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Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

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Illustration de couverture:Porte de l’enclos abbatial de Notre-Dame de Bellevaux.Sur son fronton figure la date de 1764.

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Remerciements

Je souhaite tout d’abord remercier ma directrice de maîtrise, Madame Nicole Brocard pour ses nombreux conseils et surtout sa disponibilité, son écoute et ses encouragements. J’adresse également toute ma reconnaissance à monsieur Theurot et monsieur Gresser qui ont toujours répondu au mieux à nos besoins de connaissances, nos attentes et nos interrogations.

Je remercie aussi le personnel des archives départementales du Doubs, de la

bibliothèque d’étude et de la bibliothèque Hérodote pour toute leur sympathie et leur attention. A toi, Aurélie, c’est toute ma gratitude que j’adresse. Dès le début, tu m’as encouragée, guidée et soutenue. Tu t’es toujours rendue disponible pour m’aider et surtout m’écouter. Merci pour ces nombreux instants de partage. Merci à toi maman. Tu as toujours su te rendre présente pour me comprendre, m’aider et m’encourager. Je te suis reconnaissante pour tous tes nombreux efforts et ta patience. Un merci tout particulier à Julien pour sa précieuse « aide technique ». Tu n’as pas hésité à t’investir pour mettre en forme mes projets. A ma petite sœur, pour ses encouragements, sa motivation, ses conseils et surtout son réconfort. Enfin, je souhaite également remercier toutes celles et ceux qui ont su prendre le temps de me comprendre, de m’écouter et de m’encourager. Leur soutien et leur patience m’ont beaucoup touchée.

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Sommaire

Sources et bibliographie. p 6.

Introduction. p 9.

Partie I. « Heureux ceux qui habitent ta maison Ils feront encore et toujours retentir la louange » p 11. I. « Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu de ta gloire » p 11.

A. Un espace de prière. p 11.

1. L’église et les chapelles p 14.

2. La sacristie. p 17. 3. Le cloître. p 17. B. Les quartiers conventuels et le logis abbatial. p 19. 1. Cuisine, réfectoire et caves. p 19. 2. Salle capitulaire, infirmerie, dortoir et autres chambres. p 22. 3. Le logis abbatial. p 26. C. Clôture, porterie et réseau hydraulique. p 27. 1. La clôture. p 27. 2. Les autres bâtiments de l’abbaye. p 29.

3. Le réseau hydraulique. p 32. II. « Seigneur mon Dieu, force qui sauve, Tu protèges ma tête au matin du combat » p 35.

A. Bellevaux : la volonté de la famille de La Roche… p 35.

1. Un prestige éphémère. p 35. 2. Les origines de ce prestige. p 37. 3. Des dons pour des prières. p 39.

B. …et le repos d’âme des Vienne, Rougemont et autres familles. p 40.

1. L’Amiral au chœur. p 40. 2. La Toussaint des Rougemont. p 42. 3. Des chapelles pour d’autres saluts. p 43.

C. D’autres seigneurs et l’assurance d’autres saluts p 44.

Felix Ackermann
Typewritten Text
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1. D’autres fondateurs et donateurs. p 44. 2. Un clergé bienveillant. p 45.

III. « Répandre l’évangile de la charité » p 47.

A. Fille de Morimond, sous l’autorité de Cîteaux. p 47.

1. Cîteaux la fondatrice. p 47. 2. Morimond la mère. p 49.

B. Un essaimage lointain. p 51. 1. De la volonté de croisés. p 51. 2. Une nouvelle abbaye pour une nouvelle seigneurie. p 53.

C. Les filles d’Europe Occidentale. p 55. 1. En Comté et au-delà : Lucelle. p 56. 2. Près de Salins : Rosières. p 57. 3. La Charité, « la rapportée ». p 58.

Partie II.

« J’ai gardé le chemin tracé par Ta parole » p 61.

I. « Tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au pris de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation » p 61.

A. Les saints présents au cœur de Notre-Dame de Bellevaux. p 61.

1. Reliques et reliquaires. p 61. 2. Peintures et statues. p 69.

B. Sainte Ursule et les Onze Mille Vierges. p 76. 1. Vie et légende de sainte Ursule. p 76. 2. Culte et reliques. p 77.

C. Entre saint Pierre de Tarentaise et Notre-Dame de Bellevaux. p 77. 1. Du premier abbé de Tamié à l’archevêque de Tarentaise. p 77. 2. Saint Pierre de Tarentaise, saint Pierre de Bellevaux. p 78. 3. Saint Pierre et Bellevaux. p 79.

II. « Ses prêtres, je les vêtirai de salut ». p 82.

A. Orner la simplicité. p 82.

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1. Devants d’autels, nombreux et riches. p 82. 2. D’autres ornements. p 84.

B. Revêtir les officiants, lire et chanter les cantiques. p 86. 1. Des vêtements liturgiques. p 86. 2. Des livres. p 89.

III. « Ah ! qu’il est bon d’habiter tous ensemble, d’être comme des frères, tous unis » p 92.

A. Ce sont les âmes de l’abbaye. p 92. 1. Une communauté de religieux et de convers… p 92. 2. …dont « L’oisiveté est ennemie de l’âme ». p 94.

B. Des vies de prières. p 97.

1. Chaque jour et toujours, priez et méditez. p 97. 2. « Priez pour nous pauvres pêcheurs ». p 98.

Partie III.

« Le Seigneur, ce qu’Il désire, Il le fait au ciel et sur la terre » p 101. I. « Tu as distribué à profusion Tes cadeaux » p 101.

A. Des titres : pour un inventaire du domaine et des ses revenus. p 101.

1. Exploitation et revenus des terres. p 102. 2. D’autres revenus. p 105. 3. Défense des acquis. p 108.

B. Une accumulation de dons et d’achats. p 109.

1. La générosité des laïcs. p 109. 2. Les achats de l’abbaye. p 112.

II. « Que Tes œuvres rayonnent, en nombre et en variété, Seigneur ! ». p 115.

A. Une exploitation particulière : les granges. p 115.

1. Qu’est-ce qu’une grange ? p 115. 2. Au sein de ces exploitations, des convers. p 116.

B. Les granges de Notre-Dame de Bellevaux. p 117.

1. Des certitudes et des doutes. p 118. 2. Fondation des granges. p 120.

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C. Le devenir des granges : reflet des difficultés de l’Ordre. p 123.

1. Des granges aux villages. p 123. 2. L’amodiation ou le faire-valoir indirect. p 125.

III. « Tu combles chacun à la mesure de ses actes et de son attente ». p 128.

A. De l’usage de l’eau au sein de l’économie cistercienne. p 128.

1. Pour la pisciculture. p 128. 2. Pour les moulins. p 129.

B. De l’exploitation des fours. p 132.

1. lace et fonction au sein de l’économie cistercienne. p 132. 2. Les fours de l’abbaye. p 133.

C. De l’importance du bois et des vignes. p 134.

1. Le nécessaire bois. p 134. 2. privilège de la vigne. p 136.

Conclusion. p 140. Annexes : p I. Annexe 1 : transcription du procès-verbal de 1584. p III. Annexe 2 : transcription du procès- verbal de 1616. p XX. Annexe 3 : transcription du procès-verbal de 1632. p XLI. Annexe 4 : transcription de l’inventaire de la sacristie vers 1600. p LXX.

Annexes 5 : transcription d’un parchemin concernant l’amodiation de la grange de Braillans. p LXXII. Annexes 6 : extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône. p LXXVI. Annexes 7 : tableaux. p XCV. Annexes 8 : lieux non localisés. p CVIII. Lexique. p CIX. Tables des matières. p CII.

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Sources et Bibliographie

Sources.

L’étude présentée ici est fondée sur plusieurs documents conservés archives départementales du Doubs.

A.D.D. 55 H 3 : “Procès-verbal de 1584”. “ Visite de 1616”. “ Visite de 1632”. Les référence à ces sources sont présentées sous la forme « Cf procès-verbal de…, f°…, p… », indiquant ainsi à quelle visite il faut se référer et le folio et la page où se trouve l’information. A.D.D. 55 H 6 : “Inventaire de la sacristie vers 1600” Ce document consiste uniquement en une seule page rédigée recto et verso. Plusieurs éléments de cette feuille, comme l’écriture ou encore le chiffre « 2 » en haut à droite, laisse à penser qu’il s’agit de la page manquante de la visite de 1616. En effet, la rédaction de cet inventaire passe du folio 1 verso au folio 3 recto. C’est pourquoi, lors de notre étude, l’inventaire de la sacristie est considéré comme faisant partie de la visite de 1616. A.D.D. 55 H 11 : « La grange de Braillans, 1546 ». Extrait de l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône concernant l’abbaye de Bellevaux. Afin de faciliter le renvoi à ce type de source, elles sont indiquées, dans notre étude, sous la forme : A.D.H.S.

Bibliographie. Actes du colloque international de l’université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer), 4-6 septembre 1997, Les reliques, objets, cultes, symboles, édité par Edina Bozöky et Anne-Marie Helvétius, édition Brépols Pulishers, 1999. Annales franc-comtoises, tome XI, 1869, Généalogie, maison de Vienne, Histoire générale de France, tome VII, p 793. AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en Franche-Comté, du XIIe à la fin du XVIe siècle, thèse de l’école nationale des Chartes, 1926.

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AUBERT (Anne-Marie), « Une maison cistercienne franc-comtoise. L’abbaye de Bellevaux. » in Bulletin de la société d’agriculture. Lettres, sciences et arts du département de Haute-Saône fondée le 14 avril 1801, Vesoul, Marcel Bon imprimeur, 1928. AUBERT (Anne-Marie), PIETRESSON DE SAINT AUBIN, « La fondation de l’abbaye de Bellevaux », in Mémoire de la société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romans, 15e fascicule, 1953. BAZIN (Jean-François), QUENARDEL (F. Olivier), ROUCHON MOUILLERON (Véronique), VANNIER (Paul), ABCdaire des Cisterciens et du monde de Cîteaux, Paris, Flammarion, 1998. BERGNHEN (Christian Vanden), Saint Ursule et les Onze Mille Vierges, in http://www.kyberco.com/Rotasolis/ursule.htm. FAGET DE CASTELJAU (Henri de), Lignées féodales et comtoises (lignages de Montfaucon, Neufchatel, Rougemont), extrait du T.II, actes du 99e congrès national des sociétés savantes. Besançon, 1974, section de philologie et d’histoire jusqu’en 1610, Paris, bibliothèque nationale, 1977. GIRARD (Jean), La Roche et l’épopée comtoise de Grèce, Thise, Atelier du Grand Tétras, 1998. GODEFROY (Frédéric), Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous les dialectes du IXe au XVe siècle, Paris, 1883. HOURS (Henri), Fasti Ecclesiae Gallicanae, Tome 4, Diocèse de Besançon, Répertoire prosopographique des évêques, dignitaires et chanoines de France de 1200 à 1500, Orléans, 1999. LEMAÎTRE (Nicole), QUINSON (Marie-Thérèse), SOT (Véronique), Dictionnaire culturel du christianisme, Maxéville, cerf, Flammarion, 1994. LOCATELLI (René), Sur les chemins de la perfection, moines et chanoines dans le diocèse de Besançon vers 1060-1220, Saint-Etienne, C.E.R.C.O.R., 1992. LOCATELLI (René), COURTIEUX (Jean), Lumières cisterciennes le modèle franc-comtois, CD-Rom, Les amis des archives du Doubs et de la Franche-Comté, 2003. MILLET (Gabriel), Le monastère de Daphni, histoire, architecture, mosaïques, Paris, édition Ernest-Leroux, 1899. MIQUEL (Pierre), PICARD (Paula, sœur), Dictionnaire des symboles liturgiques, Paris, éd. Le léopard d’or, 1995. PACAUT (Marcel), Les moines blancs, Histoire de l’ordre de Cîteaux, Saint Amand-Montrond, Fayard, 1993. PACAUT (Marcel), Les ordres monastiques et religieux au Moyen-Age, Tours, Nathan, 1999.

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PINGAUD (L.), L’amiral Jean de Vienne, Extrait des Annales franc-comtoises, Besançon, J.Jacquin, 1869. PRESSOUYRE (Léon) (dir), L’espace cistercien, Comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 1194. PROST (Bernard), « Notice sur l’abbaye de Rosières de l’ordre de Cîteaux » in Bulletin de la société de Poligny, 1869, p 269-302. PY (Jean-Michel), L’abbaye de Bellevaux et son réseau hydraulique, Centre local d’histoire vivante, Association de centre de Baumotte, 1986. SCHAAD (A.) (monographie), « L’abbaye de La Charité » in Le pays comtois, 20 avril 1935, n° 63, p131. UCHET-SUCHAUX (Gaston), PASTOUREAU (Michel), La Bible et les Saints, guide iconographique, Tours, Flammarion, 1990.

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Introduction

L’ordre cistercien naît à l’initiative de Robert de Molesme. Il participe, en cette fin de XIe siècle, avec la réforme grégorienne, au renouvellement du monachisme. Il s’installe d’abord, avec sa communauté, dans les bois de Molesme, d’où son nom, et établit un régime s’inspirant du régime clunisien. Toutefois, cela ne convient pas à tous, certains aspirent à plus de rigueur, au retour à la tradition. C’est pourquoi, à la fin de l’année 1097, Robert part avec ces moines pour s’installer, le 21 mars 1098, en un domaine, au milieu des bois et des marécages, appelé Cîteaux. Le « Nouveau Monastère » adopte alors la règle bénédictine et s’applique à un retour à la simplicité et à la pauvreté. La croissance de Cîteaux lui permet de fonder de nouvelles abbayes qui, à leur tour, en établissent d’autres. C’est ainsi que l’ordre cistercien voit le jour et s’étend à travers le monde. En 1115, Cîteaux crée l’abbaye de Morimond qui, quatre années plus tard, en 1119, donne naissance à son premier monastère : Notre-Dame de Bellevaux, première abbaye cistercienne à s’établir en Franche-Comté, au sein de la vallée de l’Ognon, plus précisément.1 Comme la plupart des abbayes cisterciennes, elle est édifiée à l’initiative de seigneurs locaux, les La Roche. Puis, une colonie de douze moines venant de Morimond s’y installent pour être rejoint, plus tard, par des laïcs souhaitant embrasser la religion au sein de l’ordre cistercien. La Comté fait alors partie du comté de Bourgogne gouverné par Guillaume III l’Enfant. Cette région semble être particulièrement privilégiée par les ordres monastiques puisque c’est sur ces terres que sont établis Cluny et Cîteaux, les deux grands mouvements religieux de ce XIIe siècle. Cependant, à la sérénité et à la prospérité des XIIe et XIIIe siècles, succèdent les guerres, épidémies et catastrophes des XIVe et XVe siècles. Les ordres monastiques sont les premiers touchés par ces difficultés venant souvent s’ajouter à d’autres préoccupations internes. Afin de faire face, ils doivent, pour la plupart, se réformer. C’est dans ce contexte qu’évolue la première abbaye cistercienne comtoise. Cette caractéristique la désigne particulièrement à être un exemple pour les autres abbayes de l’Ordre venant s’installer en Comté. Mais également pour rendre compte de la vie et de l’évolution cistercienne en Franche-Comté de 1119 au XVIIe siècle. Parmi les sources étudiées, des inventaires nous renseignent sur l’état, tant matériel que spirituel, de l’abbaye. Cependant, cette nature de documents que sont les procès-verbaux n’apparaît que vers le XVIe siècle. Il est alors difficile d’évoquer avec exactitude l’évolution de Notre-Dame de Bellevaux jusqu’à ce siècle. De plus,

1 Une carte présentée dans la première partie de notre étude indique plus précisément la position géographique et topographique de l’abbaye, page 32.

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dans l’ensemble des archives concernant l’abbaye, aucune antérieure à celles étudiées ne nous a été présenté. La rédaction de ces documents est alors réalisée lors du décès d’un abbé et de l’entrée en abbatiat du suivant. Un greffier et autres administrateurs détachés du Parlement de Dôle, instance administrative gérant la Bourgogne, établissent un état des lieux et un inventaire de l’abbaye. Ainsi, le 15 octobre 1584,2 un procès-verbal est rédigé à la suite de la mort de l’abbé Louis du Tartre et pour la succession de Pierre d’Albamey. Lorsque ce dernier meurt à son tour, un autre procès-verbal est rédigé le 6 avril 1616.3 Son successeur n’est pas présenté, il est probable qu’il s’agit de l’abbé commendataire, puis régulier, Philippe Boitouset.4 Enfin, suite au décès de l’abbé Jean-Baptiste de Cusance le 13 juillet 1632,5 un nouvel inventaire est rédigé le 16.6 Comme précédemment, le nom de l’abbé succédant à Jean-Baptiste Boitouset n’est pas mentionné. Mais il semble que, durant une année, l’abbaye soit sous le régime de Jean Claude Loriot « docteur es drois super intendant, deputé par le reverendissime general de Cisteau ».7 Puis, le 20 novembre 1633, Louis de la Tour Saint Quentin devient abbé de Bellevaux.8 C’est donc à travers ces trois procès-verbaux de 1584, 1616 et 1632, et un extrait des archives ecclésiastique de Haute-Saône que nous tenterons d’esquisser l’évolution de Notre-Dame de Bellevaux. Cette étude permet également de constater en quelles mesures l’abbaye applique ou non les prescriptions de l’Ordre. Ces procès-verbaux sont comme des états des lieux permettant alors de parcourir, voir même de visiter les bâtiments de l’abbaye et de constater leur situation. Et, de là, d’aborder la fondation de l’établissement. Les bâtiments et leur contenu étant inventorié, cela permet également de prendre connaissance des divers objets ornant l’église ou utilisés pour le culte ou la liturgie. Ils sont autant d'indications de la vie spirituelle de la communauté. Enfin, en parcourant ces documents, il est, à plusieurs reprises, fait référence à des titres, des propriétés composant le vaste patrimoine de l’abbaye. L’étude du parchemin concernant l’amodiation de la grange de Braillans9 fournit une des spécificités du système économique cistercien et de son évolution.10 Ainsi, c’est avec l’aide de ces divers documents et de la connaissance de l’ordre cistercien que nous tentons d’aborder Notre-Dame de Bellevaux, tant au temporel qu’au spirituel.

2 Cf procès-verbal de 1584, f° 1r, p III. 3 Cf procès-verbal de 1616, f° 17v, p XL. 4 Aubert (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en Franche-Comté (du XIIe à la fin du XVIe)., fin du document sans pagination. 5 Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du document sans pagination. 6 Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI. 7 Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI. 8 Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du document sans pagination. 9 Braillans est un village, du canton de Marchaux, de l’arrondissement de Besançon, dans le Doubs. 10 La grange de Braillans, annexe 5, p LXXI.

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Partie I.

« Heureux ceux qui habitent ta maison Ils feront encore et toujours retentir la louange »11

Grâce aux documents étudiés, nous pénétrons au cœur de l’abbaye de Bellevaux. Ils guident le lecteur à travers les bâtiments qui la composent. Ils nous présentent la communauté des religieux présents en 1584, 1616 et 1632. On découvre des objets de leur quotidien et cultuels. Puis, des mots, des noms, des indices interpellent notre curiosité. En fouillant, en cherchant leur signification, leur origine ils apportent d’autres précisions sur l’abbaye. Ainsi, ils nous entraînent, après la visite de Bellevaux, vers ses origines, et ses créations.

I. « Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu de ta gloire » Parmi les sources étudiées, trois procès-verbaux, tels des états des lieux, offrent nombre de détails sur l’abbaye en 1584, 1616 et 1632. Ce fourmillement de renseignements permet au lecteur d’esquisser une représentation du monastère aux différentes dates indiquées. Parfois même de remonter à ses origines. Tandis que la comparaison de ces documents rend compte des diverses évolutions de Bellevaux dans le crépuscule de ce XVIesiècle et l’aube du XVIIe siècle. Afin de mieux mettre en évidence les informations nécessaires à cette étude, deux tableaux recensent les bâtiments présentés dans les procès-verbaux et l’ordre des visites.12

A. Un espace de prière. Une abbaye cistercienne est avant tout un lieu clos, ceint d’une muraille. Cela répond aux prescriptions de l’ordre qui recommandent l’installation dans un lieu désert, loin des villes et des villages. Toutefois, ce n’est pas tout à fait le cas pour Bellevaux, puisqu’elle se situe dans une reculée, entre les villages de Chambornay et de Cirey.13 Cette visite de Notre-Dame de Bellevaux commence donc par le franchissement de cette muraille, détaillée ci-après, pour nous diriger vers le cœur de cet espace de prière.

11 Rougier (Stan), Montre-moi Ton Visage, Variation sur les psaumes, Paris, 4e édition, Desclée de Brouwer, 1995. Psaume 83, « J’aime Ta maison », p 159. 12 Un de ces deux tableau est présenté à la page 13, l’autre, plus conséquent est en annexe 7, p 13 Cf carte p 12.

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Recensement des lieux internes à l'abbaye, dans l'ordre où ils apparaissent dans les procès-verbaux.

1584 Ref 1616 Ref 1632 Refchambre basse f 5 r église f 2 r sacristie f 1 vcuisine f 5 v chapelles et autels: f 3 v infirmerie f 3 r chambre haute f 6 r autel de l'amiral (dans f 3 v dortoir f 3 r une autre chambre f 6 v le cœur) greniers f 3 r haute chapelle Notre Dame f 3 v quartier abbatial: f 3 r chambre joignant f 6 v chapelle St Antoine f 3 v salle d'entréeà la vieille cuisine chapelle de Toussaint f 3 v chambregrande cuverie f 6 v chapelle St Jean f 3 v poil (à l'étage)petite cave f 7 r chapelle de la Trinité f 4 r cœur de l'église f 4 rune autre cave f 7 r chapelle St Sébastien f 4 r chapelles f 4 vcuisine haute f 7 r chapelle St Humbert f 4 r cloître f 4 vpoil f 7 v chapelle des Trois Rois f 4 r chapitre f 4 vsacristie f 7 v chapelle St Laurent f 4 r réfectoire f 4 véglise f 7 v chapelle St Pierre f 4 r cuisine f 4 v

autel St Anne ( proche f 4 r landrecy f 5 rde la porte du cœur ) cabinet y joignant f 5 rfossé (derrière les f 5 r chambre aux dames f 5 rchapelles) grande cuisine f 5 vcloître f 5 r salette basse f 5 vchapitre f 5 v cour f 5 vgrande cuisine f 5 v cuverie f 5 vréfectoire f 5 v sellier f 6 rdortoir (à l'étage) f 6 r cave f 6 rchambre (infirmerie) f 6 v grand grenier f 6 r4 chambres f 6 v autre grenier f 6 rclôture f 7 r chambre sur f 6 rverger Guichard f 7 v la porteriegreniers f 7 v maison d'Argirés f 7 vdans le logis abbatial: f 8 r moulin de Marloz f 8 vescalier étables du f 8 vgrande cuisine même lieupoil four banal f 9 rchambre de Vallerois5 chambres (à l'étage) four banal f 9 vfour f 8 r de Cireycuverie f 8 r four banal f 9 vpetite cour (proche f 8 r de Magnyde la cuisine) vigne du f 10 rgrangeage f 8 r côté de Cireyune des étables f 8 v four banal f 10 rhorloge de l'abbaye f 8 v de Riozvacherie f 8 v moulin de f 10 rcolombier f 9 v Gourdepain

abbaye f 10 vsacristie f 10 v

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1. L’église et les chapelles.

• L’église.

En 1120, l’église en place n’est qu’un bâtiment provisoire. Elle est construite progressivement, et dédicacée le premier août 1143. Conformément aux usages cisterciens, elle est placée sous la protection de Notre-Dame. Elle devient alors Notre-Dame de Bellevaux. Puis la Révolution voit sa destruction. Les sources étudiées nous apportent peu d’éléments en ce qui la concerne, en dehors de ses ornements et des chapelles qui la composent. Les exigences cisterciennes insistent sur une extrême simplicité des lieux afin de ne pas être distrait, dans la contemplation du Christ, par quelques parures que ce soit. L’église se doit d’être le lieu du plus haut dépouillement. Cependant cette extrême simplicité n’apparaît pas dans nos documents. Aucune indication ne permet d’affirmer que l’église de Bellevaux est conforme aux usages de l’ordre.

• Les chapelles.

Les procès-verbaux de 1616 et de 1632 donnent une description plus précise des chapelles, plus exactement de leur contenu, abordé dans la suite de notre étude.14 Elles sont au nombre de treize, « tant chapelles que petit aultels ».15 Cependant dans le récapitulatif des visites,16 nous n’en dénombrons que douze, chiffre symbolique, très utilisé par les Cisterciens. Ce sont toujours douze moines, qui quittent le monastère pour fonder une nouvelle abbaye. Ici, douze chapelles, et avec le maître autel, treize lieux de recueillement, tels les douze apôtres et le Christ autour de la table au soir de la Cène. Dès le début, la visite de 1616 présente un grand autel sur lequel repose le tabernacle, cet autel se situe donc dans le chœur. Au même endroit, se trouve également l’autel de l’Amiral, qui n’est autre que Jean de Vienne, Amiral de France et sire de Roulans. Ainsi deux autels se trouvent dans le chœur de l’église. Toutefois, cet autel, comme d’autres, ne fait pas partie des constructions primitives. Il s’insère dans l’église, à la volonté du seigneur de Vienne, entre 1341 et 1396, date de sa naissance et de sa mort. Il faut donc comprendre qu’une partie des autels et chapelles fondés en l’abbaye ne relèvent pas de l’architecture originelle de l’église. Ils sont construits progressivement, au gré des demandes des seigneurs. La visite nous conduit ensuite vers ces chapelles et autels, dont l’ordre de leur présentation est précisé dans le tableau récapitulatif des lieux internes à l’abbaye. Selon Anne-Marie Aubert17 l’église ne possède qu’un seul bas côté, donc les chapelles se situent toutes sur le même flanc. Cette hypothèse est corroborée par le constat que l’architecture cistercienne adopte volontiers le plan d’un chevet à chapelles alignées à mur droit.18 Toutefois, cette architecture paraît altérée l’humidité ambiante. L’église semble également nécessiter quelques réparations.

14 Les ornements et les reliques de l’abbaye sont abordés dans une seconde partie. 15 Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.

16 Tableau présenté à la page 13. 17 Aubert (Anne-Marie), Une maison cistercienne franc-comtoise. L’abbaye de Bellevaux., p 3. 18 ABCdaire des Cisterciens et de l’ordre de Cîteaux., p32.

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• Humidité et réfections du lieu.

Ainsi, lors de la visite de 1616, on évoque « l’umidité […] du côtés des chapelles ». Cette humidité est mentionnée plusieurs fois dans le procès-verbal de 1616 et dans celui de 1632 elle endommage les chapelles et leurs ornements. Plus particulièrement la chapelle Saint-Pierre et le grand portail.19 Les religieux eux-même reconnaissent que l’humidité est « fort grande » et que tous les tableaux ou autres ornements servant aux chapelles sont « incontinent pourris »20 dès qu’ils s’y trouvent. La « verdeur » présente sur les murailles atteste ces propos. Cependant nous ne savons pas si le mot « muraille » désigne les murs des chapelles ou le mur d’enceinte de l’abbaye. En effet, plusieurs fois au long de ce procès-verbal de 1616, ce mot désigne cette clôture. De plus, on note entre cette dernière et les chapelles, la présence d’un fossé qui, parce que mal entretenu, est la cause de cette humidité.

Au cours de cette même visite de 1616, l’abbé de Bellevaux, Pierre d’Albamey, a fait faire des réfections entre la nef et le chœur. Elles consistent en la fermeture de ce dernier, également appelé le chœur des moines, par « une porte neusve en bois de chasne » avec « des ballustres a tour »21 et le nettoyage d’anciens balustres. Il est précisé que cette séparation répond à une ordonnance du sire de Cîteaux qui souhaite que les convers22 ne participent pas au service divin. Parce que se ne sont pas des clercs, l’entrée du chœur leur est interdite, tout comme celle du cloître.

• La cloche et l’horloge.

Pierre d’Albamey a également fait refondre, avec des matériaux pris en l’abbaye,23 la cloche Saint-Pierre car elle était cassée.24 Elle est la plus grosse des quatre cloches que possède l’abbaye dans son « béfroi ».25 A l’origine, les églises cisterciennes ne comportent pas de clocher, les laïcs ne sont pas conviés aux offices, il est inutile de les y appeler. Ce n’est que vers les années 1170 qu’ils intègrent l’architecture cistercienne. Puis, l’abbé, à ses frais, renouvelle l’horloge, peu décrite dans les sources. On peut supposer qu’elle se trouve sur le clocher. En 1632, on constate que la toiture de ce dernier à besoin d’être refaite.26

Le procès-verbal de 1632, informe seulement du « bon et dehu »27 état de l’église. Et constate qu’il en est de même pour ses voûtes, ses formes, ses vitres (les Cisterciens ne faisant pas usage des vitraux) ses fenêtres mais que quelques carreaux recouvrant le sol sont rompus. En ce qui concerne le toit de l’église, et la plus grande partie des bâtiments de l’abbaye, ils sont couverts de « tuiles plattes et coupés ».28

19 Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV. 20 Cf procès-verbal de 1616, f° 4v, p XXII. 21 Cf procès-verbal de 1616, f° 4v, p XXII. 22 Ce mot est illisible dans le document original mais d’après les règles cisterciennes, il semblerait que ce soit le plus probable. 23 Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXIX. 24 Cf procès-verbal de 1616, f° 15r, p XXXVII. 25 Le béfroi est, en réalité, le clocher de l’église. 26 Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX. 27 Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV. 28 Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV.

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• Les toitures.

C’est en tant que « couvertures » qu’elles sont présentées dans les procès-verbaux de 1616 et de 1632. La visite de 1616 décrit d’abord les toitures de l’abbaye et de l’église, recouvertes, pour la majeure partie, de tuiles plates et coupées.29 La couverture du cloître est bien entretenue.30 Cet entretien est peut-être facilité par les possessions de l’abbaye comme la tuilerie de Cirey ou encore celle de Braillans. Les religieux ont donc à leur disposition les matériaux nécessaires à ce type de réfections. Plusieurs entrées sont surmontées d’un avant toit recouvert de tavaillons. Il en est ainsi pour l’entrée du verger Guichard,31 de même pour une autre entrée du côté des prés.32 Il y a donc une distinction entre les bâtiments de l’abbaye, mis en valeur par une couverture de tuiles, et d’autres constructions annexes, en tavaillons. Lors de cette même visite, plusieurs travaux concernant les toitures sont constatés. Ainsi, celles d’une des étables et celles de la maison de Besançon en ont bénéficiés.33

La visite de 1632, présente des toitures toutes autres. Celle du dortoir est en très mauvais état, puisque lorsqu’il neige ou pleut il est plein d’eau.34 Il en est de même pour la couverture du cloître.35 Celle du pigeonnier nécessite également des travaux. C’est pourquoi ces toitures ont toutes été refaites.36 Cependant, on constate que les toitures des moulins et fours banaux, présentés lors de cette visite, sont très souvent défectueuses. L’abbaye a-t-elle alors des difficultés avec ses tuileries ? Les a-t-elle vendues ?37

Au XIVe siècle, lors d’une nécessaire restauration de l’édifice, une rose surmontant le portail est construite. Aujourd’hui, seul un culot d’ogive et un chapiteau du XIIe siècle,38 encadrés dans un mur de la façade ouest du logis abbatial, ont traversé le temps pour nous témoigner de la présence de cette église dont, paraît-il, les moines s’enorgueillissaient.

La visite nous conduit ensuite en cette petite pièce contiguë à l’église : la sacristie.

29 Cf procès-verbal de 1616, avant dernier paragraphe du f° 5r, p XXIV. 30 Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV,dernier paragraphe. 31 Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, p XXVIII. 32 Cf procès-verbal de 1616, respectivement, cinquième paragraphe du f° 15v, et deuxième paragraphe du f° 16r, p XXXVII et XXXVIII. 33 Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLII. 34 Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV. 35 Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV. 36 Cf procès-verbal de 1632, f° 7v, p L. 37 On sait que Bellevaux possède une tuilerie à Cirey. 38 CD rom, visite détaillée, Haute-Saône, Bellevaux, p 4, les deux dernières icônes du texte.

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2. La sacristie. Elle se situe sur le côté gauche de l’église, mais elle n’est pas décrite. Les procès-verbaux nous informent seulement de son contenu qui consiste, pour la plupart, en des objets liturgiques.39 Au verso du folio 7 de la visite de 1584, débute l’énumération de tous les objets et vêtements nécessaires au culte, y compris les reliquaires. Ces derniers semblent être, pour la majeure partie, mis à l’abri dans la sacristie et ne sont donc pas exposés dans l’église. Les moines craignent peut-être qu’ils ne soient dérobés. La visite de 1616, présente plus précisément les reliques placées dans la sacristie et celles placées dans l’église.40 Enfin, le procès-verbal de 1632, précise qu’il se trouve en ce même lieu deux coffres renfermant tous les papiers concernant l’abbaye.41 C’est-à-dire les titres de propriété, les attestations de revenus ou encore les minutes de plusieurs procès.42 L’un des coffres est fermé par deux clés, l’une détenue par le sacristain et l’autre par l’administrateur de l’abbaye, Jean-Baptiste Chapuis. Ceci montre l’importance de ces papiers. L’abbaye n’est pas uniquement un lieu de prière, mais une petite société qui assure sa propre gestion. Au vu des éléments décrits dans la sacristie, nous nous interrogeons sur son rôle. Elle ne conserve pas uniquement les objets cultuels. Parce qu’elle renferme ces importants papiers, elle laisse à penser que c’est aussi un lieu d’archives, voir même un coffre fort : n’y trouve-t-on pas de précieux reliquaires ? Toutefois, ce rôle de lieu d’archives n’est pas improbable, c’est même assez courrant à l’époque. Non seulement c’est une petite pièce plutôt facile à protéger, mais, surtout, c’est un lieu sacré, et on ne conçoit pas que l’on puisse le profaner.

De là, le procès-verbal guide le lecteur en un autre lieu de recueillement, un lieu de prière individuelle et de méditation : le cloître. 3. Le cloître.

C’est autour du cloître que s’ordonne toute l’abbaye. Il est au cœur de la vie communautaire. De ce fait il permet l’accès à de nombreux lieux. D’abord à l’église, mais il est également joint au chapitre,43 à la grande cuisine44 ou encore à deux chambres.45 Il est pavé, de deux côtés, de dalles de vielles tombes et de « tables de pierre en assez bonne forme ».46 Les deux autres galeries sont pavées de carreaux ; dans l’une, ils

39 L’essentiel de ces objets consiste en des reliquaires qui sont répertoriés dans un tableau à la page 40 Cf procès-verbal de 1616, f° 2 recto et verso, p XX et XXI. 41 Tous les titres de l’abbaye contenus dans ces coffres sont répertoriés dans un tableau à la page 42 Cf procès-verbal de 1632, f° 10v, p LII. 43 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, p XXVI. 44 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, p XXVI. 45 Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVI. 46 Cf procès-verbal de 1616, dernier paragraphe du f° 5r, et premier paragraphe du f° 5v, p XXV.

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sont endommagés, parfois même cassés. L’abbé d’Albamey y remédie en les faisant réparer.47 Dans le modèle cistercien, la galerie orientale dessert l’église, la sacristie et l’armarium, qui est la bibliothèque de l’abbaye. Mais, il n’est pas fait mention de cette pièce dans les visites. C’est dans cette même galerie que les religieux se rassemblent pour la lecture des textes sacrés ou encore la répétition des chants liturgiques. Une autre galerie, appelée « cloître de la collatio »,48 est adossée à l’église. Elle dessert la cuisine et le réfectoire. Elle est également utilisée pour la lecture avant complies et, chaque samedi soir, s’y déroule la cérémonie du mandatum ou lavement des pieds. On la célèbre en souvenir du Christ qui s’est fait serviteur en lavant les pieds des apôtres. De ce fait, on trouve à cet endroit du cloître le lavabo. Enfin, la galerie orientale, ou galerie des convers, accède aux bâtiments des frères convers. Au cœur du cloître, participant aussi aux rites de purification, une fontaine remise en état par l’abbé d’Albamey « pour la commodité des religieux » et du couvent. Les moines y puisent peut-être l’eau pour la cuisine, s’y rassasient ou encore s’y lavent les mains. Depuis sa réparation, l’eau y coule abondamment dans une « saulge » de pierre. Sans définition exacte de ce terme, nous pouvons penser qu’il s’agit d’un grand bassin en pierre. La visite de 1616, précise que le cloître est lambrissé; donc que ses murs sont recouverts, jusqu’à une hauteur non précisée, de planches de bois. En 1632, la toiture a besoin de promptes réparations, car il y pleut en plusieurs endroits.49 Si par sa position centrale au sein de l’abbaye, le cloître est un lieu de passage, il est avant tout un lieu de méditation et de prière. On imagine aisément les moines blancs s’y promenant en récitant des psaumes et autres litanies ou, assis sur un banc, un livre entre les mains, attentifs à leur lecture spirituelle. Quelle que soit leur activité, ils s’y retrouvent dans un seul et même but : la contemplation de Dieu qui rapproche les âmes vers son fils, Jésus-Christ. La prière est le fondement de la vie monastique et particulièrement de la vie cistercienne. C’est pour cela que les lieux de prière sont au centre de cette vie communautaire, ils sont la raison d’être et les bases de l’établissement du monastère. Ils bénéficient d’une attention particulière dans leur construction, leur ornementation, malgré la simplicité et le dénuement souhaités aux origines. On veut en faire le reflet de l’amour des hommes pour Dieu, de la grandeur de Dieu.

Cependant, un monastère n’est pas seulement un lieu de prière, c’est aussi un lieu de vie. En tant que tel il comporte des bâtiments nécessaires à cette fonction.

47 Cf procès-verbal de 1616, f° 12v, p XXXIV. 48 ABCdaire…op. cit., p 50. 49 Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.

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B. Les quartiers conventuels et le logis abbatial. Les quartiers conventuels sont les quartiers du couvent, du monastère. Ce sont des lieux de vie quotidienne comme la cuisine, le dortoir, le logis abbatial et tout ce qui dépend de ces divers endroits. Ainsi se poursuit notre visite au sein de l’abbaye de Bellevaux.

1. Cuisine, réfectoire et caves.

• La cuisine. Selon les sources, plusieurs pièces sont citées sous l’appellation de cuisine. Mais, l’insuffisance de détails, quant à leur contenu ou à leur utilisation par les moines, ne permet pas de déterminer pour chacune d’elle leur fonction exacte. Le procès-verbal de 1584 mentionne trois « cuisines » : la cuisine, la vielle cuisine et la cuisine haute. Lors de cette visite, la cuisine est la seconde pièce inventoriée après la chambre basse. Le texte laisse à supposer que ces deux pièces sont proches, voire contiguës. Toutefois, aucune autre précision n’est apportée, il est simplement fait mention des meubles et de la vaisselle trouvés en ce lieu.50 Puis, après la traversée de trois chambres, il est précisé que la dernière joint à la vielle cuisine.51 Mais, elle ne semble pas être visitée et c’est la seule référence de cette pièce dans nos sources. Il est à supposer, qu’autrefois, elle était la cuisine initiale de l’abbaye. Pour des raisons qui nous échappent, les moines ont choisi un autre endroit, peut-être plus commode, pour établir une nouvelle cuisine qui doit être celle présentée dans un premier temps. Enfin, après la visite des caves et de la « cuverie », sur lesquelles nous reviendrons ci-après, on entre dans la cuisine haute, également appelée le laudrechy,52 et voisine du poil.53 En raison de la similitude phonétique et orthographique de laudrechy avec le terme anglais « laundry », dont l’étymologie provient de mots français, il est probable que le laudrechy soit la laverie, la blanchisserie du monastère. Un mobilier assez semblable à celui de la cuisine, avec moins de vaisselle cependant, est décrit. Il est aussi précisé que ces meubles sont la propriété de l’amodiateur de l’abbaye, Antoine Midoz.54 En effet, l’abbaye et quelques biens sont amodiés. Ils sont laissés à une personne, en l’occurrence le sieur Midoz, en échange d’une somme d’argent. Les moines continuent à jouir des biens amodiés, mais une partie des revenus et les produits de

50 Cf procès-verbal de 1584, f° 5v et 6r, p VI et VII. 51 Cf procès-verbal de 1584, f° 6v, p VII. 52 Nous n’avons pu définir précisément ce terme présent dans le procès-verbal de 1584 au f° 7r, p VIII. On le trouve également sous la forme de « landrecy » dans le procès-verbal de 1632, f° 5r, p XLVI. 53 Cf procès-verbal de 1584, f° 7r, p VIII. 54 Cf procès-verbal de 1584, f° 7v, p IX.

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ces derniers reviennent à l’amodiateur. Ce système permet à l’abbaye de percevoir plus sûrement de l’argent, tout en étant moins tributaire des aléas climatiques et des guerres. La visite de 1616, ne fait mention que d’une grande cuisine, « appelé la cuisine du couvent ».55 Cette dernière est accessible par le cloître. Elle dispose de deux cheminées dont l’une est quelque peu détériorée, « tombée », en raison de la réfection du plancher, « refaict tout a neuf ». L’autre est munie d’une « platine » de fonte qui donne sur le réfectoire voisin. Elle permet de le chauffer en hiver. Cette cheminée se situe donc sur le côté de la cuisine adjacent au réfectoire. Des ouvertures ont été réalisées dans ce même mur afin de faciliter le service entre les deux pièces. Comme indiqué précédemment la cuisine est l’objet de travaux. Ainsi, elle est repavée de « grandes laves de pierre taillées ».56 Cette même visite nous guide dans une petite cour jointe à la cuisine. Elle donne sur d’autres bâtiments qui abritent la volaille.57 Après le réfectoire, le procès-verbal de 1632 pénètre dans une grande cuisine et en décrit son contenu, au demeurant assez sommaire.58 Il est précisé plus loin qu’elle est proche de la cave. Une « chambre du landrecy »59 est également mentionnée, on y retrouve le vieux « chalict »60 de bois.

L’agencement des pièces répond à une volonté logique de facilité l’accès à

chacune d’elles et entre elles. C’est donc sans étonnement qu’après la cuisine, on entre dans le réfectoire.

• Le réfectoire.

Le procès-verbal de 1584 n’en fait pas mention. Tandis que celui de 1616 apporte plus d’éléments. Ainsi, se présente à nous un réfectoire refait à neuf.61 D’abord le plancher qui, de même que la cuisine sera pavé de « grandes laves de pierres taillées »,62 car les travaux sont en cours. Les vitres sont également neuves. Ce n’est pas encore tout à fait terminé puisque les murs vont être plâtrés et blanchis. Mais il y a déjà de nouveaux meubles, tels une table, un tranchoir ou encore des placards « pour la commodité des religieux »,63 et d’autres placards sont à installer aux armoires. On peut alors constater que le réfectoire est « fai beau et commode »,64 deux adjectifs qui ne semblent pas coïncider avec l’idéal de vie des moines cisterciens. Même si ces travaux sont nécessaires, leur fonction première n’est pas de rendre une pièce belle et commode, mais propre et commode.

55 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV. 56 Cf procès-verbal de 1616, f° 6r, premier paragraphe, p XXV. 57 Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, avant dernier paragraphe, p XXIX. 58 Cf procès-verbal de 1632, f° 5v, p XLVII. 59 Cf procès-verbal de 1632, f° 5r, p XLVI. 60 Le chalict est un mot d’ancien français qui désigne les montures du lit. 61 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV. 62 Cf procès-verbal de 1616, f° 6r, premier paragraphe, p XXV. 63 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV. 64 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, dernier paragraphe, p XXV.

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De plus, il est précisé que le monastère doit comporter deux réfectoires : un pour les jours maigres et un pour les jours de chair. Les moines ne mangent pas au même endroit selon qu’ils jeûnent ou non. Le réfectoire des jours maigres est usité pour le Carême, l’Avent, et tous les jours de jeûn existant dans l’usage cistercien. Ce souci de posséder deux réfectoires répond à la volonté de l’ancien institut de l’ordre de Cîteaux, c’est-à-dire aux exigences primitives. Cette pièce n’est pas inventoriée, il en est simplement fait mention. Le prieur de Montarlot rapporte qu’elle est aujourd’hui vide et éloignée de la cuisine.65 Mais au folio treize, nous apprenons que s’est une salle grande et spacieuse qui se situe à côté du cloître, « environ le milieu d’iceluy » et que maintenant des menuisiers y travaillent.66 La visite de 1632 donne une description sommaire du mobilier présent dans le réfectoire. Puis inventorie la vaisselle et le linge nécessaires au service des religieux. Selon le modèle d’organisation cistercien, le réfectoire, avec la cuisine, sont généralement situés en face de l’église, de façon perpendiculaire à la galerie destinée aux besoins corporels et matériels. Les moines s’y rendent en procession, et se lavent les mains avant d’y entrer. Lors des repas, les religieux écoutent les lectures, car ils doivent recevoir les nourritures de l’esprit en même temps que celles du corps. Ces lectures sont faites dans une chaire,67 le plus souvent construite dans l’épaisseur du mur ouest. Cependant, il n’en est pas fait mention dans nos sources. Plus tard, dans un certain souci de confort, mais surtout pour faciliter son chauffage, la taille du réfectoire est diminuée.

Proche de la cuisine, le procès-verbal guide le lecteur vers les caves.

• Les caves. Le procès-verbal de 1584 nous guide à travers une grande cuverie, puis vers une petite cave et une autre cave. La cuverie contient six tonneaux de quantité variable.68 Leur contenance n’est pas indiquée contrairement à leur mesure de capacité : la muid qui est utilisée pour les liquides et les grains. Deux de ces tonneaux sont des « rondelz », c’est-à-dire qu’il sont cerclés. Il y a également un treuil ou pressoir. Nous pouvons supposer que les religieux l’utilisaient lors de la confection du cidre. En effet, ce sont les moines cisterciens qui ont introduit les graines de pommier « à cidre » en Franche-Comté. Ces dernières sont un don de l’abbé de Vaux-Richier, monastère situé dans l’Auge, région cidrière par excellence. Anne-Marie Aubert69 rapporte également qu’un moine a écrit la recette de la fabrication de cette boisson sur une page, laissée blanche, d’un cartulaire du XIVe siècle. On trouve une copie de cette dernière, rédigée en latin, dans les annexes de ses recherches, « Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne … ».

65 Cf procès-verbal de 1616, f° 10v, dernières lignes, p XXXII. 66 Cf procès-verbal de 1616, f° 13r, fin du premier paragraphe, p XXXIV. 67 La chaire est une tribune que l’on trouve également dans l’église. Au réfectoire, un religieux y prend place pour faire la lecture. A l’église, le prêtre y monte pour prêcher. 68 Cf procès-verbal de 1584, f° 6v, dernier paragraphe, p VIII. 69 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 11.

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De la cuverie, nous passons en une petite cave, proche du «treuil »70 On y trouve trois tonneaux dont la capacité est exprimée cette fois ci, en « quehues ». Une queue est une futaille, un fut ou un baril, d’un muid et demi. Ces tonneaux contiennent donc de l’huile, du vin ou d’autres alcools. La visite nous conduit ensuite dans une autre cave proche, elle aussi, du « treuil ». On y découvre seulement un grand tonneau de six queues.71 La visite de 1616, ne présente qu’une nouvelle cuverie au-dessous du logis abbatial.72 Il s’y trouve le pressoir refait à neuf.73 Enfin, en 1632, il est fait mention, en plus de la cave et de la cuverie, d’un sellier. C’est après la visite de la « salette basse »,74 proche de la grande cuisine, et de la cour, que nous entrons dans la cuverie. Il s’y trouve d’abord « deux grandes cuves fort caduques »75 autrement dit assez vieilles. On peut supposer qu’il s’agit de deux des six tonneaux présents en 1584. De même, deux autres cuves, dont l’une a été faite à partir du bois d’un ancien tonneau, par les amodiateurs. On remarque également un burillon.76 Et un aivie de bois ou dechargeoir, c’est-à-dire un réceptacle pour recevoir les produits que l’on décharge d’un chariot ou autre véhicule. Puis, se présente le sellier où se trouve le pressoir et vingt et une queues de vin pour les religieux. Enfin, la cave,77 proche de la grande cuisine, qui renferme plusieurs provisions, tels du vin ou de la farine. Mais une partie de ces denrées appartient aux amodiateurs Aymé Marchand et Claude Couseret.

Cette visite des quartiers conventuels se poursuit avec la découverte des lieux de réunion, de soin et de repos. 2. Salle capitulaire, infirmerie, dortoir et autres chambres.

• La salle capitulaire. C’est la pièce où se réunit le chapitre. Ce dernier désigne la réunion des moines après la première heure de l’office, prime, pour écouter l’abbé leur lire un chapitre de la règle, d’où cette appellation. Ils y discutent également des affaires de l’abbaye et organisent la vie communautaire. La visite de 1584 n’en fait pas mention.

70 Cf procès-verbal de 1584, f° 7r, p VIII. 71 Cf procès-verbal de 1584, f° 7r, p VIII. 72 Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, troisième paragraphe, p XXIX. 73 Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, avant dernier paragraphe. 74 Cf procès-verbal de 1632, f° 5v, p XLVII. C’est une petite salle à plafond bas où les religieux entreposent des meubles dont ils n’avaient plus une grande utilité. 75 Cf procès-verbal de 1632, fin du f° 5v et début du f° 6r, p XLVII. 76 La définition de ce terme n’a pu être trouvée. 77 Cf procès-verbal de 1632, f° 6r, p XLVII.

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En 1616, nous accédons, dès le cloître, à la salle capitulaire qui est en bon état et dont le plancher en chêne a été refait.78 La visite de 1632, présente une pièce en assez bon état, bien que le pavement soit rompu par endroits. Notons que la maison de Besançon dispose également d’une salle du chapitre.79

Au sein de l’abbaye, il y a la salle capitulaire pour les difficultés morales de l’abbaye et des religieux et, pour les soins « physiques », une infirmerie.

• L’infirmerie. Elle ne semble pas encore tout à fait établie en 1616. Il n’est alors question que d’une chambre, près du dortoir, dont les dispositions conviendraient à l’établissement d’une salle de soin. En effet, elle possède une cheminée et, est « dehument accomodée ».80 Cependant, elle semble être destinée au sire official. De plus, la chambre nécessite certaines réparations, en ce qui concerne le plancher notamment. C’est pourquoi, le prêtre Jean Anteme recommande d’utiliser la chambre proche de la chambre basse pour y établir une infirmerie. Avec un nouveau mobilier, elle est convenable pour recevoir les étrangers et les malades.81 Le procès-verbal de 1632, nous guide, après la sacristie, en une chambre servant d’infirmerie.82 On y trouve un lit de plume avec son coussin, il s’agit peut-être plus exactement d’un matelas. Il y a également du linge, des couvertures et un « chalit », c’est-à-dire les montants en chêne du lit. Cette même pièce est aussi destinée à accueillir des visiteurs. Cependant, il est également fait mention d’une maisonnette, près de l’enclos proche de la vieille étable, où sont logés « ordinairement » les malades. Nous pouvons donc penser que l’infirmerie relève de la salle de soins, tandis que cette petite maison, à l’écart des quartiers conventuels, accueille les religieux souffrants. De part son emplacement, on veut éviter tout risque de contagion.

De là, nous montons au dortoir.

• Le dortoir. Le procès-verbal de 1584 n’en fait pas mention. Il est présenté, après la visite du réfectoire, en 1616, et après celle de l’infirmerie en 1632. En 1616, c’est un « aul pacieux », une grande pièce, d’environ dix-sept toises de longueur et cinq de largeur.83 Elle est recouverte, « à neuf », de planches de chêne. Cette grande pièce comporte neuf cellules, toutes d’un même côté donnant sur le

78 Cf procès-verbal de 1616, f° 5v, troisième paragraphe, p XXV. 79 Cf procès-verbal de 1632, f° 17v, p LXII. 80 Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, premier paragraphe, p XXVI. 81 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 12v, début du f° 13r, p XXXIV. 82 Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLII. 83 Cf procès-verbal de 1616, f° 6r, second paragraphe, p XXVI. La toise est une ancienne mesure de longueur valant six pieds, soit près de deux mètres. La pièce mesure donc 34 mètres de long sur 10 mètres de large.

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jardin, et dont les cloisons sont également en planches de chêne. Cependant, le plancher de certaines de ces chambrettes est en mauvais état. L’abbé remédie à cela en finançant des réfections. Ainsi, le sol de deux cellules a déjà été refait. Il faut savoir qu’aux origines de l’ordre, le dortoir ne devait consister qu’en une seule pièce. Ce n’est qu’en 1666, que les abbayes obtiennent l’autorisation de créer des cellules individuelles. Toutefois, cette modification de l’espace relève plus de la recherche du confort que d’une utilité particulière. Hors, le confort ne doit pas être une préoccupation pour les religieux. La nécessité des travaux du dortoir est évoquée lors d’une précédente visite. Elle décrit ce dernier comme ruiné et en très mauvais état.84 Il est même comparé à une étable tant son plancher est disjoint, mal accordé et usé.85 En attendant la fin de ces réparations, les religieux dorment dans des chambres qui reçoivent, ordinairement, les visiteurs.86 En 1632, c’est un dortoir tout autre, puisqu’il est «ruyneux et caduque ».87 Sa toiture a également besoin de réparations : les religieux témoignent que, lorsqu’il pleut ou neige, le dortoir, comme les chambres, sont pleins d’eau. Devant ces déclarations, le maçon de Chambornay, Germain Millot, présent lors de la visite, promet d’effectuer les travaux nécessaires. Selon le plan type d’une abbaye cistercienne, le dortoir occupe tout l’étage de l’aile orientale du cloître. Il est desservi par deux escaliers : un escalier de jour qui descend sur une galerie du cloître, et un escalier de nuit qui permet un accès direct à l’église pour les offices nocturnes.88 Les moines peuvent se rendre au dortoir à toute heure de la journée.

Cependant le dortoir n’est pas, au sein de l’abbaye, le seul lieu de repos, il existe d’autres chambres.

• Les autres chambres.

Il est difficile de les dénombrer et de les situer avec exactitude. Il faut les distinguer suivant les bâtiments. Car, certaines sont dans les quartiers conventuels, d’autres au logis abbatial et d’autres encore à la porterie. Nous ne visitons ici que celles que nous pensons être situées au sein des quartiers des moines, ainsi que le « poil », une pièce chauffée. Les autres chambres sont présentées lors de la visite des bâtiments où il est probable qu’elles se situent. Le procès-verbal de 1584 présente d’abord une chambre basse89 où logeait le feu abbé Louis du Tartre. Un mobilier assez fourni est mentionné : deux lits, deux grands

84 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 6r, p XXVI. 85 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 11v, début du f° 12r, p XXXIII. 86 Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVI. 87 Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLIII. 88 Les activités des moines et la prière sont traitées dans le troisième temps de la seconde partie de cette étude de l’abbaye. 89 Cf procès-verbal de 1584, f° 5r, p VI.

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coffres avec du linge, un dressoir, une table et six chaises, plusieurs tableaux, quatre andiers et un vieux buffet. Puis, après la cuisine, nous entrons dans une autre chambre, dite la chambre aux dames.90 Il s’y trouve deux lits, un buffet, une table et deux andiers. De part son appellation, peut-on penser que, parfois, l’abbaye recevait des femmes ? La visite se poursuit en « une autre chambre haute »;91 cette désignation laisse supposer que la chambre précédente se situe également à l’étage. Cette autre chambre comporte deux lits, deux gros coffres et deux andiers. De là, nous entrons en une chambre qui, de part son contenu se rapproche plus d’une pièce servant à la cuisine que d’une chambre pour les hôtes. En effet, il s’y trouve un tonneau de vin et une table. Le « poil », contigu à la cuisine haute, peut être considéré comme une chambre puisqu’on y trouve « un petit chalit de camp »,92 mais aussi une table, des bancs, une chaise et un buffet. Le procès-verbal de 1616 nous a déjà présenté la chambre proche du dortoir qui est destinée à l’infirmerie.93 Il mentionne également quatre autres chambres, « deux joignants au dortoir et deux proche le cloistre ».94 Leur mobilier n’est pas indiqué, mais elles sont commodes et bien restaurées. En effet, la ramure, c’est-à-dire les bois, et la couverture des deux chambres près du cloître ont nécessité des réparations.95 Elles sont également chauffées, puisqu’elles sont qualifiées de « chambres a feug ».96 De plus, chacune des chambres possède un cabinet, c’est-à-dire une petite pièce à l’écart et dont l’utilisation n’est pas précisée, peut-être est-ce simplement pour y étudier. Ces chambres sont occupées par l’officier présent pour la rédaction du procès-verbal et par les religieux, en raison des réparations effectuées au dortoir. Nous voici de nouveau en la chambre basse, à laquelle nous accédons dès le cloître.97 Il s’y trouve une cheminée, et on peut y mettre deux lits, ainsi, et avec d’autres meubles, elle est commode pour y établir l’infirmerie. Mais elle n’est pas usitée comme telle. L’inventaire de 1632, fait mention de la chambre aux dames qui n’est pas désignée ou, du moins, pas comme telle, dans celui de 1616. Elle est située comme joignante « au su du poille du landrecy ». Elle contient toujours deux chalits, un buffet et les deux andiers. Il y a aussi deux coffres renfermant du linge pour la table.98

90 Cf procès-verbal de 1584, f° 6r, p VII. 91 Cf procès-verbal de 1584, f° 6v, p VII. 92 Cf procès-verbal de 1584, f° 7v, p IX. 93 Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVI. 94 Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, avant dernier paragraphe, p XXV. 95 Cf procès-verbal de 1616, f° 7r, dernier paragraphe, p XXVII. 96 Cf procès-verbal de 1616, f° 11v, p XXXIII. 97 Cf procès-verbal de 1616, f° 11v, p XXXIII. 98 Cf procès-verbal de 1632, f° 5r et début du f° 5v, p XLVI.

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La lecture de ce procès-verbal nous conduit en la chambre de dom Claude Loys, à présent prieur à la Charité. Il y reste quelques meubles dont deux lits, deux couvertures, quatre chaises, de la vaisselle et des linges.99 D’autres chambres sont répertoriées dans ce procès-verbal, mais soit elles appartiennent au logis abbatial, soit elles ne se situent pas dans l’enceinte de l’abbaye. Le « poil », mentionné dans les visites de 1616 et de 1632, est une pièce du logis abbatial abordé ci-après.

Les diverses chambres que nous venons de parcourir font partie des quartiers conventuels et sont, de ce fait, usitées par les religieux. L’abbé, lui, bénéficie de ses propres quartiers.

3. Le logis abbatial. Le logis abbatial apparaît avec l’institution, à la tête de l’abbaye, d’abbés commendataires. Ce sont des clercs séculiers100 ou encore de seigneurs laïques, ni élus, ni choisis par la communauté des religieux mais imposés par les pouvoirs laïques ou ecclésiastiques. Ils n’ont pas toujours une vocation monastique, mais doivent diriger le temporel et le spirituel de l’abbaye : c’est la commende. Ces abbés n’ayant pas épousé la vie monastique, ils ne respectent donc pas les prescriptions cisterciennes demandant à l’abbé de vivre parmi et, au-milieu, de ses frères. C’est pourquoi, ils font construire leur propre demeure au sein de l’abbaye : le logis abbatial, dont la richesse contraste parfois avec la pureté des autres bâtiments. La commende est introduite à Bellevaux en 1455 avec Jean Rolins, fils du chancelier de Bourgogne. Puis elle disparaît pour s’établir définitivement en 1551, avec l’abbatiat de Pierre d’Andelot. Le logis abbatial, maintenant appelé le château, et la porterie, sont aujourd’hui les derniers témoins de la présence du monastère. Le logis n’est pas présenté en 1584. En 1616, il est ceint d’une clôture, bien qu’il se trouve déjà à l’intérieur de celle de l’abbaye.101 L’abbé y fait faire une porte de pierre, et fait mettre une porte neuve au logis. Au rez-de-chaussée, se trouve une grande cuisine, jointe au « poil » et à une chambre « en forme de salette ».102 Puis, l’accès au second étage se fait par un « fort bel escalier » en pierre de taille comportant trente à trente-six marches, séparées par trois paliers. Il ne s’agit cependant pas du magnifique escalier, à la rampe en fer forgé, que nous pouvons encore admirer aujourd’hui. Ce dernier est construit au XVIIIe siècle, lors de la remise en état de l’abbaye par son abbé commendataire Lezay-Marnésia. L’escalier du logis est éclairé par des fenêtres flamanches.

99 Cf procès-verbal de 1632, f° 6v, p XLVIII. 100 Toute personne faisant partie du clergé et ne vivant pas retranché du monde. 101 Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, dernier paragraphe, p XXVIII. 102 Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, premier paragraphe, p XXVIII.

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A l’étage, cinq chambres, toutes « bien logeables », sont accompagnées d’un cabinet et d’une garde-robe, autrement dit une petite pièce pour y mettre les vêtements. Tous deux sont joints à chacune des chambres.103 L’accès au corps de logis peut se faire depuis l’église, le dortoir ou encore par une grande galerie voisine.104 En dessous dudit logis, une nouvelle cuverie avec un pressoir ont été nouvellement aménagés.105 Le procès-verbal de 1632 apporte plus de précisions, en particulier sur le mobilier du logis.106 Ainsi, en pénétrant dans la salle d’entrée, nous découvrons une table de noyer, deux bancs couverts de cuir doré, des chaises ornées de même, un coffre et un buffet. Un mobilier assez éloigné de la simplicité cistercienne ! De là, la visite se poursuit en une chambre contenant un lit, deux chaises couvertes de tapisseries et deux andiers. Un cabinet avec un petit lit y est joint. Puis, une autre chambre, à l’étage, dite « la chambre du milieu aultrement le poil », est richement et amplement meublée.107 Cette richesse montre que l’abbé n’a pas choisi d’adopter la vie monastique, et qu’il est plus versé dans la vie extérieure à l’abbaye. Peut-être même qu’il n’y réside que ponctuellement. Ainsi s’achève notre visite des bâtiments communautaires et du logis abbatial. L’abbaye est un lieu de prière mais aussi une grande et vaste maison qui se veut avant tout fonctionnelle et empreinte de simplicité. Néanmoins, ce n’est pas toujours le cas comme cela est parfois esquissé lors de la visite. Cependant, il existe, dans l’enceinte de l’abbaye, d’autres bâtiments et d’autres lieux spécifiques à l’organisation cistercienne.

C. Clôture, porterie et réseau hydraulique.

L’abbaye, ce n’est pas seulement l’église, le cloître, les quartiers conventuels et le logis abbatial avec un petit peu d’espace pour le jardin ou la promenade. Non. La reconstitution du plan de l’abbaye par René Locatelli,108 montre combien, déjà intra muros, le domaine est vaste. Ce besoin d’espace n’est pas sans raison, il répond à certaines nécessités, et, à la volonté des abbayes cisterciennes, de vivre le plus possible en autarcie. Nous pouvons estimer l’étendue des terres autour de l’abbaye grâce aux diverses indications, fournies dans les sources, sur le mur de clôture.

103 Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, p XXVIII. 104 Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, p XXVIII. 105 Cf procès-verbal de 1616, f° 8r, p XXVIII, troisième paragraphe. 106 Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLIII. 107 Cf procès-verbal de 1632, f° 3v, p XLIII. 108 Cf carte p 34.

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1 La clôture. Elle est, pour le visiteur, la première partie visible de l’abbaye et la première barrière. Sa valeur symbolique, importante, marque la volonté d’isolement des religieux et concrétise leur vœu de solitude. Elle signifie la coupure avec le monde extérieur où il ne se trouve que des choses futiles, non essentielles à l’élévation de l’esprit vers Dieu et son fils. Cette volonté de fuir le monde est déjà manifeste dans le choix de l’emplacement de l’abbaye : un lieu écarté, loin des villages et de toutes habitations. On multiplie les « précautions » pour se retirer le plus possible dans la solitude et ainsi se disposer au mieux à la contemplation. A plusieurs reprises, lors des visites de 1616 et de 1632, il est question de la « muraille » servant de clôture à ladite abbaye. Le procès-verbal de 1616, indique que cette même clôture est l’objet de réparations parce qu’elle est rompue à divers endroits.109 Elle est recouverte de laves, c’est-à-dire de pierres plates, et mesure près de six cents toises.110 Ainsi, il est refait « plus de cent toisée » de « basches »111 et murailles neuves. Puis, peu après, il est précisé que l’abbaye est enfermée d’une muraille d’une toise (environ deux mètres) de haut et de plus de quatre cents toises (près de huit cents mètres) de long. 112 Comme nous avons pu le constater lors de la visite du logis abbatial, il existe d’autres clôtures à l’intérieur du mur d’enceinte. Ceci se confirme quand il est question qu’au-dedans de la précédente muraille, il est « encore une aultre clotture de muraille enfermant les bastiments »,113 mais nous n’avons pas de précision quant à ses dimensions. La visite de 1632, présente un mur en moins bon état.114 En effet, il est l’objet de plusieurs brèches qu’il convient de réparer. L’enceinte principale est « escorchée » sur environ une toise et un peu plus loin sur près de quatre pieds. Ces failles se situent près de la vieille étable, du côté du prélot115 en direction de Neuve-Grange. Toujours sur cette même enceinte, proche du coin des « besoignes », se trouve une autre écorchure d’environ huit toises. Une brèche, de même taille, est remarquée depuis le précédent endroit en suivant le chemin longeant l’abbaye. Il faut aussi « reaulser » et recouvrir le mur, sur ce même lieu. Enfin, un petit enclos, près de la vieille étable, du côté des vignes, nécessite également quelques réparations. Ces différentes enceintes sont agrémentées de plusieurs portes ou entrées.

109 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 6v et début du f° 7r, p XXVII. 110 La toise est une mesure de longueur équivalente à six pieds, soit près de deux mètres. Nous pouvons donc admettre que la clôture s’étend sur approximativement 1 200 mètres 111 Les basches sont des goulets ou des tranchées permettant l’évacuation et la conduite de l’eau. 112 Cf procès-verbal de 1616, f° 7r, p XXVII. 113 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 6v et début du f° 7r, p XXVII. 114 Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX. 115 Un prélot est un petit pré.

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Ainsi, du côté du verger Guichard, se trouve une entrée dont l’abbé a fait redresser l’arc et l’appui de deux ogives de pierre. La porte, « de bonne planche », ferme à clé et, est surmontée d’un avant toit couvert de tavaillons.116 Une autre entrée, du côté du pré, est fermée d’un portail de bois constitué de portes à ferrements, également surmontées d’un avant toit de tavaillons. Il en est de même pour le portail de pierre de l’entrée du logis abbatial, abordé lors de la visite de ce dernier. Un autre portail, qui était ruineux et sans porte, a été remis en état. On a construit deux angles de pierres et remis une « bonne porte de bois » ferrée et fermant à clé, le tout surmonté aussi d’un avant toit. C’est par cette porte que l’on rentre les foins. Pareilles réparations sont faites sur un second portail.117 L’enceinte de l’abbaye est un donc un rempart contre l’extérieur, contre toutes tentations. Il faut en franchir plusieurs pour découvrir ce qu’il renferme en son sein : l’abbaye et son domaine.

2. Les autres bâtiments de l’abbaye. Le premier édifice qui se présente dès que nous franchissons la grande porte d’entrée - de part son appellation nous supposons qu’il se situe à cet endroit- est l’hôtellerie ou encore, la porterie.

• La porterie. Bien que retranchés, les moines blancs accueillent néanmoins tous ceux qui demandent l’hospitalité : vagabonds, mendiants, pèlerins… Charité et hospitalité sont aussi les devoirs des Cisterciens. Ils se doivent d’accueillir leurs hôtes comme le Christ. La porterie a également une autre fonction : elle garde l’entrée. Les laïcs ne peuvent pénétrer impunément dans l’abbaye et les moines ne peuvent en sortir sans autorisation. L’entrée à l’abbaye est contrôlée, réglementée.118 Seule la visite de 1632 nous guide quelque peu au travers de ce bâtiment. Dans une chambre, un lit est inventorié, apparemment en assez mauvais état, et un vieux buffet.119 Au devant de la porterie, se trouve une chapelle et oratoire, en bon état mais sans porte. Elle permet aux hôtes de se recueillir et de prier puisqu’ils ne peuvent accéder à l’église, sauf sur invitation de l’abbé.120 Une grange et des étables, convenables, sont également mentionnés, bien qu’il n’y ait pas de plancher dans ces dernières.121 Notons que le serrurier Claude Roussel réside à la porterie,122 mais nous ne savons si c’est de manière provisoire ou non. Au quel cas, il pourrait être le « gardien » de l’abbaye.

116 Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, p XXVIII. 117 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 14v, p XXXVI. 118 ADHS, H 43, 1198; p LXXVI. 119 Cf procès-verbal de 1632, fin du f° 6r, p XLVIII. 120 Cf procès-verbal de 1632, début du f° 7v, p L. 121 Nous aborderons plus en détail les granges et étables de l’abbaye ci-après, p 29.

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Evoquées précédemment, étables et granges sont aussi des composantes de l’abbaye.

• Granges et étables. Elles sont nécessaires à l’abbaye qui doit vivre le plus possible en autarcie. Il lui faut donc des granges et des étables pour recevoir les animaux et le fourrage dont ils ont besoin. Le procès-verbal de 1584 ne les mentionne pas. La visite de 1616, indique, près du verger, une grange dont une partie est refaite à neuf.123 Les étables ont également bénéficié de travaux. La ramure, c’est-à-dire les bois, de l’une des étables est « pourrie » et sa muraille menace de tomber en ruine.124 On construit alors des pignons pour le renforcer et on remplace les bois.125 L’autre écurie est entièrement découverte. La toiture, mais aussi le pavement - il s’agit peut-être de l’étable près de la porterie- sont ainsi refaits. Près de l’abbaye et d’un fossé, cette même visite nous guide vers une vacherie avec un pré attenant.126 Elle semble être laissée à l’abandon car elle est encombrée par de la végétation et inondée. Mais l’abbé s’est enquis de la remettre en état. Le procès-verbal de 1632, conduit à nouveau, près de la porterie, vers la grange et les étables. Ces dernières n’ont pas de plancher mais il s’y trouve « environ cinquante chariots de foin provenant des prés de ladicte abbaye ».127 Une autre étable, assez vieille, est présente dans le grand enclos, du côté du prelot ou le petit pré.128 C’est dans ces mêmes étables que se trouve tout le bétail de l’abbaye, amodié lui aussi.129 Prés et champs abordent ces granges et étables, et d’autres encore qui sont exposés ci-après.

• Verger, colombier, four et grenier. Le verger. Il apporte aux religieux les fruits et surtout les pommes nécessaires à la fabrication du cidre. La visite de 1616, présente un grand verger tout débarrassé des ronces et broussailles qui l’encombraient auparavant.130 Il s’agit du verger Guichard, traversé par un fossé qui le rend plus fertile.131

122 Cf procès-verbal de 1632, f° 11r, p LIV. 123 Cf procès-verbal de 1616, fin du f° 8r, p XXIX. 124 Cf procès-verbal de 1616, cinquième paragraphe du f° 15v, p XXXVIII. 125 Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXIX. 126 Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, troisième paragraphe, p XXIX, pour le pré, f° 15v, second paragraphe, p XXXV II, pour l’état du bâtiment. 127 Cf procès-verbal de 1632, f° 7v, p L. 128 Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX. 129 Cf procès-verbal de 1632, f° 8v, p LI.

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Dans le verger nous apercevons également le colombier. Le colombier. En 1616, il semble inutile car petit, plein de vermine et entouré d’orties et de broussailles. Après quelques restaurations, nous découvrons un colombier nettoyé, reblanchi, recouvert de laves et peuplé de nombreux pigeons.132 En 1632, le pigeonnier est en assez bon état. La toiture est refaite cette même année. Toutefois, les amodiateurs nous font remarqué qu’au début de leur amodiation il n’y avait plus de pigeons et qu’aujourd’hui il n’y en a qu’une quinzaine.133 De là, nous nous rendons au four. Le four. Son utilité et sa nécessité sont démontrées lors de la visite de 1616 où deux fours sont présentés. Un four à pain, grand et ample, refait à neuf. Et un second four pour la cuisson des poteries.134 En 1632, le four nécessite quelques réparations : son cintre, c’est-à-dire la courbure de la voûte, est rompu en divers endroits. Puis, nous terminons notre visite par les greniers. Les greniers. Il n’est pas, ici, seulement question de la pièce qui se trouve sous la toiture. Les greniers sont aussi des bâtisses dans lesquelles on entrepose fourrages et outils. Ainsi, en 1616, les greniers sont refaits à neuf, car, auparavant, ils étaient infestés de vermines et mal pavés.135 Maintenant rendus salubres, ils sont pleins de grains d’avoine et de froment.136 Le procès-verbal de 1632, apporte plus de précisions. Il nous conduit d’abord vers un grand grenier, proche du cloître, dans lequel se trouve du froment, du vieil orge, des cousels et des navettes. Puis, vers un autre grenier, appelé Morimont où se trouve cinq quartes de navettes, dix quartes de boisses et un grand pot de cuivre d’environ deux soilles.137 Au cour de notre visite, à plusieurs reprises, il est fait mention de fossés. Ils sont la partie visible du réseau hydraulique qui dessert l’abbaye.

130 Cf procès-verbal de 1616, f° 7v, p XXVIII. 131 Cf procès-verbal de 1616, quatrième paragraphe du f° 8v, p XXIX. 132 Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 9v, p XXXI. 133 Cf procès-verbal de 1632, f° 7v, p L. 134 Cf procès-verbal de1616, second paragraphe du f° 8r, p XXIX. 135 Cf procès-verbal de 1616, avant dernier paragraphe du f° 7v, p XXVIII. 136 Cf procès-verbal de 1616, troisième paragraphe du f° 15r, p XXXVII. 137 Cf procès-verbal de 1632, f° 6r, p XLVIII.

