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Perspectives Économiques Juin 2018 À la une • La dynamique économique des pays développés a continué à suivre une évolution divergente ces dernières semaines. Aux États-Unis, des signes évidents de reprise se sont manifestés au deuxième trimestre, après un premier trimestre morose. La confiance élevée des entreprises, la politique budgétaire expansionniste et les solides performances du marché du travail continuent de soutenir la croissance. Nous avons par conséquent augmenté nos prévisions de croissance pour 2018 de 2,6% à 2,8%. • Les chiffres de la zone euro restent en revanche quelque peu décevants. Dans certains États membres, l'instabilité politique a suscité l'inquiétude et l'horizon s'est assombri sur le front du commerce international. Cela donne à penser que pour l'ensemble de 2018, la croissance économique de la zone euro restera un peu plus faible que prévu récemment et cela confirme en outre la révision à la baisse de nos prévisions de croissance déjà opérée le mois dernier. • L'agitation des marchés consécutive à la mini-crise en Italie est quelque peu retombée, mais elle a fait des dégâts. En fin de compte, le taux italien est encore légèrement supérieur à son niveau antérieur à la crise, tandis que le taux allemand reste quelque peu sous pression baissière. Une crise a été évitée, mais le risque subsiste à long terme. Il est peu probable que le gouverne- ment actuel soit en mesure de s'atteler aux problèmes économiques fondamentaux de l'Italie. Une politique de souplesse budgétaire sans de profondes réformes économiques est l'option la plus probable. Alors que la BCE commence à normaliser sa politique monétaire, l'inquiétude entourant la viabilité de la dette publique dans la zone euro redeviendra un thème essentiel pour le marché. • Le risque d'une véritable guerre commerciale s'est accru ces dernières semaines. Le différend commercial s'intensifie maintenant que Donald Trump met ses menaces à exécution. Ses princi- paux partenaires commerciaux ne bénéficient plus de l'exonération des droits d'importation plus élevés sur l'acier et l'aluminium. Les mesures de représailles détermineront l'impact du conflit sur la croissance économique. Nous saurons alors si elles déclenchent une spirale protectionniste négative. Pour l'Europe, des taxes éventuelles sur les importations américaines de voitures sont le risque majeur.

Perspectives Économiques - Le blog de Bernard Keppenne · Une politique de souplesse budgétaire sans de profondes réformes économiques est l'option la plus probable. Alors que

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Perspectives

Économiques

Juin 2018

À la une

• La dynamique économique des pays développés a continué à suivre une évolution divergente ces dernières semaines. Aux États-Unis, des signes évidents de reprise se sont manifestés au deuxième trimestre, après un premier trimestre morose. La confiance élevée des entreprises, la politique budgétaire expansionniste et les solides performances du marché du travail continuent de soutenir la croissance. Nous avons par conséquent augmenté nos prévisions de croissance pour 2018 de 2,6% à 2,8%.

• Les chiffres de la zone euro restent en revanche quelque peu décevants. Dans certains États membres, l'instabilité politique a suscité l'inquiétude et l'horizon s'est assombri sur le front du commerce international. Cela donne à penser que pour l'ensemble de 2018, la croissance économique de la zone euro restera un peu plus faible que prévu récemment et cela confirme en outre la révision à la baisse de nos prévisions de croissance déjà opérée le mois dernier.

• L'agitation des marchés consécutive à la mini-crise en Italie est quelque peu retombée, mais elle a fait des dégâts. En fin de compte, le taux italien est encore légèrement supérieur à son niveau antérieur à la crise, tandis que le taux allemand reste quelque peu sous pression baissière. Une crise a été évitée, mais le risque subsiste à long terme. Il est peu probable que le gouverne-ment actuel soit en mesure de s'atteler aux problèmes économiques fondamentaux de l'Italie. Une politique de souplesse budgétaire sans de profondes réformes économiques est l'option la plus probable. Alors que la BCE commence à normaliser sa politique monétaire, l'inquiétude entourant la viabilité de la dette publique dans la zone euro redeviendra un thème essentiel pour le marché.

• Le risque d'une véritable guerre commerciale s'est accru ces dernières semaines. Le différend commercial s'intensifie maintenant que Donald Trump met ses menaces à exécution. Ses princi-paux partenaires commerciaux ne bénéficient plus de l'exonération des droits d'importation plus élevés sur l'acier et l'aluminium. Les mesures de représailles détermineront l'impact du conflit sur la croissance économique. Nous saurons alors si elles déclenchent une spirale protectionniste négative. Pour l'Europe, des taxes éventuelles sur les importations américaines de voitures sont le risque majeur.

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 2

• Dans la zone euro, la pression inflationniste se renforce progressivement. L'inflation a grimpé à 1,9% en mai. Des facteurs temporaires, tels que la pression haussière des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, y ont joué le rôle le plus important. La BCE a toutefois profité de l'accéléra-tion de l'inflation pour annoncer la fin de son programme d'achat d'actifs financiers.

• Après septembre 2018, la BCE réduira ses achats mensuels nets de titres de créance de 30 milliards EUR à 15 milliards EUR et en décembre 2018, elle devait clôturer son programme d'achat. Elle a cependant aussitôt ajouté qu'elle maintiendrait son taux directeur à son niveau actuel au moins jusqu'à la fin de l'été 2019. Sans doute souhaite-t-elle ainsi empêcher les marchés financiers de tabler sur une hausse des taux trop rapide ou trop marquée. La communication de la BCE est globalement conforme à notre scénario. La normalisation des taux ne sera amorcée que bien après la fin du programme d'achat, soit au second semestre 2019 au plus tôt.

• Encadré - Les devises en tant qu’armes économiques: pourquoi l’euro en tant que monnaie inter-nationale reste-t-il à la traîne par rapport au dollar américain?

Contexte international

Désarrimage de l'économie des États-Unis de celle de la zone euro

Les économies des pays développés ont suivi une évolution

divergente ces dernières semaines. Aux États-Unis, les

indicateurs du deuxième trimestre se sont bien redressés

après le creux du premier trimestre. En mai, la confiance des

producteurs dans l'industrie manufacturière et les secteurs

de services a rebondi. La confiance des consommateurs est

également restée très élevée. Elle continue de s'appuyer sur

les excellentes performances du marché du travail. Plus de

200.000 emplois ont de nouveau été créés et la Jobs Openings

and Labor Turnover Survey a également mis en évidence un

nouveau resserrement du marché du travail (figure 1). Pour la

première fois depuis la création de cette enquête en 2000, le

nombre de nouveaux emplois vacants a même dépassé celui

des chômeurs.

