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Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes 1 Déclaration N° 000247/RDA/ J06/BAPP JUSTICE INTEGRATION PARITE DOCUMENT CADRE BP : 12903 Tel : 00237 94 18 86 18 - 77 60 42 34 - Email : [email protected] www.morewomeninpolitics.net La valorisation des compétences féminines OUI ! Pour une gouvernance électorale inclusive… SUR LE CHEMIN DE LA PARITE ARGUMENTAIRE DE PLAIDOYER POUR L’EGALE PARTICIPATION POLITIQUE DES FEMMES ET DES HOMMES AU CAMEROUN

OUI - Réseau des Observatoires de l'Egalité de Genre · prise de décision sont prises à travers le monde sur la base dun consensus autour de légalité entre les sexes. En effet,

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Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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Déclaration N° 000247/RDA/ J06/BAPP JUSTICE – INTEGRATION – PARITE

DOCUMENT CADRE

BP : 12903 Tel : 00237 94 18 86 18 - 77 60 42 34 - Email : [email protected] www.morewomeninpolitics.net

L a v a l o r i s a t i o n d e s c o m p é t e n c e s f é m i n i n e s

OUI !

Pour une gouvernance électorale inclusive…

SUR LE CHEMIN DE LA PARITE

ARGUMENTAIRE DE PLAIDOYER POUR

L’EGALE PARTICIPATION POLITIQUE DES

FEMMES ET DES HOMMES AU CAMEROUN

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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SOMMAIRE Remerciements ………………………………………………………………………………………………........ 3

Avant-propos ………………………………………………………………………………………………………4

Introduction ……………………………………………………………………………………………………. 5

Les engagements du Cameroun pour la construction de l’égalité des sexes ……………………………….. 6

Comment réaliser l’égalité entre les sexes ? …………………………………………………………………. 9

A quoi renvoie l’équité entre les sexes ? ……………………………………………………………………. 10

Comment éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ? ………………………….. 11

Le Cameroun reconnaît aux hommes et aux femmes les mêmes droits

en matière de participation politique. Quel est donc le problème ? ……………………………………...... 12

A qui incombe la responsabilité de corriger les inégalités de genre en politique ? ……………………...... 13

Les femmes n’exagèrent-elles pas un peu dans leurs revendications ? …………………………………… 14

D’où vient la parité ? ………………………………………………………………………………………… .15

.

Obstacles à l’action positive …………………………………………………………………………………. 19

Les avantages des quotas …………………………………………………………………………………..... 19

Les désavantages des quotas ………………………………………………………………………………… 20

Le droit à la participation ……………………………………………………………………………………. 21

Pourquoi les femmes devraient-elles être plus représentées en politique ? ……………………………….. 22

Qu’est-ce que la gouvernance démocratique sensible au genre ? …………………………………………. 22

Sommes-nous en train de nous orienter vers une gouvernance épicène ? ………………………………… 24

La parité ………………………………………………………………………………………………………. 27

Des chiffres qui contrastent avec le discours politique ………………………………………………….......... 29

Le soutien à la participation politique des femmes………………………………………………………….. 42

Comment réduire cet écart ? …………………………………………………………………………………. 43

Glossaire : des mots pour construire l’égalité ………………………………………………………………. 45

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«Lorsque les femmes jouissent des droits,

des chances égales dans l’éducation, la santé, l’emploi

et la participation politique, elles investissent dans leur famille,

elles contribuent à l’avenir de celle-ci, à celui de leur communauté

et de leur pays. Quand elles sont marginalisées, maltraitées, ignorées,

amoindries, alors, le progrès est impossible quels que soient la

richesse et le niveau d’instruction de l’élite».

Hillary R. CLINTON, Nations-Unies- 30 Septembre 2009

REMERCIEMENTS

Le Réseau More Women in Politics remercie ONU FEMMES

les partenaires institutionnels, les acteurs – actrices de mise en œuvre

les partenaires techniques et financiers, le réseau de plaidoyer

« Men to Men Advocacy »

dont le soutien inlassable à la réalisation intégrale

des droits des femmes est inestimable.

La coordonnatrice Nationale

Professeur Justine DIFFO TCHUNKAM

Site internet : http://morewomeninpolitics.net

Email : [email protected]

Support préparé par les acteurs-actrices de développement partenaires de mise en œuvre du projet « Increasing

women’s capacities, leadership and political participation – Accroître le leadership et la participation

politique des femmes » avec l’appui du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille et le soutien

financier de ONU FEMMES-UNWOMEN

Assistance technique

Marie Pascaline MENONO – Gender Adviser

Cameroun – Août 2012 – Janvier 2013

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Avant-propos

Le présent document est un outil de plaidoyer et de lobbying pour passer des droits formels aux droits

réels en matière d’égale participation politique des femmes et des hommes.

Il est à l’usage des organisations féminines, des organisations de la société civile, des décideurs

politiques, du gouvernement, des parlementaires, des partis politiques. C’est une source d’informations

pratiques pour informer, motiver et persuader les parties prenantes aux élections, afin que chacun en ce

qui le concerne prenne des initiatives et des mesures efficaces pour améliorer la participation politique

des femmes, accroître la proportion de femmes dans les mandats électoraux et les fonctions électives, et

construire une démocratie paritaire.

Le document contient des propositions de réponses ainsi que des pistes de solutions aux questions

pratiques relatives à la référence aux droits humains des femmes pour la création des conditions

favorables à l’égale participation politique des hommes et des femmes.

« Des mots pour dire l’égalité », glossaire des principaux concepts de genre relatifs à la participation

politique des femmes est joint en annexe, et permet aux lecteurs et lectrices de se familiariser avec les

concepts usuels de l’approche intégrée de l’égalité dans la construction d’une société non violente où

règnent la justice et la paix sociale pour le développement durable.

Marie Pascaline MENONO

United Nations Gender Adviser

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INTRODUCTION

La participation active des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, à la prise de décisions à

tous les niveaux est indispensable pour parvenir à l’égalité, au développement durable, à la paix et à la

démocratie (…) ; en plus d’assurer un équilibre traduisant fidèlement la composition de la société, et

d’assurer le renforcement et le fonctionnement adéquat de la démocratie, elle joue un rôle capital dans

le sens de l’égalité des sexes au sein de la société » (Résolution 58/142 2004 du Conseil de Sécurité de

l’ONU).

La démocratie prend ses racines dans le principe selon lequel la légitimité du pouvoir de décider de la

vie des gens, de la société et de la nation doit provenir des citoyens et des citoyennes. Le patriarcat et la

subordination des femmes, tout comme les pratiques religieuses et culturelles, implantés dans la

société, restent vivaces. Les institutions de l’État, se sont développées au sein de sociétés patriarcales;

elles ont été modelées sur la base de relations inégales entre les sexes et sur le fait établi que ce sont les

hommes qui sont dépositaires du pouvoir (Les Femmes au parlement : Au-delà du nombre ;

International IDEA, 2002).

Depuis des décennies, des initiatives visant à corriger les inégalités en matière de participation à la

prise de décision sont prises à travers le monde sur la base d’un consensus autour de l’égalité entre les

sexes. En effet, malgré les efforts consentis par les différents états, par les femmes, le déficit

démocratique de genre demeure. Moins de 20% de mandats électoraux et de fonctions électives sont

assurés par des femmes dans le monde.

Le partage du pouvoir entre les femmes et les hommes est une question de santé démocratique

essentielle. Selon le PNUD, les démocraties modernes sont en proie à une contradiction.

Théoriquement, les systèmes politiques démocratiques sont censés être représentatifs, permettant à

chaque segment d’une population donnée d’avoir une voix dans les décisions de politique publique

touchant leur vie. Dans la pratique, le déficit démocratique de genre demeure un des plus grands défis

modernes.

Le Cameroun n’échappe pas à la règle. Depuis l’indépendance du pays, moins de 15% de postes de

décision sont tenus par les femmes, ceci, en dépit de la ratification de toutes les conventions

internationales relatives aux Droits humains des femmes, d’une part, et, d’autre part d’une participation

active à toutes les conférences mondiales et l’adhésion aux différents programmes, déclarations, et

consensus qui en découlent. La réduction du déficit démocratique chronique au Cameroun est devenue

un véritable casse-tête pour le gouvernement, les organisations de femmes et toutes les autres parties

prenantes aux processus politiques du pays.

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1. Choses promises, choses dues :

Les engagements du Cameroun pour la construction de l’égalité des

sexes

Sur quoi se fondent les revendications d’égalité entre les hommes et les femmes au Cameroun ?

Les revendications des camerounaises pour la création de conditions favorables à l’égale participation

politique des femmes et des hommes se fondent sur les Droits qui leur sont reconnus par les

conventions internationales ratifiées par le pays.

Le contexte dans lequel s’inscrit le processus électoral actuel est marqué par un déficit démocratique de

genre important. La proportion de femmes impliquées dans la prise de décision, notamment dans les

mandats électoraux et les fonctions électives est inférieure à 12%. Cette situation contraste avec les

acquis, notamment, en termes de ratification de conventions et autres traités reconnaissant le droit à la

participation des femmes à la prise de décision.

En effet les droits des femmes à la participation politique sont consacrés dans des instruments

internationaux ratifiés par le Cameroun : la Déclaration universelle des droits de l'homme (1948) ; la

Convention sur les droits politiques de la femme (1952) ; le Pacte international relatif aux droits civils

et politiques (1966) ; le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) ;

la Déclaration sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (1967) ; la

Déclaration sur la Protection des femmes et des Enfants en situation d’urgence et de Conflits Armés

(1974) ; la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes

(1979) ; la Déclaration sur l'élimination de la violence à l'encontre des femmes (1993) ; la Déclaration

universelle sur la démocratie (1997) ; le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes

les formes de discriminations à l'égard des femmes (1999), la Charte Africaine des droits de l’Homme

et des peuples, et son Protocole additionnel relatif aux droits des femmes (Union Inter Parlementaire,

UIP).

Le gouvernement du Cameroun, participant à la Quatrième Conférence Mondiale des Nations Unies

pour les Femmes de Beijing (1995), convaincu que le renforcement du pouvoir d’action des femmes et

leur pleine participation sur un pied d’égalité à tous les domaines de la vie sociale, y compris aux prises

de décision et leur accès au pouvoir, sont des conditions essentielles à l’égalité, au développement et à

la paix , s’est engagé à prendre des mesures pour assurer une égale participation des femmes et des

hommes à la prise de décisions.

Cinq ans après Beijing, en l’an 2000, à l’occasion du Sommet du Millénaire, le gouvernement du

Cameroun, de concert avec les autres pays, reconnaissait l’importance de l’égale participation des

femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives pour assurer un

développement équilibré. Lors du Sommet du Millénaire, il s’est proposé avec les autres états, une

ligne de conduite à suivre jusqu’en 2015 qu’ils ont nommée les Objectifs du Millénaire pour le

Développement. L’un des indicateurs retenus pour l’évaluation de la réalisation des Objectifs du

Millénaire est la proportion de femmes assurant des mandats électoraux et les fonctions électives,

notamment au sein de l’Assemblée Nationale.

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Le Cameroun, en ratifiant les instruments internationaux relatifs à l’égalité entre les sexes et aux droits

humains des femmes, s’est engagé à fonder sa gouvernance sur les valeurs suivantes (Objectifs du

Millénaire pour le Développement ; 2000):

La liberté.

Les hommes et les femmes ont le droit de vivre et d’élever leurs enfants dans la dignité, à l’abri de la

faim et sans craindre la violence, l’oppression ou l’injustice. C’est un mode de gouvernance

démocratique des affaires publiques, fondé sur la volonté et la participation des populations, qui permet

le mieux de garantir ces droits.

L’égalité.

Aucune personne, aucune nation ne doit être privée des bienfaits du développement. L’égalité des

droits et des chances des femmes et des hommes doit être assurée.

La solidarité.

Les problèmes mondiaux doivent être gérés multilatéralement et de telle façon que les coûts et les

charges soient justement répartis conformément aux principes fondamentaux de l’équité et de la justice

sociale. Ceux qui souffrent ou qui sont particulièrement défavorisés méritent une aide de la part des

privilégiés.

La tolérance.

Les êtres humains doivent se respecter mutuellement dans toute la diversité de leurs croyances, de leurs

cultures et de leurs langues. Les différences qui existent au sein des sociétés et entre les sociétés ne

devraient pas être redoutées ni réprimées, mais vénérées en tant que bien précieux de l’humanité. Il

faudrait promouvoir activement une culture de paix et le dialogue entre toutes les civilisations.

Le respect de la nature.

Il convient de faire preuve de prudence dans la gestion de toutes les espèces vivantes et de toutes les

ressources naturelles, conformément aux préceptes du développement durable. C’est à cette condition

que les richesses incommensurables que la nature nous offre pourront être préservées et léguées à nos

descendants. Les modes de production et de consommation qui ne sont pas viables à l’heure actuelle

doivent être modifiés, dans l’intérêt de notre bien-être futur et dans celui de nos descendants.

Le partage des responsabilités

La responsabilité de la gestion, à l’échelle mondiale, du développement économique et social, ainsi que

des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, doit être partagée entre toutes les

nations du monde et devrait être exercée dans un cadre multilatéral. Étant l’organisation la plus

universelle et la plus représentative qui existe dans le monde, l’Organisation des Nations unies a un rôle

central à jouer à cet égard » (Objectifs du Millénaire pour le Développement ; 2000).

Quatre ans après les objectifs du millénaire le Conseil de Sécurité des Nations Unies adoptait la

résolution 58/142 2004, qui s’impose à tous les états membres, y compris le Cameroun. Cette

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résolution insiste sur le renforcement du pouvoir des femmes, leur autonomie et l’amélioration de leur

situation politique, sociale et économique, comme facteurs indispensables à l’instauration de

gouvernements représentatifs, transparents et responsables et d’institutions démocratiques, ainsi qu’à la

réalisation du développement durable dans tous les domaines de l’existence. La nécessité d’agir pour

réduire le déficit démocratique de genre chronique qui sévit s’impose, neuf ans après la conférence de

Beijing.

Les évaluations successives de la mise en œuvre de la Plateforme d’Action de Begin montre que l’écart

persiste entre l’égalité de droit et l’égalité de fait et que la participation réelle des femmes aux plus

hautes sphères décisionnelles nationales et internationales au Cameroun, n’a pas changé de manière

significative depuis l’indépendance (inférieure à 15%). Les femmes continuent d’être sous représentées

dans tous les organismes décideurs dans tous les domaines ; une absence qui entrave l’inclusion d’une

perspective de genre dans les sphères d’influences. Bien que les chiffres soient des points de référence

utiles, ils ne font que commencer à mesurer la participation équitable des femmes et des hommes aux

structures décisionnelles et au pouvoir politique.

L’ensemble de ces instruments fournissent le fondement du droit des camerounaises à participer au

processus locaux, nationaux et internationaux de prise de décisions.

Comment ces engagements se matérialisent-ils dans la gouvernance au Cameroun, notamment en

matière de réduction du déficit démocratique de genre ?

Difficile à dire, dans la mesure aucune analyse genre de la gouvernance démocratique au Cameroun n’a

été conduite à ce jour. Toutefois, des données collectées dans le cadre de certains travaux et une

analyse empirique des décisions politiques montre des frémissements au regard de la volonté de réduire

le déficit démocratique dans le pays. Le Cameroun a entrepris des mesures destinées à ouvrir la porte

aux femmes, sous forme d’une mesure législative visant à mettre fin à la discrimination dans

composition des listes de candidatures soumises par les partis politiques, à l’occasion d’élections

législative et locales. A ce jour aucune action positive telle que les quotas n’est inscrites dans la

législation électorale du pays. On note ainsi :

Le code électoral adopté le 13 avril 2012, a marqué une avancée vers la création de conditions

favorable à l’égale participation politique des femmes et des hommes. En intégrant la prise en compte

du facteur genre dans la composition des listes électorales, le législateur camerounais a voulu accroitre

les chances des femmes de se retrouver en bonne position sur les listes électorales, donc de se faire élire

(Articles 151.- 3, 164 -4, 171-3 181- 2 ; 218-3, 246-1). En effet, en exigeant la prise en compte du

genre dans la constitution de chaque liste aux élections législatives, sénatoriale, régionales et

municipales, le législateur introduit un élément important qui, si il est confirmé par les textes

d’application peut concourir à l’amélioration de la représentation des femmes dans les fonctions

électives.

Le soutien aux initiatives visant l’amélioration de la participation politique des femmes ainsi que leur

représentation dans les instances de pouvoir au sein des grands partis politiques.

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2.

Concrètement, quels sont les engagements pris par le Cameroun

pour une égale participation politique des femmes et des

hommes ?

En ratifiant les conventions internationales, le Cameroun s’est engagé à réaliser : l’égalité, l’équité, la

non-discrimination, l’inclusion, la Gouvernance démocratique, la Tolérance et respect de la diversité.

Comment réaliser l’égalité entre les sexes ?

Il s’agit pour le gouvernement de respecter le principe selon lequel tous les citoyens et citoyennes sont

titulaires des mêmes droits et devoirs, et de créer les conditions nécessaires pour que cette égalité de

droit se traduise en égalité de fait. En effet, l’égalité de droits, est un processus juridique et

constitutionnel, et l’égalité de fait résulte de l’égalité de droits. La responsabilité de créer des

conditions pour passer de l’égalité de droit à l’égalité de fait incombe à l’Etat selon les principes des

Droits Humains.

En ratifiant les instruments internationaux, notamment ceux relatifs à l’égalité entre les sexes et aux

droits humains des femmes, le Cameroun, au même titre que les autres Etats parties, reconnait à la

femme l’égalité avec l’homme ; il s’engage à prendre, dans tous les domaines, notamment politique,

social, économique et culturel, toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives,

pour assurer le plein développement et le progrès des femmes, en vue de leur garantir l’exercice et la

jouissance des droits humains et des libertés fondamentales sur la base de l’égalité avec les hommes

(Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes [CEDEF] ;

Article 3).

La Déclaration universelle des droits de l’Homme proclame que tous les êtres humains naissent libres

et égaux en dignité et en droit et que chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés

qui y sont énoncés, sans distinction aucune, notamment de sexe.

L’égalité de chances mesure les mêmes possibilités de développement et de participation à tous les

êtres. La réalisation de l’égalité de chance suppose la prise de mesures spéciales permettant de réduire

les disparités entre les groupes, souvent liée au sexe, au statut social, à la race, à un handicap.

L’égalité se comprend aussi comme une égalité essentielle, celle qui est fondée sur la nature, sur la

communauté de traits fondamentaux, lesquels demeurent, invariants au-delà des différences diverses et

multiples, grandes et petites. Ainsi notre condition naturelle d’êtres humains dotés de langage et

mortelle nous met à égalité au-delà des différences non fondamentales. Ce qui est commun et qui

demeure chez chacun des êtres, chez l’homme et la femme, chez l’enfant et l’adulte, chez le noir et le

blanc, est cela qui constitue la nature, l’essence de l’être humain.

La reconnaissance de l’humanité dans l’homme et la femme, dans l’enfant et adulte, dans le Noir et le

Blanc, constitue une vertu de grande capacité d’objectivité. Elle est l’exigence minimale de toute

égalité. Ainsi les hommes et les femmes ont les mêmes droits et devoirs dans la société.

L’égalité proportionnelle veut que la justice (distributive) tienne compte des capacités, des mérites,

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des qualités, des positions. Elle est une égalité raisonnable, flexible, attentive aux circonstances, aux

données et à la raison ; et non point une égalité mécanique, sèche, rigidement aveugle. Dans ce sens,

l’homme et la femme sont égaux par le fait que considérant leurs différences fondamentales et au - delà

des droits et devoirs communs, les deux sont forcés raisonnablement à composer pour l’harmonisation

des rapports sociaux, à s’accepter en tant que tels dans leurs contributions respectives et à se valoriser

mutuellement. C’est cette égalité proportionnelle qui s’impose comme une obligation sociale pour

l’établissement de la démocratie et de la bonne gouvernance dans la société.

On peut se représenter l’égalité totale en termes d’identité des êtres, sous l’angle d’un être égal à lui-

même ou, tout au plus, d’une égalité mathématique, quantitative. Dans ce sens, il est impossible que

deux êtres distincts soient totalement égaux. Ainsi sur le plan humain, les différences de sexes, de

races, de tailles, de constitution physique, ou de mœurs, font que l’égalité complète entre deux êtres, y

compris de même parents, sont infranchissables. Aucune personne raisonnable ne peut réclamer

l’égalité totale sans s’emmurer dans une contradiction insurmontable. Seule est possible l’égalité

mathématique octroyant à chacun une part égale de biens matériels ou sociaux comme, par exemple,

des postes politiques. Dans ce sens, les femmes ne peuvent pas devenir égales aux hommes : Les

hommes resteront nécessairement des hommes, les femmes resteront des femmes avec tout ce que

chacun des sexes a de spécifique comme femmes.