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3. Le réseau hydraulique. C’est une spécificité des constructions cisterciennes. Le lieu d’installation d’une abbaye se doit d’être pourvu en eau et en bois, matières nécessaires à une vie autarcique. Les religieux n’établissent pas leur monastère sur un cour d’eau, mais dévient celui-ci, et construisent canaux, digues et retenues pour l’alimenter. L’abbaye est alimentée en eau par de petits ruisseaux qui descendent des bois environnants et se dirigent vers Cirey. Ces travaux d’aménagement sont d’autant plus nécessaires à l’abbaye qu’elle est établie sur des marécages que les moines ont pris soin d’assécher auparavant. Ensuite, ils ont creusé et aménagé plusieurs canaux. Aujourd’hui encore, une partie du réseau est visible. Les archéologues l’ont exploré et rapportent qu’une grande partie est voûtée en arc bombé et le sol est pavé.138 Enfin, la construction des bâtiments s’ordonne en fonction de la distribution de l’eau. Le parcours du réseau ne peut être retracé uniquement à partir des sources exploitées, mais d’autres documents ont permis la réalisation d’un schéma approximatif du réseau hydraulique de l’abbaye, présenté à la page 34. Les sources rendent cependant compte des inconvénients quelques fois engendrés par ces canaux. Les procès-verbaux de 1584 et 1632 n’évoquent pas le réseau. Celui de 1632 apporte plus d’informations. Un fossé est creusé derrière les chapelles pour canaliser les écoulements car le terrain est « fort hau du costé desdictes chapelles ».139 Mais il rend l’église humide et verdit les murs des chapelles. C’est pourquoi, il a besoin d’être purgé et réparé en profondeur, notamment depuis l’angle de la chapelle Saint-Pierre jusque près de la muraille joignante au grand portail. L’entretien du fossé permet d’éviter que la proche fontaine ne regorge plus dans l’église lors de grandes pluies. Ces travaux sont effectués : des buissons qui entretiennent l’humidité sont enlevés, mais le fossé a encore besoin de nouvelles réparations.140 Près de la vacherie, proche de l’église, il y également un fossé, en bon état, mais la vacherie est tout de même inondée.141 Il est aussi fait mention de canaux et d’égouts qui, de part leur mauvais entretien, endommagent tous les murs de l’église.142 D’autres conduits, pour les même raisons, rejettent « les eaux en immondices de ladicte abbaye ». C’est pourquoi ils sont nettoyés et recouverts aux endroits où ils sont rompus et enfoncés.143 La fontaine, dans le « vuyde dudict cloistre », est tarie. Mais les canaux passant par le cloître sont nettoyés, recouverts et repavés. Ainsi, la fontaine coule à nouveau

138 Py (Jean-Michel), Cirey-les-Bellevaux, rapport de 1986. p 7. 139 Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 5r, p XXIV. 140 Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 7r, et f° 14v, p XXVII et XXXVI. 141 Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 15v, p XXXVII. 142 Cf procès-verbal de 1616, second paragraphe du f° 14v, p XXXVI. 143 Cf procès-verbal de 1616, troisième paragraphe du f° 7v, p XXVIII.

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« abondamment dans un saulge de pierre pour l’usage du couvent et des religieux ».144 Selon les études de Jean-Michel Py, et d’après le schéma du tracé du réseau, nous savons que les religieux ont canalisé le ruisseau. Ils l’ont ensuite dévié au niveau de la limite de l’enclos monastique et, par un aqueduc souterrain, il passe sous le mur et l’allée de ce dernier. Puis, le ruisseau ressort dans un bassin de distribution, à l’intérieur de l’enceinte, pour être distribué, à l’aide de vannes, dans deux réseaux latéraux. 145 La canalisation du cours d’eau permet également l’alimentation d’un moulin qui n’est pas présenté dans les procès-verbaux. Comme les bâtiments de l’abbaye, le réseau hydraulique a besoin d’entretien. Il est une des originalités des constructions cisterciennes et permet une meilleure hygiène pour les religieux.

Nous voilà au terme de notre visite de Notre Dame de Bellevaux en ces années 1584, 1616 et 1632. Au fil du temps, les travaux et réfections effectués sont souvent à refaire. L’entretien de l’abbaye est un travail constant et onéreux, bien qu’il en soit rarement question. Les moines doivent se consacrer avant tout à la prière et ne peuvent pas toujours faire face aux diverses réparations, ils n’ont pas toujours les compétences. Ils se vouent à une vie retirée mais ont tout de même besoin de leur prochain, tel le maçon de Chambornay, présent en 1632. Cependant, l’établissement et la construction de l’abbaye en ces lieux sont avant tout rendus possibles par la volonté de seigneurs laïques : la famille de La Roche.

144 Cf procès-verbal de 1616, f° 15r, p XXXVII. 145 Py (Jean-Michel), Cirey-les-Bellevaux, rapport de 1986, p 6.

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II. « Seigneur mon Dieu, force qui sauve, Tu protèges ma tête au matin du combat »146 La construction de la première abbaye cistercienne en Franche-Comté ne relève pas uniquement de la décision des moines de Morimond. Ces deniers ont, bien entendu, le souhait d’essaimer, mais c’est également une nécessité : la communauté ne cesse de s’agrandir, il n’y a plus assez de place, plus assez de moyens, des moines doivent partir. Une petite colonie de douze moines, tels les douze apôtres qui portent la Bonne Nouvelle, répondent donc à ce besoin mais aussi à un appel. C’est celui d’une famille de seigneurs francs-comtois : les La Roche. Ainsi, Notre Dame de Bellevaux est le fruit d’hommes de religion et d’hommes de guerre. Elle est leur Salut, mais elle leur doit son prestige.

A. Bellevaux : la volonté de la famille de La Roche…147 Pourquoi des seigneurs laïques souhaitent-ils la présence d’un monastère ? Les moines prient pour leur salut et pour celui des autres. Ils sont considérés comme des intercesseurs entre Dieu et les hommes. C’est pourquoi, l’encouragement de l’établissement d’un monastère sur son domaine, permet au seigneur d’assurer sa rédemption et celle de son lignage. 1. Un prestige éphémère. Depuis longtemps les eaux poissonneuses de l’Ognon attirent les hommes, tout comme la proximité d’un massif forestier assez dense, notamment sur la rive droite. C’est dans ce cadre géographique, qu’à l’aube du XIIe siècle, s’élève, au détour d’un méandre de la rivière, le château de la famille.148 La vallée de l’Ognon n’est peut-être pas le berceau des La Roche. Ils seraient issus d’une branche de la famille des Traves. Cependant c’est dans cette vallée qu’ils s’illustrent, qu’ils fondent leur lignée et y établissent leur domaine. Autour du château, quelques maisons, un petit hameau ; à son pied, un moulin, et en son cœur, une chapelle, consacrée à saint Etienne Protomartyr. Son culte se propage depuis l’une des cathédrales de Besançon et, devient très populaire dans toute La Comté. L’action des La Roche s’étend sur deux bandes inégales de part et d’autre de la rivière. Sur la rive droite, cette influence jouxte celle de la seigneurie de Cromary, puis se déploie de Chambornay149 jusque vers les dépendances de Montbozon.150 Sur

146 Rougier (Stan), Montre-moi…, op. cit., psaume 139 « Protège-moi », p 257. 147 L’essentiel des renseignements concernant la famille provient de l’ouvrage de Jean Girard, La Roche et l’épopée comtoise de Grèce. 148 Le bâtiment que nous pouvons voir aujourd’hui est un remaniement, presque total, au XVIe siècle, du château médiéval. 149 Chambornay est un petit village du canton de Rioz, dans l’arrondissement de Vesoul, en Haute-Saône, à environ quarante kilomètres de Besançon. 150 Montbozon est le chef-lieu de canton de la Haute-Saône, dans l’arrondissement de Vesoul. Montbozon se situe sur les rives de l’Ognon.

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la rive gauche, le domaine est plus étendu. Il débute aux abords de la forêt de Chailluz,151 s’étire un peu sur Braillans152 avec quelques possessions, enserre Venise et Palise153 pour prendre fin aux portes de Cirey.154 En plusieurs endroits, des collines et des plateaux séparent ces terres de la vallée du Doubs. La fondation de l’abbaye, détaillée ci-après, va projeter en avant le premier des La Roche connu : Pons. Il est l’époux de Sybille de Scey, sœur d’Humbert de Scey, archevêque de Chrysopolis (1134-1161), c’est-à-dire « la ville d’or ». C’est ainsi qu’est nommée, dans les textes ecclésiastiques, la ville de Besançon, en raison de la grande beauté de son site, de la présence de ses deux cathédrales, Saint- Jean et la Madeleine, et de nombreuses maisons religieuses. Humbert a également un rôle dans l’implantation des Cisterciens en Franche-Comté. Pons et Sybille ont trois enfants, dont Pons qui deviendra le premier abbé de Bellevaux. Au cours du XIIe siècle, la famille gagne en prestige et devient l’une des plus importantes du Comté. Cette renommée lui permet de contracter des mariages avec d’autres grands lignages, tels les Ray et les Cicon ou encore les Fondremand ou les Rosière, qui interviennent également dans l’installation de l’abbaye. Les La Roche, chevaliers de père en fils, partent, sous l’impulsion de l’Eglise, défendre le Christ et la Terre Sainte. Et, c’est ainsi qu’ils portent, au-delà de l’Empire, leur affection pour Bellevaux. Affection telle, qu’elle entraîne, en Grèce, la fondation d’une nouvelle abbaye : Daphni, près d’Athènes.155 Mais, peu à peu, la famille s’efface. Certaines descendances, comme celle de Jean (vers 1240-1290), sont décimées par les maladies ou les guerres. Après sa mort, Othon, son fils, lui succède, jusqu’en 1312. Son jeune frère, Odat, reprend le fief. Il meurt en 1321 et est enseveli à Bellevaux. Puis, son fils, Ferry, poursuit la lignée. En 1345, il dote l’abbaye et meurt peu après. Le dernier des La Roche, Thibaut, lui succède. A cette succession de seigneurs sans grand charisme, il faut aussi ajouter le dépérissement progressif du domaine et des possessions de la famille, en raison notamment de dons ou de perte d’influence. Le XIIIe siècle voit l’affaiblissement de la puissance de la famille. Ainsi, en 1386, la seigneurie est la nouvelle propriété d’un modeste seigneur, originaire des environs de Vesoul, Jean de Velle. Bien qu’il subsiste des ambiguïtés en ce qui concerne les armoiries de la famille, des éléments sont avérés comme certains. Les armes sont ainsi composées « d’équipollées à cinq points d’or et quatre de gueules ».156 C’est-à-dire qu’elles sont constituées de neuf carrés. Cinq sont de couleurs or et les quatre autres sont pampelonnés : ils ressemblent à des plaques d’écailles superposées, comme le montre le premier blason présenté ci-dessous. Toutefois, lors de l’épopée en Grèce, ces « plaques d’écailles » sont remplacées par des hermines, c’est-à-dire des carrés blancs avec des « bouts de queues noires », il s’agit du second écu figuré ci-après.

151 La forêt de Chailluz se situe au nord de Besançon. 152 Braillans est un village du canton de Marchaux. 153 Palise et Venise sont deux villages du canton du Marchaux, dans l’arrondissement de Besançon dans le Doubs. 154 Cirey est un village du canton de Rioz dans l’arrondissement de Vesoul en Haute-Saône. 155 Nous reviendrons sur cette épopée dans notre étude sur la filiation de l’abbaye, page 50. 156 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 28 et 160.

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Les premières armoiries de la famille.157 Les armoiries de la famille après leur

épopée en Grèce.158

Le choix des couleurs apposées sur l’écu a une signification particulière en héraldique.159 Ainsi, l’or et le pourpre utilisés sur le blason primitif des La Roche, sont le signe d’une certaine noblesse. Car, plus une couleur est lumineuse, plus elle est noble. Cependant, la possibilité de fonder la première et la plus prestigieuse abbaye cistercienne de la Comté n’est pas à la portée de tous. Comme nous l’avons esquissé auparavant, la famille de La Roche a un rôle fondamental dans l’établissement de la communauté en ces lieux. Quel est-il ? 2. Les origines de ce prestige.

Ils sont liés à l’abbaye, puisque c’est avec sa fondation que les La Roche sortent de l’ombre. En 1119, Pons de La Roche invite des moines de l’abbaye de Morimond, à s’installer sur ses terres. Cette décision est le fruit d’une démarche collective, car, comme le veut l’usage au Moyen-Age, Pons consulte d’abord sa famille, ses frères, sa mère et même ses vassaux.160 Cette initiative est également approuvée par l’archevêque de Besançon, Anséri de Montréal (1117-1134). Arnould, abbé de Morimond, répond à cet appel en envoyant, le 22 mars 1120, une colonie de douze moines, tels les douze apôtres, sous la direction de Pons, premier abbé de Bellevaux. Ils s’installent dans une reculée entre Cirey et Chambornay. Ce désert marécageux est rapidement défriché et asséché pour permettre la construction des premiers bâtiments.

157 Girard (Jean), La Roche… op. cit., p 161. 158 Est Républicain Magazine, 9 mars 2003, n° 204, p 13. 159 L’héraldique est la science des blasons, c’est-à-dire la connaissance des armoiries et des droits qui en découlent 160 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 14.

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Comme toutes les abbayes cisterciennes, elle est dédiée à la Vierge Marie. C’est pourquoi elle porte le vocable de Notre Dame. Puis, après avoir porté plusieurs noms, seul celui de « Bella Valis », «la belle vallée », « Bellevaux », demeure. Pour établir son influence sur l’abbaye, Pons de La Roche place à sa tête son fils Pons. Ce dernier acquiert une réputation de sainteté qui s’étend au-delà de la Comté et attire de nombreux disciples. On dit même que l’abbaye aurait compté jusqu'à cinq cents religieux. Est-ce proche de la vérité ou souhaite-t-on simplement mettre l’accent sur le prestige du monastère? Quoi qu’il en soit, en 1124, l’abbaye est alors suffisamment peuplée pour envoyer, à son tour, une colonie de religieux en Haute-Alsace.161 La notoriété de Pons en tant que saint peut être due aux miracles qu’il aurait réalisés grâce à l’étole que saint Bernard lui a donné en signe d’amitié. Tout cela lui vaut l’admiration de l’archevêque Anséri, et sûrement d’autres, lors de son long sacerdoce de 37 ans (1119-1156). L’abbé Pons meurt en 1203. Il est inhumé à l’abbaye. Cette perte entraîne alors de nombreux troubles au sein de la communauté. Mais cela témoigne aussi de l’importance de l’engagement et du prestige de la famille de La Roche dans l’abbaye. Bucard succède au premier abbé. Formé à Clairveaux, il est aussi l’instigateur, en 1176, de la construction de l’hôtel de Bellevaux à Besançon. Tout comme Pons d’autres membres de la famille sont enterrés au monastère, bien que cela soit contraire aux prescriptions cisterciennes. Toutefois, une bulle, non datée, du pape Grégoire IX, « permet aux religieux de l’ordre de Cîteaux d’inhumer en leurs églises les fondateurs de leurs abbayes ou autres fidèles sur leur demande »162 Ainsi, en 1184, c’est Othon de La Roche, neveu de l’abbé Pons, qui vient reposer à l’abbaye. Jean, qui a croisé en Orient, est inhumé dans la chapelle de Saint- Pierre de Tarentaise. Sa tombe est marquée de cette épitaphe : « Ci gist Jehan de La Roche donquel Dieu hait lâme qui fust trepassé l’an de nostre seigneur corrant MCCXC (1290) ».163 En 1304, c’est sa femme, Isabelle de Rougemont qui prend place à ses côtés. Puis, Odat, un des derniers de La Roche, y est également enseveli. Cette ingérence dans la fondation et l’épanouissement de l’abbaye ne cesse pas avec le décès de Pons. Non. L’abbaye et les seigneurs de La Roche semblent désormais étroitement liés. C’est pourquoi elle bénéficie, tout-au-long de l’existence de la famille, de dons divers de la part d’un grand nombre de ses membres. L’abbaye doit beaucoup à la famille de La Roche, car elle lui apporte, avec d’autres seigneurs, « les assises sans lesquelles elle ne [ peut ] subsister ».164

161 Ces religieux établissent une nouvelle abbaye à Lucelle. Nous y reviendrons dans notre étude sur la filiation de l’abbaye, p 55. 162 ADHS, H 44, non daté, p LXXVII. 163 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 215. 164 Pacaut (Marcel), Les moines blancs, p 80.

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3. Des dons pour des prières. L’abondance des donations faites à l’abbaye s’explique par le fait que tout don au monastère est associé aux prières des religieux. C’est assurer son salut éternel. Les liens particuliers qui unissent l’abbaye et la famille de La Roche font d’elle la plus généreuse des bienfaitrices et la gardienne de l’abbaye en tant que famille fondatrice. De plus, ce sont les seigneurs les plus importants de ce coin de la Comté. Pour ces raisons elle fonde, au sein de l’église de l’abbaye, une chapelle : la chapelle de la Vierge dans laquelle est inhumé saint Pierre de Tarantaise.165 Une bulle du pape Alexandre III atteste de l’inhumation du corps de saint Pierre en l’abbaye de Bellevaux.166 D’autres dons provenant de membres de la famille, font suite aux premiers. C’est ainsi qu’en 1203, Gui de La Roche permet aux religieux l’usage des bois et forêts de Marchaux, Chaudefontaine167 et Vauregilain.168 Ce dernier lieu est vraisemblablement situé sur les pentes boisées faisant face à la grange de Braillans. Puis, en 1218, avant de partir en croisade, il donne à l’abbaye le moulin Martin, situé sur la Corcelle, avec des terres pour y construire une maison. Il lègue également le four à pain de Chaudefontaine et une mine de fer. En 1230, avant de mourir, le châtelain d’Athènes, Pierre Bovat, c’est-à-dire « le bœuf », laisse à l’abbaye tous les biens qu’il possède sur Venise et Moncey. Jean, dernier La Roche d’importance, lègue des terres à Vandelans et Chaudefontaine et un moulin, construit par son père, et proche du moulin Martin. Lorsqu’il revient d’Orient, il donne encore à Bellevaux, en 1265, une nouvelle mine de fer. Ces dotations en mine de fer permettent la construction d’un haut fourneau et d’une forge. En 1345, peu avant son décès, Ferry, le fils d’Odat, dote l’abbaye de terres à Aubertans et Baumotte.169 Voici donc quelques exemples de dons faits par la famille de La Roche. Elle ne cesse de contribuer à l’expansion du domaine de l’abbaye même lorsque son lignage décline. Bellevaux semble faire partie du patrimoine de la famille. Et c’est une richesse d’autant plus importante qu’elle leur survit et porte leur nom au-delà des siècles malgré la disparition de la famille. Certains bienfaiteurs dotent l’abbaye peu avant leur mort. Ceci corrobore l’idée de l’assurance de son salut en contre-partie d’un legs. Les seigneurs espèrent, au travers de ce geste, expier leurs fautes et, paient, en quelque sorte, leur entrée au paradis. Toutefois, cette « assurance » n’est pas uniquement réservée aux fondateurs de l’abbaye. D’autres seigneurs, de plus ou moins grande importance, dotent également le monastère, et, parfois même, de manière plus spéciale.

165 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 3. 166 ADHS, H 45, 1178, p LXXVII. 167 Chaudefontaine est un village du canton de Marchaux, dans l’arrondissement de Besançon, dans le Doubs 168 Vauregilain n’est pas localisé.Afin de mieux situer ces donations nous pouvons nous reporter à la carte de situation de l’abbaye, p 12. 169 Nous reviendrons plus précisément sur les possessions de l’abbaye dans le troisième temps de notre étude.

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B. … et le repos d’âme des Vienne, Rougemont et autres familles.

La visite de 1616 présente différentes chapelles situées dans l’église.170 Treize autels et chapelles, dont huit sont fondés par des seigneurs. Ces fondations sont une autre forme de don. Elles ont souvent pour but d’accueillir les défunts de la famille, bien que cela soit contraire aux prescriptions cisterciennes, et les prières des moines lors des messes anniversaires notamment. C’est une manière de se rappeler au souvenir des religieux afin que ces derniers n’oublient pas de prier pour le salut des familles. Notre propos n’est pas ici de faire l’histoire de chacune des familles fondatrices, mais seulement de les présenter brièvement et, si cela est possible, de montrer leurs liens avec l’abbaye. Cette présentation débute par une famille, plus précisément un personnage, dont la place au sein de l’église laisse entrevoir son importance. 1. L’Amiral au chœur.

L’Amiral n’est autre que Jean de Vienne (vers 1341-1396), sire de Roulans et de Bonnencontre, et amiral de France. C’est un des hommes qui a marqué le XIVe siècle. Il est le fils aîné des huit enfants de Guillaume de Vienne, sire de Roulans et d’Annoires, et de Marguerite de Chaudenay. Au crépuscule du XIIIe siècle, la famille de Vienne est l’une des plus considérables de Bourgogne. Guillaume de Vienne combat dans les armées du roi Jean II le Bon (1350-1364). Jean lui succède dans ces engagements militaires et porte au comble la renommée de la famille. Il acquiert son titre d’amiral en luttant au côté de Du Guesclin lors de la guerre de Cent Ans. En mer, il empêche toute retraite aux Anglais, mais aussi tout renfort. Pour cela, le 27 décembre 1373, le roi de France, Charles V (1364-1380), le récompense en lui conférant la charge d’Amiral de France. Longtemps, Jean combat les Anglais, il va même jusqu’en Ecosse. Plus tard, le roi lui demande de faire partie du conseil de régence en raison de la minorité du futur Charles VI (1380-1422). Ces diverses fonctions l’obligent à être très souvent auprès du roi. Il acquiert ainsi une notoriété qui fait de lui un personnage considérable tant en France qu’en Bourgogne. Alors que la Franche-Comté est assaillie par des bandes de Routiers,171 Jean tente de la libérer. Il les poursuit jusqu’à l’Ognon, les disperse près de l’abbaye et les combat une dernière fois près de Chambornay. Le 28 mars 1356, Jean épouse Jeanne d’Oiselay, fille de Jean Ier d’Oiselay, comte de Montbéliard et d’Isabelle de Villersexel. Comme certains de ses aïeux, Jean Ier est inhumé, avec sa femme, en l’église de la Charité, fille de Notre Dame de Bellevaux. Jeanne et Jean ont deux enfants : Philippe de Vienne, qui succède à son père, et Marguerite dont le destin n’est pas connu.172

170 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v et f° 4r, p XXII et XXIII. 171 Les routiers sont des guerriers engagés dans les armées lors de la guerre de Cent Ans. En 1360, le traité de Bretigny proclame un arrêt momentané des hostilités. Ces mercenaires, qui ne savant faire que la guerre, sont alors livrés à eux-mêmes et pillent les régions qu’ils traversent. On les retrouve en Comté de 1360 à 1370.

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Vers 1393, avec sa femme, l’Amiral fonde, à Besançon, le couvent des Grands Carmes tel un témoignage de sa foi.173 Il en manifeste à nouveau lorsqu’en 1395, le roi de Hongrie, Sigismond, vient demander de l’aide afin de combattre les Turcs. Comme de nombreux chevaliers, il se rallie à cette cause et quitte la France vers le milieu du mois de mars 1396. Mais, le 26 septembre de cette même année, l’Amiral trouve la mort alors qu’il défend la ville de Nicopolis174 avec ses troupes. La défaite des Chrétiens laisse ainsi la porte ouverte aux Turcs sur les Balkans. Son combat sans relâche pour l’honneur du royaume chrétien qu’est la France, son grand respect pour les traditions de la chevalerie et son importante dévotion à la Vierge apportent à Jean de Vienne une grande et noble renommée qui honore la Franche-Comté.

C’est peut-être pour cette dernière raison que sa femme choisit l’abbaye de Bellevaux pour y ériger, en sa mémoire, un magnifique cénotaphe175 auprès duquel elle est inhumée. Les historiens ne sont pas unanimes quant au fait que le corps de l’Amiral repose bien en l’abbaye. En 1398, les religieux célèbrent un service pour le repos de son âme. Cependant, si les restes de Jean de Vienne ont bien été rapportés, il s’agit alors peut-être de ses obsèques solennelles.176 Un nécrologue177 donne une liste des épitaphes que l’on pouvait trouver en l’abbaye. On peut y lire cette dernière : « Epitaphia quoe jacent in presbyterio Ci gist messire Jehan de Vienne, chevalier, seigneur de Roulans, admiral de France, qui trepassa en l’an de grâce 1340. Priez pour luy. Amen. »178 La différence entre les dates du décès de l’Amiral attire notre attention : 1398 et 1340. Le copiste du nécrologue a pu faire une erreur en recueillant les informations.179 Lors de l’inventaire, en 1616, et des ornements de l’église,180 il est fait mention d’un devant d’autel servant à parer la chapelle « dicte de l’Admiral des maisons de Vienne et d’Oiselet ».181 L’autel de l’Amiral se situe dans le chœur, pour être encore plus près du Seigneur. On peut supposer que la lutte de l’Amiral pour défendre le royaume chrétien, lui vaut cet honneur.

172 ADD BC 14.630, Faget de Casteljau (Henri de), La maison de Vienne. 173 Une plaque commémorant cette fondation se trouve à l’entrée du petit parking Granvelle, à Besançon. 174 Nicopolis est l’ancienne appellation de la petite ville de Bulgarie, Nikopol, située sur le Danube. 175 Un cénotaphe est un tombeau élevé à la mémoire d’une personne, mais ne contenant pas le corps de cette dernière. 176 Pingaud (L), L’amiral Jean de Vienne, dernière page. 177 Archives municipales de Besançon, manuscrit de la collection Droz. 178 Pingaud (L), L’amiral…op. cit., dernière page. 179 Pingaud (L), L’amiral…op. cit., dernière page. 180 Cf procès-verbal de 1616, dernier paragraphe du f° 3r, p XXII. 181 Cf procès-verbal de 1616, dernier paragraphe du f° 3r, p XXII.

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Au Moyen-Age, les nobles achètent leur place pour être ensevelis dans les églises, au plus près de Dieu. Cette promiscuité s’accroît avec la proximité de l’autel central de l’église qui renferme des reliques de saints, les meilleurs intercesseurs entre Dieu et les hommes. Plus on est proche des reliques, plus on est proche de Dieu et du paradis. Tout comme la maison de Vienne, d’autres familles « s’installent » dans l’abbaye pour assurer leur salut. 2. La Toussaint des Rougemont. La famille Rougemont est présente au sein de l’abbaye, par la chapelle de Toussaint « dicte de Rougemont ».182 Le nom de cette famille lui vient certainement de sa possession de la baronnie du même nom.183 Elle est alors connue dans toute la Comté pour avoir donné trois archevêques au diocèse de Besançon. Le premier des Rougemont, Thiébaud Ier, est le fils d’Humbert de Montbéliard. Thiébaut épouse Poncette de Traves, lignage dont seraient issus les La Roche.184 Elle lui donne deux fils :Thiébaud II, seigneur de Rougemont, et Humbert, vicomte de Besançon. Gérard de Rougemont, fils de Thiébaut, devient, en 1203, doyen du chapitre de la cathédrale Saint-Etienne à Besançon, puis, en 1220, évêque de Lausanne. En 1221, il est élu archevêque de Besançon. Cependant l’insurrection de la communauté bisontine, demandant une charte de franchise,185 l’oblige a quitter son poste. Il meurt à l’abbaye de Bellevaux en 1225. Le jour exact de son décès n’est pas connu, mais une messe anniversaire est célébrée le 15 mars.186 En 1269, c’est le chanoine Eudes, fils d’Humbert de Rougemont, qui succède à l’archevêque Guillaume de La Tour. Eudes meurt en 1301. Enfin, en 1405, c’est Thiébaut de Rougemont, d’abord évêque de Mâcon, puis archevêque de Vienne, qui est nommé au poste archi-épiscopal bisontin. Il s’implique beaucoup dans le concile de Constance (1414-1418) convoqué afin de mettre fin au schisme d’Occident.187 Après un épiscopat de 24 ans, il meurt à Rome le 16 septembre 1429.

182 Cf procès-verbal de 1616, avant dernier paragraphe du f° 3v, p XXII. 183 La ville de Rougemont existe encore aujourd’hui. Elle se situe au Sud-Est de Vesoul et garde encore quelques traces de son passé. 184 Faget de Casteljau (Henri de), Lignées féodales et comtoises, p 18. 185 La charte de franchise ou charte de coutume, permet à une communauté urbaine de bénéficier d’un certain nombre de privilèges, droits et libertés vis-à-vis des seigneurs. Généralement l’obtention de cette charte s’effectue dans des conditions paisibles. Mais parfois, comme à Besançon, la charte est « arrachée » au seigneur de la ville, surtout lorsque celui-ci est un ecclésiastique. Les Bisontins obtiennent leur charte en 1290. 186 Hours (Henri), Fasti Ecclesiae Gallicanae, T 4. p 51. 187 A la mort du pape Grégoire XI, les Romains, ne voulant pas d’un pape français, élisent, en 1378, Urbain VI. Ce dernier se révèle vite despotique. Beaucoup de cardinaux, surtout français, quittent Rome. Ils élisent en septembre 1378, Clément VII qui s’établi à Avignon. Toute la chrétienté occidentale est alors partagée entre les deux papes. C’est le schisme.

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Aucun élément ne permet de savoir si la chapelle de Toussaint est la volonté d’un des membres de la famille de Rougemont ou simplement celle des religieux. Ces derniers ont peut-être voulu rendre hommage à cette lignée ; il est possible que l’archevêque Gérard y soit inhumé. Néanmoins, elle témoigne de la présence morale de seigneurs laïques, mais aussi d’archevêques au sein de l’abbaye. Le choix de la chapelle de Toussaint peut s’expliquer par le fait que les premiers évêques étaient considérés comme des saints. Et les religieux ont ainsi souhaité honorer la famille et surtout ses évêques. Il n’est pas possible d’attester de la volonté de présence ou nom de la famille Rougemont dans l’église de l’abbaye. Mais nous sommes en mesure de le faire pour d’autres maisons qui manifestent également leur présence par la fondation de chapelles. 3. Des chapelles pour d’autres saluts. Cinq autres chapelles sont fondées par des seigneurs plus ou moins en relation avec l’abbaye. Comme précédemment, essayons de comprendre la présence de ces seigneurs et leurs liens avec cette dernière. La troisième chapelle mentionnée dans la visite de 1616, est celle de Saint- Antoine « bastie et fonder par la maison de Montmartin ».188 Toutefois, nos recherches en ce qui concerne ce lignage, n’ont abouti. Ensuite, cette même visite fait découvrir au lecteur la chapelle de Toussaint, déjà présentée. La chapelle Saint- Jean fondée par « les seigneurs (d’Ache) ».189 Cependant, ce nom ne fait pas l’objet de plus de précisions car il n’est pas clairement identifié dans notre transcription. Mais, il est à supposer qu’il s’agit des seigneurs « d’Achaï », autre nom donner aux seigneurs de La Roche depuis leur conquête d’une partie de territoire en Grèce portant cette même appellation. Toujours lors de la même visite de 1616, après la chapelle de Saint-Jean, vient celle de la Trinité abritant les sépultures de « quelques seigneurs de la maisons de la Rian ».190 Cependant nos recherches sont infructueuses en ce qui concerne ce lignage. Jouxtant la chapelle de la Trinité, la chapelle Saint-Sébastien est créée par les sires d’Andelot.191 Le nom de cette famille provient du village d’Andelot-en-Montagne, près de Salins-les-Bains. Elle s’établit en Franche-Comté du XIIIe au XVIe siècle. En 1151, Pierre d’Andelot devient le trente-troisième abbé de Bellevaux. Il meurt en 1558. Il n’est pas inhumé à l’abbaye, mais en la « chapelle d’Andelot », dans l’église de Pesme, avec son frère, Jean, mort en 1556. Son neveu, du même nom, est nommé, par l’Empereur, abbé de Bellevaux, en 1553. Cependant, n’ayant pas la vocation cléricale, il abandonne sa charge à la mort de son oncle en 1558.

188 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 189 Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII. 190 Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII. 191 Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII.

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Il n’est pas facile de comprendre le choix de ce saint. Officier romain martyr, saint Sébastien est le patron des archers, il protège également contre la peste et les maladies contagieuses. Il est aussi sollicité en tant que défenseur de l’Eglise. C’est peut-être pour cette dernière qualité que la famille d’Andelot a choisi sa protection. De même, il n’est pas évident d’établir un lien entre les sires de Châtillon et les Trois Rois, patrons de la chapelle fondée par ces seigneurs.192 Les Trois Rois est alors une autre façon de désigner les Rois Mages. La famille de Châtillon est une branche des La Roche. Leur château est à mis-distance entre Neufchâtel et Maîche. Un acte de 1242, précise que Guillaume de Châtillon est l’époux de la comtesse de La Roche et père d’Eudes, comte de La Roche.193 Ainsi, les fondateurs de Bellevaux, de part leurs alliances et leurs descendances, sont aussi les seigneurs de Châtillon. Fonder une chapelle est une façon, pour les seigneurs, de faire un don à leur profit. En effet, le but de ce lègs est d’assurer le salut de toute une famille voir un lignage. C’est ainsi que d’autres types de donations vont gratifier la première abbaye cistercienne de la Comté.

C. D’autres seigneurs et l’assurance d’autres saluts. La fondation de l’abbaye, l’extension de son domaine, ses revenus sont aussi le résultat d’autres dons. Ce sont des laïcs, seigneurs ou petites gens, et parfois même de clercs, qui sollicitent, des religieux, quelques prières pour le repos de leurs âmes. Ici sont uniquement présentés les personnages importants au sein de la Comté, afin de comprendre quelles sont leurs relations avec l’abbaye.194 1. D’autres fondateurs et donateurs. Le don primitif des terres sur lesquelles est sise l’abbaye n’incombe pas uniquement à la famille de La Roche. Les domaines et les villages proches du monastère sont sous la main d’autres seigneurs. C’est en acceptant de laisser aux moines une partie de leurs terres, qu’ils contribuent également à la fondation du nouvel établissement. Ces cofondateurs sont Etienne de Traves, seigneurs de Chambornay, et Bernard et Ebrard de Cirey, détenteur du village du même nom. Ces derniers sont les vassaux de Richard de Montfaucon, et requièrent l’accord de leur suzerain. Ainsi, la famille de Montfaucon se trouve associée à l’installation de l’abbaye.195 Cette même famille s’illustre plus directement dans la fondation de Lucelle, fille de Bellevaux. Lorsqu’Amédée Ier, fils de Richard de Montfaucon, reçoit de l’archevêque les biens de Pierre de Scey, mort sans enfant en 1084, il reprend également en fief son château

192 Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII. 193 Faget de Casteljau (Henri de), Lignées…op. cit., p 12. 194 Le domaine de l’abbaye est l’objet d’une troisième partie de notre étude. 195 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 13-14.

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de Montfaucon.196 Le domaine de la famille s’agrandit quand le fils d’Amédée Ier, Richard, épouse Sophie de Montbéliard. Leur aîné, Amédée hérite de Montbéliard en 1162. Tandis qu’un autre de leurs fils, Thierry, devient archevêque de Besançon en 1180 (il quitte sa charge en 1190).197 Par de nombreuses alliances, la famille de Montfaucon s’assure un vaste domaine qui lui permet de participer à la fondation de Bellevaux mais surtout à celle de Lucelle. Etienne de Traves, lui, semble être un parent de Pons de La Roche. On donne d’ailleurs la famille de Traves comme les ancêtres vraisemblables de celle des La Roche. Les trois procès-verbaux mentionnent des titres de redevance ou d’appartenance sur le territoire de Chambornay. La générosité des seigneurs de Traves ne s’arrête donc pas aux débuts de l’abbaye. 2. Un clergé bienveillant. Les Cisterciens sont uniquement soumis à l’autorité de l’évêque, et non à celle épiscopale. Chaque abbaye vit indépendamment du pouvoir exercé par l’évêque sur le diocèse. Lorsqu’ils s’installent, les Cisterciens proposent seulement la Charte de Charité à ce dernier qui s’engage alors à l’accepter et à ne pas aller contre l’ordre de Cîteaux. Les procès-verbaux de 1584 et de 1632 mentionnent tous deux, à plusieurs reprises, la présence de bulles198 parmi les titres possédés par l’abbaye. Elles témoignent d’un lien entre l’abbaye et la papauté. Ceci nous apparaît plus clairement dans l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône où se trouve toute une liste de bulles papales. Nombreuses sont celles qui confirment l’établissement et les possessions de Bellevaux.199 Il est important pour le monastère de se faire confirmer les donations dont il bénéficie : en cas de litige avec les donateurs, il peut alors affirmer l’acquisition. A partir du XIII e siècle, ces bulles confirmatives laissent la place à d’autres types de bulles. Plusieurs concernent l’abbé de Tarantaise et notamment sa canonisation.200 D’autres sont des interventions papales pour la défense de l’abbaye. Telles celles de 1347, du pape Grégoire X, « qui soumet l’ordre de Cîteaux à la seule autorité du Saint Siège [et] défend à tous les clercs et laïcss de le poursuivre en justice ».201 Il y a également des bulles pour la nomination d’un abbé à la tête du monastère ou pour l’approbation de son élection.202

196 Il subsiste aujourd’hui encore quelques vestiges de ce château situé au nord-est de Besançon. 197 Faget de Casteljau (Henri de), Lignées…op. cit., p 8 à 10. 198 ADHS, H 43, H 44 ET H 46, non datés, p LXXVI à LXXVIII. 199 ADHS, H43 et H 44, non datés, p LXXVI et LXXVII. 200 Saint Pierre de Tarentaise est l’objet d’une étude plus précise dans un second temps de notre travail. 201 ADHS, H 44, non daté, p LXXVII. 202 ADHS, H 47, non daté, p LXXVIII.

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Ainsi, ces bulles nous éclairent sur la nature des rapports de l’abbaye avec la papauté. Toutefois, les relations de Bellevaux ne se limitent pas au Saint Siège et à l’ordre de Cîteaux. Car, bien qu’elle ne soit pas soumise à son autorité, l’évêque de Besançon se montre attentif à la première maison cistercienne de la Comté. L’archevêque Anséri de Montréal (1117-1134), en fonction lors de la fondation de l’abbaye, a une bienveillance toute particulière pour cette dernière. On peut penser qu’elle est due à son affection pour l’ordre cistercien. De ce fait il fait tout pour favoriser au mieux l’installation de l’abbaye : il soutient l’initiative de la famille de La Roche. En 1131, il confirme les nouvelles donations faites à l’abbaye.203 Ses successeurs poursuivent cette bienveillante protection. Ils sont présents pour les grandes célébrations données en l’abbaye : messes anniversaires, funérailles. C’est Humbert de Scey (1134-1161), successeur d’Anséri, qui dédicace l’église de Bellevaux le premier août 1143. Les archevêques sont également témoins de donations faites à l’abbaye. C’est le cas le 28 décembre 1144, lors de la cession à l’abbé de Bellevaux de l’église Saint- Maurice de Cirey, Humbert est présent.204 Certains archevêques, tels Gérard et Eudes de Rougemont ou encore Nicolas de Flavigny en 1235 se font inhumer en l’abbaye. On peut penser qu’au-delà de leur attention pour cette dernière, ils ont aussi un attachement particulier envers elle et l’ordre cistercien. Nous pouvons ainsi multiplier les exemples d’actes de bienveillance des archevêques envers Bellevaux, mais là n’est pas notre but. Il importe seulement de constater aux travers de ces quelques faits que l’épiscopat bisontin compte parmi les premiers bienfaiteurs de l’abbaye et que, lui aussi sollicite les prières des moines. Cependant, il ne faut pas penser que les relations entre les archevêques et l’abbaye ont toujours été idylliques. C’est majoritairement le cas, certes. Mais il y a quelques bémols abordés lors de notre étude du domaine de l’abbaye. D’autres membres du clergé manifestent également leur sympathie pour la nouvelle et première abbaye cistercienne de la Comté. Le premier don fait à Bellevaux, après ceux des fondateurs, est celui, en 1128, de Manasses, doyen du chapitre Saint-Jean de Besançon, de la terre de Champoux.205 A l’image de Manasses, l’abbé et les religieux de Saint-Etienne de Dijon cèdent, en 1497, au monastère, un os de la tête de saint Etienne. L’abbaye de Bellevaux est donc l’objet de nombreuses attentions de la part du clergé. Et sa réussite n’est pas seulement l’œuvre de seigneurs laïques.

203 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p20. 204 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 2. 205 ADHS, H 48, non daté, p LXXIX.

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III. « Répandre l’évangile de la charité »206 Notre Dame de Bellevaux s’inscrit dans un vaste réseau d’abbayes cisterciennes à la tête duquel se trouve celle de Cîteaux. Chaque abbaye est la prolongation de la précédente. Et chacune a pour but d’essaimer, c’est-à-dire de fonder de nouvelles abbayes dont elle est la mère. Ainsi, depuis Cîteaux, chaque établissement a une mère et, elle-même a parfois des filles, donc est parfois mère. Après notre visite des lieux de l’abbaye de Bellevaux, il est utile de comprendre quelles sont les ramifications, auxquelles il est parfois fait référence dans les sources, et les extensions de cette dernière. Quelle est sa mère, quelles sont ses filles ?

A. Fille de Morimond, sous l’autorité de Cîteaux. Notre Dame de Bellevaux est la fille de l’abbaye de Morimont, et la petite-fille de Cîteaux. Pour remonter aux origines de l’abbaye de Bellevaux, on doit remonter bien au-delà de sa fondation. Il faut comprendre d’où et pourquoi des moines quittent leur abbaye pour en établir une autre. Mais l’ordre cistercien ne peut réellement se comprendre sans aborder son abbaye fondatrice : Cîteaux. 1. Cîteaux la fondatrice. Notre but n’est pas ici de retracer toute l’histoire de Cîteaux et de sa spiritualité, mais simplement de donner quelques éléments nous aidant à la compréhension du monde cistercien.207

• Les origines.

L’expérience cistercienne débute avec Robert de Molesme. Dans cette fin de XIe

siècle, il cherche un nouveau monachisme.208 En 1075, il fonde un premier monastère dans les bois de Molesme.209 Il établit un régime proche du régime clunisien. Mais, après quelques temps des contestations s’élèvent parmi les moines : certains souhaitent un renouveau et d’autres un retour à la tradition. Robert quitte le monastère et se retire durant trois années dans la solitude. A la fin de l’an 1097, il se rend à Lyon avec six frères pour solliciter l’archevêque. Il lui demande l’autorisation de se retirer « dans un lieu que la largesse divine leur indiquerait [pour] y servir le Seigneur dans la meilleure tranquillité ».210 C’est alors que le vicomte de Beaune leur offre quelques terres au milieu des bois et des marécages. Le 21 mars 1098, Robert et ses religieux s’y installent officiellement. Les bâtiments qui s’y élèvent portent d’abord le nom de « Nouveau Monastère », puis celui de Cîteaux, du nom du domaine offert par le vicomte, « cistel », c’est-à-dire « jonc ». La fondation de Cîteaux est confirmée en 1100, par le pape Pascal II.

206 Parole du pape Jean-Paul II, lors de son discours d’entrée en Carême 2003. 207 Pour cela nous nous appuyons essentiellement sur l’ouvrage de Marcel Pacaut, Les ordres monastiques et religieux eu Moyen-Age, qui nous permet une approche plus directe. 208 Le monachisme est la vie des moines, c’est la vie en monastère. 209 Actuellement, le village de Molesme se situe au Sud-Est de Troyes. 210 Pacaut (Marcel), Les ordres…op. cit., p 141.

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Aubry, premier abbé après Robert, organise le monastère selon la règle de saint Benoît et impose aux religieux une ascèse très rude.

• L’élaboration de la règle cistercienne. C’est avec Etienne Harding (1109-1133), qui lui succède que Cîteaux prend de l’ampleur. Ce dynamisme lui permet de fonder de nouvelles abbayes. Ainsi, après La Ferté en 1113, Pontigny en 1114 puis Clairvaux en 1115. L’abbaye de Morimond voit le jour cette même année. En 1119, Etienne fait rédiger l’Exorde primitif ou Petit Exorde, qui retrace et met en valeur la fondation et l’ordre de Cîteaux. Il élabore également la Charte de Charité et d’Unanimité, approuvée par le pape Calixte II. Elle donne les principes d’organisation de l’ordre et surtout, insiste sur l’unanimité des abbayes : elles doivent toutes observer les mêmes règles et les mêmes pratiques. Chaque abbaye est indépendante mais doit soutient et charité à ses sœurs, tant matériellement que spirituellement comme le précise l’article de la charte concernant ces relations inter-abbatiales : « Parce que nous nous reconnaissons tous comme les serviteurs du seul vrai roi, seigneur et maître, nous n’imposerons pour cela aucune contribution, que ce soit sous forme d’avantages matériels ou biens temporels, aux abbés qui sont aussi nos frères dans la vie monastique et que la bonté de Dieu a établi en différents lieux sous la discipline régulière par notre intermédiaire. Désirant en effet leur être utile ainsi qu’à tous les fidèles de la sainte Eglise, nous arrêtons que nous ne voulons rien faire à leur endroit qui les accable, rien qui diminue leur avoir, de peur qu’en désirant pour nous une abondance dont leur pauvreté ferait les frais, nous ne puissions éviter le culte de l’avarice qui est dénoncé comme un culte idolâtrique »211 Ce n’est pas un lien hiérarchique qui lie les abbayes entre elles, souvent matérialisé par une redevance de la fille à la mère. Mais, c’est le respect de cette « charité mutuelle » qui entraîne un certain droit de regard d’un monastère sur un autre. C’est donc une autonomie contrôlée et assistée et les seules contraintes du monastère sont celles de la règle bénédictine. Cependant l’abbé de Cîteaux garde une forte autorité spirituelle et, bien entendu toutes les charges qui en découlent. Il est notamment à la tête d’un seul « organe institutionnel » de l’ordre cistercien : le chapitre général. Il se tient une fois par an à Cîteaux et réunit tous les abbés. Ces derniers se doivent d’y être et toute absence doit être dûment justifiée par le prieur qui remplace alors l’abbé. Lors de cette réunion annuelle il est question des redressements, des déviations constatées, de la bonne observances des prescriptions de l’ordre et de tous les problèmes qui peuvent surgir au sein des abbayes.

• Bellevaux et Cîteaux. Cette autorité spirituelle de Cîteaux se retrouve dans nos sources. Lors de la visite de 1616, « l’ancien institut de l’ordre de Cisteau » est cité,212 il apparaît comme une référence. Cîteaux la fondatrice est, pour beaucoup de ses filles et au-delà, un autre lien, comme une marque d’appartenance.

211 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 65. 212 Cf procès-verbal de 1616, f° 13r, p XXXIV.

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En 1632, il est d’abord mentionné, au sein de l’inventaire des titres de l’abbaye, une visite « de l’abbaye des Trois Roy, par Guillaume, abbé de Cisteau pour reformer les religieux ».213 Il y a encore quatre autres occurrences de Cîteaux. Une première à l’abbé, une seconde comme légitimation de l’autorité du superintendant venu réaliser l’inventaire. La troisième occurrence est celle du feu abbé de Cîteaux : l’abbé Boucherat. Enfin, une dernière occurrence fait référence à Cîteaux et Morimond pour l’exécution des travaux dans l’abbaye.214 La force spirituelle de l’abbaye fondatrice la rend présente au sein de chacune des abbayes de l’ordre. C’est ainsi que, depuis la mère fondatrice, Cîteaux, sont régit les relations entre les abbayes de l’ordre cistercien. Comme nous l’avons abordé ci-dessus, cette mère donne naissance à quatre filles dont Morimond.

2. Morimond la mère.

• Les débuts. Morimond est la quatrième fille de Cîteaux. Elle est fondée le 15 juillet 1115, après Clairveaux, par le seigneur d’Aigremont, Oury, et sa femme Adeline de Choiseul. Ils établissent le monastère entre Fresnoy et Damblain215 « sur les confins de la Lingorie, de la Lorraine et de La Comté ».216 La situation géographique de Morimond la met face à un vaste espace a essaimé. En effet, elle se situe à la jonction des trois diocèses de Langres, Toul et Besançon. Mais aussi à la croisée de la route conduisant de Lyon à Toul et menant également vers l’Allemagne de l’ouest, et de celle reliant Paris à Bâle et se dirigeant vers la Suisse Alémanique.217 C’est vers la fin de l’année 1115, qu’une colonie de douze religieux, comme le veut l’usage, quitte l’abbaye de Cîteaux afin de s’établir sur les terres cédées par les seigneurs d’Aigremont. Arnold de Carinthie, le premier abbé de Morimond donne à l’abbaye l’essor dont elle a besoin pour diffuser à son tour l’idéal cistercien. Ses origines germaniques -on le dit frère de l’archevêque de Cologne- oriente sa volonté d’essaimage vers l’est. Ainsi, en 1119 une première colonie de moines part fonder Bellevaux. En 1118, les Trois-Fontaines et Fontenay voit le jour. Puis, en 1121, c’est au tour de La Crête et Foigny. Enfin, en 1123, il fonde Camp, à Cologne.218 Cependant, mis à part Bellevaux, ces premières abbayes n’ont pas le retentissement des suivantes qui, souvent, les éclipsent. On retient, en effet, plus souvent le nom de ces dernières en tant que filles de Morimond.

213 Cf procès-verbal de 1632, f° 13r, p LVII. Nous reviendrons plus en détail sur cette visite dans la suite de notre étude 214 Ces occurrences sont tirées du procès-verbal de 1632, respectivement aux f° 18r, p LXII, 21v, p LXVI, 22v, p LXVII, 23r, p LXVIII. 215 Au Sud de Neufchâteau, il s’agit de Fresnoy-en-Bassigny et Damblain, un peu plus au Nord-Ouest de ce dernier. 216 Aubert (Anne-Marie), Piétresson de Saint Aubin, La fondation de l’abbaye de Bellevaux, p 5. 217 Locatelli (René), Les chemins de la perfection., p203. 218 Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 203.

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• Un nouveau départ. Toutes ces fondations demandent beaucoup d’énergie et des moyens de la part de l’abbaye mère : Morimond. Elles accroissent les difficultés existantes, notamment matérielles. C’est donc au détriment de la propre santé du monastère qu’Arnold poursuit sa politique d’expansion. Le rigoureux hiver de 1124 aggrave la crise matérielle et créé des mécontentements puis des dissensions au sein de la communauté. Et c’est accompagné de quelques moines, qu’Arnold quitte l’abbaye. Cîteaux et Clairvaux appliquent alors la charte de charité mutuelle : Etienne de Harding et Bernard se rendent à Morimond. La priorité est de redonner un abbé au monastère. C’est le prieur de Clairvaux, Gaucher, qui se propose pour ce poste. Il rétablit, dans un premier temps, la « santé physique puis morale » de l’abbaye. Il se tourne vers les fondateurs, les seigneurs d’Aigremont, afin de rétablir matériellement le monastère, de le doter à nouveau de tout ce qui lui manque. Puis, il voit le retour des « moines fugitifs »219 mais sans Arnold, décédé entre-temps. Ainsi, Morimond retrouve petit à petit son dynamisme qui lui permet de fonder en 1130, l’abbaye de Theuley. Puis vient celle de Clairefontaine, en 1132, Bithaine en 1133. Cet élan retrouvé est relayé par ses filles, et notamment Bellevaux.

• Bellevaux et Morimond. Morimond est présente à cinq reprises dans le procès-verbal de 1632. Les autres procès-verbaux n’en font aucunement mention. Lors de la présentation de la communauté de l’abbaye (de Bellevaux), il est précisé que trois frères sont absents. Il s’agit notamment de dom Claude Nelaton et dom Claude Loys, prieur de la Charité, qui résident tous deux à Morimond. Ensuite, il est fait mention d’un grenier portant le nom de Morimond. Puis, il est à nouveau question du prieur du même lieu. Enfin, il est fait référence à Cîteaux et Morimond pour l’exécution des travaux.220 Les sources ne nous apportent pas d’information sur les liens existant entre la mère, Morimond, et la fille, Bellevaux. On constate seulement que Bellevaux bénéficie de la charité mutuelle puisque le prieur de La Charité vient officier en ces lieux.221 Afin de rendre plus aisée la compréhension des origines et des expansions de Notre-Dame de Bellevaux voici, présenté assez succinctement afin de le rendre le plus clair possible, son arbre généalogique.

219 Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 203. 220 Ces occurrences proviennent du procès-verbal de 1632, respectivement aux f° 1r, p XLI, 6r, p XLVII, 22v, p LXVII, 23r, p LXVIII. 221 Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI, et f° 22v, p LXVII.

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Cîteaux La Ferté Morimond Clairvaux Pontigny

Bellevaux

Lucelle Rosières La Charité Daphni

L’étude des origines de Notre-Dame de Bellevaux permet de mieux comprendre la façon dont une abbaye cistercienne peut en fonder d’autres. Cependant, Bellevaux a la particularité d’avoir de lointaines filles, bien au-delà des frontières.

B. Un essaimage lointain.

De toutes les abbayes cisterciennes comtoises, il semble que Notre Dame de Bellevaux soit celle qui ait porté le plus loin ses ramifications. Elle s’étend, par le biais de sa fille Daphni, jusqu’en Grèce. Toutefois, l’histoire de cette fondation laisse à penser qu’elle n’aurait pas été possible sans le concours des gardiens de Bellevaux : la maison des La Roche. 1. De la volonté de croisés. 222

• Genèse.

Libérer la Terre Sainte des mains des Sarrasins, tel est le but des croisés. Ils y parviennent une première fois en 1099. Mais Jérusalem retombe sous le joux musulman en 1187. L’Occident organise alors, en 1190, une troisième croisade, menée par le souverain anglais, Richard Cœur de Lion. Ce n’est qu’une conquête partielle. C’est pourquoi, Lothaire de Segni, plus connu sous le nom d’Innocent III, encourage les seigneurs à une nouvelle croisade. Il est soutenu, dans cette entreprise, par l’ordre de Cîteaux et notamment l’un de ses curés, l’éloquent Foulque de Neuilly. Ce dernier rallie nombre de seigneurs à cette cause lors de son sermon prononcé au grand tournoi organisé le 28 novembre 1199. Le duc de Bourgogne est alors désigné comme leur chef. Mais, il meurt avant le départ pour la ville sainte. Boniface de Montferrat, marquis et prince de la région du même nom,223 lui succède. Déjà plusieurs membres de sa famille se sont illustrés dans les précédentes croisades. Avant son départ, il fait un détour, avec les croisés, par Cîteaux. Ils y parviennent le jour de la fête de la Sainte Croix où beaucoup de religieux et de seigneurs y sont présents. Lors de la célébration, Foulque, accompagnant les croisés, prêche à nouveau pour la cause de ces derniers. Et, à nouveau, il rallie de nombreux seigneurs, dont Othon de La Roche.

222 La majorité des informations concernant la famille de La Roche, proviennent de l’ouvrage de Jean Girard, La Roche…op. cit., pp 33-40. 223 « Montferrato », en italien, est une région du Piémont.

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• L’engagement d’Othon de La Roche.

Othon est l’arrière-petit-fils de Pons, fondateur de Bellevaux. Il est le fils aîné de Pons de La Roche et de sa première femme, Mathilde. Guerrier de père en fils, c’est un devoir pour Othon de partir défendre la Terre Sainte. De plus, l’aventure des croisades ne lui est pas totalement inconnue. Othon compte parmi sa famille, ou ses proches, plusieurs exemples de croisés. Tel celui de Guillaume de Traves, ancêtre supposé des La Roche, qui s’illustre au siège de Nicée avant d’entrer dans Jérusalem. De même les exploits de son cousin, Jean d’Aigremont, ont certainement été relatés à Othon. Jean part pour l’Orient avec l’archevêque Thierry de Montfaucon -l’inventeur « d’un bélier en bois garni de fer ».224 Ils participent au siège de Saint-Jean d’Acre. Le prélat y laisse la vie sous ces murs. Tandis que les croisés, une fois dans la ville, se font assiéger par les Sarrasins. Famine et maladies sévissent. Les soldats tuent leurs destriers pour se nourrir, ils mangent l’herbe. De nombreux récits rapportent les difficultés et les heures glorieuses de ce siège remporté par les croisés le 12 juillet 1191. Selon Jean Girard, Othon se situe dans un contexte familial -esquissé auparavant- et social favorable à cette décision de départ. Les croisades sont populaires. Elles sont vivement soutenues par Cîteaux, l’ordre le plus engagé envers cette cause. Et, il n’est pas utile, ici, de rappeler les liens entre ce dernier et les La Roche. De plus, Othon ne semble pas avoir d’attache en Comté : il est veuf et n’est pas présenté comme le futur seigneur de la vallée de l’Ognon.225 Autant d’éléments qui favorisent son départ, au début du printemps 1202, pour la Terre Sainte.

• D’Othon au seigneur d’Athènes.

Les croisés partent donc sous les ordres de Boniface de Montferrat, chef de l’armée. A mesure de l’avancée des conquêtes ce dernier devient un grand seigneur. A son image, Othon, au départ chevalier inconnu, se distingue par ses actes et connaît une ascension fulgurante. Tout d’abord, sous les murs de Constantinople, ses actions lui valent le titre de chef des Bourguignons. Puis, il devient un haut-baron, conseiller et familier de Boniface. Progressivement, les croisés s’avancent vers la Terre Sainte en repoussant devant eux les Sarrasins. C’est ainsi qu’après une rapide conquête d’Athènes et de ses environs, Othon est sollicité pour achever de pacifier et de maîtriser cette région du nom d’Attique. Afin de l’encourager, elle lui est promise en fief. En moins d’une année, Othon et son principal lieutenant, le nordiste Gauthier des Tombes, matent toutes résistances. Ainsi, la fin de l’année 1205, voit l’établissement de l’autorité du seigneur comtois sur toute l’Attique. Il devient alors le seigneur d’Athènes. C’est pourquoi il s’établit, sur l’Acropole, un château qu’il renforce d’une grande tour défensive.

224 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 38. 225 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 40.

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2. Une nouvelle abbaye pour une nouvelle seigneurie.

• La participation de la Comté.

Othon règne maintenant sur toute l’Attique. Ses troupes s’y installent et colonisent le territoire. Cependant, les Francs sont en nombre infime sur de vastes domaines. C’est pourquoi, Othon fait appel à sa famille et au Comté de Bourgogne. Il invite tous ceux qui le souhaitent à venir s’installer en Grèce. De plus, il est nécessaire de perpétrer la dynastie naissante : Othon doit avoir des héritiers. Ainsi, il accueille en 1206, sa sœur Sybille, veuve de Jacques de Cicon. En 1208, il reçoit trois de ses neveux qui, selon Jean Girard, sont en réalité ses fils.226 Il n’est pas rare, qu’avant leur départ pour de si long et périlleux voyages, les seigneurs, souhaitant s’attirer la protection divine, fassent des dons aux abbayes proches. C’est le cas de Sybille qui fait plusieurs donations, notamment à Bellevaux. Othon assied son pouvoir en plaçant des membres de sa famille à des postes de confiance. Il n’oublie pas non plus ces liens avec l’ordre cistercien et Bellevaux. Et, comme en Comté, il lui est bon de s’assurer son salut et celui de sa descendance. Le catholicisme romain est, bien entendu, présent sur le territoire, mais Othon favorise tout particulièrement les moines blancs. Ceux de Bellevaux et de La Charité viennent alors « envahir les monastères byzantins ».227

226 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 93. 227 Girard (Jean), La Roche…op. cit., p 93.

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• Des grecs aux bénédictins.

Le monastère de Daphni, présenté ci-après, se situe à dix kilomètres de la ville d’Athènes. Il est aujourd’hui connu pour ses mosaïques. Ce qui semble contraire à la simplicité cistercienne. Ces mosaïques sont déjà présentes lorsque les moines blancs de Bellevaux s’installent à Daphni. Car, à l’image de La Charité, Daphni n’est pas fondée par les Cisterciens. Ils ne font que s’y installer, Othon ayant, au préalable, chassé les moines grecs. C’est le cas de nombreux monastères cisterciens installés en Grèce. Bien avant ces derniers, sur le même emplacement que le monastère, il existait un temple dédié à la divinité grec Apollon,228 dieu du soleil, protecteur de la vérité, de la médecine et des oracles. Gabriel Millet remonte l’édification du premier monastère à l’époque de Justinien, empereur Byzantin de 482 à 565.229 Cette première abbaye est alors consacrée à la Dormition de la Vierge.230 Ses constructions sont aujourd’hui enfouies. Daphni se situe au bord de la Voie Sacrée, route assez fréquentée.

Source : Jean Girard, La Roche et l’épopée comtoise, p 162.

Toujours selon Gabriel Millet, le monastère n’est pas constamment occupé. Lors de ces vacances, il est alors confié à des bienfaiteurs qui l’entretiennent et le

228 Millet (Gabriel), Le monastère de Daphni, histoire architecture et mosaïques., p 4. 229 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 9. 230 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 3. Le mot « dormition » proviendrait de « dormitif » qui signifie « qui a pour effet de faire dormir ». Dès lors, on peut supposer que le monastère était dédié au repos de la Vierge.

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restaurent.231 C’est pourquoi il est assez difficile de donner une description des bâtiments lors de l’occupation cistercienne. Gabriel Millet donne une reconstitution, vieille déjà d’un siècle,232 du monastère, elle s’apparente, sous certains aspects, au monastère cistercien. Proche de l’entrée, une grande bâtisse accueille l’hôtellerie, l’hôpital et peut-être une école. En la traversant, on découvre l’église, à gauche une salle d’honneur, peut-être salle capitulaire. Au-delà de cette dernière, sur le côté de l’église, une cour « retirée, loin du mouvement des pèlerins et des hôtes »233 donnant accès aux cellules. Cette cour permet également de se rendre au conseil ou à l’office. L’église comporte une chapelle latérale oùrepose Othon et sa descendance. Daphni est « le sanctuaire des pèlerins bourguignons ».234 Tous ceux qui ont assuré leur salut par des prières cisterciennes y sont enterrés. En 1211, une première communauté cistercienne s’installe à Daphni. Elle bénéficie, tout comme en Occident, de nombreux privilèges. Elle reçoit notamment une part des bénéfices de la conquête des territoires grecs. De plus, Cîteaux n’astreint pas les abbayes éloignées à une participation annuelle au chapitre général. Ces dernières doivent seulement s’y présenter une fois tous les sept ans. Le premier abbé de Daphni qui s’y rend, apporte à Cîteaux, de la part d’Othon de Cicon, sire de Carystos, un bras de saint Jean-Baptiste. Pour la visite annuelle que se doit d’effectuer l’abbé de la maison mère envers ses filles, un statut de 1217, restreint cette obligation à toutes les trois années. On sait ainsi qu’en 1263, un abbé de Bellevaux, peut-être un certain Humbert,235 est à Athènes. Il arrive parfois que l’abbé de Daphni se rende à Bellevaux. C’est le cas de Jean de Fondremand qui, en visite au cours du XIVe siècle, décède en l’abbaye comtoise. Il y est alors inhumé dans la salle du chapitre.236 L’histoire des Cisterciens à Daphni prend fin avec en 1458, avec l’entrée à Athènes de Mahomet II. On atteste dès le XVIe siècle, l’installation de moines orthodoxes dans le monastère.

Grâce à ses fondateurs, les La Roche, Bellevaux se rapproche de la Terre Sainte et s’étend jusqu’en Grèce. Mais, avant Daphni, l’abbaye a déjà donné naissance à d’autres filles.

C. Les filles d’Europe Occidentale. Tandis que les La Roche créent Daphni, Notre-Dame de Bellevaux engendre, plus proche d’elle, d’autres monastères. Ces fondations témoignent du dynamisme de Bellevaux. Et, surtout, en tant que première abbaye comtoise, de la réussite de son intégration. Ses filles suivent-elles ses traces ?

231 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 17 à 22. 232 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 8. 233 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p 8. 234 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p38. 235 Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du manuscrit, pas de pagination. 236 Millet (Gabriel), Le monastère…op. cit., p33.

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1. En Comté et au-delà : Lucelle. On peut penser que Bellevaux connaît les mêmes débuts que Morimond, sa mère : elle essaime rapidement et en direction de l’est. L’aînée est Lucelle, dans le diocèse de Bâle. Cinq ans après la fondation de Bellevaux, le 25 mars 1124, une colonie de moines s’installe dans ce nouveau monastère. Comme toutes les abbayes, Lucelle bénéficie des faveurs de seigneurs. Sa position particulière, à la frontière des diocèses de Bâle et de Besançon, lui vaut d’ailleurs des faveurs supplémentaires. Mais, c’est aux seigneurs de Montfaucon, ayant déjà gratifié Bellevaux, que revient l’initiative de la fondation. Cette dernière est officiellement reconnue en 1125 par le roi Henri V. Trois membres de la famille de Montfaucon sont à l’origine de cette abbaye : Hugues, Amédée et Richard, tous trois cousins germains. Ils lèguent aux douze moines venus de Bellevaux, un domaine situé sur les terres de l’église de Bâle, appelé Lucicella. D’où le nom de Lucelle. Il est également interessant de noter que Richard est le beau-frère de l’évêque de Bâle, Berthold de Neuchâtel. Cela permet donc à l’abbaye de bénéficier du soutien de ce dernier. Bien qu’établie en dehors du diocèse de Besançon, Lucelle voit pourtant son domaine s’étendre de ce côté de la frontière. En effet les principaux donateurs : les Montfaucon ont leurs fiefs et leur seigneurie dans ce diocèse. L’abbaye jouit donc également du patronage de l’archevêque de Besançon. Ce double patronage, une position géographique proche d’une route conduisant au Rhin, et à la jonction des parlers roman et germanique permettent à l’abbaye d’étendre l’idéal cistercien en direction des pays alsaciens, germaniques et au-delà encore.237 Le nom de Lucelle est d’abord cité dans les sources sous une forme ancienne : « lucolam » et « Lucelau ».238 Plusieurs procès démontrent que Bellevaux est bien reconnue comme étant la mère de l’abbaye de Lucelle. Puis, il est plusieurs fois question de l’abbaye dans l’extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône. En 1541, l’abbé de Bellevaux nomme, par le biais d’une lettre, son religieux, Guillaume de Salins, abbé de Lucelle. Il précise également qu’il est le seul à pouvoir nommé un abbé lors des vacances de l’abbaye.239 Plus loin, il est fait mention d’une lettre de l’abbé de Lucelle qui reconnaît sa dépendance vis-à-vis de celui de Bellevaux.240 Environ six années après Lucelle, une autre fille accroît la présence cistercienne en Comté.

237 Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 205. 238 Cf procès-verbal de 1632, f° 16 r, bas de la page LIX. 239 ADHS, H 48, 1541, p LXXIX. 240 ADHS, H 49, 1597, p LXXIX.

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2. Près de Salins : Rosières.241 1130, le comte de Salins, Humbert III, part en pèlerinage en Terre Sainte. Afin de s’attirer la protection divine lors de ce long et dangereux voyage, il offre à Pons, abbé de Bellevaux, un domaine, près de Poligny, du nom de Rosières. Il souhaite ainsi réaliser un projet conçu depuis longtemps : établir un monastère sur ses terres.242 C’est la première fois que les seigneurs de Salins s’engagent envers un ordre religieux.243 C’est pourquoi, Humbert dépose la fondation de cette nouvelle abbaye entre les mains de l’archevêque Anséri. Il part en Terre Sainte en laissant à l’archevêque et à l’abbé le soin de réaliser ses volontés. Des moines venant de Morimond s’installent sur le domaine et y bâtissent progressivement les bâtiments nécessaires au nouvel établisssement. Ainsi, le 25 août 1133, le monastère voit le jour, dans le sud de la forêt de Chaux. Son premier abbé, Bernard, est un pieux moine de Morimond, également cellérier de La Charité. L’église est consacrée bien plus tard, le 7 des ides d’octobre,244 selon le père Chifflet,245 par l’archevêque de Besançon, Evrard qui, tout comme ses prédécesseurs, prend l’abbaye sous sa protection. Selon Bernard Prost, « l’église est de style ogival et, [est] composée de trois nefs ».246 Elle est également « remarquablement belle ». Elle comporte nombre de chapelles fondées par des seigneurs qui, tout comme à Bellevaux, souhaitent être inhumés en l’abbaye. 247 Cependant, le généreux fondateur, Humbert III, ne peut voir l’accomplissement de ses vœux. De retour de son pèlerinage, la maladie l’oblige à s’arrêter à Lausanne où il meurt, croit-on, en 1133.248 Son corps est inhumé dans l’abbaye. Son fils, Gaucher III, poursuit l’œuvre de son père. De grandes familles seigneuriales se joignent à lui et, ainsi, deviennent de généreux bienfaiteurs de l’abbaye. Parmi ces seigneurs, le comte de Bourgogne, fidèle gardien de l’établissement, protecteur dévoué, pourvoit largement l’abbaye en biens et en privilèges. Une charte, établie en 1135-1136, confirme toutes les donations faites à l’abbaye jusqu’alors. Rapidement, Rosières gagne en importance et devient une des maisons religieuses les plus considérables de La Comté. Les XIIe et XIIIe siècles sont pour elle des siècles de prospérité et de grandeur. Cela lui permet, en 1200, de fonder l’abbaye de Saint- Thomas en Grèce qui, à son tour, acquiert une grande notoriété. Cependant, de part sa renommée, Rosières reçoit de nombreuses richesses qui, progressivement, entraîne un relâchement de la morale cistercienne. A l’abondance succède alors la décadence, à laquelle s’ajoutent les calamités du XIVe siècle : les guerres des barons comtois contre le duc de Bourgogne, leur suzerain, les destructions et pillages des Routiers et des Grandes Compagnies.

241 L’essentiel des renseignements concernant cette abbaye provient de l’article de Bernard Prost, « Notice historique sur l’abbaye de Rosières», pp 296-302. 242 Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,», p 297. 243 Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 207. 244 Dans le calendrier romain, les ides d’octobre correspondent au quinzième jour de ce mois. 245 Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 299. 246 Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 299. 247 Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 299. 248 Prost (Bernard), « Notice historique…op. cit.,»,p 297.

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Le début du XVIe siècle apporte un peu de répit à l’établissement qui tente de se relever. Mais, rapidement, les conflits reprennent et portent un coup funeste à l’abbaye. L’introduction de la commende n’aide pas le monastère dans ses efforts de reconstruction et de réforme morale. Son état est affligeant et il ne reste que quelques religieux. Aujourd’hui, il ne subsiste rien de cette fille de Bellevaux. Seule une ferme occupe l’emplacement de l’établissement. Seule la visite de 1616, mentionne le nom de Rosières. Cependant, il n’est pas directement fait référence à l’abbaye, mais à « dom frere Jean Pier, prieur de Montailer de Rosieres », présent à Bellevaux lors de l’établissement du procès-verbal.249 Remplace-t-il le prieur de La Charité ? Après Rosières, l’abbaye de La Charité rejoint, d’une autre façon, la famille cistercienne comtoise. 3. La Charité, « la rapportée ». Elle est une exception dans l’essaimage de Bellevaux, puisqu’elle n’est pas fondée mais substituée. Ce procédé de substitution est beaucoup plus utilisé par Clairvaux. Il consiste à reprendre, sur sa demande, un monastère déjà installé, à en conserver les coutumes mais d’y établir la règle bénédictine et d’introduire ce « nouveau venu » dans « la famille cistercienne ». De plus, la fondation de La Charité est antérieure de sept années à celle de Bellevaux. L’abbaye de La Charité est fondée en 1112 par Alix, femme du seigneur Thibaut II de Traves, pour les chanoines de Saint- Paul de Besançon. Ce n’est qu’en 1148, que le pape Eugène III, consacre l’église. En 1133, suite à diverses difficultés traversées par la communauté, les religieux de La Charité remettent l’établissement entre les mains de l’archevêque Anséri. Ce dernier la confie à l’abbé de Bellevaux, Pons. Il y envoie alors une colonie de treize moines pour reprendre le monastère. Parmi eux, leur premier abbé, Pierre de Vadans.250 Ainsi, vingt et un ans après sa fondation, La Charité se place sous l’observance cistercienne. Une charte, datée du 25 juillet 1133, notifie ce changement.251 Cette petite communauté prend rapidement de l’ampleur, ce qui lui permet d’essaimer et de créer, en 1139, l’abbaye de La Grâce Dieu. Selon Schaad, les moines se comportent comme de véritables seigneurs.252 Ils exercent une forte influence sur leurs environs et même au-delà, jusqu’à Besançon et Salins. Ils imposent et perçoivent de nombreuses redevances. Mais, ceci leur attire beaucoup de rancunes et d’animosités.

249 Cf procès-verbal de 1616, f° 10 r, p XXX. 250 Schaad (A), « L’abbaye de La Charité», p 321. 251 Locatelli (René), Les chemins…op. cit., p 208. 252 Schaad (A), « L’abbaye…op. cit.», p 321 et 322.

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Fréquemment, l’abbaye bénéficie des dons des suzerains de la région, les seigneurs d’Oiselay. Malgré leur pouvoir, ces derniers s’effacent peu à peu devant l’extension de la puissance, tant spirituelle que temporelle, de l’abbaye. Cependant, les barons d’Oiselay exercent un curieux droit sur le monastère : un droit de gardienneté.253 Il consiste en une visite annuelle, à chaque dernier jour d’avril et à chaque vacance du siège abbatial. Le seigneur, sa famille et sa suite, se présentent à l’abbaye au premier coup des Vêpres jusqu’au terme des dernières du lendemain. A cette occasion, l’abbé remet au baron les clefs de l’abbaye, comme pour se reconnaître vassal de ce dernier. Bien qu’une abbaye cistercienne dépende uniquement de l’autorité papale. L’abbé doit aussi assurer le coucher et la nourriture de ces hôtes. Cette vie monastique perdure ainsi durant six siècles. Les tourments de la Révolution y mettent un terme. Les villageois laissent éclater leur rancune. Ils se dirigent, révoltés, vers l’abbaye afin d’y brûler papiers et titres concernant toutes les redevances et autres paiements qu’ils doivent à l’établissement. Les religieux fuient alors le monastère. Abandonné, il est plus tard considéré comme bien national et, est vendu le 1er juillet 1791 à monsieur Gigot de Garville,254 pour la somme de 400 000 francs. Puis, le monastère est démoli. Seuls subsistent le bas côté de l’église, érigés en chapelle, et la plupart des communs. Dans la chapelle se trouvent plusieurs pierres tombales. Elles témoignent que, comme à Bellevaux et à Rosières, des seigneurs, dont ceux d’Oiselay ou encore les comtes et comtesses de Bourgogne, ont souhaité être inhumés en l’abbaye. Par trois fois, dans les sources, il est fait référence à La Charité. Tout d’abord, à la fin de la visite de 1616 où il est fait mention d’une lettre du sire Niselle « datter de la Charité ».255 Puis, le procès-verbal de 1632 mentionne à deux reprises dom Claude Loye, prieur à La Charité, résidant à Bellevaux-il y a une chambre- et étant absent lors de la visite.256

Notre Dame de Bellevaux est donc, d’abord, un ensemble de bâtiments contribuant chacun à la vie monastique et autarcique menée par les moines blancs. L’emplacement sur lequel ils se situent doit répondre à des conditions particulières résultant, encore une fois, du choix de vie des religieux de l’ordre. La naissance d’une abbaye cistercienne conjugue des désirs laïques et religieux. En effet, la fondation d’un monastère est d’abord le souhait de seigneurs qui souhaitent bénéficier des prières des moines pour s’attirer la protection divine et assurer leur salut. C’est le cas de la famille de La Roche qui sollicite Morimond afin qu’elle leur envoie une colonie de moines ; les La Roche ayant, au préalable, proposé un lieu pour qu’ils s’y établissent. L’abbaye bénéficie ensuite d’une succession de dons de seigneurs mais également de petites gens qui sollicitent, eux aussi, les prières des moines blancs.

