20
2 2 x x 2 2 v v o o i i e e s s L L a a s s s s e e r r r r e e t t i i t t u u d d e e . . . . . . d d a a v v o o i i r r G G A A G G N N É É ! ! N° 124 JANVIER / FÉVRIER 2008 ISNN 0998 - 2787 BIMESTRIEL - 2,30 Sommaire 2. Infos en vracs 3. Démantèlement de Reno (ex Fertiladour) 4. Brèves Sociales 5. La franchise… franchement fallacieuse 6. Un monde tragi-risible 7. Ligne à très Haute Tension : la menace 8. Mobilisation Anti-Transnavarraise 10 - 13. Agrocarburants : qui pousse derrière ? 14. Le Maire d’Ustaritz perd les pédales… 16-17. « J’ai (très) mal au travail » 18. La Page d’ATTAC 19. Du nouveau sur le port de Bayonne 20. Cultures : « La graine et le mulet » 2x2 voies Près de 2000 personnes ont exprimé avec détermination leur volonté que ce projet soit claire- ment et définitivement aban- donné, et en particulier le monde paysan qui a honoré, une fois de plus, le cortège avec notamment plus d’une cinquantaine de tracteurs. Enfin, mi décembre, la commission permanente du Conseil Général a délibéré à l’unanimité pour abandonner le projet de la transnavarraise. Ce coup-ci c’est bien une éclatante victoire des opposants ! Urte berri on Bonne Année 2008

Mise en page 1...les questions qui fâchent, économi-ques, environnementales, et humai-nes. Elle a exprimé clairement son dés-accord avec ce projet . Non, les habitants de Villefranque

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Page 1: Mise en page 1...les questions qui fâchent, économi-ques, environnementales, et humai-nes. Elle a exprimé clairement son dés-accord avec ce projet . Non, les habitants de Villefranque

2222xxxx2222 vvvvoooo iiiieeeessssLLLLaaaasssssssseeeerrrrrrrreeeetttt iiiittttuuuuddddeeee .... .... ....

dddd ’’’’aaaavvvvoooo iiiirrrr GGGGAAAAGGGGNNNNÉÉÉÉ !!!!

N°124JANVIER / FÉVRIER 2008

ISNN 0998 - 2787

BIMESTRIEL - 2,30€

Som

mair

e2. Infos en vracs

3. Démantèlement de Reno (ex Fertiladour)

4. Brèves Sociales

5. La franchise… franchement fallacieuse

6. Un monde tragi-risible

7. Ligne à très Haute Tension : la menace

8. Mobilisation Anti-Transnavarraise

10 - 13. Agrocarburants : qui pousse derrière ?

14. Le Maire d’Ustaritz perd les pédales…

16-17. « J’ai (très) mal au travail »

18. La Page d’ATTAC

19. Du nouveau sur le port de Bayonne

20. Cultures : « La graine et le mulet »

2x2 voiesPrès de 2000 personnes ont

exprimé avec détermination leurvolonté que ce projet soit claire-

ment et définitivement aban-donné, et en particulier le mondepaysan qui a honoré, une fois deplus, le cortège avec notamment

plus d’une cinquantaine de tracteurs. Enfin, mi décembre, la commission permanente duConseil Général a délibéré à

l’unanimité pour abandonner le projet de la transnavarraise.

Ce coup-ci c’est bien uneéclatante victoire des opposants !

Urte berri on

Bonne Année 2008❄

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Mobilisation des milafrangarface au projet de voies

nouvelles TGV

Vendredi 7 décembre, à la Maisonpour Tous, à l’appel de l’associationVillefranque cadre de vie, cent cin-quante milafrangars se sont mobili-sés, tout comme en 1992, pour venirécouter et débattre avec le CADE,du projet de Réseau Ferré deFrance de construire ses nouvelleslignes TGV.

L’exposé a clairement montré, unefois de plus, que ce projet pharaoni-que était basé sur des chiffres etdes estimations pour 2020 très lar-gement surfaits.

Plus détestable et pleine de méprispour les habitants encore de la partde RFF, la publication de docu-ments mensongers sur la soi disantsaturation des voies existantes deRFF pour justifier son projet.

L’assistance a largement soulevéles questions qui fâchent, économi-ques, environnementales, et humai-nes.

Elle a exprimé clairement son dés-accord avec ce projet .

Non, les habitants de Villefranquene veulent pas de nouvelles voieset de TGV qui défigureront et traver-seront les villages à grande vitessepour satisfaire une “ élite nomade “.Oui, ils préconisent et soutiennentl’amélioration des voies existantesavec des gares landaises et bas-ques desservies et utilisées.

INFOS Mont Blanc-Maurienne Nº58

Camions de 60t : de nouvelles déci-sions. Le parlement européen aadopté, le 5 septembre, le rapportde Mme Ayala Senders (voté enCommission Transport en juillet). Il aconservé en entier le point qui per-mettrait à la Commission d’autoriserla circulation des camions de 60t surcertains axes, mais sous certainesconditions très strictes. Les associa-tions auront encore l’occasion d’in-tervenir dans ce dossier, qui restepour l’instant au stade consultatif.L’Allemagne dit nein! Tous les yeuxétaient tournés vers l’Allemagne, oùcertaines régions ont autorisé la cir-

culation expérimentale des poidslourds de 60t. Le 10 octobre, lesLänder ont voté contre l’autorisationde circulation des 60t, car la périoded’essai ne s’est pas révéléeconcluante.

GASPILLAGES

Les habitants du canton de St Pierred’Irube viennent de recevoir leur fac-ture d’eau. Une petite brochure l’ac-compagne. On y note la qualité etles travaux divers effectués. Dans larubrique chasse au gaspillage, onnous informe que de « la réparationde la fuite sur le siphon de la Nive apermis de stopper une perte esti-mée à 341 989 m3 d’eau ». Par an ?Depuis quand ? Quelles consé-quences financières ? Pour qui ?Une paille.

MAÏS GM BT EN 2007Hausse de 77 % en Europe

La hausse des surfaces de maïs Bten Europe est très nette. Passant de62 187 ha en 2006 à 110 077 hasoit une progression de 77 %. Cesrésultats publiés le 29 octobre parEuropaBio, l’association euro-péenne de bio-industries indiquentaussi que le maïs est cultivé danshuit pays membres de l’Union.L’Espagne arrive en tête avec75 000 ha.Elle est suivie par la France qui aenregistré cette année 21 000 ha etmultiplié par quatre ses surfacessemées en maïs OGM en une cam-pagne. La République Tchèqueoccupe le 3ème rang avec 5 000 ha.Le Portugal annonce 4 500ha,l’Allemagne 2 685 ha, le Slovaquie900 ha, la Roumanie 320 ha, laRoumanie 350 ha.http://www.campagnesetenvironnement.fr/mais-gm-bt-en-2007-hausse-de-77-en-europe-1674.html

Publications

« La fracture ferroviaire » de VincentDoumayrou, passionné de cheminde fer. L’incontestable réussite tech-nologique et le gain de temps quepermet le TGV cachent une réalitémoins reluisante. Cet ouvragedémontre qu’une stratégie guidéepar des logiques de rentabilité n’est

pas la seule possible. La Belgique,l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche ontadopté d’autres modes de dévelop-pement fondés sur la densificationde leur réseau, des tarifs souventplus bas, des correspondances har-monisées, des dessertes régulièreset nombreuses. Le «tout TGV» fran-çais concurrencé !

« Menaces sur le TGV »

Sous ce titre, le journal Sud Ouestdu 28 nov nous apprend que l’entre-prise Excavaciones Ugarte SI,d’Irun qui a débuté les travaux de l’Ybasque vient de se retirer en raisond’actions d’intimidation à son égard.Tout le monde pense à ETA.

N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

… infos en vrac ...… infos en vrac ...

Organisées parUztaritzen Ingurumena ZainduUstaritz Défendrel’Environnement (UDE)Avec le soutien du CADE(Collectif des Associations deDéfense de l’Environnement)

• Le transport des personnes etdes biens est l’un des enjeuxmajeurs des prochaines décen-nies. L’objet de ces premièresassises est de favoriser l’infor-mation des habitants du PaysBasque et de leur permettred’exprimer leurs aspirations surce sujet.

9 h – Accueil des participants« La problématique des trans-ports de l’Europe au plan local »Présentation par Jean-Stépha-ne Devisse, coordinateur duWWF.Table Ronde avec la participa-tion de : Philippe Barbedienne, Direc-teur Sepanso (Fédération desSociétés pour l’Étude, laProtection et l’Aménagement

de la Nature dans le Sud-Ouest) ;Jean-René Etchegaray, Adjointau Maire de Bayonne ;Victor Pachon, CADE ;Jéronimo Prieto Syndicat LAB.

Débat

10 h 45 – Pause11 h – « Transports au PaysBasque (Route, Fer, Air, Mer),état des lieux »Présentation par PhilippeArretz, Conseil deDéveloppementTable Ronde avec la participa-tion de :• Association LEIA• Association LURRAZAIN• AHT Gelditu• Syndicat CGT

Débat

13 h - 15 h : Repas au restau-rant « TTIRRITTA » à Uztaritze60 places disponibles sur réser-vation (voir ci-dessous)15 h – 16 heuresRecommandations formulées àl’issue des travaux.Conclusions par le CADE.

Fiche d’inscription à envoyer à U.D.E.Uztaritze Défendre l’Environnement

Altzabea – 64480 Uztaritze

Je soussigné(e)……………………………Adresse…………………………………………………………………………………Téléphone…………………………………

m

Participera à la journée du 19 janvier 2008(Participation aux frais d’organisation 2 €)

m

Je m’inscris au repas vin + café compris 15 € (Chèque à l’ordre de UDE)

Premières Assises Sur les Transports au Pays Basque

Samedi 19 janvier 2008 à partir de 9 heuresSalle Lapurdi, Uztaritze

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Du préfet,parlons en…

L E Collectif des Associations deDéfense de l’Environnement(CADE) dont les fidèles lecteursconnaissent l’inlassable travail sur

le Pays basque et le Sud des Landes,avait demandé l’agrément en qualité d’as-sociation de protection de l’environne-ment. Cet agrément, outre un accès plusfacile aux documents, permettait aussi encas de démarche juridique d’avoir moinsde frais, de caution notamment.

Le préfet a refusé arguant que le CADEétait « davantage un comité de défensed’usagers se mobilisant sur des actionssectorielles qu’une association de l’envi-ronnement ».Cela ne l’empêchait pourtant pas de nom-mer par arrêté le CADE comme membredu CLIC de l’Adour, du SPPPI de l’es-tuaire et de plusieurs CLIS de surveillancede centres de traitement des déchets.

Aussi le CADE avait-il déposé unerequête devant le tribunal administratif. LeCADE répondait donc à l’accusation d’ac-tions sectorielles en faisant valoir sescommissions Eau, déchets, transports oùdes membres des diverses associationsfédérées dans le CADE travaillaient àdéfinir un point de vue global et non sec-toriel.

Surprise au tribunal où le commissaire dugouvernement reprocha alors le contraireau CADE : en définissant des points devue globaux sur le transport et le reportmodal, le CADE devenait « politique » etne s’occupait pas assez des petites fleurs(encore que le CADE compte plusieursassociations naturalistes dans son sein). Ilfallait le faire à l’heure où les associationsde défense de l’environnement étaientinvitées au Grenelle de l’environnement àplancher sur ces points « globaux ».

Ainsi donc on verrouillait les activités duCADE : soit elles étaient trop sectorielles,soit elles étaient trop globales. En clair, enplaidant l’un ou l’autre de ces arguments,on empêchera indéfiniment le CADE d’ob-tenir l’agrément. Le tribunal suivait le com-missaire du gouvernement et rejetait larequête du CADE.

Eh bien le CADE ne mangera quandmême pas dans la main du maître, et celane l’empêchera pas de continuer à gratterlà où ça fait mal, parfois en soulignant qu’ilfait le boulot là où le préfet « oublie » de lefaire (voir Fertiladour ci contre).

3ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

Nous apprenons récemment

que des travaux de déman-

tèlement de l’usine ex-

Fertiladour au Boucau ont

commencé. Un bref rappel

pour souligner que cela

implique quelques précau-

tions et une certaine vigi-

lance.

Historique

En mars 97, votre serviteur etun membre de l’associationIDEAL du Boucau s’introdui-sent sur le site avec un comp-teur Geiger. Ce n’est pas unhasard, l’étude des arrêtéspréfectoraux des usines clas-sées au sein du Collectif desAssociations de Défense del’Environnement a exhumécelui de Fertiladour où lebroyage de monazite, terreradioactive riche en thorium, adébuté en 73. L’arrêté l’autori-sant exigeait des masques,voire des scaphandres et pourles cheminées, des filtres «absolus » mis au point par leCommissariat à l’EnergieAtomique.

Les mesures effectuées ce

dimanche-là sur 36 points del’usine font apparaître uneradioactivité très supérieure àla radioactivité naturelle. Surdeux points chauds, on relève64 fois et 100 fois la radioacti-vité naturelle. Un échantillonde terre analysée par le CRII-RAD amène les conclusionssuivantes : « terre fortementcontaminée » avec une activitémassique de 52 fois supé-rieure à la norme. La dénoncia-tion de ces mesures parOrtzadar, accompagnée d’in-terviews de retraités qui n’ontjamais vu de scaphandre, par-fois des masques et quelquesfois des dosimètres et l’ab-sence totale des fameux « fil-tres absolus » fit du bruit àl’époque et une étude officiellefut menée par la société Anteaà la demande du préfet.L’étude confirma tous lespoints mesurés et découvrit untroisième point chaud indi-quant 311 fois la radioactiviténaturelle.

En foi de quoi, on décida ledécaissage de 25 m3 de terresles plus fortement contami-nées et la mise sous surveil-lance de 11 000 m3 (qui reste-ront sur place entourés parune chaîne en plastique). Lesterres contaminées retiréesfurent mises en sacs etstockées dans les hangars oùd’autres stockages continuentà proximité.

Le CADE dénoncera alors, àplusieurs reprises, la constitu-tion d’un centre de stockagede déchets radioactifs offi-cieux. En 2004, le CADE effec-tue une nouvelle visite domini-cale, pénètre sur le sitecomme dans un moulin, satureson compteur geiger sur lestockage et relève sur les ter-res surveillées 23 fois laradioactivité naturelle.Nous sommes aujourd’hui en2007 et rien n’a changé.

Vigilance

Aujourd’hui, reçus à la DRIRE(Direction Régionale de l’in-dustrie de la Recherche et del’Environnement) on nous as-sure qu’enfin, on va en 2008envoyer les 25 m3 sur un cen-tre de stockage de l’ANDRA àMorvillers. Dix ans et demiaprès la première dénoncia-tion !

Pourtant, restent les 11 000 m3

dont la destination demeurefloue. Seront-ils tous éva-cués ? Où ? S’il reste des ter-res faiblement radioactives surle site, seront-elles placéessous surveillance dans les pro-jets qui ne manqueront pas denaître sur ce site en bordd’Adour ?

Le CADE bien sûr maintiendrasa vigilance. Cette vigilance là,met en relief le rôle des asso-ciations. Sans elles ce scan-dale serait passé inaperçu,sans cette veille citoyenne, lepréfet qui aujourd’hui nousrefuse l’agrément d’associa-tion de défense de l’environne-ment aura pu constater pour-tant que dans cette affaire là,le CADE s’était heureusementsubstitué aux services del’état.

Victor Pachon

PS : Pour les collectionneurs (si, si, il y ena), nous recommandons la lecture desOrtzadars n° 59, 62, 63, 80, 87 et 102.

Démantèlement de Renoex-Fertiladour

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4 • ORTZADAR N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

Par JM. FAYE

BrèvesSocialesBrèvesSociales

Les HORTEFEUX-SARKOZY profi-tent du silence assourdissant desbien pensants et quelques RamaYADE et Fadela leur servent hélasde caution.

