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Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047 4 ÈME TRIMESTRE 2019 LES INFOS PIERRE BOIS 12 #PIERRE ARDENNES-COTICULE - LA PIERRE À AIGUISER DE RÉFÉRENCE MONDIALE EST ARDENNAISE ! 06 #INTERVIEW FOCUS SUR LE RÔLE DE L’EXPERT FORESTIER #RETROUVEZ RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS LE BIM UN COUP D'AVANCE POUR LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION BOIS EN WALLONIE ? DOSSIER

PIERRE BOIS - RND · 12 #pierre ardennes-coticule - la pierre À aiguiser de rÉfÉrence mondiale est ardennaise ! 06 #interview focus sur le rÔle de l’expert forestier #retrouvez

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Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047

4ÈME TRIMESTRE 2019

LES INFOS PIERRE BOIS

12#PIERREARDENNES-COTICULE -LA PIERRE À AIGUISER DE RÉFÉRENCE MONDIALE EST ARDENNAISE !

06#INTERVIEWFOCUS SUR LE RÔLE DE L’EXPERT FORESTIER

#RETROUVEZRELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS

LE BIM UN COUP D'AVANCE POUR LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION BOIS EN WALLONIE ? 

DOSSIER

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Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro est soumise à l’approbation préalable de la rédaction.

Photos © RND sauf indication contraire.

SOMMAIRE

4ÈME T

RIM

ESTR

E 20

19 RND Ressources Naturelles Développement asblRue de la Fontaine, 17CB-6900 MARLOIE - (Marche-en-Famenne)Tél. 084 32 08 40 - Fax 084 32 08 59 - E-mail : [email protected] - www.portailpierre.be

Équipe de rédaction :Nadine Godet, Pierre Warzée, Jérémie Deprez, Pauline Gillet, Diego Bertrand, Julien Goijen, Marie-Caroline Detroz, Valérie Doutrelepont, Manon Lozet, Coraline Sambon.

Contribution extérieure :Eric Letombe, Jacques Rondeux, Francis Tourneur

Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier de la Wallonie, de l’Union européenne et de la Province de Luxembourg

Rejoignez-nous sur

#RÉSEAURÉSEAUBOIS

SCOLYTE 2020 : L’ATTAQUE S’INTENSIFIE COMME PRÉVU

Nous avons déjà consacré de nombreuses pages au scolyte dans nos Infos durant toute l’année 2019. Nous avons à peu près tout dit de cette crise, ses rouages et ses ré-percussions sur la filière forêt-bois, mais elle est loin d’être terminée pour autant et son évolution reste incertaine. État des lieux.

FOCUS SUR LE RÔLE DE L’EXPERT FORESTIER

Au contact des propriétaires fores-tiers, nous remarquons que cette profession est assez peu connue et que le fait d’y avoir recours peut parfois en effrayer certains. Pour mieux connaître cette profession, nous avons rencontré Nicolas Henryot, Secrétaire Général de la Fédération Nationale des Experts Forestiers de Belgique…

04 06

UNE PIERRE, UN TERROIR

Destinée aux architectes et aux prescripteurs publics, cette formation organisée par RND, PMW et AAPL vise à leur fournir les éléments à intégrer dans les marchés publics pour promouvoir l'utilisation judicieuse de la pierre régionale dans la construction.

LE « MUR GÉOLOGIQUE » DE COMBLAIN-AU-PONT

Scientifiques, sculpteurs, carrièreset secteur associatif se sont associés afin de mener à son terme un projet unique, le « mur géologique » de Comblain-au-Pont !

09 10

# RÉSEAURÉSEAUPIERRE

Happy New Year !

NOTRE VOLONTÉ D’AMÉLIORER

SANS CESSE CE

MAGAZINE

CONTINUERA D’ÊTRE

NOTRE MOTEUR EN 2020

MERCI DE L’INTÉRÊT

QUE VOUS LUI ACCORD

EZ !

MEILLEURS VOEUX

DE TOUTE L’ÉQUIPE

DES INFOS POUR

CETTE

NOUVELLE ANNÉE

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DOSSIER DU TRIMESTRE

Connaissez-vous le BIM ou Building Information Model ? Derrière ce nom un peu « barbare » se cache un concept de travail mis au point il y a une vingtaine d’années dans le secteur de la construction. Pourquoi en parler au-jourd’hui ? Tout simplement parce que ce concept pour-rait bien être un futur standard du secteur de la construc-tion en immergeant cette dernière dans le numérique moderne avec de nombreux avantages à la clé. Le secteur wallon du bois pourrait jouer ici un rôle de pionnier et se positionner immédiatement à la pointe de la technologie. Pourquoi et comment ? Réponses dans ce dossier.

LE BIM : UN COUP D'AVANCE POUR LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION BOIS EN WALLONIE ?

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ESSENCE FORESTIÈRE - LE CHÂTAIGNER

Aujourd’hui, environ 2% de la surface forestière wallonne est occupée par le châtaignier. Pourtant, sa bonne tolérance aux stations à tendance sèche en fait une essence intéressante dans le contexte des change-ments climatiques…

MON BOIS, MA SCIERIE

Organisées par RND, les Fédéra-tions professionnelles concernées et le salon Bois & Habitat 2020, ces rencontres d'affaire entre scieurs wallons et transformateurs wallons du bois, ont pour objectif de promouvoir l'utilisation du bois local.

3008 24 L’ECOTOURLAB : UNE INNOVATION EN WALLONIE TANT POUR LE TOURISME QUE POUR LA FORÊT !

En partenariat avec l’Université de Liège- Gembloux- Agrobiotech et l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA-France) nous menons actuellement des actions destinées à mesurer l’attracti-vité des paysages et des forêts d’Ardenne, en mettant au point un outil de monitoring de l’usage récréatif des espaces naturels et forestiers. Focus sur le projet Interreg V Grande Région « Agreta »

ARDENNES-COTICULE - LA PIERRE À AIGUISER DE RÉFÉRENCE MONDIALE EST ARDENNAISE !

Connaissez-vous la pierre de coticule ? Tout amateur de coutellerie se doit d’en avoir une dans sa réserve afin d’affiler sa plus belle lame. Saviez-vous également que cette ressource unique dans le monde est toujours exploitée en Ardenne et s’exporte jusqu’en Nouvelle-Zélande ? Affûtons nos connaissances sur cet univers d’un demi-milliard d’années ...

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Portrait D’ENTREPRISE

# NOTRE RENDEZ-VOUS

RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS Retrouvez une sélection de produits et procédés innovants autour des matériaux bio-sourcés, fibres naturelles, matériaux composites.

N°13

En supplément

LES INVASIONS DE SCOLYTES, QU'ONT FAIT LES CANADIENS EN LA MATIÈRE ? QUELQUES PRÉCIEUX ENSEIGNEMENTS

Les entreprises font face à la crise du scolyte dans les forêts européennes depuis deux ans. Les défis aussi bien quan-titatifs que qualitatifs restent immenses. Un manque de proactivité de la part des intervenants de la filière peut se payer cher. Eric Letombe, expert de la filière forêt-bois wallonne, nous entretient du cas de la Colombie Britannique marquée par de massives attaques d’insectes…

VEGETERIAN

100% NATURAL

ecoORGANIC

VEGAN FOOD

NATURE

MARCHÉSTENDANCES

22 PRO SILVA, AU CROISEMENT DES REGARDS

Les conséquences négatives déjà visibles du réchauffement climatique appellent à favoriser des forêts plus résilientes et à ce titre Pro Silva est une des solutions à pré-coniser. Et pourtant ... l’écho médiatique très fort donné à sa pratique est-il aussi justifié qu’il n’y paraît ? Jacques Rondeux, Professeur honoraire émérite de l’ULiége Agro-Bio Tech Gembloux, nous livre son analyse de cette sylviculture proche de la nature…

REGARD FORESTIERREGARD FORESTIER

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4 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

Pour dresser le bilan de cette année 2019, nous avons contacté l’Office Economique Wallon du Bois, qui siège à la Task Force scolytes, mise en place par la Région Wal-lonne. « La Task Force estime le volume de bois scolytés à environ 500.000 m³ en 2018 et 800.000 m³ en 2019 en forêt privée et publique. Il est clair que la filière est bien engorgée d’autant que ces quantités sont bien supé-rieures encore dans les pays voisins. On constate que des lots se vendent à des prix très variables. Cela dépend du type d’exploitation (mise à blanc ou éclaircie), de la taille des lots, de la taille et de la qualité des bois. Il reste donc très compliqué de déceler des tendances pour le marché de l’épicéa de manière générale. » commente-t-il.

Bien évidemment, personne ne peut se targuer de bons résultats de ventes en épicéas cette année et plusieurs communes nous ont fait part de ventes annulées pour cause de prix bien trop bas. La situation est extrêmement tendue sur le plan financier dans de nombreuses com-munes forestières.

La situation est donc complexe et surtout hétérogène. Impossible de dresser un tableau général de la filière tant les conditions locales, la situation des acheteurs locaux, la capacité des uns et des autres à trouver de nouveaux acquéreurs et à négocier leurs contrats varient d’un coin à l’autre. La taille des lots de bois mis en vente a égale-ment un impact majeur, les lots importants étant globa-lement plus attractifs, surtout avec une ressource dont la valeur sur le marché est si basse.

Du côté du secteur de la transformation, le marché sa-ture et ralentit comme annoncé mais le traitement des bois scolytés se poursuit aussi vite qu’il est possible grâce

notamment aux entreprises de la trituration qui peuvent absorber d’importants volumes de bois scolytés et ne s’en privent pas. On peut aussi souligner que le marché a légèrement évolué avec, par exemple, un ralentissement plus important des ventes à l’export des bois scolytés, la Chine ayant freiné (mais pas stoppé) ses importations d’épicéas. Le marché européen quant à lui n’évolue pas vraiment depuis 2018. Toujours saturé, il continue à tra-vailler à plein régime.

En parlant de fin de crise, qu’en pensent les experts de la Task Force ? L’avenir est plein d’incertitudes : « Actuelle-ment on peut raisonnablement penser que nous avons atteint un pic de population de scolytes en 2019 et que cela va diminuer dans les prochains mois. En réalité, les épicéas qui n’étaient pas bien en station ou qui étaient affaiblis par les sécheresses consécutives et malades ont aujourd’hui été éliminés par le ravageur. Il ne reste plus que les bois sains et bien adaptés à leur station, or le sco-lyte ne s’attaque pas, en principe, aux arbres vigoureux. En toute logique on devrait donc voir la crise s’estomper progressivement. Mais l’avenir reste difficile à prédire car tout dépend toujours des conditions climatiques. »

Quentin Leroy, attaché au Dé-partement d’Etudes du Milieu Naturel et Agricole (DEMNA) et spécialiste du scolyte, confirme cette théorie. « La crise actuelle est exceptionnelle dans ses pro-portions, la plus grande qu’on ait jamais essuyée, mais pour l’instant elle suit un schéma tout à fait classique, c’est-à-dire un

Nous avons déjà consacré de nombreuses pages au scolyte dans nos Infos durant toute l’année 2019. Nous avons à peu près tout dit de cette crise, ses rouages et ses répercussions sur la fi-lière forêt-bois, mais elle est loin d’être terminée pour autant et son évolution reste incertaine. État des lieux.

SCOLYTE 2020 : L’ATTAQUE S’INTENSIFIE COMME PRÉVU

Comme annoncé en 2018, la filière bois s’est retrouvée saturée de bois d’épicéa en 2019

Quentin Leroy

#RÉSEAUBOIS

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 5

début d’invasion suite à des conditions favorables l’an-née 1 puis une explosion de population l’année 2. Nous avons déjà vécu des épisodes similaires par le passé, même s’ils étaient d’une ampleur moindre.  Donc si le scénario continue de suivre un cheminement classique, le pic de population a été atteint en 2019 et la population de l’insecte va maintenant se stabiliser en 2020 puis ré-gresser progressivement » commente le spécialiste.

Restons cependant prudents car plusieurs inconnues subsistent. «  Tout va maintenant dépendre des condi-tions climatiques, ce sont elles qui vont déterminer quand cette régression de population va débuter et à quelle vitesse elle va se produire. » ajoute-t-il.

Un hiver rude doublé d’un printemps froid et humide contribuerait largement à réduire la population de sco-lytes. A contrario, si 2020 s’ouvre sur un printemps chaud avec sécheresse en option, l’insecte aura encore de beaux jours devant lui et, dans ce cas de figure, le pic de popula-tion serait encore à venir (en 2020 voire même plus tard). Car, rappelons-le, le meilleur système de défense naturel contre le scolyte est l’exsudation de sève par le tronc de l’épicéa qui repousse et englue le ravageur. Mais pour que ce mécanisme de défense fonctionne, il faut de l’eau en quantité !

Si les épicéas sains tiennent bon et sont épargnés par les futurs caprices de la météo, l’insecte va maintenant com-mencer à manquer de ressource « idéale » à consommer. Il va donc devoir se tourner vers les arbres sains, lesquels pourront beaucoup mieux se défendre, ce qui provoquera de lourdes pertes dans les rangs du ravageur. Si les séche-resses se multiplient et perdurent, le risque est de voir ap-paraître une nouvelle vague d’épicéas nouvellement affai-blis qui viendront reconstituer le garde-manger du scolyte.Difficile donc de se prononcer. « Il est difficile d’être ca-

tégorique. Il est possible voire probable que les dégâts augmentent encore l’année prochaine. La stabilisation en 2020 reste une hypothèse. Dans tous les cas, la crise nous occupera pendant plusieurs années avant un retour à la normale. Les conditions joueront un rôle important dans l’avenir de la crise » conclut notre interlocuteur.

Pour terminer cet état des lieux, il est utile de rappeler que les propriétaires forestiers peuvent très largement contri-buer à endiguer cette crise en exerçant au printemps pro-chain une surveillance rigoureuse de leurs parcelles avec intervention rapide en cas de constat d’attaque. Deuxiè-mement, autant que possible, évitez d’exploiter des lots d’épicéas par crainte qu’ils se fassent toucher. Des arbres sains et en pleine forme sont à même de résister à une attaque, les exploiter préventivement c’est donc risquer de précipiter sur un marché déjà saturé des bois qui par-tiront à prix moindre et ne feront qu’alimenter le phéno-mène d’engorgement.

COMMENT LA CRISE EST-ELLE RÉGULÉE DANS LES RÉGIONS VOISINES ?

Comme évoqué dans les numéros précédents, la crise du scolyte ne se cantonne pas aux forêts wal-lonnes. Face à cette épidémie généralisée, la filière s’organise de part et d’autre des frontières mais ces différentes initiatives sont peu partagées à l’échelle interrégionale. Le projet Regiowood II va mettre en place une plateforme informatique reprenant les mesures prises dans les différentes régions. L’objec-tif est d’aboutir à un échange d’expériences utiles pour gérer au mieux la crise actuelle.