253 Schaad (A), « L’abbaye…op. cit.», p 323. 254 Schaad (A), « L’abbaye…op. cit.», p323. 255 Cf procès-verbal de 1616, f° 17 r, p XXXVIII. 256 Cf procès-verbal de 1632, respectivement f° 1r, p XL, et f° 6 v, p XLVII.

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L’histoire de Bellevaux se poursuit avec la création, par elle, de nouvelles abbayes, ses filles. Une abbaye cistercienne se veut avant tout coupée du monde. Mais, après une brève étude des fondations de Bellevaux et de ses filles, il semble qu’elle ne puisse exister sans le concours extérieur de puissances laïques. Les divers apports qu’elles procurent au monastère modifient d’ailleurs des aspects de la règle bénédictine suivie par les moines blancs. L’étude de la vie religieuse et de tout ce qui y contribue le démontre bien.

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Partie II.

« J’ai gardé le chemin tracé par Ta parole »257

La richesse des détails apportés par les sources permet au lecteur d’esquisser un tableau de l’abbaye et d’en faire la visite. Cette abondance d’informations offre plus que cela. Elle rend compte de la vie cultuelle des religieux et de l’abbaye. Les procès-verbaux de 1584, 1616 et 1632, dressent, tous trois, un long et minutieux inventaire des divers objets dévolus au culte. Il est alors question de reliquaires, d’ornements d’église, de livres et de vêtements liturgiques. Ils sont autant d’indices sur l’évolution de la vie et de la piété des religieux et de l’abbaye.

I. « Tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au pris de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation »258

L’époque médiévale voit le développement d’un important culte tourné vers les saints, témoignant de leur foi par le choix de leur existence. Ce sont les martyrs, mais aussi tous ceux qui mènent une vie à l’image du Christ. Ils sont considérés comme des intercesseurs entre les hommes et Dieu, et même comme le « Temple de Dieu ».259 Ainsi, en vénérant un saint on espère atteindre Dieu : « le culte d’un saint conduit au culte de Dieu »260 Ce culte connaît un long développement, permis notamment, par l’importance donnée aux reliques.

A. Les saints présents au cœur de Notre Dame de Bellevaux. Les chapelles et autels situés dans l’église sont toutes et tous placés sous la protection d’un saint. Elle est spécifiée par la présence en ces lieux de reliquaires, statues ou tableaux du saint sollicité. Les visites en donnent, toutes trois, un inventaire. Leur mise en commun permet de rendre compte des richesses existantes au sein de l’abbaye. 1. Reliques et reliquaires. Tenant une place importante au sein de la société médiévale, les reliques sont des parties, des ossements d’un corps vertueux. L’imputrescibilité261 et la préservation de

257 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 16, « Je suis innocent », p 37. 258 Livre de l’Apocalypse, chapitre V, versets 9-10. 259 Les reliques objets, cultes, symboles, p 149. 260 Les reliques…op. cit., p 244. 261 Un corps imputrescible est un corps qui ne peut se décomposer.

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ce dernier sont la preuve de sa sainteté. A travers les reliques, les fidèles honorent le saint et, à travers ce dernier, Dieu. Les reliques sont, sur terre, une partie de son royaume. Elles sont un lien entre la terre et les cieux. Le culte des reliques connaît un développement considérable à partir des VIIIe et IXe

siècles. Puis, il se renforce aux XIe et XIIe siècles avec la multiplication des fêtes de saints. Si on compare l’inventaire des reliques262 présentes au sein de l’abbaye à chacune des visites, on constate une permanence de la majorité d’entres elles, mais aussi plusieurs différences. Afin de rendre plus évidente ces comparaisons, un répertoire des reliques est présenté ci-après.

• Saint Théodore.

Parmi les reliques mentionnées dans les trois procès-verbaux, figure « un chief de saint Theodose »263 qui est, en fait, saint Théodore. En 1632, on apprend que ce «chief », c’est-à-dire sa tête, est enchâssé « dans du cuivre avec deux petits cloux d’argent »264 La visite de 1616 précise que Théodore est un martyr. Théodore est d’abord un soldat romain du IVe siècle. Il se convertie au christianisme et, au nom de ses nouvelles convictions, il incendie le temple de la déesse Cybèle à Amassée. Il est alors supplicié et brûlé vif. Saint Théodore est considéré comme le patron des armées byzantines et, est fêté le 9 novembre. Son culte est surtout répandu en Orient. Toutefois, des doutes sont à émettre quant à l’authenticité de la relique présentée à Bellevaux. Car, selon la vie des Saints le chef de saint Théodore est apporté en 1120, à la cathédrale des Chartres. Les sources et documents étudiés ne permettent pas toujours de connaître la provenance des reliques et d’attester de leur authenticité. Un autre chef figure parmi les reliques de l’abbaye, celui de saint Etienne.

• Saint Etienne Protomartyr.

Le chef de saint Etienne est aussi une des reliques mentionnées dans les trois procès-verbaux.265 L’inventaire de 1632 précise que c’est un « chef d’argent » renfermant une parcelle de la tête d’un saint. Cet objet n’est pas connu en raison des difficultés de lecture des sources. On apprend également que ce chef est saisi par l’archevêque de Besançon qui met en doute son authenticité. La relique est finalement rendue à Bellevaux.266 Saint Etienne est le premier des sept diacres nommés par les Apôtres. Menant une vie semblable à celle du Christ, il s’efforce de faire reconnaître au plus grand nombre que Jésus est le Messie. Il remporte alors un grand succès qui provoque la crainte des

262 Tableau présenté en page suivante. 263 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX ; procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX ; procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 264 Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 265 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX ; procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI ; procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 266 ADHS, H 48, 1497, p LXXX.

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responsables juifs. C’est pourquoi ils le font lapider. Lors de son supplice, Etienne demande au Christ le pardon de ses bourreaux. La date de sa mort n’est pas connue. Ce n’est qu’en 415, qu’est retrouvé le corps du saint près de Jérusalem. Il est rapidement dispersé en raison des miracles qui lui sont attribués. Ces prodiges répandent très loin le culte du saint et le rendent très populaire. Saint Etienne est considéré comme le « médecin des âmes et des corps ». Il est fêté le 26 décembre. Selon la vie des Saints un bras de saint Etienne est reçu à Besançon par l’évêque Célidoine. Mais, c’est en 1497, que l’abbaye reçoit un os de la tête du saint. C’est un don de l’abbé et des religieux du monastère Saint-Etienne de Dijon.267

• Saint Nicolas et saint Jean Chrysostome. Les reliques de saint Nicolas sont mentionnées lors des trois visites,268 tandis que celles de saint Jean Chrysostome n’apparaissent que dans les procès-verbaux de 1616 et de 1632.269 Est-ce un oubli de la part de Nicolas Toytot, juré au greffe de la cour du parlement de Dole et chargé de la rédaction du procès-verbal ? Les reliques de saint Jean sont-elles offertes après 1584 à l’abbaye ou sont-elles comprises dans d’autres reliquaires ? Autant de questions, qui concernent également d’autres reliques, et auxquels nous ne pouvons malheureusement pas répondre. En 1584, il est simplement fait mention du bras de saint Nicolas enchâssé d’argent. Tout laisse à supposer qu’il s’agisse d’un reliquaire « parlant » ou anthropomorphe, c’est-à-dire dont la forme reflète le contenu. Ici, en l’occurrence le reliquaire ressemble à un bras en argent « aux doigs duquel il y a quatre aneaulx assortiz de pierreries »270 Les richesses du reliquaire proviennent du fait qu’il est considéré comme « l’image glorieuse du corps saint »271 Les reliques doivent être conservées dans des matériaux dignes de leur contenu. On dit des saints qu’ils sont plus précieux que l’or, car ils sont une promesse de vie éternelle pour les croyants. En 1616 et 1632, saint Jean Chrysostome apparaît aux cotés de saint Nicolas. Le dernier procès-verbal précise également que les reliques des deux saints sont gardées dans le même reliquaire : « un bras couvert de lames d’argent ».272 Mais il est simplement fait mention d’un os de saint Jean Chrysostome.273 Est-ce un doigt, un bras ? Saint Nicolas est, encore aujourd’hui, un des saints les plus populaires. Né vers 270 en Asie Mineure, il est rapidement nommé évêque de Myre. C’est un ardent défenseur de la foi chrétienne, surtout contre l’hérésie arienne. Il meurt en 343. Fêté le 6 décembre, il est considéré comme le saint patron des voyageurs et des marins.

267 ADHS, H 48, 1497, p LXXIX 268 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX ; procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI ; procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 269 Cf procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI ; procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII, et f° 2r, inventaire de la sacristie vers 1600, p LXIX. 270 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX. 271 Les reliques…op. cit., p 244. 272 Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 273 Inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXIX.

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Mais ce n’est que vers la fin du Moyen-Age qu’il devient le saint Nicolas que nous connaissons aujourd’hui. En 1087, son corps est translaté274 à Bari qui devient, dès la fin du XIe siècle, l’un des pèlerinages les plus importants. Sur la route de Jérusalem, les reliques du saint deviennent alors un passage obligé. Le bras de saint Nicolas présent à l’abbaye est-il un don d’un riche pèlerin ? Saint Jean doit son nom, Chrysostome- c’est-à-dire « bouche d’or »- à sa réputation de grand orateur. Cependant cette particule ne lui est attribuée que vers le VIIIe siècle. Né à Antioche vers 355, il devient un grand orateur et moraliste en cherchant à enseigner la catéchèse au travers de ses homélies. Pour lui, les Ecritures sont un moyen de communication entre Dieu et les hommes et il évangélise les païens. Le 26 février 398, il est ordonné archevêque de Constantinople. Cependant, ses efforts et sa renommée son une menace pour certains. C’est pourquoi, il est exilé à deux reprises. Le 14 septembre 407, alors qu’on l’emmène dans une forteresse, il meurt dans une chapelle, en chemin. En 451, le concile de Chalcedoine le reconnaît comme Père de l’Eglise. Il est difficile d’établir une hypothèse expliquant comment des reliques de saint Jean se trouvent à Bellevaux.

• Sainte Marie-Madeleine. Seuls les procès-verbaux de 1584 et de 1632, mentionnent ses reliques. Lors de la visite de 1584, il est question de deux petites bourses « que l’on dict estre une des cotes de sainte Marie-Magdaleine »275 Cette formulation semble soulever le doute sur l’authenticité de ces reliques. De plus ces petites bourses sont enveloppées dans un linge avec des ossements d’autres saints. L’inventaire de 1632 précise que ces reliques de sainte Madeleine sont dans un linge blanc, sans enchâssure, avec les os d’un bras de saint Pierre de Bellevaux.276 En 1616, les reliques de sainte Marie-Madeleine ne sont pas inventoriées. Cependant, il est fait mention « de plusieurs ossements enveloppés dans un linge avec quelques lamelles d’argent, ils ont autrefois été enchassés dans un bras »277 Puis, il est encore précisé que les reliques étaient auparavant enchâssées mais qu’elles furent volées il y a plus de vingt ans. Elles sont retrouvées, en 1607, dans un bois. C’est Marie-Madeleine qui accompagne le Christ au calvaire. Elle est aussi la première à annoncer la résurrection. Elle apparaît, pour la première fois en Occident, au VIIIe siècle, sous la plume de Bède le Vénérable qui la mentionne dans son martyrologe. Son culte se déploie depuis Vézelay, lorsque ses reliques y sont ramenées de Judée vers 880-884. Toutefois, sa vénération perd de son ampleur dès le XIIIe siècle.

274 La translation est le déplacement du corps ou d’un morceau du corps d’un saint. 275 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX. 276 Cf inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXIX. 277 Cf procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI.

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• Saint Antoine. Seule la visite de 1584 mentionne les reliques de saint Antoine. Elle précise qu’il s’agit du « benedixiti enchassé de louthon où sont des reliques de sainct Antoine et d’aultres sainctz »278 Le fait que ces reliques ne soient pas mentionnées lors des visites suivantes soulève certaines questions. Est-ce une omission ? Les reliques ont-elles été dérobées ? Questions auxquels il est difficile de répondre. Saint Antoine est considéré comme le fondateur du cénobitisme, c’est-à-dire de la vie en communauté des religieux. Il est né vers 251 en Haute Egypte. C’est en se retirant dans le désert, où il passe la majorité de sa vie, qu’il organise le mouvement cénobitique. En 356, la mort le frappe en plein désert. Ses reliques sont alors translatées à Constantinople, avant d’être apportées en Dauphiné vers le milieu du XIe siècle, dans une abbaye qui prend le nom de Saint-Antoine-en-Viennois. En raison des guérisons opérées par les reliques du saint, l’ordre des Antonins est fondé. Il a pour mission l’accueil et l’encadrement des malades, notamment lors des grandes épidémies et de toutes maladies contagieuses. Vers le milieu du XIIIe siècle, l’ordre des Antonins s’installent en Comté et notamment sur les bords de l’Ognon y développant des hôpitaux avec le soutien de la famille de Vienne. La présence de reliques de saint Antoine en l’abbaye est peut-être un don de la famille.

• Saint Luc.

Les reliques de saint Luc sont uniquement mentionnées dans les visites de 1584 et de 1632. Le procès-verbal de 1584 précise qu’il s’agit d’un doigt de saint Luc, conservé dans un reliquaire d’argent.279 Dans l’inventaire de 1632, les difficultés de lecture ne permettent pas d’affirmer qu’il s’agit du doigt du saint puisque nous lisons seulement « le doigt de [ ] ».280 Toutefois, c’est la seule relique de ce type indiquée dans les sources. Saint Luc l’évangéliste est aussi l’auteur du livre des Actes des Apôtres. De par sa profession de médecin il en devient le saint patron.

• Saint Pierre, saint Paul, les Trois Rois et autres saints. Les procès-verbaux de 1584 et de 1632, mentionnent, tous deux, les reliques de saint Paul et saint Pierre auxquelles sont mêlés plusieurs ossements d’autres saints. L’inventaire de 1632 offre plus de détails quant à ces autres saints répartis dans deux reliquaires. En 1584, ces ossements sont renfermés dans un reliquaire de laiton.281 Tandis qu’en 1632, ce sont deux reliquaires qui contiennent les ossements de saint Pierre Apôtre,

278 Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI 279 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX. 280 Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII. 281 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.

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de saint Bernard, de saint Paul, de saint Laurent, de saint Sébastien, de saint Jacques Majeur et de l’encens des Trois Rois.282 Il serait trop fastidieux de retracer ici la vie de chacun de ces saints. Toutefois, si la majorité de ces saints sont connus, les Trois Rois le sont peut-être beaucoup moins. En réalité, ils sont encore fêtés aujourd’hui mais sous l’appellation de « Rois Mages ». Ils sont présents à plusieurs reprises dans nos documents c’est pourquoi ils méritent que l’on s’y attarde quelque peu. Gaspar, Melchior et Balthazard, respectivement Arabe, Perse et Indien, apportent, tous trois, de la myrrhe, de l’or et de l’encens à l’enfant Jésus. La myrrhe est le symbole du sacerdoce, l’or celui de la royauté et, enfin, l’encens est le signe de la divinité. Ils sont les saints patrons des voyageurs. Mais, ils sont également invoqués contre le mauvais temps et certaines maladies. Les régions rhénanes croient beaucoup en leurs bienfaits. En 1164, l’empereur Frédéric Ier Barberousse s’empare de la ville de Milan où sont conservés les corps des Trois Rois. L’archevêque de Cologne, Renaud de Dassel, profite alors de cette occasion pour transférer les reliques en sa ville. Cologne devient ensuite le témoin d’un important pèlerinage qui se développe autour de leur tombeau. Cités à plusieurs reprises dans les sources, les Trois Rois semblent être un lien entre certaines abbayes cisterciennes. Morimond et La Charité possèdent leurs reliques. L’abbaye de Lieucroissant, fille de Lucelle, est également appelée « abbaye des trois Rois ».283 Outre le fait que Bellevaux garde une de leurs reliques, elle a aussi une chapelle à leur nom, fondée par les « sires de Chastillon »284 Puis, lors de la visite de 1632, il est fait mention d’un « sac intitulé les Trois Rois ». Il contient une fulmination de bulle apostolique, c’est-à-dire un jugement du pape, attestant, entre autres, que Loys du Tartre, abbé de Bellevaux, appartient à son abbaye et à celle des Trois Rois.285 Ce qui atteste notre propos concernant Morimond. Il est difficile d’expliquer le rôle que tiennent ces reliques entre les différentes abbayes. Là encore, nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses. La présence de ces dernières peut peut-être s’expliquer par la proximité de leur pèlerinage. Ou encore est-ce un don des empereurs, souvent protecteurs des abbayes.

• Saint Jean-Baptiste.

Les reliques de saint Jean-Baptiste sont uniquement mentionnées dans le procès-verbal de 1584.286 Elles sont renfermées dans un bras d’argent « munye alentour de plusieurs pierreries aux doigs duquel bras y a cinq anneaux assortiz de pierreries »287

282 Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 283 Cf procès-verbal de 1632, f° 13r, p LVII. 284 Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXIII. 285 Cf procès-verbal de 1632, f° 12v, p LVI. 286 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX 287 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX.

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Il s’agit, là encore, d’un reliquaire anthropomorphe qui nous indique la nature de la relique. L’abbaye est en possession du bras, ou d’un morceau du bras de saint Jean-Baptiste. Saint Jean-Baptiste est considéré comme le dernier des prophètes avant le Christ. Il annonce la venue de ce dernier, qu’il baptise ensuite. C’est pourquoi, il est parfois appelé « le précurseur ». Il est jeté en prison, puis décapité pour avoir dénoncé une liaison incestueuse entre sa mère et le beau-frère de cette dernière. Jean-Baptiste, à l’image du Christ et de la Vierge, est le seul saint dont on fête la nativité, le 5 juin. En 362, sous l’empereur Julien l’Apostat, des païens profanent la tombe du saint. Ses restes sont brûlés, et les cendres dispersées. Il n’existe donc pas de reliques de saint Jean-Baptiste. Nonobstant ce fait, il y a ultérieurement, une grande diffusion de son culte et de ses…reliques ! En effet, il est fréquemment attesté de la présence de ses reliques, surtout de sa tête et de ses doigts. Il est donc très probable que les reliques présentent en l’abbaye ne soient pas authentiques ou bien que le reliquaire soit vide.

• Les anonymes.

Ces anonymes sont ces autres saints cités mais pas nommés. Ils figurent notamment dans le procès-verbal 1632. Il y a également toutes ces autres reliques, abordées auparavant, enfermées avec de plus prestigieuses, et qui ne sont pas désignées. La visite de 1632 mentionne « un petit reliquaire d’argent, dans le pied duquel sont plusieurs ossements de saints ».288 Ne connaissant pas même leur nom, il est impossible d’établir leur éventuelle provenance. Toutefois, l’étude d’autres sources concernant l’abbaye peut parfois apporter plus d’informations sur l’ensemble des reliques présentes au sein de Bellevaux. Outre les reliquaires, très souvent richement ornés, la présence des saints à l’abbaye est également manifestée par leur représentation picturale et leur statuaire. 2. Tableaux et statues. C’est vers la fin du Moyen Age que le culte des saints connaît quelques changements. On observe d’abord une multiplication des reliques, soit par fraction des corps saints, soit par la création de reliques de contact. Il s’agit de tous les objets ayant été en relation avec le saint de son vivant, ou avec ses ossements ou même son tombeau. Mais, une mutation des mentalités et des croyances permet la multiplication de statues de saints. Leur présence est alors plus reconnue dans leur image, sculptée ou peinte, que dans leurs ossements.

288 Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII.

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• Les statues.

On constate, d’après l’inventaire des représentations iconographiques présentes en l’abbaye, que les sculptures y sont assez peu nombreuses.289 De plus, elles sont uniquement mentionnées dans le procès-verbal de 1616 qui en dénombre dix. Elles sont le plus souvent situées dans les chapelles dédiées au saint qu’elles représentent. La visite montre tout d’abord, « deux figures d’anges taillées de bois »290 qui entourent le tabernacle. Lors de son abbatiat, le feu abbé d’Albamey fait repeindre et redorer ces deux figures. Puis, c’est au cœur de la chapelle Saint-Antoine que sont présentées la statue de Notre-Dame de Pitié et celle de saint Antoine.291 Notre Dame de pitié est un type de représentation fréquent au XVe siècle. C’est toujours sous le même abbatiat qu’elles sont peintes et dorées. Il est également fait mention de leur état. On apprend alors qu’elles sont vieilles mais, néanmoins en assez bon état. Tenter de donner une période approximative de la présence de ces statues en l’abbaye est impossible, d’autant qu’elles ne sont pas inventoriées dans le procès-verbal précédent, celui de 1584, et qui est le premier état des lieux dont nous disposons ; à notre connaissance, il n’en existe pas de plus ancien. Toutefois, rien n’exclut que cette mention d’ancienneté place les origines de ces statues à l’époque médiévale. En la chapelle Saint-Jean figurent trois statues : l’une de Notre-Dame, une seconde de saint Jean et une troisième de saint François.292 Il est précisé qu’elles sont en relief. Peut-être veut-on spécifier qu’elles sont en ronde-bosse, c’est-à-dire que ces statues sont représentées en trois dimensions, elles sont détachées de leur fond. Les autres sculptures, dont on ne précise rien, peuvent être soit en demi-relief ou demi-bosse : les figures se dissocient alors à moitié seulement de leur fond, soit en haut relief où elles se dégagent presque entièrement du fond. Une autre statue en relief, celle de Saint- Sébastien, est présentée lors de la visite de la chapelle du même nom.293 Enfin, deux sculptures sont mentionnées dans la chapelle de Saint-Humbert : l’une du saint et l’autre de Notre-Dame.294 Il est aussi indiqué qu’elles sont « bien peinct et dorée ». On peut alors supposer que le feu abbé d’Albamey s’est enquis de restaurer toutes les statues de l’abbaye qui en avaient besoin. La récurrence, par trois fois, de sculptures à l’effigie de la Vierge ne doit pas étonner puisque ce sont les Cisterciens et saint Bernard qui développent le culte de cette dernière. De plus toutes les abbayes cisterciennes sont placées sous le vocable de Notre-Dame. Bien plus que de statues, l’église de Bellevaux est ornée de tableaux.

289 Tableau présenté page suivante. 290 Cf procès-verbal de 1616, f° 2 r, p XX. 291 Cf procès-verbal de 1616, f° 3 v, p XXII. 292 Cf procès-verbal de 1616, f° 3 v, p XXII. 293 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 294 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.

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• Peintures et images.

Comme les statues, les tableaux sont présentés dans les textes comme des « images ». L’une et l’autre sont en nombre suffisant pour bien orner l’église et les chapelles. Ce qui, d’ailleurs ne correspond pas aux prescriptions cisterciennes. Là encore, nous constatons une déviance. Un relâchement qui peut, peut-être, s’expliquer par la fondation de chapelles au sein de l’église. Les fondateurs ornent leur chapelle afin de s’attirer les grâces divines. Du reste, le procès-verbal de 1616 précise que l’entretien de ces dernières est aux bons soins des seigneurs.295 Remarquons toutefois que, précédemment, les restaurations effectuées sur les statues ont été réalisées par le feu abbé d’Albamey. La visite de 1584 inventorie d’abord deux tableaux trouvés en la chambre du feu abbé Loys du Tartre. L’un représente un crucifix et l’autre est à l’effigie du pape Paul Pie.296 Dans cette même pièce, se trouvent également cinq petits tableaux en papier.297 Cette précision « en papier », indique sûrement le support utilisé pour la peinture. Une image de sainte Madeleine, embrassant une croix, incrustée sur un tapis est mentionnée comme un don du feu abbé Loys du Tartre.298 D’autres tableaux et images sont présentés dans le procès-verbal de 1616. Derrière le tabernacle, un grand tableau « contenant les figures de Notre Seigneur et des douze appostres, en relief pains et doré à l’anticque, avec les vantaux de platte peinture, le tout en bon estat sauf que paroist estre antich »299 C’est donc un triptyque, dont le centre est en « platte peinture », c’est-à-dire qu’il n’est pas en relief, par opposition à d’autres tableaux présentés ci-après. On insiste sur l’ancienneté de l’œuvre qui pourrait dater de l’époque médiévale. Sont ensuite présentées deux images en relief dans la chapelle de l’Amiral.300 Elles sont « assez bien toinées formées ». La précision « en relief » indique peut-être qu’elles sont gravées. Les différences de niveaux présentes sur une image sont une résultante de ce type de procédé. Ces images sont aussi « tornées formées », c’est à-dire encadrées d’une bordure travaillée, ornée. Puis, c’est en la chapelle Notre-Dame qu’est présenté un « tableau de platte peinture presque tout neuf et en bon estat »301 Sans plus de précisions, on peut penser qu’il s’agit d’une représentation de la Vierge. Il est « presque tout neuf », peut-être est-ce un don assez récent de la part de seigneurs, un achat, ou un don de l’abbé. Un autre tableau de « platte peinture » est mentionné dans la chapelle de la Toussaint. Il est « tout gasté et rompu de viellesse »302 Là encore, il est difficile de définir avec plus de précisions ce que représente le tableau. L’indication de son état

295 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 296 Cf procès-verbal de 1584, f° 5 v, p VI. 297 Cf procès-verbal de 1584, f° 5 v, p VI. 298 Cf procès-verbal de 1584, f° 11 r, p XII. 299 Cf procès-verbal de 1616, f° 2 r, p XX. 300 Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII. 301 Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII. 302 Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII.

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indique que, bien qu’il ne soit pas mentionné dans le procès-verbal précédent, il est assurément beaucoup plus ancien. En la chapelle Saint-Jean est présenté un tableau « de toille peincte a destrempe ».303 Il n’est pas certain que cette peinture représente saint Jean car, auparavant elle servait « en paremen au grand autel ». La détrempe est un type de peinture qui consiste à délayer la couleur de l’eau additionnée d’un agglutinant tel la colle ou l’œuf. En la chapelle de La Trinité se trouve un autre tableau de « platte peinture »304 Sans plus de précisions, il est difficile de dire, avec certitude, ce que représente cette peinture. Les visages de La Trinité sont multiples. La visite de 1616 se poursuit par celle de la chapelle Saint-Sébastien où est mentionné « un viel tableau tout gasté sans aucun ornement ».305 Ce saint est souvent peint, à partir du XIVe siècle, sous les traits d’un jeune homme criblé de flèches, objets de son supplice.306 Tout comme en la chapelle de la Toussaint, la notion d’ancienneté de ce tableau peut vouloir ancrer ses origines à l’époque médiévale. La chapelle Saint-Humbert est ornée « d’un tableau de sire Humbert, qui est décoré, assez beau, n’estant gasté que par l’humidité du lieu »307 Dans la chapelle des Trois Rois, un tableau « peinct de bois » est aussi altéré par l’humidité : les couleurs « tombent en escaillent ».308 La précision « peinct de bois » indique le support sur lequel est réalisée la peinture : le bois. Il en est de même pour la chapelle Saint-Laurent. Comme beaucoup d’autres saints, saint Laurent est souvent représenté avec l’objet de son supplice : le gril accompagné de la palme du martyre, du Livre de l’Evangile et de la dalmatique309 du diacre. Dans la chapelle Saint-Pierre, sont mentionnés deux tableaux « tout escourchez »310 Pierre est généralement placé à la gauche du Christ avec une barque ou une tiare pontificale. Un autre tableau « de bois en relief » avec « une image en broderie de saincte Solaine » orne l’autel Sainte-Anne.311 Sainte Anne, mère de la Vierge Marie, est généralement peinte alors qu’elle reçoit la visite de l’ange qui lui annonce la naissance de sa fille ou encore lorsqu’elle lui apprend à lire.

303 Cf procès-verbal de 1616, f°3 v, p XXII. 304 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 305 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 306 La Bible et les saints, guide iconographique., p286. 307 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 308 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 309 La dalmatique est une longe robe blanche à manches très amples, décorée de deux bandes pourpres. 310 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII. 311 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 r, p XXIII.

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Enfin, les dernières représentations iconographiques présentées par le procès-verbal de 1616 sont des images de Notre Dame et de saint Jean. Elles sont « taillées de bois de relief » et « repeintes tout a neuf aux frais dudict sire de Bellevaux »312 L’image de saint Jean est souvent celle d’un jeune homme tenant une palme ou rédigeant l’Evangile ou encore l’Apocalypse, un aigle lui servant de pupitre. Si le procès-verbal de 1616 est riche d’allusions aux représentations iconographiques, celui de 1632 apporte quelques compléments. Il mentionne d’abord, au pied d’une grande croix d’argent, les images de six Apôtres « aussi d’argent dorée »313 Puis, en la chambre du milieu, la coiffe d’un lit qui est une « Assumption Nostre Dame » est présenté314 Tout laisse à penser qu’il s’agit d’une représentation de l’Ascension de la Vierge accrochée au-dessus de la tête du lit. Toujours dans la même chambre, se trouvent deux images : l’une de sainte Véronique, enchâssée de noyer, et une autre de sainte Madeleine, également enchâssée. Depuis le XIIIe et le XIVe siècle, sainte Véronique est presque toujours représentée de la même façon. Elle porte un de ses attributs, un turban ou une coiffe, tenant devant elle son second attribut, un voile à l’effigie du Christ. Sainte Marie-Madeleine, elle, est très fréquemment figurée avec de longs cheveux. Parfois, elle porte un vase à parfum, avec lequel elle a oint les pieds du Seigneur et elle est allée l’embaumer. D’ailleurs, la scène où elle est le plus souvent représentée est celle où elle rencontre le Christ ressuscité.315 Puis, lors de la visite de l’église, seulement onze petits tableaux « en destrempe » sont inventoriés. Figurant la vie de saint Bernard, ils sont accrochés à chacun des piliers de la nef, tel un chemin de croix.316 Saint Bernard donne à l’ordre cistercien ses principes et son dynamisme. Il est la figure de l’ordre. Souvent, il est considéré comme son fondateur alors qu’en réalité il s’agit de Robert de Molesme. Saint Bernard est surtout reconnaissable à la robe blanche portée par les Cisterciens. Il est aussi très souvent représenté amaigri par le jeûne et l’ascèse.317 Enfin, en une autre chambre appelée la chambre aux dames, l’inventaire note la présence d’un « viel buffet de chesne a l’antique, ouvragé de plusieurs ouvrages sur lequel est une image de la Flagellation Nostre Seigneur »318 La Flagellation du Christ montre fréquemment trois personnes : le Christ, attaché à une colonne, et deux bourreaux le fouettant avec des lanières de cuir ou des bâtons. Il est intéressant de noter ici le support sur lequel figure cette représentation : un buffet. La scène est-elle peinte à-même le chêne ou est-ce une toile ou autre matière accroché au meuble ? On perçoit alors l’importance de la religion, son imprégnation à travers la vie quotidienne à l’époque médiévale et encore bien après.

312 Cf procès-verbal de 1616, f° 4 v, p XXIV. 313 Cf procès-verbal de 1632, f° 1 v, p XLII. 314 Cf procès-verbal de 1632, f° 3 v, p XLIII. 315 La Bible…op. cit., p 308-309 pour saint Véronique, p 222-223 pour sainte Marie-Madeleine. 316 Cf procès-verbal de 1632, f° 4 v, p XLV. 317 La Bible…op. cit., p 62. 318 Cf procès-verbal de 1632, f° 5 v, p XLVII.

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En comparant chacun des trois procès-verbaux, il est à remarquer qu’aucune des représentations iconographiques présentes en l’abbaye n’est mentionnée d’un inventaire à l’autre. Il semble que d’une visite à l’autre les greffiers n’attachent pas la même importance aux objets à répertorier. Toutefois, le tableau de l’inventaire des représentations iconographiques montre la constance d’une image : celle de sainte Lucie.

• Sainte Lucie.

Elle est répertoriée lors des trois visites. Elle est simplement mentionnée dans le procès-verbal de 1584 et on précise que le pied de cette image est doré.319 En 1616, on apprend que cette petite figure est haute de deux pieds,320 qu’elle est en argent sauf sa base qui est en cuivre.321 Puis, en 1632, on semble seulement vouloir indiquer sa valeur en précisant qu’elle est en argent.322 Lucie est une riche Sicilienne qui refuse le mariage et se consacre aux pauvres en leur distribuant ses biens. Dénoncée aux autorités par un prétendant éconduit, elle est condamnée à être violée. Miraculeusement protégée, elle ne périt pas sur le bûcher. Elle est alors égorgée en 304.323 Lucie est une des victimes de Dioclétien, empereur romain, qui lance en 303, et pour dix années, une des vagues de persécution les plus dures que l’Eglise ai connu. Sainte Lucie est donc une vierge martyre dont la vie est largement diffusée par La Légende Dorée de Jacques de Voragine. Elle est fréquemment représentée portant une paire d’yeux sur un plateau ou dans une coupe, avec une épée et un cierge ou une lampe. L’attribut des yeux que porte sainte Lucie est dû a une légende tardive qui veut qu’elle les aient arrachés pour les offrir à un prétendant, mais ces derniers ce sont miraculeusement remis en place. L’épée montre l’objet de son supplice. Et la lumière représente l’origine latine de son nom, lux, qui signifie lumière. A travers l’inventaire et la description de ces tableaux et de ces sculptures, le lecteur peut se rendre compte des richesses présentes au sein de l’abbaye. Mais surtout, elles sont le fait d’une déviance aux prescriptions et à la morale de l’ordre, la marque d’un changement en son sein. Lors de cette présentation des saints occupant l’abbaye, deux sont omis. De par leur importance, ils méritent un peu plus d’attention.

319 Cf procès-verbal de 1584, f° 8 r, p IX. 320 Le pied est une ancienne unité de longueur qui équivaut à environ 0,324 m. L’image de sainte Lucie mesure donc environ 650 cm de hauteur. C’est déjà une grande image ! 321 Cf procès-verbal de 1616, f° 2 v, p XXI. 322 Cf procès-verbal de 1632, f° 1 v, p XLII. 323 La Bible…op. cit., p 208.

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B. Sainte Ursule et les Onze Milles Vierges.

Comme le montre le récapitulatif des reliques,324 celles des onze milles vierges sont mentionnées dans les trois procès-verbaux. Elles semblent méconnues, voir ignorées, c’est pourquoi elles attirent notre attention.

1. Vie et légende de sainte Ursule. Il n’y a aucune certitude quant à la vie de sainte Ursule. Plusieurs versions de sa légende existent aujourd’hui mais celle de Christian Vanden Berghen325 paraît être la plus vraisemblable. Ursule est une jeune bretonne,326 fille de roi chrétien. Elle naît en cette fin du IIIe

siècle. Un jour, un jeune prince païen, d’origine germanique, demande sa main. Cette alliance est importante et le refus de la jeune fille peut porter de sérieux préjudices à son père. Cependant, Ursule souhaite rester vierge et chrétienne. Alors, elle fait le choix de s’enfuir accompagnée de ses amies, dix vierges.

Selon d’autres versions de la légende, chacune des dix vierges est accompagnée d’encore mille vierges afin de consoler Ursule.327 Il est aussi dit que onze mille vierges traversent la mer en formant un cortège pour Ursule. Elles partent à l’aventure, se rendent en pèlerinage à Rome puis remontent le Rhin en direction de Cologne. Ursule souhaitait-elle finalement honorer ce mariage ? Lors de leur voyage, elles sont capturées par les Huns qui n’hésitent pas à les martyriser. Devant le refus de ces vierges à trahir leur foi, ils les tuent. Toujours selon Christian Vanden Berghen, elles sont ensuite inhumées en l’église de Cologne. La vie de sainte Ursule semble quelque peu tomber dans l’oubli jusqu’en 1155 où on découvre dans une église, aujourd’hui du nom de Sainte-Ursule, une inscription latine. Elle date du Ve siècle, un siècle après la mort de la sainte et de ses compagnes. Il est alors gravé sur cette pierre : XIMV. Dans un premier temps, on attribue cette épitaphe au martyre de plusieurs vierges lors du IIIe siècle. Puis, la découverte, au début du XIIe siècle, de plusieurs ossements de femmes décédées quelques siècles plus tôt, amène, dès lors, la croyance populaire à les attribuer à sainte Ursule et ses compagnes. L’Eglise suit cette opinion car elle lui permet d’honorer une martyre représentante de toutes les autres. Auparavant, ces femmes, avérées comme telles ne pouvaient l’être car aucune n’était nommée. C’est au XIe siècle que l’on fixe le nombre des compagnes de la sainte à 11 OOO. Ce chiffre est dû à une mauvaise interprétation de l’épitaphe. On peut lire XIMV, on pense alors XI pour « onze », M pour « mille » et V pour vierges. Un mot peut tout changer car il s’agit en réalité de M pour « martyres » et non « mille ». L’inscription signifie donc « onze martyres vierges » et non pas « onze mille vierges ». Cependant,

324 Tableau présenté à la page 61 à 63. 325 Bergnhen (Christian Vanden), Sainte Ursule et les Onze Mille Vierge.. 326 La Bretagne médiévale est aujourd’hui la Grande-Bretagne. 327 La Bible…op. cit., p 305.

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c’est cette dernière interprétation qui, en ce XIe siècle, est acceptée et qui donne naissance à la légende de sainte Ursule et des Onze Mille Vierges.

2. Culte et reliques.

La légende de sainte Ursule et de Onze Mille Vierge connaît un grand succès au Moyen-Age. Cette renommée vaut à ces vierges martyres un important culte qui se développe particulièrement en Allemagne, aux Pays-Bas, et dans le nord de la France. Un pèlerinage considérable se développe donc autour de Cologne. La proximité de ce pèlerinage, tout comme celui des Trois Rois, également à Cologne, peut expliquer la présence de ces reliques en l’abbaye. Les jeunes filles, mais aussi les drapiers réclament la protection de sainte Ursule. En effet, durant ses périples la sainte est miraculeusement protégée par un manteau. Toutefois, il n’est pas expliqué comment sainte Ursule est martyrisée et tuée malgré la protection de ce manteau. Bien que le culte de sainte Ursule et des Onze Mille Vierges se développe rapidement dès le XIIe siècle, l’iconographie les concernant apparaît seulement à partir du XIVe siècle. Les représentations les plus connues sont des cycles figurant la vie de la sainte. Le cycle le plus célèbre est La châsse de sainte Ursule, actuellement exposé à l’hôpital Saint-Jean de Bruges. C’est l’artiste Memling qui le réalise, en six panneaux, en 1489. A son image, d’autres artistes représentent la vie et l’épopée de la vierge martyre.328 Tout comme saint Sébastien, on reconnaît sainte Ursule à une flèche. Cet attribut lui vient justement du cycle de Memling qui dépeint Ursule tuée par une flèche, devant la tente du chef des Huns. Le répertoire des reliques met également en évidence l’abondante présence des reliques d’un autre saint dont la notoriété est salutaire à Notre Dame de Bellevaux.

C.Entre saint Pierre de Tarentaise et N- D de Bellevaux.

La Tarentaise est une région de Savoie dont Moûtiers en est aujourd’hui le chef-lieu. Auparavant, elle en était la capitale. Quel peut-être le lien entre Bellevaux et ce territoire situé à plusieurs centaines de kilomètres ? Un homme, cistercien. 1. Du premier abbé de Tamié à l’archevêque de Tarentaise. Pierre naît en 1202 à Saint-Maurice-l’Exil.329 A vingt ans il entre, en tant que moine, à l’abbaye de Bonnevaux en Dauphiné.330 Il semble posséder nombre de

328 La Bible…op. cit., p 306 329 Saint Maurice-l’Exil se situe dans le canton du Roussillon. 330 L’abbaye de Bonnevaux se situe près de Lieudieu, dans la région Rhône-Alpes

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qualités qui le porte au siège d’abbé. Durant son abbatiat, il fonde et dirige l’abbaye de Tamié,331 située dans le col du même nom. Comme pour toutes fondations cisterciennes, Pierre sollicite les seigneurs du lieu et les diocésains. Ainsi, le 16 février 1132, une petite colonie de moines, venant de Bonnevaux, s’installe dans le nouveau monastère dont Pierre est l’abbé. Lors de l’un de ses voyages en Italie, pour la visite annuelle des filles de l’abbaye, il est sollicité par les habitants de Moûtiers. Ils sont en quête d’un évêque. Ils connaissent Pierre non seulement par ses voyages mais également en raison de sa renommée qui ne cesse de s’accroître. C’est pourquoi, ils insistent auprès de lui afin qu’il devienne leur nouvel archevêque. Il est ainsi élu archevêque de Tarentaise en 1141. Malgré son épiscopat (1141-1174), Pierre garde des liens très étroits avec l’abbaye de Tamié. En 1150, il vient lui-même consacrer l’église du monastère. Cependant, Pierre ne néglige pas sa tâche d’archevêque, bien au contraire. Il s’y attèle avec zèle. L’archevêque de Tarentaise s’enquiert de sa charge en effectuant de nombreuses visites dans ses paroisses. Il tente de réformer le clergé. Il marque la ville de Moûtiers de son épiscopat en y faisant construire une cathédrale. Il se consacre surtout aux pauvres en instituant, chaque année, au mois de mai, alors que les réserves sont épuisées et les récoltes pas encore mûres, une distribution de pain aux plus démunis. C’est sous le nom de Pain de mai que cette institution perdure à Moutiers jusqu’au XVIIIe siècle. Mais Pierre de Tarentaise est particulièrement connu pour ses actions en faveur d’une plus grande paix. Il intervient notamment dans la réconciliation entre des communautés religieuses ou encore entre l’Eglise et les grands seigneurs laïques. Il soutient ardemment le pape Alexandre III contre l’empereur Frédéric Barberousse et l’antipape à sa solde, Victor IV. De retour d’une de ses nombreuses missions de médiation et de pacification, il est pris d’un malaise. Pierre s’arrête alors à une fontaine proche de l’abbaye de Bellevaux. Il y ait transporté plus tard et il y meurt le 14 septembre 1174. 2. Saint Pierre de Tarentaise, saint Pierre de Bellevaux. Conformément à ses dernières volontés, Pierre est inhumé en l’église de l’abbaye, en la chapelle de la Vierge.332 Toutefois, ce privilège, accordé par l’archevêque à Bellevaux, n’est pas sans conséquence. En effet, les religieux de Tamié réclament le corps de leur fondateur. A plusieurs reprises cela génère des conflits entre les deux abbayes. Bien que l’abbaye possède le corps du saint, les procès-verbaux mentionnent plusieurs de ces reliques. Au fil des siècles son corps a-t-il été fractionné afin de répandre les bienfaits prodigués par ces dernières ?

331 L’abbaye de Tamié se situe près d’Alberville, dans les Alpes du Nord. Les bâtiments actuels datent du XVIIe siècle. Tamié est très réputée pour sa liturgie et son fromage. 332 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 3.

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C’est la visite de 1584 qui inventorie le plus de reliques de saint Pierre. Il y a d’abord « le chiefz de monseigneur saint Pierre enchassé en argent, doré aux bordures »333 La tête est une des reliques les plus précieuses. Cette importance est soulignée par les diverses matières, tout aussi précieuses, dans lesquelles est enchâssé le chef de saint Pierre de Tarentaise. Le procès-verbal ne mentionne ensuite que des reliques de contact. Ainsi, l’église de Bellevaux possède « une couppe d’argent dorée que l’on dict estre celle dudit saint Pierre »334 De même, il y a aussi une mitre « que l’on dict estre la mytre Saint Pierre »335 ou encore « ung matheras avec le lodier que l’on oit estre celluy Sainct Pierre ».336 Et enfin une aube richement ornée « que l’on dict estre celle dudcit saint Pierre ».337 Chacune des présentations de ces objets n’est pas totalement formelle quant à l’authenticité de ces reliques. En 1616, il est uniquement fait mention d’un chef d’argent « de la grosseur du naturel » dans lequel est la tête de saint Pierre « archevesque de Taraisque ».338 On peut considérer que ce procès-verbal présente seulement les reliques les plus riches et les plus importantes. C’est pourquoi les reliques de contacts ne figurent pas. Le fait que ces reliques de contact soient répertoriées en 1632, affirme cette hypothèse. En effet, lors de cette visite, on découvre d’abord « le chef de messir sainct Piere de Bellevaux, enchassé d’argent avec une mittre de cuivre argentée ».339 On retrouve, avec plus de détails, la mitre inventoriée en 1584. Remarquons également que saint Pierre de Tarentaise devient saint Pierre de Bellevaux. Est-ce une exception ou un fait général ? On peut cependant penser qu’avec les années et l’important pèlerinage qui s’est développé en l’abbaye du fait de la présence du saint, il s’est opéré une assimilation entre le nom du saint et le lieu de son pèlerinage. Les os d’un bras de saint Pierre de Bellevaux sont également répertoriés dans un linge blanc, avec une côte de sainte Madeleine.340 Le procès-verbal de 1632 mentionne à nouveau la mitre de saint Pierre accompagnée de deux de ses ceintures, enfermées dans une boîte d’airain, de ses gants et de son lodier.341 Le prestige et l’importance de ces reliques sont ici encore soulignés par la boîte d’airain c’est-à-dire dure, implacable, voir inviolable. Ces ceintures méritent une grande protection car elles sont très précieuses. 3. Saint Pierre et Bellevaux.

Pierre de Tarentaise est canonisé en 1191. Plusieurs documents mentionnés dans l’extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône font référence à cette

333 Cf procès-verbal de 1584, f° 8r, p IX. 334 Cf procès-verbal de 1584, f° 8v, p X. 335 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X 336 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X. 337 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X. 338 Cf procès-verbal de 1616, f° 2v, p XXI. 339 Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 340 Inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXX. 341 Inventaire de la sacristie vers 1600, f° 2r, p LXX. Le lodier est un couvre pieds, une petite couverture que l’on place au bout du lit, sur ces pieds.

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canonisation. Ainsi, une bulle de Célestin III, de cette même année, et contenant la canonisation du saint, est envoyée à tous les évêques.342 La grande renommée de saint Pierre de Tarentaise est un apport précieux pour l’abbaye. En effet, saint Pierre est reconnu, déjà avant sa mort, comme un saint thaumaturge, c’est-à-dire qui a le pouvoir de guérir. Il ne perd pas de sa popularité avec son décès. Il attire à Bellevaux des foules, si bien que l’abbaye devient un important centre de pèlerinage et ce, au grand détriment du règlement cistercien qui interdit à tous laïcs de franchir la clôture. Toutefois, les religieux et l’abbé de Bellevaux sont conscients que ces reliques sont une ressource considérable. Lorsque les pèlerins viennent solliciter le saint, ils font une offrande à ce dernier, donc à l’abbaye, afin que leurs prières se réalisent. Si cette supplique est exaucée, ils renouvellent leurs dons. Cependant, il semble qu’avec le temps et les évènements, le pèlerinage s’essouffle. Le pape Nicolas IV promulgue, en 1289, une bulle qui accorde quarante jours d’indulgence à toutes les personnes qui visitent l’église de Bellevaux à certains jours de fête dont celui de saint Pierre de Tarentaise, le 8 mai.343 Puis, vers la fin du XVe siècle l’abbaye tente d’acquérir de nécessaires revenus en exposant et en portant les reliques de saint Pierre à la vue des fidèles. Pour cela, l’abbé et les religieux de Bellevaux sollicitent l’abbé de Cîteaux et Jean de Chalon, gouverneur du comté de Bourgogne.344 Les précieuses reliques de saint Pierre de Tarentaise sont ainsi conservées en l’abbaye de Bellevaux jusqu’à la Révolution. Mais, le 11 fructidor an II,345 un commissaire de Vesoul vient à Cirey « pour mettre en arrestation un ci-devant saint Pierre de Tarentaise qui attirait les fanatiques du département pour être témoins de ses prétendus miracles »346 Apprenant cela, les habitants de Cirey sauvent un bras et le chef du saint tandis que ses autres reliques sont emportées et oubliées au fond d’une armoire à Vesoul. Le chef et le bras de saint Pierre sont donnés à l’abbé Baudet qui les lègue à sa nièce avant de mourir. Un moine de Tamié les retrouve et ramène, en son monastère, le précieux chef. Saint Pierre revient finalement chez lui. La jambe et le pied droit du saint sont restitués à Bellevaux en 1815, lorsque des moines réintègrent l’abbaye. Mais, quinze années plus tard, en 1830, à l’approche des habitants de Baumotte, venant piller l’abbaye, les religieux fuient vers la Grâce-Dieu, emportant avec eux les reliques. Elles suivent les moines dans leur émigration à Tamié qui possède désormais une jambe, la mitre, le peigne et un ciboire du saint, en plus de son chef. D’autres reliques du saint sont conservées en l’église Saint-Georges de Vesoul et en l’église de Cirey.

342 ADHS, H 45, 1191, p LXXVII. 343 ADHS, H 45, 1289, p LXXVII. 344 ADHS, H 45, 1495, 1496, p LXXIX 345 Le fructidor est le douzième et dernier mois du calendrier républicain. Il s’étend du 18-19 août au 21-23 septembre. 346 Aubert (Anne-Marie), Histoire… op. cit., p 39.

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Nombres de reliquaires et de tableaux ornent l’église de Bellevaux où sont précieusement gardés dans la sacristie. Tant de richesses dans ce monde cistercien ne peuvent qu’interpeller : les procès-verbaux sont loin de refléter la simplicité cistercienne. Dès lors l’évidence d’un manquement à la règle de l’Ordre s’impose. Les religieux de Bellevaux, comme dans d’autres abbayes, sont, en quelque sorte, victimes de leur succès qui leur apporte nombre de biens précieux. Cette richesse se retrouve dans d’autres objets tels les ornements et les vêtements liturgiques.

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II. « Ses prêtres, Je les vêtirai de salut. »347

La vie cistercienne est tournée vers la prière : offices mais aussi prières individuelles. Tout comme aujourd’hui, la célébration de la liturgie astreint à une ornementation et à des vêtements spécifiques.

A. Orner la simplicité. Dans le répertoire des représentations iconographiques sont parfois mentionnés des devants d’autel ou encore des tapis d’autel. Ce sont autant de linges nécessaires à l’ornementation de l’église, notamment lors de la célébration du culte. 1. Devants d’autel, nombreux et riches. Les procès-verbaux de 1616 et 1632, ne manquent de mentionner nombre d’ornements servant à parer les autels. Leur description nous rend compte d’autres richesses présentes en l’abbaye. La visite de 1616, débute par une description de l’autel majeur au-devant duquel se trouve un voile de taffetas rouge, don fait à l’abbé. Aujourd’hui encore, le taffetas est une étoffe recherchée donc chère. Le devant du grand autel est également paré d’un devant « de tapisserie en cuyr doré assez usé».348 Il s’agit certainement d’une pièce de cuir, d’assez grande taille, brodée et accrochée devant l’autel. La mention « assez usé » renvoie à une notion d’ancienneté de ce parement. Il est aussi fait mention d’un autre devant d’autel, don du feu Pierre d’Albamey, sur lequel sont représentées ses armes.349 Après la présentation de l’autel majeur, « au grand autel », le greffier fait l’inventaire de tous les objets cultuels présents en l’abbaye. Il inventorie d’abord « un devant d'haultel de damas rouge cramoisi, enrichi de passemens d'or et des armes dudict sire de Bellevaux pour servir au grand haultel ».350 Sont aussi répertoriés deux autres devants d’autel de damas blanc, également parés des armes du feu abbé. Et, un peu plus loin le greffier mentionne encore d’autres devants d’autel en « mi-soye », figurés, là aussi des armes du feu abbé. L’un de ces parements est destiné à l’autel Notre Dame et l’autre à l’autel situé en la chapelle Saint-Pierre. Le grand autel est-il toujours orné des armes de l’abbé ? Peut-être est-ce simplement une manière de préciser que ces devants d’autel sont des dons venant de lui. Au verso du folio 15, le greffier indique qu’à l’arrivée du feu Pierre d’Albamey, l’église est presque totalement dépourvue de ces linges d’ornement. L’abbé a simplement rempli ses obligations en dotant à nouveau l’église de ces objets.

347 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 131, « Je vêtirai ses prêtres de salut », p 247. 348 Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX. 349 Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX.. 350 Cf procès-verbal de 1616, f° 3r, p XXIII.

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Cependant, la richesse de ces ornements indique que l’abbé dispose d’une certaine fortune car le damas est une riche étoffe, tout comme la soie. De même, seules les personnes d’un certain rang et de condition assez noble possèdent des armoiries. Ces ornements d’autel font plus que nous renseigner sur la vie cultuelle de l’abbaye, ils nous informent également de la condition sociale du feu abbé Pierre d’Albamey. Toutefois, il semble qu’à l’arrivée de l’abbé, l’église manque de ces ornements car l’abbé a dû en fournir.351 Outre ces parures aux armes du feu abbé, deux draps noirs figurés d’une croix blanche, servent à orner l’autel et les fenêtre lors des cérémonies funéraires.352 Puis, en la sacristie, on découvre un autre devant d’autel servant à orner l’autel de la chapelle de l’Amiral et des maisons de Vienne et d’Oiselay. Il est en étoffe de Flandres sur laquelle sont brodées des armoiries, certainement celles de l’Amiral. Le procès-verbal de 1616 se poursuit par la visite des chapelles dont certaines sont parées de devants d’autel. En la chapelle de l’Amiral se trouve un « devant d'aultel de cuyr doré avec deux images en reliefz assez bien tornées formées »,353 c’est-à-dire que ces images sont encadrées de bordures moulées, travaillées. Un autre devant d’autel, de matière verte, et qui semble de toute simplicité est mentionnée en la chapelle Notre Dame.354 D’autres devants d’autels, de cuir doré, sont présentés en la chapelle Saint-Antoine,355 la chapelle de la Toussaint.356 Le devant de l’autel Sainte-Anne est plus simplement orné d’« un ancien parement de violet avec une image en broderie de saincte Solaine »357 Lors de l’inventaire de la sacristie en 1632, plusieurs devants d’autel sont répertoriés. Ils sont tous qualifiés de « fort usé » et « fort vielle »358 En raison de l’humidité présente en certains endroits de l’église, il est difficile de dire si l’usure de ces ornements est due à cette moiteur ou, effectivement, au temps. Il se retrouve, dans cet inventaire, le voile de taffetas rouge, six devants d’autel de cuir doré avec les images, le devant d’autel de damas blanc ou encore celui en étoffe de Flandres. Puis, d’autres parements, non répertoriés auparavant, tels trois devants d’autel en « lassy ». Au fil des inventaires, nous découvrons également d’autres linges servant à orner l’église ou utilisés durant les offices.

351 Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, p XXXVII. 352 Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, p XXXVII. 353 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 354 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 355 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 356 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 357 Cf procès-verbal de 1616, f° 4r, p XXII. 358 Inventaire de la sacristie, f° 2v, p LXX.

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2. D’autres ornements. Nappes, serviettes, tapis sont autant de linges répertoriés lors des visites de l’église ou de la sacristie. Il ne fait alors aucun doute qu’ils font partie des ornements utiles à l’église et aux célébrations. Ces linges, posés sur l’autel, symbolisent, autour du corps eucharistique du Christ, les langes qui enveloppent l’enfant Jésus à sa naissance ou encore les linceuls du Christ.

• Nappes et tapis. Durant la visite de la sacristie en 1584, des nappes pour couvrir les autels durant le service divin sont répertoriées.359 Elles sont au nombre de dix.360 Il y a également un tapis en soie et une nappe damassée.361 Ils semblent être uniquement utilisés pour l’autel majeur. Une nappe richement ornée de fleurs en or et en argent avec une image de sainte Madeleine embrassant la croix est offerte par le feu abbé Louis du Tartre.362 Cependant, selon Durand de Mende, les linges d’autel doivent être uniquement de lin blanc : « Nous avons établi que personne ne doit célébrer le sacrifice de l’autel avec une étoffe de soie ou de couleur, mais avec un linge blanc consacré par l’évêque. Ce linge sera le produit d’une plante [non d’un animal comme la laine] »363 Ainsi, lors de la visite de 1616, on répertorie, entre autres, plus de douze nappes ouvrées, dont deux en lin. La matière dont sont faites les autres nappes n’est pas indiquée. Il est également précisé qu’il y a deux nappes par autel.364 Cependant, il y a treize autels. Plus loin, le sacristain précise que, lors d’une précédente visite, le 26 juillet 1615, seulement neuf nappes sont inventoriées. Nous pouvons donc penser que l’abbaye a renouvelé certains de ses linges d’ornement. Puis, l’autel majeur est décrit recouvert d’un grand tapis donné par le feu abbé d’Albamey.365 D’autres nappes et tapis sont mentionnés lors de la visite des chapelles. En la chapelle Saint-Antoine, une nappe et un tapis, sont inventoriés. Toutefois, il y a plus d’autels sans aucun parement à l’image de celui de la chapelle de La Trinité, ou encore celui de la chapelle Saint-Sébastien.366 Le procès-verbal de 1632 juge l’église et les chapelles assez bien garnies de nappes et de devants d’autel.367

359 Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI. 360 Cf procès-verbal de 1584, f° 11r, p XII. 361 Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI. 362 Cf procès-verbal de 1584, f° 11r, p XII. 363 Miquel (Pierre), Picard (Paula), Dictionnaire des symboles liturgiques, p 179. 364 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 365 Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX. ° 2r, p XX. 366 Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX. 367 Cf procès-verbal de 1632, f° 4v, p XLV.

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En le logis abbatial, sont inventoriées dix vieilles nappes d’autel.368 Puis, en la chambre aux dames, plusieurs nappes et serviettes sont trouvées dans un coffre.369 Cependant, il est difficile de définir s’il s’agit ou non des linges usités en l’église. La visite de 1632 mentionne les remontrances des religieux qui déplorent le manque de ces ornements et le mauvais état de ceux étant en l’abbaye.370 Il n’y a pas assez d’ornements pour les funérailles et seulement dix-sept nappes, assez vielles, pour mettre sur les autels. De nombreux autres linges, nécessaires au culte, font également défaut. Essayons de les détailler et d’en comprendre leur utilité.

• Quelques linges nécessaires au culte. Notre propos ne concerne pas ici les vêtements revêtus par le prêtre mais les divers objets usités par ce dernier lors des célébrations. Il s’agit notamment des corporaux, c’est-à-dire des linges bénis sur lesquels on pose le calice et des fragments d’hostie. Selon les moines, il manque, en 1632, une demie douzaine de corporaux.371 Le corporal se doit d’être en lin blanc et non teinté, conformément à l’usage rapporté par Durand de Mende. Lors de la visite de 1584, il est fait mention d’une petite bourse dans laquelle on dispose les corporaux.372 Ce sont donc des linges auxquels on accorde beaucoup d’égards. Trois ou quatre serviettes pour « l’esbenation de la patene » manquent également au nécessaire cultuel.373 La patène est le petit plat rond sur lequel les hosties sont déposées. Elle est le symbole de la pierre ronde qui fermait l’entrée du tombeau. L’hostie, le corps du Christ ressuscité, posée sur la pierre pour redire que Jésus a vaincu la mort. Les religieux déplorent également le manque de voiles usités pour recouvrir le ciboire. En dehors des célébrations ce dernier doit en être recouvert. Les moines précisent que ces voiles doivent être de quatre couleurs, les quatre couleurs liturgiques : le blanc, pour les fêtes des confesseurs et des vierges, le rouge lorsque l’on fête les apôtres et les martyrs, le noir pour l’Avent, le Carême, les jours de jeûne et de funérailles et le vert pour les jours ordinaires. Il manque aussi des « chapinettes », c’est-à-dire de petites chapes, des purificatoires servant à essuyer le calice et la patène après la communion, et des serviettes d’autel. Peut-être s’agit-il de la pale servant à couvrir le calice durant les célébrations. Carré et rigide, elle est effectivement semblable à une serviette. Là encore, nous constatons la richesse de ces ornements au travers de leur matière ou de leur tissu. Si l’architecture de l’église se doit d’être d’une grande simplicité,

368 Cf procès-verbal de 1632, f° 4r, p XLIV. 369 Cf procès-verbal de 1632, f° 5r, p XLIV. 370 Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII. 371 Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII. 372 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X. 373 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.

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elle est parée de richesses qui montrent, ici encore, une certaine déviance dans la morale cistercienne. Outre ces ornements et ces linges cultuels, les procès-verbaux mentionnent également d’autres objets nécessaires aux offices.

B. Revêtir les officiants, lire et chanter les cantiques. Nombre de vêtements utilisés durant les célébrations sont mentionnés lors des visites. Puis, plus parcimonieusement, on découvre les quelques livres utilisés par les religieux pendant les offices. 1. Des vêtements liturgiques. Ils sont nombreux et souvent mentionnés lors des visites de la sacristie, et avec les reliques. Ils semblent ainsi aussi précieux que ces dernières. Tout comme les linges précédemment présentés, ces vêtements sont nécessaires à la liturgie. Notre but n’est pas ici de répertorier tous les vêtements inventoriés durant les visites, mais seulement d’esquisser leur importance et de comprendre leur utilité.

• Les aubes. L’aube est un long vêtement blanc porté par tous les clercs, sans distinction. Depuis l’Antiquité, il est le seul vêtement liturgique à n’avoir subi aucune modification. Dans les Ecritures le blanc est la couleur portée par les anges, par les élus et par le Christ lors de la Transfiguration. Le blanc est aussi, et encore aujourd’hui, la couleur portée par les baptisés et les mariés. L’aube se doit d’être en lin, tissu végétal considéré plus pur qu’un tissu animal telle la laine ou la peau. Revêtir une aube est le symbole d’une attirance vers la paix et d’une grande pureté intérieure. L’aube est aussi le signe de la joie, de l’innocence et de la victoire. Elle se porte serrée à la taille, en signe de chasteté. Puis, elle est évasée et plissée vers le bas symbolisant ainsi la charité.374 La visite de 1584, répertorie dix aubes utilisées pour les célébrations.375 Une autre aube richement ornée est également mentionnée. Il s’agit de celle de saint Pierre de Tarentaise. Elle est donc conservée en qualité de relique.376 En 1616, on indique qu’à l’arrivée du feu Pierre d’Albamey, l’abbaye manque d’aubes notamment. Ce dernier pourvoit donc les religieux et l’église de ces

374 Miquel (Pierre), Picard (Paula), Dictionnaire…op. cit., p 43. 375 Cf procès-verbal de 1584, f° 9v, p XI. 376 Cf procès-verbal de 1584, f° 9r, p X.

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vêtements.377 Lors de l’inventaire, quatorze aubes sont alors répertoriées, sept sont en bon état mais les sept autres sont très usées.378 En 1632, il y a seulement huit aubes qui sont très vieilles. Les religieux en réclament dix-huit au minimum afin de remplacer celles étant déjà en l’église.379 L’église de Notre Dame de Bellevaux possède assez peu d’aubes pourtant utilisées lors de chaque office. D’autres vêtements liturgiques sont également nécessaires aux offices, telle la chape.

• Les chapes. Il s’agit d’une grande cape utilisée par les officiants lors des cérémonies solennelles et des processions. L’amplitude de la chape est le symbole de la charité qui recouvre les péchés.380 Le procès-verbal de 1584, mentionne plusieurs chapes en damas et souvent richement ornées.381 Il y a également trois chapes de camelot noir, certainement portées durant les cérémonies de funérailles. Le feu abbé, Louis du Tartre, fait un don de plusieurs ornements et vêtements liturgiques dont des chapes. Aucune chape n’est répertoriée lors de la visite de 1616.382 Tandis qu’en 1632, les religieux semblent manquer de chapes violettes et noires.383 Le violet est une couleur liturgique portée le jour des saints Innocents et le quatrième dimanche de Carême. Lors de l’inventaire de la sacristie, six chapes de satin et de camelot sont mentionnées.384 Des chasubles, en grand nombre dans les procès-verbaux, sont également mentionnées parmi les vêtements liturgiques.

• Les chasubles. La chasuble est un ample vêtement, sans manche, avec une seule ouverture pour la tête et descendant jusqu’aux genoux. Elle est portée par le prêtre sur son aube. Sa couleur varie en fonction de l’époque de l’année liturgique. De plus, elle est presque toujours brodée. C’est aussi un symbole de charité que doit revêtir l’homme tout entier. Plusieurs chasubles en précieuses étoffes et richement ornées, parfois de perles ou de pierreries, sont inventoriées lors de la visite de 1584.385

377 Cf procès-verbal de 1616, f° 15v, p XXXVII. 378 Cf procès-verbal de 1616, f° 3v, p XXII. 379 Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII. 380 Miquel (Pierre), Picard (Paula), Dictionnaire…op. cit., p 68. 381 Cf procès-verbal de 1584, f° 10v et 11r, p XI et XII. 382 Cf procès-verbal de 1616, f° 9v, p XI. 383 Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII. 384 Inventaire de la sacristie, f° 2v, p LXXI. 385 Cf procès-verbal de 1584, f° 9v à 10v, p XI et XII.

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Une chasuble de « samye » gris est confectionnée « à la vieille façon ».386 On peut alors comprendre qu’il y a une évolution dans la réalisation de ces vêtements. Evolution qui s’opère peut-être avec le passage à l’ère moderne. D’autres chasubles comportent des images ou encore des armoiries. Toutes les armoiries mentionnées durant les visites sont répertoriées dans un tableau présenté ci-après. La majorité, voire tous ces emblèmes, sont figurés sur des linges et des vêtements liturgiques. En 1584, deux chasubles sont brodées, l’une aux armoiries du lion,387 l’autre aux armoiries de messire de Grandmont.388 Tout comme les chapes, aucune chasuble n’est mentionnée lors de la visite de 1616. De nombreuses chasubles sont répertoriées lors de l’inventaire de la sacristie en 1632.389 La plupart sont vieilles. Certaines sont déjà mentionnées dans le procès-verbal de 1584, telle « une vieille chasuble de velour rouge [ ] avec les armes de Bourgougnes »390 Les « armoiries au lion » désignent donc probablement les armes des ducs de Bourgogne et l’adjectif « vieille » indique que cette chasuble est antérieure à la direction du dernier abbé. Une autre chasuble est aux armes de Vergy, « Verger » dans les textes.391 En janvier 1371, Guillaume de Vergy est nommé archevêque de Besançon. Il occupe le siège archiépiscopal jusqu’en 1391. A l’image de Thiebaut, Eudes et Gérard de Rougemont, également archevêques, la famille de Vergy est présente au sein de l’abbaye par ses armes. La présence de ces armoiries sur les objets cultuels montre l’ingérence des laïcss au sein de la communauté religieuse. Ces derniers souhaitent peut-être « signer » leurs dons. En apposant leurs armoiries sur tel ou tel objet, ils indiquent que c’est un don de leur part. Accompagnant souvent les chasubles, les tuniques comptent aussi parmi les vêtements liturgiques.

• Les tuniques. La tunique est un large vêtement, en soie, portée par certains prélats, sous la chasuble ou la chape, dans les cérémonies solennelles. La tunique et la chasuble vont donc de paire. C’est pourquoi, elles sont très souvent de la même couleur et présentées ensemble dans les inventaires. Lors de l’inventaire de 1584, plusieurs tuniques de soie, mais aussi de damas et de taffetas sont répertoriées.392 Une tunique, en toile blanche, dénote parmi la richesse des autres étoffes. Elle semble, en raison de sa simplicité, être beaucoup plus proche de l’idéal cistercien. Les tuniques ne sont pas ou rarement, ouvragées et ornées.

386 Cf procès-verbal de 1584, f° 10v, p XII. 387 Cf procès-verbal de 1584, f° 10v, p XI. 388 Cf procès-verbal de 1584, f° 10v, p XII. 389 Inventaire de la sacristie, f° 2r et 2v, p LXX et LXXI. 390 Inventaire de la sacristie, f° 2r, p LXX. 391 Cf procès-verbal de 1632, f° 3r, p XLIII. 392 Cf procès-verbal de 1584, f° 10r et 10v, p XI et XII.

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En 1632, les tuniques font aussi défaut.393 Elles sont, à chaque fois, mentionnées avec les chasubles qui les accompagnent. Tout comme ces dernières, nombre des tuniques sont fort usées.394 Deux d’entre elles sont aux armes de Bourgogne.395 Beaucoup moins mentionnées, étoles et manipules font cependant partie de la tenue vestimentaire du prêtre.

• Etoles et manipules. L’étole est une bande de tissu portée sur le coup, tel un joug, par le prêtre. Le manipule est une bande d’étoffe, semblable à un mouchoir, de même couleur et de même matière que la chasuble. Il se porte au bras gauche et, est utilisé pour essuyer la sueur, les larmes et la salive. Outre le fait que le feu abbé Louis du Tartre fournit l’abbaye de ces ornements vestimentaires, étoles et manipules sont uniquement mentionnés en 1632. Une étole et un manipule, accompagnant une chasuble et sa tunique, sont mentionnés dans l’inventaire de la sacristie. Ils sont figurés des armes du feu abbé Jean-Baptiste de Cusance.396 Une autre chasuble de cuir doré est également accompagnée de son étole et son manipule de même matière.397 A l’image des ornements, les vêtements liturgiques présentent, eux aussi, une grande richesse. Tandis que l’usage cistercien étend la simplicité de l’ordre jusqu’à ces derniers : « Les linges d’autel et les vêtements des ministres ne seront pas de soie, sauf pour l’étole et le manipule. La chasuble sera d’une seule couleur. Tous les ornements, vases sacrés, ustensiles du culte seront sans or ni argent ni pierres précieuses, sauf le calice et la patène, pour lesquels il est permis qu’ils soient en argent doré, mais absolument pas en or. »398 La comparaison entre cette règle et les sources montre bien une déviance de la piété des religieux. Cependant, ces objets liturgiques sont aussi des témoins de la vie religieuse de l’abbaye, des relations de cette dernière avec l’abbé et les grand féodaux. L’office divin pare l’église de divers ornements, habille les prêtres et ouvre les livres de cantiques. 1 Des livres. La vie cistercienne repose sur la volonté d’atteindre l’amour de Dieu. C’est donc dans ce but que les moines consacrent la majeure partie de leur temps à la prière et à la méditation. Ils prient seuls ou en communauté. Les prières, comme les offices

393 Cf procès-verbal de 1632, f° 22r, p LXVII. 394 Inventaire de la sacristie, f° 2r et 2v, p LXX et LXXI. 395 Inventaire de la sacristie, f° 2r, p LXX. 396 Cf procès-verbal de 1632, f° 2r, p LXX. 397 Cf procès-verbal de 1632, f° 2v, p LXXI. 398 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 87.

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divins, suivent un rite particulier qui est mentionné dans des livres et qui est visible au travers des vêtements portés par l’officiant ou le prêtre.

Les procès-verbaux de 1616 et de 1632 permettent de prendre connaissance de quelques ouvrages usités à l’abbaye. En 1616, des « livres, graduelz, antiphonaire et autre » sont mentionnés.399 Le graduel est un recueil de chants interprétés entre les deux lectures de la messe, c’est-à-dire l’Epître et l’Evangile ; l’antiphonaire est un livre liturgique qui contient les antiennes400 et les répons chantées par le chœur lors des offices de la nuit. La position en vue de l’antiphonaire, sur un lutrin, lui vaut souvent une belle ornementation, telle celle des enluminures souvent pratiquées par les Cisterciens. Les ouvrages paraissent être en assez mauvais état, puisque le prêtre dom Claude Cichet s’exprime sur les difficultés qu’il a eues d’en trouver « des neuf a vendre ». Pour cette raison, l’abbé de Bellevaux a proposé une somme d’argent pour leur réfection, conformément à un usage ancien dans le monastère. On peut alors constater que, lors de la visite de 1616, deux graduels et livres des Heures de matines sont « raccommodé ».401 Toutefois, il n’est pas précisé si ces restaurations ont été réalisées à l’abbaye. Le procès-verbal de 1632 inventorie plus précisément les livres utilisés à l’église : trois missels, trois graduels, cinq antiphonaires, deux psautiers, deux vieux livres et enfin un livre contenant les sermons de saint Bernard.402 Le missel est un livre liturgique contenant les prières et indications du rituel de la messe pour les différents jours de l’année. Le psautier, lui, est un recueil de chants bibliques : les psaumes. On les chante tout au long de chacun des offices, ils font partie de la liturgie des Heures. Ces poèmes bibliques étaient utilisés par le Christ, les Apôtres et les premières communautés chrétiennes afin de pratiquer la prière continuelle.403 Cette dernière était recommandée par Jésus. Cela nous montre donc la volonté des Cisterciens, de toujours être plus proches de Dieu en suivant au mieux les commandements de son fils. Saint Bernard met au cœur de la vie cistercienne la psalmodie et le chant liturgique. Ils ont pour but, comme le reste de la liturgie de « diriger les âmes vers la contemplation du Christ ».404 De plus, le procès-verbal de 1616, indique que ces ouvrages et d’autres, comme des missels neufs405 sont nécessaires à « l’entretien de la discipline monastique ». En effet la journée des Cisterciens est rythmée par les Heures qui sont des moments de prière au cours desquels les moines récitent le bréviaire ou le livre d’Heures. L’un comme l’autre réunissent, en abrégé, les textes nécessaires à la célébration de ces offices liturgiques. Ainsi, au cours d’une même journée, les moines se réunissent huit fois afin de psalmodier.

399 Cf procès-verbal de1616, f° 4v, dernier paragraphe et premier paragraphe du f° 5r. 400 Les antiennes sont des versets chantés, en partie ou en entier, par l’officiant, avant un psaume ou un cantique, et que l’on répète ensuite tout entier. 401 Cf procès-verbal de 1616, f° 5r, p XXIV. 402 Cf procès-verbal de 1632, f° 4r, dernier paragraphe, p XLV. 403 Cf Mt 27, 46 ; Lc 23, 46 ; Col 3, 16. 404 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 213. 405 Cf procès-verbal de 1616, f° 11r, premier paragraphe, p XXXII.