FCPE gagnante

✰ L’organisation de parentsd’élèves est une nouvelle

fois en tête (et largement) des élec-tions dans les conseils d’écoles et lesconseils d’administration des collè-ges et lycées. C’est un sujet deréjouissance dans un contexte dedroitisation de la société quand onconnaît les prises de position publi-ques de la FCPE. Seule ombre autableau, la participation des parentsà ces élections qui ne dépasse pasles 40% de votants. Il y a là matière às’interroger au fil des scrutins.

Ça sent la fin au tribunal de St Palais

✰ Alors qu’il avait rouvert il y aun peu plus de 20 ans (en

1985) après 40 ans de fermeture, lafièvre « datique » va avoir raison delui. La disparition du tribunal d’ins-tance de St Palais est programméepour 2009. Un magistrat y vient unefois par semaine, une greffière et unagent administratif « y assurent lagestion de cette justice de proxi-mité », comme le note le Journal duPays Basque du 30 Novembre der-nier. En 2007, 67 affaires civiles yont été traitées, 617 mesures deprotection prononcées, 141 mineurssuivis, des infractions du code de laroute traitées, 34 PACS établis. C’estdonc encore un élément de plus dela disparition des services publics etde la désertification de l’intérieur duPays Basque qui pointe son nez. Aumotif qu’il faut faire des écono-mies… Le rapatriement sur Bayonnede cette activité (avec celle deBiarritz) va nécessiter un agrandis-sement du palais de justice et doncengager un coût. Coût égalementpour les justiciables qui devront sedéplacer jusqu’à Bayonne. Ah !Logique du fric !

✰ Laurence PARISOT, prési-dente du MEDEF et amie

de SARKO se demande « s’il nefaut pas mettre sur la table la ques-tion de la suppression de la duréelégale du travail ». Elle précise tou-tefois qu’il ne s’agit pas de verserdans l’esclavagisme. Ouf, on a eupeur ! Finaude, elle dit aussi quesupprimer la durée légale du travail,ce n’est pas revenir aux 39 heures.Ah bon ? Mais elle a dit aussi finNovembre que les mouvementssociaux étaient un véritable séismepour notre économie. Tiens pour-quoi pas aussi supprimer les syndi-cats de salariés !

U.I.M.M.

✰ On ne sait pas encore siLaurence PARISOT

connaissait les retraits en liquidefaramineux de Denis GAUTIER-SAUVAGNAC mais le magasineMarianne affirme que Nicolas SAR-KOZY, dès 2004, était informé de lachose. Il était alors ministre desfinances. Est-ce que la brigadefinancière va oser, sous l’autorité duparquet de Paris, inquiéter la prési-dente du MEDEF et son copain le ci-devant président de la république ?

Fondation ARANGIZ contre RED

✰ Le 16 Novembre dernier, lafondation militante Robles

Arangiz a voulu répondre par tractsau slogan du syndicat étudiant REDqui était : « Grévistes hors de nosfacs ». En fait, derrière le RED, quise prétend simple organisation dedroite, se dissimulent de vraisfachos. Le tract de la fondation ana-lyse les proximités idéologiques etorganisationnelles avec l’extrêmedroite : le RED est issu de l’ex syn-dicat GUD, qui se montrait parfoisviolent ; le blog du responsablelocal du RED établissait les liens(qui ont été « nettoyés » après letract) entre son organisation et «

occidentalis » ou Action Française.Voilà au moins les étudiants avertiscontre les fachos qui avancent mas-qués.

Un procès contre les 35 heures

✰ La cour d’appel de Bor-deaux a débouté début

Décembre la CGT et la CFDT quiavaient obtenu l’annulation d’unaccord signé entre la SOGERMA(employeur) et deux syndicats (FOet la CGC). L’accord incriminé pré-voyait de porter le temps de travailsans hausse de salaire de 35 heu-res à 39 heures. Pour les cadres,l’accord prévoyait en outre la sup-pression de 7 jours de RTT. Lesorganisations appelantes prévoientde se pourvoir en cassation.

HOLLANDE contre SUD

✰ Le premier secrétaire duparti socialiste se félicitait le

26 Novembre dernier dans SUDOUEST de l’évolution réformiste dela CGT. Il tenait aussi à ajouter quepour lui, le syndicalisme qui est àcombattre était celui de SUD. Est-celà la reconnaissance de ce qu’est unsyndicalisme combatif ? Toujoursest-il que SUD-RATP, dans un com-muniqué, précisait : « Il n’en fallaitpas tant pour confirmer que SUD estdésormais le seul adversaire socialdigne de ce nom dans notre pays »

Taisez vous ELKABBACH !

✰ Mi-Novembre, sur la chaîneTV5-monde, le Jean Pierre

s’est lâché. Alors que FABIUS faisaitallusion aux propos guerriers de sonex compagnon de parti, BernardKOUCHNER, J.P. ELKABBACHs’est mis en rogne : « Vous n’allezpas revenir la-dessus, il s’en estexpliqué cent fois ». Ce à quoi soninterlocuteur lui rétorquait : « Vousêtes le porte parole de BernardKOUCHNER ? » et ELKABBACHde répondre : « Non je suis leporte parole de la vérité ». Le

patron d’Europe1 serait-il à ce pointchatouilleux quand on met en causeun ministre de SARKO ? En touscas, cela illustre bien la collusion dupouvoir avec certains médias.

Mari Kutzu, tu nous manques déjà !

✰ Dans son numéro 54 deNovembre 2007, le trimes-

triel annonçait sa retraite. Comme lerédacteur le rappelait, KUTZU asoulevé quelques lièvres dans la viepolitique locale et cela nous faisaitdu bien. Fermement ancrée à sespositions abertzale, cette revue n’enétait pas pour autant partisane aupoint de fermer les yeux sur les erre-ments de ses plus proches. Nousavons aimé KUTZU et espérons quenaîtra une autre MARI comme ils lelaissent entendre dans ce numérode Novembre. Nous nous sentonsun peu coupables aussi de n’avoirpas su assez soutenir cette publica-tion en relayant ce dossiers. Tant pispour nous et dommage pour eux. AORTZADAR, en tous les cas, nousrevendiquons une proximité avecKUTZU, le savoir faire en moins par-fois en ce qui nous concerne. Entous les cas merci encore !

Un jeune Georgien menacé d’expulsion

✰ Il s’appelle Vladimir, il a 19ans, il est né en Géorgie.

Arrêté par la police de l’air et desfrontières, conduit en centre derétention à Toulouse, son avocatMaître LARREA a contesté lesconditions de son arrestation.Orphelin vivant un temps chez sonfrère, et pris en charge par laSauvegarde de l’Enfance à l’Adultedu Pays Basque, il prépare une for-mation aux métiers de bouche.L’administration n’a que faire desconditions individuelles et socialesdes étrangers.Vladimir n’est qu’un numéro parmid’autres. Heureusement la procé-dure a été interrompue pour vice deforme. Pour combien de temps ?

Pas de limite au travail

Page 5: Mise en page 1...les questions qui fâchent, économi-ques, environnementales, et humai-nes. Elle a exprimé clairement son dés-accord avec ce projet . Non, les habitants de Villefranque

Exposé des motifs de l’ordon-nance du 4/10/45 (extraits) :

« La sécurité sociale est lagarantie donnée à chacun

qu’en toutes circonstances ildisposera des moyens néces-saires pour assurer sa subsis-

tance et celle de sa familledans des conditions décentes.Trouvant sa justification dans

un souci élémentaire de jus-tice sociale, elle répond à la

préoccupation de débarrasserles travailleurs de l’incertitudedu lendemain, de cette incer-

titude constante qui crée chezeux un sentiment d’inférioritéet qui est la base réelle et pro-

fonde de la distinction desclasses entre les possédants,sûrs d’eux-mêmes et de leuravenir, et les travailleurs surqui pèse, à tout moment, la

menace de la misère ».

La mise en place de laSécurité Sociale

En 1945 les bâtisseurs du systèmefrançais de sécurité sociale poursui-vent un triple objectif : unité de lasécurité sociale, généralisationquant aux personnes, extension desrisques couverts sous la doubleinfluence du rapport Beveridge et dusystème Bismarckien.

Le rapport Beveridge

Ce rapport paraît en 1942, afin deproposer un réaménagement deslois sociales anglaises à la demandedu gouvernement. Il apparaît sous letitre Social insurance and AlliedServices, il définit des perspectivessociales meilleures pour l’après-guerre, qui sont autant de raisonspositives pour combattre les systè-mes totalitaires, il offre une philoso-phie nouvelle de la protectionsociale.

Rejetant aussi bien l’assistance queles assurances sociales réservéesaux salariés, il propose d’instaurerun système généralisé et uniformiséde prestations sociales, financé pardes contributions forfaitaires et déli-vrant des prestations forfaitaires.Afind’éliminer totalement la pauvreté,l’ensemble des citoyens devait êtrecouvert par le système qui verseraità tous, quel que soit le risque réalisé,une prestation de même montant.Ce principe d’universalité est ren-forcé par l’organisation même dusystème : il doit être unifié dans unservice public unique, placé sousl’autorité directe du gouvernement.Dans son rapport, Beveridge ajouteque ce système doit aller de pair avecl’instauration d’un service nationalde santé gratuite et une politique deplein-emploi. Les termes du compro-mis keynésien, fondement desTrente glorieuses, alliant positive-ment croissance, plein-emploi et pro-tection sociale sont ainsi posés. Cerapport aura une grande influencesur les projets de sécurité socialeconçus après la Seconde Guerremondiale, aussi bien en Grande-Bretagne qu’en France. Il serviraaussi de fondement à certains arti-cles de la déclaration universelle desdroits de l’homme de l’ONU.

Le chancelier allemandBismarck

En réaction à l’élection de députésdu parti social-démocrate, Bismarkdécide d’accompagner sa politiquede répression par une politique deréformes sociales permettant d’en-cadrer la population salariée et d’as-surer une certaine redistribution versles ouvriers.Les trois lois fondamentales votéesen 1883 (assurance maladie), 1884(assurance accidents du travail) et1889 (assurance invalidité et vieil-lesse) élaborent un système d’assu-rance sociale qui garantit un revenude compensation en cas de perte derevenu liée à la réalisation d’un ris-que social (maladie, accident du tra-vail, invalidité ou vieillesse).

Les assurances sociales sont desti-nées à protéger les travailleurs. Ellessont obligatoires, fortement contrô-lées par l’Etat, mais leur gestion estconfiée aux partenaires sociaux, etfinancées par des cotisations propor-tionnelles au salaire, partagéesentre salariés et employeurs. Le sys-tème bismarckien va avoir une forteinfluence sur les systèmes mis enplace notamment au Luxembourg,aux Pays-Bas, en Autriche, Norvège,Suède, Italie, Belgique ainsi qu’enFrance.

La fêlure avec la loi du30 décembre 1995

Cette loi autorisait le gouvernementà réformer la protection sociale parapplication de l’article 38 de laConstitution (recours aux ordonnan-ces). La France entière aurait dû êtredans la rue, mais on ne peut refairel’histoire.

Instauration de franchises

L’instauration de franchises, quiconstituent en fait de nouvelles taxessur la maladie, rompt avec les princi-pes de notre régime d’AssuranceMaladie fondés sur la solidarité entrel’ensemble des usagers et les per-sonnes malades.Elles constituent un réel obstacle àl’accès aux soins des plus démunisde nos concitoyens en raison de leurmontant, certes aujourd’hui limitémais susceptible d’augmenter dansles années à venir. A partir de janvier2008 la franchise médicale laissera50 centimes d’euro à votre chargepar boîte de médicaments et par acteparamédical et 2 euros par transporten VSL avec un plafond annuel de50. De plus ces montants s’ajoutentd’ores et déjà à la participation d’uneuro (dont le plafond journalier vientd’être augmenté de 1 à 4 participa-tions), à la contribution de 18 € pourtoute intervention dont le coût estsupérieur à 91 €, au ticket modéra-teur… Se souvient-on que le forfaitjournalier hospitalier de 16 € n’était

que d’environ 3 € lorsqu’il a été crééen 1995 ? Qui peut dire aujourd’huià combien s’élèveront ces franchisesdans 10 ans : 5 ou 10 € par boîte demédicament ? 10 ou 20 € par trans-port médicalisé ?Exemple de laissé pour compte : pre-nons une personne d’une trentained’année, célibataire, handicapée parune pathologie lourde. Cette per-sonne ne peut travailler et perçoitdonc une allocation adulte handica-pée qui s’élève à 620 € par mois.Cette personne n’a pas droit à laCMU complémentaire, le plafondapplicable pour l’octroi de la CMU estfixé à 606 €/mois (c’est pas pourexprès ça…) Avec 620 € par mois, ilfaudra se loger, manger, s’habiller,ajouter les charges d’eau, d’électri-cité, de gaz, d’assurance, de télé-phone et de mutuelle et comme sicela n’était pas assez dur, forcémentdu fait de sa pathologie (honte à luid’être malade) cette personne attein-dra très vite les plafonds et doncpayera tout plein pot. C’est à vomir.

Les franchises, initialement présen-tées comme un dispositif visant àl’équilibre des comptes de l’Assu-rance Maladie, sont loin de répondreà cet objectif. En année pleine, ellespermettront au mieux l’économie de850 millions d’euros… alors que ledit« déficit » de l’Assurance Maladies’élève à plus de 11 milliards d’euros.Si la maladie d’Alzheimer, les soinspalliatifs et le cancer sont trois pro-blématiques de santé indiscutables,elles ne peuvent prévaloir sur lesautres problématiques de santé toutaussi légitimes. Devra-t-on créer desfranchises supplémentaires pourchaque problématique de santé nou-velle ou non résolue ?En outre, les franchises ne permet-tront pas de combler les attenteslégitimes en matière de recherche etd’investissement concernant ces 3problématiques de santé spécifi-ques, encore moins en l’absencedans le PLFSS.

5ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

LA FRANCHISE ? Franchement… fallacieuse

Gisèle MOUGNOS

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6 • ORTZADAR N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

« On ne peut pas dire lavérité à la télé, trop demonde la regarde »(Coluche)

Jean de Kervasdoué

Un homme qui sait reconnaître lesvraies injustices de ce monde. Trèsprésent dans les médias il ne secontente pas de sortir des énormi-tés il en écrit aussi. Un exemple desa prose :« Les surenchères sur les consé-quences sanitaires de Tchernobylme navrent, la recherche d’un boucémissaire ministériel après la cani-cule de 2003 m’attriste, les com-mentaires des journalistes sur ladioxine, les nitrates ou les OGM mefont sourire quand ils ne me mettentpas en rage, l’inscription du principede précaution dans la ConstitutionFrançaise me semble une insulte àla raison »Alléluia ! La veuve et l’orphelin ontenfin trouvé leur défenseur.(voir dans le prochain Ortzadar l’en-trée sur son compère Rivière-Wekstein)

Lisier

Le blog d’un célèbre propriétaired’enseignes de supermarché d’ori-gine bretonne donne une descrip-tion du désastre qui afflige sarégion :« Le nitrate a fini par polluer lanappe phréatique mais aussi lescours d’eau et le bord de mer, s’in-vitant dans les élevages de coquil-les Saint Jacques et sur les plagessous forme d’algues vertes qui pro-lifèrent depuis plus de 10 ans. Amarée basse le sable est littérale-ment recouvert d’un tapis vert, trèsodoriférant en cas d’élévation de latempérature… »

Encore un effort camaradeEdouard : plus de porc industrielchez Leclerc !

Moratoire Principe de précaution

Les mots qui fâchent dans certainscercles fanatiques du PROGRES,ce qui fait du monde et du beau, dela FNSEA à Jacques Attali.Des mots qui sont devenus desarmes pour tous les “lanceursd’alertes”. Malheureusement ce nesont pas des armes fatales.Pourtant il y a tant de domaines oùil faudrait imposer un moratoire aunom du principe de précaution :OGM, nucléaire 1ère, 2ème ou 10ème

génération, projets autoroutiers etferroviaires déments…« Avé, vieux monde, moraturi tesalutant ».

