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Culture Art Livres Multimédia Observatoires Pays de la Loire : une priorité, les relations sociales Réflexion L’humiliation sur tous les tons Actualités Des psychologues attentifs aux évolutions éducatives Initiatives La classe des vertes années Etre ouvert à tous Risquer la différence Enseignement catholique ACTUALITÉS www.scolanet.org Numéro 297, octobre 2005, 4,50

Pays de la Loire : Art Enseignementcatholique · Art Livres Multimédia ... Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 E-mail > [email protected] Abonnement > 45 €/an Numéro

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CultureArt

LivresMultimédia

ObservatoiresPays de la Loire :

une priorité,les relations sociales

RéflexionL’humiliation

sur tousles tons

ActualitésDes psychologues

attentifs aux évolutions éducatives

InitiativesLa classedes vertes

années

Etre ouvertà tous

Risquerla différence

EnseignementcatholiqueACTUALITÉS

www.scolanet.org

Numéro 297, octobre 2005, 4,50 €

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 3

sommaire

ÉDITORIALRefuser la standardisation des élèves 5

ACTUALITÉSEnseignement catholique 6Éducation 12Religion 14Revues express/Agenda/BO 18

OBSERVATOIRESUne priorité, les relations sociales 30Le Comité académique de l’enseignement catholique desPays de la Loire a mis en place un observatoire social régio-nal pour améliorer les relations sociales existantes.

PAROLES ET CONFIDENCES«Trente paires d’yeux braquées sur soi » 32Bénédicte, professeur de philosophie, confie ses crainteset ses espoirs en ce début d’année tout neuf.

INITIATIVES Un internat permanent 35Les internats permanents permettant une cohérence édu-cative sans rupture sont rares. Un projet se met en placeà Guéret, dans la Creuse.

La classe des vertes années 36Commencer l’année scolaire par une classe de découverte,c’est un plaisir rare offert aux élèves de quatrième du lycéeagricole Fénelon de Vaujours (Seine-Saint-Denis).

FORMATIONConcours externe cherche candidats enseignants 38Les conditions d’accès au concours externe sont unifiéesentre l’enseignement public et l’enseignement privé. Maisce dernier manque encore de candidats pour le second degré.

GESTIONLois : ce qui va changer 40En cette rentrée des changements interviennent dans lapolitique contractuelle entre l’État, les établissements et lesmaîtres.

@vec ou sans Dieu 48Dans un roman-documentaire, vingt jeunes Européensdialoguent sur la question du fait religieux.

Parler de la mort à l’école 49Oser parler de la mort, c’est trouver les mots pour vivre.Tel est le thème d’un livre-guide pour les enseignants.

ENQUÊTEÀ quoi servent les sujets du bac ? 50La préparation des sujets de baccalauréat commence dèsla rentrée.

CULTUREArt 52Marie de Magdala, messagère de paix. Une action artistique auprofit d’une association palestinienne et d’un hôpital israélien. Quand les statues font salon. À Salon-de-Provence, des élèvesde seconde ont écouté les murmures des statues de la ville.

Livres 54Une sélection de quinze titres.

Multimédia 57Cédérom, CD et télévision.

PAROLES D’ÉLÈVES« Toutes les filles rêvent au grand amour » 42Première séance d’« éducation à la vie et à l’amour »pour Jessica, Sarah, Laetitia, Céline et Isabelle, inter-nes en 4e au collège Marcel-Callo de Cempuis, dansl’Oise.

FAIRE L’ÉCOLE EN EUROPELa zone britannique : l’école de la liberté de choix 44L’éducation globale de la personnalité reste l’ambition pre-mière d’un système qui a rayonné bien au-delà des îles bri-tanniques.

RÉFLEXIONL’humiliation sur tous les tons 46En 1992, une étude nationale montrait qu’un élève surdeux se sentait « parfois » ou « souvent » humilié. Cet-te question, jusqu’ici peu explorée par la recherche, estle thème du dernier livre du sociologue Pierre Merle :L’élève humilié.

DOSSIER : Être ouvert à tous 21Décrocheurs, perturbateurs, inattentifs, handicapés... La liste est longue de ces élèves qui interrogentl’école. L’enseignement catholique, lors de ses dernières assises, les a rebaptisés les « pas comme les autres »,en se donnant un nouveau mot d’ordre : « Risquer la différence. » Comment ? Notamment en évitantque des communautés éducatives ne s’épuisent en concentrant dans leurs classes toutes les difficultés.Pour y parvenir, un incontournable : travailler en réseau et développer la solidarité entre établissements.

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Ce numéro comporte un encart jeté Dell et un encart jeté Sécurité routière.

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(Re) vivez les assises...La deuxième phase desassises a aussi son affiche

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AFFICHES ASSISES 12 € les 2 exemplaires (frais de port compris)

DÉCEMBRE 2004 25 € les 5 exemplaires (frais de port compris)

45 € les 10 exemplaires (frais de port compris)

Nom/Établissement : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : ............................... Ville : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : ........................ exemplaires. Ci-joint la somme de : ........................ € à l’ordre de AGICEC

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75

LES ENGAGEMENTS NATIONAUX DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE

Risquer la communauté éducative et ses lieux de parole

Que la place de chacun soit reconnue

● Nous nous engageons à ne pas exclure de fait de la communauté éducative certaines catégories de personnels, les parents, les gestionnaires et les élèves.

● Nous engageons les partenaires de la communauté éducative à ne pas chercher à prendre le pouvoir mais à participer à la mission de l'enseignement catholique

sous la responsabilité de ceux qui ont reçu mission d'Église.Sinon nous ne serions pas l’enseignement catholique mais un enseignement privé.

Risquer la différenceQue « l'enseignement catholique ouvert à tous »

ne soit pas seulement un slogan.

● Nous nous engageons, en réseaux d'établissements, à ne pas exclure les « pas comme les autres » et à rattraper notre retard dans leur accueil et leur accompagnement.

● Nous invitons les réseaux d'établissements à faire en sorte que ce ne soient pas toujours les mêmes qui scolarisent les élèves en grande difficulté.

● Nous engageons les réseaux d'établissements à imaginer sur le plan financier des mutualisations ou péréquations, notamment pour ceux qui ont besoin d’un internat,

dans l'objectif de n'exclure aucune famille et aucun élève pour des raisons d'argent.

Risquer l'inattendu de la PersonneQue l'élève ne soit pas considéré comme un individu conditionné et programmé,

et que toute personne, quelle que soit sa fonction dans l'établissement, ait même dignité et même reconnaissance.

● Nous nous engageons à ne pas enfermer l'élève dans son histoire antérieure, dans ses résultats, dans ses comportements mais à lui ouvrir un espace de confiance.

● Nous engageons les conseils d'école et les conseils de classe à toujours dégager dans leurs appréciations des éléments positifs et à repenser l’évaluation.

● Nous nous engageons à casser les fausses hiérarchies : entre le personnel enseignant et les autres personnels, entre les enseignants, les éducateurs et les parents,

entre le secondaire et le primaire, entre l'enseignement général, l'enseignement professionnel et l'enseignement agricole,

entre les grands et les petits établissements.

Ce qui fait la taille d'un établissement, c'est la qualité de ce qu'il vit.

Journée nationale des assisesdu 4 décembre 2004

Il est toujours possible et passionnant d’éduquerDes messages ont manifesté des souffrances dues à la difficulté de faire équipe, au sentiment de solitude, à la complexitécroissante du rôle d'éducateur et du métier d'enseignant. Mais les engagements viennent nous redire qu'il est toujours

possible et passionnant d'éduquer. Parce qu'au nom de l'Evangile toute Personne est Éspérance incarnée et signe de vie,nous invitons tout l'enseignement catholique français à avoir le courage de l'avenir.

Paul MalartreSecrétaire général de l’enseignement catholique

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Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICEC

■ Directeur de la publication > Paul Malartre ■ Rédacteur en chef > Gilles du Retail ■ Rédac-teur en chef adjoint > Sylvie Horguelin ■ Ont participé à la rédaction de ce numéro > Jean-Louis Berger-Bordes, Sophie Bizouard, Père Gilbert Caffin, Élisabeth du Closel, Yvon Garel, Véronique Glineur, BrunoGrelon, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Mathilde Raive ■ Édition > Marie-Françoise Comte, Domi-

nique Wasmer (rédacteurs-graphistes), René Troin (secrétaire de rédaction) ■ Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet et Jean-Noël Ravolet (com-mandes) ■ Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 ■ E-mail >[email protected] ■ Abonnement > 45 €/an ■ Numéro de commission paritaire > 0707 G 79858 ■ Imprimeur > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP4229, 37042 Tours Cedex 1.

Éditorial

On�pourra i t �a l le r � jusqu ’àdire �qu ’en �chacun �de �nous

i l �y�a�quelque�chose�de« pas�comme�les�autres ».

Les réactions suscitées par les propos du ministre de l’Éducation nationale qui a rappelé avec justesse le po-sitionnement de l’enseignement privé sous contrat dansle paysage scolaire français, nous conduisent à rappeler

à notre tour que l’enseignement catholique participe clairementà l’école de la République. Cette participation au service publicd’éducation, par la loi Debré et par la volonté de l’Église, ne peutêtre crédible que si nous sommes effectivement ouverts à tous.C’est bien le sens de l’engagement national des assises de décembre2004 qui invite toutes les communautés éducatives à risquer da-vantage l’accueil de la différence et à ne pas exclure de fait les« pas comme les autres ». Cet engagement vise à rattraper notreretard en nombre de structures spécialisées, notamment pour lesenfants handicapés, et justifie, entre autres raisons, notre de-mande de moyens d’enseignement. Mais il vise beaucoup pluslargement à porter une attention accrue sur tout ce qui fait lecaractère unique de chaque élève. On pourrait aller jusqu’à di-re qu’en chacun de nous il y a quelque chose de « pas comme lesautres ». Ainsi, risquer la différence c’est refuser la standardi-sation des élèves et des personnes, c’est les accueillir tels qu’ilssont. Le rôle de l’école est alors de favoriser, quelles que soient sescapacités et ses difficultés, l’éclosion des potentialités propres dechaque élève.

Accueillir les « pas comme les autres », c’est finalement accueillir,comme le disait le pape Jean-Paul II, « la personne de chacun,dans ses besoins matériels et spirituels ». On comprend bien alorspourquoi il ajoutait : « C’est pour cela que la promotion de lapersonne humaine est le but de l’école catholique. »

N’allons pas chercher ailleurs le sens de nos assises.

Paul MalartreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités5

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6 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

actus /enseignement catholique

métier de professeur d’histoire-géographie, de CPE1, de direc-teur de collège-lycée technolo-gique et agricole. Il doit être bienembêté de devenir directeur dio-césain, cela va le couper desjeunes. « Embêté ? Non, je m’en occu-perai autrement. » En étant, avec leschefs d’établissement, celui quidonnera du sens. En rappelant lapriorité : l’enfant. En restant toutécoute, attentif à chacun. Pour cela, le thème des assises lui vacomme un gant : « Les documentsTenir parole et L’Alphabet de lapersonne2 vont nous servir de fil rou-ge pour toute l’année. » On veut bienle croire.

1. Conseiller principal d’éducation.2. Deux hors-série d’Enseignement catho-lique actualités (bon de commande, p. 20).

Jean-Paul Laval Le Puy (Haute-Loire)Il revient dans l’enseignement ca-tholique après vingt-trois d’absen-ce et de postes à responsabilités en

politique ou au sein des chambresde commerce et d’industrie. Pasbanal, mais, dit-il, « c’est peut-êtreprémonitoire pour de futurs recrute-ments qui intégreront des personnes ve-nant d’un autre monde ». À condi-tion, sans doute, que, commeJean-Paul Laval, on ait quasimentgardé un pied dans la « bou-tique ». Il est resté dans « les contre-allées », comme président d’Apel1,membre et président d’Ogec2. À55 ans, Jean-Paul Laval revientdonc aux sources. « Je veux restituerce que j’ai reçu. Je suis un pur produitde l’enseignement catholique, élevéchez les Frères des écoles chrétiennes.J’ai toujours gardé la fibre enseignan-te. Dans les chambres de commerce quej’ai dirigées, j’étais très préoccupé parla formation continue. Aujourd’hui, jepense que l’enseignement catholique nepeut se contenter de la seule formationinitiale des jeunes. Il va falloir songervéritablement à la formation tout aulong de la vie. » La régionalisationest aussi pour lui fondamentale auregard des problèmes à résoudre.Parmi ses priorités éducatives, ilest conscient de la nécessité deconcilier la fidélité aux valeurs etl’innovation pour les mettre enœuvre. « Les trois “E” – éduquer, en-seigner, évangéliser – sont pleinementd’actualité, sous réserve de les proposerde manière moderne et attractive ». Etbien sûr, il entend « tenir parole » enpassant des engagements pris lorsdes assises aux actions. À côté decela, cet homme qui se traite avechumour de « workaholic3 qui sesoigne grâce au sourire de sa petite-fille

de deux ans », est jardinier dansl’âme et lecteur impénitent. Et,clin d’œil, il aime toujours jouerles guides touristiques, « au volantet au micro de son car ». Alors, n’hési-tez pas à lui demander un « voyagesur mesure pour directeurs diocésains »pour la fin de l’année, il l’organi-sera avec grande joie !

1. Association des prents d’élèves de l’en-seignement libre.2. Organisme de gestion de l’enseignementlibre.3. Accro au travail.

Martial Limouzin Vannes (Morbihan)Quand on lui a proposé le postede directeur diocésain, il a d’aborddit « non ». Il lui fallait quitter sonport d’attache vendéen et son éta-blissement des Herbiers, ce collè-ge Jean-XXIII dont la réputationn’est plus à faire. Et sur le plan fa-milial – six enfants –, « nous n’étionspas dans une dynamique de change-ment ». L’évêque le « séduit », en évo-

Directions diocésaines :nominations et mouvementsChristian Gerno Aire et Dax (Landes)Une voix grave qui roule. Despassions. Un homme de culture,tant historique, littéraire, musica-le que théologique. « Lâchez-moidans la librairie Mollat de Bordeaux

(la plus importante de la ville –ndlr), j’y suis pour quelques heurespour ne pas dire plus. » Un homme« jaloux de son temps – je veux bien ledonner, je n’aime pas qu’on me le vo-le ». Quoi qu’il arrive, il se réserve-ra des espaces de silence et de cal-me. A horreur de la précipitation,de l’action dans l’urgence. Est sen-sible à l’harmonie, à la cohérence,à la beauté. Aime les idées ayantdu sens. « Je reconnais, je suis un peuagaçant. Je déteste faire pour faire. Jedemande toujours le “pourquoi” deschoses. Je lutte contre le zapping d’uneidée à l’autre. » Éducateur dansl’âme, il met la personne au centrede ses préoccupations. L’enfantavant tout. Il l’a fait à travers son

Les assises battent leur plein. La « personne » fait l’unanimité chez les nouveaux directeurs diocésains. Tous déclinent leur nouvelle responsabilité autour de ce « centrage ». Tous ont un parcours classique et linéai-

re. Sauf un qui fait figure d’exception.

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actus /enseignement catholique

N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 7

quant le Morbihan, pas si loin quecela de la Vendée, géographique-ment et culturellement parlant.« Allons voir, il y a peut-être quelquechose à répondre pour continuer à allerau bout de ce que l’on croit », se dit-il.Le « non » se transforme en « oui ».« On finit par être enveloppé par l’ap-pel. J’ai envie de découvrir un métierplus politique, une organisation régio-nale. Le diocèse a un bon dynamismepédagogique, il est toujours à la re-cherche de projets innovants et est bieninvesti dans les assises. Et j’ai toujoursprôné la mobilité. Restait à la mettre enapplication pour moi-même. » Il a te-nu parole.

Patrick Wolff Strasbourg (Bas-Rhin ; Haut-Rhin)« Je vais enfin grandir, je sors del’école et rentre dans la vraie vie ! » Ilparle avec humour de son séjourde longue durée au Séminaire

de jeunes – école-collège-lycéede Walbourg (Bas-Rhin). Hor-mis une escapade de deux anslors de son premier poste de di-rection, il est passé du banc à l’es-trade puis au bureau, un peu àl’écart, dans ce même établisse-ment. Autrement dit, « né » dansce séminaire, il y aura passé plusde trente ans de sa vie – élève,

prof, directeur. Il y a même diri-gé la manécanterie, et quitte cechœur de jeunes avec beaucoupde regret. « Le chant choral est unemerveilleuse école pour apprendre à

se maîtriser, découvrir et poser sa voixet sa respiration. » Il accepte sesnouvelles fonctions pour pren-dre d’autres responsabilités.« J’imagine que c’est un métier decontact, où je pourrai lancer des pro-jets, construire, arriver à donner uneimpulsion, fédérer des personnes. » Ila déjà quelques idées. Il souhaitecréer une mission prospective« pour participer à la naissance desprojets et non [se] contenter de les ar-bitrer et les accompagner ». Arriveren pleine deuxième phase des as-sises est une aubaine. Mettre lapersonne au centre a toujours étéfondamental pour lui. « Quandj’ai intégré le collège catholique encinquième, ce qui m’a le plus frappéétait de devenir “Patrick” et non plus“Wolff ”. J’avais l’impression d’unerelation avec mes enseignants. Je sen-tais que je les intéressais. Même sic’était exigeant. J’ai toujours gardécela au fond de moi. Si dans l’ensei-gnement catholique, on ne s’intéressepas à la personne, qui le fera ? »

ÉLISABETH DU CLOSEL

➤À côté des quatre nominations évoquées dans ces pages, certains directeurs diocésains migrent d’undiocèse à l’autre. Jean-Marie Faux quitte Le Puy pour Saint-Dié (Vosges) ; Jean-Robert Kohler quitte Stras-

bourg pour Limoges et Tulle (Haute-Vienne, Creuse, Corrèze) ; Jean-Claude Staudt quitte Tulle pour Saint-Étien-ne (Loire), alors que Monique Meyer se voit adjoindre Verdun (Meuse) à son diocèse de Nancy (Meurthe-et-Moselle).

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En brefDEUX ÉVÊQUES POUR ACCOMPAGNERL’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE.Dans la continuité des décisions prises en juindernier par la Conférence des évêques deFrance, visant à restructurer l’organisationdes services, des comités et descommissions de l’Église de France,Mgr Éric Aumonier, évêque de Versailles, etMgr Armand Maillard, évêque de Laval, ontété nommés le mardi 20 septembre 2005par le Conseil permanent de la Conférencepour accompagner l’enseignementcatholique.

INFORMER SUR LES MÉTIERSSCIENTIFIQUES. Jean-Yves Bignonet,délégué général du Réseau nationald’enseignement supérieur privé (Renasup),constate en ce début d’année une augmentation des formationscommerciales supérieures au détrimentdes formations scientifiques. Sans doutel’image des écoles d’ingénieurs est-elle à corriger pour montrer que les métiersscientifiques sont de plus en plusdiversifiés, qu’ils font appel au travaild’équipe et sont fortement impliquésdans les questions de sens de l’homme etde l’humanité. Dès la troisième, un travaild’information serait à entreprendre.

LYCÉE UNIVERSITAIRE.Notre-Dame-du-Grandchamp, à Versailles (78), devientlycée universitaire.Désormais, il offre lapréparation d’une licence de gestion parconvention avec l’université de Lille 2 etl’École supérieure de commerceinternational (ESCI) de Lille.Cetteformation permettra aux 33 étudiantsissus de BTS (17), de classespréparatoires (2) de facultés (6) etd’instituts universitaires de technologie(8) de se préparer à entrer en deuxièmeannée d’école supérieure de commerce.

RENASUP/CNAM. Un comité de pilotageRenasup/Cnam a été mis en place. Il apour objet de développer de nouveauxcursus d’enseignement supérieur dans lesétablissements catholiques à partir decours donnés par des enseignants duConservatoire national des arts et métiers.Un premier modèle (préparation d’unelicence d’informatique) vient d’être mis au point à l’Institut supérieur d’actioninternationale et de production (Isaip)d’Angers. D’autres projets préparant à un « bachelor », devenant licenceprofessionnelle dans l’avenir, devraientvoir le jour prochainement.

LA BIBLE EN RÉCITS. Le Réseau de recherche en analyse narrative destextes bibliques (RRENAB) propose,dans le cadre du cycle La Bible en récits,un colloque international sur le thème« Le point de vue dans la Bible ».Organisé par l’Institut catholique deParis, l’Institut protestant de théologiede Paris et de Montpellier, le CentreSèvres-Facultés jésuites de Paris, il auralieu du 8 au 10 juin 2006 à Paris.Renseignements : Secrétariat du colloqueRRENAB,Centre Sèvres, 35 bis rue deSèvres, 75006 Paris.Inscriptions : [email protected] des projets de communication :[email protected]

Décès de Colette Urbejtel

Ala mi-août 2005, Colette Urbejtel, enseignanteformée auprès de Pierre Faure s.j., nous abrusquement quittés. Jeune institutrice, elleavait accepté de prendre la direction de l’éco-

le Jeanne-d’Arc, à Palaiseau (Essonne), établissementalors en grande difficulté, qu’elle « relança » et où ellecréa les deux premières classes de perfectionnement« reconnues » de l’enseignement catholique (1968) ain-

si que le collège. Conseillère pédagogique, membreactif de l’Association internationale de recherche etd’animation pédagogique (Airap), elle s’est aussi pré-occupée des handicapés, prenant l’initiative de plu-sieurs associations à leur service.Femme d’espérance, de foi et… d’action, ce sont, di-sait-elle les principes acquis lors de sa formation pé-dagogique, qui lui permirent de mener de front,avec efficacité, vie familiale et engagements divers.

ANNE-MARIE AUDIC

Renforcer l’apprentissage par la coopération entre établissements

Le vendredi 3 juin 2005, les acteurs de l’ap-prentissage des deux réseaux de la régionNord - Pas-de-Calais, celui de l’enseignementagricole – Centre de formation d’apprentis

(CFA) régional de Genech – et celui de l’enseigne-ment technique catholique, se sont réunis à l’Institutprofessionnel Saint-Louis à Armentières. Cette mani-festation fut l’occasion pour ces deux réseaux qui tota-lisent 20 antennes de formation et 1 750 apprentis designer une convention de partenariat en présence deMartine Filleul, vice-présidente du conseil régionalNord - Pas-de-Calais, et de Paul Malartre, secrétaire

général de l’enseignement catholique. Cette conven-tion met notamment en relief leur volonté de tra-vailler ensemble et de mutualiser leurs moyens.Échanges réguliers sur la vie des réseaux, stratégiecoordonnée du développement quantitatif et quali-tatif, concertation préalable des dépôts de dossiersd’ouverture, d’extension et de suppression de sec-tions, synergie de la promotion de l’apprentissage,réflexion sur la formation des formateurs, ainsi quela mutualisation des compétences, des expériences etdes outils d’alternance constituent les principaux axesd’une collaboration d’excellence et d’avenir. GDR

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8 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

actus /enseignement catholique

gie. Deux interventions ont nour-ri la réflexion : celle de DominiqueJoulain, formateur à l’Ifeap2, surle « discernement » et celle du père

La commission nationale d’animation pastorale ouvre le chantier de l’évaluation

L’évaluation était au pro-gramme de la commissionnationale d’animation pas-torale, le 22 septembre

2005. Cette année, toutes les com-missions nationales se pencherontsur ce thème, choisi par le secré-tariat général de l’enseignementcatholique. Avec un grand rendez-vous, les 4 et 5 avril prochain, pourdes états généraux de l’évaluation.En ouverture de cette session d’au-tomne, le père Derycke1 a repré-cisé « les conditions d’exercice du caractèrepropre dans la société et dans l’Église ».Au fil des échanges, les membresde la commission ont perçu la com-plexité d’une évaluation qui est trèsloin de se résumer à la docimolo-

Olivier Crestois sur le « prophétis-me ». D’autre part, Pierre Robi-taille3 a présenté le document« Comment penser aujourd’hui la

formation des adultes membres dela communauté éducative ? », fruitdu travail intercommissions de l’anpassé. Outre les textes des com-missions nationales, il comprenddes fiches de Christiane Conturie,André Blandin, Paul Malartre,Mgr Gérard Defois, Mgr Jean-PaulJaeger… Un dossier riche qui pla-ce dans une perspective éthique laformation des personnes, qu’ellessoient jeunes ou adultes4. MCJ

1. Secrétaire général adjoint de l’ensei-gnement catholique. 2. Institut de formation pédagogique del’enseignement agricole privé.3. Coordinateur des commissions natio-nales et coordinateur national de l’ani-mation pastorale.4. Prochainement sur www.scolanet.org

Entre deux interventions. Les membres de la Cnap dans la cour du 277 rue Saint-Jacques.

Paris Expo/Porte de Versailles24 -27 novembre 2005

L’enseignement catholique, les facultés catholiques,

les grandes écoles et les parents d’élèves vous attendent hall 7-3 / stand IT 3

Invitation à télécharger sur www.salon-education.org

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Pour bien débuter…

Les éditions Vuibert ont conçudeux guides très complets pourles professeurs du 1er et du2d degré en début de carriè-

re. On trouve tout dans ces vade-mecum : de la photocopie d’un bulletinde paye d’un professeur en fin d’an-née préparatoire à la grille pour pré-parer sa séquence de cours. Troisgrands thèmes y sont abordés : la for-mation et le statut du professeur sta-giaire, la conduite de la classe, l’analysedes pratiques professionnelles. Et pour

une fois, le métier de professeur dans l’enseignement catholique est pré-senté dans sa spécificité, de façon détaillée. Les jeunes profs apprécie-ront tout particulièrement la « trousse de survie » qui leur est fourniepour faire cours. Deux guides qui donnent envie d’enseigner ! SH

Gilbert Py, Nicole Marty, Nadine Courcoux, Guide du professeur des écoles stagiaires -comment débuter dans l’enseignement primaire, Vuibert, 607 pages, 32 €. Guide du professeur

stagiaire – comment débuter dans l’enseignement secondaire, Vuibert, 380 p., 26 €.

Brieuc Voirin a toutes les raisons d’être fier. À 11 ans, élève de5e du collège Notre-Dame-du-Rocher à Chambéry – eh oui, unpetit « surdoué », le bonhomme –, il a remporté, en juin dernier,devant 8 250 candidats de la catégorie « 5e », le 1er prix du

concours national des Hercules de l’Histoire, organisé par le mémorial deCaen en partenariat avec le Sénat. Un jeu de questions-réponses quirecoupe l’histoire et l’éducation civique en lien avec les programmesofficiels, et qui permet à chacun de tester ses connaissances. Le 22 juin2005, Brieuc s’est rendu au Sénat avec sa directrice, Geneviève Hos-tache, pour recevoir un ordinateur. Gageons qu’il renouvellera l’expé-rience, dans d’autres matières, dans la 4e qu’il vient d’intégrer. EDC

Un hercule en histoire

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 9

actus /enseignement catholique

« Associé au service public d’éducation »Lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, le 20 septembre dernier,

Paul Malartre a rappelé avec vigueur la place originale de l’enseignement catholiquedans le système éducatif français. Sans oublier de dénoncer le manque de postes d’enseignants.

mique, Paul Malartre a marteléque « l’enseignement catholique n’estni l’enseignement public, ni l’enseigne-ment privé, ni même un enseignementprivé subventionné. Il est enseignement

associé au service public d’éducation, età ce titre, il a des droits et des devoirsvis-à-vis de l’État ». À ce titre, Paul Malartre réclame laparité, rien que la parité et n’en-tend pas remettre en cause les« grands équilibres » qui n’ont pasvarié depuis vingt ans (en principel’État crée ou supprime des postesen respectant le ratio 80 % - 20 %).Mais force est de constater que lademande des familles ne cesse decroître : 20 000 élèves supplémen-taires ont été accueillis dans l’en-seignement catholique depuistrois ans (+ 3 000 en septembre2002 ; + 13 000 en septembre2003 ; + 4000 en septembre 2004)et environ 20 000 élèves refusés àla rentrée 2005. Aussi « quand onnous a annoncé, pour le budget 2005,moins 532 postes, cela nous a faitmal », a avoué Paul Malartre, enprécisant que, contrairement aupublic, « chez nous, tous les postes

d’enseignants sont devant élèves ».« Nous souhaitons que nos dotationsaccompagnent l’évolution de la de-mande des familles », a-t-il ajouté enprenant pour exemple l’ensei-

gnement agricole privé qui ac-cueille de nombreux élèves sup-plémentaires à cette rentrée etvoit ses moyens décroître. Et depoursuivre : « Nous ne cherchons pasà augmenter nos effectifs, ni à réduireles moyens de l’enseignement public.C’est avec celui-ci que nous devonssensibiliser les parlementaires sur leschoix budgétaires à faire, alors quepour 2006 on parle de nouvelles sup-pressions de postes. »

Des effectifs stables à la rentréeParadoxalement, les effectifs de l’enseignement catholiquesont stables à cette rentrée et accusent même une légère baisse(- 1 247 élèves par rapport à2004/2005). Deux raisons l’expli-quent : l’augmentation des effectifsn’est pas générale sur tout le terri-toire. Alors que certaines régions

refusent des élèves (Paris, l’Ile-de-France, l’Ouest, le quart Sud-Est,l’Alsace…), d’autres connaissentune baisse démographique. Deplus, les établissements, contraintsd’augmenter le nombre d’élèvespar classe (en moyenne 40 élèvesen lycée et 30 en collège) pour ré-pondre à la demande des familles,ont décidé de ne pas dépasser unseuil critique.

Emplois de vie scolaireUne bonne nouvelle toutefois :3 000 emplois de vie scolaire ontété accordés à l’enseignement ca-tholique. « Nous avions regretté lasuppression des emplois-jeunes. L’en-seignement catholique en avait 3 400,a commenté le secrétaire général,et notre bilan était très bon en termed’insertion professionnelle… » Cesnouvelles recrues vont permettrede renforcer l’encadrement édu-catif – en particulier auprès desélèves handicapés.

Pluralisme scolairePaul Malartre a conclu sa ren-contre avec la presse par une dé-claration d’intention : « Sans rallu-mer quoi que ce soit, nous permettonsle pluralisme scolaire largement sou-haité par l’opinion publique (une fa-mille sur deux en France inscrit aumoins l’un de ses enfants dans l’ensei-gnement catholique). Ce pluralismescolaire nous paraît l’une des formesd’expression de la laïcité. Nous conti-nuerons à être des partenaires loyauxpour apporter notre contribution édu-cative actualisée par nos assises, etpour répondre avec l’enseignementpublic aux fortes attentes pédago-giques et éducatives des familles et desjeunes de notre pays. »

SYLVIE HORGUELIN

Redire le positionnement ori-ginal de l’enseignementcatholique dans le paysagescolaire français », telleétait la volonté de Paul

Malartre, le 20 septembre 2005,en ouvrant la conférence de pres-se de rentrée. Le secrétaire géné-ral a rappelé que « l’enseignementcatholique ne se situe pas comme refu-ge, ni comme roue de secours, encoremoins comme concurrent de l’enseigne-ment public. Il ne se situe pas commeenseignement privé de type commercial.Il se situe comme possibilité pour lesfamilles d’exercer leur liberté de choixreconnue par la Constitution ».

La parité, rien que la paritéUne clarification nécessaire aprèsles vives réactions suscitées par lespropos du ministre de l’Éducationnationale, le 8 septembre 2005, surRadio Notre-Dame. Deux jours aprèsla visite d’un collège catholique deCholet (Maine-et-Loire), Gilles de Robien avait en effet déclaréqu’il était favorable à une « égalité

de moyens » entre public et privé.Des propos jugés choquants parcertains syndicats qui déplorent lasuppression de 5 000 postes d’en-seignants pour le public dans le budget 2005. Pour calmer la polé-

« Sans rallumer quoi que ce soit, nous permettons

le pluralisme scolairelargement souhaité

par l’opinion publique. »

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Bonne nouvelle. Paul Malartre s’est félicité des 3 000 emplois de vie scolaire accordés aux établis-sements catholiques.

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La Fesic1, qui regroupe désor-mais vingt-six grandesécoles privées2, changed’identité visuelle. Son nou-

veau logo allie deux signes mathé-matiques : > et +. Le signe « supé-rieur » évoquel’appartenancede ses écoles aumonde de l’en-s e i g n e m e n tsupérieur. Ellesen remplissenttoutes les mis-sions, à traversla formation ini-tiale et continue,la recherche et le transfert de tech-nologie, la coopération interna-tionale... Le signe « plus » traduit,quant à lui, la valeur ajoutée deleur projet pédagogique : la for-

Double anniversaire chez les sportifs

Un nouveau logo pour la Fesic

◗Renseignements et inscriptions :Clément Garet, 61 route du

Cossay, 56730 Saint-Gildas-de-Rhuys.Tél. : 02 97 45 39 10.

Savoir +

◗Fesic, 35 rue de la Bienfaisance,75008 Paris. Tél. : 01 53 77 22 39.

Internet : www.fesic.org

Savoir +

10 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

actus /enseignement catholique

Corps enseignant :de plus en plus féminin

Les femmes sont 91,9 % à enseigner dans les classes dematernelle et du primaire (soit 14 points de plus que dans l’en-

seignement public). Si elles sont particulièrement nombreuses enIle-de-France (Paris 95,6 %, Créteil 96 % et Versailles 96,8 %) et à

Rouen (96,4 %), elles le sont un peu moins dans l’Ouest – académie deNantes (86,6 %).Dans le second degré, elles représentent 65,92 % des enseignants (57 % dansl’enseignement public) et sont très majoritaires en Ile-de-France et dans lesacadémies de Rouen, Limoges et Toulouse (plus de 70 %).

Source : SolfegeSur internet : www.observatoire-solfege.org

Mémoire. Une photo illustrant l’histoire de l’Ileps (à lire sur www.ileps.org).

Deux dates qui comptentpour les «profs de sport » :les 40 et 60 ans des insti-tuts de formation de

l’Enep-Ileps et de l’Emep. Pour lesmoins férus d’histoire de l’ensei-gnement catholique, l’Enep étaitl’École normale d’éducation phy-sique féminine, créée en 1943, etl’Emep, l’École de monitorat d’édu-cation physique, née en 1965 etdisparue en 1976, en raison deschangements de cursus. Quant àl’Ileps, l’Institut libre d’éducationphysique supérieur, ouvert en 1944sous l’impulsion d’Yves Bouvyer,il a regroupé toutes les formationsen 1981.À l’initiative de deux enseignantsd’EPS, Jacques Nauleau et Clé-ment Garet, qui ont fondé l’asso-ciation Trait d’Union, un grandrassemblement des anciennes etanciens de ces écoles est organiséles 22 et 23 octobre 2005, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée).« Ceci, précisent-ils, pour répondreaux suggestions et demandes de beau-

coup d’entre nous, afin de garder lamémoire, transmettre un patrimoine,permettre les relations, tout en restantauthentique. »À cette occasion sera présenté unouvrage, Formation à la vie, d’hier àaujourd’hui, qui raconte une histoi-re du sport dans l’enseignementcatholique, au travers de ses fon-dateurs comme Mgr Barbier de laSerre, mère Sainte-Monique etYves Bouvyer. On y trouvera aussiles évocations de la création et dela croissance des instituts, l’histoi-re de l’Ugsel1, les séjours sportifs,les figures des personnalités etformateurs et bien des témoi-gnages et anecdotes de ces annéespassées. BG

1. Union générale sportive de l’enseigne-ment libre.

mation humaine et l’accompa-gnement personnalisé des étu-diants les préparent au rôle socialet citoyen qu’ils auront à jouer. Lesigne « plus » évoque aussi la mul-tiplicité des offres de formation

proposées par laFesic dans tousles secteurs del’économie : élec-tronique, infor-matique, chimie,mécanique, géo-logie, manage-ment, interpréta-riat… Un logobien pensé qui

devrait renforcer la notoriété d’unréseau d’écoles qui ont en communles mêmes valeurs chrétiennesd’éducation. SH

1. Fédération d’écoles supérieures d’ingé-nieurs et de cadres.2. Après l’arrivée, à l’été 2005, de l’Écolesupérieure de management de l’entrepri-se (Espeme) implantée à Nice et à Lille, etde l’Institut supérieur d’interprétation etde traduction (Isit) de Paris.