Une nouvelle pression haussière sur les salaires est par conséquent

très probable, ce qui attisera l'inflation. Conjointement avec

l'impulsion de croissance de la politique budgétaire, la vigueur

du marché du travail suggère une accélération de la croissance

économique américaine au deuxième trimestre. Le taux de

croissance pour l'ensemble de l'année 2018 sera par conséquent

substantiel. C'est pourquoi nous avons relevé nos prévisions de

croissance pour 2018 de 2,6% à 2,8%.

Dans la zone euro, les indicateurs ont quelque peu déçu. Ils

n'ont pas annoncé le prompt redressement espéré après la

faible croissance du premier trimestre. En mai, la confiance des

producteurs a encore chuté pour atteindre son plus bas niveau

en 18 mois. Les indicateurs de confiance restent cependant

nettement supérieurs au niveau correspondant à l'expansion

économique. Ce recul indique toutefois que la confiance des

entrepreneurs dans la zone euro ne se redresse pas comme

aux États-Unis. Dans un contexte d'inquiétude croissante face

à l'instabilité politique et à l'assombrissement des perspectives

commerciales, il suggère que la croissance du PIB de la zone

euro pour l'ensemble de 2018 sera un peu plus faible qu'on ne le

Source: KBC Economic Research sur la base du US Bureau of Labor Statistic

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Chômeurs

Nouveaux postes vacants

Figure 1 - Les signes d'exiguïté se multiplient sur le marché du travail

américain(en millions)

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 3

pensait il y a peu. Les indicateurs d'activité vont également dans

ce sens. Les chiffres de la production industrielle en Allemagne

n'ont pas répondu aux attentes. La baisse de la production

reflète probablement le recul des commandes au cours des

quatre mois précédents. Étant donné que celles-ci constituent

un indicateur avancé important, leur diminution laisse entrevoir

des risques baissiers importants pour les perspectives de

croissance de l'Allemagne et de la zone euro. Tous ces éléments

étayent la révision à la baisse de nos prévisions de croissance

pour la zone euro, que nous avons opérée le mois dernier.

Risque accru d'une véritable guerre commerciale

Le conflit commercial se durcit avec la mise à exécution des

menaces. Donald Trump a décidé d'appliquer les droits de

douane sur l'aluminium et l'acier à ses principaux alliés. Les

exceptions accordées précédemment au Canada, au Mexique et

à l'UE, entre autres, ont été annulées car, selon le gouvernement

Trump, les négociations n'auraient pas abouti au résultat

souhaité. Pour les économies européennes, l'impact direct des

droits d'importation sur l'acier et l'aluminium sera plutôt limité.

Le marché américain n'est en effet pas aussi important pour les

exportateurs européens d'acier et d'aluminium. Les producteurs

européens seront toutefois confrontés à la concurrence accrue

des importations de pays hors UE. Ainsi, les producteurs des

économies émergentes dans l'UE chercheront des alternatives

à leurs exportations vers les États-Unis. La suite du conflit sera

déterminée par les contre-mesures adoptées. L'UE a annoncé

qu'elle imposerait un tarif douanier de 25% sur les exportations

américaines vers l'UE pour un montant de 2,8 milliards EUR à

partir de juillet. Il reste à voir si les contre-mesures de l'UE et

d'autres partenaires commerciaux des États-Unis déclencheront

une spirale protectionniste.

Les taxes américaines sur les importations de voitures

constituent un risque majeur à cet égard. Le gouvernement

Trump étudie actuellement la question de savoir si l'importation

de voitures pourrait affecter la sécurité nationale américaine.

Il souhaiterait en effet utiliser cet argument pour imposer de

nouvelles restrictions commerciales. Les droits de douane sur

l'importation de voitures frapperaient durement l'économie

européenne. Celle-ci est en effet étroitement liée aux chaînes

mondiales de production automobile. Les États-Unis sont

en outre le principal marché d'exportation pour les voitures

européennes (figure 2).

Les négociations sur une réforme de l'accord commercial

entre les États-Unis, le Canada et le Mexique (ALENA) sont en

outre toujours en cours. Les droits à l'importation sur l'acier

et l'aluminium ne facilitent pas ces négociations. Le refus du

président Trump en début de mois de signer le communiqué

final du sommet du G7 au Canada ne contribue pas non plus

à créer un cadre de négociation constructif. Il est donc peu

probable qu'un nouvel accord de l'ALENA soit conclu cette

année.

Les relations commerciales se détériorent également entre la

Chine et les États-Unis. Les États-Unis ont annoncé de nouvelles

taxes sur les importations en provenance de Chine pour un

montant de 50 milliards USD. Une première série de produits

pour un montant de 34 milliards USD sera soumise à un droit

d'importation de 25% à partir du 6 juillet. Le traitement

réservé à une deuxième série de produits pour un montant de

16 milliards USD fera l'objet d'une étude préalable. Les tarifs

seraient appliqués ultérieurement. La Chine a réagi presque

immédiatement à cette annonce par des mesures de représailles

d'un montant similaire. Les perspectives de négociations entre

les deux grandes puissances ont donc du plomb dans l'aile.

Globalement, le risque d'une véritable guerre commerciale s'est

donc fortement accru ces dernières semaines. Tout dépend

maintenant des prochaines actions du gouvernement Trump et

de la riposte des principaux partenaires commerciaux.

Sud de l'Europe : la crise a été évitée, mais les risques sous-jacents demeurent

En Italie, les négociations sur la formation d'un gouvernement

entre la Lega et le Mouvement 5 étoiles ont provoqué une

réaction très négative du marché. Le taux à long terme italien

Source: KBC Economic Research sur la base d'Eurostat

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États-Unis Chine Japon Suisse Turquie

* Voitures, définies selon le Code produit harmonisé 8703

Figure 2 - Les droits de douane américains à l'importation sur les

voitures pourraient nuire à l'économie de l'UE(importations de voitures UE selon le pays de destination, en milliards d'EUR, 2017)

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 4

s'est envolé et l'euro s'est déprécié. Les emprunts d'État

allemands ont une fois de plus servi de valeur refuge de sorte

que leur rendement a baissé. L'inquiétude quant à l'orientation

de la politique italienne a réveillé la crainte d'une nouvelle crise

de l'euro. Une fois que le gouvernement a été installé et qu'il

est devenu clair qu'il n'effectuerait pas immédiatement un

retournement politique draconien, le calme est revenu sur les

marchés. L'inquiétude subsiste toutefois. L'Italie reste en effet

dominée par l'incertitude politique, car il est peu probable

que le gouvernement aille jusqu'au bout de son mandat, les

programmes électoraux des deux partis au gouvernement étant

trop divergents pour cela. En outre, au vu des projets actuels, il

ne semble pas que le gouvernement soit en mesure de résoudre

les problèmes économiques fondamentaux de l'Italie. Un

ralentissement du rythme des réformes économiques est donc

le scénario le plus probable.

