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N° 1084 - Semaine 11 - du 16 au 22 mars 2016

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Il était 15 fois Wallimage…

u Le fonds d’investissement wallon dans l’audiovisuel fête ses 15 ans d’existence. Retour sur la belle histoire de Wallimage, devenu incontournable dans le paysage audiovisuel belge, en compagnie de celui qui ledirige depuis sa création,Philippe Reynaert, pluscommunément appelé“l’homme aux lunettesblanches” !

H Nous sommes en l’an 2000 ! Quelques mois plus tôt, à Cannes, les frères Dardenne ont remporté une Palme d’or pour Rosetta. “Tout le monde se met alors à rêver que nous aussi, en Wallonie, on peut faire du cinéma et développer de la sorte un nouveau secteur porteur d’emplois et, bien sûr, d’images ! Mais, pour que le rêve devienne réalité, il va falloir changer les mentalités”, se rappelle Phi l ippe Reynaer t , qui dirige Wallimage depuis sa création le 16 février 2001. A côté des aides culturelles mises en place 35 ans plus tôt par le ministère de la Culture, devenu la Communauté française p u i s l a F é d é r a t i o n Wa l l o n i e B r u xe l l e s , i l s ’ a g i t c e t t e f o i s d’envisager le cinéma d a n s s a d i m e n s i o n économique.

Le projet d’un fonds régional germait depuis quelque temps déjà, les créateurs du cru demandant à être

soutenus pour ne pas être contraints de s’exiler en France afin de pratiquer leur art. Il y avait eu Gérard Corbiau et son Maître de musique, Jaco Van Dormael et son Toto le héros, la bande des Namurois avec Benoît Poelvoorde et C’est arrivé près de chez vous, Benoît Mariage, alors que les Dardenne révélaient le talent d’Olivier Gourmet, Jérémie

Rénier, Emilie Dequenne, Fabrizio Rongione… Le dossier n’avance pas ; la peur d’entrer en conflit avec la Communauté française.

E n m a i 19 9 9 , l a Palme consacre donc l e s D a r d e n n e . A u x élections régionales de juin 1999, Serge Kubla hérite du portefeuille d e l ’ é c o n o m i e e t décide de “développer le côté industriel”. “Il a

l’intuition que le cinéma, et plus largement l’audiovisuel, peuvent être une filière d’emploi, le problème n° 1 en Wallonie.”

Philippe Reynaert va devenir le directeur et l’incarnation de ce fonds

régional. Un cinéphile s’installe aux manettes d’un fonds économique. C’est un peu réducteur. Philippe Reynaert a certes découvert le cinéma avec Les Dix Commandements, connaît par cœur La Mélodie du bonheur et a eu un véritable choc en découvrant Huit et demi, de Fellini, qui l’a poussé à devenir rat de cinémathèque. L’homme fut critique de cinéma, rédacteur en chef des Amis du film et de la télévision (qui deviendra Visions puis Visions international), responsable de Studio Belgique, avant de devenir concepteur-rédacteur (en remplacement de Stefan Liberski) dans la publicité, “un métier où la créativité

Depuis “Le Fils”, en 2001, tous les films de Jean-Pierre et Luc Dardenne ont été soutenus par Wallimage, qui a donc investi dans “L’Enfant” (2004) – interprété par Jérémie Renier etDéborah François, qui leur valut leur deuxième Palme d’or après celle obtenue pour “Rosetta” –, “Le Silence de Lorna” (2007), “Le Gamin au vélo” (2010), “Deux jours, une nuit” (2013) et “La Fille inconnue”, qui sortira en 2016.

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a une valeur”, tout en continuant à animer des émissions à la RTBF comme Télécinéma hier ou Lunettes noires et lunettes blanches encore aujourd’hui. Philippe Reynaert est dans la publicité, directeur adjoint d’une grosse agence amér icaine, quand il apprend au cours d’un déjeuner avec le cinéaste Alain Berliner que la Région wallone cherche un d i r e c te u r p o u r s o n fonds d’investissement cinéma.

“C’était un boulot pour moi ! Outre une connaissance sérieuse du secteur, que je maîtrisais, il fallait un sens de la gestion, du marketing, que j’avais acquis à cause de mon métier de publicitaire.” Le voilà aux manettes de Wallimage. “Wallimage a été créé sous la forme d’une société anonyme, Serge Kubla ne voulant pas que ce soit le département d’un ministère. C’est une SA privée de droit public qui nous permet d’être très rapide dans nos interventions. Nous avons une mission déléguée, qui est de générer un effet structurant sur l’industrie de l’audiovisuel en Wallonie.” Ce que Wallimage ambitionne alors, ce n’est rien moins que de provoquer l’induction d’un réel marché audiovisuel en recourant à un mécanisme simple : le fonds coproduit des films, des séries, des documentaires ou de l’animation à la condition que chaque euro investi par celui-ci génère au moins un euro de réinvestissement par la production auprès de talents ou d’industries de la région.

“Wallimage’s babies”A l’époque, il n’y a pas

de vér itable industr ie du cinéma en Wallonie. Pas de studios, pas le moindre labo ! La région est un grand désert. Il y avait eu un phénomène d e c e n t r a l i s a t i o n d e s i n f r a s t r u c t u r e s s u r Bruxelles, afin de toucher a u s s i b i e n l e m a r c h é flamand que francophone.

Le travail de Philippe Reynaer t va consister essentiellement à aider les producteurs. Les sociétés de production sont rares et, exception faite des F i l m s d u F l e u v e , d e s frères Dardenne, toutes un peu balbutiantes en ce temps-là. “Depuis, on a assisté au déploiement d ’ u n e g é n é r a t i o n d e maisons de production qu’on appelle af fectueusement les « Wallimage’s babies », comme Versus, Tarantula et, un peu plus tard, Frakas ; ils ont démarré presque tous en même temps que nous.”