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Tout d’abord à Mâtines ou Vigiles, qui se déroulent durant la nuit : entre une et trois heures en hiver et plus tôt en été. Cet office se divise en trois parties ou nocturnes, au cours de chacun de ces moments sont récités trois psaumes et faites trois lectures ou leçons. Le premier office de la journée est Prime ou Laudes. On le chante aussitôt après le lever du soleil et juste avant la messe. Son horaire varie donc suivant les saisons. Un nouvel office, chanté, est célébré vers le milieu de la matinée, après la messe, vers la troisième heure, d’où son nom : Tierce. Puis vient Sexte, vers la sixième heure, soit vers midi. C’est également un office chanté. Il est suivit, à la neuvième heure, de None qui est chanté vers le milieu de l’après-midi. La fin de l’après-midi, vers seize heures en hiver, dix-huit en été, voit la célébration des Vêpres au cours desquelles sont chantés cinq psaumes qui varient selon les jours et les fêtes. Enfin, la journée se clôt par la célébration de Complies, la dernière heure de l’office divin, qui se récite ou se chante après le repas.

On constate donc l’importance des livres liturgiques au sein de la vie spirituelle de la communauté. Cependant la quantité de ces ouvrages peut paraître moindre. Il nous faut alors prendre en compte, comme il l’a été esquissé dans le procès-verbal de 1616, la rareté et la cherté, à cette époque, des livres. De plus les moines possèdent leur propre missel ou psautier. Il nous faut également prendre en compte la lectio divina, c’est-à-dire la lecture d’ouvrages pieux. Comme son nom l’indique, cette pratique demande d’autres types d’ouvrages qui n’apparaissent pas dans les différents procès-verbaux, sauf, peut-être le recueil de sermons de saint Bernard. La culture est un moyen de servir le Seigneur et de mieux le connaître à travers la lecture d’ouvrages pieux et la méditation de textes sacrés. De ce fait, une brillante littérature mystique se développe au sein de l’ordre cistercien, tout au long des XIIe et XIII e siècles.

Ces objets cultuels rendent compte de la vie spirituelle de l’abbaye. Les ornements, comme les vêtements, sont d’une grande richesse. Toutefois, cette dernière s’oppose très souvent à la vieillesse et l’usure de ces outils, témoignant parfois du dénuement de l’abbaye en ce qui les concerne. En découvrant ces divers objets nécessaires, nous avons quelque peu esquisser la vie des religieux au sein de l’abbaye. Cependant, bien que la vie cistercienne soit en majeure partie tournée vers la prière et la méditation, les moines se doivent également de subvenir à leurs besoins.

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III. « Ah ! qu’il est bon d’habiter tous ensemble, d’être comme des frères, tous unis ! »406

Une abbaye est une communauté d’hommes qui ont fait le vœu de vivre ensemble, retirés du monde, sous l’autorité de l’abbé. Cependant, toute la gérance de cette petite société n’incombe pas uniquement à l’abbé, chacun a un rôle particulier qui permet une meilleure gestion. Ces hommes doivent eux-même subvenir à leurs besoins bien que la prière et la méditation occupent la plus grande partie de leur temps. Ils doivent donc faire preuve d’une grande organisation.

A. Ce sont les âmes de l’abbaye.

On appelle généralement ces âmes les « religieux » ou les « moines ». En réalité, tous ces hommes n’ont pas le même statut. En fonction de ce dernier, les religieux n’ont pas la même place, ni la même importance au sein de l’abbaye. La communauté se compose donc de novices, de profès, de convers et de l’abbé. 1. Une communauté de religieux et de convers…

• Les novices. En latin, « novice » signifie « nouveau » car le novice est celui qui, après avoir demandé son entrée dans la communauté religieuse, connaît une période d’apprentissage et d’épreuve, appelée le noviciat. Ce postulant peut-être un laïc, un clerc ou un moine d’un autre ordre sollicitant son admission dans une nouvelle communauté. Ce nouveau candidat est d’abord présenté à l’abbé qui décide ou non, de son entrée. Le novice est ensuite placé dans un bâtiment spécial, souvent séparé du reste de la communauté. Toutefois, aucun bâtiment spécifié à cet usage n’est mentionné dans nos sources. Puis, cet aspirant est placé sous l’autorité d’un profès, maître des novices chargé de leur éducation. Le candidat est soumis à plusieurs épreuves et à un règlement très rude. Il doit apprendre, par cœur, la règle de saint Benoît qui régit toute communauté cistercienne. Le noviciat s’étend sur une année au minimum. Cependant, sa durée peut varier selon l’appréciation de l’abbé et un novice ne peut prononcer ses vœux définitifs avant ses vingt ans.407 Lors de la présentation de la communauté de l’abbaye en 1616, on note la présence du prêtre Jean Grand, également maître des novices. Il a, sous son autorité, deux novices qui ont débuté leur noviciat dès le Jeudi Saint « derrier passé ».408

406 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 132, «Vivons en frères », p 248. 407 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 74. 408 Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.

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En 1632, le greffier indique, entre autres, les quantités de nourriture auxquelles ont droits les religieux. Une distinction est alors faite entre les novices qui n’ont qu’un chaveaux de vin tandis que les autres moines ont droit à deux pintes de vin.409 Lorsque le novice entre en l’abbaye, il aspire à devenir profès.

• Les profès. Le profès est le religieux qui a fait profession, c’est-à-dire qui a prononcé ses vœux et qui s’est alors engagé définitivement et pleinement au sein de la communauté. L’ordre cistercien est fondamentalement constitué de ces moines profès. Contrairement au novice, le profès chante aux offices, il a une « voix au chapitre », il peut notamment élire l’abbé et, s’il le souhaite il peut être ordonné prêtre.410 La visite de 1584, débute par la présentation de la communauté religieuse et précise le statut et la fonction de chacun.411 En 1616, le greffier précise même depuis combien de temps les profès ont prononcé leurs vœux. Ainsi, on trouve « , frere Claude Loye religieux profes dez dix mois en ça et frere Valentin Barbier, aussi religieux profes de le mesme temps »412 Ils semblent être les seuls profès « simples », six autres profès sont prêtres.413 On reconnaît ces religieux profès à leur tenue. Ils portent une robe blanche, serrée à la taille par une large ceinture, d’où l’appellation de « moines blancs » donnée aux Cisterciens. Par-dessus ils mettent la coule, grande robe sans manche, non cousue sur les côtés et comportant un capuchon. Quelque peu à par des novices et des profès, la dernière catégorie de religieux.

• Les convers.

Les convers sont chargés des travaux manuels. Ils suppléent les moines qui doivent revenir toutes les trois heures à l’église pour les offices. Ceci n’est plus possible lorsque les terres à cultiver sont trop éloignées de l’abbaye. C’est pourquoi, Etienne de Harding instaure cette nouvelle catégorie de religieux en s’inspirant des Chartreux et des Prémontrés qui ont recours à ces clercs depuis le XIIe siècle. Les convers sont des laïcs célibataires vivant à l’intérieur de l’enceinte abbatiale mais à l’écart des religieux, dans des bâtiments conventuels, non mentionnés dans les sources. Après une année de noviciat, les frères convers prononcent uniquement le vœu d’obéissance et se remettent entre les mains de l’abbé. Ils ne se mélangent pas aux moines. Ils se doivent d’assister aux offices du matin et aux vêpres, sans pour

409 Cf procès-verbal de 1632, f° 22v, p LXVIII. 410 Lemaître (Nicole), Dictionnaire culturel du christianisme, p 243. Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 75. 411 Cf procès-verbal de 1584, f° 1r, p III. 412 Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII. 413 Cf procès-verbal de 1616, f° 16r, p XXXIX.

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autant y participer car l’entrée du chœur leur est interdite. Comme les novices, ils n’ont pas voix au chapitre. Très souvent ils portent la barbe et sont vêtus d’une robe gris-brun. Mais, ils ne portent pas la coule, sorte de grand capuchon, qui est le vêtement monacal par excellence. Les moines la revêtent quand ils se rendent aux offices. Lorsque l’ordre instaure les granges,414 ils y vivent en communauté et sont en charge des travaux des champs et de l’entretien de cette dernière. Une règle promulguée par le chapitre général désigne ainsi les convers au sein de l’ordre cistercien : « Nous prenons les convers comme nos proches et nos aides, de la même façon que nous accueillons les moines. Pour nous ce sont des frères et ils participent à nos biens, tant spirituels que matériels, au même titre que les moines. Mais, la profession faite, le convers ne deviendra jamais moine même s’il insiste. Il restera dans la vocation à laquelle il a été appelé »415

Les convers subviennent ainsi aux besoins matériels tandis que les autres religieux assurent la vie spirituelle de l’abbaye. Nombre de moines occupent des charges particulières permettant une bonne gestion de la communauté. 2. … dont « L’oisiveté est ennemie de l’âme ».

Cette citation provient de la règle de saint Benoît et insiste sur l’importance des activités au sein de l’abbaye. Le travail, la méditation ou encore la prière doivent tourner l’âme et l’esprit vers la contemplation du Christ. Dans le loisir et l’inaction, il y a les tentations de tous les plaisirs auxquels ont renoncé les religieux en se retirant du monde. La gestion de la communauté repose donc sur l’abbé mais, également, sur les fonctions et le travail d’autres religieux.

• Le prieur. Après l’abbé, il est le personnage le plus important de l’abbaye. Il est le second de l’abbé et le remplace lorsque qu’il est absent. Il a donc les compétences nécessaires en tous les domaines. Mais, il a pour charge principale la surveillance de la vie quotidienne au sein de la communauté religieuse. En 1584, le prieur est Pierre Pariser, il est le premier à être mentionné.416 La visite de 1616 nomme d’abord le prieur de « Montailer de Rosieres au priorez».417 Doit-on comprendre qu’il s’agit du prieur du prieuré de Rosières ? Puis, on présente le sacristain comme étant également « soubprieur » ; il remplace le prieur durant ses absences.418

414 Le troisième temps de notre étude développe cette caractéristique cistercienne. 415 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 78. 416 Cf procès-verbal de 1584, f° 1r, p III. 417 Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.

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Mais, l’inventaire terminé, il est soumis à « dom Jean Anteme, prebstre, bachelier en saincte Theologie et prieur en ladicte abbaye de Bellevaux ».419 Il est donc désigné comme le prieur de Bellevaux, cependant il n’est pas cité lors de la présentation des religieux. Il est aussi question du prieur de Montarlot qui est présent, mais il ne fait pas partie de la communauté.420 Lors de la visite de 1632, on note aussi la présence du prieur de La Charité, en plus de celui de l’abbaye et d’un sous-prieur.421 Régulièrement, au cours de la rédaction du procès-verbal, le prieur et les autres administrateurs de l’abbaye apposent leur signature en guise d’approbation.422 Durant cette même visite, on inventorie les meubles étant en la chambre de dom Claude Louis. Il semblait être prieur en l’abbaye de Bellevaux et il l’est désormais en celle de La Charité.423 Après le prieur, le cellérier occupe aussi une place importante.

• Le cellérier.

S’il n’est pas le second de l’abbé, il est cependant en relation étroite avec ce dernier. Le cellérier est chargé de la gestion des domaines et de la distribution des tâches au sein de ces derniers, mais aussi de l’organisation de tous les travaux nécessaires à l’abbaye et à ses dépendances. Seul le cellérier présent lors de la visite 1616, est porté à notre connaissance. Il s’agit du frère Antoine Bourgerie chargé par l’abbé, absent, de recevoir les hôtes se présentant à l’abbaye.424 Plus loin, il est précisé que frère Antoine Bourgerie est avant tout profès.425 Une autre charge, à laquelle il est plusieurs fois fait référence dans les sources, celle de sacriste ou sacristain.

• Le sacristain. Le sacristain est, comme son nom l’indique, responsable de la sacristie, de l’église et de leur entretien. Il est aussi le maître d’œuvre du culte et de la liturgie, il doit préparer et prendre soin des vêtements et des objets nécessaires aux offices. Il est également chargé de sonner les cloches pour le réveil des religieux et pour les offices.

418 Cf procès-verbal de 1616, f° 10v, p XXXII. 419 Cf procès-verbal de 1616, f° 12v, XXXIV. 420 Cf procès-verbal de 1616, f° 10v, p XXXII. 421 Cf procès-verbal de 1632, f° 1r, p XLI. 422 Cf procès-verbal de 1632, f° 1v, p XLII. 423 Cf procès-verbal de 1632, f° 6v, p XLVIII et XLIX. 424 Cf procès-verbal de 1616, f° 6v, p XXVII. 425 Cf procès-verbal de 1616, f° 10r, p XXXII.

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Lors de la visite de 1616, des ornements restaurés sont confiés au sacristain.426 Ceci illustre bien l’un des aspects de son rôle au sein de l’abbaye. Le procès-verbal de 1632 fait également référence aux fonctions du sacristain à qui sont remis ornements et reliquaires afin que ce dernier en face « bonne et sayne garde » et qu’il puisse assurer le service divin.427 Durant la visite de la sacristie, un coffre est inventorié. Il est scellé de deux serrures dont l’une des clés est détenue par le sacristain.428 Il apparaît alors comme le véritable gardien des trésors de l’abbaye. Cependant, la vie d’une communauté religieuse ne s’appuie pas uniquement sur ces trois fonctions de prieur, de cellérier et de sacristain. Beaucoup d’autres moines oeuvrent afin de satisfaire les besoins de chacun.

• D’autres fonctions. L’abbaye doit subvenir elle-même à tous ses besoins. La vie, en autarcie, de cette petite société fait appel à de nombreuses compétences assurées par chacun des religieux. Ainsi, au sein de la communauté se trouve un cuisinier, un linger, un infirmier, un boulanger ou encore un portier. Plus le nombre des religieux est important, mieux ses diverses fonctions sont assurées. Aucune de ces tâches n’est mentionnée dans les sources. Toutefois, durant la visite de 1632, on fait appel à un serrurier résidant en la porterie.429 Occupe-t-il également le poste de portier ? Il est probable que, lorsqu’il y a peu de religieux en l’abbaye, ces derniers doivent assurer plusieurs fonctions. Enfin, faisant autorité en l’abbaye : l’abbé.

• L’abbé.

L’abbé est un religieux élu à vie, à la tête de l’abbaye. L’usage veut qu’il soit élu par les moines profès, sous la présidence de l’abbé de l’abbaye mère, en l’occurrence Morimond, et avec la participation des abbés des maisons filles.430 La bulle du pape Alexandre VI nomme et approuve l’élection de l’abbé Antoine et le défait de toute excommunication ou autres sentences. Antoine n’est pas un religieux de Bellevaux, avant d’y être nommé, il est abbé de Vaux-la-Douce, dans le diocèse de Langres.431 Il ne semble donc pas nécessaire que le dirigeant de l’abbaye soit un des religieux, cela peut-être un clerc, extérieur à cette dernière.

426 Cf procès-verbal de 1616, f° 3r, p XXI. 427 Cf procès-verbal de 1632, f° 4r, p XLIV. 428 Cf procès-verbal de 1632, f° 10v, p LIV. 429 Cf procès-verbal de 1632, f° 11r, p LIX. 430 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 78. 431 ADHS, H 44, 1493, p LXXVIII.

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Lorsqu’il est élu, l’abbé devient le chef de toute l’abbaye. Il est aussi, et avant tout, le père et le maître spirituel des moines et des frères. De ce fait, il doit scrupuleusement veiller au respect de la règle et des obligations engendrées par la vie monastique. Il doit également faire appliquer les décisions promulguées par le chapitre, et, si besoin punir. Et, en tant que dirigeant d’une communauté, il en assure la gestion. Cependant, l’introduction de la commende, dès 1455, à Bellevaux, place à la tête de l’abbaye, non plus des religieux élus mais des laïcs désignés par les seigneurs.432 Dans sa bulle de 1139, Innocent II accorde à l’abbé les pleins pouvoirs et pleine juridiction, c’est-à-dire pleine autorité,433 sur les religieux. La bulle d’Innocent III, en 1198, précise que l’autorisation de l’abbé est nécessaire à tous les religieux souhaitant sortir de l’enceinte de l’abbaye.434 L’abbé représente donc l’abbaye et l’autorité en cette dernière. Le bon fonctionnement d’une abbaye repose sur une communauté hiérarchisée, cohérente et organisée. Le rôle de chacun est fondamental afin de subvenir aux besoins de tous. Cependant, l’accomplissement de ces tâches ne constitue pas le premier devoir des religieux qu’est la prière.

B. Des vies de prières. La prière est au cœur de la vie cistercienne. Les moines se retirent du monde afin de se soustraire à toutes tentations et à quelconques formes de déviance dans leur contemplation du Christ. Car tel est le motif de leur vie de cénobite. Ils souhaitent se consacrer, à travers la prière, à la vénération de Dieu La vie des religieux est donc rythmée par ces temps de prière. Prières également très sollicitées par les seigneurs qui s’impliquent de plus en plus dans la vie de l’abbaye. 1. Chaque jour et toujours, priez et méditez. La journée des religieux est ponctuée par la célébration des offices des Heures, précédemment détaillés lors de l’étude des livres liturgiques présents en l’abbaye.435 Depuis le premier office de la journée, Matines, les moines psalmodient jusqu’à la célébration des Laudes qui est suivie d’un temps de méditation. Ensuite, ils se rendent à la salle capitulaire où se tient le chapitre, évoqué lors de l’étude des bâtiments de l’abbaye. Puis, ils débutent leurs travaux manuels et leurs occupations respectives en les interrompant pour se rendre aux offices.436 La journée des religieux est ordonnée par la célébration de la liturgie.

432 Des détails relatifs à la commende sont donnés dans l’étude du logis abbatial, p 26. 433 ADHS, H 43, 1139, p LXXVII. 434 ADHS, H 43, 1198, p LXXVII. 435 Cf « des livres », p 87. 436 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 76.

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Le travail est considéré comme une ascèse permettant de s’approcher du royaume de Dieu. Toute tâche n’est donc pas une interruption dans le devoir et la volonté première des religieux qui est d’atteindre les Cieux. Lors des dimanches et des jours de fêtes, les matinées sont davantage consacrées à la méditation de leçons avant une grande messe solennelle. L’ordre cistercien insiste beaucoup sur la célébration des divers offices rythmant la journée. Les religieux prient alors de façon collective et orale en récitant et chantant. En dehors des offices, les moines se doivent de méditer la liturgie, les leçons qui leur sont inculquées ou encore diverses lectures mis à leur disposition. C’est la lectio divina. La méditation permet de mieux comprendre les préceptes laissés par le Christ et, est aussi un moyen d’élever son âme vers Lui. Prière et méditation nécessitent le silence qui est une des conditions de la vie cistercienne. Le silence permet de se recueillir, d’écouter et d’intérioriser la Parole. Il est aussi une forme de pénitence c’est pourquoi les moines communiquent par signes. Ils se doivent, le plus possible, au silence. Selon Marcel Pacaut, le silence est également un moyen, pour les religieux de « s’isoler de l’autre et des autres, tout en étant soudé par la charité à la communauté et à l’abbé par lesquels on peut aider et aimer l’autre, sans prendre en considération immédiate son existence et ses problèmes »437 Le silence permet donc de dépasser la vie matérielle et soi-même pour ne vivre que dans l’amour de Dieu et des autres. Cette sérénité n’est interrompue que par les lectures et les chants. Il y a plusieurs sortes de chants : les chants de louanges, de joie, de repentir ou encore d’action de grâce. N’omettons pas également les psaumes chantés, dans leur ensemble, chaque semaine lors des offices. Ces poèmes pouvant être récités ou chantés sont particulièrement appréciés des Cisterciens qui psalmodient beaucoup comme le recommande saint Bernard. Les Cisterciens sont donc connus pour leurs nombreuses prières. C’est pourquoi, ils sont sollicités par les laïcs afin qu’ils intercèdent en leur faveur auprès de Dieu. 2. « Priez pour nous pauvres pêcheurs ». De diverses manières, les seigneurs se recommandent aux prières des moines de Bellevaux. Ces prières sont un moyen, pour eux, d’espérer le salut et celui de leur descendance. Ainsi, nombre de laïcs sollicitent les prières des religieux en échange de leur générosité envers l’abbaye. Cependant, il faut différencier ce type de dons des donations primitives faites à l’abbaye lors de son établissement et pour son épanouissement.

437 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 71 et 72.

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A partir des XIVe et XVe siècles, les dons ne sont plus de simples actes de générosité. Les seigneurs précisent leurs intentions et souhaitent, en retour de leurs offrandes, des prières. Ces vœux auprès des moines sont, toutefois, rarement et implicitement formulés dans les quelques traces restantes de ces dons. Les legs par testament ou avant un long voyage sont effectivement des demandes de prières. Ces seigneurs souhaitent que, par ces dernières, les moines recommandent leur âme ou leur protection à Dieu. C’est le cas, par exemple, en 1405, où, dans son testament, Jean de Ville, seigneur de La Roche-sur-l’Ognon, lègue à l’abbaye « tout ce qu’il possède dans les dîmes de Vandelans et de Rigney ».438 Ainsi, c’est à chacun de comprendre dans le don de tel ou tel laïc, une sollicitation ou non des prières des moines. Toutefois, les laïcs ne sont pas les seuls à se mettre sous la protection des prières cisterciennes. Le chanoine bisontin, Thibaut de Rougemont, lègue, dans son testament tout ce qui lui appartient à Uzelle.439 Sa sollicitation n’est certes pas explicite, mais elle en est bien l’objet. Jean de Sémoutier, seigneur de Sorans, demande plus que des prières. Il exprime sa volonté d’être inhumé en l’église de Bellevaux, plus précisément en la chapelle de la Vierge. Puis, il « fonde trois messes de requiem » en la même église afin que l’on honore son âme et sa famille.440 Cependant, en 1220, un acte du chapitre général insiste sur le fait que seules les personnes ayant vécu à l’abbaye ou à son service direct peuvent être inhumées en l’église d’icelle. Toutefois, ce même acte autorise les messes privées, à l’exemple de celles demandées par Jean de Sémoutier, car elles ont « justement pour fin d’implorer Dieu pour une intention particulière ».441 Autant de dons, afin d’obtenir la promesse de quelques prières salutaires. L’importance de la prière au sein de la vie des Cisterciens fait d’eux des intercesseurs entre Dieu et les hommes. C’est la raison des nombreuses sollicitations dont ils font l’objet.

Les visites de 1584, 1616 et 1632 portent aux yeux de tous les richesses que renferme l’abbaye de Bellevaux. Ce sont les objets cultuels, tant ornements que vêtements, qui, de par leurs précieuses matières, constituent ces importants biens. Richesses qui contrastent d’ailleurs avec les prescriptions de simplicité et de pauvreté de l’ordre. Cependant, ces divers objets reflètent la vie spirituelle de l’abbaye. Ils témoignent d’une vie de prière au sein d’une communauté autonome et organisée.

438 ADHS, H 212, 1405, p XCV. 439 ADHS, H 205, 1333, p XCIV. Uzelle est un village du canton de Rougemont dans l’arrondissement de Besançon, dans le Doubs. 440 ADHS, H 47, 1460, p LXXX. 441 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 170.

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Cependant, cette dévotion à la prière fait aussi l’objet de nombreux dons. Souvent, ces donations viennent agrandir le domaine de l’abbaye. Une autre vaste ressource de richesses.

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Partie III.

« Le Seigneur, ce qu’Il désire, Il le fait, au ciel et sur la terre »442

L’ordre cistercien est, par excellence, un ordre rural. Les moines blancs sont de grands cultivateurs, ils savent mettre en valeur chaque espace, prairie ou forêt. Ainsi, l’abbaye assure son autonomie par l’exploitation d’un vaste domaine en majeure partie constitué de diverses donations. L’étude de ce patrimoine permet l’approche de l’une des spécificités de l’ordre: les granges. L’abbaye rentabilise au mieux ses terres. Elles sont d’abord exploitées afin de subvenir aux besoins des religieux. Puis, l’abondance des dons, pas seulement fonciers, assure progressivement un revenu à l’abbaye.

I. « Tu as distribué à profusion Tes cadeaux »443

Notre-Dame de Bellevaux est donc détentrice de nombreuses terres. Les procès-verbaux de 1584 et de 1632 fournissent une liste exhaustive des diverses possessions et sources de revenus de l’abbaye. Autant de biens attirent des convoitises. C’est pourquoi, l’abbaye les défend jalousement. Ces possessions sont d’abord le résultat de nombreux dons. Puis, elles permettent au monastère de faire de nouvelles acquisitions, des achats.

A. Des titres : pour un inventaire du domaine et de ses revenus.

Lors des visites de 1584 et de 1616, il est fait l’inventaire de nombreux papiers, précieusement conservés dans des coffres en la sacristie. Ils sont tous répertoriés sous la mention de « titres » accompagnée de plusieurs nom de villages. Il s’agit de documents attestant de la propriété de l’abbaye en tel ou tel lieu. Ces titres apportent donc d’importants renseignements concernant le domaine de Notre Dame de Bellevaux.

442 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 134, « Alleluia ! », p 249. 443 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 39, « Ton désir me fera vivre », p 82.

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1. Exploitation et revenus des terres. Nombre de titres répertoriés dans les sources font référence à des terres appartenant à l’abbaye. Ces nombreuses propriétés permettent à l’abbaye de vivre en autonomie et lui assurent des revenus. Ces titres, et autres documents, sont plus particulièrement inventoriés dans les procès-verbaux de 1584 et de 1632.444 Ces diverses archives sont précieusement conservées en des coffres, eux-même enfermés en la sacristie. Puis, les titres sont rangés dans des sacs. Toutefois, aucun élément ne permet de préciser le motif rassemblant tel ou tel titre dans un même sac. Et, afin que cet inventaire soit rendu aisé dans sa compréhension et dans son utilisation, le greffier insère entre chaque paragraphe, décrivant le contenu de chacun des sacs, une lettre seule ou doublée,445 un chiffre ou un nombre446 ou encore des syllabes ou des mots.447 Ainsi, en 1584, le greffier sait qu’à la double lettre G.G correspond un sac contenant des titres concernant le village de Filain. Ce système permet de coter les archives de l’abbaye. Ces papiers mentionnent donc tous les endroits où se situent les possessions de Notre Dame de Bellevaux. Ces propriétés sont reconnues comme appartenant bien à l’abbaye par les habitants des lieux. Ces actes sont alors mentionnés comme suit : « Reconnaissances faites à l’abbaye par divers habitants de Marloz, de maisons, jardins, terres et chènevières448 sis audit Marloz ».449 Ces attestations, telles des assurances, sont autant de marques des bonnes relations des habitants avec l’abbaye, ce qui n’est pas toujours le cas.450 Quelques fois, ces reconnaissances sont classées avec les titres les concernant.451 Nombre de documents répertoriés dans l’inventaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône, affirment les possessions de l’abbaye notifiées lors des visites de 1584 et de 1632. Toutefois, rien ne permet de préciser s’il s’agit bien de ces papiers dont il est fait référence dans les procès-verbaux. Par exemple, en 1584, le greffier inventorie des titres de propriété au lieu de Villerpater.452 Puis, les archives ecclésiastiques de Haute-Saône mentionnent, en 1327, une donation de Gérard de Villerpater, de tous ses biens sis audit lieu.453 S’agit-il, entre autres, de ce lègue dont il est question en 1584 ? Le manque de détails émanant des inventaires, et concernant ces documents, ne permet pas d’apporter plus de précisions.

444 Cf procès-verbal de 1584, f° 11v à 16v, p XIII à XVIII. Cf procès-verbal de 1632, f° 11r à 16v, p LIV à LXI. 445 Cf procès-verbal de 1584, f° 13r, p XIV. 446 Cf procès-verbal de 1632, f° 11v, p LV. 447 Cf procès-verbal de 1584, f° 15r à 16v, p XVI à XVII. 448 Une chènevière est un champ dans lequel le chanvre est cultivé. 449 ADHS, H 166, 1557-1758, p LXXXVIII. 450 Les difficultés rencontrées par l’abbaye lors de ses acquisitions ou de son exploitation de certaines terres, sont étudiées ci-après. 451 Cf tableau de recensement des titres en annexes 7, p CIV à CVII. 452 Cf procès-verbal de 1584, f° 14v, p XVI. 453 ADHS, H 215, 1327, p XCIV.

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Dans un premier temps, les religieux sollicitent des terres proches de l’abbaye. C’est pourquoi, les chevaliers de Chambornay et de Cirey dotent les moines d’un domaine foncier situé aux abords du monastère. Ils peuvent alors l’exploiter par eux-même. Bellevaux respecte ainsi l’idéal primitif visant à rassembler les terres autour de l’abbaye afin que seuls les religieux ou quelques salariés, les exploitent.454 Cette particularité est une des plus marquantes du régime économique cistercien, il s’agit du faire valoir direct. Il arrive parfois que les seigneurs soient quelque peu hypocrites dans leurs donations et cèdent à l’abbaye leurs terres les moins fertiles. Mais, très souvent, « le labeur patient » des religieux valorise ces terres. C’est pourquoi, il arrive que ces seigneurs regrettent leurs dons, et se retournent alors vers l’abbaye afin d’obtenir une compensation. Ce mode d’exploitation reste possible tant qu’il y a assez de moines à l’abbaye et que les terres sont proches du monastère. Lorsque ce n’est pas le cas, l’abbé place ses terres en amodiation ou en faire valoir indirect. Cet aspect de la gestion du domaine est traité dans un second temps de notre étude. Cependant, la renommée de Notre-Dame de Bellevaux lui apporte de nombreux dons. L’exploitation de ces terres entraîne la croissance économique de l’abbaye qui peut ainsi revendre une partie de sa production. En comparant la liste des titres mentionnés lors des procès-verbaux de 1584 et de 1632,455 on recense environ 97 noms de lieu en 1584, et 85 en 1632.456 Cette différence peut s’expliquer soit par la perte de titres, soit par la vente de certaines terres. Cependant, le XVIe siècle est une époque relativement calme pour l’abbaye, elle lui permet de redresser sa situation financière. Mais, les religieux y sont peu nombreux et par conséquent les exploitations sont peu actives. On peut donc penser que l’abbé a souhaité vendre quelques biens afin d’améliorer, dans un premier temps, la condition de l’abbaye. Les ressources et les revenus de l’abbaye varient donc en fonction du gestionnaire de ces derniers, c’est-à-dire l’abbé. Ces diverses sources de revenus et les possessions de l’abbaye sont localisés sur la carte présentée ci-après. Ne sont mentionnés que les noms répertoriés dans les procès-verbaux de 1584 et de 1632. Afin de compléter la lecture de cette carte, on peut se reporter aux répertoires des titres de l’abbaye en annexe 7.

Toutefois, l’abbaye ne perçoit pas uniquement des revenus fonciers, elle est également détentrice d’autres types de ressources.

454 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 254. 455 Cf tableaux de recensement des titres de propriété mentionnés lors des visites de 1584 et de 1632, en annexe 7 à la page CIV à CVII. 456 Ces chiffres sont approximatifs car le nom d’un même lieu à parfois plusieurs orthographes ou une phonétique différente. Il est donc possible qu’un nom soit compté deux fois.

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Localisation des titres de propriété le l’abbaye, mentionnés dans lesprocès-verbaux de 1584 et de 1632.

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2. D’autres revenus. Accompagnant parfois les titres, des redevances ou des dîmes témoignent que les religieux de Bellevaux ne vivent pas uniquement du travail de la terre.457

• Les dîmes.

La dîme est une redevance versée à l’Eglise et qui porte sur un dixième des récoltes de chaque village. En réalité, le montant de la dîme perçue est souvent en dessous de celui exigé. De plus, cette charge est régulièrement usurpée par les seigneurs laïcs ou ecclésiastiques. Très tôt en certaines abbayes, puis plus couramment en d’autres à partir de 1140 et, enfin régulièrement dès les années 1160, les abbayes perçoivent dîmes, rentes et autres revenus seigneuriaux. Ressources qui ne proviennent pas de leur propre labeur et qui sont, par conséquent, à l’encontre des prescriptions cisterciennes.458 C’est pourquoi, en 1202, un acte du chapitre général interdit la perception des dîmes.459 Notre Dame de Bellevaux possède plusieurs dîmes. Elles résultent460 parfois de dons, tel l’extrait du testament de Jean de Ville, seigneur de Roche-sur-l’Ognon, par lequel il cède tout ce qu’il possède dans les dîmes de Vandelans et de Rigney. D’autres fois, les donateurs ne cèdent pas la totalité de la dîme à l’abbaye. C’est le cas de Guillaume, curé de Marchaux, qui cède à Bellevaux, dans son testament, la moitié des dîmes de Chaudefontaine.461 Ou encore en 1266, où Guillaume de Cuse fait seulement don de la neuvième partie des dîmes.462 Les dîmes ne consistent pas uniquement en somme d’argent, elles peuvent aussi être des quantités de céréales comme en 1322, où les dîmes de Rougemont sont composées de froment et d’avoine.463 En 1617, il est précisé en quoi consistent les dîmes dues à l’abbaye par les villages de Valleroy et de Magny. Ainsi, les habitants de Valleroy paient une dîme annuelle de quinze quartes de seigle, quinze quartes d’orge, 190 quartes, moitié froment et avoine, deux voitures de regain, trois livres de cire.464 Il arrive parfois que la dîme ne soit pas un don mais un échange. L’abbé de Baume, Hugues, cède à Bellevaux, la dîme de ses possessions à Cirey contre un cens annuel, consistant en un bichot de pois.465 Outre des dîmes, l’abbaye perçoit également d’autres nombreux droits.

457 Cf tableau de recensement des titres en annexes, page CIV à CVII. 458 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 254. 459 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 170. 460 ADHS, H 212, 1405, p XCIV. 461 ADHS, H 137, 1311, p LXXXIII. 462 ADHS, H 148, 1266, p LXXXV. 463 ADHS, H 148, 1322, p LXXXV. 464 ADHS, H 54, 1617, p LXXXI. 465 ADHS, H 139, vers 1143-44, p LXXXIII. Le bichot, ou bichet est une mesure de grain.

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• Le droit de terrier.

Il consiste en une main-mise de l’abbaye sur plusieurs villages, notamment ceux de Cirey, de Neuve-Grange, de Magny et de Valleroy.466 Les nombreux privilèges que confère ce droit en fait de lui un droit seigneurial. La possession de ce dernier donne à l’abbaye, non plus une image de modestie et de pauvreté, mais celle d’un seigneur et suzerain. En effet, ce droit consiste en l’application, par l’abbé, de la haute, moyenne et basse justice sur les habitants de ces villages. La haute justice permet de juger les crimes de sang et les délits tels les incendies volontaires, le viol ou la trahison. Elle peut décider de la peine de mort ou d’une amende égale ou supérieure à 60 sous. La basse justice ne peut qu’imposer des amendes inférieures. Ce n’est qu’a la fin du Moyen-Age que la moyenne justice apparaît, elle permet de désengorger la basse justice. Cette justice ne s’exerce qu’à l’échelon local, et détenir la haute justice est une marque de prestige. L’abbaye exerce également sur les villageois un droit de mainmorte et y perçoit une taille et une dîme. La mainmorte est aussi une taxe, payée au seigneur, permettant au paysan d’hériter de ses biens. En 1287, le cellérier de Bellevaux prétend à la mainmorte sur les hommes et les sujets de l’abbaye de Fontenois.467 Tout comme des vassaux, les villageois doivent aussi des jours de corvées à l’abbaye, notamment trois corvées de fenaison par an. Ils doivent effectuer les vendanges de l’abbaye avant les leurs et ils ne peuvent vendre du vin sans l’autorisation de l’abbé. Tous ces droits s’appliquent aussi sur les villages de Neuve-Grange, de Magny, de Valleroy et de Thurey.468 Bellevaux est également détentrice de droits sur les serfs d’Authoison, don de Pierre et Gérard de Saulx.469 Les serfs sont dès lors sous la dépendance de l’abbaye, ils lui doivent corvées, obligations et redevances. Autant de contraintes imposées aux villageois qui confère à l’abbaye le visage d’un seigneur et non plus celui d’une abbaye cistercienne. Parmi ces nombreuses rétributions figure la taille, payée par d’autres villages pas pour autant vassaux de l’abbaye.

• Les tailles. La taille est généralement prélevée par le seigneur en vertu de son droit de ban sur les ressources de ses vassaux. Par le droit de ban, il s’arroge l’autorité sur ses hommes, il peut les contraindre et les punir.

466 ADHS, H 52, 1557, p LXXX. 467 ADHS, H 156, 1287, p LXXXVI. 468 ADHS, H 197, 1486, p XCII. 469 ADHS, H 90, 1175, p LXXXII.

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L’abbaye de Bellevaux perçoit ainsi des tailles en les seigneuries de Bouhans, Villers-Pater, Roche-sur-Linotte, Fontenoy, Trevey, Senans, Ollans, Maussans, Verchamp, Rougemontot, Flaigey, Aubertans, Germondans, Dampierre.470 Elle a les même droits sur les village de Cirey471 et à Thurey et Chaudefontaine.472 Le prélèvement de cette charge octroie donc à l’abbaye une forte autorité sur les habitants de ces villages. Toutefois, la perception de rentes seigneuriales par l’abbaye peut s’expliquer par le fait que depuis 1551, Bellevaux est sous le régime de la commende. Les abbés commendataires voient dans la direction d’une abbaye, avant tout une source de revenus. De 1607 à 1620, Philippe Boitouset dirige Bellevaux.473 Il y rentre en tant qu’abbé commendataire puis devient religieux et gouverne en tant qu’abbé régulier. Mais, la plus grande partie de ces tailles est perçue par l’abbaye avant 1607. Les comptes généraux de l’abbaye, dressés en 1611, permettent de mieux discerner la nature des divers revenus perçus Notre Dame de Bellevaux.474 Ces revenus consistent en : - le produit des tailles dans les villages de la seigneurie de Bellevaux,

- le produit des cens en argent et en grain, dans les mêmes villages, - le produit des cens en cire, c’est-à-dire des cens payer en une certaine

quantité de cire, - les cens en poules, tuiles, chaux, bois, foin, paille, - le patronage475 des cures de Quenoche, Cirey, Roche, Rigney,

Champbornay et Marchaux, - les revenus provenant des domaines de l’abbaye, - le droit de lods et de ventes476 de cette dernière, - le produit des moulins, pêche des rivières, - le produit des corvées de bras, c’est-à-dire du travail effectué par les

serfs et autres personnes sous sa dépendance, - le produit des justices qu’elle exerce, - le produit de la pêche des étangs et des baux payés en herbe.

Notre-Dame de Bellevaux bénéficie également d’autres sources de revenu qui sont détaillées dans la suite de notre étude. Toutefois, il arrive parfois que ces terres ou ces biens soient objets de litiges. L’abbaye les défend alors soigneusement car elles sont la source fondamentale de sa richesse.

470 ADHS, H 53, 1567-72, p LXXXI. 471 ADHS, H 54, 1600-04, p LXXXI. 472 ADHS, H 54, 1610, p LXXXI. 473 Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., fin du manuscrit, sans pagination. 474 ADHS, H 56, 1611, p LXXX. 475 Parce qu’un seigneur est propriétaire du terrain où est édifié une église et qu’il la dote, il s’arroge le droit de lui imposer un desservant. Il doit aussi veiller à l’entretien du bâtiment et de son patrimoine. De par ce droit, Bellevaux se comporte en seigneur. 476 Les lods et les ventes sont des droits perçus par le seigneur lorsqu’un paysan vend une tenure.

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3. Défense des acquis. Lors de l’inventaire des documents relatifs aux possessions de l’abbaye, il est quelque fois fait mention de pièces de procès. Litiges liés aux possessions de Bellevaux. Toutefois, en raison du manque de précisions il n’est pas possible d’indiquer les raisons et les aboutissements de chacun des procès mentionnés lors des visites de 1584 et de 1632. De plus, majoritairement, les laïcs se rétractent donnant ainsi raison à l’abbaye. Pourquoi intenter un procès contre l’abbaye de Bellevaux ? En raison de divergences sur les limites de certains terrains, le seigneur reprochant aux religieux d’empiéter sur les terres voisines. Ou encore parce que l’on n’est plus en accord avec les dons faits par un aïeul, donc la famille revendique cette donation. D’où l’importance pour l’abbaye, dès ses débuts de faire confirmer ses acquis. L’inventaire de 1632, mentionne un procès contre les héritiers du feu abbé Cusemenet. Rien ne permet de savoir qui ils sont exactement. Ils revendiquent sûrement les biens de leur aïeul.477 En 1576, les héritiers de Jacques de Gaudillon, de Trevey, s’opposent ou n’approuvent pas tous les legs de leur feu père.478 Il peut y avoir également procès car un paysan est venu prendre du bois, chasser ou cueillir des fruits dans les bois appartenant à l’abbaye. Il est ainsi fait mention, en 1632, d’un procès contre Noël Clément de Dornon479 « au faict de coupage de bois dans les grands bois de Bellevaux ».480 Cet acte nous renseigne également sur les possessions de l’abbaye au lieu de Dornon : Bellevaux y dispose d’un bois. La mise à ferme, c’est-à-dire la location par l’abbaye de plusieurs de ses biens481 semble aussi faire parfois l’objet de litiges. A plusieurs reprises, les archives ecclésiastiques de Haute Saône mentionnent des procès au sujet de plusieurs moulins mis à ferme. Ainsi, en 1601, Jacques Bassot d’Argirey, est en procès contre l’abbaye au sujet du moulin d’Authoison qu’il tient à ferme.482 Cependant, il n’est pas précisé quel est l’objet de ce litige. Ledit Bassot peut solliciter l’abbaye à propos de réparations nécessaires au moulin ou il peut contester la redevance annuelle qu’il doit à cette dernière. Il en est de même en 1585 au sujet du four banal de Germondans, et en 1630-32 au sujet du moulin de Gondenans.483 D’autre procès contestent certains droits exercés par l’abbaye. C’est le cas de 1499 à 1545, où Jean et Guillaume de Grammont, seigneur de Châtillon-Guiyotte

477 Cf procès-verbal de 1632, f° 15v, p LX. 478 ADHS, H 204, 1576, p XCIII. 479 Il s’agit certainement du village de Dournon au nord-ouest de l’abbaye. 480 Cf procès-verbal de 1632, f° 14v, p LVIII. 481 L’affermage comme l’amodiation sont l’objet de notre étude ci-après. 482 ADHS, H 95, 1601, p LXXXI. 483 ADHS, H 158, 1585, 1630-32, p LXXXVII.

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semblent contester les droits de justice de l’abbaye de Bellevaux en les territoires de Thurey, Money et Chaudefontaine.484 Voici donc les principales raisons des procès entraînant Bellevaux dans des actions en justice. L’abbé se doit de résoudre ces divers litiges et, avant tout, de préserver au mieux les biens et les intérêts de l’abbaye. Il est également à remarquer que ces pièces de procès apparaissent surtout à partir du XIIIe siècle. Ils interviennent alors que l’abbaye est déjà généreusement dotée. A-t-on alors moins de scrupules pour intenter des actions en justice contre l’abbaye ? Seul un procès opposant l’abbé de Bellevaux et l’abbesse de Baume-les-Dames au sujet de la seigneurie de Chaudefontaine, appartenant à ladite abbaye de Bellevaux, fait exception car il est daté de 1170.485 De part ces divers procès on remet donc en cause nombre de possessions de l’abbaye. Cependant, l’essentiel de ces biens provient de ceux qui les contestent : les laïcs.

B. Une accumulation de dons et d’achats. A plusieurs reprises, depuis le début de notre étude, il est question des nombreux legs dont l’abbaye est l’objet. Au travers de la présentation des fondateurs, les dons primitifs, assises de l’abbaye, sont abordés. Toutefois, les La Roche, les Montfaucon ou d’autres grands seigneurs, sollicitant les prières protectrices et salutaires des religieux, ne sont pas les seuls à exprimer leur générosité envers Notre Dame de Bellevaux. 1. La générosité des laïcs. Il est trop fastidieux et très difficile de vouloir énumérer ici toutes les personnes ayant contribué à l’élaboration du domaine foncier de l’abbaye de Bellevaux. Toutefois, il est intéressant de répertorier les différentes natures de ces dons : s’agit-il de vignes, de prés, d’une maison, de droits, d’une rente ou autre ?

Selon les capitula486 émis par le chapitre général, les moines doivent vivre « du travail de leurs mains, de la culture des terres et de l’élevage des troupeaux, ce pour quoi il est permis de posséder, pour un usage personnel, des étangs, des forêts, des vignes, des pâturages, des terrains écartés des habitations séculières et des animaux »487 Ces donations sont donc nécessaires à la survie des religieux et de l’abbaye. Toutefois, la pauvreté est l’idéal cistercien. Il faut alors veiller à ce que le nécessaire ne devienne pas du superflu afin de maintenir et d’entretenir la pauvreté. Les moines

484 ADHS, H 198, 1499-1545, p XCII. 485 ADHS, H 137, 1170, p LXXXII. 486 Les capitula sont règles émises par le chapitre général. Capitula signifie chapitre. 487 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 87.

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doivent travailler afin de subvenir à leurs besoins tout en gardant cette condition ascétique.488 Cependant, la notoriété acquise par la première abbaye cistercienne de la Comté lui confère l’attention de nombreuses personnes. Attention qui se manifeste à travers autant de dons, essentiellement fonciers. La majorité de ces dons consiste donc en des terres comme en témoigne les nombreux titres inventoriés en 1584 et en 1632. Néanmoins, la désignation de « terre » reste trop vague et, à la lecture des procès- verbaux et des extraits des archives ecclésiastiques de Haute-Saône, on découvre qu’elles sont plus précisément ces « terres ». Des prés. Ils sont nécessaires à l’élevage. En 1295, un acte de Jean de Montot laisse la libre jouissance des ses prés, sis à Guiseuil, à ladite abbaye.489 Dans ce cas les prés n’appartiennent pas à l’abbaye mais lui sont simplement confiés. Othon, duc de Méranie, cède à l’abbaye tous ses pâturages « compris dans sa terre de Montbozon ».490 A plusieurs reprises des reconnaissances ou des dons de maisons, terres, vignes et prés sont mentionnés.491 Des vignes et des bois. L’importance de la culture viticole et de l’exploitation forestière au sein de l’abbaye fait l’objet de la dernière partie de notre étude. A plusieurs reconnaissances de vignes appartenant à l’abbaye, il faut ajouter d’autres dons. Ainsi, en 1233, Hugues de Scey cède à Bellevaux tous ses droits sur deux vignes sises sur le territoire de Besançon.492 En transmettant ses droits Hugues de Scey ne fait pas pour autant don des vignes à l’abbaye. Cependant, elle possède un domaine viticole à Beure.493 Puis, à Chaudefontaine mais elle le cède plus tard.494 Il en est de même à Cirey.495 Indispensable à l’installation et à l’entretien de l’abbaye : le bois. Lors de la visite de 1632, l’état des lieux des bois proches de l’abbaye est dressé. Il est fréquent qu’ils soient pillés : des paysans s’y servent en bois pour la construction ou en fruits sans l’autorisation de l’abbaye. Guillaume de La Roche fait don, en 1244, à l’abbaye de toutes ses possessions en les bois de Bellevaux et du Magny.496

488 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 72. 489 ADHS, H 159, 1295, p LXXXVII. 490 ADHS, H 172, 1217, p LXXXIX. 491 H 171, non daté, p LXXXIX / H 177, non daté, p XC / H 180,non daté, p XC. 492 ADHS, H 104, 1233, p LXXXII. 493 ADHS, H 111, 1264, p LXXXII. 494 ADHS, respectivement H 138 et H 137, 1278 et 1419, p LXXXII. 495 ADHS, H 139, 1379, p LXXXIV. 496 ADHS, H 161, 1244, p LXXXVII.

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A ces terres nécessaires à l’abbaye pour ses cultures, s’ajoutent également des meix. Des meix. Un meix consiste en un territoire et les constructions qu’il comporte. L’abbaye peut alors les louer ou les exploiter. En 1244, l’abbaye est dotée par Eude Vandelans d’un meix sis au même lieu.497 Cinquante quatre années plus tard, en 1298, Béatrix, dame de Vandelans dote à nouveau l’abbaye d’un meix dit « Bataillard » près de Frotey.498 Parfois, l’abbaye cède un meix. C’est le cas en 1419 où l’abbé de Bellevaux concède à Girard Fournier de Chaudefontaine, un meix mais aussi des terres et des vignes situées au même lieu.499 Nombreuses sont aussi les reconnaissances de meix appartenant à l’abbaye. Notre Dame de Bellevaux est également détentrice de quelques maisons. Des maisons. En 1171, l’archevêque de Besançon, Evrard, confirme une donation faite à l’abbé de Bellevaux par Hugues, dit « Bysche », d’un terrain, à Besançon, dans la rue Battant afin d’y construire une maison.500 Bellevaux y élève donc une maison,501 acquiert également d’autres bâtisses proches. Il est fait référence à cette maison lors de la visite de 1632.502 Elle est un relais de l’abbaye en la ville et l’abbé y réside lorsqu’il a à faire à Besançon. L’abbaye reçoit également d’autres maisons à Moncey par exemple503 ou encore à Montigny-les-Arsures,504 et encore en d’autres lieux. A cela s’ajoutent toutes celles qu’elle possède déjà, évoquées au travers des reconnaissances. Ces maisons sont occupées par de petits groupes de convers et sont utilisées comme entrepôts, pour les biens produits par ces derniers, et relais pour les échanges commerciaux. Parmi ces maisons, est mentionné, à Morchamp, un immeuble. Il s’agit d’une importante maison de plusieurs étages, trois ou quatre maximum. Un autre type de ressources est offert à l’abbaye : des mines.

497 ADHS, H 212, 1244, p XCIV. 498 ADHS, H 157, 1298, p LXXXVI. 499 ADHS, H 137, 1419, p LXXXIII. 500 ADHS, H 104, 1171, p LXXXII. 501 Il s’agit aujourd’hui de l’hôpital de Bellevaux situé rue des quais de Strasbourg à Besançon. 502 Cf procès-verbal de 1632, f° 17v, p LXII. 503 ADHS, H 169, non daté, p LXXXIX. 504 ADHS, H 171, non daté, p LXXXIX.

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Des mines. En 1218, l’abbaye reçoit de Damathe de Thurey, veuve du chevalier Huon de Quenoche, un four situé à Chaudefontaine et une mine de fer sise à Quenoche.505 L’acquisition de ces ressources permet aux Cisterciens d’installer des forges et ainsi de fabriquer eux-même et plus aisément les outils nécessaires à la culture, la construction et l’artisanat. Les moines blancs convoitent beaucoup ces mines car ils y développent nombre de forges et déploient ainsi de nouvelles sources de subsistance et de revenus. Ainsi, au début de XVIe, l’abbaye possède d’importantes forges notamment à Cirey ou encore au moulin Martin. Toutefois, la métallurgie cistercienne décline à mesure que disparaît l’économie autarcique de chaque abbaye.506 A ces biens fonciers s’ajoutent des biens consommables, tel le sel. Du sel. C’est, au Moyen-Age, une denrée convoitée car elle sert surtout à la conservation des aliments. Le sel est donc nécessaire à la communauté religieuse afin de conserver au mieux les denrées périssables et, bien entendu d’assaisonner les plats. Ainsi, en 1195, l’abbaye reçoit d’Etienne, frère de Gérard,comte de Macon, deux « montées » de sel issues de sa saunerie de Lons-le-Saunier.507 En 1213, Reynaud, fils de Fromont de Balerme, s’engage à rendre à l’abbaye les 18 bichots de sel, don de son père, et qu’il a injustement confisqués.508 Enfin, le comte d’Auxerre, Jean de Chalon, accorde un laisser-passer à l’abbaye, en la saline de Salins, afin qu’elle puisse y prendre 8 buillons de sel.509 Prés, vignes, bois, meix, maisons, sel constituent donc les différentes natures des offrandes dont l’abbaye est bénéficiaire. Cependant, si dans les premières années ces donations sont de simples actes de charité, progressivement les intentions changent. En effet, à partir des XIVe et XVe siècles les généreux donateurs accompagnent leurs gestes d’intentions de prières ou encore demandent à être, en retour, inhumés à l’abbaye. Cependant, l’abondance de ces donations apporte nombre de richesses à l’abbaye et lui permet ainsi d’effectuer des achats.

2. Les achats de l’abbaye. Dès les années 1140, puis plus fréquemment à partir des années 1160, les abbayes cisterciennes achètent des terres et commercialisent une partie de leur production.510

505 ADHS, H 47, 1218, p LXXVIII. 506 ABCédaire…op. cit., p 84. 507 ADHS, H 161, 1195, p LXXXVIII. 508 Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., p 255 à 257. ADHS, H183. 509 Aubert (Anne-Marie), Histoire…op. cit., p 289. ADHS, H 183.

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Ces achats montrent la richesse de l’abbaye. La commercialisation de ses produits entretien cette richesse et montre une abbaye qui ne travaille pas uniquement pour sa subsistance, ne respectant donc pas l’idéal de pauvreté. Notre Dame de Bellevaux semble convoiter plus qu’elle ne possède, puisqu’elle effectue plusieurs achats en des domaines aussi variés que ceux étudiés précédemment. Parfois, il n’y a pas uniquement vente mais échange comme en témoigne une mention des archives ecclésiastiques de Haute-Saône.511 En 1303, l’abbaye se dote d’un meix situé à Germondans.512 Ou encore, en 1334, elle acquiert une vigne sise au lieu dit Changin à Arbois.513 Ces achats donnent le sentiment que l’abbaye n’est pas satisfaite des donations dont elle est l’objet. En1269, elle achète à Jean de La Roche, tout ce qu’il possède à Chaudefontaine.514 Elle semble alors se constituer la seigneurie dont il est déjà question en 1170.515 Il en est de même sur le territoire de Cirey où elle acquiert meix, prés, champs, vergers et autres possessions en 1275.516 Par ces achats l’abbaye agrandit sa propriété proche. Elle applique l’idéal primitif qui vise à rassembler les terres et autres biens situés à proximité de l’abbaye afin qu’ils soient exploités par les religieux. Elle achète donc maisons, terres, prés et vignes étant sur le territoire du Magny, tout proche.517 Elle fait de même au lieu de Neuve-Grange, également tout proche. .518 Lorsque l’abbaye achète des maisons à Cromary en 1418 et 1421519 souhaite-t-elle se constituer un plus grand capital foncier en ce lieu ? Ou peut-être désire-t-elle rassembler le plus possible de biens en un même endroit afin d’y optimiser son exploitation en cet endroit. Son attitude envers le territoire de Thurey, à une dizaine de kilomètres de l’abbaye, semble répondre à cette hypothèse puisqu’elle y acquiert maisons, terres, vignes et prés.520 De par cette « politique » elle se constitue de petits domaines, s’imposant ainsi en seigneur sur ces territoires. Elle peut alors soit les exploiter, soit les affermer. Condamné par l’ordre mais aussi par l’Eglise tout entière, Bellevaux pratique le prêt à intérêt. Il est exercé sous la forme de l’engagement. Les richesses de l’abbaye ne sont plus à démontrées, ses terres et les produits qu’elle en tire afin de les vendre, lui apportent un important capital financier.

510 Pacaut (Marcel), Les moins…op. cit., p 254. 511 ADHS, H 155, 1590-1785, p LXXXVII. 512 ADHS, H 155, 1590-1785, p LXXXVII. 513 ADHS, H 82, 1334, LXXXI. 514 ADHS, H 137, 1269, p LXXXIII. 515 ADHS, H 137, 1170, p LXXXII. 516 ADHS, H 140, 1275, p LXXXIV. 517 ADHS, H 162, non daté, p LXXXVIII. 518 ADHS, H 177, non daté, p XC. 519 ADHS, H 148, 1418, 1421, p LXXXV. 520 ADHS, H 195, non daté, p XCI.

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Conscients de cette fortune et pressé d’argent, ses voisins la sollicitent pour des emprunts. Ils remettent alors, à l’abbaye, en échange ou en gage une terre, un champ ou une vigne afin que cette dernière puisse en jouir jusqu’au remboursement de la somme due. Lorsque le débiteur ne peut s’acquitter de sa dette, ou meurt avant le remboursement, les terres reviennent à Bellevaux. D’une certaine manière l’abbaye à acheter ces biens. C’est une autre façon pour elle d’accroître son temporel foncier.

L’abbaye de Bellevaux, par les dons et ses achats, se constitue ainsi un vaste domaine dont elle tire plus de denrées qui ne sont nécessaires à sa subsistance. Les religieux deviennent alors des rentiers du sol. Toutefois, dans cette exploitation, les Cisterciens se distinguent par un type particulier de mise en valeur des terres : les granges.

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II. « Que Tes œuvres rayonnent, en nombre et en variété, Seigneur ! »521 Devant l’accumulation de tant de biens, l’abbaye doit s’organiser afin de gérer au mieux son vaste domaine. Selon Anne-Marie Aubert, il s’étend sur près de 115 localités dans toute La Comté.522 Notre Dame de Bellevaux doit donc, comme au sein de sa communauté, se montrer cohérente dans la gestion de son patrimoine. C’est pourquoi elle suit l’exemple des autres abbayes cisterciennes et met en place un modèle d’exploitation tout particulier à l’ordre : les granges. Bellevaux devient donc détentrice de plusieurs granges plus ou moins éloignées de l’abbaye. Elles représentent une spécificité de l’ordre tant dans leur administration que dans leur devenir.

A. Une exploitation particulière : les granges.

Spécificité de l’ordre cistercien, la grange résulte de la nécessité pour une abbaye d’organiser et de cultiver au mieux ses terres éloignées. Il s’agit ensuite d’organiser le travail au sein de ces centres d’exploitation. Ils s’organisent généralement dans un périmètre variable autour de l’abbaye dont ils dépendent. Comment se forment ces centres de culture, de quelle manière sont-ils exploités ? 1. Qu’est-ce qu’une grange ? Elles sont le fruit de dons et d’achats visant à regrouper, en un même lieu, des lots de terres destinés à l’élevage et la culture. C’est l’objectif de Bellevaux lorsqu’elle acquiert, sur un même territoire meix, vignes, prés et champs. Toutefois, les dates de ces acquisitions, par dons ou par achats, sont souvent postérieures à la date de fondation de la grange. L’abbaye décide-t-elle très tôt qu’elle établit une grange en un lieu, puis l’agrandit et l’enrichit plus tard ou ne fait-elle que remembrer des dons en sur un même territoire. Selon Marcel Pacaut, dans un premier temps, une abbaye cistercienne reçoit diverses dotations, « un peu au hasard » à partir desquelles elle organise une grange.523 Si c’est le cas, alors pourquoi Chaudefontaine, par exemple ne fait pas partie de ce type d’exploitation ? Dès 1170, elle est qualifiée de seigneurie, et ce territoire semble avoir été aussi bien, sinon mieux, que d’autres ensuite érigé en grange. En effet, il s’y trouve une mine,524 des meix,525 mais aussi four, moulin et étangs.526 Pour des raisons qui sont inconnues, Chaudefontaine ne figure pas parmi les granges de l’abbaye. Alors sur quels critères Bellevaux s’appuie-t-elle pour fonder ses centres d’exploitation ?

521 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 103, « Rendez-vous de la Création », p 193. 522 Aubert, Pietresson, La fondation…op. cit., p 144. 523 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 260. 524 ADHS, H 47, 1218, p LXXVIII. 525 ADHS, H 137, 1254, p LXXXII. 526 ADHS, H 137, 1263, p LXXXIII.

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Ce remembrement permet donc de mettre en place des cellules de production et d’administration. Elles sont généralement situées sur un territoire que l’on ne peut atteindre en moins d’une journée de marche. Ainsi, d’après Marcel Pacaut ces centres d’exploitation se fixent dans un rayon de 5 à 25 kilomètres autour de l’abbaye.527 En 1152, le chapitre général insiste sur cette notion d’éloignement qui semble importante, car l’obligation d’une distance minimum équivalente à plus d’un jour de marche n’est pas toujours observée. A Bellevaux, les granges de Cirey, Le Magny, et Valleroy ne respectent pas cette règle puisqu’elles sont, respectivement, à 1, 2 et, à nouveau, 2 kilomètres de l’abbaye. Distances qui peuvent être aisément effectuées, à pied, et en une journée. De même, les granges doivent avoir, entre elles, un éloignement d’au moins deux lieues, c’est-à-dire environ 8 kilomètres. Mesure nécessaire afin que l’une n’excède sur l’autre. Une grange se doit donc d’être une exploitation cohérente recouvrant, au minimum quelques dizaines d’hectares de terres cultivés et une ou plusieurs centaines d’hectares de prés, bois et étendues d’eau. Cependant, toutes les granges ne se ressemblent pas. Dans le cas de l’exploitation viticole, les cultures s’organisent sur un territoire plus restreint et la vigne y est uniquement cultivée. L’essentiel de ces cellules d’exploitation et d’administration se mettent en place entre la fondation de l’abbaye et les années 1170-1180. Ensuite, au XIIIe siècle, la création de grange se ralentit, au profit de l’agrandissement de celles en place, afin d’accroître leur productivité et de diversifier leurs activités économiques. Au sein de ces centres d’exploitation, vit une communauté de convers oeuvrant à afin de mettre au mieux les terres en valeur. 2. Au sein de ces exploitations, des convers. Eloignées de l’abbaye et destinées essentiellement à la culture, les granges ne peuvent donc pas recevoir des religieux. Les frères convers sont alors en charge des grands travaux ruraux. Car les moines et les profès se doivent de rester en l’abbaye, contraint par la célébration des offices liturgiques auxquels ils sont tenus d’assister. Etablis à l’initiative d’Etienne de Harding, les convers, vivant dans la clôture mais ne partageant pas la vie des religieux, doivent obéir à l’abbé. Ils ne sont pas forcés non plus de rester au sein de l’enclos. Les granges sont sous l’autorité du cellérier de l’abbaye, chargé de la gestion et de l’administration des domaines de l’abbaye. Anne-Marie Aubert fait référence à un « grangarius », moine, et non convers ayant en charge l’organisation des granges.528 Il est possible que ce soit un autre nom pour désigner le cellérier. Mais, il peut s’agir également d’un relais de ce dernier. Un moine peut se trouver à la tête de chaque grange afin de s’assurer de son bon fonctionnement.

527 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 257 528 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 8.

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On constate également souvent que le cellérier fait partie des profès illettrés, en l’occurrence ne connaissant pas le latin. Dès lors, le sacerdoce leur étant refusé, on leur confie tout particulièrement « la gestion matérielle de la communauté ».529 Le cellérier a donc sous son autorité plusieurs équipes de convers, chacune exploitant une grange. Les convers constituent le personnel de ces établissements, ils sont à la fois défricheurs, laboureurs, vignerons, bûcherons. Ils assurent toutes les tâches nécessaires à la mise en valeur des terres. Selon Bernadette Barrière, une grange dispose en moyenne, au cours du XIIe siècle, de cinq à quinze convers. Et, en fonction de son importance, une abbaye ordinaire peut en compter entre trente et cent vingt.530 Le terme de grange renvoie généralement à un vaste ensemble de terres cultivées. Toutefois, il s’agit avant tout d’un ensemble de bâtiments ceints d’un enclos, comme à l’abbaye. Une maison accueille les convers, des dépendances abritent bétail, outils et récoltes. Parfois, il y aussi une petite chapelle. Cependant, en 1180, une ordonnance du chapitre général défend d’y chanter l’office, et, en 1204, commande de détruire ces oratoires car il arrive que certaines granges soient perçues comme des monastères.531 L’accès à ces bâtiments est strictement interdit aux femmes. Car, si le convers n’est pas un moine il a tout de même prononcer des vœux dont celui de chasteté. Parmi, les convers il y a également des domestiques, des paysans laïcs aidant les convers pour certain gros travaux tels les moissons. Ils sont entretenus ou salariés et ils sont reconnus par les statuts de 1134.

De par l’institution des convers le labeur, nécessaire à l’autonomie et au faire-valoir des terres de l’abbaye, est plus aisé à organiser et plus productif. Le temps de travail n’est pas scandé par les offices divins. Les convers se consacrent pleinement à la mise en valeur des sols. Ils vivent et font vivre l’abbaye de leur travail. Sans les convers, l’établissement des granges semble difficilement envisageable. Ils participent à l’organisation du patrimoine abbatial et leur nombre varie en fonction de son importance et du nombre de grange. Ce dernier est significatif de la richesse des abbayes. Qu’en est-il pour Bellevaux ?

B. Les granges de Notre-Dame de Bellevaux. Aujourd’hui encore les recherches se poursuivent quant à la détermination de leur nombre et de leur emplacement. Car, malgré leur importance tant géographique, qu’économique, il ne subsiste, pour ainsi dire, rien des granges de Notre-Dame de Bellevaux.

529 Pacaut (Marcel), Les moines…op. cit., p 268. 530 Barrière (Bernadette), « Les patrimoines cisterciens», in L’espace cistercien, p 47. 531 Barrière (Bernadette), « Les patrimoines…op. cit.», in L’espace cistercien, p 258.

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1. Des certitudes et des doutes. La majorité des auteurs s’accorde à dire que les granges de l’abbaye de Bellevaux sont au nombre de huit. Toutefois, Anne-Marie Aubert, ayant beaucoup écrit à propos de Notre Dame de Bellevaux, en dénombre une quinzaine au début du XIIIe siècle. Chiffre au-delà de la moyenne avérée en Bourgogne et en Comté qui est de 10 à 12 granges par établissement. Cette donnée traduit alors une certaine opulence financière et foncière de Notre Dame de Bellevaux. Toutefois, sans plus de précisions quant aux sources d’où émane cette information, on peut supposer qu’à l’image des 500 religieux ayant résidés en l’abbaye,532 ce chiffre à pour seul but de mettre en valeur le prestige de Bellevaux. Aujourd’hui, grâce aux travaux effectués par Nathalie Bonvalot et son équipe d’archéologues, seules huit granges sont dévoilées. Quelles sont-elles ?533 Il s’agit des granges - d’Argirey,

- de Baslières, - de Braillans,

- de Champoux, - de Cirey, - Le Magny, - de Trevey, - de Valleroy. A ces huit centres d’exploitation, Anne-Marie Aubert ajoute la grange de Morchamps, mentionnée dans les archives ecclésiastiques de Haute-Saône. Elle est alors acensée depuis 1564.534 Anne-Marie Aubert y adjoint également celle de Battenans, de Neuve-Grange, de Verjoulot, de la Vernoye et de Montarlot-les-Rioz.535 Des titres concernant Battenans, « Bathenaux » dans les sources, mais également Morchamps, sont répertoriés dans le procès-verbal de 1584.536 Toutefois, rien n’indique qu’il est question de granges. En 1290, les Cisterciens de La Grâce-Dieu hypothèquent, au profit de Bellevaux, leur domaine de Morchamp. Ce dernier devient définitivement propriété de l’abbaye en 1299.537 Verjoulot (Vergoulot) n’est répertorié qu’à une seule reprise lors de la visite de 1632. Des titres la concernent, et une mention « et les granges » permet de penser qu’il est aussi question de Verjoulot.538 Des titres et des reconnaissances à propos de Neuve-Grange figurent parmi les inventaires de 1584 et de 1632.539 Mais aucune précision n’indique qu’il s’agit d’une grange.

532 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 2. 533 Nous présentons ici, brièvement les huit sites de granges ayant été l’objet de fouilles archéologiques. Leur formation et devenir et l’objet de la suite de notre étude. 534 ADHS, H 175, non daté, p LXXXIX. 535 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 9. 536 Cf procès-verbal de 1584, f° 13v, p XV. 537 Bonvalot (Nathalie), Granges cisterciennes de Franche-Comté, p 71. 538 Cf procès-verbal de 1632, f° 11v, p LV.

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Localisation des granges de l’abbaye.

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539 Cf procès-verbal de 1584, f°13v, p XV, et procès-verbal de 1632, f° 12r, p LVI pour les titres. Cf procès-verbal de 1632, f° 11v, p LV pour les reconnaissances.

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Vernoye ne figure pas parmi les sources tandis qu’il est fait référence, non pas à Montarlot-les-Rioz, mais simplement au prieuré de Montarlot.540 Il s’agit du même lieu. C’est une abbaye de femmes unie, en 1391, à Bellevaux, suite aux difficultés du XIVe siècle. Elle devient un prieuré en même temps qu’une grange.541 De plus, dans une bulle datée de 1139, le pape Innocent II reconnaît la possession par l’abbaye de la grange de Mesnil.542 Elle est à nouveau admise comme appartenant à Bellevaux en 1145, dans une bulle du pape Eugène III.543 Les terres des Billantins ou Billardins, mentionnées de manière assez parcimonieuse parmi les sources, et dans d’autres documents également, entretiennent certaines questions quant à leurs statuts et relations avec l’abbaye. Elles semblent assez proches de Bellevaux mais s’agit-il d’une grange ? Dès 1139, une bulle du pape Innocent II reconnaît que Bellevaux possède une terre du nom de Bullantins. Puis, un diplôme d’Henri IV confirme, en 1196, cette exploitation en tant que grange.544 La variation de l’orthographe et même de la prononciation du nom, laisse peser des doutes sur chacune des informations. Les recherches se poursuivent. Cette brève présentation des granges de l’abbaye de Bellevaux n’explique cependant pas leur fondation. 2. Fondation des granges. Bellevaux développe ses propres granges au fil des dons et de ses achats. Elle structure et met alors en valeur la vallée de l’Ognon. La grange d’Argirey : Elle est située à 9 kilomètres de l’abbaye. Elle est, à ce jour, un village faisant partie de la commune de Villers-Pater, dans le canton de Montbozon en Haute-Saône. En 1150, le chevalier Thibaut, frère d’Hugues de Rosey, religieux en l’abbaye, fait don à cette dernière de tous ses biens sis à Argirey. En 1174, Henri d’Authoison fait de même. Argirey est mentionné dès 1156 parmi les possessions de Bellevaux. Puis, son établissement en tant que grange est confirmé en 1178,545 jusqu’en 1399, où, faute de personnel, elle est concédée, par l’abbé, à titre d’héritage personnel, à plusieurs habitants d’Authoison, de Villers-Pater et d’Aubertans. Ils ont à charge d’habiter ces lieux et les meix qu’ils édifient sur ces territoires à perpétuité.

540 Cf procès-verbal de 1584, f° 11v, p XIII. 541 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 71. 542 ADHS, H 43, 1139, p LXXVI. 543 ADHS, H 43, 1145, p LXXVI. 544 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 9. ADHS, H 46, 1196. 545 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 72-73.

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La grange de Baslières : Le village de Baslières est également situé en Haute-Saône, entre Vesoul et Villersexel. A 21 kilomètres au nord-ouest de l’abbaye et à l’ouest de la commune de Valleroy-le-Bois dont il fait partie.546 Sous l’épiscopat d’Anséric (1117-1134), Richard de Calmoutier, sa femme Eve et son fils Guillaume, donnent à Bellevaux une terre qu’ils possèdent à Baslières et qu’ils tiennent en fief d’Anséric. Il doit abandonner sa seigneurie lorsque Guy de Calmoutier et Humbert, surnommé « li béjure » cèdent, eux-aussi leurs terres situées sur le territoire de Baslières. La grange est d’abord confirmée, avec ses dépendances, en 1139 par Innocent II.547 Puis, Baslières et ses terres sont à nouveau confirmées, à plusieurs reprises, dans les archives ecclésiastiques de Haute-Saône.548 Cependant, en 1154, la grange est objet de litiges. L’archevêque Humbert doit défendre les possessions de l’abbaye en ces lieux contre les prétentions des habitants de Moroy et fixe les limites de la grange du côté de ce village. La grange de Braillans : Braillans est à 11 kilomètres, à vol d’oiseau, de l’abbaye, et à 4 kilomètres à l’ouest de la commune de Marchaux dont elle fait partie.549 La grange de Braillans est d’abord issue du don d’une terre, de la part d’un certain Gilinus, mentionné dans une charte, non datée de l’archevêque Humbert. Il y figure également les dons de Guillaume de Durner Nardirin et de Guy, fils d’Humbert le Maréchal, dotant l’abbaye de tout ce qu’il possède au lieu de Braillans. A l’image de Baslières, la grange de Braillans est confirmée en 1139 par Innocent II. Puis une seconde fois en 1145, par Eugène III.550 La grange de Champoux : Elle est également située dans le canton de Marchaux, à 1 kilomètre au nord de ce village et à 8 kilomètres, à vol d’oiseau, de l’abbaye. Le nom de Champoux provient du latin Campus ursus, c’est-à-dire « champ de l’ours ». Ce domaine est ainsi nommé dans une charte de 1162. La terre de Champoux est un des premiers dons fait à l’abbaye après ceux des fondateurs. En 1128, le doyen de l’église Saint- Jean de Besançon, Manassès, cède à Bellevaux la terre de Champoux. Dans un premier temps, il exige un cens de trois bichets de froment et autant d’avoine, puis il abandonne tout à l’abbaye en 1177. Cette donation est, plus tard, enrichie de celles d’Hugues de La Roche et de son fils Othon, seigneur de Roulans. Ce dernier dote, en 1181, l’abbaye du territoire du « Chasaux », pour quarante ans. Puis, en 1184, il cède définitivement le Chasaux à

546 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 74-75. 547 ADHS, H 43, 1139, p LXXVI. 548 ADHS, H 43, 1145, p LXXVI / H 47, 1131, p LXXVIII. 549 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 76-77. 550 ADHS, H 43, 1145, p LXXVI.

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Bellevaux. On situe approximativement cette propriété à l’ouest de l’actuel village, sur le flanc de la colline appelé « Chazot ». En 1131, l’archevêque de Besançon, Anséric, garantit à Bellevaux la possession de terres au lieu de Champoux.551 Comme précédemment, la grange est confirmée en tant que telle en 1139. Au XVe siècle, Bellevaux possède tout le territoire de Champoux. En 2000, les fouilles archéologiques se sont révélées fructueuses et ont mis à jour l’emplacement de la grange médiévale à l’orée de la forêt de Chailluz, à 2oo mètres au nord-ouest de l’actuel village de Champoux. Ces vestiges consistent en quatre constructions au sein d’un enclos polygonal.552 Il existe encore également un petit sentier, partant du lieu-dit « La vie des moines », traversant la forêt pour gagner le val d’Ognon. Les moines devaient certainement l’emprunter pour se rendre à la grange ou à l’abbaye. La grange de Cirey : La grange de Cirey est à seulement 1 kilomètre au sud-est de l’abbaye. Elle se situe sur la commune de Cirey-les-Bellevaux, dans le canton de Montbozon, en Haute-Saône. C’est lors de sa fondation que l’abbaye reçoit une partie des terres de Cirey et l’usage des bois, prairies et eaux du même lieu. En 1190, Richard de Montfaucon, insatisfait de cette première donation dote de nouveau l’abbaye de tout ce qu’il possède sur le territoire de Cirey. Renaud de Traves, son vassal, fait de même. Bellevaux possède dès lors tout le domaine de Cirey et y érige rapidement une grange. Depuis 1145, l’église de Cirey fait partie des possessions de l’abbaye, don de l’archevêque Humbert. A ce jour, l’emplacement de la grange n’est pas précisément localisé. Cependant, il est probable qu’elle se situe à proximité d’une ancienne tuilerie, à 500 mètres au nord de Cirey, qui appartenait à l’abbaye. Il demeure également deux bâtiments, une habitation en cours de rénovation et une construction en ruine.553 La grange de Cirey est confirmée tardivement, en 1178. Sa fondation est-elle ultérieure aux précédentes granges ? La grange Le Magny : Elle est également très proche de l’abbaye puisqu’elle se situe seulement à 2 kilomètres de cette dernière, sur le territoire de la commune de Beaumotte-Aubertans, dans le canton de Montbozon, en Haute-Saône.554 Elle fait partie, avec Valleroy, Baslières et Champoux, des premières granges créées par l’abbaye. Elle est confirmée en 1139.

