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1 24/01/2017

MQB DP L'Afrique des Routes · géographes arabes dès le 9e siècle, puis aux européens à la Renaissance. Les atlas arabes dessinent une partie des côtes orientales de l’Afrique

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    24/01/2017

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    SOMMAIRE

    ÉDITORIAL DE STÉPHANE MARTIN p3 PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION p4 PARCOURS DE L’EXPOSITION p5

    I. Les routes et moyens de transports p5 II. Les villes, jalons des routes p6 III. Les routes commerciales p11 IV. Les routes spirituelles et religieuses p14 V. Les routes esthétiques p16 VI. Les routes coloniales p18 VII. Épilogue - La nation des artistes p19

    LA CIRCULATION DES HOMMES EN AFRIQUE : REPÈRES CHRONOLOGIQUES p20 COMMISSARIAT D’EXPOSITION p22 AUTOUR DE L’EXPOSITION p22 INFORMATIONS PRATIQUES p25

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    ÉDITORIAL DE STÉPHANE MARTIN, Président du musée du quai Branly – Jacques Chirac

    « Toute vérité est une route tracée à travers la réalité ». La formule, tirée de La pensée et le mouvant d’Henri Bergson, est connue. Le philosophe en précise certaines implications : « Et si la réalité ne forme pas un ensemble, si elle est multiple et mobile, faite de courants qui s'entrecroisent, la vérité qui naît d'une prise de contact avec quelqu'un de ces courants […] est plus capable […] de saisir et d’emmagasiner la réalité même ». On ne saurait mieux introduire le propos de l’exposition L’AFRIQUE DES ROUTES, conçue comme une entreprise d’intelligibilité et de vérité quant à la réalité d’un continent inscrit pleinement, anciennement, incontestablement dans l’histoire des hommes.

    Cette réalité est d’abord celle d’un espace carrefour où les individus et les pouvoirs se sont déplacés, où ils ont commercé, combattu, édifié. Ils l’ont fait par les côtes, les pistes, les fleuves, les voies ferrées. Sur ces routes, l’ivoire a circulé, ainsi que les langues, le sel, les cauris, l’or, les idées, les savoirs, le métal forgé. Les esclaves aussi, poussés sur les chemins de cruauté menant à Rome, Bagdad, Cambay, Canton, São Tomé, Salvador de Bahia, La Nouvelle-Orléans… Invité à suivre ces itinéraires au long de grands jalons thématiques, le visiteur découvrira – car la chose est trop peu dite – combien l’histoire du continent est « multiple », précisément, « mobile », combien ses réalités « s’entrecroisent » à celles de l’Asie, de l’Europe, des Amériques. Il n’est pas jusqu’à l’Austronésie qui n’ait partie liée à l’Afrique, dès le 8e siècle, ce dont atteste l’art partagé des poteaux funéraires. Témoignage des dynamiques traversant l’histoire africaine, les objets occupent légitimement une place centrale dans L’AFRIQUE DES ROUTES. Remarquables par leurs qualités formelles, leur facture, ils le sont également par les enseignements qu’ils livrent, disant chacun les étroites correspondances par lesquelles l’Afrique fait corps avec l’histoire des siècles, la subissant ici, l’impulsant là. D’où aussi le regard neuf, ouvert comme il l’a rarement été, que l’exposition invite à porter sur la richesse, sur l’épaisseur d’un continent par trop caricaturé, et finalement si méconnu. Cette intelligence de l’Afrique – « des Afriques »… – est le fruit du travail érudit et sensible de Gaëlle Beaujean, responsable de collections à l’unité patrimoniale Afrique du musée, et de Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne de l’Afrique et professeur émérite à l’Université Paris Diderot-Paris 7. Pour mener à bien leur ouvrage, elles ont pu compter sur la science et l’enthousiasme de nombreux chercheurs et conservateurs, originaires du monde entier. L’AFRIQUE DES ROUTES doit aussi beaucoup à la générosité des institutions et collectionneurs ayant consenti à prêter leurs œuvres. Je songe notamment à la Bibliothèque nationale de France, au Museu Antropológico da Universidade de Coimbra, au musée du Louvre, au Centre Pompidou, à la collection Pigozzi, à la galerie de minéralogie du Muséum national d’Histoire naturelle. L’exposition a par ailleurs bénéficié du précieux mécénat de la Fondation d’entreprise Total, d’AGS et de la société Razel-Bec. A tous, j’adresse mes remerciements les plus vifs. Ils ont pris part à une réalisation nécessaire, de celles qui font évoluer les représentations et tracent un précieux itinéraire de vérité

    Stéphane Martin Président du musée du quai Branly-Jacques Chirac

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    EXPOSITION

    L’AFRIQUE DES ROUTES Du 31 janvier au 12 novembre 2017

    Mezzanine Ouest Aux origines de l’humanité, l’Afrique a constamment échangé avec les autres continents. Elle n’a pas seulement fourni sa force de travail, son or et ses matières premières depuis des millénaires, mais aussi ses savoir-faire et ses cultures constamment remodelés. Son histoire est inscrite dans les dynamiques mondiales. Panorama d’un continent au carrefour des mondes, à contre-courant des idées reçues. L’Afrique, un continent sans Histoire ? Si les a priori ont la vie dure, les faits, eux, sont indéniables : les Africains n’ont jamais vécu dans l’isolement. Longtemps ignorés, les échanges panafricains et extra-africains ont pourtant débuté voici des millénaires, bien avant l’arrivée des premiers navires portugais au 15e siècle, la colonisation et les indépendances. En témoignent les quelques 300 sculptures, pièces d’orfèvrerie ou d’ivoire, peintures et autres œuvres présentées dans l’exposition L’AFRIQUE DES ROUTES. Inédite par son ampleur et la diversité des champs qu’elle aborde, L’AFRIQUE DES ROUTES entend montrer que l’histoire de l’Afrique s’inscrit dans le temps universel depuis la Préhistoire et que cette histoire a laissé de nombreuses traces. Du cinquième millénaire avant notre ère à nos jours, celle-ci évoque ainsi les routes fluviales, terrestres ou maritimes qui ont contribué à la circulation et aux contacts des hommes, des matériaux et des œuvres. De l’art rupestre du Sahara aux porcelaines chinoises de Madagascar, des cultes et rituels candomblé d’Amérique du sud aux œuvres contemporaines métissées du Nigérian Yinka Shonibare MBE, c’est le portrait d’un continent au cœur de l’histoire qui est ici dressé.

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    PARCOURS DE L’EXPOSITION L’Afrique a une Histoire. Le problème idéologique auquel l’Occident est confronté renvoie à une définition obsolète mais néanmoins enracinée qui fait de l’écriture le point de rupture avec la Préhistoire. Or le terme Histoire vient du mot grec « enquête », et l’historien Marc Bloch a confirmé depuis longtemps qu’en histoire, « tout est source ». Cette histoire est la plus vieille du monde. Les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour situer les origines de l’être humain en Afrique, au sud du Sahara. L’exposition met en lumière la circulation des cultures africaines au fil de l’histoire, à l’intérieur mais aussi vers l’extérieur du continent. Elle évoque différentes formes de routes : celles des villes, du commerce, des religions, des formes, de la colonisation et des objets. Non seulement les Africains ont constamment circulé dans leur continent, mais hommes et idées n’ont cessé d’échanger avec le reste du monde. Il n’a guère existé en Afrique d’isolat humain total. Contrairement aux idées reçues, l’Afrique a toujours été un continent ouvert. I. LES ROUTES ET MOYENS DE TRANSPORTS Les routes terrestres, fluviales et maritimes ont naturellement favorisé des déplacements migratoires et des alliances transformant les cultures, diffusant les idées, les savoirs mais aussi les arts depuis des milliers d’années. 1- Le portage animal Vers 3 500 avant notre ère, le cheval facilite le commerce caravanier entre le sud du Sahara et l’Europe via l’Afrique du nord. Trois millénaires plus tard, il est remplacé par le dromadaire. Porteur de lourdes charges et particulièrement résistant à la soif sur de longues distances, il est introduit par les Berbères sahariens, par la Corne de l’Afrique, au 5e siècle avant notre ère. Il s’impose au début de notre ère. Hors des zones tropicales sèches et équatoriales humides qui lui sont hostiles, le cheval est un moyen de locomotion de prestige. Monté pour les moyennes distances, il garantit surtout une supériorité en temps de guerre. 2- Les routes forestières, fluviales et côtières En pirogue, à cheval ou à pied, les Africains se déplacent, transmettent des connaissances et des savoir-faire, commercent, se font la guerre, créent des alliances, comme leurs contemporains ailleurs dans le monde. Les fleuves, les lagunes ou les lacs sont autant de routes maîtrisées de longue date. Attestées à l’Antiquité dans l’Océan Indien, des pirogues africaines permettent la pêche en mer et la navigation par cabotage le long des côtes. Selon des sources orales, l’empereur du Mali, Aboubakar II (vers 1310-1312) aurait même lancé deux expéditions à la « découverte » de l’Océan Atlantique.