Pour Wallimage, Philippe Reynaert s’inspire du fonds de la région Rhône-Alpes, en France, et du fonds régional suédois Fi lm ï Vast , créé par le

gouvernement de la région de Göteborg cinq ans auparavant. “Film ï Vast m’a vraiment servi de modèle.” Par tant du principe que tous l e s p ro d u c te u r s d e cinéma d’Europe, voire du monde, cherchent de l’argent, parce que le cinéma est un art cher, Wallimage leur fait signe. “On leur dit : venez, on a de l’argent pour vous si vous voulez,

mais l’argent qu’on vous donnera devra être dépensé chez nous ! C’est la règle de base : 100 % de l’argent reçu doit être dépensé en audiovisuel en Wallonie.” Le fonds va rapidement voir arriver plus de projets qu’il n’a d’argent à dépenser. “Cela nous permet de choisir les projets les plus « rentables » en termes de dépenses régionales.” A u l i e u d e gé n é r e r 100 % de retombées économiques, les projets soutenus en génèrent a i n s i , e n m oye n n e , 400 %. “On ne serait pas arrivé à des chiffres aussi impressionnants si l’Etat fédéral et le ministre d e s F i n a n c e s D i d i e r R e y n d e r s n ’ a v a i e n t créé le tax shelter en y adjoignant la territorialisation des dépenses.”

Comme Wallimage n’agit pas pour des raisons fiscales, mais pour des raisons stratégiques, la même dépense

peut servir deux fois ! “On en a largement fait la pub, notamment sur la Croisette auprès des producteurs anglo-saxons : Avec une frite belge, vous pouvez prendre du ketchup ET de la mayonnaise. D’où l’expression « double dip ». Aujourd’hui, en 2016, un producteur international qui voudrait déplacer une partie de ses travaux en Belgique, sachant qu’il y a désormais aussi des fonds régionaux à Bruxelles et en Flandre, peut financer à peu près 2/3 de ce qu’il va venir faire chez nous, en superposant les aides fiscales et économiques.”

Wa l l i m a g e p e r m e t d e f i n a n c e r t o u t c e q u i e s t t o u r n a g e e t p o s t p r o d u c t i o n . “ L e tournage, c’est bien, mais

la postproduction, c’est mieux. Le premier ne dure que quelques semaines, la seconde des mois. Nous avons été soutenus dans notre démarche par Jean-Claude Marcourt, notre ministre

de tutelle depuis plus de 10 ans, qui ne nous a jamais imposé, contrairement à ce que font beaucoup de régions qui ont des objectifs de visibilité, d’obliger le tournage à se dérouler chez nous. Nos voisins posent comme condition préalable que la moitié du tournage se passe en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. C’est très courant, car les hommes politiques aiment bien qu’on voie leur clocher ou leur magnifique hôtel de ville ! De notre côté, notre objectif a toujours été clair : créer de l’emploi et pérenniser le secteur.” A Wallimage, l’aspect régional, au sens touristique, est un plus, mais nullement la clé de la démarche. “Nous sommes contents, quand il y a du tournage, parce que c’est bien en termes d’images, mais il y a énormément de films que nous avons soutenus durant ces 15 années dont pas

une seule scène n’a été tournée en Wallonie, il y a seulement eu de la postproduction.”

Institut transmédiaP o u r P h i l i p p e

Reynaert, Wallimage a démar ré pi le-poi l au bon moment. “Les s o c i é t é s d e s e r v i c e s audiovisuels qui se sont ouvertes en Wallonie à partir de 2004-2005 démarraient de zéro et

se sont équipées de matériel neuf, tandis que les grandes structures industrielles bruxelloises déjà existantes ont dû passer du monde analogique au numérique, changer de technologies. Aujourd’hui, les studios d’animation à Marcinelle ou à Liège travaillent sur les mêmes machines que Pixar ou Disney. S’il reste à faire des efforts de créativité et d’inventivité, ce n’est plus la machine qui fait la différence.”

C’est au sein du studio DreamWall, un des plus grands et plus performants de Belgique, qu ’une g rande par t ie d’Astérix, le domaine des dieux, le long métrage le plus cher de l’histoire du dessin animé européen, a été réalisé. “En 2016, Wallimage Entreprises, soutenu en cela par la Wa l l o n i e , s ’ a p p r ê t e à épauler ces partenaires f idèles que sont devenus l e s g e n s d e M e d i a Participations pour mettre sur rail un fantastique projet imaginé par François Pernod, le patron de leur pôle Comics and Animation. Il s’agit d’un institut transmédia dans lequel des talents venus des quatre coins d’Europe vont apprendre à développer des univers et des héros qui pourront par la suite vivre leur vie tant en bande dessinée qu’en série TV, film, jeu

vidéo ou dans des produits dérivés. R/O, c’est le nom de l’institut – qui se prononce « Héros » –, c’est un peu une nouvelle école belge de la bande dessinée adaptée aux

médias du XXIe siècle.”

Retombées de 400 %Alors que le tax shelter

vient encore de lever 2 0 0 M € , Wa l l i m a g e gère une enveloppe de 5 M€. “Wallimage a une stratégie, alors que le tax shelter est juste une loi.” L’argent est l ibéré en trois tranches, 50 % au moment de la signature du contrat, et les deux

autres 25 % au fur et à mesure que sont rendus les justificatifs de dépenses. “On va vérifier les « dépenses structurantes ». Mon bras droit, Stéphanie Hugé, qui travaille avec moi depuis le début, est devenue une redoutable analyste en la matière. Elle est épaulée par Vanessa et Morgane. Ce sont les trois « louves de Wallimage ». Nos retombées de 400 % en région wallone ont été certifiées par une société d’audit, EY.”

