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PLAIDOYER TRANSITION NUMÉRIQUE

PLAIDOYER TRANSITION NUMÉRIQUE - GROUPE SOS · Impact Campus Impact Campus propose aux établissements d’enseignement supé-rieur et aux entreprises engagées des formations en

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PLAIDOYER TRANSITION NUMÉRIQUE

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NOS PROPOSITIONS

1Mettre le numérique au service de l’inclusion

2Redéfinir la citoyenneté numérique

3Aller vers un numérique durable au service du mieux-vivre

Faut-il encore le rappeler ? La révolution numérique est en marche. Révolution majeure, systémique et pourtant très inégalitaire : 13M de Français ont des difficultés à utiliser ces nouveaux outils, 7M ne se connectent jamais. Un « illectronisme » qui touche 28% de nos concitoyens1 aujourd’hui

(jusqu’à 58% des 70 ans et plus !). Sans compter qu’un tiers des Français a déjà abandonné une démarche administrative en ligne, découragé devant la difficulté ; et que même les jeunes générations « digital native » équipées de smartphone peuvent être en difficulté pour rédiger un CV ou se connecter au site de Pôle Emploi.

Cette fracture numérique recoupe et aggrave les fractures sociales et territoriales, agissant comme amplificateur : de bien-être pour ceux qui maîtrisent le numérique (souvent

déjà intégrés), d’exclusion pour les plus fragiles (souvent déjà exclus ou au bord de l’exclusion) ; une véritable caisse de résonance des inégalités préexistantes.

Le GROUPE SOS s’est construit depuis plus de 35 ans dans la lutte contre les exclusions. Celle du XXIe siècle sera indiscutablement numérique. Nous sommes ainsi pleinement mobilisés pour donner à chacun les moyens d’avoir accès aux droits dans une société de plus en plus digitalisée. Partant du constat que nous sommes tous différents face au numérique, nous voulons proposer une formation adaptée aux besoins de chacun – recherche d’emploi, accès aux droits ou partage de contenu avec ses proches – et plus largement accompagner la maitrise de cette nouvelle culture numérique.

Le numérique peut être une chance pour tous : c’est notre conviction. C’est pourquoi nous voulons égale-ment exploiter au maximum les opportunités que nous offre le numérique pour l’inclusion sociale et profes-sionnelle, l’engagement citoyen et le mieux-vivre. C’est l’ensemble de la société civile qui peut s’approprier de nouveaux modes d’engagement et d’expression, répondant aux principaux défis sociaux, économiques et environnementaux de notre époque. La technologie est au service de l’humain, et non l’inverse.

Hélène BéjuiMembre du Directoire, Transition numérique & Accélérateur de l’innovation

@HeleneBejui Hélène Béjui

Le GROUPE SOS est la première entreprise sociale européenne. Avec 18 000 salariés, 950 millions d’euros de chiffre d’affaire et près de 550 établissements et services, le GROUPE SOS est présent dans 44 pays et agit au sein de 8 secteurs d’activité: Jeunesse, Emploi, Solidarités, Santé, Seniors, Culture, Transition écolo-gique et Action internationale. Acteur associatif privé, le GROUPE SOS réinvestit l’ensemble de ses résultats dans ses activités au service de l’intérêt général pour développer des solutions innovantes en faveur de l’inclusion de tous.

Acteur transverse du GROUPE SOS, GROUPE SOS Tech s’appuie sur les nouvelles technologies de l’informa-tion et de la communication pour mettre le digital au service de l’intérêt général ; en développant et intégrant des solutions numériques permettant d’accompagner au mieux nos bénéficiaires pour donner à chacun les moyens d’avoir accès aux droits dans une société de plus en plus numérisée.

(1) www.franceculture.fr/numerique/illectronisme-abandonnistes-pres-d-un-quart-des-francais-ne-sont-pas-a-l-aise-avec-le-numerique Institut CSA, 2018

« Faire du numérique une chance pour tous »

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Pour un numérique au service de l’inclusion

En 2022, l’ensemble des démarches administratives nécessaires à l’accès aux droits (RSA, chômage, aide au logement, etc.) seront dématérialisées, entraînant pour les 56% des Français qui se sentent

démunis face aux démarches en ligne1 une dépendance à l’égard de tiers.

