4
Urgences 1996;XV:153-156 0 Elsevier, Paris Oxyologie Note sur la complkmentarit6 entre les h6pitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne) par une convention type SAU-Anacor : bilan d’activite et 6tude prospective 0 Davigny, V Verreman, F Cheloul, JC Natteau, M Bernard SAU-Smur, centre hospifalier, BP 608, 02321 Saint-Quenfin cedex, France (Requ le 27 juillet 1996) RBsum6 - Depuis le ler decembre 1994, les hopitaux de Guise et de Saint-Quentin travaillent selon les modalites definies par le rapport Steg. Au centre hospitalier de Guise a ete mise en place une antenne d’accueil et d’orientation, ceci afin de maintenir des soins de proximite. Une convention s’est etablie entre le centre hospitalier de Saint-Quentin (type SAU distant de 30 km) et de Guise permettant la mise a disposition d’un medecin saint-quentinois pour cette structure. Ce dispositif a permis le maintien dune structure d’accueil, une seniorisation de la prise en charge des urgences, evitant ainsi le flux de la population vers le SAU. SAU I Anacor I urgence Summary - Complementarity between Saint-Quentin and Guise (Aisne) hospitals through a SAU-Anacor convention: activity survey and prospective study. Since the Ist December 1994, the hospitals of Guise and Saint-Quentin work following the defined modalities of the Steg report. A reception and dispatching antenna took place at the hospital center of Guise, aiming to maintain and to support vicinity of the medical care. A convention was set up between Saint-Quentin hospital (type SAU distant from 30 km) and Guise hospital, allowing a physician of Saint-Quentin to be appointed for this structure. The system permited to maintain a reception structure, a screeming of emergencies and thus to avoid overuse of the SAU by the population. We afford to study during a period of 3 months, the patients in charge, their pathology and their evolution. SAU I Anacor I emergency Le ler decembre 1994, un service d’accueil des urgences (antenne d’accueil et d’orientation type Anacor) s’est ouvert au centre hospitalier de Guise afin de repondre a une demande de la population dans le domaine de I’urgence [4], et d’eviter a moyen terme la fermeture de I’etablissement. Une conven- tion a ete mise en place entre les hopitaux de Guise et Saint-Quentin (hopital pivot) distants de 30 km. La population de Guise et de ses environs, essentielle- ment rurale, est &al&e a 22 000 personnes. L’ag- glomeration saint-quentinoise est chiff ree a 137 603 personnes. II a fallu I’interet des medecins inspecteurs de- partementaux et regionaux, la collaboration entre les medecins et les directeurs des etablissements pour reorganiser les << urgences )) sur I’hopital de Guise [6]. Seule I’activite du Smur de Saint-Quen- tin etait presente sur la region de Guise avant la restructuration de I’Anacor. DESCRIPTION DU CENTRE HOSPITALIER AVANT LA CREATION DE L’ANACOR L’hopital de Guise comportait un service de 28 lits de medecine, de 22 lits de chirurgie et de 11 lits de maternite. II n’existait pas de service d’ur- gence, I’accueil se faisait directement selon la pathologie dans les services de medecine, de

Note sur la complémentarité entre les hôpitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne) par une convention type SAU-Anacor: bilan d'activité et étude prospective

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Note sur la complémentarité entre les hôpitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne) par une convention type SAU-Anacor: bilan d'activité et étude prospective

Urgences 1996;XV:153-156 0 Elsevier, Paris

Oxyologie

Note sur la complkmentarit6 entre les h6pitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne)

par une convention type SAU-Anacor : bilan d’activite et 6tude prospective

0 Davigny, V Verreman, F Cheloul, JC Natteau, M Bernard

SAU-Smur, centre hospifalier, BP 608, 02321 Saint-Quenfin cedex, France

(Requ le 27 juillet 1996)

RBsum6 - Depuis le ler decembre 1994, les hopitaux de Guise et de Saint-Quentin travaillent selon les modalites definies par le rapport Steg. Au centre hospitalier de Guise a ete mise en place une antenne d’accueil et d’orientation, ceci afin de maintenir des soins de proximite. Une convention s’est etablie entre le centre hospitalier de Saint-Quentin (type SAU distant de 30 km) et de Guise permettant la mise a disposition d’un medecin saint-quentinois pour cette structure. Ce dispositif a permis le maintien dune structure d’accueil, une seniorisation de la prise en charge des urgences, evitant ainsi le flux de la population vers le SAU.

SAU I Anacor I urgence

Summary - Complementarity between Saint-Quentin and Guise (Aisne) hospitals through a SAU-Anacor convention: activity survey and prospective study. Since the Ist December 1994, the hospitals of Guise and Saint-Quentin work following the defined modalities of the Steg report. A reception and dispatching antenna took place at the hospital center of Guise, aiming to maintain and to support vicinity of the medical care. A convention was set up between Saint-Quentin hospital (type SAU distant from 30 km) and Guise hospital, allowing a physician of Saint-Quentin to be appointed for this structure. The system permited to maintain a reception structure, a screeming of emergencies and thus to avoid overuse of the SAU by the population. We afford to study during a period of 3 months, the patients in charge, their pathology and their evolution.

