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Enfin, par sa conception plus libre et lâindĂ©pendance volontaire de ses acteurs, du vigneron au consomma-teur en passant par le caviste ou le restaurateur, le vin nature est au vin ce que lâutopie est Ă la sociĂ©tĂ©. Mais, en quoi consiste-il? Dâabord, il y a des sols et des vignes sans engrais ni dĂ©sherbants ou pesticides chimiques, qui donnent des fruits honnĂȘtes, dont on extrait des jus inaltĂ©rĂ©s, lesquels, sous lâaction de levures indigĂšnes, se transforment naturellement en vin, quâon mettra en bouteilles. Ce nâest pas une action magique, cela exige de lâattention, du travail, des caresses: mais des centaines, des milliers de vignerons-ne-s Ă travers le monde ont depuis longtemps dĂ©montrĂ© quâon pou-vait faire un vin diffĂ©rent et dĂ©licieux Ă partir de raisins bio. Depuis quelques temps, la Cabrery produit du vin nature, une Ă©tape de plus dans le long processus dâapprentissage et dans la recherche cohĂ©rente de la construction des alternatives, inscrite dans le rĂ©el et le prĂ©sent. En fournissant la preuve de leurs viabilitĂ©s, ce processus rĂ©vĂšle les contradictions de lâordre Ă©tabli. Le vin nature sâoppose aux vins conven-tionnels ou traditionnels, qui reflĂštent,
eux, lâimage dâune agriculture produc-tiviste et destructrice. Ces vins sont bardĂ©s dâun arsenal potentiel dâune cinquantaine de produits Ćnologiques, sans oublier les rĂ©sidus de pesticides (jusquâĂ treize ou quatorze molĂ©cules diffĂ©rentes) quâils embarquent systĂ©-matiquement. La Cabrery confectionne
ses vins uniquement avec du raisin, on pourrait mĂȘme Ă©crire sur les bouteilles, 100 % jus de raisin. Alors, on travaille sans filets. On surveille de prĂšs chaque Ă©tape des fermentations, on est soi-gneux, on imagine les assemblages futurs, mais surtout on ne dirige rien, on observe, on essaye de comprendre,
on accompagne modestement la lente évolution du raisin pressé qui, en barriques ou en cuves, deviendra le vin que nous avons espéré.
Les vins natures ont tĂŽt fait de nous surprendre. Ils peuvent ĂȘtre capricieux, on ne les force pas. Parfois, ils nous apprennent la patience. Si certains se font vite, dâautres peuvent dĂ©cider de se mettre au repos, et Ă©voluer tran-quillement jusquâau printemps suivant, câest comme ça, il faut faire avec. En les dĂ©gustant, on peut ĂȘtre surpris, habituĂ©s que nous sommes aux goĂ»ts standardisĂ©s, mais trĂšs vite, on com-prend, on redĂ©couvre les saveurs du fruit, des Ă©pices oubliĂ©es, ou le parfum des fleurs. On boit du raisin, on avait oubliĂ© que cela fĂ»t possible.
Soigner et bichonnerMais pas de vin sans la vigne, com-ment imaginer un vin libre et propre, exempt de tout intrant, si le raisin rĂ©coltĂ© nâest pas de qualitĂ© exception-nelle, Ă©quilibrĂ©, Ă point de maturitĂ© lors de la rĂ©colte.
Chez nous, chaque grappe est ramassĂ©e manuellement, dĂ©posĂ©e en caisses pour quâil nây ait aucune altĂ©ration. Les vignes sont soignĂ©es, inutile de leur en demander trop; en les respectant, on sâaccorde sur la qualitĂ© plutĂŽt que le rendement. Entre leurs rangs, multiples variĂ©tĂ©s de plantes, arrivĂ©es lĂ spontanĂ©ment, ou choi-sies et implantĂ©es. Pas dâazote des grandes compagnies, mais du trĂšfle, de la vesce, fĂ©veroles et autres lĂ©gumi-neuses; pas de dĂ©sherbant, qui rend le sol si triste, et aride, mais des insectes en pagaille, de la vie microbienne, de la vie qui sâactive encore et encore sous les ceps.
Tel le pain industriel, bon nombre de vins ne fermentent quâĂ lâaide de levures lyophilisĂ©es vendues sous vide en sachets. Notre levain Ă nous, nos levures, sont lĂ , prĂ©sentes dans la vigne. On les nomme indigĂšnes et qui, par millions, se multiplieront entre elles pour transformer les sucres en alcool et arĂŽmes.