    Cavalier

    16e siècle. Style dogon Mali, région de la falaise de Bandiagara Bois, métal. Paris, Collection Laurent

    Dodier, courtesy Entwistle

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    3- Se repérer Au 2e siècle, l’astronome et géographe grec Claude Ptolémée dresse la première mappemonde qui servira de base, d’abord aux géographes arabes dès le 9e siècle, puis aux européens à la Renaissance. Les atlas arabes dessinent une partie des côtes orientales de l’Afrique avec le cours du Nil. Al-Idrisi, au 12e siècle, les complète avec les routes intérieures et les royaumes sahéliens comme Kanem ou Ghana (Mali actuel). Les contours du continent restent imaginaires jusqu’au 16e siècle avec les premières cartes marines européennes, appelées « portulans », qui décrivent précisément tous les ports de mer, leurs fonds, les marées, les manières d’y entrer et d’y sortir.

    4- Se déplacer Les passerelles entre les continents sont des routes maritimes au moyen et long cours. Les hommes d’Afrique, d’Asie, d’Insulinde et d’Europe domestiquent la mer Méditerranée, la mer Rouge et l’Océan Indien dès avant l’Antiquité, puis les Portugais, l’Atlantique, au 15e siècle. À la suite d’autres expéditions, la Chine envoie dans l’océan Indien de grandes flottes à partir de 1405 sous le commandement de l’amiral musulman Zheng He ; certains vaisseaux à neuf mâts mesurent jusqu’à 130 mètres de long. La barca et la caravelle portugaises des premières explorations atlantiques mesurent entre 15 et 25 mètres de long. II. LES VILLES, JALONS DE ROUTE Routes et réseaux impliquent des centres urbains, sièges du pouvoir et de l’appareil d’État, aussi restreint fut-il. Les villes sont autant de jalons pour le commerce local, régional, interafricain voire international, terrestre et maritime. Chacun des grands tournants de l’histoire a permis la succession de types urbains particuliers : ancienneté des échanges interrégionaux (Djenne Jeno, Zimbabwe, Mbanza-Kongo), pénétration de l’Islam (Djenné, Tombouctou), concurrences indienne, arabe, et européenne (dans les villes swahili), découverte portugaise (Luanda), traites négrières (forts côtiers), conquête coloniale (Dakar, Nairobi)… - produisant jusqu’à nos jours des syncrétismes culturels en mouvement (Johannesburg), recomposés par les Africains acteurs de leur propre histoire.

    Claude Ptolémée (90-168) Cosmographia. Traduction latine de Jacopo d’Angelo. Vers 1465-1470. Florence.

    Réalisé pour le roi Louis XI. Manuscrit sur parchemin. Bibliothèque nationale de France

    Fournir à tous les moyens de dresser une carte donnant une vue d'ensemble du monde habité connu, tel était le but de Ptolémée, géographe égyptien mathématicien, à l'esprit vulgarisateur et systématique. Pendant près de 15 siècles, seul l'extrême nord de l'Afrique a bénéficié de contours réalistes dans la cartographie européenne, le reste étant méconnu voire inconnu, comme dans cet exemplaire royal.

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    1- Nok Le village de Nok a donné son nom à une civilisation que l’on situe entre le premier millénaire avant notre ère et le 6e siècle de notre ère. Les sites nok, répartis sur plus de 500 kilomètres, se situent au sein d’un réseau de relations utilisant les grandes voies de communication naturelles de la région : le Niger, la Bénoué et le lac Tchad. Les fouilles archéologiques ont révélé la pratique de l’agriculture, la maîtrise de la fonte du fer au 7e siècle avant notre ère et une abondante sculpture en terre cuite. 2- Carthage Carthage, fondée en 814 avant notre ère, est la plus prestigieuse des cités puniques de Méditerranée. Établie en terre d’Afrique, face à la Sicile, à la Sardaigne et à Malte, elle contrôle la route de la péninsule ibérique et des Îles Baléares. Les pistes caravanières la reliant à l’Afrique subsaharienne la fournissent en or, en ivoire et en produits exotiques comme les œufs d’autruche, exportés en Étrurie et en Espagne. Grande rivale de Rome, elle est anéantie par cette dernière en 146 avant notre ère. 3- Napata, Méroé, Aksoum Entre 730 et 656 avant notre ère, les Nubiens (Soudan actuel) du royaume de Napata dominent la réunification de la Haute et de la Basse Égypte sous une dynastie kouchite noire. À la ville de Napata succède, en 270 avant notre ère, Méroé, plus au sud, riche en métallurgie du fer et en poteries d’argile blanche faite au tour, d’influence égyptienne et grecque. Du 1er au 6e siècle de notre ère, Aksoum prend la relève en Éthiopie, entamant un commerce actif avec la Mer Rouge et l’océan Indien.

    4- Lepcis Magna Lepcis Magna, sur la Méditerranée, dispose d’un terroir riche en vignes et oliviers. Lorsque Rome se substitue à Carthage, les relations avec les Garamantes du Sud s’amplifient. Huile, verrerie, orfèvrerie s’échangent contre esclaves, or et bêtes sauvages pour le cirque : éléphants, autruches, hippopotames, rhinocéros. La splendeur de la ville reflétait la puissance acquise par le commerce saharien. Patrie de l’empereur romain Septime Sévère (193-211), elle décline vers le 5e siècle de notre ère. 5- Sao Les récentes datations des terres cuites permettent de situer la civilisation Sao entre le 2e siècle avant notre ère et le 14e siècle de notre ère. Une population cosmopolite, de passage ou sédentaire,

    Fragment de statuette anthropomorphe

    Entre 920 et 40 avant notre ère. Civilisation Nok. Nigeria

    musée du quai Branly-Jacques Chirac

    Statue de l’empereur Septime Sévère

    Entre le 3e et le 5e siècle, Algérie, Markouna. Afrique romaine. Marbre.

    Musée du Louvre.

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    Statuette anthropomorphe Entre le début du 8e et la fin du 10e siècle.

    Civilisation sao, Tchad, au centre du sanctuaire de Tago. Terre cuite.

    musée du quai Branly-Jacques Chirac

    « Benin City » (Nigeria actuel)

    Extrait de Description de l'Afrique, 1686 de Olfert Dapper. Gravure aquarellée musée du quai Branly-Jacques Chirac

    réside dans les villes fortifiées sao. Les fouilles archéologiques ont mis au jour un matériel en terre cuite, en alliage cuivreux et en fer ; et des perles de cornaline et de pâte de verre, arrivées d’Égypte et d’Orient par le commerce à longue distance. 6- Djenne Jeno / Djenné La ville actuelle de Djenné succède à Djenne Jeno, à 3 km de distance, qui prospérait grâce au commerce entre le 5e siècle avant notre ère et le 10e siècle de notre ère. Dès le 9e siècle, l’arrivée des Arabo-berbères et la conversion des élites à l’Islam sont à l’origine de la nouvelle Djenné. Port sur le Niger en amont de Tombouctou et ville carrefour, Djenné accueille la circulation entre les produits transsahariens vendus par les Berbères et ceux du sud Sahel acheminés par les commerçants islamisés dioula.

