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Institut de Formation en Soins Infirmiers
BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel
69 678 BRON Cedex
CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »
« Quand les urgences surviennent dans les services de soins »
« Mémoire de fin d’études pour l’obtention de l’unité d’enseignement 3.4. S6
Initiation à la démarche de recherche et 5.6. S6 Analyse de la qualité et
traitement des données scientifiques et professionnelles »
Promotion 2010 - 2013
Session juillet 2013
Conseiller pédagogique :
PEREL Béatrice
Étudiant :
LOMBARD Ludovic
Institut de Formation en Soins Infirmiers
BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel
69 678 BRON Cedex
CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »
« Quand les urgences surviennent dans les services de soins »
« Mémoire de fin d’études pour l’obtention de l’unité d’enseignement 3.4. S6
Initiation à la démarche de recherche et 5.6. S6 Analyse de la qualité et
traitement des données scientifiques et professionnelles »
Promotion 2010 - 2013
Session juillet 2013
Conseiller pédagogique :
PEREL Béatrice
Étudiant :
LOMBARD Ludovic
Sommaire
INTRODUCTION ……………………………………………………………………………….. 1
PARTIE 1 : Situations d’appel et émergence du questionnement ……………………………. 2
1. Les situations d’appel ………………………………………………………………………….. 2
1.1. Situation d’urgence d’une patiente hospitalisée en service de médecine ………………... 2
1.2. Situation d’urgence d’un patient résidant en maison de retraite ………………………... 3
2. Emergence du questionnement ……………………………………………………………….. 3
PARTIE 2 : Cadre de référence ………………………………………………………………... 5
1. L’urgence et le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence ………………….. 5
1.1 Définition de l’urgence …………………………………………………………………… 5
1.2 Le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence ………………………….. 6
2. Le patient et sa famille dans le cadre de l’urgence …………………………………………… 7
3. La gestion de l’imprévu au regard de l’urgence ……………………………………………… 8
4. La gestion de l’équipe dans le cadre de l’urgence ……………………………………………. 10
5. Construction de la compétence infirmière permettant la prise en charge d’une situation
d’urgence ……………………………………………………………………………………. 11
5.1 Compétence et savoir agir avec compétence ……………………………………………… 11
5.2 Le « feeling » ou seuil intuitif …………………………………………………………….. 12
5.3 L’expérience professionnelle ……………………………………………………………… 12
5.4 L’approche réflexive post situation d’urgence ……………………………………………. 13
6. La formation du personnel paramédical et l’utilisation de matériels spécifiques à la prise en
charge de l’urgence ……………………………………………………………………………. 13
6.1 La formation du personnel paramédical …………………………………………………… 13
6.2 Le chariot d’urgence ………………………………………………………………………. 16
7. Du concept de la chaîne de survie intrahospitalière à la démarche de certification des
établissements de santé ………………………………………………………………………... 16
7.1 La chaîne de survie intrahospitalière ……………………………………………………… 16
7.2 La démarche de certification des établissements de santé ………………………………… 19
8. Evolution de la compétence infirmière face à l’urgence dans un service de soin hors présence
médicale ……………………………………………………………………………………….. 20
PARTIE 3 : Méthodologie d’enquête ………………………………………………………….. 22
1. Choix du terrain et objectifs attendus ………………………………………………………… 22
2. Choix de la population ……………………………………………………………………….. 23
3. Choix de l’outil ……………………………………………………………………………….. 24
4. Le déroulement de l’enquête et la grille d’entretien ………………………………………….. 25
5. Exploitation des données …………………………………………………………………….. 25
PARTIE 4 : Analyse …………………………………………………………………………….. 26
1. Analyse des entretiens ………………………………………………………………………... 26
1.1 Définition de l’urgence par les professionnels ……………………………………………. 26
1.2 Le vécu de l’urgence et la gestion du stress par les infirmiers et les patients …………….. 27
1.3 Organisation de l’équipe face à la situation d’urgence ……………………………………. 28
1.4 Procédure d’organisation interne pour la prise en charge des urgences dans les services de
soins ……………………………………………………………………………………….. 29
1.5 Les ressources utilisées pour développer des compétences professionnelles dans la prise en
charge de l’urgence ………………………………………………………………………... 30
1.6 Retour d’expérience ……………………………………………………………………….. 34
2. Analyse documentaire ………………………………………………………………………... 35
CONCLUSION ………………………………………………………………………………….. 38
BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………………. 40
ANNEXES ……………………………………………………………………………………….. 43
Lexique
AC : Arrêt Cardiaque
AFGSU : Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgence
BAVU : Ballon Auto-remplisseur à Valve Unidirectionnelle
CCPS : Certificat de Capacité pour effectuer des Prélèvements Sanguins
CESU : Centre d’Enseignement des Soins d’Urgence
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CSIH : Chaine de Survie Intra-Hospitalière
DHOS : Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins
DSA : Défibrillateur Semi-Automatique
ECG : Electro Cardio-Gramme
EHPAD : Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes
EPP : Evaluation des Pratiques Professionnelles
FSEI : Fiche de Signalement d’Evénements Indésirables
GEASSUR : Groupe d’Enseignement des Activités de Secours et de Soins d’Urgence-Réanimation
HAS : Haute Autorité en Santé
IADE : Infirmier Anesthésiste Diplômé d’Etat
IBODE : Infirmier de Bloc Opératoire Diplômé d’Etat
IDE : Infirmier Diplômé d’Etat
IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers
NRBC : Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique
RCP : Réanimation Cardio-Pulmonaire
SAMU : Service d’Aide Médicale d’Urgence
SFAR : Société Française d’Anesthésie et de Réanimation
SFMU : Société Française de Médecine d’Urgence
SNG : Sonde Naso-Gastrique
Introduction
1
Introduction
Qui n’a jamais été confronté à une situation inhabituelle dans un contexte quotidien où l’on doit
agir rapidement ? Je pense notamment aux accidents de la route dont nous avons pu être le témoin,
mais également à la mère de famille qui voit son enfant s’étouffer lors d’un repas de famille.
L’urgence est donc présente dans la vie de tous les jours à domicile comme à l’hôpital. Et qui est le
plus à même à réagir dans ces situations d’urgence ? Le personnel médical et paramédical !
L’infirmier, et avec lui toute l’équipe du service de soins, est en première ligne pour agir dans une
situation d’urgence. C’est souvent le référent de l’équipe dans l’attente de l’arrivée du médecin.
Les urgences sont entrées dans notre vie quotidienne. Preuve en est les nombreux reportages ou
séries télévisées qui envahissent les écrans. Certaines séries, comme « Urgences » dans le milieu
des années 90, ont décidé bon nombre de jeunes à intégrer les écoles de médecine et les écoles
paramédicales. L’urgence est vue comme un métier attrayant, utile et valorisant (« on sauve des
vies ») où l’on ne s’ennuie pas !
L’hôpital est donc le lieu par excellence où rien ne peut nous arriver, car le savoir et le savoir-faire
sont présents dans toutes les disciplines. L’infirmier doit donc être capable de prendre en charge des
situations d’urgence des patients dont il aura la charge dans l’unité de soins où il exercera.
Lors de mon parcours professionnel et de mes études, j’ai été confronté, à de multiples reprises, à
des situations d’urgence. Aussi le travail de fin d’étude m’a semblé être l’opportunité d’approfondir
le thème de la prise en charge de l’urgence dans les services de soins.
Tout d’abord, la première partie de ce travail est consacrée aux deux situations d’appel et à
l’émergence du questionnement qui m’ont encouragées à traiter ce sujet. Ensuite, la deuxième partie
aborde le cadre de référence. Puis, la troisième partie précise la méthodologie d’enquête employée.
Enfin, la dernière partie fait état de l’analyse des résultats obtenus.
Partie 1 :
Situations d’appel et émergence du questionnement
2
Partie 1 : Situations d’appel et émergence du questionnement
1. Les situations d’appel
1.1. Situation d’urgence d’une patiente hospitalisée en service de médecine
Alors que j’étais en fin de première année d’école d’infirmier, j’ai effectué un stage dans un service
de médecine.
En fin de matinée, Mme X, 64 ans, sonne. Mme X était arrivée aux urgences la veille. Tous les
bilans effectués étaient normaux mais elle a été hospitalisée pour surveillance liée à ses antécédents
cardiaques. Mme X a en effet été victime, il y a quelques années, d’un infarctus du myocarde
associé à un arrêt cardio-respiratoire. On note également des antécédents de malaises vagaux. Etant
disponible à ce moment-là, je réponds à la sonnette. A mon arrivée dans la chambre, je vois Mme X
allongée dans son lit. Elle me dit ne pas se sentir bien, que la tête lui tourne, qu’elle a envie de
vomir et qu’elle présente une gêne thoracique. Je lui propose de la mettre assise et je redresse donc
la tête du lit. Connaissant ses antécédents, je dis à Mme X que je reviens tout de suite lui contrôler
la tension artérielle. Je confie la patiente à l’aide-soignante qui est dans le couloir et qui m’a vu
répondre à la sonnette. Ma première réaction est d’aller avertir l’infirmière et je lui explique les
plaintes évoquées par Mme X. Je lui indique que je vais contrôler ses paramètres hémodynamiques.
Entre temps, l’aide-soignante nous interpelle fortement dans le couloir pour nous dire que Mme X
vient de faire un malaise et qu’elle est inconsciente. L’infirmière me dit de retourner auprès de la
patiente pendant qu’elle appelle le médecin. Je suis surpris ! Que vais-je pourvoir faire tout seul,
pourquoi ne vient-elle pas avec moi ? Je récupère le chariot d’urgence et retourne dans la chambre.
Le chariot d’urgence est un chariot en aluminium composé de deux niveaux avec sur le dessous du
chariot une caisse à outil qui contient le matériel de réanimation. Il est rangé dans une petite pièce.
L’aide-soignante est auprès de Mme X qui ne semble pas réagir. Elle ne répond pas à mes questions
mais respire. En attendant l’infirmière, je rebaisse la tête du lit et la mets en position latérale de
sécurité. Mme X revient à elle. Le temps semble s’arrêter. J’ai l’impression que l’infirmière met des
heures à revenir dans la chambre. A son arrivée, celle-ci nous indique que le médecin arrive. Elle lui
parle et lui demande ce qui s’est passé. Un dialogue va s’instaurer entre la patiente et l’infirmière.
Mme X se plaint toujours d’une gêne épigastrique et thoracique. L’infirmière lui dit que l’on va
3
attendre le médecin. Je prends l’initiative de scoper la patiente et réalise la mesure des paramètres
vitaux. A l’arrivée du médecin, celui-ci l’interroge et l’ausculte. L’équipe est suspendue aux lèvres
du médecin. Dans l’attente des directives, aucune action n’est réalisée. Le médecin du service nous
demande de réaliser un ECG et de piquer un bilan biologique.
Lors de cette prise en charge, j’ai ressenti un mal être de l’équipe face à cette situation. J’ai fait part,
à l’infirmière qui m’encadrait ce jour-là, de mon étonnement sur le déroulement de la situation et
sur notre manque d’action et d’anticipation. Elle me confia qu’elle n’aimait pas les situations
d’urgence car elle ne se sentait pas à l’aise sur les gestes à réaliser lors d’urgences vitales
gravissimes et qu’il n’y en avait pas souvent !
1.2. Situation d’urgence d’un patient résidant en maison de retraite
Une autre situation d’urgence m’avait aussi interpellé alors que j’étais aide-soignant en poste dans
un service d’urgence.
Il est environ 12h30 quand une aide-soignante de la maison de retraite, à proximité des urgences,
rentre à l’accueil des urgences en hurlant qu’un patient s’étouffe dans la salle à manger de la maison
de retraite. Les manœuvres de Heimlich qu’ils viennent de tenter ont été inefficaces. Je pars donc
avec l’urgentiste pour prendre en charge le patient, un monsieur d’environ 80 ans. A notre arrivée,
celui-ci est allongé au sol, cyanosé, en arrêt respiratoire. Le personnel soignant est autour du
patient, le chariot d’urgence à proximité. Le médecin, grâce au laryngoscope et la pince de Magill,
réussit à extraire le morceau de pain associé à la viande, que le patient avait avalé. Dès la
désobstruction, le patient reprend une respiration et un teint normal. Il est transporté aux urgences
pour surveillance et effectuer des radios pulmonaires.
