé par le 4e G. D. R., attaquera le massif de Brimont en ledébordant par le nord, pendant que le ier G. A. s'efforcera de le déborderpar l'est.Le 1oe G. A., à l'aile droite, en liaison avec la IXe armée, attaquera surNogent-1' Abbesse.La cavalerie couvrira avec une division le flanc droit du 18e C. A. etagira avec deux divisions dans le flanc des forces ennemies opposées augroupe de divisions de réserve et au 3e GA. 3.

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1 G. 0. G. Instruction particulière n" 25, 52oo, 13b 2 5o, lA septembre i oi li. G. Q. G. Télégramme chiffré 5 149, 8h35, 14 septembre iqi4. 3 Vearmée. Ordre général n° 544/3, 22 heures, i4 septembre 1924, Annexe 1.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 61** *Le i5 septembre, dès le début de la matinée, les premiers renseignementsparvenus au Q. G. de la Ve armée font entrevoir les difficultésde la manoeuvre que poursuit le général Franchet d'Espèrey.L'offensive de la gauche du 3e G. A. et du 4e G. D. R. se heurte, peuaprès son début, à une offensive ennemie qui, débouchant de la régionJuvincourt, Aguilcourt, progresse par les deux rives de l'Aisne, en directionde l'ouest. A Pargny-les-Reims, quartier général du commandant dela Ve armée, arrive la nouvelle de la prise de Berry-au-Bac par l'ennemi 1,puis celle de la retraite rapide du 4e G. D. R. en direction de Cormicy.Bien que le premier renseignement, envoyé par le général de Maud'huy,commandant le 18e C. A., ait été démenti peu après, le second produitune certaine émotion.Le général Hache, commandant le 3e C. A., à qui le deuxième renseignementest parvenu, le transmet, à 9h 3o, au général Franchet d'Espèrey.Il profite de cette occasion pour lui demander de « faire soutenir la gauchepar des éléments plus solides que la division de réserve2».Le commandant de l'armée n'avait pas attendu le début de l'offensivepour appuyer l'action du 3e G. A. qui, dans son esprit, devait être décisive.A une première demande d'artillerie lourde, adressée dans la nuitpar le général Hache3, il avait donné au 18e C. A. l'ordre, reçu à 6 heuresdu matin, de diriger sur le fort de Saint-Thierry une batterie de î 20 L.A1 1 heures, il renouvelle cet ordre : «Quelles que soient les nécessitésde la situation sur le front du 18e G. A., ce corps d'armée enverraimmédiatement ses batteries de 12o L., et au minimum une de ces batteries,au fort de Saint-Thierry à la disposition du 3e G. A. Cette artilleriede 120 L. est absolument indispensable au 3e G. A. pour progresser aunord de Brimont, dans l'attaque dont il est chargé». Le général d'Espèreyajoute, de sa main: «La décision doit être obtenue par Hache4. )Au moment où cet ordre est adressé au général de Maud'huy, le général1 18*G. A. àVe armée. Télégramme chiffré, 8h 53, 15 2 septembre 101A, Annexe 86. 3* C. A.à Y* armée. Radiotélésramme, qh3o, 15 septembre iqi4, Annexe 56. 3 3*C.A. àV*armée. Message téléphoné, 3h5o, i5

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septembre 101A. 4 V* armée. Ordre particulier au 18* C.A., n* 38; 11 heures, i5 septembre igi4, Annexe 27.62 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Hache rend compte que, menacé sur sa gauche par l'attaque allemandedu matin contre le 4e G. D. R., non appuyé à droite par le ier G. A., incapable,sous le tir des obusiers ennemis, de déboucher des bois Soulains, ilest pratiquement arrêté dans son attaque. Il ajoute in fine : « Le G. D. R.me fait connaître qu'il a perdu la cote 91 et qu'il se maintient difficilementsur le canal 1. »Dans la région au sud de Reims, le 10e C. A. n'a pas obtenu plus desuccès. L'officier de liaison de l'armée adresse à 1 1 h30 au générald'Espèrey le renseignement suivant : « Situation non changée. La Pompellen'est pas encore prise par nous2. »En possession de ces renseignements, le général d'Espèrey ne songeplus qu'à faire échec à la poussée de l'ennemi le long de la vallée del'Aisne. Afin d'éviter une rupture de son front dans la région de Berry-au-Bac, il met à partir de 12 heures tout en oeuvre pour soutenir le 4e G. D. R.Il prescrit à midi au 18e G. A. d'étayer «fortement le G. D. R. pourassurer inviolabilité du front Cormicy, Gernicourt 3 Il.Il donne l'ordre, à 13 heures, à sa réserve d'armée de se rapprocher dela zone menacée' et au corps de cavalerie Conneau, d'appuyer immédiatementavec tous ses moyens les troupes du général Valabrègue 5.A15h 15, il pousse sa brigade réservée sur Hermonville et la donne augénéral Hache: «Il est bien entendu, écrit-il sur l'ordre adressé à i 5h 3oau 3e C. A., que cettebrigaden'est pas destinée à agir dans la ligne d'actiondu 3e G. A., mais uniquement pour vous donner les éléments nécessairespour appuyer les divisions de réserve et, le cas échéant, boucher letrou que leur retraite produirait à votre gauche. N'engagez donc cette brigadequ'à bon escient. Je voudrais, si possible, l'avoir disponible demainpour la décision6. »1 3* G. A. àV* armée. Compte rendu, 11 heures, 15 septembre 191/1, Annexe 57.* io* C. A.à ve armée. Compte rendu, 11b30, 15 s septembre iqi4. V*armée à 18e C. A. Radiogramme chiffré n° 549/3, 12 heures, 15 septembre 1914,

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Annexe 28.4 V* armée à brigade du 10" C. A., réserve d'armée, n° 551/3, 13 heures, 15 septembreiqi4. s Ve armée à corps de cavalerie. Télégramme n° 553/3, 13 heures, 15 septembre 1914,Annexe 29.8 V. armée. Ordre à la brigade du io* C. A., réserve d'armée, n° 555/3, 15" 15; ordreparticulier à 3e C. A., à la brigade du io* C. A., réserve d'armée, n° 554/3, 15h 3o, 15 septembre1914, Annexe 30.TOME I, 4. VOL. — PREMIÈRE PAHTIE. — CHAPITRE III. 63Puis, s'adressant de nouveau au général de Maud'huy, il insiste auprèsde lui sur l'importance qu'il attache à ce que «le front ne soit pas percélà où est le G. D. R. Prenez donc toutes vos dispositions, pour vousconstituer des troupes disponibles en vue de :« 1° contre-attaquer tout ennemi qui aurait bousculé le G. D. R. etdéboucherait à l'ouest du canal de l'Aisne à la Marne;« 2° passer à l'offensive demain, 16, vers le nord-est, tout en maintenantl'occupation de votre front nord et votre liaison avec la droiteanglaise.«Je mets la réserve d'armée à la disposition du 3e C. A. pour remplir lamême mission à la droite du G. D. R. 1.»Que s'est-il donc passé dans la matinée du 15 septembre pour amenerle général Franchet d'Espèrey à envisager une rupture de son front dans larégion de Berry-au-Bac?Dès le début de la matinée, le 4e G. D. R. est soumis à un bombardementintensif de pièces de gros calibre, tirant du Camp de César d'unepart, de la région entre Aguilcourt et Orainville d'autre part.Cette activité de l'artillerie ennemie laisse prévoir une attaque prochaine,qui ne tarde pas en effet à se déclancher. Les unités de la 53e D. R.,pressées dans Berry-au-Bac nord, se replient sur la rive sud de la rivière.L'ennemi, couvert au sud par les éléments qui viennent de pénétrer dansle village, tente de s'infiltrer vers l'ouest en direction de Pontavert, par larive nord de l'Aisne, le vallon de la Miette et les bois de la Ville-aux-Bois. Il entre presque aussitôt en contact avec les troupes du 18e C. A.et engage des combats qui traînent en longueur.Au sud de la rivière et à l'est du canal de l'Aisne à la Marne, la69e D. R. cherche à reprendre pied dans les bois de la cote 100, abandonnés

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sans combat pendant la nuit. Elle se heurte, peu après le départde son attaque, à l'offensive de l'ennemi qui, descendant de ces bois,tente de progresser jusqu'au canal. Cet ennemi, profitant en outre de sasituation dominante, prend de flanc des éléments de la 53e D. R., installésà la cote 91, et les force, vers 11 heures, à refluer sur Sapigneul.1 Ve armée. Note pour le général commandant le 18" C. A. n° 556/3, 15b3o, 15 tembre sep- 19 14, Annexe 31.64 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L'occupation de la cote 100 par les Allemands a également, dès ledébut de la matinée, une répercussion immédiate sur l'offensive du 3e C. A.La brigade de zouaves, dans sa progression vers Sainte-Marie ferme,tombe bientôt sous le feu des occupants de la cote 100. Elle fait face àcette cote et délaisse momentanément son objectif.En résumé :la droite du 18e C. A., au nord, maintient ses positions ;le 4e G. D. R., au centre, concentre sa défense dans Berry-au-Bac sudet sur la rive est du canal, depuis ce village jusqu'à la Neuville;la gauche du 3e C. A., au sud, est momentanément arrêtée et ne semblepas vivement pressée.La situation au début de l'après-midi ne paraît donc pas compromise.Le compte rendu alarmant du général Hache, adressé à gh 3o, complétépar le renseignement de 1 1 heures, paraît être la cause de la série demesures prises par le général Franchet d'Espèrey pour faire face à la situationqui lui est dépeinte.Pendant que le général Franchet d'Espèrey pare la menace allemandecontre son flanc gauche, parvient au Q. G. de la Ve armée un télégrammedu général en chef.Le général Joffre, voyant le général d'Espèrey engager le gros de sesforces entre Reims et Aisne, appelle à nouveau, par ce télégramme,expédié le i5 septembre à 1 1h1 5, l'attention de son subordonné sur« l'utilité de renforcer sa gauche le plus possible et appuyer le 18e corpspour rompre dispositif ennemi ».Il ajoute, afin de le libérer de toute inquiétude pour sa droite : «A droite,IXe armée attaque avec toutes ses forces1. »Les ordres établis à 18h 15 par le général Franchet d'Espèrey, pour lajournée du lendemain 16 septembre, n'apportent pas cependant de modificationssensibles à ceux donnés le i k septembre au soir. Le commandant

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de la Ve armée cherche toujours le succès de sa manoeuvre au sud de1 G. Q. G. à V. armée. Télégramme cliiflré, n° 5341, nhi5, 15 septembre igi4,Annexe 13.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 65LAGRANDGEUERR—E. 1, 4*VOL. 5l'Aisne et, pour atteindre ce résultat, donne encore au 3e C. A. le principalrôle dans l'attaquel.Les renseignements qui lui parviennent de sa ligne de combat, en finde journée, ne lui font pas modifier la ligne de conduite qu'il s'est tracée.La situation de l'après-midi est en effet sensiblement la même quedans la matinée.Sur le front du 18e C. A., l'attaque ennemie, amorcée entre l'Aisne etles bois de la Ville-aux-Bois et un instant à l'ouest de Craonne, s'estétendue, à partir de î5 heures, jusqu'au Chemin des Dames où elle s'estintensifiée subitement.Craonne, assailli de toutes parts par des forces nombreuses, esttombé, vers 17h 3o, entre les mains des Allemands après une très bellerésistance du 144e R. L La ligne française s'est repliée, à la suite de cetincident local, à la lisière nord des bois de Beau-Marais et de Craonnelleoù elle s'est accrochée.L'aile gauche du 18e C. A., par contre, a occupé Ailles avec un détachementet envoyé des reconnaissances au nord de l'Ailette.Dans la région de la Ville-aux-Bois, le combat s'est cristallisé autourdu village qui, finalement, est resté entre les mains des Allemands.Le 4e G. D. R. défend toujours la ligne du canal tenue dans la matinée,mais il n'a pu conserver ni la cote 108, ni les hauteurs de lacote 100, momentanément abandonnées par l'ennemi dans l'après-midi.Sur le front du 3e C. A., l'attaque lancée au nord de Brimont par legénéral Pétain, commandant la 6e division, et exécutée par la 75e brigade,est parvenue, après de grosses difficultés, à aborder le front cote 100,Sainte-Marie ferme, d'où les Allemands ont été chassés. Mais, déciméepar les feux d'infanterie et d'artillerie lourde, cette brigade s'est repliéevers le Godat et les bois à l'est. Dans la région du massif de Brimont, fortementorganisé et défendu, le seul avantage obtenu, et encore l'a-t-ilété au cours de la nuit précédente, est l'occupation du château de Brimontpar un bataillon du 36e R. I.Le 1er C. A., chargé de déborder le massif de Brimont par l'est, n'a

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pu réaliser aucun gain de terrain, par suite de l'impossibilité où s'esttrouvée la ire division de progresser sous le feu des obusiers allemands1 V. armée. Ordre général, n" 559/3, 18h15, 15 septembre 1914, Annexe 32.0(3 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.de Berru qui l'ont prise en flanc et à revers, et aussi en raison des difficuitéséprouvées à sa gauche par le général Mangin (5e D. I. ). Vers14 heures, la ire division a même été obligée, sous la pression del'ennemi, d'évacuer la ferme Modelin et la partie est des bois Soulains.A la droite du ier C. A., la 3ge brigade du 10e C. A. a tenté vers16 heures de progresser entre J'auberge Alger et la Bertonnerie. Cettetentative a échoué rapidement et les troupes se sont retirées sur leurspositions de départ où elles se sont retranchées.Si la manoeuvre tentée par le général Franchet d'Espèrey, le 15 septembre,au sud de l'Aisne, n'a pas donné tous les fruits qu'il en espérait,elle a néanmoins obtenu des résultats appréciables. L'ennemi, en effet,dès le début de la matinée, a déclanché sur les deux rives de l'Aisne unmouvement offensif en direction de Pontavert. S'il est parvenu à conquérirde part et d'autre de la rivière une série d'observatoires dont la possessionlui est précieuse, il ne tient ni les passages de l'Aisne ni le canal, dontl'occupation lui est indispensable pour élargir sa manoeuvre. Manoeuvre àpeine encore esquissée, mais dont le but apparaît cependant très nettement:exécuter une trouée dans la région de Craonne, Berry-au-Bac, defaçon à contraindre les forces franco-britanniques du Chemin des Damesà repasser l'Aisne.On pourrait être tenté de rapprocher les manoeuvres exécutées ce jourmême par la VIe armée sur l'Oise et par la Ve armée sur l'Aisne.Le général Maunoury s'engage à fond contre la Ire armée allemandedéployée au nord de l'Aisne et essaie, par une manoeuvre limitée au sud del'Oise, de déborder les forces ennemies qui lui sont opposées. Il fait appelau i 3e C. A., placé sur la rive ouest de l'Oise, pour soutenir ses forcesde la rive est 1.Le général Franchet d'Espèrey, engagé sur deux directions en équerre,à cheval sur l'Aisne, s'efforce d'obtenir le succès en engageant, au sud decette rivière, partie de sa gauche et son centre en direction du nord-est.Il intervient auprès du 18e C. A., établi au nord de l'Aisne, pour luidemander de porter secours au 4e G. D. R. menacé.Le général Joffre, qui voit le jeu de l'ennemi, tente d'élargir, au cours1 Cf. chapitre 11.TOME 1, V VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 67

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5.de la journée, la manoeuvre de ses subordonnés et de la porter d'unepart au delà de l'Oise, d'autre part sur la rive nord de l'Aisne. Maisl'action est trop profondément engagée pour que le redressement cherchépuisse se produire en temps utile. Les Allemands, en effet, soucieuxd'échapper aux manoeuvres des VIe et Ve armées, jettent d'une part àcheval sur les deux rives de l'Oise le IXe corps de réserve, amené entoute hâte dans la région de Noyon, tandis que d'autre part ils exécutentsur l'Aisne, contre l'aile gauche de la Ve armée, une attaque menée pardes forces dirigées rapidement sur la rivière'.** *Pour le 16 septembre les renseignements sur l'ennemi laissent présumerque la journée va être caractérisée par un redoublement de soneffort dans la région de l'Aisne. Bien que l'aviation de la Ve armée n'ait,dans l'après-midi du 15, décelé aucun mouvement important de troupes 2,le 4e G. D. R. a vu des colonnes de toutes armes se diriger de la régionGuignicourt, Neufchâtel, vers l'ouest. Son chef signale le fait au généralFranchet d'Espèrey dans une lettre personnelle qu'il termine ainsi : a J'enconclus que le tir de l'ennemi reprendra le 16, très violent, contre cesmêmes points (Berry-au-Bac, Gernicourt, la ViJle-aux-Bois) et que l'adversaireprononcera une attaque par la rive nord de l'Aisne dans la directionde Pontavert. Seule, à mon avis, une offensive vigoureuse du 18e C. A.,sur la région Juvincourt, Camp de César, pourrait, s'il avait des forces àsa droite pour le faire, dégager la droite du 18e C. A. et la gauche du4e G. D. R. Le succès d'une offensive dans cette région aurait une répercussionrapide et successive sur la droite du G. D. R. et sur le 3e C. A.5. aLa situation sur la rive nord de l'Aisne, telle que la dépeint le généralValabrègue, correspond en tous points à l'image que s'en fait, dans lasoirée du 15 septembre, le général en chef.1 Éléments de la 2" armée, VII" corps de réserve venu de Maubeuge, XV*corps venud'Alsace. — ye armée à G. Q. G. Noten" 209, 10 heures, 16 septembre 1914. — G. Q. G.Compte rendu de renseignements n° 90, 6 heures, 15 septembre ; note sur la compositionp-ossible de la 7" armée allemande, 16 septembre, Annexe 113.

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V.1 armée à G.Q.G. Télégramme n° 2o3, 20 heures, 15 septembre iûi4. ¡'Je(t. D. R. a V. armée. Rapport, 15 septembre 191<4,Annexe 99.-68 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Celui-ci percevant, avec le recul que lui seul peut avoir, les fluctuationsde la bataille sur l'ensemble du front, voit avec netteté se préciser lamanoeuvre de son adversaire contre son centre : mouvements de glissementvers le nord-ouest, en arrière du front, des forces ennemies deChampagne et de la région nord-est de Reims; rassemblements importantssignalés au sud de Laon.Le général Joffre n'hésite pas cette fois à donner l'ordre précis augénéral Franchet d'Espèrey de disposer aussitôt que possible le grosde ses «forces à l'ouest de la route Reims, Neufchâtel, de manière à lesporter sur la rive nord de l'Aisne. ». Et pour que le commandementde la Ve armée ne reste pas impressionné par les rassemblements importantssignalés par l'aviation, dans la région nord-est de Reims, il prescritlui-même le mouvement à exécuter : «Un corps d'armée sera dirigéau nord de Courlandon (est de Fismes), prêt à s'engager face au nordà l'appui du 18e C. A., ou face au nord-ouest au cas où il y aurait unecontre-attaque à prononcer dans cette direction 1. IlModifiant alors dans la nuit les ordres adressés pour la journée du16 septembre, le général Franchet d'Espèrey prescrit aux 1er et 3e C. A.de se maintenir sur la défensive. Il rend au 18e C. A. la brigade d'Algérieprêtée au 3e C. A. et lui donne deux autres brigades, une du 1er C. A.,une du 1oe C. A. La gauche de la Ve armée ainsi renforcée s'opposera«( offensivement» , le 16, au mouvement de l'ennemi dirigé contre la droitedu 18e C. A. A l'extrême-droite, le ioe C. A., se «bornera à se maintenirénergiquement sur son front actuel et, au moyen d'attaques partielles, à yfixer l'ennemi 2».Au moment où ces ordres de l'armée lui parviennent, le général deMaud'huy ne peut les exécuter. Il songe bien, au début de la matinée, àprendre avec les deux brigades du 1er et du 1 oe C. A., et dès leur arrivée,l'offensive dans la direction générale de Prouvais3. Mais il se rendcompte, à 1 ] heures, qu'en raison de l'attaque ennemie sur tout le frontde son corps d'armée, cette offensive ne peut avoir lieu. «Tant que la1 G. Q. G. à V* armée. Télégramme chiflré, n° 5438, ai11do, 15 septembre 1914,Annexe 16. - - 0- - - - 110 - -- 1".

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V*armée. Ordre général, n" 5bi/3, 4 heures; — instruction pour le 10' L. A., n" 002/3,8 heures, 16 septembre iqi4- — Cf. carte n° 3 q. 18*C. A. à V* armée. Compte rendu, 9* i5, 16 septembre, Annexe 215.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE m. 69LAGRANDGEUERR-E1. , 4eVOL. 5Asituation sera celle actuelle, écrit-il au général Franchet d'Espèrey, je necrois pas possible de faire déboucher une attaque sur la rive droite del'Aisne. Le débouché de Pontavert est sous le feu ainsi que toute la régionPontavert, Roucy. L'attaque serait prise dans une tenaille de batteriesallant de Craonne, par Corbeny et la croupe de Juvincourt, au Camp deCésar. Je pourrai seulement tenter, peut-être, une attaque à la nuittombante 1.»Au début de l'après-midi, l'activité des batteries ennemies n'ayant pasdiminué, le commandant du 18e C. A. envisage la reprise de l'offensivesur des bases un peu différentes.A 14h 3o, il fait connaître par téléphone au commandant de la Ve arméecomment il la conçoit :«En présence des difficultés de l'unique débouché de Pontavert prissous le feu des batteries de Corbeny, de Juvincourt et du Camp de César,j'ai dû renoncer à l'idée de déboucher dans l'angle Berry-au-Bac, Pontavert,Corbeny, avant des opérations préparatoires. J'ai pensé que la premièreopération devait être la reprise de Craonne et de la crête au nordouest,qui sera le prélude de la reprise de Corbeny.«Ceci fait, et les batteries lourdes étant placées de façon à battre leCamp de César, je compte, à moins d'événements nouveaux, faire franchirl'Aisne ce soir, à Pontavert, à une brigade qui, dès le matin, entrela Ville-aux-Bois et l'Aisne, marchera sur le Camp de César et l'attaquera2.JIAu début de l'après-midi le général Franchet d'Espèrey, constatant quesa droite et son centre n'ont pas été jusque-là inquiétés, se met en devoird'exécuter les ordres du général en chef adressés la veille au soir. Ilprescrit, à 15 heures, aux 3eet 1oe C. A. de relever à la nuit le 1er C. A.et à ce dernier de se porter, en réserve d'armée, dans la région de Courlandon,Jonchery-sur-Vesle, Ventelay, «de façon à pouvoir prendre rapidementl'offensive au nord de l'Aisne, soit à droite, soit à gauche du18e C. A.zl. »Puis à 18 heures, sa décision prise, il adresse ses ordres pour la jour-

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1 18e C. A. à V' armée. Compte rendu, 11 heures, 16 septembre 191 4. 2 18eC. A. à V' armée. Message téléphoné, 14h 3o, 16 septembre iqiA, Annexe 216. 3 V*armée. Ordre particulier aux 1", 3e, 10e C. A., corps de cavalerie (au G. D. R. et au18' C. A. à titre de renseignement) n° 568/3 , 15 heures, 16 septembre 1914, Annexe 151.70 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.née du 17 septembre. Il laisse sur la défensive les trois corps d'arméesitués au sud de l'Aisne; il prescrit au ier C. A. de se tenir «prêt, à partirde sept heures, à se porter sur Pontavert et à en déboucher sur lefront Craonne, Juvincourt-et-Damary a. Il ordonne au 18e C. A. d'attaquerla pai tie orientale du Chemin des Dames, comme le général de Maud'huyle prévoyait au début de l'après-midi, puis d'attendre, pour progresser audelà de la crête, que le 1er C. A. ait débouché sur la rive droite del'Aisne 1.Le général en chef, qui est sans nouvelles de la Ve armée depuis4 h 45 du matin, a hâte de savoir si ses ordres sont en voie d'exécution.Un premier télégramme, adressé à 7h 4o du matin, ainsi conçu :ccQu'avez-vous pu faire dans sens indiqué par mon télégramme n° 5438du 15 septembre, 2 ih 4o», est resté sans réponse 2.A 16 heures, un deuxième télégramme est envoyé : «Quelles dispositionsavez-vous prises pour soutenir 18e C. A., qui est vivement presséet a demandé ce matin appui à armée anglaise3. N'ai pas reçu réponse àmon télégramme n° 5438 4.»La réponse à la première question avait bien été envoyée. A1 ih 55, legénéral Franchet d'Espèrey avait résumé pour le grand quartier général sasituation et ses intentions : «Brimont non encore pris. Ai renforcé18e C. A. de trois brigades mixtes pour prendre offensive par ma gauche.Maintenons situation sur reste front. n Iais ce télégramme chiffré avaitsubi un retard considérable5.1 Vearmée. Ordre général n" 573/3, 18 heures, 16 septembre iqi4, Annexe 154.2 G.Q.G. à Vearmée. Télëerammen" 545o, nhAo, 16 septembre iqi4, Annexe 114.3 Le général de Maud'huy avait en effet fait demander au lieutenant-général Douglasllaig, commandant le 1" C. W., dans la matinée du 16 septembre, de le soutenir sur sagauche pour lui permettre de reprendre Craonne et Corbeny. Le chef de l'état-major anglais,

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le lieutenant-général Murray, en l'absence du maréchal French, fit répondre qu'il considéraitcomme regrettable tout mouvement vers l'est du 18e C. A. français car il aurait pour conséquenceune extension exagérée et, par suite, un affaiblissement du front du 1" C. W.,affaiblissement susceptible d'entraîner la retraite de l'armée anglaise tout entière, les 2e et3e C. W. n'arrivant que difficilement à maintenir leurs positions actuelles.Colonel Huguet à G. 1 Q. G. Message téléphoné, i4h45, 16 septembre 1914. G.Q.G. à Ve armée. Télégramme chiffré n° 554o, 16 heures, 16 septembre 1914,Annexe 117.5 Vearmée à G. Q. G. Télégramme chiffré,1 ih 55, 16 septembre, Annexe 150.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PAHTIE. — CHAPITRE III. 715A.Recevant celui de 16 heures, le général Franchet d'Espèrey ne peutque confirmer au général en chef, à 1 7b 50, l'expédition de son télégrammede 1ih 55l.Puis il profite de la présence à son quartier général d'un officier deliaison du G. Q. G., le commandant Givierge, pour envoyer au généralJoffre un compte rendu dans lequel il expose avec plus de détails les dispositionsprises en exécution des ordres de la veille au soir; il le luiremet à 18 heures au moment de son départ 2.Devant le front de la Ve armée, la journée du 16 septembre a étécaractérisée par un ralentissement sensible de l'activité ennemie. Desattaques locales ont bien été subies sur différentes parties de la ligne debataille, principalement à l'aile gauche dans le secteur du 18e C. A.et dans le secteur Reims, Brimont, mais elles ont abouti à de faiblesrésultats.Au nord de l'Aisne, le 18e C. A. n'a pu être entamé sérieusement.Seul le village de la Ville-aux-Bois est resté aux mains de l'ennemi, quil'avait rendu intenable par le tir de son artillerie lourde.Au sud de l'Aisne, deux attaques se sont produites en fin de journée,l'une venant de Cernay vers le faubourg de Cérès, l'autre venant de lapartie est des bois Soulains en direction de Courcy; seule la dernièreest parvenue à déloger de la partie ouest du bois les éléments de la

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1re division qui s'y trouvaient3.D'autre part, en arrière du front allemand, on constate un glissementtrès net des forces ennemies vers le nord-ouest. L'aviation signale en finde journée une diminution réelle des rassemblements aperçus la veilledans la région au nord-est de Reims.Par contre, un rassemblement de troupes de toutes armes a été vu àAmifontaine, ainsi qu'une colonne de voitures de trois kilomètres sur laroute La Malmaison, Mauregny-en-Ha ye, en marche vers ce dernierpoint 3.Ces renseignements, transmis vers 21 heures au G. Q. G., montrent1 V' arméeà ,. G. Q. G. Télégramme,17h50, 16 septembre iqi4, Annexe 153. V. armée. Compte rendu au G. Q. G. de la situation connue à 17b3o, 16 septembre, Annexe 152.3 Vearmée à G. Q. G. Télégramme, 2ih 10, 16 septembre 1914, Annexe 156.72 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.au général en chef que l'ennemi, amenant des forces nouvelles, a l'intentionde poursuivre le lendemain 17 septembre l'effort de rupture amorcéla veille contre l'aile gauche de la Ve armée.IL — TENTATIVE DE REPRISE DE LA MANOEUVREAU NORD DE L'AISNE.(17 ET 18 SEPTEMBRE 1914. )Les indices enregistrés la veille au soir laissaient prévoir pour le17 septembre une reprise de l'offensive ennemie dans la région au nordde l'Aisne. Cependant, ce n'est pas de sa gauche que s'inquiète le généralFranchet d'Espèrey, mais de sa droite.Le départ du icr C. A. crée un vide entre la position de Courcy, occupéepar les troupes du général Hache, et Bétheny. Dans le but de renforcercette région, particulièrement menacée par l'ennemi dans la journée du 16,le général Franchet d'Espèrey se décide, vers 7 heures, à rapprocher deReims le corps de cavalerie du général Conneau. Les éléments d'infanterieet d'artillerie de ce corps, prêtés la veille au 18e C. A., sont rappelés,puis dirigés par des moyens rapides sur Champigny à la disposition du3e C. A. 1. Le général Conneau a ordre de suivre immédiatement avec sestrois divisions et de s'installer dans la région de Pargny-les-Reims, prêt àintervenir dans la région au nord-ouest de Reims2. -A partir de 7 heures, au moment où le C. C. se prépare à glisser versle sud-est, des nouvelles peu rassurantes sont adressées par le généralDuplessis 3, chargé, après le départ du 1er C. A., de défendre Bétheny et lalisière nord-est de Reims :

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7 heures : reprise du bombardement de Reims par l'ennemi, àl heures. Bombardement incessant de Bétheny. L'ennemi masse destroupes en arrière du moulin (entre Cernay et la grande route de Witry).1 Ve armée à 18e C. A. Télégramme n° 2 573 ter/3, 7b30, 17 septembre. V*armée. Ordre général n° 574/3, 8b i5, 17 septembre, Annexe 275. - 3 Le général Duplessis avait à sa disposition la 2° D. I. (moins la 4e brigade) et ungroupe d'A. L. *TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 738h i 5 : l'ennemi devient menaçant du côté de Cernay. Le bombardementde Reims devient de plus en plus violent.8h 3o : Bétheny est complètement isolé. Une attaque sérieuse sedessine sur le faubourg de Cérès, venant de Cernay.Au nord de l'Aisne, au contraire, les premiers renseignements parvenusau Q. G. de la Ve armée peuvent faire croire à une accalmie.Au 18e C. A., la brigade Passaga du ioe C. A. n'a pas réussi à enleverCraonne 1 ; la brigade Doyen n'a pu enlever le Choléra2, mais le 1 8e régiment(72e brigade) a repris la partie nord de la Ville-aux-Boisl. Leséléments de la brigade Pichon (38e D. I.) qui, la veille, à 17 heures,s'étaient installés dans Ailles et avaient envoyé des reconnaissances surChermizy et Bouconville, conservent toujours leurs emplacements.La canonnade s'est ralentie sensiblement. Le passage de Roucy,Pontavert, n'est plus bombardé. Le général de Maud'huy a même l'impressionque l'ennemi recule dans la région Juvincourt, Berry-au-Bac.Le 4e G. D. R., de son côté, s'est installé dans la partie nord de Berryau-Bac, d'où il a chassé deux bataillons du 16e régiment d'infanterie, unbataillon de la garde prussienne et fait un certain nombre de prisonniers 3.Ces premières nouvelles de sa gauche sont, à gh 3o, télégraphiées parle général Franchet d'Espèrey au général en chef : « Offensive vers nordgauche Ve armée atteint l'Ailette et parait progresser dans bonnes conditions.Stationnaire sur reste du front4. »Cette accalmie n'est pas de longue durée. L'ennemi, en effet, développeau début de la matinée du 17 septembre, devant tout le front de laVe armée, l'offensive amorcée au petit jour dans la région de Reims. Lemouvement offensif s'étend même encore plus vers l'ouest contre les forcesdu 1er corps d'armée britannique.A 1o heures, le général Valabrègue annonce au général Franchet

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d'Espèrey l'attaque ennemie sur son front et son échec5.A ioh 3o, le général de Maud'huy signale qu'« une attaque terrible se1 18*C. A. à 1 V*armée. Message téléphoné, 8h 3o, 17 septembre 1q 14, Annexe 362. 4' G. D. R. à V. armée. Télégramme, 6hAo, 17 septembre IQIA.t 4' G. D. R. àV* armée. Compte rendu, 6 heures, 17 septembre IÛIA, Annexe 372. Y*armée à G.Q. G. Télégramme, ah 3o, 17 septembre i ni A. Annexe 276. 5 A* G. D. R. à V' armée. Message téléphoné, 10 heures, 17 septembre 1914, Annexe 373.74 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dessine sur Pontavert ». Il ajoute : « La Ville-aux-Bois a été reprise par lesAllemands qui pénètrent dans les bois vers Pontavert. La brigade Brulardest menacée d'être coupéel. »Dès la réception de ces nouvelles, le général Franchet d'Espèrey sehâte de faire face à cette attaque. A 1 ih45, il alerte le ier C. A. et luiprescrit de se tenir prêt à se porter, au premier ordre, par Ventelay etRoucy dans la direction de Pontavert 2.A 12h 3o, ayant appris l'attaque dont les forces du général Duplessisétaient l'objet aux lisières de Reims, il demande au général Hached'appuyer l'aile gauche du 1oe C. A. et de profiter de toutes les occasionspour contre-attaquer énergiquement3. Il adresse aussi un télégramme augénéral Defïorges, commandant le 10e C. A. dont dépend le généralDuplessis : « Attaque allemande signalée sur Bétheny. Contre-altaquez avecdernière énergie et refoulez ennemi 4. »A 13 heures, il télégraphie encore au général Deligny : « Mettez-vousen relations avec le i oe C. A. N'hésitez pas à engager votre artillerie pourle soutenir5. IlAu moment où le général Franchet d'Espèrey oppose à l'ennemi, grâceà l'énergie de ses troupes, une barrière infranchissable, parviennent auQ. G. de la Ve armée les instructions particulières nos 28 et 29, dugénéral en chef.Le général Joffre lit maintenant dans le jeu de son adversaire. Pressentantles événements futurs, il écrit à ses armées du centre (Ve, IXeet IVe) : 0II est essentiel que la Ve armée puisse intervenir de façon trèssérieuse dans une action que l'ennemi pourrait tenter contre son ailegauche ou contre les troupes britanniques. »Il modifie dans ce dessein le dispositif de ces armées par une extensiondu front de la IXe armée au profit de la Ve.Le 10e C. A., relevé par la IXe armée, se portera sur Courlandon avec

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1 18*C. A. à Ve armée. Compte rendu, 1Oh30, 17 septembre 1914, Annexe 363.2 Vearmée. Ordre particulier au 1" C. A., n° 570/3, 11 45, 17 septembre 1914.Vearmée à 3' C. A., n° 577/3, 12 3o, 17 septembre îqia, Annexe 277.4 Veannée à 10eC. A. Radiochiffré n° 578/3, Ia 3o, 17 septembre iqi4, Annexe 278.6 Vearmée à 1er C. A. Ordre au Ier C. À. n° 576/3, i3 heures, 17 septembre 1914,Annexe 279.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 111. 75une mission identique à celle attribuée l'avant-veille au icr C. A. : «prêtà s'engager face au nord à l'appui du 18e C. A., ou face au nord-ouest aucas où il y aurait une contre-attaque à prononcer dans cette direction1. »Cependant le général en chef se rend compte que la décision de labataille ne peut être obtenue à l'est de l'Oise, et il renonce, pour lemoment, à toute action ayant pour but la rupture du front adverse. Il commenceà faire sur le reste du front des prélèvements de forces pour lesporter à son aile gauche où la manoeuvre d'enveloppement se poursuit 2.Le commandant de la Ve armée est invité à diriger immédiatement surCompiègne le corps de cavalerie Conneau, à l'exception de la 4e D. C.maintenue à la Ve armée 3.En possession de ces instructions, le général Franchet d'Espèrey semet aussitôt en rapport avec le général Foch, commandant la IXe armée,vers qui il dépêche un de ses officiers porteur d'une lettre4 et de lasituation du 1ou C. A. 5.Il transmet au général Conneau l'ordre qui le concerne et charge legénéral Abonneau, commandant la 4e D. C., de prendre à son compte lamission donnée, pour le 18 septembre, au corps de cavalerie6.Que s'est-il passé, pendant ce temps, sur l'ensemble du front de laVe armée et en particulier vers la Ville-auxBois, région spécialementmenacée depuis le matin et dans laquelle, d'après le général de Maud'huy,une puissante attaque se dessinait sur Pontavert ?Après avoir conquis, vers 10 heures du matin, le village de la Villeaux-Bois, l'ennemi, s'infiltrant par les bois, a tenté de se diriger sur Pontavert.Des combats confus se sont livrés pendant toute la matinée dans lebois des Buttes et dans les boqueteaux au sud. Les assaillants, d'abordcontenus avec peine, ont été finalement repoussés.

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1 G. Q. G. à Ve, IX. et IVearmées. Instruction particulière n° 28, n° 5621, 9h 20, tembre 17 sep- 191/i, Annexe 242.2 Cf. chapitre il.3 G. Q. G. à VIe, V, IX., Ille armées. Instruction particulière n" 29, n° 565i, io'' 5o,174septembre iqi4, Annexe 244. V. armée à IX*armée. Lettre n° 58i/3, 1Ah3o, 17 seotembre iqiA, Annexe 281. 5 V' armée. Situation du 10" C. Á. n°-58o/3, 14 heures, 17 septembre 1914. Annexe 280.o V. armée. Ordre particulier au corps de cavalerie, n° 583/3, 17 heures, 17 septembre1914.76 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Sur la crête du Chemin des Dames, la lutte n'a pas été moins dure.Menacés d'être débordés par l'ouest à la suite d'un repli marqué par l'ailedroite britannique, les éléments de la brigade Pichon (38e D. I.) installésà Ailles ont évacué le village, entraînant dans leur retraite les unités decette brigade occupant la crête. Ce mouvement de recul a laissé légèrementen flèche la gauche de la 36e D. 1 , installée à Hurtebise. Malgré lesattaques dont elle aussi a été l'objet, cette D. I. conserve cependant, en finde journée, le front qui lui était assigné.La nuit, de ce côté, met fin aux engagements.Dès i 4h4 o, le général de Maud'huy a pu envoyer à Pargny un télégrammerassurant : « Attaque ennemie venant de Juvincourt et dirigée surPontavert par Ville-aux-Bois semble repoussée, grâce à interventionbrigade îfcrC. A.; 18e affirme avoir tiré sur colonnes d'infanterie allemandesévacuant bois de Ville-aux-Bois et marchant vers le nord. 38e D. I. a évacuéAilles, car débordée sur gauche par suite mouvement de repli W.1. Cependant,38e D. I., 36e D. I., brigade 10C C. A. tiennent toujours crêteChemin des Dames, moulin de Vauclerc, Craonnelle »2.Devant le front du 4e G. D. R., l'ennemi n'a pas renouvelé son effort.Du côté de Reims la situation est aussi satisfaisante. A î Gh 20, l'officierde liaison de l'armée auprès du 1oe C. A. annonce au Q. G. de la Ve arméepar radio : « Attaque repoussée sur Cernay et contre-attaque en cours surWilry3. »

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Le général Franchet d'Espèrey peut donc, à la fin de l'après-midi, télégraphierau G. Q. G. : «Attaques repoussées et contre-attaquées4, » etprendre en toute liberté d'esprit les dispositions pour la journée dulendemain.Assuré d'autre part d'être fortement appuyé à l'est, ce jour-là, parla IXe armée 5, il donne aux unités placées au sud de l'Aisne une missionde défensive agressive analogue à celle donnée le 16 septembre au soir.1 W. : abréviation désignant l'armée 2 britannique. 18' C. A. à V' armée. Télégramme, i/ih do, 17 septembre ioi4. 3 1o* C.A.Radio, 16h20, 17 septembre ioi4. 4 Vearmée à G.-Q. G. Télégrammechiffré, i 9ha5, 17 septembre19ili, Annexe 282. 1 5 G. Q. G. a V' armée. Télégramme chiffré, n° 5737, 10 00, 17 septembre 1914,Annexe 251.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 77Le rôle actif sera confié, comme le général Joffre l'a prescrit à maintesreprises les jours précédents, aux troupes de la rive nord de l'Aisne.Cependant, le 17 septembre, le général en chef, sentant que désormaisles efforts de ses troupes entre Oise et Argonne resteront vains, arrête lalutte de ses armées du centre. Il destine ces armées non plus à attaquermais à conserver une attitude de défensive agressive, à tenir l'ennemiCIsous menace offensive pour empêcher se dégager et effectuer mouvementsglissements une partie front sur autre 1 ».Le général Franchet d'Espèrey maintient néanmoins comme valablepour le lendemain, 18 septembre, l'ordre de «rompre le dispositifennemi », adressé le 15 septembre au soir par le général en chef. C'estdonc un ordre d'attaque que reçoit la gauche de la Ve armée.Le ifcr C. A., couvert à droite contre une attaque possible débouchantde la région Juvincourt, Guignicourt, prononcera, avec une division, uneattaque en direction de Craonne, Corbeny. Le 18e C. A., lorsque le1er C. A. sera arrivé à hauteur, exécutera aussi une attaque en directionde Chermizy, Bouconville.Le 1oe C. A. sera, après relève par la 52e D. R. et la division marocaine(IXe armée), poussé dans la région de Fismes, prêt à s'engager, le caséchéant, entre le 18e C. A." et le 1er C. A. britanniqueLa Ve armée a remporté, pendant la journée du 17 septembre, unsuccès incontestable. En face d'elle, l'ennemi, qui a cependant engagéau nord de l'Aisne des forces sans cesse accrues 3, n'a obtenu aucun avantage

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appréciable. Elle lui a opposé partout une résistance opiniâtre. Ellene lui a pas permis d'entrevoir la réussite de ses efforts de rupture.**¥Pour le 18 septembre, les renseignements recueillis en fin de journée1 G. Q. G. à V*,IX*et IV*armées. Instruction particulière n° 28, n° 56a1, tembre 1 g*20, 17 sep- i q 14, Annexe 242. V* armée. Ordres généraux n" 585/3, 20 heures, et n* 586/3, aih 40, 17 sep- tembre 101A. Annexes 283 et 284.* C. A. identifiés par renseignements de contact: VII* C. A., VII. C. R., XV* G. A.,XII. C. A., Garde.78 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.du 17 laissaient supposer la continuation d'une offensive puissante del'ennemi en direction de Pontavert 1.Contrairement aux prévisions, ce n'est pas au nord de l'Aisne, mais ausud de cette rivière qu'une action de détail, menée par l'adversaire dansla nuit du 17 au 18, menace de compromettre la sécurité de la Ve arméetout entière.Vers 2 heures du matin, une attaque se déclanche sur la Verrerie etla station de Courcy tenues par la 5e division, au moment précis où leséléments de première ligne vont être relevés. Cette brusque apparition del'ennemi amène, en pleine obscurité, une confusion sérieuse au cours delaquelle éléments relevés et relevants refluent en désordre vers le pont ducanal, poursuivis par les assaillants.La Verrerie, la station du chemin de fer, le pont du canal, le villagede Courcy sont successivement abandonnés.Le général Mangin, commandant la division, parvient à regrouper sestroupes au pied des hauteurs de Saint-Thierry où il forme un barrageface à l'est.L'ennemi, surpris sans doute de la facilité avec laquelle il a rejeté leséléments de la 5e division à l'ouest du canal, ne paraît pas disposer deforces suffisantes pour poursuivre son avantage. Il se contente d'occuper levillage de Courcy et le moulin situé à 500 mètres du village, où il seretranche.Le général Franchet d'Espèrey, averti de cette échauffourée, se hâte,afin de de limiter le recul de son flanc droit, de pousser vers Mâco unebrigade et un groupe d'artillerie du 1oe C. A. en cours de relève et les metà la disposition du général Hache2.Il se décide peu après à maintenir dans la région au nord-ouest

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de Reims le 10e C. A. tout entier, en vue de reprendre les positionsperdues3.Vers midi, il prévient le général Joffre que le 10e C. A. devant dégagerle 3e ne pourra « aujourd'hui gagner région Courlandon »1 Cf. carte n° 10.* Vearmée. Ordre particulier pour le io* C. A., 7U45, 18 septembre 191a, Annexe 433.;', V*armée. Ordre particulier à io* et 3e C. A., n° 588/3, 9 heures, 18 septembre 1914,Annexe 434.4 V. armée à G. Q. G. Télégramme chiffré, 12103o, 18 septembre 19 II., Annexe 435.TOME 1, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 79Après avoir pris cette mesure de sécurité, le général Franchet d'Espèreyse rend dans l'après-midi à Maizy et Roucy, auprès des générauxde Maud huy et Deligny, pour se rendre compte sur place de la situationau nord de l'Aisne.Certes l'offensive allemande ne s'est pas déclanchée, comme il s'y attendait;mais l'offensive des ier et 18e C. A., prescrite la veille, n'a pas eulieu. Elle ne pouvait pas avoir lieu. Comme l'écrivait, le 18 septembreà 1 heure, le colonel de Lardemelle, chef d'état-major du ier C. A., cecorps d'armée n'était pas en mesure d'attaquer en direction de Corbeny.La division du général Brulard, chargée de cette attaque, n'était pas,le 18 septembre au matin, rassemblée face à son objectif. Une brigade setrouvait vers le château de Blanc-Sablon avec deux bataillons engagés versla ferme Hurtebise dans le secteur de la 36e division; l'autre avait étéjetée, la veille, dans le massif de la Ville-aux-Bois par le généralde Maud'huy, pour dégager une brigade de la 35e division; elle s'y trouvaitencore mélangée à cette dernière 1.Quant au 18e C. A., il était soumis, sur la crête du Chemin des Dames,principalement en son centre, à un bombardement violent d'artillerielourde ennemie. Le général de Maud'huy craignait même que son infanteriene pût tenir contre une attaque se produisant dans la soirée ou dansla nuit 2.Après avoir vu le général de Maud'huy à Maizy, le général Franchetd'Espèrey s'arrête à Roucy au quartier général du 1er C. A. Jugeant lasituation du 18e C. A. plus précaire que celle du ier, il donne vers16 heures, sur place, au général Deligny, l'ordre de laisser au général

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de Maud'huy les éléments de la brigade Passaga engagés à Hurtebise, etde lui renvoyer aussitôt le 18e régiment d'infanterie encore dans la régionde la Ville-aux-.Bois 3.L'ennemi, contre toute attente, n'ayant pas attaqué au nord de l'Aisne,la journée se passe pour le 18e C. A. à regrouper les unités de la1 Colonel de Lardemelle, chef d'état-major du 1" C. A., à Vo armée. Lettre, 1 heure,182septembre iqiA, Annexe 461. V* armée. Ordre pour le lor C. A., n° 5q3ii^/3, 16 heures, 18 septembre 1914,Annexe 437.;>V"armée. Ordre pour le 1" C. A. n° 593 bis/3, 16 heures, 18 septembre 1914, Annexe437.80 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.35e division à l'ouest de la route Pontavert, Corbeny, donnée commelimite entre les 1er et 18e C. A. Quant au 1er C. A., il installe solidementsa division de tête au nord-est de Pontavert, entre la route Pontavert,Corbeny, et l'Aisne.De retour à Pargny, le commandant de la Ve armée, avisé que ducôté de Courcy la situation ne s'est guère modifiée pendant son absence,prescrit au général Hache et au général Defïorges de s'entendre en vued'une action commune dans la région de Courcy. « Si le 3e C. A. n'a pu,ce soir, rejeter l'adversaire à l'est du canal, écrit-il à 17 heures, legénéral commandant le IOe C. A. dirigera demain, au jour, une contreattaquedans la direction de Courcy l. »A 20h 3o, ces dispositions sont confirmées par son ordre d'opérationspour le 19 septembre, qui maintient en outre la mission offensive confiéeaux 1er et 18e corps pour le 182.Apprenant dans la soirée que l'entente prescrite aux généraux Hacheet Defforges n'a pu être réalisée3, le général Franchet d'Espèrey adresse,à 22 heures, un ordre particulier aux 3e el 10e C. A., dans lequel lamission de chacun est définie : le 3e C. A., renforcé d'une brigade dulOe C. A., est chargé d'assurer l'intégrité de la position Merfy, Saint-Thierry, Thil, Villers-Franqueux, Cauroy; le IOe C. A., « appuyant sagauche à Merfy, contre-attaquera les forces ennemies débouchées deCourcy, qui progresseraient à l'ouest du canal vers le pied deshauteurs4 ».Bien que les ordres donnés le 18 septembre en fin de journée soient

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des ordres d'attaque, le général Franchet d'Espèrey n'est pas sans préoccupationpour l'avenir.Les troupes de la Ve armée, épuisées par cinq journées de luttes trèsdures, décimées par une artillerie lourde non contre-battue faute dematériel suffisant, paraissent à la merci d'une entreprise sérieuse deleur adversaire.1 Ve armée. Ordre particulier au 10* C. A. n° 592/3, 17 heures, 18 septembre 1914,Annexe 438.2 V"armée. Ordre général n° 5q4/3, 20h 30, 18 septembre 1914, Annexe 440.3 D'après le journal des marches et opérations de la Voarmée, journée du 18 - septembre. Vo armée. Ordre particulier pour les 3e et 10* C. A., n* 596/3, 22 heures, 18 septembre1914, Annexe 442.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 81LAGRANDGEUERR—E. 1, 4*VOL. 6Le général Franchet d'Espèrey, confirmant dans une lettre personnelleun télégramme adressé à 21 heures', expose en détails au général enchef la situation difficile de son armée « engagée à fond sur deux frontspresque en équerre ».Sur le front nord, le 18e C. A. tient avec peine le Chemin desDames.Sur le front est, le 3e C. A. a subi un échec sensible et s'est repliépresque en entier au pied des falaises.Le transfert, sur le front nord, du 1oe C. A. permettrait d'appuyer avecefficacité le 18e C. A., mais, actuellement, sa présence dans la région aunord-ouest de Reims paraît nécessaire pour garantir la solidité du flancdroit de la Ve armée.Pour motiver plus complètement sa décision, le général Franchetd'Espèrey développe sa pensée : « D'ailleurs, sa présence (du 10e G. A.)face à l'est, en soutien du 3e C. A. très éprouvé et très réduit, est pourle moment indispensable. Il faut absolument constituer face à l'est unbarrage infranchissable, car si l'ennemi, faisant irruption par Reims surma droite, parvenait à progresser dans la direction de Fismes ou deChâteau-Thierry, le 4e G. D. R., les ier et 18e C. A., et même l'arméeanglaise seraient compromis. » Afin de rassurer cependant le général enchef, il ajoute in fine : « La Ve armée tiendra sur l'Aisne et sur lesfalaises à l'ouest de Reims, mais il lui est pour le moment impossible

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de progresser en face des travaux ennemis et d'une artillerie qui ne peutêtre contrebattue2. »III. — LA Ve ARMÉE PREND, SUR L'ORDRE DU GÉNÉRAL EN CHEF,UNE ATTITUDE DE DÉFENSIVE AGRESSIVE.(19 ET 20 SEPTEMBR1E9 1 4. )Le 19 septembre au matin, la situation de la Ve armée paraît ainsiassez difficile. Il semble cependant que les renseignements sur l'ennemiparvenus au quartier général de Pargny, en fin de journée du 18, et les1 Yo armée à G. Q. G. Télégramme chiifré, 21 heures, 18 septembre îyi/i, Annexe441.Général Franchet d'Espèrey à général en chef. Lettre, 20h 3o, 18 septembre 1914.Annexe 439.82 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.nouvelles directives du général en chef, reçues dans la matinée du 19,puissent, dans une certaine mesure, atténuer les préoccupations dugénéral Franchet d'Espèrey.Le 18, en effet, vers i 6h 3o, l'investigation aérienne a permis deconstater un mouvement anormal et rapide de colonnes de toutes armes,de la région Juvincourt, Amifontaine, vers le nord, le nord-ouest et lenord-est 1.Ces déplacements, venant après une diminution sensible de l'activitéde l'infanterie adverse au nord de l'Aisne, sont de nature à faire croire.pour le 19 septembre, à un changement d'attitude de la part de l'ennemidans cette région.Le général Joffre, de son côté, a reçu dans la nuit du 18 au 19 septembrele télégramme adressé à 2 1 heures par le commandant de laVe armée. Il n'est pas sans éprouver, lui aussi, un léger souci pour la soliditéde son centre. Un succès de l'ennemi dans la région au nord deReims entraînerait peut-être pour la deuxième manoeuvre d'aile, qu'ilvient de confier au général de Castelnau à l'ouest de l'Oise, des conséquencesfâcheuses2.Il veut donc que le général Franchet d'Espèrey conserve ses positionsavec ses propres moyens.A cet effet, il lui adresse à 8h 3o un télégramme chiffré sur laconduite à observer. Pour le rassurer au sujet de ses flancs, il lui assure

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l'intervention à son profit des troupes d'aile du maréchal French et dugénéral Foch.« Il est essentiel que vous teniez et duriez, notamment au nord del'Aisne, pour couvrir le flanc droit de l'armée britannique et en vue del'offensive ultérieure.« J'envoie à la IXe armée le télégramme suivant : La Ve armée subit deviolentes attaques au nord et au sud de l'Aisne. Il est indispensable de l'appuyerpar tous les moyens en votre pouvoir. Prenez notamment vos mesures à votregauche pour lui permettre de disposer da 10e C. A. et appuyer son action.« Je demande à l'armée anglaise d'appuyer la gauche du 18e C. AM. 3.1Compte rendu de reconnaissances d'aviateurs anglais, 16b 3o, 18 septembre 1914.Annexe 405.2 Cf.2° 3 partie. - G. Q. G. à Ve armée. Télégramme chmré n° UO99, 8 00, 19 septembre 1914, Annexe511. fTOME I, 6e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 836.Durer et tenir, tels sont les deux termes essentiels de la mission de laVe armée.Durer, malgré les pertes sérieuses signalées, avec les effectifs dont elledispose et sans espérer de renfort.Tenir le front actuellement occupé, sans envisager de repli.Le général Franchet d'Espèrey, lorsqu'il reçoit cette directive, est enpossession d'un certain nombre de renseignements.Il sait que, du côté de Courcy, l'ennemi n'a pas essayé d'élargir satête de pont.Le IOe C. A., dont la mission était de rejeter, dès le matin, avec leconcours du 3e G. A., l'ennemi à l'est du canal, s'est borné, vraisemblablementpar ordre, à établir un solide barrage entre Merfy et la Neuvillette,évitant ainsi un contact trop étroit avec son adversaire1. Danscette région le calme règne.Au nord de l'Aisne, le 18e C. A. est, comme la veille, sérieusementengagé, mais le général de Maud'huy a bon espoir : «La ligne tient,écrit-il, malgré les pertes sérieuses subies2».A sa gauche, les Britanniques, eux aussi sérieusement inquiétés, ont

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devancé le désir du général en chef. Ils ont engagé au début de lamatinée, à leur extrême-droite, une nouvelle brigade et arrêté la progressionde l'ennemi.A la droite du 18e G. A., le ier C. A. renforce, dans le plus grandcalme, son organisation défensive; le 4° G. D. R. continue à opposerénergiquement sur le canal, comme le lui a prescrit le commandant dela Ve armée à 8 heures3, une barrière infranchissable aux entreprises deson adversaire.D'après ces renseignements, le général Franchet d'Espèrey adresse augénéral en chef, vers 15 heures, un télégramme rassurant : «Ve arméemaintient ses positions malgré pertes sérieuses surtout aux 3e et18e C. A. 4 » Son 2e bureau peut d'autre part écrire : « Nos vigoulIl n'a pas été possible, d'après les documents du S. H., de savoir pour quelles raisonsl'attaque du î oe C. A. s'est arrêtée sur la ligne Merfv, cote 2 02. 18*C. A. à V. armée. Télégramme, 7h3o, IQ septembre iqi4. 3 V armée. Ordre particulier pour le G. D.vR. n" 6oo/3, 19 septembre 1g14, Annexe543.4 V armée à G. Q. G. Télégramme chiffré n° 601, 15h i5, 19 septembre 1g14, Annexe544.84 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.reuses contre-attaques sur le front de la Ve armée ont amené aujourd'huiune diminution sensible dans l'activité de l'ennemi qui, dans l'ensemble,fait principalement usage de son artillerie » 1.La situation dans l'après-midi n'ayant pas subi de modifications, legénéral Franchet d'Espèrey prescrit à ses troupes de se mettre sur ladéfensive. Il insiste auprès de ses commandants de corps, en raison dela nouvelle mission confiée à la Ve armée, sur l'importance de « l'entretiendes voies de communication en arrière du front » et du perfectionnementdes « organisations défensives »2.Puis, dans son ordre général, revenant sur cette dernière recommandation,il demande encore aux corps d'armée d'améliorer sans cesse lestravaux exécutés sur les positions occupées « qu'ils doivent absolumentconserver ». Il prescrit en outre une stricte économie des forces mises enpremière ligne. Il maintient enfin le i oe C. A. dans la région au nordouestde Reims, « prèt à engager les forces nécessaires pour soutenir le

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3e C. A., au cas où celui-ci serait attaqué et aurait besoin de son appui3 ».** *Le 20 septembre, et alors que ces ordres sont à peine parvenus auxexécutants, l'ennemi déclanche, vers 4 heures du matin, une vigoureuseoffensive sur le front occupé par les icr et 18e C. A. au nord de l'Aisne.La lutte devient aussitôt très vive dans la région de la Ville-aux-Boiset sur la crète du Chemin des Dames. L'ennemi, en masses profondes,pousse jusqu'au corps à corps. Il semble même que l'assaillant ait faitappel aux troupes de la rive sud de l'Aisne pour obtenir, coûte quecoûte, un résultat positif.A gh 15, le général Valabrègue annonce au quartier général de Pargnyque les forces placées devant lui dans la région de Berry-au-Bac« paraissent se retirer vers la Ville-aux-Bois pour participer à forte attaque1 V' armée. Bulletin de renseignements n° 34, 16 heures, 19 septembre.V' armée. Note aux C. A., 19 septembre, Annexe 548.-3 - V* armée. Ordre général n° 6o5/3, 18 heures, et ordre particulier pour le io* L. A.n° 611 bis/3, 19 heures, 19 septembre 1914, Annexe 546.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE 111. 85LAGRANDGEUERR-E. 1,4* VOL. 6 Aallemande prononcée direction Pontavert1». A.io1 20, un nouveaumessage du même officier général signale que les troupes allemandes«qui occupaient la cote 91 et 100 semblent se retirer vers Aguilcourt2».La résistance est acharnée; cependant, devant la puissance des attaquesennemies, quelques points cèdent. La corne nord-ouest des bois de laVille-aux-Bois est perdue. Le moulin de Vauclerc est submergé sous leflot des assaillants.Le général de Maud'huy, après avoir signalé à 71145 que sa gaucheet son centre ont repoussé de violentes attaques3, ne cache pas, - versiok3o, au général Franchet d'Espèrey la gravité des événements qui sedéroulent sur son front : «La. situation devient plus sérieuse. , lagauche se maintient avec peine; le moral des troupes excellentmalgré leurs pertes. Les tirailleurs ont subi de nombreuses attaques à labaïonnette de la part de forces très supérieures en nombre4. » De soncôté, le général Deligny télégraphie vers 11 heures : ? Suis toujours trèsviolemment attaqué 5. » 1Le général Franchet d'Espèrey, n'ayant aucune crainte pour les corps

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situés au sud de l'Aisne, soumis uniquement à un bombardement intermittentet peu fourni de l'artillerie lourde ennemie, cherche à renforcerla résistance de son aile gauche. D. demande, à iih 45, au généralValabrègue d'appuyer par son artillerie la droite du ier C. A. 0; à midi,au 1er C. A., de lui faire connaître sa situation et d'agir en liaison avecle 18e7.La réponse du général Deligny ne se fait pas attendre. A midi 15, elleest rédigée en quelques mots : « Très violemment engagé sur mon frontdepuis ce matin. Ai dû engager une partie de ma réserve8. »Le commandant de la Ve armée, jugeant alors que le 1er C. A" trèsG. D. R. à V. armée. Message téléphoné, 9h i5, 20 septembre 1914, Annexe 688. :! G. D. R. à Vearmée. Message téléphoné, IOh20, 20 septembre i n14, Annexe 689. 3 18" C. A. à Vearmée. Télégramme, 7h 45, 20 septembre iqi4-_u1 18eC. A. àVe armée. Message téléphoné, ioh3o, 20 septembre iqid. 5 ier C. A. à Vearmée. Message téléphoné. 111i5. 20 septembre iqiA. 6 Vearmée au G. D. R. Télégramme,n° 616/3, 1i-k45, 20 septembre 1914, Annexe 633. 7 V. armée à 1er C. A. Télégramme n° 615bisj3, 12 heures, 20 septembre 19i4, Annexe634.8 1er C. A.à Ve armée. Radio-télégramme chiflré, i2h i5.,- 20 septembre igi4, Annexe663. -80 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.engagé lui-même, ne pourrait apporter à son voisin de gauche qu'uneaide problématique, se décide, à IfJ heures, à faire donner sa réserve.« Portez immédiatement, écrit-il à sa réserve d'armée, un régiment à ladisposition du 18e C. A. à Muscourt, l'autre régiment à la dispositiondu 1er C. A. à Roucy 1. »Après avoir ainsi étayé dans la mesure de ses moyens les corps menacés,le général Franchet d'Espèrey prévient par télégramme, vers 16 heures,le général en chef, de l'attaque allemande à son aile gauche et de l'ordredonné à sa réserve 2.La lutte acharnée que livre depuis le matin l'infanterie allemandesemble, au début de l'après-midi, diminuer d'intensité. L'ennemi paraîtne plus pouvoir poursuivre son effort. La réaction française est alorsimmédiate.Le 1er C. A. s'élance à l'assaut des positions perdues dans les bois dela Ville-aux-Bois et parvient à les reprendre3.

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Le 18e C. A., moins favorisé, regagne bien une partie du terrainconquis par l'ennemi; mais le moulin de Vauclerc reste entre lesmains de l'assaillanteCes nouvelles sont aussitôt transmises au quartier général de Pargny.Si les messages envoyés par les ier et i 8e C. A. sont unanimes à constaterl'échec de l'offensive allemande, celui du i 8e C. A. est particulièrementagréable au général Franchet d'Espèrey. « En somme, écrit en terminantle général de Maud'huy, ayant successivement repoussé toutes les attaques,le 18e C. A. se considère à l'heure actuelle comme vainqueur. »Durer et tenir, notamment au nord de l'Aisne, telle avait été la dernièredirective du généralissime. Les troupes du ier et surtout dui 8e C. A. avaient répondu avec un esprit de sacrifice admirable à cequ'attendait d'elles le général en chef. Elles avaient duré et tenu avec uneénergie indomptable, barrant la route, au prix de pertes sérieuses, à unadversaire résolu qui, finalement, renonçait à son attaque.Ve armée. Ordre à la brigade en réserve d'armée, nu 617/3, 14 heures, 20 septembre2 1914. - Vearmée à G. Q. G. Télégramme chiffré, 15h45, 20 septembre 1914, Annexe 636.3 1erC. A. à Ve armée. Télégramme, 17h25, 20 septembre iqi4, Annexe 664.4 18e C. A. à V"armée. Télégramme, 1 6h10,20 septembre 1}lâ, Annexe 683.TOME I, V VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE III. 87ÇA.Le général Franchet d'Espèrey, en transmettant au grand quartiergénéral le bulletin de cette victoire renouvelait, en fin de journée, à sescommandants de corps d'armée la mission qui avait été si parfaitementremplie au cours de la journée du 20 septembre : « Durer et tenir. »A Châtillon, l'inquiétude n'avait pas été de longue durée.Sitôt en possession du télégramme de i5h 45 du général Franchetd'Espèrey, le général Jolïre avait senti également la nécessité d'apporterune aide efficace à l'aile menacée. A 18 heures, à l'instant donc où legénéral commandant la Ve armée lui annonçait l'admirable résistance deses troupes, il lui télégraphiait l'autorisation de disposer de son dixièmecorps pour toute mission utile2.Lorsque ce télégramme parvient au quartier général de Pargny, lanécessité d'un secours immédiat au profit des troupes situées au nord del'Aisne ne se fait plus sentir. Le 1oe C. A. reste sur ses positions3.A la suite de ces combats glorieux, le général en chef adresse dans la

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soirée ses plus vives félicitations aux ier et 18e C. A. Il témoigne sasatisfaction en conférant au général de Maud'huy la cravate de commandeurde la Légion d'honneur.En résumé, la manoeuvre conçue le 14 septembre par le général enchef, tendant à séparer l'aile droite ennemie du reste des forces allemandes,se termine, le 20 septembre, sur les deux rives de l'Aisne, sansmême avoir pu être amorcée.Quelles causes ont empêché cette manoeuvre centrale de recevoir uncommencement d'exécution ?Userait nécessaire, pour les déterminer, de remonter au lendemain dela bataille de la Marne.Il faudrait alors suivre de près la marche en retraite des armées allemandes,voir peu à peu la brèche s'élargir entre les deux armées d'ailedroite, remontant, l'une vers le nord, l'autre vers le nord-est.1 Ve armée à G. Q. G. Message téléphoné n° 623/3, 18 heures, 20 Annexe septembre 191/1, 638.2 G. Q. G. à Voarmée. Message téléphoné n° 64n, 18 heures, 20 septembre 191/1. Annexe 607.3 V armée à 1",3e, 10", 18e G.A. et G. D. R. Télégramme n° 624/3, i8h i5, 20 sep- tembre 1914, Annexe 639.88 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Il faudrait aussi étudier la poursuite menée par l'armée britannique etla Ve armée, la première avançant à une allure peu rapide, la secondeprogressant dans une direction oblique par rapport à la direction idéaleet venant se heurter de front à un des bastions de la résistance adverseoù son effort se brise impuissant.Il faudrait enfin étudier le développement de la bataille livrée dans labrèche entre les troupes allemandes sans cesse renforcées et la gauche dela Ve armée, celle-ci luttant de tout son courage, mais ne possédant passur son adversaire, la supériorité des moyens1.Une constatation s'impose. Si les espoirs un moment entrevus ont étédéçus, la tentative de manoeuvre centrale menée par la Ve armée a dumoins obtenu un résultat d'une portée considérable : elle a attiré et maintenuau sud de Laon une partie importante de la masse de manoeuvrerassemblée par la « Direction Suprême», masse qui aurait pu être employéesur une autre partie du front, notamment face à l'aile gauchedes armées alliées.

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1 Cette étude critique sortirait du cadre d'un ouvrage dont le seul objet est de présenter,dans un ordre logique, les documents français.CHAPITRE IV.LA BATAILLE DE CHAMPAGNEAUX ARMÉES DU CENTRE.(1 A-22 SEPTEMBRE 19111.)(Cartes 12 et 1.3.)I. — SITUATIONDESARMÉEDSUCENTRELE 14 SEPTEMBR1E9M AUSOIR.Dispositif des armées; leur état physique et moral. Directives du général en chef. Ordresdonnés par les commandants d'armée pour le 15 septembre.II. — VAINSEFFORTSDE LA IX* ARMÉEPOURREFOULERSONADVERSAIRVEERSLENORD(14-21 SEPTEMBRE 1914).Echec des tentatives contre la gauche, puis le centre, des forces opposées à la IX' armée.Instructions particulières du G. Q. G. du 17 septembre.Reprise de l'attaque, le 18 septembre, contre le centre de la ligne ennemie (Massif deMoronvilliers)Intervention du général Joffre au profit de la V' armée, le 19 septembre. Attaque del'ennemi vers Souain. Le général Foch reporte ses efforts à droite (Epine de Védegrange)puis prépare une sérieuse offensive sur sa gauche (Massif de Berru, Nogent-l'Abbesse).Le contre-ordre du 20 septembre. Le projet d'attaque du général Foch ajourné à lasuite du départ du Il' corps.III. — TENTATIVERSÉPÉTÉEESTIXFRUCTUFUSELSADIEV"ARM-TEDUI4 AU22 SEPTEMB1R9E14.Reprise de la bataille sur tout le front le 15 septembre.Intervention du général Foch. Arrêt des attaques du centre et de la droite de la IV' arméele 16 septembre.Nouvelle intervention du général Foch. Reprise de l'offensive avec la gauche renforcée.Instructions particulières du G. Q. G. du 17 septembre.

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La IV*armée se met le 18 septembre sur la défensive. Conception du général de Langlede Cary sur la défensive agressive. État physique et matériel de l'armée.Éventualité d'une offensive ennemie dans la zone centrale. Décision du général en chef(19 septembre).Opération de détail sur la Butte du Mesnil. Nouvelles peu rassurantes de la Woëvre(20 septembre).Reprise de l'offensive les 21 et 22 septembre. La IV. armée se met sur la défensive.90 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.1. - SITUATION DES ARMÉES DU CENTRELE 14 SEPTEMBRE AU SOIR.Le bastion de Berru, 'Nogent-TAbbesse, contre lequel est venue seheurter la Ve armée après la Marne, se prolonge vers l'est jusqu'à la valléede la Suippes par une succession de collines boisées que dominent le MontCornillet, le Mont-Haut et un ensemble de petites croupes également boiséessurnommé Massif de Moronvilliers.Au sud et au pied même de ces collines court, d'ouest en est, se prolongeantà travers toute la Champagne, de Reims à Vienne-la-Ville, l'ancienneChaussée Romaine. Cette ligne paraît avoir été prédestinée à matérialisersur le terrain la limite du mouvement de retraite des 3e et 4e arméesallemandes. Si à l'ouest, devant l'armée saxonne, la IXe armée françaiseest venue, en cette fin de journée du 14 septembre 19 14, border cetteligne sur. presque tout son parcours sans pouvoir la franchir, à l'est parcontre, la IVe armée française l'a sensiblement dépassée1.Bousculant au delà de la Chaussée Romaine la 4e armée allemande enretraite, la IVe armée française a poussé ses éléments avancés sur le ruisseaude Marson et la vallée inférieure-de la Tourbe.Le général Foch, commandant la IXe armée, signale que sa progressionest très lente ; ses éléments de tête sont, à peu près partout, arrêtés par uneinfanterie solidement retranchée et appuyée par une nombreuse artillerie 2.A l'est, le général de Langle de Cary, commandant la IVe armée, ne paraîtpas rencontrer les mêmes difficultés dans sa poursuite. « LaIVe armée a euaffaire toute la journée à des arrière-gardes ennemies fortement appuyéesdfartillerie 3. »

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En Champagne, les armées du centre semblent donc, le 14 septembreau soir, celle de l'ouest, la IXe armée, sérieusement accrochée, celle del'est, la IVe armée, capable encore de manoeuvrer.Avant d'étudier la suite des opérations qui vont se dérouler sur cette1 Cf., carte n° 12.2 IX' armée. Compte rendu de fin de journée, 21h30, 14 3 septembre 1914. IVe armée à G. Q. G., Messagetéléphoné, 17*45, i4 septembre 19 14.TOME 1, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. —CHAPITRE IV. 91partie du front pendant la période du î 5 au 2 1 septembre, il parait nécessairede situer sur le terrain l'ensemble des forces de ces armées et derappeler la mission qui leur a été confiée par le général en chef au coursde la poursuite après la Marne.A l'ouest, la IXe armée (Q. G. Châlons-sur-Marne) borde sensiblementl'ancienne Chaussée Romaine, depuis les Deux-Maisons (nord de Prunay),où elle est en liaison avec la droite de la Ve armée ( ioe C. A.) jusqu'àl'auberge dè l'Espérance.L'ancienne Chaussée Romaine est tenue depuis les Deux-Maisons, àl'ouest, jusqu'au chemin Baconnes, Vaudesincourt, à l'est, par le 9e C. A.(général Dubois). Le 1ie C. A. (général Eydoux) occupe Saint-Hilaire etla ferme des Wacques. Entre ces deux corps, la liaison est assurée par la42e D.I. (général Grossetti) dont les éléments de tête occupent l'aubergede l'Espérance. Enfin, à l'est du 1 ie C. A., le 2 ie C. A. (général Maistre)est arrêté devant Souain et dans la zone boisée à l'est de ce village. Lesdeux divisions de cavalerie de laIXe armée sont l'une, la 6e D. C. (généralde Mitry), aux abords de Suippes, l'autre, la -9e D. C. (général de l'Espée),à la gauche et en arrière du 9e C. A. dans la zone Ambonnay, Tauxières,Louvois.A l'est, la IVe armée, (Q. G. à Dommartin-sur-Yèvre), est disposée commesuit: à l'ouest, le 17e C. A. (général J. B. Dumas), de la cote 2041 jusqu'àMassiges par les cotes 1892; au centre, le corps d'armée colonial(général Lefèvre), de Massiges jusqu'à la voie ferrée Sainte-Menehould,Vouziers, par les pentes sud du ruisseau de Marson, la Tuilerie3, la bergesud de l'étang de Ville et la lisière nord du bois d'Hauzy ; à l'est, le 2e C. A.(général Gérard), de la vallée de l'Aisne jusqu'aux pentes ouest de laforêt d'Argonne par la ferme de la Chapelle et Servon. En arrière du17e C. A. et du C. A. colonial s'échelonne le 1 2e C. A. (-général Roques)dont un élément a été engagé dans la zone du 17e et un autre, la 45* brigade,se trouve à Sainte-Menehould.

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A l'est, les armées du centre sont séparées de la IIIe armée par la forêt1 1.5oo mètres sud-ouest de 2 Perthes-les-Hurlus. Sud de Hurlus et de Le Mesnil-ies-Hurlus. 3 Nord de Ville-sur-Tourbe.92 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dArgonne. Un détachement fourni par cette armée occupe la vallée de laBiesme depuis Futeau, au sud, jusqu'à la Chalade, au nord.Comme les Ve et VIe armées, les armées du centre sont à bout desouffie. Depuis la bataille de la Marne, les comptes rendus sont unanimesà signaler l'état d'épuisement des hommes et des chevaux; leurs efforts nepeuvent se poursuivre longtemps.Au cours des journées des i3 et 14 septembre, les unités des arméesdu centre ont progressé, particulièrement dans la zone de la IVe armée, àtravers un terrain de parcours difficile, détrempé par la pluie qui, depuisle 11 septembre, ne cesse de tomber.Elles se ressentent durement de leurs pertes en chevaux; ces dernièresne peuvent être compensées, les centres de groupement de chevaux,organes de ravitaillement placés en arrière des armées, étant vides.Cette pénurie d'attelages provoque un ralentissement marqué dans les ravitaillementsde toute nature, contribuant ainsi à diminuer encore plusla capacité offensive des unités. En outre, les coffres sont vides et ladirection de l'arrière ne peut répondre, faute de ressources, à toutes lesdemandes de munitions qui lui sont adrèssées 1.Le 14 septembre, l'ennemi fait tête et la poursuite s'arrête en Champagnecomme elle s'est arrêtée sur l'Aisne.Le général en chef n'envisage cependant pas l'arrêt de ses armées ducentre. En effet, les directives adressées dans l'après-midi, précisant lerôle des IVe et IXe armées, ont un caractère nettement offensif.Pendant que les armées de l'ouest mettront hors de cause l'aile droiteennemie et que les armées de l'est garantiront le flanc droit des arméesfrançaises contre toute entreprise ennemie partant de Metz, Thionville,«les IVe et IXe armées doivent refouler l'ennemi jusque sur la Meuse et larégion difficile des Ardennes, s'il continue à se replier, ou le contenir, s'iltentait de faire face pour porter secours à son aile droite. Ces deux arméeseffectueraient donc, dans l'ensemble, un mouvement de conversion vers lenord-est qui pourrait les amener sur le front Stenay, Rocroi. La IVe armée1G.Q. G., à ministre de la Guerre. Télégramme n° 2887, 18 heures, 9 septembre 1914.TOME I, 4" VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 93

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aurait sa densité sur sa droite de manière à pouvoir déboucher au delà dela Meuse en terrain libre au moment opportun. 1. »Ainsi, deux éventualités peuvent être envisagées par les commandantsdes IXe et IVe armées : poursuivre l'ennemi, s'il se replie, ou le contenir,s'il tente de faire face.Or, devant la IXe armée, les Allemands arrêtent leur mouvement deretraite et paraissent vouloir accepter une nouvelle bataille 2.BÈ,La IXe armée devrait donc contenir son adversaire, mais le général Fochest persuadé que, celui-ci, à l'abri de fortes arrière-gardes sérieusementretranchées, poursuit néanmoins, avec moins de précipitation peut-être,sa marche rétrograde'; obéissant, en outre, à sa nature ardente, il ne peutse résoudre à voir les Allemands reprendre peu à peu leur liberté demanoeuvre. Il prescrit donc à ses lieutenants d'attaquer « l'ennemi en retraite5 ».Devant le front de la IVe armée, l'ennemi a visiblement ralenti son mouvementde retraite, mais ne paraît pas l'avoir terminé. «La IVe armées'est heurtée le 14 à tout ou partie des VIIIe et XVIIIe C. R. D'après lesrenseignements recueillis, ces formations ne tiennent qu'à l'abri de leurartillerie. IlLe général de Langle de Cary, disposant d'une supériorité de moyensincontestable en face d'un ennemi toujours en retraite, confirme à17 heures son ordre d'attaque de la veille4, direction de Somme-Py,Attigny pour le 1 7e C. A., Vouziers pour le corps colonial et Grand-Prépour le 2e C. A. 5.Le 14 septembre au soir, les IXe et IVe armées s'apprêtent donc à poursuivrela manoeuvre d'exploitation conçue par le général en chef et préciséepar lui dans l'après-midi.G. 0. G. Instruction 2 particulière n° a5, 5aoo, 13b5o, 14 septembre iqi4. IX' armée. Compte rendu de fin de journée, aib 3o, 14 septembre îciiA- 1 IV armée. Ordre général d'opéralios, 18h3o, M septembreici l4. 4 IV. année. Ordre général n" 5o, 13 septembre 19M; ordre général n* 51, 17 heures,et n° 5 2, 13 heures, 14 septembre iqi/1. à Le 19" C. A. sera conservé en réserve d'armée dans la vallée supérieure de la Tourbe.94 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.II. — VAINS EFFORTS DE LA IXE ARMÉE

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POUR REFOULER SON ADVERSAIRE VERS LE NORD.( 14-21 SEPTEMBRE 191/1)Les derniers comptes rendus parvenus au quartier général de laIXe armée, dans la soirée du 14 septembre, indiquent une nouvelle attitudede l'ennemi. Celui-ci, abandonnant sa marche en retraite vers lenord, paraît vouloir, sur la ligne Prosnes, Saint-Hilaire - le-Grand, Souain,organisée défensivement, esquisser une première résistance. Le généralFoch, prévoyant, le 15 septembre au matin, le cas où cette résistances'accentuerait, juge indispensable d'orienter ses commandants de corpssur les procédés d'attaque à employer en cette circonstance.«Si l'engagement simultané des forces du corps d'armée, indiqué dansl'ordre d'opérations, ne détermine pas la retraite de l'ennemi, cela indiquequ'il a sans doute maintenu sur la position plus que des arrière-gardes.Dans ce cas, l'attaque méthodique, l'enlèvement successif des pointsd'appui doivent être repris. a Fixant ces objectifs d'attaque, il désigne :- Souain pour le 2 1e C. A. et la droite du 1ie C. A.;- l'ancienne Chaussée Romaine à l'est de la Suippes, pour le 11e C. A. ;- Auhérive et Vaudesincourt, pour la gauche du 11e C. A. et laA2e D. I., et« ainsi de suite jusqu'à la gauche».Convaincu cependant que cet arrêt ne peut être de longue durée, ilprend bien soin d'ajouter que « si l'ennemi cède sur le front, la marche enavant de l'armée sera poursuivie en ordre déployé1 ».Le 15 septembre dans la matinée, les événements confirment l'impressiondu général Foch. Sur tout l'ensemble du front, de Prunay à Souain, lemoindre mouvement en avant des troupes françaises provoque une violenteréaction. La fusillade, les mitrailleuses et l'artillerie adverses entrenten jeu, empêchant toute progression. Chaque élément engagé dans labataille, collé au terrain, espère que la progression du voisin modifiera à1 IX" armée à 21e, llJO,9e G. A. et Il2, D. I., 5h3o, 15 septembre 1914, Annexe 43.TOME I, ï VOL.- PREMIÈRE PARTIE. —CHAPITRE IV. CJ5son profit la situation périlleuse dans laquelle il se trouve. Le voisin, rencontrantles mêmes difficultés, n'avance pas davantage.Au début de l'après-midi, un renseignement qui semble de nature àmodifier la situation parvient au commandant du 2 ie G. A. Celui-ci est eneuet avisé que la gare et les environs de Somme-Py sont encombrés detroupes allemandes prêtes à s'embarquer.Le général Maistre, après avoir pris contact avec le commandant du1ie C. A., décide de s'emparer de Souain et de ses abords dans le dessein

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de prendre sous son feu la gare de Somme-Py 1.Le général Foch estime, pour sa part, que « ces rassemblements deSomme-Py semblent indiquer que l'intention de l'ennemi est d'y faire desembarquements, quoique l'on n'ait reconnu aucun train Il.Il fait part, dès ce moment, au général en chef, de son intention de«continuer ses attaques sur tout le front, en portant son principal effortsur sa droite, c'est-à-dire sur Aubérive et Souain, avec la 4 e D.I., les 11eet 2 ie C. A., » et ajoute : « L'infanterie allemande est partout très solidementretranchée. Très nombreuse artillerie et obusiers, surtout vers Moronvilliers2. »L'attaque montée par le général Maistre se déclanche, à partir de16 heures, sous la protection d'une imposante masse d'artillerie. Elleparait avoir été éventée par l'ennemi qui, renonçant à défendre la positionattaquée, se replie vers le nord. «A la nuit, notre infanterie était maîtressede Souain, de la croupe au nord-est et du bois à i5oo mètres à l'est de.Souain.3. »Si le résultat de la journée du 15 septembre ne répond pas aux espérancesde la veille, les rassemblements signalés à Somme-Py et l'abandonde la position de Souain sont cependant interprétés par le général Fochcomme un indice de retraite prochaine de l'ennemi. Aussi, songe-t-il àappliquer le lendemain, 16 septembre, son effort principal à l'est de laSuippes où la résistance de son adversaire paraît faiblir. Une attaque danscette région permettrait d'ailleurs de faire tomber par débordement le21* C. A. Ordre, 13hi5, 15 septembre îoid, Annexe 93.2IX." armée. Message téléphoné au G. 0. G., 13h3o, 15 ,; septembreiqi/i, Annexe 44. :u° G. A., Compte rendu en fin de journée, 15 septembre 1914, Annexe 94.96 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.massif de Moronvilliers. Le commandant de la IXe armée oriente enconséquence ses commandants de corps et demande au général de Langlede Cary son concours.Les 2 Ie et 1 ie corps et la 42e division prendront comme premier objectifla route Somme-Py, Dontrien, puis les, le corps et 42e division, flanquésà l'est par le 21e C. A., se dirigeront sur Moronvilliers et les pentes aunord-est du village.A l'ouest, le 9e C. A. «maintiendra la direction de ses attaques et lieracelle de la division de droite (18e D. I.) à l'attaque de la 42e division etdu 1 ie corps avec direction sur Moronvilliers. ».Ce mouvement sera appuyé par la IVe armée agissant vers le nord-ouest

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par la région de Somme-Py K** *Le 16 septembre, les corps d'armée se préparent avant le jour à reprendre,dans la matinée, leurs attaques en direction du nord. Avant le débutde l'action, le général Foch précise au1 ie C.A. son rôle dans la manoeuvre:«Le résultat de la journée dépend de l'action du 11e corps, appuyé àdroite par le 2 1e corps, à gauche par la 42e division. On compte sur sonénergie et sur la rapidité de ses mouvements à entreprendre sans retard etavec résolution pour mener à bien l'entreprise.2.»Au petit jour, un brouillard épais règne sur les deux rives de la Suippes.A l'est de cette rivière, la 21e division pousse quelques éléments sur larive droite, puis s'arrête, attendant l'éclaircie indispensable à l'artilleriepour appuyer son attaque. Ai i heures, celle-ci n'est pas encore déclanchée.A sa droite, la 60e division de réserve et la 22e division ne peuventaborder de front, sous le feu de l'ennemi, les tranchées établies sur lespentes au nord du ruisseau de l'Ain.Plus à l'est, dans la région de Souain, le 2 1e C. A., rencontrant des difficultésanalogues, ne poursuit pas son effort3.1 IX*armée. Ordre général d'opérations pour la journée du 16 septembre, 23h3o, sansdate; Général Foch. Lettre sans numéro, sans indication d'expéditeur ni de date, Annexes45 et 165.4 IX"armée. Ordre général d'opérations, 23h 3o, 15 septembre, Annexe 45.:: 43" D. I. à 2i* C. A. 15 heures, 16 septembre.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 97LAGRANDGEUERRE—. I, 110VOL. 7La 2 4e division, envoyée par la IVe armée pour appuyer l'aile droite dela IXe, ne trouvant pas, dans la zone du 21e C. A., le créneau indispensablepour son engagement1, est ramenée vers Suippes, prête à intervenirsi la situation se modifie 2.A l'ouest de la Suippes, la k2e division, immobilisée au sud de laChaussée Romaine par le feu de l'artillerie ennemie, ne peut donner à la21e division que l'appui de son canon. Elle attend, pour poursuivre saprogression, que cette division reprenne elle-même son mouvement enavant.Sur les deux rives de la Suippes et à l'est, les troupes d'attaque sontdonc arrêtées, dès le début de la journée, sans avoir pu aborder la ligne

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ennemie.L'action principale n'ayant pu se développer, rengagement du ge C. A.,qui devait assurer la couverture de cette opération, devient sans objet.La 18e division attend, toute la matinée, que la 42e se décide à attaquer.A sa gauche, la 17e division tente en vain, à deux reprises, de progresservers le Mont-Haut3.Au début de l'après-midi, le général Foch, instruit des difficultéséprouvées, persiste néanmoins dans son intention de continuer les attaques.Il prescrit à la 42e division «d'infiltrer le plus d'éléments possible enarrière ou à droite de la 18e division, en vue d'atteindre les objectifsqui lui restent affectés : Moronvilliers et les pentes au nord-est4»; il ordonneà toute la ligne de combat de reprendre les attaques à 15 heures.A la fin de la journée, seul le 9e C. A. paraît, tout au moins par sadroite, dominer son adversaire. La 18e division parvient, eneflet, à atteindreles boqueteaux au nord des deux Arbres, et la 42e division, la cote1 165.La situation de la IXe armée le 16 septembre au soir est(^â^V a peuv¡ .¡ ,p^e,~-,@t -1 ! ;,' 1 IV*armée. Ordre -: ) particulier au commandant du 12e corps, ih/iloo,@1166 septembre 1914, >s7,'1-~ieiiibl'e 1 14 , *-An2nexe 138. ; 12*G. A. à IV*armée. 11 heures, 16 septembre Hp 4. 3 17°D. 1. Rapport sur les événements de la iournée. 16 septembre. 4 IX*armée àA2* D. I. Ordre, 13h3o, 16 septembre. Annexe 168. 59*C. A. Compte rendu de fin de journée, 9.0 heures, 16 septembre 191/1, Annexe 199.— La cote 116 est située à 1 km. ouest d'Aubérive-sur-Suippes.98 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.de chose près, semblable à celle de la veille. «Notre attitude jusqu'ausoir a été constamment agressive, sans résultat consécutif importante aLe général Foch, malgré les maigres résultats péniblement acquis, nesonge cependant pas à arrêter son offensive. Il examine seulement s'il neconviendrait pas de modifier pour le lendemain le point d'application de

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son attaque.A l'est, dans la région entre Souain et Saint-Hilaire-le-Grand, la puissancedes organisations ennemies a défié toutes les entreprises des 1ie et2ie C. A.A l'ouest, vers Prunay, la gauche du ge C. A. est momentanément fixéeà la droite de la Ve armée immobilisée.Au centre, les comptes rendus laissent entrevoir un moindre degré derésistance dans la ligne ennemie. Les hauteurs de Moronvilliers constitueraient-elles le point faible de l'adversaire? Le général Foch le pensesans doute, puisqu'il se décide à appliquer dans cette région, le 17 septembre,le maximum de forces dont il peut disposer.Il prescrit, en effet, au 98 C. A. d'attaquer en direction du Mont-Hautet de Moronvilliers et le renforce pour cela de la 42e division 2.Puis, communiquant cet ordre au général de Langle de Cary, il lui demanded'appuyer, comme la veille, sa droite en direction du nord-ouest3.** *Le 17 septembre, le général Dubois, en exécution des ordres du commandantde l'armée, compte déclancher dans la matinée une attaqueprincipale, menée par une brigade de la 18e D. I., en direction de la cote1814, et par une brigade de la 42e D.I., en direction de la cote 1A75.Mais le général Foch estime que cette attaque ne suffit pas à elle seule àconstituer l'offensive du 9e C. A. Il invite le général Dubois à suivred'aussi près que possible toutes les attaques secondaires pour exploiter au1 Général Foch à général Joffre. Sans numéro, 16 2 septembre iqi4- IX" armée. Ordre général d'opérations. 23 heures, 16 septembre iqi4, Annexe 170.3 IX*armée à IV" armée. Note, sans numéro, 16 septembre. Annexe 165.4 2 kilomètres nord-ouest des deux-Arbres, carte au 1/80.000°.9* G. A. Ordre, 6" 3o, 17 septembre. — La cote 147 est située à 1 kilométré nord aeMoscou ferme.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 997-plus tôt celle qui progresserait : « Il faut trouver le point faible de la cuirasseet le frapper1 ».

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Les premiers renseignements du ge C. A., parvenus au début de l'aprèsmidiau Q. G. de Châlons, montrent que les attaques sont décousues 2.Aussi le général Foch insiste-t-il aussitôt sur les inconvénients résultantdu défaut de simultanéité des attaques3.Mais, à toutes les entreprises du ge C. A., l'ennemi oppose dans ceterrain, boisé et difficile, une résistance acharnée. Bien appuyé par uneartillerie nombreuse et active, il entrave à chaque instant les progrès deséléments d'attaque quand il ne rend pas tout déplacement impossible. Lefeu de cette artillerie constitue en fait l'obstacle le plus redoutable à laprogression de l'infanterie française ; l'adversaire, qui a maintenu sur placedes pièces légères et lourdes en assez grand nombre, ne paraît pas, parcontre, avoir conservé devant le front de laIXe armée des forces d'infanterieconsidérables. Le général Foch estime, en conséquence, que les attaquessont susceptibles d'aboutir, à condition que l'infanterie puisse se soustraireaux effets de cette artillerie : « Il me semble donc opportun de continuerles attaques entreprises, d'en étendre l'ampleur, en appuyant cellesqui permettent d'entrevoir quelques résultats 5».Continuité dans l'effort, élargissement des attaques, telle paraît être,dans l'après-midi du 17 septembre, l'idée directrice du général Foch.Pendant que le ge C. A. s'efforce, sans grand succès, de gagner du terrainvers le nord, les 1Ie et 2 ic C. A., conformément aux ordres reçus6,améliorent les retranchements ébauchés les jours précédents.Le commandant du 2 1eC A. ne se contente pas de faire compléter sesorganisations. Il est à l'affût de la moindre occasion qui lui permettrait dereprendre ses attaques avec quelque chance de succès. Ayant appris audébut de la matinée la prise de Perthes-les-Hurlus par le corps de gauchede la IVe armée, il ne doute pas que l'instant ne soit propice pour une1 IX* armée à 9* C. A. i Message téléphoné, 11 heures, 17 septembre. q' C. A. à IX* armée. Message télJohoné. 13h30. 1n septembre.,3 IX*armée à q*G.A. Messsage téléphoné, 13h40 17 septembre. La garde, le XII*corps d'armée saxon, primitivement dans le massif de Nogentl'Abbesse,Na5uroy, Moronvilliers, ont été signalés par la V*armée dans la région de Berrv-au-Bac.Ij Noiedu général Foch téléphonée, i5 heures, 17 septembre, Annexe 303. 11*C. A. à 60* D.R. Ordre, sans numéro, 6 heures, 17 septembre 19M, Annexe 339.100 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.intervention plus énergique. Il forme aussitôt une brigade d'attaque pour

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exploiter le succès remporté par le 17e C. A.1. Cette brigade, englobéedans l'attaque de la 23e division (IVe armée), se heurte dans l'aprèsmidià une résistance tenace de son adversaire, dont le feu l'empêchede déboucher de la lisière des bois, où elle se fixe.En résumé, sur tout le front de la IXe armée, la situation ne s'est guèremodifiée pendant la journée du 17 septembre. Le ge C. A., grâce à unedernière poussée faite à la tombée de la nuit, a pu atteindre la ligne :bois au sud de la cote 1^7, bois au sud du chemin Prosnes, Vaudesincourt,cote 116; mais sa progression ne suflit pas à mettre en péril la défensedu massif Mont-Haut, Moronvilliers.Le général Foch a eu, vers midi, connaissance des instructions particulièresadressées dans la matinée du 17 septembre par le général en chef.Le général Joffre a renoncé à sa manoeuvre centrale de rabattement vers lenord-est, pour consacrer tous ses efforts à sa manoeuvre d'aile. Il craintcependant que de nouvelles forces ennemies ne viennent déferler contrela Ve armée. C'est pourquoi il prescrit d'une part au général Foch deprendre à son compte la défense de Reims, afin de permettre au généralFranchet d'Espèrey de renforcer son aile gauche, d'autre part aux arméesentre Oise et Meuse de tenir l'ennemi « sous menace offensive pour empêcherse dégager et effectuer glissements une partie front sur autre2 ».En conséquence, le commandant de la IXe armée prescrit au 1 2e corps,dont le général Joffre vient de lui donner la libre disposition, de se trouverle lendemain 18 septembre, à la lisière nord-est du camp de Châlons, àhauteur de Jonchery-sur-Suippes 3.Puis, ayant reçu du général Franchet d'Espèrey les renseignementsnécessaires à la relève du 10e C. A.4, il donne au général Dubois l'ordrede prendre à son compte, le lendemain matin, avec la 52e D. R. et la gau-1 IV" armée à 210C. A. Note, 8 heures, Annexe 269. — ai* C. A. à 13" D. I., 43e D. I.,A. C., 17*C. A. Sans numéro, 9 heures, 17 septembre iqi4, Annexe 367.2 G. Q. G. à IV.,V.et IX* armées. -Télégramme chiffré n° 5621 et G. Q. G. à armées(VIO,vo, IX', IV', lUe). Télégramme chiffré n" 5651, 9h 20, 17 septembre 1914, Annexes242 et 244.3 IX*armée. Ordre au 12*C. A. 15" 15, 17 septembre 194, Annexe 304.Cf. chap.iii.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 101LAGRANDGEUERRE—. 1, 4*VOL. 7A

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che de la division marocaine, la défense du front entre le fort de la Pompelleet la Neuvillette 1.Il invite enfin le général Eydoux à faire relever immédiatement par la60e D. R. les 2ie et 22e divisions et à les diriger dans la région Cormontreuil,Montbré, Verzenay avec mission « d'arrêter, en partant de cetteposition, toute action de l'ennemi entre Reims et ses abords sud 2 ».L'exécution de ces mouvements permettra la libération complète du1oe C. A. et donnera, le cas échéant, une possibilité d'intervention efficaceau profit de la droite de la Ve armée.Cependant, de nouveaux événements se sont produits depuis l'arrivéedes ordres du général Joffre. La Ve armée a été, en effet, vivementattaquée le 17 septembre. Les tentatives ennemies laissent craindre augénéral en chef que la relève du 1oe C. A. ne puisse se faire dans debonnes conditions. Aussi prévient-il le général Foch que «si ce corpsest attaqué, il ne peut être retiré du front et vous aurez à l'aider aumieux des circonstances3».Le commandant de la IXe armée, après réflexion, estime que c'est enlibérant le plus tôt possible le 1oe C. A. et en poursuivant sa propreoffensive vers le nord qu'il apportera à la Ve armée l'aide la plus efficace.Il maintient donc les ordres de relève donnés. En outre, il prescrit au9e C. A. de continuer «ses attaques sur Mont-Haut, Moronvilfiers n, et au2 ie C. A. de poursuivre «son action offensive vers le nord » en liaison avecla IVe armée4.Il en rend compte au général en chef 5.** *La journée du 18 septembre n'apportera pas de modification sensiblesur le front de la IXe armée. Partout l'infanterie, arrêtée par destranchées ennemies la plupart couvertes et protégées par un large réseau1 IX*arinée. Ordre, 18 heures, 17 septembre 1914. J IX*armée à 11" C.A.. Ordre particulier, 18 heures, 17 septembre iqi4, Annexe 306. 1 G. Q. G. à IX* armée. Message téléphoné n" 5736, 17 septembre iqiA, Annexe 250.IX.* armée. Ordre d opérations pour la journée du 18 septembre n° 208, 21 heures,17- sseptembre 1g14. Annexe 307. IX*arméeà G. Q. G. Message téléphoné, 22h k5, non daté, Annexe 308.102 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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de fil de fer, ne peut plus progressser1. Il faut en chercher la cause dansl'action très restreinte de l'artillerie de campagne sur cette fortificationsemi-permanente : «les obus à balles arrosent et raclent la terre; les obusexplosifs ricochent, éclatent en l'air et ne déplacent pas de terre. Il faudrait,pour produire des effets de destruction, des i 20 ou des 155 2».Dans ces conditions, il conviendrait donc : «ou bien amener artillerielourde et des avions, ou bien laisser un minimum d'infanterie retranchésur ce front et employer nos gros ailleurs 3».Fait plus grave, l'ennemi, qui s'était contenté jusqu'ici de réagir pardes feux nourris d'infanterie et d'artillerie, semble au début de l'aprèsmididu 18 septembre vouloir modifier son attitude.Ayant vraisemblablement eu connaissance du retrait du 1 1e C. A., ilmanifeste, vers 13 heures, une activité inaccoutumée entre Aubérive etSouain 5, puis déclanche un peu plus tard une attaque sur Saint-Hilairele-Grand, qui tombe entre ses mains vers 18 heures. Une contre-attaque,à la fin de la journée, reprend pied dans le village puis s'en emparedéfinitivement pendant la nuit6.Si le général Foch n'a pas réussi, depuis son arrivée sur la ChausséeRomaine, à progresser d'une façon sensible par sa droite, vers Souain,par sa gauche, sur le massif de Moronvilliers, il ne renonce pourtant pasencore à reprendre l'offensive. Il s'efforcera, le 19 septembre, d'obtenirun résultat en attaquant au centre, espérant toujours fermement quel'ennemi finira bien par se résoudre à reprendre son mouvement de retraitevers le nord.Le 12e C. A., venu en renfort, lui paraît tout indiqué pour menerl'action principale. Il lui prescrit d'attaquer l'Epine de Védegrange et leshauteurs à l'est de Souain et le fait appuyer par les ge et 21e C. A. Il1Capitaine Réquin à IXe armée. Message téléphoné, i o" 3o. — 9e C. A., compte rendude situation, 11 heures. — Capitaine Réquin à IX"armée. Message téléphoné, 12b4o,Annexe 459.2 Général commandant l'artillerie du 98C. A. Compte rendu, 18 septembre, Annexe 477.3Capitaine Réquin à IX" armée. Message téléphoné, 10h3o. — 9* C. A. Compte rendude situation, 11 heures. — Capitaine Réquin à IXe armée. Message téléphoné, 12*40,

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Annexe 459.- Général commandant 18*D. I. à général commandant 9* C. A. Compte rendu, 13h20,185septembre 191/1. 43" division à capitaine Béchat. Compte rendu, 18 septembre 1914. 6 60' D. R. à IX. armée. Compte rendu de fin de journée, 2ih 10, 18 septembre 1914.TOME I, V VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 1037A.demande, en outre, au 1ie C. A. 1 de pousser des reconnaissances sur lefront tenu par la 52e D. R. et la division marocaine, en vue de maintenirle contact avec l'ennemi.La mission générale de la IXe armée, le 18 septembre au soir, restedonc la même que les jours précédents : «Progresser vers le nord pourcouper les communications de l'ennemi 2 Il.Avant même d'avoir signé son ordre, le général Foch en communiquel'idée de manoeuvre au général en chef et lui demande avec insistance « aumoins une batterie de 120 ou de 155 3 ».** *Le 19 septembre, l'espoir du général Foch, de voir son adversairereprendre son mouvement de retraite vers le nord. ne se réalise pas plusque les jours précédents. L'ennemi ne se contente plus d'arrêter la progressionde la IXe armée; il prend délibérément une attitude agressive.Peut-être espère-t-il, au moyen de cette activité, cacher au généralissimefrançais, le mouvement de glissement de ses forces de l'est vers l'ouest,mouvement cependant déjà bien connu du gran d quartier général et de laIXe armée4.Dans la nuit du 18 au 19 et au point du jour le 19, les Allemandspoussent de fortes reconnaissances sur tout le front.A l'ouest de la Suippes, ces reconnaissances sont facilement disperséespar les troupes du 9e C. A. A l'est de la rivière, elles livrent, autour duvillage de Souain, un combat acharné au 2 1e C. A.Cette action de l'ennemi n'intéresse pas seulement le front de laIXe armée, elle s'étend également vers l'ouest contre celui de la Ve. Lestroupes du général Franchey d'Kspèrey paraissent même si fortementengagées que le général en chef demande au général Foch d'appuyer sonvoisin par tous les moyens en son pouvoir5.1 Le Il" C. A. a pris le 18 septembre sous ses ordres la 50 D. R. et la 9* D. C. --

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IXe armée à 110C. A. Ordre, 18 septembre, Annexe 455.2IX* armée. Ordre général d'opérations n° 245, 19 heures, 18 septembre 191^1,Annexe458.3'1 IXearméeà G. Q. G. Message téléphoné, 17 heures, 18 septembre iqi4 , Annexe 456. IXearmée.Bulletin de renseignements du 18 septembre, Annexe 453.G. Q. G. a LV armée. Télégramme n° 6100, 8h 3o, 19 septembre i 91104 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le général Foch, confiant dans 1 habileté du général Maistre pourrepousser sans son intervention l'attaque ennemie vers Souain, prescritaussitôt au 1ie C. A. de prendre ses dispositions pour «attaquer au nordouestde Reims à l'appui de la droite de la Ve armée1 ».Les attaques allemandes du 18 sur Saint-Hilaire-le-Grand et du 19 dansla région de Souain gênent le déclanchement de l'offensive vers le nordprévue pour le 19 septembre.L'attaque de l'Epine de Védegrange, préparée cependant avec un soinminutieux par le commandant de la IXe armée, se trouve compromise bienavant son départ par la dissociation des liens tactiques du 12e C. A.,obligé de venir en aide, la veille, à la 60e D. R., et, le jour même del'opération, au 21e C. A.Le 12e C, A., ayant dans l'après-midi déclanché son attaque, ne parvientpas à franchir la Suippes, ni à traverser la vallée marécageuse de l'Ain.Asa droite, le 2 ie C. A. pense d'abord à se dégager de l'étreinte allemandevers Souain2. A la fin de l'après-midi, la situation est heureusementrétablie, mais le mouvement offensif prévu n'est pas entamé.A sa gauche, le ge C. A., bien que le général Foch soit intervenu àplusieurs reprises auprès du général Dubois pour inciter ce dernier àengager des forces sérieuses3, ne modifie pas sensiblement ses positions.Enfin, à l'extrême gauche, le 11e C. A., envoyé au secours de laVe armée, ne peut s'engager au nord-ouest de Reims, le IOe C. A. ayantété maintenu par le général Franchet d'Espèrey dans la région choisiepour son attaque4. L'aide apportée par le 1ie C. A. sera même augmentéeà bref délai, grâce à l'arrivée prochaine, à l'aile gauche de la IXe armée,du 21e C. A. qui doit être remplacé dans la région de Souain par le 8e,nouvellement affecté à la IVe armée 5.1 IX* armée. Ordre particulier au 11* C. A., n° 279, 10h4-5, 19 septembre 1914, Annexe

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555.2Capitaine Jourdan. Message téléphoné, 16h 3 40, 19 septembre Ig14. IX* armée à 9* C. A. Message téléphoné, 13hi 5 et message téléphoné, 15 heures19.4septembre 1914, Annexes 557 et 558. - - 1Ie C. A. à IX' armée. Message téléphoné, 17 heures, 19 septembre 191a, Annexe 579.G.Q.G. à IX* armée. Lettre, n° 6152, 19 septembre 1914, Annexe 515.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 105Mais cette modification du dispositif ne pourra être réalisée avant plusieursjours. Le général Foch conserve cependant l'espoir d'obtenir immédiatementun résultat décisif et maintient, pour le 20 septembre, lesordres d'attaque donnés aux 9e, 12e et 2 ie C. A. et la mission d'interventiondu lie C. A., au profit de la Ve armée1.En rendant compte au général en chef du résultat de la journée et desordres donnés, il insiste à nouveau sur la nécessité d'un appoint sérieuxen artillerie lourde 2.Sur ces entrefaites, un renseignement du ge C. A. apprend au généralFoch qu'une reconnaissance offensive, poussée dans l'après-midi par legénéral Humbert3, s'était avancée à 2 kilomètres au nord de «Les Marquisesferme. sans rencontrer de résistance4.Le général Humbert aurait-il par hasard trouvé le point faible de lacuirasse? Le général Foch l'espère. Une occasion se présente. Il ne veutpas la laisser échapper. Il faut frapper là où l'ennemi paraît céder.Il étend donc l'action du ge C. A. et modifie les ordres du lie:- le 9e C. A. attaquera dans la direction de Nauroy et de Beine enappuyant ses avant-gardes avec ses gros;- le 1Ie C. A. attaquera, par Taissy et Saint-Léonard, dans la directionde Nogent-1'Abbesse et se tiendra prêt à poursuivre l'ennemi « s'il commenceson mouvement de retraite » ;

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— la ge D. C. est alertée5 et les corps de droite sont invités à envoyer,dès la première heure, des reconnaissances afin de déterminer lasituation de l'ennemi 6.** *Le 20 septembre les espoirs du commandant de la IXe armée serontencore déçus.12 IX*armée. Ordre général d'opérations pour la journée du 20 septembre. Annexe 559. IX*armée à G. Q. G.Message téléphoné, 18" 3o, 19 septembre 19 14. - Le général Joffre lui annoncera dans la soirée l'arrivée d'un groupe de 120 L. à tracteurs prélevé sur laIIIe armée.Commandant la division du Maroc.5 9 C. A. Compte rendu de fin de journée, 20 heures, 1Q septembre 101A. Annexe 574. IX* armée à ii* C. A., Ordre n°3x8, 22 heures, 1Q septembre101A. Annexe 561. 4 IX*armée à 12"C. A., 210C. A., sans date, Annexe 562.«1106 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L'ennemi n'a pas esquissé, le 19 septembre, un mouvement de retraite.Il s'est retiré, devant la droite de la division du Maroc, à 1.800 mètresplus au nord, sur une deuxième position, fortement organisée, à l'intérieurdes bois. Ce renseignement, adressé à 21 h. i5 par le généralHumbert au général Dubois1, est transmis par celui-ci, le 20 septembre,à 7 heures du matin, au quartier général de la IXe armée2.Le général Foch, estimant alors que la manoeuvre du 1ie corps au sudestde Reims ne peut plus réussir, prescrit au général Eydoux de reprendresa mission primitive 3, et invite le général Dubois à « atteindre, si cela estpossible, sans retard la clairière de Beine4 ».Les renseignements adressés par les reconnaissances, envoyées à lapointe du jour par les 12e et 21e corps, sont, de leur côté, unanimes àdéclarer que l'ennemi, s'il a abandonné quelques tranchées, est toujoursen force devant elles. De ce côté, non plus, il n'y a pas de retraite.Bien que le recul de certains éléments ennemis ait été, depuis la veille,peu important, le général Foch en tire cependant une conclusion. «L'impressiongénérale est que l'ennemi est en train de se replier lentement versle nord, auquel cas la IXe armée s'apprête à le poursuivre vigoureusement5».

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Toutes les tentatives faites pour amplifier, au cours de l'après-midi, lemouvement de recul exécuté par l'ennemi sur certains points du front,rencontrent toujours une résistance inébranlable. L'adversaire semblemême s'être renforcé en infanterie et artillerie de campagne. Seule, sonartillerie lourde ne se fait plus guère entendre.Le général Foch se rend compte cependant que, devant la puissance desorganisations ennemies, la pénurie de munitions de 75 et l'insufifsance deson artillerie lourde, la progression de son armée est sérieusemententravée. Il se décide donc, dans la soirée, avant de reprendre l'offensive,à attendre l'arrivée de l'artillerie lourde annoncée par le général en chef,1 Division du Maroc. Suite au compte rendu de fin de journée, 2ih 15, 2 19 septembre. QCC. A. à IX" armée. Message téléphoné, 7 heures, 20 septembre 1914, Annexe 671.1 ïx. armée. Ordre particulier au u" corps d'armée, n° 320, 7 heures, 20 septembre i 91Annexe 657.IX. armée. Instruction particulière au 9e C. A., n° 321, 7 3o, 20 septembre i<)i1,Annexe 658. -5 IXearmée à G. Q. G. Télégramme, i2''3o, to septembre 191/», Annexe 659.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 107et prescrit à ses corps d'armée de se mettre sur la défensive Il ne comptepas, du reste, observer longtemps cette attitude passive. «. Intentionpour demain : se fortifier encore davantage et repartir après-demain pourune grosse attaque : 2. »CDeans laprojmetatinéde'offednusiv2e1 senpetemrebnrceontrele gpéanséral'lapproJobfaftrieon nedu gséenérsaolucie enpcahsef.derallumer la bataille sur le front de ses armées du centre. Son attention estattirée, en effet, d'abord par la manoeuvre à l'ouest de FOise connée auau général de Gastelnau3, puis par la menace en Woëvre signalée, la veilleau soir, par le général Dubail4, et enfin par une activité inaccoutumée del'ennemi dans la région Saint-Quentin, Corbie, Monldidier et plus aunordIl a déjà prévu la parade à la menace allemande en Woëvre en reprenant,le 20 septembre au soir, à sa disposition, le 8e corps d'armée, retirédes Hauts-de-Meuse le 196. Pour donner plus d'ampleur et partant plusde chances de succès à la manoeuvre d'enveloppement qu'il poursuit parailleurs, il n'hésite pas à eflectuer des prélèvements sur la lxil armée aubénéfice de son aile gauche.

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A 10 heures, le 21 septembre, il demande au général Foch si le11e corps est engagé et s'il a a l'intention de l'utiliser aujourd'hui2 1 septembre7 ».Le général Foch lui répond aussitôt que le lie corps est disponible,mais que « son, emploi est prévu, demain matin 22 septembre, pour- uneaction spéciale au sujet de laquelle un officier de l'état-major de laIXe armée va entretenir le général en chefIl »1 IXe armée. Ordre général d'opérations, 20 heures, 20 septembre iqi4, Annexe 660.2 IXe armée à G. Q. G. Message téléphoné, 23 heures, 20 septembre 1014. 3 Cf. deuxième partie. 4 Cf. quatrième partie. 5 G.Q. G. Bulletin de renseignements, 6 heures, 21 septembre iqi4, Annexe 701. 0G.Q.G. à IVe armée. Message téléphoné, n° 6422, 18 heures, 20 septembre 191It,Annexe 606.7 G. Q.G. à IX* armée. Message téléphoné, n° 6485, 10 heures, 21 septembre 1914,Annexe 704.8 IX. armée à G. Q. G. Message téléphoné, S. C. 417, 10h i3. — IX° armée. Instructionparticulière pour la journée du 22 septembre, 8h 3o, 21 septembre 1914, Annexes 756et 757.108 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Sans attendre l'arrivée de l'officier annoncé, le général Joffre prévientle commandant de la IXe armée que, pour le moment, il n'y a pas lieu dedéclancher l'offensive projetéel.Un peu plus tard, il lui indique la destination du 11e corps : sud deSoissons2.Pendant ce temps, l'officier de 1 etat-major de la IXe armée, muni d'unelettre autographe du général Foch, se rendait à Châtillon-sur-Seine.Dans cette lettre, le général Foch, après avoir annoncé au général en chefl'attaque en préparation, se «pose la question de savoir si cette date, 22,est la plus convenable pour l'ensemble des opérations ». Il lui demande delui faire connaître si son attaque "se placerait plus convenablement le 2 3ou le 24» et il termine par ces mots « Si je crève, demain 22 , la ligneennemie à Berru, ce succès pourra-t-il être exploité, ne sera-t-il pas prématuré,par là stérilet".Dans une formule lapidaire, le général Joffre lui fait connaître sa

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réponse : «Attaque à différer. Avertir d'économiser munitions4».Le général Foch n'avait pas attendu cette dernière réponse pour prendreses dispositions en vue de diriger le 1 ie corps dans la zone de la VIe arméeet de remanier son dispositif dans la région de Reims5.Dans la soirée, se conformant aux ordres du général en chef, il maintientpour le 22 septembre les ordres défensifs donnés la veille au soir,en recommandant de «ménager les munitions de 75, et notamment lesobus explosifs».1 G. Q. G. à IX* armée. Message téléphoné, n° 6/199, 11 heures, 21 septembre 1914,Annexe 705.2 G. Q. G. à IX* armée. Message téléphoné, n° 6498, iihio, 21 septembre 1914,Annexe 706.3 Lettre du général Foch, 21 septembre 1914, Annexe 758.G. Q. G. a IXoarmée. Message téléphoné, 14 4a, 21 septembre 191a, Annexe 709.5 IX. armée Télégrammes à 52e D. R. 12 5o; à 12° C.A., S.C. 422, 13 heures; - Oi-dreparticulier à 9e C.A., 11e C.A., général Humbert, S.C. 423, i5 heures, 21 septembre1914, Annexes 761, 762 et 764.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 109III. - TENTATIVES RÉPÉTÉES ET INFRUCTUEUSESDE LA IVE ARMÉE,DU 14 AU 22 SEPTEMBRE 1914.Le 14 septembre, le général de Langle de Cary rend compte : «LaIVe armée a eu affaire toute la journée à des arrière-gardes ennemies,fortement appuyées d'artillerie, sur le front Perthes-les-Hurlus, Ville-sur-Tourbe, Vienne-la-Ville, que l'ennemi tient encore à 17 heures 1 ».Les engagements ne sont cependant pas encore terminés et l'aile droitede la IVe armée progresse encore.A la nuit, l'ennemi occupe Perthes-Ies-Hurlus et la crête à l'est, mais ilne tient plus ni Ville-sur-Tourbe, ni Vienne-la-Ville.Dans la région de Ville-sur-Tourbe, il s'est reporté sur les hauteursentre Tourbe et Dormoise.Dans la vallée de l'Aisne et sur les contreforts de l'Argonne, après unetentative de résistance aux abords de Vienne-la-Ville, il a été refoulé audelàde Servon-Melzicourt.

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Il semble donc, le 14 septembre au soir, que devant l'aile gauche et lecentre de la IVe armée, comme devant la IXe armée, l'ennemi ait arrêtéses arrière-gardes de propos délibéré. Devant l'aile droite au contraire, ila bien essayé de conserver, à travers l'Argonne la rocade Vienne-la-Ville,Vienne-le-Château, le Four de Paris, Varennes-en-Argonne, mais sa tentativen'a pas été couronnée de succès.En possession de ces renseignements, le général de Langle de Cary estdonc fondé à croire que les troupes, et en particulier le 2e corps, pourront,le 15 septembre, poursuivre sans trop de difficultés l'ennemi en retraitevers le nord.1 IV* armée à G. Q. G. Message téléphoné, 171145, 14 septembre 1914. — Cf. carten°12.110 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *Les comptes rendus, reçus dans la matinée du 15 septembre à Dommartin-sur-Yèvre, confirment cette prévision.A 9 h. 20, un renseignement émanant du corps colonial signale que cecorps a tient la lisière nord du bois de Ville, la briqueterie, et a pris pied àla cote 19 11. Le combat progresse plus rapidement qu'hier, l'artilleriepousse en avant. La liaison existe avec les corps voisins. Impression favorable2 ».Un peu plus tard, le 2e corps rend compte qu'une attaque vient d'êtredéclanchée, partant du front Servon, cote 176, dans la direction généralenord, nord-est, pendant qu'à l'est, une brigade environ, se frayant unchemin à travers les fourrés du bois de la Grurie, commence à déboucherà hauteur du Pavillon3, en direction de Binarville et de la cote 2 1 2 4.Du 17e C. A., aucune nouvelle précise ne semble avoir été reçue. Legénéral de Langle de Cary n'ignore cependant pas sa situation. Il s'élèvecontre la façon «beaucoup trop molle et irrésolue » dont les attaques sontmenées. Il le dit au commandant du corps d'armée, le général J. B. Dumas,et le prie de transmettre aux chefs des troupes du 17e corps5,«l'expression de tout son mécontentement»Ces renseignements ne paraissent pas avoir été les seuls adressés augénéral de Langle de Cary. Dès 1o heures du matin, celui-ci résume eneffet ainsi la situation de son armée et son idée de manoeuvre : «L'ennemioffre aujourd'hui moins de résistance sur le front de ses arrière-gardes.

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Le 2e corps progresse sur Binarville. Le corps colonial sur Cernay-en-Dormois. Le 17e corps est encore arrêté devant Perthes-les-Hurlus. Madroite a l'ordre d'atteindre au plus tôt Grandpré, Monthois. L'idée généralede la manoeuvre est de travailler par débordement à droite 6).1 La briqueterie se trouve à l'ouest de la route de Ville-sur-Tourbe, Cernay-en-Dormois, à1^00mètres au nord de Ville-sur-Tourbe. La cote 191 est à 800 mètres au nord de :& Massiges. Situation du corps colonial à 9 heures, 9 20, i5 septembre 1914, Anaexe 96.:1Le Pavillon n'est pas marqué sur la carte au 1/80.000', il se trouve au croisement de laroute Vienne-le-Château, Binarville, avec la route venant de Servon par la cote 166.« situation du 2 L. A.,11 heures, sans date.5 17*C. A. à 33' et 340D. I., 13h 15. 15 septembre, Annexe 83.6 JVoarmée à G. Q. G. Message téléphoné, 10 heures, 15 septembre 1914, Annexe 20.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. litCette idée de manoeuvre dénote chez le commandant de la IVe arméel'espoir de continuer, tout au moins par sa droite, la poursuite vers le nord.On retrouve à nouveau cet espoir dans la demande adressée, à 12 heures,au général en chef. Depuis dix jours, la IVe armée est privée de cavalerie.Cette absence de feux mobiles et rapides s'est fait sentir pendant la poursuite,particulièrement le 13 septembre, dans la vallée de l'Aisne. «J'estimequ'il serait nécessaire d'affecter à la IVe armée au moins une brigade dedragons ou légère, avec une batterie à cheval, qui serait employée à coopérerà la poursuite sur son front 1 ».Un communiqué de la IXe armée, signalant que, d'après des renseignementsd'aviateur et d'habitants de Somme-Py, l'ennemi exécute des embarquementsen gare de ce village, renforce le commandant de la IVe arméedans son intention de poursuivre sa progression vers le nord. « Poussez vosattaques», ordonne-t-il en précisant l'objectif à atteindre : la voie ferréeSomme-Py, Manre 2.Cet objectif représente pour l'ennemi une voie de ravitaillement particulièrementprécieuse, puisque de Grandpré, à l'est, à Bazancourt à l'ouest,

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elle alimente à courte distance, sur un parcours de plus de soixante kilomètres,toutes les unités allemandes engagées contre les armées du centre.Son enlèvement marquerait un succès très net de la IVe armée; le généralde Langle de Cary s'attache donc à s'en rendre maître.Les événements de l'après-midi ne modifieront pas sensiblement lasituation.Sur la rive droite de l'Aisne, l'attaque montée par le général Gérard nepeut, sous le feu de l'artillerie lourde allemande, déboucher de Servon.Les éléments qui occupent ce village en sont même chassés par une contreattaqueennemie.Dans la région du bois de la Grurie, la brigade, retardée dans sonengagement par la traversée des bois, se heurte en fin de journée, au sudde Binarville et à la cote 212, à une organisation déjà très poussée—batterie enterrée — et reflue avec des pertes sérieuses à la lisière des boisd'où elle était partie.1 IV* armée à G. Q. G. Télégramme n° 569/3, 12 heures, 15 septembre 1914. — Legénéral Joflre lui affectera 1 le 16 septembre la 6*D. C., prélevée sur la IX* armée. IV. armée à 17e corps, corps colonial, a* corps, nondaté, Annexe 23.112 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Sur le front du corps colonial, toutes les tentatives faites pour progresservers le nord sont brisées par le feu de l'ennemi.A l'aile gauche, devant le 1 7e C. A., les progrès sont insignifiants. La34e division a pris pied sur le mamelon du moulin de Perthes et sur lespentes au nord d'Hurlus. A sa droite, la 33e division tient le Mesnil, maisn'a pu, à peu près nulle part, franchir la route entre ce village et la fermede Beauséjour.Ainsi, la voie ferrée, objectif final des attaques de la IVe armée le15 septembre, n'est pas atteinte. En aucun point même, elle ne se trouvesous le feu de l'artillerie.Cette résistance inattendue de l'ennemi n'est pas, après les renseignementsde la matinée, sans surprendre les exécutants. Elle permet de constaterque la ligne allemande, déjà fixée la veille devant la gauche de laIVe armée, s'est stabilisée progressivement de l'ouest à l'est.Malgré cette situation nouvelle, le général de Langle de Cary persistedans son intention de développer, le lendemain, le mouvement offensif

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déjà entamé. Il recommande à ses commandants de corps, comme legénéral en chef vient de le prescrire de « prendre des mesures méthodiquesd'attaque, avec tous nos moyens, en organisant progressivement leterrain conquis D. Il fixe, en conséquence, des points de direction plusrapprochés que ceux indiqués la veille.Le 2e corps cherchera à déborder l'ennemi par Binarville; le corps colonialfera son effort en direction de Séchault, en liaison vers Maisons deChampagne avec le 1 7e corps. Celui-ci prendra comme objectif la buttede Tahure.A peine ces dispositions étaient-elles prises que parvient, dans la nuit,à Dommartin-sur-Yèvre, une demande d'appui de la IXe armée.Le général Foch estime sa manoeuvre du 16 réalisable si la IXe arméeest garantie contre toute menace de son adversaire visant son flanc droit.Seule, la IVe armée, avec la réserve dont elle dispose, peut lui assurer la1 G. Q. G. à commandants d'armée, sauf Ir. et IIe. Messagetéléphoné n° ;)342, 11 heures,15 septembre iqi4, Annexe 11.2 IVe armée. Ordre général n* 53, 18 heures, 15 septembre 1914, Annexe 26. —V' armée à G. Q. G. Message téléphoné, 18 heures, i5 septembre 1914, Annexe 25.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 113LAGRANDGEUERRE—. I, Il' VOL. 8couverture de ce flanc. « L'appui de la IVe armée, agissant dans la directiondu nord-ouest, est grandement désiré dans la région de Somme-Py 1 ».Cet appui, le commandant de la IVe armée ne le ménage pas. Il prescrit,en effet, au général Roques, commandant le 1 2e corps, d'être en mesurede déboucher, à 10 heures, avec une division, du front Souain, croupemarquée source de la Ain2, en direction de Somme-Py. L'autre divisionsuivra, en échelon en arrière à droite, prête à s'engager à la gauche du17e corps, sur l'ordre du commandant de l'armée 3.** *Le 16 septembre de grand matin, le 12e C. A. quittait donc la valléede la Tourbe pour la région de Suippes. Mais le 2 1e C. A., ayant échouédans son attaque, ne peut dégager la zone assignée à la division du1 2e corps. Celle-ci, ne trouvant pas le champ indispensable pour son engagement,est ramenée dans la région nord de Suippes , puis, en fin de

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journée, dans la région Somme-Suippes, Somme-Tourbe, la Croix-en-Champagne, Saint-Rémy-sur-Bussy où le 1 2e corps se regroupe5.Pendant que ce corps d'armée se portait en arrière de l'aile gauchede la IVe armée, les opérations prévues la veille au soir par le général deLangle de Cary marquaient un temps d'arrêt.Les résistances rencontrées dans la vallée de l'Aisne, le 15 septembre,avaient incité le commandant du 2e corps à prévoir, dans la soirée dumême jour, un retrait possible de sa ligne de combat sur les hauteurs dela rive sud de la Biesme «si par impossible on ne pouvait tenir6 J), et, pourle lendemain, la continuation de sa manoeuvre vers Binarville «principalementavec l'artillerie 7 ».Le 16 septembre au matin, son désir de rester sur la défensive seLettre du général Foch, nuit du 15 au 16 septembre 1914, Annexe 165.Le iront est tenu par le 21" corps. 3 IV*armée. Ordre particulier au ia* corps, ih 4o, 16 septembre 1914, Annexe 138. 4 i2* C. A. à IV*armée, Il heures. 16 septembre101 A.5 IV armée à 12' corps, 15 heures, 16 septembre 1914, Annexe 142.2 L. A. Instructions personnelles et secrètes aux généraux commandant les 3*et 4* D. I.,la 6" brigade d'infanterie et A. C., 20h 3o, i5 septembreiqi4, Annexe 53. 7 2*corps d'armée. Ordre général d'opérations n° 36, i5 septembre 191A, Annexe 54.114 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.précise : le terrain, sur lequel opère le corps d'armée, est très resserréentre l'Aisne et l'Argonne et très difficile (succession de défilés). Le corpsd'armée peut difficilement monter une manoeuvre 1.Ces dispositions ne semblent pas rencontrer l'approbation entière ducommandant de l'armée. Celui-ci engage le général Gérard à ne pas abandonnerles positions occupées. Il lui fixe une position d'appui au nord dela Biesme, mais dit-il «vous n'êtes autorisé à l'occuper qu'à la dernièreextrémité», et il ajoute : «Abritez vos troupes, tenez ferme, et profitez detoutes les occasions pour contre-attaquer, en partant de la lisière du boisde la Grurie. Il est de la plus haute importance d'apprécier les événementsavec sang- froid, la situation n'étant nullement compromise2».Au centre, pour le corps d'armée colonial, il n'est pas question de repli,mais d'arrêt sur les positions conquises le i 5 septembre. Le général Lefèvrecompte, le 16 septembre, organiser d'abord solidement les positions

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d'avant-postes et pousser ensuite des attaques partielles en direction deCernay-en-Dormois 3.Cette attitude se modifie dans la matinée du 16. La lutte, au corpscolonial, a été dure le i5 septembre, les pertes nombreuses et la fatigueextrême. Le général Lefèvre estime que la capacité offensive de son corpsd'armée n'est pas suffisante pour continuer avec succès les opérationsengagées la veille. Il prescrit en conséquence à ses troupes de se mettremomentanément sur la défensiveCet ordre, communiqué aussitôt au général commandant l'armée, estapprouvé par lui. Mais là aussi le général de Langle de Cary réagit contrela tendance de ses subordonnés à suspendre les opérations. «Il est entenduque la première ligne ne doit pas demeurer passive et qu'elle doit manifesterson activité surtout sur la gauche 5. »Seul, à l'aile gauche, le 1 7e corps paraît disposé à exécuter entièrementles ordres de l'armée 6.Mais lorsque le général J. B. Dumas apprend, dans la matinée du1 2" corps à général Goullet, commandant 3e division coloniale, 16 septembre Ig14.IV*armée à 2" corps. I0h20, 16 septembre iqi4, Annexe 140.sCorps d'armée colonial. Ordre général d'opérations n° 48, 22 3o, 15 septembre igi4,Annexe 97. 4 -- - - - - - - - - ---Corps d'armée colonial. Ordregénéral, 10 heures, 16 septembre 19*4, Annexe AAZ.6 IV*armée à corps colonial, 1110, îb septembre, Annexe 141.ô17" C. A. Ordre général, n° 57, 21 heures, 15 septembre 1914, Annexe 57. — AxeTOME I, 48 VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 1158.16 septembre, la manoeuvre de la IXe armée, il s'inquiète tout d'abord decouvrir ses éléments engagés face à Perthes1. «La reconstitution de cetteflanc-garde affaiblit d'autant la capacité agressive de la 34e division. Lefront du i 7e corps est actuellement dilué sur 1 2 kilomètres 2. »Cette préoccupation ne paraît pas cependant arrêter l'ardeur combativedu général Alby, commandant la 34e division. Celui-ci, apprenant l'interventionprochaine du 1 2e corps, pousse vivement son attaque sur Tahure3.

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Le village de Perthes-les-Hurlus est enlevé; mais, rendu intenable par lefeu très précis des obusiers allemands, il est abandonné peu après.L'action de la IVe armée s'est bornée, en définitive, le 16 septembre,à une opération de détail dans la région de Perthes-les-Hurlus. Partoutailleurs, la suspension de l'offensive et l'inactivité de l'infanterie adverseont permis aux commandants des grandes unités d'améliorer leurs organisations,de se constituer des réserves et de donner à leurs troupes exténuéesle repos indispensable.Dans l'esprit du général de Langle de Cary, cette attitude défensiven'est que momentanée. Ne pouvant manoeuvrer par sa droite empêtréedans les fourrés de l'Argonne, le commandant de la IVe armée attend lemoment favorable pour engager la bataille par sa gauche : «Mon intentionest toujours d'agir offensivement sur Somme-Py, dès que le changementd'orientation du 21e corps le permettra4 ».Aussi, les ordres de l'armée adressés dans la soirée sont-ils très laconiques.« Les corps en première ligne compléteront l'organisation despoints d'appui., on se montrera agressif sur le front et on surveillerade près tout mouvement de l'ennemi en se tenant prêt à contreattaquer5 ».A la suite d'une nouvelle intervention du général Foch6, et peut-êtrede marche et d'attaque de la 33edivision: Wargemoulin, Minaucourt, Ripont, Gratreuil, etc.Axe dé marche et d'attaque de la 1 34* division: Tahure, Aure, Semide. etc.2 17*C. A. à 340 division, 7h5o, 16 septembre lq14. * 17* corps, 8h 3o, 16 septembre 1 q14. , 34*division. Compte rendu, 8h 25, 16 septembre iqi4- IV*armée à G. Q. G. Message téléphoné, 18 heures,-16 septembre îqiA* Annexe 143.IV*armée. Ordre général n8 54, i5 septembre iqi4, Annexe 144.vo Lettre du général Foch, 16 septembre 1914, Annexe 165. Cette lettre, parvenue à3 heures du matin le 17 septembre au général de Langle, a vraisemblablement été précédée d'un accord.116 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.aussi de la proposition du général J. B. Dumas, commandant le 1 7e corps 1,le général de Langle est amené, dans la soirée du 16, à reprendre la

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lutte, plus rapidement peut-être qu'il ne le prévoyait, «dans le but decoopérer à l'action de la IXe armée et d'assurer le flanc gauche de notreposition » -Afin de donner à la IX" armée la liberté de manoeuvre nécessaire, legénéral de Langle, maintenant sa droite et son centre sur la défensive,prescrit à une division du 12e corps d'attaquer dans la région boisée àl'ouest de Perthes, et à la 34e division d'attaquer sur Tahure, le 17 septembreà 1 1 heuresDès le début de la matinée du 17 septembre, le général de Langle deCary s'inquiète auprès du 21e C. A. de l'appui que ce corps pourra luidonner et lui demande en outre de conserver l'attitude agressive qui luiest recommandée 3.Peu après, il est avisé par le général J. B. Dumas que «en raison desdéplacements d'artillerie et particulièrement de l'A. L. ainsi que de l'étatdu terrain, l'attaque prévue pour le 17 septembre ne pourra commencerqu'à 13 h. 3o4».L'offensive se déclanche en effet à l'heure annoncée. Les éléments,engagés sous bois, ne parviennent pas à dépasser la route de Souain àPerthes. A l'est des bois, la progression est très lente «en raison del'intensité du feu ennemi a.Le général de Langle est surpris du peu de succès de l'attaque. «Jem'étonne qu'à 17 h. 35 le front n'ait pas dépassé Perthes. Il y a là unesituation plus qu'anormale. J'attends ici, à mon P. C., de nouveaux renseignementset j'espère apprendre qu'enfin la 23e division a utilisé le tirininterrompu de l'artillerie pour progressera"1 17eC. A. à IV' armée, 16 septembre 1q14, Annexe 212.2 IV' armée. Ordre général n° 55, 22 heures, 15 septembre Ig14, Annexe 145.3 IV' armée à ai* corps, 8 heures, 17 septembre iqi4, Annexe 269.417e C. A. à IV" armée, 9h 3o, 17 septembre 1914 , Annexe 359.512"corps d'armée, 17 35, 17 septembre 1914, Annexe 345.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 117LAGRANDGEUERR—E. I, 4*VOL 8ALes nouveaux renseignements ne lui donnent pas davantage satisfaction.A la nuit, le combat s'arrête sans gain de terrain appréciable'.Pendant que se livrait ce combat infructueux, le corps colonial et le

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2e corps, afin de faciliter l'offensive de la gauche de l'armée, avaientessayé, soit par l'action de leur artillerie, soit au moyen d'attaques partielles,de prendre une attitude plus agressive.Les attaques du corps colonial au nord de Ville-sur- Tourbe, du2e corps vers Servon, échouent le 17 septembre, comme elles avaientéchoué la veille, sous le feu d'un ennemi dont les retranchementss'étaient encore renforcés 2.L'offensive, menée le 17 septembre par la IVe armée, s'avère doncirréalisable en face des organisations défensives d'un ennemi cependantpeu nombreux5.Avant même de connaître les résultats de cette troisième journée d'offensive,le général Joffre, convaincu de l'inefficacité des manoeuvres àl'est de l'Oise, s'était décidé, dans la matinée du 17 septembre, à lesarrêter, pour prolonger vers le nord, en la renforçant, la manoeuvre d'enveloppementde l'aile droite ennemie.Le général de Langle de Cary avait reçu, vers midi, comme le généralFoch, les instructions particulières lui enlevant le 12e corps et lui prescrivantde tenir l'ennemi « sous menace offensive pour empêcher se dégager eteffectuer glissements une partie front sur autre4».Laissant cependant l'offensive en cours se dérouler suivant le planprévu, le commandant de la IVe armée, dès réception des ordres dugénéral en chef, se met en devoir de les exécuter. Il prescrit enfin à ses1 12*corps d'armée, iq heures, 17 septembre 1q14, Annexe 346. !Compte rendu du capitaine Godinot, 7h 15; du capitaine Parisot, gb 15. - o C. A. àIV" armée, sans date. Annexe 313. — Compte rendu du capitaine Malézieux, 9h 3o.18septembre 1914. ,) Vraisemblablement les VIII" et XVIIr corps de réserve, des éléments du VI*corps actif.—, IV*armée. Compte rendu de renseignements, 17 septembre iqi4, Annexe 268. G. Q. G. Instruction particulière n° 28, aux Ve, IX' et IVarmées, n° 5621, 17 sep- tembre igi4, Annexe 242. — G. Q. G. à VIe, V%IXe, IV*, III' armées. Instruction parti- culière n* 29, n* 5651, 10h50, 17 septembre 19M, Annexe 244.118 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.commandants de corps de se tenir prêts pour le moment à contenir toute

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offensive de l'ennemi l.Les mouvements nécessités par le départ du 12e corps arrêtent, le18 septembre, la IVe armée dans ses tentatives de progression vers le nord.L'ennemi, de son côté, sauf une légère attaque dans la région sud-estde Binarville et un bombardement des abords de Perthes suivi «d'unecontre-attaque » (?), ne cherche pas à troubler, pendant cette journée, surle reste du front, le calme du champ de bataille 2.Le général de Langle met à profit cette inaction de son adversaire pourasseoir définitivement ses troupes sur le terrain, et assurer une liaisonétroite avec la IXe armée.Puis, il précise à ses lieutenants la façon dont il envisage leur missiondéfensive : «Les corps d'armée organiseront le terrain conquis tout enmaintenant le contact par des actions offensives locales; ils se reconstitueronten arrière du front de solides réserves, de façon à donner à unefraction de leurs troupes un repos nécessaire et à leur permettre de poursuivreultérieurement une vigoureuse offensive3».Une instruction personnelle et secrète accompagne cet ordre général.Le général de Langle de Cary a cru bon, en effet, de déterminerexactement le sens qu'il attache aux mots « actions offensives locales» : «ildoit demeurer entendu que ces manifestations d'activité ne serontentreprises, en principe, que par des éléments faiblement constitués eninfanterie (compagnie ou, au grand maximum, un bataillon) et être menéessous forme de coups de main".C'est l'application, dès le 18 septembre, d'une méthode qui caractériserala guerre de stabilisation. Le but est de conserver les effectifs : «Il1 IVearmée. Ordre général n° 56, 16-heures, 17 septembre 1914, Annexe 272.2 Les renseignements trouvés aux archives du S. ri. ne permettent pas de rétablir de iaçonprécise les événements du 18 septembre au matin dans la région de Perthes. Y a-t-il eu dansle village des unités de la 23" division? Le compte rendu de 10h3o du commandant de la46e brigade semble affirmatif (Colonel Chéré, commandant46e brigade, à général commandant34°division. 10h 3o, non daté). Les journaux des marches et opérations des différentesunités de la brigade le sont beaucoup moins.

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3 IV. armée. Ordre général n° 57, 16 heures, 18 septembre 1914, Annexe 425.TOME I, 4' VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 1198A.importe en somme, et quant à présent, de ne pas user l'infanterie enlançant à l'attaque des effectifs importants » -En agissant ainsi, le général de Langle de Cary se conforme d'ailleursaux instructions du général en chef qui, tout en laissant à ses subordonnésla plus grande initiative, les a incités quelques jours auparavant à êtreménagers des forces et de la vie de leurs hommes2.Il résume, à l'intention du général Joffre, les principales dispositions dontil vient de prescrire l'exécution 3.Le 18 septembre, la IVe armée semble avoir atteint un degré d'usure,qui ne saurait être dépassé sans compromettre le succès des manoeuvresultérieures.La fatigue extrême, signalée dès le 16 septembre, n'est pas l'apanageexclusif des unités d'infanterie. Elle atteint également les chevaux et lematériel.L'artillerie lourde paraît particulièrement atteinte. Les attelages, obligésà des déplacements fréquents, rendus particulièrement difficiles par l'étatdu terrain, sont épuisés. Le matériel, obligé par suite de l'éloignement desbatteries allemandes à tirer à limite de portée est «extrêmement D fatigué 4.L'aviation est l'objet des mêmes soucis du commandement. «D'unefaçon générale, le matériel volant de la IVe armée doit être considérécomme usé et incapable, dans l'état actuel, de fournir un service sérieux5. »La décision prise par le général Joffre d'interrompre la lutte de sesarmées du centre apparaît donc pour la IVe armée comme une nécessitéimpérieuse. Le général en chef ne veut pas cependant que cette pausedans l'action offensive soit pour les combattants synonyme d'inaction. Illeur demande d'abord de tenir sans défaillance les positions sur lesquellesils sont retranchés. Puis, songeant à sa manoeuvre à l'ouest de l'Oise, il leurdemande également, par une activité constante, d'empêcher l'ennemi de1 IVe armée. Instruction personnelle et secrète aux commandants de corps d'armée,16 heures, 18 septembre 1914, Annexe 426.ZlJ.{}.lJ. Message téléphoné à toutes les armées, n° 5186, et note pour les commandantsd'ar3mée, 14 septembre iqi4- » IV*armée à G. Q. G. Télégramme, 20 heures, 18 septembre iqi4, Annexe 427.

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Le colonel Malesset, commandant l'artillerie lourde, à IV armée, 18 septembre 1Q14. 5 Le directeur du service de l'aviation de la IVearmée à G. Q. G., n° 267, 18 septembre1914.120 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.prélever, sur cette partie du champ de bataille, des troupes dont ilsaurait ailleurs la libre disposition. Le général en chef désire, en un mot,ne pas permettre aux Allemands de reprendre leur liberté de manoeuvre.C'est le but que se propose, le 18 septembre au soir, le général deLangle de Cary.Pour réaliser le 19 septembre le dispositif prescrit, les commandants decorps, munis des instructions de l'armée, prennent, dans la soirée du18 septembre, leurs dispositions.Chaque corps parvient à s'installer sur le terrain et à mettre au repos :le 17e corps, trois régiments; le corps colonial, cinq; le 2e corps, unedivision entière. Ce dernier corps cherche, en outre, à établir dans lajournée, avec la IIIe armée, une liaison que les difficultés de passage àtravers le terrain boisé et tourmenté de l'Argonne n'avaient pas encorepermis de réaliser.Bien que l'ennemi se soit montré fort peu agressif en Champagnedurant ces dernières journées, le général en chef n'écarte pas pour celal'éventualité dans un avenir prochain d'une offensive allemande contre sesarmées du centre.Il décide, le 19 septembre, d'affecter à la IVe armée le 8eC. A., retiré desHauts de Meuse l, pour permettre à cette armée de faire face, le cas échéant,à une intervention possible de nouvelles troupes dans la zone centrale,étant donné que des mouvements importants lui ont été signalés, le18 septembre, dans la région Mézières, Sedan2 : «Vous pourriez ainsiprendre à votre compte les attaques du corps de droite de la IXe armée,qui pourrait ainsi appuyer plus à gauche pour soutenir la Ve armée5. »L'extension du front de la IVe armée ne pouvant avoir lieu avant le22 septembre, le général de Langle de Cary prescrit à ses troupes dereprendre, le 20 septembre, l'attitude agressive recommandée par legénéral en chef. Il ordonne dans ce dessein, au 1 7e corps, d'occuper le1 G. Q. G. Ordre à IHoarmée, n° 6122, 10 septembre 19M, Annexe 5i2.1 Cf. chapitre i, la conduite des opérations au lendemain de la Marne,G. Q. G. à IV. armée, n° 6152, 12 heures, 19 septembre 1914, Annexe 514.TOME I, 4* VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 121mouvement de terrain 171 et le bois carré au nord-est du moulin de

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Perthes, et au corps colonial de s'installer sur la croupe nord de Beauséjour,dans la direction de Maisons de Champagne 1.*L'attaque ordonnée pour le 20 septembre ne paraît pas possible auxexécutants du corps colonial et le général Leblois, commandant la 2e divisioncoloniale, faisant valoir l'état de fatigue de ses régiments en ligne, «depuis6 jours dans l'eau nuit et jour et sous un bombardement continuel quileur a coûté plusieurs centaines d'hommes», paraît sceptique sur lesrésultats de l'opération. fi émet même des craintes sur les suites fâcheusesqui pourraient en résulter pour sa première ligne 2,Ces observations ne parviennent pas à modifier la décision du généralde Langle de Cary.«L'attaque prescrite pour aujourd'hui est une offensive locale aussi bienau 17e corps qu'au corps colonial. Je répète qu'il ne s'agit pas d'enleverla crête de Maisons de Champagne. Il s'agit de s'installer sur lescroupes très voisines des positions actuellement occupées ',,.Au cours de l'après-midi, la 33e division, couverte à gauche par la 3lie,à droite par un bataillon de la 2e division coloniale, parvient à se rapprocherdes organisations ennemies, progressant ainsi de 800 mètres environvers le nord.Le général de Langle, satisfait des résul tats de la journée, et, apprenantd'autre part les progrès réalisés par le général Foch, se décide à reprendre«vigoureusement l'offensive» le 21 septembre. Il prescrit au 17e corps etau corps colonial d'attaquer, le lendemain à 1 1 heures, chacun avecun régiment, la crête : Butte du Mesnil, Maisons de Champagne fermerCette offensive sera complétée à l'est par une action du 2e corps sur lacroupe ouest-est au nord de Servon, en partant de la lisière ouest dubois de la Grurie.1 IV*armée. Instruction particulière au 17*corps et au corps colonial, 19 septembre 1914,Annexe 538.2 a* D.I. C. à C. A.C., 2 heures, 20 3 septembre 1914. IV.armée à C. A. C. 10h 45, 20 septembre 1914, Annexe 627. , IV*armée. Ordre général n° 60, 20 septembre 1914, Annexe 628.122 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le commandant de la IVe armée s'était inquiété d'autre part de donnerles derniers ordres en vue du rassemblement du 8e corps dans la régionBussy-le-Château, la Cheppe 1.

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A peine étaient-ils partis que le général en chef lui prescrit de maintenir,à sa disposition, ce corps d'armée dans la région de Sainte-Menehould2.En effet, l'ennemi a fait son apparition en Woëvre méridionale etparaît, le 20 septembre, préparer une action oflensive dans la région deThiaucourt avec des troupes identifiées précédemment dans les Vosges3.Le général en chef tient donc à se réserver la possibilité d'intervenir encas de nécessité au profit des armées de l'est.* *Le 21 septembre, la IVe armée attaque suivant le plan arrêté la veille 4.Les premiers renseignements sont favorables. A l'est, le 2e corps signaleune progression de 1.000 mètres vers son objectif. Au centre, quoiqueles nouvelles soient rares, l'officier de liaison de l'armée rend comptequ' «on entend une canonnade trainante. J'ai l'impression que celacède».A la même heure, la droite du 1 7e corps paraît progresser facilement etla gauche, arrivée à distance d'assaut des organisations ennemies del'arbre 200, se prépare à les enlever. Le centre, par contre, est arrêtéIlpar feux d'infanterie et d'artillerie à 600 mètres nord du chemin LeMesnil, BeauséjourSur le vu de ces renseignements, le général de Langle de Cary adresseau grand quartier un compte rendu optimiste : «Les attaques paraissentprogresser : le corps colonial, sur Maisons de Champagne; le 17e corps,sur Butte du Mesnil; le 2e corps, région de Servent.1 IV*armée. Ordre particulier pour le 8" corps, 20 2 septembre 1914. - n G. Q. G. à IV" armée, Message téléphoné n° 0422,10 heures; — IV armée a (j. V. u.Message téléphoné, 17 heures, 20 septembre tQi4, Annexes 606 et 629.3 Cf., chapitre xvi,les armées de l'est.4 Cf. carte n° i3.5Capitaine MaIézieux, 14h30; - capitaine Godinot, 15 heures. renseignements lournispar 17" corps sur situation vers 15 heures, Annexe 740.0 IV' armée à G. Q.G. Compte rendu, 16 heures, 21 septembre 191A, Annexe 737.TOME 1, 4" VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 123A 17h 3o, il prescrit à ses commandants de corps de reprendre, lelendemain 22, les opérations, «si les attaques lancées aujourd'hui n'ontpas encore atteint les objectifs qui leur étaient assignés1».

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En fin de journée, ces objectifs n'étaient pas atteints.Dans la soirée, le général de Langle de Cary est ainsi amené à modifierles termes de son précédent message : «L'ennemi nous oppose un frontfortement retranché. Le 17e corps et le corps colonial ont fait quelquesprogrès, mais sans pouvoir atteindre encore la crête de la Butte du Mesnilet la région de Maisons de Champagne qui était l'objectif de nos eflortsd'aujourd'hui. Le 2e corps a attaqué en partant de la lisière ouestdu bois de la Grurie et a gagné 1.000 mètres environ dans la directionde Servon. Les attaques seront reprises demain2. »Au cours de la journée du 21 septembre, la IVe armée s'est emparée,en plusieurs points du front, de quelques tranchées allemandes isolées, laplupart abandonnées par l'ennemi, mais n'a réussi, en aucun point, àentamer la première position allemande.La position Butte du Mesnil, ferme Maisons de Champagne et crète àl'est se révèle très puissante, non seulement par l'importance des organisationsdéfensives, mais aussi par les feux d'artillerie qui la protègent.Les commandants des grandes unités sont unanimes à considérer laprogression dans de telle conditions comme presque impossible et trèscoûteuse3.* *Le général de Langle de Cary, cependant, met tout en oeuvre pourfaciliter la tâche de ses troupes. Il prescrit, le 22 septembre au matin, à sonartillerie lourde de concentrer ses feux sur la crête Butte du Mesnil,Maisons de Champagne ferme, cote 199, «pour donner du coeur auventre aux fantassinsl». Malgré cet appui, les résultats de la journéel IVearmée. Ordregénéral n° 61, i7h 3o, 21 septembre. Annexe 738.1IV* armée à 3 G.Q.G. Compte rendu, 2ih 15, 21 septembre inih, Annexe 739. C. A. C. Compte rendu de la journée du 21 septembre.— 2" C. A. à IV" armée,18 heures, 21 septembre iqi4. Annexe 768. 4 IV* armée. Instruction particulière à l'artillerie lourde, 22 septembre 191 4 , Annexe885.124 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.montrent d'une façon indiscutable que la première ligne de défenseennemie ne peut être actuellement emportée de vive force.Devant le résultat négatif de l'offensive menée les 21 et 22 septembre,le général de Langle de Cary se résigne, dans la soirée du 22, à arrêterses attaques 1.Ainsi, le 22 septembre, les armées du centre sont contraintes, pour des

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motifs identiques, d'interrompre momentanément leur marche laborieusevers le nord.Arrêtée par une organisation défensive renforcée de jour en jour, laIXe armée, sous l'impulsion énergique de son chef, le général Foch, acherché au cours de cette période, soit par la droite, soit par la gauche,soit au centre, le point faible de la défense ennemie.Ses efforts parviennent, dans l'ensemble, à lui faire dépasser sur tout sonparcours, des environs de Reims jusqu'à la région de Souain, l'ancienneChaussée Romaine de quelques centaines de mètres vers le nord.A sa droite, la IVe armée ne parait pas d'abord, devant un adversaireencore en mouvement, rencontrer les mêmes difficultés, mais l'ennemi,choisissant là aussi sa ligne de défense, présente bientôt aux troupesfatiguées de la IVe armée un obstacle infranchissable.Toutes les tentatives du général de Langle de Cary pour se rendremaître de la crête Maisons de Champagne ferme, cote 199, véritable clefde la position ennemie, restent infructueuses.La IVe armée ne parvient pas, en définitive, à entamer sur un seulpoint la première position ennemie. Elle enregistre même, à l'est del'Aisne, un léger échec à la suite de la perte du village de Servon.A la date du 22 septembre, les généraux Foch et de Langle de Cary,malgré leur opiniâtreté dans l'attaque, leur ardent désir de vaincre,n'ont pu, comme le leur avait demandé le général Joffre, rejeter sur laMeuse, les forces allemandes qui leur étaient opposées.Mais, s'il n'ont pas mené à bonne fin cette manoeuvre, ils ont néanmoinsrempli, à la satisfaction du général en chef, la mission défensive quecelui-ci, pressentant une nouvelle bataille et voulant à tout prix assurer le1 IVoarmée. Ordre général n° 62, 17 heures, 22 septembre 191Annexe 888.TOME I, 4e VOL. — PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE IV. 125succès de sa manoeuvre d'aile à l'ouest de l'Oise, leur avait également indiquée: à savoir «contenir» leur adversaire.Ce dernier, inquiet des attaques dont il est journellement l'objet, n'osepas dégarnir trop fortement son front. Les généraux Foch et de Langle deCary le contraignent ainsi à maintenir entre Reims et Argonne desforces importantes au moment où, sur les bords de l'Oise, se développeune manoeuvre que le général en chef espère décisive.

DEUXIÈME PARTIE.LA COURSE À LA MER.

