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Atarah Ben-Tovim Douglas Boyd Musique : quel instrument pour votre enfant ? © Groupe Eyrolles, 2005, ISBN 2-7081-3574-0

musique : Quel Instrument Pour Votre Enfant · l’instrument (moyennant un petit dédommagement). Il peut en effet présenter des défauts indétectables pour un non-initié, ou

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Atarah Ben-TovimDouglas Boyd

Musique : quel instrumentpour votre enfant ?

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© Groupe Eyrolles, 2005,

ISBN 2-7081-3574-0

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C’est une véritable aventure qui vous attend alors, vous et votre enfant, pleinede moments magiques que vous allez partager : depuis les premières notesjouées maladroitement et les premières petites mélodies, jusqu’à la « vraie »musique, en passant par les premières auditions, les premiers concerts ausein d’un orchestre ou d’un ensemble, les premiers festivals… Toute une vierendue plus riche par le fait de pouvoir faire de la musique ! Voilà ce que votreenfant a désormais devant lui.

Et pendant les années d’étude, il arrive que les parents aient besoin deconseils. Les dernières pages de cet ouvrage sont donc consacrées auxdemandes d’aide les plus fréquemment formulées par les parents.

Ω Vivant en France depuis trente ans, j’ai pu constater une très importanteaugmentation des structures mises à la disposition des jeunes en matièred’éducation musicale, et ce à tous les niveaux. Dans tous les collèges oupresque, il existe une initiation à la flûte à bec ou à la pratique du chant.Certains collèges offrent même des activités musicales spécifiques, tellesl’option jazz ou l’option orchestre.

La plupart des villes, même petites, possèdent leur propre école de musi-que, souvent très active, qui propose à tous les enfants un enseignementprogressif de nombreux instruments, du violon au piano en passant parles percussions et la guitare électrique. On y trouve aussi très souvent unechorale et de petits ensembles instrumentaux. Dans les écoles plus gran-des, il peut même y avoir un orchestre de chambre, un ensemble à cordes,voire un orchestre symphonique benjamin, cadet ou amateur, au seindesquels enfants et adultes peuvent acquérir une véritable pratique de lamusique.

L’éducation musicale en France

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Pour un parent non-musicien, l’idée qu’un enfant de douze ans (par exem-ple) puisse jouer avec des amateurs adultes peut paraître bizarre, maiscela semble au contraire tout à fait naturel aussi bien à l’enfant qu’aumusicien amateur. Ils lisent en effet la même partition et peuvent trèsbien être de niveau équivalent. La musique est une des très rares activitésoù l’âge ne constitue pas une barrière. Un menuet de Mozart sonne de lamême façon, qu’il soit joué par un enfant ou par un adulte de mêmeniveau.

Ω Autre activité très répandue dans les écoles françaises (ce qui n’est pasforcément le cas dans tous les pays) : l’étude du solfège. Le solfège est unapprentissage théorique : s’il enrichit l’éducation musicale des enfantsmanifestant un intérêt intellectuel envers la musique, il n’est toutefoispas indispensable pour apprendre à jouer d’un instrument. Si des cours desolfège ne sont pas accessibles localement, ce n’est donc pas grave. Et parconséquent, si votre enfant ne fait preuve d’aucune aptitude à l’étude dusolfège, rien de grave non plus ! Il ne faut surtout jamais décourager lesélèves qui ne montrent pas de dispositions pour cette matière. Si l’instru-ment choisi est le bon, l’enfant fera tout autant de progrès que ses condis-ciples adeptes du solfège.

Ω Autre constat : les structures et les équipements varient considérable-ment d’un endroit à l’autre ; et les personnes vivant loin des grandscentres urbains sont bien sûr moins favorisées. Toutefois en France,l’amélioration constante de l’offre et de la qualité des enseignementsdonne à tous – ou presque –, l’occasion de faire de la musique.

Les conservatoires français ont servi de modèles dans de nombreux pays.Le tout premier fut créé à Paris en 1785 et depuis lors, la plupart des grandscompositeurs français, tels que Bizet, Debussy, Ravel, Saint-Saëns etBerlioz, ont étudié ou enseigné dans les conservatoires. Fauré fut l’un desplus célèbres directeurs du Conservatoire de Paris. Bien des morceauxécrits pour les fameux concours du Conservatoire sont d’une telle qualitéqu’ils constituent désormais une partie importante du répertoire.

D’autre part, de nombreux étudiants étrangers de haut niveau viennenten France pour suivre dans les conservatoires l’enseignement de grandsprofesseurs. Ce fut d’ailleurs mon cas : titulaire d’une bourse du gouver-nement français, j’ai pu ainsi étudier avec Fernand Caratgé qui, avec

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Marcel Moÿse, a révolutionné la pratique de mon instrument, à savoir laflûte traversière.

Le saviez-vous ?

Traditionnellement, les musiciens de haut niveau sont formés dans lesconservatoires. En haut de l’échelle se trouvent les deux CNSM (Conserva-toire national supérieur de musique) de Paris et de Lyon. Il existeégalement dix CNR (Conservatoire national de Région) dans les grandesvilles de province comme Bordeaux et Toulouse. De nombreux départe-ments possèdent en outre une ENM (école nationale de musique), et biendes municipalités gèrent une EMMA (école de musique municipale agréée),dont les concours sont reconnus à l’échelon national. Il existe enfin desEMM (école de musique municipale), dont l’enseignement peut être toutaussi bon, mais dont les concours ne sont pas reconnus. Dans toutes cesinstitutions publiques enseignent des professeurs qualifiés. Et grâce auxsubventions dont elles bénéficient les frais de scolarité sont relativementpeu élevés.