Depuis de nombreuses années, le Parlement de la région wallone a estimé que Wallimage est “budgétairement neutre”. “On rapporte plus que ce qu’on coûte, et, au passage, on crée de l’emploi, de la circulation de richesse, de la création d’entreprises, sans oublier un « bénéfice d’image » aussi. Bien qu’originaire de Philippeville, Lucas Belvaux n’avait jamais tourné en Belgique avant La Raison du plus faible. Il avait toujours tourné en France. Il est revenu chez nous grâce au tax shelter et à Wallimage, et a été sélectionné à Cannes, en compétition officielle.”

Pendant sept ans, Wallimage fut le seul fonds économique belge. Il n’y avait rien en Flandre, rien à Bruxelles. Les sociétés de production et de services ont commencé à affluer en Wallonie, provoquant l’inquiétude des industries techniques bruxelloises. C’est ainsi que fut créée la ligne mixte

Wallimage-Bruxellimage. “Cela n’a jamais été un organisme. C’était juste u n e l i g n e b u d g é t a i r e à l ’ intér ieur des lignes d’action de Wallimage.” Cela a fonctionné comme ç a p e n d a n t s e pt a n s , jusqu’en 2014, où, suite à la réforme de l ’état, la région br uxel lo ise a été ref inancée assez s é r i e u s e m e n t , e t a décidé de prendre son autonomie. Durant ses sept années d’activités communes, de 2009 à

2015, chacune des deux régions, la Wallonie et Bruxelles capitale, a investi 8 M€, ces 16 M€ générant 96 M€ de retombées économiques. “Chacun est rentré chez soi au premier janvier 2016.” Le fonds régional de Bruxelles a depuis pris le nom de Screen Brussels.

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Il y a quatre ans, la Flandre avait créé de son côté Screen Flanders. “C’est un copier-coller de Wallimage, et ce n’est pas concurrentiel, parce que s’il y a des productions qui doivent tour ner à la Côte, on ne va pas les amener en Wallonie ! Nous sommes d’ailleurs souvent aux côtés de Screen Flanders dans un même film.”

Induction du marchéM a i s Wa l l i m a g e ,

c e n ’ e st p a s u n i qu e -m e n t W a l l i m a g e Coproductions, c ’est a u s s i W a l l i m a g e Entreprises. “Outre le financement des œuvres, nous voulions nous attaquer au financement structurel des entreprises de services audiovisuels.” Wallimage a ainsi une ligne d’investissement dans les productions et une autre d’investissement dans les sociétés. “C’est un mécanisme d’induction du marché. On crée la demande avec la ligne « œuvres » et on soutient le marché avec la ligne « sociétés ».” Wallimage récupère ainsi un peu de la main gauche ce qu’il a donné de la main droite ! Au bout de trois-quatre ans, les premières entreprises sont arrivées. Certaines se créèrent de toutes pièces, puis des entreprises bruxelloises ont ouvert des filiales. “Nous devions les soutenir lors de leurs débuts, soit en entrant dans leur capital, soit en leur prêtant de l’argent, pour qu’elles aient le temps de tenir et de se développer suffisamment.” Virginie Nouvelle est le pendant de Stéphanie Hugé pour les entreprises ; elle est assistée par Flavia Pati et Inge Huwaert. “Dans un cas sur deux, on a co-investi à côté de l’invest local. On a eu quelques accidents comme tout le monde, mais aussi quelques belles réusssites, comme Imovix, qui fait aujourd’hui partie des leaders mondiaux dans les caméras ultra rapides, ou la société de digitalisation d’archives Memnon, dont on a revendu nos parts à Sony.”

Une autre ligne d’investissements, Wallimage Creative, dédiée aux nouvelles images digitales, a été créée, dont la responsabilité a été confiée à Domenico La Porta. “C’est un peu notre laboratoire de recherches et développements.”

Alors que le crédit d’impôt français, de par son protectionnisme, provoque des réact ions assez anxiogènes en Belgique, Phi l ippe Reynaer t veut croire que l’avenir appartient au cinéma européen. “Les grands producteurs français pensent pouvoir rester autonomes, alors que tout le monde travaille en coproduction. Les films financés à 100 % dans leur pays d’origine sont rares et très typés. Toute

œuvre ambitieuse, aujourd’hui en Europe, est coproduite par plusieurs pays.” 90 % à 95 % des films belges francophones sont coproduits, avec

le Luxembourg pour des raisons de proximité, avec la France, parce que la langue est commune… “Nous réf léchissons à des stratégies communes e n t r e p e t i t s p a y s francophones, la Suisse romande, le Luxembourg, la Wallonie, on envisage de créer des passerelles p o u r d o n n e r u n e alternative au système français. On essaye de

construire des liens forts avec les Suisses, les Allemands, les Anglais, mais on a du mal à les maintenir avec les Français, car le milieu des producteurs de petite et moyenne taille est fragilisé par l’actuel système français…”

Mons, capitale culturelleLe siège de Wallimage – qui reste

une petite entreprise de neuf personnes – e s t s i t u é à M o n s . “L’argument du président d e l a ré g i o n wa l l o n e d’alors, Elio di Rupo, était que Namur était la capitale administrative, L i è g e , l a c a p i t a l e économique, Charleroi, l a c a p i t a l e s o c i a l e , e t M o n s l a c a p i t a l e c u l t u r e l l e . E t q u e s i Wallimage était un fonds

économique, il était dédié au cinéma et devait donc être basé à Mons.” Précisons que l’actuel ministre de tutelle verrait bien Wallimage à Liège. Wallimage Entreprises a d’ailleurs son siège dans le fameux Pôle Image de Liège. “C’est une de nos plus belles réussites. Une trentaine d’entreprises y sont implantées.”