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( 19 SEPTEMBRE-15 OCTOBRE 19 14. )CHAPITRE V.L'ACTION DU GÉNÉRAL JOFFRE PENDANT LA COURSE À LA MER.(19 SEPTEMBRE - l5 OCTOBRE 1 9 14. )(Carte n° 14.)Genèse de la manoeuvre d'aile; théâtre des opérations. - Mission dévolue à la 110armée(19 septembre). — Derniers sursauts de la bataille de l'Aisne, offensive allemande deLorraine, bataille de Picardie (20-26 septembre). — Extension de la manoeuvre d'aile aunord de la Somme (27 septembre-2 octobre). — Concentration de forces alliées dans leNord, bataille d'Arras (29 septembre-4 octobre). — Premiers doutes sur l'aboutissementde la manoeuvre d'aile. Transport de l'armée britannique dans le nord (4-6 octobre). -Fin de la a course à la mer. (7-15 octobre).L'habitude a été prise, depuis et même pendant la guerre, de désignerla période des opérations qui s'étend du 20 septembre au 15 octobre 1914sons le vocable de « course à la mer».Cette expression imagée est impropre. Elle donne en effet à penser queles deux adversaires en présence se sont hâtés l'un et l'autre à l'envi devenir appuyer leur lfanc aux côtes de la Manche ou de la mer du Nord.Il est loin d'en être ainsi.En réalité, le haut commandement français, constatant l'insuffisancedes résultats obtenus depuis le 14 septembre, a été amené à substituer à -la manoeuvre de poursuite une manoeuvre de débordement se développantpar les plaines encore libres au nord-ouest de l'Oise. Cette conception128 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.avait déjà inspiré plusieurs fois, avant, pendant et après la bataille de laMarne, la conduite générale des opérations, mais elle prenait, à la miseptembre,une importance toute nouvelle, en raison de la menace,chaque jour grandissante, d'une manoeuvre allemande analogue, qu'ilimportait de gagner de vitesse.Pour envelopper l'aile extérieure de l'ennemi, il fallait d'abord se hâterde gagner du champ vers le nord afin de se mieux rabattre ensuite etde réaliser ainsi l'encerclement. Si donc les adversaires cherchèrent à se

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gagnermutuellement de vitesse au cours d'une série de parades et deripostes et si « course Il il y eut, ce fut bien plutôt course « à l'aile » qu'àla mer. La mer, loin d'en constituer le but en marqua au contraire leterme. Lorsqu'en effet fut atteinte la frontière liquide que les armées nepouvaient dépasser, et qu'il fallut faire appel aux escadres alliées pourprolonger l'action des forces de terre, la course s'arrêta d'elle-même.Ni l'un ni l'autre des deux adversaires n'ayant réussi à « tourner » sonantagoniste, ils se reprirent à s'aborder de front, et ce fut la « bataille desFlandres » qui fit suite à la « course à la mer».Quoique ce dernier terme soit impropre, il sera conservé dans le récit,puisqu'il s'est acquis droit de cité dans l'histoire militaire.Le théàtre d'opérations sur lequel vont se dérouler les péripéties de lacourse à la mer est constitué par l'immense plaine de Picardie, « au reliefcalme, aux ondulations larges et uniformes ».Le trait capital de la structure de cette région géographique est l'orientaLionnord-ouest, sud-est, des principales lignes du relief (encore ce reliefest-il essentiellement un relief en creux). Les rivières côtières, la Canche,l'Authie, la Somme ont installé dans les synclinaux leurs vallées parallèleset coulent lentement dans des sillons profonds et presque rectilignes.La principale d'entre elles, la Somme, a son cours inférieur jalonnépar une série d'anciennes villes fortifiées (Ham, Péronne, Corbie) quimarquèrent longtemps la frontière du royaume de France.C'est ici, en effet, le pays des places fortes et des sièges célèbres, lethéâtre de prédilection de ces guerres que livrèrent, de Philippe-Augusteà Louis XIV, de Bouvines à Denain, les rois de France, obstinés à remontervers le nord les marches de l'Ile de France et à refouler en Flandrel'envahisseur allemand, anglais ou espagnol.Le problème qui se pose aux capitaines de 191 est sans précédentTOME 1, 4" VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 129LAGRANDGEUERR—E. 1, 4*VOL. 9dans les annales de notre histoire. Il ne s'agit plus seulement de protégerde l'invasion le coeur du pays et sa capitale. Pour la première fois au coursdes siècles, combat à nos côtés, sur le continent, un allié insulaire auquelil importe avant tout d'assurer l'intégrité de ses bases maritimes de laManche et du Pas-de-Calais.Ce n'est donc plus sur les lignes naturelles du terrain qu'il convient,faute de mieux, de se rétablir, c'est dans le sens longitudinal, parallèle àla côte, qu'il faut à tout prix s'installer et tenir; en même temps qu'il faut

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se hâter vers le nord pour aller donner la main à l'allié belge replié sousAnvers. Or, dans ce sens, nulle ride de terrain, nulle coupure profonde,nulle forèt épaisse ne rompent la monotonie de la plaine.Aussi verrons-nous l'armée française accrocher successivement sadéfense aux villes, seuls obstacles naturels qu'offre la région. Les ruinesfumantes de Roye, de Chaulnes, d'Albert, d'Arras, de Lens, d'Armentières,et enfin d'Ypres jalonneront ainsi douloureusement la montéetragique du front vers le nord, jusqu'au jour où une paisible rivièrecôtière, l'Y ser, verra se dresser le long de sa rive la résistance héroïque del'armée belge.** *Au moment où commence la course à la mer ce n'est point encore dedéfense mais d'attaque qu'il s'agit.Du ily au 18 septembre 19 14, le commandant en chef a été amenéprogressivement à décider le transport à son aile gauche du centre degravité de ses forces, non seulement pour parer et riposter à la manoeuvred'aile de l'ennemi, mais encore pour imposer sa volonté à ce dernier parune manoeuvre similaire l.Ayant décidé, le 17 septembre, de retirer du front de Lorraine, enmême temps que le 20e corps, l'état-major de la IIe armée, c'est toutnaturellement au commandant de cette armée, au général de Castelnau,que le général Joffre va confier l'exécution de cette manoeuvre.Accompagné de son chef d'état-major, le général Anthoine, le généralde Castelnau a été convoqué, le 19 septembre, au grand quartier général1 G. Q. G. Lettre à VIe armée, 17 septembre, Annexe 245.HO LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.alin d'y recevoir les instructions du commandant en c hef. Le détail decette entrevue n'a pas été conservé; mais l'instruction particulière n° 32du 19 septembre, destinée aux IIe et VIe armées et au G. D. T. 1, détermineà la fois la mission dévolue à la IIe armée et les modalités de cette action :« La IIe armée opérera à la gauche de notre dispositif général.« Sa mission est d'agir contre l'aile droite allemande pour dégager laVIe armée et permettre à cette armée — et par voie de conséquence àl'ensemble de nos forces — de reprendre le mouvement en avant.« L'action de la IIe armée se fera sentir par un rabattement sur l'ailedroite adverse, mais ce mouvement de rabattement sera toujours limitéassez à temps pour que la IIe armée puisse se redresser et conserver toujours,quoi qu'il arrive, une direction de marche débordante par rapport

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aux nouvelles unités que 1 ennemi pourrait mettre en ligne.« Le soin de poursuivre l'aile droite ennemie en retraite incomberaitdonc, le cas échéant, à la VIearmée, le mouvement général de la IIe arméeétant de s'élever toujours sur le flanc de l'ennemi, quelle que soit laposition de ce flanc.« Les opérations de la IIe armée dépendent du mouvement du gros denos forces, mais sans qu'il y ait liaison étroite entre cette armée et l'annéevoisine : un intervalle de manoeuvre entre les deux armées est plutôtavantageux que nuisible 2. »En résumé, il ne s'agit pas seulement de rechercher, par une manoeuvreà court rayon, l'enveloppement des forces adverses repérées sur le terrain,mais de procéder de manière à être, dans toutes les éventualités, enmesure d'assurer le débordement « des nouvelles unités que l'ennemipourrait mettre en ligne ». L'idée de manoeuvre est nette, mais son applicationne laisse pas d'être délicate; un « mouvement de rabattement Ilpouvant être « toujours limité assez à temps » pour redresser la marche del'armée, constitue incontestablement une opération complexe.1 G. Q. G. à IIe,VIe armées et G. D. T. Instruction particulière n° 32,n° 6i53, 19 septembre1Q1 4, Annexe 513.2 C'est, reprise sous une autre forme et à une plus vaste échelle, l'idée déjà émise le16 septembre par le G. Q. G., quand il télégraphiait à la VF armée que tla présence du13e corps dans la région de Guiscard aurait sans doute pour la décision de la bataille plusde valeur qu'une intervention immédiatIel. G. Q.G. Message téléphoné à Vl'armée, 16b i5,16 septembre, Annexe 118.TOME I, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 1319-** *Le général en chef n'attend pas un résultat immédiat de l'action de laIIe armée. Dans son compte rendu au ministre de la Guerre, le 2 1 septembreau matin, il expose ainsi la situation :«A l'ouest de l'Oise, nous avons progressé dans la journée d'hier;mais il semble que l'ennemi ait déjà pu amener de ce côté des forces

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nouvelles. Il y a donc lieu d'envisager que nous n'y progresserons de façondécisive qu'après achèvement de la manoeuvre en préparation, ce quidemandera quelques jours encore. »Puis, après avoir signalé les attaques violentes menées par les Allemandssur le front des armées du centre et de l'est, il conclut :« En résumé, l'ennemi paraît s'engager à fond dans une bataille quipeut avoir une influence considérable sur l'issue de la guerre. Cette actionétait inévitable. J'estime qu'à tous les points de vue, mieux vaut pournous l'avoir sur l'Aisne que plus au nord où, en raison des destructions devoies ferrées, nos ravitaillements comme nos transports eussent été beaucoupplus difficiles 1.»En réalité, au cours des journées suivantes (21 au 25 septembre), lesAllemands cessent leurs attaques contre les armées du centre. Ils sontmême signalés effectuant des prélèvements dans la région de l'Aisne, sansdoute pour renforcer leur aile droite au nord de l'Oise!.Dans ces conditions, la manoeuvre d'aile confiée à la lIe armée peut setrouver compromise, aussi le général en chef, désireux de fixer sonadversaire, prescrit-il à ses armées du centre d'attaquer, le 23 au matin,avec l'appui de l'armée britannique3. Mais, les résultats sont insignifiants,l'ennemi étant déjà fortement retranché'.Le général en chef, constatant alors qu'en raison du caractère prispar la lutte à l'est de l'Oise et du peu de moyens existant pour s'attaquer1 G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, 6/170, g1'35 à 10 heures,21 septembre 1Q14. Annexe 703.S G. Q. G. 2e bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 23 septembre 191/1, Annexe945.3 G. Q. G. Télégrammechiffré, 6785, 2ib , i5, 22 septembre 1q14, Annexe 837. Cf. chapitre xvn.132 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.à des organisations défensives sérieuses, de nouvelles attaques généralesrisqueraient d'user les unités engagées sans rapporter des avantages appréciables,décide d'y renoncer. Il importe de ménager les ressources et dese créer des disponibilités pour alimenter la manoeuvre d'aile.Toutefois, il entend que ses armées du centre ne restent pas inactives.Elles participeront à la bataille en tenant l'ennemi en haleine, afin de l'empêcher,

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autant que possible, d'effectuer des prélèvements au profit de sadroite. A cet effet, elles devront procéder à des attaques localisées, exécutéesen accumulant successivement les moyens d'action sur des pointschoisis. Ainsi, elles pourront aider la IIe armée1.Cependant, si les Allemands se mettent sur la défensive entre l'Oise etl'Argonne, il n'en est pas de même en Lorraine, où ils mènent une doubleoffensive, de part et d'autre de Verdun. Mais, en dépit des premiers avantagesqu'ils remportent, tant sur les Hauts de Meuse que dans la valléede l'Aire, le général en chef ne se laisse pas impressionner. Il estime queses deux armées de l'est sont en mesure de tenir tête dans de bonnesconditionsL'action de la IIe armée demeure donc sa préoccupation dominante,car elle seule paraît susceptible d'apporter une décision aux opérationsen cours.Les débuts en ont été laborieux. La IIe armée, avec son aile droiteaccrochée à l'Oise et sérieusement engagée dans la région Noyon, Lassigny,n'a pas pris l'intervalle de manoeuvre qui, dans l'instruction du 19 septembre,lui avait été indiqué comme «plutôt avantageux que nuisible».A mesure qu'elle s'avance au nord de l'Oise, d'ailleurs, elle se trouve aucontact d'un ennemi, menant une manoeuvre symétrique à la sienne, etqui ne paraît pas être en retard sur elle.Le général en chef, qui craint une répétition de la manoeuvre étroitede la VIe armée et l'attirance du combat, intervient à deux reprises, les20 et 22 septembre, pour prescrire à la IIe armée d'élargir son mouve-1 G.Q. G. Télégrammechiffré, 6993, 9"5,21, septembre 1914, Annexe 1073.s Cf. chapitre xvi.TOME 1, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 133LAGRANDGEUERRE—. 1, 4°VOL. 9"ment et lui rappelle qu'elle doit toujours être en mesure de s'élever sur leflanc de l'ennemi, quelle que soit la position de ce flanc 1.Mais, le 24 septembre, alors que l'aile gauche de l'armée Castelnauatteint la Somme vers Corbie, une vigoureuse offensive allemande se produitcontre son centre, dans la région de Chaulnes, Roye. Ce sont des forcesennemies nouvelles, venant de l'est, qui entrent en ligne. Ainsi assaillie en

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pleine manoeuvre, la IIe armée, suspendant sa progression vers le nord, setrouve engagée dans une bataille face à l'est2. La manoeuvre risque doncd'être compromise. De plus, les Allemands, poursuivant leur offensive enLorraine, s'emparent, le même jour, de Vauquois et de Saint-Mihiel.Enfin le 25, le G. Q. G. est informé qu'ils vont déclancher le lendemainune offensive générale sur l'ensemble du front3.L'heure paraît décisive. Le 26 septembre au matin, le général Joffrefait téléphoner à ses armées :« Le commandant en chef compte qu'à cette heure, d'où peut dépendrele succès de la campagne, chacun mettra, une fois de plus, une énergieindomptable à refouler l'ennemi, le chasser de ses lignes et assurer lavictoire de nos armes »L'ennemi, ellectivemeul, s'efforce d'élargir ses avantages en Lorraineet déclanche de nouvelles attaques en Champagne tandis qu'il s'engagevigoureusement en Picardie.En Lorraine, l'offensive allemande, contre-attaquée, s'arrête dès le 2 5.Sur le front des armées du centre, les attaques ennemies sont, surcertains points, très violentes, allant parfois jusqu'au corps à corps, maiselles sont brisées, et le général en chef peut télégraphier au ministre dela Guerre, le 27 septembre, que les Allemands ont subi « un gros échectactique 5 P.En Picardie, les événements évoluent de façon moins favorable; la11e armée est en butte à de rudes assauts, or sa résistance conditionneG. Q. G. Message téléphoné à 11earmée, 6434, 19" 5, 20 septembre hji4, Annexe 609; - télégrammechiffré à M'armée, 1q' 3o, 22 septembre 1914, Annexe 836.5Cf. chapitre vi.sCf. chapitres xvi et xvu. , G. Q. G. Message téléphoné aux armées, 7426,81.30, 26 septembre 1914, Annexe1319.G. Q. G. Télégrammes chiffrés, 7^95,21 heures, 26 septembre 1914, et 7552, IGh5o,27 septembre 1914, Annexe 1449.134 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.le développement de la manoeuvre d'aile. Il faut donc l'aider, en menaçantson adversaire, en la renforçant elle-même, enfin en la mettant enmesure de poursuivre sa mission de débordement, qui reste primordiale.A cet effet, le général en chef demande au ministre de la Guerre quedes troupes mobiles britanniques et l'armée belge soient invitées à agircontre les communications ennemies; de son côté, il met à la disposition

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du général de Castelnau le 1ic corps d'armée, retiré du front de Champagneet récemment placé en réserve générale dans la région de Compiègne,et il invite le groupe de divisions territoriales *, naguère dirigévers Béthune, à se porter vers Arras et Bapaume2.Le général en chef ne doute point que d'autres moyens ne soient bientôtnécessaires au développement de la manoeuvre d'aile; pour remplacersans retard le 1ie C. A. en réserve générale, il retire un nouveau corpsd'armée, le 10e, du front de Champagne et le fait venir à CompiègneDès le 23 septembre d'ailleurs, à l'annonce de l'apparition au nord del'Oise d'unités allemandes arrivant de l'est, il a prévenu ses armées de Lorraine,engagées pourtant dans de durs combats entre Argonne et Moselle,qu'elles devaient prévoir d'importants prélèvements sur leurs effectifspour le 2 7 septembre4.Cependant, entre Roye et Péronne, la IIe armée est entièrementabsorbée par sa lutte contre la 6e armée allemande. Jusqu'ici les effortsdes deux adversaires tendent à s'équilibrer et un succès décisif paraîtpeu probable. La manoeuvre d'aile, dans ces conditions, risque de demeurerbloquée devant l'obstacle de la Somme.Le général en chef, qui mesure tout le danger de cette situation, nepeut se résoudre à accepter que la presque totalité des forces dont disposele général de Castelnau soient immobilisées dans une lutte frontale ausud de la rivière ; il rappelle donc instamment, le 25, au commandant dela IIe armée, que sa mission est « d'envelopper l'ennemi » et qu'il importe,Le G. D. T. placé sous les ordres du général Brugère, comprend 4 divisions d'infanterieet i division provisoire de cavalerie.Cf. chapitre vi.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à Y*armée, 18h25, 24 septembre lçp4, Annexe 1083.4 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à I" armée, 6801, 8h5o, 23 septembre 1914, Annexe947 et à III" armée, 6803, gh 10, 23 septembre 1914, Annexe 948.TOME I, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 1359A.pour cela, de faire passer le plus de monde possible au nord de laSomme1.Les événements confirment ses appréhensions; dès le 26 septembre, unnouveau corps d'armée ennemi, le IIe C. A. bavarois, apparaît au nord

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(le Péronne el.Une nouvelle phase de la « course à la mer» commence.** *Pour que la manoeuvre d'aile, remontant vers le nord, puisse se poursuivre,il est essentiel que le front entre l'Oise et la Somme resteinviolable, étant donnée la proximité des lignes sur lesquelles s'effectuentles transports de troupes vers le nord. Or, l'ennemi assaille sans cesse laIIe armée, dans les régions de Chaulnes et de Roye, et les troupes françaisessont contraintes à quelques replis. Si le recul s'amplifiait, lamanoeuvre française serait compromise, tandis que les Allemands auraientplus de facilité pour poursuivre la leur.Le général en chef va donc s'attacher, durant les derniers jours deseptembre et les premiers jours d'octobre, à renforcer la capacité de résistancede la 11e armée. Il lui envoie des troupes nouvelles, 56e, 62e, 53e,58e divisions et 8e D. C., successivement prélevées sur les armées ducentre et de l'est. Il lui prescrit de fortifier partout son front le plus possible.Enfin, il s'élève énergiquement contre les « rectifications de front enarrière »; « quand on veut rectifier, télégraphie-t-il, c'est par une attaqueen avant qu'il faut le faire3 ».Finalement, le front de la IIe armée, renforcé, consolidé, sera maintenu4.En arrière de ce barrage, le général en chef hâte le mouvement vers lenord des renforts venus de Lorraine et de Champagne, en utilisant àplein rendement le débit des chemins de fer. Un courant continu detransports amène ainsi à l'aile gauche française les 1oe C. A., corpsi G. Q. G. Message téléphoné, 726" 13" 45, 25 septembre iqi4, Annexe 1204.2Cf. chapitre vi.- v3G. Q. G. Télégramme chiffré, 1315, 20h10, 6 octobre, Annexe 2220; 1267, fi octobreiqi4, Annexe 2218.4Cf. chapitre xvm.136 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.d'armée provisoire (33e C. A.), 2 ie C. A., 45e D.I. En outre, la masse decavalerie d'aile est portée de quatre à sept divisions

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Cependant, l'ennemi procède de même et effectue, pour alimenter samanoeuvre, des prélèvements sur ses armées déployées à l'est de l'Oise.A la date du 3 octobre, d'après les renseignements recueillis au G. Q. G.,les forces allemandes en action au nord de la Somme atteindraient cinqcorps d'armée et deux corps de cavalerie 2. Ces forces seraient donc sensiblementcomparables aux forces françaises, si l'on admet que le G. D. T.corresponde à un corps d'armée. Toutefois, la manoeuvre allemande a surla manoeuvre française l'avantage de transports plus rapides, en raison dela configuration générale du front et de la capacité des voies de communicationdont l'ennemi peut disposer 3.Le général en chef voudrait retenir les troupes allemandes sur le frontstabilisé ou, tout au moins, profiter de leur départ. C'est ainsi que, le2 9 septembre, informé de nouveaux retraits effectués par l'adversaire dansla région de l'Aisne, il autorise ses armées du centre à lancer des attaquespartielles. Il recommande cependant une stricte économie4 et spécifie queles actions frontales ne « seront poursuivies que si elles paraissent devoirdonner un résultat important51. Il n'en est rien6. Dans la situation du frontstabilisé, une défensive organisée a facilement raison d'un assaillant àcourt de moyens.La manoeuvre d'aile doit donc se poursuivre sans pouvoir compter surune diversion efficace. Dans les derniers jours de septembre, son champd'action est passé au nord de la Somme, dans la région d'Albert, tandisque les combats continuent devant Chaulnes et Roye.1 G.Q.G. Télégrammes chiffrés, 7104, 24 septembre, Annexe 1083; 7527et 7602,27 septembre, Annexes 1448 et 1451; 7952 et 7971, 29 septembre, Annexes 1608et 1611; —ordre, 8900, 3o septembre; - télégramme chiffré, n3, 1" octobre, Annexe1755; — instruction particulière n° 33, 381, 2 octobre, Annexe 1831; — télégrammechiffré, 6q3,3 octobre, Annexe 1915; — 1115,5 octobre iqi4, Annexe 2125.2 G. Q.G.2e bureau. Compte rendu de renseignements n° 108, 5 heures, 3 octobre 1914,Annexe 1905.3 G. Q. G. Note sur la situation comparée des forces anglo-françaises et allemandes,4 octobre 1014, Annexe 2011.

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45 Cf. chapitre xv. G. Q. G. Message téléphoné, 8028, 29 septembre 1914, Annexe 1612; —télégrammechi6ffré, 8088, 9h 4o, 3o septembre 1914. Cf. chapitre xvn.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 137Le commandant en chef laisse au commandant de la IIe armée uneinitiative entière dans le cadre de la mission générale définie par l'instructionn° 32 du 19 septembre1, mais il suit attentivement le développementde l'action, soucieux d'éviter une manoeuvre trop étroite, qui seraitencore déjouée par l'ennemi. Précisément la IIe armée, convaincue quel'aile droite allemande se trouve maintenant vers Bapaume, en recherchel'enveloppement tactique 2.Le général Joffre intervient (28 septembre-2 octobre) pour étendre lamanoeuvre vers le nord. Il prescrit de porter la cavalerie sur la Scarpe etau delà; il fait diriger les transports en cours (C. A. provisoire, qui deviendra33e C. A.) sur Arras et Lens. Il insiste à nouveau sur la mission :« déborder, en tout état de cause, les forces allemandes 3 ». En outre, aprèsles récentes expériences de la bataille de Noyon et de celle des Hauts deMeuse, il estime nécessaire de renforcer le commandement à l'aile gauche.En effet, l'accroissement des effectifs engagés au nord de l'Oise, l'extensioncontinue du front de combat, la différence des missions incombantdésormais aux troupes en ligne au sud de la Somme et à celles qui mènentla çianoeuvre d'aile, rendent trop lourde la tâche du général de Castelnau.Le général en chef décide donc de mettre à la disposition du commandantde la IIe armée le général de Maud'huy, pour exercer le commandementd'une « fraction de l'armée ». Le général de Maud'huy se voit alors

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confier l'aile gauche de la IIe armée au nord de la Somme** *Au début d'octobre, la manoeuvre se présente, pour le haut commandement,dans des conditions nouvelles. Des armées alliées, britannique etbelge, vont être appelées à y prendre part. Leur mise en place, leur rôledans les opérations, leur liaison avec les troupes françaises posent au com-11 G. ! Q. G. Télégramme chiffré à Il' armée, 7682, 28 septembre i qiIt, Annexe 1535. Cf. chapitre vu. 3 G.Q. G. Télégramme chiffré à IIearmée, IGhi5, 29 septembre 1914, Annexe 1607; — instruction particulière, 78, 1"octobre 1914, Annexe 1752;—instruction particulière n° 33, 381, 2 octobre 1914, Annexe 1831. * Ct. chapitre VII.138 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.mandant en chef des problèmes complexes qui compliquent singulièrementsonrôle.Dès le 29 septembre, le maréchal French a écrit au général Joffre pourlui exposer l'intérêt qu'il y aurait à reporter l'armée britannique, alors .enligne sur l'Aisne, à l'aile gauche des armées françaises 1.Plusieurs raisons militent en faveur de cette proposition : arrivée prochainede nombreux renforts (7e et 8e D. W. et 3e D. C. W., venantd'Angleterre, et plusieurs divisions des Indes); diminution de la longueurdes lignes de communication anglaises; rendement supérieur à attendre detroupes qui couvriront directement leur propre territoire. Aussi le généralen chef donne-t-il son approbation absolue au principe du transport.Mais il n'estime pas que les circonstances soient favorables pour uneréalisation immédiate. Les armées alliées sont «à la bataille B, leur ailegauche est en pleine action. Le départ d'une armée entière du front stabilisérisque « d'ouvrir un vide impossible à combler », en raison de la pénuriedes disponibilités françaises et de la mesure à observer dans les prélèvementssur des secteurs, déjà anémiés, où les Allemands peuventreprendre leurs attaques. Le mouvement envisagé, enfin, est susceptiblede provoquer des complications dans les transports et ravitaillements,d'amener dans la disposition générale des armées « un trouble dont il est

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difficile de mesurer l'étendue ».En conséquence, le général en chef propose de laisser provisoirementl'armée britannique sur l'Aisne, mais d'amorcer son mouvement progressifvers le nord.D'abord, les troupes déjà en réserve, ou qui pourront être rendues disponiblespar une simple modification de l'occupation du secteur tenu,seront transportées dans les Flandres, où elles se joindront aux nouvellesunités annoncées, débarquées à Dunkerque, et qui seront invitées à fairesentir immédiatement leur action dans le flanc droit des Allemands. Ultérieurement,le gros de l'armée britannique sera transporté à son tour,lorsque, le mouvement des armées alliées ayant repris, le front se resserrera.1 Maréchal French. Note au général Joffre, 29 septembre 1914, Annexe 1615. —L'armée britannique tient un secteur de 25 kilomètres de front environ, entre Bucy-le-Longet Troyon. L'armée britannique compte, à cette date, trois corps d'armée et deux divisionsde cavalerie.TOMEI, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 139Ainsi, il n'y aura pas besoin de relève pour faire passer l'armée britanniquedu centre à l'aile gauche1.Le maréchal French acquiesce à ces propositions et met en route, le2 octobre, la 2e division de cavalerie et le; 2e corps d'armée, libéré parextension des fronts des deux autres corps d'armée britanniques2.Tandis que cet accord intervient entre les commandants en chef britanniqueet français, et que la bataille gagne la région d'Arras, les Allemandsentament, le 3o septembre, l'attaque d'Anvers. Le gouvernement belgedemande aux gouvernements alliés que l'on vienne à l'aide de son armée,réunie dans le camp retranché.Mais le général Joffre n'estime pas possible de distraire, à ce moment,des troupes françaises de l'action générale où elles se trouvent engagées :la bataille fait rage sur l'Ancre et la Scarpe, les Allemands continuent àassaillir le front entre Somme et Oise. Il insiste pour que l'armée de campagnebelge évacue Anvers, que sa garnison doit pouvoir défendre, etvienne se joindre aux forces alliées en cours de concentration dans lesFlandres3.

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Ces forces alliées vont comprendre, outre les troupes britanniques dontil vient d'être question4 :-- les sept divisions de cavalerie française se trouvant déjà à l'ailegauche ;- le 2ic corps d'armée français, en cours de'transport, et que legénéral en chef prescrit de pousser sur Lille; puis la 42e division, qui seraprélevée en Champagne;deux d ivisi ons -terr «tor i al es (87- divisions territoriales 87e et 89e) et une brigade de fusiliersmarins, prélevées sur les garnisons du Havre et du gouvernementmilitaire de Paris, et dirigées sur Calais et Dunkerque;1 G. Q. G. Note au G. H. Q., 8096, 3o septembre 19i4, Annexe ï 1679. G. H. Q. Note à G. Q. G., 3o septembre 1914., Annexe 1681. — G. Q. G. Note àG. H.Q., i5q, 1eroctobre 101A, Annexe 1756.3 Pour l'exposé détaillé deces faits, cf. chapitre x. 4G.Q.G. Télégrammes chiffrés à ministre de la Guerre, 4.6, 10h 20, 1" octobre, et 47,10ha5, ieroctobre 1914, Annexe t 75t; - 401, 17h 4-0, 2 octobre 1914, Annexe 1835; —instruction particulière n° 33, 381, 2 octobre 1914, Annexe 1831; — télégrammes chiffrésà IIe armée, 692, 3 octobre 1914, Annexe 1914; à G. M. P., 792, 4 octobre 1914 àIIe armée, 79, 4 octobre 1914, Annexe 2003.140 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.— le groupe de divisions territoriales du général Brugère, qui devraêtre rendu à sa mission initiale de couverture face au nord.Ainsi, la manoeuvre d'aile deviendrait une puissante action interalliée,mettant en oeuvre une masse imposante.Mais à peine cette conception s'ébaucbe-t-elle, que la réalisation enapparaît des plus problématiques.L'armée belge hésite à quitter le camp retranché d'Anvers où elle s'attarderaplusieurs jours. Les arrivées des nouvelles unités britanniques vonts'échelonner sur plusieurs semaines1. Enfin et surtout, la bataille d'Arrasévolue de façon défavorable.L'ennemi, une fois de plus, arrive à la parade et menace même d'uneriposte. Le général en chef désirait que le 21e corps d'armée soit concentrévers Lille afin d'amorcer à nouveau le débordement de l'aile droite

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allemande. Mais ce corps d'armée, d'abord scindé en deux, est finalementabsorbé complètement par la bataille dans la région de Lens2.Le 4 octobre, les événements sur le front de combat amènent le commandantde la IIe armée à envisager, au nord de la Somme, le repli de sonaile gauche. Le général en chef, intervenant à nouveau, interdit ce recul,« qui enlèverait toute possibilité de manoeuvres ultérieures3 ». En outre,complétant les mesures prises antérieurement, touchant l'organisation ducommandement, il fait de la subdivision d'armée Maud'huy une arméeindépendante, et il délègue le général Foch, nommé « adjoint au commandanten chef », pour coordonner l'action de toutes les forces françaises aunord de l'Oise4.* *Dès ce moment, le grand quartier général envisage la possibilité d'unéchec de la manoeuvre d'aile. Dans une note du 3e bureau, datée du01 1 Les 7" D. I. W. et 3e D. G. britanniques débarquent les 6 et 7 octobre à Zeebrugge etOstende; les troupes des Indes n'arriveront que dans la deuxième quinzaine d'octobre, et la8" D.I. W., dans la première quinzaine de novembre.H. chapitre viii.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à n'armée. 801, 17b35,k octobre 19*4, Annexe 2004.G. Q. G. Télégramme chiffré, 821, 19b20, 4 octobre 191a, Annexe 2008. — Legénéral Foch commandait alors la IXearmée, qui est dissoute, et dont les unités et le secteursont répartis entre les IVeet V*armées. -TOME 1, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 1414 octobre, et étudiant la situation comparée des forces franco-anglaises etallemandes, on peut lire :« Quel que soit le but à poursuivre, continuation de la manoeuvre d'enveloppementpar le nord ou recherche d'une action sur le centre du dispositifallemand, il est indispensable de constituer, dans chacune de nos arméesde droite et du centre, des réserves, soit pour les envoyer à gauchedans le cas où l'ennemi ferait de nouveaux prélèvements en face de nous,soit pour faire des efforts partiels1».

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Il ne s'agit là que d'une étude, mais qui reflète les préoccupations duhaut commandement. Celui-ci, commençant à douter des résultats de lamanoeuvre en cours, paraît revenir à la conception d'un effort de rupture.Il va, d'ailleurs, le 12 octobre, faire, sans succès, une première tentativeà ce sujet, sur le front de la Ve armée, à Craonne2.En attendant, le 6 octobre, dans une note adressée à toutes ses armées,le général en chef écrit :« La IIe armée et la Xe armée3 poursuivront la manoeuvre commencéecontre l'aile droite adverse. Si elles ne pouvaient parvenir à envelopperl'ennemi et à le forcer à la retraite, elles devront tout au moins l'immobilisersur tout le front. »«L'armée anglaise et l'armée belge, reliées à la Xe armée à notre extrêmegauche, prolongeraient et accentueraient l'action de cette dernière tantpour l'enveloppement de l'aile droite ennemie que pour son immobilisation. »« Ce résultat obtenu, et les armées allemandes fixées sur tout le théâtred'opérations, des offensives seront entreprises sur différents points dufront pour rompre les lignes adverses. »L'armée anglaise, tout entière, en effet, va être transportée à l'ailegauche.Aussitôt prises les mesures correspondant à l'accord intervenu entre lescommandements britannique et français le 3o septembre, le maréchalFrench s'est montré impatient d'achever le mouvement « amorcé » et d'avoirtoute son armée rassemblée dans le nord. Le 3 octobre, il a envoyé son1 G. Q. G. 3' bureau. (Notes et projets). Note sur la la situation comparée des forcesanglo-françaises et allemandes, Il octobre iqi/i, Annexe 2 2011. Ct. chapitres xv et XVII.3 Armée Maud'huy. 4 G. Q. G. Note pour les armées, 1169, G octobre 191/1.142 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.sous-chef d'état-major, le général Wilson, au grand quartier général, pourtraiter cette question et prévenir le commandant en chef français de sonintention d'attendre le regroupement de toutes ses forces à l'aile gaucheavant de lesengager1.Sur le premier point, relève de l'armée britannique sur l'Aisne, le généralen chef ne peut souscrire complètement à la demande du maréchal

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French, car « les lourdes charges imposées actuellement au service deschemins de fer et la difficulté de remplacer immédiatement sur le fronttoutes les unités anglaises ne permettent pas d'envisager l'enlèvement detoutes les forces britanniques 2 ».Le relève sera réalisée de la façon suivante :- la 69e D. H., seule réserve de la VIe armée française, relèvera le3e C. W. les 6 et 7 octobre; ce corps d'armée, acheminé aussitôt versla zone Compiègne, Longueil, Pont-Sainte-Maxence, y commencera sesembarquements le 9;- la ire D. C. W, fera mouvement par voie de terre, sans retard;- le dernier corps britannique (ier C. W.) sera relevé ultérieurement,à une date qui ne peut être précisée3.Mais le maréchal French insiste très vivement pour que cette dernièrerelève soit effectuée au plus tôt. Il obtient satisfaction. Le ier C. W. estrelevé, entre le 12 et le 16 octobre, par des éléments de la 6ge D. H. etdu 16e C. A. français qui vient d'être retiré du front de Lorraine4.Si le général en chef donne ainsi satisfaction au commandement britanniquepour le transport de son armée, dont l'envoi rapide dans le nord doitMission française auprès de l'armée britannique. Message téléphoné à G. Q. G., 7h 45,3 octobre 1914. — G. Q. G. Note au Président de la République au sujet du transport desforces britanniques, 4 octobre 1914, Annexe 2010.2 G. Q. G. Note à G. H. Q., 7Qi, 4 octobre iqi4, Annexe 2002.3 G. Q. G. Note à G.H. Q., 791, 4 octobre 1914, Annexe 2002. - G. H. Q. Note àG. Q. G., 5 octobre iûi4, Annexe 2129.6-Mission militaire française auprès de l'armée britannique. Compte renduà G. Q.(Î.,10 octobre 1914* Annexe 2560. - G. Q. G. Télégrammeschiffrés : à mission, 2025,10 octobre 1914, Annexe 2542; à VIearmée, 2269, 11 octobre 1914, Annexes 2619et 2824, 13 octobre 1914, Annexe 2763. — Au sujet du détail de ces relèves, cf. chapitreXVII.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 143être profitable à la manoeuvre d'aile, il fait une opposition énergique à

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l'intention du maréchal French touchant l'emploi des forces - anglaises.Il fait valoir « qu'il est d'un intérêt capital pour la suite des opérationsque tous les mouvements effectués vers le nord, soit anglais, soit français,concourent tous et immédiatement au même but, l'arrêt de l'aile droiteallemande et son débordement ».Il ajoute :« Ce résultat ne serait sûrement pas obtenu si, pour agir, S. E. le maréchalFrench se proposait d'attendre que toutes ses forces soient réunies.Le commandant en chef peut être amené à demander au maréchal Frenchla participation aux opérations des di visions anglaises au fur et à mesurede leurs débarquements et sans attendre que la totalité des débarquementssoit achevée. Il serait obligé d'envisager un recul de l'aile gauche, dont ilne serait pas en mesure de limiter la portée, si, dans le but de poursuivreune réunion, avantageuse en effet, mais non indispensable, quelques divisionsrestaient inactives au moment où le sort de la campagne se décidera.D'ailleurs, il y a lieu de remarquer que l'ennemi s'engage de son côté aufur et à mesure de ses débarquements; nous ne saurions agir différemment1».Devant ces arguments, le maréchal French s'incline et déclare que « sila nécessité l'exige, les diflérents corps n'attendront pas une concentrationgénérale pour s'engager. 2». -Reste la question de la zone de débarquement. Sur ce point, le généralen chef a modifié ses décisions suivant les renseignements qui lui parvenaientde l'aile gauche.Au début d'octobre, il avait décidé de faire diriger le 2e corps britanniquesur Lille3.Les 4 et 5 octobre, cette destination paraissant trop exposée, il s'entendavec l'état-major britannique pour que les débarquements se fassent dansla zone Saint-Omer, Hazebrouck; mais, des incursions de la cavalerie1 G. Q. G. Note au G. H. Q., 701, 4 octobre iqi4, Annexe 2002. 2 Maréchal French. Lettre au général Joffre, n° 0. A. 312, 5 octobre 1914, Annexe2129.3 G. Q. G. Note au sujet du transport des forces britanniques, 16 heures, lor octobre,Annexe 1756.144 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ennemie se produisant de ce côté1, il propose la zone Calais, Gravelines2.

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Le maréchal French repousse cette suggestion. Il craint qu'un débarquementdans la zone indiquée ne l'expose à être complètement séparé dela ligne française et il propose la région Doullens, Arras, Saint-Pol 3.Mais, à son tour, le général Joffre ne peut accepter, à cause, dit-il, del'encombrement des voies ferrées dans la région Doullens, Saint-Pol. Commele temps presse et qu'il n'est plus possible de procédera de nouvelles négociations,le 2e C. W. arrivant, il décide, le 6 octobre vers 3 heures dumatin, que les débarquements anglais commenceront immédiatement ausud d'Etaples, en se réservant de les faire continuer plus au nord si lasituation le permet4.Au contraire, dans la matinée du 6, le maréchal French fait demanderque les transports soient arrêtés sur la ligne Amiens, Abbeville, « en toutcas pas plus au nord qu'Abbeville ». Le général Joffre répond que les débarquementssont maintenant commencés et que des modifications jetteraientle trouble dans le service des chemins de fer; qu'au surplus, l'arméeanglaise ne court aucun risque dans la région Abbeville, Etaples, couvertepar la cavalerie française5. Il ajoute que la zone de réunion de l'arméeanglaise sera plutôt Saint-Pol, que Doullens, Arras6. Avant tout, le général enchef est désireux de voir les forces britanniques s'engager le plus tôt possibleà la gauche des forces françaises. Le général Foch se trouvant surplace, il lui confie le soin de s'entendre à ce sujet avec le maréchalFrench7.1 Cf. chapitre vin.--4 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à mission militaire française auprèsde l'armée britannique,914, 9h5, Annexe 2113 et à maréchal French, 1102, 21 20, 5 octobre 19141Annexe 2121.3 Mission militaire francaise auprès de l'armée britannique. Message téléphoné aG. Q. G. (D. C. F.), b 3o, 5 octobre iqi4, Annexe 2130.11G. Q. G. Télégramme chiffré à mission, 1118, 2h 4o,6 octobre igi4, Annexe 2204.

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5 Cf. chapitre ix.6 G.Q. G. Télégramme chiffré à mission, 1203, 13h30, 6 octobre lçp4. Annexe 2215.7 G. Q. G. Télégrammeschiffrés à général Foch, no5, 2ih d5, 5 octobre 1914, Annexe2i22 et 1140, 9h i5, 6 octobre 1914, Annexe 2208.TOME 1, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V. 145LAGRANDGEUERRE—. 1, fa.VOL. 10** *Pendant ces laborieuses négociations, la bataille s'est poursuivie à l'ailegauche, remontant toujours vers le nord. Elle atteint la Lys, commence àgagner la plaine côtière. De jour en jour, le terrain libre permettant lamanoeuvre se rétrécit.Le général en chef ne renonce pourtant pas encore à rechercher, dansune ultime tentative, le débordement de 1aile droite adverse. Il comptepour cela sur une action rapide et vigoureuse des forces britanniques dansla région de la Lysl, et aussi sur l'armée belge, qui a quitté Anvers dans lanuit du 6 au 7 octobre, et dont il voudrait voir la retraite orientée versThielt, Courtrai 2.D'autre part, une attaque de rupture, en préparation à la Ve armée,dans la région de Craonne, peut fournir une diversion utile. Le général enchef prescrit au général Franchet d'Espèrey de la déclancher le 1 1 octobre 3.Mais Anvers tombe le 9 octobre, libérant le corps de siège allemand,qui prend en chasse l'armée belge. Celle-ci, éprouvée et lasse, se replievers Bruges et non vers Courtrai. Elle parvient, le 15, sur l'Yser, entreNieuport et Dixmude4.Quant à l'armée britannique, son action se développe avec quelque lenteur.Elle ne commence à se faire sentir sérieusement qu'à partir du12 octobre; six jours se sont écoulés depuis que le dernier renfort parvenuà l'aile gauche (21e C. A.) a été engagé dans la bataille, car les transportsbritanniques ont amené à suspendre les transports français. Le rythme dela manoeuvre s'est trouvé ainsi ralenti 5.1 G. Q. G. Note sur la mission confiée à l'armée anglaise, 8 octobre 1Q14. 2 G. Q. G. Télégramme chiflré à ministre de la Guerre, 1642, 8 octobre 1914, Annexe2408.5 G. Q. G. Télégramme chiffré à V' armée. 1051, Q octobre IGla. Annexe 2480.

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1Cf. chapitre xi. :; Du 20 septembre au 6 octobre, ont été engagés dans la manoeuvre d'aile, successivement,les 4*C.A., 14"C.A., ao* C. A., 11* C.A., 10" C.A., G.D.T., C.A. provisoire,45' D. I., -ai' C. A., sans parler des forces de cavalerie,soit en moyenne, un C. A. tous lesdeux jours.146 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.A cette date du 12 octobre, Lille tombe aux mains des Allemands.L'oilensive franco-britannique de la Lys, au cours des journées suivantes,n'obtient qu'un gain de terrain limité1. Enfin, l'attaque de la Ve arméen'aboutit pas 2.De nombreuses forces allemandes apparaissent au nord de la Lys, lefront de combat atteint la mer.La manoeuvre d'aile n'a donc pas réussi. La « course à la mer », suitede déceptions, s'achève sur une déception. Toutefois, si le général en chefn'a pu obtenir, de cette opiniâtre exploitation de la bataille de la Marne,le succès décisif qu'il cherchait, la « course - est loin de tourner à son désavantage.La manoeuvre allemande qui visait, à la faveur d'un débordement del'aile gauche française, à reprendre en partie le plan initial du grand étatmajor,échoue. La course à la mer, logiquement, doit avoir maintenantpour conséquence la stabilisation du front occidental, solution néfaste pourla stratégie allemande, aux prises, d'autre part, avec la « masse russe,,Aussi, l'ennemi va-t-il faire, au cours de la bataille des Flandres, lesplus violents efforts pour tâcher de rompre un équilibre qui tend à s'établirà son détriment.12 Ci. eliapitre ix. Cf. chapitre XVII.10.CHAPITRE VI.LA BATAILLE DE PICARDIE.(19-26 SEPTEMBRE 1914.)(Cartes 14 à 17.)1. — CONSTITUTIODNELA11eARMÉE(19-30 septembre).Son manque de moyens d'exploration. — Comment la situation momentanément critiquede l'aile gauche de la VI* armée trouble la manoeuvre de la IIe armée.II. — MARCHED'APPROCHDEE LA11eARMÉ(2E1-23 septembre).

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Indications que possède sur l'ennemi le commandant de la II" armée. — Les premiersrenseignements de contact du 2i septembre. — Résultats de l'exploration aérienne du 22.— Vains efforts pour redresser vers le nord la marche de la JIoarmée. — Pivotement dela II*armée autour de son aile droite.III. — LABATAILLDEERENCONTR(2E4-26 septembre).Renseignements du 23. — Dispositions prises par la 11"armée pour recevoir le choc del'ennemi. — La bataille s'engage. — Velléités de diversions sur les arrières de l'ennemi.— Tentative d'enveloppement de l'aile droite allemande au sud de la Somme. — Apparitiondu H*corps bavarois au nord de la rivière. — La situation se renverse.1. — CONSTITUTION DE LA IIe ARMÉE.A son passage au G. Q. G., le 19 septembre, le général de Castelnau areçu, outre les instructions du commandant en chef, la note qui fixe lesconditions dans lesquelles sera constituée la nouvelle IIe armée qui lui estconfiée 1.Celle-ci comprendra, d'une part2, les corps de gauche de la VIe armée :13e et 4e C. A., dont l'un (le 13e) est engagé depuis le 15 septembre,G. Q. G. Ordre particulier n° 3i, 18 septembre. Annexe 393. - Ct. carte n" 4.148 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dans le massif de l'Ecouvillon, en une série de combats confus, et dontl'autre (le 4e), retiré depuis peu du front de l'Aisne l, franchit à cemoment l'Oise au sud de Compiègne pour se porter à la gauche du 13e,dans la région entre Lassigny et Montdidier.Elle comprendra, d'autre part, le 14e corps d'armée, venu des Vosges,et qui débarque à partir du 19 dans la région de Clermont, Beauvais; etenfin, le 20e corps, venu de Lorraine en même temps que le généralde Castelnau, et qui débarquera à partir du 20 dans la région d'Aumale.Pour couvrir les débarquements et le rassemblement de ces forces, legénéral de Castelnau dispose d'un groupe de 2 divisions de cavalerie,les ire et 5e D. C.. (ancien corps de cavalerie Bridoux passé aux ordresdu général Buisson) qui stationnent dans la région de Péronne.En outre, le groupe de divisions territoriales du général Brugère2,concentré autour d'Amiens, a reçu du commandant en chef, dans lamatinée du 18, l'ordre d'arrêter le gros de ses divisions à hauteur de

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Corbie et d'organiser de part et d'autre de la Somme, face au nord et àl'est, une position défensive pour couvrir les débarquements de l'ailegauche de la ne armée3.Si les débarquements et la concentration de la IIe armée sont ainsicouverts dans la direction de l'est et du nord, le général de Castelnau, enrevanche, ne dispose d'aucun moyen lui permettant de s'éclairer et depousser ses investigations jusque dans la région de Valenciennes, Denain,Cambrai, où lui ont été signalés des débarquements importants del'ennemi 4.Son aviation en effet ne l'a pas suivi; elle est demeurée en Lorraine etne le rejoindra que le 22 septembre. Quant aux divisions de cavalerie dugénéral Buisson, l'état d'épuisement de leurs hommes et surtout de leurschevaux, dont les di visionnaires sont unanimes à déclarer la «condition »lamentable, interdit de les utiliser pour l'exploration lointaine. Installéesautour de Péronne où elles se reposent, tout au plus sont-elles enmesure d'escarmoucher avec les éléments légers ennemis qui circulentdans la région, et leur action se borne à l'envoi de quelques détachementsde reconnaissance et de découverte.1 Cf. ci-dessus 1" partie, chapitre 11.2- -Le g-én-éra.l--.Brug0ère a re1m.,p.lacé le -gén-éral l'd'I'IA1omL adne le 17 s1eptemabre au s-o--ir. 1 C. y Li.Télégramme chittre a li. L). 1., o 40. xo sepwmpre. Annexe av*.G. Q. G. Bulletin de renseignements, 6 heures, 17 septembre. Annexe 238.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 149LAGRANDGEUERR-E. 1, 4*VOL. 10ALe général en chef, qui n'ignore rien de cette situation, a décidé derenforcer la cavalerie de son armée d'aile, au moyen de deux autresdivisions que commandera le général Conneau. Au moment où se constituela lIe armée, ces deux divisions sont, l'une (la 3e) dans la région deConchy-les-Pots où elle couvre le flanc gauche du 13e corps et masque lamarche d'approche du 4e; l'autre (la lOe) à Rivecourt où elle franchitl'Oise.Mais, pour que ces deux divisions (elles-mêmes très fatiguées, commetoute la cavalerie française à cette époque) puissent gagner suffisammentde champ à l'aile extérieure et assurer la sûreté éloignée de l'armée,plusieurs jours seraient nécessaires.Pour l'instant le général de Castelnau, réduit, comme source d'infortions,aux seuls bulletins de renseignement du G. Q. G., ignore à peu prèstout des mouvements et des intentions de l'ennemi en face de lui.Le 20 septembre au matin, il a pris le commandement des éléments de

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gauche de son armée (14e - et 20e C. A.) , alors en cours de débarquement,et les a orientés sur les directions de marche qu'ils auront à adopter parla suite. Il s'est rendu dans la matinée à Villers-Cotterêts, où il a eu uneconversation avec le général Maunoury, et s'est mis d'accord avec celui-cisur la date (21 septembre, o heure) à laquelle se rangeront sous son autoritéles grandes unités que lui passe la VIe armée (13e et 4e C. A., ire, 3e,5eet 1oe D. C.).Il vient à peine de rentrer à son quartier général de Creil, lorsque legénéral Maunoury l'informe que la gauche de la VIe armée, fortementpressée, a dû céder du terrain, et qu'il prévoit l'obligation où il va setrouver de se retirer au sud de l'Aisne, découvrant ainsi les ponts del'Oise sur la droite du 13e corpsl. 1Presque au même moment arrive à la IIe armée un télégramme dugénéral en chef qui prescrit de «laisser provisoirement une partie desforces de la IIe armée pour tenir les ponts de l'Oise autour de Compiègneet ceux de l'Aisne jusqu'à RethondesD et de a faire sentir énergiquementle plus tôt possible l'action de sa droite2».Ainsi, avant que la IIe armée ait eu le temps de rassembler ses forces et1 VIearmée. Télégramme chiifré à la IIe armée, 12b5, 20 septembre. S G. Q.G. Télégramme chiffré à II. armée, n° 6381, 20 septembre. Axmexe604.150 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.d'amorcer la manoeuvre à grande envergure qui lui a été confiée, lespréoccupations du commandant de cette armée se trouvent détournéesvers la vallée de l'Oise, et son attention attirée sur la nécessité d'agirdans cette région au profit immédiat de l'armée voisine.Le général de Castelnau propose alors au général Maunoury de laisserprovisoirement à sa disposition une partie des forces que celui-ci devaitlui passer le soir même1, et en rend compte au commandant en chef2.En réalité, l'aile gauche de la VIe armée est dans une situation moinscritique que ne l'avaient laissé craindre les comptes rendus de la matinée ;aussi le général Maunoury, ne gardant à sa disposition qu'une brigade du13e corps pour tenir les ponts de l'Oise, décline l'offre du général deCastelnau3.De son côté, le général en chef est bientôt rassuré. Informé à 1813 opar son agent de liaison, le lieutenant-colonel Brécard4, que l'intentiondu général de Castelnau était de pousser le lendemain 21 ses corps dedroite, î 3e sur Noyon et 4e sur Guiscard, afin de dégager la VIe armée auplus tôt, il fait téléphoner au commandant de la IIe armée :« La situation de l'armée qui est à votre droite est meilleure que ne lafaisait supposer le télégramme chiffré reçu à midi. Dans ces conditions et

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conformément à l'instruction particulière n° 32, il me paraît nécessaired'élargir votre mouvement vers la gauche en ne consacrant à l'action surNoyon que la partie de votre corps de droite strictement nécessaire pourvous emparer de ce point de passage5. »Après réception de ces instructions, le général de Castelnau prescrit,dans son ordre d'opérations pour la journée du lendemain :«i ° Tout en continuant sa progression en direction générale deGuiscard, le 13e corps attaquera les passages de l'Oise et tout particulièrementNoyon dont il se rendra maître, en vue de dégager la gauche de laVIe armée.1 II* armée. Message téléphoné à VIearmée,, 16" 35, 20 septembre. Annexe 619.Jr armée, Télégrammechiffré à (j. Q. Gr,10 40, 20 septembre. Annexe 620.VIe Armée. Télégramme à IIe armée, 17h i5, 20 septembre. Annexe 649. -Lieutenant-colonel Brécard à G.Q.G. Message téléphoné 183o, 20 5 septembre 1914. G. Q.G. Message téléphoné à II8 armée, 6434, 1911o5, 30 septembre 1914. Annexe609.TOME I, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 15110 A.« Ti maintiendra un détachement à Lassigny jusqu'à l'arrivée du 4 e corpsà sa hauteur sur la ligne Lassigny, Conchy-les-Pots.« 20 Le 4e corps s'élevant vers le nord, en direction générale de Roye,prendra comme objectifs, pour la tête de ses gros : Lassigny (division dedroite), en vue de couvrir et appuyer le î 3e corps, et Conchy-1 es-Pots(division de gauche).« 3° La 3e D. C. couvrira le flanc gauche du 13e corps et le débouchédu 4e corps, en se portant initialement dans la région de Biermont 1. »Ainsi, le général de Castelnau se montre soucieux d'engager ses forcesen une action bien coordonnée, mais il conserve quelque appréhensionlouchant la VIe armée; au reste, le général Maunoury, saisi de nouvellesinquiétudes, lui demande dans la soirée «de contribuer à le dégager parune action sur les derrières de l'ennemi »II. — MARCHE D'APPROCHE DE LA II8 ARMÉE.Au moment où va commencer la marche d'approche de la IIe armée,son chef sait peu de chose de l'ennemi.Par le dernier bulletin de renseignements du G. Q.G. (20 septembre,5 heures) le général de Castelnau a appris que tout ou partie du IXe corpsde réserve allemand est aux prises, dans le massif de l'Ecouvillon, avec

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son corps de droite, le 13e; il a appris également que le corps de cavalerieMarvvitz (2e et ge D. C.) s'est porté, dans la journée du 19, de la régionde Laon dans celle de Noyon. Un corps de réserve et deux à trois divisionsde cavalerie, telles sont donc les forces auxquelles le général de Castelnausait que va se heurter l'aile droite de son armée dans la journée du 21, surla rive droite de l'Oise.En ce qui concerne les forces nouvelles que l'ennemi pourrait amener àla bataille, le commandant de la IIe armée est, par contre, dans l'incertitude.Le )y septembre en efIet, le 2ebureau du G. Q. G. a bien signalé des1 He armée. Ordre général d'opérations n° 98, 19" 3o. 20 septembre 1914. Annexe621.2 YI"armée. Message téléphoné à ne armée, 22 heures, 20 septembre 1914. Annexe 654.152 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.débarquements importants dans la région Valenciennes, Denain, mais enspécifiant «qu'il voyait dans cette région simplement l'arrivée de quelquesbrigades de landwehr ou d'ersatz pour parer à l'action du groupe d'Amade(G.D.T.) sur les communications »Le 18, il a signalé que des troupes, non identifiées, débarquées àValenciennes et à Denain, se seraient portées par Cambrai sur Caudry etSaint-Quenti n.Le 19, il a fait connaître la liste des corps d'armée ennemis disparus dufront de Lorraine qui lui paraissent susceptibles d'apparaître à l'ouest del'Oise (le XIVe et les trois corps bavarois), en ajoutant toutefois que «letransport de ces quatre corps paraît dépasser, si l'on veut rester dans desconditions de temps acceptables, les possibilités de rendement des voiesferrées. et qu'en tout cas aucun renseignement ne permet actuellementde conclure à des débarquements considérables dans la région dunord de Saint-Quentin D2.Le 20 septembre enfin, il a fait savoir qu'aucun mouvement importantde troupes n'avait eu lieu le 19 dans la région comprise entre Cambrai etla rive droite de l'Oise.Cette impression optimiste est-elle justifiée? Que s'est-il passé pendantla journée du 3o derrière le front de l'ennemi? La région entre Cambraiet la rive droite de l'Oise est-elle encore vide de forces" ennemies importantes?Réduite, faute de moyens réels d'exploration adéquats, à s'avancer à

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l'aveuglette, la IIe armée va tenter de lever son incertitude grâce aux renseignementsde contact.Au cours de la matinée du 21 septembre, ces renseignements netardent pas à arriver à l'état-major de la IIe armée. Emanant, — soit d'untrain blindé de la défense mobile du camp retranché de Paris, qui s'estheurté, le 20 dans la soirée, entre Roye et Montdidier, à une division decavalerie ennemie, - soit du groupe de divisions territoriales du généralBrugère à Amiens, - soit des divisions de cavalerie du général Buisson à1 Note manuscrite de la main du colonel Dupont, chef du a*bureau du G. Q. G., en margedu bulletin de renseignements du 17 septembre, 6 heures. Cf. Annexe 238. — Il est à peuprès certain que cette manière de voir a été communiquée au général de Castelnau ou à sonchef d'état-major à leur passage au 1 grand quartier général. G Q. G. 2*bureau. Bulletin de renseignements, 81110, 19 septembre. Annexe 508.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 153Péronne, — soit encore de la VIe armée, tous confirment la présence dansla région sud-ouest de Saint-Quentin d'importantes forces de cavalerieennemie (2e, 9e, 7e et 4e D. C.). Ils mentionnent en outre une certaineactivité sur les voies ferrées entre Cambrai, Saint-Quentin et Busigny, maisils ne signalent aucun mouvement de colonnes dans cette région.De son côté, le 1 3ecorps annonce à 1 1 heures que «l'ennemi ne montrenulle part de grosses forces, ni même d'artillerie Il, et que si sa progressionest lente, c'est simplement parce qu'il se heurte, dans un pays difficile, àune infanterie fortement retranchée. La marche d'approche du e corpsà sa gauche paraît se faire sans rencontrer de résistance.Enfin le général Maunoury informe vers midi le général de Castelnauqu'il remet à sa disposition les dernières forces que celui-ci lui avaitprêtées pour la garde des ponts de l'Oise. Il lui annoncera, quelquesinstants plus tard, son intention de reporter ses corps d'armée en avant«jusqu'à ce que l'on ait retrouvé partout le contact. a «La situation

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actuelle de la VIe armée, ajoute-t-il, n'exige donc pas une action immédiatedu 13e corps d'armée parla région Noyon, Guiscard, action qui meparaît néanmoins avantageuse, mais que le ne vous demanderai que sielle ne devait pas écarter le 13e corps d'armée de la mission d'intérêtgénéral que vous avez l'intention de lui donneraLe général de Castelnau, complètement rassuré sur le sort de sonvoisin de droite et ne paraissant pas, d'autre part, avoir en face de lui desforces considérables, va pouvoir se consacrer désormais sans réserve àl'accomplissement de sa mission et à l'exécution de la manoeuvre dévolue àson armée.Les têtes de colonnes de ses corps de droite ayant atteint dans la soiréedu 21 la ligne générale Fresnières, Lassigny, Ribécourt, et ses corps degauche ayant à peu près achevé leurs débarquements, il décide d'entamerle â2 le mouvement en avant de toute son armée.La direction générale adoptée est celle «du front Saint-Quentin,Albert»; les objectifs assignés aux corps d'armée pour le 22 sont les suivants:- 13e corps d'armée : barrage de la vallée de l'Oise, à droite, et1 VI*armée. Message téléphoné à IIe armée, là* 3o, 21 septembre. Annexe 751.154 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.progression vers Guiscard en cherchant à atteindre le front Écuvilly,Genvry;- 4ecorps d'armée : front Avricourt, Roye (tête des gros);—14 e corps d'armée :Rollot, Faverolles, Etelfay (avant-gardes), correspondantà une direction de marche orientée vers le nord-est ;-2 oe corps d'armée : une division (i ic) sur Ailly-sur-Noye, avec détachementmixte à Moreuil, les autres éléments se portant au fur et à mesuredes débarquements dans la direction d'Ailly, suivant une direction demarche orientée vers l'est ;

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- 3e et ioe D. C. : région Marquiviliers, en liaison avec la gauchedu 4e corps d'armée et les têtes de colonne du 14e corps d'armée ;- ire et 5e D. C. (formant corps sous les ordres du général Buisson): région de Péronne 1.** *La matinée du 22 septembre se passe sans incidents saillants.L'aviation de l'armée ayant enfin rejoint, le général de Castelnau sehâte de lui prescrire , dès le lever du jour, des reconnaissances portant surla région de Saint-Quentin et de Cambrai.Depuis la veille, en effet, il a été informé par la VIe armée que, d'aprèsdes documents saisis, les Allemands auraient formé à leur aile droite unenouvelle armée et que celle-ci, destinée à couvrir le flanc droit de l'arméeKluck, serait en même temps chargée d'opérer un mouvement débordant.De son côté, le 2e bureau du G. Q. G., s'appuyant sur des radios captés,signale l'existence, depuis le 19, d'un quartier général d'armée à Saint-Quentin et mentionne qu'on peut s'attendre à voir apparaître prochainementsur la rive droite de l'Oise le Ier corps bavarois, vraisemblablementdestiné à entrer dans la composition de cette armée 2.Le général de Castelnau ne peut, dans ces conditions, que souhaiterimpatiemment d'être fixé sur les forces et les mouvements de l'ennemi enface de lui.1 11°armée. Ordre général d'opérations n° gg, pour la journée du 22, 18 heures, 21 septembre1914. Annexe 724. ! -- - - G.Q.G. 2e bureau. Note au sujet de la 7e armée allemande, 22 septembre. Annexe828.TOME I, T VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 155Malgré la pluie et les nuages qui gênent l'observation et qui obligentmême certains équipages à rebrousser chemin, l'aviation réussira à rapporterau cours de la journée un certain nombre de renseignementsintéressants.Sur le front des corps d'armée engagés il ne semble pas que l'ennemise soit sensiblement renforcé; en revanche, des mouvements de colonnesassez denses sont signalés dans la région entre Bohain et Saint-Quentinainsi que dans la vallée de l'Oise. La visibilité, très mauvaise, ne permetmalheureusement pas aux reconnaissances aériennes d'obtenir une vued'ensemble de l'activité de l'ennemi dans la région.Il semble possible que celui-ci exécute derrière son front un mouvement

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de glissement d'est en ouest et fasse, notamment, passer de la rivegauche sur la rive droite de l'Oise une partie des forces opposées à laVIe armée.Telle est, en tout cas l'opinion du commandant en chef. Il en fait partau général de Castelnau, et insiste auprès de lui pour que les 13e et4e corps d'armée fassent, dans la journée, « sentir énergiquement leuraction dans les directions indiquées par les instructions précédentes » 1.Mais ces deux corps d'armée se trouvent engagés l'un et l'autre dansune lutte qui devient depuis le matin de plus en plus vive, et leur progressions'avère extrêmement lente.Le 13e corps est toujours arrêté devant Lassigny et ses efforts répétéspour s'en rendre maître demeureront vains. Quant au 4e corps, s'il a, parsa division de gauche (8e D. I.), progressé assez facilement en refoulantdevant lui la cavalerie du corps Marwitz, et réussi ainsi à dépasser Roye,sa division de droite en revanche (7e D. 1.), rivée à la gauche du13e corps, est, comme lui, arrêtée à l'ouest de Lassigny devant leshauteurs de Balny et de la Potière.Le général de Castelnau prescrira bien au 4e corps d'armée, dans lecours de l'après-midi du 22, de s'organiser solidement sur les positionsatteintes et, à l'abri du masque ainsi constitué, de chercher à glisser versle nord 2; il ne paraît pas que ces directives aient pu être suivies d'exécution.2 G.Q.G. Message téléphoné à II" armée, oh 5o, 22 septembre. II" armée. Ordreà 4eG.A., i!i" 5o, 22 septembre. Annexe 852.156 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Elles seront renouvelées dans l'ordre d'opérations pour le 23 donnéà 1 7h 3o.Celui-ci prescrit en effet, au 4e corps, de chercher à déborder par lenord en attaquant dans la direction générale de Nesle, et au 13e corps,tout en couvrant la droite de l'armée face à l'Oise de Noyon, de faireglisser une partie de ses forces dans la région au sud de Roye pourconcourir à l'action du 4e corps.Pendant ce temps, le i4* corps d'armée, poursuivant sa marche versle nord par divisions accolées, la gauche en avant, se portera sur Bouchoiret Beaucourt-en-Santerre; le 20e corps d'armée, maintenant complètementdébarqué, devra porter sa tête vers Villers-Bretonneuxl.En ce qui concerne le corps de cavalerie du général Conneau (3e et10e D. C.) et les divisions du général Buisson (1 re et 5e D. C.), après avoireu un moment l'intention de les regrouper dans la région de Chaulnes2,

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le général de Castelnau décide de les utiliser séparément le 23. Le corpsConneau, se portant dans la région de Chaulnes, devra couvrir la gauchedes attaques du 4e corps et relier ce corps d'armée au 14e; quant auxdivisions du général Buisson, elles devront se maintenir à Péronne et,tout en continuant à assurer, en liaison avec un détachement du groupede divisions territoriales, la défense de ce point de passage, se reposerautant que possible en vue d une action ultérieure3.Ces dispositions viennent à peine d'être notiliées aux exécutantsqu'arrive à l'état-major de la IIe armée un télégramme chiffré du généralen chef'.Celui-ci désapprouve les directions de marche ( Ailly-sur-Noye d'unepart; Rollot, Faverolles, Etelfay d'autre part) indiquées la veille par legénéral de Castelnau à ses deux corps de gauche5. Il estime qu'elles sontorientées trop à l'est et que la continuation de la marche dans cette1 II* armée. Ordre général d'opérations n° 101, 17" 00, 22 septembre 1914. Annexe853.2 Cavalerie de Péronne. Message téléphoné à II* armée, 9h 3o, 12 septembre. Annexe811.II* armée. Communication téléphonique à corps de cavalerie Péronne, 20 15, 21 septembre191/1. Annexe 726. - Corps de cavalerie. Message téléphoné à II* armée, 13"45.22 septembre. Annexe 938.* G.Q.G. Télégramme chiffré à II- armée, 1qb 3o, 92 septembre iqi4. Annexe 836.5 II'armée. Ordre général d'opérations n* 99, 18 heures, 21 septembre 1914. Annexe724.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 157direction rendrait impossible l'exécution de la manoeuvre prévue parl'instruction n° 32, à savoir : être en mesure de s'élever sur le flanc del'ennemi quelle que soit la position de ce flanc.En effet, d'après les renseignements recueillis, l'ennemi effectue denouveaux débarquements à Cambrai ; il s'agirait probablement de sonXXIe corps. Il est donc nécessaire que la marche des 14e et 2 oe corps d'armée«soit dès maintenant redressée franchement vers le nord, le corps degauche pouvant être appelé à franchir la Somme dans la région de Corblea.

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Les corps de droite de la IIe armée seront à leur tour redressés vers lenord, dès que, la région de Noyon ayant été dégagée, la VIe armée pourrafranchir l'Oise en ce point et marcher sur Ilam.Le général en chef ajoute que c'est en prévision de ce mouvementascendant vers le nord qu'il a prescrit le matin même au groupe de divisionsterritoriales de se mettre en marche vers Aubigny 1.Le général de Castelnau estime que le nouvel ordre d'opérations qu'ilvient de donner 2, et dont le général en chef n'a pas encore pu avoir connaissance,est conforme à ces directives. En effet, le i/ie corps d'armée,au lieu d'être orienté vers le nord-est, comme la veille, est maintenantorienté vers le nord, et la marche du 20e corps d'armée, au lieu de sepoursuivre vers l'est, va se redresser vers le nord-est; ce dernier corpsd'armée sera par suite en mesure de franchir la Somme dans la région deCorbie, comme l'indique le général en chef.Par ailleurs, le commandant de la IIe armée vient de compléter sonnouvel ordre d'opérations par une instruction personnelle et secrète où ilannonce que son intention est «de prendre comme direction générale deson mouvement le nord-nord-est ».Le général de Castelnau se juge donc en communauté de vues complèteavec le général en chef, auquel il rend compte, à 21 heures, queses corps d'armée ont atteint la ligne générale Ribécourt, Lassigny, Roye,Carrépuis, et qu'ils se porteront le lendemain, le 4e en direction généralede Nesle, le 14e sur Bouchoir et le 20e sur Villers-Bretonneux3. Un peu1 G. Q. G. Télégramme chiffré à G. D. T. et II* armée, 6664, 8h 5o, 22 Annexe septembre. 831.2 II*armée. Ordre général d'opérations n° 101, 17" 3o, aa septembre, Annexe 853. ;', n. armée. Message téléphoné à G. Q. G., 3196, 21 heures, 22 septembre, Annexe 857; — télégramme chiffré à G. Q. G., 3197, 21 heures, 22 septembre, Annexe 858.158 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.plus tard, à 23 heures, dans un autre compte rendu adressé au généralen chef, il précise : «Ordre d'opérations déjà donné pour demain est absolumentconforme à indications télégramme chiffré n° 6780. Orientationvers est, donnée hier, était provisoire pour faciliter prise dispositif et tromperennemi1 ».*

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* *Le 23 septembre, dans les premières heures de la matinée, ces dispositionsdevaient être modifiées2.A 5h45, le 23, arrive à la IIe armée la nouvelle que Lassigny, dont laprise a été annoncée la veille au soir au grand quartier général, n'est pasentre nos mains, et que les troupes du i 3e corps, qui en avaient occupéles premières maisons, en ont été chassées. Dès 6 heures du matin, denouveaux ordres sont envoyés au 13e corps d'armée pour qu'il reprennesans retard l'attaque de Lassigny 3.D'autre part, des nouveaux renseignements reçus, il semble ressortirque le 4ecorps d'armée n'a devant lui que de la cavalerie; en conséquence,ce corps est invité à ne pas s'orienter tout entier sur Nesle, mais à prendrepour objectif de sa gauche Chaulnes4.Ces modifications de la dernière minute provoquent une certaine hésitationchez les exécutants qu'elles atteignent, la plupart du temps, troptard. Le général Boëlle, commandant le 4e corps d'armée, écrit le 2 3 septembreà 9 heures du malin5 :«. Un nouvel ordre de l'armée oriente le lie corps plus au nord dansla direction Chaulnes, Nesle.«Avant de répondre aux intentions nouvelles de l'armée, il importe dese garder dans la direction du sud-est et d'attendre pour se porter dans ladirection de Chaulnes que la situation soit éclaircie dans cette direction1 II* armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 3199, 22 heures, 33 septembre 191/1.Annexe 859.2 Cf. carte n° i5. 3 d n- , OUicierde liaison If armée,auprès du 1oe C. A. Message téléphonéa 11 armée, îoheures,23 septembre, Annexe 970. - I¡ JI. armée. Ordre particulier à 4.C. A., 6 heures, a3 septembre, Annexe 960.b 4e C. A. Bulletin de renseignements, 9 heures, 23 septembre, Annexe 1012.Celle du sud-est.TOME I, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 159Le général de Caslelnau prescrira, à plusieurs reprises au cours de lajournée, au 4e corps, de simplement se flanc-garder sur sa droite pourrester en liaison avec le 13e corps d'armée, et de s'élever en revanche parsa gauche résolument vers le nord 1. Mais, préoccupé par le combat qui selivre à sa droite, dans la région de Lassigny 2, le 4e corps conservera legros de ses forces à l'est et au nord-est de Roye, entre le bois de Champien

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et Billancourt, ne portant qu'un détachement mixte (un régimentd'infanterie et un groupe d'artillerie) jusqu'à Etalon et à la roule Chaulnes,Nesle3.En fin de soirée, sa division de droite, la 7e, établie sur le front Verpiliières,Ognolles, fait complètement face au sud-est; sa division degauche, la 8e, qui, malgré un engagement assez vif dans la matinée àBillancourt, a progressé facilement en refoulant devant elle la cavalerieennemie, est établie face à Nesle, dans l'angle des routes Roye, Nesle, etRoye, Péronne.Quant au 13e corps, ses efforts répétés pour s'emparer de Lassignyétant demeurés vains, il n'a pas réussi à gagner un pouce de terrain et sonfront reste sensiblement le même que la veille.Au soir du 23 septembre, l'aile droite de la IIe armée se trouve ainsiimmobilisée dans la région de Lassigny; elle n'est plus en mesure de participerÚ la manoeuvre de débordement projetée par le grand quartier général.Il n'en va heureusement pas de même de l'aile gauche.Ni le 14e ni le 20e corps n'ont été soumis aux mêmes vicissitudes que le13e et le 4e; couverts par la cavalerie, ils ont pu s'avancer sans rencontrerl'ennemi et leurs têtes de colonnes atteignent dans l'après-midi la lignegénérale Rosières-en-Santerre, Villers-Bretonneux, fixée par l'armée.De même, les divisions du corps de cavalerie Conneau (3e et 1oe D. C. ),refoulant devant elles sans difficulté la cavalerie Marwitz, ont pénétré dansChaulnes et établiront dans la soirée leur ligne d'avant-postes au nord decette localité.1 II'armée. Messages téléphonés à 4" C. A., 13 heures et 13 heures, 23 septembre, Annexes963 et 2 964. Où 1 apiiarition d'unedivision du 118corps a été, il est vrai, sillnalée. .; 4" C. A. Journal des marches et opérations, 23 septembre igi4.160 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Tout est donc prêt à l'aile gauche de la IIe armée, en vue d'une avancerapide vers le nord, telle que la souhaite le général en chef.La région de Péronne, dont l'importance est capitale en raison desfacilités qu'elle offre pour le passage sur la rive nord de la Somme, estsolidement tenue par un important détachement de toutes armes aux ordresdu général Vigy1. Celui-ci, qui a été assez vigoureusement pris à partiedans la journée du 23, a tenu bon et maintenu la possession de cette têtede pont.Le général de Castelnau décide dans la soirée de faire renforcer au

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cours de la nuit ce détachement par une brigade mixte du 14e corpstransportée en automobile et par la totalité du corps de cavalerie Conneau.Il rappelle en même temps au général Vigy «qu'il attache une extrêmeimportance à la possession de Péronne) et lui prescrit d'y tenir «coûteque coûte» avec l'appoint des troupes fraîches qui lui sont envoyées 2.Mais à 23 heures, des ordres tout à fait différents sont donnés par lecommandant de la IIe armée :Le mouvement de la brigade mixte du 14e corps d'armée sur Péronneest contremandé; le détachement Vigy reçoit l'ordre de «se dérober pendantla nuit en direction générale d'Albert, laissant seulement le corps decavalerie Buisson pour conserver le contact et retarder l'ennemi» ; enfinle corps de cavalerie Conneau devra exécuter le mouvement prescrit surPéronne mais «avec prudence », en cherchant lui aussi à « retarder l'ennemi» 3.Quelles étaient donc les raisons de ce brusque revirement?III. — LA BATAILLE DE RENCONTRE.La journée du 2 3, si elle n'a pas été riche en résultats sur le front destroupes engagées, a fourni une ample moisson de renseignements au commandantde la IIe armée.1 Pour tout ce qui concerne la composition et la constitution du détachement Vigy cf. notedu S. H. de l'annexe 953. (Officier de liaison du G. Q. G. à la II* armée. Compte renduà G. * Q. G., iqfc 10, a3 septembre.) 11*armée. Messagestéléphonés à général Vigy, 19* 15 et 19*45, 23 septembre. Annexe967.11"armée. Ordres particuliers aux 1If C. A., groupement de Péronne et corps de cavalerie,ao heures, 23 septembre, Annexe 969.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 161LAGRANDGEUERR—E. 1, 4*VOL. 11D'abord, le bulletin de renseignements du 2e bureau du grand quartiergénéral est venu apporter la nouvelle qu'une activité inusitée régnait depuisdeux jours sur les voies ferrées de la région Cambrai , Valenciennes. Lesdébarquements de la 3ie division du XXIe corps à Cambrai, le 2 1 et le 2 2,ont été confirmés par les dires d'un prisonnier. Il est manifeste que destransports de troupes importants ont lieu, venant de Belgique, et que l'ennemi

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continue à renforcer son aile droite, non seulement, comme les joursprécédents, par un mouvement de glissement d'est en ouest, mais bienpar un apport de ses contingents de Lorraine.Ensuite, le groupe de divisions territoriales a signalé vers 11 heures que,d'après les renseignements envoyés par le détachement de Péronne, l'ennemiparaît avoir porté sur la ligne générale Epehy, Roisel, Vraignes, unréseau de flanc-gardes à l'abri duquel il fait écouler des troupes, du Cateletsur Vermand, et de Saint-Quentin dans la direction générale de Roye.L'aviation de l'armée, ainsi que celle du G. D. T. ont été aussitôt misesen action pour rechercher ces mouvements de colonnes et tenir le commandementau courant des intentions de l'ennemi.Trois reconnaissances lancées entre 11 heures et 15 heures ne rapporterontd'abord que des renseignements plutôt négatifs, signalant seulementquelques mouvements de faible importance dans la région au nordde Vermand. Par contre, à 18 heures, le lieutenant de Bernis, descendantde son appareil, rend compte au général de Castelnau qu'une forte colonne,d'une longueur de 3 kilomètres environ, marchait à 17 heures de Vermandvers l'ouest 1.Enfin, à 2oh 3o, un renseignement venu de Péronne annonce qu'unavion a remarqué à 18b 30 une colonne de toutes armes marchant deFins sur Péronne.C'est au su de ce dernier renseignement que le général de CasLelnau,convaincu de l'impossibilité de soutenir à temps le détachement de Péronne2, a pris la décision de retirer celui-ci sur Albert.Quelques heures plus tôt3, avant d'avoir eu connaissance des derniers1 Les déclarations d'un déserteur lorrain confirmeront quelques heures plus tard qu'ils'ag2it de la 428 division du XXIe corps en marche de Vermand sur Nesle. Extrait du lournal des marcheset opérations de la IIe armée. 23 septembre. 3 IIe armée. Ordre général d'opérations n° 102, pour la journée du 24, 17.30, 23 septembre,Annexe 966.162 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRErenseignementssur l'ennemi, le commandant de la IIe armée a cependantprécisé son intention de poursuivre le mouvement vers le nord, la gaucheen avant, et il a ainsi défini la mission des divers corps d'armée :- 13e corps d'armée, continuer à couvrir la droite de l'armée, en

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s'installant solidement sur le terrain ;—4e corps d'armée, se tenir prêt avec son gros, maintenu dans larégion Roye, Liancourt, Rethonvillers, soit à résister à une attaqueennemie venant de Ham ou du sud de Ham, soit à passer à l'offensivecontre un ennemi marchant de Vermand sur Nesle; pousser une avant-gardeà Nesle;— 14e corps d'armée, poursuivre sa marche vers le nord en portantses gros dans la région de Rosières-cn-Santerre et ses avant-gardes entreChaulnes et la Somme, à Lihons, Vauvillers, Proyart et Morcourt;-2 oe corps d'armée, serrer sur sa tète en continuant à s'élever versle nord, une division atteignant la région Corbie, Villers-Bretonneux,l'autre venant en échelon en arrière et à gauche dans la région de Boves.** *Cependant le 24 septembre, le développement de la manoeuvre de laIIe armée va être troublé par une vigoureuse action ennemie, prélude d'unevéritable bataille 1.Le choc se produit devant le front du le corps d'armée. A 8 heures dumatin, le général de Castelnau est informé que l'ennemi attaque sur le frontOgnolles, Cressy, et que la canonnade de ce côté est violente.Les renseignements qui arrivent par la suite précisent peu à peu lasituation :L'attaque subie par le 4e C. A. paraît être menée par deux divisions duXXIe corps partant de la base Ham, Saint-Christ.En outre, la capture de cavaliers du 8e chevau-légers bavarois a révéléla présence, au nord du XXIe corps, du Ier bavarois, venu lui aussi de Lorraine,qui se porterait de Péronne vers Chaulnes. Ce sont donc bien deuxcorps de la VIe armée allemande qui attaquent.1 Cf. carie n° 16.TOME 1, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 16311A 10h 30, le général de Castelnau prescrit au 14e G. A. de porterimmédiatement sa division de gauche (28e) «en marche de guerre dansla région Foucaucourt, Herleville, en mesure de déboucher, sur un nouvelordre, en direction générale de Saint-Christ, Misery»; une heure plustard, il l'invite à porter sa division de droite (27e) « en marche de guerre »,

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« près du front Lihons, Vermandovillers, en mesure de déboucher contrele front Chaulnes, Marchélepota 1.Ainsi, abandonnant son orientation face au nord, le 14e corps d'arméedoit se préparer à agir vers le sud-est, dans le flanc des colonnes ennemiesqui attaquent le 4e corps d'armée ou de celles qui marcheraient de Péronnesur Chaulnes.En même temps, le commandant de la IIe armée rend compte au généralen chef de rengagement de la bataille 2.«Vous êtes sur place, en état de juger de la situation. Votre libertéd'action est complète. J'ai pleine confiance en vous» lui répondra quelquesinstants plus tard le général offre 3.Et tout aussitôt le commandant en chef va s'efforcer de seconder sonsubordonné engagé dans la lutte. Pour couvrir sa gauche, il prescrira augénéral Brugère de renoncer à son mouvement sur Béthune et de porter,le lendemain 25, les gros de ses divisions territoriales en direction d'Arraset de Bapaume4.Cette invite est caractéristique de l'importance que le général en chefattache à la bataille qui vient de s'allumer. Dans son esprit, en effet, cegroupe de divisions territoriales, qu'il avait orienté sur Béthune, devançanttoujours d'une étape vers le nord la IIe armée, devait servir non seulementà couvrir la marche de cette armée, mais encore et surtout, à inquiéter pardes incursions les lignes de communication de l'ennemi et gêner ses transports5.C'est dans ce dessein que, depuis le 10 septembre, avaient été adj ointssuccessivement au groupe de divisions territoriales, des éléments plus1 J Ie armée. MessaUge.tlé.léphoné à lâc- C. A.. io" 3-0- et 11h3-0-., - As-e-.D1-.t-emb-re.'JA--n- nex--e- - 1-1-0-1-.-: IIe armée. Messagetéléphoné à G. Q. G., lOb45, 24 septembre 1914, Annexe 1102.(j. (J. <j. Message téléphoné à 11earmée, 7033, llb 30, 24 septembre iqi4, Annexe1077.:0 b. Q.(j. Télégramme chiffré à G. D. T., i3 45, a4 septembre, Annexe 1078. U. g. (j. à 11"armée. Instructions données aux divisions territoriales du 6 au 14 septembre(pièce reçue le 18 septembre à 8h 35).164 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.rapides et plus mobiles, mieux à même d'effectuer des coups de main :

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goums de spahis auxiliaires du colonel du Jonchay, bataillons de zouaves etescadrons de cavalerie prélevés sur les forces mobiles du camp retranchéde Paris1.C'est pour la même raison qu'avait été envoyée, le 22 septembre, deDunkerque sur Douai, une colonne mobile aux ordres du général Plantey,avec mission de couper, entre Cambrai et Valenciennes, la ligne de ravitaillementet de transport des troupes allemandes2.Toujours dans la même intention, du 18 au 21, le général en chef ainsisté auprès du gouvernement pour que, répondant aux suggestions delord Kitchener, il demande au gouvernement britannique de débarquer àDunkerque ou à Calais des troupes mobiles, destinées à «opérer contre lespoints vulnérables du flanc droit allemand et sur les lignes de communicationIl3.Ces demandes aux Britanniques ne semblant pas devoir être suiviesd'effet rapidement, le général Joffre, qui a déjà détourné en partie leG. D. T. de cette mission d'inquiéter les communications de l'adversaire,compte sur l'armée belge pour la remplir. Le 24 septembre, à i 6h 20(c'est-à-dire quelques heures après qu'il vient de donner au général Brugèrel'ordre de se rabattre sur Bapaume), il télégraphie à Bordeaux auministre de la Guerre : «Bataille engagée à notre aile gauche momentest venu pour armée belge d'agir sur lignes de communication allemandes;prière de le lui demandera.Le général en chef ne bornera pas son action à couvrir et à protéger,en gênant les transports de l'adversaire, la bataille de la IIe armée. Cettebataille, encore lui faudra-t-il l'alimenter.Dans la matinée du 24 déjà, le général Joffre s'était préoccupé de faireserrer sur l'Oise, dans la région de Compiègne, le lIe corps, maintenujusqu'à nouvel ordre à sa disposition5. Dans la soirée, il décide de mettre,1 G. Q. G. Lettre à gouverneur militaire de Paris, 15 2 septembre. - -. Rapport du général Plantey sur les opérations de cette colonne mobile.s G. Q. G. Télégrammes chiffrés à ministre de la Guerre, 9* 57, 18 septembre; —à G. D. T., 7h 3o, 19 septembre; — à colonel Huguet (mission W), i3h45, 21 septembre,Annexes 396, 509 et 708.4 G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, 16" O, 24 septembre, Annexe

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1080.5 G. Q. G. Télégramme chiffré à II* armée,yh 10,21 septembre.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 165LAGRANDGEUERRE—. I, 1C. VOL. 11Ale 26, ce corps d'armée à la disposition du général de Castelnau au pointoù celui-ci le jugera préférable1. En même temps il prescrit, pour remplacerle lIe corps, de retirer de la Ve armée le î oe corps, et d'acheminercelui-ci par voie de terre dans cette même région de Compiègne, où ilsera maintenu en réserve du grand quartier général2.** *Pendant que le général en chef a pris ces différentes dispositions, labataille a suivi son cours à la IIe armée.Le 4e corps, violemment attaqué, a résisté toute la matinée sur sespositions; cependant, à partir de 14 heures, l'attaque ennemie ayant prisune très grande violence sur le front de la 8e division, celle-ci a dû céderquelque peu de terrain devant Roye. Le général Boëlle 3 a demandé, à15 heures, l'aide du 13e corps, sur le front duquel aucune attaque n'a étédéclanchée depuis le matin.Mais c'est de l'action du 14e corps que le général de Castelnau attend lerésultat de la journée. Ce corps d'armée, qui avait été porté dès le matindans la région de Foucaucourt, a reçu, à 13h 3o, l'ordre de «s'engagerimmédiatement au nord du 4e corps contre l'ennemi qui attaque ce corpsd'armée»4.La lenteur de son action ne répondra pas aux intentions du commandantde l'armée. Le général de Castelnau aura beau téléphoner à 14h 3oau général Baret5 : « conduisez votre attaque avec toute l'énergie possible,la rapidité est la condition de son succès a, celui-ci ne réussira à engageravant le soir qu'un seul régiment de son corps d'armée (le 14oe régimentd'infanterie qui s'emparera de Chaulnes).Il en résulte que, loin de prendre en lfanc, comme on le lui demandait6,toutes les colonnes ennemies ayant passé la Somme entre Péronne et Saint-Christ, le 14e corps se laissera arrêter par quelques lfanc-gardes, et que le4e corps supportera seul toute la journée tout le poids de l'action.1 G. Q. G. Lettre à II* armée, 16h 3o, 24 septembre, Annexe 1081.G. Q. G. Télégramme chiffré à V' armée, i8ha 5, 24 septembre, Annexe 1083.Commandant le 4" C. A.

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, IP armée. Message téléphoné à 148C. A., 13h3o, 24 septembre. 5 Commandant le i/i* C. A.UU armée. Message téléphoné à 14 L. A., lOb i5,24 septembre, Annexe 1103;166 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.La situation dans la soirée, telle qu'elle se dégage des comptes rendusdes différents officiers de liaison, est la suivante :Sur le front du 13e corps d'armée, depuis Ribécourt jusqu'à Crapeaumesnil,aucun changement : l'ennemi n'a manifesté aucune velléité offensiveet les positions sur lesquelles on s'était établi ont été maintenues depart et d'autre.Sur le front du 4e corps d'armée, en revanche, on a dû céder du terrain;la 8e division notamment, plus durement pressée devant Roye, areculé de près de 8 kilomètres vers l'ouest, pour venir se rétablir sur laligne générale Gruny, Balâtre, Solente. Ce recul a d'ailleurs eu pour conséquencede créer un vide entre l'aile gauche du 4e corps d'armée et l'ailedroite du Ille corps, installé sur la ligne générale Chilly, Chaulnes, Foucaucourt.Le général Conneau, qui commande le corps de cavalerie (3e et ioeD. C.), et qui avait reçu pour mission la veille au soir de se porter versPéronne en couvrant la gauche du 4e corps et en masquant le 14e corps l,a pris l'initiative de laisser dans cette brèche sa 3e D. C. pour faire laliaison. L'autre division ( î oe D. C.), démasquant le front d'engagement du14e corps d'armée, a glissé vers le nord, et poussant un détachement surSaint-Christ, a cherché au cours de la journée à coopérer à l'action généraleen inquiétant par son canon la marche des colonnes du Ier corps bavarois2. Elle s'est reportée à la nuit dans la région de Cérisy, sur la Somme,se conformant en cela aux errements suivis à l'époque par la cavaleriefrançaise. La 3e D. C. par contre, à la demande de la IIe armée, a étémaintenue au contact vers Fouquescourt 3.Le vide qui existe entre le 4e et le 14e corps n'en préoccupe pas moinstrès vivement le général de CasLelnau, qui, renonçant à son intention primitivede porter le 20e corps tout entier à cheval sur la Somme, versMaricourt et Proyart4, décidera, à 18h 30, de diriger par une marche denuit une de ses divisions, la 39e, sur la région de Bouchoir, afin de comblerl'intervalle séparant les deux corps d'armée. Le reste du 20e C. A.

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1 II*armée. Ordres particuliers, 23 heures, 23 septembre 19i4, Annexe 2 969. - - C. C. Conneau. Ordre général, 4b 15, 24 septembre. Annexe 1192; —note à 10*D.G.,428,24 septembre; —ordre aux 3*et 10*D. C., i2h45, 24 septembre. —10* D. C. Radioà Il' armée, 13h i5, 24 septembre. 3 II* armée. Note pour la 3* D. G., 18h 3o, 24 septembre, Annexe 1106.*A*l1r- arme»e. -urci1re « n i /»k o 1 -- --l--- particulier a uo lJoA., 10 oo, 24 septembre.TOME 1, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 167lIA.(c'est-à-dire la lie division) se portera dans la région de Bray-sur-Somme«de manière à pouvoir être employée sur la rive gauche ou sur la rivedroite de la Somme suivant les circonstances» 1.La manoeuvre en gestation dans l'esprit du commandant de la IIe arméese dessine ainsi progressivement sur le terrain.L'ordre général d'opérations pour le 25, donné le 24 à 18 heures, neprescrit, il est vrai, pour le lendemain que la conduite générale à tenir:« reprise de l'offensive avec la dernière énergie sur tout le front dès lepoint du jour» ; mais une série de messages téléphonés, lancés dans lasoirée par le général de Castelnau à ses commandants de corps d'armée,viennent préciser ses intentions.Il s'agit pour le 4e corps de tenir «coûte que coûteJI sur ses positionsde façon à permettre l'entrée en ligne, à sa gauche, toutes forces réunies,de la .3ge division et du i lie corps appuyés par l'artillerie lourde de l'armée2.Il s'agit pour le Iltc corps et pour la 3ge division d'attaquer «brutalement",à l'aube, en direction générale de Nesle. «Le général de Castelnausupplie le général Baret de pousser vigoureusement son attaque dès lepoint du jour; il est sur le flanc des colonnes de l'ennemi; le salut del'armée dépend demain du 14e corps d'armée, il ne s'agit pas de l'engagercomme aujourd'hui avec un compte-gouttes" 3.Enfin à 23 heures, à la suite sans doute d'un bulletin de renseignementsde son 2e bureau lui signalant que la région Péronne, Bapaume,Cambrai, semble vide de troupes, et que l'activité des transports sur lesvoies ferrées parait avoir très sensiblement diminué 4, le général de Castelnaudécide de faire participer à l'action du lendemain la totalité deses forces.La 1ie division du 20c corps, qui avait reçu l'ordre de se porter par

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une marche de nuit dans la région de Bray-sur-Somme, devra repasserla rivière pour se rabattre vers le sud et, prenant comme points de direc-Lion Belloy et Misery, attaquer le 25 au matin à la gauche du 14e corpsd'année 5.1 118armée. Ordre particulier à 20° C. A., i8h 3o, 24 septembre, Annexe 1105.II* armée. 3 Message téléphoné à 4"G. A., 21 heures, 24 septembre, Annexe 1109. II*armée. Message téléphoné à 148C. A., 20h i5, 24 septembre, Annexe 1108.IIe armée. Compte rendu de renseignements, 20 heures, 24 septembre, Annexe 1107. > II* armée. Ordre particulier à n* D. I., 23 heures, 24 septembre, 1110.168 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.La mission dévolue à cette division est « d'envelopper la droite del'ennemi en le prenant à revers et de le rejeter au sud ». Elle doit déclancherson attaque le plus tôt possible, «la pousser avec la dernière énergie,sans se laisser détourner de son but par les flanc-gardes que l'ennemipourrait avoir à l'ouest et au sud-ouest de Péronne. ».Bousculer ces flanc-gardes sera l'affaire du corps de cavalerie dugénéral Buisson (ire et 5e D. C.) auquel il est prescrit de se reporter,le 25, d'Albert sur Péronne avec mission : d'une part de couvrir lagauche de l'armée contre toule incursion de l'ennemi par la rive droitede la Somme, et d'autre part d'appuyer de ses feux l'action de la 11e divisionsur la rive gauche1.En même temps qu'il envoie ces instructions aux deux divisionnaires(général Châtelain, commandant la î ieD. I., et général Buisson, commandantles D. C.), le général de Castelnau leur spécifie à tous deux qu'ilattend « les plus grands résultats a de leur action, pour peu qu'elle soitmenée assez vigoureusement et entamée assez tôt.Le commandant de la IIe armée est en effet plein de confiance dansl'issue de la lutte qui se prépare.H en témoigne dans la réponse qu'il fait le 25 septembre, à 4h 3odu matin, au G. Q. G. qui lui demandait en quel point il désirait que le11e corps soit mis à sa disposition.Décidé à renforcer par cet appoint le centre de son armée, le généralde Castelnau demande que les trains amenant ce corps d'armée « soientpoussés jusqu'à Roye» 2.Ces prévisions optimistes ne devaient pas être réalisées.

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** *La journée du 25 septembre s'écoulera cependant dans des conditionsplutôt favorables. Sans doute, au début de la journée, les commandantsde corps d'armée marqueront-ils une tendance à s'attendre les uns les1 IIe armée. Ordre particulier aux î™ et 5e D. C., 23 heures, ad septembre, Annexe1111.2 lie armée. Télégramme à G. Q. G., 4h30, 25 septembre.TOME 1, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 169autres pour entrer en action1, mais stimulés vigoureusement par l'arméequi s'impatiente de leurs lenteurs 2, ils ne tarderont pas à déclancher leursattaques et celles-ci paraîtront bientôt leur valoir quelques succèspartiels.A partir de 1o heures on apprend successivement à l'état-major de laIIe armée les nouvelles suivantes :— au 14e corps, malgré une défaillance passagère de la 28e divisionqui, attaquée de nuit, a cédé du terrain au nord de Chaulnes, et malgrél'évacuation de cette localité par la 27e D. I., « le moral reste bon»; lecorps d'armée est sur le point de reprendre l'offensive en liaison avec lai ie division qui débouche de Proyart;- le 4e corps, dont la situation est stationnaire, se prépare à attaquerRethonvillers;- au 13e corps, où le front demeure passif, il a été constitué sur lagauche une réserve de corps d'armée qui atteint presque la valeur d'unedivision et qui pourra être engagée à la demande de l'armée ;- enfin, à la 39e D. I., le combat est engagé contre un ennemi débouchantde la Chavatte et de Fouquescourt (perdus dans la nuit par la3eD. C.), mais l'action est favorablement engagée et la ligne françaiseprogresse 3.A 1 oh 45, un message du 14e corps annonce même que l'ennemi reculedevant les attaques des 4e et 20e corps d'armée et que la 3e D. C. « se prépareà agir à cheval dès que possible ».Par contre à i 3h45, le 4e corps fait savoir que sa 7e division a étésurprise, Balâtre évacué, et que l'ennemi est devant Champien et Roiglise.Le commandant de l'armée prend aussitôt des dispositions pour faireagir éventuellement la réserve du 13e corps au profit du 4e; mais l'alerte1 200 G. A. Message téléphoné à 11earmée,4h 45, 25 septembre. — Officier de liaison de

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la II" armée au i4e C. A. Message téléphoné à la II" z armée, 6h 45, a5 septembre.II* armée. Messages téléphonés à 11" D.I., 6 5o et 7 3o, 25 septembre.Officier de liaison de la ne armée auprès 14" C. A. Message téléphoné à IIe armée,10 heures, 25 septembre. — Officier de liaison de la lIe armée auprès 4" C. A. Messagetéléphoné à II* armée, 10h 15, 25 septembre. — Officier de liaison de la lIe armée auprès14" C. A. Message téléphoné à Il'armée, 10'120, 25 septembre. — Officier de liaison de laII" armée auprès 13" C. A. Message téléphoné à H* armée, 101.30, a5 septembre, Annexe1228. — Officier de liaison de la IP armée auprès 20* C. A. Message téléphoné àII* armée, 10h 3o, 25 septembre, Annexe 1229.170 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dure peu. Une heure plus tard, le 4e corps d'armée signale que la 7e division«lient le coup» par ses propres moyens et que Champien et Koiglisesont toujours entre ses mains 1.De cet ensemble de renseignements, de ces fluctuations même, uneimpression très nette se dégage : sur tout le front d'engagement de l'arméeon combat sensiblement à armes égales et la lutte y demeure à peu prèsstationnaire.Ce serait donc surtout de la manoeuvre par le nord qu'il faudraitattendre la décision de la journée.Les reconnaissances d'aviation poussées de ce côté continuent à signalerla région comme vide de troupes ennemies 2. Aussi le général de Castelnaustimule-t-il avec une certaine impatience le général Châtelain et le généralBuisson dont l'action, trop lente à son gré, risque de laisser échapper l'occasionfavorable3.Cependant le commandant en chef ne semble pas partager absolumentla conviction et la confiance de son subordonné. Bien que dans la matinéeles renseignements de l'aviation, et notamment de l'aviation britannique,n'aient signalé de mouvements de colonnes importants que dans la régionSaint-Quentin, Ham, Vermand 4, le général Joffre s'émeut de voir laIIe armée engager la totalité de ses forces au sud de la Somme. Il faittéléphoner à 13h 45, par le capitaine Faure, au général de Castelnau, que

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«sa mission étant d'envelopper l'ennemi. il importe qu'une partie aussiimportante que possible de ses forces passe au nord de la rivière pour luiassurer la possibilité de l'enveloppement»5.Le général de Castelnau répondra deux heures plus tard au G. Q. G. :«Forces que j'avais fait passer au nord Somme ont dû retraverser cette1 Par mesure de prudence cependant, le général de Castelnau décidera de faire transporterpar voie ferrée à Laboissière, derrière le centre du 4*corps d'armée, un détachementde 4 bataillons prélevés sur le 11*corps (lui-même à ce moment en cours de 1 transport). Officier aviateur. Compte rendu de reconnaissance à II. armée (a* bureau), 11 3o,25 septembre. — G. D. T. Compte rendu de 3 reconnaissances d'avion à II. armée, 13" 45,25 septembre. - - -II* armée. Messages téléphonés à 11" D.I., i4 45 et i5 3o, 25 septembre, Annexei222. - II. armée. Radio à 10" D. C., 15 heures, 25 septembre. — 11* D. 1. Messagetéléphoné à II*armée, 16h 3o, a5 septembre.4 Mission française à G.Q.G. Résumé des renseignements anglais, nhi5, a5 septembre,Annexe i206.ô5 G. Q. G. Message téléphoné à II" armée, 13" 45. 25 septembre, Annexe 1204.TOME I, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE Vf. 171rivière pour réaliser enveloppement parce que toutes forces ennemiesétaient au sud rivière ; du reste maintenant toutes mes forces sans exceptionsont engagées dans bataille qui est très violente » 1.Le commandant de la IIe armée a cependant jugé utile à deux reprisesau cours de la journée d'étoffer par prudence son aile gauche.Il a donné dans la matinée au 11e corps d'armée l'ordre de porter parvoie de terre une de ses divisions dans la région de Montdidier, pendantque le gros du corps d'armée serait transporté par voie de fer dans larégion d'Amiens 2.Au début de l'après-midi, il demande au G. Q. G., en fin de compte,que le 11e corps soit transporté tout entier par voie ferrée dans la régionAmiens, Longueau3.

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De même, à 17 heures, au reçu de renseignements émanant du corpsde cavalerie Buisson et qui signalent quelques mouvements de colonnesdans la région de Péronne4, le général commandant la IIe armée avise la1ie division d'avoir à «se prémunir contre l'action de ces colonnes enreportant des fractions d'infanterie au nord de la Somme» 1.Enfin, à 18 heures, un ordre particulier de la IIe armée place sous lecommandement du général Balfourier6 tous les éléments d'infanterie et decavalerie opérant au nord du 14e corps d'armée : 1ie D.I., 45e R.I.et corps de cavalerie Conneau (formé, à la date du 26, par la réuniondes 1re, 5e et 1oe D. C.).Telles sont les précautions prises par la IIe armée pour assurer la sécuritéde son flanc7. Les ordres donnés dans la soirée aux corps d'armée 8prescrivent que (des éléments au contact devront, à la tombée de la nuit,se retrancher de la manière la plus sérieuse sur les emplacements qu'ils1 II. armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 3442, 15b10, 25 septembre 1914, Annexe1221.* II* armée. Ordre particulier à 118 C. A., ci"5o, 25 3 septembre. n. armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 13h3o, 25 septembre. * C. C. Buisson. Compte rendu à II* armée, 16h 4o, 25 septembre.II* armée. Message téléphoné à 11*D. I., 17 heures, 25 septembre.Commandant le 20* C. A.1 Le général en chef, par contre, conurme au groupe de divisions territoriales la missionqu'il lui a confiée la veille et lui prescrit «de continuer à remplir son rôle de couverturevis-à-vis de la II* armée, celle-ci étant engagée face à l'est dans la région de Chaulnes,. —c. Q.G. Télégrammechiffré à G. D. T., 17" 35, n5 septembre, Annexe 1205. 5 1111y a pas eu d'ordre général d'opérations (i- partie) donné pour le j fi.172 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.occupent» et que, le lendemain, «l'offensive sera continuée sur les directionsdéjà assignées a.Le commandant de la IIe armée semble donc, en cette soirée du 25,avoir pleine confiance dans l'évolution favorable de la bataille et, interprétantdans le sens le plus encourageant un radiotélégramme allemandintercepté, qui annonce le repli vers l'est d'une division de cavalerie(la 7e D. C.), il expédie sur-le-champ au général Boëlle un télégramme

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pour l'informer que le Ier corps bavarois «envisage la retraite vers l'est a,et que dans ces conditions le 4e corps d'armée est en très bonne situation1.D'autres renseignements, cependant, sont moins rassurants : vers18 heures, l'adjudant Pinsard, au retour d'une reconnaissance d'aviation 2,a signalé l'existence, dans la région au nord-est de Péronne, de nombreusescolonnes en marche vers l'ouest 3; un peu plus tard, des renseignementsémanant des divisions de cavalerie Buisson, montrent la lignede la Tortille très solidement tenue par l'ennemi, avec de la grosse artillerieà Mont-Saint-Quentin 4.** *Les résultats de la matinée du 26 septembre paraissent au débutjustifier l'optimisme de la IIe armée5. Pendant que le 4e C. A. très violemmentattaqué dès le lever du jour, fait connaître qu'il résiste et tientbon sur ses positions, le 20e corps annonce que sa 1ie division s'avancesans difficultés derrière un ennemi en retraite et qu'elle s'est même emparéede canons abandonnés par celui-ci 6.1 G. Q. G. à II* armée. Radiotélégramme allemand intercepté, transmis, le 25 septembre,à ao heures. — II" armée. Message téléphoné à 4" C. A., 2ih 3o, 25 septembre, Annexe1226.2 IIe armée (aviation) G. R. de reconnaissances à II* armée (2e bureau), 19 heures, 25 septembre.2 Il peut s'agir du II* corps bavarois. En effet, le 2* bureau du G. Q. G. a signalé le matinmême qu'il ignorait si le II* corps bavarois, enlevé de Lorraine depuis le 13 septembre, avaitété dirigé sur la Russie ou s'il faisait partie des éléments bavarois débarqués au nord de laSomme. — G. Q. G., a* bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 25 septembre,Annexe 1200.4 G. C. Buisson. Messagetéléphoné à IIe armée, 2ib 4o, 25 septembre, Annexe 1300.5 Cf. carte n* 17.6 20* C. A. Message téléphoné à IIe armée, 9 heures, 26 septembre.TOME 1, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 173Ce renseignement est aussitôt communique par la lie armée au

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14e C. A. et à la 39e D. I. qui sont invités à profiter au plus vite de lasituation.En outre, le général de Castelnau fait savoir à la VIe armée que devantla IIe «l'ennemi cède manifestement, surtout à l'aile gauche», et que lesattaques vont être poursuivies avec la dernière énergie1.A midi, parviennent à la IIe armée les nouvelles suivantes : le 14e corpsd'armée est entré dans Foucaucourt où a été constatée une véritable hécatombed'Allemands; la 3e D. C. vient d'enlever Maucourt, et la 39e D.I.est entrée sans coup férir dans Fouquescourt évacué par l'ennemi fortementéprouvé.Sur la Somme, la liaison a été prise entre le 20e corps et un détachementdu groupe de divisions territoriales. Une de celles-ci arrive dansla région de Montauban et de Combles.Le commandant de Cointet, envoyé en liaison au groupement Balfourier,signale vers 13ll 3o que le 20e corps n'a devant lui au sud de laSomme que de faibles arrière-gardes. Au nord de la rivière, des forcesennemies non définies ont bien attaqué, vers 10 heures, de Morval surGinchy et de Combles sur Hardecourt, mais «le général Conneau ne pensepas que ce soit très sérieux » , en tout cas, «le rideau de territoriaux, tenduau nord, est en place» et le corps de cavalerie, se conformant aux directivesque vient de lui donner quelques instants auparavant le commandantMaurin 2, s'est porté dans la direction du Transloy pour déborder par lenord toute résistance ennemie.Rendant compte à son tour, à la même heure, au G. Q. G., la IIe arméedéclare que «l'aide droite ennemie enveloppée la veille au sud de laSomme s'est manifestement refusée »A partir de 15 heures, on apprend à l'état-major de la lie armée :-que la progression du 1 !Je corps d'armée est enrayée ainsi quecelle de la 3e D. C. et qu'on n'a pas réussi à déboucher de Foucaucourtni à s'emparer de Chaulnes;12 tl* arnicc. Message téléphoné à VI* armée, iofc45, 26 septembre. Officier de liaison du G. Q. G. auprès II" armée. Message téléphoné à 11* armée,i3 heures, a6 septembre.3 II*armée, Message téléphoné à G. Q. G., 13103o, 26 septembre.174 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.—

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qu'à la 39eD. I. on continue à attaquer Grugny et Liancourt;- enfin, qu'au 4e corps d'armée la situation est sans changement.Les gains réalisés depuis le matin sont donc moins importants qu'on nel'avait, pensé et le général de Castelnau croit devoir le faire remarquer augénéral commandant le 14 e corps d'arméëMais à 17h 30 arrive un nouveau renseignement du commandantde Cointet : ce n'est pas seulement de la cavalerie allemande appuyée pardes cyclistes qui s'est manifestée au nord de Péronne, c'est la 4e divisionbavaroise tout entière qui débouche vers le sud-ouest, révélant ainsi la présencedu IIe corps bavarois au nord de la rivière2.Ainsi, loin d'être en passe d'encercler la droite de l'ennemi, la ne arméeserait menacée de voir son aile gauche débordée par lui.Se rendant compte que « la situation est changée » le commandant dela IIe armée se retourne en hâte vers le général Brugère. Il lui demandecoup sur coup, de lui prêter de l'artillerie (6 batteries) pour la mettre àla disposition du général Balfonrier, de fortifier et de tenir la ligne Albert,Beaucourt, enfin de couvrir la gauche de la IIe armée au nord du parallèled'Albert3.Le G. D. T. avait reçu du commandant en chef, dans la soirée du 25,l'ordre de couvrir l'aile gauche de la IIe armée dans la région deBapaume4.Il atteignait à ce moment la route Amiens, Arras, par les têtes de sesdivisions et projetait d'établir le lendemain les gros de ces dernières surle front Ginchy, le Transloy, Bapaume, Mory 5.Le général en chef, qui approuve ces mesures, lui a prescrit le 26,à 7113o, de se retrancher sur ces positions dès qu'elles seraient atteintes :elles ne devaient jamais l'être.Au début de l'après-midi en effet, les divisions de tête (82e et 84e),1 IIe armée. Message téléphoné à 14e C. A., 16 heures, 26 septembre, Annexe 1338.2 Officier de liaison de la II' armée auprès groupement Balfourier. Message téléphonéà IIe armée, 17*3o, 26 septembre, Annexe 3 1350. IP armée. Télégrammes chiffrés à G. D. T., i8h3oet 19 heures, 25 septembre, Annexe1341.4 Cf. page 171, note-du S. H. n° 7. 5 G. D. T. Télégramme chiffré à G. Q. G. et II- armée, 22hi5, 25 septembre, Annexe1288.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VI. 175

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qui s'avançaient sur leurs objectifs respectifs, Gmchy et le Transloy, seheurtent à des forces de cavalerie retranchées dans ces localités. Lecombat s'engage à partir de midi et dure toute la journée. Les troupesterritoriales, bien que peu aguerries, font au début bonne contenancesous le feu de mousqueterie ; mais l'infanterie tient mal sous le canon, etdans la soirée le commandant de la 82e D. T. rend compte que s'il semaintient encore à la chute du jour sur la ligne générale Longueval,Lesboeufs, par contre, «une certaine quantité de troupes rétrograde surFiers». La liaison est perdue à droite avec le détachement d'Albert; elleest précaire à gauche avec la 84e D. T., qui «a semblé évacuer le Transloyau milieu de l'après-inidi» 1.Dans ces conditions, le général Brugère, bien quil estime seulement àdeux divisions d'infanterie les forces qui lui sont opposées, juge plus sagede retirer, à la faveur de la nuit, le G. D. T. derrière le ruisseau d'Ancre.L'ordre de retraite est envoyé aux divisions à 2 3hA5; il est déjà à cemoment en pleine exécution.Il semble difficile dans de telles conditions de faire fond sur le G. D. T.pour couvrir efifcacement l'aile gauche de la IIe armée. Par ailleurs, lecorps de cavalerie, qui a été découplé franchement vers le nord par lesagents de liaison du G. Q. G., et qui éclaire maintenant dans la région aunord de Bapaume, n'y saurait non plus sufifre.Le général de Gastelnau s'en rend parfaitement compte 2; et tous sesefforts vont tendre pendant cette soirée du 26 à reconstituer à la gauchede son dispositif un groupement de forces capable de barrer la route auxcolonnes qu'on lui signale maintenant descendant de Cambrai sur Bapaume3.Le 1ie corps débarque à ce moment dans la région Amiens, Boves,Longueau; il rendra compte à 2oLo5 que les débarquements de soninfanterie sont terminés et que ceux de l'artillerie sont en cours d'exécution.Sans attendre que ceux-ci soient achevés et sans attendre non plusl'arrivée des équipages qui font mouvement par voie de terre, le comman-01 82* D. T. Compte rendu à G. D. T., 20h 3o, 26 septembre, Annexe 1441.2IIe armée. 3 Télégramme chiffré à G. Q. G., 23h20, 26 septembre. Annexe 1344. ao" C. A. Message téléphoné à IIe-armée,20h 45, 26 septembre.176 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dant de la IIe armée décide de transporter le soir même à Albert huitbataillons de la 21e division, pour renforcer le groupement Balfourier.

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Celui-ci sera en outre renforcé de six batteries de 75 prêtées par le G. D. T.,de toute l'artillerie de corps du 14e corps d'armée et de l'artillerie divisionnairede la 21e division à mesure qu'elle débarquera1.Ainsi étoffé, le général Balfourier reçoit le 27 septembre, à 6 heuresdu matin, la mission de «couvrir au nord de la Somme la réunion destroupes nouvelles transportées sur Amiens, en se reliant vers Albert auxforces du général Brugère »2.Ainsi, il ne s'agit plus d'envelopper la droite de l'ennemi; la situations'est renversée; l'action offensive de la IIe armée sur les plateaux picards,de part et d'autre de la Somme, s'est muée en une bataille défensive; lamanoeuvre d'aile est à remonter de toutes pièces.1 IIe armée. Ordre particulier aux 20", lie et 148 C. A., 18b30, 20 septembre, Annexe1340.1 II*armée. Note à 20' C. A., 6 heures, 27 septembre, Annexe 1461.LAGRANDGEUERR—E. I, 4°VOL. 12CHAPITRE VII.LA BATAILLE D'ARRAS.(27 SEPTEMBRE-3 OCTOBRE 1914.)(Cartes18à 22.)I. — LE GÉNÉRAELNCHEFREPRENDPARARRASSAMANOEUVDR'EAILE(.27-30 septembre.)Combats infructueux du G. D. T. et de l'aile gauche de la II* armée sur la ligne del'Ancre, le 27 et le 28. Nouveaux prélèvements de forces décidés sur le front de Lorraine.— Création de la subdivision d'armée Maud'huy. — Action des agents de liaisondu grand quartier général. — Transport du corps d'armée provisoire et des divisions decavalerie à l'aile gauche. — Mission dévolue à la subdivision d'armée.11.— LABATAILLDE'ARRASÀLASUBDIVISIODN'ARMÉE(1. -3 octobre.)Situation d'ensemble le 1" octobre dans la matinée. — Dispositions prises par le généralde Maud'huy en vue de se préparer à prendre à partie l'aile droite ennemie. - 2 octobre,

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l'adversaire prend les devants. — Évolution rapide et changements à vue de la bataillesous Arras. — Inefficace intervention du 10e corps d'armée. — La manoeuvre d'aileencore une fois manquée.I. — LE GÉNÉRAL EN CHEF REPREND PAR ARRASSA MANOEUVRE D'AILE.(27-30 SEPTEMBRE.)La journée du 2 7 septembre a constitué dans le développement de labataille de Picardie, après les incidents de la soirée du 26, une journéed'accalmie relative.L'ennemi ne poursuivant pas son avantage, la IIe armée a pu colmater,au moyen d'éléments du 11e corps transportés en automobile, le front dugroupement Balfourier. Celui-ci, qui s'est installé en potence au nord dela Somme, s'organise sur ses positions et se prépare à résister à la pousséeimminente de l'ennemi.178 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.De son côté, le groupe de divisions territoriales, qui s'est replié sur larive ouest de l'Ancre, s'est ressaisi et, n'étant plus talonné par l'ennemi,se préoccupe lui aussi d'organiser sa résistance. Faisant passer en réserveune de ses quatre divisions, le général Brugère a prescrit aux trois autresde poursuivre hâtivement la mise en état de défense des secteurs qui leursont affectés 1.En même temps qu'on s'installe sur le terrain, on s'efforce de réorganiserle commandement au nord de la Somme, où sont pour le moment mélangés,sous les ordres du général Balfourier, des éléments du 20e C. A.(11e D. 1. ), du 1ie C. A. (2 1 e D. I.), du groupe de divisions territoriales(détachement d'Aboville) et du corps de cavalerie.Plusieurs ordres particuliers donnés par la IIe armée dans le cours del'après-midi du 27 tendent vers ce but 2.Le dernier en date (2 1 h 30) prescrit au général Eydoux3 de s'entendreavec le général Balfourier pour reprendre en main son corps d'arméedont le gros a été poussé dans la région au sud-est d'Albert. Sa missionconsistera, à partir du 28 à midi, à « maintenir la position avec les forcesstrictement nécessaires », tout en conservant son gros disponible « en vued'un emploi ultérieur ».Pour ce qui concerne les autres corps de la IIe armée, le général deCastelnau leur résume brièvement ce qu'il attend d'eux{¡ :« se maintenir sur le front »;

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« organiser non seulement une première, mais une deuxième ligne defortifications5 »;« limiter leurs attaques au strict nécessaire pour maintenir l'ennemi devantsoi par la menace constante ».1 G. D. T. Ordre d'opérations pour la journée du 28, 17"30, 27 septembre.2 II' armée. Message téléphoné à 11% 20' C. A. et Service automobile, 16h15, 27 septembre,Annexe 1464. — II' armée. Ordre à 20', Il' C. A. et C. C., 17 heures, 27 septembre,Annexe 1465.3 Commandant le 11* C. A.4 n'armée. Note, 2ih 3o, 27 septembre, Annexe 1467.s Le 4' corps, en particulier, qui, assez éprouvé, avait demandé à reporter sa ligne de défensesur la rivegauche de l'Avre, est prévenu qu'il n'y sera autorisé que lorsqu'il aura effectuéen ce point des travaux suffisants. — 4* C.A. Lettre à Il' armée, 17 heures, 27 septembre,Annexe 1503. - Il* armée. Message téléphoné à 4®C.A., 1 10, 27 septembre, Annexe1466.TOME I, 4e VOL.— DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIT. 17912.Au G. D. T., comme à la IIe armée, la journée du 27 peut donc êtrecaractérisée comme une journée d'attente et de réorganisation. Dans lapensée du général de Castelnau, il en sera de même le 28. Peut-être, le29, le commandant de la IIe armée reprendra-t-il l'offensive; il annonceen effet à l'un de ses commandants de corps d'armée que pour cette date« ses intentions sont entièrement réservées1 ».De son côté l'ennemi ne manifeste plus, le 2 7, aucune velléité offensive.Est-il fatigué de son effort de la veille ou ne se juge-t-il plus assez en forcespour le poursuivre? Quoi qu'il en soit, sur le front de la IIe armée le calmerègne. Il règne même à tel point que le général de Castelnau en vient à sedemander si le IIe corps bavarois est bien réellement tout entier au nordde la rivière2.Mais le doute sera de courte durée; très vite il se confirmera que larégion au sud de Bapaume se garnit d'ennemis de plus en plus.Le corps de cavalerie signale bien, vers 14 heures, que sa progressiondans cette région ne semble pas se heurter à des éléments très importants;

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il n'en est pas moins vrai qu'on y a identifié des unités appartenantnon seulement au IIe corps bavarois, mais même au XIVe corps de réserve.A 15 heures, une reconnaissance d'aviation fait connaître que des colonnesimportantes de cavalerie se dirigent de la région ouest de Bapaumevers le nord-ouest et l'ouest, et que deux ou trois bataillons d'infanterieentrent dans la ville.A la même heure, le 20e C. A. rend compte qu'un aviateur « aurait vu àl'est de Bapaume la valeur d'un corps d'armée allemand rassemblé, avecdeux groupes d'artillerie en position u.Enfin, à 16h 3o, arrive un renseignement du corps de cavalerie Conneauqui confirme le précédent et qui signale effectivement la présence de forcesimportantes devant Bapaume. Le général Conneau annonce en même tempsson intention d'essayer de retarder ces colonnes en prenant sa ligne deretraite sur Bienvillers au-Bois.L'ennemi se renforce donc manifestement, et la présence dans la régionde Bapaume du XIVe C. R., disparu des Vosges depuis le 183, apparait1 Il* armée. Message téléphoné à 20' C. A., 14h 3o et 15 heures, 27 septembre.: IIe armée. Message téléphoné à G. Q. G., 8 heures, 27 septembre, Annexe 1462.G. Q. G. 2' bur. Bulletin de renseignements, 6 heures, 28 septembre, Annexe 1533.180 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.comme de plus en plus probable. Elle sera reconnue certaine le 28 aumatin quand ce corps d'armée, se démasquant, passera à l'attaque enliaison avec le IIe corps bavarois.** *Le 28 septembre', à partir de 9 heures, le général Balfourier signalequ'il est violemment attaqué dans la région de Mametz et de Montauban,au point précis où un détachement de troupes territoriales commandé parle colonel d'Aboville a été maintenu, pour assurer la liaison entre un détachementde la 1ie D.I., commandé par le colonel Aimé, et la 2 ie division.Craignant de voir le 2oe corps débordé par sa gauche, le général de Castelnaudonne immédiatement au 1 ie corps d'armée l'ordre de déboucherpar le nord d'Albert, face à l'est, dans la région d'Aveluy2. En même tempsil recommande au général Brugère de « tenir ferme sur la rive droite de

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l'Ancre S ».La recommandation n'était pas superflue; les divisions territoriales ayantété, elles aussi, attaquées sur toute la ligne depuis Authuile jusqu'au nordde Bucquoy (sans doute par des nanc-gardes du XIVe G. R.), un certainflottement s'est produit4. La 84eD. T. a évacué ses positions et le généralBrugère a dû engager, vers Miraumont, la 82e D. T. jusqu'alors maintenueen réserve.Dans de telles conditions, l'intervention du 1ie corps à la gauche du 20eest plus urgente que jamais; mais il va se produire pour ce corps d'arméece qui s'est déjà produit pour le i4* corps le 24 septembre. Malgré desordres successifs qui lui seront envoyés par l'armée (à gh 3o, à ioh 4o,à 1 2h i5) d'avoir à s'engager. tout entier s'il le faut. le plus vitepossible.. et « à fond »., ce corps d'armée n'entrera en action qu'avecune extrême lenteur.Au moment précis où le général de Castelnau fait téléphoner au généralEydoux « qu'il peut, en débouchant sur le front qu'il a choisi, infliger1 Cf. carte n° 18.2 IIe armée. Message téléphoné à 1ic C. A., 9b3o, 28 septembre, Annexe 1550.3 II* armée. Message téléphoné à G. D. T., 9h 45, 28 septembre, Annexe 1551.4 G. D. T. Compte rendu à II" armée, 22 heures, 28 septembre, Annexe 1596; — ordreà 84* D. T., 12 heures, 28 septembre.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 181LAGRANDGEUERBE- . 1, Il' VOL. 12 Aune grande défaite à l'ennemi 1 », le commandant du 11e corps d'arméerend compte à l'armée qu'étant donné la distance à parcourir pour s'engager,l'exécution de l'attaque demandera un certain temps2.Il est à ce moment 14 heures.Vers 16 heures, on apprendra que le premier régiment de la 22e D. 1.commence à déboucher sur Aveluy; puis, à 18h 15, que la 22e division« prononce son attaque après une marche assez longue J); et finalement, à1 gh 15, que la 22e division. n'a pas attaqué.Un compte rendu du général Eydoux envoyé à 2 1 heures en donne laraison : des retards dans la transmission des ordres ont fait que l'artilleriea pris position trop tardivement et que l'infanterie, privée de son appui,n'a pas pu déboucher 3.Bref, pendant toute la journée du 28, le groupement Balfourier et les

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divisions territoriales (ces dernières beaucoup moins violemment attaquées)ont supporté seuls tout le poids de la lutte.La 11e division a résisté avec opiniâtreté, et malgré une défaillance passagèrede la 2 ie D. I. (qui, manquant de munitions, avait un moment évacuéContalmaison sans combat), le front occupé au nord de la Somme a étédans son ensemble sensiblement maintenu.Il en va de même au sud de la Somme, où l'on ne signale aucune recrudescencede l'activité de l'ennemi sur tout le front des corps d'armée; le4e C. A. tient toujours Champien, pris, perdu et reconquis à plusieursreprises depuis la veille, et poursuit plus en arrière l'organisation de saligne de défense; de même les i 3e et 14e C. A., devant lesquels l'ennemin'a montré aucune espèce d'activité, poursuivent l'achèvement des travauxde fortification qui leur ont été prescrits.Quant au corps de cavalerie du général Conneau, rendu depuis le 26 àsa mission d'exploration, il s'est heurté à des forces ennemies importantesau nord de Bapaume, S'étant replié à la nuit dans la région Douchy, Hébuterne,Pommier, il se prépare à repartir le lendemain vers le nord, toujoursà la recherche de l'aile droite ennemie.1 II" armée. Message téléphoné à 11* C. A., 14h 45, 28 septembre, Annexe 1554. :1 11* C. A. Message téléphoné à Il' armée, i3 20, 28 septembre.311* C. A. Message téléphoné à fi*armée,21 heures, 28 septembre, Annexe 1584. * 20' C. A. Message téléphoné à Il' armée, 24 heures, 28 septembre, Annexe 1591.182 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Si la journée du 28 donne à la IIe armée le répit nécessaire pour asseoirson dispositif, elle est en revanche perdue pour ce qui concerne le développementde la manoeuvre en cours. Le mouvement débordant de l'ennemia été paré de justesse, mais la riposte ne se dessine pas encore.La IIe armée pourra-t-elle l'effectuer avec les moyens dont elle dispose?Le général en chef l'espère sans doute, puisque la veille il a mis un nouveaucorps d'armée, le i oe, à la disposition du général de Castelnau et qu'àla demande de cet officier général, les débarquements de la première divisionde ce corps d'armée (1 gCD. I.) ont commencé le 28 après-midi

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dans la région de Querrieu.Mais ces débarquements exigeront encore un certain temps. De plusl'emploi de ce corps d'armée n'est pas encore fixé; le général de Castelnaudésirerait le garder en réserve pour boucher un trou s'il vient à s'en produire1;le général Joffre souhaiterait le voir employé plus au nord, versArrasFinalement, les mesures suivantes sont adoptées au cours de la journéeet de la soirée du 28 :— le 14e corps relèvera au sud de la Somme tous les éléments de la1ie division qui passeront au nord de la rivière;— la 3e D. C., maintenue jusqu'à ce moment sur le front de Fouquescourt,sera relevée la nuit par une extension du front. de la 3 9e division etportée le lendemain dans la région d'Acheux afin de couvrir contre les incursionspossibles de la cavalerie ennemie les derrières de l'armée ;— deux groupements d'artillerie lourde qui avaient été constitués pourappuyer la 3ge division et le 14e corps d'armée reçoivent l'ordre de progresserchacun d'un échelon vers le nord ;- enfin, la 1 ge division, dès qu'elle aura fini de débarquer, seraportée, le 39 à l'aube, par une marche de 1 2 kilomètres, dans la région aunord-ouest d'Albert, derrière l'aile gauche du 1ie corps d'armée.Ainsi, peu à peu, le centre de gravité des forces de la IIe armée passe aunord de la Somme.1 IIe armée. Télégramme chiffré àG. Q. G., 8 heures, 3o septembre, Annexe 1687.2 G. Q. G. Télégramme chiflré à IIe armée, 10 heures, 20 septembre, Annexe 1535TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 18312A.** **Dès le 26 au soir, le général Joffre a été complètement éclairé par sesagents de liaison sur l'ampleur et la portée exactes des rencontres qui sesont produites au nord de la Somme. Il a estimé que leur résultat nécessitait

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la mise en jeu de nouvelles forces.Afin de parer au plus pressé, il a mis sur le champ le 10e corps à la dispositionde la IIe armée dans les mêmes conditions qu'il l'avait fait pourle 1ie1 (c'est-à-dire que le général de Castelnau a décidé lui-même dupoint où il désirait le voir débarquer). Mais cet appoint ne saurait suffire àmonter une nouvelle manoeuvre débordante, il faut donc se résoudre àretirer de nouvelles forces du front des armées de l'est pour les transporterà l'aile gauche.Le général en chef s'y décide dans la matinée du 27. Il est à ce momenten possession des comptes rendus de ses armées, desquels il ressortque « la journée du 26 a été marquée sur presque tout le front parune reprise très vigoureuse de l'offensive allemande» et que «partout cetteoffensive a été contenue avec succès2». Par ailleurs, il voit décroître lesinquiétudes qu'il avait ressenties pour sa droite au moment de la chute deSaint-Mihiel; c'est donc sur le front de la Ire armée que le commandant enchef se décide à prélever deux divisions, l'une active et l'autre de réserve.Il avertit en même temps le général Dubail3 que ces divisions serontsuivies d'un corps d'armée dès que les opérations à ce moment en coursen Woëvre seront terminées4.Ayant pris ces dispositions pour alimenter la bataille à la IIe armée, legénéral Joffre fait télégraphier, dans la matinée du 28 septembre, au généralde Castelnau : « Le commandant Maurin5 m'expose vos projets demanoeuvres. Vous avez toute liberté d'action dans le cadre de votre missiongénérale après entente avec le général Brugère ».

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: G. Q.G. Message téléphoné à IIe armée, 17b 3o, 26 u. septembre. (J. (j. 2e bureau Compte rendu de renseignements, 5 heures, 27 septembre, Annexe1442.Commandant la 1" armée.G. Q. G. Télégramme chiffré à I" armée, ioh 45, 27 septembre, Annexe 1448. 5 Agent de liaison du G. Q. G. à la IIearmée.184 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Pourtant une idée se dessine dans la pensée du général en chef, celled'alléger la charge un peu lourde du commandant de la IIe armée en créantà sa gauche un groupement de forces qui lui serait subordonné. Il suggèremême au général de Castelnau que le commandement d'un tel groupementpourrait être confié au général Brugère pendant la durée des opérationsen coursl.Aucune réponse ne lui étant parvenue à ce sujet, le commandant enchef prendra sa décision dès la matinée du 29 septembre : à 7h45, le généralde Castelnau est averti par téléphone que le général de Maud'huy2est mis à sa disposition et que cet officier général exercera, sous ses ordres,le commandement d'une fraction de la IIe armée. Le soin de déterminerles conditions dans lesquelles pourra s'effectuer ce fractionnement estlaissé à la diligence du général commandant de la IIe armées.Quelques instants auparavant le général de Castelnau est entré en communicationavec le grand quartier général pour lui exposer la situationIl estime que l'aile droite ennemie est au sud de Bapaume et croit à lapossibilité de reprendre dans cette région une manoeuvre d'enveloppement,avec les forces dont il dispose. Il y consacre tous ses efforts et voudraitfaire partager sa conviction au G. Q. G.Celui-ci, par contre, ne croit plus au succès de cette tentative de tropcourte envergure. Mieux éclairé sans doute par les renseignements desaviations française et britannique 5, il suit le mouvement d'extension del'aile droite allemande vers le nord, ainsi que les retraits de forces devantle front des Ve et VIe armées 6, et il cherche à convaincre le commandantde la IIe armée que ce n'est plus par le nord d'Albert mais bien par le nordd'Arras qu'il faut vouloir la manoeuvre. Le commandant en chef va mêmeintervenir, par l'intermédiaire d'un de ses agents de liaison, dans la directiondes opérations à l'aile gauche de la IIe armée.

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1 G. Q. G. Télégramme chiffré à la II" armée, 10 heures, 28 septembre, Annexe 1535.2 Qui commandait le 18* C. A.G. Q. G. Message téléphoné à II" armée, 7'845, 29 septembre, Annexe 1605.4 II" armée. Communication téléphonique avec G. Q. (T.,7 heures, 29 septembre.Mission française auprès armée W. Message téléphoné à II' armée, nh35, 29 septembre.CIG.Q.G. Télégramme chiffré à VI. armée, 10 i5, 29 septembre, Annexe 1606; —télégramme chiffré à Vearmée, 18h40, 29 septembre, Annexe 1611.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VU. 185Le corps de cavalerie Conneau avait été, le 26 au matin, placé parla IIe armée sous les ordres du général Balfourier qui lui avait prescritaussitôt, de couvrir sa gauche dans la région sud-est d'Albert et de rechercherla liaison avec le G. D. T. Le corps de cavalerie risquait ainsi de sevoir à nouveau aspiré par la bataille et appelé à y coopérer directement,au détriment de son rôle d'exploitation et de sa course vers le nord.Or, le 26 à 12 heures, le général Conneau donne à ses trois divisionsun ordre ainsi conçu :« Par ordre du commandant en chef, le commandant du 20e corpsd'armée étant avisé, la mission unique pour le moment du corps de cavalerieest de trouver la droite ennemie, sans préoccupation de liaison avecnotre propre gauche1 ».Cet ordre du commandant en chef a été donné par le commandantMaurin, officier de liaison du G. Q. G.; cet officier, en effet, avise à13 heures, la IIe armée que « le général Conneau, qui semblait vouloirfaire de l'action retardatrice sur la rive droite de la Somme, a été, par sessoins, orienté plutôt vers l'aile droite de l'ennemi que la cavalerie doit chercherà déborder2 ».** *

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Le commandant de la IIe armée ayant été incité à élargir vers lenord le champ de ses opérations, son ordre pour le 29® prescrit queles corps d'armée au sud de la Somme « se maintiendront sur leurs emplacementsP, que le 20e corps « contiendra l'ennemi sur son front » et, enfin,que le 11e corps « prendra avec toutes ses forces l'offensive », sa missionétant : « d'envelopper avec la 22e division l'aile droite ennemie, sans selaisser arrêter par les flanc-gardes fixes que l'ennemi aurait pu établir ».Le général de Castelnau entend que cette attaque soit vigoureusementmenée. Aussi, le soir du 28, téléphone-t-il lui-même4 au commandantdu 11e C. A. qu'il compte que l'offensive sera reprise le lendemain,1 C. C. Conneau. Ordre, 12 heures, 26 septembre. Annexe 1436.2 OITicierde liaison du G.Q.G. auprès IIe armée. Message téléphoné à IIe armée, 13 heures,263septembre. Annexe 1324. 4 II*armée. Ordregénéral d'opérations n" ion, 15h4o, 28 septembre. Annexe 1555. II*armée. Message téléphoné à 11* C.A., 19"3o, 2 8 septembre, Annexe 1.557. -11*C. A. Message téléphoné à Il* armée, 221i5, 28 septembre, Annexe 1585.186 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.au jour, par tout le 1 Ie corps, débouchant sur la rive est de l'Ancre entreAveluy et Authuille. Il insiste encore sur ce point, par lettre, le 29 aumatin, disant son mécontentement pour le manque d'énergie dont le1ie corps d'armée a fait preuve jusqu'ici 1.Mais, en dépit de ces exhortations, renouvelées à de fréquentes reprisesle but recherché ne sera pas atteint3.Au cours dela journée du 29 septembre, en effet, l'action du 1ie corps,qui se heurte à un ennemi déjà retranché, n'obtient pas de résultatsappréciables4. Dans l'ensemble, sur tout le front de la IIe armée, il v amaintien du statu quo5.Cette impuissance du 1 1e corps d'armée contrarie d'autant plus le généralde Castelnau que le général Conneau, opérant plus au nord dans larégion de Croisilles, lui a radiotélégraphié à 9h 25 : « ai presque certitudeaile droite ennemie pas plus au nord que région Bapaume ».Le commandant de la ne armée paraît partager cette conviction et, à14 heures, il fait télégraphier au grand quartier général : Il nous croyons

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tenir la droite de l'ennemi 61). Pour l'instant, il ne prend pas de décisionconcernant l'emploi du i oe corps, maintenant complètement débarquédans la région de Querrieu, à l'est d'Amiens, non plus qu'au sujet dudébarquement des divisions provenant du front des Vosges (70e, généralFayolle, et 77e, général Barbot), actuellement en cours de transport, etdont la zone de débarquement n'a pas encore été fixée7.Le commandant en chef, cependant, songe à reprendre la manoeuvred'aile plus au nord, vers Arras, où il estime que la partie doit maintenantêtre jouée.Déjà le 27, il aurait souhaité voir la deuxième division du 10e corps dé-1 II*armée. Lettre à 11e C. 2 A., 7 heures, 29 septembre. IIe armée. Message téléphoné à 11* C.A., 7 5 et 9b 20, 29 septembre, Annexe 1622.Officier de liaison du G.Q.G. auprès Il' armée. Message téléphoné à II*armée, 14 heures,-H) septembre. - II' armée, Message téléphoné à G. Q. G., ]4 heures, 29 septembre,Annexe 1625; —message téléphoné à 1ie C. A., 10h45, 3o septembre, Annexe 1688. —20e C. A., Message téléphoné à II' armée, 10h 20, 3o septembre. 4 11*C. A. Compte rendu à II*armée, 20 heures, 29 septembre, Annexe 1660.5 11°armée. Compte rendu à G. Q. G., 20 heures, 29 septembre, Annexe 1628.0 II*armée. Message téléphoné à G. Q. G., 14 heures, 20 septembre, Annexe 1625.7 G. Q. G. Message téléphoné à IIearmée, 13b55, 29 septembre.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 187barquer dans cette région 1. Quant aux divisions Fayolle et Barbot, c'est àLens et à Béthune qu'il envisage leurs débarquements2.Interrogé à 15 heures, par la IIe armée, sur «les intentions du G. Q. G.au sujet de l'emploi ultérieur qui sera fait de la fraction d'armée», le colonelBrécard du 3e bureau répond «que le G. Q. G. a l'intention d'employerla fraction d'armée, non pas en prolongement du front de l'arméeCastelnau mais plus au nord, de façon à pouvoir obtenir le débordementde l'aile droite ennemie, et qu'en conséquence il y a intérèt à débarquerle plus au nord possible3».Quelques instants plus tard ( î 6h 15), le commandant en chef faittélégraphier au commandant de la IIe armée qu'il y a « le plus grand intérêtit ce que les débarquements aient lieu à Arras et à Lens »4.Orienté aussi nettement sur les intentions de son chef, le commandantde la IIe armée ne pouvait que se rallier à ses vues.

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En fait le général de Castelnau avait déjà pris ses dispositions dans cesens: le télégramme par lequel il annonce la décision prise par lui dedébarquer à Arras et à Lens les deux divisions du corps provisoire5 secroise avec celui du G. Q. G. lui en donnant l'ordre.Assuré de voir ainsi se constituer autour d'Arras le premier noyau dugroupement de forces dont il a besoin pour sa manoeuvre, le commandanten chef s'attache aussitôt à étoffer celui-ci le plus possible.Il décide de retirer aux armées immobilisées les divisions de cavaleriesans emploi, pour les découpler au plus tôt vers le nord0. Les 8e, 4e, 7eet 6e D. C., et deux divisions de cavalerie britanniques, sont ainsi successimentretirées aux armées du centre et de l'est et mises en route, les1 G. Q. G. Télégramme chiffré à * Il' armée, 10 heures, 28 septembre. G. Q. G. Direction des chemins de fer. Message téléphoné à Commission de réseau duNord,7h 3o, 20 septembre.11"armée. Message téléphoné à G. Q. G., i5 heures, 29 septembre, Annexe 1626.5 G.Q.G. Télégramme chiffré à IIe armée, i6h x5, 2q septembre, Annexe 1607. II" armée. Télégramme chiffré à G. Q. G. ] 5"30, 2q septembre, Annexe 1627. Il Trois divisions de cavalerie française se trouvaient déjà à l'aile gauche, savoir: les 1™,;-)°et 10' D. C. La 3e D. C. allait les y rejoindre le 2g. Mais, d'après les renseignementsrecueillis, les Allemands auraient réuni une cavalerie encore plus nombreuse à leur ailedroite: six divisions, sous les ordres du général von Richtholen. — G. Q. G. Communicationa Il' armée, 11hx5, 27 septembreJ Q! 4.La considération de cette supériorité de l'ennemi entra sans doute pour une part dans ladécision prise par le général en chef.188 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.unes, comme la 8e et les deux divisions de cavalerie britanniques, parvoie de terre, les autres par voie de fer.En même temps, le général Joffre demande au maréchal French defaire relever sur l'Aisne dans le secteur de Soissons, par des forces britanniques,la 45e division afin de pouvoir transporter celle-ci dans le nord.

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Enfin, le 3o septembre, le général Joffre décide de retirer à la IXe arméeun corps d'armée, en vue également de son transport vers le nord 1.C'est donc d'un total de 7 divisions d'infanterie et de 8 divisions decavalerie que se composera, sous peu, la masse de manoeuvre reconstituéepar le commandant en chef à son aile gauche.** *En attendant que cette masse soit à même de reprendre dans la régiond'Arras la manoeuvre manquée autour d'Albert, le général de Castelnauprend ses dispositions pour consolider son aile gauche au nord de laSomme et continuer, le 3o, ses attaques à l'est de cette dernière ville.Il prescrit, en effet, le 29 septembre, au 4e corps d'armée de faire releverà la nuit la 39e D.I. par le groupement Collas (éléments réservés du13e C. A.) et d'acheminer cette division au nord de la Somme où elle serarendue au 20e corps d'armée2.Puis, en fin de journée, il décide de continuer le lendemain sonoffensive au nord de ce fleuve avec les 1ie et 20e corps d'armée; le1ie corps d'armée étant particulièrement chargé de «poursuivre l'enveloppementde l'aile droite ennemie» 3.** *Le 3o septembre, le 2oe corps d'armée reprend dès le matin ses attaquesen direction du nord-est. Gêné par l'ennemi qui attaque lui-même dansla région de Maricourt, non appuyé par le 11e corps d'armée à sa gauche,ses progrès sont, comme la veille, insignifiants. Le général de Castelnau1 Ce sera le 21*corps.*IIe armée à 4* C.A. Messagetéléphoné, 10 heures, 29 septembre. — 4*C.A. à II*armée.Message téléphoné, 6b5o, 3o septembre, Annexe 1723.

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3 IIe armée. Ordre général d'opérations n° 113, 21 heures, 29 septembre, Annexe 1629.TOME I, 4: VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 189met, cependant, tout en oeuvre pour obtenir un résultat. Il intervient dansla matinée auprès du général Eydoux pour que celui-ci attaque avec leplus de vigueur possible : «Actionnez vos divisions, et notamment la 2 1equi, sans être attaquée, ne tente aucune offensive; elle doit combiner sesefforts avec le 20e corps d'armée et s'entendre avec lui; si la 21e D.I.n'attaque pas, il n'y a aucune progression possible' »En fin de journée, la situation de la veille ne s'est pas modifiée. Le20e corps d'armée est toujours arrêté entre Fricourt et Carnoy2. Le1ie corps d'armée a échoué contre Fricourt et n'a pas pu s'emparer deThiepval3.Le général de Maud'huy, désigné pour prendre, sous les ordres dugénéral de Castelnau, le commandement d'une fraction de la ne armée,est arrivé, le 3o septembre dans la matinée, au quartier général decette armée, transporté le matin même de Clermont à Breteuil.Le général de Castelnau l'a mis aussitôt au courant de la situation et luia fait part du commandement qu'il compte lui confier, à savoir celui dunouveau groupement de forces constitué à la gauche de la ne armée etqui comprendra4 :- le 10e corps, rassemblé dans la région de Querrieu;- les deux divisions en cours de débarquement à Arras et à Lens(77e et 7oe) et qui sont appeléés à former sous le commandement dugénéral d'Urbal un corps provisoire;— enfin le corps de cavalerie Conneau (ire, 3e, 5e et 10e D. C.), quicouvre autour d'Arras les débarquements qui s'y effectuent.La mission de cette subdivision d'armée est définie par une instructionpersonnelle et secrète remise en mains propres au général de Maud'huy à15 heures : «se réunir dans la région d'Arras et agir sur l'aile droite desforces allemandes qu'attaque de front le reste de la IIe armée, aile droite

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qui paraît se trouver actuellement vers Bapaume5».1 II. armée à 11eC. A. Message téléphoné, ioh45, 3o septembre 1914, Annexe 1688.Cf.2carte n°îq. 11* C. A. Compte rendu de fin de journée, 23 heures, 3o septembre iqi4, Annexe1726.o. c. A. à II*armée, Message téléphoné, 23h5o, 3o septembre HP 4, Annexe 1735.II' armée. Ordre général n*1i4, 11 heures, 3o septembre, Annexe 1685. 5 II*armée. Instruction personnelle et secrète à M. le général de Maud'huy, commandantla subdivision d'armée, 15 heures, 3o septembre, Annexe 1690.190 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Cette instruction est complétée, une heure plus tard, par un ordreparticulier au i oe corps d'armée qui prescrit à celui-ci d'entamer le soirmême son mouvement vers le nord 1.Ainsi, entrant résolument dans les vues de son chef, le commandant dela IIe armée met sans hésiter toutes ses disponibilités aux ordres dugénéral de Maud'huy pour l'accomplissement de la manoeuvre voulue parle général en chef.II. — LA BATAILLE D'ARRAS À LA SUBDIVISION D'ARMÉE.(1er-3 OCTOBRE.)En gagnant, le ier octobre à la pointe du jour, son poste de commandementd'Acheux2, le général de Maud'huy a doublé sur sa route les dernièrescolonnes du 10e corps qui, à l'abri du rideau tendu sur l'Ancrepar les divisions territoriales, achèvent leur marche de nuit et atteignentà ce moment leur nouvelle zone de stationnement.C'est ce corps d'armée qui va constituer pour l'heure le noyau principalde la subdivision d'armée.Plus au nord, en effet, les deux divisions du corps provisoire, divisionBarbot (77e) et division Fayolle (70e), poursuivent bien, à Arrasetà Lens,leurs débarquements que l'on estime devoir être terminés à midi3, maisle général d'Urbal, appelé à prendre le commandement du corps d'arméeprovisoire, n'est pas encore arrivé, et l'état-major de ce corps qui seconstitue à Arras, n'a pas qualité pour envoyer des ordres aux deux divisionnairesni pour coordonner leur action4. Le général de Maud'huy est àAcheux, trop loin d'eux pour pouvoir le faire utilement.

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Pour l'instant, un déploiement de forces imposant couvre les débarquementset le rassemblement de ces grandes unités : le corps de cavalerieConneau, renforcé depuis la veille de deux bataillons du 10e corps d'armée1 II" armée. Ordre particulier à 10*C, A., 16 heures, 3o septembre, Annexe 1691.! Qui lui a été assigné la veille par la lie armée.IIe armée. C. R. du colonel Hellot sur la situation à Arras, 20 heures, 3o 4 septembre. C. A. P. (chef d'état-major). Télégramme à subdivision d'armée Maud'huy, 1" octobre.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE Vil. 191transportés en automobile et d'une brigade territoriale1, a, conformémentaux instructions qu'il a reçues de la IIe armée, étalé en arc de cercleautour d'Arras, sur un front de 28 kilomètres, ses quatre divisions etétabli sur tout son front un réseau serré d'avant-postes.Il se relie, par Fresne-Iès-Montauban, à la colonne mobile du généralPlantey, envoyée de Dunkerque et installée à Douai depuis le 20 septembre2.Celle-ci, de son côté, tient Orchies (au nord-ouest de Douai) et a poussédes détachements de découverte, composés de goumiers du colonel duJonchay et d'auto-mitrailleuses du Royal Navy Flying Corps, jusque dansla région de Valenciennes et de Tournai, où ils recherchent, conformémentaux ordres du général en chef, la liaison avec l'armée belge qui estcensée remonter la vallée de la Dendre3.Enfin, derrière cet ensemble, un nouveau corps de cavalerie, le corpsMitry, est en voie de formation par la réunion des 4e et 6e D. C. attenduesà partir du ier octobre4.Pour l'ennemi, que sait-on de lui?Par un fâcheux contre-temps, l'observation aérienne à la IIe armée n'arien donné le 3o septembre; une couche de nuages ininterrompue, de3oo mètres d'épaisseur, couvrait toute la zone d'opérations de l'armée, et

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toutes les tentatives de reconnaissance faites le matin et le soir ontéchoué5.Par contre, les renseignements de contact sont assez précis :La colonne du général Plantey est engagée dans un assez vif combat, àDouai, et demande de l'aide6.1 Cette brigade territoriale est à 8 heures à Mercatel, al fendant les ordres du généralBrugère à 2 quielle vient d'être rendue. Elle sera portéeà Arrasdontelle organisera la lisièreest. Cette colonne, formée avec des territoriaux, avait été constituée par le gouverneur deDunkerque pour ag.r contre les communications de l'ennemi, suivant les instructions donnéesà ce sujet, le 21 septembre, par le général en chef. — Cf. chapitre 1 etG.Q. G. Télégrammechiffré, 6466, 21 septembre 1914, Annexe 702. — Général Plantey. Rapport sur lesopérations de la colonne mobile, 14 octobre; — message téléphoné à II' armée, 8 heures,lor1octobre. G. Q. G. Télégramme chiffré à G. D. T. et gouverneur Dunkerque, 10 heures, 26 septem4bre,Annexe 1320. C. Q. G. Télégramme chiffré à IIe armée, ]8h o5, 3o septembre; — note au sujet de larép-5artition de la cavalerie à l'aile gauche, 3o septembre, Annexe 1676. IIearmée.Message téléphonéà G.Q.G.. 18 heures, 3o septembre. 6 Général Plantey Message téléphoné à IIe armée, 7h30, 1" octobre.192 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Devant le corps de cavalerie, dans la région de Croisilles, un rideau decavalerie très actif, renforcé d'infanterie, est au contact étroit de nosavant-postes sur la ligne générale Vis-en-Artois, Ervillers1 Le généralConneau reste convaincu que derrière ce rideau il n'existe pas de gros2.Cette impression est confirmée par les dires d'un prisonnier fait devantle 11e corps et qui affirme qu'au nord du XIVe C. R. il n'y a pas d'autrestroupes d'infanterie s.Un renseignement d'agent signale bien que des débarquementsauraient lieu à Cambrai, Lourches, Denain et Valenciennes, mais onn'est pas fixé sur leur importance, et le 2e bureau du grand quartier généralconsidère qu'ils répondent plutôt à la nécessité de fortifier cette régionqu'à des visées offensives4.

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A la considérer dans son ensemble, au matin du icr octobre, la situationapparaît donc excellente.Le groupement de forces reconstitué par le général en chef à l'ailegauche semble occuper véritablement, par rapport à la droite ennemie(surtout si l'on admet avec le général de Castelnau que celle-ci se trouvetoujours dans la région de Bapaume), cette « situation débordante » tantsouhaitée par le haut commandement français.Dans cette lutte de vitesse qu'est la course à l'aile, l'armée françaisesemble avoir repris l'avantage, et la manoeuvre de la subdivision d'arméedébute sous les auspices les plus favorables.Comment sera exploitée cette situation initiale? C'est ce que se proposede montrer l'étude des opérations de la subdivision d'armée du ier au4 octobre.** *Dans la matinée du 1er octobre, le général de Maud'huy est averti parla IIe armée que des colonnes allemandes, remontant de la région deG. C. Bulletin de renseignements, 20 heures, 3o 2 septembre. C. C. Conneau. Message téléphoné à II' armée, 23h40, 3o septembre, Annexe 1745.3 II* armée. Compte rendu de-renseignements, 20 heures, 3o septembre; — note, sansdate, Annexe 1694.4 G. Q. G.a* bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, i" octobre, Annexe 1750.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIL. 193LAGRANDGEUERR-Er., h' VOL. 13Bapaume vers le nord, paraissent effectuer derrière le front ennemi unmouvement de rocade semblable à celui de notre 1oe corps.Sur l'importance de ces forces et sur leurs intentions on n'est pas encoreexactement fixé. La IIe armée songera un moment à interpréter cesmouvements comme un indice de repli devant son front, mais il apparaîtrabien vite qu'il s'agit plutôt de déplacements destinés à prolonger le frontallemand vers le nord l.Quelles que soient, en tout cas, les intentions du commandementadverse, le bénéfice de notre situation débordante nous reste acquis et legénéral de Maud'huy se prépare sur le champ à attaquer, à la fois de frontet de flanc, dès qu'elles se présenteront, les colonnes ennemies qui luisont ainsi signalées.