551 ADHS,, H 47, 1131, p LXXVIII. 552 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 78-79. 553 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 80-81. 554 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 82-83.

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La grange de Trevey : Toujours dans le canton de Montbozon, sur la commune de Dampierre-sur-Linotte, à 16 kilomètres de Bellevaux, un ancien village occupe aujourd’hui la place de la grange qui n’est toutefois pas localisée.555 Comme Argirey, elle est confirmée en 1156. La grange de Valleroy : Tout comme celle de Cirey ou du Magny, elle est à seulement 2 kilomètres, à vol d’oiseau, de l’abbaye. Egalement non localisée, la grange se situe sur la commune du même nom, dans le canton de Marchaux. Evoqué ci-dessus, la grange de Valleroy est une des premières constituées par l’abbaye et confirmée en 1139.556

C. Le devenir des granges : reflet des difficultés de l’Ordre.

Selon Robert Fossier, à partir du XIIIe siècle, il y a une « inadéquation » entre les préceptes de l’Ordre et la réalité des fonctionnements économiques.557 La volonté autarcique et l’idéal de pauvreté souhaité par les Cisterciens est battu en brèche devant l’abondance des biens et les profits qu’ils apportent. De plus, les difficultés économiques et sociales des XIVe et XVe siècles, notamment la guerre de Cent Ans, exacerbent ces déviances et engagent définitivement les abbayes dans cette voie. 1. Des granges aux villages. A partir de 1360, les granges de Baslières, Valleroy et de Champoux sont érigées en village. Cette décision ne semble pas être la seule volonté de Bellevaux, puisqu’elle adresse d’abord, la même année, une requête au chapitre général de Cîteaux.558 Pourquoi une telle démarche ? La confiscation, le 24 mai 1337, par Philippe VI du duché de Guyenne, terre anglaise, marque le début du plus long conflit féodal, qui perdure jusqu’en 1453. A cette première guerre, s’ajoute celle des ducs de Bourgogne, opposant Jean de Chalon-Arlay, allié à l’Empereur, et le comte palatin de Bourgogne. Durant ce conflit, les troupes du comte s’arrêtent sur les terres de l’abbaye malgré un acte de Jean de Chalon qui accorde, en 1346, une sauvegarde à l’abbaye « pour tous ses hommes et tous ses biens ».559 Bellevaux doit alors subvenir aux besoins des soldats, ce qui lui nuit gravement.

555 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 82-83. 556 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 86-87. 557 Bonvalot (Nathalie), Granges…op. cit., p 86-87. 558 ADHS, H 47, 1360, p LXXVIII. 559 ADHS, H 47, 1346, p LXXVIII.

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Dix ans plus tard, et jusqu’en 1353, la peste noire sévit dans toute la France, réduisant considérablement les données démographiques. De plus, en 1352, l’abbaye est lourdement endettée : les cultures de l’année précédente ayant été très mauvaises, elle est contrainte d’acheter blé, avoine et autres nécessités. Et, à partir de 1360, et durant toute une décennie, les Routiers ravagent la région. Depuis la seconde moitié du XIIIe siècle, il est difficile d’engager de nouveaux frères convers et, avec un tel contexte, leur nombre ne cesse de s’affaiblir. Si bien que le recrutement des moines comme des convers diminue fortement. Autant de raisons qui poussent l’abbaye de Bellevaux à effectuer des changements afin de mieux gérer son patrimoine. Comme beaucoup d’autres monastères, dans une situation semblable, elle se détache d’abord de ses terres les plus éloignées et les moins rentables. La grange de Baslières est à 21 kilomètres de l’abbaye et celle de Champoux à 8 kilomètres à vol d’oiseau. Etait-elle moins productive que celle de Braillans, pourtant plus éloignée de trois kilomètres. Aucun élément ne permet de l’affirmer aujourd’hui. Etait-ce également le cas de la grange de Valleroy étant seulement à 2 kilomètres à vol d’oiseau de l’abbaye ? Un acte de l’abbé du chapitre général de Cîteaux autorise, en 1360, l’abbaye de Bellevaux à « établir des villages aux endroits où se trouvaient les granges de Valleroy, de Champoux et de Baslière ».560 Toutefois, il ne faut pas penser que l’abbaye se détache totalement de ses possessions. Elle y garde des droits seigneuriaux. En témoigne le terrier général de Cirey, identique à celui de Valleroy.561 La datation de ce document soulève la question de savoir si ces droits s’exercent dès l’établissement de la grange en village ou s’ils interviennent plus tardivement. En raison du manque de main-d’œuvre, l’abbaye « abandonne » ses granges. Cependant, elle agit toujours au mieux de ses intérêts. C’est pourquoi, il est fort probable que le passage de la grange au village soit accompagné de la suzeraineté de l’abbaye sur ce dernier. Ces droits consistent en l’exercice de la justice, sanctionnant beaucoup par amendes qui sont alors perçues par l’abbaye. Elle reçoit également tailles, dîmes, droits de mainmorte et corvées. Néanmoins, rien ne permet d’affirmer qu’il en soit de même pour Champoux et Baslières. Cirey, Magny, Neuve-Grange,562 Argirey563 sont également soumis à ces même obligations. Est-ce la marque de leur érection en village ? A Trevey, Bellevaux exerce haute, moyenne et basse justice en 1562.564 On peut dès lors considérer qu’elle n’est plus exploiter en tant que grange, et il est probable que l’abbaye y a également les autres droits.

560 ADHS, H 95, 1360, p LXXXII. 561 ADHS, H 52, 1557, f° 309, p LXXX. 562 ADHS, H 52, f° 255 et 187, p LXXX. 563 ADHS, H 83, 1159, p LXXXI. 564 ADHS, H 204, 1562, p XCIII.

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Il est également question de la « seigneurie » de Chaudefontaine.565 L’abbaye se comportant en seigneur sur les autres villages, ce terme laisse à penser qu’il en est de même en ce lieu et plus prématurément. Il semble que l’attitude suzeraine de l’abbaye ne s’applique pas uniquement aux « nouveaux villages », si toutefois, Chaudefontaine n’a jamais été une grange ou considérée comme telle. Bellevaux exerce donc plusieurs pouvoirs seigneuriaux sur les « nouveaux villages », et d’autres possessions, qui deviennent alors des seigneuries. C’est une façon, pour l’abbaye, de pallier le manque de frères convers tout en gardant des droits et des profits sur ce qui faisait partie de son patrimoine. Une autre pratique permet à l’abbaye de garder ses biens sans pour autant les exploiter elle-même. Il s’agit de l’amodiation. 2. L’amodiation ou le faire-valoir indirect.

• L’amodiation ? L’amodiation est la concession d’une terre moyennant une prestation périodique, en nature ou en argent. L’abbaye a recours à ce type d’exploitation pour les mêmes raisons qui la poussent à transformer certaines de ses granges en village : le manque de convers sans lesquels les granges ne peuvent exister. Elle fait alors appel aux tenanciers qui louent les terres. Par le biais de l’amodiation, l’abbaye passe d’une exploitation en faire-valoir direct, c’est-à-dire exploitée par ses moyens à une exploitation en faire-valoir indirect, cultivée par des laïcs. Elle renonce à cultiver directement les terres, mais elle a le souci de gérer au mieux les intérêts de l’abbaye en ayant recours à ce procédé. Cette pratique est autorisée, mais avec restrictions, par le chapitre général en 1208 et 1220. L’amodiation ou l’affermage c’est-à-dire la location d’un bien rural, peut s’exercer sur des granges entières, sur plusieurs domaines ou sur de petites tenures : des parcelles d’une grange ou d’un grand domaine. La crise des XIVé et XVe siècles accélère ce mouvement de transformation au sein des abbayes cisterciennes. Puis, du XVe siècles à la Révolution les abbayes gèrent leur patrimoine en laissant une large part à l’amodiation, mais aussi aux tenures et aux censives, procédés proches de celui de l’amodiation. Cependant, le domaine de l’abbaye et ses environs sont encore exploités par les religieux et quelques convers. Le faire-valoir direct ne disparaît pas totalement.566 En déléguant la gestion de leurs possessions aux laïcs, les religieux se déchargent du souci de gestion de ce dernier. L’utilisation, trop fréquente de cette solution leur confère une image de « rentiers du sol ».

565 ADHS, H 137, 1170, p LXXXII. 566 Barrière (Bernadette), « Les patrimoines…op. cit.», in L’espace cistercien, p 49.

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Il arrive parfois que l’abbé amodie également l’abbaye. C’est le cas de Bellevaux. Lors de la visite de 1584, on découvre qu’au sein de l’abbaye des objets appartiennent à un certain Antoine Midoz, alors amodiateur de cette dernière. Le procès-verbal de 1616, indique qu’en 1578 et durant six années, l’abbaye est amodiée pour la somme de trois mille francs.567 Il s’agit donc de l’amodiation dont il est déjà question lors de l’inventaire de 1584. En 1632, Bellevaux semble partagée entre deux amodiateurs : Aymé Maublan et Claude Cousseret.568 L’inventaire mentionne tout ce qui leur appartient en l’abbaye. Il est également fait référence à leur prédécesseur, Guillaume Roussel de Rioz.569 Avant d’amodier son propre domaine, Bellevaux à déjà amodié certaines de ses granges à l’exemple de celle de Braillans.

• Un exemple : la grange de Braillans.570 Le 30 juillet 1546, Marc Cussenier, abbé de Bellevaux, renouvelle le « contrat » d’amodiation concernant la grange de Braillans, à la suite d’un incendie de cette dernière. Les amodiateurs sont Jehan le Nairet, dit Guillepin, et sa famille, et Jehan Billequin et ses frères.571 Ils se partagent la grange dont le territoire est scindé en deux. L’une des parties s’étend des bois et finages des villages de Marchaux, Vielley, Thise au bois de Chailluz.572 L’autre partie de la grange n’est pas détaillée. En contre partie de l’exploitation du domaine de la grange de Braillans, lesdits amodiateurs doivent à l’abbaye une rente annuelle et perpétuelle. Elle consiste en : - 24 quartes de céréales,573 dont 12 d’avoine et 12 de froment, à payer à l’abbaye chaque saint Martin d’hiver, c’est-à-dire chaque 11 novembre. - 14 gros,574 payables à la saint Michel Archange, le 29 septembre.

- 2 francs, 1 franc doit être versé à la fête de l’Annonciation Notre-Dame, le 25 mars ; et l’autre franc, le 29 septembre, à la saint Michel Archange.

- la moitié de trois « voitures eschielles »,575 « l’une de bon foin et l’autre de bonne estran de froment blanche »576 qui sont à verser le 11 novembre, en la maison de l’abbaye à Besançon.

567 Cf procès-verbal de 1616, f° 9r, p XXX. 568 Cf procès-verbal de 1632, f° 5v p XLVII. 569 Cf procès-verbal de 1632, f°6r, p XLVIII. 570 La grange de Braillans, p LXXII. 571 La grange de Braillans, p LXXII. 572 La grange de Braillans, haut de la page LXXIII. 573 La quarte est une mesure de capacité, elle équivaut parfois au quart 574 Le gros est une monnaie. 575 Il s’agit certainement des voitures chariots dont les côtés sont ajourés et ressemblent ainsi à des échelles. 576 La grange de Braillans, p LXXIII.

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- des corvées. Jehan Guillepin doit également à l’abbaye deux voitures et demie de bois, payables à la saint Martin d’hiver. L’abbé de Bellevaux, Marc Cussenier laisse aux amodiateurs le droit de construire un four afin qu’ils puissent y cuire leur pain. Il leur demande aussi de faire construire, dans l’année qui suit, et à leurs frais, une tuilerie. En cette dernière seront fabriqués des tuiles, de la chaux et des carreaux pour le pavage. Là encore, Jehan Guillepin et Jehan Billequin sont redevables à l’abbaye – d’un millier de tuiles, payables à la saint Martin d’hiver, - de deux quehues de chaux. Ce parchemin montre dans quelles conditions l’abbaye de Bellevaux cède son patrimoine en amodiation. Il rend compte de l’importante rente payée par les amodiateurs en plus des frais d’entretien de la grange. Ces rentes comblent-elles tous les besoins de l’abbaye, sont-elles vraiment préférables au faire-valoir direct ?

Les granges sont d’abord des « blocs de faire-valoir » témoins d’une organisation économique cistercienne cohérente. Elles transforment des paysages, mettant en valeur chaque terre et tirant profit de chaque élément qui peuvent la composer. Les exigences de l’Ordre, sont alors rapidement négligées devant l’abondance des biens produits par ces exploitations notamment. Néanmoins, ces importants profits ne permettent pas à l’abbaye de faire face aux nombreuses difficultés des XIVe et XVe siècles. C’est pourquoi, Bellevaux se voit dans l’obligation de confier leur gestion à des laïcs, donc d’amodier une partie de ses biens. L’abbaye bénéficie d’autres ressources qui semblent également amodiées.

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III. « Tu combles chacun à la mesure de ses actes et de son attente »577

En diverses localités l’abbaye possède moulins, viviers, fours, vignes ou encore bois nécessaires à ses propres besoins mais également à ceux des habitants. En effet, dans les sources il est question de moulins et fours banaux appartenant à l’abbaye. Cette mention renvoie, une fois encore, à une abbaye suzeraine. Où se situent ces autres ressources de Bellevaux, comment les exploite-t-elle, à quelles fins ?

A. De l’usage de l’eau au sein de l’économie cistercienne « Fils de l’eau »,578 c’est le nom parfois donné aux Cisterciens. Déviant les rivières, créant canaux et barrages, l’eau est au cœur de leur vie. Nécessaires à la vie quotidienne de la communauté, l’eau et la force hydraulique sont également mis à profit dans l’économie cistercienne. 1. Pour la pisciculture La présence de l’eau est une condition indispensable à l’installation d’une abbaye. Les religieux détournent alors les cours d’eau afin d’alimenter l’établissement en eau clair. Ils mettent également en place un important réseau hydraulique pour les conduire et drainer les eaux usées.579 En d’autres lieux, les moines blancs érigent digues et barrages permettant la mise en place de viviers et de bassins de pisciculture. Exploitation nécessaire à la vie de la communauté puisque le poisson est à la base de l’alimentation des religieux. La règle de l’Ordre enjoint chaque abbaye de subvenir elle-même à ses propres besoins. C’est pourquoi, les frères convers entretiennent et exploitent ces réserves qui apportent l’essentiel de l’alimentation de la communauté. De plus, comme d’autres produits, le poisson n’est pas seulement réservé aux repas des moines, mais est également mis en vente. Sa commercialisation est d’autant plus aisée que son élevage est uniquement assuré par les frères convers, main d’œuvre bénévole. Son coût est donc moindre puisque aucune charge salariale n’entre en compte. Ce type de rétributions pour l’abbaye est attesté dans les comptes généraux de 1611 où il est mentionné que les revenus de l’abbaye comprennent notamment « des produits des moulins, pêches des rivières, [ ] et de la pêche des étangs».580 La vallée de l’Ognon est richement dotée de ces derniers, toutefois rien n’indique qu’ils soient l’œuvre des religieux et convers de l’abbaye. Les procès-verbaux mentionnent plusieurs pêcheries exploitées par les frères convers de Bellevaux et parfois même par les habitants des proches villages.

577 Rougier (Stan), Montre-moi…op. cit., psaume 61, « Sur Dieu seul », p 119. 578 ABCdaire…op. cit., p 75. 579 Le réseau hydraulique est le sujet de notre étude en page 31. 580 ADHS, H 56, 1611, p LXXXI.

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Le terrier général rédiger en 1557, précise que Notre-Dame de Bellevaux possède un droit de pêche exclusif en la localité de Cirey, mais aussi en celles de Valleroy et du Magny.581 Dès 1174, le droit de pêche de l’abbaye en la rivière de l’Ognon est remis en cause par l’église Saint-Etienne de Besançon.582 Par la pisciculture, les moines blancs exploitent une partie des ressources hydrauliques. Par les moulins, ils en exploitent une autre. 2. Pour les moulins Les Cisterciens ne sont nullement à l’origine d’innovations techniques en ce domaine. Ils contribuent simplement et largement à la diffusion et à l’utilisation des moulins. De par leur travail sur les voies d’eau, c’est tout naturellement qu’ils pensent à l'emploi de la force hydraulique en aménageant des moulins. Ils n’utilisent cependant pas uniquement les moulins à roue à aube, ils mettent également en place des moulins à vent. Ces deux types d’installations montrent que les Cisterciens savent tirer profit de tous les avantages naturels qui s’offrent à eux. Lorsqu’ils ne les construisent pas, les religieux achètent les moulins existant, provoquant parfois la colère des populations voisines. Ils sont alors utiliser pour moudre le grain, les noix et fouler les toiles de laine. Parfois, les moulins sont aussi utilisés pour actionner les martinets, c’est-à-dire les marteaux des forges. C’est en cette association forge-moulin que les Cisterciens innovent. Les procès-verbaux ne précisent pas l’utilisation des moulins. Toutefois, des rapprochements peuvent permettre de fonder quelques hypothèses. On note la présence d’une forge et d’un moulin à Quenoche. La détermination de leur emplacement permettrait de définir si ces deux éléments fonctionnaient ensemble ou non. Il est également attesté que Bellevaux possède une importante forge au Moulin Martin situé à Rigney.583 La représentation, figurée ci-après, atteste que forge et moulin fonctionnent ensemble. L’importante utilisation des moulins au sein de l’économie cistercienne à certainement contribuée à la popularisation de leur emploi. Au XIIIe siècle les abbayes bourguignonnes possèdent en moyenne quatre moulins situés soit à l’intérieur de l’enceinte abbatial soit dans les granges. Bellevaux en compterait une vingtaine.584 Cependant, seules quinze sont présentés dans nos sources,585 auxquels il faut ajouter celui présent dans le domaine abbatial dont la présence est attestée dans le travail de Michel Py.586

581 ADHS, H 52, 1557, p LXXX. 582 ADHS, H 205, 1174, p XCIII. 583 ADHS, 55 H 14,, 1786. 584 ABCdaire…op. cit., p 86.

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Le procès-verbal de 1616 présente certaines de ces propriétés. Le moulin de Gordepain et ses écluses, celui de Quenoche ayant été refait « tout à neuf »587 Des réparations sont également effectuées sur les moulins de Terdepain, Rapigney et Voudenans, car ils étaient en mauvais état et n’avaient, parfois même, pas de meule.588 La visite de 1632, détaille plus précisément les moulins et en donne un état des lieux. Il y a d’abord le moulin de Marlos, en assez bon état et acensé par l’abbé.589 Puis, il est fait l’état des lieux du moulin de Gourdepain dont les chambres, servant au logement du meunier, sont « entièrement ruineuses »590 et la roue est « toute pourrie ». Cet établissement semble faire face au village de Valleroy car les habitants traversent la rivière pour venir moudre leurs grains au moulin.591 D’autres moulins sont mentionnés au village de Gondenans.592 En 1263, un traité fait référence au moulin de Chaudefontaine.593 Tout comme les granges, certains de ces moulins sont exploités en faire-valoir indirect. Ainsi, celui de Quenoche est amodié pour la somme de deux cent quartes de froment à la mesure de Fondremand.594 En 1601, un procès oppose l’abbaye à Jacques Bassot à propos du moulin d’Authoison que ce dernier tient à ferme.595 Un bourgeois de Vesoul tient à ferme le quart du moulin de Frotey pour une quittance de 25 livres et 10 sols viennois.596 Le revenu des moulins, amodiés ou non, participe donc aux revenus de l’abbaye comme il l’est spécifié dans les comptes de Bellevaux en 1611.597 Il en est de même pour les moulins banaux mentionnés dans le terrier général de l’abbaye de 1557.598

Parfois, l’abbaye ne possède pas entièrement le moulin comme le montre une bulle du pape Grégoire IX, qui assure à Bellevaux la possession de la moitié du moulin de Noroy.599

585 Une carte présentée à la page suivante indique, entre autres, la localisation des différents moulins mentionnés dans les sources. 586 Py (Michel), Cirey-les-Bellevaux, p 5. 587 Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXX. 588 Cf procès-verbal de 1616, f° 16r, p XXXVIII. 589 Cf procès-verbal de 1632, f° 8r, p LI. 590 Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII. 591 Cf procès-verbal de 1632, f° 10v, p LIV. 592 Cf procès-verbal de 1632, f° 17v, p LXII. 593ADHS, H 137, 1263, p LXXXIII. 594 Cf procès-verbal de 1632, f° 18v, p LXIII. 595 ADHS, H 85, 1601, p LXXXI. ADHS, H 56, 1611, p 81. 596 ADHS, H 157, 1268, p LXXXVI. 597 ADHS, H 56, 1611, p 81. 598 ADHS, H 52, 1557, p LXXX. Le droit de ban et les privilèges qui en découlent sont l’objet de notre étude ci-après. 599 ADHS, H 44, 1229, p LXXVII.

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Localisation des moulins et fours banaux de l’abbaye.

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Les moulins sont donc une autre des spécificités de l’économie cistercienne. Ils participent à l’exploitation des biens naturels mis à disposition de l’abbaye et que les Cisterciens savent particulièrement mettre en valeur. Ils organisent au mieux tout ce dont ils disposent afin d’y puiser un meilleur profit. C’est ainsi qu’ils exploitent les fours.

B. De l’exploitation des fours Ils ne semblent pas avoir, au sein de l’économie cistercienne, autant d’importance que les moulins. Toutefois, ils sont à maintes reprises mentionnés. C’est pourquoi il semble intéressant de tenter d’en comprendre l’utilité, la fonction et de les localiser au sein de l’espace économique de Bellevaux. 1. Place et fonction au sein de l’économie cistercienne

Il est difficile de les déterminer exactement car peu de précisions sont apportées dans les sources. Comme les moulins, l’abbaye possède son propre four, mentionné lors de la présentation de ses bâtiments, usité pour la cuisson du pain notamment. D’autres fours sont mentionnés lors des visites et, plusieurs fois il est question de fours banaux, c’est-à-dire soumis aux banalités. Le procès-verbal de 1632 présente ainsi les fours banaux de Valleroy,600 Thurey,601 Cirey,602 Magny603 et de Rioz.604 A Cirey, Valleroy et au Magny, les religieux ont un droit exclusif sur le four et le moulin banal.605 Les banalités consistent en des profits économiques provenant de l’exercice du droit de ban. Par l’exercice de ce droit, l’abbaye adopte une attitude seigneuriale de suzerain, car ce privilège lui offre la possibilité de punir et de commander. Ainsi, elle contraint les habitants de tel ou tel lieu à l’utilisation des fours lui appartenant. Parce qu’ils font usage de ces fours, les villageois doivent alors à l’abbaye une redevance. Ces localités, mis à part Rioz, sont toutes d’anciennes granges de l’abbaye, comme évoqué précédemment Bellevaux y exerce des droits seigneuriaux. Il n’est donc pas étonnant d’y découvrir ces fours. Cependant, rien ne permet de préciser si, en d’autres lieux, l’abbaye a construit des fours ou si elle a bénéficié de ce type de don à l’exemple du four de Germondans En effet, en 1298, l’abbaye reçoit de Jeanne, fille de Jean, seigneur de La Roche-sur-l’Ognon, le four banal de Germondans.606 L’abbaye perçoit donc les redevances

600 Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII. 601 Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII.. 602 Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LII. 603 Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LIII. 604 Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII. 605 ADHS, H 52, 1557, p LXXX. 606 ADHS, H 158, 1298, p LXXXVI.

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dues au seigneur. Puis, elle amodie ce même four pour la somme de quarante-huit quartes de froment.607 A la lumière des sources, il semble que les fours possédés par Bellevaux, soient exploités indirectement, n’apportant à l’abbaye que les quittances qui en découlent. Cette situation découle-t-elle des difficultés rencontrées par l’abbaye ou existe-t-elle dès les débuts de cette dernière. En raison de leur finalité envers l’abbaye, il est plus probable que ces fondations résultent de dons ou de l’établissement de la suzeraineté abbatiale en un territoire donné, que de la volonté de construction des religieux, à l’image des moulins. L’abbaye possède donc plusieurs fours établis en plusieurs lieux de son patrimoine. 2. Les fours de l’abbaye. Dix sont répertoriés dans les sources, accompagnant régulièrement la mention des moulins. Ils sont, comme les moulins, localisés sur une carte présentée ci-avant.

Tout comme les moulins, les fours sont l’objet de réparation. Ainsi, le procès-verbal de 1616, indique que les fours de Chambornay, Rioz, Curey, Valleroy et Germondant ont été refaits à neuf aux frais du feu Pierre d’Albamey.608

La visite de 1632 présente un état des lieux de plusieurs fours possédés par l’abbaye. Il y a d’abord le four banal de Valleroy « fort ruineux et caduc », il est prêt à tomber. L’amodiateur de ce dernier, Guillaume Jaiquot, est alors prié de le réparer sans quoi il lui sera retiré.609

Le four banal de Thurey est entièrement découvert, le toit étant tombé car trop vieux selon les dires de l’amodiateur dudit four, Jehan Gaudot, dit Lobet.610

Le four banal de Cirey est en assez bon état.611 A l’inverse du celui du Magny, dont les habitants doivent se rendre en un autre lieu pour cuir leur pain tellement leur four est ruineux.612 De même que le four banal de Rioz qui, depuis trois ou quatre ans n’est plus utilisé en raison de son mauvais état.613

Il semble que tantôt l’entretien des fours incombe à l’abbaye tantôt aux amodiateurs. Mais, pour des raisons financières ou autres, les fours ne sont pas toujours entretenus convenablement et parfois même ne sont plus utilisés en raison de leur trop mauvais état.

607 Cf procès-verbal de 1632, f° 18v, p LXIII. 608 Cf procès-verbal de 1616, f° 8v, p XXX. 609 Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII. 610 Cf procès-verbal de 1632, f° 9r, p LII. 611 Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LII. 612 Cf procès-verbal de 1632, f° 9v, p LIII. 613 Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII.

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A Chaudefontaine, on remarque la présence à la fois d’un moulin et d’un four, un don de la veuve du chevalier Huon de Quenoche en 1218,614 Comme évoqué précédemment, beaucoup de lieux mentionnant la présence d’un four sont d’anciennes granges, tels Cirey, Valleroy, Thurey ou encore Magny. En chacun de ces villages on relève la présence d’un four banal, comme si la présence de ce dernier marquait la suzeraineté de l’abbaye en ces territoires. Les fours ne semblent pas occuper une place d’importance au sein de l’économie cistercienne, à l’inverse des bois et des vignes.

C. De l’importance du bois et de la vigne. Les bois et les vignes occupent non seulement une place importante dans le patrimoine de l’abbaye, mais sont également deux ressources nécessaires à l’établissement des religieux. L’une comme l’autre sont abondamment mentionnées dans les sources.

1. Le nécessaire bois.

• Son utilisation.

Tout comme l’eau, le bois est un élément indispensable à l’installation des moines blancs. Il est d’abord à la base des constructions. Il est ensuite essentiel à la cuisine et au chauffage, bien qu’en principe les seules pièces chauffées soient le chauffoir, l’infirmerie et la cuisine. Le bois est également exploité pour la fabrication de meubles. Des meubles en bois sont fréquemment mentionnés lors des visites, tels un vieux châlit de bois, des coffres en bois ou encore le tabernacle ou des figures d’anges en bois.615 On incombe souvent aux moines blancs la réputation de grands défricheurs. Ces travaux sont parfois nécessaires pour permettre la construction des bâtiments de l’abbaye ou des granges, pour étendre leur espace de culture. Mais, ces défrichements ne sont pas de grande ampleur et pas systématiquement pratiqués par toutes les abbayes. Les Cisterciens sont donc simplement des défricheurs. Par des dons ou des achats, Bellevaux acquiert plusieurs terres boisées. Ainsi, Othon de La Roche fait don à l’abbaye, en 1244, de toutes ses possessions dans les bois de Bellevaux et du Magny.616 Les forêts sont exploitées pour le bois, mais également pour les fruits qui y poussent tels les champignons, les mûres et autres baies. On y fait également paître les animaux comme en témoigne une mention de 1342, au sujet d’un droit de pâturage d’un chanoine prébendier dans les bois de Chaudefontaine.617

614 ADHS, H 47, 1218, p LXXVIII. 615 Cf procès-verbal de 1616, f° 2r, p XX. 616 ADHS, H 161, 1244, p LXXXVII. 617 ADHS, H 137, 1342, p LXXXIII.

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L’importance et la convoitise de ces bois se lisent à travers les divers préjudices portés aux possessions de l’abbaye par des laïcs ou d’autres religieux. En 1340, le seigneur de Châtillon, Jean Jussien, avoue avoir commis « excès et délits » dans les bois de l’abbaye. Il est probable que ce dernier ait coupé plus de bois qui lui était autorisé, ou en ait coupé trop et sans autorisation. Girard de Tabardey avoue également avoir été pris par le forestier de Chaudefontaine, alors qu’il chargeait un chêne dans son chariot.618 Cet aveu montre combien l’abbaye surveille ses territoires et combien ils sont convoités. Parfois, c’est un village entier qui prétend à la possession de ces bois. Ainsi, les habitants de Valleroy et l’abbaye passent un compromis pour l’usage des bois dudit lieu.619 En 1181, une sentence arbitrale est rendue entre les habitants de Quenoche et l’abbaye, à propos du droit d’usage de cette dernière en les bois dudit lieu.620 Il est possible que les villageois s’opposent à l’exploitation des bois par l’abbaye. Ces quelques remarques permettent d’aborder les possessions forestières de l’abbaye. Ces exploitations s’appliquent en plusieurs lieux du domaine de l’abbaye.

• Les bois de Bellevaux.

L’objectif n’est pas ici de déterminer, avec le plus de précisions, le domaine forestier de l’abbaye, car les sources ne le permettent pas. A l’image des bâtiments, le procès-verbal de 1632 dresse un état des lieux des bois proches de l’abbaye. Il est un exemple de l’importance du bois pour chacun et des convoitises que cela peut générer. Lors des visites de 1584 et de 1616, il n’est pas fait référence à ce type de ressource exploitée par l’abbaye. Seul le procès-verbal de 1632, les mentionne. Les religieux et les amodiateurs de l’abbaye font remarquer au greffier que, depuis plusieurs années, les sujets de l’abbaye se sont librement et amplement servis dans les bois de cette dernière en y créant de nombreux dégâts, si bien qu’ils sont « ruinés ». Ils craignent alors que les communautés à venir n’aient plus de bois si elles sont touchées par « quelques orvales de fouly ou autres accidents »621 Un « orvale de fouly » est une tempête avec de la foudre. Suite à cette remarque, il est décidé de procéder à l’inventaire desdits bois afin de mieux rendre compte de leur état. La visite conduit alors « du côté du soleil levant », c’est-à-dire à l’est, à cent cinquante pas de l’abbaye, environ autant de mètres, en un bois appelé le Chesnois, certainement en raison du nombre de chêne s’y trouvant. En plusieurs endroits, des « applatifs » sont constatés. Ils s’agit de surfaces de bois coupé. Le chemin traversant cette forêt conduit au village du Magny.622 En arrivant en ce lieu, il est présenté une maison neuve, bâtie en bois de chêne coupé en un autre Chesnois sis sur le territoire du Magny.623

618 ADHS, H 137, 1342, p LXXXIII. 619 ADHS, H 205, 1507, p XCIII. 620 ADHS, H 181, 1184, p XC. 621 Cf procès-verbal de 1632, fin du f° 19r, début du f° 19v, p LXIV. 622 Cf procès-verbal de 1632, f° 19v et 20r, p LXIV.

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Puis, la visite se poursuit en un bois appelé « le bois de Frosse », distant du village de Marlot d’environ cent mètres. Il est alors décrit comme entièrement dégradé, particulièrement depuis la mort du feu abbé Jean-Baptiste de Cusance. Ces dommages sont reconnus plus importants du côté de Dournon.624 Le bois d’Averne, dépendant également de l’abbaye, ne semble pas avoir subi de dommage, il est « rempli de plusieurs beaux arbres » utiles aux réparations de l’abbaye.625 Il en est de même pour le bois des Chouliers.626 Enfin, dans leurs remontrances, les religieux se plaignent de « l’éminente ruine des bois ».627 C’est pourquoi, les administrateurs du parlement de Dôle, formule une ordonnance à la cour de ce dernier afin que des « fourretiers », autrement dit des « forestiers », assurent la garde et la conservation des bois de l’abbaye.628 Le bois constitue donc une ressource importante pour l’abbaye, tant en quantité qu’en utilité. Toutefois, elle est régulièrement pillée. A l’inverse d’un autre bien, moindre en quantité, mais néanmoins tout aussi nécessaire à la vie cistercienne. 2. Le privilège de la vigne. Les moines blancs convoitent les vignes : ils consentent à plusieurs efforts pour en détenir. En 1223, Hugues de Scey cède à Bellevaux tous ses droits sur deux vignes sises à Besançon.629 Puis, l’abbaye reçoit une confirmation d’un don d’une vigne située à Beure.630 Et, lorsque cela lui est possible, Bellevaux acquiert des vignes. Ainsi, en 1344 et 1347, elle achète des vignes sises sur le territoire de Pirey.631 Ou encore, en 1334, où elle achète des vignes sur le territoire d’Arbois.632 A l’époque médiévale, la culture de la vigne est beaucoup plus répandue que de nos jours. Les religieux, en général, participe à cette expansion en raison de leur besoin en vin pour les cérémonies eucharistiques. Cependant, cette tradition monastique est renforcée par les importants besoins des Cisterciens dus à la règle bénédictine autorisant la consommation de vin durant les repas. Selon Marcel Pacaut, elle est même ordonnée.633 Lorsque les religieux formulent leurs remontrances dans le procès-verbal de 1632, ils précisent qu’ils ne bénéficient, par jour, que d’une pinte de vin. Ils en sollicitent une seconde car ils ont ainsi été accoutumés.634

623 Cf procès-verbal de 1632, f° 20r,p LXIV-LXV. 624 Cf procès-verbal de 1632, f° 20v, p LXV. 625 Cf procès-verbal de 1632, f° 21r, p LXVI. 626 Cf procès-verbal de 1632, f° 21r, p LXVI. 627 Cf procès-verbal de 1632, f° 23r, p LXIX. 628 Cf procès-verbal de 1632, f° 23r, p LXIX. 629 ADHS, H 104, 1223, p LXXXII. 630 ADHS, H 101, 1264, p LXXXII. 631 ADHS, H 180, 1344, 1347, p XC. 632 ADHS, H 82, 1334, p LXXXI. 633 Pacaut (Marcel), Les moines…, op. cit., p 256.

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Quand cela est possible, la viticulture tient une place privilégiée dans les cultures des moines blancs. Parfois même, des granges entières lui sont consacrées. Rien ne permet d’affirmer que c’est le cas pour Bellevaux. Toutefois, elle bénéficie de nombreuses terres viticoles. La visite de 1616 fait état de vignes, proches de l’abbaye, étant en « bonnes réparations », mais peu « peuplées », car elles ont manqué de soin en raison de la rigueur des saisons.635 Selon Anne-Marie Aubert, les coteaux entourant l’abbaye sont plantés de vignes.636 Il est également probable que la viticulture soit pratiquée à l’intérieure de l’enclos monastique, comme l’indique une mention de la visite de 1632 évoquant l’étable du coté des vignes.637 Lors de la même visite, il est présenté une vigne du côté de Cirey cultivée par environ cinquante ouvriers,638 supposant déjà une parcelle d’une relative importance. En 1379, certainement en raison de difficultés de gestion, l’abbaye cède aux habitants de Cirey une partie de ses vignes sises sur le territoire, exigeant, en retour le tiers des fruits de ladite vigne.639 On relève ainsi, 16 localités sur lesquelles Bellevaux exploite des vignes. Il s’agit de : - Arbois, au lieu-dit Changin,640 - Besançon,641 - Beure,642 - Beynans,643 - Chaudefontaine,644 - Cirey,645 - Gy,646 - Magny,647 - Moncey,648 - Montbozon,649 - Montigny-les-Arsures,650 - Neuve-Grange,651 - Ollans,652

634 Cf procès-verbal de 1632, f° 22v, p LXVIII. 635 Cf procès-verbal de 1616, f° 9r, p XXX. 636 Aubert (Anne-Marie), Une maison…op. cit., p 11. 637 Cf procès-verbal de 1632, f° 7r, p XLIX. 638 Cf procès-verbal de 1632, f° 10r, p LIII. 639 ADHS, H 139, 1379, p LXXXIV. 640 ADHS, H 82, 1334, p LXXXI. 641 ADHS, H 104, 1223, p LXXXII. 642 ADHS, H 111, 1264, p LXXXII. 643 ADHS, H 47, 1306, p LXXVIII. 644 ADHS, H 137, 1419, p LXXXIII / H 138, 1278, p LXXXIII. 645 ADHS, H 139, 1379, p LXXXIV. 646 ADHS, H 159, 1628, p LXXXVII / H 160, 1537, p LXXXVII. 647 ADHS, H 162, non daté, p LXXXVIII. 648 ADHS, H 169, non daté, p LXXXIX. 649 ADHS, H 172, non daté, p LXXXIX. 650 ADHS, H 171, non daté, p LXXXIX. 651 ADHS, H 177, non daté, p XC. 652 ADHS, H 180, non daté, p XC.

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- Pirey,653 - Thurey,654 - Vandelans.655 La carte présentée ci-après permet une meilleure localisation de ces territoires.

Notre-Dame de Bellevaux est donc détentrice d’un vaste temporel lui permettant une vie autonome mais pas réellement autarcique comme le souhaite la règle. En raison de l’ampleur de son patrimoine et surtout par l’importance des biens qu’il fournit, l’abbaye c’est inséré dans le système économique féodal et en tire une partie de ses revenus. Les Cisterciens sont victimes de leurs succès. Ce dernier leur apporte nombre de terres, sources fondamentales de la richesse, qui produisent plus de biens que nécessaires à la communauté. L’abbaye n’a d’autre choix que de les vendre et ainsi entrer sur le marché. Mais, au-delà de cet aspect économique, les moines blancs ont su, par un labeur patient et leur intelligence, mettre en valeur et façonner ce paysage de la vallée de l’Ognon.

653 ADHS, H 180, 1344, 1347, p XC. 654 ADHS, H 195, non daté, p XCII. 655 ADHS, H 212, 1246, p XCIV.

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Localisation des vignes de l’abbaye.

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Conclusion

Par sa condition de première abbaye cistercienne franc-comtoise, Notre-Dame de Bellevaux est l’objet de nombreuses attentions qui font d’elle une des abbayes les plus importantes de La Comté. Dès sa fondation au XIIIe siècle, l’abbaye connaît la prospérité. La paix lui permet de mettre en valeur les nombreux dons qu’elle reçoit et ainsi de se constituer un important domaine économique. L’abbaye érige alors ses granges. Cette prospérité s’accompagne d’une abondance de biens. Les moines ne produisent plus uniquement pour leur propre subsistance, comme le demande la règle, mais destinent une partie de leur production à la vente. Ils rentrent dans une économie de marché délaissant ainsi l’autarcie économique voulue par l’Ordre. La richesse est également présente à travers les divers objets cultuels : vêtements en précieuses étoffes, nombreux reliquaires et ornements. Autant d’éléments contraires au mode de vie cistercien insistant sur la simplicité et la pauvreté. Il est difficile d’apporter un même témoignage pour la vie spirituelle de l’abbaye. Toutefois, la tradition voulant que Bellevaux ait compté jusqu’à cinq cents religieux, est un autre indicateur de la prospérité de l’abbaye. Car, sans ressources elle ne peut se permettre d’accueillir trop de moines, elle ne pourrait subvenir à leurs besoins. L’importance de ce nombre témoigne également de l’attirance de ce genre de vie cénobitique. La vie spirituelle de Bellevaux devait donc être assez importante, tenant certainement plus du nombre de religieux que du respect de la règle. En effet, on constate que l’abondance de richesses entraîne l’abbaye dans une certaine décadence morale. La vie communautaire est délaissée pour un mode de vie plus individualiste, comme en témoigne la présence de cellules dans le dortoir. Les religieux sont victimes de leur succès. Cependant, à la prospérité du XIIIe siècle, succède la décadence économique des XIVe et XVe siècle. Les guerres s’abattent sur La Comté, les établissements religieux sont les premières victimes. L’importance et les richesses de Bellevaux attirent d’autant plus les Routiers qui pillent et dégradent les exploitations de l’abbaye. Les mauvaises conditions climatiques obligent Bellevaux à acheter des vivres, les bâtiments demandent des réparations, comme il est plusieurs mentionnés dans les procès-verbaux. L’abbaye s’endette. A la fin du XVe siècle, elle demande l’autorisation au chapitre générale de porter à la vénération des fidèles les reliques de saint Pierre de Tarentaise, afin d’obtenir quelques aumônes pour l’achat d nouveau objets cultuels faisant alors défaut en l’église de l’abbaye. Puis, les convers sont de moins en moins nombreux, les terres deviennent alors incultes fautes de bras. L’abbaye ne peut plus assurer l’exploitation de ces granges. Dès la seconde moitié du XIVe siècle, elle les érige en village mais continue à marquer sa présence en agissant en ces lieux tel un seigneur. Elle impose à ces nouveaux villages des droits seigneuriaux dont elle est

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seule bénéficiaire, elle se comporte comme un suzerain et tire ainsi de ces terres des revenus d’une autre nature. Toutefois, malgré ces nombreuses difficultés Notre-Dame de Bellevaux reste une des plus riches abbayes cisterciennes du diocèse de Besançon. La grande peste de 1348-1350 décime la communauté religieuse. En 1497, on ne compte plus que six religieux en l’abbaye. C’est pourquoi Notre-Dame de Bellevaux passe progressivement sous le régime de la commende. Enfin, les XVIe et XVIIe siècles semblent marquer une période de détente pour l’abbaye. Elle effectue diverses réparations comme le montre les procès verbaux et effectue même des achats de terres, indiqués dans l’extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône. La communauté compte sept religieux en 1584, trente-cinq en 1616, et de nouveau sept en 1632. Notre-Dame de Bellevaux survit ainsi jusqu’à la Révolution. Après, une petite communauté d’une vingtaine de moines s’y installe de nouveau pour fuir devant les habitants de Baumotte venu envahir l’abbaye. Les religieux se retirent alors en Suisse, puis au Val Sainte Marie et enfin à la Grâce-Dieu. Aujourd’hui, seuls le palais abbatial, quelques annexes, la grande porte de pierre à l’entrée, datant du XVIIIe siècle, et, pour les plus curieux quelques canalisations du réseau hydraulique témoignent de la présence de cette abbaye. Mais rien ne laisse apparaître qu’elle fut, en son temps l’une des plus grande et des plus importante abbaye de La Comté.

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Annexes

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- II -

Sommaire

Annexe 1. A.D.D. 55 H 3. Procès-verbal de 1584. p III.

Annexe 2.

A.D.D. 55 H 3. Visite de 1616. p XX.

Annexe 3. A.D.D. 55 H 3.Visite de 1632. p XL.

Annexe 4. A.D.D. 55 H 6. Inventaire de la sacristie vers 1600. p LXX.

Annexe 5.

A.D.D 55 H 11. La grange de Braillans. p LXXII.

Annexe 6. Extrait de l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône concernant l’abbaye de Bellevaux. p LXXVI.

Annexe 7. Tableaux. p XCIV.

Annexe 8. Liste des lieux non localisés p CVIII.

Lexique. p CIX.

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- III -

Procès-verbal de 1584

[Folio 1 recto] Domp Pierre d'Albamey, futeur successeur et pourveu de l'abbaye Notre Dame de Bellevaulx, comme par auctorité de la court souveraine du parlement a Dole en ceste partie; scavoir faisons que le quinzieme jour d'octobre l'an mil cinq cent octante quatre, environ les huit heures du matin en ladicte abbaye ou les religieulx d'icelle ont accoustumer eulx assembler et tenir le chappitre, et ou estoient assemblez le prieur et le religieulx d'icelle abbaye: assavoir, Pierre Pariset, prieur, Claude Belin, Claude Jacques, Fernands Seguin, Jehan Payet, prebstres, Jehan Mary et Valentin Patel, religieulx proffes par devant nous appelé avec nous pour scribe Nicolas Toytot, jurée au greffe de ladicte court. S'est representé messir Henry Camus, conseilliée du royaume sire et son procureure general en se pays et parlement de Bourgougne, lequel nous a remonstré qu'ayant esté informé et adverty du deces de fut messire Loys du Tartre, evesque de Nicopolis, suffragent en l'archevesches de Besançon, et abbé dudit Bellevaulx, advenu le jour de feste saint Michel derrier, il avait pour raion des grandes vacances. [Folio 1 verso] Et de ladicte court presente requeste a messiours les conseillers d'icelle estant pour lors assemblez audict Dole. Et que icelle remonstre ledict deces. Et requis de par les raisons y contenues que ladicte abbaye et revenuz d'icelle furrent mis soubz la main de ladicte Majesté et commis fust depputé pour le regime et gouvernement de ladicte abbaye et revenu d'icelle, a ce que le divin service y fut faict, la pieuse intention des fondateurs et les religieulx norriz et entretenuz convenablement, et que les biens en deppendant conservez au successeur, selon qu'en tel cas ladicte court avoit accoustumé de faire; sur lesquelles requisitions et aultres requeste par nous, ledict d'Albamey presente commis pourveu de ladicte abbaye selon qu'il apparissoit par placet de sa majesté, et provision tant de coadjutorie que de futeur successeur en icelle. Le tout registré au registre de ladicte court. Lesdict sires conseilliers nous avoient commis et depputé, selon que plus amplement apparissoit par nostre commission que ledict sire procureur general nous exhiboit promptement pour [Folio 2 recto] en sa presence et instance appellé avec nous, les greffiers de ladicte court, son commis ou l'ung de ses clercs jurez, mectre et assoir ladicte abbaye soubz la main de sa Majesté, ensemble les biens et revenuz d'icelle et les y regir jusques aultrement fut ordonné, a charge de prester caution; faire faire description et inventaire des biens, tiltres, lectraiges et reliquiaires en dependant, nous requierant de suyvant ladicte commission, vouloir proceder a ladicte mainmise desquelles requisitions ayant au prealable acceptée notre dicte commission; avons ouctroyé

Annexe 1.

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- IV -

acte audict sire procureur general et declairé comme nous declairons que nous mectons soubz la main de ladicte Majesté, ladicte abbaye de Belevaulx, fruictz et revenuz en dependant, et que soubz icelle, ilz seront par nous regiz jusques aultrement soit ordonné, interdisant a tous de par sadite Majesté et ladicte court y donner aulcung empeschement, declarant en oultre que suyvant ladicte commission, y sera faicte resception et inventaire desdict biens, tiltres, lectraiges et reliquiaires dependant de ladicte abbaye, et pour le [Folio 2 verso] regard de ladicte caution a nous ordonner de prester; declarons aussi que y satisferont estant au lieu de Dole auquel sir procureur general avons intimé et fait apparoir que par le placet que nous avons obtenu de ladicte Majesté et provision sure ensuyvie pour le faict de ladicte abbaye, nous estant seullement tenu et chargé de avant que prendre possession d'icelle de prealablement y faire profession solempnelle pour prendre l'habit et en obtenir dispense ce que nous avons faict selon que coustait par les actes et epesches au sire abbé de Theulley comme grand vicaire du reverand sire et abbé de Cîteaulx general et superieur de ladicte abbaye de Bellevaulx. Et comme ce que ledict sire procureur nous avait veu et vesti ordinairement porter l'habit dudict ordre. Et ce a cette fin que il ne pretendast cause d'ignorance et qui l'attesta a ladicte court ce que aulcune doubte n'y soit mise. Laquelle mainmise avons faict assavoir audict prieur et religieulx illec present. Lesquel ont respondu qu'ils estoient tres humbles [Folio 3 recto] orateurs de sa Majesté et qu'ilz obeyraient faict et donné soubz notre soin manuel cy mis avec celluy dudict juré. Les an et les jour susdictz presens. Et le mesme jour, ayant faict venir par devers nous, maistre Claude Roussel de Ryoz, juge en la justice de ladicte abbaye et Claude Loye procureur en icelle, ausquelx avons faict scavoir ladicte mainmise leur interdisant y contrevenir a quoy ils ont dit qu'ilz obeiraient. S 'en suyt notre commission. Sur reqeste par escript presentes aux conseilliers de la cour souveraine du parlement estant presentement a Dole, par le procureur general en icelle disant qu'il estoit dehument informé et adverty qu'il auroit peu a Dieu prendre a sa part messire Loye du Tartre, abbé de l'abbaye de Bellevaulx.

[Folio 3 verso] Par le moyen duquel deces ladicte abbaye estoit vacante et despourveue d'administrateur, a raison dequoy il requeroit que commis fut depputé pour asseoir et mectre soubz la main de sa Majesté ladicte abbaye, fruictz et prouffictz et revenuz en dependant pour soubz icelle estre regie et administrée, jusque aultrement fut ordonné.

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- V -

A ce que le divin service soit fait et desservy selon l'intention des fondateurs, les religieulx nourriz et entretenuz convenablement. Et les biens d'icelle abbaye consernez aux successeurs selon qu'en tel cas ladicte court avait accoustumé de faire; dont ladicte requeste et vue aultre surce presenté par domp Pierre d'Albamey se disant estre pourveu de ladicte abbaye. Commis aussi cet placet et provision par luy obtenue d'icelle abbaye. Reposant rier ladicte court lesdict conseilliers ont commis et depputé commiectait et depputait ledict domp Pierre d'Albamey pour a l'instance et en presence dudict procureur general et du greffier de ladicte court sur son commis en l'ung de ses clercz jurez Moche soubz la [Folio 4 recto] main de sadicte Majesté ladicte abbaye, fruitz et revenuz d'icelle et les y regir jusques aultrement soit ordonné a caution qu'il prestera, et a charge de procurer que le divin service y dehu soit faict et administré; ledict lieu conservez et les religieulx nouriz et entretenuz selon la fondation d'icelle abbaye, et oultre, de faire faire description et inventaire des biens, tiltres, lectraiges et reliquiaires en dependant par commis que a ce sera deputé. Lequel inventaire demeurera es main dudit procureur general, donnant de ce faire audict domp Pierre d'Albamey toute puissance neccessaire. Mandant au premier huissier ou sergent de sa Majesté requis faire fonct deploict a ce que dessue necessaire et qu'il en rectiffie. Faict a Dole en la chambre dudict conseil de ladicte court, le premier jour du mois d'octobre, l'an mil cinq cent octante et quatre. Et depuis ladicte court a commis et deputé, commect et deputé a faire ledict inventaire. Le greffier d'icelle soit commis en l'ung de ses clercs jurez an greffe luy donnant de ce tous pouvoirs pertinens. [Folio 4 verso] Ce quinzieme jour d'octobre l'an mil cinq cent octante quatre, en l'abbaye de Bellevaulx, par moy Nicolas Toytot, juré en greffe de la court souveraine du parlement a Dole et par elle commis en respartie, et a la requisition du noble mestre Henry Camu, conseillier de sa Majesté et son procureur general en ses pays et parlement de Bourgougne, aussi en presence de domp Pierre d'Albamey, futeur successeur et pourveu de ladicte abbaye, commis a tenir icelle soubz la main de sa Majesté, ont esté inventorié les biens tiltres, lectraiges, reliquiaires et aultres meubles cy apres retionnez en icelle abbaye. Ayant prealablement declaré ledict sire d'Albamey, que le revenu de ladicte abbaye avait esté laissé en admodiation par fut domp Loys du Tartre, luy vivant abbé de ladicte abbaye a Antoine Midoz de Moindon pour le prix de cinq mil deux cent frans, et que les grains et vins qui se retrouveroient en ladicte abbaye appartiennent audict Midoz, et n'en avoit delaissé aulcungs, ledict fut sire abbé [Folio 5 recto] et que comme ledit fut sieur faisant sa residence actuelle au lieu de Besançon, cede meubles qu'il avoit estoit cellepart et n'en tenoit que bien peu audit

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- VI -

Bellevaux. Et si une porction d'iceulx avoit esté prinse et emmenée ne scoit par cuy. Mais il estoit apres pour s'en informer. En la chambre basse ou logeoit ledit fut sieur abbé ont esté trouvez: Ung lict de plume avec son cussin avec ung lodier, lanarchement estant sur ledict lict a esté appourté par ledit sieur d'Albamey comm'il a declaré. Item ung chalict de bois de chasne. Item ung matherat servant a une couchette dressée en ladicte chambre sur des lahons, garny d'ung ciel de lacy avec custode de toille. Item deux grandz coffrez de bois ferrez, deans lesquels ne sest trouvé [Folio 5 verso] aulcungs meubles, fois deux vieilles robbes données auparavant en aulmones aux serviteurs dudict sieur Deffanet. Item ung dressoir de bois de chasne Une table de nouhier avec son pied quarré Item six petites chaires a dol et une petite basse tapissés Une grande chaire a dol Item ung tableau d'ung crucifix Un tableau de l'effigie du pape Paul Pye Cinq petitz tableaulz en papier Deux andiers de fonte En la cuysine Deux aultres andiers de fonte Ung viel buffet

[Folio 6 recto] Une vieille chaire

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- VII -

Trois potz de fer tant grandz que petitz Une grille de fer Cinq chandeliers de louthon Deux potz de cuyvre Deux chauldieres Ung chauderon Quinze platz d'estaing Dix huict assiettes Deux escuelles Quatre potz tant grandz que petitz, le tout d'estaing. En la chambre haulte dicte la chambre des dames Deux lictz de plume avec leurs couvertes de poil de chien estais sur des charlictz de bois anciens Ung viel buffet Une table avec son pied Deux andiers de fonte

[Folio 6 verso] En une aultre chambre haulte Deux lictz de plume avec leurs couvertes de poil de chien, ledict lictz estant sur des anciens charlictz de bois attachez. Deux gros coffres de bois de chasne Deux andiers de fonte. En la chambre joignant a la vieille cuysine Ung tonneau a cuver vin tenant environ trois ou quatre quehues. Une longue table de sapin avec deux trateaulx

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- VIII -

En la grande cuverie sont les meubles suigans Trois grandz tonneaulx contenant chacun environ dix huict muidz. Ung aultre moyen tonneaulx contenant environ six ou sept muidz. Deux aultres tonneaulx appellez rondelz en deschargent. [Folio 7 recto] Ung grand treul fourny de toutes pieces. En la petite cave proche ledict treul Deux tonneaulx contenant chacun quatre quehues. Ung aultre tonneaulx d'environ deux quehues. En une aultre cave proche ledict treul Ung grand tonneaul tenant environ six quehues. En la cuysine haulte appellée la laudrechy et au poille y joignant Deux gros andiers de fonte Ung vieul chalict de chasne Deux vieux coffres de bois Ung buffet a l'ancienne façon Une vielle table de cuisine [Folio 7 verso]

Au poille Ung petit chalict de camp Deux bancz et une chaire a doz

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- IX -

Ung buffet de chasne Une table de sapin, le pied quarré et tourné. Et quant aux aultres meubles estans esdict cuisine et poille il a esté veriffié par messire Hugues Febvre, prebstre et damoiselle Anne Fremond, femme d'Antoine Midoz, admodiateur de ladicte abbaye, qu'ilz appartenoient a icelluy Midoz. En la sacristie et en l'eglise sont esté retrouvez les reliquiaires joyaulx, habitz d'aultez et aultres choses suygantes : Scavoir une croix d'argent sur laquelle esté erigé un crucifix aussi d'argent. Le pied de ladicte croix de louthon muny de pierreries et feullaiges d'argent. [Folio 8 recto] Item le chiefz de monseigneur Saint Pierre enchassé en argent, doré aux bordures. Item le chiefz saint Estienne prothomarti, enchassé aussi en argent et doré. Item ung reliquiaire d'argent, le pied duquel est de louthon, auquel est l'ung des doibtz de saint Luc. Item le bras saint Nicolas enchassé d'argent. La platine en dessoubz duquel est de louthon aux doigs duquel il y a quatre aneaulx assortiz de pierreries. Item une aultre ymage de sainte Lucie. Le pied d'icelle doré. Item ung aultre bras d'argent ou l'on ont esté des reliques de saint Jehan-Baptiste munye alentour de plusieurs pierreries aux doigs duquel bras y a cinq aneaux assortiz aussi de pierreries. Item en ladicte sacristie se sont retrouvez plusieurs ossemens de plusieurs sainctz enveloupez dedans ung linge avec deux petites bources ou que l'on dict estre une des coste de sainte Marie-Magdaleine. Des ossemens du bras Saint Pierre et de plusieurs aultres sainctz.

[Folio 8 verso] Item six calice d'argent, l'ung desquelx l'on dict estre le calice saint Pierre de Vienne, la platine d'icelluy aussi l'ung des aultres doré ou sont les armoiries de messieurs de Grandmont. Item une couppe d'argent dorée que l'on dict estre celle dudit saint Pierre. Item deux petites chanettes d'argent.

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- X -

Item ung encenssier avec les chaines. Le sont d'argent. Item ung bois de longueur de deux pied sur lequel il y a de petitz feuillaiges d'argent et, au milieu, est enclavé une croix double du Saint-Esprit enclavé sans qu'il y aye aulcung reliquiaire. Item audict lieu s'est retrouvé une couppe de bois au milieu de laquelle est une rose d'argent. Item deux mytres de satin blanc, la plus grande bordée alentour de passement d'or et en icelle y a quatre [Folio 9 recto] pierres et l'aultre est celle que l'on dict estre la mytre Saint Pierre avec ce est ung linge alentour duquel, mesme aux quatres coings sont des mouchiers de soye, ledict linge propre a mectre a une crosse. Item une bource a mectre des corporaulx, couverte d'ung cousté de soille d'or et de l'autre de velour noir. Item ung matheras avec le lodier que l'on oit estre celluy Sainct Pierre. Item dedans une boytte de louthon s'est retrouvé une ceinture que l'on dit estre celle dudit saint Pierre. Item une aulbe ou il y a deux paremens en broderie devant et derrier, sur les manches, les epaules et soubz les bras aorné de tissu faict en broderie d'or que l'on dict estre celle dudict Saint Pierre, avec thunicque de taffetas blanc bordee de satin rouge. Item une croix darquemyé servant sur le grand haultel et aux pommeaulx y des croisons de cuyvre. Item sur ledict grand haultel est un reliquiaire de louthon doré, les reliques d’icelle de saint Pierre, saint Paul et de plusieurs autres sainctz selon les escriptz d’icelluy. [Folio 9 verso] Item sur ung derrier le grand aultel sont deux chiefz, l'ung de sainct Theodore et l'aultre des onze mille vierges enchassées de louthon en cuyvre. Item sur le mesme aultel est ung aultre reliquiaire que l'on dit le benedixiti enchassé de louthon ou sont des reliques de saint Antoine et d'aultres sainctz. Item ung tapi que sert sur le grand aultel, tissu de beaulcoup façons de soie avec une nappe damassée.

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- XI -

Item en l'eglise de l'abbaye dudict Bellevaulx sont dix haube pour faire le service divin et sur les autelz et en ladicte sacristie sont des nappes y servans. Item en ladicte sacristie et en ladicte eglise et pour le service que l'on faict en icelle sont les chasubles tunicques et chappes de son suyvent. Scavoir une chasuble et deux tunicques de satin turquin, de plusieurs couleurs doublée de bougran noir. Item une chasuble, deux tunicques et deux chappes jaulne. [Folio 10 recto] Item une chasuble de velour bleu, l'ouffroy de laquelle est de velour rouge enrichy et bordé d'or par derrier et par devant est une croix de taftas rouge doublée de bougran rouge. Item une aultre chasuble de velour rouge, figurée de bleu l'ouffroy de laquelle est de fil d'or, de soye blanche, verde et grise. Item une chasuble de velour bleu figuré l'ouffroy de laquelle est de broderie et en icelluy sont plusieurs [ ]1 et ung Agnus Dei icelle doublés de bougran rouge. Item une chasuble de damas vert, figure l'ouffroy de laquelle est de broderie et y a plusieurs ymages de Notre Dame et aultres sainctz. Item une chappe de damas semé par le dessus a plusieurs endroictz de fleurs d'or. Item une chasuble et deux tunicques de damas blanc figuré, l'ouffroy de laquelle chasuble en broderie de fil d'or. Et aussi y a deux chappes de damas blanc.

[Folio 10 verso] Item deux tunicques de taftas gris, l'une tirant sur couleur bleue. Item une chasuble et deux tunicques faictes de broderies en or, ladicte chasuble semée de pierrreries. Item une chasuble de velour rouge ou il y a plusieurs armoiries au lyon enrichies de perles avec les deux tunicques de taffetas rouge. Item une chasuble de samy orangiers et les tunicques de mesme matiere. Item trois chappes noir avec une chasuble et deux tunicques, le sont de camelot noir.

1 Illisible sur le document

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- XII -

Item une chasuble et deux tunicques de taftas vert. Item une chasuble a la vieille façon de samye gris. Item une tunicque de taftas rouge. Item deux tunicques de toille blanche. Item une chasuble verde ou sont les armoiries de messire de Grantmont. [Folio 11 recto] Item une vieille chasuble de couleur orange figuré de rozes bordés avec deux vieilles tunicques de taftas bleu. Aussi une vieille chasuble de taffetas rouge et encore une aultre de samys. Item le poille et ciel servant a porter le Corpus Domini avec sa chapelle de cuyr doré. Item dix nappes servantz aux aultez pour le service divin. Item par fut reverand sieur messire Loyd du Tartre, evecque de Nicopoly, suffragent de Besançon et ledict abbé dudit Bellevaulx, sont esté donnez en ladicte abbaye: une chappe, une chasuble et deux tunicques de taftas blanc avec les estoles et manipules. Lequel a aussi donné ung parement et devant d'aultre en forme d'ung tapis figuré d'or et d'argent en fleurs et au mylieu y a une ymage de saincte Magdeleine embrassant une croix. Item une crosse d'argent doré de l'haulteur de plus d'ung homme, icelle estant de cinq pieces et laquelle de toute ancienneté appartient a ladicte abbaye. Item une mytre bordée et enrichie de perles appartenant aussi audict couvent de toute ancieneté . [Folio 11 verso] S'ensuyvent plusieurs tiltres retrouvez en l'abbaye dudict Bellevaulx. Scavoir plusieurs tiltres estans dedans ung sac servantz pour les drois que les sieurs dudict Bellevaulx ont, au lieu de Braillans escript sur le dict sac Braillans entre lesquelx est l'accenssement de la grange dudict Braillans. Lesdict tiltres en nombre de douze. Ledict sac cothé.

A Ung aultre sac sur lequel est escript Vieilley, Merey et Venize en sont douze tiltres tant en papier que parchemin. Ung commencement d'inventaire celhe ledict sac.

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- XIII -

B Ung aultre sac ou sont plusieurs tiltres servans auxdict sieurs des redelvances a eulx dehues a Montaigney, Arbois et Salins desquelles redelvances l'on ne jouy presentement comme il a esté attesté par frere Pierre Parisot, prieur de ladicte abbaye. Lesdict tiltres en nombre de quarante. Icelluy sac cothé.

C Ung aultre sac lequel est escript Dampierre, Fontenoy et Noroy duquel y a vingt six tiltres. Ledict sac cothé.

D Ung aultre sac de plusieurs tiltres escript au-dessus Monstarlot concernant le priorey dudict Monstarlot annexé a ladicte abbaye. Les bulles de ladicte abbaye annexé y estans et y a treize tiltres en parchemin et aultres en papier, mesme ung commencement d'inventaire desdict tiltres. Icelluy sac cothé.

E [Folio 12 recto]

Ung aultre de plusieurs tiltres cothé au dessus Baulmotte ou il y a vingt deux tiltres en parchemin et trois en papier. Ledict sac cothé.

F Item ung aultre sac sur lequel est escript Menoux et Moydan estant icelluy huit tiltres en parchemin. Cothé.

G Ung aultre escript Ebertans ou sont dix huict tiltres en parchemin . Ledict sac cothé.

H Ung aultre sac escript dessus Rouland et Rougemont, deans lequel sont neuf tiltres en parchemin. Cothé.

J Ung aultre sac ou il y a trente tiltres en parchemin, sur lequel est escript Verchamps, Rougemont, Guillon, Coudrey, Fran et Lartan. Cothé.

K Item dedans ung aultre sac sont trente tiltres en parchemin et deux en papier, sur ledict sac est escript Pirey, Geneulles, Genevrey, Cuegney, Moilley, Villerchemin, Russey, Poloingnon, Cicon, Myollot, Ucelle, Villersgrelot, Saultoyson, Ryol, Gonhenans, Mesandans, Cromary, Noroz, Mons, ledict Villers espres Malussy aux Montbresson. Ledict sac cothé.

L [Folio 12 verso] Ung aultre sac auquel sont neuf tiltres en parchemin et ung en papier, sur lequel sac est escript Nensvelles, Breurey et Chey. Cothé.

M Ung aultre sac escript au-dessus Besançon, Arbois et Lyon-le-Saulnier deans lequel sont quinze tiltres en parchemin et six en papier. Cothé.

N Ung aultre escript au-dessus Vandelans ou sont dix huict tiltres en parchemin et deux en papier. Cothé.

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- XIV -

O Ung aultre escript Hyvre, Salins, Bahle sur le deux et Banlins ou il y a onze tiltres en parchemin et trois en papier. Cothé.

P Ung aultre escript au-dessus Dornoy ou il y a trois tiltres avec quelques papiers attaichés. Cothez.

Q Ung aultre sur lequel est escript pour messieurs les procureur general et frere Loys du Tartre supplians contre François Ronssenot de Quenviche ou il y a plusieurs missives et aultres papiers. Cothé.

R Ung aultre sac ou sont plusieurs pieces sur lequel est escript pour les Flagey contre les maitres des forges. Cothé.

S

[Folio 13 recto] Ung sac d'ung proces des sires venerables contre Claude Gresllemont. Cothé.

T Ung aultre sac d'ung proces pour les sires dudict Bellevaulx contre messire Estienne de Crusille concernant le faict de la cure de Chambornay. Cothé.

U Ung aultre sac d'ung proces desdict sires venerables contre Claude Gresllemont au faict d'une recreance des fruictz d'aulcung heritaiges deppendans de la grange de Montarlot. Cothé.

V Item ung aultre sac retrenus au cabinet dedans ung coffre de cuyr bonlir avec d'aultres ou sont quarante trois tiltres en parchemin et trois en papier sur lequel est escript Marchault et Chasault. Cothé.

A.A Ung aultre sac sur lequel est escript lettres de constitution de rentes au prouffit des sires venerables de Bellevaulx. Et deans icelluy sont cinquante trois tiltres en parchemin et cinq en papier. Cothé.

B.B Ung aultre est escript Valleroy pres Bellevaulx ou il y a trente deux tiltres en parchemin et sept en papier. Cothé.

C.C [Folio 13 verso] Ung aultre escript Thurey, Chambornay et Neufvegrange ou sont cinquante quatre tiltres en parchemin et six en papier avec plusieurs quictance de patronaige de Chambornay. Cothé.

D.D Ung aultre d'ung proces pour le sire de Bellevaulx contre messire Estienne de Crusille au tant de la cure de Chambornay et Cyrey y estans dix sept tiltres en parchemin et quatre en papier avec ung inventaire des pieces exhibées audict proces. Cothé.

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- XV -

E.E Ung aultre escript dessus Behans ou sont vingt-cinq tiltres en parchemin et huit en papier. Cothé.

F.F Ung proces en ung sac contre le curé de Quenoche pour le faict de ladicte cure, deans lequel sont quatre vieulx tiltres et ung aultre. Cothé.

G.G Ung aultre sac sur lequel est escript les granges Tronchierfontene et Verjoulet ou sont quatre tiltres en parchemin. Cothé.

H.H Ung aultre escript Bathenaux et Morchamps ou sont treize tiltres en parchemin et cinq en papier. Ledict sac cothé.

J.J [Folio 14 recto ] Ung sac d'ung proces pour les sires de Bellevaulx contre le procureur de Montbozon deans lequel sont dix huict tiltres oultre la procedure dudict proces avec une sentence en parchemin rendue au siege de Vesoul confirmatin a celle rendue par le juge dudict Bellevaulx. Ledict sac cothé.

K.K Ung aultre sac qu'est ung proces au faict des dismes de Baulmotte y estans deux tiltres en parchemin. Cothé.

L.L Ung aultre escript au-dessus Chambornay ou sont soixante quatre tiltres en parchemin et six en papier. Cothé.

M.M Ung aultre escript au-dessus Vaivre, Eschenoz-le-sec, Filay et Cheney ou sont trente ung tiltres en parchemin et quatre en papier. Cothé.

N.N Ung aultre escript Germondans ou sont ving ung tiltres en parchemin et ung en papier. Cothé.

O.O Deux aultres accouplez ensemble, escript sur l'ung Cocelles, Regney, Myellot et sur l'aultre Molin, Martin, Regney et Rignosot. Cothé le premier.

P.P Et l'aultre, Q.Q sestans tenuz en celluy de P.P quatorze tiltres en parchemin et six en papier et l'aultre cothé Q.Q quinze tiltres en parchemin et six en papier.

Q.Q Ung aultre escript au-dessus pour noble Guillaume Vollier ou sont trente cinq tiltres en parchemin et six en papier. Cothé.

R.R [Folio 14 verso] Ung aultre escript tiltres de Quenoche ou sont quarante tiltres en parchemin. Cothé.

S.S Ung aultre escript dessus Marluz ou sont neufz tiltres en parchemin et ung en papier. Cothé.

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- XVI -

T.T Deux aultres sac accouplez ensemble, l'ung escript dessus sac des dîmes et l'aultre d'ung proces pour les sirs de Bellevaux contre le procureur general du parlement de Dole. S'estans retenuez en celluy des dimes vingt neufz tiltres en parchemin et ung en papier et en l'aultre trente ung tiltres en parchemin. Ledict sac cothé.

U.U Ung aultre escript Argyrez, Villerspater et Cromary ou sont tente deux tiltres en parchemin et six en papier. Cothé.

V.V Ung aultre ou est escript bulles aplicques ou il y a tant bulles que tiltres, vingt trois et huict papier. Cothé.

Y.Y Ung aultre d'ung proces sur Michiel Moris de Tienez, deans lequel est le tiltre, la cense de trente cinq quartes froment. Cothé.

Z.Z Ung aultre des tiltres d'Aulthoyson ou sont soixante cinq tiltres en parchemin et dix sept en papier. Ledict sac cothé.

G.G Ung aultre sac sur lequel est escript tiltres de Filain y estant sept tiltres en parchemin et austant en papier. Cothé.

Pa [Folio 15 recto] Ung aultre d'ung proces contre les Merot de Chauldefontaine ou n'y a que des pieces en papier. Cothé.

Ter Ung aultre d'ung proces contre Paris Gilbert ou sont quatre tiltres en parchemin. Cothé.

No Ung aultre d'ung proces contre monsire d'Audeloc ou sont soixante deux tiltres en parchemin et seize en papier. Cothé.

Ster Sur ung aultre des tiltres de Chambornet ou sont vingt tiltres en parchemin et huict en papier. Cothé.

Qui Ung aultre escript dessus previlegia ou sont soixante sept tiltres en parchemin et treize en papier. Cothé.

Es Ung aultre des tiltres du Frostan, Andelarot, de Vellefaux ou sont quarante six tiltres en parchemin et vingtz en papier. Cothé.

In Ung aultre de Chastillon Guyotte ou sont six tiltres en parchemin et austang en papier avec plusieurs aultres proces en parchemin et papier attaichers ensemble. Cothé.

Coe Ung aultre escript au-dessus Anthonson ou sont dix neufz tiltres en parchemin et quatre en papier. Cothé.

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- XVII -

Lis Ung aultre escript dessus Moncey et Venize ou sont quarante trois tiltres en parchemin. Cothé. Sanc [Folio 15 verso] Ung aultre escript au-dessus Griseulle, Maulfans, Mancenan, Olanz et Villersuccon ou sont dix neuf tiltres en parchemin et deux en papier. Cothé.

Ti Ung aultre escript au-dessus Cirey ou sont quatre vingtz neufz tiltres en parchemin et seize en papier. Cothé.

Fi Ung aultre escript dessus Roiche-sur-Longnon ou sont cinquante ung tiltres en parchemin et dix sept en papier. Cothé.

Ce Ung aultre escript dessus Magnyd ou sont onze tiltres en parchemin et quatre en papier. Cothé.

Tur Ung aultre escript dessus Chauldefontaine ou sont vingt quatre tiltres en parchemin et cinq en papier. Cothé.

No Ung aultre escript dessus Polongney ou sont six tiltres en parchemin et ung en papier. Cothé.

Men Ung sac escript au-dessus Ryol, Fondrement et les granges ou sont quarantes ung tiltres en parchemin et douze en papier. Cothé.

Tu Item ung aultre grand sac ou sont plusieurs minutes de recongnoisance servant a ladicte abbaye que les officiers dudict Bellevaulx ont declaré debvoit estre de expediées par les heritiers servent maistre.

[Folio 16 recto] Guillaume Crenoiseret et Johan Goluz dont proces est pendant en ladicte court es mains desquelx heritiers comme l'on dit se trouvera le commencement de la greffe desdict recongnoissances pour la multitude et grand nombre desqelles minutes nous a esté faicte aultre decription. Sur lequel sac est et escript les recongnoissans retriées heritiers Jehan Goluz. En ung grand sac se sont retrouvez neufz aultres sacz de papiers et tiltres amassez, non encores separez n'y distinguez pour recognoistre a quy ilz servent sinon en termes generaulx. Ledict grand sac cothé.

