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Institut de Formation en Soins Infirmiers BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel 69 678 BRON Cedex CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! » « Quand les urgences surviennent dans les services de soins » « Mémoire de fin d’études pour l’obtention de l’unité d’enseignement 3.4. S6 Initiation à la démarche de recherche et 5.6. S6 Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques et professionnelles » Promotion 2010 - 2013 Session juillet 2013 Conseiller pédagogique : PEREL Béatrice Étudiant : LOMBARD Ludovic

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Institut de Formation en Soins Infirmiers

BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel

69 678 BRON Cedex

CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

« Quand les urgences surviennent dans les services de soins »

« Mémoire de fin d’études pour l’obtention de l’unité d’enseignement 3.4. S6

Initiation à la démarche de recherche et 5.6. S6 Analyse de la qualité et

traitement des données scientifiques et professionnelles »

Promotion 2010 - 2013

Session juillet 2013

Conseiller pédagogique :

PEREL Béatrice

Étudiant :

LOMBARD Ludovic

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Institut de Formation en Soins Infirmiers

BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel

69 678 BRON Cedex

CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

« Quand les urgences surviennent dans les services de soins »

« Mémoire de fin d’études pour l’obtention de l’unité d’enseignement 3.4. S6

Initiation à la démarche de recherche et 5.6. S6 Analyse de la qualité et

traitement des données scientifiques et professionnelles »

Promotion 2010 - 2013

Session juillet 2013

Conseiller pédagogique :

PEREL Béatrice

Étudiant :

LOMBARD Ludovic

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Sommaire

INTRODUCTION ……………………………………………………………………………….. 1

PARTIE 1 : Situations d’appel et émergence du questionnement ……………………………. 2

1. Les situations d’appel ………………………………………………………………………….. 2

1.1. Situation d’urgence d’une patiente hospitalisée en service de médecine ………………... 2

1.2. Situation d’urgence d’un patient résidant en maison de retraite ………………………... 3

2. Emergence du questionnement ……………………………………………………………….. 3

PARTIE 2 : Cadre de référence ………………………………………………………………... 5

1. L’urgence et le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence ………………….. 5

1.1 Définition de l’urgence …………………………………………………………………… 5

1.2 Le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence ………………………….. 6

2. Le patient et sa famille dans le cadre de l’urgence …………………………………………… 7

3. La gestion de l’imprévu au regard de l’urgence ……………………………………………… 8

4. La gestion de l’équipe dans le cadre de l’urgence ……………………………………………. 10

5. Construction de la compétence infirmière permettant la prise en charge d’une situation

d’urgence ……………………………………………………………………………………. 11

5.1 Compétence et savoir agir avec compétence ……………………………………………… 11

5.2 Le « feeling » ou seuil intuitif …………………………………………………………….. 12

5.3 L’expérience professionnelle ……………………………………………………………… 12

5.4 L’approche réflexive post situation d’urgence ……………………………………………. 13

6. La formation du personnel paramédical et l’utilisation de matériels spécifiques à la prise en

charge de l’urgence ……………………………………………………………………………. 13

6.1 La formation du personnel paramédical …………………………………………………… 13

6.2 Le chariot d’urgence ………………………………………………………………………. 16

7. Du concept de la chaîne de survie intrahospitalière à la démarche de certification des

établissements de santé ………………………………………………………………………... 16

7.1 La chaîne de survie intrahospitalière ……………………………………………………… 16

7.2 La démarche de certification des établissements de santé ………………………………… 19

8. Evolution de la compétence infirmière face à l’urgence dans un service de soin hors présence

médicale ……………………………………………………………………………………….. 20

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PARTIE 3 : Méthodologie d’enquête ………………………………………………………….. 22

1. Choix du terrain et objectifs attendus ………………………………………………………… 22

2. Choix de la population ……………………………………………………………………….. 23

3. Choix de l’outil ……………………………………………………………………………….. 24

4. Le déroulement de l’enquête et la grille d’entretien ………………………………………….. 25

5. Exploitation des données …………………………………………………………………….. 25

PARTIE 4 : Analyse …………………………………………………………………………….. 26

1. Analyse des entretiens ………………………………………………………………………... 26

1.1 Définition de l’urgence par les professionnels ……………………………………………. 26

1.2 Le vécu de l’urgence et la gestion du stress par les infirmiers et les patients …………….. 27

1.3 Organisation de l’équipe face à la situation d’urgence ……………………………………. 28

1.4 Procédure d’organisation interne pour la prise en charge des urgences dans les services de

soins ……………………………………………………………………………………….. 29

1.5 Les ressources utilisées pour développer des compétences professionnelles dans la prise en

charge de l’urgence ………………………………………………………………………... 30

1.6 Retour d’expérience ……………………………………………………………………….. 34

2. Analyse documentaire ………………………………………………………………………... 35

CONCLUSION ………………………………………………………………………………….. 38

BIBLIOGRAPHIE ………………………………………………………………………………. 40

ANNEXES ……………………………………………………………………………………….. 43

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Lexique

AC : Arrêt Cardiaque

AFGSU : Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgence

BAVU : Ballon Auto-remplisseur à Valve Unidirectionnelle

CCPS : Certificat de Capacité pour effectuer des Prélèvements Sanguins

CESU : Centre d’Enseignement des Soins d’Urgence

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

CSIH : Chaine de Survie Intra-Hospitalière

DHOS : Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins

DSA : Défibrillateur Semi-Automatique

ECG : Electro Cardio-Gramme

EHPAD : Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes

EPP : Evaluation des Pratiques Professionnelles

FSEI : Fiche de Signalement d’Evénements Indésirables

GEASSUR : Groupe d’Enseignement des Activités de Secours et de Soins d’Urgence-Réanimation

HAS : Haute Autorité en Santé

IADE : Infirmier Anesthésiste Diplômé d’Etat

IBODE : Infirmier de Bloc Opératoire Diplômé d’Etat

IDE : Infirmier Diplômé d’Etat

IFSI : Institut de Formation en Soins Infirmiers

NRBC : Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique

RCP : Réanimation Cardio-Pulmonaire

SAMU : Service d’Aide Médicale d’Urgence

SFAR : Société Française d’Anesthésie et de Réanimation

SFMU : Société Française de Médecine d’Urgence

SNG : Sonde Naso-Gastrique

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Introduction

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Introduction

Qui n’a jamais été confronté à une situation inhabituelle dans un contexte quotidien où l’on doit

agir rapidement ? Je pense notamment aux accidents de la route dont nous avons pu être le témoin,

mais également à la mère de famille qui voit son enfant s’étouffer lors d’un repas de famille.

L’urgence est donc présente dans la vie de tous les jours à domicile comme à l’hôpital. Et qui est le

plus à même à réagir dans ces situations d’urgence ? Le personnel médical et paramédical !

L’infirmier, et avec lui toute l’équipe du service de soins, est en première ligne pour agir dans une

situation d’urgence. C’est souvent le référent de l’équipe dans l’attente de l’arrivée du médecin.

Les urgences sont entrées dans notre vie quotidienne. Preuve en est les nombreux reportages ou

séries télévisées qui envahissent les écrans. Certaines séries, comme « Urgences » dans le milieu

des années 90, ont décidé bon nombre de jeunes à intégrer les écoles de médecine et les écoles

paramédicales. L’urgence est vue comme un métier attrayant, utile et valorisant (« on sauve des

vies ») où l’on ne s’ennuie pas !

L’hôpital est donc le lieu par excellence où rien ne peut nous arriver, car le savoir et le savoir-faire

sont présents dans toutes les disciplines. L’infirmier doit donc être capable de prendre en charge des

situations d’urgence des patients dont il aura la charge dans l’unité de soins où il exercera.

Lors de mon parcours professionnel et de mes études, j’ai été confronté, à de multiples reprises, à

des situations d’urgence. Aussi le travail de fin d’étude m’a semblé être l’opportunité d’approfondir

le thème de la prise en charge de l’urgence dans les services de soins.

Tout d’abord, la première partie de ce travail est consacrée aux deux situations d’appel et à

l’émergence du questionnement qui m’ont encouragées à traiter ce sujet. Ensuite, la deuxième partie

aborde le cadre de référence. Puis, la troisième partie précise la méthodologie d’enquête employée.

Enfin, la dernière partie fait état de l’analyse des résultats obtenus.

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Partie 1 :

Situations d’appel et émergence du questionnement

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Partie 1 : Situations d’appel et émergence du questionnement

1. Les situations d’appel

1.1. Situation d’urgence d’une patiente hospitalisée en service de médecine

Alors que j’étais en fin de première année d’école d’infirmier, j’ai effectué un stage dans un service

de médecine.

En fin de matinée, Mme X, 64 ans, sonne. Mme X était arrivée aux urgences la veille. Tous les

bilans effectués étaient normaux mais elle a été hospitalisée pour surveillance liée à ses antécédents

cardiaques. Mme X a en effet été victime, il y a quelques années, d’un infarctus du myocarde

associé à un arrêt cardio-respiratoire. On note également des antécédents de malaises vagaux. Etant

disponible à ce moment-là, je réponds à la sonnette. A mon arrivée dans la chambre, je vois Mme X

allongée dans son lit. Elle me dit ne pas se sentir bien, que la tête lui tourne, qu’elle a envie de

vomir et qu’elle présente une gêne thoracique. Je lui propose de la mettre assise et je redresse donc

la tête du lit. Connaissant ses antécédents, je dis à Mme X que je reviens tout de suite lui contrôler

la tension artérielle. Je confie la patiente à l’aide-soignante qui est dans le couloir et qui m’a vu

répondre à la sonnette. Ma première réaction est d’aller avertir l’infirmière et je lui explique les

plaintes évoquées par Mme X. Je lui indique que je vais contrôler ses paramètres hémodynamiques.

Entre temps, l’aide-soignante nous interpelle fortement dans le couloir pour nous dire que Mme X

vient de faire un malaise et qu’elle est inconsciente. L’infirmière me dit de retourner auprès de la

patiente pendant qu’elle appelle le médecin. Je suis surpris ! Que vais-je pourvoir faire tout seul,

pourquoi ne vient-elle pas avec moi ? Je récupère le chariot d’urgence et retourne dans la chambre.

Le chariot d’urgence est un chariot en aluminium composé de deux niveaux avec sur le dessous du

chariot une caisse à outil qui contient le matériel de réanimation. Il est rangé dans une petite pièce.

L’aide-soignante est auprès de Mme X qui ne semble pas réagir. Elle ne répond pas à mes questions

mais respire. En attendant l’infirmière, je rebaisse la tête du lit et la mets en position latérale de

sécurité. Mme X revient à elle. Le temps semble s’arrêter. J’ai l’impression que l’infirmière met des

heures à revenir dans la chambre. A son arrivée, celle-ci nous indique que le médecin arrive. Elle lui

parle et lui demande ce qui s’est passé. Un dialogue va s’instaurer entre la patiente et l’infirmière.

Mme X se plaint toujours d’une gêne épigastrique et thoracique. L’infirmière lui dit que l’on va

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attendre le médecin. Je prends l’initiative de scoper la patiente et réalise la mesure des paramètres

vitaux. A l’arrivée du médecin, celui-ci l’interroge et l’ausculte. L’équipe est suspendue aux lèvres

du médecin. Dans l’attente des directives, aucune action n’est réalisée. Le médecin du service nous

demande de réaliser un ECG et de piquer un bilan biologique.

Lors de cette prise en charge, j’ai ressenti un mal être de l’équipe face à cette situation. J’ai fait part,

à l’infirmière qui m’encadrait ce jour-là, de mon étonnement sur le déroulement de la situation et

sur notre manque d’action et d’anticipation. Elle me confia qu’elle n’aimait pas les situations

d’urgence car elle ne se sentait pas à l’aise sur les gestes à réaliser lors d’urgences vitales

gravissimes et qu’il n’y en avait pas souvent !

1.2. Situation d’urgence d’un patient résidant en maison de retraite

Une autre situation d’urgence m’avait aussi interpellé alors que j’étais aide-soignant en poste dans

un service d’urgence.

Il est environ 12h30 quand une aide-soignante de la maison de retraite, à proximité des urgences,

rentre à l’accueil des urgences en hurlant qu’un patient s’étouffe dans la salle à manger de la maison

de retraite. Les manœuvres de Heimlich qu’ils viennent de tenter ont été inefficaces. Je pars donc

avec l’urgentiste pour prendre en charge le patient, un monsieur d’environ 80 ans. A notre arrivée,

celui-ci est allongé au sol, cyanosé, en arrêt respiratoire. Le personnel soignant est autour du

patient, le chariot d’urgence à proximité. Le médecin, grâce au laryngoscope et la pince de Magill,

réussit à extraire le morceau de pain associé à la viande, que le patient avait avalé. Dès la

désobstruction, le patient reprend une respiration et un teint normal. Il est transporté aux urgences

pour surveillance et effectuer des radios pulmonaires.