2. Emergence du questionnement
Ces deux situations m’ont énormément marqué. Pour ma part, en termes de représentation, la notion
d’urgence s’inscrit dans une dynamique d’action à exécuter afin de maintenir l’intégrité d’un
individu.
Les différentes questions que j’avais pu me poser, alors que j’étais aide-soignant, sont réapparues en
vivant cette situation d’urgence dans le cadre de ma formation d’infirmier.
4
Au terme de ces situations, voici les questions qui se sont soulevées :
L’alerte du médecin est-elle une priorité dans l’urgence ?
Existe-t-il une codification spécifique de la prise en charge de l’urgence ?
Quelle autonomie possède l’infirmier face à l’urgence ? Que peut-il faire dans l’attente du
médecin ?
Comment être sûr d’installer le patient dans la bonne position d’attente avant la prise en charge
médicale ?
Pourquoi cet état de mal-être évoqué ? Se retrouve-t-il dans toutes les situations d’urgence ?
L’apprentissage de gestes et soins d’urgence est-il enseigné dans les équipes de soins ?
Le chariot d’urgence est-il facilement utilisable ? (lieu d’accès, confort ergonomique
d’utilisation, matériels suffisants et adaptés) ?
Le travail d’équipe est-il encore plus important dans ces situations-là ?
Toutes ces interrogations m’ont donc amené à formuler la question principale de mon travail de fin
d’étude suivante :
« De quelle façon l’infirmier mobilise t-il ses compétences professionnelles pour
prendre en charge une situation d’urgence dans un service de court séjour ?»
Partie 2 :
Cadre de référence
5
Partie 2 : Cadre de référence
1. L’urgence et le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence
1.1. Définition de l’urgence
Etymologiquement, « urgent » signifie « qui ne peut attendre ». La définition du mot « urgence »
par le Dictionnaire (Micro Robert, langue française) est la suivante :
URGENCE : « N. F. : 1). Caractère de ce qui est urgent. 2). Nécessité d’agir vite. »
Cette première définition pose la notion de la réalisation d’une action rapide.
Au niveau de l’urgence médicale, elle est définie, par le Groupe d’Enseignement des Activités de
Secours et de Soins d’Urgence-Réanimation (GEASSUR), de la manière suivante : « Quelle que
soit son origine (médicale, chirurgicale, traumatique ou obstétricale), l’urgence définit le plus
souvent un tableau rapidement évolutif qui réclame, dans les meilleurs délais, une réponse efficace
et adaptée.
Son objectif, suivant le degré de gravité de la situation, est :
- La réversibilité des atteintes déjà constatées
- La prévention de l’aggravation
- Un sauvetage pur et simple »
En 2002, une conférence de consensus, sur la prise en charge des urgences vitales intrahospitalières,
précise la notion d’urgence vitale et la définit ainsi : « Les urgences vitales sont représentées par
toutes détresses vitales pouvant conduire à tout instant à un arrêt cardiaque et qui doivent
bénéficier de la prise en charge la plus précoce possible. »
D’après le Docteur VIGHETTI, anesthésiste-réanimateur au CHU de Grenoble, « il y a 3 à 18 cas
d’arrêts cardiaques pour 100 lits. 45 % d’entre eux surviennent en service de réanimation et 35 %
en service de soins. »
L’infirmier sera donc concerné tout au long de sa carrière hospitalière.
6
1.2. Le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence
La prise en charge de l’urgence rentre dans le champ d’action du personnel infirmier, comme le
prévoit le Code de la Santé Publique, dans la partie réglementaire, profession de santé, titre Ier
de la
profession d’infirmier ou d’infirmière. L’infirmier peut donc accomplir des actes et délivrer des
soins dans un contexte d’urgence de deux manières différentes :
- tout d’abord, dans le cadre de sa compétence autonome :
Article R.4311-3 :
Relèvent du rôle propre de l’infirmier ou de l’infirmière les soins liés aux fonctions d’entretien et
de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une
diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes. Dans ce cadre, l’infirmier
ou l’infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge
nécessaires conformément aux dispositions des articles R.4311-5 et R.4311-6. Il identifie les
besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre
les actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de
l’équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la
conception, de l’utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers.
Article R4311-5 :
- petit 15 : « aspirer des sécrétions d’un patient qu’il soit ou non intubé ou trachéotomisé ».
- petit 16 : « ventilation manuelle instrumentale par masque »
- petit 17 « utilisation d’un DSA et surveillance de la personne placée sous cet appareil »
- mais aussi, dans le cadre de son rôle sur prescription médicale :
Article R.4311-7 :
L'infirmier ou l'infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d'une
prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit
en application d'un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par
un médecin.
Cet article a toute son importance puisque le législateur précise que la prescription médicale dans le
cadre de l’urgence, et seulement dans ce cadre là, peut être orale.
Article R.4311-14 :
En l'absence d'un médecin, l'infirmier ou l'infirmière est habilité, après avoir reconnu une situation
comme relevant de l'urgence ou de la détresse psychologique, à mettre en œuvre des protocoles de
soins d'urgence, préalablement écrits, datés et signés par le médecin responsable. Dans ce cas,
l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes conservatoires nécessaires jusqu'à l'intervention d'un
7
médecin. Ces actes doivent obligatoirement faire l'objet de sa part d'un compte rendu écrit, daté,
signé, remis au médecin et annexé au dossier du patient.
En cas d'urgence et en dehors de la mise en œuvre du protocole, l'infirmier ou l'infirmière décide
des gestes à pratiquer en attendant que puisse intervenir un médecin. Il prend toutes mesures en
son pouvoir afin de diriger la personne vers la structure de soins la plus appropriée à son état.
L’infirmier pourra donc, dans une structure de soins ayant engagé une réflexion de prise en charge
des urgences intra hospitalières, réaliser et administrer des thérapeutiques dans le cadre de
protocoles de service si ceux-ci existent. Néanmoins le cadre juridique prévoit, si ces protocoles
sont absents, et en attendant la venue d’un médecin, que l’IDE doit prendre toutes les mesures
nécessaires pour assurer une conduite salvatrice auprès du patient.
2. Le patient et sa famille dans le cadre de l’urgence
Le patient est cœur du dispositif de soins. L’urgence fait partie de cette prérogative, comme le
souligne la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.
L’article L 1110-5 indique que « Toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l'urgence
des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les soins les plus appropriés et de
bénéficier des thérapeutiques dont l'efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité
sanitaire au regard des connaissances médicales avérées.»
L’urgence fait donc partie des soins les plus appropriés cités ci-dessus que tout patient doit pouvoir
bénéficier lors de son hospitalisation. Elle doit être considérée comme n’importe quel autre soin que
l’infirmier doit faire bien qu’il soit dans un contexte inhabituel.
Dominique TEANI, lors de son travail d’intérêt professionnel à l’école d’infirmier anesthésiste de
Lyon, précisait qu’«il s’agit de faire comprendre à l’ensemble des soignants que la prise en charge
d’une détresse vitale est un véritable acte de soin et ce malgré le caractère exceptionnel de celle-ci.
Ce qui implique la mise en place d’une organisation d’une extrême rigueur si l’on veut garantir
une prise en charge de qualité».
L’urgence est également angoissante pour le patient. Conscient de son état, celui-ci risque de
développer de l’anxiété et des peurs diverses. Cet état pourra, dans certaines situations, majorer
l’urgence présente. Les auteurs de « Situations d’urgence » (BAUMANN et al., 2011) indiquent
qu’« une situation d’urgence est par définition brutale et inattendue. Elle est donc presque toujours
8
accompagnée d’un haut niveau d’anxiété chez la personne soignée. Elle entraine des peurs chez le
patient : peur de mourir, peur du diagnostic, peur du pronostic, peur du traitement. »
Ils précisent que :
L’anxiété du patient, le stress, la peur ont des effets somatiques qui peuvent augmenter le risque
vital dans certaines conditions ; il est donc indispensable de faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour la diminuer, c’est souvent une priorité des soins. Dans un premier temps, il s’agit de permettre
l’expression de cette anxiété et de ces peurs, surtout si elles se manifestent par voie détournée. Si la
personne est agressive, il s’agit de l’aider à prendre conscience de ce que cache cette agressivité et
de nommer ce qui fait peur dans sa situation. Dans un deuxième temps, ce sont des informations
claires qui pourront rassurer la personne, des informations sur ce qui va se passer, sur comment
cela va se passer, sur le temps qu’il faudra attendre pour avoir des résultats d’examens, sur
l’évolution probable dans les heures et dans les jours qui suivent.
Les mêmes auteurs indiquent que « rien n’est plus contagieux que l’anxiété car, dans le cas où le
patient est calme et rassuré, il pourra être « contaminé » par l’anxiété de son entourage. »
Dans toute hospitalisation, que le soin soit prévu et organisé, mais aussi et surtout en cas de
situation d’urgence, malgré son côté inhabituel et imprévu, le patient doit recevoir les soins les plus
appropriés et a besoin d’être rassuré dans sa prise en charge.
3. La gestion de l’imprévu au regard de l’urgence
Nous venons de voir ci-dessus que l’urgence est source d’anxiété sur le patient et sa famille, mais le
côté imprévu de l’urgence va venir également perturber l’infirmier.
L’« imprévu » est défini par le Dictionnaire (Micro Robert, langue française) comme suit :
IMPREVU : « ADJ. et N. M. : qui n’a pas été prévu ; qui arrive lorsque l’on ne s’y attend pas ».
L’organisation institutionnelle impose aux infirmiers un rythme et une organisation type dans les
services de soins : à 8h, distribution des médicaments ; en milieu de matinée, réalisation des
pansements puis présence au tour médical ; etc. Cette organisation rythme le cours de la journée.
Et voilà qu’un patient va présenter une situation d’urgence vitale qui va bouleverser la parfaite
organisation du service.
Cet imprévu va entrainer des émotions différentes selon notre propre personnalité.
Comme le précisent les auteurs de « Situation d’urgence » (BAUMANN et al., 2011), « l’infirmière
n’est pas exempte d’émotion. »
9
J. CHALIFOUR, psychologue, décrit l’émotion comme « un état fonctionnel de l’organisme qui
implique une activation physiologique (réactions neuroendocriniennes), un comportement expressif
(réactions neuromusculaires, posturales et faciales) et une émotion subjective (le sentiment). Les
émotions vont donc se manifester de différentes façons : positives comme la joie, le bonheur ou
négatives comme la colère, la peur, la tristesse, la honte, la culpabilité, le regret etc. ... »
L’urgence, dans un service de soins, est donc vectrice d’émotion qui peut, en fonction des
individus, influencer leur comportement.
Le stress aussi peut conduire le soignant à diverses attitudes.
Comme l’indiquent Hélène LABOUSSET-PIQUET, Evelyne AIGUEBONNE et Carole SIEBERT,
formatrices en IFSI : « Le stress est la réponse de l’organisme aux facteurs d’agression
physiologique et psychologique ainsi qu’aux émotions (agréables ou désagréables) qui nécessitent
une adaptation (élément de la théorie du syndrome d’adaptation). »
Pour compléter les propos des auteurs ci-dessus, Hans SELYE, médecin, inventeur de la théorie du
stress, définit celui-ci comme « une réponse physiologique adaptative ». Il définit 3 phases dans la
réaction de stress :
La première phase : La réaction d'alerte qui est la perception d'une contrainte. Le choc, c’est l'état
de surprise à l'agression soudaine, le contre choc, c'est la phase au cours de laquelle l'organisme
se ressaisit. Cette situation fait référence au stress aigu.
La deuxième phase : La phase de résistance qui intervient quand l'organisme est soumis de
manière prolongée à une situation stressante. L'organisme va résister, jusqu'à ce qu'il atteigne la
phase d'épuisement.
La troisième phase : La phase d'épuisement : l'individu cesse de pouvoir s'adapter au stresseur et
tous les mécanismes d'adaptation s'effondrent.
Dans la prise en charge de l’urgence vitale, on retrouve aisément la première phase. L’urgence
vitale agresse l’infirmier par la survenue de cet imprévu. Puis l’infirmier va se ressaisir pour
apporter une réponse d’adaptation individualisée à la situation. Cette réponse adaptée sera issue de
ses compétences professionnelles acquises, d’une part lors de la formation initiale en IFSI et,
d’autre part de son expérience de professionnel de santé.
