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Actualités pharmaceutiques n° 538 septembre 2014 9 questions de comptoir © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2014.06.001 On vous demande, sachez répondre C ette rubrique, "questions de comptoir", est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l'officine, dans le vaste domaine de la santé. Je dois me faire arracher une dent. Or, on m'a posé un stent il y a moins d'un an. Dois-je arrêter de prendre l'aspirine qui m'a été prescrite avant l'intervention ? F La réponse du pharmacien La pose d'un stent nu (non pharmaco-actif) impose une bithérapie (aspirine + autre agent antiagrégant plaquettaire) en prévention de thrombose aiguë du stent durant au moins quatre à six semaines. Ce délai est nécessaire pour une endothélialisation complète de la prothèse qui assurera une protection physiologique contre le risque thrombotique local. Concernant les stents pharmaco- actifs, la bithérapie antiplaquettaire est recomman- dée pendant six à douze mois suivant sa pose. Le risque de thrombose de ces stents est plus important à l’arrêt des antiplaquettaires du fait qu’ils ne se réendothélialisent pas. Dans tous les cas, l’aspi- rine seule suffit ensuite. Elle est pres- crite à vie, à faible dose (100 mg/jour). En prévision d’un acte chirurgical, il convient de fixer une date opératoire au moins quatre semaines après la pose de stent nu et au moins six mois en cas de pose de stent actif, délai permettant d’interrompre la double inhibition plaquettaire. Une chirurgie dentaire peut être programmée mais il est recommandé de poursuivre la prise de l’aspirine prescrite en prévention secondaire. Un arrêt, même temporaire, des antiplaquettaires expose à un risque accru d'événement vasculaire, et doit faire l’objet d'une réflexion sur le bénéfice-risque par le cardiologue. Chirurgie dentaire après pose de stent Jérémy VONO a, * Docteur en pharmacie Marine ROUSSIN b Docteur en pharmacie *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (J. Vono). a 3 rue Jean-Giraudoux, 19290 Sornac, France b 5 rue de Viblac, 87100 Limoges, France © DR © Fotolia.com © Fotolia.com Pellicules grasses, sèches ou dermite séborrhéique. Comment faire la différence ? F La réponse du pharmacien Différentes formes d'états pelliculaires peuvent être distinguées en l'absence de lésions associées. Les pellicules sèches (pityriasis capitis) sont les plus fréquentes. Elles sont reconnaissables par leur couleur gris clair et leur répartition sur l'ensemble du cuir chevelu, qui conserve un aspect normal et sans érythème. Les pellicules grasses (pityriasis stéatoïde) restent collées en s’agglutinant sur la tête de l’individu et sont volontiers plus épaisses, jaunâtres et collantes. Elles siègent sur un cuir chevelu hyperséborrhéique et sont généralement accompagnées de rougeurs, d’irritations et d’un prurit du cuir chevelu. Elles sont retrouvées dans la dermite séborrhéique, se localisant électivement sur la bordure du cuir chevelu avec des plaques rouges, la dermite atteignant aussi les sourcils et les sillons nasogéniens. La dermite séborrhéique peut ressem- bler à un psoriasis du visage à cause d'une desqua- mation simulant un état pelliculaire. Les squames sont relativement fines et accompagnées d'une plaque érythémateuse et squameuse. Les patients présentent alors souvent du psoriasis sur d'autres parties du corps. Tout le cuir chevelu peut être atteint, dont la partie occipitale, souvent touchée isolement. Le psoriasis peut déborder en avant et derrière les oreilles, à la lisière des cheveux. Enfin, il est important de préciser que les enfants n'ont pas de pellicules. Chez eux, la présence de desquamations accompagnées de plaques alopéciques localisées évoquera plutôt une teigne. États pelliculaires © DR R

On vous demande, sachez répondre

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Actualités pharmaceutiques

• n° 538 • septembre 2014 • 9

questions de comptoir

© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2014.06.001

On vous demande, sachez répondre

C ette rubrique, "questions de comptoir", est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions

que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l'officine, dans le vaste domaine de la santé.