D'aucuns ont en outre redouté que la mini-crise italienne ne

contamine d'autres pays. Les événements italiens ont en effet

fait s'envoler les taux à long terme portugais et espagnol.

Cette hausse des taux est cependant restée beaucoup plus

limitée qu'en Italie. L'économie espagnole a donc surperformé

l'économie italienne ces dernières années. L'Espagne reste

toutefois confrontée à d'importants défis économiques, tels

que la poursuite des réformes du marché du travail. Par rapport

au PIB, la dette publique de l'Espagne est inférieure à celle de

l'Italie, mais sa dette extérieure est beaucoup plus élevée que

celle de l'Italie. Cela rend l'Espagne plus vulnérable que l'Italie

à une perte de confiance des investisseurs internationaux.

Plus généralement, les événements survenus en Italie nous

ont rappelé que la zone euro faisait elle aussi toujours face à

plusieurs défis fondamentaux. Ces préoccupations se feront

encore plus pressantes lorsque la BCE commencera à normaliser

sa politique et cessera d'être le principal acheteur de dette

souveraine sur le marché obligataire. Dans notre scénario de

base, il en résultera une hausse des taux d'intérêt. La viabilité

de la dette publique revêtira en outre plus d'importance pour

les marchés financiers.

L'avenir de la zone euro

Pendant la crise de l'euro, diverses décisions ont été prises

pour renforcer structurellement la zone euro. La création du

Mécanisme européen de stabilité (MES) et l'union bancaire en

sont deux exemples importants. Plusieurs lacunes subsistent

cependant. La coordination des politiques est extrêmement

complexe, les mécanismes de crise manquent d'automatisme

et leur capacité financière est limitée. Un renforcement s'avère

donc nécessaire. Tous les espoirs reposent sur la coopération

entre la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président

français, Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron a lancé son ambitieux programme de

réforme en septembre 2017. Il avait alors invité l'Allemagne à

le rejoindre pour initier avec lui la mise en œuvre de l'agenda.

Ce n'est que récemment qu'Angela Merkel a répondu à ces

propositions de poursuite de l'intégration de la zone euro.

Les deux dirigeants ont à l'esprit l'unification du continent et

partagent probablement un consensus sous-jacent, mais leur

approche comporte néanmoins des différences significatives.

Angela Merkel met davantage l'accent sur la responsabilité

des États membres et la réduction des risques résiduels dans la

zone euro, alors qu'Emmanuel Macron insiste sur la nécessité

de développer des outils communs pour résoudre ensemble les

problèmes.

Les propositions d'Angela Merkel relatives à un budget

d'investissement pour la zone euro sont moins audacieuses

que celles d'Emmanuel Macron. Pour Angela Merkel, le

budget d'investissement doit servir à éliminer les faiblesses

structurelles des pays, avec un accent particulier sur

l'innovation. La chancelière allemande évoque l'introduction

progressive d'un budget d'une importance plutôt limitée ("im

unteren zweistelligen Milliardenbereich"), celui-ci paraissant

beaucoup moins ambitieux que les moyens budgétaires visés

par Emmanuel Macron pour la zone euro. Outre le financement

des investissements, ceux-ci doivent également être suffisants

pour absorber les chocs économiques. Un budget à la hauteur

de ces ambitions atteint rapidement quelques pour cent du PIB.

Angela Merkel a également présenté sa conception du futur

Fonds monétaire européen (FME). Si l'ensemble de la zone

euro se trouve en danger, le FME doit pouvoir accorder des

prêts à long terme. Ceux-ci doivent cependant être liés à

l'obligation d'effectuer des réformes structurelles de grande

envergure. Le FME pourrait accorder des prêts à court terme

aux pays rencontrant des difficultés liées à des circonstances

extérieures. Selon Angela Merkel, le FME doit jouer un rôle

dans la surveillance des finances publiques des États membres.

Il devrait également avoir la compétence et les instruments

nécessaires pour restaurer la viabilité de la dette d'un pays, si

nécessaire. Cela suggère que le rééchelonnement de la dette

pourrait conditionner l'octroi d'un prêt du FME, ce qui va à

l'encontre de la conception du président français, Emmanuel

Macron. D'autres pays de la zone euro y sont également

opposés.

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 5

L'inflation s'accélère

Selon les estimations provisoires, l'inflation est passée dans la

zone euro de 1,2% en avril à 1,9% en mai. Les prix de l'énergie

en ont été le principal moteur, suivis par les prix des denrées

alimentaires, de l'alcool et du tabac. L'inflation de base s'est

également accélérée de 0,7% en avril à 1,1% en mai. Cette

envolée s'explique principalement par la hausse de l'inflation

des services. Des facteurs temporaires liés au timing des

vacances de Pâques ont probablement aussi joué un rôle

important. Même si dans un premier temps, les prix de l'énergie

vont maintenir une pression haussière sur l'inflation, une légère

baisse dans quelques mois est probable (figure 3).

Néanmoins, conformément à notre scénario, la BCE a annoncé

qu'elle commencerait à réduire son programme d'achat d'actifs

financiers à partir d'octobre 2018. Après septembre 2018, la

banque centrale réduira ses achats nets mensuels de titres de

créance de 30 milliards EUR à 15 milliards EUR et en décembre

2018, elle devait clôturer son programme d'achat. Elle a

toutefois immédiatement ajouté qu'elle maintiendrait son taux

directeur à son niveau actuel au moins jusqu'à la fin de l'été

2019. Sans doute souhaite-t-elle ainsi empêcher les marchés

financiers de tabler sur une hausse des taux trop rapide ou

trop marquée. Elle n'entamera pas la normalisation des taux

avant la fin du second semestre 2019. Dans ce contexte, nous

maintenons nos prévisions concernant le taux à long terme

allemand. Nous prévoyons encore qu'il atteindra 1,30% d'ici la

fin de 2018 et qu'il continuera d'augmenter en 2019. Le risque

que l'augmentation soit plus faible s'est néanmoins accru.

En ce qui concerne les États-Unis, la croissance escomptée

du PIB réel de 2,8%, les mesures de relance budgétaire et

le renforcement de la pression inflationniste suggèrent que

la Réserve fédérale (Fed) devra relever son taux directeur

davantage que nous ne l'avions supposé jusqu'à présent.

Pour 2018, nous maintenons notre scénario selon lequel deux

nouvelles hausses de taux suivront celle de juin, mais pour

2019, nous prévoyons maintenant deux hausses de taux, ce qui

est plus que ce qui était prévu récemment. Les deux hausses

de taux devraient avoir lieu au premier semestre 2019 car la

croissance économique commencera ensuite à se ralentir. Ce

sera alors le signe pour la Fed de mettre fin à son cycle de

hausse des taux. Nous avons ajusté nos prévisions pour le dollar

et les perspectives de taux à long terme en fonction de ce léger

changement de scénario en matière de politique monétaire.