Au-delà de l’accès aux droits, ce sont tous les champs de l’intégration qui sont concernés par la fracture numérique : emploi, mobilité, vie sociale et familiale, accès à l’information ou vie citoyenne. Nous risquons une véritable mise à l’écart culturelle et sociale d’une large minorité (45% des Français se sont déjà sentis exclus d’un échange faute d’être connectés aux bons outils numériques) face à une majorité ultra connectée et intégrée.

Et nous ne sommes encore qu’au début de l’histoire : ces enjeux déjà critiques aujourd’hui risquent de se renforcer de plus en plus, au fil de l’accélération du développement des nou-velles technologies. Se pose alors la question du projet de société que nous souhaitons construire : comment assurer la cohésion sociale quand nous développons une société digitalisée, basée sur une promesse de crois-sance numérique à laquelle près d’un quart de la population n’a pas accès ?

Nous pensons que la réponse se trouve dans un changement de paradigme :

• Arrêter de penser la fracture numérique en termes de « personnes inadaptées » à une société de plus en plus dématérialisée et cesser de culpabiliser les usagers pour cette incapacité, ce qui génère des frustrations, de la honte, la mise en place de stratégies de contournement2 et finalement un sentiment d’exclusion et d’être « laissé en arrière ».

• En partant du double constat que nous ne sommes pas tous égaux face au numérique et que par ailleurs une partie de la population ne voudra ou ne pourra jamais maîtriser les outils numériques, penser des dispositifs permettant de ne laisser personne au bord du chemin. Pour cela, il y a deux types d’ac-tions à mener : garantir que le digital n’est jamais le seul point d’accès aux services et aux droits et former en parallèle ceux qui le peuvent et le souhaitent aux usages et à la culture numérique.

Comment assurer la cohésion sociale quand nous développons une société digitalisée, basée sur une promesse de croissance numérique à laquelle un quart de la population n’a pas accès ?

(1) Sondage BVA - (2) De manière similaire à une personne en situation d’illettrisme qui prétendra avoir « oublié ses lunettes » pour ne pas dire qu’elle ne peut pas lire, et apprendra à cacher sa situation devant des tiers, une personne ne maîtrisant pas les outils informatiques et éprouvant de la honte à cet égard peut préférer vivre difficilement que de rechercher de l’aide, ce qui rend compliqué l’identification et l’assistance des personnes en difficultés

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NOTRE ACTION

Les Bons ProfilsPremier cabinet de recrutement dédié à l’emploi de première qualifica-tion, les Bons Profils connecte les structures d’insertion par l’activité économique (IAE) et les entreprises qui recrutent pour construire l’emploi durable. Pour cela, le cabinet met le numérique au service de l’IAE pour trouver des débouchés et faciliter l’intégration sur le marché du travail, aider ceux en parcours d’insertion à utiliser le numérique dans leurs activités, proposer des certifications de compétences et créer un réseau d’acteurs. En s’appuyant sur les acteurs classiques de l’IAE organisés en plateforme, Les Bons Profils évitent de ne toucher que les personnes les plus intégrées ayant accès au numérique et favorisent la diversification des profils en entreprise.

Nous proposons d’une part de systématiser l’offre de formation au numérique, pour les usagers comme pour les aidants sociaux, en l’axant sur les besoins spécifiques de chacun ; et d’autre part de garantir que le numérique n’est jamais le seul point d’accès aux droits.

NOTRE ACTION

Impact CampusImpact Campus propose aux établissements d’enseignement supé-rieur et aux entreprises engagées des formations en blended learning, construites autour de pédagogies actives (pédagogie renversée, pédagogie par projet) sur les grands enjeux du XXIe siècle (nouvelles économies, tech for good, innovation sociale, transition écologique, etc.). L’innovation se fait sur le fond comme sur la forme, pour apprendre aux étudiants à s’engager et à devenir des décideurs conscients. Le digital et les nouvelles technologies (digital learning, gamification, réalité virtuelle, évaluation par les pairs, etc.) sont utilisés au service de l’expérience pédagogique pour rendre les étudiants acteurs de leurs apprentissages. Acteur de la EdTech, Impact Campus délivre des certificats reconnus qui valident les compétences acquises.