2. Emergence du questionnement

Ces deux situations m’ont énormément marqué. Pour ma part, en termes de représentation, la notion

d’urgence s’inscrit dans une dynamique d’action à exécuter afin de maintenir l’intégrité d’un

individu.

Les différentes questions que j’avais pu me poser, alors que j’étais aide-soignant, sont réapparues en

vivant cette situation d’urgence dans le cadre de ma formation d’infirmier.

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Au terme de ces situations, voici les questions qui se sont soulevées :

L’alerte du médecin est-elle une priorité dans l’urgence ?

Existe-t-il une codification spécifique de la prise en charge de l’urgence ?

Quelle autonomie possède l’infirmier face à l’urgence ? Que peut-il faire dans l’attente du

médecin ?

Comment être sûr d’installer le patient dans la bonne position d’attente avant la prise en charge

médicale ?

Pourquoi cet état de mal-être évoqué ? Se retrouve-t-il dans toutes les situations d’urgence ?

L’apprentissage de gestes et soins d’urgence est-il enseigné dans les équipes de soins ?

Le chariot d’urgence est-il facilement utilisable ? (lieu d’accès, confort ergonomique

d’utilisation, matériels suffisants et adaptés) ?

Le travail d’équipe est-il encore plus important dans ces situations-là ?

Toutes ces interrogations m’ont donc amené à formuler la question principale de mon travail de fin

d’étude suivante :

« De quelle façon l’infirmier mobilise t-il ses compétences professionnelles pour

prendre en charge une situation d’urgence dans un service de court séjour ?»

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Partie 2 :

Cadre de référence

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Partie 2 : Cadre de référence

1. L’urgence et le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence

1.1. Définition de l’urgence

Etymologiquement, « urgent » signifie « qui ne peut attendre ». La définition du mot « urgence »

par le Dictionnaire (Micro Robert, langue française) est la suivante :

URGENCE : « N. F. : 1). Caractère de ce qui est urgent. 2). Nécessité d’agir vite. »

Cette première définition pose la notion de la réalisation d’une action rapide.

Au niveau de l’urgence médicale, elle est définie, par le Groupe d’Enseignement des Activités de

Secours et de Soins d’Urgence-Réanimation (GEASSUR), de la manière suivante : « Quelle que

soit son origine (médicale, chirurgicale, traumatique ou obstétricale), l’urgence définit le plus

souvent un tableau rapidement évolutif qui réclame, dans les meilleurs délais, une réponse efficace

et adaptée.

Son objectif, suivant le degré de gravité de la situation, est :

- La réversibilité des atteintes déjà constatées

- La prévention de l’aggravation

- Un sauvetage pur et simple »

En 2002, une conférence de consensus, sur la prise en charge des urgences vitales intrahospitalières,

précise la notion d’urgence vitale et la définit ainsi : « Les urgences vitales sont représentées par

toutes détresses vitales pouvant conduire à tout instant à un arrêt cardiaque et qui doivent

bénéficier de la prise en charge la plus précoce possible. »

D’après le Docteur VIGHETTI, anesthésiste-réanimateur au CHU de Grenoble, « il y a 3 à 18 cas

d’arrêts cardiaques pour 100 lits. 45 % d’entre eux surviennent en service de réanimation et 35 %

en service de soins. »

L’infirmier sera donc concerné tout au long de sa carrière hospitalière.

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1.2. Le cadre d’exercice de l’infirmier dans un contexte d’urgence

La prise en charge de l’urgence rentre dans le champ d’action du personnel infirmier, comme le

prévoit le Code de la Santé Publique, dans la partie réglementaire, profession de santé, titre Ier

de la

profession d’infirmier ou d’infirmière. L’infirmier peut donc accomplir des actes et délivrer des

soins dans un contexte d’urgence de deux manières différentes :

- tout d’abord, dans le cadre de sa compétence autonome :

Article R.4311-3 :

Relèvent du rôle propre de l’infirmier ou de l’infirmière les soins liés aux fonctions d’entretien et

de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une

diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes. Dans ce cadre, l’infirmier

ou l’infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge

nécessaires conformément aux dispositions des articles R.4311-5 et R.4311-6. Il identifie les

besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre

les actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de

l’équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la

conception, de l’utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers.

Article R4311-5 :

- petit 15 : « aspirer des sécrétions d’un patient qu’il soit ou non intubé ou trachéotomisé ».

- petit 16 : « ventilation manuelle instrumentale par masque »

- petit 17 « utilisation d’un DSA et surveillance de la personne placée sous cet appareil »

- mais aussi, dans le cadre de son rôle sur prescription médicale :

Article R.4311-7 :

L'infirmier ou l'infirmière est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d'une

prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit

en application d'un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par

un médecin.

Cet article a toute son importance puisque le législateur précise que la prescription médicale dans le

cadre de l’urgence, et seulement dans ce cadre là, peut être orale.

Article R.4311-14 :

En l'absence d'un médecin, l'infirmier ou l'infirmière est habilité, après avoir reconnu une situation

comme relevant de l'urgence ou de la détresse psychologique, à mettre en œuvre des protocoles de

soins d'urgence, préalablement écrits, datés et signés par le médecin responsable. Dans ce cas,

l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes conservatoires nécessaires jusqu'à l'intervention d'un

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médecin. Ces actes doivent obligatoirement faire l'objet de sa part d'un compte rendu écrit, daté,

signé, remis au médecin et annexé au dossier du patient.

En cas d'urgence et en dehors de la mise en œuvre du protocole, l'infirmier ou l'infirmière décide

des gestes à pratiquer en attendant que puisse intervenir un médecin. Il prend toutes mesures en

son pouvoir afin de diriger la personne vers la structure de soins la plus appropriée à son état.

L’infirmier pourra donc, dans une structure de soins ayant engagé une réflexion de prise en charge

des urgences intra hospitalières, réaliser et administrer des thérapeutiques dans le cadre de

protocoles de service si ceux-ci existent. Néanmoins le cadre juridique prévoit, si ces protocoles

sont absents, et en attendant la venue d’un médecin, que l’IDE doit prendre toutes les mesures

nécessaires pour assurer une conduite salvatrice auprès du patient.

2. Le patient et sa famille dans le cadre de l’urgence

Le patient est cœur du dispositif de soins. L’urgence fait partie de cette prérogative, comme le

souligne la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé.

L’article L 1110-5 indique que « Toute personne a, compte tenu de son état de santé et de l'urgence

des interventions que celui-ci requiert, le droit de recevoir les soins les plus appropriés et de

bénéficier des thérapeutiques dont l'efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité

sanitaire au regard des connaissances médicales avérées.»

L’urgence fait donc partie des soins les plus appropriés cités ci-dessus que tout patient doit pouvoir

bénéficier lors de son hospitalisation. Elle doit être considérée comme n’importe quel autre soin que

l’infirmier doit faire bien qu’il soit dans un contexte inhabituel.

Dominique TEANI, lors de son travail d’intérêt professionnel à l’école d’infirmier anesthésiste de

Lyon, précisait qu’«il s’agit de faire comprendre à l’ensemble des soignants que la prise en charge

d’une détresse vitale est un véritable acte de soin et ce malgré le caractère exceptionnel de celle-ci.

Ce qui implique la mise en place d’une organisation d’une extrême rigueur si l’on veut garantir

une prise en charge de qualité».

L’urgence est également angoissante pour le patient. Conscient de son état, celui-ci risque de

développer de l’anxiété et des peurs diverses. Cet état pourra, dans certaines situations, majorer

l’urgence présente. Les auteurs de « Situations d’urgence » (BAUMANN et al., 2011) indiquent

qu’« une situation d’urgence est par définition brutale et inattendue. Elle est donc presque toujours

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accompagnée d’un haut niveau d’anxiété chez la personne soignée. Elle entraine des peurs chez le

patient : peur de mourir, peur du diagnostic, peur du pronostic, peur du traitement. »

Ils précisent que :

L’anxiété du patient, le stress, la peur ont des effets somatiques qui peuvent augmenter le risque

vital dans certaines conditions ; il est donc indispensable de faire tout ce qui est en notre pouvoir

pour la diminuer, c’est souvent une priorité des soins. Dans un premier temps, il s’agit de permettre

l’expression de cette anxiété et de ces peurs, surtout si elles se manifestent par voie détournée. Si la

personne est agressive, il s’agit de l’aider à prendre conscience de ce que cache cette agressivité et

de nommer ce qui fait peur dans sa situation. Dans un deuxième temps, ce sont des informations

claires qui pourront rassurer la personne, des informations sur ce qui va se passer, sur comment

cela va se passer, sur le temps qu’il faudra attendre pour avoir des résultats d’examens, sur

l’évolution probable dans les heures et dans les jours qui suivent.

Les mêmes auteurs indiquent que « rien n’est plus contagieux que l’anxiété car, dans le cas où le

patient est calme et rassuré, il pourra être « contaminé » par l’anxiété de son entourage. »

Dans toute hospitalisation, que le soin soit prévu et organisé, mais aussi et surtout en cas de

situation d’urgence, malgré son côté inhabituel et imprévu, le patient doit recevoir les soins les plus

appropriés et a besoin d’être rassuré dans sa prise en charge.

3. La gestion de l’imprévu au regard de l’urgence

Nous venons de voir ci-dessus que l’urgence est source d’anxiété sur le patient et sa famille, mais le

côté imprévu de l’urgence va venir également perturber l’infirmier.

L’« imprévu » est défini par le Dictionnaire (Micro Robert, langue française) comme suit :

IMPREVU : « ADJ. et N. M. : qui n’a pas été prévu ; qui arrive lorsque l’on ne s’y attend pas ».

L’organisation institutionnelle impose aux infirmiers un rythme et une organisation type dans les

services de soins : à 8h, distribution des médicaments ; en milieu de matinée, réalisation des

pansements puis présence au tour médical ; etc. Cette organisation rythme le cours de la journée.

Et voilà qu’un patient va présenter une situation d’urgence vitale qui va bouleverser la parfaite

organisation du service.

Cet imprévu va entrainer des émotions différentes selon notre propre personnalité.

Comme le précisent les auteurs de « Situation d’urgence » (BAUMANN et al., 2011), « l’infirmière

n’est pas exempte d’émotion. »

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J. CHALIFOUR, psychologue, décrit l’émotion comme « un état fonctionnel de l’organisme qui

implique une activation physiologique (réactions neuroendocriniennes), un comportement expressif

(réactions neuromusculaires, posturales et faciales) et une émotion subjective (le sentiment). Les

émotions vont donc se manifester de différentes façons : positives comme la joie, le bonheur ou

négatives comme la colère, la peur, la tristesse, la honte, la culpabilité, le regret etc. ... »

L’urgence, dans un service de soins, est donc vectrice d’émotion qui peut, en fonction des

individus, influencer leur comportement.

Le stress aussi peut conduire le soignant à diverses attitudes.

Comme l’indiquent Hélène LABOUSSET-PIQUET, Evelyne AIGUEBONNE et Carole SIEBERT,

formatrices en IFSI : « Le stress est la réponse de l’organisme aux facteurs d’agression

physiologique et psychologique ainsi qu’aux émotions (agréables ou désagréables) qui nécessitent

une adaptation (élément de la théorie du syndrome d’adaptation). »

Pour compléter les propos des auteurs ci-dessus, Hans SELYE, médecin, inventeur de la théorie du

stress, définit celui-ci comme « une réponse physiologique adaptative ». Il définit 3 phases dans la

réaction de stress :

La première phase : La réaction d'alerte qui est la perception d'une contrainte. Le choc, c’est l'état

de surprise à l'agression soudaine, le contre choc, c'est la phase au cours de laquelle l'organisme

se ressaisit. Cette situation fait référence au stress aigu.

La deuxième phase : La phase de résistance qui intervient quand l'organisme est soumis de

manière prolongée à une situation stressante. L'organisme va résister, jusqu'à ce qu'il atteigne la

phase d'épuisement.

La troisième phase : La phase d'épuisement : l'individu cesse de pouvoir s'adapter au stresseur et

tous les mécanismes d'adaptation s'effondrent.