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Le BTS dans l’Europe des études et de l’emploi

Mardi 8 et mercredi 9 novembre 2005 - Palais des congrès d’Issy-les-Moulineaux (92)Inscriptions : [email protected]

LE CHIFFRE DU MOIS

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 11

actus /enseignement catholique

Des psychologues attentifs aux évolutions éducatives

C’est au cœur du marais poitevin que les adhérents de l’Association nationale des psychologues de l’enseignement catholique se sont retrouvés pour fêter leur 40e anniversaire et tenir une assemblée

générale riche par ses réflexions sur la signification de la parentalité aujourd’hui.

C’est à la demande de Mgr

Cuminal, alors secré-taire général de l’ensei-gnement catholique,que furent votés en

1965 les statuts de l’Associationpour le développement de la psy-chologie scolaire dans l’enseigne-ment catholique qui deviendral’Anpec en 1973. En 1975, le Comi-té national de l’enseignement catho-lique (Cnec) adoptera le statut dupsychologue dans l’enseignementcatholique, tandis qu’une conven-tion collective réglera, en 1985, lesrelations de travail entre lesemployeurs et les psychologues.Cette même année, la loi sur la pro-tection de l’usage du titre de psy-chologue sera promulguée. Depuis sa création, l’Anpec acontribué aux réflexions menéespar l’enseignement catholique,notamment dans le cadre duCnec, des commissions nationaleset de démarches comme les as-sises. Pour Alain Le Boutouiller,président de l’association jusqu’àcette assemblée1, ces 40 ans mon-trent la maturité de la professionde psychologue de l’éducation enconstante évolution, et révèlentl’exigence d’un ressourcementpermanent pour être toujoursplus au service des jeunes en diffi-culté et de leurs familles.

Cette volonté de s’inscrire dansl’avenir va de pair avec trois inter-rogations : quel psychologue de

l’éducation l’enseignement catho-lique veut-il promouvoir ? Quelsmoyens humains et financiersveut-il et peut-il investir ? Quel ty-pe de fonctionnement et de ratta-chement institutionnel souhaite-t-il privilégier ? Voilà qui invitaitPaul Malartre à rappeler la déci-sion prise en juillet dernier decréer un groupe de travail « Direc-teurs diocésains-Anpec ». Parmises objectifs : préparer la mise enplace de commissions danschaque diocèse pour évaluer lesbesoins psychoéducatifs, et partici-per à la préparation d’un texte quipourrait être voté en 2006 par leCnec. D’autre part, Paul Malartrea tenu à souligner le travail impor-tant fourni par l’Anpec dans les si-tuations de crise ainsi que sacontribution aux sessions de for-mation des futurs chefs d’établis-sement et directeurs diocésains.

Relation électiveMais avant de fêter son 40e anni-versaire avec les pionniers del’Anpec, les membres de l’associa-tion se sont penchés sur les nou-veaux enjeux de la parentalité. Eneffet, les psychologues d’éduca-tion sont de plus en plus confron-tés aux nouvelles formes d’organi-sation familiale (famille recompo-sée, monoparentale, homoparen-tale, adoptive…). Là où parentali-té rimait avec conjugalité, la placedu parent est aujourd’hui diver-sement occupée. En effet, indiquait en substanceClaude Martin2, la famille, institu-tion marquée par un contrat ma-trimonial, une fécondité, un mo-

dèle type, n’esten réalité que lereflet d’un mo-de de vie, ellen’est pas natu-relle. Et même siau jourd ’hu i ,contrairementaux idées re-çues, 8 enfantssur 10 viventavec leur deuxparents, la déna-talité, l’indivi-dualisation desdroits, la biacti-vité profession-nelle des ména-ges, l’accroisse-ment des di-vorces, la flexibilité du temps etdes rythmes de travail contra-rient l’accomplissement de lafonction parentale. Les parentsdélèguent alors une part substan-tielle de leur rôle notamment à unÉtat qui fixe les valeurs et lesnormes. Qui est le parent aujour-d’hui, celui qui donne ses gênes,donne naissance, donne son nom,éduque ? La famille devient com-plexe et réside dans le flou. Il fautcréer des conditions pour assurerle rôle parental dans un contextede coéducation. Des propos que necontredisait pas Alain Bouregba3

en évoquant un État qui prétend àune fonction éducative et se poseen garant des besoins de l’enfantet de la compétence parentale.Mais l’enfant, précisait-il, est rela-tion, et la parentalité, conceptmou qui ne veut rien dire, réduitle parent à une fonction. Or, on nepeut réduire un parent à ce à quoi

il est utile. Il est également rela-tion et interroge sur le sens de lafiliation. Mais aujourd’hui, nos re-lations se réfèrent à la démocratie.Le parent doit être validé par sonenfant, et le parent cherche leconsentement de l’enfant. Noussommes passés à une relationélective. Sans doute une réflexion, uneprise de distance sur ce quimarque les relations instauréesdans tout acte d’éducation par unéducateur, est-elle à entre-prendre, que cet éducateur soitparent, enseignant, psycho-logue…

GILLES DU RETAIL

1. Benoît Houdry, psychologue à la direc-tion diocésaine de Laval, succède à AlainLe Boutouiller comme président de l’Anpec.2. Sociologue, directeur de recherche auCNRS.3. Psychologue, psychanalyste, directeurde la Fédération des relais enfants parents(Frep).

La famille est le refletd’un mode de vie.

L’Anpec a 40 ans. Un anniversaire fêté avec quelques-uns des pionniers del’association.

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12 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

actus/éducation

Quatre-vingt-neuf milleenfants en danger ontété signalés en 2003 parl’Observatoire de l’action

sociale décentralisée (Odas). Unchiffre qui progresse chaque annéedepuis l’an 2000 et ne tient comp-te que des signalements en prove-nance des services de l’aide socialeà l’enfance. Ce sont cependant 235 000 enfants, d’après l’Obser-vatoire national de l’enfance endanger (Oned) créé en janvier 2004,qui sont suivis par l’ensemble desservices de protection de l’enfan-ce. C’est trop, beaucoup trop pourune association comme Enfance etPartage1 qui mène depuis des annéesdes actions d’information et de pré-

té des acteurs fondamentaux de laprotection de l’enfance à parler deprévention. Le pédopsychiatre Pierre Benghozia insisté sur le fait que « la violenceest l’expression d’une déstructurationdu lien familial, conjugal, social ».L’avocat Rodolphe Constantino,spécialiste du droit de l’enfant, atiré quelques conclusions des récents

nues. Gratuites – hors frais de dos-sier – pour toutes celles qui relè-vent de l’enseignement scolaire(avec accord de l’inspecteur d’aca-démie), payantes pour les autres3.« Avec le label de qualité Éducationnationale », a fait remarquer sonnouveau directeur, Jean-MichelLacroix (notre photo), regrettant la« multiplication des officines privées quiexploitent la fragilité des parents ».C’esten effet sur la mission de servicepublic du Cned, pour la premièrefois consacrée par la loi4, qu’il a misl’accent. « [Le Cned] permet d’avoirdes parcours personnalisés, du tutorat,pour mieux répondre à la demande deformations diversifiées dans notre socié-

procès pour pédophilie. Parmi elles :« revoir les méthodes de recrutementdes personnels dont la vocation est detravailler auprès des enfants ; faire dela prévention en direction des mal-traitants [...] en instituant notammentun numéro vert pour qu’ils puissents’exprimer, car beaucoup souffrent deleur violence et ne savent comment s’ensortir ». Leurs propos rejoignentceux de Valérie Pécresse, députéedes Yvelines, en charge de ce dos-sier délicat et douloureux, qui sou-haite l’organisation d’un granddébat national sur le sujet afin queles professionnels soient associésà un projet de loi. EDC

1. Sur internet : www.enfance-et-partage.org

Soutien scolaire pour élèves« empêchés » (par la mala-die, par exemple, ou la pri-son), outil de perfection-

nement pour élèves de Zep1 dési-reux d’intégrer un institut d’étudespolitiques (« Sciences-Po »), com-plément d’enseignement en languesvivantes pensé par niveaux et nonpar classes, soutien à la formationprofessionnelle dans le cadre duDIF (droit individuel à la forma-tion) ou à la VAE (validation desacquis de l’expérience)... Le Centrenational d’enseignement à distan-ce (Cned) offre 3 000 propositionsde formations, du CAP2 à l’agré-gation, encore trop souvent mécon-

té […] dans un contexte où il est impor-tant de réduire les disparités. » Les deux tiers des 330 000 inscrits(dans le monde entier) sont desadultes, salariés d’entreprise, de-mandeurs d’emploi… MCJ

1. Zone d’éducation prioritaire.2. Certificat d’aptitude professionnelle. 3. Il en coûte 236 € pour suivre les coursde seconde, de première ou de terminale,si vous êtes un élève « empêché », 620 €autrement.4. Article 11 de la loi du 23 avril 2005.

Le CNED : un outil pour des parcours personnalisés

vention auprès des enfants, à lademande d’établissements scolairesnotamment, et n’hésite pas à seconstituer partie civile dans desprocès pour pédophilie aussi reten-tissants que ceux d’Outreau, d’An-gers ou de Drancy… Le 27 septembre 2005, pour la9e journée nationale de l’enfancemaltraitée, Enfance et Partage a invi-

◗CNED, BP 60200 - 86980 Futuroscope-Chasseneuil Cedex.

Tél. : 05 49 49 94 94. Internet : www.cned.fr

Savoir +

Enfance maltraitée : prévenir et légiférer

Quand des adolescents,en 4e, décident un jourd’aller rencontrer ceuxet celles à qui on laisse

si peu la parole – les personnesâgées –, cela donne Quand j’avaiston âge, un recueil de textes etphotos empreint de joie, d’hu-mour, d’humanité, d’émotion. Ças’est passé dans le Lot. Entredécembre 2004 et mars 2005,350 collégiens sont allés rendrevisite à des résidents de maisonsde retraite pour qu’ils évoquent

leur enfance, leur famille, l’éco-le, les punitions, leurs amours,leurs rêves d’alors, leurs bêtisesaussi ! Ils parlent sans retenue.Les souvenirs affleurent, croisentla grande Histoire, la guerre, l’ar-rivée des premiers téléviseurs, despremières automobiles… et des-sinent autant de portraitsd’hommes et de femmes, et le por-trait d’un siècle aussi. Cette belleinitiative, voulue par le conseilgénéral du Lot, après la caniculede l’été 2003 qui a révélé l’oubli

dont sont victimes tant de per-sonnes âgées, a bénéficié du prixEnvie d’agir1 2004, sous l’égidede la Direction départementalede la jeunesse et des sports. EDC

1. Cf. ECA 296 p. 13.

◗Pour obtenir un exemplaire de Quandj’avais ton âge : Conseil général du

Lot, Service communication, Place Chapou,BP 291 - 46005 Cahors Cedex 9. E-mail : [email protected]

Savoir +

À la croisée des âges

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Nouveau succès pour lesjournées européennes dupatrimoine dont la 22e

édition s’est déroulée les17 et 18 septembre dernier : dou-ze millions de curieux sont partis àla découverte de 15 480 musées,

ouvrages d’art, édifices religieux ethistoriques, bâtiments industrielset administratifs. Mille de ces lieuxouvraient leurs portes au publicpour la première fois, et un sur cinq

N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 13

exceptionnellement pour l’événe-ment. Renaud Donnedieu deVabres, ministre de la Culture et dela Communication, avait placé cenouveau rendez-vous sous le signed’une mobilisation nationale sur lethème « J’aime mon patrimoine ».Mobilisation de tous, acteurs pri-vés ou publics, individuels ou col-lectifs, et bien sûr des élèves. Classespatrimoine, charte « Adopter sonpatrimoine », classes à projet artis-tique ou culturel (Pac), opération« Adopter un monument »... Lesidées d’initiatives pédagogiquesstructurées ne manquent pas pourqui veut impliquer sa classe ou sonétablissement.À noter : un label européen du patri-moine, actuellement à l’étude, quidevrait permettre de mettre envaleur des monuments et sites despays de l’Union, et l’annonce par leministre de la Culture et de la Com-munication, de l’affectation, cetteannée, d’un premier apport de10 millions d’euros au budget derestauration des monuments his-toriques, et d’un second, de 100mil-lions d’euros, qui s’ajoutera aux300 millions déjà planifiés. SB

du rectorat de Toulouse, cette étu-de a porté sur près de 160 000 jeu-nes, dont 8 185 en France, élèvesde 554 établissements publics ouprivés. Première bonne nouvelle :trois adolescents sur quatre se disentglobalement satisfaits de leur vie.Les 11-15 ans sont 65,5 % à affir-mer aimer l’école, même si la moi-tié d’entre eux juge le travail scolairesource de stress ou de fatigue. Cegoût est plus prononcé chez lesfilles (70,5 %) que chez les garçons(59,2%), et diminue quand les adosgrandissent.L’évolution des loisirs, avec jeuxvidéo, internet et télé jusqu’à plussoif, explique une nette tendanceà la sédentarité : un garçon surquatre et seulement une fille surdix atteignent le niveau d’activitéphysique recommandé par les

normes internationales (une heu-re par jour cinq jours par semai-ne). L’hygiène de vie est égale-ment mise à mal par des repastoujours plus pauvres en fruits etlégumes (moins de 20 % des 11-15 ans en consomment cha-que jour), et trop souvent trans-formés en grignotages anar-chiques (54,2 % ingurgitent sucre-ries et boissons sucrées quotidien-nement). Le petit-déjeuner est ré-gulièrement négligé par un tiersdes adolescents. Résultat ? Desados pas toujours bien dans leurpeau, à une période clef où il estdéjà délicat de vivre les métamor-phoses de son corps. Ce sont ainsiprès de 42 % des filles de 15 ansqui se trouvent trop grosses. Et sil’augmentation de l’obésité est unphénomène avéré, l’image du

corps idéal communément véhi-culée n’est sans doute pas pourrien dans ce jugement sévère.Ces informations et beaucoupd’autres, portant sur la famille,l’amitié, la sexualité, la santé, lesaddictions et la violence sont dé-taillées tout au long de 288 pages.Une mine pour qui souhaitecomprendre la réalité du quoti-dien des 11-15 ans. SB

1. Institut national de prévention et d’édu-cation pour la santé.2. Organisation mondiale de la santé.

Les 11-15 ans dans tous leurs états de santé

actus /éducation

◗La santé des élèves de 11 à 15 ansen France/2002, INPES, coll. « Baro-

mètres santé », 288 p., 25 €. Bon decommande à imprimer sur le site :www.inpes.sante.fr

Savoir +L ’INPES1 vient de publierles résultats de la troisièmevague d’une enquête àgrande échelle lancée dans

35 pays d’Europe et d’Amériquedu Nord. Placée sous l’égide dubureau Europe de l’OMS2 et relayéeen France par le service médical

Invitez-le dans votre ville ! « J’aime mon patrimoine » et je le prouve !

Un camion pas comme lesautres a pris la route le19 septembre dernier.Parti de Niort, il effec-

tuera un périple de sept mois etdemi à travers la France, faisantétape dans les villes dont directeurset professeurs des écoles et des col-lèges auront inscrit leurs élèves(www.camiondesmots.com). À cha-que halte, il déploiera sa carrosse-rie pour se transformer en espacemultimédia et accueillir une classeentière. À bord, une quinzaine de

pupitres équipés d’ordinateurs per-mettent d’accéder à un logiciel crééspécialement pour l’événement. Aumenu : jeux de mots et questionsde culture linguistique et littérai-re.Il faut remettre dans l’ordre lesmots prononcés par Maître Yoda(qui a une fâcheuse tendance à pla-cer sujet et verbe en fin de phrase),

placer les accents sur un texte bref…Pour chaque réponse validée, l’or-dinateur renvoie une correctionavec un bref commentaire explica-tif ou des astuces pour retenir lesrègles utilisées. Géraldine Chavrin,conceptrice du projet, a visé uneapproche ludique de la langue fran-çaise – ni apprentissage ni évalua-tion – qui met l’enfant ou l’adolescenten confiance et valorise ses connais-sances. Des retraités, membres de l’asso-ciation Lire et faire lire1, seront làpour accompagner les joueurs.Imaginé par le magazine Lirepour prendre le relais des Dicosd’or, le Camion des Mots réunit,outre l’association déjà citée, legroupe l’Express-l’Expansion,France3, et la MAIF – qui s’est en-gagée à verser à Lire et faire lire uneuro par kilomètre parcouru.Le relevé du compteur est prévuà Paris, le 3 juin 2006. Une raisonde plus pour ne pas hésiter à fairefaire détours et crochets à ceconvoi exceptionnel. SB

1. Programme d’ouverture à la lecture etde solidarité intergénérationnnelle. Sur in-ternet : www.lireetfairelire.org

Mise en lumière. Les Globes de Coronelli dans lanef du Grand Palais, à Paris.

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14 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

actus /religion

Espoirs et combats d’un évêqueAncien élève de l’École normale supérieure, agrégé de l’Université, docteur en lettres et en théologie, Claude Dagens fut tour à tour et parfois simultanément, prêtre de paroisse, éducateur de séminaristes, doyende faculté de théologie, évêque auxiliaire de Poitiers puis évêque d’Angoulême depuis 1999. Il vient de publierun livre né d’une conviction et d’une expérience : La nouveauté chrétienne dans la société française.

la conviction de l’auteur. On saitque Mgr Claude Dagens a large-ment contribué, entre 1994 et1996, à la rédaction de la Lettreaux catholiques de France qui aabouti au texte des évêques :« Proposer la foi dans la sociétéactuelle ». Cependant, il ne fau-drait pas chercher dans ce livre la« mise en œuvre » pratique de cequ’on aurait pu pressentir com-me « consignes » ou « techniques »dans cette Lettre. Claude Dagensne déploie pas ici une intelligencede structure ou d’appareil, maisl’intelligence d’une convictionsimple et forte.L’Évangile est attendu dans notresociété, l’Évangile demeure vivantdans la foi des chrétiens qui le re-çoivent et le pratiquent sur les ter-rains de l’existence : la vie, lamort, l’éducation, la participationà la vie de la cité, l’activité écono-mique et sociale dans notre paysqui vit une mutation forte entreses structures traditionnelles etson ouverture à l’Europe.L’évêque apparaît ici avant toutcomme témoin, témoin de ceuxqui, au-delà des clichés trop ra-pides sur l’inéluctable effacementdu christianisme dans la sociétéfrançaise, vivent de la foi et duChrist dans cette société, et j’allaisdire en vivent bien, non pas ausens du confort, mais bien plus ausens du « dynamisme », du « dé-placement » et de la « conversion »que propose la foi.Vivre de l’Évangile, c’est vivre enétant spécialement non seulementattentif, mais en réception et en ac-compagnement des mutations dela société actuelle. L’expérience defoi n’est ici ni un refuge ni un en-gagement volontariste ou idéolo-

gique, elle est expérience d’unenouveauté : celle du Christ. Et cet-te nouveauté n’éloigne pas de lasociété actuelle, mais au contraire,elle propose une « lumière » pourcomprendre en profondeur lesjoies et les peines de cette société,et les accompagner dans les re-cherches parfois tâtonnantes desolutions et d’espérance. Ces re-cherches peuvent être aussi cellesdu combat et de l’espoir, espoir detous ceux qui refusent l’opinionpremière, le « prêt-à-penser »,combat de tous ceux qui pensentque demain n’est pas l’inéluctablerépétition d’aujourd’hui.

Près de dix ans après la Lettre auxcatholiques de France, Mgr ClaudeDagens a été souvent sollicitépour présenter ce document etpour réagir aux événements dumonde : 11 septembre 2001, com-mémoration du centenaire de laloi de séparation des Églises et del’État de 1905, nouvelles ap-proches de l’Église et de la laïcitéfrançaise, ou intérêt renouvelédans la société et dans l’Églisepour l’enseignement catholique. Ces interventions ont été remode-lées et reprises dans un discourscohérent et lisible en quatre par-ties : « Les convictions d’unévêque » ; « Travail de mémoire etengagement chrétien » ; « Vivreen chrétiens dans une sociétélaïque » ; « Des priorités pour l’Église ». Mais n’oublions pas que la struc-

ture de l’ouvrage ne serait riensans l’expérience « croyante » for-te d’un cri et d’une émotion quelivre la préface.

Un cri, une émotionLe « cri » c’est : « Il y en a marre ! » Ily en a marre de tous ceux qui, àpartir de leur lecture sociologiqueou économique souhaitent quel’Église soit gouvernée par soninéluctable effacement. Commesi, depuis vingt siècles, elle n’avaitpas traversé bien des crises et, plusencore, elle ne s’était pas profon-dément renouvelée elle-mêmedans l’accompagnement des mu-tations de la société.L’« émotion » : c’est celle de l’auro-re du matin de Pâques, cellesimple et lumineuse de la joie.Nous ne décidons jamais d’êtrejoyeux, nous nous découvronsjoyeux. Joyeux et étonnés d’êtretout à la fois guetteurs du Christ ettémoins de sa radicale nouveauté.Joyeux et étonnés d’être tout à lafois pleinement participants à unmonde qui s’efface, et témoinsd’un monde neuf et inédit où lechristianisme s’inscrit à nouveauxfrais.« Et si nous ne cessions de devenir chré-tiens, c’est-à-dire enfants, enfants duPère, enfants de Dieu ? »

PÈRE HUGUES DERYCKESecrétaire général adjoint de

l’enseignement catholique

1. Mgr Claude Dagens, La nouveauté chré-tienne dans la société française – espoirs etcombats d’un évêque, Cerf, coll. « L’histoireà vif », 218 p., 19 €.

L’expérience de MgrDagenssur le terrain ordinaire dela pastorale est faite devisages et de rencontresconcrètes d’hommes et de

femmes, de prêtres de toutes géné-rations, de communautés religieusesanciennes ou nouvelles, de figuresde jeunes et d’adolescents qui écri-vent et se confient à l’évêque dansle cadre de la confirmation, maisaussi de rencontres avec des res-ponsables politiques sociaux et éco-nomiques, sans oublier ces « petits »qui, plus discrètement, s’adressentà l’évêque comme dernier recours :immigrés sans papiers, pauvres,transparents au cœur de Dieu. Tel-le est cette expérience « habituel-le », si on accepte que cet adjectifdécrive la présence de l’Église à lasociété française telle qu’elle est.Mais La nouveauté chrétienne dans lasociété française1 ne serait rien sans ◗Retrouvez un extrait du livre dans

ECA+ sur www.scolanet.org

Savoir +

L’évêque apparaît iciavant tout

comme témoin.

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bibliques, à la notion de “vérité” et à laréflexion morale, je pense que nous jouonsun véritable rôle de transmission. »Une récente enquête menée parFilotéo/La Croix/CSA confirme cespropos en révélant que 73 % desparents d’enfants de 8 à 13 anss’interrogent sur les valeurs qu’ilssouhaitent transmettre à leurs en-fants ; 67 % pensent qu’il est im-portant de transmettre uneconnaissance des religions ; 58 %leur parlent souvent ou de tempsen temps de Dieu, et 44 % esti-ment important d’éveiller leursenfants à leur foi. Précieux relais entre les généra-tions, Filotéo est ancré dans le réel.Ce magazine de Bayard Jeunesses’appuie sur l’actualité de notremonde, reprend les questionsphilosophiques soulevées par lesnombreuses images proposéescontinuellement aux jeunes,et montre comment, par desexemples concrets, des témoi-gnages de vie et une réflexiond’Église, des réponses sont appor-

tées, des combats sont menés.Outre le dossier – « Non à la guer-re ! » pour le numéro d’octobre-novembre 2005 –, Filotéo plongeles enfants dans la grande aventu-re biblique au travers d’une ban-de dessinée suivie d’explicationsqui font entrer les jeunes lecteursdans l’intelligence du texte etd’une phrase de l’Évangile qui lesinvite au débat. Mais ce n’est pastout, ce bimestriel de 68 pages re-trace la vie d’hommes et defemmes au destin exceptionnel,aborde avec humour les petitsbonheurs et les grandes questionsdes enfants d’aujourd’hui encompagnie de « Julien et Véro »,invite, via un reportage photo, àla rencontre de celles et de ceuxqui s’engagent au service desautres, et propose à chaque en-fant la lecture d’un conte, pourqu’il s’évade et rencontre d’autrescultures. La volonté de transmettre, departager, d’interroger au traversdu plaisir de lire, fait de Filotéo un

support incontournable pouréduquer et donner du sens à la vieau regard du message de l’Évan-gile. GDR

Filotéo, en kiosque depuis le 20 septembre.Prix : 6,50€.

Un magazine pour transmettre les valeurs religieuses

F ilotéo est un nouveau maga-zine destiné aux 8-13 ans,qui succède à Grain de Soleil,publication créée voici une

quinzaine d’années pour parler deDieu aux enfants catéchisés ou non.Mais depuis, le rapport à la reli-gion a changé. De nombreuxparents, dans ce domaine, ne sesentent plus capables d’exprimerleurs convictions religieuses oudemandent à être aidés dans la pro-position de leur démarche de foi .« Il n’est pas toujours facile de trouverles mots adéquats pour parler à cettetranche d’âge et transmettre l’enthou-siasme de la foi, au sens fort du terme »,précise Gwenaëlle Boulet, res-ponsable éditorial de Filotéo. Etd’ajouter : « Faire entrer les enfantsdans l’intelligence de la foi, c’est leurdonner toutes les chances de s’épanouirdans un chemin spirituel. Et éviter peut-être que leur foi ne vole en éclats quandils sont confrontés à des questions scien-tifiques et philosophiques, en particulierau moment de l’adolescence. Si on lesinitie dès le départ au statut des textes

◗Livres et DVD sont en vente depuisle 10 septembre 2005. Tarifs (hors

frais de port) : livre enfant : 8,90 € ;pack animateur (livre + DVD) : 49,90 €.Éditions Mediaclap, 46 route d’Angers,49350 Les Rosiers-sur-Loire. Tél. : 02 41 53 27 62. Site internet (avec séance test) : www.culture-chretienne.com

Savoir +

à construire un studio mul-timédia de culture chré-tienne. Une culture chré-tienne qui n’est plus seule-ment source d’étonnementet d’interrogation, mais quileur fait signe et indique uneactualité : dans notre socié-té, des hommes, des femmes,des enfants vivent du dyna-misme de l’Évangile. Voilà

donc le fil rougequ’ont imaginé

les équipes derédaction desd irec t ionsdiocésainesd’Angers etde Nantes

pour réaliserun ensemble de

deux ouvrages (cf.« Savoir + ») à l’usage de

ceux qui sont en responsabilité pas-torale des enfants de cycle III

(8-11 ans). Rappelons que dansEnseignement catholique actualités 294(p. 17), nous en avons présenté unexemple d’utilisation dans une peti-te école rurale du Maine-et-Loire. Est-ce un ouvrage de catéchèse ?Volontairement et tout à faitconsciemment, je laisserai la ques-tion ouverte. Ce qui est certain,c’est que la démarche anticipe cequi est actuellement en rechercheau niveau national dans la restitu-tion de la démarche catéchétique« Aller au cœur de la foi » dont lapremière étape se présente com-me une « première annonce ».Anne et Léo, dans leur curiositénaturelle, sont d’excellents té-moins de l’intérêt de cette premiè-re annonce. Avec leurs yeux d’en-fants, ils osent les questions com-munes quand ils visitent une égli-se, sont témoins d’une cérémonieou, tout simplement, découvrentune œuvre d’art !

Alors, bravo à l’équipe de rédac-tion pour cet ouvrage adapté àtous les enfants des établisse-ments catholiques d’enseigne-ment, mais qui peut aussi ouvriravec discernement un chemind’initiation à la foi chrétiennepour ceux qui en ont manifesté ledésir.« La culture chrétienne fait signeà la source qui l’anime de l’inté-rieur. »

Père Hugues DERYCKE

Les deux élèves reporters,Anne et Léo, sont deuxjeunes bien de notre temps.Leur curiosité les conduit

Culture chrétienne au primaire

actus /religion

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actus /religion

illustrées sont accompagnées d’unecourte description et d’une phra-se d’Évangile. Le chemin se ter-mine devant une statue de Jésusavec la question fondamentale :« Et toi, que dis-tu ? Pour toi, qui suis-je ? » Un lieu de ressourcementspirituel pour les chrétiens et dedécouverte de la vie de Jésus pourles non-croyants. SH

Animé par les dominicainsde la province de France,le Centre d’études du Sau-choir, à Paris, propose des

journées ou des demi-journéesd’études, et des séminaires dans lesdomaines de la théologie, de la phi-losophie, de l’histoire, des scienceshumaines et des sciences religieuses.Parmi les thématiques de cetteannée 2005-2006 : « Bonaventu-re : la théologie de l’histoire selonJoseph Ratzinger », « Dieu habite-

Un « chemin de foi » à Soligny

t-il dans le cerveau ? Les enjeux dela neurothéologie », « La prière deMadeleine Delbrêl », « Hommageau chrétien Cézanne ». Pour neciter que quatre titres sur… qua-rante. RT

C ’est en priant la ViergeMarie sur la colline quidomine l’abbaye de Soli-gny, dans l’Eure, que frè-

re François de Paule en eut l’idée :concevoir un « chemin de foi » surle modèle des chemins de croix.Le père abbé ayant donné sonaccord, restait à définir quatorzestations d’Évangile puis à trouverun artiste qui les mette en images.Inauguré en avril dernier, le Che-min de la Trappe est une belle réus-site. Situé en plein air, tout à côtéde la Bergerie – le lieu d’accueildes groupes –, il peut être par-couru à pied ou en fauteuil rou-lant. Des jeunes, en retraite ou depassage, l’ont déjà emprunté avecleurs catéchistes, aumôniers ouprofesseurs. Chaque station pré-sente un épisode de la vie du Christ– de l’Annonciation à la Pentecô-te. Sur des panneaux, les scènes

◗Le programme complet est sur inter-net : www.centre-saulchoir.org -

Il peut aussi être demandé par cour-rier : Centre d’études du Saulchoir,20 rue des Tanneries, 75013 Paris.

Savoir +

◗Les Amis de la Bergerie, Abbaye dela Trappe, 61380 Soligny-la-Trap-

pe. Tél. : 02 33 84 17 67. E-mail :[email protected] - Accueil degroupes de 50 personnes (dont handi-capés) pour une retraite ou une recol-lection. Tarif : 8 € par jour et parpersonne (apporter nourriture etduvets). Le chemin de foi, en accès libre,peut être parcouru par des groupesde 10 à 15 personnes.

Savoir +

Un « Guide jeunes » pour Paris

L ’Église de Paris a réussiun tour de force : ras-sembler dans un petit gui-de bien conçu toutes les

activités offertes dans le diocèseaux 3-35 ans ! Au fil de ses 52 pages,on découvre des propositionsconnues (éveil à la foi, catéchisme,préparation aux sacrements, aumô-nerie, pèlerinage, enseignementcatholique…) et moins connues (les88 centres de la Facel – Fédérationdes associations culturelles, édu-catives et de loisirs). Les mouve-ments sont aussi répertoriés, tels laJoc – Jeunesse ouvrière chrétien-ne –, le Mej – Mouvement eucha-ristique des jeunes –, et bien sûr lesScouts. Une originalité : la rubrique

« Engagement », dans laquelle lesjeunes sont invités à aider desenfants, des adolescents, des plusâgés dans la peine ou l’exclusion(Conférences Saint-Vincent-de-Paul, Aux Captifs la Libération, Foiet Lumière…). Enfin, pour ceuxqui sont entrés dans la vie active, ilexiste les « Groupes 18-35 ans »,« Jeunes professionnels », « Équi-pe Notre-Dame Jeunes »… Ce gui-de gratuit, bourré d’adresses utiles,est diffusé dans les paroisses, aumô-neries et établissements privés deParis. SH

◗Église catholique de Paris. Inter-net : www.catholique-paris.com

Savoir +

Centre d’études du Saulchoir :le programme 2005-2006

Matthieu, Marc, Luc etJean : qui sont-ils ? Pourqui écrivent-ils ? Quelvisage du Christ révè-

lent-ils ? Que nous disent-ils ? Quel-le catéchèse proposent-ils à leurscommunautés ? Quelle nourritu-re pour les chrétiens d’aujourd’hui?Dans un hors-série1 de conceptionoriginale, la revue Points de repèrepropose des pistes pour découvrir

et comprendre les évangélistesaujourd’hui. Un outil utile qui don-ne des mots pour ouvrir l’Évangi-le avec les enfants, les adultes, lespersonnes rencontrées dans la pré-paration aux sacrements… VG

1 « À la rencontre des évangélistes - dé-couvrir ou redécouvrir les quatre évan-giles ». Prix : 6,50 €. En vente en librairiereligieuse. Commande en lignesur le site :www.chretiens-service.com

Bal costumé sur sainternet

◗Les saints patrons et les patrons de leurscostumes sont à l’adresse suivante:

www.sainternet.net

Savoir +

Gente dame. Un costume de princessepour Claire et Clara.

Les saints « sont le sillon lumineux deDieu », déclarait le pape BenoîtXVI lors des JMJ de Cologne,en invitant les adolescents à

« contempler ces figures » qui « nous montrentcomment on réussit à être des personnes vrai-ment humaines ». Pour entrer en douceurdans cette contemplation, on privilégie-ra avec les plus jeunes des activités ludiquestelles que le déguisement. Un site (cf.« Savoir+ ») propose depuis deux ansune quarantaine de patrons de costumes,associés à 500 prénoms. De réalisationaisée, ces déguisements devraient ravirles enfants qui découvriront à cette occa-sion l’histoire de leur saint patron. SH

Connaître et comprendre les évangélistes

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Pourquoi un catéchisme ?Père Hugues Derycke : C’est un ex-posé organisé, cohérent et globalde ce que l’on dit de Dieu, de laposition du croyant et de la pra-tique chrétienne. Dans l’espritdu grand public, un catéchismea longtemps été un manuel dequestions-réponses qu’il fallaitapprendre par cœur. C’était vraijusque dans les années cinquanteoù l’on se référait aux premierscatéchismes (qui datent en effetdu concile de Trente en 1650 –écrit en réaction à celui de Lu-ther – puis de Vatican I) et auxtextes produits par les églises lo-cales. Le concile Vatican II a, en

1962, marqué un grand renou-veau de la réflexion en Église. Ila produit des exposés doctri-naux et des textes ouverts àtous, mais pas de catéchisme.C’est une assemblée extraordi-naire du Synode, qui, en 1985,en a demandé un. Le papeJean-Paul II en a alors confié lapréparation à une commissionde douze cardinaux et évêques,présidée par le cardinal JosephRatzinger. Il a fallu six ans detravail pour élaborer les 2 860articles qui composent le Caté-chisme de l’Église catholique (uni-versel). À la surprise de beau-coup ce fut, en 1992, un succèsde librairie.

