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« OK, mais tu feras tes entretiens par téléphone parce qu’on n’a pas l’argent pour te payer les déplacements. » À lire dans Jargonnerie Page 4 Portrait de pigiste Domitille Arrivet, pigiste économie au Point. Portrait d’une fonceuse. Page 8 3 questions à un rédac chef Sven Ortoli, d’Eurêka. Page 10 • Les pigistes dans l’actu | Page 4 • Mon bureau et moi | Page 5 • RSF : le bilan 2005 | Page 5 • Carnet de bord | Page 7 • Profession : Pigiste change de coordonnées | Page 9 • Appel des Incorrigibles | Page 10 Page 6 | « Le pigiste, figure incontournable du journalisme d’aujourd’hui » Entretien avec Denis Ruellan, professeur des universités, directeur du département Information-Communication de l'IUT de Lannion, chercheur au Centre de recherches sur l'action politique en Europe, auteur de nombreux ouvrages sur le journalisme. Page 7 | Journalisme(s) : que peut connaître un journaliste s’il reste en permanence journaliste ? L’immersion est le dernier stade du reportage, la limite au-delà de laquelle on a déjà rompu avec la règle de l’observation extérieure et pondérée. De George Orwell à Anne de Loisy, en passant par Marc Boulet, voyage au cœur d'une pratique du métier de journaliste… Page 9 | Pigiste, force de proposition Pour la deuxième année, Profession : Pigiste et l’ESJ-Médias organisent une série de formations réservées aux journalistes pigistes. Numéro spécial sans pages adhérents : pour (bien) commencer l’année, l’intégralité de Pigiste est accessible à tous ! Page 11 | Juris'piges : Assedic mon amour ! Petit concentré, très concentré, d’une histoire d’amour avec l’Assedic. Trois mois de passion torride… Page 12 | Les brèves de la presse • De nouvelles collaborations ? (Full Fiction, myTech Magazine, Scrapbook Inspirations, Modify, Vivre…) • Des rédactions et des hommes… (Valance, Clément, Goursolas, Louette…) • À travers les médias (Gala est là, Glénat fuit la presse…) Pigiste. Le mag’ des pigistes n° 12 • janvier-février 2006

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À lire dans Jargonnerie Page 4 Numéro spécial sans pages adhérents: pour (bien) commencer l’année, l’intégralité de Pigisteest accessible à tous! Sven Ortoli, d’Eurêka. Page 10 3 questions à un rédac chef Page7 | Journalisme(s): que peut connaître un journaliste s’il reste en permanence journaliste? «OK, mais tu feras tes entretiens par téléphone parce qu’on n’a pas l’argent pour te payer les déplacements.» Le mag’ des pigistes n°12 • janvier-février2006 - 2 -

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« OK, mais tu ferastes entretiens partéléphone parcequ’on n’a pas l’argent pour te payer les déplacements. »À lire dans Jargonnerie

Page 4

Portrait de pigisteDomitille Arrivet, pigiste économie au Point.Portrait d’une fonceuse.

Page 8

3 questions à un rédac chefSven Ortoli, d’Eurêka.

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• Les pigistes dans l’actu |Page 4

• Mon bureau et moi | Page 5• RSF : le bilan 2005 | Page 5• Carnet de bord | Page 7• Profession : Pigiste change

de coordonnées | Page 9• Appel des Incorrigibles |

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Page 6 | « Le pigiste, figure incontournable du journalisme d’aujourd’hui »Entretien avec Denis Ruellan, professeur des universités, directeur du département Information-Communication de l'IUT de Lannion, chercheur au Centre de recherches sur l'action politique en Europe, auteur de nombreux ouvrages sur le journalisme.

Page 7 | Journalisme(s) : que peutconnaître un journaliste s’il reste en permanence journaliste ?L’immersion est le dernier stade du reportage, la limite au-delà de laquelle on a déjà rompu avec la règle de l’observation extérieure et pondérée. De George Orwell à Anne de Loisy, en passant par Marc Boulet, voyage au cœur d'une pratique du métier de journaliste…

Page 9 | Pigiste, force de propositionPour la deuxième année, Profession: Pigiste et l’ESJ-Médias organisent une série de formations réservées aux journalistes pigistes.

Numéro spécial sans pages adhérents : pour (bien) commencer l’année,

l’intégralité de Pigiste est accessible à tous !

Page 11 | Juris'piges : Assedic mon amour !Petit concentré, très concentré, d’une histoire d’amour avec l’Assedic. Trois mois de passion torride…

Page 12 | Les brèves de la presse• De nouvelles collaborations ? (Full Fiction, myTech Magazine,

Scrapbook Inspirations, Modify, Vivre…)• Des rédactions et des hommes… (Valance, Clément, Goursolas, Louette…)• À travers les médias (Gala est là, Glénat fuit la presse…)

Pigiste.-Le mag’ des pigistes n° 12 • janvier-février 2006

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Sur France Culture, l’autre soir, le cinéaste Claude Lanzmann expliquait que la presse était la seule à pouvoir diffuser des âneries « presqueimpunément ». Notre métier, le journalisme, estamplement critiqué, remis en cause par la société.On critique nos méthodes de travail, notre efficience,notre capacité à appréhender et expliciter la marchedu monde, nos liaisons dangereuses avec le grandcapital honni par une large frange de la gaucheantimondialiste. Ce sont des procès d’intention,certes, mais ils sont réels et traduisent la défianceque la société nourrit à notre encontre : défiance née de déviances passées, actuelles et futures, qui voient les journaux, les radios, les télévisions s’affranchir de règles simples que l’histoire nous a léguées afin d’assurer au mieuxleur efficacité économique. Il est frappant ainsi de voircombien la presse écrite, dont certains des titres les plus prestigieux sont frappés par une crise sansprécédent, ne procède qu’à des adaptations formellesdestinées, nous explique-t-on, à aller pêcher de nouveaux lecteurs, plus jeunes. Les grandesréformes passent dans les journaux sans que jamais ou presque la question du fond soit abordée, les grandes réformes répondent « nouvelle maquette » alors qu’il est question de « sens »… Les débats sur l’essence du journalisme,ses fonctions, se déroulent à la marge, naissent de l’initiative de chercheurs en sciences sociales…Les journalistes pigistes ont tout intérêt à méditerla sentence du cinéaste, mais aussi à réfléchir aux évolutions de leur métier puisqu’ils les incarnenteux-mêmes, souvent douloureusement. Le journalisme mérite une réinvention urgentepour perdurer, pour conserver le rôle qui fut le sien. Nous devons, nous, journalistes pigistes,être les moteurs de cette réinvention.