Dans la prise en charge de l’urgence vitale, on retrouve aisément la première phase. L’urgence

vitale agresse l’infirmier par la survenue de cet imprévu. Puis l’infirmier va se ressaisir pour

apporter une réponse d’adaptation individualisée à la situation. Cette réponse adaptée sera issue de

ses compétences professionnelles acquises, d’une part lors de la formation initiale en IFSI et,

d’autre part de son expérience de professionnel de santé.

Philippe PERRENOUD, sociologue et anthropologue, indique que : « La peur, l’émotion,

l’excitation, les sentiments peuvent brouiller les cartes ; on connait « l’angoisse » du gardien de

but au moment du penalty ; elle peut décupler ses facultés, aussi bien qu’égarer son esprit et

paralyser ses réflexes. » Il indique qu’un événement imprévu sollicite la compétence de l’acteur au

travail, comme dans d’autres domaines de la vie. « Maîtriser l’imprévu » pourrait être une des

composantes de toutes compétences de haut niveau. Ce même auteur explique que l’apprentissage

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de la gestion de l’imprévu peut passer aussi par l’expérience. « On peut apprendre « sur le tas », au

fil des situations, en développant de nouveaux schèmes par la pratique. »

Pour Guy LE BOTERF, conseiller en ingénierie dans les ressources humaines, formation et

management : « Le professionnel compétent sait gérer ses émotions. Il sait non seulement les

contrôler, voire les inhiber en cas de besoin, mais aussi, et on l’oublie trop souvent, les utiliser. »

Le stress peut nous faire perdre notre raisonnement et perturber voire inhiber notre réponse à la

situation mais également être un élément moteur.

On peut donc amplement faire le lien entre émotion et stress dans la prise en charge d’un patient.

4. La gestion de l’équipe dans le cadre de l’urgence

Lors de situations d’urgence, l’infirmier n’agit pas seul et peut prendre appui sur ses collègues du

service. Ainsi, l’agent de service hospitalier, l’aide soignant et l’infirmier mettront leurs

compétences en commun pour apporter les soins nécessaires au patient.

Comme le précise Gérard SEGUIN, consultant et formateur en marketing : « Une équipe est avant

tout un ensemble de personnes qui se rassemblent pour développer une activité en commun. En fait,

les individus s’organisent en fonction de la situation qu’ils rencontrent. Ils se fédèrent soit autour

d’un leader naturel soit autour d’un leader structuré. »

La posture de l’infirmier, lors de situations d’urgence, permettra, si son attitude est adaptée, de

gérer l’équipe et de tirer le meilleur de chacun.

Les auteurs de « Situation d’urgence » (BAUMANN et al., 2011), confirment cela en précisant

que : « L’attitude de l’infirmière est primordiale pour administrer l’anxiété et maintenir le calme et

la confiance. Dans des moments de grande tension, dans des situations de grande urgence, une

attitude calme, posée, cadrée, contenue aura les effets les plus bénéfiques sur l’ensemble des

personnes en présence. » (BAUMANN et al., 2011).

L’attitude que prendra l’infirmier sera déterminante quant au bon déroulement de le prise en charge

du patient surtout s’il est un leader calme et posé.

Page 19: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

11

5. Construction de la compétence infirmière permettant la prise en charge

d’une situation d’urgence

5.1. Compétence et savoir agir avec compétence

Le nom « compétence » et l’adjectif « compétent » sont définis par le Dictionnaire (Micro Robert,

langue française) comme suit :

COMPETENCE : « N. F. : Connaissance approfondie, reconnue, qui confère le droit de juger ou de

décider en certaines matières »

COMPETENT : « ADJ. : Capable de bien juger d’une chose en vertu de sa connaissance

approfondie en la matière »

L’infirmier est donc compétent pour prendre en charge une situation d’urgence vitale puisqu’il

dispose de connaissances qu’il a acquises lors de sa formation en IFSI d’une part, et sur les

différents terrains de stage d’autre part.

Le BERGER LEVRAULT précise que l’unité d’enseignement 4.3 S2 et S4 (Annexes I et II)

permettra à l’étudiant d’atteindre les objectifs suivants :

- Identifier l’urgence à caractère médical

- Pratiquer les gestes permettant de porter secours en attendant l’arrivée d’une équipe médicale

- Hiérarchiser les urgences

- Mettre en œuvre des soins d’urgence dans un environnement médicalisé

Mais la compétence seule ne suffit pas. En effet pour qu’un infirmier puisse réponde efficacement à

une situation, il devra « agir avec compétence ». Celui-ci devra, outre ses connaissances théoriques

et pratiques, mobiliser un certain nombre de paramètres en simultané, comme par exemple,

l’application de procédures d’alerte, une gestion des émotions comme cité plus haut, son intuition,

l’utilisation de matériels spécifiques …

Guy LE BOTERF l’explique de la manière suivante : « Un professionnel possède, certes des

compétences qu’il est important d’identifier, de maintenir et de développer, mais il ne possède pas

que des compétences. Il ne se réduit pas à une somme de compétences. Pour agir avec compétence

en situation, il combine et mobilise, pour et dans une pratique professionnelle, des connaissances,

des habiletés, des modes de raisonnement, des représentations, des schèmes opératoires, une

sensibilité, des ressources physiques et physiologiques. Il fait fonctionner des capacités cognitives

d’attention, sa mémoire de travail, son imagination, son intuition. Il émet des jugements. Il prend

des décisions et des initiatives. »

Page 20: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

12

5.2. Le « feeling » ou seuil intuitif

LE BOTERF évoque « l’intuition », qui est l’une des composantes qui rentrent en compte dans

« l’agir avec compétence ». Cette notion d’intuition est également reprise par Philippe

PERRENOUD qui parle, lui, de « feeling » ou encore de « seuil intuitif ». Il l’explique ainsi :

Dans les métiers de l’humain, tels les soins infirmiers, la psychothérapie, le travail social ou

l’éducation, mais aussi les affaires, la politique, la gestion des organisations, l’action efficace se

fonde très souvent sur des intuitions dont l’acteur n’est pas capable de verbaliser les bases. Il n’y a

là nulle magie. L’action résiste à la formalisation parce qu’elle mobilise des schèmes largement

inconscients, qui se sont construits progressivement par essais et erreurs plutôt que de dériver de

connaissances procédurales. Comment savoir à quel moment un patient hospitalisé en psychiatrie

franchit-il le seuil invisible qui le sépare d’une tentative de suicide ? À quel moment un élève, dans

une classe, s’exclut-il sans retour de l’activité commune, à moins qu’on intervienne pour le

réintégrer ? Comment savoir si le frémissement d’un marché ou le malaise d’une institution sont

assez sensibles pour qu’il soit temps d’agir ? Dans nombre de métiers, ce qui déclenche l’action

n’est pas un événement bien défini, mais le franchissement d’un seuil intuitif, par une grandeur qui

n’autorise aucune mesure précise. C’est donc " au feeling " que le praticien expert décide s’il est

temps ou non d’intervenir.

Ce feeling permet d’anticiper et de réagir le plus vite possible en apportant une réponse adaptée.

Philippe PERRENOUD explique qu’« anticiper l’événement ou décoder des signes précurseurs

permet de déclencher plus vite le processus cognitif de cadrage puis de résolution de problème.

Dans les métiers marqués par l’urgence et l’incertitude, l’anticipation devient une « seconde

nature »», la seule façon de maintenir une certaine maîtrise face à l’événement. »

Pour le Docteur Yves KAGAN, gériatre, l’urgence ne se résume pas à la situation aigüe brutale qui

va nécessiter un transfert. C’est aussi reconnaître l’urgence latente, c'est-à-dire intervenir avant que

ne survienne l’urgence patente 24 ou 48 heures plus tard.

5.3. L’expérience professionnelle

La confrontation répétée à des situations d’urgence vitale est un élément qui rentre également en

ligne de compte. Lors du 6ème

congrès de la SFMU en 2012, les Docteurs PELACCIA,

AMMIRATI, BERTRAND, DELPLANCQ, BRUNSTTEIN et BARTIER ont réalisé une

intervention sur la base du raisonnement clinique lors des prises en charge soignante. Ils indiquent

que le raisonnement clinique est une compétence majeure des professionnels de santé et notamment

des infirmiers. Un des éléments rentrant dans le raisonnement est l’intuition. Ceux-ci confirment

que « les soignants parviennent à raisonner intuitivement grâce aux expériences vécues dans leur

Page 21: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

13

pratique clinique. Ces expériences leur permettent de stocker et d’organiser dans leur mémoire à

long terme des connaissances utiles pour raisonner efficacement ».

Pour Francis KAROLEWICZ, « chaque personne fait des expériences tout au long de sa vie. Quelle

que soit son origine cultuelle ou sociale, l’homme est d’abord un être empirique. Il apprend en

faisant.»

Outre ses compétences propres, la diversité des expériences professionnelles, surtout en situation

d’urgence, permettra à l’infirmier (ou tout autre soignant d’ailleurs) de pouvoir mieux appréhender

la prise en charge du patient.

5.4. L’approche réflexive post situation d’urgence

Ce qui construit également la compétence infirmière est la démarche dite « réflexive ». Philippe

PERRENOUD indique que « la réflexion dans l’après coup sur des situations de ce genre peut être

alors formatrice à double titre : d’une part, elle pousse à construire des procédures plus

méthodiques de reconnaissance de l’événement, ce qui suppose une perspective plus analytique ;

d’autre part, elle favorise un travail métacognitif et permet de mieux comprendre ses erreurs de

perception, d’estimation ou d’inférence, d’identifier ce que Dörner (1997) appelle la logique

d’échec. »

Autrement dit réaliser une analyse post situation d’urgence permet aux professionnels d’intégrer les

erreurs commises afin de pas les reproduire, mais également de prendre conscience des points

positifs mis en place, tout ceci afin de construire sa compétence professionnelle.

6. La formation du personnel paramédical et l’utilisation de matériels

spécifiques à la prise en charge de l’urgence

6.1. La formation du personnel paramédical

D’après le Docteur Raphaël PITTI et Sylvain WLODARCZYK, infirmier anesthésiste, tous deux

formateurs aux gestes et soins d’urgence :

La médecine d’urgence est une médecine de l’action à laquelle le personnel soignant doit être

formé. Ces actions visent à assurer la survie du patient en détresse vitale jusqu’à sa prise en charge

Page 22: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

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spécialisée. Elles se doivent d’être ordonnées selon un schéma opératoire adapté à la situation du

moment. Il faut pour cela que le soignant, confronté à une situation pathologique d’urgence, soit

capable de la reconnaître, de l’évaluer, de développer des stratégies, de prendre des décisions qui

seront transformées en plan d’action et en réalisation de gestes techniques.

Ils précisent que cette formation doit être pratique et régulièrement réactualisée afin de maintenir un

niveau d’efficacité optimal.

Ils rajoutent que « c’est l’objectif que doivent avoir les formateurs à la prise en charge des

détresses vitales : donner aux paramédicaux la possibilité d’élaborer ou d’appliquer un schéma

opératoire qu’ils se seront approprié, pour aboutir rapidement à une démarche active. L’attitude

du soignant devant la nécessité de prendre en charge une détresse vitale ne pourra en être

qu’améliorée. »

Ils précisent aussi que « la formation à la prise en charge des détresses vitales doit s’appuyer sur

des protocoles ou arbres décisionnels universels, simples, précis et pertinents. Il est tout à fait

envisageable de rédiger des protocoles au sein de chaque établissement sanitaire à partir des

recommandations des sociétés savantes. »

Depuis 2006, la formation du personnel de santé est régie par l’arrêté du 3 mars 2006 relatif à

l’Attestation de Formation aux Gestes et Soins d’Urgence (AFGSU) et complété depuis par la

circulaire de la DHOS du 31 décembre 2007. Cet arrêté a créé l’AFGSU qui a pour but de permettre

aux professionnels destinés à travailler au sein des établissements de santé ou de structures

médicosociales, d’acquérir les connaissances nécessaires à la prise en charge, seul ou en équipe,

d’une personne en situation d’urgence mettant en jeu le pronostic vital ou fonctionnel de celle-ci et

de s’intégrer et d’identifier son rôle dans la mise en œuvre des plans sanitaires ainsi que l’utilisation

des moyens de protection individuelle et collective face à un risque à conséquence sanitaire.

Cette formation est réalisée par des formateurs rattachés au Centre d’Enseignement et Soins

d’Urgence (C.E.S.U). Les C.E.S.U sont des unités fonctionnelles des S.A.M.U.