Pourquoi ?H. D. : Après Vatican II, les chré-tiens sont invités à une adhésionpensée et réfléchie en fonctionde l’évolution des connaissances,du niveau de culture qui s’estélevé. Le chrétien n’a plus la foidu charbonnier pour la bonneraison qu’il n’est plus charbon-nier. Il se demande si ce que luidit son curé, ou son responsablede mouvement d’action catho-lique, possède des fondementshistoriques et théologiques. Etcomment se situer par rapport àl’évolution de la société, quelschoix moraux faire, qui soient encohérence avec sa foi… Il achètele catéchisme comme on achèteune encyclopédie médicale ouun dictionnaire : pour com-prendre, pour savoir. Et il le pla-ce en hauteur sur son étagère…

Vous voulez dire que le «gros» catéchisme n’a pas été vraiment lu?H. D. : L’ont vraiment lu les étu-diants en théologie (séminaristesou laïcs). Mais on s’est renducompte qu’il sortait peu de la bi-bliothèque des facultés de théo-logie, inaccessible pour le grandpublic.

D’où l’abrégé, qui n’a que 598 questions-réponses ! H. D. : L’approche en est plus fa-cile, plus vive, plus en prise avecles interrogations de base duchrétien qui se demande quel estson rapport avec la rectitude dela foi ou à quelle distance il enest. Mais le risque serait, para-doxalement « grâce à » ce livre,de privilégier une lecture indivi-dualiste de la foi, de passer à côtéde la dimension symbolique decertaines réponses, de ne pas

percevoir le sens de tous les motset de s’angoisser. C’est en Égliseque la foi se vit ; c’est un engage-ment individuel incarné dansune communauté.

Alors, comment l’utiliser ? H. D. : On peut conseiller, pourchaque question ou chaque thè-me, de bien se référer à l’indexthématique, sans se contenterd’une seule incursion. Si l’on s’in-téresse aux anges, par exemple,on verra que six références y ren-voient, qui couvrent les quatreparties du livre (les mêmes dans laversion de 1992 et celle de 2005) :ce qui relève de la profession defoi, ce qui concerne les sacre-ments, la vie dans le Christ, et laprière chrétienne. Si l’on fait unerecherche sur le péché, il faut en-gager un vrai travail car ce sontplus de trente références qui s’yrapportent. C’est une invitation àséjourner dans le livre et à y tracerson chemin. Et je le répète, aucunmanuel ne peut remplacer le té-moignage d’autres croyants, ledialogue ecclésial, la pratique ré-gulière de l’Eucharistie.

On lit en réponse à la question «Quia créé le monde?» : «Le Père, le Filset l’Esprit Saint sont le principeunique et indivisible du monde,bien que l’œuvre de la création du monde soit particulièrement attribuée à Dieu le Père. » H. D. : Le langage symbolique dela foi n’est pas le langage de lascience. Il demande une inter-prétation dans un dialogue avecdes témoins au sein de l’Église.Pour la Création comme pour lepéché, l’éducateur doit chercherles termes justes sans faire uneutilisation brutale du manuel.

actus /religion

Un abrégé du catéchisme, pour quoi faire ?

Même avec un abrégé du caté-chisme, notre foi « travaille » ? H. D. : Cet « abrégé » n’est pas unmédicament contre les angoissesnocturnes, un distributeur de so-lutions ou de réponses toutesfaites. D’autre part, il faut savoirque l’Église de France a élaboréun « guide de lecture » auquel onpeut utilement se reporter pourapprofondir les réponses2 . Ils’agit bien de réfléchir la foi chré-tienne par un travail de la raisonqui éclaire la conscience de cha-cun.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Catéchisme de l’Église catholique – abré-gé, coédition Bayard/Centurion/Fleurus-Mame, 290 p., 18 €. Il s’agit d’un abrégédu Catéchisme de l’Église, publié chez Ma-me/Plon en 1992 (845 p., 29 €), rééditéchez Pocket en 1999 (975 p., 7,80 €). 2. Ce guide est inclus dans la réédition Pocket.

Le Catéchisme de l’Église catholique – abrégé1 propose 598 questions-réponses pour faire le point sur sa foiet la transmettre. Comment l’utiliser ? Questions au père Hugues Derycke, secrétaire général adjoint de l’enseignement catholique.

« Cet abrégé n’est pas un distributeur

de solutions ou de réponses toutes faites. »

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Restaurer la légitimité del’enseignant : dupouvoir à l’autoritéresponsableGRENOBLE (38)18 et 19 novembre 2005Auditorium du musée de Grenoble

« Comment honorer sa responsabilitéd’enseignant sans avoir recours à unautoritarisme dépassé et acquérir l’au-torité nécessaire ? » Telle est ladouble question au cœur de cecolloque organisé par l’InstitutFormation & Développement(IFD) de Grenoble en partenariatavec la direction diocésaine del’enseignement catholique del’Isère, les centres de formationpédagogique de La Tronche et deLyon, Formiris Rhône-Alpes-Auvergne et l’Union nationalepour la promotion pédagogiqueet professionnelle dans l’ensei-gnement catholique (Unapec).Parmi les intervenants : GuyAvanzini, professeur émérite del’université Lyon-2, Annie Bar-thélemy, maître de conférences àl’université de Savoie, Pierre Cla-vel, enseignant et directeur de col-lège, et Paul Malartre, secrétairegénéral de l’enseignement catho-lique. À noter : ce colloque, ouvert àtous, est gratuit pour les étudiantsdes CFP et des IFP, ainsi que pourles personnels relevant de Formi-ris Rhône-Alpes-Auvergne ou del’Unapec.

Renseignements, programme détaillé, inscriptions : 04 76 17 15 15. E-mail : [email protected]

Educ@ticePARIS (75)Du 23 au 25 novembre 2005Paris-Expo – Porte de Versailles

Dans le cadre du Salon de l’Édu-cation, et en parallèle d’Educa-tec, Educ@tice, qui aura lieu cet-te année pour la première fois, seveut « le Salon professionnel desusages et applications des tech-nologies de l’information et de lacommunication pour l’enseigne-ment » – autrement (et plus rapi-

dement) dit : les Tice. Grandsgroupes informatiques, construc-teurs, distributeurs, dévelop-peurs de solutions personnali-sées… L’offre diverse inclura unespace dédié aux logiciels libresqui seront aussi largement évo-qués dans les conférences. Le« Village européen » proposeraune table ronde sur « l’autono-mie de l’établissement commefacteur d’innovation pédago-gique » avec des chefs d’établisse-ment venus d’Allemagne, deFinlande, de Belgique, d’Ukrai-ne ou des Pays-Bas. Mais le cœurdu Salon, ce sera bien les« Classes Educ@tice » : des ensei-gnants et des élèves y présente-ront des pratiques et des res-sources qui ont fait leurspreuves.

Programme complet : www.educatice.com

Semaines socialesde FrancePARIS (75)Du 25 au 27 novembre 2005CNIT Paris-La Défense

La famille, l’école, l’Église, la na-tion et l’Europe souffriraient-elles toutes d’une même pannede transmission ? Trois jours du-rant, la 80e édition des Semainessociales de France s’attachera à« repérer et comprendre ce qui se passe[et à] observer l’action modeste, […]souvent dispersée, de ceux qui refu-sent de baisser les bras et cherchentune sortie par le haut », ainsi quel’écrit Michel Camdessus, l’actuelprésident de cette associationcentenaire fondée par des chré-tiens. La session s’ouvrira sur sixconférences : « Crise de l’autori-té, crise de la transmission ? » parMyriam Revault d’Allonnes, phi-losophe ; « La foi au Christ : trans-mettre l’instransmissible ? » parChristoph Theobald, jésuite etthéologien… La deuxième jour-née sera consacrée à six forumsautour de six terrains de trans-mission – la famille, l’école, lemonde du travail, l’Église, lesmédias, la vie associative – aucours desquels interviendrontnotamment Agnès Auschitzka,

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actus /revue express /agenda

Un siècle religieuxDans un dossier spécial intitulé« Pourquoi le XXIe siècle est reli-gieux ? - du repli identitaire auxquêtes spirituelles », Le Monde desReligions1 s’intéresse à « l’efferves-cence religieuse multiforme » qui ca-ractérise le début de ce siècle.« Jeunes femmes voilées, loubavitchstout de noir vêtus, inauguration d’unenouvelle synagogue ici, d’une mosquéelà, multiplication des magasins casherou hallal, répétition de grands rassem-blements religieux, comme les Journéesmondiales de la jeunesse catholique(JMJ), revendication de “l’héritagechrétien de l’Europe” » : Serge Lafit-te2 analyse les manifestations duréveil identitaire religieux qui sesont développées depuis unevingtaine d’années. Manifesta-tions qui tiennent, pour partie, se-lon l’auteur, au souci des grandesreligions historiques de « préserverleurs positions » qu’elles estiment« menacées par la mondialisation desnormes culturelles occidentales et parun processus de sécularisation qui re-met en cause leur pouvoir d’encadre-ment social ».Le retour du religieux connaîtaussi des formes radicales et vio-lentes. « Dans [bien des] conflits,écrit Henri Tincq3, c’est au nom dela religion qu’on embrigade, qu’on fo-mente des milices, qu’on galvanise deshommes, qu’on les pousse à la mortdans des opérations suicides ». Et deciter les attentats de Londres,Charm-el-Cheikh, New York,

Madrid… Le Monde des Religionslivre aussi les résultats d’un son-dage qui apprécie le sentimentdes Français sur ce réveil reli-gieux4. Près de la moitié des per-sonnes interrogées estime que« les religions occupent aujourd’huiune place plus importante qu’il y a dixans ». Reste que la même propor-tion considère que cette place estdevenue « trop importante ». Autreenseignement du sondage :8 Français sur 10 estiment que« les religions sont un besoin essentielde l’homme et qu’elles vont continuermême si elles se transforment ». Tou-tefois, ils sont plus nombreux àpenser que les religions serontplus un « facteur de recul » (38 %)qu’un « facteur de progrès » (14 %).Et moins d’un Français sur deuxestime que « la dimension spirituelleest importante pour réussir sa vie per-sonnelle ». Enfin, interrogés surleur propre évolution depuis dixans, la moitié des sondés déclare« être moins intéressée qu’avant par lesquestions spirituelles » alors qu’unquart d’entre eux disent « être plusintéressé qu’avant ».

VÉRONIQUE GLINEUR

Le Monde des Religions, 163 boulevardMalesherbes, 75859 Paris Cedex 17.

Prix au numéro : 6 €.

1. N° 13 (septembre-octobre 2005).2. Cf. « Le réveil identitaire ».3. Cf. « Quand l’identitaire devient ex-trémisme ».4. Cf.. « Les Français et le retour du reli-gieux ».

« La Toussaint »PARIS1er novembre 2005Église Saint-Étienne-du-Mont, 75005, 20 h 30

Ce nouveau « concert spirituel »(cf. ECA 291, p. 20), , proposépar l’association Lyre & Muses,associe un texte de la Bible et

À vos dates➞Pour une parution dans

le numéro 298 d’Ensei-gnement catholique actuali-tés (novembre 2005), vos datesdoivent nous parvenir avant le20 octobre 2005.

des œuvres musicales qu’il a ins-pirées. En ce jour de Toussaint,le père Jean-Louis Deloffre, cu-ré de Saint-Étiennedu-Mont,commentera des extraits del’« Apocalypse selon saint Jean »lus par la comédienne Anne Le-fol, et quatre chanteurs et un or-ganiste interpréteront des ex-traits de L’Apocalypse selon saintJean de Jean Françaix et de DasBuch mit sieben Siegeln (Le Livredes Sept Sceaux) de FranzSchmidt.

Renseignements par téléphone auprès du secrétariat dela paroisse Saint-Étienne-du-Mont : 01 43 54 11 79 ;par e-mail auprès de l’association Lyre & Muses :[email protected]

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 19

Alain Bentolila, Alain Rémond,Claude Thélot et Marie-DaniellePierrelée… Au cours de la syn-thèse du dimanche, Jean-ClaudeGuillebaud interviendra sur lethème « Sortir de nos impassespour donner le goût de l’ave-nir ».

Programme complet, bulletin d’inscription (ou inscriptionen ligne) : www.ssf-fr.org

L’invention des programmes :« En votre âme et conscience »PARIS (75)Le 28 novembre 2005Bibliothèque François-Mitterrand, 19 heures

Cette soirée s’inscrit dans le cycle« Une histoire des programmesde télévision : les années 50 et60 ». Proposé dans le cadre des« Lundis de l’Ina » (Institut natio-nal de l’audiovisuel), il abordeune décennie qui a vu apparaîtreles premières grandes séries defiction écrites pour la télévision :La caméra explore le temps, Les cinqdernières minutes… et plus particu-lièrement En votre âme et conscien-ce, de Pierre Desgraupes, emblé-matique d’une démarche com-mune à ces émissions : enquêteou reconstitution documentée, etimplication du téléspectateur ap-pelé à se prononcer. Le débat,illustré par des extraits d’émis-sions, devrait réunir l’historienPierre Sorlin et (sous réserve)Pierre Dumayet, grand témoin(et grand acteur) de ces annéeshistoriques de la télévision fran-çaise.

Programme complet :www.ina.fr/inatheque/activites/lundis_bnf/index.fr.htmlTél. : 01 49 83 30 97. E-mail : [email protected]

Forum des voyageursANNECY-SEYNOD (74)26 novembre 2005Espace Jacques-Besson – Cap Périaz

Avec plus de 1 300 visiteurs en2004, ce forum organisé par l’as-sociation Teli s’affirme chaque

BO 30Rentrée scolaire 2005Une circulaire vient compléter cel-le publiée au BO du 5 mai 2005 :l’application de la Loi Fillon néces-sitait cet additif.

Travaux supplémentairesDes professeurs des écoles sontparfois appelés à effectuer des tra-vaux supplémentaires : une notede service en rappelle les taux derémunération actualisés.

BO 31Mise en œuvre de la loid’orientationCes premiers textes portent sur lesdispositifs d’aide et de soutien,aussi bien en école qu’en collège ;sur l’organisation de l’enseigne-ment des langues vivantes étran-gères, en précisant le niveau decompétences à atteindre aux diffé-rents stades de la scolarité ; surl’obligation de cet enseignementen cycle 3 des écoles et en CE1 àcompter de la rentrée 2007 ; sur lediplôme national du brevet (mo-dalités d’attribution) ; et sur le rè-glement du baccalauréat et duBTS1.

Scolarisation des enfants handicapésUne première circulaire sur l’ap-plication de la loi de février 2005sur l’accueil des enfants handica-pés dans l’école la plus proche deleur domicile. D’autres textes pa-raîtront pour une application decette loi à compter de janvier2006.

Maîtres du privéÀ compter du 1er septembre 2005,le transfert des maîtres et docu-mentalistes titulaires d’un contratou d’un agrément au régime spé-cial des fonctionnaires est effectifpour les risques maladie, materni-té, décès, accidents du travail etmaladies professionnelles.

Toujours le bac !Des modifications dans les épreu-ves des baccalauréats général ettechnologique, ainsi que dans lesépreuves anticipées des mêmesbaccalauréats.

Échanges franco-allemandsDeux textes : le programme Voltai-re pour les lycéens, et la coopéra-tion franco-allemande avec lajournée du 22 janvier 2006. Ajou-tons, dans le BO 32, des informa-tions sur les échanges franco-alle-mands pour les jeunes et adultesen formation professionnelle ini-tiale et continue .

BO 32Sur les concoursPlusieurs textes : concours d’accèsà des listes d’aptitude en vue del’obtention du Cafep2 ; concoursd’accès aux échelles de rémunéra-tion des professeurs du second de-gré ; concours pour devenir pro-fesseur des écoles. Inscriptions du15 septembre au 27 octobre 2005.

BO 33Nouvelles filièresCréation du BTS « maintenanceindustrielle » (définition et condi-

tions de délivrance) des baccalau-réats professionnels suivants : spé-cialité « artisanat et métiers d’art »,options « verrerie scientifique ettechnique » et « métiers de l’en-seigne et de la signalétique » ; spé-cialité « technicien constructeurbois », spécialité « travaux pu-blics » ; spécialité « techniciens dubâtiment : études et économie».

Semaine de la presse et des médias dans l’écoleElle aura lieu du 13 au 18 mars2006 mais il faut la préparer dèsmaintenant. Un thème : « Décou-vrir le monde avec les médias ».Un site : www.clemi.org

Hors-série– Nos 5 et 6 du 25 août sur les pro-grammes des collèges. Cela concer-ne les langues vivantes étrangèrespour le palier 1 (sixième) et les ma-thématiques, les sciences de la vieet de la Terre et la physique-chimiepour les cinquième et quatrième.– No 7 du 1er septembre sur lesprogrammes des lycées : spécialité« arts du cirque » et mathéma-tiques en terminale, série litté-raire ; histoire et géographie enpremière et mathématiques enterminale pour la série sciences ettechnologies de la gestion ; philo-sophie pour diverses séries tech-nologiques.

YVON GARELSecrétaire général de la DDEC

des Côtes-d’Armor

1. Brevet de technicien supérieur.2. Certificat d’aptitude aux fonctions d’en-seignement dans les établissements pri-vés du second degré sous contrat.

Pour vous guider dans le BOSeptembre 2005 (nos 30 à 33)

Voici les textes essentiels parus dans le Bulletin officiel de l'Éducation nationale.Pour en savoir plus, consultez le site : www.education.gouv.fr/bo

année un peu plus comme unrendez-vous apprécié des amou-reux du voyage ou de ceux quirecherchent un emploi à l’étran-ger. Originalité plutôt rare dansce type de manifestation : tousles stands y sont gratuits. Que cesoit pour les entreprises en mald’employés, les associations ou

même les… individus. En effet, sivous êtes un(e) grand(e) voya-geur(euse), que vous avez vécudans un pays étranger une « expé-rience significative » que vous avezenvie de partager, vous aurez« carte blanche pour décorer votrestand aux couleurs du pays que vousreprésenterez, et disposerez de toute la

journée pour distribuer vos bonsplans et vos bonnes adresses ». Évi-demment, il ne faut tarder àcontacter, par e-mail, l’équipe or-ganisatrice, car le nombre destands est limité.

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« Dans la continuité des assises 2004

de l’enseignementcatholique,

ce hors-série d’ECA, est un vrai petit bijou

de poésie en images qui se décline au fil deslettres de l’alphabet… »

Présence, n° 170

« Ce document, avec le parcours des 7 familles qu’il propose, n’ad’autre ambition que d’être une aide possible à ceux qui au quotidienfondent toute leur démarche éducative sur la confiance »

Paul Malartre, secrétaire général de l’enseignement catholique

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 21

Le deuxième engagement nationaldes assises de l’enseignement catho-lique emploie une curieuse formule,en écrivant « pas comme les autres ».De qui parle-t-on, en fait, quand

on utilise cette expression ? Pour quoi fairede cette formule approximative un axe fort

de réflexion et d’action pour l’avenir de l’en-seignement catholique ? Il s’agit, bien sûr, de ceux qui dérangent, quiinterrogent, qui empêchent de se replier surle « entre-nous », ceux qui rendent impos-sibles la standardisation des réponses, le dis-cours unique, les réflexes spontanés d’uni-

Dossier

Décrocheurs, perturbateurs, inattentifs, en souffrance (affective, sociale, cognitive), handicapés (physiques, mentaux), la liste est longue de ces élèves qui interrogent l’école.

L’enseignement catholique, lors de ses dernières assises, les a rebaptisés les « pas comme les autres », en se donnant un nouveau mot d’ordre : « Risquer la différence. »

Comment ? En évitant la spécialisation de certains dans cet accueil, tandis que d’autres privilégient les « comme les autres ». En évitant que des communautés éducatives

ne s’épuisent en concentrant dans leurs classes toutes les difficultés. En refusant la mise en place d’établissements ghettos. Pour y parvenir, un incontournable :

travailler en réseau et développer la solidarité entre établissements.

Être ouvert à tous

La petite différence... Et si un enfant aux cheveux émeraude arrivait aujourd’hui dans l’une de nos cours de récréation, serait-il mieuxaccueilli que le Garçon aux cheveux verts filmé par Joseph Losey, en 1948 ?

formisation. On pense à ces élèves « pertur-bateurs » par leur comportement, par leurhistoire ou leur origine, par leur rapport aumonde et aux autres.Ce sont ceux aussi qui insécurisent, remet-tent en cause, provoquent, parfois de façonépidermique, le rejet ou l’exclusion. Ceuxpour lesquels on se divisera entre éduca-teurs.Les expressions d’élèves, notamment, re-cueillies les 3 et 4 décembre 2004, ont mon-tré à quel point ce sentiment de non-recon-naissance, d’exclusion le plus souvent auplan symbolique, social, était fort chez cer-tains.Mais si la question des élèves est au cœur decet engagement, n’oublions pas de l’élargir,dans le droit fil de la réflexion, à la commu-nauté éducative, dont nous avons posé lespremiers jalons dans notre précédent nu-méro1. Il y a des éducateurs « pas comme lesautres », il y a tout aussi bien des établisse-ments « pas comme les autres ».De façon encore un peu plus générale, noussommes ainsi appelés à réfléchir à cette évi-dence dans un mélange d’humour et degravité : nous sommes tous des « pas commeles autres » !

Une évolution qui questionne : un seuil d’acceptation en constantediminution.Le danger n’est pas mince si on ose réfléchirà ces questions, de se réfugier dans lesbonnes intentions, les paroles convenues,ou pire, dans une forme de misérabilisme

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22 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

ou de compassion un peu convenue. Si noussommes appelés à prendre le risque de l’ac-cueil des « pas comme les autres », c’est pourrépondre à plusieurs défis car un certainnombre de constats préoccupants doiventêtre faits : – La réforme des cycles n’a pas su prendrele relais de la classe unique à l’école pri-maire.– Le collège unique, dans son projet diffici-lement contestable d’accueillir chacun, asans cesse été traversé dans sa réalité quoti-dienne par la volonté de classer, de séparer,d’« homogénéiser ». Il est arrivé au résultatparfois diamétralement opposé de son pro-jet : exclure, constituer des ghettos et despoches d’échec.

– Au plan des pratiques éducatives, dans lequotidien de la vie scolaire, les réflexesd’exclusion du cours, de l’établissement,ne cessent de croître. Ils sont parfois unaveu d’impuissance devant le difficile ac-cueil de tous, de fuite en avant et d’intolé-rance d’une société insécurisée.– On est obligé de constater ainsi la montéede demandes plus importantes de certainsparents revendiquant un établissementn’accueillant que les enfants et les adoles-cents respectant le pacte implicite du« entre-nous ». – Les chiffres alarmants disent le déficit desstructures d’accueil pour la grande difficul-té et le handicap dans notre société, y com-pris dans l’enseignement catholique.

Un fondement anthropologiquepour un projet d’éducation.Cette insistance à vouloir mettre les « pascomme les autres » au cœur de l’action del’enseignement catholique, contre les ventsdominants du repli, de l’égoïsme institu-tionnel bien organisé tant à l’intérieur del’établissement qu’entre établissements, estdirectement liée aux repères que nous nous

donnons tant pour penser la communautééducative que la personne.Ce qui fonde l’idée de communauté (cf. note1), c’est d’abord l’idée de différence. C’estensuite l’idée que tous les « différents »constituant la communauté ont pour pointcommun d’être reconnus chacun dans uneradicale parité.Ce qui fonde l’idée de personne est rappelépar le troisième engagement national :l’« inattendu de la personne ». Aucund’entre nous n’est réductible à son histoire,à ses appartenances, à ses actes. Et pour-tant, dans le même temps, il ne peut être ac-cueilli, éduqué, accompagné, formé que sil’on prend en compte la spécificité de sonparcours. D’autre part, redisons, inlassablement,avec Emmanuel Mounier2, que la person-ne se définit comme « nœud de relations ».Ce qui la constitue en humanité, c’est la re-lation. Cela veut dire que l’on ne peutgrandir que dans la fréquentation et laconfrontation avec ceux qui ne sont pascomme nous, les « pas comme les autres »,et que l’on met le principe d’altérité aucœur de la démarche éducative. Ce n’est nidans la consanguinité ni dans l’homogé-néité rétrécie d’un milieu, d’une origine,d’une identité, que l’on parvient à grandiret à s’armer pour affronter le monde dedemain.

Seule une action collective peut nous permettre de prendre le « risque » de l’accueil de tous.S’il est un enjeu qui justifie plus que toutautre, tant au sein de l’établissementqu’entre établissements, au sein du diocèse,de la congrégation, l’idée d’action commu-ne et de réseau, c’est bien l’accueil des « pascomme les autres ».Si bien sûr, des réponses spécifiques à cer-taines de ces « différences » gardent touteleur pertinence – saluons le travail souventexceptionnel fait dans les UPI, les Segpa, lesClis3, par des enseignants anonymes troppeu honorés et reconnus –, nous arrivons àune prise de conscience qui fait de ces ac-cueils un enjeu collectif qui dépasse l’éta-blissement, la classe concernée. Faute d’inventer de nouvelles solidaritéséducatives, comment sortirons-nous ces en-seignants, qui sont l’honneur de notre mé-tier et de notre institution, des ghettos sym-boliques que nous avons parfois laissés s’ins-taller dans ces classes et dans ces établisse-ments dits spécifiques ? Faute de les penser en réseau, par exemple,combien d’internats pourront franchir les

temps à venir, tant au plan économiquequ’au plan de leur « viabilité » éducative ? Faute d’approche collective, comment re-lèverons-nous le défi d’ouvrir de nouveauxdispositifs pour accueillir ceux qui restentaujourd’hui à la porte de l’école, vivant cequi n’est rien d’autre qu’une doublepeine ? Le handicap, l’inégalité reçus parla vie seront doublés de la pire des peines,la non-acceptation, le rejet, l’abandon,l’exclusion.Dans ces domaines, nous pouvons estimerqu’un bon indicateur de la santé d’une insti-tution se reconnaît à ses capacités d’accueil,à l’énergie dépensée pour vivre cette ouver-ture, cette perturbation qui est forcémentappel quotidien à l’imagination, à la créati-vité et non à la routine.

Un accueil qui est d’abord affaire de postures et non seulement de structures.L’enseignant, animateur d’un groupe classepar définition, construit par la diversité deses élèves ; le chef d’établissement, anima-teur et garant d’une communauté éducati-ve, le directeur diocésain sont alors inter-pellés au cœur de leur rôle et de leur fonc-tion. Quelle mobilité intérieure avons-nouspour oser affronter la déstabilisation queprovoquent ceux qui ne sont pas commenous ? Où et quand avons-nous l’occasionde réfléchir, de relire et de questionner leregard que nous portons dans notre enga-gement professionnel quotidien sur ces dif-férences ? Comment résistons-nous à la faci-lité de réduire, de standardiser, d’apporterdes réponses uniques, uniformes ? Com-ment ne pas être seul dans la fonction quel’on exerce pour avoir la sécurité suffisantequi nous donnera les moyens de relever cedéfi ?Affaire de parcours personnel, sans doute,mais tout autant de volonté collective. Cha-cun d’entre nous a besoin du soutien de ceque l’on appelle, souvent un peu abstraite-ment, l’« Institution ». Ce soutien, elle lemarque fortement par cet engagement na-tional. Nous avons tout autant à agir qu’àconstruire une culture commune par uneaction longue et continue.

CHRISTIANE DURAND, YVES MARIANI

1. Enseignement catholique actualités n° 296, dossier « Com-munauté éducative : devenir ensemble », pp. 21 à 30.2. Cf. son œuvre maîtresse, Le Personnalisme, rééd. Puf,2001, 8 €.3. Respectivement : Unité pédagogique d’intégration, Sec-tion d’enseignement général et professionnel adapté, Clas-se d’intégration scolaire.

Comment relèverons-nousle défi d’ouvrir

de nouveaux dispositifs pour accueillir ceux qui restent

aujourd’hui à la porte de l’école, vivant

ce qui n’est rien d’autre qu’une double peine ?

Dossier/Être ouvert à tous

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 23

Ces élèves différents...

Céline Guérin enseigne les maths dansun lycée, situé aux portes de Gre-noble : l’Itec Bois-Fleury1. Et com-me tous les professeurs, elle a dansses classes quelques adolescents, disons

« casse-pieds » – parce qu’ils ne travaillent pas,ont l’air absent ou sont agressifs. Des situationsbanales auxquelles certains profs préfèrent nepas prêter attention, avec le risque que le per-turbateur devienne un décrocheur.

Pour Céline, 34 ans, « le principe de base, c’est quel’élève est une personne, pas un cerveau posé sur unetable. Un élève agressif ne l’est jamais gratuitement.Il est en souffrance ». Établir un dialogue luisemble primordial. Aussi convoque-t-elle tou-jours le perturbateur ou l’endormi à la fin ducours. L’occasion de découvrir que les parentsde Marc sont en train de se séparer ou que lacopine de Magali a tenté de se suicider. « Après,tout change, parce qu’un contact personnel s’estétabli », explique Céline. Pendant le cours, sonattention va à chacun : « Je passe dans les rangs etje regarde s’ils suivent. » Mais aussi : « Je réponds àtoutes les questions sans faire de commentaire négatif.Je valorise le moindre progrès. » Tout est fait pour éviter les décrochages. Pource professeur, hors de la classe, les élèves conti-nuent d’exister. Elle raconte : « Un matin, je voisdans la rue un de mes secondes en train de fumer unjoint. Je demande à le voir à la fin du cours mais il nevient pas. Je l’avertis que je vais le coller et il finit parvenir. Je lui demande pourquoi, selon lui, je veux luiparler et il me répond : “C’est parce que vousm’avez vu fumer.” Un échange a pu avoir lieuparce qu’il avait reconnu les faits. Il était hors dequestion que je garde cela pour moi et je le lui ai dit. Ilne m’en a pas voulu. On peut tout se permettre avecles jeunes s’ils sentent qu’on agit pour leur bien etqu’on les respecte ! »

Règle n°1 : ne pas exclure les « pas comme les autres ». Beaucoup d’établissements ont pris cet engagement lors des dernières assises. Y parvenir requiert inventivité,

courage et esprit d’équipe. Ajoutez une bonne dose de générosité.Dans son lycée, les adultes prennent à bras-le-corps les problèmes de drogue. Un dispositifd’aide est proposé au jeune consommateur età ses parents. Le jeune peut accepter le contratou s’inscrire dans un autre lycée. « Nos élèvessont prêts à tous les efforts pour ne pas quitter l’éta-blissement car ils apprécient l’intérêt qu’on leurporte », explique en souriant Céline Guérin.Quand elle remarque quelque chose qui l’in-quiète – des scarifications sur le bras d’une fillepar exemple –, elle parle aussitôt avec le jeuneet signale le problème au médiateur (à tempsplein dans l’établissement). « Fermer les yeux se-rait criminel. Beaucoup de jeunes n’ont pas d’adultesà qui parler en dehors du lycée. Mais cela prend dutemps et demande une certaine résistance personnel-le. Il ne faut pas avoir soi-même trop de soucis », re-connaît la jeune femme.

Plus d’un tourÀ Saint-Julien-Victoire2 , les « pas comme lesautres », on connaît aussi et de façon plus ai-guë, puisque la vocation de ce collège borde-lais est un peu d’accueillir « les gueules cassées duprivé et du public », précise Michèle Marion quien a été la directrice jusqu’en juin dernier3.« On y scolarise des élèves en déshérence scolaire, desprimo-arrivants non francophones, des élèves retiréstemporairement à leur famille et placés en foyer, desélèves présentant de légers troubles du comportement,des phobiques scolaires, quelques jeunes souffrant dehandicap (malentendants, autistes) et une majoritéde collégiens “comme les autres” », détaille-t-elle.Une mixité indispensable qui permet aux« bons » élèves, moyens ou moins bons de trou-ver leur place. Pour faire face, le collège a plus d’un tour dansson sac. Pour les décrocheurs de tout poil : laclasse relais qui reçoit des collégiens du sec-teur. « Du cousu main, explique MichèleMarion, pour huit élèves de la 6e à la 3e, pendanttrois à six mois. » Le collège, en partenariat avecdeux associations sportives, a mis l’accent surla photo et l’escalade, en plus des maths, dufrançais et de l’anglais. Un problème

À terme, ce sont tous lesenseignants qui seront formés

à l’accueil de la différence.

Attention. Pour Céline Guérin, professeur de mathématiques, il faut écouter les élèves,dans et hors de la classe. Et éviter ainsi bien des exclusions.

toutefois : « Quand les jeunes retournent dans leurcollège d’origine, ils sont prisonniers de leur image.Le bât blesse avec les adultes... »Pour les primo-arrivants (Bulgares, Maro-cains, Algériens, Américains…), pas de classespécifique comme dans le public car les élèvesont tendance à se regrouper par langues. Lescollégiens non francophones sont insérés dansles classes correspondant à leur âge et réunisuniquement pour le cours de français langueétrangère. La solution de l’immersion totaleleur permet en général de rattraper leur re-tard en deux ans.

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24 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

Dossier/Être ouvert à tous

Pour les élèves en foyer, un gros travail est réa-lisé avec les centres sociaux : éducateurs, assis-tantes sociales et chef d’établissement assistentà des réunions d’équipe. Les élèves présentant de légers troubles decomportement restent dans des classes ordi-naires mais des activités leur sont proposées endehors du groupe, avec les surveillants et ladocumentaliste. Pour les élèves handicapés, des solutions sontaussi trouvées. Un contrat d’intégration spéci-fique, de la 6e à la 3e, a été passé pour un autis-te qui venait accompagné d’un auxiliaire de viescolaire. Les malentendants légers ou appa-reillés ont une place à part dans la classe et tra-vaillent avec le centre qui les accueille. En fait,« le chef d’établissement a toute la liberté d’organiserles cours pour ceux qui ne suivent pas un chemin ordi-naire », expose Michèle Marion. Et quandSaint-Julien-Victoire ne détient pas la solution,la solidarité joue entre les établissements catho-liques du réseau de Bordeaux-Sud. « Tu peuxprendre un élève perturbateur, j’en ai déjà deux dansma 4e ? » demande un directeur à son collègue.« On n’a pas le droit de laisser un jeune sur le carreau,affirme avec conviction Michèle Marion. Oualors on n’est pas catholique. Le Christ n’est pas venupour les docteurs de la loi mais pour les pauvres ! »Les pauvres, c’est la vocation de la Fondationd’Auteuil. Depuis la rentrée, ce réseau d’éta-blissements, présent dans toute la France, adécidé lui aussi de mettre en place des ateliers-relais. En septembre, deux de ces structuresont été ouvertes à Paris, et une troisième àToulouse. « Nous voulons créer un atelier- relaispar région d’ici à trois ans », expose Roland Serry,responsable du pôle scolaire à la direction qua-lité et recherche. Il s’agit là encore de resocia-liser et rescolariser des 11-15 ans issus de collèges publics et privés. Au côté de RolandSerry, Marie-Danièle Pierrelée, créatrice del’Auto-École de Saint-Denis, apporte à la Fon-dation son expertise pour proposer à cesjeunes une pédagogie de la réussite. Si les structures manquent en France pour lesdécrocheurs, il en va de même, hélas ! pour lesélèves souffrant d’un handicap. Et l’on com-prend le désarroi des parents de jeunes au-tistes ou trisomiques qui ne savent à quellesportes frapper. « L’enseignement catholique accuseun vrai retard en la matière (cf. encadré), et pour-tant nos établissements ont été les premiers à intégrerdes trisomiques en maternelle et en primaire », sesouvient Raymond Duittoz. Ce que déplore leresponsable de la mission Adaptation et inté-gration scolaires (AIS) à l’Unapec4 , c’est « lemanque de continuité dans l’accueil proposé par lesdiocèses ». Quand on ouvre une Clis5au primai-re, il faudrait prévoir une colonne complète aucollège. Avec la loi sur le handicap de 2005, un

chef d’établissement est désormais tenu d’ins-crire tous les enfants qui se présentent « maispas forcément de les scolariser, précise RaymondDuittoz. Quand la loi est sortie, j’ai rassuré les chefsd’établissement qui paniquaient. Si un parent vientinscrire, par exemple, un enfant autiste, on se doit del’accueillir et de l’écouter puis d’entrer en contact avecla maison départementale du handicap pour trouverune solution. » Et pour les jeunes en fauteuilroulant, l’État se donne dix ans pour rendreaccessibles tous les bâtiments publics. Les éta-blissements catholiques seront-ils aidés poureffectuer ces travaux ? Les textes ne le préci-sent pas. En attendant, il n’est pas interdit devaloriser les classes en rez-de-chaussée pourcet accueil.