Philippe PERRENOUD, sociologue et anthropologue, indique que : « La peur, l’émotion,
l’excitation, les sentiments peuvent brouiller les cartes ; on connait « l’angoisse » du gardien de
but au moment du penalty ; elle peut décupler ses facultés, aussi bien qu’égarer son esprit et
paralyser ses réflexes. » Il indique qu’un événement imprévu sollicite la compétence de l’acteur au
travail, comme dans d’autres domaines de la vie. « Maîtriser l’imprévu » pourrait être une des
composantes de toutes compétences de haut niveau. Ce même auteur explique que l’apprentissage
10
de la gestion de l’imprévu peut passer aussi par l’expérience. « On peut apprendre « sur le tas », au
fil des situations, en développant de nouveaux schèmes par la pratique. »
Pour Guy LE BOTERF, conseiller en ingénierie dans les ressources humaines, formation et
management : « Le professionnel compétent sait gérer ses émotions. Il sait non seulement les
contrôler, voire les inhiber en cas de besoin, mais aussi, et on l’oublie trop souvent, les utiliser. »
Le stress peut nous faire perdre notre raisonnement et perturber voire inhiber notre réponse à la
situation mais également être un élément moteur.
On peut donc amplement faire le lien entre émotion et stress dans la prise en charge d’un patient.
4. La gestion de l’équipe dans le cadre de l’urgence
Lors de situations d’urgence, l’infirmier n’agit pas seul et peut prendre appui sur ses collègues du
service. Ainsi, l’agent de service hospitalier, l’aide soignant et l’infirmier mettront leurs
compétences en commun pour apporter les soins nécessaires au patient.
Comme le précise Gérard SEGUIN, consultant et formateur en marketing : « Une équipe est avant
tout un ensemble de personnes qui se rassemblent pour développer une activité en commun. En fait,
les individus s’organisent en fonction de la situation qu’ils rencontrent. Ils se fédèrent soit autour
d’un leader naturel soit autour d’un leader structuré. »
La posture de l’infirmier, lors de situations d’urgence, permettra, si son attitude est adaptée, de
gérer l’équipe et de tirer le meilleur de chacun.
Les auteurs de « Situation d’urgence » (BAUMANN et al., 2011), confirment cela en précisant
que : « L’attitude de l’infirmière est primordiale pour administrer l’anxiété et maintenir le calme et
la confiance. Dans des moments de grande tension, dans des situations de grande urgence, une
attitude calme, posée, cadrée, contenue aura les effets les plus bénéfiques sur l’ensemble des
personnes en présence. » (BAUMANN et al., 2011).
L’attitude que prendra l’infirmier sera déterminante quant au bon déroulement de le prise en charge
du patient surtout s’il est un leader calme et posé.
11
5. Construction de la compétence infirmière permettant la prise en charge
d’une situation d’urgence
5.1. Compétence et savoir agir avec compétence
Le nom « compétence » et l’adjectif « compétent » sont définis par le Dictionnaire (Micro Robert,
langue française) comme suit :
COMPETENCE : « N. F. : Connaissance approfondie, reconnue, qui confère le droit de juger ou de
décider en certaines matières »
COMPETENT : « ADJ. : Capable de bien juger d’une chose en vertu de sa connaissance
approfondie en la matière »
L’infirmier est donc compétent pour prendre en charge une situation d’urgence vitale puisqu’il
dispose de connaissances qu’il a acquises lors de sa formation en IFSI d’une part, et sur les
différents terrains de stage d’autre part.
Le BERGER LEVRAULT précise que l’unité d’enseignement 4.3 S2 et S4 (Annexes I et II)
permettra à l’étudiant d’atteindre les objectifs suivants :
- Identifier l’urgence à caractère médical
- Pratiquer les gestes permettant de porter secours en attendant l’arrivée d’une équipe médicale
- Hiérarchiser les urgences
- Mettre en œuvre des soins d’urgence dans un environnement médicalisé
Mais la compétence seule ne suffit pas. En effet pour qu’un infirmier puisse réponde efficacement à
une situation, il devra « agir avec compétence ». Celui-ci devra, outre ses connaissances théoriques
et pratiques, mobiliser un certain nombre de paramètres en simultané, comme par exemple,
l’application de procédures d’alerte, une gestion des émotions comme cité plus haut, son intuition,
l’utilisation de matériels spécifiques …
Guy LE BOTERF l’explique de la manière suivante : « Un professionnel possède, certes des
compétences qu’il est important d’identifier, de maintenir et de développer, mais il ne possède pas
que des compétences. Il ne se réduit pas à une somme de compétences. Pour agir avec compétence
en situation, il combine et mobilise, pour et dans une pratique professionnelle, des connaissances,
des habiletés, des modes de raisonnement, des représentations, des schèmes opératoires, une
sensibilité, des ressources physiques et physiologiques. Il fait fonctionner des capacités cognitives
d’attention, sa mémoire de travail, son imagination, son intuition. Il émet des jugements. Il prend
des décisions et des initiatives. »
12
5.2. Le « feeling » ou seuil intuitif
LE BOTERF évoque « l’intuition », qui est l’une des composantes qui rentrent en compte dans
« l’agir avec compétence ». Cette notion d’intuition est également reprise par Philippe
PERRENOUD qui parle, lui, de « feeling » ou encore de « seuil intuitif ». Il l’explique ainsi :
Dans les métiers de l’humain, tels les soins infirmiers, la psychothérapie, le travail social ou
l’éducation, mais aussi les affaires, la politique, la gestion des organisations, l’action efficace se
fonde très souvent sur des intuitions dont l’acteur n’est pas capable de verbaliser les bases. Il n’y a
là nulle magie. L’action résiste à la formalisation parce qu’elle mobilise des schèmes largement
inconscients, qui se sont construits progressivement par essais et erreurs plutôt que de dériver de
connaissances procédurales. Comment savoir à quel moment un patient hospitalisé en psychiatrie
franchit-il le seuil invisible qui le sépare d’une tentative de suicide ? À quel moment un élève, dans
une classe, s’exclut-il sans retour de l’activité commune, à moins qu’on intervienne pour le
réintégrer ? Comment savoir si le frémissement d’un marché ou le malaise d’une institution sont
assez sensibles pour qu’il soit temps d’agir ? Dans nombre de métiers, ce qui déclenche l’action
n’est pas un événement bien défini, mais le franchissement d’un seuil intuitif, par une grandeur qui
n’autorise aucune mesure précise. C’est donc " au feeling " que le praticien expert décide s’il est
temps ou non d’intervenir.
Ce feeling permet d’anticiper et de réagir le plus vite possible en apportant une réponse adaptée.
Philippe PERRENOUD explique qu’« anticiper l’événement ou décoder des signes précurseurs
permet de déclencher plus vite le processus cognitif de cadrage puis de résolution de problème.
Dans les métiers marqués par l’urgence et l’incertitude, l’anticipation devient une « seconde
nature »», la seule façon de maintenir une certaine maîtrise face à l’événement. »
Pour le Docteur Yves KAGAN, gériatre, l’urgence ne se résume pas à la situation aigüe brutale qui
va nécessiter un transfert. C’est aussi reconnaître l’urgence latente, c'est-à-dire intervenir avant que
ne survienne l’urgence patente 24 ou 48 heures plus tard.
5.3. L’expérience professionnelle
La confrontation répétée à des situations d’urgence vitale est un élément qui rentre également en
ligne de compte. Lors du 6ème
congrès de la SFMU en 2012, les Docteurs PELACCIA,
AMMIRATI, BERTRAND, DELPLANCQ, BRUNSTTEIN et BARTIER ont réalisé une
intervention sur la base du raisonnement clinique lors des prises en charge soignante. Ils indiquent
que le raisonnement clinique est une compétence majeure des professionnels de santé et notamment
des infirmiers. Un des éléments rentrant dans le raisonnement est l’intuition. Ceux-ci confirment
que « les soignants parviennent à raisonner intuitivement grâce aux expériences vécues dans leur
13
pratique clinique. Ces expériences leur permettent de stocker et d’organiser dans leur mémoire à
long terme des connaissances utiles pour raisonner efficacement ».
Pour Francis KAROLEWICZ, « chaque personne fait des expériences tout au long de sa vie. Quelle
que soit son origine cultuelle ou sociale, l’homme est d’abord un être empirique. Il apprend en
faisant.»
Outre ses compétences propres, la diversité des expériences professionnelles, surtout en situation
d’urgence, permettra à l’infirmier (ou tout autre soignant d’ailleurs) de pouvoir mieux appréhender
la prise en charge du patient.
5.4. L’approche réflexive post situation d’urgence
Ce qui construit également la compétence infirmière est la démarche dite « réflexive ». Philippe
PERRENOUD indique que « la réflexion dans l’après coup sur des situations de ce genre peut être
alors formatrice à double titre : d’une part, elle pousse à construire des procédures plus
méthodiques de reconnaissance de l’événement, ce qui suppose une perspective plus analytique ;
d’autre part, elle favorise un travail métacognitif et permet de mieux comprendre ses erreurs de
perception, d’estimation ou d’inférence, d’identifier ce que Dörner (1997) appelle la logique
d’échec. »
Autrement dit réaliser une analyse post situation d’urgence permet aux professionnels d’intégrer les
erreurs commises afin de pas les reproduire, mais également de prendre conscience des points
positifs mis en place, tout ceci afin de construire sa compétence professionnelle.
6. La formation du personnel paramédical et l’utilisation de matériels
spécifiques à la prise en charge de l’urgence
6.1. La formation du personnel paramédical
D’après le Docteur Raphaël PITTI et Sylvain WLODARCZYK, infirmier anesthésiste, tous deux
formateurs aux gestes et soins d’urgence :
La médecine d’urgence est une médecine de l’action à laquelle le personnel soignant doit être
formé. Ces actions visent à assurer la survie du patient en détresse vitale jusqu’à sa prise en charge
14
spécialisée. Elles se doivent d’être ordonnées selon un schéma opératoire adapté à la situation du
moment. Il faut pour cela que le soignant, confronté à une situation pathologique d’urgence, soit
capable de la reconnaître, de l’évaluer, de développer des stratégies, de prendre des décisions qui
seront transformées en plan d’action et en réalisation de gestes techniques.
Ils précisent que cette formation doit être pratique et régulièrement réactualisée afin de maintenir un
niveau d’efficacité optimal.
Ils rajoutent que « c’est l’objectif que doivent avoir les formateurs à la prise en charge des
détresses vitales : donner aux paramédicaux la possibilité d’élaborer ou d’appliquer un schéma
opératoire qu’ils se seront approprié, pour aboutir rapidement à une démarche active. L’attitude
du soignant devant la nécessité de prendre en charge une détresse vitale ne pourra en être
qu’améliorée. »
Ils précisent aussi que « la formation à la prise en charge des détresses vitales doit s’appuyer sur
des protocoles ou arbres décisionnels universels, simples, précis et pertinents. Il est tout à fait
envisageable de rédiger des protocoles au sein de chaque établissement sanitaire à partir des
recommandations des sociétés savantes. »
Depuis 2006, la formation du personnel de santé est régie par l’arrêté du 3 mars 2006 relatif à
l’Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgence (AFGSU) et complété depuis par la
circulaire de la DHOS du 31 décembre 2007. Cet arrêté a créé l’AFGSU qui a pour but de permettre
aux professionnels destinés à travailler au sein des établissements de santé ou de structures
médicosociales, d’acquérir les connaissances nécessaires à la prise en charge, seul ou en équipe,
d’une personne en situation d’urgence mettant en jeu le pronostic vital ou fonctionnel de celle-ci et
de s’intégrer et d’identifier son rôle dans la mise en œuvre des plans sanitaires ainsi que l’utilisation
des moyens de protection individuelle et collective face à un risque à conséquence sanitaire.
Cette formation est réalisée par des formateurs rattachés au Centre d’Enseignement et Soins
d’Urgence (C.E.S.U). Les C.E.S.U sont des unités fonctionnelles des S.A.M.U.
L’AFGSU comprend 3 niveaux (Annexe III) :
- Le niveau 1, destiné à tout professionnel d’un établissement de santé ou médico-social,
d’une durée de 12h, comprend le contenu suivant :
● Protection, alerte, RCP de base, utilisation du DSA, hémorragies, malaises,
traumatismes, plaies, brûlures, relevage et brancardage, alerte des populations et
situations d’exception, plan blanc, risques NRBC
La durée de validité de cette attestation est de 4 ans. Après ce délai, le professionnel devra suivre
une séance de réactualisation des connaissances afin de revalider son AFGSU.