La détérioration des finances publiques aux États-Unis y a

également joué un rôle. Les prévisions pour le taux obligataire à

10 ans ont été portées à 3,20% à la fin de 2018 et à 3,30% à la

mi-2019. Nous ne prévoyons plus une nouvelle appréciation du

dollar par rapport à l'euro, bien que la volatilité puisse entraîner

un renforcement temporaire de la monnaie. D'ici la fin de 2018,

nous nous attendons à ce que l'euro se renforce par rapport au

dollar pour atteindre 1,22 USD par EUR.

Les marchés émergents à nouveau en ligne de mire

Lorsqu'il est question de catastrophes économiques et de

turbulences sur les marchés financiers, l'Argentine n'est pas

épargnée. Au moment de l'arrivée au pouvoir du président

Mauricio Macri à la fin de 2015, les investisseurs étaient

optimistes. Mais Mauricio Macri a hérité de ses prédécesseurs

une économie accusant d'importants déséquilibres, tels qu'une

inflation élevée et de lourds déficits tant budgétaire que du

compte courant avec l'étranger. Par le passé, la dette argentine

a été rééchelonnée à plusieurs reprises. Le récent regain

de volatilité des marchés nous rappelle que la confiance des

investisseurs et la reprise économique argentine sont fragiles. Sur

les marchés des changes, le peso a été mis sous pression après

que la banque centrale (BCRA) a relevé son objectif d'inflation

à la fin de 2017 et abaissé son taux directeur en janvier 2018.

Fin avril, la monnaie s'est encore dépréciée, de même que les

monnaies d'autres économies émergentes. Cette dépréciation

reflète la prévision selon laquelle la hausse des taux aux

États-Unis va entraver l'afflux de capitaux dans les économies

émergentes. La BCRA a réagi en relevant - en plusieurs étapes

- son taux de 1 275 points de base pour le porter à 40% entre

le 27 avril et le 4 mai. Le gouvernement a annoncé la réduction

du déficit budgétaire (hors charges d'intérêts). Les autorités

Source: KBC Economic Research sur la base d'Eurostat et Thomson Reuters

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2015 2016 2017 2018 2019 2020

prix du pétrole en EUR (axe de gauche) inflation zone euro (axe de droite)

Prévision

Figure 3 - Malgré le recul, le prix du pétrole continue de soutenir

l'inflation(zone euro, variation annuelle en %)

Page 6: Perspectives Économiques - Le blog de Bernard Keppenne · Une politique de souplesse budgétaire sans de profondes réformes économiques est l'option la plus probable. Alors que

CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 6

argentines ont convenu avec le FMI un accord de financement

de confirmation (’high-access Stand-By Arrangement’) d'un

montant de 50 milliards USD. Il s'agit d'une ligne de crédit que

l'Argentine n'utilisera pas immédiatement, mais sur laquelle elle

peut compter en cas de besoin. Elle est en quelque sorte une

réserve de liquidités supplémentaire, qui pourrait contribuer à

maintenir la confiance des investisseurs dans le pays, essentielle

à la poursuite des réformes économiques.

La Turquie a également été sous les projecteurs en raison de

la forte dépréciation de la livre turque par rapport au dollar

américain et à l'euro. Cet affaiblissement s'explique par la

crainte de voir le président Erdogan adopter une politique

économique plus hostile au marché. Bien que l'économie

turque frôle la surchauffe, la politique budgétaire reste

expansionniste en 2018. Recep Erdogan souhaite en outre

renforcer son emprise sur la banque centrale, ce qui risque de

déséquilibrer la politique. Par conséquent, il est très probable

que l'inflation demeure nettement supérieure à l'objectif de

la banque centrale, malgré un ralentissement important de la

croissance économique. Les investisseurs internationaux n'ont

plus de lignes directrices claires quant au niveau d'inflation

auquel ils peuvent s'attendre, ce qui ébranle leur confiance, et

la banque centrale ne peut pas réagir de manière appropriée.

Cette situation a provoqué une forte augmentation de la prime

de risque sur les emprunts d'État turcs et une dépréciation

de la monnaie. Aux risques politiques s'ajoutent les risques

économiques. Des élections présidentielles et parlementaires

anticipées auront lieu en Turquie à la fin du mois et il y a fort à

parier que Recep Erdogan les remportera. Les élections risquent

cependant de polariser davantage la société et de fragiliser

la légitimité du nouveau gouvernement, ce qui pourrait

renforcer les tendances autoritaires encouragées par le système

présidentiel. La situation en Turquie reste donc précaire.

Les turbulences récentes en Turquie, en Argentine ainsi que dans

d'autres économies émergentes font craindre une réédition

d'une crise calquée sur la crise asiatique de 1997-1998. Depuis

2008, la dette - des entreprises en particulier - s'emballe dans

les économies émergentes (figure 4). Cette accumulation a été

favorisée par la faiblesse des taux à l'échelle mondiale et la

quête de rendement des investisseurs. La dette des entreprises

se concentre sur une poignée de pays asiatiques (Hong Kong,

Chine, Singapour). Dans un certain nombre de pays en dehors

de l'Asie, la composition monétaire de la dette des entreprises

s'avère particulièrement préoccupante. Selon les données de

la Banque mondiale, un tiers de la dette des entreprises des

économies émergentes (à l'exclusion de la Chine) est financé par

l'étranger et est libellé en devises étrangères, comme le dollar

américain ou l'euro. Dans plusieurs économies émergentes, les

investisseurs étrangers détiennent en outre plus de 30% de la

dette publique en monnaie locale. Cela rend également ces

pays vulnérables à la spéculation, comme cela a récemment

été le cas de la Turquie et de l'Argentine. Les pays qui ont des

besoins de financement extérieur élevés et/ou des finances

publiques fragiles, comme l'Argentine et la Turquie, mais aussi

l'Égypte et l'Afrique du Sud, sont les plus vulnérables.

De nouvelles obligations sont toutefois encore émises

facilement pour l'instant. Les ratings de la dette des entreprises

restent également globalement stables, avec un nombre

limité d'exceptions (par exemple le Brésil). Dans l'ensemble, la

croissance économique demeure robuste. En outre, la plupart

des économies émergentes sont également mieux armées qu'à

la fin des années 1990 depuis qu'elles ont abandonné dans

leur politique l'arrimage permanent de leur monnaie au dollar

américain. Dans ce contexte, une nouvelle crise est donc loin

d'être certaine, malgré certains éléments préoccupants. Les

facteurs externes seront déterminants. Une Fed qui resserre sa

politique de manière plus agressive ou une guerre commerciale

agressive pourrait à nouveau poser problème dans les

économies émergentes.