A quel moment peut-on considérer que l’égalité entre les hommes et les femmes est acquise ?

L’égalité entre femmes et hommes est accomplie que lorsque toute personne, quels que soient son sexe,

son orientation sexuelle, son groupe ethnique, a la possibilité de réaliser tous ses droits à la mesure de

son propre potentiel et de contribuer à l’évolution culturelle, économique, politique et sociale de son

pays, tout en bénéficiant personnellement de cette évolution.

La réalisation de l’égalité des sexes au Cameroun exige que l’on reconnaisse que notre société fait une

différence entre le groupe des femmes et celui des hommes, que cette discrimination est systématique.

A quoi renvoie l’équité entre les sexes ?

L’équité prend en compte les inégalités qui se sont construites à travers l’histoire entre les femmes et

les hommes. L’équité est un mécanisme de correction, d’équilibrage des différences et inégalités

initiales, naturelles, accidentelles ou historique. Complémentairement à l’égalité proportionnelle

d’ordre social et juridique, l’équité est fondée sur des considérations morales, et investie d’humanité, de

sens de moralité. Elle est corrective d’une situation d’inégalité de départ et ne se réalise réellement

qu’avec l’égalité proportionnelle, elle, de nature obligatoire.

S’agissant de la participation des femmes au processus électoral, à leur accès aux fonctions électives et

aux mandats électoraux, le gouvernement a la responsabilité de la prise de mesures correctives et

temporaires pour améliorer leur représentation aux instances de prise de décisions.

La convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes

recommande la prise de mesures appropriées pour favoriser l’égale participation des hommes et des

femmes à la vie politique et publique.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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Comment éliminer de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes ?

En adhérant aux principes de la Chartes des Nations Unies, de la Déclaration Universelle des Droits de

l’Homme, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et son Protocole Additionnel

relatif aux Droits des Femmes, le Cameroun affirme le principe de la non-discrimination et proclame

que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit et que chacun peut se prévaloir

de tous les droits et de toutes les libertés qui y sont énoncés, sans distinction aucune, notamment de

sexe. Il lui incombe ainsi la responsabilité et l’obligation d'assurer 1'égalité des droits humains dans

l’exercice de tous les droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques (Déclaration

Universelle des Droits de l’Homme).

Au Cameroun, en dépit de la ratification de tous les instruments relatifs à leurs droits, les femmes

continuent de faire l’objet d’importantes discriminations, en l’occurrence, en matière de participation

politique. La discrimination à l’encontre des femmes viole les principes de l’égalité des droits et du

respect de la dignité humaine et entrave la participation des femmes, dans les mêmes conditions que les

hommes, à la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays.

Selon la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes , la

« discrimination à l’égard des femmes vise toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le sexe

qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou

l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de

la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique,

économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine » (Convention sur l’Elimination de

toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes [CEDEF] ; Article 1).

De concert avec les autre Etats parties, le Cameroun condamne la discrimination à l’égard des femmes

sous toutes ses formes et s’est engagé à poursuivre par tous les moyens appropriés et sans retard une

politique tendant à éliminer la discrimination à l’égard des femmes. Pour cela, le Cameroun doit :

Inscrire dans sa constitution nationale ou toute autre disposition législative appropriée le principe de

l’égalité des hommes et des femmes, et à assurer par voie de législation ou par d'autres moyens

appropriés, l’application effective dudit principe, par l’intégration explicite de la parité homme femme

comme dans la constitution nationale.

Adopter des mesures législatives et d’autres mesures appropriées assorties, y compris des sanctions en

cas de besoin, interdisant toute discrimination à l’égard des femmes ;

Instaurer une protection juridictionnelle des droits des femmes sur un pied d’égalité avec les hommes et

garantir, par le truchement des tribunaux nationaux compétents et d’autres institutions publiques, la

protection effective des femmes contre tout acte discriminatoire;

S'abstenir de tout acte ou pratique discriminatoire à l’égard des femmes et faire en sorte que les

autorités publiques et les institutions publiques se conforment à cette obligation ;

Prendre toutes mesures appropriées pour éliminer la discrimination pratiquée à l’égard des femmes par

une personne, une organisation ou une entreprise quelconque ;

Prendre toutes les mesures appropriées, y compris des dispositions législatives, des actions pour

modifier ou abroger toute loi, disposition réglementaire, coutume ou pratique qui constitue une

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discrimination à l’égard des femmes. Le Cameroun doit, pour des actions positives telles que les quotas

pour construire une démocratie paritaires ;

Abroger toutes les dispositions pénales qui constituent une discrimination à l’égard des femmes

(Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes [CEDEF] ;

Article 2).

La ratification de la CEDF par le Cameroun l’oblige à la mettre en œuvre. La construction de l’égalité

entre les sexes et la création de conditions favorables à l’égale participation politique des femmes et des

hommes n’est plus une option ; c’est une obligation.

Le Cameroun reconnait aux hommes et aux femmes les mêmes droits en matière de participation

politique. Quel est donc le problème ?

L’écart entre les Droits et les faits, entre le formel et le réel. En effet, en dépit de tous les droits

reconnus aux femmes et de la ratification des instruments internationaux, en dépit de mesures prises au

niveau national pour garantir l’égale participation politique des femmes et des hommes, des disparités

demeurent. Les statistiques indiquent que moins de 15% de postes de décisions au Cameroun sont

occupés par des femmes.

L’inégalité entre hommes et femmes persiste dans la vie publique et dans les instances décisionnelles.

Les femmes sont sous-représentées au sein du gouvernement, à l’Assemblée Nationale et dans

beaucoup d’autres secteurs cruciaux tels que l’art, la culture, les médias, la religion. Peu de femmes

occupent des fonctions de direction dans les grandes entreprises, et il est toujours exceptionnel de

trouver une femme à la tête de l’une d’entre elles ou à un haut poste de responsabilité.

Les inégalités dans la vie publique trouvent leur premier ancrage dans la vie quotidienne familiale : la

distribution inégale des responsabilités et de la division sexuelle du travail qui circonscrit fortement

l’espace des femmes et contribue à entraver leur participation à la vie publique. A cela s’ajoutent les

images stéréotypées et l’a priori social et culturel qui constituent pour elles un obstacle à leur entrée

dans des hautes fonctions liées au pouvoir politique et économique.

« Bien que la législation n’empêche les femmes de voter ni de se présenter aux élections, il est évident

que la participation féminine continue de se heurter a des difficultés significatives. Au Cameroun, les

femmes représentent plus de 50 pour cent de la population susceptible de se présenter aux élections et

d’assumer un mandat public, mais la composition des instances de prise de décision ne reflète pas cette

proportion » (Union Inter Parlementaire in Egalité en politique, 2008).

On constate un déficit persistant du nombre de femmes dans diverses institutions ou à différents postes

décisionnels, dans les domaines politique, économique et social ou dans la fonction publique. Par le

processus de décentralisation en cours au Cameroun, l’État transfère de plus en plus de pouvoirs et de

responsabilités aux acteurs, locaux et régionaux ; ils doivent participer eux aussi à l’atteinte de

l’objectif relatif à l’égalité de fait sur leur territoire.

Au Cameroun, les femmes continuent de rencontrer des difficultés pour entrer dans les institutions du

pouvoir; les partis politiques continuent de présenter des candidates à dose homéopathique; quant à

l’électorat, il reproduit et suit les stéréotypes sexuels véhiculés et vote majoritairement pour les

hommes.

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A qui incombe la responsabilité de la réalisation des droits accordés aux femmes en matière de

création de conditions favorables à leur privation politique ?

Les responsabilités sont partagées. En effet, les principes des droits de la personne humaines retenus

par les états membres des nations Unies, indiquent que « Chaque Etat a, au premier chef, la

responsabilité et le devoir de protéger, promouvoir et rendre effectifs tous les droits de l'homme et

toutes les libertés fondamentales, notamment en adoptant les mesures nécessaires pour instaurer les

conditions sociales, économiques, politiques et autres ainsi que les garanties juridiques voulues pour

que toutes les personnes relevant de sa juridiction puissent, individuellement ou en association avec

d'autres, jouir en pratique de tous ces droits et de toutes ces libertés (Déclaration sur le droit et la

responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de

l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus ; Assemblée générale des Nations

unies, 1998, article 2.1).

Dans la Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes

(CEDEF ; Article 3) les états parties réaffirment « que tous les droits de humains et toutes les libertés

fondamentales sont universels, indivisibles, interdépendants et indissociables, qu'il faut les promouvoir

et les rendre effectifs en toute équité, sans préjudice de leur mise en œuvre individuelle ».

C’est donc à l'Etat du Cameroun qu'incombent la responsabilité première et le devoir de promouvoir et

protéger les droits à la participation politique des femmes et de créer les conditions favorables à la

construction d’une démocratie paritaire. L’Etat du Cameroun a, au premier chef, la responsabilité et le

devoir de protéger, de rendre effectifs tous les droits à une parité de représentation dans les instances de

pouvoir, en adoptant les mesures nécessaires pour instaurer les conditions sociales, économiques,

politiques et autres ainsi que les garanties juridiques voulues pour que toutes les personnes puissent

exercer leurs droit à la participation politique et jouir, individuellement ou collectivement en pratique

de tous ces droits et de toutes ces libertés.

Il doit adopter des mesures législatives, administratives et autres nécessaires pour assurer la garantie

effective des droits et libertés susceptibles de contribuer une parité de représentation dans les instances

de pouvoir.

Ce n’est pas tout. L'Etat du Cameroun doit mener une enquête rapide et impartiale et veiller à ce qu'une

procédure d'instruction soit engagée lorsqu'il existe des raisons de croire qu'une violation des droits

humains et des libertés fondamentales s'est produite, y compris une violation des droits à la

participation politique des femmes. Aussi l’Etat doit punir ceux et celle qui entravent l’égale

participation politique des femmes et des hommes, au regard de ses engagements en la matière. En

effet, nul ne doit participer à la violation des droits de la personne humaine et des libertés

fondamentales en agissant ou en s'abstenant d'agir quand les circonstances l'exigent.

Les femmes et les hommes, organisations féminines, groupes et associations ont le droit et la

responsabilité de promouvoir le respect des droits à l’égale participation politique des femmes et des

hommes comme « universels, indivisibles, interdépendants et indissociables, et qu'il faut les

promouvoir et les rendre effectifs en toute équité, sans préjudice de leur mise en œuvre individuelle »

(déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de

promouvoir et protéger les droits humains les libertés fondamentales universellement reconnus ; 9

décembre 1998).

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

14

D’autre part, les femmes et les hommes ont le droit individuellement et collectivement de promouvoir

et protéger leurs droits, de se réunir et de se rassembler pacifiquement, de former des organisations,

associations ou groupes non gouvernementaux, de s'y affilier et d'y participer, et, de communiquer avec

des gouvernementales, les organisations non gouvernementales ou intergouvernementales pour assurer

le plein respect des droits de la personne humaine. Les détentrices de droits humains ont le droit,

individuellement ou collectivement, de détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des

informations sur leurs droits et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à

l'information quant à la manière dont ils sont mis en œuvre.

Les femmes n’exagèrent-elles pas un peu dans leurs revendications ?

Selon les principes internationaux des droits de la personne humaine, la revendication, la

sensibilisation, le plaidoyer pour le respect de tous les droits humains des femmes, en l’occurrence, des

droits à une égale participation politique avec les hommes sont des activités légales et s’inscrivent dans

une démarche de revendication citoyenne. Pour cela les femmes peuvent, individuellement et

collectivement, étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect tous leurs droits humains et de toutes

les libertés fondamentales et, par des moyens appropriés, attirer l'attention du public et des décideurs

sur la question.

En plus selon les même principes, elles ont le droit, individuellement ou en association avec d'autres,

d'élaborer de nouveaux principes et idées pour la mise en œuvre des engagements pris par le

Cameroun, dans le domaine des droits humains, d'en discuter et d'en promouvoir la reconnaissance.

C’est-ce que nous faisons dans le cadre du plaidoyer pour une égale participation politique des femmes

et des hommes.

Les femmes ne sont pas oubliées ; bien qu’elles ne soient pas au pouvoir, les hommes politiques

pensent et travaillent pour tout le monde, y compris pour elles !

Certainement, les détenteurs du pouvoir politique ont la responsabilité de prendre en compte toutes les

citoyennes et tous les citoyens. C’est une obligation, pas une option. Ceci n’occulte pas le droit à la

participation des femmes aux instances de pouvoir. Selon les principes des droits humains

fondamentaux, « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, de participer

effectivement, sur une base non discriminatoire, au gouvernement de son pays et à la direction des

affaires publiques.

Ce droit comporte notamment le droit, individuellement ou en association, de soumettre aux organes et

institutions de l'Etat, ainsi qu'aux organismes s'occupant des affaires publiques, des critiques et

propositions touchant l'amélioration de leur fonctionnement, et de signaler tout aspect de leur travail

qui risque d'entraver ou empêcher la promotion, la protection et la réalisation des droits de l'homme et

des libertés fondamentales» » (Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et

organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales

universellement reconnus ; Assemblée générale des Nations unies, 1998).

Ainsi, les camerounaises ont le droit de participer effectivement à la prise de décidions et au pouvoir

politique à tous les niveaux et à la direction des affaires publiques de leur pays. Elles peuvent par

conséquent, soumettre à l'Etat, des critiques et propositions touchant au respect de leurs droit à la

participation politique. Elles peuvent aussi dénoncer toute entrave à la promotion, la protection et la

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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réalisation de leur droit égal à la participation politique avec les hommes.

Les conventions internationales leurs donnent le droit de porter plainte si elles estiment que leurs droits

fondamentaux, en l’occurrence ceux relatifs à leur participation au pouvoir politique sont atteints car,

dans l'exercice des droits de la personne humaine, et des libertés fondamentales, chacun a le droit de

disposer d'un recours effectif et de bénéficier d'une protection en cas de violation de ces droits. Les

procédures des instruments internationaux ratifiés par le Cameroun donnent aux femmes, le droit :

De se plaindre de la politique et de l'action de fonctionnaires et d'organes de l'Etat qui auraient

commis des violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales, au moyen de

pétitions ou autres moyens appropriés, auprès des autorités judiciaires, administratives ou

législatives nationales compétentes ou de toute autre autorité compétente instituée

conformément au système juridique de l'Etat, qui doit rendre sa décision sans retard excessif;

D'assister aux audiences, procédures et procès publics afin de se faire une opinion sur leur

conformité avec la législation nationale et les obligations et engagements internationaux

applicables;

D'offrir et prêter une assistance juridique professionnelle qualifiée ou tout autre conseil et appui

pertinents pour la défense des droits humains et des libertés fondamentales » (Déclaration sur le

droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et

protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus ;

Assemblée générale des Nations unies, 1998).

Mais les instruments internationaux, notamment la Plateforme d’action de Beijing parlent de

30% de femmes, d’ où vient la parité ?

Oui, la Plateforme d’Action de Begin parle de 30% au moins, c’est une étape transitoire vers la parité,

c’est-à-dire une marche vers l’égale participation. Certains législateurs ont intégré les 30% comme la

proportion minimale d’home ou de femmes dans une assemblée d’élu(es). Il s’agit de quota, d’une

mesure d’action positive, c'est-à-dire est une action, d’une intervention ou un règlement destiné à

équilibrer les plateaux de la balance sociale, lorsque l’histoire, la tradition ou les préjugés freinent

l’accès d’un groupe ou d’une catégorie à l’équité de fait.

Le quota de 30% ne tombe pas comme un cheveu dans la soupe. Il s’accompagne d’un «ensemble de

mesures proportionnées visant à instaurer une égalité complète et véritable dans la pratique pour les

membres de groupes socialement et économiquement défavorisés, ou subissant d’une manière ou d’une

autre les conséquences d’une discrimination ou d’un handicap social passé(e) ou présent(e)» Les

mesures d’action positive pour favoriser l’élection de femmes peuvent être initiées par les

gouvernements, à travers des lois ou des programmes. On parle alors de mesures législatives. Elles

peuvent aussi être initiées par les partis politiques, qui décident de se donner des règlements ou des

pratiques favorisant les candidatures féminines lors de leurs assemblées ou congrès. On parle alors de

mesures volontaires.

Des mesures incitatives sont, par ailleurs, souvent liées à des bonifications financières pour les partis

qui soutiennent la candidature et l’élection de femmes.

Finalement, certains pays ont adopté des mesures coercitives ou punitives, et ce sont les plus connues,

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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car les plus controversées. Ces mesures réglementaires ou législatives imposées sont assorties de

pénalités pour les partis qui ne les respectent pas. Finalement, certains pays ont adopté des mesures

coercitives ou punitives, et ce sont les plus connues, car les plus controversées. Ces mesures

réglementaires ou législatives imposées sont assorties de pénalités pour les partis qui ne les respectent

pas. (Livret d’accompagnement de la seconde série thématique de L’ÉCOLE CITOYENNE ; Groupe

Femmes, Politique et Démocratie).

Au Cameroun, dans le contexte actuel, si on veut faire avancer les choses, il faut penser à un ensemble

de mesures. Ainsi, il convient de profiter de la mise en œuvre du Code Electoral et de l’élaboration

d’un texte d’application pour faire en sorte que ces mesures n’apparaissent pas comme des mesures

spécifiques aux femmes, mais comme des mesures démocratiques, ce qu’elles sont.

Le traitement différencié et préférentiel dans un objectif de justice, ou de développement socio-

économique, n’a pas été instauré pour les femmes. (…). Pensons aux allocations familiales et aux

pensions de vieillesse. Pour ces différents traitements préférentiels, personne ne crie à l’injustice, et

c’est très bien (Élaine Hémond, Présidente du Groupe Femmes, Politique et Démocratie au Québec).

D'une manière générale, la présence des femmes au sein des parlements et des gouvernements

nationaux reste faible et ne correspond que très rarement à leur présence au sein de la société. Les

préoccupations des femmes sont rarement prises en considération et leur participation à la prise de

décision politique est généralement peu significative. Le Programme d'Action de Pékin défini deux

objectifs stratégiques dans le cadre de ce domaine d'intervention : améliorer l'accès des femmes aux

lieux de pouvoir et renforcer leurs capacités afin qu'elles puissent activement participer à la prise de

décision politique.

Les experts en genre considèrent que, lorsqu’une masse critique de femmes occupe des sièges

parlementaires - généralement estimée à environ 30 pour cent des législateurs au sein d’un pays donné -

elles peuvent commencer à influencer la politique et la législation en général et éventuellement

promouvoir l’agenda de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes. D’après une

perspective plus large, les efforts visant l’égalité entre les sexes renforcent la démocratie et font

avancer le développement humain en général (Programme des Nations Unies pour le Développement,

PNUD)

Peut-on considérer ces actions comme de la discrimination ?

Selon la Convention pour l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à l’Egard des Femmes

(CEDEF), ratifiée par le Cameroun en 1994, « Les Etats parties prennent dans tous les domaines,

notamment dans les domaines politique, social, économique et culturel, toutes les mesures appropriées,

y compris des dispositions législatives, pour assurer le plein développement et le progrès des femmes,

en vue de leur garantir l’exercice et la jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales

sur la base de l’égalité avec les hommes ». Toutefois, « l’adoption par les Etats parties de mesures

temporaires spéciale visant à accélérer l’instauration d'une égalité de fait entre les hommes et les

femmes n'est pas considéré comme un acte de discrimination tel qu'il est défini dans la présente

Convention, mais ne doit en aucune façon avoir pour conséquence le maintien de normes inégales ou

distinctes; ces mesures doivent être abrogées dès que les objectifs en matière d’égalité de chances et de

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

17

traitement ont été atteints » (Convention pour l’Elimination de toutes les formes de Discrimination à

l’Egard des Femmes Article 3 et 4).

Les quotas ne sauraient être considérés comme des mesures discriminatoires dans la mesure où ils ne

privent pas les hommes de la jouissance de leur droit et où ils corrigent les inégalités construites

socialement et sont abrogées dès que les objectifs en matière d’égalité de chances et de traitement ont

été atteints.

Équité versus Égalité

L'équité n'est pas, comme certains débats le laissent entendre, un substitut à l'égalité. C’est plutôt une

propriété du principe d'égalité que l'on choisit. Il est reconnu que lorsque ce principe devient plus

exigeant, les normes sociales deviennent plus équitables.

Les mesures d’actions positives sont donc des mesures d’équité et ne saurait se substituer aux mesures

d’égalité. Elles sont prises comme un moyen pour atteindre progressivement l’égalité. On pourrait dire

pour simplifier que les quotas pavent le chemin de l’égalité.

Ainsi, la parité est la revendication d'une égalité entre les sexes dans la représentation politique, tandis

que les quotas ne sont qu'un moyen d'y parvenir. La parité hommes-femmes constitue l’application d'un

principe et non pas l’application d'un pourcentage.

Dans quels domaines voit-on surtout des mesures d’action positive ?