Il faut du temps pour apprĂ©hen-der tout cela. Il faut lâenvie, la soif de comprendre, sâattacher Ă la passion qui dĂ©vore sans se faire dĂ©vorer, sans cesse sâinterroger, interroger les amis, confronter les expĂ©riences et sâenrichir en tout point de lâexpĂ©rience de lâautre. Et la faire sienne. Chaque annĂ©e est diffĂ©rente, aucune vendange ne se ressemble; quelle surprise nous pro-mettent les vignes cette annĂ©e? Tout peut changer si vite.
Une canicule, de la grĂȘle, des orages incessants. Quoi quâil advienne, câest sĂ»r, dĂ©but septembre les vendanges nous attendent. On sây attellera ensemble, de la cueillette Ă la cave, on fera du vin, il sera bon, mais il faudra attendre le printemps pour le savoir.
LâĂ©quipe de la Cabrery
Ăcole buissonniĂšre
Lâart de la vinification du vin natureDepuis 1993 la coopĂ©rative de Longo maĂŻ «la Cabrery» au pied du LubĂ©ron en Provence produit et vinifie sur place, constituant une gamme de vins natures rouges, blancs et rosĂ©s. Le vin nature est, aujourdâhui, la manifestation la plus visible dâune agriculture artisanale et autonome. Câest aussi un modĂšle Ă©conomique alternatif, viable et durable.
Lâheure de la mise en bouteille
nouvelles denouvelles deNo 126 automne 2018
En 2008, lâassociation Passion rurale a repris une ancienne colonie de vacances dans le TriĂšves, pour y
construire un lieu dâĂ©cologie pratique, fĂ©ministe et en autogestion. Lâasso-ciation sâappuie sur une quarantaine
de bĂ©nĂ©voles et un noyau dâune quinzaine de membres aux multiples compĂ©tences, allant de la plombe-rie au maraĂźchage, en passant par lâĂ©lectricitĂ©, lâherboristerie, la rĂ©alisa-tion de documentaires, lâostĂ©opathie ou encore la menuiserie. Tous-tes participent aux activitĂ©s du lieu: rĂ©ha-bilitation des bĂątiments avec lâamĂ©na-gement de «communs», dĂ©frichage, reboisement, terrassement pour les jardins, serre et vergers, organisation dâĂ©vĂ©nements collectifs et publics. La soliditĂ© juridique est assurĂ©e par une propriĂ©tĂ© associative sans part indi-viduelle. Pour ce qui est de la dimen-sion Ă©conomique, la propriĂ©tĂ© a Ă©tĂ© achetĂ©e sans dette pour permettre une indĂ©pendance vis-Ă -vis des pouvoirs publics et des prĂȘts bancaires. Une production auto-vivriĂšre permet Ă©ga-lement de rĂ©duire les coĂ»ts quotidiens et des levĂ©es de fonds sont rĂ©alisĂ©es pour la rĂ©novation du site.
Lâeau utilisĂ©e par ce lieu vient dâune source plus haut dans la montagne, protĂ©gĂ©e par un abri et canalisĂ©e vers un rĂ©servoir intermĂ©diaire 1km en aval. Mais le dĂ©bit dâeau est limitĂ© et inĂ©gal, du fait de fuites importantes. Il faut rĂ©nover. La rĂ©gion est riche en eau mais Ă lâĂ©chelle du village plus bas dans la vallĂ©e, les rĂ©seaux sont aussi
en mauvais Ă©tat, avec beaucoup de pertes. Au lieu dâentretenir les cap-tages et les conduites municipales, la Mairie prĂ©empte les petites sources privĂ©es comme celle de Passion rurale pour gagner en dĂ©bit Ă faible coĂ»t. Lâeau dĂ©tournĂ©e vers la vallĂ©e serait alors traitĂ©e, puis remontĂ©e par des pompes Ă©lectriques vers les diffĂ©rents hameaux ... auparavant alimentĂ©s par cette eau pure et ce sans technolo-gie! Une absurditĂ© Ă©cologique et une mise en danger de lâautonomie des lieux existants. La Mairie, trop pauvre pour investir dans la rĂ©novation de ses propres rĂ©seaux, risque bien, dans les annĂ©es Ă venir, de cĂ©der la gestion de lâeau Ă VĂ©olia (ex-Vivendi Environne-ment), fi rme gĂ©ante et sans scrupule Ă lâinstar de NestlĂ©, qui sâimplante actuellement dans la rĂ©gion. En cas de prĂ©emption, Passion rurale est en bonne position pour conserver un droit dâeau, si elle fait valoir la rĂ©novation de son propre rĂ©seau. Ces gros travaux doivent donc ĂȘtre lancĂ©s rapidement, avant la reprise par un gestionnaire privĂ© et multinational, mĂ©prisant les initiatives autonomes.