Nous proposons de faire du numérique un atout dans l’accès à l’emploi, en reconnaissant les nouvelles formations et les apprentissages autodidactes qui en sont issus par la conception d’outils d’évaluation de ces nouvelles pratiques.

NOTRE ACTION

Le cloud solidaire ReconnectAlors que 30% du temps d’accompagnement social peut être passé à refaire des papiers, Reconnect pro-pose une solution de Coffre-fort Numérique Solidaire destinée aux personnes en situation de précarité pour conserver l’ensemble de leurs informations et faciliter leur accompagnement grâce aux avantages du numé-rique (documents dématérialisés disponibles à tout moment, espace de stockage sécurisé). L’interface est adaptée au public visé : ergonomie simplifiée, scan des documents via le smartphone des travailleurs sociaux, procédure login sans adresse mail, etc.

Ce cloud solidaire accompagne également les travailleurs sociaux pour leur donner plus de temps pour l’accom-pagnement humain, par la mise en place d’interfaces et d’outils de gestion simplifiés et adaptés à leur travail. Fort de son expérience auprès de publics précaires et de travailleurs sociaux, Reconnect développe aujourd’hui des modules de formation au numérique adaptés aux différents besoins des publics cibles.

Le numérique offre de nouvelles opportunités de formation plus souples, comprenant des apprentissages autodidactes. Nous proposons de faire évoluer les moyens d’évaluation des compétences informatiques pour les assouplir et valoriser les apprentissages non conventionnels, au moyen d’open badges1 notamment.

Le numérique offre également des opportunités en termes d’éducation, ou « EdTech » : les plateformes d’apprentissages et l’usage du blended lear-ning2 maximisent l’impact de l’enseignement. Les MOOC3 se développent et représentent une forte opportunité d’apprentissage pour ceux éloignés géographiquement ou financièrement des options « classiques » d’études. Cependant, ces supports peinent encore à faire reconnaître leurs diplômes. Nous proposons donc de revaloriser ce type de formation auprès des employeurs, en concevant une grille d’évaluation des formations proposées pour en garantir la qualité ; et d’ouvrir le marché de l’emploi à ces diplômes.

2.  Organiser une formation au numérique adaptée aux besoins de chacun

Pour l’usager, nous proposons de systématiser l’offre de formation aux savoirs numériques de base, adaptés aux besoins des individus : outils pour accéder aux droits, à la recherche d’emploi mais aussi au partage de contenu (photos, vidéos) avec leurs proches pour les seniors isolés par exemple.

Toutefois, une part incompressible d’usagers ne maîtrisera jamais ou pas suffisamment les outils numériques. Une substitution totale du numérique à l’aide présentielle (dans l’accès aux droits notamment) n’est donc pas réaliste ; à l’in-verse, la complémentarité des dispositifs nous semble plus que jamais clef pour assurer un service qualitatif et efficace.

De plus, la formation numérique ne doit pas seulement concerner le bénéficiaire final des aides, mais également les aidants sociaux, eux-mêmes parfois démunis face à ces nouveaux outils qu’ils ne maîtrisent pas toujours et aux nou-velles problématiques qu’ils rencontrent .

Nous proposons que soit assurée une formation continue des aidants sociaux, avec une délimitation claire de leur rôle au regard du numérique, et une formation supplémentaire systématique lors du déploiement d’un nouvel outil ou ser-vice numérique ; et en complément, une clarification et un encadrement de la possibilité légale et déontologique de faire à la place d’une personne dans l’urgence (par exemple, en cas de perte d’un droit si un dossier n’est pas complété le jour même).

Les aidants doivent également avoir les moyens d’évaluer et d’orienter les personnes en situation d’illettrisme ou l’illectro-nisme vers des structures pertinentes, selon une procédure claire. Une communication accrue sur les outils existants de diagnostic des compétences numériques serait parti-culièrement utile.

1.  Adapter le numérique aux usagers plutôt que les usagers au numérique

Tirer les gens vers le numérique, c’est d’abord tirer le numé-rique vers les gens en adaptant ses supports. Il s’agit de penser des interfaces digitales simplifiées, adaptées et donc appré-hendables pour les plus fragiles numériquement, comme pour ceux qui les accompagnent au quotidien.

