6
 Pierre Hadot Paul Henry et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II : Enneades IV-V In: Revue de l'histoire des religions, tome 164 n°1, 1963. pp. 92-96. Citer ce document / Cite this document : Hadot Pierre. Paul Henry et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II : Enneades IV-V. In: Revue de l'histoire des religions, tome 164 n°1, 1963. pp. 92-96. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1963_num_164_1_7901

Paul Henry Et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II Enneades IV-V

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7/21/2019 Paul Henry Et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II Enneades IV-V

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Pierre Hadot

Paul Henry et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II :

Enneades IV-VIn: Revue de l'histoire des religions, tome 164 n°1, 1963. pp. 92-96.

Citer ce document / Cite this document :

Hadot Pierre. Paul Henry et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II : Enneades IV-V. In: Revue de l'histoire des religions,tome 164 n°1, 1963. pp. 92-96.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1963_num_164_1_7901

7/21/2019 Paul Henry Et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II Enneades IV-V

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92 REVUE DE L HISTOIRE

DES RELIGIONS

Plolini

Opera.

Tomus II : Enneades IV-V. Ediderunt Paul

Henry

et Hans-Rudolf Schwyzer. Ploliniana arabica

ad

codicum fidem

anglice

vertit

Geoffrey

Lewis,

Paris,

Desclée

de

Brouwer,

1959

(Museum

Lessianum, series philosophica XXXIV), 1

vol.

in-8°,

liv-504

p.

Avec

ce

second volume, Paul

Henry

et Hans-Rudolf Schwyzer

poursuivent magniiiquement leur

monumentale édition de Plotin.

Ils y restent fidèles à leur principe

général

de stricte fidélité aux

textes

des

manuscrits. Ils

justifient

d ailleurs ce principe dans leur

préface en montrant que sur 300 lignes

communes aux

manuscrits

des Enneades, de la Préparation évanyélique d Eusèbe et

des

Sententiae

de Porphyre, les manuscrits

des

Enneades ne doivent être corrigés

que

sept

fois.

Comme

dans

le

premier

volume,

l édition

est

accompagnée

de

nombreux

apparats

extrêmement

précieux : apparats des témoignages,

des sources, des marges

fournissent au

lecteur

d utiles

matériaux

pour l intelligence du texte de Plotin. Mais une nouveauté apparaît

dans ce

second

volume : les

Ploliniana arabica. On

sait que

l on

retrouve des

traces

des

Enneades

dans

certains

textes arabes. Les

éditeurs ont tenu à mettre

ces

textes à

la

portée des lecteurs des

Enneades.

Ils

en

ont donc publié une traduction

anglaise, faite

par

les soins de Geoffrey

Lewis.

Cette

traduction

est disposée en face du

texte grec correspondant

:

un index

final qui

établit la correspondance

entre

les

divisions

du

texte

arabe

et l ordre des Enneades permet

d ailleurs

de reconstituer l ordre du texte arabe.

Tout

ceci n a pu

être

réalisé

qu au

prix

d une

extraordinaire habileté

typographique.

Ces textes arabes sont la fameuse

Théologie

ďArislole, la Lettre sur la

science divine et

les Dits du

Sage grec. La

Théologie

d Aristote

comprend

trois parties. La première partie est

formée

par

le prologue

(on

le

trouvera dans l appendice, p.

486-488)

qui,

s il

ne comporte pas de

citation de Plotin,

expose

très brièvement et à grands traits l archi

tecture d un

univers

qui est

celui

de Plotin et de Porphyre : au sommet

la cause

première, puis

l Intellect, puis

l Ame

universelle,

puis

la

Nature, puis

les

corps ; ou encore,

le

monde intelligible, l Ame uni

verselle,

les sphères

célestes,

la sphère

de

la

lune,

les

âmes raisonnables,

les

âmes

animales et

végétales,

enfin l âme des éléments.

La seconde

partie

est

constituée

par

les

kephalaia,

c est-à-dire

les

têtes

de

cha

pitres

que Porphyre avait

ajoutés

au texte de Plotin;

les

Kephalaia

conservés ne se rapportent qu au

traité

quatrième de la quatrième

Ennéade.