Quant à lui, Philippe Reynaert ne pense pas avoir jamais dévié de cet amour du cinéma qui lui est venu un jour en allant voir Huit et demi, citant à qui veut l’entendre la fameuse phrase de Malraux : “Par ailleurs, le cinéma est une industrie !”. C’est d’ailleurs le titre de l’ouvrage qui lui est consacré, qui paraîtra aux Editions du CEP courant avril, dont certaines citations mentionnées ici sont extraites.

Olivier du Jaunet

“Par ailleurs, le cinéma est une industrie”Entretiens entre Jacques Bredael et Philippe Reynaert Editions du CEP

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Entretien

Philippe Reynaert“Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers !”

HDirecteur de Wallimage depuis sa création, Philippe Reynaert revient sur les 15 ans du fonds régional wallon d’investissement dans l’audiovisuel.

Qu’est-ce qui a motivé la création en 2001 de Wallimage, le premier fonds régional belge consacré à l’audiovisuel ?

Depuis 1989 et la présence aux Oscars du Maître de musique, de Gérard Corbiau, on connaissait en Wallonie un extraordinaire bouillonnement créa-tif qui a culminé en 1999 avec la Palme d’or des frères Dardenne pour Rosetta. Et là, le déclic s’est fait ! Le politique s’est décidé à bouger en prenant conscience que le cinéma et l’audiovisuel pouvaient être des filières d’emplois alternatives. Wallimage a été créé avec cette mission déléguée par le gouvernement régional : “Générer un effet structurant sur l’indus-trie de l’audiovisuel en Wallonie”. L’image que j’ai beaucoup utilisée à l’époque était de dire : “On a du pétrole qui sort du sol et on le regarde s’écouler vers Bruxelles ou vers Paris. Nous, nous allons construire des raffineries !”

Comment le cinéphile exigeant que vous êtes s’est-il retrouvé à la tête d’un fonds économique ?

A l’époque, ça en a surpris plus d’un de voir “l’homme aux lunettes blanches”, présentateur à la RTBF de Ciné-Club et d’émissions parfois très critiques, prendre la direction d’un fonds écono-mique ! Ce que mes téléspectateurs igno-raient, c’est que mon vrai métier était dans la publicité où je gérais des budgets parfois considérables en tant que direc-teur adjoint d’une grande agence améri-caine… Ce qui a convaincu la région de m’engager, c’est précisément cette dua-lité entre cinéphilie et marketing. Et moi, je n’ai jamais eu de problème à être passé du côté obscur de la force en me concen-trant sur le financement des films. J’ai une vision assez marxiste de l’histoire du cinéma : tous les mouvements intéres-sants se sont affirmés en se développant à la marge d’une industrie solide. Il n’y aurait pas eu de Godard ou de Rohmer si De Funès et Fernandel n’avaient pas existé ! Ceci dit, mon modèle reste Truffaut qui, justement, faisait de l’art et du business (rires).

De quel système vous êtes-vous inspiré pour concevoir Wallimage ?

De Rhône Alpes Cinéma, pour le mo-dèle économique de coproduction, et de Film ï Vast, le fonds suédois de la région de Göteborg, pour les leviers de maximi-sation des retombées économiques ter-ritorialisées. En fait, dès que l’on sort de ses frontières, on découvre des modèles très intéressants, mais l’important, c’est toujours de les adapter à la réalité écono-mique du territoire sur lequel on opère. Nous, par exemple, on n’a jamais intégré d’obligation de tournage en région. Pas mal de films que nous avons financés se sont acquittés de leurs obligations de dé-penses uniquement en postproduction.

Surtout ceux d’initiative belge. Screen Flanders s’est créé 10 ans après nous de manière très symétrique. On a tra-vaillé avec eux pour leur lancement et on leur avait même proposé de s’appe-ler “Wallimage Flandres”, mais ça n’a pas marché (rires). Quant à Screen Brussels (qui a donc choisi l’appel-lation flamande), je ne peux pas en dire grand-chose à ce stade car là, au contraire, tout se joue en secret… So, wait and see !

Quel bilan dressez-vous de ces 15 années passées à la tête de Wallimage ?

Extrêmement positif. Sur le plan personnel d’abord, je n’ai pas vu ces 15 ans passer car cela n’a été que du bonheur. J’ai la chance d’avoir autour de moi une équipe extrêmement com-pétente et fidèle, et, quand notre di-recteur de com’, Olivier Lenaerts, est décédé inopinément en plein Festival de Cannes il y a deux ans, j’ai réalisé à quel point cette équipe était devenue une famille ! Quant au plan profes-sionnel, comment ne pas se réjouir ? Les résultats sont f lagrants : le Pôle Image de Liège où travaillent 300 per-sonnes, celui de Marcinelle constitué autour des établissements Dupuis, la grappe des entreprises du Brabant Wallon… Enfin, côté cinéphile, je vé-rifie avec délectation mon hypothèse de départ : accueillir les méga-tour-nages de Dany Boon ou des Visiteurs nous permet de faire émerger des talents comme Savina Dell icour, Delphine Noëls, Stephan Strecker ou Mathieu Donck dont la série La Trève est un véritable électro-choc ! Ils viennent renforcer le peloton emme-né par Luc et Jean-Pierre Dardenne mais aussi par Joachim Lafosse et Bouli Lanners.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour Wallimage, alors que le nouveau tax shelter est entré en vigueur, que le crédit d’impôt français a été remanié…?

Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers ! La France, qui est notre par-tenaire naturel, semble vouloir fermer ses frontières avec un crédit d’impôt quasi illimité ? C’est dommage, mais cela nous pousse d’une part à créer une “Petite Alliance Francophone !” ( “ PA F ! ” ) e n t r e l a Wa l l o n i e , l e Luxembourg, la Suisse Romande et le Québec, et, d’autre part, à intensifier les relations avec le Canada anglo-phone qui va faire son entrée dans Eurimage et auquel notre fabuleux tax shelter est désormais ouvert ! Et pour ancrer ces nouvelles alliances, on réfléchit beaucoup avec nos autorités de tutelle à financer des aides à l’écri-ture trans-territoriales. Simplement, il faut que nous définissions une ma-nière économique d’aborder ce secteur “recherche & développement” et là, ce sont les modèles nord-américains qui peuvent nous inspirer…Propos recueillis par Olivier du Jaunet

Mais cela répond bien à l’attente de mon gouvernement qui veut avant tout créer de l’emploi.

Quel a été l’impact de Wallimage sur la production ?

Au début, ça a secoué ! Les aides culturelles étaient en place depuis plus de 30 ans quand on a démarré, et nos critères ont effrayé plus d’un produc-teur. La première fois que nous avons fait une “descente” sur un tournage en regardant les plaques d’immatriculation des camions, on s’est fait traiter de “ges-tapistes” ! Et je ne vous dis pas quand on a demandé dans nos dossiers d’ajouter un tableau de répartition des remontées des recettes ! Mais, ce faisant, on a préparé les producteurs à l’arrivée du tax shelter

en 2004 et aujourd’hui, on travaille très harmonieusement avec les associations professionnelles. Voir le développement de boîtes comme Versus, Nexus, Scope, Tarantula ou Frakas, qui sont nées pra-tiquement en même temps que nous et que nous avons fidèlement accompa-gnées, est une vraie récompense !

Comment se positionne Wallimage par rapport aux deux centres nationaux du cinéma (le CCA et le VAF, deux organismes culturels), et aux autres fonds économiques belges (Screen Flanders, Screen Brussels) ?

Vis-à-vis des centres nationaux, on n’a pas de problème. On est sou-vent côte-à-côte dans des dossiers.

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Wallimage en 15 filmsu A l’occasion du 15e anniversaire de la création de Wallimage, Philippe Reynaert évoque 15 films ; les 15 dates mentionnées étant celles où le fonds a décidé de coproduire ces titres qui ont jalonné et marqué son histoire. Souvenirs, souvenirs…

A l’époque, Olivier Marchal fai-sait-il un peu peur aux finan-

ciers hexagonaux ? Son premier film fut aussi le premier dossier français déposé chez Wallimage lors de sa première ses-sion d’investissement ! Gangsters, tourné en grande partie dans l’univer-sité désaffectée du Val-Benoît à Liège, fut aussi le premier film soutenu par Wallimage à trouver le chemin des écrans en février 2002.

Producteurs : Saga Film (Belgique), Ajoz Film, LGM Cinéma (France) Investissement : 347!050 € Retombées économiques : 580!070 € (167,14%)

Jeux d’enfants est un premier f ilm qui met en vedette deux

jeunes comédiens qui se croisent pour la première fois ! Il a fallu toute l’habileté des producteurs, Christophe Rossignon et Patrick Quinet, pour construire un dossier convaincant. Ils l’ont fait et c’est ainsi que Yann Samuel s’en est venu tourner dans les rues de Liège la pre-mière rencontre entre Guillaume Canet et Marion Cotillard.

Producteurs : Media Services, Artémis Productions (Belgique), Nord-Ouest Production (France) Investissement : 371!840 € Retombées économiques : 477!942 € (128,53%)

A peine Wallimage avait-il ou-vert ses portes que Jacques-

Henri Bronckart les franchissait avec l’assurance qui ne l’a jamais quittée de-puis. Versus Production n’avait alors que des courts métrages dans son line-up mais voulait passer au long avec un de

leurs protégés, un certain Bouli Lanners. Nous avons conseillé au jeune produc-teur de commencer par nous prouver qu’il maîtrisait son métier en faisant une coproduction avec la France. Avec notre soutien, il a coproduit En territoire in-dien, la dernière production signée Daniel Toscan du Plantier. Puis JHB est revenu nous voir avec le dossier d’Ultra-nova.

Producteurs : Versus Production (Belgique), Quo Vadis Cinéma (France) Investissement : 375!000 € Retombées économiques : 834!912 € (222,64%)

Le téléphone sonne et l’assistante me dit : “C’est M. Costa Gavras”.

Je crois d’abord à une plaisanterie, mais, tout de suite, je reconnais la voix de mon interlocuteur auquel je dis d’emblée toute mon admiration. “Croyez-le ou pas, cher Monsieur, les Oscars et autres Palmes ne vous garantissent pas de boucler votre budget ! On m’a dit de vous appeler.” J’avale ma salive. “C’est qu’il va vous falloir faire des dépenses en Wallonie, travailler avec un copro-ducteur belge…” Il me répond : “Les Dardenne, c’est ok ?” Bien sûr que c’est OK ! Quelques mois plus tard, Costa et José Garcia tournent quasiment tout Le Couperet en Wallonie.