Nicolino (Fabrice)

A révélé dans son livre La faim, labagnole, le blé et nous (Fayard) quePrice Waterhouse Coopers, PWC,une entreprise privée spécialiste enconseil aux transnationales fut, en2002, chargée par l’ADEME(Agence du Développement et de laMaîtrise de l’Energie) de mener laSEULE étude à ce jour sur les malnommés « bio carburants ».Le comité de pilotage de l’étude,que Nicolino qualifie poliment« d’assez curieux » comprenaitprincipalement des représentantsdu lobby agroalimentaire.Des chercheurs indépendants ontrécemment tempéré ce bel enthou-siasme pour des carburants pas siverts que ça. Même le ConseilRégional d’Aquitaine s’en est émuet parle de diminuer les subventionsà l’usine de Lacq.Rousset et Carrère écolos, cemonde est plein de surprises.

Ogéhèmes

Si nous n’y prenons pas garde, unjour, le nom propre (sic) Monsantopourrait devenir un nom commun etremplacer maïs. Comme frigidaireen son temps.Exemple de dialogue champêtre en2030 :« Il est pas bien grand ton Mon-santo cette année mon gars ! »

Une caractéristique encore tropméconnue des OGM est l’obligationpour l’agriculteur d’ acheter chaqueannée des graines brevetées à lafirme qui les produit Il se trouve eneffet, «heureux hasard», que lessemences OGM sont stériles.Fini le scandale qui permet à unpaysan d’utiliser une partie de sarécolte comme semence l’annéesuivante ! Un scandale qui durequand même depuis le Néolithique!

Les OGM ne représentent pas seu-lement un risque très mal évaluépour la santé, c’est aussi un hold up annoncé sur le vivantdont, bien entendu, les victimes n°1seront les petits paysans du TiersMonde qui, eux aussi, devrontcontribuer aux bénéfices deMonsanto et consorts pour pouvoircontinuer à produire et à vivre.

PCB -Inuit- sent à la santé

Les Inuits dont le régime alimentaireest à base de poisson et de viandeingèrent des quantités astronomi-ques de PCB : jusqu’à 70 fois plusque les habitants du sud du Canadad’après certaines études.Les PCB et autres « PolluantsOrganiques Persistants » (POP) ontune fâcheuse tendance à se dépo-ser massivement dans les régionsarctiques après de longs déplace-ments dans l’atmosphère.Encore plus grave, plusieurs étudesconduites en Russie et au Groen-land ont montré que dans certainescommunautés Inuits il naît un gar-çon pour deux filles. (En France

1,05 pour 1). En effet les œufs quiauraient pu être des garçons subis-sent des avortements spontanésprécoces. Coupables : les PCB etPOP bien sûr. Dans la presse scien-tifique anglo-saxonne ils sont sur-nommés Les douze salopards enréférence au film-culte (The dirtydozen en VO).Il est à noter qu’une autre étudeaffirme que 100 % des actionnairesdes firmes qui se sont enrichiesgrâce au PCB se tapent le coquillartdes malheurs des Inuits !Pour en savoir plus sur ces prochescousins des dioxines et quelquesunes des catastrophes écologiquesdont ils ont été et sont responsa-bles : Wikipédia.

Quatre-vingt-trois

Année du premier accident entre uncamion de tomates provenant deHollande et un autre de tomatesprovenant du Maroc.Anecdotique ? Certes, mais nepeut-on voir cet «évènement»comme un des premiers symptô-mes de la folie d’un système quifavorise, notamment, le tout routier,les délocalisations, et contribuedans de grandes proportions àréchauffer la planète.

A quand le Grenelle « de la tomateproduite au pays » ?

Suite et fin au prochain numéro…

André GARO

UN MONDE TRAGI-RISIBLEABC d’air inquiet (2)

70 fois plus de PCB ingéré par les Inuites que par les canadiens du sud.

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7ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

La menace d’une ligne de Très

Haute tension (400 000 volts)

entre l’état espagnol et l’état

français a été évoquée ces der-

niers temps. Le premier tracé

évoqué passerait par Roncevaux

en direction de Marsillon près de

Mourenx. Le deuxième, révélé

par nos amis de l’association Leia

qui luttaient contre le projet de

transnavarraise passerait à proxi-

mité du feu-tracé de la transna-

varraise. Nous publions ci-des-

sous les extraits d’un document

envoyé par le Collectif NON à

la THT de Catalogne (www.col-

lectif-nonalatht.com) afin de

commencer à nourrir le débat.

Les raisons de notre lutte ?

• Santé

Les fonctions vitales des êtresvivants sont perturbées à un certainniveau d’exposition à des champsélectromagnétiques.

L’OMS a lancé en 1996 un pro-gramme international qui doits’achever en 2005, pour s’intéresseraux problèmes sanitaires et environ-nementaux liés aux CEM (Champsélectromagnétiques) de l’énergieélectrique afin de procéder à uneévaluation sanitaire de cette exposi-tion.En juin 2001 le CIRC (Centre Inter-national de la Recherche sur leCancer) qui est une agence del’OMS et collabore au projet, aachevé la première étape du pro-cessus d’évaluation du risque sani-taire qui classe les champs magné-tiques (ELF THT) comme : « peut-être cancérogènes pour l’homme ».L’OMS indique : « le CIRC a estiméque les études épidémiologiquessur des cas pédiatriques de leucé-mie avaient apporté des preuvessuffisantes pour qu’il puisse classer

les champs magnétiques d’extrê-mement basse fréquence (ELF)comme pouvant être cancérogènespour l’homme. Le CIRC a publié les résultats de cette analyse en2002 ».Effets biologiques rapportés chezles adultes, autres que cancérigè-nes :

• Risques d’avortements naturels(Dr. De-Kun Li) ;

• Pathologies cardio-vasculairesirréversibles (Savitz D.A) ;

• Troubles neurologiques,dépressions et suicides (diver-ses études) ;

• Troubles du sommeil.

Le droit pour les populations à lasanté, à la qualité de la vie et à unenvironnement sain doit être res-pecté. On impose une modificationde leur environnement vital, par l’in-troduction d’une pollution électro-magnétique très élevée. Ces ris-ques exigent l’application du prin-cipe de précaution, inscrit dans leTraité de la Communauté Euro-péenne.

• Economie

La dégradation du paysage auraitun effet désastreux immédiat sur letourisme et son développement, etnotamment le tourisme vert.La création d’une ligne THT provo-

querait une perte de chiffres d’af-faire très importante (tourisme, éle-vage, produit locaux).

• Dégradation de l’environnement

Impact visuel catastrophique, avecune dégradation irréversible del’environnement par un déboise-ment massif le long de la ligne etpar des pistes d’accès aux pylônestraversant les vallées et les monts.Agression du milieu naturel de lafaune et de la flore.

Risques d’incendies : rupture decâbles et foudroiement des pylônes.Impossibilité d’utiliser l’eau et les« canadairs » en présence de lignesTHT.Risque de chute de câbles et depylônes électriques dues à la neigecollante, aux tempêtes et aux séis-mes déjà survenus dans notredépartement.Augmentation des taux d’ozone etd’oxyde d’azote.Nuisances entravant la vie quoti-dienne :

• Brouillage des émissions deradio et de télévision, perturba-tion des ordinateurs.

• Bruits divers - claquements,bourdonnements continus liés àl’effet couronne.

Les arguments de RTE sont infondés

Le Débat Public officiel de 2003 adémontré que tous les argumentsavancés par RTE étaient infondés :

Sécurité d’approvisionnement :Actuellement la capacité totale d’in-terconnexion entre la France etl’Espagne permet d’assurer unniveau de sécurité très élevé.L’UCTE (Union pour la Coordinationde Transport d’Électricité), chargéde la sécurité des interconnexions,indique sur son site qu’il n’y a pasactuellement de problème de sécu-risation.

Secours mutuel pour l’approvision-nement :Il a parfaitement fonctionné entre laFrance et l’Espagne lors de la vaguede froid de l’hiver 2003 et à l’occa-sion de la canicule de l’été 2003.

Échanges et augmentation de lacapacité :Les quatre interconnexions THTexistantes sont utilisées à seule-ment 30 à 40 % de leur capacité.L’Espagne compte mettre en serviceun nombre très important de centra-les à cycles combinés au gaz(16 000 MW).

Ligne à Très Haute Tension…La menace

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Le parc «écologique»

• Quand les shadoks angloys persistent et signent (Tome II)

I L y a plusieurs années, l’associa-tion Cinq-Cantons/la Barre avaitfait appel aux shadoks pour ren-

dre évidente aux yeux de tous lesabsurdités du projet dit «PortChiberta».Déçus de n’avoir pu concrétiser leurprojet de bétonnisation massive, lesélus angloys se sontdemandé de quelle manière ils pour-raient parvenir à leurs fins et détruirel’espace remarquable de la Barre.C’est alors qu’ils ont inventé le béton-goudron à caractère «écologique».

À la Barre, il existe des plantes rares ?On les écrase et on construit dessusune maison de l’environnement oùl’on montrera au public les photosdes plantes qu’il faut préserver.

À la Barre, il y a une aire de repospour les oiseaux ? On la remplace pardes aires de repos pour les voituresdes visiteurs venus apprendre com-ment on doit respecter la nature.Génial non ?

Plus shadok que ce parc «écologique» tu meurs !

Il n’est pas interdit de penser,qu’éblouis par tant de compétences,les autres municipalités ne fassentappel aux services de leurs brillantscollègues. On imagine déjà le Port-Vieux asséché et bétonné, accueillant,sur l’esplanade qu’il est devenu, lemusée de la Côte basque avec photosdu site tel qu’il fût et commentairessur sa fragilité.Faut-il rire ou pleurer ?

Il faut, en tout cas, se rappelerqu’Anglet perd doublement dansl’histoire :

• Nous perdons un joyau dont Angletaurait pu tirer brillamment parti alorsque s’amorce une prise de consciencevéritablement écologique.

• Nous perdons l’argent publicdépensé pour cette entourloupe.S’il y avait un prix à décerner, serait-ce seulement un prix de shadokerie ?

Colette Pince

Co-fondatrice et longtemps animatricede l’association Cinq-Cantons/la Barre

8 • ORTZADAR N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

Conférence : Julien Milanesi,économiste, et Simon Char-bonneau, juriste, sur le thème« des conséquences des trans-ports routiers ». Kantaldi : Pil Pil,Kattalin Indaburu, Peio Serbielle.Marche de Sauveterre àArnéguy puis à Lasse… Près de2000 personnes se sont mobili-sées contre le projet de transna-varraise ce week-end en Basse-Navarre.A pied, vélo, trottinette, cheval,quad, tracteur, voiture, desenfants aux grand-parents, toutela société de Basse-Navarreétait représentée pour affirmerque l’opposition reste détermi-née pour obtenir un abandonofficiel et définitif de la transna-varraise et ne se contente pasdes propos de M. Lasserre quidisent que le projet est arrêté carles conditions ne sont plus réu-nies pour poursuivre le projet.

Les déclarations du Présidentdu Conseil Général ne sontpas acceptables pour plu-sieurs raisons :

• Il évoque, suite au Grenelle del’environnement, un désengage-ment financier de l’Etat et del’Aquitaine qui empêcherait lapoursuite du projet. Il faut signalerque, depuis le début, l’Etat n’apas inscrit ce projet dans sesengagements et que l’Aquitainerappelle systématiquementqu’elle ne mettra pas un eurodans les projets routiers de cetype.

• Des cartes éditées par leGouvernement de Navarre enmars 2007, et envoyées auxmairies navarraises en mai2007, montrent clairement unprojet en tracé neuf d’autovia(2x2 voies) alors que, depuisfévrier 2006, Lasserre dit avoirpassé un « accord historique »avec le gouvernement deNavarre sur « un projet de 2x1voie avec créneaux de dépasse-ment » ayant « des caractéristi-ques identiques de part et d’au-tre de la frontière ». Nous avonsainsi la preuve que Lasserre

nous ment depuis plus d’un an.

• Le 15 novembre en séance plé-nière à Pau, M. Labazée (aunom du groupe PS) et M. Galantont sollicité M. Lasserre au sujetde la transnavarraise et deman-dé un vote. M. Lasserre a refuséle vote alors que c’est le seulacte officiel qui ait une valeur.

• Les propos de M. Aguerre surles ondes de radio France BleuPays-Basque sont sans ambi-

guïté quant à la manipulationpolitique orchestrée : Aguerreconfirme au journaliste que leprojet est arrêté mais pas aban-donné et qu’il ne faut pas direqu’il n’existera jamais. Il rajoutequ’« il fallait prendre des dispo-sitions pour reprendre le dossiersereinement ». M. Aguerre nesemble pas partager l’idée d’unabandon de la transnavarraise.

• Il dit également que, dans l’es-prit du Conseil Général, la trans-navarraise est liée aux dévia-tions. Nous répondons que latransnavarraise est un projet àdimension internationale destinéà faire passer le trafic internatio-nal, et que les dirigeants navar-rais confirment toujours leurvolonté d’obtenir un axe directvers le nord de l’Europe. Enrevanche, les déviations sontdes projets locaux pour un traficlocal.

• Lorsque le journaliste deman-de au conseiller général de St-Palais si c’est le Grenelle, l’as-pect financier ou la proximité desélections cantonales qui condui-sent aux déclarations de M.Lasserre, il répond que « c’est

un ensemble ». Sachant quel’absence de sensibilité environ-nementale de M. Aguerre n’estpas à démontrer et que, pour cequi concerne l’aspect financier, ilne cesse de répéter dans soncanton que ce projet se finan-cera par les 3P (PartenariatPrivé Public), seule la troisièmealternative reste. C’est bien laproximité des élections quiconduit les promoteurs du projetà marquer un arrêt pour mieuxrecommencer.

• M. Aguerre dit également surces ondes de France Bleu que,jusqu’à Arnéguy, le projet ainsique le tunnel sont un problèmenavarrais. Ceci est purementmensonger car, pour l’étude, lemaître d’ouvrage est le ConseilGénéral 64, ce qui veut direqu’un arrêt de l’étude acté parun vote conduirait à un abandonet à un retour à zéro de l’ensem-ble du projet de transnavarraiseet ceci, de part et d’autre de lafrontière.

• Lorsque le journaliste dit quemême le gouvernement deNavarre ne comprend pas lespropos de M. Lasserre, comptetenu des engagements qu’il apris, M. Aguerre répond que trèsprochainement ils iront rencon-trer les responsables navarrais etpeut-être faire des propositionsnouvelles. Ira-t-il exposer lesnouveaux plans d’une éventuellefuture manipulation politique ?

Pour cet ensemble de raisons,près de 2000 personnes ontexprimé avec déterminationleur volonté que ce projet soitclairement et définitivementabandonné, et en particulier lemonde paysan qui a honoré,une fois de plus, le cortègeavec notamment plus d’unecinquantaine de tracteurs.Enfin, mi décembre la commis-sion permanente du ConseilGénéral a délibéré à l’unanimitépour abandonner le projet de latransnavarraise. Ce coup-cic’est bien d’une éclatante vic-toire des opposants qu’il s’agit.

Deux jours d’information-mobilisation ANTI -TRANSNAVARRAISE

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Si l’idée pouvait au départ paraî-tre intéressante, il est

aujourd’hui établi que les agro-carburants industriels ont des

conséquences sociales dramati-ques : confiscation des terres par

les cultures énergétiques là oùpoussaient des cultures alimen-

taires, expulsion des communau-tés indigènes et des petits pay-

sans, augmentation des prix ali-mentaires mondiaux. D’autre

part, ils aggravent les problèmesqu’ils prétendent résoudre : lesagrocarburants produisent plus

de gaz à effet de serre que lepétrole qu’ils remplacent et pourcertains nécessitent plus d’éner-

gie pour être produits que l’éner-gie qu’ils fournissent, sans parler

de la déforestation galopante quiaccompagne leur extension (1).

