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www.librairie-des-colonnes.com LA NEWSLETTER dc La lettre d’information de la l d cà Tanger n° 4 – septembre 2013 Paraît chaque mois & la sélection de livres du mois : Littérature, Beaux livres, essais…, Yannnick Haenel, Roberto Peregalli, etc. P. 2 Coup de cœur L E JOUR DES CORNEILLES DE J.-F. BEAUCHEMIN P. 3 Focus TAMYRAS éDITIONS Quelle lectrice êtes-vous ? E NTRETIEN AVEC RACHIDA MADANI P. 5 I L FAUT BEAUCOUP AIMER LES HOMMES DE MARIE DARRIEUSSECQ Premières lignes P. 4 Édito Rentrée, acte 1 Plus de 500 romans paraissent, rien qu’en français, pour cette rentrée littéraire ; moins que l’année dernière, mais tout de même beaucoup trop pour évoquer ne serait-ce que ceux que nous pourrions aimer. La rentrée s’effectuera donc en deux actes, sur deux mois, dans les pages de notre newsletter. C’est un retour en douceur que nous proposons donc, qui laisse le temps de faire le tri dans la profusion des nou- veautés, qui s’offre aussi le luxe de choisir comme « Coup de cœur », une réédition, intemporelle et jubilatoire, ou de regarder ce qu’il se passe au Liban (« Focus » sur l’édi- teur Tamyras). Le tout accompagné de quelques mots de Rachida Madani, qui nous a fait l’honneur de répondre à notre petit questionnaire sur les livres et la façon d’aborder la lecture.

Newsletter n°4 septembre 2013

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Quatrième numéro de la newsletter de la Librairie des Colonnes

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Page 1: Newsletter n°4 septembre 2013

www.librairie-des-colonnes.com

l a n e w s l e t t e r dcLa lettre d’information de la l d c à Tanger

n° 4 – septembre 2013

Paraît chaque mois

& la sélection de livres du mois : Littérature, Beaux livres, essais…,

Yannnick Haenel, Roberto Peregalli, etc.

P.2Coup de cœur

le jour des corneillesde J.-F. BeAUCHeMIN

P.3Focus

TAMYRAS édITIoNS

Quelle lectr ice êtes-vous ?eNTReTIeN AveC

RACHIdA MAdANI P.5

il faut beaucoup aimer les hommes de MARIe

dARRIeUSSeCQ

Premières l ignes

P.4

Édito

Rentrée, acte 1Plus de 500 romans paraissent, rien qu’en français, pour cette rentrée littéraire ; moins que l’année dernière, mais tout de même beaucoup trop pour évoquer ne serait-ce que ceux que nous pourrions aimer. La rentrée s’effectuera donc en deux actes, sur deux mois, dans les pages de notre newsletter.C’est un retour en douceur que nous proposons donc, qui laisse le temps de faire le tri dans la profusion des nou-veautés, qui s’offre aussi le luxe de choisir comme « Coup de cœur », une réédition, intemporelle et jubilatoire, ou de regarder ce qu’il se passe au Liban (« Focus » sur l’édi-teur Tamyras). Le tout accompagné de quelques mots de Rachida Madani, qui nous a fait l’honneur de répondre à notre petit questionnaire sur les livres et la façon d’aborder la lecture.

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PA RU P o U R l A P R e M I è R e F o I S e N 2004, l e jo u r d e s co r n e i l l e e S T R A P I d e M e N T d e v e N U P o U R S e S P R e-M I e R S l e C T e U R S U N « l I v R e C U lT e ». éTo N N A N T, S A I S I S S A N T, « ov N I l I T T é R A I R e », I l é TA I T P o U R-TA N T I N T Ro U vA B l e d e P U I S lo N g T e M P S ; I l e S T R e PA-RU P o U R l A R e N T R é e C H e z U N N o U v e l é d I T e U R.