Je dois me faire arracher une dent. Or, on m'a posé un stent il y a moins d'un an. Dois-je arrêter de prendre l'aspirine qui m'a été prescrite avant l'intervention ?

F La réponse du pharmacien

La pose d'un stent nu (non pharmaco-actif) impose une bithérapie (aspirine + autre agent antiagrégant plaquettaire) en prévention de thrombose aiguë du stent durant au moins quatre à six semaines. Ce délai est nécessaire pour une endothélialisation complète de la prothèse qui assurera une protection physiologique contre le risque thrombotique local. Concernant les stents pharmaco-actifs, la bithérapie antiplaquettaire est recomman-dée pendant six à douze mois suivant sa pose. Le risque de thrombose de ces stents est plus important

à l’arrêt des antiplaquettaires du fait qu’ils ne se ré endothélialisent pas. Dans tous les cas, l’aspi-

rine seule suffit ensuite. Elle est pres-crite à vie, à faible dose (100 mg/jour). En prévision d’un acte chirurgical, il convient de fixer une date opératoire

au moins quatre semaines après la pose de stent nu et au moins six mois en cas de pose de

stent actif, délai permettant d’interrompre la double inhibition plaquettaire. Une chirurgie dentaire peut être programmée mais il est recommandé de poursuivre la prise de l’aspirine prescrite en prévention secondaire. Un arrêt, même temporaire, des antiplaquettaires expose à un risque accru d'événement vasculaire, et doit faire l’objet d'une réflexion sur le bénéfice-risque par le cardiologue.

Chirurgie dentaire après pose de stent

Jérémy VONOa,*Docteur en pharmacie

Marine ROUSSINb

Docteur en pharmacie

*Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J. Vono).

a3 rue Jean-Giraudoux, 19290 Sornac, Franceb5 rue de Viblac, 87100 Limoges, France

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Pellicules grasses, sèches ou dermite séborrhéique. Comment faire la différence ?

F La réponse du pharmacien

Différentes formes d'états pelliculaires peuvent être distinguées en l'absence de lésions associées. Les pellicules sèches (pityriasis capitis) sont les plus fréquentes. Elles sont reconnaissables par leur couleur gris clair et leur répartition sur l'ensemble du cuir chevelu, qui conserve un aspect normal et sans érythème. Les pellicules grasses (pityriasis stéatoï de) restent collées en s’agglutinant sur la tête de l’individu et sont volontiers plus épaisses, jaunâtres et collantes. Elles siègent sur un cuir chevelu hyperséborrhéique et sont généralement accompagnées de rougeurs, d’irritations et d’un prurit du cuir chevelu. Elles sont retrouvées dans la dermite séborrhéique, se localisant électivement sur la bordure du cuir chevelu avec des plaques rouges,

la dermite atteignant aussi les sourcils et les sillons naso géniens. La dermite séborrhéique peut ressem-bler à un psoriasis du visage à cause d'une desqua-mation simulant un état pelliculaire. Les squames sont relativement fines et accompagnées d'une plaque érythémateuse et squameuse. Les patients présentent alors souvent du psoriasis sur d'autres parties du corps. Tout le cuir chevelu peut être atteint, dont la partie occipitale, souvent touchée isolement. Le psoriasis peut déborder en avant et derrière les oreilles, à la lisière des cheveux. Enfin, il est important de préciser que les enfants n'ont pas de pellicules. Chez eux, la présence de desquamations accompagnées de plaques alopéciques localisées évoquera plutôt une teigne.

États pelliculaires

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Actualités pharmaceutiques

• n° 538 • septembre 2014 •10

questions de comptoir

Mon médecin m'a pris rendez-vous pour une coloscopie et m'a expliqué qu'il fallait que je suive un régime sans résidu au préalable. Pouvez-vous m'en dire un peu plus ?