Ω Dans les endroits où n’existe aucune des structures mentionnées ci-dessus, de nombreuses associations gèrent des écoles associatives demusique, conventionnées ou non. La Confédération musicale de Francepeut également vous recommander une école de musique à but non-lucratif, spécialisée dans les cuivres et les instruments à vent, où voustrouverez des ensembles de musique de chambre, de rock et de jazz, ainsique des harmonies et des fanfares. Par ailleurs, des écoles commercialescomme les écoles Yamaha, et de très nombreux et excellents professeursprivés, jeunes et moins jeunes, donnent des cours chez eux, ou dans desstudios, ou encore au sein de magasins de musique. Certains professeursacceptent également de dispenser leurs cours à domicile.

Vous pouvez également trouver un professeur par le bouche à oreille, enparlant avec d’autres parents ou des professeurs d’école ou de collège.Vous pouvez également consulter les petites annonces, et bien sûr votremagasin de musique. Les cours privés, notamment de piano ou de guitareclassique, peuvent être aussi bons voire meilleurs que ceux, plus formels,dispensés dans les écoles de musique. Certains enfants font même davan-

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tage de progrès dans le cadre d’une relation unique professeur-élève,détachés de tout contexte scolaire et délivrés de l’obligation de prendredes cours de solfège. Pour les parents, le cours privé permet également unmeilleur suivi du développement musical de l’enfant, le professeur étantforcément plus attentif à ses besoins spécifiques.

Ω Quelles que soient les possibilités offertes dans votre localité, vous devezêtre conscient que ni les écoles de musique, ni les conservatoires n’ont nile temps, ni les effectifs ni les compétences nécessaires pour entreprendrela recherche de l’instrument idéal de chaque enfant. Mais certaines situa-tions peuvent se produire en revanche : l’école a justement besoin deviolonistes pour son ensemble à cordes ; le professeur de clarinette, quirisque de perdre son travail faute d’élèves, a justement besoin declarinettistes ; une trompette se trouve justement disponible. Attention :aucune de ces raisons ne doit guider le choix de l’instrument !

Le saviez-vous ?

Quelle que soit la qualité des structures ou la réputation de l’école ou duprofesseur, l’enfant qui tente d’apprendre un instrument qui ne lui convientpas a neuf chances sur dix d’échouer !

Ω Certes, les musiciens professionnels dépensent des milliers d’euros pourun instrument, mais un instrument destiné à l’étude, c’est-à-dire « celui »que votre enfant va utiliser, coûte beaucoup moins cher. Les instrumentsde ce type sont en général accessibles à un budget familial moyen. Il estrecommandé de visiter plusieurs magasins de musique, dans la mesureoù ils ne proposent pas tous la même gamme. N’hésitez pas à comparerles prix, qui sont très variables.

Ω Le marché international des instruments de musique étant très compéti-tif, les prix sont un bon indicateur de la qualité. En règle générale, plusl’instrument est cher meilleur il est. Les instruments très bon marché

Achat ou emprunt d’un instrument

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peuvent présenter des défauts susceptibles de handicaper l’enfant ou dumoins de le décevoir. Lorsque par la suite vous revendrez ou échangerezun premier instrument contre un second (meilleur), vous ne regretterezpas d’avoir fait un investissement initial plus conséquent.

Le saviez-vous ?

Contrairement aux jouets ou à l’électroménager, les bons instruments demusique ne se déprécient pas, et les meilleurs d’entre eux prennent mêmede la valeur. En revanche, à l’instar des voitures neuves, les instrumentsélectriques perdent très vite de leur valeur. Par conséquent, lorsque vousfaites l’achat d’un instrument de musique, demandez un délai de réflexiond’une semaine, le temps pour le professeur de votre enfant de pouvoirl’examiner et l’approuver.

Ω Bien des parents préfèrent ne pas acheter tout de suite. Les magasinssérieux proposent deux autres formules : l’achat à crédit, très courant, oula location-vente. Avec ce dernier système, vous commencez par louerl’instrument pour une période d’essai, le montant des loyers étant ensuitedéduit du prix d’achat si vous vous décidez à acquérir l’instrument. Lesavantages de cette formule sont évidents, et c’est celle que nous recom-mandons.

Ω Par ailleurs, la plupart des magasins proposent des instruments d’occa-sion. Même si les prix ne sont pas forcément inférieurs au neuf, celapermet d’acheter un instrument de meilleure qualité pour le même prix, àcondition que l’instrument d’occasion soit garanti.

Ω Sachez qu’il est risqué d’acheter en dehors du commerce spécialisé. Voustrouverez des petites annonces dans les journaux, voire des instrumentsde musique chez les brocanteurs. Avant de conclure « l’affaire du siècle »et d’acquérir l’instrument, prenez toujours la précaution de demander àun vendeur, un professeur ou un musicien professionnel d’examinerl’instrument (moyennant un petit dédommagement). Il peut en effetprésenter des défauts indétectables pour un non-initié, ou pour un musi-cien jouant d’un autre instrument, mais susceptibles de handicapergravement le débutant.

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Le saviez-vous ?

Il est parfois possible d’emprunter un instrument au conservatoire ou à

l’école de musique. Ce peut être une bonne idée, en attendant de réunir les

fonds nécessaires à un achat. Mais ces instruments prêtés sont souvent en

mauvais état. Il est donc conseillé de les faire entièrement réviser avant de

les confier à l’enfant. Les harmonies et fanfares, enfin, octroient souvent

des prêts à long terme à leurs jeunes membres.

Selon l’endroit où vous habitez, il peut être plus ou moins facile de trouver unprofesseur. Ceux qui enseignent les instruments traditionnels comme lepiano ou le violon sont plus faciles à trouver que leurs collègues spécialistesdu cor d’harmonie ou du saxophone.

Comment faire ?

Les Pages jaunes de l’annuaire vous donneront les adresses d’écoles de

musique et de professeurs particuliers. Les magasins de musique peuvent

également fournir ce genre de renseignements.