SAU I Anacor I emergency

Le ler decembre 1994, un service d’accueil des urgences (antenne d’accueil et d’orientation type Anacor) s’est ouvert au centre hospitalier de Guise afin de repondre a une demande de la population dans le domaine de I’urgence [4], et d’eviter a moyen terme la fermeture de I’etablissement. Une conven- tion a ete mise en place entre les hopitaux de Guise et Saint-Quentin (hopital pivot) distants de 30 km. La population de Guise et de ses environs, essentielle- ment rurale, est &al&e a 22 000 personnes. L’ag- glomeration saint-quentinoise est chiff ree a 137 603 personnes.

II a fallu I’interet des medecins inspecteurs de- partementaux et regionaux, la collaboration entre

les medecins et les directeurs des etablissements pour reorganiser les << urgences )) sur I’hopital de Guise [6]. Seule I’activite du Smur de Saint-Quen- tin etait presente sur la region de Guise avant la restructuration de I’Anacor.

DESCRIPTION DU CENTRE HOSPITALIER AVANT LA CREATION DE L’ANACOR

L’hopital de Guise comportait un service de 28 lits de medecine, de 22 lits de chirurgie et de 11 lits de maternite. II n’existait pas de service d’ur- gence, I’accueil se faisait directement selon la pathologie dans les services de medecine, de

Page 2: Note sur la complémentarité entre les hôpitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne) par une convention type SAU-Anacor: bilan d'activité et étude prospective

0 Davigny et al

Fig 1. Activitb mensuelle de I’antenne d’accueil des urgences du centre hospitalier de Guise.

chirurgie ou d’obstetrique concern&. II y avait egalement un service de radiologie et des consult- ations externes depuis 1987. Celles-ci se sont &endues au fil des annees par convention avec le centre hospitalier de Laon (distant de 32 km, siege du Samu), le centre hospitalier et la policli- nique de Saint-Quentin.

La permanence medicale s’est elle aussi modi- free, expliquant la fermeture progressive de cer- tains services : - avant 1993 on comptait cinq praticiens hospita- liers temps pleins en medecine, chirurgie, anes- thesie, gynecologie et radiologie, et deux faisant fonction d’internes (FFI) ; -au premier semestre 1993 le poste de chirurgien a ete supprime ; - au premier janvier 1994 : fermeture de la materni- te, presence de trois temps pleins (medecine, anes- thesie et radiologie) avec transformation de deux temps pleins en deux temps partiels, et un FFI.

La difference de postes entre 1993 et 1994 est utilisee pour la remuneration des vacations de specialistes de Saint-Quentin : celles-ci ont per- mis d’augmenter I’activite des consultations ex- ternes, mais aussi la creation d’une chirurgie am- bulatoire (orthopedie, ORL, urologie) estimee a 590 interventions en 1994. La permanence medi- tale des urgences etait assuree soit par un mede- tin temps plein, soit par un temps pat-tie1 ou le plus souvent par le medecin FFI. Or, par decision de la direction regionale de I’Action sanitaire et sociale

(DRASS), le recrutement local des FFI est refuse a partir du premier decembre 1994. Cette situation oblige a la restructuration des urgences sur Guise.

DESCRIPTION DU CENTRE HOSPITALIER DE SAINT-QUENTIN

L’hbpital de Saint-Quentin est de type SAU (ser- vice d’accueil des urgences) conformement au d&ret du 09 mai 1995 [l, 2, 3, 51. Le nombre de lits se chiffre a 590 pour une population de 60 616 habitants intra muros.

Le SAU realise entre 25 000 et 30 000 pas- sages par an avec une activite Smur d’environ 2 000 interventions annuelles (pour I’annee 1995 : 1 731 interventions primaires et 296 interventions secondaires).

La presence medicale avant le premier decem- bre 1994 au SAU de Saint-Quentin etait assuree par trois praticiens hospitaliers temps pleins, trois assistants et deux medecins vacataires.

ORGANISATION DU SERVICE D’ACCUEIL DE GUISE

Le 1 w decembre 1994 une antenne d’accueil des urgences s’est ouverte au centre hospitalier de Guise. Les locaux sont ceux de I’ancienne mater- nite avec amenagement d’une banque d’accueil, d’un secretariat, d’un bureau medical, d’une Salle de soins et dune Salle de petite chirurgie, dune

Page 3: Note sur la complémentarité entre les hôpitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne) par une convention type SAU-Anacor: bilan d'activité et étude prospective

Convention de type SAU-Anacor

,,’ ‘+ /;so lan \ i 1’ ‘\ ‘\

/’ REIMS PARIS

Fig 2. Situation gkographique de Guise.

Fig 3. Mode d’arrivee des patients aux urgences du centre hospitalier de Guise.