15
- Le niveau 2, destiné aux professionnels inscrits dans la partie IV du code de la santé
publique, c’est-à-dire : Médecin, Chirurgien-dentiste, Pharmacien, Sage-femme, Préparateur
en pharmacie, Infirmier (IDE, IADE, IBODE), Masseur-kinésithérapeute, Pédicure-
podologue, Ergothérapeute, Psychomotricien, Orthophoniste, Orthoptiste, Manipulateur
d’électroradiologie médicale, Audioprothésiste, Opticien-lunetier, Diététicienne
D’autres professions sont concernées par l’AFGSU 2 au titre de l’arrêté du 21 avril 2007 et
de la circulaire du 31 décembre 2007 : Aide-soignant, Auxiliaire de puériculture, Auxiliaire
ambulancier, Ambulancier, Titulaire du CCPS, Technicien en analyses biomédicales.
Sa durée est de 9h et son contenu est le suivant :
● RCP avec matériels et appareils de surveillance, maintenance et matériovigilance des
matériels d’urgence, immobilisation, retrait du casque, relevage, brancardage,
accouchement inopiné, protection face à un risque infectieux, plan blanc, plans de
secours, plan NRBC
Les candidats à l’AFGSU devront obtenir l’AFGSU de niveau 1 avant de suivre le niveau 2.
La durée de validité de cette attestation est de 4 ans. Après ce délai, le professionnel devra suivre
une séance de réactualisation des connaissances afin de revalider son AFGSU.
- Le niveau 3, qui concerne le même public que l’AFGSU du niveau 2. Ce dernier niveau est
conçu pour appréhender le risque NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique).
Il permet aux professionnels de santé d’acquérir des connaissances nécessaires à la gestion
de crise en situation sanitaire NRBC (habillage, déshabillage, décontamination).
La durée de validité de cette attestation est de 2 ans. Après ce délai, le professionnel devra suivre
une séance de réactualisation des connaissances afin de revalider son AFGSU.
La circulaire du 31 décembre 2007, citée ci-dessus, précise bien que : « ni les professionnels de
santé en exercice, ni les personnels administratifs et techniques des établissements sanitaires et
médico-sociaux ne sont soumis à l’obligation de détenir l’AFGSU de niveau 1 ». En revanche
comme le précise la circulaire du 10 mai 2006, « une incitation à la formation doit être faite de
manière progressive et continue dans les établissements de soins. »
Autrement dit, le personnel en fonction dans les établissements de santé n’est pas tenu à avoir cette
formation pour pouvoir exercer. Cette obligation par contre est demandée pour tout nouveau
diplômé, depuis septembre 2010 pour les étudiants paramédicaux, et depuis juin 2010 pour les
étudiants infirmiers.
« De manière générale, tous les étudiants des instituts de formation paramédicaux doivent justifier
de l’obtention de l’AFGSU de niveau 2 pour se présenter aux épreuves du diplôme qu’ils préparent
16
conformément à l’arrêté du 21 avril 2007 susvisé. Cette disposition ne concerne donc que les
étudiants entrant en formation à compter de la rentrée de septembre 2007. Cela signifie que
l’AFGSU de niveau 2 n’est exigible qu’au moment de l’obtention du diplôme et non au moment de
la sélection ou de l’intégration de l’étudiant dans l’institut de formation ; c’est-à-dire en septembre
2010 pour les étudiants infirmiers et en juin 2010 pour toutes les autres étudiants paramédicaux. »
6.2. Le chariot d’urgence
Le manuel d’accréditation aborde la question du chariot d’urgence. Ce chariot d’urgence est un
dispositif mobile, souvent un meuble, composé de différents tiroirs et d’un plan de travail, qui doit
contenir tout le matériel et les drogues nécessaires. Il doit être accessible et son emplacement doit
être connu par l’ensemble de l’équipe de soins.
Son contenu est établi en fonction des spécificités du service mais certaines drogues et matériels
sont communs à tous les services de l’hôpital (ex : BAVU, DSA, Aspirateur de mucosité), ceci afin
de faciliter son utilisation par les soignants.
Le chariot d’urgence doit être utilisé seulement en cas d’urgence vitale. Après chaque utilisation, il
est nettoyé, réarmé et contrôlé. Il est possible de trouver un scellé sur le chariot qui indique qu’il est
prêt à être utilisé.
Il est impératif de vérifier régulièrement le chariot d’urgence afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de
matériels défectueux ou de produits périmés. Cette vérification incombe au personnel infirmier sous
la responsabilité du cadre du service et du pharmacien de l’établissement.
7. Du concept de la chaine de survie intrahospitalière à la démarche de
certification des établissements de santé
7.1. La chaine de survie intrahospitalière
En 2002, lors du 44ème
Congrès National d’Anesthésie et de Réanimation, les Docteurs A. GACHE
et J.-E. DE LA COUSSAYE de la Fédération anesthésie réanimation, urgences, douleurs du CHU
de Nîmes et les Docteurs L. BESSON et P.-Y. GUEUGNIAUD du Département anesthésie-
17
réanimation 1 du CHU Lyon Sud à Pierre Bénite, avaient traité du sujet de la « prise en charge des
urgences vitales intrahospitalières ».
Leur intervention, lors de ce congrès, a permis de rappeler que l’urgence vitale, en 2002, et plus
particulièrement l’arrêt cardiaque, touchait plus de 40 000 personnes par an et que moins de 3% des
patients survivaient avec un état neurologique correct.
Ils indiquaient qu’un des facteurs de gravité des arrêts cardiaques, en autre, était sa survenue de
dans un autre service qu’une unité de soins intensifs ou qu’un bloc opératoire.
Les auteurs abordaient le concept de la Chaine de Survie Intra-Hospitalière : CSIH. Cette chaine a
pris sa naissance en se basant sur la chaine de survie extrahospitalière mise en place par l’American
Heart Council (AHA) et par l’European Resuscitation Council (ERC) en 1991. Il faut préciser que
cette chaine a été conçue en priorité pour la réanimation cardio-pulmonaire mais qu’elle est
applicable pour tous les types d’urgences vitales.
La chaine de survie intrahospitalière, mise en place dans un établissement de santé, permet, selon
eux, de réaliser une prise en charge adaptée du patient présentant une urgence vitale.
Cette chaine comprenait 6 maillons :
- L’alerte
- La formation des personnels soignants
- Le matériel d’urgence et le défibrillateur
- L’équipe médicale de réanimation d’urgence
- Les limites de la réanimation cardio-pulmonaire
- La nécessité d’une évaluation par un comité d’expert
En 2004, la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) s’appuya, en autre, sur ces
recommandations pour élaborer, en collaboration avec le SAMU de France, la Société Française de
Cardiologie, la Société Francophone de Médecine d’Urgence et la Société de Réanimation de
langue française, des recommandations pour l’organisation de la prise en charge des urgences
vitales intrahospitalières.
La SFAR est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle permet l’étude,
l’avancement et l’enseignement de l’anesthésie et de la réanimation.
18
Ce document est d’une grande importance puisqu’il constitue actuellement la base de référence
pour mettre en place l’organisation de la CSIH, sur laquelle les établissements de santé peuvent
s’appuyer afin d’être sûr de réaliser une prise en charge de l’urgence vitale intrahospitalière de
qualité.
Ce document de recommandations (Annexes IV et V) redéfinit la chaîne de survie intrahospitalière :
« L’ensemble de ces urgences vitales intrahospitalières correspond au champ d’application de cette
conférence d’experts. Dans ce cadre, une procédure spécifique existe pour la prise en charge de
l’AC, c’est la "Chaîne de Survie Intra-Hospitalière". »
Celle-ci est dorénavant constituée de quatre maillons :
- L’alerte
- La réanimation cardio-pulmonaire de base (RCP)
- La défibrillation
- La réanimation médicalisée
Sa mise en place doit bénéficier d’un support institutionnel, représenté par un comité de suivi,
organisant son fonctionnement et son évaluation. Les recommandations de cette conférence doivent
être adaptées aux particularités organisationnelles de chaque établissement de soins.
Cette conférence d’expert a répondu, d’une manière précise et détaillée, à 8 questions :
Question n°1 : Quelles sont les modalités et procédures de l’alerte ?
Question n°2 : Quel matériel est mis à disposition dans les services de soins ?
Question n°3 : Comment organiser la prise en charge intrahospitalière de l’arrêt cardiaque ?
Question n°4 : Comment organiser la prise en charge intrahospitalière des urgences vitales en
dehors de l’arrêt cardiaque ?
Question n°5 : Quelles sont les modalités de mise en place et d’évaluation de la chaîne de survie
intrahospitalière ?
Question n°6 : Quelle est la formation initiale et continue des personnels médicaux et
paramédicaux ?
Question n°7 : Quels sont les aspects éthiques concernant la prise en charge des urgences vitales
intrahospitalières ?
Question n°8 : Quel est le rôle de l’institution ?
19
7.2. La démarche de certification des établissements de santé
Il convient de faire le lien entre les recommandations de la SFAR et l’HAS concernant la démarche
qualité, mise en place depuis 1999, par les certifications des établissements de soins. En suivant les
recommandations édictées par la SFAR, celles-ci permettent de répondre aux objectifs attendus par
le législateur, en terme de qualité, concernant la prise en charge des urgences vitales
intrahospitalières.
La prise en charge des urgences dans les services de soins apparait, dès 2004, dans le Manuel
d’Accréditation des établissements de santé.
« Deuxième procédure de santé (V2), Partie II, Chapitre III, Référence 33, Paragraphe 33.c. :
La prise en charge des urgences vitales survenant au sein de l’établissement est assurée.
Cette prise en charge doit être possible dans n’importe quel secteur d’activité d’un établissement
de santé ; une organisation tant en personnel (référent, formation, etc.) qu’en matériel (chariot
d’urgence contrôlé à périodicité définie, système d’alerte, etc.) est mise en place et évaluée
régulièrement pour juger de son efficacité. »
Ces indicateurs de qualité apparaissent à nouveau dans les dernières recommandations du dernier
Manuel d’Accréditation préparant à la future certification des établissements de santé (Annexe VI).
On retrouve à la partie III, au chapitre II, la Référence 18.b. qui traite de la prise en charge des
urgences vitales survenant au sein de l’établissement. Cette référence demande donc aux
établissements de s’axer sur les trois items suivants :
E1- Prévoir : « La procédure de prise en charge des urgences vitales au sein des établissements
est définie. Cette procédure est remise et expliquée au patient et / ou à son entourage. »
E2- Mettre en œuvre : « Les coordonnées des spécialistes à appeler en cas d’urgence vitale sont
disponibles dans tous les secteurs d’activité. Un matériel d’urgence opérationnel est disponible
dans tous les secteurs de l’établissement. La formation des professionnels à l’utilisation de ce
matériel et aux premiers gestes de secours est assurée. »
E3- Evaluer et améliorer : « L’organisation de la prise en charge des urgences vitales est
évaluée à périodicité définie et des actions d’amélioration sont mises en œuvre. »
On se rend compte de la volonté de l’HAS d’organiser la prise en charge des urgences dans
n’importe quel lieu de l’hôpital, d’avoir du personnel formé et d’utiliser du matériel spécifique à
l’urgence. On note le souci d’évaluer les pratiques mises en place afin d’en améliorer leur
fonctionnement.
20
8. Évolution de la compétence infirmière face à l’urgence dans un service de
soins hors présence médicale
Dans certains services de soins, comme par exemple les EHPAD, dans le service de médecine du
travail en entreprise ou dans le cadre de l’exercice libéral, la présence médicale n’est assurée que
quelques heures par jour voire totalement absente. L’infirmier doit donc gérer le service seul et
prendre en charge les détresses vitales.
La Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU) a édicté, en décembre 2011, des
recommandations professionnelles pour ces infirmiers isolés dans l’attente d’une équipe médicale.
Ces recommandations permettront aux infirmiers d’effectuer des gestes spécifiques afin de
préserver la vie du patient dans l’attente d’un renfort médical.
La SFMU prend l'initiative de l'élaboration de recommandations de bonnes pratiques concernant
"l’IDE seul devant une situation de détresse médicale". Une situation de détresse médicale s’entend
comme une situation inopinée où le pronostic vital ou fonctionnel est engagé, pouvant bénéficier de
soins d’urgence immédiats.
Un IDE peut, dans l’exercice de sa profession, être confronté à une situation inopinée de détresse
médicale. Hors présence médicale, il pourrait être amené à effectuer des gestes spécifiques afin de
préserver la vie et / ou la fonction.
