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Université Paris VIII Vincennes - St Denis Mémoire de DESU, diplôme d’études supérieures universitaires Réseaux câblés et technologies de communication Sujet du Mémoire : Le média Internet dans l'information de proximité « Etude de la mutation de la presse quotidienne nationale et locale issue de l'émergence des NTIC » par Me Kim England mémoire réalisé sous la direction de Monsieur Claude Traullet

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Université Paris VIIIVincennes - St Denis

Mémoire de DESU, diplôme d’études supérieures universitairesRéseaux câblés et technologies de communication

Sujet du Mémoire :

Le média Internet dans l'information de proximité« Etude de la mutation de la presse quotidienne nationale

et locale issue de l'émergence des NTIC »

par Me Kim Englandmémoire réalisé sous la direction de Monsieur Claude Traullet

Formation continueResponsable pédagogique : Claude TRAULLET

Coordination pédagogique : Francis JEANVOINE, Pierre FERRANDet Jean-Louis LE GRAND

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Remerciements

Je tiens à remercier Claude Traullet pour son soutien, toute l’équipe de ViaNice , Gilles D’Elia, Sandrine England, Mr et Me D’Elia, Géraldine Rongier, pour leur aide précieuse et tout particulièrement Thomas Gauthier qui a eu la patience de relire ce mémoire et de me conseiller tout au long de son élaboration.

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PLAN DU MÉMOIRE

Introduction

1ère PARTIE : L'EMERGENCE DU MEDIA INTERNET DANS L'INFORMATION DE PROXIMITE EN FRANCE

I.1 - Presse quotidienne nationale et régionale : un traitement de l'information très diversifié

I.1.a. La PQN : Presse Quotidienne Nationale 3- Un bref rappel historique- Les freins et obstacles au développement et à l'amélioration de la productivité- Une remise en cause des rôles traditionnels au sein de la presse écrite- Internet et numérisation- Les quotidiens nationaux précurseurs sur le web- Du minitel à Internet : les raisons d'un tel engouement- Business Model : ou la recherche de rentabilité- Nouveaux concurrents pour la presse quotidienne- Une périodicité revue et corrigée- Modification du fonctionnement et rôle de la presse

I.1.b. La PQR : Presse Quotidienne Régionale 12 - Mutations organisationnelles et technologiques- Mission de la PQR : sur l'image que la PQR à d'elle même- Proximité et éthique- Les initiatives de la PQR sur Internet- Premiers regroupement au sein de la PQR

I.1.c. Nice Matin, précurseur multimédia 19- Les activités du groupe- Le passage au numérique, une décision capitale.- Une longue gestation- Du far-west à l'e-business, un nouveau journal est né- La filière multimédia- Le portail Internet du groupe Nice-Matin

I.1.d. Une situation de concurrence renouvelée 26 - Un « territoire » de concurrence a redéfinir- Les modalités de la concurrence sur Internet

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2ème PARTIE : LE CAS VIANICE

II.1 Portail et quotidien d'information : un compagnon de vie sur Internet 28

II.1.a. Naissance 28 II.1.b. Un quotidien d'information local 29 II.1.c. Les services gratuits pour les internautes 30

II.2 Evolution du Business Model 33

II.2.a. S'imposer en temps que nouveau média 33II.2.b. Un modèle de revenus basé sur la publicité en ligne

et le commerce électronique 35II.2.c. Recherche d'autres sources de revenus 36 II.2.d. Stratégique de développement 37

II.3 ViaNice aujourd'hui 38

II.3.a. Une légitimité en tant qu'acteur de la vie locale 38II.3.b. Un lien social 38II.3.c. Une expérience innovante 39

3ème PARTIE : RESEAUX NATIONAUX DE CITY GUIDE, DE L'EUPHORIE A LA RATIONALISATION

III.1 Emergence des 1er réseaux nationaux 40

III.1.a. Les pionniers de l'Internet local 40- Un concept venu d'outre Atlantique- Webcity, pionnier français du city-guide- Webcity aujourd'hui

III.1.b. Les réseaux nationaux 43- France Télécom avec « Tout en ville » et « voilà régions »- M6ville - Webstub - Newsmag- BestOfCity avec NRJ- CityVox

III.1.c. Le réveil tardif de la PQR 46- Trois réseaux se disputent le maillage de la France- Maville.com , alliance de l'ouest et du sud-est- Vivalaville.com : Le Télégramme de Brest, l'Alsace et Le Républicain Lorrain- Viapolis.com, un réseau multi fédérateur- Le Figaro et Libération - Ensemble pour Paris !

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III.2 Un état des lieux mitigé 52

III.2.a. Tous les réseaux souffrent de la mesure approximativede l'audience sur le web 52- Tableau récapitulatif des réseaux en présence

III.2.b. Vers une remise en cause du modèle économique ? 54- Les services gratuits- Publicité en ligne- Commerce électronique, un miroir aux alouettes ?- Services aux commerçants locaux et rentabilisation des bases de données

III.2.c. L'investissement financier considérable exigé par le développement des réseaux nationaux 56

III.2.d Perspectives 56

Conclusion 58

GLOSSAIRE 59

BIBLIOGRAPHIE 65

ANNEXES

Annexe 1 68

Juillet 1999 : 1ère version de ViaNice Septembre 2001 : la version actuelle

Annexe 2 70

Revue de presse de ViaNice.fr

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INTRODUCTION

« Internet », « Nouvelles Technologies de l'Information », « Multimédia », « presse électronique » etc… Ces termes considérés comme barbares il y a 10 ans seulement, font aujourd'hui partie de notre quotidien. La société actuelle vit un immense renouveau des techniques de communication de masse. Evolution ou révolution ? Certains vont jusqu'à comparer l'émergence d'Internet avec l'invention de l'imprimerie par Gutenberg au XVe siècle.1. Ces questions fondamentales liées à l'omniprésence des nouvelles technologies de l'information et de la communication alimentent en effet un débat permanent entre philosophes, anthropologues, scientifiques, sociologues…

La presse dite traditionnelle s'est à son tour intéressée au « média du 21ème siècle »2. Depuis l'implantation d'Internet auprès du grand public au milieu des années 1990, chaque quotidien national ou régional a proposé au lecteur une multitude de pages, d'encarts ou de suppléments consacrés au multimédia.

En partant du cadre plus général de la presse quotidienne nationale et de la manière dont elle s'est emparée de ce nouveau média, nous allons étudier comment l'ensemble des quotidiens français se sont adaptés à ces nouvelles technologiques ainsi que le nouveau paysage médiatique qui en découle. De l'imprimerie à Internet en passant par la télématique, malgré une évolution progressive, l'informatisation de la presse quotidienne s'est opérée non sans bousculer les habitudes et acquis d'un milieu resté rigide. Disposer d'un savoir faire technique, adapter et créer de nouveaux services, modifier la hiérarchisation de l'information, envisager une hypothétique rentabilité, proposer une juste interactivité à l'internaute, les questions posées aux journaux lors de leur entrée sur la toile ont été nombreuses.

La complexification du paysage médiatique a forcé la presse quotidienne nationale et régionale à s'adapter à une nouvelle concurrence. En effet, le nombre croissant de magazines ou de chaînes de télévision thématiques ainsi que la surabondance des sites Internet, des chaînes de télévision sur le câble ont segmenté les offres de contenu éditorial. De plus, ce fractionnement de la diffusion audiovisuelle de l'information va s'accroître dans les années à venir avec la mise en œuvre du numérique hertzien. Enfin, les nouveaux acteurs diffusant de l'information sur le web ne partagent pas nécessairement les règles déontologiques fixées par la presse.

Cependant, la notion de territorialité disparue sur un réseau abolissant par nature les distances géographiques a constitué une différenciation majeure entre la PQN et la PQR lors de leurs entrées sur Internet. Les journaux papier de la PQN étant déjà diffusés sur tout le territoire, chaque parution possédait avant son passage sur le web une identité forte. La PQN a poursuivi sur Internet sa caractérisation idéologique ou thématique. En revanche, la PQR qui s'est toujours destinée au plus large lectorat possible, a du surmonter une crise identitaire. Les fiefs territoriaux répartis de manière quasi monopolistique entre les différents journaux de la PQR ont été remis en question par l'arrivée du nouveau média. Après que les réseaux de City-guide se soient attaqué au marché de l'information de proximité sur Internet, la PQR créa à son tour plusieurs réseaux nationaux.

1 « La révolution Internet » de Michel Serres de l'Académie Française accompagné de monsieur Michel Authier http://www.ifop.com/europe/universite/serres_fr.htm 2 Philippe Queau, Le Monde Diplomatique, Juin 1995, p.25

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Mais comment un média en perte de vitesse, la presse écrite régionale, peut il gagner des parts de marché sur un nouveau média ? Le renouvellement de la concurrence remettant également en cause son modèle de revenus basé sur la publicité, la publication payante des petites annonces ainsi que la vente au numéro. La PQR souffre d'un handicap pour préserver ses acquis sur le web : son lectorat est majoritairement âgé tandis qu'Internet reste plébiscité les générations jeunes et actives. Nous allons étudier plus en détail l'édition électronique du journal Nice-Matin, un temps considéré comme précurseur au sein de la PQR.

Nous allons ensuite analyser le succès local du site ViaNice.fr, en concurrence directe sur Internet avec Nice-Matin . La société ViaNice, électron libre dans le milieu de la presse locale, est en effet parvenue à devenir leader en audience auprès des internautes niçois. Véritable laboratoire de l'Internet de proximité, ViaNice s'est inspiré des pionniers américains et des premiers réseaux de City-guide.

Néanmoins, la position de ViaNice reste fragile et marginale sur un marché qui se remet à peine de la déroute des marchés de la nouvelle économie. Profitant de la bulle spéculative accordée aux nouvelles technologies, de nombreuses start-up ont monté leur propre réseau national ou international de City-guide. Mais ces dernières subissent aujourd'hui l'échec d'une stratégie commerciale uniquement fondée sur les services gratuits. Nous allons revenir sur ces réseaux qui ont un moment menacé et obligé la PQR à réagir en ordre dispersé.

Enfin, nous nous interrogerons sur le devenir des éditions électroniques de la presse quotidienne. Tandis que face à la demande d'une information de plus en plus instantanée sur Internet, la PQN tente de préserver le recul, l'analyse et la qualité éditoriale de son traitement de l'information, la PQR souhaite trouver un second souffle communautaire affirmer son rôle de lien social.

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I. L'ÉMERGENCE DU MÉDIA INTERNET DANS L'INFORMATION DE PROXIMITÉ EN FRANCE

Partagée entre enthousiasme et crainte, la presse imprimée voit progressivement arriver l'Internet au sein de ses rédactions. Ce nouveau protocole de diffusion de l'information est en passe de modifier le fonctionnement ainsi que la nature des quotidiens traditionnels qui l'utilisent dans l'objectif de s'affirmer en tant qu'acteurs de premier plan au sein de ce nouvel environnement médiatique. Pour la presse écrite, les changements liés à l'émergence des NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) tels que la révolution des techniques de fabrication et l'émergence d'un nouvel environnement concurrentiel font d'Internet un défi à relever pour entrer de plein pied dans l'ère du multimédia.

I.1 - PRESSE QUOTIDIENNE NATIONALE ET PRESSE QUOTIDIENNE RÉGIONALE, UN TRAITEMENT DE L'INFORMATION TRÈS DIVERSIFIÉ

I.1.a. La presse quotidienne nationale

Un bref rappel historique

La presse quotidienne nationale a tout au long de son histoire accompagné les mutations de la société française. Ainsi, les combats livrés pour la liberté de la presse et les remises en questions nécessaires à son indépendance ont largement contribué au développement de la démocratie.

D'abord destinée à une élite, la presse quotidienne se démocratise puis devient un média de masse touchant des millions de lecteurs. Bien que les quotidiens ne soient pas, dans un premier temps, créés dans un but essentiellement commercial, la loi du marché et la concurrence publicitaire s'imposent comme des facteurs inhérents à leur développement.

Pour rester populaire, la presse quotidienne résiste au cours du XXe siècle à la diversification des médias. Ni la naissance de la radio durant l'entre deux guerres ni celle de la télévision après la deuxième guerre mondiale n'ont provoqué son déclin. Plus faciles d'accès que l'écrit, le son et l'image apparaissaient pourtant comme deux médias plus aptes à toucher les masses. La presse mise alors sur sa spécificité et renforce sa position de média fournissant une information de fond dans laquelle l'analyse et le recul prime sur l'information à chaud.

Mais la diversification des sources d'information finit par éroder la domination de la presse quotidienne française qui s'affaiblit depuis une cinquantaine d'année. Au début du siècle, la France comptait plus de 300 titres quotidiens, dont 80 dans la capitale. En 1914, la France comptait 80 titres nationaux et 242 titres de province ; en 1946, avec 28 nationaux, 175 régionaux, le point culminant de la presse quotidienne française fut atteint. Aujourd'hui, il reste 11 quotidiens nationaux et 69 quotidiens de province ; huit millions d'exemplaires sont vendus tous les jours, contre 15 millions il y a un demi-siècle. Avec 153 exemplaires vendus pour 1000 habitants, la France se situe au 22e rang dans le monde pour la diffusion de la presse quotidienne.3

3 Association mondiale des journaux, « La situation de la presse quotidienne s'améliore dans le monde » - Le Monde - 16 juin 1999.

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Les freins et obstacles au développement et à l'amélioration de la productivité

Une des raisons de cette crise des quotidiens d'informations générales réside dans la segmentation grandissante du public : de nombreux lecteurs recherchent une information de plus en plus ciblée et spécifique, plus proche de leurs centres d'intérêts, ils se sont aujourd'hui tournés vers des journaux ou des magazines spécialisés dont le lectorat est en France en augmentation constante.

Le coût de production élevé d'un quotidien est lui aussi devenu un frein au développement. La répartition des coûts du processus de production d'un quotidien se partage entre la production intellectuelle (la rémunération des journalistes), en général plutôt stable et le coût de production matérielle connaissant lui de grandes variations capables de déstabiliser le budget. Les coûts de production matérielle comprennent les investissements à long terme : les locaux de la rédaction, les machines, ordinateurs, et matériel divers permettant d'améliorer le fonctionnement du journal…, les coûts d'impression et de papier et le personnel de fabrication. La mise en page et la phase d'impression (hors coûts matériels) sont le plus souvent prises en charge par un personnel spécifique dépendant du Syndicat du Livre.

Les ouvriers du livre contrôlent donc largement cette ultime phase de la production des journaux et entendent bien conserver un certain nombre d'avantages acquis, ce qui se révèle coûteux pour les grands quotidiens. Ils étaient autrefois la pièce maîtresse de la conception matérielle d'un journal mais l'informatisation remet aujourd'hui leur rôle en cause.

Il semblerait souhaitable que la mise en page soit dorénavant effectuée par la rédaction elle même, plus à même que les techniciens du livre à opérer une hiérarchisation des informations. Cette hiérarchisation correspond il est vrai à un véritable travail journalistique et dépend directement de la ligne éditoriale du journal.

De tels conflits d'attribution constituent non seulement un frein à l'amélioration de la productivité des quotidiens mais ils ralentissent l'expansion du titre sur l'Internet. Les tensions au sein du quotidien La Tribune, en octobre 1999, illustrent les positions défendues par le syndicat du Livre.4

Enfin la distribution physique du journal effectuée par des sociétés de messageries, Les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne (N.M.P.P.) , La SAEM TP et Les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP)5, qui sont souvent en position de monopole, est également une ponction importante sur les ressources. Les seuls frais de distribution représentent en France près de 40% du prix moyen au numéro, ce qui correspond à l'un des taux les plus élevés d'Europe avec la Suisse (45%) selon l'Association Mondiale des Journaux.

Une remise en cause des rôles traditionnels au sein de la presse écrite

Le mois d'octobre 1999 a ainsi été le théâtre d'affrontements entre syndicats et directions des entreprises de presse quotidienne qui ont abouti à des grèves. Le 4 octobre, la parution du Monde, de Libération, de La Tribune était bloquée. Les lecteurs ont en revanche pu découvrir l'intégralité de l'édition du jour sur les sites Internet des quotidiens. L'impact de

4 « La Tribune gèle ses projets sur le Web », Libération, vendredi 22 octobre 1999.5 Site des Le Syndicat National des Dépositaires de Presse : http://www.sndp.fr/bdj/presse/MESS.htm

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la grève sur la fréquentation de leurs sites fut flagrant : le nombre de visiteurs augmentait de 25 % sur le site du Monde Interactif, le site web de Libération accueillait 40 % de visiteurs supplémentaires tandis que la version électronique de La Tribune bénéficiait d'une hausse de 60 % de son trafic. La multiplication des internautes engrangée par l'absence de parution de l'édition papier fut également sensible pour Les Echos.6

Cette grève des grands quotidiens a non seulement prouvé que les parutions électroniques pouvaient en partie se substituer à l'impression sur papier mais aussi révélé de leur nouvelle aptitude à surmonter les obstacles internes d'une trop grande rigidité. Le report sur Internet de nombreux lecteurs privés d'informations a également donné une mesure à l'intérêt croissant du lectorat des quotidiens pour ce nouveau support. Face à ce regain de réactivité et de dynamisme les lecteurs ont accordé aux quotidiens touchés par la grève un nouvel intérêt.L'apparition de la numérisation puis de l'Internet a ainsi bouleversé l'équilibre acquis de longue date par la presse.

Internet et numérisation

La fabrication d'un journal imprimé est matérialisée par un lieu physique, une publication périodique quotidienne, la nécessité d'effectuer le bouclage à une heure donnée. Il est structuré de manière linéaire et identique pour chaque lecteur. Ces caractéristiques ont été jusqu'à présent dans la nature fondamentale d'un journal quotidien. La grande capacité de l'Internet à véhiculer de l'information intéresse aujourd'hui au premier chef les médias traditionnels. La numérisation et la diffusion sur le réseau peuvent donner un nouveau souffle à l'écrit, notamment en soustrayant la presse à ses contraintes liées à la transmission des données, l'impression et la distribution physique.

Dorénavant la frontière entre l'écrit, le son et l'image n'est plus aussi nette, les nouvelles technologies apportent trois éléments nouveaux : la numérisation, l'hypermédia et l'instantanéité.

La numérisation permet une dématérialisation de l'information et supprime les contraintes d'espace physique. Elle facilite la transmission, le stockage, la reproduction mais aussi la destruction de données. Textes, images et sons deviennent malléables, modifiables à souhaits. Chacun peut personnaliser, individualiser ces données.

L'hypertexte modifie les modes de lecture, et par là même, d'écriture. Permettant de passer d'un document à un autre par le biais de liens, il transforme la structure linéaire classique en une structure brisée et confère à la lecture un aspect aléatoire.

La vitesse de transmission, conséquence de la numérisation, sans cesse améliorée par les innovations matérielles, autorise synchronisme et instantanéité, publication en direct mais aussi transmission instantanée de données, dialogue écrit ou oral en direct. Le renouvellement continu de l'information quelle que soit la distance géographique entre l'émetteur et le récepteur dépend de cette capacité de l'Internet à transmettre rapidement des données.

6 « Jour de grève pour les quotidiens papier, jour de fête pour les versions Web », Le Journal du Net, 6 octobre 1999.

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Les quotidiens nationaux précurseurs sur le web

La presse quotidienne nationale a de façon précoce adopté Internet : « Les sites de presse en ligne comptent parmi les pionniers du Web français. Des sites désormais aussi importants en terme d'audience que ceux de Libération, des Echos, du Monde, des Dernières Nouvelles d'Alsace ou du Télégramme de Brest ont été lancés en 1995.(…) dans les 30 premiers sites français en terme d'audience, on trouve sept sites de presse, à savoir Les Echos, Libération, Le Monde, La Tribune, Pariscope, Télérama et Elle »7.

L'informatique : un outil de travail.

Au sein des rédactions, l'informatique est un outil de travail performant et omniprésent. L'Internet permet une plus grande optimisation du travail journalistique, il rend instantané l'accès à l'information et supplante le téléphone ou le fax pour la transmission des articles.

Le courrier électronique a multiplié les possibilités de dialogue et ouvert les rédactions sans limites géographiques, Internet permet une plus grande délocalisation, il est devenu plus facile de travailler avec des correspondants en province ou à l'étranger.

L'outil Internet est également une immense ressource d'informations pour les journalistes. Outre l'accès à des sites spécialisés fournissant des informations de fond, la lecture d'autres médias français et internationaux, la mise en relation avec des collèges via les forums spécialisés, les bases de données, moteurs et filtres de recherche on développé l'accès aux dépêches éditées en flux continu par les agences de presse ainsi qu'aux archives. Internet améliore enfin la veille technologique et la surveillance de la concurrence.

Du minitel à Internet :

De simples utilisateurs à acteurs du web à part entière, les quotidiens nationaux n'ont pas hésité à franchir le pas. Alors qu'en son temps l'apparition de la radio et de la télévision avaient pu paraître comme une menace pour la presse écrite, elle a dès l'apparition de la télématique investi ces nouveaux espaces d'expression écrite avec enthousiasme.

Chaque quotidien, s'est lancé dans l'aventure du Minitel avec des résultats très disparates8. L'engouement de la presse écrite pour les nouvelles technologies de l'information se traduit en premier lieu par un rédactionnel très important dans les quotidiens : rubrique Communication dans Le Monde et supplément du mercredi « Le Monde Interactif », cahier multimédia du vendredi dans Libération, rubrique « technologies de l'information » dans Les Echos, ou encore un rubrique multimédia dans le Figaro.

L'expérience du Minitel a permis aux quotidiens nationaux de « tester » de nouveaux services complémentaires ou supplémentaires au contenu rédactionnel des journaux papier. Quelques expériences significatives ont été ensuite réutilisées pour l'élaboration des sites Internet. Les messageries sur Minitel ont eu leur heure de gloire, créant à l'époque de véritables communautés virtuelles, certains quotidiens proposaient les cours de la bourse en directe, la météo, l'horoscope, la livraison à domicile (service précurseur des partenariats en ligne), les résultats sportifs…L'expérience du Minitel a été déterminante pour les quotidiens lorsqu'en 1995 les premiers sites des quotidiens ont vu le jour sur la toile.

7 Etude Benchmark Group, sur le site : www.journaldunet.com 8 36 15 Libération ; 36 15 Le Parisien ; 36 15 Le Monde etc…

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Les raisons d'un tel engouement

- Une vitrine promotionnelleInternet et les nouvelles technologies de l'information et de la communication

représentent la modernité et le progrès. Pour les entreprises de presse avoir une vitrine sur Internet fut dans un premier temps un gage d'innovation. Reflet du journal papier, cette vitrine a contribué à renforcé l'image des journaux auprès de leurs lecteurs, annonceurs et actionnaires. Il est exceptionnel de voir le graphisme et les couleurs différer entre une publication et son site : logo, polices de caractères respectent sur Internet une charte graphique parfois identique depuis plusieurs décennies. Bien que confiées à de nouveaux collaborateurs, les éditions électroniques concourent par leur présentation et choix rédactionnels au maintien de l'âme du journal. Les internautes se montrent par ailleurs sensibles à cette familiarité, appréciant dans l'environnement interactif les repères et les rubriques auxquels ils sont habitués.

- Elargir son public et son audiencePour un quotidien, ouvrir un site Internet permet de toucher une audience plus élargie.

Si l'on se réfère à deux études publiées en 1999, l'une réalisée par NetObserver - Novatris 9 et une autre pour le compte du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) 10 on observe qu'entre 59 et 61% des internautes ont entre 19 et 35 ans (alors que seuls 34 % des Français font partie de cette catégorie d'âges). Ce public est plus instruit et de catégorie socioprofessionnelle plus aisée : un internaute sur 4 est cadre, un autre quart est étudiant.

- Trouver ou retrouver une position de leaderLe potentiel d'expansion de la presse écrite papier est figé, sur le net les positions de

leader sont a prendre, de nouveaux acteurs peuvent apparaître. Du stade de simple vitrine, les sites des quotidiens ont évolué vers de véritables journaux d'information en ligne.