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Son premier acte de commandement va être de prescrire au gouverneurde Douai de tenir cette place «jusqu'à la gauchea ; il lui annonce en mêmetemps qu'il va le faire soutenir par toute une division de cavalerie 2.Puis il prescrit au 1oe C. A. de pousser un détachement sur Moyenneville,pour étayer la gauche des divisions territoriales et servir ultérieurementd'avant-garde au corps d'armée3.L'intention très nette du général de Maud'huy, à ce moment, est d'attaquerle lendemain la droite ennemie, avec le corps d'Urbal débouchantentre Arras et Douai et agissant du nord vers le sud, et avec le 10e C. A.agissant dans la direction du sud-est4.Cette intention est en tous points conforme aux instructions reçues dela IIe armée.Mais, avant de passer à l'exécution, le général de Maud'huy vas'attacher dans l'après-midi du ier octobre à « rassembler-, sa subdivisiond'armée. Il prescrira à cet effet aux grandes unités sous ses ordres uncertain nombre de mouvements préparatoires qui sont destinés dans sonesprit à assurer, avant le déclanchement de l'attaque du lendemain, la1 Note, non datée, paraissant émaner du 2' bureau de la Il' armée. Annexe 1694. —II" armée. Message téléphoné à n' C. A., ioh 45, lor octobre, Annexe 1768. — Cf. Carten° 20.! IIe armée (général de Maud'huy). Message téléphoné à gouverneur de Douai, 8hi5,1 er octobre, Annexe 1764.Subdivision d'armée Maud'huy. Ordre à 10" C. A., Il h 30, lor octobre.Général de Maud'huy. Message téléphoné à général de Casteinau, 15h3o, 1" octobre,Annexe 1793.194 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.mise en place de tous les éléments de son dispositif face à leur objectiféventuel.Le i oe corps d'armée reçoit d'abord, à 1 3h5, l'ordre de « s'articuler »,pour 17 heures, dans la région Adinfer, Ransart, Hannescamps, Monchyaux-Bois.Puis, à 18h 3o, il reçoit un nouvel ordre préparatoire lui prescrivant deréunir son gros dans la région Boisleux, Ficheux, Blaireville, en situationde se porter, soit dans la direction de Saint-Léger, soit dans celle d'Ervillers,

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les troupes devant être en place pour 5h 3o.Enfin, par l'ordre général d'opérations n° 1, donné à 21 heures, cecorps d'armée est averti que les ordres d'engagement proprement dits nelui seront envoyés qu'ultérieurement « à la station de Boisleux où il devraavoir un poste de correspondancePar le délai qu'il s'accorde ainsi, le général de Maud'huy témoigne deson désir d'être d'abord fixé sur les intentions de l'ennemi avant deprendre une décision.Ilen témoigne également dans les ordres donnés aux divisions du corpsprovisoire :La division Barbot reçoit mission de «s'échelonner» dans l'angle desroutes Arras, Cambrai, et Arras, Bapaume, puis de relever, sur la ligneMonchy-le-Preux, Henin-sur-Cojeul, les avant-postes du corps de cavalerieet, cette ligne atteinte, de s'y retrancher.La division Fayolle qui, rassemblée autour de Lens, a poussé dans ledébut de l'après-midi un détachement sur Douai pour soutenir le généralPlantey, reçoit l'ordre de descendre de 6 kilomètres vers le sud de façonà porter, pour 6 heures, sa tète sur la route d'Arras à Douai et, cette ligneatteinte, de se retrancher elle aussi, prête, "soit à déboucher au sud, soità se défendre contre des attaques sur sa gauche ».Quant au corps de cavalerie, gardant deux divisions concentrées sousArras, il devra envoyer les deux autres, l'une faire la liaison sur le canal,vers Vitry-en-Artois, entre le général Barbot et le général Plantey, etl'autre couvrir, à la gauche des territoriaux, le débouché du 10e corps.Subdivision d'armée Maud'huy. Ordre général n° 1, ai heures, i" octobre, Annexe1794.TOME 1, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 19513.La mission des deux premières se bornera à l'envoi de reconnaissancessur Marquion et Lagnicourt, afin d'éclairer le commandement sur la situationet les mouvements de la droite ennemie qu'on suppose se trouverdans cette région.Ainsi, l'attaque du détachement d'armée sera menée le 2 octobre par leseul 10e corps. Dans quelle direction? Sur quels objectifs? A 23 heures,le général de Maud'huy n'a pas encore pris de décision à cet égard.** *

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Le ier octobre, en fin de journée, la situation de la subdivisiond'armée Maud'huy est la suivante :- le 10e corps d'armée (Q. G. à Acheux) a la 19e D. I. dans la régionAdinfer, Douchy-les-Ayette, Monchy-au-Bois, et la 20e D. I. dans la régionBienvillers-au-Bois, Hannescamps, Sailly-au-Bois ;- la 77e D. I. (général Barbot) stationne dans le triangle ruisseaule Cojeul, routes Arras-Cambrai et Arras-Bapaume; elle a relevé surle Cojeul les éléments du corps de cavalerie Conneau qui s'y trouvaient ;- la 70e D.I. (général Fayolle) occupe, avec la 1 39e brigade, la zoneLens, Hénin-Liétard, Bois-Bernard et, avec la llloe brigade, la zone Pontà-Vendin, Courrières, Loison; un régiment de cette D. I., renforcé parun groupe de 75 et un escadron, a été poussé dans l'après-midi sur Douai,à la disposition du général Plantey, commandant la place;-le corps de cavalerie Conneau (Q. G. Arras), replié en arrière de la77e D. I., occupe, avec deux divisions (3e et 5e D. C.), la région nord-estd'Arras et, avec une division (10e D. C.), la région sud de cette ville;sa quatrième division (ire D. C.), après avoir tenté de porter secours augénéral Plantey, s'est repliée à la nuit dans la zone Bois-Bernard, Izel-lès-Equerchin, Oppy, laissant des avant-postes au contact d'éléments ennemisayant franchi la Scarpe au nord de Vitry-en-Artois;- enfin, la garnison de Douai, fortement attaquée pendant toute lajournée, s'est repliée à la nuit sur Hénin-Liétard où elle cantonne.La situation de l'ennemi entre Bapaume et Douai, par contre, n'est pasnettement connue à l'état-major de la subdivision d'armée.Le ciel s'étant éclairci le 1Cl octobre, notre aviation a pu suivre le mou196LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.vement des colonnes ennemies. Celles-ci signalées le matin comme franchissant,en marche vers le nord, la route de Cambrai à Bapaume, ontété recoupées à de fréquentes reprises au cours de la journée. Accompagnéesde convois importants elles paraissent atteindre la valeur d'uncorps d'armée environ et être suivies d'autres éléments venant de la régionde Péronne.Au soir, elles semblent s'être arrêtées dans la région Moeuvres, Lagnicourt,Quéant, Marquion, protégées vers le nord-ouest par des avantpostesmixtes sur le front Ervillers, Saint-Léger, Croizilles, Cherizy, Visen-Artois.Du côté de Douai l'imprécision est encore plus grande. Aucun

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renseignement certain n'a été reçu à la fin de l'après-midi sur la situationennemie dans cette région. Le général de Maud'huy n'ignore pas cependantque la place de Douai est depuis le matin l'objet de vives attaques. Il n'apas encore appris, au moment où il adresse son ordre pour le lendemain2,la chute de cette place.Un fait demeure toutefois certain.L'ennemi, à l'abri d'un rideau d'avant-postes, pousse vers le nord destroupes de plus en plus nombreuses. Mais que vont faire ces troupes sousle couvert de la nuit ?La matinée du 2 octobre allait le faire connaître.** *Le 2 octobre, dès les premières heures de l'aube, le général de Maud'huya adressé de nouvelles instructions au 10e corps, touchant son dispositif.Modifiant les ordres qu'il lui avait donnés dans la soirée, et qui spécifiaientque ce corps d'armée devait être en place pour 5h3 o, il lui aprescrit, à 4 heures du matin, d'exécuter un nouveau mouvement derocade d'environ i.5oo mètres vers le nord et de « profiter de la brumepour gagner la région de Mercalel (nord et sud du village) » où il devrase placer face à ses objectifs S : Ervillers et Saint-Léger; la direction de1 Une colonne de 31o automobiles, notamment, est signalée vers 13 heures se dirigeantsur2Marquion. - subdivision d'armée. Ordre général n° 1, 21 heures, 1 octobre 191a, Annexe 1794t.3 Subdivision d'armée Maud'huy. Ordre particulier à 10e C. A., 4 heures, 2 octobre. —Cf. carte n° 21.TOME 1, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 197u. GRANDGEPÈRRE—. I, (4*VOL. ,3 Al'attaque sera Mory, Beugnâtre ; mais l'attaque ne sera déclanchée que surl'ordre du général de Maud'huy.Il ne s'agit donc pour le moment, pour le 10e C. A., que de se rassembler«face à ses objectifs ». Quant à sa liaison avec les grandes unitésvoisines, qu'il ne s'en préoccupe pas outre mesure; le commandant dela subdivision d'armée prend soin de l'avertir qu'il réglera lui-même lacombinaison de son action avec celle de la division Barbot.Il a transporté, dans ce dessein, son poste de commandement sur lebord de la route, à la sortie sud du village de Beaurains.L'intention du général de Maud'huy, à ce moment et d'après le compterendu qu'il adresse à 8 heures à la IIe armée, est de conserver le 1oe corps

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jusqu'à nouvel ordre sur ses emplacements, prêt à agir suivant les circonstances,et de l'engager, soit vers l'est, soit vers le sud, selon ce que feral'ennemi.Celui-ci, s'il ne manifeste, comme l'écrit le général de Maud'huy,«aucun changement dans ses dispositions sur le front Ervillers, Saint-Léger, Croisilles, Cherizy », paraît, en revanche, singulièrement actif versDouai.Les renseignements qui arrivent de cette région sont, il est vrai, assezconfus et assez lents à parvenir au général de Maud'huy, dont le poste decommandement, en rase campagne, éloigné de moins de quatre kilomètresde la ligne de feu, n'est doté que de moyens de liaison précaires. Parsurcroît, le temps, de nouveau couvert, interdit au commandant de lasubdivision d'armée de se servir de l'observation aérienne.A 8 heures du matin on sait seulement, à Beaurains2, que le détachementenvoyé la veille sur Douai, pour répondre aux pressants appels dugénéral Plantey, est arrivé trop tard; qu'il en a été de même de la ire divisionde cavalerie, et que la place est tombée aux mains de l'ennemi.Les territoriaux du général Plantey et les cavaliers se sont repliés ettiennent, «vraisemblablement», les hauteurs à l'ouest et au nord de la\ille. On est en tout cas sans nouvelles précises d'eux.Le général de Maud'huy annonce alors au général de Castelnau son: VF.oLir. ndoetela3, page 196. subdivision d armée de Maud'huy.198 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.intention de contenir l'ennemi devant Douai avec le minimum de moyens,et d'agir avec le gros de ses forces, soit vers le sud, soit vers l'est, selonque la division Barbot sera plus ou moins fortement attaquée1.Il est à ce moment 8 heures et la division Barbot, assaillie dans la nuitpar le IVe corps allemand (celui-là même dont on avait signalé la veilleles colonnes en marche vers le nord), a perdu les villages de Monchy-le-Preux, Guémappe, Wancourt, Héninel, qu'elle s'efforce maintenant dereconquérir.Elle réussira un moment, avec l'appui du corps de cavalerie 2, àreprendre pied dans Monchy-le-Preux, mais par contre, au sud de laroute nationale d'Arras à Cambrai, sa brigade de chasseurs se fera bientôtrefouler jusque sur Neuville-Vitasse.Mis au courant de cette situation, le général de Maud'huy informe, àgh 30, le ioe C. A. que les «probabilités d'emploi» de ce corps d'arméesemblent décidément «plus grandes dans la direction de l'est que dans la

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direction du sud », et que, «en conséquence, pour cette raison, commeen raison de la présence de l'ennemi vers Saint-Martin, il paraît prudentd'articuler le rassemblement du 1oe corps d'armée à l'ouest et au sud deMercatel, en s'abritant des vues de l'est et du sud 3».Il demande en même temps au général commandant le ioe C. A.d'employer dès que possible son artillerie pour soutenir la brigade dechasseurs.L'ordre d'engagement du corps d'armée, cependant, demeure réservé.Le général de Maud'huy n'a pas encore décidé si le î oe corps attaqueravers l'est ou vers le sud; cela dépendra, téléphone-t-il à î oh 15 au généralde Castelnau, du résultat des attaques engagées par l'ennemi plus aunord.Celles-ci se poursuivent, toujours plus vives et plus acharnées, et ladivision Barbot, de plus en plus fortement pressée, résiste péniblementdevant Arras à l'attaque du IVe corps allemand.A ioh 3o, la décision est prise. Le ioe corps d'armée reçoit cette1 Subdivision d'armée Maud'huy. Situation à 8 heures du matin, 8 heures, 2 octobre.2 La 10" D. C. sera même à i3 heures, sur l'ordre du général de Maud'huy, reportée deBeaurains sur Tilloy pour soutenir la division Barbot. — C. C. Ordre, 13 heures, 2 octobre.1 Subdivision d'armée Maud'huy. Note à 10" C. A., gh30, 2 octobre.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 19913 A.fois l'ordre ferme d'attaquer par les deux rives du Cojeul, en directiongénérale du nord-est, vers Héninel et Wancourt, de façon à tomber dansle flanc gauche du IVe corps prussien et soulager ainsi la 77e division.Le général de Maud'huy compte que l'attaque se déclanchera vers midi ;il ne reste plus qu'à attendre avec confiance les résultats.Pendant l'après-midi, de son P. C. de Beaurains, très proche de la lignede feu, le général de Maud'huy suit le combat mené aux abords d'Arraspar le corps d'armée provisoire. Il intervient lui-même à plusieurs reprises,engageant successivement les bataillons de sa brigade de réserve générale'.Mais, les nouvelles touchant l'action du i oe corps font défaut. A 16h AS,le général de Maud'huy fait demander au commandant de ce corps d'arméeoù en est l'attaque sur la rive nord du Cojeul2.En fin d'après-midi, il est informé que, par suite d'une erreur de direction,cette attaque n'a pu se développer3.Le désappointement du général de Maud'huy est extrême. «Les choses

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n'ont pas marché aujourd'hui comme je le désirais», écrit-il le soir augénéral Joffre, et maintenant «la situation est sérieuse en somme». «Jecompte, ajoute-t-il, reprendre demain l'offensive avec les troupes du10e corps d'armée; mais la situation est moins belle qu'aujourd'hui puisqueje suis débordé par Lens et que, l'ennemi s'étant rapproché d'Arras, laligne défensive sera plus longue. Enfin l'effet de surprise n'existe plus. Entout cas, nous nous défendons en attaquant. »Que s'est-il donc passé le 2 octobre au nord de la Scarpe pour que legénéral de Maud'huy se déclare « débordé par Lens» et qu il envisage qu'ilne lui reste plus qu'à se défendre en attaquant ?A l'aile gauche de la subdivision d'armée les événements se sont développésavec une inquiétante rapidité.D'abord, dans la matinée, la division Fayolle, qui devait, selon lesordres qu'elle avait reçus, atteindre la région de Gavrelle, Fresnes- jès-39' brigade du 10e C. A. — Subdivision d'armée Maud'huy. Note, 13 heures, 2 — octobre; ordre à corps de cavalerie, 15 heures, 2 octobre 1914, Annexe 1873; - communicationau général Brugère, 16 heures, 2 octobre 1914; — ordre à corps d'armée provisoire,17b30, 2 octobre iqi4.Subdivision d'armée Maud'huy. Note à 10" G. A., 16h45, 2 octobre iqi4.Subdivision d'armée Maud'huy. Message téléphoné à 11°armée, 18 heures, 2 octobre; -message téléphoné à G. Q. G., 21 heures, 2 octobre, Annexe 1875.200 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Montauban pour 6 heures, a signalé que, retardée dans sa marche, ellene pourrait y arriver que vers 9 heures.Le général de Maud'huy a alors prescrit au général Conneau, commandantle corps de cavalerie, de placer la ire D. C. aux ordres de la divisionFayolle, de façon que toutes deux unissent leurs efforts pour arrêter touteattaque de l'ennemi de Douai sur Arras 1.Ces deux divisions ne devaient malheureusement pas réussir à remplirleur mission, ni même à faire leur jonction : s'étant heurtées l'une etl'autre, vers 9 heures, dans la région d'Izel-Iès-Esquerchin, à des forcesennemies importantes débouchant de Douai (et dont on saura bientôtqu'elles sont constituées par tout le Ier corps de réserve bavarois, appuyéau nord par le Ier corps de cavalerie 2), elles ont été rapidement refoulées :la Ire D. C." d'une seule traite jusqu'à Vimy, la 70e D. R., sur Bois-Bernard3.

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Fortement pressée en son centre, menacée en outre de se voir tournéepar sa gauche vers Hénin-Liétard, où le corps de spahis auxiliaires du Jonchayest impuissant à contenir à lui seul le Ier corps de cavalerie allemand,cette dernière division va se trouver bientôt dans une situation très difficile.Son recul risque, en outre, de découvrir les débarquements de la4e D. C. qui s'effectuent à ce moment à Lens.Enfin, un trou de près de 10 kilomètres reste ouvert entre les deuxdivisions du corps provisoire et l'on ne tardera pas à signaler de nombreusesinfiltrations de l'ennemi par la vallée de la Scarpe.Dès qu'il est mis au courant de cette situation critique (vers 15 heuresseulement, semble-t-il), le général de Maud'huy fait appel au généralConneau et lui confie le soin d'y porter remède.«Il serait à souhaiter, lui écrit-il, que le corps de cavalerie, laissantseulement une D. C. au sud de la Scarpe, porte de suite tout l'appui possibleà la division Fayolle en attaquant les Allemands :« 1° vers Hénin-Liétard (à l'aile nord de la division Fayolle) ;«2° sur Gavrelle (à l'aile sud de cette division) 3. »Général deMaud'huy. Ordre à C. C., 6h3o, 2 octobre. M1 r armee. leiegramme chiure a subdivision d armee, îb 40, 2 octobre.0 subdivision d armee. Urdre a L. L., 10 heures, 2 octobre, Annexe 1873.TOME I, k' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 201Le général de Maud'huy prescrit en même temps au général Conneaude « surveiller le fond de la vallée de la Scarpe et de s'opposer à touteprogression de l'ennemi par le fond de la vallée vers Arras ».C'est une tâche à la fois lourde et complexe qui incombe ainsi au commandantdu corps de cavalerie. Celui-ci estime, à juste titre, que ce nesera pas de trop de quatre D. C. pour faire face à sa mission; aussi n'hésitet-il pas à retirer la 1oe D. C. du sud de la Scarpe et à prescrire à cettedivision de se porter le plus rapidement qu'elle le pourra à l'aile gauche,où elle couvrira, de concert avec la ire D. C., la division Fayolle1.La mission de tenir le terrain entre les deux divisions du corps provisoire,de barrer la vallée de la Scarpe, de retarder les attaques de l'ennemi

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sur Gavrelle, est confiée au général de Lastours, avec les 3e et 5e D. C.Ces différentes mesures ne recevront pas toutes leur exécution; lalOe D. C., notamment, ne réussira pas à dépasser avant la nuit la régionde Farbus. Les 3e et 5c D. C., par contre, rempliront parfaitement leurmission.A la nuit, le front tenu par les forces de la subdivision d'armée Maud'huyva de Billy-Montigny à Moyenneville, en passant approximativement parBois-Bernard, Oppy, Athies et Boisleux.Sur ce front de 3o kilomètres ont été jetés hâtivement, pour en boucherles trous, tous les éléments d'infanterie dont il a été possible dedisposer : bataillons de la « brigade de réserve générale » du général deMaud'huy à Neuville-Vitasse, Beaurains et Tilloy, couvrant Arras au sud;brigade territoriale d'Arras établie sur le front Roclincourt, Saint-Laurent-Blangy et couvrant la ville à l'est et au nord.Cette ligne ténue d'infanterie va permettre aux divisions de cavalerie dese retirer à la nuit tombante du champ de bataille pour se regrouper enarrière, et se reporter le lendemain, dès l'aube, à l'aile extérieure, pourparer à la manoeuvre de débordement de l'ennemi.Le général deMaud'huy n'en envisage pas moins, au soir du 2 octobre,la situation sous un jour assez sombre et conclut qu'il va falloir le lendemain«se défendre en attaquant», si ce n'est même battre en retraite surDoullens.C. C. Ordre à 10" D. C., 15 h. 45, 2 octobre202 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Cependant, faisant le bilan de la situation, il estime que le corps provisoirepeut encore (fût-ce, au besoin, au prix d'un léger recul de sagauche) s'accrocher au plateau à l'est d'Arras et s'y maintenir.Faisant confiance à l'opiniâtreté du général d'Urbal pour tenir tète auxattaques convergentes du IVe corps prussien et du Ier corps de réserve

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bavarois, il décide de le faire couvrir au nord, contre les attaques débordantesde la cavalerie Marwitz, par le général Conneau qui devra s'établiravec ses trois D. C. (ire, 3e, 10e) dans la région d'Hénin-Liétard.Plus au nord, le corps de cavalerie Mitry, formé le matin mêmedes 4e et 5e D. G., a reçu de la IIe armée, dont il relève directement, lamission de couvrir l'aile gauche française contre les incursions de la cavalerieRicbthofen.Pendant que, doublement couvert ainsi sur sa gauche, le général d'Urbaltiendra tète aux assauts de l'adversaire, le général de Maud'huy est décidéà faire déboucher le ioe corps, remontant du sud-ouest vers le nord-est,dans le flanc de l'armée du Kronprinz de Bavière.Ce corps d'armée reçoit, à 23 heures, l'ordre de rassembler à nouveauses éléments disponibles1 dans la région de Mercatel, «direction probabled'attaque : Monchy-le-Preux par le nord de Neuville-Vitasse, quand l'ordreen sera donné2. »** *Le 3 octobre à l'aube, rendant compte de la situation au général deCastelnau, le général de Maud'huy, qui a transporté son P. G. à lacote 107 (3 km. sud d'Arras) et qui a gardé en ce point, «à sa botte», unrégiment du 10e corps en et réserve générale», annonce son intention defaire agir offensivement deux brigades du 1oe corps d'armées.A 7h45, le 10e C. A. reçoit effectivement l'ordre de s'engager. Sonattaque devra se déclancher «dès que possible, dans la direction généralede Monch y-le-Preux :- et attaque principale, par le nord de Neuville- Vitasse;1 3 bataillons du 10' C. A. ont été donnés en renfort au * corps provisoire. Subdivision d'armée Maud'huy. Ordre d'opérations pour le 3 octobre, 23 heures,2 octobre.5 Subdivision d'armée. Message téléphoné à Uearmée, b ôo, 3 octobre, Annexe 1954.Cf. carte n° 22.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VII. 203—«attaque secondaire, en échelon, par le sud de Neuville, sur lesvillages de la vallée du Cojeul".Des recommandations lui sont faites en même temps pour qu'il «secouvre vers le sud contre des contre-attaques éventuelles de l'ennemi »

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et pour qu'il « fasse appuyer son attaque par son artillerie. 1».Malgré ces précautions, le ioe C. A., qui se heurte sur sa route à destranchées « établies en équerre», ne réussira pas, au cours de la journéedu 3, à dépasser le village de Wancourt; son intervention demeurera parsuite entièrement inefficace sur l'ensemble de la bataille en cours.Celle-ci se déroule, heureusement, de façon plus favorable que la veillesur le reste du front de la subdivision d'armée.A loh 40, le général de Castelnau téléphone «à tous ses corps d'armée»que, selon des renseignements sérieux, «l'ennemi, ayant fourni la veilleun effort décisif sur tout son front, serait à bout de forces» et qu'il y alieu « de profiter de cet état, confirmé par des symptômes indiscutables,pour pousser le plus que l'on pourra2».A midi, à son tour, le général de Maud'huy rend compte au généralde Castelnau de la situation : le corps provisoire, encadré par les divisionsde cavalerie du corps Conneau, résiste sur tout son front aux attaques del'ennemi et passe même par endroits à la contre-attaque. A sa gauche lesterritoriaux du général Plantey tiennent Billy-Montigny. Le corps Mitryest à Loos et à Pont-à- Vendin ayant poussé un détachement sur Carvin.Partout le moral est bon 3.Le général de Maud'huy stimule les divisions de cavalerie qu'il voudraitvoir se porter «en échelon offensif en avant de la gauche de la divisionFayolle pour attaquer la droite ennemie dans la région Rouvroy, Hénin-Liétard4 ».Il se préoccupe en même temps de remédier au mélange des unités surle front du i oe corps et du corps provisoire afin de permettre l'engagementultérieur de ces deux corps d'armée, «en entier», l'un au sud, l'autreau nord de la Scarpe5.Subdivision d'armée Maud'huy à io* C. A., C. A. P. et C. C., 7" i5, 3 octobre.Il' armée. Ordre général pour les C. A., iohAo, 3 octobre i o-ià. Annexe 1926.Subdivision d'armée. Compte rendu à IP armée, il heures-midi , 3 octobre iqi/|.: Ciénéral de il Maud'huy à commandant du C. C., 12 heures, 3 octobre, Annexe 1957. Subdivision d armée. Note à C. A. P., 12b 3o, 3 octobre.204 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.A 18 heures, le général de Maud'huy signale que «la situation estbonne. le corps provisoire se maintientLe général de Castelnau lui répond en lui annonçant pour le lendemainl'arrivée en renfort à Arras de la 45e division.

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Enfin le 2 le corps, qui doit débarquer à Lille, ayant été mis aux ordresdu général de Maud'huy, celui-ci lui envoie, à 18h 3o, une instructionparticulière prévoyant son rabattement de Lille sur Douai et Orchies 2. Lamanoeuvre de débordement de l'aile droite adverse va donc pouvoir incessammentreprendre.A l'inquiétude de la veille a succédé partout un optimisme confiant :«en résumé la situation est bonne» télégraphie dans la soirée le généralde Castelnau au commandant en chef.Il y a cependant une ombre au tableau.Le général de Mitry, qui tient Lens et Bénifontaine, a eu à s'engagerdans la journée non seulement contre des forces de cavalerie ennemies,mais encore contre des éléments d'infanterie appuyés par une puissanteartillerie, et de nombreux mouvements de colonnes ont été signalés parsa découverte dans cette région. Par ailleurs, une série de renseignementsspéciaux (radios interceptés) ont permis de suivre la marche vers le norddu Ier corps de cavalerie allemand 3qui, vers î 5 heures, a dépassé Harneset a l'ordre de s'engager sur les derrières de l'armée française par le nordde Lens4.L'ennemi, par conséquent, monte rapidement lui aussi vers le nord.Lequel des deux adversaires a conservé sur l'autre l'avantage de la «situationdébordante « ? La brume épaisse qui a régné toute la journée n'a paspermis aux avions d'élucider le mystère5. A de nombreux indices, cependant,on peut craindre que les Allemands ne soient au moins à égalité dejeu et que le succès de la manoeuvre d'aile française ne soit encore une foisirrémédiablement compromis.1 Subdivision d'armée Maud'huy. Message téléphoné à II" armée, 18 heures, 3 octobre,Annexe 1958. 2 .- - -. -1 » Subdivision d'armée Maudhuy. Instruction particulière a 21 L. A., 10 40, o octobre,Annexe 1959.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à Il' armée, 15"40, 2 octobre. — Vr armée a ir armée etG. Q. G., 23h i5, 2 octobre.4 G. Q. G. Télégramme chiffré à 11°armée, igh45, 3 octobre, Annexe 1913.5 G. D. T. Message téléphoné à IIe armée, 22 heures, o octobre.

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CHAPITRE VIII.LA PHASE CHITIQUEDE LA COURSEÀ LA MER.( ler-9 OCTOBRE J 914.)(Cartes 23 à 25.)I. - LESMOMENTDSIFFICILEDSELAIT ARMÉETDUG.D.T.— ( I'r-3 octobre).Combats sur le front au sud de la Somme. — Débarquements du 21" corps d'armée.- La bataille dans la région d'Arras; situation difficile de l'aile gauche française et dugroupe de divisions territoriales.M.- LAJOURNÉECRITIQUEDU4 OCTOBRE.Le repli éventuel sur la ligne de la Somme est envisagé. — Directives du général enchef, qui écarte cette solution. — La subdivision d'armée Maud'huy devient une arméeindépendante. — Le général Foch est envoyé dans le nord pour coordonner les opérationsdes II*et X*armées.- LABATAILLE D'ARRAS APRÈSL'ARRIVEEDUGENERAL FOCH(5-Q octobre).La X* armée consolide sa situation (5-6 octobre). — Les chassés-croisés du 7 octobre.- La bataille d'Arras suit son cours (8 et 9 octobre).I. — LES MOMENTS DIFFICILES DE LA IIe ARMÉE ET DU G. D. T.( r er-3 OCTOBRE).La manoeuvre d'aile ayant été confiée, à partir du 3o septembre, à la« subdivision d'armée », et l'initiative de la conduite des opérations ayantété pratiquement laissée à son chef, il a paru nécessaire, pour plus declarté dans l'exposé, de consacrer la dernière partie du précédent chapitreaux actions menées par le général de Maud'huy, sous Arras, du ier au3 octobre.Avant de poursuivre le récit des opérations, il est donc indispensablede faire un léger retour en arrière, et de se repcrter à Breteuil, auprès

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du général de Castelnau, pour présenter dans leur ensemble les événementsqui se sont déroulés pendant cette période sur le vaste théâtre d'opérationsde la IIe armée.206 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.De Noyon à Lens, la distance à vol d'oiseau est de i oo kilomètres. Surce front, très étendu, se trouvent répartis à la date du icr octobre' :De Noyon à Albert, les cinq corps d'armée qu'on peut appeler les corpsorganiques de la IIe armée (i 3e, 4e, 14e, 20e et 11e G. A. ), tenant au« coude à coude» environ 65 kilomètres de front.A leur gauche, le groupe des quatre divisions territoriales du généralBrugère, groupe autonome, relevant directement de l'autorité du généralen chef, et tenant environ 15 kilomètres de front sur la ligne de l'Ancre,de Thiepval à Moyenneville.Ensuite, la subdivision d'armée, forte de deux corps d'armée (ioe etC. A. P.) et du )er corps de cavalerie ( Conneau), et qui constitue, en somme,la véritable masse de manoeuvre de la IIe armée. Le général de Castelnauen a délégué le commandement au général de Maud'huy ; elle est déployéesur un front d'une trentaine de kilomètres.Autour de Douai un élément territorial : le détachement du généralPlantey. Cet élément et les goums auxiliaires avec lesquels il a fait sajonction sont sous les ordres du général Brugère, commandant le G. D. T.Dans le nord, vers Lens, en voie de formation, le corps de cavalerie dugénéral de Mitry (2e C. C.) qui relève directement de l'autorité du généralde Castelnau.Encore plus au nord enfin, un certain nombre d'éléments hétérogènes(goumiers, territoriaux, infanterie de marine anglaise), relevant, soit dugouverneur de Dunkerque, soit du général de brigade anglais installé àCassel, tiennent le camp retranché de Lille et les passages de l'Escaut etde la Lys, à Tournai et à Courtrai 2.L'organisation du commandement de ces éléments, d'importance et devaleur variables et sans relations étroites de subordination des uns auxautres, allait être difficile.Pendant que se développait, non sans difficulté, la manoeuvre d'aile dela subdivision Maud'huy 3, d'autres événements, également graves, se pro-1 Cf. carte n"ig. d. - - -. ,Chelde bataillon anglais de Lille. Message téléphoné à ir armée, 21D 10,2 octobre. -

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Préfet du Nord. Message téléphoné à 11*armée, 23b 3o, 2 octobre.Cf. chapitre vu. La bataille d'Arras.TOME I, k' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 207duisaient sur le reste du front de la IIe armée et devant le groupe desdivisions territoriales.Ce front, encore mouvant, donnait par ses fluctuations de fréquentesinquiétudes au commandement. Sa solidité paraissait précaire. Le commandantde la IIearmée, en particulier (qui s'était démuni le 3o septembrede toutes ses réserves au profit de la subdivision d'armée), aurait souhaitétrès vivement voir le front de son armée au sud de la Somme « étayé parquelques éléments nouveaux, ne serait-ce que par des figurants, tels queterritoriaux tirés par exemple de la garnison de Paris1».Mais, le général en chef, qui n'a pas trop de toutes ses disponibilitéspour alimenter la manoeuvre d'aile, ne donne en fait au général commandantla IIe armée qu'une division territoriale (la 92e D. T.) enlevée aucamp retranché de Paris2.** *Le 1er octobre, c'est sur le front du 4e corps d'armée, dans la région deRoye, que paraît se porter l'effort principal de l'ennemi. Attaqué dans lanuit, le général Boëlle signale, à l'aube, qu'il a perdu le village de Fresnoy.Tient-il encore la Chavatte? On n'a pas encore de certitude sur cepoint.Aussitôt, le général de Castelnau prescrit une série de mesures destinéesà étayer, à soutenir et à soulager ce corps d'armée. La 8e D. C., quise dirige à ce moment par étapes vers le nord, derrière le front de laIIe armée, est, sur-le-champ, détournée de sa route et mise à la dispositiondu 4e corps. En même temps, les deux corps voisins (1 3e et 14e) sontinvités à porter, l'un sur sa gauche, l'autre sur sa droite, leurs réservesd'infanterie et d'artillerie et à se tenir prêts à intervenir. Enfin les 2oe et1ie C. A. reçoivent l'ordre «d'agir avec une extrême vigueur pour obtenirdes résultats décisifsIl ; leur action doit avoir pour but, non seulement desoulager le 4e corps d'armée, mais encore de se lier à la manoeuvre amorcéeplus au nord par la subdivision d'armée Maud'huy3.1 Officier de liaison du G. Q. G. auprès de la n' armée. Message téléphoné à G. Q. G.,

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6 heures, 3o septembre, Annexe a 1680. G. Q. G., télégramme chiffré, 8o64, 7h 45, 3o septembre iqi 4. 3 II. armée. Message téléphoné à 11*C. A., 8h20, 1" octobre.208 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Les choses en sont là lorsque, vers 10 heures, un avion de l'arméerentrant de reconnaissance signale que cinq colonnes ennemies, dontl'ensemble est évalué à un corps d'armée, franchissaient vers 9 heures,en marchant vers le nord, la route Bapaume, Cambrai; la colonne degauche à Bapaume, la colonne de droite à hauteur de Morchies.Le général de Castelnau croit pouvoir en déduire que devant Albert,de Grandcourt à Montauban, l'ennemi nous oppose seulement de faiblesarrière-gardes 1. A ioh 45, il prescrit aux corps d'armée du nord de laSomme (20e et 1ie G. A.) de «pousser à fond» et ajoute : «le généralcommandant l'armée pense qu'il n'a pas besoin d'insister ».Des ordres dans le même sens sont téléphonés, à 1 1 heures, directementau général Conneau.Les résultats ne répondent pas aux espérances2. Dans la région d'Arras,comme sur le front de la Somme, l'avance réalisée est insignifiante. Lesattaques du 20e corps et celles du 11e, poussées respectivement surMametz et Thiepval, se heurtent à ces points d'appui, fortement organiséspar l'ennemi, et ne progressent pas.D'ailleurs, le bulletin de renseignements de l'armée, établi dans la soirée,précise que c'est devant le front de la VIe armée et de l'armée britannique,et non devant celui de la IIe armée, que l'ennemi a retiré desforces pour les faire monter vers le nord. «La nécessité de couvrir cesmouvements prêtant le flanc à la IIe armée, ajoute le bulletin, expliquela violence des attaques exécutées aujourd'hui contre les i 3e, 4e et14e corps5. »Ces attaques ont paru à un moment si menaçantes, qu'elles ont incité,dans le cours de l'après-midi, le général de Castelnau à demander augrand quartier général l'appui de la division réservée de la VIe armée.Le général Joffre, dans la crainte de voir le centre de la IIe arméeenfoncé avant que les effets de la manoeuvre d'aile n'aient commencé à sefaire sentir, se hâte de donner satisfaction à ce désira Il prescrira mêmedans la soirée au général Maunoury, «s'il obtient confirmation de la retraite1 IIe armée. Message téléphoné à 20e C. A. et subdivision d'armée, ioh 45, 1" octobre.Cf. chapitre VII. La bataille d'Arras.3 II*armée. Bulletin de renseignements n* 3q, 19 heures, 1" octobre.

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1 G. Q. G. Télégramme chiffré à VI*armée, i5h 3o, 1" octobre, Annexe 1755.TOME1, V VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 209LAGRANDGEUERRE- . I, lieVOL. ]4de l'ennemi devant son front, de faire passer tout ce qu'il pourra de sesréserves disponibles, et toutes celles qu'il pourra se constituer, sur la riveouest de l'Oise, en vue de soutenir la IIe armée1 Il.En fin de compte, deux divisions de réserve, les 56e et 62e D.R. sontmises à la disposition de la IIe armée, qui décide de les employer à étayerson front défensif au sud de la Somme** *Le 2 octobre, c'est plus au nord que se situe le point névralgique dela IIe armée. L'étude des opérations de la subdivision d'armée a déjà montréque la situation parut, ce jour-là, un moment compromise en Artois3.Un échange de vues eut alors lieu entre le général en chef et le généralde Castelnau au sujet des débarquements du 21e corps4.Dès le 3o septembre, le général Joffre a décidé de retirer à la IXe arméeun corps d'armée, en vue de son transport vers le nord. Le 21e corps,désigné, est relevé le soir même par le 17e et embarqué autour de Châlonsle 2 au matin. Mais où débarquera-t-il PLe général en chef, estimant que ce corps d'armée doit être pousséjusqu'à Lille, donne à la direction des chemins de fer les ordres nécessaires5.En raison de l'urgence, les transports actuellement en cours dela 4e D. C. seront arrêtés pendant une dizaine d'heures, pour laisser passerle 2 1e corps d'arméeLe général JolIre, en effet, lisant dans le jeu de l'adversaire, sentgrandir le danger au nord d'Arras. D'après le 2e bureau du G. Q. G., cinqà six corps d'armée sont susceptibles «d'apparaître successivement d'ici1 G. Q. G. Communication à IIe armée, 20 heures, 1" octobre.1 IIe armée. Message téléphoné chiffré à G. Q. G., 10h 5o, a octobre, Annexe 1846. 3 CI. chapitre vu. La bataille d'Arras.Note du S. H. : Les échanges d idées entre le G. Q. G. et la II* armée ayant eu lieu enmajeure partie par téléphone, ont laissé relativement peu de traces écrites. Les documents

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qui5subsistent permettent cependant d'en reconstituer assez facilement l'essentiel. G. Q. G. (D. A., - D. C.F.). Modification aux transports et débarquements des 21e C. A.,&*,6' et 7*D. C., 2 octobre. — Commissaire régulateur Amiens (commandant Boquet). Messag8etéléphoné à II0 armée, qb 30,3 octobre. Officier de liaison II*armée auprès 13*C. A. (cap. de Miribel) à chef d'E.-M. IIe armée,16 heures, i" octobre.210 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.quelques jours à l'aile droite allemande1». Pour faire face à une tellemasse de manoeuvre, pour parer et pour riposter, ce ne sera pas trop d'uncorps d'armée et de deux corps de cavalerie portés à la gauche des deuxcorps du général de Maud'huy.Pour le général de Castelnau la situation se présente sous un jour différent.Sa première idée a été d'utiliser le 21e corps pour renforcer soncentre au sud de la Somme; puis, le 2 octobre à 6h 5o, il rend compteau général en chef qu'il «dirige 2 ie corps d'armée tout entier sur Arras enraison arrivée 56e D. R., qui lui assurera inviolabilité du front2».En même temps il informe le général de Maud'huy que ce corpsd'armée, qui doit commencer à débarquer à partir de 13 heures et dontle P. 0. C. (poste d'officiers de cantonnement) a été fixé à Arras, est mis àsa disposition 3.Le général de Maud'huy décide aussitôt d'employer le 2ie corps, au furet à mesure de ses débarquements, à créer derrière son centre une positionde résistance4.La décision du général de Castelnau n'a probablement pas reçu l'approbationdu commandant en chef car dans l'après-midi, à deux reprises, lecommandant de la IIe armée exprime l'avis qu'il serait imprudent dedébarquer le 2 1e corps à Lille, la situation dans la région ne lui paraissantpas le permettre, et qu'il vaudrait mieux s'en tenir tout au moins àBéthune5.Le général en chef lui répond à 171120: «corps d'armée arrivant parligne de la côte serait arrêté sur tronçon Armentières, Hazebrouck, en casd'impossibilité absolue d'un débarquement à Lille.» Et il ajoute aussitôtaprès : « Ne renoncez à Lille qu'à la dernière extrémité6».A la même heure, un officier de liaison est en route pour Breteuil ; il1 G. Q. G.2* bureau. Bulletin de renseignements, 6 heures, 2 octobre, Annexe 1824.2 G. Q. G. Message chiffré à Il* armée, 6 5o, 2 octobre.

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3 IIe armée. Ordre à subdivision d'armée, 7 25, 2 octobre, Annexe 1843.4 Général de Maud'huy. Ordre à 21e corps, 2 octobre, Annexe 1877.5 II*armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 12b20, 2 octobre, Annexe 1848. — GénéralAnthoine (II* armée). Communication téléphonique avec commandant Maurin (G. Q. G.),14h 20, 2 octobre.0 G. Q. G. Télégramme chiffré à II" armée, 171120, 2 octobre, Annexe 1833.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 211i4.emporte dans sa sacoche l'Instruction particulière n° 33 destinée à la IIe armée1.Le 21e corps «sera rattaché au détachement d'armée 2 placé sous lesordres du général de Maud'huy». Ses débarquements «s'effectueront àLille ou immédiatement à l'ouest de cette ville, à une distance suffisantede l'aile gauche du détachement d'armée 2 pour lui permettre, conformémentà l'Instruction générale n° 32 du 19 septembre, de déborder entout état de cause les forces allemandes qui seraient engagées contre votrearmée ».Les ordres du commandant en chef ne seront cependant pas entièrementexécutés : à 23 heures, en effet, le commissaire régulateur recevracomme instruction de reporter les débarquements du 21e corps autourd'Armentières 3.C'est que le commandant de la IIe armée conçoit de légitimes inquiétudespour ce corps d'armée, aventuré en chemin de fer sans autre couvertureque celle, assez fragile, du corps de cavalerie Mitry; peut-être aussiest-il guidé par un autre motif?En raison des événements sur le front de la subdivision d'armée, quiont pris dans l'après-midi du 2 octobre une tournure assez fâcheuse, legénéral de Castelnau et le général de Maud'huy, ont eu dans la journée

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un entretien ; ils ont envisagé, l'un et l'autre, l'obligation où ils pourraientse trouver placés le lendemain, de battre en retraite en direction de Doullens4. S'il en était ainsi, le débarquement à Lille du 2 le corps serait impossible.Le général Joffre s'inquiète vivement de voir ses lieutenants prévoir lerepli de leurs troupes. A ce moment, en effet, il est en train de réorganiserpour la troisième fois la manoeuvre d'aile.Ne pouvant plus le faire au moyen de ses propres ressources, par tropdiminuées, il envisage d'y faire coopérer cette fois les contingents alliés.1G. Q. G. Instruction particulière n° 33, 16 heures, 2 octobre, Annexe 1831.Lire: subdivision d armée.Commissaire régulateur Amieus (commandant Boquet) Message téléphoné à IIe armée,q-h 43o, 3 octobre. IIe armée. Message téléphoné à G. Q. G., Igh 20, 2 octobre, Annexe 1849. — Généralde Maudhuy. Message téléphoné à G. Q. G.,21 heures, 2 octobre, Annexe 1875.212 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Se départissant de son habituelle et prudente réserve, il a dévoilé leier octobre, dans un télégramme au ministre, une partie de ses plans. Sonespoir, ce faisant, était de rallier à ceux-ci le roi Albert, et d'obtenir quel'armée belge, sortant d'Anvers, vienne se joindre au dispositif francobritanniquedont la réalisation est alors projetée dans la région Arras,Douai, Lille 1.Un fléchissement de l'aile gauche française au sud d'Arras aurait pourrésultat immédiat la ruine de tous ces projets; aussi le généralissimedécide-t-il, le 3 octobre, de se rendre en personne à Breteuil pour y jugersur place de la situation. Dès le matin, il annonce sa venue au général deCastelnau2.** *Le 3 octobre, les nouvelles de la nuit ayant laissé entrevoir les difficultés

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éprouvées par l'ennemi, le commandant de la IIe armée adresse, dèsioh lio, à tous ses corps d'armée un télégramme de réconfort 3 qui montrel'adversaire épuisé par son effort de la veille et «à bout de forces ,. Enoutre, les renseignements reçus dans la journée sur la situation de la subdivisiond'armée sont nettement meilleurs ; de même les comptes rendus descorps d'armée « organiques» témoignent d'un état d'âme plus confiant.Aussi le général en chef aura-t-il, sans doute, rapporté de sa visite à laIIe armée une impression favorable.De graves inquiétudes subsistent cependant ; le groupe des divisionsterritoriales, en particulier, constitue pour le général Joffre un sujet deconstantes préoccupations.Les territoriaux sont engagés depuis le 26 septembre dans la bataille etjouent un rôle auquel rien ne les préparait.Après les premiers moments d'émotion, ils se sont ressaisis et ont faitbelle contenance sous la direction d'un chef auquel son âge n'a rien enlevéde son énergie et de son allant.1 G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, ioh25,1er octobre, Annexe1751.i G. Q. G. Message téléphoné à II*armée, 7h3o, 3 octobre, Annexe 1907.3 II*armée. Ordre général pour les C. A., ioh 4o, 3 octobre, Annexe 1926.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 213LAGRANDGEUERRE—. 1, 4' VOL. 14 AAyant parcouru, le 3oseptembre, «toutela ligne de sesavant-postes,, , legénéral Brugère a constaté que l'ennemi, devant lui, paraissait vouloir setenir sur la défensive 1. Il a rendu compte, le 1er octobre, au général enchef qu'il marchait « plein de confiance et la main dans la main» avec legénéral de Castelnau et le général de Maud'huy, et que le G. D. T. continueraità remplir sans défaillance son rôle «de protection et d'appui» àl'égard de ses voisins 2. Mais, à partir du 3 octobre, le général Brugère serend compte avec clairvoyance que l'outil dont il dispose risque de ne pasêtre à la hauteur de la tâche qui lui incombe. Un détail entre autres : leG. D. T., fort de quatre divisions, n'a pas d'artillerie de corps. A défautde 75, qu'il est impuissant à obtenir, le général Brugère demande quetout au moins on lui organise une artillerie avec du matériel de 95 ou

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de 90.Dans de telles conditions, le G. D. T. est évidemment mieux fait pourremplir le rôle de police et de couverture qui lui avait été primitivementdévolu que pour constituer un élément de la ligne de bataille.Chacun s'en rend bien compte d'ailleurs, et le général en chef luimême,dans son instruction particulière n° 33, a spécifié à la IIe arméequ'il faudrait, dès que possible, relever sur la ligne de l' Ancre les divisionsterritoriales, pour les rendre à cette mission de couverture éloignée dansle nord dont les a détournées la bataille de Picardie 3.Mais avant que cette instruction ait pu être suivie d'effet, les territoriauxsont attaqués, le 3 octobre, vers 9 heures, dans la région de Courcelleset d'Achiet-le-Petit (probablement par une brigade de la Garde). A 13h 3o,le G. D. T. fait savoir à la IIe armée que «pour le moment on n'a pasl'impression que l'on doive être bousculé. , qu'il est possible que l'onait perdu ce soir un ou deux kilomètres, mais on ne pense pas davantage4».Sur-le-champ, la IIe armée porte dans la région de Mailly-Maillet, ladivision de cavalerie du général Baratier ( 8e D. C.) et une brigade du1 G. D. T. Message téléphoné à IIe armée. 1ih 3o. 3o sentemhre. ! VI.. - - 1 -- G. D. T. Télégramme chiffré à G. Q. G., 15H5, 1" octobre; à G. Q. G. et II* armée,20 heures, 1" octobre, Annexe 1813. 3 G. Q. G. Instruction particulière n° 33, 16 heures, 2 octobre, Annexe 1831.G. D. T. Message téléphoné à II" armée, i 3h 3o, 3 octobre. Annexe 1973. — Cf. carten*22.214 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.20e corps, transportée en automobile (brigade de Lobit) 1, avec missiond'étayer la droite des territoriaux 2.Ces mesures ne donnent cependant pas satisfaction au général Brugère,qui verrait plus volontiers les troupes du général Baratier le relever surl'Ancre et lui permettre ainsi de retirer le G. D. T. de la ligne de feu.S'appuyant sur les termes de l'instruction particulière n° 33 (qui lui a étéégalement communiquée), il insiste dans ce sens auprès du général deGastelnau3, mais, n'obtenant pas satisfaction, il se résoud à prescrire à sesdivisions de «maintenir énergiquement le 4 octobre les positions qu'ellesoccupent».Il ajoute cependant «qu'au cas où, par suite d'une pression trop fortede l'ennemi, elles seraient obligées de les abandonner, elles devront se

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retirer sur d'autres positions qui leur ont été indiquées» à quelques kilomètresen arrièreEnfin, télégraphiant dans la nuit au général en chef, le général Brugèrelui révèle «qu'il a constaté que ses territoriaux qui combattent depuishuit jours pleins. et sont soumis au bombardement incessant qui, à lalongue, les énerve et les déprime. sont arrivés à la limite de leur résistanceplutôt morale que physique5 ».II. — LA JOURNÉE CRITIQUE DU 4 OCTOBRE.Il était à prévoir que la journée du 4 octobre serait dure.Des renseignements spéciaux, captés dans la soirée du 3, ont, en effet,signalé la présence de l'Empereur devant Arras, et les ordres impérieuxque Guillaume II a donnés à ses corps de cavalerie révèlent pour le lendemaindes desseins ambitieux. Pendant que, stimulés par la présence deleur chef suprême, les corps d'armée du Kronprinz de Bavière attaquerontsur toute la ligne pour s'emparer d'Arras, « Sa Majesté veut voir1 II' armée. Ordre général n° 1iq, 17 heures, 3 octobre, Annexe 1929.2 IIe armée. Télégrammechiffré à G. D. T., 2ih 3o, 3 octobre, Annexe 1931.3 G. D. T. Télégramme chiflré à lr armee, 20 00, 3 octobre, Annexe 1974.4G. D. T. Ordregétiérai n* 46, 22h20, 3 octobre. -. -.G. D. T. Télégramme chiffré à G. Q. G. et à IL' armée, 23 heures, à Octobre, Annexe1975.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 21514Aaujourd'hui 4 octobre corps de cavalerie de armée 1passer sur les derrièresde l'adversaire2». Un IVe corps de cavalerie allemand, formé des 3e et6e D. C. qui débarquent à Tournai, reçoit en même temps pour missionde s'emparer de Lille3.Ces renseignements, à mesure qu'ils sont captés, sont communiquésaux unités de la IIe armée, qui se prépare sur tout le front, d'A rmentièresà Ribécourt, à résister à l'attaque de l'adversaire.De son côté, le commandement français a pris, dans l'après-midi etdans la soirée du 3, une série de mesures pour résister au choc du lendemain.Le général en chef a décidé de prélever sur la Ve armée une nouvelle

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division (la 53e) et de la faire transporter par camions automobiles à Compiègnepour être mise à la disposition de la IIe arméeLe général de Castelnau, usant de la latitude que lui a laissée le généralen chef de varianter, à la demande des événements, les débarquementsdu 2 il corps, a décidé finalement, dans l'après-midi du 3, de scinder cecorps d'armée. Seule, la première division (i 3e D. 1.) continuera à débarquerà Armentières et sera chargée, avec la 7e D. C. 5, de protéger la placede Lille contre un coup de main éventuel de la cavalerie ennemie. Lereste du corps d'armée (43e D. I. et E. N. E.) sera débarqué à Saint-Pol etconstituera ainsi, derrière le centre de la subdivision d'armée Maud'huy,une réserve d'armée et un repli éventuel 6.Par ailleurs, la 45e D. I. (division Drude ), après son débarquement àArras, ira renforcer le centre du corps provisoire et libérer la 10e D. C.qu'il avait fallu maintenir en ce point pour boucher le vide existant entreles divisions Fayolle et Barbot du corps d'Urbal.Ainsi renforcé en son centre, étayé en arrière et couvert sur sa gauche1Ier et IIe corps de cavalerie, rattachés à la VIe armée 2 allemande. II' armée. Message téléphoné à unités subordonnées, 4-189, 2h45, 4 octobre, Annexe20231; — IV armée, télégramme chiffré à G. Q. G. et II" armée. 1970, 8 heures, 4 octobre. G. Q. G. Télégramme chiffré à lie armée, 8" 55, A octobre, Annexe 1991.G. Q. G. Télégramme chiffré à IIe armée, 702, 10 heures, 4 octobre. Annexe 1993. 5 Qui débarque également dans la région. 0 Commissaire régulateur Amiens (commandant Boquel) à armée Maud'huy, 3 octobre1914. — f armée (colonelIlellot). Note pour le cas de variante du 21e C. A, 16 heures.3 octobre.216 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.par les deux corps de cavalerie (Conneau et Mitry), la subdivision d'arméesemble en bonne posture pour se maintenir autour d'Arras.La solidité du G. D. T. est, par contre, plus sujette à caution. Cestroupes fatiguées n'ont jamais, il est vrai, inspiré qu'une médiocre confianceau commandant de la IIe armée, puisqu'il a envoyé, en soutien deleur droite, la 8e D. G. et une brigade mixte du 20e corps.Si le général de Castelnau a groupé sous les ordres du général Eydoux,commandant le 11e corps, toutes les forces de la IIe armée opérant au

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nord de l'Ancre, avec mission de couvrir, le cas échéant, face au nord,le centre de cette armée, il s'est toutefois rendu compte que cette solutionoffre l'inconvénient, par suite de l'autonomie du G. D. T., d'isoler l'unede l'autre les deux fractions de la IIe armée. Il estime, en conséquence,qu'il y aurait intérêt, non seulement à maintenir sur place les divisionsterritoriales, mais encore à assurer leur coopération étroite avec les élémentsde la IIe armée qui les encadrent.Dans la nuit du 3 au 4, le général de Castelnau décide donc de prendrele groupe sous son autorité directe et, vers 3 heures du matin, il télégraphieau général Brugère : « Le commandant en chef a subordonné provisoirementvos opérations aux miennes. Vous n'avez, pour le moment,aucune autre mission que de tenir à tout prix sur le front que vousoccupez1». L'ancien généralissime2 soulèvera bien une objection de principe,mais le général en chef ayant tranché le débat3, il s'inclinera : l'unitéde commandement se trouve ainsi établie sur l'ensemble du front de laIIe armée.** *L'attaque allemande prévue se déclanche effectivement le 4 octobre, àl'aube, sur tout le front. Bientôt commencent à arriver à l'état-major de laIIe armée d'assez fâcheuses nouvelles de la ligne de feu :1 II" armée. — Message téléphoné à G. D. T., 4188, 3 heures, 4 octobre.:IILe général Brugère avait été vice-président du Conseil supérieur de la uuerre de 1900 alQ0s6. G.Q.G. Télégramme chiffré à II* armée et G.D.T., 771, i4 3o, 4 octobre, Annexe1999.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 217Si, sur le front des « corps organiques H, la lutte demeure stationnaire,au nord, par contre, l'ennemi marque de sérieux avantages.Vers 8 heures, la division Fayolle rend compte que, fortement presséesur sa gauche, elle a dû se replier sur la voie ferrée (ligne Bailleul, Vimy)et qu'elle a perdu le contact avec Lens évacuée par notre cavalerie 1.A l'est d'Arras, la division Barbot maintient aisément ses positions;mais, à sa droite, le ioe corps, attaqué dans la nuit, a perdu du terrain :

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il réussira cependant dans la matinée à se rétablir sur une position enéquerre formant crochet défensif face au sud 2.Enfin, vers midi, les territoriaux, attaqués, semble-t-il, par une divisionde la Garde, ont déjà perdu Bucquoy et Ablainzevelle. Un message duî ie corps annonce, un peu plus tard, qu'ils ont abandonné également leMoulin ruiné, «et que leurs lignes de tirailleurs sont vues battant enretraite de Puisieux vers l'ouest 3 ».Ces graves nouvelles suscitent chez le commandant de la IIe armée unlégitime émoi. Téléphonant vers midi à mots couverts au grand quartiergénéral, le général Anthoine, chef d'état-major de la IIe armée, ne dissimulepas les inquiétudes qu'inspire la situation de la subdivision d'armée etdu G. D. T., quoique le front tienne dans l'ensemble4.Vers 13 heures, le général de Castelnau rend compte au commandanten chef des dispositions qu'il a arrêtées en cas de retraite : si le généralde Maud'huy est forcé de se replier, il prendra pour direction Saint-Pol( i oe corps au sud d'Arras, corps provisoire au nord), pendant que le généralBrugère, pivotant sur son aile droite, irait occuper une premièreposition sur la ligne Beaucourt, Doullens5.Dans un message, téléphoné à 16 heures, le général Anthoine dépeintainsi la situation : «Le ciel s'assombrit; les territoriaux ont le pied léger;le général de Maud'huy a perdu le sud. ». Puis le chef d'état-major dela IIe armée demande qu'un officier du G. Q. G, soit envoyé à Breteuil,170. D. R. Compte rendu téléphoné à II' armée, 8hi5, 4 octobre.Subdivision d'armée. Message téléphoné à IIe armée, 10 heures, 4 octobre, Annexe2060.3 118C. A. Messages téléphonés à G.D. T. et II* armée, 14b3o, Annexe 2074, et 15b 10,4 octobre.4 IIe armée (général Anthoine). Message téléphoné à G. Q. G. (colonel Pont), 12 heures,

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4 o5ctobre, Annexe 2027. IIe armée. Télégramme chiffré à G. Q. G.,] 2b 45 à 13 heures, 4 octobre, Annexe 2030.218 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ou, vraisemblablement, le général de Castelnau aura à prendre le soir«des résolutions graves» l.Ces expressions imagées, et qui sont de nature à faire ressortir la situationdifficile de la IIe armée, sont loin de préciser cette situation, car legénéral Brugère vient d'annoncer qu'il contre-attaque sur Bucquoy et le généralde Maud'huy rend compte que, si au nord il a été vivement pressé,il résiste par contre au sud; qu'il « compte tenir le soir » et qu'il se fait fortle lendemain, avec l'appoint des renforts, de « rétablir la situation »2.Quoi qu'il en soit, le message du général Anthoine provoque de la partdu commandant en chef, qui suit attentivement les péripéties de la luttedans le nord, une immédiate réaction. Il craint, en effet, que les. résolutionsgraves» annoncées par la IIe armée ne se traduisent par un recul detoute l'aile gauche de cette armée. Or, cette solution, qui semble dictéepar le souci de venir occuper les parties dominantes du terrain, marqueraitle succès de la manoeuvre ennemie, en même temps qu'elle ruinerait lesprojets de manoeuvre du commandement français.Le général en chef ne saurait donc l'admettre.En conséquence, il signifie, par téléphone, au général de Castelnau desurseoir, avant d'avoir pris connaissance du télégramme chiffré qui vientde lui être expédié 3, à toute décision « de la nature de celle qui estvisée par le général Anthoine dans sa communication téléphonique de16 heures M.Par ce télégramme, le général en chef précise qu'il ne peut « admettreun recul qui donnerait l'impression d'une défaite et enlèverait toute possibilitéde manoeuvres ultérieures a.Il prescrit de contre-attaquer (le général de Maud'huy en a les moyenspuisque la 45e D. I. et le 21e corps n'ont pas encore été engagés) pourreprendre le terrain perdu et assurer la sécurité de l'aile gauche, et il faitde la subdivision d'armée Maud'huy une armée indépendante.1 IIe armée (général Anthoine). Message téléphoné à G. Q. G., 16 heures, 4 octobre,Annexe 2032.2 G. D. T. Message téléphoné à G. Q. G. et IIe armée, 151110,4 octobre. — Officier liaison

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II0 armée auprès subdivision d'armée. Message téléphoné à IIe armée, 151126, 4 octobre. —Subdivision d'armée Maud'huy. Message téléphoné à II" armée, 151145, 4 octobre;Annexes 2044 et 2046.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à IIe armée, 801, 17U35; — message téléphoné àIIe armée, 810, 17h5o,4 octobre; — Annexes 2004 et 2005.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 219Enfin, il désigne le général Foch pour coordonner les opérations de laIIe armée, du G. D. T. et de la nouvelle armée Maud'huy 1.Le soir même, le général Foch, quittant le commandement de la IXe armée,est appelé d'urgence au grand quartier général. Arrivé à Romilly enpleine nuit, il en repart quelques instants plus tard pour le nord, munides pleins pouvoirs qu'implique son titre «d'adjoint au commandant enchef,,.Dès qu'il est informé de l'arrivée du général Foch, le commandant dela IIe armée en avise à son tour le général de Maud'huy; et comme cedernier lui demande ses instructions pour le lendemain, il lui répond :«En attendant que le général Foch, délégué pour prendre une décision aunom du général Joffre, soit arrivé, je ne puis que vous approuver de tenirdemain en faisant appel à tous vos renforts » 2.Aux dernières nouvelles de la journée, la situation sur l'ensemble dufront Lille, Arras, apparait moins tendue. Si la lutte reste sévère, rienn'est compromis ; on tient partout.Dans le nord, la 1 3e division (21e corps), qui débarque à Armentières,pousse des éléments sur Lille et défend les remparts de la ville dont l'ennemioccupe les faubourgs3.La division Hély d'Oissel (7e D. C.), tout en achevant de débarquer àArmentières et à Hazebrouck, couvre la i 3e D.I., à gauche, contre lesentreprises de la 7e D. G. allemande4.Entre Lille et Lens, le corps de cavalerie Mitry, rattaché désormais àl'armée Maud'huy, réussit à arrêter le raid ordonné par l'Empereur d'Allemagne

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à la cavalerie de sa 6e armée.Au sud de Lens, le corps Conneau, renonçant à aller prendre ses1 G. Q. G. Télégramme chiffré à IIe armée, G. D. T. et armée Maud'huy, 821, Igh 20,li octobre, Annexe 2 2008. Il' armée. Messagetéléphoné à G. Q. G., 2ih 5o; — à subdivision d'armée Maud'huy,1, 33052, 2b 3o, 4 octobre, Annexes 2039 et 2040. Le restant du 21' cor1ps (43-e D. I. et E. N. E.)1 débaro-1u-e---l-e -m--p-m---e- Ji-o-n-r -à _Suainnt--Po--l-.121* C. A. Messagetéléphoné à subdivision d'armée Maud'huy, 18 heures, 4 octobre,Annexe 2079.220 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.cantonnements à l'arrière, se retranche sur ses positions de Souchez etGivenchy 1.Enfin, l'infanterie du général de Maud'huy, qui tient partout ses positions,se prépare à contre-attaquer vigoureusement le lendemain 2.Seule la capacité de résistance des divisions territoriales semble incertaine.Après l'échec de la contre-attaque sur Bucquoy, ces divisions se sontrepliées de 5 à 6 kilomètres vers l'ouest, découvrant le î oe corps et l'obligeantà s'installer en crochet défensif face au sud. De l'avis de leurs chefs,elles seraient « incapables de faire le moindre effort pour le lendemain»ni même de tenir les positions de repli fixées 3.En réalité, dans un ultime sursaut d'énergie, elles sauront, les 5 et6 octobre, défendre sans défaillance leurs positions et briser par leursfeux les assauts répétés des régiments prussiens de la Garde.III. — LA BATAILLE D'ARRAS APRÈS L'ARRIVÉE DU GÉNÉRAL FOCH.La mission officiellement confiée au général Foch est de coordonnerl'action de la IIe armée et de l'armée Maud'huy 4.Toutefois, il ressort de sa correspondance5 avec le général Joffre qu'ila reçu pour instructions de redresser les deux armées qui résistent avecpeine depuis deux jours à la pression adverse, et de les reporter en avant.Arrivé à Breteuil, le 5 octobre, à 4 heures du matin, venant du G. Q. G.,le général Foch donne verbalement ses directives au commandant de laIIe armée : il lui deman de, avant tout, de «maintenir ses positions » 6.De Breteuil, il se rend auprès du général de Maud'huy à Aubigny, oùil arrive à 1o heures7.

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1 C. C. Conneau. Ordre pour le bivouac du 4 au 5 octobre, 4 octobre soir, Annexe 2097.1 Général de Maud'huy. Message téléphoné à II' armée, 21 heures, 4 octobre, Annexe2066.3 G. D. T. Télégramme chiffré à G. Q. G., 285/3, ao heures et 287/3, 22 heures, 4 octohre.4 G. Q. G. Télégramme chiffré à Il' armée, armée Maud'huy et G. D. T. 8ai, 19h O,4 octobre, Annexe 2008.5 Lettres personnelles, non publiées.Groupe provisoire du Nord. Journal des marches et opérations, 5 octobre 7 iqi4. G. P.N. Extrait du journal des marches et opérations, 5 octobre. Annexe 2132. —Cf. carte n° 23.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 221Que s'est-il passé depuis la veille au soir sur le front de la « subdivisiond'armée » devenue Xe armée?A 3 heures du matin, le général de Maud'huy, faisant part au généralen chef de ses intentions pour la journée du 5, se déclarait décidé à résistersur place et à attendre, pour prendre l'offensive, que ses nouveauxrenforts (4 3e et i 3e divisions) fussent en état d'intervenir 1.A vrai dire, il ignorait encore à ce moment les événements survenus aucours de la nuit. Il apprendra un peu plus tard seulement, que le corpsprovisoire a été attaqué, qu'il a perdu Givenchy2, et, qu'en dépit du soutiendes deux corps de cavalerie, la situation de son aile gauche est de plusen plus compromise. En outre, des renseignements spéciaux, captés dansla nuit, lui révèleront que la cavalerie allemande, loin d'avoir renoncé auraid d'enveloppement prescrit par l'Empereur, précise son intention «depercer sur Aix-Noulette» 3.Aussi le général de Maud'huy se préoccupe-t-il, entre 9 et 10 heures,de faire établir à l'ouest d'Arras les moyens de repli indispensables :

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une ligne de repli, à hauteur d'Aubigny, que va venir occuper sa divisionréserve d'armée, la 113e1; des échelons refusés : l'un au nord, àSouchez, Carency (corps provisoire); l'autre au sud, à Rivière, Beaumetz( 1oe corps) 5.C'est dans ces conjonctures qu'arrive au poste de commandement d'Aubigny(10 heures) l'adjoint au commandant en chef.Après examen de la situation avec le général de Maud'huy, au coursd'une entrevue qui ne dure pas moins d'une heure, le général Foch donneverbalement au commandant de la Xe armée les instructions suivantes :— 10 maintenir à tout prix les positions autour d'A rras;— 20 se préparer à prendre l'offensive par la gauche avec les deux divisionsdu 2 1e corps et les deux corps de cavalerie6.1 X* 2 armée. Télégramme chiffré à G. 0. G.. J 5OQ.3 heures. 5 octobre. Annexe 2165. ;\ X' armée. Message téléphoné à C. A.P., 311i5, 5 octobre, Annexe 2164. 4 G. Q. G. Télégramme chiffré à X*armée. 873. 2 heures. 5 octobre. Annexe 2111. Dont les débarquements à Saint-Pol sont terminés. fi Xearmée. Ordre à ioe C. A., 9 heures ;à C. A. P., 9h 15. Annexe 21.66; - à 86e brigad6e(43* D. I.), 10 heures, 5 octobre. G. P. N. et X*armée. Journaux des marches et opérations, journée du 5 octobre. —A noter qu'aucune autre trace écrite de l'entrevue d'Aubigny ne subsiste dans les archivesdu S. H.222 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L'arrivée du général Foch provoque donc un changement d'attitudetrès net: la Xe armée, qui, jusqu'à cet instant, avait cherché à résister encédant le terrain le plus lentement possible, va s'efforcer de reprendrel'initiative des opérations.Les ordres donnés par le général de Maud'huy, le 5 octobre à partir de1 1 heures, témoignent de cette orientation nouvelle, en même tempsqu'ils portent en germe la manoeuvre offensive qui se dessine1 :Le général Conneau, groupant sous ses ordres les deux corps de cavalerie2,

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reçoit pour mission d'attaquer l'aile droite ennemie, « où qu'elle setrouve, de la région Souchez, Angres, de manière à la rejeter vers l'est età dégager ainsi la gauche du corps provisoire ». Il agira en liaison avec undétachement de la 13e D. I. (21e corps) qui, descendant du nord, doitdéboucher de la Bassée à midi, et attaquer en direction de Lens et deVimy3. La gauche du corps provisoire (division Fayolle) profitera desprogrès de la cavalerie pour reprendre le terrain perdu vers Souchez etGivenchy. Enfin, devant Arras menacé, le 10e corps et la droite du corpsprovisoire (divisions Drude et Barbot) résisteront coûte que coûte surleurs positions, qu'ils se hâteront d'organiser et de renforcer.A peine déclanchée, l'attaque des corps de cavalerie se heurte à unevive résistance de la part de la cavalerie adverse appuyée par de l'artillerieet soutenue par des éléments d'infanterie.La région d'Aix-Noulette, où l'ennemi porte son effort principal et oùle général Conneau engage le gros de ses forces, est le théâtre de combatstrès durs, sans résultats bien sensibles. L'attaque vigoureuse de la cavaleriefrançaise obtient pourtant un succès appréciable, puisque le général von1 X' armée. Ordres à C. A. P., 10h 55; — à 10e C. A.,11 heures; — à 1" et 2' corps decavalerie, 11 heures, 5 octobre, Annexes 2168 et 2169.2 i" et 2e corps de cavalerie: le i" corps de cavalerie (général de Lastours) comprend lesî", 3' et 10' D. C.; le 2' corps de cavalerie (général de Mitry) comprend les 4* et 5' D. C.Lt 6e D. C., qui doit rentrer dans la composition du 2e C. C., débarque à Hazebrouck; le6 octobre, elle passera aux ordres du général de Mitry. Les deux C. C. se sépareront denouveau le 7 octobre, date à laquelle le général* Conneau reprendra le commandement du1er C. C..3 Un ordre particulier fixera un peu plus tard les conditions d'engagement du gros du11* corps pour la journée du lendemain. — X*armée. Ordre à 21" C. A., 14h30, 5 octobre,Annexe 2170.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 223der Marwitz rend compte à l'Empereur 1, dès le début de l'après-midi, que«devant les masses de cavalerie française qu'il a devant lui, il renonce àpercer a.

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Plus au nord, une division du corps Mitry (4e D. C.), après avoir enlevéle Rutoire, est entrée en liaison avec le détachement de la 13e divisiondont la tête atteignait Haisnes (sud de la Bassée) à 14 heures 2. Le grosde cette division est resté dans la région de Lille dont il défend les remparts.Si la journée du 5 octobre n'a pas apporté au général de Maud'huytoutes les satisfactions sur lesquelles il comptait, du moins lui a-t-ellemontré l'intérêt qu'aurait la Xe armée à maintenir son attitude offensive,notamment en poussant à fond l'attaque sur Lens. Il prescrit en conséquenceau général Maistre, commandant le 21e corps, de profiter de lanuit pour retirer la 13e division de la région de Lille et l'engager. le 6,dans l'action sur Lens. Cette division commencera à déboucher du canalde la Bassée le 6 octobre dès l'aube, mais elle ne sera vraisemblablementpas en mesure de prononcer un effort d'ensemble dans la région de Lensavant 1o ou i i heures du matin 3.Quant à la 43e division, elle s'est portée, sitôt débarquée, de Saint-Polsur Aubigny à la disposition de l'armée.Sur le front du corps provisoire et du 10e corps, les troupes maintiennentjusqu'au soir leurs positions; ni avance ni recul sensibles ne sontsignalés.Dans l'ensemble, les résultats de la journée confirment la note optimistedonnée au général en chef dès 15h 30 : «Impression meilleure quece matin» 4. Dans son compte rendu du soir, l'oilicier de liaison du grandquartier général précise de la façon suivante l'état d'esprit de l'état-majord'Aubigny : «Ce qu'il faut dire, c'est que la journée a été plutôt bonne,12 Messagecapté. Le général von der Marwitz commandait le 2' corps de cavalerie allemand. Ce détachement, aux ordres du colonel Schmidt, comprenait: 3 bataillons d'infanterie,2 batteries et 2 escadrons. 3Groupe des corps de cavalerie. Compte rendu à X"armée (après 18 heures); — ordre à]" C. C., i5 heures, 5 octobre. Annexes 2176 et 2174. — 21e C. A. Compte rendu à Xearmée,5 octobre (soir), Annexe 2185.Xe armée. Message téléphoné à G. Q. G., 15b 3o, 5 octobre.224 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.quoique avec des hauts et des bas, et que l'on espère pour le lendemain,au moins d'aussi bons résultats, le 2 ie corps ayant été à peine engagé l.

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C'est également l'opinion du général Foch, qui, au terme de cette premièrejournée de commandement, se montre satisfait du présent et confiantdans l'avenir. «En résumé, journée est bonne; celle de demain paraîtdevoir être plus riche en résultats2. »** *Pour le 6 octobre, le général de Maud'huy a prescrit de poursuivrel'offensive dans les conditions suivantes : « Le 21e corps, moins la 43e division,attaquera demain l'aile droite ennemie, direction générale : La Bassée,Lens, Petit-Vimy. Les deux corps de cavalerie continueront leursattaques sur Souchez, Givenchy, Liévin, et assureront la liaison avec le2 1e corps et le corps provisoire. »La 43e division, dont l'action est réservée, se rassemblera en arrière dela ligne Mont-Saint-Éloi, Carency, dans une formation préparatoire àl'attaque; elle ne sera pas engagée avant que la 13e division ait fait sentirson action dans la région de Lens3.Or, dès le matin, la 13e division prend du retard. A 8 heures, ellepoursuit le rassemblement, dans la région de La Bassée, de ses élémentsun peu dispersés et fatigués par une longue marche de nuit. Le généralMaistre lui envoie, à 8h 20 seulement, son ordre d'engagement; il promettoutefois au général de Maud'huy qu'elle fera « l'impossible pour attaquervigoureusement4 ».Sur ces entrefaites, parviennent à l'armée d'inquiétantes nouvelles dufront d'Arras : le 10e corps vient de perdre Beaurains, pivot de la résistanceau sud; à gauche, la division Barbot, pour se conformer au mouve-Officier de liaison du G. Q. G. auprès Xe armée. Message téléphoné à G. Q. G., 2ih 15,5 octobre, Annexe 2128.2 Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 22b i5, 5 J octobre, Annexe 2131. X. armée. Instructions pour la nuit du 5 au 6 et la journée du 6 octobre, 10 do,5 octobre; — instructions à 43e D. I., 8h 3o, 6 octobre. Annexes 2171 et 2270. - .- a 21e G. A. Ordre à i3* D.1., 8 i5; — compte rendu à X. armée, 915, b octobre,Annexes 2291 et 2292.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 225LAGRANDGEUERRE—. 1, 4*VOL. 15ment du 10e corps, entame un repli à l'ouest d'Arras; enfin le générald'Urbal rend compte qu'il reporte toute sa ligne à l'ouest de la ville l.

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Ces graves nouvelles, arrivées à Aubigny à i i heures, y provoquent uncertain émoi. Le général de Maud'huy, ne pouvant admettre qu'Arras soitabandonné sans combat ni résistance, écrit sur le champ au commandantdu C. A. P. : « Il est expressément interdit d'abandonner sans ordre uneposition sous prétexte que le voisin a lâché. Une position ne doit êtreévacuée que sous la poussée violente de l'ennemi. La défense rapprochéed'Arras nous aurait permis de tenir longtemps encore sans grands frais,même après l'enlèvement de Beaurains ».En post-scriptum, le général Foch, qui vient d'arriver à Aubigny,ajoute de sa main : « Interdiction formelle de lâcher aucun point qui n'apas été enlevé par l'ennemi. Si le front est menacé ou tourné, se faire unflanc défeusifa.Pour redresser la situation devant Arras et couper court aux velléitésde repli manifestées par ses subordonnés, le général de Maud'huy décidede déclancher aussitôt l'attaque de la 43e division. A1 ih 3o, il lui prescrit« d'attaquer immédiatement dans les conditions prévues par l'Instructiondu 5 octobre, 1 8h 3o », c'est-à-dire face à l'est, en partant de la ligneMont-Saint-Eloi, Carency. En même temps, il invite le 10e corps à tenir«à tout prix» sur ses positions; tel est, ajoute-t-il, « l'ordre formel» dugénéral Joffre 2.Le général Foch complète ces premières mesures en intervenant directementauprès des généraux Maistre et Conneau pour stimuler leur activité.Apprenant que le 2e C. C. progresse sans difficultés dans la région deGrenay et qu'il occupe Loos, en liaison avec le 21e corps (1 3e D. I.),il invite le général Conneau à rabattre le corps Mitry3 vers le sud et à faireaccélérer sa progression sur Liévin et Souchez « pour s'emparer le plus tôt1 C. A. P. Compte rendu à X* armée, lOh25, 6 octobre. Annexe 2297. s X' armée. Instruction pour la journée du 6 octobre, 18h 3o, 5 octobre; — ordres àC.A.P., 11 heures; — à 10e C. A., 10h45; — à 43* D. I., 1ih3o, 6 octobre; Annexes 2171,2168,et 2274.3 Général Foch. Ordre téléphoné à groupe de corps de cavalerie, Il h30; — à 21" C. A.,1ih 35, 6 octobre, Annexes 2226 et 2227. — Groupe de corps de cavalerie. Compte renduà X' armée, 1ih i5, 6 octobre, Annexe 2283.226 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.possible des débouchés sud de ces localités et aider le ier C. C. dans ses

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attaques. »En même temps, il réclame de la 13e division, dont la colonne dedroite était encore à 9 heures entre Hulluch et La Bassée, « de l'activité,de l'activité, de l'activité », une action rapide de cette unité dans la régionde Lens étant seule capable de soulager, dès qu'elle se fera sentir, le corpsprovisoire 1.Mais les résultats ne répondent ni aux exhortations répétées des chefs,ni à la bonne volonté des exécutants; les fantassins du général Baquet2,rompus de fatigue, et les cavaliers des corps de cavalerie, à pied, progressenttrès lentement.Le soir, les uns et les autres sont immobilisés sur un front jalonné parde fortes positions d'arrêt : Ablain-Saint-Nazaire, Notre-Dame-de-Lorette,Noulette, Aix-Noulette, Bully-Grenay ( ier C. C. ), Grenay, Loos ( 13e D. I.),Annay, Pont-à-Vendin (2e C. C)3.L'engagement du 2 1e corps, le 6 octobre, n'a procuré qu'une très faiblepartie des avantages escomptés; les gains de terrain réalisés sont insignifiants.Néanmoins, l'offensive de la 43e division, soutenue par la divisionFayolle et appuyée par l'artillerie de la division Drude, en bloquant la ruéeennemie sur Arras stabilise la Xe armée et la libère de toute nouvellevelléité de repli.Aussi le général Foch peut-il rendre compte dans la soirée au commandanten chef que l'armée Maud'huy se trouve, désormais, « dans unesituation avantageuse5 II.Cependant, de nouveaux dangers menacent la Xe armée. En effet, dansla journée du 6 octobre, des radios allemands interceptés et des rensei-1 Voir note 3, nacre225.2 Commandant la 13' D. 1.3 X4armée. Ordres à groupe de corps de cavalerie; — a 21' C. A., 14 heures, b octobre,Annexes 2275 et 2276; — message téléphoné à II" armée, 23 heures, 6 octobre, Annexe2280. — 216 C. A. Compte rendu à X"armée (début après-midi), 6 octobre, Annexe 2293;— 13* D. I. Compte rendu à 21e C. A., 7 octobre.4X*armée. Message téléphoné à II" armée, Igh 45, 6 octobre. — C. A. P. Compte rendu àX' armée, 13h30, 6 octobre, Annexe 2300.

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5Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 22h 3o, 6 octobre, Annexe 2228. —Cf. carte n° 24.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 22715.gnements émanant des forces anglaises en Belgique ont signalé l'apparition« en force » de la cavalerie ennemie dans la région d'Hazebrouk et deBailleul, d'où elle est en mesure d'agir contre le flanc des forces dugénéral de Maud'huy. Il s'agirait du IVe C. C. allemand, dont deux divisions(6e D. G. et D. C. bavaroise) avaient atteint la veille, par leurs élémentsavancés, la région de Bailleul au nord-ouest d'Armentières, et dontla troisième division (3e D. C.) opérait dans la région de Lillel.Pour obvier à cette menace, le général de Maud'huy dispose seulementde la 6e D. C. qui tient les passages de la Lys, de Saint-Venant à Estairesinclus2, et, à la rigueur, de la 7e D. C., engagée entre Lille et Armentières.Ces forces étant insullisantes, il décide, dans la soirée du 6 octobre, deles renforcer par les deux divisions du corps Mitry (4e et 5e D. C.). Ilprescrit au commandant du 2e C. C. de se porter droit au nord, sur la Lys,avec ces deux divisions, et de reprendre sous ses ordres la 6e D. C.3. Legénéral de Mitry devra: s'opposer à toute incursion de la cavalerie allemandeau sud de la rivière; se relier, à Estaires, avec la 7e D. C. qui tiendrales passages de la Lys (en aval); enfin, se ménager des tètes de pontde manière à pouvoir, de concert avec cette division, « déboucher offensivementcontre la cavalerie allemande » 4.Cette concentration de trois divisions ne semble pas superflue puisqued'après un radio de la « Direction Suprême n, capté dans l'après-midi du 6,le IVe C. C. allemand aurait pour mission, le 7 octobre, de : « percer, le

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plus vite et le plus loin possible, dans dos, ennemi placé en face aile occidentalede armée5 ».1Le général de Maud'huy, en recevant ce renseignement, n'aura pasmanqué sans doute de se demander si le corps Mitry pourrait arriver asseztôt sur la Lys pour en interdire les passages à la cavalerie allemande. Soninquiétude aura été de courte durée, car un renseignement du grand quar-1 G. Q. G. 2' bureau. Compte rendu de renseignements n° 110, 5 heures, 5 octobre; —n° ui, 5 s heures, 6 octobre; Annexes 2110 et 2203. La 6e D. C. vient d'achever ses débarquements dans la région d'Hazebrouck, à proximité de l'ennemi, et son gros cantonne au nord et au S. 0. de Béthune. — Cf. général de Mitry à général Conneau, 13h 3o, 6 octobre, Annexe 2306. s Qui appartient au 2' corps de cavalerie. 4Xe armée à i" et 2*corps de cavalerie, à 21e C. A., à 6° et 7 D. C., 18 heures. 6 octobre,Annexe 2277. i G. Q. G. Télégramme chiffré à Xearmée, 18 45, 6 octobre.228 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.tier général lui a bientôt fait connaître que le 6 octobre, en fin de journée,le IVe corps de cavalerie allemand s'était replié au sud-ouest de Courtrai(Q. G. du IVe C. C. et D. C. bavaroise à Aelbecke, 6e D. C. à Halluin,avec détachements à Comines et à Deulemont) 1, après avoir opéré desdestructions de voies ferrées dans la région Ypres, Roulers et reconnu larégion Hazebrouck, Bailleul.Ce repli garantit au général de Mitry le temps nécessaire pour prendreses dispositions. Le danger n'est donc plus pressant. A dire vrai, la menacecontre le flanc de la Xe armée diminue singulièrement, car, le 7 octobre,le IVe C. C. a bien repris sa marche vers l'ouest en direction deBailleul, mais sa progression se révèle très prudente. A 1h 30, en effet,le général de Mitry, qui s'attendait à se heurter à la cavalerie allemandeau nord de la Lys, signale que les reconnaissances qu'il a poussées dansla forêt de Nieppe et dans le secteur Caestre, Flètre et Catsberg « n'ont vuaucun ennemi 2 ».Le gros du 2e corps de cavalerie français, solidement installé le 7 ausoir sur la Lys, d'Aires à Estaire, et en liaison à l'est avec la 7eD. C., est enmesure de remplir sa mission. Il stationne le soir dans la zone Calonne,

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Richebourg, couvert par des avant-postes au nord de la rivière5.** *Le général de Maud'huy, libéré, provisoirement tout au moins, de sesinquiétudes au sujet de la menace contre le flanc de son armée, peut seconsacrer tout entier à l'exécution de sa manoeuvre. Il tient à poursuivrel'offensive sur Lens et Givenchy avec vigueur, car il estime n'avoir devantson aile gauche que de la cavalerie (Ier et IIe C. C.).Par mesure de précaution toutefois, son aviation recherchera si l'ennemine dispose pas dans la région Bailleul, Armentières, Lille, Lens,1G. Q. G., 2* bureau. Compte rendu de renseignements n° 112, 6 heures. 7 octobre,Annexe 2315.t118armée. Télégramme chiffré à général Foch, 4567, 11 heures, 7 octobre, Annexe2347. — Général de Mitry à général Conneau, 14h3o, 7 octobre, Annexe 2392.3 Officier de liaison du général Foch auprès X' armée. Compte rendu n° 2, 16 heures,7 octobre, Annexe 2344.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VITI. 229LAGRANDGEUERR-E. I, /t"VOL. 15 ADouai, de forces de toutes armes en soutien des corps de cavalerie (Ier, IIeet IVe) déjà signalésl.Dans ses instructions pour la journée du 7, il invite le corps Conneau etles deux divisions du 21e corps à reprendre leurs attaques dans les mêmesconditions que le 6. Mais déjà il songe à dégager le corps Conneau deson rôle sur le front de combat et de le rendre (comme le corps Mitry) àsa véritable mission de couverture et d'exploration lointaine : « Lorsqueles attaques des deux divisions du 21e corps auront sufifsamment progressépour être en liaison étroite, le ier C. C. se portera à l'aile gauchedu 2ie corps pour prolonger son front et augmenter l'amplitude du mouvementdébordant. »Devant Arras, le 10e corps et la division Barbot, devront conserver« à tout prix » les positions sur lesquelles ils se seront retranchés pendantla nuit2.Leur tâche doit d'ailleurs être facilitée par le léger déplacement vers lenord du centre de gravité de la bataille, après l'engagement du 21e corps.A partir du 7 octobre, en effet, les combats autour de la ville même

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perdent peu à peu de leur intensité, et c'est autour de Carency, Ablain-Saint-Nazaire, Souchez, Notre-Dame-de-Lorette, et dans la région de Liévinet de Lens, que se concentre la lutte.Le succès de la manoeuvre de la Xe armée le 7 octobre est lié à l'attaquedu 2 le corps. Aussi le général de Maud'huy exige-t-il de ce corps un effortdécisif. « Mon vieux Maistre, je compte sur vous. Vous aurez l'honneurde la décision, je l'espère. Activité, vitesse. Je crois que vous avez peu dechose en face de vous. Tombez-leur sur le dos. Bonne chance3. »Cette chance, le commandant de la Xe armée fait tout ce qu'il peutpour se l'assurer, en demandant un nouvel effort aux autres troupes sousses ordres.En particulier, pour hâter la prise de Carency par la 43e division, ilfait attaquer les divisions Fayolle et Drude. De plus, le général Defforgesdevra « faire sentir à l'ennemi, par des attaques partielles, que le 10ecorpsconserve, malgré les efforts des jours précédents, sa puissance offensive ».1X*armée. Instruction particulière pour les reconnaissances aériennes du 7 octobre, 18h3o,6 octobre.2 Xe armée. Instruction pour la journée du 7, 326% 23 heures, 6 octobre. Annexe 2281." 3Général de Maud'huy à général Maistre, 7' octobre, Annexe 2374.230 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.La brigade de cavalerie Chêne1, qui relie le 1 oe corps aux territoriaux dugénéral Brugère, recherchera la gauche de l'ennemi et l'attaquera. Enfin,le général Barbot, investi du commandement des troupes2 chargées de ladéfense directe d'Arras', devra tout mettre en oeuvre pour immobiliserson adversaire.Il semble que le succès soit proche puisque, l'ennemi ne montrant pasde forces nouvelles, la Xe armée paraît assurée d'une certaine supériorité.Devant elle se trouvent, en effet : le IIe C. C. (4e D. C. et D. C. de laGarde) dans la région Souchez, Angres, Liévin; le Ier C. C. (7e et ge D. C.)dans celle de Lens, Loos; le Ier corps de réserve bavarois au nord-estd'Arras; enfin le IVe corps d'armée au sud et au sud-est de cette ville4.Pourtant les attaques se heurtent à un adversaire résolu et qui résistepied à pied. La 43e division échoue devant Carency, la division Drudedevant la Targette, et le corps Conneau n'arrive pas à enlever les hauteursde Notre-Dame-de-Lorette. Quant à la 13e division, elle ne parvient pasà atteindre le soir les objectifs assignés : Angres, Liévin, Lens6.Le général de Maud'huy attribue les faibles progrès des attaques à

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« l'insuffisance certaine de l'appui de l'artillerie » ; l'artillerie lourde faitdéfaut, et la crise de munitions de 75 met les artilleurs dans l'obligationde limiter leur dépense de projectiles.Le commandent de la Xe armée tient néanmoins à reprendre l'offensivele lendemain « sur toute la ligne6 ».En conséquence, le 8 octobre, la i 3e division poursuivra ses attaques1Brigade constituée avec deux régiments de cavalerie de corps: le i3* hussards (10e C. A.)et le 4* chasseurs d'Afrique (C.A.P.). — X. armée à 10* C. A., 8h45, 7 octobre 1914. Annexe2364.2 Division Barbot, 1 brigade territoriale, 1 brigade du 10e C. A.3 X*armée à io" C. A.et C. A. P., 8h 4o; — à 10e C. A.,.8h45, 7 octobre, Annexes2363 et 2364. — C. A. P. à division Barbot, 1017, gh30, 7 octobre, Annexe 2384.GX*armée a ai* C. A., 12 heures, 7 octobre, Annexe 2366.fiX*armée à 43*D. I., 15 heures, 7' octobre, Annexe 2368. — ai* C. A. Compte rendu àX* armée, 16"30, 7 octobre, Annexe 2380. — C. C. Conneau. Compte rendu de fin dejournée à X* armée, 7 octobre soir, Annexe 2390. — 13. D. I. Compte rendu à ai* C. A.,7 octobre soir. — 3*D. C. àX. armée, 17 heures, 7 octobre.IlGénéral Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 2525, 23h 22,7 octobre, Annexe 2343.— X. armée. Compte rendu à général Foch, 19 heures, 7 octobre soir, Annexe 2371. —C. A. P. Compte rendu à X*armée, 75, 7 octobre soir, Annexe 2385.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 231l5 A.sur Lens; elle disposera des deux bataillons de chasseurs (détachementDumézil) laissés à Lille; la 7e D. C., renforcée par 4 bataillons (dont 3de territoriaux) et une batterie, assurera la surveillance du front Armentières,Lille.Le corps Conneau sera retiré en entier du champ de bataille et porté à

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la gauche de la 1 3e division; sa mission est de prolonger le mouvementdébordant du 21e corps et, le cas échéant, de le couvrir, vers Carvin,contre les tentatives éventuelles du XVIIIe G. R. apparu dans la région deTournai 1.Enfin, la couverture des débarquements britanniques à Saint-Omer,Aire et Béthune2, sera assurée par le corps Mitry, dont le gros sera portédans la région de Merville, et par un détachement de territoriaux (de lavaleur d'une brigade) envoyé par le général Foch, de Dunkerque à Saint-Omer, pour tenir la ligne : Merville, Hazebrouck, CasseP.Ces dispositions ont été arrêtées à Aubigny à i 6h 3o, en présence dugénéral Foch.Les forces françaises de l'aile gauche, regroupées et bien couvertes parles deux corps de cavalerie, sont prêtes à tenter un nouvel effort contre ladroite allemande.** *Le 8 octobre, les attaques de la Xe armée au nord d'Arras reprennentau point du jour4.Le général de Maud'huy dirige lui-même les opérations du 21e corps.Il attache, en effet, une importance toute particulière à l'enlèvement del'ensemble Notre-Dame-de-Lorette, Ablain-Saint-Nazaire « qui est le pivotde l'ennemi a, et encourage les 1 3e et 43e divisions dans leurs efforts convergentspour faire tomber cette position5.1 G. Q. G. 2* bureau. Compte rendu de renseignements n° 111, 5 heures, 6 octobre,Annexe t 2203. 3La question des débarquements britanniques sera étudiée au chapitre suivant (Chapitre ix). X. armée. Ordre à 21* C. A., 1"et 2; corps de cavalerie, i6h 3o, 7 octobre. Annexe2369., Cf. carte n° 25. 5 X*armée. Ordre d'opérations n° 3 pour le 8 octobre, 20 heures, 7 octobre, Annexe

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2373; — instruction pour le 21e C. A., 6 heures; — note pour le 21e C. A., 8h 40; —ordres232 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le général Foch l'a d'ailleurs irwité à presser le mouvement offensif du2 ie corps, car « à mesure que le temps passe, la position ennemie se renforce,les troupes arrivent ». Il lui a recommandé de mieux coordonnerles actions des grandes unités, notamment au 21e corps, où (cil sembleque l'attaque de front de la 13e D. I. sur Liévin, Angres, n'est pas suffisammentaidée par l'attaque de lfanc de la 43e. » De plus, si l'infanteriene dispose pas, comme c'est le cas à la 43" division, des moyens nécessairespour renverser rapidement les obstacles accumulés devant elle, ilne faut pas hésiter à monter une action d'artillerie assez puissante pourcompenser cette infériorité.Et le général Foch de conclure : «il n'y a pas assez de combinaison :des deux attaques dans l'ensemble; des deux armes dans chaque attaque; »il faut demander à l'infanterie et à l'artillerie de « manoeuvrer plus largel ».Dans la journée, les fantassins du 2 le corps enlèvent, maison par maison,les villages de Carency, Souchez et Ablain-Saint-Nazaire2, mais nepeuvent progresser au delà.La manoeuvre d'enveloppement serait-elle définitivement arrêtée? Onpeut le craindre, car un renseignement d'avion, daté de 9h45 et reçu à1 ih 3o à l'armée, révèle que des forces de toutes armes (une division decavalerie, des éléments d'infanterie et cinq batteries au moins) débouchentde Carvin sur Meurchin.Un peu plus tard, une reconnaissance de cavalerie envoyée sur Tournaisignale la présence à Seclin de cavaliers et cyclistes, qui précéderaient uneforte colonne venant de Pont-à-Marcq 3.Ces renseignements n'éveillent cependant aucune appréhension à l'étatmajorde la Xe armée, car le général Conneau, dont les trois D. C. sontgroupées depuis 10 heures dans le triangle Haisnes, Pont-à-Vendin, Bauvin,est en mesure de défendre les passages du canal de Lille à Douai entreà brigade de cavalerie Chêne, 10.45; Annexes 2448, 2449 et 2450; — à 43e D.I.,11-heures, 8 octobre.

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1 Général Foch. Note à X. armée, 13h40 (réception), 8 octobre, Annexe 2416. -Officier de liaison du général Foch auprès X"-armée. Compte rendu n° 1 a générai roch,midi,8 octobre, Annexe 2422. — X. armée. Message téléphoné à généralnFoch, 61030,8 octobre.1" corps de cavalerie. Message téléphoné à X* armée,1 1 h 35; — ordre à 1" D. C.,15 heures: — compte rendu de fin de journée à X* armée, 8 octobre, Annexes 2462 et2464.TOME I, 4" VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 233Bauvin et Pont-à- Vendin. Ce corps contiendra, tout le jour, des forcesennemies venues de Carvin, mais le soir, « devant un tir à démolir fait àcourte distance », la 10e D. C. évacuera Pont-à-Vendin et Vendin-le-Vieil,et se repliera sur Hulluch 1.Les forces allemandes qui attaquent l'aile gauche française comprendraientles Ier et He corps de cavalerie (général von der Marwitz) relevésdu front de Lens par des éléments de la 6e armée, après l'échec de leurpremière tentative d'enveloppement. Ces deux corps auraient pour missionde i coopérer, en la débordant, à l'attaque de notre gauche », tandis quele IVe C. C. tenterait, par l'ouest de Lille, un vaste mouvement tournantpour se rabattre sur les derrières de la Xe armée française.En outre, une nouvelle et prochaine extension de l'aile droile allemandeparaît devoir être réalisée « progressivement » à l'aide des unités suivantesretirées du front : la 2e D. C. qui aurait marché sur Vic-en-Artois; le

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IIe C. A. transporté, au moins en partie, vers la région de Lille où quelques-uns de ses éléments seraient déjà arrivés; éventuellement enfin, lesXVIIIe et XIXe corps, dont certains éléments sont signalés respectivementà Tournai et à Valenciennes2.Le général de Maud'huy se voit contraint, par la nouvelle tentative d'enveloppementqui se dessine par le sud du canal de La Bassée, de porterses réserves à gauche pour soutenir le 2 ie corps et renforcer la sûreté deson dispositif.Son ordre d'opérations pour la journée du 9 octobre définit ainsi lesmissions des différentes unités3 :— le 21e corps (arrêté le 8 au soir sur le front : halte de Liévin, Noulette,bois de Bouvigny, Carency) continuera l'attaque avec sa droite et secouvrira, avec sa gauche, contre les forces ennemies de Pont-à- Vendin etMeurchin; il disposera d'une division territoriale4;1 1" corps de cavalerie. Compte rendu de fin de journée à X* armée, 8 octobre, Annexe2464.2 G. Q. G. 2e bureau. Compte rendu de renseignements n° 114, 9 octobre, 6 heures,Annexe 2474. — Groupe des armées du Nord. Bulletin de renseignements, 6 heures, 9 octobre,Annexe 3 2485. X*armée. Ordre d'opérations pour le q octobre, 5 heures, q octobre, Annexe 2506. 492. D. T., venue de la II. armée.234 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.- le corps Conneau, liant son action à celle du 21e corps, s'efforcerade retarder le plus possible l'ennemi qui le presse ;- le corps Mitry conserve sa mission : contenir sur la ligne de la Lysla cavalerie ennemie venant de Bailleul ;—la 7e D. G., avec l'infanterie qui lui est rattachée, se portera dans larégion de Neuve-Chapelle pour couvrir l'armée dans les directions du nordet du nord-est, en liaison avec le 2e C. C. à Locon et avec le ier C. C. à la

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Bassée';- le C. A. P. et le 1oe corps se maintiendront autour d'Arras sur lefront qu'ils occupent « jusqu'au moment où sera donné l'ordre de reprendrel'offensive » ;- enfin, des unités territoriales du groupe Brugère iront relever le10e corps à Beaumetz et Rivière, pour permettre à ce dernier de se reconstituerdes réserves.** *Le 9 octobre le calme règne sur le front d'Arras (10e C.A. et C.A.P.),mais la lutte reste acharnée, dans le secteur du 21e corps, pour la possessionde la croupe du moulin de Bouvigny, qui s'allonge de l'ouest à l'estjusqu'à Notre-Dame-de-Lorette et commande tout le pays au nord et ausud. L'ennemi y a déjà pris pied. S'il l'occupait en entier, il couperait la1 3e division de la 43e et l'isolerait complètement.Le commandant de la Xe armée insiste donc auprès du commandant du21e corps pour que la A3e division conserve à tout prix ses positions (aumoins la lisière ouest du bois de Bouvigny); au besoin, elle suspendra sesattaques pour s'y mieux cramponner2.Bien que fortement pressé sur le canal de la Haute-Deule, le corpsConneau continue à couvrir la gauche du 21e corps et tient sous son1 Ce mouvement découvrant la place de Lille, le général Foch prescrira au général deMaud'huy de la faire réoccuper. Le 10 octobre, un détachement aux ordres du cdt de Pardieuet comprenant: 3 btns de territoriaux, 1 batterie, 1 rgt de cavalerie, 2 escadrons degoumiers, rentrera dans Lille. - (X. armée. Note à général Foch, «Historique concernant ledétachement territorial de Lille», 12 2 octobre). X"armée. Ordre à ai* C. A.. 8b30, 9 octobre, Annexe 2507. — 21* C. A., compterendu à X"armée, 9h 20 (heure de réception 10h3o), 9 octobre, Annexe 2519.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE VIII. 235feu les ponts de Don, Bauvin et Meurchin. A sa gauche, la 7e D. C.se rassemble dans la région de Neuve-Chapelle sans être inquiétée parl'ennemi 1.

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Telle est la situation sur l'ensemble du front au moment où le généralde Maud'huy décide, à 12 heures, de prendre une offensive généralecontre la droite ennemie2.Mais cette décision est restée sans effet par suite de retards dans latransmission des ordres, notamment au2 ie corps. Le général de Maud'huyprescrira donc pour le lendemain la reprise des attaques en vue de « déborderet rompre la droite ennemie3. Cette ultime tentative échouera.La manoeuvre d'aile confiée à la Xe armée n'a pas abouti; désormais, lefront autour d'Arras ne subira plus que des fluctuations insignifiantes etdes modifications de détail. La bataille d'Arras est terminée.1 Officier de liaison du général Foch auprès X. armée. Compte rendu n° 1 à général Foch.Situation à 10 heures, q octobre. — 1ercorps de cavalerie. Journal des marches et 1 opérations. X*armée à xo* C.A., 21* C. A., C. A. P. et 1" corps de cavalerie, 12 heures, 9- octobre,Annexe 2508.s X* armée. Ordre général n° 45 pour le 10 octobre, 21 heures, 9 octobre, Annexe2509.CHAPITRE IX.L'OFFENSIVE FRANCO-BRITANNIQUEDE LA LYS.(8-15 OCTOBRE 191.)(Cartes 25, 26, 27,28.)1. - LACOUVERTURDEESDEBARQUEMENBTRSITANNIQUEDSANSLESFLANDRE(S7.-9 octobre.).Missionconfiée au corps de cavalerie Mitry. — Attaques allemandes des 8 et 9 octobresur la Lys.II. — ORGANISATIODNEL'OFFENSIVFERANCO-BRITANNIQPUAERLE GÉNÉRALFOCH(8-12 octobre).Préparation de l'entrée en ligne des Anglais. — Le plan d'offensive (10 octobre). — Lacoopération de la X*armée.

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111.— LABATAILLÀE L'AILEGAUCHEDE LA X*ARMEEENATTENDANLT'ARRIVÉEDESANGLAIS(10-11 octobre).L'aile gauche française menacée (10 octobre). — La X*armée et les Anglais: premierscontacts. — Combats de cavalerie du 11 octobre.IV. — L'OFFENSIVFERANCO-BRITANNIEQTULEACHUTEDELILLE(12-14 octobre).Entrée en ligne de l'armée britannique; premiers engagements; chute de Lille. —L'offensive franco-britannique de la Lys: les résultats (i3-i4 octobre).1. - LA COUVERTURE DES DÉBARQUEMENTS BRITANNIQUESDANS LES FLANDRES.(6-9 OCTOBRE.)Pendant que se déroulait la bataille d'Arras, le général Joffre négociaitavec le maréchal French la relève de l'armée britannique sur l'Aisne et sonenvoi dans le nord. En outre, il faisait demander à l'armée belge dequitter Anvers assiégée et de rejoindre les Anglo-Français1.1Cf. chapitre v.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 237Il se propose de poursuivre la tentative d'enveloppement de l'aile droiteallemande par une manoeuvre interalliée dans laquelle les forces britanniquesauront à jouer le rôle essentiel.Le premier acte de cette manoeuvre consiste à protéger les débarquementsanglais, qui commencent le 6 octobre, dans la région d'Etaples, et àcouvrir l'aile gauche de l'armée Maud'huy.Le général Foch en est chargé. Il dispose du 2e corps de cavalerie(général de Mitry; 4e, 5e et 6e D.C.), qui se trouve, le 6 au soir, à lagauche de la Xe armée, dans la région de Béthune, et des troupes de laplace de Dunkerque, mises sous ses ordres, le jour même, par le généralen chef.De plus, le général Joffre a décidé de renforcer la garnison de Dunkerque: de la 87e D. T., arrivant du Havre par voie de mer, de la brigade

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de fusiliers marins (brigade Ronarc'h) et, ultérieurement, de la 89eD. T.,enlevées au camp retranché de Paris.Enfin, le général Foch est autorisé à utiliser « dès maintenant » leséléments disponibles de la place de Dunkerque «pour tenir et organiserla région de Saint-Omer en vue couvrir gauche Maud'huy et débarquementsanglaisIl 1.Le premier soin de l'adjoint du général en chef est d'inviter le généralBidon, gouverneur de Dunkerque, à entrer « immédiatement)) en rapportavec lui pour recevoir «toutes instructions relatives à l'occupation et àl'organisation de la région de Saint-Omer 2), dont les circonstances dumoment soulignent toute l'importance.En effet, la région de Saint-Omer est placée à la limite des collines duBoulonnais (assurant des communications défilées vers l'arrière) et de laplaine flamande; elle est coupée par une ligne d'eau (Aa, canal de Neuf-Fossé, étangs) et couverte par la forêt de Clairmarais; enfin, centre routierimportant situé sensiblement au milieu de la zone de terrain libre quireste ouverte à la manoeuvre, entre l'aile gauche de la Xe armée, vers laBassée, et la côte de la mer du Nord, elle semble désignée pour tenir les1 Cf. chapitre v. G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 1190,i3 heures; à gouverneur Dunkerque,1191, 13b5, 6 octobre 1914; Annexes 2213 et 2214.238 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.rôle d'une sorte de « noyau central » au cours des opérations prochaines,défensives ou offensives.Cependant, le 7 octobre, dans la matinée, à peine le général Foch a-t-ilenvoyé au gouverneur de Dunkerque ses instructions pour l'occupation deSaint-Omer, qu'il reçoit du général en chef ce télégramme, modifiant ladestination à donner aux troupes disponibles :«Les forces ennemies qui opéraient dans la région Hazebrouck, Armentières

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1paraissent remonter vers le nord-est. Voyez si, dans ces conditions,il ne conviendrait pas porter éléments disponibles de Dunkerque non plusvers Saint-Omer, comme je vous l'ai indiqué dans mon télégramme 1190d'hier, mais vers Poperinghe. Ils couvriraient ainsi efficacement gaucheMaud'huy, permettraient d'avancer débarquements vers Saint-Pol etBéthune, et seraient éventuellement en situation de former liaison avecBelges. Les hommes disponibles en grand nombre dans les dépôts etcentres de groupement de réfugiés de la région du Nord seraient employésà organisation défensive de la région Saint-Omer2. »Le général Foch estime néanmoins qu'il faut s'assurer avant tout la possessionde Saint-Omer; en conséquence, il dirige sur cette ville la premièrebrigade de la 87e D. T. dont il peut disposer; c'est la 1 73e brigade(colonel Comte) qui, dotée d'artillerie, atteint Saint- Omer le 7 au soiret est en mesure, le 8 au matin, de défendre la ligne du canal Watten,Saint-Omer, Aire. L'autre brigade, la 174e, qui débarque les 7 et8 octobre, sera dirigée sur Poperinghe3.Il espère que le général de Mitry, étayé sur sa gauche par la 87e D. T.,placée sous son autorité à partir du 8 octobre3, sera en mesure, avec lesforces conjuguées d'infanterie et de cavalerie dont il dispose, de couvrirles débarquements anglais prévus à Saint-Omer, Aire et Béthune. Cependant,ce n'est pas sans peine que le 2e C. C. réussira à contenir, les 8 et1 Cf. chapitre VIII, pagres227 et suivantes.t G. Q. G. Télégrammechiffré à général Foch, i386, gh50, 7 octobre 1914, Annexe2322. — Général Foch. Message téléphoné à gouverneur Dunkerque,10h 20; — télég-ra3mme chiffré à gouverneur Dunkerque (vers ioh3o), 7 octobre iqi4, Annexe 2341.173*brigade. Télégramme à général Foch, 23h 3o, 7 octobre. — Gouverneur de Dunkerque.Message téléphoné à général Foch et X* armée, 8h 5o. — 2e C. C. Conversationtéléphonique avec général Foch, 20h 3o, Annexes 2468 et 2466. — 173*brigade. Messagetéléphoné à général Foch, 10h 10,8 octobre; — Message téléphoné à général Foch, 19103o,9 octobre. — 174*brigade. Journal des marches et opérations.

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TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 2399 octobre, sur la ligne très étendue constituée par le canal d'Aire et parla Lys, la violente poussée du IVe corps de cavalerie allemand.** *Le 7 octobre, le 2U corps de cavalerie s'est porté au nord de Béthune,vers la Lys; l'ennemi ne manifestant aucune activité, il a eu toute latitudepour s'installer solidement sur la rivière entre Estaires et Aire 1.Le 8 octobre, il a ordre de continuer à assurer la couverture des débarquementsanglais mais ce jour-là, l'ennemi attaque.A 13 heures, un aviateur signale la présence d'une masse de cavalerieallemande, «peut-être 3 divisi ons», stationnant près de Locre au nord-estde Bailleul3. Une heure plus tard, l'adversaire prononce deux attaques :l'une de Steenwerck sur Estaires ; l'autre de Strazeele et Merris sur Vieux-Berquin. La première est repoussée; la seconde progresse tout d'abord,mais bientôt, prise en flanc par l'artillerie de la 6e D. C., en position àBorre, elle doit s'arrêter, puis est rejetée par une contre-attaque. Le soir,le corps de cavalerie Mitry tient une ligne passant par Cassel, Hondeghem,Borre, Neuf-Berquin, Doulieu et Sailly-sur-la-Lys.L'affaire de l'après-midi a été vive. Le général de Mitry a l'impressiond'avoir été attaqué non seulement par des cavaliers à pied, mais par del'infanterie, qu'il estime à 3 bataillons et autant de compagnies cyclistes,le tout soutenu par des mitrailleuses et du canon.Dans ces conditions, il lui faudrait quelques points d'appui pour étayersa cavalerie. Il prescrit donc à la 173e brigade, arrivée à Saint-Omer,de couvrir cette ville en tenant la forêt de Clairmarais et les plateaux àl'est, et d'assurer dans la région d'Aire la garde des ponts sur la Lys.Quant à la 174e brigade, il estime que cette troupe sans artillerie seraittrop « en l'air » à Poperinghe, et il l'oriente sur Cassel 4.

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1 Xearmée à 2' C. G. Renseignements envoyés par le général commandant le groupe desarm2ées du Nord, 8 octobre, Annexe 2451. 3 Cf. chapitre VIII, pages 231,234. 1 2' C. C.Messagetéléphoné à Xe armée, 13h3o, 8 octobre. 2* C. C. Conversation téléphonique avec le général Foch, 20h30, 8 octobre 1914, Annexe 2466; Journal des marches et opérations.— 173. et 174. brigades. Journaux desmarches et opérations.240 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Au cours d'une conversation téléphonique qu'il a le soir avec le généralFoch, le commandant du 2e C. C. manifeste son inquiétude; il soulignenotamment l'étendue du front à tenir (25 km.), la faiblesse de ses effectifs(chaque régiment de cavalerie ne dispose que de 120 à 130 hommespour le combat à pied); il fait valoir enfin l'impossibilité où il se trouvede rétrécir son front par suite de l'obligation, qui lui est imposée, decouvrir Béthune en même temps qu'Aire et Saint-Omer. Il conclut : «dansla situation présente, des débarquements me semblent impossibles àBéthune, compromis à Aire».Le général Foch réplique : «Ne vous préoccupez pas de Béthune, c'estsecondaire; ce qui importe, c'est de conserver Samt-Omer et Aire; maissurtout Saint-Omer. Par conséquent, tous vos efforts doivent porter là 1».Approuvant la décision prise au sujet de la 1 74 e brigade, il recommanded'utiliser l'infanterie à constituer de solides points d'appui autourdesquels la cavalerie manoeuvrera.De bonne heure le lendemain, il confirme ces directives et invite, enoutre, le général de Mitry à « agir avec la plus grande activité dans lesdirections du nord et de l'est, pour retenir le plus de forces ennemies possible,et aider, par là, le général Hély d'Oissel 2 et le 21e corps5».Dans la journée du 9, l'ennemi renouvelle son effort offensif et, cettefois, s'efforce d'atteindre la Lys. Mais ses attaques sur Estaires, sur Mervilleet sur le bois d'Aval (2 km., ouest de Vieux-Berquin) sont contenues.Si le général de Mitry doit se résoudre, le soir, à replier son grosau sud de la rivière, il n'en tient pas moins, par de fortes arrière-gardes,les passages de Saint- Venant, Merville, Estaires et la Gorgue, en liaison àThiennes avec les territoriaux, à Laventie avec la 7e D. C. 4.Il aura, le lendemain, à maintenir la possession de la ligne de la Lys1 2* C. C. Conversation téléphonique avec le général Foch, Oh30, 8 octobre 1914,

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Annexe 2466.8 Commandant la 7* D. C. (rattachée directement à la X. armée). — Au sujet de la situationde ces unités, le 9 octobre, cf. 3 chapitre VIII, page 234. - - - 2e C. C. Copie d'un message téléphoné adressé parle général Foch au général de Mitry,q- h4eures, q octobre iqi4- 2' C. C. Message-téléphoné à général Foch, 19h30, 9 octobre 1914; — journal desmarches et opérations.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 241LAGRANDGEUERRE- . 1, 1" VOL. 16et à couvrir Saint-Omer et Aire, où commencent à arriver la cavalerie etle 2e corps d'armée britanniquesl.II. — ORGANISATION DE L'OFFENSIVE FRANCO-BRITANNIQUEPAR LE GÉNÉRAL FOCH.(8-12 OCTOBRE.)Après quelques tergiversations, les commandants en chef français etanglais s'étaient mis d'accord, dans la nuit du 5 au 6 octobre, pour reporterdans la région Abbeville, Etaples, les débarquements des forces britanniquesprimitivement fixés à Saint-Omer et Hazebrouck. Il avait été enoutre convenu entre eux que l'armée anglaise, après son débarquement,se concentrerait dans la région de Saint-Pol.Le général Joffre est avant tout désireux de voir «les forces britanniquesse porter le plus tôt possible vers la gauche des forces françaisespour agir en liaison avec elles» et se joindre en même temps aux troupesanglo-belges opérant en Belgique. Aussi, ayant obtenu du maréchal Frenchla promesse que les corps britanniques s'engageraient, au besoin, au furet à mesure de leurs débarquements, donne-t-il, le 6 octobre, au généralFoch pleins pouvoirs pour régler, d'accord avec le commandement britannique,tous les détails d'exécution concernant la concentration et l'entréeen ligne des forces anglaises2.Le 8 octobre, le maréchal French quitte Abbeville, son nouveau quartiergénéral3, et va rendre visite au général Foch à Doullens.Au cours de cette entrevue, les deux chefs discutent les mesures àprendre pour assurer le transport rapide des divisions anglaises de leurzone de débarquement vers le champ de bataille.

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1 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 1853, nh 55. — Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., S. C. 3i, 14h 55, 9 octobre 1914, Annexes 276 et 2187. —2*C. C. Journal des marches et opérations. * G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch, no5, lh45, 5 octobre, Annexe 2122; — télégrammes chiffrés à général Foch, 11do, gh 15; — à chef mission française, 1161,1ib 10, 6 octobre, Annexes 2208 et 2211. s Le Q. G. de l'armée britannique vient d'être transféré de Fère-en-Tardenois à Abbeville.242 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.D'un commun accord, les dispositions suivantes sont adoptées :- l'infanterie du 2e C. W., qui cantonne ce jour-là dans la région àl'ouest d'Auxi-le-Château, fera mouvement par autos le 9, de manière àêtre rendue le 10 au matin dans la région entre Béthune et Lillers;- les deux divisions de cavalerie Allenby et Gough couvriront le2e C. W., en avant et vers sa gauche; ces deux divisions de cavalerie quifaisaient mouvement par voie de terre, avaient été arrêtées le 6 octobrepour prêter momentanément appui à la IIe armée; libérées de leur missiondès le 7 au soir, elles ont repris le 8 leur marche vers le nord et doiventatteindre le 9 Anvin et Frévent1.- quant au 3e corps d'armée britannique, ses débarquements serontpoussés vers Saint-Omer.Grâce au convoi automobile de la IIe armée, que le général en chef amis à sa disposition, le général Foch espère bien hâter les transports del'armée anglaise. D'après ses prévisions, celle-ci aurait, prêts à êtreengagés : le 10 octobre, un corps d'armée (2e C. W.) et deux divisions decavalerie, déployés entre Béthune et Aire; le 12, deux corps d'armée(2e et 3e C. W.) et les deux divisions de cavalerie, entre Béthune et Saint-Omer2.Avec ces forces, qui vont prolonger l'action de la Xe armée, le généralFoch s'apprête, en réalisant une étroite collaboration des Alliés, à dé clancherune offensive contre l'aile droite allemande.Il estime en effet le moment venu pour une action d'ensemble et, dansune « note » adressée le 1 o octobre au maréchal French, il expose le pland'une offensive commune en direction de Lille et de Courtrai 3.Le but à atteindre est de regrouper dans la région au nord et à l'estde Lille, entre l'Escaut et la Lys, les forces belges, anglaises, françaises,1 G. Q. G. Message téléphoné à général Foch et II. armée, 1872, 7 heures, 7 octobre,

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Annexe 2318. — Armée britannique. Ordre d'opérations n° 32 pour la journée du 9,8 octobre, Annexe 2414. — Colonel Huguet. Télégramme chiffré à G. Q. G., 20b io, 8 octobre,Annexe 2413. — Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 2962, 14h55,9 octobre, Annexe 2487. 2 - - - - - G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 952, 10 3o, 5 octobre. — Générai Foch.Télégramme chiffré à G. Q. G., S. C. 28, 22h 3o, 8 octobre, Annexe 2420.(iénéral Foch. Note pour le maréchal French, 10 octobre, Annexe 2567. — Lettre agénéral Joffre, 10 octobre.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 24316.en les portant en avant. «On verrait ensuite», ajoute le général Foch enrendant compte de son projet au général en chef.Les éléments anglais récemment débarqués (2e C. W. et divisions decavalerie), partant du front Béthune, Merville, viendraient prolonger, les11 et 12 octobre, la gauche de la Xe armée française. Puis, le i3 dansla matinée, les forces alliées se porteraient : l'armée Maud'huy, sur Lille etultérieurement sur Tournai; l'armée anglaise, sa droite vers la région aunord de Lille et ultérieurement vers Templeuve, son centre sur Courtrai.Les divers détachements alliés opérant en Belgique viendraient alorsse rallier en arrière de l'Escaut, tenu à Tournai, et de la Lys, tenue àCourtrai.Ce plan d'action est adopté sans réserve par les commandants en cheffrançais et anglaisl.Le maréchal French notamment, après avoir fait connaître qu'il se ralliaitentièrement aux vues du commandant du G. P. N. 2 et qu'il approuvaitle plan d'opérations proposé, assure le général Foch qu'il peut comptersur lui «pour l'assister de toutes manières possibles 3 ».Cependant, en raison de certains retards survenus dans le transport du

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2e corps britannique, les forces anglaises disponibles (2e C. W. et corpsde cavalerie Allenby)4, après avoir pris la liaison avec les forces françaises,ne seront pas en mesure de déboucher, entre la Bassée et Estaires, avantle 12 octobre dans la soirée 5.De même, les débarquements du 3e C.W. vers Saint-Omer, qui devaientprendre fin «au plus tard» dans la soirée du 12, subissent des retards.Le 10 octobre, le maréchal fait connaitre qu'ils ne commenceront pas1 Maréchal French. Télégramme à général Foch, 11 heures (heure de réception), 11 octobre,Annexe 2631. — G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch, 22h5,11 octobre,Annexe 2628.sGroupe provisoire du Nord; c'est la dénomination donnée à l'ensemble des unités dont le grandes 3 général Foch est chargé de coordonner l'action depuis le 4 octobre. «General Foch may rely on the Field-Marshal to assist him in every possible way». 4 Le 9 octobre, les 1" et 2e D. C. W. (généraux Allenby et Gough) forment un corps decavalerie aux ordres du général Allenby. Le général de Lisle remplace ce dernier à la têtedelà i" D. C. W.---:- Général Foch. Leltre à maréchal French; — note pour l'armée anglaise, 11 octobreAnnexes 2643 et 2642.244 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.avant le i 1 octobre après-midi et que, par suite, la première divisiondébarquée ne sera pas en état de « marcher » avant le 13 après-midi, lecorps entier avant le 15 au soir. Toutefois, le maréchal ajoute : « Vouspouvez être certain que je ferai tout ce que je pourrai pour accélérer laconcentration et le mouvement en avant, et que je vous appuierai detoute façon possible et aussitôt que possible 1».D'autre part, l'aile gauche de la Xe armée, qui doit coopérer avec lesAnglais, est pour le moment assez mal en point et âprement engagée autour

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de Notre-Dame-de-Lorette, dans une bataille qui absorbe tout le 2 ie corps 2.Par une série de mesures, le général Foch s'efforce de rendre à cettearmée une plus grande capacité offensive.Il a déjà enlevé à la IIe armée la 92e division territoriale qui, transportéeen camions, est venue, le 9 octobre, travailler autour de Noeuxles-Mines à l'établissement d'une position de repli derrière le 2 1e corps.Le 12 octobre, il décide de reporter à la Scarpe la limite entre les IIeet Xe armées, et de confier à l'armée Castelnau la défense d'Arras.Cette mesure va permettre au général de Maud'huy de récupérer denouvelles forces et d'en disposer à sa gauche pour appuyer, « avec toutesses disponibilités», l'oflensive de l'armée britannique 3.ill. — LA BATAILLE À L'AILE GAUCHE DE LA Xe ARMÉEEN ATTENDANT L'ARRIVÉE DES TROUPES BRITANNIQUES.(lO-l 1 OCTOBRE.)Tandis que le général Foch prend ces dispositions, les menaces quis'étaient dessinées le 8 octobre contre l'aile gauche de la Xe armée se précisentà partir du 9.Le corps de cavalerie Conneau, fortement pressé sur le canal de la Haute-1 Général Foch à commandant Boquet, commissaire régulateur à Étaples, 13 heures,10 octobre. — Maréchal French. Note à général Foch, 10 octobre, Annexes 2565 et2561.t Cf. chapitre vm, pages 232 et :1 :l34. -. -. Général Foch à IIearmée, 22 3o, 12 octobre, Annexe 2706; — message téléphoné aX. armée (communiqué à II. armée), 8h45, 13 octobre, Annexe 2770.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 2115LAGRANDGEUERR—E. I, 4*VOL. 16ADeule, a cependant réussi le 9 octobre à couvrir, dans la région de Pontà-Vendin et de Meurchin, la gauche du 2 ie corps1.Mais le 10 octobre, alors que l'armée britannique a encore ses têtesde colonnes à une forte étape en arrière des lignes (à l'exception de la2e D. C.W. qui atteint le canal entre Aire et Guarbecque), l'extrême gauchedes forces françaises, jusqu'alors largement étalée dans la plaine maritime,

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se montre insuffisamment solide et donne au commandement desinquiétudes.Attaqués au point du jour à la faveur du brouillard, le 1er C.C. (Conneau)et la 1 3e division (2 ie C.A.) sont ramenés brutalement près de 1o kilomètresvers l'ouest : le corps de cavalerie, dans la région à l'ouest de la Bassée,vers Festubert et Annequin; la 13e division, sur la ligne Vermelles, Mazingarbe,Bully-Grenay.Le recul du 1er C. C. entraîne celui de la 7e D. C. (chargée d'assurer laliaison entre les ier et 2e C. C.) qui se voit contrainte de reporter son frontà l'ouest de la route d'Estaires à la Bassée, vers Richebourg-Saint- Vaast etRichebourg-FAvoué.Enfin, le 2e C. C., qui s'est laissé refouler la veille au soir sur le canald'Aire à la Bassée, ne tient plus la ligne de la Lys que par des arrièregardes;ses trois divisions, étirées de Cassel à Estaires par le sud de laforêt de Nieppe, sur un front de 4o kilomètres, résistent mal à la pressionennemie.Le repli de toute la gauche française risque de compromettre ledébouché de l'armée britannique; il est donc nécessaire et urgent deregagner du champ en avant.Le 2e C. C. étant le seul élément disponible, le général Foch intervientdirectement dans la matinée du 1o auprès du général de Mitry. A ce moment,celui-ci se proposait «de tenir le plus longtemps possible sur laLys, puis d'opposer une nouvelle résistance sur le canal de la Bassée entreGuarbecque et Béthunc". Or, il ne s'agit pas pour ce corps de cavalerie derésister en cédant le plus lentement possible du terrain, mais bien de semaintenir sur la Lys, ligne extrême de couverture des débarquements britanniques.

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Le 2e C. C. doit donc pousser de l'avant pour «manoeuvrer versCf. chapitre vm, page 234.246 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.le nord ou le nord-est; tenir Lestrem, Vieille-Chapelle, et gagner du terrainen collaboration avec la 7e D. C. »Ces nouvelles directives, données dès l oh 3o, sont suivies d'un ordreferme, transmis à i 1 heures par l'intermédiaire de la Xe armée : «Le2e C. C., se reliant étroitement à la 7e D. C. et au 1er C. C., qui a une brigadeet une batterie à Locon, prendra vigoureusement l'oflensive sur laLys pour rejeter tout ce qui a passé la rivière1».Le général de Mitry prescrit aussitôt les mesures préparatoires à cemouvement offensif. Il ordonne notamment l'envoi immédiat de reconnaissancesau nord de la Lys.Il apprend bientôt que les Allemands semblent se retirer vers le nordestet que toute la région d'Hazebrouck paraît libre, y compris Steenvoordeet Saint-Sylvestre.Un peu plus tard, le repli allemand se précise : l'ennemi a évacué laforêt de Nieppe et toute la région d'Hazebrouck, et il se retire dans les directionsde Merris et de Bailleul.Le général de Mitry en profite pour se réinstaller solidement sur la Lys,réoccupant tous les passages de la rivière entre Aire et Estaires.Par contre, dans la région à l'est et au sud-est d'Estaires, les Allemandsmanifestent une grande activité; ils occupent Erquinghem et Bois-Grenier,et menacent Estaires, la Gorgue et Laventie, défendus par un détachement(une brigade) de la 7e D. C. Plus au sud, une D. C. allemanderenforcée d'infanterie, venant de Marquillies, attaque, à Richebourg-Saint-Vaast et Richebourg-l'A voué, le gros de la 7e D. C., réduit à trois régiments(outre la brigade qui opère vers Estaires, Laventie, un régiment aété détaché auprès des territoriaux chargés de réoccuper Lille 2).Le général de Mitry prescrit en conséquence à la 5e D. C. de porter songros vers Vieille-Chapelle, Lacouture, en soutien éventuel de la 7e D. C ,et de pousser une brigade vers Pont-du-Hem, Croix-Barbée, pour prendreXe armée à 2e C. C. Communication d'un ordre du général Foch, 11 heures, 10 octobre,Annexe 2585. — 20 C. C. Communication téléphonique avec le général Foch, lOb30,

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10 octobre, Annexe 2603.2 Ce régiment (20' chasseurs), désigné le matin même pour escorter les territoriaux chargésde réoccuper Lille, ne pourra rejoindre sa division et sera enfermé dans la place avec ledétachement de Pardieu. (X* armée, renseignements au sujet de la capitulation de Lille,adressés au général Foch, 8h i5, 18 octobre.) Cf. plus loin, page 256.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 24716 A.la liaison avec elle. En fait, cette liaison s'établit vers Lacouture. Dès lors,quoique vivement pressée, la 7e D. C., bien étayée au nord par le2e C. C., reliée au sud au ier C. C. vers la Quinque Hue, contiendra l'ennemisur tout son front1.A sa droite, le corps Conneau et la 13e D. I., après leur recul dumatin, se sont ressaisis : tandis que deux divisions de cavalerie (3e et1oe D. C.) couvrent la gauche du 2 ie corps au nord de Vermelle et coopèrentà la reprise d'Auchy-les-la Bassée, la 1 3e D. 1. (général de Cadoudal2)résiste sur son nouveau front à toutes les attaques ennemies 3.Le général Foch est optimiste. «Je crois notre situation très favorable,,écrit-il, dans la matinée du 10, au commandant en chef; c'est pourtant àce moment même qu'il apprend que l'aile gauche de l'armée Maud'huy acédé du terrain et que la cavalerie vient d'être refoulée sur la ligneLa Bassée, Béthune.S'il se montre aussi confiant, c'est que les Britanniques sont à piedd'oeuvre. Il le croit du moins: «Aujourd'hui à midi, écrit-il encore, nousaurons le 2e C. A. anglais à Béthune et Lillers, le corps de cavalerie anglaisà Aire et Guarbecque; les débarquements anglais (3e corps) se fontaujourd'hui à Saint-Omer, que nous tenons toujours, et aux environs".Ainsi, l'armée britannique va bientôt lui donner le moyen de reprendre

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la manoeuvre daile. Il en voit le départ imminent et peut croire que «dansces conditions, une attaque allemande ne semble pas redoutable4».** *Le commandant de la Xe armée, sous le coup des incidents qui se sontproduits à son aile gauche, est beaucoup moins optimiste et désirerait un1 2" C. C. Ordre d'opérations, 1 3o, Annexe 2602; —ordre à 5eD. C, 15h 40,10 octobre.— 20C. C. Compte rendu à Xe armée. Situation à 15 heures; — compte rendu de renseignements,18 heures; — compte rendu d'opérations, 18 heures, 10 octobre, Annexes2606, 2607. — 2 7" D. C. Journal des marches et opérations. Le général de Cadoudal a remplacé le Qoctobre le général Baauet à la tête de la 13"D. 1. 3 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G.,2 2h 5, 10 octobre. — Oflicier de liaisondu G. P. N. auprès de la X. armée. Compte rendu n° 2 à général Foch, situation à 17 heures;— compte rendu n° 3, situation à 21 heures, 10 octobre. 4 Général Foch. Lettre à géiiéralJoffre, 10 octobre (dans la matinée).248 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.soutien immédiat. Ayant été informé, dans la nuit du 9 au 10, que lecommandement britannique a l'intention de faire débarquer son 2e corpsd'armée le 10 octobre, entre Aire et Saint-Omer, «prêt à s'engager le jourmême et le 11 1», il s'efforce d'obtenir du maréchal French la promessed'une intervention rapide et sollicite, en particulier, le concours de sa cavaleriepour le jour même: «il me semble désirable que l'action de l'arméeanglaise se fasse sentir dès aujourd'hui, au moins par la cavalerie, dans larégion de Béthune, Merville, de façon que la nôtre puisse agir en entiervers la Bassée, à l'exception de la 6e D. C. qui, trop éloignée, ne peutcombattre que dans la région Saint-Omer, Aire21)Le général de Maud'huy apprend bientôt, par une note du généralSmith-Dorrien (2e C. W.), que la marche des troupes britanniques subitcertains retards et que celles-ci ne pourront atteindre le soir les zones destationnement prévues; le corps de cavalerie Allenby, notamment, aura une

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division ( 2e D. C. W.) dans la région de Guarbecque; l'autre ( ire D. C. W.)ne dépassera pas, vers le nord, la région d'Houdain. En ce qui concernele 2e C. W., son transport est différé «par suite de retards survenus dansl'arrivée des fourgons automobiles»; il aura le soir la 5e D. 1. W. à Diéval(N. E. de Saint-Pol) et la 3e D. 1. W. à Pressy3.Le commandant de la Xe armée n'en renouvelle pas moins, à ] 6 heures,sa demande du matin, qu'il adresse, cette fois, directement au généralAllenby, commandant le corps de cavalerie anglais. Il fait ressortir l'intérêtqu'il y aurait, pour l'armée britannique comme pour l'armée française, àce que la ire D. C. W. occupât Houdain et poussât un détachement surBéLhune ou Labuissière. Il insiste tout particulièrement sur la nécessitéd'occuper solidement Béthune, tenu par de faibles effectifs (2 bataillonsterritoriaux et une brigade de cavalerie légère), et dont la possession parl'ennemi aurait les plus graves conséquences pour les deux armées.Sur ces entrefaites, le général Allenby reçoit du maréchal French unetout autre mission : il doit grouper ses deux divisions dans la région d'Aire,1 Mission Huguet. Télégramme chiffré à X* armée, aoh 45, 9 octobre, Annexe 2484. —En fait, le 2* corps d'armée britannique va arriver dans la zone Béthune, Robecq, et nonentre Aire et Saint-Omer.* X*armée. Noteà G. Q. G. anglais, communiquée à 9 heures, 10 octobre, Annexe 2584.Armée anglaise (2* corps) a X. armée, 14 heures, 10 octobre, Annexe 2608.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 249en avant et sur le flanc du corps Smith-Dorrien, pour explorer au nord laforet de Nieppe et la région d'Hazebrouck 1.** *Le i o, le temps, brusquement défavorable, a empêché les reconnaissancesaériennes. Le commandement français est cependant renseigné defaçon précise sur les mouvements de l'ennemi et ses intentions, grâce auxrenseignements de contact et aux messages captés.D'après ceux-ci, le IVe C. C. allemand qui, la veille, avait cherché à

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s'emparer des points de passage de la Lys, n'a pas poursuivi son effort ets'est retiré vers le nord-est, abandonnant la région d'Hazebrouck pourcelle de Bailleul et d'Armentières.Prolongeant vers le nord l'aile droite de la 6e armée allemande (XIVeC. A.), qui ne dépasse pas Hantay (est de la Bassée), les Ier et IIe corps decavalerie ont progressé au nord du canal de la Bassée, atteignant le 10 ausoir, par leurs avant-gardes, la ligne : Pont-du-Hem, Lorgies, Salomé.L'intention de l'ennemi pour la journée du lendemain serait de reprendrela manoeuvre d'enveloppement de l'aile gauche française, manquée jusqu'ici: le IVe C. C. allemand opérant par le nord de Lillers, le IIe par lenord de Béthune; le Ier et l'aile droite de la 6e armée attaquant respectivementsur la Bassée et Noeux-les-Mines 2.Il est donc à prévoir que la journée du 11 sera difficile pour l'aile"gauchede l'armée Maud'huy.Dans ces conditions, le commandant de la Xe armée qui ne peut pascompter, pour le dégager, sur les forces britanniques dont l'action ne sefera pas sentir avant le 12, fait appel à la cavalerie française, pourr déjouerla manoeuvre ennemie. Il lui demande de tenir et de durer jusqu'au momentoù l'armée britannique sera prête à reprendre à son compte, par lenord de Lille, la manoeuvre d'aile.X*armée. Note à général AHenby, commandant le corps de cavalerie anglais, 16 heures,10 octobre. Annexe 2586. — Mission Huguet. Télégramme chifrré à général Foch et 23u G.Q.G., 2 i5, 10 octobre, Annexe 2559. G. Q. G. Compte rendu de renseignements n° n5, 5 heures, Annexe 2539; — messagetéléphoné à général Foch et X* armée, 23 heures, io octobre, Annexe 2548.—

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G. Q. G. Compte rendu de renseignements n° 116, 6 heures, n octobre, Annexe 2612.250 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Les sept divisions de cavalerie françaises sont groupées sous les ordresdu général Conneau, à qui le général de Maud'huy donne pour missiond'attaquer vigoureusement «toutes colonnes ennemies, de façon à arrêter,ou au moins ralentir, leurs mouvements vers le nord». A cet effet, le2e C. C., laissant une couverture sur la Lys, à Merville, Estaires, opéreradans la région Fromelles, Laventie; le ier C. C., auquel est rattachéedésormais la 7e D. C., se portera dans la région au nord-est de la Bassée,vers Marquillies et Fournes.Plus au sud enfin, le 21e C. A. maintiendra ses positions et grouperases réserves derrière sa gauche «en vue de pouvoir enrayer les offensivesennemies et reprendre l'offensive lorsque l'ordre en sera donné». Une brigadeet deux batteries du 1er C. C. sont mises à sa disposition dans larégion de Haisnes1.** *Le 1 1 octobre, les deux corps du général Conneau contiennent l'adversairesur tout leur front, mais ne peuvent déboucher.En fin de journée, le 1er C. C. occupe sensiblement les mêmes positionsque la veille à Lacouture, Richebourg-Saint-Vaast, Richebourgl'Avoué,la Quinque Rue et Givenchy-les-la Bassée.Sur la Lys, le 2e C. C., après avoir perdu successivement Estaires, laGorgue et Lestrem, réussit à reprendre ces deux dernières localités et às'y maintenir; ses détachements de Merville et de Saint-Venant ne sont pasinquiétés. Sur la Lawe, il attaque sans succès Fosse et Vieille-Chapellequ'il signale comme «très fortement tenus par de l'infanterie allemande»A la gauche du 2e C. C., les territoriaux (87e D. T.) continuent à s'organiserdéfensivement : la 173e brigade couvre les débarquements du3e corps britannique à Saint-Omer; la 174e relève à Cassel un détachementdu 2e C. C. A la demande du commandement britannique, le généralde Mitry prescrit le soir à la 87e D. T. d'étendre vers l'est l'occupationde la région de Cassel, en poussant des détachements à Saint-Sylvestre et1 Xe armée. Ordre d'opérations n° 6 pour Je 11 octobre, 21 heures; — instruction pour

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la cavalerie, 23 heures, 10 octobre, Annexes 2587, 2588. — ier C. C. à 2e C. C., 1 heure,11 octobre, Annexe 2679. — Cf. carte n° 26.TOME I, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 251à Steenvoorde, pour couvrir face à l'est les opérations offensives quel'armée alliée se propose d'entreprendre le lendemainl.En effet, le 3e corps britannique a maintenant une division réunie dansla région de Saint-Omer; le corps de cavalerie Allenby est rassemblé surla Lys, partie à Aire, partie à Merville; le 2e C.W. enfin, venant du sud,atteint, à 17 heures, le canal de la Bassée entre Béthune et Robecq, couvertpar des avant-gardes face au nord, et en liaison étroite à sa droite avecle 2 ie C.A. 2.Considérée dans son ensemble, la journée du 1 1 octobre marque lesuprême effort de la cavalerie ennemie et l'échec définitif de sa tentatived'enveloppement de l'aile gauche française.En résistant victorieusement sur la ligne de la Lys et sur le front Estaires,la Bassée, à la pression de forces adverses plus nombreuses, la cavalerie dugénéral Conneau n'a pas seulement déjoué le plan de l'ennemi et faitéchouer sa manoeuvre, elle a couvert l'armée britannique et assuré la sécuritéde sa concentration.Aussi bien, cette mission terminée, une autre s'impose à elle pour lelendemain : faciliter l'entrée en ligne rapide du 2e corps britannique etdéboucher à sa gauche.Bien flanquée au nord-ouest par les points d'appui de Cassel et d'Hazebrouck,masquée à l'est par la place de Lille qui tient toujours, l'offensivefranco-britannique par les deux rives de la Lys se présente le i l au soirsous les meilleurs auspices; tout semble prêt pour une avance rapide etun succès facile.1 X. armée. Message téléphoné à général Foch, 20b 10, 11 octobre, Annexe 2662. -1erC. C. à 5* D.I. britanique, 13b45, Il octobre. — 2" C. C. à X. armés, 19 heures, 11 octobre,Annexe 2687.2 Pour étoffer cette liaison, le général Maistre, commandant le 21e corps, a demandé etobtenu du général Fergusson, commandant la 5e D. I. britannique, l'envoi d'un détachement

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de 1.000 hommes à Annequin. — Cf. Annexe 2673 (21" C. A., compte rendu à X' armée,20 heures, 11 octobre).252 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.IV. — L'OFFENSIVE FRANCO-BRITANNIQUEET LA CHUTE DE LILLE.( 1 2-1 4 OCTOBRE.)Dans la soirée du 1 l, le général de Maud'huy, prévoyant pour le lendemainle débouché du 2e corps anglais à l'est de la ligne Estaires,la Bassée, donne les missions suivantes à ses deux corps de cavalerie :faciliter l'entrée en ligne rapide du corps britannique à l'est du canal dela Lawe, puis aider ce corps à effectuer son mouvement de rabattementcontre l'aile droite allemande dans la région au nord de la Bassée.Dans ce dessein, le corps Conneau, laissant sur place ses avant-postesjusqu'à l'arrivée des Anglais, portera son gros, de bonne heure, dans larégion de Laventie (ier objectif); le corps Mitry agira à la gauche ducorps Conneau par la rive nord de la Lys, de manière à atteindre la régiond'Estaires (ier objectif), en liaison avec la cavalerie anglaise dont, ladivision de droite (2e D. C. W.) doit se porter par Merville sur Vieux-Berquin.Les deux corps de cavalerie ne seront plus groupés, comme la veille,sous l'autorité du général Conneau. Toutefois, si la cavalerie ennemie lesattaquait en forces, ils combineraient leur action contre elle, et le commandantdu 1er C. C. reprendait alors la direction de l'ensemble.Ces instructions sont complétées le lendemain matin (6h 3o) parl'ordre signifié aux 1el" et 2e C. C. de se mettre si possible «en relation»avec Lille, la place tenant toujours.Au sud, le 21e corps, chargé d'appuyer l'offensive franco-britanniqueet renforcé comme la veille par une division du corps Conneau, attaquerapar sa gauche dès que l'armée anglaise sera parvenue à sa hauteur1.La journée du 1 2 octobre débute mal sur le front de ce corps d'armée.1 Général Foch. Message téléphoné à X* armée, 20h 3o, 11 octobre. - X. armée. Ordred'opérations n° 7 pour la journée du 12,21 heures; — instruction particulière pour la cavalerie,11 octobre (dans la soirée), Annexes 2663 et 2664. — X. armée. Message téléphonéà lor et 2' C. C., 6h 3o, 12 octobre.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 253

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Dès le matin, la 13e D. I. fortement attaquée, perd Vermelles, évacueLoos et se replie à environ 1 kilomètre à l'ouest.Pourtant l'offensive ennemie est vite enrayée et le général Maistre s'emploieà préparer une contre-attaque sur Vermelles avec l'appui des Anglais.Il suggère, à ioh 3o, au général de Maud'huy de faire intervenir auprès del'état-major britannique « une autorité supérieure à celle du commandantdu 21e corps1 ».Cette précaution était superflue car, sur ces entrefaites, la brigadebritannique arrivée à Beuvry (est de Béthune), déjà sollicitée par legénérai Maistre, et témoignant d'une juste appréciation de la situation,répond par une promesse de concours : elle attaquera d'Annequin surla Bassée. Le commandant du 21e corps en avise l'armée à 1 1 heures; ilajoute qu'il diffère en conséquence sa contre-attaque sur Vermelles etqu'il « prononcera une offensive énergique avec sa gauche au moment del'entrée en ligne des Anglais".Ala même heure, le général Smith-Dorrien, commandant le 2e C. W.,met le général de Maud'huy au courant de ses projets de manoeuvre etdes ordres qu'il a donnés à ses divisons. La 5e D. I. W. est chargéed'appuyer la contre-attaque du 21e corps sur Vermelles en poussant unebrigade sur Annequin et Cambrin. A sa gauche, la 3e D. 1. W. doit seporter sur la ligne Richebourg-Saint- Vaast, Pont-du-Hem, avec missiond'attaquer dans la direction du sud-est, sur le flanc de la 5e D. I. W. 2.En fait, l'infanterie britannique se déplace avec lenteur. Et comme labrigade qui se trouve à Beuvry a l'ordre de ne pas s'engager avant que legros de la 5eD. I. W. opérant au nord du canal ait atteint le front Givenchy,Lorgies, l'action combinée du 21e corps et de la brigade anglaise sedéclanche finalement trop tard et demeure infructueuse3.L effort offensif sur Vermelles a cependant pour effet de retenir des

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forces ennemies importantes et, par suite, de faciliter l'entrée en ligne ducorps Smith-Dorrien au nord du canal de la Bassée.La 3e division britannique et les troupes de la 5e D. I. W. non engagées1 ai* C. A. Compte rendu à X* armée, 10h 3o, 12 octobre, Annexe 2737. — Cf. carten°227.— 2' corps britannique. Télégramme chiffré à Xearmée, 1ih i5, 12 octobre, Annexe 2753. 2Ie C.A. à X"armée. 11 heures. 12 octobre. Annexe 2738. :\ 21* C. A., Comptes rendus à X. armée, 16h 3o et iq113o, 12 octobre, Annexe 2739 et2740.254 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.à l'appui du 21e corps relèvent sans incident les avant-postes du corpsConneau sur la ligne Fosse, Givenchy. Elles s'y retranchent pour la nuit,prêtes à reprendre le lendemain l'offensive « sur toute la ligne, versl'est1 ».La cavalerie française qui opère au nord du 2e corps britanniqueéprouve plus de difficultés. Dès le matin, le 1er C. C. (Conneau) s'estorienté vers la Lys en vue d'agir à la gauche des Anglais dans la région deLaventie, tandis que le 2e C. C. (Mitry) franchissait la rivière pour opérerà la gauche du corps Conneau en direction d'Estaires.Mais, à 1 1 heures, au moment où les gros s'engagent respectivementsur Pont-Riqueul et la Gorgue (ier C. C.) et sur Estaires et Neuf-Berquin(2e C. C.), le général Conneau reçoit de la Xe armée de nouvellesinstructions, modifiant complètement la mission de la cavalerie 3 dont ilreprend le commandement d'ensemble. «Le général commandant laXe armée veut que la masse des deux C. C. gagne le plus de terrain pos--sible en avant sur Lille, dans le but de secourir la garnison française quiy est, et occcuper définitivement cette ville 1. »Cette décision du général de Maud'huy est motivée par les renseignementsreçus dans la matinée à l'état-major de la Xe armée, notammentcelui qui signale vers 9 heures l'apparition d'un nouveau corps d'arméeennemi en marche sur cette ville 5.La cavalerie française oblique rapidement vers l'est, mais, très vite, laprogression s'annonce difficile : la route de Lille n'est plus libre.De part et d'autre de la Lys, sur la ligne Pont-Riqueul, Estaires,Neuf-Berquin, Pont-Rondin, le IIe C. C. allemand, soutenu par des

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éléments d'infanterie, accentue sa résistance; partout l'ennemi fait front.1 X* armée. Compte rendu à général Foch, 15b45, 12 octobre, Annexe 2724. —Colonel Huguet. Télégramme chiffré à G.Q.G. et X. armée, 2 3h45, 12 octobre, Annexe2699. — 2e corps britannique à Xe armée, 2ih 20, 12 octobre, Annexe 2755.2 1" C. C. Ordre d'opérations n° 46 pour la journée du 12, 874, 12 octobre. — 2e C. C.Ordre d'opérations, 3 heures, 12 octobre, Annexes 2745 et 2751.Ces instructions n'ont pas été retrouvées dans les archives du S. H. -- --Groupement Conneau. i" C. C. a 2e C. C., 11 heures, 12 octobre, Annexe 2747; —compte rendu de fin de journée, 19 heures, 12 octobre, Annexe 2750. 5 ----- La capture d'un radio allemand révélera un peu plus tard qu'il s'agit du XIXe corps«arrivé sans combat devant Lille". — Colonel Huguet. Message téléphoné à X* armée,9 heures, 12 octobre, Annexe 2697. — IIearmée. Télégramme chiffré à général Foch, 5o.)6inh20, 12 octobre, Annexe 2712.TOME 1, 4e VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 255A l'aile gauche, les efforts du corps Mitry pour tenter un large mouvementdébordant par le nord échouent. En fIn de journée toutefois,l'occupation de Pont-Rondin et de la Couronne assure la liaison avec lacavalerie britannique qui opère plus au nord.Celle-ci a progressé amplement. En effet, le corps Allenby, débouchantle matin du front de la Lys, à Aire et à Merville, a fait un bond en avantqui lui a permis d'atteindre sans coup férir la ligne Vieux-Berquin,Strazeele, Flètre, Mont des Cats; il s'y heurte au IVeC. C. allemand.Le soir, s'il n'atteint pas encore Bailleul et Berthem, comme il se l'étaitproposé, l'avance réalisée est cependant suffisante pour permettre au3e corps britannique (général Pulteney) d'achever sa concentration autourd'Hazebrouck en toute sécurité et de se déployer sur la ligne Eecke,

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Caëstre, Pradelles, sans être inquiété1. En outre, le commandement peutdésormais envisager les débarquements du ier corps britannique (prévuspour le 14 octobre) à Hazebrouck, voire même plus en avant, à Bailleulou Armentières, selon les résultats de l'offensive en coursEn résumé, le 12 au soir, la situation d'ensemble peut être considérée« comme bonne »; c'est du moins le sentiment du général Foch.L'offensive entamée par l'armée britannique commence à porter sesfruits; le IVeC. C. allemand, qui, la veille, combattait à Estaires et devaitattaquer Aire le 12, a été vigoureusement pressé par le corps de cavalerieAllenby réuni à la cavalerie Mitry. Sur la ligne générale Hazebrouck,la Bassée, l'ennemi est, ou contenu, ou refoulé; l'effort accompli dans lajournée par les forces alliées fait bien augurer de l'offensive qui doitreprendre le lendemain avec l'appoint du 3e corps britannique3.1 Armée anglaise. Situation le 12 octobre matin. Note à X. armée, 16b4o (heure deréception), 12 octobre. — Générai Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., S. C. 83, 23h 3o,12 octobre, Annexe 2708. — Groupe de corps de cavalerie, compte rendu de fin de à X" journée Z armée, 19 heures, 12 octobre, Annexe 2750. Mission trancaise auprès armée anglaise à général Foch, 19h20, 12 octobre, Annexe2698. — Commandant Boquet, commissaire régulateur à Etaples, message téléphoné à générai Foch. 2l h15, 12 octobre. i G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 22b50, 11 octobre, Annexe 2628. —Général Foch. Messagetéléphoné à G. Q. G., 2ih25, 12 octobre, Annexe 2705. - IIe armée.Télégramme chiffré à général Foch, 5o4g, 9h45; — message téléphoné à général Foch,5141, 91,30, 12 octobre.256 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.*

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* *Pourtant, la soirée du 12 octobre s'achève sur une brutale et fâcheusenouvelle apportée par un pigeon : la place de Lille a capitulé. Ne pouvantplus soutenir le combat faute de munitions, la garnison s'est rendueà l'ennemi à 17 heures.Sur l'ordre formel du général Foch, la place, évacuée le 9 octobre(à la suite d'un malentendu semble-t-il), avait été réoccupée le 10 au soir,après un vif engagement, par un détachement de territoriaux aux ordresdu commandant de Pardieu1 et par un régiment2 de cavalerieLe 1 1 octobre, la garnison recevait quelques obus mais n'était pasattaquée. Dans un rapport, daté de 17 heures et parvenu dans la soirée àDunkerque, le commandant de Pardieu signalait même que «l'ennemi seretirait de tous côtésIl; et qu'il avait bon espoir «d'obtenir bientôt laliaison avec l'armée françaiselADès qu'il eut connaissance de ce rapport, le général Foch prescrivit àla Xe armée de chercher à entrer immédiatement en relations avec Lille.Mais, le 12, le général de Maud'huy apprenait successivement, au coursde l'après-midi, l'attaque ennemie sur Lille et la capitulation de la garnison5.La perte de Lille, si regrettable qu'elle soit en elle-même, ne semblepas au général Foch un événement de nature à avoir une répercussion1 Ce détachement comprenait : 3 bataillons territoriaux, 1 batterie territoriale et 2 escadronsde 1 gou-niers. 20" chasseurs.— Cf. plus haut, Note 2 du S. H., page 246.X*armée. Note à général Foch, «Historique concernant le détachement territorial deLilleIl, 12 octobre.4 Commandant de Pardieu. Rapport à général Foch, transmis par intermédiaire gouverneur

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Dunkerque, 17 heures, 11 octobre, Annexe 2689. u '>Commandant d armes Lille a V armée, 12 00, 12 octobre. — A- armée. Messagetéléphoné à général Foch, 18b 3o, la octobre. — Général de Maud'huy. Rapport augénéral Foch 1779Z, 18 octobre 1914.TOME I, 4" VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 257LAGRANDGEUERRE- . 1, 4"VOL. 17fâcheuse sur le développement des opérations en cours; c'est du moinsl'impression qui se dégage du compte rendu qu'il adresse au G. Q. G.I.Le plan d'offensive des Alliés ne sera pas modilié, la manoeuvre d'aile,telle que la conçoit l'adjoint au général en chef, n'est aucunement compromise.Depuis la chute d'Anvers (9 octobre), suivie de la retraite de l'arméebelge, le général Foch, en effet, ne paraissait plus envisager avec espoirla possibilité d'envelopper l'aile droite ennemie. Dans l'offensive francobritanniqueen cours, sans doute voyait-il surtout la possibilité de constituerun front commun anglo-franco-belge s'étendant de Lille vers lamer.Son plan d'opérations, élaboré le 10 et approuvé sans réserve par lescommandants en chef français et anglais, répondait à cette conception :regrouper d'abord les forces franco-anglaises dans la région au nord et àl'est de Lille, entre la Lys et l'Escaut, puis tendre la main à l'armée belgede manière à opposer à l'ennemi un front allié continu 2.La première partie de ce plan paraît sur le point de se réaliser puisquel'ofl'ensive franco-britannique doit atteindre son plein développement àpartir du 13 octobre, date à laquelle l'armée anglaise attaquera le front« partie nord de Lille, Armentières et plus au nord".Le général Foch prescrit en conséquence à la Xe armée d'appuyer cetteoffensive, «en agissant avec toutes ses disponibilités, dès qu'elle le pourra,par la route la Bassée, Lille, contre cette ville et dans la région plus ausud 3».Au reçu de ces instructions, le général de Maud'huy estime qu'il luifaut tout d'abord laisser le champ libre aux corps d'armée anglais, maintenantà pied d'oeuvre. Il décide donc de retirer les deux corps de cavaverieConneau et Mitry du front où ils sont engagés (de part et d'autre dela Lys) et de les reporter plus au sud à gauche de la Xe armée.En conséquence, le 13 octobre, le ier G. C. se dirigera le plus tôt possible,par Béthune, dans la région entre Beuvry et Noeux-les-Mines; le

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2e G. C., y compris la 7e D. G. (du ier G. G.), restera d'abord sur place,face à Neuf-Berquin et la Gorgue, puis, dès qu'il aura été dépassé parl Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 21h25, 12 octobre, Annexe 2705. 3 Général Foch. Note pour le maréchal French, 10 octobre, Annexe 2567. 3 Général Foch à X' armée, vers 17 heures, Annexe 2704.258 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.l'armée britannique, suivra le 1er C. C. pour aller cantonner dans larégion au sud de Béthune.Le 21e C. A. est chargé d'appuyer directement l'offensive britannique.Disposant, comme la veille, d'une division du corps Conneau, ilreprendra, en liaison avec les Anglais, l'attaque de Vermelles l.** *Le i3 octobre, l'attaque anglaise ne donne pas les résultais attendus.Résolue, mais lente, elle dépasse de fort peu la ligne générale Hazebrouck,Béthune.Sur tout le front, la résistance ennemie s'accentue; au nord, le corpsde cavalerie Allenby, qui devait se porter sur Wervick et Ypres, s'arrêteau pied du Mont Noir dont il n'arrive pas à se rendre maître; le 3e C.W.,dont la mission était d'atteindre les plateaux au nord et au sud deMéteren, progresse seulement de quelques kilomètres, occupant le soirle front étroit Merris, Flètre. Enfin, le 2e C. W., qui avait pour objectifsArmentières, Capinghem, atteint tout juste, le soir, la ligne Noyellesles-Vermelles, Richebourg-Saint-Vaast, Pont-du-Hem. A sa droite, le2 ie C. A. n'a pas réussi à se rendre maître de Vermelles2.Le corps Conneau ( 2 divisions) s'est porté dès le matin sur Béthune etNoeux-les-Mines; il ne prend pas part aux opérations de la journée.Le corps Mitry (4 divisions), qui relie les éléments anglais du nord(3e C.W.) à ceux du sud (2e C.W.), s'empare de Neuf-Berquin, gagne duterrain vers la Gorgue et Estaires, et appuie à droite la 7e D. C. quireprend Lestrem et Pont-Riqueul. Le soir, il stationne sur les positions

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conquises, occupant de son mieux le vaste intervalle qui sépare les 2e et3e corps britanniques, de Merris à Pont-du-Hem 3.1 X* armée. Ordre d'opérations n° 8 pour le 13 octobre, 21 heures; — instruction pourla cavalerie, 21 heures, 12 octobre, Annexes 2725 et 2726. 2 -. ,,- L. - Colonel Huguet. Télégramme chiffré à G. Q. G. et générai t'och, n" 900, aa" 40,12 octobre, Annexe 2699. — Armée anglaise. Note sur la situation le 13 au soir, 19 heures,13-octobre. -- - - -X. armée. Compte rendu à général roch, 20 heures, 10 octobre, Annexe 2790. —2e C. C. Compte rendu à X* armée, 16b 15; — bulletin de renseignements à X* armée,21 heures, 13 octobre, Annexes 2806 et 2807.TOME I, 4' VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 25917,A la fin de la journée, le maréchal French précise au général Foch lasituation de l'armée britannique et lui fait part de ses intentions demanoeuvre pour le lendemain.11 compte attaquer, à la fois par le nord et par l'ouest, la forte colonneennemie (au moins une division et peut-être un corps d'armée) qui adébouché de Lille dans la matinée pour se porter sur Eecke contre lagauche anglaise.Il voudrait voir toute la cavalerie française disponible garnir l'intervallede i3 kilomètres qui sépare, de Merris à Pont-du-Hem, son corpsdu nord de celui du sud; l'occupation de cette brèche lui parait d'autantplus nécessaire que le 1er corps britannique doit commencer à débarquerle lendemain à Hazebrouck et, si possible, à Strazeele ultérieurement. Ildésire enfin que la gauche de la Xe armée appuie « aussi énergiquementque possible l'attaque du 2e corps, sur la Bassée 1 Il.Le général Foch, estimant que ces demandes sont tout à fait justifiées,prescrit au général de Maud'huy de réunir sous un commandement uniquetoute sa cavalerie (ier et 2e G. C.), de lui faire assurer la liaison entre lesdeux, corps britanniques et de la faire marcher résolument à l'attaque avecles Anglais 2.** *

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Le 1octobre, malgré l'appoint de toute cette cavalerie groupée denouveau sous les ordres du général Conneau, l'offensive britanniqueavorte assez rapidement.En effet, à partir du 1 octobre, si les Anglais continuent à progresserpar la rive nord de la Lys, l'aile gauche de la Xe armée et le 2e corps britanniquesont arrêtés dans leur marche sur Lille par les attaques répétéeset de plus en plus fortes, que l'ennemi développe sur la rive sud de larivière.D'ailleurs, le général Foch ne se leurre pas de chimériques espoirs et1 Armée anglaise. Note sur la situation le 13 au soir et ordre d'opérations pour la du journée 14, 1Q heures, 13 octobre.2 Général Foch Note à la X*armée, aih 15, 13 octobre.260 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ne cache pas, depuis le i3 octobre, qu'il serait vain d'espérer retirer decette offensive des résultats décisifs. Il l'écrit confidentiellement au généralJoffre : «J'augure bien de l'offensive anglaise; elle est résolue, lente suivantson habitude, mais le maréchal est décidé à aborder sérieusementl'adversaire; il obtiendra des résultats. Seront-ils décisifs? On peut endouter. Anvers a fini quelques jours trop tôt. »Puis il ajoute pour l'avenir : «Nous maintiendrons sur l'adversaire unesupériorité numérique qu'il tâche de rattraper chaque jour en débarquantdes troupes nouvelles. Aujourd'hui, le XIXe corps au nord-ouest de Lille.Mais, avec le peu de mordant qu'ont actuellement nos troupes, devant lacapacité défensive de l'ennemi , notre supériorité numérique et notreavance pourront ne pas suffire à produire un débordement d'un rendementsérieux. »S'il semble impossible au général Foch de faire aboutir la manoeuvred'aile «en continuant le jeu actuel du prolongement de la ligne», unmoyen lui apparaît cependant de forcer la décision : il suffirait de «combineravec notre manoeuvre d'aile une ou plusieurs attaques centrales.