Face à ce bilan sans appel, ons’attendrait à ce que cette expé-rience calamiteuse soit stoppéeimmédiatement. Eh bien non !

Elle continue et s’amplifie, soute-nue activement par les élitesnationales et européennes, à

grands coups de subventions etd’argent public.

Mais alors, à qui profite le crime ?

Nos collègues du CEO [2], grandsconnaisseurs des coulisses bruxel-loises, nous dévoilent les acteursqui tirent vraiment les ficelles àBruxelles et quels sont les vraisenjeux économiques, industriels,environnementaux et politiques der-rière «la Folie des agrocarburants».Christian Berdot des Amis de laTerre-France.

Malgré l’inquiétude grandissante del’opinion publique sur les risquesassociés aux agrocarburants,l’Union Européenne met tout son

poids dans la balance, pour pro-mouvoir ces cultures aux effets sou-vent très néfastes. En mars 2007, ilétait même proposé de fixer desobjectifs d’augmentation du tauxd’agrocarburants dans tous les car-burants destinés aux transportsautomobiles jusqu’à 10% en 2020.La Commission prévoit aussi decanaliser de grandes quantités definancements d’argent public del’UE vers la recherche et le dévelop-pement des projets d’agrocarbu-rants.

Ces conseils à sens unique ont desconséquences d’une grande portée.La façon dont l’UE s’attaque au pro-blème fondamental de la réductiondes émissions de CO2 provenant dutransport routier, en est affectée. Enoutre, cette pseudo solution – lesagrocarburants - menace non seule-ment d’aggraver les problèmesqu’elle est censée résoudre - leschangements climatiques – mais vaaussi provoquer toute une série denouvelles situations de précarité etde destructions. On ne pouvait pasfaire un choix plus éloigné d’unepolitique efficace ayant pour butd’économiser l’énergie et réduire laconsommation.Le Conseil des ministres de ce prin-temps, les 8 et 9 mars 2007, propo-sait comme élément d’un paqueténergie plus large, un objectif obli-gatoire de 10 % d’agrocarburantsutilisés dans tous les carburantspour le transport routier d’ici 2020.C’est-à-dire, presque le doublementdu taux actuel non obligatoire de5,75 % d’ici 2010. Cette propositionétait présentée comme une mesuremajeure pour lutter contre les chan-gements climatiques.Pourtant, si on regarde de plus prèsles agrocarburants, on découvre unspectacle de désolation, une préten-due solution accompagnée d’unenuée de problèmes :

• Les agrocarburants sont enconcurrence avec l’alimentationpour les ressources agricoles etleur expansion a déjà provoquél’augmentation des prix alimen-taires, ce qui menace directe-ment la sécurité alimentaire descommunautés les plus pauvresde la planète ;

• Ils augmentent la demande enterres, ce qui provoque notam-ment un accroissement de ladéforestation ;

• Ils sont cultivés dans d’immen-ses exploitations qui font de lamonoculture à l’aide de l’usagemassif d’engrais et de pestici-des et dans de nombreux casavec en plus, le risque de conta-mination génétique ;

• Enfin, ils menacent les droitsfonciers des communautés rura-les car le développement desagrocarburants s’accompagnede plans d’expansions desmonocultures qui sont engrande partie contrôlées pardes multinationales ou degrands propriétaires fonciersfortunés. Un peu partout dansles pays du Sud, les petits pay-sans et les communautés indi-gènes voient leurs DroitsHumains menacés en étantexpulsés de leurs terres ou endevant faire face à de mauvai-ses conditions de travail ou àdes conflits fonciers.

Et comme si la coupe n’était pasdéjà pleine, les preuves s’accumu-lent qu’en plus les agrocarburantsne font qu’aggraver et non pas atté-nuer les changements climatiques.Est-ce que la Commission était aucourant de ces faits avant de soute-nir les agrocarburants par toute unesérie de mesures politiques ?Apparemment oui, comme le mon-tre l’étude d‘impact officielle de la

Commission, bouclée en 2006 (4)Le document évoque par exemple lefait qu’ « une utilisation accrue desbiocarburants dans l’UE s’accompa-gnera par une demande externeaccrue de biocarburants et desmatières premières dont ils dépen-dent, ce qui vraisemblablementaura des conséquences diversessur les pays en voie de développe-ment. (…) De plus, lorsqu’onlaboure des zones herbeuses ouque l’on coupe des forêts, desquantités importantes de CO2 sontrelâchées. On peut s’attendre à ceque ces émissions de CO2 dépas-sent pour de nombreuses années,les gains obtenus par les biocarbu-rants ». Il est clairement affirméaussi que « les pressions sur desécosystèmes sensibles vont aug-menter, notamment sur les forêtsprimaires où des millions d’hectarespourraient être transformés en plan-tations ». Ce document reconnaîtparmi les conséquences sociales, laconcurrence avec la nourriture, uneaugmentation des prix alimentairesqui pourrait frapper les pauvres despays en voie de développement etles pressions sur des communautés

9ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

Agrocarburants : qui pousse derrière ?

Ou la politique de l’Union Européenne au service des multinationalesPar le Corporate European Observer – juin 2007Traduction : C. Berdot, Amis de la Terre - France

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vulnérables (pour les déplacer oules obliger à adapter de force leurmode de vie).La politique de la Commission n’apas été menée dans le souci de lut-ter contre les changements climati-ques. Elle n’a cherché qu’à garantirl’approvisionnement énergétique del’UE et à servir les intérêts desgrands agriculteurs et de l’agrobusi-ness ainsi que ceux des secteursindustriels de l’automobile, des bio-technologies et du pétrole qui veu-lent tous voir le maintien du statuquo existant. Pour cela, laCommission a permis à ces grou-pes industriels de participer au dia-logue politique et de définir lesobjectifs politiques en mettant surpied des groupes consultatifs favo-rables aux industriels.

Industrie : on n’est jamaismieux conseillé que par soi-même

Le Comité Consultatif de laRecherche sur les Biocarburants(BIOFRAC) a été créé par laDirection Générale (DG) Rechercheau début de 2005. Un « grouped’experts de haut niveau, représen-tant un large éventail des différentssecteurs de la chaîne des biocarbu-rants » fut invité « à développer unrapport prospectif – une vision pourles biocarburants jusqu’à 2030 etau-delà - pour permettre une percéedes biocarburants et accroître leurdéploiement dans l’UE ». En plus dece « rapport prospectif », laCommission invita aussi le BIO-FRAC à préparer le terrain pour« l’Agenda Stratégique de laRecherche » et à fournir de nom-breuses suggestions pour le 7èmeProgramme cadre de la recherche(FP7), l’outil principal de l’UE pourfinancer la recherche de 2007 à2013.

La composition du BIOFRAC(aujourd’hui dissous) n’était paséquilibrée mais au contraire domi-née par les représentants des inté-rêts industriels. L’industrie automo-bile était représentée par 4 mem-bres ; le pétrole par 3 ; les agrocar-burants par 3 et les biotechnologiespar le groupe de pressionEuropaBio. Le groupe était complétépar 1 personne de l’industrie ali-mentaire, 1 représentant d’unecompagnie forestière, 1 autre d’unecompagnie énergétique, 1 agricul-teur et 8 personnes venant de cen-tres de recherches ou d’universitésdont certaines, avec des liens très

étroits avec l’industrie du pétrole oucelle des biotechnologies. D’aprèsla Commission, les participants ontété choisis en tant qu’individus surla base de leurs connaissances etde leur expertise et non pas en tantque représentants de leurs organi-sations. Il n’est pas déraisonnablede penser cependant que leur rôleet leurs réflexions puissent reflétercelles des entreprises ou organisa-tions pour lesquelles ils travaillent.Le parti pris pro-industrie du BIO-FRAC se retrouve en effet, claire-ment dans le rapport final publié en2006, intitulé « Biocarburants dansl’Union Européenne. Une visionpour 2030 et au-delà ». Le rapportest maintenant un document officielde la Commission.C’est cette ambition énorme - satis-faire 25% des besoins en carburantspour les transports automobiles d’ici2030 - qui ressort avant tout de ce

rapport. A part cela, le rapport faitune promotion appuyée des agro-carburants de seconde génération.D’une façon générale, ils ont pourobjectif d’améliorer les performan-ces, généralement en utilisant l’en-semble de la plante, améliorant encela le bilan CO2 et les coûts.D’après le BIOFRAC, cette secondegénération d’agrocarburants seraproduite à partir d’un éventail pluslarge de matières premières, réduirala concurrence pour la terre avecl’alimentation, permettra de dimi-nuer les coûts et « d’économiser »du CO2. Pour conclure, le rapportrecommandait la mise en placed’une Plateforme Technologiquedes Agrocarburants qui coordonne-rait tout le travail de la Commissionsur les agrocarburants et « fourni-rait une base analytique communepour assister tous les services de la Commission concernés (DG

Recherche, Energie et Transports,Commerce, Relations Extérieures,Agriculture et DéveloppementRural, Environnement et Finan-ces) ».Le 7 juin 2007, une fois son travailaccompli, le BIOFRAC fut dissout.Le même jour, et toujours dans lalignée des recommandations duRapport d’une « Vision pour lesBiocarburants », un comité directeurde la Plateforme Européenne pourles Technologies des Biocarburants(EBFTP) était nommé et la nouvellePlateforme était lancée officielle-ment le même jour, à Paris. La mis-sion de cette Plateforme est de« contribuer au développement detechnologies de niveau internatio-nal et compétitives sur le plan descoûts, à la création d’une industriesolide des agrocarburants et àaccélérer le déploiement des agro-carburants dans l’Union euro-péenne grâce à un processus deguidage, de définition des priorités,et de promotion de la recherche, dudéveloppement et de la démonstra-tion pratique ».

Un des rôles clés de la Plateformeest l’élaboration de l’AgendaStratégique de Recherche (SRA)sur les agrocarburants, en clair,identifier les secteurs-clés de larecherche pour les dix années àvenir afin de réussir la Vision 2030définie par le BIOFRAC. D’après laPlateforme, son objectif principal estde mettre en pratique les principalespropositions esquissées dans laVision du BIOFRAC. La Com-mission paye le secrétariat, ce quiinclue le financement du site inter-net, les coûts généraux d’adminis-tration et l’organisation des réunionsplénières des parties prenantes.La Plateforme est composée de 5groupes de travail et d’un comitédirecteur. Quelques mois avant lelancement de la Plateforme, laCommission invitait les personnesintéressées à « exprimer leur intérêtpour une candidature pour le comitédirecteur et les groupes de travail »de la Plateforme, annonçant que ceserait « ouvert à la participationactive de toutes les parties prenan-tes ». La Plateforme fut promuecomme un moyen de « rassemblerau niveau européen, les institutionsde recherche, les entreprises, lesONG, les groupes financiers et lesautorités de contrôles ». Pourtant, lacomposition actuelle de la Plate-forme est fortement dominée parl’industrie. Le Bureau Européen del’Environnement (BEE) s’était plaint

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« VISION. En 2030, l’Unioneuropéenne arrive à couvrir unquart de ses besoins en carbu-rants pour les transportsroutiers, grâce à des biocarbu-rants propres et efficaces sur leplan du CO2. Une partie subs-tantielle est fournie par uneindustrie européenne compéti-tive. Cela diminue de façonsignificative l’indépendance del’UE par rapport aux carbu-rants fossiles ; cela crée desopportunités pour les fournis-seurs de biomasse, les produc-teurs de biocarburants et l’in-dustrie automobile ».

Membres du comité consultatifde recherche sur les agrocarbu-rants (BIOFRAC)(Liste telle qu’elle apparaît lejour de la publication de ceRapport d’une Vision)

• Anders Roj, Président, VolvoTechnology Corporation

• Olivier Appert, Vice-prési-dent, (suppléant : AlexandreRojey) Institut Français duPétrole

• Javier Salgado, Vice-prési-dent, (suppléant : RicardoArjona) Abengoa Bioenergy

• Olivier Alexandre, Total• Michel Baumgartner, British

Sugar

• Gerard Belot, (suppléante :Béatrice Perrier Maurer) PSAPeugeot Citroën

• Dirk Carrez, EuropaBio (bio-technologies)

• Matthias Rudloff, suppléant :Michael Deutmeyer) CHO-REN

• Ann-Britt Edfast, SVEASKOG(forêt)

• Hartmut Heinrich, supplé-ant : Frank Seyfried) Volks-wagen AG

• Raffaello Garofalo, EuropeanBiodiesel Board

• Dietrich Klein, COPA-COGECA (agriculteurs)

• Darran Messenm, SHELL• Calliope Panoutsou, CRES• Kimmo Rahkamo,

(suppléant : Ari Juva) NesteOil Corporation

• Meinrad Signer, IvecoPowertrain

• Rene Van Ree, ECN• Guy Riba, (suppléant :

Ghislain Gosse) INRA• Liisa Viikari, VTT

Biotechnology• Eckhard Weidner, Fraunhofer

UMSICHT• Arthur Wellinger, Nova

Energie• Grzegorz Wischniewski, (sup-

pléante : MagdalenaRogulska) EC-BREC

• Guido Zacchi, Lund University

« Les biocarburants dans l’Union européenneUne vision pour 2030 et au-delà »

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de la composition du ComitéDirecteur de la Plateforme, mais saplainte est restée sans réponse.Malgré les beaux discours sur l’ou-verture et la participation, dès ledébut le choix des membres fut unesupercherie. Pour commencer, lesmembres du comité directeur furentsélectionnés par le président deBIOFRAC (Anders Roj de Volvo) etles 2 vice-présidents (Olivier Appertde l’Institut Français du Pétrole et lePDG d’Abengoa, Javier Salgado),en consultation avec la Commis-sion. Le comité directeur qui enrésulte, est totalement dominé parles industries. Comme pour le BIO-FRAC, les industries automobiles etpétrolières sont très bien représen-tées dans le comité directeur avectrois membres chacune. Il faut yrajouter un représentant des agricul-teurs et quatre personnes représen-tant des centres de recherches oudes universités. Le comité directeurest présidé par Luis Cabra de lacompagnie pétrolière Repsol YPFavec Roj et Appert comme vice-pré-sident. Pas une seule organisationde la société civile n’y est représen-tée.A l’échelon inférieur, les 5 groupesde travail sont aussi très largementdominés par des représentants del’industrie et des centres de recher-ches. Malgré les promesses d’unereprésentation multiple des partiesprenantes, il est clair maintenantque ce manque de représentativitéest un choix délibéré. Dans le bulle-tin de la Plateforme, on peut lire que« un équilibre adéquat entre indus-trie et centres publics ou de recher-che fut établi afin de préserver laPlateforme en tant que groupeguidé par l’industrie » (soulignépar le rédacteur). Plus de 300 per-sonnes ont demandé à participeraux groupes de travail. En fait, avecun maximum de 25 personnes pargroupe de travail, plus de la moitiédes candidatures furent rejetées.Finalement, on ne retrouve que 2représentants d’ONG sur les 125membres des groupes de travail. Lesecrétariat a refusé de donner laliste initiale des 300 candidats etl’Observatoire Européen del’Industrie attend toujours les détailsqu’on lui a promis, sur l’historiquede ce choix.La Commission s’est assurée queles mêmes compagnies qui avaientrédigé la « Vision de l’Union euro-péenne pour les biocarburants » parl’intermédiaire de BIOFRAC, puis-sent maintenant réaliser ses recom-

mandations et définir l’agenda desrecherches et du développementdes agrocarburants. Ce sont en plusdes compagnies qui ont des intérêtscommerciaux directs dans le déve-loppement des agrocarburants dansl’Union européenne. Le processusdécrit ici montre comment ils se pré-parent à définir l’agenda de recher-che stratégique dans ce secteur, etmain dans la main avec laCommission, à décider de l’alloca-tion des fonds de recherches et dedéveloppement pour les 10 annéesà venir.Ce mode de fonctionnement alliantrecherches stratégiques et politiquen’est pas particulier aux agrocarbu-rants. La Commission crée de nom-breuses Plateformes Technologi-ques dans des secteurs très variés,parlant d’elles comme « prouvantqu’elles sont des acteurs puissantsdans le développement de la politi-que de recherche de l’UE en parti-culier dans l’orientation du 7èmeProgramme cadre de recherchepour mieux satisfaire les besoins del’industrie ». On trouve d’autresPlateformes technologiques, domi-nées aussi par l’industrie, qui s’oc-cupent également des agrocarbu-rants comme les plateformesSuschem (sustainable chemie ouchimie soutenable), Food for Life(Nourriture pour la Vie), Plants forthe Future (biotechnologies) etForêts.Il est absolument nécessaire qu’unlarge débat public au niveau euro-péen ait lieu et porte sur les risquesinhérents aux agrocarburants et cequ’ils apportent réellement dans lalutte contre les problèmes qu’ils sontcensés affronter. Ce débat doitinclure plus de parties prenantesnotamment les populations directe-ment touchées dans les pays duSud. Il est totalement antidémocrati-que que des politiques de l’UE puis-sent être déterminées au travers deprogrammes de recherches et dedéveloppement façonnés par desacteurs industriels qui, non seule-ment reçoivent de l’argent publicmais de plus, ont des intérêts directsdans les résultats de ces program-mes. Cette façon de procéder doit être vigoureusement remise en cause.