    7- Tombouctou C’est en 1325 que l’empereur du Mali Kankan Moussa transforme Tombouctou, naissante au 11e siècle, en ville centrale et cosmopolite de l’Islam soudanais. La ville fut prise par les Touaregs au 15e siècle, puis par les Songhay. L’Askia Mohamed, devenu calife du Soudan, y attire au début du 16e siècle de nombreux savants et lettrés arabo-berbères. Tombouctou fut, surtout jusqu’à la conquête marocaine (1591), l’un des plus grands centres universitaires au monde où sont enseignés le Coran, la théologie, la grammaire, les traditions, l’exégèse, le droit, la rhétorique, la logique, l’astrologie, l’astronomie, l’histoire et la géographie. 8- Zimbabwe La ville de Zimbabwe, haut lieu du contrôle des mines d’or exporté par Sofala, est datée par l’archéologie, et les porcelaines céladon de Chine qu’on y a trouvées. Ses constructions de pierre sont, en acropole, un sanctuaire avec des oiseaux votifs de pierre, et au creux de la vallée une double muraille, vestige de palais. La ville apparaît vers 1100 et est abandonnée vers 1450 par ses 10 000 habitants, dont l’élevage semi-transhumant avait stérilisé l’environnement. Ils se déplacèrent au nord, vers le Mutapa (ou Monomotapa), qui fut connu des Portugais. 9- Benin city Quand les Portugais y entrent, en 1486, la ville, protégée par un mur d’enceinte de 12 km de long, s’appelle Edo. Elle est au 17e siècle « plus grande que Lisbonne » avec de vastes maisons en terre (surtout celle du roi), alignées le long de rues très propres. Ville riche et active, relais entre le nord sahélien et le sud yoruba, elle produit, entre les 14e et 19e siècles, un art de cour en bronze fondu à cire perdue.

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    Attribué à Ibrahim Tita Mbohou (1914-1977) Dessin avec motifs géométriques. Vers 1950

    Style Bamoun. Cameroun, Foumban. Papier vélin, crayon graphite, encres et crayons de couleur. musée du quai Branly-Jacques Chirac

    10- Loango La ville, installée sur une colline dominant la ville actuelle, s'est étendue au 16e siècle autour du palais. Le premier document mentionnant le royaume de Loango est une lettre du Manikongo Afonso au roi du Portugal (1535). La Compagnie néerlandaise des Indes orientales y crée un comptoir en 1610 pour acheter de l’ivoire et exporter des esclaves vers le Brésil. Au 18e siècle, cette traite des esclaves enrichit une petite élite de commerçants vili. La concurrence effrénée des commerçants européens affaiblit le royaume qui disparaît au 19e siècle. 11- Le royaume de Mutapa et la ville de Kilwa À 350 km au nord de Zimbabwe, le royaume de Mutapa devient le nouveau centre économique de la région. Mal connu des Portugais car ce royaume intérieur ne les accueille guère, il se réserve le monopole de la production d’or désormais exporté par le port de Kilwa. Devenu légendaire en Occident, le Monomotapa (ou Mutapa) apparaît dans une Fable de La Fontaine. 12- Foumban Foumban, capitale du royaume Bamoun (Cameroun) naît au début du 19e siècle. L’art de cour incorpore des matériaux, tels les perles ou le cuivre, issus des échanges. Le roi Ibrahim Njoya, dont le règne démarre vers 1893, se convertit à l’Islam. L’arrivée des Allemands et du protestantisme au début du 20e siècle le conduit à créer une religion mêlant celles du Livre et de ses ancêtres. En 1910, il ouvre une école pour enseigner l’écriture bamoun inventée par le dessinateur Ibrahima Njoya. 13- Kong Créée vers le 12e siècle, la ville dioula de Kong s’affirme au 18e siècle comme la capitale d’un royaume en expansion et l’un des centres importants du commerce panafricain. Une partie des résidents dioula serait originaire de Djenné et de Ségou (Mali). Kong est un carrefour entre les villes sahariennes – Tombouctou ou Djenné – et celles des forêts côtières d’Afrique de l’ouest. De Kong partent vers le nord l’or, les cotonnades indigo, la kola, le fer, le bétail, le karité pour la cosmétique et les esclaves. 14- Comptoirs portugais Au fur et à mesure de l’exploration des côtes africaines, les marins Portugais créent des comptoirs de commerce. Le plus ancien est São Jorge da Mina en 1471 sur la « côte de l’or » (Ghana actuel), car c’est l’or africain qu’ils viennent d’abord chercher pour financer leurs expéditions. Loanda va suivre sur la côte congolaise (1576), puis l’île de Mozambique et Mombasa en 1593 (Kenya) sur l’océan Indien. São Jorge sera occupé par les Hollandais (1637). En 1872, la ville, renommée Elmina, devient britannique.

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    Gaston Roullet.

    Le pont de Sohr (Faidherbe) à Saint-Louis-du-Sénégal

    1891. Aquarelle sur papier musée du quai Branly-Jacques Chirac

    Femmes du Harem du sultan de Zanzibar Vers 1890.

    Album de photographies sur la région de Zanzibar, Tanzanie

    Papier albuminé ou barytés gélatino-argentiques, encre, cuir. musée du quai Branly-Jacques Chirac

    15- Comptoirs européens À la suite des Portugais, les autres nations (Hollandais, Danois, Brandebourgeois, Anglais, Français…) érigent sur la côte des forts armés destinés davantage à se protéger des concurrents européens que des populations locales attirées par ces grands marchés où s’activent commerçants, caravaniers et esclaves. Sur la côte ouest-africaine, on compte au 18e siècle 43 forts où les Européens pratiquent à terre le troc des marchandises apportées par les bateaux négriers contre des esclaves.

    16- Saint-Louis-du-Sénégal Cette île, à l’embouchure du fleuve, devient en 1659 le siège de la Compagnie française du Sénégal. La ville, au style « colonial portugais » caractéristique, comptait à la fin du 18e siècle 7 000 habitants dont 660 Européens, et une bourgeoisie créole (d’origine métissée) esclavagiste qui en fit la fortune. Elle fut reliée à la terre ferme par le pont Faidherbe en 1865, et à Dakar par le chemin de fer en 1885. Capitale de l’Afrique-Occidentale française en 1902, elle devient capitale du Sénégal jusqu’à l’Indépendance en 1960.

    17- Zanzibar L’arrivée sur l’île d’Africains de la côte remonterait au 3e millénaire avant notre ère. Des Shirazi (bantouphones se réclamant d’une influence perse) s’y seraient installés vers le 5e siècle de notre ère, et la ville swahili se développe au 9e siècle. Le sultan d’Oman y transfère sa capitale en 1840 et fait construire la « ville de pierre » arabe qui fourmille de mosquées. Les plantations esclavagistes de clou de girofle font la fortune des îles de Zanzibar et de Pemba qui comptent alors 200 000 habitants dont 80% d’esclaves. La suppression de la traite, officielle en 1874, devient définitive en 1890.

    18- Les villes du 20e siècle Photographe sud-africain, Guy Tillim a été lauréat d’une bourse photographique du musée du quai Branly-Jacques Chirac en 2016. Son projet portait sur les villes contemporaines d’Afrique Orientale (Addis-Adeba, Nairobi, Harare).