L'économie belge

L'estimation provisoire de la croissance du PIB réel au premier

trimestre a été légèrement révisée à la baisse, de 0,4% à

0,3%. L'économie belge a donc démarré 2018 encore un peu

moins bien qu'on ne le pensait au départ. La croissance en

glissement trimestriel est ainsi restée, pour la quatrième fois

Source:: KBC Economic Research sur la base de l'IIF

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150

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Households Non-fin corporates Financial Corporates Government

EM-27 : Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, République tchèque, Égypte, Ghana, Hong Kong, Hongrie, Inde, Indonésie, Israël, Kenya, Corée, Malaisie, Mexique, Nigeria, Pakistan, Pologne, Russie, Arabie saoudite, Singapour, Afrique du Sud, Thaïlande, Turquie et Ukraine

Figure 4 - Endettement des économies émergentes(dette EM-27 en % du PIB ; moyenne pondérée du PIB)

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 7

consécutive, inférieure à celle de l'ensemble de la zone euro

(0,4% au premier trimestre). La qualité de la croissance du PIB

belge du premier trimestre est toutefois meilleure que prévu

puisque toutes les composantes de la demande intérieure finale

ainsi que les exportations nettes y ont contribué. La baisse de

la croissance du PIB par rapport au quatrième trimestre 2017

(+0,5%) est entièrement imputable à la contribution négative à

la croissance de la variation des stocks.

Des données récentes confirment le scénario d'un essoufflement de la croissance

Tant le baromètre de conjoncture de la BNB que l'indicateur

de confiance des consommateurs ont reculé en mai. La

confiance des entrepreneurs dans le secteur manufacturier et

les services aux entreprises est en baisse depuis quelque temps.

L'indicateur de l'évaluation des commandes à l'exportation

s'affaiblit clairement, bien qu'il conserve un niveau élevé. Les

chiffres durs des exportations suggèrent que la croissance des

exportations belges vers d'autres pays de l'UE se ralentit, tandis

que les exportations en dehors de l'UE restent vigoureuses

jusqu'ici (figure 5). Conjointement avec la maigre croissance

du PIB au premier trimestre, les indicateurs récents confirment

notre scénario d'essoufflement de l'économie. Au cours des

prochains trimestres, la croissance en glissement trimestriel

devrait fluctuer autour de 0,3%-0,4%. Il en résulte un taux

de croissance du PIB réel attendu pour l'ensemble de 2018 de

1,6%, contre une croissance réalisée de 1,7% en 2017.

Nos perspectives de croissance pour la Belgique en 2018 sont

légèrement inférieures aux prévisions consensuelles (1,8%)

et aux projections récemment mises à jour de l'OCDE (1,7%).

Le Bureau fédéral du Plan et la BNB ont également abaissé

récemment leurs perspectives de croissance pour 2018 à 1,6%

et 1,5% respectivement. Une croissance plus faible en 2018

aura un impact négatif sur le solde budgétaire de l'État. Selon

la Commission européenne, l'élasticité budgétaire - qui mesure

l'impact du cycle économique sur le budget - s'élève à 0,61 en

Belgique. Cela signifie qu'une croissance plus faible de 1,6%

en 2018 creusera le déficit public de 0,12% du PIB en 2018 par

rapport au scénario de croissance de 1,8%.

Conformément au sentiment général, les perspectives d'emploi

(un sous-indicateur du baromètre de conjoncture de la BNB)

ont également fortement baissé récemment, en particulier

dans les secteurs manufacturiers et des services aux entreprises.

L'évolution de l'emploi intérieur effectif reste positive (+0,2%

au premier trimestre par rapport au trimestre précédent), mais

sa dynamique s'est sensiblement ralentie depuis la fin 2016.

L'inflation globale est passée de 1,6% en avril à 1,8% en mai,

principalement en raison d'une envolée des prix de l'énergie.

Dans la zone euro, l'inflation a surpris en mai en grimpant de

1,2% à 1,9%. En conséquence, pour la première fois depuis le

début de l'année 2015, l'inflation belge a été inférieure à celle

de la zone euro.

Source: KBC Economic Research sur la base des Stat. BNB

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5

10

15

2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Exportations vers les pays de l'UE Exportations vers l'extérieur de l'UE

Figure 5 - Les exportations belges vers les pays de l'UE s'essoufflent(en valeur, variation annuelle en %, moyenne mobile à 3 mois)

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 8

ENCADRÉ: Les devises en tant qu'armes économiques : pourquoi l'euro, en tant que monnaie internationale, reste-t-il à la traîne par rapport au dollar américain ?

Depuis l'introduction de l'euro en 1999, la monnaie unique européenne occupe la deuxième place dans le système financier international. Elle conserve toutefois un retard considérable sur le numéro un qu'est le dollar américain et ce, selon presque tous les critères pertinents. Selon certains critères, son importance relative a même légèrement diminué avec la crise de la dette souveraine euro-péenne. Même à plus long terme, il est peu probable que l'euro remplace le dollar américain comme première monnaie internationale. Deux des obstacles les plus évidents sont l'absence persistante de marchés financiers suffisamment profonds et liquides et l'inquiétude récurrente entourant la stabilité à long terme de la zone euro. En outre, la BCE n'entrave ni ne promeut l'utilisation internationale de la monnaie unique. Un rôle véritablement international de l'euro aurait en revanche des consé-quences pour la politique monétaire de la BCE.

Le dollar américain en tant qu’arme politique

Les relations internationales ont été assez agitées ces derniers

temps, surtout depuis l'élection du président américain, Donald

Trump. L'un des événements les plus récents est le retrait

unilatéral des États-Unis de l'accord nucléaire avec l'Iran le 8

mai. Ce retrait a rétabli de facto les sanctions économiques

américaines contre l'Iran, alors qu'elles avaient été suspendues

au moment de la conclusion de l'accord.

Cette décision américaine affecte non seulement les relations

économiques et financières entre les États-Unis et l'Iran, mais

aussi les entreprises non américaines faisant des affaires avec

l'Iran car celles-ci sont elles aussi confrontées à des sanctions

américaines si elles souhaitent faire des affaires sur le marché

américain. Les sanctions s'appliquent non seulement aux

activités purement économiques, telles que le commerce ou la

production, mais aussi aux transactions financières. La portée et

l'impact des mesures américaines s'en trouvent ainsi fortement

augmentés.