Les mesures d’action positive peuvent s’appliquer à tous les domaines, mais elles sont surtout connues

dans les domaines de : l’éducation, l’emploi, la vie politique

C’est la raison pour laquelle les mesures d’action positives ne doivent pas être institutionnalisées. Elles

sont temporaires et doivent le rester. Elles sont nécessaires jusqu’à l’obtention du changement souhaité.

Dans le cas de l’empowerment politique des femmes : l’idéal serait que l’on atteigne 50 % de femmes

dans les mandats électoraux et les fonctions électives. L’objectif n’est donc pas d’institutionnaliser ces

mesures, mais de s’en servir comme des leviers ponctuels pour accélérer l’accès à l’égalité.

À quels besoins peut répondre une mesure d’actions positives ?

Les mesures d’actions positives répondent Les besoins auxquels ces mesures répondent sont

essentiellement la justice et l’égalité. Les mesures d’action positive permettent de corriger, par des

moyens spécifiques et dans un futur rapproché, les inégalités vécues.

Des mesures incitatives sont, par ailleurs, souvent liées à des bonifications financières pour les partis

qui soutiennent la candidature et l’élection de femmes.

Finalement, certains pays ont adopté des mesures coercitives ou punitives, et ce sont les plus connues,

car les plus controversées. Ces mesures réglementaires ou législatives imposées sont assorties de

pénalités pour les partis qui ne les respectent pas.

Les mesures d’action positive sont reconnues universellement comme des moyens de promouvoir la

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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justice en matière d’exercice du pouvoir. Lors de la conférence de Beijing de 1995, l’ONU a pris une

série d’engagements fermes en ce sens. Concrètement, on demandait aux gouvernements nationaux de

prendre des mesures pour encourager les partis politiques à intégrer les femmes dans les lieux et dans

les postes élus en les incitant à développer des initiatives pour faire davantage de place aux femmes. On

encourageait aussi directement les gouvernements à faire de l’action positive pour développer une

masse critique de femmes élues aux postes de pouvoir, soit 30% de poste au moins.

Quels sont les types de mesures d’actions positives

Mesures réglementaires : obliger les partis à présenter une femme lorsqu’un député élu décide de ne

plus se présenter ; obliger les partis à présenter un certain pourcentage de femmes comme candidates

lors des élections (quotas, voire parité).

Mesures réglementaires : amener les partis politiques à assurer la parité dans leurs structures à tous les

niveaux ; créer un Observatoire national de l’égalité dont le mandat serait de veiller au partage des

responsabilités et du pouvoir, mais aussi d’en assurer le progrès, la veille, le monitoring et de formuler

des recommandations.

Attitudes sociales et culturelles : chercher des profils politiques et des candidatures hors des bassins

traditionnels de recrutement (monde des affaires, professions libérales, etc.) ; briser l’autosatisfaction

générale découlant du 30 % de femmes élues ; ouvrir et rouvrir les yeux des citoyens et citoyennes sur

les disparités qui subsistent, aussi bien en politique que sur les plans socio-économiques ; regarder

objectivement les enjeux de la parité, sans éluder le re-questionnement de certains privilèges acquis par

les hommes et par certains milieux.

Accepter que certains modus vivendi puissent changer en politique, comme d’autres ont changé sur le

plan privé depuis trente ans ; admettre que ces modus vivendi du pouvoir ne changeront pas tout seuls,

par évolution des mentalités, comme ils n’ont pas changé par la simple bonne volonté populaire dans le

domaine privé et familial.

Mesures éducatives

Formation citoyenne auprès des jeunes, garçons et filles, insistant sur la nécessaire participation

équitable des hommes et des femmes aux instances décisionnelles politiques et sociales. L’organisation

de cours et ateliers dans les écoles et université ; la stimulation de l’intérêt des femmes pour

l’engagement citoyen en mettant en lumière l’importance qu’elles mettent leur expérience et leur

vision, souvent différentes, au service du progrès social ; les démarches individuelles et collectives

auprès de celles qui affichent leur motivation pour le milieu scolaire, les questions environnementales,

la protection des consommateurs, etc.

Accompagnement ciblé de militantes prometteuses, cela, même si elles ne reprennent pas le crédo des

ténors du parti. Mentorat d’aspirantes candidates, de candidates et d’élues. Formation de dyades

associant des femmes ou des hommes possédant une expérience de la chose publique avec des femmes

intéressées par l’exercice démocratique.

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19

Mesures sociales

Remboursement des dépenses électorales aux partis qui ont fait élire un certain pourcentage de femmes

(plus de 30 %).

Soutien aux élus et élues qui ont à assumer des responsabilités familiales, notamment en termes de

garde d’enfants ou de personnes à charge.

Limitation des dépenses d’investiture – sachant que les femmes ont généralement moins d’argent à

consacrer à cette démarche et qu’elles répugnent souvent à miser sur l’argent pour se faire élire.

Obstacles à l’action positive

Le manque de ressources financières et humaines ainsi que le facteur temps

Absence de sensibilisation aux avantages des mesures d’action positive dans la société

Rôle des médias dans la façon de problématiser ces mesures et d’en présenter les résultats comme de

pure forme sont également perçus par les participants comme des obstacles majeurs à l’acceptabilité de

l’action positive.

Les mesures d’actions positives, notamment les quotas ne font pas l’unanimité Quels sont les

avantages et les désavantages des quotas favorables aux femmes prévus par la loi ?

Les avantages des quotas

Plusieurs arguments soutiennent l’adoption dans la loi de quotas favorables à l’élection des femmes.

Ceux et celles qui soutiennent l’adoption de quotas pensent que :

- les quotas sont la meilleure façon d’équilibrer la représentation des deux sexes ;

- l’expérience prouve que les quotas sont la meilleure façon de mieux équilibrer la représentation

des deux sexes.

C’est dans les pays où des quotas (prévus par la loi ou optionnels) ont été adoptés qu’on a vu les plus

grands progrès vers la représentation égale des deux sexes.

Les quotas permettent de contourner la résistance des dirigeants traditionalistes à la participation

politique des femmes. En effet, certaines estiment que le contrôle des partis par des hommes à tendance

traditionaliste pose le plus grand obstacle à l’investiture et à l’élection de femmes candidates.

L’inscription de quotas dans la loi permet de forcer la main de ces élites récalcitrantes.

En plus, les femmes élues deviennent des exemples pour les autres femmes, car si peu de femmes se

lancent en politique, c’est en raison d’un manque d’exemples à suivre dans ce domaine. En permettant

l’élection de quelques femmes, les quotas stimulent l’intérêt des femmes pour la politique.

Les quotas prévus par la loi forcent les partis à trouver de bonnes candidates

Pour des raisons liées à la tradition, aux habitudes ou aux réseaux, les comités d’investiture des partis,

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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s’ils sont composés surtout d’hommes, choisissent en général moins de candidates que de candidats.

Les quotas forcent les partis à trouver et à former de bonnes candidates – effort qu’ils ne feraient peut-

être pas autrement.

Une fois élues, les femmes peuvent aider à supprimer certains des obstacles structurels à l’élection des

femmes ; elles sont plus susceptibles que leurs collègues masculins de prôner des projets de loi qui

supprimeront les obstacles à l’élection d’un plus grand nombre de femmes.

Les quotas prévus par la loi ne sont pas discriminatoires, mais corrigent au contraire une discrimination

existante. Si on admet que tout pays compte autant de bonnes candidates potentielles que de bons

candidats, il faut en déduire que la faible représentation des femmes est due à une discrimination

structurelle. Les quotas ne sont donc pas eux-mêmes discriminatoires, mais corrigent plutôt une

discrimination existante. Les quotas donnent le choix d’élire des femmes aussi bien que des hommes

(ACE project)

Les désavantages des quotas

L’inscription dans la loi de quotas pro-femmes est de plus en plus courante, mais elle reste hautement

controversée. Qu’ils considèrent ou non que la représentation égale des hommes et des femmes soit

souhaitable en soi, les opposants aux quotas avancent plusieurs arguments, dont les suivants.

Les quotas sont discriminatoires envers les hommes

Certains estiment que les quotas sont discriminatoires envers les hommes qui, sinon, auraient remporté

les sièges. On peut répondre à cet argument que les quotas ne font que corriger une discrimination

structurelle.

Certains opposants à l’adoption de quotas prévus par la loi soutiennent que les femmes élues grâce à

des quotas sont moins compétentes que les autres élus masculins, et que le faible nombre de femmes

candidates découle surtout du moins grand bassin de candidates potentielles compétentes. Ces

opposants perçoivent que les femmes désignées comme candidates ne le sont qu’en raison de leur sexe.

Les femmes élues grâce à des quotas risquent d’être jugées moins compétentes que leurs collègues

masculins; elles pourraient donc préférer être élues sans cette aide.

Les quotas briment la liberté de choix des électeurs

Les quotas pro – femmes prévus par la loi profitent surtout aux épouses, filles, sœurs, cousines, etc.,

des politiciens traditionnels, et non à des femmes qui ont acquis leurs propres appuis.

Les quotas faussent le concept de représentation et nuisent aux femmes. Ils donnent l’impression que

seules des femmes peuvent représenter les femmes, alors que les hommes, eux, peuvent représenter les

deux sexes. Cette fausse impression nuirait aux femmes qui veulent être élues non pas parce qu’elles

sont femmes, mais en raison de leurs idées. Les femmes élues grâce à des quotas risquent d’être jugées

moins compétentes que leurs collègues masculins; elles pourraient donc préférer être élues sans cette

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

21

aide. Pour certains, c’est la liberté de choix des électeurs qui est brimée lorsqu’un certain nombre de

sièges sont réservés aux femmes à l’assemblée législative. Les quotas faussent le concept de

représentation et nuisent aux femmes. Ils donnent l’impression que seules des femmes peuvent

représenter les femmes, alors que les hommes, eux, peuvent représenter les deux sexes. Cette fausse

impression nuirait aux femmes qui veulent être élues non pas parce qu’elles sont femmes, mais en

raison de leurs idées. Les quotas prévus par la loi dressent les femmes les unes comme les autres

Certains disent que les sièges réservés incitent les femmes à rivaliser les unes contre les autres au lieu

de travailler ensemble à accroître leur influence politique.

L’adoption de ces mesures présentent certainement des risques ; lesquels ?

L’inscription des quotas pro-femme dans la loi n’est pas toujours aisée ; elle peut être ardue si le

gouvernement ne jouit pas d’une forte majorité à l’assemblée législative. De ce point de vue, les quotas

prévus par la loi ne peuvent pas vraiment avoir un impact révolutionnaire, puisqu’ils ne peuvent être

adoptés que si la majorité des élus et des dirigeants politiques sont déjà engagés en faveur de l’égalité

entre les sexes.

Les quotas peuvent devenir un plafond plutôt qu’un plancher. Le risque e les quotas prévus par la loi

soient vus comme le nombre maximal de femmes qu’il faut élire, et qu’ils empêchent ainsi la vraie

parité (ACE).

Qu’est-ce que les femmes apportent de plus par leur présence dans les mandats électoraux et les

fonctions électives ?

La présence des femmes dans les mandats électoraux et les fonctions électives répond à deux

préoccupations majeures :

Le droit à la participation

La prise en compte des besoins spécifiques des femmes et des hommes dans l’élaboration et la mise en

œuvre des politiques nationales.

L’un des principes fondamentaux Il est important que les instances gouvernementales reflètent le poids

démographique de leurs différents électeurs. En effet, les gouvernements les plus représentatifs de la

composition démographique peuvent le mieux répondre aux besoins de leurs collectivités. Lorsque des

femmes siègent dans les assemblées d’élu (es) elles peuvent influencer les contenus et les priorités des

agendas politiques. Les femmes ayant une approche différente du processus et des contenus politiques,

les débats deviennent plus inclusifs. Ce ne sont que quelques-unes des raisons pour lesquelles la

participation des femmes aux assemblées d’élu (es) est souhaitable.

Pourquoi est-ce important ? Quelle différence cela fait-il que les femmes soient, ou ne soient pas,

présentes au sein des organes législatifs et des institutions ?

Il est important de réaliser qu’ici il ne s’agit pas simplement d’une affaire de nombre. Pour que les

décisions politiques et les lois servent l’intérêt de tous dans la société, il convient de définir dans quelle

mesure les organes de décision prennent en compte l’expérience du plus grand nombre. Ceci permettra

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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de jauger jusqu’à quel point une certaine décision sert le besoin de la société tout entière et non pas un

ou des groupes particuliers. Le débat sur l’affranchissement des femmes et leur participation à la prise

décision fait souvent appel à des motifs de justice, d’équité et de droits humains; la représentation des

femmes et l’intégration de leur point de vue et de leur expérience dans le processus de décision doivent

évidemment apporter une solution plus durable et satisfaire une plus large part de la société. C’est

pourquoi les femmes doivent être intégrées dans le processus et pourquoi cela est important : la société

tout entière ne peut qu’en bénéficier; les solutions n’en seront que meilleures et plus appropriées.

Le défi va bien au-delà de l’augmentation du nombre de femmes au sein des organes législatifs. Le

patriarcat, la subordination des femmes, l’idée fortement enracinée que le domaine public est réservé

aux hommes et que le contrat social a été conclu non pas entre les citoyens et l’État mais entre les

hommes et l’état. Tout ceci contribue à l’exclusion des femmes, au mépris de la garantie des droits

assurés par la loi, du concept de la bonne gouvernance et de la démocratie participative (Les Femmes

au parlement : Au-delà du nombre (International IDEA, 2002).

Pourquoi les femmes devraient-elles être plus représentées en politique ?

C’est une question de principe. C’est également une question de responsabilité et de redevabilité.

L’Etat doit s’appuyer sur les principes de la gouvernance démocratique pour créer des conditions

favorables à l’égale participation politique des femmes et des hommes pour une citoyenneté pleine et

active des femmes et des groupes marginalisés.

Qu’est-ce que la gouvernance démocratique ?

La gouvernance est le système de valeurs, de politiques et d’institutions par lequel une société gère ses

affaires économiques, politiques et sociales par le biais d’interactions au sein de l’État, la société civile

et le secteur privé et entre ces différentes entités. C’est le mode d’organisation adopté par une société

pour prendre des décisions et les exécuter grâce à une compréhension réciproque, une entente mutuelle

et des mesures consenties d’un commun accord. La gouvernance englobe tous les mécanismes et les

processus permettant aux citoyens et aux groupes d’exprimer leurs intérêts, d’arbitrer leurs différends

et d’exercer leurs droits et leurs obligations reconnus par la loi. Il s’agit de l’ensemble des règles,

institutions et procédures visant à définir les limites et fournir les motivations nécessaires aux

individus, aux organismes et aux entreprises. La gouvernance, dans ses dimensions sociales, politiques

et économiques, fonctionne à chaque niveau de l’organisation humaine, qu’il s’agisse d’un ménage,

d’un village, d’une municipalité d’une nation, d’une région ou du monde entier (Note de stratégie du

PNUD sur la gouvernance en faveur du développement humain, 2000).

Qu’est-ce que la gouvernance démocratique sensible au genre ?

Réaliser les valeurs démocratiques d’une manière favorable au genre c’est assurer la participation, la

redevabilité, la transparence, la réceptivité, l’efficacité et, l’équité :

Une participation inclusive

Dans un contexte de participation inclusive, les femmes et les hommes jouissent des mêmes droits à la

participation et les exercent. Il s’agit ici de passer de l’égalité de droits à l’égalité de fait.

En plus du droit égal de participer, les femmes et les hommes possèdent les capacités et les ressources

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

23

leur permettant nécessaires à leur participation. Il incombe à l’Etat la responsabilité de c’réer les

conditions nécessaires à l’égal accès au renforcement des capacités et aux ressources.

L’existence d’une culture participative qui encourage les femmes politiquement impliquées à tous les

niveaux est essentielle à une participation inclusive. Les mesures d’actions positives telles que les

quotas pro – femmes contribuent à encourager la participation politique des femmes. Les conditions

nécessaires au plein exercice des droits civils et politiques des femmes sont créées.

Redevabilité

Lignes de conduite claires et effectives en matière d’obligation de rendre compte (juridiques,

financières, administratives et politiques) en vue de sauvegarder l’intégrité judiciaire, et assurer un

comportement honnête et efficace de la part des fonctionnaires lors de la prestation des services publics

aux femmes et aux groupes à faible revenu. Accès rapide et à moindre coût des pauvres aux tribunaux

de justice, aux tribunaux administratifs et aux médiateurs Existence and renforcement of législation

contre la violence domestique. Programmes de lutte contre la corruption Initiatives procédurales pour le

renforcement du contrôle budgétaire par les parlements nationaux, avec le soutien du Vérificateur

Général et du Comptable Général Suivi et contrôle des dépenses publiques dans les domaines de la

santé et de l’éducation. Existence de partis politiques, organisations de la société civile et groupes de

pression solides qui veillent à la promotion des intérêts des femmes et des pauvres

Transparence

La prise de décision par les instances gouvernementales dans les domaines qui concernent

particulièrement les femmes et les groupes à faible revenu doit faire l’objet de l’examen et du contrôle

publics et parlementaire.

Législation sur la liberté d’accès à l’information des Médias indépendants permettant aux journalistes

d’informer le public sur les préoccupations liées au genre et à la pauvreté Budgétisation sensible au

genre (au niveau local). Analyse de l’incidence des avantages des principales composantes des

dépenses publiques.

Réceptivité

Le gouvernement est à l’écoute des défenseurs de la formulation et de la mise en place de politiques

favorables aux pauvres et sensibles au genre, ainsi que les prestations de service y afférentes.

Procédures systématiques et ouvertes de consultation publique sur les questions qui revêtent un intérêt

particulier pour les femmes et les pauvres. Les programmes d’action et les décisions des

administrations locales incorporent les priorités locales des femmes et des pauvres

Efficacité

Les biens et les services sont fournis par le secteur public au moindre coût et selon les quantités/

qualités que les citoyens désirent. Initiatives procédurales visant le renforcement du contrôle budgétaire

par les parlements nationaux et bénéficiant de l’appui de la Cour des Comptes.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

24

Equité

L’État redistribue les mérites par le biais des impôts et des dépenses publiques, conformément à une

fonction de bien-être social exprimée démocratiquement Régime progressif en matière d’imposition et

de dépenses Mise en œuvre de programmes spéciaux de bienêtre Social (Mesurer La Gouvernance

Démocratique Cadre pour la sélection d’indicateurs favorables aux pauvres et sensibles au genre MAI

2006)

Sommes-nous en train de nous orienter vers une gouvernance épicène ?

Ce qui est épicène a une forme identique au féminin et au masculin. Initialement ce concept est

emprunté à la linguistique ; on parle par extension de langage épicène pour un langage non sexiste, qui

inclut les femmes et les hommes dans le discours, d’éducation épicène, de carrière épicène. En matière

de participation politique, on parle de prise en compte des hommes et des femmes.

En matière de gouvernance et de participation politique des femmes, on parle d’une démarche sensible

au genre qui consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée

comprenant la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les

niveaux.

Une gouvernance sensible au genre permet d'intégrer les préoccupations et les expériences des femmes

et des hommes à la conception, à la mise en œuvre, au contrôle et à l'évaluation des procédures et des

programmes dans toutes les sphères politiques, économiques et sociétales. Les hommes et les femmes

ne deviennent pas identiques, mais égaux.

Le suivi axé sur la problématique hommes-femmes comporte deux dimensions liées mais

distinctes.

Tout d’abord, certaines interventions sont conçues de manière à renforcer la capacité des femmes et

leur permettre un accès aux ressources et aux opportunnités dans le but de dépasser un retard historique

marqué par la discrimination et l’exclusion. Le suivi de telles politiques permet de déceler les

changements dans l’autonomisation des femmes. Les indicateurs du renforcement de l’autonomie des

femmes peuvent comprendre les dépenses de l’État par individu parmi la population féminine dans le

cadre des programmes visant à réduire la discrimination à l’égard des femmes, et la proportion des

sièges parlementaires réservés aux femmes.

En second lieu, une politique spéciale ou une pratique de gouvernance peut avoir un impact différent

sur les hommes, par rapport aux femmes. Mesurer ces répercussions différentes est important si l’on

veut éviter la discrimination (non intentionnelle) à l’encontre des hommes ou des femmes sur la base

des sexospécificités.

Le suivi de ces politiques permet de déceler les changements dans l’égalité des sexes. Les indicateurs

de l’égalité des sexes peuvent comprendre le taux de présence parlementaire parmi les législateurs

hommes et femmes. Si ce ratio est continuellement supérieur (ou inférieur) à l’unité, il peut donc

indiquer que certaines pratiques de gouvernance, telles que la proportion du temps que le Parlement

passe en sessions en dehors de l’horaire normal de travail, ont un impact dés égalisateur sur les

hommes et les femmes. La relation entre ces deux dimensions du suivi sensible au genre et les

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

25

différentes catégories des indicateurs est décrite dans la section.