La surveillance des nouveaux foyers de scolyte reste une priorité dans la gestion de la crise. © Quentin Leroy WSF

#RÉSEAUBOIS

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6 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

RND : EN QUOI CONSISTE PRÉCISÉMENTLE RÔLE DE L’EXPERT FORESTIER ?

Nicolas HENRYOT  : «  On fait de la gestion de propriété, qui va du conseil ponctuel au propriétaire jusqu’à la gestion complète par un régisseur. La première étape, et sans doute la plus importante, est la préparation d’un plan de gestion suivant les objectifs poursuivis par le propriétaire. Ensuite on applique ce plan de gestion sur le terrain. On martèle, on met en vente les coupes de bois, on assure le suivi des exploitations, la mise en œuvre de tous les travaux fores-tiers  : les plantations, le nettoyage des plantations, le dé-pressage (NDLR : opération par laquelle on sélectionne les arbres d’avenir dans un jeune peuplement), les élagages, et les tailles de formation.

On réalise aussi beaucoup d’expertises amiables ou judi-ciaires. Amiable par exemple pour un litige entre proprié-taires, on sert de démineurs et de négociateurs. En justice de paix ou dans des cas plus graves on fait parfois appel à un expert forestier pour donner un avis sur les arbres en cause. Une autre de nos activités est d’intervenir pour les évaluations de propriétés. Dans le cadre d’une vente, d’une succession, d’un échange ou quand la propriété est un ac-tif au sein d’une société. Enfin, depuis quelques années se développent deux autres activités : La consultance environ-nementale, le suivi des dossiers Natura 2000, l’introduction de permis d’urbanisme lorsqu’il faut abattre des peupliers murs en zone agricole par exemple. Mais aussi la foresterie urbaine, le suivi des arbres de parcs et d’alignement, pour

lesquels il y a une demande d’expertise sanitaire ou de plan de gestion pour assurer la sauvegarde de ce patrimoine ».

RND : COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS LE CONTEXTE FORESTIER ACTUEL ?

Nicolas HENRYOT : « Globalement, les experts sont un peu déprimés par l’état sanitaire des forêts qui pose énormé-ment de questions et peut remettre en cause les pratiques sylvicoles habituelles. Le pilier central de la sylviculture et donc de notre métier, c’est de marteler, de choisir des arbres qu’on veut qualifier, détourer, mettre en valeur ou récolter parce qu’ils sont mûrs. Le processus de martelage se résume pour beaucoup maintenant à une action sani-taire. On évacue les frênes atteints par la chalarose, les épi-céas scolytés, les douglas qui sèchent, les hêtres piqués, les chênes dépérissants... La gestion forestière est beaucoup moins facile et systématique que ce qu’elle était il y a en-core 10 ou 20 ans ». 

RND  : QU'AURIEZ-VOUS ENVIE DE DIRE AUX PRO-PRIÉTAIRES QUI SONT NOMBREUX À S'INTERROGER SUR LE DEVENIR DE LEUR FORÊT ET DONT CER-TAINS SONT MÊME COMPLÈTEMENT DÉCOURAGÉS ?

Il ne faut pas que les propriétaires croient que la forêt ne vaut plus rien et que c’est peine perdue  ! Une forêt gé-rée dynamiquement sera plus résiliente et plus résistante au changement climatique. De par la production de bois, elle sera source de revenu pour le propriétaire et servira

Dans notre numéro précédent, nous vous présentions les raisons de l’évolution du règlement de la prime à la plantation. Un des points-clé de ce nouveau règlement est la possibilité de se faire accompagner par un expert forestier pour mettre en place un plan de gestion centré sur la régénération naturelle de la parcelle.

Force est de constater que parmi les propriétaires forestiers avec lesquels nous sommes en contact, trop peu connaissent cette profession et par conséquent, n'y ont pas recours.

C'est pourquoi, il nous a paru utile pour mieux connaître le rôle de l'expert forestier, de rencontrer l'un d'entre eux et non des moindres puisqu'il s'agit du Secrétaire Général de la Fédération Nationale des Experts Forestiers de Belgique, Nicolas Henryot.

#RÉSEAUBOIS

FOCUS SUR LE RÔLE DE L’EXPERT FORESTIER

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 7

de puits de carbone pour lutter efficacement contre le ré-chauffement du climat. Il faut donc produire du bois, réin-vestir dans la forêt, c’est ça la gestion durable ! »

RND : SELON VOUS, DANS QUELS CASLES PROPRIÉTAIRES DOIVENT-ILS FAIRE APPEL À UN EXPERT FORESTIER ?

Nicolas HENRYOT  : «  Pour travailler sur le choix des es-sences par exemple. Le Fichier Ecologique des Essences est un outil qui peut aider à la décision mais il doit être affi-né par des sondages de terrain. De même, avoir un regard extérieur pour un propriétaire qui est un peu le nez dans le guidon permet d’ouvrir de nouvelles perspectives. Si un propriétaire se sent dépassé par les contraintes réglemen-taires ou les crises sanitaires, avoir recours à un expert per-met souvent de trouver de l’aide dans ce cadre ». 

RND : QUELS SONT LES CONSEILS PRATIQUES DE L’EXPERT SUR L’IMPLÉMENTATION DE LA GESTION FORESTIÈRE DURABLE SUR NOS TERRITOIRES ?

Nicolas HENRYOT : « Il est important d’intervenir sur plu-sieurs points  mais atteindre un équilibre forêt-gibier est impératif. Si on veut faire du bois de bonne qualité, bien conformé, qui pousse bien, avec de belles régénérations naturelles ou artificielles et assurer un avenir de qualité à sa propriété, il faut réduire la pression du gibier qui est trop importante par endroit. Ensuite, il faut diversifier les classes d’âge, les essences et les mélanges. En Ardenne, on est confrontés à de très grandes parcelles d’une même es-

sence, parfois du même âge. Le choix à poser dans ce cas n’est pas toujours simple, mais il faut commencer à régéné-rer d’une façon ou d’une autre. Cela passe inévitablement par des ouvertures de peuplements et des plantations. Tout l’art est de bien doser les deux. En feuillus, les deux es-sences principales (NDLR : le chêne et le hêtre) posent pas mal de questions par rapport aux changements climatiques on connait encore peu leur adaptation et leur devenir. Il ne faut certainement pas les éliminer, mais la question de l’in-troduction d’autres feuillus pour enrichir et diversifier nos forêts doit être posée. »

RND  : UN DERNIER MOT SI VOUS VOULEZ BIEN SUR LE CHANGEMENT APPORTÉ AU RÈGLEMENT DE LA PRIME  À LA PLANTATION ET SPÉCIALE-MENT SUR L'INCITATION À RECOURIR AUX SER-VICES D'UN EXPERT. QU'EN PENSEZ-VOUS ?

Nicolas HENRYOT  : «  Nous trouvions déjà que l’aide à la plantation était une initiative très intéressante pour remo-tiver les propriétaires à dynamiser la gestion de leurs par-celles parfois laissées à l’abandon. Le nouveau règlement prône les mélanges, ce qui doit être largement favorisé à l’avenir dans nos pratiques sylvicoles pour garantir un ave-nir à nos forêts. Concernant le forfait de 200 euros pour faire appel à l’expert, c’est un incitant encourageant  ! On fait la publicité autour de nous, on est demandeurs de ce soutien du pouvoir public et le règlement actuel de la prime laisse de la souplesse. »

Vous aurez compris que les experts forestiers sont là pour vous aiguiller sur le choix des essences, les techniques à em-ployer, les mélanges, la diversification des classes d’âge, ou – comme dans le cadre de la prime- la gestion de la régéné-ration naturelle, les travaux à prévoir pour l’encourager et la mener vers un peuplement durable et dynamique. N’hésitez pas à les contacter !

www.experts-forestiers.beou [email protected]

#RÉSEAUBOIS

POUR TROUVER UN EXPERT

DANS VOTRE RÉGION :

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8 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

OÙ ?

L’événement est organisé dans le cadre du Salon 2020 : rendez-vous à Namur Expo (salle Vrithoff) Avenue Sergent Vrithoff, 2 à 5000 Namur

INSCRIPTION ?

Cette opération est totalement gratuite : après inscription aux rencontres « Mon bois, ma scierie », vous recevrez automatiquement votre entrée gratuite au salon.

QUAND ?

> Pour les constructeurs bois, les charpentiers, … Le ren-dez-vous aura lieu le vendredi 20 mars de 15h à 19h.

> Pour les menuisiers, les agenceurs, les parqueteurs, les ébé-nistes… Le rendez-vous aura lieu le lundi 23 mars de 15h à 19h.

COMMENT ?

Intéressé(e) ! Inscrivez-vous* en remplissant le questionnaire en ligne que vous trouverez sur le lien : https://bit.ly/monboismascierie*Ne tardez pas car le nombre de place est limité.

‘‘PRIVILÉGIEZ LE BOIS QUI A POUSSÉ PRÈS DE CHEZ VOUS. ‘‘

#RÉSEAUBOIS

A l’heure où les consciences écologiques se réveillent, le bois apparaît plus que jamais comme LE matériau pour construire, aménager ou se meubler de façon « responsable ». Cette démarche responsable prend tout son sens lorsque l’on fait le choix des circuits courts ! Mais comment trouver où se fournir, à un prix raisonnable, sans devoir parcourir toute la Wallonie ? C’est pour répondre à cette demande que nous organisons les rencontres d’affaires « mon bois, ma scierie ». Cet événement vous permettra de rencontrer des

scieurs wallons utilisant des essences locales susceptibles de répondre à vos besoins. Que vous soyez constructeur bois, charpentier parqueteur, agenceur, ébéniste, fabricant de terrasses, de carports... cet événement est pour vous. Ve-nez découvrir l’étendue et la richesse de l’offre wallonne. Ces rencontres vous permettront de développer des relations de proximité de manière à adapter durablement les ressources aux besoins ou l’inverse et de bénéficier de tous les avan-tages d’un approvisionnement local.

Inscrivez-vous à « Mon bois, ma scierie » et accédez gratuitement à Bois & Habitat grâce à la carte d’invitation offerte dans ce magazine ! Profitez de l’occasion pour découvrir ou redécouvrir le savoir-faire reconnu de quelque 180 entreprises tournées vers l’avenir et qui, comme vous, ont fait du bois leur matériau de prédilection.

DEUX INITIATIVES DE RND POUR PROMOUVOIRNOS MATÉRIAUX NATURELS WALLONS

MON BOIS, MA SCIERIEOrganisées en partenariat avec les fédérations professionnelles du secteur bois et le Salon Bois & Habitat 2020, ces rencontres d'affaires entre scieurs wallons et transformateurs wallons du bois ont pour objectif de promou-voir l'utilisation du bois local.

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 9

#RÉSEAUPIERRE

QUELLE PIERRE PRESCRIRE ?

Le substrat de la province du Luxembourg et de toute la Wallonie est riche d'une grande variété de roches pouvant être utilisées dans la construction, la décoration et l’amé-nagement des espaces publics et verts. C’est une situation rare car sur un territoire, somme toute réduit, on trouve des calcaires diversifiés, grès, grès schisteux, schiste, grès calcareux, quartzite et arkose, qui ont été exploités jadis par de nombreuses carrières artisanales. Cette géo-diver-sité est manifeste si on considère les nombreux bâtiments anciens qui forment notre patrimoine architectural wallon.

L’évolution de notre société est telle qu'elle a amené la fermeture de plusieurs carrières locales et la perte pro-gressive de connaissances, de la part de la population, des pierres présentes dans son environnement. D'où des erreurs dans le choix de matériaux de construction en lieu et place de la pierre et qui s'intègrent mal dans le contexte urbanistique existant.

La formation « une pierre, un terroir » vous aidera à identi-fier quelle pierre utiliser pour votre projet et vous donne-ra les informations utiles pour les décrire dans vos cahiers des charges. De fait, nos pierres calcaires et siliceuses sont toutes des roches sédimentaires, mais de couleurs et tex-tures très variées. Leurs caractéristiques techniques, héri-tées d’un long passé géologique, expliquent les différentes spécificités d’usages dans les différents domaines d’appli-cations évoqués ci-avant. Cette longétivité exceptionnelle confère à nos matériaux une qualité qui les distingue de tous leurs concurrents supposés, naturels ou artificiels. L’expérience permet de constater que l’emploi des pierres wallonnes est un gage de qualité et de durabilité, ce qui engendre des économies à moyen ou à long terme.

COMMENT LA METTRE EN ŒUVRE ?

Si le choix d’une pierre de qualité est un élément clé pour un chantier réussi, cela doit aller de pair avec le soin appor-té à l’exécution. Au niveau des aménagements urbains, on constate que les techniques de pose se sont adaptatées aux revêtements contemporains et à de nouvelles exigences. Si tous ces changements ont permis la concrétisation de pro-jets d’aménagements variés et innovants, ils ont aussi favo-risé les interactions des matières, des formes, des finitions et des appareillages. D’où une révision des règles de l’art. Du côté des matériaux de parements, c’est notamment l'émer-gence de nouvelles exigences sur l’isolation du bâtiment qui a quelque peu bouleversé nos habitudes dans l’utilisation de pierres en façade. Il faut donc adapter les modes constructifs, ce à quoi les producteurs d’éléments pierreux sont prêts à répondre. Ils ne fait aucun doute qu'ils vous convaincront de leurs atouts face à des produits de substitution.

UNE FORMATION POUR VOUS !

COMMENT ? L’inscription gratuite mais obligatoire via le lien :https://bit.ly/unepierreunterroir

QUAND ?La formation aura lieu le Jeudi 12 mars au matin

OÙ ?A l’Institut Provincial de Formation de la province du Luxembourg, Rue du Fortin, 24 à 6600 BASTOGNE

PROGRAMME8h30-9h00 Accueil café9h00-9h15 Mot d’accueil9h15-9h45 Caractéristiques de nos pierres9h45-10h00 Présentation du site www.unepierreunterroir.be10h00-11h45 Marchés de pierre (public/privé) : cahiers des charges11h45-12h15 Mise en œuvre : exemples pratiques12h15-13h30 Walking dîner et rencontre avec les carrières

UNE PIERRE, UN TERROIRCette formation à destination des architectes et prescripteurs publics a pour objectif de leur fournir les éléments utiles pour intégrer une approche durable dans les marchés publics et privés en pierres naturelles, et de promou-voir l’utilisation judicieuse de la pierre naturelle régionale dans la construction. C'est une organisation de RND en partenariat avec Pierres et Marbres de Wallonie, l'Association des Architectes de la Province du Luxembourg.