L’AFGSU comprend 3 niveaux (Annexe III) :

- Le niveau 1, destiné à tout professionnel d’un établissement de santé ou médico-social,

d’une durée de 12h, comprend le contenu suivant :

● Protection, alerte, RCP de base, utilisation du DSA, hémorragies, malaises,

traumatismes, plaies, brûlures, relevage et brancardage, alerte des populations et

situations d’exception, plan blanc, risques NRBC

La durée de validité de cette attestation est de 4 ans. Après ce délai, le professionnel devra suivre

une séance de réactualisation des connaissances afin de revalider son AFGSU.

Page 23: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

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- Le niveau 2, destiné aux professionnels inscrits dans la partie IV du code de la santé

publique, c’est-à-dire : Médecin, Chirurgien-dentiste, Pharmacien, Sage-femme, Préparateur

en pharmacie, Infirmier (IDE, IADE, IBODE), Masseur-kinésithérapeute, Pédicure-

podologue, Ergothérapeute, Psychomotricien, Orthophoniste, Orthoptiste, Manipulateur

d’électroradiologie médicale, Audioprothésiste, Opticien-lunetier, Diététicienne

D’autres professions sont concernées par l’AFGSU 2 au titre de l’arrêté du 21 avril 2007 et

de la circulaire du 31 décembre 2007 : Aide-soignant, Auxiliaire de puériculture, Auxiliaire

ambulancier, Ambulancier, Titulaire du CCPS, Technicien en analyses biomédicales.

Sa durée est de 9h et son contenu est le suivant :

● RCP avec matériels et appareils de surveillance, maintenance et matériovigilance des

matériels d’urgence, immobilisation, retrait du casque, relevage, brancardage,

accouchement inopiné, protection face à un risque infectieux, plan blanc, plans de

secours, plan NRBC

Les candidats à l’AFGSU devront obtenir l’AFGSU de niveau 1 avant de suivre le niveau 2.

La durée de validité de cette attestation est de 4 ans. Après ce délai, le professionnel devra suivre

une séance de réactualisation des connaissances afin de revalider son AFGSU.

- Le niveau 3, qui concerne le même public que l’AFGSU du niveau 2. Ce dernier niveau est

conçu pour appréhender le risque NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique).

Il permet aux professionnels de santé d’acquérir des connaissances nécessaires à la gestion

de crise en situation sanitaire NRBC (habillage, déshabillage, décontamination).

La durée de validité de cette attestation est de 2 ans. Après ce délai, le professionnel devra suivre

une séance de réactualisation des connaissances afin de revalider son AFGSU.

La circulaire du 31 décembre 2007, citée ci-dessus, précise bien que : « ni les professionnels de

santé en exercice, ni les personnels administratifs et techniques des établissements sanitaires et

médico-sociaux ne sont soumis à l’obligation de détenir l’AFGSU de niveau 1 ». En revanche

comme le précise la circulaire du 10 mai 2006, « une incitation à la formation doit être faite de

manière progressive et continue dans les établissements de soins. »

Autrement dit, le personnel en fonction dans les établissements de santé n’est pas tenu à avoir cette

formation pour pouvoir exercer. Cette obligation par contre est demandée pour tout nouveau

diplômé, depuis septembre 2010 pour les étudiants paramédicaux, et depuis juin 2010 pour les

étudiants infirmiers.

« De manière générale, tous les étudiants des instituts de formation paramédicaux doivent justifier

de l’obtention de l’AFGSU de niveau 2 pour se présenter aux épreuves du diplôme qu’ils préparent

Page 24: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

16

conformément à l’arrêté du 21 avril 2007 susvisé. Cette disposition ne concerne donc que les

étudiants entrant en formation à compter de la rentrée de septembre 2007. Cela signifie que

l’AFGSU de niveau 2 n’est exigible qu’au moment de l’obtention du diplôme et non au moment de

la sélection ou de l’intégration de l’étudiant dans l’institut de formation ; c’est-à-dire en septembre

2010 pour les étudiants infirmiers et en juin 2010 pour toutes les autres étudiants paramédicaux. »

6.2. Le chariot d’urgence

Le manuel d’accréditation aborde la question du chariot d’urgence. Ce chariot d’urgence est un

dispositif mobile, souvent un meuble, composé de différents tiroirs et d’un plan de travail, qui doit

contenir tout le matériel et les drogues nécessaires. Il doit être accessible et son emplacement doit

être connu par l’ensemble de l’équipe de soins.

Son contenu est établi en fonction des spécificités du service mais certaines drogues et matériels

sont communs à tous les services de l’hôpital (ex : BAVU, DSA, Aspirateur de mucosité), ceci afin

de faciliter son utilisation par les soignants.

Le chariot d’urgence doit être utilisé seulement en cas d’urgence vitale. Après chaque utilisation, il

est nettoyé, réarmé et contrôlé. Il est possible de trouver un scellé sur le chariot qui indique qu’il est

prêt à être utilisé.

Il est impératif de vérifier régulièrement le chariot d’urgence afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de

matériels défectueux ou de produits périmés. Cette vérification incombe au personnel infirmier sous

la responsabilité du cadre du service et du pharmacien de l’établissement.

7. Du concept de la chaine de survie intrahospitalière à la démarche de

certification des établissements de santé

7.1. La chaine de survie intrahospitalière

En 2002, lors du 44ème

Congrès National d’Anesthésie et de Réanimation, les Docteurs A. GACHE

et J.-E. DE LA COUSSAYE de la Fédération anesthésie réanimation, urgences, douleurs du CHU

de Nîmes et les Docteurs L. BESSON et P.-Y. GUEUGNIAUD du Département anesthésie-

Page 25: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

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réanimation 1 du CHU Lyon Sud à Pierre Bénite, avaient traité du sujet de la « prise en charge des

urgences vitales intrahospitalières ».

Leur intervention, lors de ce congrès, a permis de rappeler que l’urgence vitale, en 2002, et plus

particulièrement l’arrêt cardiaque, touchait plus de 40 000 personnes par an et que moins de 3% des

patients survivaient avec un état neurologique correct.

Ils indiquaient qu’un des facteurs de gravité des arrêts cardiaques, en autre, était sa survenue de

dans un autre service qu’une unité de soins intensifs ou qu’un bloc opératoire.

Les auteurs abordaient le concept de la Chaine de Survie Intra-Hospitalière : CSIH. Cette chaine a

pris sa naissance en se basant sur la chaine de survie extrahospitalière mise en place par l’American

Heart Council (AHA) et par l’European Resuscitation Council (ERC) en 1991. Il faut préciser que

cette chaine a été conçue en priorité pour la réanimation cardio-pulmonaire mais qu’elle est

applicable pour tous les types d’urgences vitales.

La chaine de survie intrahospitalière, mise en place dans un établissement de santé, permet, selon

eux, de réaliser une prise en charge adaptée du patient présentant une urgence vitale.

Cette chaine comprenait 6 maillons :

- L’alerte

- La formation des personnels soignants

- Le matériel d’urgence et le défibrillateur

- L’équipe médicale de réanimation d’urgence

- Les limites de la réanimation cardio-pulmonaire

- La nécessité d’une évaluation par un comité d’expert

En 2004, la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) s’appuya, en autre, sur ces

recommandations pour élaborer, en collaboration avec le SAMU de France, la Société Française de

Cardiologie, la Société Francophone de Médecine d’Urgence et la Société de Réanimation de

langue française, des recommandations pour l’organisation de la prise en charge des urgences

vitales intrahospitalières.

La SFAR est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle permet l’étude,

l’avancement et l’enseignement de l’anesthésie et de la réanimation.

Page 26: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

18

Ce document est d’une grande importance puisqu’il constitue actuellement la base de référence

pour mettre en place l’organisation de la CSIH, sur laquelle les établissements de santé peuvent

s’appuyer afin d’être sûr de réaliser une prise en charge de l’urgence vitale intrahospitalière de

qualité.

Ce document de recommandations (Annexes IV et V) redéfinit la chaîne de survie intrahospitalière :

« L’ensemble de ces urgences vitales intrahospitalières correspond au champ d’application de cette

conférence d’experts. Dans ce cadre, une procédure spécifique existe pour la prise en charge de

l’AC, c’est la "Chaîne de Survie Intra-Hospitalière". »

Celle-ci est dorénavant constituée de quatre maillons :

- L’alerte

- La réanimation cardio-pulmonaire de base (RCP)

- La défibrillation

- La réanimation médicalisée

Sa mise en place doit bénéficier d’un support institutionnel, représenté par un comité de suivi,

organisant son fonctionnement et son évaluation. Les recommandations de cette conférence doivent

être adaptées aux particularités organisationnelles de chaque établissement de soins.

Cette conférence d’expert a répondu, d’une manière précise et détaillée, à 8 questions :

Question n°1 : Quelles sont les modalités et procédures de l’alerte ?

Question n°2 : Quel matériel est mis à disposition dans les services de soins ?

Question n°3 : Comment organiser la prise en charge intrahospitalière de l’arrêt cardiaque ?

Question n°4 : Comment organiser la prise en charge intrahospitalière des urgences vitales en

dehors de l’arrêt cardiaque ?

Question n°5 : Quelles sont les modalités de mise en place et d’évaluation de la chaîne de survie

intrahospitalière ?

Question n°6 : Quelle est la formation initiale et continue des personnels médicaux et

paramédicaux ?

Question n°7 : Quels sont les aspects éthiques concernant la prise en charge des urgences vitales

intrahospitalières ?

Question n°8 : Quel est le rôle de l’institution ?

Page 27: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

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7.2. La démarche de certification des établissements de santé

Il convient de faire le lien entre les recommandations de la SFAR et l’HAS concernant la démarche

qualité, mise en place depuis 1999, par les certifications des établissements de soins. En suivant les

recommandations édictées par la SFAR, celles-ci permettent de répondre aux objectifs attendus par

le législateur, en terme de qualité, concernant la prise en charge des urgences vitales

intrahospitalières.

La prise en charge des urgences dans les services de soins apparait, dès 2004, dans le Manuel

d’Accréditation des établissements de santé.

« Deuxième procédure de santé (V2), Partie II, Chapitre III, Référence 33, Paragraphe 33.c. :

La prise en charge des urgences vitales survenant au sein de l’établissement est assurée.

Cette prise en charge doit être possible dans n’importe quel secteur d’activité d’un établissement

de santé ; une organisation tant en personnel (référent, formation, etc.) qu’en matériel (chariot

d’urgence contrôlé à périodicité définie, système d’alerte, etc.) est mise en place et évaluée

régulièrement pour juger de son efficacité. »

Ces indicateurs de qualité apparaissent à nouveau dans les dernières recommandations du dernier

Manuel d’Accréditation préparant à la future certification des établissements de santé (Annexe VI).

On retrouve à la partie III, au chapitre II, la Référence 18.b. qui traite de la prise en charge des

urgences vitales survenant au sein de l’établissement. Cette référence demande donc aux

établissements de s’axer sur les trois items suivants :

E1- Prévoir : « La procédure de prise en charge des urgences vitales au sein des établissements

est définie. Cette procédure est remise et expliquée au patient et / ou à son entourage. »

E2- Mettre en œuvre : « Les coordonnées des spécialistes à appeler en cas d’urgence vitale sont

disponibles dans tous les secteurs d’activité. Un matériel d’urgence opérationnel est disponible

dans tous les secteurs de l’établissement. La formation des professionnels à l’utilisation de ce

matériel et aux premiers gestes de secours est assurée. »

E3- Evaluer et améliorer : « L’organisation de la prise en charge des urgences vitales est

évaluée à périodicité définie et des actions d’amélioration sont mises en œuvre. »

On se rend compte de la volonté de l’HAS d’organiser la prise en charge des urgences dans

n’importe quel lieu de l’hôpital, d’avoir du personnel formé et d’utiliser du matériel spécifique à

l’urgence. On note le souci d’évaluer les pratiques mises en place afin d’en améliorer leur

fonctionnement.

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8. Évolution de la compétence infirmière face à l’urgence dans un service de

soins hors présence médicale

Dans certains services de soins, comme par exemple les EHPAD, dans le service de médecine du

travail en entreprise ou dans le cadre de l’exercice libéral, la présence médicale n’est assurée que

quelques heures par jour voire totalement absente. L’infirmier doit donc gérer le service seul et

prendre en charge les détresses vitales.

La Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU) a édicté, en décembre 2011, des

recommandations professionnelles pour ces infirmiers isolés dans l’attente d’une équipe médicale.

Ces recommandations permettront aux infirmiers d’effectuer des gestes spécifiques afin de

préserver la vie du patient dans l’attente d’un renfort médical.

La SFMU prend l'initiative de l'élaboration de recommandations de bonnes pratiques concernant

"l’IDE seul devant une situation de détresse médicale". Une situation de détresse médicale s’entend

comme une situation inopinée où le pronostic vital ou fonctionnel est engagé, pouvant bénéficier de

soins d’urgence immédiats.