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à base de grosse artillerie. visant à percer de haute lutte la ligneennemie ».Il envisage, comme théâtre éventuel pour une opération de ce genre,la région au sud-est d'Arras, et comme direction d'attaque, Hébuterne etCambrai. Il préconise en outre l'exécution d'une entreprise analogue versBrimont ou Craonne. De cette façon, conclut-il, «il est probable qu'il enrésulterait uniAcertain désarroi chez l'ennemi 1».Le général en chef accueille avec faveur ces suggestions : «Je suis entièrementd'accord avec vous, télégraphie-t-il le 14 octobre à son adjoint,ainsi que vous le prouvera une note confiée à mon officier de liaison. »Par cette note, le général Joffre, approuvant le projet d'opérations enArtois dont le général Foch l'avait entretenu dans sa lettre du 13, le chargeaitd'en examiner sur place les conditions d'exécution et de lui adresserà ce sujet toutes propositions utiles. Il faisait part de son intention deréunir, en vue de cette opération, un corps d'armée prélevé sur uneautre partie du front et de puissants moyens d'artillerie lourde (la1 Général Foch. Lettre à général Joffre,13 heures, 13 octobre.TOME I, 4* VOL. — DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE IX. 261LAGRANDGEUERRE—. 1, 4*VOL. 17Amajeure partie des batteries de gros calibre attribuées aux IIe et Xe armées).Enfin il annonçait que la Ve armée avait déjà déclanché le 13 octobredes attaques sur Craonne et Brimont et qu'elle les poursuivait le 14 1.Cependant les graves événements qui se déroulent en Belgiqueretiennent déjà toute l'attention du commandement; l'ancien corps desiège d'Anvers, lancé à la poursuite de l'armée belge en retraite, menacede couper celle-ci des forces franco-britanniques et s'avance à vive allure,par Gand, sur Roulers.Le général Foch, dont le rôle est de coordonner l'action des diversesarmées opérant dans le nord, s'efforce tout d'abord de parer la gravemenace que constitue pour l'aile des armées alliées cette nouvelle pousséeallemande.Le 14 octobre, apprenant que l'armée belge tient avec peine la ligne

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Roulers, Thourout, Ostende, il lui demande instamment, au cas où ellene pourrait se maintenir, « de disputer le terrain pied à pied jusqu'aucanal Ypres, Furnes, qui serait la ligne à occuper en dernier lieu a.Il ne se borne pas du reste à prodiguer des conseils à cette armée, il sepréoccupe de la recueillir et de consolider son établissement sur le frontde combat des Flandres. C'est ainsi qu'après avoir renforcé et organisé ladéfense de Dunkerque, il constitue à Ypres un centre de résistance puissantsur lequel les Belges viendront s'appuyer.Enfin, cherchant à étendre l'aile gauche alliée jusqu'à la mer du Nord,il s'efforcera de faire participer la flotte aux opérations du front de terre etpréparera, en un mot, cette lutte de « front enveloppant contre frontenveloppé, qu'il aurait souhaité faire jouer à son avantage, mais quel'ennemi, grâce à sa supériorité numérique, veut tenter au contraire delui imposer i.Ainsi commence, correspondant à la retraite de l'armée belge, unenouvelle phase de la course à la mer.1 G. Q. G. Note pour le général Foch, 2884, 8 heures; — télégramme chiffré, 2985,14"05; 14 octobre, Annexe 2813.1 Général Foch. Lettres à général J offre 13 heures, 13 octobre; 14 octobre. — GénéralFoch à colonel Brécard n* 114, 10 heures, 14 octobre, Annexe 2827.

17A.TROISIÈME PARTIE.LA BATAILLE DES FLANDRES.(15 OCTOBRE-l NOVEMBRE191.)CHAPITRE X.ACTION DU HAUT COMMANDEMENTET EXPOSÉ GÉNÉRAL DE LA BATAILLE.(Carte n° 44.)La bataille des Flandres, bataille interalliée. — Situation au 15 octobre; forces en présence.— Préludes de la bataille. Offensive en direction de Lille et de Courtrai, défensive surl'Yser. — Entrée en action de nouvelles forces allemandes: le heurt de deux offensives.— L'offensive allemande prend comme objectif Calais; le général Joffre met l'aile gauche

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des Alliés sur la défensive. — Dernières convulsions de la bataille et immobilisation dufront. — Conclusion.De la mi-octobre à la mi-novembre 19 14, les Flandres sont le théàtred'une des batailles les plus dramatiques de la grande guerre. Cette bataille,livrée aux approches de l'hiver, par un temps de brouillards et de pluies àpeu près continuels, dans des plaines détrempées et boueuses, est un desévénements essentiels de la campagne 1914-1918. Couronnement et épiloguede la course à la mer, elle marque la fin des opérations en terrainlibre, l'évanouissement des dernières illusions qui pouvaient subsistertouchant une guerre courte.Les adversaires, n'ayant plus le champ indispensable pour la manoeuvre,s'abordent de front avec acharnement, et la lutte se résume enune double action, sur l'Yser et autour d'Ypres. Mais le mélange desunités qui combattent sur ce théâtre restreint d'opérations est extrême,car les deux adversaires engagent leurs ultimes disponibilités :- du côté allemand : corps de siège d'Anvers, unités d'ersatz et de264 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.landwehr, groupements formés d'éléments prélevés sur toutes les régionsdéjà stabilisées du front, corps d'armée de formation nouvelle réunissanttoutes sortes de catégories de soldats : récupérés, blessés guéris, jeunesvolontaires ;— du côté allié : armée belge; armée britannique comprenant descontingents de la métropole et des contingents des Indes; troupes françaisesles plus diverses: corps actifs, divisions territoriales, tirailleurssénégalais, cavaliers, fusiliers marins.Le mélange est encore accentué par la nécessité où se trouve le commandementd'engager les renforts sans délai, au fur et à mesure de leursdébarquements, pour obvier à des périls momentanés et étayer la ligne defeu.L'emploi d'unités si diverses, leur enchevêtrement, l'entrecroisementdes attaques et des contre-attaques qui se succèdent et se répondent

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presque sans répit, pendant un mois, donnent l'impression d'une mêléeconfuse. Aussi, des historiens ont-ils présenté ces événements sous la dénominationde «Mêlée des Flandres», et le public a fait sienne cette expressionimagée.Néanmoins, les nombreux combats qui se déroulent dans les Flandresde la mi-octobre à la mi-novembre 19 1 sont livrés dans une zone biendélimitée et constituent une action de guerre nettement caractérisée.L'impression de confusion que peut donner la multiplicité des actions partiellesne doit pas masquer l'unité réelle de la bataille considérée dans sonensemble. Celle-ci, en effet, du côté des Alliés, est conduite par un chefunique, le général Foch, adjoint du général Joffre et chargé comme tel decoordonner les efforts des armées d'aile gauche. Il a donc paru préférabled'adopter comme titre : la Bataille des Flandres.La réunion sur le même champ de bataille de trois armées différentespose tout d'abord un problème d'organisation du commandement dont legénéral en chef s'est préoccupé dès le 9 octobre. Faute de généralissimeinterallié, il importe d'assurer une étroite coopération des forces britanniques,belges et françaises, en face d'un ennemi qui a l'avantage d'unedirection unique.Deux difficultés se présentent :— l'armée belge étant commandée par son roi, il apparaît délicatTOME 1, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 265de l'amener à se soumettre aux disciplines communes que les Alliésvont être dans l'obligation d'accepter ;— les nouvelles troupes britanniques débarquées à Ostende et àZeebruge (corps Rawlinson) reçoivent directement des instructions duWar Office et semblent échapper à l'autorité du maréchal French.Ces deux difficultés sont rapidement résolues.En ce qui concerne l'armée belge, le général en chef avait d'abord

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suggéré au ministre de la guerre que l'on pourrait demander au roi Albertde renoncer à son commandement. Mais la magnanimité de ce souverainpermet de régler la question d'une autre manière, avantageuse pour labonne marche des opérations et plus conforme à la fierté nationale desBelges.Le roi, en eflet, tout en se montrant résolu à demeurer à la tète de sessoldats, si réduit que puisse être leur nombre, déclare noblement qu'ilsera «heureux de recevoir les instructions du grand quartier général aumême titre que l'armée anglaise» 1. En conséquence, une mission militairefrançaise est accréditée auprès de lui, comme auprès du maréchal French.Pour ce qui est de l'armée britannique, le général en chef insiste vivement,auprès du ministre de la Guerre, pour qu'elle soit rangée toutentière sous les ordres du maréchal French. C'est d'ailleurs la solutionadoptée par le War Office2.Enfin, le général Foch, restant chargé de diriger les opérations desforces françaises engagées au nord de l'Oise, va se trouver, en fait, amenéà coordonner les opérations des armées alliées dans les Flandres'. L'autoritéque lui délègue le général Joffre et la confiance qu'inspire ses succèsantérieurs lui permettront de remplir cette lourde tâche et de donner uneimpulsion énergique à la bataille.** *Quelles sont, à la date de i5 octobre, les desseins du général en chefau sujet de la marche des opérations dans le nord?1 G. 1 Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 2461 , 12 octobre 1q14, Annexe 2692. G.Q.G. Télégrammes chiffrésau ministre de la Guerre, 1.880, i4 heures et 1.925, 18 heures, 9 octobre 1914, Annexes 2477, 2479; 2.141, 10 octobre 1914, Annexes

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2546; 2.216, 8h 5o, 11 octobre iqi4, Annexe 2616. 3 G. Q. G. Télégramme chiffré à missionmilitaire française, 495, 3 novembre 1914*266 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.La veille, le général Joffre, qui avait précédemment annoncé son intentiond'entreprendre des actions de rupture sur différents points du front'aussitôt que les armées allemandes seraient fixées1, a prescrit au généralFoch de faire étudier une attaque visant à rompre les lignes ennemies dansla région sud d'Arras 2. D'autre part, il adresse à ses armées stabilisées desinstructions pour définir le genre d'activité qu'elles doivent adopter3.Faut-il en conclure que des deux éventualités qu'il envisageait dans sanote n° 1.169 6 octobre, débordement de l'aile droite allemande ouimmobilisation du front, il n'admet plus désormais que la seconde?Une telle conclusion serait excessive.En effet, le général Joffre n'est pas revenu sur l'approbation qu'il adonnée, le 10 octobre, au projet d'opérations établi par le général Foch etcomportant essentiellement une offensive de part et d'autre de la Lys, endirection générale de Lille et de Courtrai 4. Si cette offensive ne peut plusréaliser le débordement tel qu'il avait été conçu pendant la Course à lamer, elle paraît du moins capable, à la date du i5 octobre, de faciliterla réunion des forces alliées dans le nord, en permettant à l'armée belgede prendre sa place de bataille à l'aile gauche, et de dégager l'importanterégion industrielle de Lille ainsi qu'une partie de la côte belge.Cette offensive est en cours depuis le 12 octobre, menée : dans larégion de Lens, par la gauche de la Xe armée française ; entre La Basséeet Ypres, par l'armée britannique qui compte pour l'instant cinq divisionsd'infanterie et trois de cavalerie ; dans la région d'Ypres et dans celle deLaventie, par sept divisions de cavalerie françaises.Dans la zone Ypres, Poperinghe, deux divisions territoriales travaillentà des organisations défensives.Plus au nord, l'armée belge, forte d'une cinquantaine de mille hommes,va s'installer, avec une brigade de fusiliers marins français, entre la forêtd'Houthulst et la mer. Son état de fatigue ne lui permet pas d'attaquerpour le moment.Ainsi, les forces alliées des Flandres vont se trouver constituées en deux1 G. Q. G. Note pour les armées, 1.169, 6 octobre s 1914.1 G.Q.G. Note, 2884, 1 4 octobre iqi4- 1 Au G.Q.(j. Notes pour les commandants d'armée, .1.O:>, io octobre 1914, annexe2864; 3.6û9, 17 octobre ioi4, Annexe 2958.. — Cf. chapitre xv.4 Cf. chapitres v et ix.

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-TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 267groupements : l'un, entre La Bassée et Ypres, chargé d'une mission offensive;l'autre, entre Ypres et Nieuport, placé sur la défensive pendant letemps nécessaire à sa réorganisation.Cette répartition et ces missions répondent, d'ailleurs, à la configurationdu champ de bataille, plaine basse, où les voies d'eau, rivières etcanaux, sont les lignes marquantes du terrain. Dans la partie sud-est, ceslignes d'eau, en particulier la Lys, sont orientées normalement au front,ou presque, et constituent des axes tout tracés d'action offensive. Dans lapartie nord-ouest, au contraire, l'Y ser canalisée coupe la plaine maritimeet, flanquée par les villes de Dixmude et de Nieuport, s'offre comme uneligne de défense naturelle. Entre ces deux zones, Ypres, entourée debois et couverte par des lignes de collines (Messines, Passchendaele) quiprolongent vers le nord-est la chaîne des Monts de Flandres, est uncarrefour important de routes et de voies ferrées ; elle apparaît comme unvéritable centre stratégique, autour duquel peut s'organiser la résistanceet d'où peuvent rayonner les attaques.Les forces alliées doivent s'accroître sensiblement au cours de ladeuxième quinzaine d'octobre. L'armée britannique, en effet, sera rejointe,le 19, par son 1er corps, relevé le dernier sur l'Aisne, et elle recevra,le 20, une division venant des Indes. D'autre part, des renforts français :2e D. I. et ge C. A., vont être prélevés par le général en chef sur le frontde Champagne et arriveront dans les Flandres entre le 20 et le 25. Enoutre, le général Joffre, pour être à même de répondre rapidement à denouveaux besoins, enlève à la VIe armée la 3ie D. I. et la place en réservegénérale à Compiègne, avec la ge division de cavalerie venant de Champagne1.Les renseignements sur l'ennemi sont assez imprécis. Deux armées allemandesparaissent être en ligne dans les Flandres : la 4e, dont le quartiergénéral serait à Gand, et la 6e, dont le quartier général serait à Douai.Mais leur composition n'est pas exactement connue. Entre La Bassée etMenin, ont été identifiés trois corps de cavalerie et des groupements d'infanterie,qui seraient peut-être des fractions de corps d'armée engagés sur1 G. Q. G. Note pour le général Foch, 3.477, 16 octobre 1914, Annexe 2014.

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268 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.d'autres fronts. Plus au nord, dans la région de Roulers, des colonnes sontsignalées en marche vers l'ouest : il s'agit d'éléments du Ille corps de réserveet de formations de landwehr disponibles depuis la chute d'Anvers1.En somme, les troupes allemandes identifiées le 15 octobre ne sontpas considérables, mais les informations recueillies sont sans doute incomplètes.En outre, le général en chef n'ignore pas que la «DirectionSuprême» dispose de voies de communication lui permettant de transporterrapidement à l'extrême droite allemande des unités prélevées sur sesarmées engagées entre l'Oise et la frontière suisse 2.** *Jusqu'au 19 octobre, les opérations se déroulent conformément auxdirectives données au milieu du mois par le général Joffre : les Alliésattaquent dans la plaine de la Lys, ils résistent à la pression ennemie dansla plaine maritime.Le général en chef se repose entièrement sur le général Foch du soinde conduire l'offensive franco-britannique, mais il se préoccupe de lagarde du front compris entre Ypres et la mer. L'offensive de la Lys ne peutse développer que si les forces anglaises sont couvertes sur leur flancgauche; mais si les Allemands parvenaient à forcer la ligne de l'Yser,l'armée britannique se trouverait en mauvaise posture.C'est pour établir la couverture de cette offensive que le général Joffre,au cours des journées précédentes, s'est activement occupé de la miseen place de l'armée belge dans la Flandre maritimes. Il attire, maintenant,avec insistance, l'attention de son adjoint sur la situation de cettearmée que menacent directement les colonnes allemandes marchant versl'ouest dans la région Bruges, Roulers. Il importe de renforcer et d'étayercette armée, afin d'assurer, de façon certaine, l'inviolabilité de la gauchedes Alliés et la protection efficace de Dunkerque.1 G. Q. G. Comptes rendus de renseignements, nO lO, 6h, 15 octobre igi4, Annexe2859; n° 121, 5 heures, 16 octobre 1914, Annexe 2908. ! - - - G. Q. G., 3e bureau. Notes et projets, note sur la situation comparée des forces anglofrançaiseset allemandes, 4 octobre iqi4, Annexe 2011.*Cl. chapitre xi.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 269

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Pour la renforcer, le général en chef décide de lui donner la 2 D. I.Mais, cette grande unité ne devant être à pied d'oeuvre que le 2î, il invite,en attendant, le général Foch à joindre, aux troupes belges, en cas denécessité, tous les éléments qui seraient disponibles: territoriaux, fusiliersmarins.Il recommande également d'encadrer le front belge; à droite, au nordd'Ypres, avec un corps de cavalerie; à gauche, sur la côte, en obtenant laparticipation des flottes alliées à la bataille. Il prescrit, en outre, d'organisersolidement la ligne de l'Yser1.Le général en chef ne borne d'ailleurs pas ses préoccupations à cettepremière position de défense. Il insiste sur l'importance de Dunkerque.Cette place possède des approvisionnements considérables; son rôle,comme base navale ou chantier de débarquements, voire comme forteresse,peut être essentiel dans la bataille; elle est toute désignée, par sasituation, pour coopérer à la résistance belge. Le général en chef prescritdonc de maintenir sa garnison au complet 2.Du i5 au 18 octobre, les Belges, sur l'Yser, et les fusiliers marins, àDixmude, contiennent l'ennemi; la défense s'organise. Dans la région dela Lys, l'offensive franco-britannique marque quelques progrès du côtéd'Armentières et entre Ypres et Roulers 3.La journée du 19 est moins favorable. Des forces allemandes nouvellesapparaissent vers Thourout et Roulers et provoquent le repli des élémentsde cavalerie française qui étaient parvenus jusqu'à cette dernière ville4.Le général Foch, qui attend le icr corps d'armée britannique, une divisiondes Indes, la 42e D. I. et le ge corps d'armée français, n'est pasimpressionné par le renforcement des Allemands. Loin de renoncer àl'offensive, il se propose de l'étendre jusqu'à la mer du Nord. Il demande1 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 3.029, 17h 10, 14 octobre 1914, Annexe2815; 3.193, ioh20, 15 octobre 1914, Annexe 2861; 3.397, 8h55, 16 octobre Annexe 1914, 2909; — à mission militaire française auprès de l'armée belge, 3.924, 19 heures,18 octobre i Q14, Annexe 2992. 2G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 3.193, 10h20, 15 octobre iqi4, Annexe2861.s Cf. chapitre xi.4 G. Q. G., 2*bureau. Compte rendu de renseignements n° 125, 6 heures, 20 octobre 1914, Annexe 3089.270 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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au général en chef la création, sous les ordre du général d'Urbal commandantle 33e C. A.1 (Xe armée), d'un détachement comprenant toutes lesforces françaises de Belgique. Ce détachement et l'armée belge agiraienten direction générale de Gand, tandis que l'action franco-britannique dela Lys serait poursuivie vers Courtrai et Lille2.Le général en chef approuve ces projets et s'emploie de son mieux à enfaciliter la réalisation.Au point de vue du commandement, il décide de placer le généralPétain à la tête du 33e corps, pour libérer le général d'Urbal qui prendrale commandement du détachement d'armée de Belgique3.Au point de vue des moyens, il met à la disposition du général Fochla 3ie D. I., la ge D. C. et une brigade de tirailleurs sénégalais 4.En outre, pour permettre de rendre aux deux corps de cavalerie touteleur vigueur, en relevant, sur place, leurs éléments les plus fatigués, ilprélève seize régiments de cavalerie de corps d'armée sur les fronts entrel'Oise et la Suisse et les fait diriger vers les Flandres5.Le 21 octobre, enfin, il vient lui-même dans le nord pour s'entretenirde la situation avec le roi Albert et le général Foch.** *La violence de la lutte augmente de jour en jour.La mission militaire française auprès de l'armée britannique fait connaîtreque, d'après une source sérieuse, les Allemands auraient l'intentionde prendre Calais coûte que coûte6. Eflectivement, il ressort des renseignementsrecueillis du 20 au 22 octobre, que quatre nouveaux corps1 Le corps d'armée provisoire du général d'Urbal est devenu 33"C. A. le 14 octobre 2 191". Général Foch. Lettres personnelles au général en chef, 18 et 1q octobre 1914.3 G. Q- G. Télégramme chiffré à général Foch, 4173, 23 heures, 19 octobre 1914, Annexe

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3042.4 G.Q.G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 4229, 9 55, 20 octobre 1914, Annexe3091 ; 4.31q, 17h25, 20 octobre iqi4, Annexe 3096.5 G.Q. G. Noteà général Foch, 4-324,20 octobre 1914, Annexe 3095; — télégrammechiffré à Ire, IIIe, IV', Veet VI' armées, 4328, 18h3o, 20 octobre iqi4, Annexe 3100.8 Mission militaire française auprès de l'armée britannique. Télégramme chiffré à G. Q. G.et général Foch, 13h4, 21 octobre 1914, Annexes 3146.TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 271d'armée ennemis (XXIIe, XXIIIe, XXVIe, XXVIIe) entrent en action entrela Lys et la merl.Sur l'Yser, tandis que la 42e D. I. progresse au nord de Xieuport,les Allemands assaillent vigoureusement Dixmude et parviennent à forcerle passage de la rivière à l'ouest de Keyem. Le front belge est bientôtsérieusement menacé. L'ouverture des écluses de Nieuport, qui inonde unelarge zone de terrain jusqu'au delà de Stuyvekenskerke (25-27 octobre),est prescrite juste à temps pour enrayer la poussée ennemie que Belges etFrançais ne contenaient plus qu'avec peine 2. L'inondation met pratiquementfin à la bataille de l'Yser.Entre l'Yser et la Lys, et particulièrement dans la région d'Ypres, actionset réactions se succèdent presque sans répit ; tout recul est suivi de riposte,tout progrès reste précaire. Le général Foch recherche la rupture deslignes ennemies dans la direction de Roulers pour se rabattre ensuite versCourtrai.Au sud de la Lys, l'attaque franco-britannique est complètementarrêtée3.

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Dans quelle mesure le général en chef partage-t-il la confiance de sonadjoint? Il semble, au cours des dernières journées d'octobre, passer pardes alternatives d'appréhension et d'optimisme.C'est ainsi qu'après avoir, le 2 4 , attiré l'attention du général Foch surl'intérêt qu'il y aurait à tendre des inondations d'eau de mer dans la plainecôtière des Moëres, au nord de Dunkerque4, il télégraphie, le 26, pourlui dire sa conviction qu'une offensive générale de toutes les troupes alliéesdans le nord permettrait d'obtenir, le lendemain, un succès important 5.A ce moment, en effet, des informations diverses montrent l'ennemiépuisé, engageant ses dernières réserves.«Les blessés allemands évacués de la région du nord paraissent engénéral très déprimés et commencent à ne plus croire à la victoire ; leur1 G. Q. G., 2ebureau. Compte rendu de renseignements n° 127,6 heures, 22 octobre Annexe 3182. 1914,* Cf. chapitre xi. :i Cf. chapitre XII. 4 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 5271, i6h 5, 24 octobre 19i4, Annexe3290.5G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch, 5.779, 22b50,2G octobre iqi4, Annexe3377.272 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.état d'esprit est tout différent de celui des blessés au commencement de lacampagne.« Sur différents points du front, les rapports des prisonniers laissentl'impression que l'enthousiasme du début serait bien tombé. On accorderaitpeu de confiance aux nouveaux renforts, dont 15 p. 100 sont trop jeunes,incapables de résister aux fatigues et à la maladie, et dont une partie,trop vieille, manque du feu sacréeA ces nouvelles d'un fléchissement du moral ennemi, s'en ajoutent

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d'autres, excellentes, venues, du front russe. Les armées du Tsar mènenten Pologne, une puissante offensive (bataille d'Augustowo) ; elles ont enfoncé,sur le San, les forces austro-hongroises, et vont contraindre lage armée allemande à un large repli sur la Warta.Le général en chef, cependant, doit continuer les envois de renforts versla bataille. Du 22 au 27 octobre, il met à la disposition du général Focli :l'état-major du 16e C. A. et la 32e D. I., prélevés sur la VIe armée; l'étatmajordu 32e C. A. et la 38e D. I., prélevés sur la Ve arméeMais le général Jofire s'inquiète de la consommation de troupes faitedans le nord et des conditions dans lesquelles elles sont engagées. Afin defaire face aux nécessités de la lutte, le général Foch se trouve amené àlancer dans l'action, pour des missions parfois d'une extrême urgence, lesunités qui lui arrivent, au fur et à mesure des débarquements. Un désordredes plus préjudiciables au bon exercice du commandement risqued'en résulter, et de constituer un sérieux danger.Le général Joffre recommande donc expressément de s'efforcer de nepas disloquer les unités et de reformer les groupements organiques chaquefois qu'il est possible de le faire3. Il recommande aussi, pour éviter confusionset à-coups, de bien fixer les zones d'action des différentes arméesalliées, surtout à l'arrièrel G. Q. G., 2e bureau. Compte rendu de renseignements n° i3o, 5.602, a5 octobre 1914,Annexe 3333.2 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à VI' armée, 4.6o8, 22 octobre 1914, Annexe 3184;au général Foch, 5.150, 24 octobre 1914, Annexe 3288; 6.426, 25 octobre 1914, Annexe3335 ; 5.865 et 6.o58, 27 octobre 1Q14, Annexes 3423, 3424.

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G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 5.424, 25 octobre 1914, Annexe 3335;5.865. 27 octobre iqi4. Annexe 3423.4 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 5.443, 25 octobre 1914.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 273LAGRAîfDGEUERR—E. 1, 4*VOL. 18L'acharnement de la bataille lui donne encore un autre sujet depréoccupation. L'opiniâtreté mise par les Allemands dans leurs attaquestémoigne de l'importance qu'ils attachent aux opérations en cours dansles Flandres. De fait, Dunkerque et Calais sont des points sensibles pourl'Angleterre comme pour la France; leur chute pourrait avoir les plusgraves conséquences pour la suite de la guerre.Le général en chef doit donc envisager, dans l'éventualité d'un échec àYpres, les conditions dans lesquelles pourrait être opéré le rétablissementde l'aile gauche des Alliés, de façon à conserver Dunkerque et lesports de la Manche.Il écrit à ce sujet, le 28 octobre, au général Foch :«La question s'est posée, à la Xe armée, d'utiliser les réfugiés belges etfrançais pour créer en arrière du front une organisation fortifiée.«Bien qu'un mouvement général de retraite des forces alliées ne soitpas à craindre et doive, même en cas d'infériorité, être évité à tout prix,il y a tout avantage à prendre des précautions de cette nature : les Allemandsnous en donnent l'exemple depuis le commencement de lacampagne.« Mais cette organisation ne doit pas être particulière à la Xe armée :elle doit découler d'un plan d'ensemble permettant de déterminer lestravaux à exécuter par chaque armée.«H semble que si l'hypothèse d'une retraite générale venait à se réaliser,il y aurait intérêt à ce que les Xe et IIe armées se rétablissent sur une lignepassant par les hauteurs au nord de la Somme, contournant Amiens au

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nord et à l'est et venant se rattacher, vers Albert, à la ligne fortifiéeoccupée actuellement par le centre et la droite de la IIe armée, qu'ilconvient de rendre absolument inviolable.« Cette position couvre efficacement notre principale ligne de communicationet se prête, dans de bonnes conditions, à la reprise de l'offensive.« Les Anglais et les Belges, ainsi que le détachement d'Urbal quicombat avec eux, chercheraient vraisemblablement à couvrir leur base deDunkerque, de Calais et de Boulogne. Ils viendraient à cet effet se replierdans le Boulonnais, tenant sensiblement la ligne Dunkerque, Watten,Montreuil 1. »1 G. Q. G. Lettre au général Foch, 6.165, 28 octobre 1914. Annexe 3450.274 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.En conséquence, le général en chef prescrit d'entreprendre l'organisationde ces lignes, avec des réfugiés belges et français, avec, si nécessaire, desfractions des troupes territoriales affectées aux armées au nord de l'Oise.En outre, il décide de renforcer la garnison de Dunkerque en lui affectantla 81e division territoriale1.Il modifiera et complètera ces instructions, quelques jours plus tard,en prescrivant la construction d'une ligne de défense en avant de Bergueset l'établissement d'une organisation défensive s'appuyant à la région deDunkerque, Saint-Omer, et se reliant, au nord d'Albert, aux positions dela IIe armée 2.** *Il ne s'agit là que de précautions, pour le cas où la bataille des Flandresaurait une issue défavorable. Mais, si le général en chef n'a pas de

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sérieuses alarmes à ce sujet, il ne croit plus guère à un développementfructueux de l'action offensive des Alliés.Dans une étude rédigée au 3e bureau du grand quartier général, etdatée du 22 octobre, on peut lire :«L'entrée en action d'importantes forces allemandes dans la région dunord nous empêchera vraisemblablement d'obtenir de ce côté le succèsdécisif que l'on avait espéré.« Selon toutes les probabilités, la cristallisation du front, qui s'estpropagée des Vosges à la région d'Arras, ne tardera pas à s'achever et lesdeux lignes adverses viendront s'appuyer à la mer entre Ostende et Dunkerque3.»Le général Joffre, d'ailleurs, ne perd pas de vue le projet, qu'il avaitannoncé dans sa note n° 1.1 69 du 6 octobre4, de déclancher des attaquesde rupture dès que les armées allemandes seraient fixées. Une premièretentative a même déjà été faite à Corbeny, le 12 octobre5, par la Ve armée,1G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch,6.473, 1 iho5, 29 octobre :1 1914. - G.Q.G. Lettres au général Foch, 1.53, 7 novembre 19x4; 2.040, 9 novembre 1914.Annexe 4080. - - - :1G. Q. G. 3* bureau. Notes et projets, étude, 22 octobre iqi4-2 54 G.Q.G. Note pour les armées, 1.169, 28 octobre 1914* Cf. chapitres xv et xvn.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 27518.et le général Foch a été invité, le 14, à faire étudier une action de cegenre dans la région sud d'Arras1.Maintenant, le moment approchant, sans doute, où l'ennemi sera fixésur l'ensemble du front occidental, le général en chef estime qu'il esttemps de prendre des mesures préparatoires. En conséquence, le 28 octobre,il prescrit aux IIe et Ve armées de retirer des lignes et de mettre enréserve, chacune, un corps d'armée entier: 20e corps d'armée à la

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Jlearmée, 1er corps d'armée à la Ve armée 2.Les événements de la fin d'octobre et du début de novembre nepeuvent que le confirmer dans la pensée que l'immobilisation du front estle seul résultat à attendre désormais des furieux combats qui se livrentdans le nord.En effet, l'offensive allemande s'intensiife. L'ennemi engage des forcesnouvelles (XVeC. A,, éléments du XIIIe C. A. et 6e division de réservebavaroise)5 et redouble d'efforts dans la région d'Ypres, où les lignesalliées forment un saillant.La bataille se trouve désormais ramassée dans l'étroite zone compriseentre Dixmude et Warneton; au nord, sur l'Yser, comme au sud, entreArmentières et Lens, le front est stabilisé.La lutte n'en est que plus violente et, le ier novembre, la situationdevient critique. Les Allemands, surexcités par la présence de l'empereurGuillaume II, signalée à Linselles, à l'ouest de Tourcoing4, multiplientleurs assauts et réalisent des progrès menaçants entre Ypres et la Lys5;notamment, ils réussissent à prendre pied sur les collines qui, dans larégion de Wytschaete, constituent les avancées immédiates des Montsde Flandres. Leur progression sur cette crête dominante pourrait1 Cf. plus haut.t G.Q. G. Ordres à II. armée, 6.106, 38 octobre 1914*Annexe 3447; — à V*armée,6. 14, 2 8 octobre 1914*Annexe 3448.ü. Q. G., a" bureau. Compte rendu de renseignements n° 136, 6.842, 5 heures, 31 octobre1914. Annexe 3623; — bulletin de renseignements n" 16, 5 heures, 1" novembre1914. Annexe 3684; — comptes rendus de renseignements n* 138, 249, 5 heures, 9 novembre4 1914. Annexe 3732; n° 140,707,5 heures, 4 novembre 101A.Annexe 3859. G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch, 55, 9h2o, 1" novembre 1914. Annexe3688.1 Cf. chapitre xm.

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276 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.provoquer la dislocation et l'effondrement du front des Alliés depuisNotre-Dame-de-Lorette jusqu'à la mer du Nord.Le général Joffre ne s'y trompe pas.Pour examiner sur place la situation, il se rend auprès du général Fochet décide de lui donner le 20e C. A., que la ? armée a reçu l'ordre demettre en réserve. Mais, le lendemain, la situation est améliorée par devigoureuses contre-attaques. Le 3 novembre, le général en chef se bornedonc à envoyer la 39e D. I. et conserve à Aubigny, en réserve générale,la lie D. I. et les éléments non endivisionnés du 20e C. A. l.Le général Foch demande alors à prendre des troupes à la Xe armée.Le général en chef l'y autorise, à contre-coeur, en spécifiant qu'il ne pourrapas remplacer les unités ainsi prélevées. Au reste, il précise qu'il ne fautplus compter sur l'envoi de renforts dans les Flandres, les ressourcesencore disponibles étant nécessaires pour le reste du front 2.Il est résolu à éviter toute nouvelle dépense d'effectifs dans une batailleà laquelle il ne demande plus que l'arrêt de la poussée allemande entrel'Yser et la Lys. Les moyens dont disposent les Alliés paraissent suffisantspour cela, les forces opposées dans le nord se faisant équilibre. D'ailleurs,si les Allemands montrent une grande âpreté dans leurs attaques, l'usurematérielle et morale de leurs troupes est incontestable'.Le général en chef a une autre raison pour économiser ses effectifs;il doit envisager le cas où l'ennemi découragé, devant Ypres, porteraitailleurs ses efforts.En conséquence, il écrit, le 4 novembre, au général Foch :« Les opérations entreprises sous votre direction dans le nord ont complètementdéjoué la manoeuvre de l'ennemi et enrayé son mouvementoffensif sur Ypres, malgré les forces accumulées par lui dans cette région4.1 G.Q. G. Télégrammes chiffrés à II* armée, a5, 1" novembre 1914. Annexe 3687; —5oo. 3 novembre iqiA.1 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 614, 3 novembre 1914. Annexe 3797;655 et 7^4, 4 novembre iqi4- Annexes 3801 et 3860.s G. Q. G., a* bureau. Bulletin de renseignements, 16, 5 heures, 1" novembre 1914.Annexe 3684; — compte rendu de renseignements n° 140, 707, 5 heures, 4 novembre

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1-Q144. Annexe 3859. A ce moment les forces allemandes identifiées entre Armentières et Dixmude représententla valeur de six corps d'armée environ.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 277LAGRANDGEUERR—E. 1, 4"VOL. 18 A« Mais, en raison même des effectifs réunis par notre adversaire et dutemps dont il a pu disposer depuis l'arrêt de son mouvement, il ne semblepas qu'une action de notre part dans la région Thourout, Roulers, puisseamener un résultat absolument décisif.« D'autre part, il est à craindre que l'ennemi ne cherche à masquer et àréparer l'échec subi par lui dans la région du nord par une tentative sur uneautre partie du front. »En effet, des embarquements de troupes allemandes ont été signalés àOstende et Thourout; le IIe corps d'armée bavarois a été retiré du front dePicardie et l'ennemi manifeste une activité inaccoutumée sur l'Aisne, enChampagne et en Lorraine. En particulier, il vient de remporter à Vaillyun succès local, mais sensible, qui a pour immédiate conséquence d'empêcherle regroupement du ier C. A. en réserve1.«Il est nécessaire, dans ces conditions, poursuit le général en chef, dereconstituer les réserves d'armées, qui, toutes, ont été dirigées vers lenord, de manière à pouvoir enrayer, si possible dès qu'elles se produiront,les tentatives ennemies, jusqu'au jour prochain où la situation de nosmunitions nous permettra de prendre énergiquement l'offensive dans desrégions convenablement choisies.«Je vous prie, en conséquence, d'examiner les points suivants :« 10 Maintenir l'ennemi qui est devant vous par un minimum de forces,eu utilisant les ressources de la fortification comme sur les autres parties

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du front.«2° Récupérer le plus de forces disponibles.«Il importerait tout d'abord de dégager les éléments du 20e corpsd'armée de façon à reconstituer, le plus tôt possible, ce corps d'armée.« On pourrait ensuite récupérer une division active, sinon un corpsd'armée, au fur et à mesure de la reconstitution de l'armée belge et durenforcement de l'armée anglaise.« 30 Préparer le transport d'un corps de cavalerie vers notre ailedroite, de façon à pouvoir disposer, le cas échéant, d'une masse decavalerie sur cette partie du front.1Cf. chapitres xv et xvn.278 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.«Toutes ces mesures ne devront être effectuées, bien évidemment,que lorsque vous jugerez vous même le moment venu de procéder à leurexécution, sans troubler le développement de la manoeuvre actuellementconfiée à vos soins et qu'il vous est loisible de poursuivre avec les forcesmises actuellement à votre disposition 1. »** *Ainsi, à cette date du 4 novembre, le général en chef estime que lesopérations dans les Flandres n'ont plus pour objet que la consolidationdu front, avec le plus d'économie possible. Ses préoccupations se portentmaintenant sur la reconstitution rapide des réserves de manoeuvre, pourpermettre le déclanchement d'actions de rupture et le réajustement dudispositif général de ses forces à la situation qui va résulter de la stabilisation.Mais, il lui faut bientôt le reconnaître, dans les Flandres, les Alliésne sont pas au bout de leurs peines et les Allemands de leurs efforts.Ces derniers, pendant une dizaine de jours encore, vont s'acharnercontre les flancs du saillant d'Ypres. Pour emporter cet obstacle, qui barrel'étroit couloir par où ils pourraient se ruer vers Calais, ils engagentencore le 11e corps prussien, le Ille C. R, rappelé de Nieuport, deséléments du IIe corps bavarois et du Ve C. R. 2.Loin de pouvoir récupérer des unités, le général en chef doit enenvoyer de nouvelles au général Foch, et d'abord le reliquat du 20e C. A.qu'il avait si soigneusement réservé.Puis, tour à tour, prennent le chemin des Flandres:— le 26e division, prélevée sur la IIe armée;— deux régiments d'infanterie et six bataillons de chasseurs, prélevés

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sur la VIe armée ;1G.Q.G. Note au général Foch, 769, 4 novembre 1914 Annexe 3863.i G.Q.G., a* bureau, Bulletin de renseignements, 1.130,5 heures, 6 novembre 1914.Annexe 3936; — comptes rendus de renseignements n° 144, 1.638, 5 heures, 8 novembre1914. Annexe 4035; n° 145, 1.854,5 heures, 9 novembre igi4- Annexe 4071;n° i46, 2.069, 5 heures, 10 novembre igi4. Annexe 4111; n° 147, 2.280, 11 novembre1914. Annexe 4174; n° i48, 2.562, 5 heures, 12 novembre 1914. Annexe 4216; n° 149,2.865, 5 heures, 13 novembre 1914. Annexe 4246; n° i5o, 3.o84, 5 heures, 14 novembre1914. Annexe 4269.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE X. 27918 A.- une brigade marocaine, prélevée sur la Ve armée;- une brigade d'infanterie et quatre bataillons de chasseurs, prélevéssur les Ille et Ire armées.En outre, le général Foch engage la 81e division territoriale, qui avaitété affectée à la garnison de Dunkerque1.Enfin, pour empêcher l'ennemi de dégarnir son front en Picardie, laIIe armée reçoit l'ordre d'effectuer des actions offensives répétées2.Le général en chef a donc, depuis la mi-octobre, renforcé les unitésfrançaises engagées alors dans les Flandres (7 divisions de cavalerie,2 divisions territoriales, la brigade de fusiliers marins) avec 9 divisionsd'infanterie, 1 division territoriale, 2 brigades d'infanterie, 2 régimentsd'infanterie, 10 bataillons de chasseurs et 16 régiments de cavalerie.Un tel effort a épuisé les ressources des autres fronts, et pèse lourdementsur la situation générale. Le danger serait sérieux, si les Allemandslançaient, avec des moyens plus importants, une nouvelle attaque dans legenre de celle qu'ils viennent de déclancher à Vailly.Aussi, tout en expédiant les derniers renforts, le général en chef ne perdpas de vue l'obligation de se préparer à faire face aux nécessités d'unproche avenir. Il en prévient le général Foch qui, dans son inaltérable etardent optimisme, se montre toujours désireux de recevoir de nouveauxmoyens et de les employer offensivement.Il lui fait savoir que les troupes mises encore à sa disposition sont les

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dernières réserves partielles des diverses armées; celles-ci n'ont plus quele strict nécessaire. Il lui recommande de n'user de ces ressources qu'avecparcimonie, en cas d'absolue nécessité; de les employer de préférence àla relève des éléments les plus fatigués pour reconstituer ces derniers auplus tôt, en vue de leur emploi ultérieur; il se préoccupe, en particulier,de la reconstitution des corps de cavalerie. Il demande à être tenurégulièrement au courant des forces engagées, des pertes, des réserves1 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 1.204, 6 novembre 1914. Annexe3937; 1,901 et 1.902, 9 novembre 1914. Annexes 4073 et 4074; -- à II" armée,2.214, 10 novembre 1914. Annexe 4114; - à I" armée, 2.217 et 2.243, 10 novembre1914. Annexes 4117 et 4120; — à V- armée, 2.216, 10 novembre 1914. Annexe 4116;— à II* armée, 2.24-4.-, 10 novembre lQ1la.« Annexe 4122-:, 2.5n6. 12 novembre IOIA. 2 ---, - , -- --- - - - j -- - G. Q.G. Télégramme chiffré à n' armée, 1.927, 9 novembre 1914. Annexe 4075.280 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.disponibles. Il attire, en outre, l'attention du général Foch sur le fait quel'armée britannique vient de recevoir, de son côté, vingt-et-un bataillonset 19.000 hommes de complément1.Il rappelle, enfin, ses prescriptions antérieures touchant l'ordre àmaintenir ou à rétablir, autant que faire se peut, dans le dispositif desforces engagées. Les groupements constitués pour une mission particulière,en disloquant les liens tactiques, ne doivent avoir qu'uneexistence momentanée; il importe de reformer, dès que possible, corpsd'armée, divisions et brigades, suivant leur composition normale 2.La résistance finit par l'emporter sur l'attaque. Les Allemands sontcontenus et, à partir du i3 novembre, leurs assauts se font plus rares etmoins violents3.Tranchées et réseaux se multiplient, et le front se fixe suivant la lignegénérale: La Bassée, abords est d'Armentières, Messines, Gheluvelt,Bixschoote, l'Yser.La guerre de siège règne désormais sur tout le front occidental.** *La Bataille des Flandres a, de la mi-octobre à la mi-novembre 1914,absorbé la totalité des disponibilités du front occidental. Pour entretenircette bataille, le général Joffre, comme son adversaire du reste, a prélevé

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largement sur toutes les armées stabilisées, qui se sont trouvées, de cefait, à peu près réduites à l'impuissance.En quatre semaines, les Alliés ont engagé dans la zone de 5o kilomètresde large (environ la quinzième partie du front total) qui s'étend dela Lys à la mer du Nord :— l'armée belge;1 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 1.457, t.48o et 1.500, 7 novembre1914. Annexes 3989 et 3990; 1.977, 9 novembre 1914. Annexe 4076; 2.2i5, 10 novembre1914. Annexe 4115; 2.326, 2.482 et 2.5x4, 11 novembre 1914. Annexe 4176.S G. Q.G. Télégramme chiffré au général Foch, 1.678, ioh55, 8 novembre 1914. Annexe4036.s Cf. chapitre xiv.TOME I, 4' VOL. — TROISIEME PARTIE. — CHAPITRE X. 281— la valeur de deux corps d'armée et trois divisions de cavalerie britanniqu—es la va leur d'environ six ; corps d'armée, trois d'"ivisions territoria l1eset sept divisions de cavalerie de troupes françaises.Soit une masse d'une trentaine de divisions d'infanterie et d'une dizainede divisions de cavalerie, alors qu'au milieu de novembre, sur le restedu front (700 kilomètres environ de La Bassée à la Suisse) il y a la valeurde 75 à 80 divisions d'infanterie et de 2 à 3 divisions de cavalerie.Les effectifs engagés par les Allemands dans la bataille des Flandresparaissent avoir été sensiblement comparables.Mais les Allemands avaient toute facilité et toute sécurité au point devue communications tandis que, pour les Alliés, une telle concentrat ionde forces, dans une région excentrique, à l'extrémité d'un front trèsétendu, n'allait pas sans danger. Le général en chef ne disposait, en effet,pour communiquer avec les Flandres que de deux grandes voies ferréesdont une (Paris, Amiens, Béthune) passait à courte distance du front et

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se trouvait à la merci d'un fléchissement de la IIe ou de la Xe armée.Si le général Joffre consentit à courir de tels risques c'est qu'ils étaientla condition nécessaire d'une partie dont l'enjeu était capital. Le dernierespoir de terminer rapidement la guerre était de briser par la force l'ailedroite allemande dans la seule région où elle n'était pas encore accrochéeau terrain. Et si l'ennemi réussissait à être supérieur en nombre, le seulmoyen de faire échec à son effort suprême était de lui barrer la route desports de la Manche.Après que le front eut été stabilisé au sud de la Lys et que la ligne del'Yser se fut montrée infranchissable, les deux adversaires se trouvaientobligés de concentrer leurs efforts dans le secteur central, autour d'Ypres,massif de bois et de collines, qui donne accès aux monts des Flandres.La conquête de cette position essentielle, puis une poussée menée d'est enouest, suivant la ligne de ces hauteurs, aurait pu permettre aux Allemandsde briser le front allié et de mettre en péril les unités belges, britanniques etfrançaises, engagées dans les plaines basses de la Lys et de l'Yser. Il leuraurait été possible d'atteindre ainsi Dunkerque et Calais et, à travers leBoulonnais, de développer la manoeuvre d'aile, idée maîtresse de leur plande campagne. Mais les Alliés ont réussi à contenir les assauts ennemis et, si« l'immobilisation du frontIl ne représente pour eux qu'une demi-victoire,282 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.leur propre manoeuvre d'aile n'ayant point abouti, l'échec est très net pourles Allemands : échec stratégique, puisque leur plan de guerre, qui tendaità la rapide mise hors de cause de l'armée française, est désormais caduc;échec tactique, car ils n'ont réussi qu'à prendre pied, de façon précaire,

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sur les premiers mouvements de terrain couvrant les monts de Flandre.Les Empires Centraux, maîtrisés sur terre, dominés sur mer, sontdésormais en position d'assiégés et quasi investis.Comme on l'a fait remarquer au début de ce chapitre, la bataille desFlandres, malgré la diversité des opérations, présente une unité incontestable, procède d'une même volonté. Les différents combats réagissent lesuns sur les autres et sur la conduite générale de la lutte. Il est doncindiqué de les présenter, non seulement dans le cadre des divers secteurs,mais aussi dans leur ordre chronologique, en suivant le développement dela bataille d'ensemble.A cet égard, quatre phases principales peuvent être distinguées :-jusqu'au 1 7 octobre, les préludes de la bataille des Flandres ;- du 18 au 26 octobre, la bataille de l'Yser et les offensives francobritanniquespartant de la région d'Ypres en direction de Gourtrai ;- du 27 octobre au 4 novembre, la bataille d'Ypres;- du 4 au 14 novembre, la lin de la bataille d'Ypres et la stabilisationdu front.Les quatre chapitres qui suivent correspondent à ces différentes phases.CHAPITRE XI.LES PRÉLUDES DE LA BATAILLE DES FLANDRES(ler-17 OCTOBRE 1914).(Cartes 22, 2 5, 29 et 30.)I. —L'ARMÉEBELGEJUSt.:'L'ÀSONARRIVÉESURL'ÏSER(l"-12 octobre).Repli de l'armée belge sous Anvers — Appel au secours du gouvernement belge.Les deux thèses en présence: l'utilisation de l'armée de campagne belge à la défensed'Anvers ou sa coopération à l'action générale des armées alliées (3o septembre-5 octobre)— L'armée belge sort d'Anvers (7 et 8 octobre); la place succombe (g octobre) —Transfert de l'armée belge en France. Intervention du général Joflre (10-11 octobre) —Maintien de l'armée belge sur le territoire national; sa participation à la manoeuvre alliée(11-13 octobre).

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IL - INSTALLATIODNEL'ARMÉBEELGESURL'YSER(14-16 octobre).Situation le 14 an matin — L'arrivée sur l'Yser et l'organisation de la résistance( 15 et 16 octobre).Ill. - ORGANISATIDOUNPOINTD'APPUID'YPRES( 12-19 octobre).Les territoriaux à Ypres et Poperinghe (12-15 octobre) — Renforcement du groupementd'Ypres (14-17 octobre) — Le groupement Bidon du 17 au 19 octobre.IV. - ORGANISATIODNU CAMP RETRANCHÉDE DUNKERQUEET APPEL DES RENFORTS( 13-16 octobre).V. - ACTIONCONCERTÉEDE LAX*ARMÉEET DE L'ARMEEBRITANNIQUE À L'AILE GAUCHE(ili-i8 octobre).I. - L'ARMÉE BELGE JUSQU'À SON ARRIVÉE SUR L'YSER( 1er-l 2 OCTOBRE).Après la chute de Liège, l'armée belge s'était retirée dans le campretranché d'Anvers, que le haut commandement belge croyait pouvoirconserver si les gouvernements français et anglais lui apportaient une aide284 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.sérieuse et immédiate : «Gouvernement belge croit devoir appeler toutel'attention du gouvernement français sur gravité de la situation; il le suppliede prendre en considération service que Belgique a pu rendre etque France a été la première à reconnaître et, dans cette circonstancecritique, il lui demande aide et protection 1.»Le gouvernement anglais est saisi d'une demande analogue.Le ministre de la Guerre, en avisant le général Joffre de cette démarche,lui fait valoir « l'intérêt politique de premier ordre qui s'attacheà répondre à l'appel de la Belgique ». Il exprime l'intention de faire débarquerà Ostende la 87e division territoriale (au Havre et destinée à Dunkerque),avec mission de se joindre aux troupes navales anglaises2 quiopèrent déjà sur le littoral belge5.Le général Joffre ne partage pas cette opinion. Il se refuse à « distrairedes troupes françaises de l'action générale dans laquelle elles sont toutesengagées pour les envoyer au secours de l'armée belge D. A son avis,il faudrait faire sortir d'Anvers toute l'armée de campagne et y laisserseulement la garnison indispensable pour la défense de la place.Un peu plus tard, il expose au ministre, pour qu'il en informe le roiAlbert, et Il lui seul., les mesures qu'il a prévues pour recueillir l'armée

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belge à sa sortie d'Anvers : d'une part, des troupes françaises partant deDunkerque vont être dirigées dans la région de Courtrai pour agir aveccette armée, au cas où celle-ci serait amenée à se retirer vers Bruges etOstende; d'autre part, des forces franco-anglaises, comprenant une nombreusecavalerie française, garniront toute la région Arras, Douai, Lille,Courtrai, pour assurer éventuellement la sécurité du flanc et des derrièresde cette armée. Une fois ce dispositif réalisé, celle-ci se trouverait à l'ailedes armées alliées et en contact intime avec elles.Cet exposé des opérations que le général Joffre se propose d'exécuter1 Ministère de la Guerre. Télégramme chiffré à G. Q. G., i537/G., ih a5, i" octobre,Annexe 1747.4 Une s brigade de marins. Ministère de la Guerre. Télégramme chiffré à G. Q.G., i534/G, Ih40, 1" octobre,Annexe 1747.G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, n* 47; 10 a5, 1" octobre, Annexe1751.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 285dans le nord de la France et sur le territoire belge l, ne répond qu'imparfaitementà la question de l'envoi, dans le plus bref délai, de troupesde secours à l'armée belge. Aussi, le Ministre insiste-t-il pour qu'unedivision territoriale soit dirigée sur Ostende. Le général Joffre lui répond: «Au point de vue appui matériel eiffcace pour l'armée belge,envoi d'une division territoriale à Ostende est une illusion »; néanmoins,le généralissime accordera le genre d'aide sollicité si la demande émaneréellement du gouvernement belge 2.De son côté, le gouvernement britannique, répondant à l'appel de laBelgique, se montre disposé à renforcer la défense d'Anvers. Il y consacreraitvolontiers une division d'infanterie avec une force de cavalerie 3,mais sous réserve que le contingent de secours que les français enverraient,

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soit composé de « troupes de toute première qualité ». Ce gouvernementconsidère, en effet, la levée du siège d'Anvers comme une opérationd'une importance telle « qu'elle vaut tous les efforts et même quelquesrisques4 ».Cette attitude du gouvernement de Londres détermine le ministre de laGuerre à demander, le 2 octobre, au commandant en chef s'il peut préleversur ses armées la valeur d'une division active (brigade de fusiliersmarins,troupes actives de Dunkerque ou même de Belfort) pour la dirigersur Anvers. Il propose, en outre, pour répondre au désir du gouvernementbelge, d'envoyer le général Pau en mission à Anvers5.Le général Joffre, renouvelant ses déclarations de la veille, se refuse àdistraire du front de bataille des troupes actives françaises ou britanniques.Il souligne le danger qu'il y aurait à laisser enfermer l'armée belge de campagnedans Anvers et insiste encore pour que cette armée coopère à l'action1 G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, n° 47, ioha 5, 1" octobre, Annexe1751.1 Ministre de la Guerre. Télégramme chiflré à G. Q. G., i54i/F, 17 heures, 1" octobre,Annexe 1749; — G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, ao3, 21 heures,1 octobre.5 7* D.I.W. (général Rawlinson) et 3*D.C.W. 4 (général Bvnd. disponibles en Angleterre. Ministre de la Guerre. Télégrammes chiffrés à G. Q. G., 12 i5, i55o/G; 1 h 30,2 octobre, Annexes 1820 et 1821.1 Ministre de la Guerre. Télégramme chiffré à G. Q. G., 1551/G, 12M0, 2 octobre,Annexe 1822.286 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.générale en prenant place à la gauche des armées alliées, dans la régionde Gand. Il ajoute : « D'ailleurs la manoeuvre en cours d'exécution qui

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comporte la réunion de forces importante dans la région de Courtrai ,Lille, Hazebrouck, est la meilleure aide que nous puissions apporter àl'armée belge1 ».En ce qui concerne la division territoriale du Havre (87e D. T.) et labrigade de fusiliers-marins de Paris (brigade Ronarc'h), il est d'avis detransporter la première vers Ostende et la deuxième vers Anvers.L'envoi du général Pau à Anvers ne présente à ses yeux que des avantages.Cet officier général devra donner au haut commandement belgeIl toutes les indications de nature à assurer une coopération aussi complèteque possible des armées belges et françaises » et, en particulier, tous lesrenseignements devant permettre aux forces belges sorties d'Anvers « decontinuer leurs efforts vers le sud-ouest avec les forces alliées 2 ».Les 4 et 5 octobre, les négociations entre les gouvernements alliés sepoursuivent pour la constitution d'un corps expéditionnaire franco-anglaisdestiné à secourir Anvers8.Le gouvernement britannique désigne le général Henry Rawlinson,commandant la 7e D. I. W., pour prendre le commandement de ces forces,dont la composition serait la suivante :a Troupes françaises : 87e D. T. ( i5.ooo hommes) devant arriver àOstende entre le 6 et le 9 octobre; brigade Ronarc'h (8.000 hommes)dont les transports par voie ferrée de Paris à Dunkerque commencerontle 7 octobre.b Troupes britanniques : 7e D. I. W. (18.000 hommes) et 3e D. C.W.1 G. Q. G. Télégramme à ministre de la Guerre, 17h40, à 18" io, 4oi, 2 octobre,Annexe 1835.2 Ministre de la Guerre. Télégramme chiffré à G. Q. G., 1562, 10 heures. 3 octobre. —G. 0. G. à général Pau, ordre de mission, 5 octobre, Annexes 1900 et 2109.L'initiative de cette opération appartient au gouvernement anglais; ni le général Joffre,ni le maréchal French, ne s'en montrent partisans. Ceux-ci sont en effet convaincus que lemeilleur moyen de secourir Anvers n'est pas d'y envoyer des renforts mais de poursuivre leplus rapidement possible le plan d'opérations actuellement en cours: regroupement de latotalité des forces anglaises dans le Nord, en vue de déborder l'aile droite ennemie. —

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Cf. Annexes 2339 et 2401 (Mission Huguet, message téléphoné à G. Q. G., 23 heures,7 octobre. — G. Q. G., message téléphoné à mission Huguet, 1675, 8k 45, 8 octobreTOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 287(4.000 hommes) attendues à Zeebruge les 6 et 7 octobre; un détachementnaval de 8.000 hommes1 déjà débarqué2.** *La réalisation de ce plan de secours d'Anvers, élaboré par le gouvernementbritannique en dehors du général Joffre et du maréchal French,exige que la place résiste jusqu'à l'arrivée des forces alliées à pied d'oeuvre.Or, à partir du 7 octobre, les nouvelles reçues d'Anvers sont de plusen plus inquiétantes.A cette date, le ministre de France en Belgique signale que la situationest «très grave". Dans les milieux gouvernementaux anglais et belges,l'opinion générale est que l'artillerie ennemie, nombreuse et puissante(200 pièces), aura « à bref délai raison de la place3 ».Quelques heures plus tard, le général Joffre apprend que la ligne principalede défense d'Anvers est forcée et que le conseil de la défense, présidépar le roi, a décidé le transfert du gros de l'armée belge sur la rive gauchede l'Escaut4.Ces graves événements déterminent le gouvernement britannique àdemander au gouvernement français d'accélérer le transport de ses troupesde secours sur Ostende et de les faire renforcer, si possible, par une deuxième division territoriale.Le général en chef, invité par le ministre à donner son avis à ce sujet,répond qu'il a prescrit l'envoi de la 87e D. T. dans la région de Poperinghe« avec mission entrer en liaison avec forces belges »; qu'en outre, un détachementde 6.000 fusiliers-marins, attendu dans la soirée à Dunkerque,sera immédiatement dirigé sur Anvers. Toutefois, il précise, en priant leministre d'attirer l'attention des gouvernements belge et anglais sur ce1 Ce détachement comprend 3 brigades de marins, les deux dernières débarquées le5 octobre.* Mission Huguet. Message chiffré à G. Q. G., 3ih 4o,k octobre. — Ministre de la Guerre.Télégrammes chiffrés à G. Q. G., 1583/G, 13h45; 1579fG, i4hi5; i58o/G, 17h5,5 octobre,

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Annexes 2106, 2107, 2108.s Ministre de la Guerre. Télégramme chiflré à G. Q. G., 159MG, qh20, 7 octobre,Annexe 2312.Ministre de la Guerre. Télégramme chiffré à G. Q. G., i5g6/G, 14h i5, 7 octobre,Annexe 2313.288 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.point, « que ces mouvements sont uniquement destinés à faciliter sortieimmédiate de l'armée de campagne et sa jonction avec forces alliées1 ».Le 8 octobre, l'armée belge accentue le mouvement de retraite entaméla veille et prend, avec le corps de marine britannique, la direction deBruges. Le général Rawlinson, arrivé dans cette ville pour y prendre lecommandement des forces franco-anglaises débarquées à Dunkerque,Ostende et Zeebruge, s'efforce d'entrer en liaison avec l'armée belge et defaciliter sa retraite 2.Si l'abandon définitif d'Anvers par l'armée belge répond aux désirs dugénéral en chef, en revanche, la direction de retraite de cette arméeenlève tout espoir de la voir participer aux prochaines opérations. Legénéral Pau attire l'attention du commandement belge sur le risque quecourt cette armée, en se repliant sur Bruges et Ostende, d'être acculée à lamer et d'être coupée des forces alliées. Il insiste pour que la retraite aitlieu en direction de la frontière française entre Dunkerque et Lille, ens'appuyant sur la Lys.De son côté, le général Joffre demande au ministre de la Guerre d'obtenirque l'armée belge aille prendre position vers Deynze, Thielt, Courtrai,couverte à gauche par sa cavalerie et à droite par des détachements surl'Escaut. « Elle se trouverait ainsi en liaison étroite avec les armées alliéesdont la gauche est vers Lille, et se réserverait une zone suffisante pourmanoeuvrer ultérieurement de concert avec ces armées, lorsqu'elles déboucherontde l'Escaut vers l'est s. »** *L'armée belge n'a déjà plus la liberté de ses mouvements : elle estattaquée, le 8 octobre, sur son flanc droit, au sud de Termonde et de1 G. Q. G. Télégramme chiflré à ministre de la Guerre, 1481, 191120, 7 octobre, Annexe2331.

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1 Ministre de la Guerre. Télégramme chiffré à G. Q. G., i6o5/G, oh 55,8 octobre. Annexe2396.a G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, 1642, 13'35, 8 octobre, Annexe2408.TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 289LAGRANDGEUERR—E. 1, 4"VOL. 19Gand. Des partis ennemis sont signalés depuis plusieurs jours dans la régionau sud-est de Gand 1.Les Allemands apparaissent devant cette ville le 9 au matin. Un vif engagement,auquel prennent part la brigade Ronarc'h et un détachementanglais de la 7e division, a lieu à Melle mais le combat cesse bientôt.L'ennemi, surpris par cette résistance, ne poursuit pas son effort. Il n'estpas d'ailleurs à ce moment en situation d'agir énergiquement, car le grosde ses forces est encore devant Anvers, qui succombe le 9 au matin 3.La chute d'Anvers rend disponible d'importantes forces allemandesdont l'entrée en action prochaine peut être envisagée, d'abord contrel'armée belge et les détachements franco-brilanniques qui l'appuient, puiscontre les armées françaises et anglaises qui opérent dans le nord.La première mesure à prendre pour faire face à la situation est d'organiserle commandement des forces alliées. Des contestations se sont eneffet élevées entre les gouvernements français et britannique à propos dela coordination de l'action des différentes armées opérant dans le nord.Le général Joffre estime que la question pourrait être réglée sur lesbases suivantes: à l'avenir, toutes les troupes anglaises (y compris le corpsRawlinson) seront placées sous le commandement unique du maréchalFrench ; toutes les troupes françaises opérant dans le nord 4 sous les ordresdu général Foch; enfin, toutes les troupes belges sous l'autorité de leur

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2 GénéralPau. Télégramme chiffré à G. Q. G., 173, 2h7, 9 octobre, Annexe 2483. Dans la journée du 8, le général Pau a suspendu le transport de la brigade Ronarc'h surAnvers et l'a orientée sur Gand. Elle débarque dans cette ville le 8 et dans la nuit du 8 au 9.La 7*division britannique y arrive le 9. 3 Anvers a été occupé par les Allemands à la suite de la destruction des forts 1 à 5 de laligne extérieure. Tous les approvisionnements (matériel, munitions, vivres, essence) avaientété préalablement détruits et la garnison anglo-belge évacuée, ainsi que l'artillerie, saufquelques gros canons français.Cf.Gouverneur de Paris. Message téléphoné à G. Q. G. (2* bureau), 10 heures, 9 octobre.— Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 23h 10, 9 octobre, Annexes 2492, 2489.— Ministre de la Guerre à G. Q. G. Communication du télégramme 179 de l'attaché militaireen Belgique, 20 heures (réception), 10 octobre.Les troupes d'occupation (2* division belge, détachement naval anglais, troupes de forteresse)se replient vers l'ouest pour rallier l'armée de campagne établie à l'ouest du canalde Terneuzen ; leur mouvement s'exécutera dans de bonnes conditions sous la protection desforcesfranco-anglaises(corps Rawlinson et brigade Ronarc'h). *A1exception de labrigade de fusiliers-marins, qui restera auxordres du général Rawlinsonjusqu'à sa rentrée dans les lignes françaises.290 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.roi auquel est adjoint, comme conseiller technique, le général Pau. Cespropositions sont approuvées par les gouvernements1.Il importe en outre de savoir ce que fera l'armée belge. Se conformerat-elle, pour la direction et l'ampleur de son mouvement de retraite, auxsuggestions qui viennent de lui être faites et sera-t-elle en mesure de participerà l'offensive générale aux côtés des armées franco-britanniques ?

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Deux télégrammes du général Pau, expédiés le 10 octobre, renseignentle général en chef sur les points.Le premier montre l'armée belge hors d'état de combattre : « Je n'ai paspu réussir à faire diriger armée belge selon votre désir. La préoccupationd'éviter le contact ennemi, aussi complètement que possible, a dominé etelle est ce soir région Thourout, Dixmude, Ostende; se repose2 ».Le second télégramme précise qu'au cours d'une séance d'un conseilmilitaire présidé par le roi, « il a été décidé que armée belge poursuivraitson mouvement de retraite et franchirait frontière pour gagner régionsud-ouest de Calais, Saint-Omer H. Le général Pau assistait à la séance et acru devoir « insister pour exécution rapide, en raison situation critique ».Il informe le général Joffre que: « Gouvernement belge a intention gagnerle Havre. Président du Conseil doit incessamment télégraphier à gouvernementfrançais pour notifier officiellement ses intentions et provoquertoutes mesures nécessaires pour installation armée et gouvernement enFrance3 J).Le commandant en chef s'élève aussitôt contre cette décision. Il estimeen effet que l'armée belge ne doit pas renoncer, sans y être contrainte parl'ennemi, à coopérer avec les forces alliées à la défense de son territoire.Il télégraphie au Ministre : «Je ne puis admettre que, dans lescirconstances présentes, armée belge se retire dans région sud-ouest Calais,Saint-Omer, où elle serait complètement inutilisable ». Par la force deschoses, le général Joffre se trouve donc amené à poser la question du1 Ministre de la Guerre. Télégrammes chiffrés à G. Q. G., 1611/G et 1616/G, 2 heureset 15h5. — G. Q. G, Télégrammes chiffrés à ministre de la Guerre, 1880 et 1925,

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14 heures et 18 heures, q octobre, Annexes 2472, 2473, 2477, 2479.2 Général Pau. Télégramme chiffré à G. Q. G., 181, 18 heures, 10 octobre, Annexe2552.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 2188( de la part du général Pau), 3 heures,11 octobre, Annexe 2615.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 29119.commandement d'une armée dont le roi est le chef suprême: il faut que« la question du commandement de cette armée soit résolue au plus tôtet qu'elle puisse recevoir directement mes instructions 1. »En attendant, le général Pau aura désormais à prendre les ordres dugénéral Foch qui a reçu des directives « au sujet emploi immédiat arméebelge». Celle-ci, d'après sa situation le 10 au soir, pourrait être avantageusementdirigée vers la région d'Ypres, Poperinghe « où elle serait enliaison immédiate avec les forces anglaises et françaises ». Au cas où lasituation se modifierait, le général Foch donnerait de nouveaux ordres2.** *Lorsque ces instructions parviennent à Ostende, le général Pau en estdéjà parti. Il est en route pour Dunkerque, Calais et Boulogne, afin d'yrégler lui-même les détails d'installation des troupes belges. Avant de quitterle quartier général belge, il a cependant informé le général Jofïre qu'unedivision belge transportée en chemin de fer débarquerait le jour même àCalaisLe repli général décidé à Ostende est donc déjà commencé. Or, letransport simultané, par voie ferrée, des armées belges et britanniquevers des régions très proches l'une de l'autre n'est pas sans inconvénients,la rapidité exigée pour les transports britanniques occasionnant déjà de

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sérieuses difficultés techniques. Le général Joffre prescrit donc sur-lechampau général Pau de « suspendre tout mouvement par voie ferrée quine serait pas concerté au préalable avec commission de réseau du nordà Paris et risquerait de compromettre gravement les transports actuellementen cours,. Il l'invite à arrêter les trains déjà partis qui ne devrontpas dépasser Dunkerque où les troupes belges seront débarquées4.En outre, recevant communication de la déclaration du gouvernement1 G. Q. G. Télégramme chiflré à ministre de la Guerre, 2216, 8h 5o, 11 octobre, Annexe2 2616. G. Q. G. Télégrammes chiffrés à ministre de la Guerre, 2216, 8h 5o, 11 octobre; —àgénéral Pau, 2221, q' i o,; — à général Foch, 2222, 9U10, il octobre, Annexes 2616,26137, 2618. Général Pau. Télégrammes chiffrés à G. Q. G., 8b 48 et 9 heures; — 9h 3o, 11 octobre,Annexe 2630.G. Q. G. Message téléphoné à général Pau, 2311, 14 heures; — télégramme chiffré àgouverneur Dunkerque, 2358. 18 heures, 11 octobre, Annexes 2621 et 2623.292 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.belge qui sollicite pour son armée un repos de quelques jours en territoirefrançais, le général Joffre attire de nouveau l'attention du ministrede la Guerre sur cette demande : « S'il est tout naturel que le gouvernementbelge cherche un abri sur notre territoire à distance de l'ennemi, il nesemble pas possible d'admettre que l'armée belge abandonne son propreterritoire et ne coopère pas à sa défense en même temps que les arméesalliées. Elle peut le faire d'autant plus facilement qu'en se portant dans larégion entre Ypres et la mer, elle est à même d'être très efficacementsoutenue et ne peut y être sérieusement attaquée » ; il conclut : « Je considèredonc comme indispensable que l'armée belge puisse coopérer avecles forces alliées1 ».De son côté, le général Foch, dès qu'il est avisé des décisions prises àla conférence d'Ostende, envoie, au début de l'après-midi du 1 i, ses instructionsau général Pau; il le charge d'agir auprès des autorités belges

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pour limiter à Ostende, ou tout au moins à Dunkerque, le recul voulu del'armée belge et pour amener celle-ci à rentrer en ligne prochainement,c'est-à-dire lorsque les opérations en cours auront porté les forces francoanglaisesen territoire belge.Le général en chef confirme ces directives et prescrit au général Pau :« Vous invite vous conformer aux instructions du général Foch relativesà réunion armée belge au sud Ostende, avec cette ville comme base, ou,au plus loin, au sud Dunkerque, avec cette ville comme base2 ».Cette recommandation est inutile. Déjà le roi a pris la décision de maintenirson armée sur son territoire national. L'armée belge rassemblera sessix divisions d'armée, à partir du 12 octobre, dans la région de Nieuport,Furnes, Dixmude; sa concentration sera couverte par la cavalerie belge(2 divisions), les troupes britanniques du général Rawlinson et les fusiliersmarinsfrançais; sa base de ravi taillement sera Dunkerque3.1 Ministre de la Guerre. Télégramme chiffré à G, Q. G., i63o/G, 9h45; — G. Q. G.Message téléphoné à gouverneur Dunkerque, 303, 1ih 45; — télégramme chiflré à ministrede la Guerre, a 3o5, 14 heures, 11 octobre, Annexes 2611, 2620 et 2622.! G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 2371, îg1120; — à général Pau, 2370,19bao, 11 octobre, Annexes 2624, 2625. — Général Foch. Télégramme chiffré à G.Q.G.,3631. 14b 5, 11 octobre.3 Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., S. C. 74, Igl140; — message téléphonéà G. Q. G., 23 heures, 11 octobre, Annexes 2638 et 2641.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 293LAGRANDGEUERR-E. I, 4*VOL. 19 ALa question du commandement de l'armée est également résolue. Dansla nuit du 1 i au 1 2, le Roi télégraphie au colonel d'Orjo, son officier deliaison auprès du général Joffre: « Le souverain, d'accord avec le gouvernement,entend conserver le commandement de l'armée belge, quel quesoit son effectif. Mais, profondément pénétré de la nécessité de l'unitéd'action des forces alliées, il serait heureux que le généralissime agisse visà-

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vis de l'armée belge comme il agit vis à vis de l'armée anglaise et enconséquence communique directement avec son chef 1 ».Pour assurer la liaison entre le haut commandement belge et le G. Q. G.,une mission française est organisée auprès de l'armée belge, à limage decelle qui fonctionne depuis le début des hostilités auprès de l'armée britannique2.Enfin, le 12 octobre, le commandement belge, pour participer auxopérations franco-britanniques et, notamment, pour appuyer l'offensiveprévue pour le i3, décide que l'armée de campagne, couverte par sacavalerie, entrera en action à la gauche des Alliés avec trois divisions enpremière ligne (ire, 3e et 4e D. A.) et deux divisions en réserve (5e et6e D. A.). Elle poussera sa droite à l'est de Thourout et étendra sa gauche,vers Ostende, jusqu'à Eerneghem. Elle aura pour mission d'arrêter lamarche des forces allemandes qui débouchent d'Anvers par Gand 3.Ainsi, au moment où va se déclancher l'offensive générale franco-britanniquesur Lille et Courtrai4, l'armée belge se propose de couvrir le flancdes troupes d'attaque.Quelle sera sa capacité de résistance ? Dans quelle mesure le commandementfrançais peut-il compter sur l'appui de troupes, considérées la veilleencore comme a hors d'état de combattre5 », affaiblies et désorganisées,1 G. Q. G. Télégramme chiffré à ministre de la Guerre, 2378t Igh 20, Il octobre, Annexe2626. — Ministre de la Guerre belge. Télégramme chiffré à G. Q. G. (pour coloneld'Orio), 107, oh 20, 12 octobre, Annexe 2694.1 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 2^61, iohi5, Annexe 2692; 2606,20h i5, l2 octobre. — Le lieutenant-colonel Brécard est désigné comme chef de mission. Ilréjoindra le G. Q. G. belge à Nieuport le 13 octobre. Le même jour, le général Pau, appelé à d'autres fonctions, quitte Dunkerque pour Doullens, quartier général du général Foch. :J Général Paru. Télégrammes chiffrés à G. Q. G., 11 4o et 18 heures, 12 octobre,Annexes 2695 et 2696.Ollensive franco-britannique de la Lys. — Cf. chapitre IX.Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G,, 3599, 131a15, 11 octobre, Annexe

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2634.294 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.et dont l'état physique et moral se ressent douloureusement des duresépreuves d'une épuisante retraite ?II. — INSTALLATION DE L'ARMÉE BELGE SUR L'YSER(i4-i6 OCTOBRE).Le 14 octobre au matin, l'armée belge, forte de 5o.ooo hommes environ,a terminé ses mouvements de mise en place. Par modification auxordres du 12, elle occupe, avec deux divisions seulement ( ire et 4e D. A.),la position Thourout, Eerneghem ; ces divisions sont prolongées au sudjusqu'à Cortemarck par la brigade Ronarc'h, couverte elle-même par lecorps du général Rawlinson qui opère vers Roulers. Deux autres divisions(3e et 5e D. A.) tiennent un front fortifié sur la rive droite de l'Yser, deSaint-Pierre-Capelle à Woumen. Enfin, les 2e et 6e D. A. se reconstituenten arrière, à l'ouest de l'Yser. L'ensemble du dispositif belge est couvertau loin par les deux divisions de cavalerie qui opèrent au nord et à l'ouestde Gand et qui doivent prendre leur ligne de retraite, respectivement, surBruges et Lichtervelde 1.Au reçu des renseignements qui lui font connaître ces dispositions, legénéral Foch adresse au chef de la mission française de pressantes recommandations: «Dans la situation favorable des armées alliées, il importeau plus haut point que sur aucun point, il ne se présente un échec ou dudésarroi ». Il insiste pour que les divisions belges ne se retirent pas sansêtre pressées par l'ennemi et pour qu'elles se maintiennent constammenten liaison avec Ypres, où a été constitué un centre de résistance important2.

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Il demande, enfin, qu'en cas de retraite forcée, « elles s'établissentet s'organisent défensivement, et en dernière ligne, derrière le canald'Ypres à Dixmude5».1 Mission Brécard à général Foch. Situation de l'armée belge le 14 octobre (matin),Annexe 2821.2 La position d'Ypres est occupée par les 87*et 92* D. T., réunies sous le commandementdu général Bidon, ancien gouverneur de s Dunkerque. - Général Foch à lieutenant-colonel Brécard, n° 114, 10 heures, 14 octobre, Annexe2827.TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 29519A.Le commandement belge envisage différemment la situation. Les renseignementsdu 14 octobre confirment en effet que les troupes allemandesd'investissement d'Anvers, évaluées à 40.000 hommes, accentuent leurmarche vers l'ouest, leur droite, de Bruges sur Ostende, leur centre, deThielt sur Roulers que le corps Rawlinson évacue pour se replier surYpres.La position Eerneghem, Cortemarck se trouve donc brusquementmenacée à la fois au nord, par l'avance allemande le long de la côte, et ausud, par le retrait anglais qui découvre complètement la droile belge.Dans ces conditions, le roi décide de ramener le gros de ses troupesà l'abri de l'obstacle naturel de l'Yser. La nouvelle ligne à occuper estjalonnée par Nieuport, Schoorbakke, Dixmude et la forêt d'Houthulst1. Labrigade de fusiliers-marins, passée depuis le i3 octobre aux ordres duroi, et qui tient le secteur au nord de Cortemarck en liaison avec les troupesbelges, reçoit du général Michel, commandant la 4e D. A., l'ordre deprendre pour direction de retraite le pont de Dixmude** *Le repli sur l'Yser s'effectue, le 15 au matin, sans incident,sous la protection de la cavalerie. Les troupes procèdent aussitôt à une

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sommaire organisation défensive : trois divisions d'armée (ire, 2eet 4e) sontsur l'Yser et tiennent les tètes de pont entre Nieuport et Dixmude; labrigade Ronarc'h occupe les débouchés est de Dixmude, en liaison au sudavec la 5e D. A. placée au nord-ouest de la forêt d'Houthulst. Les deuxautres divisions d'armée sont en réserve, la 3e vers Lampernisse, la 6e aunord de Bixschoote.Le système de défense est à monter rapidement car, dans la matinée,des renseignements signalent que l'armée allemande d'Anvers poursuit samarche vers l'ouest et qu'elle occupe Bruges et Thielt, d'où une colonneimportante se dirigeait, dans l'après-midi du 14, partie vers le nord(Wynghene), partie vers l'ouest 3.1 Mission Brécard. Télégramme à général Foch, n* 211, 23" 3o. 14 octobre, Annexe2820.i Armée belge. Ordre pour le 15 octobre, 2ih4o, 14 octobre, Annexe 2857. — 4*D. A.belge à 3 commandant brigade de fusiliers-marins français, il 3o, 15 octobre. G. Q. G. belge. Renseignements sur la situation de l'armée, 9 heures, 15 octobre, Annexe2902.296 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L'attaque du général von Beseler (III0 C. R. et éléments de landwehr)semble prochaine. L'état-major belge a « prescrit formellement tenir jusqu'àdernière extrémité sur ligne Nieuport, Dixmude»; mais le chef de lamission française n'est pas sans appréhensions. Il en fait part augénéral Foch : «Roi et chef d'élat-major ont exprimé craintes que, enraison démoralisation, armée tienne peu longtemps sur ligne Yser. Nécessaireprévoir repli. Puis-je donner instructions pour que, si éventualité seproduisait, armée se retire par Bergues sur Bourbourg-Ville, sans pénétrerDunkerque ? »Le général Foch, plus optimiste, estime que l'armée belge peut tenir

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à condition qu'elle s'organise défensivement.A son avis, d'ailleurs, l'offensive franco-anglaise en cours, notammentl'attaque du corps Rawlinson (7e D. I. W. et 3e D. C. W.) contre le frontMenin, Roulers, détournera certainement de l'armée belge l'effort allemandet contribuera à la dégager 2.L'état-major belge, dans son ordre pour la journée du 16, insiste surla nécessité de conserver à tout prix la ligne de l'Yser : « Demain, lesD. A. et les fusiliers-marins français continueront à remplir la mission quileur a été assignée : tenir à outrance sur les positions de défense assignées;on ne se repliera sous aucun prétexte 3 ».Un ordre particulier prescrit aux 5e et 6e D. A., établies au sud-est etau sud de Dixmude, de se replier derrière le canal de l'Yser à Ypres.Après l'exécution de ce mouvement, le 16 à l'aube, l'armée belge toutentière est en place derrière l'Yser et le canal d'Ypres à Dixmude. Unedivision de cavalerie couvre l'aile droite du dispositif et assure la liaisonavec l'aile gauche de l'armée britannique. Quant à la brigade Ronarc'h,maintenue sous l'autorité du commandant de la 4e D. A., elle a ordre de« tenir à outrance les débouchés est de Dixmude 4 ». L'amiral reçoit en1 Mission Brécard. Télégramme à général Foch, 12t 16h 3o, 15 octobre, Annexe 2865.t Général Foch. Communication verbale, transmise au lieutenant-colonel Brécard paroff-icie-r -de l-iais,on, 15-heures,, 15 octobre, Annexe1 -2871. /* 1* » 11 - iJ G. Q. G. belge. Ordre pour le logement du id au 10,et pour la journee au lendem4ain,17 heures, 15 octobre. Annexe 2903. - - - G. Q. G. belge aux commandants des 5* et 6* D. A. Deuxième ordre pour la journée du16 octobre, ai heures, 15 octobre. — 4* D. A. belge. Message téléphoné à brigade Ronarc'h18 heures, 15 octobre, Annexes 2904 et 2905.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 297outre des instructions du général Foch relatives à la défense de sa positionet à la conduite à tenir en cas d'attaque 1.Le 16 octobre, dans l'après-midi, le général Foch est reçu par le roià son quartier général, à Furnes.Par une lettre personnelle2, il fait part le soir même au général Joffrede sa confiance dans la capacité de résistance de l'armée belge et ajoute :

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« malgré tout, quand vous aurez une troupe de valeur sérieuse à mettreà la gauche du dispositif de l'armée belge, elle y fera très bien à tous lespoints de vue ».m. — ORGANISATION DU POINT D'APPUI D'YPRES.(12-19 OCTOBRE.)Dès le 11 octobre, tandis que l'armée belge est encore au nord deBruges et l'armée britannique au sud d'Hazebrouck, le général Foch s'estrendu compte de l'importance d'Ypres, noeud des communications routièresde la Flandre maritime.Son intention est d'y organiser un point d'appui solide où l'armée belgepourra s'accrocher et se souder aux forces franco-anglaises qui remontentvers le nord.Le 1 2 octobre, il décide de le faire occuper par les seules troupes dontil dispose : les divisions territoriales de Dunkerque (87e et 89e D. T.).Le même jour, par décision du général en chef, ces deux divisionssont mises à la disposition du général Foch et groupées sous le commandementdu général Bidon, gouverneur de Dunkerque8. Leur rôle pourle 13 octobre, est de s'établir sur la route Poperinghe, Ypres, en s'efforçantd'entrer en liaison avec les forces alliées du nord et celles du sud 4.1 Général Foch. Instructions adressées de Fumes à l'amiral Ronarc'h, 16 octobre, Annexe2917.Non a publiée. Le commandement de la place de Dunkerque est exercé, à dater de ce jour, par leg-én4éral Plantey, venu de la X*armée. G. Q. G. Télégramme chiflré à général Foch et gouverneur de Dunkerque, 2463, gh45, ia octobre. — Général Foch à général Bidon, aah 3o, 12 octobre, Annexes 2691 et 2707.298 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Dans la soirée du i3, le général Foch précise la mission du généralBidon : « Concentrer demain les 87e et 89e divisions territoriales àPoperinghe et à Ypres. S'y retrancher. Se mettre en liaison avec la cavalerie

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anglaise d'une part, le corps Rawlinson d'autre part; prendre vous-mêmele commandement du groupe des D. T. ». Le lendemain, il complète cetordre en spécifiant : « qu'il sera organisé, sans aucun retard, à Ypres, unpoint d'appui solide contre toute offensive pouvant déboucher de Menin,de Comineset d'Armentières1 ».En conséquence, le 14 et le 15 octobre, les divisions s'installent défensivement: la 87e à Ypres, où elle est retranchée face à l'est et au sud-est ;la 8ge à Poperinghe, où elle a déjà terminé la mise en état de défense dela ligne Reninghelst, Vlamertynghe2.Le général Joffre, devant la menace allemande qui se dessine, s'efforceégalement de renforcer l'aile gauche du dispositif allié, étiré jusqu'à lamer du Nord, et dont le manque d'homogénéité le préoccupe.Il entreprend tout d'abord d'épauler solidement l'armée belge. Le14 octobre, vers 17 heures, il télégraphie au général Foch: « N'estimezvouspas nécessaire d'utiliser l'un de nos corps de cavalerie pour couvrirla gauche de notre dispositif général anglo-français et étayer la droite del'armée belge ? ) 5.Le soir même, le général Foch désigne la 7e D. G., de la Xe armée,pour assurer la mission indiquée. Il ordonne son transfert immédiat de larégion de Lestrem à Ypres et la place sous les ordres du général Bidon,commandant le groupement d'Ypres4.Le général en chef estime sans doute ce renfort insuffisant. Par deuxfois dans la journée du 15, il attire l'attention de son adjoint sur la néces-1 Général Foch. Message téléphoné à général Bidon, 23 heures, 13 octobre, Annexe 2773.— Général Foch. Message téléphoné à général Bidon, 12 heures, 14 octobre. — GouverneurDunkerque. Message téléphoné à général Foch, 10 heures, 14 octobre, Annexes 2828et 2853.* Général Bidon. Message téléphoné à général Foch, 11 heures, 15 octobre, Annexe2899.1 G. Q.G. Télégramme chiffréà général Foch, 3029, 17h 10, 1 octobre, Annexe 2815.* Général Foch. Message chiflré a G. Q.(J, 21 jo; — ordre a x.. armée, 25" 10, Annexe2830; à C. C. de Mitry, 23' 10, 14 octobre.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 299

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sité d'étayer « solidement » l'armée belge, afin que le flanc gauche del'armée anglaise ne risque à aucun moment d'être compromisl.Le général Foch, devançant cette nouvelle recommandation, a déjàprescrit au général de Maud'huy, commandant la Xe armée, de diriger surYpres « sans aucun retard», toute la cavalerie disponible 2. En outre, ilinvite le général Brugère, commandant le groupe de divisions territoriales,à pousser sur ce même point, a aussi rapidement que possible, dès le16 octobre matinIl, le groupe de spahis auxiliaires du colonel du Jonchay3,muni de ses sections d'autos-canons et d'autos-mitrailleuses4.Ainsi, à partir du i 6 octobre, la cavalerie de la Xe armée renforce progressivementle groupement d'Ypres. A la suite de la 7e D. C., qui arrivele 16 au matin, tout le corps de cavalerie Mitry (2e C. C.) vient finalementse ranger sous les ordres du général Bidon, qui disposera, le 17 au matin,de deux divisions territoriales et de quatre divisions de cavalerie (4e, 5e;6e et 7e D. C.) 5.Ayant étoffé de la sorte le groupement d'Ypres, le général Foch étendpeu à peu sa mission.Dans la soirée du 16, il lui prescrit de continuer à tenir « d'une façonindiscutable » la position Ypres, Boesinghe, et d'attaquer, avec la cavalerie,les forces ennemies signalées dans les directions de Roulers et de Cortemarck6.Par suite de retards dans la transmission des ordres7, le général de Mitryn'a pas encore connaissance, le 17 au matin, de ces dispositions. Au lieud'agir sur Roulers et Cortemarck, il porte sa cavalerie en avant en deuxcolonnes : les 4e et 7e D. C. à l'ouest de la forêt d'Houthulst, la 6e D. C.1 G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch, 3193, ioh 20; — message téléphoné àgénéral Foch, 3299, 16hIS, 15 octobre, Annexes 2 2861 et 2862. Général Foch. Instructions à X. armée, 15h i5, 15 octobre, Annexe 2872. 3 Soit 6 escadrons, 2 escadrons étant détachés auprès du général Plantey, commandant laplace de Dunkerque. Le détachement du Jonchay était rattaché au G. D. T. Brugère depuis le 6 octobre.4 Général Foch à G. D. T. Brugère, 15 octobre. » 2" L. C. Ordre a b* D. C., 10 3o, 16 octobre. — Groupe Bidon. Situation à 15 heures,16 heures, 16 octobre, Annexes 2948, 2945. — 1" C. C. Ordre à 5* D. C., 18" 45,16 octobre.

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Il Général Foch à général Bidon. 2ih 3o. 16 octobre. Annexe 29i9. 7 Le général de Mitry n'aura connaissance que vers midi des instructions du général Fochrelatives à l'organisation du commandement et à l'action de la cavalerie.300 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.(à laquelle la 5e D. C., partie la dernière de la Lys, se joindra le 18)au sud-est; leur mission est de soulager l'armée belge en attaquant deflanc les forces ennemies qui progressent de Staden sur Dixmude. Aprèsd'assez vifs engagements, la colonne de l'ouest enlève Houthulst, Clercken,celle du sud Wifwege. L'ennemi est rejeté sur ses positions de départ àZarren, Staden, Roulers1.Dans la soirée, le général Foch précise au général Bidon que la cavalerieMitry devra occuper Roulers et s'y maintenir. Il invite en outre le commandantdu groupement d'Ypres « à choisir entre Ypres et Roulers uneposition dont l'étendue soit proportionnée à l'effectif. Y porter une grossepartie de l'infanterie et l'artillerie, sans lâcher complètement Ypres. Seretrancher fortement sur la position choisie, prêt à résister quoi qu'ilarrive 2 ».Pour le général Foch, l'action de ce groupement doit couvrir plusefficacement la progression de l'aile gauche anglaise sur Menin (corpsRawlinson) et, en même temps, troubler la réunion des forces allemandessignalées dans la région de Roulers5.Le général Bidon, bien qu'averti des intentions du général Foch, prendl'initiative de se rendre, le 18 octobre au matin, au G. Q. G. belge àFurnes, pour se mettre d'accord avec le général Wielemans, chef d'étatmajorde l'armée belge, Il sur opérations à pousser sur la rive droite ducanal Ypres, Nieuport 8. Il rend compte le soir des mesures envisagées aucours de l'entretien de Furnes en vue d'une action combinée franco-belgesur la rive droite de l'Yser", ce qui lui attire cette réponse du général Foch :« Il est nécessaire et suffisant pour le général Bidon de s'en tenir aux directivesque je lui ai tracées pour ses troupes5 ».Le lendemain, les dispositions prises par le groupement d'Ypres nerépondant pas encore aux instructions données, le général Foch ordonneau général Bidon de s'établir à cheval sur la direction Ypres, Roulers, en1 2e C. C. Ordre d'opérations pour la journée du 17 octobre, 22 heures, 16 octobre. —

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2e C. G. Compte rendu à général Bidon, 17 octobre (soir), Annexes 2949 et 2988.* GénéralFoch. Message téléphoné à général Bidon,2ih 15. 17 octobre, Annexe 2969.S Général Foch. Télégramme chiffré à gouverneur Dunkerque (pour général Bidon),2 1h15, 17 octobre, Annexe 2969.4 Général Bidon. Message téléphoné à général Foch, 17h3o, 18 octobre. Annexe 3024.5 Général Foch. Note pour M.le général Bidon, 18 heures, 18 octobre, Annexe 3000.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 301resserrant son dispositif (infanterie et artillerie) et en le renforçant puissamment,« de façon à pouvoir y recevoir une attaque en règle » que toutpermet de prévoir comme devant être imminentel.IV. — ORGANISATION DU CAMP RETRANCHÉ DE DUNKERQUEET APPEL DES RENFORTS.( 1 3-16 OCTOBRE.)Tout en constituant à Ypres une position de résistance à laquelle pourras'appuyer l'armée belge, le général Foch s'efforce en même temps de fairecompléter la défense de Dunkerque, pour arrêter l'invasion si la lignebelge venait à être emportée.Le 13 octobre, il prescrit au gouverneur de poursuivre l'organisationdéfensive par tous les moyens de la fortification passagère : « On ne doitpas se contenter des ouvrages existants, des inondations et de l'enceinte ;tout le périmètre doit être rendu inviolable par la création de centres derésistance bien flanqués, solidement retranchés, pourvus de défenses passives2».Le général en chef, aussi, se préoccupe, de son côté, de la mise enétat de défense de la place. Le 15 octobre, dans la matinée, il

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prescrit au général Foch de « laisser sa garnison complète et de la rendreinviolable3 ».Or, cette garnison est réduite à 3 bataillons, 15 batteries de position etune seule batterie de sortie (environ 7.000 hommes dont 4-800 artilleurs).Le gouverneur estime qu'un renfort de 12 bataillons, 2 groupesde 75, 2 escadrons avec des autos-mitrailleuses lui serait nécessaire. Maisle général Foch ne peut donner suite à cette demande, sauf en ce quiconcerne les deux escadrons et les autos-mitrailleuses. Pour augmenterl'effectif en infanterie, il suggère un moyen de fortune : « Le gouverneur1 Général Foch à général Bidon. :1 19 heures, 19 octobre, Annexe 3053. Général roch. Message téléphoné à gouverneur de Dunkerque, 13 octobre, Annexe2773. -:* GPr.éQle.Gvé.s sTuérlélegramme chiffré à général Foch, 3193, ioh20, 15 octobre, Annexe 2861. groupe de spahis auxiliaires du colonel du Jonchay.302 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.de Dunkerque transformera en fantassins ses artilleurs en excédent, soit3.000, 1.800 artilleurs paraissant suffisants pour servir 15 batteries1».Il inspecte la place le lendemain et la trouve « en bon état de défense,même éloignée2 ».Pourtant, le 16 octobre, sur l'insistance du commandant en chef, quil'invite à « couvrir eiffcacement Dunkerque où sont réunis des approvisionnementsconsidérables », il ordonne l'envoi, dans la place, d'une brigade etd'une batterie territoriales prélevées sur le groupement d'Ypres. Cerenfort sera utilisé, soit pour couvrir la place dans une direction dangereuse,soit pour organiser sa défense ou renforcer sa garnison4.De son côté, le commandant en chef, pour mieux étayer l'aile gauchebelge et assurer la défense éventuelle de Nieuport, s'efforce d'obtenir laparticipation de la marine de guerre.Le 16 octobre, d'accord avec le général Foch, il sollicite du gouvernementune action des flottes alliées « sur l'aile droite allemande dans lecas où cette aile s'étendrait jusqu'aux dunes5».

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Dèsle 17 octobre matin, quatre grands torpilleurs d'escadre appareillentde Brest pour Dunkerque, tandis que trois monitors britanniques, accompagnésde quatre contre-torpilleurs de soutien, mouillent devant ce port.Le général Foch, délégué par le commandant en chef pour donner augouverneur de Dunkerque les instructions concernant la participation decette flotte aux opérations, reconnaît toute l'utilité de ces mesures. Il leurpréférerait toutefois un appui effectif de la gauche de l'armée belge par« une troupe de valeur sérieuse6 ».Or, la veille, le général en chef a précisément prescrit au commandantde la Ve armée de retirer du front de Reims la 42e division pour l'envoyer1 Général Foch. Message téléphoné à gouverneur de Dunkerque, aih 15, i5 octobre. —Général Plantcy. Message téléphoné à colonel Weygand, 18 heures, 15 octobre.* Général Foch. Lettre à général Joffre, 16 octobre(soir), non publiée.3 De la 8û* division territoriale.1 14 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 3397, 8h55, 16 octobre, Annexe 2909.- Général Foch à général Plantev, gouverneur de Dunkerque, 23 heures, 16 octobre.6 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 3193, lÔh 20, 15 octobre, Annexe 2861;à mItinistre6.de la Guerre, 34341, n1ih i5, 16 octobre. ,"1-" 1 1 v Ministre de la Marine a chel du service des renseignements a uunkerque t pour gouverneur).6l54, 4h55, 17 octobre; à amiral commandant 3' escadre légère. 5h 3o, 17 octobre.- G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 3635, 8h 55, 17 octobre, Annexe 2955.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 303dans le nord 1. Le 16 octobre, il indique à son adjoint les unités qu'ilcompte mettre successivement à sa disposition : la 42e D. I., qui débarqueraà Dunkerque à partir du i 9 au soir, et le 9e C. A., qui débarqueradans la région Doullens, Saint-Pol, à partir du 21 octobre; il lui enverraenfin, en réserve générale, une division du 16e G. A. (3ie D. I.) et la9e D. C., qui seront groupées le 17 octobre à Compiègne 2.Ainsi, le commandant en chef n'hésite pas à diriger vers le nord ses

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derniers renforts, car il pressent, comme le général Foch, l'âpreté de lalutte qui va se dérouler dans les Flandres.V. — ACTION CONCERTÉE DE LA Xe ARMÉEET DE L'ARMÉE BRITANNIQUE.[( 14 AU l8 OCTOBRE.)L'offensive franco-britannique de la Lys, trop tardive et trop lente, n'apas donné les résultats escomptés. Le général Foch s'est rendu compte,dès le 13 octobre, que le débordement de l'aile droite ennemie devenaitimpossible en raison de l'extension du front allemand vers le nord, et qu'ilétait vain, désormais, d'espérer retirer de cette offensive des résultatsdécisifs.Du 14 au 18 octobre, il laisse néanmoins l'action se poursuivre et luidonne même l'appui de l'aile gauche de la Xe armée. Il estime en effet quecette opération est susceptible de détourner l'attaque allemande dirigéecontre l'armée belge et de procurer à celle-ci le repos qui lui est indispensablepour se préparer à la lutte.Le i4 octobre, en fin de journée, la situation de l'armée britanniqueest la suivante : le corps Rawlinson ( 7e D. I. W., 3e D. C. W.) s'est repliéde Roulers sur Ypres et Voormezeele, tandis que le corps de cavalerie1 G. 2 Q. G. Télégramme chiffré à V. armée, 3311, 18b 20, 15 octobre. Annexe 2863. G. Q. G. à général Foch. 3477, 13h3o, 16 octobre, Annexe 2914. — Les unités mentionnéesproviennent: la 4. D. I. et la 9e D. C., de la V. armée; le ge C. A., de la IVe; la31*D. I., de la Irearmée. Indépendamment des unités françaises, 3 divisions britanniques ( 1"et 2*D.I. W., division indienne du Lahore) rejoignent l'armée anglaise dans le nord.304 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Allenby a progressé et occupe Wytschaete et Messines; le 3e C. W. atteintMessines, Neuve-Eglise, Bailleul; enfin, le 2e C. W. se maintient, sanspouvoir avancer, sur la ligne Bout-Deville, Festubert, en liaison au sudavec la Xe armée.Le général Conneau, avec sept divisions de cavalerie1, comble le videqui sépare les 2e et 3e corps britanniques et, en liaison avec les Anglais,tient le front Neuf-Berquin, Riez-Bailleul2.Le 15 octobre, l'infanterie britannique doit reprendre l'offensive dansla direction du nord-est, le 3e G. W. au nord de la Lys, le 2e C. W. ausud. Les deux corps, attaquant sur des directions convergentes, doivent

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opérer leur jonction dans la région d'Armentières.Ce resserrement devant éloigner le 2e corps anglais de la gauche de laXe armée, le général Foch prescrit à celle-ci de prendre sa directiond'attaque sur Lille et de porter ultérieurement la cavalerie du généralConneau entre l'armée britannique et le 2 1e C. A., pour « assurer d'unefaçon certaine la liaison avec la droite anglaise3 D.L'avance réalisée dans la journée est insignifiante : si, à gauche, le3e corps britannique s'empare aisément de Nieppe et Steenwerck, si lacavalerie française enlève brillamment la Gorgue et Estaires, à droite,par contre, le 2e corps britannique et la Xe armée sont immobilisés parles attaques répétées et de plus en plus fortes que l'ennemi développe surla rive sud de la Lys4.Le général Foch essaie pourtant de donner du souffle à cette offensivelanguissante. Il insiste auprès du maréchal French sur la nécessité depousser l'attaque à fond, conformément au plan initial du 10 octobre5, ettélégraphie le soir au commandant en chef : « L'entente est établie1 Par ordre du général Foch, le général Conneau prend le commandement des deux corpsde cavalerie, avec mission d'attaquer avec la dernière énergie sur le front Merris, Pont-du-Hem, entre les deux corps anglais. — Cf. X' armée, Ordre préparatoire à i" C. C. et2* C. C., 22h 3o, 13 octobre, Annexe 2792. Voir également: Impartie, chapitre ix. —Carte n° ! 20. Général Foch. Télégramme chiffré à G. 0. G.. 123, ohAo, 15 octobre, Annexe 2869.3 Général Foch. Instruction pour la X. armée, 17b 3o, 14 octobre. — X. armée. Ordregénéral d'opérations n° 10 pour la journée du i5, 23 heures, 14 octobre, Annexes 2829et 2844.4 Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 144, 23h/io, 15 octobre. — X' arméeMessage téléphoné à général Foch, 22h 5o, 15 octobre, Annexes 2888. — Cf. carte n° 28.Général Foch. Note pour le maréchal French, 10 octobre, Annexe 2567.TOME I, a' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XI. 305LAGRANDGEUERRE—. I, 4. VOL. 20avec le maréchal, qui attaque sur les deux rives de la Lys, d'Armentières

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à Menin1 ».La bataille reprend donc le 16 octobre sur l'ensemble du front Ypres,Vermelles.A gauche, le corps Rawlinson continue son effort en direction deRoulers et occupe Passchendaele; au sud, le corps Allenby ne peut forcerle passage de la Lys, ni à Warneton, ni à Comines, et demeure à Messines.Au centre, le 3e corps britannique se rapproche d'Armentières; il enoccupe les abords ouest, tandis que la cavalerie du général Conneau,réduite à quatre divisions2, s'avance sur Fromelles. A droite, le 2e C. W.se maintient sur le front Neuve-Chapelle, Givenchy, sans pouvoir déboucher,et se relie, à Cuinchy, à l'aile gauche de la Xe arméeS.L'armée britannique poursuit le J 74 et le 18 octobre son offensive surCourtrai, mais parvient seulement à border peu à peu la Lys, de Menin àArmentières, où elle se retranche. A partir d'Armentières, le front se stabiliseégalement sur la ligne générale Radinghem, Fournes, la Bassée, Vermelles.La Xe armée, pourtant soulagée de la défense d'Arras, passée à laIIe armée, et bien que renforcée d'une division 5, ne réussit pas à modifiersensiblement le front tenu depuis le 1o octobre6.Les renseignements recueillis à l'état-major du général Foch, à la date1 Mission Huguet. Télégramme chiffré à G. Q. G., général Foch, X*armée, 17' 5o, 15 octobre.— Maréchal French. Ordre d'opérations, 13h 40, 15 octobre. — Général Foch. Télég-ra1mme chiffré à G. Q. G., 13, in* 55, 15 octobre, Annexes 2906, 2874. Le général de Mitry, avec trois divisions de cavalerie, rejoint le 16 octobre le groupementBidon dans la région d'Ypres.a Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 163, aih 5o, 16 octobre. — X* armée.Compte rendu à G. Q. G. et général Foch, situation de la X* armée le 16 octobre soir,16 octobre, Annexes 2921 et 2937., Cf. Carte n* 2q. 1 58* D. R., venue de la II* armée.8 X' armée. Lettre à général en chef, 11^7, 13 heures, Annexe 2843; — message télé.phoné à G. Q. G., 15 heures, 14 octobre. — X* armée. Ordre particulier à ai* C. A.,

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17 heures; — note à G. Q. G. concernant les intentions du général commandant la X*armée.17 octobre soir, Annexe 2978.306 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.du 18 octobre, révèlent l'importance des forces ennemies engagées sur larive droite de la Lys et à l'ouest de Lille.Celles-ci semblent provenir uniquement de prélèvements effectués surdifférents corps d'armée du front stabilisé, et destinés à alimenter la batailleau nord de Lille.Les unités identifiées sont, du nord au sud :Iodes éléments du XIIIe C. R. (probablement la 26e division), aunord de Menin ;2° des éléments du XVIIIe C. R, au sud de Wervick;3° des fractions du XIIe corps saxon1 (environ trois régiments),entre Wervick et Armentières;4° la plus grande partie du XIXe corps saxon, à l'est d'Armentières;5° une division du VIIe corps ( 14e division), à l'ouest de Lille.Ces formations (sauf la division du VIIe corps rattachée à la 6e armée)entrent dans la composition de la 4e armée, dont le quartier général està Gand et qui groupe toutes les unités en ligne de la Lys à la mer duNord 3.L'accroissement progressif des troupes allemandes sur cette partie dufront aura pour effet un renversement de la situation, en contraignantpeu à peu les forces franco-britanniques, déployées de Menin à Vermelles,à résister sur place et à défendre pied à pied leurs positions.1 En fait, le XIIe corps saxon tout entier est encore sur le front de l'Aisne. — Cf. Groupedes armées du Nord, E.-M., 2* bureau. Bulletin n° 8 du 21 octobre, ai octobre, Annexe3147.1 A noter la disparition des trois corps de cavalerie allemands qui opéraient, le 16 encore,entre Armentières et la Bassée. Ceux-ci auraient été retirés du front et portés: le 1" endirection du sud-est; les 4e et 2', en direction de l'est. — Cf. G. Q. G., 2" bureau. Compterendu de renseignements n° 124,5 heures, 19 octobre, Annexe 3041. * - - - G. Q. G., 2e bureau. Compte rendu de renseignements n° 121, 5 heures, 16 octobre;

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- compte rendu de renseignements n° 122, 5 heures, 17 octobre; — compte rendu derenseignements n° 124; 5 heures, 19 octobre. — Groupe provisoire du nord, 2' bureau.Situation des forces ennemies le 18 octobre 1914, S. C. 22 5, 18 octobre 1914, Annexes2908, 2954, 3041 et 2998.20.CHAPITRE XII.LA BATAILLE DE L'YSERET LES OFFENSIVES FRANCO-BRITANNIQUESVERS COURTRAI.(16-26 OCTOBRE 1914.)(Cartes 29 à 34.)I. — LES PREMIERSCHOCS(17-21 octobre).Premières escarmouches sur l'Yser (17 octobre). — Action du groupement d'Ypres surRoulers (18 octobre). — Apparition du XXIII* corps de réserve allemand devant Ypres.Le plan d'action du général Foch (19 octobre). — Attaque du XXII' corps de réserve allemandsur Dixmude. Entrée en ligne du lor corps britannique. Les renforts français(20 octobre). — Constitution du détachement d'armée de Belgique. Échec de l'offensiveanglaise sur Thourout (21 octobre).IL — LA PHASECRITIQUE.- LA BATAILLEDEVIENTGENERALE(22-26 octobre).Offensive du détachement d'armée de Belgique: projets et directives du général Foch( 22 octobre). — Dispositions prises par le général d'Urbal en vue de l'attaque du 23. LesAllemands dans la boucle de Tervaete. — Entrée en ligne des renforts (17* et k2* divisions)et offensivefrançaise (23 octobre). — Les fusiliers-marins et l'alerte de Stuyvekenskerque(24 octobre). — Nouvelles directives du général Foch. Les Belges et lesfusiliers-marins en difficultés sur l'Yser (25 octobre). - Repli de l'armée belge et descontingents français sur la voie ferrée Nieuport, Dixmude. — Echec de l'offensive française

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sur Staden (26 octobre).I. — LES PREMIERS CHOCS.(16-2 1 OCTOBRE.)Lorsque, dans la soirée du 16 octobre, le général Foch prenait connaissancedu télégramme du général en chef lui annonçant la mise à sadisposition de la 42e D. I., du ge C. A. et, en cas de besoin, de la3ie D. I. et de la ge D. C., sans doute espérait-il que l'arrivée prochainede ces renforts lui permettrait de pousser, en l'élargissant, l'offensive engagéeen direction de Courtrai.308 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.A cette date, en effet, la situation semble favorable aux Alliés.Au nord, l'armée belge échappant à l'étreinte du corps d'investissementd'Anvers a pu, la veille, atteindre l'Yser sans encombre. Quelquesjours de repos derrière cet obstacle lui suffiront probablement pour seréorganiser et se mettre en mesure de prendre l'offensive avec l'appui dela 42e D. 1.Au centre, la position d'Ypres, organisée et tenue par les deux divisionsterritoriales du général Bidon, couvre le flanc intérieur de chacunedes armées belge et britannique et assure la liaison entre ces dernières.Elle constitue, en outre, pour le 2e C. G. français qui achève de s'y rassembler,un solide point d'appui autour duquel ce corps pourra manoeuvrer.Excellente position défensive, elle constitue enfin une bonne base dedépart pour la reprise de l'offensive.Au sud, les attaques britanniques en direction de Courtrai n'ont pasdonné les résultats escomptés, mais, peut-être, l'engagement du 1 er C.W.,disponible vers Hazebrouck, permettra-t-il à l'armée anglaise de briser larésistance rencontrée.Le général Foch a peu de renseignements sur l'ennemi. Le 14, des élémentsdu corps d'investissement d'Anvers ont été signalés à Thielt et àBruges. Dans la journée du 16, des unités allemandes ont pris contactavec la brigade Ronarc'h à Dixmude. Appartiennent-elles à ce corps d'investissement,ou bien s'agit-il des détachements opérant depuis plusieursjours autour de Gand? Le combat n'a donné aucune précision. Il estcertain que les Allemands sont en forces devant l'armée britannique ; maisont-ils poussé du monde plus au nord ? Jusqu'où le corps d'Anvers s'est-ilavancé? Aucun renseignement ne l'indique.La journée du 17 octobre apporte quelques précisions. L'ennemi reprend

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ses attaques. Pendant que la 4e division d'ersatz opère contre Nieuporten longeant la côte, des éléments du IIIe G. R. débouchant de Cortemarckessaient de forcer à Dixmude le passage de la rivière.Ces attaques sont facilement repoussées. La 4e D. A., prenant de flancles troupes allemandes qui menacent Dixmude, les oblige même à reculerde quelques kilomètres1. Ce succès a son prix; mais l'état-major belge neGénéral Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 192,_23h5, 17 octobre.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 309LAGRANDGEUERR—E 1, 4*VOL. 20 Asaurait se dissimuler qu'une grande partie du corps qui assiégeait Anversse trouve à proximité de ses troupes1. Il décide, en conséquence, « derenforcer l'organisation de la défense de la ligne de l'Yser et du canal del'Yser à Ypres jusqu'aux environs de Boesinghe2», et il répartit ses forcesde la façon suivante: en première ligne, de Xieuport à Dixmude, troisdivisions et la brigade Ronarc'h, couvertes par des avant-postes sur la rivedroite de l'Yser et appuyées par deux divisions en deuxième ligne; au sudde Dixmude, une division sur le canal jusqu'à Zuydschoote, en liaisonavec le groupement Bidon qui opère entre Dixmude et Roulers ; en soutiendu corps Mitry, la division de cavalerie belge du général de Witte,prête à prendre part à l'offensive française sur Roulers3.** *Le 18 octobre, l'ennemi accentue sa pression au nord de Dixmudecontre les avant-postes belges, qui résistent sur presque tous les pointsattaqués ; en arrière, le gros de l'armée poursuit l'organisation de la lignede l'Yser.L'état de l'armée belge s'améliore journellement. La belle tenue desfusiliers-marins français, l'heureuse action du corps Mitry sur Roulers,l'annonce de l'arrivée prochaine sur l'Yser d'une division active française{Ixi- D.I.), produisent la meilleure impression sur la troupe et contribuentà rétablir la confiance un moment ébranlée par la dure épreuve dela retraite.Aussi le général Foch espère-t-il que l'armée belge pourra bientôtprendre part à la manoeuvre offensive qu'il prépare pour permettre la reprisede l'attaque en direction de Courtrai. Il écrit au général Joffre : «Lasituation se maintient. L'armée belge a résisté hier à des attaques dont1 Mission Brécard. Télégramme chiffré à général Foch, a3 heures, 17 octobre, Annexe2963.

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* (t. Q. G. belge. Note sur la situation de l'armée belge, 16 heures, 17 octobre, Annexe2990.3 G. Q. G. belge. Ordre pour la journée du 18 octobre, 19 heures, 17 octobre. — MissionBrécard. Télégramme chiffré à général Foch, n* 36, a3 heures, 17 octobre, Annexe 2963.— Cf. carte n* 20. * G. Q. G. belge. Situation de l'armée belge, 19 heures, 18 octobre, Annexe 3039.310 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.une portait sur les fusiliers-marins. Son moral est remonté. Quand nousaurons la 42e division, nous pourrons la relancer en avant1 ».En prévision de cette éventualité, le général Foch a déjà incité l'étatmajorbelge à engager une division d'infanterie en soutien de la cavaleriefrançaise agissant sur Roulers, pourvu que cette division soit en mesure,en fin de marche, « d'assurer possession terrain conquis en s'y organisantdéfensivement et solidement2 ».L'armée belge ne représente toutefois qu'une partie de l'ensemble desforces à mettre en action. Pour « asseoir les bases d'un mouvement offensifà entrevoir», des renseignements précis sur la situation des forces ennemiesqui viennent d'apparaître en Belgique, en particulier dans la régiond'Ostende, seraient nécessaires3.A cette date, en effet, le haut commandement ignore à peu près toutdes intentions des Allemands et de l'organisation de leurs forces dans lenord.Si le 2e bureau du grand quartier général sait que l'ennemi a opérédans ses grandes unités des remaniements importants, fractionnant en deuxcertains de ses corps d'armée pour constituer de nouveaux groupements,complétant ses unités par des formations d'ersatz ou de réserve, la destinationdonnée à ces forces lui échappe encore. Il a identifié seulementle Ille corps de réserve entre Leffinghe (sud-ouest d'Ostende) et Thourout,et la 4e division d'ersatz, en marche d'Ostende sur Nieuport. La présenceà Gand d'un état-major d'armée (4e), groupant sous son autorité lestroupes allemandes de Belgique occidentale, semble pourtant indiquer quecelles-ci doivent être importantes4.Pour lever le doute, le général Foch estime qu'il faut attaquer.1 Général Foch. Lettre personnelle à général Joffre, 18 octobre. Non s publiée. Mission Brécard. Télégramme chiffré à général Foch, 37, xi 3o, 10 octobre. — Général

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Foch. Télégramme chiffré à mission Brécard, 15h10, 18 octobre, Annexes 2993 et2997.3 Général Foch. Télégramme chiffré à mission Brécard, 18 3o, 18 octobre, Annexe3001. - - - - n 1 Il G. Q. G., 2" bureau. Comptes rendus de renseignements n 121, o heures, 1b octobre;— n" 122,5 heures, 17 octobre; — n° 123,6 heures, 18 octobre, Annexes 2908, 2954et 2991.TOME I, 4" VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 31120A.D'accord avec le maréchal French, qu'il a rencontré à Anvin dansl'après-midi du 17 octobre, il a décidé de porter rapidement le corpsMitry (quatre divisions de cavalerie) sur Roulers et le corps Rawlinson( 7e D. I. W., 3e D. C. W.) sur Menin'.L'action sur Roulers n'a pas seulement pour but d'obtenir des renseignements;elle doit permettre également de couvrir plus efficacement lagauche anglaise contre les forces allemandes signalées du côté de cetteville et, si possible, de gêner leur réunion.Les instructions nécessaires sont adressées le soir au général Bidon,commandant le groupement d'Ypres, dont dépend le corps Mitry2.Le commandant du 2e G. C., agissant avec promptitude et décision, aporté, dès le 17 octobre, d'un premier bond, deux D. C. (4e et 7e) jusqu'àClercken et Houthulst et une D. C. (6e) sur Wifwegc. Le 18, il concentreses efforts sur Roulers. En liaison à gauche avec la division de cavaleriebelge du général de Witte, à droite avec le corps britannique du généralRawlinson, il refoule les éléments légers de l'ennemi et s'empare dans lasoirée de Roulers et de Cortemarck 3. Il compte le lendemain a maintenirferme la possession de Roulers et faire reconnaître dans les directions de

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Courtrai, Vive-Saint-Eloi, Thielt et Deynze; Lichtervelde et Swevezeele;Thourout 4 D.Pour le soutenir, le général Bidon prescrit à la 8ge division territorialede passer sur la rive est du canal dans la région de Kippe, à l'ouest de laforêt d'Houthulst; à la 87e D. T., de porter une brigade et un groupe d'artillerieà Passchendaele, tout en continuant à occuper les points d'appui dePoelcappelle et de Zonnebeke.Enfin, la division de cavalerie belge, mise à la disposition du général1 Général Foch. Note dictée par le colonel Huguet au colonel Weygand sur les mouvementsde l'armée anglaise le 18 1 octobre, 17 heures, 17 octobre, Annexe 2968. Général Foch à gouverneur de Dunkerque pour général Bidon. 190, 21h25, 17 octobre,Annexe 2970.Corps de cavalerie Mitry. Ordre d'opérations pour la journée du 18, 8"30; - noteà iM D. C. belge, 9 heures, 18 octobre. — Général de Mitry à général Foch. 19 heures,18 octobre. — Général Bidon à général Foch, 21 heures, 18 octobre, Annexes 2987,3029, 3032, 3026. — Cf. chapitre xi.Général de Mitry à lieutenant-général de Witte, commandant la 1" D. C. belge. 3h 30,18 octobre, Annexe 3034.312 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.de Mitry, est invitée à porter son gros à Luikhoek, au nord-est de laforêt d'Houthulst, pour y relever la division française (4e D. C.), qui doitse porter sur Thourout1.Ces dispositions viennent à peine d'être ordonnées qu'un événementimprévu en suspend l'exécution.** *Le 19 octobre au matin, l'ennemi prend brusquement l'offensive etdébouche en forces du front Iseghem, Ardoye, en direction de Roulers.Six colonnes de toutes armes, venant de l'est et du nord-est, rejettent

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la cavalerie Mitry, de Roulers et de Cortemarck, sur la ligne Zarren,Staden, Oostnieuwkerke. Le soir, tandis que les avant-postes français jalonnentcette ligne, les gros des divisions stationnent en arrière, à lalisière est de la forêt d'Houthulst. La liaison est maintenue, à gauche,avec la division de cavalerie belge du général de Witte; à droite, avec la3e division de cavalerie britannique, qui s'est repliée sur Moorslede2.Cette attaque allemande aurait été menée par un corps de réserve,le XXIIIe (45e et 46e D. R.), venu de Bruxelles par Gand, Thielt et Lichtervelde.Un autre C. R., le XXIIe, comprenant vraisemblablement la43e division d'ersatz et la 44e division de landwehr, serait également enBelgique3.Ces nouveaux corps de réserve allemands sont formés d'hommes detous âges (engagés, volontaires d'un an, landwehriens) ayant reçu uneinstruction sommaire; leurs cadres, fournis par les dépôts, sont renforcéspar un certain nombre d'officiers prélevés sur les unités déjà existantes.Concentrés en majeure partie dans les Flandres, ils paraissent destinés à1Groupe d'Ypres. Ordre d'opérations pour la journée du 19 octobre, aa heures, 18 octobre.— Corps de cavalerie Mitry. Ordre d'opérations pour le 19 octobre. 3 45, 18 octobre,Annexes 3027 et 3033.* Général Foch. Télégrammechiffré à G. Q. G., 23 15, 19 octobre. — Groupe Bidon.Message téléphonique à général Foch, rapport du général de Mitry, 19 octobre matin.— Message téléphoné à général Foch, 18 heures, 19 octobre. - Général de Mitry. Ordreà 5* et 7* D.C., 9h45, 19 octobre. — Général de Mitry à général Foch. 22 heures, 19 octobre,Annexes 3055, 3076, 3079, 3080 et 3082.3 G. Q. G., 2*bureau. Compte rendu de renseignements n° 124, 5 heures, 19 octobre. —Groupe des armées du Nord, 2* bureau, 229, situation des forces ennemies le 18 octobre,19 octobre, Annexes 3041, 3049.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 313produire, par surprise, un puissant effort offensif sur la gauche des

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Alliés..Pendant toute la journée du 19 octobre, le corps Mitry, soutenu parquelques éléments territoriaux, a pu contenir l'ennemi, avec l'aide desAnglais et des Belges.A droite, le corps Rawlinson a dû s'arrêter, en raison de la menace quefont peser sur son lfanc gauche les colonnes ennemies, évaluées à uncorps d'armée (XVIIIe C. R. probablement), débouchant du front Thielt,Courtrai; mais il tient bon et se dispose même à reprendre son effort lelendemain pour s'emparer de Menin.Le maréchal French, discernant le danger, décide d'orienter immédiatementvers le nord le 1er corps britannique, disponible dans la régiond'Hazebrouck, Saint-Omer. Il lui prescrit de se porter, par Poperinghe etYpres, dans la région de Langemarck à l'appui du corps Rawlinson. Dès lesoir, la division de tète (2e D. 1. W.) stationne à Poperinghe2, d'où ellecompte attaquer le lendemain, à la gauche de la 7e division d'infanteriebritannique, en direction de Thourout5.A gauche, les Belges et les fusiliers-marins ont résisté victorieusementaux entreprises de l'ennemi sur le front de l'Yser. L'état-major belge estimeà quatre divisions les forces allemandes en ligne entre Nieuport etDixmude ; il s'attend à recevoir le choc de forces plus importantes.Le lieutenant-colonel Brécard paraît très confiant : « Troupes belgesont eu aujourd'hui attitude bonne, télégraphie-t-il le soir au général Foch ;les ai vues personnellement à Nieuport : tout a bien tenu ». Il ajoute quel'ennemi veut percer sur l'Yser; un équipage de ponts serait déjà à Saint-Pierre-Cappelle. Quant aux intentions du commandement belge pour lelendemain, elles consistent à « tenir à tout prix sur positions organisées4».1 G. Q. G., 2*bureau. Comptes rendus de renseignements n" 124, 5 heures, 19 octobre;- n. 125, 4197, 6 heures, 20 octobre, Annexes 3041, 3089.L entrée en ligne de la 1 D. 1. W. est prévue seulement pour le 21 3 octobre. Mission Huguet. Lettre à général Foch, 8 heures, 19 octobre, Annexe 3044. — Officierde liaison du G. P. N. auprès du groupe Bidon. Message téléphoné à général Foch,22 heures, iq octobre. 4 Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 23"15, 19 octobre. — Mission Brécard.Message téléphoné à général Foch, l 7h40. 19 octobre; — télégrammechiffré à G. Q. G. etgénéral Foch, 55, 2ihg, 19 octobre, Annexes 3055, 3047.314 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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Le général Foch insiste : «Il est absolument nécessaire que armée belgeconserve demain ligne Yser1 Il.L'adjoint au général en chef envisage la situation sous un jour favorable,bien que « des mouvements de troupes encore imprécis » soientsignalés dans la région de Bruges et de Gand2 et malgré l'apparition soudainedes XXIIe et XXIIIe G. R. en Belgique. Il ne songe qu'à relancer enavant, entre Ypres et la mer du Nord, tout le dispositif anglo-franco-belge,dès l'arrivée à Furnes de la 2e division.Il fait part de ses espoirs au général en chef et lui soumet ses projetsde manoeuvre : « Nous sommes abordés, de la mer à la Lys de Courtrai,par des forces ennemies comprenant sans doute le Ille C. R., une divisiond'ersatz et le XXIIIe C. R. A gauche, se trouve le Q. G. de la IVe armée.De la Lys de Courtrai à Lille, et plus au sud, s'échelonnent le XIIe et leXIXe corps, avec des centres de résistance fortement organisés sansdoute ».A mon avis, une attaque peut avoir des résultats sérieux, qui seramenée contre Gand et la Lys amont, par un dispositif comportant : àgauche, notre 42e division et une division de cavalerie ; au centre, l'arméebelge, encadrant nos fusiliers-marins; à droite, notre groupement d'Ypres,une division territoriale, une brigade active, un corps de cavalerie. Cedispositif serait prolongé par l'armée anglaise qui, actuellement, a quatrecorps et trois divisions de cavalerie, et manoeuvrerait contre le frontCourtrai, Lille; plus au sud, par notre Xe armée3 ».L'exécution de l'attaque est subordonnée à l'arrivée de la 2e division,la date du 22 octobre peut cependant être envisagée.Le général Foch estime qu'il y aurait intérêt à grouper les élémentsfrançais opérant en liaison avec l'armée belge sous l'autorité d'un même1 Général Foch. Télégramme chiffré à mission Brécard, 236, 23h30, 19 octobre, Annexe3056.G. Q. G., a* bureau. Compte rendu de renseignements n° ia4, 5 heures, 19 octobre,Annexe 3041.Général Foch. Lettre personnelle à général Joffre, 22 heures, 19 octobre. Non publiée.- Cf. carte n° 3o. - - - - -La 42. division doit débarquer à Dunkerque dans la journée du 20; en fait, ses débarquements

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subiront quelques retards et seront terminés seulement le 21 au soir. — Etat-majordu général Foch. Note concernant la division indienne et la 42° D. I., 19 octobre. — Gouverneurde Dunkerque. Rapport à général Foch sur les opérations de la journée du 21 octobre.TOME 1, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 315chef, afin de mieux coordonner leur action. Le général d'Urbal, commandantle 33e C.A. (Xe armée), lui paraît qualifié pour exercer le commandementde ces éléments.Le général en chef approuve ces suggestions et désigne le générald'Urbal pour prendre le commandement des forces françaises dans lenord (Détachement d'armée de Belgique ou D. A. B.).Toutefois, les renforcements allemands au nord de la Lys incitent legénéral Joffre à rappeler au général Foch que la 3Ie D. I. et la ge divisionde cava lerie, en réserve générale dans la région de Compiègne, sont à sadisposition et pourraient être avantageusement dirigées vers le front desFlandres. Il lui annonce, en outre, l'arrivée prochaine d'une brigade detirailleurs sénégalaisl, destinée à renforcer l'armée Maud'huy, « qui n'aaucune réserve d'armée sérieuse2 ».Quelques heures plus tard, il revient encore sur ces points : la 31e division,la ge division de cavalerie, la brigade sénégalaise et aussi le ge corpssont « entièrement » disponibles. Ces formations sont à répartir de manièreà «faire réussir d'abord l'opération projetée au nord, qui est essentielle3 ».Il décide, enfin, de se rendre dans le nord et de prendre contact avecle roi des Belges et le maréchal French.Ce déplacement trahit une inquiétude que les événements vont bientôtjustifier.** *

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Le 20 octobre, les attaques sur le front de l'Yser ne sont repousséesqu'avec peine. L'ennemi s'est renforcé. Le XXIIe C. R., venant de Bruges,s'est engagé devant Dixmude où, ainsi qu'à Nieuport, les attaques sontparticulièrement violentes. Les Allemands marquent un léger succès ens'emparant de Lombartzyde, maisils sont repoussés à Dixmude par la bri-1! Cette brigade vient du 32* C. (corps Humbert). G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 4173, d heures, 19 octobre; — 4229,9h 355, 20 octobre, Annexes 3042 et 3091. G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 4319, 17h25, 20 octobre, Annexe 3096.316 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.gade belge Meiser (3e D. A. ), soutenue par la brigade de fusiliers-marinsqui défend la rive ouest de l'Yserl.Cet heureux résultat ne tempère pas les appréhensions de l'état-majorbelge, dont les réserves sont déjà presque toutes engagées. A deux reprisesdans la soirée, cet état-major fait valoir l'extrême étendue de son front,« étant donné l'effectif de l'armée et la violence des attaques », et insisteauprès des autorités françaises pour que les divisions territoriales du groupementBidon remontent vers le nord et prennent à leur compte la défensedu canal à partir de Saint-Jacques-Cappelle exclu2.Le général Foch acquiesce : « Droite belge peut être à Saint-Jacques-Cappelle, à condition qu'elle se maintienne en liaison avec troupes françaisesqui tiennent Noordschoote3». Le général Bidon fera occuper parune fraction de la 8ge division territoriale l'intervalle, à peu près vide detroupes, qui le sépare de la droite belgeDans la région d'Ypres, la situation, le 20 au soir, n'est pas très brillante.Sous la pression du XXIIIe C. H., le corps Mitry a accentué son repli.Il a perd u Poelcappelle, Passchendaele et Zonnebeke et se cramponne :dans le nord, aux lisières ouest et nord-ouest de la forêt d'Houthulst; dansle sud, à Langemarck, à Saint-Julien, à Saint-Jean. Il est soutenu en arrièrepar les territoriaux, qui se retranchent autour d'Ypres (87e D. T.) et quigardent les passages du canal à Noordschoote, Zuydschoote et Boesinghe(brigade de la 89e D. T. )5.Le 1er corps britannique a débouché de cette dernière localité sur la rive

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est du canal; mais, fatigué par une longue étape, il a ajourné son effort1 Armée belge. Situation vers 15 heures, 20 octobre, Annexe 3137. — Officier deliaison du 2e C. C. auprès de la brigade Ronarc'h. Télégramme à corps de cavalerie Mitry,19h 20, 20 octobre. — Mission Brécard. Message téléphoné à général Foch, 19h45, 20 octobre.* Armée belge. Situation vers i5 heures, 20 octobre. — Armée belge, 1er bureau. Notepour le chef de la mission militaire française, 18b 3o, 20 octobre, Annexes 3137 et 3139.8 Général Foch. Télégramme chiffré à mission Brécard, 245, 22 heures, 20 octobre.GMission Brécard. Télégramme chiffré à général Foch, 66, 1921, 20 octobre, Annexe3103, et réponse du général Foch.La 89* D.T. ne dispose que d'une seule brigade, la 177. Lautre brigade (170) stationnedans la région d'Hondschoote, à la disposition du gouverneur de Dunkerque.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 317offensif au lendemain, et se retranche le soir sur le front Bixschoote, Pilckem,Saint-Jean, en poussant quelques éléments à Langemarck 1.La journée du 20 est donc entièrement négative en ce qui concerne laréalisation des projets offensifs du général Foch. Les Allemands ont menéle jeu sur tout le front.S'ils n'ont pas réussi à ébranler sérieusement la résistance des troupesalliées, l'apparition de leurs nouveaux corps laisse prévoir qu'ils ont l'intentionde poursuivre leurs attaques.Aussi, le général Foch court-il au plus pressé. Il prescrit à la 42e D. I.,qui commence à débarquer à Dunkerque, de soutenir la gauche del'armée belge2. Dès le soir, une brigade stationne à Adinkerke, avec deséléments sur la ligne Coxyde, Furnes. Son arrivée produit sur l'armée et

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la population belges l'impression la plus réconfortante : «Le 16e bataillonde chasseurs, arrivé ce soir à Furnes avec splendide allure guerrière, aprovoqué enthousiasme inexprimable3 ».En outre, à l'instigation du commandant en chef4, le général Foch faitremonter vers le nord tous les renforts disponibles : le ge C. A., dont lesdébarquements commenceront le 21 octobre à Saint-Pol et à Doullens;la ge D. C. et la 3ie D. I., qui, le même jour, se porteront, par voie deterre, de la région de Compiègne vers celle de Montdidier5.** *Le 21 octobre, le général Foch prend ses dispositions pour renforcerses moyens oflensifs : le 98 corps d'armée fera partie du nouveau grou-1 Général Bidon. Message téléphoné à général Foch, 20 heures, 20 octobre. — Généraide s Mitry. Compte rendu à général Foch, 19" 3o, 20 octobre, Annexes 3128 et 3134. Général Foch à gouverneur Dunkerque. Q"45, 20 octobre. Annexe 3109.Général Foch. Télégramme chiffré à gouverneur Dunkerque, 236, ohio, 20 octobre. —Colonel Brécard. Télégramme chiffré à G. Q. G. et général Foch, 61, 17h3o,20 octobre; —Message téléphoné à général Foch, 19b45, 20 octobre; — télégramme chiffré à général Foc4h, 23k55, 20 octobre, Annexes 3102, 3104, 3105. G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 4229, 9h55, 20 octobre; - 4319,i/h-520, 20 octobre, Annexes 3091 et 3096. Général Foch. Note (sans destinataire) conservée dans les archives du G. A. N., 20 octobre.— Général Foch à 3i* D. 1.t 171030, 20 octobre.318 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.pement de forces françaises chargées d'agir offensivement en Belgique ;ses débarquements seront poussés dans la zone Poperinghe, Hazebrouck 1.Pour faciliter l'exercice du commandement, les troupes françaisesengagées sur le territoire belge (ge C. A., groupement Bidon, brigade defusiliers-marins et 42e D.I.) constitueront, à dater du 21 octobre, le«détachement d'armée de Belgique D, aux ordres du général d'Urbal dont

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l'état-major s'installe à Rousbrugge. L'artillerie lourde des IIe et Xe arméessera mise à contribution pour augmenter dans toute la mesure du possible,en lui fournissant des batteries, la capacité offensive de cette nouvelleformation i.En attendant l'arrivée des renforts français, le général Foch suit de prèsl'action de l'armée britannique. Celle-ci attaque le 21, en faisant effortpar sa gauche (1er C. W. ), pendant que son centre et sa droite se retranchentsur leurs positions.Le maréchal French a orienté, en effet, son ier corps vers le nord, endirection générale de Thourout, malgré l'avis du général Foch qui eûtpréféré le voir se rabattre délibérément sur Courtrai 5.Or, ce corps, débouchant du front Bixschoote, Saint-Jean, se heurte,dès qu'il a franchi les avant-postes de la cavalerie Mitry, à un corps d'arméeallemand (le XXVIe C. R.) venu de Courtrai 4. Il progresse très difficilementet ne peut dépasser le soir, par ses avant-gardes, la ligne Langemarck,Zonnebeke5 où il entre en liaison avec la 87e division territoriale qui tientles positions à l'est d'Ypres6.1 Au lieu de Saint-Pol, Doullens.* Général Foch. Ordre, ai octobre. — Général Foch à colonel Brécard, 25o, 9 heures,21 octobre. — Général Foch. Télégramme à commissaire régulateur Etaples, 10 h. 25,21 octobre; — ordre à lIe armée, 21 octobre, Annexes 3153, 3149, 3154.3 Le mouvement de rabattement sur Courtrai souhaité par le général Foch ne sera mêmepas amorcé. La marche excentrique du 1" corps britannique sur Thourout offre en outrel'inconvénient d'étendre démesurément le front anglais.Il serait suivi lui-même du XXVIIe C. R., venu également de Courtrai, et qui constitueraitle corps de gauche de la 4* armée allemande. — G. Q. G., 2* bureau. Compte rendude renseignements n* 126, 5 heures, 21 octobre; — n° 127, 6 heures, 22 octobre. —G. P. N., Bulletin de renseignements n* 8, du 21 octobre, Annexes 3140, 3182, 3147.1 Mission Huguet à général Foch. 20 heures, 20 octobre. — Mission Huguet. Lettre à

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-gén6éral Foch, 21 octobre matin, Annexe 3145. Officier de liaison du G. P. N. auprès du groupe Bidon. Message téléphoné à généralFoch, 19 heures, 21 octobre. — Général de Mitry. Compte rendu de fin de journée àgénéral d'Urbal, 20 heures, 21 octobre, Annexes 3155 et 3175.TOME 1, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 319A sa gauche, le corps de cavalerie Mitry se replie en fin de journéeà l'ouest du canal et s'échelonne de Noordschoote à Brielen.Ses D. C., comme celles du corps Conneau, épuisées par les eflortsininterrompus qu'elles ont fournis, ont besoin d'être reconstituées. Legénéral en chef a invité le général Foch, le 19 octobre, à « mettre successivementau repos fractions les plus fatiguées des deux corps de cavalerie,afin de ne pas amener usure complète de ces corps». Le 2 1, il met à sadisposition 1 6 régiments de cavalerie l, prélevés sur les armées du centreet de l'est, pour relever les unités les plus éprouvées de ces deux corps2.Du côté belge, l'ennemi a renouvelé dans la journée ses attaques surl'Yser, en particulier devant Nieuport, le pont de Schoorbakke, Dixmudeet au sud-ouest de cette ville. Nulle part cependant, il ne réussit à entamerla ligne principale de résistance.A Dixmude, le contre-amiral Ronarc'h, chargé de la défense de la tètede pont, a repoussé victorieusement, avec sa brigade et la brigade belgeMeiser, placé sous ses ordres, tous les assauts de l'adversaire.Devant Nieuport, quatre torpilleurs d'escadre du commandant Richard 3ont bombardé Lombartzyde et canonné les emplacements des batterieslourdes allemandes près de Westende4.Dans l'ensemble, les événements du 21 octobre n'ont pas apporté demodification sensible à la situation, mais les renseignements reçus dans lajournée font craindre pour le lendemain une tentative ennemie de percée.Le colonel Huguet, de la mission militaire française près l'armée britannique,communique, en effet, un renseignement de source sérieuse d'après1 A la demande du général Foch, ces régiments débarqueront à Hazebrouck à partir du24 octobre. — Général Foch, Télégramme chiffré à G. Q. G., ih 5, 25 octobre, Annexe3338.1 G. Q. G. Note pour le général Foch, 4324, entre 17 et 18 heures, 20 octobre, -

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télégramme chiffré à général Foch, 4538, 20 heures, 21 octobre, Annexes 3095 et 3143.— Général Foch à G. Q. G., 20b 45, 21 octobre.s Commandant les bâtiments d'un groupe de 5 torpilleurs, à savoir: le Dunois, le Capiflline-JIehl, le , Francis-Garnier,VIntrépide, ¥Aventurier (flottilles de la 2e escadre légère). Armée belge. Suite à l'ordre du 20 octobre, arrêté à 18 heures, Annexe 3138. —Armée belge. Situation le 21 octobre, à 18h3o. — Brigade Ronarc'h. Message téléphoné àG. Q. G. belge, 22h 3o, 21 octobre. — Capitaine de frégate Richard. Télégramme à contreamiralRouyer et capitaine de vaisseau Lavenir, commandant les flottilles de la -2°escadrelégère, n° g4,2 2h 4o,21 octobre.320 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.lequel les Allemands auraient l'intention de «prendre Calais coûte quecoûte, et concentrer tous efforts dans le but de réussira.La situation n'apparaît pas sans danger, car l'armée belge a engagétoutes ses réserves et ses troupes sont à bout de souffle.Toutefois, la 42e D. I., dont les débarquements sont terminés et quistationne à l'ouest de Furnes, est en mesure de porter secours, en casde nécessité, à l'armée alliée en péril. Dans la soirée du 21 octobre, legénéral Foch prescrit en effet : «. Le général Grossetti jugera luimêmedemain dans quelle mesure il doit intervenir pour maintenir l'inviolabilitédu front belge indiscutablement. Le général d'Urbal est avisé2. »II. — LA PHASE CRITIQUE. LA BATAILLE DEVIENT GÉNÉRALE.(22-26 OCTOBRE.)Le général Joffre, en approuvant les projets offensifs de son adjoint, l'ainvité à répartir sur l'ensemble du front des armées du Nord les nouveauxrenforts mis à sa disposition : 9e corps d'armée, 3ie D. I., ge D. C., brigadesénégalaise3.Or, le 21 octobre, de tous les renforts, seule la 42e D.I. est à piedd'oeuvre. La 17e D. I. du ge corps, dont les débarquements seront achevésle 22, pourra bien être à Ypres dans la nuit du 22 au 23; mais en revanche,la 18e D.I. ne sera disponible que le 24 au matin. L'artillerielourde d'arméeta doit arriver à Furnes, à Dixmude et à Ypres dans la journéedu 2 36.

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1 Mission Huguet. Télégramme chiffré à G. Q. G. et général Foch, 13" 4, 21 octobre,Annexe 3146.1 Gouverneur de Dunkerque à général Foch. Rapport sur les opérations de la journée du21 octobre. — Général Foch. Message téléphoné à mission Brécard, 17 heures, 21 octobre.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 43iq, 17" 25, 20 octobre. Annexe 3096.Prélevée sur l'artillerie de la VI" armée et comprenant :4 batteries de 120 L. tracteurs, à destination de Furnes,2 — 120L. cingolis — Dixmude,2 — 155C. T. R. — Dixmude,3 — io5 L. — d'Ypres,1 — i55 C.T.R. — d'Ypres,1 — M.220 — d'Ypres.1 D. A. B. Messsage téléphoné à général Foch, 2ob3o, aa octobre. — D. A. B. Compterendu à général Foch, aa octobre, Annexe 3218.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 321LAGRANDGEUERRE—. 1 4' vol. 21Faut-il attendre pour attaquer que la concentration de tous ces élémentssoit achevée? Le général Foch ne le pense pas; il décide de passer àl'offensive dès le 23 octobre.Son idée de manoeuvre est la suivante : «Maintenir indiscutablement laligne Nieuport, Dixmude, Bixschoote; en faire partir une offensiveréservée et agir offensivement en engageant, par Ypres, toutes les forcesdisponibles françaises dans la direction de Roulers, pour rompre le dispositifallemand et, ultérieurement, par un rabattement à la Lys de Courtrai,envelopper la droite de ce dispositifs."L'idée initiale de débordement sera donc poursuivie. Mais sa réalisationapparaît de plus en plus délicate, en raison de la complexité d'un dispositifd'attaque constitué avec des éléments français opérant chacun pourleur compte, et de contingents alliés qu'il faut d'abord persuader et convaincreavant d'escompter leur action.Le général Foch prescrit, le 22 octobre, au général d'Urbal d'entamerl'action offensive le lendemain, dès la première heure, «avec toutes lesforces françaises et belges», la droite de son dispositif orientée d'Ypres

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sur Roulers, le centre, de Dixmude sur Thourout, la gauche, de Nieuportsur Ghistelles.Il demande au maréchal French «que toute l'armée anglaise appuiecette attaque en agissant offensivement sur tout son front, sa gauchemarchant sur Courtrai2».Le général d'Urbal se propose d'attaquer le 23 en direction généralede Thielt, avec l'appoint des renforts arrivés à pied d'oeuvre. Toutefois,il estime indispensable d'assurer tout d'abord la solidité de la base dedépart, elle-même sérieusement attaquée depuis cinq jours. Ses premiersefforts sont consacrés à cette lâche préliminaire.Les généraux Bidon et de Mitry reçoivent la mission d' « empêcher à toutprix, dans la journée du 22, les Allemands de franchir le canal d'Ypres àDixmude, en tenant sur les positions qu'ils occupaient le 21 en fin de1 Général Foch. Note à général d'Urbal, 22 octobre, Annexe 3197.Général Foch. Note à D. A. B., 22 octobre, Annexe 3197. — Général Foch à maréchalFrench, aa octobre.322 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.journée.1 ». Ils se mettront en liaison, à droite, avec le 1er corps britanniqueà Boesinghe, à gauche, avec les Belges qui occupent Nieucappelle.Une brigade de la 87e division territoriale occupera Zuydschoote et laisseraaux Anglais la défense rapprochée d'Y pres. Enfin, pour tenter de déblayerle terrain d'attaque, le général de Mitry agira sans retard sur la rive estdu canal dans la région au nord de Bixschoote, avec l'appui d'une brigadeterritoriale et d'un groupe d'artillerie de la 87e D. T. 2.Le 22 octobre, les mouvements prescrits s'exécutent facilement ; enrevanche, l'opération de nettoyage confiée au général de Mitry échoue.Les cavaliers ne parviennent pas à déboucher à l'est du canal et les territoriauxne dépassent pas Bixschoote. Le soir, le général Bidon prescrit de« se retrancher très solidement sur toutes les positions occupées3».A droite, les Britanniques ne poursuivent pas leur effort de la veille endirection de Thourout; le ier C. W. s'organise sur la ligne Bixschoote,Zonnebeke et procède à l'installation de pièces de gros calibre à l'ouest ducanal et au nord de Boesinghe.Sur le front de l'Yser, la situation tend à s'aggraver. L'ennemi abandonnant,au moins provisoirement, l'attaque contre Nieuport et Dixmude,concentre ses efforts sur le centre belge et attaque la boucle de Tervaete,à l'ouest de Keyem. Il réussit à prendre pied sur la rive gauche de la

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rivière et à s'y maintenir, malgré les contre-attaques des troupes belges.En fin de journée, il occupe toute la boucle de Tervaete.Sur la «prière instante» de l'état-major belge, le chef de la missionmilitaire française demande au général d'Urbal que la lx2e D. I. soitpoussée vers la boucle du canal, «sur centre, pour empècher ligne belgeêtre percée4».Le général d'Urbal, se référant aux instructions qui lui prescrivent nonde se défendre mais bien d'attaquer, ne consent pas à modifier le plan1 D. A. B. Instruction n* 1, oh i5, 22 octobre, Annexe 3213.2 D. A. B. Message téléphoné à général Foch, 1 heure, 22 octobre; — ordre particulier ag-énéral de Mitrv. n° 6, ah3o, 22 octobre, Annexe 3214. 3 Général Bidon. Ordre pour la soirée du 22, n° 76, 17h 3o, 22 octobre. — Général deMitry à général d'Urbal et général Bidon, n° 17, Igh30, 22 octobre, Annexes 3230 et3228.4 Mission Brécard. Télégramme à général Foch, 2ih 15, 22 octobre. Annexe 3192.TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 32321d'action fixé pour le lendemain. Il maintient son ordre d'offensive «pourtoute la li2e division par Nieuport1 ».Déjà le commandant du détachement d'armée de Belgique a donné auxgroupements sous ses ordres comme «directions principales d'attaque »respectivement, Ghistelles, Thourout et Roulers. En outre, il a prescritau général de Mitry, disposant de deux divisions de cavalerie et de deuxdivisions territoriales2, de garder la ligne du canal et de pousser surMerckem la brigade de la 87e D. T. qui n'a pu dans la journée dépasserBixschoote3. Il recommande enfin à ses unités d'attaquer «à fonda, en nemaintenant entre elles que les liaisons nécessaires pour « se flanc-garder sisi l'on est en flèche4 ».De son côté, le maréchal French a décidé, devant l'insuccès de l'offensive

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sur Thourout entamée la veille par le ier C.W., de se rallier aux vuesdu général Foch. Les divisions du général Douglas Haig, commandant leicr corps britannique, dès qu'elles auront été dépassées par la 17e D. I.du ge C. A., attaqueront, en liaison avec cette dernière et à sa droite, endirection de Courtrai. Le reste de l'armée se maintiendra sur la défensive5.Le 22, dans la soirée, tout est donc prêt pour que l'offensive conçuepar le général Foch se déclanche dans les conditions prévues6.1 Mission Brécard. Message téléphoné à général Foch, 8h 15, 23 octobre, Annexe 3238.Par décision du général en chef, le général Bidon reprendra, à la date da 23, sesanciennes fonctions de gouverneur de la place de Dunkerque. Tous les éléments du groupeBidon passeront le même jour aux ordres du général de Mitry. — G. Q. G. Télégrammechiffré à général Foch, 4773, 15h 4o, 22 octobre, Annexe 3187.En outre, la 89* division territoriale est reconstituée à deux brigades; la 178" brigade,mise le 16 octobre à la disposition du gouverneur de Dunkerque, est rappelée par le générald Urbal et rejoint sa division à Loo. — Gouverneur de Dunkerque. Télégramme chiflréà général Foch, i8q/M, 16h25, 22 octobre.- D. A.B. Ordre général n° i pour le 23 octobre, 19 heures, 22 octobre, Annexes 3215.: D. A. B. Instruction générale n° 1, 22 octobre, Annexe 3217,Mission Muguet. Télégramme chiflré à G. Q. G., général Foch et D. A. B., 22 heures,22 octobre, Annexe 3191.hCf. carte n° 32.324 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *Le 23 octobre, au matin, les forces françaises débouchent aux deuxailes de l'armée belge.