Grès © Trageco

Arkose © Yves Delhez

DEUX INITIATIVES DE RND POUR PROMOUVOIRNOS MATÉRIAUX NATURELS WALLONS

MON BOIS, MA SCIERIE

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10 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

#RÉSEAUPIERRE

RENCONTRE AVEC CAMILLE EK, PIONNIER

Au cœur de la cité ardente, dans un bistro dont seuls les vrais liégeois connaissent l’adresse, Camille Ek, géo-graphe-géologue, nous consacre quelques instants, le temps d’un café, afin de nous raconter les fondements d’un chantier qui octroie ses lettres de noblesse à notre pierre locale : « Lorsque j’enseignais la géologie à l’ULG, je demandais aux étudiants de réaliser une échelle stra-tigraphique. Bien plus tard, alors que j’en montrais une illustration, issue d’un de mes livrets de balade géolo-gique le long de l’Ourthe, le sculpteur Paolo Gasparotto s’est montré particulièrement intéressé. Il matérialisera le sujet par la suite au moyen d’une version en taille ré-duite. C’est le début de l’aventure du « mur géolo-gique » à laquelle l’architecte Edouard Cornil adhère rapidement.

De profondes convictions communes nous motivent à réaliser un tel chan-tier. D’une part, au niveau histo-rique, la géologie, c’est l’histoire de la terre, y compris celle de l’homme. Ensuite, d’un point de vue scientifique, la stratigraphie aide à en comprendre les éléments. Troisièmement, au niveau culturel, cela semble aussi intéressant de no-ter la relation entre un type de roche et les phénomènes géologiques qui en sont à l’origine. Enfin, au niveau pédago-gique, cela aide à se faire une représentation mentale complète du sujet par la pratique. Ici, on peut toucher la pierre, passer d’un étage à l’autre en quelques pas ! Par ce projet, nous allons pouvoir expliquer sur le terrain comment la Belgique a migré de 50° de latitude sud à 50° de latitude nord...

Universitaires, habitants ou cu-rieux, le public peut déjà se rendre sur le site de l’ouvrage en réalisa-tion. Cet éventail complet de nos roches constitue aussi une vitrine de choix auprès des constructeurs. Nous avons écrit un premier chapitre, celui de l’ère paléozoïque. En 2020, nous écrirons le deuxième, celui du mésozoïque » ajoute sereinement le géologue. 

L’ÉTUDE DE LA STRATIGRAPHIE

La notion de temps est très importante en géologie, mais elle est difficile pour nous à appréhender car les phénomènes géo-logiques se déroulent à un rythme bien différent de notre per-

ception humaine, toute en rapidité, voire en urgence. L’uni-té usuelle de temps y est le million d’années, bien plus

que la durée séculaire à laquelle nous sommes plutôt habitués. La respiration est dès lors bien

plus ample… La discipline qui traite de cette succession des temps se nomme « stratigra-phie » et le cadre temporel qui en est issu est donc une « échelle stratigraphique ».

L’étude de la stratigraphie s’est intensifiée à la fin du 18e siècle, quand la révolution in-dustrielle a causé un fort accroissement de la demande en minerais et en combustibles

(surtout du charbon à cette époque). Ces matières sont fréquemment stratifiées, c’est-

à-dire disposées en bancs superposés dont il est important de connaître la succession pour les

retrouver. D’abord développées dans les îles britan-niques, ces recherches ont gagné rapidement le conti-

nent et nos régions et ont fait dès lors l’objet d’études de plus en plus détaillées. Parmi les grands précurseurs, on retiendra les noms de Jean-Baptiste Omalius d’Halloy et d’André Du-mont – ce dernier étant statufié en bronze sur la place du XX août à Liège. Ces démarches scientifiques, qui allaient de

Scientifiques, sculpteurs, carrières et secteur associatif : ici, tous s’associent afin de mener à son terme un projet unique, avec pour seul liant leur passion pour la géologie.

LE « MUR GÉOLOGIQUE » DE COMBLAIN-AU-PONT

Francis Tourneur, Docteur en Géologie et Secrétaire général de Pierres et Marbres de Wallonie asbl.

‘‘LA HAUTEUR SERA PROPORTIONNELLE AU TEMPS ÉCOULÉ POUR LA PÉRIODE GÉOLOGIQUE CONCERNÉE – À RAISON D’UN MÈTRE PAR DIX MILLIONS D’ANNÉES.

‘‘

© 2016 François LOUON - Paolo Gasparotto ajuste chaque roche.

© 2018 Jean Marc JODOGNE - Echange entre Paolo Gasparotto, le murailleur et Camille EK le scientifique.

© 2019 François LOUON - Sous-sol et paysage - couple éternel.

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 11

pair avec une cartographie géologique précise du territoire, ont permis l’élaboration d’une vaste échelle temporelle sub-divisée en ères, systèmes et étages, du plus long vers le plus court. Ces divisions ont reçu chacune des noms spécifiques, souvent à consonance géographique, tirés de localités où les roches représentatives sont exposées de façon particulière-ment significative, avec des fossiles. Ainsi en est-il, parmi de nombreux exemples, du Tournaisien, du Viséen et du Namu-rien, ou du Frasnien (issu de Frasnes-les-Couvin).

UN SOUS-SOL HAUT EN COULEURS

Bien que l’on estime l’âge de formation de la Terre à quelque quatre milliards et demi d’années, les plus anciennes roches reconnues en Belgique ne remontent guère qu’à 540 millions d’années à peu près. On est là au début du Primaire, dans un système nommé « Cambrien ». Au fil des temps, vont se dé-poser des quantités considérables de sédiments aux carac-tères très diversifiés, qui vont évoluer en se compactant et en se cimentant de plus en plus. Le sous-sol de la Belgique est en effet constitué majoritairement de roches sédimentaires – les seules roches magmatiques qui y ont été exploitées avec quelque importance sont les « porphyres » des régions de Lessines et de Quenast. On y trouve donc quantité de varié-tés de calcaires, de grès et de schistes, mais aussi de poudin-gues, d’arkoses et de quartzites, de toutes sortes d’aspects, de textures et de couleurs – ainsi que des roches meubles comme des sables et des argiles. La plupart d’entre elles ont donné lieu à une extraction plus ou moins intense à des fins diverses, constructives ou industrielles, même si le nombre de carrières a aujourd’hui bien diminué, malgré l’importance économique notoire que conserve l’industrie extractive.

UNE RÉALISATION UNIQUE

Beaucoup de (re)présentations ont été élaborées au fil des deux derniers siècles pour appréhender l’enchaînement des temps géologiques  : spirale tourbillonnante des ans ponc-tuée des espèces fossiles disparues, comparaison de l’his-toire de la Terre avec une année civile où l’Homme apparaît tard le soir du réveillon… Des matérialisations ont aussi été tentées, par des promenades géologiques ou des sentiers stratigraphiques, ponctués de blocs de roches se rapportant aux époques successives – sans compter de plus récents re-cours aux techniques informatiques pointues pour simuler tout cela. Mais, à notre connaissance, aucune ne s’approche de l’expérience en cours de « construction » depuis quelques années sur les hauteurs de la vallée de l’Ourthe, à Comblain-au-Pont. Sur le flanc d’une carrière abandonnée de « grès du Condroz », une surface plane doucement pentue a été aménagée, rythmée par quelques paliers successifs. Le pro-jet consiste à y déposer sur une hauteur développée de 54 mètres une couverture de pierres, d’une épaisseur métrique, avec une largeur à la base de quelque 25 mètres qui va en se réduisant pour atteindre au sommet 15 mètres environ.

Ce grand trapèze pierreux sera constitué d’un empilement de blocs de roches de natures différentes, organisés selon leur âge stratigraphique, de plus en plus jeune de la base au sommet, en couches horizontales dont la hauteur sera proportionnelle au temps écoulé pour la période géologique concernée – à raison

d’un mètre par dix millions d’années. Par exemple, le Cambrien qui forme le socle, a duré à peu près 40 millions d’années et est donc concrétisé par quatre mètres de pierres qui se sont dé-posées à cette époque – en l’occurrence, des quartzites clairs très durs. L’un des majeurs problèmes de cette belle entreprise résidera certainement en la fourniture de pierres représenta-tives de chaque période successive, au vu de la réduction de l’offre actuelle du marché – ne sont plus exploitées aujourd’hui que les roches supposées (directement) rentables, provoquant donc une réduction drastique de la « géodiversité » naguère si caractéristique de nos régions. Chaque village ou, à tout le moins, chaque région agro-géographique disposait de ses va-riétés de pierres locales, ce qui est loin d’être le cas actuelle-ment. Il faudra donc composer avec les ressources…

PAOLO GASPAROTTO, LE MURAILLEUR

Ce beau projet, séduisant déjà par toutes ces connotations scientifiques, a gagné largement en intérêt grâce à la parti-cipation d’une personnalité hors pair, qui a ajouté une incon-testable et quasi inimitable note artistique. D’ascendance évidemment italienne, bien que né en Belgique, Paolo Gas-parotto est un artiste multiple, sculpteur au sens quasi clas-sique du terme, mais « murailleur » aussi, comme on nomme aujourd’hui les praticiens de pierre sèche, qui renouvellent l’image d’une pratique vieille comme le monde – empiler adroitement des pierres les unes sur les autres pour qu’elles tiennent bien, tout en formant un ensemble agréable à l’œil. Paolo a réalisé déjà beaucoup de ces « maçonneries », au sens le plus noble du terme, parfois des sols décoratifs, déjà animés d’un souci stratigraphique évident. C’est le cas d’un bel aménagement, dans un jardin privé des hauteurs de Tilff, avec la complicité de l’architecte Jean-Marc Jodogne, avec une espèce d’échelle géologique réduite, habilement struc-turée pour occuper l’espace limité. À Comblain, c’est tout un coteau qui s’offre à son talent, pour étager harmonieuse-ment ces roches si différentes, tout un programme !

DES ATTRAITS VARIÉS POUR UN BEL AVENIR

L’attrait indéniable qu’exerce dès à présent ce chantier auprès de publics variés atteste de l’intérêt de ce projet aux multi-ples facettes (attrait paysager, défi technique, aspects péda-gogiques, voire conséquences économiques et industrielles). Le mur géologique trouvera encore une dimension complé-mentaire lorsque les matériaux mis à l’honneur attireront l’at-tention de maîtres d’ouvrage ou d’auteurs de projet. Un bel avenir promis sans aucun doute à cette valorisation originale d’un site désaffecté, à proximité immédiate de tant d’autres initiatives intéressantes de développement régional…

Francis Tourneur

À Comblain, les ères géologiques prennent vie grâce à la force tranquille et à la ténacité des quelques passionnés encadrés par l’asbl « Les découvertes de Comblain », avec la collaboration de la Commune de Comblain-au-Pont, de son ADL, du Centre d’Interprétation de la Pierre de Sprimont et le soutien de la Wallonie. Plus d’infos sur www.murgeologique.be et la page Facebook du projet.

#RÉSEAUPIERRE

Francis Tourneur, Docteur en Géologie et Secrétaire général de Pierres et Marbres de Wallonie asbl.

© 2018 François LOUON - A la base, les quartzites cambriens placés en 2018

© 2019 Drone R’Gie - Vue du ciel

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12 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

NOS ROCHES LES PLUS ANCIENNES

André Lessuise, Ir Géologue, responsable « recherche et dé-veloppement », nous reçoit dans l’atelier de production de la Société Ardennes-Coticule, la dernière entreprise à travailler le coticule qu’elle extrait de sa carrière du Thier del Preu, à Lierneux.

Sous nos pieds, se trouve le sous-sol du massif de Stavelot, un noyau du massif Ardennais qui consiste en un greffon plus ancien. Il est ca-ractérisé par la présence de roches parmi les plus vieilles de Belgique, datant du Cambrien et de l’Ordo-vicien. L’Ordovicien du massif de Stavelot est essentiellement consti-tué de phyllades. Il correspond à la deuxième période du Paléozoïque qui s’étend de -488 millions d’an-nées à -444 millions d’années. 

Au sein de ces phyllades violacés, le coticule s’insère en fines couches de 1 à 4 cm. Sa formation provient de la transfor-mation par métamorphisme (influence de la température et de la pression) d’un sédiment riche en manganèse sous des conditions très précises.

D’emblée, notre interlocuteur démontre par l’exemple les qua-lités abrasives de la matière exploitée ici. Tout en décrivant des mouvements circulaires avec la pointe de son couteau afin de l’aiguiser, il nous raconte : « Notre roche se compose de grains microscopiques (1 à 20 microns) de grenats appelés spessartine, emballés dans une matrice de grains de quartz

et de micas en-core plus petits. Lorsqu’on frotte une lame sur cette surface hu-midifiée, les gre-nats libérés for-ment une pâte. Leurs pointes, dont la dureté est comparable à celle du diamant, attaquent les matériaux de résistance inférieure tels que l’acier et procurent ainsi au mé-tal une finition du tranchant digne de celle d’un rasoir ».

Si nous connaissons toujours cette industrie, il s’en est fallu de peu pour qu’elle disparaisse à tout jamais. Des 22 sites d’ex-traction du début du XXème siècle, seul subsiste à ce jour celui du Thier del Preu.

UNE INDUSTRIE ANCESTRALE

En 1625, un document atteste de manière officielle de l’uti-lisation du coticule. Petit à petit, s’organise une industrie. Aux exploitations à ciel ouvert succèdent les mines souter-raines qui descendent jusque 70 mètres afin de répondre à une demande de l’Europe entière.

Ensuite, au XVIIIe siècle, on exporte même jusqu’en Russie, en Turquie et en Amérique.

Jean-Michel Walrant, né en 1776 et originaire de Sart, pos-sède alors la carrière du Thier del Preu. Ses filles Thérèse et Louise l’aident à la tâche. Lors du décès du patriarche, la pre-mière prend le relais et fonde l’atelier Burton avec son mari en 1865. A cette époque, le coticule du Pays de Salm conti-nue de gagner en notoriété et conquiert les cinq continents.

À l’âge d’or du commerce de la pierre à rasoir, durant l’entre-deux-guerres, les ateliers Burton emploient jusqu’à 70 ouvriers, ce qui en fait alors une des plus importantes entreprises de la région. En 1954, deux frères descendant de la famille, Prosper et René Burton, reprennent l’exploi-tation. Le premier continue l’activité seul jusqu’en 1982 et laisse derrière lui une industrie de la pierre à rasoir en déclin. Le phénomène s’accentue suite à la venue sur le marché de rasoirs électriques ou jetables et de pierres à aiguiser artificielles.

LA SOCIÉTÉ ARDENNES-COTICULEÀ LIERNEUX ET VIELSALM

LA PIERRE À AIGUISER DE RÉFÉRENCE MONDIALE EST ARDENNAISE !

Connaissez-vous la pierre appelée coticule ? Tout amateur de coutellerie se doit d’en avoir une afin d’affiler sa plus belle lame.

Saviez-vous également que cette ressource unique dans le monde est toujours exploitée en Ardenne et s’ex-porte jusqu’en Nouvelle-Zélande ?

Affûtons nos connaissances sur cet univers d’un demi-milliard d’années ...

Portrait D’ENTREPRISE

André LESSUISE mène la recherche pour l’innovation

Charles LEGROSactive l’ ancien atelier

Le coticule aux accents jaunâtres, s’insère en fines couches de 1 à 4 cm

Les mouvements circulaires affinent les tranchants droits

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© 2017 R WARINPhoto prise au microscope d'une lame mince taillée dans du coticule. Les grenats spes-sartine, cristaux aux contours arrondis, de diamètre variant de 5 à 50 microns, sont particulièrement bien visibles. Ils confèrent au coticule ses hautes qualités abrasives.

LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 13

UNE RENAISSANCE

Quatre ans après la mort de Prosper Burton, cinq géologues, designers et ingénieurs des mines s’associent afin de perpé-tuer cette dernière activité d’extraction de coticule moribonde. Parmi eux, Maurice Celis, fonde la Société Ardennes-Coticule en 1998. André Lessuise nous raconte comment il s’est em-barqué dans cette aventure un peu folle  : «  En 1980, nous nous sommes rencontrés avec Maurice Celis, le propriétaire actuel, dans les mines à charbon de Winterslag en Campine et nous lions alors d’amitié. A cette époque, j’édite ma pre-mière publication sur l’industrie du coticule. Après mes acti-vités professionnelles dans les carrières asiatiques, Maurice me demande de l’accompagner en 2013 dans cette épopée. »

Depuis, la société évolue positivement grâce, notamment, à d’importants investissements dans des machines en carrière. L’exportation aux 4 coins du monde  (Europe, USA, Japon, Nouvelle-Zélande…) témoigne de cette vitalité retrouvée. Finesse et précision d’affûtage justifient l’intérêt des méde-cins, ébénistes, viticulteurs, cuisiniers ou encore des chas-seurs de par le monde.

Sur le webshop, on retrouve de nombreux produits labellisés « Handmade in Belgium ». Coticule sur assise de schiste, Bel-gian Blue Whitestone (BBW) ou CotPyr : à chaque modèle sa spécificité !

VALORISATION DES DÉCHETS

Gauthier Deblanc, géologue, pilote, quant à lui, les engins d’exploitation. Il nous raconte : « La pierre convoitée se re-trouve ici en fines veines verticales. Le rendement est donc faible. On ne produit qu’une moyenne de 10 tonnes de coti-cule par an pour 20.000 tonnes de roches extraites. Il faut donc connaître finement la pierre pour travailler la ressource avec précision, mission qu’on accomplit avec passion ».

Afin d’appuyer cette démarche, la société agit à 3 niveaux afin de valoriser les déchets de carrière :

ACTION 1 : LES PHYLLADES À MANGANÈSELe premier banc exploité part dans des briqueteries hollan-daises et flamandes afin de foncer le pigment de la brique.

ACTION 2 : LES PAILLETTES DE SCHISTE VIOLACÉ André Lessuise nous en dit plus  sur ce nouveau produit  : «  Nous misons beaucoup sur une étude que nous menons avec l’Université de Louvain. Elle porte sur l’analyse d’un mar-ché de paillettes et de gabions en schiste violacé. La présence de manganèse rend l’eau qui y percole basique. Cela inhibe en partie la croissance des plantes. Notre objectif vise à pro-poser une alternative plus naturelle aux pesticides en tenant compte du danger potentiel. Ce produit, en cours de commer-cialisation, intéresse fortement les revendeurs de matériaux pour l’aménagement de jardins, cimetières et parterres. »

ACTION 3 : LES PHYLLADES À COTICULELes roches au sein desquelles se trouvent les veines sont valorisées sous forme de céramique ou de paillettes.

Outre la production et l’aspect commercial nécessaires au développement de la ressource, la transmission du savoir occupe une place tout aussi importante.

LE MUSÉE DU COTICULE

Dans le domaine de la sensibilisation à l’histoire de la res-source minérale, nous nous devions de rencontrer Charles Legros, Secrétaire du Musée du coticule de Salm-Château. Cet ancien Professeur se consacre à la défense du patrimoine et rédige pour la revue « Glain et Salm, Haute Ardenne ».

Alors qu’il nous ouvre les portes de ce site culturel, le pas-sionné d’histoire active la machinerie d’une armure, un ou-til équipé pour le sciage des blocs bruts. Quelle surprise de constater que le moteur, construit à Gand en 1906, tourne comme au premier jour  ! L’ardent défenseur du patrimoine local nous raconte  : « Le musée a la particularité d’abriter un atelier en état de marche. On n’a rien modifié de l’instal-lation initiale. Notre force, c’est l’authenticité ! » Datant de 1923 et active jusque 1955, la fabrique est établie sur la rive du Glain en amont de Salm-Château. Après avoir été aban-donnée, elle renaît en 1983 sous sa forme actuelle grâce au travail assidu de quelques passionnés.

Charles Legros ajoute : « Notre centre accueille un public va-rié - touristes, bouchers, luthiers ou sculpteurs - nombreux sont ceux qui désirent savoir comment affiler.  Nous voulons valoriser certaines activités au départ du Musée. L’itinéraire géologique pédestre « Les Trésors du Pays de Salm » relie le Village de Bêche, un camp celtique d’orpailleurs, d’anciennes ardoisières et le musée. Nous travaillons actuellement avec l’ADL de Vielsalm à une signalétique cohérente relative à la thématique schiste. Nous partageons un objectif commun avec les acteurs locaux : inscrire cette roche qui nous pas-sionne dans l’avenir. Nos structures se complètent… »

L’AVENIR

André Lessuise reprend la parole pour nous parler du futur de l'entreprise : « De nouvelles perspectives s’ouvrent. Sur base d’une poudre de coticule, les déchets d’atelier pourraient se voir valorisés en pierre artificielle. Les premiers tests sur ce nouveau produit sont concluants ! Une seconde carrière, à Regné, sur la commune de Vielsalm, pourrait également per-mettre d’étendre les activités. Ce site possède des roches qu’un puits permettrait d’exploiter. Grâce aux techniques de pointe actuelles, il est possible de localiser précisément les veines afin d’obtenir un rendement optimal. Des prospec-tions y sont d’ailleurs actuellement menées. »

L’intérêt mondial pour le coticule démontre à quel point le sous-sol est essentiel à l’identité culturelle d’un territoire. Ces pierres qui nous fascinent et nous façonnent, nous ramènent à notre petite échelle. Elles nous en disent plus sur qui nous sommes. Alors que des passionnés font vivre nos traditions, d’autres valorisent la ressource au travers de projets de re-cherche et pérennisent un savoir-faire artisanal unique.

Lorsque les différents acteurs concernés s’assemblent afin de conjuguer le passé avec le présent, l’avenir de la pierre se dessine de façon positive. Il s’agit bien là de l’enjeu de tout un secteur…

LA SOCIÉTÉ ARDENNES-COTICULEÀ LIERNEUX ET VIELSALM

LA PIERRE À AIGUISER DE RÉFÉRENCE MONDIALE EST ARDENNAISE !

La valorisation des déchets constitue un enjeu crucial

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DOSSIER DU TRIMESTRE

Connaissez-vous le BIM ou Building Information Model ? Derrière ce nom un peu « barbare » se cache un concept de travail mis au point il y a une vingtaine d’années dans le secteur de la construction.

Pourquoi en parler aujourd’hui ? Tout simple-ment parce que le BIM pourrait bien être un futur standard du secteur de la construction en immergeant cette dernière dans le numérique moderne avec de nombreux avantages à la clé.

Meilleure communication entre les différents corps de métier, précision inégalée dans la

conception 3D de la structure ne laissant place à aucune improvisation possible, utilisation pré-calculée de la moindre ressource limitant dras-tiquement le risque de gaspillage, traçage com-plet de chaque étape de la conception du plan de la structure … C’est tout cela le BIM !

Par ailleurs, au sein du secteur de la construc-tion, la filière bois pourrait jouer ici un rôle de pionnier et se positionner immédiatement à la pointe de la technologie.

Pourquoi et comment ? Réponses dans ce dossier.

LE BIM : UN COUP D'AVANCE POUR LE SECTEUR DE LA CONSTRUCTION BOIS EN WALLONIE ? 

14 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

Projet HAPJC Vue 3D du bureau © Atmos

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 15

DOSSIER DU TRIMESTRE

LE BIM, C’EST QUOI ?Pour saisir toute l’essence du BIM, il faut, dans un pre-mier temps, considérer qu’il s’agit avant tout d’un esprit de travail et pas d’un outil. Nous y reviendrons un peu plus tard.

Donner une définition précise du BIM est difficile car il s’agit d’un concept relativement abstrait à première vue. De plus, la définition peut varier légèrement d’un individu à l’autre ... Oui, définir le BIM est un exercice périlleux !

Commençons donc par décortiquer cette appellation  : « Building Information Model ». Le premier terme cible le secteur de la construction, jusqu’ici, pas de doute pos-sible. Pour les deux suivants, cela se complique. « Infor-mation » désigne une méthode de travail centrée sur la collaboration entre professionnels. Quant au « Model », il fait référence à la modélisation numérique en trois di-mensions qui sert de jonction concrète entre les acteurs. Vous trouvez cela simple jusqu’ici ? Attendez la suite.

Pour tous les acteurs de la construction, il est clair que l’aspect collaboratif et la modélisation 3D sont tous deux parties intégrantes du BIM. Mais selon l’interlocuteur, le BIM aura tendance à être plutôt l’un que l’autre, ce qui peut semer une certaine confusion chez les non-initiés.

Pour résumer, le BIM est une philosophie de travail basée sur une collaboration maximale entre les corps de métier qui sont à l’œuvre sur un chantier commun. C’est l’objec-tif principal du BIM, sa raison d’être. Et pour permettre cette collaboration, un outil essentiel sert d’articulation centrale entre ces professionnels : la modélisation 3D (qui doit également contenir des informations détaillées sur les éléments techniques et structurels du bâtiment). « In-formation » et « Model » sont donc deux composantes à la fois distinctes mais indissociables du BIM.

Reste encore à décrire à quoi cela sert et en quoi cette approche peut apporter de véritables évolutions dans le secteur de la construction. Pour ce faire, remontons le temps d’une trentaine d’années. A cette époque, les architectes travaillaient encore sur papier. Leurs plans étaient donc restreints à la 2D. Cette façon de faire laissait une place non négligeable à l’improvisation de chaque professionnel sur le chantier. En effet, l’architecte, aussi talentueux soit-il, ne pouvait à l’avance déterminer avec précision où seraient placés chaque élément technique du bâtiment. Surtout sur une feuille de papier …

Le hic, c’est que cette façon de faire considère l’impro-visation comme un rouage «  normal  » de la machine constructive, rouage qui a parfois tendance à se grip-per d'où des problèmes de compatibilité entre éléments techniques. Pour les limiter, l’architecte doit jouer le rôle de chef d’orchestre en organisant au mieux les choses au fur et à mesure. Evidemment, dans le cas d’une mai-son unifamiliale, ces problèmes seront à la fois peu nom-breux et faciles à résoudre. Mais si on parle d’un bâtiment multiétage avec de possibles complications structurelles, cela peut vite devenir un calvaire organisationnel.

Et quand ça coince, on perd du temps. On doit mettre certaines actions « en pause » le temps de trouver des solutions. Il faut réorganiser le déroulement du chantier à la volée avec toutes les complications d’agenda que vous imaginez. Exercice difficile, même pour un architecte aguerri. Ces complications engendrent des surcoûts mais surtout une perte d’efficacité globale du bâtiment (éner-gétique, fonctionnelle et structurelle) car il aura souvent fallu « bricoler » un peu pour arriver à répondre au cahier des charges malgré les imprévus.

Le temps passant, les architectes se sont saisi de l’évo-lution technologique pour passer au modèle numérique. L'informatisation de leur outil de travail leur a permis

Vue 3D du projet HAPJC réalisé avec le BIM © AtmosProjet HAPJC Vue 3D du bureau © Atmos

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DOSSIER DU TRIMESTRE

d'apporter plus facilement les corrections qui s'imposent aux différents plans. Il n'en demeure pas moins que la planification en deux dimensions, malgré le numérique, conserve la plupart des défauts du modèle papier. Il est important de souligner que la majorité des architectes actuellement à l’œuvre travaillent encore principalement sur modèle numérique en 2D, la 3D n’étant utilisée que pour visualiser le rendu esthétique d’un bâtiment.

Pourtant, les modèles numériques ont très rapidement intégré la possibilité de la troisième dimension. Avec un plan numérique en 3D, le moindre élément structurel ou technique peut-être représenté. La précision du modèle peut aller jusqu’à prévoir l’emplacement de la moindre vis ! Avec pareil outil de travail, l’improvisation devient im-possible. Chaque professionnel qui rentre sur le chantier sait exactement où il doit placer ses câbles, ses conduits ou ses tuyaux. Mieux encore, il sait où seront position-nés les éléments qui ne sont pas de sa responsabilité, ce qui lui offre une vision d’ensemble très précise. La marge d’erreur est donc très limitée et l’efficacité finale du bâti-ment est maximale car tout peut être optimisé en amont.

Ça, c’est pour la partie technique du BIM. Pour l’aspect collaboratif de la chose, c’est simple : une fois le plan 3D établi avec précision, celui-ci est partagé et utilisé par tous les opérateurs sur chantier. Imaginez un électricien entrer sur un chantier pour la première fois. La structure étant terminée, il peut circuler partout et commencer à placer ses gaines techniques. A l’aide d’une simple ta-blette numérique, il visionne sur place le plan 3D partagé qui lui donne en temps réel les indications précises du positionnement de chaque câble. Il n’a plus qu’à suivre les instructions et raccorder le tout. L’objectif du BIM ? Rendre ce processus possible pour tous les opérateurs œuvrant sur le même chantier.

Le BIM peut aussi être considéré comme un outil de ges-tion sur le long terme d’un bâtiment. Par exemple en cas de rénovation ou d’extension, il suffira de ressortir le plan 3D et de s’en servir comme base, toutes les indications techniques et structurelles s’y trouvent !

UNE ÉVOLUTION QUI PATINE

Tous les avantages théoriques du BIM peinent pour-tant à convaincre. Malgré plus de 15 ans d’ancienneté, peu d’architectes ou d’entreprises de la construction utilisent activement le BIM aujourd’hui. Et ce, pour plu-sieurs raisons.

Pour commencer, concevoir un plan 3D est plus chrono-phage qu’un plan 2D, ce qui implique un surcoût lors de la préconception du projet. De quoi en refroidir plus d’un.

Ensuite, le BIM se heurte à un problème purement logi-ciel. Pour permettre de mettre en place la collaboration vantée par ce concept, TOUS les opérateurs doivent tra-vailler sur des logiciels dont les fichiers sont compatibles entre eux. Malheureusement tous les éditeurs de logiciels ne jouent pas tous le jeu et des informations peuvent se perdre lors des transferts d’un logiciel à l’autre.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE BIM

En Belgique, le Centre scientifique et technique de la construction, communément appelé CSTC, a mis sur pied le site internet « www.bimportal.be » qui met à dis-position des internautes plusieurs documents explicatifs sur ce qu’est le BIM et sa manière de fonctionner. Vous pourrez notamment y retrouver des explications détail-lées sur le protocole BIM, qui balise les responsabilités et procédures normales dans un projet estampillé BIM.