Si l’instrument choisi par votre enfant n’est pas très répandu, le professeursera rarement un enseignant à temps plein, mais plutôt un musicien profes-sionnel donnant des leçons. Ils sont nombreux dans ce cas. Vous pouvez vousadresser à des organismes professionnels pour obtenir une liste de leursmembres. Et notez que certains enfants sont flattés de prendre des leçonsavec un musicien en activité.

Apprentissage

Choix du professeur

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Par ailleurs, les étudiants en fin de cursus sont tout à fait capables de donnerdes leçons aux enfants. Vous pouvez donc contacter les conservatoiresrégionaux ou nationaux, ainsi que les universités.

La première leçon de musique est un événement important dans la vie d’unenfant. À l’école, l’enfant est habitué à partager le professeur avec vingt outrente condisciples, tandis qu’ici il est seul avec son professeur de musique.

Comment faire ?

Il faut penser à apporter un carnet dans lequel l’élève notera les instruc-tions du professeur, ainsi que les exercices à préparer pour le cours suivant.Arrivez à l’heure, voire en avance, afin que l’enfant ne s’énerve pas. S’ilarrive à la dernière minute, tout essoufflé, une bonne partie du cours seraperdue, surtout s’il s’agit d’un instrument à vent. Si l’enfant est nerveux,vous pouvez lui donner une petite collation.

Ω Certains professeurs apprécient la présence d’un parent pendant lespremières leçons, mais jamais de frère, de sœur ou d’ami ! La plupart desprofesseurs particuliers dispensent leurs cours chez eux et n’ont de ce faitpas de salle d’attente pour les parents.

Ω Après le cours, certains enfants aiment raconter dans le détail cettenouvelle expérience, tandis que d’autres préfèrent réfléchir en silence à cenouveau type de relation, ce qui peut être un peu perturbant pour lesparents. Vous devez donc être prêt à bavarder ou à respecter le besoind’intimité de votre enfant, en fonction de son tempérament. Un seul sujeten fait doit être évité : celui de la musique. Sauf si le parent est lui-mêmeun musicien compétent.

Ω Il arrive que les parents soient déçus par les commentaires négatifs de leurenfant sur cette première leçon de musique. Pourquoi ces commentaires ?Probablement parce que l’enfant s’est rendu compte que l’étude d’uninstrument n’est pas un jeu mais un travail difficile. (La confusion vient

La première leçon

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souvent du fait que l’on emploie le verbe jouer.) Si c’est le cas, essayezd’expliquer gentiment à votre enfant que les sportifs, qu’ils soient athlè-tes, patineurs, gymnastes ou pilotes de course, travaillent tous très durpour obtenir des résultats.

Ω Pour l’enfant, la meilleure façon de tirer parti de cette première expériencemusicale, est de montrer au reste de la famille ce qu’il a appris lors de cepremier cours : une petite mélodie ou simplement quelques notes sur unviolon. Et c’est déjà un résultat qui mérite d’être applaudi !

« C’est en forgeant qu’on devient forgeron ! » Ce vieil adage se vérifieparticulièrement en musique. Pour jouer d’un instrument, il faut en effetacquérir un haut degré de coordination intellectuelle et physique, bien au-delà de ce que réclame n’importe quelle autre activité scolaire ou extrasco-laire.

Est-ce vraiment nécessaire ?

Ω Les enfants savent très bien qu’ils doivent s’entraîner s’ils veulent obtenirdes résultats sportifs par exemple. Ils peuvent très bien comprendre qu’uninstrument de musique demande la même pratique quotidienne. Pouraider leur enfant, les parents peuvent faire un parallèle avec les autresactivités et qualifier les exercices quotidiens d’« entraînement ». Dansl’esprit des jeunes, ce terme est mieux accepté que celui d’exercices ou detravail.

Ω Le parent qui a lui-même étudié un instrument étant enfant n’a pasbesoin qu’on lui rappelle l’importance du travail personnel. En revanche,ceux qui n’ont pas eu cette expérience ne se rendent pas toujours comptede ce que représente ce travail quotidien. Ni le parent ni l’enfant nedoivent le considérer comme une corvée ennuyeuse, ou la répétitionmonotone et inutile de quelques morceaux. Bien au contraire, seul cetravail régulier permet d’acquérir la nécessaire coordination qui rendra unjour la pratique de l’instrument facile et agréable.

Travail personnel

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Ω La répétition des mêmes exercices jour après jour sert également à trans-férer les notions acquises au cours de la leçon du niveau conscient auniveau inconscient. Lorsque l’enfant est capable de faire tel ou tel exercice« sans y penser », cela signifie qu’il est prêt au niveau conscient à acquérirles connaissances de la leçon suivante. Un bon professeur note dans lecarnet les exercices à pratiquer à la maison jusqu’au cours suivant.

Le saviez-vous ?L’enfant qui ne travaille pas n’atteint pas ou atteint difficilement ce stade.Son esprit est encombré des notions non digérées des précédents cours quise mélangent avec celles des cours suivants. Il en résulte une sorte« d’embouteillage mental », source de confusion et de blocage mental, quipeut durer tout le reste de sa vie. Même le meilleur des professeurs ne peutrien si l’enfant ne travaille pas régulièrement.

Combien de temps ?

Dix minutes par jour suffisent à l’enfant qui débute. Une séance plus longuerisque de l’ennuyer. Par la suite, la durée du travail passe naturellement à unevingtaine de minutes, voire davantage. En revanche, travailler une demi-heure juste avant le cours hebdomadaire ne sert pratiquement à rien. De plus,le professeur ne sera pas dupe !