Au plus épais de la forêt…C’est au plus épais de la forêt que vivent père et fils, menant existence « coite et quasiment solitaire ». D’eux, on n’aurait sans doute jamais rien su si le fils, un jour, n’avait été appelé à comparaître devant un tribu-nal. Sans cette circonstance extraordinaire dans une vie qui ne le fut pas moins, on n’aurait sans doute jamais, non plus, entendu pareille langue. Car, Le Jour des corneilles, par-delà la force de l’histoire, est porté par une musique étrange et proprement inédite, mélange saisissant d’archaïsmes, de néologismes et de trouvailles langagières qui entraîne le lecteur sans même qu’il s’en rende compte au plus profond de deux solitudes peuplées d’apparitions, là où tout étonne sans plus jamais paraître extravagant. Véritable tour de force qui ne se fait pas sentir comme tel, émouvant et drôle, ce livre est de ceux qui ne laissent personne indifférent. Que l’auteur, Jean-François Beauchemin, soit québécois, n’est peut-être pas pour rien dans le charme qui opère. Pourtant, une fois le livre ouvert, impossible de dire où l’on se trouve, ni en quelle année nous sommes ; nous avons pénétré le domaine du conte. Le plus horrible s’y fait jour en toute naïveté et les questions les plus graves affleurent sans en avoir l’air. À sa parution, en 2004, le livre a obtenu le prix littéraire France-Québec et a été, en 2012, adapté pour le cinéma par Jean-Christophe Dessaint.

le j o u r d e s co r n e i l l e sd e J . -F. Beauchemin

Coup de cœur

page 2

+R Deux libraires évoquent, en vidéo, leur découverte du Jour des corneilles.R Un entretien, audio (environ 11 min.), avec Jean-François Beauchemin enregistré à l’occasion de la sortie de son livre Le Hasard et la Volonté est disponible sur le site de Radio Canada.

Jean-François Beauchemin,Le JoUr Des CorneiLLes, Libret to, 160 pages, 102 dh.

Extrait : « Nous logions, père et moi, au plus épais de la forêt, dans une cabane de billes érigée ci-devant le grand hêtre. Père avait formé de ses mains cette résidence rustique et tous ses accompagnements. Rien n’y man-quait : depuis l’eau de pluie amassée dans la barrique pour nos bouillades et nos plongements, jusqu’à l’âtre pour la rissole du cuissot et l’échauffage de nos membres aux rudes temps des frimasseries. Il y avait aussi nos paillasses, la table, une paire de taboureaux et puis encore l’alambic de l’officine où père s’affairait à extraire, des branchottes et fruits du genièvre avoisinant, une eau-de-vie costaude et grandement combustible.Pour nous repaître, nous prenions le poisson de l’étang ou boutions hors tanières et abris toutes bêtes nour-ricières : garennes, gélinots, chipmonques, casteurs, putois, ratons et chevrillards. Le reste de notre pâture se composait surtout de thé de dalibarde, d’œufs de merle et de sarcelle, de marasmes, de racines et de baies, de souricelles assommées par nos soins et de rapaces doctement bombardés de pierrettes ou percés par nos flèches. »

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etel adnan, AU CœUr DU

CœUr D’Un PAYs, 2010, 138 dh.

aurél ie carton, Les CArnets De L’hironDeLLe, 2008, 138 dh.

etel adnan, PAris mis à nU, 2011, 138 dh.

émil ie thomas mansour, noir

BeYroUth, 2010, 88 dh.

etel adnan, sitt mArie rose,

2010, 138 dh.

mazen KerBaJ, Cette histoire se

PAsse, 2011, 225 dh.

Carla BeJ Jani aramouni,

CADenCe LiBre, 2008, 138 dh.

Patr icK Baz, Don’t tAke mY PiCtUre.

irAqis Don’t CrY, 2009, 464 dh.

eN P R I S e Av e C l e M o N d e d’AU J o U R d’H U I e T S e S M U TAT I o N S, TA M Y R A S P U B l I e d e-P U I S 2003 AU lI B A N, d e S l I v R e S e N F R A N ç A I S FA I S A N T l A PA RT B e l l e à l A l I T T é-R AT U R e Co N T e M P o R A I N e, l A PH oTo g R A PH I e, l e d e S S I N…APe Rç U d’U N C ATA lo g U e F lo R I S S A N T.

