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5 Le Quotidien de la Réunion - Mardi 11/04/2017 SI J’ÉTAIS PRÉSIDENT « Une bibliothèque à chaque Réunionnais » Daniel Honoré, écrivain, conteur, est aussi un gardien de la mémoire réunionnaise. Le Zarboutan souhaite que les Ré- unionnais s’approprient davan- tage leur culture. « La culture est une semence qui ne connait jamais la dégénérescence, » dit-il joliment. « Si moin lété Prézidan la Ré- piblik ? Ebin, alon fé ri in pé la boush an promié ! Si moin lété Prézidan la Répiblik moin noré manz kari la pate koshon tou lé zour ! « Et quid de plus ? Je crois que je me transformerais en Ultra- marin pour rêver à Un milliard et cinq cents millions d’euros tous les soirs. Mais être riche comme ça, être flatté par tous, être admi- ré par les petits et les grands, par tous les Réunionnais en fait, ce serait n’être qu’un président sans rien de différent d’avec les autres. Non ! Être riche comme ça, mais savoir se faire aimer, savoir se faire respecter de ses compa- triotes, ça ce serait extra ! » A la recherche des racines « Et surtout, si j’étais pré- sident, j’apprendrais à mes compatriotes à être des femmes et des hommes fiers d’apparte- nir à leur pays et à l’aimer pro- fondément. Je leur donnerais les moyens financiers d’aller d’un continent à un autre à la re- cherche des racines qui les y at- tendent depuis des siècles. Et s’ils en profitaient pour rencontrer les descendants de ceux-là qui avaient exterminé les peuples de l’Amérique. Et ceux-là aussi qui avaient obligé des bras à dé- fricher tant de terres !!! « Mais un président se doit de rester au milieu de ses compa- triotes. Contrairement au Mau- ricien qui achète des journaux le matin, le Réunionnais passe le plus souvent son temps devant certains écrans avares de culture et de civilisation. Il y a des gens qui ont une bibliothèque comme les eunuques ont un harem. « Alors si j’étais président, j’abonnerais les Réunionnais aux journaux et je ferais cadeau à chacun d’une bibliothèque riche du passé, car il ne faut pas oublier que le respect du passé donne naissance au progrès. Et il faut se souvenir que la culture est une semence qui ne connait jamais la dégénérescence. « Ah ! Je n’ai pas méprisé la ri- chesse du président… dans mes rêves ! Je n’ai rêvé que de grandes choses mais finalement je n’en aurais fait que des petites ! » Propos recueillis par M.L. Daniel Honoré. (Photo Raymond Wae-Tion) NATAHALIE ARTHAUD CANDIDATE DE LUTTE OUVRIÈRE « J’appelle les travailleurs à voter pour leur camp » Candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud se revendique communiste et prône la lutte contre le capitalisme et la grande bourgeoisie. Celle qui se présente pour la deuxième fois à l’élection présidentielle espère un sursaut des classes populaires, plutôt dans la rue que dans les bulletins de vote. – Vous vous revendiquez comme candidate communiste. Cet idéal n’est donc pas dépassé selon vous ? Qu’est-ce que le com- munisme aujourd’hui ? – Pour moi, c’est une nécessité pour la survie de l’humanité. On voit que le système capitaliste, cette société d’exploitation de l’homme par l’homme, nous mène vers le mur, vers la catastrophe. Re- gardez cette guerre en Syrie qui menace de dégénérer à tout mo- ment, les 20 millions de femmes et d’hommes entre la vie et la mort en Afrique de l’Est, même dans les pays les plus riches comme la France, regardez comment la misère et le chômage font des ra- vages. Le capitalisme est au bout du rouleau, parce qu’une minorité richissime accapare des milliards et des milliards en appauvrissant, en pillant le travail de millions d’hommes et de femmes. – Vous n’avez recueilli que 0,6 % des voix à la Réunion en 2012, 0,56 % au niveau national. Comment expliquez-vous le peu d’écho de votre candidature ? – D’abord, vous avez vu que nous ne jouons pas à armes égales. La réalité est qu’on ne parle que de cinq candidats. Et puis il y a cette pression des médias, de vote utile. On met dans la tête des électeurs qu’il faudrait forcément qu’ils départagent ceux qui sont « sus- ceptibles » d’accéder à l’Elysée. Moi dans cette élection, je veux au contraire dire que quand on est ouvrier, employé, chômeur, retrai- té, choisir entre ces prétendants à l’Elysée, c’est voter contre son camp, c’est tendre le bâton pour se faire battre, parce que tous veulent gouverner dans le cadre de cet ordre social basé sur l’exploi- tation, l’oppression. Ils se vouent tous, même ceux qui prétendent vouloir mener une politique plus favorable aux classes populaires, à faire la politique demandée par le grand patronat et la grande bour- geoisie. Moi j’appelle les travail- leurs à voter pour leur camp, leur politique, qui corresponde à leur besoin: un emploi, un salaire, avec un minimum de 1 800 € nets par mois et mettre en avant la nécessi- té de se battre à travers des grèves, des manifestations. – Quel regard portez-vous sur la crise en Guyane, et au-delà, sur la situation de retard, de cumul des problèmes sociaux et écono- miques, dans l’outre-mer ? – Je pense qu’ils ont raison. Je me sens tout à fait de leur côté. Quand on voit la base spatiale, dont s’enorgueillit l’Etat, les cen- taines de millions dépensés là, les concentrés de technologie et qu’à quelques kilomètres, on va trouver des femmes et des hommes privés d’eau potable ou d’électricité. On voit effectivement que l’Etat a