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Concours de recrutement de professeur des écoles GEAY Blandine IUFM de Bourgogne N° de dossier : 0501576S Site de Mâcon MOBILISER L'ATTENTION DES ELEVES DE MATERNELLE : QUELS MOYENS D'ACTION ? Directeur de mémoire : M. Bruno JAY Année 2006/2007 1

MOBILISER L'ATTENTION DES ELEVES DE … · multiplient mais c'est seulement au milieu du XXème siècle que leur étude s'est érigée en science autonome : la chronobiologie

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Concours de recrutement de professeur des écoles

GEAY Blandine IUFM de BourgogneN° de dossier : 0501576S Site de Mâcon

MOBILISER L'ATTENTION DES ELEVES DE MATERNELLE :QUELS MOYENS

D'ACTION ?

Directeur de mémoire : M. Bruno JAY

Année 2006/2007

1

Sommaire

Remerciements.......................................................................................................................p. 2

Introduction............................................................................................................................p. 3

I] Attention et aménagement du temps...................................................................................p. 4

1) Les apports de la chronobiologie et de la chronopsychologie...................................p. 4

2) Adapter les rythmes scolaires....................................................................................p. 5

3) La planification d'une journée en maternelle.............................................................p. 7

4) La durée des séances................................................................................................p. 11

II] Attention et aménagement de l'espace.............................................................................p. 13

1) La multiplicité des coins en maternelle.....................................................................p. 13

2) La spécificité du coin regroupement.........................................................................p. 15

3) La disposition des tables...........................................................................................p. 17

III] Attention et gestion de la classe.....................................................................................p.18

1) La gestion de la parole.............................................................................................p. 18

2) Donner du sens aux savoirs......................................................................................p. 20

3) Alternance et variété comme moteur de la classe....................................................p. 21

Conclusion............................................................................................................................p.24

Bibliographie........................................................................................................................p.25

Annexes................................................................................................................................p.26

2

Remerciements

Je voudrais, à travers cette page,formuler plusieurs remerciements.

Tout d'abord, je tiens à remercier mon directeur de mémoire, M. Bruno JAY, pour sa

disponibilité et ses conseils.

Ensuite, j'aimerais remercier M. Sylvain THOMAS, enseignant maître-formateur en école

maternelle, qui a eu la sympathie de m'accorder un entretien afin que je puisse approfondir ma

réfléxion grâce à son expérience.

De même, je voudrais remercier Mme Evelyne VILLARD, conseillère pédagogique, qui a eu

la gentillesse d'accepter une entrevue. Ses précieux conseils ont été d'une grande aide dans

l'élaboration de ce mémoire.

3

INTRODUCTION

Selon Christophe Boujon et Christophe Quaireau, « pour apprendre, il faut tout

d'abord être attentif à ce qui est présent et à ce qui vient de se dérouler. C'est à cette condition

que l'on peut mémoriser»1. En effet, sans l'attention des élèves, aucun apprentissage n'est

possible. Lors de mon stage filé que j'effectue dans une classe de grande section maternelle

composée de 22 élèves, je me suis rendue compte à quel point il était difficile d'obtenir et de

maintenir l'attention d'élèves de maternelle pendant une journée. Bien que mes séances aient

été préparées correctement, rien ne fonctionnait comme je le souhaitais si les élèves

éprouvaient des difficultés à être attentifs. De plus la chute de vigilance des élèves augmentait

le volume sonore ce qui créait un climat désagréable non propice au travail.

L'attention se définit par l'acte mental qui distingue le fait « d'entendre » et celui

« d'écouter ». En effet un élève peut très bien être plongé dans ses rêves n'écoutant plus

l'enseignant, mais continué à capter les mots prononcés : l'élève entend mais n'écoute pas.

L'attention est donc un phénomène de perception sélective. Il s'agit d'un acte volontaire mais

elle présente nécéssairement des fluctuations, d'origine chronobiologique notamment, dans

une journée.

Un des rôles de l'école maternelle consiste à ce que l'enfant apprenne son métier d'élève, un

métier qui nécéssite attention et concentration. Il faut donc aider les jeunes enfants à mobiliser

leur vigilance pour qu'ils rentrent dans les apprentissages. Cette problématique est devenue

alors l'une de mes priorités : comment mobiliser l'attention des élèves en maternelle ? C'était à

moi de créer les conditions afin que les élèves adoptent un comportement attentif tout en

prenant en compte les fluctuations de l'attention lors d'une journée. Je me suis alors interrogée

sur les stratégies à adopter de façon à obtenir et optimiser leur attention. J'ai tenté d'agir sur

les points suivants : l'aménagement du temps, l'aménagement de l'espace ainsi que la pratique

pédagogique.

1 Attention et réussite scolaire, p.12

4

I] Attention et aménagement du temps

1) Les apports de la chronobiologie et de la chronopsychologie

La chronobiologie « étudie les changements quantitatifs réguliers et périodiques des

processus biologiques au niveau de la cellule, du tissu, d'une structure, d'un organisme ou

d'une population »2. Autrement dit, elle est le champ disciplinaire qui étudie les variations

périodiques des phénomènes biologiques qui se reproduisent identiques à eux-mêmes selon un

rythme défini par une période.

L'histoire des rythmes biologiques remonte à l'Antiquité. Hippocrate se démarquera comme

étant le père de la chronopathologie (variation cyclique des processus pathologiques). Pline et

Aristote observeront et rapporteront l'existence de rythmes chez les animaux marins. Cette

existence de rythmes a longtemps été admise sans jamais être démontrée. Il faudra attendre le

XVIIIème siècle et l'apparition d'instruments de mesures fiables, pour que des études plus

« scientifiques »soient menées. Au début du XIXème siècle, J.J. Virey est le premier à parler

d'horloge vivante. C'est à partir de là que les expériences sur les rythmes biologiques se

multiplient mais c'est seulement au milieu du XXème siècle que leur étude s'est érigée en

science autonome : la chronobiologie.

Par extension, la chronopsychologie dont le maître à penser fut Paul Fraisse, est la branche de

la psychologie du temps qui étudie les variations comportementales périodiques ou d'allure

périodique au cours des 24 heures et d'un jour à l'autre.

Ce n'est que récemment que l'on s'est intéréssé aux rythmes biologiques et psychologiques des

plus jeunes avec les travaux d'Hubert Montagner et de François Testu.

Ainsi les travaux de chronobiologie et de chronopsychologie montrent qu'au cours de la

journée scolaire, les capacités attentionnelles de l'enfant varient. Ils ont permis de montrer que

l'on ne pouvait pas faire n'importe quoi, n'importe quand et n'importe comment. Les élèves

éprouvent plus de difficultés qu'à d'autres moments à faire face aux demandes et attentes de

l'enseignant. Celui-ci doit prendre en compte ces éléments pour planifier son emploi du temps

et ses activités.