Un IDE peut, dans l’exercice de sa profession, être confronté à une situation inopinée de détresse

médicale. Hors présence médicale, il pourrait être amené à effectuer des gestes spécifiques afin de

préserver la vie et / ou la fonction.

Il paraît important d'élaborer des recommandations précisant la conduite à tenir d’un IDE se

trouvant en face d’une situation de détresse médicale sans possibilité d’avoir immédiatement

recours à un médecin. Ces recommandations doivent tenir compte de l'organisation des secours à

personne et de l'aide médicale d’urgence telle qu'elle existe en France.

Delphine ROUSSEL, juriste à la Mutuelle d’Assurance du Corps Sanitaire Français (MACSF),

indique que :

La Société Française de Médecine d’Urgence, consciente de la difficulté dans laquelle peut se

trouver l’infirmier (alors que précisément il n’existe pas de référentiel professionnel pour

déterminer les conduites à tenir en fonction des principales situations d'urgence mais qu’au

contraire, il existe une grande hétérogénéité des protocoles locaux mis en place), a pris l’initiative

d’élaborer, en 2011, des recommandations de bonnes pratiques, pour aider l’infirmier à rechercher

les soins les plus appropriés, dans des circonstances cliniques données.

Sont ainsi prévues les situations suivantes : Accouchement (l’enfant est né) ; Arrêt cardiaque

(adulte et enfant) ; Antalgie (adulte et enfant) ; Brûlure grave (adulte et enfant) ; Convulsions

(adulte et enfant) ; Difficulté respiratoire (adulte et nourrisson) ; Douleur thoracique non

traumatique ; Hémorragie sévère de l’adulte ; Hypoglycémie ; Intoxications aux fumées

d’incendie ; Suspicion d’accouchement imminent ; Réaction allergique grave (adulte et enfant). Il

est important de préciser que ces recommandations, bien que n’ayant pas de valeur légale ou

règlementaire, servent toutefois de « référentiel » aux magistrats pour apprécier les responsabilités

en cause en cas de litige.

Page 29: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

21

Ces recommandations viennent ainsi renforcer l’article R 4311-14 du Code de Santé Publique qui

précise, « qu’en cas d’urgence, et en dehors de la mise en œuvre du protocole, l’infirmier décide

des gestes à pratiquer en attendant qu’un médecin puisse intervenir. »

Yvon CROGUENNEC, IADE et président du Comité d’Organisation ayant élaboré ces

recommandations professionnelles, indique que « (l’infirmier) peut donc être amené à effectuer des

gestes complémentaires au secourisme afin de préserver le pronostic vital et/ou fonctionnel. »

La situation dans un service de soins où le renfort médical n’est pas immédiat est un cas particulier

mais rentre bien dans le cadre des compétences de l’infirmier.

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Partie 3 :

Méthodologie d’enquête

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Partie 3 : Méthodologie d’enquête

La méthodologie employée dans ce travail est fondée sur une méthode quantitative avec une

enquête exploratoire. Cette enquête exploratoire m’a permis d’investir le terrain, d’interroger les

professionnels de santé et de pouvoir consulter des documents utilisés en interne me permettant de

répondre à la problématique posée au début de ce travail.

1. Choix du terrain et objectifs attendus

Mon choix s’est porté sur un service de médecine polyvalente dans un Centre Hospitalier

périphérique dans un département voisin du Rhône. Le choix de l’établissement a été mûrement

réfléchi. J’ai voulu immédiatement écarter les « grosses structures hospitalières » parce qu’il me

semblait intéressant, d’une part, de jauger de l’organisation mise en place dans une petite structure

bénéficiant de moyens moins importants et, d’autre part, de me rendre compte de l’activité que

représentaient les situations d’urgence dans un centre hospitalier de petite taille.

L’établissement exploré dispose de 220 lits, réalise 4000 entrées par an et 70 000 journées

d'hospitalisation. Pour cela, il dispose de :

- Un service d’urgence

- Un service d’imagerie médicale avec un scanner

- Deux services de médecine : un service de 30 lits de médecine polyvalente et un service

de 12 lits à orientation cardiologique

- Un service de soins de suite et de réadaption

- Un service de médecine physique et de rééducation (traumatologie, neurologie,

orthopédie, rhumatologie, vasculaire)

- Un service de court séjour gériatrique

- Un centre périnatal de proximité

Page 32: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

23

- Un centre de planification et d’éducation familiale en partenariat avec le conseil général

du département.

- Un service d’endoscopie

- Un EHPAD et une maison de retraite

- Un service de consultations : Chirurgie Orthopédique et Traumatologique, Chirurgie

Viscérale, Chirurgie Vasculaire, Anesthésie, Consultations « Plaie et Cicatrisation »,

Consultations « Mémoire », Consultations « Douleur », Consultations ORL,

Consultations Gastro-entérologies.

Il m’a semblé intéressant de cibler le service de médecine polyvalente. Les services de médecine

accueillent une population de tous âges avec toutes sortes de pathologie en phases aigüe comme

chronique. Une situation d’urgence peut donc survenir à tout moment.

Les objectifs recherchés sur le terrain étaient directement en lien avec le cadre de référence. Les

réponses que j’ai obtenues m’ont permis de répondre aux objectifs que je m’étais fixés, à savoir :

- Comment était définie l’urgence par les professionnels ?

- Comment était vécue et gérée l’urgence par l’infirmier et le patient ?

- Comment s’organisait l’équipe lors de ces situations ?

- Quelles étaient les ressources utilisées pour développer des compétences

professionnelles dans le cadre de l’urgence ?

- Vérifier l’existence de procédures d’organisation spécifique à l’établissement sur la prise

en charge de l’urgence dans les services de soins.

- Apprendre de leur expérience de terrain pour savoir ce qui semblait le plus important à

mettre en œuvre pour être efficace lors d’une situation d’urgence.

2. Choix de la population

Le choix de la population s’est porté exclusivement sur du personnel infirmier qui avait déjà acquis

une certaine ancienneté et de parcours différents dans leur fonction d’infirmier en soins généraux.

Un des critères d’inclusion supplémentaire qu’il me paraissait important de rajouter était de pouvoir

interroger un professionnel ayant déjà vécu et géré une situation d’urgence dans ce service.

Page 33: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

24

J’ai pu interroger trois infirmières du service de médecine polyvalente :

- La première exerçant depuis 20 ans, avec un parcours professionnel essentiellement basé

sur des services de médecine (service de cardiologie et de pneumologie dans un CHU

avant d’arriver dans cette structure).

- La deuxième infirmière et la troisième infirmière interrogées ayant eu toutes les deux

leur diplôme d’état il y a 7 ans, mais avec un parcours professionnel complètement

différent (l’une ayant travaillé dans différents services de chirurgie avant de venir en

médecine et l’autre avec une expérience de long séjour et de soins de suite et de

rééducation avant de travailler en service de médecine).

Ce choix m’a permis d’être en adéquation avec ma question de départ puisque j’aborde la

mobilisation des compétences professionnelles de l’infirmier dans les situations d’urgence.

3. Choix de l’outil

Les outils choisis sont au nombre de deux.

Le premier outil choisi a été la réalisation d’un entretien semi directif avec l’aide d’une grille

d’entretien commune (Annexe VII). Ces entretiens m’ont semblé les plus appropriés à l’égard du

sujet traité. La grille d’entretien m’a permis d’avoir une trame commune à tous les infirmiers

interrogés. Celle-ci m’a permis de confronter les explorations théoriques que j’ai pu découvrir dans

le cadre de référence avec les différents avis des professionnels de terrain recueillis.

Le deuxième outil est une analyse documentaire, par le biais des documents de suivi des différentes

évaluations de pratique professionnelle mises en place sur l’établissement, et également par l’étude

de Fiches de Signalement d’Evénements Indésirables (FSEI) collectées par le service qualité de

l’établissement. L’analyse de ces documents m’a permis de quantifier le volume des situations

d’urgence dans ce service, de comprendre quel était l’intérêt de réaliser un suivi des différentes

évaluations des pratiques professionnelles, et de comprendre quels paramètres peuvent venir

perturber les compétences de l’infirmier dans ces situations d’urgence.

Page 34: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

25

4. Le déroulement de l’enquête et la grille d’entretien

La grille d’entretien a été élaborée pour répondre aux objectifs que je m’étais fixés, et cités ci

dessus, quand je rencontrerai les infirmiers du terrain.

Le déroulement de l’enquête s’est fait directement dans le service de médecine polyvalente comme

précisé plus haut. Les demandes d’autorisation ont été formulées au directeur des services de soins

infirmiers. Le cadre du service concerné avait prévenu l’équipe de ma venue au sein du service. Les

entretiens ont eu lieu directement dans le service. Il m’a fallu 2 journées pour réaliser l’ensemble

des entretiens et l’analyse documentaire. Un bureau a été mis à ma disposition ce qui m’a permis de

pouvoir réaliser les entretiens dans de bonnes conditions. Ceux-ci ont duré en moyenne 20 minutes.

Les infirmiers ont accepté que j’enregistre leurs réponses sur dictaphone ce qui m’a permis de faire

la retranscription dans de bonnes conditions. J’ai tout de même pris quelques notes ce qui m’a

permis, quand les réponses n’étaient pas claires, de reformuler afin d’être sûr d’avoir compris le

sens des réponses données.

Je me suis rendu compte qu’une de mes questions n’était pas très explicite puisque j’ai dû par deux

fois la reformuler pour que mon interlocuteur puisse bien percevoir ce que je recherchais. Pourtant

ma grille d’entretien avait été testée deux fois : la première sur mes collègues étudiants à l’IFSI lors

de l’élaboration de cette grille d’entretien et la deuxième fois avec mon épouse.

5. Exploitation des données

Pour exploiter les réponses données par les personnes interrogées, j’ai utilisé un tableau de synthèse

(Annexe VIII) reprenant par thème les différents éléments recherchés me permettant d’analyser les

similitudes et les différences en faisant le lien avec le contenu théorique dans le but d’infirmer ou de

confirmer les éléments issus du cadre référence.

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Partie 4 :

Analyse

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26

Partie 4 : Analyse

1. Analyse des entretiens

1.1 Définition de l’urgence par les professionnels

Toutes les professionnelles interrogées donnent une définition de l’urgence qui leur est propre mais

avec un point commun puisqu’elles abordent la notion de « risque vital » et de « situation critique »

pour le patient, avec des « signes évocateurs ».

On se rapproche de la définition, donnée lors de la conférence de consensus de 2002, sur la prise en

charge des urgences vitales intrahospitalières, qui précisait que la notion d’urgence vitale était

définie de la manière suivante: « Les urgences vitales sont représentées par toute détresse vitale

pouvant conduire à tout instant à un arrêt cardiaque et qui doivent bénéficier de la prise en charge

la plus précoce possible. »

L’urgence semble donc rattachée à l’urgence vitale.

Cependant l’une d’entre elles aborde également les urgences non vitales en expliquant qu’il s’agit

« des urgences habituelles ». Cette urgence habituelle fait l’objet dans cet établissement d’une

procédure de prise en charge différente. Elle est, dans ce service, gérée par le médecin du service.

Les professionnels interrogés font donc la différence entre l’urgence vitale et l’urgence classique

définie comme "habituelle" (par exemple, les malaises).

Ceci me renvoie à ma future pratique professionnelle. En effet, il semble important de savoir bien

définir l’urgence afin de déclencher les bonnes procédures de l’établissement où j’exercerai pour

que le patient puisse bénéficier des meilleurs soins possibles.

Page 37: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

27

1.2 Le vécu de l’urgence et la gestion du stress par les professionnels infirmiers et les

patients

Les situations, ayant le plus marqué les infirmières et relatées lors des entretiens, font référence à la

prise en charge d’un arrêt cardio-respiratoire chez différents patients dont elles avaient la charge.

L’arrêt cardio-respiratoire est l’urgence vitale la plus marquante, certainement dû au fait que le

personnel soignant ne connaisse pas à l’avance l’issue finale du patient et ce malgré les soins les

plus adaptés possibles. Cette situation engendre donc différentes émotions et notamment du stress.

La notion de stress, dans le cadre de l’urgence, est soulevée par deux d’entre elles, notamment par

l’imprévu de la situation. On peut donc faire un lien entre imprévu, émotions et stress. Ceci

confirme les propos d’Hélène LABOUSSET-PIQUET, Evelyne AIGUEBONNE et Carole

SIEBERT cités plus haut « Le stress est la réponse de l’organisme aux facteurs d’agression

physiologiques et psychologiques ainsi qu’aux émotions (agréables ou désagréables) qui

nécessitent une adaptation (élément de la théorie du syndrome d’adaptation) ». Il est donc

clairement confirmé que le stress est dû à l’imprévu, véritable facteur d’agression et mais également

à nos émotions induites par cet imprévu.