Malgré ces outils descriptifs, le BIM reste boulonné dans une zone d’ombre que peu d’initiés parviennent à percer réellement sur le terrain, vous aurez l’occasion de vous en rendre compte au fil de ce dossier. Contacté par nos soins, le CSTC fait preuve de la plus grande prudence quant à l’avenir du BIM. Va-t-il finir par convaincre le sec-teur de la construction ? Pourrait-il devenir un standard de la construction voire même une obligation légale ? Impossible à dire actuellement !

Vue 3D du projet CRAC réalisé avec le BIM © Urban Architectes

Vue CRAC après rénovation © Urban Architectes

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 17

DOSSIER DU TRIMESTRE

LE BIM A SES PIONNIERSSi le BIM peine à séduire les archi-tectes wallons, quelques profes-sionnels s’y sont intéressés. C’est le cas d’Atmos, un bureau d’ar-chitectes composé de deux as-sociés dont Jean-Christophe Poncelet qui s’est confié sur ses premiers pas dans le BIM.

Selon lui «  L’utilisation du BIM ne se justifie pas pour les petits pro-jets comme les extensions ou les petits bâtiments monofonctionnels comme la maison. Pour les projets dépassant 1 million d’eu-ros, le BIM se justifie pleinement ! ». Mais cibler correcte-ment un projet adapté au BIM n’est qu’une première étape. Pour que la démarche soit efficace, il faut réaliser un im-portant travail de préparation en amont car, comme il nous l’explique, « Quand on décide d’utiliser le BIM pour gérer un projet il ne faut pas négliger les facteurs humains et les logiciels. La première chose, pour s’assurer qu’il n’y aura pas de problème d’échange entre les différents corps de métier, c’est de créer une charte ou Protocole BIM qui dé-taille toute une série de paramètres qui vont permettre aux interactions de s’effectuer correctement ».

Et la difficulté logicielle évoquée ci-dessus ? Pour Jean-Chris-tophe Poncelet, il n’y a pas de secret. « Cela demande un investissement en temps, pour suivre les formations des-tinées à bien appréhender le BIM, et cela a aussi un coût en terme de logiciels qui permettront les échanges d’infor-mations sur la maquette 3D. Certains logiciels permettent à plusieurs personnes de travailler en même temps sur le même projet. Toutes les informations pratiques qui dé-taillent comment sont opérés les transferts entre entre-prises doivent être décrites dans le protocole ».

Cependant l’investissement en temps réclamé en début de projet est vite rentabilisé « car il permet d’éviter les surcoûts liés à des imprévus sur chantier et les problèmes de timing récurrents dans le secteur de la construction. » ajoute-t-il.

Anthony Seutin de Urban Architectes partage cet avis à 100% ! Notre homme est même enthousiasmé par le BIM à en juger par son expérience lors de la rénovation du Centre Régional d’Aide aux Communes (CRAC). « Ce bâtiment a été rénové tout en laissant les occupants travailler dans leurs bureaux.  L’idée était de préfabriquer une nouvelle peau extérieure pour emballer le bâtiment. On a profité de l’occasion pour installer un système de ventilation double

flux entre l’ancienne et la nouvelle façade  ». La première étape a été de faire un relevé 3D pour générer un modèle 3D du bâti-ment précis au mm près qui a servi de base de travail pour dessiner tous les caissons en bois et le réseau de ventila-tion. Ensuite l’entreprise MBS a préparé en atelier, les cais-

sons avec les châssis, le bardage, les ancrages, …

Anthony nous précise que « Pour ce chantier, il n’y avait pas de place pour l'amateurisme. On ne peut pas se dire  : Ce tuyau-là, on décidera après où il va passer. Ici tout est préfabriqué et tout doit être décidé à l’avance. L’entreprise MBS et nous, avons donc décidé de gérer ce chantier via la démarche BIM. »

Mais en pratique comment la démarche BIM a-t-elle été intégrée par  l’architecte  ? «  Le transfert de fichiers po-sait problème. Lors du passage d’un programme à l’autre, la moitié des données disparaissaient.  Du coup, il y a eu de nombreux échanges d’information entre MBS et nous, lors des réunions de préparation ou via des échanges de fichiers SketchUp, de fichiers IFC, de croquis de détails fait à la main. On a travaillé avec deux modèles 3D en parallèle. Le leur était plus détaillé au niveau de la structure, le nôtre intégrait les éléments de techniques qui allaient être placés par les autres entreprises. Ça a permis d’intégrer certains éléments de ventilation dans les caissons dès la préfabrica-tion. Les autres intervenants ont abordé ce chantier comme à leur habitude, sans intégrer la démarche BIM. »

Malgré tout le temps consacré à la phase de réflexion, le BIM est-il un gain de temps ? « Oui » nous répond Anthony avant de préciser « les problèmes que l’on anticipe prennent moins de temps à être résolus que quand ils apparaissent en phase de chantier ou tout le monde est crispé et craint de perdre de l’argent. » Il ajoute ensuite « Une fois sur chantier tout se passe vite et bien, sans imprévus, sans problèmes et sans suppléments. » Et de conclure « Le projet du CRAC n’aurait jamais pu être réalisé sans avoir connu une réalité numérique avant la réalité physique. »

Pour ces professionnels, l’intérêt du BIM est évident. Il peut apporter une vraie plus-value dans le secteur de la construc-tion. Tôt ou tard, la législation wallonne évoluera vers une obligation du BIM pour certains types de chantiers, ce qui représente une opportunité claire pour les entreprises de la construction qui auront pris les devants.

Jean-Christophe Poncelet

Urban Architectes

Projet HAPJC vue 3D d’une chambre © Atmos

Rénovation du CRAC pose des éléments préfabriqués © Urban Architectes

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18 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

DOSSIER DU TRIMESTRE

EN WALLONIE, LE SECTEUR BOIS EST BIEN POSITIONNÉ ! Les entreprises wallonnes de la construction bois ont une longueur d’avance sur les autres en ce qui concerne le BIM. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles maîtrisent déjà la modélisation 3D qui reste marginale chez les constructeurs classiques.

Prenons le cas d’un acteur bien connu : Stabilame. Nathalie Lebrun, responsable de la communication, nous parle de la transition digitale de l’entreprise comme d’une op-portunité intéressante, la création de model 3D étant déjà d’applica-tion depuis plus de 20 ans. « Pour

les grands chantiers, on part du plan d’architecte pour modéliser

en 3D le bâtiment et y intégrer di-rectement les techniques spéciales comme l’eau, l’électricité, le chauf-fage, la ventilation etc. Ce travail sur

le modèle 3D permet de faire les réservations nécessaires à l’intégration des techniques spéciales lors de l’usinage et on gagne ainsi un temps précieux sur chantier. De même, si un percement est réalisé dans une poutre en lamellé collé, on le sait à l’avance et on peut effectuer des calculs qui détermi-neront si on doit éventuellement la surdimensionner ».

Dans le cas de construction en panneaux CLT (bois contre croisé), rien n’est laissé au hasard. Tout est précalculé et dimensionné précisément à l’avance car les éléments constructifs en bois sont usinés entièrement en atelier avant de prendre le chemin du chantier. Ce qui diffère considérablement d’une construction en béton où tout est réalisé sur place.

La technique était donc déjà en place, comment Stabilame est-t-il passé au BIM ensuite ? « L’intérêt du BIM est d’intégrer toutes les données techniques à l’avance dans le projet. On va donc indiquer très tôt dans le processus quels matériaux seront utilisés. Par exemple, on pourra notamment encoder dans la maquette le type de châssis utilisés, l’épaisseur du vitrage, le type d’isolation, etc. Nous sommes en train de réaliser un projet de ce type dans lequel certains choix de matériaux ont été posés à l’avance avec l’architecte. Cela permet de créer dans la maquette des détails réalistes tout en sachant qu’il sera facile par la suite de procéder à des changements si besoin. L’idée est donc d’intégrer, au plus vite, les matériaux dans la maquette 3D ».

Si Stabilame a déjà pris en compte une partie du BIM sur quelques chantiers, l’entreprise travaille à présent pour un projet « full BIM », qui nécessite des choix en amont, mais surtout une excellente communication avec l’architecte.  « Cela implique un travail plus important au début du dos-sier mais cela facilite la gestion technique et de chantier et permet surtout un gain de temps et financier en évitant une grande partie des problèmes. »

Nathalie Lebrun

Stabilame a aussi reçu aussi le prix « Digital Construction Genius of the Year » pour le projet WAP © Stabilame

Stabilame a reçu un « BIM Award » pour le projet WAP © Stabilame

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 19

DOSSIER DU TRIMESTRE

Autre entreprise, autre approche ! Mobic, qui construit prin-cipalement des maisons, intègre le BIM dans son processus de fabrication avec une méthodologie qui lui est propre.

Madison Moutschen, technico-commer-ciale chez Mobic, nous explique le process et l’objectif poursuivi. « Un modèle 3D est envoyé aux archi-tectes et aux clients pour leur permettre de se balader et de se représenter les éléments.  Cette démarche est réalisée pour va-

lider les plans. Ensuite, les archi-tectes transmettent souvent ces plans vers les autres corps de mé-tier. En fin de processus, un plan de montage est réalisé et une réu-

nion est organisée avec les architectes et les clients pour mettre tout au clair et éviter les soucis sur chantier. »

Pour les chantiers plus conséquents, Mobic a déjà l’habi-tude de provoquer des réunions de conception avec les architectes, les clients et les autres intervenants pour que chacun puisse faire part de ses contraintes et de ses spé-cificités. Madison nous précise « Ces réunions permettent d’avancer tous dans la même direction et d’anticiper les problèmes. Pour les gros projets, cette démarche est devenue une nécessité pour le bon fonctionnement du chantier. Depuis qu’elle a été mise en œuvre, les chan-tiers sont plus faciles à gérer. »

Cette vision du BIM met donc l’accent sur la communica-tion et la coordination, le modèle 3D servant à valider les différentes étapes et n’étant pas utilisé comme support de travail commun.

S'il n'est pas aisé de déterminer à partir de quel moment une entreprise est véritablement « BIM ready », ces deux té-moignages rapportent néanmoins une vision plus ou moins précise du BIM et de ses différents apports. Mais qu’en est-il des autres entreprises de la construction bois en règle générale ? Pour ce faire, nous sommes allés à la rencontre de plusieurs d’entre elles en les questionnant sur l'utilisa-tion qu'elles faisaient de la maquette 3D, en interne aux différentes étapes de la préfabrication et en externe dans un processus d'échange d'information avec les autres ac-teurs de la construction. Ont-elles déjà eu une expérience BIM sur une maquette partagée entre plusieurs acteurs ?

Synthèse de leurs réponses.

Serge Cornélis, constructeur bois basé à Oupeye a fait le choix de se tourner résolument vers l’utilisation de maté-riaux naturels, écologiques, locaux, renouvelables.

L’outil numérique 3D, il ne l’utilise que très rarement. Il nous précise d’ailleurs qu’il n’est pas expert en la matière. Il a tout de même utilisé cette technique pour modéli-ser des charpentes particulières. Dans ce cas précis, il est nécessaire de savoir comment assembler les différents éléments et ainsi mieux visualiser les détails des nœuds constructifs. Selon lui, la 3D est très utile pour anticiper les problèmes. Très utile aussi pour pouvoir présenter, ex-pliquer sa réalisation auprès de ses clients, qu’il s’agisse d’un meuble ou d’une extension de bâtiment. La 3D per-met une représentation plus aisée. Pour Serge Cornélis, la modélisation 3D a un rôle explicatif lorsque la méthode de travail est différente entre lui en tant que constructeur bois, l’architecte et le couvreur.

La menuiserie Maquet est spécialisée dans la menuise-rie extérieure ainsi que dans la fabrication et la pose de maison en ossature bois. Cette entreprise dispose d’un bureau d’étude où chaque projet, une fois la commande reçue, est modélisé en 3D. Cette modélisation est utilisée pour mettre le projet en production et quantifier la mar-chandise nécessaire à la réalisation du projet (quantité d’isolant, mesure des poutres, …).

Pour l’entreprise Maquet, l’utilisation du BIM est vraiment intéressante mais, en pratique, difficile à mettre avec l’ensemble des acteurs d’un projet de construction. Au jour d’aujourd’hui, elle se demande comment faire com-prendre l’intérêt aux autres corps de métier, comment les inciter à les faire travailler conjointement à l’aide de la maquette 3D commune  ?  L’entreprise propose par exemple régulièrement aux installateurs de ventilation, installateur de fenêtre, … de venir consulter les plans en 3D au bureau mais les entreprises ne comprennent que rarement l’intérêt d’un tel outil.

Cyril Grégoire, dessinateur/monteur au sein de la SA Concept Ecologis entreprise spécialisée dans la construc-tion à ossature bois écologique et passive nous explique que la maquette 3D est principalement utilisée, en leur sein, pour la conception des bâtiments en ossature bois. Très utile au niveau de l’usinage et de la préfabrication des différents éléments bois du bâtiment, la maquette 3D n’est pas communiquée telle quelle aux architectes avec lesquels il travaille. Cependant, en fin de conception, un plan 3D leur est fourni ainsi qu’aux clients ce qui facilite la représentation spatiale - indispensable pour le client. Cependant, le plan 3D ne permet pas, aujourd’hui, de res-sortir des informations techniques. C’est la raison pour laquelle peu de retours sont formulés par les architectes/clients à ce sujet. Notre interlocuteur nous explique tou-tefois que, dans l’idéal, la société aimerait obtenir les informations, les contraintes techniques de la part des autres intervenants de la construction afin de pouvoir jauger l’impact que chacun aura sur l’ossature et que, une fois sur chantier, tout se passe au mieux. Prévoir tout cela à l’avance permettrait d’éviter des erreurs et donc un gain de temps et d’argent.

Dessinateur pour l’entreprise Chimsco Group SA, Frédé-ric Collard nous explique à quel niveau le BIM est utilisé

Madison Moutschen

Chez Mobic la modélisation 3D est utilisée pour commander les robots qui usinent le bois © Imaxpro

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DOSSIER DU TRIMESTRE

en leur sein. Chez Chimsco, une première maquette 3D est conçue pour réaliser le devis. Cette maquette ne corres-pond jamais à celle de l’exécution. Par la suite, une seconde maquette, refaite totalement et plus aboutie est réalisée. En interne, depuis peu de temps des liens sont fait entre les différents logiciels utilisés pour les différents éléments de la construction (logiciel pour les poutres est différent de celui pour la charpente). La 3D réalisée par l’entreprise n’est pas, à l’heure actuelle, communiquée vers les entre-prises avec qui ils travaillent car celles-ci ne sont pas équi-pées pour les lire. Cependant, les autres corps de métier (ventilation, électricité, sanitaire…) donnent leurs traces  ; Monsieur Collard lie alors le tout et vérifie que l’ensemble soit bien cohérent. Un transfert de 3D est effectué avec les ingénieurs afin que ces derniers aient une aide visuelle et puissent coter les différents points qui les intéressent mais

ils ne travaillent pas sur la maquette en tant que telle. Les architectes ne sont quant à eux pas demandeurs. Vis à vis des clients, Monsieur Collard souhaiterait que cela se déve-loppe davantage pour inviter ces derniers à circuler dans la réalisation et mieux visualiser le rendu. Les techniques et logiciels évoluent très vite et l’entreprise Chimsco souhaite se former et se développer grâce au numérique.