Yann Kerveno

La sentencedu cinéaste

Sommaire

Pigiste.-Rédaction : http://www.pigiste.org

Président de Profession : Pigiste, directeur de publication : Yann KERVENO (06 08 49 89 54 - [email protected])Rédacteur en chef : Christophe BELLEUVRE (06 72 70 19 01 - [email protected])

Rédaction : Catherine BÉAL - Jean CHABOD-SÉRIEIS - Éric DELON - France GARCIA-FICHEUX - Bénédicte RALLU - BrigitteTIXIER - Cyril TRÉPIER - Xavier TOUTAIN - Dominique ZNAMIROWSKIMaquette : Dominique ZNAMIROWSKICommunication – Relations presse : Marie-Jeanne MARTI

Éditeur : Profession : Pigiste (loi 1901), l’association des journalistes pigistes de la presse écrite, 66, rue Labrouste, 75015 Paris.E-mail : [email protected] • Web: http://www.pigiste.org

Toute reproduction intégrale ou partielle sans le consentement de l’auteur est strictement interdite - Article L 122-4 du code de la propriété intellectuelle.

Pigiste n° 12 - janvier-février 2006

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4 REVUE DE PRESSE• On parle des pigistes…JARGONNERIE• C comme « court », T comme « téléphone »

5 MON BUREAU ET MOI• J’assume mon désordre !RSF• Bilan 2005 en quelques chiffres

6 FOCUS• Interview de Denis Ruellan,

chercheur en communication

7 CARNET DE BORD• Humeurs d’un pigiste au jour le jourJOURNALISME(S)• Les immergés

8 PORTRAIT DE PIGISTE• Domitille Arrivet

9 PROFESSION : PIGISTE CHANGE DE COORDONNÉES• Tout ce qu’il faut savoir pour continuer

de visiter le site et s’inscrire à la mailing listPIGISTE, FORCE DE PROPOSITION• Deuxième session de formations organisées

par Profession: Pigiste et l’ESJ-Médias

10 3 QUESTIONS À UN RÉDAC CHEF• Sven Ortoli, d’Eurêka

URGENT• Incorrigibles recherchent colocataires…

11 JURIS’PIGES• Assedic, mon amour !

12 EN BREF• De nouvelles collaborations ?• Des rédactions et des hommes…• À travers les médias

Les rédacteurs en chef parlent aux pigistes : passage en revue de ces truculentes expressions quivous gâchent la vie. Absurdités,questions pièges, tout est permispour que vous ne rappeliez pas.Mais vous rappellerez.C comme « court ». Eh oui, tout arrive : votre papier s’est enfin vendu, après un âpremais courageux échange téléphonique. Hélas, en revenant de la cuisine, et alors que vous vous serviez négligemment une vodka mandarine pour fêter l’événement,les derniers mots du rédac chef vous reviennenten tête : « OK mais tu feras court, mettons2 000 signes, parce qu’aujourd’hui le lecteurn’a plus le temps de lire. » La vodka mandarineperd alors subitement de sa saveur. Parce que2 000 signes pour un papier sur la pollutiondes eaux en France, ça risque de faire un peuléger. Dans cette situation, la parade est plutôtdifficile pour le pigiste, la légende du lecteurmalcomprenant incapable de s’accrocher à un article qui dépasse dix lignes étantparticulièrement tenace. Pourtant, il vous fautlutter et, pourquoi pas dans un numéro ultérieursi la place manque dans le numéro prévu,proposer un minidossier sur le thème de la pollution des eaux. L’article de 2000 signes y aura bien sûr sa place…parmi d’autres petits papiers qui viendrontl’éclairer. Ça vaut le coup d’essayer.

T comme « téléphone ». Incroyablecomme Noël porte bien son nom : vous venezà nouveau de vendre un article. Bien décidéà finir cette vodka mandarine abandonnéesur un coin du bureau, vous vous emparezdu verre avant de vous souvenir, une fois de plus, de la phrase de conclusion du rédacchef : « OK mais tu feras tes entretiens par téléphone parce qu’on n’a pas l’argentpour te payer les déplacements » Cette fois,la vodka finit dans l’évier. Le téléphone, ça passe très bien quand il s’agit de faire une brève. Mais pour un papier fleuvesur les collectionneurs de vinylesde Mike Brant, le pittoresque et la gouaillede vos interlocuteurs risquent d’y perdre un peu au passage. Rassurez-vous : on ne vous demande pas encore de réaliser les entretiens par e-mail.

Jean Chabod-Serieis

Le débat parlementaire en cours sur les droitsd’auteurs (DADVSI) déchaîne les représentantsdes éditeurs et ceux « des salariés et pigistes »

(Liberation.fr du 20 décembre). Le SNJ-CGTs’insurge contre « une cession automatique

des droits d’auteurs des journalistes sur leurs articles ». Une coordination de créateurs

salariés, avec en écho la grogne de l’Anjrpc-FreeLens, voit dans ce projet de loi un moyen

pour les « éditeurs d’exploiter gratuitement le travail des auteurs ». Pour le Syndicat

de la presse magazine et d’information (SPMI), ces actions se font « à tort ».

Débauchage de pigistes à TV5 ! C’est ce qui se serait passé avec les collaborateurs

de la chaîne francophone, selon L’Expressdu 3 novembre. Cette situation aurait

« alarmé » la rédaction. La faute à quelemployeur vertueux ? À France Télévisions,

qui recrutait pour « la Chaîne d’information internationale (CII) ».

La création de BFM TV en octobre en est peut-être aussi la conséquence indirecte.

France Télévisions a vu partir certains de ses journalistes vers cette petite nouvelle,

dont « la rédaction compte 60 cartes de presse,qui viennent en majorité de LCI, i-Télé,

Bloomberg TV et de France Télévisions.Quelques recrues émanent des deux radios

du groupe, BFM et RMC Info, beaucoup d'autres étaient des pigistes »

(Les Échos du 23 novembre).Audiovisuel toujours… avec Arte radio.