2 Défintion de Kleitman N. dans Biological Rythms and cycle, 1949

5

2) Adapter les rythmes scolaires

Il semble primordial de respecter les rythmes naturels des enfants et d'adapter le

rythme des journées scolaires. Les données de la chronobiologie et de la chronopsychologie à

l'école permettent de repenser:

➔ la planification journalière des emplois du temps

➔ la planification hebdomadaire des emplois du temps

• Organisation journalière

Aucun élève ne peut mobiliser ses capacités d'attention, ses capacités de traitement de

l'information et ses ressources intellectuelles pendant six heures, c'est-à-dire 5h à 5h30 de

temps pédagogique et 30 minutes à 1h de récréation. C'est pourquoi les travaux des

spécialistes ( Montagner, Testu ) ont révélé des moments au cours de la journée où l'attention

se révèle importante et inversement.

Les travaux de H. Montagner et de ses collaborateurs montrent que deux moments dans la

journée sont habituellement difficiles à gérer : l'entrée en classe et le creux d'après déjeuner.

Testu utilise une batterie de tests et d'exercices qui aident à mesurer globalement le niveau de

vigilance comportementale (c'est-à-dire l'état de récéptivité de l'élève par rapport au message

de l'environnement), les capacités d'attention globale et d'attention séléctive, de traitement de

l'information... Ses résultats sont les suivants :

- Avant 9h/9h30 : faible performances.

- A partir de 9h30 jusqu'à la fin de la matinée : les performances s'élèvent, les capacités

attentionelles sont élevées.

- 13h30/14h30-15h : diminution sensible de la vigilance et des performances.

- 15h00-16h30/17h00 : augmentation des performances, nouvelle période d'efficience

intellectuelle.

Les études de Testu révèlent que les fluctuations sont plus ou moins accentuées, et les temps

« faibles » plus ou moins marqués selon les enfants et les différents facteurs inhérents à la vie

familiale et scolaire. Par exemple, les performances seront plus basses si le jeune ou sa famille

rencontre des difficultés matérielles, psychologiques, sociales et dont le niveau

socioprofessionel et socioculturel est parmis les plus bas.

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• Organisation hebdomadaire

Tous les jours de la semaine ne sont pas semblables entre eux. Les travaux des spécialistes ont

mis en évidence des généralités.

Le lundi est un mauvais jour qui se caractérise par une désorganisation du comportement, un

déphasage des rythmes biologiques et de mauvais scores aux épreuves proposées ( surtout en

matinée). La coupure du week-end semble se répercuter négativement sur le lundi ( peut-être

expliquée par une coupure de rythme, des couchés et des réveils plus tardifs le week-end ).

Le mardi et le jeudi sont dans l'ensemble des jours comparables, marqués par de bons résultats

et un comportement équilibré. Il peut y avoir des réserves pour certains sur le jeudi, suite aux

activités pouvant avoir lieu le mercredi.

Le vendredi est très variable selon les enfants car, situé en fin de semaine, il accumule la

fatigue des jours précédents, ce qui peut retentir sur la capacité des plus vulnérables. En

général, on peut considérer que c'est un bon jour pour les enfants les plus âgés alors qu'il peut

être difficile pour les plus petits.

Le samedi est plutôt un jour de mauvais résultats pour les grands élèves. Les petits sont plutôt

calmes le matin s'ils restent à l'école où l'effectif est perfois réduit.

La coupure du mercredi apparaît comme un jour bénéfique où les jeunes enfants présentent

une régularité dans leurs rythmes biologiques et dans leur comportement de communication.

La nuit du mardi au mercredi, avec celle du samedi au dimanche, est la plus longue de la

semaine grâce à un réveil souvent tardif. Elle permet donc une récupération appréciable.

Cette organisation se fonde sur le cas de la semaine traditionnelle. Au sujet de la semaine à

quatre jours, il semblerait qu'elle perturberait le rythme intellectuel journalier classique. Une

baisse significative des performances s'observerait. Dans l'attente de résultats d'études plus

conséquentes sur le sujet, les experts jugent prudent de ne pas généraliser la semaine de quatre

jours.

Les fluctuations de l'attention et des capacités intellectuelles au cours de la journée et de la

semaine sont avérées. Il semble primordial de prendre en compte ces données pour adapter les

temps scolaires aux rythmes des enfants.

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3) La planification d'une journée en maternelle

« L'organisation du temps respecte les besoins et les rythmes biologiques des enfants

tout en permettant le bon déroulement des activités et en facilitant leur articulation.[...] Les

moments exigeant une attention soutenue alternent avec d'autres plus libres, les ateliers avec

les regroupements, les travaux individuels avec les activités nécessitant échanges ou

coopération. »3.

Dans le cadre de mon stage, l'enseignante en place m'a laissé toute liberté pour planifier la

journée où je la décharge. Seuls les créneaux horaires de 10h15/10h35 et de 14h50/15h30

m'étaient impartis pour aller à la chorale et à la salle de motricité respectivement. J'ai donc

essayé de m'appuyer sur les observations recueillies par les chronobiologistes pour planifier

mon emploi du temps et donc adapter les apprentissages selon les capacités d'attention des

enfants. Voici celui définitif après plusieurs essais (j'expliquerai pour chaque plage horaire les

problèmes et les échecs rencontrés puis les éventuelles solutions trouvées pour y remédier) :

8h50-9h00 : Accueil des enfants. Il s'agit d'un moment particulier préparatoire aux

apprentissages car il se présente comme une sorte de « sas » de passage entre le temps familial

et le temps social de l'école. C'est pourquoi il doit s'agir d'un temps doux, de mise en sécurité

pour que l'enfant entre de façon confiante, active et éveillée dans les apprentissages. L'accueil

mis en place par la titulaire est le suivant : après que l'élève soit arrivé, il s'installe à sa place

et attend l'arrivée des autres. Il peut éventuellement discuter avec un camarade mais

doucement. Cet accueil ne me convenait pas et je ressentais de grosses difficultés pour le

gérer. Non seulement il me semblait « froid » mais en plus il excitait les élèves ce qui

engendrait des comportements inattentifs pour la suite. Ainsi, j'ai mis en place des ateliers

pour l'accueil : un atelier dessin, un atelier puzzle, un atelier de construction libre et un atelier

au coin bibliothèque. Au départ, il s'agissait d'une mise en place «à la carte», c'est-à-dire que

les enfants choisissaient leurs ateliers le matin selon leur envie. Mais rapidement des

problèmes sont survenus : les places dans les ateliers étaient limitées et ceux qui arrivaient

tardivement n'avaient plus le choix. Cela entraînait des disputes entre les élèves et des

contrariétés. Avec l'accord des élèves, nous avons mis en place un roulement des groupes

habituels. A partir de ce moment, le temps d'accueil s'est déroulé sans difficultés.

3 Qu'apprend-on à l'école maternelle, MEN, 2005/2006?, p.52

8

9h00-9h15 : Par le stage filé, je ne suis présente dans la classe qu'une seule fois dans la

semaine, le vendredi. Bien que les enfants m'aient adoptée dès le début, j'éprouvais des

difficultés à créer des liens et à capter leur attention. Les séances prévues (au départ entre

9h00 et 9h30) ne fonctionnaient pas dans leur ensemble, les enfants n'étaient pas prêts. Il m'a

alors semblé important de créer un moment où nous nous « retrouvions ». C'est pourquoi j'ai

décidé de mettre en place le « quoi de neuf » entre 9h00 et 9h15 où chacun peut s'exprimer

sur ce qu'il ressent, ce qu'il a fait dans la semaine...Dès sa mise en place, ce temps a été une

réussite car il sécurise les enfants. Les règles mises en place lors ce moment (j'en parlerai

ultérieurement dans la troisième partie) permettent à l'enfant de maternelle de rentrer dans son

rôle d'élève et d'en adopter les comportements.