Qu’est-ce que la participation politique ?

L’idéal démocratique repose sur la conception que le pouvoir politique procède du peuple souverain. Il

ne peut donc y avoir de démocratie sans implication du citoyen, c'est à dire sans citoyen actif (B.

Flacher), comme il ne peut y avoir démocratie sans l’implication effective des femmes qui constituent

plus de la moitié des citoyens. La participation politique est « l’ensemble des activités par lesquelles les

citoyens sont habilités à entrer en contact avec l’univers sacré du pouvoir, toujours de façon

superficielle ou éphémère et en respectant certaines contraintes rituelles. » (B. Denni et P. Lecomte ).

C’est pourquoi la citoyenneté politique postule non seulement la jouissance de droits civiques attachés

à la nationalité (le droit de vote, l’éligibilité, les libertés publiques, l’accès aux fonctions de

responsabilité) mais aussi le devoir de s’impliquer dans la vie politique, d’y participer. De ce point de

vue la qualité de citoyen a une double dimension juridique et normative. Elle a aussi une dimension

identitaire : elle me signale qui je suis, que j’appartiens à une même communauté politique (B.

Flacher).

Comment définir la participation politique ?

Il ne peut y avoir participation si on ne se sent partie prenante d’un groupe, sans sentiment

d’appartenance, sans disposer de moyens de se faire entendre – moyens institutionnels certes, mais

aussi des ressources personnelles.

Une situation d’exclusion produit l’apathie. Une situation d’exclusion peut aussi nourrir des réactions

de rejet et de repliement sur des identités particulières et différentialistes. La montée de ce qu’il est

convenu d’appeler l’exclusion se trouve au cœur de la crise de la participation politique, sans en être

bien sûr toute l’explication.

On peut participer à de nombreuses activités, s’impliquer dans divers groupes ou associations, mais que

recouvre la notion de participation politique ? De quoi est-on le citoyen ? Qu’est-ce qui est politique ?

Qu’est-ce qui produit la vie politique et comment devient-on acteur de la scène politique ? Si le

politique est tout ce qui se rapporte au pouvoir de l’Etat, y a-t-il un champ prédéterminé du politique ?

Ce questionnement mériterait un détour, mais pour s’en tenir à notre sujet nous partirons plus

simplement de ce qu’est la participation politique pour les politistes.

B. Flacher établit une distinction entre participation conventionnelle et participation non

conventionnelle.

La participation conventionnelle

L’implication du citoyen dans la vie politique institutionnalisée est couramment appelée la participation

conventionnelle : si pour reprendre Rousseau « la démocratie ne convient qu’aux anges » et que seule

la démocratie représentative est praticable dans les grandes nations les citoyens doivent, pour exercer

leur devoir de membre de la communauté politique, participer à l’élection de leurs représentants. C’est

la condition même du bon fonctionnement des démocraties modernes. C’est autour de l’élection et donc

de l’acte de vote que s’ordonne cette participation conventionnelle, mais nous pouvons étendre celle-ci

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

26

à tout ce qui concourt à produire le processus électoral et constater la diversité et la faiblesse de

certaines modalités de la participation politique conventionnelle.

La participation non conventionnelle

La participation politique peut en effet être aussi de caractère non conventionnel ou protestataire. Avant

de chercher à la définir, voyons certaines de ses manifestations légales (signer une pétition, manifester,

faire grève) ou violentes (dégradation de bâtiments, séquestration, destruction de documents,

affrontements physiques). Si la participation non conventionnelle se manifeste parfois par l’action

individuelle (grève de la faim), ce sont très généralement des actions collectives (de mobilisation de

groupes d’individus), souvent directes (sans la médiation de représentants) et autonomes (quand elles

se font hors des cadres juridiques et des procédures de règlement des conflits). On peut la caractériser

comme les diverses formes de manifestations d’impatience civique, si tant est que s’en remettre aux

échéances électorales relève de la plénitude de l’esprit civique.

La participation politique peut se définir comme un acte volontaire visant à influencer des élections ou

des prises de décisions politiques. Se prévaloir de son droit de vote, se présenter comme candidat,

tenter d'influencer les grandes lignes d'une politique ou chercher à obtenir des avantages pour

quelqu'un, dans un but très précis, sont autant d'exemples de participation politique. Ces actes peuvent

même être illégaux. Payer ses impôts n'est généralement pas considéré comme un acte politique en soi,

mais refuser de les payer peut l'être. Faire la grève pour régler des questions salariales ou pour

améliorer des conditions de travail, tout en étant généralement un acte accompli sur une base

volontaire, n'est pas considéré comme une forme de participation politique, même si certaines grèves

sont très politiques. Signalons à ce chapitre le vaste mouvement de protestation du 14 octobre 1976

contre les mesures prises par la Commission de lutte contre l'inflation (R. Johnson).

La participation politique des femmes

La participation politique des femmes comprend un large éventail d'actions et de stratégies. Pour les

Nations Unies, la participation politique des femmes rend compte de toute activité menée par des

femmes membres du gouvernement, élues parlementaires ou municipales, responsables d’entreprises

publiques, membres des partis politiques, et les femmes actives dans les associations et les

organisations.

La participation politique des femmes englobe également les actions qu’elles entreprennent dans le but

d’influencer les choix des politiques publiques, l’administration des affaires publiques ou le choix de

leaders politiques à tous les niveaux du gouvernement local ou national.

Les actions de la participation politique des femmes peuvent être formelles comme l’exercice du droit

de vote, ou informelles, conduites au sein de la société civile, tels que les manifestations ou les actes de

protestation. Elles peuvent être menées collectivement ou individuellement.

La participation politique des femmes touche aussi bien les sphères de représentation et de décision,

ainsi que les espaces de la société civile, partis politiques, organisations et associations. Il est admis que

le milieu associatif offre à la femme un terrain propice à l’apprentissage à la vie publique, par l’espace

qu’il offre à « la réalisation de soi ».

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

27

La participation politique des femmes est-elle différente de celle des hommes ?

Fondamentalement non. On peut dire que la participation politique des femmes est constituée

d’activités relatives à :

La participation au processus électoral comme candidates, électrice et membre de l’administration des

élections ;

La participation au travers d’associations et organisation de la société civile, y compris les

organisations féminines ;

La participation aux syndicats ;

La participation aux organisations à base communautaires ;

La participation aux activités d’intérêt collectif et aux mobilisations pour défendre des causes

communes ;

La participation aux activités des partis politiques.

Le véritable problème est celui de non valorisation et de la non reconnaissance des formes de

participation politiques des femmes. Au Cameroun. Le foisonnement des organisations féminines,

souvent considéré à tort avec condescendance, représente l’antichambre de l’engagement politicien des

femmes.

Les stratégies de la participation politique comprennent des mécanismes qui renforcent la

participation politique des femmes dont voici quelques exemples :

Les systèmes de quota Les quotas sont des dispositifs de soutien importants et peuvent être appliqués

avec des mesures d’accompagnement, telles que la promotion active de la candidature des femmes par

les partis politiques, et la mise en place de programmes de formation en matière de campagne électorale

et de collecte de fonds.

La parité

Soutien de la société civile pour l’égale participation des femmes et des hommes aux mandats

électoraux et aux fonctions électives. Dans certains pays, les femmes sont soutenues par un mouvement

dynamique de la société civile. À la base de tous ces efforts, on retrouve la volonté politique des

dirigeants de promouvoir l’accès des femmes aux parlements. L'intégration systématique des questions

relatives aux femmes qui promeuvent une culture sensible aux différences entre les sexes au sein des

gouvernements ;

Des institutions gouvernementales nationale en charge des questions de femmes, pour les femmes,

ayant pour objectif principal de diriger et surveiller les stratégies gouvernementales d'intégration

systématique des questions relatives aux femmes ;

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

28

Des budgets sensibles au genre financent l'intégration systématique des questions relatives aux femmes

et l'action positive pour la promotion féminine.

Le système de liste de partis selon lequel les groupes de femmes peuvent faire campagne afin d'obtenir

un siège au sein de la législature.

Le plaidoyer législatif et de la formation pour gagner aux élections

Le programme des femmes.

Pourquoi insister sur l’égale participation politique des hommes et des femmes au Cameroun ?

Quelques références clés…

« Tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs. L'Etat assure à tous les

citoyens les conditions nécessaires à leur développement » (Préambule de la

Constitution du Cameroun)

« La condition de la femme est une de nos préoccupations constantes. Notre action

en sa faveur consistera à renforcer son intégration dans la vie politique et

économique du pays ». (Extrait du Discours d’investiture du Chef de l’Etat

prononcé le 03 novembre 1992)

« (…) dans le domaine de la promotion de la femme, je m’engage à veiller à

l’élaboration et à la mise en route du Programme spécial d’action pour la

promotion des femmes (…). Je ferai en sorte que votre travail soit partout reconnu

et valorisé, je ferai en sorte que vous soyez bien représentées dans toutes les

instances dirigeantes du pays. Je m’engage à faire de l’égalité entre les droits de

l’homme et les droits de la femme une réalité » (Extrait du Discours programme

du Chef de l’Etat à Maroua, le 03 octobre 1997)

« (…) vous savez l’importance que j’attache à l’amélioration de la condition

féminine. Des progrès notables en ce sens ont été accomplis au cours des dernières

années. Mais ils ne sont pas suffisants. Il nous faut davantage de femmes ministres,

députés, chefs d’entreprises, responsables administratifs, médecins, officiers,

ingénieurs, etc. Nos sœurs peuvent compter sur moi pour veiller au respect de

l’égalité de leurs droits ». (Extrait du Discours de campagne du Chef de l’Etat

à Monatele, le 05 octobre 2004)

Droit international conventionnel…

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen

La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (et son Protocole qui

consacre la parité, signé à Maputo en 2003 et ratifié par le Cameroun en 2009)

La plateforme d’actions de Beijing

La Déclaration du Millénaire

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

29

La Convention sur l’Elimination de toutes les formes de Discriminations à l’Egard

des Femmes, ratifiée par le Cameroun sans réserve en 1994

la Déclaration solennelle des chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres

de l’Union Africaine à l’issue de la 3e Session ordinaire de la Conférence des Chefs

d’Etats et de gouvernement tenue du 6 au 8 juillet 2004 à Addis-Abeba en Ethiopie

et qui consacre la parité.

Des chiffres qui contrastent avec le discours politique...

1- Dans les instances de décision

POSTES OCCUPÉS NOMBRE

DE

FEMMES

STRUCTURES

MINISTÈRES 8 MINRESI - MINEDUB - MINCULTURE -

MINAS - MINPROFF - MINDEL-MINADER,

MINDAF - SECRETAIRE-D’ETAT MINUH

DG DE SOCIÉTÉS 6 SOPECAM - SNI - DOUANE - API - BUCREP -

MIPROMALO

DGA SOCIETES

D’ETAT 5 PALAIS DES CONGRES - ANOR - ANTIC -

CNPS

PCA DE SOCIÉTÉS 4 IMPM - API - ANRP - CICAM - HÔTEL HILTON

SG DE MINISTÈRES 5 MINEPIA - MINPMESSA - MINEFOP - MINRESI

- MINTOUR

RECTEUR

D’UNIVERSITE

1

UNIVERSITE DE BUEA

SECRETAIRES

GENERAUX DES

UNIVERSITES

2

YAOUNDE II-SOA ET DSCHANG

GENERAUX DE

CORPS D’ARMEE

0

RAS

COMMANDEMENT

TERRITORIAL

(Gouverneur, Préfet)

2

1 femme Prefet

1 femme Secrétaire général de Région

DIRECTRICE DE

STRUCTURES

ÉTATIQUES

2

CNE - ENAP.

PRÉSIDENTE DE

STRUCTURE 1 CARPA

SECRÉTAIRE

PERMANENT 1 RÉFORME ADMINISTRATIVE

CONSEILLÈRES

SPECIALES 1 PREMIER MINISTÈRE

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

30

VICE PRÉSIDENTE 1 ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSEILLERS

TECHNIQUES 2 PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE DU

CAMEROUN

AMBASSADRICE 1 ROYAUME DES PAYS BAS

COORDONNATRICE

DE PROGRAMME 1 PNDP

COORDONNATRICE

ADJOINTE 1 PROGRAMME NATIONAL DE

GOUVERNANCE

Sources : Cartographie des postes de responsabilité de l’Administration publique camerounaise

(MINFOPRA 2008) - L’œil du Sahel N° 422 du 21 mars 2011 et compilation MWP (Décembre 2011)

2- Dans les instances délibératives

Cinquante ans après l’indépendance du Cameroun, l’analyse descriptive sur la situation des femmes,

inspirée des sources du MINATD et de l’Assemblée Nationale, varie selon qu’il s’agit des Députés à

l’Assemblée Nationale ou des élues dans les Municipalités.

2.1- Evolution des femmes Députés depuis 1960

Législature Effectif des

Députés

Nombre de

femmes

Pourcentage des

femmes Observation

1960-1965

137 01 0,8% Assemblée des

Etats Fédérés

50 02 4% Assemblée

Fédérale

1965-1970

141 02 1,4% Assemblée

Fédérale

50 02 4% Assemblée

Fédérale

1970-1973

131 05 3,6% Assemblée

Fédérale

50 02 4%

Assemblée

Nationale

(monopartite)

1973-1978 120 07 5,8%

Assemblée

Nationale

(monopartite)

1978-1983 120 12 10%

Assemblée

Nationale

(monopartite)

1983-1988 120 17 14,2%

Assemblée

Nationale

(monopartite)

1988-1992 180 26 14,44%

Assemblée

Nationale

(monopartite)

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

31

1992-1997 180 23 12,8%

Assemblée

Nationale

(multipartite)

1997-2002 180 10 5,6

Assemblée

Nationale

(multipartite)

2002-2007 180 19 10,56%

Assemblée

Nationale

(multipartite)

2007-2012 180 25 13,9%

Assemblée

Nationale

(multipartite)

TOTAL 1819 153 8,41%

2.2- Analyse descriptive sur la situation des femmes élues dans les municipalités

ANNEE TOTAL DES

CONSEILLERS

NOMBRE DE

FEMMES

% DES

FEMMES

NOMBRE DE

FEMMES MAIRES

1982 5107 336 6,9% -

1987 5346 446 6,2% 1

1996 9932 1081 10,7% 2

2002 9963 1302 13,1% 10

2007 10832 1661 15,5% 24

TOTAL 40970 4796 11,70% 37

Quel est le problème ?

C’est celui de la prise en compte et de la valorisation de la participation politique des femmes. L’apport

des femmes dans la sphère politique est important, mais peu valorisée dans la politique

d’administration et de gestion des programmes politiques pour un meilleur usage de plus de la moitié

de la population camerounaise.

Les contingences structurelles culturelles, sociologiques et économiques liées au conditionnement

social peuvent aboutir, si elles ne sont pas prise en compte, à l’exclusion d’un groupe ou d’une classe

de toute participation politique. L’analyse de l’abstention électorale et celle de la non-inscription sur les

listes électorales dévoilent les logiques d’exclusion et d’auto exclusion par défaut d’intégration, par

sentiment d’incompétence et par intériorisation du sentiment d’infériorité et d’indignité sociale. La

réalité quasi-inconsciente de l’influence de l’ordre politique par l’ordre social et ses conséquences

néfastes sur la répartition équitables des rôles et responsabilités des acteurs et actrices de

développement.

Comment procéder pour créer des conditions favorables à l’égale participation politique des

femmes et des hommes ?

Les experts en genre et en approche intégrée de l’égalité proposent trois approches, soit quatre leviers à

actionner pour l’égalité entre les sexes :

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

32

L’approche spécifique

Par l’approche spécifique, il s’agit de poursuivre, de façon articulée, un ensemble d’actions concrètes

ciblant les femmes et permettant de prévenir ou de corriger tant les inégalités liées au sexe que la

discrimination systémique dont celles-ci sont encore victimes. Ce levier est essentiel pour agir sur les

domaines de la vie des femmes les plus marqués par les inégalités sexuelles et qui peut aussi être utilisé

pour s’attaquer aux inégalités apparaissant dans le nouveau contexte économique et social.

L’approche transversale

L’approche transversale vise à empêcher que de nouvelles inégalités se construisent au moment de

l’élaboration de nouvelles politiques et de nouveaux programmes gouvernementaux. L’objectif est de

prêter une attention particulière à toutes les étapes de la conception, de la mise en œuvre et de

l’évaluation des politiques pour éviter de reproduire les biais sexistes qui existent dans les institutions

sociales ou les anciennes politiques. Cette approche doit donc être utilisée par les personnes mêmes qui

travaillent aux différentes étapes de la formulation et de la mise en œuvre des politiques.

L’approche sociétale

Bien que l’État ait un rôle primordial dans l’atteinte de l’égalité entre les sexes, il ne peut à lui seul

couvrir toutes les sphères de la société. De multiples partenaires agissent dans le domaine de

l’éducation, du développement, dans les médias, les milieux de travail ou les lieux de pouvoir; ils

peuvent influer sur les conditions de vie des femmes et sur l’atteinte de l’égalité entre les sexes. De la

même façon, les hommes, en tant que groupe social, peuvent aussi être invités à s’associer à la quête de

l’égalité. Plusieurs partenaires sociaux et de plus en plus d’hommes s’engagent, à un titre ou un autre,

dans des actions en faveur de l’égalité. Le gouvernement doit favoriser la participation de toutes et tous

à la construction d’une société plus égalitaire.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

33

Une approche de gestion sensible aux inégalités de genre : l’analyse différenciée selon les sexes

(Québec), ou approche intégrée de l’égalité (UE), ou approche différenciée selon les sexes

(Canada), ou gender mainstreaming en anglais

Le gouvernement du Cameroun s’est engagé à la Quatrième Conférence mondiale des Nations Unies

sur les femmes, qui s’est tenue à Beijing en 1995, à intégrer la préoccupation de l’égalité entre les

femmes et les hommes dans le processus d’élaboration de leurs politiques et dans leur mise en œuvre.

C’est une approche de gestion qui permet de prévoir, au cours de la conception d’une politique ou de

toute autre mesure, ses effets distincts sur les femmes et les hommes ainsi touchés, compte tenu des

conditions socioéconomiques différentes qui les caractérisent. Elle permet de prendre de manière

proactive des initiatives pour que toutes les politiques publiques concourent à la construction de

l’égalité entre les sexes.

Bien que ne contraignant pas à une décision politique, l’approche intégrée de légalité fournit un

éclairage essentiel permettant de connaître à l’avance les effets que peuvent avoir des politiques et des

décisions gouvernementales sur les femmes et sur les hommes. L’un des préalables à l’approche

intégrée de l’égalité est ADS est l’utilisation de données sexuées, c’est-à-dire désagrégée par sexes.

Pour en revenir à la participation politique des femmes, toutes les informations concernant le processus

électoral doivent être désagrégées par sexe, de la liste électorale aux résultats des votes, en passant par

les données sur les partis politiques et les candidatures.

Quelles actions peuvent être menées pour une égale participation politique des femmes et des

hommes ?

Identifier, et comprendre les obstacles à l’égale participation politique des femmes et des hommes

pour y remédier. Les recommandations d’actions ci-dessous ont été énoncées au cours de la dernière

révision mondiale de la mise en œuvre de la Plateforme d’Action de Beijing :

- Encourager davantage d’études sur le rapport entre la pauvreté et l’exclusion, et les prises de

décisions et de politiques.

- Encourager des études quantitatives et qualitatives sur les résultats de l’introduction des quotas

et autres mécanismes de discrimination positive pour augmenter l’accès et la participation des

femmes au pouvoir et à la prise de décisions et une vaste diffusion des enseignements tirés.

- Promouvoir la collecte de données ventilées par sexe sur les femmes en politique et autres

chaines d’influence politique, en particulier sur les femmes d’origine minoritaire nationale ou

les femmes indigènes.

- Encourager davantage de recherches sur le rôle des medias en matière de participation politique.

- Promouvoir la création d’une culture sociale qui non seulement accepte les femmes aux postes

de responsabilités mais réalise l’importance du leadership des femmes dans la société.

- Promouvoir une plus grande coordination et cohérence dans la méthodologie et les standards

appliques au contrôle ;

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

34

- Continuer les efforts pour promouvoir une image plus positive des femmes en tant que

dirigeants dans les médias.

- Encourager une meilleure transparence, responsabilité et de meilleurs outils de surveillance

pour assurer l’équilibre entre les sexes et dans le système de l’ONU.

- Sur la base d’expériences réussies, reproduire les initiatives de formation pour accroitre la

confiance des femmes en elles-mêmes et les encourager à prendre des postes décisionnels et à

participer à la prise de décisions et au leadership.

- Promouvoir activement le leadership et la confiance en soi des femmes handicapées et

appartenant aux minorités ethniques et les encourager à participer aux processus électoraux, aux

activités politiques et autres domaines de leadership.