Ces rencontres sont toujours très riches d’enseigne-ments. Elles montrent ici que le numérique est perçu et utilisé très différemment d’une entreprise à l’autre. Mais on observe tout de même une tendance qui pousse indu-bitablement les professionnels vers l’innovation et vers cet enjeu stratégique moderne que représente le BIM. Une évolution qu’il est important d’accompagner et de soutenir pour l’avenir de notre filière bois !

Exemple de préfabrication d’une ossature en atelier, les trous sont réalisés pour permettre le passage de câbles

UN CYCLE DE FORMATION POUR VOUS !

C’est pour favoriser l’émergence du BIM au sein des entreprises wallonnes de la construction en bois que l’E-SQUARE de la ville de Marche, HENALLUX et la Fédération Wallonne des Menuisiers Belges (FWMB) ont décidé d’organiser une Formation BIM. La FWMB a d’ailleurs chargé RND de coordonner cette forma-tion. Nous avons donc participé à l’organisation de la matinée d’information BIM le 22 octobre dernier. Cet événement a réuni différentes entreprises de la construction en bois et a permis d’identifier 5 thèmes qui seront abordés lors du cycle de formation BIM qui commencera au printemps 2020.

• Protocole : comment en définir un ? BIM Manager : qui c’est ?

• IFC : Comment fonctionne l’échange de données ?• Planification et ordonnancement : comment faire ?

Sur chantier et en fabrication.• Qu’est-ce qui est possible de faire avec chaque pro-

gramme. Comment maximiser le transfert d’infor-mation via l’utilisation de Plug-in ?

• Formation en équipe sur base d’un projet concret en collaboration avec un architecte et un bureau d’études en techniques spéciales.

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 21

DOSSIER DU TRIMESTRE

CONCLUSION

Puiqu'il existe depuis plusieurs années, on peut difficile-ment qualifier le BIM de véritable « innovation ».

Il est néanmoins peu utilisé par la plupart des entre-prises du secteur de la construction. Sa mise en œuvre est considérée comme complexe et les plans élaborés en 2D ne sont pas prêts de disparaître de la table des archi-tectes, à quelques exceptions près …

Pourtant, le BIM est plus d’actualité que jamais. Son po-tentiel certain a su séduire des entreprises de poids qui y voient un possible futur standard de la construction, du moins pour les chantiers les plus imposants.

Le secteur wallon de la construction bois s’est globale-ment intéressé bien plus vite que d'autres secteurs à la numérisation en 3D de leurs ouvrages, ce qui le place en

pool position dans la course au « BIM ready ».

Cette innovation prendrait-elle racine dans le secteur bois après des années d’échec dans la construction clas-sique ? Possible.

Toutefois, il reste du chemin à faire avant que le BIM ne s’implante durablement dans notre paysage constructif. Ce qui permettra de définir plus précisément cette dé-marche qu'est le BIM.

Pour favoriser la transition vers cette démarche, l’infor-mation et la formation sont des éléments de première importance. C'est ce que nous contribuerons à faire en soutenant la mise en place par Henallux et la Fédération Wallonne des Menuisiers Belges d'un cycle de formation BIM basé sur les besoins des entreprises de la construc-tion bois et des bureaux d'étude. Vous recevrez plus d’in-formations sur le sujet dans les prochains mois !

Rénovation du CRAC vue de l’intérieur après rénovation © Urban Architectes

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22 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

Les entreprises font face à déjà deux ans de crise des scolytes dans les forêts européennes. Les défis aussi bien quantitatifs que qualitatifs restent immenses. Un manque de proactivité de la part des intervenants de la filière peut se payer cher, voire très cher. D’autres régions dans le monde ont connu ou connaissent encore de tels problèmes sanitaires.

L’EXEMPLE CANADIEN LA FORÊT EN COLOMBIE BRITANNIQUE

Lors de la dernière conférence internationale sur le bois ré-sineux (International Softwood Conference) qui se déroulait cette année à Anvers, Mr David Calabrigo de la société cana-dienne Canfor a présenté l’évolution de la filière forêt-bois en Colombie Britannique, marquée au début des années 2000 par des attaques massives d’insectes (dendroctone du pin ponderosa). Le rythme des attaques n’a cessé de s’accélérer entre 2000 et 2008. C’est aujourd’hui 18 millions d’hectares de forêts (sur un total de 57 millions d’hectares pour la pro-vince) qui sont, ou ont été, touchés par ce scolyte.

L’économie forestière en Colombie Britannique souffre toujours et elle ne cesse de se restructurer. Les proprié-taires annoncent des pertes financières allant jusqu’à 20 milliards de dollars. Par ailleurs, les experts canadiens es-timent une augmentation des rejets de CO2 équivalente à la circulation annuelle de 3,7 millions de voiture. En effet, les arbres adultes touchés dépérissent très rapidement et, par conséquent, n’apportent plus leur fonction de stockage de carbone. En même temps, la décomposition rapide du bois accélère l’émission de CO2. Mr Calabrigo poursuit sa présentation en établissant un canevas des raisons d’un tel désastre et des solutions pour l’éviter, ou au moins le limiter.

LE CONSTAT ET LES CONSEILS DES CANADIENS

L’épicentre de l’épidé-mie des attaques s’est situé dans le parc pro-vincial de Tweedsmuir. En 2006, le Ministère des Forêts estime que 80% des pins commercialisables dans la région du centre et du sud de la Colombie Britannique pourraient être morts avant 2013.

Les canadiens ont tiré les leçons d’erreurs commises et sou-haitent partager leur expérience en suggérant les quelques conseils suivants :

1. Prendre des actions sans attendre : • Une intervention en forêt plus précoce aurait diminué si-

gnificativement l’expansion des scolytes, • Le changement climatique était un facteur majeur de la

propagation (Mr Calabrigo recommande donc de prendre des actions ayant un impact sur le plan climatique),

• L’impact économique du bois scolyté sur le marché est d’environ 15 ans (c’est-à-dire qu’il faut compter pendant toutes ces années sur des dévaluations du bois).

2. Investir dans la détection et le monitoring :• L’utilisation d’image satellite (type LiDAR) contribue efficacement à la détection des zones infestées, • Le partenariat avec les industriels est important pour éva-

luer les zones à risques (et donc les mesures à prendre), • Être présent en forêt et faire des relevés aériens est le

meilleur outil pour un bon monitoring. Cela implique une disponibilité humaine en forêt.

3. La communication et la coordination entre le gouverne-ment et les industriels est un point critique :

• 95% de la forêt en Colombie Britannique est publique et gérée par l’Etat qui est en conséquence le seul interlocu-teur du côté des propriétaires.

• Dans un premier temps, le gouvernement était hostile au fait de prendre des mesures visant à réduire l’épidémie ce qui a favorisé l’expansion de l’épidémie.

• Le gouvernement a initié une augmentation des coupes

Ingénieur sorti de l’École Supérieure du Bois en 1990, Éric Letombe est un expert de la filière bois. Aujourd’hui responsable des approvisionnements de Spanolux (groupe Unilin) à Vielsalm, il côtoie quotidiennement la filière bois en Belgique, Allemagne, France, Pays-Bas, Luxembourg… Il anime ici une rubrique consacrée à l’actualité économique de la filière bois.

LES INVASIONS DE SCOLYTES, QU'ONT FAIT LES CANADIENS EN LA MATIÈRE ? QUELQUES PRÉCIEUX ENSEIGNEMENTS

Dégâts dans une forêt de Colombie Britannique en 2009

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 23

MARCHÉSTENDANCES

de bois en 2001 mais cette augmentation n’a été signi-ficative qu’à partir de 2003.

Une fois de plus, la lenteur de la mise en œuvre a contribué à

la propagation des insectes.

4. Les scolytes ne s'arrêtent pas aux frontières ! Dès 2006, les insectes ont commencé à infester la province voisine de l’Alberta.

5. La crise suscite l’innovation  : l’utilisation de bois scoly-té est entré dans les mœurs. Le gouvernement provincial a supporté la construction du Richmond Speed Skating Oval, pour la tenue des jeux olympiques d’hiver de 2010. Ce bâtiment (voir photo ci-dessous) a été réalisé pour l’essentiel avec des pins scolytés des forêts de la province.

DES LEÇONS À TIRER CHEZ NOUS

A la lecture de ce bref constat, on comprend rapidement que les défis dans la gestion de cette crise sont très proches entre cette région du Cana-da et nos régions peuplées d’épicéa. Les solutions ne sont pas simples mais elles existent et elles doivent per-mettre de continuer à faire « vivre » à la fois la forêt et les hommes.

Evidemment, la chute de la récolte annuelle est effective depuis quelques années et elle s’accentuera dans les prochaines années. Elle était de 50 millions de m3 en 1992, elle est de 40 millions de m3 en 2019 et elle sera de 35 millions de m3 dès 2022.

En Wallonie, avant la crise des scolytes, on suspectait déjà que la récolte d’épicéas serait en forte baisse pour la prochaine décennie. En effet, pendant des années, la récolte a dépassé l’accroissement (130%). On coupait environ 3 millions de m3 pour un accroissement de 2,2 millions de m3. On parlait d’un capital stable en résineux (le douglas venant compenser la perte en épicéa). Toutes les projections sont toujours basées sur des modèles de calcul n’intégrant pas ou peu les catastrophes naturelles (notamment celles avec une telle ampleur comme les scolytes). Ces modèles, qu’ils soient empiriques (basés sur les relevés et l’extrapolation) ou mécaniques (inté-grant des équations écophysiologiques complexes de type photosynthèse, respiration, évapotranspiration, etc.) prévoyaient une croissance possible de la récolte. Aujourd’hui, les repères ne sont plus d’actualité, un ra-lentissement de cette croissance voire une inversion de tendance commence à être évoqués par les spécialistes. La principale cause est le phénomène de sécheresse qui apparait de façon plus sévère qu’estimée jusqu’à présent. La sécheresse a, en effet, 2 facteurs multiplicateurs : elle affaiblit l’ensemble des populations d’arbres par manque d’eau et elle favorise le développement de certains orga-nismes parasites.

Comme le mentionne l’intervenant canadien dans son exposé, le scolyte ne connait pas les frontières. Compte tenu des attaques très importantes en Allemagne et en Europe Centrale en 2018 et 2019, il semble probable que l’épidémie se propage chez nous l’année prochaine. Les insectes seront à la recherche « d’épicéas verts » encore bien présents à l’est de la Belgique. Il reste donc encore peu de temps de préparation à tous les acteurs de la fi-lière forêt bois. L’impulsion du gouvernement wallon sera déterminante pour sauver cette filière. Les cabinets mi-

nistériels sont, en principe, déjà informés de l’évolu-tion de la situation, puisqu'ils ont créé la « Task Force Scolytes » dès le mois de septembre 2018.

Des pistes concrètes sont connues afin de péren-niser nos forêts. Elles demandent souvent un fi-nancement public pour être réalisées. Des aides sont nécessaires pour replanter, pour sortir le bois

scolyté des forêts, pour stocker le bois pendant quelques mois etc. Le secteur privé n’est pas en me-

sure de gérer une telle crise sans un appui gouverne-mental. Nos voisins allemands ont annoncé une enve-

loppe de 800 millions d’euros en la matière. En France, une vingtaine de millions sera consacrée au transport des bois de la région du grand est vers d’autres régions françaises.

Éric Letombe

LES INVASIONS DE SCOLYTES, QU'ONT FAIT LES CANADIENS EN LA MATIÈRE ? QUELQUES PRÉCIEUX ENSEIGNEMENTS

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LA SÉCHERESSE AFFAIBLIT L’ENSEMBLE DES POPU-LATIONS D’ARBRES PAR MANQUE D’EAU ET FAVORISE LE DÉVELOPPEMENT DE CERTAINS ORGANISMES PARASITES.

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24 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

#RÉSEAUBOIS

L’ECOTOURLAB : UNE INNOVATION EN WALLONIE TANT POUR LE TOURISME QUE POUR LA FORÊT !

COMMENT ALIMENTER L’OUTIL DE MONITORING EN DONNÉES ?

En 2009, dans le cadre de sa thèse de doctorat réalisée à l’Université de Liège-Gembloux Agro-Bio Tech, Vincent Colson chiffrait la valeur de la fonction récréative de la forêt à plus ou moins 2 milliards d’euros par an. De son côté, le Professeur Bodson (UCL- 2008) estimait qu’avec une fréquentation de l’ordre de 113 millions de visites par an, l’impact social de la forêt wallonne était considérable.

Si les principales raisons de visiter l’Ardenne tournent au-tour de la nature - les balades et randonnées, les activités de pic-nic et l’observation de la faune et la flore - force est de constater avec regret, qu'actuellement, nous dispo-sons de peu de données chiffrées sur la fréquentation de ces espaces naturels et forestiers tant prisés en Wallonie.

Le graphique ci-dessous reprend quelques chiffres clés  : près de 3,3 millions de touristes fréquentent les activités du pôle «  nature  » dont près de 2 millions rien que pour Pairi Daïza. Ces activités sont liées à la consommation dite « payante » c’est-à-dire avec un droit d’entrée. Qu’en est-il des autres activités «  libres d’accès » dans nos forêts  ? Des séjours dits « écotouristiques » verts ou colorés forêt ? Depuis le début de leurs travaux en 2017, les partenaires du projet Agreta collectent des données de fréquentation is-sues d’appareils de mesure présents sur différents sites na-

turels (caméras, données Proximus, ….) et via des enquêtes et questionnaires (en ligne, sur le terrain) auprès des opéra-teurs touristiques et du grand public. Ces données, en cours d’analyse vont pouvoir alimenter cet outil de « monitoring » et de suivi de la fonction récréative de la forêt wallonne.

UNE GESTION DURABLE DES ESPACES NATURELS GRÂCE AUX DONNÉES

Le tourisme, et plus encore, le tourisme vert, est un secteur où l’innovation digitale est intense mais où l’on constate finalement un faible usage des données voire même le peu d’intérêt qui leur sont portées. Acquérir de la donnée et la partager permettrait de mieux connaître et par définition de mieux gérer la présence et la qualité des ressources naturelles locales dans un souci de déve-loppement durable de ces espaces tout en considérant l’impact de l’activité touristique sur ces écosystèmes. Ob-jectif : « penser » un tourisme vert et raisonné en équilibre avec les enjeux économiques liés à son développement. Pour illustrer, par un exemple, le potentiel des données, en France, sur certains sentiers fortement pratiqués par les randonneurs, des données relevées par satellite ou drone sont collectées afin de donner un aperçu ponctuel de l’état des voies et leur trafic. Anticipativement, à partir d’un cer-tain seuil de fréquentation, des alternatives de randonnées sont proposées afin de préserver les écosystèmes.