9h15-9h35 : Il s'agit d'un temps où l'attention des élèves se mobilise. J'ai donc choisi ce

créneau horaire pour aborder la langue écrite et la langue orale, c'est-à-dire des apprentissages

où les élèves découvrent le fonctionnement de la langue française, ce qui demande une

attention soutenue. Grâce au temps précédent, les élèves sont prêts pour rentrer dans

l'apprentissage. Les différentes séances menées ont été satisfaisantes car la mobilisation des

élèves était réelle et j'étais contente de leurs efforts cognitifs qu'ils ont pu fournir dans

l'ensemble. Il me semble important de préciser que ce moment se déroule avec la classe

entière.

9h35-10h15 : J'ai choisi de diviser la classe en deux groupes : l'un travaillait avec moi

pendant que l'autre devait travailler en autonomie (activités de discrimination visuelle par

exemple) pendant 20 minutes, et ensuite j'inversais. J'ai mené deux types de séances durant

ces temps : la discrimination auditive et l'écriture. Il s'agit de deux domaines où la présence de

l'enseignant est indispensable et où l'attention des élèves doit être optimale pour que le travail

soit fructueux. Dés le début de mon stage, cette plage horaire a été consacré à des

apprentissages forts. Les difficultés que j'ai rencontrées étaient dûes au mode d'organisation et

non à l'aménagement du temps.

10h15-10h40 : Chorale.

10h40-11h10 : Récréation.

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11h10-11h40 : J'ai consacré cette plage horaire à la découverte du monde, et plus précisement

aux mathématiques. Mais je me suis aperçue d'une petite baisse du niveau d'attention des

élèves. J'ai donc introduit beaucoup de manipulations (cette matière s'y prête bien) pendant ce

temps pour maintenir la vigilance des élèves et leur permettre de ne pas décrocher.

11H40-11H50 : J'ai conservé l'habitude de l'enseignante titulaire qui consacrait ce moment à

des petites poésies et comptines. J'ai trouvé intéréssant de finir la matinée sur une activité plus

ludique et enjouée permettant de travailler sur l'écoute.

13h40-14h00 : Accueil. Pour Montagner, il s'agit d'un temps difficile à gérer. C'est pourquoi

j'ai décidé d'installer une activité de relaxation à ce moment. Mais c'est un temps où les élèves

arrivent les uns après les autres, donc mon idée ne convenait pas car cette pratique nécéssite la

présence de tous les élèves en même temps. J'ai alors décidé que ce temps allait permettre aux

enfants de présenter les objets, les livres (etc.) qu'ils apportaient en classe. Si la disposition de

l'après-midi de la classe me l'avait permis, je pense que j'aurais installé des ateliers d'accueil

comme le matin.

14h00-14h50 : C'est le seul moment de la journée où une ATSEM rejoignait ma classe. La

classe était divisée en quatre groupes et chacun avait un travail spécifique. Les activités

étaient donc organisées en ateliers dont deux travaillaient en autonomie. Elles étaient peu

sollicitantes pour la cognition et se présentaient souvent de manière ludiques. Cela

n'empêchait pas de travailler véritablement car ce sont des temps permettant de réinvestir des

notions vues et demandant des manipulations. Voici des exemples : des tangrams, des

constructions de logiques, des activités artistiques incluses dans un projet comme la création

d'une carte de Noël...

14h50-15h30 : Il s'agit de la plage horaire où la salle de motricité est réservée à cette classe.

Ainsi je n'avais pas d'autre choix que de consacrer ce temps à l'activité physique. Mais cela

me convenait parfaitement car j'ai pris conscience que le besoin de mouvement des enfants est

réel. J'ai mis en place en particulier une séquence de lancer ainsi qu'une séquence d'expression

corporelle. L'une comme l'autre nécéssitait une forte implication des élèves.

15h30-16h00 : Récréation.

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16h00-16h20 : Distribution de l'eau et présentation des réalisations des élèves faites pendant

les ateliers, certaines demandant une validation collective. J'ai remarqué que les élèves

n'appréciaient pas que ce temps soit oublié. En effet, c'est un moment qu'ils réclament car

l'individualité de chacun est mise en avant (j'ai mis du temps à m'en rendre compte). L'identité

de la classe aurait tendance à effacer les identités personnelles de chacun. Or les enfants de

maternelle sont toujours dans une phase égocentrique et ressentent le besoin d'exprimer leur

individualité. En présentant leurs réalisations, les élèves se différencient et marquent leur

personnalité. De plus, ils ont l'occasion de s'affirmer devant la classe entière en ayant un

temps propre à eux. Il est vrai que j'avais tendance à supprimer ce moment ou à le réduire

pour rattraper le retard de la journée. Mais après cette prise de conscience, je me suis tenue

strictement à garder du temps pour ces présentations. On en profite égalemment pour faire un

bilan de la journée où les élèves font le point sur les facilités et les difficultés rencontrées.

16h20-16h40 : Souvent, cette plage horaire est réduite à dix minutes car elle cumule tous les

retards de la journée. Elle m'a posé beaucoup de difficultés car ce que je prévoyais était trop

long et je la trouvais difficile à gérer. J'ai décidé d'instaurer des jeux d'écoute (nécéssitant un

minimum d'attention et de concentration) avec les parties du corps où les élèves devaient

reproduire le modèle. Etant donné que cette activité me convenait, je l'ai conservée en la

faisant évoluer (désormais c'est au tour d'un élève d'imaginer une suite de gestes que la classe

doit reproduire).

Avant d'en arriver à cet aménagement du temps, j'ai fait plusieurs expériences qui m'ont

permis de voir ce qui fonctionnait et ce qui n'allait pas. Mais elles m'ont permis de confirmer

les études de Montagner et Testu. Selon moi, cet emploi du temps permet de faire coincider

les moments biologiquement et physiologiquement favorables et les temps pédagogiques les

plus exigeants sur le plan de l'attention et la mobilisation des ressources intellectuelles. Je ne

prétends pas qu'il est parfait, il pourrait encore être amélioré afin de s'adapter au maximum au

rythme de l'enfant. Par exemple, je pense qu'il est essentiel d'introduire des exercices de

relaxation dans la journée. De même l'emploi du temps doit s'adapter à la classe et non le

contraire. L'emploi du temps peut être différent d'une année sur l'autre suivant la classe.

Cependant, deux généralités se dégagent dont les enseignants doivent avoir conscience :

– les moments reconnus comme peu favorables peuvent être occupés par des activités

d'entretien, d'éveil et de réinvestissement accompagnées d'une présentation ludique.

– les moments reconnus comme attentifs doivent faire l'objet d'apprentissages et d'activités

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demandant le plus d'attention et d'efforts cognitifs.