Soutenir le développement d’un processus électoral inclusif et sensible au genre

Le principal objectif d'une élection est toujours d'élire un gouvernement légitime et d'établir un régime

libre, pour une gouvernance démocratique. Les élections sont donc une opportunité de renouvellement

des engagements d’amélioration des conditions de vie des populations.

Des élections libres et équitables détermineront qui exercera le pouvoir politique. La participation de

tous et toutes au processus électoral, est primordiale et peut être considéré comme un indicateur de

bonne santé démocratique. Les actions proposées doivent être menées selon une approche cycle

électoral afin d’en garantir l’impact transformateur. Ainsi chaque phase du cycle électoral offre une

opportunité d’analyse et de prise de mesures adaptées pour améliorer durablement la participation

politique des femmes, dans un cadre de concertation avec la société civile tel que recommandé par les

standards internationaux en matière de gouvernance démocratique.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

35

L'approche du cycle électoral

« Les élections sont constituées d'un certain nombre de blocs constitutifs intégrés, soumis à l'interaction

et à l'influence des diverses parties prenantes. Les composantes électorales et les parties prenantes ne

sont pas indépendantes, elles interagissent. Par conséquent la défectuosité d'un aspect (l'effondrement

d'un système donné d'inscription de l'électeur, par exemple) risque d'avoir un impact négatif sur tous les

autres aspects, y compris les ressources humaines et financières, l'accès aux ravitaillements, les coûts,

les transports, la formation et la sécurité, mettant en cause la crédibilité de l'élection elle-même. D'autre

part, le manque de crédibilité envers un processus électoral, peut entamer le processus de

démocratisation du pays partenaire et bloquer l'ensemble des objectifs de développement. » (IDEA).

Une bonne compréhension des diverses composantes, séquences et points d'entrée d'un cycle électoral

permet de planifier les élections en prenant en compte le caractère intégré des différentes séquences. Il

s’agit par exemple de prendre en compte le fait que le système électoral choisi par le pays peut

améliorer ou réduire les conditions d’égale participation des femmes et des hommes aux mandats

électoraux et aux fonctions électives. De même, un processus de refonte de liste électorale ne prenant

pas en compte les facteurs culturels, économiques, sociologiques pouvant entraver l’inscription des

femmes aura un impact sur la proportion de femmes pouvant être candidates aux différentes élections.

La reconnaissance des besoins différents des hommes et des femmes et des résultats escomptés, relatifs

à chaque phase du cycle électoral, est essentielle pour une approche intégrée de l’égalité de la

planification et la mise en œuvre du processus électoral.

L'approche du cycle électoral est un outil formidable pour répondre aux besoins pacifiques des femmes

et améliorer leur participation politique (approche spécifique), mobiliser toutes les parties prenantes au

processus électoral en vue de l’égale participation politique des femmes et des hommes (approche

sociétale), et prendre en compte l’impact différenciée des décisions conquérant les élections sur la

participation politique des hommes et des femmes (approche transversale).

L'approche du cycle électoral est un outil précieux pour l’intégration d’une perspective genre dans le

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

36

processus électoral, c’est à dire la prise en compte différentiée des facteurs historiques, sociologiques,

culturels et économiques qui entravent l’égale participation politique des femmes et des hommes. Pour

revenir à la participation politique des femmes, l’approche cycle électoral permet d’anticiper l’impact

d’une séquence, d’une composante du cycle électoral sur la création de conditions favorables à l’égale

participation politique des femmes et des hommes en particulier, et en général sur la constructions de

l‘égalité entre les sexes.

Durant la période pré-électorale, il est recommandé comme pratiques duplicables :

Cadre juridique

De saisir l’occasion et l’espace public offert par les réformes juridiques précédant les élections pour

réaffirmer les droits des femmes à une égale participation à la prise de décisions avec les hommes et

d’adopter des lois et politiques conformes à aux engagements du Cameroun en la matière. C’est aussi

l’occasion de s’assurer que les lois électorales sont conformes aux standards des droits humains

fondamentaux, d’appliquer sans réserve les lois et règlements régissant les élections conformes aux

normes internationales pour l’égale participation politique des femmes et des hommes.

Au Cameroun, le Code électoral inscrit formellement le genre dans plusieurs dispositions en vue de la

prise en compte des hommes et des femmes dans la constitution des listes de candidatures aux

différents scrutins. Dans la même veine, le genre (articles 151, 164, 181 et 218 du Code électoral)

devrait être pris en compte dans la constitution des listes de candidats aux différents scrutins. Reste à

présent que les textes réglementaires prévus à l’article 298 en précisent les modalités d’application,

notamment par l’adoption du système des listes alternées et bloquées qui postule l’égalité des chances

dans le positionnement et la composition des listes des candidats-tes. C’est grâce à ce système qui a le

mérite de la précision que Mme Joyce BANDA est devenue naturellement et sans contestation

l’actuelle présidente du Malawi. En revanche, certaines de nos propositions sont tributaires d’une

réforme constitutionnelle qui permettra alors d’ôter tous les verrous constitutionnels qui aujourd’hui

font obstacle à l’examen des questions de fond telles que le mandat et le mode de scrutin présidentiel,

l’augmentation du nombre de sièges à l’Assemblée Nationale, la loi sur la parité.

Il s’agit à cette étape, de s’assurer que l’égalité de droit se traduit en égalité de fait en matière

notamment d’inscription sur les listes électorales, de participation à l’administration des élections, et de

possibilité de se porter candidate. Le cadre normatif des élections doit contribuer à supprimer les

barrières systémiques et sociétales de l’égale participation politique des femmes et des hommes, et à

l’inclusion politique. Des mesures d’actions positives doivent être prises à cette étape pour inscrire dans

les normes et règlements électoraux, les mécanismes d’équité.

Planification et mise en œuvre

La planification des élections doit intégrer un perspectif genre c’est à dire prendre en compte les

contingences sociales, économiques et historiques qui peuvent entraver l’égale participation politique

des femmes et des hommes. A cette étape, des mécanismes d’évaluation de l’impact des orientations

stratégiques sur l’égale participation politique des femmes et des hommes doivent être mis en place et

pris en compte.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

37

A cette phase, la définition du corps électoral offre une opportunité de prise en compte des conditions

de vie différentiées faites aux femmes et aux hommes et qui pourraient aboutir à une exclusion

politique. Il est recommandé de prendre en compte les contingences historiques, sociétales,

économiques et politiques dans les décisions relatives la définition des personnes qui bénéficient du

droit de vote lors d'un scrutin, quel que soit le type d'élection.

Le corps électoral étant source de pouvoir, le gouvernement doit offrir une opportunité égale d’y figuré

à toutes et à tous. Au Cameroun, les femmes représentent constituent le majorité démographique qui

peut se traduire par une majorité électorale et politique si les conditions sont remplies.

A titre d’exemple, avoir une analyse genre de la refonte biométrique des listes électorales au Cameroun

permettrait, non seulement d’identifier les obstacles auxquels pourraient se heurter les femmes et les

hommes désirant se faire enrôler, mais aussi d’y remédier. La mobilisation des ressources financière

pour l’organisation des élections est l’occasion de prévoir l’argent budgétisation nécessaire aux actions

spécifiques vouées aux femmes pour améliorer leur participation politique.

La planification comporterait deux dimensions liées mais distinctes à savoir :

Des interventions visant le renforcement de la capacité des femmes à participer pleinement au

processus électoral. L’un des indicateurs en la matière est le ratio des dépenses électorales par

individu parmi la population féminine, ainsi que la proportion de femmes exerçant des mandats

électoraux et des fonctions électives.

La reconnaitre de ce que un processus de planification électorale a nécessairement un impact

différent sur les hommes, par rapport aux femmes. L’étape de planification électorale offre

l’opportunité de mesurer ces répercussions différentes et d’anticiper sur les mesures correctives

pour éviter la discrimination non intentionnelle à l’encontre des hommes ou des femmes sur la

base des sexospécificités. Les indicateurs en la matière comprennent prioritairement le ratio des

dépenses électorales par hommes et femmes ainsi que la proportion de femmes exerçant des

mandats électoraux et des fonctions électives.

La désagrégation des données par sexes est d’une importance cruciale à cette étape pour avoir

une idée précise de la répartition des ressources et des inégalités à réduire. Il s’agit de l’audit

genre du processus électoral qui permettrait d’avoir des données exactes sur la participation

citoyenne des femmes aux élections d’un scrutin à l’autre.

C’est durant la phase préélectorale que se font les recrutements du personnel électoral. C’est à cette

étape que le gouvernement et les décideurs politiques doivent s’assurer que les conditions de

recrutement offrent les mêmes opportunités aux hommes et aux femmes. Une évaluation chiffrée des

ressources humaines électorales permettra d’orienter la prise d’actions positive pour une représentation

paritaire des femmes et des hommes dans le personnel électoral. La désagrégation des données par

sexes en la manière est indispensable.

En plus de la représentation paritaire des femmes et des hommes dans le personnel électoral, la phase

de recrutement est le moment de veiller à l’égale participation des femmes et des hommes dans la prise

de décision électorale. Il est recommandé, en cas de besoin, d’offrir des opportunités de formation

professionnelle aux femmes pour leur permettre d’occuper des postes de responsabilité technique en

matière électorale.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

38

Le gouvernement a la responsabilité d’assurer, sur la base d’une règlementation équitable, une

représentation paritaire des femmes et des hommes dans l’administration électorale, d’une part et,

d‘autre part de s‘assure que les normes et les procédures électorales intègrent effectivement la

dimension genre, c’est-à-dire, prennent en compte les besoins différentiés des hommes et des femmes,

leur capacité et leurs droits civiques.

Au Cameroun, les conditions de vies faites aux femmes les exposent à des risques différents de ceux

des hommes. La stratégie de sécurisation des élections doit prendre en compte de manière différentiée,

les besoins des femmes et des hommes et y répondre en respectant cette sexospécificité. Une stratégie

de sécurisation des élections présumée neutre ou universelle est en fait androcentrique ; elle prend

comme référent la définition de la sécurité telle que décrite par les hommes. La collaboration avec les

organisations féminines, les organisations de la société civile pour l’identification des besoins en

sécurité des femmes au cours du processus électoral est fortement recommandée pour une sécurisation

inclusive et sensible au genre. Il en est de même pour la logistique. Une approche différentiée de la

question permet de mobiliser à temps les ressources nécessaires pour faire face aux situations

particulières liées au sexe des électeurs et électrices.

L’organe de gestion des élections doit adopter une administration électorale sensible au genre. Deux

approches sont préconisées en la matière :

L’organe de gestion des élections (OGE) se dote d’une cellule genre, rattachée à la plus haute sphère de

décision et chargée de soutenir l’intégration d’une perspective genre dans toutes les décisions de

l’administration électorale. Il s’agit d’un groupe d’expertes et d’experts en approche intégrée de

l’égalité qui opère sur base quotidienne, l’intégration d’une perspective de genre dans la gestion des

élections.

Chaque section ou direction de l’organisme de gestion des élections (OGE) comprend un point focal

genre en charge de l’intégration d’une perspective de genre dans la section ou la direction concernée.

Au Cameroun, malgré les formations, aucune de ces deux approches n’a été retenue ; la prise en

compte du genre dans l’administration des élections par « Elections Cameroon » tarde à venir. On note

des actions d’éclats sans impact réel sur l’égale participation des femmes et des hommes à

l’administration électorale.

Partis politiques et éducation électorale

Les partis politiques se battent pour obtenir le pouvoir. Comme l’éducation électorale doit être une

activité neutre et non partisane, on suppose souvent que les partis politiques n’ont rien à voir avec ce

type d’éducation. Il s’agit d’une présomption incorrecte. Les femmes apprennent beaucoup au sujet des

élections et de la démocratie grâce à leurs interactions avec le gouvernement et à leurs expériences

politiques au sein des partis, dans la société civile ou dans les syndicats. Dans leur quête de pouvoir, les

partis ont intérêt à rejoindre les électeurs et les électrices. Ils peuvent donc être un moyen rentable de

leur fournir les renseignements dont-elles ont besoin pour exercer leur droit de vote.

Par conséquent, les partis politiques et leurs partisans, les bureaux de campagne et le personnel en

général sont des éducateurs potentiels. Ils doivent véhiculer une information susceptible de contribuer à

éliminer les préjugés sexistes en politiques et à monter que les femmes candidates représentent un

« bon risque » politique. La mobilisation de l’électorat autour des thématiques relatives à l’égalité

entre les sexes.

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39

Enregistrement des électeurs

Les partis et les candidats sont essentiels à la démocratie

Un pays n’est démocratique que si les élections qui s’y tiennent représentent un réel affrontement entre

divers partis politiques ou candidats indépendants. Les électeurs doivent pouvoir choisir librement leurs

représentants parmi une multitude de candidats défendant différentes positions. Les démocraties

doivent donc habituellement se doter d’un système démocratique et efficace de représentation. La

représentation est la spécialité des partis politiques et des candidats.

Le système de représentation n’est effectivement démocratique que s’il offre des opportunités égales de

représentation et de participation à toutes les citoyennes et à tous les citoyens, sans aucune distinction.

Néanmoins, bien que l’exclusion politique formelle ne soit plus à l’ordre du jour dans la majorité des

pays, des contingences historiques, sociales, économiques et culturelles continuent d’entraver

gravement la représentation et la participation politique des femmes.

Le système de représentation repose sur l’acceptation des fondements que sont la liberté d’expression,

d’organisation et de réunion, et le droit de se porter candidat. Une démocratie qui n’offre pas les mêmes

chances de se porter candidates ou candidats à tous les citoyens et citoyennes biaise le processus et les

mécanismes de représentation. Le fonctionnement des partis politiques, instruments d’une démocratie

représentative jouent un rôle crucial dans l’exclusion politique faite aux femmes et aux groupes

vulnérables.

En plus de leur rôle central dans les mécanismes de représentation, les partis politiques influence la

compréhension et l’intérêt des citoyens à l’endroit des questions politiques. Leur capacité à mobiliser

l’opinion publique autour de problématiques contribue à mettre sur l’agenda politique national et même

international les préoccupations des citoyennes et citoyens. Ainsi, les partis politiques peuvent

contribuer à la consolidation de la démocratie par l'accélération de l’égale participation

des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives; ceci suppose que supposent que les chefs des partis prennent conscience de l’exclusion politique faites aux

groupes vulnérables et aux femmes et s’engagent à faire une place accrue à ces catégories de

citoyennes et de citoyens.

Partis politiques

Un parti politique est un groupe organisé de particuliers partageant au moins généralement les mêmes

visées et opinions politiques, et cherchant à influer les politiques publiques en faisant élire leurs

candidats à des charges publiques. La présentation de candidats et les campagnes électorales sont les

activités les plus visibles des partis politiques, mais ceux-ci remplissent beaucoup d’autres rôles vitaux

dans une société démocratique ». A cet effet, le rôle des partis politiques dans la réduction du déficit

démocratique est déterminant. Comme médiateurs institutionnels entre la société civile et les pouvoirs

législatifs et exécutifs, ils permettent aux revendications de leurs membres et partisantes d’être

entendues. Les partis peuvent, à ce titre, porter au sein des assemblées législatives et du gouvernement,

les revendications des femmes en matière d’égalité entre les sexes et, en l’occurrence d’égale

participation politique des femmes et des hommes. Il s’agit de mettre la construction de l’égalité entre

les sexes dans l’agenda politique. Les partis doivent pour cela :

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

40

- Intégrer dans leurs préoccupation, les questions relatives à l’égalité entre les sexes dans la

formulation des besoins et des problèmes qui préoccupent leurs membres et leurs partisans

- Sensibiliser les électeurs et les citoyens aux actions pouvant rendre fonctionnement du système

politique et électoral sensible au genre, et promouvoir des valeurs d’égalité et d’équité entre les

sexes pour lutter contre l’exclusion politique et le déficit démocratique

- Concilier des revendications opposées en matière d’égale participation politique des femmes et

des hommes et les transformer en politiques d’égalité entre les sexes

- Inciter les femmes à participer aux décisions politiques et transformer leurs opinions en

politiques favorables à l’égalité entre les sexes

- Canaliser l’opinion publique vers la responsabilité du gouvernement en matière de mise en

œuvre des normes internationales pour l’égalité entre les sexes

- Recruter et former des femmes qui souhaitent exercer un mandat électoral ou une fonction

élective.

Fonctionnement interne des partis politiques

Le fonctionnement interne d’un parti politique est dans une certaine mesure déterminé par des forces

externes aux partis tels que comme le système électoral, la culture politique, le cadre juridique ; mais il

l’est surtout par des éléments internes, comme la personnalité de son chef et de son équipe, ses

fondements idéologiques, son histoire et sa propre culture politique. Pour soutenir efficacement l’égale

participation politique des femmes et des hommes, les partis et formations politiques doivent adopter

une organisation interne basée sur les principes démocratiques et offrant des opportunités égales aux

hommes et aux femmes d‘exercer des mandats électoraux et des fonctions électives. Ils doivent, pour

ce qui est du processus électoral, adopter des mécanismes et des règles internes d’information, de

consultation, d’organisation et de prise de décisions prenant en compte et impliquant les hommes et les

femmes. Les partis doivent à ce titre adopter des masures d‘actions positives temporaires visant à

établir l‘égalité homme, femmes au sein de leurs structures.

Les militantes des partis peuvent en plus, être appelées à des rôles de direction et de prise de décision

plus officielle. En plus, les mécanismes de choix des dirigeants des partis doivent permettre une plus

large implication des femmes militantes à la base ainsi que la valorisation de l’implication « sociale’

des femmes au sein des partis.

Le fonctionnement d’un parti politique d’opposition ou de la majorité, laisse apparaitre les valeurs qui

fondent son action en tant que formation politique et plus tard entant que gouvernement.

Candidats-tes indépendants-tes

Lorsque le juridique le permet, des citoyennes et des citoyens peuvent se présenter comme candidats à

une élection même s’ils ne représentent pas un parti. Ces candidats indépendants jouent un rôle plus

important dans le débat politique; ils peuvent, par la cause qu’ils défendent contribuer à mettre l’égalité

entre les sexes sur l’agenda politique à l’occasion d’une élection. Contrairement aux candidats des

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

41

partis politiques, les candidats indépendants ne sont pas tenus par une discipline de partis ; ils sont bien

souvent motivés par les causes humanistes. En plaçant la réduction du déficit démocratique au cœur de

leurs débats, ils contribuent à créer des conditions favorables à l’égale participation politique des

femmes et des hommes. Ces candidats peuvent nouer des alliances stratégiques avec les organisations

féminines, les organisations de la société civile pour influencer la prise de décision en matière de

construction de l’égalité entre les sexes.

Les principaux acteurs d’une élection

Les partis politiques et les candidats sont les grands acteurs d’un scrutin. Ils font campagne les uns

contre les autres pour convaincre l’électorat de voter pour eux. Les possibilités qu’ils ont de faire

campagne et de former le gouvernement ou une opposition crédible dépendent du contexte juridique,

politique et culturel du pays, ainsi que de la façon dont les élections sont administrées et des résultats

du vote. Par ailleurs, la validation finale de l’issue d’un scrutin relève dans les faits des partis politiques

et des candidats : s’ils contestent les résultats au motif de fraude ou d’irrégularités réelles ou perçues, la

légitimité de l’assemblée législative ou du gouvernement en sera ébranlée.

Les partis et les candidats peuvent aussi miner le fonctionnement de la démocratie, s’ils se prêtent par

exemple à l’achat de votes, à la manipulation des livres comptables, à la diffamation ou à la propagande

haineuse, à l’intimidation des électeurs, à la corruption ou à l’exclusion systématique de certaines

tranches de la société. Les lois et les règlements sur les campagnes, le financement et le fonctionnement

des partis politiques visent à minimiser le risque qu’ils exercent une influence négative, tout en leur

ménageant la marge de manœuvre nécessaire à l’activité électorale.

Enregistrement des électeurs

C’est par leur inscription sur les listes électorales que les personnes acquièrent leur admissibilité à

voter. L’inscription des électeurs est une opération importante et couteuse. C’est par elle qu’est

assurée le légitimité du processus électoral. Les lacunes du système d’inscription peuvent entacher la

crédibilité de tout le processus électoral. L’efficacité d’un processus d’inscription des électeurs repose

sur une ensemble de condition juridiques, administratives, techniques et politique, amis sur tout par la

prise en compte effective des situations particulière vécues par les individus et les groupes et qui

peuvent limiter leur chances de s’inscrire sur les listes électorales.

Il a été démontré que l’exclusion socioéconomique peut aboutir à l’exclusion politique. En d’autres

termes, que des facteurs historiques, géographiques, économiques, sociaux et culturels peuvent, de

manière décisive entraver l’inscription de groupes et de personnes sur les listes électorales.