3.  Inclure le numérique comme un levier offensif d’intégration des populations fragiles sur le marché du travail

Les parcours d’insertion par l’emploi doivent à présent prendre en compte l’évolution du marché du travail par le digital - métiers obsolescents, nouvelles opportunités et compétences numériques nécessaires à l’employabilité.

(1) Badges numériques permettant de mettre en avant des compétences qui ne sont pas reconnues par un diplôme. Assemblés dans un portefeuille numérique, ils présentent les détails de l’obtention d’une compétence : l’émetteur du badge, les conditions pour l’obtenir, ce qu’il représente et des liens vers des « preuves » de ces compétences - (2) Apprentissage en partie en présentiel, en partie via des supports numériques - (3)Cours uniquement en ligne

Nous proposons de changer de paradigme dans la conception même de nos outils numériques, en adaptant les supports aux besoins des personnes plutôt que l’inverse.

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4. Assumer le rôle majeur de l’entreprise dans l’inclusion professionnelle

Le rapport humain/numérique engendre des angoisses profondes quant à sa propre valeur, notamment en milieu professionnel : méfiance par rapport à l’outil digital, dévalo-risation de ses compétences et sentiment parfois d’inutilité face à une machine « meilleure que soi ».

Des moyens importants sont consacrés chaque année en France à la formation professionnelle en entreprise, notam-ment en continu.

NOTRE ACTION

Accompagner nos salariés au numériqueParce que la responsabilité et l’impact social d’une entre-prise passent avant tout par l’attention qu’elle porte à ses propres salariés, le GROUPE SOS veille à ne laisser personne au bord du chemin. Il met en place des actions de sensibilisation et de formation, adaptées à chacun et s’appuyant sur des campagnes internes d’évalua-tion des compétences numériques. Les salariés ayant besoin d’une formation aux usages numériques de base, des savoirs complémentaires ou de connaissances expertes sont orientés vers des offres correspondant à leurs besoins, garantissant par ailleurs leur employabi-lité future et leur bonne adaptation à l’évolution de leur métier. En 2018, une première campagne d’évaluation des connaissances numériques a débouché sur la mise en place d’un plan pluriannuel de formation aux compétences numériques de plus de 3 000 salariés, d’une nouvelle suite bureautique augmentée et d’une plateforme d’apprentissage à distance.

Nous proposons d’affirmer la responsabilité de l’employeur dans la veille, le diagnostic et l’orientation de ses salariés vers des formations aux savoirs numériques de base. Il peut mettre en place une certification numérique des salariés à l’embauche comprenant un diagnostic et une formation éventuelle et construire un plan de formation tout au long de la vie professionnelle.

(1) Étude IFOP 2016

Pour un numérique engagé au service du vivre-ensemble

Le numérique porte en lui une culture de la liberté individuelle et de la libre expression favorable à l’impulsion inédite d’initiatives d’engagements citoyens, de participation démocratique (pétitions, enquêtes gouvernementales, mobilisations), de partage d’expériences, d’entraide… Que ce soit par le biais d’initiatives privées ou associatives, la solidarité est une forte composante de la culture internet.

Formidable opportunité donc, pour structurer, organiser, faciliter et encourager l’engagement citoyen et solidaire ; mais au-delà, nous devons nous engager pour proposer une société numérique en

accord avec notre démocratie et ses valeurs.

1.  Au service du renouveau du lien social et de l’engagement collectif

Cette possibilité d’action citoyenne qu’offre le numérique vient apporter de nouveaux débou-chés au besoin de sens et d’engagement solidaire croissant chez nos concitoyens. 90% des associations fonctionnent aujourd’hui grâce à la mobilisation de bénévoles1. Mais si de plus en plus de citoyens veulent agir à leur échelle, 65% abandonnent faute de trouver rapidement et simplement les moyens d’agir près de chez eux.

NOTRE ACTION

HacktivL’association Hacktiv a lancé la première plateforme d’engagement à la demande. Cette interface numérique permet aux collectivités de recenser et promouvoir l’ensemble des besoins associatifs ; les associations publient leurs appels à la mobilisation et les citoyens peuvent s’engager en quelques clics en fonction de leur géolocalisation, de leurs centres d’intérêts et leurs dispo-nibilités. Hacktiv compte aujourd’hui 5 000 associations partenaires qui représentent 50 000 missions dans 10 villes, et 60 000 citoyens engagés grâce à sa plateforme.