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Au nord, la 42e D.I. attaque dans des conditions difficiles. Dès 7 heures,l'état-major belge annonce «que le front Lombartzyde, Lombartzyde-Bains, est violemment attaqué» et que «le colonel qui commande sur cefront demande des renforts et le concours de la flotte).Plus au sud, dans la boucle de Tervaete, les Allemands consolidentleurs progrès de la veille, et le commandement belge, « qui n'a plus rienà leur opposera, se demande avec inquiétude si le repli de sa ligne ne vapas se propager à gauche, en rendant impossible l'effort offensif de la42e D. I. par Nieuport1.Ces événements ne modifient pas les intentions du général Foch quiprescrit au général d'Urbal et au général Grossetti de se conformer auxinstructions reçues «en les adaptant aux circonstances». L'adjoint augénéral en chef est persuadé que l'offensive française arrêtera certainementles progrès des Allemands «à condition que les troupes belges maintiennentleurs positions par tous les moyens». Pour les aider, la 42e D. I.poursuivra son offensive «avec énergie, activité, et en assurant sa liaisonavec les troupes voisines2».Cette division se porte résolument en avant. A partir de 10 heures, endépit d'une violente canonnade, elle franchit l'Yser avec une brigade, auxabords de Nieuport, et gagne Lombartzyde; sa gauche avance à travers lesdunes jusqu'à mi-chemin entre Lombartzyde et Westende; sa droites'arrête devant la ferme Bamburg 3.Tandis que la 42e D. I. progresse et que les troupes belges s'efforcentde résister à la pression adverse, au sud, vers Ypres, la 17e D. I. prend1 G. Q. G. belge. Message téléphoné à mission Brécard, 7 heures, a3 octobre. — MissionBrécard, Message téléphoné à général Foch, 8h i5, 23 octobre, Annexes 3280 et 3238.* Général Foch. Message téléphoné à mission Brécard, 8h 4o, Annexe 3243, et g1115,23 octobre.s 42* D. 1. Compte rendu à D. A. B., n° 5o, 18 heures, 23 octobre, Annexe 3278.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 325LAGRANGDUEERR—E.I, 4' VOL. 21 Àl'offensive dans la direction de Passchendaele; elle dépasse les tranchéesanglaises et reprend Zonnebeke perdu la veille par le ier C. W., mais elle

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doit bientôt s'arrêter 1.Sa progression est trop faible pour inciter les troupes britanniques àparticiper à l'assaut. D'ailleurs, le maréchal French, estimant que l'attaqueisolée de la 17e D. I. aura les plus sérieuses difficultés à se développeret que les divisions territoriales «ne pourront rien faire dans la directionde Bixschoote, Merckem2», désire que le 1 er corps britannique soitd'abord relevé par la 17e D.I. L'attaque, toutes forces réunies, pourraitalors avoir lieu le lendemain : 17e division sur Passchendaele, divisionbritannique de gauche sur Becelaere. La ligne Ypres, Zonnebeke, Moorslèdemarquerait la limite des zones d'action des deux armées3.Le commandement britannique désire en somme que chaque arméeopère dans une zone nettement délimitée. Les généraux d'Urbal etDouglas Haig se mettent rapidement d'accord à ce sujet: la 1 7e D. I. relèveradans la nuit du 23 au 24 la 2e division britannique sur le frontZonnebeke, Langemarck; le 24, la 1 8e D.I. prendra à son compte lefront Langemarck, Steenstraate, actuellement tenu par la ire divisionanglaiseEn définitive, le bilan de l'offensive générale du 23 se réduit audébouché de la 42e division à Nieuport.t>Cette action a-t-elle réussi àsoulager la défense de l'Yser? Il ne le semble pas, car la situation s'estplutôt aggravée du côté de la boucle de Tervaete. Le commandementbelge est de plus en plus inquiet : «Par suite de l'état d'épuisement destroupes et du manque de réserves, il est à craindre qu'une attaque, exécutéecette nuit ou demain matin, n'augmente la trouée et n'enfonce complè-1 Q.C. A. Compte rendu à D. A.B., iq heures. 23 octobre. Annexe 3271. 2 Effectivement, le détachement Mitry, auquel sont rattachées les 8t et 89* divisions territoriales,n'exécutera pas les attaques projetées contre Bixschoote et se Lomera à renforcerles organisationsdéfensives existantes. — Général de Mitry. Compte rendu à général d'Urbal,

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19 heures, 23 octobre, Annexe 3275.Mission Huguet. Message téléphoné à général d'Urbal entre 6 heures et 6h3o, 23 octobre.— Capitaine Leduc, officier de liaison du D.A. B. auprès de l'armée anglaise. Compte rendu à D. A. B., 1ih3o, 23 octobre, Annexes 3240 et 3266.Capitaine Leduc, officier de liaison du D. A. B. auprès de l'armée anglaise. Compte rendu à D. A. B., 18 heures, 23 octobre, Annexe 3267.326 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.tement le centre belge. Si cette éventualité se produit, une retraiteest à envisageraDes renseignements postérieurs précisent toutefois que les troupes allemandes,«dans un état d'épuisement extrême. et bien que tenant encore,devant le centre belge, « la corde de l'arc formé par la boucle de FYsere,ont dû céder, dans la soirée, toutes les positions qu'elles avaient enlevéesdans la journée au prix des plus lourds sacrifices.Néanmoins, le commandement belge croit que le dégagement de sonfront par l'offensive française reste «très aléatoire a, étant donnée la faibleprogression réalisé par la A2e D. I. Aussi le colonel Wielemans pense-t-ilque cette division serait plus utilement employée à renforcer le frontdevant la boucle de Tervaete : «Une action énergique du plus grandnombre possible de troupes de la 42e division dans le secteur qui a cédépeut rétablir la situation et transformer en succès ce qui demain pourrait,dans le cas contraire, être une déroute2. »La rupture du front belge condamnerait à l'insuccès l'offensive encours. Aussi le général d'Urbal décide-t-il le 23 au soir de donner satisfactionà ces pressantes demandes.A 2 2h 3o, il prescrit au général Grossetti, de porter « immédiatement »le gros de sa division dans la région de Pervyse, tout en maintenant avecune brigade l'occupation de la région de Lombartzyde.11 devra contreattaquerau point du jour de manière à « rejeter les Allemands sur la riveest du canal». Trois groupes d'artillerie lourde, dont un de quatre batteriesdéjà en place, sont mis à sa disposition3Le général d'Urbal a pris cette décision parce que la direction de Nieuportne lui semble pas dangereuse, le gros des forces allemandes paraissant

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orienté sur Ypres. Il ressort en effet des bulletins de renseignements4 du1 Armée bele, 1" bureau. Noteà mission Brécard, 18h i5, 23 octobre, Annexe 3282.2 Armée belge, lor bureau. Note pour le colonel Brécard, a3 octobre en fin de journée;— situation vers 20 heures, 23 octobre, Annexes 3285 et 3283.s D. A. B. à général Foch, 21b30, 23 octobre; — ordre particulier à 42* D.I., 2" 30,23 octobre, Annexe 3265. — Mission Brécard. Télégramme à général Foch, là 6,24 octobre.4 G. Q. G.2e bureau. Compte rendu de renseignements n° 128, 4882, 5 heures, 23 octobre.— G. P. N., 2* bureau. Bulletin de renseignements n° 10, 336, 23 octobre. —G. Q. G., a* bureau. Compte rendu de renseignements ne 129, 5o96, 5 heures, 24 octobre,Annexes 3235, 3242 et 3286.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 3272t A.grand quartier général et du groupe provisoire du Nord que les unitésde la 4e armée allemande engagées, le 23 au soir, entre la mer et la Lyscomprennent du nord au sud: la 4e division d'ersatz et le IIIe corps deréserve; le XXIIe C. R.; le XXIIIe C. R.; le XXVIe C. R., et le XXVIIe C. R.Un groupement de cavalerie, commandé par le général von der Marwitzet comprenant 8 divisions réparties en 3 ou 4 corps1, relie, de Gheluveltà la lisière nord du bois de Ploegsteet, la 4e armée (du duc de Wurtemberg),à la 6e (du prince royal de Bavière).On sait de plus que les corps d'armée de récente formation, engagésdepuis plusieurs jours dans une lutte stérile, auraient subi des pertes considérables; les troupes en seraient très déprimées.Aussi, le général Foch, malgré la fragilité de la ligne belge, en dépitdes faibles progrès réalisés par l'offensive française, n'en considère pas

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moins, dans la soirée du 23, la situation comme « bonnea. Il en rendcompte au commandant en chef et annonce en même temps qu'avec l'appointdes nouveaux renforts ( 18e D. I.), il compte reprendre le lendemainles attaques sur tout le front2.Le général d'Urbal prescrit de poursuivre l'offensive le 24 dans les conditionssuivantes : au sud, le général Dubois, disposant des deux divisionsdu ge corps et du groupement d'artillerie lourde d'Ypres, attaquera endirection de Roulers, couvert face à la forêt d'Houthulst par la 7e divisionde cavalerie. Au centre, le général de Mitry aura la même mission quele 23. Au nord, la 42e D. I. portera son gros dans la région de Pervyse,pour agir contre les forces allemandes occupant la boucle de Tervaete3.Dans la nuit, un renseignement fait connaître que l'ennemi se proposeraitégalement d'attaquer et s'apprêterait à lancer les XXVIe et XXVIIecorps à l'assaut de Boesinghe et d'Y pres4.l Quatre corps, qui sont, du nord au sud: le n" C. C. (a* et 3* D. C.); le V*C. C.(7"D.C. et D. C. bavaroise); le IV*C.C. (6*et 9*D.C.) et le 1" C.C. (4*D. C. et D.C. dela Garde).— G. Q. G., 2' bureau, 5383. Compte rendu de renseignements n° i3o, 5 heures,25 octobre, Annexe 2 3333. Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 339, 23h 25, 23 octobre. Annexe 3244.— Cf. carte n° 33. :\ D. A. B. Ordre général n° 2, pour la journée du 24 octobre, Igh 3o, 23 octobre; —ordre particulier à£2* D. I.. 22h 3o. a3 octobre. Annexes 3262 et 3265.2*C. C. Compte renduà D.A.B., 8 heures, 24 octobre.328 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *Le 24 octobre, dans la matinée, le général d'Urbal préférant attaquerles troupes allemandes «en mouvement» plutôt que d'avoir à les déloger depositions défensives, recommande aux généraux Dubois et de Mitry, de

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«profiter de cette situation pour attaquer vigoureusement et repousser,sans leur permettre de s'accrocher au sol, les adversaires qu'on rencontrera1».Entamée dès le matin, l'offensive du ge C. A. au nord de la ligneZonnebeke, Langemarck fait peu de progrès. A1 1 heures, elle a gagnétout au plus quelques centaines de mètres dans la direction de Passchendaele2.De Cassel, où il a transporté son quartier général pour se rapprocherdu champ de bataille principal, le général Foch presse le général Duboisd'engager ses dernières troupes débarquées3 et de «prendre toutes dispositions(transport en auto, etc. ) pour que tous ces éléments soient utilisésaujourd'hui et que l'action en reçoive une nouvelle impulsion ». Il ajoute :«Il nous faut de la décision et de l'activité - «Le ge C. A. s'efforce toute la journée de gagner du terrain, mais sansbeaucoup de succès. Il lutte contre un adversaire en forces et déjà abritédans des tranchées qu'il faut enlever une à une. Il occupe le soir le frontgénéral : est de Zonnebeke, ruisseau de Stroomheck.A la gauche du ge corps, la 87e division territoriale du groupementMitry relève la ire division anglaise sur le front Langemarck, Steenstraate.Cette relève, exécutée de jour, se termine à 18 heures, sans incident.Plus au nord, les autres éléments du groupe Mitry (89e D. T., 4e et5e D. C.) assurent la défense du canal, de Steenstraate à Saint-Jacques-Cappelle. Les 4e et 5e D. C. tentent des attaques, la première sur Luyghem,la seconde sur Bixschoote, mais leurs progrès sont insignifiants. A gauche,1 D. A. B. Instruction particulière, qb 3o, 24 octobre, Annexe 3313.2 Officier de liaison du D. A. B. auprès du 98 C. A. Message téléphoné à D. A. B., 9h i5,24 octobre. — 98 C. A. Compte rendu à D. A.,B., 11 heures, 24 octobre, Annexe 3324.3 2 groupes A. C., 5 batteries A. D./i8 et la 36* brigade (18*D. 4 I.). Général Foch. Message téléphonéà 9* C. A., 12115, 24 octobre, Annexe 3296.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 329la liaison est renforcée avec la brigade de fusiliers-marins fortement attaquéeà DixmudeJusqu'alors, la brigade Ronarc'h, plus bombardée qu'attaquée, s'est

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maintenue sans difficultés sur ses positions.Mais, le 24 octobre, une grosse alerte se produit sur son front : lesAllemands, maîtres depuis deux jours de la boucle de Tervaete, s'infiltrentdans la région de Stuyvekenskerque, menaçant le flanc gauche decette brigade et risquant de rendre précaire son maintien à Dixmude.Or, l'amiral a reçu du général d'Urbal l'ordre formel de se maintenir àDixmude : «Le passage de Dixmude devra être tenu par vous tant qu'ilrestera un fusilier-marin vivant, quoi qu'il puisse arriver à votre droite ouà votre gauche et quoi que fassent les troupes belges qui opèrent avecvous. Si vous êtes trop pressé, vous vous enterrerez dans des tranchées.Si vous êtes tourné, vous ferez des tranchées du côté tourné. La seulehypothèse qui ne puisse être envisagée, c'est la retraite» 2.La brigade Ronarc'h obéit à la consigne donnée. Elle repousse dans latête de pont de Dixmude tous les assauts de l'adversaire et, pour parer àl'enveloppement de sa gauche, elle organise, au moyen de ses réserves,un nouveau front défensif face au nord 5.Tandis que les fusiliers-marins luttent héroïquement pour la défensede Dixmude, plus au nord, la 42e D. I., partie vers midi de Pervyse,atteint le soir l'Yser à l'est de Stuyvekenskerque, mais elle n'a pas chasséles Allemands de Tervaete4.Les Belges «tiennent encore grâce à l'appui de la 4 2 e division » 5. Pourront-ils prolonger la résistance? «Toutes les réserves belges sont engagées;les troupes, luttant depuis sept jours sans pouvoir être relevées régulièrement,sont à bout de forces. Si la contre-attaque française ne réussit1 D. A. B. Situation en fin de journée, compte rendu à général Foch, 24 octobre. — Généralde Mitry, compte rendu à général d'Urbal, 141, 19 heures, 24 octobre, Annexes 3318et 3329.2 D. A. B. à amiral Ronarc'h, 8 heures, 24 octobre.

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3 Officier de liaison du D. A. B. auprès de la brigade Ronarc'h. Compte rendu à D. A. B.,12 heures, 24 octobre. — D. A. B. Situation en fin de journée, compte rendu à général Foch,24 octobre, Annexe 3318.Mission DGénéral Brécard. Télégramme à général Foch, 122, 25 octobre, Annexe 3336. Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 362, 23" 3o, 24 octobre, Annexe 3301.330 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.pas, le G. Q. G. ne peut certifier résister à une poussée allemande 1).L'état-major belge estime que « toute idée d'offensive partant du frontbelge doit être abandonnée pour le moment et que les forces lancées parla 42e division en avant de Nieuport devraient être employées à maintenirle centre qui menace d'être enfonce MDans l'ensemble, la situation reste sérieuse.Le général Foch, qui s'est rendu à Furnes, dans la journée, en rapportecette impression : «D'accord avec M. de Broqueville, j'étais allélivrer un assaut hier à Furnes pour demander à l'armée belge de tenirencore, de ne pas lâcher la ligne de l'Yser; mon éloquence aurait été vainesans l'annonce de vos renforts2. »Ces renforts sont importants : un régiment d'infanterie territoriale5, quiarrivera dans la nuit à Furnes et sera mis aussitôt à la disposition du généralGrossetti; une division d'infanterie (31e D.I.), une division de cavalerie(9e D. C.) et deux groupes de 75, qui arriveront sur le front belgeles 26 et 27 octobre; enfin, deux bataillons sénégalais attendus à Ypres le25 octobre vers midi; seize régiments de cavalerie arrivant les 25 et 26;et une autre division (non désignée) attendue pour le 29 octobre -.Le commandement belge, appréciant toute la valeur de l'aide qu'il vabientôt recevoir, prescrit de «tenir à tout prix sur ligne occupée de Nieuportà Dixmude» 5.Le général d'Urbal espère que l'armée belge pourra résister jusqu'àl'arrivée des renforts; toutefois, pour parer à toute éventualité et répondreau désir du colonel Wielemans, il décide de renforcer immédiatement lecentre belge à l'aide des éléments de la 42e division maintenus devantNieuport. A 22 heures, il ordonne au général Grossetti de suspendrel'offensive par Lombartzyde, de laisser en ce point un ou deux bataillonspour en assurer l'occupation et de ramener le reste de la division entre1 Armée belge. i" bureau. Note pour le chef de la mission militaire française auprès duG. Q. G. belge, 24 octobre, Annexe 3330. — Cf. carte n* 34.

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2-Général Foch. Lettre personnelle à général Joffre, a5 octobre. Non 3 publiée. oH 6* régimentd infanterie territoriale, venant de Dunkerque, régiment a deux bataillons.4 Général Foch à général Grossetti, 18 heures, 24 octobre, Annexe 3298. — GénéralFoch à mission Brécard, 363, a3 heures, 24 octobre, Annexe 3300. — Général Foch àmission Brécard, 6 heures, 25 octobre.Mission Brécard. Télégramme chiffré à général Foch, 122, 25 octobre, Annexe 3336.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 331Nieuport et Pervyse «de manière à renforcer la défense du front de l'arméebelge partout où ce sera nécessaire". En outre, la 42e D. I. mettra unbataillon à la disposition de l'amiral Ronarc'h, «Dixmude étant très vivementattaqué ».Le général d'Urbal précise sa pensée en ces termes : «La ligne de l'Yserdoit être maintenue à tout prix par des contre-attaques énergiques, de manièreà ce qu'il soit possible de reprendre le plus tôt possible l'offensive àlaquelle je ne veux pas renoncera aEspérant que l'action en direction de Roulers facilitera la défense del'Yser, il a déjà prescrit au ge C. A. de poursuivre vigoureusement sesattaques le 25 «en y appliquant tous ses moyens,) 2. A sa droite, l'arméebritannique l'appuiera en attaquant vers l'est : le ier C.W. au nord de laroute Ypres, Menin, la 7e D.I.W. au sud, contre le front Gheluwe, Wervicq.A sa gauche, le groupement Mitry maintiendra «l'intégrité du frontoccupé. et continuera à «déblayer le terrain sur la rive droite de l'Yser)) 3.Le général Foch, négligeant provisoirement l'offensive en direction deCourtrai, est d'avis que l'attaque montée par le général d'Urbal n'est pasassez puissante pour dégager le front Dixmude, Nieuport. Il préférerait

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une action vers le nord, entreprise avec l'appui des renforts, contre lefront Dixmude, Cortemarck. Il estime en effet qu'un vigoureux effort danscette direction détournerait l'attaque des Allemands contre l'Yser et dégageraitle front belge de l'étreinte ennemie. Il écrit en conséquence augénéral d'Urbal : «Peut-être y aurait-t-il lieu de préparer cette action dèsdemain 25, en orientant tout ou partie de la 18e D. I. vers Westroosebeke,tout en continuant d'attaquer avec le restant du corps d'armée surPasschendaele4. »Le commandant du D. A. B. a connaissance de ces suggestions seulementle 25 octobre vers 7 heures du matin, trop tard par conséquent pour1 D. A. B. Ordre particulier à général Grossetti, 82, aa heures, 24 octobre, Annexe33127.3 17' et IS" D. L, 6e et 7e D. C., artillerie lourde. Armée anglaise. Ordre d'opérations pour le 25 octobre, 24 octobre. — D. A. B. Ordregénéral n° 3 pour la journée du 25 octobre, 18h 3o, 24 octobre, Annexes 3331 et 3315.Général Foch. Note à général d'Urbal, 23 heures, 24 octobre (envoyé par estafette le15 octobre, à 6h 3o), Annexe 3340.332 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.que les ordres donnés pour la journée puissent être modifiés. «Le ge corpsest trop complètement engagé dans la direction de Passchendaele pourque je puisse prononcer avec des éléments empruntés à ce corps d'arméeune offensive contre le front Dixmude, Cortemarck, en vue de dégager lefront de l'armée belge1. »Il confie cette mission à la 3ie D. 1. 2. Toutefois, l'effort principalsera produit, non par le sud de la forêt d'Houthulst, région trop encombréede troupes pour que cette division y ait sa liberté de manoeuvre,mais par le nord, à l'ouest ou à l'est du canal, selon la situation du moment.** *Or, le 25 octobre, la situation devient de plus en plus grave.

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Devant le ge C. A., les attaques françaises et les contre-attaques ennemiesse succèdent sans interruption, de jour comme de nuit; les pertessont élevées. Ni Poelcappelle, ni Passchendaele ne peuvent être enlevés, etl'avance, à l'est de Zonnebeke, ne dépasse pas un kilomètre. Sur le restedu front, les attaques du groupement Mitry, à gauche, et celles des troupesanglaises, à droite, ne réalisent aucun progrès5.Sur l'Yser, le fléchissement de la veille s'accentue et les Allemandsfranchissent la rivière en plusieurs points.A Dixmude, les fusiliers-marins, bien que renforcés d'un bataillon dela 42e division et de deux bataillons sénégalais, résistent difficilement.A 17 heures, l'amiral écrit au général d'Urbal : «Létat de fatigue extrêmedes hommes et les ravages considérables causés dans les tranchées parl'artillerie lourde ennemie m'obligent à vous informer que je ne pensepas pouvoir tenir plus de vingt-quatre heures sur le front est de Dixmude4.»Général d'Urbal. Lettre à général Foch, n° 95,9113o, a5 octobre. -- -L arrivée de cette division subiracertains retards. Elle devait débarquer a Ypres le 2l) aminuit; elle débarquera en fait à Bailleul, où son dernier élément entrera en gare le 26 octobre,à 8 heures. — Général d Urbal à général Foch, 18b3o, 25 octobre. - - -Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 374. 25 octobre. — D. A. B. Télégrammechiflré à G. Q. G. et général Foch, n° i84, 18 heures, 25 octobre. — 9e C. A.Compte rendu de la nuit à D. A. B., 25 octobre matin, Annexes 3342, 3354 et 3360.*Brigade Ronarc'h. Compte rendu à D. A. B., 17 5, 25 octobre, Annexe 3367.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 333Quant à la brigade belge1, qui se partage avec les marins français ladéfense de la tète de pont, sa situation, de l'avis du grand quartier généralbelge, devient «intenable » et sa relève s'impose. «Un bataillon a soixantedouzeheures de tranchées; les deux autres en ont quarante-huit. Cettenuit, il y a eu quinze assauts. Le bombardement est continuel et extrêmement

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violent. Les chefs ne répondent de rien. Les hommes sont arrivés àla limite de la résistance physique et morale. Le front à défendre est d'environ2.5oo mètres et le commandant de la brigade de fusiliers-marins neveut pas intervenir dans la relève. Si la brigade Meiser n'est pas relevée,la tête de pont devra être abandonnée. L'armée belge n'a plus de réservedisponible2. »Sur le reste du front de l'Yser, les troupes belges, étayées par les deuxbrigades de la division Grossetti résistent «tant bien que mal » à la pousséeennemie sur une ligne sinueuse, entre la rivière et la voie ferrée Nieuport,Dixmude 3.Cependant, la soirée du 25 octobre a apporté aux Belges deux puissantsmotifs de réconfort : le premier, c'est la confirmation de l'arrivéeimminente des renforts français; le second, c'est l'espoir de réussir à tendreles inondations en avant du front pour contraindre les Allemands à repasserl'Yser.La question des inondations a été envisagée également par le commandementfrançais pour assurer la défense de Dunkerque.Le 24 octobre, le général Foch, se conformant aux suggestions dugénéral en chef, a prescrit en effet au gouverneur de cette place de «tendreinondation mer Dunkerque sur front est» Il en avise le haut commandementbelge pour le cas ou l'eau s'étendrait jusqu'à Furnes, ou même jusqu'àl'Yser, ce que l'on ignore; mais il s'attire une vive protestation contre uneinitiative qui risque de mettre sous l'eau le dernier lambeau du sol belge,1 Brigade Meiser (3° D. A.). L'effectif de cette brigade se trouve réduit à 2.5oo hommes

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environ.2 G. Q. G. belge. Note à commandant Génie, de la missionfrançaise, 15),4o,2 5 octobre,An3nexe 3372. MissionBrécard à général Foch, 19 heures, 25 octobre; —télégrammeà général Foch, ih 10, 26 octobre, Annexes 3336 et 3378. 4 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 5271, 16h5, 4 octobre. —Général Foch.Télégrammechiffré à G. Q. G., oh 45 (heure de réception), a5 octobre, Annexes 3290 et3338.m LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.et d'inonder, derrière le front de l'armée, presque toutes les routes deravitaillement ou de retraite.Le général Foch, appréciant la valeur de cette objection, demande aucommandant en chef l'autorisation de surseoir à l'exécution de la mesureenvisagée et d'y recourir, seulement, dans le cas où l'armée belge perdraitla ligne de l'Yser et celle du canal de Loo; seules les dispositions préparatoiresseraient prises.Le général Joffre accepte ces propositionsl.Le général en chef se préoccupe d'ailleurs, avant tout, des conditionsdans lesquelles seront utilisés les importants renforts dont il a décidél'envoi dans le nord. Il croit utile de préciser que les seize régiments decavalerie en cours de débarquement à Hazebrouck ne doivent être employéspar le général d'Urbal « qu'après avoir servi à reconstituer les deux corpsde cavalerie, en particulier le corps Conneau, retiré du front après souduredes corps anglais ».De plus, l'infanterie et l'artillerie destinées à renforcer le front belge(38e D. I. et deux groupes de 75 du 46e R. A. C.), qui débarquerontsuccessivement à partir du 27 octobre matin, reformeront avec la A2e divisionle 82e corps d'armée, sous les ordres du général Humbert2.Enfin, et cette recommandation de principe restera valable pour unelongue période, il convient d'éviter le mélange des éléments amenés enrenfort dans les Flandres : «En principe, efforcez-vous de ne pas disloquerunités, mais, au contraire, de reconstituer groupements organiqueschaque fois que possible ».3

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Le général Foch compte toujours, pour dégager le front de l'Yser, surl'offensive des forces franco-anglaises au sud de Dixmude.Dans la soirée du 25 octobre, il expose au général Joffre ses projets demanoeuvre : «Les progrès seront exploités demain par une attaque de la1 Général Foch. Lettre à général en chef, 23 heures, 25 octobre. — G. Q. G. Messagetéléphoné à général Foch, 5739, 17h 55, 26 octobre, Annexes 3341 et 3375.i Le général Humbert commandait le 32e corps devant Reims (Vearmée). Ce corps étaitantérieurement composé de la 4ae D. I., de la 52e D. R. et de la division marocaine. La38* D. 1. appartenait au 18*corps (Ve armée 3 ). - G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, ,11 5o, octobre, Annexe 3335.TOME I, 4" VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 3353ie division et d'une partie du ge corps qui, partant de Langemarck et deWestroosebeke, marchera sur Staden, pendant qu'à l'ouest de la forêtd'Houthulst, Mitry avec sa cavalerie et des troupes territoriales ou activesagira sur Clercken. Cette action du sud au nord, entreprise contre la routeDixmude, Roulers et plus au nord Cortemarck, peut avoir les plus grandesconséquences. Nous maintenons en même temps l'offensive sur Roulers,en liaison étroite avec le 1ercorps anglais en marche sur Courtrai. 1»Il s'agit donc de tomber dans le flanc des forces ennemies qui attaquentl'armée belge sur l'Yser.Le général d'Urbal stimule de son mieux l'activité de ses subordonnéset réclame de tous un effort décisif.Au ge corps, les attaques, commencées de très bonne heure, devrontêtre menées «très rondement" et poursui vies «sans interruption et sanstrêve, aussi bien sur Poelcappelle que sur Passchendaele. Il faut à tout prixgagner du terrain et en gagner vite.» 2

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Le général de Mitry reçoit un renfort de trois bataillons actifs3 : «Ilsvous serviront à mener l'attaque à fond quand vous les aurez et dès quevous les aurez; mais il ne faut pas attendre de les avoir pour agir aussiactivement que vous le pourrez4. »** *Le 26 octobre, la situation sur l'Yser s'aggrave. Dès le matin, les Allemandsprononcent des attaques sur Nieuport, Saint-Georges et la ligne del'Yser : tout le front belge est, cette fois, sérieusement menacé.Vers ioh 3o, les Belges cèdent au nord de Pervyse et refluent surAvecappelle. A Dixmude, les fusiliers-marins, malgré l'appui de deux bataillonssénégalais, laissent des éléments ennemis s'infiltrer dans leurslignes. La 4.2e division, renforcée d'un régiment de cavalerie5, se cramponnesur ses positions.l2 Général Foch. Lettre personnelle à général Joffre, 25 octobre soir. Non publiée. 3 Général d'Urbal à général commandant le oe C. A., 22hi5, 25 octobre, Annexe 3351. 4 Un du q*C. A., deux de la 3ie D. I. fi Général d'Urbal à général commandant 2' C. C., 22h i5, 25 octobre, Annexe 3351. 3" régiment de chasseurs d'Afrique. — D. A. B. Ordre particulier à à2* D. L, n° i39,9 heures, 26 octobre.336 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Dès qu'il a connaissance de ces événements, le général d'Urbal demandeau général Foch d'envoyer quelques bataillons de renfort vers Dixmude :«11 importe au succès de l'attaque, que je ne veux pas renoncer à prononcervigoureusement et dont, en conséquence, je ne veux rien distraire,que je puisse disposer aujourd'hui même de deux ou trois bataillons transportésen automobile vers Dixmude.» Il ajoute : «Il est indispensable quenous prenions la défense de l'Yser à notre compte, en y mettant des effectijssuffisants, sinon la manoeuvre offensive par le sud et l'est de la forêt d'Houthulst

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deviendrait impossible 1. »Le général Foch n'a plus un homme disponible et les premiers renfortsne débarqueront qu'à partir du 27 octobre matin. Aussi se borne-t-il àrépondre : «Je vous ai tout passé, à vous d'en user.» A son avis, pourtant,«rien n'est compromis D, à la condition, d'une part, d'organiser le commandement(général Grossetti au nord, amiral Ronarc'h ou général deMitry à Dixmude), d'autre part «d'agir vivement du sud au nord. 3.Le général d'Urbal décide en conséquence que toutes les troupes françaisesparticipant à la défense de l'Yser4 passeront dans la soirée aux ordresdu général Grossetti, avec mission «d'assurer à tout prix, avec ou sansl'armée belge, la défense du front Nieuport, Dixmude5».Le colonel Brécard vient en effet de rendre compte que l'état-majorbelge se prépare à lancer l'ordre de retraite sur tout le front, ce qui l'aconduit à préciser «que si les Belges partaient, Français resleraient6 D.En fait, l'ordre de retraite préparé par l'état-major belge n'est pasenvoyé.Les renseignements de l'après-midi ne représentent nullement la situationcomme désespérée. L'attaque allemande est « plutôt molle », l'ennemi1 Général d'Urbal à général Foch, n° 147, 10h3o, 26 octobre, Annexe 3406. — Officierde liaison du D. A. B. auprès 42" D. I. Compte rendu à D. A. B., 13 heures, 26 octobre.2 38' D. I. et deux corouo1es A6*R. A. G. 3 Général Foch. Réponse à général d'Urbal, 13113o, 26 octobre, Annexe 3387.4 Ce sont: la 428 D. I., la brigade Ronarc'h, l'artillerie lourde; le 3' régiment de chasseursd'Aifrique, le 6" hussards et le 8* chasseurs. - - D. A. B. Ordre particulier à général Grossetti, n* 167, 16 heures, 26 octobre, Annexe3407.# Mission Brécard. Message téléphoné à général Foch, i5 15, 26 octobre; — télégrammechiffré à général d'Urbal, n° 147, 21 heures, 26 octobre, Annexes 3379 et 3380.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XII. 337LAGRANGDUEERR-E1. , 4*VOL. 27.n'a franchi en aucun point le rail Dixmude, Nieuport; l'armée belge enfin,en dépit de «l'effroyable canonnade Il à laquelle son artillerie ne peut répondreefficacement faute de munitions suffisantes, tient solidement le

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remblai de la voie ferréeDans la soirée, il se confirme que cette armée se ressaisit : on n'y parleplus de retraite. Bien que l'état d'épuisement physique et de dépressionmorale des troupes soit extrême, bien que «l'armée en désordre ne présenteplus de consistance» 2, le roi et son état-major conservent l'espoir detenir encore toute la journée du lendemain. L'ordre donné au nom du roiet envoyé aux troupes dans la soirée du 26 est formel : «Demain, l'armée,renforcée par les troupes françaises, continuera la défense à outrancedes positions occupées3. »Pour faciliter l'exécution de cet ordre, l'état-major belge a décidé detendre sur la rive gauche de l'Yser une inondation d'eau de mer pournoyer les positions de l'ennemi entre la rivière et la voie ferrée et le contraindreà repasser l'Yser. Des travaux préparatoires ont déjà été exécutésles 25 et 26. Ils seront complétés le 27.Au sud de Dixmude, l'offensive franco-britanuique, sur laquelle legénéral Foch fondait les plus grands espoirs, ne donne pas les résultatsattendus. Le 9e C. A., violemment contre-attaqué, n'enregistre dans lajournée qu'une légère avance vers Passchendaele; la 3 1e D. I., dont il devaitdisposer à partir de midi, a été retardée et n'a pu, avant la nuit, ni exécuterson ordre d'engagement, ni faire sentir son action. A sa droite, le 1er corpsbritannique progresse quelque peu vers Becelaere4.La journée du 26 s'achève donc sans que les offensives en direction deRoulers et de Courtrai aient réussi à redresser une situation difficile.1 Lieutenant Gauthiot,officier de la mission Brécard en liaison auprès de la 42" D. I.Message téléphoné à colonel Brécard, i5 heures, 26 octobre.:1 Colonel Brécard. Télégramme chiffré à général d'Urbal, 1^7,21 heures, 26 octobre,Annexe 3380.3 Armée belge. 1er bureau. Ordre pour la journée du 27 octobre, 2ih 3o, 26 octobre,Annexe 3418.General roch. Message téléphoné à G. Q. G., 2ih3o, 26 octobre; — télégrammechiffré à G. Q. G., 4o3, 23h 5o, 26 octobre. — D. A. B. à général Foch. Situation à 15103o,26 octobre, Annexes 3391 et 3408.338 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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Depuis plusieurs jours, troupes françaises et troupes anglaises se dépensentlargement, mais en vain, pour assurer la défense de l'Yser, conditionnécessaire à la réussite de leurs attaques contre la droite allemande.Le général Foch et le général d'Urbal, obligés d'utiliser, en soutien del'armée belge, une partie des unités sur lesquelles ils croyaient pouvoircompter pour conduire et alimenter l'offensive débouchant d'Ypres, ontseulement réussi à contenir l'ennemi."-En cette fin de journée, l'équilibre tend à s'établir, mais les réservesdes Alliés sont presque totalement engagées. Si l'inondation de la plainede l'Yser, en mettant fin aux combats qui se livrent depuis dix jours danscette région, doit provoquer un resserrement de la bataille autour d'Ypres,il apparaît cependant que l'offensive alliée est compromise. Les Allemandssemblent en effet décidés à intensifier leur effort en direction de Calais,en exploitant la supériorité numérique qu'ils ont réussi, au moins momentanément,à acquérir sur cette partie du champ de bataille 1.1Cf. carienc 35.2a.CHAPITRE XIII.LA BATAILLED'YPRES.(27 OCTOBRE-4NOVEMBRE.)(Cartes 36 à ho.)f.— TENTATIVDESUDÉTACHEMEDN'ATRMÉDEEBELGIQUEETDESBRITANNIQUPEOSURDÉBOUCHERD'YPRES(27-29 octobre).Situation sérieuse sur l'Yser (26 octobre). — Faibles résultats des attaques francobritanniquesau nord et à l'est d'Ypres (27 et 28 octobre). — Inondation de la plaineentre l'Yser et la voie ferrée de Nieuport à Dixmude (28 et 29 octobre). — Fin de la batailledel'Yser. -II. - LADÉFENSFERANCO-BRITANNDIQUUSAEILLANDT'YPRES(30 octobre-4 novembre).Attaque allemande contre le saillant d'Ypres. Les Britanniques appellent- à l'aide;intervention des troupes françaises. — L'ennemi se renforce (3o octobre). — Situation

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critique de l'armée britannique. Intervention du général Foch. Le repli anglais estenrayé. Directives du général Foch (3i octobre). — Offensivedu D. A. B. pour dégagerle front britannique. Dispositions prises par le général Foch pour renforcer le frontd'Ypres. Les forces allemandes de la mer à la Lys (1" novembre). — L'ennemi renouvelleses assauts au sud d'Ypres; le D. A. B. contre-attaque (2, novembre). — Le D.A. B.reprend sesattaques; faibles résultats obtenus. Intervention du général Joffre (3 novembre ).— Fin des grandes offensives de rupture. Vers la stabilisation progressive du front desFlandres (4 novembre).T. - TENTATIVES DU DÉTACHEMENT D'ARMÉE DE BELGIQUEET DES BRITANNIQUES POUR DÉBOUCHER D'YPRES.(27-29 OCTOBRE.)Les Allemands ayant manifesté l'intention de franchir l'Yser, le généralFoch, sans renoncer à son projet de rompre leur aile droite à l'ouest deCourtrai, s'est efforcé de faciliter la résistance de l'armée belge et de la340 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.42e D.I. en lançant, de la face nord du saillant d'Ypres, des offensivesen direction du nord-est (cf. chapitre xn).Les attaques du 1er corps britannique sur Thourout (20 octobre), ducorps Mitry et du 9e G.A. sur Staden et Roulers (23-26 octobre), desBritanniques en direction de Courtrai, n'ont procuré aucun gain de terrain.Elles se sont heurtées à d'importantes forces ennemies dont l'action, progressivementétendue et amplifiée depuis Nieuport jusque devant Ypres,semble révéler l'intention des Allemands de prononcer un vigoureux effortcontre'l'aile gauche des armées alliées. Sans doute recherchent-ils égalementla décision de leur propre manoeuvre d'enveloppement commencéedans la deuxième quinzaine de septembre.Le 26 octobre, après plusieurs jours de combats, la bataille desFlandres reste indécise.

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Sur l'Yser la situation est sérieuse. L'armée belge, contrainte d'abandonnerla ligne du canal, s'est repliée sur la voie ferrée de Nieuport àDixmude. Quelques jours de répit lui seraient nécessaires pour tendrel'inondation qui neutralisera son front.Devant Ypres, les forces s'équilibrent pour le moment. Mais, les adversairesn'ayant pas encore épuisé toutes leurs 'disponibilités, la bataille n'apas encore atteint son point critique.A cette date, la situation des forces alliées est la suivantel: au nord,l'armée belge, renforcée par la 42e division et la brigade Ronarc'h, tientNieuport, le remblai de la voie ferrée Nieuport, Dixmude, et cette dernièrelocalité. Au centre, le groupement Mitry2 occupe l'Yser canalisé, deDixmude exclu à Poesele, puis la ligne Bixschoote, Langemarck. A sadroite, le groupement Dubois3 tient le front Langemarck, Zonnebeke1Cf. carte no 35.Le groupement Mitry (a* C. C.) comprend à la date du 26 octobre les unités suivantes:4*D. C.; — 5' D. C.; — 87' D. T.; — 89* D. T.; — détachement Boussat : 2 bataillonsdu 96' R. I. (3ie D. I.), 1 bataillon du 32' R. 1. (18* D. 1.), fio* B. C. P.(soutien du 2' C. C.), artillerie 9* D. C.1 Le groupement Dubois (9* C. A.) comprend à la même date les unités suivantes:17' D. I. : 68", 90% 114*et 268* R. I.; — 18e D. I. : 77* et i35* R. I., 2 bataillonsdu 32* R. I.; — 31* D. 1.: moins a bataillons du 96" R. 1.; — 6* D. C.; — 7*D. C.,renforcée par le 66* R. I. ( 18* D. I.) et par le 1250 R. J. ( 17* D. l.); — 290* R. I.,régiment d'infanterie de corps du 9*C. A.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 341LAGRANDGEUERRE—. 1, 4"lOL. 22 Ainclus, en liaison au sud avec les Britanniques qui sont engagés sur le frontZonnebeke, Zandvoorde (ier C. W. et corps Rawlinson), Zandvoorde, Messines(corps de cavalerie Allenby), Messines, Armentières (3e C.W.).A partir du 27 octobre, les attaques des 4e et 6e armées allemandesprennent, de la mer du Nord à Arras, une ampleur et une violence particulières.C'est autour du saillant d'Ypres, où s'opère la liaison des forces

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britanniques et du détachement d'armée de Belgique, qu'elle atteint saplus grande intensité. Aussi, le nom de « Bataille d'Ypres» a-t-il été donnéà l'ensemble des opérations qui se sont déroulées jusqu'au 4 novembresur cette partie du front.Au cours de cette période, le général Joffre, faisant confiance au généralFoch, se repose entièrement sur lui du soin de mener la bataille. Sesdirectives et ses conseils se font plus rares; son action se manifeste presqueexclusivement par les dispositions qu'il prend pour alimenter la bataille.La question est d'ailleurs complexe car, s'il est indispensable, pour satisfaireaux demandes du général Foch, de diriger sur les Flandres toutes lesunités qu'il est encore possible de prélever sur le reste du front sans encompromettre la sécurité, il faut cependant se ménager les moyens de faireface à des besoins imprévus.Pour alimenter la lutte intense qui se livre au nord et à l'est d'Ypres,le général Joffre se voit contraint de se démunir des réserves rassembléesderrière le centre des armées.Il décide de regrouper dans le nord les 32e et 16e corps d'armée quiont déjà chacun une division sur le front des Flandresl. La 38e D. I. débarquerale 28 octobre dans la région de Furnes et d'Adinkerque, la 32e D. I.,le 3o et le 31, dans la région d'Ypres2.Après l'exécution de ces mouvements, aucun prélèvement ne pourraplus être effectué sur les armées de l'est et du centre au profit des arméesdu nord. Si les événements exigeaient de nouveaux renforts, le groupeprovisoire du nord ne devrait plus compter que sur les ressources qu'un1 da* et 3i* D. 1. Les 02" et 16' C. A. appartenaient respectivement aux V' et VI*armées. t G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 5424, nh 5o, 25 octobre. — G. Q. G.Télégrammes chiffrés à général Foch, 5865, g* 55; et 6o58, 22h25, 27 octobre. —Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., A18, 191120, 27 octobre, Annexes 3335,3423, 3424 et 3427.342 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.remaniement du dispositif de ses forces déjà stabilisées pourrait lui procurer.Le général Foch ne redoute pas encore cette éventualité; il poursuitinlassablement son offensive. Le 27 octobre, les attaques sont reprises surtout le front et se poursuivent le 28; le résultat ne répond pas aux efforts.

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Aussi bien le groupement Mitry, au nord de Langemarck, que le groupementDubois, en direction de Paschendaele, ne remportent que des succèslocaux insignifiants. Au sud, sur le front britannique, pas de modificationde la situation1.Le terrain très coupé sur lequel les troupes franco-britanniques multiplienten vain leurs efforts depuis cinq jours ne permettant aucune actiond'ensemble, il faut procéder par attaques partielles. Celles-ci ne parviennentsur aucun point du champ de bataille à déloger les Allemands desvillages qu'ils ont fortifiés.Le général Foch et le général d'Urbal s'émeuvent des faibles résultatsobtenus. L'un et l'autre, attribuant les échecs au défaut de manoeuvre despetites unités, multiplient leurs conseils.Dans l'après-midi du 28 octobre, le général Foch, au cours d'une visiteau quartier général du ge corps d'armée, laisse une instruction écrite quiprécise la tactique à observer désormais dans les combats en cours: «Dansun pays comme celui-ci où l'on aborde l'ennemi de près, sans avoir àfranchir de grands espaces découverts sous le feu de son infanterie, l'ordreen profondeur importe peu. Donc, au lieu de s'arrêter en profondeur,quand elle butte avec sa tête, que notre infanterie manoeuvre, que les échelonsen arrière se jettent immédiatement en avant, à droite ou à gauchedes premiers. Donc, de l'activité, de l'initiative aux échelons en arrière, aulieu de la cristallisation, voilà un principe à appliquer à partir de la compagnie.Que tout le monde poursuive des résultats au lieu d'appliqueraveuglément des moyens improductifs»2.Sur l'Yser, la journée du 27 octobre est moins agitée que dans le saillantd'Ypres. Les troupes belges, très éprouvées et mélangées aux élé-1 Général Foch. Télégrammechiffré à G.Q.G., 426, 23k 10,27 octobre, Annexe 3428.- message téléphoné à G. Q. G., 21 heures, 28 octobre; — télégramme chiffré à G. Q. G.,A43. 22k 5o, 28 octobre, Annexe 3455.1 D. A. B. Note de service n° 3i5, 28 octobre. — 9" C. A. Copie d'une instruction écritedonnée par le général Foch au général commandant le 9e C. A., 28 octobre, Annexe 3473.

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TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITREXJII. 34322 A.ments de la division Grossetti l, peuvent commencer leur réorganisationderrière la voie ferrée Nieuport, Dixmude, dont le remblai domine laplaine de 1 mètre à 1 m. 3o et constitue une ligne de résistance d'unecertaine valeur.L'ennemi n'attaque pas; il se borne à canonner par intermittence lespositions franco-belges «sans produire de grands effets,» D'après certainsrenseignements, il se renforcerait au sud de Nieuport, en face de Ramscappelle,à l'aide de troupes retirées du nord et de la boucle de l'Yser.L'état-major belge ayant décidé de tendre sur la rive gauche de l'Yserune inondation d'eau de mer pour noyer les positions de l'ennemi et lecontraindre à repasser la rivière, des travaux préparatoires sont exécutésles 25, 26 et 27 octobre. Dans la nuit du 27 au 28, les écluses de Nieuportsont ouvertes, laissant l'eau envahir lentement la plaine maritimeLe 28 octobre, vers 10h 3o, l'inondation atteint Ramscappelle ets'étend le soir dans la direction de Pervyse. Trois ou quatre marées sontnécessaires avant qu'elle atteigne son plein effet.Il faudrait donc que l'armée belge tienne encore plusieurs jours. Or,les Allemands ne paraissent pas disposés à lui accorder ce répit.Le 28, en effet, ils dirigent contre le front Pervyse, Dixmude, un bombardementtrès violent et procèdent à des mouvements de troupes qui fontprésager pour le lendemain une attaque d'infanterie dans la région aunord de Dixmude3. La situation reste donc sérieuse car l'artillerie belgemanque de munitions et même de canons4.1 Le colonel Brécard, dela mission française, donne, au sujet des effectifs belges, lesprécisions suivantes: à la date du 27 octobre soir, l'armée aurait, sur l'ensemble du front

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des quatre divisions de première ligne, 15.000 combattants environ. Elle disposerait, enoutre, en deuxième ligne, d'une division de 6.000 hommes et dans les dépôts de l'arrière(Calais), d'un reliquat de 49-000 rationnaires. Mission Brécard. Télégr. chiffré à générald'Urbal, 163, Ok30. 28 octobre, Annexe 3451.Armée belge, 1" bureau. Situation vers 17 heures, 27 octobre. — Mission Brécard.Télégramme chiffré à D. A. B., 163, oh 3o, 28 octobre. — D. A. B. Télégramme chiffré àG. Q. G., ioh55, 27 octobre, Annexes 3451, 3436. — 42' D. I. Compte rendu à D.A. B.,15h3 3o, 27 octobre. MissionBrécard à général Foch,1 Oh30, 28 octobre; — télégramme chiffré à généralFoch,.171, 22h 3o, 28 octobre. — 42* D. I. Compte rendu à D. A. B., 22 heures, 28 octobtre,Annexes 3452, 3482. Le colonel Brécard a déjà signalé que l'armée belge ne disposait plus, la veille, que de180 canons non encrassés et de 13o coups par pièce.344 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L'état-major belge et le général Grossetti donnent, dans la soirée, desordres minutieux pour parer de leur mieux à l'ultime assaut dont ils pressententl'imminence.Le 29 octobre, sur l'Yser, contrairement aux prévisions, la journées'écoule sans incident. L'inondation s'étend lentement sur une largeur de5oo à 600 mètres, détrempant tout le sol entre Pervyse et la mer.Cette accalmie permet au général d'Urbal d'envisager les moyens derenforcer la défense du secteur à l'ouest de l'Yser par la création d'unedeuxième position. Il met au point un «projet d'ordre relatif à l'organisationd'une ligne de résistance sur le front Coxyde, Poperinghe». et lesoumet, dans l'après-midi du 29, à l'examen de l'état-major belge1.Celui-ci lui répond : « L'armée belge n'a été consultée en aucune façonau sujet de cette position qu'on semble vouloir lui imposer. La réalisationde cette organisation est impossible. Nous avons besoin de nos troupes dugénie pour les travaux de la ligne de défense actuelle, des barrages et dela position de repli que nous avons déterminée entre Furnes et Loos. Ilnous est impossible d'obtempérer aux injonctions du présent ordre2. » -

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L'organisation de la deuxième position doit donc être remise à plustard.A partir du 29 octobre, l'inondation tendue à l'est de la voie ferréeDixmude-Nieuport, neutralise progressivement le front de l'Yser et de cecôté la lutte diminue d'intensité. En revanche, autour du saillant d'Ypres,elle prend un caractère d'acharnement extrême, notamment sur le frontbritannique où la 6e armée allemande attaque sans arrêt.Le 28, dans la soirée, le général d'Urbal avait prescrit au détachementd'armée de Belgique de reprendre l'offensive le 29 octobre «avec la plusextrême vigueur. 'dans les conditions suivantes : le groupement auxordres du général Dubois3 attaquera avec le détachement Hély d'Oisselsur Poëlcappelle, avec la 3ie D. I. sur Westroosebeke, avec les 17e et18e D.I. sur Passchendaele, Roulers; le groupement aux ordres du généralde Mitry prendra pour objectif le front Mangelaere, Bultelioek;1 Général d'Urbal à mission Brécard. n* 391, 14" i5, 29 octobre. — D. A. B. Ordreparticulier au sujet de l'organisation d'une position, 20 octobre.2 Armée belge. 1" bur. i56i. Colonel Wielemans à colonel Brécard, 3o octobre.3 Voir page 345.TOME 1, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPiTRE XIII. 3453 Ordre de bataille des différents groupements du D. A. B. le 29 octobre:A. GroupementDubois (9* C. A.).: --7'D. C.,(1. Détachement Hély d'Oissel 66* R. 1. (17*D. I.),( 7' D. C. r. 125'1R. J. ( IS" D. J.), groupe A. D./18;122' R. I.,i42* R. I.,b. 3 l' D. J. 81' R. I.,1 bataillon du 96*R. I.,3 groupes A. C./9;i68* R. I.,90* R. I.,c. 17'D. 1.2114"R.I.,

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268*R. I.;90* R. I.;77'R.l..lL /«•D nl i ) ( i â5*R.I.,j 2 bataillons du 3a*R.I.f 1. 1 b .u d 3( 1 groupe A. C./9;e. 6' D. C. (2*C. C.).f 7" régiment de hussards (régiment de cavalerie de corps).B. Groupement Mitry (u*C. C.):4' D. C.,5' D. C.,87*D. T.;Détachemt Boussat (96' R. I.)2 bataillons du 96* R. I. (3i* D. I.),1 bataillon du 32' D. I. ( 18*D. I.);6o* B. G. P.Artillerie de la 9*D. C.,1 groupe autos-mitrailleuses et autos-canons de la marine.C. Groupement Humbert (32* C.A.) :a. 4" D. I. renforcée par.2 btns du 6*R. I. T. (de Dunkerque),1 btn de tirailleurs de la 38* D. 1.,1 btn de zouaves de la 38* D. I.,Brigade fusiliers-marins renforcée par 1 btnde tirailleurs de la 38* D. I.,2 batteries de go de Dunkerque,2 batteries de 75 de Dunkerque,3®rgt de chasseurs d'Afrique,6* rsrt de hussards.b. 89* D. T.;c. 38*D. I. ; en cours débarquement;renlD. fcw par le d1et,ac1hementlrenfo, rcée. ,le détachement 2 btnsnu 1O2n. 1. 42 U.l. , Deville 8 bies A. D.,2. (42* D.I.) j g. rgt de chasseurs.d. En réserve de - A. 1 btn d'inl. coloniale (venu de la X*armée) ,

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Cet ordredd, e „ En reserve d, e C. j 1 btn sénégalaIs(venu de la X' armée)> bataille des différents groupements du 1). A. B. a été établi daprès lesjournaux des marches et opérations des unités.346 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.enfin, le groupement du général Humbert devra, d'une part, maintenir,avec le concours de l'armée belge, l'inviolabilité de la ligne Nieuport,Dixmude; d'autre part, déboucher du front Zuydschoote, NoordschoLe,pour attaquer dans la direction de Clercken, Zarren, Thourout 1.Comme les jours précédents, ces attaques sont rapidement arrêtées;les assaillants éprouvent des pertes sensibles.Sur le front du ier corps britannique, les combats sont devenus extrêmementviolents. Au début de l'après-midi du 29, la ligne cède vers Reutel,Gheluvelt où l'ennemi prend pied. Mais les Anglais réagissent aussitôl.Coutre-attaquant vigoureusement, ils rejettent l'assaillant sur ses tranchéesde départ et regagnent tout le terrain perdu « et même un peu plus 2»Le général Foch, pressentant une sérieuse menace de ce côté, s'efforcede pourvoir les Britanniques des réserves dont ils sont démunis. Il alertele corps de cavalerie Conneau, rassemblé depuis le 25 octobre derri èreles lignes anglaises, et lui prescrit de demeurer dans ses cantonnements deMerville, «prêt à répondre aux demandes d'appui qui pourraient lui êtrefaites par le maréchal French3».II. — LA DÉFENSE FRANCO-BRITANNIQUE DU SAILLANT D'YPRES.(30 OCTOBRE-4 NOVEMBRE).Si la journée du 29 s'achève sans qu'aucun des adversaires ait remportéde succès sensible, elle marque cependant le, début d'une nouvelleorientation de la bataille des Flandres.Les Allemands, empêchés par l'inondation de la plaine de l'Yser depoursuivre leur tentative d'enveloppement de l'aile gauche des arméesalliées, paraissent décidés à porter maintenant leur effort contre le saillantd'Ypres. Sans doute espèrent-ils réussir à mettre en péril toute la gauchealliée en s'emparant d'un point sensible dont la défense est assurée par destroupes non homogènes.1 D. A. B. Ordre général n° 6 pour la journée du 29 octobre, n° 328, 28 octobre,Annexe 3467. — Cf. carte n° 36.2 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 2ih i5, 29 octobre, Annexe 3496; —

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télégramme chiffré à G. Q. G., 22h 40, 29 octobre. - Mission Huguet. Télégramme chiffréà G. Q. G. et général Foch, n° i5i4, 22h 10, 20 octobre, Annexe 3492.a Général Foch à général commandant ier G. G., 29 octobre (en fin de journée),Annexe 3497.TOME 1, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XUI. 347Le général Foch, qui discerne le danger, est prêt à soutenir les Britanniques.Il pourrait se proposer d'utiliser tous ses moyens à la défense del'étroit secteur dans lequel la lutte semble devoir se localiser. Mais, soitqu'il estime ne pouvoir briser l'effort des Allemands qu'en les attaquantlui-même, soit qu'il compte poursuivre, avec l'appoint de la 38e D.I. 1 etdu 16e C.A. en cours de mouvement vers le nord, sa propre manoeuvretendant à rompre le front de l'armée allemande de droite, il décide decontinuer son offensive.Dans la soirée, en faisant part au général Joffre de ses impressions et deses intentions, il précise : «Demain, continuation des attaques»; et, enconséquence, le général d'Urbal prescrit que, le 3o, «l'attaque commenceradans chaque secteur à 6h 3o et sera conduite avec la plus grandevigueur2».** *Le 30 octobre, l'offensive du D. A. B. n'a pas plus de succès que lesjours précédents et le front français n'est pas modifié; en revanche, dansla journée, de graves événements se produisent sur le front britannique.L'ennemi attaque sur toute la ligne, depuis Ramscappelle jusqu'à Arras,en donnant à son effort une intensité particulière, à l'est et au sud-est

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d'Ypres, contre les positions du ier corps britannique et de la cavalerieanglaise.A 15h 45, le général Sir Douglas Haig, commandant le ier C. W., faitconnaître à son voisin de gauche, le commandant du ge C. A., que la cavalerie(2e et 3e D. C.W.) a perdu les villages de Zandwoorde et d'Hollebeke,et, est rejetée sur Klein-Zillebeke et Saint-Eloi, à une distance d'environ5 kilomètres d'Ypres. Il demande instamment des renforts au général Dubois.Celui-ci mesurant toute la gravité de la situation, s'empresse de dirigersur Zillebeke la totalité de ses réserves, soit une brigade de cavalerie3 et 0bataillons d'infanterie 4.Malgré l'engagement de ces renforts, la situation ne peut être complè-1 Du 32° G. A.2 Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 22b 40, 29 octobre. — D. A. B. Ordregénéral n° 3 7 pour la journée du 3o octobre, n° 4oo. 17 heures, 2Qoctobre, Annexe 3525. 4 De la 6eD. G. 2 bataillons du 68* R. 1. et un du 268e.348 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.tement rétablie. En fin de journée, la ligne anglaise s'est repliée sur lefront : Zonnebeke, Gheluvelt, nord de Zandwoorde et d'Hollebeke.Des télégrammes du colonel Huguet, reçus dans la soirée à Fétat-majordu général Foch, montrent que le commandement britannique demeuresoucieux; prévoyant pour le lendemain l'entrée en ligne de nouvellesforces allemandes réunies à Comines, il envisagerait même l'éventualitéd'une retraite du 1er C. W. vers le sud, si les Français ne renforcent pas laligne anglaise1.Ces projets de repli déterminent le général Foch à se rendre sur lechamp à Saint-Omer, quartier général de l'armée anglaise, pour examinerla situation avec le maréchal French et pour préciser dans quelles conditionsl'armée française aidera les Britanniques.Remettant à plus tard le regroupement des forces du D. A. B. pourlequel des ordres avaient déjà été donnés2, il décide, d'accord avec lemaréchal, que tous les éléments débarqués de la 32e D. 1.3 seront dirigésd'urgence dans la région de Saint-Eloi, en attendant que la division toute

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entière aille renforcer le centre britannique, au fur et à mesure de ses débarquements.De son côté, le général d'Urbal prescrit, dans la soirée, au commandantdu 9e C. A. de renforcer le détachement français de Zillebeke et de porterson effectif à 5 bataillons, 3 batteries et 6 escadrons4.Dans la partie nord du saillant d'Ypres, les attaques ennemies contreles groupements Humbert, Mitry et Dubois sont partout enrayées et lajournée se passe sans incident sérieux5.Sur le front de l'Yser, l'ennemi, surpris par les progrès de l'inondation,tente un effort désespéré pour sortir de la zone marécageuse où il s'enlisepeu à peu et prendre pied sur la terre ferme à l'ouest de la voie ferrée ;'^Mission Huguet. Télégramme chiffré à général Foch, 21 heures, 3o octobre; — télégrammechiffré à général Foch, 21h55, 3o octobre. — 9* C.A. Rapport à D.A.B., 3o octobre(fin après-midi), Annexes 3547, 3548 et 3599.* D. A. B. Instruction personnelle et secrète au 16* C. A., n" 436, 10' 30, 3o octobre,Annexe 3588.Soit: 3 bataillons et 6 batteries.4 Le général Dubois, commandant le 9* C. A., désignera le général Moussy, de la17' D. I., pour prendre le commandement de ce 5 détachement. Général Foch. Note sur les relations entres les états-majors français et anglais,3o octobre. — D. A. B. Ordre particulier à 2' C. C., 473, 17h 3o, 30 octobre; — ordre à9* G. A., 3o octobre (soir), Annexes 3552, 3590, 3593.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 349il y réussit en partie. Dès le matin, les troupes allemandes, «mouillées jusqu'auxgenoux,» parviennent à s'emparer de Ramscappelle. L'instant estcritique, la ligne de résistance belge est rompue.Mais la division Grossetti veille. Dans l'après-midi, tirailleurs et chasseurs,unis aux fantassins du 7e de ligne belge, contre-attaquent spontanément.Ramscappelle est repris et la ligne complètement rétablie *.Dans l'ensemble, la journée du 3o octobre se termine sur un succès

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incontestable de l'ennemi. Sa présence, au nord de Zandwoorde et d'Hollebeke,à 5 kilomètres d'Ypres, constitue une grave menace, non seulementpour la vieille cité flamande vers laquelle convergent toutes les communicationsde la Flandre maritime, mais surtout pour le ier corps britanniquedont le flanc droit est maintenant exposé.Le général Foch ne peut se dissimuler qu'une nouvelle avance desAllemands au sud-est d'Ypres entraînerait probablement la perte totale dusaillant. De plus, si l'ennemi prenait définivement pied sur les collines quidominent la ville au sud-est, il se trouverait en mesure de poursuivre saprogression vers Calais, par la chaîne des Monts, où il acquerrait desérieuses facilités pour tenter une manoeuvre de flanc contre les forcesalliées opérant au nord de cette chaîne.L'avance allemande du 3o octobre modifie donc entièrement la situation;la bataille d'Ypres paraît arrivée au moment critique.En fin de journée, les forces alliées sont ainsi réparties2 :— au nord, dans le groupement Humbert, la /12e D. T.5 défend, avecl'armée belge, le remblai de la voie ferrée Dixmude, Nieuport; la brigadeRonarc'h 4occupe la tète de pont de Dixmude; la 8ge D. T.5 garde l'Yser1 Armée belge (major de Posch). Message téléphoné à général Foch, 15 heures, 3o octobre.— D. A. B. 1 Messagechiffré à G. Q. G., n° 43o, Qk25, 3o octobre, Annexe 3587. CL carte n" 37. s La 42* D. I. a été renforcée des unités suivantes: 2 bataillons de territoriaux (duG*R. I. T.), q bataillons de la 38* D. I. (1 bataillon du 8* tirailleurs et 1 bataillon du4* zouaves), le 3* chasseurs d'Afrique et le 6" hussards; en revanche, elle a perdu le19* R. C. P. rattaché à la brigade Ronarc'h et le détachement Deville (2 bataillons du

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162*R. I., 8 batteries A. D./42 etle 8° régiment de chasseurs) passé à la 38* D. I. 4 Renforcée par 1 bataillon de la 42*D. I. (19* B. C. P.), 1 bataillon de tirailleurs(de*la 38* D. I.), 2 bataillons de tirailleurs sénégalais et des éléments belles. La 89* D. T. a passé 4 bataillons à la 38* D. 1. (3 du 90* R. I. T. et 1 du 89*).350 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.canalisé, de Saint-Jacques-Cappelle exclu à Knocke; enfin la 38e D. 1. 1tient la rive est du canal depuis le front de Knocke jusqu'à Poeseleinclus;—le groupement Mitry occupe, au nord d'Ypres, le front compris entrele canal (ouest de Bixschoote) et Langemarck (partie ouest);— les unitésen ligne sont, de la gauche à la droite : la 5eD. C., la 32e D. 1.2, la 87eD. T.et le détachement Boussat il dispose, comme réserves, de la 4e D. C. etdu 60e B. C. P.;— le groupement Dubois tient, au nord-est d'Ypres, le front Langemarck(partie est), Wallemolen, Nieuwemolen, Broodseinde, Zonnebeke.Il comprend, de la gauche à la droite, le groupe Vidait la 17e D 1. 5,la 18e D. 1. 6, la 6e D. C.7;— à sa droite, le 1er corps britannique ( dans l'ordre : 2e D. I.W.,1*5D I. W., 7e D.I. W. ), occupe, à lest d'Ypres, la ligne Zonnebeke,Gheluvelt, Klein-Zillebeke. Un détachement français mis à sa dispositionpar le général Dubois est rassemblé à Zillebeke ; ce détachement comprendtrois bataillons et une brigade de cavaleries ;1 Cette division est renforcée des unités suivantes: détachement DeviUe (4.2e D. I.),4 bataillons de la 898 D. T., 1 bataillon du régiment colonial. Par contre, elle est privée de4 bataillons passés, 3 à la 42e D. I., 1 à la brigade Ronarc'h.2 La 328 D. I. n'a pas achevé de débarquer. Elle a poussé en hâte, sur le front du groupementMitry, le 158 R. I. et 2 bataillons du 8o* R. I.s Le détachement Boussat comprend: 2 bataillons du 96e R. T. (3ie D. I.) et 1 bataillondu 34a*R. I. (18e D.1.). Le général Vidai commande la 310 division. Le groupe Vidal est formé du détachementHély d'Oissel (7e D. C., 66° R. I., 125° R. I., 1 bataillon du 96" R. I.) et de la

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318 D. 1. (810,122"et 14-2' R.L). 6 La 17e division est constituée comme suit: le 11R. I., le 2go. R. I., le 268e R. I.(2 bataillons), le go. R. I. (1 bataillon). Elle a perdu les 125e et 68e R. I. qui font partie,le premier du détachement Hély d'Oissel (groupe Vidal), le second du détachement derenfort envoyé par le général Dubois au 1ercorps britannique; 2 bataillons du 90" R. I. sonten route pour reioindre -ce détachement.6 La 18e division ne dispose plus que de 2 régiments: les 77e et i35" R. I. Des 2 autresrégiments, l'un (66eR. I.) fait partie du détachement Hély d'Oissel (groupe Vidal), l'autre(3a*R.I.) a un bataillon au détachement Boussat (groupement Mitry) et 2 bataillons enréserve désignés pour passer au groupe Vidal. -Moins la 5ebrigade de cuirassiers, détachée auprès du 1" corps britannique. 1 A savoir: 2 bataillons du 68' R. I., 1 bataillon du 2 68eR. I.. la 5* brigade de cuirassiersde la 6" D. C. Ce détachement sera renforcé dans la nuit par 2 bataillons du 90e R. I. et3 batteries; il passera, le 3i octobre matin, aux ordres du général Moussy, commandant la33* brigade (17* D. 1.).TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XLI1. 351— au sud du icr corps britannique, le front passe par Kleiu-Zillebeke,Messines, Houplines; il est tenu jusqu'à la Lys par le corps de cavalerieAllenby (iie, 2eet 3e D. C. W.), la brigade hindoue et le 3e corps britannique.En face des Alliés, les Allemands paraissent avoir la supériorité dumatériel et du nombre. Ramenant toujours de nouvelles forces à la bataille,ils étendent de plus en plus vers le sud le front d'engagement des 4e et6e armées, chargées d'atteindre coûte que coûte Calais et la côte de laManche.Les renseignements recueillis du 28 au 3o octobre à l'état-major du

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général Foch semblent indiquer que le commandement allemand « continueà étayer sa droite au nord du canal de la Bassée et à renforcer leséléments disponibles pour l'attaque sur le front Warneton, Gheluwe,Dadizeele, jusqu'ici occupé par les corps de cavalerie et leurs soutiens».Les premiers renforts entrés en ligne les 29 et 3o octobre comprendraient: la 52e brigade d'infanterie (IIIe C.A. 1);la 6e division de réservebavaroise, signalée le 27 à Dadizeele; la 48e division de réserve, duXXIVe C. A., qui aurait été transportée récemment de Metz sur le frontnord; enfin, un nouveau groupement dont la composition exacte n'est pasencore connue et qui serait placé sous les ordres du général von Fabeckcommandant le XIIIe corps d'armée. Ce groupement de forces aurait étéformé au nord-ouest de Menin pour attaquer à fond les lignes anglaises ausud de Gheluvelt; il formerait la droite de la 6e armée allemande.La cavalerie qui opérait au nord du canal d'Ypres aurait été relevéepar l'infanterie et serait au repos dans la région Courtrai, Tourcoing 2.** *Jusqu'au 29 octobre, la bataille d'Ypres s'est livrée dans un secteurétroit compris entre le canal de Furnes à Ypres et la route d'Ypres àMenin.1 Sic dans le Lexledu B. R. du G. P. N. du 30 octobre: lire XIIIeC. A.G. P. N. a" bureau. Bulletin de renseignements du 3o octobre. — G. Q. G. 28bureau,6842. Compte rendu de renseignements n° i36, 5 heures, 31 octobre, Annexes 3549 et3623.352 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le 3o octobre, l'attaque des Allemands à l'est et au sud-est d'Ypresa considérablement accru l'étendue du théâtre de la lutte. Cette extensionmodifie profondément la physionomie de la bataille. Celle-ci comprendra

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désormais deux actions, simultanées mais distinctes, séparées parle parallèle d'Ypres.Tandis que, sur le front nord, le détachement d'armée de Belgiques'efforcera, sans succès d'ailleurs, de poursuivre ses attaques de part etd'autre de la forêt d'Houthulst, sur le front sud au contraire, à partir du3i octobre, les forces britanniques subiront, d'abord seules, le suprêmeeffort de l'ennemi.Devant la puissance de cet effort, le commandement français, abandonnantla tentative de rupture de la droite allemande, s'efforcera d'arrêterles assaillants en étayant et en consolidant le front anglais menacé.Le général Foch et le général d'Urbal, ramenant en hâte du nord, dusud et de l'ouest, tous les renforts dont ils pourront disposer, consoliderontde leur mieux la ligne britannique. Ainsi toutes les troupes réservées duG. P. N. 1 et du D. A. B., constituées à la demande des événements engroupements tactiques temporaires, agiront au profit des Anglais; tantôtsubordonnées au commandement britannique, tantôt indépendantes, ellesseront lancées dans la mêlée aux points vulnérables pour maintenir laposition ou pour rétablir la situation.Le 3î octobre au malin, à la suite de l'accord intervenu dans la nuitentre le général Foch et le maréchal French, des éléments de la 32e divisionsont portés sur Saint-Eloi, dès leur descente de train, pour soutenirle centre du ier corps britannique. Ils forment un détachement2 aux ordresdu colonel de Woillemont (16e C. A. ), dont la mission est «d'attaquerl'ennemi qui s'est porté de Warneton sur Saint-Eloi3».En même temps, le détachement du ge C. A. aur ordres du généralMoussy4s'engage dès le matin sur le front du ier corps britannique auquelil est provisoirement rattaché.1 G. P. N. Abréviation de a Groupe provisoire du Nord ». Terme par lequel on a prisl'habitude de désigner couramment l'ensemble des forces commandées par le général Fochdans le Nord à partir du 5 octobre 2 iqi4. Ce détachement comprend: 3 bataillons du 538 R. I., 6 batteries A. C./16. 3 D. A. B. à 16*C. A., 11 heures, 3i octobre.Cf. page. 35o, note 8.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 353LAGRANDGEUERRE—. 1, 4*VOL. 23

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Enfin, la cavalerie française est alertée. D'une part, avec le maréchalFrench, le général Foch décide de rappeler «incessamment» le corps decavalerie Conneau «pour coopérer aux opérations dans la région d Ypres».D'autre part, le général d'Urbal porte sa réserve, la 9e division de cavalerie,dans la région de Wytschaete pour servir de soutien au corps decavalerie anglais1.Malgré ce renforcement, un fléchissement général se produit sur lesfaces est et sud du saillant d'Ypres.Au prix de pertes très lourdes, les régiments allemands attaquent parmasses compactes, avec un acharnement extraordinaire, le front Becelaere,Messines.Sous les coups répétés de l'adversaire, la ligne anglaise fléchit: le1er C.W. perd Gheluvelt, le corps de cavalerie, Messines. Le généralDouglas Haig exprime l'intention de replier sa ligne, en limitant toutefoisà 2 kilomètres son premier bond en arrière.Le général Foch, au moment où lui parviennent ces graves nouvelles,est à Vlamertinghe, au poste de commandement du général d'Urbal. Il est15 heures. Aussitôt, il rédige une note pour le maréchal French, faisantressortir le danger d'un tel recul et conviant le ier C. W. à résister surplace : «Il est absolument indispensable de ne pas reculer, pour cela detenir en s'enterrant. Cela n'empêche pas de faire organiser une positionen arrière qui se lierait à Zonnebeke à notre ge C. A. Mais tout mouvementen arrière fait par un ensemble de troupes déterminerait une poussée del'ennemi et un désordre. La 2e division, en particulier, semble devoirêtre maintenue aux environs de Zonnebeke en liaison avec le 9e C. A.L'heure avancée de la journée permet cette organisation; il est inutile dereculer, dangereux en plein jour de le faire».Le maréchal French, arrivé sur ces entrefaites à Vlamertinghe, partagecette manière de voir. Non seulement il approuve l'envoi au général Haigde la note du général Foch, mais il ajoute au verso quelques mots, adjurantle commandant du ier C. W. de «tenir sur ses positions2».1 16" C. A. Messagetéléphone à général Foch, IlhlJ, 31 octobre. — Général Foch. Messagetéléphoné à mission Huguet, 31 octobre, Annexe 3641.Général foch. Note remise au maréchal l'rench, ià heures, 31 octobre; — note surles relations entre les E. M. anglais et français, 3i octobre, Annexes 3636 et 3640.im LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Ce pressant appel est entendu. Le icr corps britannique se ressaisit. Au

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cours d'un assaut héroïque, il rejette l'ennemi de Gheluvelt. De même,le corps de cavalerie arrête son mouvement de repli et reprend Messines.Le soir, sur l'ensemble du front, la situation est rétablie.Le général Foch ne se contente pas de demander aux Anglais de résistersur place; il veut les soulager en attaquant et règle en conséquence lesopérations du lendemain.Dans une Il note pour l'armée britannique» remise à 18 heures augénéral Wilson 1, le commandant du G. P. N. donne ses directives pour le1er novembre. Au ier C.W. et à la division Rawlinson 2 il demande seulementde tenir et d'organiser solidement leurs positions depuis la droitedu ge corps français jusqu'à Klein-Zillebeke. Par contre, il exige des troupesfrançaises nouvellement débarquées un vigoureux effort pour dégager lesBritanniques. Dans sa pensée, des attaques menées aux deux ailes duier corps anglais peuvent réussir à déborder et même à envelopper lestroupes allemandes qui opèrent devant son front.Ses ordres prescrivent au général Taverna, commandant le 16e C. A.,disposant de la 32e division tout entière, des E. N. E. 3 du 16e corps et dela ge D. C., d'attaquer, le 1e1 novembre, en partant du front Saint-Eloi,Wytschaete, sur Hollebeke, Houthem; au ge C.A., d'attaquer de Zonnebekesur Becelaere. Enfin, les bataillons du ge corps dont le général DouglasHaig dispose depuis la veille (détachement Moussy) «devront être lancésà l'attaque ou bien remis à la disposition du général d'Urbal4».Le soir même, le maréchal French et le général d'Urbal donnent leursinstructions pour le lendemain conformément aux directives du généralFoch. En ce qui concerne le détachement Moussy, le général d'Urbalsuggère au commandant du 1er corps britannique de le faire attaquer surl'axe Klein-Zillebeke, Kortewilde, pour faciliter l'action de la 32e D. I. surHouthem5.1 Sous-chef d'état-major de l'armée anglaise, venu conlérer avec le général Foch et s'entendreavec lui au sujet des opérations du lendemain.2 7* division d'infanterie britannique.Éléments non endivisionnés.-Général Foch. Note pour l'armée britannique, 10 heures, 01 octobre. — U. A. D. a16* C. A., 576, 16h30, 3i octobre, Annexe 3668.

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5 Maréchal French. Instructions pour le lor corps et le corps de cavalerie, 31 octobreTOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 355a3.Si, le 31 octobre, la bataille a été très violente au sud d'Ypres, dans lesecteur britannique, en revanche, au nord, devant les groupementsfrançais, le calme a été presque complet, l'ennemi restant sur la défensive :«De la mer à Passchendaele, même situation qu'hier, rend compte legénéral Foch. L'ennemi semble n'avoir pu attaquer en raison des inondationset aussi des pertes qu'il a subies les jours précédents 1».Sur la rive gauche de l'Yser, l'inondation se propage, approchant deDixmude; elle submerge les tranchées adverses et force les occupants à sereplier en hâte. Déjà, dans la nuit du 3o au 3 1 octobre, les Allemands ontévacué la région inondée Saint-Georges, Stuyvekenskerque; ils se préparentmaintenant à abandonner celle de Dixmude2.Les renseignements recueillis le 3 1 octobre au grand quartier généralet à l'état-major du général Foch permettent d'identifier les nouvellesformations que les Allemands viennent d'engager contre le front britanniqueau sud-est d'Ypres.Elles constitueraient le détachement d'armée von Fabeck, venu s'intercalerentre le XXVIIe C. R. [ke armée) et le XIXe C. A. (6e armée) pouroccuper le front compris entre la Lys, au sud, et la voie ferrée Ypres,Roulers, au nord.Les unités de renfort comprendraient : la 6e division de réserve bavaroisedans la région de Gheluvelt3, le XVe corps dans la région à l'est deZandwoorde4, des fractions du IIe corps bavarois5, la 26e division duXIIIe C. A. 6, la brigade de landwehr Schulemberg (5 bataillons) et lessoutiens des divisions de cavalerie repliées à l'arrière (i i bataillons).(soir). - D. A. B. à lor corps d'armée britannique, 18 heures, 31 octobre; — ordre n° général 8 pour le 1" novembre, 670, 31 octobre, Annexes 3683. 3669 et 3672. 1 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 21 heures, 3i octobre. Annexe 3639.Cf. carte n° 38.:\ Unité venant de Munich et arrivée tout récemment sur le théâtre des opérations duNord.

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, Ce corps, qui avait disparu du front de l'Aisne (région de Craonne) depuis le 20 octobre,aurait d'abord été dirigé sur Ham, puis se serait porté par voie de terre dans la région de/idUUWUUlUC.5 Le groupement bavarois arrivé récemment dans le Nord est encore mal identifié. Ii Un ordre d'attaque du XV" C. A., daté du 3o octobre, et trouvé sur un officier tué ausud-est d'Ypres précisait que ce corps d'armée devait s'engager en liaison avec le IIe bavaroiset avec la 26* division.356 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L importance de ces renforts souligne l'intérêt que l'état-major allemandattache au succès de l'offensive en cours 1.** *Rejetés de Gheluvelt et de Messines dans la soirée du 3 1 octobre, lesAllemands ne semblent nullement découragés par cet échec. Grâce à denouveaux contingents, exaltés par la présence de l'Empereur, qui se prépareà faire dans Ypres une entrée triomphale 2, ils vont redoubler d'eflortsdans la journée du lendemain pour conquérir leur premier objectif, lescollines au sud-est d'Ypres.Le 1er novembre, leurs attaques reprennent au point du jour, de Dixmudeà la Lys. Elles se manifestent avec une intensité particulière entre Gheluveltet Messines contre la cavalerie britannique. Celle-ci, un peu abandonnée àelle-même, sans appui sérieux d'infanterie, se trouve dès le matin dansune situation précaire; à 10 heures, elle perd Messines et ne peut empêcherl'ennemi de prendre pied à Wytschaete8.Mais l'offensive française, déjà entamée aux deux ailes du î C. W.,va permettre aux Britanniques d'enrayer l'avance ennemie et de se maintenirsur place.Le groupement du général Taverna4, en dépit de furieuses contreattaquesadverses, progresse légèrement au delà du front Wytschaete,1Groupe des armées du Nord, 2* bur. Bulletin de renseignements n° 5i4, 31* 5o, 3i octobre;— groupe des armées du Nord. Message téléphoné à G. Q. G., 22 heures, 31 octobre.

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— G. Q. G. 2*bureau. Bulletin de renseignements, 5 heures, lor novembre; — note annexeau compte rendu de renseignements n* 137, 1" novembre, Annexes 3635, 3884, 368S.*L'Èmpereur s'est rendu, dans la matinée du 1" novembre, de Linselles (3 km. ouest deTourcoing), poste de commandement de la 6* armée et du groupement Fabeck, à Thielt,et de Thieit à Courtrai. Il était attendu à Gheluwe à 15 heures. — G. Q. G. Télégrammechiffré à général Foch, 55, 9h 20, i" novembre, Annexe 3688. — D. A. B. Télégrammechiffré à armée anglaise, n° 602, lor novembre (matin).D. A. B. Compte rendu à général Foch, situation à 10.30, l'r novembre, Annexe3712.Le général Taverna a fixé comme suit la répartition des troupes pour cette attaque:du nord au sud,a. q* D. C.,6. Détaché"ut Woillemont(63* brigade, 32e D. I.).53eR. I. (3a' D. 1.),2 groupes A. C./16;VoirsuiteDage357.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 357LAGRANDGEUERR—E. 1, 4' VOL. 23 AKappellerie; il atteint la grande route Messines, Ypres, dégageant le frontbritannique menacé. Au nord, il tient Saint-Eloi et Oosthoek et se reliepar la ge D. G. au 1er corps britannique.Au nord-est du groupement Taverna, le détachement du généralMoussy (ge C. A.), rattaché depuis la veille au 1er C. W., ne parvient pas àprogresser en direction du château d'Hollebeke, comme l'ordre lui en avaitété donné directement dans l'après-midi par le général de Maud'huy 1.Le général Foch, dès qu'il apprend la perte de la position W ytschaete,Messines, fait appel au corps de cavalerie Conneau en réserve à Merville.A 12h 3o, il ordonne que la fraction de ce corps la plus rapprochée( détachement Mazel) se porte «dans le plus bref délais sur Bailleul, Locreet Kemmel, avec mission « d'arrêter et repousser l'ennemi qui a rejeté de

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Messines la cavalerie anglaise2». Mais ce détachement, en raison de l'encombrementdes routes, obstruées par les convois anglais et français,n'arrivera qu'à la nuit dans la région Kemmel, Bailleul et Reninghelst, et,ne pourra faire sentir son action que le lendemain, 2 novembre3.Sur le front du 1er corps britannique, la situation se maintient et tous lesassauts de l'adversaire sont repoussés.A sa gauche, un détachement du ge C. A. qui attaque de Zonnebeke surBecelaere4 se heurte à des positions très solidement organisées et ne peutprogresser.Suite de la note4 de la page356. | 143. R. I. (32* D. I.),c. 3^2* R. l.(régiment d'infanterie du 16"C. A.),Détachement Bouciiez 2 bataillons du 808 R.I. (32' D.I.), (32.D. I.) 1 groupe A. C.6,[ 1 groupe A. D./3a;d. Unités réservées àla2 bataillons du 15*R, I.,disposition du comnian- ] 2 groupes A. Dj32,dant du groupement. 1 groupe A. C./i 6.1 D. A. B. à général Moussy. Ordre, 14b45, 1" novembre 1914. J Général Foch. Message téléphoné à C. C. Conneau, 12h3o, 1" novembre, Annexe 3690.Le détachement du général Mazel se trouvait dans la région de Neuve-Chapelle, en soutiende la droite anglaise. Il comprenait: 2 brigades decavalerie, 3 groupes cyclistes (1.000 fusilsenviron), 2 groupes légers à pied (1.800 fusils), et q batteries.S Détachement Mazel (1" C. C.) à 16' C. A., 18*'15, 1ernovembre, Annexe 3726.Le général Dubois, commandantle 9* C. A., avait confié l'attaque sur Becelaere à undétachement aux ordres du général Bernard, commandantla Gie brigade (3i* D.I.).Composition du détachement: i42* R. I. (62* brigade, 31* D. I.), 1 bataillon du 32* R. I.(18* D. I.), 2 groupes A. C./g, 1 groupe A. D./18, artillerie 6' D. C.358 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Plus au nord, sur l'ensemble du front Zonnebeke, Dixmude, la situation

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n'est pas modifiée l.Le front n'a pu être maintenu dans son ensemble qu'en engageant toutesles réserves. Le général Foch se voit donc contraint de solliciter du commandanten chef l'envoi de nouveaux et importants renforts.Au cours d'un entretien avec le général Joffre à Dunkerque, il reçoitl'assurance qu'un nouveau corps d'armée sera mis prochainement à sa disposition: il s'agit du 20C C. A., qui vient d'être relevé du front de laIIe armée par la 56e D. H. D'après les ordres donnés, le matin même, parle général en chef, le commandant de la IIe armée doit diriger la premièredivision prête de ce corps sur Aubigny, la seconde sur Pas (est de Doullens)2.En attendant l'arrivée du 20e corps, le général Foch, en vue de poursuivrel'action dans les Flandres, s'efforce de regrouper dans la régiond'Ypres toutes les unités d'infanterie et d'artillerie qu'il peut prélever surl'ensemble des troupes mises sous son commandement. Il en constitue desdétachements qu'il met aux ordres des commandants de groupements.Il enlève à la Xe armée l'artillerie de la 43e D. I. ( 2ie C. A.), puis successivementun groupe de bataillons de chasseurs (détachement Olleris)et 4 bataillons4 de la même division5.11 remet à la disposition du général d'Urbal la 42e D. I., dont la présence1 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 21h45, 1" novembre; — télégrammechiffré à G.Q.G., n° 540, 23h35, 1ernovembre. — D.A.B. Télégramme chiffré à G.Q.G.et Ogénéral Foch. io.1h 4o. 1" novembre. Annex1es 3694. 3715. 2 G. Q. G. à IIearmée, 7h5o, 28 octobre; — télégramme chiffré à IIe armée, 8 heures,

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rr novembre; — télégramme chiffré à général Foch, 5oi, 9h 5o, 3 novembre. — IIearmée.Message téléphoné à G. Q. G., 16hi5, 3i octobre, Annexes 3447, 3687, 3643.3 Ce détachement aux ordres du général Olleris, commandant la 86" brigade (43e D. 1.),comprend:i" bataillon de chasseurs (86e brigade, 43e D. I.);10' — — (86"brigade, 43*D.I. ) ;3ie — — (86' brigade, 43"D.I.);54" — — (i" C. C. ).4 2 bataillons du i58* R. 1. (85*brigade, 43' D. I.);1 bataillon du 149' R. I. (85° brigade, 43* D. I. );3e bataillon de chasseurs (86" brigade, 43* D. I.).5 Général Foch. Note pour le général d'Urbal, i" novembre, Annexe 3693.TOME I, i\* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 35923 A.au nord de Dixmude ne paraît plus nécessaire depuis la neutralisation dufront belge, et il profite de l'arrivée prochaine à Dunkerque de la 8ie D. T.pour confier au général Bidon, gouverneur de la place, le commandementde toutes les troupes françaises opérant en liaison avec l'armée belge surle front Nieuport, Dixmude1.Enfin, le corps Conneau, maintenu jusqu'à ce jour en réserve de grouped'armées, est mis à la disposition du général d'Urbal. Ce corps se porte,dans la journée, de la région de Merville dans celle de Godewaersvelde,Poperinghe 2.Avec le corps Conneau et les forces du groupement du général Taverna

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le détachement d'armée de Belgique devra prononcer, le 2 novembre, uneoffensive générale, entre Gheluvelt et Messines, pour exploiter les avantagespartiels remportés le ier novembre par la 32e division. Les instructionsadressées par le général Foch au général d'Urbal dans la nuit du ierau 2 novembre prescrivent en conséquence : « 10 Le ier corps britanniquemaintiendra sa position. 20 Vous reprendrez vos attaques du ge corps à sagauche; du 16e corps avec les chasseurs et le corps Conneau à sa droite.3° Le 16e corps se liera à la droite du détachement Moussy et toutes lestroupes à ses ordres (corps Conneau. ) se lieront à sa droite, de manièreà ne pas frapper au sud de Messines, région qui sera réservée auxAnglais1Groupe des armées du Nord. Note pour le général Bidon, 18 heures, 1" novembre,Annexe 3691.1Groupe des armées du Nord. Ordre particulier pour le général d'Urbal, lornovembre,Annexe 3 3696.Composition du groupement Taverna le xernovembre:a. 9' I). C.h. DetachementOliensl * r/, c | Anciendétachement de Woillemont.SrouFsAWlD-)nClen étac hement e n 01 emont.(R6' b' ®'' 1 <l'2 groupes.. 1

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f 86"brie-/13eDI.U 10*et 31"bataillons de chasseurs (86" brigade,43"L). 1.).1430R.1. (32"D.I.);r• I)é h B [ l ^2#R*L (rérgiment d'infanterie du 16' C.A.);tac(3 e'mDento RnnrV^3bataillons du 8o"R. .T)2. (3a«D. I...);;2 T1 3 bataillons duIJ" R. I. (32' D. I.);( 1 groupe A. C./16; 2 groupes A. D./32.d. Unités réservées à lai 1" (86e brigade, 43"D.I.) et 54ebataillons de chasseurs;disposition du gêné- 1 groupe A. D./32;l'al Taverna 1 groupe A. C.jI6. 4 Général Foch. Note à D. A. B., 23 heures, 1ernovembre 1914, Annexe 3693.360 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Au sud d'Ypres, l'ennemi se renforce toujours; il faut donc s'attendreà un nouvel et vigoureux effort de sa part.Les renseignements recueillis dans la journée du 1er novembre et la nuitdu ier au 2 permettent en effet d'établir comme suit l'ordre de batailleprésumé des armées allemandes opérant entre la mer et la Lys: la 4e divisiond'ersatz, devant Nieuport 1; le IIIe C. R., entre Nieuport et Keyem; lesXXIIe, XXIIIe et XXVIe C. H., de Keyem à Passchendaele ; le XXVIIe C. R.,entre Passchendaele et Becelaere; la 6e division de réserve bavaroise, àl'est de Gheluvelt; le XVe C. A., sur le front Gheluvelt, Zandwoorde; leIIe corps bavarois, au sud-est de Hollebeke; la 26e division (XIIIe C. A.), àl'est de Messines; enfin, un groupe de bataillons de chasseurs et deséléments du XIXe corps, devant Saint-Yvon et à la lisière est du bois dePloegsteert2. La densité est donc très forte dans le secteur sud-estd'Ypres.** *Le 2 novembre, les attaques ennemies contre la face sud du saillant

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reprennent dès le matin avec la même intensité que la veille. Elles arrêtentnet l'offensive du détachement d'armée de Belgique.L'effort principal des Allemands se porte au sud du canal d'Ypres, surle front tenu antérieurement par la cavalerie britannique 3 et qu'occupemaintenant le groupement Taverna 4.Attaqués simultanément à Oosthoek et à W ytschaete, les Français cèdentsur ces deux points : au nord, le détachement Olleris est refoulé d'Oosthoeksur la ligne Ecluse, Saint-Eloi ; au sud, le détachement Bouchez perd lala lisière sud de Wytschaete, ce qui l'oblige à RrefuserIl légèrement sadroite suivant la direction Wytschaete, Wulverghem 5.1 Le 2*bureau du G. Q. G. signale toutefois que cette divisionaurait été relevée à Ostendepar des fusiliers-marins.2Groupe des armées du Nord. Bulletin de renseignements du 1" novembre,1" novembre(soir). —G.Q.G., 2*bureau. Comptes rendus de renseignements n° i38, n* 249,5 heures, 2 novembre, Annexes 3689 et 3732.3 Le corps de cavalerie britannique a profité de l'entrée en ligne du groupement Tavernapour mettre au repos ses divisions épuisées.Il n'a plus, le 2 novembre, qu'une seule brigadeen liene à l'ouest de Messines, devant 4 Wulverghem. Pour la composition du groupement Taverna, voir page 359, note 3.5 16' C. A. à D. A. B., 12heures, 2 novembre, Annexe 3770.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 361Le général d'Urbal maintient cependant son ordre d'attaque : « Notrehonneur est engagé à ne pas découvrir la droite du ier corps anglais quicompte sur nous et serait probablement contraint de se replier si vous nene brisiez pas l'attaque de l'ennemi sur son front. Je compte sur vous pour

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une offensive à outrance. La défensive serait insuffisante1 ».Pour donner au 16e C. A. la possibilité d'attaquer, il le renforce dede 2 groupes de l'A. D./43 et lui offre même, en cas de besoin, les5 bataillons restants de la 43e division 2, qui viennent de débarquer d'autosà Reninghelst3.De plus, il prescrit au général Dubois de concentrer tout le feu de sonartillerie lourde sur Hollebeke « de manière à faciliter l'offensive du détachementMoussy et du 1 6e corps4 ».Bien appuyé à sa gauche par le détachement Moussy, passé sous sesordres5, et, à sa droite, par le corps Conneau (détachement Mazel)6, legénéral Taverna lance dans l'après-midi deux contre-attaques : l'une deSaint-Eloi sur Oosthoek, l'autre de Wytschaete dans la direction généraled'Houthem7.Energiquement conduites, ces contre-attaques réussissent; celles dunord (détachements Olleris et Moussy) reprend Oosthoek et progressejusqu'au parc du château d'Hollebeke; celle du sud (détachements Bouchezet Mazel) gagne de 4 à 500 mètres de terrain vers l'est 8.1 D.A.B.à 1 GeC.A. 13 h 23. 2 novembre. Annexe 3759.2 Le 3e bataillon de chasseurs, 2 bataillons du ¡/I'" ft. I. el 2 bataillonsdu 158* R. 1.A noter que ces régiments n'ont que deux bataillons.J D. A. B. Ordre à 16eC. A., 675, vers 9 heures, 2 novembre; 13 h i5, 2 novembre,Annexe 3758.4 D. A. B. Ordre à q*C. A., 13 h3o, 2 5 novembre, Annexe 3760. Par ordre du général Foch, ce détachement vient d'être retiré au 1" corps britannique et rendu au D. A. B. Il est rattaché au groupement Taverna. Sa composition est la suivante:2 bataillons du go' R. 1. ( 17*D. I.),2 bataillons du 68 R. I. (17*D. I. ),2 bataillons du 268' R. I. (9* C. A.),1 groupe A. C.Jg.CL Annexe 3736 (Général Foch, Note pour le général d'Urbal, 14 h 15, 2 novembre).

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6 Ce détachement comprend les 3 groupes cyclistes du 1er C. C. et 2 deux groupes à pied. 7 lor C. C. Compte rendu à D. A.B., 16 heures, 2 novembre. — 16" C. A. à D. A. B.,13-h3o, 2 novembre, Annexes 3781, 3771. 8 ib* C. A. Compte rendu à D. A. B., 19 heures, 2 novembre. — 16' C. A. à général Foch.Situation à 18 heures, 21 h3o, 2 novembre, Annexes 3772 et 3773.362 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Quoique faibles, ces résultats n'en marquent pas moins un redressementtrès net de la situation du matin. L'ennemi faiblit; il a donné son maximum,et ne paraît plus en état de poursuivre son effort sans reprendrehaleine.Si, au sud d'Ypres, la bataille est toujours acharnée, à l'est et au nord,elle semble s'apaiser. Les forces franco-britanniques maintiennent facilementleurs positions et l'offensive ennemie paraît définitivement enrayéede ce côté.Le ier corps britannique, encadré par les détachements Moussy etVidal1 et renforcé par deux bataillons de zouaves de la 42e D. I., tientsans difficultés apparentes les 6 kilomètres de front qui séparent Zonnebekede Klein-Zillebeke. A sa gauche, le détachement Vidal progresselégèrement dans la direction de Gheluvelt.Plus au nord, sur l'ensemble du front Zonnebeke, Dixmude, la situationne subit pas de modification 2.Sur le front de l'Yser, les Allemands, devant les progrès de l'inondation,abandonnent définitivement la rive gauche de l'Yser, dont la conquêteleur a coûté tant de pertes 3; ils se réinstallent sur la rive droite.Ainsi, le glorieux et tragique épisode de la lutte sur l'Yser s'achève parun sérieux échec des Allemands : l'armée belge, réduite, le 3 1 octobre,à 3o.ooo fusils environ, reste accrochée au sol national 4.Les vaillants défenseurs de l'Yser peuvent être fiers de ce résultat.1 Ancien détachement Bernard renforcé. Cf. page 357, note Ii. Le détachement Vidal faitpartie du groupement Dubois. Tl a la composition suivante:142"R. 1. (Si'D.L),2 bataillons du 3a' R. I. (18" D. I.),1 bataillon du 81e R. I. (31" D.J.),1 bataillon du 122e R. T.(3ie D. L),3 groupes A. C/9,

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1 groupe A. D./18.* D. A. B. Compte rendu à général Foch. Situation en fin de journée, 2 novembre.1D'après les déclarations d'un officier fait prisonnier, la bataille de l'Yser aurait coûté auxAllemands 3o.ooo hommes dont 10.000 morts. Annexes 3791 et 3803 (Armée belge.Situation à 19 heures, n° 1311, 19 heures, 2 novembre. - Mission Brécard. Télégrammechiffré à général Foch, o h. 36, 3 4 novembre). - L'effectif de l'armée belge sur le front du 18 octobre était d'environ 5o.ooo hommes:d'où il ressort une perte globale d'environ 20.000 hommes entre le 18 et le 3o octobre.TOME I, VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 363Le générai en chef voulant rendre hommage a ia conduite héroïquedes contingents français qui, aux côtés de leurs vaillants alliés belges, sesont illustrés sur l'Yser, leur adresse, le 5 novembre, un vibrant témoignagede sa satisfaction1.L'évacuation par les Allemands de la rive gauche de l'Yser permet à laLt2C 13.1. de retirer sans danger des unités du front; elles sont misesà la disposition du groupement Humbert : 4 bataillons et une batteriesont dirigés, dès le 2 au soir, sur Furnes et Lampernisse; trois autresbataillons et deux batteries doivent les rejoindre le lendemain, après l'arrivéed'un détachement territorial 2 de la garnison de Dunkerque attendudans la nuit. Le général Bidon ne croit pas toutefois que la relève complètede la 42e D. I. par les territoriaux soit achevée avant le 4 novembre3.La journée du 2 novembre s'achève sur une impression optimiste. Enaucun point, les Allemands n'ont réussi à rompre le front des Alliés. « Lajournée doit être considérée comme très satisfaisante », déclare le généralFoch dans la soirée. Et pourtant, comme il n'a plus de réserves, il lui

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tarde de pouvoir disposer du 20e corps4.Il a déjà prévenu le général d'Urbal que les premiers éléments de cecorps arriveraient dans la soirée et que les débarquements s'échelonneraient: pour la 3ge D. I., du 2 au 3 novembre soir; pour la 1ie D. I.,du 3 novembre soir au 4 novembre soir.Les unités débarquées cantonneront dans le triangle Boesinghe, Ypres,Poperinghe (route Ypres, Poperinghe exclue). « Jusqu'à nouvel ordre, le: oe corps restera en réserve de groupe d'armées5.»L'optimisme du général Foch était partagée par ses subordonnés. Legénéral d'Urbal, notamment, décidait de mettre à profit les signes de lassi-1 G. è Q. G. Bureau du personnel, n° 1. Ordre particulier, 5 novembre. 1 bataillon du 5e régiment territorial, 1 bataillon du 8e régimentterritorial et 2 batteriesde 120.3 Général Foch à mission Brécard. 18 heures, 2 novembre.—32e C. A. à D.A.B. Compte rendu de la situation à 19 heures, 2 novembre. Annexes 3737, 3779. — Général Bidon àgénéral Foch, 21 heures, 2 novembre.54Cf. carte n° 3o.Groupe des armées du Nord. Note pour le général d'Urbal, 2 novembre, Annexe 3739.364 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.tude manifestés par l'adversaire pour ne lui laisser ni trêve ni répit et « luiarracher la victoire qui sera le prix du plus persévérant ».La consigne restait donc la même: « Demain 3 novembre, attaque àfond sur tout le front, dès le point du jour, dans les mêmes conditions quela veille1 ».Le général d'Urbal ne demandait pas au 1er corps britannique de participerà cette offensive, mais il insistait auprès du général Haig sur la nécessitéde maintenir ses troupes sur place, quelle que fût la violence desattaques ennemies : «C'est l'honneur de vos armes et des nôtres qui est encause2 J).En revanche, le général Bidon, chargé de la défense du secteur inondéDixmude, Nieuport, était invité par le général Foch à « développer une

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activité offensive au nord de sa ligne en attaquant sur Lombartzyde, ultérieurementWestende, et en s'y établissant fortement avec de l'artillerie, sipossible** *Dans la journée du 3 novembre, les attaques du D. A. B. et du groupementBidon se heurtent partout à des organisations défensives et ne peuventprogresser d'une façon notable4. Quelques gains de terrain sont cependantréalisés par endroits.Le général d'Urbal ne cesse pourtant de stimuler ses commandants degroupement et de leur prescrire d'actionner directement les troupes sur laligne de feu pour leur rendre cette capacité offensive qui semble émousséechez certaines 5. Ses appels ne peuvent rien contre l'épuisement detroupes qui tentent vainement un ultime effort.Les deux adversaires étant également las et n'ayant plus, ni l'un ni l'autre,1 D. A. B. Ordre général d'opérations n° 11 pour la journée du 3 novembre, 18 heures,2 novembre. Annexe 3762.* D. A. B. à- i-" co-rns britanniaue. 2 novembre soir. Annexe 3763. 8 1- ---- ----1- - ---- - Général Foch, à général Bidon.11 heures, 2 novembre, Annexe 3735.4 D.A. B. Compte rendu à général Foch et G. Q. G., 833, 18 heures, 3 novembre. —Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 2ih 5o, 3 novembre, Annexes 3841 et3808.6 D. A. B. Instruction particulière, 3 novembre.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 365de réserves fraîches, la fin de la bataille peut sembler proche. H faut cependantcompter avec la possibilité d'une reprise des attaques par les Allemands.S'il apparaît, en effet, que l'état-major allemand ne peut plus douterde l'échec d'un plan ambitieux, qui tendait à rompre l'aile gauche desAlliés et à couper l'armée britannique de ses bases maritimes pour luiinfliger un échec décisif, il faut envisager cependant que notre adversaire

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ne voudra pas rester sur cet échec; sans doute s'efforcera-t-il encore d'obtenirun succès tactique qui lui permettrait de sauver la face et de terminerhonorablement cette lutte longue et sévère.De plus, dans le camp des Alliés, le général Foch reste persuadé qu'uneoffensive en direction de Courtrai peut toujours donner les plus grandsrésultats. Il estime qu'il convient de profiter de ce que l'ennemi montredes signes de faiblesse pour chercher à reprendre l'initiative des opérationset tenter de nouveau la percée sur Roulers et Thourout.Pour mener cette action défensive, il compte sur le 20e C. A. quiarrive.Mais, dans la matinée du 3 novembre, le général Joffre est amené àprendre d'importantes décisions : d'une part « en raison de l'ampleur desopérations engagées dans le Nord et en Belgique » et pour faciliter au généralFoch l'exercice de son commandement, il reprend sous ses ordresdirects la IIe armée; d'autre part, revenant sur sa décision antérieure, ilretire à son adjoint la moitié de ce 20e corps qu'il lui avait promis toutentier : « En vue de constituer une réserve de groupe d'armées devenueindispensable, la 11e division et les éléments non endivisionnés qui setrouvent encore avec cette division seront portés vers Aubigny à ma dispositionet ne seront employés que sur mon ordre 1 ».Un peu plus tard, le général Foch ayant demandé à disposer de la13e D. 1. 2 à la place de la 1ie et proposé à la Xe armée la relève de cettedivision par une brigade de réserve, le commandant en chef s'étonne decette insistance à réclamer des renforts et demande à son tour : « Faitesmoiconnaître les raisons qui motivent une arrivée aussi hâtive de renforts1 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 5oi, 9"50, 3 novembre; 538, 1 l "50,3 n2ovembre, Annexes 3794 et 3796. ii* corps, X*armée.

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366 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dans le nord. Y a-t-il besoin urgent ou simplement exploitation d'un succèsescompté1 ? »Le commandant du G. P. N. répond que sa demande est uniquementmotivée par a l'intention d'agir offensivement sans retard dans la directionde Roulers et Thourout, tandis que l'ennemi a accumulé ses masses le longde la Lys pour l'attaque d'Ypres qui est arrêtée partout ». Il ajoute : « Onestime toujours cette direction fructueuse, si exploitée sans retard partroupes sufifsantes2 ».Le général en chef doute que cette offensive puisse donner les résultatsdécisifs escomptés. De plus, il doit reconstituer ses réserves. Aussi prévientille général Foch de n'avoir désormais à compter « dans aucun cas » sur denouveaux renforts 3.Dans la soirée du 3 novembre, le général d'Urbal prescrivait pour lelendemain la reprise de l'offensive « sur toute la ligne, avec la plus extrêmeénergieIl ».En outre, il demandait à l'armée belge d'entreprendre la poursuite del'ennemi, obligé par l'inondation d'évacuer la rive gauche de l'Yseren aval de Dixmude : « Il est de la plus haute importance que l'arméebelge prononce, dès le A novembre, une offensive vigoureuse dans ladirection de Ghistelles, tandis que le 32e corps français, continuant àdéboucher de Dixmude et au sud de ce point, attaquerait de Zarren surThourout 5 Il.L'armée belge promettait aussitôt son concours : elle attaquera par Nieuportsur Westende avec une division et poussera des détachements surSchoorbakke et sur Tervaete6.1 G. Q. G. Message téléphoné à général Foch, 614, i7h3o, 3 novembre. — Général Foch.Télégramme chiffré à G. Q. G., 574, 15 h i5, 3 novembre, Annexes 3797 et 3807.* Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 579, 23h45,3 novembre, Annexe 3809.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 724, 8h 5o, 4 novembre, Annexe 3860.1 D. A. B. Ordre général d'opérations n° 12, pour la journée du 4 novembre, 18 heures,3 novembre, Annexe 3840.

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5 D.A.B. Lettre à roi des Belges, n° 14o i4 heures, 3 novembre, Annexe 3839.Mission Brécard. Télégramme chillre àU. A. n., tr 21g, ]9 oo (heure de réceptIon),3 novembre.TOME I, V VOL. — TROISIÈME PAHTIE. — CHAPITRE XliI. 367** *Dans la journée du 4 novembre l'action du détachement d'armée de Belgiquedonne lieu, comme la veille, à de violents combats, sans résultatsimportants de part et d'autre.Sur le vaste arc de cercle qui s'étend de Dixmude à Messines, les différentsgroupements consolident leurs progrès ou maintiennent à grand peinel'intégrité de leur front : le groupement Humbert gagne un peu de terrainsur la rive est du canal; le groupement Mitry repousse de violentesattaques vers Bixschoote ; le groupement Dubois reprend le soir les positionsqu'il avait perdues le matin; le groupement Taverna, enfin, progresselégèrement : les détachements Moussy et Olleris dans le parc du châteaud'Hollebeke, le détachement Bouchez devant Wytschaete, le détachementLanquetot face à l'Enfer et le détachement Mazel (du corps Conneau) àl'ouest de Messines1.Sur l'Yser, les Belges occupent avec une division (2e D. A.) la tête depont de Nieuport et Lombarlzyde, mais ils ne peuvent ni déboucher decette dernière localité, ni même s'y maintenir; devant eux l'ennemi paraîtfortement retranché à Westende et à la ferme Bamburg 2.Le soir, la situation des forces françaises sur l'ensemble du front de lamer à la Lys est la suivante3 :- à l'aile gauche, le groupe BidonIl a relevé la 42e division sur le frontNieuport, Dixmude ; il sera renforcé le lendemain par la 8 ie division territoriale

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qui a achevé ses débarquements et cantonne : une brigade à Adinkerqueet La Panne, une brigade à Furnes et Boitshoucke;r.l Général Foch. Télégramme chiffré à G.Q.G., 23 ho5, 4 novembre D. A. B. Compterendu de renseignements à G. Q. G., n° 141, 12 heures, 4 novembre; — compte rendu defin de journée à G. Q. G. n° Il gog, 20 heures, 4 novembre, Annexes 3868, 3884 et 3887. Mission Brécard. Télégramme chiffréà général Foch, 233, 23 hci5, ci novembre, Annexe3865. — D. A. B. Télégramme chifiré à G. Q. G., compte rendu de la nuitdu à au 5 novembre, 5 novembre. 3 Cf. carte 4o. 4Composition du groupe Bidon:2 bataillons du 6° R.1. T.;1 bataillon du 5" R. I. T. ;1 bataillon du 8"R.1. T.;3e régiment de chasseurs d'Afrique;7 batteries de sort ie de la place de Dunkerque;(Attendues: 4 batteries de 120 L.)368 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE..-- à partir de Dixmude inclus, le front est occupé successivement, dunord au sud, par le groupement Humbert1, jusqu'à Bixschoote exclu;par le groupement Mitry2, de Bixschoote inclus à Langemarck inclus; parle groupement Dubois3, de Langemarck exclu à Zonnebeke inclus ; par leier corps britannique soutenu par le détachement Vidal, de Zonnebekeexclu à Zwarteleen exclu; par le groupement Taverna4, de Klein-Zillebekeà Wulverghem; enfin par le gros de l'armée britannique (cavalerie et3e C.W.), de Wulverghem à la Lys de Frélinghien;1Groupement Humbert (32' C. A.) :a. Brigade de fusiliers-marins ier et 2e régiments de fusiliers-marins,(Amiral Honarc'h) .!.l 2 bataillons de tirailleurs sénégalais.(83e et 84' brigades,,. ,. 2 bataillons du 8° tirailleurs (38"D. 1. b. 42 division d'infanterie. ), 1 bataillon du 4' zouaves (38. D.I.),j( 6e régiment de hussards.c. 89" D. T. , 178* brigade.

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il batailloncolonial.1 bataillon du 89e R. 1.T. ( 89" D. T.),3 bataillons du 90" R. I. T. (89' D. T.),(1. 38" D. 1. renforcée par 2 bataillons du 162e R. I. (42* D. r.),8 batteries A. D./42.3 batteries A. D./89.8* régiment de chasseurs.2Groupement Mitry (2" C. C.) :(1 bataillon 80*R.I. (32"D.I.),a. 5*D. C. renforcée r par ) 1 bataillon du 41" R. 1. d'in fant, du a" G.C .,J bo bataillon de chasseurs)o a al on e c asseurs souLlcns d inlant. (Iti C. C.,Brigade de hussards (4" D. C. ).( Détachement Boussat (96* R.I., 31" D.J.),b 8 "1) '1' f')1 batai,ll,on i5* R. I. (33* D.I.) 7 renforcée par ,nga e <JBrigadede echcaasssseeuurrss (4" 0 G.),f Groupe cycliste, escadron à pied et artillerie 4* D. C.1 Brigade de cuirassiers (4' D. C. ),c. En réserve de groupement. Escadron cycliste (5e D. C. ),l Artillerie 9' D. C.,sGroupement Dubois (9* C.A.) :D' h 11'1 d'O. l¡ 7" D.C. (2"C.C.),a.Détachement Hély d'Oissel j 1. (18' D. I.),(? D. C.) 125' R.I. (17"0.1.),ilbataillons du 8i'R. I.,b. 31e division (61" brigade). 2 bataillons du 122° R. i.,A. D./31.Voirsuitede la note3 et la note4 à la page369.TOME 1, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 309LAGIUNDGEUERRE—. I, 4' VOL. 24Suitede la note3 et note4 de la page368.i i « R.

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1. (17"D. !.),1 2g0' R. 1. (g"C. A.),c. 17*division. 1 bataillon du 268* R. I. (9" C. A.),i 1 bataillon du68*R. I. ( 17*D.I. ),[ 1 bataillon du 90* R.I. (17* D. I.).77'R.I.( 18' D.I.),d. 18edivision. i35'R.L(l8'D.L),[ 1 bataillon du 3a* R. I. (18° D. I.).c. G*division de cavalerie.142e R.I. (oi* D.I.),i 2 bataillons du 32* R.I. (18* D.1.),J. DétachementVidal (3i'D.I.).J 11 abia.)ta, illon du 122' B.l. (31*D-1.),I 3 groupes A. C./9,1 groupe A. D./18.g. En réserve de groupement 7*régiment de hussards.1Groupement Taverna (16* C.A.) :2 bataillons du 90* R. I. ( 17*D. I. ),a. DétachemcnOE oussy (33'1)r'2 bit taillons du68* R. I. ( i7' D. J.),.bataillondu 268' R. I. (9" C.A. ), d "D J )1 a al on u u 9 ..,gade,i7D.!.) 11 b)aataaillloonn duu 11499*R-L (43*D.I. ) ,1 groupe A. C./g.53" R.I. (32*D.I.),10*bataillon de chasseurs(43" D.I. ) ,3i* bataillon de chasseurs (43* D. 1.),b. Détachement Olleris (86*bri- 1 bataillon d'infanterie coloniale (32*C. A. ),gade, 43'D.J.). 1 bataillon de zouaves (32*G. A.),1 bataillon du 80*R.I. (3a*D.I.),2 groupes A. C./i 6.1 groupe A. D./32.ii43e R.I. (32*D.l.),342* R.I. (iG'C. A.),2 bataillons du 8o'R.I. (32"D.I.).

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2 bataillons du 15* Ri". batt.aillon(Sad1e chasDse.ursI. ), (4o D. I.),54' bataillon de chasseurs ( i" C. C.),1 groupe A.C./16.2 groupes A. D./32.( i58* R.I. (43*D. I.),dd.. DDéétlaacchheemm'LtLaannqquueetotott (4433'" D.I.)U. 1 bataillon du 149* (43* D.I.),( 3" bataillon de chasseurs (43*D. I. ),1i" D. C.,c. 1" corps de cavalerie. 3*D. C.,ic' D. C.L'ordre de bataille des différents groupements du D. A. B. a été établi d'après les journauxdes marches et opérations des unités..70 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE guerre.— derrière le front du D. A. B., la 39e division du 20c corps, qui vientd'arriver, est en réserve de groupe d'armées dans la région Elverdinghe,Boesinghe d'où elle peut agir, soit au nord-est d'Ypres pour renforcer uneoffensive en direction de Staden, soit au sud de la ville en vue d'appuyeret d'étendre les attaques du groupement Taverna 1.Le général Foch prescrira l'une ou l'autre de ces attaques lorsqu'il seracertain de pouvoir disposer d'effectifs suffisants.La décision du commandant en chef de conserver à sa disposition la1ic division du 20e corps, puis son refus de diriger de nouveaux renfortsdans le nord 2, obligeant le général Foch à renoncer à ses projets offensifs,il prescrit à la 3ge division de rester en réserve de groupe d'armées.D'ailleurs, le général Joffre adresse au commandant du G. P. N. desrenseignements sur la situation d'ensemble et des directives nouvelles quivont modifier complètement le caractère des opérations dans les Flandres.

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« Les opérations entreprises sous votre direction dans la région du Nordont complètement déjoué la manoeuvre de l'ennemi et enrayé son mouvementoffensif sur Ypres, malgré les forces accumulées par lui dans cetterégion.« Mais, en raison même des effectifs réunis par notre adversaire et dutemps dont il a pu disposer depuis l'aruêt de son mouvement, il ne semblepas qu'action de notre part dans la région Thourout, Roulers, puisse amenerun résultat absolument décisif.a Dautre part, il est à craindre que l'ennemi ne cherche à masquer et àréparer l'échec subi par lui dans la région du Nord par une tentative surune autre partie du front. C'est ainsi que des embarquements ont été signaléspar vous à Ostende et Thourout, que le IIe bavarois a été retiré dufront devant la IIe armée, qu'une activité inacoutumée est signalée devantles Ire, Ve et VIe armées.«Il est nécessaire, dans ces conditions, de reconstituer les réservesd'armées qui toutes ont été dirigées vers le nord, de manière à pouvoirenrayer si possible, dès qu'elles se produiront, les tentatives ennemies, jusqu'aujour prochain où la situation de nos munitions nous permettra de1 Groupe des armées du Nord. Note pour la 3qeD. I., 1o It45, 4 novembre, Annexe3867.2 G. Q.G. Télégramme chiffré à général Foch, n* 5oi, 9h 5o, 3 novembre. — G. Q. G.Télégramme chiflré à général Foch, 724, 81150, 4 novembre, Annexes 3794 et 3860.TOME T, 1.. VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIII. 371:ll,prendre énergiquement l'offensive dans des régions convenablement choisies.»En conséquence, le général Foch devra désormais se conformer aux

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directives suivantes : assurer l'inviolabilité du front avec le minimum deforces en utilisant les ressources de la fortification, « comme sur les autresparties du front »; récupérer toutes les unités disponibles, en reconstituanttout d'abord le 2oe corps et en dégageant ensuite un corps d'armée actifou au moins une division ; préparer le transport d'un corps de cavalerievers l'aile droite du dispositif de façon à pouvoir disposer, le cas échéant,d'une masse de cavalerie dans cette région1.Le général Foch, abandonnant définitivement son projet d'offensive surStaden, répond, dès le 5, au commandant en chef, qu'il «entre entièrementdans les vues de l'instruction qui vient de lui être remise a ».Toutefois, il dévoilera toute sa pensée en écrivant personnellement augénéral Joffre : « La manoeuvre allemande, l'attaque sur Ypres a échoué.C'est un résultat pour nous; il n'est que négatif. Je comptais le prolongerpar un résultat positif : l'attaque du 20e corps le 5 novembre sur Staden -visant le percement de la ligne ennemie -. L'absence du 20e corps mel'a interdit; la 3ge division est en réserve. Dans ces conditions, la périodedes grandes manoeuvres me paraît terminée ; celle de l'investissement peutapprocher. Je cherche à le rendre solide, habitable.3 ».Désormais, les adversaires n'entreprendront plus dans les Flandres quedes offensives à objectifs limités; le front se stabilisera progressivement.1 G. Q. G. Lettre à général Foch, n° 769, 12 heures, 4 novembre. — Groupe des arméesdu Nord. Bulletin de renseignements du 3 novembre, S. C. n" 58o, 3 novembre (soir),Annexes 3863 et 3805.2Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., n° 6o3, 1 Ob25, 5 novembre, Annexe3899.s Général Foch. Lettre personnelle à général JofTre, 5 novembre (non publiée).CHAPITRE XIV.LA FIN DE LA BATAILLED'YPRES.STABILISATIONPROGRESSIVEDU FRONTDES FLANDRES.(5-14 NOVEMBRE1 9 1 4. )(CartesIli à 113.)Projets du général Foch; les attaques locales sur objectifs limités (5 novembre). — Les

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Allemands reprennent leurs attaques contre Ypres (6 novembre). — L'ennemi suspendson effort oflensif (7 novembre). — Ypres à nouveau menacé. Le général Foch engagesa dernière réserve (8 novembre). — Une journée d'accalmie (9 novembre). — Dernierssoubresauts de la lutte dans les Flandres (10-11 novembre). — Le front se stabilise(12-14 novembre).A partir du 5 novembre, le général Foch va s'efforcer de consoliderla situation autour d'Ypres et de mettre la ville à l'abri du canon ennemi.L'action se localise ""aux deux charnières du saillant d'Ypres.Tandis que les Allemands cherchent à faire tomber ce saillant en attaquantsimultanément ses faces sud et nord, les défenseurs tentent aucontraire de se donner de l'air aux deux ailes en supprimant les rentrantsde la ligne: «En vue de dégager mes principales communications, quirayonnent à Ypres, des coups de canon allemand venant du sud ou dunord, j'attaque aujourd'hui: au sud, en vue de descendre notre frontvers la ligne Messines, Hollebeke, si possible sur cette ligne, et de l'ycramponner; au nord, en vue de pousser notre front à la ligne Langemarck,Dixmude1 ».Le général Foch estime que ces rectifications de front faciliteraientl'organisation défensive du secteur et permettraient de réduire les effectifsen ligne. Avec les disponibilités qu'il pourrait ainsi reconstituer, et qui1 Général Foch. Lettre personnelle à général Joffre, 5 novembre, non publiée.TOME I, 4* VOL. — TROISIÈME PARTIE. - CHAPITRE XIV. 373LAGRANDGEUERRE—. I, 4*VOL. 24 Acomprendraient la 3ge division et probablement un corps de cavalerie,il se propose de tenter ultérieurement « plusieurs petites manoeuvres pardifférents points jusqu'à Nieuport inclus». Toutefois, ces réserves neseront utilisées qu'avec l'autorisation du commandant en chef: «Ellesseront à votre disposition si elles vous sont nécessaires. J'en userai si vous

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le permettez1».Dans la soirée du 4 novembre, le général d'Urbal prescrit pour lelendemain la reprise de l'offensive «sur les mêmes objectifs», et groupele 32e C. A., les troupes du général de Mitry et la ge D. C. sous l'autoritédu général Humbert*.Le 5 novembre, l'action se localise à Messines et à Langemarck, quivont devenir les deux points névralgiques du front des Flandres. Autourd'Ypres, les Allemands se contentent de bombarder systématiquementles positions du ge C. A. et du 1er corps britannique.Devant Messines, le corps Conneau, renforcé par un régiment de la3ge divisions, se porte à l'assaut des positions allemandes. L'attaquedébouche à 15 heures avec l'appui de l'artillerie britannique et progressejusqu'à la ligne: ruisseau de Steinbeck, ferme de la petite Douve4.Dans la région de Langemarck, l'ennemi progresse légèrement etrefoule les cavaliers du corps Mitry au sud de Bixschoote et les territoriauxde la 87e D. T. au nord de Langemarck. Le général Humbert, renonçantmomentanément à poursuivre l'offensive de la 42" division surClercken, regroupe toutes ses disponibilités vers Bixschoote pour contre -attaquer le lendemain.Au nord de Dixmude, le général Bidon prend le commandement detoutes les forces françaises qui coopèrent avec l'armée belge à la défensedu secteur inondé Dixmude, Nieuport, y compris la 81e division territo-1 Cf. paee 372. renvoi 1.1 D. Á. B. Ordre général d'opérations ii* 13 pour la journée du 5 novembre, 19 heures,4 novembre, Annexe 3886; —ordre particulier à 9" D. C., 20* i5, 4 novembre.La composition détaillée des différents groupements du D.A. B. est donnée au chapitre XIII,pagaes 368 et 369. - - - -- - Du 20* C. A. Cette division était en réserve de groupe d'armées à la disposition dugénéral Foch.Général Foch. Message téléphoné à D. A. B., midi; à G. Q. G., 2ih 3o, 5 novembre. —Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., n* 612, 0k20, 6 novembre. — D. A. B.Comptes rendus à général Foch, 12"30, 17 heures et 22fc3o, 5 novembre, Annexes 3900,3902, 3920, 3921, 3923.374 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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riale dont les débarquements sont terminés et qui occupe Nieuport1.Il a l'intention de marcher le lendemain sur Lombartzyde, que les Allemandsauraient évacué, et de réoccuper les positions fortifiées au sudde Westende2.Mais il ne peut compter que dans une faible mesure sur l'armée belgepour soutenir son mouvement offensif. En effet, le colonel Wielemans,chef d'état-major, fait connaître que, « pour le moment», l'armée belgeest aussi incapable d'attaquer sur Nieuport que sur Dixmude, «par suitedu manque de matériel d'artillerie d'une part, de munitions d'artilleried'autre part». Elle ne se refusera pas toutefois, pendant la première phasede l'opération, à pousser des avant-gardes vers l'Yser, puis à franchir larivière, a quand l'offensive française aura fait sentir ses effets et aura dégagéle terrain3».D'après les renseignements recueillis les 4 et 5 novembre, les Allemands,malgré l'échec de leur offensive et les pertes subies, « ne semblentpas renoncer à la manoeuvre qu'ils ont montée à l'extrême aile droite de leurfront». Si la fatigue des troupes et la diminution des eflectifs les ontcontraints à retirer du front certaines unités épuisées, en revanche ils ontpoussé dans le nord, pour les remplacer, des éléments prélevés sur lessecteurs stabilisés.Ce sont vraisemblablement : la 38e brigade de réserve (Xe C. R.),amenée de la région de Reims dans le secteur du canal de Nieuport à lamer4;une division de marine, maintenue en réserve en arrière du frontde l'Yser (Q. G. à Bruges) ; le Ille G. R., qui a disparu du front de l'Yser etdont quelques fractions sont signalées aux abords de la forêt d'Houthulst ;le IIe corps bavarois, venu des environs de Péronne et dont un seul régimentest identifié dans la région au sud-est d'Ypres; enfin le lIe corps,1 Le «groupe Bidon» comprend: la 8i* division territoriale, 4 bataillons de la garnisonde Dunkerque et aA pièces de 120 L.1 Général Foch. Message téléphoné à D. A. B., 14h 30, 5 novembre. Annexe 3901. —Groupe Bidon. Comptes rendus à général Foch, 13 heures; 191145, 5 novembre, Annexe3932.s Armée belge. 1" bureau Note pour le général, 5 novembre, Annexe 3935.

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4 En fait, ce n'est pas la 38' brigade de réserve mais la 38* brigade de landwehr qui arelevé la 4" division d'ersatz à l'extrême droite allemande. — Cf. Annexe 3941. (Groupedes armées du Nord, Bulletin de renseignements du 6 novembre, S. C. 6a3, 6 novembre[soir].)TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 37594A.relevé de la région de Lassigny et qui aurait déjà une division en ligneà l'ouest de la forêt d'Houthulst ( 4e D. I.) et une autre à l'est de Wytschaete(3e D. 1.).Ces renseignements, s'ils étaient confirmés, laisseraient supposer quel'accalmie relative constatée depuis deux jours sur le front des Flandrespourrait être de courte durée, les Allemands paraissant préparer unenouvelle offensive encore plus puissante que la précédente'.Quoi qu'il en soit, les ordres du général d'Urbal pour la journée du6 novembre ne varient pas: «Demain, continuation de l'offensive sur toutle front, dans les mêmes conditions que les jours précédents 2 ».Dans la soirée du 5, le général Foch prescrit également la reprise desattaques au sud dYpres «par toutes les troupes, sans aucun retard ». Ilinsiste tout particulièrement sur l'importance des liaisons entre les différentsdétachements. En vue de relier les attaques du 16e C. A. et cellesde la 42e division, il met à la disposition du général d'Urbal deux régimentsde la 39e division et deux groupes de l'A. C./20. De plus, il l'autoriseà faire appel à l'A. D./39 pour renforcer le groupement Humbert au norddTpres5. Ces dispositions auront pour effet de réduire à un régimentd'infanterie la réserve de groupe d'armées.** *Le 6 novembre, les attaques allemandes reprennent au nord et au sud

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d'Ypres, avec une grande violence.Dès le matin, le général Foch, à la demande du général d'Urbal, metsa dernière réserve (un régiment de la 39e D. I.) à la disposition du généralTaverna4. Il en rend compte aussitôt au commandant en chef et sollicite1Groupe des armées du Nord. Bulletin de renseignements du 4 novembre, S. C. 599,4 novembre soir. — G. Q. G. Bulletin de renseignements n° 937, 5 heures, 5 novembre.— Groupe des armées du Nord. Bulletin de renseignements du 5 novembre, S. C. 611,5 novembre soir. — G. Q. G. Bulletin de renseignements n* n3o, 5 heures, 6 novembre,Annexes 2 3866. 3896. 3898. 3936. D. A. B. Ordre général d'opérations n° 1A pour la journée du 6, 998, 181a30,5 novembre, Annexe 3922. 3 Général Foch. Instructions téléphonées à général d'Urbal, 22b 3o, 5 novembre, Annexe3903.4 D. A. B. Message téléphoné à général Foch, 7* i5, 6 novembre; — ordre particulier à 39* D. I. sous couvert 16*C. A., 1020, 811ao,6 novembre, Annexe 3962.376 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.l'envoi de nouveaux renforts : «S'il vous est possible de disposer quelquesforces (sic), elles me seraient utiles1».A regret, le général Joffre lui abandonne le reste du 20e corps ( 1ie D. I.et deux groupes de l'A. C./2 0 ), en faisant observer que ce sont ses dernièresdisponibilités et qu'il convient de n'en faire usage « qu'en cas denécessité absolue 21).Sur l'ensemble du front, la situation se maintient.Au sud, le détachement Lanquetot8, renforcé par la 3ge division, et lecorps Conneau progressent légèrement entre Wytschaete et Wulverghem.Les attaques allemandes sur le front Hollebeke, Wytschaete et dansle secteur Bixschoote, Langemarck sont toutes repoussées; exécutées en« formations compactes J), elles semblent avoir coûté à l'assaillant despertes très élevées.Au nord d'Ypres, aucun changement n'est signalé, ni sur le front des 9e

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et 32e C. A., ni devant Dixmude et Nieuport où l'ennemi ne manifesteaucune activité. Le groupe Bidon, qui devait prononcer avec la 81e divisionterritoriale un mouvement offensif sur Lombartzyde, a dû y renoncer « enraison nécessité entente avec armée belge6 1. Ce groupe doit entrer enaction le 7; il agira en liaison avec l'escadre franco-britannique et lestroupes belges: «Le général Bidon entreprendra de déboucher au nordde sa ligne, par Nieuport, sur Lombartzyde, Westende et Saint-Georges,en vue de s'établir sur la rive droite de l'Yser, en direction de Saint-Pierre-Cappelle ». L'armée belge est sollicitée de coopérer à cette offensiveavec l'appui de l'artillerie lourde française, en rejetant à l'est de l'Ysertous les détachements allemands qui occupent encore la rive gauche eten occupant les passages de la rivière jusqu'à Dixmude exclu5.Le détachement d'armée de Belgique prolongera l'action au sud en1 Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., Gi3, 8h ao, 6 novembre, Annexe 3943.G. Q. G. à général Foch, 1204, 1ifc 3o, 6 novembre, Annexe 3937.Pour la composition de ce détachement, cf. chapitre xiii, page 369, note 4. 4 - Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 211145, 6 novembre; — télégrammechiffré à G. Q. G., 231130, 6 novembre, Annexe 3946. — D. A. B. Comptes rendus àgénéral Foch, 13185 et 181145, 6 novembre, Annexes 3965 et 3968. — Capitaine Réquin,officier de liaison du G. P. N. auprès du D. A. B. Compte rendu à général Foch, 191145,6 novembre. - - - - 1Groupe provisoire du Nord. Ordre à général Bidon et mission Brécard, 11 heures,6 novembre, Annexe 3944.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 377reprenant l'offensive « sur tout le front1 ». Il devra, en outre, procéder auregroupement de ses unités et au perfectionnement de ses organisationsdéfensives.Le général d'Urbal attire longuement l'attention des officiers généraux

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sous ses ordres sur les dispositions à prendre pour remédier au mélangedes unités qui s'est produit, sur tout le front, au moment où les renfortsétaient jetés pêle-mêle dans la bataille : les commandants de corps d'armées'efforceront de faire passer en réserve les éléments ne relevant pas* normalementde leur commandement ; puis ils procéderont à un échange deces réserves de manière que chacun récupère ses éléments organiques;enfin, ils feront renforcer leurs positions par la création d'obstacles artificiels,l'approfondissement des tranchées et toutes les ressources de lafortification ; ils pourront alors réduire « aux effectifs strictement indispensables» le service de première ligne et «se reconstituer des disponibilitésen vue de l'offensive 2 DUn incident imprévu, survenu à la fin de l'après-midi du 6, faillit compromettrel'exécution de ces instructions.Dans la région du canal d'Ypres, le détachement Moussy, violemmentattaqué, était refoulé jusqu'à mi-chemin entre Zillebeke et Klein-Zillebeke.Ce recul créait une poche assez profonde entre les détachements Olleriset Moussy et découvrait la droite du îer corps britannique 5.Le général Foch, informé de ces faits dès les premières heures du 7 novembre,prescrit de la façon la plus formelle au général Moussy de reprendrele terrain perdu la veille puis de s'y organiser très solidement,pour rendre «le front inviolable4».1 D. A. B. Ordre général d'opérations n° i5, io65, 181a30, 6 novembre. — GénéralFoch à D. A. B., aik3o, 6 1 novembre, Annexe 3945. D. A. B. Ordre particulier à 9*, 16*et 3a* C. A., io5g (vers 12 heures), 6 novembre;note de service, io63 (vers 18 heures). 6 novembre. Annexes 3964 et 3967. 8 D. A. B. à général Foch. Compte rendu de la nuit du 6 au 7, 11^7, 9 heures,

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7- n4ovembre, Annexe 4018. Général Foch. Message téléphoné à D. A. B., oh ao, 7 novembre. — D. A. B. Ordreparticulier à 16*C. A., ofcà5, 7 novembre, Annexes 3993 et 4017.378 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *Dans la journée du 7 novembre, le général Moussy, disposant de troisbataillons et des feux d'une partie de l'artillerie du détachement Olleris,reprend presque tout le terrain perdu entre le canal d'Ypres et la voieferrée, mais ne peut atteindre l'objectif fixé par le général Foch: la lignecoude du canal, Klein-Zillebeke1.Cette contre-attaque n'affecte que très peu la physionomie de la batailledans la journée du 7 novembre. Dans l'ensemble, grâce au « ralentissementsensible de l'activité de l'ennemi 2» observé sur tout le front desFlandres, les troupes alliées peuvent commencer à s'organiser.Dans le sud, au groupement Taverna, les attaques du 16e C. A. surWytschaete et du corps Conneau sur Messines progressent légèrement.Au ge C. A., situation stationnaire; la journée est employée au renforcementdes organisations défensives existantes.Plus au nord, le groupement Humbert profite de l'accalmie qui règnesur tout son front pour reconstituer ses unités et rassembler ses disponibilitésen vue d'une offensive ultérieure sur Bixschoote.Enfin, sur l'Yser, le groupe Bidon attaque avec succès; il occupe avecla 81e division territoriale la tète de pont de Nieuport et commence à débouchervers Lombartzyde et Saint-Georges. Les détachements belgesenvoyés en reconnaissance sur la rivière se heurtent aux îlots de résistanceépars dans la plaine inondée et s'efforcent de les réduire ; ils s'emparentde Stuyvekenskerke et du château Vicogne3.L'ennemi n'a prononcé aucune attaque; il s'est borné à défendre sespositions, réagissant seulement avec son artillerie.1 Général Foch. Message téléphoné à général d'Urbal, 15h15, 7 novembre; — note àD. A. B., 21 heures, 7 novembre, Annexes 3995 et 3997.i Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 2ih 3o, 7 novembre, Annexe 3998.s Armée belge. Bulletin d'information, communiqué à général Foch, n° 92, 18 3o,

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7 novembre. — Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 2ih 3o, 7 novembre, Annexe3998; — télégramme chiffré à G. Q. G.; n° 633, 23h30, 7 novembre, Annexe 4000.— D. A. B. Compte rendu à général Foch. Situation en fin de journée, 1196, 19h30,7 novembre, Annexe 4022. — Mission Brécard/Télégramme chiffré à général Foch, n° 256,oh 15, 8 novembre.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 379Les renseignements confirment la présence entre la Lys et la routeYpres, Menin, de la 26e division (XIIIe C. A. ), du IIe corps actif et duIIe corps bavarois. Au sud de Dixmude, le IIIe C. R., après son retrait dufront de l'Yser, a relevé, entre Dixmude et Langemarck, le XXIIe C, R.très éprouvé et ramené en 2e ligne.Aucune autre modification à l'ordre de bataille des armées allemandesn'est signalée dans les Flandres 1.En définitive, l'ennemi a récupéré des forces sur l'Yser pour les porterau sud de Dixmude; il a, de plus, renforcé le front d'Ypres. Sans douteprépare-t-il un nouvel assaut?Le général Foch prend ses dispositions en conséquence. S'il invite legénéral d'Urbal à poursuivre le 8 ses attaques au sud d'Ypres sur Klein-Zillebeke, d'une part, sur Wytschaete et Messines, d'autre part, il lui recommandede ménager ses réserves et lui prescrit même de se créer desdisponibilités nouvelles, de manière à garantir de façon absolue l'inviolabilitéde son front.A son avis, ces disponibilités, qui pourraient être prélevées sur le32e C. A. ou sur le ge, seraient particulièrement bien placées sur la ligneVormezeele, Verbranden-Molen, Zillebeke, Hooge, où elles se retrancheraient« tout en restant disponibles pour renforcer la première ligne dans

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ses attaques ».La 1ie division du 20e corps, mise la veille à la disposition du G. P. N.par le général en chef, sera maintenue en réserve de groupe d'arméesdans la région de Dickebusch, non loin d'Y pres2.Cette décision est conforme à l'ordre du commandant en chef adresséla veille et réitéré dans la journée, prescrivant de «n'employer la 11e divisionqu'en cas d'absolue nécessité et pour assurer coûte que coûte inviolabilitédu front dans la région d'Ypres3».1 G. Q. G. 2° bureau. Comptes rendus de renseignements nO'143 et 144, 7 et 8 novembre.— Groupe provisoire du Nord. Bulletin de renseignements du 7 novembre. S. C. 632,7 ntovembre (soir), Annexes 3988, 4035, 3992. Général Foch. Message téléphoné à général d'Urbal, 15h i5, 7 novembre; — note àD. A. B., aa heures, 7 novembre, Annexes 3995, 3999. s G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch n° 1457, gh 5o, 7 novembre. — GénéralFoch. Message téléphoné à G. Q. G., 20h 45, 7 novembre; - télégramme chiffré à G. Q. G.,n* 633, a3h 3o, 7 novembre, Annexes 3989, 3996, 4000.380 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Les attaques du 7 novembre ne procurent aucun des résultats escomptéspar le général Foch : le détachement Moussy ne parvient pas à rétablirla situation dans la région d'Hollebeke, et les efforts tentés entre Wytschaeteet Messines ne donnent que des résultats insignifiants.Les troupes sont à bout de forces; l'allant des chefs qui se dépensentsans compter ne suffit plus à les entraîner. Si l'infanterie résiste encoreopiniâtrement dans ses tranchées, elle semble ne plus être en état de contre-attaquer avec mordant : «D'après les comptes rendus des commandantsde corps de troupe, les troupes qui sont engagées presque en entierdans les secteurs Moussy et Olleris, comme aussi sur les fronts Bouchez etLanquetot, ont une puissance offensive presque nulle. Le tir très violentde l'artillerie lourde ennemie a démoli en partie les tranchées. Les nerfssont soumis à une très grande épreuve et le moral s'en ressent1 ».Dans l'état où se trouvent les troupes, il importe de prendre toutd'abord les mesures nécessaires pour résister sur place. Le général Foch

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prescrit donc au général d'Urbal de « s'établir solidement où l'on est» etd'arrêter cà tout prix» la marche des Allemands sur Ypres. Il l'invite égalementà renforcer, «au besoin par les Anglais., la ligne : sud de Saint-Eloi, château d'Hollebeke, Klein-Zillebeke.Lorsque ces conditions seront remplies, les attaques sur Spanbrock,Wytschaete et ultérieurement Messines pourront reprendre, la possessionde ces objectifs étant indispensable pour mettre Ypres à l'abri du bombardementennemi et préserver les communications2.** *, Le 8 novembre, dès le matin, les Allemands attaquent le front Saint-Eloi, Hollebeke et au nord du canal d'Ypres. Mais leur effort se brisecontre la résistance opiniâtre des détachements Olleris et Moussy, et leursuccès se borne à l'enlèvement de quelques maisons détruites et de quelquesmètres de tranchées.1 Officier de liaison du D. A. B. auprès du 16* C. A. Message téléphoné à D. A. B., lia3o,8 novembre, Annexe 4061.1 Général Foch. Note à D. A. B., 9 heures, 8 novembre. Annexe 4042.TOME I, fi, VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 381Plus au sud, les actions combinées des détachements Bouchez1 et Lanquetot*sur Wytschaete et Messines se heurtent à des positions organiséesque l'infanterie est impuissante à enlevers.Une contre-attaque exécutée dans l'après-midi par le détachement Vidal(ancien détachement Moussy renforcé)4n'enregistre que des progrès insignifiants.Le général Foch s'inquiète de l'échec de ces contre-attaques. Il décidede dégager coûte que coûte la face sud du saillant d'Ypres afin d'écarterle danger qui menace les forces franco-britanniques à demi encercléesdans ce saillant.Toutefois, l'opération ne peut réussir que si elle est effectuée par des

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troupes fraîches, ce qui exige l'intervention de la 11e D. I., réserve degroupe d'armées.Le commandant du G. P. N. prescrit en conséquence qu'une brigade ettrois groupes d'artillerie de cette division soient rendus le lendemain matinà Voormezeele, à la disposition du général Grossetti qui vient de prendrele commandement du 16e corps d'armée. Le général Joffre est immédiatementavisé de cette décision: « En vue d'obtenir des résultats décisifset nécessaires en raison de la configuration de notre front au sud d'Ypres,la lIe division sera engagée partiellement demain, à moins que ne meparvienne cette nuit l'ordre de la maintenir entièrement en réserve. »Le commandant en chef approuve cette initiative5.Le 9 novembre, le 20e C. A. presque tout entier sera donc engagé dansla bataille d'Ypres; seule, la brigade de la 1 ie D. I. maintenue en réserveà It kilomètres du front restera disponible1 328 D. I.* 438 D. I. et éléments de la 3q, D. I.3 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 2ik 3o, 8 novembre. — D. A. B. Ordreparticulier à général Vidal, 1338, 12 heures, 8 novembre. — D. A. B. à général Foch,13,2 5, 8 novembre; — compte rendu à G. Q. G. et général Foch, 1289,19 heures,8 novembre, Annexe 4057, 4058.A la fin dela matinée. le général d'Urbal a donné au e-énéral Vidal, commandant la3i' D. T., le commandement du détachement Moussy ren forcé de deux bataillonset,-un,peu6 plus tard, de trois autres. Général Foch. Ordre à D.A.B. et 20* C. A.,21 heures, 8 novembre; — télégrammechiIflfré à G. Q. G., 64Q, 2h 5o, 8 novembre, Annexes 4044 et 4045. Au carrefour des Trois Rois, sur la route Ypres, Wytschaete.

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382 LES ARMEES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Au nord d'Ypres et sur le Iront de l'Yser, la situation est sans changement1.Si le général Joffre n'a pas voulu contrarier l'initiative du généralFoch, il s'inquiète cependant de voir les dernières réserves françaisesdisparaître dans la fournaise des Flandres. Il tient donc à être renseignéexactement sur les intentions de son adjoint et à savoir « en quoi consistentles résultats cherchés2 ».Le général Foch lui indique que l'engagement d'unités nouvelles estnécessité par « l'état de fatigue et pertes des troupes depuis longtemps enpremière ligne et soumises à des attaques vigoureuses et renouvelées ».Il poursuit : « Résultats cherchés sont d'abord rectification du front au sudd'Ypres, certaines positions occupées par l'ennemi étant dangereuses pourensemble position : par exemple Klein-Zillebeke et moulin de Spanbrock.Intention est ensuite de m'établir sur front dégageant abords sud d'Ypreset où défense pourra être conduite économiquement; ce front seraitmarqué par Hollebeke, Messines 3 ».Le général en chef approuve ces projets mais insiste sur la nécessité deretirer les unités les plus éprouvées « pour les mettre au repos et lesreconstituer, ces unités restant d'ailleurs toujours disponibles commeréserves ».** *Le 9 novembre, une accalmie se produit sur le front du détachementd'armée de Belgique. Le général d'Urbal en profite pour regrouper sesunités et réorganiser solidement la défense du front.Cependant, l'ennemi attaque encore la position Klein-Zillebeke, Saint-Eloi et progresse légèrement. La i ie D. I. intervient vigoureusement; en1 A noter toutefois l'apparition, pour la première fois sur le front des Flandres, du«minenwerfer» dont les effets très meurtriers impressionnent les troupes. Cf. Annexe 4065(t)' C. A. Compte rendu à D. A. B., i5 heures, 8 novembre). — Cf. carte n° 41.2 G. 0. G. Télégramme chiffré à général Foch, îqoi, q 4o, q novembre, Annexe 4073.3 Général Foch. Télégramme chiffréà G. Q. G., 65q, i3h i5, q novembre, Annexe 4084.4 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, 16b5o, 9 novembre, Annexe 4076.

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TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 383lin de compte, les Allemands sont rejetés dans leurs tranchées de départavec de fortes pertes.Le reste du front ne subit que des modifications de détail.«La situation peut être considérée comme bonne», écrit, le soir, legénéral Foch. En particulier, sur la face sud du saillant d'Ypres, le commandementest assuré, les unités sont reconstituées et la liaison avec lesBritanniques est solidement établie. « La situation dans cette région peutêtre envisagée avec confiance1. »Dans la soirée du 9 novembre, le général Foch a prescrit la reprise del'offensive pour le lendemain, pour dégager Ypres en portant plus à l'estl'ensemble du front Hollebeke, Messines : «Il y aura lieu de reprendreénergiquement l'offensive sur Messines, Spanbrock, Wytschaete et surHollebeke, à midi au plus tard, avec l'infanterie, de façon qu'elle ait letemps de produire son effet2 ».** *Le 10 novembre, l'ennemi prend encore les devants. Dès le matin, ilattaque avec vigueur depuis Dixmude jusqu'au sud d'Ypres. Son effortest particulièrement violent sur le front nord. Dixmude, bastion avancésur la rive droite de l'Yser, plus que jamais exposé, succombe après desanglants combats de rues où s'illustre encore la brigade de fusiliersmarins. La ville prise, les Allemands ne peuvent franchir la rivière et lefront se stabilise le soir sur les levées du canal3.Plus au sud, le 32e C. A. est refoulé sur l'Yser canalisé et le long ducanal de l'Yser à Ypres. Un détachement ennemi réussit même à prendrepied sur la rive gauche du canal, à Poeseie4.Pour parer à cette menace sérieuse, le commandement renforce en hâtele 32e C. A. : une division réservée (4e D. G.) du C. C. Mitry est dirigée

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sur Oostvleteren par Poperinghe; la 22e brigade de la 11e division, der-1 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 20h 35 et ai1 10, 9 novembre; — télégrammechiffré à G. Q. G., 231130, 9 novembre. — D. A. B. à général Foch. 1309, 8fc3o,q- n2ovembre, Annexes 4087 et 4098. Général Foch à D. A. B.. 21" 3o. 0 novembre. Annexe 4086. ;¡ Amiral Ronarc'h à général Bidon, iAfc45, 10 novembre, Annexe 4171. 4 32eC. A. Message téléphoné à D.A. B., 9* 10, 10 novembre, Annexe 4166.384 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.nière réserve du général Foch, est poussée rapidement de Brielen surZuydschoote. Un régiment de cette brigade est mis à la disposition dugénéral Humbert pour contre-attaquer les partis ennemis qui ont franchile canal. Pour reconstituer sa réserve, le général Foch décide de faire unprélèvement sur le 16e C. A. qui a résisté à la poussée allemande bienqu'il ait été vivement pressé vers Saint-Eloi1.Il fait appel également aux Britanniques. Le maréchal French acceptede relever le corps Conneau par le corps de cavalerie Allenby et de rendredisponibles les deux bataillons français qui avaient été maintenus en soutiendu corps Haig2.Ces mesures permettent de rétablir, au moins momentanément, lasituation5.Toutefois, le général Foch ne se dissimule pas que l'expédient quiconsiste à dégarnir un front pour en étoffer un autre comporte de sérieuxrisques, ne serait-ce qu'à cause de l'extrême fatigue des troupes, engagéesdepuis douze jours dans des combats incessants. Il sait, de plus, quel'ennemi s'est renforcé: des fractions du Ve corps de réserve allemand(ge division de réserve), retirées de la région de Verdun, sont identifiéesentre Poelcappelle et Langemarck; les prisonniers déclarent avoir reçul'ordre. d'attaquer à fond et d'avancer coûte que coûte » et ils précisent :« Cet ordre a été exécuté au prix de lourdes pertes ».Le commandant du G. P. N. estime donc nécessaire de mettre en lignedes troupes fraîches et signale au commandant en chef son besoin urgentde renforts4.Le soir même, le général Joffre l'autorise à utiliser les forces disponiblesde la Xe armée « sous réserve assurer intégrité du front ». Il lui

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1 Général Foch à D. A. B. et ao* C. A. 14" 40, 10 novembre. — D. A. B. Message téléphonéà C. C. Mitry, 10h 3o, 10 novembre; — ordre particulier à 16e C. A., 15" 35,10 novembre, Annexes 4126, 4144 et 4148. t - - D. A. B. à général Foch. 19 heures, 10 novembre. — Général d'Urbal à 1" corps britannique.1504, 20h45, 10 novembre, Annexes 4150 et 4152.8 Général Foch. Message téléphoné à G. Q. G., 20h45, 10 novembre; — télégrammechiffré à G. Q. G., n° 6qq. 23. 55, 10 novembre. Annexes 4130 et 4132.GénéralFoch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 694, 16155,1 o novembre; — messagetéléphoné à G. Q. G., 22 heures, 10 novembre. — G. P. N. 2* bureau. Bulletin de renseignementsdu 10 novembre, 697, 10 novembre (soir). — G. Q. G., 2* bureau. Bulletin derenseignements n° 147, 5 heures, 11 novembre, Annexes 4128, 4131, 4125, 4174.TOME I, 48 VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 385LAGRANDGEUERR—E. 1, 4* VOL. 25annonce en même temps l'arrivée de nouvelles unités : deux régiments du13e C. A. et 6 bataillons de chasseurs du 14e C. A. (VIe armée), A bataillonsde chasseurs du 15e C. A. (IIIe armée) 1.** *Le 1 1 novembre, le général en chef met à la disposition du général Fochde nouveaux renforts: une brigade marocaine, provenant de la Ve armée,et une brigade active prélevée sur la Ire armée. En même temps, ill'avertit que ces troupes « constituent les dernières réserves partielles desdifférentes armées auxquelles il n'est laissé que le strict nécessaire ». Ilrecommande en conséquence de les employer, non plus à nourrir labataille, mais à «relever troupes fatiguées, reconstituer des réserves etlibérer cavalerie 2 ».

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L'ennemi cependant attaque encore avec violence dans la matinéedu 1 i; il est particulièrement mordant au sud d'Ypres, vers Saint-Eloi etZwarteleen. Quelques défaillances, dues à l'extrême fatigue des troupes,ayant amené de légers fléchissements dans les lignes françaises, le généralFoch demande au grand quartier général d'accélérer le plus possible letransport des troupes de renfort. Il compte sur celles-ci pour prendre sarevanche. «La journée semble se terminer sans échec. Avec les troupesarrivées demain matin, nous rétablirons la situation3. »Le général en chef, tout en s'efforçant de hâter les transports en cours,insiste encore sur la nécessité d'utiliser ces renforts « pour remplacer lestroupes les plus fatiguées ». Il fait ressortir également la nécessité d'organiserla défense en profondeur : les unités relevées « pourront se reconstitueren vue de revenir, soit sur le front actuel, soit, le cas échéant, surune position de repli que vous avez, sans doute, envisagée plus ou moinsen avant d'Ypres, sur laquelle le front à occuper serait sensiblementréduit et pourrait être rendu plus facilement inviolable4 ».1 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à général Foch, 2215, 19la 25, et 2242, 22" 45,1 o novembre,Annexes4115, 4121.- -1 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, n* a326, ola 20. Il novembre. Annexe4176..-s Général Foch. Messagestéléphonés à G. Q. G., 12hAo, 15 heures et 15"15, II novembre,Annexes 4182, 4184, 4185. 4 G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, a/na, 17h 20, Il novembre, Annexe4178.386 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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Enfin, comme les renforts annoncés sont composés en partie d'élémentsjeunes, le général d'Urbal est invité « à ne les incorporer que progressivement,au fur et à mesure que la situation le permettra, en profitant, sipossible, du moment où leurs régiments auront pu être relevés et ramenésen arrière1 ».Avant même que les premiers bataillons de renfort aient commencé àdébarquer, la situation se rétablissait d'elle-même sur tout le front duD. A. B.Le 1 1 au soir en effet, les troupes françaises réussissent, dans l'ensemble,sinon à reprendre la totalité du terrain perdu depuis la veille, du moinsà maintenir leur front.Au sud d'Ypres, le groupement Grossetti (î 6e C A.), dont le centre alégèrement fléchi dans la région d'Hollebeke, Saint-Eloi, parvient à arrêter -les infiltrations de l'ennemi en ces points.A sa gauche, le 1er corps britannique subit l'assaut d'une division de laGarde débouchant sur la direction Gheluvelt, Ypres; l'ennemi est repoussé.En revanche, le groupement Dubois n'est pas attaqué.Plus au nord, le groupement Humbert s'organise défensivement sur laligne du canal.A Dixmude, les fusiliers marins, avec l'aide des Belges, interdisent àl'ennemi le débouché de la ville. Dans ce secteur, l'inondation étenduejusqu'à Knocke ne tardera pas à faire sentir ses effets et achèvera de briserl'attaque allemande.A l'aile gauche du dispositif allié, le groupe Bidon, chassé de Lombartzyde,occupe solidement la tête de pont de Nieuport.Dans la soirée, les généraux Foch et d'Urbal envisagent la situation avecplus de confiance que la veille. En effet, en dépit de ses efforts, l'ennemin'enregistre aucun succès important : il est contenu sur tout le front2.