Huiler les rouages

Les industries de l’automobile, desbiotechnologies et du pétrole sontles plus impliquées dans la concep-tion de la politique de recherche de

l’UE dans les agroarburants et ellesont toutes, leurs raisons propres depoursuivre l’expansion de ceux-ci.Les fabricants de voitures, commeVolvo ou Volkswagen, se font lesavocats des agrocarburants dans lecadre d’une stratégie plus largecherchant à éviter un abaissementdes normes d’émissions de CO2pour les voitures particulières. Ils ontfait des agrocarburants, la solution

pour réduire les émissions de CO2.Dans le courant de l’année, avantcertaines des décisions politiquesdécrites dans ce rapport, laCommission voulait imposer desnormes obligatoires d’efficacité pourles voitures particulières, quiauraient contraint à une réductiondes émissions de CO2. En réponse,les fabricants de voitures ont lancéune campagne très lourde de lob-bying et réussi à affaiblir les objectifsde réduction de leur moyenne pré-vue de 120g de CO2 par km, enobtenant 130g/km. De plus, cettedifférence peut être compensée pard’autres prétendues mesures deréduction du CO2 comme l’utilisa-tion d’agrocarburants.Le rôle de lobby de l’industrie auto-mobile est bien illustré par Volvo. RojAnders de Volvo a présidé le BIO-FRAC et est maintenant vice-prési-dent du comité directeur de laPlateforme sur les Agrocarburants.Volvo affirme son soutien à unobjectif de réduction des gaz à effetde serre de 30% d’ici 2020 pour lespays développés. Pourtant, dans lemême temps, la firme n’hésite pas àfragiliser l’économie de l’UE enmenaçant de délocaliser : « la com-pétitivité, en particulier des indus-tries à forts besoins énergétiques,doit être suivie afin d’éviter une pos-

sible délocalisation de l’UE vers despays tiers ». Elle soutient aussi unobjectif obligatoire de 10 % d’agro-carburants sur les carburants detous les véhicules d’ici 2020. Cetteune stratégie commune chez lesgrandes entreprises : d’un côté,elles font semblant de soutenir desmesures environnementales, tandisque de l’autre, elles préviennent quesi ces mesures affectent leurs béné-

fices (ce qui serait le cas si l’actiondes gouvernements était efficace),elles vont quitter l’Europe, amenantavec elles les emplois.L’industrie automobile a aussiinfluencé le débat sur les agrocarbu-rants par l’intermédiaire du CARS21, un autre groupe consultatif dehaut niveau, mis en place en 2005 àl’initiative du commissaire à l’indus-trie Verheugen. Le CARS21 qui ajoué un rôle crucial dans la batailleau sein de l’UE sur les normes d’ef-ficacité obligatoires pour les véhicu-les, soutient fortement les agrocar-burants.La plupart des groupes automobileseuropéens sont impliqués dans despartenariats avec des compagniespétrolières ou de biotechnologiespour développer des agrocarburantsde seconde génération. Le nombrede ces alliances ne fait qu’augmen-ter et reflète bien un intérêt commundans le développement des agro-carburants. Par exemple, en mars2006, les fabricants européensDaimlerChrysler, Renault et Volks-wagen formèrent avec les compa-gnies pétrolières Sasol Chevron etShell « l’Alliance pour les carburantssynthétiques en Europe » (ASFE).Cette alliance a aussi attiré le sou-tien politique du commissaireVerheugen venu lors du lancement

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Alimenter le changement climatiqueLe transport routier représente 30% de la consommation d’énergiede l’UE et dépend pour 98% des énergies fossiles. On considère quel’augmentation du secteur routier est une des raisons principalespour lesquelles l’UE n’atteindra pas les objectifs du protocole deKyoto. On s’attend à ce que 90% de l’accroissement des émissionsde CO2 entre 1990 et 2010 soient dues aux transports. Bien quel’impact des transports routiers sur le bilan global des émissions degaz à effet de serre soit énorme et malgré la menace que celareprésente pour les climats, la Commission européenne ne fait pasporter les efforts nécessaires sur la réduction des transports. Lestendances actuelles montrent au contraire que les transports rou-tiers de marchandises et les déplacements des personnes en véhicu-les particuliers sont en augmentation.

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de ce nouveau groupe. Dans sondiscours, il souligna combien, auniveau politique, ce travail devaitêtre soutenu avec « les bonnesconditions d’encadrement pouraider à préparer le terrain de lacommercialisation des carburantsalternatifs et garantir leur accès auxconsommateurs ».Cette forte implication des grandescompagnies du pétrole dans ledomaine des agrocarburants, ycompris dans les infrastructures etles carburants de seconde généra-tion est relativement nouvelle. Lesoutien des gouvernements -– avecdes objectifs obligatoires, des sub-ventions et d’autres incitations –sont une raison de l’intérêt croissantdes compagnies pétrolières. Deplus, une utilisation accrue desagrocarburants prolongera ladépendance actuelle des systèmesde transport vis-à-vis des carbu-rants liquides de type pétrole, ce quien retour permetta aux compagniespétrolières de continuer leurs affai-res lucratives, tout en gardant lecontrôle sur la transition versl’après-pétrole.Des alliances se forment pour for-mer des plateformes communes delobbying politique (comme cellecitée plus haut) ainsi que des parte-nariats dans la recherche appliquéeet le développement. Ces dernierssont en forte augmentation et sontsujets à de fortes controverses etdémontrent clairement la conver-gence de ces secteurs industrielsénormes, dans le secteur des agro-carburants

• Shell qui affirme être le plus granddistributeur mondial d’agrocarbu-rants pour les transports s’estassocié à Iogen, une compagniecanadienne de biotechnologies,pour fabriquer à l’aide d’enzymes,de l’éthanol à partir de la cellulosede la paille.

• En 2006, Shell, Iogen etVolkswagen se sont alliés dans unprojet d’éthanol à base de cellu-lose en Allemagne. La firme alle-mande d’agrocarburants, CHO-REN Industries, travaille avecDaimlerChrysler, Volkswagen, etShell au sein de SunDiesel à uncarburant synthétique ou Biomassto Liquid (BTL).

• Depuis 2003, le géant européendes pétroles BP a travaillé avec lacompagnie de biotechnologiesDuPont dans un projet d’agrobuta-nol. L’agrobutanol est déjà produiten utilisant des technologies exis-

tantes. Mais les recherches de BPavec Dupont explorent de nou-veaux procédés biotechnologiquespour en réduire les coûts ; Ford etBritish Sugar travaillent aussi avecces deux compagnies sur cetagrocarburant.

• Les accords de partenariat extrê-mement controversés que BP– quicontrôle actuellement 10 % dumarché global des agrocarburants– a passés dernièrement, ont faitla une des journaux. En février BPa signé un contrat de 500 millionsde dollars avec l’Université deBerkeley (Californie) et ses parte-naires (l’Université de l’Illinois,Urbana-Champaign, et leLaboratoire Lawrence BerkeleyNational Laboratory). Il s’agit decréer l’Institut des Biosciences del’Energie qui abritera 50 membresdu personnel de BP et deux cam-pus. L’essentiel du travail derecherche se concentrera surl’usage des biotechnologies pourproduire des plantes pour les agro-carburants. Le contrat a été trèscritiqué au sein de l’Université deBerkeley à cause d’une part, dumanque de consultation dont sesont plaints des membres de lafaculté et d’autre part, des conflitsd’intérêts touchant la majorité del’élite de l’Université impliquéedans cette décision.

Biotechnologies : le retour !

Le principal groupe de pressioneuropéen pour les biotechnologies,EuropaBio, était membre du BIO-FRAC et est aussi un membre actifde la Plateforme des Agrocar-burants (EBFTP). Comme l’expliqueson secrétaire général, JohanVanhamelrijck, « Nous avons tra-vaillé dur pour établir d’excellentesrelations avec la Commission etnotre engagement étroit dans lanouvelle Plateforme sur lesAgrocarburants est un des fruits dece travail ».

L’industrie biotech espère surmonterla résistance farouche de l’opinionpublique contre les plantes GM, endéveloppant des plantes « amélio-rées » pour la production d’agrocar-burants. L’inquiétude croissante del’opinion vis-à-vis des changementsclimatiques et l’image encore verteattachée au développement desagrocarburants pourraient sortir lesbiotechnologies de l’ornière en leuroffrant plus de succès de communi-cation que par le passé. Les plantesgénétiquement modifiées qui sont

rejetées dans les aliments, pour-raient être plus acceptables pourl’opinion si elles fournissent le car-burant des voitures individuelles,d’une façon présentée comme« bonne pour l’environnement ». Lacommunication d’EuropaBio reflètece nouveau discours : les biotech-nologies protègent l’environnement,vont entraîner une expansion del’économie mondiale, augmenter larichesse tout en diminuant l’em-preinte écologique des humains,réduire l’indépendance par rapportaux importations de pétrole et four-nir des revenus aux agriculteurs.Leur nouvelle formule magique est« l’économie basée sur les agrocar-burants, une expression qui résumenotre vision d’une société future quin’est plus totalement dépendantedes carburants fossiles pour sonénergie, ni des matières premièresindustrielles… Le monde entier esten train de passer de l’Age de laChimie à l’Age des Biotechno-logies ».

Pourtant, une expansion importantedes agrocarburants aggraveraencore les effets négatifs qui décou-lent de la monoculture à grandeéchelle de plantes génétiquementmodifiées. La contamination généti-que ne fera que s’amplifier et deve-nir plus complexe lorsque des plan-tes seront modifiées génétiquementpour contenir des traits génétiquesdestinés à des usages non alimen-taires. Actuellement, les plantes GMsont essentiellement destinées àl’alimentation animale. Ce sont lesmêmes compagnies qui contrôlentces plantes et les intrants dans l’ali-mentation animale, qui s’apprêtent àbénéficier de leur usage commeagrocarburants.D’après le professeur de Berkeley,Miguel Altieri et Eric Holt-Gimenez

PDG de Food First, le calendrier desagrocarburants offre aux compa-gnies de biotechnologies commeMonsanto « la possibilité deconvertir de façon irréversible l’agri-culture en plantes génétiquementmodifiées. Actuellement 52 % dumaïs, 89 % du soja, et 50 % ducolza aux Etats-Unis sont modifiésgénétiquement ». Pour eux, « l’ex-pansion du maïs modifié spéciale-ment pour être transformé en étha-nol va faire disparaître toutes lesbarrières pratiques qui empêchaientla contamination permanente detoutes les plantes non OGM ».Dans l’Union européenne, la résis-tance des citoyens a, dans unegrande mesure, empêché l’introduc-tion des plantes GM. Avec les agro-carburants, les industries biotechvont essayer de forcer à nouveau laporte en présentant les plantes GMnon pas comme des plantes alimen-taires, mais comme des plantesénergétiques, même si le risque decontamination des plantes non-OGM, demeure tout autant.Syngenta, par exemple, a fait unedemande en Europe pour obtenirl’autorisation d’importer un type demaïs GM, appelé Evénement 3272,spécialement conçu pour l’éthanol.Ce maïs aide à sa propre transfor-mation en éthanol en développantun enzyme spécial qui brise l’ami-don en molécules de sucre plussimples, facilitant ainsi la transfor-mation de l’amidon en alcool. Parcontre, ce maïs contient un gènemarqueur dérivé de E. Coli.Plusieurs organisations faisant cam-pagne sur les agrocarburants ontpublié récemment un document inti-tulé « Agrocarburants : la réalitésur neuf points clés » qui expliquecomment les demandes d’importa-tions de ce maïs dans l’UE etl’Afrique du Sud montre que l’on

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s’attend à ce que l’alimentation tanthumaine qu’animale soit contami-née, étant donné que Syngenta aaussi demandé des autorisationspour ces deux utilisations.Les agrocarburants augmententdéjà les profits de l’industrie des bio-technologies et la compétition batson plein pour de nouvelles plantesénergétiques GM. Les revenusannuels provenant du marché mon-dial des agrocarburants que DuPontannonce, proviennent largement del’apport de l’agriculture pour l’étha-nol et s’élèvent à 300 millions dedollars. En février dernier, la compa-gnie a annoncé un plan de réinves-tissement de 100 millions de dollarspour diminuer le temps d’accès aumarché pour les nouveaux produitsde semences de sa filiale Pioneer.D’après Bill Niebur, le vice-présidentchargé de la recherche génétique etdu développement « Avec lademande en éthanol, c’est la coursepour rapidement booster les rende-ments en céréales ». Monsantoaussi est en course. Le n°1 mondialpour le développement de semen-ces génétiquement modifiées arécemment annoncé des profitsrecord à cause de la demandecroissante en éthanol. Monsanto vabooster sa capacité de productionde semences cette année et prévoitde dépenser 500 millions de dollarspour satisfaire la demande crois-sante en semence de maïs. Lesindustries des biotechnologiesinvestissent aussi lourdement dansles agrocarburants de secondegénération. Elles essayent de mettreau point de nouveaux traits généti-ques pour les matières premières etinvestissent dans les processus detransformation en carburants de cesmêmes matières en utilisant parexemple des enzymes.

Les agrocarburants dedeuxième génération :

la solution à tous les problèmes ?