Etant donné que le stage filé ne me permet d'intervenir qu'une seule fois dans la classe le

même jour, je n'ai pas pu me rendre compte de la véracité des études concernant le temps

hebdomadaire. Par l'intermédiaire d'entretiens avec des enseignants expérimentés, une

généralité est apparue (contraire aux travaux réalisés) : le vendredi serait le jour le plus

difficile au niveau de la mobilisation des élèves de maternelle.

4) La durée et le rythme des séances

La gestion du temps intervient également du point de vue de la durée des activités.

Tout enseignant sait à quel point il est difficile de maintenir l'attention des élèves lors des

leçons contraignantes. D'autre part, plus l'enfant est jeune, plus sa capacité attentionnelle est

faible. C'est pourquoi je me suis rapidement aperçue que la durée des séances en maternelle

ne doit pas excéder plus de 20/25 minutes lorqu'on veut travailler un apprentissage. Si ce

temps est dépassé, j'ai souvent eu l'occasion de remarquer des comportements marquant

l'inattention des élèves : tourner la tête et le corps, jouer avec différents objets, discuter ou

avoir un contact physique avec un autre élève, donner des réponses inappropriées aux

questions...L'emploi du temps que j'ai construit répond à cette exigence. J'ai donc toujours fait

attention à ce que mes séances ne soient pas trop longues pour éviter la lassitude. Mais cette

donnée ne suffit pas pour maintenir la vigilance des élèves.

Il est essentiel de donner du rythme à une séance. Lors de sa préparation de classe,

l'enseignant doit penser à cet élément en dégageant les différentes phases qui structureront la

séance. Pour des élèves de maternelle, il s'agit de varier les modes de sollicitation et capter

leur attention avec des images par exemple. Le but est d'éviter que des comportements

d'ennui, de lassitude et de fatigue apparaissent. Il faut donc trouver des stratégies répondant à

ce but.

Au début de mon stage filé, je n'avais pas conscience de celà et j'ai donc rencontré des

problèmes. Les élèves ne m'écoutaient plus et trouvaient des moyens de dispersion. Une fois

cette prise de conscience faite, je me suis attachée à dynamiser mes séances pour qu'elles

soient stimulantes et motivantes pour les enfants.

Voici la description d'une séance qui m'a satisfaite et dont l'objet était la discrimination du son

[i] (il s'agissait de la deuxième séance). J'avais la moitié de la classe, soit 11 élèves. Les élèves

qui travaillaient en autonomie devaient entourer les dessins lorqu'ils entendaient le son [i].

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➢ 1ère phase : rappel de la séance précédente. J'ai demandé aux élèves de se souvenir du

son étudié précédemment, c'est-à-dire le son [i].

➢ 2ème phase : j'ai présenté des images correspondantes à des mots où on entend le son

[i]. Les élèves devaient prononcer le mot et dire le nombre de syllabes. Sur le tableau, je

collais l'image vue, un élève venait au tableau, devait symboliser le nombre de syllabes par

des ronds (cette pratique était ancrée), et mettre un point dans la syllabe où on entendait le son

[i]. Les autres élèves avaient la tâche de valider ou non ce qu'il avait fait. Puisque les élèves

étaient en demi-groupe, tous les élèves ont eu l'occasion d'aller au tableau. Il s'agissait pour

moi que les élèves repèrent la place du son dans le mot.

➢ 3ème phase : Chaque élève devait trouver un mot où on entend le son [i] au début, au

milieu et à la fin du mot. Ils avaient un temps donné pour trouver un mot « dans leur tête » et

lorsqu'ils l'avaient trouvé, ils devaient lever le doigt en attendant que le temps soit écoulé.

Puis rapidement, chacun prononçait leur « trouvaille ».

Lors de cette séance, tous les élèves se sont impliqués et sont restés attentifs du début jusqu'à

la fin. J'ai choisi de décrire cette séance car tous les élèments étaient présents pour que les

élèves soient et restent attentifs. J'ai alterné participation collective et celle individuelle. C'est

pourquoi j'ai tenu à ce que chacun vienne au tableau. De plus, se déplacer pour venir au

tableau et manipuler un outil scripteur ont dynamisé la séance en motivant les élèves, tout

comme la recherche des mots. Cette séance illustre celles que j'ai mises en place lors de ma

journée du vendredi dont le principal souci était de maintenir l'attention des élèves.

Cette première partie a montré que l'aménagement du temps est un moyen d'action pour

favoriser l'attention, et donc les ressources intellectuelles, des enfants. Mais ce n'est pas le

seul.

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II] Attention et aménagement de l'espace

1) La multiplicité des coins en maternelle

« L'organisation de l'espace revêt une grande importance dans la vie de la classe de

tous les jours, tant pour l'enseignant que pour les enfants »4. Il semble donc essentiel de

« penser » le lieu avant d'envisager tout apprentissage. Ceci est particulièrement important en

maternelle. L'espace-classe et son aménagement doivent répondre aux besoins des enfants et

de leur développement.

La journée de classe est rythmée par différentes activités et il est nécéssaire de matérialiser

cette rythmicité. Il est donc courant d'observer différents « coins » dans une classe maternelle.

Un coin se définit comme un espace « transitionnel » de la maison à l'école pour faciliter le

passage de statut d'enfant au statut d'élève. C'est aussi un espace pour favoriser des

apprentissages et une ouverture sur le monde. En effet, les enfants manipulent des objets et

des outils qu'ils n'ont pas l'habitude de cotoyer dans leur famille. On a vu précédemment

qu'une journée de classe est rythmée par différentes activités structurées. Cette rythmicité se

matérialise par différents coins. Pour le maître, ils permettent de donner de la souplesse dans

la conduite de classe par atelier : différencier l'aide, permettre aux plus lents de finir.

Cependant, les coins ne doivent pas devenir des moyens d'occuper ceux qui finissent plus vite.

Chacun poursuit des objectifs. Voici en général les différents espaces rencontrés dans une

classe maternelle :

➢ un coin-regroupement : cet espace fera l'objet d'un développement plus approfondi.

➢ un coin-jeux : cet espace peut se décliner en différents endroits : la dînette, les jeux de

construction, les jeux de logique, de manipulation...Il est peuplé d'objets familiers qui

rappellent à l'enfant sa maison et permettent une reconnaissance de son monde ce qui est

sécurisant. Mais en même temps, ces jeux sollicitent à la fois l'intelligence et la raison.

➢ un coin-bibliothèque : cet espace favorise l'appropriation de l'objet livre, l'initiation au

monde de l'écrit et le développement d'un comportement de lecteur. C'est pourquoi ce coin

doit être calme et accueillant avec la présence de coussins et sièges confortables. L'existence

d'une BCD dans l'école n'exclut pas l'espace livre dans la classe, il est indispensable.

➢ un coin-peinture : les élèves découvrent et apprennent à utiliser les qualités de

différentes matières, acquièrent des savoirs-faire, ajustent leurs gestes. Il doit donc être

4 A la maternelle...Voir grand !, M.C. Poisson et L. Sarrasin, p.62

14

suffisamment grand pour permettre la circulation et la liberté gestuelle de plusieurs enfants.