Ave Sur l'ung desquelx sacz est escript tiltres pour l'abbaye de Bellevaulx et en icelluy ont esté tenuz quatre vung seize tiltres en parchemin et vung cinq en papier. Ledict sac cothé.

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- XVIII -

Maria Item ung aultre sac sur lequel est escript Bellevaulx et deans lequel icelluy sont plusieurs pieces de proces tenuz contre divers tant subjectz de ladicte abbaye que aultres. Ledict sac cothé.

Gracia [Folio 16 verso] Ung aultre sac sur lequel est escript tiltres et recongnoissances concernans l'abbaye de Bellevaulx. Cothé.

Plena Deux aultres sacz attaichez ensemble concernans l'admodiation faicte de ladicte abbaye et revenuz d'icelle à Nicolas Berens et Aymé, norrice de Dole et subadmodiation à Nicolas brut. Ledict sac cothé.

Dominus Ung sac ou sont huict tiltres en parchemin et plusieurs papier concernans une cause demeurer en l'officialité contre Jehanne Hastot. Ledict sac cothé.

Tecum Ung aultre sac sur lequel est escript Monteignez ou sont vung sept tiltres en parchemin. Cothé.

Benedicta Plus deans ledict sac, grand sac cothé, avec sont esté trouvez divers papiers et tiltres pour la multitude desquelx nous a esté faicte aultre description. Surattendant le Loy sire dudict sire abbé. Deans lequel sont estez remis ledict susdict sac. Item ung viel inventaire des livres, meubles et joyaulx de ladicte abbaye. [Folio 17 recto] mesmes de ceulx qu'estoient en la maison de Besançon. En l'an mil quatre cens octante et ung. Item cinq comptes du revenu de ladicte abbaye des années quinze cens cinquante ung, soixante deux, soixante trois, septante ung et septante huict. Item deux manuels et ung papier des fermes du revenu de ladicte abbaye. La grosse des enquestes en papier contenant C III XX VII fuilletz signés en fin Villier de Salin et Guyd des Haultz. Item ung repertoire en parchemin, des biens et revenuz de ladicte abbaye commenteant, descriptiones, locorum et villarum et finissant au penultiesme fuillet Manssuy [ ]2 dira Carloz.

2 Abbreviation incomprehensible.

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Procès-verbal de 1616 [Folio 1 recto] Avoit sur ledict grand haultel, un tabernacle de bois[ ]3 menuserie painct de doré tout à neuf, dans lequel repose le tres Sainct Sacrement de l'aultel, que dessus present nous ont declaré avoir este ainsi orné [ ]4 ledict sire de Bellevaux, sont environ six ans de [ ]5 serment sur ledict haultel, au lieu qu'au paravant il estoit referre en certaine (areuaire) de sur ledict devant, avons veu un voile de teffetas rouge, de quel il est connu que lesdict religieux nous ont vraiment declaré avoir este donné pour ledict sire de Bellevaux, et que avoit faict repeindre et redoré deux figures d'ange taillées de bois, qui accompagnent ledict tabernacle, derrier lequel est un grand tableau, aussi contenant les figures de Notre Seigneur et des douze appostres, en relief pains et doré a l’anticque, avec les vantaux de platte peinture, le tout en bon estat sauf que paroist estre antich. En oultre, avons relegué que ledict grand haultel se pare d'un devant de tapisserie en cuyr doré, assez usé et aljustant [ ]6 et a esté representé un aultre de matiere de [ ]7 des armes dudict sire de Bellevaux que lesdicts religieux nous ont dict avoir esté donné par luy, avec un grand tapis de mesme estoffe qui couvre le grand haultel et deux carreaux, de mesme que sont les mesmes ornemens, dont ledict haultel estoit paré lors que ledict sire abbé de Niselle eu faict la visitte au mois de juin de l'an mil six cens et quinze, et qu'il y souloit avoir un aultre avec en devant ledict aultel avec les armes du fut sire d'Albamey, [ ]8 abbé, dont l'haultel Notre Dame est presentement paré. Encore avons vu sur ledict grand haultel deux vases et deux chandeliers d’eglise, le tout estans que ledict sire de Bellevaux y a donné ; et quant aux reliquiaires, y en avons vu deux que l'on nous a dict estre des chefz : l'un de sainct Theodose martir, et l'aultre d'une des onze milz vierges qui sont enchassé dans des bulles de cuyvre soustenus, declaré [ ]9 lesquels [ ]10 sur ledict grand haultel et n’ont esté plus richement enchassés, crainte qu’elles ne fussent esrobées. [Folio 1 verso] comme lesdicts religieux ont dit [ ]11 aultre (roue), mais nous ont declaré que dans la sacristie il y auroit plusieurs aultres reliquiaires enchassez d'argent, pour la recongnoissance, lesquelx avons esté en ladicte sacristie conduict par ledict dom

3 Document altéré.

4 Document altéré. 5 Document altéré. 6 Document altéré. 7 Document altéré. 8 Document altéré. 9 Document altéré. 10 Document altéré. 11 Document altéré.

Annexe 2.

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Fernands Seguin ou il nous a faict veoir deux chefz d'argent de la grosseur du naturel et dans l'un esquelx est le chef de sainct Pierre archevesque de Taraisque, et l'aultre de sainct Estienn, premier martir, avec une croix d'argent de la haulteur d’environ troie pieds soustenue par un pied de cuyvre et une petite figure de saincte Lucie de la haulteur de deux pied, ausi d'argent sauf que la base est de cuyvre. Oultre quelques aultres reliquiaires de cuyvre doré et nous estant dequel où estoient les reliques de sainct Jehan Chrisostome et de sainct Nicolas, mentionnée en la visitte dudict sire de Niselle. Ledict dom Seguin nous a faict veoir plusieurs ossemens enveloppez dans un linge, avec quelques lamel d'argen qui ont aultrefois servi à un bras auquel lesdict ossemens de sainct estoient enchassez, mais avoit esté desrobez et perdus espace de plus de vint ans. Ilz furent retreuvez dans un bois entre Plessure et Quenoche en l'an mil six cens et sept. Et a la requisition dudict sire official, avons interrogier ledict dom Fernands Seguin, si ledict sire de Niselle faisant sadicte visitte l'an passé, avoit visitté ladicte sacristie et releguier lesdict reliquiaires. Il nous a respndu que non, mais qu'il se contenta de recquerir de luy combien il avoit d’aubes et aultres ornemens d’eglise et si les reliques estoyent convenablement enchassées. De quoy, il luy declaré la verité en ayant faict voir audict sire sacristain la copie signé Tuiseau d'un inventaire faict le vung sixieme juillet de l'an mil six cens et quinze, de tous les ornemens d’haultel et sanctuaires de ladicte abbaye ; cy apres en avoir entendu la lecture d'article à aultre, il nous a dit que le tout estoie encore en estre presentement de ce que il rendront compte, [Folio 3 recto] toutes et quanteffois pour ce que au regard qui pour a sa charge et quant à ceux qui ont estez a Besançon avec la crosse abbatiale, ilz sont en la puissance dudict sire de Bellevaux pour estre comprins plus surement. En demandant si ledict sire de Niselle avoit particulierement visitté et regardé tous lesdicts ornemens et sanctuaires rapportés audict inventaire, et qui nous ont este presentez, il nous a dit que non et qu'il ne fait aultre que recquerir verbalement et ce qui estoit en la sacristie. En escripvant ledict sire Official est offer de metre encore entre les mains dudict sacristain, d'aultre ornemens que ledict sire de Bellevaux a faict faire tout à neuf pour l’ornemen de ladicte eglise et du service divin qui se celebre en icelle, et par effet ledict a reputé de remettre en puissance dudict sacristain, tel qu'ilz sont cy apres declarez : Premierement un devant d'haultel de damas rouge cramoisi , enrichi de passemens d'or et des armes dudict sire de Bellevaux pour servir au grand haultel. Uung aultre de damas blanc orné, enrichi de mesmes passemens et armes pour l’usage dudict grand haultel.

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Ung aultre de drap noir avec une grande croix de boucassin blanc et un aultre de mesme, propre à metre sur le fenestre lors que l'on chante pour les trepassés. Encore deux aultres devant d'haultel de matiere de mi soye figuré de jaulne et de blanc en forme de devant avec deux passemens vert en l'un et rouge et bleu de l'aultre des arames dudict sire de Bellevaux en broderie comme aux broderis, l'un pour servir a l'haultel Notre Dame et l'aultre pour celuy de la chapelle Sainct Pierre. Un aultre devant d'haultel d'etoffe de Flandres, figuré de jaulne et rouge avec mesme passemen rouge et bleu et armes en broderie pour orner l'haultel de la chapelle dicte de l'Admiral des maisons de Vienne et d’Oiselet. [Folio 3 verso] Plus douze nappes ouvrées, deux de lin, deux de chaque pour couvrir lesdict haultels. Le tout remis en notre presence es main dudict Fernands Seguin, sacristain qui s'est chargé des garde avec les aultres sanctuaires de ladicte eglise. Interrogié combien il y avoit de nappes et d'autres en ladicte eglise au cours de la visitte dudict sire de Niselle, dict qu'il y avoit quatorze aubes, tant bonnes que vielles, dont sept present bonnes et les aultres fort usées et neuf nappes. Ce faict, avons visitté tous les haultels et chapelles de ladicte eglise. Et premierement celuy qui est dans le cœur appelé l'haultel de l'Admiral, nous l'avons tenue paré d'un devant d'aultel de cuyr doré avec deux images en reliefz assez bien toinées formées. Hors du cœur, celuy de la chappelle Notre Dame paré d'un devant d'haultel de matiere verte et avec un tableau de platte peinture presque tout neuf et en bon estat. Celuy de la chappelle Sainct Antoine, avec deux statues: l'une de Notre Dame de pitié et l'aultre de sainct Antoine, peintes et dorées et sont vielles et neanmoins en assez bon estat et un devant d'haultel en cuyr doré avec la nappe et le tapis. Nous ayant esté declaré que ladicte chappelle avoit esté bastie et fonder par la maison de Montmartin. En la chappelle de Toussainctz, dicte de Rougemont, avons tenue l'haultel senblables, paré d'un devant de cuyr doré avec un viel tableau de platte peinture tou gasté de viellesse. En la chappelle Sainct Jean, n'avons treuvé aucun parement en l'haultel, sur lequel sont trois statues en relief de Notre Dame, de sainct Jehan et de sainct François et un tableau de toille peincte a destrempe qui a servi en paremen au grand haultel.

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Et nous a esté declaré par lesdict religieux qu'ilz avoient entendu que le tableau estat aultrefois en ladicte chappelle avoit esté aultrefois transporté [Folio 4 recto] par les seigneurs (d’Ache)12, fondateurs de ladicte chappelle au lieu d’Avilley ou il est encore presentement. La chappelle suivante, appellé la Trinité ou sont la sepulture quelques seigneurs de la maison de La Rian n'a aucun parement et haultel et et selement un viel tableau de platte peinture tout gasté et rompu de viellesse. En celle de Sainct Sebastien, fondé par les sire d’Andelot, il y a une statue de sainct Sebastien en relief et un viel tableau tout gasté sans ancun ornement. Celle de Sainct Humbert a une statue de Notre Dame et une de sainct Humbert bien peinct et dorée, et un tableau de sire Humbert a qu’elle, qui est decoré, assez beau, n'estant gasté que par l'umidité du lieu. Nous ayant esté declaré par lesdict religieux qu'il n'y avoit pas quinze ans qu'il avoit esté faict. La chappelle des Trois Roys, fondé par les sire de Chastillon a un tableau peinct de bois,dont les couleurs paraissent encore assez bien et neanmois tombent et ecaillent toutes par l'umidité du lieu. Celle de Sainct Laurent de mesme. Et quant a celle de Sainct Pierre, estant tout au bout de ladicte eglise, fonder par les Contes de la Roche, nous avons tenus l'haultel paré d'un grand cuyr avec deux tableau tout escourchez. Encore proche la porte du cœur, est un aultre haultel appellé de Sainct Anne avec un viel tableau de bois en relief et un ancien parement de violet avec une image en broderie de saincte Solaine. Sur quoy ledict sire Official nous a remonstré que toutes lesdictes chapelles ayant esté fondées par les seigneurs presentemen du pays, selon que les armes et sepultures de leur maison. Lesquelx est à la charge d’eux les entretenir et non du sire abbé. Aussi pensere notre [ ],13 ont [Folio 4 verso] declaré audict sire religieux que dit intention estant d'y faire faire des tableaux. Nous ayant depuis remonstré que si l’on tenoit lesdicts haultelz paré, les ornemens seroient incontinent pourris ce que les religieux presents ont adjugé. Aussi avons nous recognu alors que l'umidité est fort grande, selon que la verdeur des murailles le demonstrant.

12 Ce mot est difficilement lisible dans le document. Ce terme semble le plus probable. 13 Mot illisible dans le document.

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De plus, ledict sire Official nous a faict veoir le crucifix estant sur l'haultel du coeur avec des images de Notre Dame et sainct Jehan, taillées de bois de relief, ont esté repeintes tout a neuf aux frais dudict sire de Bellevaux, les armes duquel sont peintes au pied de la croix avec le miliaire de l'an mil six cens et quinze. Plus, nous a monstré une porte neusve de bois de chasne, qu'il y a faict faire avec des ballustres a tour pour fermer l’entrée du coeur et d'aultre ancienes balustres qu'il a faict propre de partout, d'aultres des allées joignantes audict coeur afin que les[ ] n’y puissent estre pendant la celebration du service, conformemen a l'ordonnance du sire de Cîteau. Quand aux vitres de ladicte eglise, les avons tenus toutes en assez bon estat sans aucune ruyne notable, soit au coeur, a la nef ou aux chappelles. Et pour le regard des livres, graduelz, antiplionaires et aultres, dom Claude Cichet, prebstre, religieux en ladicte abbaye, nous a declaré que sur la difficulté que l’en a heu de treuver des neuf a vendre, le sire de Bellevaux a marchandé a luy de rabiller et remettre au besoing les anciens.

[Folio 5 recto] moyennant la somme de quarante huict francs, selon qu'il nous en a aussi apparu par le marché en datte du troizieme janvier mil six cens et seize, suyvant lequel il en a este raccommodé quatre : scavoir les deux graduez, deux des heures de mattine. Lesquelx il nous faict veoir et les avons recognu, proprement recouvert, referrez et reliottez au dedans ou il a esté besoing en sorte que cy apres l'un s'en pourra commodement servir. Et pour recognoistre la cause de l’umidité de ladicte eglise indehument du coté des chappelles et particulierement estre la chappelle Sainct Pierre et le grand portal, somme sortis hors de icelle et tournant a le tour, avons regardé que le terrain est fort (hau) du costé desdictes chappelles, ce que pour les ecoulements a aultrefois creusé un fossé tout du long. Lequel a besoin d'estre de nouveau repurgé, resparé en profondeur davantage a l'endroict qui commence de l'angle de ladicte chappelle Sainct Pierre. Il sera mieux de le continuer encore jusques proche la muraille joignant audict grand pourtal, afin de donnez [ ]14 qui tombe du couvent de l'eglise en cest endroit et de certaine fontaine y joignant jusqu’au destourner, qu'elle ne regorge plus avant dedans l'eglise pendant les grandes pluyes. Et toinant aux environs de ladicte abbaye, avons remarqué qu'elle est souvent entretenue de couverture tant au regard de l'eglise que de tous les aultres bastimens, tous recouvers, de moins pour la plus grande partie de tuiles plattes et coupés.

14 Mot illisible dans le document.

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De la, somme retirés au cloistre joignant ladicte eglise; la massonerie duquel nous avons tenue en bon estat la couverture bien entretenue. Le lambrissage en dedans en aussez bon estat, sauf qu'il a besoing de quelques menues reparation. Le pavement des deux costez faict pour la plupart de vielles tombes et tables de pierres en assez bonne [Folio 5 verso] forme. Les deux aultres allées parées de carraus, l'une bien entoré et en bon estat et l'aultre un peu ruynée a raison de plusieurs carraus que l’on voit lesdicts en ruyne et rompus en divers endrois. Sur quoy ledict sire Official nous a remonstré que ledict sire de Bellevaux en avoit marchandé la reparation il y a deux mois. Et en dedans dudict cloistre joignant a li cloz est une belle et vive fontaine que ledict sire de Bellevaux y a faict redresser et reconduyre pour la commodité des religieux, selon qu’il avoit esté admise advisé lore que le sire consellier Rosler a fait la visitte en l’an mil six cens et sept. Dez ledict cloistre, sommes esté au chapitre y joignant que nous avons treuvé en bon estat, mesme que le planchier a esté refaict tout a neuf, de planches et platons de chesne. Encore au joignant dudict cloistre, nous a esté montré une grande cuisine, appellé la cuisine du couvent avec deux cheminées, dont l’une est tombée en redresant le plancher, qu’avons veu estre refaict tout a neuf. De l’aultre est entiere avec une grande plattine de fonte, et tout aupres est le nouveau refectoir qu’avons veu avoir esté platonné tout a neuf, dont de chesne, avec un beau plancher de mesme; une table neusve, un tranchoir et des placards pour la commodité des religieux qui conviennent estre de manger ensemble au refectoir, ne restant plus que de plastré et blanchir les murailles et poser quelques placards aux armoires. Aussi avons vu que les vitres y ont esté faicts toutes neusves et nous a semblés que ledict refectoir fu fai beau et commode, d’autan plus qu’il joint a ladicte cuisine, l’une des cheminées dans laquelle le plus eschauffer en hiver par le moyen de la plattine y estant du costel du refectoir oultre la commodité du service qui se fera par les ouvertures estimées a cet effet. Estant ladicte cuisine, il a

[Folio 6 recto] repavée de grandes laves de pierres taillees. Nous ayant esté declaré par ledict sire Official que le reste du pavement estoit ja marchandé et les placards prest a metre audict refectoir, et qu’en plus, soit le sire de Bellevaux eschargié de faire redresser la cheminée rompue et blanchir ledict refectoir, moyennant quoy, lesdicts cuisine et refectoire se trouveront bien accommodez de chaleur convenable. Et nous a esté declaré Jehan Tousseler, qui a prins de les sires religieux sont passez [ ]15 qu’ilz avoient accoustumé de manger cy devant en ladicte cuisine qu’en leur venoit du

15 Mot illisible dans le document.

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refectoir et que le lieu auquel a esté dressé le refectoir nouveau estoien jubte et ruyneulx sans planchez n’y pavements. Dez la, sommes monté au dortoir qu’avons treuvé en un aul pacieux, de la longueur d’environ dix sept toises cinq de largeur. Lequel avons recogneu avoir esté platonné tout a neuf de platons de chasne, et ce depuis la visitte du sire de Niselle et sont audict dortoir neuf cellules ou chambrettes fermées de lahons de chesne. Les planchers desquelles sont ruinez, sauf de deux que le sire de Bellevaux a esté faict raccommodé, nous ayant esté declaré par ledict sire Official que la reparation et parachevement de tout le surplus, estoit marchandé, sont passez quatre mois, et les materiaux tous prestz et avons recougnu qu’il n’y avoit jamais heu, que lesdicts neuf sellules audict dortoir toutes d’un mesme costé, prenant jour sur le jardin et qu’il n’y pouvoit avoir davantage pour ce que l’en ne peut prendre jour d’aultre costel. Item d’aultre costé, sauf en un coing vu, lesdict religieux nous ont dict que y avoit aultrefois une chambrette qui a esté rompu parce quelle n’estoit pas en lieu commode, et ce avant la provision dudict sire de Bellevaux, avant laquelle ledict dortoir estoit treuvé ruiné, estant en tres piteux estat.

[Folio 6 verso] En sortant dudict dortoir, ledict sire Official nous a faict monter en une chambre fort prochaine estre lui, laquelle il nous a dict avoir esté y devant estimée pour l’infirmerie; de faict avons recougnu qu’elle est assez capable, qu’il y a une cheminée et que l’on peut y loger et recevoir des malades trouvant quelle soit dehument accomodée, estant pour le present [ ].16 Et sur ce que, nous avons demandé s’il y avoit les propre a recepvoir les hostes religieux estrangers et passans, ledict sire Official nous a dict que pendant le seront dudict sire de Bellevaux en ceste abbaye, il les a receues a sa table, logé au corps du logis qui nous sera tantost monstré, et fourny de toutes leurs necessitez, et que quant sa santé n’a pas permis de delivrer, il a donné charge a frere Antoine Bourgerie, celerier de les recepvoir, de loger et traicter a bien fournir de toutes choses. Nous et luy a passé pour cela les parcelles qu’il luy a par apres rapporté. Ce que ledict sieure Antoine Bourgerie present nous a adveré et dict que suyvant ledict avons [ ]17 il avoit logé et receu en sa mesme chambre. Et apres pour reconoistre le logement des religieux, avons esté conduit en quatre chambres a [ ]18 deux joignantes au dortoir et deux proche le cloistre, dans lesquelles logent ledict officier et avec eulx les aultres religieux, tant aux chambres qu’aux cabinet y joignant, attendant la reparation du dortoir, lesdictes chambres estans bien commodes et en assez bonnes reparations.

16 Mot illisible dans le document. 17 Mot illisible dans le document. 18 Mot illisible dans le document.

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Ce faict, ledict sire Official pour nous faire veoir particulierement les reparations que ledict sire de Bellevaux a faict dans sa pemsion en ladicte abbaye nous a requis, delivré, ledict Official de la justice oficelle, a quoy a acquiesant , nous avons receu le serment de messire Jehan Jannot, juge en la justice dudict Bellevaux, Jacquis Tonlu, procureur de Guillaume Tonlu scribe en icelle. Lesquelx en premier lieu nous ont dict qu’au temps de la pension dudict sire de Bellevaux la muraille, servant de cloture a ladicte abbaye, estoit rompue en divers endroits et que sont reparées. [Folio 7 recto] Les basches, il y a faict faire plus de ceur toisée et murailles neusve et a faict recouvrir toute ladicte clotture de laves, qui contient pres de si cens toises en longueur, selon qu’il en apparastra par les comptes qu’ilz en ont rendu en qualité de recepteur et par effet nous avons recogneu a l’œil que toute ladicte abbaye est refermee d’une muraille de la haulteur d’une toise et de plus de quatre cens toise de long. En laquelle se voyent plusieurs endrois reparer de peu d’années, et le tout couvert, de sorte qu’il n’y esté aucune ouverture et au-dedans est encore une aultre clotture de muraille enfermant les bastiments, en laquelle se remarquent encore plusieurs reparations, sans aultre basche que une ou deux que l’on nous a dict estre arrivées dez peu de jours et en la reparation es quelles l’on travaille presentement. De plus nous ont dict que pour esgoutter les deux qui rendent l’eglise moytte comme elle est, ledict sire de Bellevaux dez aussi tot [ ]19 fort creusé un fossé du costé des chappelles et rosarter plusieurs buissailles qui treuent les chappelles, obstruent et entretiennent l’umidité, sur quoy avons recogneru a l’œil qu’il y a un fossé le long desdictes chappelles, selon que l’avons rapporté cy dessus et que l’on y a essarté plusieurs buissailles, encore que ledict fossé a besoing de nouvelles reparations et estoit continue jusque a la muraille joignant au portal de ladicte eglise. D’ailleurs, ont dict qu’au temps de ladicte entremise, tous les bastimens ont besoing de recouvrir et que ledict sire de Bellevaux a faict entierement refaire la couverture et remplacer en la ramure plusieurs putres de bois au lieu de celles qui estoyent pourries et gastées, mesme que sur les chambres joignants au cloistre, la ramure avoit esté redressée tout a neuf, ayant esté par nous recogneu, par la lecture du verbal du feu sire Rarler, que les ruynes des ramures et couvertures estoyent telles que lesdicts officiers les rapportent, et a bien dire avons remarqué qu’a present les couvertures et ramures sont en bon estat. [Folio 7 verso] Plus nous ont declaré qu’a l’une des entrées de ladicte abbaye, du costé du verger Guichard, ledict sire avoit faict redressé l’arc de la porte, l’appuys de deux ogives de piere, avec une porte de bonne planche fermée et fermant a clefz et un avant

19 Mot illisible dans le document.

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toitz par dessus couvert de tavaillons. Et en un aultre yssue du costé des prelz, y avoit aussi esté faict un portal de bois avec des portes a ferremens et semblable couverture de tavaillons. Lesquelx ouvrages nous avons recognu. Dieut estre que ledict sire a faict extirpé plusieurs ronces, buissailles et epines estant au grand verger par convention expresse estant faictes dans des [ ]20, dont la depense est rapportée audicts comptes, l’ayant bien esté remarqué par nous que ledict verger est nettoyé desdictes brossailles. Item avec que les conduites, resurgeans les eaux en immondices de ladicte abbbaye, ont esté reveuz, relivrez et recouverts en divers endrois ou ils seront treuvés rompus et enfoncez. Surquoy nous avons remarqué a l’endroit ou lesdicts conduictz passant par le cloistre qu’ilz ont esté reparez et recouvertz a neuf. Davantage dient qu’aux greniers y avoit ertane vermine appellé mouchettes ou cousrmiottes et que pour y remediez, il a fallu relier les pavemens, replatrir tout a neuf ledict greniers. Aussi avons nous vu par la besougne dudict sire Racler que telles reparations estoyent neusves; en visittant lesdicts greniers avons recognut qu’elles ont esté faictes avec plusieurs aultres besougnes, tant en pouvaux et colonnes pour soustenir les planches nouvelles, plusieures pour donner air et [ ],21 icelles qui repavement de maniere qu’a present il y a notable quantité de graviers. En oultre nous ont faict veoir que pour fermer le costé delogis abbatial, ledict sire de Bellevaux a faict faire un portal de piere a l’entrée de la clotture d’icelluy et une aultre porte neufve dans ledict corps de logis, de [ ]22 d’une vielle viorbe de bois y estant. [Folio 8 recto] Au tenps de la visitte dudict sire Racler, il y a faict bastir tout a neuf un fort bel escalier de piere de taille a trois montées de chacune dix a douze marches, de quatre a cinq pieds de long, avec des fenestres flamanche pour esclairer. Et qu’audict corps de logis sont presentement plusieurs chambres commodes et dehu mobilier parees et reblanchies a neuf. Mesme en estage d’en bas une grande cuisine, un poille y joignant et une aultre chambre en forme de salette. Et en l’estaige d’en hault, cinq chambres a [ ],23 toutes bien logeables, sans y comprendre les garde robbes et cabinetz voisins. Aultre quelques nouvelles portes pour enpecher que les chambres ne fussent (sububte)24 les unes aux aultres comme elles estoyent auparavant, et pour pouvoir entrer dans ledict corps de logie, en l’eglise, au dortoir et en une grande galerie voisine.

20 Mot illisible dans le document. 21 Mot illisible dans le document. 22 Mot illisible dans le document. 23. Mot illisible dans le document. 24 La lecture de ce mot n’est pas certaine, ce terme est celui qui semble le plus probable.

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De plus nous ont monstré un fourg, grand et ample, que ledict sire a faict bastir de nouveau pour cuyre le pain des religieux, et un aultre pour la pourterie. Et d’aultre part, une nouvelle cuverie avec un pressoir, au-dessoubz dudict corps de logis abbatial. Pour la construction de quoy a esté retranché un viel galata, en faict une nouvelle muraille que nous avons veu avec des fenestres françaises baronnelles. En oultre, nous ont faict voir au joignant de la cuisine, une petite court qu’ilz ont dict avoir esté aparavant toute encombrée de ronces et buissons au lieu qu’elle est presentement fort plaine et nette avec quelques petitz bastimens aux evirons pour [ ] 25de la vollaille. Et hors du cercuy dudict logis abbatial, est un grangeage ou nous avons vu une [ ]26 bastie a neuf du costé du verger, qu’ilz nous ont dict avoir esté construicte aux frais dudict sire de Bellevaux. [Folio 8 verso] Adjoustons de plus qu’en l’un des estableries le pavement a esté refaict et le tout distingué de pouteaux en l’aultre ont esté bastie deux pignons de muraille du costé de ven en bize avec plusieurs aultres moindres reparations que nous avons recogner a l’œil. Et comme au temps de la visitte dudict sire Racler fut recogner que l’orlloge de ladicte abbaye estoit for viel et inubtil. Ledict sire de Bellevaux en a faict faire un metre tout a neuf, y estant presentement comme lesdicts religieux nous ont adveré. Et que l’on a faict refondre la cloche de Sainct Pierre qui estoit cassée dont les materiaux ont esté pris en la maison. Dient encore que le prel de la vacherie au temps de la vacance de ladicte abbaye estoit du tout infructueux a raison des buissons dont ils estoient remplis et des eaux qui l’innondoyent, selon que ledict sire Racler le remarqua par sa visitte. Pour a quoy remedier, ledict sire de Bellevaux l’a faict extirper et faict dresser un fossel dois la porte desoubz dudict grand verger jusque a la riviere de l’Oignon, de la longueur d’environ sept vingtz toises, par le moyen de quoy, ledict pres est rendu plus fertille et admodier beaucoup davantage qu’il ne soulois faire. Oultre lesquelles reparations, ilz assurent que ledict sire de Bellevaux en a faict faire plusieurs aultres de tres grands frais: molins, fourgs et bapteur et aultres biens dependans de ladicte abbaye. Mesmement au moulin de Gordepain qui a presque esté rebasti tout a neuf avec la foulle y joignante qui a esté transportee aultrepart, les escluses dudict moulin reparées. Celuy de Quenoche refaict tout a neuf de muraille couverte de lave. Les fourgs de Chambornay, Rioz, Curey,

25 Mot illisible dans le document. 26 Mot illisible dans le document.

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Valeroy et Germondans aussi refaicts et repasiez et une cuverie rebastie au lieu de Gy [Folio 9 recto] avec plusieurs aultres [ ]27 meliorations et reparations, plus particulierement rapportees au verbal qu’ilz ont faict et soubzsigné de leur noms. Lequel ilz nous ont remis en main pour estre faict a notre presente besougne si besoing faict. De toutes lesquelles reparations, le pris se pourra recognoistre par les comptes de ladicte abbaye. Et de que sur l’estat des vignes et dependans et s’il est pas vray, qu’elles sont en friche, faulte d’y avoir touché et provignées d’année a aultre. Respondent que ces vignes ont toujours esté for bien culturées et que l’on n’a jamais delaissé d’y toucher, sinon lorsque par la rigueur des saisons, des gresles ou icelles le bois esté teuvé gasté et mal propre a provigner. Et comme nous avons consideré lesdictes vignes qui sont aux environs de ladicte abbaye selon que l’on les plus remarquer dez icelle et en passant, il nous a semblés qu’elles sont en bonne reparations et mediocrement peuplées. Interroguer combien peut valoir ladicte abbaye de revenu pour le plat de l’abbé, toutes charges deduites. Respondent que cela se pourra mieux recognoistre par les comptes, mais qu’a l’advis, elle ne peut pas valoir plus de trois milz francs, pour ce que par admodition qu’il fut faicte en l’an mil cinq cens septante et huict par le sire du Tartre, abbé Nicolas Beren de Dole, marchant pour le temps de six ans elle ne fut point admodier davantage, quoy que n’y est aultres reservee que de quelques herbes de prel grand et une qu’il ne pouroyent valoir deux cens francs par an avec la moictié des mainmortes en espaices qui sont parties casuelles et inculaines et y avoit seulement advancé de deux cens [ ]28 don par dessue les six années selon qu’ilz nous ont faict aparoir par une copie de ladicte admodiation datter audict Bellevaux l’onzieme de febvrier audict an mil cinq cens septante huict.

[Folio 9 verso] Bien est vray que deppuis un nommé Antoine Midaul de Mondon l’admodia pour environ quatre milz frans, par an du temps dudict fut sire du Tartre mais avec s’il mauvais [ ]29 qu’en deux ans il y perdu ses moyens et soit que ses biens furent tous vendus et s’il convient consideré que ledict [ ]30 n’estoit chargé que de vingt frans de reparations par an au lieu que l’entretien de ladicte abbaye et aultres bastimens et maisons en dependans est beaucoup plus grand et ne couste guere moins de trois cens frans par communes années.

27 Mot illisible dans le document. 28 Mot illisible dans le document. 29 Mot illisible dans le document. 30 Mot illisible dans le document.

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Et adjoustant a ce qu’ilz nous ont dict en devant des reparations, nous ont declaré qu’an plus, le colombier estant au vergier de ladicte maison estoit inubtil a cause des vermines, qu’ilz estoyent petiz et les bruissailles et orties croient aux environs. A quoy ledict sire de Bellevaux a pourvé, ayant faict nettoyé et reblanchir ledict colombier, tant dedans que dehors et le recouvrir de laves, tellement que presentement il est bien entretenu et peuplé de pigeons. Sur quoy avons remarquer a l’oeile que ledict colombier est bien blanchy et recouvert et que sur le toit se voyent d’ordinaires des pigeons en bon nombre. Et ayant esté esclaircy de la grandeur et contenance de la pinte de laquelle on use communement audict Bellevaux et suivant laquelle se distribuent les [ ]31 aux religieux et avons faict anvoyer une marque et recogner pour telle en plus les deux aultres : l’une estant la mesure ordinaire de Besançon et l’aultre celle du pays de laquelle on use en la ville de Dole. Et les ayant faict mesurer en nostre presence de conferer l’une avec l’autre, avons regardé que celle de Besançon contient cinq verres communs, celle de Dole six et celle de Bellevaux sept, de sorte que les cinq pinte de Bellevaux en valent sept de Besançon et les six de Bellevaux sept d’icelle de la ville de Dole, de maniere que ladicte pinte de Bellevaux contient plus de quatre tiers de Besançon voire trois channeaux moins demy verre. [Folio 10 recto] Et le lendemain sixiesme dudict mois d’apvri mil six cens et seize, pour masmament des partularitez de la visitte dudict sire de Nicelle et de l’estat spirituelle de ladicte abbaye et aultres poincts cy apres declarez. Avons faict venir par devant nous les religieux profes de ladicte abbaye, assavoir : dom frere Jean Piez, prieur de Montailer de Rosieres au priorez, illec prebstre des religieux profes de ladicte abbaye, sont passez trent cinq avec dom Fernands Seguin sacristain et soubprieur de ladicte abbaye, ayant faict profession des environ trente huict avec dom Antoine Bourgeois aussi prebstre, celerier en icelle abbaye, y profes de dix huict ans en ça, dom Claude Gresler, aussi prebstre, aulmosnier, profes des douze ans, dom Jean Grand, prebstre, maistre des novices, ayant dict profession des sont passez onze ans, dom Claude Robelin aussi prebstre profes en ladicte abbaye dez dix ans et plus, frere Claude Loye religieux profes dez dix mois en ça et frere Valentin Barbier, aussi religieux profes de le mesme temps que sont tous les religieux profes estans presentement en ladicte abbaye, en l’absence du sieur Pauler, n’estant encore de retour du lieu de Fondremant ou il a presché sur la fin du Caresme et pandant ces festes de Paques. Tous lesquelx par nous interroguez, nous ont dict qu’il n’y a pour le present aultres religieux en icelle abbaye, sinon deux novices receuz au novicial dez le Jeudy Sainct derrier passé et qu’il n’y a qu’environ trois sepmaines que mourru l’un des anciens prestres religieux de ceste maison, nommé Claude Doroz, et que

[Folio 10 verso] d’ancienneté lesdicts dom Piey et Seguin ont veu qu’il y avoit quatorze religieux tous y comptans. Le reverend abbé et le prieur residant audict Montarlot qu’ilz

31 Mot illisible dans le document.

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croyent estre le bon nombre qu’il croit estre retenu. Surquoy, les aultres nous ont dict que par la quarte de sire reverend, issue de Citeau et du sire de Niselle, il est parlé de quatorze religieux, entre lesquelx ilz tiennent que le sire abbé et ledict prieur de Montarlot ne sont pas compris. Et qu’an surplus la desserte et celebration des divins offices se faict fort bien et decement en ladicte abbaye, sans aucune omission et que pour ce regard la quarte de leur [ ] 32general est bien observée et la dissipline monastique bien entretenue, et que le present abbé de Bellevaux dans sa provision y a souvent faict residence actuelle, principalement en temps estre present au quelques fois par l’espace de six mois, quelques fois trois, plus ou moins, jusques a ce que sont environ deux ans, il tomba malade en une griesve maladie, de laquelle il a esté detenu par plus d’un an et y a esté retombé d’aultres fois, n’ayant dez lors faict residence actuelle en celule. Mais le sire prieur, et en son absence, le souprieur ont gouverné les religieux, lesquelx ont toujours mangé en table commune dans le refectoir, si ce n’est pendant que l’on a reparé le planché d’icellui qu’ilz ne pouroyent y estre receuz commodement et non poinct veu ny sceu qu’en ladicte abbaye, il y eus un refectoir particulier pour les jours maigres, n’ayant jamais mangé ensemble qu’en un mesme refectoir, soit aux jours maigres ou, mangeant chair et en peuveut commodement passer. Seulement dict ledict prieur de Montarlot avoit entendu qu’il y en avoit aultrefois un en un lieu qui est a present vuyde et for esloigné de la cuisine. Mais il ne l’a poinct veu de sa souvenance ny aucune des aultres en estat de refectoir, disent de plus n’avoir poinct seu veu ou entendu qu’il se sont presenté en ceste abbaye aucun religieux du pays ou qu’aucun y ayent

[Folio 11 recto] esté envoyés par les superieurs qui n’ayent esté relié. Et disent que pour la decoration de l’eglise et l’entretien de la dissipline monasticque, il seroit besoing qu’ilz lissent, oultre les livres que le sire de Bellevaux faict reparer, une couples de missel neuf et quelques livres pour lire tant au cloistre, avant complie, qu’au refectoir avant le repas. Et leur ayant faict veoir hors memoriaux, des meubles que ledict sire reverend abbé a envoyé pour servir en leur couvent en datte des septieme et dernier jour de mars de l’an mil six cent et quinze, deux d’iceulx soubsigner de la pluspart des religieux et l’aultre par le sire prieur seulement, il nous ont dict qu’ilz valent en verité et que les meubles y mentionnez sont encore en ladicte abbaye pour servir a leur usage. Quand a leurs pensions et prebende, il a plu que le penultiesme jour du mois de mars de l’an mil six cens et seize, ledict sire abbé a accordé a chacun prebstre, augmentation de douze quartes de froment par an et quatre frans d’argent pour le vestiaire, oultre ce qui leur avoit esté reglé par la quarte de visitte dudict sieure reverend de Cîteau, en l’an mil six cent et sept avec certaines minute qu’en commun et avec le couvent, leur estre payé du passé et avant ladict visitte, selon que nous l’avons aussi recogneu par l’extrait qui nous a esté mis en main par eulx soubsigné dont ilz declairent contans et pour que leurs pension et prebende leur ont esté fidellement distribuees du passé.

32 Mot illisible dans le document.

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[Folio 11 verso] Et chaqune ou l’on pourroit dresser une chambre pour l’infirmerie, comme aussi pour recevoir les estrangers, respondent qu’a leur advis celle nous fut hier monstrée, joignante au dortoir et au souloit resider fut dom Doroz, estoit un peu raccommodé et meublée convenablement, sera bien propre et commode pour l’infirmerie, et que pour les [ ]33 si ledict sire abbé n’y est et ne veulle donner entrer dans son corps de logis abbatial. Il y a une plus chambre basse ou l’on entre dez le cloistre, en laquelle y a cheminer et place pour metre deux licts qui pourroit bien servir a cet effet en la meublant et ornant comm’il fault. Et pour le regard du dortoir, ilz esperent qu’estant parachevé de reparé comm’il pourra estre dans peu de temps si l’on continue les ouvrages commencez, l’on y pourra commodement loger neuf religieux, laissant pour les officiers les chambres a feug aucquelles ilz resident desja et que de tout temps, les religieus n’ayant poinct d’office ont esté loger audict dortoir, et qu’encor au temps de la visitte faicte par ledict sire de Niselle, il y en avoit trois y resident, encor que ledict dortoir estoit en for pauvre estat, a raison que le planché dessus et dessoubz estoit rompu, particulierement celuy dessoubz qui estoit pourry et gasté en beaucoup d’endrois et les planches mal joinctes et mal adjancées : les unes plus haultes, les aultres plus basses. Qu’est ce qu’ilz pensent avoir voulu dire ledict sire de Niselle, quant par sa [Folio 12 recto] derniere visitte, a ce que l’on dict, il a rapporté que ledict dortoir ressembloit une estable, bien que lors eus poinct d’immondices et presentement le planches d’en bas est for bien raccommodé, applainy comme nous l’avons pu voir alors, ne restant qu’a parachever la couverture des chambres, les garnir de chaly et d’aultres choses nous [ ]34 de y faire quelques aultres menues reparations, a quoy l’on travaille journellement, qu’est tout ce qu’ilz nous peuvent dire, oultre ce que desja il nous ont declaré faisant la visitte de l’eglise et des bastimens, adjoustans seulement qu’ilz ne peuvent se plaindre dudict sire reverend abbé qui les a toujours doucement et paternellement traité. Et sur ce que les avons interroqué et si les vignes aux environs de la dicte abbaye et dependances d’icelles estoient bien entretenues ou delaissees en tache, ont respondu que par deux ou trois avec le procureur d’office auquel ledict sire abbé avoit donné charge et la culture n’y a pas faict faire des fosses [ ]35 pour les peupler et entretenir, encor qu’il s’excuse sur l’incommodité des saisons et sur le peu de bois qu’il dict estre propre a coucher. A quoy pourra estre en [ ]36 facilement pourveu. Et quant a la culture admarsé, elle n’a pas esté delaissée se resultans du surplus a ce que nous en pourrons recognoistre d’aillieurs, n’estant a eulx de se donner plus de gouvernement du temporel de ladicte abbaye qu’ilz remetent a la prudence et disrection dudict sire abbé et ne pensent avoir aultre chose a nous presenté pour le lieu et advancement de ladicte abbaye.

33 Mot illisible dans le document.

34 Mot illisible dans le document. 35 Mot illisible dans le document. 36 Mot illisible dans le document.

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[Folio 12 verso] Ce faict comme dom Jean Anteme, prebstre, bachelier en saincte Theologie et prieur en ladicte abbaye de Bellevaux est retourné a Fondremant, nous luy avons faict veoir notre besougne cy dessu, lequel luy avons faict lecture de [ ]37 a aultre et l’avons prié et requis de nous declaré sur ce a la verité ce qu’il estoit de l’estat de ladicte abbaye, ses ruynes et mancqement estans en icelle, les reparations y faictes par le sire a present abbé et generalement de tout ce qui contenans les biens honneurs et avancemens de ladicte abbaye. Surquoy il nous a dict qu’il n’y a qu’un an et demy qu’il est resident en ceste abbaye, en laquelle il n’avoit pas esté auparavant tellement qu’il ne peut as respondre de l’ancien estat spirituel et temporel d’icelle, ny des reparations y faictes precedement par le sire a present abbé, mais dez lors il srait bien que sont passez neuf mois et de la visitte y faicte par le sire abbé de Niselle au mois de juin de l’an mil six cens et quinze, ledict sire abbé de Bellevaux a tasché de reparer beaucoup de manquemens y estans tout pour le redressement et reparement du dortoir qui estoit tout ruyneux que pour un refectoir nouveau, ajancement du pavé du cloistre, fournitures d’ornemens d’eglise et de linges, tant pour la decoration d’icelle que pour la commodité des religieux avec aultres meubles servans a leur necessité. Et que, continuant a faire semblables reparations, il croit que letout se pourra bien restablir luy senblant du tout nouveau d’avoir une chambre pour l’infirmerie. A quoy, il n’estime pas trop propre celle ou logea fut dom Doroz par ce que les planchers sont ouvertz dessus et dessoubz et qu’il vauldroit mieux [Folio 13 recto] prendre l’une des chambres des religieux que [ ]38 au dortoir oignant a la chambre basse, proche le cloîstre, elle pourra estre commode pour loger les survenans, y metant une couple de licts garnis d’aultres meubles nouveaux et qu’il pourra servir a la necessité des pauvres religieux malades. Et enquis sur le faict du refectoir des jours maigres dont il est parlé en la visitte dudict sire de Niselle, dict que peut estre les religieux de sceans ne scavent pas que s’est par ce qu’ilz n’en ont poinct un en estat en ceste abbaye, mais la verité est que par l’ancien institut de l’ordre de Cisteau il y avoit anciennement en chascune abbaye, comm’il se treuvent encore en celles qui sont bien ordonnees, deux refectoirs : l’un pour les jours qu’il est posible de manger chair et l’aultre pour le Caresme, advent jour de jeusne et aultres que l’usage de la chair est prohibé par les constitutions desdicts ordre, et croit qu’en l’abbaye declaré, le lieu qui est a costé cloistre, environ le milieu d’iceluy auquel travaillent a present quelques menuisiers a esté destiné aultrefois a servir pour le refectoir des jours maigres. Aussi n’est employé a aucun usage et est grand et spacieux, assez pour un refectoir. Bien est vray qu’en plusieurs abbayes l’on se contente a present d’en avoit un seul pour tous les jours, ne scachant aultre raison de tel institut, sinon pour la defence.

37 Mot illisible dans le document. 38 Mot illisible dans le document.

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Au surplus, dict sur ce par nous interogué que dez qu’il delivre en ceste abbaye le sire reverend n’y a pas [Folio 13 verso] residé actuellement, croyant que cest pour crainte d’y estre incommodé en sa santé mais il l’y a bien venuz trois ou quatre fois et y sejourné tantot cinct jours, tantost trois ou quatre, plus ou moins. Et, l’ayant interogué a la requisition dudict sire Official combien de temps il a esté luy mesme hors de l’abbaye pour quel et s’il a permission dudict sire abbé. Respond qu’il n’en est pas sorty pour coucher dehors, sinon par commandement de monseigneur son reverend general ou vicairce, mesmement pour assisiter le sire de Niselle a la visitte, et quelques aultres semblables occasions. Bien à en estre quelques fois a Besançon pour prendre advis et sejours faictes d’une maladie, et dernierement allé pour demander congé audict sire abbé d’aller passer le reste du Caresme a Fondremant ou par effet il a esté pendant les trois sepmaines dernieres du Caresme et y a sejourné jusques ce jourd’huy, sans qu’il est retorné visitter l’abbaye deux ou trois fois. Ayant esté prescher audict lieu selon la permission qu’il en a de son general par letttres expresses et autenticques. S’il fut en la sacristie avec le sire de Niselle au temps de la visitte, qu’il fist de ceste abbaye. Dict que non. Si au jour de sa reception le sire Official de Besançon luy declara pas qu’ilz deusent regarder par [Folio 14 recto] ensemble ce qui estoit noctee pour la reparation de la maison et si dez lors n’y a pas travailler continuellement . Respond qu’a la verité, ledict sire Official luy parla qu’il failloit adviser ce qui estoit a telle reparation. Aussi en a t-il advisé de temps a aultre ledict sire abbé quant il l’a jugé a propos. Et a bien veu que l’on y a fait quelques reparations, particulierement neuf ou dix mois, en ça, selon qu’il l’a desja cy dessus declaré. Et luy ayant faict bien les trois memoriaux des meubles que ledict sire abbé a faict apporter en ceste maison pour l’usage commun des religieux, tous de luy soubsignez et particulierement celuy des meubles destinez a l’usage de sa chambre soubsigné de luy seul. Il les a recognut et advons le contenu en iceux.

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Au surplus dict que quant au spirituel de ceste abbaye, il y a tousjours tenu et tiendra la main a son possible tant qu’il aura la charge de prieur et s’est efforcé d’y redresser toutes choses a l’honneur de Dieu et la decoration de l’eglise, de quoy nous pourrons nous informer des religieux si nous le treuvons covenable. Ce faict, ledict sire Official Bartoisier pour, et au nom dudict sire reverend abbé, sur ce nous a requis de reveoir particulierement la besougne faict par ledict fut sire Cousellier Raclet le [ ]39 de l’an mil six cens et six pour recognoistre particulierement toutes les ruynes, deffaux et manquements qui estoyent lors en ladicte abbaye et les conferer avec les reparations que ledict sire abbé

[Folio 14 verso] y a faict du depuis. En suitte de quoy ayant reveu les besougne, avons tenus particulierement que l’eglise fut par luy recogneus for humide a cause d’esgoutes qui noiyent les fondements et advise qu’il fauldroit faire un grant canal ou rechercher et nettoyer les anciens. Sur quoy avons remarqué un fossé faict le long de ladicte eglise au dehors du costé des chappelles et que plusieurs bois et buissailles empeschant la clarté d’icelle ont esté essartez, bien que comme nous avons dict en dessus, ledict fossé aye besoing d’estre curé de nouveau et tiré jusqu’aupres du portal. En second lieu est pourté audictes besougne que les estgoux et canaux, pour estre mal entretenus, gastoyent tous les pans de l’eglise et qu’il les couvrent et eslargent et repurger et remetre dans le vuyde dudict cloistre une fontaine. Laquelle y estre anciennement et que lors en avoit laissé tairi. Sur quoy nous avons veu que lesdicts canaux passans par le cloistre ont esté nettoyez, recouvres et repavez tout a neuf et que ladicte fontaine a esté remise et redressée au vuyde dudict cloistre ou elle coule abondamment dans un saulge de pierre pour l’usage du couvent et des religieux. Tiercement ledict sire Racler treuva plusieurs bresches en la muraille sevant de clotture a ladicte abbaye. Lesquelles nous avons avoir estre reparées jusque environ cen toises et toute ladicte clotture recouverte de laves. En quatrieme lieu fut tenus le portal ruyneux du costé que l’on faict entrer les foings en ladicte abbaye, sans qu’il y eus aucune porte de bois, lequel portal nous avons tenus redressé a neuf avec deux angues de pierre et une bonne porte bois ferrer et fermant a clef avec un avant toit sur le tout, et que mesme reparations ont esté faictes en un aultre portal de la mesme abbaye. [Folio 15 recto] En cinquiesme lieu, les besougne porté que failloit recevoir tous les tiltres des bastimens et granges, lesquelx estoyent tout ruyneux et remplacés plusieurs pieces neufves en la ramure au lieu d’icelles y estant pourries, gastees. A quoy a esté satysfaict, attendu que nous avons recogneu tous les bastimens d’icelle abbaye et

39 Mot illisible dans le document.

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granges y joignantes, dehuement entretenus de couverture et les ramures rabillees et renforcees de plusieurs pieces neufves en divers endrois. Fut encore remarqué pour le sixieme clef que tous les planchefz des bastimens estoyent pourris et gaster. Ceux estant sur la sale basse et cuisine enjourer au milieu et celuy du dortoir, ouvert et rompu en plusieurs endrois, tous lesquelx se tiennent presentement redressez et refaict a neuf comme nous l’avons plus particulierement touché en dessus. Plus est dict audict besougne qu’il convenoit relever le pavement des greniers et raccommoder les planchefz dessus, estant pour la pluspart pourris et remplis de vermines en si grande abondance, qu’il estoit impossible d’y conserver la graine, au lieu que presentement nous avons treuvé lesdicts greniers replanchefz, reparer et reblanchiz tout a neuf, purger de vermine et remplie de for grande quantité de grains, tant de froment que d’avoine. Encore fut remarqué que la grosse cloche apellé la cloche Sainct Pierre estoit cassee et l’orloge si viel, qu’il convenoit la faire renouveller ; a quoy il a esté remedié par ce que ladicte cloche a esté refondue et refaicte a neuf et que ledict sire abbé y a faict metre un horeloge tout nouveau qu’il a faict faire a ses frais. Fut dict encore que les aisances debvoient estre rabillées tout a neuf, a quoy nous avons veu avoir esté satisfaict. [Folio 15 verso] Plus est dict les degrez par lesquels on monte es chambres et aux greniers estoyent tout gastez et rompus. Surquoy avons veu que ledict sire abbé a faict faire un escallier de pierre tout a neuf, plus particulierement descript cy devant. Davantage fut recogneu que le pavé de la vacherie proche l’abbaye susdicte estoit tout remply de buissons et innondé par les eaux au lieu que presentement l’on y void un grand fossé servant pour esgoutter les eaux et que tous les buissons ont esté extirpez de sorte que est reduit en for bon estat. Fut encore recogneu qu’en l’eglise, deffailloit des nappes pour couvrir des haultelz, des aubes pour revestir les religieux et des ornemens pour la decoration de l’eglise ; pour a quoy remedier ledict sire abbé y a fourny plusieurs devant d’haultelz, tapis, carreaux, aubes, nappes et aultres ornemens dont mention est faicte cy dessus. Les livres [ ]40 tout gastez, rompus et deschirez en sorte que l’on ne s’en pouroit plus servir. A quoy a esté pourveu par le moyen de la refection desdicts biens, livres comme nous avons dict cy devant. En oultre par les besougne, la ramure de l’une des estableries fut treuvé pourrie et la muraille d’icelle menassant ruine et l’aultre escurie estant entierement

40 Mot illisible dans le document.

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descouverte, toutes lesquelles ramures, murailles et couvertures nous avons tenus desament reparés. Aussi fut treuvé le treul et pressoir de ladicte abbaye tout descouvert et un tirant de la ramure rompu. Ce que nous avons veu estre reparé et un pressoir faict tout a neuf. Finalement fut recogneu qu’il n’y avoit aucuns utensilz ny linges pour la cuisine et pour l’usage des religieux au refectoir. A quoy ledict sire abbé a pourveu, les fournissant de linges et aultres utensilz descritz en l’inventaire et de nouveal cy devant mentionné. [Folio 16 recto] En oultre cest ruines et mancquemens remarquer par les besougnes au dedans de ladicte abbaye et aux environs d’icelle fut encore adveré que le prieurey de Montarlot en dependant estoit du tout ruiné. La vaste ouverte et soustenue de plusieurs restancons et tout le reste en piteux estat. Comme aussi que les fourges de Cirey, Turey, Termondans, Vallerois et le Maigny estoient ruineux et pareillement les moulins de Terdepain, Rapugney et Voudenans ayant tous besoing de reparations et de meulles. Sur quoy, bien que nous n’ayons peu recognoistre alors les reparations faictes en ces prieurey, fourgs et moulins pour n’avoir esté sur les lieux. Si est ce que nous a esté adveré et declaré par suivant par lesdicts officiers cy devant nommez, que ledict prieurey a esté remis en bon estat, tous lesdits fourges reparez, les moulins de Tourdepain rebastiz avec adjoustance d’un bastiment nouveau pour la foulle. Le moulin de Quenoche refaict tout a neuf et tous les aultres reparez et entretenus dehuement. Aussi avons nous recogneu par les comptes de ladicte abbaye qu’il y a plusieurs sommes rapportées en despence pour cest reparations et nouveaux ouvrages. Et par le mesme besougne estoit dit que soit retenu la couverture de la maison de Besançon que lesdicts officiers nous ont affirmé estre convenablement recouverte. Et pour le regard du nombre des religieux estants en icelle abbaye au temps de la vacance et visitte dudict sire Railer, fut treuvé qu’il y en avoit dix sans y comprendre le prieur de Montarlot et rapporte par lesdicts religieux que y en souloit avoir quatorze y comprenant le sire abbé et ledict prieur de Montarlot et presentement avons tenus qu’il y a six prebstres, du nombre desquelx est ledict prieur de Montarlot, deux freres profes et deux novices qui font en tout le nombre d’onze ausquelx adjoustant ledict sire reverend abbé avec un religieux nommé Doroz decedé depuis peu de jours et un aultre que l’on nous a dict estre receut d’y entrer feroit en tout ledict nombre de quatorze. [Folio 16 verso] Et pour plus grande verification du contenu en la requeste presenter a ladicte cour sur laquelle il luy a plu nous declarer, la presente commisssion, ledict sire Official

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audict nom nous a requie de benir les pieces cy apres mentionees qui nous a mis en main a cest effet et en faire particuliere mention. Premierement les comptes rendus audict sire abbé des biens et revenus de ladicte abbaye et annees mil six cens et sept, six cens et cinct, six cens et neuf, dix, onze, douze, treize et quatorze, lesquelx ayant parcouru la despense y avons remarqué de grandes et notables sommes rapportees en mission pour reparations faictes en ladicte abbaye. Oultre plusieurs aultres que ledict sire Official nous a affirme avoir esté impetrée au lieu de Besançon pour la reparation de la maison dependant d’icelle abbaye dont la despence n’est couchee apres comptes, non plus que plusieurs aultres fournitures faictes par les propres mains dudict sire abbé donner a aultre et particulierement en l’an mil six cens et seize, il nous a presenté des parcelles et Item certaines remonstances presentées par ledict sire abbé au reverendissime [ ]41 de Cîteau en l’an mil six cens et sept ou sont rapportées plusieurs grandes reparations que ledict sire abbé deja commencées en ladicte abbaye, au bas desquelles est l’escript dudict sire de Cîteau soubsigné de sa main et datté du huichiesme d’octobre audict an, attestant avoit recogneu alors toutes cest reparations et remetant a la disposition dudict sire abbé le redressement des bastimens et aultres choses y estans selon que jugeroit pour le mieux au proffit et bienseance a ladicte abbaye. Plus une lettre missive du sire abbé de Niselle adressee audict sire abbé de Bellevaux et datter à Cîteau le vingtieme febvrié mil six cens et huict,soubsignée present « Vostre plus humble serviteur [ ]42 Fouguard, abbé de Niselle » au texte de laquelle sont les mots qui s’ensuyvent : « Vos religieux n’ont aucun sujet de se plaindre du retranchement de leur portion de vin [Folio 17 recto] Ilz ne ont pas davantage ceans, ny a Clerevaux et aultres premieres des principales maisons qui neanmoins se contentent… » Encore une aultre missive envoyee par ledict sire de Niselle audict sire de Bellevaux, datter de la Charité le dixseptieme juin mil six cens et quinze et soubscript de votre reverend le plus humble et affectionné serviteur frere Jean, abbé de Niselle ou, parlant de la derniere visitte que venoit de faire en ladicte abbaye et s’excusant de la commission que en avoit accepté par commandement et monsieur de Cîteau, il adjouste ces mots : « en suite de laquelle joy, faict debvoir au mieux qu’il m’a esté possible en une maison. Laquelle, a la verité, j’ay treuvé en pauvre estat tant spirituel que temporel mais le mal n’est d’aujourd’huy, estant cause par le mauvais gouvernement que passes longues années voz devancers ont treuvé. »

41 Mot illisible dans le document. 42 Mot illisible dans le document.

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Finalement, une attestation des sires Marius Docinal, doyen des medecins en la cité de Besançon, Jean Garnier, aussi docteur en medicine et Sobrel Taston, appoticaire, soubsignée de leurs noms et seings manuels et datter audict Besançon, le neufvieme apvril mil six cens et seize, par laquelle il atteste qu’ayant des long temps gouverné la santé dict sire abbé de Bellevaux, ilz ont recogneu que dez treuvans en ça [ ]43 a esté quinze jours entiers sans maladie [ ] ayant esté attainct de plusieurs grandes [ ] longues y rapportee plus particulierement [ ] qu’ilz estiment avoir esté causees pour [ ] le sejour qu’il auroit faict au lieu de [ ] ou la trop grande humidité y estant [ ] a sa completion luy peut avoir app[ ] incommoditer, pour raison desquelles [ ] septuagenaire, ilz luy ont conseillé [ ] delivrance en un sejour ou le [ ] [Folio 17 verso] et l’air plus descouvert et ou il puisse estre secouru en toutes occasions, aultrement qu’il tomberoit en for grand peril de sa vie, tous lesquelx papiers nous avons remis es mains dudict sire Official, luy octroyant acte de tout ce que dessus pour vouloir et servir audict sire reverend abbé de Bellevaux [ ] tant que de raison faict et passé en ladicte abbaye soub nostre seing manuel avec celuy dcit juré en mil, le sixieme jour du mois d’apvril au [ ] mil six cens et seize. Jean B.

43 Ce manque, et les suivants, est du a une altérartion de la dernière page du document. Enn effet, elle est tachée en plusieurs endroits.

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Procès-verbal de 1632 [Page de garde recto] Copie de besougne de monsir Garnier, au regard de l’abbaye de Bellevaux. [Page de garde verso] visite de Bellevaux par maistre Garnier. [Folio 1 recto]

Nous Claude Garnier, docteur es drois, conseiller de sa Majesté et premier advocat fiscal en son souverain parlement de Bourgougne, scavoir faisons que le seixiesme de juilet mille six cent trente deux, nous sommes sorti de Dole pour nous transporté a Bellevaux a l’effect d’ensuitte la commision de ladicte cour cy apres informé, mettre et asseoir soub la main de sa Majesté le revenu par parole de ladicte abaye a cause du deces dudict messir Jehan Baptiste de Cusance, dernier abbé d’icelle, estant arrivé le dixhuictiesme dudict mois et an, appelle au et nous par scribe Claude Baverel, jurer au gref de ladicte cour, avons faict assembler les religieux de ladice abbaye, scavoir : dom Gabriel Monterby, prieur, dom Thomas Voland, soubprieur, dom Antoine Bourgeois, dom Claude Grelet, dom Jehan Grand, dom Valentin Barbier, dom Jehan Vagolet,( en absence de dom Claude Nelaton residant a present a Morimont, dom Claude Loys, prieur a la Charité, frere Claude, cler residant audict Morimont et frere Jehan Baptiste Blampignon estudiant au séminaire de Dole) aux sieur religieux present avons fait

Commission entendre que ladicte cour dehuement informer du deces dudcit sire abbé, avoit sur adressée en requeste par escript a elle presenter a la part du sieur procureur general en ladicte qualité de cour, mis soubs la main de sa Majesté le revenu et temporel de ladicte abbaye, super- leur faisant interdicte et a tout aultres d’y attoucher, leur ayant de plus faict -intendant scavoir que ladicte cour l’avt commis au regime pour une année dudict sieur Jehan du temporel Claude Loriot, docteur es drois super intendant, deputé par le reverendissime du séminaire general de Cisteau et vacances du dependant a charge de faire a faire le service

divin suyvent l’intention des fondateurs, entretenir les religieux, edifices et bastiment de ladicte

[Folio 1 verso ] abbaye et aultres en dependans de faire a faire inventaire des sanctuaires, ornement d’autels et meubles de ladicte abbaye por estre le tout conserver et en ternir conte quand, et a qu’il appartiendra, mesme a celuy qui sera nommee par sa Majesté, futur abbé de ladicte abbaye, le tout en conformité de la susdicte commission, de laquelle leur en avons faict faire lecture ayant lesdict sieur Lorioz, commis susdict cy present accepee ladicte commission

Annexe 3.

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et permis de conformer a ycelle, aussy signee Jehan Claude Loriot, frere Gabriel Monterby, prieur, Thomas Volais, soubprieur, frere Antoine Bourgeois, frere Claude Grelet, frere Jehan Grand, frere Valentin Barbier, frere Jehan Vagolet. Claude Garnier Et suyvantment por donner comencement audict inventaire avons esté conduict en la sacristie restant a costé gauche de ladicte esglise en laquel se sont retrouver les reliquiares suyvant.

Reliquiares Premierement une grande croix d’argent avec le crucifix au pied de laquelle sont les images de six apostres aussi d’argent doree.

Item le chef de messir sainct Piere de Bellevaux, enchassée d’argent avec une mittre de cuivre argentée. Item un chef d’argent dans lequel est le [ ]44 de la teste de sainct Estiene Protomartire. Item un bras couvert de lame d’argent dans lequel sont encloses les reliques des saincts Chrisostomes et sainct Nicolas, au milieu duquel sont les armes de fut messir Boitouset, cy devant abbé dudict Bellevaux. Item une image de Sainct Lucie d’argent, un chef des onze mille vierge enchassé dans du cuivre, un aultre petit chef enrichy de perle et couvert d’un drap de velour rouge cramoisy. Le chef de monseigneur sainct Theodore, enchassé dans du cuivre avec deux petit cloux d’argent. Un petit reliquiaire d’argent, sauf le pied dans lequel sont plusieurs ossement de saincts. Deux reliquiares de cuyvre dans lesquels sont aussy plusieurs ossement de sainct, mesme de Sainct Piere apostre, de sainct Bernard, de sainct Paul, deux dents de sainct Laurent, de sainct Sebastien, de sainct Jaque majeur et de l’encent des Troys Roys.

[Folio 3 recto]

Infirmerie De la passant en une chambre servant d’infirmerie, y avons tenue un lict de plume avec son coussin, deux linceulx, deux couverte de [ ]45 fort usée un [ ] 46vielle chalict de chesne, le tout servant a recepvoir les estrangées. Et apres, montant au dortoir, l’avons recogneu (bellement)47 ruyneux et

Dortoir caduque par lesdict sieur prieur et religieux, nous ont asseuré que quand il pleuvoit ou negoit il estoit entierement plein d’eau, come aussi les chambres desdict religieux, dont il en resentoient de grandes incommodité en leurs

44 Mot illisible dans le document. 45 Mot illisible dans le document. 46 Mot illisible dans le document. 47 Mot difficilement lisible dans le document. Ce terme est le plus probable.

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personnes, sur quoy avons desclarer que por recoqnoiser plus certainement l’estat des ramures et couvertures tant

Na dudict dortoir que du reste du bastiment et particulierement de ladicte eglise, ledict Baverel, juré l’y transporeroit aux greniers avec lesdict officiers de ladicte abbaye et Germain Millot de Chambornay, masson, desquels avons pris le serment de rapourter fidellement les ruynes et manquement qu’il y recognoistront, que sera inferé cy apres.

Logis abbatial De la estant parvenu au quartier abatial, avons trouvé en iceluy les meusbles

que sensuyvent : meubles Premierement, en la sale d’entree, une table de noyer, le tyrant des deux trouvés en costes. iceluy. Deux banc couvert de cuir doree.

Item, sept cheres couvertes de mesme cuir doree au dos desquels sont les armes de Vergis. Item un vielle coffre de chasne sans serrures. Item un vielle buffet de chasne ouvragé. Et en la chambre joignant ladicte sale, un chalit de noyer et trois pomes dorees sur les colombettes d’iceluy. Item deux petites cheres couvertes de drapt bleu avec quelques tapisseries et ouvrage, sur icelles a demis usé. Deux vieux andiers de fontes sur lesquel est le melliare 1483. Et dans le cabinet joignant ladicte chambre, un petit chali de bois et un viel escrin de sapin. De la montant en chambre dicte la chambre du milieu aultrement le poile, se sont trouvé les meusbles suyvant :

[Folio 3 verso ] Premier un chalit de nouhier tourné, a l’entour duquel il y a deux pantes de ciel de velour rouge incarnadié et ravagé assortie de franges de soye rouges, comme aussi quatre rideaux comprins, le dernier du lict estant de sergette rouge, fort usé et le chevet du lict de mesme estoffe. La coiffe du lict est une Assumption Nostre Dame ; dans un lict de plume avec le travers, les tayes estant de toilz de Flandre. Une vielle couverte de [ ] rouge et une jaune fort usé et une bache. Un aultre lict de plume estant sur le chalict, les tayes estant de toille simple avec un petit oreiller. Un tapis de violet brodé d’ouvrages de tapisserie de soye de divers couleur, tout plein de trous. Un tour de lict servant au lict de fut messir, de couleur violet enrichy de broderie de soye de diverses couleurs, le tout consistant en cinq pieces. Un tapis de matiere ries, tout usé.

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Item un aultre tapis estant sur la table, tout troué. Une table de noyer fort usé. Cinq vieux carreaux garni de cuir doré. Une cochette de bois de noyer assortie d’un pavillon jaune sur laquelle il y a un lict entoyé d’une vielle toille avec le traversin. Nous ayant esté remonstré que sur ladicte couchette il y vouloit avoir deux lict et que l’aultre a esté delivré par l’ageant dudict sieur au sieur Monterby, lesdict lict entoyé de trely blanc. Une vielle chere de noyer a l’antique. Un andier de fonte. Une vielle pinte d’estaing sans couvercle ny anse. Un libvre de droict d’Henri Bouhi, sur les decretales. Une image de Veronique enchassé de noyer. Une aultre de saincte Magdeleine enchassé [ ]. [Folio 4 recto] Quatres oreilles de serge violette, tous usees. Une panse de tapis de velour rouge avec les franges de laines por le poile de la Feste Dieu en l’ornement usée. Six chandeliers d’estaing, deux d’iceux rompus. Deux pairs de chainettes d’estaing. Deux crois et deux chandeliers de cuivre. Dix fort vielle nappe d’autel et huict aubbes. Lesquels reliquiares et sainctuaires et ornement cy desus inventories ont esté delaissé en la charge dudict dom Thomas Vollard, sacristain por l’entretien du service divin et por en faire bonne et sayne garde, ce qu’il a permis faire en presence des sieurs adminnistrateures ainsy que frere Claude Monterby, prieur, frere Jehan Voland, soubprieur, Jehan Claude Lorioz. Et le lendemain dixneufvieme dudict mois de juillet, nous estant transporté au ceur de ladicte eglise, nous avons continué audict inventaire que sensuyt : Premierement le sont trovés trois messels assé bon et deux aultres fort usés.

Livres Item deux graduels en papiers a demi user et dans lesquels avons recogneu servant a plusieurs feullet rompus et laceres. l’eglise. Item un aultre graduel de parchemin aussy user.

Item trois antiphonaires, un d’iceux sans couverture et les deux aultres a demi usés. Deux aultres vieux antiphonaires en parchemint, aussy usés. Deux psaultier relier en veaux noir ausquel il y manque plusieurs feullet. Deux aultres vieux livres ausquel y manque plusieurs feullet. Item un vieux livre sans couvertures ou sont le sermons de Sainct Bernard. En surplus, passant au grand autel l’avons trové bien orné, le tableau entier et aussi le ciboire.

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[Folio 4 verso] De plus avons recogneu que le ceur de la nef de ladicte esglise sont en bon et

Eglise dehu estat, que aussy les voutes, les formes, les vitres et fenestres, sauf qu’en quelques endroict il s’y trouve des pavements rompus.

Devan le grand autel, pand une lampe de cuivre et un peult plus bas une de

Chapelles fert. Et au regard des chapelles, elles se sont trouvé en bon dehu estat et assez bien orné de tableau, nappes et devant d’aultels, estant au nombre de treize, tant chapelle que petit aultels. Item onze tableaux ou destrempe ou est la vie de Sainct Bernard attaché a chaque pilier de la nef. Estant au cloistre avons trouvé la couverture d’iceluy toute ruineuse, nous

Cloistre ayant esté assouré par ledict sieur Monterby, prieur q’il y pleuvoit en plusieurs endroict et qu’il estoit besoing de prompte reparations.

De la nous avons trouvé le chapitre en asser bon estat, sauf le pavement qui est rompus. Suyvamment passant au refectoir et cuissine y joignant avons touvé les meuble suyvant :

Chapitre Refectoire Premierement au refectoir, une gande table de noyer avec deux vieux banc.

Un petit viel armoir de sapin. Item ont declairés lesdict sieur prieur et soubprieur qu’il y avoeint en maniente por le service desdict sieurs religieux vingt deux plat, deux douzaine d’assietes, deux aisguierres, dix escuelles, troi sellieres, cinq pot tant grand que petit, le tout d’estaing. Item quatre napes, trois de toilles et une ouvrés. Quatre douzaine de serviettes, trois de toille et une ouvré. Trois pot de fer, un grand de cuivre tenant douze pintes. Une chaudiere de mesme contenance, deux chauderons, deux moustardier et une vinaigrette d’estaing. Quatre poille a frier, tant grande que petites. Deux gros andiers de fontes en ladicte cuisine avec un covacle, une grande [ ]48 de fonte, une vielle table, un banc y mansquant, deux fenestres.

[Folio 5 recto] En la chambre du landrecy ne s’est trouvé, sinon un viel chalict de bois, les colombettes rompues. En un cabinet pres, se sont trouvé quatre roue d’horeloge avec le quadre de fer.

48 Mot illisible dans le document.

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En la chambre joignant au sus du poille du landrecy, appellé la chambre aus dames, se sont trouvés deux chalict, un trouvé assorty de ferrement, a l’entour duquel est un meschant ciel et les custodes d’une petite matiere for usé. L’aultre est un chalict de nouhier a colombettes quarrés, autour duquel est un ciel de serge bleue en broderie de satin blanc autour de deux custodes et banettes de trelly rié. Deux coffres, l’ung estant ouvert qu’est le plus grand dans lequel n’y a aulcune chose, l’autre fermé a la clef.

Linges Suyvamment, le post lendemain, vingtiesme dudict mois, avons ouvrey lesdict coffre en presance dudict sieur prieur, comis administrateur et officiers dudict Bellevaux dans lequel sont esté trouves les meubles suyvant : Une nappe ouvragé toute troué. Onze servietes de lin ouvrages a my … usé … Une douzaine d’aultres serviettes de lin a petite menise a my usé. Sept serviettes damasses a my usé. Une aultre douzaine de grosses serviettes fort usees. Une aultre douzaine fort usé. Dix serviette de gros buret fort vielles. Une aultre douzaine de serviette de filet ouvragés a my usé. Une grande nappe de lin contenant cinq aulnes a my usé. Une aultre contenant trois aulnes fort usé, encour une aultre tout de mesme, usé. Une aultre de mesme fibre de lin d’environ deux aulnes et demis a my usé. Une serviette de banquet de deux aulnes fort usé. Une aultre grande nappe de lin rié aux deux bout de laine d’environ cinq aulnes et demy. Deux aultres de fibre toute troués. Quatre linceux de toille quarré a demy usé. Trois pand de vielle sergette rouge avec son pand de diverses couleurs, le tout fort usé. Un aultre pand de tapis de velour de tanné tout usé.

[Folio 5 verso] Un aultre de matiere de Flandre de laine avec une toille derrier tout usé. Un demy pand de sergette gros rouge tout usé. Lequel coffre ayant esté refermé avons continué en ladicte chambre et trouvé les meubles suyvans ; Deux leschefroye de fer battu, un grand pot de cuivre tenant une soille. Une vielle bassignoire. Un viel buffet de chesne a l’antique, ouvragé de plusieurs ouvrages sur lequel est une image de la Flagellation Nostre Seigneur et de panneaux de verre en losyange quarrés. Deux andiers de fonte, l’un desquel le pied est rompu.

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En la grande cuisine sont esté trouvé : Deux andiers de fontes, Une vielle cochette, Un viel buffet sans serrures, Un viel banc a dos, Un garde robe sans serrure.

En la salette basse :

Un viel chali de noier sur lequel est un ciel de vielle matiere rié avec les rideaux de banettes de mesme matiere, le tout for usé. Un buffet en forme de comptoir fermant a trois estage a la clef, dans lesquels fermetures et icelluy se sont retrouvé plusieurs papiers que Aymé Manbland et Claude Conseret, admodiateur de ladicte abbaye ont desclaré par serment presté sainct leur conpoter et apartenir et qu’en iceux il n’y en avoit aulcun concernant l’abbaye. Item une table, le pied tourné avec un banc de noyer fort usé et ceronné. Un dressoir de noyer, les pieds et bras tournés. Un banc a dos de chasne ferré et fermant a la clef.