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    Plaque de sel, jeu Deuxième moitié du 20e siècle. Mali. Sel

    gemme, pigments bleus et rouges musée du quai Branly-Jacques Chirac

    Collier de perles en pâte de verre Entre le 8e et le 10e siècle. Mali

    Collection A. et G. Panini, Côme, Italie. 1. (en bas) Produit au Moyen-Orient, ancienne Perse 2. (au centre) Perles micromosaïques dites « tapis ».

    Égypte, Alexandrie (?) 3. (en haut) Pendentif protecteur Tawiz. Région de l’Est

    de la mer Méditerranée

    III. LES ROUTES COMMERCIALES Depuis des millénaires, l’Afrique a commercé avec le reste du monde, recevant parfois, envoyant beaucoup. Les Africains ont toujours eu besoin de sel, échangé contre le fer et l’or. Les perles sont arrivées d’Orient depuis bien avant notre ère, et de Venise depuis le 15e siècle. L’ivoire africain fut importé depuis l’Antiquité jusqu’en Occident ; les Chinois et les Indiens en ont fait grand usage. Le cuivre d’Afrique centrale a circulé, et plus encore l’or, recherché par le monde depuis l’Antiquité. Ces métaux, et ces objets - perles, manilles, coquillages (cauris), tissus artisanaux, ont servi de monnaie depuis toujours, des pièces d’or et d’argent ont été frappées et servent d’ornements et de bijoux aujourd’hui.

    1- Le sel Les légumineuses riches en sel - indispensable à l’homme - sont rares en Afrique. Le commerce du sel y est une constante de l’histoire. Hérodote (5e siècle avant notre ère) évoque l’échange or contre sel « au-delà des colonnes d’Hercule », en l’occurrence le détroit de Gibraltar (Maroc). Les caravanes berbères parties de Sijilmasa le convoient vers Tombouctou par charges de quatre barres par dromadaire, à partir des salines sahariennes de Taoudeni et Teghaza. Il était ailleurs échangé contre le fer pour fabriquer les houes. Les Portugais, depuis le 15e siècle, l'échangeaient contre des esclaves. Seule la navigation à vapeur a réduit ces échanges séculaires.

    2- Les perles En corail, en cornaline ou en verre, les perles importées ont alimenté les échanges depuis l’Antiquité. Les perles de verre proviennent d’Égypte dans l’Antiquité, du monde arabe entre le 8e et le 15e siècle, puis de Venise et de Bohême depuis la fin du 15e siècle. Des perles indiennes, en cornaline notamment, sont attestées sur le continent au 13e siècle. En dehors de l’usage monétaire, les perles indiquent le prestige tant dans des parures que sur des ouvrages précieux. Sur la façade orientale de l’Afrique, elles sont réputées pour leurs vertus magico-religieuses.

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    Statuette féminine

    19e siècle. Style Attié. Côte d’Ivoire, région des Lagunes Bois, or, perles, fibres végétales.

    musée du quai Branly–Jacques Chirac

    3- L’ivoire L’Asie comme l’Europe convoitent l’ivoire africain au point d’en faire l’une des trois principales ressources d’importation depuis le continent, avec l’or puis les esclaves. Il circule déjà dans l’Antiquité comme le mentionne Hérodote au 5e siècle avant notre ère. La longueur importante de la défense de l’éléphant africain la distingue de l’ivoire asiatique, et les Indiens la recherchent. Les Berbères, les Arabes puis les Portugais interviennent aussi comme relais de cette marchandise dans les échanges. D’abord exporté brut, l’ivoire sculpté par des artistes africains parvient sur les tables ou dans les cabinets de curiosité des élites européennes à la Renaissance.

     

    Salière afro-portugaise 16e siècle. Style Edo d’Owo. Nigeria, atelier de Benin City. Ivoire musée du quai Branly-Jacques Chirac

    Cette salière illustre les premiers contacts directs entre l'Europe et l'Afrique subsaharienne, au 16e siècle, et les échanges culturels qui ont accompagné l'établissement de relations commerciales. L’objet se décompose en trois parties : la partie basse figure quatre soldats portugais, une caravelle avec une vigie est figurée en partie haute, un homme escalade les cordages sur le couvercle. Elle provient du cabinet de curiosité d’un aristocrate belge où elle était restée pendant plusieurs siècles.

    4- Le cuivre Les objets en cuivre sont abondants en Afrique centrale où les mines ont été exploitées de bonne heure. Ce commerce a participé à l’essor des empires Luba et Lunda, entre les 15e et 18e siècles, et du royaume du Kongo. Des bracelets-manilles, des barrettes et des plateaux de cuivre servent alors de monnaie et de dotations de mariage. Travaillé sur place, le métal a aussi été exporté vers l’Afrique de l’ouest - comme le prouve l’art royal de Benin (Nigeria actuel) -, et vers le Portugal où les objets ont été massivement reproduits pour les réinjecter en Afrique, contre l’achat d’esclaves. 5- L’or Avant la découverte de l’Amérique, la plus grande partie de l’or en circulation dans le monde au Moyen Âge provient d’Afrique. L’or contrôlé par les grands empires de l’ouest africain, Ghana et Mali anciens, Songhay ou dans les régions forestières au sud (Ghana et Côte d’Ivoire actuels) est exporté par le Sahara. La richesse en or du Ghana et le pèlerinage fastueux de l’empereur du Mali Kankan Moussa enthousiasmèrent les chroniqueurs arabes. Au sud, du 10e au 17e siècle, l’empire du Zimbabwe puis du Monomotapa (ou Mutapa) exportent l’or vers l’océan Indien. En 1886, Johannesburg prend le relais en Afrique du sud.

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    Assiette

    15e siècle (?). Fabriqué en Chine. Madagascar, fouilles du comptoir de

    Vohémar. Porcelaine. musée du quai Branly–Jacques Chirac

    Mannequin funéraire

    Première moitié du 20e siècle Style Bembé. Congo

    Coton industriel, fibres végétales musée du quai Branly-Jacques Chirac

    6- Les monnaies En différents points du continent, le fer, le cuivre, le sel, les perles, les coquillages nzimbu ou les cauris, les cotonnades et les raphias tissés sont des monnaies reconnues sur de courtes, moyennes et longues distances. A l’est, Aksoum (Éthiopie) est le premier royaume africain à battre monnaie dans la seconde moitié du 2e siècle, précédant de sept siècles les monnaies swahili de Shanga, Zanzibar, Kilwa et du sud du Mozambique actuel. Le système monétaire européen apparaît en Afrique orientale au 18e siècle avec les thalers en argent frappés à l’effigie de l’archiduchesse d’Autriche-Hongrie Marie-Thérèse.

    7- Les routes commerciales de la Chine et de l’Inde L’océan Indien est parcouru par les marins, les marchands, les religieux et les migrants. Au 1er siècle de notre ère, des traitants arabes et indiens sont déjà en Mer Rouge. Au 7e siècle, l’empire chinois des Tang s’ouvre par les routes de la soie, terrestre et maritime. Sur la côte africaine, les Indiens et les Chinois vont chercher l’ivoire, le copal ou encore les esclaves. Ils apportent de la soie, des perles de cornaline et, de Chine, de la porcelaine jusqu’au 15e siècle.