Cet espace peut également être exploité pour les activités graphiques (avec des craies grasses

par exemple). Dans ma classe de stage filé, cet espace est matérialisé par un tableau. Cette

disposition me semble efficace car les élèves se sentent à l'aise et sont performants.

L'ensemble de ces espaces peuvent être des supports d'activités dirigées qui précèdent (et

préparent) ou suivent (et exploitent) des activités autonomes qui ont la possibilité de devenir

des moyens d'évaluation sommative ou diagnostique.

Il ne suffit pas de créer un coin pour qu'il fonctionne. Lors d'observations et de ma pratique,

j'ai repéré différentes causes entravant le fonctionnement d'un espace : espace trop ouvert,

trop petit ou trop fermé, pas assez de matériel, le maître ne montre pas l'intérêt du coin, les

règles de fonctionnement ne sont pas clairement définies, les élèves ne savent pas se servir

des objets, matériel désuet ou abîmé, coins mélangés...Il est essentiel que ces espaces

apparaissent comme clos, découpés et identifiables.

En m'entretenant avec des enseignants expérimentés, je me suis rendue qu'il est nécéssaire

que les élèves connaissent bien les différents lieux de la classe, de l'école ainsi que leurs

fonctions. Il faut donc en début d'année prendre le temps de permettre aux élèves de découvrir

tous ces lieux afin qu'ils se les approprient. A la rentrée, les élèves perdent leur cadre habituel

par rapport à leur environnement familial ainsi qu'à celui de la classe précédente. Cette

découverte de l'espace s'accompagne également de règles à respecter propres à chaque espace

ou activité. Par exemple pour les différents coins jeux, j'ai instauré un quota de personnes par

jeux qui doit être strictement respecté. De même avant d'aller à la salle de motricité, les élèves

savent désormais que je souhaite le silence pour y aller dans le calme afin d'avoir leur

attention pour rentrer dans l'activité. Pour obtenir ce silence, j'ai dû être patiente car cette

pratique ne s'est pas installée du jour au lendemain et je suis passée par différents stades

( chuchotement, parler tout bas en imaginant être un petit animal). Il est important de ne pas

brûler les étapes. A chaque espace correspond un comportement et les élèves doivent

comprendre celà. Une bonne appropriation des espaces entraînera un meilleur comportement,

les enfants seronts alors plus attentifs.

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2) La spécificité du coin regroupement

J'ai tenu à m'attarder sur ce point car j'ai rencontré certaines difficultés à mettre en

place un coin regroupement efficace. Avant d'exposer les problèmes rencontrés, il me semble

évident de saisir l'importance de la présence d'un tel espace.

La visite d'une classe maternelle nous donne souvent à découvrir un espace dit de

regroupement. Généralement constitué de bancs, parfois d'un tapis, l'espace le plus souvent

rectangulaire est délimité pour constituer un lieu clos sur lui-même mais qui doit permettre à

tous de se voir. Il s'accompagne systématiquement de la présence d'un tableau qui sert de

support à l'enseignant. Il remplit plusieurs rôles. Il facilite la compréhension de l'appartenance

au groupe-classe, les relations et le dialogue entre les enfants, permet aux élèves de construire

leurs repères sociaux avec les étiquettes-prénoms, la frise numérique, l'affichage de la date...

C'est un lieu où l'enseignant questionne et met en place un dialogue, où chacun est sollicité

pour s'exprimer autour d'une situation problème, d'un événement partagé. Il s'agit donc de

créer de véritables situations de communication. « Le rassemblement offre l'occasion à

l'enfant de raconter un événement, de préciser sa pensée, d'échanger avec les autres ».5 De

plus, les professeurs utilisent souvent cet espace pour découvrir de nouveaux apprentissages

ou pour lancer un projet. Ainsi le coin regroupement revêt une très grande importance à

l'école maternelle.

Lors de mon stage filé, le lieu de regroupement était inexistant. Au début de mon

enseignement, je ne me rendais pas compte à quel point la présence de cet espace était

essentiel et j'organisais ma journée sans. De plus, je n'avais pas en main les informations

concernant la disposition matérielle. Mais rapidement, la nécéssité de le créer s'est fait

ressentir. Je voulais commencer la journée dans ce lieu pour installer une relation agréable

avec mes élèves et les installer dans leur rôle d'élève. Mais un coin regroupement ne

s'improvise pas, il doit être bien pensé. Il a fallu trois tentatives pour que cet espace

fonctionne :

➢ La première tentative (voir annexe I) : il existe un tapis large dans cette classe où les

élèves se retrouvent pour jouer et pour l'accueil de l'après-midi. La configuration de la classe

ne m'offrait pas la possibilité de le créer à partir d'un espace vide. J'ai donc voulu utiliser le

tapis en tant qu'espace de regroupement. La présence d'un tableau mobile me le permettait.

Les élèves s'installaient donc lorsque je le demandais, et je déplaçais le tableau. Cependant je

5 Vers une gestion éducative, J. Archambault et R. Chouinard, p.13

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me suis aperçue très vite que cette configuration ne convenait pas du tout. En effet, les enfants

se retournaient, se poussaient, voire se roulaient par terre. Les comportements inattentifs se

développaient et tout ce que j'avais préparé pour ce temps « tombait à l'eau ». Le tapis revêtait

une trop grande liberté à laquelle les élèves ne parvenaient pas à résister. Un changement

s'imposait.

➢ La seconde tentative (voir annexe II) : en voyant l'échec de la première, j'ai décidé de

déplacer le seul banc de la classe, qui est habituellement présent dans le coin bibliothèque,

pour l'installer au fond sur le tapis. La présence du banc permettait de fermer l'espace. Cinq ou

six enfants s'asseyaient sur le banc tandis que le reste de la classe s'asseyaient devant ce banc

par terre sur le tapis. Cette disposition s'est révélée plus efficace que la précédente mais restait

insuffisante. La surface du tapis étant importante, les élèves avaient toujours la possibilité de

se déplacer sur les côtés pour se disperser. J'éprouvais donc toujours des difficultés à

mobiliser leur attention. Je devais trouver une autre stratégie avec les moyens matériels mis à

ma disposition.

➢ La troisième tentative (voir annexe III) : j'ai conservé le banc et j'ai rajouté quatre

chaises de chaque côté de ce banc (le maximum que je pouvais) de manière à former un arc-

de-cercle en face de moi. Les enfants qui n'avaient pas de place sur le banc et les chaises

s'asseyaient dans l'espace fermé formé par l'arc-de-cercle. Avec cette configuration, les élèves

ont réussi à développer leur attention et à rentrer dans les apprentissages. Pour moi, cette

disposition s'est révélée efficace car les élèves étaient installés dans un espace clos où ils

n'avaient pas la possibilité de s'échapper. Dans les dispositions précédentes, une ouverture

était toujours présente et offrait aux élèves un moyen de s'évader physiquement, et donc

mentalement.

J'ai conservé cette troisième configuration car elle me satisfait pleinement bien que celle

idéale serait de forme rectangulaire où tous les élèves se verraient. De manière à mieux

captiver l'attention des élèves, deux pratiques viennent renforcer le coin regroupement.