Business Model : où la recherche de rentabilité

Dans ce contexte, les éditeurs de presse doivent non plus se poser la question de la nécessité de leur présence en ligne, qui est maintenant un fait acquis et inéluctable, mais celle du modèle de revenu (appelé aussi « business model ») à adopter.

Le mode de financement le plus répandu actuellement est celui de la gratuité des services pour les internautes, les revenus étant générés par la publicité en ligne et les programmes d'affiliation que les différents éditeurs ont conclu notamment avec des sites de commerce électronique, vente de produits culturels en tête (livres, CD, billetterie…).

Certains sites de presse, tel Les Echos ou Le Monde, ont toutefois adopté un modèle différent, basé sur le payement à la demande pour la lecture de certains articles à forte valeur ajoutée, ou pour la consultation en ligne des archives. Ces sociétés de presse s'appuient sur leur forte notoriété nationale, la fiabilité de leurs informations et le sérieux de leurs journalistes.

9 « Le grand public se connecte », Journal du Net, 17 septembre 199910 « Les Français et Internet », Médiangles – CSA - novembre 1999, http://www.csa.fr/html/etude.htm

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La recherche de rentabilité, à court ou moyen terme, ne semble pas toutefois être le leitmotiv dominant dans le secteur, les versions électroniques font perdre aux quotidiens plus d'argent qu'elles ne leurs rapportent. Il s'agit dans un premier temps de se positionner en temps que leader sur le marché de l'information en ligne et de s'emparer des parts de marché avant les concurrents. Ces grands groupe de presse s'appuient sur de solides acquis financiers et tentent chacun de comptabiliser le plus de visiteurs ou de pages vus sur leur site respectifs. « La moyenne se situe à 1,5 million de pages vues par mois, mais elle est tirée vers le haut par une poignée de sites qui ont su s'imposer. La médiane se situe quant à elle à 500 000 vues par mois » 11.

Si l'on se réfère à différentes mesures d'audience, Les Echos arrivent en 1ère place des sites éditoriaux. Selon Cybermétrie12, Les Echos comptabiliseraient plus de 2,8 millions de visites par mois, suivis par Le Monde avec 1,16 million et Libération (850 000).

Nouveaux concurrents pour la presse quotidienne

De nouveaux arrivants investissent l'information en ligne, se préoccupant plus de juxtaposer des services automatisés que de produire des « contenus » autour d'un projet éditorial. En position dominante sur le marché publicitaire, ils accélèrent la dérive marchande de l'information, au risque de l'appauvrissement de l'écriture comme des capacités d'analyse de l'information en ligne.

Les concurrents les plus sérieux au niveau national sont les sites dits portails, tel Yahoo France, Wanadoo, Voilà… qui sont pour les internautes des portes d 'entrée sur Internet, quelquefois librement choisi ou imposé par un fournisseur d'accès gratuit sur Internet. L'audience de ses sites, acteurs et prestataires de services, à mi-chemin entre l'utilisateur et le « contenu » de la toile, qui proposent des annuaires du web, et surtout des moteurs de recherche, est très largement supérieure à celle des plus prestigieux quotidiens nationaux.

Wanadoo, en tête avec 16 millions de visites par mois (cela s'explique par le fait que Wanadoo filiale Internet de France Télécom est le fournisseur d'accès principal en France), Yahoo France, Voilà et Club Internet sont chacun au-dessus de la barre des 5 millions de visites. Ces sites ne sont pas des producteurs d'information, mais grâce à des partenariats et le rachat de contenu, ils sont en mesure de fournir de l'information en continu, actualisée en permanence et classifiée suivant les intérêts des internautes. L'architecture en réseau de ces sites, véritable nœuds de convergence des internautes, repose sur une logique de réseau grâce à de nombreux partenariats conclu avec des producteurs de contenus, moteurs de recherche, agences de presse, sites marchands et prestataires de services…

Les sites web des quotidiens, d'abord construits comme un vase clos ne contenant que les articles et services maisons, ont peu à peu observé cette logique de réseau et d'ouverture sur l'extérieur et revu leur stratégie Internet. Pour se développer et éviter que les internautes ne se détournent de plus en plus vers les sites portails pour consulter les dépêches ou avoir accès en deux ou trois clics à une information concurrente, les quotidiens ont remis en question leur organisation et leur mode de diffusion de l'information sur Internet.

« Dans deux ou trois ans, la plupart des 7 à 10 millions de Français connectés à Internet ne consulteront de manière régulière qu'une liste de deux ou trois diffuseurs

11 Etude Benchmark Group : www.journaldunet.com 12Cybermétrie / Médiamétrie ; étude publiée en octobre 1999

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d'information. » Etre exclu de ces listes « signifie être totalement marginalisé par rapport au marché de l'information en ligne », analysait Frédéric Fillioux (alors responsable des éditions électroniques du quotidien Libération) en juillet 1999. La plupart des études soulignent de plus que la recherche d'information est le deuxième service le plus demandé sur Internet, après le courrier électronique. En juillet 2001, les sites éditoriaux ont en France emporté 39 % des annonceurs publicitaires sur Internet.13

La mise à disposition gratuite d'information en ligne par les grands portails constitue donc pour eux un produit d'appel. Sur ce marché, les sites portails sont en position d'imposer leurs conditions aux médias traditionnels grâce à leur très forte audience. Sous forme de « partenariat » ou de « revue de presse », le contenu produit par la presse traditionnelle est diffusé à grande échelle pour un coût minime. En échange les journaux récupèrent du trafic sur leurs sites.

Une périodicité revue et corrigée

Du journal publié quotidiennement, l'entreprise de presse évolue vers un modèle d'information en continu. Ce changement de perception de la fonction et de la nature de l'entreprise de presse quotidienne semble avoir été bien intégré par les différents quotidiens nationaux présents sur le Web et tend vers une synergie des services et une diversification des activités.

L'information est accessible sur les sites à différents niveaux de périodicité : - La une et les articles du jour sont diffusés de manière quotidienne (à 2 heures du matin pour Libération, avant qu'il ne soit disponible dans les kiosques).- Des articles hebdomadaires sont accessibles en permanence (Les Echos propose sur leur page d'accueil une rubrique renouvelée chaque mercredi : « La semaine des Echos », proposant « l'information majeure de la semaine écoulée »)- Les listes de diffusion périodiques personnalisées (quotidienne ou hebdomadaire) ou thématiques sont envoyées aux internautes sur simple inscription gratuite. - Des services d'alerte personnalisés envoyés par e-mail dès qu'une information susceptible d'intéresser l'internaute inscrit est publiée.- Un service d'archives accessible en générale par recherche de mots clefs (service payant sur Le Monde et Les Echos)- Flashs d'information ou brèves publiés de manière continue plusieurs fois par jour sur la page d'accueil ou dans les rubriques spécifiques (Les Echos propose sur la page d'accueil la rubrique : « l'info en continu »)- Toutes les informations ou articles publiés peuvent être rajoutés, modifiés ou supprimés en permanence

Modification du fonctionnement et rôle de la presse

Les journaux en ligne issus des groupes de presse écrite ou audiovisuelle restent dans de nombreux cas des compléments ou des imitations électroniques de leur produit d'origine. Il convient ici de noter que la volonté de s'en tenir à des simples transpositions ne traduit pas nécessairement un manque de créativité. Tant le public ciblé que le coût de mise en place de véritables équipes rédactionnelles multimédias limitent les ambitions affichées. Le passage au support Internet réclame des modifications structurelles nécessaires à l'obtention d'une plus

13 www.lemonad.com , site de la pige en temps réel sur Internet en Europe

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grande interactivité, à la mise en place de rubriques spécifiques, à l'ouverture de nouveaux services, à la réécriture ou à l'adaptation des articles…

Pourtant, il est un autre changement plus difficile encore à appréhender car celui-ci implique une remise en question du rôle de médiateur jusqu'ici détenu par la presse. Grâce à la numérisation, la frontière entre émetteur et récepteur d'informations peut être court-circuitée, l'information devient malléable, personnalisable à l'infini. L'internaute, du fait de la multiplication des sources, peut devenir son propre ordonnateur de contenu. Cette absence de relais éditoriaux entre l'information et l'internaute accentue d'autant le manque de fiabilité et de justesse de celle-ci.

Dans un environnement où l'information devient de plus en plus difficile à contrôler, le rôle traditionnel de la presse garde tout son attrait. Néanmoins, les quotidiens transposés sur le Web se trouvent dans un nouvel environnement où de nouveaux compétiteurs apparaissent. Outre les sites Web des radios et télévisions, de nouvelles publications issues de l'émergence du Web occupent les même créneau.

Ces nouveaux venus dans le cercle de la diffusion d'informations journalistiques ont des origines très diverses : webzines indépendants ou culturels, magazines en ligne édités par des associations, portails d'informations financés par des capitaux privés…

D'autres sources, non journalistiques, viennent en plus apporter de l'eau au moulin de l'information : publications scientifiques, commerciales, politiques, promotionnelles, institutionnelles… La presse nationale et régionale en ligne ne constituent finalement qu'un maillon du monde de l'« hyperinformation ».

Face à ces autres sites producteurs et demandeurs de contenu, les quotidiens ont à gérer des facteurs nouveaux parfois contraires à leurs principes déontologiques. Mais ils se doivent, semble-t-il, d'investir l'Internet pour ne pas être exclus du marché de l'information. A la recherche d'un nouveau modèle économique rentable, les quotidiens expérimentent et laissent entrevoir ce que pourrait être l'entreprise de presse et le journal de demain. Plusieurs choix fondamentaux se posent à eux, relatifs à leur organisation, à leurs conditions matérielles et économiques ainsi qu'à leurs fonctions.

Le taux de pénétration de la population de la presse quotidienne française est un des plus faibles des pays occidentaux, les quotidiens français ont connu une crise plus profonde encore que dans les autres pays européens. Pourtant, cette presse quotidienne semble renaître de ses cendres et affiche un fort dynamisme sur le Web face aux autres médias.

Dans ce nouvel environnement informatique, les quotidiens sont confrontés à des lecteurs nouveaux. Les caractéristiques du support Internet incitent à changer les méthodes de diffusion, quitte à ce que les quotidiens généralistes se transforment en sites thématiques. C'est pourtant vers un retour à leur vocation première que les quotidiens électroniques pourront se faire une place de choix sur l'Internet, en restant des quotidiens de masse.

Les premiers effets du Web sur les ventes des quotidiens ne semblent pas négatifs : la presse quotidienne connaît depuis quelques années un léger regain, sans que l'augmentation du nombre d'internautes ne viennent l'altérer. Les internautes sont d'ailleurs bien souvent des lecteurs de presse assidus. Un effet de concurrence et de substitution pourrait toutefois jouer sur le long terme, comme c'est déjà le cas pour la télévision.

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I.1.b. La PQR

Constatant la diminution constante du nombre de ses lecteurs dans les grandes villes, baisse particulièrement sensible chez les jeunes et le cantonnement de l'information locale sur les télévisions et radios à des décrochages, la PQR semble avoir trouvé une brèche avec l'acquisition d'un savoir-faire dans le domaine de l'image et du son. Hier cantonnée dans l'édition « papier » et la stricte copie sur Internet de son contenu éditorial, la presse a aujourd'hui misé sur le multimédia pour faire valoir le fort potentiel de l'information de proximité sur de nouveaux supports.

La lente érosion du lectorat de la presse quotidienne régionale ne signifie cependant pas un rejet des français pour l'information de proximité. Avec un réservoir de 20 millions de lecteurs contre 8 millions pour la presse quotidienne nationale, la PQR reste compétitive.14

Mutations organisationnelles et technologiques

L'informatisation des rédactions de la PQR s'est accompagnée d'un bouleversement des méthodes de travail, une mutation technologique à même de changer notablement l'aspect du journal. La généralisation de l'outil informatique à tous les niveaux de la chaîne de fabrication des quotidiens a réorganisé la répartition des tâches et brisé la séparation traditionnelle entre production éditoriale et impression. Les journalistes deviennent ainsi de plus en plus polyvalents et participent à la mise en page, au détriment parfois de leur travail sur le terrain.

Outre une plus grande rationalisation de la production pour les quotidiens à éditions multiples (l'exemple extrême étant Ouest-France avec quarante éditions par nuit), l'informatisation a renforcé la décentralisation des fonctions. Les agences locales et bureaux des correspondants ont acquis une plus grande indépendance et vu leur rôle renforcé.

L'informatisation permet plus de souplesse dans l'élaboration du projet éditorial. Des normes ont été conçus pour éviter tout remplissage ou coupe aléatoire dans le texte. Les maquettes sont régularisées par le recours à des « formes » ou « cartons » pré-définissant les zones de texte, de titraille et d'illustration. Les systèmes informatiques proposent aussi de nouvelles applications. Les services de documentation et d'archivage, consultables sur les réseaux internes par les journalistes, sont désormais bien mieux exploités. Les photographies enrichissent avec plus de précision les banques d'images tandis que les bases de données rendent plus pertinentes les requêtes inter-services.

Par l'expansion du télétravail, les journalistes de la presse locale se rapprochent de leur rédaction. La distance n'est plus un obstacle et le correspondant s'avère moins isolé. Chaque journaliste dispose du même accès aux ressources de la rédaction où qu'il se trouve. L'accès à l'information prends de moins en moins de temps. Mais les journalistes de la presse locale s'interrogent sur les conséquences d'une généralisation de l'informatisation auprès des correspondants locaux, et demain peut-être, auprès des informateurs des rédactions. Cette instantanéité grandissante rend plus difficile le recoupement et la vérification des sources

L'informatique permet enfin aux quotidiens régionaux (en perpétuelle lutte pour le maintien de leur lectorat) de poursuivre leur stratégie de développement d'une information locale exhaustive appelée la micro-locale. Pour cela, ils s'appuient sur des réseaux de correspondants locaux informatisés de plus en plus denses. Les spécialistes remplacent

14 SPQR : Syndicat de la PQR : www.pqr.org

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parfois les journalistes. Et l'on imagine que les sources institutionnelles (mairies, organismes publics...) ou organisées (associations, syndicats...) pourront demain se connecter directement au journal pour proposer leur information.

La profession de journaliste se dirige donc à terme vers un rôle de gestionnaire des flux d'information, de régulateur de réseaux, de sources et de correspondants ainsi que d'administrateur de systèmes de collecte de données sociales.15

Les mission de la PQR

La PQR se définit elle-même par 4 missions fondamentales : une mission d'information, une mission de service, une mission de lien social, une mission d'engagement citoyen. 16

Tous les responsables des journaux de la PQR s'accordent pour mettre en exergue le rôle fédérateur que jouent leurs parutions : « Notre journal favorise l'intégration des lecteurs, donne la parole à ceux qui ne l'ont pas, valorise les succès régionaux, et peut mettre fin à des rumeurs ».17

La PQR favorise l'enracinement local, chaque lecteur est potentiellement amené à avoir un jour son nom imprimé dans le journal. Le journaliste de PQR est le vecteur de ce lien, il se doit d'être proche et à l'écoute des habitants de la zone géographique couverte.

Le compte-rendu des problèmes liés à la vie quotidienne d'une région apparaît ici comme un service publique dans lequel le journal joue un rôle de révélateur. En diffusant des informations pratiques mais aussi en se faisant l'écho de problèmes sociaux localisés, le journal créé ou fait émerger une prise de conscience collective qui précipite la résolution de ces problèmes.

La presse régionale s'affirme donc comme un acteur à part entière de la vie locale mais une majorité de responsables de PQR affirme que cette implication reste volontairement limitée aux enjeux économiques ou sociaux. La ligne éditoriale dominante est de traiter les enjeux politiques ou religieux d'une manière neutre et objective. Les grands dossiers se ressemblent d'une région à l'autre, et touchent aux questions de l'aménagement du territoire : les journaux de la PQR militent pour le maintien et le développement des équipements de leur région (les écoles, les hôpitaux), et soutiennent en majorité les aménagements urbains (autoroute, tunnels, TGV, aérodrome… ) Pourtant, la situation de monopole des grands titres de la PQR rend difficile le respect de cette volonté d'objectivité dans le traitement de l'information tant les enjeux et les pressions se multiplient.

D'après les enquêtes de lectorat menées très régulièrement par la PQR, il ressort que les rubriques plus lues sont le carnet, les faits divers, les informations pratiques, les comptes rendus de manifestations sportives. Le lecteur lit d'abord les informations sur son quartier, puis sur sa ville, puis sur sa région, puis les informations nationales et internationales. Dans tous les journaux de la PQR, une place importante est réservée aux informations pratiques. 15 « Productions en réseaux et mutations professionnelles du journalisme », étude réalisée en 1997 par l'Observatoire des nouvelles technologies d'information-communication et des métiers de l'IUT de Lannion - Réseau - Avril 98 - N° 14316 Etude commandée par la Fondation Varenne pour approfondir la connaissance des stratégies citoyennes de la presse quotidienne régionale : http://www.famv.com/infos/enquetes/enquetes1_edito.html17 Jean Michel Baylet, PDG de la La dépêche du Midi

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Ces rubriques sont composées d'une part d'informations culturelles (horaires de cinéma, d'exposition, etc.), d'informations sur les manifestations sportives, de renseignements pratiques (horaires de permanence des députés, liste des pharmacies de garde, etc.), d'autre part de conseils donnés au lecteur (assistance juridique et sociale). Certains journaux emploient des journalistes à plein temps pour l'animation de ces rubriques pratiques. Ils sont aidés par des services juridiques, sociaux et les administrations de l'état. Ces services sont de plus en plus pointus car le lecteur est exigeant et demande une réponse personnalisée.

Le courrier des lecteurs est une rubrique qui prend plus ou moins d'importance dans la PQR, chaque titre entretenant une relation spécifique avec son lectorat. Il s'agit pourtant d'une rubrique incontournable témoignant du fonctionnement démocratique du journal ainsi que de son aptitude à entretenir le dialogue avec les lecteurs. De plus, de nombreuses contributions apportés par les lecteurs s'avèrent complémentaires aux articles déjà publiés dans les éditions précédentes. Le courrier des lecteurs prends parfois l'aspect d'un débat de société

Les enquêtes et dossiers d'investigations, quand ils ne soulèvent pas de grande polémique sont en général moins lus. La plupart des rédacteurs en chef des journaux de PQR semblent dubitatifs quant à la pertinence d'une rubrique dédiée aux sondages. Les rédaction font cependant appel à des instituts spécialisés (quand le groupe ne possède pas lui-même des parts dans une société compétente) pour connaître l'avis de la population sur les grands sujets d'actualité. Pour qu'il soit fiable, un sondage nécessite de gros moyens qui ne sont pas à la portée de tous les titres.

Proximité et éthique

La notion d'anonymat diffère entre la presse nationale et la PQR. Bien que soumis aux mêmes contraintes que ceux des autres médias, les journalistes d'informations locales, doivent en plus gérer au quotidien les implications communautaires liées à la couverture d'une zone géographique restreinte. La proximité expose le journaliste de PQR, amené à devenir un interlocuteur privilégié des élus ou dirigeants de grandes entreprises. Le correspondant d'un quotidien dans un agglomération de faible importance peut vite devenir un notable, statut social tacite qui ne lui permet plus d'exercer son métier avec discernement. De plus, il est fréquent pour un journaliste de PQR d'avoir à traiter un sujets dont il connaît personnellement les interlocuteurs. Il est ainsi particulièrement important pour le journaliste de PQR de s'astreindre à une relative mobilité géographique ou de maintenir une distance avec le pouvoir local.

Tous les dirigeants de journaux locaux affirment qu'ils ont défini des règles strictes en matière de faits divers, rubrique qui constitue un enjeu crucial pour la PQR. Certains journaux ont rédigé des chartes, d'autres ont créé des commissions, quelques quotidiens ajustent enfin leur position concernant les faits divers au cas par cas. Parmi les pratiques qu'ils s'interdisent, on trouve le refus de publier le nom des personnes qui se sont suicidées, le nom des condamnés à une peine de sursis, la publication de photos d'accusé en menottes, etc..

Les journaux de PQR recherchent toujours davantage de proximité avec leurs lecteurs, ce qui se traduit dans leur organisation interne par plusieurs orientations : depuis environ cinq ans, les journalistes sont d'avantage présents sur le terrain, et plus particulièrement dans les quartiers en difficulté, qu'au siège du journal. Les bureaux régionaux sont de plus en plus autonomes sur le plan budgétaire. Le contenu rédactionnel est lui aussi marqué par cette exigence de proximité: le courrier des lecteurs, de plus en plus nombreux, prend une place de

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plus en plus prépondérante dans le journal. Les rubriques d'informations pratiques pour le lecteur se multiplient également, devenant de plus en plus personnalisées. Ce type de rubrique correspond à la volonté des journaux d'assurer leur survie en devenant indispensables, une politique commerciale destinée au lecteur-client plutôt qu'au lecteur-citoyen décrit dans les valeurs fondatrices de la PQR.

Les différentes formes de journalisme pratiquées dans la PQR nous amènent à nous interroger sur la frontière entre le journalisme et d'autres professions :

- Entre journaliste et chargé de communication quand le journaliste de PQR soutien sans réserves des dossiers institutionnels ou de vie publique. Cet engouement fréquent pour les initiatives d'aménagement du territoire nécessite pourtant une vision sur le long terme, de nombreuses compétences et beaucoup de précaution avant de proposer un jugement de valeur aux lecteurs.

- Entre journaliste animateur social : le journaliste de PQR crée souvent des liens privilégiés avec la population du quartier sur lequel il écrit. Son rôle de relais pour l'intégration sociale ou la possibilité d'amplifier des conflits d'intérêts l'exposent à des débordements d'ordre éthique. La distance à garder vis à vis du pouvoir et des entreprises doit aussi être respectée avec les particuliers et les communautés. Est-il possible de traiter avec recul l'actualité concernant son environnement immédiat ?

- Entre journaliste et conseiller juridique : le développement des rubriques de services favorise également le rapprochement entre le lecteur et le journal. Mais le journaliste de PQR, en aidant ainsi le lecteur dans sa vie quotidienne, ne se transforme-t-il pas soit en avocat, soit en assistante sociale ?

Dans sa recherche d'une réponse pertinente et aussi exhaustive que possible aux besoins exprimés par le lecteur, la presse de proximité se révèle, à l'instar de la télévision ou de la radio, être un média multi-usages, multifonctions, aux vocations plurielles : informer certes, mais aussi conseiller, divertir et aider. Le journaliste de proximité, semble donc épouser, plus que les contours du journalisme investigateur et redresseur de torts, ceux d'un journalisme solidaire de ses lecteurs au regard de leur relation de proximité.

Enfin, la PQR doit le maintien de sa position dominante au lien social qu'elle assure auprès de son public. Le lecteur y puise des informations sur son environnement global (actualité internationale et nationale) mais surtout sur son environnement immédiat. Elle permet à la fois la vulgarisation des connaissances politiques, économiques, culturelles globales et parallèlement, et renforce le sentiment d'appartenance à la communauté environnante. La densité même des réseaux de collecte de l'information globale (carnet, annonces, vie associative, etc.) transforme chaque quotidien régional en véritable base de données d'informations de services.

Cette dimension locale a contribué à renforcer l'aspect institutionnel de la pratique informative de la presse régionale. La place importance occupée par l'information de service destinée au plus grand nombre a peu à peu lissé les polémiques et fait disparaître toute expression nette d'opinion dans la vie locale au profit d'un discours désengagé, sinon conservateur.

Les initiatives de la PQR sur Internet

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Dans une étude de la SOFRES, publiée en novembre 2000, sur les attentes des français en terme d'information de proximité18 il apparaît que les classes socioprofessionnelles satisfaites par les médias et supports d'information locale sont aussi celles qui disposent du plus de temps libre. Ainsi, les inactifs ou travailleurs à temps partiels manifestent une plus grande satisfaction que les catégories jeunes, urbaines et travailleurs à temps complet car ils consacrent plus de temps à chercher une information dans les différentes sources disponibles. Cette satisfaction relative des français indique donc à la presse régionale une marge possible de progression.