TAMYRASe d I T I o N S

page 3

Le Liban au présent

Focus

Il suffit de regarder les livres que Tamyras fait paraître depuis dix ans pour s’apercevoir que cette maison d’édition ancre son dynamisme dans le présent. Il suffit de les ouvrir ensuite pour sentir que ce présent est contradictoire comme la société dans laquelle ils prennent place. Sous des couleurs chatoyantes, de grands noms – à l’instar de celui de la poétesse et romancière américano-libanaise Etel Adnan – voisinent avec de jeunes auteurs (collection « Les impressions »). L’écriture y coudoit le dessin de presse (celui de Kerbaj, beau et drôle) ou la photographie. Chaque fois c’est une facette d’un monde qui se construit, et qui est aussi le nôtre, qui se fait jour.

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page 4

Premières l ignes

il fa u t b e a u co u p a i m e r l e s h o m m e s d e marie Darrieussecq

Un livre nouveau se découvre, chaque mois, au travers de quelques lignes. Ce mois-ci, le début de la première partie du dernier roman de Marie Darrieussecq : il faut beau-coup aimer les hommes.

LE DÉBUT

Le début est comme une entaille, elle ne cesse de revoir le début, net et tranché dans sa vie, alors que ce qui suit semble monté à l’envers, ou coupé, ou dans le désordre.

Elle l’a vu, lui et seulement lui. À une soirée chez George. La plupart des invités étaient là, mais elle a pénétré dans un champ magnétique. Une sphère d’air plus dense qui les excluait tous. Elle était silencieuse. Sa présence la rendait silencieuse et seule. La voix lui manquait : elle n’avait rien à dire. Un champ de forces irradiait de lui, pal-pable, éblouissant, le souffle d’une explosion fixe. Elle était traversée par une onde qui la désintégrait. Ses atomes étaient pulvérisés. Elle était suspendue et déjà elle voulait ça : la désintégration.

Il était vêtu d’un manteau étrange, long, d’un tissu fin et fluide. Il ne la regardait pas. Il regardait le bas de la ravine, les lumières de Los Angeles. Il portait sa lourde tête sombre comme si cet effort l’occupait tout entier. Comme si de tous les humains présents il était seul à avoir conscience de ce fardeau qu’est une tête. Dans le contre-jour des lan-ternes ses cheveux longs lui creusaient une profonde capuche et sa silhouette longiligne avait quelque chose de monacal. L’intensité du champ de force devenait telle que l’un d’eux – elle – formula quelque chose, sur la douceur ou George ou ce qu’ils buvaient ; et il y eut comme une respiration. Le brouillard blanchissait la nuit, une poudre d’eau se formait sur eux. Il lui roula une cigarette. Leurs mains ne se sont pas touchées, mais le champ de force s’est resserré si brutalement que la cigarette a flotté, est passée entre eux sans qu’ils sachent comment, dans l’espace vibrant et bourdonnant. Il a cherché du feu en pantomime dans le noir, dans les poches sans fond de son manteau. Il n’en avait pas – si – la flamme a jailli. Elle a brûlé ses cheveux en s’appro-chant de trop près et elle a ri, à tort, puisque déjà il exigeait d’elle, en silence, le plus grand sérieux. Elle a aspiré une bouf-fée, et elle a fait surface, une dernière fois.

Puis elle a plongé au coeur du monde, avec lui, dans le champ de force, dans le brouillard qui engorgeait Laurel Ca-nyon, dans le bonheur total, opaque et blanc, le bonheur qui désintègre.

► marie darr ieussecq, iL FAUt BeAUCoUP Aimer Les hommes, POL, 320 pages, 160 dh.