Au tout début, le temps que l’enfant consacre à son instrument n’est pas trèsimportant. Ce qui compte surtout, c’est que les exercices quotidiens devien-nent vraiment un élément de sa journée, comme se brosser les dents ous’habiller. Il vaut mieux que la séance ait lieu tous les jours au même moment,par exemple, tôt le matin ou le soir avant les devoirs. Certains enfants aimentque leurs parents les écoutent travailler, d’autres préfèrent être seuls.

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Votre enfant doit-il apprendre à lire la musique ? Certains musiciens de jazz,rock ou folk, qui ne savent pas déchiffrer une partition, affirment parfois quele fait d’apprendre à lire la musique risquerait de tuer leur inspiration.

Ce qui est sûr, c’est qu’il vaut presque toujours la peine d’apprendre àdéchiffrer une partition afin de ne pas se retrouver coincé dans une sorte de« no man’s land » où chaque morceau doit être mémorisé ou improvisé, et où ilest difficile de jouer avec d’autres musiciens.

Ω L’enfant qui apprend à lire la musique en étudiant le solfège se retrouve,sans effort supplémentaire, devant l’immense répertoire des plus grandscompositeurs et peut choisir de jouer la musique qui lui convient lemieux. Il sera même capable de se joindre à un ensemble ou à un orchestrepour jouer une musique qu’il ne connaît pas.

Ω La musique pour instruments « indépendants » (comme le piano) estbeaucoup plus difficile à déchiffrer que les partitions pour instrumentsmonophoniques (ceux qui jouent une note à la fois). L’incapacité à lire lesnotes provient souvent de tentatives infructueuses à décoder les accordscomplexes de la musique pour piano, qui de plus est écrits dans deux clésdifférentes. Une fois installé, ce blocage mental a des chances de durertoute la vie. Ce phénomène ne traduit en aucun cas un manque d’intelli-gence de l’enfant : des milliers d’enfants très brillants ne parviennent toutsimplement pas à traiter mentalement plusieurs notes à la fois.

Le saviez-vous ?

Les enfants qui apprennent à jouer d’un instrument qui leur convient et quicommencent au bon moment rencontrent rarement des difficultés pour lire

Théorie de la musique

Lire les notes

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les signes musicaux et pour jouer sur leur instrument les notes correspon-dantes. Toutefois, nombreux sont les enfants qui, apprenant le piano, neparviennent tout simplement pas à déchiffrer en même temps les notes dela main droite et celles de la main gauche. N’acceptez aucun avis rejetant lafaute sur l’enfant ou décrétant qu’il n’est pas doué pour la musique. Si leproblème persiste et que l’enfant commence à tricher, c’est-à-dire àmémoriser chaque morceau sans vraiment lire une seule note de musique,essayez le plus simple des remèdes : à l’aide de la méthode Ben-Tovim/Boyd, choisissez l’instrument monophonique le mieux adapté.

Ω Comparée à la musique pour clavier, celle qui est destinée aux instru-ments monophoniques est tellement facile à lire que la plupart desenfants qui passent de l’une à l’autre « décollent » littéralement, telle-ment ils sont soulagés d’avoir échappé au cauchemar des partitions pourpiano. En effet, la plupart des enfants n’éprouvent aucune difficulté à lirela musique écrite pour les bois, les cuivres ou les cordes.

Ω La connaissance de la théorie musicale ou « des rudiments de la musique »fait partie intégrante d’une éducation musicale complète. Un professeurconsciencieux explique les bases de la théorie au cours de ses leçons. Sices dernières sont présentées sous forme de tests simples, ou de ques-tionnaires à choix multiples, elles sont le plus souvent assimilées sansproblèmes. Les pianistes, habitués aux accords et à la clé de fa, sont engénéral très à l’aise avec la théorie.

Ω Le seul groupe identifiable d’enfants pour qui la théorie est difficile sontceux dont les professeurs ont totalement négligé le sujet jusqu’audeuxième cycle (niveau intermédiaire) au moins des écoles de musique.Or les examens d’instrument comportent également des épreuvesthéoriques : les questions ne sont pas en elles-mêmes difficiles pour unélève parvenu à ce stade, mais elles peuvent poser problème à ceux dontle professeur a négligé la théorie. Ces élèves ont souvent tendance à

Est-ce nécessaire d’étudier la théorie ?

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considérer le sujet comme une ennuyeuse corvée n’ayant rien à voir avecl’apprentissage d’un instrument.

Ω Tout examen de musique comporte une dictée musicale et des testsd’oreille : chanter une note jouée au piano, frapper un rythme, reconnaîtredes intervalles, battre la mesure, etc. Ces tests sont destinés à mesurerl’oreille. Certains enfants naturellement dotés d’une bonne oreille trou-vent ces tests faciles ; les autres par contre ont grandement besoin des’entraîner. Notez que les enfants qui chantent régulièrement dans unechorale sont avantagés.

Ω Ceux qui jouent d’un instrument à vent ne doivent exercer leur oreille ques’ils veulent jouer en groupe ou en orchestre. En revanche, ceux qui jouentd’un instrument à cordes doivent impérativement acquérir un hautniveau de justesse, et ce dès les premières leçons. Quant aux cuivres, illeur est impossible de jouer la moindre mélodie s’ils n’ont pas d’oreille.

Ω Certains parents, assez rares il est vrai, pensent que toute forme d’examenou de compétition est mauvaise pour le développement psychologique deleur enfant. Toutefois, la plupart des enfants sont tellement habitués àpasser des tests et des examens de toutes sortes à l’école qu’il y a peu dechance qu’ils soient traumatisés par un examen de musique, sauf person-nalité particulièrement fragile. De toute façon, le risque d’échec et laprobabilité d’une sensation d’humiliation sont faibles car les professeursne présentent en général que les élèves possédant le niveau requis pour cegenre d’examen.