Il paraît important d'élaborer des recommandations précisant la conduite à tenir d’un IDE se
trouvant en face d’une situation de détresse médicale sans possibilité d’avoir immédiatement
recours à un médecin. Ces recommandations doivent tenir compte de l'organisation des secours à
personne et de l'aide médicale d’urgence telle qu'elle existe en France.
Delphine ROUSSEL, juriste à la Mutuelle d’Assurance du Corps Sanitaire Français (MACSF),
indique que :
La Société Française de Médecine d’Urgence, consciente de la difficulté dans laquelle peut se
trouver l’infirmier (alors que précisément il n’existe pas de référentiel professionnel pour
déterminer les conduites à tenir en fonction des principales situations d'urgence mais qu’au
contraire, il existe une grande hétérogénéité des protocoles locaux mis en place), a pris l’initiative
d’élaborer, en 2011, des recommandations de bonnes pratiques, pour aider l’infirmier à rechercher
les soins les plus appropriés, dans des circonstances cliniques données.
Sont ainsi prévues les situations suivantes : Accouchement (l’enfant est né) ; Arrêt cardiaque
(adulte et enfant) ; Antalgie (adulte et enfant) ; Brûlure grave (adulte et enfant) ; Convulsions
(adulte et enfant) ; Difficulté respiratoire (adulte et nourrisson) ; Douleur thoracique non
traumatique ; Hémorragie sévère de l’adulte ; Hypoglycémie ; Intoxications aux fumées
d’incendie ; Suspicion d’accouchement imminent ; Réaction allergique grave (adulte et enfant). Il
est important de préciser que ces recommandations, bien que n’ayant pas de valeur légale ou
règlementaire, servent toutefois de « référentiel » aux magistrats pour apprécier les responsabilités
en cause en cas de litige.
21
Ces recommandations viennent ainsi renforcer l’article R 4311-14 du Code de Santé Publique qui
précise, « qu’en cas d’urgence, et en dehors de la mise en œuvre du protocole, l’infirmier décide
des gestes à pratiquer en attendant qu’un médecin puisse intervenir. »
Yvon CROGUENNEC, IADE et président du Comité d’Organisation ayant élaboré ces
recommandations professionnelles, indique que « (l’infirmier) peut donc être amené à effectuer des
gestes complémentaires au secourisme afin de préserver le pronostic vital et/ou fonctionnel. »
La situation dans un service de soins où le renfort médical n’est pas immédiat est un cas particulier
mais rentre bien dans le cadre des compétences de l’infirmier.
Partie 3 :
Méthodologie d’enquête
22
Partie 3 : Méthodologie d’enquête
La méthodologie employée dans ce travail est fondée sur une méthode quantitative avec une
enquête exploratoire. Cette enquête exploratoire m’a permis d’investir le terrain, d’interroger les
professionnels de santé et de pouvoir consulter des documents utilisés en interne me permettant de
répondre à la problématique posée au début de ce travail.
1. Choix du terrain et objectifs attendus
Mon choix s’est porté sur un service de médecine polyvalente dans un Centre Hospitalier
périphérique dans un département voisin du Rhône. Le choix de l’établissement a été mûrement
réfléchi. J’ai voulu immédiatement écarter les « grosses structures hospitalières » parce qu’il me
semblait intéressant, d’une part, de jauger de l’organisation mise en place dans une petite structure
bénéficiant de moyens moins importants et, d’autre part, de me rendre compte de l’activité que
représentaient les situations d’urgence dans un centre hospitalier de petite taille.
L’établissement exploré dispose de 220 lits, réalise 4000 entrées par an et 70 000 journées
d'hospitalisation. Pour cela, il dispose de :
- Un service d’urgence
- Un service d’imagerie médicale avec un scanner
- Deux services de médecine : un service de 30 lits de médecine polyvalente et un service
de 12 lits à orientation cardiologique
- Un service de soins de suite et de réadaption
- Un service de médecine physique et de rééducation (traumatologie, neurologie,
orthopédie, rhumatologie, vasculaire)
- Un service de court séjour gériatrique
- Un centre périnatal de proximité
23
- Un centre de planification et d’éducation familiale en partenariat avec le conseil général
du département.
- Un service d’endoscopie
- Un EHPAD et une maison de retraite
- Un service de consultations : Chirurgie Orthopédique et Traumatologique, Chirurgie
Viscérale, Chirurgie Vasculaire, Anesthésie, Consultations « Plaie et Cicatrisation »,
Consultations « Mémoire », Consultations « Douleur », Consultations ORL,
Consultations Gastro-entérologies.
Il m’a semblé intéressant de cibler le service de médecine polyvalente. Les services de médecine
accueillent une population de tous âges avec toutes sortes de pathologie en phases aigüe comme
chronique. Une situation d’urgence peut donc survenir à tout moment.
Les objectifs recherchés sur le terrain étaient directement en lien avec le cadre de référence. Les
réponses que j’ai obtenues m’ont permis de répondre aux objectifs que je m’étais fixés, à savoir :
- Comment était définie l’urgence par les professionnels ?
- Comment était vécue et gérée l’urgence par l’infirmier et le patient ?
- Comment s’organisait l’équipe lors de ces situations ?
- Quelles étaient les ressources utilisées pour développer des compétences
professionnelles dans le cadre de l’urgence ?
- Vérifier l’existence de procédures d’organisation spécifique à l’établissement sur la prise
en charge de l’urgence dans les services de soins.
- Apprendre de leur expérience de terrain pour savoir ce qui semblait le plus important à
mettre en œuvre pour être efficace lors d’une situation d’urgence.
2. Choix de la population
Le choix de la population s’est porté exclusivement sur du personnel infirmier qui avait déjà acquis
une certaine ancienneté et de parcours différents dans leur fonction d’infirmier en soins généraux.
Un des critères d’inclusion supplémentaire qu’il me paraissait important de rajouter était de pouvoir
interroger un professionnel ayant déjà vécu et géré une situation d’urgence dans ce service.
24
J’ai pu interroger trois infirmières du service de médecine polyvalente :
- La première exerçant depuis 20 ans, avec un parcours professionnel essentiellement basé
sur des services de médecine (service de cardiologie et de pneumologie dans un CHU
avant d’arriver dans cette structure).
- La deuxième infirmière et la troisième infirmière interrogées ayant eu toutes les deux
leur diplôme d’état il y a 7 ans, mais avec un parcours professionnel complètement
différent (l’une ayant travaillé dans différents services de chirurgie avant de venir en
médecine et l’autre avec une expérience de long séjour et de soins de suite et de
rééducation avant de travailler en service de médecine).
Ce choix m’a permis d’être en adéquation avec ma question de départ puisque j’aborde la
mobilisation des compétences professionnelles de l’infirmier dans les situations d’urgence.
3. Choix de l’outil
Les outils choisis sont au nombre de deux.
Le premier outil choisi a été la réalisation d’un entretien semi directif avec l’aide d’une grille
d’entretien commune (Annexe VII). Ces entretiens m’ont semblé les plus appropriés à l’égard du
sujet traité. La grille d’entretien m’a permis d’avoir une trame commune à tous les infirmiers
interrogés. Celle-ci m’a permis de confronter les explorations théoriques que j’ai pu découvrir dans
le cadre de référence avec les différents avis des professionnels de terrain recueillis.
Le deuxième outil est une analyse documentaire, par le biais des documents de suivi des différentes
évaluations de pratique professionnelle mises en place sur l’établissement, et également par l’étude
de Fiches de Signalement d’Evénements Indésirables (FSEI) collectées par le service qualité de
l’établissement. L’analyse de ces documents m’a permis de quantifier le volume des situations
d’urgence dans ce service, de comprendre quel était l’intérêt de réaliser un suivi des différentes
évaluations des pratiques professionnelles, et de comprendre quels paramètres peuvent venir
perturber les compétences de l’infirmier dans ces situations d’urgence.
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4. Le déroulement de l’enquête et la grille d’entretien
La grille d’entretien a été élaborée pour répondre aux objectifs que je m’étais fixés, et cités ci
dessus, quand je rencontrerai les infirmiers du terrain.
Le déroulement de l’enquête s’est fait directement dans le service de médecine polyvalente comme
précisé plus haut. Les demandes d’autorisation ont été formulées au directeur des services de soins
infirmiers. Le cadre du service concerné avait prévenu l’équipe de ma venue au sein du service. Les
entretiens ont eu lieu directement dans le service. Il m’a fallu 2 journées pour réaliser l’ensemble
des entretiens et l’analyse documentaire. Un bureau a été mis à ma disposition ce qui m’a permis de
pouvoir réaliser les entretiens dans de bonnes conditions. Ceux-ci ont duré en moyenne 20 minutes.
Les infirmiers ont accepté que j’enregistre leurs réponses sur dictaphone ce qui m’a permis de faire
la retranscription dans de bonnes conditions. J’ai tout de même pris quelques notes ce qui m’a
permis, quand les réponses n’étaient pas claires, de reformuler afin d’être sûr d’avoir compris le
sens des réponses données.
Je me suis rendu compte qu’une de mes questions n’était pas très explicite puisque j’ai dû par deux
fois la reformuler pour que mon interlocuteur puisse bien percevoir ce que je recherchais. Pourtant
ma grille d’entretien avait été testée deux fois : la première sur mes collègues étudiants à l’IFSI lors
de l’élaboration de cette grille d’entretien et la deuxième fois avec mon épouse.
5. Exploitation des données
Pour exploiter les réponses données par les personnes interrogées, j’ai utilisé un tableau de synthèse
(Annexe VIII) reprenant par thème les différents éléments recherchés me permettant d’analyser les
similitudes et les différences en faisant le lien avec le contenu théorique dans le but d’infirmer ou de
confirmer les éléments issus du cadre référence.
Partie 4 :
Analyse
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Partie 4 : Analyse
1. Analyse des entretiens
1.1 Définition de l’urgence par les professionnels
Toutes les professionnelles interrogées donnent une définition de l’urgence qui leur est propre mais
avec un point commun puisqu’elles abordent la notion de « risque vital » et de « situation critique »
pour le patient, avec des « signes évocateurs ».
On se rapproche de la définition, donnée lors de la conférence de consensus de 2002, sur la prise en
charge des urgences vitales intrahospitalières, qui précisait que la notion d’urgence vitale était
définie de la manière suivante: « Les urgences vitales sont représentées par toute détresse vitale
pouvant conduire à tout instant à un arrêt cardiaque et qui doivent bénéficier de la prise en charge
la plus précoce possible. »
L’urgence semble donc rattachée à l’urgence vitale.
Cependant l’une d’entre elles aborde également les urgences non vitales en expliquant qu’il s’agit
« des urgences habituelles ». Cette urgence habituelle fait l’objet dans cet établissement d’une
procédure de prise en charge différente. Elle est, dans ce service, gérée par le médecin du service.
Les professionnels interrogés font donc la différence entre l’urgence vitale et l’urgence classique
définie comme "habituelle" (par exemple, les malaises).
Ceci me renvoie à ma future pratique professionnelle. En effet, il semble important de savoir bien
définir l’urgence afin de déclencher les bonnes procédures de l’établissement où j’exercerai pour
que le patient puisse bénéficier des meilleurs soins possibles.
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1.2 Le vécu de l’urgence et la gestion du stress par les professionnels infirmiers et les
patients
Les situations, ayant le plus marqué les infirmières et relatées lors des entretiens, font référence à la
prise en charge d’un arrêt cardio-respiratoire chez différents patients dont elles avaient la charge.
L’arrêt cardio-respiratoire est l’urgence vitale la plus marquante, certainement dû au fait que le
personnel soignant ne connaisse pas à l’avance l’issue finale du patient et ce malgré les soins les
plus adaptés possibles. Cette situation engendre donc différentes émotions et notamment du stress.
La notion de stress, dans le cadre de l’urgence, est soulevée par deux d’entre elles, notamment par
l’imprévu de la situation. On peut donc faire un lien entre imprévu, émotions et stress. Ceci
confirme les propos d’Hélène LABOUSSET-PIQUET, Evelyne AIGUEBONNE et Carole
SIEBERT cités plus haut « Le stress est la réponse de l’organisme aux facteurs d’agression
physiologiques et psychologiques ainsi qu’aux émotions (agréables ou désagréables) qui
nécessitent une adaptation (élément de la théorie du syndrome d’adaptation) ». Il est donc
clairement confirmé que le stress est dû à l’imprévu, véritable facteur d’agression et mais également
à nos émotions induites par cet imprévu.