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Rachida Madani semble avoir toujours été écrivaine, pourtant son premier recueil de poésie paraît alors qu’elle a déjà 30 ans. Son nom alors sonne, claque, résonne comme celui d’un manifeste dans un champ littéraire où les hommes règnent en maître. Il annonce cette posture fière et revendicative que conserveront tous ses écrits : Femme je suis. Ses poèmes avaient circulé sous forme manuscrite jusque entre les murs de la prison de Kénitra. Ils étaient parvenus dans la cellule de Mohamed Serifi qui en fit des lectures, et des copies, pour d’autres détenus. Parmi ceux-ci, Abdellatif Laâbi. Lorsqu’en 1981, Laâbi est libréré, c’est un de ses amis, Guislain Ripault qui publie la mince plaquette d’une cinquantaine de pages dans la maison d’éditions qu’il a fondé, en France, quelques années plus tôt, les Inéditions Barbares. Laâbi en signe la préface, Rachida Madani entre alors dans ce que l’on peinerait à appeler une « carrière littéraire » tant le mot est dévoyé et tant l’auteure, bien que déterminée, est discrète.Suit l’écriture d’un deuxième recueil, mettant en scène une femme, forte et fière et combative encore – Shéhérazade. Ce sont les Contes d’une tête tranchée, mais ils ne seront publié que près de 20 ans plus tard, en 2001, aux édi-tions Al Forkane, de Casablana.Les deux recueils marquent mais les éditions s’épuisent, ces écrits d’une langue puissante ne reparaissent en français (ils sont maintenant aussi traduits en anglais) qu’en 2006, aux éditions de la Différence, sous le nom Blessures au vent. Rachida Madani a écrit entre temps un roman, L’Histoire peut attendre, publié la même année. On y retrouve la même droiture et la même énergie des images. Les mots de Rachida Madani s’ils se font rares gardent toujours leur tranchant.

Rac h i d aMadaNi

Quelle lectrice êtes-vous ?

page 5

Un(e) auteur(e) nous parle de la façon dont il, ou elle, lit, des ouvrages qui ont marqué sa vie et peut-être scellé une vocation.Après El Mostafa Bouignane (newsletter n° 3), la poéte est romancière tangéroise Rachida Madani a bien voulu répondre notre petit questionnaire.

Enfant ou adolescente, quel est le premier livre qui vous a marqué ?

Rachida Madani : J’ai commencé à lire très tôt. Je piochais des textes dans les manuels scolaires de mes grands frères. Mais la véritable passion est née avec la découverte de La Sœur de Gribouille de La Comtesse de Ségur. Ensuite je m’étais mise à lire et à relire tous ses livres !

Quelles sont les œuvres qui vous ont poussé à devenir

écrivain ?

Mon envie d’écrire m’est venue très tôt, vers l’âge de six ans, alors que je ne savais encore ni lire ni écrire ! Je ne saurais l’expliquer. Mais quand, ado-lescente, j’ai commencé à rédiger mes premiers poèmes, j’étais sûrement sous l’influence des poètes romantiques : Musset, Lamartine, etc. À l’âge adulte, pour faire vite, je citerai Les Fleurs du mal de Baudelaire, Capitale de la douleur d’ Éluard, Les Chants de Maldoror de Lautréa-mont et La Mille et Deuxième Nuit de Mostafa Nissabouri.

Page 6: Newsletter n°4 septembre 2013

page 6

Quel est votre livre préféré ?

Je n’ai pas de préférence pour un livre en particulier, mais plutôt pour un genre, celui du Nouveau roman. En ce qui concerne la poésie, je dirai Les Fleurs du mal, incontestablement.

Y a t-il des auteur-e-s qui vous accompagnent lorsque vous écrivez ?

Non absolument pas ! Je dirais même surtout pas ! J’ai besoin de me détacher de toute influence littéraire pour être parfaitement à l’écoute de mes voix inté-rieures.

Un livre incontournable pour vous.

Les Mille et Une Nuits

Quel grand classique n’avez-vous jamais fini ?

Je n’ai jamais abandonné un classique que j’ai commencé. Mais je n’en raffole pas non plus ! Par contre il y a beaucoup de livres qui s’écrivent aujourd’hui que j’achète et que j’abandonne au bout d’une dizaine de pages. Que lisez-vous en ce moment ?