Producteurs : Les Films du Fleuve (Belgique), KG Productions (France) Investissement : 330!000 € Retombées économiques : 900!000 € (272,73%)

C’est la Palme d’or de Rosetta, en 1999, qui avait provoqué la

naissance de Wallimage. Et par la suite, deux fois déjà, nous avions eu la chance d ’ a c c o m p a g n e r l e s D a rd e n n e a u Festival de Cannes, mais après eux, La Raison du plus faible a été le premier film soutenu par Wallimage a être sélec-tionné en Compétition officielle. Quelle émotion de découvrir sur l’immense écran de l’Auditorium Lumière les per-sonnages du film qui entonnent “La P’tite Gayole”, notre véritable hymne national wallon ! Pendant des années, j’avais été tellement agacé par ces cri-tiques belges qui s’extasiaient devant les accents écossais ou irlandais chez Ken Loach mais faisaient la fine bouche au moindre accent de chez nous…

Producteurs : Ateliers de Baere, Entre Chien et Loup (Belgique), Agat Films (France) Investissement : 250!000 € Retombées économiques : 848!128 € (339,25%)

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Le danger quand on possède un arbre géant dans la forêt d’une

cinématographie nationale, c’est qu’il éclipse les jeunes pousses. Alors que dire quand on en a deux comme Luc et Jean-Pierre Dardenne ? Le miracle wallon, c’est que les “frères”, loin d’empêcher qui que ce soit de se développer, agissent comme des catalyseurs. Après l’éclosion de Bouli Lanners, à Venise, nous allions assister avec Nue Propriété à la nais-sance à l’écran de Joachim Lafosse !

Producteurs : Tarantula (Belgique), MACT Productions (France) Investissement : 140!000 € Retombées économiques : 428!658,96 € (306,18%)

Ma collègue, Stéphanie Hugé, me donne un coup de coude

dans les côtes. J’ai failli sourire quand ce tout jeune producteur m’a expliqué qu’il espérait bien embarquer dans son premier f ilm Gérard Depardieu et Carole Bouquet ! “C’est le f i ls de Carole”, me souf f le-t-elle. “Quoi, Dimitri Rassam est le fils du mythique Jean-Pierre Rassam ?” Bien sûr qu’on va lui trouver en Wallonie les décors al-saciens dont il a besoin pour tourner Les Enfants de Timplebach ! Quelques mois plus tard, en regardant les rushes, on se dit qu’il y a dans la bande des en-fants une pré-ado qui a un bel avenir devant la caméra. Mais son nom est re-lativement difficile à mémoriser : Adèle Exarchopoulos.

Producteurs : Scope Pictures (Belgique), Chapter 2 (France) Investissement : 250 000 € Retombées économiques : 1 891 554 € (756,62%)

Ken Loach ! Ken Loach et Eric C a n t o n a ! C e t t e f o i s , l e s

Dardenne ont fait très fort ! Comme du temps de Costa Gavras, ils nous refont le coup du Club des Palmes d’or. Certes, Looking for Eric, complètement tourné à Manchester pour d’évidentes raisons footballistiques, n’est pas le champion des retombées régionales en Wallonie, mais nous tentons le coup, espérant que Loach aura sur l’Angleterre le même ef-fet sésame que Costa pour la France. Hélas, la perfide Albion nous restera fermée des années encore…

Producteurs : Les Films du Fleuve (Belgique), Why Not Productions (France) Investissement : 133 452 € Retombées économiques : 323 142,14 € (242,14%)

Un des effets les plus positifs de l ’ a l l i a n c e t e m p o r a i r e q u e

Wallimage passe avec la Région de Bruxelles Capitale en 2009 est d’ouvrir notre mécanisme au cinéma flamand. Et un des premiers films que nous rete-nons s’appelle Rundskop, Tête de bœuf en français, même s’il sortira en France sous son titre anglais, Bullhead. Et c’est le choc : le film révèle d’une seul coup son réalisateur, Michaël R. Roskam, et son acteur, Mathias Schoenaerts. Tout

aussi impressionnant, dans un rôle se-condaire inquiétant à souhait, un tout jeune comédien : David Murgia.

Producteur : Savage Productions (Belgique) Investissement : 200 000 € Retombées économiques : 830 559,57 € (415,28%)

On avait, comme tout le monde, assisté stupéfait au retourne-

ment d’image du Nord-Pas-de-Calais suite au triomphe de Bienvenue chez les Ch’tis ! Inutile de dire que, quand nous avons appris qu’il écrivait un scé-nario sur un conf lit entre douaniers belges et français, nous avons sorti le grand jeu pour convaincre Dany Boon de revenir boire de la Chimay dans la région où, en bon frontalier, il avait fait ses études supérieures artistiques. Rien à déclarer reste à ce jour le tournage le plus impressionnant en termes de construction de décors en extérieur, mais aussi par son casting qui rassem-blait la crème de la crème des comédiens belges, de Benoît Poelvoorde à Olivier Gourmet en passant par Bouli Lanners, François Damiens mais aussi Eric Godon, Laurent Capelluto, Jean-Luc Couchard et … Julie Bernard.

Producteurs : Pathé Productions (Belgique), Scope Pictures (France) Investissement : 400 000 € Retombées économiques : 1 822 986,60 € (455,75%)

Jacques Audiard en tournage p r è s d e S p a . M a t h i a s

Schoenaerts sur un lac gélé qui frappe de toutes ses forces la glace qui lui ré-s iste et meur tr it ses poings. Et à quelques kilomètres de là, au Pôle Image de Liège, les magiciens de Mikros qui se réjouissent de réussir à faire évo-luer les cicatrices sur les jambes de Marion Cotillard, qu’ils ont amputée sans états d’âme à la palette graphique. De rouille et d’os, qui intègre même

Bouli Lanners, aurait mérité d’être un film belge ! Et il aurait peut-être décro-ché la Palme d’or qui lui a injustement échappé…”

Producteurs : Les Films du Fleuve (Belgique), Why Not Productions (France) Investissement : 275 000 € Retombées économiques : 847 716,97 € (308,26%)

Les débuts n’ont pas été simples. Sylvain Goldberg a mis du temps

à constituer l’irrésistible binôme qu’il forme désormais avec Serge de Poucques, mais, en ce début d’année 2002, on sent que Nexus Factory va véritablement dé-coller ! Coup sur coup, les deux “chauves qui sourient” (un mauvais jeu de mots à la Sylvain !) produisent un premier film belge hors-norme, Dead Man Talking, et Boule et Bill, une comédie française ins-pirée d’une BD belge qui rencontrera le succès que l’on sait. Plus rien n’arrêtera Nexus qui enchaînera avec La Famille Bélier et son François Damiens muet, Un début prometteur qui impose en France le charme de Veerle Baetens et Les Souvenirs qui rend inoubliable notre Annie Cordy nationale.