Fig 4. Motifs de la prise en charge des patients par les urgences du centre hospitalier de Guise.

salle d’appareillage, et de cinq lits dont deux equi- p& de materiel de reanimation. L’accueil se fait par un medecin senior : assistant generaliste (di- plome ou en tours d’obtention de la capacite d’aide medicale urgente) ou par un praticien has- pitalier, aide d’un (e) infirmier (e) diplome (e) d’Etat et dune aide-soignante. La permanence medicale s’effectue de 8 h 30 a 18 h 30 du lundi au vendre- di. Une astreinte est assuree par les praticiens hospitaliers de Guise a pat-tir de 18 h 30 et jus- qu’au lendemain, ainsi que les week-ends et jours feries. L’admission se fait alors en service de medecine ou de chirurgie. Une convention a ete signee entre le centre hospitalier de Saint-Quentin et de Guise : chaque jour, un medecin du SAU se deplace vers I’Anacor par ses propres moyens. Les frais de deplacement sont pris en charge par le centre hospitalier de Guise. Cette restructura- tion a permis la mise a disposition de deux postes de medecins assistants au centre hospitalier de Saint-Quentin par le centre hospitalier de Guise. On obtient ainsi une homogeneite de I’equipe medicale sur les deux sites, une << seniorisation )> de I’urgence sur un hopital de proximite, et ceci dans I’interet de la population de Guise.

Fig 5. C;lassltlcatlon clinique des malaaes Cies urgences (CCMU).

Depuis I’ouverture du service d’accueil du centre hospitalier de Guise, le nombre de passages en chiffre a 2 296 personnes en presence du mede- tin de Saint-Quentin pour une globalite de 3 339 personnes (du 1 er decembre 1994 au 1 er decem- bre 1995). Soit une activite de 69 % en presence saint-quentinoise pour 31 % hors presence.

Nous avons realise cette etude prospective sur 3 mois (de juillet a septembre 1995), afin de definir notre activite : les pathologies rencontrees ainsi que la population concernee. Ces differentes don- nees nous ont permis de classer I’activite dite en c< CCMU )) (classification clinique des malades des urgences), et d’evaluer le benefice pour la population du secteur de Guise. Realisee en pe- riode estivale, le nombre de passages n’a pas diminue ; au contraire, on remarque une augmen- tation des passages depuis juin 1995 (fig 1).

La situation geographique de Guise permet un

Page 4: Note sur la complémentarité entre les hôpitaux de Saint-Quentin et Guise (Aisne) par une convention type SAU-Anacor: bilan d'activité et étude prospective

156 0 Davigny et al

recrutement equitable des urgences entre Guise et son arrondissement (fig 2).

Les modes d’arrivee se font pour 57 % des personnes sans recours a une medicalisation prealable (fig 3).

Le sex-ratio est de 1,2 hommes pour 1 femme. La repartition par age est de 27 % pour la tranche des O-20 ans, 46 % pour les 20-60 ans et 27 % pour les plus de 60 ans. L’activite des urgences de I’Anacor est comparable a I’activite de tous services d’urgences. Notre recrutementest essen- tiellement traumatologique (fig 4) et I’activite thera- peutique est evidemment essentiellement trauma- tologique a 68 % : pansement, platre, suture...

Les criteres cliniques definis dans la classifica- tion CCMU correspondent tout a fait a la definition de I’activite de notre Anacor (fig 5). Les actes diagnostiques sont pour 66 % radiologiques dont 1 % echographique, 31 % biologiques, et 3 % di- vers.

Le devenir de nos patients se fait pour une tres grande majorite par un retour a domicile avec ou sans consultations specialisees. L’hospitalisation ne concerne que 20 % des patients dont 83 % en secteur de medecine. De plus, le nombre de trans- ferts est faible : 5 % dont 0,89 % medicalises. Le temps de prise en charge est court car notre recrutement est essentiellement traumatologi- que : 51 % des patients beneficient de soins en moins de 30 minutes, 27 % en moins de 1 heure,

15 % en moins de 2 heures et 7 % en plus de 2 heures.

CONCLUSION

Cette etude prospective nous a permis d’etudier I’activite des urgences de I’Anacor. Celle ci est comparable a I’activite de tous les services d’ur- gences. Apres un recul de 18 mois, le fonctionne- ment semble satisfaisant : la regulation medicale du centre 15 permet d’orienter directement par le Smur les classes IV et V (CCMU) vers le SAU de I’hopital pivot. La population de Guise et de ses environs trouve dans son secteur une qualite de soins de proximite, rapide, et equivalente a celle du SAU de Saint-Quentin grke a une convention et une reelle volonte de complementarite entre deux structures hospitalieres.

RiF&ENCES

Circulaire no DH. 4B/DGS. 3E/91-34 du 14 mai 1991 D&ret no 95-647 du 9 mai 1995 D&ret no 95-648 du 9 mai 1995 Puel P, Mehu G, Zajec D, Le Bras JY, Crom P. Creation d’une structure de type SAU-ANACOR et organisation d’un SMUR bipolaire. Exemple des hopitaux de Quimper et Concarneau. Rev SAMU 1995;4:141-5 Rapport STEG : Commission nationale de restructuration des urgences (septembre 1992-octobre 1993) Schema regional de I’organisation sanitaire de Picardie, 28 juillet 1994