Je suis sur trois œuvres à la fois :Traité de l’amour, d’Ibn ArabiL’Hôpital, d’Ahmed BouananiEl don de la ignorancia (recueil de poèmes en espagnol), de José Matéo Corrédor.

RA

CH

IdA

MA

dA

NI

Quelle lectrice êtes-vo

us ?

rachida madani, BLessUres AU vent, La Différence, 2006, 141 pages, 122 dh.

rachida madani, L’histoire PeUt

AttenDre, La Différence, 2006, 175 pages, 122 dh.

BiBLiOgraPhie

Poés ie

Femme je suis, Inéditions Barbares,1981. (Ouvrage épuisé, repris dans Blessures au vent)

Contes d’une tête tran-chée, Al Forkane, 2001. (Ouvrage épuisé, repris dans Blessures au vent)

Blessures au vent, La Diffé-rence, 2006, 122dh

Roman

L’histoire peut attendre, La Différence, 2006, 122 dh

Page 7: Newsletter n°4 septembre 2013

roBerto Peregall i, Les LieUx et

LA PoUssière. éLoge De L’ imPerFeCtion,arléa,

176 pages, 219 dh.

laura sartori r imini, roBerto Peregall i, the invention oF the PAst. interior Design AnD

ArChiteCtUre oF stUDio PeregALLi,rizzoli, 512 pages, 1020 dh.

roBerto Peregall i (texte), P ierre le tan ( i l lustrat ions),

LA CUirAsse BroDée, Le Promeneur, 177 pages,

280 dh.

th e i n v e n t i o n o f t h e pa s td e RoBeRTo PeRegAllI

Design/Architecture d’intérieur

page 7

Ro B e RTo Pe R e g A l l I e S T U N A M o U R e U x d e S l I e U x e T d e S C H o S e S QU I o N T U N e H I S To I R e. UN B e AU l I v R e d o N N A N T à vo I R S e S R é A l I S AT I o N S e N M AT I è R e d’A R-C H I T e C T U R e d’I N T é R I e U R Pe R M e T d e R e S A I S I R d A N S S o N U N I T é U N e Pe N S é e d e l A v I l l e, C U R I e U S e d e S e S A S Pé R I T é S, e T d e l’H A B I TAT, AT T e N T I v e à C H AQU e d é TA I l.

La moindre des chosesRoberto Peregalli, n’est pas seu-lement un décorateur d’intérieur mais un penseur de la forme et ce sont des études de philosophie qu’il suit d’abord avant de devenir collaborateur de l’architecte Renzo Mongiardino. Il ouvre ensuite son propre studio, en 1980, et met en pratique une recherche éthique au-tant qu’esthétique à travers des réa-lisations – à Paris, Milan ou Tanger – presque toutes visibles dans In-vention of the Past. Chacune d’entre elles nous invite ainsi à saisir l’invi-sible – dont la racine, en grec, est la même que celle du mot « vrai » –, mettant en œuvre une sensibilité proustienne des lieux et des choses.Avec La cuirasse brodée, déjà, à mi-chemin de la philosophie et de la littérature, il s’interrogeait sur les notions parfois semblables du voir et du savoir. Interrogation d’actua-lité, dans nos espaces urbains en pleine mutation. Et, dans Les lieux et la poussière, Heidegger, Visconti, étaient autant de références, de moyens de nous convaincre de la  beauté de l’imperfection. C’est cette même sensibilité, cette même attention que l’on retrouve dans Invention of the past, mais aus-si toute la magie d’un créateur ca-pable de saisir l’atmosphère d’une époque, quelle qu’elle soit, et servi ici par de magnifiques photogra-phies en couleurs.