Ω Les enfants passent en général des examens de fin d’année, afin de vérifierqu’ils seront bien en mesure de suivre les cours de l’année suivante. Lesexamens instrumentaux sont en fait des auditions de morceaux que

Dictée musicale et tests d’oreille

À quoi servent les examens ?

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l’enfant a travaillés avec son professeur pendant des mois, accompagnéesgénéralement d’une dictée musicale ou d’un test de reconnaissance audi-tive, d’une ou deux gammes et d’un peu de déchiffrage à vue.

Ω La préparation d’un examen est une réelle stimulation pour l’enfant, et laréussite une récompense de ses efforts. Son travail est alors reconnu pardes professionnels ; il a franchi une étape de plus dans son cheminmusical.

Ω Par des examens réguliers, les parents ont la preuve que leur enfant fait deconstants progrès en musique. Ils ne doivent donc pas sous-estimerl’importance de ces examens, et ce dès les premières années. Quel quesoit son niveau, l’enfant qui a réussi un examen mérite d’être félicité.

Ω Les examens permettent également aux parents non-musiciens d’avoirune idée de la compétence du professeur. Indirectement, les examenssont donc un moyen pour les parents d’évaluer le professeur de leurenfant.

Certains enfants paniquent à l’idée de jouer devant des inconnus. En l’occur-rence, les examinateurs sont très compréhensifs. L’un d’eux nous a mêmeavoué un jour qu’il serait très intimidé s’il devait jouer devant les enfants etleurs parents !

Comment faire ?

• arrangez-vous pour que votre enfant puisse jouer ses morceaux le plussouvent possible durant la semaine précédant l’examen, devant toutepersonne acceptant de jouer le rôle de l’examinateur ;

• arrangez-vous pour qu’il porte un vêtement neuf et confortable quipuisse lui donner un peu plus d’assurance ;

Jouer en public : apprendre à dominer le trac

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• faites-lui prendre un vrai repas avant de partir pour l’examen, afin qu’ilpuisse disposer de suffisamment d’énergie ;

• avant de quitter la maison vérifiez que vous avez bien toutes lespartitions ;

• arrivez tôt afin d’éviter tout stress inutile (si le centre d’examens setrouve dans un quartier encombré faites une connaissance préalableafin de repérer les emplacements de parking, etc.) ;

• donnez-lui à boire un peu d’eau pendant qu’il attend (attention, lesinstrumentistes à vent doivent éviter de boire des boissons sucrées oude manger des fruits !) ;

• apportez des anches ou des cordes de rechange au cas où ;

• évitez le rouge à lèvres pour votre fille si elle joue d’un instrument àvent.

En règle générale, plus l’enfant prend tôt l’habitude de passer des examens oude jouer en public mieux il saura contrôler son trac. Ces multiples examens luidonneront une assurance en public dont manquent les autres enfants et quilui sera bien utile plus tard dans la vie, que ce soit pour des entretiensd’embauche ou pour toute occasion où il devra se produire en public.

Tous les enfants, à un moment ou un autre, jouent une sorte de jeu psychologi-que avec leurs parents : sauter la séance d’exercices quotidienne ou la raccour-cir, par exemple. Mais ceci peut également être le signe d’une perte d’intérêtpour la musique. Même s’il est très bien dans sa peau, qu’il joue d’un instru-ment qui lui convient parfaitement et que son professeur est excellent, il peuten effet perdre son enthousiasme. Que peuvent faire alors ses parents ?

Que faire quand l’intérêt de l’enfant fléchit ?

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Ω Chez les jeunes enfants, un petit cadeau « musical » (un nouveau pupitre,un étui pour son instrument, un beau cahier de musique…) peut relancerla motivation. Les parents peuvent aussi regarder des émissions musica-les à la télévision en compagnie de leur enfant. Un concert, ou tout autreévénement où l’enfant peut voir « en action » l’instrument qu’il étudiepeut constituer un stimulus susceptible de contrer son impression néga-tive. Chez les enfants plus âgés, le même effet peut être obtenu avec unCD ou un DVD de leur héros ou héroïne musical du moment.

Ω Il arrive aussi que les enfants dont l’activité musicale se résume au courshebdomadaire et aux exercices quotidiens seuls à la maison s’ennuient,tout simplement ! L’étude d’un instrument a pour but avant tout de fairede la musique, pas de rester seul dans son coin à faire des gammes et desarpèges. Le piano, la harpe ou la guitare se suffisent à eux-mêmes musi-calement parlant, du fait de l’harmonie intrinsèque, mais les petitesmélodies inlassablement répétées à la flûte ou au cornet ne sont pas bienpassionnantes pour un enfant sociable. Tous les instruments monophoni-ques ont en effet besoin d’autres instruments pour créer une harmonie.Dès que l’enfant est capable de lire la musique et de produire des sons debonne qualité, il faut donc pour combattre l’ennui lui trouver des occa-sions de faire de la « vraie musique » avec d’autres instrumentistes.

Ω Le mélange de plusieurs enfants de niveaux variables au sein d’un ensem-ble musical requiert un professionnel compétent. Il est tout à fait irréa-liste de penser qu’il suffit de rassembler plusieurs jeunes instrumentistes,en espérant qu’ils réussiront à faire de la musique ensemble. Le niveaud’habileté sur l’instrument, de lecture de la musique et de sens musicalrequis pour jouer ensemble est bien plus élevé que ne le pensent en géné-ral les non-musiciens. Et pourtant, à l’exception des instruments« indépendants », les meilleurs moments sont ceux où l’on joue avecd’autres musiciens au sein d’un orchestre, d’un groupe de musique dechambre ou de tout autre ensemble.