L'inégale perception par les Français de la qualité des services de proximité existants donne ainsi des pistes quant au possible renouveau d'une presse quotidienne régionale vieillissante. Il existe donc un véritable potentiel d'expansion pour l'information de proximité tant les Français expriment l'attente claire d'une information plus accessible, plus immédiate et plus proche de leur mode de vie.

Depuis 1994 presque tous les journaux de la PQR ont créé leur version Internet, souvent via une filiale multimédia. Le premier en ligne fut sudouest.com, édition bordelaise, du groupe Sud Ouest, les autres suivirent en ordre dispersé, avec des moyens très disparates. Les raisons de ces différentes appréhensions de « la toile » sont diverses : certains ont cru en l'opportunité de créer une vitrine pour leur journal tandis que d'autres se sont longtemps réfugiés dans le protectionnisme par peur de voir leurs ressources financières amputées par ce nouveau support. La gratuité des petites annonces en ligne fut le principal obstacle à l'engouement de la PQR pour Internet.

La rentabilité n'étant pas envisageable à cours terme, certains préfèrent développer leur site en interne en créant un filiale Internet, Méditerranée Networks pour Nice Matin, Atlantel pour Sud Ouest, TC-Multimédia pour Ouest-France, Phaestos pour Midi Libre, i-Paris pour Le Parisien... Les équipes multimédias se bornent bien souvent à une personne chargée de veiller à la mise en ligne des articles du quotidien, certains tels Le Télégramme de Brest, Le Républicain Lorrain ou encore Midi Libre dédient des journalistes pour proposer une édition légèrement différente de la version papier.

La publication des articles est également très disparate suivant les négociations effectuée par les rédactions sur les droits d'auteurs. En juillet 1999, Le Progrès à Lyon à du suspendre la publication de certains articles du quotidien sur son site Internet. Après une condamnation du TGI de Lyon, le quotidien ne pourra dupliquer les articles sur son site qu'avec l'autorisation express des journalistes concernés.

Les premiers essais ne sont pas toujours concluants, « La PQR a bien souvent créé des sites très lourds, avec des offres larges, qui s'étendent des informations mondiales à la micro locale. Je ne suis pas certain que le lecteur s'y retrouve » 19. Les rédactions poursuivent leur réflexion sur l'ergonomie, le contenu ou la rentabilité de leur site. Régulièrement, chaque journal propose une nouvelle version de son portail.

Cependant, la presse locale tarde à exploiter toutes les potentialités offertes par Internet en terme de multimédia et les portails proposant une ergonomie et un contenu adapté au web

18 Site de la Sofres : http://www.sofres.com/etudes/pol/101100_proxim_r.htm 19 Denis Ruellan, directeur du département information communication à l'IUT de Lannion et maître de conférence à l'université Rennes 1.

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restent à peaufiner. Point commun entre les sites web de la PQR, une hiérarchie souvent confuse entre les services pratiques, l'information locale et l'information nationale. Les équipes de rédaction dévouées à l'Internet restent peu nombreuses, allant de zéro à cinq journalistes ou stagiaires en moyenne. Certains titres comme la dépêche du midi possèdent des sites dont la mise en page des articles est entièrement automatisée. Bien souvent, l'aspect technique est à la charge des filiales multimédia. La responsabilité des éditions en ligne incombe soit au directeur de la publication du journal papier soit à un journaliste nommé rédacteur en chef de l'édition électronique.

Premiers regroupements au sein de la PQR

Conscients de la nouvelle donne représentée par l'émergence d'Internet dans le domaine de l'information et de l'arrivée d'une nombreuse concurrence, les responsables des grands titres de la PQR ont pris conscience de la nécessité de regrouper leurs compétences. Il est désormais vital pour la PQR de partager son savoir-faire technologique, de créer des alliances commerciales et de développer en commun de nouvelles applications liées au multimédia.

- France Images Régions, de l'écrit à l'audiovisuel.En 1995 une partie de la presse locale a constitué un GIE (Groupement d'Intérêt

Economique) pour mettre en commun son fonds éditorial et négocier d'une seule voix avec les opérateurs de réseaux. France Images Régions est un réseau de fourniture d'images qui rassemble les filiales audiovisuelles de 10 titres de la presse quotidienne régionale (La Voix du Nord, La Nouvelle République du Centre-Ouest, Ouest-France, Sud-Ouest, Midi Libre, Le Républicain Lorrain, L'Alsace, Le Télégramme de Brest et de l'Ouest, La Provence et Nice-Matin). Ce groupement a pour objectif la vente d'informations régionales dans les médias audiovisuels où le créneau est vacant. France Images Régions est enfin un moyen pour ses actionnaires d'assurer une présence audiovisuelle dans un secteur où la diversification et les alliances « pluri-médias » s'intensifient et un contexte où les bouquets multimédias éclosent.

- Web 66C'est en février 1998 que le Syndicat de la presse quotidienne régionale a annoncé la

constitution d'un Groupement d'intérêt économique intitulé Web 66 20, afin de développer le marché publicitaire sur Internet (l'expérience de couplage publicitaire existait déjà sous le nom de PQR 66). Ce groupement a pour vocation la commercialisation de ses espaces publicitaires sur Internet en fonction de l'audience cumulée de chacun de ses membres. Le prix des espaces est ainsi relatif au nombre de pages vues réalisées par les sites des 58 titres et leurs sites Internet respectifs. L'objectif de Web 66 est d'offrir aux annonceurs une plate-forme Internet nationale capable de valoriser des audiences régionales. Il permet à ses membres de créer une seule régie publicitaire avec une tarification unifiée et des bilans de campagne publicitaire centralisés.

- France PA PresseFrance PA Presse joue le rôle de centrale de syndication de Petites Annonces pour la

presse régionale. « Il s'agit à l'origine d'une initiative prise fin 1998 au sein du Syndicat de la presse quotidienne régionale », explique Christian Jegourel, PDG de la société. L'idée de base de France PA Presse est de mettre en commun les petites annonces de tous les groupes de presse signataires. Dix-sept groupes de presse représentant 23 quotidiens régionaux ont adhéré à France PA Presse : Nice-Matin-La Provence, mais également Le Midi Libre dont le groupe Le Monde vient de prendre le contrôle, Sud Ouest, La Dépêche du Midi, L'Alsace, Le

20 Site Internet : http://www.pqr.org

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Bien Public, Le Dauphiné Libéré, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, L'Est Républicain, La Montagne, La Nouvelle République du Centre Ouest, Le Parisien, Le Progrès, Le Républicain Lorrain, Le Télégramme et La Voix du Nord. Parmi les grands absents figure Ouest France, le plus grand quotidien français en terme de tirage qui n'a pas souhaité se joindre au mouvement et a déjà opté pour une exploitation directe en ligne de ses PA. Chaque actionnaire détient entre 5 et 7% du capital de la structure chargée de gérer une base de données de 200.000 annonces accessible indépendamment depuis les sites respectifs de chaque quotidien. 10000 nouvelles annonces sont mises à jour quotidiennement. Celles-ci sont classées suivant quatre grandes familles : emploi, immobilier, véhicules, divers-loisirs. Les groupes alimentent le site Internet mais gardent une liberté de manœuvre dans leur politique commerciale à l'égard des annonceurs et dans la durée de vie de leurs annonces (30 jours au maximum cependant).

Les grands acteurs se sont également engagés seuls ou en alliances dans des réseaux nationaux de City-guides que nous étudierons dans la troisième partie du présent mémoire.

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I.1.c. Nice-Matin, précurseur multimédia

Né samedi 15 Septembre 1945 de la fusion des journaux « Combat » et « L'Espoir du matin », Nice-Matin affirme aujourd'hui être devenu « Le premier quotidien d'informations du Sud-Est et de la Corse ». Détenu en majorité par le Groupe Hachette-Filipacchi-Média, de Lagardère Médias, le journal est parvenu à accroître ses ventes malgré le déclin de la presse quotidienne régionale française après la guerre. En deuxième position après le groupe Ouest-France sur le plan national, Nice-Matin se trouve néanmoins en situation quasi-monopolistique dans le Sud-Est depuis le rachat de son concurrent marseillais « La Provence ».

Le succès commercial de Nice-Matin est ainsi lié à l'expansion géographique du journal mais il repose principalement sur une diversification des sources de revenus et des parutions. Tandis qu'une partie de la presse quotidienne régionale française s'enfonçait dans une gestion familiale et conservatrice, le groupe Nice-Matin captait un nouveau lectorat plus jeune et plus urbain grâce à ses suppléments. Cette réactivité explique sans doute que le journal fut en 1995 l'un des premiers en France à ouvrir une édition électronique.

Les activités du groupe

Michel Comboul, actuel président directeur général du groupe Nice-Matin, est à la tête de 8 pôles d'activités.- Les quotidiens : Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin comportant chacun les suppléments Sport, Magazine, l'Immobilier, Sortir et L'Éco.- Les périodiques : TV Hebdo, Fémina, Nice-Matin Immo, La Corse votre Hebdo.- La publicité : la régie Eurosud Côte d'Azur gère les espaces des trois titres.- La distribution et le portage : Publinice-services - L'audiovisuel : Nice-Matin TV, gestion du bureau niçois de TF1 et du décrochage M6 Nice - L'édition : Les Editions Giletta, Livres, Guides, Fond Photos - Les voyages : agences de voyages Nice-Matin Voyages, Var-Matin Voyages, Corse-Matin Voyages - Multimédia : Nice-Matin Active

Nice-Matin est imprimé en « grand format » à 400 000 exemplaires et distribué dans 2000 points de vente. Le journal touche quotidiennement 1,2 million de lecteurs.

Le groupe compte 1168 employés dont 788 pour la presse écrite, 100 dans le secteur de la publicité, 253 affectés à la distribution, 11 dans l'audiovisuel, 11 dans le Multimédia et 5 dans l'édition. La rédaction dirigée par Patrick Andrieu possède également un réseau de 2 000 correspondants éditoriaux.

Nice Matin, Var Matin, Corse Matin et La Provence ont dégagé 92 millions de francs de bénéfices pour un chiffre d'affaires de 1,8 milliard de francs en en l'an 2000. La publicité représente 40 % de l'activité avec 180 000 annonces commerciales diffusées par an sur un total de 750 000 petites annonces. Le groupe a 32 000 clients professionnels.

Le passage au numérique, une décision capitale.

Au début des années 1990, la direction du journal souhaite faire de la rédaction de Nice-Matin la plus moderne de France, les actionnaires débloquent un budget conséquent qui

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permettra une informatisation de tous les secteurs. Cette nouvelle chaîne numérique du traitement de l'information débouche sur la création d'une filiale multimédia : Méditerranée Network. En terrain " conquis " l'équipe multimédia se lance dans la création d'une édition électronique.

La première version de Nice-Matin sur Internet est ambitieuse. Plus qu'un simple collage des articles, le site web de Nice-Matin revendique le statut de vitrine économique, culturelle, sociale et sportive de la Côte d'Azur. De nombreuses rubriques sont créées, les articles du quotidien ne sont alors qu'une sous catégorie. Le site Internet de Nice-Matin ouvre en 1995 mais cette première impulsion s'essouffle. Le journal communique peu ou pas sur son édition électronique qui reste confidentielle.

Le faible nombre d'internautes et la lenteur des connexions sont à l'origine de l'absence de retour en matière de notoriété et de revenus publicitaires. Tandis que des sommes considérables sont injectées dans la filiale Méditerranée Network, aucun retour sur investissement ne suit. Après trois années d'exercice, les recettes publicitaires générées par le multimédia restent marginales. Pire encore, les enquêtes effectuées auprès des usagers du site révèlent une grande insatisfaction. Les rubriques ne sont pas mises à jour, l'ergonomie est incohérente, les pages sont lentes à charger et les problèmes techniques demeurent fréquents.

Une longue gestation

De 1995 à 1999, Nice-Matin perd non seulement l'avance considérable qu'il avait gagné sur Internet mais il se trouve de plus représenté par un site en jachère qui nuit fortement à son image. De toutes parts, une concurrence énergique émerge sur le nouvel eldorado de la communication, le concept de « nouvelle économie » est à son apogée. Sur un espace boursier réservé, le Nasdaq, les valeurs Dotcom comme Yahoo atteignent des sommets en cotation sans chiffre d'affaire réel. La notion de capital-risque s'empare des banques et fonds d'investissements qui financent sans garanties à hauteur de dizaines voire de centaines de millions de francs des sociétés dans le domaine des nouvelles technologies.

L'information est alors considérée comme une forte valeur ajoutée sur Internet, un service appartenant au domaine du « b to c » (business to consumer) qui a le vent en poupe. Les économistes dessinent des courbes exponentielles représentant le décollage de la consommation en ligne et la vertigineuse croissance des revenus publicitaires sur Internet pour les années à venir. Quand elles ne tiennent pas le rôle d'investisseurs, les entreprises traditionnelles sont écartées des levées de fonds, alors considérées comme peu compétitives et incapables de s'adapter aux lois du second marché.

Les holdings de la communication, tel le groupe Arnault via europ@web, tentent de s'emparer du marché de l'information, mis sur le même plan que n'importe quel contenu, en finançant des portails à l'échelle européenne. L'information de proximité n'est pas épargnée par l'explosion des enseignes sur Internet, c'est l'essor des city-guides (voir par ailleurs) dont les dirigeants sont convaincus que le premier arrivé emportera le marché. Nice-Matin paraît bien isolé avec son site médiocre à vocation régionale face à une concurrence qui n'entrevoit l'avenir que sur le plan national ou pan-européen et dépense, tel le réseau WebCity, des fortunes en campagnes de communication.

Une concurrence locale émerge également, capable de rivaliser avec Nice-Matin sur une ville grâce au coût de production, modeste en comparaison de l'impression papier, d'une

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édition électronique. Le city-guide indépendant ViaNice (voir 2ème partie) ouvert en 1999 réalise en quelques mois plus d'audience auprès des internautes niçois que le site de Nice-Matin. Le groupe SPIR-communication souhaite de même conserver sur Internet la manne des annonceurs locaux communiquant sur ses publications imprimées gratuites de petites annonces (Le 06, Le 83, Le 13 etc…), c'est pourquoi il s'associe à la création du réseau Maville.com.

Nice-Matin doit donc lutter sur les deux terrains. La direction est déjà convaincue de l'échec de sa filiale multimédia sur le plan local mais elle hésite encore à se lancer dans une opération d'envergure sur le plan national. Le directeur de Méditerranée NetWork, Christian Mars, est limogé en 1999 ainsi que son équipe. C'est la période des alliances, les quotidiens régionaux français redoutent l'exemple américain où les quotidiens régionaux qui ont tardé une entrée sur Internet l'ont payé en parts de marché. En Grande Bretagne au contraire, huit groupes représentant 700 titres se sont fédérés et sont parvenus à préserver leurs positions.

Le premier rapprochement s'opère dans le secteur des petites annonces. Nice-Matin s'allie avec seize groupes de presse régionaux au sein de la structure France PA Presse pour mettre en commun sur un site Internet l'ensemble de leurs petites annonces. Perdre le marché des petites annonces est en effet une inquiétude majeure pour la presse quotidienne régionale, ce secteur représentant jusqu'à 40% des recettes pour certains titres.

Du far-west à l'e-business, un nouveau journal est né

Durant le printemps 2000, survient le crash de la nouvelle économie, les start-up n'imposent plus leur loi, c'est l'époque des réajustements et du pragmatisme. Nice-Matin reprend confiance et se concentre sur sa vocation régionale. La filiale multimédia du groupe change de nom, Méditerranée-Network devient Nice-Matin @ctive. Il ne s'agit plus pour le journal de rafistoler la première version de son site conçue sans savoir-faire mais d'ouvrir un portail capable de donner à chaque service de Nice-Matin une vocation interactive.

Le développement technologique et l'architecture du site sont confiées à un « spécialiste du développement en environnement client/serveur », Compuware Corporation qui est un acteur majeur à l'échelle mondiale dans le domaine des nouvelles technologies de la communication. Nice-Matin choisit ainsi la sécurité et la performance en confiant son retour sur Internet à une société ayant pour clients de nombreuses entreprises multinationales, réalisant plus de 2 milliards de dollars de chiffre d'affaire et dont le nombre de salariés dépasse les 15 000.

C'est une première en France, Compuware équipe Nice-Matin Active avec son système Uniface Web Application Server. L'objectif fixé est d'intégrer un grand nombre de fonctionnalités " dynamiques " très attendues par les utilisateurs. Une équipe de développeurs comprenant des ingénieurs de Compuware ainsi que de Nice-Matin Active mettent au point le nouveau portail du journal en deux mois. Celui-ci donne accès aux articles de l'ensemble des éditions de Nice-Matin (Var-Matin, Nice-Matin, Corse-Matin), La consultation des articles de presse peut se faire par des recherches multi-critères : soit par ville ou région couverte par Nice-Matin, soit en fonction des thèmes, de l'importance de l'information, de la date ou encore de mots clés.

Le kit Web Developper d'Uniface Web Application Server utilisé comprend notamment l'éditeur HTML Dreamweaver de Macromedia, permettant d'obtenir des pages au format

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HTML, créées dynamiquement à partir des données contenues dans une base Oracle en environnement Unix et NT. Un " dispatcheur " de requêtes est également configuré, celui-ci gère les accès au serveur d'applications web.

Totalement intégré à l'infrastructure informatique existante, le portail est rafraîchi quotidiennement avec les données de la production éditoriale, un rédacteur dédié se chargeant de sélectionner les articles et les accroches les plus à même de figurer sur la Une du site. L'application de mise à jour des données ainsi qu'un moteur de recherches ont également été développés avec Uniface Web Application Server, qui joue le rôle de plate-forme fédératrice de toutes les technologies du web : codage HTML, applets Java…

Le 13 juillet 2000, Nice-Matin ouvre son nouveau portail avec pour URL http://www.nicematin.fr. Le support Internet est devenu une activité majeure du groupe, l'adresse du site web est désormais systématiquement associée à la marque du journal. La Une imprimée de Nice-Matin, les campagnes publicitaires ainsi que les nombreuses opérations de sponsoring événementiel renvoient au portail interactif du groupe. Des formations à l'Internet sont proposées aux particuliers et aux entreprises, Nice-Matin Active se diversifie en proposant une large gamme de prestations multimédia. Plus qu'un pôle d'activité supplémentaire, le site du groupe est un véritable élément fédérateur interne et externe qui, s'il ne bouleverse pas encore l'organisation du journal, s'est en revanche immiscé dans chaque étape de sa création.

La filière multimédia

Nice-Matin Active se compose de 13 personnes, réparties en 4 équipes : - L'équipe design composée d'un responsable studio, d'une Web-designer et de deux Webpublishers.- L'équipe technique composée d'un ingénieur-développeur en base de données, un technicien système et réseaux et d'un technicien support.- L'équipe administrative, commerciale et direction composée d'une assistante commerciale, d'un responsable commercial et d'un directeur des opérations- L'équipe Rédaction on Line composée de trois rédacteurs qualifiés dans le domaine de l'Internet.

Cette équipe spécialisée dans les métiers de la gestion de contenu on-line, en liaison étroite avec la Direction de la Rédaction du Groupe, assure la diffusion de l'information en continu et son adaptation au web. Son travail est facilité par l'informatisation du service pré-presse qui est chargée du passage de la rédaction à l'impression du journal. L'ultime étape étant la visualisation de la page sur écran par le secrétaire de rédaction qui donne le " bon à tirer " pour l'impression par exposition directe sur plaque (système DMX 2737).

La mise en page électronique effectuée quotidiennement par le service pré-presse de Nice-Matin représente un travail colossal. Fabriquer un journal équivaut à réaliser plus ou moins 140 maquettes électroniques de pages par jour. Dans chacune d'entre elles doivent être prévues à l'avance la dimension d'une photo et sa légende, la place d'une publicité, la longueur d'un article et la disposition respective de ces éléments en fonction de leur importance ou de leur présentation typographique, l'ensemble représentant environ 2 000 éléments à gérer dont 400 photos en noir et blanc et une centaine en quadrichromie. A cela, s'ajoutent les suppléments TV et magazines tels Fémina.

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Quand elles ne sont pas numériques, les photos sont scannées dans les différents bureaux du groupe puis transmises au service pré-presse. La rédaction du journal est également reliée par réception satellite au réseau de diffusion d'images des grandes agences de presse, AFP et Reuters. L'intégration des images relatives aux informations nationales et internationales est ainsi rapide. La maquette numérique du journal est enrichie au fur et à mesure de l'arrivée des divers éléments, puis déposée à l'atelier pour finition par un typomonteur qui importe les publicités, justifie les textes dans les blocs, vérifie si l'ensemble des éléments graphiques correspond à la charte de Nice-Matin.

L'édition électronique est ainsi élaborée en étroite collaboration avec le service pré-presse. Les articles du journal sont envoyés au service multimédia au format Xpress à partir de 20h. Chaque document est converti dans un format exploitable sur le web puis exporté sur le serveur de Nice-Matin Active. Les images sont compressées et transférées sur le serveur web et reçoivent un code d'identification qui permet de les rattacher aux articles correspondants

Quand l'édition est définitive, les articles du journal sont automatiquement importés dans la base de données Oracle par transfert FTP, ils sont alors indexés par des mots-clés correspondants aux rubriques du site.

L'équipe multimédia effectue ensuite la mise à jour du site et réalise la Une en respectant la hiérarchisation établie lors de la conférence de rédaction. Le journal est en ligne dès 8 heures. Une lettre d'information (newsletter) est automatiquement envoyée par mail aux abonnés de l'édition électronique.

Les rédacteurs multimédia enrichissent ensuite le site de liens et effectuent un travail de synthèse des grands dossiers de l'actualité. Les internautes ont ainsi accès dans une seule rubrique à l'ensemble des articles publiés sur ce thème sur plusieurs éditions. Les dossiers renvoient souvent vers un forum où les internautes expriment leur point de vue sur l 'actualité. Un modérateur doit gérer la mise à jour des thèmes et vérifier que la netétiquette (règles tacites de bonne conduite) est respectée. Aucun message à caractère raciste, pornographique ou diffamatoire ne doit être publié.

Des sondages complètent également ce point de vue des lecteurs. En retour, les journalistes rendent parfois compte dans l'édition papier de témoignages publiés sur le forum Internet si de grandes tendances se dégagent et agrémentent également leurs articles des résultats des sondages en ligne, bien que ceux-ci demeurent peu fiables. Les journalistes de Nice-Matin Active préparent également une rubrique multimédia hebdomadaire publiée sur l'ensemble des éditions papier du groupe (supplément " Eco " du jeudi).

Nice-Matin Active développe parallèlement de nombreux services Internet à destination des particuliers et des entreprises, aussi bien sur plate-forme Microsoft NT que sur plate-forme Linux. Le groupe dispose pour cela d'une autonomie technologique grâce à son Centre Opérationnel de Ressources Internet (CORI) installé sur une surface de plusieurs centaines de mètres carrés au siège du journal. L'hébergement de sites proposé par Nice-Matin nécessite en effet une infrastructure lourde : rack, baie, salle informatique mais aussi la sécurité physique et logique des serveurs (multiple redondance électrique et télécom, système anti-incendie, sauvegarde). Un personnel de garde assure la maintenance continue des serveurs dédiés au groupe et aux 170 sites des clients.

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Le portail Internet du groupe Nice-Matin

Depuis son lancement le 13 juillet 2000, le site du groupe a connu des modifications. Son arborescence et sa technologie sont restées les mêmes mais son design a évolué. Inspiré par le site du quotidien Le Monde Interactif, référence en terme de popularité auprès des internautes, le portail de Nice-Matin a adopté une organisation des rubriques en blocs, chacun identifiables par une couleur. Une page index a de plus été ajoutée en amont de l'édition électronique du journal, permettant d'orienter rapidement le visiteur vers la zone géographique (Nice, Var, Corse) ou le service qu'il souhaite consulter.