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الناجون الزهرة رميج

ية ا و ر

زمن الغضب و الثورة

»كنت وأنا أكتب هذه الرواية، أحلم بتحقيق الحلم الذي ضحى جيلي من أجله… أحلم بأن يحلم الشباب العربي األحالم الكبرى التي تتسع للوطن العربي كله؛ لكني لم أكن أتخيل أبدا أن “زمن الغضب و الثورة” قد يعود مجددا، و أن الشباب العربي يحلم و الثورة لدرجة الغضب قادرة على العربية ستكون الشعوب أن و أحالمنا، نفس

إسقاط األنظمة الديكتاتورية!غير أن سوء ظني خاب! و يا لروعة هذه الخيبة!

تونس ثورة قبيل نهائيا، الرواية هذه باب أغلقت قد أكن لم لو أني جازمة، اعتقد العربية، قد طاروا بالوحدة المؤمنون بالتغيير و الحالمون لكان شخوصها الرائدة، إلى تونس العظيمة وإلى مصر- قلب العروبة- لينضموا إلى الثوار البواسل ، و لكانوا

احتفلوا بتحقيق الحلم بدل احتفالهم بكونهم ما يزالون قيد الحلممحمد الشهيد روح وإلى العظيم التونسي الشعب إلى الرواية هذه أهدي لذلك، البوعزيزي الذي أشعل فتيل الثورة العربية المباركة، و إلى الشعب المصري الرائع

الذي بهر العالم بصموده وإسقاطه للفرعون األخير.«

dh 100 ،الزهرة رميج، الناجون، فضاءات للنشر و التوزيع و الطباعة، 393 ص

Poli t ique-fict ion« Un homme choisit de vivre dans sa voiture. À travers d’étranges ins-criptions qui apparaissent sur les murs de Paris, il pressent l’annonce d’une révolution. Le Renard pâle est le dieu anarchiste des Dogons du Mali ; un groupe de sans-papiers masqués porte son nom et défie la France. Qui est ce solitaire en attente d’un bouleversement politique ? Qui sont les Renards pâles ? Leur rencontre est l’objet de ce livre ; elle a lieu aujourd’hui. »Anisi se présente, le nouveau roman de Yannick Haenel que le grand public avait découvert en 2009 avec son retentissant Jan Karski (réé-dité maintenant en poche dans la collection « Folio »), Prix du roman Fnac, Prix Interralié et objets de plusieurs polémiques autour de la liberté que peut prendre l’écrivain avec l’Histoire. Loin de la Deuxième Guerre mondiale, Les Renards pâles, eux, hantent, la capitale française, prêts à la mettre à feu. Ils sont nos contemporains et l’émeute gronde sur fond de revendications sociales et politiques.

le s r e n a r d s pâ l e s d e Yannick haenel

Li t térature

YannicK haenel, Les renArDs PâLes, gallimard, 192 pages, 134 dh.

page 8

Page 9: Newsletter n°4 septembre 2013

الملكية و النخبة السياسية المغربية

أهمية بسبب ، المناسب الوقت في واتربوري لكتاب الفرنسية ترجمة »لقد جاءت القضايا التي يتناولها ،و بسبب جودة المعطيات التي يقدمها .يكفي أن نقرأ،المقدمة، حيث ال يتردد المؤلف في مناقشة آرائه الخاصة ،و هو يعبر عن الوعي العلمي و اتساع األفق.فان هذا التحليل الذي يقوم به ليثري بشكل متميز معرفتنا باللعبة السياسية

التي مورست و ما زالت تمارس بالمغرب. وأخيرا تجدر اإلشارة إلى أن الترجمة الفرنسية تتضمن إضافات هامة، حيث تغطي الوضعية التي نتجت عن المحاولتين االنقالبيتين اللتين دبرتا ضد الملك الحسن الثاني. و إن لم تظهر تلك اإلضافات بمثابة خالصة، و لو مؤقتة، فإنها تشكل، على األقل، تأكيدا ألطروحات واتربوري، من خالل تحليل أزمة ذات خصوصية مغربية، حيث

ال شيء يتم حسمه، بل و حيث يبدو أن الغموض يلف كل شيءلقد تبين أن ترجمة و تحيين نص كتاب أمير المؤمنين عمل تعترضه صعوبات أكبر مما كنت أتصوره من قبل. فقد كان على الترجمة أن تواجه نصا يتميز بالدقة و ال