Un budget de « 110 000 euros » est consacré aux pigistes qui gagnent 130 euros par jour

travaillé (L’Humanité du 7 octobre). « Arte radio fait la part belle aux amateurs :

la majeure partie des pigistes proposant des sujets au site Web n’ont […] aucuneexpérience en radio. Mais on les forme

à la technique et on leur donne le temps qu’il faut pour réaliser leur sujet. » Et pour

l’instant, ça marche bien, avec « plusieursmilliers de visiteurs chaque mois », venus

sur le site grâce au bouche à oreille.

Bénédicte Rallu

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Les pigistesdans l’actualité

Jargonnerie

Pigiste n° 12 - janvier-février 2006

On parle de nous dans la presse.Pas de notre magazine,

mais de nos confrères. Revued’actualité concernant les pigistes.

J’ai décidé d’assumer mon désordre maisje ne le revendique pas. En fait, je me suis un peu forcé pour alimenter cette sympathique

rubrique. Pas vraiment un modèle d’organisation,mon bureau! Vivre dans le désordre est une habitudeenracinée. Ranger est une épreuve semestrielledouloureuse. Je range vite et mal. Résultat : j’ai du malà retrouver ce que je cherche. Alors qu’avec mon cherdésordre, j’ai la mémoire des tas. Sous des piles de papier posées en vrac sur mon canapé à portée de main de ma table de travail, j’ai de meilleureschances de retrouver le document convoité. Chercher dans une boîte mal étiquetée sur une étagèreou dans un tiroir, je fais trop souvent chou blanc.Quant à ma table à tout faire, c’est un joyeux foutoir où cendrier, machines diverses, souris et même une peluche fétiche, planquée derrière l’écran,chevauchent des documents barbouillés de tabac et de poussière. Pourtant ma situation s’est amélioréeavec l’informatique. Moins de papier, un peu moins de désordre. Plus facile de ranger courrier, textes et photos dans des dossiers virtuels. Et aussi plus aiséde rechercher des documents égarés dans l’ordinateur.À choisir, j’aurais préféré être quelqu’un de mieuxorganisé. Mais finalement, ce désordre est peut-êtreun peu le reflet de ma vie intérieure, non ?

Xavier Toutain

J’assume mon désordre !

MON BUREAU ET MOI

Pigiste n° 12 - janvier-février 2006

Mon bureau et moi… hum! Franchement, j’étais à deux doigts de vous offrir unebelle photo d’un bureau bien rangé mais la rubrique ne s’intitule pas « un bureauet moi », et j’aurais été hors sujet.

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• 63 journalistes tués• 5 collaborateurs des médias tués• au moins 807 interpellés• au moins 1 308 agressés ou menacés• au moins 1 006 médias censurés

À titre de comparaison, en 2004 :• 53 journalistes tués• 15 collaborateurs des médias tués• au moins 907 interpellés• au moins 1 146 agressés ou menacés• au moins 622 médias censurés

Au 1er janvier 2006 : 126 journalistes et 70 cyberdissidents emprisonnés dans le monde.

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En 2005, toujours plus de violence : 63 journalistestués, plus de 1 300 agressés ou menacés.

Le « pigisme » est-il devenu le moyen incontournable d’« entrer en journalisme » ?De plus en plus. Selon les statistiques de la Commission de la carte, en 1990, 27 % des primodemandeurs de la carte de pressepossédaient le « statut » de pigistes. Ils étaient 32 % en 1998 et 42 % en 2005, avec un âge médian de 28 ans (ndlr, 50 % au-dessus, 50 % en dessous),sachant que la plupart des demandeurs ont, en général, déjà « expérimenté » quelques années de précarité. On peut donc évoquer, sans forcer le trait, une précarité structurelle.

Comment analysez-vous ce phénomène ?Il existe deux approches. La première, et la pluscommunément admise, met en lumière un secteuréconomiquement en crise, en pleine dérégulation,qui se restructure en faisant largement appelà l’externalisation et à l’optimisation des effectifs.Dans ces conditions, le pigiste représente la variable d’ajustement idéale. On peut aussi voir les choses différemment en admettant que cette précarité – qu’incarne le pigiste – n’est que provisoire et qu’elle cache un nouveaudynamisme du secteur que représente l’explosiondes gratuits et de l’offre journalistique sur Internet,notamment. La précarité, comme prix à payer pour une nouvelle donne.

Concrètement, enseignez-vous à vos étudiantsd’IUT « l’art de la pige » ?Bien sûr. Nous leur apprenons surtout très tôt à construire leur avenir en leur expliquant que le secteur du journalisme est, par essence, très divers.Nous les préparons plus particulièrement à exercerleurs talents dans les médias de proximité, à l’imagede la presse régionale qui possède certes moins de moyens mais permet une plus grande stabilitéen termes d’emploi et d’équilibre professionnel. En revanche, nous ne leur faisons pas miroiterl’intégration de rédactions spécialisées ou nationales,qui nécessitent un fort capital financier et relationnel.

La pige rime-t-elle fatalement avec précarité ?On rencontre certes de nombreux pigistes qui réussissent très bien à s’épanouir dans leur métier de journaliste et, à ce titre, on peut dire

que le « pigisme » se professionnaliseavec l’apparition de formationsspécifiques sur la pige dans les écoles, mais c’est bien souventl’arbre qui cache la forêt de la précarité. L’exercicede la pige nécessite des ressorts psychologiques très forts, que tout un chacun ne possède pas. Pour les femmes, très représentées parmi les pigistes, la pige peut être un moyen de concilier,à un moment donné de leur existence, exigencesfamiliales et activité professionnelle.

Malgré la précarité que vous décrivez, les écoles de journalisme parviennent-ellesencore à attirer les talents ?Absolument. Elles ne constatent pas de pertes de vocation malgré la précarité structurelle qui s’est installée depuis quinze ans. On comptabilisait36 000 journalistes en 2004 contre 32 000 en2000, 26 000 en 1990, 16 000 en 1980, 13 000 en 1973, 10 000 en 1965 et 6 600 en 1953. Près de six fois plus nombreux qu’il y a cinquanteans, les journalistes d'aujourd'hui sont certes à la fois les mêmes qu'hier et très différents.

Propos recueillis par Éric Delon

« Le pigiste, figure incontournabledu journalisme d’aujourd’hui »

Pigiste n° 12 - janvier-février 2006

FOCUS

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.R.

Professeur des universités, directeur du département Information-Communication de l'IUT de Lannion, chercheur au Centre de recherches sur l'action politique en Europe, auteur de nombreux ouvrages sur le journalisme, à 45 ans, Denis Ruellan analyse le phénomène de la pige…

• Devenir journalistes. Sociologie de l'entrée sur le marché du travail, La Documentation française,2001 (avec D. Marchetti), 165 p.