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La tournure des événements suffirait à justifier les plus grands espoirs,si les troupes n'étaient pas épuisées.D'après les rapports des officiers de liaison, « certaines unités sont arrivéesà l'usure complète et n'ont plus aucune valeur offensive ni même1 G.Q.G. Télégramme chiffré à D."A. B., 2514, 2h5, Il novembre, Annexe 4179.2 Général Foch. Message téléphoné à G.Q.G., 21 25, il novembre; — télégrammechiffré à G.Q.G., 725, oh35, 12 novembre, Annexes 4187, 4224.TOME I, 4e VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 387a5.défensive". De plus, l'organisation défensive est à peine ébauchée danscertains secteurs: « Tous les ouvrages de la zone française, établis soit enrepli, soit sur la 2e ligne de résistance, laissent à désirer au point de vuedu tracé, du profil et de la conception générale (des bouts de tranchéesne permettant pas des actions solidaires) ».Il faudrait tout d'abord remettre de l'ordre sur le front : «Il me paraîtimpossible d'attaquer dans ces conditions », écrit l'officier de liaison dugénéral Foch auprès du D. A. B. « Il faut achever l'organisation défensivedu front, relever les unités qui ne peuvent plus tenir et procéder commedans une guerre de siège, en présence d'un front fortifié que nous ne pourronsentamer que par une concentration de moyens très puissants (artillerie)et une préparation minutieuse1. »Ces renseignements paraissent avoir incité le général Foch à suspendremomentanément les opérations offensives sur le front du D. A. B. Dans lasoirée, il envoie au général d'Urbal l'ordre de « renforcer la ligne actuelle »puis de « relever les troupes usées et de les regrouper », enfin de « repasser

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à l'attaque quand ces opérations seront terminées2 ».** *A partir du 12 novembre, la bataille s'éteint rapidement dans lesFlandres.N'ayant pu réussir à s'emparer d'Ypres, les Allemands vont renoncerà rompre le front allié. Leur activité se bornera à d'incessantes actionsd'artillerie suivies parfois de violents coups de main sur des points isolés ;mais, dans l'ensemble, l'infanterie n'attaquera plus et se trouvera momentanémentimmobilisée dans ses tranchées3.Le général Foch, n'ayant pas à engager en contre-attaques les renforts1Capitaine Audibert, officier de liaison du D. A. B. auprès du 32e C. A. Compte rendude mission, 12 heures, 11 novembre. — Capitaine Requin, officier de liaison du Foch général auprès du D. A.B. Compte rendu à général Foch, 21 heures, 11 novembre, Annexes42026, 4191. Général Foch. Note à D. A. B., 22 heures. 11 novembre. Annexe 4188. J Général Foch. Télégramme chiffré à G. Q. G., 744, 23h 10, 12 novembre, Annexe 4226.388 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.qui arrivent, les emploiera à relever les unités fatiguées; celles-ci travaillerontà améliorer les positions de seconde ligne.Le commandement français profitera de l'accalmie qui règne sur tout lefront pour remettre de l'ordre dans les grandes unités, pour supprimerles détachements constitués en vue de satisfaire aux nécessités du moment,enfin pour répartir équitablement le front entre les corps d'armée.Le 12 novembre, le général Foch donne à cet effet des instructionsdétaillées. Il attribue, en particulier, à chacun des groupements du D.A.B.un secteur bien délimité : le groupement Humbert ( 32e C. A.) de Dixmudeinclus à Langemarck exclu; le groupement Dubois (ge C. A.) de Langemarckinclus à Zonnebeke inclus; le groupement Grossetti ( 1GeC. A.) deKlein-Zillebeke inclus à Wytschaele inclus; le groupement Balfourier( 20e C. A.) deW ytschaete exclu à la gauche britannique 1.En ce qui le concerne, le général d'Urbal s'attache à l'amélioration des

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positions. D'autre part, il prescrit pour la journée du 13 quelques opérationsde détail afin de reprendre les points nécessaires à la continuitéde la ligne (bois 4o, au sud-ouest de Saint-Eloi; pont de DrieGrachten; maison du passeur, à Poesele). D'autre part, il insiste particulièrementsur la nécessité de procéder à une mise en état de défense dufront qui le rende absolument inviolable : « L'organisation défensive dufront et des diverses lignes de résistance sera poursuivie partout. Chacundevra se maintenir contre toute attaque sur les positions actuellementoccupées et se reconstituer des réserves 2. »Le 13 au soir, le général d'Urbal, dans une lettre au général Foch,précise la situation et indique ses intentions : « Notre front n'a pas subiaujourd'hui de modifications sensibles. Peu ou point d'attaques d'ensemblede la part de l'ennemi, sauf sur le front de la 18e division qui, en définitive,n'a pas été entamée. La situation me parait en voie de s'asseoir.Partout on travaille à l'organisation des lignes de défense, qui est activementpoussée et contrôlée. Je n'envisage, pour demain et les jourssuivants d'autres opérations, que la reconstitution des unités, leur mise enplace, la relève des unités fatiguées et la consolidation du front3. »1 Cf. Carte n° 43.* D. A. B. Ordre général d'opérations n° 20, pour le 13 novembre, 1684, 18h3o, 12 novembre,Annexe 4233. — Général d'Urbal à général Foch, 1692, 19"45, 12 novembre.* Général d'Urbal à général Foch. 1767. 181a30, 13 novembre, Annexe 4267.TOME I, 4' VOL. — TROISIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIV. 389LAGRANDGEUERR—E. I, 4*VOL. 25ALe même jour, le général Foch, s'adressant au commandant en chef,précise : « Les attaques de l'ennemi s'arrêtent. Il semble abandonner l'idéed'enlever Ypres et par là renoncer à son plan de débordement de notregauche. Les renforts que vous avez bien voulu m'envoyer sont en grandepartie arrivés; ils continuent de débarquer sans interruption. Un certainnombre sont déjà en première ligne, relevant les troupes engagées, les

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autres s'y portent. Pendant ce temps, les compagnies du génie organisentou renforcent des positions, avec tous les éléments disponibles. Onregroupe nos unités mélangées. Notre situation se consolide donc ets'améliore à chaque instant. Il en est de même de l'armée anglaise. Si doncl'ennemi reprend ses attaques, nous sommes en meilleure situation quejamais pour les repousser. Là sans doute se bornera pour le momentnotre avantage, parce qu'il nous faut encore du temps pour être en étatde repartir, parce que l'encerclement devant nous semble très fort. Maispar de petites actions bien combinées, nous pouvons espérer reprendrecertains points qui pénètrent en avant dans nos lignes, en un mot redressernotre front. Cela va être entrepris1. »Enfin, le général Foch, après accord avec le maréchal French, complèteles mesures déjà prises pour l'organisation du commandement, en affectant,dès le 14 novembre, à l'armée britannique et au D. A. B., des zonesd'action distinctes. Le ier corps britannique qui se trouvait intercalé entreles ge et 16e corps français sera relevé par la 26e D. I. et les éléments disponiblesdu 16e C. A.; ce G. W. viendra se souder au gros de l'armée anglaisequi défend du sud au nord le front: canal de la Bassée, Messines: « Lafraction de l'armée britannique qui occupe actuellement une partie dufront à l'est d'Ypres sera relevée par nos troupes. En revanche, l'arméebritannique prendra à son compte toutes les positions que nous occuponsactuellement au sud du canal d'Ypres à Comines». Ces relèves, qui commencerontdans la nuit du i 5 au 16, devront prendre fin dans la nuit du20 au 21 novembre 2.Lorsque ces mouvements seront terminés, les quatre corps d'armée dudétachement d'armée de Belgique seront au coude à coude dans l'ordre

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1 Général Foch. Rapport à G.Q. G., 22 heures, 13 novembre, Annexe 4252. * Général Foch. Instruction pour la VIII" armée (le D. A. B. sera officiellement dénomméVIII. armée à partir du 16), 14 novembre, Annexe 4273. — D. A.B. Note de service, 1938,14 novembre.390 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.suivant, à partir du nord: 32e, 20e, 9e et 16e corps. Le général d'Urbaldisposera, en plus des divisions organiques des corps d'armée, des élémentssuivants: 89e division territoriale, brigade marocaine1 et brigadeCastaing2 affectées au 32e corps; 26e division3 et deux bataillons de chasseursrattachés au ge corps; 43e division et huit bataillons de chasseursà la disposition du 16e corps. Enfin, la réserve de groupe d'arméescomprendra : la brigade de fusiliers marins, un régiment sénégalais, la87e division territoriale, les ier et 2e corps de cavalerie, la 7e division decavalerie, une brigade de chacun des 32e et ge corps4.La bataille des Flandres représente le dernier épisode de la guerre demouvement. A la fin de la première quinzaine de novembre, le front estentièrement stabilisé.1 a* brigade de la division du Maroc, venue de la V*armée.1Brigade venue dela I" armée, comprenant les 167* et 163* R. I. et le 66* régimentd'infanterie coloniale.3 Le 12 novembre, le général Joffre a mis à la disposition du général Foch le complémentde la 26* D.I., soit deux régiments et trois groupes d'artillerie. — Cf. Annexe 4218. (G.Q. G.Télégramme chiffré à général Foch, 2777, 201030,12 * novembre.) Cf. Tome II, 2* partie, chapitre ni, pages 119 et suivantes.25A.QUATRIÈME PARTIE.LA CONDUITE DES OPÉRATIONS SUR LE FRONT STARILISÉ.(21 SEPTEMBRE-14 NOVEMBRE19 1 A.)CHAPITRE XV.L'ACTIONDU HAUTCOMMANDEMENTSUR LE FRONT STABILIS].(21 SEPTEMBR1E4- NOVEMBRE1 9 1 )

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(Carte 44.)La stabilisation du front; crise des munitions; prélèvements sur les armées de droite et ducentre au profit de la manoeuvre d'aile. — Instructions du général en chef concernant laguerre de position: conservation des effectifs, organisations défensives, emploi de l'artillerie.— Mission des armées stabilisées ; attaque de la Ve armée dans la région deCorbeny ; directives du général en chef concernant les actions offensives sur les frontsstabilisés. — Projets d'attaque de rupture, réunion de réserves de manoeuvre. — Lasituation dans la première quinzaine de novembre 1914.Le 17 septembre, le général en chef, renonçant à l'espoir de rompre ledispositif ennemi en Champagne et comptant désormais sur son ailegauche pour remporter un succès décisif, a donné comme mission auxarmées déployées des Vosges à l'Oise :— de conserver une attitude agressive et de tenir toujours l'ennemi sousla menace d'une offensive énergique, pour l'empêcher de se dégager etd'effectuer des mouvements de glissement d'une partie du front sur uneautre ;— d'organiser avec le plus grand soin le terrain conquis et de profiter de392 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.l'appui fourni par les organisations ainsi réalisées pour constituer desréservesl.Ces armées immobilisées ne doivent pas toutefois se cantonner dans unrôle entièrement défensif, mais, tout en économisant leurs propres forces,retenir, par leur activité agressive, les effectifs ennemis qui leur font face.Elles sont d'ailleurs appelées à plusieurs reprises, en septembre et enoctobre, à agir pour aider au développement de la manoeuvre d'aile.Mais, comme elles n'obtiennent que des succès limités contre le frontallemand, déjà puissamment fortifié, le général en chef les invite à «renonceraux attaques générales, qui usent la troupe sans procurer des avantages

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suffisants, et à procéder par attaques localisées, exécutées en accumulantsuccessivement les moyens d'action sur les points choisis ». Il leur recommandeégalement les attaques de nuit, qui ne nécessitent pas de grossesconsommations de munitions d'artillerie. En tout cas, ces armées doivents'efforcer d'empêcher les prélèvements ennemis2.Elles ne parviennent qu'imparfaitement à remplir cette dernière mission.Manquant, en effet, des moyens nécessaires pour faire brèche dansles organisations défensives adverses, elles ne peuvent inquiéter sérieusementl'ennemi et l'empêcher «d'effectuer des mouvements de glissementd'une partie du front sur une autre ».Cependant les Allemands réussissent à progresser, du 20 au 25 septembre,de part et d'autre de Verdun, jusqu'à Vauquois et Saint-Mihiel;mais cette double poussée, un moment inquiétante, est finalement contenuesans avoir eu une répercussion appréciable sur la situation générale.En outre, le lendemain 26 septembre, les Allemands échouent complètementdans une offensive d'ensemble lancée contre les armées ducentre 3.Dans les derniers jours de septembre, le front se stabilise donc, de laSuisse à l'Oise, suivant la ligne :Ferrette, Thann, Ban-de-Sapt, forêt de Parroy, Pont-à-Mousson, abordsG. Q. G. Instruction particulière n° aq, 17 septembre iqi4, Annexe 244.2 G. Q. G. Télégrammes chiffrés, 6993, gh5, a4 septembre 1914, Annexe 1073; 1661,8 octobre 1914, Annexe 2049. — Cf. chapitres xet XVII.3 Cf. chapitres v, xvi et xvn.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 393de Saint-Mihiel, Fresnes-en-YVoëvre, Ornes, Samogneux, La Chalade,Servon, Hurlus, Perthes, Souain, Aubérive-sur-Suippes, La Pompelle,Bétheny, Berry-au-Bac, La Ville-au-Bois, Craonne, Moussy, Vailly, Missysur-Aisne, Crouy, Fontenoy, Bailly.De chaque côté de cette ligne, les troupes s'emploient à perfectionnerleurs défenses: abris, communications, réseaux de fils de fer. On dresse

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des plans directeurs; sur certains points, on chemine à la sape et oncombat à la mine. De jour en jour, pendant les mois d'octobre et denovembre, Ja lutte prend davantage le caractère de la guerre de siège.Elle est particulièrement active sur les flancs du saillant de Saint-Mihiel,que les Ire et Ille armées s'efforcent de réduire, et en Argonne, où l'ennemitente de s'infiltrer entre les armées de Lorraine et les armées deChampagne.Cet état de stabilisation, qui a eu pour origine l'impuissance et l'inexpériencedes deux adversaires dans l'attaque de positions retranchées, seprolonge sous l'action de deux facteurs principaux :— l'économie des munitions d'artillerie, qui s'impose après l'énormeconsommation des premières semaines de la guerre ;— les prélèvements qui affaiblissent les armées immobilisées au profitde la Il course à la mer".Les moyens n'étant plus en rapport avec l'extension de la zone desopérations, une grande partie de cette zone devient passive.** *L'épuisement des stocks de munitions et la faiblesse des fabricationsjournalières ont ouvert une crise grave pour l'artillerie de 7 51, quiconstitue, à cette époque, la presque totalité de l'artillerie des armées.Pour y remédier, le général en chef donne des ordres formels afinde limiter, dans la mesure du possible, les consommations d'obus de cecalibre sur les fronts stabilisés.Il écrit, le 22 septembre:"L'artillerie ne doit jamais tirer sans objectifs bien définis, ni sur desAu sujet de la crise des munitions et des pourparlers du général en chef avec le ministrede la Guerre à cet égard, cf. tome II et tome XI du présent ouvrage.394 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.zones larges, à des moments où ces tirs ne sont pas nécessaires soit pourfaciliter la progression de notre infanterie, soit pour arrêter des attaquesennemies. En un mot, il faut proscrire les canonnades sans but définieIl recommande, en outre, de consommer des obus à balles, délaissés

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par les batteries, qui ont pris l'habitude d'employer presque exclusivementles obus explosifs ; il en existe des réserves plus importantes que de cesderniers.Enfin, comme il est nécessaire d'économiser les canons aussi bien queles obus, il prescrit d'éviter le tir à grande distance, qui fatigue le freindu 75 et risque de le mettre assez rapidement hors d'usage.Les commandants d'armées sont invités à assurer l'application de cesordres sans rédiger d'instructions écrites à leurs subordonnés; le secretdoit être gardé. «Il importe, en effet, écrit le général en chef, que l'ennemine puisse saisir de tels documents, qui pourraient lui faire appréciernotre situation comme moins bonne qu'elle ne l'est en réalité. Onretrouve d'ailleurs, dans des documents allemands saisis, la trace depréoccupations analogues. La sévère économie, dès à présent, de nosapprovisionnements en munitions, peut arriver à constituer pour nousun élément important de supériorité2. »Le général en chef renouvelle ces ordres le 2k septembre, en spécifiantque l'artillerie ne doit tirer que sur des objectifs nettement observables.Il faut ménager les munitions en vue de la reprise, dès que cesera possible, d'une offensive violente. L'attention des armées est expressémentattirée sur l'importance capitale de cette prescription, « d'où dépendle salut du pays3».Malgré la vigilance du général en chef, les consommations4 demeurenttrop fortes. Il décide donc, le 27 septembre, d'imposer un sévère rationnement.L'approvisionnement des armées est limité à 300 coups parpièce, y compris les munitions des parcs; le surplus est remis au servicede l'arrière pour constituer une réserve à la disposition exclusive dugénéral en chef. Les armées stabilisées ne recevront pas d'autres muni-1 G. Q. G. Note aux armées, 6721, 22 ! septembre iqi4. Voir noten0 1, page 393.« &3 G--. O,--. G--. Té.léprammft r.hifFrp. au*nrmpAS. Iinnn. ik senternbre lui A. 4 ----0----- _u_-- --- ------, -;:¡;:¡;:¡-, --l- -- - -;;¡-- Cf. appendice no 4, tableaux A et B des consommations et note du S. H. dutableau A.TOME 1, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 395tions avant le 20 octobre, sauf le cas où l'une d'elles se verrait attribuer une

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mission particulière. Par suite, et jusqu'à nouvel ordre, elles « devrontse contenter d'arrêter les attaques de l'ennemi sur le front qu'ellesoccupent actuellement, en renforçant l'organisation défensive de manièreà rendre ce front inviolable1».Seules, la Ire armée, en raison de la lutte sévère qu'elle livre dans larégion de Saint-Mihiel, et la IIe armée, qui mène la manoeuvre d'aile enPicardie, échappent à cette réglementation.Mais, si l'on est contraint d'économiser matériel et munitions de 75,il faut néanmoins harceler l'ennemi, bombarder ses tranchées, gêner, sinonempêcher, ses travaux et ses ravitaillements. Pour cela, une artillerie lourdede campagne serait indispensable. Or, l'armée française en manque.Pour remédier à cette situation fâcheuse et dangereuse, en attendantque les ateliers de fabrication et l'industrie puissent livrer en quantitésuffisante des matériels modernes à tir rapide, ce qui demandera un longdélai, le général en chef décide d'employer des canons d'ancien modèle;il fait ainsi mettre à la disposition des armées des 95, 1 20, 155 et 220,pièces à tir lent mais capables néanmoins de fournir des feux puissants 2.En outre, le général Joffre fait appel à l'aviation; celle-ci reçoit l'ordrede renforcer et de prolonger l'action de l'artillerie, lorsque la force ascensionnelleet la capacité de transport des avions le permettront, en bombardantbatteries, réserves et rassemblements ennemis3.Au cours des mois d'octobre et de novembre, le général en chef necesse de veiller à l'application de ces directives. Le 14 octobre, notamment,il fait connaître aux commandants d'armée que, la situation desapprovisionnements n'ayant pas changé et ne devant pas, suivant toutesprobabilités, s'améliorer avant cinq ou six semaines, les mesures de stricteéconomie, concernant le tir du 75, sont maintenues. Les armées sont

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1 G. Q. G. Note, 7503, 27 septembre IQIAsG. Q-. G. Note 1pou-r- le-s- a-rm---é-e-s-.11716-6-1-. -271 -se-rul-e-u-x-br-e i-q0iA--.. G. Q-. G. Note p1our les armées, 17 523,1 271 se1ptembre- -10v1-A-r.-4G. Q. G. Télégrammeschiffrés, 930, 9h 3o, 5 octobre 1914, Annexe 2114; 1384,9 25, 7 octobre 1914; 3081, 14 octobre 191A; — ordre, 4281, 20 octobre igi4, Annexe3099 ; — télégrammes chiffrés, 6800, 21b30, 3o octobre 191A, Annexe 3543; 620,3 novembre 1914.396 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.même invitées à faire des économies sur l'approvisionnement restreintqui leur a été attribué 1.** *Une autre cause essentielle du ralentissement des opérations entre laSuisse et l'Oise est l'importance des prélèvements effectués sur cette partiedu front par le général en chef, pour entretenir la manoeuvre d'aile.Ces prélèvements sont les suivants :du 15 au 3o septembre :i de C. A., prélevé sur le front de Lorraine;4" C. A., — — l'Aisne;20eC. A., — — Lorraine;ile C. A., — — Champagne;iol, C. A., — — Champagne ;4e D. C., prélevée — Champagne;8' D. C., — — Champagne ;ioe D. C., — — Champagne;du 1er au 15 octobre :21" C. A., prélevé sur le front de Champagne;56e D. I., prélevée - l'Aisne;628 D.I., - - l'Aisne;li 51,D.I., - — l'Aisne;53eD.I., - - - l'Aisne;58" D. I., — - - Lorraine ;42eD. I., — — Champagne;76 D. C., — — Lorraine;

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6' D. C., — - Champagne;Q" D. C., - - Champagne;2" C. W., prélevé — l'Aisne;38 C. W., — — l'Aisne;i" D. C.W., prélevée — l'Aisne;26 D. C.W., — — l'Aisne.du 16 au 3 1 octobre :9" C. A., prélevé sur le front de Champagne;168 C. A., — — Lorraine;1 G. Q. G. Télégramme chiffré, 3082, 14 octobre 191/i, Annexe 2818.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 39738e D. I., prélevée sur le front de l'Aisne;1er C. W., prélevé — l'Aisne;16 régiments de cavalerie de corps d'armée, prélevés sur tous les fronts.du 1er au 14 novembre :1 brigade d'infanterie, prélevée sur le front de Champagne;1 brigade d'infanterie, — — Lorraine;2 régiments d'infanterie, prélévés — l'Aisne;6 bataillons de chasseurs, — — l'Aisne;4 bataillons de chasseurs, — — Lorraine.Soit, au total, la valeur de plus de 3i divisions d'infanterie, 10 divisionsde cavalerie, 13 états-majors de corps d'armée, 3 états-majorsd'armée (armée britannique, IIe et IXe armées) 1, représentant alors letiers environ des forces alliées du front occidental.Le général en chef a pu effectuer, sur ces armées stabilisées, ces importantsprélèvements, sans encourir de risques sérieux, car les Allemandsopèrent eux aussi des retraits importants sur l'Aisne, en Champagne et enLorraine. Les deux adversaires, dans l'espoir d'obtenir la décision, emploientsimultanément toutes leurs disponibilités pour la « course à lamer2 ».Dans ces conditions, après l'échec de l'offensive ennemie du 26 septembre,

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aucune menace sérieuse ne se dessine contre les armées françaisesdu centre et d'aile droite, au cours des mois d'octobre et de novembre.Il se produit seulement quelques alertes passagères : au début d'octobre,dans la région de Saint-Mihiel et en Argonne ; vers la fin du même mois,1 G. Q. G. Notes et télégrammes chiffrés, 5610, 17 septembre 1914, Annexe 240; —5817 et 5972, 18 septembre 1914, Annexes 395, 399; — 6692, 22 septembre 1914,Annexe 833; -7104,24 septembre 1914. Annexe 1083; — 7924, 7932, 7952 et7971,29 septembre 1914, Annexes 1606, 1608, 1611; — 8124 et 8942, 3o septembre1914, Annexes 1673, 1678; — 113, 1eroctobre 1914, Annexe 1755 ; — 381, 2 octobre1914; — 457 et 692, 3 octobre 1914, Annexe 1914; — 931 et in5, 5 octobre 1914,Annexes 2118, 2125; - 1393, 7 octobre 1914, Annexe 2323; — 1659, 8 octobre — 1914; 3022, 14 octobre 1914, Annexe 2814; — 33u, 15 octobre 1914, Annexe 2863; -4229, 4328, 4383 et 4466, 20 octobre 1914, Annexes 3091, 3100, 3097; —5i5o,24 octobre 1914, Annexe 3288; - 5424, 25 octobre 1914, Annexe 3335; — 5865,27 octobre 1914, Annexe 3423; - 2216 et 2243, 10 novembre 1914, Annexes 4116,4120.j G. Q. G., a* bureau. Bulletins et comptes rendus de renseignements, 15 septembre au14 novembre 1914.398 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.de nouveau en Lorraine (des forces allemandes assez importantes étantsignalées à Metz) et dans la région de Vailly (où l'ennemi déclanche uneviolente action locale 1). Les Allemands, d'ailleurs, d'après certains renseignements,paraissent éprouver des difficultés pour leurs ravitaillements,notamment en ce qui concerne les munitions2.

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*181*Le caractère particulier de la lutte dans laquelle se trouvent engagéesles unités des fronts stabilisés amène le général en chef à adresser diversesinstructions à ses commandants d'armée, touchant le maintien en bon état,physique et moral, des troupes.Il attire tout d'abord l'attention de ces généraux sur l'importance del'entretien au complet des effectifs des unités en ligne, et il insiste pour queceux-ci soient ménagés le plus possible, grâce à des dispositions permettantde les soustraire aux effets du bombardement. Dans cet ordre d'idées, ilprescrit de profiter du calme relatif qui règne à l'est de l'Oise pour renforceret compléter les travaux de fortification. Il recommande, en outre,la construction d'abris bien aménagés, reliés aux tranchées par des boyauxcouverts; les troupes en secteur pourront s'y reposer dans une sécuritérelative, à proximité de la première ligne, occupée seulement par de petitsgroupes de surveillance5.A la fin d'octobre, à la veille de l'arrivée au front des premiers contingentsde la classe de 1914, appelée au début de la guerre, le général enchef revient sur la question de l'emploi des troupes en secteur.Il écrit à ce sujet : « La situation générale et les procédés de la guerreactuelle entraînent, sur une grande partie du front, un stationnementprolongé dans les mêmes tranchées. Cette nécessité ne va pas sans degraves inconvénients pour la santé des troupes et surtout pour leur étatmoral. Il est à craindre que certaines d'entre elles ne voient diminuer1 G. Q. G. Instruction particulière n* 34 et instruction particulière n* 35, 2 octobre191/1, Annexes 1829, 1834; — instruction, 4327, 20 octobre 1914-; — bulletins etcomptes rendus de renseignements, octobre et novembre 1q14. — Cf. chapitre XVII.s G. Q. G., a* bureau. Comptes rendus de renseignements ne 113, 3 octobre 1914,et n° 122, 17 octobre iqi4, Annexes 2398 et 2954.3 G. Q. G. Note pour les commandants d'armée, 1000, 13 heures, 5 octobre 1914,Annexe 2120.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PAHTIE. — CHAPITRE XV. 399leur esprit offensif. » Pour parer à ces inconvénients d'une longue immobilisation,

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le commandement, à tous les échelons, doit avoir le souciconstant d'une organisation rationnelle des relèves, du repos et de l'instructiondes troupes1.Les préoccupations du général en chef se portent également sur l'organisationmatérielle de la guerre de siège. Il insiste sur l'importancedes organisations défensives qui doivent permettre de rendre le front« inviolable2», et il recommande aux gouverneurs des places fortes qui,dans l'est et dans le nord, servent à étayer le front, d'employer la fortificationde campagne afin que le sort de leur place ne soit pas lié à la duréedes seuls ouvrages permanents 3. Il attire l'attention sur certains pointsparticuliers, tels que: l'emploi en flanquement de mitrailleuses protégées;le tracé à adopter pour les tranchées en lisière de bois; l'emploi destroupes territoriales; les postes de commandement, où des chefs nedoivent pas s'immobiliser ; le secret des transports en cours d'opérations ;les précautions à prendre pour éviter la capture par l'ennemi des communicationstélégraphiques et téléphoniques; l'utilisation des treillagesde fils de fer; la constitution de réserves mobiles de feu montées surbicyclettes ; bref, tout un ensemble de recommandations que rend nécessairesla forme nouvelle prise par les opérations.La réorganisation de l'artillerie lourde, dont le rôle est primordialdans la guerre de position, notamment pour la préparation des actionsde rupture auxquelles songe le général en chef, constitue un des problèmesessentiels de l'heure. Au point de vue de la contre-batterie, dela destruction des organisations ennemies et de l'interdiction lointaine,l'expérience des combats a montré l'importance des besoins des armées.Dès le mois de septembre, le général en chef a fait appel aux res-1 G. Q. G. s Note, 6207, 28 octobre iqi4, Annexe 3445. G. Q. G. Note, 1000, 5 octobre 1914, Annexe 2120; — télégrammes chiffrés, 1267,

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IS" 20, 6 octobre 1914et 6867, 31 octobre 1914, Annexes 2218 et 3626; — note,77s7t 4 novembreiqi4, Annexe 3864. G. Q. G. Note,i884, q octobre iqi4- , G. Q. G. Télégrammes chiffrés et notes, 17, 9 heures, lor octob re 1914; — 45,1" octobre 1914?— 392, 16h50, 2 octobre 1914, Annexe 1832; —487, 3 octobre iqi4; - 2785, 13 octobre 19x4;—3g 11, 17 octobre 1914,20 octobre 1914; — 1601, 21 35,7 novembre 1914; — 2908, 13 novembre 1914.400 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.sources des places fortes et de la défense des côtesl, pour suppléer aumanque de matériels lourds de campagne; il poursuit ces prélèvements.Ainsi, il peut faire face, dans une certaine mesure, aux nécessités de lalutte, en attendant les fabrications nouvelles. Mais il ne suffit pas d'avoirdes matériels, il faut assurer leur mise en oeuvre dans les meilleures conditionspossibles.Le général Joffre fait donc établir un programme d'ensemble pourl'utilisation des canons lourds. Ce programme comporte les articles suivants:— doter progressivement chaque corps d'armée d'une artillerie lourdemobile en lui affectant des groupes de 12o L. sur cingolis et des groupesde 95;—poursuivre l'organisation de batteries lourdes, servies par l'artillerie àpied, à répartir entre les armées: 1 55 L. sur cingolis, 155 C. 1912 etmortiers de 2 2o ;— donner aux armées des groupes d'attelages pour leur permettre d'assurerle déplacement de ces batteries;— étudier et mettre sur pied l'organisation de batteries de matériels pluspuissants, empruntés à l'artillerie navale et à l'artillerie de côte, ou enconstruction dans l'industrie privée, pour la destruction des ouvragesimportants et l'action lointaine 2.En attendant la réalisation de ce programme, le général en chef adresseaux armées plusieurs instructions au sujet de l'emploi de leur artillerie.Faute d'en avoir en quantité suffisante, il faut obtenir le meilleur rendementde celle qui existe.Il recommande à cet égard la centralisation du commandement des

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batteries de tous calibres agissant sur un même terrain ; la préparationdes attaques par un travail précis et journalier de recherche et de repéragedes objectifs; l'installation de réseaux téléphoniques très développés;l'établissement de plans directeurs.Batteries et observatoires doivent être répartis suivant les objectifs à1 Cf. tome I, 3* volume. — G. Q. G. Lettre au ministre de la Guerre, 4690, 10 septembreiqi4; — télégramme chiffré, 670, 22 septembre iqi4; —lettre, 6784* 22 septembre1 1g14. G. Q. G. Note, 2875, 14 octobre 1914.TOME 1, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 401LAGRANDGEUERR—E. 1. 4* VOL. 26battre, en recherchant autant que possible les feux d'enfilade; les emplacementsde pièces doivent être multipliés de manière à utiliser toute lamobilité du matériel et à tromper l'adversaire sur le dispositif exact. Il y aintérêt : à pousser les batteries le plus possible en avant, pour les rapprocherde leurs objectifs et obtenir ainsi un tir plus efficace; à établir despositions de pièce enterrées; à tenir des carnets de tir qui permettrontune ouverture rapide du feu.Le général en chef porte une attention particulière à la collaborationétroite, dont on peut attendre les meilleurs résultats, entre l'artillerie etl'aviation. Les avions, munis d'appareils de T. S. F., seront appelés nonseulement à repérer les positions ad verses mais encore à régler le tir descanons. Il y aura donc intérêt à déclancher les actions importantes lesjours où l'état de l'atmosphère permettra l'emploi combiné des deuxarmes1.Mais, l'artillerie devra se montrer perpétuellement vigilante, se tenanttoujours à l'affût, notamment au cours d'un mouvement offensif, pourprendre à partie immédiatement les obstacles qui s'opposeraient à la progressionde l'infanterie. Elle s'appliquera à agir par rafales instantanéeset violentes plutôt que par un lent bombardement2.*

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* *Quelque soin qu'il apporte à l'organisation de la « guerre de siège », legénéral en chef n'en fait pas son souci exclusif. Il ne renonce nullement àrechercher une victoire capable de provoquer la retraite des armées allemandes.Cette victoire, depuis l'arrêt de la poursuite consécutive à la bataillede la Marne, il pense encore la trouver à son aile gauche, grâce à unemanoeuvre de débordement, et, le 6 octobre, en définissant les missionsde ses différentes armées, il se borne à prévoir, pour l'ensemble des forcesdéployées à l'est de l'Oise, une attitude de défensive vigilante; une seuleaction offensive importante est envisagée sur cette partie du front; elle apour but de réduire le saillant de Saint-Mihiel.1 G. Q. G. Notes, 7523, 27 septembre 1q14; lQSl, Qnovembre iqi4, Annexe 4078.G.Q.G., Instruction, 198a, 9 novembre 1914, Annexe4077.-402 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Il s'exprime ainsi :«La Ire armée continuera, comme par le passé, à couvrir le flanc droitde notre dispositif. Elle s'efforcera de rejeter l'ennemi des Hauts-de-Meuse.«La IIIe armée concourt aux opérations à l'est de la Meuse et interdità l'ennemi le passage entre Argonne et Meuse en se liant à la IVe armée.«Le général Dubail est chargé de coordonner les opérations des Ire etIlle armées.«La IVe armée, opérant en Champagne, face au nord, entre Argonneet Reims exclu; la Ve armée, sur la falaise de Champagne. face au nordet au nord-est, entre Reims inclus et Braye-en-Laonnois inclus; la VIe armée,sur les plateaux au nord de l'Aisne, face au nord, entre Braye-en-Laonnois exclu et l'Oise, devront, tout d'abord, organiser leur front de

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façon à le rendre inviolable et constituer en arrière des réserves disponiblespour des opérations, soit en avant de leur ligne, soit sur les ailesdu dispositif général *. »Cependant, si le rôle décisif reste confié à l'aile gauche des Alliés, legénéral en chef, envisageant la possibilité de l'échec de la manoeuvre dedébordement et l'immobilisation du front dans le nord, projette un nouveaugenre d'opérations. Les armées allemandes une fois fixées, écrit-il,«des offensives seront entreprises sur différents points du front pourrompre les lignes adverses. Ces points seront choisis en vue des résultatsà atteindre et des facilités des attaques; la préparation de ces attaquessera étudiée avec un soin minutieux, de façon à réunir tous les moyensd'action qui permettront d'en assurer le succès ».C'est le retour à la conception de la bataille de rupture, conception quia déjà inspiré le général en chef pendant la dernière phase de la bataillede la Marne et au cours de la poursuite.Le général Joffre ne va d'ailleurs pas attendre que les armées allemandessoient fixées sur l'ensemble du front pour faire une première tentativevisant à rompre leurs lignes.Dès le ier octobre, en effet, le général Franchet d'Espèrey, commandantla Ve armée, lui a proposé une attaque de ce genre, dans la région1 G. Q. G. Note aux armées, 1169,6 octobre 19TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 40326.de Corbeny. Le lendemain, le général Joffre recevait du lieutenant-colonelSerret (officier ayant appartenu à l'état-major du G. Q. G.) une lettre préconisant«de donner, par surprise, un véritable coup de hache sur le frontadverse». Le correspondant du général en chef ajoutait : «c'est la brèche

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à faire dans un corps de place, avec, il est vrai, cette difficulté de plus,que derrière la première ligne, on en trouvera plusieurs autres de valeurcomparable. Le coup de hache doit donc pouvoir s'étendre, dans untemps très court, aux deux ou trois lignes successives que l'ennemi peutavoir préparées. Il semble que, si l'on choisit convenablement le pointd'attaque, l'artillerie de campagne d'un seul corps d'armée, avec unequantité d'artillerie lourde sûrement supérieure à celle que l'ennemi peutavoir en action sur le même front, serait suffisante1.»C'est dans cet esprit que le commandant en chef acquiesce tout d'abordaux propositions du général Franchet d'Espèrey. Mais, comme il ne peutdonner satisfaction à la demande de munitions d'artillerie de 75 du commandantde la Ve armée, celui-ci renonce à son projet et met deux de sesdivisions à la disposition du général Joffre, qui les emploie, l'une à larelève des troupes britanniques sur l'Aisne, l'autre à renforcer la IIe arméeau nord de l'Oise 2.Cependant, le général Franchet d'Espèrey décide de reprendre ses préparatifsen réduisant son programme ; le général en chef l'approuve à nouveau5,considérant, sans doute, que l'attaque de Corbeny constituera unediversion utile pour l'offensive franco-britannique de la Lys.L'attaque est déclanchée le 12 octobre, mais, alors que, dans lapensée du général en chef, elle «devait consister essentiellement en uncoup de force exécuté sur un espace restreint,» en fait, elle dégénère enune série d'actions isolées4. Au cours de trois journées de combat, la1 Lieutenant-colonel Serret. Lettre au général en chef, 2 octobre 1914. Le général en chefa remis cette lettre, le 4 octobre, au 3* bureau du G. Q. G. Elle est classée dans les registresde ce bureau contenant les documents de la V*armée, à laquelle appartenait, à ce moment,

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le l2ieutenant-colonel Serret. G.Q.G. Télégrammes chiflrés à V' armée, 598 et 6g3,3 octobre 19M, 20h40, Annexes1911, 1915. s G.Q. G. Télégrammes chiffrés à V. armée, 1961, 9 octobre 1914; 2142, 10 octobre119 1\, Annexes 2480 et 2544. G.Q.G. Lettre à IX. armée, 4278, 20 octobre 1914.. Annexe 3093.404 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Ve armée ne peut réaliser que des progressions limitées et n'enlève aucunedes positions importantes de la défense adverse1.L'opération a montré, une fois de plus, la disproportion existant entreles moyens disponibles en artillerie et la puissance des organisations défensivesréalisées par les Allemands, et en même temps les inconvénientsde la dispersion des efforts. Elle fournit au commandant en chef l'occasiond'adresser aux commandants d'armée des instructions posant les principesde l'action offensive sur les fronts stabilisés.Il écrit à ce sujet :«Dans la bataille de position où nous sommes engagés, il est plus quejamais nécessaire de sérier les questions, en appliquant successivement lemaximum de moyens sur les différents objectifs.«Les forces adverses sont réparties sur un front très étendu; les premièreslignes sont immobilisées dans des tranchées, sous le feu rapprochédes nôtres; les réserves sont relativement peu nombreuses, ou éloignéesdes premières lignes. On peut donc, le plus souvent, concentrer tous lesefforts sur un point d'appui, l'enlever de vive force, si possible par surprise,sans qu'il soit toujours nécessaire de prendre l'offensive sur tout lereste du front pour fixer l'ennemi, et en se contentant des attaques subordonnéesindispensables pour couvrir et faciliter l'attaque principale.»Le choix rationnel des objectifs doit donc être le premier souci du commandement.Ce choix fait, il faut mettre en oeuvre tous les moyens d'investigation: avions, renseignements, reconnaissances offensives de détail,et tous autres procédés pour préciser la valeur des obstacles à vaincre.Alors pourront être déterminés en connaissance de cause les moyens nécessaires,et l'on pourra fixer :— les conditions de l'attaque de l'infanterie;— la dotation de cette infanterie en matériels de toute nature;— le rôle des troupes du génie;

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— la répartition de l'artillerie entre les différentes missions;—l'organisation de la liaison entre l'artillerie et l'infanterie, pourassurer la coordination de leurs efforts et l'exploitation immédiate desrésultats obtenus par chacune d'elles.1 Cf. chapitre XVII.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 405LAGRANDGEUERR—E. I, 4* VOL. 364«En opérant ainsi méthodiquement, on fera chaque jour, avec un minimumde pertes et de dépense en munitions, des progrès sensibles; onusera l'adversaire, on maintiendra sur lui notre ascendant moral et ondéterminera progressivement en notre faveur la rupture d'équilibre 1. DCette note constitue la première des directives du haut commandementconcernant la conduite du combat oflensif dans la guerre de position. Ladoctrine évoluera et se complétera au cours des années, de 1914 à 1918,mais les données principales du problème sont posées dès ce moment.Le général en chef, à la suite de ces instructions, prescrit à ses commandantsd'armée de lui faire connaître «les opérations successives qu'ilsont l'intention de faire, l'ordre qu'ils comptent suivre dans l'exécution desattaques journalières, les moyens d'action à mettre en oeuvre». Il ajoute :«il est essentiel que l'activité de nos troupes se manifeste chaque jour, afinde maintenir chez elles l'esprit olfensif et de ne pas les laisser dans l'inactionsous prétexte que l'ennemi n'attaque pas2».Le général Dubail répond en présentant un programme d'actions partielles,à mener par les ire et Ille armées, dans le but de réduire le saillantde Saint-Mihiel8. Le général en chef donne son approbation à ce programme4.

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De son côté, la Ille armée prépare, entre Argonne et Meuse, une attaquesur la crète de Cuisy; cette attaque, lancée le 29 octobre, n'aboutit pas5.Au centre, la IVe armée, qui livre en Argonne des combats incessants,projette une action méthodique et suivie, pour refouler les Allemands surla Haute-Chevauchée, et une autre attaque dans la région à l'ouest deSouain6.La Ve armée envisage une série d'opérations pour: chasser l'ennemidu plateau de Craonne; s'emparer des croupes 91 et 100 (entre Berryau-Bac et Orainville), de la ferme du Choléra et du massif de la Ville-aux-1 G.Q. G. Note pour les commandants d'armée, 3565, 15 octobre iqi4, Annexe 2864. 1 G.Q.G. Note pour les armées, 36Q2,17 octobre 1)l4, Annexe 2958.« 1" armée. Note sommaire, 6666, 18 octobre iqi4, Annexe 3005. G.Q.G. Note à ln armée, 4273, 20 octobre 1914, Annexe 3092. — Cf., tome II,pages 73 et suivantes.Cf. chapitre xvi, page 456. * IV. armée. Note, a 602, 23 octobre 1914, Annexe 3252.406 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Bois; enlever la ferme Sainte-Marie et prendre pied si possible à Brimont;conquérir les avancées du massif de Berru 1.La VIe armée prépare une offensive qui doit comprendre une séried'attaques échelonnées d'est en ouest; commençant sur le plateau de Nouvronpour, de proche en proche, atteindre l'Oise dans la région de Chauny,Pontoise 2. La première de ces attaques, le 12 novembre, n'obtiendra quedes résultats incomplets3.** *Mais, il ne s'agit là que d'opérations recherchant surtout des améliorations

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locales du front, qui ne peuvent guère avoir de répercussions sur lasituation générale. Le général en chef, s'il les approuve, ne renonce pas àmonter des actions plus importantes, et cela d'autant moins que le succèsde la « course à la merx, prolongée par l'offensive des Flandres, apparaîtde jour en jour plus problématique.Une étude du 3e bureau du grand quartier général, datée du 22 octobre,estimant probable, à brève échéance, «la cristallisation du front»dans le nord, expose ainsi la situation qui en résultera :«Tout mouvement débordant, de nature à amener la décision, seradès lors interdit à l'une comme à l'autre des armées en présence. Commeune pareille situation ne peut se prolonger indéfiniment, il convient derechercher dès maintenant par quels moyens cette décision pourrait êtreobtenue.«Un succès très net de l'armée russe en Galicie et en Pologne, suivi del'invasion de la Silésie, entraînerait sans doute la rupture de l'équilibre quis'est établi de notre côté entre les deux adversaires. L'Allemagne seraitobligée de retirer de sa frontière occidentale une partie notable de sesforces pour les transporter sur le théâtre d'opérations de l'est.« Mais si ce succès ne peut être obtenu, ou si, comme il y a lieu de lepenser, les armées allemandes opérant sur la Vistule comme elles le font1 Ve armée. Compte rendu au commandant en chef, 929/3, 18 octobre 1914, Annexe3013; — G. Q. G. Note à Vearmée, 634, 3 novembre 1914, Annexe 3799.2 VIearmée. Note, 19 octobre 1914, Annexe 3065; — G. Q. G. Note à VI*armée, 4aoi,20 octobre iqi4, Annexe 3099.3 Ci. chapitre xvn.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 407

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26 i.chez nous, arrivent à se fixer au sol assez solidement pour rendre infinimentlents et pénibles les progrès de l'armée russe, c'est sur notre théâtred'opérations que la solution du conflit devra être finalement recherchée. »L'étude examine ensuite les différentes solutions pouvant amener ladécision de la guerre, ou au moins modifier profondément la situation auprofit des Alliés :- rupture du front allemand;— intervention de nouvelles puissances dans le conflit;- opérations entièrement distinctes de celles qui sont en cours, tellesqu'un débarquement sur les côtes de la mer du Nord menaçant les oeuvresvives de l'Allemagne, ou qu'une invasion de la Haute-Alsace 1.La question de l'intervention de nouvelles puissances dans le conflitdépasse les attributions du commandement militaire et il ne semble pasque le projet de débarquemeut sur les côtes de la mer du Nord ait étépris sérieusement en considération Les autres suggestions, par contre, sontretenues par le général en chef.Ses intentions, touchant des actions de rupture, s'orientent vers deuxsecteurs : celui de la Ve armée en Champagne, où le général Franchetd'Espèrey a déjà monté une attaque, et celui au sud d'Arras, sur le frontde la IIe armée.En ce qui concerne ce dernier secteur, le général Foch a été invité, dèsle 14 octobre, à faire examiner les conditions dans lesquelles pourrait êtreeffectuée une opération mettant en oeuvre un corps d'armée et de grosmoyens d'artillerie lourde 2.Sans attendre davantage, et tandis que la bataille continue dans lesFlandres, le général en chef prend des dispositions pour réunir les forcesnécessaires. Le 28 octobre, il prescrit au général de Castelnau, commandant

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la IIe armée, de constituer «une puissante réserve susceptible d'êtreemployée au premier signal pour une vigoureuse opération offensiveIl etdésigne pour cela le 20e corps d'armée 3.Le même jour, il fait savoir au général Franchet d'Espèrey que laVe armée doit disposer, «dès maintenant, d'une réserve capable non seule-1 G.Q.G. 3* bureau. Notes et projets, étude, 22 octobre lql.5 G.Q.G. Note pour le général Foch, 2884, 14 octobre iqi4- G. Q. G. Lettreà 11*année, 61oG, 28 octobre 1914, Annexe 3447.408 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.ment d'intervenir en première ligne, si les circonstances l'exigeaient, maisencore de prendre, sur un point convenablement choisi, une puissanteoffensive ».«Ce résultat, ajoute le général en chef, ne peut être obtenu qu'en retirantdu front un corps d'armée entier, qui sera placé en deuxième ligne etremis en mains de manière à rendre à la troupe les qualités offensivesqu'un long séjour dans les tranchées lui a fait partiellement perdre. » Leier corps d'armée paraît particulièrement convenir1.A ces deux projets d'attaque, le général en chef en ajoute, peu après,un troisième, intéressant le front d'Alsace.Le 31 octobre, en effet, il prescrit au général Dubail de préparer « uneoffensive à portée limitée, en faisant franchir la crête des Vosges à destroupes en majorité alpines». Le but de l'opération «est de conquérir,face à la ligne de Colmar, Schlestadt, le terrain nécessaire pour assurer,le moment venu, le débouché de forces plus importantes en liaison avecd'autres venant de Belfort2».D'une façon plus générale, d'ailleurs, le commandant en chef se préoccupede rassembler de nombreuses disponibilités, aptes à mener desactions vigoureuses.Dans ce dessein, il recommande d'utiliser les troupes territoriales, surles fronts calmes, pour relever des unités d'activé. Il donne ordre aux commandantsd'armée de «reconstituer, dans chaque grande unité, des réservescomposées de groupements qui ne devront pas, en principe, êtreinférieurs à une brigade". Ces réserves, dotées de moyens de transport,devront être constituées en respectant les liens organiques; elles aurontainsi plus de cohésion et offriront de meilleures garanties de solidité etd'aptitude manoeuvrière.

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Ces mesures permettront d'être prêt à parer aux événements au cas oùl'ennemi, renonçant à poursuivre ses efforts dans les Flandres, chercheraità attaquer ailleurs. Elles permettront également «de donner aux troupesretirées du front, en même temps qu'un repos réel, la possibilité d'uneremise en mains par des exercices organisés avec soin, et dirigés principa-1 G,Q. G. Lettre à V*armée, 6i i4, 28 octobre iqi4, Annexe 3448.t G. Q. G. Instruction pour la I**armée, 6986, 3i octobre 19M.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 409lement en vue de développer leur entraînement et leur valeur offensive».Le général en chef ajoute : «En vue des opérations ultérieures, lesbataillons de chasseurs seront successivement retirés du front et leurinstruction offensive particulièrement poussée, tout en leur donnant lerepos suffisant pour mettre la troupe en parfait état physique1».** *A partir du 4 novembre, le général Joffre, constatant que l'ennemi estcontenu dans le nord, abandonne l'espoir d'obtenir lui-même un succèsdécisif dans cette région; prévoyant d'autre part que les Allemandspourraient faire une tentative sur une autre partie du front, il s'attache àrécupérer le plus rapidement possible des forces dans les Flandres2.Mais, loin de pouvoir le faire, il doit encore diriger vers la bataille quis'y déroule la plus grande partie des disponibilités qu'il vient de faireréunir par ses armées stabilisées; en particulier, le 20e corps d'armée estengagé dans les Flandres. Par ailleurs, le ier corps d'armée doit être employésur l'Aisne, pour répondre à une attaque allemande dans le secteurde Vailly'.Les réserves de manoeuvre se trouvent ainsi réduites à néant et sur denombreux points, les Allemands se montrent aggressifs.Cependant, si le général en chef voit s'éloigner la date où il pourradéclancher une nouvelle offensive, il garde sa confiance et entend ne passe laisser manoeuvrer par l'ennemi. Il prescrit à ses armées de faire partout

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preuve d'activité. C'est, écrit-il le 9 novembre, « en imposant constammentà l'adversaire notre volonté agissante que nous nous assurerons définitivementl'ascendant moral indispensable pour obtenir le succès4 ».Toutefois, en recherchant l'usure de l'adversaire, les armées veilleront1 G. Q. G. Note, 6297. 28 octobre 1914, Annexe 3445; — Cf. également : G. Q. G.Télégramme chiffré, 1618, 12h15, 8 octobre 1914, Annexe 2406; — télégramme chiffréà général Foch, 1457, 7 novembre 1914, Annexe 3989; — note, 1463, 7 novembre1914, Annexe 399t j - télégrammes chiffrés, 1601,2 ih 35, 7 novembre 8 novembre 1914, ioh55, * 1914, Annexe 4036. S Cf. chapitres x et xiv. * Cf. chapitre xvn. G.Q,G. Note, 1908, 9 novembre 1914, Annexe 4072.410 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.toujours à ménager le plus possible leurs propres troupes; il importe,dans ce but, de perfectionner de plus en plus les organisations défensives,destinées à rendre le front inviolable, et de poursuivre la création deréserves partielles permettant d'organiser pour les troupes l'alternance durepos et du séjour aux tranchées1.Ainsi, à la mi-novembre 191 4, la course à la mer et la bataille desFlandres ayant pris fin, sur l'immense front stabilisé commence une périoded'expectative.Les armées françaises et alliées, à la suite des efforts répétés qu'ellesont dû fournir depuis le début de la campagne, doivent momentanémentse cantonner dans une attitude de défensive agressive.Le général en chef conserve pourtant la volonté de reprendre l'offensivedès qu'il aura pu recompléter les effectifs, reconstituer de nouvellesdisponibilités et réunir les moyens matériels suffisants : les munitions d'artillerie,notamment, et l'outillage spécial nécessaire pour les opérations dela guerre de position.Il va se consacrer à cette tâche avec d'autant plus d'énergie que desrenseignements récents signalent des transports de troupes allemandes del'ouest vers l'est, où les armées russes victorieuses continuent à progresserà travers les provinces polonaises2. Il y a peut-être là le commencement

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d'un mouvement susceptible d'affaiblir de façon sensible les forces ennemiessur le théâtre d'opérations franco-belge. La rupture d'équilibre quien résulterait, envisagée par la note du 22 octobre du 3e bureau dugrand quartier général, pourrait amener, dans un proche avenir, unesituation des plus favorables pour le déclanchement d'une offensive desAlliés.C'est sur cette perspective pleine de promesses que s'achève la périodede guerre traitée dans le présent volume3. Les quatre chapitres qui suiventse bornent, — après un exposé de la bataille des Hauts-de-Meuse, rejeté àcette place pour que ne soit pas interrompue la relation de la manoeuvre1 G. Q. G. Note, 2668, 1'2 novembre ig 4, Annexe 4217.i G. Q. G., 2*bureau. Bulletins et comptes rendus de renseignements, io au 16 novembre19111,Annexes 4111, 4174, 4216, 4245, 4269, 4282. s L Cf. Les armées françaises dans la grande guerre, tome 11; ce tome permet d'étudier lesconditions dans lesquelles la situation a évolué au cours de l'hiver 1914-191 5.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XV. 411d'aile, — à résumer les conditions dans lesquelles le front s'est stabilisé dansles secteurs des différentes armées. Le sujet peut paraître de peu d'intérêt,comparé aux opérations qui ont fait l'objet des trois premières parties dece volume. Toutefois, il ne saurait être négligé. L'étude des premièressemaines de « stagnation» en 1914 peut être fertile en enseignements; cessemaines ont d'ailleurs marqué d'une forte empreinte l'état d'esprit ducommandement et de la troupe pour toute la durée de la grande guerre.CHAPITRE XVI.LES ARMÉES DE L'EST (r. ET Dr ARMÉES)DU 14 SEPTEMBRE AU 14 NOVEMBRE 1914.(Cartes 45 à 53.)I. — REGROUPEMENDTESFORCESFRANÇAISEESN LORRAIN(E14-20 septembre).Théâtre d'opérations de la Lorraine occidentale; dispositions prises du 13 au 16 septembre

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pour parer au danger d'une offensive allemande. — Trompeuse quiétude enWoëvre; départ de la II* armée pour un autre front; remaniements du dispositif en Lorraine(17-19 septembre).II. — LA BATAILLEEN ARGONNEET SURLES HAUTS-DE-MEUSE (20-25 septembre).Débuts de l'attaque allemande contre les Hauts-de-Meuse (20-21 septembre) : premièresmesures prises par les I" et III* armées pour enrayer cette attaque et la contreattaquersur ses deux flancs ; intervention du général en chef qui met la bataille à la chargede la III* armée.L'offensive en tenaille contre la III" armée (22-23 septembre) : déclanchement d'uneseconde attaque allemande entre Argonne et Meuse; faibles résultats obtenus par lescontre-attaques des Ire et III* armées; danger de la situation à Saint-Mihiel; renvoi du8eC.A. sur la Meuse; dispositions prises par le général Sarrail pour parer à la doubleoffensive allemande.La fin de la 1première bataille de Verdun, (24-25 septembre), perte de Vauquois etde Saint-Mihiel; le général en chef place les deux armées de l'Est sous le commandementdu général Dubail; arrêt de l'offensive allemande en Lorraine; bilan de la bataille.III. — LA STABILISATIODNUFRONTAUXARMÉEDSEL'EST(25 septembre-14 novembre 1914).Vains efforts des P* et III* armées pour réduire le saillant de Saint-Mihiel. — Actionslocales entre l'Argonne et Étain et dans les Vosges (Ban-de-Sapt, Violu). — Situationgénérale dans l'est, au début de novembre 1914.I. — REGROUPEMENT DES FORCES FRANÇAISES EN LORRAINE(l4-20 SEPTEMBRE 1914).Le théâtre d'opérations de la Lorraine occidentale est caractérisé parl'orientation générale nord-sud des lignes principales du terrain. Les côtesde Meuse, dominant la Woëvre marécageuse de leurs promontoires aux

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TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 413pentes raides, constituent, contre une attaque venant de l'est, une défensenaturelle puissante, que vient encore renforcer la ligne des forts permanentsjoignant Verdun à Toul. Mais, au milieu de septembre 191/1, larégion Verdun, Hauts-de-Meuse, en raison du tracé du front, se trouve ensaillant; elle se présente donc, pour les Allemands, comme un objectifvulnérable, dont la conquête ouvrirait l'accès de la trouée de Revigny,un des seuils du bassin parisien, et permettrait, par la rupture de la lignede bataille française, de menacer dangereusement dans son flanc le grosdes forces alliées opérant entre Oise et Argonne.Au lendemain de la victoire de la Marne, l'éventualité d'une puissanteoffensive ennemie en Lorraine apparaît d'autant plus plausible que descorps d'armée allemands disparaissent du front de la Meurthe et desVosges, et qu'il est naturel d'envisager leur concentration dans le campretranché de Metz1.En conséquence, du 13 au 16 septembre, le général en chef, pourmettre ses armées de l'est en mesure de parer à cette offensive, si ellevient à se produire, prescrit un remaniement de leur dispositif :— la Ire armée, tenant le front entre les Vosges et la Moselle, conserveraune attitude menaçante et se constituera, en arrière de sa gauche,une réserve pouvant intervenir au bénéfice de l'armée voisine;— la IIe armée, prenant à son compte la partie du front s'étendant dela Moselle à Verdun, couvrira la droite du dispositif général contre touteattaque venant de Metz ou Thionville.Ainsi disposées, en mesure de se soutenir l'une l'autre, étayées parles fortifications de Verdun, des Hauts-de-Meuse et de Toul, les arméesde Lorraine doivent pouvoir non seulement arrêter les Allemands, s'ilsattaquent, mais encore se montrer elles-mêmes agressives en Woëvre,pour dégager cette région des partis ennemis qui l'occupent 2.

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Ces directives, complétées par quelques ordres de détails, amènent les1Cf. 1 chapitre 1. G. Q. G. Note, 5o56, 13 septembre 1914; - instrucLions particulières, 5057, 13 sep- tembre 1914; — n* a5, 5aoo, 14 heures, 14 septembre 1914 (Tome l, vol. 3, Annexes42138, 4219, 4740); n8 27, 55a4,16 septembre iqi4, Annexe 116. G. Q. G. Télégramme 5079, i5h 3o, i3 septembre 191/i; — message téléphoné, 5ogo,i5h3o, i3 septembre 1914; — télégramme, 5179, nhio, 14 septembre 1914; - télégramme,5180, nhio, i4 septembre 1914. TomeI, vol. 3, Annexes 4220. U22i. 4737,il 38.414 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.commandants des armées intéressées à apporter des changements dans larépartition de leurs forces et l'organisation du commandement.La I1* armée (général Dubail) s'établit à l'est de la coupure Moselle,Meurthe, s'attachant à s'organiser sur (ela ligne la plus courte entre Nancyet les Vosges» et sur la crète des Vosges.Elle est articulée en trois groupements :- au sud, le groupement des Vosges, en liaison avec la région fortifiéede Belfort, et comprenant les 58e et 66e D. R. ainsi que des groupes spéciauxde chasseurs alpins ou vosgiens;— au centre, dans la région de Baccarat, Saint-Dié, le groupementcentral, comprenant la 4ie D. I., la 71e D. R. et un corps d'armée provisoireà deux divisions de marche (divisions Barbot et de Vassart);— au nord, le groupement de Nancy, comprenant l'état-major du2e groupe de divisions de réserve et les 59e, 64e, 68e, 70e et 74e D. R.Elle a en réserve d'armée : le 1 4e corps d'armée dans la région de Bayon,le ] 6e corps d'armée dans la région de Nancy. En outre, vont arriver la14e brigade de dragons et deux brigades d'infanterie ( 151eet 152e) denouvelle formation.Ces forces paraissent plus que suffisantes pour faire face à celles quileur sont opposées (éléments bavarois et du XIVe C. A., XXIe C. A.,XIVe C. R., troupes de landwehr) et sur lesquelles la «Direction Suprême»paraît procéder à des prélèvements. Le calme règne, du reste, de laMoselle aux Vosges, troublé seulement par une vive action locale au Bande-Sapt où le général Dubail cherche à dégager la région Senones,

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ProvenchèresLa IIe armée (général de Castelnau), composée des 8e et 20e corpsd'armée, du 3e groupe de divisions de réserve, de la 2e division de cava-1 G. Q. G. 2e bureau. Comptes rendus de renseignements et cartes de situation, i5 au17 septembre 1914. — I" armée. Instruction générale d'opérations n° 6, 14 septembre 191k,tome I, vol. 3, Annexe 4757; - ordre général d'opérations n° 36, i4 septembre 1914,tome I, vol. 3, Annexe4 760); —instruction générale d'opérations n* 7, i5 septembre 19 4;— ordre général d'opérations n° 37, 1899, 18b30, 15 septembre 1914, Annexe 17; —comptes rendus au G.Q.G. et ordres divers, du 14 au 18 septembre 1914; — journal desmarches et opérations.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. -'il5lerie et des forces mobiles de Toul (73e D. R. et une brigade mixte), sereforme pendant ce temps sur les Hauts-de-Meuse et en Woëvre méridionale,entre la route de Verdun à Metz et la Moselle, dans la région deFont-à-Mousson. Les troupes allemandes précédemment signalées danscette région ( 10e D.I., 3,3e D. R., 8e brigade bavaroise, D. C. bavaroise)paraissent se retirer vers Etain, Conflans et Metz, couvertes par de la cavalerieet des éléments légers1.Dans ces conditions, le général de Castelnau décide de porter sestroupes en avant le 17 au matin, pour se mettre «en mesure d'agirconstamment, soit vers le nord pour appuyer la IIIe armée, soit vers l'estcontre une attaque débouchant de Metz ». En conséquence, la IIe armée,appuyant son aile gauche aux Hauts-de-Meuse (3e G. D. R.) se portera,le 17 septembre, sur Woël, Saint-Benoît (7 3e D. R.), Thiaucourt

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(20e G.A.), Regniéville et Fey-en-Haye (détachement de Saizerais Ellesera éclairée et couverte par la cavalerie (2e D.C.) dans les directions deJeandelize, Mars-la-Tour et Chambley. Le 8e C. A., formant réserve, seplacera entre Fresnes-en-Woëvre et Saint-Mihiel3.Ce dispositif préparatoire une fois réalisé, le général de Castelnauestime que la IIe armée sera articulée d'une façon satisfaisante, soit pourpoursuivre son mouvement dans une formation échelonnée la gauche enavant, si la IIIe armée progresse au nord de Verdun, soit pour parer à uneoffensive allemande débouchant de Metz4.Cependant, sur le front de la IIIe armée ( général Sarrail ), de l'Argonneà Verdun, la poursuite consécutive à la bataille de la Marne a pris fin. Le15 septembre, la résistance des Allemands s'affirme, s'appuyant à des1 a' D. C. Ordre d'opérations n° 47, 15 septembre 1914, Annexe 109.— IIe armée.Compte rendu à G. Q. G., 8h5o; — reconnaissance aérienne, S. — C. 43i6, 16 septembre 1914. 8" C.A. Ordre général n° 71, 16 septembre 194. — 20e C.A. Ordre général d'opérations,16h3o; — message téléphoné à II" armée, 20 heures, 16 septembre 1914. — Lieutenant-colonel Stocklen. Compte rendu à 3* G. D. R., 15 heures, 16 septembre 1914* — Cf. carte n° 46. 2 Le détachement de Saizerais comprend, sous les ordres du colonel de Riberprey : 6 bataillonsde la brigade active de Toul, a batteries de 75,1 batterie dea pièces de 120 C.,2 escadron de cavalerie de la 73" D. R., 1 élément de génie. — Cf. Gouverneur de Toul.Ordre général n° 48, 16 septembre, q heures. 3 11° armee. Ordre général d'opérations n° 91, 10 heures, 16 septembre 1914, Annexe 128. 4 H' armée. Lettre à G. Q. G., 11 P., 17 septembre 19 14, Annexe 265.

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416 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.organisations de campagne déjà solides, sur la ligne générale : hauteursnord de Varennes, bois de Montfaucon, ruisseau de Forges, forêt deSpincourl1.Le général Sarrail s'efforce pourtant de reprendre la poussée en avant,« en procédant méthodiquement aux attaques et en organisant progressivementle terrain conquise. Mais, les actions engagées, les 16 et 17 septembre,tant sur la rive droite que sur la rive gauche de la Meuse, menéesdans un terrain coupé et boisé, gênées par le brouillard et se heurtant à unadversaire retranché qui résiste énergiquement et réagit, ne réalisent que desprogrès locaux. Dans l'après-midi du 17 septembre, le front tenu est sensiblement: Four de Paris, Montblainville, nord de Malancourt, Forges,Haumont, Ornes, forêt de Spincourt, ouest d'Etain3. Le commandement,constatant alors l'impuissance de ses efforts, estime qu'avant de reprendrel'offensive une action d'artillerie lourde est nécessaire pour ruiner lesorganisations défensives adverses4.A cette date, les forces de la Ille armée comprennent, d'est en ouest :— sur la rive droite de la Meuse, en liaison avec la IIe armée, la 7eD.G.,les troupes mobiles de la garnison de Verdun (deux brigades), le 6ecorpsd'armée et la 72e D. R. ;— sur la rive gauche de la Meuse, les 15e et 5e corps d'armée, ce dernieren liaison assez précaire à travers la forêt d'Argonne avec la IVe armée.En face, les Allemands disposent, également d'est en ouest et d'après lesrenseignements recueillis, des Ve C. A. et Ve C.R. sur la rive droite de la

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Meuse, du VIeC. R., des XVIe et XIIIe C. A. et de tout ou partie du VIeC. A.de la Meuse à i'Argonne5.Au moment où les armées de l'Est s'établissent ainsi, de l'Argonne auxVosges, conformément aux instructions qu'elles ont reçues après la bataille1 111"armée. Lettre à général en chef, 16 septembre 1914. — Cf. carte n° 45.2 111"armée. Ordre général d'opérations n° 39, 348, 17 heures, 15 septembre 19i4,Annexe 19.3 IIIe armée. Compte rendu, 349, 14 heures, 17 septembre 1914, Annexe 266; —communications téléphoniques reçues dans les journées des 16 et 4 17 septembre 1914. - 5* C. A. Instruction personnelle pour les généraux commandant les 9*et 10" D. I., 317,17 septembre 1914, Annexe 318;— 6" C. A. Ordre, iah45, Annexe 324; 17 heures,310, et ordre général 312/12 8, 17 septembre 1914, Annexe 325. — i5* C. A. Ordregénéral n° 74, 801, 23 heures, 17 septembre 1914, Annexe 357.III" armée. Compte rendu, 349, 14 heures, 17 septembre 1914, Annexe 266; —mémoire relatif aux opérations, 18 heures, 18 septembre 194, Annexe 418.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 417LAGRANDGEUERRE-. 1, 4" VOL. 27de la Marne, la situation générale amène le général en chef à modifier sesdirectives antérieures et à prélever sur les forces françaises de Lorraine denombreuses unités pour les porter à l'aile de manoeuvre, au nord del'Oise** *Dès le 16 septembre, le général Joffre, qui songe à prendre une partiede la IIearmée pour l'employer à la manoeuvre d'aile, fait savoir au généralde Castelnau que le mouvement en avant prévu est prématuré, qu'il convientd'y surseoir et d'adopter un dispositif d'attente, en Woëvre et sur les

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Hauts-de-Meuse 2. Le lendemain 17 septembre, il décide de retirer dufront de Lorraine l'état-major de la IIe armée et le 20e C. A. pour lesenvoyer en Picardie; le même jour, il enlève le 14e C. A. à la Ire arméeS.Si ces importants prélèvements sont imposés par la situation générale,le général en chef y est également encouragé par les comptes rendusqu'il reçoit au sujet de la situation en Lorraine. Non seulement, en effet,l'attaque ennemie, qui avait été appréhendée dans cette région, ne se produitpas, mais encore, quoique des troupes nombreuses de toutes armessoient signalées aux abords de la voie ferrée Chambley, Mars-la-Tour,Connans, et du côté d'Etain, l'attitude des Allemands semble indiquerleur intention de rester sur la défensive 1.Les unités de la 11e armée laissées en Lorraine (8e C. A., 3e G. D. R.,73e D. R., 2e D. C., brigade mixte de Toul), ainsi que la zone d'action quiavait été attribuée à cette armée, sont réparties, le 18 septembre, parle général en chef, entre les Ire et IIIe armées, chargées seules désormaisde protéger l'ensemble du dispositif français contre une entrepriseennemie éventuelle entre Vosges et Meuse. Loin de se confiner dans une1 Cf. chapitre 1.2 G. Q. G. Message téléphoné 5577, 18h 3o, Annexe 119 et note 5588, 20" 4o, 16 septembre1q14, Annexe 120.s G. Q. G. Message téléphoné à ln armée; — télégramme chiffré 5672, 14h20,Annexe 247; — message téléphoné, 5joo, 17b 5, 17 septembre 1914, Annexe 249; —instruction particulière n° 3o, 5817, 18 septembre 1914, Annexe 395; — télégramme 5793,7-b540, 18 septembre iqi4, Annexe 391. Cf. comptes rendus adressés par la II' armée au G. Q. G., du 15 au 17 septembre 1914.418 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.défensive passive, de nature à enhardir l'adversaire et à endormir leurpropre vigilance, ces deux armées «devront conserver le contact del'ennemi et se montrer actives et menaçantes, afin de maintenir l'ennemidans la région de l'est de Metz. La Ille armée devra, dans cet ordred'idées, refouler jusque sous le canon de Metz les détachements qui setrouvent encore en Woëvre; elle pourra également inquiéter les lignes de

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communication passant au nord de Verdun1».La répartition faite par le général en chef de la zone d'action et desforces de la IIe armée est très inégale. La Ire armée ne se voit attribuerqu'un étroit secteur compris entre la Moselle et la ligne Pont-à-Mousson,Foug, avec, comme troupes, la 2 eD. C., la 7 3e D. R. et la brigade mixte deToul (la 2e D. C. et la 73e D.R. se trouvant vers Nonsard, Saint-Baussant,dans la zone affectée à la IIIe armée). Cette dernière reçoit la garde d'unfront d'une quarantaine de kilomètres (de la route de Verdun, Metz, à laligne Pont-à-Mousson, Foug), doublant presque l'étendue de son secteur;celui-ci atteint maintenant un développement total d'une centaine de kilomètres.Pour tenir ce nouveau front, le 8e C. A. et le 3e G. D. R.(65e, 67e et 75e D. R.) sont affectés la IIIe armée. Le 8e C. A. est sur lesHauts-de-Meuse dans la région Vigneulles-les-Hattonchâtel, Thillot-sousles-Côtes, avec une division en seconde ligne à Deuxnouds-aux-Bois. Le3e G. D. R. a deux de ses divisions (65e et 67e) disposées face à Etain,entre Dieppe et Haudiomont, et la troisième (75e) en réserve dans la zonede Sommedieue, avec un détachement avancé à Combres, Trésauvaux,les Eparges.** *La première intention du général Dubail, le 18 au soir, est de fairerentrer dans la zone dévolue à la Ire armée les troupes qui viennent de luiêtre affectées, et, à cet effet, de réunir les 73e division et brigade deToul, dans la région Terrouin, Saizerais, tandis que la 2e D. C., retirée dela Woëvre, serait ramenée au nord de Lunéville2. Mais, le lendemain,constatant qu'une brèche va s'ouvrir entre son front et celui de la

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IIIe armée, qui n'a pas, pour l'instant, les moyens d'occuper la Woëvre1 G. Q. G. Instruction particulière n° 3o, 5817, 18 septembre 1914, Annexe 395.2 ln armée. Télégramme à G.Q. G., 2124, 18b20, 18 septembre 1914, Annexe 409.TOME I, 4- VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 41927.méridionale', le commandant de la Ire armée renonce à son projet primitif;il décide que la 2e D. C. sera maintenue dans la région de Saint-Baussant,surveillant la direction de Metz et se reliant à la Ille armée dansla direction d'Hattonchâtel; quant à la 73e division, elle occupera, avec labrigade de Toul, la région de Domèvre-en-Haye; sa mission sera d'assurerle débouché éventuel d'une partie de la Ire armée sur la rive gauche dela Moselle, entre Gondreville et Frouard 2.Le général Joffre, cependant, a donné l'ordre à la Ille armée de refoulerles détachements allemands de Woëvre et d'inquiéter les communicationsennemies au nord de Verdun; cette armée s'apprête en conséquence àprendre l'offensive dans la région d'Etain, en direction générale de Longuyon.Dans ce dessein, le général Sarrail, pour rendre disponibles les 6eet 8e C. A., avec lesquels il entend mener l'action principale, ordonne au3e G. D. R. de faire relever le premier de ces corps d'armée, au nord-estde Verdun, par sa 65e division, et le second, sur les côtes de Meuse, parsa 75e division3. Mais, le 19, le général Sarrail est informé qu'il ne doitplus compter sur le 8e C. A., dont le général en chef prescrit l'envoi àSainte-Menehould, pour participer à la bataille générale sur le front de la

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IVe armée4.En retirant ce corps d'armée, le général en chef indique que la défensedes Hauts-de-Meuse devra être assurée désormais par le 3e G. D. R.Si, d'ailleurs, il s'est décidé à réduire ainsi la Ille armée, c'est qu'un avisreçu du général de Castelnau, le 18 septembre au matin, l'a informéqu'après les pluies des derniers jours «la Woëvre pouvait être considéréecomme impraticable en dehors des routes5».Une telle information, faisant suite aux comptes rendus optimistesprécédemment envoyés par la lie armée, était d'autant plus de nature àfaire croire à l'inaction des Allemands en Woëvre, que le grand quartiergénéral était avisé par ailleurs de mouvements et embarquements ennemis1 Le 8* C. A.vient en effet d'être enlevé à la III* i armée; Cf. plus loin. I" armée. Instruction particulière d'opérations n° i3, 2199, 19 septembre 1914, Annexe 526. 5 IIP armée. Mémoire relatif aux opérations, 18 heures, 18 septembre 191A, Annexe418; — ordre d'opérations n° Ao, 35o, 1Qh30. 18 septembre 101A, Annexe 419. 4 G. Q. G. Note à IIP armée, 6122, lq septembre îqiA, Annexe 512.IP armée. Note pour le G. Q. G., S. C. 2934, 9h i5, 18 septembre 19iA, Annexe 4i3.420 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.entre Château-Salins et Sarreguemines, les Allemands enlevant des forcesdans l'est pour les transporter vers Luxembourg, Arlon et au delà 1.Cependant, dans les conditions nouvelles où il se trouve, le généralSarrail renonce à réaliser, au moins momentanément, son programmeoffensif, et, à la date du 19 septembre, les unités de la IIIearmée se trouventainsi réparties : entre Argonne et Meuse, les 5e et 15e C. A.; aunord-est de Verdun, entre la Meuse et Herméville, les 72e, 65e et 67e divisionsdu 3e G. D. R.; à l'est de Verdun, le 6e C. A., ayant une étroitefenêtre sur le front entre Herméville et Trésauvaux; enfin, au sud, deTrésauvaux jusqu'à la liaison avec la Ire armée, la 75e D. R. et 7e D. C. 2.On remarque la faiblesse relative de la défense de cette dernière partiedu front, qui mesure une vingtaine de kilomètres de développement. La

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presque totalité des troupes dont la IIIe armée dispose sur la rive droitede la Meuse se trouve déployée autour de Verdun; ce dispositif répondà la situation connue de l'ennemi, qui semble aligner cinq corps d'arméeenviron, entre l'Argonne et Etain, et n'avoir au contraire, en Woëvre, quedes détachements de la garnison de Metz3. Il répond aussi au dessein,provisoirement abandonné, d'attaquer vers Longuyon. Il s'explique enfin,également, par la confiance dans la force naturelle de la ligne des Hautsde-Meuse et par la conception, généralement admise, que les régionsforestières ne sont guère favorables aux opérations de grandes unités.Mais, dans la soirée même du 19 septembre, alors que le 8e C. A. estainsi enlevé au front des Hauts-de-Meuse les renseignements recueillisau sujet de la situation de l'ennemi en Woëvre méridionale commencentà devenir peu rassurants. Les Allemands montrent, des troupes de toutesarmes, en nombre assez important, dans la région de Thiaucourt; d'autresseraient en marche vers le sud-ouest entre le Rupt-de-Mad et la Moselle :1 G. Q. G. Télégramme à 1" armée, 5856, 11h50, 18 septembre iqi4, Annexe 397.2 III* armée. Ordre général d'opérations n° 41, 358, 17 heures, 19 septembre 1914,Annexe 533.1 III* armée. Communication téléphonique reçue de la II- armée, 9h45, 18 septembre1914, Annexe 414; — mémoire relatif aux opérations, 18 heures, 18 septembre 1914,Annexe 418.4 Il a, du reste, quelque peine à décrocher une de ses divisions engagée vers Woêl, Doncourt-aux-Templiers. — 8*C.A. Compte rendu, 26, 19 septembre 1914, Annexe 572. —Escadron de découverte du 8* dragons. Compte rendu à 2* D. C., 18 heures, 19 septembre1914*TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 421LAGRANDGEUERRE—. I, 4. VOL. 27Ades escadrons de découverte de la 2e D. C., attaqués par de la cavalerieet recevant des coups de canon à Viéville-en-Haye, doivent se replier;d'après les déclarations d'un prisonnier, il s'agirait de troupes arrivant, par

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étapes, de la zone Lunéville, Nancy 1.** *Le lendemain, 20 septembre, ces renseignements se précisent et lasituation s'assombrit. La Ire armée informe, à 12h 5, le grand quartiergénéral de la présence du Ille C. A. bavarois, en entier, dans la régionBeney, Pannes, et de l'arrivée de la 29e division du XIVe C. A. entre Pagnysur-Moselle et Viéville-eii-Haye 2.Cette apparition simultanée, entre Meuse et Moselle, de deux corpsd'armée, précédemment identifiés sur la Meurthe et dans les Vosges, estsingulièrement menaçante pour un front qui vient d'être dégarni. Dèsqu'il en est informé, le général en chef prescrit au commandant de laIre armée, si ces renseignements se confirment, de disposer le 16e C. A.(déjà placé en réserve dans la région de Nancy) en vue d'assaillir dansle flanc les forces ennemies qui se porteraient à l'attaque des Hautsde-Meuse ou de la trouée de Commercy3; il alerte, d'autre part, laIIIe armée, à laquelle il prescrit de prendre des dispositions pour repousseréventuellement l'attaque 4; enfin, il prévient le commandant de laIVearmée, que le 8e C. A. ne peut être mis, pour l'instant, à sa dispositionet qu'il devra rester en réserve générale à Sainte-Menehould5.Les renseignements sont confirmés dans l'après-midi du 20; les troupesallemandes de la région de Thiaucourt s'étendent même vers le sud, semontrant particulièrement nombreuses dans la région du bois de MortMare6; de vifs engagements ont lieu vers Limey, Reménauville ; l'artillerie1 a*D. C. Messagestéléphonés à I" armée, 19 heures et 22 heures, 19 septembre 19 14. -73"2division. Ordre général n° 91, 22 heures, 19 septembre iqi4, Annexe 599. I" armée. Compte rendu à G. Q. G., 12h5, 20 septembre 19)4, Annexe 613. — CapitaineFalvy. Compte rendu à Irearmée, 10h3o, 20 septembre iqiIt. — Cf. carte n° 47. s G. Q.-G. Télégramme à Irearmée, 634o, 13h4o, 20

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septembre 101A, Annexe 603. 4 G. Q. G. Télégramme à III' armée, 6339, 13104o, Annexe 602; — message téléphoné,6^09,20 septembre iqi4, Annexe 608.6Cf. chapitre m. Irearmée. Bulletin de renseignementsn°34, 2255, 16"3o, Annexe 615; —compte renduà G.Q.G., 18 heures, 20 septembre 1914, Annexe 617. — Capitaine Arnulf. Compte422 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.allemande, dont le tir va s'intensifiant, bombarde, depuis le matin, lepromontoire d'Hattonchâtel et les villages alentour; Hattonchàtel est enfeu1. La bataille des Hauts-de-Meuse commence.L'offensive allemande, qui débute ainsi le 20 septembre au soir, surprenddonc le commandement français. L'aile droite de la Ille arméeétant en cours de réorganisation, la défense des Hauts-de-Meuse à hauteurde Vigneulles-les- Hattoncliâlel est faiblement étoffée; la liaison en Woëvre,entre la Ire et la IIIe armées, n'est assurée que de façon précaire. De plus,après le départ de la IIe armée et du 8e C. A., le commandement estimparfaitement assuré dans cette région : en particulier, aucun état-majorde corps d'armée n'est à pied-d'oeuvre dans la large zone s'étendant deTrésauvaux à la Moselle.Le haut commandement, après avoir appréhendé une attaque allemandepuissante débouchant de Metz, a connu, à partir du 16 septembre, unetrompeuse quiétude, résultant de l'insuffisance des renseignements (lemauvais temps, pluie torrentielle et vent de tempête, a gêné constammentet souvent même empêché les reconnaissances d'aviation pendant cettepériode) 2. Le général en chef a partagé l'optimisme des commandantsd'armée dans l'appréciation de la situation en Woëvre et l'interprétation desindications recueillies. Aussi, ayant besoin de disponibilités nouvelles pourentretenir la lutte sur d'autres parties du front, a-t-il opéré sur les arméesde l'Est des prélèvements successifs. Ceux-ci ont nécessité des relèves etdes mouvements en tiroir, qui ont absorbé l'attention du commandementet ne lui ont pas laissé le loisir d'assurer l'occupation rationnelle du front ;toutes les unités ne sont pas encore en place lorsque l'attaque ennemie sedéclanche.Néanmoins, les Ire et Ille armées conservent entre Meuse et Moselle, aumoment où commence l'offensive allemande, d'importants moyens : lavaleur de onze divisions d'infanterie à peu près et de deux divisions decavalerie, masse importante pour l'époque, surtout si l'on considère

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rendu à 4* dragons, 14 heures, 20 septembre 1914. — 3e escadron du 31- dragons. Comptesrendus à 2e D. C., 17h 15 et 18h45, 20 1 septembre iqi 4. 2 73e et 70" D. R. Journaux des marches et opérations. lre armée. Message téléphoné à G.Q.G., 171115, 18 septembre 1914, Annexe 408;i heure, 20 septembre igi4. — III" armée. Compte rendu de renseignements n° 267,19 heures, 17 septembre 191 4, Annexe 267.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 42327A.que ces forces s'appuient à une région puissamment fortifiée. D'autre part,le dispositif d'ensemble de ces derniers ne laisse pas d'être favorable, carsi la zone centrale est faiblement tenue, en revanche, deux corps d'armée,le 6e au nord et le 16e au sud, sont en mesure d'agir sur les flancs del'attaque allemande.If. — LA BATAILLE EN ARGONNE ET SUR LES HAUTS-DE-MEUSE.(20-25 SEPTEMBRE191 A.)En fin d'après-midi, le 20 septembre, les commandants des Ire etIlle armées, conformément aux directives qu'ils viennent de recevoir dugénéral en chef, prennent des dispositions pour faire face à l'offensiveennemie qui paraît s'ébaucher dans la Woëvre.Le général Dubail ordonne au 16e C. A. de se porter, le 2 1, de larégion de Nancy dans celle de Gondreville, Fontenay-sur-Moselle, avecavant-garde au nord de Toul, « en vue d'une action éventuelle sur la rivegauche de la Moselle dans la direction générale Beaumont»; il ajoute :« il est bien entendu que ce mouvement a un caractère purementpréventif1 u.De son côté, le général Sarrail procède à un remaniement de sondispositif pour renforcer le secteur des Hauts-de-Meuse. Il décide deconstituer trois groupements, savoir :

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— le groupement nord de Verdun, entre la rivière et la route d'Étain(Hautecourt), placé sous les ordres du général Paul Durand, commandantle 3e G. D. R., et comprenant les 72e et 65e D. R. et deux régimentsd'infanterie de la garnison de Verdun;— le groupement est de Verdun, entre la route d'Étain (Hautecourt) etFresnes-en- Woëvre, placé sous les ordres du général Coutanceau, gouverneurde Verdun, et constitué avec des troupes de la garnison de cetteplace 2;1 I" armée. Ordre particulier d'opérations n° 97, 2217,16 heures, 20 septembre iqi4.Gouvernement de Verdun. Ordre d'opérations 84, 20 heures, 20 septembre 1914.424 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.— le groupement sud de Verdun, entre Fresnes-en- Woëvre et Apremont,composé des 75e et 67e D. R. et placé sous les ordres du généralMarabail, commandant la 67e division.le 2 1 au mat in, à l'ouest * d'E1tain, par led'Étain, groupement nord, mais son mouvement pour rejoindre le groupement suddevant demander un certain délai, la 7eD. C. reçoit l'ordre de reconnaîtrel'ennemi vers Nonsard, Pannes et de lui interdire l'accès des Hauts-de-Meuse entre Heudicourt et Apremont jusqu'a l'arrivée de la 67e D. R.,escomptée pour le 22 septembre.Quant au 6e C. A., dont la relève par la 65e D. R. sera achevée lelendemain, il restera disponible, à l'est de Verdun, dans la zone Damloup,Moranville, Haudiomont, Belrupt 1.Dans la soirée du 20 septembre, le commandant de la Ille armée,n'ayant pas encore reçu de renseignements précis à son quartier généralde Verdun, n'a pas d'inquiétude immédiate pour les Hauts-de-Meuse.Il ordonne à la 75e D. R. (déployée de Trésauvaux à Creuë), émue parle bombardement qui s'abat sur elle, de tenir coûte que coûte et ajoute :« l'ennemi ne s'est manifesté que par son canon de gros calibre tiré àtrès grande distance et cela ne doit pas suffire pour évacuer une position». De même, il fait savoir, à 18 heures, au grand quartier général,que l'ennemi ne s'est manifesté dans la région d'Hattonchâtel « quepar son canon comme toujours D, et, un peu plus tard, à 191115 :« Devant les Hauts-de-Meuse, région Hattonchâtel, faible cannonade sur

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tous les villages au pied des côtes. L'ennemi ne montre que peu d'infanteriede ce côté2 ».En réalité, les informations que possède le général Sarrail sont enretard sur les événements. Une infanterie allemande nombreuse, rassembléesous le couvert de la forêt de Saint-Benoît, s'est portée à l'attaquedu saillant d'Hattonchâtel et a réussi à prendre pied dans les villages aubas des côtes, puis sur la crête des Hauts-de-Meuse, entre Hattonchâtel et1 III* armée. Ordre général d'opérations tio 42, 365, 17 heures, 20 septembre 1914,Annexe 623. — cr carte n° 47. i IIIe armée. Comptes rendus à G. Q. G., 18 heures et 19h i5, 20 septembre 1914,Annexes 624 et 625; —ordre particulier à 75e D. 1., 366, 21 heures, 20 septembre 1914,Annexe 626.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 425Thillot-sous-les-Côtes. Dans la nuit, des éléments de la 75e D. R. sereplient vers Deuxnouds et Creuë1.** *Le 2 1 septembre au matin, le commandant de la Ille armée est imparfaitementinformé de cette situation. Dans le compte rendu adressé, à7 heures, au général en chef, il indique seulement que la 75e division,violemment canonnée dans l'après-midi du 20, a été attaquée à la tombéede la nuit; le message ne donne pas d'indication sur la tournure prise parla lutte 2.Cependant, les renseignements arrivent bientôt et, au cours de lamatinée, éclairent le commandement d'une façon presque complète. Lesdébris de la 75e division sont à Deuxnouds-au-Bois, Chaillon, tandisque plus au sud, vers Buxières, la 7e D. C. est en liaison avec la 2e D. C.(de la Ire armée), qui occupe la région de Xivra y Au nord, deséléments de la 75e D. R., séparés du gros, tiennent le secteur de

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Combres, où l'ennemi étend maintenant son attaque. En somme, unebrèche s'ouvre entre Deuxnouds et Combres, correspondant à la forêt dela Montagne, région culminante des Hauts-de-Meuse, que parcourt laroute dite tranchée de Calonne.Pour parer à ce danger, le général Sarrail fait appel à la 67e D. R.,affectée la veille au groupement sud de Verdun et qui, relevée pendantla nuit dans le secteur de Gincrey, Abancourt, a entamé aussitôt son mouvementpour rejoindre la 75e division 3. Il lui prescrit de s'établir en traversde la tranchée de Calonne, sur le front Dommartin-la-Montagne, Dompierre-aux-Bois, Seuzey ou, à défaut, sur le front Saint-Rémy, Vaux-les-Palameix, en accrochant son aile gauche au point d'appui de Saint-Rémy,Combres1 III* armée. Communicationstéléphoniques reçues de la 75* D. R. après 20 heures,20 septembre 1914-; du préfet de la Meuse, Ih 30, 20 septembre 19M; du capitaine deVissée, 8h 5o, 21 septembre 1914, Annexe 735. — 75* D. I. Compte rendu à groupementsud, 61015,21 septembre iqi4, et Journal des marches et opérations.tIll- armée. Compte rendu, 7 heures, 21 3 septembre iqi4, Annexe 729.Groupement sud de Verdun. Ordre général n° 55, 23h45, 20 septembre 1914. —III* armée. Communication téléphonique reçue du capitaine Grandsard, 10 heures, 21 septem4breiqi4. III. armée. Communication téléphonique, 8h45, 21 septembre 1914.426 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Toutefois, il ne s'agit là que d'une mesure urgente de défense. Legénéral Sarrail compte rétablir la situation par une contre-offensiveeffectuée par le 6e C. A. (12e et 4oe D. I., et 107e brigade), mais ilprévoit cette contre-offensive seulement pour le lendemain 22 septembre.Ce délai donnera le temps d'effectuer la mise en place des unités etpermettra de faire coïncider l'attaque du 6e G. A. avec une action offensivedu 1 6e C. A. (de la Ire armée) en Woëvre méridionale, sur l'autre

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flanc de l'attaque allemande. En conséquence, dans l'après-midi du 21,la 4oe D. I. est poussée sur Lacroix-sur-Meuse, et la 12e D. I. surMouilly, tandis que la 107e brigade, partant de la région d'Haudiomont,reçoit mission d'intervenir sans délai contre l'ennemi qui progresse dansla région dé Trésauvaux l.L'offensive allemande se poursuit, en effet, de part et d'autre de laforêt de la Montagne.Au sud, poussant vers la Meuse suivant l'axe de la trouée de Spada,les Allemands débordent par les bois les positions de la 75e D. R.autour de Deuxnouds et de Ghaillon et assurent leur flanc sud par l'occupationd'Heudicourt. La 75e division se replie vers Lacroix-sur-Meuse etSpada2, pendant que l'artillerie lourde ennemie balaie le fond de la vallée3.Au nord de la forêt, les Allemands enlèvent Herbeuville, Combres,Saint-Rémy, Dommartin-la-Montagne; de gros mouvements sont signalésen arrière, vers Saulx-en- Woëvre, Hannonville-sous-Ies-Côtes. La 67e divisionet la 107e brigade, qui commencent à intervenir de ce côté en find'après-midi, ne peuvent reprendre les villages tombés aux mains del'ennemi. A la nuit, le front tenu est sensiblement : Vaux-les-Palameix,tranchée de Galonné, les Eparges, Trésauvaux4.1 IIIe armée. Ordre au 6e C. A., 12 heures et ordres généraux d'opérations n° 43, 368,12h 3o, et n° 44, 370, 18 heures, 21 septembre 1914, Annexes 731 et 732. — 6* C. A.Ordre particulier 345/447, 21 septembre 1914, Annexe 773 et Journal des marches etop- é2rations. - Seul, le 42e colonial se maintiendra, jusque vers 2 heures du matin, sur la crête nordde Chaillon.3 Commandant du camp des Romains. Compte rendu à gouverneur de Verdun, 13h 20,21 septembre 191/1.— IIIe armée. Communications téléphoniques reçues à 13h45, 16h4o et17 heures, 21 septembre 1914. — Groupement sud. Compte rendu à IIIe armée, 13h45,21 septembre 1914. Annexe 807; — ordre à 70e D. I., 21 heures, 21 septembre 1914,Annexe 809.

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4 Ille armée. Communications téléphoniques reçues à 16 40, 17 heures et 17 20, 21 septembre1914. — Groupement sud de Verdun. Ordre à 67* D. I., Annexe 808 et compteTOME I, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 427L'action principale des Allemands sur les Hauts-de-Meuse s'accompagnede deux attaques destinées à la flanquer : au nord, dans la région dEtain,et au sud-est, dans la région de Flirey.L'attaque du nord, peu étoffée (deux régiments, semble-t-il), n'a pourconséquence que le repli des avant-postes français de Gincrey, bois d'Arc,ferme de Pierreville, sur Maucourt, Mogéville1. Par contre, dans larégion de Flirey, l'attaque contre la Ire armée, qui parait menée par toutle XIVe corps badois débouchant entre Pont-à-Mousson et Thiaucourt,donne lieu à une véritable bataille. Obligées de plier, la 73e D. R. et labrigade mixte de Toul, que le 16e C. A. n'est pas encore en mesure desecourir, perdent Mamey, Limey, Lironville, Flirey et les bois au sud;elles se trouvent rejetées, le soir, sur la ligne générale Griscourt, fermeNanzéville, Martincourt, Noviant-aux-Prés, Bernécourt, où elles s'organisent.A leur gauche, la 2e D. C. qui, au cours de la journée, a canonnédes colonnes allemandes se portant de Pannes et Nonsart sur Heudicourt,a évacué Saint-Baussant et Richecourt battus par l'artillerie ennemie, etreporté ses avant-postes à Montsec, Xivray, Beaumont2.Ce n'est pas tout; à l'est de la Moselle, des forces allemandes asseznombreuses sont signalées dans la région Nomény, Delme, et l'ennemitémoigne d'une sérieuse activité dans le secteur forêt de Parroy, Blamont.Il y a lieu de se demander s'il s'agit d'une attaque prochaine entre Moselleet Vosges ou d'une simple feinte de l'ennemi pour empêcher des prélèvements

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de troupes dans cette région 3.En résumé, au cours de la journée du 21 septembre, les Allemands,s'enfonçant entre les Ire et IIIe armées, ont pris pied largement sur lesrendu à Ille armée, 13U45, 21 septembre 191/1, Annexe 807. — 67° D. T., 3oic, 3o2* et304" R. I., Journaux des marches 1 et opérations. 3* G. D. R. Compte rendu, 80,21 septembre, Annexe 795 et journal des marches etopérations. — Colonel Bagès. Télégramme à gouverneur de Verdun, 16h i5, ai septembre19-1114. Ire armée. Bulletin de renseignements n° 35, 2332, 16h 30; — messages téléphonésreçus à 9h55, 12h 10, 18h20, 21 septembre 1914. — 73e D. I. Ordres, 4 heures, 4h5,7h3o et 13h35, Annexes 818 et 819; — compte rendu, 18h 20, Annexe 823; — ordregénéral n° 98, Igh 4o, 21 septembre 1914, Annexe 824. — 2° D. C. Comptes rendus à1" armée, 7h30 et 20 heures, 21 septembre iqi4. * Ire armée. Bulletin de renseignements n° 35, 2332, 16h3o, 21 septembre 1914; —situation à 18 heures, 21 septembre 1914. — G. Q. G. Bulletin de renseignements, 5 heures, 22 septembre 1914, Annexe 826.428 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Hauts-de-Meuse; si, vers le nord, des forces nombreuses (6e C. A.)vont être désormais en mesure de s'opposer à de nouveaux progrès del'adversaire et se trouver prêtes à contre-attaquer, vers le sud, dans larégion Saint-Mihiel, Montsec, seul le fragile rideau des 7e et 2e divisionsde cavalerie est tendu devant lui. Par ailleurs, l'aile gauche de la Irearmée,vigoureusement abordée, a marqué un sensible repli.Au total, l'ennemi paraît avoir mis en action trois corps d'armée, savoir :au centre (trouée de Spada et région de Combres) le IIIe C. A. bavarois etla division de cavalerie bavaroise; au nord (région d'Etain et de Combres)le Ve C. A.; au sud (région de Flirey) le XIVe C. A. badois 1.** *Une des premières préoccupations du général Sarrail, lorsqu'il s'estaperçu que l'affaire des Hauts-de-Meuse s'annonçait sérieuse, a été des'informer de l'appui que pourrait lui donner la Ire armée. Le généralDubail, de son côté, se montre également convaincu de la nécessité pour

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les Ire et Ille armées de concerter leurs efforts. Aussi les deux commandantsd'armée ne manquent-ils pas, le 21 au soir, de se communiquer lesdispositions qu'ils prennent pour le 2 2 septembre2.Les mesures préparatoires que le général Sarrail a prescrites dans lecourant de la journée ont déjà fait ressortir son intention de contreattaquerau plus près, c'est-à-dire sur les Hauts-de-Meuse mêmes. Sesordres définitifs, adressés à 18 heures au général Verraux, commandantle 6e C. A., précisent ainsi les missions des différentes unités : 1- la 107e brigade cherchera à reprendre le point d'appui les Eparges,Combres ;- la 12e division attaquera au nord de la forêt de la Montagne, suivantl'axe: Mouilly, Saint-Rémy, Hannonville-sous-les-Côtes;1 G. Q. G. Bulletin de renseignements, 5 heures, 21 septembre 191/i, Annexe 701,—Irearmée. Compte rendu de renseignements n° 55, 21 septembre 1914, Annexe 713. —III" armée. Bulletin de renseignements n° 3o, 274/2, 18 heures, 21 2 septembre 1914. Ille armée. Télégramme lÍIre armée, 367, 8b 3o, Annexe 730; — communication téléphoniquereue de la 1" armée, 16 heures, Annexe 716; — télégramme à 1" armée, 369,20 heures, 21 septembre 191A, Annexe 734.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 429— la 40e division agira au sud de cette forêt, entre Deuxnouds-aux-Boiset Chaillon, en direction de Vigneulles-les-Hattonchâtel;— la 67e division reliera ces deux attaques à travers bois en poussantvers Hattonchâtel;— enfin, la 75e division, ralliée dans la région de Lacroix-sur-Meuse,restera sur place et constituera une réserve, tandis que, au sud du dispositif,la 7eD. C. assurera la liaison avec la Ire armée.L'attaque devra être déclanchée le 22 à 5 heures du matin 1.De son côté, le général Dubail prépare l'engagement du 16e C. A.Ce corps d'armée a fait mouvement au cours de la journée du 2 1 dansdes conditions pénibles. Parti de Nancy vers 6 heures du matin pourgagner Gondreville et Fontenoy-sur-Moselle, ainsi qu'il le lui avait été

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ordonné la veille, il a fait étape en une seule colonne par la route nationalede Nancy à Toul à travers la forêt de Haye. Vers i5 heures, la3 1e division qui marchait en tête, est parvenue dans la zone de Gondreville,tandis que les premiers éléments de la 32e, qui a perdu deux heuresdans les rues de Nancy pour laisser s'écouler la 3 1e, commencent à arriverà Vélaine-en-Haye. A ce moment, le 16e C. A. est avisé par le généralDubail qu'il doit poursuivre son mouvement vers le nord pour atteindre:par son avant-garde, Minorville; par la 3ie division, la zone Royaumeix,Ménil-la-Tour; par la 32e division, la zone de Manoncourt. La marchese continue donc, très pénible, par des chemins en mauvais état et partiellementinondés, sous une pluie battante, et bientôt dans la nuit, car certainséléments de la 32e division n'arriveront dans leurs cantonnements quele 22 vers 3 ou 4 heures du matin, ayant mis plus de vingt heures à parcourirune trentaine de kilomètres2.C'est dans cette situation que le 16e C. A. (général Taverna) reçoit lesordres pour le 22 septembre. 11 attaquera avec une division seulement,suivant l'axe norvine, Essey, c'est-à-dire en direction générale du nordouest.Il devra être prêt à partir de 8 heures du matin à entrer en actionlorsque l'ordre lui en sera donné; il sera couvert et appuyé, à gauche, parla 2e D. C., à droite, par la 73e division et la brigade mixte de Toul; sa1 Ill' armée. Ordre général d'opérations n° 44, 370, 18 heures, Annexe 732. — 6*G. A. 21 septembre 1914 2 Ordre d'opérations 348/475,21 septembre i ai à. 16*C. A., 318 et 32* D. I. Journaux des marches et opérations.430 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.division non engagée sera en réserve d'armée et suivra en deuxième lignele mouvement en avant 1.

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Le commandant de la Ire armée s'apprête à surveiller lui-même, de près,le développement des opérations : il décide d'établir son poste de commandementà Toul et de faire transférer son quartier général d'Epinal àNeuves-Maisons (où se trouvait, jusqu'au 15 septembre, le Q. G. de laIIe armée), près de Pont-Saint- Vincent2.** *Le général en chef, informé dans la soirée du 21 septembre desdispositions prises par les commandants des Ire et IIIe armées, ne faitaucune objection. C'est seulement le lendemain 22 qu'il envoie ses premièresinstructions au sujet de la conduite de la bataille.Il n'est pas alarmé par l'attaque allemande sur les Hauts-de-Meuse et ilestime la Ille armée en mesure d'y parer. Par contre, quoique des renseignementsrassurants lui parviennent du Grand Couronné et du secteur dela forêt de Paroy, il semble avoir quelque appréhension pour le frontde la Moselle aux Vosges3. Il ne renonce pas au plan de bataille qu'il alui-même tracé avant le déclanchement de l'affaire en cours; ce plan comporteune action de flanc de la Ire armée contre les forces ennemies attaquantles Hauts-de-Meuse; mais le général Joffre entend éviter que laIre armée ne s'engage trop à fond en Woëvre, car elle doit « être constammenten mesure d'intervenir entre Toul et les Vosges, où une attaquereste toujours possible D.Il ne faut donc pas que la Ille armée compte exagérément sur sa voisine;or, le général Sarrail se tourne le 22 au matin, comme la veille,vers la Ire armée, à laquelle il fait télégraphier que l'action du 16e C. A.en direction de Saint-Baussant a peut et doit être décisive4 ».1 Irearmée. Ordre particulier d'opérations, 18 heures, 21 septembre 19^4, Annexe 720;— télégramme à gouverneur de Toul, 2303,21 septembre iqi 4.

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2 Irearmée. Ordre particulier d'opérations, 18 heures, 21 septembre igi4, Annexe 720;— télégramme à G. Q. G., 2 34a,20 heures, 21 3 septembre 1914. I" armée. Télégramme à G. Q. G. 300, 131015, 21 septembre 1914, Annexe 715. —IIIearmée. Compte rendu, 18b 15, Annexe 733; — télégramme à G. Q. G. 273, 19 heures,-~ septembre 1914. — G. Q. G. Bulletin de renseignements, 5 heures, aa septembre i914,Annexe 826. — Ire armée. Compte rendu téléphonique, llb i5, 22^septembre 1914,Annexe 845.4 IIIe armée. Télégramme à [rearmée et gouverneur de Toul, vers 8h3o, 22 septembre19 14, Annexe 864.TOME I, 48 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 431Le général en chef fait alors savoir au commandant de la IIIe armée que« les troupes de la Ire armée ne peuvent que temporairement participer auxopérations qui se déroulent autour de Vigneulles. c'est à la Ille arméequ'il appartient de maintenir l'inviolabilité du front entre Verdun et Toul» ;et il ajoute : « Vous devez y consacrer les forces nécessaires, en particuliertoutes celles qui se trouvent sur la rive droite de la Meuse, quitte à abandonnertoute action au nord de Verdun et en Woëvre septentrionale; enparticulier, il vous est rappelé à nouveau, que les divisions de réservedoivent organiser et occuper les Hauts-de-Meuse. La possession de Verdunet des Hauts-de-Meuse amènera toujours la possibilité de déboucher dansle nord de la Woëvre au moment opportun1 ».Les forces non engagées dans la lutte, et dont la IIIe armée dispose sur la

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rive droite de la Meuse, sont celles qui tiennent le secteur Brabant-sur-Meuse, Ornes, Fresnes-en- Woëvre2. Il s'agit par conséquent de démunirVerdun, dont la région fortifiée sera défendue avec un minimum detroupes, et de mettre en oeuvre toutes les disponibilités ainsi obtenuespour faire face aux nécessités de la bataille qui vient de s'allumer enWoëvre.** *Le 22 septembre, la bataille prend sa véritable physionomie, l'offensiveallemande se révèle comme une manoeuvre en tenaille dirigée contre lesdeux flancs du saillant de Verdun, tenu par la Ille armée3. En effet, àl'action menée par l'ennemi contre les Hauts-de-Meuse depuis le 20 septembresoir, vient s'ajouter une attaque débouchant entre Argonne etMeuse et orientée nord-sud.Cette dernière région est tenue par le 5e C. A. (région de Varennes) etle 15e C. A. (région de Béthincourt); elle a été, depuis le 15 septembre, lethéâtre d'assez vifs combats locaux, notamment vers Charpentry et Montblainville.Au 5e C. A. (général Micheler), les 9e et 10e divisions sont enligne, accolées; au 15e C. A. (général Espinasse), la 30e division tient la12 G. Q. G. Télégramme à III" armée, 6703, 12b3o, 22 septembre lQ14, Annexe 834. 65* D.R., 720 D. R., 1080brigade (rattachée depuis le début de septembre à la 72eD. R.,par suite de la dislocation de la 54*D. R. ), éléments divers de la garnison de Verdun (brig-ad3es Bagès et Couturier notamment). Cf. carte n° 49.432 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.région de Malancourt et la 2 9e, ayant le gros de ses forces en réserve,assure la garde du ruisseau de Forges avec l'appui de l'artillerie de laplace de Verdun. Les deux corps d'armée, tout en s'efforçant de réaliserdes progrès de part et d'autre du massif de Montfaucon, ont commencé àébaucher une organisation défensive de leurs secteurs respectifs 1.

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C'est sur le front du 5e corps d'armée, suivant l'axe de la vallée del'Aire, que les Allemands développent leur effort et obtiennent, au coursde la journée du 22, un succès sensible. Ils enlèvent, en effet, toutes lespremières lignes des 9eet i oe divisions, et notamment les villages de Montblainvilleet de Véry, ainsi que le bois Chéhémin, mais ils voient leurattaque sur Cheppy brisée et refoulée. Leur action s'étend vers l'est dansle secteur du 15e C. A., où ils s'infiltrent dans les bois de Montfaucon etde Cuisy. Plus à l'est encore, des tentatives vers Béthincourt et Forges,avec bombardement de la côte de l'Oie et du Mort-Homme, sont aisémentenrayées.Les 5e et 15e C. A. s'apprêtent à contre-attaquer le lendemain 23 pourreprendre les positions perdues2.Pendant ce temps, sur les Hauts-de-Meuse, de Trésauvaux à Spada, labataille se poursuit.L'action offensive du 6c C. A. est entamée, le 22 au matin, assez laborieusementet avec quelque retard; l'artillerie éprouve des difficultés àcause des chemins défoncés et du terrain couvert et détrempé; sur plusd'un point son intervention se révélera peu efficace. L'attaque d'infanterieest assez confuse et flottante, l'élan étant coupé par des obstacles et lasituation exacte de l'ennemi se trouvant insuffisamment connue au départ;elle manque de cohésion, se résoud en actions partielles correspondantaux divers compartiments du terrain, en lents cheminements interrompuspar des alertes et des à-coups comme il s'en produit fréquemment dansles combats sous bois. Au cours de la nuit précédente, les Allemands sesont infiltrés un peu partout dans la forêt; ils paraissent occupés à recon-1 5" et i5" C. A. Ordres et comptes rendus du 15 au 21 * septembre 1914. III'armée. Communications téléphoniques reçues, 8h45, 10 i5, 11 5o, 12 20, i3 25,15b4o et 16h 5o, 22 septembre 1914; — communication téléphonique à i5* C. A., 8 5o.22 septembre igi4; — 5* C. A. Ordre général n° 73, 36o/3, 22 septembre 1914, Annexe914; — journal des marches et opérations. — 150C. A. Ordre général n° 78, 18 heures,22 septembre 1914;. — journal des marches et opérations.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 433LAGRANDGEUERRE—. I, 4° VOL. 28naître l'étendue de leur conquête, à s'y installer solidement et à préparer

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méthodiquement une nouvelle poussée en avant.Au nord, la 10 7e brigade ne peut s'emparer ni de Combres ni de lacrête des Eparges. Dans la zone forestière, la 1 2e division réussit à nettoyerle bois de Saint-Rémy, mais, en butte à un feu violent qui balaieles lisières, elle ne peut déboucher sur le village; à sa droite, la 67e D.R.réalise quelques progrès vers la Fourmilière d Herbeuville et à traversle bois des Chevaliers. Au sud, dans la trouée de Spada, la 40e D. R.se heurte à des forces nombreuses; elle se trouve même en difficulté audébut de l'après-midi, mais le général Sarrail lui interdit tout repli versla Meuse. Finalement, après des combats sévères qui nécessitent son renforcementpar des éléments de la 75e D. R. l, elle tient le front : bois dela Selouse, Lamorville, bois de Gilaumont. Le général Verraux, commandantle 6e C. A., assez peu rassuré de ce côté, ordonne à la 75e divisionde porter un régiment à Dompcevrin pour assurer la garde du passage dela MeuseEn résumé, le 22 au soir, le 6e C. A. est loin d'avoir rejeté l'ennemi àl'est des côtes de Meuse, mais son intervention a bloqué l'offensive allemande.Quant à l'action de la Ire armée en Woëvre méridionale, elle n'a pas eude répercussion immédiate sur la bataille des Hauts-de-Meuse. L'attaquedu 16e C. A., en effet, a débouché très tardivement et n'a obtenu que desrésultats limités.Le terrain sur lequel elle se développe est d'ailleurs assez peu favorable;de Seicheprey à la forêt de Puvenelle, les Allemands occupent uneposition dominante, jalonnée par des villages (Lironville, Mamey) et desbois (bois du Jury, de la Hazelle, de la Voisogne), dont ils ont su organiserrapidement les lisières. Pour aborder cette position en venant du sud, il fautparcourir un large glacis battu par les mitrailleuses et de nombreux canons.1 On se rappelleque la 75* division, ralliée la veille ausoir autour de Lacroix-sur-Meuse,constituait une réserve pour le 6* C. A.2 IIIe armée. Communicationstéléphoniques reçues, 6h45, 7hi5, 8h 55, ioh 45, 11 heures,13b20, i4 heures, 16h50et 19**4^5 ;—compte rendu à G.Q.G., 18 heures, Annexe863; —note 373, 21 heures, Annexe 865; - télégramme à Irearmée, 283, 2ib 3o,22 septembre

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igi4, Annexe 864. — 60 C. A. Ordres, 13h30, 22 septembre 19 14, Annexe 917. —12', 4o* et 67* divisions. Journaux des marches et opérations.434 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le 16e C. A., suivant les recommandations du commandant de laIre armée, s'applique d'abord à monter une préparation d'artillerie; il atout loisir pour cela, le XIVe C. A. badois, loin de renouveler sa pousséede la veille, se cantonnant dans le rôle d'une flanc-garde défensive. Il nepasse donc à l'attaque qu'en fin d'après-midi, avec la seule 31e D. I.,dont l'action est prolongée vers l'est par la 73e D. R. et la brigademixte de Toul. Au prix de pertes sérieuses, ces troupes ne réalisentqu'une progression de quelques centaines de mètres sans pouvoir prendrepied dans les bois de la Hazelle et de la Voisogne ainsi que dans les villagesde Lironville et de Mamey. La réaction ennemie par le feu a été partouttrès vive1.Le général Dubail décide de reprendre l'attaque le lendemain, en larenforçant avec une brigade de la 32e D. I., l'autre brigade de cettegrande unité restant en réserve d'armée 2.Que se passe-t-il cependant, au cours de la journée du 22, dans lalarge zone comprise entre le secteur de combat des Hauts-de-Meuse etcelui de Woëvre méridionale, zone à travers laquelle les 2e et 7eD. C.sont chargées d'assurer la liaison entre les Ire et Ille armées ?La 2e D. C., dont l'action doit accompagner celle du 16e C. A., attendpour agir l'entrée en ligne de ce corps d'armée. Elle a vu au petit matin sesavant-postes rejetés de Montsec et de Xivray, et se borne à tirer quelquescoups de canon sur l'ennemi, qui paraît se renforcer peu à peu, mais defaçon continue, en face d'elle. Vers 17 heures seulement, au moment oùle i 6e C. A, entre en action, elle se porte en avant, refoule quelques détachements, mais son attaque sur Xivray n'aboutit pas3.

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1 Iroarmée. Télégramme à 730 division, 8 heures, Annexe 840; — à 16" C. A., 8h25,Annexe 842; — à G. Q. G., 21 heures, 22 septembre 1914, Annexe 850. — 160C. A.Ordres, 9b40 et lOb 11, Annexe 924; — message téléphoné à Ir*armée, 2ih i5, 22 septembre1914, Annexe 925; — journal des marches et opérations. — 3i* D. I. Journal desmarches et opérations. — 73" division. Messagetéléphoné à Ire armée, 22b30, 22 septembre1914; — journal des marches et opérations. — Brigade mixte de Toul. Compte rendu à730division, 20 heures. 22 2 septembre 1914. - - Ir"armée. Ordre particulier d'opérations n° 101, 18 heures, 22 septembre 19id, Annexe848.32" D. C. Comptes rendus à I" armée, 6h15 et 8b 3o, 22 septembre 1914, — o heure,23 septembre 1914; — journal des marches et opérations. — 12' dragons. Télégramme à2*D. C., 8h 4o,22 septembre 1914.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 43528.De son côté, la 7c D. C., dans la région d'Apremont, constate que deséléments ennemis s'infiltrent à travers la forêt, à l'est de Saint-Mihiel etque d'autres progressent sur les flancs du Mont entre Varnéville et Loupmont.Le général d'Urbal, commandant la division, propose alors à la2e D. C. une action commune sur Montsec; il fait valoir la faiblesse probabledes troupes ennemies, simples flanc-gardes sans doute, qui se trouventdans la région, et la possibilité pour les deux divisions de cavaleriede menacer les communications des Allemands engagés sur les Hauts-de-Meuse. Mais la 2e D. C. se retranche derrière l'instruction reçue de s'engageravec le 16e C. A.

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La 7e D. C. fait alors tirer son artillerie sur la route de Woinville àSaint-Mihiel et pousse des cyclistes et des cavaliers vers Varnéville et lebois de la Montagne, toujours sillonné par des patrouilles ennemies. Puis,elle porte des détachements sur Loupmont, Varnéville et dans le bois deHaute-Charrière et Géréchamp. Des colonnes ennemies sont signalées aunord de Varnéville et dans la région de Montsec1.** *Le 22 septembre au soir, le commandant de la IIIe armée envisage lasituation avec confiance2, mais cette confiance paraît résulter de renseignementsincomplets. Les avantages remportés par les Allemands dans lavallée de l'Aire sont, en effet, plus marqués que ne le pense à ce momentle général Sarrail et l'impression d'un mouvement de retraite de l'ennemidans la trouée de Spada ne sera pas confirmée. D'autre part, entre Spadaet Apremont, les routes de la forêt, à l'est de Saint-Mihiel, s'ouvrentlibres devant l'ennemi.Le général en chef, par contre, dans cette soirée du 22 septembre,commence à se préoccuper de la tournure prise par les événements enLorraine. Son attention se porte particulièrement sur la région de Saint-1 IIIe armée. Communications téléphoniques reçues de la 7' D. C., 8h55, iohio, 12b 15,13b35, 15h35, ^heures et Igh 10, 22 septembre 1914.—7e D. C. Lettre à 2' D. C., ioh45,22 septembre 1914; - journal des marches et opérations; - 1rebrigade de dragons. Journaldes marches et opérations.02 IIIe armée. Comptes rendus à G. Q. G., 18 heures, et 373, 21 heures, 22 septembre

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191^, Annexes 863, 865; — télégramme à Irearmée, 283, 21b30,22 Annexe 864. septembre iqi4,436 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Mihiel, zone de jonction des Ire et IIIe armées, ou l'ennemi menace defranchir la Meuse, et, avant d'avoir reçu aucune demande de renfort, ilfait alerter le 8e C. A., en réserve générale dans la région de Sainte-Menehould, et lui prescrit de se porter sur la rivière, afin de s'opposer aupassage de l'ennemi entre Hannoncourt et Saint-Mihiel. Une division etl'artillerie de corps gogneront, le 23 septembre, par voie de terre, la régionde Chaumont-sur-Aire; l'autre division sera transportée par voieferrée jusqu'à Lérouville. Le 8e C. A. sera placé sous les ordres du commandantde la IIIe armée 1.La conception que le général en chef s'est faite jusque là de la bataillene tarde pas d'ailleurs à se transformer. Dans ses instructions du 22,midi 3o, il envisageait essentiellement une bataille de la Ille armée, à laquellela Ire armée ne pouvait apporter qu'un appoint momentané; ilestime maintenant que la IIIe armée ne pourra remplir sa tâche que si elleest assurée de l'appui de la Ire. Il fait donc télégraphier, le 23 au matin,au général Dubail : « Action du 16e corps en Woëvre doit être liée aveccelle de la IIIe armée », et il le met au courant du mouvement du 8e C.A.De son côté, le général Sarrail est prévenu de la directive envoyée aucommandant de la Ire armée2. Ainsi, le décalage, de 12 heures environ,qui s'est produit le 22, entre l'attaque du 6e C. A. et celle du 16e C. A.,ne devra plus se reproduire.Par ailleurs, les appréhensions que le général en chef montrait précédemmentpour le front entre Moselle et Vosges s'atténuent; le XXIe C. A.allemand, identifié récemment encore dans cette région, vient d'être

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signalé débarquant à Cambrai. Dans ces conditions, la Ire armée pourraagir résolument en Woëvre sans trop d'arrière-pensées; une réserve demanoeuvre, à reconstituer dans la région de Nancy pour remplacer le16e C. A., devra lui permettre de parer à toutes les éventualités vraisemblablesà l'est de la Moselle. Ainsi, son action en Woëvre méridionale,combinée avec celle de la Ille armée sur les Hauts-de-Meuse, paraît capabled'enrayer rapidement l'offensive allemande, peut-être sans qu'ilsoit nécessaire d'engager effectivement le 8e C. A. Quelles que soient,en effet, les préoccupations du général en chef touchant la bataille de1G.Q.G. Télégramme 6790, 22b30,22 septembre 19i4, Annexe 838.2 G. Q. G. Télégrammes 6802 et 68o3, 9h10,23 septembre 1914, Annexes 948 et 949.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 437LAGRANDGEUERRE-. I, 40 VOL. 28ALorraine, elles ne viennent qu'au second plan dans sa pensée et ne sauraientlui faire oublier que la partie décisive se dessine maintenant enPicardie et nécessitera certainement de nouveaux moyens.C'est pourquoi, tout en mettant le 8e C. A. à la disposition de laIlle armée, il spécifie que c'est « à titre de réserve » et il précise : « Il y aintérêt sérieux à conserver ce corps disponible en vue de son transportvers l'ouest à partir du 27 septembre 1. » De son côté, la Ire armée est prévenuequ'en raison du départ du XXIe C. A. allemand des prélèvementsseront faits sur elle à cette même date du 27 2.** *Le 23 septembre, la bataille prend toute son intensité.Entre Argonne et Meuse, il semble que deux corps d'armée allemands,les XIIIe et XVIe, soient engagés. Le 5e C. A., violemment assailli, perdCheppy, puis Varennes-en-Argonne. Le général Sarrail prescrit alors au15e C. A. de soutenir son voisin de gauche; mais les Allemands, s'infiltrantdans le bois de Cheppy, menacent de rompre la liaison entre ces deux corpsd'armée et esquissent une attaque sur Avocourt. Dans ces conditions, le1 5e C. A., peu rassuré pour son propre front, se contente de mettre quelquescompagnies à la disposition du 5e, dans la vallée de la Buanthe près

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du pont des Quatre-Enfants. Dans la soirée, le front suit la ligne : bois duBel Orme, Petite Boureuilles, nord de Vauquois, Moulin du Pré, Avocourt,Malancourt, ruisseau de Forges3.Sur les Hauts-de-Meuse, les tentatives du 6e C. A. poursuivant sonoffensive restent partout infructueuses; l'ennemi se montre pressant et meten oeuvre une puissante artillerie. De Trésauvaux à Dompierre-aux-Bois,le front ne subit pas de modifications notables et les forces en présence se1G. Q. G. Télégrammeà IIIe armée, 6802, oh 10, 23 septembre iqi4, Annexe 948. * G. Q. G. Télégramme à Ire armée, 6801, 8b50, 23 septembre iqi4, Annexe 947.3III" armée. Communications téléphoniques reçues, 6h 45, 8b i5, 8b 5o, ioh3o, iih3o4,15 heures, 17b3o, 18'15 et 19 heures, 23 septembre 1914; — télégramme à G. Q. G.,289, 18b40, 23 septembre igi4, Annexe 978. — 5e C. A. communication à III" armée,13 heures, 23 septembre 1914, Annexe 1015; — journal des marches et opérations. —i5* C.A. Ordre, 4 heures, 23 septembre 1914, Annexe 1028; — télégramme à 5* C.A.,19b 35, 23 septembre 1914, Annexe 1031; — journal des marches et opérations.438 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.font sensiblement équilibre. Par contre, au sud, la situation devient nettementinquiétante; les 40e et 75e divisions, rejetées de Lamorville et dubois de Gilaumont sur Spada et le plateau 294, se trouvent en positionfort précaire dans une arène découverte, parfaitement vues de l'ennemi quigarnit alentour les lisières des bois, et balaie de ses feux la vallée du Ruptde Creuë; elles sont menacées, d'autre part, d'être débordées du côté deSaint-Mihiei.De bonne heure, en effet, l'effort des Allemands s'est développé danscette direction; tandis que leur artillerie de gros calibre, en batterie versDeuxnouds et Montsec, bombardait les forts de Troyon, des Paroches,du camp des Romains, de Liouville, ils se sont rendus facilement maîtres

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de la zone forestière entre Savonnières-en- Woëvre et Saint-Mihiel, où ilsn'ont eu à refouler que quelques patrouilles; bientôt, ils apparaissent enforces à l'orée des bois de la Pitancerie, de Versel et de Gaumont, depuisla côte Sainte-Marie jusqu'à la ferme Marsoupe, où la présence d'un détachementde uhlans est annoncée; en fin d'après-midi, des canons ennemissont même signalés en batterie dans le champ de manoeuvres, à 2 kilomètresà peine à l'est de Saint-Mihiel. Or des troupes françaises (élémentsde la 75e division) occupent bien la côte Sainte-Marie, mais au delà le viderègne, sur toute la largeur des Hauts-de-Meuse et jusque vers Saint-Agnant,où se trouve le gros de la 7e D. C. qui au cours de la journée s'est vainementefforcée de progresser dans la région de Loupmont1.Pendant que ces événements se déroulent sur les Hauts-de-Meuse, enWoëvre méridionale le général Dubail en personne s'efforce de donnerune vigoureuse impulsion à l'action dn 16e C. A. Mais la journée a maldébuté : une poussée des Allemands dans la région de Beaumont a provoquéun repli partiel de ce corps d'armée et nécessité l'engagement de labrigade de la 32e division, gardée jusqu'alors en réserve d'armée. La situationest rétablie au prix de pertes sérieuses et quelques progrès sont1 IIIe armée. Communications téléphoniques reues, 7b 50, 8h3o, 8h4o, 9"io, ioho5,11 heures, 12h10, 12h55, 14h40, 15'55et 2 ih 3o,2 3 septembre 1914;—ordre, 14b55,23 septembre 1914, Annexe 976. - 6eC.A. Ordre à 40"D. I. et 750D. R., 13'30, 23 septembre1914, Annexe 1017; — journal des marches et opérations. — 8e C. A. Ordre général

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n° 80, 4 heures, Annexe 1022; — instruction à 16eD.I., 13 heures, 23 septembre19M, Annexe 1023. — 16*D. I. Journal des marches et opérations. — 7eD. C. Ordres,13 heures et 13b3o, 23 septembre 1914, et journal des marches et opérations.TOME I, 4° VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 43928A.réalisés au nord de Bernécourt et vers Lironville; des éléments du 16e C. A.parviennent même un moment aux lisières du bois de la Hazelle; d'autresprennent pied dans le bois de la Voisogne mais ne s'y maintiennent pas.Les résultats de la contre-attaque de la Ire armée restent donc, commela veille, très localisés. Les Badois résistent farouchement. Les troupesfrançaises sont fatiguées, notamment la 73e division; sur beaucoup depoints, les unités ont été mélangées pour faire face aux nécessités immédiatesde la lutte. Le général Dubail estime nécessaire une prompte remiseen ordre; il prescrit, le 23 au soir, d'organiser le terrain conquis etde reconstituer des réserves, notamment à gauche, dans la région deMandre-aux-4-Tours, où les Allemands paraissent se renforcer. L'ofl'ensivesera reprise, en direction de Saint-Baussant, Lahayville, quand il en donnerale signal, sauf toutefois en ce qui concerne les positions un momentatteintes puis abandonnées, comme le bois de la Voisogne, qu'il faudrareprendre le 24 dès le point du jour1.Pour conclure, la dure journée de combats du 23 est marquée par unrecul sensible de l'aile gauche de la IIIe armée dans la vallée de l'Aire,par les vains efforts de l'aile droite de cette armée pour chasser les Allemandsdes Hauts-de-Meuse et les essais infructueux de la Ire armée pourles refouler en Woëvre, enfin, et surtout, par l'aggravation soudaine de la

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menace ennemie vers Saint-Mihiel, où l'on peut craindre de voir la Meusefranchie et le front rompu entre les Ire et Ille armées.** *Comment, cependant, le commandement envisage-t-il la situation danscette journée du 23 septembre ?La Ille armée commence à s'alarmer de la double attaque ennemie1 Irearmée. Ordre particulier n° io4, 17 heures; — ordre particulier n° io5; - ordre22h 15,23 septembre 19x4, Annexe 958.—160 C.A. Ordres, Ib 45, 8b 20,101145 et1411i5,Annexes 1033, 1034, 1035; — ordre d'opérations n° 73, 22 heures, 23 Annexe septembre 191*4, 1040; — Comptes rendus, 14 heures et 23 heures, 23 septembre 19i4, Annexes1037 et 1042. — -73°D. R. Ordre général n° io3, 23 septembre 1914, Annexe 1070; - journal des marches et opérations. - 2e D. C. Télégrammes à Iroarmée, 10 heures, 16b45et 17 heures, 23 septembre 1914.n440 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.menée, avec violence, contre ses ailes. Le général Sarrail signale au grandquartier général qu'il a l'impression d'avoir affaire à six corps d'arméeallemands, sept en comptant le XIVe badois engagé dans la région deFlirey. Il s'agirait donc d'une « grande bataille1 ».En mettant le 8e C. A. en route vers la Meuse, le général en chef aenvoyé à la Ille armée la seule troupe disponible à portée d'intervention.Il ne s'émeut d'ailleurs pas de la situation, estimant que les Ire et Ille arméeont des moyens suffisants pour tenir tète entre Argonne et Moselle à septcorps d'armée allemands et pour remplir la mission qui leur a été confiée ;surtout si l'on tient compte de la place de Verdun et des forts de la Meuse.Le tout est d'employer ces moyens de façon rationnelle. A cet égard, legénéral en chef reprend la recommandation déjà faite à la Ille armée, etrelative à l'utilisation des forces du secteur nord-est de Verdun, où le frontpassif paraît faiblement tenu par les Allemands. En laissant à la régionfortifiée de Verdun le soin d'assurer sa défense avec les troupes non endivisionnéesdont elle dispose 2, on peut récupérer deux divisions, les 65e et72e, et constituer au sud-ouest de la place, une forte réserve de manoeuvre

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susceptible d'agir rapidement, soit entre Argonne et Meuse, soit sur lesHauts-de-Meuse. Quant à la région de Saint-Mihiel, l'intervention du8e C. A. doit permettre d'améliorer la situation de ce côté3.Les dispositions prises par le général Sarrail dans l'après-midi du 23s'inspirent de ces directives; toutefois, le commandant de la Ille armée necroit pas devoir prélever sur le secteur nord-est de Verdun les deux divisionsindiquées par le général en chef, mais seulement la 65e. Par contre, ilcompte demander au gouverneur de Verdun de constituer, avec les ressourcesde la place, deux groupements disposés en réserve, l'un à Haudiomont,Mesnil-sous-Ies-Côtes, l'autre à Sivry-la-Perche. Ces groupements11110armée. Messages téléphonésà G.Q.G., 10h30, 15 heures et 18h40, 23 septembre 1914.Annexes 974, 978 et 979.2Régiments d'activé ou de réserve formant notamment les brigades Bagès et Couturier.Organiquement, la 72e D. R. fait également partie de la garnison de Verdun; il faut rappeleren outre que, depuis la dissolution de la 540 D. R. au début de septembre, la 108*brigade est rattachée à la 720 D. R.3 G.Q.G. Message téléphoné à IIIe armée, 6864, 12h45,23 septembre 19x4, Annexe950. — 8* C. A. Ordres généraux n° 80 et 81, Annexes 1022 et 1024; — instruction à16*D.I., 13 heures, 23 septembre 1914, Annexe 1023; — journal des marches et opérations.— x6*D. I. Journal des marches et opérations.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 441seront à portée d'intervenir, soit dans le secteur de Verdun, soit au profildes unités engagées dans la bataille entre Argonne et Meuse, soit sur lesHauts-de-Meuse.A ce moment (après-midi du 23 septembre), c'est la situation danscette dernière région qui, manifestement, préoccupe surtout le général

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Sarrail, et il décide de monter pour le lendemain une attaque mettant enoeuvre toutes les forces disponibles à l'aile droite de l'armée.Un groupement, sous les ordres du général Paul Durand, commandantle 3e G. D. R, et comprenant la 65eD.R. (embarquée le 23 au soir à Verdunà destination de Woimbey) ainsi que les éléments de la 75e D. R. établissur la rive gauche de la Meuse vers Dompcevrin, aura pour missiond'interdire à l'ennemi le passage de la rivière de Bannoncourt à Chauvoncourt,et de faciliter le débouché du 8e C. A. plus au sud. Celui-ci, chargéde l'action principale, après avoir franchi la Meuse à Sampigny, Lérouvilleet Commercy, attaquera entre Apremont et Bouconville, de concertavec la 7e D. C.; en raison des délais encore nécessaires à son mouvement,il faut prévoir que son action ne pourra réellement se faire sentir qu'àpartir du 24 après-midi et ne sera complète que dans la matinée du 25.Cette attaque sera appuyée par le 6e C. A., qui persistera dans son attitudeagressive 1.Tandis que l'aile droite de la IIIe armée prendra ainsi l'offensive, l'ailegauche, entre Argonne et Meuse, s'efforcera de tenir sur la ligne généraleBoureuilles, Avocourt. Pour lui reconstituer des disponibilités, le généralSarrail prend la résolution de prélever des éléments sur la rive gauche dela Meuse, en abandonnant la ligne du ruisseau de Forges, et de reporterles troup es ainsi récupérées dans la région de Vignéville 1.Mais, quelques heures plus lard, le commandant de la IIIe armée estamené à modifier ces instructions. A la suite des renseignements reçus enfin de journée, en effet, l'état de l'aile gauche de la Ille armée lui paraîtgrave; le 5e corps d'armée, rejeté au sud de Varennes, et dont les unités

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sont mélangées et éprouvées, présente une médiocre consistance; sa liaisonavec le 15e corps d'armée paraît peu solide et la situation de ce dernier1 IIIe armée. Ordre général n° 45, 374, 23 septembre 1914, Annexe 977; - situation à17 heures, 23 septembre 1914-,— 8e C. A. Ordregénéral n° 81, 23b30,23 Annexe 1024. septembre 1914,4112 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.corps d'armée, dans la région boisée d'Avocourt, est confuse et inquiétantepar suite d'infiltrations des Allemands.Ce n'est pas tout. L'oflensive ennemie se prolonge jusqu'en forêt d'Argonne;les éléments légers qui occupaient la zone de la Haute-Chevauchéesont refoulés vers le Four de Paris où ne se trouve qu'un faible détachement,sans communications sûres avec le 5c corps d'armée à travers le boisde la Chalade. Peu rassurée, l'aile droite de la IVe armée (2e C. A.) organiseun flanc défensif dans la vallée de la Biesme1. La menace d'unerupture du front entre les IVe et IIIe armées, qui serait un grave péril,inquiète sérieusement le général Sarrail; il craint que son aile gauche nesubisse, le 24, «un échec complet si l'ennemi continue son attaque n.Il décide, en conséquence, de la renforcer aux dépens de la manoeuvreoffensive prévue à l'aile droite : une division (15e) et les E. N. E. du 8e corpsd'armée, au lieu de poursuivre leur mouvement vers la Meuse, serontportés "au plus vite» dans la région Dombasle, Parois, Aubréville. Il nes'agit du reste pas d'employer ces éléments en contre-attaque, mais d'établirun repli très solide qui «permettra de recueillir, le cas échéant, la gauchede la Ille armée et d'arrêter l'ennemi à la sortie de la forêt de Hesse». Legénéral Sarrail ajoute, dans son ordre au général de Castelli, commandant

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le 8e corps d'armée : «La présence du 8e corps dans la région ci-dessusgarantira l'inviolabilité du front entre l'Argonne et le camp retranché deVerdun. Mais il importe que le 8e corps y arrive au plus vite2».Informé des dispositions prises par le commandant de la IIIe armée, legénéral en chef les approuve en insistant sur la nécessité d'avoir, entreArgonne et Verdun, un front défensif rendu inviolable par la fortification3.** *Le 2li septembre est la journée décisive de la bataille; ce jour là, eneffet, les Allemands conquièrent les deux objectifs qui vont être à la foisles témoins et les bornes de leur succès : Vauquois et Saint-Mihiel.—— *1 Cf. les comptes rendus adressés par le commandant du détachement du Four de Paris,les 23, 24 et 25 septembre 1914. — 20C.A. Journal des marches et 2 opérations. IIIe armée. Ordre particulier à 8e C. A., 376, 2 3 3o, 23 septembre 191a, Annexe 980.— 8' C. A. Ordre général n° 82, 23 septembre 1914, Annexe 1025. , .- 3 G. Q. G. Télégramme chiffré à IIIe armée, 6994, 9 10, 24 septembre 1914, Annexe1074. — IIIe armée. Compte rendu à G. Q. G., 292, 7b30, 24 septembre igi4,Annexe 1114.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 443Le début de la journée, cependant, ne laisse pas prévoir cette issue etne répond pas non plus aux craintes éprouvées la veille au soir par l'étatmajorde la Ille armée.Entre Argonne et Meuse, au petit matin, le calme règne; dans la valléede l'Aire retentit seulement une lente canonnade. Au cours de la nuit précédente,le 15e corps d'armée, rectifiant prudemment son front, a évacué

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sans incident la cuvette de Malancourt; les unités qui tenaient le secteurBéthincourt, Forges, se sont repliées sur Vignéville, conformément auxordres du général Sarrail, et les détachements de cavalerie, qui battentmaintenant la campagne au nord de Chattancourt et de Cumières, ne signalentpas d'ennemis dans cette région.Ce calme trompeur est bientôt troublé. Les Allemands reprennent leursattaques dans la vallée de l'Aire et réalisent de nouveaux progrès. Ils s'emparent,dans l'après-midi, de Boureuilles et de Vauquois, qui domine toutela vallée. Ils avancent également en bordure de la forêt d Argonne, où lespatrouilles des deux partis échangent des coups de fusil.Sur le front du 1 5e corps d'armée par contre, l'ennemi se borne à unefaible attaque, facilement repoussée, dans la région d'Avocourt.En fin de journée, le 5e corps d'armée, fort mal en point, se rallie versNeuvilly et Aubréville, que bombarde l'artillerie lourde allemande, couvertpar des éléments (débris des diverses unités des ge et 10e divisions,chasseurs du 15e corps d'armée) vers la ferme Abancourt, les côtes deFlorimont, le mont des Allieux.En arrière, la 1 5e division du 8e corps d'armée atteint la vallée du ruisseaude Vadelaincourt, entre Aubréville et Dombasle où elle doit organiserune position de repli; son artillerie, doublant les colonnes a puintervenir au cours de l'après-midi dans la bataille l.1 IIIe armée. Communicationstéléphoniques reçues, 6h35, 7b 30, 8b20, 8h25, 9h20,12b5o, i4h3o et 18 heures, 24 septembre 191/i; — communication téléphonique aui5' C. A., Sb30, 2f septembre 191/1, — 5' C.A. Compte rendu, 376, 16 heures, Annexe1155; — ordre général n° 75, 378/3, 19 heures; — Ordre général n076, 24 bre septem- 191/i, Annexe 1156; — 8e C. A. Ordre particulier n° 19, 1ih 5o, 24 septembre 1914, Annexe 1161. - 150 C.

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A. Ordre général d'opérationsn" 83,21 heures, 24 septembre 1914. — Commandant du détachement du Four de Paris. Compte1 endu à 5eC.A., 16h15, 24 sep- tembre 191Ir.444 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Sur les Hauts-de-Meuse également, la journée a bien commencé. Poursuivantà l'aube un mouvement offensif qui, la veille au soir, lui a permisde s'emparer du village de Saint-Rémy, l'aile nord du 6e corps d'arméeréussit à enlever la crête des Eparges; des progrès sont également réalisés,sous bois, vers Dommartin et Dompierre.Mais, dans l'après-midi, la situation se renverse, l'ennemi réagit vigoureusementet refoule les 67e et 12e divisions, qui non seulement perdentle terrain qu'elles viennent de conquérir, mais encore sont rejetées surMouilly et Vaux-les-Palameix. Seule, la 107e brigade se maintient sur lacrête des Eparges.Les Allemands font également pression dans la trouée de Spada où ilsont l'avantage d'une position couverte et dominante. La 7 5eD. R. évacueSpada et la côte Sainte-Marie pour retraiter sur la rive gauche de la Meuse.La 40e D. 1., après s'être efforcée de conserver le plateau 294 et le boisla Selouse, se replie à son tour sur Lacroix-sur-Meuse, tandis que la65e D. R., dont les débarquements ont dû être reportés à Villers-sur-Meuse (Woimbey étant bombardé), s'installe dans l'après-midi sur la rivegauche de la rivière dans la région de Bannoncourt.Au sud, la 1 6e division, du 8e corps d'armée, débarquée dans la nuit àLérouville, encore incomplète, ayant ses bataillons dispersés de la régionHan-sur-Meuse, Marbotte, où ils surveillent la vallée, à celle de Liouville,où ils étayent les 7e et 2e D. C., n'est pas en mesure d'attaquer, dansl'après-midi du 24, entre Apremont et Bouconville, comme le généralSarrail l'avait prévu.

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Dans ces conditions, les Allemands, qui sont signalés travaillant avecardeur à se fortifier dans les bois, poussent des détachements jusque dansSaint-Mihiel, et même, au delà de la Meuse, jusque dans Chauvoncourtl.La situation sur ce point devient critique.1 Le pont de Saint-Mihiel avait été partiellement détruit antérieurement, mais une passerelleprovisoire avait été établie pour les besoins de la population civile. Les Allemands purents'emparer de cette passerelle intacte et prendre sous le feu de leurs mitrailleuses la rive gauchede la Meuse.1" armée. Note, 9k4o, 24 septembre 1914. - III*armée. Communications téléphoniquesreçues,6 heures, 8h45, Ilb30, 13 heures, i3h45, i5h45, 16 heures, ISb20et ISb30,24 septembre 1914; — situation de la 16°division à 14 heures, 24 septembre 1914. — télégrammechifiré, 379, 17"3o, 24 septembre 1914. — Cf. également : Gouvernement deVerdun, 3* G. D. R., 6* C.A., 8* C. A., ia*eti6* D. I., a* D. C. Comptes rendus, 24 septembre1914.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 445** *Si le général en chef a donné son approbation aux dispositions prisespar le général Sarrail, le 23 au soir, l'inconvénient qu'elles présentent deréduire sérieusement la puissance de l'action offensive, projetée pour dégagerles Hauts-de-Meuse, ne lui a pas échappé; la 16e division, qui doitmener cette action, n'est pas encore à pied d'oeuvre et il est assez difficilede prévoir, dans les circonstances présentes, quand elle le sera. Pour rémédier

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sans délai à cet inconvénient, le général Joffre fait appel, le 24. dansla matinée, à la Ire armée; il lui prescrit d'agir, sans « trop rechercher desconcordances d'heures pour attaquer et aider la droite de l'arméeSarrail1 ».Conformément à ces instructions, le général Dubail, qui, on s'en souvient,avait prescrit la veille à ses troupes de s'organiser sur le terrain conquisen attendant son signal pour reprendre l'offensive, ordonne, à 13h 4o,aux 16e corps d'armée, 73e division et 2e D. C., d'attaquer en directiongénérale de Saint-Baussant, sans attendre l'action du 8e corps d'armée.Ainsi est-il fait, mais les résultats obtenus, au cours de l'après-mididu 24, sont peu importants; le XIVe C. A. badois continue à défendre sespositions avec la même opiniâtreté. Pourtant, Beaumont est réoccupé et lefront est porté à 2 5o mètres environ des bois de la Hazelle et de la Voisogne,au prix de grosses pertes3.Il importe cependant de dégager sans retard la Ille armée en péril etd'empêcher le forcement par l'ennemi de la ligne de la Meuse. Puisqueles renseignements recueillis montrent que les Allemands n'auraient plusen ligne entre Moselle et Vosges, depuis le départ du XXIe C. A., que destroupes de second ordre, la Ire armée peut s'employer résolument à portersecours à sa voisine.Le général en chef lui recommande donc d'adopter dans la région dégarniepar l'ennemi une attitude qui, par la combinaison d'une défensivesolidement organisée et d'une grande activité de reconnaissances offensives,1 Ire 2 armée. Communication téléphonique, 10'50, 24 septembre iqi4, Annexe 1087. I" armée. Ordre particulier d'opérations n° 108, 13h 4o, 24 septembre 19M, Annexe

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1090. 3 16" C. A. Messagetéléphoné à 1" armée, 2ihi5, 2f septembre 1914, Annexe 1169.446 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.lui permette de résister avec le minimum de forces, tout en conservantl'ascendant moral. Il constate, d'autre part, qu'une percée de la lignede défense française serait : «dans les Vosges, peu grave; vers Rambervillers,Gerbevillers, insignifiante; sur le Couronné, grave moralement;sur la Meuse, très grave1 ». En conséquence, le 24 au soir, il invite le généralDubail à consacrer à son action en Woëvre le plus de moyens possible,en utilisant le réseau ferré pour les transports, afin que l'interventionde forces nouvelles puisse influer au plus tôt sur la situation2.Ainsi, le général en chef, obligé de tenir compte de l'évolution desévénements et des renseignements qui lui parviennent sur l'état des forcesallemandes dans l'Est, doit modilier progressivement sa conception initiale: le 22, il comptait que la IIIe année pourrait assumer la charge de labataille; le 23, cet espoir s'effaçant, il a recommandé la combinaison desefforts des Ire et IIIe armées; voyant maintenant la Ille armée - aux prisesavec des forces supérieures et réduite à la défensive, il demande à laIre armée de briser l'attaque allemande.Le général Dubail décide alors, non sans quelque appréhension, dediriger vers la bataille des unités prélevées entre Moselle et Vosges, savoir :la 64e D. R., retirée au 2e G. D. R. (région de Nancy), et la division deVassart, enlevée au corps d'armée provisoire (région de Rambervillers); ils'agit de préparer un effort sérieux en Woëvre pour le 26 septembre, cedélai paraît en effet nécessaire pour le transport des divisionsMais le rétablissement de la situation n'est pas seulement une questionde moyens.Le général en chef s'inquiète des conditions dans lesquelles le commandementest assuré dans la région de Saint-Mihiel et à l'est. Ce secteur, pourle commandant de la Ille armée, installé à Verdun, est excentrique. Deplus, le fonctionnement des moyens de transmission, depuis le début dela bataille, est défectueux. Le 24, le fort de Gironville fait connaître qu'ilne peut correspondre avec Verdun, la ligne étant coupée; la Ire armée et1 G. Q. G. Lettre à Ir* armée, 7o53, 24 septembre 1914, Annexe 1079; — situation

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de la I" 2 armée, 24 septembre iqi4. G. Q. G. Télégrammeà l" armée, 7107, ISh25, 24 septembre igi4, Annexe 1084.3 I" armée. Ordre particulier d'opérations, 17 heures, Annexe 1091; — télégrammes àIIIo armée, 20 heures; à G. Q. G., n° 6, 20h 5 et 2536,21 heures, Annexes 1092, 1093.— communication téléphonique, 23 heures, Annexe 1095; - ordre particulier d'opérationsn° 106, 2543, 23" 3o, 24 septembre igi4, Annexe 1096.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 447le grand quartier général lui-même voient également leurs communicationsavec la Ille armée interrompues au cours de la journée. Dans ces conditions,le général en chef fait connaître au général Dubail qu'il devraprendre à son compte la direction des opérations de la 1 6e division dans larégion Saint-Mihiel, Bouconville, si cette unité n'est plus en relations avecla IIIe armée l.** *Le 25 septembre au matin, c'est cette question du commandement qui,avant toute autre, inquiète encore le général en chef. Une réorganisationlui paraît indispensable et, dès 8 heures, il prescrit au commandant dela Ire armée, «en raison de la situation et des difficultés de liaison aveclaIIIe armée», de prendre sous ses ordres toutes les forces opérant sur larive droite delà Meuse, à l'est de Saint-Mihiel2.Cette extension de la zone d'action de la Ire armée, si elle doit permettreun meilleur rendement du commandement dans la région intéressée,n'est cependant pas suffisante pour assurer une complète unité devues dans les opérations de Lorraine. Or, l'évolution de la bataille montreclairement que cette unité est devenue une nécessité vitale. En fin de

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matinée, le général en chef décide donc de subordonner, jusqu'à nouvelordre, la IIIe armée au général Dubail, qui aura la direction de l'ensemblede la bataille, tout en continuant à assurer le commandement direct de laIre armée5.Le moment où cette importante mesure est prise coïncide avec celui oùl'offensive allemande s'arrête.Entre Argonne et Meuse, les reconnaissances envoyées le 25 septembrepar les 5e et 1 5e corps d'armée, surprises de ne pas voir l'ennemi poursuivreses attaques, constatent que celui-ci est occupé à se fortifier sur le terrainqu'il a conquis les jours précédents4.12 G.Q.G. Télégramme à Ire armée, 7107, ISb25,24 septembre 101/1, Annexe 1084. G. Q. G. Messages téléphonés à I" armée, 7192, 8 heures, Annexe 1201 et à IIIe armée,7 1390,8 heures, 25 septembre 1914, Annexe 1202.G.Q.G. Télégramme aux 1" et III* armées, 7222, ioh4o, 25 septembre iqi4, Annexe1203. 4 Cf. carte n° 5o.448 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Sur les Hauts-de-Meuse, la bataille languit et s'effrite; dans le secteurde Saint-Mihiel seulement les Allemands témoignent d'une réelle activité,toute locale d'ailleurs : ils s'emparent d'assaut du fort du camp des Romainsqui se trouvait presque complètement encerclé et qui avait subi unbombardement d'artillerie lourde pendant plus de quarante-huit heures;tout au long de la journée ils s'emploient à constituer une tête de pont àChauvoncourt, où il renforcent les fractions qu'ils ont déjà réussi à fairepasser sur la rive gauche de la MeuseEn Woëvre méridionale, le 16e corps d'armée et la 73e divisionrecueillent enfin le fruit de leurs efforts héroïques et obstinés : les Allemandsleur abandonnent, en effet, les bois du Jury, de la Hazelle, de la

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Voisogne, les villages de Lironville et de Limey, bref toutes les positionsqu'ils ont si énergiquement défendues depuis le 21 septembre et ils leslaissent couvertes de cadavres, pour reporter leur résistance un peu plusen arrière sur la ligne Seicheprey, bois de Mort-Mare, Reménauville2.Certes, les combats vont se poursuivre encore pendant des semaines, enWoëvre et sur les Hauts-de-Meuse, sur les flancs du saillant de Saint-Mihiel, mais on peut considérer que le 25 septembre 1914, la batailleproprement dite des Hauts-de-Meuse, s'achève.Quel est son bilan?Il paraît difficile à établir si l'on considère cette bataille comme unesimple diversion destinée à détourner les forces et l'attention du commandementfrançais des opérations qui se déroulent au nord de l'Oise. Sansdoute le général en chef aurait pu disposer, au profit de la course à la mer,de certaines unités que l'attaque allemande l'a contraint à engager en Lorraine,mais ce serait se livrer au jeu des hypothèses que de chercher àdéterminer le nombre et la nature de ces unités. En tous cas, les effectifs1 Le franchissement de la Meuse par des détachements légers allemands, le 24 au soir etle 25, a donné lieu à une série de comptes rendus et de démentis avant que la situation soitéclaircie. — Cl. à ce sujet: 3' G. D. R. Compte rendu à IIfoarmée, lOb3o,a5 septembre 1914,Annexe 1281.2 Irearmée. Compte rendu de renseignements n° 61, 2611, 20 heures, Annexe 1215;— messages téléphonés à G. Q. G., 8h 3o et 11h45, Annexes 1207, 1211; — ordre particulierd'opérations n° 112, 18 heures, Annexe 1214; — ordre particulier n° n3, 20 heures,25 septembre 1914, Annexe 1215bis. — III" armée. Comptes rendus à G. Q. G., 8h3o et19 heures, 25 septembre 1914, Annexes 1236, 1238. — 5* C.A. Ordre général n° 77,25 septembre 1914, Annexe 1265.—i5' C. A. Compte renduà Ille armée, 21b5,25 septembre1914TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 449

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LAGRANDGEUERRE—. I, /t*VOL. 29des deux partis, entre Argonne et Moselle, du 20 au 25 septembre, semblentavoir été sensiblement équivalents et paraissent donc avoir retenuloin de la bataille de Picardie des forces égales des deux adversaires. Onpeut donc admettre que les combats livrés à l'est de la Meuse n'ont paseu d'influence sur la bataille, d'importance capitale, qui se livrait sur laSomme.A considérer, par contre, la bataille des Hauts-de-Meuse en elle-même,et en tant que manoeuvre de double enveloppement, l'échec des assaillantsest évident. Leurs eflorts se sont finalement brisés contre la résistance dela IIIe armée, aidée par la Ire. A son poste de commandement de Verdun,le général Sarrail, malgré ses légitimes inquiétudes, ne s'est pas laisséémouvoir et, dans la soirée du 23 septembre, il a su prendre les dispositionsnécessaires pour enrayer la progression des Allemands, entre Argonneet Meuse comme sur la Meuse. Certes, la ligne fortifiée des Hauts-de-Meusea été rompue en un point, mais la Ille armée ne s'est pas laissé écraserpar la tenaille ennemie et elle a conservé Verdun.Il n'en reste pas moins que les Allemands ont remporté un succès notable,le premier depuis leur défaite sur la Marne. La prise de Vauquoisleur assure le commandement de la vallée de l'Aire et leur permet de tenirsous le feux de leurs batteries la voie ferrée de Sainte-Menehould àVerdun; de même, à Saint-Mihiel, ils coupent la voie ferrée de Commercyà Verdun, qui suit la vallée de la Meuse. Il s'agit là des deux grandeslignes à voie normale qui assurent le ravitaillement de la région fortifiée,laquelle apparaît dès lors en situation difficile.L'étude des préliminaires de la bataille a permis de considérer comme

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cause initiale de l'échec subi, les multiples changements du dispositiffrançais sur les Hauts-de-Meuse et en Woëvre dans les journées qui ontprécédé l'offensive allemande.Par ailleurs, le système défensif, sur lequel le général en chef comptaitquand il alertait, le 20 septembre, les Ire et IIIe armées, a, dès le début,imparfaitement fonctionné, faute de temps: la défense des Hauts-de-Meuse,peu étoffée et mal assise, a rapidement cédé et l'intervention de la Irearméea été longue à se faire sentir.Enfin, si les réactions furent relativement lentes du côté français, c'est,semble-t-il, que le commandement restait sceptique au sujet des possibilitésd'une offensive allemande en Woëvre. Il ne prit celle-ci au sérieux quele 22, et il est assez curieux de constater, à cet égard, que, dans la soirée450 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.de ce jour, ce fut le général en chef qui s'inquiéta le premier. Au reste,c'est à ce dernier que reviennent presque toutes les initiatives importantesdans l'ordre tactique : suggestions faites à la IIIe armée de ne pas craindrede dégarnir Verdun; envoi sur la Meuse du 8e corps d'armée avant quele commandement local l'en ait sollicité; invite faite à la Ire armée de renforcerau maximum sa contre-attaque par des prélèvements sur le frontde la Moselle aux Vosges. D'une façon plus générale, c'est sous son impulsionque s'eflectue l'adaptation constante et rapide de la manoeuvre desarmées aux modifications reconnues dans la situation changeante de l'ennemi.Les mesures prises par le général Joffre paraissent avoir été quelque peuen retard sur les événements et comme à leur remorque. C'est qu'il a étéappelé, en fait, à jouer ici le rôle d'un commandant de groupe d'armées,rôle particulièrement important dans une bataille où l'effort principal del'ennemi se développe à la jonction de deux armées, mais rôle qu'il esttrop loin pour pouvoir remplir dans des conditions satisfaisantes; le théâtred'opérations de Lorraine n'est qu'une des cases du vaste échiquier sur lequels'exercent ses attributions.

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La bataille des Hauts-de-Meuse, et ce n'est pas son moindre intérêt,fait donc apparaître nettement la nécessité d'un échelon nouveau decommandement, intermédiaire entre les armées et le grand quartier général.Le problème ne sera pas résolu d'emblée; les solutions provisoiresdu général en chef en vue d'instituer l'unité de commandement en Lorrainesont comme les premiers tâtonnements du grand quartier généraldans sa recherche d'une formule définitive.La bataille des Hauts-de-Meuse a également montré qu'il était nécessairede fractionner les fronts trop étendus et, notamment, d'assurer immédiatementune organisation solide du commandement dans toute zone d'actionnouvelle affectée à une armée.III. — LA STABILISATION DU FRONT AUX ARMÉES DE L'EST.(25 SEPTEMBRE-14 NOVEMBRE 1914.)Après l'arrêt, le 25 septembre, de l'offensive allemande de Lorraine,les combats se poursuivent autour du saillant de Saint-Mihiel, sur lesflancs duquel agissent de concert l'aile droite de la IIIe armée et l'ailegauche de la Ire.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 45129.Ces armées, qui viennent d'être placées par le général en chef sous ladirection supérieure du général Dubaill, s'efforcent de reprendre leterrain perdu, Mais, les Allemands résistent énergiquement sur les positionsqu'ils ont conquises et qu'ils couvrent de tranchées et de réseaux defils de fer. La lutte est souvent violente, mais, en raison de la nature duterrain, très compartimenté, et des organisations défensives déjà réalisées,elle se résoud en actions partielles. Les Hauts-de-Meuse au nord de Saint-Mihiel, la tête de pont de Chauvoncourt, la forêt d'Apremont, la Woëvreméridionale, le bois Le Prêtre, constituent autant de secteurs distincts.Il ne peut être question, dans le cadre de cet ouvrage, d'étudier ledétail des opérations dans ces différents secteurs, mais seulement d'endégager la physionomie générale.Les premières instructions données par le général Dubail, le 25 septembre,

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ont été pour prescrire :- d'arrêter l'ennemi sur la Meuse ;- de le rejeter au bas des côtes de Meuse, dans la forêt de Saint-Benoît2.Le premier de ces résultats est obtenu, quoique les efforts faits durantles derniers jours de septembre et premiers jours d'octobre par le3e G. D. R., pour réduire la tète de pont établie par les Allemands àChauvoncourt, demeurent infructueux5.Le second, par contre, ne peut être atteint. Le 6e corps d'armée,entre Trésauvaux et la Meuse, le 8e corps d'armée, en forêt d'Apremont,les 2e et 7e D. C., le corps d'armée provisoire4, le 16e corps d'armée,la 73e D. R., et la brigade mixte de Toul, en Woëvre méridionale, ne1 G.Q.G. Télégramme aux I" et IIIe armées, 7222, 10b4o, 25 septembre 1914. Annexe1203; — Message téléphoné reçu de la lro armée et réponse, 18"30, tembre 29 sep- 1Q14.Irearmée. Ordre particulier d'opérations n° 112, 18 heures. Annexe 1214; — ordreparticulier n° 113,20 heures, 23 septembre lQllt. Annexe 1215 bis.5IIIe armée. Ordre général d'opérations n° 46, 384, 18h30, 26 septembre 1914. Annexe1356; — compte rendu, ISh45, 26 septembre 1914; — compte rendu de renseignements,336, 19 heures, 3o septembre 1914. Annexe 1355. — Cf. également 3e G.D.R., ordres et comptes rendus du 26 septembre au 2 octobre 1914. — Cf. carten° 52.4 Un premier corps d'armée provisoire Delétoille, formé depuis le 25 septembre par lesdivisions Vassartet Barbot, a été dissous le 28 septembre; reconstitué le 3 octobre avec ladivision Vassart, qui deviendra plus tard 76* D. I., et la 64* D.I. (général Compagnon), le C. A. P. Delétoille deviendra le 31" C. A. à partir du 12 octobre.452 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.peuvent, au prix d'assez lourds sacrifices, réaliser que des progressionslentes et localisées qui ne modifient pas de façon appréciable la situation

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en Lorraine. Le XIVecorps d'armée badois, le Ille corps d'armée bavaroiset le Ve corps prussien accrochés «à fond » entre Meuse et Moselle, défendentâprement leurs positions1.Le général Dubail, cependant, ne renonce pas à la lutte et définit, le3 octobre, les conditions dans lesquelles elle devra être poursuivie.Le but à atteindre est toujours de chasser les Allemands des côtes deMeuse. Les Ire et Ille armées, faisant converger leurs efforts, en agissant surles deux flancs du saillant de Saint-Mihiel, procéderont par attaquesméthodiques, surtout dans les bois.Sur le flanc sud, le 8e C. A. continuera à mener l'action en forêtd'Apremont, sa progression étant accompagnée, en bordure des bois, pardes opérations préparées et appuyées par l'artillerie lourde. Du côté del'ouest, ces opérations viseront successivement le débouché du bois d'Aillyet la crête à l'ouest, la croupe du camp des Romains, les hauteurs nord-estde Saint-Mihiel. Du côté de l'est, au pied des côtes de Meuse et enWoëvre méridionale, l'action du 8e corps sera prolongée par celle ducorps d'armée provisoire.Sur le flanc nord du saillant, le 6e corps d'armée poursuivra ses attaquesdans la région boisée et cherchera, en outre, à progresser dans la zonedécouverte de Spada, avec pour objectif la côte Sainte-Marie.Au centre, à l'ouest du saillant de Saint-Mihiel, le 3e groupe de divisionsde réserve reliera les 6e et 8e corps d'armée. Sa mission est avant toutd'interdire à l'ennemi les débouchés de la Meuse, puis de refouler lesAllemands sur la rive droite et d'aider, par son canon d'abord, par soninfanterie ensui te, la progression des 6e et 8ecorps2.1 1" armée, 6e C.A., 8e C.A., 16e C. A., corps d'armée provisoire, 73eD.R. Ordres etcomptes rendus du 26 septembre au 2 octobre 2 iqi4- l'armée. Instruction particulière d'opérations, n* 17, 3ioa, 23 heures, 3 octobre 1914.Annexe 1922; — ordre particulier d'opérations n° 137, 9 heures, 1eroctobre 1914. Annexe1761; — note de service, 2 octobre 1914; — note à IIIe armée, 21 heures, 2 octobreîgi/i- Annexe 1839; — ordre particulier d'opérations n° 139, 3o44,2 octobre 1914;— télégramme chiffré à G. Q. G., 3o47, 3o53, 8 heures, 3 octobre 19,4; — journal des

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marches et opérations. — IIIe armée. Lettre à Irearmée, 4o4, 3 octobre igi4. Annexe 1939;— note sur l'organisation de l'artillerie lourde, 15 heures, 4 octobre 1914; — ordre particulierpour le 6eC.A. et le 3" G. D. R., 4x3, 17b30, 4 octobre 1914. Annexe 2051; -ordre particulier, 4i2, 18 heures, 4 octobre 1914.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 453LACRVNDGEUERRE- . 1, lieVOL. 29ALes combats se déroulent, durant la première quinzaine d'octobre, dansla «zone offensiveIl de Saint-Mihiel, conformément à ces directives. Maisles résultats atteints demeurent très limités. En Woëvre, comme sur lesHauts-de-Meuse et devant Chauvoncourt, de violents engagements serenouvellent sans rapporter autre chose que la conquête de quelquestranchées ou des avances locales qui ne modifient pas sensiblement letracé général du front. Les Allemands résistent avec la même ténacité surdes organisations défensives de jour en jour renforcées; ils réagissentmême avec vigueur et ripostent par des contre-attaques aux assautsmenés contre leurs positions1.Par ailleurs, les besoins de la « course à la mer » amènent le général enchef à effectuer de nombreux prélèvements sur la Ire armée, à laquelle ilfait savoir, le 5 octobre : « Comparaison effectifs employés de part etd'autre fait ressortir de votre côté grosse supériorité troupes actives etvous estimerez sans doute que l'intérêt général rend préférable son utilisationsur autre théâtre opérations 2. »En conséquence, d'importantes forces sont successivement enlevées àla Ire armée : - 7eD. C., 58e D. R., 1 6e corps d'armée avec ses deux divisions,i 4e brigade de dragons, 170e R. L, 1 6e régiment de chasseurs àcheval, huit bataillons divers -, et elle ne reçoit en échange qu'unebrigade prélevée sur la garnison de Belfort, une brigade de hussards de

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réserve puis, plus tard, des éléments territoriaux et, à la mi-novembre,la 10edivision de cavalerie5.La diminution des effectifs ne permet plus de nourrir aussi activementles attaques4. Par contre, le rôle de l'artillerie lourde prend une importancegrandissante; le général en chef, du reste, a insisté, le 5 octobre, sur1 I" et IIIe armées, 6e, 8e, 16e, 3ie C. A. et 3" G. D. R. Ordres et comptes rendus du1" octobre au i5 octobre 1914. — Cf. carte n° 43. * G.Q.G. Télégramme chiffré à I" armée,Q28, ioh5, 5 octobre iqi4. Annexe 2116.G. Q.G. Télégrammes chiffrés à Ir"armée, 8007, 20h 55, 29 septembre 191/1. Annexe1613; — i3hi5, 1" octobre 1914, Annexe 1753; — 528, 10 heures, 3 octobreigi4. Annexe 1910; - 928, ioh5, 5 octobre 191/1.Annexe 2116 ;—iii5, 2 3h4o,5 octobre 1914. Annexe 2125; — 1025, 13b30, 6 octobre 19i4; — 1457, 16b 10, 7 octobre1914. Annexe 2327; - 654, 22 heures, 3 novembre 1914; — 2217, 19 heures,2236, 22h 3o et 2243, 22h4-0, io novembre 191/i. Annexes 4117 et 4120; - 2384,15b5,11 novembre iqi4; — 2q5q, 1ih 10, i3 novembre iqi4-4 I" armée. Journal des marches et opérations.454 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.l'importance de l'emploi de la grosse artillerie dans l'action menée autourde Saint-Mihiel1.Le général Dubail cependant s'efforce de maintenir l'esprit offensifdans ses troupes immobilisées et lasses. A la date du 18 octobre, ilétablit un programme détaillé d'actions partielles à mener par les Ire etIIIe armées «pour chasser les Allemands des côtes de Meuse». Ces actionsseront effectuées avec l'appui de l'artillerie lourde. En outre, des troupesdu génie supplémentaires sont affectées aux unités en ligne, qui reçoiventégalement tout un matériel spécial, très caractéristique de la physionomieprise par les combats (cuirasses, boucliers, machines infernales, grenades,abris, etc.) 2.Le général en chef approuve ce programme 3, et la lutte se poursuit

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dans les mêmes conditions que précédemment autour du saillant de Saint-Mihiel, tandis que, dans la région de Pont-à-Mousson, la brigade mixte deToul (73e division) prend pied dans le bois Le Prêtre et progresse vers laCroix des Carmes et le Père Hilarion4.Le 3o octobre, le général Dubail constate que « les opérations qui ontpour objet de chasser les Allemands des côtes de Meuse ont pris uncaractère de guerre de siège accusé. » Il ajoute : «Les moyens nécessairesont été organisés et mis à pied d'oeuvre; il importe d'orienter leur emploi.Il s'agit toujours de presser sur les deux flancs des Allemands de manièreà interdire par le feu les routes par lesquelles ils se ravitaillent, et en mêmetemps d'enlever les hauteurs au nord et au sud de Saint-Mihiel5.»L'exécution de ce programme au cours du mois de novembre6 ne modifierapas sensiblement le tracé général des lignes entre Moselle et Meuse.Les deux adversaires se font équilibre et le front de Lorraine est, dès cemoment, stabilisé; le saillant de Saint-Mihiel y demeure fiché dans le frontdes armées françaises, menaçant Verdun d'une attaque à revers, qu'en faitles Allemands ne développeront jamais.1 Voir note n° 3, page 453.2 Ir*armée. Note sommaire, 6666, 18 octobre 1914. Annexe 3005.3 G.Q.G. Lettre à I" armée, 4273, 20 octobre iqi4, Annexe 3092.4 I" et III" armées, 6', 8* et 31, C. A., 3* G. D. R. Ordres et comptes rendus du 15 au3o octobre 5 1914. Irearmée. Instruction particulière d'opérations n" 29, 3o octobre 19141 Annexe 3554.6 Cf. tome II, pages 78 et 79.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 45529 A.** *En dehors de la «zone ouensive" de Saint-Mihiel, les armées de l'estn'exécutent, de la fin septembre à la mi-novembre i 91A, que quelquesvives actions partielles.Sur le front nord de la IIIe armée, entre l'Argonne et Etain, il fautsignaler : les combats du 5e corps d'armée, en forêt d'Argonne, au norddu Four de Paris et de laChalade et vers la Haute Chevauchée, contre des

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détachements allemands dont les tentatives d'infiltration sont enrayées ;ceux du 1 5e corps d'armée dans la région de Malancourt et ceux des troupesde la garnison de Verdun sur le front nord de la place et dans la Woëvred'Etain1. Ces diverses actions, qui permettent d'obtenir quelquesavantages locaux, sont sans répercussions sur la situation générale. A aucunmoment, elles n'ambitionnent de réduire l'avance allemande réalisée du22 au 25 septembre sur Vauquois. Elles répondent, écrit le généralSarrail à la date du ier octobre, CIau double but de maintenir l'ennemi,afin qu'il ne soit pas disponible pour être transporté ailleurs, et en mêmetemps procéder progressivement à une organisation très solide du terrainafin de pouvoir y durer longtemps si l'ennemi revient sur nous enforcesIl 2.Mais celui-ci ne fait pas preuve d'intentions onensives, quoique la voieferrée de Sainte-Menehould à Verdun constitue pour lui un objectifparticulièrement tentant3. Il travaille activement à ses organisations défensives,qu'il garnit d'artillerie. Peut-être même retire-t-il une partie de sesforces ?Vers la fin d'octobre, le général Sarrail estime l'occasion favorablepour tenter une opération d'une certaine envergure, dans la région deCuisy, où paraît se faire la liaison entre deux corps d'armée allemands.Il s'agit d'attaquer par surprise et de profiter d'un désarroi possible chez1 IIP armée, 5e et 150 C.A., gouverneur de Verdun. Ordres et comptes rendus du26 septembre au 2 14 novembre iqi4 lÏI" armée. Instruction personnelle et secrète, 393, 17 heures, lor octobre 1914. Annexe 1773.3 IIP armée. Note à Iroarmée, 4o4, 3 octobre 1914. Annexe 1939.456 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.l'adversaire pour pousser de l'avant; si la rupture est réalisée, on poursuivra

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dans la direction Septsarges, Nantillois. Des actions secondairesdans la forêt d'Argonne et dans la vallée de l'Aire, ainsi que sur la rivedroite de la Meuse, accompagneront l'action principalel.L'attaque est déclanchée le 29 octobre mais ne réussit pas; le 15e corpsd'armée prend pied sur la croupe 285 (sud de Cuisy) et sur les pentesde 28; à 277, sans pouvoir occuper la crête Cuisy, bois de Forges.Le général Sarrail décide de ne point poursuivre l'opération; il écrit, le29 au soir, au commandant du 15e corps d'armée : «Maintenant, l'ennemiest prévenu, il est inutile de recommencer dans conditions moinsfavorables ce qui n'a pas été obtenu aujourd'hui. En conséquence, le15e corps d'armée se fortifiera sur la position qu'il a atteinte. 2»Le commandant de la IIIe armée n'entend pas cependant que ses troupesse cantonnent dans une défensive passive. Il les invite à troubler par tousles moyens les travaux que l'ennemi effectue pour renforcer ses organisationset écrit à ce sujet: « Il importe que chacun comprenne que noussommes appelés à reprendre l'offensive d'un jour à l'autre et que le renforcementdes travaux de défense de l'ennemi exigera de notre infanterie,le jour où il faudra attaquer, des sacrifices que l'on pourrait éviter enmontrant en ce moment une activité plus grande et une surveillance detous les instants3. »A l'aile droite des armées de l'Est, sur le vaste front s'étendant de laMoselle à la frontière suisse et tenu par le centre et l'aile droite de laIre armée, la période de la mi-septembre à la mi-novembre 1914 est égalementcaractérisée par la stabilisation du front. Les troupes procèdent àl'organisation défensive de leurs positions et à la mise en oeuvre de batteriesd'artillerie lourde prélevées sur les places fortes, tout en menant,comme la Ille armée, des actions de détail destinées à améliorer leursituation.1 IIIe armée. Note, 24 octobre 1914. Annexe 3304; — instruction personnelle et secrète,

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443, 18 heures, 27 octobre 1914. Annexe 3430; — note à IVe armée, 442, 27 octobre1 C)14;- ordre particulier, 446, 28 octobre 1914. Annexe 3457.2 IIIe armée. Ordre particulier pour le i5c C. A., 449, 20 heures; 29 octobre 1914.Annexe 3502; — message téléphoné, 542, 19 heures, 29octobre 1914. Annexe 3503;— ordre particulier au 15°C. A., 45o, 3o octobre 1914, — journal des marches et opérations.— Cf. également 15° C. A. Ordres et comptes rendus du 27 au 3o octobre 3 1914.- IIIe armée. Note pour les corps d'armée, 474, 12 novembre 1914.TOME I, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 457De vifs combats se déroulent notamment dans la région du Ban-de-Sapt,où le corps d'armée provisoire et la 4ie D. I. réalisent des progrès locauxvisant à dégager la région de Saint-Dié1.Ces résultats sont complétés par ceux obtenus par la 66e D. R. dansle secteur voisin de Sainte-Marie-aux-Mines, où la tète du Violu est conquisede haute lutte et conservée en dépit de violentes contre-attaques allemandesplusieurs fois renouvelées2.Sur la basse Meurthe et au Grand Couronné de Nancy (2e G. D. R.), desrencontres de détachements et de fortes reconnaissances offensives (notammentcelles effectuées par la 71e D. R. sur Bénaménil et Blamont et parla 2e D. C. dans la région de Veho) rompent seules la passivité généraleCes opérations ont pour but de maintenir le contact et de surveillerl'ennemi, et non de gagner du terrain4. Le général en chef les approuvecar elles « maintiennent l'esprit offensif de nos troupes et permettent d'êtrerenseigné sur l'état matériel et moral de l'adversaire5».