يتحمل األخطاء في التأويل.«

ساق البامبوسعود السنعوسي

أمير المؤمنينجون واتربوري

ية ا و رdh 90 ,جون واتربوري، أمير المؤمنين، مؤسسة الغنى، 475 ص

ساق البامبو أو فكرة إنسانية مركزية حول موضوع»تقبل المختلف«

»لماذا كان جلوسي تحت الشجرة يزعج أمي؟ أتراها كانت تخشى أن تنبت لي جذور أمرا مستحيال؟… ربما، أبي إلى بالد تضرب في عمق األرض ما يجعل عودتي لها انتماء البامبو، ال مثل شجرة كنت لو أحيانا. شيئا تعني الجذور ال ولكن حتى .نقتطع جزءا من ساقها… نغرسه، بال جذور، في أي أرض…ال يلبث الساق طويال حتى تنبت له جذور جديدة… تنمو من جديد… في أرض جديدة… بال ماض… بال ذاكرة… ال يلتفت إلى اختالف الناس حول تسميته… كاوايان في الفلبين… خيزران

في الكويت… أو بامبو في أماكن أخرى.« مقتطف من كلمة المترجم: »ترجمتي لهذه األوراق ال تعني بالضرورة موافقتي على كل ما جاء فيها. مهمتي هنا، و إن كنت أشغل حيزا، بشخصيتي الحقيقية، في هذا العمل، ال تتعدى تحويل كلمات النص من اللغة الفلبينية إلى اللغة العربية بناء على

طلب الكاتب.لكل لغة خصوصيتها، و ألن اللغة جزء من ثقافة الشعوب، و الثقافات و إن تشابهت

فيما بينها فال بد أن يتفرد بعضها بما يميزه عن بعضها اآلخر.«الجائزة العالمية للرواية العربية )البوكر( 2013

Booker Prize 2013

dh 130 ,سعود السنعوسي، ساق البامبو، الدار العربية للعلوم ناشرون

سة ا ر دpage 9

Page 10: Newsletter n°4 septembre 2013

le ï la seBBar (d ir.), Une enFAnCe JUive en méDiterrAnée

mUsULmAne, La Croisée des chemins,

368 pages, 100 dh.

Sélection

Li t térature

Li t térature

Li t térature

Li t térature

Li t térature

Li t térature

n o u v e a u t é sen bref

page 10

tanguY Viel, LA DisPArition De

J im sULLivAn ,Minuit, 153 pages, 175 dh.

gRANd FoRMATPoCHe

tierno monénemBo, Le terroriste noir,

Points, 215 pages, 79 dh.

Fouad laroui, tU n’As rien ComPris à

hAssAn i i, Pocket, 124 pages,

65 dh.

Jul ie otsuKa, CertAines n’AvAient

JAmAis vU LA mer, 10/18,144 pages,

83 dh.

Yasmina Khadra, Les Anges meUrent De

nos BLessUres, Jul l iard, 408 pages,

263 dh.

Page 11: Newsletter n°4 septembre 2013

LÉvÉnements

RenCOntRes

s I G n At U R e s

DIsCUss IOns

l e C t U R e s

S E P T E M B R E 2 0 1 3

JuSQu’Au 21 SEPTEMBRE à la l ibrairie

ExPosITIon

TangEr ET lEs prEmièrEs

phoTographiEs dU maroc

Cinquante-quatre tirages d’époque, sur papier albuminé ou au gélatino-chlorure, de photographies prises entre 1870 et 1900, sont expo-sés et proposés à la vente dans la librairie.

SAMEDi 14 SEPTEMBRE à 19h à la l ibrairie

REnConTRE/DIsCUssIon

NiCoLE DE PoNTChARRAla chambrE dEs consolaTions

(édit ions non l ieu)

A. Cavilla. Rue siaghine, tanger, vers 1880. tirage d’époque sur papier albuminé, d’après négatif verre. (22,9x19 cm)

Page 12: Newsletter n°4 septembre 2013

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