Bien que le stress soit présent chez les professionnels, lors de la pris en charge des situations
d’urgence, toutes s’accordent à dire que stress et sentiments sont mis de côté car elles doivent agir
pour le bien du patient, « foncer » comme dit même l’une d’entre elles. En fait, le stress se gère par
l’action. Il s’agit d’une réponse adaptée au stress. Ceci confirme les propose de Hans SELYE qui
définit le stress « comme une réponse physiologique adaptative » et ceux de Guy LE BOTERF qui
précise que : « Le professionnel compétent sait gérer ses émotions. Il sait non seulement les
contrôler, voire les inhiber en cas de besoin, mais aussi, et on l’oublie trop souvent, les utiliser ».
Ainsi le stress a une vertu positive, il ne bloque pas l’action soignante mais au contraire il la
dynamise.
D’autres facteurs peuvent également majorer le stress ou à l’inverse le diminuer. Les éléments cités
par les trois infirmières qui peuvent majorer le stress sont de différents ordres. Cela va, par
exemple, du matériel défectueux, qui ne fonctionne pas lors des situations d’urgences, à
l’organisation institutionnelle en elle-même, comme les conditions de travail (infirmier seul la nuit
dans un service de soins). Mais d’autres éléments peuvent également diminuer ce stress. Cette
même organisation institutionnelle peut mettre en confiance l’infirmier, dans sa prise en charge de
l’urgence, par une organisation préétablie mise en place pour traiter une situation d’urgence.
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L’argument avancé par l’une d’entre elles est l’arrivée rapide de l’équipe de la chaîne de survie
intrahospitalière que nous traiterons plus tard dans cette analyse. Un autre élément favorisant la
diminution du stress est l’aide que vient apporter les autres collègues du service qui évite de se
retrouver seul pour prendre en charge une situation d’urgence. Enfin l’expérience professionnelle,
que nous aborderons plus tard, semble également être un facteur diminuant le stress.
Pour se libérer de ce stress, suite à une situation d’urgence, une des professionnelles interrogées a
abordé la nécessité de prendre un moment pour soi après la prise en charge de l’urgence, pour
souffler, prendre l’air, en somme pour faire retomber cette pression induite par cette situation
d’urgence. Cet élément auquel je n’aurai pas spécialement pensé est primordial afin de se libérer
des effets négatifs du stress et de pouvoir être prêt à repartir pour toute autre situation de soins, que
ce soit pour une autre urgence ou pas.
Nous venons de voir que les professionnels de santé sont soumis très régulièrement au stress et il en
est de même pour les patients en pleine détresse. Même si je n’ai pas pu avoir l’avis direct de
patients ayant vécu une situation d’urgence, il me semblait intéressant de percevoir le ressenti de
l’urgence par le patient à travers le regard de l’infirmier. La réponse apportée fut unanime. On
retrouve un sentiment d’angoisse et de stress chez ces patients-là. Ceci confirme les propos des
auteurs de « Situations d’urgence » (BAUMANN et al., 2011) qui indiquaient « qu’une situation
d’urgence est par définition brutale et inattendue. Elle est donc presque toujours accompagnée
d’un haut niveau d’anxiété chez la personne soignée. Elle entraine des peurs chez le patient : peur
de mourir, peur du diagnostic, peur du pronostique, peur du traitement. » et que « rien n’est plus
contagieux que l’anxiété car, dans le cas où le patient est calme et rassuré, il pourra être
« contaminé » par l’anxiété de son entourage. »
Notre attitude vis-à-vis de la situation et du patient est, je pense, primordiale. Il faut savoir gérer son
stress et le transformer en stress positif afin d’être le plus efficace, mais également et surtout faire
en sorte qu’il soit le moins visible possible pour obtenir des effets bénéfiques sur l’état du patient.
N’oublions pas, comme nous avons pu le voir dans la première partie de ce travail, que l’anxiété, le
stress, la peur, ont des effets somatiques pouvant majorer le risque vital du patient. Il me faudra
trouver le juste milieu, entre le stress et l’apaisement, énergique pour agir au mieux pour le patient
et calme pour le rassurer.
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1.3 Organisation de l’équipe face à la situation d’urgence
D’après les trois infirmières interrogées, il n’y a pas d’organisation proprement établie au sein de
l’équipe. L’habitude du service est d’avoir le renfort des autres collègues. Une fois l’urgence
constatée, l’équipe s’entraide et se coordonne sur le tas, les taches sont attribuées instinctivement
« moi je fais ça », « toi tu prépares ça ». Il n’y a pas de rôles définis à l’avance, ils se définissent
dans l’action. On comprend aisément ce que Gérard SEGUIN voulait dire lorsqu’il donnait la
définition d’une équipe : « Une équipe est avant tout un ensemble de personne qui se rassemblent
pour développer une activité en commun. En fait, les individus s’organisent en fonction de la
situation qu’ils rencontrent. Ils se fédèrent soit autour d’un leader naturel soit autour d’un leader
structuré. » La place de leader naturel est tenu par l’IDE du secteur d’où le patient dépend jusqu’à
l’arrivée du médecin qui, en prenant la direction de la réanimation, devient le leader structuré.
Un élément important est relevé sur l’ensemble des entretiens : la question du nombre de soignants
présents pour prend en charge la situation d’urgence. Toutes s’accordent à dire qu’il ne faut pas être
trop nombreux autour du patient. Trop de soignants peut entraver la bonne marche des soins car on
risque de se gêner, de « se marcher sur les pieds ».
La seule notion d’organisation abordée fait référence aux compétences professionnelles. Certaines
catégories socioprofessionnelles ne peuvent pas faire l’ensemble des gestes demandés par l’équipe
médicale. C’est dans le sens des limites de chaque acteur qu’une sorte d’organisation est mise en
place. Il convient d’employer les compétences de chacun à bon escient.
J’ai été surpris de voir qu’il n’y avait pas d’organisation préétablie sur qui fait quoi dans l’attente
des renforts appelés. L’organisation des soins fait tellement partie de notre travail d’infirmier qu’il
me semblerait judicieux de clarifier les actions des différents acteurs par une procédure écrite
permettant un gain de temps et d’efficacité pour le patient.
1.4 Procédure d’organisation interne pour la prise en charge des urgences dans les
services de soins
Chaque établissement dispose, pour la prise en charge des urgences, d’une procédure spécifique
d’organisation, comme nous l’avons vu dans la Chaine de Survie Intra-Hospitalière (CSIH), l’alerte
étant le premier maillon de cette chaine qui en comprend quatre.
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Il me parait important de revenir sur cette notion de chaine, car ce mot est très important Si l’on
prend sa définition dans le Dictionnaire (Micro Robert, langue française), on peut trouver :
CHAINE : « N. F. : Succession d’anneaux de métal entrelacés »
On retrouve aussi, dans cette définition, la notion de FAIRE LA CHAINE : « Ensemble de personnes
qui se transmettent quelque chose de l’un à l’autre »
En réfléchissant sur cette notion de chaine, il est facile de comprendre la symbolique donnée à ce
concept de « chaîne de survie ». Celle-ci est composée de plusieurs maillons interdépendants et tous
indispensables à la prise en charge des patients. Elle permet de développer plusieurs actions
réalisées par différents acteurs dont le but est de prendre en charge l’urgence vitale en suivant
l’organisation prévue par la CSIH. Il faut préciser que cette chaine a été conçue en priorité pour la
réanimation cardio-pulmonaire mais qu’elle est applicable pour tous les types d’urgences vitales.
Lors des entretiens, il est clairement apparu que toutes les infirmières connaissent bien le code
d’alerte commun de l’établissement ainsi que la procédure à suivre. Il s’agit pour elle de composer
le numéro des urgences et d’annoncer « code rouge » en indiquant le service et le numéro de la
chambre ou la localisation précise de l’urgence. Ainsi l’équipe spécialisée de la CSIH peut rejoindre
le personnel du service afin de les aider. N’oublions pas que cette équipe est constituée par des
intervenants formés à la réanimation médicale. Cette équipe apporte du matériel, en complément de
celui déjà pris par l’équipe de soins présente sur place, comme des pousse-seringues, un
électrocardioscope, un respirateur ou des drogues d’urgence.
La procédure mise en place dans ce centre hospitalier a donc été établie pour répondre à la nécessité
de prendre en charge une urgence vitale mais également une urgence non vitale.
Il me semblera donc important, lors de mon arrivée dans un service de soins, de connaître la
procédure d’alerte afin de déclencher la chaine de survie le plus rapidement possible pour une
meilleure prise en charge du patient.
1.5 Les ressources utilisées pour développer des compétences professionnelles dans la
prise en charge de l’urgence
Les ressources utilisées par les infirmiers sont diverses et variées.
L’une des premières ressources indiquées, lors des entretiens, est la formation aux gestes et soins
d’urgence que le personnel infirmier a suivie, soit pendant ses études en IFSI, soit par des
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formations de maintien des acquis internes à l’hôpital. L’établissement enquêté n’a pas proposé à
ses agents de suivre la formation pour l’obtention de l’AFGSU, comme le préconise la circulaire du
10 mai 2006. Néanmoins, la structure propose une formation aux gestes et soins d’urgence d’une
demi-journée tous les deux à trois ans. Cela ne comble pourtant pas les infirmières dans le sens où
elles aimeraient que ce soit plus souvent. Ces formations intéressent les professionnels de santé
pour différentes raisons car elles permettent :
- de mettre à jour ses connaissances sur l’urgence et de repérer les signes cliniques pouvant
mettre en danger le patient
- d’organiser les soins autour du patient
- d’utiliser les différents matériels et drogues du chariot d’urgence
- de réaliser des mises en situation en équipe pour mieux préparer le personnel soignant
Ceci vient confirmer les propos de Raphaël PITTI et Sylvain WLODARCZYK qui précisent que
« la formation aux gestes et soins d’urgence doit être pratique et régulièrement réactualisée afin de
maintenir un niveau d’efficacité optimal ».
Concernant la formation d’infirmier, les soins d’urgence sont abordés dans l’unité d’enseignement
4.3 S2 avec l’obtention de l’AFGSU et dans l’unité d’enseignement 4.3 S4 avec des apports
théoriques. Ces unités d’enseignement m’ont permis de bien comprendre les actions que je pourrai
réaliser auprès d’un patient en situation d’urgence. Les entrainements sur mannequin m’ont permis
d’utiliser le défibrillateur, de pouvoir ventiler avec le BAVU, de réaliser un massage cardiaque.
Certaines techniques ont été réalisées en stage, ce qui est venu conforter les notions théorique vues
à l’IFSI. Il suffira maintenant que mes compétences acquises en formation puissent être utilisées à
bon escient sur les patients dont j’aurai la charge. En complément, il m’appartiendra de demander
des formations complémentaires afin de maintenir les acquis obtenus en formation initiale.
Le matériel, mis à disposition par la structure, fait également partie des ressources permettant de
développer la compétence professionnelle. Les infirmières interrogées soulèvent le fait que
l’établissement a mis en place, dans chaque service de soins, un chariot d’urgence simplifié avec du
matériel identique pour chaque service. Ce chariot d’urgence leur permet d’avoir, au plus près du
patient, tout le matériel nécessaire (DSA, BAVU, SNG, perfusion …) pour réagir face à toute
situation d’urgence. Cela constitue un gain de temps et d’efficacité. On peut donc voir que ce
service est tout à fait conforme à la recommandation édictée par le Manuel de Certification de la
Haute Autorité en Santé (HAS) qui indique « qu’un matériel d’urgence opérationnel doit être
disponible dans tous les secteurs de l’établissement. La formation des professionnels à l’utilisation
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de ce matériel et aux premiers gestes de secours est assurée. » On se rend compte que
l’établissement respecte bien les indicateurs de qualité demandés.
Néanmoins, quelques dysfonctionnements rapportés indiquent que ce matériel peut mettre en
difficulté les infirmiers : par exemple, du matériel inadapté ou qui ne fonctionne pas au moment où
l’équipe en a besoin … Je reviendrai sur ces notions de dysfonctionnements dans l’analyse
documentaire en abordant les fiches de signalement d’évènements indésirables.