En la cour l’est retrouvé un icelly de fert appuyé contre la muraille.

En la cuverie se sont trouvé deux grandes cuves fort caduques, un tonneau d’une queheue, un aultre de trois sillettes et trois demis queheue a vide que les admodiateurs ont declarer avoir faict faire du bois d’une vielle cuve qu’estoit en ladicte cuverie. [Folio 6 recto] Deux doubles queheues avec leur fond vuides. Un burillon tenant une queheue. Un aivié de bois de chesne, qu’est un deschargeoir. Un grand tonneau tout neuf plain de vin tenant environ trois queheues, que ledict Maublanc et Couseret ont declaré par mesme serment leur apartenir et permanent. Ledict vin des vignes qu’il tiennent d’admodiation dudict Bellevaux. De la au sellier ou souloit ester le pressoir s’est retrouvé : Une grande cuve contenant environ huict queheue assortie de cercles en belle fonte qu’elle est pressé a y a verger du vin que lesdict admodiateurs ont declaré apartenir a Guillaume Roussel de Ryos, jadis admodiateur. Item deux queheues et deux demys, pleines de vin rouge, que les mesme admodiateurs ont aussy declarez par mesme serment leur apartenir et ledict vin estre destiné por la mansion desdict religieux.

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En la cave proche la grande cuisine : Un farinier en trois enchastré, lequel a de sapin et sans couvercle. Un pot de cuivre tenant environ douze pinte avec son ance de fer. Six demis queheues desquels deux sont plennes de vin rouge et les aultres, quatres muids, que lesdict admodiateurs ont declaré leur apartenir. De la, passant au grand grenier proche ledict cloistre ou sont esté trouvés les quantites de graines cy apres :

Grenier quarante sept quartes de froment, mesure dudict Bellevaux dont les trois font quatre mesure et demis, mesure de Dole. Dix sept quartes d’orges viel a le mesme mesure. Sept quartes de cousels. Cinq penaul de navette, a susdict mesure. De la somme passé en un aultre grenier apellé Morimont ou se sont trouvé Cinq quartes de navette aussy nouvelle. Dix quartes de boisses, mesurer susdict. Un grand pot de cuivre tenant environ deux soilles. En la chambre sur la porterie s’est trouvé un meschant chalit de chesne, un vielle buffet sans serrure. [Folio 6 verso]

Les meubles Et sur ce de la part dudict sieur de Montreby, a present prieur, nous a esté trouvés en la remonstré qu’a la sortie de ladicte abbaye de dom Claude Loys, a present chambre du prieur a la Charité il avoit laissé en sa chambre quelques meubles desquels il prieur. s’est servi et se sert presentement. Nous nous sommes transporté en sa chambre et

y avons trouvé ce que s’ensuyt : Premier, deux licts tant bon que meschant. Deux couverture de mante, l’une verte et l’aultre rouge. Un bache de toille. Deux cheres doré et deux aultres de bois. Un plat bassin et un chandelier d’estaing. Deux plat d’estaing et six assietes. Un pintet et un tier d’estaing. Un assortiment de lict, de rideaux, de serges rouges. Deux tapis : l’un de toille, l’aultre de tapisserie. Lesquels meubles contenus sont en cour demeurés en sa chambre et a la garde dudict sieur prieur de Monterby jusque aultrement soit ordonné ainsi. Sygné frere Gabriel de Monterby, prieur et Jeannot. Et s’estant representé par devant lesdict Jehan Jeanot, Jaque Goulu et Claude Paulhier, officiés audict Bellevaux avec ledict Gremaire

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- XLVIII -

Les ruines Millot, nous ont declairé avoir visité l’estat du bastiment de ladicte abbaye en conformité de l’ordonance du jourd’huy et raporté par leur avant dict serment ce que s’ensuit : Premier, en la grande gallerie tirant dois l’escaillier du logis abbatial tirant au dortois y convient meltre quatre estançons du cousté du jardin du couvent por retenir la couverture, relier la rameure en plusieurs endroict a eviter sa choutte, convient aussy reparer des carreaux le bout de ladicte gallerie, du costé dudcit escallier. Au dortoir se trouve que dedans la cour ou pand la lampe dudict dortoir et joignant le tuyau de la cheminé du couvent sont quatres chevront desjoinct qu’il convient racommoder, ranfletrer la rameure du lect tout du long et refair la couverture pour estre troué en plusieurs endroict. [Folio 7 recto] Au clocher, lesquel d’iceluy la besoing de recouvrir a neuf et au plus tost. Le beufrois ou sont possé les quatre cloches, y et plusieurs pieces qui par pourritures ont abandonné leurs places et convient en remettre d’aultre incontinent. En ladicte esqueille y manque une des principalles (deques)49 qu’il convient racommoder dois la livre plate, formé en hault. Le toit des petites voutes a besoing de retenir en quelques endrois a cause qu’il s’y trove des goutieres. Au cloistre siquamment du costé de collation, y a plusieurs goutieres qu’il convient recouvrir. Quand a celuy de costé du refectoir nouveau, il est covert au neuf par une moitié et convient couvrir le reste. Le four des religieux se trouve que le ceintre est rompu en divers lieux et convient le refaire et recouvrir a neuf. La muraille du grand enclos de ladicte abbaye du costé du prelot, tyrant a Neusve Grange, s’est troué a l’endroit de la vielle estable escorchee de la longueur d’environ une toise, qu’il convient racommoder et austre d’environ quatre pied. Et plus hault et proche le coing leurs besoignes, il y a aussi une escorchure qu’il convient raccommoder et recouvrir de l’aultre parti de ladicte muraille comme d’environ huict toise. Dois ledict quarrer suyvant le chemin contre ladicte abbaye est une escorchure comme la precedente, a quoy yl convient d’y mesme remedier, tant a reausler la muraille que couvrir. Dans le petit enclos se trove qu’auprès de la vielle estable, du costé des vignes y a trois escorchures dans la muraille qui convient contenir, comprin ce qui est adjacent qu’il convient abatre, d’environ huict toise de longueur et demie toise d’haulteur. Au joignant dudict enclos est une maisonnete ou se logent ordinairement les malades que la (navement)50 souvent audict Bellevaux, laquelle est toute descouverte, a quoy il convient porvoir a plustot.

49 Mot difficilement lisible dans le document. Ce terme est le plus probable. 50 Mot difficilement lisible dans le document. Ce terme est le plus probable.

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- XLIX -

[Folio 7 verso] Et au devan de ladicte porterie est une chapelle et oratoire en bon estat sauf les porte qui manque. Le grangage de la porterie se trove en asser bon ordre sauf au regard des establerie qu’il n’y a aulcun plancher et convient y en faire au plustot. Sur lesdictes estableries a … proche la porterie et au sus es grangage sont abergé environ cinquante chariot de foin provenant des pres de ladicte abbaye que lesdict admodiateur on faict fauscher la presente annee. Au bout du jardin, un pigeonnier a pied, lequel est en deheu estat, mesme la couverture de ladicte auroit esté reparé en la presente année, mais que au commencement de l’admodiation desdict Maublans et Couseret il estoient entierement depeuplé il n’a peult jusque a present estre repeuplé et n’y peult avoir qu’environ quinze ou seize pigeons. Encour nous estant transporté au lieu d’Argiré, en la maison dependant de ladicte abbaye en la presence dudict commis administrateur et dudict Maublans souvent, en l’estage d’en bas d’icelle maison composé de trois grande chambre en deux desquelles y a chemines, les murailles a l’endroict desdictes chambres sont grandement ruineuses, comme aussi l’estendue faisant la separation desdictes chambres estant de terrasse et rompue en divers endroict, estant de plus lesdictes chambres sans portes ny fenestres, ny fermeture quelconques, mesme y manque la porte devant et sont lesdictes chambre sans plancher en bas, ains simple terrasse et sans aulcun meubles. Le cartier d’en hault consiste de mesme, en trois chambre, toute trois a les fenestrages sans vitres ny venteaux, sauf le milieu garnie d’un venteau. Le planché d’en hault de la premiere chambre derers la grande porte est entierement ruineux celuy de devant estant en assé bon estat. Il y a deux andiers de fontes por la chambre du milieu, le planchers tant de hault que de bas sont en assé bon estat.

[Folio 8 recto] En la troisieme qu’est la plus grande, il y a deux forme de cabinet entierement

Les ruines ruyneux n’y restant que les posteaux avec quelques terrasse, la cheminé d’Argiés entierement ruyné et sans fouyers, les plancher d’en bas en assé bon estat, celuy

d’en hault est tant pourry, mesme a l’endroict de ladicte cheminé manque plusieurs lahons ainsi qu’a d’aultres endroict. La rameure de ladicte maison est en assé bon estat sauf les deux coing du costé de ladicte entré qu’il y a plusieurs chevront rompu, mesme les deux faisant les deu angles de ladicte ramure audict endroict. Por la couverture, elle est grandement ruineuse, estant necessaire de la retenir, la pluie y coulant en divers endroict, mesme le pied droict de lesquel est entierement pourry y ayant une grande ouverture, tellement qu’au moyen de telle porriture et caducité, la banderete serait toute par terre. Et quand aux meusbles estant ausdictes chambres haultes y n’ont esté inventorié, d’aultant qu’il ne partiennent a ladicte abbaye, ains a maitre Jehan Bricot, chirurgien, selon qu’il est esté declaré par Lemment, proffé, par Mathieu Dusault

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- L -

et Nicolas Dusault dudict siege, qu’avons faict venir estre present, comis originels dudict lieu, Mathieu de soixante ans et ledict Nicolas de vingt six ans. L’aultre cartier de la maison est tout entierement ruiné et n’y a aulcun plancher ny aisance por y eberger du fourage y ayant seulement une cresche ou l’on vouloit loger les chevaux dudict sieur abbé. La rameure et couverture de ladicte sont en bon estat, y manquant toutefois une coulonne, laquelle auroit esté bruslé par le pied au temps que la contagion a regné audict Argiré. Il n’y a aulcune porte en tout les endroict de ladicte grange, sauf du grand portal que la porte est de sapin rompue en divers endroict. Le four que souloit estre en ladicte maison est entierement ruiné. [Folio 8 verso] Et a l’instant est survenu Jehan Bricot le jeusne fil dudict Bricot, lequel a presté mesme serment que ledict Dusault et que lesdict meubles apartenoit a son dict pere et que ladicte maison avec ses adjacences et heritage en dependant avoit esté assensé par leurdict pere, dois environs trois audict sieur abbé defunt de Bellevaux moyennant le cense de quatre vingt carte moitié froment, avoine, mesure dudict Bellevaux et douze franc d’argent, ce payable a la Saint Martin d’hyver ainsi signé Jehan Claude Lorioz comme presentement Maublans, Jeannot, Bricaud et Jean Gouhu. Et le mesme jour, vingtiesme desdict mois et ans repassant au moulin de Marlos il est esté recognu en bon estat sauf la cheminé rompue et devenu sans aulcune bande nous ayant esté declaré que le munier presentement absent le tenoit en assencement dudict fut abbé. Et le lendemain vingt et unieme dudict mois, ans susdict mil six cent trente deux nous somme pourté au establerie de ladicte abbaye ou se sont trouvé quarante sinq bestes a cornes, scavoir trois beuf d’age de trois a quatre ans, trois armaux et dixhuict vasches pourtant fruict, quatre genise, un aultre beuf de deux ans, seize vaux de la presente annee, vingt tant brebis que moutons, quatre chevaux, trois bayes, l’un de six ans, le grand quatre et le troisieme, un cornal fort viel et un aultre brun d’age environ douze ans, item sept poulain d’age de dix mois, sur pois baye. Devant laquelle establerie s’est trouvé un gros materat auquelle pouvoit avoir cent voitures. Tout lesquels bestiaux et materat, ledicts admodiateurs ont desclarer leurs conpeter et apartenir par serment a eux pesté ainsi que les aultres meubles par cy devant precisier et por eux. J’ai desclaré ce qui nous a esté confirmé, tant par ledict sieur reverend prieur dudict monastere, que aultres religieux sougsigné que par lesdicts officiers de ladicte justice, qui tout unanimement ont assouré que lesdicts bestiaux apertenoit ausdicts admodiateurs, dont il preste serment ainsi signéJehan Claude Lorioz, Maublans, Claude Couseret.

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- LI -

[Folio 9 recto] Le mesme jour sommes passés a Velroy, vilage dependant de ladicte abbaye por faire visite du four banal y estant, avons recogneu qu’il estoit fort ruineux et caduc et presque descouvert partout, la porte devant d’iceluy entierement rompue, nous ayant esté asseuré par Guillaume Jaiquot, admodiateur dudict four que si bien tost il n’est aux reparations , aux reparations d’iceluy il sera contraint de l’abandonner d’aultant qu’il en rend trente deux quartes de froment por chascunes annees et neanmoins ledict four est prest a tomber nous ayant faict voir la astre dudict four entierement rompue et quant a la coife elle est assé bonne, estant besoin de porvoir au plus tost a la couverture aultant qu’il y pleust partout non en presence dudict sieur administrateur et dudict sieur Maublans et de Denis Lelin dudict Valerois et sur l’interrogat por nous faict audict sieur Maublans s’il y avoit aultre chefs audict Valeroy depandant de ladicte abbaye, yl nous a respondu que non sauf les dismes, tailles, censes et le droict de mainmorte tellement que continuant ladicte visite sommes passés au lieu de Turé, ou estant parvenu sommes entré dans le four banal dudict lieu, lequel avons trouvé entierement descouvert et le bois de le ramure et les tuiles qui souloient servir de couverture gisantes par terres, nous ayant estant declaré par Jehan Gaudot dict Lobet admodiateur dudict four que seulement la nuict passé, ladicte couverture estoit tombé par caducité, ainsi que avons recognu par le bois de ladicte ramure qui la soustenoit, lequel avons recognus entierement pourris et les tuilles rompue. Et au regard du four ledict fournier [ ] pareillement remonstrer que la coiffe estoit preste a tomber et n’avoit jaymais esté bien faicte, [Folio 9 verso] non plus que l’astre que ne valloit rien du tout, comme aussi le fouier, ce qui a esté affirmé en presence de Piere Vienot, Huguenin Paradis et Claude Vienot, Estienne Vienot et Jehan Paradis et Claude Vienot, s’estant subsigné sachant les aultres escripres ainsi signé est Jehan Claude Lorioz et Claude Vienot.

De la, sommes passé a Cirer, vilage dependant de ladicte abbaye et ayant faict exacte visite du four bannal d’illec, l’avons trouvé en bon et deheu estat, sauf qelques peult de tuilles et lattes avec une petite ruine du costé de la porte a la main droicte qui se peult reparer a peult de frais, nous ayant Nicolas Vodrine, fournier dudcit Sirer remonstré qu’icy manquoit une cheminé, la bande de laquelle manque et laquelle il convient reparer et un surplus nous a esté de mesme desclaré qu’il n’estoit deheu audict vilage aultre chose a l’abbaye sauf les censes, courvées et aultres prestations de maimmortables. Subsentivement avons passé au lieu de Magny dependant de ladicte abbaye et avons trevé le four banal dudict lieu entierement ruiné, la coiffe enfoncée et sans aulcune couverture, au moyen de quoy l’on ne peult cuir presentement et lesdicts subjects dudict lieu sont alles cuire leur pain ailleurs, a quoy il convient remedier presentement par la grande necessité qu’il en ont.

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- LII -

Nous ayant de meme esté declaré par lesdicts admodiateurs n’y avoir aultre chose dependant de ladicte abbaye sauf les senses, courvées et aultres semblables prestations por eux deheu comme subiect mainmortable d’icelle abbaye ainsi signé Jehan Claude Lorioz, Aymé Maublans.

[Folio 10 recto] Et le mesme jour avons passé en une vigne dependant de ladicte abbaye et que souloit cy devant faite et cullier lesdicts religieux apellé la vigne du costé de Siré contennant environt cinquante ouvrié, peuplé de tout plant, laquelle avoit recogneu s’en aller en defaic s’il n’y estoit pareu incontinent, ainsi signé Jehan Claude Lorioz, Aymé Maublans. Encour ledict mesme jour, au lieu de Rioz a esté visité le four banal d’illec depedant de ladicte abbaye de Bellevaux, en presence dudict sieur Maublans et recogneu iceluy estre entierement en ruine, tant en la monte et voute du four qui est enseré comme au reste du bastiment, ayant esté declaré tant par ledict sieur Maublans que par messire Anthoine Bougrand, prebstre et curé audict Riolz et Claude Pillods, mestre d’escholle audict lieu, que ledict four est resduict en ruine entiere des trois ou quatre ans en sa et que l’on n’y a cuist aulcune paste pains cuisent lesdicts habitans ailleurs, ainsi signé mestre Anthoine Bougrand, prebstre curé de Rioz, Aymé Maublans et Claude Pillods, mestre d’escholle. Depuis le vingtdeussieme dudict mois et ans, avons passé un moulin de Gourdepain dependant de ladicte abbaye en presence dudict sieur prieur, sieur administrateur et desdicts admodiateur, en estant avons trové Pierre Grillot de Chambornay, musnier en iceluy lequel nous a faict voir le quartier dudict moulin et celuy de la ville ; auquel cartier dudcit moulin avons recogneu deux meubles … en assez bon estat et quand au demourant dudict moulinier consistant en deux chambres, elle sont entierement ruineuses, tant aux planchiers d‘en hault et d’en bas que tandu de terrase toute rompues. [Folio 10 verso] L’une des roues dudict moulin est toute pourrie, ensemble le roulet et l’arbre et convient au plustot le refaire a neuf. Les murailles dudict bastiment sont en assés bones reparations. Il y a plusieurs goutieres dans la couverture qu’il convient retenir. De la, passant au bastiment de la rible avons recogneu que les murailles sont en assé bon estat mais que la ramure est pourrie et pleu partout. La roule de ladicte rible est pourri, de mesme que celle du moullin. Nous ayans remonstré ledict mugnier qu’il y souloit avoir un grand navoir sur la riviere por passer les sugject de ladicte abbaye, scavoir ceux de Valleroy pour venir mouldre audict moulin, et que dois environ un ans et demis les grandes eaux l’ont emmenes tellement que por le present il n’y a qu’un petit navoir que quelques pescheurs entretiennent, lesdicts subiet n’osoient se confier avec leurs

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- LIII -

grains principalement en grande eaux et ainsy en ay receupt ledict mugrier de grand interret, dont il pretend diminution de pris de son admodiation qu’est de seize vingt quartes froment et avoine a chacun mois de juillet, signé Jehan Claude Lorioz, Aymé Maublans. Et le mesme jour, repassant en ladicte abbaye, sommes entres en la sacristie ou repose un coffre ou l’on nous a dict estoient enfermé les papiers concernans ladicte abbaye, fermant a deux clefs, l’une desquel estoit entre les mains dudict sieur sacristain et l’aultre en celle de Jehan Baptiste Chapuis, agent du fut sieur abbé, lequel, present, a declaré que sa clef estoient a Besançon, mortuaire du fut sieur, su quoy en sa presence et dudict sieur admodiateur, prieur et soubprieur

[Folio 11 recto] a esté faict ouverture, l’une par ledict sieur sacristain, et de l’aultre, faulte de clef, par Claude Roussel, serrurier demeurant a la porterier de ladicte abbaye, lequel ouvert s’est trové ce que s’en suit :

Titres Premier, un sac de toilles sur lequel est un billet contenant bulles apostoliques en nombre : douze concernant la canonisation de sainct Piere, ausquels est joinct un tiltre concernant les reliques de sainct Estiennes, demeurant sans cothe. Item un sac dans lequel sont plusieurs billes de redevances deheue a Montagny que s’est trouvé. Premier Quatre aultres tiltres estant en sac, des redebvances deheus a ladicte abbaye sur le vilage de Poulignés, que c’est trevé costé.

2 Plusieurs tiltres dan un aultre sac touhant les redebvances audict couvent par les habitans d’Argirey, Villerpater, Aubetan et Lainé. Coté.

3 Plusieurs tiltres contenans les redbvances deheues a Vuillefaux, Moidain, Viellé, Merey. Coté.

4 Dans un aultre sac ont esté trové un vendage faict par Guillaumotte, femme de Perrin Boudot a dom Estienne de Montbozon, abbé de Bellevaux en datte de l’an mil six cent vingt et un ; une sentence faisans un partit desdicts sieur abbés sur un sieur Despré de la mainmorte alias de Scey. Le testament de fut mestre Thiebault de Rougemont. Le tout costé sur le billet.

5 Plusieurs tiltres et redebvances, eulx deheues tant au lieu de lieu de Montbozon, Bouhans que Thienaux, en nombre de soixante six estant dans un sac cothé.

6 [Folio 11 verso] Aultres tiltres de redebvances dehues tant a Riol, Fondrement, Vergoulot et les granges. Cothé.

7

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- LIV -

Plusieurs aultres tiltres estant en sac des redebvances dehues a ladicte abbaye au lieu de Thurez, Moncey et Venise.

8 Un sac sur lequel est escript Bellevaux ou sont plusieurs pieces et proces d’entre les habitans de Vallerois et lesdicts sieurs abbé et religieux. Cothé.

9 Un sac dans lequel sont plusieurs tiltres des redebvances deheues a ladicte abbaye au vilage de Sirey. Cothé.

10 Item trente neuf pieces estant dans un sac que sont aultres tiltres concernans les redebvances deheus a ladicte abbaye sur plusieur vilages. Cothé.

11 Un aultre sac dan lequel sont plusieurs tiltres des redebvances deheus a Nensicelle, Breurey et They. Cothé.

12 Un aultre sac dan lequel sont plusieurs tiltres concernant les redebvances deheues a ladicte abbaye au lieu de Vallerois. Cothé.

13 Un sac dan lequel sont plusieurs tiltres touchant la maison de Bellevaux. Cothé.

14 Plusieurs aultres tiltres tiltrés concernant les redebvances de Rigney et Rignozot, Corcelle et Miellot. Cothé.

15 Item seize volumes de recognoissance faictes aux profict de ladicte abbaye par les habitans des vilages de Magny, Thuré, Menselle, Neufvegrange, Dornon, Cirey, Valeroy et Marloz, lesdictes recognoissances receptions par sont Guilaume Crenoiseret d’Hugie et Jehan Goulu de Vallay noté [Folio 12 recto] Tous lesdicts volumes liés et mis ensemble et non signé. Cothé le tout.

16 Quelques comptes, procedures, registres et aultres papiers concernant le revenu de ladicte abbaye. Item rouleaux et volumes de recognoissances touchant la signeurie d’Yeure que n’ont esté estendue ny d’aulcune, signé avec d’aultres des habitant de Dennon, le tout joinct ensemble et cothé.

17 Un sac intitulé Bastiere et Valeroy le Bois dans lequel se sont trouvé plusieurs titres et papiers, entre aultre douze en parchemin. Cothé. Jusque a la lettre «M» incluse. Le tout cothé.

18 En un aultre sac intitulé Neufvegrange se sont trouvé dix tiltres que sont donnations faictes d’icelles Neufvegranges a ladicte abbaye. Cothé.

19 Une procedure faicte entre Louy du Traitre, jaidict abbé dudict Bellevaux, entre Nicolas Benreur, deffenseur et ledict impetrant par garantie contre Charle Petre et Nicolas Broc au faict de sept cent franc. Cothé.

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- LV -

20 Item quatorze tiltres concernant les droiches apertenants audict couvent touchant Le Magny entre lesquels y en a un que porte comme les habitants de Cirey doibvent residence audict lieu. Cothé.

21 Plusieurs aultres tiltres concernant les biens et revenu qu’apartienent ausdicts sieur Albert, religieux au lieu d’Argiré, Villerpater et Antoison. Le tout remis dans ledict sac cothé.

22 Dans un aultre sac apellé Montarlot et Vilerchemin ont esté trové plusieurs tiltres et papiers, entre aultre treize tiltres en parchemin cothé jusqu'à la lettre N. Le tout remis dans ledict sac cothé.

23 [Folio 12 verso] Dans un aultre sac ont esté trové disneuf tiltres concernant les redebvances deheues ausdicts sieurs de Bellevaux au lieu d’Obertain, lieu de Tise remis dans ledict sac cothé.

24 En un aultre sac ont esté trouvé trente six tiltre en parchemin des droictures deheues ausdicts sieurs abbés et religieux aux vilages de Dampiere, Treve, Probe et Fontenois. Cothé.

25 Dans un aultre sac ont esté trové huict titres en parchemin contenant les droictures apartenant ausdicts sieurs abbé et religieux. Cothé.

26 Dans un aultre sac se sont trové trente un tiltres en parchemin concernant les redebvances deheues au lieu de Rigney, Rouland, Vaudnan, Moulin, Martin, Larians, Ormonans et Loulands. Cothé.

27 Encore dans un aultre sac se sont trovés vingt tiltres en parchemin concernant la maison de Chaudefontaine apartenant ausdicts sieur abbé et religieux. Item un aultre en papier de dation de tutelle par lequel apart du drois qu’il ont de se faire. Cothé.

28 Dans un aultre sac intitulé les Trois Rois se sont trouvé les tiltres suivant : scavoir une fulmination de bulles apostoliques sur le faict que l’abbé du Tartre disoit apartenir a son abbaye, sur plusieurs prieres et abbayes, mesme sur celle des Trois Rois. Lesdicts tiltres cothé.

[Folio 13 recto] Une permutation en lieu Croisant dict l’abbaye des Trois Roy en l’encontre de Chenaux Levrette, Chaselot, un moix taillable et audict Levrette, le sizieme partie de gros disme audict Chaselot, une maison taillable de la datte mil deux cent nonante neuf. Cothé.

C

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- LVI -

Une visite faicte de l’abbaye des Trois Roy par Guillaume, abbé de Cisteau pour refformer les religieux. Cothé.

D Tout les aultres tiltres y estant sont procuration, quiltances et aultres pieces servant de peult saulf celle cy apres qu’est une procuration du prioré d’Harbois avec l’abbé de Velley en Brabam, et reverend pere messire Philbert, prevost et archidiacre du prieur commenditaire du prioré d’Arboy en ce compte de Bourgogne en datte de l’anné mil sinq cent trois. Cothé.

E Le tout remis remis dans ledict sac cothé.

29 Encour en un aultre sac sont esté trové quarante sept pieces tant en papier que parchemin concernant la redebvances seigneuri, celes deheues a Marchaux, Champours et Chesseur dans lequel y a un tiltre des disme de Braslans. Le tout cothé.

30 En un aultre sac se sont trové onze tiltres en parchemin concernant les droitures et revenus qu’apartiennent ausdict sieur abbé et religieux au lieu de Gis et vignoble d’illec consistant an meix maison et vignes. Cothé.

31 [Folio 13 verso] Dans un aultre sac sont esté trové plusieurs confirmations et privileges concedés par les papes et archevesques de Besançon. Cothé.

32 Par apres en un sac intitulé Salin se sont trouvé vingt tiltres en parchemins, chascun d’iceulx costé par lettres alphabetiques et quelques aultres papiers, le tout costé, ainsi signé frere Grabriel de Montarby, Jehan Claude Lorioz, frere Thomas Veland soubprieur, Aimé Maublans et Jehan Baptiste Chapuis. Suyvamment, en ladicte abbaye, le vingtneuvieme juillet ans susdict avons continués comme s’ensuyt en presence des [ ]51 Premier, se sont trové dans un sac intitulé Braslan, treize tiltres en parchemin avec un inventaire d’iceux non signé, jusque a la coste N et quant a la costhe O c’est un assensement faict par ledict fut sieur abbé de ladicte grange de Bralan sise entre lesdict vilages de Marchaulx, Viellés et aultres et le bois de Chalu, signé Miellin non comprise la costhe L parce qu’elle manque dans ledict sac, lequel inventaire avons faict signer par ledict juré Baverel. Costhé.

34 Un aultre sac dans lequel sont quelques papiers et missives touchant l’administration de ladicte abbaye comise cy devant audict sieur du Tartre, le tiltre duquel pourte qu’il y avoit proces entre ledict fut sieur du Tartre contre François Rouselet de Quenoche. Cothé.

34

51 Mot illisible dans le document.

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- LVII -

Un aultre sac intiulé Gilley concernant ledict disme de Bellevaux dans lequel il y a trente et un tiltres en parchemin, remis dans ledict sac cothé.

35 [Folio 14 recto] Un aultre intitulé Chastillon, Guiette dans sont plusieurs tiltres avec un inventaire non signé, jusque a la coste F incluse, qu’a esté revestit et signé par ledict juré …. Cothé.

36 Un aultre grand sac intitulé bulles apostoliques et archiepiscopales dan lequel se sont trové cinquante huict tiltres sans inventés. Le tout remis dans ledict sac cothé au do du tillat.

37 Item un aultre sac dans lequel sont les pieces d’un proces pendant en ladicte cour entre le fut sir abbé d’Andelost supresent contre Jehan de Grosselle, vivant, procureur fiscal d’Amont, au faict d’une succession sur luy pretendue selon inventaire estant dans lesdictes pieces, revestit jusque a la coste M M, celle de N N manquant. Cosé sur le tillat.

38 Un aultre sac dans lequel se sont trové soixante et seize tiltres de parchemin et quelques papiers intitulé commissions et papiers concernant auchrite de Bellevaux. Costhé.

39 Un aultre sac intitulé Quilles, Scay, Coudray, Verchamps, Rougemons, Olanc, Senans, Marchaux, Gusenlte, Maucenaus dans lequelle sac s’y sont trové quarante six tiltres an parchemin fort ancien avec une recognoissance en papier concernant la declaration des biens de Piere Bardot d’Olans, signé Michelet. Ledict sac costhé.

40 Un aultre sac dans lequel se sont trouvé sept tiltres en parchemin servant por Cromaris avec quelques papiers. Costhé.

41 [Folio 14 verso] Un aultre sac dans lequel se son trouvé cinquante quatre tiltres an parchemin concernant Roche sur Doubs. Costhé.

42 Un aultre sac dans lequel sont plusieurs pieces de divers proces sans inventaires, y ayant six tiltres en parchemin. Costhé.

43 Un aultre sac dans lequel sont les pieces d’un proces contre Noel Clement de Dornon, au faict de coupage de bois dans les grands bois de Bellevaux, lesdictes pieces joinctes ensembles avec l’inventaire revesti sans la costhe B que sont les fins posessoires et la costhe R qu’est une procuration, les aultres pieces qui sont dans ledict sac sont confuses et sans suitte de costat, y manquant la plus part, yl y a encour deux lettres en parchemin joinctes et costhé H. Le tout remis dans le sac costhé.

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- LVIII -

Item en un aultre sac intitulé proces por le sire abbé de Bellevaux impetrant por recognoissance contre Claude Gellemont ou si sont trouvé lesdictes pieces joinctes ensembles avec quelques aultres contuses. Le tout remis dans ledict sac costhé.

45 Aultre sac dans lequel sont les pieces d’un proces contre François Clerenaux et Pouceette Fillet, Simon Bassan de Syrez, deffendeur pour crime selon l’inventaire recosté avec quelques aultres pieces confuses ne meritant inventorier. Le tout remis dans ledict sac costhé.

46 Un aultre sac intitulé Broc ou sont quelques pieces concernant ledict Broc et deux inventaires que n’ont peult estre revesti por y avoir trop de manquemant. Tout remis dans ledict sac costhé.

47 [Folio 15 recto] Item un grand nombre de pieces en parchemins en nombre de soixante et dix qui sont grosses des redebvances de ladicte abbaye avec un petit manuel des tailles deheues a Montbozon et quelques aultres papiers concernant les mesmes droict. Le tout remis dans lesdicts sac costhé. 48 Sept tiltres en parchemin et un en papier des redebvances deheues a ladicte abbaye par comy de Tylains. Costhé.

49 Un aultre sac dans lequel sont vingt et un tiltres en parhemin concernans les redebvances de Senans Lusans, Germondans, Verchamps et Loulands que dismes. Remis dans ldict sac costhé au dos du tillat.

50 Item un aultre grand sac intitulé Chambornay les Bellevaux et Chambornay les Pins dans lequel se sont trové quatre vingt onze tiltre en parchemin concernant les redebvances deheues audict Bellevaux par lesdicts de Chambornay. Le tout remis dans ledict sac costhé.

51 se sont retrouvé quatre vingt quatre tiltres en parchemins et plusieurs papiers avec un petit sac intitulé Tise, dans lequel sont douze tiltre en parchemin et quelques missives. Et dans l’aultre sac auquel il n’i et aulcun tiltre, se sont trové trente deux concernant le revenu de Besançon. Item un viel manuel des anses deheues de ceulx dudict Besançon couvert de viel parchemin, avec plusieurs fragments de proces pendant a Besançon et un petit sac ou il y a neuf tiltres en parchemin concernant les redebvances a ladicte abbaye riere ledict Besançon. Le tout cousthé.

52 [Folio 15 verso] Deux sac attaché ensemble dans l’un desquel sont les pieces d’un proces que le fut sieur abbé avoit contre Jehan Sain le vieux et le sensne, deffendeurs au fait de dishuict tisnes de vin y ayant trois lectre en parchemins et dans l’aultres sont les pieces desdicts saints du mesme proces. Costhé.

53

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Un aultre sac ou sont les pieces des proces contre heritier de fut sieur Cusmenet et en oultre un compte rendu par fut maistre Jehan Baptiste d’Andelost au fut sieur Boustechox de Basterant conseillez. Costhé.

54 Dans un aultre sac intitulé privelege se sont trové vingt neuf, tant bulles que tiltres de parchemin, avec une infiormation des franchises et immunition de ladicte abbaye de Bellevaux. Costhé.

55 Item un aultre sac dans lequel sont les pieces du proces du fut sieur d’Albamé contre maistre André Faitout, por leur rendre compte selon l’inventaire remist sans la coste B qu’estan traicté en papier. Costhé.

56 Dans un aultre sac intitulé papier rendu par le procureur Got. Le tout trouvé sinq lettres en parchemins avec un manuel de recognoissance non signé et quelque aultre piece du procé. Costhé.

57 Dans un aultre sac intitulé maistre Estienbe de Grusit, prebstre, curé de Cambornay contre l’abbé de Bellevaux se sont trové plusieurs pieces concernant lesdicts proces avec deux inventaires diverses qui n’ont peult estre revestu por estre les pieces confuses sans ordres et que les costhe ne se rencontre, y manquant plusieurs pieces et particulierement un viel tiltre inventorié. Sac costhé. [Folio 16 recto] qu’est une donation faicte par le reverend l’arshevesque de Besançon, nommé Humbert, au sieur abbé de Bellevaux de l’authorités et totale juridiction sur l’eglise de Chambornay et de prendre et percepvoir le revenu en dependant. Costé.

58 Item un aultre sac intitulé Vayme, Vallerois, Lorios, Eschenos le Sec, Andelans, Larrot, Freltoy, Vesoul, Nasle dans lequel sont soixant huict tiltres et lettres en parchemin et quelques papiers concernant les redebvances desdicts vilages. Costhé.

59 Un sac intitulé proces de l’abbaye de (lucolam) por demonstrer que ladicte abbaye de Bellevaux est mere immediate dudict Lucelau selon qu’il a part par plusieurs lettres missives escriptes aux abbés de Bellevaux par les abbés dudict por lesquels il les califie de pere et leur recommande les affaires de leur abbayes envers leur reverend abbé et general dudict ordre, sont aussi dans le mesme sac plusieurs aultres tiltres servant au mesme effect. Costé sur la toille du sac.

60 Un aultre sac intitulé sieur et venerable de Bellevaux et d’Argirés, entreve et opposant contre les habitant d’Autoisons dans lequelle sac sont plusieurs pieces confuses et de diverses costhes sans suytte tellement qu’il a esté impossible de revestir l’inventaire au moyen des manquement desdictes costhes. Ledict sac costhé.

61

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[Folio 16 verso] Un aultre sac dans lequel sont plusieurs tiltres et papiers confus que ne meritent inventorier. Ledict sac costhé.

62 Un aultre sac intitulé Riole dans lequel se sont trové quinze vieux tiltres concernant les droicts de ladicte abbaye au village dudict Riole.Costhé.

63 Un aultre sac intitulé por Noble Guillaume Vellis dans lequel sont trente cinq tant tiltres que lettrages. Tout remis dans ledict sac costhé.

63 Un aultre sac apellé Montagné dans lequel sont dishuict vieux tiltres escript en parchemin touchant les droict de ladicte abbaye sur ledict Montagnés. Costhé.

64 Item un aultre sac intitulé Aurignés dans lequel sont quelques proces et memoire de peult d’importance, sauf la copie du arest par lequel le sieur de Bellevaux est mainteneut et gardé en la possesion du dot et mariage de Beatrice Lanffard et de ses troussels meubles et biens et de ce qui est en nature de troussels et biens meubles qu’elle avoit aporté de la mainmorte de Bellevaux, ausquel arest est un traicté faict avec ledict sieur d’Albamé, abbé dudict Bellevaux et Guillaume Jehan Damil, Richard d’Aurigné, frere d’aultre part sur ce qui estoit porté par ledict arest, ledict traicté datté du vingtiesme d’octobre de la mille cinq cent nonante, signé Bresllet. Le tout remis dans ledict sac cotter.

65 [Folio 17 recto] Tout lesquel tiltres, lettrages et papiers sus inventoriés ont esté remis audict coffre dans ladicte sacristie, le coffre auroit esté refermé par deux clef ayant esté remise celle cy devant levé par notre ordonnance et faicte nouvelle clef par ledict Claude Roussel, serrurier, laquel auroit esté mise en mains desdicts sieur administrateur et l’autre entre le mains dudict dom Thomas Veland, sacristain ainsi qu’il a esté usé du passé et sur le droict que ledict dom Thomas declare apartenir et competer ausdicts sieurs religieux de ladicte abbaye et quand et aux vielle coffre de sapin estant en ladicte sacristie, iceluy ayant esté ouvert on a recognu qu’il y avoit plusieurs papiers confus que ledict sacristain et dom Jehan Grand aussy ont declaré n’avoir jaymays esté inventorié cy devant et n’estre que fragment non servant ayant por plus grande sureté et asseurance faict mettre en notre presence par ledict serrurier une serrure neusve audict coffre et a esté fermé a clef, laquelle a esté aussi mise en notre presence dans l’aultre coffre por estre le tout gardé fidellement, desquels clef tant ledict comis que ledict sacristain selon sa charge permettant en faire leur garde s’estante signé de ce soubsigné frere Gerard de Monterby, prieur, Jehan Claude Lorios, Claude Couseret, frere Jehan Voland, soubprieur et Aymé Maublans. Et a l’instant, ayant faict venir par devant nous ledict Jehan Baptiste Chapuis, superintendant des affaires dudict fut sieur abbé, luy avons ordonné de nous declarer par serment, que luy avois faict prester en nos mains s’il scavois qu’il y heut aultres tiltres papiers, lectrages et en seigneury concernant ladicte abbaye soit dans

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[Folio 17 verso] la maison abbatiale ou en la cité de Besançon ou alleurs, l’ayant admonesté serieusement de nous dire et declarer ce qu’il en scavoit por le grand interest qu’en pourroit ressentir ladicte abbaye,sur quoy il nous a declaré premierement qu’il avoit un coffre a luy apartenant en la maison mortuaire dudict sieur abbé size au chapitre dudict Besançon, dans lequel coffre estoit un cartulaire contenant tout les titres et droictures d’icelles mais, neanmoins qu’il avoit que depuis le deces dudict fut sieur abbé les gouverneurs de la cité de Besançon avoient de leur authorité faict meltre et apposer les seaulx, non seulement audict coffre mais encore a tout les meubles de ladicte maison, se submettant de rendre ledict cartulaire et tout aultre papier qui pouvoit concerner ladicte abbaye, lors et quand, luy serat ordonné par justice, ayant adjousté que dans le mesme coffre, ou dans un aultre sont les habit servant a sa personne. Il y avoit un aultre tiltre concernant les moulins de Gondenans, es moulins qu’il auroit lire par commandement dudict fut sieur reverend abbé por servir en nostre cause qu’il a pendante au parlement de Dole concernant ledict moulin, lequel tiltre il se submect de delibvrer apres la levation desdicts seaulx soit audict administrateur ou a telle aultre qu’il plaira a ladicte cour ordonner, a l’effect de quoy il s’est soubsigné ainsi signé frere Jehan Voland, soubprieur, Jehan Claude Lorios, Jehan Baptiste Chapuis. [Folio 18 recto] Subsecutivement se sont reputés par devant nous ledicts sieurs prieur et religieux lesquels nous ont remonstré que depuis le temps qu’estions arrivé en la presente abbaye, nous aurions peult recognestre avec combien de devotion et assiduité il celebroient les offices divins, a quoy ils desirent continuer encor a l’advenir avec la plus grande ferveur et pieté qui leur sera possible. Mais, neanmoings, qu’encoure que par toutes les visites precedentes qui ont esté faicte en la maison de Conus par les sieurs commis de leur reverendissime general, ils leur auroient faict diverses plainctes du petit traitement et prebende qu’il avoient qui ne sont suffisantes et capables de les nourrir et entretenir selon leur qualité et profession, toutefois, jusqu'a present il n’auroient esté pourveu sur leur requisitions et remonstrances si justes et si raisonables nous requerant, pour ce, en presence dudict administrateur de vouloir prendre et recepvoir de leur part les tres humbles remonstrances qu’il nous en faisoient et d’en faire raport a ladicte cour, sur quoy, nous ayant mis en mains lesdictes remonstrances contenant deux feuillet et demi et iceux soubsigné, avons declaré qu’en ferions raport a ladicte cour por par elle y estre ordonné ce qu’en justice elle trouveroit convenir, a quoy ledict administrateur auroit encour adjousté que par la bonne volonté et effection qu’il desiroit tesmogner ausdicts sieurs religieux. Il en conferroit avec ledict sieur reverendissime de Cisteaux et tascheroit de procurer l’exemtions des reglement ja sur ce faict ayant, en oultre desclaré que lesdictes remontrances seroient joinctes a notre presente besogne.

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[Folio 18 verso] Finablement, le lendemain vingt cinquiesme jour dudict mois estant en ladicte abbaye, ledict sieur administrateur nous a faict scavoir que les moulins de Quenoche, Rapigney et Gondenans dependoient de ladicte abbaye que aussy le moulin de Gondenans, sur quoy avons faict venir lesdicts admodiateur lesquels par leur serment on declaré scavoir que le moulin de Quenoche estoit en assé bon estat, y manquant seulement une meule du gisant et qu’il estoit admodié por deux cent quartes de froment, mesure de Fondremand. Celuy de Rapigney de mesme en bon estat, admodié por mesme quantité que le susdict. Celluy de Gondenans en bon estat mais qu’il ne dependoit de ladicte abbaye que por les deux tiers et estoit admodié, le louhage a cent quartes de froment. Et quand au four de Germondan, il estoit aussy en assé bon estat, admodié por environ quarante huict quartes de froment. Nous ayant, en oultre, lesdicts admodiateurs declaré qu’il avoient ensemencé tout les heritages apartenant a la pourterie de ladicte abbaye, tant de froment, orge que de bouguette et sur ce duquel ont encour affirmé par serment n’avoir en leur puissances aulcuns papiers dependants de ladicte abbaye ny enseignement por la recepte du revenu d’icelle, ainsi signé Jehan Claude Lorios, Aymé Maublans et Claude Couseret. Lesquls bien papiers, letrages et aultres cy desus inventorié avons delaissé en la charge de Jehan Claude Lorios, docteur en drois, comis a l’administration de ladicte abbaye por les regir, administrer [Folio 19 recto] et gouverner selon le pouvoir a luy donné par ladicte cour aux charges de cautions et aultres portées en ladicte commission et de servir deheument aux prebendes des religieux et tenir compte desdicts bon fruit, proffit, revenu et esmoluement de ladicte abbaye et deans huict jours prochain prester caution receante audict effect, ce qu’il a promis faire sauf l’obligation de tous et quelconques ses biens present a advenir, ceux de ses caulx sans le privilege du sel de sa majesté, renonceant a toutes exemptions contraires, mesme au droit disant que general si la speciale ne precede et par mesme, conffesse ledict Aymé Maublans et Claude Couseret, admodiateurs susdict estant en leur personne, soubs mesme obligation de faire bonne et seure garde des meubles, tant mor que nef retreuvé en ladicte abbaye despendant de ce qu’est de leur admodiation et de ce que vouloit estre tenu et possedé par ledict fut sieur abbé soub protestations audict Jehan Baptiste Chapuis, superintendant aus affaires dudict sieur de Bellevaux et au nom du sieur son heritier comme ausdict admodiateurs de porveoir a la cour de ce qu’il ont declairés leur conpeter faict et passé et clos en presence desdicts sieurs religieux et autre soubsigné, ainsi signé Jehan Claude Monterby, Jehan Claude Lorios, Claude Couseret, Aymé Maublans, Bricaud et Jehan Baptiste Chapuis.

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Subsecutivement, sur les remonstrances et plainctes a nous faicte, tant de la part desdicts religieux que des admodiateurs et officiers de ladicte abbaye, disant que depuis quelques annés en ça, les subject de ladicte abbaye se seroient donné telle liberté [Folio 19 verso] que d’aller impudemment dans les bois d’icelle ausquels il auroient commis tant de desgaists, qu’il estoient a present presque ruinés aux grand prejudices desdicts sieurs abbé qui succederont a l’adevenir et mesme desdictes communauté esquelles arivant quelques orvale de fouly ou aultre accident. Il leur seroient impossible de treuvé des bois propres et suffisant por les ayder a rebastir ce que par nous entendu et a la requisition mesme dudict sieur administrateur nous avons declarer que procederions a la visite desdics bois por recognoistre plus particulierement l’estat d’iceux. Sur quoy, sortant de ladicte abbaye avons esté conduict du costel de soleil levant ou un grand bois apellé le Chesnois, distant de ladicte abbaye de la longueur d’environ cent cinquante pas, auquel estant esté avons recogneu a main gauche au grand applatifs qui peut porter environ cinquante toise, tant de longeur que de largeur, y ayant remarqué une grande quantité de faulx coupées et abastu fraischement, selon qu’il se voit par les tronc, ayant faict venir a nous par notre commandement Claude Bruson, sergent en ladicte justice de Bellevaux, lequel nous a dict estoit tres bien informé des desgat comis dans lesdicts bois, tellement qu’ayant prins de luy le serment en nos mains, aussi de nous monstrer et faire voir les endrois et granstons desdicts bois les plus endomagés. Il nous a premierement mené du costel de la main droicte dudict bois de Chasnois ou il nous a aussy faict voir un applatifs de mesme grandeur et estendu que le precedent. [Folio 20 recto] Et de la, porsuyvant notre chemin un peult plus avant, nous avons aussy recogneu des aultres deci et dela d’un chemin qui tyre au vilage du Magny. A la sortie duquel bois, sommes entré audict village ou ont recogneu une maison bastie tout a neuf par un particulier dudict lieu nommé Adam Tuillier auquel n’avons peult parler, estant lors absent du village et travaillait a ses maisons mais, ayant contourné ladicte maison du lon et large qu’elle l’estant et comporte, nous avons recogneu que, non soutenues, la ramure d’icelle, mais encor toutes les aultres partie dont elle est composé estoit de bois de chasne, sur quoy ledict sergent nous a dict qu’il nous feroit bien voir les endroict ou ledict particulier avoit coupé et pris ledict bois, tellement que traversant un aultre bois apellé le Chasnois, sur Magny y avons veu grande quantité de troncs de chasnes fraischement couppé et dont ledict particulier se seroit servir por son bastiment selon que ledict sergent nous l’auroit asseuré. Et encor porsuyvant plus avant notre chemin, avons trouvé un grand essards faict depuis naguerre, selon que ce recognoist par les tronc et les eschaille estant alentour d’iceluy ; ledict essard estant de longueur d’environ soixante pas et trente de largeur, parmis lequel y a aussi grande quantité de tronc de bois de chasne que

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ledict sergent nous a asseuré avoir esté faict par des particuliers du village de Marlots, ainsi que le pourrions recognoistre plus clairement en voyant les clostures de heritage qu’il ont a l’entour de leur village, comme aussy de leur jardin et vergés, tellement que de la nous aurions esté occasionné de passer audict village de Marlot ou nous aurion recogneu a veue d’œil la verité de ce que desus et que le plus grand abus qui estoit dans les bois de ladicte abbaye parvenoit de ce que non seulement ceux dudict village mais encour presque tout les subject de [Folio 20 verso] ladicte abbaye servoient leurs heritages de jeusnes plansons de chasnes selon que l’auriont remarqué les jours precedent, lorsque nous vaquions a la visite des fours de ladicte abbaye, nous esté remonstré de la part dudict procureur d’offices que par le debvoir de sa charge il estoit obligé d’en former la plainte et nous prié d’en reservir promptement la cour affin d’y aporter par son authorité, les amendes convenables por la melleur messagerie, et conservations desdicts bois aultrement qu’il en arriveroit avec succession de temps une entiere ruyne. De la, continuant notre visite, avons esté conduict en un aultre bois dependant de ladicte abbaye, appellé le bois de Frosse, distant dudict de Marlot d’environ cent pas ou estant avons recogneu qu’il estoit telement ruiner, perdus qu’il y a en iceluy beaucoup plus de vuidage que de [ ]uit 52; y ayait de ladicte abbaye et nommement ceux dudict Marlot qui sont la plus part françois, gens ramagés de divers lieux comis tant d’exces et desgats qu’il estoit au plus pauvre estat qu’il pouvoit estre, adjouste ledict sergent que depuis la mort dudict fut abbé dernier decedé, l’on y seroit venir de tout costé por y prendre, couper et et pourter telle quantité de bois que l’en auroit volut ce qu’avons recogneu avoir une grande aparence de verité par le moyen d’une si grande quantité de bois de chasnes et aultres qui ont estés abbatus et les tronc d’iceux encorre tout frais et resemment couppés. Lesquels desgast, porsuyvant notre chemin, avons recognu estre plus grand du costé de Dormon, ne nous ayant peult estre asseurré si ceulx dudict village les auroient comis ou non. [Folio 21 recto] Encour avons estés conduict en un aultre bois apellé le bois d’Averne, despendant de ladicte abbaye, lequel avons recogneu estre beau, grand et spacieux, rempli de plusieurs beaux arbres ; lequel estant bien [ ]53 l’on se pourrat servir por les reparation a faire dans ladicte abbaye. Et finalement, sortant dudict bois, avons passé en un aultre apellé le bois des Chouliers que nous avons aussi trové en assé bon estat, sur quoy avons ordonner ausdict procureur d’offices d’informer diligemment contre ceulx qui pourroient

52 Document altéré. 53 Mot illisible dans le document.

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avoir commis lesdicts abus et coupages indisirables voir de visiter les [ ]54 de ceulx qu’il scauroit y avoir participer, et quand audict administrateur il a dict qu’il se pourvoiroit por doners ladicte cour por avoir une ordonnance ausdictes communautés de fournir des fourretiers por la garde desdicts bois et conservation d’iceulx, a quoy elle estoit tenues et obligé puisqu’elle pretendes y avoir droict soub notre soing manuel. Cy mis avec celuy dudict juré, ainsi signé Jehan Claude Loriot et Jehan Goulu.

Claude Garnierd

Teneur de la comission. La cour souveraine de parlement a Dole ayant veu la requeste et la prebende a la part de maistre Anthoine Brun, docteur es drois, conseiller et procureur general en Bourgougne, disant qu’estant adverty du deces de messire Jehan Baptiste de Cusance, abbé de Bellevaux, il estoit important de porvoir a la confection de l’inventaire, tiltres, ornement et reliquiaires d’icelle abbaye et aultre chose dependant du temporel d’icelle, come il esoit acoustumé faire en semblable cas. Il la suplioit por ce de mestre le revenu de ladicte abbaye soub la main de sa Majesté

[Folio 21 verso] et resputer comis par le regime et administration a charge de faire a faire inventaire et prester ceulx pour en rendre compte quand il serat ordonné, ladicte cour ayant veu ladicte requeste a mis et mis por ceste le revenu et temporel de ladicte abbaye soub la main de sa Majesté et comis un regime et gouvernement d’icelluy Jehan Claude Loriot, docteur es drois, superintendant de present por le reverendissime general de Cisteaux au gouvernement du temporel du seminaire dudict Cisteaux et vacances en dependant a charge de faire a faire le service divin suyvant l’obligation des fondateurs, entretenir des religieux et edifices et bastiment de ladicte abbaye et inventaire et description des reliquiaires, sanctuaires, habits d’aultels et aultre meuble despendant de ladicte abbaye et de prester ceulx por en rendre compte et payer le reliquat quand ordoné serat, luy donnant de ce faire apellé avec luy por scribe le greffier, son comis ou l’un de ses clers juré au gref tout pouvoir pertinent mandant au premier huissier ou sergent requis faire tout exploix necessaire faict au conseil, le quinziesme juillet mil six cent trente deux, signé Jehan Richard. Teneurs des remonstrances desdicts religieux. Plaisent a messieurs les conseiller Garnier et le docteur Lorio, comis deputé de la cour souveraine de parlement a Dole por l’inventaire faict a l’abbaye Notre Dame de Bellevaux, apres la mort et deces de fut Monseigneur de Cuisance, jadict abbé de ladicte abbaye avoir esgard aux manquemans, tant au spirituel que temporelles a eux representer par les religieux et prefect de ladicte abbaye soubsigné.

54 Mot illisible dans le document.

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[Folio 22 recto]

Premier, il en peult recogn[ ]55 sainctes reliques estant audict [ ] une sont en partie dehuement [ ] en chasse comme elle debvroient estre [ ] notamment cele de monsir saint [ ] et sainct Paul, deux chef des [ ] vierges, le chef de sainct Theodo[ ] sainct Magdelaine, le doibt de [ ], deux dent de sainct Laurent, un [ ] desquelles sont fort mal dans [ ]. Le reste sans enchassure [ ]. Il ont peult recognoistre que por le [ ] d’eglise il sont en tres pauvre esta [ ] les habit que l’on porte le plus [ ] scavoir blanc, rouge, noir, il [ ] chappes violette, trois noires [ ] et tuniques des habits conplt de rou[ ] de blanc. Il n’y a poinct de devant d’aultel ny de couverte noire, tant por le maistre autelque por la chapelle des mort, ny pour la biere, poinct de couverture por les linges. Il y a en l’eglise quatorze, il y a seulement dix sept nappes assés vielles, huic aulbes qu’est trop peul, il en faudroit dix huict en consideration que celle qui sont fort assé vielles. Il n’y a poin de cortine ni aulcun linges por mettre devant les images et Caresme. Fauldroit aussi une demie douzaine de corporaulx, trois ou quatres serviettes por l’esbenation de la patene de diverses couleurs. Il ont recognu qu’il n’y a aulcun voilles capable por le ciboire, il en fauldrois de quatre couleurs au moings. Des chapinettes, il en fauldroict une demie douzaine, des purificatoires et serviettes d’aultels. Le luminaire de l’eglise est de treize libvre de cire, c’est trop peult, il faudroit donner toute la cire dehues a ladicte abbaye por lesdits luminaire. [Folio 22 verso] [ ] le sainct service et pour les lecture [ ] couvent il ont recognu le manquement [ ] default des libures. [ ] l’entretient et satisfaction du sainct service [ ] il ne sont au present resident audict que sept [ ] religieux, prebstre, le prieur qu’est de Morimont [ ] prin est trop peult en consideration [ ] revenu et ordonnance de fut deuceuse [ ] memoire Boucherat, abbé de Cisteaux [ ] lequel l’avoit reglé a quinze religieux [ ] si bien que chasque prebstres par jour a deux [ ] de viande, il en fauldroit por y aller [ ] raisonablement chascun trois gros por le pain [ ]accepte quarante huict quarte froment [ ] ans, les jeusne a moitié deux. Lesdict religieux ont par jour : une pinte de vin, c’est trop peult, il avoit cy devant acoustumé d’en avoir chascun deux pintes, les diacres et soudiacres chascun une pinte, les prefet et novices, un chaveaux. Leur vestiaire est de seize franc, il en fauldroit avoir trent six les jeusnes a moitié.

55 Ce manque, comme les suivants, est du à une forte altération du document. En effet, la partie supérieure du côté droit des dernières pages de ce dernier, est fortement endommagée.

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Lesdict religieux n’ont que douze bovates de sel, il en faudroit vingt par ans. Et du beure, il en ont dix pinctes, c’est bien peult por une communauté, il en faudroit au moing avoir par ans soixante. Por le Caresme en Avent, il ont dis pinctes d’huiles, sept quartes de legumes. Por les espices, il n’ont que trente gros cenest, pas por faire grande cuysine, il en fauldroit avoir quatre libvres de toute espices. Quand aux recreations, il n’ont que sept franc d’argent, sept quartes de froment et trois tine de vin, c’est bien peult. Por la chandoille, tan du couvent que de leurs chambre, il n’ont que douze franc.

[Folio 23 recto] et por l’entretien de quelques beste [ ]56 mesnagerie, il n’ont que douze quartes [ ] et leur pres entre les deux terreains [ ] la croix devant la porte basse de ladicte [ ] jusquea la riviere de l’Oignon [ ]. Il ont tousjour en deheu avoir sept [ ] palle por les lient et aultre chose [ ]. Une fillette vierges par ans [ ], une queheu de petit [ ]. Il demande por les suremans la [ ] religieux prebstre par ans [ ] receupt au frais dudict abbé. Le chirurgien doibt avoir qu[ ] por faire les courones ou aultres [ ] une prebende de prebstre avec les [ ] esens par ans. Por les cuiseniets et boulougier [ ] de jens chascun. Les infirmeries, chambres des [ ] por la communauté se le tombe au [ ]. Les linges des religieux dolient [ ] aux fraix du sieur abbé et [ ]. Et pour le couvent, chaufoirs, fours [ ] rie et chambre des hostes por leurs [ ] ledict abbé les doibt fournir raisonnab[ ]. Demandent le droict de la pesite des [ ] jouissances de leur vergés, jardind et curtils [ ] droicts desquels ils jouissent. Lesdict religieux se plaignent de l’eminante ruine des bois ja fort advancés por aultant que l’on [ ] leur a tollit la cognoissance a esté tres mal a propos, estant fort ridicule qu’un sieur aye la marge du bois ny moing la garde ce que ne se pratique ny doibt pratiquer es monastere de notre ordre mais en conformité des [ ] monastere de Cisteaux et Morimont, le marteau du bois doit estre entre les mains d’un religieux [ ] comis et deputé par les sieurs abbé prieur et [ ] religieux.

56 Ce manque, comme les suivants, est du à la forte altération des dernières pages du document.

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[Folio 23 verso] [ ] les accensement vendaiges et changé [ ] aultreacte ce sont et passent faus le sont [ ] prieur et religieux en qu’est cause des abus et [ ] du bien de Bellevaux, par quoy demende lesdict [ ] que leurs seaulx et consentement soit cy [ ] et apposé en telle acte necessaire de quoy [ ] nous supplions mesdicts sieurs avoir [ ] nous estant a la cour [ ] de parlement [ ] et nous prierons par notre santé et [ ] faict a Bellevaux le vingtroisieme juillet [ ] six cent trente deux, ainsi signé frere Thom [ ] soubprieur, frere Claude Greslet, frere Jehan Grand, [ ] Bourgeois, frere V Barbier et frere Jehan Vagolet.

Claude Garnierd L. Bavrel

Employé a la confection dudict inventaire [ ] jours et avons esté payé par ledict sieurs [ ] rateur, scavoir nous, ledict conseiller Garnier [ ] mis au fourt d’un d’or par jours [ ] louages de nos chevaux et les jurés en de la quittances en deliburé audict [ ] administrateur oultre nos despend de [ ] qu’il a suporté, tant a aller retour [ ] sesjours soubs notre sain manuelle cy mis.

Claude Garnier D. Bavrel

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Inventaire de la sacristie vers 1600

[Folio 2 recto] Les os d’un bras de Sainct Pierre de Bellevaux avec une coste de Saincte Magdelaine estant dans un linge blanc sans aulcunes enchassure. Un os de Sainct Jehan Chrisostome. Deux ceintures de Sainct Pierre dans une boitte d’airain, sa miltre, ses gands, son lodier. Cinq calices d’argent avec les patenes aussy d’argent. Quatres petites chainnettes d’argent sans couvercle. Un encensoir d’argent.

Ornements Une grande crosse d’argent dorré et esmaillée en divers endroict. d’autels et Une miltre fort riche et couverte de perles avec quelques piereries. habits Encorre une aultre miltre d’estoffe de soye blanche brodée. pontificaultz. Encorre une aultre miltre de satin blanc ravagée.

Une chasuble avec deux tuniques de damas violet enrichie de passement d’or avec les estolles et manipules au bas desquels sont les armes de fut maistre de Bellevaux, dernier decedée. Item un devant d’autel des mesme estoffe avec des passement et frange d’or, au milieu desquels sont aussy les armes en broderie dudict sieur. Une chassuble avec les deux tuniques fort anciennes estant de broderie d’or, de soye et d’argent avec quelques faules pierres. Une chasuble avec les deux tuniques d’armoisin blance des passement d’or. Une chassuble avec les deux tuniques de satin rouge cramoysi et enrichie de large passement et gallion d’or. Une vielle chasuble de velour rouge et les deux tuniques de tafftat de mesme couleur sur lesquels sont les armes de Bourgougnes. Une chasuble de velour bleu et deux tuniques d’armoisin de mesme couleur avec la croix et les offrois en broderie d’or et de soye. Une vielle chasuble avec les deux tuniques de satin bleu. Une chasuble avec les deux tuniques de satin jaune retouré avec la croix et les offrois en broderie. [Folio 2 verso] Une chasuble et les deux tuniques de clers couleurs faicte au petit mestier. Une chassuble avec les deux tuniques de tafftat colombin fort vielles. Une chasuble avec les deux tuniques d’armoisin blanc avec du passement de soye. Une chasuble avec les deux tuniques de camelot de levant noir, entierement usées. Deux chasuble de cuir doré avec les estoles et manipules de mesme. Une chasuble d’estoffe de Flandre a fond de soye orangé au bas de laquel sont les armes de Vergez, donné par feut madame de Belvoir.

Annexe 4.

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- LXX -

Une chasuble de satin de couleur de rose seiche, ouvragé d’or a feuillage. Une chasuble de velour rouge et bleu, la croix de broderie a petit mestier de soye et d’argent. Une chasuble de damas verd, la croix en broderie d’or fin. Une chasuble noir de camelot de levant, la croix de satin blanc.

Une chappe de satin violet et rié d’or avec les offrois de brocadelle d’argent a fond de soye incarnate. Deux chappes de camelot blanc avec les offrois de satin bleu ouvragé. Une chappe de satin jaune retourné, fort vielle. Deux chappes de camelot rouges avec avec les offrois de satin blanc a flames de satin bleu. Un voile de satin jaune pour le tabernacle, entierement usée. Un aultre de tafftat rouge en partie et le surplus d’estoffe rouge et jaune, fort usés. Un aultre de damas blanc fort vielle. Six devant d’autel de cuir doré avec les images. Un devant d’autel de damas blanc fort usé et pourry. Trois devant d’aultel de lassy for vielles. Deux devan d’autel d’estoffe de Flandre bleu et jaune, entierement usé. Un devant d’autel avec le tapis de filoselle, fort vielle. Trois oreillés de mesme estoffe.

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La grange de Braillans, 1546 [Indications postérieures jointes au parchemin] Renouvellement, ensuite d’incendie, de l’admodiation de la grange de Braillans, et dependances, appartenant à l’abbaye de Bellevaulx, ordre de Cîteaux, diocèse de Besançon, par Marc Cussenet, abbé dudit Bellevaulx. 1546. 30 juillet. Besançon. [Le parchemin] Nous, Marc Cussenier, abbé de Bellevaulx de l’ordre de Cisteaul, du diocese de Besançon, scavoir faisons et conoistre, que comme aultrefoys, pour le bien et evident prouffit de nostre esglise et couvent dudict Bellevaulx, eussions laissé et admodier a Jehan le Nairet dict Guillepin, au present demeurant en nostre grange de Braillant cy apres declairée, ses femme et enffans cy apres denommez, la juste mitié et eugale portion de nostre grange de Braillant et desja partie indivisé avec l’aultre juste mitié qu’avons laissé et admodié a grant Jehan Billequin, Jehan petit Billequin, Jehan Manquin dict Billequin, desja freres et a leurs consort, pour le temps pris et tenue estoit amplement narré et descript es lettres admodiation par nous a eulx en faittes et passés lesquelles il y ont dictz avoir esté perdues par orvale de feug qui avoit brief quasé tous leurs biens et la en grange d’icelluy temps de leur admodiation, a raison de quoy il estoient grandement empouriz et despourveuz de biens, tellement qu’il estoients a nous redevable et doigeans en grand de grains et deniers que leur estoit impossible, nous payer de long temps. Ainsi comm’ilz nous ont remonstrez et qu’ilz ne nous pourroient aulcunement satisfaire, nous requerans user envers eux de pitié et leur laissé doresnavant ladicte mitié de nostre grange, affin de pouvoir cy apres plus facillement satisfaire. A quoy ayant egard et pluir nous dehuement informé pour plusieurs bonnes et justes considerations, aussi aggreables services a nous par eulx faictz, esperant qu’ilz feront encores [ ]57 por cy apres comm’il nous ont promis, que de nostre certaine science et liberté, volunté, pour aussi le bien prouffit de nostre abbaye, reparation et restauration de nostre grange, aussi melioration des terres en prouvenans et dependans. Nous en nostre dict nom et audict couvent, pour nous aussi et nos successeurs, par devant Hylaire de Quenviche, notaire de la court et citien dudict Besançon, tabellion general en comté de Bourgoingne, avons de nouveaul laissé et admodié, laissons et admodions audict Jehan Guillepin, sadicte femme, sa [ ]58 Guillepin, Jaquel et Claudot Guillepin, freres et seur, ses enffans, absens, ledict pere, por luy et sesdicts enffans present stipulant acceptant et aggreablement, recepvantec le notaire et tabellion soubscript et ce neantmoings par ledict Jehan Guillepin, comm’il a promis et promect faire ratiffier, approuver, consentir et omologuer tont le contenu aux presentes par lesdicts ses enffans, deans ung mois prouchain par nos commis et lettres, pour eulx aussi, leurs hoirs et ayans cause, a l’advenir nez et a naistre en leal mariage, ladicte juste mitié de nostredicte grange de Braillant ensemble des drois, prouffitz et emolumois, appartenances

57 Document altéré. 58 Document altéré.

Annexe 5.

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et appendices d’icelle mitié selon les divisions et de bonnement en faictz entre lesdicts Naretz et Billequin a nous et nostre couvent competant et appartenant et que nous y peullons compter et appartenir, tant en meix, maison et aultres terres et heritaiges quelxconques, arible et non arible et jusque entierement es limites, confins et boyennes y plantées entre deux, faisant separation des dependances, appartenances et appendices de nostre grange, juste mitié et eugale portion d’icelle diversement comme dict est ainsi connue ladicte mitié se extend de toutes pars, assise et située entre les fins, finaiges et boys des vilaiges de Marchault, Vielley, Tize, et les bois de Chailluz appartenant a ladicte cité de Besançon. Et ce a perpetuité et pour tousjours, pour eulx et leursdicts hoirs et ayant cause en directe ligne comme dict est nez, a naistre et procrées en leal mariaige, pour et moyen que iceulx Manretz retenans, leursdicts hoirs et successeurs seront tenuz comm’ilz ont promis de nous payer ou a nosdicts successeurs et couvent ou a nos commis, les censes, debtes, et revenuz suyvans et en la forme et maniere que s’ensuyt, assavoir de faire parfaire et du tout accomplir le contenu aux presente et soubz les pennes, conditions et modifications y designées, assavoir le cens ou rente annuelle et perpetuelle de vingt quatre quartes par mitié froment et avoine, bonne graine leale et marchandé a la mesure dudict Bellevaux. A rendre, payer et delivré retenans ou leursdicts hoirs et successeurs, a nous ou aussi a nosdicts successeurs et abbé et couvent dudict Bellevaux et en nostre grenier audict Besançon, ung chascun en le jour d’une feste sainct Martin d’hyvers, sa penne de tous costz, frais, missions et despens. Item la cause ou rente annuelle et perpetuelle de quatorze gros, a nous dehue et payable chascung an par ledict retenans le jour donné, chascune feste sainct Michiel Aarchange, a penne de trois solz stevenantes d’amende, semblablement la somme de deux frans couvrant et taille a nous dehue et payable annuellement a deux termes : assavoir ung chascun jour de feste Annonciation Nostre Dame, ung franc et l’aultre franc a chascun jour de feste saint Michiel Archange, en suygant et prouchain et en commencement premier terme et payement desdictes cense et tailles, assavoir desdicts vingt quatre quartes, par mitié froment et avoine par jour de feste sainct Martin d’hyvers prochain, devant semblablement desdicts quatorze gros cens et ung franc taille au jour de feste sainct Michiel Archange, prouchain et l’aultre franc de cense au jour de feste Annonciation Notre Dame, en suygant et prouchain, sous penne que dessus. Item seront tenuz lesdicts Retenans, leursdicts hoirs et successeurs, rendre et delivrer chascung an audict jour de feste sainct Martin d’hyvers, en notredicte maison de Bellevaulx audict Besançon, la mitié de trois voyture eschielles : assavoir l’une de bon foin et l’autre de bonne estran de froment blanche, le tout leal et marchant. Item avec ce seront tenuz lesdicts Guillepins, nous rendre et devoir et nosdicts successeurs et en notredicte maison de Besançon ung chascun an audict jour de feste sainct Martin d’hyvers avec lesdicts foing et estrain, deux voytures et demye de bon boys, apte et convenable a chauffaige. Et ou commenceront les premiers services rendues et payement desdictes voytures au jour de feste sainct Martin d’hyvers prouchain en rent venant. Et ainsi cense commandement, le tout dan en aultre et de terme en terme, perpetuellement, avec ce seront tenuz lesdicts Guillepin, leurs hoirs et ayans cause, nous payer et faire les corvées se nous dehuees, es saisons sur ce requises et telles que font noz hommes et subjectz, tant de Turey, Valeroy, La Neusve-Grange, que ceulx de Marloz, payer aussi la poule ou geline annuellement, ung chascun an et pour ung chascung feug, au jour de Caresme entrant et par ce demeurreront comme demeurerent presentement noz homme et subjectz mainmortables ainsi que sont noz aultres hommes et subjects et noz vilaiges cy dessus nommez, en toutes justice haulte, moyenne et basse, et ce moyennant pourront

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lesdicts Guillepins, leurs hoirs et successeurs faire erigir et construir ung four pour leur commodité, a cuyr leurs pastes et pain sans dangier d’aulcune amendes. Item pourront leursdicts hoirs et successeurs aller moldre leur froment et aultres grainnes ou bon leur semblera, nous reservans toutfoys, comme nous sumes reservez et reservons pour nous, nosdicts successeurs, toute justices et seignories, haultes, moyennes et basses et tant rulles que personelles, avec toutes espaves que en toute ladicte grange, fin finaige et territoire en deppendant pourront estre treuvées quelque maniere que ce soit. Item est esté traicté que lesdicts Guillepin, Relenans, ny leursdicts hoirs n’auront esdicts boys dependans de notredictes grange, que la vive et morte pasture ensemble, leur usaige desdicts boys pour seullement edifier leur maison et thylerie suygante, tans desdicts boys aulcunement en pouvoir vendre, distraire ou allever par eulx ou leur commendement, a personne que ce fait directement ou indirectement, tant le vouloir congé, licence et punission de nous ou nosdicts successeurs, et soubs penne de amender envers nous condignement. Item aussi seront tenuz lesdicts Guillepins faire, parfaire, construire, edifier et en font accomplir, bien et dehuement , en ladicte grange ou prés d’icelle, deans ung ans prouchain une thielerie apte et convenable a faire thelles, carrons, chaulx et aultres ouvraiges y appartenans et commodes a thielieres a leurs frais missions et despens pluire d’icelle,nous rendre, expedier et delivrer en nostre maison audict Besançon ou a nosdicts successeurs et commis, ung chascun an, ledict jour de feste sainct Martin d’hyvers, ung millier de thielles, bonnes, leales et marchandes et deux quehuees de chaulx, et en cas que iceulx Guillepin facent plus de cent quehuees de chaulx par an en icelluy tas, payeront a nous ou a nosdicts successeurs de ladicte chaulx une quehue, au four de cinquante quehuees de chaulx, et ce moyennant pourront lesdicts Guillepin et leur sera loisible et a leursdicts hoirs, prendre terre et boys de ladicte grange, comm’il fera de besoing pour commodité de ladicte thieliere et en mesurer comme est predict. Et nous demeuront au surplus soulves et reservées toutes obligations et debtes a nous dehues par lesdicts Guillepins avant la date des presentes, en meme force et vigueur de leurs dates et sustances que sont ypothequés leurs terres et possessions, affin de collation en icelles jusques a entiere solution et payement de ce que par eulx nous est dehu. Et en cas que ledict Jehan Mairet, sesdictes femmes et enffans ou leurs hoirs predictz deffauldroit ou deffaldroient de a nous ou a nosdicts successeurs payer et satisfaire par trois ans entiers et de accomplir toutes et surgulieres les choses dessusictes en icelluy cas, nous ou nosdicts successeurs, nous pourront remectre et rentré esdicte grange, terres et dependances d’icelle, et iceulx en jouyr et user paisiblement comme nous avons faict du passé, du moing jusques ilz nous auront satisfaict entierement de ce que nous sera dehu, et ce sans offense de pluire ou injure de partie, car ainsi nous a pleu et plait et par traicté surce fait entré nous et ledict Mairet ou nom predict, promectans en bonne foy comme nous promectons par nostre serment qu’avons accoustumé prester soubs le veul de nostre religion comme respectivement et comm’il ledict Jehan Mairet es [ ]59 du notaire et tabellion soubscript en son nom et de sesdictes femmes et enffans, toutes et singulieres les choses predictes et une chascune de tenir, entretenir, maintenir, garder et accomplir fermement et judicierement obserever, sans aller, venir ou souffrir venir au contraire, tacitement, expressemens ny en affert directement ou indirectement en jugement ny dehors a solemnelle et legitime stipulation sur ce a la part dudict Jehan ou nous predict entrevenans, soubs aussi l’expresse ypotheque et general obligation de tous et singuliers

59 Mot difficilement lisisble dans le document.

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ses biens et de sesdicts hoirs predictz, meubles, immeubles, debtz et nous dedebtz presents et advenir acquis et pluire [ ]60 quelconques, lesquels et chascung d’iceulx, pour ce il a submis, obligé et ypothequé, submect oblige et ypotheque es noms et qualitez susdictes, soubs le privilege du seelle de l’Empereur, nostre sire en son comté de Bourgoigne et pluire de Chastillon le duc aussi de celluy de mondict sire, l’Official de ladicte court dudict Besançon par lui commis et [ ]61 lectres et desdictes cours, non cessans pour l’aultre de payer, satisfaire et du tout accomplir ce en quoy luy et sesdictes femmes et enffans nous sont ou seront entretenuz et doigeans, comme dessus est declairé. Remmectans en ce fait respectuement a toutes exceptions, raisons, deffenses et oblegations de droict, de faict ou de coustume au contenu de cestes contraires cessant [ ]62 et arriere [ ]63 mesme au droict disant general renunciation ne valoit si les tache ne precede. En tesmoingnaige de verité et coroboration desquelles choses susdictes pluire chascune d’icelles renunciation d’un mesme vouloir et consentement avec ledict Jehan Mairet ou nous predict, avons faict mectre et affixer a cesdictes presentes le seaul duquel avons accoustumé user en noz contrulx, ensemble celuy dudict couvent et prieur y estre mis et affixé, de mesme celluy de sadicte Magesté, et de notredict sire l’Official de ladicte court de Besançon. Desquelx semblablement l’on accoustumé user en tel contract et a la coroboration tenir clairement fait et passé en ladicte cité de Besançon et nostre maison abbatiale le penultiesme jour du mois de juillet, l’an Nostre Seigneur courrant l’an mil cinq cens quarante six. Presents discrete personne, messire Richard Tissot, prebstre chappelain en l’eglise de la Magdeleine de Besançon. Guillaulme [ ].64 Dimensions du parchemin : 57 cm de hauteur sur 71 cm de longueur.