• Journal local et réseaux informatiques. Travail coopératif, décentralisation, identité des journalistes, L’Harmattan, 1998 (avec D. Thierry), 208 p.

• Les « pro » du journalisme. De l'état au statut,la construction d'un espace professionnel, Presses universitaires de Rennes, 1997, 172 p.

• Les journalistes. Stars, scribes et scribouillards,Syros, 1994 (avec J.-F. Lacan et M. Palmer), 278 p.

• Le professionnalisme du flou. Identité et savoir-faire des journalistes français, Pressesuniversitaires de Grenoble, 1993, 240 p.

• Reporters, Syros, 1992 (photos P. Pugin), 84 p.• Le Brésil, Karthala, 1988 (avec A. Ruellan), 210 p.

Principaux ouvrages

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Montreuil, 9 heures, ImprimeriesX***. Assis sur une banquetteIkea miteuse, je feuillette les

bleus de la revue pour laquelle je viens debosser. C’est la première version, non re-liée et en couleurs approximatives, qu’aremis l’imprimeur à mon chef pour luidemander de valider et de lancer l’im-pression des 7 000 exemplaires. Incroya-ble : j’ai été invité à relire les bleus. Jetourne donc religieusement les pages dece prototype et remarque à peine une co-quille et des sauts de ligne sans consé-quence. Erreurs banales pour un canardde 200 pages. Pour ce numéro, j’avaislivré un dossier entier clés en main, avecphotos, crédits et indications sur l’agen-cement, taillé sur mesure, ourlet inclus,échantillons gratuits. Là, donc, dans celocal isolé du bruit des machines par qua-tre baies triple vitrage, dans le quasi-silence des pages qui défilent, j’en arriveau dit dossier. Surprise. Les titres onttous été inversés avec les surtitres. Leschapôs ont été systématiquement collésau premier paragraphe du texte. Les pho-tos, dont les légendes avaient sauté, étaientdans le désordre. Certaines avaient dis-paru. Trop tard : à ce stade-là, impossiblede revenir en arrière. Ce serait publiécomme ça. Point barre. Étonné, je de-mande au patron ce qui s’est passé. Il ré-pond à côté, invoquant un maquettiste ca-pricieux, des problèmes d’e-mail, unemétéo peu clémente et une digestion diffi-cile. Le pigiste est une petite usine : s’ilveut être sûr que son produit est conve-nablement assemblé, il devrait pouvoirsurveiller toute la chaîne de montage eten connaître l’état à chaque instant, jus-qu’à la livraison finale. Je ne parle pas dutexte lui-même mais de ce qu’il y a autour(photos, légendes, encadrés), et auquel lepigiste a souvent apporté un grand soin.

Jean Chabod-Serieis

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Carnetde bord

LE(S) JOURNALISME(S)

Pigiste n° 12 - janvier-février 2006

Le chercheur en a fait un principe de base :ne pas interférer avec les phénomènes qu’il étudie. Que pourrait-il connaître si toutes ses observations étaient polluées et ses résultats biaisés par sa propre présence ? De même, que peut connaître un journaliste s’il reste en permanence journaliste ? Que comprendra-t-il vraiment des clochards si, dès qu’il les approche, ceux-ci s’emmurent dans le silence que provoque sa simple présence ?L’immersion est le dernier stade du reportage, la limite au-delà de laquelle on a déjà rompu avec la règle de l’observation extérieure et pondérée. George Orwell fournit en 1933 un des plus beaux exemples d’immersion avec Dans la dèche à Paris et à Londres (10/18). Orwell n’est pas tout à fait journaliste, mais son bouquin n’est riend’autre qu’un reportage. Pendant presque un an, il se retrouveinvolontairement sur le carreau. Il fait la plonge 17 heures par jour dans d’infâmes restos parisiens avant de s’embarquerpour Londres où il se retrouve avec des centaines d’autresmendiants à faire le tour des hospices et à se castagner pour quelques pennies. Nos journaux contemporainstitreraient sûrement son aventure « J’ai testé pour vous : clochard ».Le journaliste Marc Boulet a quant à lui franchi le pasde son plein gré. Dans la peau d’un intouchable (Seuil)raconte comment il a appris l’hindi, s’est fait foncer la peau et s'est inventé l'identité d'un intouchable sous le nom de Ràm Mundà. Pendant plusieurs mois, il a vécu dans la misere et la crasse avec les pauvres de Bénarès. Aurait-il pu comprendre cette réalité s’il lui était restéextérieur ? Habitué du déguisement, il s’était déjà fait passerpour un Chinois en 1986.Plus récemment, Anne de Loisy a voulu connaître la réalité de la zone d’attente des voyageurs étrangers à l’aéroport de Roissy. Cette zone n’étant pas libre pour les journalistes,elle s’est fait embaucher pendant six mois comme médiatrice de la Croix-Rouge. Elle raconte l’absurdité de ce qu’elle a vudans Bienvenue en France ! (Le Cherche Midi). La violence, le racisme, l’incompréhension et le manque de moyens donnésaux médiateurs lui ont sauté aux yeux. Bien sûr, quelquesjournalistes avaient avant elle pu réaliser des reportages dans cette zone. Mais à des heures précises et en n’accédant jamais aux personnes menacées d’expulsion. L’immersion n’est pas une école. Il n’y a pas de règle ni de grands maîtres :elle s’impose d’elle-même au journaliste frustré de ne pas en savoir plus. C’est une sorte de caméra cachéedans laquelle l’objectif serait son propre corps.

J. C.-S.

Les ImmergésÀ la question « qui suis-je? », le journa-liste n’a pas toujours donné la mêmeréponse. L’Histoire lui a permis d’en-dosser mille rôles différents, commeautant de genres journalistiques avecleurs codes et leurs héros. Chaquemois, retour sur l’un d’eux.