    8- Les textiles industriels Les bandes tissées africaines, étroites et cousues de coton local, teintes à l’indigo poussant à l’état naturel, sont anciennes. Le batik, teinture travaillée à la cire, arrive d’Indonésie au 10e siècle. Kano (Nigeria du nord) domine le marché ouest africain avant que l’industrie anglaise des cotonnades « indiennes » ne l’emporte. Au 18e siècle, plus de la moitié des produits du commerce européen vers les ports africains sont des textiles. En 1846, la Compagnie néerlandaise Vlisco met au point l’industrie du wax emprunté à l’Indonésie et domine le marché jusqu’à l’arrivée du wax chinois. 9- Les plantes et la pharmacopée Vers le 8e siècle, les bananes, le riz et les agrumes d'Asie sont cultivés en Afrique. Au 14e siècle, le café originaire d'Éthiopie est exporté vers l'Arabie. Dès le 16e siècle, les esclaves apportent le riz en Amérique. Sur cette route des plantes, les Européens implantent le palmier à huile et le café africains en Asie et en Amérique ; l'ananas, l'arachide, le manioc ou le cacao américains sont exportés vers l'Afrique. Les connaissances médicinales africaines circulent également, mais rares sont les témoignages écrits de ce savoir transmis oralement, qui a contribué à l'avancée pharmacologique.

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    Mamy Wata

    Vers 1950, Sénégal, Médina de Dakar Verre, peinture, technique dite du « fixé sous verre »

    musée du quai Branly–Jacques Chirac

    IV. LES ROUTES SPIRITUELLES ET RELIGIEUSES Les « religions du terroir » ont un fond commun : l’exigence d’intercesseurs – ancêtres, devins et sorciers – pour se concilier le monde surnaturel. Les esclaves ont exporté ces croyances aux Amériques. L’Afrique a aussi adopté les nouveautés offertes par les monothéismes : judaïsme et christianisme des origines ont laissé leur trace, les Arabes ont ensuite apporté l’Islam par le nord et par l’est dès le 9e siècle. Les religions du Livre se sont massivement implantées depuis le 19e siècle. Ces options religieuses ont pu cohabiter pacifiquement jusque récemment malgré un certain nombre de heurts. 1- Les « religions du terroir » Les religions africaines locales, ou « religions du terroir », honorent les ancêtres divinisés, les esprits de la nature mais aussi les divinités du monde invisible. Ces dernières favorisent notamment l’équilibre social ou la fertilité, ils informent sur le destin ou chassent le mal. Le verbe, les gestes et/ou les sacrifices agissent en association avec un matériel liturgique parfois porteur d’image. Ces religions transmises oralement associent mythes et histoire, dans des espaces dédiés. 2- Mamy Wata Au 20e siècle, des cultes africains et africains-américains rendus à la divinité de la mer convergent vers deux icônes féminines : la sirène ou la Mamy Wata. Une image européenne circule en Afrique dès 1885. Il s’agit d’une charmeuse de serpent qui se produisait dans un cirque ambulant allemand. En 1901, au Nigeria, un sculpteur la prend pour modèle et l’associe à la divinité de la mer Mamy Wata. Sa popularité s’accroît dans le monde religieux des continents de part et d’autre de l’Atlantique sud et du centre de l’Afrique. Mamy Wata incarne la puissance maritime, la beauté, la richesse autant que leur danger. Au Brésil, on fusionne l’image de la sirène et de la Vierge sous le nom de Yemandja. 3- Les religions africaines américaines Les 12 millions d’Africains déportés vers l’Amérique entre les 16e et 19e siècles sont convertis de force au christianisme ; toutefois certaines religions africaines subsistent, comme le vodou en Haïti. Cette religion est apportée par les esclaves Guédévi (sud du Bénin actuel) puis se combine à la religion des Kongo (Congo) camouflée sous un vernis catholique. Au Brésil, les esclaves déportés au 19e siècle sont yoruba, originaires d’Oyo (Nigeria) et de Kétou (Bénin). Leurs dieux orisa les accompagnent. En Haïti comme au Brésil, ces religions sont toujours vivantes.

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    Myrlande Constant (née en 1968) Bannière Bawon, 2005. Haïti Fibres synthétiques, perles de verre et de plastique, satin musée du quai Branly-Jacques Chirac

    L’artiste haïtienne Myrlande Constant reprend la forme des bannières vaudou, ces drapeaux placés à l’entrée des temples ou utilisés lors des processions. Au centre d’un cimetière est représenté Bawon Samedi, l’esprit (lwa) des morts, reconnaissable à son chapeau et à son costume de soirée.

    4- Le judaïsme Ménélik 1er, fils du roi Salomon et de la Reine de Saba (10e siècle av. notre ère ?), est le premier roi juif africain établi en Éthiopie. À la fin du 15e siècle, des juifs européens sont chassés d’Espagne et du Portugal vers le Maghreb, le Cap Vert et la côte sénégambienne. Le voyageur Léon l’Africain mentionne au 16e siècle la présence de juifs africains à Tombouctou. Encore aujourd’hui, des lignages africains se reconnaissent dans l’une des légendaires « dix tribus perdues » de l’Ancien Testament et se convertissent au judaïsme. Si la religion juive reste marginale en Afrique subsaharienne, des mouvements panafricanistes africains-américains du 20e siècle revendiquent leur origine africaine juive. 5- La Reine de Saba Le récit de la Reine de Saba et du roi Salomon est commun au judaïsme, au christianisme et à l’Islam. Il incarne la conversion aux religions du Livre. La protagoniste serait éthiopienne ou yéménite. Dans l’Ancien Testament, la Reine de Saba rencontre à Jérusalem le roi Salomon « avec un équipage très considérable, des chameaux portant des aromates, de l'or en très grande quantité et des pierres précieuses. » De leur union naît Ménélik, qui aurait dérobé les textes hébraïques sacrés dits « Table de la Loi ». Cet épisode légendaire se serait déroulé vers le 10e siècle avant notre ère. 6- Le christianisme L’Éthiopie orthodoxe copte s’organise au 5e siècle en refusant le concile de Chalcédoine. En 1491, les Portugais convertissent le roi du Kongo et le baptisent. Mais les grandes conversions au catholicisme remontent surtout à la fin du 19e siècle, en lien étroit avec la colonisation du continent. Parallèlement, les missionnaires protestants étaient depuis le 18e siècle en Afrique australe, développant aussi l’enseignement privé. Les Africains créent des « Églises noires » (kimbanguisme, « éthiopianisme »). Importées des États-Unis, les sectes évangélistes se sont récemment démultipliées.

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    Simon Bening Adoration des Mages Première moitié du 16e siècle Vélin collé sur bois Musée du Louvre

    À partir de 1480, l’un des trois rois mages (Balthazar) est fréquemment représenté sous les traits d’un noir. On fait de ce mage l’ancêtre du « Prêtre Jean », souverain d’un mythique État chrétien que l’on associe au royaume d’Éthiopie. Cette iconographie connait une grande fortune dans les Flandres au 16e siècle où elle est prétexte à l’introduction d’un certain exotisme.

    7- L’Islam Seule la Mer Rouge sépare La Mecque de l’Abyssinie (Éthiopie), premier territoire africain converti dès la naissance de l’Islam, au 7e siècle. Dans les siècles suivants, grâce à la présence de commerçants arabes, cette religion s’établit dans les ports de l’océan Indien et à Madagascar. Du côté occidental, à la suite des conquêtes arabo-musulmanes vers le Maghreb, les élites des empires sahéliens, puis leurs sujets, sont progressivement islamisés à partir du 9e siècle. Le commerce et cette religion sont liés, le réseau de commerçants musulmans dioula et haoussa se partageant les savanes ouest africaines.

    Masque sibondel, cheval ailé al bur’âq Entre 1950 et 1960. Style Baga, Guinée. Bois, pigments chimiques. musée du quai Branly – Jacques Chirac La structure du sibondel est très proche des castelets de marionnettes bamana et bozo du Sahel, à plus de 1 000 kilomètres de la région baga. La forme est apparue vers 1935 par l’intermédiaire du sculpteur baga, Kanfori Kinson. L’historien de l’art Frederick Lamp suggère que cette transmission formelle soit passée par les jeunes hommes baga et bamana enrôlés dans la construction de la voie de chemin de fer entre Conakry et Kankan au nord de la Guinée, frontalière du Mali actuel.