Le journal électronique propose à la Une un article d'ouverture, avec photo et court résumé, ainsi que les titres développés des autres trois informations principales du jour. Suivent par ordre d'importance des titres concernant les trois publications du groupe. Un menu déroulant intitulé « votre ville » permet au visiteur d'effectuer une sélection des informations dans les onze principales agglomérations du département (il en est de même pour Var-Matin et Corse-Matin).

Toutes les rubriques du journal papier sont accessibles dans un bloc nommé « Actualités », hormis les billets des éditorialistes et le supplément économique qui bénéficient en page d'accueil de blocs d'accès autonomes. Un autre menu déroulant permet le retour aux éditions des sept jours précédents. Au delà, les articles dépendent du service des archives du site en accès payant. La consultation d'un article au delà d'une semaine coûte 3 euros. Ce service payable par carte bleue sur Internet ne permet cependant pas une consultation des éditions au delà de 1996, année durant laquelle l'archivage des articles est devenu numérique.

L'internaute peut s'abonner à la newsletter du journal (lettre de diffusion) et choisir les alertes informatives qu'il souhaite recevoir par mail en fonction de critères libres (ville, rubrique…). Il est également possible de s'abonner à l'édition papier de Nice-Matin depuis le site Internet du journal. Nice-Matin affirme avoir 4000 abonnées à sa newsletter quotidienne et une croissance de plus de 100 abonnés supplémentaires par mois.

Plusieurs services du groupe accessibles depuis la page d'accueil de Nice-Matin.fr sont développés par des entreprises tierces en co-branding (partenariat de co-financement d'un service). Certains sont gratuits comme la météo (avec MétéoFrance.fr) ou sortir à Paris (avec Pariscope.fr) d'autres correspondent à des transactions commerciales payantes. Nice-Matin.fr dispose d'une billetterie électronique en partenariat avec le site TicketNet.fr et d'une galerie marchande en partenariat avec laboutiquedesmedias.com. L'horoscope, les programmes télé, les programmes culturels de la région, les informations boursières ainsi que tous les suppléments présents dans l'édition papier sont également consultables dans la rubrique « services ».

Autre stratégie, Nice-Matin Active a choisi de rendre indépendants 3 services fonctionnant de manière autonome et possédant leur propre URL. Les annonces et informations pratiques liées au secteur de l'immobilier sont regroupées sur http://www.nicematin-immo.com qui connaît un franc succès depuis son lancement. L'agence de voyages de Nice-Matin, en partenariat avec la compagnie Wagons-Lits, possède également un site Internet : http://www.nicematin-voyages.com. Enfin, Nice-Matin Active propose un annuaire régional des sites classés par catégories et activités : http://www.loustic.com. Ces

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trois sites génèrent un trafic supplémentaire à celui du portail et donnent une grande valeur ajoutée à leurs emplacements publicitaires.

Les statistiques du groupe sont en augmentation constante depuis le lancement de la version actuelle du site. Nice-Matin Active comptabilise en moyenne 200.000 visiteurs mensuels sur ses sites éditoriaux. En mars 2001, les sites du groupe ont réalisé près d'1,5 million de pages vues avec publicité. La moyenne pour les sites éditoriaux s'est stabilisée autour de 850.000 pages vues par mois, le mois de mars ayant par le biais des élections municipales généré un pic de fréquentation.

Nice-Matin dispose donc aujourd'hui d'un outil performant et compétitif au regard de la concurrence sur Internet. Subsistent néanmoins quelques faiblesses : contrairement à tous les grands quotidiens et portails, Nice-Matin ne propose aucun fil d'information en continu, une réactivité à l'actualité pourtant de plus en plus exigée par les internautes. Le pôle communautaire du journal reste peu développé, la rubrique « tchatche » (service chat) devant permettre aux visiteurs de dialoguer simultanément est par exemple vide. Pour un site d'une telle importance, la recherche par mot clé semble également incontournable mais seule la consultation payante des archive dispose d'un tel outil. Les pages du site sont lente à charger pour les connexions à faible débit, les deux pages intermédiaires avant la consultation du journal, bien que « dynamisantes » pour les statistiques, peuvent s'avérer dissuasives pour bon nombre d'internautes. Enfin, le contenu éditorial du journal reste peu interactif, ne comportant quasiment jamais de liens vers des sites web extérieurs au journal.

Ces défis à relever pour Nice-Matin Active correspondent à un enjeu crucial pour le journal et la presse quotidienne régionale française : anticiper le vieillissement de son lectorat. Internet demeurant un média plébiscité par les jeunes générations, il appartient à Nice-Matin de briser son image de « dinosaure » de l'information locale et de poursuivre sa lente mutation. Les pics de fréquentation enregistrés sur NiceMatin.fr lors du sommet européen en décembre 2000, lors des élections municipales de mars 2001 ou plus récemment lors des attentats du World Trade Center témoignent toutefois de l'intérêt croissant du lectorat « traditionnel » du journal pour l'alternative électronique.

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I.1.d. Une situation de concurrence renouvelée

L'émergence du média Internet dans la diffusion de l'information de proximité crée une situation de concurrence renouvelée pour la PQR. Outre les concurrents traditionnels, apparaissent aujourd'hui d'autres concurrents plus nombreux et variés. Tout d'abord avec les médias audiovisuels locaux, télévision et radio, ensuite avec la presse hebdomadaire locale qui inquiétait déjà très fortement la PQR en investissant également le Web.

Le facteur rendant la concurrence frontale est la convergence de médias et de structures disparates vers un même support, Internet. Le Web réunit tous les protagonistes exploitant auparavant l'information de proximité avec des moyens spécifiques. Les quotidiens régionaux font donc face sur l'Internet à la montée de la presse hebdomadaire locale, notamment grâce au succès dans les grandes agglomérations de magazines entièrement dévoués à la vie urbaine. Les journaux gratuits d'annonces se sont multipliés et les émissions locales de télévision généralisées.

La PQR doit surtout tenir compte du rapprochement de trois acteurs : les prestataires de contenu éditorial et audiovisuel, les opérateurs de réseaux (télécommunications) et les start-up financées par des banques ou capitaux-risqueurs. Ces nouvelles structures souhaitent ainsi disputer aux médias traditionnels le marché de l'information et des services de proximité sur Internet. Mais la PQR a su rester compétitive et incontournable pour alimenter en contenu et services locaux les portails nationaux. France Télécom a par exemple passé des accords de rachat de contenu avec Le Progrès, Sud Ouest ou La Provence pour alimenter son portail www.voila.fr

Au-delà de ces partenariats qui illustrent finalement la complexité de la convergence entre les différents secteurs de la communication, apparaissent également des propositions de contenu jusqu'ici inédites puisque nées avec l'implantation du Web auprès du grand public. Ces concurrents directs pour les quotidiens régionaux ont déjà intégré la nouvelle dimension spatiale de l'Internet pour le local : leur stratégie est en effet de dupliquer une formule unique de services locaux (information, renseignements culturels et pratiques) sur un réseau de plusieurs villes contrairement aux zones de couverture limitées de la PQR. Webcity ou Cityvox sont les principaux acteurs de ces réseaux centralisés à facettes locales.

Un « territoire » de concurrence à redéfinir

Le territoire constitue précisément le deuxième facteur de renouvellement de la concurrence. Les frontières physiques de la zone de diffusion papier des quotidiens régionaux ne correspondent plus aux limites d'accès à ces contenus locaux sur le Web. On trouve deux cas de figure possibles, selon que les journaux adoptent une position passive ou offensive.

Dans cas d'une stratégie Internet focalisée sur leur territoire de prédilection, les quotidiens régionaux accèdent déjà à un espace de diffusion potentiellement bien plus large que celui de leur édition papier. Des lecteurs situés habituellement hors de la zone de diffusion papier peuvent en effet accéder sur Internet à ces contenus. Aucune étude précise n'a été entreprise ou communiquée jusqu'à présent sur la consultation de sites de la PQR par des lecteurs hors de la zone de distribution. Il est cependant fort probable que ce profil d'utilisateur ne soit pas marginal : les lecteurs expatriés, souhaitant garder un contact avec leur ville d'origine sans pour autant s'abonner à un quotidien dont la distribution est souvent plus

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lente que la diffusion sur le site Internet représentent un potentiel non négligeable d'expansion.

D'autres quotidiens régionaux ont en revanche choisi de mener une action offensive en étendant leur couverture médiatique sur le Web. C'est-à-dire qu'ils développent une politique volontariste d'intrusion dans d'autres espaces géographiques pour en devenir les médiateurs Internet locaux. Des réseaux de sites reliés de façon plus ou moins directe à des entreprises de PQR débordent ainsi du strict cadre de la diffusion papier. En ce qui concerne la France, Le Télégramme avec Viva non seulement implanté en Bretagne mais aussi à Metz (en partenariat avec Le Républicain Lorrain), Ouest France avec MaVille présent à la fois dans le Grand Ouest et dans les Bouches-du-Rhône avec Spir (Aix-en-Provence, Marseille), et Viapolis ont clairement choisi cette voie.

Cette stratégie est toutefois en train de subir un contrecoup : les réseaux mal implantés en terme de collecte d'information et de communication publicitaire ne sont pas parvenus sur le Web à déloger les leaders historiques se partageant la France, si bien que la majorité des programmes offensifs ont été gelés ou abandonnés. La nouvelle économie n'a sur ce point pas dérogé aux vieilles règles de la concurrence.

Les modalités de la concurrence sur Internet

En premier lieu, la presse subit les effets d'une sur-représentation identique à celle que l'on avait pu constater sur le Minitel. De nombreux services se recoupent avec la fin du cloisonnement géographique (météo, horoscope, conseils immobiliers…) et il n'est pas rare que deux journaux aient le même partenaire commercial pour une prestation en ligne.

Avec la structure réticulaire de l'Internet, la PQR doit adopter une vision beaucoup plus coopérative de la médiation, une structuration qu'elle maîtrise déjà au niveau interne avec ses multiples correspondants et agences locales, mais qu'elle doit désormais élargir à l'extérieur en tissant des liens nombreux avec des partenaires qui parfois, travaillent sur le même terrain de l'accès à l'Internet local.

Dans cette configuration de réseau caractérisée par la multiplicité des sources d'information, la presse régionale a souvent eu tendance à vouloir se poser en tant que fédérateur, c'est-à-dire en tant que site portail orientant vers les autres, volonté d'incarner une porte d'entrée unique sur Internet. Au-delà d'une position symbolique de domination de l'accès à l'Internet local, ce sont également des raisons économiques qui expliquent ce type de stratégie : les sites placés en situation de portails sont ceux qui génèrent le plus de trafic, donc les plus rentables.

Cette position d'intermédiation acquiert d'autant plus d'importance au niveau de l'accès à l'Internet local, car la non dimension du « territoire Internet » évoqué précédemment rendent primordiales les fonctions d'identification, de sélection, de classification et de promotion réciproque au sein de la PQR des ressources de proximité.

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II. LE CAS VIANICE

II.1 PORTAIL ET QUOTIDIEN D'INFORMATION : UN COMPAGNON DE VIE SUR INTERNET

II.1.a. Naissance

La toute première version de ViaNice voit le jour au mois de juillet 1999, à l'origine du projet, un jeune niçois, Gilles D'Elia, étudiant en maîtrise à la faculté de lettre de Nice. Cette première ébauche, malgré un design très « page perso »21, à rapidement provoqué l'engouement des internautes niçois. Le site s'inspirait des premiers city-guide américains avec l'objectif de proposer une palette de services gratuits de proximité aux niçois et de devenir le guide le plus exhaustif possible sur la ville.

Dès le mois d'août 1999, le nom de domaine vianice.com a été déposé (il fonctionne toujours). Tout s'est ensuite accéléré. Fin août, ViaNice est devenue une sarl, l'adresse du site a changé en vianice.fr, tandis que l'audience du site augmentait chaque semaine. La nouvelle de la mise en ligne de ViaNice s'est très vite propagée auprès des internautes niçois sans aucune opération publicitaire, l'effet de bouche à oreille ayant été facilité par le réseau internet déjà développé de l'université de Nice-Sophia-Antipolis.

Ce succès rapide de notoriété que l'on qualifierait aujourd'hui d'exemple de « Marketing Viral » ainsi que l'origine confidentielle du site ont contribué à donner à ViaNice une identité forte. Dès sa création, ViaNice est un site conçu pour être installé en page de démarrage sur les navigateurs. Il ne s'agissait pas seulement d'un guide local à utiliser ponctuellement mais bien plutôt d'un point d'entrée sur le web avec lequel se créait un lien affectif. Les créateurs de ViaNice ont en effet décelé dans ce rapide succès le fort potentiel communautaire du site et la nécessité de lui donner une voix grâce à la publication d'un contenu éditorial. Des liens étroits se tissaient pour la première fois entre les étudiant niçois et les employés de la technopole de Sophia.

Certaines des rubriques qui figuraient sur cette première version sont aujourd'hui encore présentes sur ViaNice : « Tout Nice est sur Internet ! », « Le magazine de vos sorties », un moteur de recherche externe, « MP3, tout trouver », etc… Il est alors possible d'envisager le devenir du site, les grands projets annoncés sur cette maquette deviendront en effet pour la plupart des services proposés à l'heure actuelle par ViaNice.

En mars 2000, le rythme des articles devient quotidien, l'édition électronique de ViaNice propose ainsi la première alternative au quotidien papier du groupe Nice-Matin. Pendant quelques mois, ViaNice ouvre même une WebTV, TéléViaNice. ViaNice devient l'un des sites les plus consultés sur Nice avec 150.000 pap/mois. Face à la menace représentée pour son monopole, Nice-Matin commande un audit sur cette nouvelle concurrence.

Pour l'équipe de ViaNice, le départ est périlleux car ses seuls fonds sont des ressources personnelles. Le site rencontre un succès croissant et chaque semaine s'accompagne de l'ouverture de nouvelles rubriques et de nouveaux services : les petites annonces, les partenariat pour installer une boutique en ligne, etc… ViaNice se développe très rapidement tandis que de nombreuses autres " jeunes pousses " bénéficient de financements massifs. Dans 21 Voir sur http://perso.wanadoo.fr/francepage pour la 1ère mise en page de ViaNice ou annexe n°1.

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ce contexte de nouvelle économie fleurissante, des sociétés de capital-risque et de leveurs de fonds se montrent intéressées par les opportunités offertes par ViaNice. De nombreux rapprochements et négociations s'opèrent durant l'hiver 1999/2000.

Pour n'en citer que quelques uns : les dirigeants de Léonardo Finance, Chausson finance et MGT 22 , sociétés figurant parmi les principaux leveurs de fonds en France 23, rencontrent le gérant de ViaNice. A cette époque, l'Internet de proximité est considéré comme un marché d'avenir reposant sur les revenus générés par la publicité et le commerce électronique. La sarl ViaNice qui souhaite devenir une start-up doit impérativement posséder son réseau pour rester un interlocuteur à la mesure des grands projets des capitaux risqueurs. Le réseau ViaCité est créé, il comprend le site ViaToulouse ouvert en novembre 1999 ainsi que le site ViaLyon mis en ligne en janvier 2000. Sans capitaux supplémentaires, ViaNice devient le principal concurrent du réseau de City-Guide Webcity (voir 3ème partie), qui a déjà effectué une levée de fonds de 12 millions de francs au mois de septembre 1999. ViaNice compte sur son savoir-faire et sur un modèle devenu leader à Nice pour gagner la compétition dans les douze plus grandes villes de France mais préserve avec ferveur l'esprit communautaire et indépendant qui lui ont valu son succès dans sa ville d'origine.

II.1.b. Un quotidien d'informations locales

Le mercantilisme rattrape dans sa ruée le far-west représenté quelques mois seulement auparavant par Internet. Sur tous les sites « portails », les robots remettent en forme des kilomètres de dépêches en y ajoutant des bandeaux publicitaires. Quelques observateurs et pionniers tel Pierre Lazuly critiquent cependant avec virulence la fièvre qui s'empare de la toile : « … allez savoir pourquoi, les créateurs de portails persistent à prendre l'internaute pour un riche imbécile n'utilisant sa machine que pour surveiller le Dow Jones, errer sur les sites d'enchères en ligne ou pérorer sur le Chat ».24

Citons encore le webzine L'Ornitho : « Une start-up n'a rien d'une entreprise traditionnelle dans le sens ou son but n'est pas de perdurer. Au contraire, même ! Les concepts généralement mis en place ont pour la plupart si peu de chance d'être rentables un jour, qu'il faut vendre la peau de l'ours avant qu'il ne se casse la gueule. » 25

Une start-up, voilà finalement tout ce que ViaNice ne veut pas devenir. Ses fondateurs se rétractent d'une négociation entamée avec Christophe Dupont (fondateur du moteur Voilà.fr, directeur du développement de Libertysurf.fr et président de Respublica.fr) qui les assigne conséquemment en justice et estime le préjudice subi à 9 millions de francs. Le défi est relevé pour ViaNice : demeurer leader sur Internet à Nice sans pour autant devenir un produit sous cellophane. L'équipe de ViaNice souhaite conserver sa liberté éditoriale et proposer une véritable alternative à la presse quotidienne régionale avec les contraintes d'une PME.

ViaNice qui a enrichi son service d'information locale a trouvé son originalité dans un ton éditorial très affirmé et une grande interactivité (nombreux liens depuis les articles, réactions des lecteurs). La rédaction de ViaNice explore une nouvelle démarche autour de

22 http://www.leonardofinance.fr ; http://www.chaussonfinance.com ; http://www.mgt.fr .23 http://www.journaldunet.com/dossiers/krisk/kriskleveurs99.shtm 24 Les chroniques du Menteur - 19 novembre 1999 - http://www.menteur.com/chronik/991119.html 25 Les friconautes débarquent - L'ornitho - janvier 2000 - http://www.ornitho.org/numero20/edito/index.html

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l'information écrite, privilège de la PQR que ni l'éclatement de la radio FM ni le développement des télévisions régionales n'avaient pu lui ôter.

II.1.c. Les services gratuits pour les internautes

Outre son quotidien d'information, dans la continuité des City-guides américains, ViaNice a toujours proposé ses services de proximité gratuitement pour les internautes. ViaNice offre ainsi gratuitement la consultation de l'intégralité de ses archives via un moteur de recherche interne. La principale spécificité de ViaNice cependant reste de proposer un très grand nombre de liens vers les sites les plus utilisés par les internautes : Wanadoo, Voilà, Yahoo !… ainsi qu'un « multimoteur » de recherche sur le web mondial créé par ViaNice. Pour être choisit comme page d'accueil, ViaNice a ainsi préférer ne pas tenter d'enfermer les internautes sur ses pages.

- L'annuaire des sites web locaux.

Cet annuaire est le plus complet existant concernant les sites en relation avec le département des Alpes-Maritimes. Organisé en une centaine de catégories, l'arborescence de l'annuaire de ViaNice répertorie plus de 3000 sites locaux. « Disposer de sa ville au bout des doigts » est une notion chère à Gilles d'Elia, le fondateur de ViaNice. Aucun autre portail ou moteur généraliste tel Yahoo ! ou Nomade ne dispose sur le plan local d'une telle bases de données.

- Le magazine ViaNice

C'est l'agenda des sorties à Nice et dans les autres villes du département. Le magazine est actualisé chaque semaine et propose toutes les dates et horaires de cinéma, concerts, théâtres, expositions, conférences etc… Il met en avant des événements ainsi que des sites « coup de cœur ».

- Les petites annonces gratuites

Service entièrement automatisé, les petites annonces de ViaNice sont classées en 8 catégories : immobilier, emploi, auto/moto, bonnes affaires, union/rencontre, informatique/high-tech, enseignement/formation et divers. C'est un des services clefs de ViaNice car proposer des petites annonces gratuitement est une manière de s'attaquer au monopole très lucratif des petites annonces payantes imprimées diffusées par la PQR et la Presse Régionale Gratuite, comme Spir communication ou la Comareg).

- Le « Forum Libre Antenne »

Créé dans l'idée de renouer avec l'esprit participatif et engagé que le fondateur de ViaNice a connu dans les années 1980 lors de l'explosion des radios libres, le « Forum Libre-Antene » est un espace de libre expression. Plus qu'un simple courrier des lecteurs, il a été créé avec l'idée de rompre la séparation traditionnelle entre journaliste et lecteur et de proposer aux internautes de devenir rédacteurs à part entière. Les premiers mois, les articles les plus pertinents étaient mis en avant sur la page d'accueil de ViaNice. La rubrique a aujourd'hui évolué pour se diriger vers une formule plus classique mais plus réactive de forum Internet. Les participants peuvent y débattre dans une dizaine de thèmes libres ou liés à l'actualité niçoise. Ponctuellement, un invité participe au Forum tel le procureur général de Nice Eric de Montgolfier durant le mois de septembre 2001. Le Forum Libre Antenne est un pôle

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communautaire fort : développé en PHP Nuke, il permet au participant de s'identifier et d'être représenter par un logo et un profil.

- « Azurmail.com » : l'e-mail gratuit des azuréens

L'utilisation de l'e-mail constitue la principale activité des internautes. En mettant à disposition des internautes le nom de domaine azurmail et une interface de gestion du courrier électronique, ViaNice créait la première messagerie à connotation locale non publicitaire. Plutôt que de posséder l'adresse d'un fournisseur d'accès ou de leur entreprise, les internautes peuvent adopter une adresse électronique évoquant la Méditerranée. Azurmail est un service proposé par ViaNice en co-branding avec la société Bigmailbox.com.

- La newsletter

Les internautes, en s'inscrivant à la lettre quotidienne de diffusion, peuvent recevoir quotidiennement les titres des informations développées par ViaNice dans son édition. Les inscrits bénéficient régulièrement de places de concerts ou de théâtre. La newsletter de ViaNice compte plus de 4000 abonnés, elle peut servir de support publicitaire mais reste avant tout un lien informant les internautes des nouveautés proposées par ViaNice.

- « Info.ViaNice sur votre site »

ViaNice met à disposition des webmaster une ligne de code HTML leur permettant d'intégrer à leur site un fil d'infos actualisé automatiquement tous les jours. Ces liens s'adaptant à la mise en page de l'hôte renvoient aux articles du quotidien d'information de ViaNice. Le service « Info.ViaNice sur votre site » génère donc du trafic vers ViaNice mais il permet aussi au site de renforcer son implantation et sa notoriété grâce à une présence sur de nombreux sites web niçois.

- « TV ViaNice »

Développée par Thomas Gauthier, un professionnel de l'audiovisuel, durant l'automne 1999, la webTV de ViaNice a diffusé grâce à la technique du streaming des reportages vidéo. Le service a suscité un réel engouement mais il a été interrompu après un trimestre en raison des difficultés techniques liées au faible nombre d'internautes alors connectés à haut débit.

- « Shopping on-line »

Cette galerie marchande on-line permet d'acheter sur le site des produits tels que les livres, disques, vidéos, cd-rom, jeux… ViaNice a conclu en 1999 un partenariat avec le service d'achat groupé Clust.com aujourd'hui fermé. Les ventes en ligne restent aujourd'hui marginales, ViaNice devant sur le marché affronter une concurrence nationale importante. Peu d'acteurs locaux possèdent à l'heure actuelle un site, des stocks et une réactivité leur permettant de participer à une galerie marchande sur Internet. La vente en ligne constitue cependant pour les portails un potentiel de diversification non négligeable tandis que les modèles économiques basés sur les uniques revenus publicitaires montrent leurs limites.

- Présence « Web Express » (service interrompu en mai 2001)

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Les internautes pouvaient mettre leur CV en ligne sur ViaNice en quelques minutes, avec une URL personnelle (type : http://cv.vianice.fr/votre_nom) L'interface était un simple formulaire a remplir, la mise en page se faisant automatiquement. Les commerçants et associations disposaient également utiliser du même service pour disposer sans frais d'une présence sur le web.