Ce point m’a beaucoup interpellé. Le chariot d’urgence est un élément qui doit être vérifié
régulièrement selon le protocole du service. Les infirmières ont précisé qu’il était vérifié à tour de
rôle. Cette vérification est bien conforme à la recommandation de la Société Française d’Anesthésie
Réanimation (SFAR) concernant le chariot d’urgence qui indique que : « une vérification
périodique de la péremption des médicaments est réalisée par le personnel infirmier sous la
responsabilité du cadre de santé et le cas échéant, du pharmacien. La traçabilité de la
maintenance, quelle que soit sa nature, est consignée dans un registre ». Mais au vu des
dysfonctionnements énoncés, je me rends compte qu’il faudra que je sois bien vigilant à ce que
cette vérification ne soit pas seulement un simple inventaire de ce que l’on peut trouver dans le
chariot d’urgence mais une véritable vérification du fonctionnement de chaque matériel !!!
Une autre ressource permettant d’aborder une situation d’urgence est l’expérience professionnelle.
En effet, les professionnels infirmiers indiquent que l’expérience et l’ancienneté dans la fonction
d’IDE permettent de gérer au mieux une urgence. L’expérience va donc améliorer la pratique
professionnelle. Différents paramètres leur permettent de s’améliorer, au fur et à mesure des prises
en charge :
une meilleure connaissance des différentes pathologies rencontrées et de leurs signes
annonciateurs d’une décompensation
une meilleure maitrise de certains gestes techniques de soins infirmiers (pose de cathéter)
un apprentissage par mimétisme, une des infirmières précise « En fait on apprend de nos
collègues » C’est d’ailleurs ce que Francis KAROLEWICZ explique par : « L’homme est
d’abord un être empirique « il apprend en faisant » ».
une meilleure gestion du stress entraînant une meilleure assurance de l’infirmier
Cette expérience, comme l’avaient souligné les médecins PELLACIA, AMMIRATI, BERTRAND,
DELPLANCQ, BRUNSTEIN et BARTIER, lors du 6ème
congrès de la SFMU en 2012, permet donc
aux soignants de « raisonner intuitivement grâce aux expériences vécues dans leur pratique
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clinique. Ces expériences leur permettent de stocker et d’organiser dans leur mémoire à long terme
des connaissances utiles pour raisonner efficacement ».
Il me faudra donc, suite à mes différentes expériences professionnelles que j’acquerrai au fur et à
mesure de ma fonction d’infirmier, améliorer ma pratique professionnelle.
En complément de ce qui vient d’être évoqué, j’ai également voulu aborder la notion du « feeling »
Lors de mes entretiens, deux infirmières ont effectivement reconnu « sentir » lorsqu’un patient
n’allait pas bien. Les professionnels connaissent certains signes énonciateurs d’une aggravation
éventuelle. Cela leur permet d’anticiper et d’éviter une situation plus grave. Un bon nombre de
patients voient donc leur état de santé amélioré grâce à cette intuition !
Cette notion d’intuition me semblait importante à développer. Elle fait partie de la compétence
d’anticipation. Philippe PERRENOUD, comme nous l’avons vu plus haut, l’appelle également le
« seuil intuitif ». Il ajoute qu’« anticiper l’événement ou décoder des signes précurseurs permet de
déclencher plus vite le processus cognitif de cadrage puis de résolution de problème »
Je pense que bon nombre de situations d’urgence sont ainsi évitées grâce à l’intuition ou au feeling
de l’infirmier. J’ai déjà entendu lors de mes différents stages des infirmiers qui disaient « je ne le
sens pas M. X, je vais le surveiller de près ». C’est un peu comme un sixième sens.
La dernière ressource est l’analyse post situation d’urgence. Elle a été citée par seulement une
infirmière sur les trois. Celle-ci m’a fait part des questions qu’elle s’était posées lors de sa dernière
situation d’urgence, questions qui l’ont amené à réfléchir sur la pertinence des soins qu’elle a pu
donner au patient. Elle précise, lors de l’entretien : « En fait on se pose pas mal de questions, si on a
bien fait, fait mal ou pas, si ….. Le patient est mort donc est ce qu’il s’en serait sorti ? On se pose
beaucoup de questions. » Cette infirmière construit sa compétence infirmière car elle analyse ce qui
ne va pas mais également ce qui va. Cette démarche est appelé "démarche dite réflexive" par
Philippe PERRENOUD qui indique que « la réflexion dans l’après coup sur des situations de ce
genre peut être alors formatrice à double titre : d’une part, elle pousse à construire des procédures
plus méthodiques de reconnaissance de l’événement, ce qui suppose une perspective plus
analytique ; d’autre part, elle favorise un travail métacognitif et permet de mieux comprendre ses
erreurs de perception, d’estimation ou d’inférence, d’identifier ce que Dörner (1997) appelle la
logique d’échec. »
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Analyser une situation d’urgence quelques jours après l’avoir vécue permet aux professionnels
d’intégrer les erreurs commises afin de pas les reproduire, mais aussi de prendre conscience des
points positifs, afin d’être encore plus efficace quand cette situation se reproduira.
Ceci m’amène à penser qu’il serait plus judicieux de faire un débriefing systématique après chaque
situation d’urgence afin de comprendre ce qui a bien fonctionné pour en être plus efficace la fois
suivante mais également ce qui a moins bien réussi afin d’en améliorer les erreurs.
Au terme de ce chapitre, sur les ressources utilisées par l’infirmier pour prendre en charge une
situation d’urgence, je me rends compte que nous sommes tout à fait dans ce que Guy LE BOTERF
nomme « l’agir en compétence ». Pour lui, « pour agir avec compétence en situation, (le
professionnel) combine et mobilise, pour et dans une pratique professionnelle, des connaissances,
des habiletés, des modes de raisonnement, des représentations, des schèmes opératoires, une
sensibilité, des ressources physiques et physiologiques. Il fait fonctionner des capacités cognitives
d’attention, sa mémoire de travail, son imagination, son intuition. Il émet des jugements. Il prend
des décisions et des initiatives. ». L’infirmier va mobiliser simultanément des savoirs théoriques
(les connaissances acquises à l’IFSI en formation initiale mais aussi en cours d’emploi grâce à la
formation continue proposée par l’établissement où il exerce), des savoir-faire pratiques (les
matériels mis à disposition par l’établissement, sa propre expérience professionnelle) et un savoir-
être comportemental (l’intuition qui permet d’anticiper et l’analyse des points positifs et des points
négatifs qui lui fait évoluer sa pratique professionnelle).
1.6 Retour d’expérience
La dernière question, que je désirais aborder dans ma grille d’entretien, était de savoir ce qui est le
plus important à mettre en œuvre pour être efficace lors d’une situation d’urgence. Je souhaitais
pouvoir tirer profit de leurs conseils afin de les mettre en application lorsque je serai plus tard
confronté à une situation d’urgence.
Les points primordiaux conseillés par les infirmiers sont :
- dans un premier temps, l’esprit d’équipe et la coordination de celle-ci lors de la réalisation
de la réanimation afin que les fonctions soient bien distribuées entre les soignants
- dans un deuxième temps, l’utilisation d’un matériel adéquat à la situation.
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On se rend compte que la coordination de l’équipe est plus importante pour elles que le matériel
proprement dit. Ce point est déjà apparu plus haut dans la partie sur l’organisation de l’équipe. Les
infirmières avaient indiqué qu’il n’y avait pas d’organisation, que l’équipe s’organisait dans
l’action. Il est clairement rappelé ici que la coordination est garante d’une bonne prise en charge et
que même si elles reconnaissent ne pas en avoir, il est important de relever qu’elles en ont besoin
Cette notion de coordination d’équipe me pousse à me demander quelle sera ma place dans ma
future équipe lors de ma première situation d’urgence en tant qu’infirmier. Quelle fonction devrais-
je occuper pour être le plus efficace ? Devrais-je tenir le rôle de leader naturel alors que je n’aurai
pas forcément l’expérience professionnelle de mes collègues ou devrais-je passer la main ?
2. Analyse documentaire
Comme indiqué dans l’explication de la méthodologie, j’ai réalisé, en complément de l’analyse des
entretiens semi directifs, une analyse de certains documents du service qualité de l’établissement
sollicité dans le cadre de ce travail. J’ai donc rencontré le cadre de santé du service qualité. Celle-ci
m’a expliqué les actions initiales mises en place pour répondre aux attentes du Manuel de
Certification sur la prise en charge des urgences intrahospitalières. La progression est linéaire et
commence, dès 2007, avec la mise en place de la Chaîne de Survie Intrahospitalière et les
démarches suivantes :
- Mise en place dans tous les services de la procédure d’appel de l’urgence et d’un
logigramme d’action (Annexe IX)
- Achat et mise en place dans chaque service d’un chariot d’urgence avec défibrillateur semi-
automatique
- Formation du personnel infirmier aux gestes et soins d’urgence avec un rappel sur les
drogues d’urgence
En 2008, plusieurs Fiches de Signalement d’Evénements Indésirables (Annexe X) sont réalisées par
le personnel infirmier qui indique que les chariots d’urgence ne sont pas fonctionnels. Le service
qualité observe également que les fiches de traçabilité de l’alerte (Annexe XI) ne sont pas remplies
lors du déclenchement de la Chaîne de Survie Intrahospitalière. Une première action correctrice est
réalisée, courant 2009, avec un réaménagement du chariot d’urgence. Un rappel est fait aux équipes
de soins par les cadres de santé.
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De 2010 à 2011, les formations aux gestes et soins d’urgence sont poursuivies. Le suivi de
l’Evaluation de Pratique Professionnelle (EPP) est repris en vue de la deuxième certification
(appelée V 2010), prévue en mars 2012.
Une nouvelle série d’actions correctrices sont mises en place :
- Une cartographie des risques (Annexe XII) sur la prise en charge des urgences est réalisée
par un groupe de travail composé de médecins, cadres de santé, infirmiers et responsables de
la qualité
- Un nouveau chariot d’urgence simplifié est mis en place et un sac à dos d’urgence est réalisé
pour l’équipe de la Chaîne de Survie Intrahospitalière.
- Une révision de l’ensemble des procédures est rediffusée
Au deuxième semestre 2012, un audit, dans chaque service de l’établissement, est réalisé à l’aide
d’une gille, établie par le cadre de santé du service qualité et par l’assistante qualité, pour connaitre
le nombre de soignants ayant pris connaissance des nouvelles actions mises en place et citées ci-
dessus.
Les résultats font état que :
- les mesures mises en place sont très peu connues du personnel soignant et notamment des
aides-soignants
- le tableau de suivi de vérification du chariot d’urgence n’est pas toujours renseigné
- les aides-soignants s’interrogent sur la place qu’ils doivent occuper face à une urgence vitale
- certains documents présents sur les chariots d’urgence ne sont plus conformes
Un plan d’action est lancé pour 2013. Il prévoit de continuer les formations aux gestes et soins
d’urgence pour l’ensemble des soignants. Il demande à ce que les cadres de santé réalisent un rappel
sur les nouvelles procédures concernant la prise en charge des urgences au sein de l’établissement.
Un nouvel audit aura lieu en automne 2013 afin de contrôler l’efficacité du plan d’action.
Cette analyse documentaire m’a permis de me rendre compte de l’importance des mesures mises en
place dans le cadre d’une part, des certifications avec les évaluations des pratiques professionnelles
et d’autre parts du rôle du service qualité.
En effet, au niveau de la certification, on se rend bien compte, ci-dessus, que les critères,
recommandés par la Haute Autorité en Santé (HAS), sont bénéfiques pour les patients puisqu’ils
permettent in fine d’améliorer les pratiques professionnelles des différents soignants, dans l’objectif
d’améliorer la qualité de la prise en charge du patient.
Enfin, au niveau de la qualité, les Fiches de Signalement d’Evènements Indésirables permettent au
personnel soignant de faire remonter les dysfonctionnements. Grâce à cela, je me suis rendu compte
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que des facteurs extrinsèques au personnel soignant, comme par exemple du matériel défectueux ou
inadapté, pouvaient mettre en difficulté l’action de l’infirmier. Or, dans le cadre de l’urgence, il est
primordial de ne pas avoir d’aléas négatifs afin de ne pas perdre de temps et d’être le plus efficace
possible. Dans un souci de prévention et de repérage de dysfonctionnement, l’HAS demande aux
établissements de santé d’établir une cartographie des risques. Celle-ci permet de lister les
« potentiels risques » en lien avec le domaine sélectionné et de leur attribuer une note de criticité
afin de hiérarchiser les risques du plus important au moins important. L’idée est, bien sûr, de
pourvoir apporter des propositions d’action pour diminuer voire annuler ce risque. La cartographie
de l’établissement, sur la prise en charge de l’urgence vitale, a révélé quinze risques potentiels. La
note de criticité la plus haute était de 24 points. Celle-ci portait sur la méconnaissance de
l’utilisation du défibrillateur semi-automatique. Ceci a permis de pouvoir proposer, à tous le
personnel soignant, de nouvelles formations aux gestes et soins d’urgence et d’insister sur l’intérêt
d’utiliser précocement le défibrillateur.