Lâeau, un bien communConcrĂštement, une partie des travaux a dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2017. Il sâagit de la phytoĂ©puration et de la rĂ©fection du captage Ă la source. Pour 2018, les prioritĂ©s sont la rĂ©alisation dâune nouvelle conduite enterrĂ©e sur 140 m de forĂȘt pour parer aux fuites les plus importantes ainsi que lâagran-dissement du rĂ©servoir. Il restera ensuite la mise hors gel du rĂ©seau dâeau Ă lâintĂ©rieur du hameau et une canalisation de la source au rĂ©servoir avec lâinstallation dâune micro-turbine pour une petite production Ă©lectrique.
La fonte du glacier a ensuite libĂ©rĂ© une Ă©norme quantitĂ© dâeau, crĂ©ant les zones marĂ©cageuses et les riviĂšres caractĂ©ristiques de cette rĂ©gion.
A la recherche dâune autarcie alimentaire, lâĂtat allemand dans les annĂ©es trente, puis la RDA dans les annĂ©es soixante-dix, mirent en Ćuvre de grandes opĂ©rations de drainage dans les zones humides, pour les rendre cultivables et surtout acces-sibles Ă de grosses machines. Lâentre-tien de ces drainages sâarrĂȘta dans les annĂ©es quatre-vingt-dix, aprĂšs la chute du mur.
La ferme dâUlenkrug, Ă lâorigine un champ de quarante hectares, se trouve dans une de ces zones. Depuis ses dĂ©buts en 1996, la coopĂ©rative rĂ©fl Ă©-chit sur la gestion de lâeau, lâapprovi-sionnement Ă©nergĂ©tique et alimentaire. Comment une ferme de trente per-sonnes peut-elle devenir plus indĂ©pen-
dante en se basant sur les Ă©nergies renouve-lables, les ressources locales, lâautoproduc-tion, dans un projet Ă©cologique adaptĂ© au terrain et Ă la rĂ©gion?
Concevoir lâagriculture autrementNombre de solutions y ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© mises en place: une station de phytoĂ©puration pour les eaux usĂ©es, la rĂ©cupĂ©ration de lâeau de pluie pour arroser le jardin et alimenter un systĂšme parallĂšle dâeaux grises pour les toilettes (et bien sĂ»r des toilettes sĂšches!). CĂŽtĂ© Ă©nergie: des panneaux solaires combinĂ©s avec une chaudiĂšre Ă bois produisent lâeau chaude, un chauffage central alimente lâensemble des bĂątiments, des panneaux photo-voltaĂŻques sont en service, et un projet Ă©olien en cours permettra lâautonomie en production Ă©lectrique.
Depuis quelques annĂ©es une vague de phĂ©nomĂšnes climatiques extrĂȘmes, combinĂ©e au mauvais Ă©tat des drainages rend les travaux agri-coles difficiles Ă la ferme mais il en est de mĂȘme pour toute la rĂ©gion. Les hivers Ă©tant tardifs et trop doux, la terre ne gĂšle pas assez. LâaccĂšs Ă la forĂȘt est rendu difficile et nous devons retarder nos camps de bĂ»cheronnage.
Ulenkrug
Lâeau vive ⊠la suiteIl Ă©tait une fois, il y a 10 000 ans, dans le Mecklembourg- PomĂ©ranie-AntĂ©rieure, un glacier qui reculait. Il a dâune maniĂšre spĂ©cifi que rabotĂ© certains reliefs et entamĂ© le sol avec sa glace Ă©paisse.
Projet dâamis
La bataille de lâeauDepuis 10 ans, lâassociation «Passion rurale» construit un lieu alternatif dans les Alpes françaises sur des bases Ă©cologiques et fĂ©ministes. Longo maĂŻ connaĂźt ce projet depuis ses dĂ©buts et des Ă©changes ont lieu rĂ©guliĂšrement. Son dĂ©fi actuel: sâassurer autonomie et pĂ©rennitĂ© dans lâaccĂšs Ă une ressource vitale, lâeau.