« Le papier, j’ai toujours adoré ça », souritDomitille, 39 ans, pigiste au service économie duPoint depuis deux ans. C’est cette passion qui l’a conduite vers le journalisme et la pige, après dix ans dans la publicité. « En seconde, la profd’économie nous avait donné un exercice sur la pub.J’avais trouvé ça très intéressant et je me suis dit :je vais travailler là-dedans. J’ai fait une classeprépa puis l’ISG (Institut supérieur de gestion) à Paris. » À la fin de l’ISG, Domitille souhaitetoujours travailler dans la publicité ou le marketing,mais elle a « aussi envie de poursuivre des études et d’entrer à Sciences-Po ». Hélas, l’ISG n’est pasreconnue par l’Éducation nationale à l’époque.Impossible donc d’obtenir la moindre équivalence.« J’ai laissé tomber et commencé à travailler dans la pub », explique-t-elle.Mais elle n’abandonne pas la presse pour autant :« Pendant dix ans, mon boulot a consisté à vendredes espaces publicitaires dans la presse. » Elle intègre d’abord la régie publicitaire de ParisMatch International. « Je travaillais à mi-cheminentre la presse et la pub, puisque tout en vendantdes espaces publicitaires, nous faisions des publireportages à l’étranger. » Domitille voyage beaucoup, passe dans le Groupe Marie-Claire, travaille un temps enagence de pub, mais l’envie d’être « la journalistede l’équipe » est de plus en plus forte : « À un moment, j’ai compris que la pub n’étaitvraiment pas ce que je voulais faire. » On est en 1999. Domitille travaille alors à la régiepublicitaire du Figaro. Elle passe les concours de Sciences-Po Paris et du CFPJ. « À ma grandesurprise, j’ai réussi les deux ». Elle demande un report à Sciences-Po et commence par suivre les cours du CFPJ, option presse écrite. Elle travaille en même temps dans le groupeHachette. « J’avais une demi-journée de cours par semaine. C’était le passage aux 35 heures,j’avais donc quatre heures de libre par semaine.Coup de bol ! », commente-t-elle aujourd’hui. Une formation intégralement pratique : « Le CFPJm’a appris à ne pas avoir peur de la page blanche,

à me lancer, à écrire vite. » Elle demande un congéindividuel de formation à son entreprise et entre à Sciences-Po. « Cours passionnants, profstrès engagés dans leur travail, étudiants hyperbrillants… j’ai adoré ! » Au cours de sa premièreannée à Sciences-Po, Domitille effectue un stage de trois mois au service économie du Point. « Le dernier jour, mon chef, Patrick Bonazza[rédacteur en chef Économie], m’a dit : “ben voilà,t’es pigiste!” » Elle continue donc à rédiger des papiers dans le temps que lui laisseSciences-Po, « pas très souvent, mais assez

pour ne pas me faire oublier ». Ne pas se faireoublier, une règle qu’elle n’a cessé de suivre depuis.« J’ai fait mon trou au Point parce que j’étais très présente. C’est parce que je suis là qu’on penseà moi et que je peux proposer plein de sujets. C’est très rare qu’on me téléphone pour m’en confier un ! ». Après Sciences-Po, Domitilletravaille quasiment à plein temps au Point. Deux sujets lui valent d’être remarquée : « Buffalo Grill, d’abord, fin 2002. Beaucoup de monde dans la rédaction était en vacances.J’étais à peu près la seule à me mobiliser sur le sujet. J’ai commencé par une brève, puis une page, deux, et puis quatre pages. Le soir du réveillon de Noël, à 19 h 00, j’étais encore au Point à faire des interviews téléphoniques ! », se souvient-elle. L’autre article porte sur le succèssoudain de la Vache qui rit outre-Atlantique. Son expérience professionnelle, Domitille la met à profit comme pigiste. « Je suis sensible à tout ce qui est consommation, tendances, marketing,emballage. C’est d’ailleurs dans ces domaines que mon chef, sans le dire, m’a un peu spécialisée »,indique-t-elle. À l’occasion, elle écrit dans la rubrique Sciences-Environnement. « Mais c’estun domaine dans lequel je ne me sens pas du tout à l’aise. Un pigiste doit sans arrêt proposer des choses, donc garder en permanence les yeux et les oreilles grands ouverts. Difficile de le faire

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Portraitde pigiste

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Après dix ans dans la publicité, Domitille Arriveta poussé les portes du CFPJ et de Sciences-Popour réaliser son rêve : devenir journaliste. Pigiste économie au Point depuis trois ans, cette jeune mère de famille ne regrette rien.Portrait d’une fonceuse.

Pigiste n° 12 - janvier-février 2006

sur plusieurs secteurs à la fois. Pour moi, c’est trop. »Financièrement, comme pigiste, Domitille gagne« environ quatre fois moins que dans la pub ».« J’ai un mari qui travaille et gagne correctementsa vie. Sans lui, je n’aurais jamais pu faire ce parcours », reconnaît-elle. Pourtant, sa vieprécédente ne lui inspire « aucun regret ». C’est que le stress aussi a baissé. « Quand je travaillais dans la pub, il y avait une nuit sur deux où je ne dormais quasiment pas, tellement j’étais stressée. Maintenant, ça ne m’arrive presque jamais. » Aujourd’hui, elle dort mieux et dit avoir « toujours envie de se lever ». Autre différence entre ses deux métiers :« Comme journaliste, et surtout comme pigiste, on est assez désengagé. Si tout ce que l’on te raconteest nul ou inintéressant, tu as toujours la liberté de ne pas l’utiliser. »Heureuse mère de deux enfants, Lucien, 3 ans et demi, et Émile, 15 mois, Domitille avoue « courir un peu ». « Mais le fait d’être pigiste permet de concilier vie professionnelle familiale.Pas d’horaires de bureau, pas de dates de vacancesà poser. Bien sûr, les journées sont courtes : 9 h 00-16 h 00, si je veux être à l’heure pour allerchercher mon fils à l’école. Et faute de contrat,quand je pars en vacances, j’ai toujours peur de ne plus travailler au retour. » Vaine angoissejusqu’ici, Domitille restant « l’une des pigistes les plus régulières dans le service ».Elle vient d’entamer une collaboration au mensuelManagement. « C’est un plus, indique-t-elle. Ma passion, c’est toujours Le Point, mais c’est la vie de tous les pigistes d’aller chercher d’autressupports. » L’occasion de découvrir une spécificitédes titres de Prisma Presse : les briefs de lancement.« Sur cette feuille, on te dit que tu dois écrire tantde signes, avec un encadré et trois chiffres qui veulent dire ceci, après tu dois interviewer deux personnes de telle entreprise, deux autres de telle autre, et éventuellement une autre si tu as une autre idée, et à la fin, tu dois dire ceci, ceci, et cela, et c’est à rendre pour telle date »,indique-t-elle. En janvier 2006, Domitille suivraune autre formation du CFPJ, cette fois en radio.Un média dont elle se sent proche. « J’espèreapprendre à ne pas avoir peur du matériel, des micros, à dire les bons mots, sur le bon ton,dans le temps imparti. » Son idée ? « Travaillersur le même domaine dans deux médias différents et non concurrents. »Son vœu le plus cher ? « Être embauchée au Point.Si on me le proposait, je mettrais une croix sur ce qui me plaît dans la vie de pigiste et je foncerais. » Question d’habitude.