Le Cameroun a opté pour l’identification à des fins d’inscription qui consiste à vérifier l’admissibilité

des électeurs et des électrices potentielles et à inscrire leur nom et autres renseignements justificatifs

sur une liste électorale. Les spécialistes recommandent qu’un tel processus soit juste, exhaustif et

inclusif. Il s’agit de s’assurer que toutes les personnes désirant s’inscrire ont des chances égales de la

faire, de faire connaitre le processus d’inscription à travers une campagne ciblée et d’établir les

responsabilités (électeurs et Etat).

L’inclusivité suppose que l’Etat prenne en compte les contingences historiques, sociales et culturelles

qui limitent les possibilités de s’inscrire des personnes issues de groupes vulnérables et des femmes. Le

rôle des administrateurs électoraux est alors de veiller à ce que les électeurs soient au courant des

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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exigences et des procédures d’inscription. Il a été démontré que cette approche donne lieu à des listes

électorales généralement moins complètes, car certains groupes de citoyens sont moins portés à

s’identifier comme électeurs admissibles et à s’inscrire – notamment les jeunes, les personnes âgées ou

handicapées, les personnes défavorisées ou analphabètes ainsi que les résidents des régions rurales où

le transport est plus difficile. En somme, l’État doit assumer en premier la responsabilité d’implanter

des mesures garantissant que l’inscription n’est pas un obstacle administratif à la participation

électorale des femmes et des groupes vulnérables.

Les administrateurs électoraux peuvent choisir différentes méthodes pour confirmer que les électeurs

potentiels respectent les critères de citoyenneté et peuvent prouver leur identité. Au Cameroun, la loi

exige que les citoyens adultes portent une pièce d’identité, la carte nationale d’identité ; c’est à la seule

présentation de cette pièce que l’administration électorale confirme l’admissibilité à l’inscription sur la

liste électorale, ce qui, dans certaines régions rend complexe l’opération d’inscription doublée de

l’effort qu’impose la technologie biométrique.

Les élections constituent somme toute une lutte pour obtenir le pouvoir. Par conséquent, de nombreuses

lois électorales établissent des codes de conduite à l’intention des partis politiques. Dans certains cas,

elles énumèrent également les diverses infractions et les pénalités conséquentes. Les citoyens sont les

meilleurs chiens de garde contre les abus des candidats, mais seulement dans la mesure où ils savent

comment doivent se conduire les partis. Faire connaître le plus possible les codes de conduite permettra

de réduire les conflits.

Dans la même veine, les élections sont un service offert par l’État, ou par un organisme indépendant

qui agit au nom de l’État. Les citoyens ont le droit de savoir à quel genre de service ils peuvent

s’attendre et la publication de ces renseignements sert aussi à prévenir la mauvaise gestion

administrative et les actes fautifs ou la fraude.

Le soutien à la participation politique des femmes

Il peut paraître indiscutable que la participation politique est un objectif clé des institutions

démocratiques. Cependant, il peut y avoir des divergences d'opinion légitimes au sujet de la mesure

dans laquelle la santé d'une politique pluraliste peut être jugée en fonction de la mesure dans laquelle

les citoyens prennent effectivement part à des activités telles que le vote, assistent à des réunions

politiques, adhèrent et font des contributions à des partis politiques en tant que membres, discutent de

politique avec leurs voisins, etc.

Le gouvernement a la responsabilité de procurer des occasions de participation politique aux

femmes, à égalité avec les hommes. Au Cameroun, il est important de reconnaître que les femmes ne

sont pas empêchées de participer à la politique si tel est leur souhait. Il n’existe aucune barrière

artificielle touchant le droit de vote d'un groupe de citoyens quel qu'il soit. Abstraction faite des droits

civils, la possibilité d'adhérer à un parti politique n’est pas refusée aux femmes.

Formellement, les femmes ne sont pas exclues de la refonte biométrique au Cameroun ; mais

pourquoi sont-elles moins nombreuses que les hommes à s’enrôler ?

La refonte à code biométrique du fichier électoral consiste à inscrire tous les citoyens et toutes les

citoyennes, électeurs et électrices en âge de voter et remplissant les conditions d’éligibilité grâce à la

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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technologie biométrique. Bien que la refonte soit ouverte aux femmes et aux hommes, on note que la

proportion des femmes enregistrées est anormalement basse, soit une femme pour trois hommes. Une

observation empirique permet de relier cette situation à un ensemble de facteurs sociaux, économiques

et culturels, qui contribuent de manière significative à réduire la proportion de personnes se présentant

pour se faire enrôler.

Comment réduire cet écart ?

Il est donc indispensable de réduire les effets indésirables des contingences sociales, économiques et

culturelles sur l’enrôlement sur les listes biométriques et, encourager la participation des femmes par

des actions et des orientations pratiques simples et immédiatement utilisables telles que :

Minimiser le côté évènementiel des inscriptions biométriques afin cette opération soit

naturellement un exercice permanent s’étalant sur la période légale d’inscription allant de janvier

à août de chaque

Identifier les obstacles à la participation des jeunes, des personnes handicapées et à mobilité

réduite, des femmes et des personnes issues de groupes vulnérables à l’enrôlement biométrique

Initier des mesures correctives et incitatives, simples pratiques et immédiatement applicables

prenant en compte les différents facteurs d’exclusion identifiés

Relancer une campagne d’information, de sensibilisation et de mobilisation ciblant

prioritairement les jeunes, les personnes handicapées et à mobilité réduite, les femmes et les

personnes issues de groupes vulnérables.

Renforcer les capacités des personnes en charge de l’enregistrement biométrique en matière

d’inclusion et de prise en compte des facteurs de genre, des facteurs sociaux, économiques et

culturels limitant la participation des jeunes, des personnes handicapées et à mobilité réduite, des

femmes et des personnes issues de groupes vulnérables à l’enrôlement biométrique.

Développer des partenariats stratégiques avec les organisations féminines pour des campagnes

de sensibilisation ciblées.

Soutenir la mobilisation des ressources auprès des partenaires et des pourvoyeurs d’assistance

électorale au Cameroun.

Qu’est-ce que le cycle électoral ? Quel rapport avec la participation politique des femmes ?

On parle plus de l’approche cycle électoral. Les élections offrent des opportunités de renforcement de

la gouvernance démocratique par la participation politique formelle de tous et de toutes. C’est un point

d'entrée important et sûr pour la consolidation de la gouvernance démocratique, le renforcement de la

société civile, la promotion des droits humains, y compris les questions de parité, des minorités, la

consolidation de la liberté de la presse, le développement des partis politiques, le renforcement du cadre

juridique ainsi l'occasions de dialogue politique et d'atténuation des conflits (IDEA).

Les experts en élections ont noté que la planification des opérations électorales, d’une manière

générale, que reste une réaction à un évènement électoral (élection présidentielles, élections

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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législatives, élections locale, inscription ….). Une telle approche des élections limite considérablement

l’impact transformateur du processus électoral sur la démocratie. Les agences de coopération

internationales bilatérale et multilatérales pour voyeuses d’assistance électorale et les normes

internationales en matière de démocratie électorale recommandent une planification et une mise en

œuvre intégrée dans un cadre de gouvernance démocratique.

En effet, l’organisation d’élections démocratiques doit s’articuler autour d’une démarche susceptible de

déboucher sur une évolution démocratique du pays, dépassant largement l'évènement électoral

immédiat. Chaque décision d’organiser des évènements ponctuels, bien que tout à fait légitime d'un

point de vue de politique contingente, doit s'accompagner d'une réflexion sur le fait que cela

contribuera ou non à consolider la bonne gouvernance et à réduire le déficit démocratique, en

l’occurrence, le déficit démocratique de genre.

Les agences de développement pourvoyeuses d’assistance électorale ont développé un planning visuel

et outil de formation qui pourrait aider à mieux saisir la nature cyclique des différents défis rencontrés

au cours des processus électoraux : cet outil est connu sous le nom d’approche cycle électoral.

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45

Des mots pour construire l’égalité

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Genre

Les attributs sociaux associés au fait d’être homme ou femme et les relations entre les femmes, les

hommes, les filles et les garçons, ainsi que par les relations entre les femmes et celles entre les

hommes. Ces attributs et relations sont élaborés socialement et apprises par le biais de la socialisation.

Elles sont spécifiques au contexte et à l’époque et changeantes.

Le genre fait partie du contexte socioculturel plus large. D’autres critères importants pour l’analyse

socioculturelle comprennent la classe, la race, le niveau de pauvreté, l’appartenance ethnique et l’âge

(ONU/OSAGI, ND). Ce concept de genre comprend également les attentes quant aux caractéristiques,

aptitudes et comportements escomptés des hommes et des femmes (féminité et masculinité).

Le concept de genre, appliqué à l’analyse sociale, révèle comment la subordination des femmes (ou la

domination des hommes) se construit socialement. Ainsi, la subordination peut changer ou disparaître.

Elle n’est pas préétablie biologiquement ni fixée pour toujours (UNESCO, 2003).

Le genre est un concept se référant aux rapports sociaux entre femmes et hommes, qui sont aussi des

relations de pouvoir, aux différences sociales entre les femmes et les hommes, qui sont acquises, qui

sont susceptibles de changer avec le temps et qui sont largement variables, tant d’un pays à l’autre que

parmi les différents cultures et contextes à l’intérieur d’un pays.

Définir la notion de « sensible au genre »: distinction entre l’émancipation des femmes et l’égalité

des sexes

Le suivi axé sur la problématique hommes-femmes comporte deux dimensions liées mais distinctes.

Tout d’abord, certaines interventions sont conçues de manière à renforcer la capacité des femmes et

leur permettre un accès aux ressources et aux opportunités dans le but de dépasser un retard historique

marqué par la discrimination et l’exclusion. Le suivi de telles politiques permet de déceler les

changements dans l’autonomisation des femmes.

Les indicateurs du renforcement de l’autonomie des femmes peuvent comprendre les dépenses de l’État

par individu parmi la population féminine dans le cadre des programmes visant à réduire la

discrimination à l’égard des femmes, et la proportion des sièges parlementaires réservés aux femmes.

En second lieu, une politique spéciale ou une pratique de gouvernance peut avoir un impact différent

sur les hommes, par rapport aux femmes. Mesurer ces répercussions différentes est important si l’on

veut éviter la discrimination (non intentionnelle) à l’encontre des hommes ou des femmes sur la base

des sexospéciffités.

Le suivi de ces politiques permet de déceler les changements dans l’égalité des sexes. Les indicateurs

de l’égalité des sexes peuvent comprendre le taux de présence parlementaire parmi les législateurs

hommes et femmes. Si ce ratio est continuellement supérieur (ou inférieur) à l’unité, il peut donc

indiquer que certaines pratiques de gouvernance, telles que la proportion du temps que le Parlement

passe en sessions en dehors de l’horaire normal de travail, ont un impact déségalisateur sur les hommes

et les femmes.

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

47

Sexe

Le sexe est biologique, fixe, le même pour tous les hommes et toutes les femmes, alors que le Genre

renvoie aux différences entre les femmes, entre les hommes, entre les hommes et les femmes, sur la

base d’influences de sexe, race, ethnie, classe, âge caste etc. Alors que le sexe est inné, le genre est un

construit social et, pour cette raison, peut être déconstruit si des mécanismes idoines sont activés et

institutionnalisés à cet effet.

Relations entre les sexes

Les relations sociales entre les hommes, les femmes, les filles et les garçons, qui définissent la

distribution des pouvoirs entre les hommes, les femmes, les filles et les garçons et la façon dont ce

pouvoir se traduit dans différentes situations dans la société. Les relations de genre varient en fonction

des autres relations sociales, telles que la race, la classe, l’appartenance ethnique, etc. Elles auront des

conséquences considérables sur la façon dont les individus, hommes ou femmes, appréhendent les

processus et institutions tels que les procès et les tribunaux et sur la nature de leurs échanges avec les

autres individus au sein de ces institutions.

Intégration du genre

«Le processus d’évaluation des conséquences pour les femmes et les hommes de toute action planifiée,

y compris la législation, les politiques ou programmes, dans tous les domaines et à tous les niveaux. Il

s’agit d’une stratégie pour faire des préoccupations et des expériences des hommes comme des femmes

une partie intégrante de l’élaboration, de la mise en œuvre, du contrôle et de l’évaluation des politiques

et programmes dans tous les milieux politiques, économiques et sociétaux afin que les femmes et les

hommes en bénéficient également et que les inégalités en soient absentes. L’objectif ultime de cette

stratégie est de parvenir à l’égalité entre les sexes » (ONU/ECOSOC, 1997).

Egalité entre les sexes

Les droits, chances et devoirs égaux des femmes et des hommes et des garçons et des filles. L’égalité

ne signifie pas que les femmes et les hommes deviendront identiques mais que les droits, devoirs et

chances des femmes et des hommes ne dépendront pas de leur appartenance à un sexe ou à l’autre.

L’égalité entre les sexes implique que les intérêts, besoins et priorités des hommes comme des femmes

seront pris en compte, tout en reconnaissant la diversité des différents groupes de femmes et d’hommes

(ONU/OSAGI, ND).

L’équité entre les sexes

Le processus d’impartialité à l’égard des hommes et des femmes. Pour garantir l’équité, des mesures

doivent souvent être mises en place pour compenser les déséquilibres historiques et sociaux qui

empêchent les femmes et les hommes de fonctionner sur un pied d’égalité. L’équité est un moyen,

l’égalité un résultat. (UNESCO, 2003).

Analyse de genre

La collecte et l’analyse d’informations ventilées par sexe. Les hommes et les femmes jouent des rôles

différents dans les sociétés et les institutions, telles que les forces de police et les tribunaux. Ces rôles

différents font que les femmes et les hommes ont des expériences, des connaissances, des talents et des

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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besoins différents. L’analyse de genre étudie ces différences afin que les politiques, programmes et

projets puissent identifier et répondre aux différents besoins des hommes et des femmes. L’analyse de

genre facilite également l’utilisation stratégique des connaissances et compétences distinctes dont

disposent les femmes et les hommes, ce qui peut améliorer grandement la durabilité à long terme des

interventions (UNESCO, 2003).

La neutralité de genre

Une hypothèse selon laquelle les interventions en faveur du développement profitent aux hommes et

aux femmes de manière égale, et qui entraîne un échec de l’analyse et des plans pour les relations

sociales entre les hommes et les femmes et de la façon dont ces relations auront des conséquences sur

la programmation.

Justice de genre

«La protection et la promotion des droits civiques, politiques, économiques et sociaux sur la base de

l’égalité entre les sexes. Elle demande que l’on utilise une approche sexospécifique des droits eux-

mêmes, ainsi qu’une évaluation des accès et obstacles à la jouissance de ces droits pour les femmes, les

hommes, les filles et les garçons et que l’on adopte des stratégies sensibles au genre pour les protéger et

les promouvoir » (Spees, 2004).

La majorité de l’agenda général pour une justice de genre ne rentre pas dans le cadre de la

programmation « Accès à la Justice » du PNUD. Cependant, augmenter l’accès à la justice pour les

femmes, que ce soit de manière officielle ou non, aide à éliminer les barrières économiques, politiques

et sociales à la participation, comme il est stipulé dans l’agenda pour la justice de genre (UNIFEM &

ILAC, 2004).

Androcentrisme

Système idéologique prenant comme référant et norme l’être humain de sexe masculin. La citoyenneté

dite universelle s’appuie sur de telles prémisses.

Patriarcat

Vision déterministe et biologique d’un monde où les valeurs sont partagées entre le féminin et le

masculin, puis hiérarchisées. Le domaine public serait, suivant cette vision, réservé aux hommes et la

sphère privée aux femmes. Forme d’organisation centrée sur l’homme ; les femmes ne sont pas visibles

(elles n’héritent pas au même pied d’égalité que l’homme). C’est la structuration de la société/mentalité

qui institue la supériorité masculine.

Masculinité

Courant de pensée qui remet en cause les valeurs masculines et les normes que la société impose au

comportement masculin. L’homme est dominant. C’est la base de plusieurs inégalités de genre

constatées. Elle nourrit/inspire beaucoup de lois et traditions par rapport au genre.

Violence sexiste

Terme générique pour désigner tout acte nocif perpétré à l’égard d’un individu contre sa volonté et

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fondé sur son identité socialement définie en tant qu’homme ou femme (ONU, 2005). L’Assemblée

générale de l’ONU a défini la violence contre les femmes dans la Déclaration de 1993 sur l’Elimination

de la violence à l’égard des femmes comme « tout acte de violence sexiste entraînant, ou pouvant

entraîner, des dommages ou des souffrances physiques, sexuels ou psychologiques à l’égard femmes, y

compris les menaces de tels actes, la coercition ou la privation arbitraire de liberté, qu’il soit perpétré

en public ou en privé » (ONU, 1993).

Stéréotype

Faire usage d’un stéréotype, c’est se mettre à parler d’un groupe d’individus, par exemple, les Belges,

les Anglais, les femmes, les handicapés, …, et à généraliser autour de caractéristiques qu’on juge

communes à ce groupe : « les patrons sont comme ça », « c’est typiquement un comportement d’Italien

», « les femmes ça a toujours un bobo par-ci, par-là », etc. Par le biais du stéréotype, cette personne

simplifie exagérément l’idée qu’elle se fait de la réalité et émet des propos qui sont finalement plus des

croyances et des images mentales sur les uns et les autres que des faits « vrais » ou généralisables. Les

propos utilisés sont par ailleurs souvent négatifs, et auront plus fréquemment tendance à généraliser sur

les comportements des uns et des autres, sur les habitudes, l’apparence, les potentialités physiques ou

intellectuelles de tel ou tel groupe, etc.

Le stéréotype peut également combiner des caractéristiques, comme le souligne une stagiaire, « femme

arabe », rencontrée dans le cadre de la recherche, lorsqu’elle dit qu’elle est femme, et qu’en plus, elle

est marocaine… « donc on peut dire que je cumule vraiment les stéréotypes » a-telle ajouté.

L’influence des stéréotypes est parfois suffisamment forte pour que dans des cas comme ceux de cette

stagiaire, ou de femmes immigrées en recherche d’emploi, on parle sans équivoque de « cumul des

handicaps »(Association pour une Fondation Travail - Université ; 2006).

Sexisme

On parle de sexisme lorsqu’il s’agit d’une différenciation sur base du sexe. Le sexisme est donc le fait

de juger quelqu’un en fonction de son sexe. On peut le distinguer en sexisme bienveillant (le fait par

exemple de considérer la femme comme faible et à protéger) et en sexisme hostile (qui exprimera un

mépris ouvert pour tel ou tel sexe). Il est dit que, contrairement au sexisme hostile que les femmes

rejettent plus facilement, le sexisme bienveillant suscite moins de réactions de leur part, car elles s’en

acclimatent plus facilement. On peut ajouter que le sexisme est une généralisation abusive et une

exagération de la différence, et souvent la preuve d’un déterminisme sociétal sur la différence, qui

engendre de ce fait l’inégalité entre les êtres, et est souvent utilisé pour légitimer la discrimination. En

simplifiant fortement, on pourrait dire que lorsque le stéréotype distingue les êtres selon leur

appartenance ethnique, il en résulterait du racisme. De même, lorsque le stéréotype s’accommode de la

notion de femme et d’homme, il donne naissance au sexisme, qui n’est pas moins dangereux que le

racisme, mais qui est, encore aujourd’hui, minimisé et beaucoup moins traqué : « Le sexisme est

aujourd’hui fortement "admis" et passe très souvent inaperçu. […] c’est sans doute parce que les

sexistes ne le sont pas tout le temps, ne le sont que dans certaines situations et ne sont peut-être même

pas conscients de l’être. »

Stéréotype sexiste

Le stéréotype sexiste, ou stéréotype de sexe, associe à la fois le sexisme et le fonctionnement du

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stéréotype. Il est utilisé pour généraliser sur les hommes et sur les femmes, en affublant l’un et l’autre

de caractéristiques, généralement exclusives et opposées, comme dans l’exemple : les hommes sont

forts et peuvent donc porter des poids lourds, les femmes sont plus faibles et donc ne le peuvent pas.

Tout comme les stéréotypes, les stéréotypes sexistes sont des idées fausses ou fantasmées de ce qu’on

croit être la réalité. Mais ils ne sont pas perçus comme tels par la personne qui les exprime, car elle les

considère souvent comme des faits et des principes « naturels » : « c’est dans la nature de ces gens

d’être comme cela… ». Elle ne voit donc pas qu’elle généralise. Au contraire, elle pense bien dépeindre

la réalité, et dire une vérité.