abandonné la population guya- naise, comme il maltraite l’outre- mer en général, où l’on voit que les travailleurs sont soumis, comme dans l’Hexagone, au chômage, au blocage des salaires, mais de façon encore plus accentuée, parce que la vie est plus chère, parce que tous les maux sont surmultipliés. Je suis complètement solidaire et je pense que les perspectives que la lutte collective ouvre sont bien plus importantes que celles ouvertes par leur bulletin de vote. Contraindre « les grandes entreprises » – Quelles sont vos proposi- tions de développement, de lutte contre le chômage de masse dans un département comme la Réu- nion ? – Nous pensons qu’il faut in- terdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices. Je sais que des groupes bancaires ferment des agences, à la Réunion comme ailleurs, que des grands groupes de l’import-export res- tructurent en permanence, s’ap- puient sur le travail intérimaire, travail jetable, comme si les sa- lariés étaient jetables. Il faut que ces grands groupes payent pour maintenir les emplois et même pour répartir le travail, parce que nous pensons qu’il serait tout à fait possible de répartir le travail entre tous en prenant sur les profits. On ne peut pas accepter que certains soient débordés, surchargés, avec des horaires insoutenables et puis d’autres condamnés à l’inactivité. Il faut répartir le travail pour que chacun ait un emploi et un salaire correct. – Vous revendiquez l’inter- diction des licenciements, le contrôle des entreprises par les salariés. Comment les met- triez-vous en œuvre ? – Ce sera de toute façon quelque chose d’imposé, sous la pression collective, le rapport de force. Et il faudra effectivement menacer de rétorsion ceux qui n’acceptent pas cela. Ces grands groupes nous expliquent tout le temps que leurs intérêts correspondent à l’intérêt du plus grand nombre. S’ils ne veulent pas se plier à ce qui cor- respond à l’intérêt de tous, il faut les menacer d’expropriation, tout simplement. L’autre mesure qui va déplaire, c’est le contrôle des travailleurs sur les décisions ou la comptabi- lité des entreprises. L’entreprise, elle n’exploite pas seulement ses salariés, mais aussi les entreprises plus petites, qui dépendent d’elles, les sous-traitants, toutes les en- treprises auprès desquelles elle a externalisé plusieurs activités. Nous pensons que les travailleurs doivent savoir quels sont les cir- cuits de l’argent, les dividendes, comment les contrats sont signés. Là on verrait que l’argent il existe, pour embaucher, pour augmenter les salaires aussi. – Quel rôle l’outre-mer doit-il jouer selon vous au sein de la France ? – J’espère surtout que les tra- vailleurs d’outre-mer vont se lever pour eux, pour leurs intérêts. – Qu’est-ce qui différencie votre candidature, de celle de Phi- lippe Poutou, trotskiste lui aussi ? – Philippe Poutou a expliqué que le NPA n’était pas trotskiste. Je rappelle que clairement, nous revendiquons de cette filiation-là, communiste, trotskiste. Cette idée de gérer collectivement la société, c’est une idée des plus enthousias- mantes, des plus belles. Quand on est travailleur, qu’on est vendu aux uns, aux autres, que notre entre- prise change de nom dix fois, on ne sait plus qui tire les ficelles de tout ça et on est soumis à leurs quatre volontés. Il faut qu’on conteste ce- la. Les travailleurs sont à la base de tout et représentent les intérêts du plus grand nombre. Ensemble on pourrait gérer tous ces moyens de production infiniment mieux. « Les illusions » des candidats de gauche – Quel jugement portez-vous sur les autres candidatures de gauche, celles de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ? – Ils véhiculent beaucoup d’il- lusions, quand ils nous expliquent qu’on peut moraliser, réformer, hu- maniser le capitalisme. La loi du profit, de la rentabilité, elle s’im- pose par-dessus tout. C’est cela la réalité. Si les travailleurs veulent défendre leur condition, il faut qu’ils se battent contre le grand ca- pital. Il y a un lien entre les grandes fortunes, toujours plus riches et l’appauvrissement de la popula- tion. C’est cela qu’il faut dénon- cer. Dans cette campagne je suis la seule à dénoncer la dictature de la classe capitaliste sur l’ensemble de l’économie et de la société et à dire que les travailleurs doivent répondre aux coups et s’organi- ser. Ils doivent être conscients de leur force et conscients qu’ils ne sont pas dépendants de cette classe capitaliste. C’est l’inverse en réalité. Cette grande bourgeoi- sie est dépendante du monde du travail. Ce sont les travailleurs qui lui donnent à manger. – Que ferez-vous après cette campagne présidentielle ? À quoi ressemble la vie de Nathalie Ar- thaud au quotidien ? – La vie d’une enseignante de Seine-Saint-Denis, d’une ensei- gnante des quartiers populaires. Je reprendrai mon travail dès le lendemain de l’élection. Je gagne ma vie comme ça. Je n’ai pas arrê- té d’ailleurs, j’étais à temps partiel cette année. Je ferai passer le bac aux élèves puisque dès mai-juin on est dans le baccalauréat. Entretien: Stéphane FONTAINE Nathalie Arthaud, ici dans une manifestation contre la loi El Khomri à Saint-Pierre l’an- née dernière, revendique l’interdiction des licenciements et un contrôle des entreprises par leurs salariés. (Photo Jean-Claude Feing) La candidate Lutte ouvrière et des membres réunionnais de ce parti. Élections 2017