- « wapanice »

Durant l'année 2000, ViaNice a diffusé ses principaux services sur portail wap. Les téléphones mobiles équipés en wap pouvaient ainsi accéder aux actualités publiées par ViaNice ainsi qu'au magazine culturel. Le service a été interrompu devant le faible trafic généré, l'équipe de ViaNice préférant attendre que le wap soit adopté massivement par les français ou remplacé par un nouveau protocole de téléphonie mobile (voir annexe n° 2 : le revue de presse de ViaNice)

Enfin, ViaNice a développé de nombreux partenariats de services pratiques généralistes. En accès depuis la page d'accueil, ceux-ci permettent par exemple d'envoyer gratuitement un texto (en partenariat avec SFR) ou de consulter les programmes télé (partenariat avec télé7jours).

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II.2 EVOLUTION DU BUSINESS MODEL

II.2.a. S'imposer en temps que nouveau média

Dans un premier temps, la sarl ViaNice ne possède pas d'un modèle de revenus quelconque. Les fondateurs de ViaNice se contentent de leur approche instinctive du marché avec pour objectif la croissance de l'audience du site. ViaNice veut s'imposer sur le secteur de l'Internet local, l'activité principale est centrée sur le développement du site tant sur le contenu (éditorial et services aux internautes) que sur le plan technique. Les premiers contacts avec des sociétés de capital risque confortent le directeur, Gilles d'Elia, dans sa conviction que l’Internet de proximité est un marché porteur ainsi qu'une plaque tournante du développement d'Internet. ViaNice poursuit ainsi sa ligne directrice : apporter une plus-value aux services gratuits en créant un sentiment de communauté.

Début 2000, ViaNice s'impose, en terme d'audience et de notoriété, comme le deuxième réseau Internet français de proximité. Cette position est conquise par une équipe de quatre personnes et un budget initial d'environ 100 000 francs. ViaNice se prépare a devenir une start-up et négocie avec des investisseurs les mêmes financements que ses concurrents. Mais plusieurs obstacles subsistent : le marché amorce un repli sur des valeurs plus sûres que le « B2C » comme le « B2B » ou les hautes technologies, de plus un contentieux oppose ViaNice à un de ses investisseurs potentiels. Enfin, le développement de ViaNice sur un modèle de start-up allait à l'encontre de la culture communautaire indépendante et impertinente qui avait fait le succès de la marque à Nice.

En Juin 2000, la société renonce à son réseau national pour préserver son identité et pérenniser son implantation sur sa place forte : le département 06. Gilles d'Elia tente alors de transformer les difficultés liées à la fermeture de ViaToulouse et de ViaLyon en choix stratégique 26. Le retrait de ViaNice sur le marché des city-guide anticipait de quelques mois la crise des start-up.

Le réseau ViaNice comptait une audience d'environ 350 000 pages vues par mois. La totalité de cette audience se répartissait ainsi :

· ViaNice: 75 %· ViaToulouse: 13 %· ViaLyon: 12 %

ViaToulouse était malgré son implantation à distance considéré par les toulousains comme un pionnier parmi les city-guides. Quant à ViaLyon, il avait été ouvert dans la « ville natale » de Webcity, alors seul concurrent du réseau ViaNice, dans le but de prouver aux investisseurs qu'il était possible de battre le site d'Alexandre Dreyfus, le fondateur de WebCity, sur son propre territoire.

C'est à ce moment-là que se sont nouées les principales difficultés qu'a rencontré ViaNice dans son développement, et qui perdurent aujourd'hui. Celles-ci résident essentiellement dans un problème d'ordre juridique. En avril 2000, Gilles D'Elia a rencontré Christophe Dupont, créateur du moteur de recherche « Voilà » et PDG de la start-up « Respublica ». Convaincu par les résultats d'audience qu'enregistre le réseau ViaNice sur ses 26 Article Journal du Net : http://www.journaldunet.com/0006/000606vianice.shtml

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trois villes, C. Dupont décida, à titre personnel, d'investir des fonds dans la société ViaNice. Il était prévu, dans un protocole d'accord, que ViaNice soit à terme revendu à l'opérateur Liberty Surf pour une somme minimum de 12,5 millions de francs.

Mais très vite, les deux hommes sont entrés en désaccord : de fait, C. Dupont ne souhaitait pas développer le réseau sur le modèle de ViaNice (comme cela a été fait pour ViaToulouse et ViaLyon) mais sur le modèle de WebCity - à savoir un modèle centralisé, visant un développement très rapide, mais soumettant aussi la société à une grande fragilité.

En effet, il n'apparaissait pas judicieux pour ViaNice de tabler sur un développement d'une telle envergure. De plus, la société adopte une toute autre philosophie. Gilles D'Elia n'aspire pas qu'à de simples visées commerciales. Il préfère une autre démarche, aussi lente soit-elle, qui lui permet d'instaurer une confiance réciproque avec les différents acteurs de son environnement (institutions et internautes) plutôt qu'un développement rapide qui favoriserait la mise en confiance des investisseurs nationaux ou internationaux.

C'est avec cette conception de l'Internet que ViaNice a conquis le marché niçois et a réussi à concurrencer l'audience web de Nice-Matin. Le réseau embryonnaire qui était alors en place sur trois villes réalisait la moitié de l'audience que Webcity avait sur ses 30 villes.

L'équipe de ViaNice a donc préféré se recentrer sur l'information locale dans la région PACA, n'ayant pas de journalistes correspondants dans les autres départements. L'information aurait évidemment pu être traitée à distance mais elle aurait inévitablement été neutre et lisse, ce qui ne correspond pas à la volonté de la rédaction de ViaNice de se démarquer de ses concurrents publiant une information trop convenue pour la PQR et sans identité pour les autres city-guides.

Dans une note destinée aux futurs actionnaires de sa société, G. D'Elia écrit : « Nous savons aujourd'hui - et ce n'est pas une hypothèse - que les futurs grands acteurs du marché ne seront pas des réseaux nationaux. Le marché de I'information locale appartient à la PQR qui, tôt ou tard, aura les moyens de reprendre ses droits sur le web. Sitôt qu'elle se sera organisée, qu'elle aura conclu des traités de " non-agression ", qu'elle se sera partagée le marché selon un pacte à la Yalta, les réseaux de city-guides n'auront plus qu'à mettre la clef sous la porte. Cependant, la PQR est lente à s'organiser. Et c'est de cette lenteur que nous devons tirer notre force. Si nous acceptons de ne pas vouloir conquérir le monde entier en six mois, mais de nous implanter peu à peu, ville après ville, mais très solidement, nous aurons d'ici trois ans grignoté au moins 10 % du volume publicitaire de la PQR, et celle-ci commencera à peine à se réveiller. Mais qui d'entre vous est prêt à risquer son argent pour un objectif réaliste ? Vous n'investissez pas, vous jouez à la loterie. Et vous n'achetez que des tickets perdants ! Moi, je vous propose un ticket gagnant: ce n'est pas la super-cagnotte du millénaire, mais c'est un ticket gagnant. »

Le groupe d'assurance AXA est le dernier à s'être intéressé au « ticket gagnant » de ViaNice. Après l'échec de ces dernières négociations, ViaNice se recentre sur sa ville d'origine et « redevient ViaNice ». Dès le mois de septembre 2000, l'audience du seul site ViaNice rattrape les pertes d'audiences occasionnées par les fermetures de Toulouse et Lyon.

Un an plus tard, c'est « l'hécatombe des dotcom », les grands réseaux de city-guides revoit leurs ambitions à la baisse : WebCity, CityVox suppriment un bon nombre de villes, M6 a gardé ses sites mais en supprimant du personnel, Vivalaville est en phase de

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licenciement et devrait dans les semaines à venir déposer son bilan ou se faire racheter. Les acteurs étrangers (LaNetro, Tincidad, ElCorreo) ont raté leur implantation en France. ViaNice poursuit son activité avec un Business Modèle reposant essentiellement sur les revenus publicitaires générés des annonceurs locaux.

La stratégie qui a amené ViaNice a perdre ses investisseurs se révèle finalement efficace. Certes, le société a dû se raviser à plusieurs reprises et freiner ses projets mais il en ressort que ViaNice s'est parfaitement implantée sur le plan régional. Cette manière innovante pour une start-up de résister à l'environnement instable de la nouvelle économie révèle un parcours en somme logique dans un contexte de retour à la réalité économique du chiffre d'affaire.

II.2.b. Un modèle de revenus basé sur la publicité en ligne et le commerce électronique

Ayant choisi de maintenir gratuitement l'ensemble de ses services, la sarl ViaNice s'est concentrée sur la vente d'espaces publicitaires, une des principales sources de revenus de la presse imprimée bien avant les abonnements et vente des journaux. Vendre des espaces publicitaires aux annonceurs locaux revient donc à concurrencer directement la presse quotidienne régionale (Nice-Matin), la presse imprimée gratuite (le 06 de Spir, Bonjour du groupe Comareg) ainsi que les régies des décrochages radio locaux (groupe NRJ).

Une anecdote intéressante peut expliquer bien des choses : quelques mois après avoir ouvert ViaNice, Gilles D'Elia (lui-même ancien pigiste à Nice-Matin) discute avec des amis qui sont journalistes au quotidien. Il apprend ainsi que ViaNice y est « interdit de colonne » et que les dirigeants du journal ont de plus en plus de mal à tolérer la perte de leur monopole sur l'information locale quotidienne.

Plus tard, discutant avec Michel Comboul, PDG du groupe Nice-Matin, au sujet d'un éventuel rachat de ViaNice par son aîné, Gilles D'Elia a la confirmation de cette « interdiction de colonne » imposée aux journalistes par les actionnaires du groupe.

Ce rapport de concurrence s'explique aisément. La PQR était jusque là le seul support de l'information locale et entretenait avec ses lecteurs un rapport particulièrement fidèle. De plus, l'importance des recettes engendrées par la publicité et les petites annonces sont vitales pour la PQR. Or, un site comme ViaNice ne vit que de la publicité (donc se doit de soutirer absolument des parts de marché à la PQR), et propose gratuitement ses services aux internautes, y compris pour la publication des petites annonces.

C'est précisément dans cette faille que la rédaction de ViaNice (Gilles D’Elia et Thomas Gauthier) a construit son projet d'information locale en-ligne. « La profession de foi de la PQR c'est « indépendance jamais, neutralité toujours », celle de ViaNice c'est « indépendance toujours, neutralité jamais » », a déclaré Gilles D'Elia dans une interview accordée au Nouvel Observateur.

Pourtant, ViaNice n'attaque pas de front ce marché encombré et détenu par des acteurs puissants. Les budgets visés par ViaNice constituent au contraire un nouveau marché. La tâche n'est pas pour autant simplifiée, il s'agit d'imposer le secteur Internet dans toute campagne de communication sur la ville de Nice, non au détriment des médias classiques mais de manière supplémentaire. Pour les annonceurs sensibilisés au web, il devient évident

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d'inclure le leader local dans leur stratégie mais pour les autres, le travail de démarchage commercial effectué par ViaNice s'accompagne d'un travail de sensibilisation, voire d'action pédagogique. La principale action commerciale de la société est donc un véritable défrichage du marché.

Parmi les arguments de vente de ViaNice, outre sa forte pénétration auprès des internautes niçois, figurent un outil de gestion du retour sur investissement très performant, chaque annonceur ayant la possibilité d'agir sur sa campagne et la possibilité de suivre en permanence les statistiques d'affichages et taux de clics de ses bannières, ainsi que la possibilité de cibler sa campagne. ViaNice touche majoritairement un public jeune, actif et urbain mais le site offre aussi des pages plus ciblées, l'immobilier par exemple, ayant un impact important sur un public déterminé.

Grâce à la publicité, ViaNice réalise un chiffre d'affaire mensuel moyen de 30 000 francs mais ce résultat reste dépendant de quelques gros annonceurs qui ont fait confiance à ViaNice : la chambre de commerce et d'industrie de Nice et les compagnies aériennes sont ses principaux clients. La source de revenus publicitaire reste encore insuffisante pour les city-guide et journaux électroniques français dont ViaNice, Internet ne bénéficiant pas encore d'une grande part de marché au regard des sommes investies dans la télévision et les autres supports traditionnels de communication. Les annonceurs locaux opposent enfin de nombreux obstacles à l'essor de la publicité en ligne parmi lesquels un faible budget publicitaire et un sous équipement informatique. Avant même l'absence de site web d'annonceurs potentiels niçois, ViaNice se heurte aujourd'hui encore à l'absence de poste connecté à Internet.

ViaNice propose trois formats à ses annonceurs :

- une bannière au format standard (468x60 pixels) sur la page d'accueil- une bannière dite " King size " dans toutes les pages internes de ViaNice. Ce format inédit créé par Gilles d'Elia est l'équivalent sur Internet d'une affiche 4x3. Sa taille imposante lui permet d'obtenir un retour de clic moyen dépassant les 5%, ce qui est exceptionnel.- le " Totem ", un format publicitaire vertical de plus en plus répandu. Il s'étale sur la longueur de la page. Les Totems sont insérés dans toutes les pages de l'annuaire de ViaNice.

Le commerce électronique est quant à lui une activité marginale au sein de ViaNice. Les produits les plus fréquemment achetés en ligne depuis ViaNice sont les disques, les livres et les DVD. Grâce à un partenariat avec le site Alapage.com, un pourcentage de la transaction revient à ViaNice. La billetterie électronique proposée en co-branding avec Ticketnet réalise plusieurs dizaines de ventes par mois mais il faudrait pour que cette source de revenu soit conséquente que plusieurs centaines de billets soient vendus. Enfin, peu d'entreprises niçoises possèdent aujourd'hui un site web capable de gérer des transactions commerciales ce qui rendrait l'ouverture d'une galerie marchande locale sur ViaNice prématurée. Le commerce en ligne reste ainsi sur ViaNice une activité en gestation.

II.2.c. Recherche d'autres sources de revenus

Après quelques mois d'existence, ViaNice se diversifie et tente de monnayer son savoir faire technique et créatif en ouvrant un « studio de création ». ViaNice vend alors deux

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formules de création de sites, l'une à 1800 francs proposant un site sommaire de 3 pages 27, l'autre complète à 8000 francs comprenant un nom de domaine en .com, la création de la charte graphique du site puis la composition des pages, l'hébergement sur un serveur de ViaNice, le référencement sur les principaux moteurs de recherche et une campagne de 10 000 bannières sur ViaNice 28.

En 2001, ViaNice affine son offre pour répondre à des demandes plus personnalisées. L'ensemble des solutions professionnelles multimédia sont aujourd'hui regroupées sur le site http://pro.vianice.net. Les deux formules de création web sont toujours disponibles mais les clients peuvent acheter individuellement une prestation parmi l'hébergement, le dépôt de noms de domaines, le webdesign…

Pour offrir aux annonceurs dont les budgets modestes ne permettent pas de faire appel à une agence publicitaire, ViaNice créé « Le Marketing.com » une offre de conseil permettant à un annonceur ne disposant pas d'un service de communication de gérer de sa campagne (logo, charte graphique, cible, slogan) sur Internet mais aussi sur les autres médias niçois.

Toutes ces activités ont en commun la volonté de ViaNice de « casser les prix » en se concentrant sur des prestations optimisées. Elles ne permettent donc pas à la société de réaliser un bénéfice important mais assurent à la marque ViaNice de nombreux contacts et un retour important en notoriété.

II.2.d. Stratégique de développement

Dans le cadre de son développement sur la Côte d'Azur, la société ViaNice a planifié l'ouverture de filiales sur Cannes, Menton, Antibes, Monaco, Grasse, Sophia-Antipolis et Monaco. ViaCannes.com a ouvert ses portes le 3 mai 2001 et réalisé une couverture éditoriale du Festival du Film. ViaNice étant déjà utilisé par les cannois pour ses informations pratiques (horaires de cinéma, concerts…) ViaCannes bénéficiait pour son lancement d'une bonne implantation. La fréquentation du site fut croissance tant que ce dernier fut alimenté en information quotidienne. Après le départ non remplacé de la journaliste chargée de ViaCannes, l'intérêt pour le site s'est estompé et de nombreux internautes cannois reprirent leurs habitudes de consultation ponctuelle de ViaNice.

L'enjeu d'une augmentation de son trafic est cruciale pour ViaNice car au delà du million de PAP/mois, la société peut négocier un partenariat commercial avec une régie publicitaire nationale, DoubleClick par exemple, jouissant d'une grande crédibilité et de clients exclusifs. La diffusion de bannières publicitaires d'annonceurs nationaux permettrait au site de s'assurer des revenus complémentaires importants. Bien que les prises de positions éditoriales ne se sont selon la rédaction de ViaNice jamais encore heurtées à la sensibilité d'un annonceur client niçois, une solution publicitaire et des annonceurs nationaux donnerait une alternative à ViaNice en ouvrant la perpective de ne pas voir son développement entravé par son indépendance, et vice versa.

27 Par exemples la boulangerie « la niçoise », http://www.lanicoise.com ou le restaurant « Le 22 septembre », http://www.le22septembre.com.28Exemple de site : http://www.neway-nice.com , site du Magasin spécialiste VTT, cycle et snow de marque.

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II.3 VIANICE AUJOURD'HUI

II.3.a. Une légitimité en tant qu'acteur de la vie locale.

Aujourd'hui, avec un trafic de 682 547 pages vues par mois pour 113 947 visiteurs uniques, chiffres de septembre 2001, ViaNice est le site Internet local le plus consulté sur la ville de Nice. De même, le journal quotidien publié sur le site et dénommé « Infos ViaNice » est le 2ème média local (tous types de médias confondus) en terme d'audience, après Nice-Matin mais avant France 3.

Les principaux acteurs institutionnels (Chambre de Commerce et d'Industrie, préfecture, mairie, Chambre d'agriculture, Fondation Sophia-Antipolis…) de la ville ont intégré ViaNice parmi leurs interlocuteurs privilégiés et adressent à la rédaction tous leurs communiqués. De nombreux partenaires culturels institutionnels et associatifs utilisent désormais ViaNice comme un média privilégié pour annoncer leurs événements. Tandis que la presse nationale spécialisée (Le journal du net) rend compte des différents choix stratégiques de ViaNice, Gilles d'Elia a été cité parmi les trente personnes qui font bouger Nice sur Internet par le magazine l'Express. ViaNice a été nominé aux Trophées 2001 de la nouvelle économie dans la catégorie « initiatives ». La société a participé au salon européen des nouvelles technologies IST sur invitation du sénateur Pierre Laffitte, fondateur de Sophia-Antipolis.

Cependant, la principale fierté de l'équipe de ViaNice réside dans le lien affectif qu'ils ont établi avec des internautes.

II.1.b. Un lien social

A l'heure où tout le monde parle de communautés virtuelles, peut-être faudrait il penser qu'il existe déjà des communautés bien réelles : une ville est une communauté. Pourquoi la nier, la délocaliser alors qu'Internet est le parfait média pour l'enrichir ? Aucun autre support médiatique n'offre en effet un accès aussi aisé à une information pratique aussi nombreuse. C'est pour tenter d'atteindre une vulgarisation maximale des services de proximité que ViaNice a été conçu pour s'afficher le plus rapidement possible, sans plug-in, sous tous les systèmes d'exploitation et avec le plus grand nombre possible de navigateurs Internet.

En référençant dans son annuaire chaque site institutionnel, particulier, commercial ou associatif qui se créé dans le département des Alpes-Maritimes, ViaNice offre ainsi en permanence une cartographie réactualisée du paysage Internet en devenir de la Côte d'Azur. Cet « instantané » qui actualisé quotidiennement constitue une source d'information primordiale pour tout internaute soucieux de connaître son environnement.

Pour les visiteurs de ViaNice, utiliser un service gratuit du site s'accompagne donc aussi de la possibilité de devenir un visiteur actif. L'internaute est un informateur pour tous les autres lorsqu'il saisit des données dans la base du site. En retour, ViaNice renvoie l'information à ses abonnés par l'intermédiaire de sa newsletter. Le lien social s'opère ainsi dans cette boucle de communication locale qui définit l'ampleur du cercle communautaire.

Mais les visiteurs actifs, ce sont avant tout ceux qui participent au Forum Libre Antenne ou enrichissent un article de leur contribution. De nombreux débats finissent par avoir en

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retour une implication sur la vie locale lorsqu'ils conduisent par exemple à la création d'une pétition en ligne. La rédaction de ViaNice rebondit souvent sur des contributions pertinentes relevées dans son Forum. Il arrive également que des occurrences ou des tendances nettes se dégagent d'un débat. Quand la rédaction publie une opinion exprimée sur le Forum, le cercle d'information locale est une nouvelle fois bouclé, l'information née sur ViaNice retourne à sa source. Bouclé mais non fermé, la possibilité de sortir de ViaNice aussi facilement que l'on y est entré correspond à la volonté de ses fondateurs de respecter l'identité plurielle du réseau Internet.

Le principe fondateur de ViaNice est ainsi la création d'un espace public plus proche des niçois qui leur permette de retrouver une citoyenneté et une liberté d'opinion noyées par la surabondance des mass-médias. Pour Gilles D'Elia, le créateur de ViaNice « I'Internet local est garant de la liberté d'Internet ». Il espère bien avec ViaNice préserver cet espace protégé des grands réseaux dirigés par des sociétés multinationales.

II.3.c Une expérience innovante

Le succès rapide de notoriété de ViaNice répond à une forte demande de pluralité dans une région ou Nice-Matin, seul quotidien d'information était avant la mise en ligne de ViaNice, en position monopolistique depuis plusieurs décennies. Mais la fin du monopole du papier signifie bien plus que l'existence d'une nouvelle ligne éditoriale. ViaNice n'a pu ouvrir une brèche qu'en raison de sa culture cybernétique : ce site né sur le réseau et animé par des personnes passionnées de l'internet semble nous indiquer ce que la création d'un nouveau média signifie.

Aucun média traditionnel implanté sur le web ne suscite des attentes, des habitudes et des pratiques semblables à celles des internautes lorsqu'ils naviguent sur ViaNice. Les liens complexes et inextricables générés par ViaNice entre annuaire, magazine, forum et information constituent un laboratoire d'expérimentation technologique et commercial en réseau où se dessine le visage virtuel d'une communauté réelle.

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III. RÉSEAUX NATIONAUX DE CITY GUIDE : DE L'EUPHORIE À LA RATIONALISATION

III.1 EMERGENCE DES 1 er RÉSEAUX NATIONAUX

III.1.a Les pionniers de l'Internet local

Un concept venu d'outre Atlantique

Le concept de city-guide naît sur Internet aux Etats-Unis au milieu des années 90. L'un de ces pionniers, Citysearch29 est aujourd'hui devenu l'acteur le plus important sur le marché. Le concept du City-guide est de proposer aux internautes d'une ou de plusieurs villes un guide pratique comprenant un agenda de la vie culturelle ainsi qu'un service du type « bons plans » où figurent une sélection d'adresses de restaurants, hôtels, musées, etc… Le modèle de revenus des premiers City-guide était basé sur la conception de mini sites pour des annonceurs locaux mais ce fonctionnement s'est vite avéré coûteux et pas forcément rentable. En effet ces sites vendus pour une somme modique demandaient une attention particulière et une remise à jour quotidienne des rubriques agenda.

Après quelques années difficiles et une remise en question de son business model, Citysearch a survécu. Grâce à une série de fusions-acquisitions, notamment avec Ticketsmaster.com en 1998 ainsi qu'au rachat de la plupart des city-guide de Microsoft's Sidewalk en 1999, le réseau s'est développé considérablement. Charles Conn, le président de Citysearch, a l'intention d'atteindre le seuil de rentabilité d'ici fin 2001.30

La plupart des city-guide américains ont un business model fondé sur le B2C, c'est-à-dire des services de l'entreprise vers le consommateur : « Nous pensons que les affaires qui combinent et intègrent contenu, commerce et quelques notions de communauté sont les seules, vraisemblablement, qui réussiront », affirme le président de Citysearch. Cependant, en 1998, sa société avait perdu 121 millions de dollars. Un tel résultat n'a pas atteint la confiance du groupe qui a poursuivi sa politique d'expansion, les déficits étant alors monnaie courante dans le milieu des start-up. En 1999, Citysearch ouvre sur vingt nouvelles villes et double son réseau sur le territoire américain, la société possède aujourd'hui 128 City-guide dans le monde.