Les éditeurs en ont introduit

la

traduction

anglaise

dans

l apparat

des

marges se rapportant à ce traité. La troisième partie

est

constituée

en très grande

partie par

des

extraits de Plotin (Enn.

IV 3, IV 4, IV 7, IV 8, V 1, V 2, V 8, VI 7). Toutefois de nombreux

développements sont

plutôt des paraphrases du

texte de

Plotin ;

certains

sont même

étrangers

à

la doctrine des

Enneades.

On les

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ANALYSES ET

COMPTES RENDES

93

trouvera imprimés

en:

caractères plus petits.

Les

éditeurs ont rendu

un grand

service

aux historiens

du

> néo-platonisme en

mettant

à

la

disposition? des

lecteurs

cette

traduction-complète

de

la

Théologie

ďAristote. Tel qu il

se

présente à nous actuellement,

cet

ouvrage

reste une énigme et il mériterait une étude

approfondie.

Personnelle

m nte

serais favorable à l hypothèse de

W. Kutsch (Ein

arabischer

Bruchstuck

ans Porphyrios (?)

-spi фи^^с und

die

Frage

des Verfassers

der

«

Theologie

des

Aristoteles

»,

dans Mélanges

de V

Université

Saint-

Joseph à Beyrouth, Liban, t. 31, 1954, p. 279)

qui pense

que c est

Porphyre

qui

a composé

toute

cette Théologie ďAristote. Évidemment

seuls

des arabisants

peuvent apporter dans

ce

domaine

des

arguments

décisifs.

Mais

un certain

nombre de

particularités doctrinales,

remar

quées dans la traduction anglaise, m ont fait

penser

à

Porphyre.

Tout

d abord la hiérarchie

des réalités

qui, est exposée dans

le

prologue

rappelle la

hiérarchie

selon

laquelle

Porphyre

{Vita

Plotini,

25, 1-25)

introduit un ordre systématique dans les Ennéades : le transcendant,

puis

les idées

et

l Intellect,

puis

l Ame,

puis

la Nature,

puis le

monde

des générations. Mais surtout on retrouve dans les passages de la

Théologie

qui

ne correspondent pas à des textes

plotiniens,

certains

concepts

porphyriens.

On remarquera

dans

Théol.

Arist:, III, §§

45-51

(p. 205-207)

qu il est question d un real

self

in

actuality.

Cette

expres

sionait penser à I ovtoç lau-roç de Porphyre, De a bstin., III 27, p. 226,.

16 ; I 29, p. 107,

7.8.

-.En

Théol.

Arist .,

III,

§

47 (p. 207), le Dieu

suprême

est

the thing truly

existing

in

actuality

. .indeed

he

is

absolute

activity, doctrine peu plotinienne, mais que l on retrouve chez Por

phyre (cf. . mon article, Fragments d un commentaire de Porphyre

sur

le

Parménide,

dans

Revue

des études? grecques,

t.

74,

1961,

p. 410-438) aÙTÔç

Se тб

[aóvov ovtcoç 6v (on «trouvera le texte complet

dans

W.

Kroll, Ein neuplatonischer

Parmenidescommentar

in

einem*

Turiner

Palimpsest dans Rheinisches

Museum,

t.

47, 1892,

p.

606, 27)

et aÙTÔ то èvepysLv xaOapóv (ibid., p.

616,

25). D autres expressions

font

penser

à la doctrine porphyrienne

telle

qu on

-peut,

la retrouver chez

Marins Victorinus ou chez

Macrobe.

Par

exemple

Théol. Arisl.,

X

4-6

(p. 291) : above completeness que

l on

rapprochera de Victorinus,

Adv.

Ar., I

50,

4 : perfectus supra perfectos

et

III 7, 15 : supra omnes

perfecliones. Ou encore Théol. Arist.,

X 19

(p. 293), à

propos de l âme

:

her

gaze

is deflected from

it (se. themind)

que

l on rapprochera

de

Macrobe,

In

Somn.

Scip.,

I 14,

6

:

paulatim

regrediente respectu

(surl origine porphyrienne

de

ce

texte,

cf.

W.

Theiler, Porphyrios und

Augustin, Halle,

1933, p.