Qu'est-ce qui confère aux États-Unis le pouvoir économique

d'imposer de telles sanctions aux conséquences

Source: KBC Economic Research, d'après les données de la BCE, du FMI, de Swift et de la BRI, telles que citées par la BCE

0

10

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50

60

70 USD EUR JPY RMB Autres

Figure A - L'euro occupe une deuxième position incontestée, mais il

accuse un retard considérable (part en %, fin 2016 ou plus récemment)

Source: KBC Economic Research, d'après les données de la BCE et du FMI telles que rapportées par la BCE

0102030405060708090

100

USD EUR JPY GBP Autres

Figure B - La part de l'euro dans les réserves de change mondiales a de

nouveau baissé(part par devise dans les réserves de change dont la composition monétaire est connue (aux taux de change courants), en %)

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 9

extraterritoriales? La réponse réside avant tout dans la position

unique du dollar américain en tant que première monnaie

internationale. L'évolution de l'économie mondiale et de

l'architecture politique et financière internationale depuis la

Seconde Guerre mondiale a engendré cette domination durable

du dollar américain. La deuxième monnaie la plus importante,

l'euro actuellement, ne le suit qu'à distance et ce, selon tous

les critères pertinents, tels que l'utilisation de la monnaie pour

l'émission de la dette internationale, le volume sur les marchés

des changes et l'utilisation en tant que monnaie de transaction

et de réserve internationale.

Les transactions sur de nombreux marchés, tels que les marchés

des matières premières, sont réglées en dollar américain.

Toute entreprise qui conclut une transaction pétrolière avec

l'Iran, par exemple, sera donc impliquée dans une transaction

financière en dollar américain. Étant donné que toutes ces

transactions financières en dollar américain doivent être réglées

tôt ou tard par le biais de comptes dans le système bancaire

américain, les sociétés concernées relèvent également de facto

de la juridiction américaine. Ce mécanisme ne se limite pas

au marché pétrolier. Tout agent économique qui effectue des

transactions financières ou accumule des réserves de devises

en dollar américain est directement ou indirectement exposé

au droit américain. Les relations économiques qui n'ont rien à

voir directement avec les États-Unis ou qui n'impliquent pas de

sociétés américaines sont donc soumises au droit américain dès

lors qu'elles utilisent le dollar américain.

Le rôle du dollar américain dans l'imposition de sanctions

américaines contre l'Iran nous donne l'occasion de revoir le

fonctionnement actuel du système financier international. À la

veille du 20e anniversaire de la monnaie unique européenne,

l'utilisation de l'euro comme monnaie internationale n'est

toujours pas comparable à celle du dollar américain. Depuis

la crise de la dette souveraine européenne au début de cette

décennie, le rôle modeste de l'euro dans les transactions

financières et la constitution de réserves a en outre

commencé à diminuer quelque peu. Cela s'explique sans

doute principalement par une baisse de confiance des acteurs

économiques internationaux dans la fiabilité, voire la survie, de

la monnaie européenne.

Le système financier international actuel présente des lacunes

Le système financier international (SFI) actuel est un système

informel sans règles explicites. Dans la pratique, il s'articule

autour du dollar américain et consiste en un ensemble

essentiellement non coordonné de taux de change fixes et

variables. L'absence d'un mécanisme formel de correction des

déséquilibres extérieurs non tenables constitue une faiblesse.

Contrairement au système actuel, le système précédent, le

système de Bretton Woods, suivait des règles formelles. Celles-

ci avaient été formalisées dans un traité, dans le cadre duquel

un taux de change fixe par rapport au dollar américain avait été

convenu pour chaque devise et la parité selon laquelle le dollar

pouvait être converti en or avait été fixée (la convertibilité).

Le système de Bretton Woods a pris fin en 1971, lorsque le

président américain de l'époque, Richard Nixon, a mis un terme

à la convertibilité de l'USD en or. Depuis 1971, presque toutes

les monnaies sont des monnaies dites "fiat", tirant leur valeur

uniquement de l'autorité et de la crédibilité du pays émetteur,

et plus particulièrement de la banque centrale émettrice. Dans

le cadre de ce système informel, tous les accords entre pays

concernés sont conclus sur une base ad hoc et volontaire ou,

dans certains cas, de manière totalement unilatérale.

"Le dollar est notre monnaie, mais votre problème"

L'étendue de ce pouvoir unilatéral a été illustrée à plusieurs

reprises par la politique économique du président américain

Donald Trump. Celle-ci souligne le problème fondamental qui se

pose presque inévitablement lorsqu'un SFI est construit autour

d'une monnaie unique dominante. En 1961, l'économiste belge

Robert Triffin décrivait déjà le dilemme engendré par le conflit

d'intérêts entre les différents objectifs de politique nationale

d'une part et la stabilité monétaire et financière du SFI commun

d'autre part. Dans une perspective économique, un problème de

coordination se pose étant donné que les décideurs nationaux

individuels ne tiennent pas compte de l'impact négatif de leur

politique nationale sur le reste du SFI.

Les implications d'une telle divergence des politiques sont

manifestes dans le commentaire du ministre des Finances

américain John Connally en 1971: "Le dollar est notre

monnaie, mais votre problème". L'une des principales raisons

de l'effondrement du système de Bretton Woods est donc

l'incohérence de la politique économique intérieure américaine

(augmentation des déficits tant budgétaire que du compte

courant combinée à une inflation croissante) avec les règles

du système de Bretton Woods. Les taux de change fixes des

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 10

monnaies participantes par rapport au dollar américain, et donc

indirectement la convertibilité en or également, se sont en fin

de compte avérés insoutenables.

Aujourd'hui encore, la politique économique américaine ne

semble pas tout à fait compatible avec la stabilité économique

et financière globale. La politique commerciale américaine

actuelle et les mesures de relance budgétaire de fin de cycle

qui augmentent le risque d'un scénario boom-bust aux États-

Unis ne contribuent pas à la stabilité économique et financière

globale dans le monde, pas plus que l'utilisation explicite du

dollar US pour faire appliquer unilatéralement un objectif de

politique national, qui, en l'occurrence, n'est même pas de

nature économique. Ce manque de coordination des politiques

internationales montre clairement que le SFI actuel est loin

d'être parfait et qu'il y a encore matière à amélioration.

D'où vient l'attrait du dollar américain ?

Si le SFI actuel présente des lacunes aussi importantes,

pourquoi le dollar américain continue-t-il d'y jouer un rôle

dominant, même sans accords formels ? La réponse réside dans

les caractéristiques qu'une monnaie doit avoir pour pouvoir

jouer un rôle international important. Or, le dollar américain est

actuellement la seule monnaie qui remplit ces conditions.

Tout d'abord, la monnaie doit pouvoir compter sur une

(très) grande économie, car l'argent est essentiellement une

créance sur les biens et services du pays qui le dépense. C'est

précisément ce besoin de crédibilité qui conduit souvent les

petites économies à arrimer leur monnaie à la monnaie d'une

plus grande économie (comme le Danemark) ou même à

mettre en place un conseil monétaire (comme la Bulgarie et

Hong Kong).