NATAHALIE ARTHAUD CANDIDATE DE LUTTE … · de la mémoire réunionnaise. Le ... Je sais que des groupes bancaires ferment des agences à la Réunion, ... c’est le contrôle des

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5 Le Quotidien de la Réunion - Mardi 11/04/2017

SI J’ÉTAIS PRÉSIDENT

« Une bibliothèque à chaque Réunionnais »Daniel Honoré, écrivain,

conteur, est aussi un gardien de la mémoire réunionnaise. Le Zarboutan souhaite que les Ré-unionnais s’approprient davan-tage leur culture. « La culture est une semence qui ne connait jamais la dégénérescence, » dit-il joliment.

« Si moin lété Prézidan la Ré-piblik ? Ebin, alon fé ri in pé la boush an promié ! Si moin lété Prézidan la Répiblik moin noré manz kari la pate koshon tou lé zour !

« Et quid de plus ? Je crois que je me transformerais en Ultra-marin pour rêver à Un milliard et cinq cents millions d’euros tous les soirs. Mais être riche comme ça, être flatté par tous, être admi-ré par les petits et les grands, par tous les Réunionnais en fait, ce serait n’être qu’un président sans rien de différent d’avec les autres. Non ! Être riche comme ça, mais savoir se faire aimer, savoir se faire respecter de ses compa-triotes, ça ce serait extra ! »

A la recherche des racines

« Et surtout, si j’étais pré-sident, j’apprendrais à mes compatriotes à être des femmes et des hommes fiers d’apparte-nir à leur pays et à l’aimer pro-

fondément. Je leur donnerais les moyens financiers d’aller d’un continent à un autre à la re-cherche des racines qui les y at-tendent depuis des siècles. Et s’ils en profitaient pour rencontrer les descendants de ceux-là qui avaient exterminé les peuples de l’Amérique. Et ceux-là aussi qui avaient obligé des bras à dé-fricher tant de terres !!!

« Mais un président se doit de rester au milieu de ses compa-triotes. Contrairement au Mau-ricien qui achète des journaux le matin, le Réunionnais passe le plus souvent son temps devant certains écrans avares de culture et de civilisation. Il y a des gens qui ont une bibliothèque comme les eunuques ont un harem.

« Alors si j’étais président, j’abonnerais les Réunionnais aux journaux et je ferais cadeau à chacun d’une bibliothèque riche du passé, car il ne faut pas oublier que le respect du passé donne naissance au progrès. Et il faut se souvenir que la culture est une semence qui ne connait jamais la dégénérescence.