En partenariat avec l’Université de Liège-Gembloux Agro-Bio Tech et l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA-France), RND mène actuellement des actions destinées à mesurer l’attractivité des paysages et des forêts d’Ardenne, en mettant au point un outil de monitoring de l’usage récréatif des espaces naturels et forestiers, et cela via le projet Interreg V Grande Région « Agreta ». L’objectif vise à révéler les attentes des « consommateurs de ces espaces forestiers » (visiteurs, touristes, promeneurs,…), et à mesurer l’usage récréatif de ceux-ci. À terme, il serait opportun d’évaluer dans quelle mesure les attentes des visiteurs sont satisfaites et si la valeur économique des services associés peut être estimée.

Source : Observatoire du tourisme wallon – CGT - 2017

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 25

LA DÉMARCHE LIVING LAB : UNE INNOVATION

Grâce à l’accompagnement de deux experts - le CETIC et Créative Engine Wallonie - nous expérimentons la mé-thodologie « living lab » pour co-construire cet outil de monitoring en y associant des représentants du grand public, des opérateurs locaux et touristiques, des scien-tifiques, les partenaires du projet en tant qu’acteurs et collaborateurs. Pour ce faire, nous organisons différents ateliers « Ecotourlab », qui sont de véritables lieux col-laboratifs, d’échange, de partage, de concertation et de dialogue. C’est la méthode innovante Living Lab !

LA MÉTHODE LIVING LAB, QUESACO ?

Un Living Lab ou littéralement « laboratoire vivant » est une méthode de recherche en innovation collaborative qui vise le développement de nouveaux produits et services. C’est un processus d’idéation avec les futurs usagers et qui s’appuie sur un groupement mixte d’usagers public-privé-citoyen. Le living lab, et dans ce qui nous occupe l’Ecotourlab, permet une approche innovante en intégrant l’implication des usa-gers de tous les horizons et de tous les champs d’activités en lien avec les espaces naturels et forestiers. Il veut mettre à profit leur expertise propre dans la conception d’un outil servant à une communauté d’acteurs et d’utilisateurs.

L’outil de monitoring idéal devrait permettre de :

• Mutualiser, partager et échanger les données entre les utilisateurs dans le but de poursuivre l’action de mesure de la fréquentation des espaces naturels et forestiers.

• Aider dans le choix des produits et services à dévelop-per => données objectives et utilisables, afin d’obtenir des informations clés permettant le développement de nouvelles stratégies territoriales.

• Évaluer la pertinence des produits et services, leur ef-ficacité par rapport aux attentes des visiteurs/utilisa-teurs des espaces.

CONCRÈTEMENT OÙ EN SOMMES-NOUS ?

Les deux premiers ateliers participatifs nous ont permis d’établir les différentes catégories d’utilisateurs des es-paces naturels et forestiers, de travailler sur le parcours des utilisateurs, de faire émerger toutes les données existantes ou à collecter intéressant les utilisateurs et les informations nécessaires au fonctionnement de l’ou-til. Nous avons ensuite réfléchi de manière collective aux fonctionnalités de base de cet outil. Les acteurs du tourisme expriment des besoins en données touristiques (sites, visites, parcours, évènements, etc.), en données de géolocalisation et géographiques (aménagements, zones de délestage, sentiers pédestres et cyclables, bivouacs, …) et en données de services (hébergements, restauration, activités, centre d’informations touristiques, etc.).

Ces données existent de manière hétérogène et sont sou-vent peu mutualisées. Ce qui fait penser que l’outil aurait également une fonction d’agrégateur de données.

Les possibilités d’applications sont nombreuses et la complexité de la démarche tient dans le fait d’établir un fonctionnement de partage ; allant toujours dans les deux sens du donneur et du receveur de données, plutôt que de diffusion.

ET POUR LA SUITE ?

Au travers de nouveaux ateliers « Ecotourlab », nous de-vrons déterminer les fonctionnalités retenues à l’issue du sondage en ligne Mesydel qui sera soumis à un panel très large d’utilisateurs. Nous devrons débattre collective-ment des aspects technico-légaux de la création de cet outil à proprement parler. Définir la forme de cet outil  : une plateforme interactive, par exemple, ou une applica-tion numérique ? Les fonctionnalités que l’on pourra y re-trouver, le fonctionnement de partage des données, etc,… mais également les questions liées à la forme juridique et sa gouvernance, les partenariats possibles et nécessaires ou encore son financement.

EN CONCLUSION, …

En tant que coordinateur du projet touristique « Les Forêts d’Ardenne » RND pense au travers de la pé-rennisation de la démarche, à utiliser tout le potentiel des données pour mettre en place des indicateurs. Ces indicateurs permettraient d’évaluer la portée des actions pour un territoire dans le développement du tourisme vert et « forêt » et plus précisément pour le projet « Les Forêts d’Ardenne ».

Anticiper et répondre aux attentes des « consomma-teurs des espaces forestiers », identifier les interac-tions d’un territoire avec ses espaces, sont les enjeux de demain si l’on veut que l’Ardenne et l’usage récréa-tif de ces espaces prospèrent en visant au développe-ment durable tant pour l’homme que pour les espaces naturels et forestiers. Les données résultantes des progrès des outils technologiques actuels ouvrent le champ des possibles, des perspectives nouvelles s’of-frant au tourisme vert et son développement.

#RÉSEAUBOIS

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REGARD FORESTIERREGARD FORESTIER

26 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

Professeur ordinaire émérite rattaché à l’Université de Liège - Gemboux Agro-Bio Tech, et chargé de mission pour l’ULiège, Jacques Rondeux a consacré toute sa vie au développement de notre patrimoine forestier.

Qui oserait encore aujourd’hui mettre en cause le bien-fondé ou la philosophie même de Pro Silva largement propagée au sein du monde forestier ? Cette sylviculture, par définition proche de la nature, a fait l’objet de quantité d’analyses et a été relayée par un mouvement européen très actif en faveur d’une approche plus naturelle de la gestion sylvicole des forêts davantage en phase avec les recommandations ré-currentes de développement durable et dans une large mesure en convergence avec une approche multi-fonc-tionnelle de l’espace forestier. Les conséquences négatives déjà visibles du réchauffement climatique appellent à fa-voriser des forêts plus résilientes et à ce titre Pro Silva est une des solutions à préconiser.

Et pourtant... L’écho médiatique très fort don-né à sa pratique est-il aussi justifié qu’il n’y paraît ? Ses racines se trouvent déjà dans la sylviculture destinée à favoriser les futaies mélangées d’âges multiples cou-rantes telles que rencontrées dans les régions mon-tagneuses ou pré-montagneuses où elle est au coeur de la dynamique de forêts naturelles.

On pourrait regretter qu’à ses débuts, ce concept ait été présenté par quelques-uns de ses promoteurs et partisans avec des arguments d’autorité ciblant les avan-tages et n’hésitant pas à s’en prendre aux forestiers ainsi qu’à leurs pratiques qualifiées d’un autre temps. Jusqu’il y a peu les traces de cet état d‘esprit étaient encore perceptibles au travers d’écrits ou de commentaires lors de visites de terrain. Cela a pu freiner l’intérêt manifesté au sein même du monde des sylviculteurs.

LA PHILOSOPHIE PRO SILVA EN QUELQUES MOTS

Les objectifs sont principalement d’assurer une production rentable et soutenue, à l’échelle de la parcelle, aux moindres coûts, de gros bois de qualité d’essences variées et issues de semis naturels tout en veillant à la protection de l‘éco-système naturel (biodiversité, station, eau, sol). Pas moins de 15 mesures, accompagnées de commentaires, sont proposées pour tenter de rencontrer ces objectifs.

En résumé, Pro Silva n’est pas une technique sous-tendue par un cortège de normes, mais plutôt une façon d’ap-préhender la gestion forestière visant pour l’essentiel à :• donner la priorité à la régénération naturelle ;• favoriser le mélange d’essences ;• maintenir un couvert continu ;• limiter les investissements en recourant à la régénération

naturelle et en tirant profit des processus naturels régissant l’éducation des arbres ;

• produire du bois de qualité mais en privilégiant les individus plutôt que l’ensemble du peuplement.

Sont aussi prévues un certain nombre de mesures dites transitoires ou exceptionnelles (plantation par ilots ou bouquets, introduction de manière limitée d’essences de production allochtones peu concurrentielles) ainsi que des opérations de transformation de peuplements équiennes en peuplements irréguliers, voire de conver-sion par exemple de taillis sous futaie en futaies.

TOUT EST-IL À CE POINT « INDISCUTABLE » ?

Venons-en à quelques commentaires rapides et for-cément incomplets. Sur le plan sylvicole, en l’ab-

sence de normes, cette sylviculture s’appuie sur un ensemble de règles de nature technique

portant sur le traitement en futaies irré-gulières. Certaines de ces règles font, en particulier, allusion à un matériel opti-mum, ce qui, dans l’absolu, peut diffici-lement être fixé ou établi sans recourir à des inventaires du matériel ligneux ou à des typologies proposant des valeurs repères sous peine de procéder par tâ-

tonnements ou exercices itératifs dictés par la subjectivité d’un état vers lequel on

souhaite tendre. Ce type de sylviculture est donc difficilement visualisable sans se référer à

des valeurs chiffrées telles que des distributions de tiges par catégories de grosseur ou des proportions de tiges par étages au sein de la futaie.

Sur un plan économique la mobilisation du bois est une opération parfois très délicate en futaies irrégulières du fait de la présence d’une structure étagée et de ré-générations souvent laborieusement obtenues et qu’il convient de protéger face aux dégâts occasionnés par les abatteuses-ébrancheuses, ayant supplanté le bûche-ronnage classique, même si la réalisation de layons de débardage et l’application de cahiers des charges d’ex-ploitation stricts sont de nature à atténuer les risques. Il convient aussi de tenir compte de la présence d’une grande variété de dimensions de bois exploités ne s’ac-commodant pas de passages en coupes d’amélioration (éclaircies) simultanés. Ces éléments ont un impact sur les coûts d’exploitation et peuvent mettre à mal la plus-value financière en principe attendue de la produc-tion de bois de qualité de fortes dimensions. A ce sujet miser sur la production finale de gros ou très gros bois

PRO SILVA, AU CROISEMENT DES REGARDS

‘‘LES CONSÉQUENCES NÉGATIVES DÉJÀ VISIBLES DU RÉCHAUF-FEMENT CLIMATIQUE APPELLENT À FAVORISER DES FORÊTS PLUS RÉSILIENTES ET À CE TITRE PRO SILVA EST UNE DES SOLUTIONS À PRÉCONISER.

‘‘

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 27

ne se justifie qu’à partir du moment où les conditions du marché leur sont favorables.

Viser systématiquement l’irrégularisation conduit à des structures de peuplements à propos desquelles il convient donc de rester attentif sur le plan de la pertinence éco-nomique : répondent-t-elles bien aux impératifs écono-miques tout en préservant une production soutenue de bois en adéquation avec le marché et les besoins ou les attentes de l’industrie que ce soit non seulement en termes de qualité mais aussi de quantités ? On pourra toujours rétorquer que l’essentiel est de marquer le pas et ce n’est qu’une question de temps tout comme, dans une certaine mesure cela vaut, pour les étendues de mélèzes ou de douglas encore insuffisantes pour créer les conditions satisfaisantes ou durables d’un marché spécifique et d’un retour financier à la hauteur des investissements consentis.

CE QU’IL EST INTÉRESSANT DE RELEVER

La « sylviculture proche de la nature », contrairement à ce qui peut parfois en être dit, est loin d’être une nouveauté. L’idée d’imiter la nature et de hâter son oeuvre » (Lorentz et Parade) est ancienne dans l’esprit des forestiers. Autre chose est de savoir si elle est restée au stade de déclara-tions d’intention ou si elle a suffisamment fait l’objet de transpositions sur le terrain. Depuis plus d’un siècle, tout a été dit sur le sujet. Un point cependant peut apparaître comme nouveau, tout au moins dans sa formulation, c’est le refus de tout aménagement, et l’absence de référence à toute norme contrairement à de ce qui est en vigueur en futaie dite « jardinée » (à ne pas strictement assimiler à celle d’âges multiples car se référant à des normes de distribution de tiges par classes de grosseur). Les inter-ventions laissées à l’initiative des personnels de terrain se basent sur l’observation et se décident in situ en fonction d’une sylviculture « arbre » donnant lieu à des structures de peuplements qui ne relèvent pas d’un idéal à atteindre.

MISE EN ŒUVRE, RESTONS MESURÉS

A la lecture des objectifs qu’elle poursuit a priori rien ne porte vraiment à contester le bien-fondé de la méthode. Par contre sa faisabilité de mise en œuvre n’est pas évi-dente si l’on veut bien admettre que les multiples attentes sociétales, écologiques et économiques relatives à la fo-rêt suggèrent beaucoup de souplesse dans la manière de la gérer et de ce fait le recours à une grande diversité de méthodes et à un niveau de compétence de plus en plus élevé. La sylviculture en question (certains évoque-ront même l‘absence de sylviculture laissant la nature se développer sans contraintes humaines) est-elle à ce point la synthèse de tout ce qui peut conduire à l’image idéale

de la forêt future ? Cette sylviculture ne peut évidem-ment être appliquée partout compte tenu des conditions nécessaires à l’installation et au développement de la régénération naturelle, aux essences s’y prêtant et aux conditions climatiques.

A MÉDITER

Face aux nombreuses in-certitudes qui planent sur la forêt il est naturel que l’on se tourne davantage vers ce type de sylviculture plus apte à garantir une meil-leure résilience, une meil-leure réponse aux change-ments climatiques tout en étant plus respectueuse du contexte écologique. En matière forestière il est peu probable que cette sylviculture puisse mettre un terme à la question récurrente des débats sur les indispensables équilibres forestiers s’agissant des préoccupations éco-nomiques et des contraintes écologiques ou, à l’inverse, des préoccupations écologiques et des contraintes éco-nomiques. Qu’elle soit en mesure de constituer un com-promis est vraisemblable mais il ne faut pas sous-estimer le poids de la nature et de la motivation des propriétaires, la hauteur des investissements à consentir en termes de know-how et financiers et de coûts indirects dans l’hypo-thèse de forêts « exploitées ».

Dans l’esprit de leurs détracteurs les peuplements équiennes sont en particulier assimilés à des peuplements régénérés artificiellement par coupes rases. C’est évidemment faire l’impasse sur tout un pan de la sylviculture fondée sur une régénération naturelle potentielle de pareils peuplements. Il n’existe d’ailleurs aucune relation obligatoire entre le caractère artificiel d’une régénération et les coupes à blanc ; certaines essences sont en particulier régénérées naturel-lement après des coupes rases par petites surfaces. C’est ce qu’il est courant d’observer en forêts semi-naturelles ou naturelles de conifères après une tempête ou un incendie.