Bien que le stress soit présent chez les professionnels, lors de la pris en charge des situations

d’urgence, toutes s’accordent à dire que stress et sentiments sont mis de côté car elles doivent agir

pour le bien du patient, « foncer » comme dit même l’une d’entre elles. En fait, le stress se gère par

l’action. Il s’agit d’une réponse adaptée au stress. Ceci confirme les propose de Hans SELYE qui

définit le stress « comme une réponse physiologique adaptative » et ceux de Guy LE BOTERF qui

précise que : « Le professionnel compétent sait gérer ses émotions. Il sait non seulement les

contrôler, voire les inhiber en cas de besoin, mais aussi, et on l’oublie trop souvent, les utiliser ».

Ainsi le stress a une vertu positive, il ne bloque pas l’action soignante mais au contraire il la

dynamise.

D’autres facteurs peuvent également majorer le stress ou à l’inverse le diminuer. Les éléments cités

par les trois infirmières qui peuvent majorer le stress sont de différents ordres. Cela va, par

exemple, du matériel défectueux, qui ne fonctionne pas lors des situations d’urgences, à

l’organisation institutionnelle en elle-même, comme les conditions de travail (infirmier seul la nuit

dans un service de soins). Mais d’autres éléments peuvent également diminuer ce stress. Cette

même organisation institutionnelle peut mettre en confiance l’infirmier, dans sa prise en charge de

l’urgence, par une organisation préétablie mise en place pour traiter une situation d’urgence.

Page 38: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

28

L’argument avancé par l’une d’entre elles est l’arrivée rapide de l’équipe de la chaîne de survie

intrahospitalière que nous traiterons plus tard dans cette analyse. Un autre élément favorisant la

diminution du stress est l’aide que vient apporter les autres collègues du service qui évite de se

retrouver seul pour prendre en charge une situation d’urgence. Enfin l’expérience professionnelle,

que nous aborderons plus tard, semble également être un facteur diminuant le stress.

Pour se libérer de ce stress, suite à une situation d’urgence, une des professionnelles interrogées a

abordé la nécessité de prendre un moment pour soi après la prise en charge de l’urgence, pour

souffler, prendre l’air, en somme pour faire retomber cette pression induite par cette situation

d’urgence. Cet élément auquel je n’aurai pas spécialement pensé est primordial afin de se libérer

des effets négatifs du stress et de pouvoir être prêt à repartir pour toute autre situation de soins, que

ce soit pour une autre urgence ou pas.

Nous venons de voir que les professionnels de santé sont soumis très régulièrement au stress et il en

est de même pour les patients en pleine détresse. Même si je n’ai pas pu avoir l’avis direct de

patients ayant vécu une situation d’urgence, il me semblait intéressant de percevoir le ressenti de

l’urgence par le patient à travers le regard de l’infirmier. La réponse apportée fut unanime. On

retrouve un sentiment d’angoisse et de stress chez ces patients-là. Ceci confirme les propos des

auteurs de « Situations d’urgence » (BAUMANN et al., 2011) qui indiquaient « qu’une situation

d’urgence est par définition brutale et inattendue. Elle est donc presque toujours accompagnée

d’un haut niveau d’anxiété chez la personne soignée. Elle entraine des peurs chez le patient : peur

de mourir, peur du diagnostic, peur du pronostique, peur du traitement. » et que « rien n’est plus

contagieux que l’anxiété car, dans le cas où le patient est calme et rassuré, il pourra être

« contaminé » par l’anxiété de son entourage. »

Notre attitude vis-à-vis de la situation et du patient est, je pense, primordiale. Il faut savoir gérer son

stress et le transformer en stress positif afin d’être le plus efficace, mais également et surtout faire

en sorte qu’il soit le moins visible possible pour obtenir des effets bénéfiques sur l’état du patient.

N’oublions pas, comme nous avons pu le voir dans la première partie de ce travail, que l’anxiété, le

stress, la peur, ont des effets somatiques pouvant majorer le risque vital du patient. Il me faudra

trouver le juste milieu, entre le stress et l’apaisement, énergique pour agir au mieux pour le patient

et calme pour le rassurer.

Page 39: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

29

1.3 Organisation de l’équipe face à la situation d’urgence

D’après les trois infirmières interrogées, il n’y a pas d’organisation proprement établie au sein de

l’équipe. L’habitude du service est d’avoir le renfort des autres collègues. Une fois l’urgence

constatée, l’équipe s’entraide et se coordonne sur le tas, les taches sont attribuées instinctivement

« moi je fais ça », « toi tu prépares ça ». Il n’y a pas de rôles définis à l’avance, ils se définissent

dans l’action. On comprend aisément ce que Gérard SEGUIN voulait dire lorsqu’il donnait la

définition d’une équipe : « Une équipe est avant tout un ensemble de personne qui se rassemblent

pour développer une activité en commun. En fait, les individus s’organisent en fonction de la

situation qu’ils rencontrent. Ils se fédèrent soit autour d’un leader naturel soit autour d’un leader

structuré. » La place de leader naturel est tenu par l’IDE du secteur d’où le patient dépend jusqu’à

l’arrivée du médecin qui, en prenant la direction de la réanimation, devient le leader structuré.

Un élément important est relevé sur l’ensemble des entretiens : la question du nombre de soignants

présents pour prend en charge la situation d’urgence. Toutes s’accordent à dire qu’il ne faut pas être

trop nombreux autour du patient. Trop de soignants peut entraver la bonne marche des soins car on

risque de se gêner, de « se marcher sur les pieds ».

La seule notion d’organisation abordée fait référence aux compétences professionnelles. Certaines

catégories socioprofessionnelles ne peuvent pas faire l’ensemble des gestes demandés par l’équipe

médicale. C’est dans le sens des limites de chaque acteur qu’une sorte d’organisation est mise en

place. Il convient d’employer les compétences de chacun à bon escient.

J’ai été surpris de voir qu’il n’y avait pas d’organisation préétablie sur qui fait quoi dans l’attente

des renforts appelés. L’organisation des soins fait tellement partie de notre travail d’infirmier qu’il

me semblerait judicieux de clarifier les actions des différents acteurs par une procédure écrite

permettant un gain de temps et d’efficacité pour le patient.

1.4 Procédure d’organisation interne pour la prise en charge des urgences dans les

services de soins

Chaque établissement dispose, pour la prise en charge des urgences, d’une procédure spécifique

d’organisation, comme nous l’avons vu dans la Chaine de Survie Intra-Hospitalière (CSIH), l’alerte

étant le premier maillon de cette chaine qui en comprend quatre.

Page 40: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

30

Il me parait important de revenir sur cette notion de chaine, car ce mot est très important Si l’on

prend sa définition dans le Dictionnaire (Micro Robert, langue française), on peut trouver :

CHAINE : « N. F. : Succession d’anneaux de métal entrelacés »

On retrouve aussi, dans cette définition, la notion de FAIRE LA CHAINE : « Ensemble de personnes

qui se transmettent quelque chose de l’un à l’autre »

En réfléchissant sur cette notion de chaine, il est facile de comprendre la symbolique donnée à ce

concept de « chaîne de survie ». Celle-ci est composée de plusieurs maillons interdépendants et tous

indispensables à la prise en charge des patients. Elle permet de développer plusieurs actions

réalisées par différents acteurs dont le but est de prendre en charge l’urgence vitale en suivant

l’organisation prévue par la CSIH. Il faut préciser que cette chaine a été conçue en priorité pour la

réanimation cardio-pulmonaire mais qu’elle est applicable pour tous les types d’urgences vitales.

Lors des entretiens, il est clairement apparu que toutes les infirmières connaissent bien le code

d’alerte commun de l’établissement ainsi que la procédure à suivre. Il s’agit pour elle de composer

le numéro des urgences et d’annoncer « code rouge » en indiquant le service et le numéro de la

chambre ou la localisation précise de l’urgence. Ainsi l’équipe spécialisée de la CSIH peut rejoindre

le personnel du service afin de les aider. N’oublions pas que cette équipe est constituée par des

intervenants formés à la réanimation médicale. Cette équipe apporte du matériel, en complément de

celui déjà pris par l’équipe de soins présente sur place, comme des pousse-seringues, un

électrocardioscope, un respirateur ou des drogues d’urgence.

La procédure mise en place dans ce centre hospitalier a donc été établie pour répondre à la nécessité

de prendre en charge une urgence vitale mais également une urgence non vitale.

Il me semblera donc important, lors de mon arrivée dans un service de soins, de connaître la

procédure d’alerte afin de déclencher la chaine de survie le plus rapidement possible pour une

meilleure prise en charge du patient.

1.5 Les ressources utilisées pour développer des compétences professionnelles dans la

prise en charge de l’urgence

Les ressources utilisées par les infirmiers sont diverses et variées.

L’une des premières ressources indiquées, lors des entretiens, est la formation aux gestes et soins

d’urgence que le personnel infirmier a suivie, soit pendant ses études en IFSI, soit par des

Page 41: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

31

formations de maintien des acquis internes à l’hôpital. L’établissement enquêté n’a pas proposé à

ses agents de suivre la formation pour l’obtention de l’AFGSU, comme le préconise la circulaire du

10 mai 2006. Néanmoins, la structure propose une formation aux gestes et soins d’urgence d’une

demi-journée tous les deux à trois ans. Cela ne comble pourtant pas les infirmières dans le sens où

elles aimeraient que ce soit plus souvent. Ces formations intéressent les professionnels de santé

pour différentes raisons car elles permettent :

- de mettre à jour ses connaissances sur l’urgence et de repérer les signes cliniques pouvant

mettre en danger le patient

- d’organiser les soins autour du patient

- d’utiliser les différents matériels et drogues du chariot d’urgence

- de réaliser des mises en situation en équipe pour mieux préparer le personnel soignant

Ceci vient confirmer les propos de Raphaël PITTI et Sylvain WLODARCZYK qui précisent que

« la formation aux gestes et soins d’urgence doit être pratique et régulièrement réactualisée afin de

maintenir un niveau d’efficacité optimal ».

Concernant la formation d’infirmier, les soins d’urgence sont abordés dans l’unité d’enseignement

4.3 S2 avec l’obtention de l’AFGSU et dans l’unité d’enseignement 4.3 S4 avec des apports

théoriques. Ces unités d’enseignement m’ont permis de bien comprendre les actions que je pourrai

réaliser auprès d’un patient en situation d’urgence. Les entrainements sur mannequin m’ont permis

d’utiliser le défibrillateur, de pouvoir ventiler avec le BAVU, de réaliser un massage cardiaque.

Certaines techniques ont été réalisées en stage, ce qui est venu conforter les notions théorique vues

à l’IFSI. Il suffira maintenant que mes compétences acquises en formation puissent être utilisées à

bon escient sur les patients dont j’aurai la charge. En complément, il m’appartiendra de demander

des formations complémentaires afin de maintenir les acquis obtenus en formation initiale.

Le matériel, mis à disposition par la structure, fait également partie des ressources permettant de

développer la compétence professionnelle. Les infirmières interrogées soulèvent le fait que

l’établissement a mis en place, dans chaque service de soins, un chariot d’urgence simplifié avec du

matériel identique pour chaque service. Ce chariot d’urgence leur permet d’avoir, au plus près du

patient, tout le matériel nécessaire (DSA, BAVU, SNG, perfusion …) pour réagir face à toute

situation d’urgence. Cela constitue un gain de temps et d’efficacité. On peut donc voir que ce

service est tout à fait conforme à la recommandation édictée par le Manuel de Certification de la

Haute Autorité en Santé (HAS) qui indique « qu’un matériel d’urgence opérationnel doit être

disponible dans tous les secteurs de l’établissement. La formation des professionnels à l’utilisation

Page 42: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

32

de ce matériel et aux premiers gestes de secours est assurée. » On se rend compte que

l’établissement respecte bien les indicateurs de qualité demandés.

Néanmoins, quelques dysfonctionnements rapportés indiquent que ce matériel peut mettre en

difficulté les infirmiers : par exemple, du matériel inadapté ou qui ne fonctionne pas au moment où

l’équipe en a besoin … Je reviendrai sur ces notions de dysfonctionnements dans l’analyse

documentaire en abordant les fiches de signalement d’évènements indésirables.