Les plateformes participatives et les réseaux sociaux permettent également de renouveler le lien social et ont une forte portée mobilisatrice pour les nombreux citoyens à la recherche de sens et d’engagement, grâce au partage d’information et la création de communautés en ligne.

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2.  L’engagement dans la définition d’une citoyenneté numérique

L’espace numérique permet ainsi le renouveau de l’expression citoyenne et offre une possibilité inédite de désintermédiation de la parole, notam-ment entre élus et citoyens. Chacun peut s’exprimer de manière égale, sans que la place d’une personne dans la société ne soit nécessairement le reflet de l’espace qu’il occupe en ligne.

Cette capacité d’expression de chacun doit s’accorder avec le respect de règles collectives permettant de garantir un vivre-ensemble numérique. Il devient donc primordial d’intégrer dans l’éducation scolaire et notre culture l’éducation à la cyber-citoyenneté pour que chacun puisse d’une part tirer le meilleur des nouvelles opportunités d’expression qui lui sont offertes; et l’éducation à la tolérance en ligne pour protéger les citoyens contre cyber-har-cèlement, sexisme et autres comportements discriminants en ligne.

Alors qu’1 message sur 10 sur les réseaux sociaux est aujourd’hui un message de haine, l’éducation à la tolérance en ligne permet de comprendre que l’in-terface d’un écran n’enlève rien à la violence de l’agression. Elle permet par ailleurs de diffuser des valeurs qui dépassent le cadre du digital : ces messages de vivre-ensemble sont ensuite applicables dans toutes les sphères de la vie.

L’autre sujet majeur de l’éducation à la cyber-citoyenneté est celui du traite-ment de l’information. Véritable bibliothèque offrant une information riche et foisonnante, Internet présente cependant l’inconvénient de présenter toutes les sources de la même manière, sans que leur fiabilité soit nécessairement évaluée. 8 Français sur 10 croient au moins à une théorie du complot, les jeunes étant les plus réceptifs1, phénomène favorisé par l’effet de communauté « bulle » que peuvent induire les réseaux numériques.

NOTRE ACTION

Le Mouvement UPLe Mouvement UP est né du refus d’une fatalité face aux crises (de confiance, économique, écologique, sociale) en réu-nissant l’ensemble des parties prenantes (citoyens, entreprises privées, pouvoirs publics, collectivités, chercheurs) dans la réflexion et le dialogue autour des grandes questions d’actualité, pour favo-riser l’émergence de nouvelles idées et d’innovations sociales. C’est aujourd’hui une communauté numérique de plus de 130 000 membres qui se retrouve dans des échanges web et physiques pour un partage d’expérience et de propositions au service de l’intérêt général.

Le numérique est aujourd’hui au cœur des enjeux du renouvellement démocratique et des institutions et les initiatives d’entrepre-neuriat social qui en naissent soulignent qu’il peut être un formidable outil d’engagement.

NOTRE ACTION

L’éducation critique aux médias avec Raje, la radio associative du Mouvement UPFace aux logiques complotistes, aux Fake News et à certains phénomènes de radicalisation, ce projet vise à renforcer l’autonomie intellectuelle des jeunes (150 collégiens chaque année) par l’éducation aux médias et à apporter une formation à leurs référents pédagogiques. Par la mise en place d’ateliers radio, le programme fait également travailler les jeunes sur des compétences transversales : rédaction et écriture journalistique, expression orale, travail de groupe.

Nouvel espace, nouveaux codes : apprendre le vivre-ensemble numérique et le traitement de l’information qui y réside devient indispensable pour une utilisation optimale des opportunités.

NOTRE ACTION

Capital Numérique par le Lab Ouishare x Chronos, construire une offre numérique adaptée dans la villeConstatant que les habitants des quar-tiers prioritaires de la ville (QPV), déjà exclus socialement et territorialement, le sont aussi des services numériques de la ville (privés comme publics), le Lab a lancé une vaste expérimentation visant à se servir des données utiles pour comprendre comment le numérique est utilisé et perçu dans ces quartiers, afin de construire une offre numérique adaptée, au service des capacités d’ac-tion individuelles et collectives de ses habitants.