Utopie ou défi ?« On est passé de l’exclusion à l’intégration et de l’in-tégration à l’inclusion, se félicite Raymond Duit-toz. Le concept d’AIS – construit sur la notion d’ac-cueil spécifique dans des structures spécialisées – esten train de voler en éclats. Aujourd’hui, les enfants“pas comme les autres” – une expression qui englobetous les types de différences – sont dans des écoles or-

dinaires. Penser qu’ils doivent grandir avec leurspairs est une vraie révolution ! »Reste aux professeurs eux-mêmes à s’adapter !À terme, ce sont tous les enseignants qui serontformés à l’accueil de la différence – même sides experts seront toujours nécessaires. Uneinitiative parmi d’autres qui prouve que celabouge : Nicole Eychenne, directrice del’Arpec6 de Lyon, a invité tous les chefs d’éta-blissement et enseignants du second degré deson académie à une journée de réflexion, le11 de ce mois d’octobre, sur le thème « Ac-cueillir et accompagner tous les élèves dansnos collèges et lycées : utopie ou défi ? » Ga-geons qu’il s’agit d’un défi.

SYLVIE HORGUELIN

1. Adresse : Institut technique de l’enseignement catholiqueBoisfleury, BP 17, 76 Grande-Rue, 38701 La Tronche Cedex. 2. Adresse : Collège Saint-Julien-Victoire, 86 rue Leyteire,33000 Bordeaux.3. Actuellement responsable de la programmation àl’Unapec.4. Union nationale pour la promotion pédagogique etprofessionnelle dans l’enseignement catholique.5. Classe d’adaptation scolaire.6. Association régionale pour la promotion pédagogiqueet professionnelle dans l’enseignement catholique.

L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUEPEUT MIEUX FAIRE !

Classes spécialisées dans l’enseignement catholique1ER DEGRÉClis (Classes d’intégration scolaire)1999 : 2 006 élèves et 204 classes 2004 : 2 256 élèves et 248 classes6 % des élèves en Clis, le sont dans l’enseignement catholique.

2D DEGRÉSegpa (Sections d’enseignement général et professionnel adapté)1999 : 3 664 élèves et 249 classes2004 : 4 099 élèves et 285 classes4,1 % des élèves en Segpa, le sont dans l’enseignement catholique.

Upi (Unités pédagogiques d’intégration)1999 : 295 élèves et 20 classes2004 : 748 élèves et 78 classes13 % des élèves en Upi, le sont dans l’enseignement catholique.Ce tableau (qui ne recense que quelques-unes des structures spécialisées exis-tantes) permet de faire un double constat. L’enseignement catholique a augmen-té le nombre de ses classes mais accuse un retard certain, si l’on considère qu’ildevrait accueillir environ 20 % des élèves relevant de ces structures. À quand l’ou-verture de nouvelles Segpa et autres classes spécialisées ? SH

(SOURCE : OBSERVATOIRE SOLFEGE)

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 25

Anatomie d’un réseauComment faire en sorte que ce ne soient pas toujours les mêmes qui scolarisent les élèves

en grande difficulté ? En jouant la carte du réseau. Comme en Flandre Maritime.

Entraide, solidarité, partage, mise en commundes moyens – en veillant à respecter l’identitéde chaque établissement – sont autant determes qui disent l’esprit dans lequel enten-dent œuvrer les membres du réseau. Chaque établissement adhère à l’Interogec5

Frédéric-Janssoone, association qui vise à favo-riser la solidarité financière et les échangesentre les établissements du réseau. Ainsi dansle champ de l’adaptation et intégration sco-laires (AIS) : « Toutes les écoles, explique BrigitteDufour, ont décidé d’aider les établissements qui hé-bergent une structure AIS. Les charges qui pèsent surces écoles sont particulièrement lourdes, qu’il s’agissedes dépenses en matériel pédagogique, des frais deformation spécifique… ou encore des impayés de can-tine. Or, ces structures AIS sont à la disposition detous. Il n’est donc pas normal que seules les écoles quien sont dotées en supportent le coût. Aussi toutes lesécoles du réseau versent un euro par élève à l’Inter-ogec. Une commission “Solidarité AIS” répartit lasomme ainsi collectée entre les organismes de gestiondes établissements concernés. Même si les montantsainsi reversés sont modestes, ils participent à entrete-nir, entre les établissements, un esprit de service. »

Gestion des fluxSolidarité aussi dans le domaine de la gestiondes flux d’élèves. « Tout élève scolarisé dans uneécole catholique a sa place dans au moins un collègecatholique puis dans un lycée catholique. Un contactsera pris par les chefs d’établissement du premier oudu second degré avec leur collègue en cas deproblème », dispose la charte du réseau. Et Dieu-

donné Davion de préciser : « Un chef d’établisse-ment, quand il reçoit des familles en vue d’une ins-cription, les informe de la présence d’un établissementcatholique à proximité de leur lieu de résidence. Il

s’agit d’éviter que certains établissements “fassent leplein” alors que d’autres peinent à “remplir” leursclasses, ou encore que certains établissements se spé-cialisent dans l’accueil des élèves qui rencontrent desdifficultés alors que d’autres développent des filièresd’excellence. À cet égard, le réseau nous a préservésd’un enseignement catholique à deux vitesses et duconsumérisme scolaire des familles. »

VÉRONIQUE GLINEUR

1. Frédéric Janssoone (1838-1916), prêtre franciscain béa-tifié le 25 septembre 1988, était originaire de Ghyvelde,une commune proche de Dunkerque.2. Dieudonné Davion assurait jusqu’à la présente rentréescolaire la direction de l’institution Notre-Dame-des-Dunesà Dunkerque. Il présidait par ailleurs le réseau Janssoo-ne. Il est aujourd’hui directeur diocésain de l’enseigne-ment catholique de Cambrai.3. Brigitte Dufour, aujourd’hui à la retraite, était inspec-trice diocésaine de l’enseignement catholique pour le sec-teur Flandre Maritime.4. Le diocèse de Lille compte différents secteurs, placéssous la responsabilité d’inspecteurs diocésains.5. Ogec : organisme de gestion de l’enseignement catholique.

EFFICACITÉ ET SERVICE

➤« La continuité de l’éducation et l’orientation des élèves imposent une coordination entreles établissements scolaires de tous ordres.

« Les établissements, quelles que soient leur taille et leurs ressources, ne peuvent vivre leur dy-namisme d’une manière isolée, comme s’ils se suffisaient à eux-mêmes. Leur volonté de rela-tion et de collaboration avec d’autres exprime leur solidarité dans la tâche éducative, notam-ment dans la constitution de “réseaux”.« Ces réseaux regroupent les établissements qui le souhaitent et qui considèrent que leur né-cessaire coordination trouve dans cette organisation une meilleure efficacité et un meilleur ser-vice. […] »

(Statut de l’enseignement catholique, article 11)

Développer entre les établissements,la solidarité, l’échange et la com-munication dans le domaine de lasolidarité financière, de l’accueilet du suivi des élèves, dans l’ani-

mation pédagogique et pastorale : tel est l’ob-jectif du réseau Janssoone1, le réseau desétablissements catholiques de Flandre Mariti-me. Un réseau qui regroupe 30 écoles, 12 col-lèges et 5 lycées, soit quelque 16 000 élèves. Unréseau né de la volonté des acteurs de perpé-tuer et d’institutionnaliser une habitude de tra-vail en commun, expliquent Dieudonné Davion2

et Brigitte Dufour4 qui ont porté le projet etpermis son opérationnalisation. Coordinationdes écoles au sein du district sous la responsa-bilité de l’inspectrice diocésaine, réunions bimes-trielles des directeurs des collèges et lycées,organisation, toujours en en district, des asso-ciations de parents d’élèves, activités sportivescommunes, etc. : autant d’éléments qui ont faci-lité la mise en place du réseau dunkerquois. « Àcela s’ajoute le fait que le réseau recoupe le territoirede la communauté urbaine de Dunkerque. Côté ensei-gnement catholique, il correspond au périmètre del’inspection diocésaine4, mais aussi à la zone pasto-rale de Dunkerque et à l’ancienne zone pastorale deBergues. Autant dire qu’il est à la fois réalité géo-graphique et ecclésiale », souligne DieudonnéDavion.

« Tout élève scolarisé dans uneécole catholique a sa place dansau moins un collège catholiquepuis dans un lycée catholique. »

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est une suite de questionnements perma-nents. « Comment accueillir tout le monde et nepas les cantonner à l’assistanat dans lequel beau-coup sont enfermés ? » « Comment rester juste avectout le monde ? » « Pourquoi demander à une fa-mille de payer plus qu’une autre alors qu’elles onttoutes des raisons de ne rien donner ? » « Commentne pas passer à côté d’un enfant ? » « Comment nepas stigmatiser son origine ou sa situationfamiliale ? » Les exemples sont nombreux. « J’ai le souve-nir d’un gamin attendant que ses camarades jet-tent la fin de leur goûter pour le récupérer dans lapoubelle. Du coup, on a institué le “pain-froma-ge” pour tous à la récréation. Quand j’entends lesdiscours contre les goûters sous prétexte de risqued’obésité, ça me fait mal. On va montrer du doigtun enfant en grande difficulté parce qu’on va luidonner à manger alors qu’un médecin nous a ditque nous avions des enfants à la limite de la dénu-trition », s’indigne Frédérique Selosse. « J’aiexpliqué un jour à deux frères qu’ils n’auraientplus le droit de venir à la cantine si leur mères’obstinait à ne pas payer, malgré ses promesses.Beaucoup font d’énormes efforts pour donner unminimum. Nous ne pouvons pas tout accepter,tout donner sans contrepartie » appuie, quant àelle, Chantal Marchal.

On ne s’habitue pasParmi les problèmes récurrents, difficiles àtraiter : l’hygiène. Il arrive que pauvreté envienne à rimer avec malpropreté. Certainsenfants ne peuvent ni se laver ni changer devêtements quand ils le souhaitent. « Quand onest face à la grande pauvreté, tout est compliqué »,souffle Chantal Marchal. « Certains enfants nese changent pas avant de venir à l’école, il faut lesrepérer. Et entrer, avec la famille, dans une sensibi-lisation à l’alimentation, à la propreté, à l’écoci-toyenneté. » À Wattrelos, la piscine hebdomadaire per-met de remédier à cet état de fait. « J’achèteshampooing et savon, et tout le monde passe à ladouche. L’association belge “Accueil-Santé-Enfants

de Tchernobyl” nous fournit des vêtements sousplastique que je remets discrètement à ceux quin’ont pas de change. Si je découvre à cette occasiondes cas de maltraitance, je fais un signalement,mais jamais dans le dos des parents. J’assume ceque je fais », commente Frédérique Selosse.Accueillir la grande pauvreté nécessite uneattention de tous les instants. Certaines situa-tions peuvent déstabiliser. Car on ne s’habi-tue pas à cet état de fait. « Cette pauvreté auquotidien est très dure à porter. Cela entraîne sou-vent une pauvreté intellectuelle et induit des com-portements inattendus. Ils sont acculés, pressés departout. Il faut savoir les écouter, savoir réagir, re-coller les morceaux. Il faut tous les connaître, repé-rer les problèmes, les limites. Selon la manière dontvous vous adresserez à eux, vous provoquerez uneréaction ou une autre. J’ai été très déstabilisée dansma foi, en arrivant ici en 1999. J’étais face à unepopulation essentiellement musulmane, croyante.Beaucoup de questions ont surgi. Comment abor-der Noël par exemple ? Je ne savais plus commentdire les choses. Et puis, les réponses sont venues, etma croyance en est sortie renforcée, confie Chan-tal Marchal. Et Frédérique Selosse d’ajouter :« Certaines situations de crise sont très pertur-bantes. Parfois, on ne sait plus très bien quel estnotre rôle. Alors on fait parler notre cœur. Et noustravaillons en réseau d’associations pour dépannerles familles. Les enfants de parents alcooliques sontdans des situations terribles. Je fais un suivi avecles services sociaux. Nous sommes sans arrêt sur laligne de crête : que dire ? Que faire ? Jusqu’oùaller ? Jusqu’où entendre ? Il faut une surveillancesans faille. Réagir à la moindre baisse des résultatsscolaires. Souvent, il y a des pleurs. Si la famille nepeut pas transmettre les bases de vie, nous sommeslà pour aider les enfants, les accompagner. Leurapprendre à s’habiller, se changer, par exemple. Ce-la va jusque-là. Il faut extrapoler, penser à leuravenir. Si on ne veut pas les voir sombrer dans ladélinquance, il faut agir le plus tôt possible. » Accueillir la grande pauvreté, c’est savoird’emblée que le contexte familial n’est pas leplus favorable à l’apprentissage. Pour aider àcombler les lacunes, Saint-Mauront a une

Dossier/Être ouvert à tous

Scolariser les plus démunisAccueillir la grande pauvreté est un véritable engagement. Cela demande une écoute de tous les instants, une grande disponibilité et de nombreuses remises en question.

Paroles de deux directrices d’école.

L’ouverture à tous, et notammentaux plus pauvres économiquement,n’est pas une phrase en l’air, un dis-cours pour se donner bonneconscience, à l’école Saint-Mauront

dans les quartiers nord de Marseille ou à l’éco-le Lacordaire dans la Zup1 de Wattrelos, prèsde Roubaix, deux écoles situées en Zep2 . C’estune acceptation totale, un « oui » qui enga-ge. Accueillir sans restriction. Pas d’excep-tion à la règle.

Ce qui distingue ces deux écoles, c’est l’origi-ne de la pauvreté. À Marseille, elle est liée àl’immigration, bien que tous les enfantssoient français ; à Wattrelos, c’est la pauvretéde Français de souche, des familles ouvrièresfrappées de plein fouet par la fermeture desusines textiles. « Ce qui fait notre force, c’estd’avoir pu préserver une mixité socioprofessionnel-le et socioéconomique. Un tiers de nos enfants vien-nent de familles totalement démunies. Nousn’avons aucun barème de scolarité. Nous disonsaux parents, même si nous ne nous sommes pasnaïfs : “Vous nous faites confiance en scolari-sant vos enfants chez nous. Nous vous faisonsconfiance de notre côté. Si vous ne pouvezvraiment pas payer, vous ne payez pas.” Vingtfamilles ne donnent rien. Nous avons des gaminsen CP-CE1 dont les parents et grands-parents netravaillent pas. Les enfants sont les seuls à se leverle matin. Nous avons détecté cela parce qu’ils arri-vaient toujours en retard », commente Frédé-rique Selosse, la directrice de Lacordaire.« Nous vivons vraiment la grande pauvreté avecune majorité de familles RMIstes et quelques-unesau Smic. Certains de nos enfants ont leurs parentsen prison », ajoute, de son côté, Chantal Mar-chal, aux rênes de Saint-Mauront. Accueillir les enfants de la grande pauvreté

« Parfois, on ne sait plus trèsbien quel est notre rôle. Alors

on fait parler notre cœur. »

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classe d’adaptation, et Lacordaire, une Clis3

et un Rad4. « Mon parcours personnel m’a forgéune conviction : tous les enfants peuvent réussir,d’où qu’ils viennent. Il faut permettre aux parentsde retrouver confiance en eux, leur montrer qu’ilssont capables d’aider leurs enfants », commenteChantal Marchal qui, vaille que vaille, mal-gré les difficultés, a trouvé indispensable,avec le président d’Ogec5 et Jean Chamoux,le directeur du collège de Saint-Mauront,de relancer l’association de parents, parceque, dit-elle, « j’estime trop facile d’éduquer sansle regard des parents ». « Les enfants qui sortentde chez nous savent lire, écrire, compter, grâce auxremédiations que nous avons mises en place. Péda-gogiquement, il faut se bouger, se souder, partagerles mêmes valeurs. Nous sommes plus que des collègues », insiste de son côté Frédérique Selosse. Comme par un fait du hasard, ces deuxécoles sont elles aussi quasiment sans res-sources. Non pas à cause d’une faute de ges-tion. Dans l’une comme dans l’autre, les bud-gets sont archiserrés. Pas de gaspillage. Onne dépense que ce qui doit l’être. On fait

dans la débrouille. On a l’esprit de récupéra-tion. Mobilier, vêtements, casquettes, ca-hiers, crayons, tableaux… Les relationscomptent énormément. On mise sur l’entrai-de entre établissements, entre associations,qui est fantastique.

Fonds de solidaritéÀ Marseille, la banque alimentaire fournitles goûters et les petits déjeuners aux en-fants. Il y a d’énormes élans de générosité –campagnes de carême dont les bénéfices ontété reversés à Saint-Mauront, par exemple –qui permettent de constituer une cagnotte.À Marseille encore, grâce au fonds de solida-rité du Codiec6 et à la compréhension despouvoirs publics qui ont cédé un terrainpour 150 euros symboliques, l’école Saint-Mauront, menacée de fermeture depuis desannées, va enfin intégrer un nouveau bâti-ment la jouxtant, et se lancer dans des tra-vaux de rénovation dans ceux qui existent.Une pratique de plus en plus courante dansles diocèses. Heureusement. Si ces écoles de-

vaient disparaître, l’enseignement catho-lique serait privé d’un pan essentiel de samission.

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Zone d’urbanisation prioritaire.2. Zone d’éducation prioritaire. À Marseille, le ministère del’Éducation nationale a labellisé 6 écoles et 3 collèges catho-liques en Zep. Ils sont donc reconnus au même titre que lesétablissements publics. Ce qui n’est pas le cas à Wattrelos.3. Classe d’intégration scolaire. 4. Regroupement d’adaptation.5. Organisme de gestion de l’enseignement catholique.6. Comité diocésain de l’enseignement catholique.

◗Le réseau école ATD Quart Monde organise le11 novembre 2005 une rencontre avec ceux qui

voudraient échanger leurs pratiques permettant de sou-tenir les enfants en difficulté scolaire et plus particu-lièrement les plus démunis. Contact : 01 42 46 81 95.

◗L’Institut catholique de formation pédagogique etprofessionnelle (ICFP) de Marseille organise, les

27 et 28 janvier 2006, un colloque sur le thème « Édu-quer dans un contexte de mixité et de précarité ».Contact : Marie-Christine Calleri au 04 91 99 40 80.

Savoir +

Solution réfléchie. La réponse a un besoin essentiel comme l’alimentation passe par des décisions qui ne stigmatisent pas les enfants. Ici, les petits déjeuners et goûters fournis par la Banque alimen-taire à l’école Saint-Mauront de Marseille.

D.R

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28 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

Mathias Millet, vous venez de publier avec votrecollègue sociologue Daniel Thin, un livre poi-gnant : Ruptures scolaires - l’école à l’épreu-ve de la question sociale1. Vous y expliquez que« les enfants pauvres ne sont pas forcémentde pauvres enfants2 ».M. M. : Nous nous élevons, en effet, contre unpoint de vue réducteur, un fatalisme program-mé, qui voudrait que les difficultés scolairessoient imputables aux familles. Or, tous les tra-vaux des sociologues démontrent que cetteperception est fausse. L’échec scolaire n’est pasplus « la faute » des parents que celle de l’école :il est le résultat de processus sociaux. Nousavons enquêté auprès de collégiens accueillisen classes relais à Saint-Étienne et à Lyon, etobservé que les ruptures de scolarité naissentdu croisement de trois éléments : les configu-rations et histoires familiales ; les difficultés

d’apprentissage scolaire ; les relations des col-légiens à leurs pairs. Nulle destinée de collé-gien n’est écrite à l’avance. Il suffit qu’un chan-gement se produise dans l’un ou l’autre de cestrois domaines pour qu’une scolarité basculedans le bon sens.

Vous constatez néanmoins que la précarité desfamilles fragilise énormément la scolarité desenfants. M. M. : Les jeunes accueillis dans les dispositifsrelais où nous avons travaillé appartiennent àdes familles du sous-prolétariat, faiblementdotées scolairement et culturellement. Elles vi-vent dans une extrême précarité. Prenonsl’exemple d’une personne que nous avons ap-pelée madame Ammari. Elle est isolée, sansexpérience professionnelle à faire valoir dansun CV, sans voiture pour faire des courses,

sans ressources autres que des subsides verséspar des institutions d’assistance aux plus dé-munis. Assignée à résidence dans un quartieroù ses rares amis ne veulent plus se rendre, elle vit sans contacts avec ses voisins (turcs),quasiment enfermée dans son domicile.Seules les convocations au collège de son filsMarc ou les interventions d’un travailleur so-cial bousculent le cours de son existence. Com-me sa mère, Marc regarde tard la télévision oubien reste dehors avec ses amis jusqu’à uneheure avancée de la nuit… Avec peu de res-sources parentales pour l’aider à dépasser sesdifficultés scolaires, il s’est maintenu à un ni-veau suffisant pour ne redoubler aucune clas-se en primaire, mais ses résultats ont chuté dèsle premier trimestre de la sixième… Sans queson redoublement (confirmé par la commis-sion d’appel) ait entraîné d’amélioration. Aucontraire : il a été déstabilisé par le change-ment de copains, humilié, et a refusé de se sou-mettre à l’autorité des enseignants. Malgré sonenvoi en dispositif relais, sa disqualificationscolaire s’est accentuée, il a été signalé au pro-cureur, orienté vers une Segpa3, avant d’êtrefinalement inscrit dans un institut de rééduca-tion.

Il existe, écrivez-vous, une contradiction entre lavie de ces familles et les logiques scolaires. No-tamment, le rapport au temps.M. M. : Ces familles vivent dans l’urgence,dans un rapport au temps rendu souvent diffi-cile par l’absence d’emploi, des moyens écono-miques précaires ou des horaires à contre-temps. On s’y construit dans la discontinuité,sans pouvoir se projeter, au gré des change-ments qui surviennent malgré soi. Quand onest pris à la gorge par les urgences de l’instant,comment entrer dans la gratuité des exercicesdemandés par l’école, lieu de la scholè commeaimait à le rappeler Bourdieu, c’est-à-dire duloisir studieux ? L’une des conséquences pra-tiques à tirer de notre travail si on veut sebattre contre l’échec scolaire, c’est déjà de lut-ter contre la précarité de la vie de ces famillesplacées dans des situations absolument impos-

Dossier/Être ouvert à tous

Non au « casier scolaire »Expliquer les difficultés scolaires par le handicap social reviendrait vite à « étiqueter » les « mauvais » élèves,et à désespérer d’eux. Or, deux sociologues, Mathias Millet et Daniel Thin, nous montrent que si école et précarité ne font pas bon ménage, la première peut empêcher un enfant de couler.

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sibles. Plus on leur donnera d’armes, mieux lascolarité des enfants s’en portera. Plus ellessortiront de leur situation d’enclavement, decumulardes de difficultés, de leur état d’« in-utiles du monde », de « mères insulaires », pluselles pourront mobiliser leurs forces. Lesquartiers populaires traditionnels se caractéri-saient souvent par la solidarité qui s’y vivait ;pour les familles enquêtées, au contraire, les

lieux de vie sont devenus des lieux repous-soirs, synonymes de stigmatisation. Or, on enfait porter la responsabilité aux familles qui ysont condamnées, ce qui les rend encore plusvulnérables !

Autre différence entre l’univers scolaire et cesenfants : le rapport au langage et au corps.M. M. : Le sociologue Bernard Lahire a bienmontré l’importance de cette question du lan-gage. Les élèves de milieux populaires en« échec scolaire » ont un rapport utilitaire etpratique au langage, alors qu’à l’école, onconstruit des groupes sujets, des groupes ver-baux, qu’on manipule et change de place dansune sorte de jeu sérieux sur le langage… Ils neparviennent pas à entrer dans le jeu. Nousavons fait des entretiens avec des jeunes quipour raconter une bagarre se levaient et la re-jouaient plus qu’ils ne la verbalisaient. Ils vi-vent aussi une forme de résistance symboliqueau langage : parler comme les profs, c’est par-fois pour eux « se la jouer », employer des motsde « bourges ». La façon dont on parle, c’esttoujours plus qu’une question de langage,c’est aussi une manière d’être. Parler commele voudrait l’école, c’est, pour ces élèves, d’unecertaine manière, se trahir, devenir étranger àsoi et à ses proches. L’écrivain Annie Ernaux l’abien décrit.

Tous ces « chocs » culturels provoquent souventde vrais chocs, de la violence.M. M. : Dans le parcours scolaire de ces en-fants, les stigmates pèsent lourd et leur ren-dent difficile l’entrée dans les apprentissages.À force d’avoir été disqualifiés, ils vont cher-cher le moyen de se détourner des apprentis-sages, source de tellement d’ennuis. Ils instau-rent donc d’autres logiques, toutes d’évite-ment – multiplient les absences, oublient

leur matériel, cherchent à faire rire leurs ca-marades, par exemple. Mais plus ils « décro-chent » des apprentissages, plus leurs sollicita-tions en direction des enseignants sont déca-lées, plus leurs questions, quand ils en posent,sont à contretemps et ressemblent à des provo-cations parce que non pertinentes, plus leursinterventions sont sanctionnées comme desgênes, et plus elles les emportent dans un en-grenage d’exclusion (mise à la porte de la clas-se, mise à pied, etc.). Logique puisque les en-seignants ont de leur côté leurs proprescontraintes, doivent faire « avancer » leur clas-se et que les « perturbateurs » les en empê-chent ! Or, le conflit, quand il éclate, en rajoutedans la stigmatisation et la déqualification sco-laire : le conseil de discipline prononce sou-vent l’exclusion. L’arrivée dans un nouvel éta-blissement coupe l’élève de ses pairs, lui enlèveles rares motifs qu’il gardait d’aller au collège,le parachute parfois dans un univers plus aisédans lequel il est mal, et le met sous haute sur-veillance : le moindre de ses manquements est,en effet, interprété comme gravissime en rai-son de son passé.

Les classes relais sont-elles une solution ?M. M. : Non, on ne peut pas le dire : pourl’immense majorité, c’est une exclusion inté-rieure, une sortie encadrée de l’école. On yallège l’emploi du temps et les contenus pourdes élèves jugés incapables d’apprendre. Enrevanche, on constate que les enseignants deces classes font davantage de complimentssur leurs élèves, considèrent qu’ils s’expri-ment bien, qu’ils peuvent manier la languecorrectement. Tout le contraire des apprécia-tions souvent entendues au collège ! Pour-quoi ? Parce que les enseignants ne jugent pasà partir du même contexte, du même niveau,que les élèves, dans ces classes, craignentmoins le ridicule – ils sont entre stigmatisés –,qu’ils peuvent librement procéder par er-reurs et réajustements. Les relations entreenseignant et enseigné, enseigné et tra-vailleurs sociaux, y sont moins imperson-nelles : les élèves se sentent mieux pris encompte, moins jugés.

Vous dites donc que ce ne sont pas leurs capaci-tés qui changent mais le contexte. M. M. : Oui. La manière d’énoncer lesconsignes, d’organiser des hiérarchies dans letravail, a des effets sur leurs postures d’ap-prentissage. Ils acceptent plus volontiers d’ap-prendre. Les classes relais font la démonstra-tion que ces élèves ne sont pas moins capablesque d’autres de réussir mais qu’ils ont plus dedistance à parcourir pour franchir les mêmesobstacles. On pourrait alors s’interroger sur ce

que l’école devrait faire et pourrait ne pas fairepour eux. Des enfants qui ne peuvent pas se reposer surune culture familiale ont besoin d’une écoleplus explicite sur ses attentes, ses fonctionne-ments, ses méthodes de travail. D’une écolequi essaie de se suffire à elle-même. D’une éco-le qui n’enfonce pas, n’en rajoute pas dans ledéracinement, qui ne transforme pas le confliten « casier scolaire ». Tout ce qui relève d’unemise à l’écart, d’une politique purement disci-plinaire ou d’une orientation précoce, renfor-ce la stigmatisation. De la même manière, secontenter de penser ces difficultés en terme de« handicap » invalidant en soi, en ignorant lalogique de comportement de ces élèves, les ac-cule à des comportements de rupture encoreplus forte. Plus un élève est disqualifié, moins ila de raisons d’investir l’école. Alors, l’influencede ses pairs se fait plus importante, rempartsymbolique contre les difficultés.

Vous dites que ces ruptures signent l’échec desclasses populaires à l’école. M. M. : Oui, elles ne constituent pas un « pro-blème » à part, en soi : elles ne sont que l’unedes modalités de l’échec scolaire. L’école a ac-cueilli des populations de plus en plus larges,mais elle a oublié de leur faire une vraie place.Elle s’est massifiée sur le modèle de celle quiaccueillait des publics mieux dotés. Et les en-seignants sont dans une position très difficile.

Ils peuvent néanmoins empêcher un jeune debasculer. M. M. : Nous avons observé que dans l’enche-vêtrement des réseaux qui tissent l’échec, il au-rait souvent fallu peu de choses pour redresserune situation, de quelque côté que ce soit. Aumoins à l’école peut-on éviter d’enfoncer…

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. PUF, coll. « le Lien social », 2005,318 p., 24 €. Mathias Millet estmaître de conférences en sociolo-gie à l’Institut universitaire de for-mation des maîtres (IUFM) de Poi-tiers et travaille au groupe derecherche sur la socialisation (GRS)de l’université Lyon-2/CNRS. Daniel Thin est maître de confé-rences en sociologie à Lyon-2 etmembre du GRS.

2. L’expression est empruntée à Jean-Yves Rochex qui abeaucoup travaillé sur l’échec scolaire. 3. Section d’enseignement général et professionnel adapté.

◗Dans son rapport, la commission « Familles, vul-nérabilité, pauvreté » avance des propositions

concrètes. À lire dans ECA + sur scolanet.org

Savoir +

« Tout ce qui relève d’une mise à l’écart, d’une politiquepurement disciplinaire

ou d’une orientation précoce,renforce la stigmatisation. »

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30 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

observatoires

Une priorité, les relations sociales

En référence à la démarche des assises, le Comité académique de l’enseignement catholique des Pays de la Loire a mis en place un observatoire social régional pour améliorer

les relations sociales existantes et pour donner plus de cohérence entre le « dire » et le « faire » dans les établissements. Visiblement une nécessité, au regard notamment du grand nombre

d’établissements qui ne possèdent pas d’instance représentative du personnel. GILLES DU RETAIL

Loin d’être un nouveau lieude gestion des conflits, d’in-terprétation des conventionscollectives et des accords sala-riaux ou de cadrage de l’em-

ploi, l’observatoire social régional, misen place par le Comité académique del’enseignement catholique (Caec) desPays de la Loire, souhaite, dans un pre-mier temps, établir un diagnostic desrelations et des pratiques sociales àpartir de ce qui se vit dans les établis-sements. Cette analyse s’appuiera, touten les distinguant, sur l’exigence d’unprojet social qui fait référence à la doc-trine sociale de l’Église, sur la mise enœuvre d’une politique sociale quiapplique les lois et les textes en vigueuret sur l’importance d’un dialogue socialqui appelle une implication de tousles membres de la communauté édu-cative. En guise de première action, une en-quête a été réalisée en 2004 auprès detous les établissements scolaires del’enseignement catholique régional.En mai 2005, le Caec des Pays de laLoire a publié un document dontnous vous livrons certains des pointsles plus saillants.Cette enquête fait apparaître unnombre important de structures (asso-ciations, conseils, commissions, comi-tés, délégations, syndicats...) qui sont,ou devraient être, à leur place et selonleur finalité propre, autant de parte-naires de la communauté éducative dechaque établissement. Mais, on voit

Règlement Projet Projet Lieu d’écoute Règlement Autres Protocole Charte intérieur éducatif d’établissement intérieur règlements de coordination de qualitédes élèves du personnel ou chartes entre

chefs d’établissement dans le cadre d’un ensemble scolaire

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* Organisme de gestion de l’enseignement catholique.** Association des parents d’élèves de l’enseignement libre.

*** Comité d’hygiène, sécurité et conditions de travail.

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FRÉQUENCE DE PRÉSENCE DES STRUCTURES DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES(en % des réponses) : ÉCOLES, COLLÈGES, LYCÉES

PRÉSENCE DES OUTILS POUVANT SERVIR AUX RELATIONS SOCIALESSELON LE TYPE D’ÉTABLISSEMENTS (en % des réponses)

■ Écoles ■ Collèges ■ Lycées

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 31

bien, précise le document, qu’une telle com-munauté ne peut vivre sans relations harmo-nieuses entre toutes ses composantes, relationsqui passent nécessairement par l’observation

de règles fondamentales communes. Pour lesresponsables diocésains et régionaux de l’en-seignement catholique, ces règles s’enracinentdans le respect de chaque personne – qui a cet-te qualité d’être fille ou fils de Dieu –, sur lebien-fondé des corps intermédiaires (organi-sations professionnelles, associations, syndi-cats…) car ils sont des lieux de responsabilité etde relais entre la famille et l’État, et sur l’appli-cation du principe de subsidiarité, gage de laprise d’initiative à tous les niveaux. Les relations vécues entre les personnes doi-vent être pétries du souci de justice, de solida-rité et de charité.