Aspect social de la musique

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Ω Faire partie d’un orchestre, d’un ensemble ou d’un groupe, est en outrepour l’enfant l’occasion de rencontrer des amis avec qui il partage lesmêmes goûts. Le mélange des âges est également très stimulant pour lesplus jeunes. Ce phénomène est d’ailleurs particulier à la musique : unjeune de neuf ans ne peut pas pratiquer le football avec un joueur de dix-huit ans, mais il peut faire de la musique avec lui !

Ω Pour trouver un tel groupe, le mieux est de demander conseil au profes-seur, à l’école de musique ou au conservatoire car ces derniers possèdentparfois un orchestre.

Il arrive qu’après des années d’études, d’examens, voire d’expériences au seind’un orchestre ou d’un groupe, un jeune refuse de travailler, d’aller à sescours, semblant ne plus aimer son activité, et qu’il décide brutalement detout arrêter. Pourquoi ?

La plupart des enfants ont besoin de changer de professeur une à deux fois aucours de leurs années d’apprentissage. Cela ne veut pas dire que le précédentprofesseur est mauvais, mais simplement que la relation, qui fonctionnaitbien avec l’enfant de huit ans, ne convient plus à l’adolescent de treize ans.Un changement de professeur peut alors renouveler son intérêt pour la musi-que. Les professeurs de musique sont d’ailleurs habitués à perdre ainsi desélèves : les parents n’ont pas à se sentir gênés, à seule condition, bien sûr, deprévenir le professeur.

L’apprentissage d’un instrument se prolonge pendant les années d’adoles-cence, au cours desquelles la personnalité de l’enfant subit de nombreuxchangements. Un jeune peut alors rejeter la musique simplement parce qu’ilsait que cette activité plaît aux parents. Il peut très bien se dire : « Après tout,

Changement de professeur

Apprendre un second instrument

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on ne m’a pas demandé mon avis sur le choix de cet instrument. » La musiquedevient alors une occasion pour se rebeller.

Certains parents refusent de céder, tandis que d’autres accordent à leurenfant de plus en plus d’indépendance. Dans ce cas, le plus simple pour lesparents consiste à choisir un autre instrument à l’aide de la méthodeBen-Tovim/Boyd. Tout ce que l’enfant a appris avec le premier instrument luiservira car rien n’est perdu en musique. Étudier un second instrument, c’estcomme apprendre une seconde langue étrangère faisant partie du mêmegroupe linguistique que la première langue étudiée : c’est « mille fois » plusfacile. Obtenant des résultats rapides avec un second instrument, l’adoles-cent découvre de nouveaux horizons musicaux et peut alors complètementchanger d’attitude.

Comment un parent (même s’il a lui-même appris à jouer d’un instrument dansson enfance) peut-il évaluer avec précision le talent musical de son enfant ?

Ω Les chefs d’orchestre sont sans cesse à la recherche de nouveaux talents.Si votre enfant est doué, il y aura certainement un professeur pour vous ledire. Il arrive pourtant que certains jeunes passent à travers les « maillesdu filet ». Si vous pensez que votre fils ou votre fille a du talent alors quepersonne ne semble partager votre opinion, que pouvez-vous faire ?

Ω En général, l’avis de son professeur et ses résultats aux différents examenssont de bons indicateurs. Il existe également divers systèmes censéstester les compétences musicales des enfants. Ils sont en généralproposés par des professeurs qualifiés. Mais en réalité, ils ne font quemesurer la justesse de l’oreille, le sens du rythme et le sens de l’harmonie,et pas le véritable talent musical.

Ω Si l’enfant doit avoir obtenu de très bons résultats aux examens, il doitégalement savoir se produire en public sans commettre d’erreurs et sans

Comment savoir si votre enfant a du talent ?

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Musique : quel instrument pour votre enfant ?

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nervosité excessive, aimer travailler ses exercices et prendre de façonévidente un très grand plaisir à écouter et jouer de la musique.

Le saviez-vous ?

Le mieux, pour savoir si votre enfant a du talent, est de prendre contact avecun responsable d’orchestre, une école ou un conservatoire supérieur demusique, ou encore avec l’Université, en demandant une évaluation moyen-nant finances. Il suffit alors d’attendre trente minutes pour savoir où sesitue votre enfant par rapport aux autres jeunes étudiant le même instru-ment. Le professionnel chargé de l’évaluation peut également donner unavis autorisé sur l’instrument (est-il assez bon ?) et le professeur (convient-il ou non à l’enfant ?).

Ω Il existe trois domaines où l’on rencontre des enfants prodiges : leséchecs, les mathématiques et la musique. La plupart des jeunes prodigesmusicaux sont issus de familles de musiciens. Pour résumer, un enfantprodige est celui qui apprend à jouer d’un ou de plusieurs instruments sirapidement qu’il semble avoir à peine besoin d’un professeur. Pour sesparents comme pour son professeur, il est évident, presque dès le premiercours quand l’enfant s’empare de l’instrument, qu’ils ont affaire à unnouveau Menuhin ou à un nouveau Mozart.

Ω N’est-il pas merveilleux d’avoir un enfant prodige ? Attention, danger ! Nepas confondre « prodige » avec « monstre ». Soyez vigilant : l’enfantprodige ne doit pas prendre le pouvoir sur tout le reste de la famille. Enoutre, consacrant la plus grande partie de ses journées à la musique, ilrisque également de négliger son travail scolaire. Et si tel est le cas, lesparents n’ont aucunement besoin d’insister pour que leur enfant fasse sesexercices de musique. Le problème est alors inverse : il faut parvenir à leconvaincre d’arrêter pour se mettre à table ou aller au lit.