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En haute Alsace, dans le secteur de Saint-Amarin, des troupes dugroupement des Vosges et des détachements mobiles de Belfort réalisentune avance locale dans la région de Michelbach, Guevenheim6.Sur tout le front à l'est de la Moselle, les Allemands ne paraissent plusavoir que des unités de landwehr et d'ersatz 7. Le général Dubail peut doncsans difficulté prélever dans cette région deux divisions (64e D. R. et divisionde Vassart) pour soutenir la bataille de Woëvre, et deux autres(70e D. R. et division Barbot8), qui lui sont demandées d'urgence par le1 Cf. les ordres et comptes rendus de la Pe armée, du groupement des Vosges et du groupementcentral, des 2 luC et 66° divisions, du 15 au 3o septembreîqi/i. Iroarmée. Message téléphoné à G. Q. G., qb 3o, lor novembre. Annexe 3697; -j-ou3rnal des marches et opérations; — 660 D. R. Journal des marches et opérations. Cf. ordres et comptes rendus de la I" armée, du 2° G. D. R., du groupement central,de la -71edivision, de la 2" D. C. et de la 140 brigade de dragons, du 15 au 3o septembre1 14. 4 I" armée. Note sommaire, 6666, 18 octobre îqiA. Annexe 3005. 5 G.Q. G. Note à I" armée, 6172, 28 octobre iqi£ S Ire armée. Message téléphoné, 8h45, 9 novembre 19M, Annexe 4089; — journal desmarches et opérations. 7 Irenrmée. Situation de l'ennemi à la date du 2q septembreîqiA. Annexe 1616. 8 La division commandée par le général Barbt appartenait au premier corps d'arméeprovisoire Delétoille; retirée du front des Vosges le 28 septembre, cette division entrera dansla composition du C. A. P. d'Urbal et deviendra par la suite 77e division.458 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.général Joffre, pour aller renforcer l'aile gauche des armées françaises enPicardie** *

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A plusieurs reprises, cependant, des menaces allemandes se sontébauchées dans l'est, en particulier à la fin d'octobre et au début denovembre dans les régions de Metz et de Belfort.Le 20 octobre, le général Joffre recommande une surveillance activepar tous les procédés possible des mouvements de troupes allemandesaux environs de Metz, et il prescrit à la Ire armée de constituer une réserveassez importante dans une région présentant toutes facilités pour untransport par voie ferrée sur les différentes parties du front 2.Au début de novembre, le général Dubail remarque une certainerecrudescence de l'activité ennemie et s'inquiète de l'éventualité d'unevigoureuse poussée dans la région de Saint-Mihiel. Mais le général en chefne partage pas ces craintes. L'activité montrée par les Allemands «n'est pasparticulière au front de la Ire armée et peut être une conséquence dela bataille livrée en Belgique a, d'ailleurs les forces ennemies opposées à laIre armée sont inférieures à celles dont dispose cette armée «au triplepoint de vue du nombre des unités, de l'effectif de celles-ci, et de lavaleur des troupes en présence". Les transports allemands signalés dansl'est «ne semblent pas dirigés plus spécialement vers le front de laIre armée; certains indices feraient plutôt prévoir un voyage de longuedurée et, par suite, leur transfert vers la frontière russe de l'empire».Pour éviter, cependant, «tout incident fâcheux a, le général en chefrecommande à nouveau la constitution de «réserves aussi fortes que possible,dont le transport rapide sur le point voulu sera préparé par laréunion des moyens de transport nécessaires (chemins de fer et automobiles).Cette prescription doit naturellement être appliquée aussi sur lefront de la Ille armée, les réserves partielles constituées de la sorte dansles deux armées devant se prêter, le cas échéant, un mutuel appui».La formation de ces réserves avec de bons éléments sera facilitée parG.Q.G. Télégrammes chiffrés, 7527, 10b25 et 7602, 21'45, 27 septembre 191/i,Annexes 1448 et 1451. — I" armée. Télégrammes chiffrés, 772/3, 15" 55, et 2722, 17115o,27 septembre iqi 4. Annexes 1456 et 1457.1 G. Q. G. Instruction pour la I" armée, 20 octobre 1914. Annexe 3098.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI. 459l'emploi de troupes territoriales dans les places, sur le front même, pour

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des missions secondaires, ou sur des positions de deuxième ligne..Le général en chef conclut : «J'estime que, étant donné la situationgénérale que je viens de vous exposer et l'appoint des forces territorialesmises à votre disposition, il y a lieu de considérer la situation de laIre armée comme présentant une sécurité entièrement satisfaisante 1 ».En résumé, vers la mi-novembre, au moment où s'achève la période deguerre étudiée dans le présent volume, le front peut être considéré commestabilisé devant les armées de l'Est, de l'Argonne à la frontière suisse.Mais, cette stabilisation n'est, aux yeux du commandement français, quetout à fait provisoire. Les troupes doivent garder une attitude agressive,pour empêcher, dans toute la mesure du possible, l'ennemi de s'installersolidement sur les positions qu'il occupe. Autour de Saint-Mihiel, lesattaques doivent être poursuivies; une autre attaque est à l'étude sur lefront d'Alsace, où le général Dubail est invité par le général en chef àpréparer une action visant à conquérir, face à la ligne Colmar, Sélestat,le terrain nécessaire au débouché de forces importantes agissant en liaisonavec d'autres venant de Belfort 2.Ainsi, les armées françaises de l'Est demeurent en haleine, en attendantl'heure où elles pourront s'engager à nouveau dans une action offensivegénérale.1 G. Q. G. Note à 1" armée, 1429* 6 novembre 1914. Annexe 3939. - I" armée,télégrammes chiflrés à G. Q. G., 5674-79, 19h5. Annexe 3907; 21 heures, 5 novembre1-9124; — compte rendu de renseignements n° îoq, 21' 5, 5 novembre iqi4. Cf. chapitre xv, page 4o8 et tome II, pages 73 et suivantes.CHAPITRE XVII.LA STABILISATION DES ARMÉES ENTRE L'ARGONNE ET LA VESLE.(21 SEPTEMBR-E 1k NOVEMBRE1914. )

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(Cartes 13, 51, 53 et 54.)1. — OPÉRATIONS DELAive ARMÉEENCHAMPAGNE.Situation et mission de la IVe armée le 22 septembre 1914. — Tentative contre laButte du Mesnil (25 septembre). — Le général de Langle de Cary prend, le 25 septembre,ses dispositions en vue de parer à une rupture possible du front entre les III* etIV" armées. — L'offensive ennemie du 26 septembre. — Déplacement des forces ennemiesde la vallée de l'Aire vers la vallée de l'Aisne. — Opérations françaises et allemandes enArgonne (octobre et novembre). — Extension progressive du front de la IVearmée versl'ouest et prélèvements de troupes. — Organisation du secteur et combats de détail enChampagne (octobre et novembre). — Projets du général de Langle de Cary.II. — OPÉRATIONS DELAlXoARMÉEENCHAMPAGNE.Situation et mission de la IX* armée le 22 septembre 1914. — Offensive du 23 septembrecontre le massif de Nogent-l'Abbesse. — Attaque allemande des 26 et 27 septembre.— La IX' armée obligée de rester sur la défensive, à partir du 28 septembre, par suite dela crise des munitions. — Attaques partielles du 3o septembre; départ du 21*corpsd'armée. — reprise de l'attitude défensive. — Intentions du général Foch (ier octobre).— Le général Foch nommé adjoint du général Joffre (4 octobre). — Dissolution de laIX. armée (7 octobre).OPÉRATIONS DE LA IVe ARMÉE EN CHAMPAGNE.(23 SEPTEMBR- E1 4 NOVEMBRE1914.)La IVe armée se trouve le 22 septembre dans une situation de fin debataille. Son chef, estimant que les attaques déclanchées la veille ne parviendrontpas à s'emparer des fortes organisations ennemies de la Buttedu Mesnil et de la ferme de Maisons de Champagne, s'est décidé, dans lasoirée du 22 septembre, à les suspendre1.

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1 IVe armée. Ordre général n° 62, 17 heures, 22 septembre 1914, Annexe 888. — Cf.carte n° i3.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 461A cette date, la IVe armée a ses trois corps d'armée (17e C. A., corpscolonial, 2e C. A.) engagés face au nord, entre la zone boisée à l'ouest dePerthes et l'Argonne, sensiblement sur les mêmes emplacements que ceuxoccupés le 15 septembre à la fin de la poursuite consécutive à la victoirede la Marne. Elle a comme réserve la 6e D. C., cantonnée sur la Marnedans la région Sarry, Moncetz, Chepy.Les forces ennemies qui lui font face appartiennent à la 4e armée,commandée par le duc de Wurtemberg. Elles paraissent comprendre entrePerthes-les-Hurlus et la région de Servon, de l'ouest à l'est, le Ville corpsd'armée, le VIIIe C. R. et le XVIIIe C. R. Dans la forêt d'Argonne, il n'estpas encore possible, bien que de nombreuses identifications aient été faitesau cours de la semaine écoulée, de préciser les éléments qui l'occupent.La plupart des prisonniers recueillis sont, en effet, des traînards qui,ayant perdu leurs unités au cours de la retraite, ont erré dans les boisjusqu'au moment de leur capturel.Néanmoins, la présence d'une division du VIe corps d'armée (1 Ie D.I.)et d'une division du XIIIe corps d'armée (26e D.I.) paraît probable.La mission dévolue à la IVe armée n'a pas subi de modification depuisle 17 septembre. Il s'agit toujours pour elle de tenir l'ennemi « sous menaceoffensive pour empêcher se dégager et effectuer glissements unepartie front sur autre2». C'est pourquoi, le 22 septembre au soir, lecommandant de la IVe armée, tout en arrêtant ses attaques, prescrit à son

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artillerie lourde «de prendre sous son feu les organisations défensives etles batteries ennemies», et à son infanterie de garder «un contact étroit)et de profiter «de toute occasion pour gagner du terrain » 3.Augmenter l'action de son artillerie, épargner son infanterie, tellesparaissent être à ce moment les préoccupations dominantes du général deLangle de Cary. Celui-ci, en effet, comme le général Foch, son voisin,estime que le feu est le principal obstacle à la progression de l'infanterie.Il cherche donc d'abord à neutraliser celui de l'ennemi en concentrant surdes points choisis, dans la zone la plus favorable à sa progression future,1 JVoarmée. 2e 1 bureau Archives. G. Q. G. à VI",V", IXo, IVe, Ille armées. Instruction particulière n° 29, n° 5651, 10h 5o,173septembre iqi4- IVe armée Ordre général n° 62, 17 heures, 22 septembre 191A, Annexe 888.462 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.le maximum des obus de son artillerie lourde. Ce résultat obtenu, il espèreque son infanterie pourra reprendre avec plus de chances de succès, sonmouvement en avant.Les journées des 23 et 24 septembre sont ainsi consacrées à l'action del'artillerie lourde qui prend sous son feu les organisations ennemies de lacrête Butte du Mesnil, ferme de Maisons de Champagne, et les batteriesdéfendant cette position.Le 2li septembre au soir, le commandant de la IVe armée, désirantprofiter du travail accompli par son artillerie, se décide à faire le lendemain,avec des éléments du 17e corps d'armée et du corps colonial, unenouvelle tentative contre deux points de cette crête : la Butte du Mesnilet la croupe ouest de la cote 199 1.D'abord prévues pour 13" 45, les attaques sont, sur la demande desexécutants 2, retardées jusqu'à la tombée du jour pour «permettre de lesterminer en coup de main3».Elles échouent, comme les précédentes, devant des organisations nondétruites, sous des feux d'une infanterie et d'une artillerie insuffisammentneutralisées

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** *Avant même l'échec de sa dernière tentative, le général de Langle deCary, renseigné sur les durs combats subis depuis le 22 septembre parl'aile gauche de la Ille armée entre Argonne et Meuse5, avait pris, dans lamatinée du 25 septembre, ses dispositions en vue de parer à une rupturepossible du front de combat au point de soudure des Ille et IVe armées.Depuis le 15 septembre, en effet, la forêt d'Argonne, à l'exception desa lisière ouest (bois de la Grurie), n'était tenue que par des éléments peuimportants appartenant aux deux corps d'aile des Ille et IVe armées. Deséléments légers du 2e corps (IVe armée) et du 5e corps (IIIe armée) avaientété portés sur les principaux cheminements du massif et avaient eu peu de1 IV* armée. Ordre général n° 67, 24 septembre 1914, Annexe 1129.2 2' D. I. C. à C. C., ioh 3 45, 25 septembre 114. IVe armée. Ordre particulier n° 2001, 12 heures, 25 septembre 191/1, Annexe 1245.4 20 D. I. C. à C. A. C., 23h55, 25 septembre 1914. — 33' D. I. Journal des marches etop-érations. — Carte n° 5i.5Cf. chapitre xvi.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 463contacts avec l'ennemi. Une certaine quiétude régnait donc sous les taillis,les hautes futaies et les fourrés impénétrables de la forêt, lorsque la situationse modifie brutal ement.L'offensive ennemie déclanchée le 22 septembre contre l'aile gauchede la IIIe armée s'étend le même jour à travers la forêt d'Argonne. Dansl'après-midi du 22, le général Gérard (2e C.A.) signale que le 5e corpsd'armée cède du terrain « sous la pression d'une forte attaque ennemie» etqu'à ce recul correspond « une avancée des Allemands au sud de la Viergetteet une offensive sur les bois au sud de Binarville 1»Le 2e corps d'armée repousse facilement cette dernière offensive. Maisla lutte continue très dure, les 23 et 24, contre l'aile gauche de la IIIe armée,

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sur le versant est de la forêt d'Argonne et dans la vallée de l'Aire. Le5e corps d'armée accentuant son repli, le commandant du 2e corps d'armée,soucieux de garantir son flanc droit, prend, dans l'après-midi du 24 septembre,la décision de constituer un détachement de toutes armes avecmission de «couvrir le flanc droit du corps d'armée contre toutes les tentativesde l'ennemi par les routes de l'Argonne sur le front : Four de Paris(inclus), le Claon (inclus) 2».A la fin de la journée, cette mesure se trouve pleinement justifiée. Le5e corps d'armée, rejeté au sud de la ligne Boureuilles, Vauquois, adécouvert la route du Four de Paris à Varennes3. Refoulés par les élémentsennemis qui s'infiltrent de plus en plus, à travers les fourrés de la forêtd'Argonne, jugés jusqu'ici infranchissables, les défenseurs de la route sontchassés du poste installé au carrefour de la Haute Chevauchée et refluentsur le Four de Paris4.Le lendemain matin, 25 septembre, les renseignements reçus à Dommartin-sur-Yèvre (Q. G. de la IVe armée) paraissent plus favorables.Le 5e corps d'armée, dont la gauche est fortement établie sur la routemême du Four de Paris qui ne sera abandonné à aucun prix, compte«enrayer l'offensive ennemie par des contre-attaques" en partant de laposition organisée Neuvilly, Aubréville, occupée pendant la nuit. Ce corpsd'armée a en outre reçu l'ordre, « dans le cas où malgré tout il devrait1 2e C. A. à 2 IV"armée, sans date. 2*C. A. Ordre particulier n* 494, 13b 45, 24 septembre iqi4, Annexe 1151. 3 2*C. A. Compte rendu, reçu par téléphone le 2t; septembre 101 A à Ob 10. 4 Note du S. H. n° 1 de l'annexe 1151 (2' C. A., ordre particulier-n° 494, 4 septembre).464 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.céder du terrain, de se rabattre sur sa gauche pour couvrir la IVe armée

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en défendant la lisière des bois de l'Argonne »*.D'autre part, les aviateurs, envoyés en reconnaissance au début dela matinée, rendent compte qu'il n'y a * pas de combat visible dans larégion Boureuiiles, Vauquois, et pas de mouvements de troupes sur lesroutes venant du nord et du nord-est et aboutissant dans les régions deVarennes, Monthois, Somme-Py »2.L'ennemi aurait-il arrêté son attaque? Ou prépare-t-il, à l'abri des vues,un nouvel effort ? Le général Joflre se charge au même instant de dissiperle doute qui aurait pu se produire dans l'esprit du général de Langle deCary. Peu après 10 heures, en effet, un message du grand quartier générallui annonce la possibilité d'une offensive générale de l'ennemi 3.Le commandant de la IVe armée alerte ses subordonnés4 et prendaussitôt ses dispositions pour assurer lui-même dans la forêt d'Argonne lacouverture du flanc droit de son armée. Il prescrit à cet effet au 2e corpsd'armée d'organiser avec une division la défense de la ligne de la Biesme,de la Harazée au Claon inclus, « sur laquelle la résistance sera poussée, lecas échéant, à l'extrême limite ». Il demande même au général Gérard defaire exécuter, Ilà titre de prévision, la reconnaissance et la préparationsur papier de l'organisation défensive du défilé des Islettes »** *L'offensive générale ennemie annoncée par le général Joffre se déclanchele 26 septembre sur tout le front de la IVe armée. L'artillerie allemande,qui depuis la veille manifestait une activité inaccoutumée, augmente l'intensitéde ses tirs au cours de la nuit. Avant même le lever du jour, desattaques brutales se développent contre le 17e corps d'armée dans larégion de Le Mesnii-les-Hurlus, contre le corps colonial entre la ferme de

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Beauséjour et la route de Cernay-en-Dormois ainsi que vers le bois deVille, contre le 2e corps d'armée vers la cote 176 (est de Sérvon).1 Conversation téléphonique avec l'officier de service de la IIIe armée, 5h 3o, 25 septem2breiqi4. 5 reconnaissance aérienne du 25 septembre (entre 7b45 et gb3o). G.O.G.à Ire, IIIe,IVe, IXe, Ve,W., VIe.Messagetéléphoné-n° 7218, 12 septembre 191. 4 IVearmée à 2e, 17eet C. C. n° 2000, 10b A5,12 septembre 19M, Annexe 1244.-5 IVe armée. Instruction au 2e C. A., n° 1999,10 septembre 191/i, Annexe 1243.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 465LAGRANDGEUERR-E-. I, "1"VOL. 30A 6 heures du matin, le général J.-B. Dumas (17e C. A.) annonce aucommandant de l'armée que, sur tout le front de son corps d'armée, lespremières positions ont été abandonnées, mais que « ordre impératif aété donné de les reprendre quoi qu'il puisse en coûter en hommes et enmunitions1 ».Le général Gérard signale, à 7h 45, la perte de Melzicourt et l'échec desattaques ennemies au sud de Servon et dans le bois de la Grurie2. A lamême heures, le corps colonial adresse le renseignement suivant : « Surla gauche, 2e division a perdu plusieurs tranchées cote 191; en outre,d'après certains renseignements, le plateau 180 a été également perdue.Un peu plus tard, l'officier de liaison de l'armée annonçait la perte du boisde Ville par la 3e division coloniale 4.Le général de Langle de Cary, apprenant la violente poussée ennemiedans la région du Mesnil-Ies-Hurlus, prescrit, à 9h45, au corps colonialde porter «de suite un de ses régiments réservés, en réserve d'armée,au sud de Wargemoulin5», dans le but de secourir le 1 7e corps d'armée.

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Mais le général J.-B. Dumas ne paraît pas excessivement inquiet. De luimême,et avec l'aide d'un détachement envoyé par le général Maistre à sonsecours, il a donné des ordres en vue de contre-attaquer l'ennemi dans ladirection du nord pour le rejeter au delà du ravin de Beauséjour, et decombler l'intervalle qui s'est créé entre ses deux divisions. Il en rend compteau commandant de l'armée et ajoute : «la situation d'ensemble paraîtbonne. Le combat est très vif»6.Dans le secteur du corps colonial, la situation parait également bonne.Les coloniaux, regroupés, reprennent rapidement la cote 1 80 qui avait étéen effet perdue et se disposent à reporter leurs efforts sur la ferme Beauséjouret le calvaire au sud de la cote 1437.1Compte rendu téléphoné du général commandant le 17e C. A., reçu à Somme-Bionnele 26 septembre à 6 heures, Annexe 1408. 2 Compte rendu téléphoné à 7*45 du 20C. A. 26 septembre 1014. 34 Corps colonial7. h 45, 26 septembre iqi4, Annexe 1421. 5 Capitaine Godinot. qh3o, 26 septembre iqi4. Annexe 1364. IV" armée. Ordre particulier au corps colonial, 9*45, 26 septembre iqi4, Annexe13568.7 170C. A. Compte rendu, gb4o, 26 septembre iqi4- 2*D. I. C. Compte rendu, 8 heures, 2'6 septembre 19x4, — Corps colonial. Situationde la gauche à lOb 15 , 26 septembre 1914.466 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Sur les rives de l'Aisne et dans la forêt d'Argonne, le 2e corps d'armée,après avoir repoussé toutes les attaques allemandes, reprend au cours del'après-midi Melzicourt et le pavillon de la Barricade qui avait été enlevéà un élément du 5e corps d'armée l.En fin de journée enfin, la situation s'améliore progressivement. Sousla pression des troupes de la IVe armée, l'ennemi, en effet, abandonne

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peu à peu toutes les positions qu'il avait enlevées, laissant un drapeau etun grand nombre de prisonniers entre les mains des assaillants. Sur certainspoints même, il est en «pleine retraite ; c'est la fuite en désordre D 2.Le général de Langle de Cary, afin d'accentuer l'échec très net del'ennemi, donne dans la soirée au 17e corps d'armée l'ordre de continuerles attaques entreprises, — «10 pour regagner les positions perdues;20 pour gagner du terrain en avant de ces positions, direction de sa droite :Butte du Mesnil», — et au corps colonial l'ordre «d'attaquer par sagauche, direction Maisons de ChampagneIl. Il prescrit enfin au 2e corpsd'armée de « conserver l'attitude observée aujourd'hui », c'est-à-dire d'assurerla défense de la ligne de la Biesme5. Cette recommandation ne paraîtpas inutile. Les renseignements obtenus par les reconnaissances aériennesau cours de la journée montrent, en effet, que l'ennemi, sans doute pourdévelopper vers l'ouest le succès remporté les jours précédents sur le5e corps d'armée, effectue un glissement de troupes de la région d'Apremontvers Binarville et procède à des rassemblements dans la région deGrandpré4.Quoi qu'il en soit, ces mouvements de troupes ne paraissent pasinquiéter le général de Langle de Cary qui, dans la matinée du lendemain27 septembre, se borne à rendre compte en ces termes de l'échec del'offensive allemande : «Les attaques dirigées hier sur le front de la IVe arméeont été extrêmement massives et violentes. Une division du VIIIe corpsallemand a attaqué le 17e corps d'armée en particulier, sur un front ne1 20 C. A. à IVearmée. 26 septembre iqi4, Annexe 1393.2 33*D.I. Compte rendu, 15b3o, 26 septembre 1914. — 170 C. A. Renseignements,

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16b33o, 26 septembre lql4. IVearmée. Ordre général n° 70, 26 septembre, Annexe 1361. - 4Aéronautique de la IV*armée. Compte rendu de reconnaissance aérienne du 20 septembre(7h30- lOb3o), Annexe 1362. — III' armée. Messagetéléphoné reçu à la IV*arméele 26 septembre à 11b40; — reconnaissance du 26 septembre 1914 (entre 13 heures et14b45), Annexe 1363.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 4673o.dépassant pas 2.5oo mètres. Actuellement, notre première ligne est solidementréoccupée. L'offensive se poursuit mais sera probablement limitéeau résultat acquis ce soir, pour les raisons spéciales que vous savez.» 1.Le général en chef a adressé quelques heures auparavant une note à sescommandants d'armée, par laquelle il leur fait connaître que la questiondu ravitaillement en munitions d'artillerie prend en ce moment un caractèreparticulièrement grave et exige des mesures énergiques : approvisionnementen munitions de 75 des armées limité à 3oo coups par piècejusqu'au 20 octobre; arrêt momentané des offensives des armées ducentre 2.Ainsi donc apparaissent les raisons spéciales qui contraignent le commandantde la IVe armée à arrêter en fin de journée, quel qu'en soit lerésultat, la contre-offensive décidée la veille au soir. A 18 heures, eneffet, le général de Langle de Cary adresse à ses subordonnés l'ordre suivant:«En attendant que la reprise d'offensive générale soit ordonnée,les corps d'armée se renforceront sur les positions tenues ce soir et repousseronttoute attaque de l'ennemi» 3.

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** *La nécessité d'appliquer une stricte économie de munitions entraîneainsi le général de Langle de Cary à abandonner, le 28 septembre, touteopération offensive.Si, à partir de cette date, entre Perthes-les-Hurlus et l'Aisne, la luttefaiblit, à l'est de cette rivière, au contraire, elle ne va pas cesser pendanttoute la fin de l'année 1914. En Argonne, elle prend une physionomieparticulière; la nature du sol, les ravins profonds, les croupes touffues sontautant d'obstacles à une action de grande envergure.A la fin de septembre, cependant, les Allemands entreprennent avecdes troupes nombreuses, à travers toute la forêt d'Argonne, une offensivepuissante dans le dessein de rejeter de part et d'autre du massif boisé leséléments d'aile des Ille et IVe armées françaises. Les difficultés rencontréesIV* '2 armée à G. Q. G. Message téléphoné, 11 heures, 27 septembre 1014, Annexe 1479. G. Q. G.à généraux commandants d'armée, n° 7513, 27 septembre iqi4, Annexe 1444. , IV. armée. Ordre général n° 71,18 heures, 27 septembre 1914, Annexe 1480.468 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.par l'assaillant, difficultés de parcours, d'appui d'artillerie, de liaison, etc.entravent bientôt cette opération. Le but est manqué. La lutte pourtantne s'arrête pas. Elle se transforme aussitôt et devient plus sévère, plusâpre, plus meurtrière aussi. La guerre de mines apparaît. Et pendant que,sous terre, les adversaires cherchent à se faire sauter mutuellement, à l'airlibre, ils s'efforcent, au moyen d'engins modernes (mortiers de tranchées,minenwerfer), de bouleverser leurs organisations respectives, espérantainsi pouvoir reprendre une progression plus aisée. Mais là, comme partout

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ailleurs sur le front stabilisé, toute avance est bientôt contenue.Le 28 septembre au matin, la plus grande incertitude sur les intentionsde l'ennemi règne au quartier général de la IVe armée. Les indices recueillisau cours de la journée du 26 ont permis d'observer un déplacement deforces ennemies de la région d'Apremont vers celle de Binarville. Le 2 7,l'ennemi n'a pas attaqué. Est-ce un retrait de troupes en vue d'un embarquementvers le nord-ouest, ou bien un rassemblement précédant uneattaque ?Le doute ne subsiste pas longtemps. Le 28 à la fin de l'après-midi, legénéral Gérard rend compte que l'ennemi attaque la lisière nord du bois dela Grurie avec des forces assez sérieuses 1. Le 29, on apprend successivementà Dommartin-sur- Yèvre d'une part que le front Servon, cote 176,a été pendant la nuit l'objet de trois attaques 2, d'autre part que trois régimentsdu XVIe corps allemand ont pénétré dans les bois et s'efforcentd'atteindre la vallée de la Biesme sur le front la Harazée, la Chalade 3.De ce côté le général Gérard s'efforce, d'accord avec le 5e corps d'armée4,de dégager la route du Four de Paris, particulièrement menacée vers laChalade, et de reprendre les positions perdues. Une opération montée le3o septembre contre la cote 2 25 (nord de la Chalade) est couronnée desuccès. Le détachement ennemi qui l'occupait (7 compagnies d'infanterieet une compagnie de mitrailleuses) est mis hors de combat à peu prèstotalement. Mais plus au nord la pression de l'ennemi se fait durementsentir. Les éléments engagés au nord-est du Four de Paris résistent péni-1 2e C. A. Compte rendu, 17 heures, 28 septembre 1914, Annexe 1577.2 2e C. A. Compte rendu de la nuit, 8 heures, 29 septembre îgM, Annexe 1649.

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3 2e C. A. Ordre général n° 5i8, 20b 30, 29 septembre 19M, Annexe 1650.à 2e C. A. Suite à l'ordre d'opérations pour la journée du 30 septembre, n° 518 bis, o 3o,3o septembre191^, Annexe 1718.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 469LAGRANDGEUERRE—. 1, 4* VOL 3oAblement. La brigade du 5e corps d'armée placée sur la Haute Chevauchée,progressant avec peine, ne peut parvenir à les soulagerl.Le général de Langle de Cary, afin d'être prêt à toute éventualité, faitencore appel, le 3o septembre au soir, au 5e corps d'armée et prescrit enmême temps à une brigade coloniale de se porter vers la ferme Araja,prête à agir, soit sur la Neuville, soit sur Vienne-la-Ville, en soutien du2e corps d'armée 2.Le général Gérard, sentant ainsi sa gauche en mesure d'être fortementappuyée le cas échéant, donne au général commandant la 4e D. I. l'ordrede reprendre les attaques le lendemain le, octobre, en vue de chasser l'ennemides positions qu'il occupe entre le Four de Paris et la Harazée; ildevra s'emparer des pavillons de la Barricade et de Saint-Hubert et yétablir de «solides postes bien retranchés,, 1.Les objectifs n'ayant pas été atteints4, les opérations sont poursuiviesavec des troupes fraiches le 2 octobre, principalement sur Saint-Hubert etsur la Barricade5. Saint-Hubert seul est enlevé. En fin de journée, laligne française enveloppe, à courte distance et sur trois côtés, la ligneennemie qui, à hauteur du Four de Paris, forme une «sorte de pointetrès aiguë» G.Par ailleurs, sur les lisières ouest et nord du bois de la Grurie, lalutte est également très vive. Depuis le 29 septembre, l'ennemi tente, endébouchant des régions de Servon et de Binarville, de refouler à l'intérieurdu bois de la Grurie les éléments du 2e corps d'armée qui le défendent;

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mais sur cette partie du champ de bataille, la défense française,mieux organisée et plus solide qu'à l'est, ne se laisse pas entamer.La persistance de la lutte engagée par l'ennemi à travers la forêt d'Ar-1 2* C. A. à IV. armée. Situation à 15 heures, 3o septembre igi4, Annexe 1719. — Cf.carte n° 53.2 IVearmée à 2' C. A. et corps colonial, 21 heures; — à 5" C. A., 21b 30, 3o septembre19J14, Annexes 1700, 1701. 2' C.A. Ordre général d'opérations n° 527, 21b30, 30 septembre 1914, Annexe 1720; — ordre complémentaire à l'ordre d'opérations pour le 1" octobre, 2b30; — compte rendurelatif aux attaques montées le lor octobre dans la forêt d'Argonne, iohi5, 1" octobre iqi4. 1 2" C. A. à IV"armée. Résumé des renseignements parvenus à 18 heures, 18 heures, 1" octobre1q14, Annexe 1797. a IV' armée. Ordre général n° 76. — 20 C. A. Ordre général d'opérations n° 533»20b 3o,1" octobre iqi4, Annexes 1779, 1798. 6 4" division. Compte rendu de la journée du 2 octobre 1914*470 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.gonne et l'importance des effectifs employés1 ne sont pas sans attirerl'attention du général en chef. Celui-ci, craignant une rupture du frontdans cette région, adresse le 2 octobre à la IVe armée une instruction où illui précise sa «mission principale actuelle» : «Il est du plus haut intérêtd'empêcher l'ennemi de progresser à travers l'Argonne et de se glisserentre les Ille et IVe armées. L'action de ces deux armées continuera às'exercer en commun dans ce sens et tendra à l'établissement d'un solidebarrage à travers la forêt. »2.Le général de Langle de Cary met assitôt le 2e corps d'armée en mesurede se consacrer entièrement à cette tâche. Il prescrit, le 3 octobre, aucorps colonial de libérer le 2 e corps d'armée de la défense du bois d'Hauzy 3.Le général Gérard peut ainsi disposer, le 4 octobre, sur la rive droite de

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l'Aisne, de toutes les troupes de son corps d'armée 4.Au cours des journées suivantes, le commandant du 2e corps d'arméetente de poursuivre l'opération entreprise le ier octobre vers le Four deParis.Mais se rendant compte, en face «d'une organisation très forte de l'ennemi», du peu de résultat que donnerait « un assaut à coup d'hommes », iladopte le 6 octobre un système de progression méthodique appuyé parl'artillerie 5. Les lignes des deux adversaires se rapprochent l'une de l'autre.Une lutte d'usure, au cours de laquelle grenades, pétards à mélinite,bombes de toutes sortes sont utilisés, se livre alors, lutte très dure quioccasionne à chacun des partis des pertes journalières sévères. La proximitédes organisations ne permettant pas des travaux à découvert, la progressionse fait de part et d'autre par une utilisation de plus en plusfréquente de la sape.1 G. Q. G. Instruction n° 34 à la IVearmée, 14 heures, 2 octobre iqi4, Annexe 1829.2 Le 1" octobre, le général Gérard signale que, d'après un document allemand récent, ila devant son corps d'armée:— une division du XVIIIeC. R.;- le XIIIe C. A.;— une division du XVI' C. A.D'après l'état-major de la IVearmée, il y aurait des éléments des VJ*et XIlIo C. A. et leXVI' C. A. tout entier. — 2* C. A. Résumé des renseignements parvenus à 18 heures,1eroctobre 1914. — État-major Somme-Bionne à état-major G.Q.G., enregistré au G.Q. G.le 2 octobre iqi4, Annexe 1797.3 IVoarmée. Ordre général n° 78, 3 octobre iqi4, Annexe 1943.4 2e C. A. Ordre général n° 53q, 3 octobre 6 1914. 2* C. A. Comptes rendus, 13b30 et 18 heures, 5 octobre 191a, Annexes 2178 et2179.

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TOME I, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 4713oa** *A partir du 20 octobre, une activité plus grande des patrouilles ennemieslaisse prévoir un changement d'attitude de la part des Allemands 1.Le 22 octobre, en effet, ceux-ci lancent de fortes reconnaissances offensivesdevant le Four de Paris, entre le Four de Paris et Saint-Hubert, et àSaint-Hubert 2.Le lendemain 23, des attaques, menées par des troupes ennemies masséespendant la nuit, à la faveur des taillis épais, se déclanchent aux pointssensibles de la ire ligne. A la suite d'un rapide corps à corps, l'ennemienvahit les tranchées de Bagatelle puis, faisant tache d'huile, enveloppeles organisations voisines, atteint celles de 2e ligne et gagne au delà 600 à800 mètres. Trois retours offensifs successifs reprennent une partie duterrain perdu. Saint-Hubert et le nord du bois de la Grurie sont égalementl'objet d'attaques très vives3.Le général de Langle de Cary intervient le jour même auprès du généralGérard pour que celui-ci entreprenne, de concert avec le général Michelercommandant le 5e corps d'armée, une action visant la réduction dusaillant ennemi du Four de Paris qui constitue une menace directe pour lecentre de la ligne de défense du 2e C. A. 4. Il renforce ce corps d'arméedans ce dessein de deux bataillons de la brigade coloniale, réserve d'armée,d'une batterie de go du 12e corps, d'une compagnie de sapeurs mineursde place dotée de matériel de mine5. Il crée en outre dans chacune des divisions

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actives un bataillon provisoire du génie, formé avec les sapeurs divisionnaireset de corps renforcés d'auxiliaires pris dans 1 infanterie, demanière à augmenter le rendement de ces troupes spéciales 6.1 2e C. A. Compte rendu de fin de journée, 18h30. - IVearmée. Compte rendu au G.Q. G.,20 heures, 21 octobre 19M, Annexes 3165, 3160. — s Cf. carte n° 54. 2' C. A. Compte rendu, 18 heures, 22 octobre iqi4, Annexe 3220. 3 2*C. A. Comptes rendus, matin et 18b 3o, 23 octobre 1914, Annexes 3268, 3269.— Division Rabier. Compte rendu sommlire de la journée du 23 octobre iqi4.l Vo armée. Note au sujet des opérations en cours ou projetées, 23 octobre 19i4, Annexe3252.5 IV"armée. Ordre particulier n° 2600, 23 octobre iqi4, Annexe 3251.6 IVearmée. 1" bureau. Ordre général n° 111, concernant l'organisation provisoire destroupes du génie, 2b octobre 1914.472 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Après en avoir conféré avec le général Micheler, le général Gérard estimeque l'opération demandée par le commandant de l'armée pourrait être conduitede la façon suivante :10 progression méthodique du 5e corps d'armée vers le croisement dela Haute Chevauchée et de la route du Four de Paris à Varennes;20 préparation de l'attaque à la sape du 2e corps d'armée par la conquêtede vive force de la ligne de crête séparant le ruisseau de la Fontainedu Mortier du ruisseau des Meurissons ;30 effort du 5e corps d'armée pour encercler par le nord-est les forcesennemies du pavillon de la Barricade;40 attaque du 2e corps contre les troupes allemandes ainsi menacéessur leur ligne de retraite.Mais cette attaque de vive force, écrit-il, «ne pourra être entreprise quelorsque les batteries de go se trouveront en état de battre efficacementles points à attaquer par l'infanterie 1 ».

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Pendant que le général Gérard préparait ainsi cette opération, l'ennemine cessait de livrer contre les positions tenues par le 2e corps d'armée lesplus durs combats.Du 27 octobre au 5 novembre, la cote 176 (3 kilomètres est de Servon),la lisière nord du bois de la Grurie, le pavillon de Bagatelle, Saint-Hubert, les positions du Four de Paris sont attaqués journellement, etquelquefois à plusieurs reprises dans la même journée. Malgré ces assautsrépétés, le 2e corps d'armée ne faiblit pas. 11 contre-attaque avec énergie,reprenant à la baïonnette et à la grenade les tranchées dont la possessionlui est indispensable pour la solidité de son front 2.La préparation de l'action envisagée le 24 octobre étant suffisammentavancée le 5 novembre, le général se décide à passer le lendemain à l'attaque3. Le feu de l'artillerie n'ayant pu ce jour-là obliger les Allemands à1 2* C. A. à IV' armée. 24 octobre 1914, Annexe 3321. * - - 20 C. A. Comptes rendus, 27 octobre 1914; fin de journée, 18 heures, 28 octobreigi4; 8h 3o et fin de journée, 29 octobre 1914; 18 heures, 1er novembre; 18 heures,2 novembre; 3 novembre soir; 18h3o, 4 novembre; 18b30, 5 novembre 1914, Annexes3440, 3527.3 20 C. A. Ordre particulier n° 685, 15 heures, 5 novembre 19M, Annexe 3925.TOME I, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 473évacuer leurs tranchées, l'opération est reprise sur les mêmes bases le 7;mais, comme le 6 et pour les mêmes raisons, le mouvement offensif desfantassins ne peut s'exécuter 1.Cette tentative esquissée au nord-est du Four de Paris n'entrave pas

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l'action continue de l'ennemi qui, le 7 novembre et dans la nuit suivante,se rend maître, après sept attaques successives, de la cote 1 762.Le général de Langle de Cary renforce alors le 2e corps d'armée avec lapremière brigade coloniale, réserve d'armée 3, et donne l'ordre à la 3eD. I.de reprendre le mamelon 1764. Mais celle-ci, au cours des journées des8 et 10 novembre, ne parvient à reprendre, malgré des pertes sérieuses,qu'une petite partie du terrain perdu. Le général Gérard persévère pourtantdans son intention de renouveler l'attaque le lendemain 1 1 avec lesmêmes moyens5. Cette décision est approuvée par le général commandantl'armée; en outre, celui-ci, estimant que la défaillance dont le commandantdu 2e corps d'armée poursuit la réparation est due à une insuffisancede l'organisation défensive, prescrit de prendre toutes dispositions pour« maintenir énergiquement, contre tout retour offensif ultérieur de l'ennemi,la possession du terrain reconquis» 4.L'opération est cependant ajournée, car il est nécessaire auparavant de seretrancher sur la ligne occupée, de remettre en mains certaines unités quiont perdu tous leurs officiers et d'amener à pied d'oeuvre de nouveaux éléments.Dans la soirée du 1 1 novembre, le général de Langle de Cary enavise le général en chef et lui rend compte que le commandant du secteura reçu l'ordre de continuer l'attaque mais que le choix du moment lui aété laissé 6.L'activité de l'ennemi cependant ne se ralentit pas: fusillades, jets debombes, explosions de mines, bombardements sont incessants et font

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1 Division Rabier. Compte rendu sommaire de la journée du 6 novembre 1914. — rendu du Compte lieutenant-colonel Journel commandant l'A. C/2, 6 novembre 1914. — DivisionRabier. Compte rendu sommaire du 7 novembre iqi 4. 2 3" division. Compte rendu des événements de la journée du 7 novembre 191;4 — compte rendu de la journée du 8 novembre 1914, 17''i5, 8 novembre 1914. —Général Toulorge à général commandant le 2* C. A. 8 novembre iqi4.s1 IVe armée. Ordre particulier n° 2828, 7 novembre, Annexe 4006. IV. armée à 2*C.A., n° 2904, 10 novembre iqi4, Annexe 4138. 5 3° D. I. à 20C. A. 8 novembre 1914. — 20C. A. Rapport sur les événements de la jour- née du 8 et de la nuit du 8 au 9 novembre ig14. — 2" C. A. Compte rendu des opérations de la 3*D. I. aux abords de 17l'6,10- novemb-re- iqZi4,---, s IVearmée à G. Q. G. Télégramme chiffré n° 2919, 11 novembre soir, Annexe 4195..474 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.craindre la rupture du front du 2e corps d'armée dans le bois de la Grurie etau ravin du Mortier. Le commandant de l'armée qui déjà, le 13 novembre,avait attiré l'attention du général Gérard sur l'insuffisance de l'organisationde sa première ligne1, lui ordonne le lendemain de renforcer d'extrêmeurgence ses tranchées et d'y envoyer les compagnies du génie nécessaires 2.La lutte dans ce secteur n'est pas terminée le 14 novembre, elle se dérouleraencore pendant de nombreuses semaines avec des alternatives diverses,mais, grâce aux précautions prises à tous les échelons, la rupture du frontde l'Argonne sera évitée 3.** *Pendant qu'en Argonne, le 2e corps d'armée oppose aux entreprisesdes XIIIe et XVIecorps allemands une résistance acharnée, les autres corps

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de la IVe armée française s'apprêtent, à partir du 28 septembre et conformémentaux ordres du général en chef4, à rendre inviolable le frontdont la défense leur est confiée.Mais les nécessités de la bataille à l'aile gauche des armées alliéesamènent, au début d'octobre, le général Joffre à apporter des modificationssuccessives à la composition de ses armées du centre et à leur répartitionsur le terrain.C'est ainsi que la IVe armée est contrainte d'étendre progressivementson front vers l'ouest et de le défendre avec des effectifs sans cesse diminués.Le ier octobre, le 1 7e corps d'armée remplace dans la zone boisée entrePerthes-les-Hurlus et Souain une partie du 21e corps d'armée, retiré del'aile droite de la IXe armée 5.Le 7 octobre, par suite de la dissolution de la IXe armée, la limiteouest de la IVe armée est reportée jusqu'à la Croix-Husson (nord de Prunay)6. Le général de Langle de Cary dispose pour la défense de ce nouveaufront des 9e, 12e C. A., de la 60e D. R. et de la ge D. C.1 IV' armée. Note pour le 2" corps d'armée, n° 2940, 13 novembre 1914, Annexe 4257.2 IVe armée à 2" C. A., n° 2q58, 14 novembre iqi4, Annexe 4274.3Cf. t. II.v4 G. Q. G. à armées, n° 7513,2,7 septembre iqiA, Annexe 1444.6 G Q- G1 1 v G. Q. G. à IXe armée,n° 812A, i3h 5, 898, 18" 5o.—IX'armée. Or dre, 22 b33o, Annexes1673, 1712. — 17eC. A. Ordre général n° 74, 23h i5, 3o septembre 1914. 6 G. Q. G. à IVe,VO,IXearmées. Note n° 931,5 octobre 1914, Annexe 2118.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 475Mais, pensant bien que le général en chef compte prélever encore sur

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ces troupes les renforts dont le besoin peut se faire sentir dans le nord,il attire aussitôt l'attention de celui-ci sur «le degré de fragilité auquel onamènerait le front défensif tenu par la IVe armée si les circonstancesconduisaient le haut commandement à envisager la possibilité de diminuerencore la densité de ce fronts. Et il termine par cette phrase : «L'alerte du26 septembre doit être tenue pour un enseignement» 1. Cependant, legénéral Joffre n'hésite pas; le jour même où le général de Langle de Caryprend le commandement des nouvelles unités mises à sa disposition,la ge D. C. quitte, par ordre du général en chef, la région sud-est deReims pour rejoindre dans le nord la 6e D. C., enlevée le 3 octobre, elleaussi, à la IVe armée 2.Les remaniements résultant de la situation nouvelle de la IVe arméesont à peine terminés que le général en chef envoie le 13 octobre, à Châlons,un de ses officiers, le lieutenant-colonel Paquette, pour exposer augénéral de Langle de Cary l'intérêt qu'il y aurait à remplacer sur le frontde Champagne un corps d'armée actif par deux divisions territoriales3.Le commandant de l'armée acquiesce aussitôt au désir exprimé par le généralJoffre. Il lui demande toutefois, en compensation, de lui envoyer denouvelles batteries lourdes, «principalement des batteries de canons longsavec le personnel nécessaire pour les servirIl 4. Le lendemain, le généralJoffre lui annonce que les 91e et 96e divisions territoriales commencerontà débarquer à partir du 15 octobre et que la IVe armée recevra en outredeux groupes de go et deux batteries de 120 sur plates-formes 5.Le ge corps d'armée est mis à la disposition du général en chef et relevépar le 1 2e corps d'armée; renforcé d'éléments territoriaux il quitte le 20 octobre

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la zone de Mourmelon pour la région d'Ypres0.Le 21 octobre enfin, un dernier prélèvement ampute la IVe armée de1 IV*armée. Note, 6 octobre t iqi4, Annexe 2264. G. Q. G. à IVe armée. Télégrammechiffré n° 8126, 13h 20. — IVe armée à G. Q. G.Télégramme chiffré n° 2137, 30 septembre 1914. — G. Q. G. à IVe armée. Télégramme chiflré n° 187, Igh 20, 1" octobre Ig14; — télégramme chiffré 11°1393, ioh 10, 7 octobre1914, Annexes 1674, 1703, 1759, 2323.IV. armée à G. Q. G. Message téléphoné, 12 heures, i3 octobre iqi4, Annexe 2782. , IV' armée à G. Q. G., n° 2441, i3 octobre lqlft, Annexe 2783.-S G. Q. G. à IV' armée, n° 3o22, 14 octobre iqi4, Annexe 2814. 6 IVoarmée à G. Q. G., n° 2606, 17 octobre 1914, Annexe 2972.476 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.toute sa cavalerie de corps, envoyée dans le nord en renfort de la cavaleriedu général Foch l.Au cours de ces trois semaines de remaniements, le général de Langlede Cary avait appliqué toute son activité à la réalisation d'une organisationdéfensive puissante. Obéissant aux directives du général en chef2, il necesse en effet, pendant cette période, de faire sentir son action sur sessubordonnés : il indique à ceux-ci les lignes à occuper et la façon de lesorganiser; il leur donne les moyens en matériels nécessaires pour réaliserun ensemble fortifié solide et le rendre inviolable3. Héritier de la plusgrande partie du front de la IXe armée, il s'aperçoit que sur ce front lapremière ligne seule est constituée. Il donne aussitôt aux commandants decorps d'armée intéressés les instructions nécessaires pour que cette premièreligne soit renforcée et pour que l'organisation de la deuxième position,à peine ébauchée, soit poussée avec activité; cette position devraêtre reliée à celle déjà existante de la IVe arméeLe général de Langle de Cary ne se borne pas cependant à assurer la

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solidité de son front, il envisage aussi le moment où il pourra reprendreles opérations actives. Déjà au début d'octobre, il fait exécuter quelquesattaques partielles dans la région de Perlhes-les-Hurlus5, mais la recommandationinstante du général en chef d'économiser les munitions et lemanque de moyens ne permettent pas de pousser plus loin ces attaques.Autorisé par le général en chef à prendre l'offensive pour empêcher1 G. Q. G. à IV* armée. Télégramme chiffré n° 4516, I7b 5, 21 octobre 19l4. -Il s'agit des q*, 190et 210chasseurs et du 3*chasseurs 2 d'Afrique). G. Q. G. à armées, n° 7613, 27 septembre 1914, Annexe 1445; — n° 1169, 6 octobre.1V.armée à 17eC. A. Note de service, 1" octobre 1914 et note pour le It C. A., 4 octobreiqi4; — à C. C. Note de service, 3 octobre iqi4. 4 IVearmée. Ordre général n° 82, 17 heures, 6 octobre 1914.;— à G. Q. G., n° 2380, etinstructionparticulière aux 9" et 12* C. A., n° 2391, 9 octobre 1914, Annexes 2263, 2501,2503.5 17*C. A. à IVearmée, 13 heures; — ordre particulier secret au général commandant la340di vision, 19 heures, lor octobre 1 914;- à IV*armée, 18 heures; —ordre général n° 76,20h3o, 2 octobre 1914; — ordre général n° 77,3 octobre 1914. — 340di\ision. Note relativeaux attaquesdirigées par la 34°division sur laposition cote 200, 8 heures, 4 octobre 1914,Annexes 1810, 1811, 1892, 1893.TOME I, 40 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 477l'ennemi d'opérer des prélèvements sur les troupes qui lui sont opposées1,il ordonne le 9 octobre à ses corps d'armée de «se maintenir en contactétroit avec l'adversaire, d'épier tous les indices de retrait de forces devant

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eux et de manifester leur activité par des attaques de nuit exécutées endifférents points par de petites unités». Il se réserve enfin de «prescriredans certaines zones une reprise d'offensive, préparée et appuyée parl'entrée en action d'une partie importante de l'artillerie lourde dont ildispose» 2.Le jour même où le 12e corps d'armée était passé sous ses ordres, legénéral Roques lui avait adressé une «note sur un projet d'attaque méthodique» étudié et préparé d'après les instructions du général Foch maisqui n'avait pu être réalisé par suite de la dissolution de la IXe armée.Le but de cette opération était de s'emparer de la position de la cote 1 60(ouest de Souain).Le général de Langle de Cary, tout en approuvant les préparatifs faitsen vue de cette attaque, en avait cependant, à ce moment-là, ajournél'exécution, faute de moyens5.Le 9 octobre, le commandant de la IVe armée reprend ce projet etdécide de renforcer l'artillerie déjà mise à la disposition du généralRoques4.Il avise enfin celui-ci, le 11 octobre, que la Ve armée doit attaquer lelendemain dans la région de Craonne et qu'il «y a le plus grand intérêt àlancer simultanément l'attaque envisagée pour le 1 2e corps d'armée»5.Cette attaque, menée par une brigade de la 60e division de réserve etune brigade de la 2 3e division sur le front moulin de Souain (inclus) , arbreà 1.200 mètres au nord, nord-est de Saint-Hilaire-le-Grand, parvient assezfacilement à franchir la moitié de la distance séparant les tranchées françaisesdes organisations ennemies. Elle est ralentie puis complètementarrêtée au delà, par l'artillerie et les feux d'écharpe de mitrailleuses. A lanuit, le général Roques donne l'ordre de conserver le terrain conquis et1 G. Q. G. à S armées. Télégramme chiffré n° 1651, 8 octobre iqi4, Annexe 2409. IV*armée, n° 2887. Instruction générale concernant les opérations en cours, 9 octobre

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1913Ai Annexe 2502. 12e C. A. Note sur un projet d'attaque méthodique avec le concours de l'artillerie lourde,7 octobre 1914, Annexe 2378.4 canons de 155 C., 4 canons de 120 L., 6 canons de 90 sont mis à la disposition du19/ C. A., qui possédait en outre 24 canons de 155 C. donnés par le général Foch. 5 IV armée à12e C. A. 11 octobre 19If., Annexe 2657.u478 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.propose au général de Langle de Cary de reprendre le lendemain la préparation,mais de ne déclancher l'attaque que lorsque le feu des batteriesennemies aura été éteint et que les obstacles et dispositifs ennemis aurontété détruits 1.Cette proposition n'est pas approuvée. Elle entraînerait en effet uneconsommation de munitions dont la limite ne peut être fixée. Le commandantde l'armée prescrit en conséquence au général Roques de «maintenirle terrain conquis et de surseoir à toute autre opération,, 2.Cette décision est entièrement conforme aux vues du général en chefqui, le 14 octobre, renouvelle à ses lieutenants ses prescriptions antérieuresrelatives à une stricte économie de munitions5.Le général de Langle de Cary, bien qu'ayant suspendu l'attaque du12e corps d'armée, n'envisage pas cependant pour cela l'arrêt des opérations.Il renouvelle en effet, le 19 octobre, les instructions déjà donnéesle 9 à ses subordonnés ta. Puis, en réponse à une note du général en chef quipriait les commandants d'armée de lui indiquer les opérations successivesqu'ils avaient l'intention de faire5, il adresse à celui-ci, le 23 octobre, unprogramme détaillé de ses projets.Ce programme, établi en tenant compte des enseignements tirés desdernières attaques et mis en lumière le 15 octobre par le général Joffre6,

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expose en détail la nature de l'action de la IVe armée en Champagne et enArgonne. En ce qui concerne l'action en Champagne, le général de Langlede Cary conclut en ces termes : «En résumé, la IVe armée maintiendrason attitude agoressive :clIO — sur le front corps colonial, 17e corps d'armée, 24e division,par des actions locales suffisamment soutenues avec le canon de 90;«20 — dans la région de Souain (2 3e division et 60e D.R.), par uneaction méthodique et suivie visant le résultat maximum, c'est-à-dire l'enlè-1 12' C. A. à IV' armée, 18" 55, 12 octobre 1914, Annexe 2730.2 IV' armée à 12' C. A. 19b45, 12 octobre 191*4,Annexe 2717.3 G.Q. G. à armées. Télégramme chiffré n° 3082, aih35, 14 octobre 1914, Annexe2818.4 IVe armée, n° 2387. Instruction générale concernant les opérations en cours, 9 octobreiqi4; — note pour les corps d'armée, iq octobre iqi4, Annexes 2502, 3064.5 G. Q. G. Note pour les armées, n° 36qa, 17 octobre 1914, Annexe 2958.6 G. Q. G. Note pour les armées, n° 3565, 15 octobre 1914, Annexe 2864.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 479vement de la ligne ennemie entre Aubérive et Souain, action qui nesaurait être envisagée sans l'appui du canon de 75 *.»Préparée les 28 et 29 octobre par des tirs systématiques de toute l'artillerielourde du 12e corps d'armée, cette action méthodique, suite decelle du 12 octobre, se déclanche le 3o octobre contre la lisière sud desbois de la cote 160 (ouest de Souain) sur un front d'environ 800 mètres.La désorganisation matérielle prévue n'ayant pas été réalisée par l'artillerie,les éléments d'attaque de la 23e division, après avoir atteint lesréseaux de fils de fer ennemis non détruits, sont obligés de se replier

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sous un feu très vif.Le lendemain 3i octobre, l'action est reprise, plus à l'est, sur le moulinde Souain, avec la 60e D.R. ; pour des raisons analogues, elle ne parvientpas à prendre pied dans les organisations ennemies 2.L'échec de ces tentatives amène, le 3 novembre, le général de Langlede Cary à adresser à ses subordonnés une note dans laquelle il expose lesprocédés à employer pour réaliser la destruction préalable des moyensde flanquement de la ligne attaquée, ainsi que celle des réseaux de fils defer existant en avant du point à enlever. Il leur demande en conséquencede choisir les points de leur zone d'action où les procédés indiqués peuventêtre le plus facilement appliqués 3.A partir du 4 novembre, en dehors des opérations en Argonne toujourstrès actives, les troupes de la IVe armée concentrent toute leur activitédans le sens indiqué par leur chef.C'est ainsi que le i 2e corps d'armée prépare sa progression pied à pieddans la région cote 160, Souain; le 17e corps d'armée dans celle dePerthes-les-Hurlus; et le corps d'armée colonial en direction de la fermede Maisons de Champagne et de Cernay-en-Dormois ta.1 IV*armée. o 2602. Note au sujet des opérations encours ou projetées, 23 octobre Annexe igi4, 3252.2 12*G. A. à 23e D. I., 24' D. I, 6o" D. R. et A. L. 11 heures; — ordre général n° 127, 15h3o, 29 octobre igi4; - compte rendu de fin de journée, 18h 15; - ordre général n° 128,17b3o, 3o octobre IQI4. — 60" D. R. à 12' C. A. 17h 3o, 3i octobre IQIA.s IV* armée, n° 2768. Note, 3 novembre iqi4, Annexe 3815.v417* C. A. Instruction secrète pour un exercice en date du 5 novembre 191/i. — C. A. C.Instruction générale, 9 novembre 191/i. — 17* C. A. à IV' armée, 10 novembre 1914, Annexes

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4110, 4164. — Cf. carte n° 43.480 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.II. — LES OPÉRATIONS DE LA IXe ARMÉE EN CHAMPAGNE.(22 SEPTEMBRE-7 OCTOBRE1914.)Le général Joffre, par suite de la nécessité de poursuivre sa manoeuvreà l'ouest de l'Oise et de conserver pour les troupes de son aile gauche laplus grande partie des munitions de 75, a arrêté, le 21 septembre, lespréparatifs d'une attaque de la IXe armée contre le massif de Berru,Nogent-l'Abbesse 1.Celle-ci se trouve donc contrainte d'observer momentanément uneattitude défensive. Sa situation, le 22 septembre au matin, est la suivante:— de Reims à Souain, ses éléments avancés sont au pied des pentessud des massifs de Nogent-l'Abbesse, de Moronvilliers et de l'Epine deVédegrange, au contact d'une organisation très puissante de l'ennemi;— les troupes de la défense de Reims2, sous le commandement dugénéral Humbert, occupent les lisières nord et est de Reims et l'ancienneChaussée Romaine jusqu'aux Marquises; à leur droite, le ge C. A. 3 borde,à courte distance au nord, cette Chaussée Romaine jusqu'à la côte 116 4;à partir de ce point, menaçant Aubérive-sur-Suippes et couvrant Saint-Hilaire-le-Grand, se tient le 1 2e C. A. 5;— à l'aile droite, enfin, le 21e C. A. défend Souain et assure dans larégion boisée à l'est de ce village une liaison étroite avec la IVe armée( 1 7e C. A. ).Les troupes ennemies qui leur font face appartiennent aux 2e, 3e et4e armées allemandes; aux lisières de Reims, le Xe corps de réserve; entreReims et Souain, le VIe C. A., le XIIe C. R. et le VIIIe C. A.; en arrière,et relevant périodiquement les unités de première ligne, les Xe et XIXecorps6.

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1 G. Q. G. à IX*armée. Message téléphoné, 14h 15, 21 septembre 1914, Annexe 709. -Cf. chapitre IV.t De l'ouest à l'est: 52' D. R., a3*D. I., 1 brigade de la 4. D. I. et q*D. C.3 De l'ouest à l'est: 17*D. I., 4a* D.I (moinsune brigade), 18*D. I.4 Nord-est des deux Arbres, carte au t /8o.ooo*.6 Op.Tniipst à L'ftst: a/ie D. I.. fin* D.RG. Q. G.Bulletin de renseignements, 5 heures, 22 septembre, Annexe 826.TOME I, 48 VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 481LAGRANDGEUERRE- . I, 4* VOL. 31** *Depuis le 14 septembre, le commandant de la IXe armée cherche lepoint faible de la cuirasse de son adversaire. Existe-t-il à vrai dire ? Aucunindice ne permet de l'affirmer. Le général Foch, néanmoins, conservetoujours l'espoir de le découvrir. S'il arrête par moments l'élan de sestroupes, c'est par ordre supérieur ou pour permettre la concentration deses moyens sur le point choisi pour une nouvelle attaque. Les difficultésrencontrées ne l'arrêtent pas; elles paraissent, au contraire, stimulerdavantage son énergie. Le 22 septembre au matin, après le départ du1 ie corps1, il attend l'ordre libérateur qui lui permettra de découpler ànouveau vers le nord les forces arrêtées la veille par le général en chef.Cet ordre arrive bientôt. Dans la matinée, en efiet, le général Joffre luifait savoir que l'opération projetée sur Berru pourra être entreprise dèsque les moyens nécessaires seront réunis2.L'attaque est, en conséquence, fixée au 24 septembre®.Toutefois, le général Foch, apprenant que la Ve armée attaquera le23 septembre pour arrêter le mouvement de glissement des forces ennemiesvers le nord-ouest prescrit au général Humbert d'agir dès le matindu 23 avec son canon, puis, vers i5 heures, avec toutes ses forces disponibles5.Dans l'après-midi du 23, il arrête ses dernières dispositions : « la

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IXe armée attaquera demain sur tout son front dans le but de percer laligne ennemie au sud-est de Reims. DIl charge le général Humbert d'enlever, en liaison avec le ge C. A., lemassif de Berru, Nogent-l'Abbesse, et ordonne aux 12e et 21e G. A. de1 Les derniers éléments du 11*C. A. quittent le 22 septembre au matin la région de Reims.Situation de la IX* armée le 22 septembre à midi, Annexe 904. 2 G. Q. G. à IX® armée. Télégramme chiflré, n° 6689, 11 heures, 22 septembre,Annexe 832.IX* armée à G. Q. G. Message téléphoné, 22 heures, 22 septembre, Annexe 926. t V*arméeà IXearmée. Télégrammechiffré 662, 16bÀO, 2 i septembre19 t 4.Le général Foch a réuni provisoirement la 42e division et la division marocaine en uncorps d'armée sous le nom de «corps combinéD. Le général Humbert en prend le commandement.— IX*armée à général commandant en chef, 23 septembre iqiA, Annexe 1009.Corps combiné. Ordre d'opérations n° 1, pour la journée du 23 septembre, 23 sep- tembre igi4, Annexe 1059.482 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.combiner leurs efforts « pour enlever le massif fortifié au sud de Saint-Souplet et Sainte-Marie-à-Py1Il demande enfin aux exécutants de dépenser « sans prodigalité » lesmunitions d'artillerie de campagne et d'assurer dans « une action convergentecomme celle qui doit être exécutée » une liaison intime entrel'infanterie et l'artillerie 2. Il avise enfin la IVe armée de son attaque3.L'action du corps Humbert 4, le 23 septembre, pour appuyer l'offensivedu général Franchet d'Espèrey, est entravée par le feu de l'artillerie et lescontre-attaques ennemies; elle ne parvient pas à gagner du terrain defaçon appréciable. Toutefois, cette action n'a pas été inutile. L'aviation,

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en eflet, qui dans la matinée avait signalé des troupes en position derassemblement dans la vallée de la Suippes, constate à la fin de l'aprèsmidileur entrée en ligne dans la région attaquée5. Est-ce un renforcementou une relève? Le doute subsiste car, dans la matinée du lendemain 24,alors que l'action offensive prévue est entamée, les observateurs signalentdes colonnes ennemies se dirigeant du massif de Berru, Nogent-l'Abbesse,vers le nord 6.Quoi qu'il en soit, la bataille se développe vivement dans la matinée.Quelques succès sont marqués aux ailes : à gauche, la 52e D. R. réussità progresser d'un kilomètre vers Cernay, la 42eD. 1. s'empare du fort dela Pompelle, la division marocaine accuse une légère avance vers le boisdu Désert7. A droite, le 1 2e C. A. gagne environ cinq cents mètres au nordde l'Ain tandis que le 21e C. A. prend pied sur la cote 155 (ouest deSouain) 8. Au centre, par contre, le 9e C. A. n'avance pas9.Dans l'ensemble, une légère progression est réalisée et le général Foch,IXearmée. Ordre général d'opérations pour le 24 septembre, 16b3o, 23 septembre1q14, Annexe 1006.2 IX. armée. Instruction particulière, 18 heures, 23 septembre 10i4, Annexe 1007.1 IX' armée. Note pour là IV' armée, 18 heures, 23 septembre 1914.Voirnote s 5, paye 481.Corps combiné. Compte rendu de fin de journée, 23b 4o, 23 septembre 1914,Annexe 1060.fi Capitaine Fournier. Renseignements d'aviateur. Situation à gh30, 24 septembre 1914. i Capitaine Fournier. 13 heures.s 13eC. A. Compte rendu situation de C. A., 1ih3o. — 21e C. A. Communication téléph9onique,

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10 heures, 24 septembre 1914.9e C. A. Situation à 12 heures.-TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 48331.jugeant la situation favorable, cherche dans l'après-midi à exploiter lesuccès remporté à son aile gauche. Il prescrit au 9e G. A. d'engager soninfanterie Il en vue d'appuyer l'attaque en progrès des troupes du généralHumbert1 ».Mais, dans l'après-midi, l'ennemi tient tète partout et les éléments d'attaque,arrêtés par les fils de fer, ne peuvent accentuer leurs progrès de lamatinée. Un résultat est cependant obtenu : les unités engagées ont pu serapprocher suffisamment des lignes défensives ennemies pour être enmesure maintenant de les faire tomber. C'est le but que se propose, le25 septembre, le commandant de la IXe armée. Le rôle principal reviendraau général Humbert dont la progression est de bonne augure. Il seraappuyé par le 9e C. A. qui « portera principalement ses efforts dans ladirection de Nauroy et de Beine, et par les 1 2e et 2 ie corps qui assureronttout d'abord l'inviolabilité de leur frontIl et passeront à l'offensive lorsquel'ordre en sera donné 2.Dès le début de la matinée du 25, le commandant de la IXe arméeactive le 9e C. A. 3. Mais les résultats escomptés ne se réalisent pas; lestroupes du général Humbert et le 9e C. A. se rapprochent encore surcertains points des organisations ennemies mais ne peuvent les entamer 4.Le général Foch se propose, le 26, de poursuivre l'action en accentuantl'action de ses deux corps de droite5; mais il est prévenu parl'ennemi qui, dès le matin, déclanche sur tout le front une vigoureuseoffensive.

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** *Cette riposte ne surprend pas le commandant de la IXearmée. La veille,en effet, il avait été avisé par le général en chef que toutes les arméesallemandes devaient recevoir un télégramme très important relatif aux1 IX" 2 armée. Ordre au g" C. A., 13b40, 24 septembre iqi4, Annexe 1144. IX*armée. Ordre général d'opérations pour la journée du 25 septembre, 22 heures,'!'t septembre iqi4, Annexe 1142.5IXe armée à q' G.A. Note, 7 heures, 25 septembre lQ14, Annexe 1256.Corps combiné. Compte rendu de fin de journée, 23 septembre lQLi. Annexe 1295.5IXe armée. Ordre général d'opérations pour la journée du 26 septembre, 22 heures,25 septembre 1 14, Annexe 1258.484 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.opérations1. Les reconnaissances aériennes du 25 septembre avaient enoutre fait apparaître « sans doute possible, un sérieux renforcement de laligne ennemie sur le front Witry, Berru, Nogent-l'Abbesse, Le DésertIl, etla présence vers Neufchâtel-sur-Aisne de troupes venues probablement ducamp de Sissonne où de très gros rassemblements avaient été aperçusle 242.L'eflort de l'ennemi se porte surtout dans la région au sud-est de Reims.A 10 heures, le général Humbert, ayant engagé toutes ses réserves,demande au général Foch, quoique la situation ne lui paraisse pas inquiétante,d'acheminer de son côté « des disponibilités-' ». Celui-ci prescritaussitôt au général Dubois de mettre une brigade du ge C. A. à la dispositiondu corps combiné tout en poursuivant sa propre attaque avec la

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dernière énergie4. Pour faciliter l'action du ge C. A., il invite le généralRoques à l'appuyer5 et il remplace la brigade envoyée au général Humbertpar une brigade du 2 1e C. A. f).Dans l'après-midi, intervenant encore auprès du général Dubois, ilinsiste pour que «l'attaque du ge C. A. soit poussée avec toute l'énergiepossible et sans retard » ; quelques instants après il lui prescrit de porterson activité « dans la direction de Nauroy sur laquelle on ne voit se manifesteraucune action 1 ».A 16 heures, l'attaque ennemie, particulièrement mordante devantSaint-Léonard, est arrêtée8. Le commandant de la IXe armée, jugeantdès lors brisée l'offensive allemande, songe à reprendre le lendemain,27 septembre, ses opérations contre le massif Berru, Nogent l'Abbesse.11 maintient pour le corps combiné et le 9e C. A. les instructions donnéesla veille au soir9; mais, estimant la combinaison intime des forces de cesdeux corps indispensable à la réussite de sa manoeuvre, il charge leG. Q. G. à armées. Message téléphoné n° 7218, 25 2 septembre iqi4. IX*armée. Direction de l'aviation. Résumé des reconnaissances aériennes exécutées dansla journée du 25 septembre 1914, Annexe 1259.;; Corps combiné à IX*armée. 10 heures, 26 septembre iqi4. * IX*armée à q* C.A. 10h40, 26 septembre iqi4, Annexe 1378.5 IX*armée à 12*C.A. lOb45, 26 septembre îqi/i, Annexe 1379.fi IX* armée à 21* C.A.11 heures, 26 septembre iqi4, Annexe 1380.7 IX*armée à q" C.A. 14b3o et 15 heures, 26 septembre 1914 Annexe 1382.8 Capitaine Fournier à IX. armée, 16 heures, 26 septembreiqi4, Annexe 1391.IX*armée à corps combiné et 9* C. A. 17 heures, 26 septembre 191ATOMEI, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 485LAGRANDGEUERR-E. 1, 4" VOL. 3lA

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1 2e corps « d'agir de manière à dégager le 9e de toute préoccupation sursa droite, en particulier dans les directions d'Aubérive et de Vaudesincourt». Il prescrit enfin au 2 ic corps de se tenir prêt à attaquer, en maintenantla liaison avec le 1 2e C. A. à sa gauche et le 1 7e C. A. à sa droite1.Ce souci d'assurer la couverture de la droite du 9e corps paraît d'autantplus justifié qu'à l'instant où le général Foch signait son ordre pour le 27,une attaque ennemie, venant de la direction jugée dangereuse, refoulaitsur l'ancienne Chaussée Romaine les éléments de droite de ce corpsd'armée, et qu'à la gauche, une attaque de nuit s'amorçait dans la régionde Prosnes2.** *Le 27 septembre au matin, un brouillard intense règne sur tout lechamp de bataille. Le combat n'est pas engagé. Les attaques des joursprécédents et l'action de nuit de l'ennemi dans la région de Prosnes onten eflet provoqué une certaine confusion dans les unités.Le général Humbert rend compte, au début de la matinée, qu'il « seraitheureux de disposer de la journée pour reconstituer et organiser lesunités en raison de l'arrivée des renforts ». Toutefois, il prévient le généralFoch que l'ordre a été donné à la 23e division de « chasser de leurs tranchéesles Allemands qui sont à i 5o mètres du pont sur le canal, à Saint-Léonard 5 ».Le général Dubois qui, de son côté, avait demandé la veille au 1 2e C. A.de relever ses éléments de droite (34e brigade) afin de porter, commel'ordre lui avait été donné, toutes ses forces vers Nauroy4, ne paraît pasen situation d'attaquer. Le général Foch lui prescrit en effet à 9 heures« de remettre de l'ordre dans ses affaires », puis, «l'appui du 12e corpsétant réalisé, de reprendre ses préparatifs d'attaque sans perdre de

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temps,' o1 IX. armée. Ordre général d'opérations pour la journée du 27 septembre 1914; -Instruction particulière au 12*C. A., 21h30, 26 septembre iQiA, Annexes 1384, 1385. 1 9e G.A. à IX' armée. Message téléphoné, 2ik3o, 26 septembre 1914 et situation du()' C. A.le 27 septembre au matin, 27 septembre iqi4, Annexes 1402, 1508.Capitaine Fournier. Événementsde la nuit du 26 au 27, 8h 4o, 27 septembre 1914, Annexe 1496.4 ge C.A. à 12' C.A. 26 septembre iqi4. 4 IX*armée à g"C.A. 9 heures, 27 septembre 1914, Annexe 1492.486 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.L'opération de Saint-Léonard envisagée par le général Humbert nerencontre pas l'approbation du commandant de l'armée : « Monsieur legénéral Humbert n'a pas à attaquer aujourd'hui. Il a à résister à touteattaque. Sous cette réserve, il est libre de reconstituer ses troupes commeil l'entend 1 ». Mais cet ordre parvient trop tard à Monlbré (P. C. du généralHumbert). La 2 3e division est déjà engagée et, grâce à un emploi judicieuxdes pièces de tout calibre du secteur, remporte un éclatant succès sur sonadversaire, la Garde prussienne, lui détruisant deux bataillons 2.Bien que ce succès soit de nature à encourager le général Foch dans sondésir de reprendre la lutte contre le massif de Berru, Nogent-l'Abbesse,il maintient pour le 28 septembre son armée sur la défensive 3.Cette nouvelle attitude est provoquée par l'arrivée à Châlons d'unémissaire du général en chef. Celui-ci apporte une note adressée à toutesles armées à l'est de l'Oise pour leur faire connaître que la question duravitaillement en munitions de 75 « prend en ce moment un caractèreparticulièrement grave et exige des mesures énergiques. » En conséquence,leur approvisionnement en munitions de 75 sera limité à 300 coups par

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pièce; de plus, les munitions consommées avant le 20 octobre ne serontpas remplacées4.Cette décision, qui autorise une consommation moyenne de i3 coupspar pièce et par jour, implique en fait l'arrêt des opérations. Le commandantde la IXe armée doit donc prescrire à ses troupes d'adopter uneattitude défensive et inviter ses subordonnés à prendre les dispositionsnécessaires pour utiliser au mieux les munitions de 75: réglage et repérageavec une seule pièce, tir sur zone à éviter, surveillance plus serrée deséléments de tir des batteries, recherche d'une fourchette aussi étroite quepossible, etc. 5.IXe armée à corps combiné. g" !W, 27 septembre 1914, Annexe 1493.s IXearmée à G. Q. G. 20h 35, 27 septembre1914, Annexe 1494.* IXearmée. Ordre général d'opérations pour la journée du 28 septembre. 21 heures,27 septembre Ig14.Général enchef à armées, n° 7513, 27 septembreiqi4, Annexe 1445.* IX"armée. Instruction personnelle et secrète, 27 septembre 1914, Annexe 1495.TOME T, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 4873l A.** *En fait, l'ère des offensives de la IXe armée est close, dès le 27 septembreau soir. Cette armée sortira cependant, un instant, le 3o septembre,de son inaction forcée.Le général en chef, constatant que l'ennemi retire des forces de sesarmées du centre, a en effet autorisé la veille au soir les commandants desarmées entre Oise et Argonne à exécuter des attaques partielles1. A laIXe armée, l'offensive, menée dans chaque corps d'armée par une brigade

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attaquant dans la direction jugée la plus avantageuse2, n'obtient dans lamatinée du 3o septembre que des résultats insignifiants. Le général Humbert,considérant que la situation ennemie devant son front se présentedans les mêmes conditions que les jours précédents, arrête son attaque3dès midi, à l'instigation du commandant de l'armée.Sur le reste du front, les troupes rencontrent toujours la même résistance;la progression est très lente. Devant la IXe armée l'ennemi n'a pasretiré de forces importantes. Peut-être y a-t-il une légère diminution dansle nombre de ses batteries, mais celles qui restent suffisent largementpour dresser devant leur infanterie un barrage infranchissable4.Dans la soirée, le général Foch qui, d'autre part, a reçu du général enchef l'ordre de prendre ses dispositions pour permettre l'enlèvement d'uncorps d'armée5, prescrit de cesser les attaques: « Demain, 1er octobre, laIXe armée, après avoir effectué des reconnaissances sur son front, se maintiendraet s'organisera sur la défensive6. »1 G.Q.G. à IV', V, VIe, IXearmées. Télégramme chifiré n° 8028, Annexe 29 septembre 1914, 1612. — Cf. carte n° 53.IX*armée à ai*, 12', 9*C.A. et corps combiné. Messagetéléphoné, 23 heures, 29 sep- tem3bre 101/1,Annexe 1647. IX*armré à général Humbert. 11 heures. — Corps combiné. Ordre n° 23, 11b 45,30 septembre 101/1,Annexes 1708, 1743. * Capitaine Réquin à IX*armée. 1ih 3o. — 12' C. A. à IXearmée. 12h3o. — Situationdu 21*C. A. à 13 heures, 3o septembre iqi4. 5 Général en chef à IX' armée. Télégramme Annexe chififré n* 8124, 13h5, 3o septembre 191A, 1673.8IX* armée. Ordre général d'opérations pour la journée du 1eroctobre, 22h 3o, 3o sep- tembre 19II:, Annexe 1712.488 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Il appelle en même temps l'attention de ses subordonnés sur les inconvénients

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de l'ordre en profondeur appliqué jusqu'ici par l'infanterie dansles opérations en terrains couverts et il leur indique la méthode à employerdorénavant. Sitôt arrêtée devant «un obstacle de valeur n, l'infanteriecherchera à jeter en avant ses échelons arrière en les écartant de la directiond'attaque, de manière à mettre plus de fusils en action « dans unterrain nouveau où, par plus d'activité, on finira par trouver le point faiblede la résistance ennemie et par la faire tomber en la manoeuvrant1».Le lendemain, une autre note précise les conditions d'emploi de l'artilleriede campagne dans un secteur défensif: répartition en pièces de front, deflanquement, d'enfilade; organisation plus poussée de l'observation et dela conduite du tir; liaisons mieux établies et plus complètes «de façon àassurer au moment du besoin des combinaisons de feux eiffcaces2».En outre, le départ du 21e C. A. exigeant l'extension du secteur dechacune des grandes unités restantes, il adresse à ses corps une instructionsur l'organisation défensive des fronts étendus ; elle est basée sur l'établissementdun système de défense en profondeur « procurant à la fois uneaugmentation de résistance et une économie de forces-».Ces diverses prescriptions semblent préparer une longue période destabilité pour la IXe armée. Celle-ci doit compter toutefois avec le tempéramentde son chef qui prescrit, en effet, au 12e C. A., le jour même oùces divers documents étaient expédiés, de : «faire étudier et préparer dèsà présent une attaque du 1 2e corps, à coups de grosse artillerie en particulier,contre la cote 1 604 ou tout autre point que le commandant duC. A. jugerait convenable et qu'il proposerait. Cette attaque serait exécutéedemain ou après-demain5».

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Si le général Foch doit, dès le 1e1 octobre, abandonner tout espoird'obliger son ad versaire à reprendre son mouvement rétrograde vers lenord, il s'efforce toutefois de trouver la méthode, adaptée à la situationet à ses moyens, qui lui permettrait de rompre le front ennemi en concen-1 IX' armée. Note relative à l'emploi de l'infanterie, 3o septembre 1914, Annexe 1713.a IX*armée. Note du général commandant l'armée, 7h15, i"octobre 19,4, Annexel789.3 IX. armée. Note sur l'organisation défensive des fronts étendus, 19 30, 1" octobre ig14 >Annexe 1791.Il La cote 160 se trouve à 1 kilomètre au nord-ouest de la ferme des 5 Wacques. IX*armée à 12*C. A. 1" octobre 1914, Annexe 1790.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVII. 489trant les efforts sur un point. Cette idée est particulièrement mise enlumière dans deux lettres, l'une, adressée dans la soirée au général Roques1:« l'offensive de la IXe armée me semble ne pouvoir être efficacementreprise qu'avec la guerre de siège, crevant quelque part la ligne de résistanceorganisée», l'autre, adressée le surlendemain au général en chef,où, avec plus de détails encore, il expose ses idées2.Mais le général Foch n'aura pas le loisir de réaliser en Champagne leprogramme qu'il s'est tracé. Le lendemain 4 octobre, le général Joffre luifait connaitre qu'il est inutile de continuer ses préparatifs5, et le soirmême le mande à Romilly-sur-Seine. Arrivé à 16 heures au grand quartiergénéral, le général Foch reçoit l'ordre de se rendre dans le Nord avec letitre d'adjoint au général en chef, pour Il coordonner l'action de la IIe armée,de l'armée de Maud'huy et du groupe de divisions territoriales dugénéral Brugère4 ».C'est l'exécution de la décision prise dès le 24 septembre par le général

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en chef. Celui-ci, en effet, se rendant compte des difficultés qu'il allaitrencontrer dans la direction des opérations entreprises dans le Nord, avaitdemandé à cette date au ministre de la Guerre de bien vouloir désignerle général Foch comme son successeur éventuel en remplacement dugénéral Galliéni et, dans le cas où cette proposition serait acceptée par legouvernement, de le prendre auprès de lui pour le « décharger une partietâche tous les jours plus lourde5 Il. Le ministre de la Guerre, M. Millerand,avait acquiescé en principe à la demande du général en chef. Il estimaittoutefois « préférable de ne rendre cette résolution définitive etofficielle qu'après l'issue de la grande opération militaire qui est en cemoment engagée6».Le général Foch, revenu à son quartier général, passe aussitôt lecommandement au général Humbert7 et quitte à 22 heures Châlons-sur-1 Le général Foch au i général Hoques. Lettre, 1" octobre iqi4- 5 Le général Foch au général Joffre. 3 octobre iqi4- G. Q. G. à IX*armée. Télégramme chiflrén*7 1 o, 8h 35,4 octobre îqiA, Annexe 1990. 4 G. Q. G. à II*armée, général de Maud'huy, commandant groupe divisions territoriales.Télégramme chiffré n° 821, 19b 20,4 octobre iqi4, Annexe 2008.Général commandant en chef à ministre de la Guerre. Télégramme chiflré n° 7026, ioh 45, 24 septembre 1Q14, Annexe 1076.Ministre de la Guerre au général commandant en chef. Télégramme chiffré n" 1481/Gt 157"4o, Ó septembre iqi4, Annexe 1199. IX' armée. Ordre général, 4 octobre 1914, Annexe 2058.490 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Marne pour Breteuil, quartier général du commandant de la IIe armée, oùil arrive le 5 octobre à 4 heures et demie.Après le départ du général Foch, la IXe armée est dissoute1. Le 7 octobre,la Ve armée reçoit le corps combiné du général Humbert et, laIVe armée, les 9e, 12e C. A. et la 9° D. C.1 G. Q. G. Note n° 931,5 octobre 1914, Annexe 2118.CHAPITRE XVIII.

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LA STABILISATIONDES ARMÉESENTRE LA VESLE ET L'OISE.(21 SEPTEMBRE.- 14 NOVEMBRE191 A.)(Cartes 11, 19, 55, 56 et 57.)1.— OPÉRATIONDSELAV. ARMÉSEURLESDEUXRIVESDEL'AISNE.Situation et mission de la V armée le 21 septembre. — L'ennemi retire des troupes.— Attaques des 23 et 24 septembre. - Le départ du 10e corps d'armée. — Offensiveennemie des 26, 27 et 28 septembre. - L'ennemi continue ses retraits de troupes. -Le général en chef autorise des attaques partielles. — Attaque du 3o septembre. -L'offensive de rupture des 12, 13 et 14 octobre. — La bataille de Vailly: rôle de laV* armée du 29 octobre au 3 novembre; contre-oflensive du général Deligny du 6 au13 novembre.II. — OPÉRATIONDSELAVI*ARMÉSEURLESPLATEAUAXUNORDDEL'AISNE.Situation et mission de la VI* armée le 21 septembre. — Les alternatives des derniersjours de septembre. — Organisation du secteur et combats de détail pendant lemois d'octobre. — L'attaque allemande de Vailly (3o octobre-2 novembre). - LaVI*armée, du 3 au 14.novembre.LES OPÉRATIONS DE LA Ve ARMÉESUR LES DEUX RIVES DE L'AISNE(21 SEPTEMBR- E1 4 NOVEMBRE19111).La Ve armée, n'ayant pas réussi la manoeuvre centrale conçue par legénéral en chef le 11 septembre, a été contrainte, dès le 16, d'adopterune attitude de défensive agressive 1.Le 19 septembre, le général en chef a fait connaître au général Franchet

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d'Espèrey sa nouvelle mission : «Il est essentiel que vous duriez et teniez,notamment au nord de l'Aisne, pour couvrir le lfanc droit de l'armée bri1Cf. chapitre m.492 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.tannique et en vue de l'offensive ultérieure» 1. Le général Joffre, en effet,au moment où il prépare, au nord de l'Oise, sa manoeuvre d'enveloppement2,doit pouvoir compter sur la résistance inébranlable de son centre.Il sait que, pour mener à bien cette tâche ingrate mais nécessaire, ilpeut avoir confiance en son subordonné dont l'énergie lui est connue.Celui-ci, au demeurant, s'accommode mal de ce rôle. Tout dans sa personne,son caractère, son tempérament, le porte au contraire vers la lutte.Le général Franchet d'Espèrey, autorisé par la suite à exécuter des attaqueslimitées en vue de retenir devant lui le maximum de forces, saisira toutesles occasions pour porter à son adversaire les coups les plus durs. Mais lesuccès ne récompensera pas ses efforts.A la date du 2 1 septembre, la situation de la Ve armée est la suivante :Au nord de l'Aisne, le 18e corps d'armée occupe le Chemin des Dames,le ier corps d'armée la région comprise entre Craonnelle et Berry-au-Bac.Au sud de l'Aisne, le 4e G. D.R. tient Berry-au-Bac et le canal del'Aisne à la Marne jusqu'au Godât; le 3e corps d'armée est au bois deLuxembourg et sur le pied des pentes de Villers-Franqueux, de Thil et deSaint-Thierry.Dans la région de Reims, le 10e corps d'armée est en avant de Merfyet delà Neuvillette, en liaison vers ce dernier village avec la IXe armée,La Ve armée a devant elle la 7e armée allemande et l'aile droite de

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la 2e. La densité des troupes ennemies sur le front semble avoir diminué.La Garde et le XVecorps d'armée paraissent, en effet, avoir quitté la régionde Berry-au-Bac3. Ce retrait semble confirmé d'ailleurs par des mouvementsde troupes importants en direction de Laon.Aussi, le général Franchet d'Espèrey estimant, devant une situationnouvelle, ne pas être lié d'une façon définitive par les dernières instructionsreçues, se décide à reprendre, le 23, l'offensive en direction du nordet du nord-est4. Il en rend compte au général en chef et lui demande, en1 G. Q. G. à V* armée. Télégramme chiffré n° 6099, 8h 3o, 19 septembre 19,4,Annexe 511.2 Cf. chapitres v et vi.3 Vearmée. Bulletin de renseignements n° 35, 9 heures, 21 septembre 1914, Annexe 744.— Cf. carte n° 11.V' armée. Ordre général n° 664/3, 18h3o, 22 septembre 1914, Annexe 893.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. - 493outre, d'intervenir auprès du maréchal French et de la IXe armée pour«obtenir leur coopération J) 1.Le général Joffre approuve et décide d'amplifier l'opération de laVe armée en la faisant appuyer également par la VIe tout entière.L'offensive commencée le 23 septembre, continuée le 24, se heurteaux difficultés rencontrées par les autres armées du centre. Les efforts destroupes d'attaque se brisent sur les organisations défensives que l'ennemine cesse de renforcer.Le but poursuivi n'est pas atteint. Le corps d'armée allemand, retiré dufront le 22 septembre, continue, en effet, sa marche vers le nord-ouest.Le 23, il se trouve dans la région de Laon3, le 24, dans celle de La Fère4.

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Le général Franchet d'Espèrey, convaincu cependant qu'il a fixé l'ennemi,arrête le 24 au soir son armée «en pointe par rapport aux arméesvoisines». Il lui prescrit cependant de se tenir prête à reprendre le mouvementen avant dès que l'ordre en sera donné 5.Cette attitude répond aux intentions du général en chef qui décide,après l'échec des dernières opérations effectuées à l'est de l'Oise, de substitueraux attaques générales des actions locales exécutées en accumulantsur le point choisi le maximum de moyens6.Par ailleurs, le général Joffre retire de la région de Reims, le 25 septembre,le ioe corps d'armée et l'achemine vers Compiègne" où il seraen mesure, soit de renforcer la IIe armée, si le corps d'armée ennemiprélevé devant le front de la Veapparaît devant elle8, soit de faire face àd'autres éventualités.1 Ve armée à G.Q.G. Message téléphoné n° 661, i4 heures, 22 septembre 1I!a,Annexe 891.t G.Q.G. à V*, VI' armées. Télégramme chiffré n° 6785,2ih i5, 22 septembre 1914 ,Annexe 837.*4 Varméeà G. Q. G. Télégramme n° 1Q78, 14"45, 23 septembre iqi4, Annexe 993. Vearmée à G. Q. G. Message téléphoné reçu à 121.5, le 24 septembre iqi4-V*armée. Instruction personnelle et secrète n* 685/3, 16 heures, 24 septembre 1914* An6nexe 1135. G.Q G. à Veet VI"armées. Télégramme chiffré n* 6993, 9 heures, 24 septembre 1914 Annexe 1073.7 G.Q. G. à V' armée. Télégramme chiffré n" 7104, 18b25, 24 septembre 1914. Annexe 1083.V' armée. Hypothèse relative au dispositif allemand devant le front de la V*arméey24 septembre 1914, Annexe 1130.494 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.En effet, le jeu de l'ennemi n'apparaît pas très nettement. Pourtant, un

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renseignement du 25 laisse entrevoir la possibilité d'une attaque généraleallemande1; le général Joffre, qui s'attend à de violents efforts de lapart de l'adversaire, recommande à ses troupes de «mettre une fois de plusune énergie indomptable à refouler l'ennemi, le chasser de ses lignes etassurer la victoire de nos armées2. »Ces prévisions se réalisent; dès la nuit du 25 au 26 les Allemandseffectuent un violent bombardement des positions de la Ve armée; le 26,à l'aube, ils passent à l'attaque.Le général Franchet d'Espèrey alerte, dès le matin, sa réserve d'arméeet en prévoit l'emploi en soutien du 18e corps d'armée 3. De plus, ilordonne l'organisation immédiate d'une position de repli sur la rive sudde l'Aisne4.A la fin de la matinée, l'échec des Allemands paraît complet5. Ceux-cicontinuent cependant leur effort. Le général Franchet d Espèrey, tout enaiffrmant sa confiance dans le succès final, ne cache pas au général enchef la gravité de la situation «en raison de l'épuisement des hommes etde l'économie qui doit présider à la consommation des munitions d'artillerie» 6.Le général Jo ffre, pour parer à tout incident, prescrit alors au généralFoch de constituer en arrière de sa gauche une forte réserve «pour pouvoiréventuellement soutenir droite Ve armée»7. Mais les attaques allemandesdécroissent d'intensité et cessent finalement le 29 septembre, sans avoirobtenu de résultats appréciables.A partir de cette date, l'ennemi reprend une attitude défensive. Peutêtrea-t-il abandonné tout espoir d'obtenir au centre un résultat décisif.'

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G. Q. G. Message téléphoné n° 7128, 25 a septembreîqi/i. G. Q. G. à armées. Message téléphoné n° 7426, 8L3o, 26 septembre 19M, Annexe 1319.— Cf. chap. xv et 2epartie du présent chapitre. 3 Vearmée. Ordre verbal à la réserve d'armée de Ventelay, 8h5o; à 18e G.A.et lieut.-colonel Richard, n° 700/3, 10 heures, 26 septembre iqi4, Annexe 1368.4 Vearmée à 1" et 18e C. A. Ordre particulier n° 701/3, 11 heures, 26 septembre 1914.Annexe 1369.5 18' G.A.à V°armée. Message téléphoné, 13 heures, 26 septembre i gî/i, Annexe1412. 6 Général Franchet d'Espèrey à général en chef, 17 heures, 27 septembre 1914.Annexe 1487.7 G.Q. G. à Vaarmée. Télégramme chiffré n° 7646,8 heures, 28 septembre 1914.TOME I, 4* VOL. — QUATRIEME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 495En effet, une activité inaccoutumée est observée ce jour-là dans ses arrières.Des embarquements sont signalés ainsi que des mouvements en directionde Laon1. Il semble, en outre, que le corps de cavalerie Richthofen aitquitté, dès le 24 septembre, la région nord-est de Reims pour le nord etqu'un groupement de quatre à cinq divisions allemandes de cavalerie setrouve prêt à agir le 27 septembre contre l'aile gauche alliée 2.Ce renseignement incite le général Joffre à opposer à ce groupement latotalité de ses divisions de cavalerie. Il enlève la 4e D. G. à la Ve armée.D'autre part, il prescrit à ses armées du centre de faciliter sa manoeuvre enempêchant l'adversaire d'opérer de nouveaux prélèvements et il autorise,dans ce dessein, l'exécution d'attaques partielles sur les points les plusfavorables 3.Celles dela Ve armée, lancées le 3o septembre, restent infructueuses

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Le général Franchet d'Espèrey se rend compte que toute nouvelle tentativeconduite avec des procédés identiques aboutirait au même résultat.Estimant que la décision ne peut être obtenue qu'en accumulant sur lefront d'attaque choisi le maximum de moyens5, il expose son point de vueau général en chef et se met en mesure de passer à l'exécution. Le2 octobre, il avertit le grand quartier général de son intention de rompredéfinitivement, le 5, la résistance de l'ennemi en faisant tomber les positionsde Corbény par une action combinée des ier et 18e corps d'armée 6.N'ayant pu obtenir la quantité de munitions jugée indispensable, le commandantde la Ve armée abandonne son projet et remet à la disposition dugénéral Joffre les 53e et 6ge D. R., estimant alors leur présence plus nécessaireà l'aile gauche des armées alliées7.Le général Franchet d'Espèrey n'écarte pas cependant toute idée d'of-1 Vearmée à G. Q. G. Compte rendu, 17 heures, et message téléphoné, 20b4o; — colonelHuguet à V' armée, 1ih35; — 2 3" C. A. à V" armée, 1ih i5, 20 septembre iqi4. Vearmée à G. Q. G.Note du 2' bureau, 27 septembre 101A, Annexe 1483. 3 G. Q. G. à IVe, V., VIe, IX' armées. Message téléphoné n° 8028, 22h 15 à 22h 45,29 septembreiqi4, Annexe 1612.4 Ve armée à G. Q. G. Télégramme chiffré n° 747/3, 20h20, 3o septembre 1914, Annexe 1705. 5 Général Franchet d'Espèrey à général commandant en chef. Lettre n° 749/3, 1" octob6reiqi4, Annexe 1782. V*armée à G. Q. G. Télégrammes chiffrés n" 760/3, 18 heures, et 762/3, 22 heures,1 octobre iqi4, Annexes 1862 et 1863. 7 v. armée à G.Q.G. Télégramme chiffré 11°768/3, 11 heures, 3 octobre 1914, Annexe 1946.496 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.fensive. Apprenant d'une part que l'ennemi procède à un nouveau retrait

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de troupes devant son frontl, d'autre part que le corps Humbert est mis àsa disposition2 et que de nouvelles batteries lourdes lui sont affectées3, ilenvisage une offensive à champ d'action limité ayant pour but, d'abord larectification du front du 1er corps d'armée, puis, de concert avec le18e corps d'armée, la prise de Craonne : «Cette opération me paraît pouvoircréer diversion désirable en raison situation générale actuelle »4.Le général en chef non seulement approuve cette attitude, mais entraînélui-même par la vigoureuse ardeur de son subordonné, il prescrit, le8 octobre, à ses commandants d'armées de prendre l'offensive chaque foisqu'ils auront connaissance d'un retrait de troupes ennemies devant leurfront »Malgré le désir du général en chef de voir la Ve armée déclancher sonoffensive le 1 1 octobre 6, celle-ci n'est entamée que le 12Les quelquessuccès locaux remportés ce jour-là ne peuvent être exploités les jours suivants.Le général Franchet d Espèrey, se rendant compte qu'il ne peut plusobtenir un eflet de rupture, ayant reçu d'autre part l'ordre du généralJoffre d'observer une stricte économie de munitions8, se décide à revenirà «la progression méthodique de l'infanterie dans le but d'user l'ennemiet de profiter de toutes ses défaillances»9.Il fait part au général en chef de cette détermination et lui propose,comme celui-ci le lui avait du reste spécifié, de relever jusqu'au canal deBraye-en-Laonnois les éléments de la VIe armée qui occupaient le terrainà l'est de ce canal depuis le départ des troupes britanniques10.1 Vearmée à G. Q. G. Compte rendu de reconnaissance aérienne, 13b3o, 3 octobre "2 iqi4- G. Q. G. à IV., V*et IX. armées. Télégramme chiffré n° 931, lOb50, 5 octobre 1914,

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Annexe 2118.3 a batteries à pied, 3 batteries de 6 pièces de 155 L. sur cingolis, 1 batterie de mortiersde 320. — Journal des marches et opérations de la V' armée.* V"armée à G. Q. G. Télégramme chiffré n° 7q4/3, 5 octobre 19M, Annexe 2160.5 G. Q. G. à armées. Télégramme chiffré n° 1661, 8 octobre 19id, Annexe 2i09.6 G.Q. G. à armées. Télégramme chiffré n° 1961, 191115, 9 octobre 19*4, Annexe 280et 1message, 6h4o, 10 octobre 191 4. V armée à G.Q.G. Lettre n° 858/3,12 heures, 10 octobre 19M1 Annexe 2580.8 G.Q. G. à armées. Télégramme chiffré n° 3o82,i4 octobre 1914, Annexe 2818.9 V*armée. Instructions personnelles et secrètes n° 8g4/3, 899/3, et instruction pour les-gra1n0des unités n° qoo/3, 15 octobre 1914. Ve armée à G.Q.G. Télégramme chiffré n° 897/3, 11 heures, 15 octobre 1914,Annexe 2879.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 497LAGRANDGEUERR—E. I, 4" VOL. 32Le général Joffre fixe à la nuit du 16 au 17 octobre la date de l'extensiondu front de la Ve armée vers l'ouest et il demande à cette armée la42e D. I. en vue de son transport vers le nord 1.Les résultats décevants des dernières attaques incitent le commandanten chef à adresser, le 15 octobre, à ses subordonnés une note dans laquelleil attribue le peu de succès obtenu à la dispersion des efforts et à l'insuffisancede la préparation2. Il se rend compte également qu'une surveillanceplus étroite des opérations est indispensable. C'est pourquoi, quelquesjours après, il prescrit à ses lieutenants de lui remettre une note sommaire,dans laquelle ils exposeront leurs projets d'opérations successives, l'ordre

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qu'ils comptent suivre dans leur exécution, et les moyens d'action à mettreen oeuvre3Dès réception de cette note, le 18 octobre, le général Franchet d'Espèreylui adresse deux documents. Dans le premier4, il résume les directivescontenues dans les instructions personnelles et secrètes adressées auxcorps d'armées le 15 octobreDans le second, destiné aux corps de la Ve armée, il expose en détailles causes qui ont provoqué l'échec de l'offensive des 12, 13 et 1k octobre :causes d'ordre tactique : inobservance des ordres primitivementdonnés, manque d'entente entre les commandants de corps d'armée intéressés,emploi mal réglé de l'artillerie lourde du secteur d'attaque;causes d'ordre psychologique : tendance des unités du front de combatà rechercher l'alignement afavorable à leur sécurité mais déplorable pourla réussite des opérations», manque d'esprit offensif chez les combattants6.Ces deux documents amènent le général Joffre à envoyer au général1 G. Q. G.à V"armée. Télégramme chiffré n"3311, 18h20, 15 octobre 1914, Annexe 2863.— Cf. 2° partie du présent chapitre. 1 G.Q.G., 3* bureau. Note pour les commandants d'armée, n° 3565, 15 octobre 191*4, Annexe 2864.s G.Q.G., 3*bureau. Note pour les armées, n° 36q2, 17 octobre iqi4, Annexe 2958. 4 V*armée à G.Q. G. Compte rendu n° Q2q/3,18 octobre. Annexe 3013. * V*armée. Instructions personnelles et secrètes n° 898/3 et 899/3, 15 octobre 1914,Annexe 2880. Il V*armée. Note personnelle et secrète pour les C. A., n° 923/3, 8 heures, 18 octobre1914, Annexe 3011.498 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Franchet d'Espèrey une lettre dans laquelle, tout en partageant sa manièrede voir, il l'invite, tafin d'éviter le retour de pareilles erreurs», d'unepart, à fixer lui-même l'ordre des opérations; d'autre part, à ne pas répartir

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à l'avance la totalité de son artillerie, mais à se réserver la possibilité d'endisposer en temps voulu au profit de la troupe chargée de l'opérationprincipale.Il lui prescrit enfin de constituer en arrière de son aile gauche uneréserve d'armée, forte d'une division, prête à soutenir éventuellementl'aile droite de la VIe armée, fortement dégarnie 1.Le général Joffre estime possible la constitution de cette forte réserve,car il vient d'avoir connaissance du départ du XVe C. A. allemand pour lenord-ouest et d'un ordre de la Direction Suprême prescrivant aux troupesstabilisées de «se retrancher avec le plus grand soin» 2.L'infériorité en effectifs des troupes allemandes devant la Ve armée et lacertitude que ces troupes doivent observer une attitude défensive incitentle général en chef à effectuer sur l'armée du général Franchet d'Espèrey denouveaux prélèvements. C'est ainsi que l'état-major du 32e corps d'arméeet la 38e D. I. quittent la Ve armée les 26 et 27 octobre3.Ce départ, que rend encore plus sensible la nécessité reconnue d'avoiren réserve la valeur d'une division, amène le général Franchet d'Espèreyà apporter certaines modifications à son dispositif.Il confie au général de Pélacot (qui commandait la 52e D. R.) le commandementdu secteur laissé libre à Reims par le départ du général Humbertet il renforce le 18e corps d'armée avec des éléments retirés au32e corps d'armée. Puis, se conformant à l'ordre du général en chef, ildemande au ier corps d'armée et au 3e corps d'armée de lui fournir enréserve d'armée : le ier corps d'armée, dans la région de Fismes, unebrigade et 2 groupes d'A. C.; le 3e corps d'armée, dans la région de Courlandon,une brigade, 1 groupe d'A. C. et 2 escadrons de cavalerie1 G. Q. G. à V armée, n° 4278, 20 octobre 1914 et n° 4g48, 23 octobre 19*4, Annexes

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3093 et 3237. — Cf. carte n° 55.G. Q. G. à Varmée. Télégrammes chiffrés n° 4607, 8h45 et n° 464ii 9 3,0, 22 octobre1914, Annexes 3185 et 3186. 3 - - - - -- u V*armée à G. Q. G., n° 977/3, 9 heures, 24 octobre. — G. Q. G. a V armée. Messagetéléphoné n° 5227, midi 40, 24 octobre, Annexe 3289.*Y* armée. Ordre général n° 980/3, 17h3o, 24 octobre 19*4, Annexe 3306.TOME ï, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 4993a.** *Tandis que ces remaniements sont en cours d'exécution, l'ennemi, sortantde l'attitude passive dans laquelle il s'était confiné depuis la fin del'offensive de la Ve armée, déploie au cours des journées des 26, 27 et28 octobre une activité inaccoutumée.Le général Franchet d'Espèrey ne s'en étonne pas excessivement. Le27 octobre, il avait alerté ses commandants de corps d'armée et leur avaitrecommandé de «maintenir l'ennemi en haleine par des attaques souventrenouvelées, de façon à gagner chaque jour du terrain et conserver sur luil'ascendant moral Ill,Une intervention du général en chef allait cependant, le lendemain 28,modifier l'attitude prise par le commandant de la Ve armée. Le généralJoffre, en effet, lui demande de retirer du front le ier corps d'armée àl'effet «non seulement d'intervenir en première ligne si les circonstancesl'exigeaient, mais encore de prendre sur un point convenablement choisiune puissante offensive »2.A peine les ordres nécessaires à la relève du ier corps d'armée sont-ilspartis que parvient, dans la soirée du 29 octobre, au Q. G. de Jonchery(Ve trmée) , la nouvelle d'une attaque assez vive dirigée par les Allemands

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contre la 69e D. R. vers Vailly. Le commandant de la VIe armée prévientmême le général Franchet d'Espèrey que si l' « attaque ennemie devenaittrès puissante», il lui demanderait le concours de sa réserve d'armée 3.Quelques heures plus tard, en effet, il le priait de mettre en route immédiatementcette réserve (une brigade mixte) sur Braine4.Le général Franchet d'Espèrey, ayant appris dans la nuit que la 6geD. R.n'était pas particulièrement inquiétée, se résoud difficilement à se séparerd'une troupe qui fait partie de la force organisée dont le général en chefvient de lui prescrire la constitution en arrière de son front5.2 Vearmée. Instruction personnelle et secrète, 20 heures, 27 octobre iqi4, Annexe 3432. j G.Q. G. à V" armée, n° 611k, 28 octobre 1q1k, Annexe 3448. VI. armée à V' armée. Message téléphoné, 21 heures, 20 octobre îqiA, Annexe 3518. 4 VI- armée à Ve armée. Télégramme chiffré n° 3i34, 23b 45, 29 octobre 191/1j Annexe 3520. — Cf. 2' partie du présent chapitre. 4 V*armée à VI*armée, n° 1019/2, 9 heures, 3o octobre 1914.500 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Cependant, la situation dans la région de Vailly ayant défavorablementévolué le 3o octobre, le général Franchet d'Espèrey, sur de nouvellesinterventions du général Maunoury 1, se décide dans l'après-midi à mettrela brigade mixte à la disposition de la 6ge D. R. «pour limiter l'offensiveennemie et l'empêcher de déboucher sur la rive gauche de l'Aisne»2; il enrend compte au général en chef3.Dans la soirée, enfin, soucieux d'apporter à la division attaquée unappui éventuel, il prescrit pour le lendemain le rassemblement dans larégion nord de Bazoches d'un détachement de toutes armes4.Le général en chef s'étonne, ce même soir, du retard apporté à la mise

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à la disposition de la VIe armée de la brigade mixte, et il prescrit au commandantde la Ve armée de fournir à son voisin, par les moyens les plusrapides, tout ce qu'il sera possible de prélever sur ses réserves5. Legénéral Franchet d'Espèrey informe aussitôt le général Maunoury qu'ilpourra lui envoyer, le 3i octobre dès 8 heures du matin, le détachementréuni à Bazoches; en cas de nécessité, il pourrait le faire suivre, dans lasoirée, par trois nouveaux bataillons 6.Il rend compte au général en chef des dispositions prises en spécifianttoutefois que les « opérations visant réunion 1er corps d'armée » sont interrompues7.Dans la matinée du 3 1 octobre, le commandant de la Ve armée, aprèsavoir pris contact avec le commandant de la 69e D. R., «très confiant»,reçoit deux télégrammes : l'un, du général Maunoury, lui demande dediriger sur Braine le détachement de Bazoches, et sur Dhuizel les bataillons1 V* armée à général Tassin. Télégramme chiffré n* 1016, Ib 45, 3o octobre 1914,Annexe 3562.1 Y*armée à VI*armée et 69' D. R. Message téléphoné, 13 heures, 3o octobre 1914,Annexe 3568.V' armée à G. Q. G. Messagetéléphoné, 13, 3o, 3o octobre 4 1914. V. armée à 1" C.A. Ordre particulier n° 1025/3, 21 heures, 3o octobre 1914, Annexe3569; — V*armée à cdt groupe des 2 escadrons 11*hussards, n* ioa6/3, 21 heures, 3ooctobre.6 G. Q. G. à VI armée. Télégramme chiffré n* 6807, aafc 3o, 3o octobre 1914,Annexe 3545.V* armée à VI' armée. Télégramme chiffré n* 1028/3, 3 heures, 31 octobre Ig14,Annexe 3649.

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7 V"armée à G.Q.G. Télégramme chiffré n° 1029/3, 3h i5, 31 octobre 1914, Annexe3650. — V armée. Ordre général n* io3o/3, 8 heures, 3i octobre 1914, Annexe 3651.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 501LAGRANDGEUERR—E. 1, 4*VOL. 32Aofferts1; l'autre, du général en chef, l'informe que la VIe armée avaitreçu l'ordre de rendre à la Ve les éléments non indispensables 2.Le général Franchet d'Espèrey, estimant la demande de la VIe arméecontraire à l'esprit des instructions reçues, demande au général Maunourys'il maintient les termes de son télégramme3. Il soumet la question àl'appréciation du général en chef4. L'utilisation dans le secteur de Vaillyde nouvelles troupes empêcherait, en effet, de reprendre les opérations demise en réserve du 1 er corps d'armée.Sur la réponse affirmative de la VIe armée5, les détachements sont misdans l'après-midi à l'entière disposition de la 69e D. R. 6.Le soir même, le général Joffre, revenant sur sa décision du matin,maintient sous les ordres de la VIe armée tous les éléments de la Ve envoyésdans la région de VaillyL'offensive ennemie du 3o octobre dans la région de Vailly ne s'est pasétendue devant l'aile gauche de la Ve armée; contre les positions tenuespar les troupes du général Franchet d'Espèrey, elle s'est seulement manifestéepar un redoublement de l'activité de l'artillerie, et, dans la nuit du3i octobre au 1er novembre, par quelques attaques d'infanterie facilementrepoussées8.Libre de ses mouvements, l'aile gauche de la Ve armée peut ainsi intervenir,le 2 novembre, au profit de la 69e D. R. de nouveau menacée, en

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contre-attaquant en direction du bois des Grelines.La majeure partie de cette division ayant été rejetée au sud de l'Aisne9,le général Franchet d'Espèrey, craignant pour son flanc gauche, prescrit1 VI*armée à V' armée. Télégramme chiffré n° 5i5, 8h 35, 3i octobre iqi4. 1 G. Q. G. à V' armée. Télégramme chidré n° 6868, 8h4o, 31 octobre 1q 14,Annexe 3625. 1 V* armée à VI' armée. Télégramme chiffré a0 io35, 11h 45, 3i octobre igi4.Annexe 3653.V*armée à G. Q. G. Lettre n° 1 o36/, 31 octobre igi4, Annexe 3654.1 VI* armée à V* armée. Message téléphoné n* 522, 14b i5, 31 octobre 1914,Annexe 3630.v. armée à 69" D. R. Message téléphoné n° 1040, 17 heures, 31 octobre Ig14 tAn7nexe 3657. G.Q.G. à Ve armée. Télégramme chiffré n° 7059, 21 heures, 31 octobre 1914,Annexe 3680.8 V. armée à G. Q. G. Comptes rendus de fin de journée, 21 heures, 3o octobre etlor novembre iqi4, Annexes 3570 et 3705.9 Officier de liaison de la V. armée à V*armée. Compte rendu de mission à la 69* D. R.,1b30, 3 novembre 1914, Annexe 3828.502 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.dans la nuit, d'une part, au général Marjoulet, commandant le 1 8eC A.,de se tenir prêt à contre-attaquer tout ennemi qui prendrait l'offensive,d'autre part, à la ire D.I., de rassembler son gros en réserve d'armée à latète du ravin de Vauxcéré pour 8 heures'.Ainsi donc, dans la région de Vailly, se rassemblent peu à peu toutesles disponibilités de la Ve armée, qui se trouve, par l'emplacement de sesunités de gauche, en excellente situation pour briser dans cette régionles attaques allemandes. Le général en chef s'en rend compte. Le 3 novembre,

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il place sous les ordres de la Ve armée tous les éléments de laVIe armée placés à l'est de la Vesle2.Le général Franchet d'Esperey désigne aussitôt le général Deligny (commandantle 1er C. A.) pour prendre le commandement de tous les élémentssitués entre la Vesle et le canal de Braye-en-Laonnois et il lui donnel'ordre de reprendre pied sur le plateau au nord de l'Aisne entre Ostel etBraye-en-Laonnois 5.Par suite des délais nécessaires à l'organisation des groupements tactiquesindispensables à une action d'ensemble, l'attaque du général Delignyse déclanche seulement le 6 novembre au matin. Elle a lieu par unépais brouillard. Les troupes d'assaut enlèvent facilement, dans la matinée,le village de Soupir, le parc du château, et atteignent le chemin de terreallant de la chapelle au parc 4. Une opération secondaire déclanchée enmême temps vers Chavonne aboutit à l'occupation du pont et des premièresmaisons du village5.Mais le commandant des troupes d'attaque s'efforce, en vain, dansl'après-midi, d'exploiter le succès obtenu6.1 Y* armée. Instruction personnelle et secrète pour le 18' C. A., n° io54/3, 3 heures,3 novembreiqi4, Annexe 3820.S G.Q.G. ive et VIe armées. Télégramme chiffré n° 494, 9b 5o, 3 novembre 191/1, Annexe3 3793. V armée. Ordre particulier n° io57/3, 13 heures, 3 novembre, Annexe 3821.4 La Chapelle se trouve à 800 mètressud-ouest de la ferme du Metz, carte au 1/80.000*. 5 1" C. A. à V' armée. Message téléphoné, Ilb 4o et 12 45, 6 novembre 1914,Annexes 3973, 3974.6 i"D. I. à 1n C. A. Compte rendu, 15 heures, 6 novembre Ig14. - i" C. A. à Vearmée.

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Compte rendu n° 576/3, 17 heures, 6 novembre igi4- — Varmée à G. Q. G. Compterendu n° 1087/3,21 heures, 6 novembre 1914, Annexes 3977, 3959.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 503'3*Les 7 et 8 novembre, les troupes reprennent leur attaque; en dépit detous leurs eflorts, aucun progrès nouveau ne peut être réalisé l.Les 9 et 10 novembre, une troisième tentative est faite contre Chavonne2;elle reste sans résultat.Le 1 2 novembre, une nouvelle attaque sur le même point est effectuée3. Malgré une intense préparation d'artillerie, les troupes de la ire D.I.,après avoir pris pied dans le village, sont refoulées jusqu'à la rive nord del'Aisne où elles s'accrochentLe général Franchet d'Espèrey, estimant que la continuation de l'offensiveavec des troupes fatiguées5 exigerait des sacrifices en hommes et enmunitions, hors de proportion avec le résultat à attendre, se décide, le i 3au soir, à maintenir les troupes du général Deligny sur le front : ferme deMetz, Soupir, pont de Chavonne, prolongé à gauche, au sud de l'Aisne,depuis Cys-la-Commune jusqu'à la Vesle6.L'opération menée dans la région de Vailly, bien qu'ayant réussi à arrêterl'offensive ennemie, cause donc une nouvelle déception. Le général Franchetd'Espèrey attribue l'insuccès de son opération au fait que l'effectifdes forces engagées a été constamment modifié par suite des retraits successifsdes éléments de la VIe armée sur lesquels il pensait pouvoircompter7.1 V* armée à G. Q, G. Message téléphoné n° 1089/3,21 heures, 7 novembre, etn° ioq3/3, 12 heures, 8 novembre iqi4, Annexes 4009, 4051.

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2 1"C.A. Ordre général n° 161,16 heures, 8 novembre 1914; - n° i63, 16h 45,9 novembre 1914; - et instruction pour les 1" D. I. et 69* D. R., 14 heures, 10 novemsbre iqi4, Annexes 4062, 4105, 4155. 1" G.A.à Ve armée. Compte rendu n° 6o5/3, 15b 3o, 11 novembre 19 14, Annexe4207.4 1" D. I. à 1" C. A. Messagestéléphonés, '7h4o, 8h do, 12 novembreîqid. 5 1" C. A. à V*armée. Compte rendu n° 609/3, 16b 3o, 12 novembre19i4, Annexe42367.Vearmée. Instruction personnelle et secrète pourles 1" et 18' C.A., n° 1125/3, 19 heures.— Ve armée à G. Q. G. Télégramme chiffré n° 1124/3, 19 heures, i3 novembre 191A,Annexes 4260, 4259.7 Général Franchet d'Espèreyà général en chef, n° 1129/3, 14 novembre 1914, Annexe4276. — Cf. carte n° 56.504 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *Les opérations de la Ve armée présentent, au cours de la période du20 septembre au i h novembre, un intérêt tout particulier.En effet, le général en chef, qui s'attend, depuis le début d'octobre, àce que sa manoeuvre de débordement de l'aile droite ennemie ne donnepas le résultat escompté, cherche, à partir de ce moment, une nouvelleméthode permettant d'obtenir, en un point quelconque, la rupture du frontennemi.LaVe armée lui apporte, par ses offensives d'octobre et de novembre,la solution du problème qui se pose. A la lumière des enseignements tirésde cette oflensive, il se rend compte que, en l'état actuel des choses, larupture du front ennemi ne peut être entreprise. Les unités d'attaque nepossèdent, en effet, ni les disponibilités en munitions ni surtout les matériels

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d'artillerie nécessaires pour obtenir un effet d'écrasement sur les positionstrès puissantes de l'ennemi et ouvrir ainsi la route à l'infanterie.Le général en chef se préoccupera donc tout d'abord de réorganiser sestroupes et de leur fournir le matériel jugé indispensable pour les luttesfutures.II. — LES OPÉRATIONS DE LA VIe ARMÉESUR LES PLATEAUX AU NORD DE L'AISNE(21 SEPTEMBR-E14 NOVEMBRE1 gl 4).Le 21 septembre, la VIe armée (général Maunoury), qui a réussi, nonsans peine, à enrayer la veille les violentes attaques allemandes déclanchéessur son front entre l'Oise et l'Aisne', se trouve dans une situation de finde bataille : son front, accroché aux plateaux nord de l'Aisne, avec cettegrande rivière à dos, occupé par des troupes lasses et éprouvées, apparaîtd'une solidité assez précaire. Il est tenu, d'est en ouest par les: 5e G. D. R.(région de Soissons), 7e C. A. (plateaux au nord de Vic-sur-Aisne) et6e G. D. R. (entre Moulin-sous- Touvent et l'Oise). Comme réserves, laVIe armée dispose de la 61e D. R., en cours de regroupement dans la zone1 Cf. chapitre Il et carte n* 7.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVI11. 505d'Attichy, et de la 8e division de cavalerie, stationnée au nord de Crépyen-Valois; elle va recevoir le Il e corps d'armée, venant de Champagne etdont les premiers éléments sont annoncés pour le 23 septembre1.Les troupes ennemies qui lui font face appartiennent à la irt arméeallemande (général von Kluck) et paraissent comprendre les IVe C. A.,IVe C. R., IXe C. A. et des éléments du IXe C. R.; d'après les renseignementsrecueillis, elles auraient subi des pertes sérieuses et seraient fortementéchelonnées en profondeur.

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La mission dévolue à la VIe armée est de se tenir prête à poursuivrel'aile droite ennemie, dès que la manoeuvre de débordement menée parla IIe armée au delà de l'Oise en fournira l'occasion; jusqu'à ce moment,elle devra maintenir à tout prix ses positions au nord de l'Aisne, un repliau sud de la rivière ne devant être effectué qu'à la dernière extrémité.En attendant, donc, que les progrès de l'armée voisine lui permettentde reprendre l'offensive, le général Maunoury prescrit à ses troupes des'installer solidement sur les positions occupées en conservant le contactde l'ennemi et en profitant de toutes les occasions pour gagner du terrainet pour s'y retrancher3.Cependant, l'ennemi, qui avait attaqué avec violence le 20 septembre,demeure inactif le 2 1Ce calme intrigue le haut commandement français. Faut-il y voir unsigne de lassitude ou au contraire l'indice d'une retraite qui permettraità la ire armée allemande de se jeter, toutes forces réunies, contre laIIe armée française, chargée de mener la manoeuvre décisive ? Pour parer àcette éventualité, le général en chef invite la VIe armée à attaquer sansretard si l'ennemi vient à se replier devant elle, en s'attachant à franchirl'Oise le plus tôt possible avec son aile gauche4.1 G. Q. G. Message téléphoné à VI* armée, 6518, 13 heures, 21 septembre 1914, Annexe707.* G. Q. G. Instruction particulière n° 32, 6153, 19 septembre 1914, Annexe 513; —télé3gramme chiffré à VIearmée, 6382, 15b 45, 20 septembre iqi4. Annexe 605. VI*armée. Ordre général d'opérations n° 140, 180, 15b 3o, 21 septembre 1914, Annexe752.* G. Q. G. Télégramme chiffré, 65g5, 18h 45, 31 septembre 1914, Annexe 711. -

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VI*armée. Addition à l'ordre général n° i4o, 182, 6 heures, 22 septembre iqi4. Annexe897.506 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *L'attitude de la VIe armée est, en somme, immédiatement dépendantede l'évolution de la manoeuvre d'aile au nord de l'Oise et des répercussionsque cette manoeuvre peut avoir sur la 1re armée allemande. Aussi,durant les derniers jours de septembre, connaît-elle une période où,suivant les informations du moment, il lui est demandé tantôt de ménagerses forces et tantôt d'agir offensivement pour aider la ne armée.La passivité constatée chez l'ennemi le 2 1 septembre persiste le 22 et uncertain nombre de renseignements (notamment d'aviation) permettent desupposer que la ire armée allemande est en train d'opérer un glissementde forces vers le nord-ouest pour s'opposer au mouvement débordantqui la menace au nord de l'Oise1. En vue d'enrayer ce mouvement, legénéral Maunoury, conformément aux instructions données la veille parle général en chef, ordonne dans l'après-midi une attaque d'ensemble;les mesures nécessaires doivent être prises le soir même « pour que l'artilleriepuisse appuyer, dès la pointe du jour et d'une façon efficace,l'attaque de l'infanterie 2. » Ces ordres répondent par avance aux nouvellesinstructions envoyées dans la soirée par le général en chef; celui-ci prescritaux Ve et VIe armées une action d'ensemble à laquelle l'armée britanniqueest invitée à participers.L'attaque est déclanchée le 23 au matin, mais un brouillard intenseempêche jusque vers 10 heures de la soutenir par le canon4; elle seheurte à une résistance énergique et ne peut réaliser que quelquesavances très peu importantes5. En fin d'après-midi, après s'être rendupersonnellement auprès de ses lieutenants, le général Maunoury fait con-1 VI" armée. Compte rendu à G. Q. G., 16 heures, 22 septembre 1914, Annexe 900; —bulletin de renseignements n° 23, 19b 35, 22 septembre 19M, Annexe 902.1 Vf armée. Instruction personnelle et secrète n° 147, 191, 15b i5, 22 septembre 1914;—ordre général d'opérations n° 148, 19G,18 heures, 22 septembre 19M, Annexe 901.-7e G. A. Ordre général n° n4, 22h i5, 22 septembre 1914, Annexe 919.

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3Cf 4 chapitres v, xv et XVII. VI' armée. Message téléphoné à G.Q.G., 10 4o, 23 septembre 1914; 199, 11 heures,23 septembre 1914. -- - - - - - - fi VIe armée. Message téléphoné par le capitaine Détroyat, officier de liaison du G. Q. G.,17h25, 23 septembre 914; — compte rendu à G. Q. G. n° 19, 19115o, 23 septembre1914; — journal des marches et opérations.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 507naitre au général en chef, que s'il y a eu diminution des forces allemandesdevant la VIe armée, cette diminution a été peu sensible; lesAllemands sont fortement établis sur leurs positions, bien retranchés etpourvus d'artillerie lourde. Le commandant de la VIe armée ajoute :« La tournée que j'ai faite aujourd'hui sur mon front avait surtout pourbut de me fixer sur la question de savoir si j'avais quelque chance, enreprenant l'attaque demain matin, de rompre la ligne ennemie et depousser en avant vers le nord. Je me suis convaincu que c'est là, en cemoment, une espérance vaine. Il y a d'ailleurs lieu de croire que notresituation réciproque, aux Allemands et à nous, est à peu près pareille.J'estime donc que, sauf renforcement de la VIe armée ou diminutionconstatée des forces qui lui sont opposées, une attaque nouvelle, commecelle d'aujourd'hui, ne conduira pas à des résultats appréciables. J'ai, enconséquence, l'intention de reprendre l'attitude de ces derniers jours, c'està-dire de tenir le terrain acquis aussi solidement que possible et mêmede progresser lentement par tranchées poussées peu à peu en avant1 IlMais, le 24 septembre au matin, la VIe armée est informée que la manoeuvreenveloppante de la IIe armée en Picardie va entrer dans unephase décisive et que le général de Castelnau lui demande d'attaquer vigoureusementen direction générale de Chauny pour faciliter cette manoeuvre2.Le général Maunoury décide de répondre à cet appel, quoiqu'il nepuisse plus compter sur le 1ie C. A., qui commençait à arriver dans sa

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zone et que le général en chef décide d'envoyer à la IIe armée3. Au débutde l'après-midi, il prescrit à ses troupes de reprendre leurs attaques dela veille4. Mais les Allemands opposent la même résistance et les reconnaissancesd'aviation les signalent toujours en lorces devant la VIe armée.Aucune avance sensible ne peut être réalisée 5.1 VI* armée. Lettre à général en chef, 204, 16 heures, 23 septembre 191A, Annexe1001.S II*armée. Note à 3 VI"armée, S. C. 3325, 6 heures, 24 septembre iqi4, Annexe 1099. G. Q. G. Télégrammes chiffrés à VI"armée, 6692 et 6695, 9*110,22 septembre 19i4,Annexe 833; — message téléphoné à VI0armée, 7077. 15 heures, 24 septembre IQI4. 4 VI*armée. Ordre général d'opérations n° i55, 218, 12b 45, 24 septembre 19i4, Annexe1139.5 VI' armée. Bulletin de renseignements n° a5, 191135, i'\ septembre 1914, Annexe1141. — VI' armée. Aviation. Télégramme à G. Q. G. aéronautique, 148, 2ih 3o,21t septembre.508 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Cependant, soucieux d'appuyer dans toute la mesure possible Faction dela IIe armée, le général Maunoury renouvelle, dans la soirée, pour le 25,ses ordres d'attaque 1. Comme précédemment, ces attaques se résolventen engagements partiels; les résultats obtenus restent très limités et nonsusceptibles d'exploitation; ils se bornent à des progressions locales à laferme Sainte-Léocade et au bois Saint-Mard, où des contre-attaques allemandessont repoussées2. Le général Maunoury rend compte alors au généralen chef que si, «malgré la bonne volonté générale", on ne peut obtenir de

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meilleurs succès, cela tient, pour une grande part, «à l'insuffisance, pourne pas dire à l'inexistence, des cadres dans les régiments d'infanterie. Leshommes tiennent à peu près, mais, dès que la résistance de l'ennemidevient un tant soit peu sérieuse, n'ayant personne pour les pousser enavant, ils s'arrêtent, et toute une journée se passe, avec des pertesd'hommes et des consommations de munitions, sans qu'un résultat équivalantà ces pertes soit obtenu.» Le commandant de la VIe armée proposede faire appel aux services et aux armes moins éprouvés, «pourremplacer les officiers d'infanterie disparus, et en première urgence lescommandants de compagnie dont le besoin se fait le plus particulièrementsentir». Il propose également de fusionner des unités (régiments, bataillons)pour en former un moins grand nombre, mais à effectifs normaux 3.Le lendemain, 26 septembre, la VIe armée est invitée, cependant, àreprendre et même à intensifier son eflort.En effet, des renseignements recueillis à cette date par le grand quartiergénéral, il résulte, d'une part, que la manoeuvre de débordementconfiée à la IIe armée parait devoir se développer favorablement, d'autrepart, que la journée du 26 va être marquée par une offensive généraledes Allemands jetant en ligne toutes leurs disponibilités, afin d'échapperà l'étreinte des armées alliées. Il s'agit donc d'une bataille décisive; commeles autres armées, la VIe devra mettre « une énergie indomptable à refoulerl'ennemi, le chasser de ses lignes et assurer la victoire. l4». En1 VI*armée. Ordre général d'opérations n° i56, 228. 22h 3o, 24 septembre Ig14, Annexe1142.1 VI*armée. Messageà G. Q. G., 236, 18h i5, 25 septembre 191a; — bulletin de renseignements

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n° 26, 20 heures, 25 septembre 1914; - journal des marches et » opérations. VI-armée. Note à général en chef, 10804, 25 septembre 1914, Annexe 1251.4 Cf. chapitre xv. — G. Q. G. Message téléphonéà armées, 742b, Il 30, 2b septembre1914, Annexe 1319. — VI" armée. Ordre général n° 163, 2/12, 9b 3o, 26 septembre 1914.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 509fait, à la VIe armée, l'offensive annoncée se réduit à une fusillade et à unecanonnade devant le 7e corps d'armée, et la journée du 26 n'amène aucunchangement appréciable à la situationl.Le 27, la VIe armée réalise quelques progrès dans la région de Moulinsous-Touvent2; ce jour-là, le général en chef fait connaître, qu'en raisonde la pénurie de munitions de 75, il faut se contenter de maintenir lefront occupé et d'en renforcer les organisations; l'offensive sera repriseultérieurement3. En conséquence, le général Maunoury ordonne d'organisertrès solidement les positions tenues, de façon à pouvoir en assurerla garde avec le minimum de forces et laisser une partie des troupes aureposaLa journée du 28 se passe dans le calme, mais, le 29 , nouvelle alerte :tandis que la 37e D. I. refoule une violente attaque ennemie dans la régionde Tracy-le- Val5, des renseignements signalent que des retraits de forcesauraient été effectués par les Allemands en face de la VIe armée6. Le généralMaunoury demande alors l'autorisation de prendre l'offensive7.Le général en chef autorise seulement des attaques partielles sur les pointsles plus favorables; «l'offensive ne serait poursuivie que si elle paraissaitdevoir donner un résultat important à8.Ces attaques, lancées le 3o septembre devant Puisaleine et Moulinsous-Touvent, restent infructueuses, les tranchées allemandes sont biengarnies et l'artillerie lourde ennemie décime les troupes d'assaut; parcontre, au nord de Soissons, une progression de quelques centaines de1 VI" armée. Bulletin de renseignements n° 27, 20h 5, 26 septembre 1914, Annexe 1372;— journal des marches et opérations. - 7"C. A. Situation à 20 heures, 26 - septembre 1914.; ordre général n* 127, 23h 3o, 26 septembre iqi4- t VI*armée. Ordre général d'opérations n° i64, 25o, 20h 3o, 26 septembre 1914, Annexe

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1373; — ordre général d'opérations n° 165, 254, 17* 3o, 27 septembre iqi4. a G. Q. G. Note aux armées, 7513, 27 septembre iqi4, Annexe 1445. 4 VI" armée. Ordre général d'opérations n° 165, 254, i7h 3o, 27 septembre 1914. —7-*C. A. Ordre général n° 128,11 heures, 27 septembre iqi4-VI*armée. Message téléphoné à G. Q. G., 277,22h i5, 2q septembre iqi4. o G. Q. G. Télégramme chiffré à VI*armée, 7924, 13" i5,-29 septembre 1914, Annexe1606.7 VI*armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 269, 14 heures, 29 septembre 1914, Annexe1642.8 G. Q. G. Message téléphoné à IV', V*,VI*et IX* armées, 8028, 29 septembre 1914, Annexe 1612.510 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.mètres est réalisée dans la région de la ferme de la Perrière, avec l'appuide l'artillerie britannique î.Écrivant à nouveau au général en chef, le général Maunoury constatequ'étant donnée la nécessité de ménager les munitions de 75, les attaquessont vouées à l'insuccès, et il signale à nouveau le mauvais état del'infanterie qui, «par suite de la réduction des cadres et du nombred'hommes de l'active, due aux pertes subies, par suite de la fatigue résultantdes canonnades ennemies presque ininterrompues depuis plus dequinze jours, et du commencement de fléchissement moral causé par lastagnation sur place depuis que nous avons atteint l'Aisne, n'a plus lapuissance offensive des premiers jours; et on ne peut espérer un violenteffort qu'avec l'appui d'une artillerie nombreuse pouvant dépenser desmunitions sans économie. Lui en demander plus serait se leurrer soimême». En attendant que la situation des munitions de 75 soit améliorée,le commandant de la VIe armée demande des batteries de go oude 80 largement approvisionnées3.Le 3o au soir, il renouvelle ses ordres antérieurs touchant l'améliorationdes organisations défensives; mais, il recommande de ne pas se confinerdans une attitude passive : «comme il est de la plus haute importance,pour fixer l'ennemi qui se trouve sur le front de l'armée, de le tenirconstamment en éveil, on devra profiter de toutes les occasions favorablespour prononcer des attaques partielles, gagner un peu de terrain enavant, rapprocher l'artillerie des lignes occupées par l'infanterie3».*

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* *Durant le mois d'octobre, la VIe armée subit de nombreuses transformationsintéressant à la fois sa composition et l'étendue de son front.En effet, pour satisfaire aux besoins de la manoeuvre d'aile, au nord del'Oise, le général en chef prélève sur elle les 56e, 62e et 45e divisions,1 VI* armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., a84, 22h 5, 3o septembre 19111, Annexe1707. — 5* G. D. R. Bulletin de renseignempnts, 3o septembre iqi4, Annexe 1739.2 VIe armée. Lettre à général en chef, 3o septembre iQi4, Annexe 1706.VI* armée. Ordre général d'opérations n* 175, 282, 3o septembre 1914. — Cf. carten° 19.TOME 1, 4' VOL. — QUATRIEME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 511ainsi qu'un groupe de batteries de 1051; en échange, la VIe armée nereçoit que des éléments territoriaux, quelques batteries d'artillerie (notammentde 155 C.) et deux escadrilles Blériot 2.Ensuite, la VIe armée est invitée à étendre son front vers l'est enrelevant l'armée britannique. Pour cette opération, la 6ge D. R. et le16e C. A. sont mis à sa disposition; la relève est effectuée sans incidents,en plusieurs temps, savoir :— sur le front Crouy, confluent de l'Aisne et de la Vesle, dans la nuitdu 6 au 7 octobre;— sur le front Vesle, ferme du Metz, dans les nuits du 12 au 10 etdu i3 au i4;— sur le front ferme du Metz, chemin de Ailles à Paissy, dans la nuitdu i5 au 16;ce dernier secteur est pris par la Ve armée dans la nuit du 16 au J 7,de telle sorte que la limite entre les Ve et VIe armées se trouve dès lorsfixée à hauteur du canal de l'Oise à l'Aisne 3.A peine cette relève s'achève-t-elle, que de nouveaux prélèvements sont

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effectués par le général en chef, qui reprend le 16e corps d'armée et demandeà la VIe armée deux régiments de marche de cavalerie, constituésau moyen des ressources organiques des corps d'armée et divisions4.1 C'est le premier groupe de batteries armées de ce matériel à tir rapide, de fabricationrécente, qui ait été affecté aux armées.* G. Q. G. Télégrammeschiffrés à VI*armée, i 13,15" 3o, et 1-72, 17b i5, 1" octobre191/1, Annexes 1755, 1758; — 3o3, 8h 55, 2 octobre, Annexe 1325; — 457, 8 heures,3 octobre, Annexe 1908.3 G. Q. G. Télégrammes chiffrés à VI' armée, 874, 2 heures et 1107, 23h 10, 5 octobre19M, Annexes 2112, 2124; — 1^94, 19115, 7 octobre, Annexe 2330; — message téléphonéà VI' armée, 1902, 15 heures, 9 octobre, Annexe 2478; — télégramme chiffré àVI*armée, 2074, 10 heures, 10 octobre, Annexe 2543; — note à VI' armée, 2269, 9h 4o,11 octobre, Annexe 2619; — télégrammes chiffrés à VIe armée, 2792, 17b 25 et 2824,2ih 30, i3 octobre, Annexes 2761, 2763; - 2891, g" i5, i4 octobre, Annexe 2811; —3399, 9 heures, 16 octobre, Annexe 2910. - Vl° armée. Instruction personnelle et secrèten° 195, 341, 16" 3o, 5 octobre; — ordre particulier n° 205, 375, lit.h 3o, 11 octobre,Annexe 2660; — message téléphoné à G. Q. G., 376, 15h 28, 11 octobre, Annexe — 2661; ordre particulier n° 208, 382, 15 heures, 12 octobre, Annexe 2722; — ordre particulier n° 211, 392, 11 heures, 14 octobre, Annexe 2820; — ordre particulier n° 216, 4oi,12-heures, 16 octobre. — 6qedivision. Compte rendu à VIearmée, 13 octobre. G.Q.G. Télégrammes chiffrés à VIe armée, 453g, i9h45, 21 octobre; 54i3, g"30, 25 octobre, Annexe 3334; 5866, gh3o, 27 octobre, Annexe 3422.i12 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.En fin de compte, la VIe armée se trouve sensiblement réduite, mais,

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si sa capacilé offensive en est diminuée, la sécurité de son front ne paraîtpas compromise, car les forces allemandes qui lui font face ne comprendraient,à la date du 16 octobre, d'après les renseignements recueillis,que 5o bataillons, comptant à leur effectif un assez grand nombred'hommes de la landwehr, savoir :15 bataillons, de l'Oise à Morsain;17 bataillons, entre Morsain et Cuffies;10 bataillons, entre Cuffies et Braye-en-Laonnoisl.En dépit de la situation instable que lui valent les changements successifsapportés à son ordre de bataille et l'extension de son front, la VIe armées'applique à réaliser, au cours du mois d'octobre, le plan de défensiveagressive défini par son chef le 3o septembre et comportant l'améliorationde l'organisation défensive du front, et des attaques partielles, pour tenirl'ennemi en alerte et gagner du terrain en toute occasion favorable2.En ce qui concerne l'organisation défensive, le général Maunoury définitles trois nécessités d'ordre différent auxquelles il importe de satisfaire dansl'organisation du terrain :— les travaux doivent être conduits dans un esprit d'offensive hardie;— les tranchées doivent constituer une ligne de défense inviolable;— elles doivent être dotées de tous les aménagements permettant leplus de bien-être possible.Les troupes d'infanterie s'étant montrées peu expérimentées dans laréalisation de ces travaux, il faut les guider à cet égard et ce rôle revientsurtout aux commandants de divisions 3.Enfin, l'organisation défensive ne doit pas se réduire à une seule position.Le commandant de la VIe armée prescrit la construction d'une lignede centres de résistance au sud de l'Aisne, pour le cas où un repli viendrait

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1 VI' armée. Note, 4o4, 16 octobre, Annexe 2931. — VI*armée. Bulletins de renseignementsn° 32, ath 10, 2 octobre et n° 38, 2ih 10, 3 octobre; —message téléphoné à G.Q. G.,igfc45, 8 octobre, Annexe 2477; — bulletins de renseignements n° 5a» 19 heures, 26 octobre,Annexe 3041 et n° 55, 29 octobre, Annexe 3515. 1 - VI' armée. Ordre général d'opérations n° 175, 282, 3o septembre 191a. 1 VI*armée. Instruction personnelle et confidentielle, 25 octobre 1914.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 513.LAGRANDGEUERR—E. 1, 4* VOL. 33à se produire1. Il se préoccupe, par ailleurs, d'obtenir une répartitionrationnelle des troupes et il se fait rendre compte de l'organisation du servicedans les unités : effectif dans les tranchées, effectif des réserves partielles,effectif des réserves générales, nombre des nuits de repos parrapport aux nuits de tranchée2.Le général Maunoury ne s'attache pas moins à maintenir dans sonarmée l'esprit offensif. «Plus nous sommes affaiblis matériellement, écritille 2 octobre, plus nous devons élever nos coeurs et nous montrer actifs,énergiques et confiants3. »Il prescrit au 7e corps d'armée, aux 5e et 6e groupes de divisions deréserve, de continuer à montrer beaucoup d'activité dans leurs secteurs etde procéder à des attaques partielles de manière à tenir toujours l'ennemisous la menace d'une offensive générale, qui serait ordonnée sans délai,dès que les résultats des attaques partielles en montreraient la possibilité.Il renouvelle ces instructions à plusieurs reprises, en particulier le16 octobre, où il écrit que, si la VIe armée n'a pas pour l'instant mission

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de passer à l'offensive, «il lui incombe, par contre, d'user l'ennemi; elledoit pour cela le harceler continuellement en le tenant sous la menaced'une attaque générale, lui causer chaque jour des pertes qui diminuentson moral, enfin progresser d'une façon lente mais continue en adoptantles procédés de la guerre de siège4.En application de ces directives, les unités de la VIe armée exécutent,au cours du mois d'octobre, un certain nombre d'actions de détail. Desprogressions locales sont réalisées, au cours de vifs combats, à Bailly,Tracy-le- Val, bois Saint-Mard par le 6e groupe de division de réserve (généralEbener), dans la région de Hautebraye et sur le plateau de Nouvronpar le 7e corps d'armée, dans la région de CufIies, au nord de Bucy-le-Longet à l'est de Missy-sur-Aisne par le 5e groupe de divisions de réserve1 VI' armée. Note a5o bis, 26 septembre 1914, Annexe 1374; — instruction personnelleet secrète n° 166, 17 heures, 28 septembre, Annexe 1573; — ordre particulier n° 210,17 » heures, 14 octobre 1914. VI' armée. Compte rendu de l'officier de liaison, midi, 20 octobre 1914; — journal desmarches et opérations. 3 VI- armée. Instruction personnelle et secrète n° 186, 298, 2 octobre 19,4, Annexe1864. - VI*armée. Note, 4o4, 16 octobre 1914, Annexe 2931.514 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.(général Beaudenom de Lamaze). En dehors des attaques proprementdites, les troupes en ligne s'efforcent de progresser par des travaux d'approche,menées parfois à la sape; elles parviennent ainsi, sur plusieurspoints, à occuper la plus grande partie de la zone neutre entre les positionsallemandes et les positions françaises initiales1.Le commandant de la VIe armée, cependant, tout en encourageant sessubordonnés à ces actions de détail, envisage une attaque méthodique deplus grande envergure : leune opération qui doit, si elle réussit, permettre

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d'entamer ultérieurement d'autres opérations s'enchaînant successivementet ayant pour objectif linal 1 Oise dans la région de Chauny, Pontoise. Cetobjectif ne peut être atteint qu'après l'occupation du plateau de NampceLMais il est nécessaire, pour s'emparer du plateau de Nampcel, de l'attaqueren partant du plateau de Xouvron, en même temps que sur le front boisde St-Mard, St-Pierre-les-Bitry. » L'attaque du plateau de Nouvron, parlaquelle débuterait donc la série des offensives, serait confiée au 7e corpsd'armée, renforcé en artillerie2.Le général en chef ayant approuvé ce projet3, le général Maunourydonne, le 21 octobre, des instructions pour que la préparation de l'attaquesoit immédiatement entreprise Il. Le 7e corps d'armée se met alors autravail, mais il n'est pas encore prêt au moment où se produit l'attaqueallemande de Vailly** *Le secteur de Vailly est tenu, à la fin d'octobre, par la 6ge D. R.(général Néraud), accrochée, au nord de l'Aisne, aux plateaux de Rouge-Maison ( 137e brigade) et de la Cour Soupir ( 138e brigade).La situation est assez précaire : les troupes tiennent un barrage défensif1 VI* Armée. Télégrammes chiffrés et messages téléphonés au G. Q. G. pendant le moisd'octobre Ig14. — Cf. également, pour la même période, les ordres et comptes rendus des7' C. A., 5eG. D. R. et 6* G. D. R. (groupement Ebener). — Cf. carte n° 2 5y. VI' armée. Note, 1q octobre, Annexe 3064.3 G. Q. G. Note à VI*armée, £ 281, 20 octobre 1914, Annexe 3099.a VI' armée. Lettre à 7" C. A., 4-31,21 octobrei g14, Annexe 3162.5 te. A. Lettre à VIearmée, 29 octobre 1914, Annexe 3531.

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TOME 1, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE Wlfl. 51533.sans profondeur (le front de la division a un développement d'une dizainede kilomètres) 1.A partir du 25 octobre, la canonnade ennemie devient violente; le 29,elle prend une très grande intensité sur le front de la 137e brigade 2.Cependant, aucune attaque allemande ne se produisant au cours de lajournée, le commandant de la VIe armée se borne, en fin d'après-midi, àprélever sur le 7e corps d'armée un groupe de 95 pour renforcer l'artilleriede la 6ge division, dont l'infériorité numérique est manifeste 3.Mais, le bombardement ennemi continuant, très intense, pendant lanuit du 29 au 3o4, le général Maunoury demande à la Ve armée l'envoiimmédiat d'une brigade mixte à Braine5. Cet appel, nécessité par la pénuriedes réserves de la VIe armée, était prévu; en effet, le 22 octobre, legénéral en chef avait invité la Ve armée à constituer sur sa gauche uneforte réserve qui pourrait soutenir éventuellement l'armée voisine6.Au point du jour, le 30 octobre, de nouvelles pièces ennemies de groscalibres entrent en action et tout le terrain compris entre l'Aisne et lespremières lignes est violemment battu. Les tranchées sont bouleversées;dans Vailly en ruines, les caves mêmes n'oflrent plus aux réserves et auxpostes de secours que des abris précaires7.L'attaque de l'infanterie allemande8 commence au début de la matinéeel s'étend bientôt à tout le front, depuis les Grands Riez jusqu'à la valléed'Ostel. La 137e brigade est refoulée sur Vailly, puis se replie au sud del'Aisne et du canal. Dans le tumulte de ce repli hâtif, les Allemands parvien-1 VI*armée. Lettre à général en chef, 554, 3 novembre 1914, Annexe 3830. — 69e division.Journal des marches et 2 opérations.69' division. Message téléphoné à VIe armée, 22 heures, 29 octobre 19i4, Annexe3682; — compte rendu des événements de la journée du 29 octobre, Annexe 3622;— journal des marches et opérations. — 137*brigade. Compte rendu sommaire, 17 heures,3o octobre 1914. 3 VI*armée. Ordre particulier n° 407, lQb 3o, 2Q octobre iqi4, Annexe 3517. 46 137* brigade. Compte rendu sommaire, 17 heures, 3o octobre iqi4. VI* armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., oh 5; 3o octobre 1914, Annexe 3574.