Premièrement, il est essentiel que l'enseignant se mette à la hauteur des élèves pour leur parler

et qu'il soit face à tous. De cette manière, il capte tous les regards et plus facilement

l'attention. Deuxièmement, cette disposition générait des conflits car les enfants se

précipitaient et se bousculaient pour s'asseoir sur le banc et les chaises. Pour éviter ce

problème, j'ai décidé que c'est moi qui allait déterminer les élèves qui s'installeraient sur le

banc et les chaises en faisant attention que d'une semaine sur l'autre ce ne soit pas toujours les

mêmes. Les élèves se sont rapidement habitués à cette pratique et n'ont exprimés aucune

résistance.

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L'élaboration de l'espace de regroupement a provoqué beaucoup d'interrogations de ma part.

A travers la construction de ce coin et les problèmes rencontrés, je me suis rendue compte que

l'aménagement de la classe ne doit pas être laissé au hasard.

3) La disposition des tables

Une des différences entre l'école maternelle et celle élémentaire réside dans la

disposition des tables dans la classe. Il est courant d'observer une organisation des tables en

rangée, de manière frontale face au tableau à partir des classes de CP. En revanche, dans une

classe de maternelle, on remarque souvent des tables disposées en ilôts. La raison de cette

différence n'était pas évidente pour moi mais ma pratique dans mon stage filé m'a donné la

réponse.

Dans ma classe de maternelle, la titulaire a agencé les tables en deux rangées face au tableau.

Chaque rangée est composée de quatre rangs de trois places. La disposition changeait

seulement pendant les ateliers de l'après-midi (c'est-à-dire une heure) où deux rangs étaient

rapprochés pour former un ensemble. Rapidement, je me suis aperçue que la difficulté à

capter l'attention des élèves provenait, pour une part, de cette disposition frontale. En effet, je

n'arrivais pas à créer un lien entre eux et moi. Ceux placés au fond étaient trop éloignés de

moi. De plus cette organisation était trop large pour pouvoir capter tous les regards. Je ne me

sentais pas à l'aise avec cette organisation spatiale qui favorisait ni la communication des

élèves entre eux, ni celle entre eux et moi, surtout le matin. Les élèves ressentaient mon

malaise et se dissipaient. La classe ne pouvait pas fonctionner correctement. C'est à ce

moment que j'ai compris pourquoi il était rare de rencontrer une disposition frontale dans une

classe maternelle. Les élèves de grande section maternelle ont besoin de la présence

rassurante, sécurisante et chaleureuse de l'enseignant ainsi que de ressentir un lien personnel

avec lui. L'organisation spatiale de la classe aide à construire ce climat. C'est pourquoi j'ai

essayé de « casser » cette disposition frontale tout en ne changeant pas la place des tables de

peur de perturber les élèves.

Dans un premier temps, l'instauration du « quoi de neuf » m'a permis de créer une proximité

physique entre mes élèves et moi. Ce rapprochement physique me donnait la possibilité de

mieux maîtriser mon regard pour qu'il ait un impact sur les élèves, et donc pour obtenir leur

attention. Il était important de créer ce rapprochement dès le début de la matinée afin de

mobiliser tout de suite des comportements attentifs, et donc les conditionner pour le reste de

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la journée.

Dans un second temps, j'ai décidé d'une organisation en demi-groupe. Les élèves en

autonomie étaient à leurs tables et avaient le droit de chuchoter. Pour le demi-groupe avec

lequel je travaillais, je ne voulais pas qu'ils restent à leurs tables à cause de cette disposition

frontale. J'ai donc conservé les chaises et le banc que j'avais déplacés lors du temps de

regroupement. De cette manière, ma présence proche d'eux les aidait à rentrer dans les

apprentissages. Mais je reconnais que cette manière de procéder n'est pas idéale car le demi-

groupe qui reste travailler avec moi ne change pas de lieu, ce qui peut être lassant.

La disposition des tables doit faire l'objet d'une réflexion pertinente tout comme

l'aménagement spatial dans son ensemble pour aider les élèves à développer un comportement

attentif.

III ] Attention et gestion de la classe

1) La gestion de la parole

Au début de mon stage, un problème a rapidement émergé : les élèves se coupaient

sans cesse la parole pendant qu'un de leur camarade s'exprimait. Ces comportements n'étaient

pas propices pour mobiliser l'attention car le volume sonore augmentait rapidemment et me

gênait dans mon enseignement. Par exemple lors du « quoi de neuf » qui se déroulait au coin

regroupement, il était essentiel que chaque élève ait la possibilité de s'exprimer et d'être

écouté. J'ai même remarqué que chacun appréciait que ses camarades l'écoutent lors d'une

prise de parole.A plusieurs reprises, j'ai entendu ces propos de la part d'élèves « j'ai quelque

chose à dire mais personne ne m'écoute » et ils soupiraient. Avec les enfants, nous avons alors

convenu que c'est moi qui désignerais celui qui allait parler si ce dernier avait levé le doigt en

silence pour demander la parole. Il était important que je sois stricte sur cette démarche qui

perdait tout son sens si je la transgressais moi-même en donnant la parole à un enfant qui

n'avait pas respecté la règle. Cette manière de fonctionner a rapidement trouvé sa place dans

le déroulement de la journée surtout au coin regroupement. Non seulement les élèves sont

plus attentifs mais ils développent également leur capacité à écouter autrui et à échanger avec.

Je ne dis pas que la gestion de la parole doit être une compétence acquise par des enfants de

maternelle mais l'enseignant doit tout mettre en place afin qu'ils commencent à la maîtriser.

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Plusieurs retours sur ma pratique m'ont permis d'améliorer ce fonctionnement. Lors d'une

visite en début d'année, l'enseignante-formatrice m'avait fait remarquer que j'utilisais toujours

la phrase : « Qui peut me répondre ?», et que celle-ci incitait les élèves à parler tous en même

temps. Elle m'avait donc conseillé de la transformer en « Ceux qui ont la réponse lèvent le

doigt ». Il s'agit de peu de choses, mais ce petit détail a permis de nettement baisser le niveau

sonore de la classe. De même j'avais tendance à interroger les premiers élèves qui avaient la

réponse, sans me soucier de la façon dont ils avaient sollicité leur prise de parole.

L'enseignante m'avait encore conseillé de répéter systématiquement que je ne donnerais la

parole qu'à ceux qui la demandaient en levant le doigt en silence, et que je devais m'y tenir

scrupuleusement. Si un élève levait le doigt en se trémoussant sur sa chaise et en ne cessant de

dire : « Moi maîtresse ! », je ne devais pas l'interroger. Et effectivement, en étant stricte avec

moi-même, les élèves comprenaient rapidement qu'ils devaient adopter la bonne conduite s'ils

désiraient s'exprimer.