Signes tangibles« Accepter et vivre une responsabilité, exercer l’auto-rité attenante, c’est permettre à l’autre d’être auteurdans le respect des responsabilités de chacun, c’est fa-

voriser la croissance des personnes et de leurs compé-tences, notent les membres de l’observatoire so-cial des Pays de la Loire. On voit bien alors où sesitue une vision chrétienne des relations entre les per-sonnes. L’accueil et l’attention portés à chacun (per-sonnel, élève, parent) doit favoriser l’intégrationdans la communauté éducative. Chacun doit être in-formé sur ses droits et ses devoirs ainsi que sur la spé-cificité éducative et pédagogique de l’établissement.Ces signes tangibles apportés aux personnes doiventpermettre l’épanouissement personnel, envisager se-reinement les perspectives de carrière. Il est ainsi im-portant de valoriser par une politique incitative, laformation professionnelle des salariés qui s’investi-ront d’autant plus dans leur travail que leurs compé-tences seront reconnues et qu’ils se sentiront utiles. Lareconnaissance salariale et les conditions de travailrévèlent aussi la considération portée à chacun. »Or, il ressort de l’enquête, que plus de 50 % desétablissements ayant de dix à cinquante sala-riés n’ont ni délégué du personnel ni déléga-tion unique du personnel. Un effort particu-lier doit donc être entrepris dans ce domaine.Il conviendra également, conclut le texte deprésentation des résultats de l’enquête, « de fa-ciliter l’activité des élus dans l’exercice de leur man-dat et l’emploi de leurs heures de délégation légale auservice des personnels. La reconnaissance du faitsyndical dans l’établissement ne peut que favoriser ledialogue social ».De même, une attention spécifique est à accor-der aux différents outils de travail qui peuventétayer les relations sociales. Plus de 40 % des

établissements ne possèdent pas de projetd’établissement. Et un pourcentage encoreplus important indique l’absence de règle-ment intérieur du personnel et de différenteschartes ayant des conséquences directes sur lesrelations humaines.

Prendre du reculPour Jean-Christophe Mériau, coordinateurde la commission « Observatoire social régio-nal des Pays de la Loire », les conclusions decette enquête ont mis en évidence le nombreimportant de lieux de parole. Cependant, ladiversité de lieux d’échanges et de décisionsexige que chaque communauté éducativeprenne du recul pour repérer ceux qui corres-pondent le mieux aux attentes de l’établisse-ment et pour authentifier les engagements, lesresponsabilités et les compétences de chaquepersonne.En outre, la cartographie proposée par cetteenquête permet aux établissements de se si-tuer dans le contexte régional et d’étudier enconséquence les structures à renforcer, à redy-namiser ou à créer. Pour faire suite à ce pre-mier examen, l’observatoire social des Pays dela Loire, qui se situe résolument dans la dé-marche des assises, s’est donné cette annéepour objectif d’aider les établissements à clari-fier leurs relations sociales, à dégager des pro-blématiques et à prendre des décisions pourmieux faire vivre leurs projets éducatifs. ■

LE CAECLe Comité académique de l’ensei-gnement catholique (Caec) des Paysde la Loire est composé des établis-sements appartenant aux départe-ments de la Loire-Atlantique, du Mai-ne-et-Loire, de la Mayenne, de laSarthe et de la Vendée. Il totalise en cette rentrée 2005 :253 868 élèves (133 229 pour lesécoles, 71 379 pour les collèges,13 357 pour les lycées profession-nels, 29 555 pour les lycées d’en-seignement général et technique et6 348 pour l’enseignement post-bac). Ces élèves sont répartis dans : – 962 écoles ;– 168 collèges ;– 43 lycées professionnels ;– 74 lycées d’enseignement géné-ral et technique ;– 26 lycées agricoles.

17 900 enseignants interviennent dans lesétablissements.7 000 personnels d’encadrement, d’éduca-tion, d’administration et de service y tra-vaillent.

L’OBSERVATOIRE SOCIALL’observatoire social régional réunit :– 2 représentants des congrégations ;– 4 représentants des syndicats de chefs d’éta-blissement (1 pour le premier degré, 3 pourle second degré) ;– 3 représentants des syndicats de salariés ;– 1 représentant de l’Urogec* ;– 1 représentant de l’Urapel** ;– 1 représentant de l’enseignement agricole ;– 1 directeur diocésain (référent).

* Union régionale des organismes de gestion de l’en-seignement catholique.** Union régionale des associations de parentsd’élèves de l’enseignement libre.

Les relations vécues entre lespersonnes doivent être pétries

du souci de justice, de solidarité et de charité..

D.R

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32 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

paroles et confidences

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

Achaque rentrée, on redémarre à zéro. On peut bien sûrvoir le verre à moitié vide : la répétition que cela suppo-se et la lassitude qui peut naître. Mais c’est aussi la chan-ce de notre métier. On repart avec des élèves qu’on neconnaît pas et qui ne nous connaissent pas. Si je n’ai pas

été parfaite l’année dernière, j’ai la possibilité de faire mieux. Pro-gresser, aller plus loin, cela me motive beaucoup. Être enseignant,c’est un métier dans lequel on ne peut pas tricher et dans lequel onest sollicité pour donner toujours davantage. On réalise vite que l’onne transmet que ce dont on vit. Il nous faut être de plus en plusauthentique, d’autant plus que les jeunes veulent rencontrer desadultes avec des convictions fortes. Ils sont très réceptifs aux témoi-gnages que l’on peut apporter, même s’ils ne sont pas forcément d’ac-cord. Pour nous, c’est une exigence car ils nous regardent vivre dansl’établissement, ils guettent nos réactions. C’est parfois difficile quandon est un peu fatigué ou quand on doute de soi. Mais cette espé-rance qu’on doit avoir pour nos élèves, il nous faut d’abord l’avoirpour nous. La trouver, cela consiste pour moi à me remettre sous leregard d’amour de Dieu. Je débute cette année avec une immenseambition pour eux. J’ai conscience des enjeux qu’une année de phi-losophie peut avoir pour un élève. Je pense à tout ce que j’ai envied’éveiller en eux comme goût de la réflexion.

Le premier cours de l’annéeLe premier cours est toujours incroyable, avec ces trente pairesd’yeux braquées sur soi. Je suis saisie à chaque fois. Je sens toute laconfiance qu’ils mettent dans les adultes, et je me demande si je vaisêtre à la hauteur. Je leur demande d’écrire ce qu’ils attendent de laphilosophie. Certains notent qu’ils souhaitent « voir plus clair sur laquestion de l’existence de Dieu » ou « approfondir le sens de leur existence ».Les questions éthiques et religieuses les préoccupent beaucoup.« Peut-on vraiment différencier le bien du mal, le juste de l’injuste ? Qu’est-cequi permettrait de mettre les hommes d’accord sur ces questions ? Pourquoiexiste-t-il des désaccords entre les religions ? » Voilà ce qu’ils expriment !On se sent très petit devant la profondeur de leurs interrogations.On se demande : « Vais-je réussir à créer un climat dans la classe, qui per-mettra à chacun de creuser son intériorité ? » C’est toujours pour moi unecrainte, non pas au sens d’une peur paralysante, mais d’une inquié-tude devant la grandeur de la tâche qui nous est confiée. Je connaisles enjeux de ce qui va se passer avec ces élèves que j’aurai huitheures par semaine pendant un an. Ce sera peut-être le seul contactqu’ils auront de leur vie avec la philosophie. Grâce à moi ou à causede moi, ils aimeront ou non cette discipline. Je sais que j’ai du tempsdevant moi. Je dois accepter de ne pas réagir immédiatement à leursdemandes et parfois créer une certaine déception. C’est dans la du-rée que les choses s’approfondiront. Il me faut apprendre à ne pasavoir des réponses toutes faites. Les réponses, ce sont eux-mêmesqui les trouveront en se confrontant à une autre pensée. Cette dé-marche va à l’encontre de l’esprit dominant de notre société dans la-quelle on attend des recettes aux problèmes de l’existence et l’on vitdans l’immédiateté. Leur faire prendre conscience que les grandesquestions n’appellent pas de réponses de ce type-là, mais supposentun engagement plus radical de la personne, implique de faire des

détours et d’utiliser desm é d i a t i o n s .C’est de notreresponsabilité

de les guider,de les encoura-

ger quand ils s’impa-tientent. Accepter un vrai

cheminement personnel estdéroutant et ils peuvent refuser

d’entrer dans cette démarche.

« Trente paires d’yeux

braquéessur soi »

Bénédicte enseigne la philosophie en terminale dansun lycée parisien catholique qui accueille des élèvesde toutes traditions religieuses. Ce jeune professeurnous confie ses craintes et ses espoirs en ce début d’an-née tout neuf.

« On réalise

vite que

l’on

ne transmet qu

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ce dont on vit.

»

D.R

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 33

rales et religieuses, c’est à chacun de voir. Je voudrais leur montrerles incohérences de ce discours et le pessimisme qu’il engendre. Siles hommes n’ont pas de valeurs sur lesquelles ils peuvent s’accor-der, cela signifie qu’il n’y a pas de communication possible entreeux. Chacun est enfermé dans sa subjectivité. On ne peut pasconstruire de société sur de telles bases. Un de mes objectifs est deleur expliquer que la raison humaine est capable de vérité. Il y aune espérance qui peut se fonder sur cette aptitude. Les valeurs

qui nous structurent pour notre agir indi-viduel et collectif impliquent un

vrai échange entre leshommes malgré les dif-férences de culture et

de religion. Le vivre en-semble devient alors pos-

sible. C’est une conviction trèsforte qui explique le goût que

j’ai pour ma discipline. J’enseignedans un établissement qui accueille des

élèves de traditions religieuses différentes(juifs, chrétiens, musulmans, bouddhistes) mais aus-

si agnostiques et incroyants. Or, dans un monde oùles particularismes dominent, il nous faut montrer que

nous pouvons nous entendre, cheminer ensemble vers une véritécommune. Je prends parfois l’exemple de la question de l’existen-ce de Dieu. Beaucoup d’élèves sont animés par l’idée de tolérance.Je leur dis que c’est une chose de respecter chacun dans ses convic-tions, mais que philosophiquement, on ne peut pas se contenter defaire le constat d’un pluralisme et s’en tenir là. Il faut poser les

questions à un niveau plus radical ; on ne peut pasfaire par exemple l’économie de la ques-tion : « En soi, Dieu existe-t-il ou pas ? », sa-

chant que les deux propositions sontcontradictoires d’un point de vuelogique. On ne peut pas prétendreque toutes les convictions reli-gieuses sont vraies, ce qui ne veut

pas dire qu’il ne faut pas respecterchacun, là où il en est dans sa démarche

de foi. Beaucoup ne se sont jamais interro-gés de cette manière. Ils en sont restés à

l’idée que chacun a des opinions différentes et es-timables. J’ai des élèves qui me demandent immé-

diatement : « Mais alors, qu’est-ce qui est vrai ou pas ? » Cela susciteun désir de chercher, de savoir comment la philosophie peut nousaider à répondre, ou du moins à avancer dans ce questionnement.Jusqu’où la raison peut-elle aller sur de tels sujets ? Mon premiertravail, c’est cela. Les amener à formuler des questions qu’ils ne sesont jamais posées, les aider à mieux formuler des questions qu’ilsse posent confusément. Après, c’est gagné. On peut les entraînerbeaucoup plus loin.

Au cœur d’une équipe éducativeComme prof de philo, j’ai conscience d’être un petit maillon dansune chaîne immense où le rôle de chacun dans l’école est précieux.C’est pourquoi il est essentiel pour moi de favoriser, dans la mesuredu temps disponible, toutes les rencontres (au niveau disciplinaire,éducatif, spirituel aussi) qui peuvent nous unir dans notre travailéducatif pour le rendre plus cohérent et plus fécond. ■

Ce que je voudrais améliorerDans ma manière de faire, je voudrais améliorer la participationde mes élèves au travail de réflexion – bien qu’ils s’expriment déjà. Les élèves changent beaucoup. Ils sont très différents deceux de ma génération, même si nous n’avons qu’un peu plus dequinze ans d’écart, et ils sont aussi déjà différents des élèves quej’ai rencontrés au début de ma carrière, il y a une dizaine d’an-nées. Le cours magistral est toujours nécessaire, mais il faut aussicompter avec le désir de participation qui se manifeste deplus en plus. C’est pourquoi, j’ai envie aujourd’hui de leurdonner davantage la parole. J’ai l’impression de ne pasles écouter suffisamment. On est pressé. On manqueparfois de souplesse et de disponibilité pour les laisserexister. Il y a un équilibre à trouver pour les rejoindrelà où ils en sont. Cela suppose d’être très attentifpour respecter leur manière de poser les questions,et à partir de là, les amener à s’engager dans untravail de réflexion rigoureux. C’est un de mesobjectifs pour cette année : leur laisser plus d’es-pace, sachant qu’un prof de philo redoute tou-jours de tomber dans le débat stérile. Gérer laparole de trente élèves qui ne savent pas tou-jours s’écouter est délicat. Réussir à saisir cequ’il y a de pertinent dans une remarque qui n’apas l’air très riche a priori l’est tout autant. Mais je dois prendredavantage ce risque.

Mes relations avec les élèvesLes travaux écrits des élèves constituent un moyen privilégié pourles connaître individuellement. C’est ce qui me motive dans lacorrection des copies, tâche toujours un peu fasti-dieuse. Les dissertations permettent de tisser unlien avec les élèves. C’est ainsi que je peuxm’émerveiller d’une progression tout aulong de l’année. Je leur propose égale-ment des rendez-vous individuels pourreprendre de façon plus précise une co-pie et les aider à mieux comprendre cequ’est un devoir de philo. Les sorties(conférences, visites d’expositions,théâtre...) me permettent aussi deles connaître dans un autre contex-te. Elles sont toujours en lien avecles thèmes étudiés en classe. Les annéesprécédentes, nous avons ainsi assisté aux« journées annuelles de bioéthique » qui pro-posent des conférences ouvertes à tous. Dans le lycée, nous faisonsintervenir des personnalités, comme Albert Jacquard, ou des grandstémoins, comme Florence Aubenas. Cela permet d’échanger plus librement avec eux.

Ce qui me tient à cœurJ’aimerais transmettre aux élèves un certain nombre d’idées quime paraissent essentielles, leur faire prendre conscience notam-ment des limites du relativisme. Le « à chacun sa vérité » domineaujourd’hui. En dehors de la science qui est seule apte à tenir undiscours vrai, parce que vérifiable, pour le reste, les valeurs mo-

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Nom/ Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 35

Initiatives / collège et lycée

bruit, au fil du temps, depuis l’ar-rivée d’Alain Desseauves, il y adouze ans, cet établissement a étéun véritable laboratoire d’idées etd’expériences. À savoir : mise enplace de nouveaux rythmes sco-laires avec temps libéré l’après-midi, mise en place de travauxpersonnels accompagnés, semai-ne des talents où chacun peut

exprimer ses compétences, vie ly-céenne très active, et ce bien avantles lois la préconisant, tutoratentre élèves. Sans oublier l’inter-nat qui voit ses effectifs croître, enraison de la démarche éducativequi s’inscrit dans la droite lignedes assises : « Prendre l’enfant danssa globalité, permettre son épanouisse-ment, risquer la différence. »

Pour aller encore plus loin, AlainDesseauves et son tout jeune adjoint, Gaétan Baures d’Au-gères, entendent ouvrir un inter-nat du week-end. « L’idée n’est pasnouvelle. L’établissement de Felletinavait lancé le projet, il y a quelques an-nées. À sa fermeture, nous devionsprendre le relais, mais notre projet pé-dagogique n’était pas suffisammentélaboré pour faire du bon travail ».Penser un internat où les enfantsne sortiraient qu’aux petites va-cances semble relever d’uneautre époque. Mais la demandeexiste, de la part de parents, ci-tadins de la région parisiennepour la plupart, n’arrivant plusà faire face à toutes leurs respon-sabilités et dépassés par desjeunes qu’ils ne « tiennent » plus.Un éloignement temporaire dela cité tentaculaire et de ses dé-rives potentielles leur semble lasolution la plus adaptée aux pro-blèmes de leur progéniture.D’autant que Guéret proposeune véritable continuité éducati-

ve et un apprentissage de la vieen communauté. Alain Desseauves pensait inaugu-rer son internat du week-end à larentrée. « Avec dix inscrits, c’étaitjouable. Même si nous misons, à terme,sur vingt jeunes, pas plus si nous voulons maintenir la qualité de l’en-cadrement. » Mais cela a un coût :310 euros par mois pour la seulepension du week-end. Car, outreles cadres éducatifs, on ne peutpas faire l’impasse sur une « maî-tresse de maison », un intervenantpsychologue et un orthophoniste.

Créer des ponts ?La veille de la rentrée, quelquesfamilles ont demandé un délaisupplémentaire de réflexion,obligeant à repousser l’ouverture.Le coût les aurait-il freinées dansleur décision ? Pas sûr. Peut-êtreles adolescents eux-mêmes rechi-gnent-ils à perdre leur liberté desfins de semaine. Difficile de savoir.Quoi qu’il en soit, d’autres de-mandes ont été déposées au moisde septembre. Le bouche-à-oreille fonctionne. Trop timide-ment encore. Guéret n’est pasconnu, et la formule « internat duweek-end » très peu pratiquée. In-terrogeons-nous alors. Les de-mandes provenant essentielle-ment de la région parisienne, nedevrait-on pas créer des pontsavec cet établissement pour ap-porter une réponse à des jeunes« pas comme les autres », qui deman-dent une attention particulière ? ■

Adresse : 5 rue Manouvrier, 23008 Guéret.

ÉLISABETH DU CLOSEL

Dans la Creuse, dépar-tement le moins peu-plé de France et pro-bablement le plus anti-clérical, l’enseigne-

ment catholique est réduit auminimum avec deux bastions quirésistent : l’école Jeanne-d’Arc àÉvaux-les-Bains, et un ensembleécole-collège-lycée, Notre-Dame1

à Guéret, énorme bâtisse construi-te au XIXe siècle sur une collinedominant la ville. Là, 147 élèvesseulement – 37 à l’école, 78 au col-lège, 32 au lycée –, dont plus de50 internes. Il y a deux ans, l’ensemble scolairede Felletin a dû fermer ses portes,faute d’effectifs suffisants et demoyens pour remettre le bâti-ment aux normes de sécurité.Raison de plus pour ne pas ou-blier Notre-Dame de Guéret, quise bat becs et ongles pour se main-tenir. « Nous résistons grâce à la vo-lonté du diocèse qui nous supporte, mê-me financièrement », affirme le di-recteur, Alain Desseauves. Grâceaussi à un partenariat éducatif quivient de se mettre en place avecl’institution Beaupeyrat de Li-moges (Haute-Vienne). « Nos ap-proches éducatives et pédagogiquessont très proches. Nous avons desconvergences de vue. Et si nous sou-haitons accroître nos effectifs, nous nevoulons pas faire du chiffre pour duchiffre. Malgré la taille de nos bâti-ments, nous ne pourrions pas ac-cueillir 200 élèves sans de gros tra-vaux hors de notre portée. »Au premier coup d’œil, cette bâ-tisse paraît décalée, presque in-adaptée à une pédagogie moder-ne et active. Qu’on ne se fie cepen-dant pas aux apparences. Sans

Les internats permanents permettant une cohérence éducative sans rupture sont rares. Un projet se met en place à Guéret, dans la Creuse.

◗Plus de détails sur l’internat duweek-end dans ECA+.

Savoir +

La formule est peu pratiquée,

mais le bouche-à-oreillefonctionne.

jusqu’au bout de leur idée. Alain Desseauves (à droite) et Gaétan Baures d’Augères.

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Un internat permanent

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Benoît de Guillebon a mis en ap-plication, il y a neuf ans, pour cet-te quatrième qui, assez souvent,accueille des élèves en difficultéscolaire.« L’idée au départ, développe Benoîtde Guillebon, était de souder la clas-se au cours d’un séjour découverte na-ture. Originaire de la Sologne, jeconnaissais le domaine de Mont-Evray qui offre toutes les possibilitésmatérielles pour accueillir un groupedans un cadre des plus agréables : desbâtiments fonctionnels au cœur de160 hectares de bois, landes et prai-ries. » Mais ce qui a décidé l’équipepédagogique à lancer ce stage,c’est la vocation de ce lieu : uncentre de rencontre des généra-tions. « L’histoire est assez ancienne,explique Étienne Hervieux, di-recteur de l’établissement. Après ledécès accidentel de leur fils, la familleOthnin-Girard a décidé de créer unefondation destinée aux personnesâgées et à l’accueil de leur entourage.Créée il y a treize ans par les petitsfrères des Pauvres2, cette maison de re-traite accueille une soixantaine de per-sonnes âgées pour un séjour variable.Chez les petits frères des Pauvres, nousavons l’habitude de dire : “Il faut of-frir des fleurs avant le pain.” C’est-à-dire que nous privilégions la qualitéde la relation avec les personnes quenous accompagnons. La moyenned’âge de nos pensionnaires est de88 ans, et 80 % sont des femmes. Maisces structures ont été conçues pour rece-voir aussi toutes sortes de groupes, sé-minaires, congrès, classes [cf. enca-dré], ce qui permet de favoriser leséchanges avec nos pensionnaires. Nosjeunes visiteurs de Vaujours sont parti-culièrement appréciés et toujours atten-dus avec impatience. »Il est vrai que, chaque année, ces

adolescents bruyants et un peuturbulents se transforment aucontact des charmantes vieillesdames permanentées de blanc etdes quelques messieurs, toujoursélégants, qui jouent les chevaliersservants. « Les plus perturbants denos élèves, constate Virginie Cavalli,professeur d’anglais, l’une destrois personnes qui encadrent legroupe, deviennent très attentifs auxpersonnes avec lesquelles ils mangent.Ils se tiennent bien à table, ne s’agitentpas et répondent gentiment à leursquestions. Une vraie transformation. »

Jeunesse et sagesseMême si chaque communauté vità son rythme, les rencontres sontponctuelles et la barrière des âgestombe comme pendant le pot debienvenue à l’arrivée des jeunes,le barbecue (quand le temps lepermet) ou les visites-découvertesqui voient toujours quatre ou cinqpensionnaires se hisser dans le carpour accompagner la joyeusetroupe dans ses équipées touristi-co-culturelles. Avec, au bout ducompte, rien que du positif dansles deux sens. Pour les résidents,leur maison reprend vie : « Je suiscontent de voir de la jeunesse parminous, commente l’un d’eux. Celanous rappelle notre propre enfance. »Ils sont aussi parfois la voix de lasagesse. « Une année, évoque enco-re Étienne Hervieux, lors d’une soi-rée-débat, les jeunes ont fait part auxrésidents de leurs craintes concernantleur avenir (chômage, sida, etc.). Lespensionnaires ont cherché à les rassu-rer en expliquant notamment que laguerre avait été une épreuve aussi dif-ficile, mais qui ne les avait pas empê-chés d’avoir un avenir. »

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Initiatives / collège

Sans être trop studieux, le pro-gramme est intense, car il n’y a pastrop de cinq jours – voyage com-pris – pour, à la fois, découvrir lanature (course d’orientation, nuità la belle étoile, pêche sur unétang), travailler sur la théma-tique de l’année – les légumes enl’occurrence – et visiter les curiosi-tés régionales. « Les matinées sontconsacrées à la préparation de la visitede l’après-midi, commente FrankMeunier, professeur d’histoire-géographie. Ainsi, le déplacement àBlois nous a permis de survoler l’histoi-re des rois de France et de jeter quelquesregards sur la Loire. Concrètement, lesélèves ont parcouru la ville, découvertle château, se sont amusés à la Maisonde la magie, se sont promenés et ontpique-niqué au bord de la Loire, avantde finir la soirée par le spectacle son etlumière du château de Blois. »Visiblement, que du bonheur, àécouter les commentaires des unset des autres. « J’ai adoré cette soiréeau château ! » s’enthousiasme Tho-mas, qui, sur un autre plan, s’estpassionné pour les maraîchers ets’est découvert une vocation depépiniériste. Pierre, les yeux en-core brillants de « sa première nuitsous les étoiles », a apprécié toutes« ces sorties pédagogiques qui facilitentl’apprentissage », même si cela ne luia pas servi dans ses matières« faibles » : l’anglais et les maths.Autre constat positif : « Moi qui suisplutôt timide, j’ai réussi à me faireplein de copains ! »Même constat de convivialité etde partage chez Thibaud, pourqui ce séjour aura confirmé sonenvie de planter des massifs fleu-ris. Quant à Sean et Eliott, c’est lecôté discipline ni trop souple nitrop stricte, qu’ils ont particuliè-

La classe des vertes annéesCommencer l’année scolaire par une classe de découverte, c’est un plaisir rare offert aux élèves de quatrième du lycée agricole Fénelon de Vaujours (Seine-Saint-Denis). Mais en Sologne, ils découvrent d’abord les autres :leurs camarades de classe et… les plus tout jeunes résidents du domaine qui les accueille.

BRUNO GRELON

M’sieur, M’sieur, c’est quoila fission ? » Pas faci-le pour un ensei-gnant d’expliquer lachose. Et pourtant,

en quelques traits de feutres decouleur, Benoît de Guillebon, pro-fesseur au collège-lycée Fénelon1

de Vaujours (Seine-Saint-Denis),schématise en coupe une centrale,avec ses circuits d’eau qui vont etviennent du cœur du réacteur jus-qu’à la vaste cheminée de refroi-dissement. Quelques questionsfusent chez ses élèves de quatriè-me, transplantés en Sologne letemps d’une classe de découverte.Tout à l’heure, grâce à la visite pré-vue après le déjeuner, ils com-prendront mieux le fonctionnementde la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher)et son rôle dans le chauffage desserres d’un horticulteur.

Rien, dans cette vaste pièce clairequi donne sur un environnementde verdure, ne ressemble à unesalle de classe traditionnelle. Etc’est tant mieux, car le but affichéest de travailler sans s’en aperce-voir. Ou plus exactement de redé-couvrir le plaisir de faire fonction-ner sa matière grise dans un cadreplus proche des vacances que del’école. Un excellent principe que

Ce stage, renouvelé à chaque rentrée,

ramène au lycée uneclasse de quatrième

transformée.

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rement apprécié : « On s’entendtrès bien maintenant avec les profes-seurs et on a une impression très posi-tive de nos rapports avec eux. Si celacontinue pendant l’année, ce sera for-midable. »Enfin, Laura, très réaliste, quiavoue ne pas trop aimer l’école, atrouvé que « c’était un excellent pro-longement des vacances » avec unplus : la rencontre avec les per-sonnes âgées. « Elles sont très sympaset parler avec elles nous apprend à lesconnaître mieux. » À Mont-Evray, el-le a fait « le plein de copains et de sou-venirs ! ».

Avec les parentsSi ce stage est renouvelé à chaquerentrée, c’est qu’il sert le mondeéducatif, en ramenant au lycéeFénelon une classe de quatrièmetransformée. « C’est véritablementun endroit merveilleux, ne se lassepas de dire Benoît de Guillebon.Je vois vivre et se transformer cesjeunes qui ont, après ces quelquesjours, une approche de l’école et des

professeurs complètement différente.Cela crée une unité dans le groupe oùchacun découvre l’autre dans des si-tuations différentes, en dehors du ré-sultat scolaire. » Mais ce n’est pastout, car filmé et photographié,ce séjour est mis en scène lorsd’une soirée multimédia, à desti-nation des parents et de l’équipepédagogique. « Organisé avecl’Apel3, c’est un moment particulière-ment convivial, car tout le monde ap-porte des plats et on dîne ensemble,ajoute encore le responsable. Ilsdécouvrent notre action et nous les dé-couvrons. Ils apprécient et nous sou-tiennent, ce qui nous permet d’avan-cer. »Quant au centre de Mont-Evray,il n’est pas oublié, une fois lesélèves rentrés en banlieue pari-sienne : il y a plusieurs échangesépistolaires et aussi, pendant plu-sieurs années, le retour des ap-prentis jardiniers qui retrouventle domaine quelques jours, auprintemps, pour replanter lesmassifs fleuris. Car venir dans cecoin de France, « cela a changé

notre vision du monde… », commel’a dit un élève de Vaujours, pré-sent à Mont-Evray. ■

1. Adresse : Lycée du paysage et de l’envi-ronnement, 3 rue Alexandre-Boucher,93410 Vaujours.2. Association reconnue d’utilité publique,

créée en 1946 par Armand Marquiset. Lespetits frères des Pauvres accompagnent despersonnes souffrant d’isolement, de pau-vreté matérielle, de précarités multiples, etinterviennent en priorité auprès des per-sonnes de plus de cinquante ans. Sur in-ternet : www.petitsfreres.asso.fr3. Association des parents d’élèves de l’en-seignement libre.

➤Véritable résidence hôtelière, le centre de Mont-Evray, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher), dispose de tout le confort pour l’accueil

des séminaires ou congrès : salle de restaurant, salon, salle de confé-rences. Pour les classes de découverte, qui associent la découverte desrichesses naturelles et culturelles de la région avec la rencontre intergé-nérations, le tarif est fixé à 27 euros par jour et par personne. Les élèvessont logés dans une maison indépendante, en chambres de 4 lits équi-pées de sanitaires, et le groupe dispose de salles de travail et de déten-te. Il a accès à l’ensemble de l’espace naturel et à une aire multisport :VTT, tennis, volley-ball, tennis de table. « Le coût de ce stage est de290 euros par élève, précise Benoît de Guillebon, professeur au lycéeFénelon de Vaujours (Seine-Saint-Denis). Mais pour que tous puissent yparticiper, l’établissement prend en charge 194 euros, ce qui limite laparticipation à 96 euros par famille. Bien sûr c’est cher, mais au vu durésultat, cela ne compte pas vraiment. Cela dit, nous essayons de dimi-nuer cette charge. Ainsi, le prix de la Fondation de France, qui a récom-pensé notre projet, a permis de financer la totalité d’un séjour… » BG

L’ÉTABLISSEMENT (S’)INVESTIT...

Plaisir partagé. Lors de leurs équipées touristico-culturelles, les élèves de Vaujours sont toujours accompagnés de quelques résidents de Mont-Evray.

© B

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lon

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38 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

formation

JEAN-LOUIS BERGER-BORDES

Voilà plus de dix ans, depuis les accordsLang-Cloupet de 1992, que les condi-tions d’accès au concours externe desenseignants sont égalisées entre publicet privé. Auparavant, dans le second

degré, il fallait être d’abord contractuel du pri-vé, c’est-à-dire au moins à mi-temps, les candi-dats au public pouvant, eux, préparer à pleintemps leur concours. L’égalité des chances estdésormais de mise. Quant au premier degré, lesCFP1 avaient été reconnus dès 1974.Il n’empêche. L’enseignement catholique fait leplein, et au-delà, de candidatures en premierdegré, relève Pierre Abgrall, président del’ANCFP2. Mais il manque de candidats pour lesecond degré, observent Martine Soreau etClaude Leuridan, qui coordonnent à l’Unapec3

la formation initiale du second degré. Et encore,la majorité des nouveaux certifiés emprunte lavoie du concours interne ; pour ceux qui choi-sissent l’externe, « de plus en plus de candidats sontde nationalité étrangère, après avoir obtenu une auto-risation d’enseignement du rectorat ».Pas de problème, en revanche, sur l’adéquationdes nouveaux enseignants avec le projet éduca-tif de l’enseignement catholique. Beaucoup intègrent le privé « par conviction, anciens élèveseux-mêmes » (ou plutôt « elles-mêmes », les femmes

étant largement majoritaires). C’est dire quel’absence de passerelles entre privé et public –et réciproquement –, une fois choisie auconcours sa « voie », n’est pas vraiment un han-dicap.Bien sûr, il y a aussi l’assurance, pour le premierdegré, d’être nommé dans son département. Etdans sa région, pour le second degré… lorsquecela est possible : nombre de candidats sont dé-sormais nommés, faute de postes, dans uneautre région ; mais « on fait vraiment tout ce qu’onpeut… », assurent Martine Soreau et ClaudeLeuridan. Reste le souci des candidats libres, qui se dispen-sent même avant le concours – faute parfoisd’information à ce propos – de l’entretien depré-accord (cf. page ci-contre : « Présenter leconcours externe »). C’est donc seulement justeavant de commencer leur année de stage que se-ra appréciée la compatibilité de leur propreprojet d’enseignement avec les exigences duprojet éducatif de l’enseignement catholique.Avec tous les risques, pour eux, d’un non-agré-ment... ■

1. Centre de formation pédagogique.2. Association nationale des CFP. Pierre Abgrall est par ailleursdirecteur du CFP de Brest.3. Union nationale pour la promotion pédagogique et profes-sionnelle dans l’enseignement catholique.

Concours externecherche candidats

enseignantsLes conditions d’accès au concours externe

sont désormais unifiées entre l’enseignement public et l’enseignement privé. Mais ce dernier manque encore

de candidats pour le second degré, le rythme des départs à la retraite s’accélérant.

Appel aux seniors ?« Dans l’ensemble, le bilan est trèspositif » : André Blandin, secrétairegénéral adjoint de l’enseignement

catholique, fait allusion à la qualitédes enseignants recrutés, notamment

par la voie des concours externes.Qualité, mais toutefois pas…quantité. Si, dans le premier

degré, on couvre les postes mis auconcours, dans le second degré ce

n’est le cas que pour 65 %, etencore ce nombre de postes est-il

insuffisant, sauf dans certainesdisciplines, pour faire face au

nombre de postes vacants. L’enjeudu remplacement

de 30 000 enseignants partant à la retraite dans les dix ans

est un vrai défi*. Et d’imaginer,comme l’initiative en a été prise

à l’IUFM** de Lyon pourl’enseignement public, d’ouvrir

la préparation du Cafep à « des générations plus âgées »,

quitte à l’adapter, « en cours du soiret de week-end ». Sauf à devoir

recourir plus encore à des suppléants et auxiliaires***,

et « à leur faire suivre ensuite la voie du concours interne ».

Les atouts et attraits du privé n’en sont pas moins fortement

ressentis par les candidats, qu’il s’agisse de son projet

pédagogique, valorisant le suiviattentif de chaque élève, mais aussi

de la quasi-assurance d’être nommédans un établissement de son

académie. Pourquoi alors le déficit observé ?

« Dans le second degré surtout, lemétier d’enseignant a été pas mal

déconsidéré », observe AndréBlandin. Une campagne nationale

pour mieux faire connaîtrel’enseignement catholique

aux candidats potentiels, sera-t-ellenécessaire ?

* Hors Dom-Tom, dans le premier degré,un quart des 39 000 enseignants a plus

de 50 ans, et devra être remplacé d’ici à dix ans. Dans le second degré, hors

enseignement agricole, ce renouvellement programmé concerne un tiers des

91 000 enseignants qui ont plus de 50 ans.** Institut universitaire de formation des

maîtres.*** À la rentrée 2005, près de 10 000 postes

« équivalent temps plein » n’étaient pascouverts par des titulaires.

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 39

Présenter le concours externeQui peut se présenter au concours ?Une licence est demandée pour se présenter au concours d’enseignant, Cape* pour le 1er degré et Cafep** pourle 2d degré. Pour ce dernier, une maîtrise est même recommandée, voire exigée par certains IUFM***.

Cas particuliersSont dispensés de licence, les mères et pères de famille ayant 3 enfants déclarés (copie du livret de famille), etles sportifs de haut niveau, sur justificatifs.

Quelle préparation ?On peut se présenter en candidat libre – mais en moyenne le candidat repasse alors le convcours 2 ou 3 fois pour le 2d degré – ou en suivant, si on est reçu aux tests éventuels, une année de préparation en CFP pour le 1er degréet en UFM pour le 2d degré.Pour le 2d degré, le candidat bénéficie, parallèlement à sa préparation au concours – dans sa discipline – enIUFM, d’une « formation transversale » propre à l’enseignement catholique au sein des Arpec**** (futures Asso-ciations territoriales), pour la pédagogie générale et la dimension professionnalisante.