La conception des city-guide a beaucoup évolué depuis 1995, la tendance générale est à l'heure actuelle de proposer aux internautes un bouquet de services de proximité le plus complet possible, une sorte de « bible » quotidienne pour la vie urbaine. Face à l'engouement suscité par les grands portails, tel Yahoo !, les sites locaux ont tenté de se faire une place. STLToday.com à Saint-Louis a par exemple modifié son contenu en fonction de cette concurrence : « Pour être le premier portail de Saint Louis, nous devions changer : il ne fallait pas que donner des informations d'une seule source, mais offrir aux consommateurs une large gamme de services et d'informations provenant de multiples points de vue et de partenaires », explique Colette Hogan, directrice générale de SLTtoday.com.31 Ce city guide

29 http://www.citysearch.com 30 Interview de Charles Conn, dans le « Angeles Business Journal », 4 mars 200031 J.D. Lesica, « Gleaming Portal, Pauper News Site », Online Journalism Review (http://www.ojr.org), 22 mars 2001

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s'est inspiré de différentes expériences : Boston.com, The Real Cities Sites, AOL's Digital Cities et Citysearch pour créer un nouveau genre de portail. SLTtoday.com possède désormais vingt-quatre fournisseurs différents de contenu, de Reuter à Sports Stats Online, alimentant en informations les différentes sections (business, sport, loisirs, quartiers, emploi, automobile et immobilier) du City-guide. « Avec notre nouvelle charte graphique, nous nous sommes focalisés sur la vitesse et le côté pratique - l'utilité de choisir un restaurant ou un film, de savoir quels sont les artistes qui présentent un spectacle », précise Colette Hogan.

Les différents city-guides (Citysearch, Cox Interactive Media, Digital City, MSN Sidewalk, Yahoo! Get Local ou Zip2 pour les principaux) ont malgré leurs différentes stratégies une même cible : offrir le maximum de services et d'informations aux habitants d'une ville ou au touriste de passage considérés comme des lecteurs-consommateurs. Cette perspective commerciale est bien éloignée de la mission d'un journal local, informer de manière objective le lecteur, car pour les City-guide, le modèle marketing se confond subrepticement avec le modèle éditorial. L'absence de politique éditoriale devient flagrante quand l'information est présentée comme une agrégation de contenu en partenariat avec différents prestataires tandis que les City-guide qui ont choisi de produire leur propre contenu arrivent à préserver une plus grande cohérence éditoriale. Après une croissance rapide, plusieurs réseaux américains ont connu une situation économique précaire

Ce rapide tour d'horizon américain constitue un point de repère utile pour comprendre la notion de City-guide et ses différents aspects : pratiques, informatifs et communautaires. La référence aux Etats-Unis nous permettra de comparer les différentes implantations du réseau de City-guide en France.

L'apparition d'un réseau de city-guide en France date du printemps 1998. Le site Lyonnais Cybergone sera à l'origine du réseau WebCity tandis qu'au printemps 1999, ViaNice ouvre un portail niçois puis le réseau ViaCité.

Webcity, pionnier français du city-guide

En 1998, Alexandre Dreyfus, un jeune lyonnais féru d'informatique et autodidacte de l'Internet lance un site de proximité sur la ville de Lyon : cybergone.com. Ce site de proximité propose aux internautes un guide sur Lyon et sa région, comprenant des fiches pratiques sur les lieux culturels, sportifs et de loisirs, des petites annonces et des articles écrits par des « rédacteurs maison ». La ligne éditoriale se veut plus pratique qu'informative. Les cyber-journalistes de cybergone sont en majorité des « stagiaires permanents » plutôt que des professionnels ayant une carte de presse. L'information est en grande partie recopiée sur les grands quotidiens papier régionaux.32 Cependant, malgré ses défauts de jeunesse et un manque de budget initial, Cybergone se développe assez rapidement dès sa première année d'existence, attirant un nombre croissant d'internautes lyonnais. La formule est dupliquée sur Lille et Marseille.

Alexandre Dreyfus souhaite défier sur leur terrain les deux opérateurs de télécommunication présents sur le secteur de l'Internet de proximité dans la ville de Lyon : France Télécom associé à la presse quotidienne régionale avec Toutenville.com et AOL-Cegetel possédant le site Digital Lyon-Alpes. Cybergone et consorts deviennent le réseau Webcity.fr. La pugnacité et les relations du créateur de WebCity lui permettront de trouver les fonds nécessaires au développement de son réseau. En septembre 1999, la société Webcity

32 Vu sur l'émission de M6 « Capital » de septembre 1999

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lève 12 millions de francs auprès d'investisseurs privés dont Dassault Développement afin de reproduire son concept sur les plus grandes villes française le plus rapidement possible.

Avec ses 12 millions en réserve, la société Webcity communique massivement sur les médias français bien implantés auprès d'un public jeune et citadin. En janvier 2000, WebCity rachète pour 150.000 dollars (954.000 francs), le nom « Webcity.com » détenu par un cyber-café aux Etats-Unis33. Cette acquisition coûteuse est la clé de l'expansion internationale du réseau. Le « média-portail » WebCity souhaite en effet devenir leader de l'Internet de proximité à un niveau « pan-européen » (terme en vogue durant l'année 2000). Les premières ouvertures ont lieu à la fin du premier trimestre en Suisse et en Belgique, la start-up prévoit également une implantation en Espagne et en Italie. En France, Webcity programme la mise en ligne de trente sites dans les agglomérations de plus de 150.000 habitants.

Après avoir dépensé tout son pactole, avec notamment un budget publicitaire s'élevant à 8 millions de francs, Webcity se trouve en manque de liquidité et doit absolument boucler un second tour de table. En octobre 2000, Webcity procède à une augmentation de capital réservée, le groupe Carrefour entre dans le capital la société anonyme à hauteur de 20%. Cette augmentation de capital est alors indispensable à la poursuite du plan de développement de WebCity en Europe.

Webcity aujourd'hui

Sans groupe de presse derrière lui mais fort d'être devenu l'un des poulains Internet du groupe Carrefour, la position de pionnier ne suffit plus aux investisseurs de WebCity. La diversification des services de la marque pourrait être une solution, WebCity a racheté le concept et la base clientèle de Canalfood, un site de restauration à domicile mis en liquidation. Le 13 juillet 2001 Webcity rachète également son concurrent Newsmag.fr, ex Webstub.com. « Ce rachat permet de consolider notre base d'abonnés et de profiter du trafic de Newsmag, qui était de 44.000 visiteurs uniques par mois », explique Alexandre Dreyfus. Ces propos témoignent du manque d'audience de WebCity face à la concurrence des sites portails nationaux pour lesquels 44.000 visiteurs supplémentaires représenteraient « une goutte d'eau ».

WebCity souffre également d'un manque d'identité communautaire local, de nombreux services étant gérés sur le plan national et dupliqués sur les 37 villes du réseau. Enfin, l'alimentation du contenu éditorial est assurée par un partenariat avec l'Agence France Presse et le recours occasionnel à des pigistes, un renouvellement pauvre en comparaison de celui des quotidiens régionaux.

33 Journal du Net: http://www.journaldunet.com/0001/000127brefrance.shtml , 27 janvier 2000

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III.1.a Les réseaux nationaux

Il est difficile de dresser un panorama complet des city guides car la multitude d'initiatives nationales, régionales ou locales brouille les cartes. Toutefois, on dénombre actuellement plusieurs grands réseaux sur le plan national ou européen en cours de constitution. C'est durant l'année 2000 que se développe la majorité des grands réseaux nationaux d'information locale sur Internet. Ces derniers sont en majorité financés par des grands groupe de presse, de l'audiovisuel ou de l'industrie. Pourtant, les estimations ont été revues à la baisse et la perspective d'un retour sur investissement s'éloigne. Cette absence de rentabilité des City-guide confère aux différents coups de bluff et retournements de situation une allure de partie d'échec entre géants de la communication déjà en concurrence sur les autres médias.

- France Télécom avec « Tout en ville » et « voilà régions »

En 1998, « Tout en ville » est un des premiers réseaux français sur le net proposant des services de proximité. Fonctionnant en arborescence avec un portail national, Tout en ville ne s'apparente pas à un city-guide. En revanche, ce sous site de Voilà est en concurrence directe avec les réseaux de services de proximité. L'annuaire des sites locaux de Tout en ville reprend la base de Voilà, les sites sont agrémentés de quelques articles en partenariat avec la presse locale : Le progrès à Lyon ou la Dépêche du Midi à Toulouse.

En 2001 France Télécom reprend son développement de Voilà-régions. Le seul site en ligne pour l'instant concerne la ville de Lyon34. Une information locale sommaire y est diffusée en partenariat avec « M Lyon ». Lyon.Voilà dispose d'un espace thématique avec plusieurs rubriques en partenariat locaux, emploi, produits régionaux, sports, jeunes, économie… ainsi que la météo avec Météo consult. D’autres rubriques propose les services de Voilà national, tels les annuaires, le chat ou les pages persos. Voilà-régions a déjà ouvert dans 14 autres sur un modèle allégé. A St.-Etienne la version « light » de Voilà-régions diffuse de l'information en partenariat avec Le progrès, avec La Provence pour Marseille, avec Le Parisien pour Paris, avec La Voix du Nord pour Lille et avec la Sud Ouest pour Bordeaux. Les autres villes Montpellier, Nantes, Perpignan, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse et Tours ne bénéficient pas d'informations locales, mais de quelques notes rédactionnelles suggérant la visite de sites Internet régionaux.

Compte tenu de son implantation auprès des Internautes et de ses moyens financiers, Wanadoo étant le premier fournisseur d'accès en France, France Télécom est un acteur de l'Internet de proximité redouté par les réseaux déjà en place. Cependant, le leader historique de la communication en France semble pour l'instant se contenter de ses acquis et attendre que le marché soit plus juteux. Les sites de Voilà-régions font ainsi figure d'occupation symbolique du marché et de phase expérimentale.

- M6net

Présent sur 15 villes en France, l'implantation des sites locaux de M6 ont été revu à la baisse depuis leur mise en ligne. Le seul service d'actualité en ligne est la retransmission du décrochage local « Le 6 minutes » en vidéo, sans archivage au delà de 6 jours. Le réseau M6-Villes propose également un agenda des loisirs et des jeux ou quizz identiques sur chaque villes. Les services pratiques sont proposés en en co-branding : emploi, billetterie, météo,

34 Site Internet : http://lyon.voila.fr

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petites annonces, achat groupés etc… L'espace communauté et l'espace shopping ne sont pas encore en ligne.

Le projet de M6 était pourtant assez ambitieux lors de son lancement : implanter une équipe multimédia indépendante dans chaque ville du réseau, équipe qui devait travailler en collaboration étroitement avec les équipes locales. Très récemment et dans un souci d'économie d'échelle, les responsables du réseau M6Ville ont opté pour un rapatriement des compétences sur Paris, quitte à se séparer de collaborateurs fraîchement recrutés en province.

- Webstub - Newsmag

Webstub, dont la première version a été lancée en Alsace en novembre 1998 avec la dénomination « news magazine », une première en France en référence aux magazines papier tels Le Nouvel Obs ou L'Express. Ce réseau à dominante culturelle propose des articles articulés autour de 9 rubriques : L'actu, Business, Weblife, Cultures, Humeurs, A la une, Gourmand, Shopping, WebstubTV. Chacune étant renouvelée environ une fois par semaine à l'exception de Webstub TV n'ayant diffusé qu'une dizaine de reportages sur l'ensemble de la France. Une équipe de rédaction était présente dans chaque région, composée en général d'une ou deux personnes. Chaque site possédait également son annuaire de sites régionaux : « fissa fissa ».

Le réseau Webstub a été financé par le groupe Networkcouncil SA, ainsi qu'un panel d'actionnaires tels les banques J.P. Morgan, Aurel Leven, la Financière Mozart et le Crédit Lyonnais. Le 13 juillet 2001 Newsmag/Webstub est racheté par Webcity qui souhaite ainsi bénéficier d'un apport d'audience.

- BestOfCity avec NRJ

Comme ses concurrents, Bestofcity a commencé par la couverture d'une seule ville, Marseille avec Bestofmarseille.com créé en 1999. Le réseau c'est développé très inégalement dans différentes villes du sud comme Avignon, Toulouse ou Nice avec un contenu éditorial succinct. Des fiches pratiques y décrivent les bons plans, l'internaute peut participer à des jeux et consulter un agenda culturel peu fourni. Le réseau est entièrement géré depuis Marseille sans équipe rédactionnelle locale.

Le réseau BestofCity est racheté en octobre 2000 et devient une filiale à 80% du groupe NRJ. NRJ désire développer sa politique locale d'implantation, autant sur le terrain avec ses stations locales FM que sur Internet. Outre la diffusion de ses programmes en ligne, NRJ qui dispose de régies publicitaires locales performantes souhaite développer un service d'informations locales. Le groupe avait déjà mis en place un réseau, baptisé NRJ Net City, destiné à fédérer les contenus locaux, bons plans et infos-campus sur une douzaine de villes qui disposent d'une forte population étudiante telles Paris, Lyon, Bordeaux, Marseille, Toulouse ou Nantes.

La régie publicitaire NRJ Networks ne réalise cependant pas les objectifs prévus, selon son directeur Marc Zenou, les prévisions concernant le chiffre d'affaires seront considérablement revues à la baisse. Après six mois d'exploitation, BestOfCity a réalisé un chiffre d'affaires de 2 millions de francs net alors que les dirigeants du groupe NRJ avaient parié sur un résultat de 20 millions de francs dès la première année.

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- CityVox

Cityvox se positionne comme un produit européen destiné avant tout aux touristes plutôt qu'aux résidents des villes dans lesquelles il s'implante. Son contenu se divise en deux catégories : une banque de données référençant restaurants, bars, hôtels, boutiques etc… et un agenda des spectacles et manifestations locales. La spécificité du réseau, comme semble le suggérer son nom, est de laisser le rédactionnel au soin des internautes. Les critiques ou éloges de restaurants, films, musées présentes sur les sites de CityVox constituent donc autant de contributions des internautes. Ce parti pris participatif ainsi que le fonctionnement communautaire automatisé diminue naturellement les coûts de fabrication du contenu. Le réseau fut lancé simultanément dans plusieurs grandes villes européennes (dont Paris, Londres, Berlin, Madrid, Rome et Milan) afin de disposer de l'audience potentielle la plus large possible.

Le modèle de revenus de Cityvox n'est pas uniquement basé sur la publicité en ligne, celle-ci ne représente en effet que 20 à 30% de ses recettes avec les services de billetterie et de location de voitures ou de chambres d'hôtel. 70% du chiffre d'affaire de CityVox est assuré par des prestations d'hébergement et de création de mini-sites pour les commerçants locaux ainsi que par la revente de son contenu. Pour un client souhaitant bénéficier d'un lisibilité sur le réseau, le tarif est d'environ 2 500 francs pour la conception du site puis de 300 francs par mois pour figurer dans une catégorie du guide.

Cityvox multiplie des contrats de revente de contenus locaux avec de grands groupes, ce qui leur permet d'enrichir leur bases de données locales. L'un des premiers clients de CityVox fut le portail Lycos (dont la plate-forme locale est aujourd'hui abandonnée), suivirent la SNCF, iBazar.fr, AuFéminin.com. Cityvox travaille activement à l'intégration de ses flux sur les sites Wap puis Web de l'opérateur Orange.

Aujourd'hui le réseau couvre cinquante villes dans 9 pays d'Europe. Financé à ses débuts par des investisseurs privés (dont les deux anciens patrons de start-up Internet, Gilles Ghesquière pour Nomade et Fabrice Grinda pour le site de vente aux enchères : Aucland), Cityvox a bénéficié d'investissements s'élevant à 65 millions de francs en trois tours de table (dont 15 MF en mars 2001, juste avant la déroute de la nouvelle économie). L'objectif de CityVox est d'arriver à un seuil de rentabilité en fin d'année, un challenge réalisable selon son PDG Bertrand Bigay.

Pourtant Cityvox doit également réduire ses frais de fonctionnement et centraliser la gestion des contenus. Après la fermeture des rédactions européennes, Cityvox vient de fermer trois bureaux en France (Bordeaux, Toulouse et Lille) et développe un système de « correspondants locaux ».

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III.1.c.Le réveil tardif de la PQR

Dans le contexte euphorique des années 1999 et 2000, des nouveaux venus ont tenté leur chance dans le domaine de l'information de proximité sur Internet. Mais aujourd'hui, les réseaux subissent le retour à la rationalisation et la rapidité qui a caractérisé le développement des start-up pourrait être aussi fulgurant pour leur chute. Selon plusieurs journaux spécialisés dont Le Journal du Net, seuls les acteurs les plus rentables seront encore en ligne à la fin de l'année.

Le 11 avril 2001, le quotidien d'information économique La Tribune titrait : « La presse régionale se lance dans la bataille des City-guide », une nouvelle qui survient deux années après le lancement des premiers réseaux français. Pourquoi la presse quotidienne régionale ne s'est elle pas plus tôt attaquée avec détermination au marché de l'information de proximité alors qu'elle occupait une position prédominante dans les différentes régions françaises.

Comme nous l'avons vu précédemment, Nice Matin a été l'un des premiers journaux locaux à posséder un site Internet et à investir dans les nouvelles technologies. C'est le cas d'autres quotidiens, comme la Dépêche du Midi à Toulouse ou le groupe Sud Ouest par exemple. Mais leur présence sur le web se limitait à un simple collage électronique de leur édition papier, sans interactivité ou plus-value pour les Internautes. Leur prise de conscience de la capacité d'Internet à toucher un nouveau lectorat fut en effet tardive.

La PQR s'est dans son ensemble sentie menacée par ces réseaux annonçant des audiences exponentielles. La diffusion massive sur Internet d'annonces gratuites remettait également en cause l'une des principales sources de revenus de la presse quotidienne régionale (les petites annonces payantes) et menaçait sa prédominance sur la marché de la publicité locale. En utilisant Internet comme outil d'informations locales, Webcity et ViaNice ont fait réagir la presse locale qui s'est sentie bousculée sur ses fiefs.

Après maintes hésitations et des retards, les éditeurs de presse se regroupent pour décliner leur contenu sur le Web. Cette stratégie collective de syndication de contenus et de dynamique commerciale collective n'était il est vrai pas dans les habitudes de ses dinosaures de l'information locale plus habitués à voir les autres journaux comme des concurrents potentiels. Mais la PQR souffrait également d'une difficulté d'ordre culturelle. Ces journaux sont à l'aise dans le traitement d'une information locale pratique et institutionnelle mais ne bénéficient pas de la confiance ou de l'intérêt des jeunes générations pour les conseils de sorties pour noctambules. Autre obstacle prévisible pour ces quotidiens : les rédactions risquaient de ne pas apprécier que les investissements nécessaires à ce nouveau support fédérateur ne soient opérés au détriment de l'édition papier, voire des sites de presse (ceux qui portent le nom des quotidiens type : nicematin.fr), laborieusement mis en place ces dernières années.

Face à Webcity par exemple, un portail dont le maillage régional et local devient important, la PQR se devait de réagir et d'anticiper la perte progressive du marché des petites annonces. Une entité globale signifie aussi au sein des rédaction la perte de son nom et d'une identité parfois centenaire. De plus, les réticences ont été exacerbées par l'absence de convention collective réglementant la rémunération des articles publiés sur Internet ainsi que par la divergence éthique affichée par ces nouveaux services. L'information et la rigueur journalistique sont en effet effacées par la notion de service, le contenu devant être

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divertissant, voir promotionnel que l'on appelle le principe du « news you can use », ou l’information pratique.

Après plusieurs mouvements sociaux, la PQR a adopté un protocole garantissant les droits des journalistes. De plus, une étude du cabinet SECAFI35 a démontré que la presse quotidienne régionale disposait d'atouts indéniables pour conforter son avance dans le domaine des services de proximité grâce à son réseau de correspondants et à sa connaissance du marché publicitaire. La presse quotidienne, décidée à occuper rapidement une position incontournable dans le secteur des City Guides a créé trois réseaux. Cette solution nationale et européenne répondant à la recherche d'information locale sur Internet constitue selon elle un prolongement « naturel » de sa mission.

Trois réseaux se disputent le maillage de la France

- Maville.com36, alliance de l'ouest et du sud-est

Ouest France a été en mars 1999 l'un des premiers groupes de presse locale à élaborer un projet de réseau de City-guide avec Maville.com. La société TC Multimédia, filiale multimédia de Ouest France, gère le réseau site avec une autre filiale du groupe spécialisée dans la publication de journaux de petites annonces : Spir Communication37. Sur l’ouest de la France, Maville diffuse l'actualité locale et départementale du contenu papier de Ouest France38 et sur les sites du sud-est, moins fourni en information, l’une des principale source est le fil d’information fourni par l’AFP. Maville.com propose également des petites annonces, possède une rubrique « sortir », des jeux et un service météo en collaboration avec Météo France.

Dans le sud-est Spir ouvre le 1er site en mai 2000 avec marseille.maville.com, 16 sites sont déjà ouvert dans l’ouest. Maville.com n'a conclu aucun partenariat avec d'autres membres de la presse et fait cavalier seul mais compte sur sa force de vente déjà en place pour atteindre l'équilibre d'ici la fin 2003.

Avec 39 villes couvertes aujourd'hui, le réseau souhaite devenir le « nouveau support de communication des commerçants locaux », tout en faisant une large place à la vie associative et aux infos pratiques locales. Ses revenus proviendront de la vente de liens, de vignettes et de mini-sites auprès des acteurs économiques locaux et à destination des particuliers. « Actuellement, j'estime que chaque city-guide perd entre 2 et 4 millions de francs par mois » commente Eric Lelièvre, directeur général de Spir Multimédia en charge du développement du réseau Maville.com dans le sud de la France.

Rappelons que Spir Multimédia maintien sur Internet deux domaines complémentaires : Maville.com, le réseau de city-guides, et le portail www.petites-annonces.fr regroupant 250 000 petites annonces mises à jour quotidiennement par rubriques (Automobile, Immobilier, Emploi, Bonnes affaires et Rencontres). Le Groupe qui diffuse 13 millions de journaux gratuits dans 147 villes (Le 13, Le 06, Le 31 etc)…soit l'une des premières banques de petites

35 « Etats généraux de la communication écrite » sur : http://www.filpac-cgt.fr - 20 et 21 juin 200136 Site du réseau : http://www.maville.com 37 Site du groupe Spir Communication : http://www.spir.fr 38 Site du groupe Ouest France : http://www.ouest-france.fr

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annonces, possède ainsi une connaissance approfondie des marchés de proximité, notamment avec un annuaire des professionnels répertoriant les commerçants et les sociétés de services.

Ouest France compte développer le réseau Maville.com grâce aux revenus générés par la publicité en ligne. Le groupe de presse étant bien implanté l'ouest de la France, il utilise Spir Communications spécialisée dans la publication de journaux de petites annonces dans le sud de la France comme relais. Maville a pour objectif une expansion par plaques régionales (la zone Rhône-Alpes vient d'ouvrir avec sept nouvelles villes) puis le déploiement d'une force commerciale locale en adéquation.

- Vivalaville.com39, une initiative du Télégramme de Brest, de l'Alsace et du Républicain Lorrain

Avec ses 200 000 exemplaires vendus quotidiennement, Le Télégramme de Brest est l'un des poids lourds de la presse régionale mais aussi un acteur important de l'Internet : 10% de ses 700 salariés travaillent pour le réseau. Le Télégramme de Brest a été l'un des premiers journaux régionaux à mettre l'intégralité de ses éditions en ligne. En avril 2000, il créé la SA Vivalaville au capital de 4 millions d'euros destinée au développement d'un réseau de city-guide dans toute la France. Le projet initial est la couverture de « vingt villes en vingt mois » avec un investissement de 300 millions de francs dans les cinq ans à venir.