Je me suis également rendue compte qu'il valait souvent mieux perdre quelques minutes en

attendant que le silence se fasse dans la classe, plutôt que de s'acharner à demander aux élèves

de se taire. Il est vrai qu'avec des enfants de maternelle on peut attendre longtemps le silence

sans qu'ils nous remarquent. Mais en général, au bout de cinq minutes, je peux entendre l'un

d'entre eux demander à ses camarades de faire le silence. A l'occasion d'une visite dans une

classe maternelle, j'ai observé un enseignant réaliser « la comptine du silence » pour obtenir le

calme parmi les élèves et démarrer les apprentissages. Cette comptine consistait à frapper

deux fois les mains, deux fois sur les cuisses, deux sur les épaules et terminer en mettant le

doigt sur la bouche. L'enseignant commençait cette comptine de gestes sans rien dire et les

élèves prenaient en cours de route. Une fois terminée, tous avaient le doigt sur la bouche et

étaient prêts à écouter. Cette pratique m'a étonné par son efficacité. C'est pourquoi j'ai décidé

de l'appliquer dans mon stage pour capter l'attention des élèves. Elle s'est avérée une nouvelle

fois performante.

Ainsi j'ai retenu que chaque enseignant développe des stratégies propres pour mobiliser

l'attention des élèves. C'est en grande partie l'expérience et les difficultés rencontrées qui

permettent d'élaborer ces stratégies.

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2) Donner du sens aux activités

De nombreux enfants ne comprennent pas pourquoi ils viennent à l'école. Or s'il n'est

pas en mesure de donner du sens à ce qu'il fait, l'enfant ne peut pas entrer dans les

apprentissages. Nous-même en tant qu'adultes , nous cessons presque automatiquement d'être

attentifs lorsque nous ne percevons pas l'intérêt des informations. Il semble donc primordial

de donner du sens aux activités des élèves.

Donner du sens, c'est établir des relations entre les choses, comprendre leur utilité et leur

raison d'être. On retrouve cette nécéssité de donner du sens au savoir dans l'ouvrage

Apprendre oui, mais comment ? de Philippe Meirieu. L'auteur explique qu'il ne suffit pas de

répéter mécaniquement un apprentissage pour que celui-ci soit acquis mais qu'il est

indispensable de l'associer à une mise en situation. Les pédagogues s'accordent donc pour dire

qu'il faut donner du sens au savoir en lui conférant une utilité et une finalité réelle. De même,

il est essentiel de ne pas présenter les savoirs de manière fractionnée, isolés les uns des autres,

et dont l'utilité n'a d'autre fin que la discipline elle-même dans le cadre scolaire.

Donner du sens aux apprentissages accroît la motivation des élèves. S'ils sont motivés, ils sont

davantage attentifs et mobilisent plus facilement leur énergie dans la tâche. Le fait de donner

du sens aux apprentissages est souvent associé à la pédagogie de projet qui trouve son

inspiration dans les travaux de John Dewey et Célestin Freinet. Mais au cours de mon stage,

je me suis rendue compte à quel point il m'était parfois difficile de distinguer ce qui relève du

thème et ce qui relève du projet. Il est facile de confondre ces deux notions car elles ont un

point commun : toutes deux permettent de relier différents domaines d'activités entre eux.

Cependant dans le cas du thème, les activités sont déterminées à partir du thème, elles doivent

avoir un lien avec lui. Le thème est en fait décliné dans plusieurs disciplines. En revanche

dans le cadre d'un projet, les savoirs-faire disciplinaires sont « au service » du projet car ils

sont effectués dans le but de réaliser le projet en question. Lorsqu'on travaille en projet, cela

signifie qu'il y a un but à atteindre, quelque chose à réaliser, le résultat attendu étant une

production finale. Ainsi je me suis aperçue que j'avais confondu ces deux notions lors de ma

pratique.

J'ai donc tenté de donner du sens aux activités proposées pour davantage mobiliser les élèves

et vérifier les hypothèses des pédagogues. Voici un exemple de ma pratique lors de la

deuxième période.

En accord avec la titulaire, j'ai pris en charge la création de la carte de Noël sur laquelle les

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enfants devaient écrire un petit texte pour leur famille. Ce projet a entraîné plusieurs activités:

➢ création de la carte à partir d'un modèle mais en personnalisant sa fabrication : cette

carte était destinée à leur famille. J'ai pris plaisir à voir que les élèves ont pris soin à

s'appliquer et ont été attentifs à ce que le rendu final soit joli. Cette activité était assez longue

et pourtant les élèves sont restés mobilisés jusqu'à ce que le produit soit fini.

➢ élaboration d'un texte à écrire par l'intérmédiaire d'une dictée à l'adulte : j'ai demandé

aux élèves de créer eux-mêmes leurs textes (par groupe) en insistant sur ce qu'ils voulaient

transmettre comme message. Ce texte ayant pour finalité d'être lu par la famille, j'ai ressenti

une réelle implication de la part des élèves. J'avais pour objectif que les élèves comprennent

que la langue orale est retranscrite par des phrases avec des majuscules et des points dans la

langue écrite. Je tenais à ce que les élèves saisissent qu'on n'écrit pas comme on parle.

➢ écriture du texte sur la carte : après avoir construit leur texte, les élèves devaient

l'écrire sur leur carte grâce au modèle que j'avais écrit au tableau. Ils écrivaient avec un feutre

fin, donc la gomme ne pouvait pas être utilisée s'il y avait une erreur. Leur écriture devait être

lisible. Il s'agissait d'écrire dans le but d'être lu.

Autour de ce projet portant sur le thème de Noël, j'ai choisi des contes de Noël pour mes

lectures, des activités décrochées (comme des mots-croisés) sur ce thème ainsi que de faire

acquérir du vocabulaire autour de Noël et ses traditions.

La motivation et l'implication des élèves étaient réelles. Cette carte de Noël a justifié et

finalisé les apprentissages mais a crée également des liens entre eux, leur conférant ainsi le

sens nécessaire à leur acquisition.

3) Alternance et variété comme moteur de la classe

A l'école maternelle, l'enseignant propose à l'enfant divers modes d'investigation qui

apportent rythme et alternance à la journée. Ils préservent attention et mobilisation et

contribuent à la construction des savoirs. Je me suis attachée précédemment à démontrer

l'importance de la gestion et l'alternance du temps et de l'espace dans le maintien de

l'attention. L'alternance des dispositifs pédagogiques portent sur plusieurs axes. Voici ceux

que j'ai observé et qui me semblent majeurs :

➢ varier les modes de communcation. On peut distinguer le mode oral du

« questions/réponses » qui mobilise essentiellement le relation maître/élèves ainsi que le

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mode oral de communication qui s'ouvre à des interactions élèves/élèves par le biais de

situations appropriées permettant le travail de collaboration entre eux et la confrontation

d'idées.

➢ varier les démarches de pensée : démarche inductive, démarche déductive, démarche

expérimentale, démarche technologique, démarche créative....

➢ varier les modes d'organisation de la classe. Certaines activités exigent que le nombre

d'élèves soit restreint. Une classe de maternelle ne travaille pas toujours ensemble. Il est

important d'alterner des moments où les élèves se retrouvent tous ensemble pour qu'ils

comprennent qu'ils appartiennent à un groupe classe. Mais rapidement, ils ressentent le besoin

de se retrouver en groupe. C'est pourquoi après le moment consacré au « quoi de neuf », la

classe est scindée en deux groupes dont l'un est avec moi. Puis dans l'après-midi, ils sont

divisés en quatre groupes. Les ateliers offrent la possibilité aux élèves d'échanger entre eux et

surtout favorisent la convivialité et rassurent les élèves. Agir sur le mode d'organisation de la

classe évite ennui et lassitude de la part des élèves qui à cet âge-là ont besoin de changements.