Trop dâeau: un nouveau drainage pour dĂ©bloquer la situation
«Girl power»: pose de la bùche pour la phytoépuration.
No 126 automne 2018nouvelles de
Le 19 juin, câest le contraire que notre dĂ©lĂ©gation internationale a essayĂ© de faire au cĆur du massif de Svydovets dans les Carpates ukrainiennes. Car lĂ , oĂč seules quelques cabanes de bergers tĂ©moignent de la prĂ©sence humaine, des promoteurs, actuelle-ment anonymes, veulent faire pousser un gigantesque domaine skiable. Un complexe touristique est planifi Ă©, avec 33 installations de remontĂ©es mĂ©ca-niques et 230 km de pistes. Sâajoutent Ă cela plus de 60 hĂŽtels, des centres commerciaux, des parkings de plu-sieurs Ă©tages et mĂȘme une piste dâat-terrissage pour de petits avions. Une ville de taille moyenne, conçue pour 28 000 touristes et 5000 employĂ©s, sortirait de terre au dĂ©triment des 14 000 ha de forĂȘts quâil faudrait abattre en consĂ©quence.
Tout ceci se passe dans une rĂ©gion qui subit des coupes rases depuis des dĂ©cennies. Des autorisations de coupes sur des surfaces immenses de forĂȘts dâEtat sont dĂ©livrĂ©es sous le prĂ©texte que la forĂȘt serait attaquĂ©e par des parasites. Une forte Ă©rosion des sols, des glissements de terrain et des inondations sâensuivent. LâĂ©quilibre hydrologique de toute la rĂ©gion risque dâĂȘtre infl uencĂ©, car les sources des fl euves Tissa et Tereswa se trouvent dans le massif de Svydovets.
Quelques habitants courageux de Lopuchowo, lâun des trois villages touchĂ©s par la station de ski, ainsi que des activistes dâassociations Ă©colo-giques ukrainiennes, des juristes et des membres de Longo maĂŻ luttent contre ce gigantesque centre touris-tique et les coupes illĂ©gales. Ils se sont rĂ©unis dans le groupe dâinitiative Free Svydovets et sâengagent pour une ges-tion Ă©cologique de la forĂȘt et un tou-
risme doux dans les Carpates. Câest pour mieux connaĂźtre la situation sur place et pour soutenir les demandes de Free Svydovets que nous sommes allĂ©s sur place avec des reprĂ©sentants dâONG de France, dâAutriche et de Suisse.
Nous avons vite senti lâambiance tendue sur place et compris que lâop-position au projet pour les habitants du lieu nâĂ©tait pas simple: au dernier moment, il a fallu changer dâitinĂ©raire, parce que des bĂ»cherons riquaient de bloquer les routes. AprĂšs trois heures de dĂ©tours sur de mauvais chemins, les membres de Free Svydovets ont pu nous amener au cĆur du massif, lĂ oĂč le complexe de ski est planifi Ă©, et nous ont expliquĂ© les nombreuses consĂ©quences nĂ©fastes auxquelles il faut sâattendre.
Alerter au-delà des frontiÚresLe lendemain, nous avons participé à une conférence de presse de Free Svydovets suivie par un grand nombre de journalistes de médias locaux, régionaux et nationaux. Les articles et les communiqués parus ont enfi n permis de rendre publics, en Ukraine, les effets de ce projet contesté.
En tant que dĂ©lĂ©gation invitĂ©e nous avons exprimĂ© nos inquiĂ©tudes par rapport Ă ce projet gigantesque, mĂȘme si nous comprenons quâun dĂ©velop-pement Ă©conomique est nĂ©cessaire dans cette rĂ©gion touchĂ©e par lâexode rural et la pauvretĂ©. Les sommets du massif de Svydovets culminent Ă moins de 2000 m et les expĂ©riences en Suisse et en Autriche montrent que les domaines de ski Ă ces altitudes sont confrontĂ©s aux problĂšmes du changement climatique et doivent lut-ter pour leur survie. Il a Ă©galement Ă©tĂ©
mentionnĂ© que la population locale nâa pas Ă©tĂ© suffisamment informĂ©e et que lâorigine des fi nances pour le projet nâest pas connue publiquement.
Les membres ukrainiens de la dĂ©lĂ©-gation, Bogdan Prots du WWF Ukraine et lâavocat Sergey Voychenko, ont Ă leur tour exposĂ© leurs critiques. Câest cet avocat qui reprĂ©sentera prochai-nement la cause de Free Svydovets devant la Cour suprĂȘme dâUkraine.