Cyril Trépier

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PORTRAIT DE PIGISTE

Pigiste, force de proposition

Pour la deuxième année, Profession: Pigiste etl’ESJ-Médias organisent une série de formationsréservées aux journalistes pigistes. Largementdécentralisées, elles se tiendront les 10, 11 et12 mai à Bordeaux et Montpellier ; les 12, 13 et14 juin à Lille et Paris ; les 2, 3 et 4 octobre àRennes ou Nantes et Marseille. Chaque journées’articulera autour d'un thème majeur : l’imagi-nation au pouvoir, les outils de la pige, se remettresans cesse en question, et sera rythmée par desexercices concrets d’écriture de synopsis, deréflexion sur les angles des sujets, de simulationsd’entretiens avec un faux rédacteur en chef. Unlarge temps est conservé chaque jour pourrépondre aux questions nées de la formation etpour étudier les cas particulier de chacun desparticipants. Ces formations, d'un montant de450 euros, peuvent être prises en charge parMédiafor, à condition d'en faire la demande. Voustrouverez sur le tout nouveau site de Profession :Pigiste de plus amples détails sur le contenu dessessions, les démarches à effectuer pour obtenirun financement…

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Profession : Pigiste a changé de coordonnées

Pour visiter le site : http://www.pigiste.orgPour leur écrire : [email protected]

Pour s’inscrire à la mailing list, une seule mar-che à suivre : se rendre sur le site et compléterle formulaire… d’inscription!

Dans leur édition du 9 novembre, Les Échosdécrivent Eurêka comme un magazine « deconnaissances et de découvertes à l’attentiondes 15-25 ans ». Qu’en pensez-vous ?On peut voir ça comme ça. Eurêka se veut un men-suel généraliste. Nous invitons nos lecteurs à entrerdans l’« infosphère ». Le constat est flagrant : noussommes de plus en plus submergés, notamment àtravers le développement des nouvelles technologies,par des flux incessants et volumineux d’informations.Pas facile, pour le citoyen lambda, de trier, de digérertout ça, de garder du recul, de n’en conserver que l’es-sentiel… C’est bien ce pari que nous lançons, en choi-sissant, en hiérarchisant, et en décryptant la com-plexité de ce qui nous entoure. Les sujets qui nousintéressent couvrent aussi bien l’histoire que la cul-ture, l’économie, les jeux vidéo, les high-tech, lessciences, les phénomènes de société… Quant à notrelectorat, nous nous adressons plutôt à un publicjeune, c’est vrai, mais les jeunes adultes pourraientbien y trouver également leur compte.

Comment se passent vos collaborations avecles pigistes ?La rédaction repose sur les contributions d’unebonne dizaine de pigistes et d’une équipe de quatrerédacteurs, ici, en interne. Avant d’engager une pre-mière collaboration, je rencontre le journaliste.L’entretien peut déboucher sur la commande d’unpremier papier test. Je décide ensuite de poursuivreou pas. Je recherche avant tout des personnes quisavent réfléchir et qui savent écrire. L’air de rien, il yen a très peu ! Le pigiste débutant a tout intérêt à ins-

taller une routine derigueur absolue. J’ap-précie aussi tout particulièrement qu’ils me proposentdes idées, des angles de traitement qui les surpren-nent eux-mêmes. Je veux de belles histoires. Ils peu-vent participer à la conférence de rédaction. Par lasuite, nous mettrons un bureau à disposition des pi-gistes, ici. Nous pourrons aussi leur confier la respon-sabilité d’une rubrique. Nous nous montrons souplesau niveau du paiement. Nous réglons à la fin du moisqui suit le mois de la publication, ou avant, sur de-mande, si le besoin s’en fait sentir.

Quelle expérience avez-vous de la pige ?Je ne suis pas resté longtemps pigiste. J’ai décrochéune thèse en physique des solides en 1980, puis j’aiproposé des sujets à Sciences & Vie. Ils ont appréciéet j’ai été recruté dès 1981. Mon expérience de la pigedoit se résumer en tout et pour tout à quatre ou cinqmois. Pas de passage par la pige non plus après avoirquitté Sciences & Vie. J’ai eu la chance de tomber aubon endroit au bon moment. Une fois installé enposte, on oublie vite…

Propos recueillis par Catherine Béal

12 numéros par an.Objectif de diffusion : 75 000 ex.Tarif pige : 70 € brut le feuillet.Contact : Marie-Hélène Beillot(secrétaire de Sven Ortoli).Tél. : 01 44 35 69 63Standard : 01 44 35 00 00E-mail : [email protected]

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Sven Ortoli assure depuis novembre dernier la rédaction en chef d’Eurêka, le dernier né de Bayard presse. Vous aimez sortir des sentiers battus? Proposez, vous serez les bienvenus. Ici, les idées qui surprennent sont reines.

3 questions àun rédac chef

• URGENT • URGENT • URGENT •Le collectif Les Incorrigibles (une dizaine dejournalistes, photographes, graphistes) cher-che un pigiste intéressé par un bureau ausein de son local situé à Montreuil (Croix-de-Chavaux). Le loyer trimestriel se monte à395 euros et les charges (trimestrielles éga-lement) à 112 euros, comprenant le télé-phone, l'Internet haut débit, l'électricité. Ilsrecherchent aussi un pigiste intéressé pourpartager un bureau (mi-temps) durant lestrois mois à venir. Loyer trimestriel 197 euros,et charges 56 euros.Tél. : 0155860006 dans la journée, Manuel Jardinaud, 0683355640,[email protected].