« Ah ! Je n’ai pas méprisé la ri-chesse du président… dans mes rêves ! Je n’ai rêvé que de grandes choses mais finalement je n’en aurais fait que des petites ! »

Propos recueillis par M.L.

Daniel Honoré. (Photo Raymond Wae-Tion)

NATAHALIE ARTHAUD CANDIDATE DE LUTTE OUVRIÈRE

« J’appelle les travailleurs à voter pour leur camp »

Candidate de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud se revendique communiste et prône la lutte contre le capitalisme et la grande bourgeoisie. Celle qui se présente pour la deuxième fois à l’élection présidentielle

espère un sursaut des classes populaires, plutôt dans la rue que dans les bulletins de vote.

– Vous vous revendiquez comme candidate communiste. Cet idéal n’est donc pas dépassé selon vous ? Qu’est-ce que le com-munisme aujourd’hui ?

– Pour moi, c’est une nécessité pour la survie de l’humanité. On voit que le système capitaliste, cette société d’exploitation de l’homme par l’homme, nous mène vers le mur, vers la catastrophe. Re-gardez cette guerre en Syrie qui menace de dégénérer à tout mo-ment, les 20 millions de femmes et d’hommes entre la vie et la mort en Afrique de l’Est, même dans les pays les plus riches comme la France, regardez comment la misère et le chômage font des ra-vages. Le capitalisme est au bout du rouleau, parce qu’une minorité richissime accapare des milliards et des milliards en appauvrissant, en pillant le travail de millions d’hommes et de femmes.

– Vous n’avez recueilli que 0,6 % des voix à la Réunion en 2012, 0,56 % au niveau national. Comment expliquez-vous le peu d’écho de votre candidature ?

– D’abord, vous avez vu que nous ne jouons pas à armes égales. La réalité est qu’on ne parle que de cinq candidats. Et puis il y a cette pression des médias, de vote utile. On met dans la tête des électeurs qu’il faudrait forcément qu’ils départagent ceux qui sont « sus-ceptibles » d’accéder à l’Elysée. Moi dans cette élection, je veux au contraire dire que quand on est ouvrier, employé, chômeur, retrai-té, choisir entre ces prétendants à l’Elysée, c’est voter contre son camp, c’est tendre le bâton pour se faire battre, parce que tous veulent gouverner dans le cadre de cet ordre social basé sur l’exploi-tation, l’oppression. Ils se vouent tous, même ceux qui prétendent vouloir mener une politique plus favorable aux classes populaires, à faire la politique demandée par le grand patronat et la grande bour-geoisie. Moi j’appelle les travail-leurs à voter pour leur camp, leur politique, qui corresponde à leur besoin : un emploi, un salaire, avec un minimum de 1 800 € nets par mois et mettre en avant la nécessi-té de se battre à travers des grèves, des manifestations.

– Quel regard portez-vous sur la crise en Guyane, et au-delà, sur la situation de retard, de cumul des problèmes sociaux et écono-miques, dans l’outre-mer ?

– Je pense qu’ils ont raison. Je me sens tout à fait de leur côté. Quand on voit la base spatiale, dont s’enorgueillit l’Etat, les cen-

taines de millions dépensés là, les concentrés de technologie et qu’à quelques kilomètres, on va trouver des femmes et des hommes privés d’eau potable ou d’électricité. On voit effectivement que l’Etat a abandonné la population guya-naise, comme il maltraite l’outre-mer en général, où l’on voit que les travailleurs sont soumis, comme dans l’Hexagone, au chômage, au blocage des salaires, mais de façon encore plus accentuée, parce que la vie est plus chère, parce que tous les maux sont surmultipliés. Je suis complètement solidaire et je pense que les perspectives que la lutte collective ouvre sont bien plus importantes que celles ouvertes par leur bulletin de vote.

Contraindre « les grandes entreprises »

– Quelles sont vos proposi-tions de développement, de lutte contre le chômage de masse dans un département comme la Réu-nion ?

– Nous pensons qu’il faut in-terdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices. Je sais que des groupes bancaires ferment des agences, à la Réunion comme ailleurs, que des grands groupes de l’import-export res-tructurent en permanence, s’ap-puient sur le travail intérimaire, travail jetable, comme si les sa-lariés étaient jetables. Il faut que ces grands groupes payent pour

maintenir les emplois et même pour répartir le travail, parce que nous pensons qu’il serait tout à fait possible de répartir le travail entre tous en prenant sur les profits. On ne peut pas accepter que certains soient débordés, surchargés, avec des horaires insoutenables et puis d’autres condamnés à l’inactivité. Il faut répartir le travail pour que chacun ait un emploi et un salaire correct.