Face à l’inquiétude croissante del’opinion publique vis-à-vis de l’ex-pansion des agrocarburants, lesgouvernements, comme les indus-triels, invoquent les agrocarburantsde deuxième génération. En utilisantl’ensemble de la plante au lieu, uni-quement, de certaines parties, nousdisent-ils, on obtiendra de meilleursrésultats pour le CO2 et on baisserales coûts de production. Un autreavantage serait aussi qu’un éventailplus large de matériaux pourra être

utilisé comme, par exemple, lesarbres, les déchets végétaux ou lapaille. Ils nous présentent l’utilisa-tion d’arbres à la place de culturesalimentaires comme une possibilitéd’éviter la compétition avec l’appro-visionnement en nourriture. Commesi cela n’allait pas poser de pro-blème. En effet, les grandes planta-tions d’arbres vont être directementen compétition avec la productionde nourriture pour ce qui est de l’oc-cupation du sol et les besoins eneau. D’autre part l’utilisation de laplante entière pose problème carcela prive les sols de matières orga-niques et a des conséquencesnégatives sur les écosystèmes.Indépendamment des pour ou descontre ou des problèmes liés à cer-tains agrocarburants, le problèmefondamental reste l’étendue des ter-res nécessaires pour satisfaire lesobjectifs des gouvernements. Celane se fera pas sans d’immensesplantations en monoculture, dans laplupart des cas contrôlées par degrandes firmes de l’agrobusiness etpar de grands propriétaires fonciers.Cette expansion s’accompagnerades problèmes habituels de cemode de cultures : coûts environne-mentaux et sociaux très élevés.Cette deuxième génération d’agro-carburants n’est pas encore com-mercialement viable et il n’est tou-jours pas sûr qu’elle le soit un jour.Aujourd’hui, rien ne prouve que cesagrocarburants de seconde généra-tion puissent contribuer réellement àla lutte contre les changements cli-matiques et aucune étude d’impactdes risques n’a été menée. Celan’empêche pas les gouvernementsde financer leur développementavec de l’argent public et d’en fairela pièce maîtresse de leur politiquedes agrocarburants.En fait, en s’appuyant sur le déve-loppement des agrocarburants dedeuxième génération et sur les solu-tions qu’ils sont censés apporter àmoyen terme, les gouvernementscherchent un alibi à l’expansioneffrénée actuelle des agrocarbu-rants. L’éditorialiste engagé, Geor-ges Monbiot, l’exprimait clairement :« Au départ, il s’agissait de bonnesintentions qui ont mal tourné.Maintenant, il s’agit d’une arnaquetotale. Les gouvernements qui utili-sent les agrocarburants pour luttercontre le réchauffement planétairesavent qu’ils font plus de mal que debien. Mais ils continuent comme side rien n’était ». La réalité est que lafolie des agrocarburants - avec son

parti pris pro industrie - n’aidera enrien à stopper les changements cli-matiques mais aura des conséquen-ces graves sur les pays du Sud. Leréseau de groupes de la sociétécivile des pays sud et méso-améri-cains prévenait l’Union européennelorsqu’il lui demandait de ne pasadopter des objectifs obligatoirespour les agrocarburants :« Pendant que les Européens main-tiennent leur mode de vie basé surla culture de la voiture, la populationdes pays du Sud aura de moins enmoins de terres pour ses plantesalimentaires et va perdre sa souve-raineté alimentaire ».En terme de politique publique, iln’est pas sérieux de fixer des objec-tifs pour les agrocarburants, commel’a fait l’Union européenne, comptetenu de l’absence d’étude d’impactsur les risques liés aux agrocarbu-rants de seconde génération etcompte tenu des effets négatifs liésà toute promotion à grande échelledes agrocarburants déjà existants.Ce rapport montre, à la fois lesmécanismes à l’œuvre derrière lespolitiques actuelles de l’UE ainsique les motivations des acteurs clésde l’industrie. Le choix fait par l’UEpour les agrocarburants a été large-ment téléguidé par les industrielsqui vont directement profiter de leurdéveloppement futur et de leur utili-sation à grande échelle.Ce mode faussé de prise de déci-sion politique va coûter très cher àd’autres parties prenantes, tant ausein de l’Union européenne qu’àl’extérieur. On parle beaucoup deschéma de certification pour garan-tir que seuls des matières premièresou des agrocarburants produits defaçon soutenable puissent êtreimportés en Europe ou profiter desubventions ou autres incitations.Mais la certification ne fera que

déplacer le problème : les produc-tions « soutenables » vont repous-ser les productions « non soutena-bles » ailleurs – que ce soit desproduction destinées aux agrocar-burants ou les mêmes productiondestinées à l’alimentation humaineet animale ou à l’industrie du papier.Si l’Union européenne veut réelle-ment faire quelque chose contre leschangements climatiques alors ilfaut que ses politiques se concen-trent sur des changements fonda-mentaux comme réduire saconsommation d’énergie et n’utiliserque la part qui nous revient dansune répartition équitable des riches-ses sociales et environnementalesde la planète. En attendant, la seuledécision raisonnable est de pronon-cer un moratoire sur tous les objec-tifs de l’Union européenne sur lesagrocarburants.

(1) Voir les rapports des Amis de la Terre :« Ethanol de maïs : spéculation et famine» : http://www.amisdelaterre.org/Ethanol-de-mais-speculation-et.html ; «Agrocarburants : une catastrophe écologi-que et sociale programmée » :http://www.amisdelaterre.org/Agrocarburants-une-catastrophe.html ; «Biocarburants : pire que des énergies fossi-les » :http://www.amisdelaterre.org/Biocarburants-pires-que-des.html )(2) Le CEO est un groupe de jeunes cher-cheurs basés à Amsterdam. Leur seul livretraduit en français est : « Europe Inc :Comment les multinationales construisentl’Europe et l’économie mondiale » Agone2005, 2ème édition revue et augmentée. Alire absolument. Le CEO est affilié à lafédération des Amis de la Terre/Friends ofthe Earth Europe. Vous pouvez en savoirplus en allant sur leur site : http://www.cor-porateeurope.org (3) Nous employons le terme agrocarbu-rants car celui de biocarburant a uneconnotation écologique trompeuse. Nousavons gardé le terme biocarburants dansles noms des documents officiels cités La folie des agrocarburants de l’UE a étéinfluencée par le lobbying très actif enfaveur d’intérêts industriels tels que ceuxdes constructeurs automobiles, des compa-gnies de biotechnologies et de l’industriepétrolière. Ces industries ont forgé de nou-velles alliances entre elles. Ces dernièresannées, elles ont été invitées par laCommission européenne à mettre en formela politique de l’Union sur les agrocarbu-rants par l’intermédiaire de plusieurs com-missions dominées par les industriels. Oncompte parmi elles, le Comité Consultatifsur la Recherche pour les Biocarburants(Advisory Research Council for Biofuels ouBIOFRAC), CARS21 et plus récemment, laPlateforme technologique Européenne surles Biocarburants, (European BiofuelsTechnology Platform ou EBFTP).(4) Le texte original comprend beaucoupde notes qui se rapportent à des docu-ments pour leur majorité, écrits en anglais.Pour les personnes intéressées, voir directe-ment le site du CEO : http://www.corpora-teeurope.org/agrofuelfolly.html .

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L E lancement programméd’une nouvelle chaîne detélévision destinée aux

enfants de 6 mois à 3 ans posequatre problèmes graves.

• 1. Il est à craindre que le tempspassé par l’enfant devant les émis-sions d’une chaîne de télévision -qui rassurera les parents parcequ’elle est présentée comme fabri-quée pour les tout-petits - ne l’éloi-gne des activités motrices, explora-toires et interhumaines, fondamen-tales pour son développement àcet âge.

• 2. Il est à craindre que l’installationd’un tout-petit devant un écran neréduise son sentiment de pouvoiragir sur le monde et ne l’enkystedans un statut de spectateur dumonde.

• 3. Alors que les programmes pro-posés par cette chaîne existent déjàsous la forme de DVD, qui ontl’avantage de proposer une duréelimitée, il est à craindre que la créa-tion d’une chaîne émettant encontinu 24 heures sur 24 n’incite lesparents à l’utiliser comme unmoyen facile d’endormir leur enfant.Beaucoup de parents risquentd’être tentés par l’installation de latélévision dans la chambre de leurtout-petit comme un moyen de facili-ter l’endormissement de celui-ci.

• 4. Il est à craindre que de jeunesenfants confrontés sans cesse auxécrans ne développent une relationd’attachement à eux qui les « scot-chent » indépendamment de toutcontenu. Ces enfants ne pourraientse sentir « bien au monde » - autre-ment dit sécurisés- que si l’un deces fameux écrans est allumé prèsd’eux.

C’est pourquoi il est urgent de semobiliser pour la création d’unmoratoire qui interdise à de telleschaînes de diffuser des program-mes pour tout petits en continu, 24H

sur 24, avant que nous en sachionsun peu plus sur les relations dujeune enfant et des écrans.

Cet appel est lancé à l’initiative dePr Pierre Delion (Chef de service depédopsychiatrie au CHU de Lille),Philippe Duval (Psychologue Clini-cien, Directeur de Publication duJournal des Professionnels del’Enfance), Sylviane Giampino(Psychanalyste, psychologue de lapetite enfance, fondatrice d’A.NA.-PSY.p.e.), Pr Bernard Golse (Chefde service de pédopsychiatrieCHU Necker-enfants malades, pro-fesseur Université Paris V), VincentMagos (Psychanalyste, responsablede la Coordination de l’aide auxvictimes de maltraitances - Belgi-que), Pr Marie-Rose Moro (Chefde service au Centre HospitalierUniversitaire Avicenne), SergeTisseron (Psychiatre, psychanalysteet Directeur de recherches àl’Université Paris X).

Merci de faire circuler ce texte et designer l’appel à l’adresse :

• http:/ /www.squiggle.be/appel<http://atweb.nordnet.fr/parse.pl?redirect=http%3A%2F%2Fwww.squiggle.be%2Fappel>

14 • ORTZADAR N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

Pas de télé pourles bébés

(Extraits d’un courrier envoyé par une fidèle lectrice) N OTRE bon maire d’Ustaritz, celui qui

devait se montrer vigilant sur les lignesnouvelles TGV mais qui ne savait pas que

la novelle gare était prévue sur sa commune et qui,malgré une sollicitation du Collectif desAssociations de Défense de l’Environnement, aoublié d’envoyer dans les délais, sa position à lacommission du débat public, ne sait plus comments’y prendre pour éteindre l’incendie.Car incendie il y a, avec une puissante associationcréée au lendemain de la décision de RFF et unetrès grande inquiétude sur tout le village.Il a été pour la LGV ailleurs, puis contre, trop tard,et dans les premiers jours de janvier le voilà qui faitdes déclarations fracassantes pour se débarrasserdu bâton merdeux. Il dit tout bonnement que leprojet ne se fera pas faute de crédits. Il ajoute qu’ilfaut espérer « passer à travers maille ».Pas de bol, les autres acteurs proTGV lui balancentde sacrés pavés dans la tronche. Le sénateur PSCarrère considère les propos du maire comme uneânerie. Le responsable RFF du projet affirme que leprojet va bon train et même qu’il est en avance etque le projet bénéficiera de finances publiques etprivées. Bref, le bon maire peu vigilant fait tout pour rassu-rer, habitants et acheteurs du promoteur Aldaydont les appartements situés sur un éventuel pas-sage se vendent difficilement.Du côté d’Ustaritz, beaucoup de gens ont comprisque ce n’est pas en se tapissant dans un coin enespérant éviter le boulet ou en rassurant menson-gèrement que le village évitera le sale coup, c’esten se mobilisant massivement qu’on peut inverserla vapeur.

Le maire d’Ustaritz perd les pédales

Un petit chèque de plus ou de moins… C’est pas ça qui va vous ruiner ! Non ?

Bon ! cette foi-ci, vousn’avez plus d’excuse ! Les Fêtes sont finies…

«Pendant qu’il est devant sa télé, au moins, il n’est pas en train de faire des bêtises dansla maison, on est pas obligés de lui courir après !»

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ANNONCÉ par le député-maire de Bayonne au prin-temps 2006, Ikea devraits’implanter à Ametzondo.Des centaines d’emplois à

la clé mais combien de détruits ? Lefoncier maîtrisé et aménagé par lescollectivités publiques sera, en par-tie, revendu par Ikea. À quellesconditions ?

Bref la Suède à Bayonne… maissûrement pas son modèle social !

Les lecteurs du Monde du 29 août2007 ont pu lire sous la plume deNathalie Brafman, un article fort ins-tructif intitulé : Le système Ikea -l’obsession des économies. On sesouvient de tout le battage fait par ledéputé-maire de Bayonne, à grandsrenforts d’annonces médiatiques,sur l’implantation de l’enseigne sué-doise sur la zone d’Ametzondo, auconfluent de Bayonne, St Pierred’Irube et Mouguerre. Avec commetoujours la promesse de création decentaines d’emplois. Ce sur quoi lesédiles des trois communes concer-nées ont moins insisté, c’est la miseà disposition du distributeur d’Almult,de bien plus de terrain que néces-saire à sa propre installation. Grâceà cette libéralité, Ikea pourra mettreen place un centre commercial dontil aura la maîtrise exclusive, notam-ment sur le choix des enseignes, etfera sans doute, au passage, unecoquette plus value.

Mais revenons à l’article duMonde. Nathalie Brafman ne fait pasréférence au passé de collaborateurzélé des nazis que fut le fondateur etpropriétaire du groupe, Ingvar Kam-prad. Mais elle ne peut s’empêcherde s’interroger sur le fonctionnementde la société. Voici quelques passa-ges fort édifiants de l’article. « Pourvendre au plus bas prix, l’une desgrandes idées d’Ingvar Kamprad,fut de faire appel, dès les années1960, à des fabricants étrangers. LaChine est depuis 2001 le premierfournisseur d’ikea ».

« Il n’y a pas de tropisme chinois,mais il y a une nécessité de fairefabriquer à bon prix. La Chinerépond parfaitement à cet objectif »,confirme-t-on chez Ikea. Et si lesproduits sont estampillés « Ikea of

Swediand » - car ils sont dessinésen Suède - seulement 7 d’entre euxy sont fabriqués. (...)

Officiellement retiré des affaires,Ingmar Kamprad, aujourd’huiconsultant, a également « réussi » àfaire de son entreprise un groupeparticulièrement opaque. Non coté, ilne publie jamais ses bénéfices.Depuis 1982, la société mère Ikeaappartient à une fondation caritative,la Stichting Ingka Foundation, baséeaux Pays-Bas.

Une autre société, Ikea Services,détient la propriété intellectuelle dugroupe, c’est à dire son concept et ledesign des produits. À qui appartientIkea Services ? À cette question,impossible d’avoir une réponseclaire. En réalité, Inter Ikea Systemsserait elle-même détenue par dessociétés dont le siège serait situédans des paradis fiscaux, auxCaraïbes, selon des journalistessuédois.

La direction se contente de justi-fier ce montage compliqué, pensépour protéger l’entreprise d’undémantèlement, lorsque M. Kam-prad, aujourd’hui âgé de 81 ans,mourra. Chose certaine, cette délo-calisation tropicale permet d’autreséconomies, d’impôts cette fois.

N’en jetez plus, la cour est pleine !

Nos élus aiment à rappeler, lamain sur le cœur, leur attachementau développement durable. Précisé-ment, Ikea, distributeur d’articlesbon marché à durée de vie limitée,est aux antipodes du modèle dedéveloppement soutenable, respec-tueux des hommes et de la nature.Le lecteur d’Enbata se souviendrade l’article publié sur le sujet dans lenuméro du 8 juin 2006. En voici,pour mémoire, un extrait :

« La qualité de l’emploi s’est sen-siblement dégradée ces dix derniè-res années dans la grande distribu-tion : salaires peu élevés, tempspartiels systématiquement imposés,horaires variables, flexibilité dansles tâches à accomplir i tutti quanti.Il serait étonnant qu’Ikea fasseexception. L’arrivée ne fera qu’ac-

centuer un phénomène dont peud’élus se préoccupent : le transfertde capitaux. Comme dans lessupermarchés, de l’ordre de 40 %des recettes resteront sur place :salaires, taxes locales, paiementdes quelques fournisseurs locaux.Tout le reste ira ailleurs: aux entre-prises qui fabriquent les articlesIkea, aux grands fournisseurs desservices informatiques, financiersou autres.

C’est la faiblesse des bassins devie comme le nôtre, peu peuplés(?), peu industrialisés et générantpeu de grands services aux entre-prises, par rapport aux grands bas-sins de production. Tout comme lespays pauvres sont exportateursnets de capitaux (il sort plus d’ar-gent qu’il n’en rentre) vers les paysriches, les bassins à faible potentia-lité perdent de l’argent au profit desgrands bassins de production. Laconcentration de la distribution auxmains de quelques grandes chaînesamplifie la tendance, contribuantfortement à appauvrir les plus pau-vres et enrichir les plus riches ».

Plus largement, la multiplicationde ces grands magasins pose la

question du développement durable.Pour faire un maximum de chiffred’affaires et de profits, Ikea compteattirer des clients de centaines dekilomètres à la ronde : du PaysBasque sud, du piémont pyrénéen,de la Gascogne et d’ailleurs. On ima-gine sans peine les cohortes de voi-tures que cela va générer, et tout tegaspillage et la pollution supplémen-taires qui vont avec. Tout commed’ailleurs les norias de camions pouralimenter le magasin, en prove-nance de régions ou de pays trèséloignés et qui repartiront tout natu-rellement à vide. Bref, nous sommeslà bien loin du type de développe-ment durable et citoyen, respectueuxde l’environnement et des véritablesbesoins du consommateur, indis-pensable si l’on veut diminuer le gas-pillage des ressources, épargner laplanète, mais également générerd’autres types d’emplois et de rela-tions au travail. Mais de cela, nosélus se soucient comme d’une gui-gne.