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Petit concentré, très concentré, de mon histoire d’amour avec l’Assedic.Nous en sommes à trois mois de passion torride. Affaire à suivre…

Entre l’Assedic et moi, R.À.S, jusqu’à ce merveilleux jour de septembre où je reçoisun courrier avec, écrit en majuscules,

« un indu d’un montant de… », signé Hervé C. Une brume cotonneuse s’abat sur moi. Pourtant,j’ai fait mes déclarations et envoyé les fiches de paie à « mon » antenne. Munie de mon courageet de ladite lettre, je vais à l’agence. Un agent tape de ses petits doigts experts mon identifiant, tap tap,et me déclare, « non, non » (si, si, il a bien dit« non, non »), « c’est normal, bla bla, informatique,ne pas tenir compte de la lettre ». Ouf ! Fin septembre, toujours pas d’indemnités maisHervé me réécrit, tout en minuscules cette fois,« Nous vous avons adressé une avance… ». Mais je n’ai rien demandé, moi ! J’y retourne. Une jeune fille aux petits doigts experts tape mon identifiant, tap tap, « c’est normal, bla bla,automatique informatique ». Donc, mes indemnités vont arriver. Mi-novembre,toujours rien mais Hervé me réécrit, « un indu d’un montant de… » La brume cotonneuse me scotche sur ma chaise à roulettes. Vite, prendre rendez-vous avec un conseiller. Je cherche le petit papier UNIdialog où est stipulé :

« POUR VOUS, NOUS SOMMES DES PARTENAIRES »

Je compose le 0 890… « Tous nos conseillers sont occupés, occupés, occupés. » Un jour, enfin,j’entends une vraie voix. « Identifiant ? », tap tap,bla bla, les bulletins sont traités au centre d’Évreux,bla bla, problèmes, journalistes, bla bla, le mieux,continuer à déposer mes fiches de paie à mon antenne. « C’est ce que je fais mais je veux un rendez-vous. » OK, la voix envoie un e-mail au directeur de l’agence, et me conseille de rappelerdans cinq jours si je n’ai pas de nouvelles. Devinez ?Re-0 890. Une vraie voix, compréhensive, renvoieun courriel, mais « les directeurs d’antenne ne répondent pas ». Donc, j’expédie une lettrerecommandée. Efficace. Une semaine après, « mon » antenne m’appelle et me propose un rendez-vous le lendemain « afin que [j’aie] quelqu’un qui connaisse les problèmes

des journalistes ». Devinez ? Et résumons. Mon retard de paiements est dû à un « dysfonctionnement informatique avec Évreux car ils n’ont pas reçu [mes] fiches de paie ». « Mais je les ai envoyées à l’antenne… » « Mais il ne faut pas ! » « Un de vos collègues m’a dit… » « Il n’aurait pas dû. » « Et lorsque l’on a des problèmes ? » « Mais il ne doit pas y avoir de problème. » « Mais s’il y en a quandmême ? Lettre recommandée ? » « Mumoui. » Le lendemain, re-« mon » antenne : « Nous avions rendez-vous aujourd’hui. » « Ah non, c’était hier ! » « Ah bon, ça tombe bien car l’agence est fermée aujourd’hui. Un de vos collègues m’a dit que… » « Votre identifiant ? tap tap, bla bla votre versement part demain. » Je croise les doigts, mon petit Hervé, fais que 2006 soit moins compliqué que 2005 et que je toucheenfin mes allocations.

Brigitte Tixier

Juris’PigesAssedic, mon amour !

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Ma déclaration en 6 règles1. Je reste calme, tous les agents et/ou an-

tennes Assedic ne connaissent pas lessubtilités du travail des pigistes.

2. Je fais ma déclaration mensuelle LEMOIS DE PAIEMENT des piges et noncelui de jours travaillés (même si cesderniers sont indiqués sur le bulletin depaie).

3. J’indique 1 heure de travail pour lemois et le montant total brut des piges.

4. Je déclare être toujours en recherched’emploi.

5. Dès que le paiement des allocationscoince, je me déplace et j’explique moncas, feuilles de paie à l’appui.

6. Attention, le cumul piges/allocationsn’est possible que 18 mois.

Bénédicte Rallu

Vos prochess’inquiètentquand voustrépignezentre deuxépisodes de 24 ? FullFiction est faitpour vous. Ce nouveau

mensuel des éditions FutureFrance se passionne pour les séries et films fantastiques,d’action et de science-fiction, ceux qui comme Lost fontl’actualité, mais aussi ceux d’hieret ceux de demain. Full Fictionpropose aussi des portraitsd’acteurs et traite des DVD, livres et mangas. Rédacteur en chef : Frédéric Brunet. Directeur éditorial : Cyrille Tessier.Le titre peut faire appel à de nouvelles collaborations.Contacter Frédéric Brunet ou Cyrille Tessier par e-mail ou par courrier, avec CV, lettre de motivation et quelques articles.108 pages, 5,50 €. Full Fiction, 101-109, rue Jean-Jaurès, 92300 Levallois-Perret,0141273838

myTechmagazine,bimestriel des éditionsDigicia média,vise à guider ses lecteursdans la junglede l’offre en nouvelles

technologies. Depuis les lecteursMP3 aux appareils photosnumériques, tout est testé dansmyTech magazine, qui vous ditmême quand il faut attendre avant d’acheter. Rédacteur en chef : Judikael Hirel. 148 pages, 4,95 €. myTech, 14, rue du Soleillet, 75020 Paris, 0140337936

Lancé sur les chapeauxde roue par les ÉditionsFlymedias,Modify placetrès haut la barreantiroulis.Objectif

du mensuel : devenir la référencedes fondus de tuning en ramenantdes sujets dénichés vraiment dansle monde entier. M. Tout-le-mondetrouvera dans Modify des bolidespour rêver, mais y cherchera en vain son auto.Rédacteur en chef : Frédéric Bonelli, [email protected], 156 pages, 4,95 €. Modify, 16, rue de la Fontaine-au-Roi,75011 Paris, 0140218200

Du papier,des photos et un brin de fantaisie.C’est tout cequ’il faut auxamateurs duscrapbooking,l’art depersonnaliser

albums et cadres photos. Cette passion née outre-Atlantiquea désormais son magazine,Scrapbook Inspirations, nouveau bimestriel des éditions Future France. Adeptes chevronnéset novices y trouveront de quoidévelopper leur créativité, et apprendront à protéger leurs clichés du jaunissement.6,50 €. Rédactrice en chef :Juliette Paoli. Le titre peut faireappel à quelques nouveauxpigistes très spécialisés dans le scrapbooking. Ils devront eux-mêmes en réaliser. Scrapbook Inspirations, 101-109, rue Jean-Jaurès, 92300 Levallois-Perret,0141273838