Producteurs : Nexus Factory (Belgique), LGM Productions (France)

2007

2008

2009

2010

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16 mars 2016 / Écran total n°1084

Investissement : 300 000 € Retombées économiques : 1 149 367,46 € (383,12%)

On peut dire que Léon Perahia s’est battu pour que Belvision, la

plus ancienne des maisons de produc-tion belges, celle qui produisait déjà les dessins animés de Tintin dans les an-nées 1970, puisse associer son savoir-faire à celui de Mikros France ! Cette co-production, il est allée la chercher avec les dents et … beaucoup de tax shelter ! C ’ e s t a i n s i q u e D r e a m W a l l , à Marcinelle, et Nozon, au Pôle Image de Liège, ont été associés à la fabrication, oh ! combien minutieuse, du dessin ani-mé le mieux financé de toute l’histoire du cinéma d’animation européen. Un film étape pour notre ligne d’investisse-ment consacrée spécif iquement à l’image animée depuis 2009.

Producteurs : Belvision (Belgique), M6 Studio (France) Investissement : 350 000 € Retombées économiques : 5 219 824 € (1491,38%)

On peut tout dire de Jaco Van Dormael sauf qu’il est rapide sur

la balle. Six ans entre Toto le héros en 1990 et Le Huitième Jour en 1996, puis 13 ans entre celui-ci et Mr. Nobody en 2009. Comme ces magnifiques météores qui ne repassent dans notre ciel étoilé que des années plus tard, on avait un peu peur, après l’extraordinaire ef fort qu’avait représenté son film en anglais, de ne revoir Jaco qu’à l’aube des années 2020 ! Mais Dieu qui est vivant et habite à Bruxelles veillait visiblement sur lui et nous a permis de participer au miracle du Tout Nouveau Testament, qui est, en Belgique, le 3e meilleur score public d’un film belge francophone. Juste derrière C’est arrivé près de chez vous et … Le Huitième Jour. Deux Van Dormael et deux Poelvoorde dans le trio de tête : joli tiercé !

Producteurs : Climax Films (Belgique), Après le Déluge (France) Investissement : 400 000 € Retombées économiques : 1 641 050 € (410,26%)

Okaaaay ! Les Visiteurs dé-barquent à Namur et à Liège !

C’est la Révolution en Wallonie ! A un moment où l’establishment français semble vouloir fermer ses frontières et renoncer aux coproductions qui sont le seul espoir du cinéma européen, il est presque amusant de voir Godefroid de Papincourt, Comte de Montmirail, et sa fripouille de Jacquouille venir traîner leurs guêtres sur la place Saint-Aubain. “Le crédit d’impôt, mais qu’est-ce que c’est qu’ce binz ?”

Producteurs : Nexus Factory (Belgique), Gaumont (France) Investissement : 400 000 € Retombées économiques : 1 890 441 € (472,61%)

Propos recueillis par Olivier du Jaunet

Précision : ne sont stipulés ci-dessus que les producteurs belges et français des films.

2013

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DossierWALLIMAGE

16 mars 2016 / Écran total n°1084

Quinze chiffres qui comptent

60millions d’euros

51%de projets

belges

29prestataires

de services audiovisuels

9champions

(dont 7 Wallons)

282 dossiers acceptés

Entre mars 2001 (date de sa première session d’investissement) et décembre 2015, la S.A. Wallimage Coproductions a décidé de soutenir 282 projets audiovisuels.

Ou très exactement 60 654 083,36 €, c’est le montant total engagé en coproductions sur les 282 projets audiovisuels soutenus (y compris l’apport, pendant sept ans dans une ligne dite “mixte”, d’un total de 8 238 008,26 € provenant de la Région Bruxelles Capitale).

215 000euros en moyenne par projet

Ou très exactement 215 085,40 € d’engagement par projet. L’engagement du fonds wallon peut s’élever jusqu’à un maximum de 500 000 € par projet.

longs métrages217 de ces projets sont des longs métrages de fiction – soit 77% des projets retenus. Le solde se partage entre 40 films d’animation (18 longs métrages et 22 séries) soit 14 %, 16 documentaires (6 %) et 10 fictions télé (3 %)

237 projets en VO francophone

237 des projets soutenus ont le français pour langue originale (84 %). Les autres 16 % se répartissant entre néerlandais, anglais, italien et luxembourgeois.

143 projets d’initiative belge (51 %) pour 116 d’initiative française (41 %) et 23 (8 %) d’initiatives diverses (Luxembourg, Pays-Bas, Irlande, Angleterre, Italie…).

23 000 000d’euros à Liège

H Les 11 producteurs liégeois – qui représentent 15 % des maisons sou-tenues – cumulent 36 % des investis-sements de Wallimage pour un mon-tant global de 23 210 189 €, soit une moyenne de 2,11 M€ par maison de production. Ils devancent largement les 39 maisons de productions bruxelloises qui, en se partageant 20 071 318 €, soit 31 % des investissements de Wallimage, n’atteignent qu’une moyenne de 515 000 € par société. Sur la troisième marche du podium, le Brabant Wallon, qui recueille 22,5 % des investissements de Wallimage, soit 14 597 300 €, per-met aux 12 producteurs qu’il accueille d’atteindre une moyenne par société de 1 216 500 €.