Au terme de cette analyse documentaire, je me rends compte qu’il est indispensable et de notre
responsabilité de connaître les procédures d’organisation mises en place dans les services de soins.
Ces protocoles tiennent compte des spécificités de l’établissement et des risques identifiés de la
structure. Cela me permettra de travailler d’une manière uniforme comme tous les collègues du
service où j’exercerai.
Conclusion
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Conclusion
Me voilà au terme de mon travail de fin d’études, sur la prise en charge de l’urgence par l’infirmier,
dans les services de soins. Il finalise trois années d’études en soins infirmier qui m’ont permis
d’appréhender le futur professionnel que je serai lorsque je serai en service. Et le professionnel que
je serai se devra de répondre au mieux dans le cadre de l’urgence et cela dans n’importe quel
service de l’hôpital !!! Cela relève de ma compétence autonome et de mon rôle prescrit comme
l’indique le Code de la Santé publique.
L’urgence n’est pas réservée aux services d’urgence ou de réanimation. Elle est universelle et peut
survenir dans n’importe quel service de soins. Ce qui fait la différence, c’est la préparation des
soignants à répondre à l’urgence. Il est certainement plus facile pour un infirmier des urgences ou
de réanimation de mobiliser des schémas ou modes opératoires dûs au fait qu’il sera plus souvent
confronté à une urgence, que l’infirmier d’un service de court séjour. Mais cela ne veut pas pour
autant dire que le patient sera moins bien pris en charge !!! En effet, ce travail m’a permis de
constater que le personnel soignant connait les actions à mettre en place et les gestes à réaliser
même si l’occurrence est bien moins importante que dans des services spécialisés.
J’ai cherché quels étaient les points forts que l’infirmier mobilisait pour être sûr de réagir
correctement. Mon métier d’aide-soignant aux urgences m’a permis d’apprendre les bases
élémentaires des gestes à mettre en place auprès des patients mais je m’appuyais beaucoup sur mes
collègues infirmiers et sur les médecins qui étaient présents en permanence. Demain, ce sera à mon
tour d’être le soutien de mes collègues et me voilà plus soulagé à la fin de ce travail car il a pu
répondre aux questions que je m’étais posées initialement. J’ai pu comprendre que certains
paramètres m’aideront dans ces situations. Je pense notamment à la formation (quelle soit initiale
ou continue), aux moyens mis à disposition par les établissements (au matériel : chariot d’urgence,
etc., aux procédures d’organisations : alerte, etc.), et le plus important pour moi - et qui a été repris
à plusieurs reprises par les professionnels infirmiers interrogés - l’esprit d’équipe. Cette équipe, qui
se constitue naturellement par le renfort des collègues, sera une aide précieuse pour le jeune
diplômé que je serai puisque chacun m’apportera son expérience et me guidera lors de mes
premières situations d’urgence.
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Pour conclure, je dirai que l’infirmier de demain verra certainement son autonomie croître lorsqu’il
prendra en charge une situation d’urgence. J’entends par là, la réalisation de gestes
complémentaires qui pourraient être faits par l’infirmier. Cette évolution d’autonomie a déjà été
travaillée par la SFMU qui propose des protocoles pour des infirmiers hors présence médicale,
comme par exemple l’injection d’adrénaline dans les arrêts cardiaques, la réalisation d’un aérosol
médicamenteux chez l’asthmatique, etc. …
Des protocoles similaires sont déjà mis en place chez les infirmiers sapeurs-pompiers qui
interviennent dans le cadre de l’urgence pré-hospitalière. Ceux-ci sont d’un degré supérieur
puisqu’ils peuvent réaliser des gestes techniques comme la pose d’un tube laryngé et utiliser des
médicaments comme la morphine dans le cadre de la prise en charge de la douleur ou comme de
l’amiodarone dans les arrêts cardiaques avec trouble du rythme …
On pourrait imaginer que ces protocoles puissent être mis à disposition de tous les infirmiers des
établissements de santé et utilisés dans l’attente du renfort médical, pour l’intérêt du patient.
Si je devais poursuivre ce travail, je m’attacherai à déterminer quels seraient les bienfaits de la
protocolisation de l’infirmier à destination du patient souffrant d’une urgence vitale …
Bibliographie
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Bibliographie
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Table des annexes
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Table des annexes
ANNEXE I : BERGER-LEVRAULT. Contenu de l’unité d’enseignement 4.3 S2
ANNEXE II : BERGER-LEVRAULT. Contenu de l’unité d’enseignement 4.3 S4
ANNEXE III : Soins cadres de santé n°66 de mai 2008. Synthèse de la formation aux gestes et
soins d’urgence selon les trois niveaux requis
ANNEXE IV : Conférence d’expert de la SFAR. Recommandations pour l’organisation de la prise
en charge des urgences vitales intrahospitalière. Texte court. 2004
ANNEXE V : Prise en charge d’un arrêt cardiaque intrahospitalier. Recommandations pour le
personnel soignant
ANNEXE VI : Manuel de certification. Critère 18.b. Prise en charge des urgences vitales survenant
au sein de l’établissement. Avril 2011
ANNEXE VII : Grilles d’entretiens
ANNEXE VIII : Tableau d’analyse des entretiens semi directifs
ANNEXE IX : Logigramme d’action de la prise en charge des urgences dans l’établissement
interrogé
ANNEXE X : Fiche de signalement des événements indésirables
ANNEXE XI : Fiche de traçabilité de l’alerte lors du déclenchement de la CSIH
ANNEXE XII : Cartographie des risques internes sur la prise en charge des urgences vitales
Annexe I
Annexe II
Annexe III
Annexe IV
Annexe V
Annexe VI
Annexe VII
Grille d’entretien dans le cadre d’un travail de fin d’études en Institut de
Formation en Soins Infirmiers
Grille d’entretien pour des IDE ayant vécu une situation d’urgence.
Mots clés : - Urgences vitales intrahospitalières
- Code de la santé publique : compétence autonome et rôle prescrit
- Patient et famille dans l’urgence : angoisse, peur des patients et stress des familles
- Imprévu de l’urgence et impact de celle-ci sur le soignant : émotion et stress (stress adaptative positive ou négative),
maitrise de l’émotion
- Compétence infirmière : agir en compétence ; seuil intuitif/feeling ; l’expérience et le raisonnement clinique ; démarche
dite réflexive ; anticipation
- Formation du personnel hospitalier : AFGSU, formation avant l’AFGSU
- Utilisation de matériel spécifique à l’urgence : chariot d’urgence
- CSIH : organisation interne
- Gestion de l’équipe : leader ? attitude de l’IDE
- Evolution de la compétence IDE sans présence médicale
Question 1 : Depuis combien de temps êtes-vous infirmier ?
Relance1 : Parlez-moi de votre parcours professionnel ?
Question 2 : Comment définiriez-vous l’urgence intrahospitalière ?
Question 3 : Pourriez-vous m’expliquer une des situations d’urgence à laquelle vous avez été confrontée ?
Relance 1: Comment l’avez-vous vécu ?
Relance 2 : Par rapport aux émotions, stress, imprévu ?
Relance 3 : Pouvez vous m’expliquer comment vous gérez ce stress ?
Relance 4 : Quelles étaient les réactions du patient à ce moment-là ?
Question 4 : Comment s’organise l’équipe lors de ces situations ?
Question 5 : De quelles ressources disposez-vous pour développer cette compétence de prise en charge de
l’urgence ?
Relance 1 : Que pensez-vous de la capacité de l’infirmier à « sentir » ou anticiper une situation d’urgence dans
un service de soins ?
Relance 2 : En quoi votre expérience a-t-elle influencé votre compétence pour la prise en charge des urgences
dans votre service ?
Question 6 Vous sentez vous suffisamment formé à la SU Relance 1: Quelle formation l’établissement vous a t-elle proposé ?
Question 7: Votre établissement possède-t-il une organisation spécifique à la prise en charge de l’urgence dans
les services de soins ?
Relance 1 : La connaissez-vous ?
Relance 2 : Pourriez-vous me l’expliquer ?
Question 8 : Selon vous qu’est-ce qui est le plus important à mettre œuvre pour être efficace lors d’une situation
d’urgence ?
Question 9 : Avez-vous des remarques à rajouter ?
Je vous remercie de votre attention
Annexe VIII
Annexe IX
Annexe X
Annexe XI
Annexe XII
Institut de Formation en Soins Infirmiers BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel 69 678 BRON Cedex
Author: Ludovic LOMBARD
Title: "CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »" When emergency occur in care unit
Initial question: « In what way, does the nurse mobilize his professional skills to handle an emergency in a short stay unit ? »
Keywords: Emergency, stress, emotions, patient and family, unexpected, team, professional skills, professionnal experiences, staff training, emergency trolley, chain-hospital survival, certification, organization et team management.
Summary:
Emergencies are part of everyday life, either at home or at the hospital. Dealing with emergencies is not reserved to specialised services such as emergency units or intensive care units. Nurses will meet with emergencies throughout their careers. They will have to use their professional skills in order to cope efficiently with the situations they will face. But what resources will they rely on to take charge of a patient in an emergency situation? This survey enables them, by consulting written records and on the ground inquiries,to bring forth clues on what takes place at the personal level on one hand – that is to say what the patient and the nurse respectively feel when experiencing an emergency situation – and on the other hand at the professional level, by means of developing the specific skills acquired in the initial learning, but also thanks to the various means which will be put at their disposal and which will be developed in various ways in the course of their professional life, as members of a care unit. As a conclusion, this survey deals with the evolution of a nurse’s autonomy when facing emergency situations, through medical protocols which would enable a nurse to carry out complementary gestures when waiting for more medical help. Why such an evolution? It’s simply to reassess a patient’s place at the centre of the care organisation so that he (or she) can get the most efficient and suitable care as regards the emergency experienced.
Promotion 2010-2013
Institut de Formation en Soins Infirmiers BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel 69 678 BRON Cedex
Auteur : Ludovic LOMBARD
Titre : CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »
Quand les urgences surviennent dans les services de soins
Question de départ: « De quelle façon, l’infirmier mobilise t-il ses compétences professionnelles pour prendre en charge une situation d’urgence dans un service de court séjour ?»
Mots clés : Urgence, stress, émotions, patient et sa famille, imprévu, équipe, compétences professionnelles, expérience professionnelle, formation du personnel, chariot d’urgence, chaîne de survie intra hospitalière, certification, organisation et gestion de l’équipe.
Résumé : L’urgence est présente dans la vie de tous les jours à domicile comme à l’hôpital. La prise en charge de l’urgence n’est pas réservée aux services spécialisés comme les services d’urgence ou de réanimation. L’infirmier sera donc confronté, tout au long de sa carrière, à faire face à une situation d’urgence imprévue. Il devra mobiliser une aptitude professionnelle, afin de répondre avec efficacité à l’urgence qui se présentera à lui. Mais de quelles ressources dispose-t-il pour pendre en charge un patient dans l’urgence ? Ce travail permet, à la fois par la recherche littéraire et par les enquêtes de terrains réalisées, d’apporter des éléments de réponse sur ce qui se joue, d’une part au niveau personnel, c'est-à-dire ce que ressentent le patient et l’infirmier lorsqu’ils vivent une urgence, et d’autre part au niveau professionnel, par le développement des compétences spécifiques acquises lors de la formation initiale, mais également par les différents moyens qui seront mis à sa disposition par l’institution et qui seront développés de différentes façons tout au long de sa carrière en poste dans un service de soin. En conclusion, il est abordé l’évolution de l’autonomie de l’infirmier face aux situations d’urgence, par le biais des protocoles médicaux qui pourraient permettre à l’infirmier de réaliser des gestes complémentaires, dans l’attente du renfort médical. Pourquoi une telle évolution ? Tout simplement pour réaffirmer la place du patient au cœur du dispositif de soin et lui permettre ainsi d’obtenir des soins les plus efficaces et adaptés au regard de l’urgence subie.
Promotion 2010-2013