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Cf. première partie du présent chapitre.G. Q. G. Télégramme chiffré à VI" armée, 46o8, 81140,22 octobre 1914, Annexe3184.78 107*brigade. Compte rendu sommaire, 17 heures, 3o octobre iqi4.D'après les renseignements recueillis dans la journée, cette attaque est menée par troisrégiments allemands. — VIe armée. Bulletin de renseignements n° 55, 3ooctobrei iqi4, Annexe 3573.516 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.nent à s'emparer des ponts et lancent même quelques patrouilles vers lesbois au sud, où la 137ebrigade se reforme'.La brigade mixte envoyée par la Ve armée ( 1re brigade, général de Fonclare)n'a été mise que vers le milieu de la journée à la disposition dugénéral Maunoury 2, qui l'a donnée aussitôt à la 69e D. R. sous réserve dene l'employer que sur la rive sud de l'Aisne. Le commandant de laVIe armée a, par ailleurs, invité le 5e groupe de divisions de réserve àprendre ses dispositions pour enrayer toute attaque que l'ennemi tenteraitsur la gauche de la 69e division, puis à mettre un détachement de deuxbataillons et deux batteries à la disposition du général Néraud 3. Enfin, dèsl oh 30, il a invité les unités déployées de Soissons à l'Oise à lancer desattaques pour retenir l'ennemi 4, attaques qui permettent de réaliserquelques légères progressions, notamment vers Quennevières5.Le général en chef, informé de ces événements, prescrit de reprendrele terrain perdu sur la rive nord de l'Aisne6, mais, en raison des difficultésde cette opération et du peu de résultats à en attendre7, le général Maunouryy renonce et le commandant en chef se range à son avis8. La69e division est seulement invitée à nettoyer la rive sud de l'Aisne deséléments ennemis qui ont pu franchir la rivière et à détruire les ponts enaval de celui de Chavonne (exclu). La 138e brigade est maintenue aunord de l'Aisne sur le plateau de la Cour Soupir9.1137e biigade. Compte rendu sommaire, 17 heures, 3o octobre 1914. — Cf. également:VI*armée. Lettre à général en chef, 554, 3 novembre 1914, Annexe 3830. — G. Q. G.Lettre à VIearmée, 777,4 novembre 19,4, Annexe 3864. 2 - Au sujet de ce retard, cf. : VI' armée. Télégrammes chiffrés à G. Q. G., 9704, 10 45;

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J07, iikao; 5i3, 16h 35,30 octobre igi4, Annexes 3578, 3579, 3583. - VI' armée.Rapport au sujet de l'affectation à la 69* division d'une brigade mixte de laV' armée, 3o octob3reiqi4. VI*armée. Ordre particulier n° 246 bis, 4oq, 3o octobre 1914, Annexe 3581.4 VI* armée. Ordres particuliers n° 243, 244 et 245, lOb 3o, 3o octobre 1914, Annexes3576, 3577.6 VI* armée. Compte rendu du commandant de Laprade, 22 heures, 3o octobre Ig14.—6* G. D. R. Compte rendude la journée du 3o octobre 1914, Annexe 3609.6 G. Q. G. Télégramme chiffré à VI' armée, 6808, 22h 15, 3o octobre 1914, Annexe3544.769' division. Lettre à VI" armée, 3o octobre 19 14, Annexe 3728.8 G. Q. G. Message téléphoné, 6866, 8 heures, 31 octobre 1914, Annexe 3624.9 VI' armée. Ordre général n" 248, 5i4, 23 heures, 3o octobre 19 14, Annexe 3584.TOME I, V VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 517LAGRAMJKGUERRE.- l, o VOL 33ALe 31 octobre, la 6ge division reçoit de nouveaux renforts de laVe armée : deux régiments d'infanterie, deux escadrons, deux batteries1.Ainsi renforcée, elle s'applique à organiser son nouveau front. Les Allemands,de leur côté, se fortifient sur la rive nord de l'Aisne et bombardentviolemment les positions de la 1 38e brigade2, qu'ils attaquent sanssuccès dans la nuit du 3i octobre au ier novembre8, tandis que, sur lereste du front de la VIe armée, les unités françaises en ligne s'eflorcentde progresser et d'empêcher l'ennemi de procéder à des prélèvements4;le 6e groupe de divisions de réserve (général Ebener) remporte de trèsnets avantages locaux dans la région Bailly, plateau de la ferme de Quennevières5.Dans la journée du 2 novembre, le bombardement allemand s'intensifiesur le front de la 138e brigade; il est suivi d'une vigoureuse attaqued'infanterie, menée par des éléments de plusieurs régiments, qui réussissent

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à s'emparer du plateau de la Cour Soupir et de la ferme du Metz. Cettedernière est réoccupée dans la nuit; mais plus à l'ouest, la 6ge divisionne tient plus que les passages de l'Aisne au sud de Chavonne et de Soupiret une petite tète de pont au nord de Pont-Arcy 6.Le 3 novembre, la garde de la plus grande partie du secteur de la1 G. Q. G. Télégramme chiffré à VI" armée, 7058, 21 heures, 31 octobre 1914. —Cf. première partie du 2 présent chapitre. G. Q. G. Télégramme chiffré à VI* armée, 6867, 8b50, 31 octobre 1914, Annexe3626. — VI* armée. Message téléphoné à G. Q. G., 19 heures, 31 octobre 1914; —télégramme chiffré à G. Q. G., 537, 22h 5, 31 octobre 1914, Annexe 3661. — 69* division.Messages téléphonés à VI*armée, 10 heures et 17b i5, 3i octobre; — compte rendu, 1/170,3i octobre 1914, Annexe 3682; — lettre à VI*armée, 3i octobre 1914 ; journal des marcheset opérations. 5 VI" armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 531, 10h3o, 1" novembre 1914, Annexe3707; — bulletin de renseignements n° 58, 20h 10, 1ernovembre, Annexe 3709. —694* division. Journal des marches et opérations. VI*armée. Ordre général n° 248, 5i4, 23 heures, 3o octobre 1914, Annexe 3584.Ii VIe armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 517, 11 heures, 31 octobre 1914; — bulletinde renseignements n° 57, 20 heures, 31 octobre 1914. — 6' G. D. R. Message téléphonéà VI* armée, 979/3, 9h10, 1" novembre 1914; — compte rendu, 282/3, 1" novembre1-qf1i4, Annexe 3725. VI" armée. Compte rendu du général commandant la 69* division, 11 heures, 2 novembre1914, Annexe 3786; — télégrammechiffré à G. Q. G., 553, 23h 20, 2 novembre1914, Annexe 3753; — bulletin de renseignements n° 60, 3 novembre 19 14, Annexe3831; — lettre à général en chef, 554, 3 novembre 1914, Annexe 3830. — 6g. division.Ordre pour la soirée, 19bO, 2 novembre 1914; — journal des marches et opérations.518 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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69e division se trouve assurée, en première ligne, par les troupes venuesde la Ve armée. En conséquence, le général en chef décide de mettre cesecteur sous les ordres du général Franchet d'Espèrey et la limite est dela VIe armée se trouve ainsi ramenée à la vallée de la Vesle 1.** *Écrivant au général en chef le 3 novembre, le général Maunoury exprimesa conviction que la double attaque ennemie dans la région de Vaillydémontre l'intention des Allemands de chercher à percer le front de laVIe armée. Il estime que, pour éviter un nouvel échec et assurer la défensede la ligne de l'Aisne, un corps d'armée entier serait nécessaire à laVIe armée, ainsi qu'une artillerie lourde mobile. « Si ces renforts ne peuventnous être donnés, ajoute le général Maunoury, c'est que la missionattribuée à la VIe armée sera une mission toute de sacrifice, destinée àpermettre le renforcement de points plus intéressants au point de vuede l'intérêt général; cette mission, si elle nous est imposée, nous l'acceptonsavec tristesse, mais sans découragement et nous ferons de notremieux »Le général en chef répond le lendemain qu'il ne peut donner le corpsd'armée demandé mais seulement, pour l'instant, un régiment d'infanterieà quatre bataillons et deux batteries de 120 L. « Dans ces conditions, ilimporte avant tout de rendre le front de la VIe armée inviolable. Cerésultat ne peut être obtenu que si l'organisation défensive de ce frontest faite partout d'une façon rationnelle et complète. Une fois l'inviolabilitédu front assurée, il sera possible, à défaut d'une offensive à grandeenvergure, de continuer les actions partielles déjà entreprises. Le généralJoflre laisse toute liberté au commandant de la VIe armée pouragir, dans cet ordre d'idées, au mieux des circonstances3.

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Celui-ci ne saurait se résoudre à l'inaction.L'attaque du 7e corps d'armée sur le plateau de Nouvron est encore en1 G. Q. G. Télégramme chiffré à V. et VI' armées, 49, 9h 50, 3 novembre 191A, Annexe3793. — VI' armée. Ordre général d'opérations n° 258, 56a, 17 heures, 3 novembreiqi4, Annexe 3835. 2 - VI*armée. Lettre à général en chef, 554, 3 novembre 1914, Annexe 3830.3 G. Q. G. Lettre à VI*armée, 777, 4 novembre igi4, Annexe 3864.TOME I, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XVIII. 51933A.cours de préparation1 ; d'autre part, les avantages obtenus par le 6e groupede divisions de réserve (groupement Ebener) dans la région de Quennevièrespeuvent être exploités. Les commandants de ces grandes unités sont,en conséquence, invités à poursuivre leur action offensive2. Le 6 novembre,le commandant du 5e groupe de divisions de réserve reçoit à son tourl'ordre d'attaquer sur le plateau de Vrégny et de Braye, afin d'appuyerune opération déclanchée par la Ve armée, pour reprendre aux Allemandsle plateau de la Cour SoupirAu cours des journées suivantes, le 5e groupe de divisions de réserve,dont l'artillerie est gênée par le brouillard, réussit cependant à progresserde quelques centaines de mètres du côté de Vrégny, au nord de Crouyet à Cuffies, que les Allemands incendient4. A l'autre aile de l'armée, le6e groupe de divisions de réserve repousse, le 7 novembre, une attaquelocale ennemie au bois St-Mard et gagne un peu de terrain dans la régionde Tracy- le- Val et dans celle de Puisaleine, Quennevières5. Quant àl'attaque du 7e corps d'armée, déclanchée le 12 novembre, elle ne peutatteindre ni Nouvron, ni la cote i5o; sur certains points, elle permetcependant de marquer des progrès de nature à faciliter des opérations

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ultérieures0, mais, pour le moment, la série d'attaques successives conçuespar le commandant de la VIe armée, avec pour objectif final l'Oise deChauny, Pontoise, ne peut se développer.Ces modestes résultats ne découragent pas le commandant de laVIe armée qui, le 15 novembre, prescrit de persévérer dans une actionénergique continue, afin de pousser toujours en avant; le 5e groupe dedivisions de réserve, en particulier, devra s'efforcer d'améliorer sa situation1 VI"armée. Lettre à général en chef, 539, 2 novembre, Annexe 2 3749. VIearmée. Note confidentielle, 561, 3 novembre 1914, Annexe 3834; — ordre générald'opérations n° 264, 608, 19 heures, 7 novembre iqi4, Annexe 4012. 3 VI*armée. Ordre particulier o 263, 6o5, 21b30, 6 novembre iqi4, Annexe 3960. - VIe armée. Télégramme chiffré à G. Q. G., 610, 21b40, 7 novembre 1914, Annexe4015; — compte rendu de l'officier de liaison de la VI' armée au 5° G. D. R., 7 novembre;— télégramme chiffré à G. Q. G., 6i5, midi, 8 novembre, Annexe 4052.—5e G. D. R. Ordres, notes et comptes rendus du 6 au i4 novembre îqid. s Vie armée. Memento pour l'officier de liaison au G. Q. G., 12 novembre. fi VI* armée. Memento pour l'officier de liaison au G. Q. G.. 12 novembre 1914; —lettre à général en chef, 679, 14 novembre, Annexe 4277. — 7' C.A. Rapport 13 novembre.520 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.au nord et à l'est de Soissonsl. Le général Maunoury insiste égalementpour que, suivant les directives du général en chef, le terrain soit fortementorganisé au fur et à mesure des progrès réalisés. Enfin, il se préoccupede l'échelonnement des troupes en profondeur et de la constitutionde réserves. CIIl est urgent, écrit-il, de prendre ces dispositions pourdivers motifs. D'abord, parce que le général commandant l'armée veutpouvoir prélever des unités sur certains points du front au profit de laréserve d'armée et en vue de la manoeuvre. Ensuite, parce que l'arrivée de

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la mauvaise saison rend indispensables des mesures ayant pour résultat dedonner aux troupes le maximum de repos et d'abri. Il est d'ailleurs évident,dans cet ordre d'idées, que le service doit être réglé de telle sorte que,même dans les ouvrages de première ligne, il n'y ait constamment sur piedqu'une faible fraction chargée de la surveillance et de la première résistance;la majeure partie des troupes doit être mise au repos dans des abrissoigneusement aménagés, pendant tout le temps qui n'est pas donné autravail2 IlAinsi, au milieu de novembre 1 9 14, la VIe armée, immobilisée sur lesplateaux au nord de l'Aisne, tout en conservant la volonté d'améliorer sespositions et de rester agressive, apporte, dans l'économie de son dispositif,avec le souci de s'assurer des possibilités de manoeuvre éventuelle, celui des'organiser pour durer.1 VIe armée. Instruction personnelle et secrète n° 277, 669foa, 11 heures, 13 novembre1-q214, Annexe 4262. VIe armée. Instruction confidentielle n° 280, 689, 13 heures, 15 novembre 1914-Cf. carte n° 43.CHAPITRE XIX.LA STABILISATIONPROGRESSIVEAU NORDDE L'OISE.(5 OCTOBRE- 14 NOVEMBRE191 k- )(Cartes 25, 29, 3a, 58 et 5g.)J. - A LAUt MIMÉE(5 octobre- 14 novembre 1914).Mission et situation de la II' armée le 5 octobre 1914. — Attaque allemande du 6 octobre.— Réorganisation de la II*armée. — Préparation d'une offensivede rupture au sudd'Arras. — Action de la II*armée, en vue de retenir les forces ennemies devant elle. -L'offensive française des 28 et 29 octobre. — La stabilisation.

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II. — A LAX. ARMÉE(18 octobre- 14 novembre 191/i).Mission et situation de la X*armée, intentions du général de Maud'huy. — Attaquesallemandes aux deux ailes de la X*armée, du 20 au 3o octobre; aide apportée à l'arméebritannique. — Les prélèvements, la stabilisation.1. - À LA IIe ARMÉE.(5 OCTOBRE-14 NOVEMBRE1914.)Le général Foch, désigné le 4 octobre par le commandant en chefpour coordonner l'action des forces françaises opérant au nord de l'Oise,arrive le 5 octobre, à 4 heures, à Breteuill où il donne verbalement sesinstructions au général de Castelnau. CIMaintenir ses positions »2 : telle estla nouvelle mission incombant au commandant de la IIe armée, qui, enconséquence, prescrit le jour même à ses commandants de corps d'arméede conserver leurs positions « à tout prix »3.Il est indispensable, en effet, pour le développement de la manoeuvre1 Q. G. de la IIe 2 armée. Cf. Journal des marches et opérations du groupe provisoire du nord.II" armée. Ordre général d'opérations n" 124, 18 heures, 5 octobre 19,4, Annexe2147.522 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.d'aile, que la IIe armée résiste sur place, puisqu'un fléchissement de sonfront pourrait compromettre les transports en cours sur la voie ferrée deParis à Amiens, par Montdidier.La IIe armée, composée de cinq corps d'armée1 et du groupe de divisionsterritoriales du général Brugère, est déployée, à cette date, sur unfront d'une centaine de kilomètres entre l'Oise de Ribécourt, qui la séparede la VIe armée, et les plateaux au sud-ouest d'Arras, où la liaison avecla Xe armée, momentanément perdue dans la soirée du 4 octobre, a été

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rétablie au cours de la nuit du A au 5 dans la région de Ransart2 (1 2 kilomètressud-ouest d'Arras).Elle a en réserve : la 92e division territoriale, au sud-est d'Amiens, etla 53e division de réserve, autour de Compiègne.Huit corps d'armée allemands et une division de cavalerie ont été identifiésdevant son front3, à savoir: du sud au nord, le IXe C. R., le IIe C. A.,le XVIIIe C. A., le XXIe C. A., le Ier C. A. bav., le IIe C. A. bav., le XIVe C. R.,la 2e D. C. et la Garde.** *Le 5 octobre, un calme relatif succède aux vives alertes des jours précédents.Le général de Castelnau met à profit cette situation favorablepour étayer les parties sensibles du front dont il doit, conformément auxinstructions du général Foch, assurer désormais l'inviolabilité.Cette mission est cependant modifiée dès le lendemain par le général enchef. Il s'agit, en effet, pour les armées au nord de l'Oise, «si elles nepeuvent parvenir à envelopper l'ennemi et le forcer à la retraite» tout aumoins de «l'immobiliser sur tout son front» 4. En définitive, la IIe arméene doit donc pas se confiner dans une attitude passive, mais empêcherl'ennemi de prélever des forces devant elle.Or les Allemands ne paraissent nullement songer à diminuer la puissancede leur offensive. En effet, le 6 octobre dans la matinée, avant mêmeque le général de Castelnau n'ait pris connaissance des directives du général1 Du sud au nord: les 10°, 4e, 20e et 1ie C. A.2 Cf. carte n° 22.3 Carte mentionnant l'ordre de bataille ennemi à la date du 5 octobre 1914, établie parle 2°bureau du G. Q. G. — Cf. carte n° 22.

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1 G. Q. G. Note pour les armées, n° 1169, 6 octobre 19i4-TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 523en chef, le 4e corps d'armée «sous la pression de quatre divisions ennemies,au moins, attaquant sur un front restreint» est obligé de céder duterrain et de se replier en direction de Montdidier. Au cours de la journée,il perd successivement Parvillers, Andechy, le Quesnoy. Le commandantde la IIe armée estime que la situation est grave. Vers 17 heures, il faitpart au général Joffre de son «impression que la ligne va crever quelquepart),2 ; et téléphone au général Foch à Doullens : «il serait bon que vousvinssiez ici» 3.Le général en chef, redoutant les conséquences de ce grave incident,s'attache immédiatement à en limiter la portée. En faisant ressortir augénéral de Castelnau l'amélioration de plus en plus sensible de la situationdans le nord, il souligne que la IIe armée doit «absolument tenir coûte quecoûte a, se fortifier et «agir avec toute l'énergie possible» Il lui envoieen renfort une brigade prélevée sur la VIe armée et la 58e division de réserve.De plus, après entente avec le maréchal French, il autorise le commandantde la IIe armée à demander le concours des deux divisions decavalerie britanniques, qui font mouvement en arrière de son front. Enfin,il fait appel à l'énergie de son adjoint pour redresser la situation et télégraphieau général Foch: «il me paraît absolument nécessaire que vousremontiez cette armée, dont le moral me paraît atteint a s.L'alerte sera de courte durée. Le 4e corps d'armée, appuyé par les réservesde l'armée et soulagé par une offensive du 14e corps d'armée, se

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ressaisit et arrête l'ennemi. Aussi le commandant de la IIe armée n'aura-t-ilqu'à donner l'ordre dans la soirée de «s'enterrer» et de «résister à toutprix sur les emplacements actuels» 6.La poussée violente de l'ennemi restant sans lendemain, le front est viteconsolidé. Le 7 octobre au matin, le général Foch peut télégraphier augrand quartier général : «situation réparée à la IIe armée7 ».12 II* armée.Message téléphoné au G.Q. G., 19 heures, 6 octobre 1014, Annexe 2243. s G.Q. G. Message téléphoné reçu de la II* armée, 17 heures. 6 octobre i oi A. II' armée. Message téléphoné au général Foch,17 heures, 6 octobre 191/I, Annexe2241.- G.Q.G. Télégramme chiflré à IIe armée. i8h20, 6 octobre 1q14, Annexe 2218. 1 G.Q. G. Télégramme chiflré à général Foch, 18h4o, 6 octobre iqiA, Annexe 2219. 6 II*armée. Ordre général n° 126, 20 heures, et ordre général n°127, 23 heures, 6 octobre1914, Annexes 2248 et 2251. 7 Général Foch. Télégramme chiflré à G. Q. G., 8b 15,7 octobre 1914.524 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.** *Cette journée du 6 octobre marque la dernière épreuve sérieuse subiepar la IIe armée.Deux jours plus tard, le général en chef, estimant que cette armée(1n'est plus en mesure de percer le front ennemi et d'obtenir au sud de laSomme un succès décisif », ordonne au général de Castelnau d'organiser« très solidement » cette partie de son front, « de façon à le rendre inviolableH. En outre, le commandant de la IIe armée se constituera des réservesen réduisant l'effectif des troupes en ligne1; il devra cependant restervigilant et prendra l'offensive toutes les fois qu'il aura connaissance d'unretrait de troupes ennemies2.En conséquence, le général de Castelnau prescrit que toutes les unitésde l'armée Ilperfectionneront leurs retranchements et leurs organisationsdéfensives» et se constitueront des réserves à tous les échelons, «en s'efforçantde mettre fin aux mélanges d'unités» 3. De plus, il insiste sur lesaméliorations à réaliser pour rendre inviolable une position hâtivement

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fortifiée et il préconise «la substitution des centres de résistance aux lignescontinues»4.Le souci de renforcer les positions ne fait cependant pas perdre de vuela nécessité de rester vigilant. Le 1 1 octobre, le commandant de l'armée,constatant que l'ennemi semble retirer des forces devant son front, ordonneà ses commandants de corps d'armée de se montrer agressifs (1 en vued'immobiliser l'ennemi devant eux». Ils auront toutefois à assurer la «possessionindiscutable D de leur front et à en renforcer l'organisation défensivepour le maintenir avec un minimum de forces5.Jusqu'au 16 octobre, sur tout le front, les corps d'armée progressentpied à pied. De petites opérations partielles, notamment à Fonqueviilers(20e C. A. ), à Mametz et à la Boisselle (11e D.1.), devant Dompierre1 G.Q.G. Note pour le général Foch, 8 octobre 19M, Annexe 2411.2 G. Q. G. Télégramme chiffré à II" armée, n° 1661, 8 octobre ig 14, Annexe 2409.3 11°armée. Ordre général d'opérations n° i3o, 8 octobre 1914, Annexe 2430.1 II*armée. Note au sujet des organisations défensives, 9 octobre 4 1914. IIe armée. Ordre général d'opérations n° 134, 18 heures, 11 octobre 1914, Annexe2656.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 525(14e C. A.), et aux abords du Quesnoy (4e C. A.), permettent d'occuperquelques tranchées ennemies** *Vers le milieu d'octobre, le général Joffre, se rendant compte de ladifficulté de faire aboutir la manoeuvre contre l'aile droite allemande,envisage de conjuguer cette manoeuvre avec une offensive ayant pour butde a rompre les lignes adverses». La région au sud d'Arras lui paraissantrépondre aux conditions exigées pour cette action de rupture, il prie sonadjoint, le général Foch, d'étudier cette opération 2; ce dernier en avisele général de Castelnau et lui demande d'examiner tout spécialement la

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question de l'artillerie lourde, étant entendu que celle de la Xe armée seramise à sa disposition.Le 18 octobre, le commandant de la IIe armée soumet son projetd'offensive à l'approbation du général Foch. Il prévoit une attaque principaleen direction de Cambrai, débouchant de la région au sud d'Arras,et une attaque secondaire immédiatement au nord de la Somme, en directiongénérale de Bapaume. Il estime que l'artillerie lourde mise à sa dispositionsera suffisante, à condition toutefois qu'elle comprenne du matérielmobile3.Le général Foch ayant approuvé ce projet4, la IIe armée se met enmesure d'en préparer l'exécution. Toutefois, le général en chef se voyantamené par les événements qui se déroulent dans le nord, à constituer,le 21 octobre, un détachement d'armée de Belgique5, le général Fochdoit, dès le 2 l, prescrire à la IIe armée de diriger immédiatement dans lesFlandres la plus grande partie de son artillerie lourde (cinquante-deux canons).Malgré cette diminution sensible de moyens, le général en chef n'abandonnepas son projet d'attaque au sud d'Arras. Le 26 octobre, il attire1Cf. carte n° 58.G. :s Q. G. Note pour le général Foch,-n° a884, 13 octobre iqi4, Annexe 2764. IIearmée. Étude d'un projet d'oHensive sur le front de la II* armée, 18 octobre 1914, An4nexe 3009.L'approbation du général Foch est portée sur l'étude du projet de la IIe armée, Annexe3009.5Cf. chapitre xii.526 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.l'attention du commandant de la IIe armée sur l'intérêt que présenteraitune relève des troupes actives par des unités de réserve, en vue de grouper

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les premières sur sa gauche. Le lendemain, il lui ordonne de constituerle plus tôt possible CIune puissante réserve susceptible d'être employée aupremier signal pour une vigoureuse opération offensiveIl et il décide danscette intention la relève du 20e corps d'armée par la 56e division de réservel.** *Le commandant de la IIe armée, bien qu'absorbé par la préparation deson offensive, ne perd pas de vue les actions partielles qu'il doit effectuerpour retenir l'ennemi.Depuis quelque temps, tous les renseignements recueillis montrent queces opérations n'empêchent pas les Allemands de prélever des forcesdevant le front de l'armée. Aussi, le 16 octobre, le général de Castelnaudécide-t-il d'accentuer la tendance offensive de ses corps d'armée, en vuea d'immobiliser et d'user l'ennemi». Ces corps « chercheront à s'emparerde quelques-uns des points d'appui avancés de l'ennemi par une actionconcentrique de l'artillerie et l'attaque de quelques éléments d'infanterie ».Ils prendront pour objectifs : Beuvraignes (1 3e C. A. ), la route de Roye àAndechy (/ie C. A.), Dompierre et le bois étoilé (14e C. A ), la Boisselle(11e D. I.), Beaumont (11e C. A.), Monchy-aux-Bois et Gommécourt( 20e C. A. ), Ransart (1 oe C. A.) 2. Les actions offensives devront être poursuiviesjusqu'à la date à laquelle l'armée «se trouvera en état d'exécuterl'opération en forces qu'elle prépare» 3.Le 2 1 octobre, ces attaques partielles n'ont pas encore atteint les objectifsassignés. Cependant, le général de Castelnau apprend que le

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XVe corps d'armée allemand doit arriver le lendemain à Ham. Est-ce l'indiced'une riposte? Pour se mettre en mesure d'y faire face, le comman-1 G.Q.G. Télégramme chiflré à IIe armée, n° 5768, 21b 20, 26 octobre igi4, —G. Q. G. à II*armée, n° 6106, 28 octobre iqi4, Annexe 3447.2 lIe armée. Ordre d'opérations n° 142, 17 heures, 16 octobre 1914. — Le 10* C. A. aété passé par la X*armée, le 14 septembre, à la 11earmée qui assure à cette date la garde dufront jusqu'à Arras inclus. — Cf. Annexe 2843. -Il' armée. Compte rendu au G. Q. G., n" 5728, 7 3o, 12 octobre igi4.TOME I, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 527dant de l'armée prescrit à ses corps de « s'établir solidement sur le terrainqu'ils ont conquisIl. Ils devront se montrer particulièrement vigilants et setenir prêts à rejeter toute attaque de l'ennemi, en le contre-attaquantvigoureusement 1.Le XVe corps a sans doute pris une autre direction, car les Allemandsn'attaquent nulle part. Aussi, le général de Castelnau ordonne-t-il, pour le23 octobre, la reprise de «toutes les petites opérations partielles commencées». Il insiste sur la nécessité de préciser dans chaque corps d'armée lesparties du front sur lesquelles on ne veut pas, pour le moment, pousserde l'avant, et celles sur lesquelles on veut au contraire pratiquer l'offensive.Les premières seront renforcées de solides organisations défensiveset l'effectif des défenseurs pourra par suite en être réduit au profitdes autres2.** *Non seulement l'ennemi ne s'est pas renforcé devant la IIe armée, maisil continue à prélever des forces devant elle. Il ressort en effet d'un renseignementdu 26 octobre que «des colonnes de toutes armes ont étévues remontant vers le nord». Le général de Castelnau se propose, enconséquence, d'accentuer son effort dans la région au sud d'Arras, maisil tient au préalable à s'assurer que ses intentions ne sont pas contrairesà celles du général Foch 3. Ayant reçu l' « entière approbation»4 de celui-ci,il décide que la IIe armée «attaquera sur tout son front» pour retenir

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devant elle les forces ennemies qui lui sont opposées et attirer celles quiremontent vers le nord 5.Son intention est de prononcer son effort principal dans la région ausud d'Arras, où sont placées les unités en réserve d'armée.Les 1oe et 20e corps d armée attaqueront sur le front Monchy, Ransart,en direction générale d'Adinfer; le 11e corps d'armée cherchera à s'em-1 IIe armée. Ordre général n° i5i, 16 heures, 21 octobre 1g14, Annexe 3159; —note circulaire pour les C. A., n° 6io5, 22 * octobre 101/4. II*armée. Ordre général n° 158, 17 heures, 23 octobre 1914, Annexe 3247. 3 II* armée. Télégramme chiffré au général Foch, 17 heures, 26 octobre 191 i, Annexe3395; - ordre d'opérations n° 164, 18 heures, 26 octobre iqi4, Annexe 3396.Général Foch. Message téléphoné à IIe armée, 2ih 3o, 26 octobre i q1 4, Annexe 3390.II* armée. Ordre général d'opérations n° 165, 17 heures, 27 octobre 191l" Annexe3429.528 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.parer de Serre et de la ferme Toutvent; le détachement du colonelFrançois1 agira sur Fricourt et Mametz; les 4e et 14e corps d'armée prépareront,pour le 29 octobre, une attaque concentrique sur le Quesnoy,en partant de la base Rouvroy, Bouchoir, Erches.L'offensive, entamée dans la nuit du 27 au 28 octobre, se heurte dès ledébut à une vigoureuse résistance de l'ennemi; elle se poursuit pendantdeux jours, sans réaliser de gains appréciables. Le 29 octobre, le généralde Castelnau ordonne de consolider les positions conquises et de s'y fortifier,en réduisant progressivement les effectifs de première ligne, pourreconstituer dans chaque secteur des réserves partiellesLa lutte se poursuit néanmoins sur le front du 4e corps d'armée quis'empare de haute lutte, le 3o octobre, du Quesnoy-en-Santerre, maiséchoue devant Andechy le 3 novembre.** *A partir du 3o octobre, la IIe armée, sur laquelle sont opérés d'importantsprélèvements au profit du détachement d'armée de Belgique, a deplus en plus de peine à exécuter les instructions du général en chef relativesà la constitution de réserves, et à la «nécessité impérieuse de prononcerdes attaques partielles et répétées3 Il pour empêcher l'ennemi de

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dégarnir son front.Elle perd ainsi successivement : le 2oe corps d'armée, qui s'embarque àpartir du 2 novembre; trois divisions territoriales, entre le 29 octobre etle 8 novembre; six bataillons de chasseurs, le 1 i novembre; enfin, 2 brigadesprélevées sur le 13e corps d'armée, les 1 1 et 13 novembre.D'autre part, afin de coordonner les opérations autour d'Arras, lalimite nord de la IIe armée est, sur la proposition du général Foch,ramenée au sud de la ligne : Monchy-au-Bois, Berles-au-Bois, Bavincourt,Bouquemaison, Hem, Domart-en-Ponthieu, Longpré-les- Corps- Saints.La IIe armée perd ainsi le 10e C. A., la 88e D. T., 1 batterie de 220,1 batterie de 1 55 L. et 1 batterie de 155 C. T. R.4.1 Le détachement du colonel François est constitué avec la 42° brigade et des éléments dela 56e D. R.2 IIe armée. Ordre général n° 169, 17 heures, 29 octobre 1914. Annexe 3499.3 G. Q. G. Télégramme chiffré à II* armée, 1ih 49,9 novembre 194, Annexe 4076.4 G. Q. G. à IIe armée. Télégramme chiffré n° 1703, 13h 40, 8 novembre 1914. —TOME I, 4e VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 529LAGRANDGEUERRE—. 1, 4* VOL. 34Malgré cette sensible diminution de ses forces, le commandant de laIIe armée qui, dès le 3o octobre, a prévenu ses commandants de corpsIl qu'il n'y aurait pas à entreprendre de grande opération jusqu'à nouvelordre » l, donne l'ordre néanmoins de préparer et d'effectuer des « coupsde main» sur plusieurs parties du front 2. Le général de Castelnau, afin derépondre au désir du général en chef qui estime ce mode d'action insuffisantpour empêcher l'ennemi de continuer, devant la IIe armée, ses prélèvementsau bénéfice de son extrême droite, veut donner plus d'ampleuraux actions partielles projetées. Il prescrit que ces coups de main devrontêtre exécutés « avec unités constituées soutenues par l'artillerie »3. Cesordres sont exécutés, le 9 novembre par le 4e corps d'armée au nordd'Andechy, et le i i novembre par la 56e division de réserve à la ferme deToutvent. Partout, l'ennemi, fortement retranché, repousse les attaques.Le commandant de la IIe armée, obligé également d'observer unestricte économie de munitions, est ainsi amené à garder une attitude

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purement défensive. Il renforce ses organisations et prend les mesuresnécessaires pour assurer à ses troupes le repos dont elles ont besoin 4.Ces dispositions répondent d'ailleurs aux intentions du général en chef quirecommande de « perfectionner de plus en plus les organisations défensivesdestinées à rendre le front inviolable » et fait ressortir « l'importanceque doivent attacher tous les chefs à ménager le plus possible les forcesde leurs troupes »II. - À LA Xe ARMÉE.(18 OCTOBR- E1ft NOVEMBRE 1914.)Depuis le 15 octobre, la mission de la Xe armée est d'assurer l'inviolabilitéde son front, tout en empêchant l'ennemi de dégarnir le sien.Général Foch à G.Q.G., télégrammechiffré, n° 660, 13bho,9 novembre 1914. - Il* arméeà G. Q. G., S. C. 7985,9 novembre 1914, Annexes 4037, 4086, 4090. 1 n" armée. Note personnelle et secrète pour les commandants de C. A., 3o octobre 1914,Annexe 3557.II* armée. Ordre général n* 100. 17 heures. 8 novembre IQ1/IA1.3 n" armée. Ordre général n° 101. 1 heures, o novembre IQIA. 1 II*armée. Ordre général n° 187 pour la conslitution des réserves, 8 novembre IQIA.G. Q. G. Note pour les armées, n° :1663, 12 novembre 1914, Annexe 42t7. - Cf.5 pourles armées, n° a663, 12 novembre 191/i, Annexe 4217. —Cf.carte n° 59.530 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Le général de Maud'huy ne renonce cependant pas à prendre l'offensive.Dès le 17 octobre, en effet, il indique au général en chef qu'il comptepoursuivre sa manoeuvre 1 : les efforts de l'armée se porteront d'une partsur la région de Carency, Ablain-Saint-Nazaire, d'autre part au sud ducanal de la Bassée.La première de ces zones d'attaque, très solidement organisée par l'ennemi,est presque entièrement encerclée; son enlèvement réduirait notablementl'étendue du front. Toutefois, c'est plutôt dans la région au sud

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du canal de la Bassée, qui se prête mieux que la précédente à une actionoffensive, que le général de Maud'huy com pte concentrer ses efforts. Il sepropose, notamment, si l'attaque combinée des forces franco-anglaisesréussit à déloger l'ennemi de la Bassée, de se rabattre vers Haisnes, pourprendre de flanc la ligne Vermelles, Carency, à laquelle se heurtent lecentre et la droite du 21e corps d'armée. Ce rabattement devant amenerun vide entre la gauche de la Xe armée et la droite de l'armée britannique,le ier corps de cavalerie 2 serait chargé de le combler et d'assurer la liaisonentre les deux armées alliées 3.Le 18 octobre, le front de la Xe armée s'étend de la vallée de la Scarpe,immédiatement à l'est d'Arras, où il se soude à celui de la IIe armée,jusqu'au canal de la Bassée, qui le sépare de l'armée britanniqueLe 33e corps d'armée, au sud, et le 21e corps d'armée, de Carency àVermelles, sont au contact de positions ennemies fortement organiséeset ne peuvent progresser que « suivant les procédés de la guerre desiègeIl 5. La gauche du 21e corps d'armée a pu dépassér Cuiiichy, maiselle tente sans succès de s'emparer d'Aulchy.La 92e division territoriale, réserve d'armée, occupe la position derepli qu'elle a organisée entre la crête de Bouvigny et Béthune, derrièrel'aile gauche de l'armée.Cinq divisions de la 6e armée allemande occupent le front opposé àEn réponse une note 'du G. Q. G. du 17 octobre. (G.Q.G. Note pour les armées, S. C.0704, 17 octobre 1914.) — Cf. carte n° 28. -t - Le 1" C. C. assure à cette date la liaison entre les 2 G. W. jusqu'à ce que leur jonctionsoit réalisée.3 X*armée. Note concernant les intentions du général commandant la Xe armée.

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* Cf. carte n° aq. 6 Cf. Journal des marches et opérations de la X*armée.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 53134.celui de la Xe armée; elles appartiennent, du sud au nord, au Ier C. R.bav., au VIIe C. A. (une D. I.) et au XIVe C. A. 1.** *Le général Foch, après l'arrêt, dès le 19 octobre, de l'offensive francobritanniqueen direction de Lille, Courtrai, compte poursuivre samanoeuvre contre la droite allemande par la région comprise entre la meret la Lys. L'armée britannique et la Xe armée doivent appuyer cette nouvelleoffensive 2. D'après les ordres du général Foch, la Xe armée conserveradisponible le 2 1 au matin, derrière sa gauche, « une force de toutesarmes, manoeuvrière (pour des opérations rapides)" et comprenant aumoins l'effectif d'une brigade. Sur le reste du front, le général deMaud'huy devra «augmenter les travaux de fortification M." créer descentres de résistance » et étudier la répartition des unités territorialesentre les éléments actifs pour permettre ainsi la relève de ces derniers3.Si cette dernière partie de la mission de la Xe armée ne présente pasde difficultés particulières, en revanche, la mise sur pied du détachementchargé de prendre part à l'offensive est très laborieuse : « nous sommesobligés de ràcler les fonds de tiroir », écrit à ce sujet le général de Maud'huyau général MaistreDe plus, l'ennemi complique singulièrement le remaniement du dispositifen prenant l'offensive, le 20 octobre, contre la droite de l'armée britanniqueet la gauche de la Xe armée, à cheval sur le canal de la Bassée.Le 21 octobre, il attaque également la droite du 33e corps d'armée, àl'est d'Arras. La Xe armée, « qui n'a aucune réserve d'armée sérieuse5»,résiste de son mieux à la pression ennemie. Les corps d'armée ont l'ordrede « maintenir à tout prix leurs positions, pour permettre à la manoeuvreoffensive, qui se déroule dans le nord, de se développer » 6.1 Cf. carte mentionnant l'ordre de bataille ennemi à la date du 18 octobre 1914, établiep-ars le 2" bureau du G. Q. G. Général Foch. Lettre au général Joffre, iû octobre 101A. 3 Général Foch. Instruction au général commandant la X"armée, 10 heures, 19 octobre

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19414, Annexe 3052. Général de Maud'huy. Lettre personnelle au général Maistre, commandant le 21* C. A.,8 heures, 20 octobre iqiA.G. Q. G. Télégramme chiffré à général Foch, qh55, 20 octobre iqiA, Annexe 3091.X* armée. Ordre général d'opérations n° 18, 22 octobre 1914, Annexe 3211.532 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Les attaques ennemies durent jusqu'au 26 octobre. La Xe armée conserveson terrain; mais le 2e corps britannique, au nord du canal, estcontraint à plusieurs reprises de céder quelque peu du sien. Pour couvrirsa gauche, le général de Maud'huy se trouve donc conduit à soutenir sonvoisin et envoie plusieurs détachements de renfort au nord du canal de laBassée 1. L'armée britannique, grâce à cet appoint, peut procéder au resserrementde ses forces vers le nord.Au 33e C À, la lutte est particulièrement vive aux environs du faubourgSaint-Laurent. qui passe plusieurs fois de l'un à l'autre des adversaires.Le général de Maud'huy, malgré la pression ennemie sur ses ailes,s'efforce cependant de pousser son centre en direction de Vermelles,d'Ablain Saint-Nazaire et de Carency. La progression, entièrement réaliséeà la sape, est très lente.Le 26 octobre, le général Foch précise ainsi la mission de la Xe armée :organiser solidement le terrain, « tout en poursuivant les attaques entreprisessur des objectifs capables de rendement » et répartir les réservesde façon à rendre le front «indiscutablement sûr »2.Le général de Maud'huy prescrit en conséquence au 21e corps, dechercher à s'emparer de Vermelles et du Rutoire, au 33e corps, de concentrerses efforts dans le faubourg Saint- Laurent dont la perte, le

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25 octobre, a entraîné un repli de la 77e division sur une ligne allantde Saint-Nicolas aux abords de Roclincourt.Les progrès réalisés jusqu'à la fin du mois d'octobre restent minimeset n'entraînent pas de modification sensible du front de la Xe armée.* *Malgré son resserrement, l'armée britannique, toujours vivementpressée sur sa droite au nord du canal de la Bassée, cède peu à peu duterrain. Comme ce « recul régulier met en péril la gauche de la Xe armée II,1 Le 27 octobre, le détachement poussé au nord du canal de la Bassée comprend, sousles ordres du général Joubert, 4 bataillons et 3 batteries. 2 - Général Foch. Lettre au général de Maud'huy, 14 heures, 26 octobre 191A,Annexe 3388.TOME 1, 4' VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 533LAGRANDGEUERR—E. 1, 4" VOL. 34Ale général de Maud'huy se propose de prendre l'offensive au nord ducanal, dans le flanc sud des troupes allemandes qui refoulent la droitebritannique. L'attaque serait menée par quatre bataillons de chasseurs dela 43e D. I. Il fait relever ces bataillons dans la nuit du 3o au 31 octobre1.Mais à peine ceux-ci sont-ils disponibles que le général Foch prescritde diriger, le 1er novembre dans la matinée, trois bataillons de chasseurssur la Belgique2; l'offensive au nord du canal doit donc être abandonnée.En faisant remarquer au général Foch que la disparition de cesunités «enlèvera toute capacité offensive à la Xe armée», le général deMaud'huy ajoute toutefois «tout est à votre disposition, nous seronsheureux de concourir au succès sur le point décisif» 3.Le ier novembre, la 43e division entière est mise, ainsi que le 1 er corpsde cavalerie, à la disposition du général d'Urbal et elle s'embarque le lendemainà destination de Reninghelst.

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Par la suite, le général Foch, pour renforcer sa manoeuvre qui se développedifficilement, se propose d'effectuer un nouveau prélèvement surla Xe armée. 11 désigne pour cela la 1 3e D. I., qui serait remplacée parune brigade de réserve4. Mais le général Joffre, de plus en plus inquietde la tournure des événements dans le nord et de la diminution de sesréserves générales, précise à son adjoint qu'il n'a aucune unité à mettreà la disposition du général de Maud'huy; il lui recommande en conséquencede laisser au commandant de la Xe armée tout ce qui lui estnécessaire «pour assurer, quoiqu'il arrive, l'intégrité de son front»5.Les relèves n'ont pu s'effectuer qu'en étirant à l'extrême le front des33e et 21e corps d'armée et en introduisant en première ligne une partiedes troupes territoriales mises à la disposition de la Xe armée6, diminuantainsi la capacité offensive de celle-ci.Le général de Maud'huy prescrit néanmoins le 3 novembre à ses com-1 Xe armée. Compte rendu au général Foch, 3i octobre iqid, Annexe 3666. * Général Foch. Message téléphoné à X" armée, 19 heures, 31 octobre 191/1, Annexe3638. s X*armée. Compte rendu au général Foch, 31 octobre iqi4, Annexe 3666. 4 Général Foch. Télégramme chiffré à G.O. G., 151115. 3 novembre 101A.Annexe 3807. 5 v -. - il-- 11--- -- - - - - -- 6 G.Q.G. Télégramme chiffré à général Foch. 2ihA5. 3 novembre 101A.Annexe 3801. La X*armée dispose depuis le 23 octobre de deux divisions territoriales; les 84" et92" D.T.534 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.mandants de corps d'armée de donner «plus d'activité à leurs attaquespartielles, en vue de maintenir l'ennemi devant leur front et de l'empécherde porter des forces ailleurs» 1. Il s'attache en outre à la reconstitutiondes réserves à tous les échelons afin de «parer immédiatementaux attaques ennemies), en reprenant le terrain qui aurait été momentanémentperdu2.

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Les Allemands, d'ailleurs, ne déploient qu'une faible activité; lesreconnaissances d'avions ne constatent que «très peu d'animation3» enarrière du front opposé à celui de la Xe armée. Plusieurs attaques partielles,exécutées par le 2 ie corps d'armée, devant le Rutoire et à Angres,et par le 33e corps d'armée, au nord de la Scarpe, procurent quelquesgains de terrain, mais ne peuvent entamer les positions ennemies.Le 8 novembre, le général en chef, sur la proposition du généralFoch, décide de rattacher le 10e corps d'armée à la Xe armée, afin deplacer toutes les troupes chargées de la défense d'Arras sous un commandementunique 4.Cette extension de sa zone d'action, sans une augmentation correspondantede ses moyens, ne permet pas au général de Maud'huy de continuerson effort : «actuellement, et tant que les opérations du nord n'auront pasprogressé, il faut uniquement assurer l'inviolabilité du front, tout en maintenantl'ennemi par de petites opérations, mais sans entreprendre uneoffensive à grande envergure incompatible a\ec l'étendue de notre front,, 5.** *Ici s'achève le quatrième et dernier volume du tome 1 qui a été consacréà la relation des opérations de la «guerre de mouvement" dans l'été etl'automne de l'année 1914.Cest en effet au milieu de novembre que prend fin la période au cours1 Xe armée. Ordre général d'opérations n° 3o, ai heures, 3 novembre iqi4-Xe armée. Ordre général d'opérations n° 3a, 18 heures, 5 novembre :\ 1914. Xe armée. Bulletin de renseignements du 1" novembre 1914. 4 G. Q. G. Télégramme chiflré à IIe armée, n° 1703, i3 38, 8 novembre 191a,Annexe 4037.5 Xearmée. Note remise à l'officier de liaison auprès de la IIe armée, 9 novembre 19M.

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— Cf. carte n° 59.TOME I, 4* VOL. — QUATRIÈME PARTIE. — CHAPITRE XIX. 53534ade laquelle il peut paraître possible d'obtenir la décision par des manoeuvresen terrain libre.La «stabilisation du front 1), c'est-à-dire la constitution par chacun desdeux adversaires de positions fortifiées, s'est progressivement étendue dela frontière suisse jusqu'à la mer du Nord. A partir de ce moment les procédésde la guerre en rase campagne cessent d'être applicables; c'est auxprocédés de la guerre de siège qu'il va falloir recourir.Pendant plus de trois années, les armées adverses vont chercher à fairerenaître les conditions de la guerre de mouvement; et celle de ces conditionsqui leur semble la plus indispensable est la rupture préalable dufront ennemi, rupture obtenue par une concentration de moyens de plusen plus formidables.Les tomes II, III, IV, V et VI seront consacrés à la relation des vicissitudesde cette longue guerre de tranchées. Ce n'est qu'avec le tome VIIque reprendra le récit des opérations ayant remis en mouvement l'immensefront, et ayant conduit nos ennemis à avancer leur défaite.

APPENDICES AU QUATRIÈME VOLUME.DU TOME PREMIER.N° 1. — Tableau des renforts prélevés sur les armées stabilisées pourle renforcement de l'aile gauche des armées alliées, du 10 septembre aui 4 novembre 191 4. — Retrait des troupes britanniques du front del'Aisne.N°2. — Ordres de bataille des armées françaises :à la date du 21 septembre 1914 ;à la date du ]6 octobre 1 914 ;à la date du 11 novembre 1914.N°3. — Situations d'effectif des armées françaises :à la date du 2 1 septembre 19 14;à la date du 16 novembre] 9 1 A ;à la date du 1 1 novembre 191/1.N° 4, — État des pertes en septembre, octobre et novembre 19 14.

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N° 5. — Tableaux des consommations journalières de munitions de 7b;Tableau A : pendant la période du 28 septembre au 14 octobre191/hTableau B : pendant la période du 15 octobre au 14 novembre1914.N°6. - Liste des cartes de situation.538 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.APPENDICE N° 1.TABLEAU DES RENFORTS PRÉLEVÉS SUR LES ARMÉES STABILISÉESPOUR LE RENFORCEMENT DE L'AILE GAUCHEDES ARMÉES ALLIÉESDU 10 SEPTEMBRE AU 14 NOVEMBRE1914.( Carten°43.)ORDRE DU G. Q. G. PROVENANCE,ORDRE DU G. Q. G. j PROVENANCE,UNITES. ZONE, DATE D'EMBARQUEMENTi3* C.A. N°4685,A1Y0AsNepTtemPbRrEe,SC19RhI.T15. L'ENI.EVE'\fENlnTa,rmée. RégiOonUÉpidneal, mThisaeon. Ielnseprtoeumteb.re, midi.C. C. Conneau. o 5651, 17 septembre, 10 h. 50. V*armée. Par étapes. 17 septembre.i4'C. A. ? 5672, 17 septembre, dh. 20. Ire armée. Région Thaon, Bayon. 18 septembre,5 heures.4e C. A. N°5G57, 17 septembre. VI" armée. Passé sur la rive droite de l'Oise dans lanuit du 18 septembreau 19 septembre.(TélégrammeVI* armée à G. Q. G., 17 septembre, 22h. 45,Annexe 297).Division Barbot ^7602, 27 septembre, 21 h. 45. Ire armée. Région Charmes, Chatel. 28 septembre,(77eD.R.). 18 heures.Division Fayolle ? y6o2, 27 septembre, 21 h. 45. I" armée. RégionNancy, Champigneulles. 28 septem-(70e D. R.). bre, 18 heures.Q.G. n" armée. ¡N. 5yg3, 18 septembre, 7 h. 5o IIearmée. Régionde Toul 19 septembre, 5 heures.2oeC.A.j 79,1 sepem re, 7.0.

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armee. eglOn(e ou. 19sepem re, leures.11°C.A N°64g8, 21 septembre, 11 h. 10. IXearmée. Voie de terre. 21 septembre.10eC. A. N°7104, 24 septembre, 18 h. 25 Vearmée. Voiede terre. 25 septembre.4" D. C. ? 7071. 29 septembre, 18 h. 40. V*armée. Régiond'Epernay. 3o septembre, 10 heures.8°D. C. o 7924, 29 septembre, 13 h. i5 VI*armée. Voiede terre. 29 septembre.2i* C. A. N°8942, 3o septembre, 22 h. 55. IX"armée. Région de Châlons. 1" octobre, 18 heures.7' D. C. N°8007, 29 septembre, 20li. 55. II*armée. Région de Commercy.2 octobre, 6 heures.56.D.B. ? 172, 1"octobre, 17h.15. VI"armée. Voie de terre jusqu'à Compiègnoeù elles622"D.R No172,, 1" ocet0obre, 1h7 5 1 j arrivent le 2 octobre.45*D. 1. N°457, 3 octobre, 8heuresVI*armée.Voiede terre. 3 octobre.TOME I, 4e VOL. — APPENDICES. 539, ORDRE DU G.Q.G. PROVENANCE,UNITES. , ZONE,DATED'EMBARQUEMENT IAYANPTRESCRILT'ENLEVEMENT. ou de mise en route.6*D. C. N° 187, 1" octobre, 19 h. 3o IVe armée. Région Fére-Champenoise. 3 octobre.i3 heures.53eD. fi.., N- 693, 3 octobre, 23 h. 40. V"armée. En coursde déplacementvers Compiègneoùelle arrivera le 6.58"D.R. N°in5, 5 octobre, 2 3 h. 4o F" armée. Région Arches, La Chapelle, 6 octobre,midi.1fio (div.. N° 1115, 5 octobre, 23 h.4o. Ire armée. Région Toul. 7 octobre, 22 heures (TéléçC.A|. egramm, e i2,o..5, ,6 octobre, i3 h. 3o). ( 3ic div.. N°6099, 28 octobre, 8 h. 17. VIearmée. RégionCompiègne, Montdidier,29 octobre,6 heures.9e D. C. N*1393, 7 octobre, 10 h. 10. IVearmée. Voie de terre. 7 octobre. I

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14ebrigade de dra- NI1457, 7 octobre, 16 h. 10. 1" armée. Région Charmes, Chatel, 8 octobre,gons. 15 heures.42eD. I., N°3578, 16 octobre, 21 h. 30. V"armée. RégionEpernay, 18 octobre, 18 heures.9ek- A. N°3022, 14 octobre IVearmée. Région Mourmelon, 20 octobre, 6 heures.Régiment sénéga- ? 433o, 20 octobre, 19 h. 50. Ve armée. Embarquement à Mourmelon, 21 octobre, lais. midi.Régiment mixte ? 4465, 21 octobre, gh.lo. Vearmée. Embarquement à Mourmelon, 22 octobre, colonial soir.16 régiments de NI 4516, 21 octobre, 17 h. 05. IVearmée. Embarquements le 22 octobre, 12 heures.cavalerie decorps. I" armée. Embarquementsle 23 octobre, 8 heures.IIIe armée Embarquements le 23 octobre, 4 heures.VIearmée. Embarquements le 25 octobre,12 heures.ye armée. Embarquementsle 24 octobre, 12 heures.Q. G. du 3ac C.A.. Instructions verbales apportées par lecolonel)aArlmexéaen. dre. Région V'e arméet . Régrgi•oonnddee Fnisism-meess..27 octobre, 7 heures.38eD. I Lettre V" armée à G.Q.G., 24 octobre, 9 heures )Brigademarocaine. NI2216, 10 novembre, 19h. 55 Varmée. RégionMourmelon!. 1 novembre,12 heures.4 bataillonsde chas- No22i7,1 o novembre, 19 b.57pe armée. Région de Toul.seurs des ln et Ille armée. Région de Mussey.11 novembre, 12heures. mearmées. P" armée. Région Sorcy, Pagny. 11 89*brigaded'infan-N° 2243, 10 novembre, 22 h. 4o. I"armée. Régionnovembre,erie 16 heures.540 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.RETRAIT DES TROUPES BRITANNIQUES DU FRONT DE L'AISNE.r ORDREDU G.Q.G. PROVENANCE,UNITÉS. ZONE,DATED'EMBARQUEMENTAYANPTRESCRLIT'ENLÈVEMENT. ou demiseen route.

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2eD.C.W(.Général Note du G.Q.G. à maréchal Frcnch, n° 159, Voiede terre, le 2 octobre.Gough). 1"octobre.2*C.W. Note du G.Q.G. à maréchalFrench, n° 159, Relevéle 1eroctobre.t" octobre. Voiede terre jusqu'à Compiègne.Embarquéle 5 octobre.3' C.W. Note du G. Q. G. à maréchal French, n° 791, Relevéles 6 et 7 octobre.t. octobre. * Voiede terrejusqu'à Compiègne. Embarquéle 9.i"D.C.W. (Général. Voiede terre, setrouve le 7 versCoinpiègnc.Allenby).( Notedu G.Q.G. à maréchal Frencli, n° 2269, Relevédu 13 au 16 octobre.1 CJ.i.V:.V i i octobre à VIearmée. La5i"heduirveiss.ionembarquàeFismes, le i3, à partir de? 5 riheures. Relevéele 14octobreau soir.Embarque1 le 15 octobre, à 1 8 heures, Fismes.Embarque1à 18 heures, à Fismes.TOME I, 4* VOL. — APPENDICES. 541APPENDICE N° 2.ORDRES DE BATAILLE DES ARMÉES FRANÇAISES.Nota. — Les armées sont présentées d'après leur place dans la ligne debataille. Dans les armées les unités sont classées dans l'ordre de leursnuméros.A. - A LADATEDU21 SEPTEMBRE.Ire armée. — Quartier général: Épinall. — Général Dubail.Groupement de Nancy2 (aux ordres du général cdt le 16e corps d'armée) :16" corps d'armée, 3ie et 328 D. 1.; E. N. E. -- Général Taverna.28 G. D. R. (59e, 648 et 68e D. R.). — Général Joppé.708 D. R. (139e et 1406 bdes; 428 et 446 B. C. P.). — Général Fayolle.748 D. R. (147e et 148e bde5;238 et 278 B. C. A.). — Général Bigot.Groupement des Vosges (58e et 668 D.R.; 41, D.1.3; 128,138,22, 288 et308 B. C. A.). — Général Putz.Corps d'armée provisoire (Division Vassarel et division Barbot5; E. N. E.)..- Général Delétoille.

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71edivision de réserve [ 141e, i42®eti5ie b,le$; 418,438,508 et 7 1 - B. C. P.170e R. I.). — général Kaufmant.73e division de réserve. — Général Lebocq.Place de Toul.Place d'Épinal.Place de Beflort (578D. R.6; bd8active de la place et groupe de 6 escadronsde réserve).2' division de cavalerie. - Général Varin.i U*brigade de dragons.Observations:1 Viendraà Neuves-Maisonsle 22 1 septembre. Ce groupement sera dissousle 22 septembre; les grandesunités qui entraient dans sa composition relèverontchacunedu commandantde l'armée à partir de cette date. (Cf. Annexe 846.) 5 Cette D.I. est rattachée au groupement des Vosgesà partir du 22 septembre; aux 2 bdel dela 41*D. I. est rattachée la i52* bd*de réserve.4 89*b4*et 2*bdecoloniale; deviendrala 76*D. I. à la date du 12 octobre. 1 88*b4*;53', 57*,6o* et 61' B. C. P. — Cf. note n° 4 de l'ordre de bataille du 16 octobre, de laX"armée.Il GénéralBernard.542 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.IIIe armée. — Quartier général : Verdun1. - Général Sarrail.5' corps d'armée (9&et 10e D.I.; E. N. E.). - Générai Micheler.6' corps d'armée (12"D. I., LÍ08 D. I. et 107e b,)c2; E. N. E.). - GénéralVerraux.15' corps d'armée (29e D. I. et 3o®D. I.; E. N. E.). - Général Espinasse.3e groupe de divisions de réserve (65e, 678 et 758 D. R.). — GénéralP. Dnrand.72' division de réseive3 (i.43% i 44e et 1088 bd82;. -Général Heymann.7e division de cavalerie. — Général d'Urbal.Obsenations :1 Pour l'organisationdes forces en groupements cl. Annexes 623 et 732 (ordres d'opérationsde laIIIe armée pour les 21 et 22 2 septembre). Cette brigade provient de la dislocationde la 5ie D. I. le 4 septembre.— Cf.note n° 3 de l'ordrede bataille du 16 octobre, de la Ill" armée.Di\ision de la place de Verdun rattachée au 3" G. D. H. du 50 au 211septembre.

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IVe armée. - Quartier général : Dommartin-sur-Yèvre. — Généralde Langle de Cary.2' corps d'armée(3" D. I., 4e D. I.; E. N. E.). — Général Gérard.17' corps d'armée (33e D. I., 34e D. I.; E. N. E.). — Général J.-B. Dumas.1er corps d'armée colonial (2e D. I. C.. 3e D. 1. C.; E. N. E.). — GénéralJ. Lefevre.6e division de cavalerie. — Général de Mitry.8e corps d'armée1 (150 et 16e D. I. ; E. N. E.). — Général de Castelli.Observation:1 Ce corpsd'armée, venantde la III*armée, a été mis provisoirementà la dispositionde la IV*arméepar ordre 6122 du G. Q. G., du 19 septembre, 10 heures (cf. Annexe 512); maintenu les 21 et22 septembreà Sainte-Menehouldà la disposition du G. Q. G., par messagetéléphonédu 20 septembre,1R heures (Annexe 606), ce corps d'armée esl dirigé de nouveau sur la IIIe armée à partir du2 septembre (cf. Annexe 838).IX6 armée1. — Quartier général : Châlons-sur-Marne. - Général Foch.9' corps d'armée (17e, 18e et 426 D. 1.2; E. N. E.). — Général Dubois.12' corps d'armée (23e D.1.3; 24" D.1; 606 D.R.; E. N. E.). — GénéralRoques.218 corps d'armée (136 et 43e D. I.; E. N. E.). - Général Maistre.52e division de réserve4. — Général Battesti.Division du Maroc4. — Général Humbert.98 division de cavalerie 4. — Général de l'Espée.11' corps d'armée5 (21" et 22" D. I., E. N. E.). — Général Eydoux.TOME I, 4e VOL. — APPENDICES. 543Observation: s1 Sera dissoute à la date du 7 octobre par note du G.Q. G. du 5 octobre; cf. Annexe 2118. Legénéral Foch quittera l'armée le 4 octobre pour prendre le commandementdu groupe provisoireduNord.— Cf. Annexe 2008.2 Le 9"C.A garde provisoirementle 21 une brigade de la 4a"DI. ; l'autre brigade passe augro3upementHumbert. — Cf. Note n° 4 ci-après. La 23*D.I. est en réserve d'armée à Mourmelon; elle entre provisoirement, le ai, dans la compositiondugroupement Humbert.

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4 Ces 3 divisions, auxquelles s'ajoutent la 23e D.I. et la Ir. brig. de la 42e D.I. sont groupéesàpartir du 21 septembresoir sousles ordres du général Humbert et constituentle futur corps combineHumbert. — Cf. Annexe 764 (IXearmée. Ordre particulier, 21 septembre, i5 heures). 5 Le lIe C.A quitte la IX*armée le 21 par voiede terre; passant dans les arrières de la VI"arméeles jours suivants, il sera affecté à la II* armée à partir du 25 septembre.— Cf. Annexes 706.833 et 1081.Ve armée. — Quartier général: Romigny. — Général Franchet d'Espèrey.1" corps d'armée (ire D. T., 28 D. I.; E. N. E.). - Général Deligny.3e corps d'armée (5e D. I., 6e D. I.; E. N. E. ). — Général Hache.108 corps d'armée (19e D. I., 20e D. J., 5ie D.R.; E. N. E.). — GénéralDesforges.18* corps d'armée ( 35e D. J., 36° D. I., 388 D. I.; E. N. E. ). —Général deMaud'huy.4" groupe de divisions de réserve (53eD. R., 69eD. R.; E. N. E.). — GénéralValabrègue.à* division de cavalerie. — Général Abonneau.VIe armée. — Quartier général: Villers-Cotterêts. — Général Maunoury.7e corps d'armée (i h" D. I., 63° D. R., groupe de bataillons de chasseursalpins de réserve1, 458 et 55e B. C. P., E. N. E.). — Général Vautier.3° groupe de divisions de réserve (55e D.R.; 45e D.I. ; bde de chasseursindigènes du Maroc; E. N. E.). — Général Beaudenom de Lamaze.6e groupe de divisions de réserve2 (6il, et 62e D. R.; 378 D. 1.; 3e be marocaine;E. N. E.). — Général Ebener.06e division de réserve3. — Général de Dartein.8e division de cavalerie. — Général Baratier.498 brigade4.Obsenaùon:s1 47. 63e, 64*et 67ebat. de chasseurs alpins. a Constituele groupement Ebener. 3 La 56e D. R. est détachée du 5* G.D.R.; la Ill" bderenforce provisoirementle 70 C.A.; laii24*, le 6' G.D.R. La kg*bd" de la 25*D.I. du 13eC. A. a été conservéejusqu'au 21 au soir par la VIe arméeCf. Annexe 839.544 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.

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lIe armée 1. — Quartier général: Clermont (Oise) 2. — Général de Curièresde Castelnau.4" corps d'année 3(78 et 88 D. I.; bdode spahis; E. i\. E. ). — Général Boëlle.13" corps d'armée3 (25e et 268 D.1.; 4" bde marocaine; E. N.E.). — GénéralAlix.f 4e corps d'armée4 (27e et 28" D. I. ). — Général Baret.20' corps d'armée5 (118 et 398D. I.). — Général Balfourier.Corps de cavalerie Buisson (iw et 5" D. C. ).Corpsde cavalerie Conneau (38 et 10e D. C.; 458 rgt. d'inf.).Observation: s1 Constituée par l'ordre particulier n° 3i du G. Q. G. du 18 septembre 1914. Cf. Annexe 393.i Depuis le 20 septembre soir.3 Les 13eet l," corps d'armées ont été passéspar la VI' armée à la IIearmée à partir du 21 septembre,o heure. Cf. Annexe 642.4 Venant de la 1" armée, embarqué le 19, termine ses embarquements le 21 en fin de journée.Cf. Annexe 725.1 Venant de la région de Tout : la Il" D. 1. termine ses débarquements; la 3g* D. I. les terminerac 22.Groupe de divisions territoriales. — Quartier général: Amiens. -Général Brugère.81e, 82", 84e et 88" divisions territoriales.Cavalerie Beaudemoulin (brigade de cavalerie Gillet et 10 escadrons despahis auxiliaires).** *B. - A LADATEDU l6 OCTOBKK.1re armée. — Quartier général : Neuves-Maisons. — Général Dubaill.8e corps d'armée (i5®2 et 16e D. I.; brigade active de Belfort; E. N. E.). —Général Piarron de Mondésir.316 corps d'armée3 (76" D.I. 4; 64eD.R.; brigade mixte5;2 3e et 27®B.C. A.;E. N. E.). — Général Delétoille.

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Groupement des Vosges6 (4ie D. 1. 7 et 66e D. R. 8; groupement de groupesalpins9; E.N. E.). — Général Putz.2e groupe de divisions de réserve (09e, 68e et 7A®D.R. ; 43e, 50., 71* bataillonsde chasseurs10; E. N. E.). — Général Joppé.1 Ie division de rhel've11. — Général Ranimant.TOME I, 4' VOL. — APPENDICES. 545LAGRANDGEUERRE—. I, 4* VOL. 3)73e division de réserve12. - Général Lebocq.Place de Toul.Place d'Épinal.Place de Beflort( 67* D. R.IS; groupe d'escadrons de réserve).2e division de cavalerie1*1.— Général Varin.Observations:1 Le général Dubail est chargé de coordonner les opérations des I" et III* armées depuis lea 52septembre. Moinsune brigade (3o') détachéeau 6' C.A. (III" armée). 3 Anciencorps d'armée provisoireDélétoille, devenu31* C. A. à partir du 12 octobre 191à.*Division de Vassart : 89*bd8(i57* et i63* R. 1.); 2*hd.coloniale(5* et 6eR. I. C.). 5 Brigadeforméepar les 2328et 277eR.I. et détachéepar la 59" D. R. au 31. C. A., du 12 octobreau 3o décembre 19i4. 6 Groupementdes Vosgesjusqu'au ai octobre 19*4, ensuite 34*C. A.8i*, 82.et 152"brigades.I 115* et 132"bdel; i3*, aa*, 28. et 3o*B. C. A.9 12", IS8,528, 68", 70* B. C. A. Les 12', 158, 52. et 68' B. C. A. sont rattachés à la 66* D.J.,le 17°08B.C.A.à la 41"D.I. Les 43e, 5o* et 718 bataillons de chasseurs, venus de la réserve d'infanterie du 138C. A. enoctobre 1914, sont rattachés à la 74*D. R.Il 141*et 142"bdel;1518bde;41" bataillon de chasseursà pied; 21*bd. de cavalerielégère. iii 73*D. R. (i45* et 146"bd") est détachéede la place de Toul; elle est renforcée de la brigademixte des 16., 168*et 1698 R. I. et du détachement de Pont-à-Mousson, formé de 5 bataillonsterritoriaux.GénéralBernard.

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14a* et 12*bd" de dragons; la 2*bd8légère est détachéeà la io* D. C. (18"C. C.).IIIe armée. — Quartier général : Verdun. — Général Sarrail.5" corps d'armée (9* et 108 D. I.; E. N. E.). — Général Micheler.6ecorps d'armée (12e D. I., 408D. I., 678D. R. 1; 308 bd82; 3018, 3028 et3o4" R. 1. 3; E. N. E.). — Général Verraux.15' corps d'armée (29e et 308 D. I.; E. N. E.). — Général Espinasse.3e groupe de divisions de réserve (65* et 75eD. R.; E. N. E.). — GénéralPaul Durand.Place de Verdun(72* D. R. 4 et 1088 brigade5).Observations:1 Provientdu 3*groupe de divisionsde réservequi sera dissousle 3 novembre1914. i A la dispositiondu 6*C. A., du 27 septembre au aa novembre1914.s Ces régiments proviennentde la dislocation, le 4 septembre igi4, dela 54*D. 1. où ils constituaientla 107"bd*.Les 301"et 302" R. I. sont rattachés depuis le 7 octobre à la 128D.I., le 3048R. I.est rattaché à la io* D.I.* Général Heymann.1Provient de la 54*D. I. — Cf. note n" 3 ci-dessus,546 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.IVe armée. — Quartier général: Châlons-sur-Marne. — Généralde Langle de Cary.2e corps d'armée (3e et 4e D. I.; E. N. E. ). - Général Gérard.9* corps d'armée (17* et 18e D. I.; E. N. E.). — Général Dubois.12e corps d'armée (23e et 24e D.I.; 60e D. R. 2; E. îN.E.}. —Gén éra lRoques.17' corps d'armée (33" et 34e D' L; E. i\. E.). - Général J. B. Dumas.1er corps d'armée colonial (2e et 3eD. I. C.; E. N. E.. — Général J. Lefcvre.91* division territoriale. - Général Lacroisade 3.96' division territoriale. - Général Palat5.109" et 110e régiments territoriaux.Observation: s1 Rattaché à la IV"armée à la date du 7 octobre 1911.a Général Réveillac.3 En cours de transport.La 91e D. T., transportée, à partir du 15 octobre 1914, de la région de Clermont,Beauvais, vers

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Mourmelon-le-Grand, aura des éléments en secteur, à la disposition de la 23e D.I. à partir du21 octobre.La 96e D.T., transportée, à partir du 16 octobre 1914,du camp de la Valbonnedans la région deLivry-sur-Vesle,aura des élémentsen secteur, à la disposition de la 24e D.I., à partir du 21 octobre.Ve armée. — Quartier général: Romigny1. — Général Franchet d'Espèrey.itr corps d'armée ^i'e et 2e D.1. ; 1028 bdc2; E.N.E.). — Général Deligny.3e corps d'armée (5e et 68 D. I. ; 5ie D. R. 3; E. N. E.). — Général Hache.18e corps d'armée (35e, 368 et 388 D. 1.4; E. N. E.). — Général Marjoulet.32' corps d'armée5 (428 D.I. 52e D.R.; division du Maroc; E. N. E.). -général llumbert.Brigade de cavalerie (5° et 6e régiments de chasseurs d'Afrique).1028 et io4* régiments territoriaux.Observations:l A partir du 17 octobre 1914, Jonchery-sur Vesle.2 Brigade de la 5ie D. R.3 Moinsla 102e bd";la 5ie D. R. sera rattachée au 32e C. A. à partir du 17 octobre.4 La 38eD. 1 est retirée du front tenu par le IS. C. A. le 27 octobre; elle est transportés dans larég5ion de l'Yser (32e C.A.). 32eC. A. depuis le 12 octobre 1914, précédemmentcorps combiné Humbert.VIe armée. — Quartier général : Villers-Cotterêts. — Général Maunoury.7e corps d'armée (iho D. 1. et 63e D. R.; E. N. E.). — Général Vautier.16e corps d'armée ( 32° D. I.; E. N. E.). — Général Taverna.5" groupe de divisions de réserve (55e D. R.; bde mixte Klein1; E. N. E.). -Général Beaudenom de Lamaze.TOME I, 4e VOL. — APPENDICES. 54735.6e groupe de divisions de réserve (37e D. I. et 61e D.R.; 38 hde marocaineE. N. E.). — Général Ebener.31' division d'infanterie2. — Général de Cadoudal.69 division d'infanterie de réserve. — Général Néraud.9' division de cavalerie. — Général de l'Espée.11Ie régiment territorial.Observations:1 Constituéele 2 octobre igi4, avec les éléments suivants provenant du 7e C. A. : i* groupement

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du lieutenant-colonelFranchetd'Espèrey (47e, 63", 64e et 67" B. C. A.); 20 réserve d'infanterie du7"C.A. (352eR.I., /i',eet 55° B.C. P.); 3°régiment de chasseursindigènesdu commandantPoeymirau ,anciennebrigade de chasseurs indigènesDitte et anciennement rattachée à la 45e D. 1.; 40 2 groupesd'artillerie de l'A.C./7 et 1 compagniedu génie de corps du 7° C. A. avecun équipage léger de ponts.(Journal des marches et opérations du 5eG. D. 2 R.). Détachéedu 16*C. A.; en situation de relèveet de mouvement.lie armée. — Quartier général: Cagny. — Général de Curières de Castelnau.W corps d'armée (7e et 88 D. I.; brigade de spahis Martin de Bouillon;E. N. E.). — Général Boëlle.10e corps d'armée(19e et 208 D. T. ; E. N. E.). — Général Desforges.1Ie corps d'armée ( 21" et 228 D. I.; E. N. E.). — Général Eydoux.13' corps d'armée (25eet 26"D.I. ; 48 brigade marocaine; E. N.E.). — GénéralAlix.14' corps d'armée ( 27e et 288 D.I.; E. NE.). —Générai Baret.20' corps d'armée (39e D.1. ; 821,et 84" D. T. 81, D. C. E. N. E. GénéralBalfourier.11' division d'infanterie2. — Général Chatelain.53e3, 56* et 62' divisions de réserve.100e et 1018 R. 1. T.Observatio:n1 Moinsune brigade, la 168",détachée du ier au 3i octobre 191/1au 33eG.A. (Xe armée). 2 Détachéedu 20*C. A.; occupele secteurentre l'Ancre et la Somme.3 La 53*D. R. est à la disposition de la 11*D. I. du 16 au 20 octobre.Groupe de divisions territoriales1. — Général Brugère.81e et 88' divisions territoriales.Brigade de cavalerie Gillet; 10 escadrons de spahis auxiliairesE. N. E.Observations:1 Subordonnéà la IIearmée; sera dissousle 22 octobre. 2 La brigade de cavalerieGillet et les 10 escadrons de spahis auxiliaires proviennentde la divisionde cavalerieprovisoireBeaudemoulin,rattachée au G. D.T. et dissoute le 9 octobre 1914.

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548 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.X* armée. — Quartier général: Saint-Pol. — Général de Maud'huy.21' corps d'armée (i3* D. I.; 43' D. I. ; 58e D. R.1, 92®D. T.2; E. N. E.). —Général Maistre.33' corps d'armée3 (45' et 77*D. I.4; 70" D. R.; 168' bdo5; E. N. E.). —Général d'Urbal.ltr corps de cavalerie (Ir., 3' et io* D. C.). — Général Conneau.Observations:1 Réorganiséele 4 octobre 1914 avecune nouvellecomposition(116e et i3i* brig.), retirée du frontdes Vosges(Ir. armée) le 3 octobre 1914.s Rattachéeau ai* corps d'armée depuis le 9 octobre 3 1916. 33*corps d'armée à partir du 12 octobre, précédemmentcorps d'armée provisoire d'Urbal.4 Division Barbot du 5 au 3o septembre 1914, puis division «B» de la subdivision d'arméeMaud'huy, 77' division à partir du 12 octobre 1914 (général Barbot). La 77* division comprendla 88' bd., le groupe des 54', 57", 60*et 61° bataillons de chasseurs; le 4" régiment de chasseursd'Afrique lui est rattaché.5 Cf. note n° 1 de l'ordre de bataille du 16 octobre, de la n'armé,..Groupement Bidon1.2' corps de cavalerie ( 4", 5e 6' et 7e D. C.)2. — Général de Mitry.87' et 8ge divisions territoriales.Observation:1 Constitué le 13 octobre1914 sous les ordres du général Bidon, gouverneur de Dunkerque.Cf. notes nOt7 et 8 de l'ordre de bataille de la X*armée, à la date du 16 octobre 1914. 1 Le a*C. C. est mis à la dispositiondu général Bidonpar instruction du G. P. N. du 16 octobre,aih3o;cf. Annexe 2919. La 7' D. C. est déjà dans la région d'Ypres depuis le matin du 16; lesautres D. C. sont en cours de déplacement dans cette région.Brigade de fusiliers marins 1. - Contre-amiral Ronaro'h.Observatio:n1 A Dixmude; aux ordres du commandement de l'armée belge.TOME I, 4* VOL. — APPENDICES. 549U GRANDGEUERRE—. I, 48 VOL. 35A*

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* *C. A LADATEDUIl NOVEMBRE igi4.Ire armée. — Quartier général : Neuves-Maisons. — Général Dubaill.8e corps d'armée (î5e2 et 16e D. I.; brigade active de Belfort; E. N. E.). -Général Piarron de Mondésir.3ie corps d'armée (76' D. I. 3 et 64' D.Pi. ; brigade mixte4; 238 et 278 bataillonsde chasseurs; E. N. E.). - Général Delétoille.34' corps d'armée (4il, D. 1.5; 66' D. R. 6 E. N. E. ). — Général Putz.2' groupe de divisions de réserve (5Qe,68e et 748 D. R. 7 E. N. E.). — GénéralJoppé.71* division de réserve8 (i 4i' et 1428 bd"; Ifne bde; 418 B. C. P.; hd8 dehussards de réserve). — Général Kaufmant.73* division de réserve (i45* et 1468 bde; 98, rgi. territorial). - GénéralLebocq.Place de Toul.Place d'Epinal.Place de Beflort (57* D.R. 10; groupe de 6 escadrons de réserve; 99e et133" rgts. territoriaux).2' division de cavalerie. — Général Varin.34% 518, 60' et 115' rgts territoriaux.Observations:1 Cf. observationn* 1 de l'ordre de bataille du 16 octobre, 1" armée.! Moinsune brigade ( 30e)détachéeau 6*C.A. (III*armée). 3 Cf. observationn° 4 de l'ordre de bataille du 16 octobre, 1" armée.4Cf. observationn° 5 de l'ordre de bataille du 16 octobre, I" armée.5 8le, 82" et 152. bd"; 70*B. C. A.6 Cf. observationsnOI8 et 9 de l'ordre de bataille du 16 octobre, I" armée.7 147"et 1â8* bdel;à3*, 5o' et 71*B. C. P.8 Constituele groupement dit central. * En coursde transport. 10GénéralBernard.lUe armée. — Quartier général: Verdun. — Général Sarrail.5*corps d'armée (9eet 108 D.I.; 150 b*1®1;E. N. E.). — Général Micheler.6*corps d'armée (128 et 40' D.1.; 678 D.R.; 3oe bd,,2; 3018, 3028,3048 rgts d'inf. s; E. N. E.). — Général Verraux.15' corps d'armée (29e et 3oe D.T.; 149e bde4; E. N. E.). — GénéralHeymann.65* division de réserve5. — Général Legros.P lace de Verdun (72eD. R. 6; division de marche de la place7).

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550 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Observations:1 Brigade provenant de la 75"division dissoutele 6 novembre.3 Cf. observationn° 2 de l'ordre de bataille du 16 octobre, IIIearmée.3 Cf. observationn° 3 de l'ordre de bataille du 16 octobre, Ill" armée.4 Brigade provenant de la 75edivision dissoutele 6 novembre.5 Du 2 au 16 novembre, la 130"ba. de cette D. R. est à la disposition de la 12" D. I. (6" C.A.);par contre la 59e bd8de la Bo"D. L (i5* C. A.) est rattachée à la 65"D. R. du ier au 23 6 novembre. Général Bapst. 7 Division de Morlaincourt, constituée avec 2 régiments (108* bde) provenant de la 54" D. I.disloquéele 4 septembre, et 3 régiments de place.IVe armée. — Quartier général: Châlons-sur-Marne. — Généralde Langle de Cary.2e corps d'armée (3° et 4e D. I.; E. N. E.). — Général Gérard.12e corps d'armée (23e et 248 D.I. ; E. N. E.). — Général Roques.17e corps d'armée (33e et 348 D. I.; E. N. E.). — Général J.-B. Dumas.1er corps d'armée colonial (2e et 38 D. I. C.; E. N. E.). — Général J. Lefèvre.60e division de réserve. — Général Réveillac.91e division territoriale1. — Général Lacroisade.96e division territoriale 1. - Général Palat.105e, 109e et 110e régiments territoriaux.Observatio:n1 Cf. observationn° 3 de l'ordre de bataille du 16 octobre, IVearmée.Ve armée. — Quartier général : Jonchery-sur-Vesle. — GénéralFranchet d'Espèrey.1ercorps d'armée (ire et 28 D. 1.1; E. N. E.j. — Général Deligny.3e corps d'armée( 5° et 6e D. I.; E. N.E.). — Général Hache.18e corps d'armée (35e2 et 36e D. 1.3; E. N. E.). — Général Marjoulet.Troupes du secteur de Reims} (5ieet 528 D.R.; division du Maroc0). -Général de Pélacot.69e division de réserve. — Général Berdoulal.Groupement Hugot Derville (102e rgt d'inf. territoriale; une cie de pontonniers).35e, 118e6, io4 et 111e rgts territoriaux.Observation: s1 Sont rattachés à la 28D. I. le 1488R. I. et le 35°rég. territorial.2 Sont rattachés à la 35" D. I. le 249erég. réserve d'infanterie du C. A., et le 88° rgt territorial.

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3 Sont rattachés à la 368 D.I., le 218"rgt réserve d'infanterie du C. A. et le 2e rgt étranger(de4marche). Groupementconstitué le 25 octobre 191A.TOME I, 4* VOL. — APPENDICES. 55135A.5 La division du Maroc comprend : la i™bdomarocaine composée du rgt colonial et du i" rgtétranger. et les a43* et 273' R.I.; ces régiments remplacent la a* bdemarocaine, qui a quitté ladivisionle Il novembrepour se rendre en Belgique;le 118e rgt d'infanterie territoriale est égalementrattaché à cette D. M.ÓPour ces 2 régiments voir les observationsn° 1 et f>ci-dessus.VIe armée. — Quartier général : Villers-Cotterêts. - Général Maunoury.7e corps d'armée (148 D.I. et 638 D. R.; E. N. E.). — Général Vautier.,"jegroupe de divisions de réserve (55e D. R.; bd9 mixte Klein1; E. N. E.). —Général Beaudenom de Lamaze.6e groupe de divisions de réserve ( 37e D. I.; 6ie D. R.; 38 bd8 marocaine.). —Général Ebener.Réserve d'armée (170° R. I.; 2 groupes du 45" rég. d'artillerie).18r, 28 et 48 bataillons de chasseurs territoriaux.548 et 114e2 rgts territoriaux.Observations:Cf.observationn° 1 de l'ordre de bataille du 16 octobre, VI"armée.2 Ce régiment a été mis à la dispositiondu 5*G. D. R.IIe armée. — Quartier général: Cagny. — Général de Curières de Castelnau.4' corps d'armée (7" et 8" D.I. ; E. N. E.). — Général Boëlle.lie corps d'armée (2il, et 228 D.I. ; E. N.E.; Ille rgt d'inf. coloniale).-Général Eydoux.13*corps d'armée (25e et 268 D.I. ; E.N.E.; 4e bde marocaine; 22e1 et100e rgts d'inf. territoriale.). — Général Alix.lb" corps d'armée (27" et 28" D.I.; E. N.E.; 62° D. R.; 101e R. I. T.). -Général Baret.53e division de réserve2. — Général Loyzeau de Grandmaison.56" division de réserve3. — Général de Darteiri.82' division territoriale 4. - Général Vigy.8e division de cavalerie 4. — Général Baratier.

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Brigade de cavalerie de réserve Gillet6.88e, 1218 et 123e rég. territoriauxObservations:1 Détachéde la 82" D. T.1 Le 45*rég. d'infanterieest rattaché provisoirementà la 53" s D. R. La 56*D.R. comprend, outre les m* et 11a* bde.,la 163" h" d'infanterie territoriale et le43*rgt d'infanterie coloniale.4 Détachela i63* bd*à la 56' D.R. et le aa* rgt territorial au 13eC. A. 0 La 8* D.C. est aux ordres de la 56*D. R. du 2 novembre au 13 décembre 1914. Un régiment de dragons (élémentsdes 6*,23", 27" et 32' dragons), un régiment mixte (éléments du i5* dragons et du 8ehussards). 7 Cesrégimentssont rattachés à la 8a* D. T.552 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Xe armée. — Quartier général: Saint-Pol. — Général de Maud'huy.10e corps d'armée (19* et 218 D.I.; 888 D.T.; E. N. E.). - GénéralDesforgesl.21* coi-ps d'armée2 (i3®D.I.; 58*D. R.; 92*D. T.; E. N. E. j. — GénéralMaistre.33* corps d'armée (45®D.I.; 7oe D.R.; 77®D.I.; Sio D.T.; E. N. E.Général Pctain.Brigadede spahis. — Colonel Martin de Bouillon.Observatio:ns1 GénéralWirbel à partir du i!t novembre.1 La 43*D. I., qui fait organiquementpartie du 2 C. A. est détachée au D. A. B.Détachement d'armée de Belgique. — Quartier général: Rousbrugge. -Général d'Urbal.9e corps d'armée (17* et IS8 D.I.; 68 et 78 D.C.; E. N. E.). — GénéralDubois.16e corps d'armée (31°, 32®D.I. ; 39° D. 1.1; 438 D.I. 2; E. N. E.). - GénéralGrossetti.20e corps d'armée (118 D. I. 5; E. N. E.). — Général Balfourier.328 corps d'armée (388 et 428 D. T.; 89* D. T.; 48 D. C.; E.N.E.). — GénéralHumbert.1er corps de cavalerie4 (ire, 38 et 10° D. C.). — Général Conneau.2' corps de cavalerie5 (98 et 58 D. C.; 878 D. T.). — Général de Mitry.Groupement Bidon (Sl° D.T.; bde de fusiliers marins6; 1 régiment de

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tirailleurs sénégalais; groupe des escadrons de spahis auxiliaires).Observations:1Cette divisionreviendra au ao*G.A. le 13 novembredans la soirée.2Divisionorganiquedu ai* corps d'armée.s Du Il au 13 novembre,la 21*bilede la 118D. I. ( ao*C.A.) est à la dispositiondu 16*C.A.4 Le 1" C.C. détache ¡ es élémentsau 16" corpsd'armée.5 Le 28C. C. est aux ordres du 32*C. A., du 5 au 10 novembre.o La brigade de fusiliers marins et les éléments sénégalais seront retirés du groupement Bidon le13 novembreet rattachés au 328C. A.TOME I, 4* VOL. — APPENDICES. 553APPENDICE N" 3.SITUATIONS D'EFFECTIF' DES ARMÉES FRANÇAISES., EFFECTIF EFFECTIF EFFECTIFARMEESLE21 SEPTEMB1R9E14. LE10 OCTOBR19E14. LE 11 NOVEMB1R9E14.ou - J"o. - --- - - --- -GROUPEMENTS.Officiers. Troupe. Chevaux. Officiers. Troupe. Chevaux. Officiers. Troupe. Chevaux.F*armée2. 8.4o3 4i5.685 86.885 8.569 430.429 86.670 9.131 430.828 88.58olU. arméeS. 5.146 237.077 65.816 5.351 257.516 71.534 5.645 267.406 69.237IV*armée. 3.839 164.393 59.333 5.365 218.305 76.010 5.355 227.091 68.579IX*armée. 4.5o5 192.549 66.984 nu u V H MV.armée. 4.876 198.409 64.84o 4.775 196.25o 6a.43o 4.986 212.024 58.966VI"armée. 3.172 134.480 43.922 4.124 172.163 55.391 3.098 131.376 37.012Warmée. 4.231 166.012 62.839 6.438 264.865 91.519 5.711 229.268 78.376G.D. T. Brugères. 1.227 54.io4 10.154 656 25.923 6.767 Il u 8X*armée Il Il 4.3o5 137.344 64.342 4.074 164.527 55.512GroupementBidon. Il u 5oo 25.000 3.5oo au vD.A.B. 8 Il Il 6.172 201.219 93.3o4Il

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Touux. 35.399 1.562.709 460.773 i 40.083 1.727.795 5i8.i63 44.172 1.863.739 549.5661 Notedu S. H. - Les chiffresindiquésci-dessusne comprennentque les effectifsaux armées; ils sont établis d'après les effectifsdes rationnairestels qu'ils nous sont donnéspar les situationsrapport récapitulativesdes 5 jours des armées, vérifiéeset complétées, toutesles foisque celà a été possible,aveclessituationsraDDortdes 5 iours des grandes unités ou desDlaces. 1 Notedu S. H.—Compri; les eflectifsdes placesd'Épinal. de Toul et de Belfort. S Notedu S. H.—Comprisl'effectifde la placede Verdun.554 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.APPENDICE N°h.ÉTAT NUMÉRIQUE DES PERTES DES ARMÉESPENDANT LES MOIS DE SEPTEMBRE, OCTOBRE ET NOVEMBRE 1914.SEPTEfBRE1.TUÉS. BLESSÉS. DISPARUS.ARMÉES. - - ——- ———-——"—————-Officiers. Troupe. Officiers. Troupe. Officiers. Troupe.Ir" 118 9.764 271 lL181 21 7-079II. 178 3.4io 496 16.678 79 15.663IIP 147 2.608 4o5 17.801 76 14.775IV. 29 489 327 6.461 33 7.681Y. 98 2.141 317 13.679 54 10.74aYIe. 167 2.334 482 25.263 44 10.257IX. 128 3.070 4i4 14.276 32 9.999G.D. T. 26 366 157 3.754 77 6.794TOTA.UX. 891 17.182 2.869 109.093 419 82.990OCTOBR1E.TUÉS. BLESSÉS. DISPARUS.ARMÉES. - - - - -Officiers. Troupe. Officiers. Troupe. Officiers. Troupe.Ir" 36 1.144 90 4.974 6 i.oi4II* 115 3.253 318 14.592 34 6.3ioIlle. 34 955 78 3.949 9 1.716IVe. 152 3.923 50 2.989 1 799V. 48 1-918 108 5.139 30 4.236VIe. 17 525 30 1.975 4 976D.A. B. 35 1.390 106 4.940 2 649Xe 78 1.481 200 5.665 28 6,988

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TOTAUX. 515 14.589 il 980 44.223 Il 114 22.688NOVEMB1R.ETUÉS. BLESSÉS. DISPARUS.ARMÉES. - - „Officiers. Troupe. Officiers. Troupe. Officiers. Troupe.I" 42 1.607 103 5.866 8 i.oo5IP 23 889 55 2.863 2 461III.-. 42 1.45g 88 5.183 25 2.861IV. 43 1.311 78 3.466 10 i.8o5V. 41 1.322 68 3.563 3 1.296VI" 15 888 43 2.404 8 939D.A.B. 197 5.007 424 19.101 96 8.485X" 25 779 35 2.514 7 615ToTAux 428 14.162 894 44.960 157 17.4671 Notedu S. H.—États conservésdans les archivesdu G. Q. G. (1" bureau), bureau du personnel, statistiques.TOME I, 4* VOL. — APPENDICES. 555APPENDICE W 5.A. — CONSOMMATION DES MUNITIONS DE 75.PÉRIODE DU 28 SEPTEMBRE AU 14 OCTOBRE INCLUS.COURSE À LA MER.I" II- Ille IV. Ve VIe IX. V11DMATES. ARMEE. ARMEE.ARMEE.ARMEE.ARMEE.ARMEE,ARME-E. , G.D. I. TOTAUX. ARME1E.l l'OTAUX.28 septembre. 13.250 15.000 2.888 i.4oo 1.239 2.38o 3.080 1/ n 39.237 I29 — 10.379 28.000 i.3oo 2.391 2.404 1.260 2.372 Il 1.200 49.30630 — 6.500 25.32G 1.102 2.1o5 3.524 1.872 8.5o8 Il 2.002 50.939l" octobre.. ).614 30.300 1.221 a.444 504 2.029 1.409 2.920 46.44i2 — '1.830 31.300 658 1.259 191 1.088 483 « 95o 38.7593 — i.ijoi 24.780 1.382 2.445 781 1>279 642 » 3.147 36.358'1 — 2.65g 26.55o 548 i.333 208 i.565 531 /1 3.323 36.7175 - 2.47O 24.200 1.763 1.562 714 783 572 Il i.38o 33.45on - 1.2.56 22.000 1.097 2.198 788 733 452 n 2.980 32.oo47 - 2.7'1'1 17.500 2.447 583 1.219 264 9 18.000 i.84o 44.5978 815 13.300 2.356 710 271 1.396 Il 17.300 1.240 37.388V — 4.33o 9.300 2.353 469 6o3 935 H i5.3oo 2.56o 35.85o10 - 1.4114 9.9ao 1.241 2.037 785 84 Il 13.570 3.200 32.281

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11 - 1.210 12.600 i.853 663 867 117 H 14.000 900 32.21012 - 808 12.100 2.092 7.456 9.451 241 14.700 56o 47.40813 — 283 9.85o i.53o 789 5.793 683 Il 12.000 150 31.07814 - 127 10.700 812 670 6.146 46o a 8.4oo 690 27.905 I.VS.5g6 323.256 26.644 3o.5i4 35.488 17.169 18.049 113.270 28.942 651.9281Notedu S. H.—Le 27 septemb,re le général commandanten chef a adresséaux armées une note secrètedanslaquelleil insisteà nouveausur la questiondu ravitaillementen munitions d'artillerie qui «prend en ce momentun caractèreparticulièrementgraveetexigedes mesuresénergiques».- Cf. Annexen° i445 (G.Q. G., note 7513, 27 septembre1914).Le 28 septembre, par télégrammechiffré,faisant suite à la note précitée, le généralcommandanten chef prescrit que «tous lessoirsuu toutesles nuits avant sixheures, chaquearmée fera connaîtrepar télégramme chiffréau directeur de l'arrière le nombrede coupsde 75 consommésdans la journée». Cf. annexen° i536 (G.Q.G., télégramme chiffré7683, iih25, 28 septembre igi4) Le tableaurécapitulatif«A»qui précèdea été établi à partir de cettedate du 28 septembre. Cf.égalementtome II, première partie, chapitre premier, pages 9 à i3, et chapitre 11,pages 51 à 70, ttla crise des munitionsde 75, l'industrialisationde la guerreD.556 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.B. - CONSOMMATION DES MUNITIONS DE 75.PÉRIODE DU 15 OCTOBRE AU 14 NOVEMBRE INCLUS.BATAILLE DES FLANDRES.I" n" IIIe IVe v VI- X.DATES. ARMÉE.ARMEE.ARMEE.ARMEE. ARM, EE. ARMEE. ARMEE. D.A.B. G.D.r. TOTAUX.15 octobre. 256 7.010 1.152 1.354 3.375 381 8.000 Il 420 21.94816 — 115 1.800 965 463 1.395 215 6.960 « 5oo 12.41317 — 66 16.680 819 443 4oo 278 12.000 157 30.84318 — 103 19.700 785 302 164 254 i.3io * 270 22.88819 — 890 12.000 318 363 181 292 6.625 n 125 20.79420 — 361 7.750 827 17 348 290 8.000 9 17.59321 — 1.43l 7.000 722 458 393 409 8.080 0 Il 18.49322 — 499 6.200 5o8 555 447 388 9.620 Il 18.21723 — 433 10.000 517 612 445 469 8.674 Il 2i.i5o24 — 543 9.200 373 324 606 321 7.361 2.900 u 21.62825 - 434 6.700 43 243 642 5o6 4.626 11.700 Il 25.344

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26 - 659 6.600 518 544 882 563 5.866 18.700 D 34.33227 - 2.013 6.000 422 711 661 608 8.447 5.564 H 24.42628 -- 528 14.900 582 682 387 295 7.535 8.160 Il 33.06929 - 375 18.070 1.148 1.905 1.480 375 6.o84 12.837 Il 42.27430 - 582 12.55o 10.607 5.651 834 )6 5 7.481 18.406 fi 56.111 — i2. 55o 10.607 5.65i j 6 *531 - 823 11.950 1.298 3.294 797 ) 3.o45 8.634 Il « 36.786l"novembre. 902 11.900 1.197 1.168 1.602 2.801 4.385 7.614 Il 31.5692 - 1.352 6.5oo 760 874 1.272 980 3.693 18.700 Il 34.1313 - 340 2.975 537 788 879 217 2.622 18.162 Il 26.5204 - 1.047 12.000 467 351 1.962 279 4.466 19.706 Il 40.2785 - 660 3.990 53o 796 3.519 439 5.170 25.493 n 40.5976 — 647 5.5oo 264 842 6.185 379 3.170 19.431 n 36.4187 - 5o5 4.100 371 1.516 3.780 429 4.3o2 9-189 » 24.1928 - 343 1.875 455 1.578 5.248 520 2.285 12.408 « 24.7129 - 3.3oo i.5oo 432 1.237 2.832 514 2.932 9.555 fi 22.30210 - 170 1.000 386 5.249 3.714 164 2.707 3o.642 fi 44.o3211 - 449 i.4o6 422 1.362 1.423 120 4.465 24.56o 34.20712 - 588 2.406 627 1.047 2.690 ) 5 1173.253 26.157 36.76813 - 412 901 1.930 829 936 15.117 1.443 13.539 Il 35.10714 - 453 960 565 863 1.194 148 2.971 22.640 n 29-79421.279 231.123 30.997 36.421 50.673 34.6961167.578 344.697 1.472 918.936TOME I, 4* VOL. — APPENDICES. 557APPENDICE N° 6.TOME 1art : LA GUERRE DE MOUVEMENT.4" VOLUME: LA BATAILLE DE L'AISNE, LA COURSE À LA MER.(14 SEPTEMBRE- 14 NOVEMBRE1914).LISTE DES CARTES DE SITUATION.Carte n" i.. Situation d'ensembledes armées françaises le 14 septembresoir ( partieest). i/3 20.000'Carte n° 2.. Situation d'ensemble des armées françaises le 14 septembre soir (partieouest) , 1/320.000'Carte n° 3.. Situation des forcesde la VI"armée, le 14 septembresoir. 1/80.000e

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Carten° 4.. Situation des forces de la VI" armée, le 17 septembresoir. 1/80.000*Carte n° 5.. Situation des forcesde la VIearmée, le 18 septembrematjn. 1/80.ooo'Carte n° 6.. Situation des forcesde la VI*armée, le 19 septembre soir. 1/80.ooo*Carten° 7.. Situation des forces de la VI' armée, le 20 septembre soir. 1/80.000*Carte n° 8.. Situation des forcesde la V*armée, le 14 septembresoir 1/80.000'Carte n° 9.. Situation des forcesde la V"armée. le 16 septembre soir 1/80.000*Carte n° 10. Situation des forcesde la V armée, le 18 septembresoir. 1/80.000'Carte n° 11. Situation des forcesde la V' armée, le 21 septembre soir. 1/80.000*Carte n° 12. Situation des forcesdes IV et IX*armées, le 14 septembresoir. 1/80.ooo"Carte n* 13. Situation des forces de la IV"armée et de l'aile gauche de la III" armée,le 21 septembresoir. 1/80.000'Carte n° i4. Situation générale des forces à l'aile gauche des armées françaises, le20 septembresoir. 1/200.000*Carte n* 15. Situation des forcesde la II' armée, le 23 septembresoir 1/80.000*Carte n° 16. Situation des forcesde la H"armée. le 24 septembresoir. 1/80.000*Carte n' 17. Situation des forcesde la II* armée et du G. D.T.,le 26 septembresoir.. 1/80.000'Carten* 18. Situationdes forcesde la II' armée et du G. D. T., le 28 septembresoir.. 1/80.000'558 LES ARMÉES FRANÇAISES DANS LA GRANDE GUERRE.Carte n° 19. Situation des forcesdes II*et VI*armées, le 3o septembresoir. 1/200.000'Carte n° ao. Situation des forcesde la subdivisiond'armée Maud'huy, le 1" octobre 1/80.000'Carte n° 21. Situation des forces de la subdivisiond'armée Maud'huy.le 2 octobre. 1/80.mm'

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Carte n° 22. Situation générale des forces à l'aile gauche des armées françaises, le3 octobre. 1/200.000°Carte n° 23. Situation des forcesde la X*armée, le 5 octobre au matin. 1/80.000eCarte n° 24. Situation des forcesdela X. armée, le 6 octobre soir 1/80.000*Carte n° a5. Situation générale des forces à l'aile gauche des armées françaises, le8 octobre au matin 1/200.000"Carte n° 26. Situation des forces de la Xearmée et de l'armée britannique, le 10 octobresoir ;. 1/80.000°Carte n° 27. Situation des forcesde la Xe armée et de l'armée britannique, le 12 octobresoir. 1 /80.000eCarte n° a8. Situation des forcesde la Xearmée et de l'armée britannique, le 15 octobreà la fin de l'après-midi 1/80.000"Carte n° 29. Situation générale des forces à l'aile gauche des armées françaises, le17 octobresoir 1/200.000'Carte n° 3o. Situation du groupementd'Ypres, le 19 octobre. i/4o.ooo°belgeCarte n° .'ii Situation des forcesanglo-franco-belges,le 20 octobre. i/ioo.ooo*anglais.Carte n° 31. Situation généraledes forcesalliéesà l'aile gauche, le 22 octobre soir. Il'Aoo.ooo.Carte n° 33 Situation des forces anglo-franco-belges,le 23 octobresoir 1/100.000°anglais.Carte n° 34. Situation des forces anglo-franco-belges.le 24 octobre soir. 1/100.000°anglais.Carte n° 35. Situation du D. A.B., le 26 octobre soir. i/4o.oooebelge.Carte n° 36. Situation du D. A.B., le 28 octobre. i/4o.oooebelge.Carte n° 37. Situation du D. A.B.. le 3o octobre. i/4o.ooo®belge.

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Carte n" 38. Situation des forcesanglo-françaisesà Ypres, le 3i octobresoir. 1/40.000ebelge.Carte no 39. Situation des forcesanglo-françaisesà Ypres, le 2 novembresoir. i/4o.oooebelge.Carte n° 40. Situation des forcesanglo-françaises,le 4 novembresoir 1/100.000eanglais.Carte n° 4i. Situation des forcesanglo-françaises,le 8 novembresoir 1/100.100eanglais.Carte n° 42. Situation des forcesanglo-françaises,le 10 novembresoir. 1/100,000*anglais.Carte n° 43. Situation générale des forcesalliées et allemandes, le i4 novembre soir. 1/600,0000Carte n° 44. Craquis schématiquedes principauxprélèvements et transports de troupespour alimenterla ttcourseà la mer» (i4 septembre-3novembre). 1/600,000"TOMEI, k' VOL. — APPENDICES. 559Carten° 45. Situationdes forcesde la IIIearmée, le )5 septembresoir. 1/80.000eCarte n° 46. Situation des forcesde la Ill" armée, le 16 septembresoir 1/80.ooo*Carte n° 47. Situationdes forcesdes Ir" et IIIearméesen Woëvre,le 20 septembsroeir. 1/80.000eCarten° 48. Situation dela IIIe armée entre Argonneet Meuse, le 20 septembresoir.. 1/80.000eCarten° 49. Situationdes forces des Ireet IIIearméesenWoëvrlee, 22 septembresoir. 1/80.000eCarte n° 5o. Situation des forcesdes Ireet 111°armées en Woëvre,le 25 septembresoir. 1/80.000"Carte n° 5i. Situation de l'aile gauche de la IIIearmée et dela IVearmée le 25 septembrematin 1/80.000eCarten° 52. Situation de la Irearmée, le 3o septembresoir 1/200.000'Carte n° 53. Situation des IIIe,IV"et IXearmées, le 3o septembresoir. 1/200.000'Carte n° 54. Situation de la IV. armée, le 20 octobresoir. 1/80.000e

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Carte n° 55. Situationde la Vearmée, le 20 octobresoir. 1/80.000'Carte n" 56. Situation de la Vearmée, le 14 novembresoir 1/80.000eCarte n° 57. Situation de la VIearmée, le 20 octobre soir. 1/80.000'Carte n° 58. Situationde la IIearmée, le 14 octobre soir 1/200.000'Carte n° 59. Situation des IIeet X' armées, le 14 novembresoir. 1/200.000'

LAGRANDGEUERRE—. 1, 4" VOL. 36TABLE DES MATIÈRES.AVANT-PROPOS. 1PREMIÈRE PARTIE.LA BATAILLE DE L'AISNE (lft-2 1 SEPTEMBRE I f) I V)-Pages.CHAPITRE PREMIER. — LACONDUITDEESOPÉRATIONASULENDEMADINELAMARNE(14-septembre 1914). 11. —Aprèsl'arrêt de la retraiteallemande(14-16 septembre1914). — L'arrêt de la retraiteallemande surprend le commandementfrançaisen pleine exploitation de la victoire de laMarne. —Imprécisiondes renseignements,incertitude sur les intentionsde l'ennemi.— Essaide continuation des actions offensivesvisantla destructionde l'aile droite allemande. p. 2II. — Lajournéedu17septembre1914; nouvelleorientationde la bataille.— Situation del'ennemi connuele 17 au matin: double menace sur l'Aisneet dans le nord ouest.— Organisationdela lutte dans la zone centrale. — Première ébauche de la manoeuvre d'aile aunord de l'Oise. p. 10III. — Le laborieuxdébutdela manoeuvredaïle (18-21septembre1914). — Nouvellesincertitudes.—Le « montage»de la manoeuvred'aile. — La crise du 20 septembre.— La situations'éclaireau cours desjournées suivantes.— Conclusion p. 16CHAPITRE II. — LA BATAILLEDEL'AISNEÀLAVI*ARMÉE( 15-20 SEPTEMBRE 1914). 251. — La manoeuvred'aile au sud de l'Oise (15-17 septembre1914). — Situation de la

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VIe armée, sa mission, ordres donnés par le général Maunoury le i4 septembre. —La journée du 15 septembre : premiers résultats obtenus par la manoeuvre d'aile. —La journéedu 16 septembr:e des attaques allemandesdébouchant de Novon enrayent cettemanoeuvre.— La journée du 17 septembr:e échec définitif de la manoeuvred'aile dans larégionde Noyon,replis marqués par la VI*armée de part et d'autre de l'Oise. p. 25II. — L'extensionde la manoeuvredaile au nord de l'Oise (18-20 septembre1914). —Remaniementdu dispositif de la VI0armée, suivant les instructions du général en chef :renforcement et extensionde l'aile gauche (18 septembre). - Préparation du mouvementoffensifdes 13"et 4" C. A. au nord de l'Oise ( 19 septembre). - Lajournée du 20 septembre:attaque allemanderepousséeentre Oise et Aisne;progrès marqués au nord de l'Oise; situationle 20 septembre au soir p. 45562 TABLE DES MATIÈRES.CHAPITRE. Il l. - LABATAILLDEEL'AISNEÀLAV. ARMEE( 15-20 SEPTEM1B9R1E/[ ).. 57I. - La manoeuvreau sud de l'Aisne(15 et 16 septembre1914). — Situation de la Vearmée,sa mission, ordres donnés par le général Franchetd'Espèrey, le II. septembreau soir. -Journéedu 15 septembre.— Uneoffensiveallemandesur les deux rives de l'Aisne arrête àses débuts la manoeuvredu généralFranchet d'Espèreyau sud de cette rivière.— Interventiondu général en chef.— Analogieentre la manoeuvrede la Vearmée et celle de la VIearméesur l'Oise.Journée du 16 septembre. — Une nouvelleintervention du général en chef amène unchangementdans le dispositif de la Vearmée. — Le général Franchet d'Espèreyse met sur

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la défensiveau sud de l'Aisne.— L'ennemi ralentit ses attaques et rassemble des forces aunord de la rivière p. 58Il. — Tentativede reprisede la manoeuvreau nordde l'Aisne(17 et 18 septembre1914). —Journée du 17 septembre.— L'aile gauche de la V*armée fait ses préparatifs.— Le corpsde cavalerieConneaudirigé versl'aile droite. — Renseignementssur l'ennemi.— L'offensiveallemande se développesur tout le front. — La Ve armée condamméeà la défensive.—Les mesures prises par le généralFranchet d'Epèrey.— Interventiondu général en chef, sesinstructionsparticulières n° 28 et 29.Journée du 18 septembre. — Le général Franchet d'Espèrey renouvelle ses ordres d'attaqueau nord de l'Aisne.— Echauffouréede Courcy.— Maintiendu ioe C.A.dans la régionde Reims.— L'attaque des 1" et 18eC.A. ne peut avoir lieu.— Eventualitésenvisagéesparle commandantde la V. armée p. 72III.— La V.arméeprend, sur l'ordre de général en chef, une attitudede défensiveagressive(19 et 20 septembre1914). — Journée du 19 septembre. — La nouvellemission de laVearmée.— Les ordres donnés par le général Franchetd'Espèrey.Journée du 20 septembre.— La Vearmée repousseavec succès l'offensivedéclanchéeparl'ennemi au nord de l'Aisne p. 81CHAPITRE IV. - LA BATAILLEDECHAMPAGNE AUXARMÉESDU CENTRE(14-22 SEPTEMBRE191 4) 89I. — Situationdesarméesducentrele 15 septembre1914au soir. - Dispositifdesarmée;s leurétat physique et moral. — Directivesdu général en chef.— Ordres donnés par les commandantsd'armée pour le 15 septembre. p. 90IIlI.. -- VVaianinsesffeorts de la IX' armée pour refouler son adversairevers le nord (14-21 septembre1914).

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— Echecdes tentativescontre la gauche, puis le centre, des forcesopposéesà laIX. armée.— Instructions particulières du G.Q.G.du 17 septembre.— Reprisede l'attaque,le 18 septembre, contre le centre de la ligne ennemie (massif de Moronvilliers).— Interventiondugénéral Joffre au profit de la Vearmée, le 19 septembre.— Attaquede l'ennemivers Souain.— Le général Foch reporte ses efforts à droite (Epine de Védegrange)puis prépareune sérieuse offensivesur sa gauche(massif de Berru, Nogent-l'Abbesse).— Le contreordredu 20 septembre.— Le projet d'attaque du généralFoch ajourné à la suite du départdu 11*corps p. 94III. — Tentativesrépétéeset injiuctueusesde la IVearmée du 14 au 22 septembre1914. —Reprisede la bataillesur tout le front le i5 septembre. — Interventiondu général Foch.—Arrêt des attaques du centre et de la droite de la IVearmée le 16 septembre. - Nouvelleinterventiondu général Foch. — Reprisede l'offensiveavec la gauche renforcée. - Instructionsparticulières du G. Q. G. du 17 septembre.— La IVe armée se met le 18 septembresur la défensive.— Conceptiondu général de Langle de Carysur la défensiveagressive.-État physique et matériel de l'armée. — Eventualité d'une offensiveennemie dans la zonecentrale.— Décisiondu généralen chef (19 septembre).— Opération de détail sur la Buttedu Mesnil.— Nouvellespeu rassurantesde la Woëvre(20 septembre).— Reprise de l'offensiveles21 et 22 septembre.— La IVearmée se met sur la défensive p. 109TABLE DES MATIÈRES. 56336.DEUXIÈME PARTIE.LA COURSEÀLAMER ( 19 SEPTEMBR1E- 5 OCTOBRE 1914).CHAPITRE V. — L'ACTIONDUGÉNÉRAL JOFFREPENDANT LACOURSEÀLAMER(19 SEPTEMBR15E-

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OCTOBR1E914). , 127Genèsede la manoeuvred'aile; théâtre des opérations. — Missiondévolueà la IIe armée(19 septembre).— Dernierssursautsde la bataillede l'Aisne; offensiveallemandede Lorraine;bataille de Picardie (20-26 septembre).— Extensionde la manoeuvre d'aile au nord de laSomme(27 septembre-2octobre).— Concentrationde forces alliées dans le nord, batailled'Arras (29 septembre-4octobre).— Premiers doutes sur l'aboutissement de la manoeuvred'aile.— Transportde l'arméebritannique dans le nord (4 octobre-6 octobre).— Fin de la«courseà la mer», 7-1!) octobre) p. 127CHAPITRE VI. — LA BATAILLEDE PICARDIE(19-26 SEPTEMBRE1914). 147I. - Constitutionde la II" armée(19-20 septembre).— Son manque de moyens d'exploration.- Commentla situationmomentanémentcritiquede l'aile gauchede la VIearmée troublela manoeuvrede la lIe armée. p. 147II.— Marched'approchede la IF armée( 21-23septembre).— Indicationsque possèdesurl'ennemi le commandantde la IIe armée. — Les premiers renseignements de contact du21 septembre.— Résultatsde l'explorationaérienne du 22. — Vains efforts pour redresservers le nord la marche de la IIearmée. — Pivotementde la 11°armée autour de son ailedroite. p. 151III.— La bataillede rencontre(24-26 septembre).— Renseignementsdu 23. — Dispositionsprises par la IIe armée pour recevoir le choc de l'ennemi. — La bataille s'engage.—Velléitésde diversionssur les arrières de l'ennemi.— Tentative d'enveloppementde l'ailedroite allemande au sud de la Somme.— Apparition du IIe corps bavaroisau nord de larivière.- La situation se renverse. p. 160

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CHAPITRE VII. - LA BATAILLDE'ARRAS(27 SEPTEMBREO-3C- TOBRE1914). 177I. — Le généralen chef reprend par Arras la manoeuvrectaile (27-30 septembre).— Lescombats infructueux du G.D.T. et de l'aile gauchedela IIearmée sur la ligne de l'Ancre,le 27 et le 28. — Nouveauxprélèvementsde forces décidés sur le front de Lorraine. -Créationde la subdivisiond'arméeMaud'huy.— Actiondes agentsde liaisondu G. Q. G. -Transport du corpsprovisoireet des divisionsde cavalerieà l'aile gauche.- Missiondévolueàla subdivision d'armée p. 177IL — La batailledArras à la subdivisiond,'armée[l'r-3 octobre).—Situation d'ensemblele1" octobredansla matinée.— Dispositionsprises par le général de Maud'huyen vue de sepréparer à prendre à partie l'aile droite ennemie. — 2 octobre, l'adversaire prend lesdevants.—Evolutionrapide et changementsà vuede la bataillesousArras.—Inefficaceinterventiondu10ecorps d'armée.— La manoeuvred'aile encoreune foismanquée p. 190564 TABLE DES MATIÈRES.CHAPITRE VIII. — LA PHASECRITIQUEDE LACOURSEÀLAMER( 1"-9 OCTOBRE1914) 2o5I. — Lesmomentsdifficilesde la II" arméeet du G.D.T. ( l"-3 octobre).— Combatssur lefront au sud de la Somme.— Débarquementsdu 21° corps d'armée. — La bataille dans larégion d'Arra;s situation difficilede l'aile gauchefrançaise et du groupe de divisionsterritorialesp. 205II. — La journéecritiquedu 4 octobre.— Le repli éventuelsur la ligne de la Sommeestenvisagé.- Directivesdu général en chef, qui écartecette solution.— La subdivisiond'arméeMaud'huy devient une armée indépendante.— Le général Foch est envoyédans le nord pourcoordonnerles opérationsdes II"et Xearmées p. 214

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111.— La bataille d'Arras aprèsl'arrivée dugénéralFoch (5-9 octobre).— La Xearméeconsolidesa situation (5-6 octobre).—Les chassés-croisésdu 7 octobre.— La batailled'Arrassuit son cours (8 et 9 octobre) p. 220CHAPITRE IX. — L'OFFENSIVFERANCO-BRITANNIDQEULEALYS(8-15 OCTOBR1E914). 236I. — La couverturedes débarquementsbritanniquesdans les Flandres [7-9 octobre).—Mission confiéeau corps de cavalerieMitry.— Attaquesallemandesdes 8 et 9 octobre surla Lys p. 236II. — Organisatiodne l'offensivferanco-britanniquepar le généralFoch (8-12 octobre)— Préparationde l'entrée en ligne des Anglais.— Le plan d'offensive(10 octobre).— La coopérationde la Xearmée p. 241III. — La bataille à l'aile gauche de la X' armée en attendant l'arrivéedesAnglais (10-11 octobre).— L'aile gauchefrançaisemenacée(10 octobre).— La X"armée et les Anglais :premiers contacts.— Combatsde cavaleriedu 11 octobre. p. 244IV. — L'offensivferanco-britanniqeute lachute deLille (12-14 octobre).— Entrée en lignede l'armée britannique;premiers engagements; la chute de Lille. — L'offensivefrancobritanniquede la Lys, les résultats ( 13-14octobre) p. 252TROISIÈME PARTIE.LABATAILLEDESFLANDRES ( 15 OCTOBRE14- NOVEMBRE19 1 4).CHAPITRE X. — ACTIONDU HAUT COMMANDEMEENTTEXPOSÉGÉNÉRALDE LABATAILLE 360La batailledes Flandre:s bataille interalliée.— Situation au 15 octobre; forcesen présence.- Préludes de la bataille.— Offensiveen direction de Lille et de Courtrai, défensivesurl'Yser.— Entrée en action de nouvellesforces allemande: s le heurt de deux offensives.—

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L'offensiveallemande prend comme objectif Calais; le général Joffre met l'aile gauche desAlliés sur la défensive.— Dernières convulsionsde la bataille et immobilisationdu front. —Conclusion. p. 263CHAPITRE XI. - LEs PRÉLUDEDSELABATAILLDEESFLANDR(EIS"-I7 OCTOBRE1914). 283I. — L'arméebelgejusqu'à sonarrivéesur l'Yser ( l'-12 octobre).— Le repli de l'arméebelgesous Anvers.— Appel au secoursdu gouvernementbelge. — Les deux thèses en présence: l'utilisationde l'armée de campagnebelge à la défense d'Anversou sa coopérationàTABLE DES MATIÈRES. 565LAGRANDGEUERRE—. I, 4*VOL. 36ACHAPITRE XI. (Su'te.)l'actiongénéraledes armées alliées (3o septembre-5 octobre).— L'armée belge sort d'Anvers(7 et 8 octobre); la place succombe(9 octobre).— Le transfert de l'armée belge en France.- L'interventiondu général Joffre (10-11 octobre).— Le maintien de l'armée belge sur leterritoire national; sa participation à la manoeuvrealliée (11-12 octobre). p. 283Il. — Installationde l'arméebelge sur l'Yser (14-16 octobre).— La situation le i4 au matin.-- L'arrivéesur l'Yser et l'organisationde la résistance(i5 et 16 octobre). p. 294III.— Organisationdu pointctappuidYpres( 12-19octobre).— Les territoriaux à Ypreset àPoperinghe (12-15 octobre). — Renforcement du groupement d'Ypres (14-17 octobre). —Le groupementBidon du 17 au 19 octobre p. 297IV. Organisationdu camp retranché de Dunkerque et appel des renforts [13-16octobre).p. 301V.— Actionconcertédee la X' arméeet del'arméebritannique à l'aile gauch[elà -18 octobre).p. 303

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CHAPITRE XII. — LA BATAILLEDE L'YSERET LESOFFENSIVESFRANCO-BRITANNIQUESVERSCOURTRA(1I 6-26 OCTOBREX91 It). 307I. — Les premierschocs(17-21 octobre).— Premières escarmouchesusr l'Yser( 17octobre).— Actiondu groupement d'Ypres sur Roulers (18 octobre). — Apparition du XXIIIecorpsde réserve allemand devant Ypres. - Le plan d'action du général Foch (19 octobre). —Attaquedu XXII"corps de réserve allemand sur Dixmude.— Entrée en ligne du 1" corpsbritannique. — Les renforts français (20 octobre). — Constitution du détachement d'arméede Belgique.— Lchec de l'offensiveanglaisesur Thourout (21 octobre). p. 307II.— La phasecritique.La bataille devientgénérale(22-26 octobre).— Offensivedu détachementd'armée de Belgiqu:e projets et directivesdu général Foch (22 octobre).— Dispositionsprises par le général d'Urbal en vue de l'attaque du 23. — Les Allemandsdans labouclede Tervaete.— Entrée en ligne des renforts ( 170et 42" divisions) et offensivefrançaise(23 octobre).— Les fusiliers marinset l'alerte de Stuyvekenskerque(24 octobre). — Nouvellesdirectivesdugénéral Foch. — Les Belgeset les fusiliers marins en difficultéssur l'Yser(25 octobre). — Repli de l'armée belge et des contingents français sur la voie ferrée Nieuport,Dixmude.— Echecde l'offensivefrançaisesur Staden (26 octobre). p. 320CHAPITRE XIII. — LA BATAILLDE'YPRES(27 OCTOBRE-N4OVEMBRE) 339I. — Tentativesdu détachemendt'armée de Belgiqueet des Britanniques pour déboucherctYpres(27-29 octobre).— Situation sérieuse sur l'Yser (26 octobre).— Faibles résultats desattaques franco-britanniquesau nord et à l'est d'Ypres (27 et 28 octobre). — Inondationsde la plaine entre l'Yser et la voieferrée de Nieuport à Dixmude (28 et 29 octobre). — Finde la bataille de l'Yser. p. 339

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II. — La défensefranco-britanniquedu saillant d'Ypres[30 octobre-6notembre).— L'attaqueallemandecontre le saillant d'Ypres.— Les Britanniques appellent à l'aide; intervention destroupes françaises.— L'ennemi se renforce (3o octobre). — Situation critique de l'arméebritannique.— Interventiondu général Foch. — Le repli anglais est enrayé. — Directivesdu général Foch (3i octobre).— Offensivedu D.A.B. pour dégager le front britannique. —Dispositionsprises par le général Foch pour renforcer le front d Ypres.— Les forces allemandesde la mer à la Lys (1er novembre).— L'ennemi renouvelle ses assauts au sudd'Ypres; le D.A.B. contre-attaque (2 novembre).— Le D.A.B. reprend ses attaques; faiblesrésultats obtenus.— Interventiondu général Joffre (3 novembre).— Fin des grandes offensivesderupture. — Vers la stabilisationprogressive du front des Flandres, (4 novembre).p. 346MG TABLE DES MATJÈRES.CHAPITRE XIV. — LA FIN DELABATAILLDE'YPRES—. STABILISATIOPNROGRESSIVEDUFRONTDESFLANDRE(.5S-14 NOVEMBR1E914). 372Projets du généralFoc;h lesattaqueslocalessurobjectifs limités (5 novembre).— Les Allemandsreprennentleurs attaques contre Ypres(6 novembre).— L'ennemi suspend son effortoffensif (7 novernbre).- Ypres à nouveau menacé; le général Fochengage sa dernièrereserve (8 novembre). - Unejournée J'accalmie (g novembre).— Derniers soubresautsdela lutte dans les Flandres (IQ-ljl novembre).— Le front se stabilise (12-14 novembre).p.372QUATRIÈME PARTIE.LA CONDUITEDES OPÉRATIONSSURLE FRONT STABILISÉ.( 2 1 SEPTEMBRE-I.6.NOVEMBRE191l\. )

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CHAPITRE XV. — L'ACTIOVDUHAUTCOMMANDEMSEUNRTLEFRONTSTABILIS(É21 SEPTEMBR-14NOVEMBRE 1914). 391La stabilisationdu front; crise de munitions; prélèvementssur les armées de droite et ducentre au profitde la manoeuvred'aile.— Instructionsdu généralen chef concernantla guerrede position: conservationdes effectifs, organisations défensives, emploi de l'artillerie. —Missiondes armées stabilisées; attaque de la ve armée dans la région de Corbeny; directivesdu général en chef concernant les actions offensivessur les fronts stabilisés. — Projetsd'attaque de rupture, réunion de réserve de manoeuvre.— La situation dans la premièrequinzainede novembre 1 914 p. 391CHAPITRE XVI. — LES ARMÉESDEL'EST (1" ETIIIEARMÉESD)U14 SEPTEMBRAEUIJI NOVEMBRIGEI4 AI2I. — Regroupement desforcesfrançaisesen Lorraine(14-20 septembre).— Théâtre d'opérationsde la Lorraine occidentale;dispositionsprises du 13 au 16 septembrepour parer au dangerd'une offensiveallemande.— Trompeusequiétude en Woëv;re départ de la 1P armée pourun autre front; remaniements du dispositifen Lorraine ( 17-19 septembre). p. 412II. - ka bataille enArgonneet sur les Hauts-de-Meuse(20-25 septembre).— Débutsdel'attaque allemandecontre les Hauts-de-Meuse(20-21 septembre) : premières mesures prisespar les 1" et III' armées.pourenrayer cette attaque et la contre-attaquer sur ses deuxflancs ;interventiondu général en chef qui met la batailleà la charge de la IIIearmée.—L'offensiveen tenaille contre la IIIe armée (22-23 septembre) : déclanchementd'une secondeattaqueallemande-entre Argonneet Meuse; faiblesrésultats obtenusparles contre-attaquesdes Ire et

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IIIearmées; danger de la situation à Saint-Mihiel;renvoidu 8e C. A. sur la Meuse; dispositionsprises par le générail Sarrail pour parer à la double l'offensive-allemande.—Lamn dela «première bataille de Verdun» (2<4-52 septembre), perte de Vauquoiset de Saint-Mihiel;le général en chef place les-deuxarmées de l'Est sous le commandementdu général Dubail;-arrêt de l'offensiveallemandeen Lorraine; bilan de la bataille p. -42.3III. — La stabilisationdu front aux armées de l'Est [25septembre-lànovembre1914). —VainsefforlsdesI™et IIIearméespour réduire le saillant de Saint-Mihiel.— Actionslocalesentre l'Argonne et Étain et dans les Vosges (JBan-de-Sapt.,Violu).— Situation généraledans l'est,au début dç novembre 1914 : p. 45oTABiLE DES MATIERES. 567CHAPITRE XVII. — LA STABILISATIODNESARMÉEESNTREL'ARGONNET LAVESLE(21 SEPTEMBLRE-Nl OVEMBRIQEl/L). 460I. — Opérationsde la IV' arméeen Cltayip agye. — Situation et missiondela IVearméele 22 septembr1e914. — Tentativecontre la Buttedu Mesn(il25 septembre).— Le généraldeLangle de Cary prend, le 25 septembre, ses dispositionsen vue de parer à une rupturepossibledu front entre les IIIe et IV*armées. — L'offensiveennemie du 26 septembre. -Déplacementdes forcesennemiesde la "allée de l'Airevers la valléede l'Aisne.— Opérationsfranco-allemandesenArgonne(octobreet novembre).— Extensionprogressivedu front de laIV0armée vers l'ouestet prélèvementsde troupes.— Organisationdu secteur et combats dedétail en Champagne (octobre et novembre). — Projets du général de Langle de Cary.p. 46oII. — Opérationsde la IXe arméeen Champagne.— Situation el mission de la IX. armée

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le 22 septembre igi4. — Offensivedu 23 septembrecontrele massifde Nogent-l'Abesse.—Attaqueallemandedes 26 et 27 septembre.— La IXearmée obligée de rester sur la défensive,à partir du 28 septembre, par suite de la crise des munitions.— Attaques partielles du3o septembre, départ du 210 C.A.. — Reprise de IpUitude défensive.— Intentions dugénéralFoch (ier octobre).— Le généralFoch nommé adjointau général Joffre (4 octobre).Dissolutionde la IX. armée(7 octobre). :. -' p. 480CHAPITRE XVIII. — LASTABILISATIDOENSARMÉEESN. TRELAVESLEE-T-L'OISE(21 SEPTEMBRE-LNDOVEMBR1E914). 491I. — Opérationsde la Vearméesur les deux rives de l'Aisne.— Situation et mission dela Ve.armée le.si septembre.—.L!ennnemiretire destroupes.— Attaquesdes 23 et 24 septembre.—Le départ du 10eC.A.— Offensiveennemiedes 26, 27 et 28 septembre. —L'ennemi continueses retraits de troupes. — Le .généralen chef autorise des attaques partielles.—Attaquedu 3o septembre.— L'offensivede rupture des 12, 13 et 14 octobre.—La bataillede Vailly: rôle de la V. armée du 29 octobreau 3 novembre; contre-offensivedugénéralDelignydu 6 au 13 novembre. p. 491Il. - Opérations de la VParméesur les plateaux au nord de l'Aisne.— Situation et missionde la VIearmée le 21 septembre.— Les alternativesdes derniers jours de septembre. — Organisationdu secteur et combats de détail pendant le mois d'octobre. - L'attaqueallemandede Vailly (3o octobre-2 novembre).— La VIe armée, du 3 au 14 novembre.: p. 5o4CHAPITRE XIX. — LA STABILISATIOPNROGRESSIVAEUNORDDEL'OlSE(5 OCTOBRE-14 NOVEMBR1E014) 521

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I. — A la II' armée(5 octobi-e-14novembre1914). —Missionet situation de la IIe arméele 5 octobre 1914.— Attaqueallemandedu 6 octobre— Réorganisationde la IIe armée.—Préparationd'une offensivede rupture au sud d'Arras.— Actionde la IIe armée, en vue deretenir les forces ennemies devant elle. — L'offensivefrançaise des 28 et 29 octobre. —La stabilisation. p. 521II. —A laX' armée(18 octobre-14novemb1re914). — Missionet situation dela X"armée,intentions du généralde Maud'huy.— Attaquesallemandes,aux deux ailes de la X* armée,du20 au 3o octobre; aide apportée à l'armée britannique.— Les prélèvements, la stabilisationp. 529568 TABLE DES MATIÈRES.APPENDICES..V1. — Tableau des renforts prélevés sur les armées stabilisées pour le renforcement de l'ailegauche des armées alliées, du 10 septembre au 14 novembre 1914. — Hetrait des troupes britanniquesdufront de t'Aisne. p. 538Nu 2. - Ordres de bataille des arméesfrançaises :à la date du 21 septembre 191A,à la date du 1Goctobre 191,à la date du II novembre1914 p. 541N"—Situations d'effectif des armées françaises;à la date du 21 septembre 1914,à la datedu 16 octobre 1914.à la date du Il novembre1914 < p. 553W '1. - Etat des pertes des mois de septembre, octobreet novembre1914 p. 554N* 5. - Tableauxdes consommationsjournalières de munitions de 75 :TableauA, pendant la période du 28 septembreau 14 octobre 1914,TableauB, pendant la période du 15 octobre au 14 novembre 19}\.J.f. J\[) 55IS"6. — Liste des cartes de ,1 ,, ,';' '1t. situationi ---- j; J>> -<.-¡ERRATA.

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Page 152, ligne 20, au lieu de : « la journée du 3o. II, lire : « la journéedu 20. ».Page 255, note 3, au lieu de •« .Télégramme chiffré à général Foch, 2 2h5o. »,lire: « .Télégramme chiffré à général Foch, 22h 5. Il.Page 265, note 2, dernière ligne, au lieu de : « .annexe 2646. II, lire :« .annexe 2545.-.Page 274, note 4, au lieu de : note i 16 9, 28 octobre. », lire: « .note 1169,6 octobre. ».Page 349, note 1, 28 ligne, au lieu de : Il gh 25 », lire: « 91' 45. ».Page 365, ligne 16, au lieu de : «action défensive », lire: «action offensive».Page 476, note 2, au lieu de: « G. Q. G. à armées, n° 7613 », lire: «G. Q. G. àarmées, n° 7513. ».Page 477, note l, au lieu de : «Télégramme chiffré n° i65i. », lire: «Télégrammechifiré n° 1661. ».¡ .J.f..--Page 5oi, note 5, au lieu de: «annexe n° 363o»,lire ^«^ifinexen'°n.l' 1. 5'\Page 5oi, note 7, au lieu de - «annexe n° 368o Il, lit ïj. anpxejQo 3a ».

TABLE DES MATIÈRES.AVANT-PROPOSPREMIÈRE PARTIE.Pages.CHAPITRE PREMIER. - LA CONDUITE DES OPÉRATIONS AU LENDEMAIN DE LA MARNE (14-septembre 1914)

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I. - Après l'arrêt de la retraite allemande (14-16 septembre 1914). - L'arrêt de la retraite allemande surprend le commandement français en pleine exploitation de la victoirede la Marne. - Imprécision des renseignements, incertitude sur les intentions de l'ennemi. - Essai de continuation des actions offensives visant la destruction de l'aile droiteallemandeII. - La journée du 17 septembre 1914; nouvelle orientation de la bataille. - Situation de l'ennemi connue le 17 au matin: double menace sur l'Aisne et dans le nord ouest. -Organisation de la lutte dans la zone centrale. - Première ébauche de la manoeuvre d'aile au nord de l'OiseIII. - Le laborieux début dela manoeuvre d'aile (18-21 septembre 1914). - Nouvelles incertitudes. - Le " montage " de la manoeuvre d'aile. - La crise du 20 septembre. - Lasituation s'éclaire au cours des journées suivantes. - ConclusionCHAPITRE II. - LA BATAILLE DE L'AISNE À LA VIE ARMÉE (15-20 SEPTEMBRE 1914).I. - La manoeuvre d'aile au sud de l'Oise (15-17 septembre 1914). - Situation de la VIe armée, sa mission, ordres donnés par le général Maunoury le 14 septembre. - Lajournée du 15 septembre: premiers résultats obtenus par la manoeuvre d'aile. - La journée du 16 septembre: des attaques allemandes débouchant de Noyon enrayentcette manoeuvre. - La journée du 17 septembre: échec définitif de la manoeuvre d'aile dans la région de Noyon, replis marqués par la VIe armée de part et d'autre de l'OiseII. - L'extension de la manoeuvre daile au nord de l'Oise (18-20 septembre 1914). - Remaniement du dispositif de la VIe armée, suivant les instructions du général en chef:renforcement et extension de l'aile gauche (18 septembre). - Préparation du mouvement offensif des 13e et 4e C. A. au nord de l'Oise (19 septembre). - La journée du 20septembre: attaque allemande repoussée entre Oise et Aisne; progrès marqués au nord de l'Oise; situation le 20 septembre au soirCHAPITRE. III. - LA BATAILLE DE L'AISNE À LA Ve ARMEE (15-20 SEPTEMBRE 1914)I. - La manoeuvre au sud de l'Aisne (15 et 16 septembre 1914). - Situation de la Ve armée, sa mission, ordres donnés par le général Franchet d'Espèrey, le 14 septembreau soir. - Journée du 15 septembre. - Une offensive allemande sur les deux rives de l'Aisne arrête à ses débuts la manoeuvre du général Franchet d'Espèrey au sud decette rivière. - Intervention du général en chef. - Analogie entre la manoeuvre de la Ve armée et celle de la VIe armée sur l'Oise.Journée du 16 septembre. - Une nouvelle intervention du général en chef amène un changement dans le dispositif de la Ve armée. - Le général Franchet d'Espèrey se metsur la défensive au sud de l'Aisne. - L'ennemi ralentit ses attaques et rassemble des forces au nord de la rivièreII. - Tentative de reprise de la manoeuvre au nord de l'Aisne (17 et 18 septembre 1914). - Journée du 17 septembre. - L'aile gauche de la Ve armée fait ses préparatifs. - Le

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corps de cavalerie Conneau dirigé vers l'aile droite. - Renseignements sur l'ennemi. - L'offensive allemande se développe sur tout le front. - La Ve armée condammée à ladéfensive. - Les mesures prises par le général Franchet d'Epèrey. - Intervention du général en chef, ses instructions particulières n° 28 et 29.Journée du 18 septembre. - Le général Franchet d'Espèrey renouvelle ses ordres d'attaque au nord de l'Aisne. - Echauffourée de Courcy. - Maintien du 10e C. A. dans larégion de Reims. - L'attaque des 1er et 18e C. A. ne peut avoir lieu. - Eventualités envisagées par le commandant de la Ve arméeIII. - La Ve armée prend, sur l'ordre de général en chef, une attitude de défensive agressive (19 et 20 septembre 1914). - Journée du 19 septembre. - La nouvelle missionde la Ve armée. - Les ordres donnés par le général Franchet d'Espèrey.Journée du 20 septembre. - La Ve armée repousse avec succès l'offensive déclanchée par l'ennemi au nord de l'AisneCHAPITRE IV. - LA BATAILLE DE CHAMPAGNE AUX ARMÉES DU CENTRE (14-22 SEPTEMBRE1914)I. - Situation des armées du centre le 15 septembre 1914 au soir. -Dispositif des armées; leur état physique et moral. - Directives du général en chef. - Ordres donnés parles commandants d'armée pour le 15 septembreII. - Vains efforts de la IXe armée pour refouler son adversaire vers le nord (14-21 septembre 1914). - Echec des tentatives contre la gauche, puis le centre, des forcesopposées à la IXe armée. - Instructions particulières du G.Q.G. du 17 septembre. - Reprise de l'attaque, le 18 septembre, contre le centre de la ligne ennemie (massif deMoronvilliers). - Intervention du général Joffre au profit de la Ve armée, le 19 septembre. - Attaque de l'ennemi vers Souain. - Le général Foch reporte ses efforts à droite(Epine de Védegrange) puis prépare une sérieuse offensive sur sa gauche (massif de Berru, Nogent-l'Abbesse). - Le contre-ordre du 20 septembre. - Le projet d'attaque dugénéral Foch ajourné à la suite du départ du 11e corpsIII. - Tentatives répétées et infructueuses de la IVe armée du 14 au 22 septembre 1914. - Reprise de la bataille sur tout le front le 15 septembre. - Intervention du généralFoch. - Arrêt des attaques du centre et de la droite de la IVe armée le 16 septembre. - Nouvelle intervention du général Foch. - Reprise de l'offensive avec la gaucherenforcée. - Instructions particulières du G. Q. G. du 17 septembre. - La IVe armée se met le 18 septembre sur la défensive. - Conception du général de Langle de Cary surla défensive agressive. - État physique et matériel de l'armée. - Eventualité d'une offensive ennemie dans la zone centrale. - Décision du général en chef (19 septembre). -Opération de détail sur la Butte du Mesnil. - Nouvelles peu rassurantes de la Woëvre (20 septembre). - Reprise de l'offensive les 21 et 22 septembre. - La IVe armée semet sur la défensiveDEUXIÈME PARTIE.CHAPITRE V. - L'ACTION DU GÉNÉRAL JOFFRE PENDANT LA COURSE À LA MER (19 SEPTEMBRE - 15 OCTOBRE 1914)

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Genèse de la manoeuvre d'aile; théâtre des opérations. - Mission dévolue à la IIe armée (19 septembre). - Derniers sursauts de la bataille de l'Aisne; offensive allemandede Lorraine; bataille de Picardie (20-26 septembre). - Extension de la manoeuvre d'aile au nord de la Somme (27 septembre-2 octobre). - Concentration de forces alliéesdans le nord, bataille d'Arras (29 septembre-4 octobre). - Premiers doutes sur l'aboutissement de la manoeuvre d'aile. - Transport de l'armée britannique dans le nord (4octobre-6 octobre). - Fin de la " course à la mer ", 7-15 octobre)CHAPITRE VI. - LA BATAILLE DE PICARDIE (19-26 SEPTEMBRE 1914)I. - Constitution de la IIe armée (19-20 septembre). - Son manque de moyens d'exploration. - Comment la situation momentanément critique de l'aile gauche de la VIearmée trouble la manoeuvre de la IIe arméeII. - Marche d'approche de la IIe armée (21-23 septembre). - Indications que possède sur l'ennemi le commandant de la IIe armée. - Les premiers renseignements decontact du 21 septembre. - Résultats de l'exploration aérienne du 22. - Vains efforts pour redresser vers le nord la marche de la IIe armée. - Pivotement de la IIe arméeautour de son aile droiteIII. - La bataille de rencontre (24-26 septembre). - Renseignements du 23. - Dispositions prises par la IIe armée pour recevoir le choc de l'ennemi. - La bataille s'engage. -Velléités de diversions sur les arrières de l'ennemi. - Tentative d'enveloppement de l'aile droite allemande au sud de la Somme. - Apparition du IIe corps bavarois au nordde la rivière. - La situation se renverseCHAPITRE VII. - LA BATAILLE D'ARRAS (27 SEPTEMBRE - 3 OCTOBRE 1914)I. - Le général en chef reprend par Arras la manoeuvre d'aile (27-30 septembre). - Les combats infructueux du G. D. T. et de l'aile gauche de la IIe armée sur la ligne del'Ancre, le 27 et le 28. - Nouveaux prélèvements de forces décidés sur le front de Lorraine. - Création de la subdivision d'armée Maud'huy. - Action des agents de liaison duG. Q. G. - Transport du corps provisoire et des divisions de cavalerie à l'aile gauche. - Mission dévolue à la subdivision d'arméeII. - La bataille d'Arras à la subdivision, d'armée (1er-3 octobre). - Situation d'ensemble le 1er octobre dans la matinée. - Dispositions prises par le général de Maud'huy envue de se préparer à prendre à partie l'aile droite ennemie. - 2 octobre, l'adversaire prend les devants. - Evolution rapide et changements à vue de la bataille sous Arras. -Inefficace intervention du 10e corps d'armée. - La manoeuvre d'aile encore une fois manquéeCHAPITRE VIII. - LA PHASE CRITIQUE DE LA COURSE À LA MER (1er-9 OCTOBRE 1914)I. - Les moments difficiles de la II'armée et du G.D.T. (1er-3 octobre). - Combats sur le front au sud de la Somme. - Débarquements du 21° corps d'armée. - La batailledans la région d'Arras; situation difficile de l'aile gauche française et du groupe de divisions territoriales

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II. - La journée critique du 4 octobre. - Le repli éventuel sur la ligne de la Somme est envisagé. - Directives du général en chef, qui écarte cette solution. - La subdivisiond'armée Maud'huy devient une armée indépendante. - Le général Foch est envoyé dans le nord pour coordonner les opérations des IIe et Xe arméesIII. - La bataille d'Arras après l'arrivée du général Foch (5-9 octobre). - La Xe armée consolide sa situation (5-6 octobre). - Les chassés-croisés du 7 octobre. - La batailled'Arras suit son cours (8 et 9 octobre)CHAPITRE IX. - L'OFFENSIVE FRANCO-BRITANNIQUE DE LA LYS (8-15 OCTOBRE 1914)I. - La couverture des débarquements britanniques dans les Flandres (7-9 octobre). - Mission confiée au corps de cavalerie Mitry. - Attaques allemandes des 8 et 9 octobresur la LysII. - Organisation de l'offensive franco-britannique par le général Foch (8-12 octobre) - Préparation de l'entrée en ligne des Anglais. - Le plan d'offensive (10 octobre). - Lacoopération de la Xe arméeIII. - La bataille à l'aile gauche de la Xe armée en attendant l'arrivée des Anglais (10-11 octobre). - L'aile gauche française menacée (10 octobre). - La Xe armée et lesAnglais: premiers contacts. - Combats de cavalerie du 11 octobreIV. - L'offensive franco-britannique et la chute de Lille (12-14 octobre). - Entrée en ligne de l'armée britannique; premiers engagements; la chute de Lille. - L'offensivefranco-britannique de la Lys, les résultats (13-1 4 octobre)TROISIÈME PARTIE.CHAPITRE X. - ACTION DU HAUT COMMANDEMENT ET EXPOSÉ GÉNÉRAL DE LA BATAILLELa bataille des Flandres: bataille interalliée. - Situation au 15 octobre; forces en présence. - Préludes de la bataille. - Offensive en direction de Lille et de Courtrai, défensivesur l'Yser. - Entrée en action de nouvelles forces allemandes: le heurt de deux offensives. - L'offensive allemande prend comme objectif Calais; le général Joffre met l'ailegauche des Alliés sur la défensive. - Dernières convulsions de la bataille et immobilisation du front. - ConclusionCHAPITRE XI. - LES PRÉLUDES DE LA BATAILLE DES FLANDRES (1er-17 OCTOBRE 1914)I. - L'armée belge jusqu'à son arrivée sur l'Yser (1er-12 octobre). - Le repli de l'armée belge sous Anvers. - Appel au secours du gouvernement belge. - Les deux thèses enprésence: l'utilisation de l'armée de campagne belge à la défense d'Anvers ou sa coopération à l'action générale des armées alliées (3o septembre-5 octobre). - L'arméebelge sort d'Anvers (7 et 8 octobre); la place succombe (9 octobre). - Le transfert de l'armée belge en France. - L'intervention du général Joffre (10-11 octobre). - Lemaintien de l'armée belge sur le territoire national; sa participation à la manoeuvre alliée (11-12 octobre)II. - Installation de l'armée belge sur l'Yser (14-16 octobre). - La situation le 14 au matin. L'arrivée sur l'Yser et l'organisation de la résistance (15 et 16 octobre)III. - Organisation du point d'appui d'Ypres (12-19 octobre). - Les territoriaux à Ypres et à Poperinghe (12-15 octobre). - Renforcement du groupement d'Ypres (14-17octobre). - Le groupement Bidon du 17 au 19 octobre

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IV. Organisation du camp retranché de Dunkerque et appel des renforts (13-16 octobre).V. - Action concertée de la X'armée et de l'armée britannique à l'aile gauche (14 -18 octobre)CHAPITRE XII. - LA BATAILLE DE L'YSER ET LES OFFENSIVES FRANCO-BRITANNIQUES VERS COURTRAI (16-26 OCTOBRE 1914)I. - Les premiers chocs (17-21 octobre). - Premières escarmouches sur l'Yser (17 octobre). - Action du groupement d'Ypres sur Roulers (18 octobre). - Apparition du XXIIIecorps de réserve allemand devant Ypres. - Le plan d'action du général Foch (19 octobre). - Attaque du XXIIe corps de réserve allemand sur Dixmude. - Entrée en ligne du1er corps britannique. - Les renforts français (20 octobre). - Constitution du détachement d'armée de Belgique. - Echec de l'offensive anglaise sur Thourout (21 octobre)II. - La phase critique. La bataille devient générale (22-26 octobre). - Offensive du détachement d'armée de Belgique: projets et directives du général Foch (22 octobre). -Dispositions prises par le général d'Urbal en vue de l'attaque du 23. - Les Allemands dans la boucle de Tervaete. - Entrée en ligne des renforts (17e et 42e divisions) etoffensive française (23 octobre). - Les fusiliers marins et l'alerte de Stuyvekenskerque (24 octobre). - Nouvelles directives du général Foch. - Les Belges et les fusiliersmarins en difficultés sur l'Yser (25 octobre). - Repli de l'armée belge et des contingents français sur la voie ferrée Nieu-port, Dixmude. - Echec de l'offensive française surStaden (26 octobre)CHAPITRE XIII. - LA BATAILLE D'YPRES (27 OCTOBRE-4 NOVEMBRE)I. - Tentatives du détachement d'armée de Belgique et des Britanniques pour déboucher d'Ypres (27-29 octobre). - Situation sérieuse sur l'Yser (26 octobre). - Faiblesrésultats des attaques franco-britanniques au nord et à l'est d'Ypres (27 et 28 octobre). - Inondations de la plaine entre l'Yser et la voie ferrée de Nieuport à Dixmude (28 et29 octobre). - Fin de la bataille de l'YserII. - La défense franco-britannique du saillant d'Ypres (30 octobre-4 novembre). - L'attaque allemande contre le saillant d'Ypres. - Les Britanniques appellent à l'aide;intervention des troupes françaises. - L'ennemi se renforce (30 octobre). - Situation critique de l'armée britannique. - Intervention du général Foch. - Le repli anglais estenrayé. - Directives du général Foch (31 octobre). - Offensive du D. A. B. pour dégager le front britannique. - Dispositions prises par le général Foch pour renforcer le frontd Ypres. - Les forces allemandes de la mer à la Lys (1er novembre). - L'ennemi renouvelle ses assauts au sud d'Ypres; le D. A. B. contre-attaque (2 novembre). - Le D. A.B. reprend ses attaques; faibles résultats obtenus. - Intervention du général Joffre (3 novembre). - Fin des grandes offensives de rupture. - Vers la stabilisation progressivedu front des Flandres, (4 novembre)

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CHAPITRE XIV. - LA FIN DE LA BATAILLE D'YPRES. - STABILISATION PROGRESSIVE DU FRONT DES FLANDRES (5-14- NOVEMBRE 1914)Projets du général Foch; les attaques locales sur objectifs limités (5 novembre). - Les Allemands reprennent leurs attaques contre Ypres (6 novembre). - L'ennemi suspendson effort offensif (7 novembre). - Ypres à nouveau menacé; le général Foch engage sa dernière réserve (8 novembre). - Une journée d'accalmie (9 novembre). - Dernierssoubresauts de la lutte dans les Frandres (10-11 novembre). - Le front se stabilise (12-14 novembre)QUATRIÈME PARTIE.CHAPITRE XV. - L'ACTION DU HAUT COMMANDEMENT SUR LE FRONT STABILISÉ (21 SEPTEMBRE- NOVEMBRE 1914)La stabilisation du front; crise de munitions; prélèvements sur les armées de droite et du centre au profit de la manoeuvre d'aile. - Instructions du général en chefconcernant la guerre de position: conservation des effectifs, organisations défensives, emploi de l'artillerie. - Mission des armées stabilisées; attaque de la Ve armée dansla région de Corbeny; directives du général en chef concernant les actions offensives sur les fronts stabilisés. - Projets d'attaque de rupture, réunion de réserve demanoeuvre. - La situation dans la première quinzaine de novembre 1914CHAPITRE XVI. - LES ARMÉES DE L'EST (Ire ET IIIe ARMÉES) DU 14 SEPTEMBRE AU 14 NOVEMBRE 1914)I. - Regroupement des forces françaises en Lorraine (14-20 septembre). - Théâtre d'opérations de la Lorraine occidentale; dispositions prises du 13 au 16 septembre pourparer au danger d'une offensive allemande. - Trompeuse quiétude en Woëvre; départ de la IIe armée pour un autre front; remaniements du dispositif en Lorraine (17-19septembre)II. - La bataille en Argonne et sur les Hauts-de-Meuse (20-25 septembre). - Débuts de l'attaque allemande contre les Hauts-de-Meuse (20-21 septembre): premièresmesures prises par les Ire et IIIe armées pour enrayer cette attaque et la contre-attaquer sur ses deux flancs; intervention du général en chef qui met la bataille à la chargede la IIIe armée. - L'offensive en tenaille contre la IIIe armée (22-23 septembre): déclanchement d'une seconde attaque allemande-entre Argonne et Meuse; faiblesrésultats obtenus par les contre-attaques des Ire et IIIe armées; danger de la situation à Saint-Mihiel; renvoi du 8e C. A. sur la Meuse; dispositions prises par le générailSarrail pour parer à la double l'offensive -allemande. - La fin de la première bataille de Verdun " (24-25 septembre), perte de Vauquois et de Saint-Mihiel; le général en chefplace les-deux armées de l'Est sous le commandement du général Dubail; arrêt de l'offensive allemande en Lorraine; bilan de la batailleIII. - La stabilisation du front aux armées de l'Est (25 septembre-14 novembre 1914). - Vains efforts des Ire et IIIe armées pour réduire le saillant de Saint-Mihiel. - Actionslocales entre l'Argonne et Etain et dans les Vosges (Ban-de-Sapt., Violu). - Situation générale dans l'est, au début de novembre 1914CHAPITRE XVII. - LA STABILISATION DES ARMÉES ENTRE L'ARGONNE ET LA VESLE (21 SEPTEMBRE 14 NOVEMBRE 1914)

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I. - Opérations de la IVe armée en Champagne. - Situation et mission de la IVe armée le 22 septembre 1914. - Tentative contre la Butte du Mesnil (25 septembre). - Legénéral de Langle de Cary prend, le 25 septembre, ses dispositions en vue de parer à une rupture possible du front entre les IIIe et IVe armées. - L'offensive ennemie du26 septembre. - Déplacement des forces ennemies de la vallée de l'Aire vers la vallée de l'Aisne. - Opérations franco-allemandes en Argonne (octobre et novembre). -Extension progressive du front de la IVe armée vers l'ouest et prélèvements de troupes. - Organisation du secteur et combats de détail en Champagne (octobre etnovembre). - Projets du général de Langle de CaryII. - Opérations de la IXe armée en Champagne. - Situation el mission de la IXe armée le 22 septembre 1914. - Offensive du 23 septembre contre le massif de Nogentl'Abesse.- Attaque allemande des 26 et 27 septembre. - La IXe armée obligée de rester sur la défensive, à partir du 28 septembre, par suite de la crise des munitions. -Attaques partielles du 30 septembre, départ du 21e C. A, - Reprise de l'attitude défensive. - Intentions du général Foch (ier octobre). - Le général Foch nommé adjoint augénéral Joffre (4 octobre). - Dissolution de la IXe armée (7 octobre)CHAPITRE XVIII. - LA STABILISATION DES ARMÉES ENTRE LA VESLE ETL'OISE (21 SEPTEMBRE-14 NOVEMBRE 1914)I. - Opérations de la Ve armée sur les deux rives de l'Aisne. - Situation et mission de la Ve armée le 21 septembre. - L'ennemi retire des troupes. - Attaques des 23 et 24septembre. Le départ du 10e C. A. - Offensive ennemie des 26, 27 et 28 septembre. - L'ennemi continue ses retraits de troupes. - Le général en chef autorise des attaquespartielles. - Attaque du 30 septembre. - L'offensive de rupture des 12, 13 et 14 octobre. - La bataille de Vailly: rôle de la Ve armée du 29 octobre au 3 novembre; contreoffensivedu général Deligny du 6 au 13 novembreII. - Opérations de la VI'armée sur les plateaux au nord de l'Aisne. - Situation et mission de la VIe armée le 21 septembre. - Les alternatives des derniers jours deseptembre. - Organisation du secteur et combats de détail pendant le mois d'octobre. - L'attaque allemande de Vailly (30 octobre-2 novembre). - La VIe armée, du 3 au 14novembreCHAPITRE XIX. - LA STABILISATION PROGRESSIVE AU NORD DE L'OISE (5 OCTOBRE-14 NOVEMBRE 1914)I. - A la IIe armée (5 octobre-14 novembre 1914). - Mission et situation de la IIe armée le 5 octobre 1914. - Attaque allemande du 6 octobre - Réorganisation de la IIearmée. - Préparation d'une offensive de rupture au sud d'Arras. - Action de la IIe armée, en vue de retenir les forces ennemies devant elle. - L'offensive française des 28 et29 octobre. - La stabilisationII. - A la Xe armée (18 octobre-14 novembre 1914). - Mission et situation de la Xe armée, intentions du général de Maud'huy. - Attaques allemandes, aux deux ailes de la Xe armée, du 20 au 30 octobre; aide apportée à l'armée britannique. - Les prélèvements, la stabilisationAPPENDICES.

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N° 1. - Tableau des renforts prélevés sur les armées stabilisées pour le renforcement de l'aile gauche des armées alliées, du 10 septembre au 14 novembre 1914. - Retraitdes troupes britanniques du front de l'AisneN° 2. - Ordres de bataille des armées françaises:à la date du 21 septembre 1914,à la date du 16 octobre 1914,à la date du 11 novembre 1914N° 3. - Situations d'effectif des armées françaises;à la date du 21 septembre 1914,à la date du 16 octobre 1914,à la date du 11 novembre 1914N° 4. - État des pertes des mois de septembre, octobre et novembre 1914N° 5. - Tableaux des consommations journalières de munitions de 75:Tableau A, pendant la période du 28 septembre au 14 octobre 1914,Tableau B, pendant la période du 15 octobre au 14 novembre 19N° 6. - Liste des cartes de situation