33).

Le contexte de

la Théologie

est

ici

identique

au contexte

de

Macrobe, c est-à-dire

très -proche d Enn.

V

2.

Je ne sais si une étude

attentive

de

In

Théologie ďAristote confir

merait

cette

première impression, mais

je pense

que

l hypothèse

doit être examinée.

Les deux savants éditeurs ne nous ont pas seulement donné un

admirable

apparat

critique

qui

nous donne clairement tout l état

de

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94 REVUE

DE L HISTOIRE

DES

RELIGIONS

la tradition,

dans

les

manuscrits et dans

les éditions.

Ils

nous

aident

à comprendre le texte, en introduisant de très brèves

explications

grammaticales dans

l apparat.

Еш

effet:

bien des

difficultés

de

compréhension

qui

parfois

ont

incité

les éditeurs

anciens

à proposer

des

conjectures

— ne proviennent que du style

elliptique

de Plotin.

Il

reste qu un certain nombre de conjectures anciennes

s imposent

et nos deux

éditeurs les

ont retenues.

Je ne suis pas sûr qu ils

aient

eu raison de

rester

fidèles à la

tradi

tion

manuscrite

en écrivant ocùto et

non

otúxó, en

VI,

6,

8

et

V

1, 7, 5.

Dans

les deux cas,

il s agit

de la

génération

de

l Intelligence par

l Un

et le problème

est au

fond identique. En

VI,

6, 8,

Henry

et Schwyzer

lisent

donc

êTricxpaçévTOç áel

êxsivou

rpôç aùxo : pour eux, le sujet

de

ce membre

de phrase est

« ce qui vient

après

l Un

». On a donc

le

sens général : ce qui vient

après

l Un

est

engendré en restant

toujours

tourné vers

l Un.

Mais

cette lecture

et

cette

interprétation

se

heurtent

à de

grosses

difficultés.

En

premier

lieu, dans

la

même phrase, à

la

ligne précédente Ixeîvw désigne l Un lui-même : le changement de

sens

de ce

pronom

est assez déroutant. Mais surtout, comme l a montré

R.

Harder

(Plotins Schriflen; t. I, Hambourg,-

1956,

p. 501), la suite

des

idées ne laisse pas de

place

à cette interprétation. En effet, Plotin

veut établir d abord que

l Un

est

immobile,

même lorsqu il engendre

l Intelligence.

Il pose donc un

principe : tout ce qui

est mû

se

meut

vers

quelque chose. L Un ne peut

donc

être mû; puisqu il ne peut se

mouvoir

vers quelque

chose

:

d une

part (l idée est sous-entendue dans

la notion

même d Un),

l Un

n a rien

avant lui

; d autre part;

si

quelque

chose

vient

après

lui, l Un

ne peut se

mouvoir

vers

cette chose pour

l engendrer

:

cette

chose

ne

peut

être

engendrée

qu à

condition

que

l Un reste

tourné vers

lui-même (айто). Autrement

dit, l Un

ne peut

se diriger vers autre chose que soi. Le fait que ce qui

vient

après l Un,

soit

engendré en se tournant

vers

l Un ne

signifierait

rien

quant à

l immobilité de l Un. D ailleurs, pour pouvoir se retourner, Ш faut

être déjà

engendré.

Chez Plotin,

la

constitution de

l hypostase

Intel

ligence comprend toujours deux

phases

:

génération, puis

conversion.

La

génération

pose

un terme encore inachevé, une sorte de matière

intelligible qui doit s achever elle-même en se tournant

vers

son géné

rateur dont elle

recevra sa forme (cf. V

2, 1, 9-10 :

la chose

engendrée

se

tourne

vers l Un

et elle est

alors

fécondée

;

II

4, 5, 33 : l altérité

et

le

mouvement

premiers

viennent de

l Un

et

se

définissent

en

se:

tournant

vers

lui ; III 4, Y

8

: toutes

les

réalités

engendrées

sont

privées

de forme

au

moment de leur génération, mais reçoivent leur forme en

se tournant

vers

leur générateur). Ce n est

donc

pas « en se tournant

vers son générateur

» que

l Intelligence est engendrée ;

c est

après

avoir élé engendrée,

qu elle

se

tourne

vers lui pour s achever elle-même.