Ce point m’a beaucoup interpellé. Le chariot d’urgence est un élément qui doit être vérifié

régulièrement selon le protocole du service. Les infirmières ont précisé qu’il était vérifié à tour de

rôle. Cette vérification est bien conforme à la recommandation de la Société Française d’Anesthésie

Réanimation (SFAR) concernant le chariot d’urgence qui indique que : « une vérification

périodique de la péremption des médicaments est réalisée par le personnel infirmier sous la

responsabilité du cadre de santé et le cas échéant, du pharmacien. La traçabilité de la

maintenance, quelle que soit sa nature, est consignée dans un registre ». Mais au vu des

dysfonctionnements énoncés, je me rends compte qu’il faudra que je sois bien vigilant à ce que

cette vérification ne soit pas seulement un simple inventaire de ce que l’on peut trouver dans le

chariot d’urgence mais une véritable vérification du fonctionnement de chaque matériel !!!

Une autre ressource permettant d’aborder une situation d’urgence est l’expérience professionnelle.

En effet, les professionnels infirmiers indiquent que l’expérience et l’ancienneté dans la fonction

d’IDE permettent de gérer au mieux une urgence. L’expérience va donc améliorer la pratique

professionnelle. Différents paramètres leur permettent de s’améliorer, au fur et à mesure des prises

en charge :

une meilleure connaissance des différentes pathologies rencontrées et de leurs signes

annonciateurs d’une décompensation

une meilleure maitrise de certains gestes techniques de soins infirmiers (pose de cathéter)

un apprentissage par mimétisme, une des infirmières précise « En fait on apprend de nos

collègues » C’est d’ailleurs ce que Francis KAROLEWICZ explique par : « L’homme est

d’abord un être empirique « il apprend en faisant » ».

une meilleure gestion du stress entraînant une meilleure assurance de l’infirmier

Cette expérience, comme l’avaient souligné les médecins PELLACIA, AMMIRATI, BERTRAND,

DELPLANCQ, BRUNSTEIN et BARTIER, lors du 6ème

congrès de la SFMU en 2012, permet donc

aux soignants de « raisonner intuitivement grâce aux expériences vécues dans leur pratique

Page 43: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

33

clinique. Ces expériences leur permettent de stocker et d’organiser dans leur mémoire à long terme

des connaissances utiles pour raisonner efficacement ».

Il me faudra donc, suite à mes différentes expériences professionnelles que j’acquerrai au fur et à

mesure de ma fonction d’infirmier, améliorer ma pratique professionnelle.

En complément de ce qui vient d’être évoqué, j’ai également voulu aborder la notion du « feeling »

Lors de mes entretiens, deux infirmières ont effectivement reconnu « sentir » lorsqu’un patient

n’allait pas bien. Les professionnels connaissent certains signes énonciateurs d’une aggravation

éventuelle. Cela leur permet d’anticiper et d’éviter une situation plus grave. Un bon nombre de

patients voient donc leur état de santé amélioré grâce à cette intuition !

Cette notion d’intuition me semblait importante à développer. Elle fait partie de la compétence

d’anticipation. Philippe PERRENOUD, comme nous l’avons vu plus haut, l’appelle également le

« seuil intuitif ». Il ajoute qu’« anticiper l’événement ou décoder des signes précurseurs permet de

déclencher plus vite le processus cognitif de cadrage puis de résolution de problème »

Je pense que bon nombre de situations d’urgence sont ainsi évitées grâce à l’intuition ou au feeling

de l’infirmier. J’ai déjà entendu lors de mes différents stages des infirmiers qui disaient « je ne le

sens pas M. X, je vais le surveiller de près ». C’est un peu comme un sixième sens.

La dernière ressource est l’analyse post situation d’urgence. Elle a été citée par seulement une

infirmière sur les trois. Celle-ci m’a fait part des questions qu’elle s’était posées lors de sa dernière

situation d’urgence, questions qui l’ont amené à réfléchir sur la pertinence des soins qu’elle a pu

donner au patient. Elle précise, lors de l’entretien : « En fait on se pose pas mal de questions, si on a

bien fait, fait mal ou pas, si ….. Le patient est mort donc est ce qu’il s’en serait sorti ? On se pose

beaucoup de questions. » Cette infirmière construit sa compétence infirmière car elle analyse ce qui

ne va pas mais également ce qui va. Cette démarche est appelé "démarche dite réflexive" par

Philippe PERRENOUD qui indique que « la réflexion dans l’après coup sur des situations de ce

genre peut être alors formatrice à double titre : d’une part, elle pousse à construire des procédures

plus méthodiques de reconnaissance de l’événement, ce qui suppose une perspective plus

analytique ; d’autre part, elle favorise un travail métacognitif et permet de mieux comprendre ses

erreurs de perception, d’estimation ou d’inférence, d’identifier ce que Dörner (1997) appelle la

logique d’échec. »

Page 44: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

34

Analyser une situation d’urgence quelques jours après l’avoir vécue permet aux professionnels

d’intégrer les erreurs commises afin de pas les reproduire, mais aussi de prendre conscience des

points positifs, afin d’être encore plus efficace quand cette situation se reproduira.

Ceci m’amène à penser qu’il serait plus judicieux de faire un débriefing systématique après chaque

situation d’urgence afin de comprendre ce qui a bien fonctionné pour en être plus efficace la fois

suivante mais également ce qui a moins bien réussi afin d’en améliorer les erreurs.

Au terme de ce chapitre, sur les ressources utilisées par l’infirmier pour prendre en charge une

situation d’urgence, je me rends compte que nous sommes tout à fait dans ce que Guy LE BOTERF

nomme « l’agir en compétence ». Pour lui, « pour agir avec compétence en situation, (le

professionnel) combine et mobilise, pour et dans une pratique professionnelle, des connaissances,

des habiletés, des modes de raisonnement, des représentations, des schèmes opératoires, une

sensibilité, des ressources physiques et physiologiques. Il fait fonctionner des capacités cognitives

d’attention, sa mémoire de travail, son imagination, son intuition. Il émet des jugements. Il prend

des décisions et des initiatives. ». L’infirmier va mobiliser simultanément des savoirs théoriques

(les connaissances acquises à l’IFSI en formation initiale mais aussi en cours d’emploi grâce à la

formation continue proposée par l’établissement où il exerce), des savoir-faire pratiques (les

matériels mis à disposition par l’établissement, sa propre expérience professionnelle) et un savoir-

être comportemental (l’intuition qui permet d’anticiper et l’analyse des points positifs et des points

négatifs qui lui fait évoluer sa pratique professionnelle).

1.6 Retour d’expérience

La dernière question, que je désirais aborder dans ma grille d’entretien, était de savoir ce qui est le

plus important à mettre en œuvre pour être efficace lors d’une situation d’urgence. Je souhaitais

pouvoir tirer profit de leurs conseils afin de les mettre en application lorsque je serai plus tard

confronté à une situation d’urgence.

Les points primordiaux conseillés par les infirmiers sont :

- dans un premier temps, l’esprit d’équipe et la coordination de celle-ci lors de la réalisation

de la réanimation afin que les fonctions soient bien distribuées entre les soignants

- dans un deuxième temps, l’utilisation d’un matériel adéquat à la situation.

Page 45: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

35

On se rend compte que la coordination de l’équipe est plus importante pour elles que le matériel

proprement dit. Ce point est déjà apparu plus haut dans la partie sur l’organisation de l’équipe. Les

infirmières avaient indiqué qu’il n’y avait pas d’organisation, que l’équipe s’organisait dans

l’action. Il est clairement rappelé ici que la coordination est garante d’une bonne prise en charge et

que même si elles reconnaissent ne pas en avoir, il est important de relever qu’elles en ont besoin

Cette notion de coordination d’équipe me pousse à me demander quelle sera ma place dans ma

future équipe lors de ma première situation d’urgence en tant qu’infirmier. Quelle fonction devrais-

je occuper pour être le plus efficace ? Devrais-je tenir le rôle de leader naturel alors que je n’aurai

pas forcément l’expérience professionnelle de mes collègues ou devrais-je passer la main ?

2. Analyse documentaire

Comme indiqué dans l’explication de la méthodologie, j’ai réalisé, en complément de l’analyse des

entretiens semi directifs, une analyse de certains documents du service qualité de l’établissement

sollicité dans le cadre de ce travail. J’ai donc rencontré le cadre de santé du service qualité. Celle-ci

m’a expliqué les actions initiales mises en place pour répondre aux attentes du Manuel de

Certification sur la prise en charge des urgences intrahospitalières. La progression est linéaire et

commence, dès 2007, avec la mise en place de la Chaîne de Survie Intrahospitalière et les

démarches suivantes :

- Mise en place dans tous les services de la procédure d’appel de l’urgence et d’un

logigramme d’action (Annexe IX)

- Achat et mise en place dans chaque service d’un chariot d’urgence avec défibrillateur semi-

automatique

- Formation du personnel infirmier aux gestes et soins d’urgence avec un rappel sur les

drogues d’urgence

En 2008, plusieurs Fiches de Signalement d’Evénements Indésirables (Annexe X) sont réalisées par

le personnel infirmier qui indique que les chariots d’urgence ne sont pas fonctionnels. Le service

qualité observe également que les fiches de traçabilité de l’alerte (Annexe XI) ne sont pas remplies

lors du déclenchement de la Chaîne de Survie Intrahospitalière. Une première action correctrice est

réalisée, courant 2009, avec un réaménagement du chariot d’urgence. Un rappel est fait aux équipes

de soins par les cadres de santé.

Page 46: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

36

De 2010 à 2011, les formations aux gestes et soins d’urgence sont poursuivies. Le suivi de

l’Evaluation de Pratique Professionnelle (EPP) est repris en vue de la deuxième certification

(appelée V 2010), prévue en mars 2012.

Une nouvelle série d’actions correctrices sont mises en place :

- Une cartographie des risques (Annexe XII) sur la prise en charge des urgences est réalisée

par un groupe de travail composé de médecins, cadres de santé, infirmiers et responsables de

la qualité

- Un nouveau chariot d’urgence simplifié est mis en place et un sac à dos d’urgence est réalisé

pour l’équipe de la Chaîne de Survie Intrahospitalière.

- Une révision de l’ensemble des procédures est rediffusée

Au deuxième semestre 2012, un audit, dans chaque service de l’établissement, est réalisé à l’aide

d’une gille, établie par le cadre de santé du service qualité et par l’assistante qualité, pour connaitre

le nombre de soignants ayant pris connaissance des nouvelles actions mises en place et citées ci-

dessus.

Les résultats font état que :

- les mesures mises en place sont très peu connues du personnel soignant et notamment des

aides-soignants

- le tableau de suivi de vérification du chariot d’urgence n’est pas toujours renseigné

- les aides-soignants s’interrogent sur la place qu’ils doivent occuper face à une urgence vitale

- certains documents présents sur les chariots d’urgence ne sont plus conformes

Un plan d’action est lancé pour 2013. Il prévoit de continuer les formations aux gestes et soins

d’urgence pour l’ensemble des soignants. Il demande à ce que les cadres de santé réalisent un rappel

sur les nouvelles procédures concernant la prise en charge des urgences au sein de l’établissement.

Un nouvel audit aura lieu en automne 2013 afin de contrôler l’efficacité du plan d’action.

Cette analyse documentaire m’a permis de me rendre compte de l’importance des mesures mises en

place dans le cadre d’une part, des certifications avec les évaluations des pratiques professionnelles

et d’autre parts du rôle du service qualité.

En effet, au niveau de la certification, on se rend bien compte, ci-dessus, que les critères,

recommandés par la Haute Autorité en Santé (HAS), sont bénéfiques pour les patients puisqu’ils

permettent in fine d’améliorer les pratiques professionnelles des différents soignants, dans l’objectif

d’améliorer la qualité de la prise en charge du patient.

Enfin, au niveau de la qualité, les Fiches de Signalement d’Evènements Indésirables permettent au

personnel soignant de faire remonter les dysfonctionnements. Grâce à cela, je me suis rendu compte

Page 47: CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

37

que des facteurs extrinsèques au personnel soignant, comme par exemple du matériel défectueux ou

inadapté, pouvaient mettre en difficulté l’action de l’infirmier. Or, dans le cadre de l’urgence, il est

primordial de ne pas avoir d’aléas négatifs afin de ne pas perdre de temps et d’être le plus efficace

possible. Dans un souci de prévention et de repérage de dysfonctionnement, l’HAS demande aux

établissements de santé d’établir une cartographie des risques. Celle-ci permet de lister les

« potentiels risques » en lien avec le domaine sélectionné et de leur attribuer une note de criticité

afin de hiérarchiser les risques du plus important au moins important. L’idée est, bien sûr, de

pourvoir apporter des propositions d’action pour diminuer voire annuler ce risque. La cartographie

de l’établissement, sur la prise en charge de l’urgence vitale, a révélé quinze risques potentiels. La

note de criticité la plus haute était de 24 points. Celle-ci portait sur la méconnaissance de

l’utilisation du défibrillateur semi-automatique. Ceci a permis de pouvoir proposer, à tous le

personnel soignant, de nouvelles formations aux gestes et soins d’urgence et d’insister sur l’intérêt

d’utiliser précocement le défibrillateur.