Ω D’autre part, une leçon par semaine ne suffit pas, car l’enfant avance tropvite. Même deux ou trois leçons dispensées par un excellent professeur

Enfants prodiges

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peuvent ne pas suffire. Dans ce cas, il faudra accompagner le petit prodigeune fois par mois à Paris, par exemple, ou dans une autre grande ville, pourdes cours supplémentaires. Il se peut aussi que le jeune soit amené à jouerdans un ou plusieurs orchestres, ce qui signifie qu’il faudra l’accompagnerdans de nombreux déplacements. En fait, l’un des parents devient alorssouvent le manager à plein temps de son enfant, tandis que les autresmembres de la famille deviennent un peu des citoyens de second rang.

Le saviez-vous ?

Tous les enfants prodiges ne deviennent pas des musiciens exceptionnels,ni même des musiciens professionnels de bon niveau. Certains se rebellentà l’adolescence et ne jouent plus jamais la moindre note, d’autresdéveloppent un stress permanent pour avoir trop joué et pratiqué tropjeune, d’autres encore font des dépressions nerveuses et d’autres enfins’essoufflent tout simplement. Mais presque tous les ex-enfants prodigessouffrent de leur enfance anormale.

Un grand nombre d’enfants, sans être « enfants prodiges », ont toutefoisbeaucoup de talent. Il existe des écoles spécialisées pour eux, destinées à lesformer et à faire d’eux la « fine fleur » des musiciens professionnels. On ytrouve également quelques enfants prodiges.

Ω Il est assez difficile d’y entrer. Les journées de travail sont lourdes. Pourcertains enfants, qui ne rêvent que de musique, ce genre de vie est idéal,tandis que d’autres se mettent tôt ou tard à craquer (ou bien cachent leurmal-être pendant des années, par crainte de décevoir leurs parents ouleurs professeurs).

Ω Ces écoles combinent un enseignement général classique avec uneformation musicale très poussée. Cet enseignement complet comportebien sûr l’étude poussée de deux ou trois instruments, ainsi que des cours

Écoles spécialisées

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de théorie, d’harmonie, de développement de l’oreille, de choral, d’orches-tre, d’histoire de la musique et de composition.

Ω L’enfant dont la musique est la seule passion y rencontrera des amispartageant ses goûts. Il faut cependant veiller à ce qu’un tel cursus n’aitpas pour effet de limiter l’enfant à ce seul domaine. Si le jeune ne réussitpas dans ce cursus et n’a aucun autre centre d’intérêt, il risque en effet dese considérer comme un raté.

Ω Pour plus de détails sur ces cursus, le mieux est de consulter l’Éducationnationale ou les Conservatoires de musique.

Il existe un grand nombre de concours ouverts aux jeunes musiciens et organi-sés par toutes sortes d’organismes publics ou privés. Les conseils donnés plushaut pour préparer l’enfant à un examen sont, bien entendu, également vala-bles pour un concours. Les parents qui se demandent comment évaluer leurenfant sur le plan musical trouvent, grâce aux concours, une réponse à leurinterrogation en entendant jouer d’autres enfants de même niveau.

Ω Au niveau local, ce genre de concours n’est pas trop stressant. C’est l’occa-sion pour le jeune de se produire dans un cadre sérieux mais amical. Ceuxqui aiment se mesurer aux autres enfants de même niveau et jouer enpublic y prennent beaucoup de plaisir. C’est également une bonne occa-sion de situer votre enfant par rapport aux autres instrumentistes d’âge etd’expérience similaires.

Ω Les remarques du jury sont toujours encourageantes et judicieuses.Pendant les pauses, vous pouvez d’ailleurs demander des conseils surl’enseignement, les instruments, la technique ou les cursus spécialisés.

Ω Les concours d’ensemble et d’orchestre sont toujours passionnants et nemettent pas les individus à trop rude épreuve.

Ω Quant aux concours très médiatisés, c’est une autre histoire ! Ils sedoivent par principe d’être assez spectaculaires afin d’attirer le public. Les

Concours : oui ou non ?

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jeunes professionnels peuvent s’y mesurer, mais ils ne leur sont pasrecommandés. Ces concours font certes du beau spectacle, mais ilspeuvent facilement tourner la tête des lauréats et sérieusement démora-liser les jeunes instrumentistes moins aguerris. Réussite ou échec, plusd’une carrière naissante a ainsi été déviée de son cours normal par cesconcours surmédiatisés.

Nombreux sont les enfants souffrant de handicaps physiques de tout ordre quiapprennent à jouer d’un instrument et en retirent beaucoup de plaisir et desatisfaction. Pour la plupart, la musique est une activité qui leur permet semesurer d’égal à égal avec leurs condisciples, moyennant quelques aménage-ments.

Ω Les enfants handicapés ne cessent de se heurter à l’impossibilité « de fairecomme les autres ». Il est donc crucial que les adultes impliqués dans lechoix d’un instrument se concentrent particulièrement sur les critèresphysiques. Rappelons que c’est l’instrument qui doit convenir à l’enfantet non l’inverse. Si neuf enfants sur dix échouent à cause d’un mauvaischoix instrumental, que dire des chances des handicapés ? En cas dedoute, mieux vaut changer d’instrument que de courir le risque de démo-raliser l’enfant.

Faire de la musique avec un handicap

Handicaps physiques

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Le saviez-vous ?

Sauf cas extrême, il est toujours possible de trouver un instrument surlequel un enfant souffrant d’un handicap physique est capable de produireun son. Les instruments électroniques modernes, par exemple, ne deman-dent pratiquement aucun effort physique. Si le handicap oblige à tenirl’instrument d’une façon « peu orthodoxe », ou s’il implique l’utilisation desangles ou de tout autre appareillage spécifique, peu importe : les enfantshandicapés ont l’habitude d’inventer des solutions qui leur conviennent.