Quant

à la conversion de

l Un

vers lui-même

(ocútó),

il faut la

concevoir

comme identique au

«

repos en

soi-même »

dont

parle

par

exemple

V 4, 2, 19

et

sq.

7/21/2019 Paul Henry Et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II Enneades IV-V

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ANALYSES

ET

COMPTES

RENDUS 95-

En V. 1, 7, 5 Henry-Schwyzer lisent : rœç o5v voûv ysvvâ ; *H oti Tfj

етиатросрт]

тгрбс

aura

écópa

rj

Se

Spacnç au-nr]

voûç.

Ce

qui

donne

le sens

suivant

:

«

Comment

l Un

engendre-t-il

l Intelligence

?

C est

parce

que l Intelligence voit en se tournant vers lui ;

cette

vision, c est

l Intelligence.

» V. Cilento (dans sa

traduction italienne

des Ennéades)

et

K. H.

Volkmann-Schluck (Plotin

als Interpret der Ontologie Plalos,

Francfort, 1941; p.

122) sont

favorables à cette interprétation. Mais

je

pense

qu elle

se heurte à

un certain

nombre de difficultés.

En

premier

lieu,

nous

retrouvons la

même

difficulté doctrinale que

nous

signalions

plus

haut : pour pouvoir se tourner vers l Un, il faut que

l Intelligence soit

déjà

engendrée.

La réponse de

Plotin ainsi

comprise

ne nous dirait

rien

sur le

mode

de génération de l Intelligence. En

second

lieu, on

ne comprendras bien la précision :

«

Cette vision,

c est

l Intelligence

», si « Intelligence »

est déjà

sujet de

écbpa.

On ne

voit

pas

comment

le

second

membre

de

phrase

s oppose

au

premier.

On peut encore

ajouter

que, dans : les lignes précédentes, Plotin a

parlé

de la

ressemblance

qui

doit exister entre

générateur

et

engendré.

Puis il

a

ajouté : « Mais l Un

n est

pas

Intelligence.

Comment

donc

engendre-t-il l Intelligence

?

» On voit le sens de la

question.:

« Comment engendre-t-il ? »

signifie donc

« quelle

ressemblance y

a-t-il entre

l Un

et l Intelligence »

?

On

s attend

donc

à ce que cette

ressemblance soit

exprimée

dans

la

réponse :

le

premier

membre de

phrase

se rapportant

à l Un,

le

second à l Intelligence. Dans

l inte

rprétation ď Henry-Schwyzer, cette-idée de

ressemblance

disparaît

complètement. Je

pense donc

qu il

faut lire aúxó avec Harder. On

aura

alors le sens

suivant :

« Comment l Un

engendre-t-il l Intelligence

?

C est

que,

dans

sa

conversion

vers soi-même,

il

voit. Cette

vision

en acte,

c est

l Intelligence.

» De

même que,

plus

haut,

l Un

n avait

de mouvement que dans la

conversion vers

lui-même, de même, ici,

l Un

n a

de vision que

tourné vers

soi : autrement

dit;

sa vision reste

indéterminée,

en

puissance, parce qu elle est absolue.

L Intelligence,

au contraire, est

vision en acte (Ôpaaiç, cf. V 1, 5, 19 : -i) vo^ciç Spaoiç

ôptôca). Alors que la vision propre à l Un consiste en sa

conversion vers

lui-même, la vision

propre

à l Intelligence

suppose

une séparation entre

l Intelligence

et

son objet. D où la suite du texte

(V

1, 7,

9)

: « L Un

est la puissance de

toutes

choses.

Ces

choses donc, dont

l Un

est la

puissance,

l intellection

les

voit, comme

si

elle

était

séparée de cette

puissance

;

sans

cela,

il

n y

aurait

pas

d Intelligence.

»

Autrement

dit,

la

.vision intellectuelle suppose une distinction, une

séparation,

une

altérité

entre

l Intelligence et l Un. Avec Harder et Henry-Schwyzer,

je

pense que la phrase qui vient

ensuite

se rapporte à l Un : «

Car

l Un

lui-même a déjà une sorte de conscience de

sa

puissance, car il peut

produire la substance.