Au terme de cette analyse documentaire, je me rends compte qu’il est indispensable et de notre

responsabilité de connaître les procédures d’organisation mises en place dans les services de soins.

Ces protocoles tiennent compte des spécificités de l’établissement et des risques identifiés de la

structure. Cela me permettra de travailler d’une manière uniforme comme tous les collègues du

service où j’exercerai.

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Conclusion

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Conclusion

Me voilà au terme de mon travail de fin d’études, sur la prise en charge de l’urgence par l’infirmier,

dans les services de soins. Il finalise trois années d’études en soins infirmier qui m’ont permis

d’appréhender le futur professionnel que je serai lorsque je serai en service. Et le professionnel que

je serai se devra de répondre au mieux dans le cadre de l’urgence et cela dans n’importe quel

service de l’hôpital !!! Cela relève de ma compétence autonome et de mon rôle prescrit comme

l’indique le Code de la Santé publique.

L’urgence n’est pas réservée aux services d’urgence ou de réanimation. Elle est universelle et peut

survenir dans n’importe quel service de soins. Ce qui fait la différence, c’est la préparation des

soignants à répondre à l’urgence. Il est certainement plus facile pour un infirmier des urgences ou

de réanimation de mobiliser des schémas ou modes opératoires dûs au fait qu’il sera plus souvent

confronté à une urgence, que l’infirmier d’un service de court séjour. Mais cela ne veut pas pour

autant dire que le patient sera moins bien pris en charge !!! En effet, ce travail m’a permis de

constater que le personnel soignant connait les actions à mettre en place et les gestes à réaliser

même si l’occurrence est bien moins importante que dans des services spécialisés.

J’ai cherché quels étaient les points forts que l’infirmier mobilisait pour être sûr de réagir

correctement. Mon métier d’aide-soignant aux urgences m’a permis d’apprendre les bases

élémentaires des gestes à mettre en place auprès des patients mais je m’appuyais beaucoup sur mes

collègues infirmiers et sur les médecins qui étaient présents en permanence. Demain, ce sera à mon

tour d’être le soutien de mes collègues et me voilà plus soulagé à la fin de ce travail car il a pu

répondre aux questions que je m’étais posées initialement. J’ai pu comprendre que certains

paramètres m’aideront dans ces situations. Je pense notamment à la formation (quelle soit initiale

ou continue), aux moyens mis à disposition par les établissements (au matériel : chariot d’urgence,

etc., aux procédures d’organisations : alerte, etc.), et le plus important pour moi - et qui a été repris

à plusieurs reprises par les professionnels infirmiers interrogés - l’esprit d’équipe. Cette équipe, qui

se constitue naturellement par le renfort des collègues, sera une aide précieuse pour le jeune

diplômé que je serai puisque chacun m’apportera son expérience et me guidera lors de mes

premières situations d’urgence.

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Pour conclure, je dirai que l’infirmier de demain verra certainement son autonomie croître lorsqu’il

prendra en charge une situation d’urgence. J’entends par là, la réalisation de gestes

complémentaires qui pourraient être faits par l’infirmier. Cette évolution d’autonomie a déjà été

travaillée par la SFMU qui propose des protocoles pour des infirmiers hors présence médicale,

comme par exemple l’injection d’adrénaline dans les arrêts cardiaques, la réalisation d’un aérosol

médicamenteux chez l’asthmatique, etc. …

Des protocoles similaires sont déjà mis en place chez les infirmiers sapeurs-pompiers qui

interviennent dans le cadre de l’urgence pré-hospitalière. Ceux-ci sont d’un degré supérieur

puisqu’ils peuvent réaliser des gestes techniques comme la pose d’un tube laryngé et utiliser des

médicaments comme la morphine dans le cadre de la prise en charge de la douleur ou comme de

l’amiodarone dans les arrêts cardiaques avec trouble du rythme …

On pourrait imaginer que ces protocoles puissent être mis à disposition de tous les infirmiers des

établissements de santé et utilisés dans l’attente du renfort médical, pour l’intérêt du patient.

Si je devais poursuivre ce travail, je m’attacherai à déterminer quels seraient les bienfaits de la

protocolisation de l’infirmier à destination du patient souffrant d’une urgence vitale …

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Bibliographie

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Bibliographie

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Table des annexes

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Table des annexes

ANNEXE I : BERGER-LEVRAULT. Contenu de l’unité d’enseignement 4.3 S2

ANNEXE II : BERGER-LEVRAULT. Contenu de l’unité d’enseignement 4.3 S4

ANNEXE III : Soins cadres de santé n°66 de mai 2008. Synthèse de la formation aux gestes et

soins d’urgence selon les trois niveaux requis

ANNEXE IV : Conférence d’expert de la SFAR. Recommandations pour l’organisation de la prise

en charge des urgences vitales intrahospitalière. Texte court. 2004

ANNEXE V : Prise en charge d’un arrêt cardiaque intrahospitalier. Recommandations pour le

personnel soignant

ANNEXE VI : Manuel de certification. Critère 18.b. Prise en charge des urgences vitales survenant

au sein de l’établissement. Avril 2011

ANNEXE VII : Grilles d’entretiens

ANNEXE VIII : Tableau d’analyse des entretiens semi directifs

ANNEXE IX : Logigramme d’action de la prise en charge des urgences dans l’établissement

interrogé

ANNEXE X : Fiche de signalement des événements indésirables

ANNEXE XI : Fiche de traçabilité de l’alerte lors du déclenchement de la CSIH

ANNEXE XII : Cartographie des risques internes sur la prise en charge des urgences vitales

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Annexe I

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Annexe II

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Annexe III

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Annexe IV

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Annexe V

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Annexe VI

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Annexe VII

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Grille d’entretien dans le cadre d’un travail de fin d’études en Institut de

Formation en Soins Infirmiers

Grille d’entretien pour des IDE ayant vécu une situation d’urgence.

Mots clés : - Urgences vitales intrahospitalières

- Code de la santé publique : compétence autonome et rôle prescrit

- Patient et famille dans l’urgence : angoisse, peur des patients et stress des familles

- Imprévu de l’urgence et impact de celle-ci sur le soignant : émotion et stress (stress adaptative positive ou négative),

maitrise de l’émotion

- Compétence infirmière : agir en compétence ; seuil intuitif/feeling ; l’expérience et le raisonnement clinique ; démarche

dite réflexive ; anticipation

- Formation du personnel hospitalier : AFGSU, formation avant l’AFGSU

- Utilisation de matériel spécifique à l’urgence : chariot d’urgence

- CSIH : organisation interne

- Gestion de l’équipe : leader ? attitude de l’IDE

- Evolution de la compétence IDE sans présence médicale

Question 1 : Depuis combien de temps êtes-vous infirmier ?

Relance1 : Parlez-moi de votre parcours professionnel ?

Question 2 : Comment définiriez-vous l’urgence intrahospitalière ?

Question 3 : Pourriez-vous m’expliquer une des situations d’urgence à laquelle vous avez été confrontée ?

Relance 1: Comment l’avez-vous vécu ?

Relance 2 : Par rapport aux émotions, stress, imprévu ?

Relance 3 : Pouvez vous m’expliquer comment vous gérez ce stress ?

Relance 4 : Quelles étaient les réactions du patient à ce moment-là ?

Question 4 : Comment s’organise l’équipe lors de ces situations ?

Question 5 : De quelles ressources disposez-vous pour développer cette compétence de prise en charge de

l’urgence ?

Relance 1 : Que pensez-vous de la capacité de l’infirmier à « sentir » ou anticiper une situation d’urgence dans

un service de soins ?

Relance 2 : En quoi votre expérience a-t-elle influencé votre compétence pour la prise en charge des urgences

dans votre service ?

Question 6 Vous sentez vous suffisamment formé à la SU Relance 1: Quelle formation l’établissement vous a t-elle proposé ?

Question 7: Votre établissement possède-t-il une organisation spécifique à la prise en charge de l’urgence dans

les services de soins ?

Relance 1 : La connaissez-vous ?

Relance 2 : Pourriez-vous me l’expliquer ?

Question 8 : Selon vous qu’est-ce qui est le plus important à mettre œuvre pour être efficace lors d’une situation

d’urgence ?

Question 9 : Avez-vous des remarques à rajouter ?

Je vous remercie de votre attention

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Annexe VIII

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Annexe IX

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Annexe X

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Annexe XI

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Annexe XII

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Institut de Formation en Soins Infirmiers BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel 69 678 BRON Cedex

Author: Ludovic LOMBARD

Title: "CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »" When emergency occur in care unit

Initial question: « In what way, does the nurse mobilize his professional skills to handle an emergency in a short stay unit ? »

Keywords: Emergency, stress, emotions, patient and family, unexpected, team, professional skills, professionnal experiences, staff training, emergency trolley, chain-hospital survival, certification, organization et team management.

Summary:

Emergencies are part of everyday life, either at home or at the hospital. Dealing with emergencies is not reserved to specialised services such as emergency units or intensive care units. Nurses will meet with emergencies throughout their careers. They will have to use their professional skills in order to cope efficiently with the situations they will face. But what resources will they rely on to take charge of a patient in an emergency situation? This survey enables them, by consulting written records and on the ground inquiries,to bring forth clues on what takes place at the personal level on one hand – that is to say what the patient and the nurse respectively feel when experiencing an emergency situation – and on the other hand at the professional level, by means of developing the specific skills acquired in the initial learning, but also thanks to the various means which will be put at their disposal and which will be developed in various ways in the course of their professional life, as members of a care unit. As a conclusion, this survey deals with the evolution of a nurse’s autonomy when facing emergency situations, through medical protocols which would enable a nurse to carry out complementary gestures when waiting for more medical help. Why such an evolution? It’s simply to reassess a patient’s place at the centre of the care organisation so that he (or she) can get the most efficient and suitable care as regards the emergency experienced.

Promotion 2010-2013

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Institut de Formation en Soins Infirmiers BP 300 39 - 95 Boulevard Pinel 69 678 BRON Cedex

Auteur : Ludovic LOMBARD

Titre : CODE ROUGE CHAMBRE 126 « ON DEGAGE !!! »

Quand les urgences surviennent dans les services de soins

Question de départ: « De quelle façon, l’infirmier mobilise t-il ses compétences professionnelles pour prendre en charge une situation d’urgence dans un service de court séjour ?»

Mots clés : Urgence, stress, émotions, patient et sa famille, imprévu, équipe, compétences professionnelles, expérience professionnelle, formation du personnel, chariot d’urgence, chaîne de survie intra hospitalière, certification, organisation et gestion de l’équipe.

Résumé : L’urgence est présente dans la vie de tous les jours à domicile comme à l’hôpital. La prise en charge de l’urgence n’est pas réservée aux services spécialisés comme les services d’urgence ou de réanimation. L’infirmier sera donc confronté, tout au long de sa carrière, à faire face à une situation d’urgence imprévue. Il devra mobiliser une aptitude professionnelle, afin de répondre avec efficacité à l’urgence qui se présentera à lui. Mais de quelles ressources dispose-t-il pour pendre en charge un patient dans l’urgence ? Ce travail permet, à la fois par la recherche littéraire et par les enquêtes de terrains réalisées, d’apporter des éléments de réponse sur ce qui se joue, d’une part au niveau personnel, c'est-à-dire ce que ressentent le patient et l’infirmier lorsqu’ils vivent une urgence, et d’autre part au niveau professionnel, par le développement des compétences spécifiques acquises lors de la formation initiale, mais également par les différents moyens qui seront mis à sa disposition par l’institution et qui seront développés de différentes façons tout au long de sa carrière en poste dans un service de soin. En conclusion, il est abordé l’évolution de l’autonomie de l’infirmier face aux situations d’urgence, par le biais des protocoles médicaux qui pourraient permettre à l’infirmier de réaliser des gestes complémentaires, dans l’attente du renfort médical. Pourquoi une telle évolution ? Tout simplement pour réaffirmer la place du patient au cœur du dispositif de soin et lui permettre ainsi d’obtenir des soins les plus efficaces et adaptés au regard de l’urgence subie.

Promotion 2010-2013