La taille de l'économie favorise également l'utilisation

internationale d'une monnaie puisqu'un plus grand nombre

d'utilisateurs (nationaux) dès le départ réduit les coûts de

transaction pour les nouveaux utilisateurs potentiels. La

littérature économique décrit ce phénomène comme des

économies d'échelle au niveau de la demande. Il explique la

solidité du statut d'une monnaie internationale une fois qu'il

a été acquis. Ce fut le cas, par exemple, de la livre sterling au

XIXe siècle et au début du XXe siècle et c'est le cas du dollar

américain depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Une deuxième condition essentielle est l'existence de marchés

financiers liquides et facilement accessibles. Les investisseurs

internationaux doivent pouvoir disposer d'un volume suffisant

d'actifs financiers sûrs émis dans la monnaie internationale de

leur choix. La disposition du pays de la monnaie internationale

à fournir des ressources financières suffisantes est le revers de la

médaille. En d'autres termes, ce pays doit être prêt à s'endetter

suffisamment pour répondre à la demande internationale

de ces dettes. Concrètement, ce pays doit également être

prêt à enregistrer des déficits systématiques de la balance

courante. En payant ces déficits dans sa propre monnaie, le

pays fournit suffisamment de liquidités financières pour le bon

fonctionnement du SFI et assume son rôle de "banquier central

de l'économie mondiale".

Troisièmement, outre la taille de l'économie et la présence

de marchés financiers bien développés, un cadre politique,

juridique et macroéconomique solide et stable joue un rôle

tout aussi crucial. Il est particulièrement important que la

loi soit appliquée par des tribunaux indépendants, ce qui

garantit aux investisseurs internationaux la protection de leurs

investissements.

Enfin, à long terme, la combinaison du statut géopolitique d'un

pays et de la stabilité politique joue un rôle décisif. Un pays

hégémonique à un moment donné de son histoire a intérêt à

promouvoir l'utilisation internationale de sa monnaie. Un tel

rôle de banquier central de l'économie mondiale présente en

effet des avantages économiques majeurs, tel que le "privilège

exorbitant" de pouvoir émettre des dettes et de régler les

comptes d'importation dans sa propre monnaie, cette monnaie

étant facilement acceptée au niveau international. Cela réduit

considérablement les coûts de financement et aide à protéger

l'économie nationale de la volatilité du taux de change.

En tant que monnaie internationale, l'euro peut-il combler son retard sur le dollar américain ?

L'introduction de l'euro en 1999 n'a pas encore débouché sur

un SFI plus diversifié. Il est vrai que, selon la plupart des critères,

l'euro occupe désormais une deuxième place incontestée.

L'euro n'est toutefois pas un adversaire de taille pour le dollar

américain (nous serions passés à un SFI bipolaire). Au contraire,

sur la base d'un certain nombre de critères, l'importance

internationale de l'euro a quelque peu diminué depuis la crise

de la dette souveraine européenne.

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 11

Trois facteurs principaux ont limité l'augmentation de l'utilisation

internationale de l'euro. Ainsi, il n'existe toujours pas de marché

obligataire paneuropéen et la tendance à la renationalisation

des marchés obligataires européens a encore réduit la liquidité

nécessaire sur ces marchés.

Il est possible que le développement de marchés financiers

importants et liquides dans la zone euro ne soit qu'une question

de temps. Une confiance totale dans l'irréversibilité de l'UEM

est cependant une condition absolue. L’actualité politique

italienne récente a également démontré que 20 ans après

l'introduction de l'euro, la survie de la zone euro sous sa forme

actuelle ne pouvait être considérée comme allant de soi. Cela se

reflète en partie dans le doublement soudain du différentiel de

taux des obligations d'État à long terme italiennes vis-à-vis de

l'Allemagne. Cette incertitude sous-jacente et persistante quant

à la pérennité de la zone euro est la deuxième raison pour

laquelle l'utilisation internationale de l'euro n'a guère évolué.

Enfin, il reste à voir si l'Europe souhaite réellement une monnaie

internationale comparable au dollar américain. L'utilisation

internationale à grande échelle de sa monnaie signifierait en

effet que la BCE perdrait une grande partie de son contrôle

sur la masse monétaire totale effective et, par conséquent, sur

l'inflation intérieure. Cela fut à l'époque une raison importante

expliquant les réticences de la Bundesbank à utiliser le mark

allemand à l'échelle internationale. La Banque centrale

européenne n'y est pas non plus favorable. La BCE maintient

sa position officielle selon laquelle le rôle international de

l'euro doit avant tout être dicté par les forces du marché. En

conséquence, elle n'entrave ni ne promeut le rôle international

de l'euro.

L'évolution la plus probable pour la prochaine décennie est

donc le maintien du système actuel, avec le dollar comme point

d'ancrage international et un rôle relativement modeste pour

l'euro. Dans un tel scénario unipolaire, il importe toutefois plus

que jamais de maintenir et même de renforcer la coordination

des politiques internationales.

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Source: OCDE

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Figure 1: Activité économique dans l'OCDE

(variation trimestrielle en base annuelle, en %)

Source: Sources Nationales

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 2: Confiance G4

(écart type de la moyenne à long terme)

Source: Eurostat, BLS et OCDE

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 3: Inflation

(indice des prix à la consommation, variation annuelle en %)

v

Source: Fed et Datastream

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 5: Évolution des taux États-Unis

(en %)

Source: ICIS pricing et S&P

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 4: Prix des matières premières

(janvier 2011 = 100)

Source: BCE et Datastream

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Figure 6: Évolution des taux zone euro

(en %)

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

PIB (réel)

Indicateur avancé

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

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États-Unis

OCDE

Zone euro

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Pétrole (Brent, dollar par baril)

Agriculture et alimentation (S&P GSCI)

Métaux industriels (Economist)

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Taux obligataire (10 ans)

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2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

Taux obligataire allemand (10 ans)