Qu’est-ce que l’entretien de pré-accord ?Pour se préparer au concours, le candidat doit bénéficier, après entretien, d’un agrément de la Commission diocé-saine pour le 1er degré, et de la Commission académique de l’accord collégial pour le 2d degré, toutes deux com-posées d’acteurs institutionnels de l’enseignement catholique, afin de valider son adéquation avec le projet édu-catif des établissements catholiques. Mais il ne s’agit nullement d’un test de « conformité religieuse » (il y a desenseignants musulmans dans l’enseignement catholique), ni bien sûr d’une évaluation préalable. Et le non-agré-ment de la Commission n’empêche nullement de se présenter au concours, mais sans garantie alors de trouver unposte, même admis au concours.

Et après le concours ?Une année de « professeur stagiaire », en 1er degré, et de « stage en responsabilité », en 2d degré, rémunérée,permet au futur enseignant :– dans le 1er degré, de bénéficier d’une formation en alternance, en poursuivant sa formation en CFP et en faisantdes « stages en responsabilité », c’est-à-dire des périodes d’enseignement, dans les trois cycles du primaire ;– dans le 2d degré, d’assurer 4 à 12 heures d’enseignement par semaine, selon les disciplines ; d’être accompa-gné par un « professeur-conseiller pédagogique » qui l’aide à préparer ses cours, y assiste aussi, pour lui apporterune analyse de pratique ; de poursuivre, en IUFM, une formation didactique dans sa discipline ; de poursuivre dansles Arpec, une formation professionnalisante, et d’affiner sa connaissance de l’enseignement catholique, ses pra-tiques pédagogiques, de se former au fait religieux ainsi qu’à des thématiques, tel le développement durable, etc. ;de réaliser un stage de « pratique accompagnée » dans un autre niveau d’enseignement avec l’appui d’unconseiller ; de réaliser des stages de courte durée en école, en Segpa*****, en lycée professionnel, en entrepri-se et/ou en établissement de « zone sensible ».

La certificationElle est délivrée par le jury académique : – pour le 1er degré, sur proposition des formateurs du CFP et des inspecteurs, au vu des modules de formation ducandidat, de son mémoire professionnel et de ses stages en responsabilité ;– pour le 2d degré, sur avis de la Commission mixte de validation académique (représentants de l’Arpec, du rectorat,de l’IUFM, et de formateurs de sa discipline), au vu des rapports du professeur-conseiller, du chef d’établissement, dututeur de stage de pratique accompagnée et, pour une part importante, du mémoire professionnel du candidat.

Se renseigner– Sur internet, le site www.formiris.org détaille tous les parcours et contacts.– Par téléphone, pour le 2d degré, à l’Unapec au 01 53 68 60 50, service de formation initiale du second degré,qui vous indiquera votre contact régional. ■

* Certificat d’aptitude au professorat des écoles.** Certificat d’aptitude aux fonctions d’enseignement dans les établissements privés du 2d degrésous contrat.*** Institut universitaire de formation des maîtres.**** Associations régionales pour la promotion pédagogique et professionnelle dans l’enseigne-ment catholique.***** Section d’enseignement général et professionnel adapté.

Pour préserver sa vie de famille et élever ses cinq enfants,Isabelle Grabowski choisit tout d’abord d’être profes-seur vacataire pour le Cned*. Pendant quinze ans, ellevalorise ainsi une première expérience en entrepriseen corrigeant des études de cas réalisées par des élèves

de première et de terminale G (aujourd’hui STG**). Parallèle-ment, elle crée et anime bénévolement, dans l’école primaire deses enfants, une bibliothèque-centre de documentation ; passantmême pour cela un diplôme d’auxiliaire de bibliothèque. Si bienque la directrice de l’établissement finit par lui proposer de rem-placer, pour les collège et lycée, sa documentaliste sur le départ. Les enfants grandissent, la passion d’Isabelle aussi, qui prépareparallèlement une licence de sciences de l’éducation, sur deuxans, à l’Institut supérieur de pédagogie. Histoire de justifier duniveau bac + 3 officiellement demandé pour son poste. Sans doute lui restait-il encore du temps, puisqu’elle décidealors, en candidate libre – et sans avoir sa licence (cf. « Le point »,« Cas particuliers ») – de se présenter au Cafep de sa discipline ;juste pour… s’entraîner à le préparer. Oui mais, elle est aussitôtreçue et intègre l’IUFM de Paris, avant de prendre, à la dernièrerentrée, son poste d’enseignante-documentaliste dans un collè-ge de Rambouillet. Acquérant ainsi, « pour un travail qui n’a, enfait, pas changé, tout à la fois reconnaissance de [sa] mission enseignante,mais aussi sécurité d’emploi et bien sûr, salaire majoré ».Un vrai parcours de hasard… ou de providence : Isabelle vou-lait à l’origine ne surtout pas être professeur – mauvais souve-nirs de « pas trop bonne élève » obligent. L’avantage aujourd’hui,pour ses propres élèves, étant qu’elle « évite de faire ce qu’[elle]n’aimai[t] pas enfant. Accordant aussi le plus d’attention possible auxchahuteurs, et autres décrochés ». JLBB

* Centre national d’enseignement à distance.** Sciences et technologies de la gestion.

Le point

D.R

.

Isabelle Grabowski, documentaliste à 51 ans

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40 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

gestion

Conséquence des lois du 5 janvier 2005et du 20 décembre 2004, la loi surla situation des maîtres, votée à l’una-nimité du Parlement, a entraîné lasignature, le 16 septembre 2005, de

deux accords internes à l’enseignement catho-lique. L’un sur « les modalités de perception à titretransitoire et de manière dégressive d’une indemnité dedépart à la retraite », et l’autre sur « l’assurance typeprévoyance » applicable au 1er janvier 2006.

RetraiteLa mise en place d’un régime public de retrai-te additionnel obligatoire pour les personnelsenseignants et de documentation des établis-sements sous contrat avec les ministères de l’Éducation nationale et de l’Agriculture, exigeun décret d’application. En cours de publica-tion, il doit préciser que le complément de re-traite est de 5 % dès le 1er septembre 2005 etdoit progresser de 1 % tous les 5 ans pour at-teindre 10 % à terme. Le décret indique aussique ce régime est financé par un abondementde l’État à hauteur de 0,75 % des salaires et parune cotisation de 0,75 % payée par les maîtres.Cette cotisation sera sans incidence sur la ré-munération nette des enseignants, le 0,75 %étant transféré d’une cotisation prélevée surles salaires, précédemment versée à la Sécuritésociale et maintenant servie au régime addi-tionnel de retraite.Ce transfert a été rendu possible par la loi du20 décembre 2004 sur le financement de la Sé-curité sociale qui prévoit la prise en charge desrisques maladie, maternité, invalidité et décèspar le régime spécial des fonctionnaires pourles prestations en espèces et la couverture acci-dents du travail et maladie professionnelle. Lacirculaire de mise en œuvre de ces dispositionsest déjà publiée et le décret est à la signature.

PrévoyancePour sa part, l’enseignement catholique a ho-noré ses responsabilités. Il a proposé à l’État

une convention qui doit être étendue dans lesjours à venir par les ministres de l’Éducationnationale et de l’Agriculture pour fixer lesmodalités de perception à titre transitoire etde manière dégressive d’une indemnité dedépart à la retraite (article 4 de la loi). Il a re-discuté la prévoyance accordée aux maîtresdans le double objectif de tenir compte desmesures nouvelles accordées par l’État, parti-culièrement dans la prise en charge de l’inva-lidité, et a fixé un régime de prévoyance com-plémentaire à celui de l’État. À cette fin, lacommission permanente du Comité nationalde l’enseignement catholique a mis en placeun groupe institutionnel de négociation pour

activer ce dialogue social. Elle seule pouvait lefaire dans la mesure où les maîtres ne sontplus reconnus comme salariés des établisse-ments.

Organisation de l’emploiLes conséquences sur l’organisation de l’em-ploi sont les suivantes : pour faire suite à la loin° 2005-5 du 5 janvier 2005, le décret n° 2005-700 du 24 juin 2005 précise les conditionsd’accès aux emplois vacants pour les maîtresen perte partielle ou totale de contrat, pour lesenseignants demandant une mutation et pourles lauréats des concours internes et externesainsi que pour les bénéficiaires d’une mesurede résorption des emplois précaires.Une circulaire ministérielle est en préparationdans le cadre d’une négociation avec les parte-naires concernés par l’organisation de l’em-ploi. Elle aura pour objet de donner un maxi-mum de garanties aux maîtres sous contratd’association dans le domaine de l’emploi et

prendra en compte les responsabilités deschefs d’établissement dans le domaine de laprocédure de nomination d’agents publics del’État à qui l’enseignement est confié (article 4de la loi Debré), dans le cadre de l’organisationqu’il arrête et dans le respect du caractèrepropre de l’établissement et de la liberté deconscience des maîtres (article 1-1° de la loi du5 janvier 2005).Les commissions nationales de l’emploi du1er et du 2d degré reprendront les accords na-tionaux, maintenant reconnus par la loi et ledécret, de manière à les harmoniser avec la cir-culaire ministérielle. Ce travail devra être ter-miné pour la mi-décembre 2005.Enfin, l’article 5 de la loi relative aux maîtresprévoit le dépôt sur le bureau de l’Assembléenationale et du Sénat d’un rapport évaluantles mesures qui restent à prendre pour l’appli-cation de l’ensemble du dispositif.L’enseignement catholique sera associé à l’éla-boration de ce rapport pour lequel l’une de sespremières demandes concerne l’accélérationde la montée en puissance du régime publicadditionnel de retraite ; l’étalement du rattra-page pour l’équivalence des retraites desmaîtres de l’enseignement privé sous contratétant jugé comme injustifiable. Il sera réclaméune application complète sur les cinq années2005 à 2010.D’autres questions méritent un rappel de prin-cipe comme, par exemple, l’existence d’uncontrat de droit public pour les délégués auxi-liaires. Cela découle de la loi du 5 janvier 2005,mais n’est pas toujours perçu comme tel.D’autres points réclament encore des préci-sions pour la mise en œuvre des moyens, tellela réponse apportée par le ministre de l’Éduca-tion nationale lors du débat précédant le votede la loi sur les heures de délégation : «Les règlesde droit public ont vocation à s’appliquer aux dé-charges dont bénéficient les délégués élus. Les maîtresne perçoivent pas de rémunération pour les heures dedélégation du fait de l’existence du système de déchar-ge accordé par l’État et géré globalement par les syndi-cats. Les établissements privés n’auront donc plus à

En cette rentrée, des changements interviennent dans la politique contractuelle entre l’État, les établissements et les maîtres. Ils sont liés à deux textes de loi et au débat

sur les emplois budgétaires pour l’enseignement.

Lois : ce qui va changer

Pour sa part, l’enseignementcatholique a honoré ses responsabilités.

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 41

rémunérer les heures de délégation des enseignants,mais les élus devront pouvoir disposer du temps néces-saire à l’accomplissement de leurs fonctions. »

Forfait communalConséquence de la loi du 13 août 2004 – « Li-bertés et responsabilités locales » – et de la loid’orientation et de programme pour l’avenirde l’école du 23 avril 2005, l’article 89 de la loi« Libertés et responsabilités locales » règle dansson principe le problème du droit à un forfaitcommunal pour les élèves non résidents dansla commune siège de l’école qu’ils fréquentent.L’article 89 de la loi d’orientation pour l’avenirde l’école, après un débat où certains parle-mentaires demandaient lasuppression de ce qui avaitété voté en 2004, apporte laprécision suivante : « Lacontribution par élève mise à lacharge de chaque commune nepeut être supérieure, pour unélève scolarisé dans une écoleprivée située sur le territoired’une autre commune, au coûtqu’aurait représenté pour lacommune de résidence ce mêmeélève s’il avait été scolarisé dansune de ses écoles publiques ou,en l’absence d’école publique,au coût moyen des classes élé-mentaires publiques du départe-ment. »Le ministère de l’Éducationnationale et celui de l’Inté-rieur ont préparé un décretportant sur les modalitésd’application. De même,une circulaire sur les char-ges éligibles au forfait com-munal a été rédigée enconcertation avec les parte-naires concernés dans l’enseignement catho-lique. La publication de ces textes est attendue.

Postes d’enseignantsÀ propos du débat en cours sur les emploisbudgétaires pour l’enseignement, mis à la dis-position des établissements privés souscontrat : en trois rentrées successives (2002,2003, 2004), l’enseignement catholique a ins-crit 20 000 élèves de plus dans les classes et uneliste d’attente pratiquement constante de23 000 demandes n’est toujours pas satisfaite.Certes, cette réalité n’est pas homogène sur leterritoire national et la rentrée 2005 s’effectuepratiquement à effectifs constants. Il faut noterd’ailleurs que beaucoup de classes sont très

chargées et qu’un certain nombre d’établisse-ments commencent à limiter les effectifs de-vant la difficulté à pratiquer une pédagogie dequalité face un trop grand nombre d’élèves.Dans cette situation, il n’est plus envisageablede continuer le redéploiement des emploisd’enseignants auquel conduit par exemple lasuppression par le ministère de l’Éducationnationale de 532 postes à cette rentrée.Avec une telle politique, tous les établissementssont touchés : ceux qui voient leurs moyens ré-duits et ceux qui, malgré la hausse des inscrip-tions et des demandes, ne disposent pas dessuppléments nécessaires. L’enseignement ca-tholique demande à l’État de prendre encompte la réalité nationale de l’augmentation

du nombre d’élèves et de l’évolution de la de-mande des familles. Il n’y a en cela aucuneprovocation par rapport aux moyens donnésaux établissements de l’enseignement public,aucune volonté de se situer en parts de mar-ché. C’est une demande d’équité pour assurerla liberté de choix des familles.

Emplois vie scolairePar ailleurs, dans le cadre du plan d’urgencepour l’emploi lancé par le gouvernement, uncontrat d’accompagnement dans l’emploi etun contrat d’avenir ont été créés afin de per-mettre aux jeunes de moins de 26 ans ou auxbénéficiaires de minima sociaux de trouver unemploi dans le secteur non marchand. Trois

mille de ces contrats entièrement subvention-nés par l’État sont accordés aux établissementsd’enseignement privés sous contrat et sontdestinés à apporter une aide à l’action éducati-ve auprès des élèves. Une circulaire en date du13 septembre 2005 précise les modalités de re-crutement sur ces contrats.

Une communauté éducative affermie« Certains, souligne Paul Malartre, secrétaire gé-néral de l’enseignement catholique, ont expriméla crainte que la loi du 5 janvier 2005, dite loi Censi,ne rende les enseignants uniquement liés à l’adminis-tration. Faut-il redire que cette loi ne modifie en rien

les équilibres de la loi Debré de1959 et que l’enseignantcontinue de travailler sousl’autorité du chef d’établisse-ment ?L’équité sociale pour nosmaîtres en termes de retraite etde prévoyance, l’allégementdes charges financières induesqui pesaient sur nos établisse-ments ne remettent pas encause l’appartenance de l’en-seignant à la communautééducative. Au contraire, lesaccords internes récemmentsignés prouvent la volonté despartenaires de la communau-té éducative de faire les effortsnécessaires pour concilier lerespect des droits des per-sonnes et la poursuite de lamise en œuvre de notre carac-tère propre. Un texte institu-tionnel sur la place des ensei-gnants dans la spécificité denotre projet éducatif sera pro-posé dans quelques mois au

vote du Comité national. Ainsi se trouvent confortésles engagements nationaux des assises de décembre2004 qui invitaient à risquer davantage la commu-nauté éducative et l’attention à toute personne. Enobtenant davantage de moyens pour exercer sa mis-sion de service public, l’enseignement catholique veutaussi dans la même démarche vivre toujours mieux samission d’Église ». ■

◗Le texte de cet article est repris de la lettre dePaul Malartre transmise le 30 septembre 2005

aux directeurs diocésains, aux chefs d’établissementde l’enseignement catholique et aux membres du Comi-té national de l’enseignement catholique.Les textes de loi sont téléchargeables à partir du site :www.scolanet.org

Savoir +

Rappel. Les nouvelles lois apportent plus d’équité sociale sans modifier la place de l’enseignant dans l’établissement.

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Jessica, Sarah, Laetitia, Céline et Isabelle sont internes en quatrième au collège Marcel-Callo1 de Cempuis, à une trentaine de kilomètres au nord de Beauvais (Oise). Ce trimestre, elles vont se réunir à quatre reprises

autour de Dominique Wyttynck, animatrice en pastorale, pour huit heures d’« éducation à la vie et à l’amour ». Lors de la première séance, elles ont visionné un moyen-métrage qui met en scène trois couples d’adolescents, puis commenté

les faits et gestes des six personnages, nous dévoilant au passage un peu de leur amertume et de leurs espoirs. Au fil des échanges, elles se sentent davantage en confiance ; leur liberté de ton s’affirme.

42 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

paroles d’élèves

Dominique(animatrice) : Dans ce groupe,

on va parler de la vie et de l’amour. Notre affec-tivité, c’est notre capacité d’aimer et d’éprou-ver des sentiments. On va surtout regarder ceque c’est qu’aimer, tomber amoureux, etconstruire un couple.Jessica : Oh ! moi, je suis pas qualifiée pour ça !Dominique : Je ne vais pas vous apprendre à ai-mer. On est tous, tout au

long de notre vie, en train d’essayerd’apprendre à aimer. Mais à l’ado-lescence, vous êtes à un âge clef :vous avez vos premiers coups decœur, vos premières peines…Jessica : … et nos premières er-reurs.Dominique : Parlez-moi des per-sonnages du film que nous ve-nons de voir [cf. encadré ci-des-sous].Sarah : Hacia est une fille soli-taire. Elle rêve au grandamour.Dominique : Vous connaissez

cela ?Jessica : Ce genre de situation, je ne connaispas, mais je sais que ça existe. Alice, elle, elledonne des conseils sans se méfier de ce qu’elleva faire, elle. Elle éprouve des sentimentspour Tony, qui ne sont pas réciproques, maiselle se laisse bêtement charmer par lui. Ilsvont s’isoler dans les bois alors qu’elle ne saitpas comment il a l’habitude de réagir avec lesfilles. Lui, il ne la désire que sexuellement. Elle croit qu’il va rester avec elle. Quand ellelui dit que c’était pour elle la première fois,qu’elle lui répète « Je t’aime », il paraît déçu. Jela trouve stupide, elle s’accroche trop vite.Sarah : Elle ne va pas trop vite, puisqu’elle ditqu’heureusement, elle a attendu pour le faireavec Tony.Jessica : Mais elle n’a pas pris le temps de sa-voir s’il avait des sentiments.Isabelle : Tony est hypocrite, beau parleur. Ilest pas franc.Jessica : Il sait comment s’y prendre pouravoir une relation sexuelle avec elle : dans lagrotte, il lui dit qu’il l’aime. Il lui dit « Jet’aime », mais dans le noir. Il n’est pas sincère.

Dominique : C’est très symbolique de par-ler dans le noir. À qui s’adresse-t-il en fait ?

Jessica : Il s’adresse à son sexe. Elle pense qu’ilest sincère, mais c’est un mensonge.

Dominique : Dans leur histoire, il est prononcédeux fois « Je t’aime ».Jessica : Mais ces deux « Je t’aime » n’ont pas lamême signification. S’il lui fait croire qu’il l’ai-me, c’est uniquement pour pouvoir coucheravec elle.Sarah : Il voulait lui dire « J’ai envie de toi ».Jessica : Quand une fille entend « Je t’aime », çalui fait plaisir, elle croit que c’est sincère. Lesmecs ont tendance à cacher leurs sentiments.En fait, tous les mecs, c’est que des mythos.Sarah : Avant ça, il lui a aussi écrit un petit poè-me. Il lui disait : « Belle demoiselle, mon amourpour toi est éternel… »Jessica : Ce genre de paroles, ça ne me fait plusrien. Et « éternel », c’était juste pour rimer avec« demoiselle » !Céline : Alice, elle n’a pas vraiment été amou-reuse. Elle a juste kiffé. Kiffer, tu es sûre que çava pas durer longtemps. Alors qu’aimer, ça vadurer. Pour les filles, kiffer et aimer c’est diffé-rent, mais pour les garçons c’est la même cho-se. Aimer, ça ne veut pas dire plus que kifferpour eux.Dominique : Alice attend le grand amour. Etvous ?Jessica : Moi aussi.Céline : Toutes les filles rêvent au grandamour.Sarah : Mais au maximum, il n’y a que 2 % desgarçons qui cherchent le grand amour.Dominique : Et tu veux trouver dans les 2 % ?Sarah : C’est clair. Mais en fait, les mecs, quandils croisent une belle blonde avec des gros seinset des grosses fesses, ils se disent : « Celle-là, jevais me la serrer. »Céline : Nous, on regarde l’extérieur et aussi cequ’ils ont à l’intérieur.Laetitia : On regarde l’intérieur, nous.Sarah : Chez les garçons, ce sont les 2 % qui re-gardent l’intérieur.Jessica : Ah ! oui , c’est très rare.Céline : Et ce Tony, il est pareil. C’est qu’uncharmeur.

« Quand une fille entend « Jet’aime », ça lui fait plaisir, elle

croit que c’est sincère. »

Phot

os :

S.B

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LE FILM

À la folie pas du tout est un moyen métrage

(26 mn) de Chantal Briet, produit et distri-

bué par l’association la Cathode. Lors de va-

cances dans le Tarn, Alexandra vit une his-

toire qui dure avec Hicham, sans savoir de

quoi demain sera fait, et tout en rêvant de li-

berté, surtout lorsque Hicham se montre pos-

sessif. Alice espère le grand amour et croit

l’avoir trouvé en la personne de Tony. Elle

se donne à lui et comprend trop tard qu’el-

le ne sera qu’une conquête parmi d’autres.

Hacia, au naturel plutôt réservé, reprend

confiance et s’épanouit auprès de Chris, et

dans leur amitié.

La Cathode sur internet : www.lacathode.org

Toutes les filles rêventau grand

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Dominique : Comment fai-re la différence entre unTony et l’un de ces 2 % ?Sarah : Avec des poèmes,on sent qu’il a de l’expérien-ce dans ce domaine, il saitcomment s’y prendre avec lesfilles. C’est quelque chose quis’apprend. Par exemple, avecles SMS, tu tapes « poèmes », ettu reçois des poèmes comme ça.Isabelle : Hicham est poète luiaussi, mais il est jaloux.Céline : Hicham fait des poèmes sincèrementparce qu’il aime vraiment Alexandra. Alexan-dra, son problème, c’est qu’elle ne sait pas si elleaime vraiment Hicham. Elle dit : « Aujourd’huioui, mais demain ? »Jessica : Lui, il montre ses sentiments, mais elle,elle a du mal. Elle n’est pas sûre de ses senti-ments.Céline : Je trouve qu’il est dans les 2 %.Sarah : Il aime trop sa copine, il ne veut pas laperdre.Jessica : Il a peur qu’elle se fasse charmer parun autre.Céline : Elle, ce qu’elle veut, c’est de la liberté,et ne pas devoir rester toujours avec lui. Elleveut être libre, elle ne comprend pas son com-portement et ne sait pas encore si elle peut luidire « Je t’aime ». C’est pas si facile pour une filled’oublier un mec d’un jour à l’autre. Il faut aumoins une semaine ou même parfois un mois.Isabelle : Elle veut se préserver.Jessica : Le jour où je dirai « Je t’aime », je le ju-re, ça sera à mon mari. Pour eux, dire « Jet’aime », c’est normal. Et le jour où tu aimesvraiment la personne, tu ne vas pas la lâcher.Dominique : À 14-15 ans, on peut dire « Je t’ai-me » pour la vie ?Céline : Nous les filles, on arrive à dire la véritéaux garçons. Eux, nous mentent. S’ils disaient

la vérité, on serait moinsblessées. Dans l’histoire,c’est Alice qui va le plussouffrir. Dans l’adoles-cence, je crois qu’aucu-ne fille n’a jamais aiméun homme. Il fautavoir vécu davantagepour ça. Même unehistoire de deux outrois ans à l’ado-

lescence, pour moice n’est encore que kiffer.

Jessica : La fille teste au début pour voir, après,elle sort avec le mec, et ensuite il se rend comp-te qu’il kiffe ses meilleures amies. Ça m’est ar-rivé à moi. Je vous préviens les filles…Sarah : Je suis restée avec un garçon pendantdeux semaines, on s’est séparés puis on s’est re-mis ensemble. Il me disait « Je t’aime », mais moi jene lui disais pas. Et j’ai bien fait parce que, deuxjours plus tard, on s’est de nouveau quittés.Jessica : Je suis sortie avec un garçon qui medisait qu’il avait des sentiments pour moi. Unesemaine après il a cassé. La vraie raison, c’estqu’il kiffait sur ma meilleure pote.Céline : La meilleur pote, c’était moi. Etcomme je lui ai mis un pache2, il est allé voirune autre copine.Jessica : Il sait pas ce qu’il veut, il est pas ma-ture.Céline : Les garçons, ils parlent toujours desexe. Ils ont que ça à la bouche.Jessica : Ah ! ça, ils savent ce qu’ils ont entre lescuisses, ça leur monte à la tête d’ailleurs…Sarah : J’ai discuté avec des mecs hier. Je leurai demandé ce qui les attirait chez une fille. Ilsm’ont répondu qu’ils sortaient avec une fillepour son physique et que c’était seulementpour faire l’amour avec elle. Moi, le physique,ça me passe par-dessus la tête. J’me fous duphysique, même s’il plaît pas à mes parents ni àmes copines.

Céline : J’ai parlé avec une fille hier soir. Ellem’a dit : « Attention, tu laisses toujours ta chanceaux autres, mais si tu kiffes un mec et qu’il leur plaît,elles se gêneront pas. »Dominique : Vous avez le pouvoir de dire oui àce que vous voulez vraiment vivre !Sarah : Baiser, faire le ménage, faire des en-fants, s’en occuper. L’homme, il va au boulot etil rentre chez lui. Là, il demande qu’on lui en-lève ses chaussures… Ma petite sœur le fait àmon père… Maintenant, il sait que j’ai grandi,c’est pour ça qu’il me le demande plus à moi.Jessica : Moi je crois que je vais devenir bonnesœur !Sarah : Le premier mec, même moche, qui faitpartie des 2 %, je l’épouse !Dominique : Est-ce qu’il y a des hommes ro-

mantiques ?Céline : Ici ? Non.Sarah : Je pense à un qui m’a dit : « Je t’ai-me, mais il y a plein de meufs qui sont venuesme dire qu’elles me kiffaient. » Heureuse-ment que j’ai cassé la première parceque deux jours après il allait voirailleurs.Dominique : Vous êtes méfiantes, mais

les hommes sont immatures.Céline : Ils sont en chasse.Dominique : L’important est que vous obser-viez tout cela pour ne pas vous faire roulerdans la farine par le premier venu.Sarah : Le jour où je me ferai dévierger, ce seraavec mon mari, et après le mariage.Céline : Avant de faire l’amour, je vais attendrelongtemps, très longtemps.

Propos recueillis par Sophie Bizouard

1. Adresse : 1 rue Gabriel-Prévost, 60210 Cempuis. Directeur : Hervé Chavanne.2. Un « rateau ».

« Au maximum, il n’y a que2 % des garçons quicherchent le grand

amour. »

« Dans l’adolescence,

je crois qu’aucune fille

n’a jamais aimé un homme.

Il faut avoir vécu

davantage pour ça. »

LES SÉANCES D’EVA

Marcel-Callo compte parmi les collèges de la Fonda-

tion des Orphelins-Apprentis d’Auteuil. Il accueille,

éduque, insère et forme des jeunes qui connaissent ou

ont connu des difficultés d’ordre familial, scolaire et

social. Ces séances d’éducation à la vie et à l’amour

(EVA) y ont lieu depuis une dizaine d’années. Obliga-

toires, elles sont organisées en classe de quatrième,

période où les jeunes commencent à vivre leurs pre-

mières amours, et dispensées en petits groupes – où

filles et garçons sont séparés, pour faciliter la parole –

par une femme et par un homme, tous deux anima-

teurs de pastorale formés sur ce thème. Les propos te-

nus par le groupe de garçons n’ont pas été reproduits :

pour la plupart provocateurs, violents et pornogra-

phiques, ils ne pouvaient pas s’inscrire dans un débat

cohérent et suivi.Les Orphelins-Apprentis d’Auteuil sur internet :

www.fondation-auteuil.org

d amour

N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 43

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44 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

faire l’école en europe

PÈRE GILBERT CAFFIN

L’archipel britannique a reçu lesapports successifs des autres zonesculturelles de l’Europe à travers lesmultiples invasions de son histoire.Elles l’ont diversement imprégné,

ce qui explique les nuances entre l’Angleter-re proprement dite, l’Écosse, le pays de Galles

ou l’Irlande. Aux Celtes romanisés qui, curieu-sement, rejetteront cette influence occupan-te, cas assez unique de l’ancien Empire romain,viendront s’ajouter les peuples germaniques,Saxons, Jutes, Angles, les Vikings et Frisonsvenus du nord de la presqu’île du Jütland ou

plus tard du sud, les Normands de Guillau-me le bâtard (1066). Cela produisit un mélan-ge culturel fort subtil de hiérarchies, decatégories sociales, non exempt de contra-dictions. Par exemple, la liberté individuelleest ici revendiquée plus que partout ailleursmais chacun doit respecter les coutumes desa classe sociale.

Mot clefLe droit coutumier, voilà un mot clef, estbien loin de la zone latine du droit écrit, cequi n’est pas rien pour en comprendre lesdifférences. Un événement du monde mo-derne illustre bien cet état d’esprit : lors del’arrivée de l’automobile, nous trouveronstrès vite dans les pays latins un code deconduite qu’il faudra apprendre par cœur –ah ! cet examen, angoisse des élèves d’auto-école. Le Royaume-Uni, lui, se contenteralongtemps du gentlemen agreement, en toutecourtoisie, aux carrefours… À quoi bon s’en-combrer d’une carte d’identité dans le

royaume ? « N’y sommes-nous pas identi-fiables ?Pour passer sur le continent, il faut bien semunir d’un passeport personnel pour cet autremonde où l’on veut que toute codification soitécrite », se sont dit les Britanniques.Une journée d’étude s’est déroulée au Conseilde l’Europe, en avril 2001, sur les systèmes juri-diques « Common Law » et « droit écrit ». Dansl’argumentaire il est noté : « En Grande-Bretagne,la souveraineté appartient à la Reine [le systèmeféodal existe toujours en Angleterre, parce quela terre appartient symboliquement à la Reineet que chaque Anglais est sujet de sa GracieuseMajesté] ; la justice est “la justice de la Reine”… Nosdifférences sont profondément enracinées dans les tra-ditions non seulement d’ordre juridique mais aussid’ordre philosophique et culturel. La principale lignede clivage se situe entre le système “Common Law” etle système de droit écrit ou “code civil”. »

Pays des libertés conquisesLa Grande Charte de 1215, déjà, endiguaitle pouvoir absolu du monarque. N’oublions

Géographiquement, la zone britannique est un espace limité, mais ses orientations éducatives ont rayonné sur le monde par les nombreuses migrations et colonies

de peuplement (des États-Unis et du Canada à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande). L’éducation globale de la personnalité y reste l’ambition première.

Toujours présent quand l’écolefonctionne, l’enseignant

se doit d’accompagner le jeunedans toutes ses activités.

La zone britannique : l’école de la libertéde choix

ROYAUME-UNI

IRLANDE

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 45

pas que l’on trancha la tête d’un roi d’Angle-terre1 bien avant la Révolution française !On y voit la genèse de la démocratie moder-ne qui prit corps véritablement avec les émi-grés du Nouveau Monde, dans une guerred’indépendance aux allures de crise œdi-pienne avec ses pères. Et pourtant, leRoyaume-Uni reste le témoin le plus scru-puleux de la monarchie de l’ancien temps etde son aristocratie, et aussi la source de ladémocratie et du libéralisme économique.Le monde anglo-saxon conjuguera sur tousles tons le mot liberté qui restera l’emblèmedu Nouveau Monde.Un tutor d’un collège d’Oxford répondait enfronçant le sourcil à la question « bête »,« Comment devient-on tutor ? », « Mais par lanaissance, bien sûr ». Il faut bien dire que nosamis d’outre-Manche manient, avec distinc-tion, l’ambiguïté suffisante pour laisser lemystère entourer l’identité britannique. Ilfaut autant de siècles pour faire un Anglaisque son gazon.Tout cela ferait partie de la légende ou despréjugés habilement entretenus, sauf quecette approche est bien utile pour com-prendre comment s’est développé un systè-me scolaire si particulier et si envié de par lemonde.