Le processus est ainsi mis en place sur le « territoire » historique du Télégramme de Brest avec la mise en ligne de Vivabrest, Vivanantes et Vivarennes. Le réseau Vivalaville a toutefois la particularité de s'allier avec d'autres groupes de presse pour l'alimentation en contenu des sites non couverts par les éditions du Télégramme de Brest. Le Télégramme a déjà conclu un accord avec Le Républicain Lorrain (VivaMetz) et l'Alsace. Quinze implantations étaient prévues pour la fin de l'année 2000 dans les villes de Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nice, Strasbourg, Lille, Grenoble, Nancy, Mulhouse, Montpellier, Tour, Angers et Rouen. Vivalaville est alors soutenu par deux sociétés de capital risque (Delphis et Isis Développement), le réseau a levé 18 millions de francs en juillet 2000.

Vivalaville veut développer dans chaque ville une structure locale dédiée avec une équipe de journalistes qui produira un contenu propre, en phase avec les besoins de ces villes. Dès juillet 2000 une quarantaine de personnes sont recrutés, parmi lesquelles plus des deux tiers sont des journalistes titulaires d'une carte de presse. Vivalaville n’exclut pas alors de faire des acquisitions de sites locaux déjà implantés, dans la mesure où leur cible et leur contenu s'inscriraient bien dans la même stratégie.

Sur le plan économique, Vivalaville repose sur un modèle de revenus généré par la publicité, l'e-marketing, et des programmes d'affiliation. Cependant, le deuxième tour de table du réseau aurait du être bouclé au premier semestre 2001. « ..nous avons besoin d'un million d'euros d'ici la fin de l'année et nous estimons notre besoin global à 2 ou 3 millions d'euros », déclarait François Jaluzot en juin 2001, il a depuis démissionné de ces fonctions de directeur général de Vivalaville. Actuellement, Vivalaville est toujours à la recherche d'investisseurs sans pour autant exclure un rapprochent avec Viapolis.

« Nous avons réalisé 14 à 15 millions de francs net en 2000 alors que nous avions prévu 30 millions brut initialement », confesse Francis Jaluzot. Le manager du réseau s'est

39 Site du réseau : http://www.vivalaville.com

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ainsi heurté à la lenteur du retour d'investissement dans un marché immature. Plusieurs options sont à l'étude pour sauver le réseau Vivalaville : un recentrage des activités dans la zone des trois éditeurs actionnaires, un système de franchise accordé à des partenaires locaux, la négociation de partenariats stratégiques avec des acteurs bien implantés dans la vie locale. La vente de Vivalaville à ViaPolis reste hypothétique à l'heure actuelle. Les négociations doivent de plus tenir compte d'un important volet social : une quarantaine de salariés de Vivalaville, sur les 52 que la société emploie, font l'objet d'une procédure préalable à un plan de licenciement économique. - Viapolis.com, un réseau multi fédérateur.

Viapolis40 est un réseau réunissant 2 quotidiens nationaux et 27 quotidiens régionaux : Libération, Le Figaro (Socpresse), La Charente Libre, Le Courrier Picard, La Dépêche du Midi, La Dordogne Libre, Le Journal de Saône et Loire, Le Maine Libre, Nord Eclair, La Nouvelle République du Centre Ouest, Presse Océan, la République des Pyrénées, Sud-Ouest, la Socpresse (ex groupe Hersant) soit Le Bien Public, Le Courrier de l'Ouest, le Dauphiné Libéré, L'Eclair, Le Progrès, La Nouvelle République du Centre Ouest et La Voix du Nord, le Groupe Centre Presse soit La Montagne, Le Populaire du Centre, le Berry Républicain et Le Journal du Centre et enfin le Groupe Hachette Filipacchi Média (HFM - Lagardère médias) soit La Provence, Nice Matin, Var Matin et Corse Matin.

Tout est parti d'Espagne où le quotidien El Correo, en association avec El Mundo et La Vanguardia, a lancé le réseau de city-guides Tuciudad.com. Le groupe Sud-Ouest est alors séduit par le projet et décide d'étendre le concept en France en novembre 2000, le réseau est rebaptisé Viapolis. Sud-Ouest est parvenu à rassembler quelques 27 journaux de la presse régionale et nationale, représentant un total de 10 millions de lecteurs par jour. Le projet repose sur une collaboration entre la société nationale « La Ville Interactive » (LVI) qui organise les synergies, la mutualisation des moyens et les sociétés locales qui éditent les city-guides. Chaque société locale est détenue à 75 % par l'éditeur local et à 25 % par le réseau national. ViaPolis est le premier réseau comptant dans ses rangs deux représentants de presse quotidienne nationale : Le Figaro (possédant déjà le city-guide ParisAvenue41) et Libération (déjà partenaire de Sud-Ouest)

« Réunir les groupes Sud-ouest, Hersant et Hachette n'a pas été facile, mais nous y sommes arrivés. Ils ont adhéré au projet laissant de côté leurs dissensions » déclarait Annie Briolais, directrice des contenus chez LVI. Pour chacun des sites de Viapolis, la politique éditoriale et l'actualisation sont entièrement sous la responsabilité du journal responsable de la région.

En mars 2001, outre l'adhésion du Groupe Centre Presse (éditeur de La Montagne, Le Populaire du Centre, le Berry Républicain et Le Journal du Centre), Viapolis obtient celle du groupe Lagardère qui a décidé d'inscrire ses quatre quotidiens régionaux (La Provence, Nice Matin, Var Matin et Corse Matin) dans le réseau. Cette entrée remarquable assure au réseau une forte présence dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Pierre Boucaut, PDG la filiale eTV de Lagardère Active (ex Grolier Interactive, la filiale Internet du groupe Lagardère), déclarait à ce propos : « Nous avions notre propre projet de sites de proximité mais la concurrence dans le secteur est de taille avec des acteurs comme NRJ (ndlr : réseau bestofcity.com) et Carrefour (ndlr : Réseau webcity.com) ».

40 Site du réseau : http://www.viapolis.com 41 Sites Internet : http://www.parisavenue.fr

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Le Figaro et Libération - Ensemble pour Paris !

L'alliance entre les quotidiens Libération et le Figaro dans le projet Viapolis ne semble à priori pas naturelle tant les lignes éditoriales des deux quotidiens sont divergentes. Il faudra pourtant composer avec et partager les responsabilités pour la gestion du site. Le Figaro possédait déjà son propre city-guide parisien, « parisavenue.fr », quand Libération a décidé de rejoindre le réseau Viapolis. « Lorsque nous avons lancé Parisavenue, l'ensemble des titres de la Socpresse nous ont appelés pour dire qu'ils voulaient faire la même chose. Nous avons alors décidé de réaliser un réseau de city-guides, et pour cela nous avons rencontré d'autres éditeurs ", explique Mickaël Bourguignon, l'un des fondateurs de Parisavenue.

Il y avait alors quatre initiatives sur le marché émanant de titres de presse : Parisavenue, Sud Ouest avec Viapolis, le Télégramme de Brest avec Vivalaville, et Ouest France qui édite Maville. « Chacun voulait rallier les autres à sa cause. Mais le plus proche de nous, c'était Viapolis, avec lequel nous avons décidé de fusionner nos services, poursuit Mickaël Bourguignon ». Comme Libération avait déjà rejoint le réseau, nous avons négocié un modus vivendi sur la capitale. Concrètement, le Figaro et Libération vont alimenter la même plate-forme, avec une sélection de contenus de leurs éditions (dont le FigaroScope, Paris Môme, etc.). Le city-guide des deux quotidiens sera accessible depuis l'adresse Paris.viapolis.com (ou .fr), mais aussi depuis Parisavenue.fr.

Un lent départ

Pour l'instant, le réseau reste modeste, en couvrant seulement 11 villes françaises, dont Paris, Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse et Nantes mais ses ambitions sont relativement importantes : d'ici la fin de l'année, Viapolis espère mettre en place des services de proximité dans plus de 20 villes et dans plus de 35 d'ici la fin 2002. En Espagne, le réseau couvre déjà 53 villes en partenariat avec la presse quotidienne nationale et régionale. Au total, le réseau représentait à l'échelle européenne une audience de 7 millions de pages vues au mois de décembre dernier. « Nous avons également des contacts pour nous développer sur la Suisse, la Belgique, l'Italie, l'Allemagne et la Norvèg », précise Jean-Louis François, codirecteur de La Ville Interactive.

Le modèle économique de Viapolis repose essentiellement sur la publicité. LVI a mis en place une régie publicitaire nationale en partenariat avec Lagardère Active Publicité. Au niveau régional, la publicité sera commercialisée par des équipes locales en coopération avec les régies des journaux locaux. « Les titres de presse font bénéficier aux sites Web de leur réseau de correspondants et de commerciaux pour la publicité, ainsi que de leur force de promotion », résume Jean-Louis François.

Pourtant, Michaël Bourguignon affirme que « Viapolis n'a pas vocation à gagner beaucoup d'argent. Nous avons d'abord pour mission de mutualiser les moyens techniques et on essaie de générer des ressources supplémentaires, via le sponsoring local par exemple. Les perspectives de rentabilité sont fixées à quatre ans. C'est aux éditeurs locaux d'y arriver au plus vite », poursuit le directeur de Viapolis France. Il reste maintenant a convertir cette force incontestable née de l'union de la PQR en autant de sites web que la France compte de villes moyennes.

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Viapolis dispose d'une capacité d'auto-promotion inégalée par les autres réseaux ainsi que d'une grande force de vente néanmoins, une telle entreprise relève d'un montage extrêmement complexe entre de nombreuses entreprises et d'une absence de ligne directrice comme le prouve l'alliance parisienne des quotidiens Libération et Le Figaro au sein du même service.

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III.2 UN ÉTAT DES LIEUX MITIGÉ

III.2.a. Tous les réseaux souffrent de la mesure approximative de l'audience sur le web

Il est très difficile d'établir un comparatif fiable des différent city-guide sur Internet car il existe peu de sources sûres et précises de mesure d'audience. De plus, les données en provenance directe des serveurs, stratégiques pour des sociétés financièrement dépendantes de leur audience, sont révélées au compte-gouttes à la presse après avoir été « vérifiées » par le service marketing des entreprises. Il existe trois principales sociétés spécialisés dans la mesure d'audience, Médiamétrie, Jupiter MMXI et NetValue qui tentent chacune de faire adopter par l'ensemble des grands acteurs de l'Internet leur méthode de mesure.

Face à la multiplicité des sites et à l'évolution rapide de la population des internautes, l'élaboration d'outils fiables s'avère complexe. Ces manques d'homogénéité, de clarté et d'uniformité des statistiques ne sont pas pour satisfaire les gestionnaires de sites : « C'est un peu le Far West », constate Patrick Bartement, directeur général de Diffusion-Contrôle, l'organisme français chargé de mesurer l'audience de la presse. Enfin, l'absence d'organisme régulateur validant l'audience réalisée sur Internet est un des freins au développement de la publicité électronique.

Pour réaliser une étude comparative des différents réseaux de city-guide et dresser un état des lieux de leur audience, nous ne possédons que les chiffres communiqués par les dirigeants des sociétés concernées. Le tableau suivant, étant donné l'absence de statistiques « réelles », est donc le résumé de ces estimations.

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Tableau récapitulatif des réseaux en présence :

Nom / Datede lancement Audience Caractéristique

Webcity

Mars 1998

- 300.000 visites- entre 2 et 3 millions de pages vues" (mai 2001, source eStat

Financement : - Août 99 : levée de fonds de 12 millions de francs- Octobre 2000 : prise de participation de Carrefour (20% du capital)Couverture : huit bureaux, 37 villes couvertes Effectif : 80 personnes

Bestofcity

1999

- 223.000 visites- 2,3 millions de visites (mai 2001, source Cybermétrie)

Financement :Lancé par la société marseillaise de conseils multimédia BDM Date de création 1996.Oct. 2000 : prise de participation du groupe NRJ. BestOfCity en devient une filiale à 80%.Couverture : 77 villes Effectif : 30 personnes

Maville

Mars 1999

360.000 visites(source Webtrends)

Actionnaire : Ouest-FranceMaville.com est développé avec la collaboration de la filiale Internet du groupe de presse et de Spir Communication (filiale dédiée aux journaux gratuits)Couverture : 19 villes ouvertes dans la zone Grand Ouest, 15 villes dans la zone Sud-Est et Rhône-AlpesEffectif : "réduit"

Cityvox

Mars 2000

- 200.000 visites- 2, 1 millions de pages vues (mai 2001, source Cybermétrie)

Financement : trois levées de fonds (octobre 1999, septembre 2000 et mars 2001) pour un montant total de 65 millions de francsCouverture : 35 villes en France et 18 en EuropeEffectif : 50 personnes

Vivalaville

Juillet 2000

- 330.000 visites-1,7 million de pages vues(mai 2001, source Dart)

Actionnariat : trois éditeurs de la PQR : Le Télégramme, le Républicain Lorrain et l'AlsaceLevée de fonds : 18 millions de francs en juillet 2000Couverture : 15 villesEffectif : 50 personnes

Viapolis

Novembre 2000

Aucune statistiques communiquées pour le réseau sauf ParisAvenue (équivalent de Viapolis Paris en l'état actuel) : entre 650.000 pages vues par mois selon Hit Box et 720.000 selon Dart (mai 2001).

Actionnariat : 27 quotidiens (essentiellement des éditeurs de PQR, plus Libération et Le Figaro)Mars 2001 : arrivée du groupe Lagardère (qui apporte quatre quotidiens)Investissement global : 10 millions d'eurosCouverture : 11 villes

Sources : Journal du Net http://www.journaldunet.com

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III.2.b. Vers une remise en cause du modèle économique ?

Les services gratuits

Les services gratuits sont pour les sites Web un produit d'appel et un point de démarcation vis à vis des supports concurrents tels que la presse papier. La position de leader sur le marché des petites annonces pourrait s'avérer stratégique au fur et à mesure de l'augmentation du nombre d'internautes. Les réseaux soutenus par la PQR disposent de ce point de vue d'un énorme parc d'annonces. Bien placés en terme d'audience mais n'ayant pas abandonné la saisie payante des annonces, Ouest France avec sa filiale Spir Communication et les autres titres de la PQR regroupés sous l'entité France PA presse ne sont pas à l'abri de l'émergence de la concurrence sur le marché. Les réseaux adeptes du « tout gratuit » constituent peu à peu leur base de données, personnellement ou en co-branding, ce service étant attractif à condition de posséder un renouvellement fréquent de son contenu. Les services gratuits sont ainsi générateurs d'audience et constituent une plus value attractive pour les annonceurs.

Publicité en ligne

Le Business Model reposant sur la publicité en ligne est aujourd'hui bien inférieur aux prévisions avancées en 1998 par les entrepreneurs de l'Internet. Pourtant, le marché est en progression. En 2000 neuf cent millions de francs ont été investis dans la publicité en ligne en France, soit une progression annuelle de 150 %. Malgré un second semestre pénalisé par le retournement des marchés financiers à l'encontre de start-up trop vite introduites en bourse, le marché de la publicité sur Internet continue cependant à progresser. 2001 et les années à venir ne devraient pas décevoir les attentes : 65% des principaux annonceurs en ligne interrogés par Benchmark Group ont indiqué qu'ils comptaient augmenter leur budget e-pub en 2001. Le Net est en passe de s'imposer comme un support de promotion incontournable42.

Il est néanmoins facile de constater qu'un grand nombre de bannières sont utilisées par les réseaux d'information de proximité pour leur communication interne ou renvoient vers un autre service du groupe dont ils font partie. Le sous développement est caractérisé par les nombreux échanges de bannières, accords beaucoup plus rares sur d'autres médias. La gestion automatisée de la publicité par des régies nationales sans compte personnalisé abouti parfois à ce qu'un site affiche les bannières de son concurrent direct. Un petit nombre d'annonceurs parvient rapidement à occuper la quasi totalité de l'espace publicitaire sur Internet : voir les mêmes bannières sur plusieurs sites est un phénomène quasi systématique. Enfin, les annonceurs locaux ne disposent à l'heure actuelle que d'un espace publicitaire embryonnaire, si bien que peu d'entre eux ont conscience de l'impact que pourrait avoir Internet sur leur notoriété. A titre d'exemple, le site ViaNice.fr observe un retour de lisibilité important sur les campagnes de ses annonceurs locaux. Cet « attrait de la proximité » se manifeste en effet par un nombre de clics par affichage jusqu'à 10% plus élevé que celui d'un client national.

42 Benchmark Group : http://www.benchmark.fr

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Commerce électronique, un miroir aux alouettes ?

Le commerce électronique fut la pierre de voûte d'une nouvelle économie dopée par les prévisions exponentielles des sociétés de consulting, les encouragements des constructeurs d'équipements informatique et les promesses des fournisseurs de solutions en e-business. Le monde de la finance, stimulé par ces possibilités de développement et les espoirs de « création de valeur », s'est engouffré dans des projets dont, on le voit aujourd'hui, les potentialités étaient plus modestes que ne le prétendaient leurs initiateurs. Le monde des médias, avide de sensationnel, a bien entendu participé à la mise en scène et au climat d'euphorie générale. Le commerce électronique de proximité était alors l'un des marchés à prendre à tout prix.

Très rapidement, après la déroute de nombreuses start-up, la presse a adopté le parti pris opposé et affirme aujourd'hui « qu'Internet ne tiendra pas ses promesses », que le « e-commerce est en panne »", que « les portails sont déjà rouillés » ou s'appesantit sur « les déboires de la publicité sur le Net », etc. On ne compte plus les dépôts de bilan parmi les start-up tandis que le mouvement massif des cadres vers la nouvelle économie s'est inversé. Le « B to B » est ainsi devenu un refuge pour les investisseurs au détriment du « B to C » sur lequel le Business Model des réseaux d'information de proximité repose.

Ces positions extrêmes et l'optimisme sans limites d'hier ne doivent cependant pas masquer l'essor sur les autres médias pris par Internet et les premiers résultats économiques viables. Selon une étude réalisée par l'Association pour le Commerce et les Services En Ligne43, le commerce en ligne B to C, qui ne représentait que 95 millions d'euros en France en 2000, pourrait atteindre un chiffre d'affaires dépassant 7 milliards d'euros en 2005. Le marché n'est donc pas encore mature mais il possède un fort potentiel. Pour que cette croissance, à l'instar des prévisions d'hier, ne se transforma pas en peau de chagrin, les prestataires de services de proximité doivent impérativement donner confiance aux utilisateurs. Dans un secteur en devenir, les marques ayant la plus grande notoriété sont celles qui ont le plus de chances de vaincre ces réticences

Services aux commerçants locaux et rentabilisation des bases de données

Parmi les solutions alternatives au développement de la publicité, les réseaux de services de proximité semblent avoir trouvé une nouvelle cible avec les PME et commerçants locaux. La conception de mini-sites répond en effet à la forte demande de structures ne disposant pas de budgets importants mais souhaitant faire leur entrée sur Internet sans avoir à choisir entre création de site ou publicité. Une nouvelle fois, cette perpective ne doit pas être prise pour argent comptant, les résultats de cette activité étant encore modestes. Le city-guide CityVox affirme réaliser la majeure partie de son chiffre d'affaire sur ce créneau mais l'absence de preuves confirmant les chiffres avancés peut laisser croire à une tentative « d'opération séduction » de la part de la société qui mise gros sur ses mini-sites.

En offrant aux internautes un panel de services gratuits (petites annonces, e-mail, annuaires, forum …), les réseaux de services de proximité ainsi que la presse quotidienne régionale ont généré une très forte audience. Ces sociétés ont en même temps engrangé une très importante masse de données, parfois personnalisées (via leur newsletter par exemple), sur les habitudes et pratiques des internautes. Internet étant un support extrêmement performant en terme de marketing ciblé, de nombreuses structures de « profiling » ont créé des bases de données leur permettant de vendre des campagnes de communication d'une

43 Association pour le Commerce et les Services en Ligne, http://www.acsel-net.org

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précision « chirurgicale ». Chaque site disposant d'un grand nombre de profils d'utilisateurs dispose donc d'une valeur monnayable bien que l'utilisation commerciale de données personnelles soit généralement peu appréciée des internautes qui en sont la cible.

Enfin, les journaux générant de l'information peuvent grâce à Internet rentabiliser leur contenu en devenant prestataires de réseaux nationaux ne disposant pas de rédaction locale mais possédant un accès local. Les articles sont soit revendus (Le Progrès vend par exemple une partie de son contenu à Voilà-régions), soit ajoutés à des bases de données nationales, tel le moteur de recherche Net2One, qui augmentent leur audience. Les informations trouvent elles aussi de nouvelles déclinaisons sur Internet grâce au co-branding. CityVox alimente par exemple en services pratiques locaux le portail wap de l'opérateur Orange.

III.2.c. L'investissement financier considérable exigé par le développement des réseaux nationaux

La longue marche vers la rentabilité et les difficultés que nous avons abordé précédemment constituent une interrogation majeure pour les actionnaires de réseaux : produire des services de proximité sur Internet coûte cher. De plus, la course de vitesse engagée sur ce nouveau média rend périlleuse toute tentative de recul et plusieurs réseaux n'ont à ce jour pas encore trouvé les financements nécessaires pour rester dans la compétition.

Dans cette course où l'on ne peut regarder en arrière, les choix stratégiques pris lors du lancement des différents produits, qu'ils soient d'ordre techniques, financiers ou éditoriaux, s'avèrent décisifs après une ou deux années de compétition. Le départ tardif de la PQR ne permet pas encore d'évaluer avec recul la pertinence de son front uni ni d'envisager le bien-fondé de la course en solitaire des autres.

Tandis que certains réseaux ont renouvelé la confiance de leurs investisseurs ou possèdent suffisamment de réserves pour continuer leur activité, affirmant qu'il seront rentables durant l'année 2002, d'autres acteurs de l'Internet de proximité n'ont pu éviter un coup de frein brutal : Webstub a ainsi revendu son réseau, Vivalaville, Webcity et M6ville ont procédé à des licenciements, CityVox a procédé à une « recentralisation » de ses services. En revanche Viapolis reste dans une phase de développement et envisage même le rachat de son concurrent et prédécesseur Vivalaville.

III.2.d. Perspectives

Les city-guides créés par la PQR semblent posséder un avantage évident sur la concurrence en terme de notoriété (partenaires, généalogie sponsors et clients connaissent déjà le support papier), et de synergie promotionnelle avec le papier. Chaque quotidien papier incite par de nombreux biais récurrents le lecteur à poursuivre sa recherche d'information dans l'édition électronique du journal, à réagir à un sujet d'actualité sur le forum d'un city-guide partenaire… Aujourd'hui chaque nouveau service en ligne est cependant assujetti à une perpective de retour sur investissement à cours ou moyen terme.

Pour les City-guide issus du Web, la tentation de s'allier à un groupe possédant une bonne implantation physique sur leur zone de couverture est grande, elle constitue parfois l'unique porte de sortie. C'est par exemple la solution qu'ont choisi les actionnaires du réseau BestofCity en vendant au groupe NRJ leurs parts. Ces derniers ont ensuite étudié un

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rapprochement avec Maville : « Nous avions entamé des discussions avancées avec Spir Communication dans ce sens », affirme un dirigeant de BestofCity sans que ces négociations aient toutefois abouties. L'ensemble des protagonistes s'accordent à dire que l'association d'un média physique à Internet est un atout majeur en terme de communication et de commercialisation.

A l'alternative représentée par de nouveaux acteurs, les internautes semblent dans l'ensemble avoir préféré le contenu abondant mais institutionnel de protagonistes traditionnels du paysage médiatique local. Les indépendants, tel ViaNice, qui ont réussi à tirer leur épingle de la compétition, sont parvenus à déloger sur Internet les leader historiques en concentrant leur énergie sur une zone de couverture étroite, ce qui leur a permis de bénéficier d'une identité communautaire forte et de conserver leur ligne éditoriale originale. En effet, malgré une parfaite connaissance du terrain et un maillage inégalé, la PQR souffre d'un déficit important d'image auprès des jeunes générations qui attendent d'Internet un renouvellement des mentalités ainsi que l'expression d'une culture proche de la leur.