Neuf maisons de production se situent au-dessus de la barre de 2 M€ apportés en coproduction par Wallimage. Deux ont leur siège fiscal à Bruxelles – Entre Chien et Loup et Artémis – et sept en Wallonie – Scope Pictures, Versus Productions, Nexus Factory, Belvision/Araneo, Les Films du Fleuve, Tarantula et Frakas. Ces neuf maisons de production cumulent un investissement public sur 15 ans de 41 096 847 €, soit 63% du volant de coproduction wallon.

160 000 000d’euros injectés dans le

secteur audiovisuel wallon

H Sur les 282 projets “green-lightés” par le Conseil d’administra-tion de Wallimage Coproductions, 221 projets sont terminés et ont fait l’objet d’un contrôle exhaustif de leurs dépenses audiovisuelles régionales. Coproduits par le fonds wallon à hau-teur de 45 778 037,13 €, ces 221 pro-jets atteignent 160 213 762,38 € de dé-penses structurantes dans notre région, soit 349,98 % de l’argent investi par Wallimage. (Il y a deux ans, une étude menée par EY certifiait un taux de retom-bées régionales de 405 %, mais l’étude ne portait que sur une période de cinq ans allant du 1er janvier 2009 au 31 dé-cembre 2013. La moyenne, légèrement inférieure, annoncée ici, reflète 15 ans d’une activité financière qui, en année 1, ne générait encore que 186 % de retom-bées régionales). 214 projets – soit 75 % des projets “greenlightés” – ont été à ce jour diffusés en salles ou à la télé.

H Initialement, la mission de Wallimage Entreprises était d’instal-ler dans la durée les prestataires de services cinéma qui s’installaient ou se développaient en Wallonie, atti-rés par les retombées de Wallimage Coproductions. C’est ainsi qu’un indispensable apport de cash-flow a permis des réussites telles que l’instal-lation du studio son de Dame Blanche à Genval, le développement du studio d’animation DreamWall à Marcinelle ou l ’ installation en Wallonie de grandes sociétés multinationales comme le studio d’effets spéciaux Mikros ou le loueur de matériel TSF. Au total, 21 sociétés liées au monde du cinéma ont bénéficié de 5 M€ d’apport public. Huit sociétés actives de manière plus large dans le secteur audiovisuel ont, elles, bénéficié de 2,8 M€ supplémentaires, dont plus de 1 M€ pour le seul Pôle Image de Liège, un hôtel d’entreprises accueillant plus de 35 sociétés audiovisuelles.

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16 mars 2016 / Écran total n°1084

Quinze chiffres qui comptent

73maisons de production soutenues

C’est le nombre de productrices et de producteurs belges qui ont bénéficié du soutien de Wallimage Coproductions. 28 de leur sociétés sont fiscalement basées en Wallonie (39 %), 39 à Bruxelles (53 %) et 6 en Flandre (9 %). En Wallonie, on dénombre 12 maisons de production en Brabant Wallon et 11 à Liège qui, ensemble, représentent 82 % des maisons de production de la Wallonie.

1 000 000 d’euros pour Wallimage

CreativeH Creative Wallonia ayant été re-

conduit par le gouvernement wallon pour une programmation 2015-2020 et inspiré par trois ans de collaboration avec Pictanovo, le fonds du Nord-Pas-de-Calais, initiateur des “Expériences interactives”, Wallimage CrossMedia s’efface pour laisser place à Wallimage Creative, une ligne d’investissement dédiée de manière large aux Nouvelles écritures numériques. Parmi les pre-mières concrétisations de ce nouveau département, la création d’un “mat-ching fund” avec le Fonds des Medias du Canada, qui permet de mettre sur orbite deux collaborations transatlan-tiques sur des dossiers innovants intitu-lés Urbance et Rift World.

44 sociétés wallonnes

soutenues par Wallimage

EntreprisesDepuis sa création en juillet 2008, la S.A. Wallimage Entreprises s’est investie, sous forme de prise de capital ou de prêt subordonné, dans 44 sociétés pour un montant total de 10,879 M€.

3 000 000d’euros pour les agences

digitales

H A p rè s c i n q a n s d ’ a c t i v i té , Wallimage Entreprises constate que la Wallonie dispose désormais d’une panoplie complète de prestataires pouvant rencontrer les demandes des producteurs de cinéma et de télévi-sion. Venant de pratiquement rien, ce constat est une grande victoire qui ne mérite pas de se reposer sur des lau-riers toujours fragiles. Il faut continuer à soutenir les entreprises en place mais un autre défi attend le fonds wallon : affronter le deuxième virage numé-rique, celui de l’inévitable convergence des médias. Wallimage Entreprises s’ouvre alors aux agences digitales Tapptic, Me Movie, Contentinuum ou, tout récemment, Fishing Cactus. Avec ces 15 sociétés soutenues pour un montant global de 3 M€, c’est l’uni-vers du jeu, des application, du diver-tissement et de l’information digitale qui fait son entrée dans la famille Wallimage. Suscitant l’apparition de Wallimage Creative…

2 000 000 d’euros déjà

investisdans le transmedia

H En 2011, la Wallonie déclenche un programme mobilisateur qu’elle intitule Creative Wallonia. Soutenu financièrement par ce programme, Wallimage ouvre une ligne Wallimage CrossMedia destinée à inciter les producteurs de cinéma à avoir re-cours aux nouvelles techniques du digital pour promouvoir les films par ailleurs soutenus par Wallimage Coproductions. Entre 2011 et 2015, près de 30 longs métrages et séries vont ainsi bénéficier d’environ 2 M€ pour mener à bien leur crossmarke-ting digital. Parmi les tentatives les plus réussies, on peut citer Ernest et Célestine, Boule et Bill ou L’Ecume des jours. Mais, au-delà du crossmedia, Wallimage s’aventure également dans le financement d’objets transmedia tels que l’application “Toc, toc, toc qui est là” ou le dispositif de la série multi-nationale The Spiral.

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