– Vous revendiquez l’inter-diction des licenciements, le contrôle des entreprises par les salariés. Comment les met-triez-vous en œuvre ?

– Ce sera de toute façon quelque chose d’imposé, sous la pression collective, le rapport de force. Et il faudra effectivement menacer de rétorsion ceux qui n’acceptent pas cela. Ces grands groupes nous expliquent tout le temps que leurs intérêts correspondent à l’intérêt du plus grand nombre. S’ils ne veulent pas se plier à ce qui cor-respond à l’intérêt de tous, il faut les menacer d’expropriation, tout simplement.

L’autre mesure qui va déplaire, c’est le contrôle des travailleurs sur les décisions ou la comptabi-lité des entreprises. L’entreprise, elle n’exploite pas seulement ses salariés, mais aussi les entreprises plus petites, qui dépendent d’elles, les sous-traitants, toutes les en-treprises auprès desquelles elle a externalisé plusieurs activités. Nous pensons que les travailleurs doivent savoir quels sont les cir-cuits de l’argent, les dividendes, comment les contrats sont signés. Là on verrait que l’argent il existe, pour embaucher, pour augmenter les salaires aussi.

– Quel rôle l’outre-mer doit-il jouer selon vous au sein de la France ?

– J’espère surtout que les tra-vailleurs d’outre-mer vont se lever pour eux, pour leurs intérêts.

– Qu’est-ce qui différencie votre candidature, de celle de Phi-lippe Poutou, trotskiste lui aussi ?

– Philippe Poutou a expliqué que le NPA n’était pas trotskiste. Je rappelle que clairement, nous revendiquons de cette filiation-là, communiste, trotskiste. Cette idée de gérer collectivement la société, c’est une idée des plus enthousias-mantes, des plus belles. Quand on est travailleur, qu’on est vendu aux

uns, aux autres, que notre entre-prise change de nom dix fois, on ne sait plus qui tire les ficelles de tout ça et on est soumis à leurs quatre volontés. Il faut qu’on conteste ce-la. Les travailleurs sont à la base de tout et représentent les intérêts du plus grand nombre. Ensemble on pourrait gérer tous ces moyens de production infiniment mieux.

« Les illusions » des candidats

de gauche

– Quel jugement portez-vous sur les autres candidatures de gauche, celles de Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ?

– Ils véhiculent beaucoup d’il-lusions, quand ils nous expliquent qu’on peut moraliser, réformer, hu-maniser le capitalisme. La loi du profit, de la rentabilité, elle s’im-pose par-dessus tout. C’est cela la réalité. Si les travailleurs veulent défendre leur condition, il faut qu’ils se battent contre le grand ca-pital. Il y a un lien entre les grandes fortunes, toujours plus riches et l’appauvrissement de la popula-tion. C’est cela qu’il faut dénon-cer. Dans cette campagne je suis la seule à dénoncer la dictature de la classe capitaliste sur l’ensemble de l’économie et de la société et à dire que les travailleurs doivent répondre aux coups et s’organi-ser. Ils doivent être conscients de leur force et conscients qu’ils ne sont pas dépendants de cette classe capitaliste. C’est l’inverse en réalité. Cette grande bourgeoi-sie est dépendante du monde du travail. Ce sont les travailleurs qui lui donnent à manger.

– Que ferez-vous après cette campagne présidentielle ? À quoi ressemble la vie de Nathalie Ar-thaud au quotidien ?

– La vie d’une enseignante de Seine-Saint-Denis, d’une ensei-gnante des quartiers populaires. Je reprendrai mon travail dès le lendemain de l’élection. Je gagne ma vie comme ça. Je n’ai pas arrê-té d’ailleurs, j’étais à temps partiel cette année. Je ferai passer le bac aux élèves puisque dès mai-juin on est dans le baccalauréat.

Entretien : Stéphane FONTAINE

Nathalie Arthaud, ici dans une manifestation contre la loi El Khomri à Saint-Pierre l’an-née dernière, revendique l’interdiction des licenciements et un contrôle des entreprises par leurs salariés. (Photo Jean-Claude Feing)

La candidate Lutte ouvrière et des membres réunionnais de ce parti.

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