    V. LES ROUTES ESTHÉTIQUES La forme et l’esthétique de cet ensemble d’œuvres révèlent différents type de routes : linguistique, migratoire ou encore technologique. Les poteaux funéraires en bois lient des cultures d’Afrique orientale à celles de l’Asie de l’océan Indien.

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    Poteau funéraire

    19e siècle. Style Modang Indonésie, grandes îles de la Sonde,

    Kalimantan. Bois de fer. musée du quai Branly-Jacques Chirac

    Les masques reflètent des pratiques communes au groupe linguistique nigéro-congolais, qui s’étend d’Afrique de l’ouest jusqu’aux bantous d’Afrique centrale et orientale. Les arts du métal au Nigeria renvoient aux connaissances de la forge partagées depuis plusieurs millénaires et qui impliquent les routes du fer, de l’étain, du zinc et du cuivre. Les sceptres et les cannes sculptés en bois concluent cette partie. Ces œuvres de prestige rassemblent des cultures qui, bien que réparties sur une distance de 2 000 kilomètres, présentent un mythe historique commun. 1- Nigeria La fonte du fer en Afrique centrale et au Nigeria remonterait au moins au 8e siècle avant notre ère (Nok). Le cuivre des alliages de bronze arrive d’abord du Niger au nord puis, avec les Portugais au 15e siècle, du Kongo au sud. Une chronologie des arts du métal se précise, dans les alliages cuivreux en particulier : maîtrisés à Igbo Ukwu au sud-est depuis le 9e siècle, puis au nord ouest à Ifè dès le 12e siècle et attestés au sud ouest à Benin City au 14e siècle. Différents styles et méthodes d’alliage sur plus de 10 siècles sont visibles dans cette vitrine dédiée aux arts du métal au Nigeria. 2- Luba, Lunda, Tshokwe Ces œuvres de prestige, de cultures et de styles distincts, renvoient à une mémoire mythique de l’histoire impliquant des mouvements migratoires et des contacts du lac Tanganyika, en pays Luba, à l’océan Atlantique, dans l’aire tshokwe. Dans ce récit fondateur, le héros est un chasseur de la famille royale luba, du nom de Chibinda Ilunga, marié à la souveraine du royaume lunda, Lueji. Chibinda incarne la connaissance technologique et magique, l’art de la chasse et la royauté sacrée. Sa descendance, segmentée dès le 17e siècle au rythme des guerres de succession et des déplacements vers l’ouest, le reconnaît en ancêtre héroïque commun. 3- Les poteaux funéraires Cet ensemble de poteaux funéraires en bois lie les cultures d’Afrique orientale à certaines cultures de l’Océan Indien, de langue malayo-polynésienne. L’érection de poteaux funéraires s’inscrit dans un cycle de rituels qui accompagnent le défunt vers son nouveau statut d’ancêtre. Ces sculptures apparaissent en Afrique orientale, faiblement au centre du continent, à Madagascar, en Indonésie et jusqu’au Viet Nam. Ils expriment l’histoire de la rencontre entre les austronésiens et le continent africain depuis le 8e siècle. 4- Les masques Les masques sculptés de fibres ou de feuilles sont utilisés sur une seule partie du continent en suivant la grande route linguistique nigéro-congolaise qui englobe l’Afrique de l’ouest et les bantouphones, essentiellement présents en Afrique centrale. Au sein d’une même culture, la signification et l’usage peuvent varier. Ils divertissent, entreprennent une critique sociale ou encore la régulent. Ils sont perçus comme des présences supra-humaines temporaires dans la société. Les masques à cornes choisis pour l’exposition retracent la route de cette famille linguistique.

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    Joseph Csaky (1888-1971)

    Tête de femme 1914. Pierre

    Musée National d’Art Moderne- Centre Georges Pompidou

    VI. LES ROUTES COLONIALES Du bateau à vapeur, au milieu du 19e siècle, au chemin de fer et aux pistes carrossables à la fin du 19e siècle, puis à l’avion au 20e siècle, les nouveaux modes de communication pénètrent de larges portions de territoires, auparavant peu concernées. En 1869, l’ouverture du canal de Suez accélère les rotations maritimes. L’exportation de matières premières nécessaires à l’industrie européenne compense la perte du marché esclavagiste : oléagineux tropicaux (arachides, huile de palme, coprah), clou de girofle, gomme arabique et bois de teinture utiles au textile. Des minerais précieux sont extraits au cœur de l’Afrique australe et centrale : diamant, or, cuivre. En échange, les produits manufacturés ruinent l’artisanat local, mais procurent aussi de nouveaux matériaux que les artisans incorporent avec créativité. 1- Les routes souterraines L’or, le cuivre et le fer africains dominent depuis l’Antiquité dans les échanges, y compris au-delà du continent. Au lendemain de la révolution industrielle européenne au 19e siècle et de son bond technologique en géophysique, les explorateurs puis les colonisateurs identifient des filons géologiques regorgeant de matières premières : or, cuivre, fer, charbon, diamant, pétrole ou uranium. Des infrastructures sont alors créées pour exporter ces ressources, sur fond de travail souvent forcé. L’exploitation des mines africaines est toujours au cœur d’enjeux géopolitiques. 2- La route des objets Les objets africains empruntent les routes maritimes puis aériennes, au 20e siècle, vers l’Europe de l’ouest. En l’espace d’un siècle, des centaines de milliers d’objets africains quittent le continent pour rejoindre des collections privées, des expositions, des musées et, plus tard, le marché de l’art occidental. Quel que soit le mode d’acquisition - butins de guerre, confiscations, achats, dons ou commandes - les noms d’artistes ont très rarement franchi les limites du pays d’origine. Leurs œuvres connues, pour la plupart créées entre 1850 et 1920, sont aujourd’hui anonymes. Elles témoignent d’une infime partie de l’histoire des arts d’Afrique. 3- La rencontre avec l’art moderne En Europe et notamment à Paris, depuis les années 1860, certains artistes visuels s’émancipent de l’académisme puis affirment leur rupture au début du 20e siècle. Des peintres d’avant-garde comme Picasso, Nolde, Tzara ou Derain s’intéressent aux arts étrangers ; la sculpture africaine rejoint ce qu’ils appellent l’« art nègre ». Daniel Henry Kahnweiller, galeriste qui représentait Picasso, explique que les artistes modernes ont d’abord trouvé dans l’art africain « un art qu’ils devinaient frère». Ils y voyaient aussi des œuvres d’artistes qui leur étaient contemporains.

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    VII. LA NATION DES ARTISTES La connaissance de l’art africain a enrichi l’imaginaire et le vocabulaire des artistes modernes occidentaux. Inversement, des images, des objets et des enseignements artistiques partirent vers l’Afrique. De nouvelles techniques furent transmises, comme la peinture sur toile, la lithographie ou la photographie. A l’ère de la globalisation, en Afrique ou ailleurs, les artistes appartiennent à une même nation, s’exprimant dans un langage semblable mais où chacun peut affirmer sa singularité. Des œuvres modernes et contemporaines, d’artistes africains et européens, nous invitent ici à sentir des formes et des intentions confluentes.

    Yinka Shonibare MBE [Most Excellent order of the British Empire] (né en 1962) La Méduse

    2008. Bois, mousse, tissu wax, acrylique, coton Nouveau musée national de Monaco

    Cette œuvre multiplie les références et les interactions entre l’Afrique et l’Europe, en particulier le Sénégal et la France. En 1816, la frégate française La Méduse se rendait à l’île de Gorée, ancien port de traite négrière. Le bateau échoua non loin de Saint-Louis-du-Sénégal, ville déjà colonisée par les Français. Les rares survivants avaient eu recours à l’anthropophagie. Le récit et les produits européens de conquête commerciale comme le wax combinent le croisement tourmenté de ces routes. Shonibare est nommé membre du «Most Excellent Order of the British Empire» (MBE) en 2005. Alors que d’autres artistes afro-britanniques ont refusé cette décoration, Shonibare a officiellement adjoint l’acronyme à son nom d’artiste.