Il s'agit là du paradoxe difficilement surmontable auquel se trouvent confrontés les réseaux centralisés à vocation locale qui ne peuvent, en raison de leur gestion centralisée du contenu, trouver une identité convaincante. C'est pourtant dans cette voie que le réseau Webcity voudrait se développer grâce à un rapprochement « vertical » avec le géant de la distribution Carrefour. Le réseau Toutenville lancé par Voilà.fr constitue également une alliance de services de proximité à un portail généraliste.

Enfin, à l'instar du marché américain, de nouveaux rapprochements pourraient voir le jour jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un ou deux acteurs principaux sur le marché des services de proximité. Le tableau suivant offre de ce point de vue de nombreuses interprétations quant aux multiples jeux d'alliances possibles. Couverture nationale des city-guides sur 12 villes françaises (Population la plus élevée en terme d’agglomération, ou population étudiantes importante)Septembre 2001 :

Webcity Vivalaville Viapolis Maville Cityvox BestofcityParis Oui Oui Oui N Oui OuiLyon Oui Oui Oui Oui Oui OuiMarseille Oui Oui N Oui Oui OuiLille Oui Oui Oui N Oui OuiToulouse Oui N Oui N Oui OuiNice Oui N N Oui Oui OuiBordeaux Oui Oui Oui N Oui OuiNantes Oui Oui Oui Oui Oui OuiStrasbourg Oui Oui N N Oui OuiToulon N N N N N OuiGrenoble Oui N N N Oui OuiMontpellier Oui Oui N Oui Oui Oui

Total villes 37 15 11 39 36 77

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CONCLUSION

Successivement, chaque nouveau média s'est approprié une place dominante dans la diffusion de l'information. La presse écrite, la radio puis la télévision se sont imposés comme médias préférés des français. En tant que dernier né, il est naturel d'accorder à Internet une position prépondérante dans les années à venir. Il convient néanmoins de noter que l'émergence de nouveaux supports n'a dans l'histoire des médias jamais conduit à la disparition des autres médias mais au contraire les ont amené à se transformer, à évoluer, y compris dans fondements. La presse ne fait pas exception, elle a du délaisser sa fonction d'annonce événementielle pour privilégier l'analyse et la mise en perspective, avantage intrinsèque du papier sur des supports éphémères.

Séduite par les attraits nombreux de l'Internet, la presse quotidienne française semble en avoir saisi les enjeux et opportunités multiples. C'est un outil pour les journalistes qui y trouvent documents, archives et sources complémentaires d'information. Internet est aussi un moyen de communication instantanée permettant aux journalistes et correspondants de se rapprocher de leur rédaction, renforçant la réactivité géographique de celles-ci. Les obstacles et distances qui paraissaient hier infranchissables sont ainsi surmontés par le réseau. Cependant, il est vrai que la presse écrite souffre face à la concurrence née d'Internet d'une forte inertie technologique et culturelle qui l'obligent à se moderniser avec lenteur. Mais le support, pour un média en situation de crise, représente aussi l'espoir d'un remède miracle. La presse écrite, avec Internet, a conscience de négocier un virage décisif.

L'engouement des internautes pour des services dont la presse croyait posséder la main mise a participé à sa prise de conscience. Il était pour elle vital de ne pas laisser filer vers d'autres le marché publicitaire ainsi que celui des petites annonces. La source importante de revenus représentée par la publication payante des petites annonces est aujourd'hui remise en cause par la concurrence électronique. La PQR s'est doté par une alliance nationale des moyens de préserver son avance sur ce marché sans pour autant garantir la rentabilité dans les années futures du secteur. De même, la presse devra sans doute renoncer définitivement à une partie des recettes liée à la vente des informations car les internautes ne sont pas prêts à payer pour lire un journal en ligne. Chacun tente donc de mettre en place un modèle de revenus fiable.

Mais la principale interrogation pour la presse réside dans les conséquences journalistiques induites par l'évolution technologique de la transmission de l'information. L'Internet a considérablement exacerbé le désir d'immédiateté des lecteurs. Le manque de recul sur l'information et le nouveau renforcement des agences de presse se heurte en effet à la mission historique de vérification des sources, de recoupement de l'information et d'analyse que s'est fixée la presse quotidienne. Pour les journalistes, Internet pose ainsi des problèmes de tous ordres y compris juridiques mais renouvelle également sa relation avec le lecteur.

Face à la multiplication des services proposés sur Internet par la presse, le journaliste risque de noyer sa crédibilité dans le mélange des genres : l'information journalistique, institutionnelle, pratique et promotionnelle ayant tendance à être présentées sans frontières distinctes sur Internet. Proposer son contenu comme un service électronique correspond pour la presse régionale à la volonté de préserver son rôle de lien social. Mais le succès de city-guides non soutenus par des empires de presse écrite a mis à jour des lacunes encore non surmontées sur Internet par la presse.

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Tandis que la PQR peine à séduire des Internautes qui ne font pas partie de son lectorat traditionnel, la presse nationale tente de trouver un second souffle éditorial. Comme le souligne Philippe Quéau, directeur de l'information de l'Unesco, le journaliste doit accomplir le rôle inédit d'hypermédiateur : « …si tout le monde a accès aux informations brutes, la presse devra se caractériser, se signaler par l'excellence de sa critique, de ses choix éditoriaux, de ses recoupements ».

Dans le monde médiatique nouveau, numérisé, interconnecté et rapide de l'Internet, la presse quotidienne tentée par l'exhaustivité aura du mal à conserver une identité spécifique et des règles déontologiques stables. La volonté de se substituer à la multiplicité des city-guide ou à tout autre site diffusant de l’information de proximité, tels que les forums communautaires, les pages perso, le web associatif ou les sites institutionnels ne peut qu’éloigner la presse de sa vocation et de ses principes fondateurs. Son expérience et sa fonction démocratique demeurent toutefois les gages de son adaptation à un nouveau support. Un tel enjeu dépasse la seule survie commerciale des groupes de presse français car c’est l'existence même de publications indépendantes, capables d'informer de manière crédible et massive des citoyens aux origines sociales et culturelles diverses qui est remise en cause par le bouleversement économique et technologique du paysage médiatique français.

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GLOSSAIRE AUDIENCEL'audience des sites sur l'Internet se mesure principalement selon deux critères : « le nombre de visites » et « le nombre de pages vues ».- LE NOMBRE DE VISITES mensuelles comptabilise la consultation d'une ou plusieurs pages du site. Que l'internaute consulte l'ensemble du site ou une seule page, cette consultation sera assimilée à une seule et même visite.- LE NOMBRE DE PAGES VUES prend en compte la consultation de chaque page du site. Si l'internaute ne consulte que la page d'accueil, la société de mesure comptera une page vue. S'il se rend sur une dizaine de pages du site, la dizaine de pages vues sera prise en compte. Les chiffres des « pages vues » sont donc nécessairement plus élevés que ceux des « visites ».- VISITEURS UNIQUES : Nombre d'individus distincts ayant accédé au contenu d'un site spécifique ou d'un service en ligne (le visiteur n'est comptabilisé qu'une seule et unique fois, même s'il visite le même site plus d'une fois).

AUDIENCE PUBLICITAIRE - PAP : Pages avec publicité vue sur site : ( nombre de ) Pages vues sur lesquelles figurent l'offre de l'annonceur (bandeau publicitaire, objet; icône).- CPM-PAP : Coût au mille pages avec publicité vues sur siteCoût d'achat d'espace publicitaire d'un site principal ramené à une base de 1000 pages avec publicité vues sur site. Cet indicateur permet d'évaluer et de comparer les tarifs publicitaires des différents sites en fonction du nombre de pages avec publicité vues.

B to C ou B2CBusiness to Consumer concerne le commerce en ligne traité d'entreprises à particuliers.

B to B ou B2BBusiness to Business concerne les transactions entre les entreprises. En français « CEEE » (devenu « C3E ») correspond aux lettres initiales de « Commerce Électronique Entre Entreprises ».

BUSINESS MODELModèle de revenu

CHATMessagerie en temps réel, un service disponible sur Internet permettant la discussion à plusieurs en temps réel. Les utilisateurs s'échangent des messages (en les saisissant au clavier) qui s'affichent instantanément à l'écran.

CO-BRANDING et PARTENARIATLe " co-branding " est une association entre plusieurs marques mettant en commun leur production, leur contenu. Une information " co-brandée " (de l'anglais " co-branded ") émane

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de plusieurs marques partenaires. Par exemple, l'information fournie pas le site " Europeinfos " est ainsi co-brandée par Le Monde, Europe 1 et le fournisseur d'accès Club Internet. Le " co-branding " est une pratique courante sur les sites " portails ", qui fournissent des services élaborés et labellisés par d'autres.

COURRIELAbréviation (québécoise) de " courrier électronique ", synonyme de e-mail, ou mél.

FAQFrequently Asked Questions en anglais, Foire Aux Questions sur certains sites français, les FAQ sont des pages Web regroupant des questions fréquemment posées par les internautes et les réponses correspondantes d'un webmestre.

FORUMIl existe plusieurs types de forums sur le Web et sur les sites des quotidiens. - Les SALONS DE DISCUSSIONS (ou " chat room " ou encore " babillage ") permettent aux utilisateurs de discuter en direct, leur message s'affichant soit à destination de l'ensemble des utilisateurs, soit en privé uniquement vers un ou quelques utilisateurs. La discussion se fait en direct, sans filtre et sans intermédiaire. C'est par exemple le cas de "l'Agora" mise en place sur le site du Monde.- Les GROUPES DE DISCUSSION (ou " newsrooms ", généralement appelés " forums " par les sites) fonctionnent en différé. Les contributions des utilisateurs sont consultables par tous les internautes sur la page de " news ". Elles transitent préalablement, sur les sites des quotidiens, vers un " médiateur " ou un " modérateur ". Les messages peuvent ainsi être classés, triés et sélectionnés par un médiateur. C'est le cas des " Forums " du Monde, de L'Humanité et de Libération : la rédaction se réserve le droit d'exclure les contributions violentes ou illégales.

FTPFile Transfer Protocol - Protocole de transfert de fichiers permettant de transférer des données entre un ordinateur local et un ordinateur distant

HTMLHyper Text Markup Language : Langage de description de pages utilisé dans le World Wide Web.

HTTPHyperText Transfer Protocol : Protocole de communication utilisé dans le World Wide Web.

HYPERMEDIAL'hypermédia est un concept qui permet de se déplacer d'un document numérique contenant du son, de l'image ou du texte à un autre par le biais de liens (zones sensibles ou pointeurs sur le document).

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Introduit en 1967 par Theodor Holm Nelson, le terme HYPERTEXTE désigne l'application du concept d'hypermédia à des textes non-linéaires. L'hypertexte permet d'accéder facilement à un ensemble de données textuelles par navigation. Il modifie le parcours de lecture linéaire traditionnel.

MARKETING VIRALTechnique marketing visant à encourager le bouche à oreille électronique, afin de maximiser l'exposition d'un site Web par le biais des visiteurs agissant comme agents de propagation bénévoles. La technique du marketing viral n'est toutefois pas dépendante des TIC, dans la mesure où elle peut s'appliquer à tout produit dont le marketing passe par l'implication des clients.

NETÉTIQUETTEGuide de bonnes manières à suivre dans l'utilisation des technologies Internet.

NEWSLETTERLes newsletters (listes de diffusion, littéralement « lettres d'information ») fonctionnent généralement par courriel. Après s'être inscrit (le plus souvent, il suffit de communiquer son adresse électronique) sur un site fournissant ce type de service, l'utilisateur recevra à intervalles réguliers un courriel, contenant des informations, un sommaire… Libération, La Tribune et Les Echos proposent un service de ce type. Les Echos ont développé par ailleurs un système d'alerte proche de ce concept, mais en continu et personnalisé selon des critères déterminés par l'utilisateur.

NIVEAUX DE LECTURELes articles de presse sont construits et mis en page selon plusieurs niveaux, correspondant à différentes étapes de la lecture. - Le premier niveau correspond à la lecture des gros titres, photographies et illustrations.- Le second niveau correspond à une lecture plus détaillée : le lecteur s'attarde sur les CHAPOS (ou chapeaux, petit texte précédant l'article), les INTERTITRES (titres intercalés entre les paragraphes d'un article, afin d'aérer un texte) et les légendes- Suit enfin la lecture du texte. Dans un article imprimé, le texte comporte une attaque et une chute. Sur le Web, la lecture change, mais ces différents niveaux sont conservés et complétés par l'hypertexte. Ils permettent au lecteur d'entrer progressivement dans un texte et d'éviter de charger un texte qui ne l'intéressera pas. La structure du texte est toutefois appelée à changer.

NOM DE DOMAINELes noms de domaine (ou Domain Name System) des sites, à la fois marques et adresses numériques, permettant d'accéder aux sites, sont composés d'éléments permettant d'identifier leur activité ou leur origine.Le groupe de lettre le plus à droite de cette adresse détermine l'appartenance à un pays ou à une catégorie. Les adresses de sites se terminant en .fr s'identifient aux entreprises françaises. Les adresses en .com signalent une entreprise à activité commerciale, mais sont disponible pour tout le monde.

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Parmi les quotidiens français en ligne, seul Libération a choisi un nom de domaine en .com, se signalant ainsi comme étant un site à vocation commerciale, mais aussi internationale. Les autres quotidiens ont adopté un nom en .fr, s'affichant comme des services français avant tout.

PAGE D'ACCUEILPlus qu'un sommaire, et plus qu'une Une papier, la page d'accueil (ou homepage) d'un site Web est censée permettre à l'internaute d'accéder progressivement à tous les services et à toutes les pages du site. L'adresse de la page d'accueil est généralement facile à retenir (au moins pour les sites commerciaux et les organisations) et peut être trouvée de manière intuitive.

PHPPersonal Home Page - Langage de scripting pour serveurs Web, ce langage (LINUX sur APACHE) permet de rajouter quelques commandes de traitement à un serveur web, sans mettre en place l'architecture très lourde des scripts CGI associé à un langage comme Perl. PHP permet l'interaction avec des bases de données. L'équivalent de PHP sur windows NT est l'ASP.

PLUG-INPetit programme venant se loger au coeur d'un navigateur pour offrir de nouvelles fonctionnalités. Netscape Navigator et Internet Explorer supportent les "Plugs-In". Le plug-in permet d'étendre les capacités d'un navigateur pour écouter de la musique en ligne ou visionner de la vidéo, comme RealPlayer.

PORTAILUn site " portail " est censé permettre à l'utilisateur d'accéder aux multiples services de l'Internet. C'est un point d'entrée sur l'Internet. Ces sites donnent accès à de nombreux services pratiques (informations, météo, moteurs de recherche, annonces…). Ces portails servent de guide et orientent les utilisateurs vers d'autres sites. Ils comportent généralement des ANNUAIRES, qui répertorient un grand nombre de sites selon leurs thèmes, parfois selon leur qualité et leur intérêt.

PRÉ PRESSEDésigne toutes les opérations conceptuelles, graphiques et techniques nécessaires à l'impression et au façonnage.

SERVEURSystème informatique destiné à fournir des services à des utilisateurs connectés et, par extension, organisme qui exploite un tel système. Un serveur peut par exemple permettre la consultation et l'exploitation directe de banques de données.

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SYNDICATION Échange de contenu automatisé entre plusieurs sites. Présent de longue date dans la presse, puis dans les média audiovisuels, la syndication s'est répandue massivement en 2000 avec la flambée des sites portails soucieux de disposer de contenu.

TITRAILLEEnsemble des éléments d'un titre (surtitre, titre principal, sous-titre), dont la diversité typographique est destinée à attirer le regard. Exemple : sur une ligne, en italique, le plus gros possible, en lettres capitales, sur une ou deux lignes etc. Puis viendra le chapô. Une accroche au centre de la page peut compléter cet arsenal de "niveaux de lecture", censés faciliter l'entrée dans un texte.

URLUniform Ressource Locator : Syntaxe d'accès standardisé aux services Internet à partir d'un navigateur. Syntaxe : http://nom-DNS :no-port/ressource.

STREAMINGDiffusion en continu - Transmission d'informations entre serveur et client dans laquelle les signaux décodés sont transmis à l'étage audio ou vidéo sans stockage intermédiaire sur un support local, ce qui permet une diffusion en léger différé et sans occupation d'espace permanent sur disque, avec seulement une latence correspondant au buffer de synchronisation.

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

AGNES Jean et SAVINO Josiane : Apprendre avec la presse, Éditions Retz - Centre de Liaison de l'enseignement et des moyens d'information (1999).

BARBIER Frédéric et BERTHO LAVENIR Catherine : Histoire des médias de Diderot à Internet, Armand Colin (juillet 1996).

CAPELLE Marc : Le guide de l'usage des médias, Les cahiers de l'ESJ n°5, ESJ Lille - ARPEJ (mars 1994).

CFPJ (ouvrage collectif) : La presse écrite 1992-1993, CFPJ - Collection Connaissance des médias (1994).

CHARON Jean-Marie : Carte de Presse, Enquête sur les journalistes, Stock coll. Au Vif (1993)

CHARON Jean-Marie : La Presse quotidienne , éditions La Découverte (1996)

CORNU Daniel : Ethnique de l'information, Presse Universitaire de France (P.U.F.), Collection Que Sais-Je ? (1997).

DE LAUBIER Charles : La presse sur Internet, Que sais-je n° 3582, PUF (2000)

GUERIN Serge : La cyberpresse, la presse et l'écrit off line, on line, Hermès (septembre 1996).

GUERIN Serge : Internet en questions, Economica, Collection Médias Poche (1997).

GUERIN Serge, ROBINET Philippe, « La cyberpresse : menace ou opportunité ? », La presse quotidienne, Paris, Flammarion, (1999).

GUERY Louis : La presse régionale et locale, Connaissance des médias, CFPJ (1992).

JEANNENEY Jean-Noël : Une histoire des médias, des origines à nos jours, Seuil (janvier 1996).

MOURIQUAND Jacques : L'écriture journalistique, P.U.F., Collection Que Sais-Je ? (1997).

WOLTON Dominique : Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Flammarion (mars 1999).

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REVUES

CACCIA Fulvio : « Enjeux et perspectives de la syndication en France », MédiasPouvoirs - Trimestriel n°2 (1er trimestre 1998).

MARIE Pascale et GRAS Frédéric, « La presse française sera-t-elle sur Internet ? » Communications et langages, n° 118, (4° trimestre 1998).

REBILLARD Franck : « La presse multimédia. Une première expérience de diversification de la presse écrite sur cédérom et sur le Web », Réseaux, n° 101, (2000).

« Journaliste en 2010. Nouvelles technologies et nouveaux métiers dans la presse écrite », Cahiers de l'École supérieure de journalisme de Lille, no 6 (1994).

RESSOURCES SUR LE WEB

Rapports, dossiers et articles

LIBÉRATION - QUARTIER D'ÉTÉ : Au cœur de la presse régionale« En perte de vitesse, les quotidiens régionaux ont entamé leur mutation. Finie la «presse de grand-papa», proximité doit se conjuguer avec qualité et modernité ». (Juillet 2001)http://www.liberation.fr/ete2001/actu/0730presse.html

LE MONDE DIPLOMATIQUE- « Les journaux face à la concurrence d'Internet - Nouveaux barbares de l'information en ligne » - Marc Laimé (juillet 1999)http://www.monde-diplomatique.fr1999/07/LAIME/12207 - « Les nouveaux réseaux de communication, atout ou menace pour la presse ? Le journalisme au défi d'Internet » - Angelo Agostini (octobre 1997)http://www.monde-diplomatique.fr1997/10/AGOSTINI/9299

CSA - MÉDIANGLES : Les Français et Internet, site du Conseil supérieur de l'Audiovisuel (novembre 1999)http://www.csa.fr/html/etude.htm

COLLECTIF: Journalisme et Internet, site réalisé par des étudiantes de Sciences Po Paris, dans le cadre d'une conférence de Bernard Benhamou, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris (1999).http://www.multimania.com/elisecolette/accueil.htm

LA PRESSE LOCALE SUR INTERNET : Étude réalisé par 2 étudiants en journalisme de l'IUT de bordeauxhttp://www.presse-locale.fr.st

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Autres adresses utiles

CLEMI, Centre de liaison de l'enseignement et des moyens d'informationhttp://www.clemi.org

CLOUTIER Jean-Pierre : Les Chroniques de Cybérie, rubrique hebdomadaire publiée sur le site suisse Webdo et diffusée par courriel.http://cyberie.webdo.ch

COURRIER INTERNATIONAL, site de l'hebdomadaire français, archives et annuaire des sites de presse dans le monde.http://www.courrierint.com

E-PRESSE, site du Centre de Formation professionnelle de Journalisme (CFPJ), Parishttp://www.cfpj.com/epresse/epresse_index.html

L'EXPRESS MULTIMÉDIA : rubrique multimédia de l'hebdomadaire français en ligne.http://www.lexpress.fr/multimedia

GROUPE BENCHMARK : Le journal du Net, l'actualité quotidienne de l'Internet.http://www.journaldunet.com

LE MONDE DIPLOMATIQUEhttp://www.monde-diplomatique.fr

MEDIA POCHE : les chiffres clefs de la presse quotidiennehttp://www.media-poche.com/frame8.htm

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ANNEXES

Annexe n°1

Juillet 1999 - 1ère version de ViaNice - http://perso.wanadoo.fr/francepage

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Version actuelle : http://www.vianice.fr

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LA REVUE DE PRESSE

VIANICE : LA PRESSE EN PARLE

FRANCE 3 Côte d'Azur : 8 décembre 2000Reportage sur le 19/20

LE MONDE : 30 Mars 2000La presse régionale lance la bataille des cityguides sur Internet

NOUVEL OBSERVATEUR : Janvier 2000 - N° 1839

- L'angoisse de la presse régionalehttp://frigorix.sdv.fr/nouvelobs/archives/voir_article.cfm?id=25566&mot=vianice

- Plus près de toi… mon web. L'internet « de proximité » débarque en force. Et ce n'est qu'un début. Avec l'apparition de dizaines de sites locaux, on assiste à une véritable démocratisation du cybermonde.http://frigorix.sdv.fr/nouvelobs/archives/voir_article.cfm?id=25606&mot=vianice

- Surfez local http://frigorix.sdv.fr/nouvelobs/archives/voir_article.cfm?id=25602&mot=vianice

L'EXPRESS : 11 avril 2001Les trophées de la nouvelle économie : les 30 qui font bouger la nouvel économie à Nicehttp://www.tropheesdelanouvelleeconomie.com/vil/nice/hom/hom.htm

JOURNAL DU NET Vendredi 28 janvier 2000 : ViaNice: des city-guides en ligne qui viennent du sud http://www.journaldunet.com/0001/000128vianice.shtml

Mardi 6 juin 2000 : Le portail de proximité Vianice révise ses projets à la baisse http://www.journaldunet.com/0006/000606vianice.shtml

17 juin 2000 : Papier bleu pour ViaNice... http://www.journaldunet.com/confis/000617confis.shtml

Mercredi 9 mai 2001 : Vianice essaime dans la région Paca avec le lancement de Viacannes http://www.journaldunet.com/0105/010509vianice.shtml

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SOPHIANET.com

26 juillet 2000 : Information locale : ViaNice joue le Waphttp://www.sophianet.com/articles/7000114.html

15 janvier 2001 - Cityguides : vivanice.fr annoncé dans un marché encombréhttp://www.sophianet.com/articles/7501031.html

9 mai 2001 : Médias : ViaCannes.com, petit frère de ViaNicehttp://www.sophianet.com/articles/8500065.html

L'INTERNAUTE

07 décembre 2000 - Les « antis » prennent Nice d'assauthttp://www.linternaute.com/0redac_actu/0012_dec/001207nice.shtml

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