60 Document altéré. 61 Document altéré. 62 Document altéré. 63 Document altéré. 64 Document altéré.

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Extraits de l’inventaire sommaire des archives ecclésiastiques de Haute-Saône concernant l’abbaye

de Bellevaux

H 42. vers 1500 Inventaire des titres de l’abbaye.

H 43. 1131 Bulle du pape Innocent II adressée à Pons, abbé de Bellevaux, et aux

religieux de cette abbaye par laquelle le pape en approuve l’établissement, confirme les dons qui lui ont été et qui lui seront faits, interdit de leur réclamer aucune dîme, et excommunie ceux qui troubleront ou molesteront les religieux en leur exercice, bien et maison.

1139 Bulle du pape Innocent II adressée à Pons, abbé de Bellevaux : le pape

approuve l’établissement du monastère de Bellevaux édifié avec l’agrément d’Anséric, archevêque de Besançon ; il autorise les religieux à recevoir des dons et à conserver ce qui leur a déjà été donné, savoir : la grange de Champoux, la grange de Vallerois, la grange de Mesnil, la grange de Baslières avec ses dépendances, la terre d’Arlens, celle de Bellechesne, celle de Bullantin, un meix donné par Guillaume de Vellefaux, la terre de Braillans, la terre de Rapigney, la justice dans la prévôté de Cirey donnée par Richard de Montfaucon et Guy de Traves, l’exemption de toutes dîmes sur les terres cultivés par les religieux ; le pape les exempte de la juridiction des évêques, accorde à l’abbé plein pouvoir et pleine juridiction sur les religieux, défend à toutes personnes de les molester ou inquiéter.

Beaucoup de bulles pour confirmer les biens et possessions de l’abbaye.

1145 Bulle du pape Eugène III qui confirme tous les dons faits à l’abbaye de

Bellevaux par concession générale, et en particulier le don de la grange de Vallerois avec ses dépendances, des granges de Baslières, de Champoux, du Mesnil, les terre de Vallerois, de Marloz, d’Arlens, de Bullentin, de Rapigney, de Braillans, de Chasant, l’église de Cirey avec ses dépendances.

1198 Bulle du pape Innocent III où les biens donnés à l’abbaye sont énumérés.

Innocent III défend à tout religieux ayant fait profession, de sortir du monastère sans la permission de l’abbé ; s’il sort sans cette autorisation, il est interdit à toute personne de le recevoir, et l’abbé peut prononcer une sentence régulière contre le moine ou convers qui aurait enfreins cette défense.

Annexe 6.

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1199 Bulle d’Innocent III adressée aux archevêques et évêques, leur enjoignant de prononcer l’excommunication contre les malfaiteurs qui volaient et dévastaient l’abbaye de Bellevaux.

1201 Bulle du pape Innocent III par laquelle il permet à l’abbaye de Bellevaux

d’accepter et de posséder les biens de ceux qui seront reçus en cette abbaye et y feront profession, à l’exception des biens de fief.

H 44. 1229 Bulle du pape Grégoire IX qui assure à l’abbaye de Bellevaux l’acquisition de la moitié du moulin de Noroy.

1493 Quatre bulles du pape Alexandre VI, qui nomme Antoine, abbé de Vaux-la-

Douce, diocèse de Langres, en qualité d’abbé de Bellevaux, approuve l’élection dudit Antoine par les religieux de Bellevaux, le délie de toutes les excommunications et censures ecclésiastiques qu’il aurait pu encourir, et charge les évêques de Châlon et de Mâcon de recevoir son serment.

1525 Deux bulles du pape Clément VII ( l’une en double exemplaire ) qui nomme

Jean Reynaud de Maulette, évêque de Mégare, coadjuteur perpétuel d’Antoine de Nanthon, abbé de Bellevaux.

Bulle non datée du pape Grégoire IX qui permet aux religieux de l’ordre de

Cîteaux d’inhumer en leurs églises les fondateurs de leurs abbayes ou autres fidèles sur leur demande.

H 45. 1178 Bulle du pape Alexandre III adressée à l’archevêque et au chapitre de

Tarantaise : le pape, ayant appris que le vénérable Pierre, archevêque de Tarantaise, avait demandé à être inhumé dans un lieu sacré, s’il en existait à l’endroit où il décéderait, qu’étant décédé dans l’abbaye de Bellevaux il y avait été inhumé, défend à l’archevêque et au chapitre de faire aucune démarche pour recouvrer son corps.

Bulle du pape Alexandre III adressée à l’abbé et aux religieux de Bellevaux pour interdire l’enlèvement du corps de Saint Pierre de Tarantaise.

1191 Bulle du pape Célestin III adressée à tous les archevêques, contenant la

canonisation de saint Pierre de Tarentaise.

1289 Bulle du pape Nicolas IV qui accorde quarante jours d’indulgence aux fidèles pénitents et confessés qui visiteront l’église de Bellevaux à certains jours de fêtes, parmi lesquels le jour de fête de saint Pierre de Tarentaise.

1347 L’officialité de Besançon fulmine deux bulle du pape Grégoire X qui

soumet l’ordre de Cîteaux à la seule juridiction du Saint-Siège, défend à tous les clercs et laïques de le poursuivre en justice.

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1495 Lettre patentes de frère Jean, abbé de Cîteaux, et du chapitre général de Cîteaux, par lesquelles, sur l’exposé des abbés et religieux de Bellevaux qu’ils avaient eu plusieurs procès au sujet de la dignité d’abbé, qu’ils manquaient de livres, de vases sacrés, d’ornements d’église, qu’ils étaient réduits à une extrême pauvreté, il leur est permis de porter et exposer à la vénération des fidèles les reliques de saint Pierre de Tarentaise.

1496 Jean de Chalon, prince d’Orange, gouverneur du Comté de Bourgogne,

permet aux abbés et religieux de Bellevaux d’exposer à la vénération des fidèles les reliques conservées en ladite abbaye, particulièrement le chef de saint Pierre de Tarentaise, afin que les aumônes et offrandes des fidèles aident les religieux à réparer leur église et la fournir de calice, vases sacrés, ornements et autres objets nécessaires au service divin.

H 46. 1196 L’empereur Henri IV met l’abbaye et ses possessions, qui sont longuement

énumérées, sous sa sauvegarde impériale et sous celle de ses successeurs.

1217 Othon, duc de Méranie, comte palatin de Bourgogne, et Béatrix, duchesse de Méranie, comtesse palatine de Bourgogne, donnent à l’abbaye de Bellevaux le droit de pâturage sur leurs terres pour toutes sortes d’animaux et en tout temps.

1544 Lettre de l’empereur Charles Quint par lesquelles il prend sous sa

sauvegarde et protection l’abbaye de Bellevaux entre autre, et fait défense à ses gens d’armes d’y toucher et de s’y loger.

H 47. 1131 Lettres d’Anséric, archevêque de Besançon, adressée à Pons, abbé de Bellevaux, par lesquelles l’archevêque confirme toutes les donations faites à ladite abbaye, qu’il dit avoir été nouvellement édifiée ; notamment la donation de la terre de Champoux, de la terre de Baslières, de la terre de Marloz, etc.

1218 Damathe de Thurey, veuve de Huon de Quenoche, chevalier, donne aux

religieux un four à Chaudefontaine, et une mine de fer sur sa terre. 1306 Copie par extraits du testament de Jean de Rougemont, trésorier de l’Eglise

de Besançon ; il choisit l’église de Bellevaux pour sa sépulture, nomme exécuteur testamentaire, Hugue, archevêque de Besançon, à qui il donne tout ce qui lui appartient en la ville et territoire de Montbozon, ainsi que deux vignes à Beynans, sous condition de payer chaque année sur les revenus, soixante sous estevenants à l’abbaye de Bellevaux pour célébrer l’anniversaire du testataire.

1346 Jean de Châlon, sire d’Arloy, en guerre avec le duc de Bourgogne, accorde

une sauvegarde à l’abbaye de Bellevaux pour tous ses hommes et tous ses biens.

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1360 Les religieux de Bellevaux adressent une requête au chapitre général de l’ordre de Cîteaux pour obtenir l’autorisation de transformer en village deux granges dépendant de l’abbaye de Cîteaux.

1460 Jean de Semoutier, seigneur de Sorans, fonde trois messes de requiem en

l’abbaye de Bellevaux, lesquelles seront célébrées en la chapelle de la Vierge où le corps dudit seigneur devra être inhumé.

1493 Décret du chapitre général de Cîteaux pour envoyer des religieux de l’ordre

faire leurs études au monastère Saint-Bernard, de Paris, du ême ordre et règlement.

1495 Procès verbal de remise en l’abbaye de Bellevaux par Thibault de

Gevigney, prévôt des maréchaux du Roi, de la personne de Claude Guenard, arrêté au préjudice des immunités de l’abbaye.

H 48. 1497 L’abbé et les religieux de saint Etienne de Dijon cède à Antoine de Nanton,

abbé de Bellevaux, et à son monastère, un os de la tête de saint Etienne, premier martyr, conservé dans ledit monastère de saint Etienne.

Sentence rendue par l’official de Besançon dans l’instance entre Pierre

Rebillot, procureur fiscal de Charles de Neufchâtel, archevêque de Besançon, et les religieux de Bellevaux, par laquelle l’official ordonne de restituer aux religieux les reliques de saint Etienne que ledit Rebillot avait fait saisir en mettant en doute leur authenticité.

1506 Procédure au Parlement de Dôle par suite de l’arrestation dans l’enceinte de

l’abbaye de Bellevaux du sieur Pierre Crusille au mépris des franchises et privilèges de ladite abbaye.

1541 Dom Marc Cusemenet, abbé de Bellevaux, nomme Guillaume de Salins,

son religieux, abbé de Lucelle ; dans lesdites lettres de nomination, l’abbé de Bellevaux prétend qu’à lui seul appartient ce droit de nomination à l’abbaye de Lucelle en cas de vacances.

H 49. 1528. Antoine de Nanton, abbé de Bellevaux, choisit pour son vicaire, tant au

spirituel qu’au temporel, Marc Cusemenet, coadjuteur de l’abbaye.

1529 L’abbé de Cîteaux et le chapitre général de l’ordre confirment l’élection de dom Marc Cusemenet en qualité d’abbé de Bellevaux.

1584 Lettre de coadjutorie de l’abaye de Bellevaux conférée à dom Pierre

d’Albaney sur la demande de dom Louis du Tartre (abbé de Bellevaux).

1593 Dom Edme de la Croix, abbé de Cîteaux, donne sa bénédiction à dom Pierre d’Albaney en l’église de Cîteaux.

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1595 Pierre d’Albaney, abbé de Bellevaux, et Jacques de Montrichard, abbé de

Buillon, sont chargés d’administrer l’abbaye de Cîteau en l’absence de dom Edme de la Croix.

1597 Lettre de l’abbé de Lucelle à l’abbé de Bellevaux où il reconnaît sa

dépendance. H 52. 1557 Terrier général de l’abbaye de Bellevaux. Le mandement de terrier est

accordé sur la requête de dom Pierre d’Andelot, abbé de Bellevaux. Les religieux de Bellevaux possèdent à Cirey : la haute, moyenne et basse justice, avec droit d’instituer des officiers pour l’exercer, et droit à toutes les amendes et autres profits de ladite justice ; les habitants de Cirey sont taillables et mainmortables ; les religieux possèdent le droit exclusif « d’armoyer et eschantillonner » les mesures de vin et de raines dont on use sur le territoire, et il est interdit d’en employer d’autres ; les religieux ou leurs officiers reçoivent le serment des échevins, messiers et banvers nommés par les habitants, et ces agents ne peuvent entrer en charge qu’après la prestation de serment ; les habitants ne peuvent s’assembler pour traiter de leurs affaires sans le congé et consentement du sieur abbé ; nul ne peut vendre du vin au détail si ce n’est avec l’autorisation de l’abbé, en se servant de mesures « armoyées » aux armes de l’abbé et en vendant du vin de l’abbé, s’il juge à propos d’en fournir, ou du vin provenant des vignes de l’abbaye ; tout habitant de Cirey doit aux religieux une « géline » le jour de Carême-entrant, trois corvées de fenaison par an, et les jours de corvées, le corvéable est nourri par les religieux ; les religieux possèdent le droit exclusif de pêche dans la rivière, four banal et moulin banal ; dans ce dernier on prélève une coupe par quarte de blé, ladite coupe vaut la vingt-quatrième partie de la quarte ; les habitants sont tenus de charrier les vendanges des religieux et ne peuvent vendanger eux-mêmes que lorsque les vendanges de l’abbaye sont terminées ; ils paient la dîme du vin et de toutes espèces de graines.

Folio 187 Pour la commune de Neuve-Grange, le terrier se borne à enregistrer les déclarations des tenanciers.

Folio 255 Dans la commune de Magny, l’abbaye possède la haute, moyenne et basse justice, avec droit d’instituer des officiers, de percevoir les amendes, d’exercer la justice en tout endroit du territoire, « tant hors que soubs toit, » etc ; comme à Cirey, les habitants sont mainmortables, recoivent des mesures marquées par les religieux, ne s’assemble pas, ne vendent pas du vin sans autorisation, etc, en un mot possèdent exactement les mêmes droits qu’à Cirey.

Folio 309 Il en est de même dans la commune de Vallerois. H 53. 1567-72 Rôle de quelques tailles dues à l’abbaye de Bellevaux en ses terres et

seigneuries de Bouhans, Villers-Pater, Roche-sur-Linotte, Fontenoy,

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- LXXX -

Trevey, Senans, Ollans, Maussans, Verchamp, Rougemontot, Flaigey, Aubertans, Germondans, Dampierre.

H 54. 1600-04 Rôle des tailles dues à l’abbaye de Bellevaux de village de Cirey.

1610 Rôle de tailles dues à l’abbaye surtout à Thurey et Chaudefontaine.

1617 Rôle des dîmes de l’abbaye. A Vallerois, la dîme consiste en quinze quartes de seigle, quinze quartes d’orge, 190 quartes moitié froment et avoine, deux voitures de regain, trois livres de cire ; au Magny, dix quartes de seigle, dix quartes d’orge, 140 quartes moitié froment et avoine, deux voitures de regain, deux livres de cire, etc.

H 56. 1611 Comptes généraux de l’abbaye. Compte rendu par Philibert Chappuis,

curé de Mont, à dom Philippe Boytouset, abbé de Bellevaux, des revenus de son abbaye pour l’année 1611. Ces revenus comprennent : produit des tailles dans les villages de la seigneurie de Bellevaux ( f° 1-10) ; produit des cens en argent et en grain toujours dans les mêmes villages (f° 10-42) ; produit des cens en cire dans quelques villages (f°42) ; cens en poules, tuiles, chaux, bois, foin, paille (f° 42-43) ; patronage des cures de Quenoche, Cirey, Roche, Rigney, Chambornay, Marchaux (f° 43, v°) ; domaine propre de l’abbaye de Bellevaux (f° 44) ; droit de lods et ventes, produit des moulins, pêche des rivières (f° 45-46) ; produit des corvées de bras, produit des justices, pêche des étangs, baux des herbes (f° 47-54).

H 82. 1334 Vente faite à Bellevaux par Humbert dit de Cromary, d’Arbois, de deux

vignes sises sur le territoire de ladite ville, au lieu dit Changin. H 83. 1160 Humbert, archevêque de Besançon, ratifie les dons faits à l’abbaye de

Bellevaux sur les territoires de Villers, Argirey, Authoison, par Thibaut, chevalier et son frère Hugues de Rosey, religieux de Bellevaux ; par Etienne, clerc, Etienne de Guiseuil et Manassès, clerc de Til ; par Aymon, Hugues, Gilbert et Guillaume de Quenoche.

1174 Henri d’Authoison donne à l’abbaye tout ce qui lui appartient au territoire d’Argirey.

1559 Acte par lequel les habitants d’Argirey reconnaissent que l’abbaye de

Bellevaux possède, à l’exclusion de tous autres, sur ledit village d’Argirey, droit de haute, moyenne et basse justice, droit de cens et rentes sur les maisons, et declarent qu’ils sont obligés de payer annuellement à ladite abbaye certains droits énnoncés par ledit acte.

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H 85. 1601 Procès entre Jacques Bassot, d’Argirey, et l’abbaye, à propos du moulin d’Authoison, que ledit Bassot tenait à ferme de ladite abbaye.

H 88. 1254 Guy d’Auhoison, dit Saillate donne à l’abbaye tout ce qu’il possédait au

finage d’Aubertans, excepté le fief de Sorans. H 90. 1175 Pierre et Gérard de Saulx cèdent à l’abbaye de Bellevaux tous les droits

qu’ils possédaient sur les serfs d’Authoison.

1197 Michelle, femme de Pierre de Bonnay, cède à l’abbaye tout ce qu’elle possède à titre d’héritage à Authoison.

1226 Henri d’Authoison cède à l’abbaye tout ce qu’il possède à Authoison.

XIIIe siècle Aymon de Vesoul cède à l’abbaye le fief que les héritiers de Gilbert

d’Authoison tenaient de lui. H 91. 1239 Pierre d’Avilley, surnommé « li coutre », donne à l’abbaye des terres sises

audit lieu. H 95. 1360 L’abbé et le chapitre général de Cîteaux autorisent Bellevaux à établir des

villages aux endroits où se trouvaient les granges de Vallerois, de Champoux et de Baslière, appartenant à ladite abbaye.

H 104. 1171 Evrard, archevêque de Besançon, confirme à l’abbé de Bellevaux la

donation que lui avait faite Hugues, dit « Bysche », d’un terrain sis à Besançon, dans la rue Battant, pour y construire une maison.

Suivent plusieurs ventes ou dons de maisons au même endroit.

1223 Hugues de Sçay, cède à Bellevaux tous ses droits sur deux vignes sises à Besançon.

H 111. 1264 Confirmation, par Jacques et Aymery d’Arguel, de la dotation faite à

l’abbaye par Pierre d’Arguel, leur aïeul, d’une vigne sise au territoire de Beure.

H 137. 1170 Traité sur procès entre Etiennette, abbesse de Baume-les-Dames, et

Bernard, abbé de Bellevaux, au sujet de la seigneurie que ladite abbaye de Bellevaux possédait à Chaudefontaine.

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- LXXXII -

1254 Donation faite à Bellevaux par Jean de Roche, du consentement de sa femme Isabelle, de deux meix à Chaudefontaine, avec leurs dépendances.

1263 Traité conclu en présence de Mahaut, dame de Montfaucon, entre l’abbaye

et Poncet, dit Boissal, au sujet des revenus des moulin, étang, four et dîmes de Chaudefontaine.

1269 Confirmation faite par Jean, seigneur de Roche, de la qu’il a faite à l’abbaye

de tout ce qu’il possédait à Chaudefontaine.

1311 Extrait du testament de Guillaume, curé de Marchaux, par lequel il cède à l’abbaye la moitié des dîmes de Chaudefontaine.

1340 Aveu fait à l’abbé de Bellevaux par Jean Jussien, de Chaudefontaine,

homme du seigneur de Châtillon, d’avoir commis excès et délits dans les bois de l’abbaye.

1342 Compromis entre l’abbaye de Bellevaux et le chanoine prébendier de

Chaudefontaine au sujet du droit de pâturage que ledit prébendier avait sur les bois dudit village.

1342 Aveu de Girard, dit Tabardey, de Chaudefontaine, homme du chapître de

Besançon, d’avoir été trouvé par le forestier des bois de Chaudefontaine chargeant un chêne sur un chariot.

1367 Déclaration de Guy, abbé de Bellevaux, que l’héritage tenu par Girard, dit

Simonin, de Chaudefontaine, tient de son abbaye.

1419 Cession faite par l’abbé de Bellevaux à Girard Fournier, de Chaudefontaine, de meix, terres et vignes sis sur le territoire de Chaudefontaine.

H 138. 1278 Reconnaissance faites à l’abbaye de Bellevaux de meix, terres et vignes sis

sur le territoire de Chaudefontaine. 1560-69 Copie d’un traité passé entre Jean de Grammont, seigneur de Châtillon et

les habitants de Châtillon et de Chaudefontaine, d’une part, et l’abbaye de Bellevaux, de l’autre, au sujet des droits du seigneur de Châtillon dans les bois de Champoux et de Chasault.

H 139.1130 Richard de Montfaucon, en présence de l’archevêque Anséric de Besançon,

donne à Bellevaux tout ce qu’il possède à Cirey, et Regnaud de Traves donne à ladite abbaye le tiers de la juridiction de Cirey, cette dernière donation faite sous les auspices dudit Richard en qualité de suzerain.

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Vers 1143-44 Hugues ; abbé de Baume, cède à Bellevaux la dîme de ses possessions à Cirey, moyennant le cens annuel d’un bichot de pois.

Entre 1134-45 Humbert, archevêque de Besançon, cède à Bellevaux l’église de Cirey avec

ses dépendances. 1144-1145 Confirmation de ladite donation par bulle du pape Lucien II.

1141 Pons, fils de Richard de Cirey, institue l’abbaye de Bellevaux héritière de tous ses terres, alleux et fief.

1143 Humbert, archevêque de Besançon, atteste que Richard de Montfaucon a

cédé en aumône à Bellevaux la juridiction, que Bernard de Rosière a cédé à ladite abbaye le tiers de la juridiction dudit village et que Pons de Cirey et Renaud de Traves ont fait la même donation.

1145 Pierre, abbé se Saint-Vincent de Besançon, cède à Bellevaux l’église de

Cirey. 1182 Etiennette, abbesse de Baume, cède à Bernard, abbé de Bellevaux, un pré

sis sur le territoire de Cirey, moyennant la redevance annuelle d’une livre de cire.

1189 Othon de Larians, chevalier, confirme la donation faite à Bellevaux par son

père Guillaume du quart de la forêt de Venère.

1245 Jean, damoiseau de Saône, et Marguerite, sa sœur, cèdent à l’abbaye tout ce qu’il leur appartient à la grange de Cirey.

1311 Hugues V, comte de Bourgogne, remet pour toujours aux habitants de

Cirey, hommes de l’abbaye de Bellevaux, la prestation annuelle de dix livres de cire qu’ils lui doivent.

1379 L’abbaye cède à plusieurs habitants de Cirey une partie d’une vigne sise à

Cirey, à condition de lui abandonner le tiers des fruits de ladite vigne.

1540 Marc Cusemenet, abbé de Bellevaux, autorise Léonard Niquet, de Cirey, à vendre du vin à Didier Haslot et à ses serviteurs.

H 140. 1275 Vente de meix, prés, champs, vergers, etc, sis sur le territoire de Cirey, faites à l’abbaye de Bellevaux par diverses personnes.

H 144. 1300-1714 Reconnaissances de maisons et terres sises à Cirey, faites à l’abbaye

de Bellevaux par diverses personnes.

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H 148. Promesse sous seing privé par le nommé Menestrier de payer à l’abbaye de Bellevaux sept mesures, moitié froment et moitié avoine, comme produit de la dîme de Courcuire pendant les années 1616 et 1618.

1418 Ventes faites à l’abbaye par -Huguenin, dit Brigeney, et Antoine

Chapoillet, de Comary, d’une maison sise audit lieu. 1421 -Guillemette, femme de Perrin Boudot, de

Moyon, d’une maison sise à Cromary.

1266 Donation faite à Bellevaux par Guillaume de Cuse de la neuvième partie des dîmes dudit lieu.

1322 Reconnaissance à Bellevaux par Pierre, doyen des Granges et curé de

Rougemont, du quart des grosses dîmes de froment et d’avoine à Cuse. H 149. Reconnaissance des maisons, terres, etc., sises à Dampière, faie à l’abbaye

de Bellevaux par diverses personnes. 1613-1788 Titres de propriété de l’abbaye de Bellevaux à Dournon : actes, coppies

d’actes de ventes. 1577-1578 Pièces de procédures entre l’abbaye de Bellevaux Noël Clément, de

Dournon, pour blasphèmes.

H 150. 1244 Copie de la donation faite à Bellevaux par Jacques de Vellefaux, de deux bichots de froment à recevoir chaque année sur les dîmes de Villacastrum, à la mesure de Vesoul.

1378 Le bailli d’Amont fait mainlevée à l’abbaye de la mainmise sur les biens de

Jean dit de Monget, d’Echenoz -le-Sec, homme de ladite abbaye. Vente de meix et terres sis à Echenoz-le-Sec par diverses personnes.

1533 Reconnaissances de meix et terres sis à Echenoz-le-Sec, faites en l’abbaye de Bellevaux par diverses personnes dont les habitants du lieu.

H 156. 1247-1270 Donation faite à Bellevaux par Jean , seigneur de Faucogney, de ses

droits sur diverses terres et de deux parties de la dîme sur les dîmes ; attestation de ladite donation par l’official de Besançon.

1159 Donation faite à Bellevaux par Humbert, prieur de Marteroy, et ses

chanoines, de tout ce qu’il possèdent à Filain. 1240 Donation faite à Bellevaux par – Renaud, seigneur de Gouhelans, sa femme

et ses enfants de tous leurs droits sur deux meix à Filain.

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1270 - Renaud de Cheurot, de tout ce qu’il possède en hommes, terres, prés et autres biens à Filain.

1570 Reconnaissance faite à l’abbaye de meix et terres sis à Filain par Jean

Leuillard, de Filain.

1559 Reconnaissances de biens sis à Flagey faites à l’abbaye par Jean Henriot, de Flagey.

1287 Le cellerier de Bellevaux prétend, devant le balli de Montbozon, à la

mainmorte sur les hommes et sujets de ladite abbaye de Fontenois.

1297-1302 Prorogation du compromis fait entre l’abbé de Saint-Vincent de Besançon et l’abbé de Bellevaux au sujet de la moitié des grosses dîmes de Fontenois.

1262 Donations faites à Bellevaux par – Etienne de Vesoul, chanoine de l’église

cathédrale de Besançon et doyen de Faverney, de tout ce qui lui appartient à Mailley.

1270 - Villiers de Chariez, et Mabile, sa femme, d’un prés à Fontenois.

1295 - Mabile de Fontenois, fille de Guy de Maizières, d’une chenevière à Fontenois.

Reconnaissances de meix et de terres sis à Fontenois faites à Bellevaux par

diverses personnes.

H 157. 1268 Quittance de 25 livres 10 sols viennois donnée à l’abbaye par Etienne, dit Buvarz, bourgeois e Vesoul, pour laquelle somme le quart du moulin de Frotey était engagé envers lui.

1298 Donation à l’abbaye par Béatrix, dame de Vandelans, du meix dit

Bataillard, près de Frotez.

Ventes de meix et terres sis à Frotey à Bellevaux par diverses personnes.

1596 Marché fait par le fermier des biens de l’abbaye en la prévoté de Vesoul pour faire plusieurs réparations aux moulins de ladite abbaye à Frotey.

1536-1566 Reconnaissances générales des habitants de Frotey.

1327 Reconnaissances de meix et de terres sis à Frotey faites à l’abbaye par

divers habitants dudit lieu.

H 158. 1298 Donation faite à l’abbaye de Bellevaux par Jeanne, fille de Jean, seigneur de Roche-sur-l’Ognon, de son four banal de Germondans.

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1302 Vente faite à Bellevaux par – Renaud, dit Effernons, damoiseau, d’un meix à Germondans.

1422 - Etienne, fils d’Amiot le Mol, de la Roche-sur-l’Ognon, de la moitié par indivis des grosses et menues dîmes de Germondans .

1590-1785 Ventes diverses, acquisitions et échanges.

1585 Pièces de procès entre l’abbaye et Nicolas Broch, de Vesoul, au sujet de la réparation du four banal de Germondans.

1630-32 Pièces d’un procès entre l’abbaye et dame Guillemette de Mandre, veuve

d’Antoine de Précipiano, baron de Soye et seigneur de Gondenans, au sujet du moulin dudit Gondenans.

H 159. 1226 Copie d’une charte de Nicolas, archevêque de Besançon, par laquelle il certifie qu’Etienne de Verchamp a cédé à l’abbaye pour 25 livres tout ce qui lui appartenait à Guiseuil.

1285 Jean de Montot, damoiseau, déclare que les prés possédés par l’abbaye à

Guiseuil sont de son fief, mais qu’il leur en laisse la libre jouissance.

1226 Jean, archevêque de Besançon, atteste que Gérard IER , son prédécesseur, a cédé à l’abbaye la moitié d’un moulin sis à Noroy-l’Archevêque.

1628 Visites et reconnaissances faites par experts de vignes sises à Gy et

appartenant à Bellevaux.

1548 Ventes de meix et terres sises à Gy par Nicolas de Diesbach, prieur de Grandson, à Marc Cusemenet, abbé de Bellevaux.

1401 Echange entre Gérard II, archevêque de Besançon, et Jean abbé de

Bellevaux, de la moitié d’un moulin à Noroy-l’Archevêque, contre un cens annuel et perpétuel de deux bichots de froment, livrable à Avrigney à la Saint-Martin d’hiver.

H 160. 1537 Mémoire contenant le détail des maisons, vignes et prés sis à Gy appartenant à Bellevaux.

H 161. 1284 Donation faite à Bellevaux par Thibaut, chevalier, seigneur de Rougemont, de toutes ses possessions à Hyèvre.

1244 Donation faite à Bellevaux par Guillaume de la Roche de toutes ses

possessions dans le bois de Bellevaux et du Magny, ainsi que de la sixième partie des dîmes de La Barre et de Blarians.

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1195 Amédée IER , archevêque de Besançon, atteste qu’Etienne, frère de Gérard,

comte de Mâcon, a donné à Bellevaux deux montée de sel de sa saunerie de Lons-le-Saulnier.

H 162. 1244 Donation faite à l’abbaye par Vuillemin de la Roche de tous ses droits sur les bois de Bellevaux et du Magny.

1436 Donation faite à l’abbaye par Viénot, dit Vytasse, de Moncey, de tout ce qui

lui appartenait au Magny.

Ventes de maisons, terres, prés et vignes sis au Magny faites par diverses personnes.

H 163. 1570 Marché pour la reconstruction du four banal du Magny. H 164. 1260 Donations faites par Humbert, abbé de Bellevaux, à Etienne de Vesoul,

archidiacre de Flavigny, sa vie durant de tout ce que l’abbaye possédait à Mailley, Chazelot et Andelarrot.

Plusieurs donations faites à l’abbaye par les habitants de Marchaux.

1325 Pièces relatives au patronage par l’abbaye sur l’église de Marchaux : amodiation du droit de patronage à Nicolas, curé de Marchaux, pour la somme de 27 sols, 6 deniers, à payer deux fois par ans.

H 165. 1189 Lettres patentes d’Othon, comte palatin de Bourgogne, par lesquelles il

prend sous sa sauvegarde et protection l’abbaye de Bellevaux et ses possessions contre les agissements des habitants de Quenoche.

H 166. 1557-1758 Reconnaissances faites à l’abbaye par divers habitants de Marloz, de

maisons, jardins, terres et chenevières sis audit Marloz. H 168. 1236 Donations faites à l’abbaye par Mathieu, damoiseau de Cromary, et son

frère Guy, des meix de Boissière. Diverses donations et ventes faites à l’abbaye au lieu de Maussans.

Reconnaissances des biens sis sur le territoire de Merey faites à l’abbaye par diverses personnes.

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H 169. 1226 Traité entre Anselme, abbé de Bellevaux, et Guillaume de Thise et Pierre, fils de Huon de Quenoche, par lequel ceux-ci abandonnent à l’abbaye tous leurs droits sur les pâturages de Moncey moyennant la somme de 8 livres.

Donations de maisons, terres, vignes et prés sis à Moncey. H 171. Donations et cessions faites à Bellevaux de maisons, terres, vignes et prés

sis à Montigny-les-Arsures.

1446 Mémoire des cens et des biens sis à Montigny et dépendants de Bellevaux, dressé par Guillaume Richard, notaire.

H 172. 1217 Donations et cessions faites à l’abbaye de Bellevaux par – Othon, duc de

Méranie et comte palatin de Bourgogne, de tous les pâturages compris dans sa terre de Montbozon.

1236 Renaud de Montbozon, d’une maison sise audit lieu et d’une portion des dîmes dudit village.

Reconnaissances de maisons, terres, vignes et prés sis sur le territoire de Montbozon.

H 174. 1333 Reconnaissances d’immeubles sis à Morchamps faites à Bellevaux. H 175. Comptes rendus par Jacques Leullard, de Filain, résidant à Villers-Pater, à

messire Jean-Baptiste d’Andelot, chevalier, des revenus de la grange de Morchamps, qu’il tenait en acensement de l’abbaye de Bellevaux (année 1564, 1565, 1566, 1567 et 1568 ).

1578 Traité passé entre l’abbaye de Bellevaux et messire Jean-Baptiste

d’Andelot, seigneur d’Ollans, au sujet de l’acensement de la grange de Morchamps, faite par l’abbaye audit seigneur.

1556 Mandement de nouvelleté obtenu par Bellevaux du Parlement de Dôle au

sujet des droits de justice de ladite abbaye sur le territoire de Morchamps. H 177. 1297 Perrin, fils de Thiébaut de Cicon, cède à l’église de Bellevaux le tiers des

dîmes de Nans et le quart des dîmes de Thurey.

1285 Donation faite à Bellevax par Guy, dit Cheveillate, de Chambornay, d’un champ sis sur le territoire de Neuves-Granges.

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1352 Requête présentée au chapitre général de Cîteaux par l’abbaye de Bellevaux, tendant à obtenir l’autorisation d’acenser aux mainmortable des terres sises sur le territoire de Neuves-Granges, afin de pouvoir payer un emprunt par un temps de disette.

Titres de propriété de l’abbaye aux Neuves-Granges : ventes de maisons,

terres, vignes et prés sis sur le territoire de Neuves-Granges. H 179. 1733 Plan des bois de Neuvelle-les-Cromary dressé par Etienne Rougemont,

géomètre.

1602 Pièces de procédure entre l’abbaye et les habitants de Neuvelle-les-Cromary au sujet du pré Baussey.

H 180. 1470 Attestation par l’official de Besançon de la donation à Bellevaux par

Catherine, fille d’Etienne dit Griffon, de Mailley, en 1343, d’une chapelle fondée par ladite Catherine à Noidans-les-Vesoul.

1366 Amodiation par l’abbaye de la moitié du moulin Dubreuille, à Noroy-le-

Bourg. Reconnaissances de maisons, terres, vignes et prés sis à Ollans.

1298 Confirmation par Marguerite, dame de Marnay et d’Andelot, de la donation faite à Bellevaux par sa mère, Agnès de Chatillon, de deux bichots de froment à prendre sur les revenus du moulin de Pelousey.

1286 Donation faite à Bellevaux par Pierre de Bonnay, de plusieurs pièces de

terres sises à Pirey et à Ecole.

1344 Ventes faites à l’abbaye par – Perrin, fils d’Aymon, dit Badeillot, de Pirey, d’une vigne sise audit lieu ;

1347 -Jean Rotelier, de Besançon, d’une vigne sise audit Pirey.

Reconnaissances de biens sis à Pouligney faites à l’abbaye. 1189 Abandon fait à Bellevaux par Gilbert, vicomte de Vesoul, du droit de

parcours, pour le bétail appartenant à ladite abbaye, sur les terres dudit Gilbert à Auxon, Pusey et Pusy.

H 181. 1184 Sentence arbitrale de Daniel, légat de l’empereur Frédéric IER dans le comté

de Bourgogne, entre l’abbaye de Bellevaux et les habitants de Quenoche au sujet des droits d’usage de l’abbaye dans les bois dudit lieu.

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1189 Donation faite à l’abbaye par – Othon, clerc de Quenoche, de tous ses biens sis en ce lieu.

-Thierry II, archevêque de Besançon, de la moitié de l’église de Quenoche tenue en fief par Henri, clerc dudit lieu.

1194 - Amédée, archevêque de Besançon, de l’autre moitié de ladite église de Quenoche.

1219 - Richard, comte de Montbéliard, de la terre de Cirey et de ses dépendances.

1226 - Othon, duc de Méranie, comte palatin de Bourgogne, et Béatrix, sa femme, de deux moulins près de Quenoche.

1231 - Etienne, fils de Richard de Fondremand, de tout ce qui lui appartenait à Quenoche.

1234 - Pierre de Thurey, damoiseau, d’un pré et d’un champ sis à Quenoche.

- Pierre de Lavoncourt, d’un meix à Quenoche. 1239 - Aymon, clerc de Quenoche, d’une chenevière

audit lieu. 1271 - Alexandre de Quenoche, de ses droitsr les

moulins de l’abbaye audit lieu. 1283 - Othon de Quenoche, chevalier, de tout ce q’il

possédait audit Quenoche. 1295 - Hugues de Thise, de tous ses biens sis à

Quenoche. 1332 - Jean de Quenoche, curé de Fondremand, de tout

ce qui lui appartenait audit Quenoche. H 182. Reconnaissances faites à l’abbaye des biens sis à Quenoche. H 194. 1526 Etienne de Mostellot écuyer, et Marguerite de Voisey, sa femme, vendent à

l’abbaye leurs biens sis à They et à Cromary.

1305 Acensement perpetuel fait par l’abbaye à Etienne de Neuvelle, d’une maison sise à They, avec toutes ses dépendances, pour un cens annuel de 2 sols. Reconnaissances de biens sis à Sorans faites à l’abbaye.

1246 Donation faite à l’abbaye par Pons de Dampierre et ses sœurs de tous leurs

biens à Thieffrans.

H 195. 1295 Extrait du testament d’Agnès, femme de Gaucher de Châtillon, contenant plusieurs legs en faveur de Bellevaux.

1296 Reprise de fief par l’abbaye à Etiennette de Chalise, d’une terre sise à

Thurey.

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- XCI -

1218 Donation faite à l’abbaye par Pierre et Jean de Filain, de toutes leurs

possessions à Thurey, Moncey, Filain et Cendrey. 1244 Donation faite à l’abbaye par Pons, fils de Hugues de Fondremand, de

toutes ses possessions à Thurey, Moncey et Venise. 1252 Donation faite à l’abbaye par Guy de Roulans, d’un fief à Thurey.

1275 Donation faite à l’abbaye par Pierre de Thise, de toutes ses possessions à

Thise, Aubertans et La Barre. 1297 Donation faite à l’abbaye par Viénot de Thise, de plusieurs biens sis audit

lieu. 1300 Etiennette de Chalise, de toutes ses possessions à Thurey et à Moncey.

1313 Donation faite à l’abbaye par Maurette, veuve de Jean de Thise, de tous ses

droits sur les prés dudit lieu. 1314 Donation faite à l’abbaye par Guillaume, fils de ladite Maurette, de

plusieurs prés sis à Thise.

1386 Confirmation par Jean de Vienne, seigneur de Roulans, amiral de France, de tous les dons faits à l’abbaye par lui et ses ancêtres à Thurey, à Moncey et à Chaudefontaine.

H 195. Ventes de maisons, terre, vignes et prés sis à Thurey faites à l’abbaye par plusieurs personnes.

H 196. 1779 Plan du territoire de Thurey levés par le sieur Saillard, pour servir à la réfection du terrier de l’abbaye.

H 197. 1486 Mandement de nouvelleté obtenu par l’abbaye de Bellevaux, concernant la haute, moyenne et basse justice et les droits seigneuriaux de ladite abbaye à Thurey.

H 198. 1499-1545 Pièces de plusieurs procès entre l’abbaye de Bellevaux et Jean et Guillaume de Grammont, seigneurs de Châtillon-Guyotte, au sujet des droits de justice sur les territoires de Thurey, Moncey et Chaudefontaine, du four banal de Chaudefontaine et d’un pré sis dans la prairie de Thise.

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- XCII -

H 200. 1143 Donations faites à l’abbaye par – Humbert Piper, de la terre de Trevey avec toutes ses dépendances.

1224 - Gérard, archevêque de Besançon, de la moitié des moulins de Trevey.

H 202. Reconnaissances de biens sis à Trevey, faites à l’abbaye par les habitants dudit lieu entre autre.

H 204. 1562 Pièces d’un procès entre l’abbaye et les habitants de Trevey, d’un côté, et le seigneur de Rougemont et ses officiers, de l’autre, au sujet du droit de haute, moyenne et basse justice à Trevey.

1576 Pièces d’un procès entre l’abbaye et les héritiers de Jacques de Gaudillon,

de Trevey, au sujet de la succession de ce dernier.

H 205. 1333 Extrait du testament de Thiebaud de Rougemont, chanoine de Besançon, par lequel il lègue à l’abbaye tout ce qui lui appartenait à Uzelle.

Vente de biens sis à Vaivre à l’abbaye.

1268 Donation à l’abbaye par Hugues de Vellefaux, chevaliers, d’un meix avec

ses dépendances sis à Vallerois-Lorioz.

XIIe siècle Copie d’une bulle d’Eugène II blâmant le chapitre de Saint Etienne de Besançon de s’être emparé des pâturages de Valleroy, appartenant à l’abbaye de Bellevaux.

1174 Sentence arbitrale d’Evrard, archevêque de Besançon, dans une difficulté

entre l’abbaye et l’église Saint-Etienne, de Besançon, au sujet du droit de pêche dans l’Ognon.

1507 Compromis entre l’abbaye et les habitants de Valleroy au sujet des bois

dudit lieu.

1624 Compromis entre les mêmes au sujet d’un pré sis audit Valleroy.

1159 Donation faite à l’abbaye par Hugues de Roche, Pons et Eudes, ses frères, de toutes leurs possessions à Valleroy et au Magny.

H 207. 1433 Reconnaissances de biens sis à Valleroy faites à l’abbaye par les habitants de Valleroy.

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- XCIII -

H 212. 1405 Extrait du testament de Jean de Ville, chevalier, seigneur de Roche-sur-l’Ognon, par lequel il cède tout ce qu’il possède dans les dîmes de Vandelans et de Rigney.

1239 Donations faites à l’abbaye par : - Eudes de Vandelans, de toutes ses

possessions audit lieu. 1244 - le même, d’un meix, sis à Vandelans. 1246 - Sara de Vandelans, d’un pré sis audit lieu. 1250 - Guy de Maizières, d’un meix sis à

Vandelans. 1246 Ventes de maisons, terres, vignes et pré sis à Vandelans par Jean, seigneur

de Roche, à l’abbaye.

1327 Donation à l’abbaye par Fromond de Vanne, de tout ce qui lui appartenait audit lieu.

1260 Traité entre l’abbaye et Pierre de Vellefaux au sujet du droit de mouture au

moulin de la Rochotte, à Vellefaux. 1380 Donation faite à l’abbaye par Gérard, bourgeois de Baume, d’une maison

sise en ladite ville et d’un pré sis à Vergranne.

H 213. 1288 Pierre de Scey, chevalier, dit Polains, promet de remettre à l’abbaye les chartes scellées du sceau de l’archevêque de Besançon, contenant la donation à l’abbaye du village de Venise.

1249 Guillaume, archevêque de Besançon, ratifie les donations faites à l’abbaye

par Guillaume, Pierre et Pons, fils de Gérard de Sorans, de tout ce qui leur appartenait à Villers-le-Sec.

H 215. 1362 Constitution par Jean Dyenez, seigneur de Vesoul, d’une rente annuelle de 5 sols au profit de l’abbaye, à prendre sur une vigne sise près des fossés du château dudit Vesoul.

1275 Traité entre les abbaye de Saint-Vincent de Besançon et de Bellevaux au

sujet des droits de Bellevaux au territoire de Villerspater.

1327 Donation faite à l’abbaye par Gérard de Villerspater de tout c qu’il possédait audit lieu.

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- XCIV -

Tableaux

Répertoire des lieux internes à l’abbaye et des mentions les concernant. p XCVI.

Inventaire du mobilier répertorié lors des visites de 1584, 1616 et 1632. p XCIX.

Répertoire des titres de propriété mentionnés lors de la visite de 1584. p CIV.

Recensement des titres de propriété mentionnés lors de la visite de 1632. p CVI.

Annexe 7.

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-XCV-

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Page 248: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-XCVI-

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Page 249: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-XCVII-

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Page 250: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-XCVIII-

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Felix Ackermann
Typewritten Text
Page 251: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-XCIX-

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Page 252: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

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a vi

dec

uv

er

ie2

doub

le q

ueue

s ave

c le

ur fo

nd1

"bur

illon

" d'

1 qu

eue

1 "a

ivié

" en

chê

ne1

tonn

eau

d'en

viro

n 3

queu

esla

pe

tite

2

tonn

eaux

de

4 qu

eues

ca

ve

1 au

tre d

'envi

ron

2 qu

eues

un

e c

av

e1g

rand

tonn

eaux

d'en

viro

n 6

queu

es

la c

av

e1

farin

ier e

t 3 "

ench

aste

s"p

ro

ch

e l

a1

pot d

e cu

ivre

de

12 p

inte

sg

ra

nd

e6

dem

is q

ueue

sc

uis

ine

4 m

uids

1 gr

ande

cuv

e d'

envi

ron

8 qu

eues

le s

ell

ier

1 au

tre d

e 2

queu

es e

t dem

ie

Page 253: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CI-

Pièces

1584

1616

1632

1 pe

tit"c

halic

t"de

cam

p2

banc

sle

po

il1

"cha

ire a

doz

"1

buffe

t eb

chên

e1

tabl

e en

sapi

n av

ec le

pie

d to

urné

e

t car

ré1

lit d

e pl

ume

avec

son

cous

sin

et 1

"lo

dier

"1

"cha

lict"

en

chên

ela

ch

am

br

e1"

mat

hera

t" d

ress

é su

r des

"la

hons

"b

as

se

2 gr

ands

cof

fres

ferr

és1

"dre

ssoi

r" e

n ch

êne

1 ta

ble

de n

oyer

ave

c so

n pi

ed c

arré

6 pe

tites

"ch

aire

s a d

ol"

1 pe

tite

"cha

ire"

bass

e et

tapi

ssée

1 gr

ande

"ch

aire

a d

ol"

7 ta

blea

ux d

iver

s2

"and

iers

" en

font

e2

lits d

e pl

ume

sur d

es "

chal

icts

" de

1 "c

halic

t" a

ssor

ti de

ferr

emen

ts b

ois a

ncie

ns2

"and

iers

" en

font

ela

ch

am

br

e1

vieu

x bu

ffet

1aut

re, e

n no

yer,

avec

col

ombe

ttes

de

s d

am

es

1 ta

ble

avec

son

pied

2 co

ffres

2 an

dier

s de

font

e2

"les

chef

roye

s" e

n fe

r1

gran

d po

t de

cuiv

re1

viei

lle "

bass

igno

ire"

1 vi

eux

buffe

t en

chên

e, o

uvra

gél'

inf

irm

er

ie1

lit d

e pl

ume

avec

son

cous

sin

1"ch

alic

t" d

e ch

êne

Page 254: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CII-

Pièces

1584

1616

1632

un

e a

utr

e2

lits d

e pl

ume

sur d

es a

ncie

ns1

vieu

x "c

halic

t" a

vec

colo

mbe

ttes

ch

am

br

e "

chal

icts

" de

boi

s atta

ché

rom

pues

ha

ute

2 gr

os c

offr

es e

n ch

êne

2 an

dier

s en

font

ela

ch

am

br

e1

tonn

eau

à "c

uver

vin

"jo

ign

an

t d'

envi

ron

3 ou

4 q

ueue

la

vie

ille

1 lo

ngue

tabl

e en

sapi

n av

ec 2

c

uis

ine

tréte

aux

2 lit

sla

ch

am

br

e2

chai

ses d

orée

s et 2

aut

res e

n bo

isd

u p

rie

ur

1 pl

at b

assi

n1

chan

delie

r en

étai

n1

"pin

tet"

et 1

"tie

r" e

n ét

ain

la c

ha

mb

re

de

1 "c

halic

t" d

e ch

êne

la p

or

ter

ie1

vieu

x bu

ffet s

ans s

erru

re1

vieu

x "c

halic

t" d

e no

yer

la s

ale

tte

1

buffe

t en

form

e de

com

ptoi

r b

as

se

ferm

ant à

troi

s éta

ges à

clé

1 ta

ble

avec

un

pied

tour

né1

banc

en

noye

r, us

é et

cér

onné

la s

ale

tte

1

dres

soir

en b

oyer

, les

pie

ds e

tb

as

se

bras

tour

nés

1 ba

nc "

a do

s", e

n ch

êne,

feré

et

ferm

ant à

clé

Page 255: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CIII-

Pièces

1584

1616

1632

dans

l'en

trée:

1 ta

ble

de n

oyer

ave

c de

s ti

roirs

des

2 c

ôtés

2 ba

ncs c

ouve

rts d

e cu

ir7

chai

ses d

e m

ême

couv

ertu

re1

vieu

x co

ffre

de c

hêne

1 vi

eux

buffe

t en

chên

e, o

uvra

le l

og

isen

la c

ham

bre

y jo

igna

nt:

ab

ba

tia

l1

"cha

lict"

en

noye

r ave

c de

s col

ombe

ttes

2 ch

aise

s de

drap

ble

u2

"and

iers

" de

font

eda

ns le

cab

inet

con

tiguë

:1

petit

"ch

alic

t" d

e bo

is1

viei

l écr

in d

e sa

pin

la c

ham

bre

du m

ilieu

:1"

chal

ict"

de

noye

r tou

rné

avec

1

coiff

e et

1 li

t de

plum

e av

ec le

trav

ers

1 au

tre li

t de

plum

e1

tabl

e de

noy

er5

vieu

x ca

rrea

ux g

arni

s de

cuir

1 co

uche

tte e

n bo

is a

vec

2 lit

s 1

chai

ses d

e no

yer

1 "a

ndie

r" e

n fo

nte,

2 c

hand

elie

rs1

viei

lle p

inte

en

étai

n6

chan

delie

rs e

n ét

ain,

2 c

roix

Page 256: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CIV-

Rép

erto

ire d

es ti

tres d

e pr

oprié

té m

entio

nnés

lors

de

la v

isite

de

1584

.

1584

Nom

de lie

uxN

atur

eN

ombr

e R

efB

raill

ans

titre

s et a

cens

sem

ent

plus

ieur

sf 1

1 v

Vie

illey

, Mer

ey e

t Ven

ize

titre

s et u

n dé

but

12, t

ant p

apie

r f 1

1 v

d'in

vent

aire

que

parc

hem

inM

onta

igne

y, A

rboi

s et S

alin

s tit

res d

e re

deva

nces

40f 1

1 v

Dam

pier

re, F

onte

noy,

Nor

oy

titre

s26

f 11

vM

onst

arlo

t (pr

ioré

) bu

lles d

e l'a

bbay

e de

13

titre

s en

f 11

vM

onta

rlot,

titre

s et

parc

hem

in e

t dé

but d

'inve

ntai

reau

tre e

n pa

pier

Bau

lmot

tetit

res

22 e

n pa

rche

min

, 3 e

n pa

pier

f 12

rM

enou

x et

Moy

dan

titre

s8,

en

parc

hem

inf 1

2 r

Eber

tans

tit

res

18, e

n pa

rche

min

f 12

rR

oula

nd e

t Rou

gem

ont

titre

s9,

en

parc

hem

inf 1

2 r

Ver

cham

ps, R

ouge

mon

t, G

uillo

n, C

oudr

ey, F

ran

et L

arta

n.

titre

s30

, en

parc

hem

inf 1

2 r

Pire

y, G

eneu

lles,

Gen

evre

y, C

ugne

y, M

oille

y, V

iller

chem

in,

titre

s30

en

parc

hem

inf 1

2 r

Rus

sey,

Pol

oing

non,

Cic

on, M

yollo

t, U

celle

, Vill

ersg

relo

t,2

en p

apie

rSa

ulto

yson

, Ryo

l, G

onhe

nans

, Mes

anda

ns, C

rom

ary,

Nor

ozM

ons,

Vill

ers,

Mal

ussy

, Mon

tbre

sson

Nen

svel

les,

Bre

urey

et C

hey

titre

s9

en p

arch

emin

, 1 e

n pa

pier

f 12

vB

esan

çon,

Arb

ois e

t Lyo

n-le

-Sau

lnie

r tit

res

15 e

n pa

rche

min

, 6 e

n pa

pier

f 12

vV

ande

lans

tit

res

18 e

n pa

rche

min

, 2 e

n pa

pier

f 12

vH

yvre

, Sal

ins,

Bah

letit

res

11 e

n pa

rche

min

, 3 e

n pa

pier

f 12

vD

orno

ytit

res

3f 1

2 v

Mar

chau

lt et

Cha

saul

ttit

res

43 e

n pa

rche

min

, 3 e

n pa

pier

f 13

rV

alle

roy

titre

s32

en

parc

hem

in, 7

en

papi

erf 1

3 r

Thur

ey, C

ham

born

ay e

t Neu

fveg

rang

e tit

res q

uitta

nce

de

54 e

n pa

rche

min

, 6 e

n pa

pier

f 13

vpa

trona

ge d

e C

ham

born

ayB

ehan

s tit

res

25 e

n pa

rche

min

, 8 e

n pa

pier

f 13

vle

s gra

nges

Tro

nchi

erfo

nten

e et

Ver

joul

et

titre

s4

en p

arch

emin

f 13

v

Page 257: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CV-

Nom

de lie

uxN

atur

eN

ombr

eR

efB

athe

naux

et M

orch

amps

tit

res

13 e

n pa

rche

min

, 5 e

n pa

pier

f 13

vC

ham

born

ay

titre

s64

en

parc

hem

in, 6

en

papi

erf 1

4 r

Vai

vre,

Esc

heno

z-le

-sec

, Fila

y et

Che

ney

titre

s31

en

parc

hem

in, 4

en

papi

erf 1

4 r

Ger

mon

dans

tit

res

21 e

n pa

rche

min

, 1 e

n pa

pier

f 14

rC

ocel

les,

Reg

ney,

Mye

llot

titre

s14

en

parc

hem

in, 6

en

papi

erf 1

4 r

Mol

in M

artin

, Reg

ney

et C

ocel

les.

titre

s15

en

parc

hem

in, 6

en

papi

erf 1

4 r

Que

noch

etit

res

40 e

n pa

rche

min

f 14

vM

arlu

z tit

res

9 en

par

chem

in, 1

en

papi

erf 1

4 v

Arg

yrez

, Vill

ersp

ater

et C

rom

ary

titre

s32

en

parc

hem

in, 6

en

papi

erf 1

4 v

Aul

thoy

son

titre

s65

en

parc

hem

in, 1

7 en

pap

ier

f 15

rFi

lain

tit

res

7 en

par

chem

in, 7

en

papi

erf 1

5 r

Cha

mbo

rnet

titre

s20

en

parc

hem

in, 8

en

papi

erf 1

5 r

Fros

tan,

And

elar

ot, V

elle

faux

tit

res

46 e

n pa

rche

min

, 20

en p

apie

rf 1

5 r

Cha

tillo

n G

uyot

tetit

res

6 en

par

chem

in, 6

en

papi

erf 1

5 r

Ant

hons

ontit

res

19 e

n pa

rche

min

, 4 e

n pa

pier

f 15

rM

once

y et

Ven

ize

titre

s43

en

parc

hem

inf 1

5 r

Gris

eulle

, Mau

lfans

, Man

cena

n, O

lanz

et V

iller

succ

on

titre

s19

en

parc

hem

in, 4

en

papi

erf 1

5 v

Cire

y tit

res

89 e

n pa

rche

min

, 16

en p

apie

rf 1

5 v

Roi

che-

sur-

Long

non

titre

s51

en

parc

hem

in, 1

7 en

pap

ier

f 15

vM

agny

dtit

res

11 e

n pa

rche

min

, 4 e

n pa

pier

f 15

vC

haul

defo

ntai

netit

res

24 e

n pa

rche

min

, 5 e

n pa

pier

f 15

vPo

long

ney

titre

s6

en p

arch

emin

, 1 e

n pa

pier

f 15

vR

yol,

Fond

rem

ent e

t les

gra

nges

tit

res

41 e

n pa

rche

min

, 12

en p

apie

r f

15 v

1584

Page 258: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CVI-

Rec

ense

men

t des

titre

s de

prop

riété

men

tionn

és d

ans l

e pr

ocès

-ver

bal d

e 16

32.

1632

Nom

des

titr

es N

atur

eN

ombr

eR

efM

onta

gny

bille

s et r

edev

ance

s pl

usie

urs

f 11

rPo

ulig

nés

titre

s et r

edev

ance

s 4

f 11

rA

rgire

y, V

iller

pate

r, A

ubet

an e

t Lai

nétit

res e

t red

evan

ces

plus

ieur

sf 1

1 r

Vui

llefa

ux, M

oida

in, V

iellé

, Mer

ey.

titre

s et r

edev

ance

s pl

usie

urs

f 11

rM

ontb

ozon

, Bou

hans

, Thi

enau

xtit

res e

t red

evan

ces

66f 1

1 r

Rio

l, Fo

ndre

men

t, V

ergo

ulot

et l

es g

rang

estit

res e

t red

evan

ces

f 11

vTh

urez

, Mon

cey

et V

enis

etit

res e

t red

evan

ces

plus

ieur

sf 1

1 v

Sire

ytit

res e

t red

evan

ces

plus

ieur

sf 1

1 v

non

préc

isé

titre

s et r

edev

ance

s 39

f 11

vN

ensi

celle

, Bre

urey

et T

hey.

tit

res e

t red

evan

ces

plus

ieur

sf 1

1 v

Val

lero

istit

res e

t red

evan

ces

plus

ieur

sf 1

1 v

Rig

ney

et R

igno

zot,

Cor

celle

et M

iello

t. tit

res e

t red

evan

ces

plus

ieur

sf 1

1 v

Mag

ny, T

huré

, Men

selle

, Neu

fveg

rang

e, D

orno

n, C

irey,

Val

eroy

vo

lum

es e

t rec

onna

issa

nces

16f 1

1 v

et M

arlo

t.se

gneu

rie d

'Yeu

re, D

enno

nro

ulea

ux, v

olum

es e

t rec

onna

issa

nces

f 12

r B

astie

re e

t Val

eroy

le B

ois

titre

spl

usie

urs e

n pa

pier

s, f 1

2 r

12 e

n pa

rche

min

Neu

fveg

rang

etit

res e

t don

atio

ns10

f 12

rLe

Mag

nytit

res,

droi

ts d

e l'a

bbay

e14

f 12

rA

rgiré

, Vill

erpa

ter e

t Ant

oiso

ntit

res,

bien

s et r

even

uspl

usie

urs

f 12

rM

onta

rlot e

t Vile

rche

min

tit

res

plus

ieur

s en

papi

er,

f 12

r13

en

parc

hem

inO

berta

in, T

hise

titre

s et

rede

vanc

es19

f 12

vD

ampi

ere,

Tre

ve, P

robe

et F

onte

nois

titre

s et d

roitu

res

36, e

n pa

rche

min

f 12

vno

n pr

écis

étit

res e

t dro

iture

s8,

en

parc

hem

inf 1

2 v

Rig

ney,

Rou

land

, Vau

dnan

, Mou

lin, M

artin

, Lar

ians

, Orm

onan

s tit

res e

t red

evan

ces

31, e

n pa

rche

min

f 12

vet

Lou

land

s.

Page 259: Notre-Dame de Bellevaux: une abbaye cistercienne franc ... · AUBERT (Anne-Marie), Histoire et développement économique d’une abbaye cistercienne : Bellevaux en FrancheComté,

-CVII-

Nom

des

titr

esN

atur

eN

ombr

eR

efla

mai

son

de C

haud

efon

tain

etit

res

20, e

n pa

rche

min

f 12

vle

prio

ré d

'Arb

ois

titre

s et p

rocu

ratio

npl

usie

urs

f 13

rM

arch

aux,

Cha

mpo

urs,

Che

sseu

r, B

rasl

an

pièc

es, r

edev

ance

s et d

îmes

47f 1

3 r

Gis

( m

eix,

mai

sons

et v

igne

s )tit

res

11, e

n pa

rche

min

f 13

rSa

lintit

res

20, e

n pa

rche

min

f 13

vB

rala

n ( g

rang

e )

titre

s et 1

inve

ntai

re13

, en

parc

hem

inf 1

3 v

Gill

eytit

res

31, e

n pa

rche

min

f 13

vC

hatil

lon,

Gui

ette

titre

s, in

vent

aire

spl

usie

urs

f 14

rQ

uille

s, Sc

ay, C

oudr

ay, V

erch

amps

, Rou

gem

ons,

Ola

nc,

titre

s46

, en

parc

hem

inf 1

4 r

Sena

ns, M

arch

aux,

Gus

enlte

, Mau

cena

usre

conn

aiss

ance

en p

apie

rC

rom

ary

titre

s7,

en

parc

hem

inf 1

4 r

Roc

he-s

ur-D

oubs

titre

s54

, en

parc

hem

inf 1

4 v

Mon

tboz

on (

rede

vanc

es e

t tai

lles d

uent

par

l'ab

baye

)pi

èces

70, e

n pa

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1632

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CVIII

Liste des lieux non identifiés et localisés

Cicon Dornoy Eschenoz-le-Sec Fontenoy Fran Frostan Genevrey Gondenans Griseulle Malsy Mancenan Maulfans Menoux Moilley Mons Montbresson Neusvelles Noroy Roche-sur-l’Ognon Russez Termondans Tronchiefontaine Vellefaux Villerchemin

Annexe 8.

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CIX

Lexique

Ce lexique contient des mots en ancien français et des mots qui peuvent être mal ou méconnu.

Antiphnonaire : (antiplionaire) livre de chants liturgiques qui contient les antiennes. Il se constitue peu à peu à partir du VIIIe siècle. On distingue l’antiphonaire de la messe (aussi appelé graduel) et celui de l’office. Les livres inventoriés en l’abbaye et leur utilisation sont traités en page Bache : goulet, tranchée pour conduire l’eau. Bichetée : mesure de terre. Bougran : toile forte, employée dans les doublures de vêtements. Buret, burette : petit vase contenant l’eau ou le vin de la messe. Casuel : qui peut arriver ou non, éventuel. Camelot : étoffe fine de laine et de soie. Celet : boîte, coffre, châsse. Cens : redevance que le possesseur d’une terre paye à son seigneur. Chaire : chaise. Chalict : monture d’un lit. Chapitre : réunion des moines. Chaudeille : chaudeau, bouillon chaud. Chaveau : mesure de liquide. Chief : tête. Ciboire : vase sacrée, munie d’un couvercle. Il contient les hosties consacrée et, est conservé dans le tabernacle. Cielée : chambre, salle pourvue d’un ciel ou plafond orné. Coadjuteur : (coadjutorie) ecclésiastique nommé pour aider un pélat à remplir ses fonctions.

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CX

Cocet : jeune coq. Complies : dernière heure de l’office divin qui se récite ou se chante le soir après les vêpres. Convers : religieux chargés des travaux manuels. Corporal : (corporaulx) linge béni sur lequel l’officiant pose le calice et les fragments d’hostie. Cubarie : lieu où l’on met les cuves, cellier. Custode : boîte à parois de verre dans laquelle on place l’hostie pour l’exposer dans l’ostensoir. Damas : riche étoffe. Entoier: (entoyer) recouvrir d’une taie, d’un linge ou d’une étoffe quelconque. Graduel : livre liturgique contenant les pièces chantées à la messe. Illec : là, en ce lieu. Lahon, laon : planche. Lodier : couvre pied. Mui : (muid) mesure de capacité (pour les liquides, les grains) variablelon les provinces et les marchandises. Navette : petit récipient, accompagnant l’encensoir, et contenant l’encens. Orvale : destruction, grande catastrophe survenant par le feu tel un incendie, ou les conséquences de la foudre. Penal : (penaul) sorte de mesure équivalent au bichet. Penultieme : avant-dernier. Pied : ancienne unité de mesure de longueur équivalent à près de 0,324 m. Prieuré : couvent dirigé par un prieur qui est nommé par l’abbé de l’abbaye mère. Porterie : dans une communauté religieuse, loge du portier. Profes : personne qui a prononcé ses vœux dans un ordre religieux. Provigner : multiplier les provins de vigne, c’est-à-dire obtenir de nouvelles souches à partir des sarments ou des ceps.

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CXI

Quarte : mesure de capacité. Queue : futaille d’une mui et demi. Rier : en arrière. Samit : étoffe de soie sergée. Toise : mesure de longueur valent six pieds, soit près de deux mètres. Treuil : (treul) pressoir. Treü, tru : tribut, redevance, taxe. Turquin : turc. Viorbe : escalier à vis.

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CXII

Table des matières

Sources et bibliographie. p 6.

Introduction. p 9.

Partie I. « Heureux ceux qui habitent ta maison Ils feront encore et toujours retentir la louange » p 11. I. « Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu de ta gloire » p 11.

A. Un espace de prière. p 11.

1. L’église et les chapelles. p 14. - L’église p 14. - Les chapelles p 14. - Humidité et réfection du lieu p 15. - La cloche et l’horloge p 15. - Les toitures p 16.

2. La sacristie. p 17. 3. Le cloître. p 17. B. Les quartiers conventuels et le logis abbatial. p 19. 1. Cuisine, réfectoire et caves. p 19. - La cuisine p 19. - Le réfectoire p 20. - Les caves p 21. 2. Salle capitulaire, infirmerie, dortoir et autres chambres. p 22. - La salle capitulaire p 22. - L’infirmerie p 23. - Le dortoir p 23. - Les autres chambresp p 24. 3. Le logis abbatial. p 26. C. Clôture, porterie et réseau hydraulique. p 27. 1. La clôture. p 27. 2. Les autres bâtiments de l’abbaye. p 29.

- La porterie p 29. - Granges et étables p 30. - Verger, colombier, four et grenier p 30.

3. Le réseau hydraulique. p 32. II. « Seigneur mon Dieu, force qui sauve, Tu protèges ma tête au matin du combat » p 35.

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CXIII

A. Bellevaux : la volonté de la famille de La Roche… p 35.

1. Un prestige éphémère. p 35. 2. Les origines de ce prestige. p 37.

3. Des dons pour des prières. p 39.

B. …et le repos d’âme des Viennes, Rougemont et autres familles. p 40.

1. L’Amiral au chœur. p 40. 2. La Toussaint des Rougemont. p 42. 3. Des chapelles pour d’autres saluts. p 43.

C. D’autres seigneurs et l’assurance d’autres saluts. p 44.

1. D’autres fondateurs et donateurs. p 44. 2. Un clergé bienveillant. p 45.

III. « Répandre l’évangile de la charité » p 47.

A. Fille de Morimond, sous l’autorité de Cîteaux. p 47.

1. Cîteaux la fondatrice. p 47. - Les origines p 47. - L’élaboration de la règle cistercienne p 48. - Bellevaux et Cîteaux p 48.

2. Morimond la mère. p 49. - Les débuts p 49. - Un nouveau départ p 50. - Bellevaux et Morimond p 50.

B. Un essaimage lointain. p 51.

1. De la volonté de croisés. p 51.

- Genèse p 51. - L’engagement d’Othon de La Roche p 52. - D’Othon au seigneur d’Athènes p 52.

2. Une nouvelle abbaye pour une nouvelle seigneurie. p 53. - La participation de la Comté p 53. - Des grecs aux bénédictins p 54.

C. Les filles d’Europe Occidentale p 55.

1. En Comté et au-delà : Lucelle. p 56. 2. Près de Salins : Rosières. p 57. 3. La Charité, « la rapportée ». p 58.

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CXIV

Partie II. « J’ai gardé le chemin tracé par Ta parole » p 61.

I. « Tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au pris de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation » p 61.

A. Les saints présents au cœur de Notre-Dame de Bellevaux. p 61.

1. Reliques et reliquaires. p 61.

- Saint Théodore p 62. - Saint Etienne Protomartyr p 62. - Saint Nicolas et saint Jean Chrysostome p 65. - Sainte Marie-Madeleine p 66. - Saint Antoine p 67. - Saint Luc p 67. - Saint Pierre, saint Paul, les Trois Rois et autres saints p 67. - Saint Jean-Baptiste p 68. - Les anonymes p 69.

2. Peintures et statues. p 69.

- Les statues p 70. - Peintures et images p 72. - Sainte Lucie p 75.

B. Sainte Ursule et les Onze Mille Vierges. p 76. 1. Vie et légende de sainte Ursule. p 76. 2. Culte et reliques. p 77.

C. Entre saint Pierre de Tarentaise et Notre-Dame de Bellevaux. p 77. 1. Du premier abbé de Tamié à l’archevêque de Tarentaise. p 77. 2. Saint Pierre de Tarentaise, saint Pierre de Bellevaux. p 78. 3. Saint Pierre et Bellevaux. p 79.

II. « Ses prêtres, je les vêtirai de salut ». p 82.

A. Orner la simplicité. p 82. 1. Devants dautel, nombreux et riches. p 82. 2. D’autres ornements. p 84.

- Nappes et tapis p 84. - Quelques linges nécessaires au culte p 85.

B. Revêtir les officiants, lire et chanter les cantiques. p 86.

1. Des vêtements liturgiques. p 86.

- Les aubes p 86. - Les chapes p 87.

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CXV

- Les chasubles p 87. - Les tuniques p 88. - Etoles et manipules p 89.

2. Des livres. p 89.

III. « Ah ! qu’il est bon d’habiter tous ensemble, d’être comme des frères, tous unis » p 92.

A. Ce sont les âmes de l’abbaye. p 92. 1. Une communauté de religieux et de convers… p 92.

- Les novices p 92. - Les profès p 93. - Les convers p 93.

2. …dont « L’oisiveté est ennemie de l’âme ». p 94. - Le prieur p 94. - Le cellérier p 95. - Le sacristain p 95. - D’autres fonctions p 96. - L’abbé p 96.

B. Des vies de prières p 97.

1. Chaque jour et toujours, priez et méditez. p 97. 2. « Priez pour nous pauvres pêcheurs ». p 98.

Partie III.

« Le Seigneur, ce qu’Il désire, Il le fait au ciel et sur la terre » p 101. I. « Tu as distribué à profusion Tes cadeaux » p 101.

A. Des titres : pour un inventaire du domaine et des ses revenus. p 101.

1. Exploitation et revenus des terres. p 102. 2. D’autres revenus. p 105.

- Les dîmes p 105. - Le droit de terrier p 106. - Les tailles p 106.

3. Défense des acquis. p 108.

B. Une accumulation de dons et d’achats. p 109.

1. La générosité des laïcs. p 109. - Des prés p 110. - Des vignes et des bois p 110. - Des meix p 111. - Des maisons p 111. - Des mines p 112. - Du sel p 112.

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CXVI

2. Les achats de l’abbaye. p 112. II. « Que Tes œuvres rayonnent, en nombre et en variété, Seigneur ! ». p 115.

A. Une exploitation particulière : les granges. p 115.

1. Qu’est-ce qu’une grange ? p 115. 2. Au sein de ces exploitations, des convers. p 116.

B. Les granges de Notre-Dame de Bellevaux. p 117.

1. Des certitudes et des doutes. p 118. 2. Fondation des granges. p 120.

- La grange d’Argirey p 120. - La grange de Baslières p 121. - La grange de Braillans p 121. - La grange de Champoux p 121. - La grange de Cirey p 122. - La grange Le Magny p 122. - La grange de Trevey p 123. - La grange de Valleroy p 123.

C. Le devenir des granges : reflet des difficultés de l’Ordre. p 123.

1. Des granges aux villages. p 123. 2. L’amodiation ou le faire-valoir indirect. p 125.

- L’amodiation ? p 125. - La grange de Braillans : un exemple p 126.

III. « Tu combles chacun à la mesure de ses actes et de son attente ». p 128.

A. De l’usage de l’eau au sein de l’économie cistercienne. p 128.

1. Pour la pisciculture. p 128. 2. Pour les moulins. p 129.

B. De l’exploitation des fours. p 132.

1. Place et fonction au sein de l’économie cistercienne. p 132. 2. Les fours de l’abbaye. p 133.

C. De l’importance du bois et des vignes. p 134.

1. Le nécessaire bois. p 134.

- Son utilisation p 134. - Les bois de Bellevaux p 135.

2 Le privilège de la vigne. p 136.

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CXVII

Conclusion. p 140. Annexes : p I. Annexe 1 : transcription du procès-verbal de 1584. p III. Annexe 2 : transcription du procès- verbal de 1616. p XIX. Annexe 3 : transcription du procès-verbal de 1632. p XXXIX. Annexe 4 : transcription de l’inventaire de la sacristie vers 1600. p LXVIII.

Annexes 5 : transcription d’un parchemin concernant l’amodiation de la grange de Braillans. p LXXI. Annexes 6 : extrait des archives ecclésiastiques de Haute-Saône. p LXXV. Annexes 7 : tableaux. p XCV. Annexe 8 : Lieux non localisés. p XCIII. Lexique. p CIX.

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