Comment font-ils l’école ?Je fus frappé par cette réponse inattendued’un headmaster à ma question « Mais au fondà quoi sert l’école ? », « À apprendre à choisir. Lavie est une continuelle obligation de choisir, et il nefaut pas se tromper. »Pour éduquer le jeune au bon usage de sa liberté, il faudra lui apprendre à bien choisir.Le buissonnement des options dans les pro-grammes est tout à fait traditionnel, opposéau système du tronc commun des savoirs in-dispensables à tout jeune futur citoyen denos républiques latines. Souvenons-nous destrois matières que les jeunes de terminalepréparaient pour le eleven, examen de find’études secondaires (qui n’empêched’ailleurs pas les universités d’inscrire leursétudiants selon d’autres critères) : il fallaitbien les choisir selon la carrière que l’on en-visageait. Ce qui se produisit au Royaume-Uni après-guerre, dans le domaine des réformes sco-laires, est tout à fait significatif. Dans cettesingulière tradition élitiste de la culture,illustrée par les fameuses Public Schools édu-quant l’élite de la nation – à peine 10 % de lapopulation scolarisable –, la nécessité de

conduire tous les jeunes à l’école, du fait dela démocratisation des sociétés occidentaleset des besoins de formation d’une main-d’œuvre de plus en plus nombreuse, a pro-voqué les Anglais à envisager un style d’éco-le de masse pour les villes industrielles. Ce qui a donné naissance, à côté des tradi-tionnelles Public Schools, à ce modèle popu-laire des Comprehensive Schools qui influençabien des pays d’Europe et au-delà. En 1976, le Callaghan Act entérine la mise enplace de ces nouveaux établissements conçusdès 1964 pour répondre aux nouveaux be-soins du pays. Quatre-vingt-dix pour centdes jeunes sont concernés mais l’autre filière,de haut niveau, est préservée par l’acted’éducation Grammar School de 1944.Il s’agissait d’offrir le plus de possibilitésd’expérimenter les capacités d’apprendre etde savoir-faire afin d’orienter les jeunes versles différents métiers. Là encore, il faut sa-voir choisir, et donc apprendre à choisir. Lafilière noble préparant seulement aux uni-versités.Ce modèle hiérarchisé convenait à cette socié-té singulière, ce que les pays européens neperçurent pas en copiant l’intéressante for-mule mise au point pour le peuple mais nongénéralisée, alors qu’elle devint un modèlepour tous en de nombreux pays, ce qui entraî-na bien des malentendus pédagogiques. Dans cette mentalité et cette conception del’éducation, la liberté d’innovation est premiè-re et donne toute autonomie à chaque établis-sement de concevoir son programme et sesrythmes scolaires. Il fallait suivre les tempêtesque souleva la volonté de Margaret Thatcher,en 1988, d’imposer un minimum de tronccommun à tous les établissements ; ce qui futconsidéré comme un abus du pouvoir central.La richesse et les limites de ce modèle anglo-saxon viennent de cette possibilité et capaci-té des innovations et des fondations produi-sant une grande diversité des établissementsscolaires. Le chef d’établissement est lemaître d’œuvre, et l’enseignant son employépour la bonne marche de l’entreprise éduca-tive. Le pouvoir central ne doit en rien gê-ner, mais au contraire favoriser l’initiativepédagogique et les expériences éducatives –souvenons-nous de Summerhill2 . L’éduca-tion globale de la personnalité reste l’ambi-tion première ; l’importance du sport et laformation morale, voire religieuse, en fontpartie intégrante.L’enseignant n’est pas le représentant de l’État. Il est au service de l’éducation desjeunes confiés à l’établissement scolaire où il

fut embauché. Il est en quelque sorte l’em-ployé de l’entreprise éducative. Pour édu-quer le jeune à cette liberté dans la succes-sion de ses choix, il devient le conseiller dansun rôle de guidance, le career teacher ; il passe-ra avec les étudiants dont il est responsableune alliance qui peut devenir une amitiépour toute la vie.L’enseignant se doit aussi d’accompagnerl’élève dans la globalité de ses activités. Tou-jours présent quand l’école fonctionne, il estchargé de cours, il reçoit les parents, il guideles jeunes à la library (bibliothèque), véritabletemple du collège, mais il anime aussi uneéquipe sportive, un club, un orchestre ouune autre activité parascolaire. Son statut n’est ni celui d’un fonctionnairede l’État (zone latine), ni d’un auxiliaire desparents dans la responsabilité éducative (zo-ne germanique), ni d’un agent de socialisa-tion (zone scandinave), mais d’un salariéd’un établissement scolaire dont la présencen’est assurée que par sa compétence et sondévouement à l’institution. Il faut avoir l’es-prit maison.Il est donc assez difficile de donner un modè-le d’école type dans le monde anglo-saxon :aux États-Unis, nous trouvons le meilleur etle pire. Préserver la liberté de chacun, desparents, des jeunes, des pouvoirs organisa-teurs et des enseignants, se révèle un exerci-ce très complexe, toujours équilibré parl’usage et la coutume qui maintiennent lacréativité dans les limites du raisonnable.Il nous est permis de penser que cela estpossible dans certaines traditions cultu-relles bien précises, mais que les greffes ne peuvent pas prendre sur d’autres men-talités. ■

1. Charles 1er, le 30 janvier 1649.2. Libres enfants de Summerhill, le récit de l’aventure de cet-te école autogérée et antiautoritaire par son fondateur,Alexander Sutherland Neill, publié en France pour la pre-mière fois en 1968, a été réédité par La Découverte en2004.

◗Ce système scolaire se caractérise par les pointssuivants :

●Les traditions culturelles de la zone : les îles bri-tanniques et le monde anglo-saxon.●Les accents prioritaires : la liberté, le choix. ●Les conséquences systémiques : les options, laguidance. ●Les qualités à développer : la responsabilité, l’ini-tiative. ●Les perspectives envisagées : l’entreprise libéra-le, le libre-échange.

en résumé

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46 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

réflexion

VÉRONIQUE GLINEUR

Elève qui sèche lamentablement autableau, copies distribuées selonun ordre décroissant avec desremarques désobligeantes pourles derniers, recours à un surnom

ou un sobriquet moqueur, professeur qui

réalise un bêtisier des erreurs lu à toute laclasse, en précisant l’identité des élèves, etc.Ces pratiques recueillies4 par Pierre Mer-le relèvent du rabaissement individuel del’élève : « L’élève assure, malgré lui, au mieuxle rôle d’amuseur public, au pire, celui de souffre-douleur ou de tête de turc. »À cela s’ajoutent les humiliations collec-tives. À l’école primaire, rapporte l’auteur,il arrive que des instituteurs divisent l’es-pace de la classe en fonction des résultatsdes élèves. Ainsi cet instituteur qui instal-lait les bons élèves près de la fenêtre (le« paradis »), les moyens au milieu (le « pur-gatoire ») et les faibles près du mur (l’« en-fer »). Les changements de groupe s’effec-tuaient au gré des performances, le maîtreinsistant, quand celles-ci étaient moindres,sur le caractère dévalorisant de ce dépla-cement5. Pratique qui, souligne le socio-logue, n’est pas « sans évoquer une cérémoniede dégradation […] ».

Doués, brillants et médiocresAutre manifestation de ces humiliationscollectives : les comparaisons que les ensei-gnants établissent entre les classes. Ou en-core la constitution de classes de niveau,qui, dans certains établissements, s’accom-pagnent d’une forme d’apartheid sco-laire : « Des salles de cours et une partie des bâ-timents sont généralement réservées [auxclasses de niveau faible dont] les élèves ontpeu de contact avec les autres élèves de l’établis-sement. » Quant aux effets de telles pra-tiques, tant individuelles que collectives,ils sont connus : moindre estime de soialors même que celle-ci constitue un élé-ment essentiel de la motivation, moindresperformances scolaires, voire, pour cer-tains élèves, décrochage.« Bon à rien », « Crétin », « Vache imbécile »,

« Avorton »… Des humiliations relatives auregistre scolaire à celles qui relèvent du re-gistre personnel, il n’y a parfois qu’un pas.Pour Pierre Merle, l’injure à la personnetient pour beaucoup à l’« idéologie dudon » : une représentation qui oppose lesélèves « doués » et « brillants » aux élèves« médiocres ». « À partir du moment où le pro-fesseur est convaincu qu’il existe des élèvesdoués et des élèves qui ne le sont pas, il est assez

logique de traiter un élève de “crétin” ou de“vache imbécile”, dans la mesure où l’on consi-dère que c’est intrinsèquement qu’il n’est pasbon. Quand on pense au contraire que tous lesélèves peuvent apprendre, on ne peut pas avoirrecours à l’humiliation de la personne. On se ditplutôt que si cet élève est faible, c’est parce qu’iln’a pas appris, qu’il faut établir une relation pé-dagogique satisfaisante pour que l’élève ait en-vie d’apprendre. Une nouvelle conception del’élève est essentielle à la disparition des pra-tiques d’humiliation6. » D’ailleurs, soulignePierre Merle, ce sont les élèves les plusfaibles qui sont le plus souvent pris à par-tie et humiliés.Si les humiliations subies par les élèvessont la conséquence de la prégnance del’idéologie scolaire du classement et de lapartition naturelle entre les « forts » et les« faibles » qui en résulte, elles constituentaussi une forme particulière de sanction.Devant la perte d’efficacité de la régle-

Une étude nationale, réalisée conjointement par l’Insee et par l’Ined1, en 1992, auprès des collégiens et des lycéens, a montré qu’un élève sur deux se sentait « parfois » ou « souvent » humilié et rabaissé par des enseignants. Mais si l’humiliation relève pour beaucoup d’élèves de « l’expérience scolaire

ordinaire », elle était jusqu’alors peu explorée par la recherche. C’est précisément à ce sujet que Pierre Merle2 consacre son dernier livre, L’élève humilié3.

L’humiliation sur tous les tons

Ces humiliations génèrent des sentiments

de nullité, de découragement, de démotivation.

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avec une méconnaissance – et même uneignorance à l’école primaire – de leursdroits. Quant aux règlements intérieursdes établissements, beaucoup se déclinentsurtout en termes d’obligations. Celles-cisont définies « de façon concrète et précise »,alors que les droits ne sont souvent « men-tionnés que sous la forme de principes générauxet présentés de façon marginale ». ■

1. Respectivement : Institut national de la statistique et desétudes économiques et Institut national d’études démo-graphiques.2. Pierre Merle est sociologue. Il enseigne à l’Institut

mentation scolaire, mais aussi parce qu’ilssont eux-mêmes exposés à l’humiliationdes élèves et pris dans des interactionsagressives, les enseignants voient dans lespratiques humiliantes une forme de sanc-tion particulière qui leur permet de fairerégner l’ordre scolaire requis par tout ap-prentissage. « L’humiliation par rabaissementscolaire ou par injure ad hominem, doit êtreclairement considérée comme une sanction àl’égard de élèves, explique l’auteur. Elle écar-te symboliquement du groupe l’élève sanctionné,le désigne comme différent, le stigmatise. Or, lasanction singulière qui définit la frontière entreceux qui sont “dedans” et ceux qui sont “de-hors”, l’inclusion ou l’exclusion, est parmi lesplus lourdes : elle a pour enjeu de mettre en cau-se le statut d’élève ou de personne à part entière.La spécificité de cette sanction tient au faitqu’elle n’est pas réglementaire : elle s’émancipede la domination rationnelle-légale7 qui fait quele détenteur légal du pouvoir obéit, même lors-qu’il sanctionne, à des règles présentes dans lerèglement intérieur de l’établissement et a prio-ri conformes aux textes juridiquement supé-rieurs. »

Effets contrairesReste, souligne Pierre Merle, que ces pra-tiques d’humiliation qui, pour certains en-seignants visent à maintenir ou à rétablirun ordre scolaire propice à l ’appren-tissage, produisent parfois des effetscontraires. Ainsi, parce qu’elles génèrentdes sentiments de nullité, de décourage-ment, de démotivation, elles s’opposent enfait à l’établissement d’un ordre scolairefavorable à la mobilisation des élèves etpropice à leurs apprentissages. Parailleurs, explique le sociologue, les pra-tiques d’humiliation sont « potentiellementcontre-productives […], elles peuvent se retour-ner contre leur auteur, susciter les plaintes deparents, la “haine”, voire la violence physiquedes élèves. »Ces humiliations des élèves vont de pair

universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Bre-tagne.3. Presses universitaires de France, coll. « Éducation etformation », 2005, 352 p., 19 €.4. Pierre Merle a enquêté auprès des étudiants de l’IUFMde Bretagne. Étudiants auxquels il était demandé de« donner un exemple tiré de [leur] scolarité d’un droit respectéou non respecté ».5. Une telle pratique, précise l’auteur, a été observée aumilieu des années 80.6. Pierre Merle, interrogé sur Arte (source : www.arte-tv.fr).7. Pour Max Weber, la domination rationnelle-légale, quiest propre aux sociétés modernes, repose « sur la croyanceen la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner desdirectives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer cettedomination par ces moyens ».

DES ÉLÈVES RACONTENT➤Aujourd’hui en classe de terminale scien-

tifique, Arnault* se souvient : « J’étais auCM1 et, lors d’un contrôle, j’avais été surpris àregarder sur le cahier de mon voisin. Ensuite,chaque fois qu’il y avait un devoir, le maître mefaisait quitter ma place et je devais travailler parterre. Quand mes notes étaient mauvaises – cequi arrivait assez souvent en mathématiques –,j’étais privé de récréation. Je restais seul dans laclasse à faire des exercices supplémentaires.Aujourd’hui encore je me souviens de ce har-cèlement. »Céline, elle, n’a pas oublié le professeur d’an-glais de la classe de seconde : « Elle nous ren-dait nos copies par ordre décroissant – de lameilleure note à la plus faible – avec commen-taires à l’appui. Ceux-ci étaient malveillantsquand la note était mauvaise. Quant aux élèvesqui avaient un zéro – des élèves nuls disait-elle –, elle jetait tout simplement leurs copies àla poubelle. Quand nous savions qu’elle devaitnous rendre un devoir ou un contrôle, ceuxd’entre nous qui avaient des difficultés en an-glais entraient en classe “à reculons”. »C’est de son professeur de physique de 4e queparle Sophie, aujourd’hui élève de 3e : « En dé-but d’année, il m’avait envoyée au tableau pourcorriger un exercice. Comme je n’y arrivais pas,avant de me renvoyer à ma place, il m’a fait ef-facer le tableau, me disant que c’était une des

rares choses à ma portée. Tout le reste de l’an-née, j’ai appréhendé d’aller à ses cours. Heu-reusement je ne l’ai pas retrouvé cette année. »« Quand j’étais en 6e, raconte Thibault, au-jourd’hui en 1re STG (sciences et technologiesde la gestion), j’avais un professeur de françaisqui, pendant les vacances – Noël, février, Pâques– faisait la moyenne des notes que nous avionsobtenues. À la rentrée des vacances, il nous pla-çait en fonction de cette moyenne : les meilleursétaient devant, venaient ensuite les élèves moyenset, dans les dernières rangées, ceux qui étaienten difficulté. J’avais beau être bon élève, j’étaisgêné pour les autres, pour ceux qui se trouvaientainsi rabaissés devant toute la classe. »Paul prépare un baccalauréat professionnel« maintenance de véhicules automobiles in-dustriels ». Il se souvient – et ce souvenir estdouloureux – de son professeur principal de 3e.« En fin de 4e, je devais redoubler. Mes parentsont fait appel et je suis passé en 3e. Tout le pre-mier trimestre, j’ai entendu que je n’avais pasle niveau, que je n’étais pas à ma place en 3e,que j’aurais dû en fait redoubler. Je vivais malcette situation. Mes parents ont rencontré le pro-fesseur et l’année s’est terminée avec moins deremarques. Aujourd’hui encore, je ressens dif-ficilement cette façon qu’il avait de “‘me mon-trer du doigt” à tous mes camarades. »

Propos recueillis par Véronique Glineur

* Tous les prénoms ont été modifiés.

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48 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

réflexion

VÉRONIQUE GLINEUR

9décembre 1905-9 décembre 2005 :dans deux mois, la loi de séparationdes Églises et de l’État aura cent ans.Comment en parler de « manière ori-ginale, dans la forme comme dans le conte-

nu ? » écrit Jean Baubérot1 dans sa préface àAvec ou sans Dieu2. Le livre est né de cette inter-rogation. Restait à trouver cette forme et cecontenu originaux. « Le grand livre de la moralelaïque a été Le tour de la France par deux enfants,

deux écoliers. Cet ouvrage a suscité de nombreux épi-gones, moins bien réussis car ils se sont contentés d’ac-tualiser le concept. En fait, il serait possible de lereprendre, de façon totalement différente. Non plusdes écoliers, mais des étudiants, non plus un tour dela France, mais un tour de l’Europe. Non plus l’édu-cation à la morale laïque mais la confrontation des

religions et de la laïcité », explique l’historien. Tou-tefois, nouvelles technologies de l’informationet de la communication obligent, les étudiantsne se déplaceront pas physiquement en Euro-pe. C’est par e-mail qu’ils échangeront, cher-chant, via l’approche du fait religieux, à mieuxcomprendre les pays dans lesquels ils vivent,étudient ou voyagent.« Quelle est la véritable nature des liens entre les in-dividus, les religions et l’État dans les pays del’Union européenne ? Comment les croyances agis-sent-elles sur les sociétés, orientent leur évolution, co-habitent avec les démocraties ? Quelle est l’influencedes cultes sur la vie culturelle, l’économie, la poli-tique ? Comment, aujourd’hui en Europe, met-on en

pratique la laïcité ? etc. ». C’est à ces questionsque vingt jeunes Européens imaginaires (maisle talent de l’écrivain et sa connaissance de la si-tuation du fait religieux dans les pays del’Union les rend si réels qu’on croirait lire undocumentaire) ont cherché à répondre. Ilssont catholiques – parfois non pratiquants –protestants, bouddhistes, anglicans, ortho-doxes, mais aussi libres-penseurs, athées,agnostiques. De ce tour d’Europe des jeunes etdes religions, émerge une certaine vision desrapports entre religion et laïcité, qui, souligneJean Baubérot, est « en affinité avec la laïcité eu-ropéenne telle que la définit Jean-Paul Willaime3»,et qui articule trois principes : la double neu-tralité, la liberté de conviction et la non-discri-mination4. ■

1. Jean Baubérot est président d’honneur de l’École pratiquedes hautes études et titulaire de la chaire « Histoire et socio-logie de la laïcité ».2. Pierre-Jean Brassac, Avec ou sans Dieu - vingt étudiants enEurope : religions et laïcité, Autrement, 2005, 450 p., 19 €.3. Directeur du Groupe de sociologie des religions et de la laï-cité à l’École pratique des hautes études.4. La double neutralité implique aussi bien « la neutralitéconfessionnelle de l’État et de la puissance publique que le res-pect par l’État, dans les limites de l’ordre public et des lois, del’autonomie des religions ». La liberté de conviction implique« la liberté religieuse, la liberté de non-religion et la reconnais-sance de l’autonomie de la conscience individuelle ». Le princi-pe de non-discrimination consiste en « l’égalité de traitementdes personnes quelles que soient leurs convictions, la dissociationde leurs droits, en particulier de citoyens, et de leur appartenan-ce ou de leur non-appartenance à une religion ou à une philoso-phie ».

@vec ou sans Dieu

MIEUX SE CONNAÎTREET MIEUX S’AIMER

➤« […] Il faudrait que nous soyons une quin-zaine de correspondants à travers l’Euro-

pe. Des jeunes ayant vécu la religion dans leurpays, peu importe s’ils sont croyants et pratiquantsou non, pourvu qu’ils soient capables de fournirle résultat d’observations personnelles et de prendrepart au débat. Nous pourrions accumuler unemasse de connaissances très utiles pour appro-fondir l’idée d’une Europe des cultures, et ainsi

conforter et humaniser l’Europe de l’économieet du libre-échange. […] »« […] Ce que nous voulons savoir : en quoi etcomment la religion agit sur les sociétés. Notregrande ambition : déceler dans le cadre de vieet l’environnement culturel de nos amis euro-péens les marques laissées par le religieux aucours des siècles. Ces dernières sont tellementconstitutives du paysage culturel que l’on ne lesdistingue plus. Ce que nous voulons : les faireremonter au premier niveau de conscience […]. »« […] nous voulons former un club de gens dé-sireux de parvenir à une meilleure consciencedu fait religieux dans les cultures nationales

d’Europe. Notre ambition n’est pas savante maishumaniste. Depuis notre coin d’Europe, nouspouvons ajouter une microparticule de frater-nité à la société humaine. […] Voilà bien notrebut : mieux connaître nos frères et sœurs d’Eu-rope. Mieux les comprendre, peut-être. Qui sait,mieux les aimer. Bien sûr, nous allons beaucoupparler de religion, mais nous voulons découvriraussi leur vie quotidienne : ceux qu’ils aiment,comment ils travaillent, ce qu’ils font de leursloisirs, les lieux qu’ils visitent, les livres qu’ils lisent, bref, comment ils donnent du sens à leurvie. […]. » ■

(Extraits de Avec ou sans Dieu)

Dans un roman-documentaire d’un nouveau genre – tout s’écrit par e-mail –, Pierre-Jean Brassac fait dialoguer vingt jeunes Européens sur la question du fait religieux.

De ce tour d’Europe des jeuneset des religions, émerge unecertaine vision des rapports

entre religion et laïcité.

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 49

réflexion

Parler de la mort à l’écoleL’école, comme la société dans son ensemble, a tendance à passer la mort sous silence. Le mot même s’efface :« partir », « quitter », « disparaître » remplacent le verbe « mourir ». Pourtant, oser en parler, c’est trouver lesmots pour vivre. C’est le thème d’un livre-guide pour les enseignants. Questions à l’un des auteurs…

seignant ne doit pas remplacer celui de l’ap-prenant, et il faut aussi distinguer entre la vieprivée d’un individu et ses fonctions. Que cesoit en mathématiques, à propos d’un courssur l’infini, en histoire, en anglais, en lettres,bien sûr, ou en philosophie, encore plus, sansparler des cours du primaire, on peut toujourssaisir les occasions de démarrer des réflexions,de dégager des pistes : le livre donne de nom-breux exemples4. Mais c’est aux élèves de fairel’effort de se confronter à la difficulté de pen-ser la mort. À eux d’apprivoiser l’idée de perte, de manque,indispensable à in-tégrer pour être ca-pable d’aimer… etd’apprendre. Eneffet, l’angoisse, qui inhibe le cer-veau, naît de l’ab-sence de réponses à des questions fon-damentales… com-me la mort. Pourun enfant, essayerde comprendre cequ’est la mort c’estaussi le signe qu’ilpeut grandir ! ■

1. Hugues Lethierry (dir.), Parler de la mort et de la vie -un tabou dans l’éducation ?, Nathan, 2004, coll. « Les re-pères pédagogiques », 223 p., 22,50 €. Laurent Combresest également l’auteur d’un recueil de nouvelles : Le bal-let des ombres, L’Autre Rive/Parpaillon, 2005, 104 p.,15 €. 2. Le 21 septembre 2001, à Toulouse. L’explosion abouleversé un secteur urbain de trois kilomètres au-tour du pôle chimique de l’usine et fait plus de troiscents morts. 3. Cf. Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, PUF (épui-sé) ; réédité, toujours chez PUF, sous le titre Malaise dansla culture. Disponible en un volume ou dans le tome XVIIIdes Œuvres complètes de Freud. 4. Cf. le chapitre V de ce livre à plusieurs voix et entrées,qui comporte des expériences de terrain en cycles 1, 2 et3, des éclairages philosophique, psychanalytique, biolo-gique et juridique, des outils et des pratiques pédagogiques(dessins d’enfants, Photolangage, contes, littérature jeu-nesse...).

PROPOS RECUEILLIS PARMARIE-CHRISTINE JEANNIOT

Laurent Combres, psychologue et psychana-lyste, vous avez collaboré à la rédaction deParler de la mort... et de la vie1, et vous

avez travaillé avecdes enseignants decollège dans la zo-ne sinistrée parl’explosion de l’usi-ne AZF2…L. C. : Commenous l’écrivonsdans l’introduc-tion de ce livredestiné à la for-

mation des enseignants, notre société etses institutions se montrent frileusesquand il s’agit d’évoquer la mort réelle, es-quivant les interrogations des enfants àson sujet. C’est pour les aider à lesprendre en compte que nous avons élabo-ré cet ouvrage. Par ailleurs, en 2001, dansle cadre de la cellule psychologique de cri-se de l’hôpital Purpan, à Toulouse, qui

répondait à la demande de directeursd’établissement, j’ai été très impressionnépar la qualité du travail réalisé avec des en-seignants de collège. Ils se demandaientcomment accueillir leurs élèves après cesmorts et ces destructions. Certains avaientquelques réticences à parler. Mais la majo-rité était passionnée par ce défi : dépasserle drame pour y réfléchir ; chercher à don-ner du sens à ce qui venait de se passer.Alors que les médias s’interrogeaient –pouvait-on prévoir, donc prévenir, l’ex-plosion ? –, eux se demandaient avecnous : comment tenir compte de ces acci-dents qui peuvent toujours se produiredans la vie d’une personne ?

De quelle façon réagissent des enseignants,des éducateurs, quand vous leur expliquezqu’on peut parler de la mort, même si ellen’est pas « au programme », ailleurs qu’encours de biologie ?L. C. : Je m’appuie sur les écrits de Freud quiconsidère que, pour s’adapter à la vie, tirerson épingle du jeu, l’individu doit se confron-ter à trois rencontres fondamentales : le père,une femme, et la mort3. Chacun, dans sa viesubjective, doit se construire une représenta-tion de ce que c’est que de mourir. C’est la ba-se même de la structuration de la personnali-té. La manière dont on appréhende la vie, lamort, le sexe, conditionne nos rapports auxautres.

Mais un enseignant n’est pas un psycho-logue. Pourquoi parler de la mort, sujet inti-me, à l’école ? L. C. : Parce qu’on passe beaucoup de temps àl’école et parce qu’elle véhicule un savoir sur lamort à travers des textes. Par ailleurs, on y vitavec ses pairs. Aborder ce sujet en classe faitpartie du rôle éducatif d’une société. D’autantplus que ces questions ne sont pas forcémentévoquées par les parents. Combien lisent descontes à leurs enfants ? Bien entendu, c’est àchacun de se forger ses propres réponses àtous les aspects de cette question complexe,y compris religieux. Mais il faut au moins abor-der le sujet, en dégager les différentes signifi-cations, pour que chacun soit en mesure dechoisir les siennes. D’où les pistes de travailproposées dans ce livre, qui passent toutes parune libre expression et réflexion des élèves. Cequi importe, en effet, c’est de faire formulerdes réponses. Nul ne devrait répondre à laplace d’un autre. Est-il possible de s’arrangerpour que de telles conditions éducatives exis-tent ?

Est-il nécessaire que les enseignants soientau clair avec eux-mêmes sur cette question ? L. C. : Il m’arrive, dans mes cours de psycholo-gie à l’université, de dire aux étudiants quej’ignore certaines réponses. Le travail de l’en-

« Ce qui importe, c’est de faireformuler des réponses. »

D.R

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50 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

enquête

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

Elisabeth M., 50 ans, professeur agré-gée de biochimie dans un lycée public,passionnée d’enseignement, est régu-lièrement contactée pour « fabriquer»des sujets d’examen : « Je l’étais une

fois sur deux pour le bac, je le suis trois fois sur quatrepour le BTS1 maintenant que j’enseigne à ce niveau.Dans quelques jours, on va nous demander de rendreun sujet pour le mois de juin… qui sera proposé deuxans plus tard. » « On », c’est l’inspecteur pédagogique régional,et « nous », les deux collègues de microbiologieet de biologie cellulaire et moléculaire, aveclesquels elle va devoir concocter une épreuvede cours et un sujet pour l’épreuve écrite oupratique de laboratoire. Du pain sur laplanche ! D’autant plus que le texte final doitêtre assorti de la description du matériel né-cessaire, des schémas de préparation, de l’étu-

de des coûts. Au total, « des centaines d’heures detravail », comprises dans les obligations de ser-vice (seules les corrections de copies font l’ob-jet d’une rémunération supplémentaire, assezsymbolique). « Nous sommes entièrement libresdans le choix des sujets, précise Élisabeth. Il nousarrive parfois de demander des directives sur le bien-fondé d’un thème : vaudrait-il mieux traiter du lait ?de la pollution ? » En tout cas, quelle que soit la matière, commele précise une note de service datée de 1996 etpubliée au BO, la commission d’élaboration« veille à écarter les sujets dont le contenu ou la for-mulation pourrait être considéré comme tendancieux,polémique ou provocateur ».« Nous travaillons avec une grande rigueur », ex-plique Philippe Watrelot, professeur desciences économiques et sociales dans un lycéede l’Essonne, secrétaire général du Centre derecherche et d’action pédagogiques2 , plu-sieurs fois membre de commissions de sujets :« Des sujets toujours d’un grand classicisme… On se

pose souvent la question de savoir si le sujet peut cho-quer les élèves : par exemple, je me souviens d’un sujetà connotation sociologique – un texte sur la famille –refusé par l’inspecteur pour sa formulation ambiguë,laissant affleurer un jugement négatif sur les nou-velles formes de familles. »

Grains de sable« Les sujets doivent être politiquement corrects, etconcerner nos élèves », explique Pascale Brethe-noux, professeur de lettres et d’histoire en lycée professionnel, secrétaire générale duScenrac-CFTC3 qui, en juin dernier, a mani-festé son désaccord avec l’un des sujets4 propo-sés aux candidats. « Une collègue de français m’adit qu’on lui avait refusé un sujet traitant du sida, etune autre, géographe, un sujet traitant des catas-trophes naturelles, au motif qu’elles n’arriveraient ja-mais en France ! »Des grains de sable se glissent en effet réguliè-rement dans une machinerie lourde,coûteuse5 mais bien huilée. Peu, au regard del’énormité du travail. Mais dérapages ou er-reurs prennent vite la forme d’une polémiquenationale, tant l’épreuve du baccalauréat estchez nous initiatique et passionnelle.Derniers incidents en date : en juin 2005, deuxsujets font grincer des dents. Le premier, don-né au baccalauréat technologique pour lesépreuves anticipées de français, propose àl’étude des candidats, avec deux autres textes,une chanson de Pierre Perret datant de 1977 :Lily (dont on précise qu’elle a obtenu le prix dela Licra6). S’ils choisissent de s’adonner à« l’écriture d’invention » plutôt qu’au commentai-re ou à la dissertation, il leur est demandéd’écrire, comme l’aurait fait Lily « un an aprèsson installation », à sa famille restée en Somalie.« Elle dénonce l’intolérance et le racisme dont elle est

La préparation des sujets de baccalauréat commence dès la rentrée. Gros travail pour les enseignants qui prennent très au sérieux cet aspect de leur service : contribuer à l’évaluation des élèves.

À quoi serventles sujets du bac ?

LES ENSEIGNANTS DU PRIVÉ ASSOCIÉS ? ➤Non, aucun texte juridique ni décision de principe ne tient les enseignants du privé à l’écart.

Le fait qu’ils ne soient pratiquement jamais sollicités dans les commissions d’élaboration desujets relève d’une habitude : les inspecteurs pédagogiques régionaux sollicitent plus facilementles enseignants du public qu’ils connaissent mieux. Par ailleurs, la proportion d’agrégés ayant été,jusqu’à ces dernières années, plus forte dans le public que dans le privé, c’est à cette dernière caté-gorie que l’on s’adresse plus volontiers. Depuis 1992, en marge des accords Lang-Cloupet (qui alignaient la formation des maîtres du pri-vé sur ceux du public), un texte précise que les enseignants du privé sont partie prenante des ju-rys de baccalauréat. C’est devenu une pratique courante, appréciée, car, note un inspecteur gé-néral « le taux d’absentéisme est, chez eux, particulièrement bas, et nous avons besoin de tous lesbras ».Les mentalités vont continuer d’évoluer avec le temps. D’autant plus que, selon les statistiques duministère de l’Éducation nationale, les enseignants du public seraient environ 10 % à mettre leursenfants dans le privé. MCJ

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la victime. » Protestations immédiates du Snalc-CSEN7 » : le syndicat fustige le fait que « des pos-tures ou des opinions soient imposées aux candidatspar le libellé du sujet ». « Ce qui nous a le plus cho-qués, précise sa vice-présidente, Annie Qui-niou, enseignante de lettres, c’est qu’on mette tousles textes sur le même plan (textes de Beaumar-chais, Hugo et Perret, dans l’épreuve de ques-tions d’analyse – ndrl). Plus on propose aux élèvesdes sujets proches de ce qu’ils vivent et plus ils ont dumal à argumenter de manière distanciée car ils sesentent trop impliqués. Tant qu’on ne reviendra pas àl’étude d’auteurs classiques, on sera menacés par cegenre de malentendus8.»

De l’avis d’André B., 55 ans, professeur agrégéde lettres, peu susceptible de conservatisme,tant pédagogique que politique, « ce genre de su-jet qui renvoie les enfants à l’opinion commune mesemble surtout très stupide. Il est trop sérieux pourqu’on le traite dans une chanson ! Comment imagi-ner qu’un jeune s’engage, dans son écrit un jourd’examen, sur un thème aussi grave, qui peut le tou-cher aussi personnellement ».

Encore plus brûlant« En économie, comme dans toutes les matières, ex-plique Philippe Watrelot, un bon sujet doit per-mettre d’évaluer trois choses : la maîtrise des connais-sances, la capacité à les trier pour argumenter, et aufinal la compétence à écrire de manière structurée etintelligible. Non pas les idées en elles-mêmes mais lacapacité à les faire valoir. Plus les sujets prêtent à vraidébat – les origines du chômage, par exemple –,meilleurs ils sont. Cette année est sorti un sujet sur leservice public dans le contexte européen : après le“non” au référendum, c’était fort ! » C’est un sujet encore plus brûlant – l’avorte-ment – qui a, lui aussi, entraîné des protesta-tions9 et provoqué le deuxième incident de lacuvée 2005 : « À l’aide du document 4 [ un articledu journal Le Monde rapportant des chiffresde l’Ined10 sur la stabilité de la fécondité trenteans après l’entrée en vigueur de la loi Veil] »,on demandait aux candidats de « a) dégager des arguments en faveur de l’autorisation légale de l’IVG en France, b) argumenter l’idée selon laquelle l’avortement n’est pas considéré comme un moyen de contraception ». « Antipédagogique ! »,remarque Bernard Ibal, vice-président duScenrac-CFTC, agrégé et docteur d’État, vice-président des Semaines sociales de France. Labonne question eût été : “Dégager des arguments en

faveur et en défaveur de l’autorisa-tion légale de l’avortement.” Onn’argumente pas dans un seulsens… » « Certes, la formulation était mal-adroite, admet Philippe Watre-lot, mais l’affaire ne méritait pastant d’infamie. Je fais débattre mesélèves du sujet en éducation civiquejuridique et sociale en leur deman-dant de dégager des argumentsdans les deux sens. Nous ne for-mons pas que des bacheliers maisdes citoyens. »« Dans les sujets – qui ne sont ja-mais tout à fait neutres –, ce sontsouvent les questions qui sont lesplus difficiles à rédiger pour les pro-fesseurs, constate Éric Dethou,40 ans, enseignant d’histoiredans un collège et lycée catho-lique de Nancy. On s’efforce detrouver les formulations les plus di-rectes, tant les élèves peinent parfoisà comprendre des mots simples. Là,il y a un vrai risque de dérapage…En ce qui concerne le texte [articledu Monde], il s’agit d’un documentd’ouverture pour montrer qu’unequestion biologique a des dimen-sions sociales : je me demande s’ilavait sa place dans une épreuve deSVT. »« Le vrai problème, relève BrunoPoucet, professeur d’univer-sité, enseignant d’histoire de l’éducation à l’IUFM11

d’Amiens, c’est celui de l’évalua-tion des élèves et de ce que le sujetpermet de faire en la matière.Qu’est-on aujourd’hui en mesured’évaluer chez des teminales ? Laquestion de l’éthique et des sujetsconformes, me semble à cet égard marginale et dan-gereuse, sauf à vouloir ranimer des chasses aux sor-cières… Nous sommes donc renvoyés à la questiondes objectifs et des contenus des programmes ! »Un sujet sur lequel les adultes – cette fois –n’ont pas fini de plancher ! ■

1. Brevet de technicien supérieur.2. Le Crap, indépendant de tout syndicat, favorable àla rénovation de l’enseignement, édite les Cahiers pé-dagogiques. Adresse : 10 rue de Chevreul, 75011 Paris.Tel. : 01 43 48 22 30.3. Syndicat de l’Éducation nationale, de la recherche etdes affaires culturelles – Confération française des tra-vailleurs chrétiens.4. Le sujet de sciences de la vie et de la Terre (SVT), épreu-ve optionnelle du bac L.5. Cf. Bernard Toulemonde (dir.), Le système éducatif en Fran-ce, La Documentation française, 19 € ; et Stéphane Beaud

(dir.), Le baccalauréat, passeport ou mirage ?, La Docu-mentation française, 9 €

6. Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme.7. Syndicat national des lycées et collèges - Confédérationsyndicale de l’Éducation nationale.8. Sur les polémiques suscitées par l’enseignement du fran-çais, lire Le Débat (mai-août 2005), « Comment enseignerle français ? », Gallimard, 14,50 €.9. Notamment du Scenrac-CFTC, du Snalc-CSEN et du CNGA-CFE-CGC (Confédération nationale des groupesautonomes de l’enseignement public-Confédération fran-çaise de l’encadrement-Confédération générale des cadres),et de l’association Droit de naître qui, pour sa part, de-mandait l’annulation de l’épreuve. 10. Institut national d’études démographiques.11. Institut universitaire de formation des maîtres.