A lâheure des questions des jour-nalistes, câest le prĂ©sident du Conseil de district de Tyachevo, Ivan Fabritsi, qui a pris la parole en premier; avec un discours fl euri, il a argumentĂ© en faveur des avantages Ă©conomiques du projet pour la rĂ©gion. Il nâa cependant pas su rĂ©pondre lorsquâil a Ă©tĂ© inter-rogĂ© sur les promoteurs et les fi nan-ciers du projet. Il a prĂ©tendu ne pas les connaĂźtre, ce qui paraissait peu crĂ©-dible, suite Ă son plaidoyer passionnĂ© pour la station de ski.
Free Svydovets est lâun des pre-miers mouvements de protestation nationale pour lâenvironnement en Ukraine. Par une campagne de lettres au prĂ©sident dâUkraine que de nom-breuses personnes ont envoyĂ©es, nous avons pu soutenir les activistes sur place. Cet automne, nous lançons une pĂ©tition, avec le Bruno Manser Fonds qui participait Ă la dĂ©lĂ©gation, pour prĂ©server la nature et lâenvironne-ment exceptionnel dans ces forĂȘts des Carpates.
Esther
Au printemps, nous sommes obligĂ©s de garder les troupeaux Ă lâĂ©table pour protĂ©ger les pĂąturages trop meubles. Le hersage des prairies au tracteur est alors impossible. Le vent et la sĂ©cheresse qui les rendront Ă nouveau praticables ont des effets plus nĂ©gatifs au jardin. Nos semis dessĂ©chĂ©s en surface nĂ©cessitent de plus en plus dâarrosage, nous contraignant Ă utiliser davantage lâeau prĂ©vue pour lâĂ©tĂ©.
Ces changements nous obligent Ă composer entre des pĂ©riodes oĂč il y a trop dâeau et dâautres pas assez. DiffĂ©rentes situations sur notre terrain appellent des solutions diffĂ©rentes et une autre conception de lâagriculture.
Nous avons dĂ©jĂ pris des mesures: remplacement dâune partie du drai-nage souterrain, entretien des «Soll» (petits lacs crĂ©Ă©s aprĂšs lâĂšre glaciaire), plantation dâaulnes dans les parties marĂ©cageuses, plantation de haies, cultures sur buttes, au jardin et Ă grande Ă©chelle dans les champs, pail-lage pour garder lâhumiditĂ©.
La diversifi cation de nos pratiques a Ă©tĂ© dĂ©jĂ pour nous une solution. Nous sommes confrontĂ©s Ă des chan-gements et la recherche de nouveaux Ă©quilibres nâest possible que dans lâadaptation de nos pratiques aux situations nouvelles.
Valentina et Marcel
A travers ce projet, il sâagit bien sĂ»r pour Passion rurale de pĂ©renniser pour longtemps son autonomie en eau sur son domaine. Mais bien plus que cela, il est ici question de dĂ©fendre un bien commun aussi vital que lâeau contre ses prĂ©dateurs qui souhaitent la priva-tiser Ă leur bĂ©nĂ©fi ce unique.
Sylvia
Ukraine
Lutte tenace autour dâun massif montagneuxImaginez-vous sur un des sommets alpins en regardant vers la vallĂ©e, avant que le tourisme dâhiver impose son empreinte sur le paysage. Pas de pylĂŽnes, ni de tĂ©lĂ©skis, ni de canons Ă neige â que de la forĂȘt et des pĂąturages Ă perte de vue.
Pause dans le prodigieux massif de Svydovets: la délégation internationale accompagnée par des membres du comité de «Free Svydovets»
Vague de mielLes abeilles du Montois ont profi tĂ© des beaux jours de cet Ă©tĂ© pour engranger des centaines de kilos de nectar et de miellat et nous offrir une rĂ©colte de miel exceptionnelle. Nous vous invitons Ă venir faire vos provisions de miel pour lâhiver chez nous ou Ă commander miels de fl eurs, de forĂȘt et de sapin Ă la ferme du Montois. pots de 500g Fr. 15.â; 250 g Fr. 8.â; + frais de port. Adresse postale: Le Montois 1, 2863 [email protected]
PĂ©titionMerci de signer et de faire signer la pĂ©tition jointe Ă ce journal. Elle sera remise cet automne mĂȘme Ă lâambassade dâUkraine en Suisse.