Total Relookse veut « le guidede poche pourtrouver son style ». Looks sexy, stylesde star ou looks à adopter pour les entretiens

d’embauche, les jeunes femmesbranchées pourront puiser de précieux conseils et idées dans ce bimestriel des éditionsBleucom. 2,99 €.Rédactrice en chef adjointe :Laurence Gounel. Ligne directe : 0146552556

Vivre, la revuetrimestrielle de la Liguenationale contre le cancer, sorten kiosques en Île-de-France et en régionProvence-Alpes-Côte d’Azurdepuis

le 10 décembre. L’occasion de lancer une nouvelle formuleenrichie notamment d’un dossiersociété et d’une nouvelle rubrique,« L’invité », qui se consacre à une personnalité connue pour ses engagements. Vivrese veut la référence en matière de lutte contre le cancer.68 pages, 3 €. Le titre a son volantde pigistes, mais il peut faire appel à de nouvelles plumes ayant de l’expérience dans le domaine médical.Contacter le rédacteur en chef,Jean Chezaubernard, avec CV,lettre de motivation et exemplesd’articles. Vivre est conçu et réalisé par Sequoia, etc., 49, rue Marceau, 75016 Paris, 0153233500

Cyril Trépier

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De nouvellescollaborations ?

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EN BREF

N° 2 à L’Express, contrepolitique de la chaise vide

à L’Expansion. Le patron de L’Expansion, Georges Valance,

a été rappelé à L’Express. À 62 ans, il devient directeur

délégué de la rédaction. Il vient soutenir Denis Jeambar

dans sa réflexion sur l’avenir de l’hebdo après l’échec

de la parution du journal le lundi. Les journaleux

« mauvais esprits » entrevoient, à travers le recrutement

de ce solide journaliste, un moyenpour Denis Jeambar de faire

passer de futures douloureusesdécisions. Le poste de M. Valance

n’a pas été remplacé à L’Expansionpour cause d’économies

budgétaires même si Alain Louyot,transfuge de L'Express– ça ne s’invente pas –,

lui succède à la tête du titre…

Bruno Clément, rédac chef de Sport. Depuis

novembre 2005, Bruno Clément a été promu rédacteur en chef

de l’hebdomadaire gratuit. Il remplace Olivier Milhomme.

Bruno Clément était jusqu’alorsrédacteur en chef, chargé

des suppléments de Sport.

Frédérique Goursolas,rédactrice en chef

au Parisien. Depuis le 15 janvier,Frédérique Goursolas, 52 ans,

est titulaire d’une chaire de« rédacteur en chef » (rédactrice?)

en charge du visuel au Parisien-Aujourd'hui en France. FrédériqueGoursolas était directrice artistiquede Femina, hebdo féminin suisse,

et encore auparavant, directriceartistique de Libération.

Elle participe à une formation surl’editing à l’ESJ de Lille.

Ava Eschwège, rédac chefadjointe de Marketing

Magazine. Elle y était jusqu’àprésent chef de rubrique.

Marie-Juliette Levin,rédactrice en chef adjointe

de Marketing Direct. Elle était jusqu’alors chef

de rubrique de Broadcast.

Louette : de l’Ena à l’AFP pourrestaurer la confiance.

Par 12 voix et 2 votes blancs, Pierre Louette, ancien du cabinet

de Balladur, directeur général de l’AFP, a été élu en décembre

dernier président dès le premiertour. Et pour cause : il était

le seul candidat en lice ! Bernard Marcout, ancien

journaliste de l’agence, avaitdécidé de retirer sa candidature,

jugeant pourtant importantqu’un journaliste se porte candidat:il estimait que les jeux étaient faits« avant toute audition ». Il avaitété suivi par Xavier Ellie, ancien

directeur général adjoint de la Socpresse (et rapporteur

de la commission financière de l’AFP de 1990 à 1992), qui avaitété appelé à la rescousse en 2003

pour s'occuper de la gestion et des finances. Cet énarque issude la promotion Liberté-Egalité-

Fraternité va devoir trouver un nouvel élan dans un contexte

bien sombre, avec une pertede plus de 2 millions d’euros en

2005 (5,8 millions en 2004).Objectif client : la CFII,

« une chance à saisir », selon le nouveau président.

Le changement dans la continuitéen somme… Depuis début janvier,

Pierre Louette redistribue surtout les cartes en interne.

Il a nommé Denis Hiault directeur de l'information et Jean-Pierre Vignolle, directeur général.

Pseudo d’écrivain de P. Louette : Pierre Diani (du nom de la famille de sa mère).

Philippe Goulliaud, présidentde l'APP (Ass. de la presse

présidentielle). Ce journalistedu Figaro succède à Isabelle Dath.

Christophe Belleuvre

Heureusement, Gala est là !Les hommes consomment « dans un univers qui leur estpropre ». Le journal de l’actualitédes gens célèbres a donc décidé de leur consacrer une rubrique.Femmes, s’abstenir. « FlashHommes » est la page shoppingconsacrée à ses 655 000 lecteursmasculins, et à « eux seulement »! Au programme : montres,accessoires, horlogerie, high-tech,automobiles… Une vraie politique« d’enrichissement éditorial » !

Glénat fuit la presse. Aprèsavoir cédé Vertical, Alpinismeet Randonnée, Forêts et Aérial, le groupe grenoblois pionnier des mangas ne conserve que Ski Magazine, L’Alpe et Tchô. La montagne, ça vous gagne !

Netizen, pour « comprendreet décrypter la révolutionblog ». Édité par Astrolabe et produit par la sarl Pointblog,Netizen est dans les kiosquesdepuis le 26 janvier. Tiré à65 000 exemplaires, Netizense veut « un magazine de sociétéqui s’adresse à une cible large et entend informer et apporter du recul sur les révolutions que nous vivons actuellement sur le Web, en aidant à encomprendre les enjeux et les conséquences ». Rédacteur en chef : Cyril Fiévet. Coulisses :http://www.pointblog.com/netizen

C. B.

Des rédactions et des hommes…

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70 titres toujours pris enotage! Depuis vingt et un mois,la Socpresse est détenue par leGroupe Dassault. Jeudi noir del’histoire de l’indépendance dela presse: l’industriel de l’arme-ment avait conclu un accord le11 mars 2004 pour porter de30 % à 80 % sa participationdans le capital du premier édi-teur de presse français.

EN BREF

À traversles médias