L’article de Nathalie Brafman nefait que renforcer notre convictionsur le sujet.

(Tiré d’Enbata des 8/06 et 13/06/2007)

15ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

L’ EFFET d’annonce d’on nesait combien de centainesd’emplois est politique-

ment autrement plus rentable.Même si beaucoup d’espoirs ris-quent de partir rapidement enfumée.Du reste, on sait que lesemplois créés par la grande dis-tribution ne compensent pas,loin s’en faut, les emploisdétruits dans le petit com-merce, et cela, quel que soit ledomaine d’activité. Le transfertd’emplois de la petite vers lagrande distribution n’est jamaisune simple substitution. Uneétude menée par le mensuelAlternatives économiques adémontré qu’en France, paysoù la concentration de la distri-bution dans les mains des gran-des chaînes est la plus forte aumonde, la grande distribution a

créé à peine plus du tiers dunombre des emplois perdusdans le petit commerce dedétail en 30 ans. C’est l’effet dela spécialisation, des économiesd’échelle, de la multi-fonction-nalité des employés, mise enoeuvre dans les supermarchés.On nous rétorquera que le pro-cessus de concentration dans ladistribution est déjà trèsavancé, que le seuil de nonretour est déjà atteint, que lepetit commerce de centre villeou de centre bourg est déjàmoribond. Il n’empêche: lesquelques petits fabricants oumarchands de meubles, de cui-sine ou décorateurs qui restentdans la région ont du souci à sefaire. En tout cas, tout cela neva pas dans le sens de la revita-lisation des centre-villes ou desbourgades des campagnes.

IKEA ALA KEA(IKEA ou la fumée)

Emplois fictifs

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Il faut travailler pour vivre

Combien de fois a-t’on entendu cesmots ? Nous avons tous la tête rem-plie d’images d’Epinal : le laboureurqui cultive son champ, le maçon quiconstruit une maison, le forgeron quifaçonne une machine. Dans notresociété, le travail est associé à lanotion de progrès, de confort,d’amélioration de la qualité de la vie.Par notre technicité, notre travail,nos sociétés occidentales ont éli-miné ces corvées que sont l’apportde l’eau, la domestication du chauf-fage, de l’éclairage et dans une cer-taine mesure la maîtrise de l’alimen-tation.Cette technicité s’est construite àtravers les siècles, avec beaucoupd’ingéniosité et beaucoup d’abnéga-tion. La notion de congé payé étaitinconnue, tout comme celle de tou-risme.

Et aujourd’hui ?

La ville de Biarritz vient de réamé-nager sa place principale ; des mil-liers de m2 ont été revêtus de pla-ques de grés de 7 cm d’épaisseur.Ensuite une équipe a découpé unmillier de trous, avec un trépan, pourancrer des obstacles aux véhicules.Une poignée d’ouvriers a travaillépendant des mois à raison de 1heure par trou. Dans le bruit et lapoussière, le gars s’attelle à uneactivité répétitive et monotone. Toutson corps essaie de maîtriser lestrépidations de la machine.Autre exemple : un ouvrier découpeune pierre avec une tronçonneuseportative. La machine pèse plus de10 kg, il travaille courbé, dans lapoussière et un bruit assourdissant.Il n’a que les yeux protégés. C’estprobablement un intérimaire qui secoltine le sale boulot.On ne peut pas passer à côté deces gens là sans avoir une penséecompatissante. Qu’est-ce qui lespousse à accepter des conditionsde travail aussi pénibles ? Combiende temps leur organisme pourraencaisser ces souffrances ? Pour lemoment, ils « vendent » leur formephysique, leur jeunesse ; maisquand ils ne l’auront plus, leur res-

tera-t’il d’autre possibilité que leRMI ? Notre technicité et notre pro-grès ne peuvent-ils pas nous aider àproposer un travail plus décent ? S’ilest normal que chacun joue un rôle,à son niveau, dans le fonctionne-ment de la société, comment accep-ter une telle détérioration de lasanté pour un salaire de base ?

En France, comment nepas avoir peur du chômage

et du lendemain ?

• 3 699.000 inscrits à l’ANPE ;• 220 000 chômeurs d’outre-mer ;• 410 000 chômeurs de plus de 55ans, dispensés d’inscription àl’ANPE ;• 1 210 000 RMIstes. Leur nombre aaugmenté de 150 000 en cinq ans ;• des milliers de jeunes au chômagequi n’ont droit ni au RMI ni aux allo-cations chômage (car ils n’ont pasencore cotisé et ne s’inscrivent doncnulle part) ;• des milliers de chômeurs de lon-gue durée qui ont épuisé leurs droitsUnedic et qui n’ont droit ni au RMI nià l’ASS car leur conjoint a un revenucorrect.Et une part croissante des emploissont des emplois précaires : les200 000 emplois de service créésdepuis deux ans sont, en moyenne,à 15 heures par semaine. La multi-plication des temps partiels est telleque plus de 12 % des salariés ontaujourd’hui un salaire inférieur auSMIC. Plus de 13 % des salariéssont en CDD. Quant à l’intérim, il aaugmenté de 12 % en un an etemploie quelques 2 millions de per-sonnes qui travaillent « à mi-temps,en moyenne, sur l’année ».L’essentiel des emplois créés cesdernières années sont, enmoyenne, à 15 ou 18 heures parsemaine… Comment fait-on pourvivre avec 15 heures payées auSMIC ? Avec 430 euros par mois,comment se loger et se nourrir ?Avec 430 euros par mois, commenttransmettre à ses enfants « la valeurtravail » ?

A un tel niveau, chômage et préca-rité déséquilibrent complètement lanégociation entre salariés et entre-

prises. « Si t’es pas content, tu peuxaller voir ailleurs » remplace sou-vent toute vraie négociation.Combien de millions de salariés doi-vent se contenter des conditions detravail et des salaires qui leur sontimposées ? Depuis 25 ans, la négo-ciation sur les salaires est tellementdéséquilibrée que la part des salai-res dans le PIB a chuté de 11 % !11 % de chute, sur un PIB de 1 800milliards, ce sont cette année quel-ques 200 milliards d’euros qui vontaller au capital alors qu’ils iraientaux salariés si le marché du travailretrouvait l’équilibre de 1980. Cen’est pas de faire plus d’heures quipermettra de gagner plus, tant quele chômage et la précarité resterontà ce niveau, la pression à la baissesur les salaires continuera des’exercer.Tant que le chômage et la précaritéresteront à ce niveau, le stress dessalariés continuera d’augmenter.Les ressources de l’Etat, des collec-tivités et de la Sécu stagneront etnous aurons les plus grandes diffi-cultés à financer les servicespublics et les retraites.

Des statistiques qui confirment notre vision

D’après une nouvelle estimation duBureau international du Travail (BIT),le risque professionnel est en aug-mentation du fait de la rapide indus-trialisation de certains pays. Lesaccidents du travail et les maladiesprofessionnelles causent la mort de

deux millions de personnes chaqueannée. D’après cette évaluation, lerisque de maladie professionnelleserait aujourd’hui le plus grand dan-ger auquel seraient exposés les tra-vailleurs sur leur lieu de travail. Eneffet, ces maladies tuent 1,7 millionde personnes par an, ce qui donneun rapport de quatre décès causéspar une maladie professionnellepour un décès causé par un acci-dent. Il ressort des dernières estima-tions du BIT que, en plus des décèsliés au travail, il se produit chaqueannée près de 268 millions d’acci-dents du travail non mortels, qui sontsuivis d’au moins trois jours consé-cutifs de congé, sans compter les160 millions de nouveaux cas demaladies professionnelles. L’OfficeInternational du Travail a déjà estiméà près de 4 % du PIB mondial lesindemnités et absences dues auxaccidents du travail et aux maladiesprofessionnelles.

J’ai (très) mal au travail

Il est difficile d’analyser la relationde l’humain au travail, beaucoup derecherches sont faites là-dessusactuellement, mais tout le mondes’accorde à reconnaître la placeparfois préoccupante qu’elle occupedans la psychologie humaine.Un sondage réalisé dernièrementplace le travail comme étant ladeuxième condition d’accès au bon-heur, juste derrière la santé et large-ment devant la famille, l’argent etl’amour.

16 • ORTZADAR N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

« J’ai (très) mal au travail »

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Elle est loin l’image du salarié quitravaille tranquillement et revient àson domicile complètement disponi-ble à sa famille. Il apparaîtaujourd’hui que de nombreux sala-riés vivent des situations de travailqu’ils n’arrivent pas à gérer et qu’ilssont incapables d’oublier leurs sou-cis professionnels quand ils sont enprésence de leurs proches.Jean-Michel Carré est un cinéastequi se cantonne au documentairesocial. Il vient de nous livrer un filmpoignant intitulé : « J’ai (très) mal autravail ».Il propose de nombreuses pistesd’interprétation de ce mal au travail :

• Déshumanisation de l’entreprisequi exige parfois d’agir comme unbon petit soldat et d’abdiquer unepart de soi.• Disparition des frontières entre tra-vail et vie personnelle.• Rythme effréné qui crée unedépendance au stress et supprimela hiérarchie entre les valeurs.• Solitude des salariés, défaut desocialisation qui nous dépossèded’une partie de nous-mêmes.

Paul Ariès, qui intervient dans lefilm, évoque le concept-clé de « ser-vitude volontaire », qui semblecaractériser notre rapport au travail.Nous ne sommes pas des esclaves,

et pourtant nous acceptons d’alié-ner une part de nous-mêmes.Certains font même du zèle, allantplus loin qu’on ne le leur demande,tels des Papon du capitalisme, quifont passer les consignes de l’entre-prise avant l’éthique et la morale.Pour Andreu Solé, une entrepriseest une organisation qui ne peuttourner que s’il y a création debesoin nouveau. D’après lui, si nousrefusons de céder à de nouveauxbesoins, par exemple se passerd’acheter un écran plat, le mondeindustriel s’écroule.Nous retiendrons aussi la vénalitédu vigile de supermarché, à la men-talité de chasseur de prime, quin’hésite pas à tendre des piéges àses camarades pour gagner 500euros de plus que le SMIC.Il est difficile d’oublier aussi la pubpour une voiture de grande marquedont on ne sait si c’est un monu-ment de cynisme ou de débilité.

L’élan vital

Ce sont les mots d’un vieil hommede plus de 90 ans qui a traversé lesiècle et qui a toute l’allure d’unvieux sage. Raymond Aubrac tou-jours modeste et loin des médias, adémarré par un profond engage-ment dans la Résistance durant laseconde guerre et continué en ser-

vant des causes d’intérêts humani-taires dans plusieurs points duglobe. Toute sa vie, sa mission decommissaire de la république en1944, ses expériences, ses actions,lui confèrent une respectabilité dansson jugement.

« Je voudrais souligner ce que j’aivu au moment de la libération dansla ville de Marseille. La ville était trèsdurement touchée par la guerre, leport était détruit à 70 % au moins, etbeaucoup de patrons avaient dis-paru. Voilà des usines dont la direc-tion n’est pas là et la volonté collec-tive, l’élan vital de la population faitque les ouvriers décident qu’il fautcontinuer de travailler. C’est la rai-son pour laquelle j’ai été amené àprendre des réquisitions des plusgrandes entreprises de la ville deMarseille, et à partir du moment oùces gens ont compris qu’ils ne tra-vaillaient plus pour les bénéficesdes actionnaires mais pour gagnerla guerre et reconstruire le pays, ona eu ce phénomène étonnant, j’al-lais dans des usines, et je voyaisdes banderoles : “ La notion deservice remplace la notion deprofit ”. Ceux qui réparaient leslocomotives travaillaient parcequ’on avait besoin des locomotiveset que c’était vital. C’est pour ça queles ouvriers ont décidé de travaillerjusqu’à 70 h par semaine. La paren-thèse s’est vite refermée ; le sys-tème s’est remis en place, mais ceque je voulais souligner, c’est que lalibération a été accompagnée d’unénorme élan vital de la population.On est pauvre, on est en partieblessé, détruit, on manque de tout.On a mille difficultés, simplementpour remplir l’assiette des gosses àtable, mais on a de l’élan vital. C’estprobablement ce qui manque le plusactuellement dans notre pays. Onsavait qu’on voulait faire des cho-ses, on arrivait à les faire petit apetit. On savait que nos enfantsvivraient mieux que nous. Ca n’estplus vrai maintenant, il n’y a pas deperspectives, pas d’espérancesclaires. Je ne sais pas pourquoi lesjournalistes, et notamment ceux detélévision, n’ont que des catastro-phes à montrer. Tout va mal, toutnous menace, on nous fait peur. Onfait peur aux individus. C’est uneméthode, je ne sais pas si c’est unlevier politique, mais on instille lapeur chez tous les gens. Et à partirdu moment ou les gens ont peur, ilssont frileux, ils ne bougent plus. Le

seul espoir des gens maintenant,c’est la sécurité. Pendant la guerre,les gens qui occupaient le paysessayaient de gouverner par lapeur. Et nous étions, nous, amenésà expliquer que nous pouvions fairequelque chose. On ne devait pas selaisser paralyser par toutes lesmenaces et toutes les catastrophesannoncées par le pouvoir.Ce qui m’inquiète et me fait peurdans cette société, aujourd’hui,c’est l’aspect marchand. Les senti-ments profonds qui nous sont instil-lés par la société c’est d’acquérirquelque chose. On voudrait avoirquelque chose de plus. L’appétit quiest créé, on ne peut pas le satis-faire. Tous les efforts que l’on fait,c’est pour acheter une chose donton a envie. C’est ça qui polarise lesgens. Les gens sont polarisés parles besoins qui leurs sont créés.Je suis persuadé que cette peurpermet de préserver l’ordre mar-chand d’aujourd’hui : attention, nebougez pas, faites nous confiance,on s’occupe de tout, on contrôletout. C’est ça l’essence de notresociété actuelle ».

Pour la première fois depuis ledébut de l’humanité, la technicitéde notre société nous donne lapossibilité de définir la manièredont nous voulons gérer letemps de notre vie. Ne laissonspas d’autres décider pour nous.C’est un défi que nous ne pou-vons pas éviter.

CRL

17ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

Références :

• « Là-bas si j’y suis », du 15 mars 2007,(Émission de France inter).

• « Là-bas si j’y suis », du 18 février 2006,(www.la-bas.org/article.php3?id_article=847)

• « Où la mémoire s’attarde » de Raymond Aubrac, Chez Odile Jacob.

• « Le livre noir du libéralisme » de PierreLarrouturou,Éditions du Rocher.

• « Créateurs de mondes : une théorie dupossible et des impossibles », de AndreuSolé Éditions du Rocher.

• « Décroissance, un nouveau projet politi-que », de Paul Ariès Éditions Golias.

• « J’ai (très) mal au travail », le film de J.M.Carré, bientôt en DVD.

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L ORSQUE les Français etles Néerlandais ont voté«non» au référendum surle Traité Constitutionneleuropéen le 29 mai 2005,

ils savaient bien que leurs élitespolitiques, persuadées d’avoir rai-son, au contraire de leur peuple,cherchaient déjà comment repasserle couvert et imposer un nouveautraité permettant à l’Union euro-péenne de poursuivre et d’amplifierune politique économique désas-treuse pour une partie des popula-tions. Le candidat Sarkozy annon-çait lors de la campagne électoraledes présidentielles qu’il souhaitaitun « mini traité » ou « traité simpli-fié » qui permettrait de régler lesquestions institutionnelles nécessai-res au fonctionnement d’une Unionélargie à 27 pays membres. Acces-soirement il promettait de remettreen cause certains des aspects lesplus controversés et qui avaiententraîné certains citoyens à rejeterle TCE, comme l’indépendance dela banque centrale et la non-recon-naissance des services publics. Lacandidate Royal ne cachait pas nonplus sa volonté de remettre en chan-tier un nouveau traité, mais sur leprincipe déclarait qu’elle soumettraitce traité à un nouveau référendum.Le président Sarkozy, fort de sonélection estimait quant à lui disposerd’une légitimité suffisante pour nepas faire appel au peuple citoyen, etdécidait de se passer de la démo-cratie directe et faire ratifier ce textepar voie parlementaire.