Les stéréotypes en général et les stéréotypes sexistes en particulier ne sont pas non plus des données

fixes et rigides. Leur cadre de référence et de définition est quasi toujours en restructuration, selon un

contexte économique, culturel, social, religieux, et selon un contexte particulier qui concerne l’individu

et tous les facteurs qui influencent sa perception de l’autre, et avec qui il/elle est en relation. Ainsi,

chaque définition du masculin et du féminin, de ce qu’il est « naturel » d’être et de faire pour une

femme et pour un homme varie dans le temps et l’espace. « Le caractère ‘‘institutionnalisé’’ des

rapports inégaux entre les femmes et les hommes les rend résistants au changement et favorise leur

reproduction au quotidien» (Association pour une fondation travail-université ; 2006)

Rapports sociaux des sexes

La façon dont les hommes et les femmes dans une société se voient conférer des attributions, des

responsabilités et des rôles différents, sur la base des normes et valeurs (d'un groupe) dans une société.

Ces rapports sont modifiables et sont influencés par la classe, la caste, l'ethnie et la race et sont une

expression des relations de pouvoir.

Accès aux ressources et contrôle de ces ressources

Utilisation et droit de décider de disposer des ressources dont on a besoin pour mener ses activités.

Prise de décision

Habileté acquise à travers l’exercice d’une fonction nominative ou élective, de décider, d’orienter et

d’influencer la conduite d’un pays. La proportion de femmes impliquées dans la prise de décision au

cameroun est inférieure à 20% dans tous les domaines.

La prise de décisions concerne tous les niveaux ; individuel, familial, communautaire et sociétal. C’est

un aspect clé dans la transformation des relations de genre.

Socialisation

Processus au cours duquel un individu apprend et intériorise les normes et les valeurs tout au long de sa

vie, dans la société à laquelle il appartient, et construit son identité sociale. Elle est le résultat à la fois

d'une contrainte imposée par certains agents sociaux, mais aussi d'une interaction entre l'individu et son

environnement.

Donnée désagrégée par sexes

Différenciation dans la collecte, l’analyse, la planification et le suivi et l’évaluation, pour les hommes

et les femmes.

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Religion et tradition

Ce sont deux systèmes de pensée qui influencent les relations de genre. Ils déterminent ce qu’est une

personne de bien, homme ou femme, et ce que l’on attend ou n’attend pas de lui/elle.

Féminisme

Mouvement social qui remet en cause les inégalités entre les hommes et les femmes et cherche à les

corriger aux niveaux personnel, relationnel et sociétal.

Intérêts stratégiques / besoins pratiques

Mutations dans les relations existantes, liées aux rôles, tâches et responsabilités et changements au

niveau des institutions. Contrôle accru des femmes sur la vie personnelle et sur la société. Position des

hommes et des femmes dans la société, liées aux responsabilités et aux besoins quotidiens. Ne changent

pas la division existante, répondent aux besoins fondamentaux liés à la division traditionnelle des rôles

et des responsabilités. Liés à la condition des hommes et des femmes dans la société.

Participation

Rôle à jouer, assumer son rôle, responsabilité ; implication du bénéficiaire. La contribution de chacun

et chacune au niveau individuel, collectif et communautaire. C’est aussi la valorisation et l’intégration

de tous. Pour une meilleure participation des femmes, leur rôle doit être reconnu et valorisé. Cette

participation ne doit pas se limiter à une contribution matérielle ou financière et intellectuelle, mais une

participation au processus décisionnel. La confiance en soi et l’engagement sont nécessaires pour

participer Conscientisation et participation sont deux aspects importants pour « l’empowerment » des

femmes.

Participation politique

La participation politique peut se définir comme un acte volontaire visant à influencer des élections ou

des prises de décisions politiques. Se prévaloir de son droit de vote, se présenter comme candidat,

tenter d'influencer les grandes lignes d'une politique ou chercher à obtenir des avantages pour

quelqu'un, dans un but très précis, sont autant d'exemples de participation politique. L’idéal

démocratique repose sur la conception que le pouvoir politique procède du peuple souverain. Il ne peut

donc y avoir de démocratie sans implication du citoyen, c'est à dire sans citoyen actif. C’est pourquoi la

citoyenneté politique postule non seulement la jouissance de droits civiques attachés à la nationalité (le

droit de vote, l’éligibilité, les libertés publiques, l’accès aux fonctions de responsabilité) mais aussi le

devoir de s’impliquer dans la vie politique, d’y participer. (…).

Il ne peut y avoir participation si on ne se sent partie prenante d’un groupe, sans sentiment

d’appartenance, sans disposer de moyens de se faire entendre – moyens institutionnels certes, mais

aussi des ressources personnelles. La dépendance matérielle, le défaut de savoir, le sentiment

d’incompétence, une situation d’exclusion produisent l’apathie. Une situation d’exclusion peut aussi

nourrir des réactions de rejet et de repliement sur des identités particulières et différentialistes. La

montée de ce qu’il est convenu d’appeler l’exclusion se trouve au cœur de la crise de la participation

politique, sans en être bien sûr toute l’explication. La participation politique rend compte de «

l’ensemble des activités par lesquelles les citoyens sont habilités à entrer en contact avec l’univers sacré

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du pouvoir, toujours de façon superficielle ou éphémère et en respectant certaines contraintes rituelles.

» (B. Denni et P. Lecomte ; L'Encyclopédie canadienne © 2009 Fondation Historica du Canada) .

Participation politique des femmes

La participation politique des femmes comprend un large éventail d'actions et de stratégies, notamment

:

La participation au processus électoral comme candidates, électrice et membre de l’administration des

élections

La participation au travers d’associations et organisation de la société civile, y compris les

organisations féminines

La participation aux syndicats

La participation aux organisations à base communautaires

La participation aux activités d’intérêt collectif et aux mobilisations pour défendre des causes

communes ;

La participation aux activités des partis politiques.

Bien que peu valorisées, les formes de participation politiques des femmes ont un impact important sur

le développement du Cameroun. Le foisonnement des organisations féminines, souvent considéré à

tort avec condescendance, représente souvent l’antichambre de l’engagement des femmes dans la vie

politique.

Analyse et planification de genre

Recherche qui vise à comprendre et à faire ressortir les inégalités existantes, comment elles s’expriment

dans les relations personnelles que les hommes et les femmes établissent, ainsi que dans la société dans

son ensemble, et comment les relations entre les sexes sont institutionnalisées, en vue de planifier le

changement, et en vue d’une plus grande égalité dans le développement.

Socialisation

Processus au cours duquel l'individu intériorise les normes, les valeurs et les comportements que la

société, grâce à des groupes intermédiaires comme l'école ou la famille, lui inculque.

Processus par lequel l'individu apprend et intériorise sa culture. Ainsi, incorporant un certain nombre de

valeurs, de normes et de règles, l'individu est à même de s'intégrer dans le monde social. Processus

"d'entrée en société".

Valeurs

Ensemble hiérarchisé dans un système de valeurs. Elles sont subjectives et varient selon les différentes

cultures. Elles sont "matérialisées" par des normes. Les types de valeurs sociologiques incluent les

valeurs morales et éthiques, les valeurs idéologiques (politique) et spirituelles (religion), la doctrine, la

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valeur écologique ou encore esthétiquement et ouvertement et individuellement. Un débat tourne autour

du fait que les valeurs n'existeraient pas en tout cas pas dans le sport.

Principes auxquels doivent se conformer les manières d'être et d'agir, ces principes sont ceux qu'une

personne ou qu'une collectivité reconnaissent comme idéales et qui rendent désirables et estimables les

êtres ou les conduites auxquelles elles sont attribuées. Elles sont appelées à orienter l’action des

individus dans une société, en fixant des buts, des idéaux. Elles constituent une morale qui donne aux

individus les moyens de juger leurs actes et de se construire une éthique personnelle (P. Liotard).

Reproduction sociale

Toute société se reproduit ; c'est une évidence au niveau démographique, ça l'est aussi en ce qui

concerne ses structures, même si la reproduction ne se fait pas toujours à l'identique. Très tôt, les

premiers sociologues (Auguste Comte, Émile Durkheim, Herbert Spencer) ont emprunté aux sciences

de la nature, en particulier à la biologie, leur conception de la société ; celle-ci est alors pensée comme

un organisme vivant, qui doit assurer sa reproduction. Dans cette perspective, qui débouche sur ce

qu'on a appelé le fonctionnalisme, c'est un ordre social, un mode d'intégration, qu'il s'agit de reproduire.

À la même période, Karl Marx donne une acception plus strictement sociologique à ce concept de

reproduction, en soulignant que ce sont des rapports sociaux, des situations conflictuelles, qui se

trouvent reproduits.

Norme sociale

Règle de conduite dans une société ou un groupe social, notamment des manières d’agir. Les normes

sociales définissent le domaine de l’action sociale en précisant ce que l’individu peut ou ne peut pas

faire. Elles traduisent les valeurs et les idéaux dominants de la société ou du groupe. Il existe des

normes formelles, (écrites: lois, différents codes et règlements). Il existe également des normes

informelles qui constituent en fait les mœurs, les habitudes, les coutumes (ex: politesse, rythme de

repas). Le non-respect de ces normes entraîne généralement des sanctions. Dans le cas de normes

formelles, il s'agira des prisons, amendes, licenciements, etc. Sinon il s'agira principalement de

sanctions morales telles que des brimades, allant jusqu'à l'exclusion d'un individu de son groupe

d'appartenance (Wikipedia).

Définition de l'intégration de la dimension de genre

Cette notion soulignait la nécessité de s'assurer que l'égalité des genres était une priorité dans tous les

domaines de développement social et économique.

Consiste à évaluer les implications des femmes et des hommes dans toute action planifiée comprenant

la législation, les procédures ou les programmes dans tous les domaines et à tous les niveaux. Cette

stratégie permet d'intégrer les préoccupations et les expériences des femmes et des hommes à la

conception, à la mise en œuvre, au contrôle et à l'évaluation des procédures et des programmes dans

toutes les sphères politiques, économiques et sociétales pour qu'ils en bénéficient de manière égale et

que l'inégalité actuelle ne soit pas perpétuée.

Transformation par l'intégration

Ne saurait signifier l'ajout "d'une composante féminine «ou même "d'une composante concernant

l'égalité des genres" dans une activité existante. Elle va au-delà de l'accroissement de la participation

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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des femmes. Elle signifie que l'expérience, la connaissance et les intérêts des femmes et des hommes

ont un effet sur le programme de développement. C'est ainsi que le processus d'intégration peut

impliquer l'identification des besoins de changement dans ce programme. Il peut nécessiter également

des changements dans les objectifs, les stratégies et les actions afin que les femmes et les hommes

puissent influencer les processus de développement, y participer et en bénéficier. Le but est donc de

transformer des structures sociales et institutionnelles discriminatives en structures égales et justes pour

les hommes et les femmes.

Principes de base de l'intégration

La responsabilité de la mise en œuvre de la stratégie d'intégration est globale et repose sur les principes

suivants :

Existence de mécanismes de comptabilisation adéquats doivent être établis pour contrôler les progrès

accomplis

Définition initiale des préoccupations et problèmes dans tous les domaines d'activités doit révéler les

différences et les disparités liées au genre. Les problèmes auxquels sont confrontés les hommes et les

femmes doivent être analysés en rapport avec les rôles et statuts respectifs que leur ont assignés les

différentes sociétés. Une analyse des questions de genre doit donc toujours être effectuée

Volonté politique très claire et l'attribution de ressources appropriées pour l'intégration de la dimension

de genre, notamment des ressources financières et humaines supplémentaires, sont primordiales pour la

concrétisation de ce projet

Des efforts doivent être déployés pour assurer une participation équitable de la femme à tous les

niveaux de prise de décisions; L'intégration ne remplace nullement le besoin de procédures et de

programmes ciblés spécifiques aux femmes, de législations positives, ni le besoin d'unités ou de

délégué(e)s chargé(e)s des questions de genre.

Démocratie

Gouvernement par le peuple, pour et avec le peuple. La démocratie s’oppose à la dictature, mais elle

peut être censitaire ou exclure certains groupes sociaux. La démocratie ne se confond pas non plus avec

la citoyenneté, ni la nationalité. Les démocraties ont exclu de nombreux groupes sociaux, que ce soit à

Athènes ou ailleurs. Partout ou presque, les femmes ont dû lutter des décennies, voire plus d’un siècle,

pour avoir le droit de vote dont découlent tous les autres droits.

Il faut relever que la culture, les pratiques de pouvoir ainsi que les mécanismes d’accès aux mandats

électoraux et aux fonctions électives ont fortement contribué à la construction de démocraties sans la

participation des femmes. En effet les conditions de réalisation du « gouvernement du peuple par le

peuple » excluent les femmes et d’autres groupes vulnérables. Les femmes du monde entier travaillent

à la modification des pratiques actuelles pour arriver à donner aux hommes et aux femmes, les mêmes

chances de participation à la vie publique.

La démocratie participative s’ouvre sur les acteurs et actrices sociales, sur les syndicats, les groupes

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

55

représentant divers intérêts, sur les organisations non gouvernementales, sur les minorités et les groupes

ne possédant pas le droit de vote ni d’éligibilité. La démocratie moderne exige le respect des droits de

la personne humaine et le développement de tous et de toutes.

Déficit démocratique

Absence de parité entre hommes et femmes et de façon plus générale, l’absence ou l’impossibilité de

participation de toutes les composantes sociales à la prise de décision. C’est est la manifestation de

conditions défavorables à la participation des femmes et des groupes à vulnérables aux mandats

électoraux, aux fonctions électives et à la prise de décisions. La réduction ou l’élimination du déficit

démocratique passe par la prise de mesures légales garantissant et favorisant une participation égale

aux hommes, aux femmes et aux groupes vulnérables aux mandats électoraux et aux fonctions

électives.

Démographie

Science ayant pour objet, l’étude quantitative des populations humaines, de leur évolution et de leur

mouvement (Larousse 2005), C’e la démographie fournit l’information sur la répartition de la

population par sexe et par âge. Les outils et indicateurs d’analyse de cette science ont un impact certain

sur la participation des femmes à la vie politique de leur pays. Ces indicateurs ne permettent pas

toujours de prendre en compte toute la participation des femmes au développement de leur pays. L’un

des indicateurs les plus sujet à controverse est la notion de population active est celui qui rend compte

de l’ensemble des personne exerçant un emploi ou à la recherche d’un emploi, ce qui exclue d’office la

production et le travail domestique.

C’est aussi la démographie qui nous permet de savoir que les femmes constituent la majorité de la

population et qu’elles sont capables de jouer un rôle important dans la conduite des affaires publiques,

à condition d’en prendre conscience.

Développement

Processus plus qu’économique, le développement implique des changements mentaux au sein de la

population, des modifications des structures économiques et sociales On parle de développement

durable notamment lorsqu’il y a souci de justice et d’équilibre entre les sexes. Le développement

comme n’importe quel autre domaine d’activité s’est édifié sur l’invisibilité des femmes. Il a fallu

attendre 1973 pour entendre parler de l’intégration des femmes au développement, c'est-à-dire

reconnaître leur contribution économique à la société, leur donner plein accès au marché de l’emploi, et

reconnaître l’égalité des hommes et des femmes dans toutes les sphères de la vie sociale (Colette Saint

–Hilaire, département de sociologie, Université d’Ottawa).

Développement durable

Le développement durable est « un processus de changement par lequel l’exploitation des ressources,

l’orientation des investissements, des changements techniques et institutionnels se trouvent en

harmonie et renforcent le potentiel actuel et futur de satisfaction des besoins humains » (rapport

Brundtland, 1992).

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

56

Le développement durable implique de nombreux processus culturels, économiques, politiques et

sociaux. Il implique également la démocratisation des États, la modernisation des modes de vie et des

rapports sociaux — on parle alors de développement et genre —, la croissance économique. Il est

aujourd’hui associé aux femmes car, d’une part, elles ont été longtemps des actrices invisibles, d’autre

part, leur non - prise en compte officielle empêchait un développement durable. En 1948, l’article 2 de

la Déclaration universelle des droits de l’homme inclut les droits des femmes dans ceux des hommes,

puis en 1950 l’Organisation internationale du travail (OIT) fait ratifier les conventions sur les principes

de « la rémunération égale à travail égal » et de la « non-discrimination selon l’emploi et l’occupation

». Puis, en 1973, l’amendement Percy voté par le Congrès états-unien rend obligatoire l’inclusion des

femmes dans les projets de développement de l’Agence internationale de développement américaine.

En 1985, la Conférence de Nairobi clôt la décennie consacrée aux femmes. L’Agence canadienne de

développement international a ces mêmes exigences depuis près de vingt ans. Mais si les femmes sont

sorties de l’invisibilité, elles ne sont toujours pas des partenaires de fait et, écrit Jeanne Bisilliat, les

évidences quant à leur participation économique et sociale ont beau être flagrantes, ces évidences

continuent à se heurter à une surdité politique et culturelle. Le travail conceptuel et politique sur la

relation entre les femmes et le développement a été avant tout un domaine anglo-saxon, et de fait

nombre des concepts employés dans la recherche sont des anglicismes ou des calques.

Développement personnel

Le développement personnel répond en fait à un profond besoin de l'être humain, celui de se connaître

et de s'améliorer toujours davantage, afin de jouir profondément de la vie tant sur les plans corporel,

qu'émotionnel, affectif et spirituel. Le développement personnel comble la lacune qu'ont laissée les

différents systèmes éducatifs cités plus haut, lesquels correspondent seulement aux exigences

particulières des systèmes familiaux, sociaux et religieux. Grâce au développement personnel, chacun

peut prendre la responsabilité de sa propre évolution et de sa croissance illimitée, pour devenir plus

humain et plus libre, en développant au mieux sa relation à lui-même et aux autres.

Le développement personnel contribue au renforcement des capacités des femmes en politique. Il leur

permet de se découvrir et de s’affirmer comme personne, ce qui améliore sensiblement leur capacité de

participation sociale. Le développement personnel contribue à l’actualisation des qualités jusque-là

ignorées ou étouffées.

Différenciation sexuelle

Le terme différentiation en biologie, est le processus qui permet l'acquisition des caractéristiques

cellulaires individuelles, comme dans la diversification progressive.

Au plan social phénomène de construction d’un corps sexué marquant et exacerbant les différences

biologiques. Elle donne lieu à des transformations réversibles ou non du corps, principalement du corps

des femmes. On parle alors de corps donné (attribut biologique d’un individu) et de corps construit,

manipulation artificielle destinées à souligner la différence des sexes. Il s’agit de faire en sorte

l’apparence physique des individus réponde à un idéal esthétique et politique. La différentiation sert à

justifier des abus comme les mutilations génitales féminines (supprimer l’organe mâle chez la

femme …), l’abus de la chirurgie esthétique. Le maquillage se classe parmi les processus de

transformation réversibles du corps. La construction d’un corps d’homme ou de femme n’est pas

esthétique ; elle est politique ; en effet, le corps construit assigne aux individus une position et une

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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définition sociales conforme aux rôles sociaux des sexes.

Discrimination

On parle de discrimination lorsqu’une personne est traitée différemment (de façon à créer une inégalité)

uniquement en fonction de son appartenance à un groupe ethnique, linguistique, national, « racial »,

religieux, social, sexuel… Le sexisme est la discrimination basée sur le sexe, le racisme, celle basée sur

la race, l’âgisme, celle fondée sur l’âge. Beaucoup d’autres formes de discriminations se manifeste dans

la société ; elles ont toutes en commun de priver les groupes qui en font l’objet d’une égale

participation sociale, économique et politique.

La convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes définit la

discrimination à l’égard des femmes comme toute distinction, exclusion ou restriction fondée sur le

sexe qui a pour effet ou pour but de compromettre ou de détruire la reconnaissance, la jouissance ou

l’exercice par les femmes, quel que soit leur état matrimonial, sur la base de l’égalité de l’homme et de

la femme, des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans les domaines politique,

économique, social, culturel et civil ou dans tout autre domaine.

La discrimination à l’encontre des femmes viole les principes de l’égalité des droits et du respect de la

dignité humaine, qu'elle entrave la participation des femmes, dans les mêmes conditions que les

hommes, à la vie politique, sociale, économique et culturelle de leur pays, qu'elle fait obstacle à

l’accroissement du bien-être de la société et de la famille et qu'elle empêche les femmes de servir leur

pays et l’humanité dans toute la mesure de leurs possibilités (CEDEF).

Discrimination positive

Ensemble d’actions spéciales ou mesures temporaires adoptées par les Etats visant à accélérer

l’instauration d'une égalité de fait entre les hommes et les femmes ; ces mesures doivent être abrogées

dès que les objectifs en matière d’égalité de chances et de traitement ont été atteints. Ce sont des

mesures compensatoires et souvent temporaires pour permettre aux femmes ou aux groupes discriminés

d’entrer en compétition avec les groupes sur - représentés.

Disparités entre les sexes

Ecart dans la situation des hommes et des femmes dans tous les domaines. Les disparités entre les sexes

sont le résultat d’une organisation sociale qui place les femmes dans des situations de dépendance et

d’impuissance, les excluent de la prise de décisions et prend peu ou pas en compte toute leur

participation sociale et économique. Les actions entreprises pour la participation de plus de femmes à la

prise de décisions font parties de mesures correctives visant la réduction des disparités entre les sexes.