Pro Silva n’est pas transposable partout, loin de là, sous peine de subir des critiques du type de celles, fondées ou non, à l’égard d’une sylviculture en futaie pure équienne qui garde aussi son intérêt en particulier pour les résineux dans le contexte de leur importance actuelle et à condition de mieux réfléchir à l’indispensable adéquation de leur introduction avec les conditions de milieu appelées à se modifier au cours du temps.

Bien comprise Pro Silva a incontestablement sa place en Wallonie, particulièrement en peuplements feuillus déjà traités en futaies irrégulières mélangées (cas des hêtraies ardennaises et gaumaises) et, à défaut, aux endroits réunissant les conditions écologiques et sylvicoles néces-saires à son développement. Tout au plus pourrait-on aussi concevoir le même traitement pour les futaies résineuses d’épicéa et vraisemblablement à raison d’une dizaine de pourcent de leur étendue et plus précisément en forêts publiques essentiellement domaniales, voire communales, mais pour autant toujours que les circonstances s’y prêtent. Nous pensons aux propriétaires publics et aux propriétés de tailles telles que plusieurs sylvicultures puissent être réalisées de manière simultanée et complémentaire sous la houlette d’un personnel qualifié.

Jacques Rondeux

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28 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

EDITION 2020« ENCORE BELLE BOIS »

Qui dit nouvelle édition, dit nouveau challenge !Cette fois, chaque équipe se voit attribuer un budget limité pour construire leur structure. Celle-ci sera suspendue à 2 m de hauteur. Un étudiant devra pouvoir y grimper afin d’aller tracer un trait à la craie le plus loin possible au sol sans que cette structure ne se brise ! Chacune des équipes sera constituée d’étudiants architectes, ingénieurs ou gradués en construction bois ou encore d’élèves de sections menuiserie et ébénisterie du secondaire.

Cette année 2020, nous voyons encore les choses en grand :

5 ÉCOLES PARTICIPANTES AVEC 145 ÉTUDIANTS POUR 22 ÉQUIPES !

Rejoignez-nous au Palais 6 du Wex de Marche-en-Famenne le vendredi 24 janvier à partir de 14h pour assister aux tests des différentes structures !

LES OBJECTIFS DES FIBRES D’OR

Les Fibres d’or poursuivent un double objectif. D’une part, nous souhaitons inciter les entreprises du bois à innover et à se former pour mieux répondre aux attentes des marchés. Et d’autre part, nous voulons mettre en lumière le dynamisme de la filière forêt-bois et de ses nombreuses entreprises qui produisent de la valeur ajoutée. Pour les entreprises, participer aux Fibres d’or, permet de renforcer leur image et leur visibilité au sein de la filière bois et dans les médias.

LES DIFFÉRENTES CATÉGORIES

> INNOVATION PROCÉDÉLa Fibre d’or de l’innovation procédé est octroyée à une entreprise wallonne qui a transféré ou développé une technique innovante en Wallonie.

> INNOVATION PRODUITIl s’agit, pour la Fibre d’or de l’innovation pro-duit de récompenser une entreprise qui a mis au point ou distribué un produit novateur à base de bois ou favorisant l’usage du bois.

> JEUNE ENTREPRENEURSeuls les entrepreneurs ou administrateurs délégués de l’entreprise depuis au moins deux ans, de maxi-mum 40 ans dans l’année d’attribution sont éligibles.

> FORMATIONLa Fibre d’Or récompense l’entreprise qui a accordé le plus d’attention à la formation de son personnel au cours des 2 dernières années (2018-2019), quelle que soit la taille de l’entreprise !

COMMENT Y PARTICIPER

Vous avez envie de vous inscrire ? N’hésitez pas à télécharger le dossier de candidature sur le site : www.fibresdor.be

LES « FIBRES D’OR » 2020APPEL À CANDIDATURE

Les dossiers de candidature seront à remettre au plus tard pour le 14/02/2020 à minuit.

Les nominés seront annoncés lors du salon Bois & Habitat. Les récompenses seront

décernées lors des Rencontres Filière Bois.

Créées à l’initiative de l’ensemble des composantes de la filière bois wallonne, les Fibres d’or récompensent des entreprises ou professionnels qui ont apporté une contribution significative à l’essor du bois en Wallonie. Ces ré-compenses sont décernées tous les deux ans, au cours des traditionnelles Rencontres Filière Bois.

#RÉSEAUBOIS

CHALLENGE BOIS

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Ses objectifs :• Valoriser votre métier, votre image.• Assurer la représentation officielle de votre profession auprès des pouvoirs publics.• Assurer votre promotion auprès des particuliers, des donneurs d’ordre, des architectes et bureaux d’études.• Vous apporter une aide dans la recherche de personnel qualifié formé à vos besoins.• Vous permettre de participer au nouveau développement de vos produits, aux nouvelles technicités.

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Actions de promotion, Parqueteurs, Association des cuisinistes)• Vous offre l’accès au Portail des menuisiers (www.menuisiers.com) mais aussi à une banque de données du site de référence pour la construction (www.confederationconstruction.be)• Organise des voyages, excursions, visites et autres activités• Et bien d’autres avantages considérables…

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30 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019

#RÉSEAUBOIS

ESSENCES FORESTIÈRES :

LE CHÂTAIGNIER CASTANEA SATIVA

Le nom latin castanea désigne aussi bien l’arbre que le fruit, et provient du nom grec kastáneia lui-même issu du nom kástana d’une ancienne langue d’Asie Mineure. On le retrouve dans de nombreuses langues celtiques, romanes, germaniques et slaves. Le nom sativa, du latin sativus signifie « cultivé ».

Le châtaignier est cultivé depuis très longtemps pour ses fruits et son bois. Pendant de longues périodes, la châtaigne a été une source d’alimentation humaine importante dans certaines régions d’Europe. En 2006, la récolte mondiale de châtaignes se chiffrait à 1,17 million de tonnes. Plus de la moi-tié provient de Chine et de Corée.

Beaucoup de recherches ont été et sont toujours faites au-tour des greffes et hybrides du châtaignier. Il en existe ainsi plusieurs centaines de variétés.

Du fait de sa bonne tolérance aux stations à tendance sèche, le châtaignier est une essence intéressante dans le contexte des changements climatiques.

EN EUROPE

Les plus grandes cultures de châtaignier se trouve au sud et à l’ouest de l’Europe. Son aire naturelle est méditerra-néenne  : l’Europe méridionale, l’Afrique du Nord jusqu’à l’Asie Mineure. Mais Il a été largement cultivé au-delà de son aire de répartition naturelle.

Grâce aux recherches archéologiques, on a appris que le châtaignier était déjà utilisé entre le 9e et le 7e siècle avant notre ère dans la région Caucasienne, tant pour son bois que pour ses fruits. Les Romains l’ont ensuite importé à travers l’Europe. Depuis, le châtaignier est considéré comme source nutritive importante. Au Moyen-Âge, les seigneurs faisaient planter des châtaigniers dans des endroits où la culture des céréales était impossible. A cette époque, dans le Midi de la France, la châtaigneraie a pris la place de la forêt mé-diterranéenne, majoritairement composée de chênes verts et pubescents. Grâce à elle, certaines régions des Cévennes n’ont pas connu de famine. On surnommait ainsi le châtai-gnier « d’arbre à pain ».

Sa culture a connu son apogée aux XVIe et XVIIe siècles puis a commencé à régresser vers la fin du XIXe siècle. L’écorce de châtaignier était encore utilisée dans l’industrie du tan-nage mais les maladies comme celle de l’encre et le chancre de l’écorce ont décimé les châtaigneraies d’Europe. De plus, l’introduction de la pomme de terre en Europe a varié le quotidien culinaire.

EN WALLONIE

D’après l’Inventaire Permanent des Ressources Forestières de Wallonie, environ 2% de la surface forestière est occu-pée par des châtaigniers. On le retrouve principalement en région limoneuse et sablo-limoneuse, soit au nord du sillon Sambre et Meuse. Il est très rarement rencontré en Ardenne et en Fagne-Famenne et pratiquement pas en région Juras-sique du fait de ses exigences.

Le châtaignier @ Darkone

Le châtaignier est un feuillu de la famille des fagacées, comme le hêtre et le chêne.

Aire de répartition du Châtaignier en Europe @ EuForGen Les fruits du châtaignier sont riches en matières nutritives @ Willow

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2019 I 31

#RÉSEAUBOIS

A partir de 250 m d’altitude, le châtaignier commence déjà à souffrir des gelées. Au-delà de 350 m d’altitude, la période de végétation devient trop courte pour lui. Il faut lui réser-ver des expositions chaudes (sud). Les plateaux et pentes faibles lui sont aussi favorables.

En Wallonie, figure dans la liste des 10 plus gros arbres répertoriés à ce jour, un châtaignier estimé à 15 m de hau-teur pour une circonférence de 900 cm. Il se trouve à Franc-Waret dans la commune de Fernelmont. La liste est consultable sur le site : http://environnement.wallonie.be

CARACTÉRISTIQUES

Le châtaignier est un arbre qui atteint généralement une hauteur de 30 m, parfois 40 m et qui peut vivre plusieurs siècles. Certains spécimens sont âgés de plus de 1000 ans ! La croissance est rapide dans son jeune âge et il atteint une productivité de l’ordre de 4 à 13 m3 par hectare et par an à l’âge de 60 ans. Le terme d’exploitabilité est atteint quand l’arbre mesure entre 150 et 180 cm de circonférence, vers l’âge de 50 à 60 ans. Il doit alors rester entre 80 et 120 indi-vidus par hectare.

Il s’agit d’une espèce tempérée chaude qui préfère les sols bien drainés et une température annuelle moyenne douce. Il préfère les endroits chauds et dégagés.

Essence calcifuge, c’est-à-dire qu’il fuit les sols calcaires, il aime les sols frais, suffisamment profonds et riches en subs-tances nutritives. Il ne pousse pas sur des sols tassés et com-pacts ni sur des sols engorgés d’eau, même temporairement.

Il est très sensible aux grands froids (minima absolu de -20°c) et aux gelées (tardives ou précoces).

DESCRIPTIF BOTANIQUE

Les feuilles de châtaignier sont lancéolées et très den-tées, elles atteignent souvent 20 cm. De couleur vert foncé au-dessus et plus claires en dessous. Les inflorescences sont de longs chatons de 10 à 20 cm et odorants.

Il fleurit de début juin à début août. On ramasse les châtaignes à partir du mois d’octobre. L’écorce quant à elle, est de couleur grise, lisse puis devenant fissurée de manière torsadée.

CHÂTAIGNE OU MARRON ?

La châtaigne et le marron sont souvent confondus et pour cause  ! Petit éclairage  : d’un point de vue botanique, la châtaigne est le fruit de Castanea sativa, tandis que le mar-ron est le fruit de Aesculus hippocastanum (marronnier).

La bogue qui entoure le fruit du marronnier est pourvue de petits pics bien espacés et renferme un seul marron. Tandis que chez le châtaignier, la bogue est hérissée de nombreux pics la rendant presque impossible à prendre en main, et renferme en général 2 à 3 fruits triangulaires.Pour compli-quer les choses, le nom « marron » est donné aux fruits du châtaignier cultivé par un castanéiculteur. Ces arbres culti-vés ne donnent en général qu’un seul gros fruit. Attention : le fruit du marronnier est toxique pour l’homme !

UTILISATIONS

Le bois de châtaignier est de couleur brun jaune à aubier bien distinct. Le bois est dur et résistant, imputrescible et insectifuge. Le fil est droit ou alterné, le grain grossier. En coupe transversale, la couleur et la texture sont proches de celles du chêne. Comme lui, il se tache (coloration bleu-noir) au contact des métaux ferrugineux.

Il est utilisé en tant que matériau de construction noble, dans la menuiserie intérieure, en menuiserie extérieure et en ébénisterie pour en faire des meubles de luxe. Le bois de châtaignier est réputé pour les charpentes.

On en fait des bardages, des lambris, des parquets, de la tonnellerie, des cercueils mais aussi des piquets de clôture.

Dans l’alimentaire, outre les châtaignes consommées telles quelles ou en farine, on l’utilise aussi pour faire cailler le lait ou fermenter le vin. La Corse produit toujours de la bière de Châtaigne.

D’après l’avis de quelques scieries wallonnes, si la de-mande en bois de châtaignier est très occasionnelle, le sciage lui est quasi inexistant du fait de la rareté des lots de châtaigniers. Le responsable de la scierie Hontoir nous explique : « Il y a bien quelques arbres par ci par la, mais de manière insuffisante. La plupart des bois de châtai-gniers proviennent de l’importation depuis la France ».

Même son de cloche de la part d’ébénistes contactés  : « Le bois de châtaignier se prête bien à l’ébénisterie, il possède une texture spéciale mais il est très difficile de s’en procurer. Nous rencontrons le même problème avec le marronnier ».

Informations issues de : • Fichier Ecologique des Essences (https://fichierecolo-

gique.be)• Les bois et leurs usages. Ed. La Maison Rustique. 128p. 1996.• Les fruits. Ed. Gründ. 224p. 1995.• Les plantes ligneuses. Volume II. Les arbres feuillus. DGRNE.

506p. 1993.Fleur de châtaignier @ Fungus Guy

L’AVIS DE SCIEURS WALLONS DE FEUILLUS

L’AVIS D’ÉBÉNISTE

Page 32: PIERRE BOIS - RND · 12 #pierre ardennes-coticule - la pierre À aiguiser de rÉfÉrence mondiale est ardennaise ! 06 #interview focus sur le rÔle de l’expert forestier #retrouvez

Une initiative de

PIERRE BOIS Personne de contact : Pauline Gillet084 32 08 [email protected]

*non cumulable avec la prime à la plantation forestière de la Province de Luxembourg et de la Région Wallonne

La forêt wallonne connaîtra d’ici quelques années un climat différent de celui sous lequel nos arbres poussent aujourd’hui. Les propriétaires forestiers doivent s’y préparer en adaptant leur gestion et en modifiant leurs pratiques sylvicoles. Afin de les y encourager, la Province de Luxembourg octroie une prime de 750 € par hectare reboisé à TOUS les propriétaires d’une parcelle forestière en province de Luxembourg où qu’ils soient domiciliés.Nous vous invitons à recourir à un expert forestier en vous octroyant un bonus de 200 € !

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• Les travaux peuvent être réalisés par un professionnel ou par le propriétaire lui-même.

• L’introduction de la demande doit être faite avant l’exécution des travaux.

• Les documents nécessaires (règlement et formulaire de demande) peuvent être téléchargés en ligne sur www.rnd.be ou demandés auprès de RND asbl.

CONTACT :M. Jérémie DeprezRESSOURCES NATURELLES DEVELOPPEMENT asblwww.rnd.beRue de la Fontaine, 17C à 6900 Marche-en-Famenne T. +32 (0)84 32 08 42 Mail : [email protected]

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