Taux dépôt BCE

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 13

Croissance réelle du PIB Inflation

2018 2019 2018 2019

États-Unis 2,8 2,3 2,4 2,4

Zone euro 2,3 2,0 1,5 1,6

Belgique 1,6 1,5 1,7 1,4

Allemagne 2,3 1,9 1,6 1,8

Irlande 6,0 4,0 0,9 1,6

Royaume-Uni 1,4 1,3 2,5 2,1

Suède 2,6 2,1 1,8 2,0

Norvège 2,3 2,2 1,9 1,8

Suisse 2,1 1,8 0,7 1,0

Slovaquie 3,8 3,8 2,8 2,6

Pologne 4,5 3,9 1,8 2,4

Tchéquie 3,2 2,7 1,6 2,0

Hongrie 3,9 3,4 2,5 3,2

Bulgarie 3,5 3,4 1,5 1,7

Russie 1,8 1,6 3,7 3,8

Turquie 4,2 4,0 11,0 9,9

Japon 1,3 1,0 1,0 1,0

Chine 6,5 6,3 2,3 2,3

Australie 2,7 2,8 2,2 2,4Nouvelle-Zélande 2,9 3,0 1,8 2,0

Canada 2,1 1,9 2,3 2,1

Monde 3,9 3,9 - -

Taux d’intérêt à 10 ans 14/06/18 +3m +6m +12m

États-Unis 2,95 3,00 3,20 3,30

Allemagne 0,48 0,80 1,30 1,50

Belgique 0,86 1,10 1,60 1,85

Irlande 1,01 1,20 1,75 2,00

Royaume-Uni 1,36 1,75 2,30 2,65

Suède 0,64 0,95 1,45 1,65

Norvège 1,88 2,20 2,70 2,90

Suisse 0,06 0,35 0,85 1,05

Slovaquie 0,82 1,10 1,60 1,85

Pologne 3,28 3,30 3,50 3,60

Tchéquie 2,16 2,00 2,15 2,35

Hongrie 3,53 3,20 3,30 3,70

Bulgarie 1,20 1,65 2,18 2,40

Russie 7,55 7,50 7,50 7,50

Turquie 15,73 14,75 14,50 14,50

Japon 0,04 0,00 0,00 0,00

Chine 3,68 3,70 3,70 3,50

Australie 2,73 2,85 3,05 3,15

Nouvelle-Zélande 2,99 3,05 3,25 3,35

Canada 2,32 2,35 2,55 2,65

Taux directeur

14/06/18 +3m +6m +12m

États-Unis 2,00 2,00 2,50 3,00

Zone euro (taux de refi) 0,00 0,00 0,00 0,00

Zone euro (taux de dépôt) -0,40 -0,40 -0,40 -0,40

Royaume-Uni 0,50 0,50 0,75 0,75

Suède -0,50 -0,50 -0,50 -0,25

Norvège 0,50 0,50 0,75 0,75

Suisse* -0,75 -0,75 -0,75 -0,75

Pologne 1,50 1,50 1,50 1,75

Tchéquie 0,75 0,75 1,00 1,25

Hongrie 0,90 0,90 0,90 1,10

Roumanie 2,50 2,75 2,75 3,00

Russie 7,25 7,00 6,75 6,75

Turquie 17,75 17,75 17,75 17,75

Japon -0,10 -0,10 -0,10 -0,10

Chine 4,35 4,35 4,35 4,35

Australie 1,50 1,50 1,50 1,75

Nouvelle-Zélande 1,75 1,75 1,75 2,00

Canada 1,25 1,50 1,50 1,75

Cours de change

14/06/18 +3m +6m +12m

USD par EUR 1,18 1,18 1,22 1,25

GBP par EUR 0,88 0,88 0,89 0,91

SEK par EUR 10,16 10,00 9,75 9,50

NOK par EUR 9,45 9,40 9,35 9,25

CHF par EUR 1,16 1,18 1,20 1,22

PLN par EUR 4,28 4,33 4,25 4,20

CZK par EUR 25,68 25,80 25,00 24,80

HUF par EUR 320,62 316,00 315,00 313,00

BGN par EUR 1,96 1,96 1,96 1,96

RUB par EUR 73,67 72,57 75,03 76,88

TRY par EUR 5,48 5,43 5,67 5,88

JPY par EUR 129,87 129,80 134,20 137,50

RMB par USD 6,39 6,40 6,41 6,42

USD par AUD 0,76 0,76 0,77 0,78

USD par NZD 0,70 0,70 0,71 0,72

CAD par USD 1,30 1,28 1,26 1,25

Perspectives de l'économie mondiale

* Fourchette cible moyenne

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 14

Comptes nationaux

(croissance réelle en %) 2017 2018 2019

Consommation privée 1,3 1,6 1,9

Consommation publique 1,3 1,2 1,0

Investissements en capital fixe 0,7 2,5 2,5

Investissements des entreprises 0,7 2,4 2,5

Investissements publics 2,0 8,4 5,4

Investissements en construction 0,3 0,5 1,3

La demande intérieure finale (hors variation des stocks) 1,2 1,7 1,9

Variation des stocks (contribution à la croissance) 0,1 0,0 0,0

Exportations de biens et de services 4,9 3,6 2,6

Importations de biens et de services 4,4 3,7 3,1

Produit intérieur brut (PIB) 1,7 1,6 1,5

Revenu disponible des ménages 1,3 1,8 2,1

Taux d'épargne brut des ménages (en % des revenus disponibles) 11,3 11,6 12,2

Indicateurs d'équilibre

2017 2018 2019

Inflation (hausse annuelle moyenne, en %)

Prix à la consommation 2,2 1,7 1,5

Indice santé 1,8 1,5 1,4

Marché du travail

Emploi intérieur (variation en cours d’année, en ‘000) 56,2 35,0 30,0

Taux de chômage (fin d’année, définition Eurostat) 6,2 6,2 6,2

Finances publiques (en % du PIB, avec les politiques actuelles)

Solde de financement -1,0 -1,2 -1,5

Dette publique 103,1 101,7 100,5

Compte courant (en % du PIB) -0,2 -0,3 -0,5

Prix des maisons (variation au cours de l’année, logements exis-tants et nouveaux, en %)

3,7 2,7 2,6

Perspectives de l'économie belge

Page 15: Perspectives Économiques - Le blog de Bernard Keppenne · Une politique de souplesse budgétaire sans de profondes réformes économiques est l'option la plus probable. Alors que

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Cette publication a été réalisée par les économistes du groupe KBC. Ni la mesure dans laquelle les scénarios, les ris-ques et les pronostics présentés reflètent les prévisions du marché, ni la mesure dans laquelle ils seront corroborés par la réalité ne peuvent être garanties. Les prévisions sont fournies à titre purement indicatif. Les données de cette publication sont générales et purement informatives. Elles ne peuvent être considérées comme des recomman-dations en investissement. Cette publication relève de la 'recherche en investissements', telle que visée par la loi et la réglementation sur les marchés d'instruments financiers. Toute transmission, diffusion ou reproduction de ces informations, sous quelque forme et par quelque moyen que ce soit, est interdite sans l'autorisation expresse, préalable et écrite de KBC Groupe SA. KBC et CBC Banque SA ne peut être tenu responsable de leur exactitude ou de leur exhaustivité. Tous les cours historiques, statistiques et graphiques sont d’actualité jusqu’au 11 juin 2018, sauf stipulation contraire. Les opinions et stratégies décrites sont telles qu'en vigueur le 11 juin 2018.

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CBC Perspectives Économiques I I Juin 2018 I 15

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