No 126 automne 2018 nouvelles de
La grange culturelle se rĂ©jouit de vous accueillir ! La grange culturelle est situĂ©e au coeur du massif mon-tagneux transylvanien. Ce bĂątiment est amĂ©nagĂ© pour lâorganisation de confĂ©rences, avec des infrastructures pour des sĂ©minaires, une cuisine et des installations sanitaires. Le jardin du moulin offre de grands espaces pour des activitĂ©s en plein air. Dans le cadre dâun projet encouragĂ© par la DDC*, nous avons ouvert la grange culturelle Ă Hosman, depuis dĂ©jĂ un an, comme centre de formation et de rĂ©union. Elle fait partie du vieux moulin que nous faisons fonctionner depuis bientĂŽt 15 ans. Hosman est situĂ©e au centre de la Roumanie, Ă une demi-heure de route de Sibiu, facile Ă atteindre en voiture ou en transports publics.
PrĂ©s de 200 mĂštres carrĂ©s sont dĂ©diĂ©s Ă des initiatives citoyennes, des sĂ©minaires, des concerts et des piĂšces de thĂ©Ăątre. La grange culturelle dispose dâune salle de plus de 75 places et de trois petits espaces complĂ©mentaires. PrĂšs dâune cuisine bien amĂ©nagĂ©e, nous avons bien sĂ»r pensĂ© Ă des toi-lettes et Ă une salle de bain. Et, en plus de lâaccĂšs usuel Ă Internet, lâentrĂ©e au jardin du moulin est gratuite.
LâannĂ©e passĂ©e, des ateliers de souffleur de verre et de feutre, ainsi que des animations pour enfants ont eu lieu
Ă la grange. Des initiatives citoyennes et des producteurs sây sont rencontrĂ©s. Ici se rĂ©alisent de magnifi ques concerts tout autant que des sĂ©minaires inter-nationaux de groupes de chercheurs. Ainsi cette premiĂšre annĂ©e a bien commencĂ©! Mais il y a encore de la place pour dâautres activitĂ©s. Donc si tout cela vous a donnĂ© envie dâorga-niser ici de nouveaux sĂ©minaires, des stages ou des rencontres, nâhĂ©sitez pas Ă nous contacter! JusquâĂ 60 personnes peuvent ĂȘtre hĂ©bergĂ©es sur place ou dans les environs proches.
Jochen
Contact par e-mail: [email protected]; par téléphone: +40-740-959-389* DDC: Direction du Développement et de la
Coopération
Les fermes de Longo maĂŻ, un rĂ©seau de dix coopĂ©ratives autogĂ©rĂ©es, axĂ©es sur lâagriculture et lâartisanat sont le fondement de notre engagement social et culturel dans les rĂ©gions oĂč elles sont situĂ©es et bien au-delĂ . Tous les ans, les coopĂ©ratives de Longo maĂŻ accueillent plusieurs centaines de personnes venues dĂ©couvrir une autre maniĂšre de vivre en sociĂ©tĂ© et en collectif. Certains dĂ©sirent ici tenter la vie en commun et ses implications; dâautres sont lĂ pour apprendre une activitĂ© spĂ©cifi que. Ce sont surtout des jeunes qui, ressentant les consĂ©-quences dâune situation Ă©conomique trĂšs tendue, cherchent des perspec-tives pour leur avenir. Quelques uns parmi eux souhaitent rester. Au fi l des annĂ©es, Longo maĂŻ sâest Ă©normĂ©ment agrandi et est ainsi devenu une commu-nautĂ© multigĂ©nĂ©rationnelle. Pour conti-nuer Ă construire le futur ensemble, nous nous sommes rencontrĂ©s cet Ă©tĂ© durant une semaine sur la coopĂ©rative le Pigeonnier-Grange neuve (Pro-vence). Les Ă©changes Ă©taient denses et crĂ©atifs. Ceci a Ă©tĂ© rendu possible grĂące au groupe du Tarn et leurs amis qui nous ont rĂ©galĂ©s matin, midi et soir de succulents repas et grĂące Ă dâautres parmi nos enfants adultes qui ont pris la responsabilitĂ© des fermes pendant une dizaine de jours. Les parents des enfants en bas Ăąge et des bĂ©bĂ©s ont organisĂ© une crĂȘche pour les garder Ă tour de rĂŽle, une bonne occasion