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    Entre - 200 000 et - 150 000 Émergence d’homo sapiens (humanité moderne) en Afrique Vers - 1500 Premiers contacts entre l’Arabie, l’Inde et la côte orientale d’Afrique Entre – 1 000 et 500 de notre ère Civilisation Nok (Nigeria) 250 av. notre ère Essor de Djenne-Jeno (Mali actuel) et de la civilisation Sao (Tchad) Vers 200 de notre ère Le dromadaire s’est imposé comme moyen de transport au Sahara De 1100 à 1450 L’or de Zimbabwe est exporté vers l’océan Indien depuis les ports swahili de Sofala (Mozambique) et Kilwa (Tanzanie) De 1100 à 1591 Tombouctou : construction de la mosquée vers 1330 et déclin de la ville après l’occupation marocaine 1324-1325 Pèlerinage de l’empereur malien Kankan Moussa à la Mecque 1405-1433 Grandes expéditions maritimes chinoises vers l’Afrique de l’est 1498 Vasco de Gama relie le Portugal à l’Inde en contournant pour la première fois l’Afrique du sud. 1505-1525 Début du commerce atlantique des esclaves africains organisé par les Européens

    La circulation des hommes en Afrique : Repères chronologiques

    L’histoire africaine est la plus vieille histoire du monde ; l’être humain a pris forme en Afrique orientale et australe. On situe aujourd’hui au Tchad (il y a entre 6 et 7 millions d’années) l’émergence de l’hominidé qui allait devenir, vers 150 000 avant notre ère, l’homo sapiens, toujours en Afrique. L’homme se déplace, à plusieurs reprises, sur le continent originel. Les premiers bijoux, des coquillages percés trouvés près du Cap en Afrique du sud, remonteraient à 100 000 ans.

    Relevé d’art rupestre.

    1er millénaire avant notre ère. Style dit « garamantique ». Sahara algérien, Tassili n’Ajjer Titerast. Peinture sur papier.

    Paris, Muséum national d’Histoire naturelle / Musée de l’Homme

    LA CIRCULATION DES HOMMES AVANT NOTRE ÈRE Pendant des millions d’années, jusqu’à la colonisation dont l’un des objectifs a été de vouloir stabiliser ces mouvements, les peuples africains ont circulé grâce à une géographie favorable. Des guerriers, des commerçants, des savants, des personnalités politiques mais aussi des esclaves africains circulent à l’intérieur du continent et, depuis l’Antiquité, hors d’Afrique. Des œuvres antiques égyptiennes, grecques et romaines en témoignent. Dès avant le 1er siècle de notre ère, les Asiatiques – Perses puis Arabes, Indiens et Chinois – voyagent vers l’Afrique et y commercent, bien avant les Européens qui ne contourneront le continent qu’à la fin du 15e siècle. LA CIRCULATION DES HOMMES AU 17e SIÈCLE Dans le commerce transcontinental dit « triangulaire », les Africains sont considérés comme des marchandises. En France, la traite des esclaves s’intensifie sous le règne de Louis XIV qui demande à Colbert de rédiger « Le code Noir », instrument législatif encadrant les pratiques esclavagistes (1685). De l’Amérique à l’île Bourbon (île de la Réunion actuelle), des millions d’Africains sont déplacés et asservis. À Versailles, des princes et des ambassadeurs royaux africains scellent auprès du roi Louis XIV des partenariats commerciaux dont, surtout, celui de la traite négrière atlantique. L’ESCLAVAGE ATLANTIQUE La traite des esclaves en Atlantique concerne exclusivement les populations d’Afrique subsaharienne. Répondant à la demande des trafiquants, des chefs africains organisent les captures. Dès le 16e siècle, les Portugais pratiquent cette déportation « en droiture » entre la région du Kongo et le Brésil d’où ils rapportent des denrées coloniales. Il s’agit, dans l’Atlantique sud, d’un aller-retour direct entre côtes africaines et Amérique latine.

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    Vers 1680 Osei Tutu créé la confédération ashanti, sa capitale est Kumasi (Ghana actuel) 1702-1706 Kimpa Vita dite Béatriz du Kongo s’oppose à l’occupation portugaise, elle est brûlée comme sorcière sur ordre du roi du Kongo 1776-1810 Le Peul musulman Ousman Dan Fodio conquiert le pays Haoussa (Nigeria et Cameroun du nord) De 1803 à 1866 Abolitions progressives des traites atlantiques par les États esclavagistes occidentaux 1847 République du Liberia, fondé par l’American Colonization Society en 1822 pour accueillir des esclaves affranchis africains-américains 1884-1885 Conférence de Berlin qui fixe les règles du partage de l’Afrique entre les Européens 1916-1917 Recrutement massif en AOF de tirailleurs « sénégalais » pour la Première guerre mondiale 1948-1990 En Afrique du Sud, régime de l’Apartheid qui repose sur la ségrégation raciale en principe de gouvernement 1954 Publication de Nations nègres et culture de Cheikh Anta Diop, précurseur de l’afrocentricité : l’histoire vue d’Afrique 1994 Élection de Nelson Mandela, premier président noir d’Afrique du Sud

    Aux 17e et 18e siècles, le commerce triangulaire domine dans l’Atlantique nord : les esclaves sont vendus en Amérique pour les plantations de canne à sucre des colonies françaises et britanniques. Le navire part d’Europe avec de la marchandise qui sera vendue aux Africains (aliments spécifiques, outils nécessaires au fonctionnement des colonies, bijoux, tissu fin pour les colons, tissu grossier pour les esclaves), charge les esclaves et rapporte d’Amérique la mélasse pour fabriquer le sucre en Europe. Si la traite des esclaves est d’abord abolie par les Anglais en 1807 puis de nouveau imposée par eux à partir de 1815, la contrebande persiste jusqu’à la fin de l’esclavage : 1835 dans les colonies britanniques, 1848 dans les françaises, 1880 à Cuba et 1888 au Brésil. LA PÉRIODE COLONIALE Les colonies africaines sont d’abord britanniques : Le Cap en 1806 puis la Sierra Leone en 1807. Tout au long du 19e siècle, les Européens explorent et découvrent l’intérieur du continent. En 1885, l’Europe achève le partage de l’Afrique à la conférence internationale de Berlin, qui décrète la liberté de commerce européen sur le Congo et le Niger, annonçant l’impérialisme colonial qui prendra fin entre 1956 et 1990. En métropole, les zoos humains ou la presse servent la propagande coloniale des trois C « Commerce, Christianisme, Civilisation ». La création de nouvelles routes africaines, du port au chemin de fer en passant par les routes terrestres et souterraines, impose de grands déplacements de population et le travail forcé. LA CIRCULATION DES HOMMES AUJOURD’HUI Les migrations internes à l’Afrique, drainées par les multinationales (mines, pétrole, etc.) ou provoquées par des conflits, l’emportent de beaucoup sur les migrations internationales. Les premiers travailleurs en France sont les ex-« tirailleurs » de la Première guerre mondiale démobilisés sur place. En 1946, les « citoyens de l’Union française » circulent librement. Des étudiants arrivent. L’industrie française des « trente glorieuses » (1945-1975) recrute massivement au Maghreb puis en Afrique subsaharienne. La diaspora africaine contemporaine est multiforme.