F La réponse du pharmacien

Un régime sans résidu est généralement prescrit pour une préparation colique avant un examen radiologique ou une chirurgie (mais n'est réellement suivi que par 44 % des patients). Il a pour intérêt de diminuer le débit fécal en réduisant les résidus correspondant à la fraction alimentaire non digérée dans l'intestin grêle dans les condi-tions physio logiques. Ce régime consiste donc à suivre une diète particulière basée sur l'éviction des aliments qui ne sont pas assimilés dans le grêle et qui nécessitent un métabolisme colique. Il est important de respecter la liste d'aliments non auto-risés. Parmi eux, on retrouve les sucres et les fibres

alimentaires végétales qui constituent l'essentiel des résidus. Ces derniers peu-vent aussi être issus d’aliments d’origine animale (tendons, cartilages). Les protéines, dont 85 à 90 % sont absorbées dans le grêle, contribuent peu à leur formation. Il en

est de même des lipides, car seule une très faible proportion parvient au côlon. Pour suivre

un régime sans résidu, il faut donc éviter tous les fruits et légumes, ainsi que les céréales complètes. En revanche sont autorisés le riz, les pâtes, le pois-son, la viande maigre, les volailles, les œufs, tout ceci cuit, si possible sans matière grasse c'est-à-dire plutôt à l’eau, à la vapeur ou grillés. Le régime devra être suivi pendant les trois jours qui précèdent l’examen. Le dernier repas avant l’examen, la veille au soir, doit être léger. Il est ensuite nécessaire de rester à jeun.

Régime sans résidu en vue d'une coloscopie

ue je su

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Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas

avoir de confl its d’intérêts

en relation avec cet article.

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Je crois que ma maison est envahie par des punaises de lits. Comment m'en débarrasser ?

F La réponse du pharmacien

Les punaises de lit sont des insectes morpho-logiquement comparables à un pépin de pomme : bruns, sans aile et mesurant 5 à 7 mm de long. Elles ne sont en général pas visibles car elles se logent dans les endroits sombres et n'en sortent que la nuit pour se nourrir, princi-palement de sang humain. Ce sont leurs déjections (traces brunâtres de sang digéré) et surtout des taches de sang sur les draps qui témoignent de leur présence. Les piqûres sont indolores et se présentent par trois ou quatre, alignées de manière linéaire ou rapprochées, sur les parties du corps non couvertes pendant le sommeil. Certaines personnes ne réagissent pas aux mor-sures, alors que d'autres présentent des lésions d'aspect urticariforme, comportant en leur centre un point hémorragique, en forme de bulle ou de papule. Ces lésions sont souvent associées à de fortes démangeaisons, de recrudescence matinale. Elles disparaissent sans traitement en une dizaine de jours. Les punaises de lit se cachent dans des espaces très petits ou restreints comme sous le papier peint, derrière les cadres, dans les prises de

courant, les sommiers, les têtes de lit, les tables de chevet et le long des coutures des matelas. Pour les éradiquer, il est primordial d'en écraser le plus possible dans un premier temps, puis d'utiliser un

aspirateur muni d'un bec suceur pour capturer les œufs et les insectes en n'oubliant pas de nettoyer le conduit d'aspirateur et d'obturer

hermétiquement le sac pour éviter la contamination d'autres sites. Les vêtements, les oreillers et le

linge de maison doivent être lavés à la machine à plus de 55 °C. Le nettoyage

à la vapeur à 120 °C détruit les parasites à tous les stades au niveau des recoins ou sur les tissus

d'ameublement. Les fissures et les fentes se trou-vant entre les plinthes, sur les cadres de lit en bois et sur les murs doivent être obturées ou calfeutrées. Les bombes à dégoupiller au milieu de la pièce et la plupart des insecticides ne sont pas conseillés car ils se révèlent inefficaces à cause de l'apparition de résistances. Si un grand nombre de punaises de lit est observé, il est recommandé de contacter un spécialiste de la lutte antiparasitaire ou les ser-vices municipaux d'actions de salubrité ou d'hygiène de la mairie de sa commune.

Éradication des punaises de lit

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