Ω La bouche est un des organes les plus sensibles et polyvalents du corpshumain. C’est pourquoi, en cas de handicap au niveau des membres, il estfortement conseillé de penser aux cuivres, où l’essentiel du travail estassuré par la bouche. Autre argument en faveur des cuivres : ce sont engénéral des instrumentistes décontractés et sympathiques (sauf peut-être en cas de concours !). Dans l’atmosphère détendue d’un ensemble decuivres, l’enfant handicapé peut donc être accepté sur la base de sesseules capacités musicales.

La musicothérapie a fait d’énormes progrès au cours de ces dernières années. Ilexiste à présent des milliers de spécialistes compétents dans ce domaine, ainsique de nombreux ouvrages traitant du sujet.

Ω Les percussions, ainsi que les cuivres (qui produisent des sensationsfortes au niveau du corps, tout en étant très solides), sont à préférer auxinstruments à cordes dont la forme est simple, certes, mais qui sont diffi-ciles à jouer et qui sont fragiles ; ou aux bois dont les multiplesmécanismes et éléments mobiles peuvent facilement s’abîmer.

Ω Qu’il nous soit permis de raconter une anecdote émouvante : après unconcert de Atarah’s Band au festival de Perth, en Écosse, nous avons étéinvités à visiter un centre pour enfants trisomiques. Certains avaientassisté au concert, mais la plupart ne pouvaient se déplacer, d’où cette

Handicaps mentaux

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invitation. Les musiciens donnèrent aux enfants un récital improvisé. À lafin, ceux-ci chantèrent une chanson en guise de remerciements. C’estseulement après que nous avons appris que la plupart des enfants quiavaient chanté ne savaient pas parler. Et pourtant, grâce au dévouementd’un enseignant exceptionnel, ils savaient chanter ! Aucun éducateurn’est en mesure d’évaluer un pareil résultat, mais il s’agissait bien d’un« petit miracle de la musique ».

Ω Si votre enfant connaît des problèmes comportementaux ou psychologi-ques comme l’hyperactivité, l’introversion excessive, les crises de colèreou la timidité maladive, vous devez étudier de près ce que chaque instru-ment exige et ce qu’il peut lui apporter dans le domaine émotionnel. Pourtous les types d’enfants, depuis le plus replié sur lui-même jusqu’au plusviolent, il existe en effet un instrument dont l’apprentissage peut être uneexcellente thérapie. Un des aspects les plus positifs en est la relationunique qui se forme entre l’élève et son professeur.

Ω Certains enfants, pourtant peu à l’aise en groupe, trouvent beaucoup deplaisir à faire partie d’un orchestre ou d’un ensemble. Cela provient proba-blement du fait que, trop occupés par l’instrument et la musique, ils nefassent plus très attention à eux-mêmes.

La plupart des parents sont très impressionnés en entendant leur enfant jouerun morceau de musique pour la première fois : jusqu’où cela le mènera-t-il ?

L’instrument de musique : outil thérapeutique ?

La musique : un métier

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Ω Fugacement, ils se demandent peut-être s’il s’agit d’un premier pas versune carrière de musicien. Cette perspective est possible bien sûr, mais laréalité n’est pas toujours très encourageante : statistiquement, il y amoins de musiciens professionnels de nos jours qu’avant l’ère de la musi-que enregistrée. Ceux qui décident d’embrasser une telle carrière doiventdonc se battre pour gagner leur vie. Pour chaque poste de musiciend’orchestre, il peut y avoir jusqu’à deux cents candidats, tous de niveausuffisant, et tous bien meilleurs musiciens que n’importe quel professeurlocal.

Ω Les musiciens vivent dans un monde extrêmement concurrentiel où seulsles « meilleurs » survivent. La plupart des musiciens sont indépendants etvivent dans l’attente d’un coup de téléphone. Il s’agit donc d’une profes-sion à haut risque. Même ceux qui sont suffisamment bons pour vivre deleur art savent qu’ils n’ont aucune garantie à long terme. Si leur jeu vientà faiblir, pour une raison ou une autre, plus de téléphone, donc plus detravail.

Ω Le monde médiatisé de la « variété » est encore plus aléatoire. Pour ungroupe qui réussit, il y a des milliers de groupes qu’on n’entendra jamais.Notez que certaines stars de la pop et du rock ont reçu une formationmusicale traditionnelle, tandis que d’autres sont tout à fait ignares musi-calement.

Parfois, les parents se demandent si le temps passé à étudier un instrumentn’est pas finalement du temps perdu, qui pourrait être plus utilement consa-cré au travail scolaire. En fait, outre une carrière de musicien professionnel, ilexiste des centaines de métiers dans lesquels la connaissance de la musiqueest indispensable ; et plusieurs milliers d’autres pour lesquels un diplôme demusique, ou une expérience musicale, est un bonus apprécié qui leur permet-tra peut-être d’être choisi, préféré à un autre candidat.

Devenir un musicien professionnel

Autres carrières musicales

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En voici un aperçu :

Ω professeur de musique en collège ou lycée ;

Ω professeur de musique indépendant ;

Ω professeur au sein d’un conservatoire ou d’une école de musique ;

Ω administrateur artistique ;

Ω ingénieur du son ;

Ω compositeur-arrangeur ;

Ω illustrateur sonore ;

Ω chercheur de sons acoustiques ou électroniques ;

Ω fabricant-réparateur d’instruments ;

Ω directeur de chorale ;

Ω chef d’orchestre en tout genre ;

Ω vendeur d’instruments et de partitions ;

Ω agent artistique ;

Ω promoteur de spectacles de variétés ;

Ω responsable des loisirs dans les collectivités locales ;

Ω musicothérapeute ;

Ω bibliothécaire spécialisé ;

Ω programmateur informatique ;

Ω disc-jockey ;

Ω intermittent du spectacle ;

Ω animateur…

Dans un monde où l’emploi se fait rare, la pratique d’un instrument peut doncse révéler bien plus qu’un simple loisir pour votre enfant.

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