De même, l'enseignant doit alterner les sollicitations collectives et celles individuelles pour

les mêmes raisons évoquées précédemment.

➢ varier les supports d'apprentissage. On différencie deux modes de travail : celui oral et

celui écrit. Pour chacun, il existe une multitude de sollicitations. Le travail écrit concerne les

jeux comme les mots-fléchès et les mots croisés, les images séquentielles, les activités

d'écriture, de dénombrement, de tri...Le travail oral peut porter sur l'imagination, la mémoire

avec les comptines, la numération, le découpage d'un mot en syllabes...

➢ varier la sollicition des différents sens. La mobilisation des cinq sens rend les élèves

attentifs et facilitent l'appropriation des savoirs.

➢ varier les outils. Manipuler différents matériaux stimulent les élèves et sollicitent leur

curiosité.

Il existe encore de nombreux points sur lesquels un maître peut agir pour donner du rythme à

son enseignement. Les élèves de maternelle ont besoin de cette alternance pour maintenir leur

attention.

Un aspect sur l'utilisation du matériel s'est révélé pour moi essentiel : les élèves doivent

connaître le matériel et se l'approprier pour une utilisation optimale. Souvent lorsque les

élèves sont en autonomie, ils utilisent certains matériaux. L'enseignant doit donc veiller à ce

que le matériel soit prêt pour chaque enfant. J'ai appris cette information à mes dépens lors de

ma pratique au tout début de mon stage. La classe était divisée en demi-groupe et celui en

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autonomie devait réaliser un travail sur fiche demandant découpage et collage. Or je n'avais

pas vérifié avant le matériel. L'activité en autonomie ainsi que la séance que je devais mener

avec l'autre groupe n'ont donc pas fonctionné. Pour que la classe trouve son fonctionnement,

je me suis aperçue que l'enseignant doit mettre en place un mode d'organisation fonctionnel

au niveau du matériel et prendre le temps en début d'année de l'expliquer aux élèves ainsi que

laisser un moment pour se l'approprier. J'ai souvent remarqué dans les classes l'utilisation de

panières, de chariots dont les fonctions sont connus par les élèves : la panière des dessins

vierges, celle du travail terminé, celle du travail à faire...La connaissance du mode de

fonctionnement de la classe est une conditon indispensable au développement de l'autonomie

des élèves. Il s'agit d'ailleurs d'un objectif majeur de l'école maternelle. Des élèves autonomes

permettent d'obtenir un climat facilitant le calme, l'attention et donc le travail. Cet élément est

très pragmatique, voire terre-à-terre mais essentiel pour qu'une classe « marche »

correctement.

Ainsi l'enseignant doit rendre la classe fonctionnelle et adopter des pratiques pédagogiques

qui favorisent la mobilisation de l'attention des élèves.

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CONCLUSION

Ce stage filé en école maternelle m'a permis de constater à quel point il était difficile

de garder une attention soutenue des élèves tout au long d'une journée. Je me suis donc

interrogée sur les moyens d'action pour éviter la démobilisation des élèves. J'ai recherché les

solutions pour obtenir et entretenir leur attention, dans le but d'une meilleure assimilation des

apprentissages.

Pour mobiliser l'attention des élèves, il semble indispensable :

➔ d'adapter les rythmes scolaires aux rythmes biologiques des enfants, notamment lors

d'une journée où il est nécessaire de prendre en compte les « pics » et les baisses de

l'attention dans l'organisation de l'emploi du temps.

➔ d'adopter une organisition spatiale de la classe de manière à rendre un climat propice à

l'attention.

➔ de rythmer la journée en elle-même : alterner les supports de travail, varier les

sollicitations (collective, individuelle, en groupe), alterner les temps de recherche,

d'apprentissage, de réinvestissement...

➔ de donner du sens aux activités.

Ainsi je me suis rendue compte qu'enseigner ne consiste pas seulement à instruire,

c'est-à-dire transmettre des savoirs. Enseigner implique que le professeur d'école doit réfléchir

sur des stratégies à mettre en place pour mobiliser l'attention des élèves, et donc transmettre

au mieux les apprentissages. En effet il, de par son adaptabilité et la qualité de ses pratiques

pédagogiques, est responsable de l'optimisation de l'attention des élèves qui lui sont confiés.

Un autre élément intervenant dans le maintien dans l'attention n'a pas été évoqué :

l'enseignant lui-même. En effet, les élèves de maternelle sont trés dépendants de l'enseignant.

Son regard, sa voix, son corps et ses postures doivent être utilisés de manière à les capter. Par

exemple, selon l'articulation, l'intensité, le débit et la tonalité de la voix, les élèves sont plus

ou moins attentifs. Il est nécéssaire de réfléchir à son comportement lorqu'on enseigne.

Je me suis attachée à réfléchir sur les moyens à mettre en oeuvre pour que les élèves

écoutent. Malgré tout, il existe toujours des enfants qui n'écoutent pas et qui éprouvent donc

des difficultés à rentrer dans les apprentissages. Il semblerait intéréssant de se pencher sur les

stratégies particulières à mettre en place pour ces enfants qui présentent des troubles de

l'attention.

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BIBLIOGRAPHIE

ARCHAMBAULT Jean et CHOUINARD Roch, Vers une gestion éducative de la classe, Gaëtan Morin Editeur, 1996, 336 p.

BOUJON Christophe, LIARY Alain et QUAIREAU Christophe, Attention et réussite scolaire, Editions Dunod, 1997, 150 p.

DOLY Anne-Marie, Métacognition et Médiation, CRDP d'Auvergne, 1996

MEIRIEU Phillipe, Apprendre...Oui mais comment ?, Paris, Edition ESF, 1987, 192 p.

MONTAGNER Hubert, Les rythmes de l'enfant et de l'adolescent, Editions Stock/Laurence Pernoud, 1978

POISSON Marie-Christine et SARRASIN Louise, A la maternelle...Voir grand !, Montréal, Editions Chenelière/Mac Graw-Hill, 1998, 304 p.

TESTU François et FOTINOS Georges, Aménager le temps scolaire, Paris, Hachette Education, 1996, 287 p.

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Annexes

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Annexe I

Annexe II

Annexe III

Mobiliser l'attention des élèves de maternelle : quels moyens d'action ?

Résumé

Il est nécéssaire que les élèves mobilisent leur attention pour rentrer dans les apprentissages. Au cours d'une journée d'école, l'attention des enfants varient, en particulier celle des élèves de maternelle pour qui une journée scolaire s'avère longue. C'est à l'enseignant qu'incombe la responsabilité d'éviter une démobilisation pour optimiser l'assimilation des apprentissages. Il faut donc réfléchir sur les points essentiels où on peut agir pour susciter et entretenir cette attention.

Mots-clés

Attention, Temps, Espace, Rythme, Investissement.