C’est là un réel déni de démocratie

En effet le texte que les chefs d’Etatet de gouvernement ont signé àLisbonne ce jeudi 13 décembren’est en aucune façon un « minitraité » ou un « traité simplifié » ;bien au contraire, le traité modificatif

est gros de 145 pages, avec 296modifications, 12 protocoles, 51déclarations et annexes. Seuls ceuxqui l’ont élaboré peuvent s’y retrou-ver et les lecteurs, même de bonnevolonté, doivent pour le lire reconsti-tuer le texte à partir des publicationsqui sont aujourd’hui disponibles. Ilnous faut donc pour l’apprécier dansun premier temps faire confiance à

ceux qui ont participé à sa rédac-tion. Que nous disent-ils ? :

Madame Angela Merkel, chance-lière allemande : « La substance dela constitution est maintenue. C’estun fait ».

Monsieur Zapatero, premier ministreespagnol : « Nous n’avons aban-donné aucun point essentiel de laConstitution… C’est sans aucundoute bien plus qu’un traité. C’estun projet de caractère fondateur, unTraité pour une nouvelle Europe ».

Valéry Giscard d’Estaing (chargé dela rédaction du TCE) : « En termesde contenu, les propositionsdemeurent largement inchangées,elles sont juste présentées demanière différente […] la raison dececi est que le nouveau texte nedevait pas trop ressembler au traitéconstitutionnel. Les gouvernementseuropéens se sont ainsi mis d’ac-cord sur des changements cosméti-

ques à la Constitution pour qu’ellesoit plus facile à avaler ».

Au dire même des chefs de gouver-nement qui ont participé à son éla-boration, le traité modificatif estdonc le frère jumeau du TCE quenous avons rejeté le 29 mai 2005.Juridiquement nous sommes doncdans la situation des Irlandais et des

Danois qui après avoir rejeté letraité de Maastricht, ont dû revoter ànouveau jusqu’à l’accepter. A la dif-férence près que l’on nous refuse ledroit à l’expression, qu’on prive lescitoyens de voter à nouveau pour untexte qu’ils ont refusé et qu’on lesempêche ainsi de débattre à nou-veau sur la manière dont l’Unioneuropéenne se construit en dehorsde toute démocratie, à l’abri despeuples.

On ne peut et l’on ne doitpas faire le deuil de ladémocratie. Nous pouvonsimposer le recours au réfé-rendum et empêcher laratification par la seulevoie parlementaire.

Favorable ou non au traité modifica-tif européen, nous ne devons pasnous résigner à nous voir privésd’expression démocratique et dedébat ; c’est là une base essentielle

de la République mais c’est aussiune prudence essentielle pourrégler les affaires publiques car ilfaut bien réfléchir aux conséquen-ces qu’implique le déni ou l’absencedu vote citoyen. Nos hommes etfemmes politiques, à l’Assembléenationale ou au Sénat, qui se tar-guent souvent d’être nos représen-tants, doivent aujourd’hui refuser lacombinaison que leur propose leprésident et refuser le vote de modi-fication de la constitution françaisenécessaire pour ratifier ce nouveautraité. C’est possible, il ne faut queles 2/5 des parlementaires pours’opposer à cette modification pourque le plan du président échoue.

Sans préjuger du fond du débat, 2/5des parlementaires doivent donc selever et s’affirmer comme des défen-seurs de la démocratie. Deux cin-quièmes des parlementaires doiventdonc se souvenir qu’ils sont desélus du peuple et qu’à ce titre, ilsdoivent exprimer ses attentes.

Une élite politique, qui serait per-suadée qu’elle a raison, et qu’ellepourrait faire l’économie d’uneconsultation citoyenne sur un sujetdont tout démontre qu’il sera essen-tiel à notre vie demain, cette élitemettrait en place, aidée par desmédias verrouillés et réduits à pro-duire de la propagande, ce que leshommes de l’Antiquité ou desLumières appelaient une tyrannie.Aujourd’hui ce sera une dictaturemolle.

Parlementaires, un peu de cou-rage…

Comme nous pensons que nouspouvons encore infléchir le coursdes évènements, avec déjà les49 000 citoyens et les 101 parle-mentaires, signons la pétition :

« Nous voulons un reférendum »

http://www.nousvoulonsunreferendum.eu

Attac Pays Basque

http://www.localattac.org/attac64/bayonne/index.html

N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

la paged’

Le traité modificatif européenou le traité du mépris

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19ORTZADAR •N° 124 • JANVIER / FEVRIER 2008

D EUX investisseurs potentiels sont enconcurrence, le groupe italien Beltrame etl’espagnol Celsa, propriétaire de ADA qui

tient la corde et propose d’investir 450 millionsd’euros sur la zone portuaire de Boucau Tarnossur l’ancien site de Socadour, d’une superficie de13 ha.

Ce projet générerait 400 emplois et prévoit laconstruction de deux laminoirs en relation avecla production de ADA. Le deuxième investisseurpotentiel, l’italien Beltrame prévoit la construc-tion d’un laminoir qui usinerait des profilésmétalliques à partir de l’acier brut, pour uninvestissement de 50 millions d’euros et la créa-tion d’une centaine d’emplois. Le Conseil géné-ral des Landes propriétaire des terrains devraitannoncer très prochainement son choix, vrai-semblablement en faveur de CELSA.

Le scandale de l’UIMM (union des indus-tries et métiers de la métallurgie)

Son président, le peu sympathique DenisGautier Sauvagnac, DGS pour les intimes, exnégociateur du MEDEF avec les partenairessociaux, a été démis de ses fonctions et estaccusé d’avoir procédé à des retraits en liquide

de cinq millions d’euros, dix millions, quinze mil-lions, on ne sait pas exactement, ce monsieurétait donc président de l’UIMM depuis mars 2006et vice président délégué général depuis 1993.

L’UIMM représente 45 000 entreprises de lamétallurgie et s’occupe de la politique sociale etdu lobbying… Ces entreprises versent enmoyenne 20 millions d’euros par an à l’UIMM quidispose en outre de capitaux placés, notammentceux d’une caisse de grève destinée à aider lesentreprises qui affronteraient un long conflit.

L’opacité de ce système tient au fait quel’UIMM a la qualité d’un syndicat professionneldont le statut a été défini par la loi WaldeckRousseau de 1884 ce qui lui permet de ne pasavoir les mêmes obligations comptables qu’uneentreprise ou une association et ce qui lui a per-mis depuis 1945, de financer les syndicats dits« non communistes ». D’autres rebondissementssont à attendre de l’enquête en cours…

On peut noter que, dès la sortie de cetteaffaire, les médias se sont empressés d’insinuerla mise en cause du financement de l’ensembledu monde syndical et de possibles dérives pou-vant le concerner, suivis immédiatement par cer-tains hommes politiques au pouvoir, prompts àsaisir la balle au bond.

V U de Bayonne nous avons eu la surprise dedécouvrir dans le quotidien Sud-Ouest du 12décembre la version du développement dura-

ble revisitée par la Chambre de Commerce etd’Industrie de Bayonne, dans la foulée de la grandmesse du Grenelle de l’environnement et de sonimpact planétaire. Dans le cadre de sa stratégie decommunication, la Chambre de Commerce se devaitd’occuper le paysage médiatique local ; communi-quer sur tout et n’importe quoi, c’est à la mode etc’est d’autant plus savoureux, puisque nos amis dela CCIB s’érigent en chevaliers blancs de la défensede l’environnement et donc du développement ditdurable, allant jusqu’à donner des leçons d’éthiqueaux entreprises locales en matière de tri des déchetsmais aussi en leur demandant d’organiser de bon-nes conditions de travail à leurs salariés dans le casou l’éthique ne serait pas respectée, on en frémit àl’avance, ce serait le marché qui les écarterait defait. Dans le monde de l’économie on ne badine pasavec l’honneur, une véritable chevalerie des tempsmodernes.

Nous pensons quant à nous, et sans faire demauvais procès à la CCIB, qu’un peu plus de rete-nue serait souhaitable de sa part alors que les prati-ques qui ont cours sur le port de Bayonne, terrain

privilégié de ses activités, sont loin d’être exemplai-res : rappelons les sujets qui fâchent comme lamanutention des produits tels que l’urée, la potasseou les engrais, jonchant les quais, souvent évacuésdans l’Adour et saupoudrant abondamment les rou-tes environnantes. Rappelons également le malheu-reux accident du travail à INTERFERTIL qui s’estsoldé par un mort et un blessé grave par cause denégligence grave d’un industriel ; les nuisances per-sistantes occasionnées par ADA tant en matière depollution atmosphérique par des émissions dites« diffuses » qu’en matière de nuisances sonores.

Si monsieur le président Berckmans émet le vœuque les entreprises locales jouent le rôle de piloteen Aquitaine, nous partageons son espoir et luiconseillons toutefois de se pencher sur l’existant etnotamment le port de Bayonne, mais pas de seréfugier derrière de pseudo-certifications ISO 9 002ou 14 001 trop généreusement décernées, et régu-lièrement démenties par les faits et le ressenti desriverains. Qu’il prenne également garde, que la ter-rible loi du marché ne l’écarte de la gestion du portce qui pourrait profiter à VEOLIA, qui semble inté-ressée par ce « marché » en 2009. Elle fait frémir cette terrible loi… Brrr !

OGM Comme il fallait s’y attendre, après lagrande messe du Grenelle de l’Environ-nement, le Conseil des ministres a adopté,le 2O décembre, un projet de loi qui,selon les termes même du texte, garantitla « liberté de consommer et de produireavec ou sans OGM » ce qui revient à direque quiconque pourra cultiver des OGM,avec les risques de contamination des cul-tures traditionnelles que cela entraînerainévitablement et donc la contaminationgénéralisée par les OGM, de toutes lesautres cultures. Les apiculteurs pourrontégalement craindre le pire pour leur acti-vité. En ce qui concerne les distancesentre les parcelles OGM et celles qui sontsans OGM, rien n’est encore décidé. Ladistance de 50 mètres initialement appli-quée est toujours en vigueur jusqu’à unprochain décret, qui fixera la distancedéfinitivement retenue. En matière deresponsabilité en cas de contamination,c’est l’exploitant qui sera seul responsabledu préjudice causé à autrui et devra sous-crire une garantie financière à cet effet ;le seul problème résidant dans le faitqu’aucune compagnie d’assurances nesemble actuellement accepter de garantirle risque OGM.Bien entendu et comme dans toutes lesusines à gaz imaginées par le gouverne-ment, une haute autorité va être créée,chargée « d’éclairer le gouvernement » etde formuler des avis en « matière d’éva-luation des risques ». Le lobbying pointeson nez…Peu de courage politique dans tout cela,pas de moratoire pour le Maïs MON 810déjà évalué et retiré pour les risques qu’ilreprésente, dans plusieurs pays européenset pour lequel la haute autorité Françaisen’a rien à ajouter au débat déjà large-ment tranché.Comme nous le disions dans le dernierORTZADAR, le Grenelle de l’environne-ment ne se résumera en fait qu’à unemascarade et à l’instauration d’une ouplusieurs taxes supplémentaires à lacharge des citoyens et notamment dans ledomaine de l’automobile, ce qui nousrappelle le souvenir de l’anciennevignette et qui ne sera rentable que pourles caisses de l’état. Le développementdurable, l’environnement et sa protection,c’est bon pour la communication, maispour le reste il est urgent d’attendre et devoir…

Diverses ONG dont Geenpeace, les Verts,la Confédération Paysanne, Cap 21, ontdéjà émis de sérieuses réserves sur ce pro-jet de loi. Affaire à suivre.

Du nouveau sur le Port de Bayonne :ADA (Aciérie De l’Atlantique)

aura son laminoir

Le développement durable à toutes les sauces

Page 20: Mise en page 1...les questions qui fâchent, économi-ques, environnementales, et humai-nes. Elle a exprimé clairement son dés-accord avec ce projet . Non, les habitants de Villefranque

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OO rtzadarrtzadarTél / Fax : 05 59 31 85 82 — Courriel : ortzadar @ bigfoot.com

Abonnement à ORTZADARBimestriel - 1 an : 13€

De soutien : 18€

NOM, Prénom

Adresse

CP Ville

Bulletin à retourner à :B.P. 4 - Mouguerre - 64990 St-Pierre d'Irube

Ortzadar - Alternative Pays Basqueest édité par l'association loi 1901 du même nom

Commission paritaire n° 0711 G 88241Directeur de la publication : Jean-Maurice FAYE

Mise en page et illustrations : José-Antonio AGUIRREImprimé sur les presses de l'imprimerie Artisanale à Bayonne

LA GRAINE ET LE MULETUN FILM D’ABDELLATIF KECHICHE

DE vieux raffiots déglingués,rouillés, des ouvriers quipeinent, un contremaîtreénervé… Dans le port de

Sète, le déclin des chantiersnavals fait des ravages.

Slimane, ouvrier immigré, mar-qué par les années de labeur,vient d’être licencié. Trop vieux,pas assez efficace…

Séparé de sa femme, Slimanevit, parmi d’autres immigrésdans un vieil hôtel tenu par sacompagne.

Mais la tribu familiale n’estjamais très loin. Fils, filles, piècesrapportées se rassemblentautour du couscous dominical.Semoule et poisson, graine etmulet, tout un symbole de l’inté-gration de ces immigrés de pre-mière et deuxième générationau pays de la bouillabaisse !

La magie du film d’AbdellatifKechiche, tient dans la pro-fonde humanité de ces gens depeu, aux prises avec une viequotidienne banale certes, maisriche de la vérité profonde deleurs bonheurs, de leurs difficul-tés, de leurs colères.

Magie du verbe, qui, commedans son film « L’Esquive »,explose dans une « tchatche »éblouissante entre les personna-ges interprétés par des acteurspresque tous amateurs.

Slimane, le vieil ouvrier taciturne,si souvent humilié, n’a guèreenvie de retourner au bledcomme le lui conseille avecdésinvolture son fils aîné. Il n’estpas davantage disposé à resterau chômage.

Il caresse une idée, presque unrêve, remettre en état un vieux

bateau et le transformer en res-taurant à couscous.

Il va mobiliser pour réaliser sonprojet sa famille de sang etcelle du cœur et tout particuliè-rement Krym, la fille de sa com-pagne. Elle l’accompagne dansles démarches et complicationsadministratives, le soutientquand le découragementguette, lui insuffle son énergie,sa rage de vivre.

Pour convaincre les bailleurs defonds encore récalcitrants,Slimane organise une soirée.

Voisins, amis et tous les gensimportants de la ville sontconviés à déguster le fameuxcouscous au poisson.

Mais le destin facétieux se mêleà la fête... Au moment de servirle couscous, la semoule a disparu !

Les invités s’impatientent et lebeau rêve de Slimane menacede sombrer dans le ridicule.

Tout le film d’Abdellatif KECHI-CHE est comme une métaphorede la condition immigrée.

A l’opiniâtreté du combat deSlimane pour exister, répondentl’hostilité du sort, la froideur et lemépris des gens qui comptent,l’incurie des hommes de lafamille, la bêtise des gamins dela cité.

Seules les femmes relèvent ledéfi. Elles incarnent l’espoir, lagénérosité, l’inventivité qui bous-culent les destins trop figés etforcent l’admiration à l’instar deKrym dans sa folle danse duventre.

Ainsi la graine est semée quilèvera bien un jour…

Par

chan

tal

poch

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