Dérapages ou erreurs prennent vite la forme

d’une polémique nationale.

À l’épreuve du temps. Les sujets qui atterrissent sur les tables d’examen ont été élabo-rés et rendus deux ans plus tôt par les enseignants qui les ont rédigés.

◗Sur ECA +, des chiffres et des détails sur la répar-tition des sujets par académies.

Savoir +

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52 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

Trente-trois œuvres à vendre. Un seul sujet :Marie-Madeleine. Trente-trois œuvres d’ar-tistes contemporains : des sculptures, des pein-

tures. Une vente de charité dontle produit sera totalement ver-sé à une association palestinien-ne, Al Kamandjâti, et à un hôpitalisraélien, Assaf Harofeh (cf. enca-drés). Ultime étape d’une longuehistoire à rebondissements. Ces œuvres ont été exposéesen l’église de la Madeleine à Pa-ris en 2002 et ont voyagé enFrance. C’est Mylène Vignon,critique d’art et descendantede Pierre Vignon, l’architectedu lieu, qui en a eu l’idée.Quant au sujet, Marie-Made-leine, il s’est imposé d’office.D’autant que Mylène entre-tient une étrange relation aveccette femme emblématique.Passe par là, le soir du vernissa-ge, Catherine Hertault, uneautre « fan » de l’héroïne dujour. Elle est scénariste, envisa-ge depuis dix ans un film surcette Marie-Madeleine qu’ellen’a jamais pu considérer com-me une pécheresse repentie. « C’était une initiée. Elle avu autre chose au-delà de ses yeux de chair. Elle était l’apôtredes apôtres, une femme universelle qui a su faire le lien entreles trois monothéismes. » Comme son projet n’aboutitpas, Catherine Hertault décide « de faire revenir Marie-Madeleine en vrai ». Comment ? La rencontre avecMylène et les œuvres de son collectif d’artistes, seradécisive. « J’ai alors fait un rêve : un bateau accostant surles rives d’Israël, avec à son bord les 33 œuvres, et apportantun message de paix. » Le rêve un peu fou est devenu réalité. Un vrai mara-thon. La légende qui fait débarquer Marie-Madeleineaux Saintes-Maries-de-la-Mer, en Camargue, va deve-nir le point de départ de cette nouvelle aventure.Puisque aucun cargo ne veut emporter les toiles et les

sept organisatrices – restons dans la symbolique –, onpense à Florence Arthaud pour accomplir ce voyageinitiatique. Elle répond « oui » immédiatement. Et le

25 mai 2005, elle embarqueavec une toile – la Marie-Made-leine de Sandee Johnson – etdes messages de paix écrits pardes Français anonymes.

Première pierreÀ Jaffa, elle est attendue par lesorganisatrices et une centainede femmes : des chrétiennes deNazareth, des habitantes juivesde Tel-Aviv et des Bédouinesdu Néguev. Ensemble, ellesvont à Jérusalem, puis au borddu lac de Tibériade dans lesruines de Migdal, où aurait vé-cu Marie-Madeleine, et lisentles messages de paix. Suit, biensûr, une visite à l’hôpital AssafHarofeh et à une professeur quienseigne le violon à des enfantsorphelins de Ramallah, pre-mière pierre du projet de l’as-sociation Al Kamandjâti. À côté des quatre colombes de

la paix de Sandee Johnson, on trouvera, lors de lavente, une tête byzantine qui pourrait être celle duChrist, vision de Michelle Philippe, une autodidacteinspirée par les mégalithes de Carnac au milieu des-quels elle vit ; une chevelure de feu de la musulmaneZakia Azzouz ; une femme comme enfermée dans uncloître et portant un très léger voile prêt à s’envoler,du Polonais Philippe Bod. Autant de regards d’ar-tistes sur une femme nommée Marie-Madeleine.

ÉLISABETH DU CLOSEL

À SON TOURAL KAMANDJÂTI, LE VIOLONISTE

L’association Al Kamandjâti a étécréée en 2002 à l’initiative de

Ramzi Aburedwan (notre photo),violoniste au conservatoire de musiqued’Angers, originaire d’un camp deréfugiés près de Ramallah. Sonobjectif ? ouvrir des écoles de musiquepour les enfants de Palestine. Il a connul’intifada – une photo de lui à 8 ans, entrain de jeter des pierres sur lesIsraéliens, fit même la une de la presseJusqu’au jour où un violoniste luienseigna combien la culture pouvaitêtre vecteur de paix. À son tour de fairepasser le message tiré de lacorrespondance d’Einstein et Freud :« Tout ce qui travaille audéveloppement de la culture travailleaussi contre la guerre. » EDC

Sur internet : www.alkamandjati.com

BEL EXEMPLEASSAF HAROFEHL’hôpital Assaf Harofeh, à Zefirin,

près de Tel Aviv, a pris le nom ducélèbre médecin juif qui exerçait aunord d’Israël au VIIe siècle. Cet hôpital

général a étéchoisi parMylèneVignon etCatherineHertault pourl’humanismede sesmédecins etpersonnels,des équipes

mixtes, israélo-palestiniennes quitravaillent main dans la main poursoigner, avec la même attention et sansségrégation, Israéliens et Palestiniens.Un très bel exemple de personnes qui,dans un déchaînement de violence, sebattent pour préserver leur partd’humanité. À noter : l’intervention declowns médicaux qui viennentapporter de la joie non aux enfantsmais aux personnes âgées. EDC

Les amis de l’hôpital Assaf Harofeh, c/o MmeBoussidan, 8, rue Houdart-de-Lamotte, 75015Paris.

Trente-trois visions de Marie-Madeleine, données par des artistes contemporains, vont être vendues aux enchères au profit d’une association

palestinienne et d’un hôpital israélien. Récit d’une incroyable aventure.

culture /Art solidaire

UN VRAI MARATHON

Marie de Magdala, messagère de paix

◗Sur le site www.septartsetplus.org, vous trouverez, dèsqu’ils seront connus, la date et le lieu de la vente aux enchères.

Savoir +

25 mai 2005. Florence Arthaud en partance pour Jaffa. À sonbord : une toile emblématique et des messages de paix.

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 53

L’air légèrement boudeur, le buste de Marian-ne semble s’inquiéter du manque d’espritcitoyen : « Peu à peu, j’ai perdu mes couleurs,

commente le texte de Haiau, 19 ans,qui accom-

pagne cette photographie. Je m’efface de votre cœur,vous désertez les urnes ! Mais tant qu’il me restera unsouffle, je continuerai à crier : Liberté, Égalité, Frater-nité. » Non loin, la statue de Jean Moulin, à la for-me longiligne symbolisant son parachutage, parled’intolérance et de manque de solidarité : « Est-ce pour ce monde-là que nous avons offert nos vies ? »s’écrie Marine, au nom du grand Résistant.

Dans cette salle du château de L’Empéri, excep-tionnel musée militaire qui domine la jolie villede Salon-de-Provence, ce document voisine avecune trentaine d’autres. Ces travaux de re-cherche et d’interprétation artistique, fruitsd’une classe de seconde du lycée technique ter-

tiaire Saint-Jean1,ont reçu un accueil enthousias-te de la part du conservateur, Jean-Louis Riccioli.« J’ai apprécié cet esprit d’appropriation du patrimoinepar ces jeunes. J’ai donc ouvert mes réserves pour qu’ils

puissent fouiller tout à leur aise.Puis je les ai invités à exposer leurtravail pendant ces journées ou-vertes au public. » Résultat, pourla Nuit des musées, 550 visi-teurs, et, pour les Journées dupatrimoine, en septembre, cesont plus de 1 000 visiteurs surdeux jours qui ont été guidéspar ces élèves, aujourd’hui en

première.« Nous sommespartis du fantas-tique, et d’un ex-trait du Horla deMaupassant, ra-conte IsabelleConseil, profes-seur de lettres.Nous avons ex-ploré ce mouve-ment littéraire, cequi a permis deporter un regarddifférent sur lemonde qui nous

entoure. Les statues ont plus particulièrement attirénotre attention et nous avons évoqué leur silence quin’est peut-être qu’apparent. » Commence alors un travail de longue haleinepour cette jeune équipe : repérer et lister lesstatues de la ville, et puis faire des recherchessur les personnages choisis, en bibliothèque,dans les archives et sur internet. « Peu à peu,commente Isabelle Conseil, nous avons saisi quel-ques sons, puis un murmure que nous avons tenté dedécrypter. » La deuxième étape passe par une collaborationavec les stagiaires en photographie du centre deformation Performance 13, qui réalisent les cli-chés des œuvres sélectionnées. Puis vient le tra-vail d’écriture : un texte court, percutant biensouvent, avec des notes pathétiques, satiriquesou humoristiques, le tout mis en valeur par la cal-ligraphie ou des jeux de couleurs.

Parmi ces vedettes de pierre, on retrouve saintRoch, protecteur de la peste, qui a suggéré àThomas un texte entre espoir et fatalisme, sur lamaladie et le sida. Silhouette bien connue des Sa-lonnais, le fameux Nostradamus va permettre àArmand de déchaîner des foudres… littéraires.Pour Amélie, les deux impressionnantes statuesqui se tournent le dos sur la façade d’un bâtimentofficiel, sont une véritable allégorie : « Les jeunesmariés partent vers un avenir radieux. / Le soleil rayon-nant semble leur apporter ses vœux... / Gardez-vous decroire dans les clichés idylliques, / Car bien vite les his-toires d’amour peuvent devenir tragiques. / La Pruden-ce et la Tempérance sont mères de sûreté. / Car qui au-jourd’hui vient se marier, / Demain peut venirdivorcer. »

Un atelier dans une écoleMais, au-delà de ce passionnant travail, c’est lareconnaissance extérieure qui les a tous mar-qués. « C’était plutôt sympa cette recherche, rappelleSophie au nom du groupe, mais ce qui est le plusagréable, c’est d’être pour la première fois exposé dansun musée. » Non seulement exposé, mais com-menté et reconnu, puisqu’ils ont animé uneconférence où l’échange a été plus que fructueuxavec le public « qui ne regardera plus les statues dumême œil ». Mais cette démarche ne s’arrêtera paslà pour Isabelle Conseil, qui a choisi de prolon-ger cette action en animant avec ses élèves, àl’école primaire Michelet, un atelier au cours du-quel les lycéens inviteront les enfants à les imiteren « faisant parler » quatre clichés de statues.Alain Copin, l’ancien directeur, soutenait cettedynamique enseignante. Thierry Navarro, quivient de lui succéder, apprécie aussi « ce remar-quable travail d’écoute». De son côté, IsabelleConseil regrette le manque d’intervenants d’artsplastiques dans des établissements qui n’ont pasde sections artistiques : « Ce serait un bon moyen depallier l’absence de professeur de dessin et de sensibiliserdes jeunes de sections technologiques à l’art… Surtoutlorsqu’on voit ce dont ils sont capables quand ils sontmotivés et stimulés. »

BRUNO GRELON

1. Adresse : 76 avenue Georges-Borel, 13300 Salon-de-Pro-vence. Internet : www.lyceesaintjean.com

Parmi ces vedettes de pierre, on retrouve saint Roch, et…Nostradamus, bien connu

des Salonnais.

Chercheurs de mots. Ci-dessus : Carine, Haiau, Armand, Sophie et lesautres entourent leur professeur de lettres, Isabelle Conseil. Ci-contre : une Marianne qui a des choses à dire.

culture /Art citoyen

PATHÉTIQUES, SATIRIQUES, HUMORISTIQUES

Quand les statues font salon« Le silence des témoins de pierre n’est qu’apparent », a constaté une classe de seconde à Salon-de-Provence

(Bouches-du-Rhône). En amplifiant les « murmures » des statues, les lycéens ont créé à leur tour des œuvres qui ont pris place au musée de l’Empéri pour les Journées du patrimoine.

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54 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

L’EXIL DANSLA MÉMOIRE➞Guy Zuchet a 96 ans. Italien,

il est arrivé en France en 1924.Jean-Marie Julia, 65 ans, a gardé cettepointe d’accent indien, le même qu’àson premier jour à Nice en 1963.Nerxhivan El Bassani, 29 ans,macédonienne, n’oubliera pas sonarrivée à la gare de Grenoble en 1999.Autant d’histoires, de générations etd’origines différentes pour ces vingt-deux voix venues d’ailleurs, auxquellesle journaliste Farid Haroud a tendu sonmicro et prêté sa plume pour qu’ellesracontent leurs premiers pas sur leterritoire français. C’est un besoin qu’aressenti l’auteur de faire témoigner cesétrangers, comme lui, qui ont perdu ànouveau « un peu d’eux-mêmes » undimanche d’avril 2002, au soir d’unpremier tour de présidentielle. MR

Farid HaroudPremiers jours en France - mémoirecharnelle, brutalité des souvenirsAutrementColl. «Mémoires/Histoire », 184p., 15€

➞Évidemment, ne deviennent pas profs de maths ceuxqui n’aiment pas le calcul, ne choisissent pas d’ensei-

gner le sport ceux qui préfèrent la littérature, et ne s’orien-tent pas vers les classes primaires ceux qui privilégient lecontact avec les ados. Car, on l’oublie parfois, les enseignantsaiment faire partager la joie de leurs découvertes. Ils aimentles matières qu’ils enseignent et cherchent avant tout à ap-prendre au futur citoyen à acquérir les bases qui lui permet-tront de penser par lui-même et de transmettre à son tour.Malgré les difficultés, le découragement, les problèmes de discipline, les changements incessants de programmes etles pressions, le professeur doit continuer à être convaincu

de son rôle. Comme un maître face à ses élèves, comme Rilke écrivant au jeune poète, Philippe Meirieu sait se mon-trer convaincant pour transmettre ses espoirs aux quelque300 000 jeunes enseignants qui vont être recrutés d’ici à septans par l’Éducation nationale. Pour que le mot « vocation »,continue à avoir un sens.

MATHILDE RAIVE

Philippe MeirieuLettre à un jeune professeur

ESF/ France Inter96p., 9,90€

ODE À TOUSLES « SANS »➞Ils sont nombreux les « sans

papiers, sans domicile fixe oudécent, sans travail, sans famille, sansamis, sans espoirs, sans liberté et…sans sommeil » à peupler « l’infini d’en bas ». La France compteaujourd’hui 4167 000 personnes sansemploi et 2 420 000 demandeursd’emploi, plus d’un million de Rmisteset 500 000 familles surendettées… À tous ceux-là, il y a tant d’hommes et de femmes de bonne volonté quis’efforcent chaque jour de redonner unpeu de courage qu’il est urgent de leurrendre hommage. Mais il y a aussi tousces « vieux couples », ces « vieillesfilles », ces « mères » et ces héros sans visage que l’on ne voit pas passer.Pierre Pierrard les connaît. Il en parle. Il les aime. MR

Pierre PierrardL’église d’en bas - la foule innombrabledes « saints » inconnusNouvelle CitéColl. «Spiritualité », 192p., 18€

UNE LEÇOND’HUMANITÉ➞Comment est-ce à l’intérieur ?

Après les grilles, les coursfermées, les verrous, les paliers et les grilles encore. Comment survivredans une cellule ? Comment vivre sans nom, sans respect, sans espoir ?Guillaume Moureau est aumônier de prison. Laquelle ? Il ne nous le dirapas, et peu importe. Ce qu’il racontedu milieu carcéral peut s’appliquer à chaque maison d’arrêt. Car il nousparle des hommes incarcérés, « ses gars » comme il les appelle.Autant de récits de vie. La leur d’abordmais aussi, en filigrane, celles de leursproches, celles des surveillants, des victimes. Et puis, il y a l’isolement,la solitude, le mépris, les aléas de la célébration liturgique… et le souhaitd’un véritable dialogue avec lesdétenus. MR

Guillaume MoureauAu-delà des barreaux, l’espéranceJubilé/Sarment242p., 13€

UNE VIEBIEN REMPLIE➞L’homme était un colosse.

Tellement corpulent que, selonune anecdote, « dans le réfectoire de tel couvent, on avait découpé à sa place la table en demi-lune pourqu’il y pût loger son ventre »… Certes,l’humilité et la Somme théologiquede saint Thomas d’Aquin sontheureusement plus connues que sonembonpoint. Mais, le grand intérêt decet ouvrage est justement de retracer lavie réelle, surnaturelle et intellectuelledu théologien pour en comprendrel’œuvre et son importance. Dequatorze à quarante-huit ans, toutel’existence du moine dominicaininspiré par l’œuvre d’Aristote, et « servi par une mémoire longue etrigoureuse », fut un combat. C’est ce parcours mouvementé que l’auteur retrace ici. MR

Ivan GobrySaint Thomas d’AquinSalvator256 p., 19€

UN PROFESSEUR, C’EST «QUELQU’UN»culture /livres

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PARENTSET ENSEIGNANTS➞La loi Savary a donné la parole

aux parents d’élèves. Mais, si les familles des classes moyennes ontappris à dialoguer avec les équipesenseignantes, l’école demeure uneforteresse pour les catégories socialesles plus défavorisées. Peu ou passcolarisées elles-mêmes, elles n’ontjamais les clefs pour entrer dans un système qui les dépasse. L’écart se creuse, les inégalités augmentent.L’école ne joue plus sa fonctiond’intégration, le débat entre privé etpublic est de plus en plus d’actualitédans des quartiers où la double culturepose problème. L’expérience dumétissage scolaire dans deux citésd’Aulnay-sous-Bois et de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) est au centrede cet ouvrage courageux. MR

Bénédicte GoussaultÊtre parents aujourd’hui - uneaventure au quotidienL’AtelierColl. « Les savoirs de la ville », 160p., 21€

ÉTATD’ALERTE➞« Pour l’homme, il n’y a pas

“d’autre monde” que celui-ci etil ne peut grandir que si ce mondegrandit avec lui », écrit Nicolas Hulotdans son avant-propos à cet ouvragepublié sous la direction de Mgr MarcStenger, évêque de Troyes et présidentde l’antenne « Environnement etmodes de vie » de Pax Christi France.Non sans se réjouir de la relationqu’entretiennent les religions, et enparticulier le christianisme, avec lanature, l’animateur de télévision,souligne les pistes de réflexion ouvertespar ces ingénieurs agronomes,théologiens, prêtres ou professeurs de géopolitique qui mettent en avant la responsabilisation individuelle et ledéveloppement durable, en s’appuyantsur quelques exemples concrets de lamobilisation de l’Église. MR

Marc Stenger (dir.)Planète Vie/Planète mort Cerf275p., 24€

QUESTIONSSUR L’EUGÉNISME➞Contrairement à la France, en

Grande-Bretagne, il est légal decréer des embryons humains pour larecherche et de les cloner. « Cettelégalisation a fait l’objet d’une terriblecontroverse », écrit Anne-MarieBernon-Gerth dans un article très richequi fait le point sur l’eugénisme en Grande-Bretagne. Jusqu’où lastigmatisation des individus hors normeet les impératifs économiques, nousconduiront-ils ? se demande-t-elle avec inquiétude. D’autres universitaires,appartenant tous au Groupe derecherche sur l’eugénisme et le racismede l’université Paris-7, nous apportentdans cet ouvrage un éclairage précieuxsur des pratiques de ségrégation et dedomination dont le corps humain est le point d’ancrage. Passionnant. SH

Michel Prum (dir.)L’un sans l’autre - racisme eteugénisme dans l’aire anglophoneL’Harmattan235p., 21,50€

RETOUR ÀASHBERRY HOUSE➞Lord et lady Blands,

un jeune couple élégant, vivent dans un décor à la James Ivory,Ashberry House, une luxueusedemeure de la campagne anglaise.Tout est réglé dans cet univers glacé,jusqu’au jour où… ils embauchent un précepteur pour leur petite fille,Cecilia, qui est muette. L’introductionde cet élément étranger, qui n’est autreque le narrateur, va servir de révélateur.Tout n’est pas aussi lisse qu’il y paraîtchez les Blands, mais gare à celui quivoudrait faire craquer les apparences.On est vite pris par l’intrigue de ce roman au goût de thrillermétaphysique. Et la romancièreitalienne, Marta Morazzoni, nous conduit inexorablement vers un dénouement cruel. Délicieux. SH

Marta MorazzoniUne leçon de styleL’HerneColl. «Romans», 312p., 18,50€

➞Trois noms et autant de destins pour un seul homme,c’est le défi relevé par Atatürk. Avant de proclamer la

naissance de la République turque en 1923, Mustapha Kemals’est battu sur tous les fronts contre l’occupation étrangère dé-membrant le pays. Durant la Première Guerre mondiale, soncomportement héroïque aux Dardanelles lui vaut le titre depacha. De son combat victorieux contre l’occupant grec, il re-tirera le grade de maréchal et le surnom de Ghazi, le « Victo-rieux », avant de se surnommer lui-même le « Père des Turcs ».À sa mort, en 1938, il laissera une nation moderne de type eu-ropéen, à mi-chemin entre l’Orient et l’Occident. D’où vient-elle et dans quelle direction va-t-elle ? Sera-t-elle capable de

devenir un modèle d’État démocratique comme l’exige sa de-mande d’adhésion à la Communauté européenne, examinéecet automne par les États membres ? Voilà l’enjeu que pré-sente ce nouvel opuscule d’une collection particulièrementpointue.

MATHILDE RAIVE

Thierry ZarconeLa Turquie - de l’Empire ottoman

à la République d’AtatürkDécouvertes Gallimard

160p., 13,90€

ENTRE L’ASIE ET L’EUROPE

N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 55

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56 Enseignement catholique actualités N° 297 OCTOBRE 2005

FAIS SELONTA FANTAISIE➞Nasreddine et son père

Mustafa possèdent un âne qui leur permet de se rendre au marché. Mais, qu’ils marchent à ses côtés, qu’ils soient assis dessusl’un et l’autre, ou à tour de rôle, à chaque fois qu’ils se rendent au village, il se trouve toujoursquelqu’un pour railler leur façon de traiter la bête. Nasreddine, mort de honte, rougit ou fuit sous les quolibets, et chaque semaine, change d’attitude en espérant plaire enfin à l’assistance. Sage et avisé, le père laisse faire son petit garçon pour qu’il trouve de lui-même qu’il ne sert à riend’écouter les sots et les méchants. Une jolie fable aux illustrationschatoyantes. À partir de 6 ans. MR

Odile Weulersse, Rébecca DautremerNasreddinePère Castor/Flammarion32p.,13€

➞« Et il mit ce rien de ciel / Qui fait que tout est es-sentiel », écrit Maurice Carême à propos du travail

d’un peintre. Deux vers qui pourraient s’appliquer sans pei-ne à sa propre œuvre. Car ce poète belge, né le 12 mai1899, est un magicien du presque rien, un virtuose de lasimplicité. Jeune instituteur dans la banlieue de Bruxelles,cet amoureux de la poésie redécouvre, au contact de sesélèves, la beauté des mots d’enfants. Il change sa façond’écrire, épure son travail et décide de s’y consacrer entiè-rement à partir de 1943. Tous les écoliers de Belgique ontappris par cœur l’une de ses poésies. Ceux-ci et les autresse régaleront de cet ouvrage rassemblant soixante-dix poèmes.

Outre le charme de ces petites fables toutes simples – aurisque parfois de passer pour mièvres –, la puissance desmagnifiques illustrations de Jean-François Martin fait de cerecueil, servi par une maquette élégante, un modèle du gen-re. À partir de 6 ans.

MATHILDE RAIVE

Benoit Marchon (choix des textes), Jean-François Martin (ill.)

Poèmes de Maurice CarêmeBayard Jeunesse

160p., 17,90€

ANNE RACONTÉEPAR SA SŒUR➞Ni biographie ni fiction,

ce récit s’appuie sur des faitsréels pour décrire la vie d’Anne Frankavant la guerre, dans sa cache àAmsterdam, lors de son arrestation, de ses mois d’emprisonnement à Auschwitz-Birkenau, puis sesderniers jours à Bergen-Belsen. En trois parties, le narrateur brosse le portrait d’une famille juive en Allemagne, le quotidien dans la clandestinité et l’existence dans les camps. Et c’est par la voiximaginée de Margot, sœur aînéed’Anne, que le lecteur fait laconnaissance de cette jeune filletouchante et fragile dont le journal fut traduit en soixante langues etvendus à plus de vingt-cinq millionsd’exemplaires. Bouleversant. À partir de 12 ans. MR

Barry DenenbergAnne Frank et les siens - toute une vieFlammarion284p., 12€

UNE ENFANCEÀ DAKAR➞Bocar, douze ans, habite

à Pikine, un quartier de labanlieue de Dakar, la capitale duSénégal. C’est l’un des douze millionsd’habitants de cette ancienne coloniefrançaise dont les « tirailleurs » se sont battus en 1944 et 1945 pour la liberté de notre pays… Un petitgarçon comme les autres ou presque :il n’est pas parmi les plus pauvres. Son père est employé dansl’administration et toute leur rue profitedu poste de télévision familial. Parfois, Bocar s’ennuie un peu… Alors, il écrit son journal et raconte lavie quotidienne dans ce pays où l’onappelle les jeunes filles branchéesdes… « disquettes » ! À partir de 8 ans. MCJ

Fabrice Hervieu-Wane (texte), Aurélia Fronty et Florent Silloray (ill.)Le journal d’un enfant – aujourd’huiau Sénégal – Bocar, DakarGallimard JeunesseSérie «Monde», 12,90€

UNE ÉCOLIÈRECHINOISE➞Jin Ling a la mauvaise habitude

de perdre ses gommes. Sa mère,Huizi, journaliste dans un magazineféminin, en est agacée. Mais pas sonpère, brillant professeur d’université,qui est aussi tête-en-l’air que sa fille de onze ans, scolarisée en sixième et dernière année d’école primaire. Pas très bonne en maths, passionnéepar l’élevage des vers à soie –véritables animaux domestiques en Chine –, Jin Ling, attachante etrigolote, sert de guide au lecteur quidécouvre grâce à elle le quotidiend’une fillette chinoise. L’une de cesenfants uniques, adulée par les adultesprêts à tout – falsification dedocuments, tricherie aux examens et lourd sacrifice financier – pour queleur progéniture réussisse ses études. À partir de 11 ans. MR

Huang BeijiaL’école des vers à soiePicquier Jeunesse264p., 12,50€

UN MAGICIEN DU PRESQUE RIEN

culture /livres jeunesse

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N° 297, OCTOBRE 2005 Enseignement catholique actualités 57

ÇA FAITDU BIEN➞« T’aimerais tant… devenir

grand / Sois patient… t’as toutton temps. » C’est le meilleur conseilque peut donner ce groupe nantais àson jeune public. En huit albums, cesquatre musiciens-chanteurs ont acquisleurs lettres de noblesse au rayonchanson pour la jeunesse. Loin desmélodies naïves et de la soupe à la guimauve, Bouskidou joue sur le quotidien ou l’actualité mais surtoutsur ce temps de l’enfance qu’il ne fautpas gâcher. Avec leurs ryhmes aussicommunicatifs que leur bonnehumeur, ces sacrés loustics s’inscriventà contre-courant de cette tendancemercantile qui pousse les enfants àvouloir devenir adultes trop tôt et tropjeunes. Ouf ! À partir de 6 ans. MR

BouskidouT’as tout ton tempsMamie Productions / L’autre Distribution1 CD, 1 livret, 20€

Dates de la tournée 2005-206 sur :www.bouskidou.com

DEVENIRGRAND➞Dim, Dam et Doum sont

trois bébés papillons. Et, forcément, un jour le dos de Dim commence à le gratter.Normal, pour une petite chenille qui va devenir… adulte. Un joli petit conte, enjoué illustré par de charmantes poupées de tissuaux couleurs pastel, tout en rondeurset photographiées en gros plan comme souvent à la télévision. Les aventures de cette famille de papillons se déclinent en albums, en CD, en cédérom, en livres de bain… Mise en musique, cette série est un petit bijou de douceur et de gaieté qui devrait séduire les classes de maternelle. À partir de 2 ans. MR

Katherine Roumanoff Dim, Dam, Doum - les ailes depapillonColl. « Les petits doudous »1 album (32 p.), 1 CD, 11,50€

LES FAUTEURSDE PAIX➞Les quatre dimanches de

l’Avent, à 10 h 30, « Le Jour du Seigneur » propose, sur France 2,une série de documentaires inéditspour nous faire découvrir l’action des fauteurs de paix, qui risquent leur vie dans quatre régions du globe et s’activent discrètementpour défendre les droits de l’homme et promouvoir la réconciliation. Des petites gouttes d’eau qui réduisent la violence et apportent de l’espérance aux populations locales.Le 27 novembre : Sant’ Egidio ou lapatience géologique (notre illustration).Le 4 décembre : Irlande du Nord – lignesde paix.Le 11 décembre : Les brigadistes de lapaix.Le 18 décembre : 60 voix pour un mes-sage.

GDR

www.lejourduseigneur.com

MESSEDE BÉATIFICATION➞Le dimanche 13 novembre 2005,

KTO diffusera, en direct de laplace Saint-Pierre de Rome, la messede béatification de Charles de Foucauld(notre photo), célébrée par le papeBenoît XVI. L’horaire, 10 heures, restantà confirmer à l’heure où nous mettonssous presse, il est préférable de consulter le site internet de la chaîne(cf. ci-dessous). Le procès enbéatification de celui dont la Règle des Petits Frères du Sacré-Cœur deJésus a inspiré la fondation de plusieurscongrégations religieuses etassociations de vie spirituelle, s’estouvert en 1927. Interrompu en 1956, il reprendra en 1967. En 2001, le papeJean-Paul II signe le décret qui donneau père de Foucauld le titre de« vénérable ». Et le 20 décembre 2004,l’indispensable décret de reconnaissancede miracle marque la dernière étapeavant la béatification. RT

www.ktotv.com

➞Vous ne comprenez rien au pluies acides. Vous n’avezpas encore pris conscience que l’eau douce est un

bien rare ou que les océans fournissent 95 % des réservesd’eau de la planète. Il est temps de vous pencher sur laquestion. Pour vous aider, voici une formidable sommedivisée entre une encyclopédie, un atlas et une vidéo-thèque proposant plus de 700 écrans explicatifs et inter-actifs. Un planisphère, 22 cartes du monde, 350 photoset exposés enrichis de 300 schémas, de courbes, de 150 gra-phiques statistiques et de chiffres permettent de se fami-liariser avec les climats et de comprendre le déroulementd’un cyclone, les variations de température, les ravages

de la pollution à travers le monde. Reportages scienti-fiques, analyses claires et documentées font de ce cédé-rom un outil indispensable pour comprendre l’actualitédes phénomènes naturels qui ébranlent la planète en cemoment.

MATHILDE RAIVE

CollectifComprendre les climats - pour tout savoir sur la météo !

Montparnasse MutlimédiaColl. «Ça m’intéresse», 14,99€

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LES PHÉNOMÈNES NATURELS

culture /multimédia

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58 Enseignement catholique actualités N° 297, OCTOBRE 2005

pratique /petites annonces

SÉJOURS

➤Les inscriptions sont ouver-tes pour les séjours 2005-2006organisés par Class Open,l’association « partenaire asso-cié privilégié » de l’enseigne-ment catholique. Au program-me : ski (pour les 6-12 ans etles 13-17 ans) et surf (uni-quement pour les 13-17 ans)à Megève et Morzine (Haute-Savoie), à Noël (19-26 décem-bre), au Nouvel An (26 décem-bre-1er janvier), en février (5-11, 12-18 ou 19-25) et du8 au 14 avril. Ce dernier séjour,à Morzine, peut aussi accueillirdes familles. Quant aux séjours « Langueet sports en Angleterre », ilsont rencontré un tel succès cet-te année, qu’il est préférablede s’inscrire dès maintenantpour l’été 2006. Pour s’assu-rer d’une place à Stonyhurst,

où apprendre l’anglais à rai-son de trois heures par jour,pratiquer, entre autres sports,le so british cricket, et visiterBlackpool ou Morecambe.Mais aussi, pour bénéficierd’un tarif préférentiel.Class Open, rue du Docteur-Ténine, Résidence Le Village,91320 Wissous. Tél./fax : 01 60 11 64 38. Site internet (incluant une fiched’inscription imprimable) :www.classopen.fr

➤L’association Little BigLand (cf. ECA 272, p. 12),ouvre un nouveau village« anglais » à la Séoube, dansles Hautes-Pyrénées. Les 9-13ans y vivront à l’heure anglo-saxonne deux petites semaines– le temps qu’il faut pour neplus se faire de l’anglais une…montagne. Internet : www.littlebigland.fr

DOCUMENTATION

➤« L’apprentissage de l’an-glais est indispensable dans lemonde d’aujourd’hui. » Par-tant de ce postulat, Domi-nique Monet a imaginé Roger5/5, un guide pour permettreaux parents d’enfants oud’adolescents, aux étudiantset aux personnes qui uti-lisent l’anglais dans leur profession, de repérer dansles stages, séjours, cours etautres propositions (plus de1 000 sont référencées), cel-le qui répond à leurs besoins.Et pour faciliter la recherche,toutes les solutions recenséessont classées en quatre cha-pitres qui correspondent auxquatre grands moments dela vie en matière d’appren-tissage de l’anglais : « Mater-nelle/Primaire », « Collège/Lycée », « Étudiants bac à

bac + 5 », « Vie profession-nelle ». Collectif, Guide Roger 5/5, PontMirabeau Édition, 2005, 352 p.,19 €.

➤Il y a des métiers en A, com-me « Acheteur », « Architec-te naval », « Archiviste » ; desmétiers en B comme « Biblio-thécaire », « Boulanger » ; desmétiers en C, en D, jusqu’enZ. Et, dans tous les coins del’alphabet, des métiers aux-quels on ne pense pas tou-jours : «Acrobate», «Généalo-giste », « Staffeur ornemanis-te », « Tailleur de pierre »...Bref, il y a des « métiers de tou-jours, des métiers de rêve et desmétiers de demain ». Et ils sonttous dans l’édition 2005 duDico des Métiers édité par l’Of-fice national d’informationsur les enseignements et lesprofessions (Onisep).Le Dico des Métiers - édition2005, 192 p., 9 €. Commandeen ligne sur : www.onisep.fr

➤Les 6 et 7 avril dernier, laFondation d’Auteuil orga-nisait un colloque sur le thè-me « Garçons et filles endifficulté : quelle mixité ? »(cf. ECA 294, p. 9). Le comp-te rendu est téléchargeablesur www.fondation-auteuil.fr

LA TOILE D’ECA

➤Voir ECA+ (www.scolanet.org)

vous offre votre petite annonce gratuiteEnseignement catholique actualités277, rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05Tél. 01 53 73 73 75, fax. 01 46 34 72 79

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À votre service➞Cette page pratique est à

la disposition des chefsd’établissement et des respon-sables d’organisme de l’enseigne-ment catholique, pour faireconnaître des offres d’emploi, desrecherches de partenariat pourune initiative pédagogique, édu-cative, pastorale... sans caractèrecommercial. La rédaction se ré-serve le droit de refuser une an-nonce. ■

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enseignement

et

fait religieux

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Mars 2005 - 10 e

Intégrer le fait religieux

Une problématique

Situer le fait religieux

Des réflexions

Prendre en compte le fait

religieux dans les disciplines

Des approches

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le fait religieuxDes outils

« Ni une mode ni une matière

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