»

Cette conscience, attribuée ici à

l Un,

corres

pondprécisément à la vision « tournée

vers soi

», dont

nous parlions

plus haut. La ressemblance

entre

l Un

et l Intelligence,

qui

correspond

au

rapport

de

génération, se

fonde précisément

sur le fait

que

l Un

7/21/2019 Paul Henry Et Hans Rudolph Schwyzer. Plotini Opera, t. II Enneades IV-V

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96

REVUE

DE

L HISTOIRE DES

RELIGIONS

voit à

sa

manière,

qu il

est

conscient

à

sa

manière,

tandis

que l Intel

ligence

est vision

en

acte, intellection

en

acte. Que

l Un lui-même

soit

doué d une

sorte

de

vision, on

l admettra

facilement

si

l on

se

rappelle

que l Un

est conçu par Plotin comme une lumière

(VI

8,

16, 20), et

que la lumière

est vision.

En

V 3, 1, 17, je pense qu il faut à la suite de

Ficin et

de Beutler-

Theiler

(Plotins Schriften, t. V,

Hambourg,

1960,

p.

118) admettre le

qu Henry-Schwyzer ont

refusé : « Et si

nous refusions cela (la

connaissance de soi) à l âme — ce qui ne serait pas

complètement

absurde

— le

refuser aussi à la

nature

de l Intelligence,

ce

serait tout à

fait

absurde.

» Je pense qu il

faut également

admettre le

oî>x

ajouté

par Theiler

en V 3, 3, 33 ; toute la démonstration de

Plotin

en effet

est destinée à montrer

que ni

la sensation

ni

l intellection ne nous

sont

propres

: nous sommes

proprement

sujets

de la

réflexion et

du raiso

nnement

(V

3, 3,

34-36), mais nous

ne

sommes

ni

l Intellect

ni

le

sens,

nous en usons

seulement.

Il faut donc lire en

V

3, 3, 33 : y)[zeî<;

<oùx>

oi aîaOavopLsvoi.

Il faut probablement également

supprimer

avec

Kirchhoff et Theiler, à la ligne suivante :

[xal

St.avooû[xev

ouxcoç]

qui

est une variante de xal

St.avooujj.s6a outcoç,

mots qui précèdent imméd

iatement. La conjecture d Henry-Schwyzer

xal 8ià

voû ;xèv

semble inutile. En V 3, fi

33,

la conjecture de

Theiler

:

oùSI

y'

(Henry-Schwyzer : oùSs уг voyjtóv)

me semble

indispensable.

Ces

quelques

remarques ne

touchent qu une partie infime

de

l immense travail

accompli

par

Henry-Schwyzer. Qu il nous

soit

permis de dire

toute

notre admiration et

toute

notre reconnaissance

pour

le grand service qu ils ont rendu

à

la

science

en

établissant

cette

édition.

Pierre Hadot.

Marius Viclorinus :

Traités

Ihéologiques sur la

Trinité,

texte établi

par P.

Henry,

introduction,

traduction,

notes et

commentaire

par P.

Hadot, coll. « Sources

chrétiennes »,

68-69, 2 vol. in-8°,

1

168 p., Paris, 1960.

Les

philosophes,

les théologiens,

comme

les historiens des

rel

igions, doivent être particulièrement

reconnaissants au P.

Henry et à

Pierre Hadot d avoir mené à bien la dure tâche de rendre

accessible,

et

plus compréhensible,

l œuvre

anti-arienne

du

célèbre

rhéteur

tard

ivement

converti

au

christianisme.

En

effet,

la

difficulté

de

l œuvre

de Marius Victorinus réside dans l utilisation de concepts philoso

phiques

néo-platoniciens

pour

résoudre les

problèmes

de la

théologie

trinitaire.

Il use

d une

langue

technique

difficile,

faite d abstractions

et de néologismes, se fondant, comme le

dit P.

Hadot, « sur un matériel

conceptuel

qu il

ne définit pas,

qu il suppose connu

et qui,

en fait,

exige pour

être compris la connaissance de toute la

philosophie néo

platonicienne », comme celle des

abstractions logiques

des Catégories