    Philip Kwame Apagya (né en 1958)

    Come on Board! 2000 Tirage à développement

    chromogène. Genève, CAAC, collection Pigozzi

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    Crédits Photographiques p5 : © Michel Gurfinkel / p6 : © Collection de la BNF / p5 haut, p9, p11 haut et bas, p12 bas, p13 haut, p14, p15, p16 bas, p17: © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Claude Germain / p12 haut : © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado / p5 bas : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski / p8 : haut, p13 bas : © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries / p8 bas, p10 : © musée du quai Branly - Jacques Chirac / p16 haut : © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot / P17 : © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet / p19 : © Yinka Shonibare, MBE, Crédit photo : NMNM / Andrea Rossetti © ADAGP, Paris 2016 / p20 : © MNHN - JC Domenech / p21 : © Philip Kwame Apagya / Courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

    COMMISSARIAT D’EXPOSITION COMMISSAIRE : GAËLLE BEAUJEAN Responsable des collections Afrique au musée du quai Branly-Jacques Chirac, Docteur en anthropologie sociale. Depuis 1999, elle a participé, au musée du quai Branly-Jacques Chirac, au programme de l’espace d’interprétation au Pavillon des Sessions puis au parcours de référence Afrique du musée. Elle a été conseillère scientifique de l’exposition OBJETS BLESSÉS. La réparation en Afrique en 2007 au musée du quai Branly-Jacques Chirac. En 2009, elle a assuré le commissariat de l’exposition ARTISTES D’ABOMEY, Dialogue sur un royaume africain et a dirigé le catalogue coédité par le musée et la Fondation Zinsou. Diplômée en Esthétique (Paris I), en Histoire et Civilisations (EHESS), et Docteur en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS). COMMISSAIRE ASSOCIÉE : CATHERINE COQUERY-VIDROVITCH Catherine Coquery-Vidrovitch, normalienne, agrégée d’Histoire, docteur d'État, est professeur des universités et a dirigé un laboratoire CNRS sur les pays du Sud pendant 17 ans à l’université Paris Diderot / Paris 7. Elle a reçu en 1999 le ASA (African Studies Association) Distinguished Award (États-Unis). Elle a publié une dizaine d’ouvrages, dont quatre traduits en anglais. Parmis les plus récents : Des oubliés du nazisme. Les Allemands noirs de la première moitié du XXe siècle, le Cherche-Midi, 2007 ; Les enjeux politiques de l’histoire coloniale, Agone, 2009 ; Petite histoire de l’Afrique. La Découverte, 2011. Les Africaines, La Découverte, 2013 ; Être esclave. Afrique-Amériques XVe - XIXe siècle (en coll. avec Éric Mesnard), La Découverte, 2013. Le rapport Brazza, 1905 (texte et commentaire), Le passager clandestin, 2014. La scénographie de l’exposition a été réalisée par Pascal Rodriguez. AUTOUR DE L’EXPOSITION

    CATALOGUE DE L’EXPOSITION L’AFRIQUE DES ROUTES. Histoire de la circulation des hommes, des richesses et des idées à travers le continent africain Coédition musée du quai Branly - Jacques Chirac / Actes Sud, 256 pages, 37,90 €

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    COLLOQUE LES MONDIALISATIONS AFRICAINES DANS L’HISTOIRE Jeudi 20/04/17 et vendredi 21/04/17 Salle de cinéma Le musée du quai Branly - Jacques Chirac organise un colloque international en regard de l’exposition L’AFRIQUE DES ROUTES. L’objectif est d’affirmer la place de ce continent dans l’histoire des mondialisations, de préciser les diverses circulations d’hommes, d’idées et d’objets et, partant, de discuter et déconstruire des stéréotypes ancrés comme celui de « primitif » ou de continent « fermé ».

    Comité scientifique : Gaëlle Beaujean, Responsable des collections Afrique au musée du quai Branly - Jacques Chirac, Frédéric Keck, Directeur du département de la Recherche et de l’Enseignement, Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne spécialiste de l’Afrique et professeur émérite à l’université Paris Diderot / Paris 7, Jean-Paul Colleyn, (IMAf, EHESS), Pierre Boilley (IMAf). RENDEZ-VOUS AU SALON DE LECTURE JACQUES KERCHACHE Afrique-Asie. Arts, espaces, pratiques Table ronde Jeudi 16 mars à 19h

    Les liens entre l'Afrique et l’Asie sont au cœur de la globalisation. Centrés sur le travail de plasticiens et de performeurs, sur l’urbanisme, la littérature et la spiritualité, les essais collectés dans cet ouvrage en appellent à une palette de disciplines : histoire et histoire de l’art, anthropologie, sociologie, géographie, architecture, littérature comparée, visual et culture studies. Dans le cadre de l’exposition L’Afrique des routes et à l’occasion de la parution de l’ouvrage collectif Afrique-Asie. Arts, espaces, pratiques, éditions Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2016. Rencontre avec Nicole Khouri et Dominique Malaquais, directeurs éditoriaux, Malala Andrialavidrazana, Sammy Baloji, Gary Van Wyk, Peter Engblom (sous réserve) et Jean-Paul Colleyn(IMAf, EHESS) Les Afriques des routes Lecture Au théâtre Claude Lévi-Strauss et dans le cadre du Printemps des Poètes : Afrique(s) Samedi 18 mars à 17h

    Consacrée aux poètes africains et d’origine africaine francophone, notamment Sony Labou Tansi, Tchicaya U’Tamsi, Abdellatif Laabi, Ali Wabéri ou Birago Diop. Certains poètes seraient présents ce jour-là : Alain Mabanckou (sous réserve), Dany Laferrière (sous réserve), Tanella Boni, Véronique Tadjo, et les jeunes poètes africains en résidence en France, Kouam Tawa, Savadogo et Harmonie D. B. Catarya. Avec Soro Solo. Lectures par Roch Banzouzi, Jean-Luc Debattice, Sara Darmayan accompagnés par un musicien. Les émigrations à partir de l’Afrique Débat Vendredi 28 avril à 18h30 Dans le cadre de l’émission Les Voix du crépuscule de Radio Campus.

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    Avec Mahamet Timera (sous réserve), sociologue, université Paris-Diderot / Paris 7, Julie Picard (sous réserve), géographe et un migrant pour son témoignage.

    BEFORE Afrique Vendredi 03 mars 2017 de 19h à minuit

    Evènements en soirée organisés autour des thématiques d’une exposition en cours au musée, les BEFORE convient les visiteurs à découvrir le musée autrement, entre tradition et création contemporaine et à participer à un large panel d’activités : visites, performances, workshops, DJ sets... VISITE CONTÉE L’AFRIQUE DES ROUTES Plateau des collections Du 4 février au samedi 1er avril 2017

    En compagnie d'un conteur, les visiteurs parcourent un continent à l'histoire millénaire, à travers les routes fluviales, terrestres ou maritimes établies en Afrique depuis 5000 ans avant notre ère. Rites, histoires et traditions prennent corps dans les mots, gestes et jeux sonores de ce guide singulier pour une approche mythologique des objets (masques, objets du quotidien, objets de culte, sculptures, statues, etc.). À partir de 6 ans Par Catherine Ahonkoba ou Gabriel Kinsa MÉCÈNES DE L’EXPOSITION Avec le soutien de

    Grand Mécène La mise en accessibilité réalisée grâce au mécénat du Fonds Handicap & Société par Intégrance

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    PARTENAIRES MÉDIAS

    INFORMATIONS PRATIQUES L’AFRIQUE DES ROUTES Du 31 janvier au 12 novembre 2017 Mezzanine Ouest #LAfriqueDesRoutes Visuels disponibles pour la presse : http://ymago.quaibranly.fr Accès fourni sur demande CONTACTS Agence Alambret Communication Leïla Neirijnck, Sabine Vergez, Hélène Jacquemin 01 48 87 70 77 [email protected] musée du quai Branly – Jacques Chirac [email protected] www.quaibranly.fr Nathalie MERCIER Directrice de la communication [email protected] Lucie CAZASSUS Responsable des relations médias [email protected] Caroline CADINOT Chargée des relations médias [email protected]