pour se rapprocher. Les thĂšmes de ces rencontres ont Ă©tĂ© fi xĂ©s quelques mois auparavant, prĂ©parĂ©s ensuite par une coopĂ©rative ou un groupe intercoopĂ©-ratif. Il Ă©tait important dâapprendre Ă mieux se connaĂźtre et de savoir com-ment chacun et chacune imaginent sa vie dans le futur de Longo maĂŻ. Afi n que les coopĂ©ratives restent initia-trices dâune Ă©conomie solidaire, de nombreuses actions de contestation et de campagnes de solidaritĂ© Ă travers le monde. LâidĂ©e a surgi de crĂ©er un «marchĂ© des possibles», pour soute-nir des groupes plus petits en Trans-carpatie et en Roumanie dans leur recherche pour trouver une troisiĂšme voie entre le capitalisme dĂ©bridĂ© et le nationalisme post-soviĂ©tique. Un autre thĂšme important concernant lâĂ©conomie des coopĂ©ratives Ă©tait de rĂ©fl Ă©chir aux activitĂ©s intĂ©ressantes Ă dĂ©velopper en vue dâune plus forte valeur ajoutĂ©e, sans rompre avec la cohĂ©rence de la philosophie et des principes de Longo maĂŻ; dans quels domaines rĂ©duire les dĂ©penses, Ă©pargner, ainsi que dĂ©velop-per nos propres sources Ă©nergĂ©tiques. Nombreuses nouvelles pistes sont Ă creuser mais aussi dâanciennes Ă repenser. Avec lâassurance que cette rencontre Ă©tait un grand pas en avant pour que Longo maĂŻ dure longtemps et que nous continuerons Ă construire des mondes solidaires, chacune et chacun sâen est retournĂ© dans sa coopĂ©rative.
Elke
Roumanie
Accueil Ă la grange culturelle
Longo maĂŻ en Provence
Que ça dure longtemps!
Puiser dans son imagination et sâĂ©vader
No 126 automne 2018nouvelles de
Le Mas de Granier, un petit Ăźlot dans une mer de modernitĂ© en Crau, bien connu pour son foin et ses moustiques, mais aussi pour son pain! Blague Ă part, parmi les secteurs en dĂ©velop-pement, le pain fi gure en tĂȘte de liste. Ce pain, outre sa fonction nutritive, arbore aussi une dimension politique. Il permet de communiquer sur la valo-risation des variĂ©tĂ©s anciennes de blĂ©s cultivĂ©es Ă Longo maĂŻ, sur les revendi-cations du droit de mouture Ă la ferme, du refus des normes imposĂ©es... Une petite Ă©quipe rĂ©fl Ă©chit et Ćuvre en la matiĂšre pour offrir Ă la coopĂ©rative et aux alentours un pain de qualitĂ©. Pour ce faire, tous les maillons de la chaĂźne sont Ă©tudiĂ©s minutieusement.
Au sujet de la farine, jusquâalors, câest le moulin du Tyrol, vĂ©ritable piĂšce de collection, qui sây collait. Cet Ă©difi ce tout de bois vĂȘtu, sâavĂšre non seule-ment esthĂ©tique, mais aussi fonction-nel. NĂ©anmoins, lâenvie dâamĂ©liorer la qualitĂ© de travail et de la farine nous a amenĂ©s vers un moulin de Type AstriĂ©.
Ce modĂšle a Ă©tĂ© pensĂ©, dessinĂ©, et conçu par deux Ă©rudits de blĂ©, gĂ©nies de la bricole, les frĂšres AstriĂ©. Ils ont pensĂ© le moulin dâune part pour quâil participe Ă lâamĂ©lioration qualitative de la farine et, dâautre part, pour quâil permette lâautonomie des paysans en matiĂšre de farine. En effet, ce moulin de petite taille, outre sa facilitĂ© dâutili-sation et son ergonomie, contribue Ă lâindĂ©pendance des petites meuneries Ă la ferme face Ă lâindustrialisation de la meunerie et ses dangers dâuniformi-sation.
Autour dâeux, un collectif de pay-sans, boulangers et meuniers gravite et se rencontre annuellement. Câest lâoccasion de partager les pratiques respectives, les conseils, mais aussi plus largement les prĂ©occupations et
les enjeux de la fi liĂšre. Cette annĂ©e, il Ă©tait question des normes sanitaires. De celles, menaçantes, qui pourraient ĂȘtre imposĂ©es imminemment par les minoteries industrielles inquiĂštes devant lâaugmentation du nombre de paysans boulangers. De celles qui ne sont pas adaptĂ©es, ni Ă la taille de nos fermes, ni Ă lâemploi de nos moulins. De celles qui nous asservissent, nous contraignent, nous astreignent. De celles quâon refuse.