Division sexuelle du travail

Division du travail rémunéré et non rémunéré entre les femmes et les hommes, tant dans la vie privée

que la vie publique. Les rapports sociaux de sexe s’expriment à travers la division du travail. Cette

division prend deux formes: la séparation et la hiérarchisation. En effet, si les travaux féminins et

masculins semblent séparés dans toutes les sociétés, ce ne sont pas partout les mêmes. En revanche,

l’anthropologue Margaret Mead le faisait déjà remarquer en 1948 : quels que soient ces travaux, seuls

les travaux masculins sont valorisés. Le travail domestique, souvent invisible, est l’une des formes de

Increasing Women’s capacities, leadership and political participation Accroître le leadership et la participation politique des femmes

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cette division sexuelle du travail, rencontrée cependant aussi dans le monde professionnel.

S’agissant de la participation des femmes en politique, notamment en Afrique, on note au sein de partis

politiques une tendance à la reproduction de la division sexuelle du travail et des rapports sociaux de

sexes. Les femmes sont affectée pour la plus part à des fonctions ou à des tâches directement reliées à

leurs rôles traditionnel d’épouse et de mère ce qui biaise la prise en compte et la valorisation de leur

apports au sein de ces structures.

Droits humains

Ensemble des droits naturels, politiques et sociaux de tout être humain. Renvoie à l’expression anglo-

saxonne Human Right. S’il est nécessaire de se référer aux droits de l’homme lorsqu’il s’agit de la

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) ou de la Déclaration universelle des droits de

l’homme (1948), c’est-à-dire à des documents historiques déterminés, on parlera de Droits humains ou

de Droits de la personne pour les droits des deux sexes. Il sera question de droits des femmes en raison

du déficit historique des femmes ou parce que ces droits ne sont applicables qu’à elles seules.

On réservera l’expression Droits de l’Homme aux cas où les droits ne s’appliquent qu’aux êtres

humains de sexe masculin. Dans les pays du Nord, on parle également des droits spécifiques aux

lesbiennes ou aux homosexuels lorsqu’il s’agit de lutter contre les discriminations en raison de

l’orientation sexuelle ou d’aménager le code civil et le statut personnel afin de prendre en compte les

changements de sexe et les couples avec deux partenaires du même sexe. Même si aujourd’hui l’accent

est mis sur le droit individuel anglo-saxon, la notion particulariste des droits coexiste avec une notion

universelle. Benoîte Groult fut, en 1975, l’une des premières féministes à s’élever, à propos des

mutilations sexuelles et des violences faites aux femmes, contre l’idée d’une conception ethnologique

des droits, et à écrire : « L’idée que les droits humains puissent varier selon le sexe, la race ou la

religion est, comme l’apartheid, une forme de racisme. Ce fameux droit à la différence est, pour les

femmes mutilées, un devoir de différence, le contraire d’une liberté. » Les droits humains ont, pour être

justes et équitables, besoin d’une analyse différenciée selon les sexes et d’une approche

intégrée(Thérèse Moreau, 2000).Certaines féministes s’insurgent contre l’appellation « Droits de

l’Homme », considérant qu’il s’agit là de l’une des matérialisations de l’androcentrisme. Elles

proposent l’emploi de « Droits Humains », considérant que dans cette dernière acceptation rend plus

compte du fait qu’il s’agit des Droits de la Personne Humaine. Cette explication se rapproche plus de

l’expression anglo-saxonne « Humain Rights ». Au Canada, c’est le Concept le plus utilisé.

Égalité

Du vocable latin « aequus » : caractère de choses de mêmes dimensions, quantité ,valeur ou de même

niveau. En principe, situation d’individus titulaires des mêmes droits et devoirs. Il existe une différence

entre l’égalité de droits, qui est un processus juridique et constitutionnel, et l’égalité de fait qui pourrait

résulter de l’égalité de droits. L’égalité de traitement entre femmes et hommes, l’égalité des chances,

l’égalité de salaire font partie de l’égalité des sexes. L’égalité entre femmes et hommes ne sera

accomplie que lorsque toute personne, quels que soient son sexe, son orientation sexuelle, son groupe

ethnique, aura la possibilité de réaliser tous ses droits à la mesure de son propre potentiel et de

contribuer à l’évolution culturelle, économique, politique et sociale de son pays, tout en bénéficiant

personnellement de cette évolution. En 1999, les femmes étaient majoritaires du point de

vue démographique sur la planète, mais elles ne possédaient que 10 % des revenus mondiaux et 1 % de

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la terre.

La réalisation de l’égalité des sexes exige que l’on reconnaisse que toutes nos sociétés font une

différence entre le groupe des femmes et celui des hommes, que cette discrimination est systématique

et qu’elle est aggravée par les facteurs de « race » et d’ethnicité. La consolidation de l’égalité réelle

entre femmes et hommes dépend tout d’abord de réformes juridiques et législatives. L’égalité demande

aussi la mise en place d’une politique à tous les échelons, y compris à travers les organismes

internationaux. Elle ne saurait être un problème de femmes. C’est pourquoi l’approche intégrée est

essentielle à toute démarche, et même si la création de superstructures peut impulser une démarche,

tous les organismes de l’État doivent être concernés. On distingue l’égalité formelle, qui traite les sexes

de la même manière, de l’égalité matérielle qui ne tend pas uniquement à une égalité formelle, mais à

un résultat égal.

Égalité de chances

L’égalité de chances mesure les mêmes possibilités de développement et de participation à tous les

êtres. La réalisation de l’égalité de chance suppose la prise de mesures spéciales permettant de réduire

les disparités entre les groupes, souvent liée au sexe, au statut social, à la race, à un handicap. L’un des

outils reconnus par l’UNESCO pour réaliser l’égalité de chance est l’éducation pour tous, c'est-à-dire,

l’école universelle, publique, gratuite, mixte et obligatoire. Il est donc avant tout question des

pratiques quotidiennes qui permet de s’ouvrir des portes, de faire tomber les murs qu’ils subissent par

stigmatisation et autres préjugés tenaces.

Egalité totale

On peut se représenter l’égalité totale en termes d’identité des êtres, sous l’angle d’un être égal à lui-

même ou, tout au plus, d’une égalité mathématique, quantitative. Dans ce sens, il est impossible que

deux êtres distincts soient totalement égaux. Ainsi sur le plan humain, les différences de sexes, de

races, de tailles, de constitution physique, ou de mœurs, font que l’égalité complète entre deux êtres, y

compris de même parents, sont infranchissables. Aucune personne raisonnable ne peut réclamer

l’égalité totale sans s’emmurer dans une contradiction insurmontable. Seule est possible l’égalité

mathématique octroyant à chacun une part égale de biens matériels ou sociaux comme, par exemple,

des postes politiques. Seule cette égalité mathématique est envisageable, mais non nécessairement

possible dans des matières fluentes, celles des rapports sociaux ou encore des biens spirituels.

Egalité essentielle

L’égalité se comprend aussi comme une égalité essentielle, celle qui est fondée sur la nature, sur la

communauté de traits fondamentaux, lesquels demeurent, invariants au-delà des différences diverses et

multiples, grandes et petites. Ainsi notre condition naturelle d’êtres humains dotés de langage et

mortelle nous met à égalité au-delà des différences non fondamentales. Ce qui est commun et qui

demeure chez chacun des êtres, chez l’homme et la femme, chez l’enfant et l’adulte, chez le noir et le

blanc, est cela qui constitue la nature, l’essence de l’être humain.

L’égalité essentielle est la condition nécessaire, mais pas suffisante, de l’existence de l’humanité, du

caractère humain de la personne. Pour être réelle, elle doit, dans l’objectivité, être reconnue au moins

par le bon sens de chacun comme existant dans toute personne quels que soient les attributs et autres

qualités qui se greffent à ce noyau dur, et commun à des êtres semblables.

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La reconnaissance de l’humanité dans l’homme et la femme, dans l’enfant et adulte, dans le Noir et le

Blanc, constitue une vertu de grande capacité d’objectivité. Elle est l’exigence minimale de toute

égalité. Ainsi les hommes et les femmes ont les mêmes droits et devoirs dans la société.

Egalité proportionnelle

Qualificatif d’une égalité envisagée lorsque les attributs arrivent, de façon complémentaire, pour

marquer la nécessité d’une pondération, d’un déséquilibre inévitable dans le sens et la considération

attachés à des êtres différents. L’égalité proportionnelle veut que la justice (distributive) tienne compte

des capacités, des mérites, des qualités, des positions. Elle est une égalité raisonnable, flexible,

attentive aux circonstances, aux données et à la raison ; et non point une égalité mécanique, sèche,

rigidement aveugle. Dans ce sens, l’homme et la femme sont égaux par le fait que considérant leurs

différences fondamentales et au - delà des droits et devoirs communs, les deux sont forcés

raisonnablement à composer pour l’harmonisation des rapports sociaux, à s’accepter en tant que tels

dans leurs contributions respectives et à se valoriser mutuellement. C’est cette égalité proportionnelle

qui s’impose comme une obligation sociale pour l’établissement de la démocratie et de la bonne

gouvernance dans la société.

Elections

Du mot latin « eligere » : choisir. Opération par laquelle les représentants et/ou les gouvernants sont

choisis au moyen d’un vote. La fonction première de l'élection est donc de permettre aux citoyens de

choisir leurs gouvernants et leurs représentants. Ainsi, l'élection est une délégation de Souveraineté.

Elle constitue, au sein d'une société organisée, une « soupape de sécurité ». En effet, la possibilité pour

les citoyens de pouvoir régulièrement exprimer leur mécontentement, ou au contraire de donner un

nouveau mandat au pouvoir sortant, évite que les désaccords politiques majeurs ne trouvent un autre

terrain d'expression (la rue) et d'autres modalités (la violence). « Le langage des urnes a donc remplacé

progressivement le langage des armes » (P. Bréchon).

La participation des femmes aux élections comme candidates et électrices est déterminante dans les

pays du Sud où elles constituent la majorité de l’électorat et de la population. Des actions sont ainsi

entreprises pour créer des conditions favorables à cette participation et mobiliser les femmes autour des

enjeux de leur implication politique.

Elections démocratiques

Les élections sont l’institution centrale de gouvernements démocratiques et représentatifs. La pluralité

des candidatures ne garantis pas à elle seule le caractère démocratique des élections. En plus d’être

compétitive, périodique, définitive, une élection démocratique doit être inclusive, c’est-à-dire que le

gouvernement crée les conditions nécessaires pour assurer l’égale participation au processus électoral à

tous les citoyens et à toutes les citoyennes. Un gouvernement choisi par un groupe exclusif n’est pas

démocratique. L’un des grand drames de la démocratie à travers l’histoire a été la lutte des groupes

exclus sur une base raciale, religieuses ou d’apparence à un sexe, pour participer à égalité au processus

électoral, c’est-à-dire, pouvoir se porter candidat (e), de se faire enregistrer comme électeur (trice) et de

participer à l’administration des élections.

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Pour revenir à l’égale participation des femmes et des hommes au processus électoral au Cameroun,

bien qu’aucune loi ou mesure formelle n’interdise la participation des femmes au processus électoral, la

non prise en compte des contingences sociales, économiques, démographiques et historiques dans

l’organisation des élections favorise une participation résiduelle et inégale des femmes.

Cette situation est parfaitement illustrée par la campagne de refonte biométrique des listes électorales,

qui bien que ouvert aux hommes et aux femmes n’offre pas des chances d’inscription. La non prise en

compte des activités des femmes, de rôle sociaux de sexes, du fait que la proportion de femmes

possédant une carte d’identité nationale (document exigé pour l’enregistrement) est largement

inférieure à celle des hommes, que la proportion de naissances de filles enregistrées au fichier d’état

civil est inférieur à celle des garçons compromet fortement les chances des femmes de se faire

enregistrer, et par ricochet de se porter candidate. Une évaluation partielle de la refonte, deux mois

après son début indique un rapport de deux hommes inscrit pour une femme.

Electoral (corps)

Le corps électoral est constitué par l'ensemble des personnes qui bénéficient du droit de vote lors d'un

scrutin, quel que soit le type d'élection (politique, professionnelle, associative...). Il est la source des

autres pouvoirs (exécutif et législatif) car il désigne et révoque par son vote les gouvernants et les

législateurs. Il se matérialise par un document, appelé liste électorale, qui ne regroupe donc que les

personnes effectivement inscrites sur cette liste (corps électoral inscrit), et non l'ensemble des

personnes qui pourraient voter (ex : tous les majeurs de plus de 18 ans (corps électoral potentiel).

Les femmes représentent en général une majorité démographique qui peut se traduire par une majorité

électorale si elles s’inscrivent sur les listes. Elles peuvent ainsi influencer de manière significative les

élections de leur pays. En RDC, le corps électoral est en majorité composé de femmes. Elles

représentent 51,5 % d’électeurs inscrits.

Épicène

Se dit en linguistique d’un adjectif ou d’un vocable dont la forme est identique au féminin et au

masculin, par exemple architecte, modèle. On parle par extension de langage épicène pour un langage

non sexiste, qui inclut les femmes et les hommes dans le discours, d’éducation épicène, de carrière

épicène, etc. On parle aussi de féminisation de la langue, des noms de métiers, titres et fonctions, de la

féminisation d’une profession. La Belgique francophone, le Canada, la France, le Luxembourg, le

Québec et la Suisse ont publié des guides de féminisation des noms de métiers, titres et fonctions. Le

Québec et la Suisse ont aussi fait un travail pionnier sur le langage et ont publié des guides de rédaction

épicène ou non sexiste en français. Au Québec, des entreprises publiques et privées se sont dotées de

guides de rédaction et ont introduit dans la formation de leur personnel des cours de rédaction non

sexiste. Une même démarche a été entamée en Suisse romande avec des cours et un guide de rédaction

des textes administratifs et législatifs. Plusieurs sites Internet (voir p. 101) sont consacrés à la

féminisation en français.

Équité

Notion de la justice naturelle dans l’appréciation de ce qui est dû à chacune. On parle donc d’une

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conception de la justice naturelle qui n’existe pas dans les lois en vigueur. Cette notion exigerait qu’on

traite de la même manière celles et ceux qui sont semblables, et de manière différente celles et ceux

qui sont différents, ce au nom de la justice. Notion ambiguë qui renvoie à un monde hiérarchisé où l’on

recherche l’amélioration des conditions et non leur transformation. C’est au nom de l’équité que l’on

demande la parité, l’égalité des salaires pour un travail de valeur égale. L’Egalité proportionnelle est

très voisine de l’équité. On parle d’équité lorsque la justice demande un partage raisonnable des biens,

en tenant compte de certaines différences, en particulier suivant des considérations d’ordre moral. Il

parait ainsi moralement juste que chaque personne reçoive ce qui lui revient mais en accordant, par

humanité, une certaine faveur différentielle aux personnes les plus défavorisées par les accidents de la

nature, ou de l’histoire. C’est ce qui fait dire que personne n’a choisi, à sa naissance, les talents et

atouts qu’il a à l’âge adulte. Personne n’a choisi de naître dans tel pays plutôt que dans tel autre, de

sexe masculin ou féminin, de parents pauvres plutôt que de parents riches. Personne n’a choisi de

naître femme plutôt que homme, ou homme plutôt que femme.

L’équité advient à la conscience comme mécanisme de correction, d’équilibrage des différences et

inégalités initiales, naturelles ou accidentelles. Complémentairement à l’égalité proportionnelle d’ordre

social et juridique, l’équité est fondée sur des considérations morales, et investie d’humanité, de sens de

moralité. Elle est corrective d’une situation d’inégalité de départ. Dans cette perspective, il faille

comprendre que l’équité , de nature complémentaire, ne se réalise réellement qu’avec l’égalité

proportionnelle, elle, de nature obligatoire. Ceci veut dire que, dans le contexte de faible volonté

morale, de degré d’humanité inférieur ou nul comme celui actuel de la RDC en crise sociale et

inversion morale, l’équité peut ne pas s’appliquer convenablement sans l’associer à l’égalité

proportionnelle comme obligation. Autrement, l’équité ne pourrait être interpréter que du point de vue

celui qui détient le pouvoir dans la société, donc à l’encontre de l’égalité fondamentale.

Gouvernance

Système de valeurs, de politiques et d’institutions par lequel une société gère ses affaires économiques,

politiques et sociales par le biais d’interactions au sein de l’État, la société civile et le secteur privé et

entre ces différentes entités. C’est le mode d’organisation adopté par une société pour prendre des

décisions et les exécuter grâce à une compréhension réciproque, une entente mutuelle et des mesures

consenties d’un commun accord. La gouvernance englobe tous les mécanismes et les processus

permettant aux citoyens et aux groupes d’exprimer leurs intérêts, d’arbitrer leurs différends et d’exercer

leurs droits et leurs obligations reconnus par la loi. Il s’agit de l’ensemble des règles, institutions et

procédures visant à définir les limites et fournir les motivations nécessaires aux individus, aux

organismes et aux entreprises. La gouvernance, dans ses dimensions sociales, politiques et

économiques, fonctionne à chaque niveau de l’organisation humaine, qu’il s’agisse d’un ménage, d’un

village, d’une municipalité d’une nation, d’une région ou du monde entier (Note de stratégie du PNUD

sur la gouvernance en faveur du développement humain, 2000).

Voici trois principes de la gouvernance démocratique reconnus par l’Union Européenne et qui peuvent

s’appliquer au Cameroun :

- L'égalité démocratique : tous les citoyens reçoivent la même attention de la part des institutions.

- La démocratie représentative : rôle accru du Parlement dans les processus de gouvernance

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- La démocratie participative : nouvelles formes d'interaction entre les citoyens et les institutions

(Traité de Lisbonne).

L’empowerment

Cet anglicisme rend compte du processus d’acquisition d’un «pouvoir» (power) : le pouvoir de

travailler, de gagner son pain, de décider de son destin de vie sociale en respectant les besoins et termes

de la société. L’autonomie d’une personne lui permet d’exister dans la communauté sans constituer un

fardeau pour celle-ci ; la personne autonome est une force pour la communauté. L’empowerment est,

avant tout, un processus de développement personnel qui vise à changer les relations de pouvoir en se

transformant soi-même, en modifiant les relations dans la société et en changeant les schémas culturels.

Il se traduit, au plan individuel, par l’acquisition d’une plus grande autonomie, le développement d’une

meilleure capacité d’autodétermination, l’appropriation de moyens permettant à chacun d’élargir la

palette de ses choix dans la vie en général et d’oser prendre une place dans la vie politique. Et, au plan

collectif, par l’accroissement de la capacité d’un groupe à influencer les changements sociaux au

bénéfice d’une société plus juste et égalitaire, notamment dans les rapports entre les hommes et les

femmes.

La notion d’empowerment s’inscrit dans une vision d’acquisition de pouvoir social, économique et

politique. La capacité d’empowerment est liée aux institutions, aux lois, à ce qu’elles permettent de

faire ou de ne pas faire dans le ou les contextes culturels de la société dans laquelle on vit. Plus encore

que dans d’autres approches, la formulation d’indicateurs de résultats doit se faire de façon

participative et évolutive. Le fait même de réfléchir ensemble constitue, pour les femmes et les hommes

concernés, un acte d’empowerment. La prise de conscience et le renforcement des capacités feront que

les acteurs seront en mesure de jouer un rôle de plus en plus important dans l’acquisition de résultats,

d’où la nécessité de mettre l’accent sur le processus d’évolution et d’appropriation du projet

(L’empowerment des femmes en politique ; UNFPA)

L’exclusion politique est ce qui se produit lorsque certains citoyens ne peuvent participer au processus

de prise de décision et de choix des gouvernants. Elle est étroitement liée à l’exclusion

socioéconomique qui, elle se produit lorsque certaines personnes ou groupes n’ont pas accès à

l’éducation, au marché de travail, à un logement acceptable, aux soins de santé et à d’autres conditions

qui permettent de vivre dans l’aisance, de participer socialement et de se sentir valorisées et respectées

par leur communauté. L’exclusion se construit à travers différents mécanismes sociaux et politiques et

aboutit à la marginalisation de personnes ou de groupes. Selon B. Flacher, la dépendance matérielle, le

défaut de savoir, le sentiment d’incompétence, une situation d’exclusion produisent l’apathie politique.

Une situation d’exclusion peut aussi nourrir des réactions de rejet et de repliement sur des identités

particulières et différentialistes.

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Indications bibliographiques

Les définitions des notions et concepts ci-dessus sont essentiellement tirées de :

- LE FINANCEMENT ÉLECTORAL POUR PROMOUVOIR LA PARTICIPATION POLITIQUE

DES FEMMES : UN GUIDE DE SOUTIEN DU PNUD

- LUTTE CONTRE LES STEREOTYPES SEXISTES DANS LA FORMATION : interroger et

définir les notions, ASSOCIATION POUR UNE FONDATION TRAVAIL-UNIVERSITE,

2006)

- WIKIPEDIA