Lâenjeu Ă venir rĂ©side dans les rĂ©sistances via le renforcement des rĂ©seaux autour des farines, lâaide Ă lâinstallation, lâentraide devant les contrĂŽles, lâaffirmation commune de rĂšgles de conduite dâun atelier de meunerie Ă la ferme, de diffusion de lâinformation...
Au Mas, lâacquisition du nouveau moulin nous a permis de nous rappro-cher de cette piognĂ©e de passionnĂ©s. Il reste encore du grain Ă moudre!
Clarisse et Johannes
Mas de Granier
Au four et au moulin
Du grain Ă moudre!
Stands de NoĂ«l en Suisse A partir de fi n novembre et durant le mois de dĂ©cembre nous sillonnons la Suisse avec nos stands garnis dâune gamme de produits riche et colorĂ©e. Pour bon nombre dâentre vous, câest lâoccasion dâacheter des cadeaux de NoĂ«l, de sâapprovisionner en conserves et autres dĂ©lices ou de rencontrer les gens de Longo maĂŻ sur le stand. Deux groupes seront en route, en Suisse alĂ©manique et en Suisse romande. Le calendrier ci-dessous vous indique oĂč nous trouver. Nous attendons encore les autorisations officielles pour quelques dates et lieux.
La Chaux-de-Fonds 22. â 24.11. Place EspacitĂ© Yverdon-les-Bains 27.11. MarchĂ© hebdomadaireRenens 28.11. Place du marchĂ©Martigny 29.11. MarchĂ© hebdomadaireSion 30.11. MarchĂ© hebdomadaireFribourg 1.12. MarchĂ© du St. NicolasLausanne 6. â 8.12 Rue HaldimandVevey 11. / 12.12. MarchĂ© hebdomadaireGenĂšve 13. â 16.12. IlĂŽt 13 NeuchĂątel 21. / 22.12. Rue du Temple-Neuf
Pour le programme défi nitif regardez www. prolongomai.ch ou téléphonez à la ferme du Montois: 032 426 59 71
A partir de fi n novembre et durant le mois de dĂ©cembre nous sillonnons laSuisse avec nos stands garnis dâune gamme de produits riche et colorĂ©e. Pour bon nombre dâentre vous, câest lâoccasion dâacheter des cadeaux de NoĂ«l, de sâapprovisionner en conserves et autres dĂ©lices ou de rencontrer les gens de Longo maĂŻ sur le stand. Deux groupes seront en route, en Suisse alĂ©manique et en Suisse romande. Le calendrier ci-dessous vous indique oĂč nous trouver. Nous attendons encore les autorisations officielles pour quelques dates et lieux.
La Chaux-de-Fonds 22. â 24.11. Place EspacitĂ© Yverdon-les-Bains 27.11. MarchĂ© hebdomadaireRenens 28.11. Place du marchĂ©Martigny 29.11. MarchĂ© hebdomadaireSion 30.11. MarchĂ© hebdomadaireFribourg 1.12. MarchĂ© du St. NicolasLausanne 6. â 8.12 Rue HaldimandVevey 11. / 12.12. MarchĂ© hebdomadaireGenĂšve 13. â 16.12. IlĂŽt 13 NeuchĂątel 21. / 22.12. Rue du Temple-Neuf
Pour le programme défi nitif regardez www. prolongomai.ch ou téléphonez à la ferme du Montois: 032 426 59 71
nouvelles de Longo maĂŻ, 3 Ă par an
RĂ©daction: Elke Furet, Babette StippProduction: Michael RösslerImpression: Ropress, ZĂŒrich
Longo maĂŻ, c. p. 1848, CH-4001 BaselTel.: +41 (0) 61 262 01 11, ccp 40-17-9 [email protected]
Le Montois 1, CH-2863 UndervelierTĂ©l. +41 (0) 32 426 59 71Grange Neuve, F-04 300 LimansTĂ©l. +33 (0) 4 92 73 05 98Hof Ulenkrug, Stubbendorf 68, D-17 159 DargunTĂ©l. +49 (0)39 959 23 881Hof Stopar, Lobnik 16, A-9135 EisenkappelTĂ©l. +43 (0)42 38 87 05