Ce projet mobilise méthodes socio-logiques, d’intelligence collective et d’évaluation ex-ante / ex-post, dans une approche résolument pluridis-ciplinaire et multi-partenariale, tout en faisant participer des citoyens, des collectivités locales, des acteurs du logement, des grandes entreprises, des startups et des associations.

3.  Mettre la donnée au service de l’intérêt général

La transition numérique pose également la question de la gestion des données, tant dans la protection des données personnelles, contenant des informations confidentielles relatives à nos activités en ligne que dans l’utilisation des données à des fins d’intérêt général.

Le sujet du devenir et de l’exploitation des données personnelles devient une préoccupation majeure, à l’heure de la dématé-rialisation des informations personnelles liées aux droits, à la santé, ou encore à la justice. Pourtant, la protection de ces données et le « droit à l’oubli » sont non seulement des droits, mais également des préalables à la confiance, indispensable au travail médical et social.

(1) Enquête sur le complotisme, IFOP, décembre 2017

Nous proposons, de la même manière que l’enseignement du codage et de la maîtrise numérique sont intégrés aux programmes scolaires, l’instauration systématique d’un cours d’éducation à la citoyenneté numérique, ainsi qu’aux techniques de recherche, tri et évaluation de l’information en ligne.

Nous appelons à l’animation systématique dans un réseau numérique des élus et des citoyens engagés dans la vie locale ainsi qu’au développement en France de la « SocialTech » - ou technologie au service du social - et de la « CivicTech » - au service de l’amélioration du système politique.

Nous devons veiller à la protection des données personnelles (RGPD), au respect du droit à l’oubli des usagers et aux règles de transparence sur la gestion des données personnelles.

Nous proposons également de faire des données d’utilité générale des biens communs, afin de pouvoir les utiliser pour l’innovation et le développement de projets au plus près de la réalité des usages, par exemple dans le déploiement des nouvelles politiques de la ville, des transports et plus largement dans l’organisation des territoires.

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Pour un numérique durable au service du mieux-vivre de l’individu

Le numérique représente une formidable opportunité pour l’amélioration de notre qualité de vie à plu-sieurs niveaux : il permet d’une part de démultiplier l’impact des actions médicales et sociales et d’autre part d’inventer de nouvelles formes pour ces actions. Pour certains, il est également la clef de la transition

écologique, et sera à ce titre l’accélérateur des réformes nécessaires pour faire face à la crise.

1. Démultiplier l’impact de la prise en charge

Le digital permet d’accélérer la prise en charge de nos bénéficiaires en accompagnant plus de personnes ou sur des espaces géographiques plus larges en articulant des dispositifs physiques et des plateformes numériques qui démultiplient les possibilités de services.

2.  Proposer de nouveaux services et innovations technologiques

En proposant de nouveaux services reposant sur les nouvelles technologies, nous propo-sons de développer les opportunités offertes par le digital et la tech pour innover dans la santé et la prise en charge des résidents.

NOTRE ACTION

GROUPE SOS Santé, Seniors, Handicap et Culture : innovations au service de la santé et du bien-êtreLes établissements GROUPE SOS Seniors et Santé, se veulent des « living labs » accueillant des innovations technolo-giques pour améliorer le quotidien des résidents : les sols connectés pré-viennent les chutes des seniors, la télé expertise et la télé médecine sécurisent les résidents et leur parcours de soin, évitant les déplacements inutiles sources d’anxiété pour les seniors comme leurs accompagnants et le diagnostic du patient grâce à l’intelligence artificielle accélère son orientation.

Au-delà du soin, c’est également l’accom-pagnement du patient au quotidien qui peut être réinventé, avec par exemple des ateliers de réalités virtuelles dans l’EHPAD d’Aulnay pour des patients atteints d’Al-zheimer, animés par Commune Image ; ou encore l’usage de tablettes pour améliorer le quotidien des personnes présentant un trouble autistique.

NOTRE ACTION

WIN [Wimoov], tripler le nombre de bénéficiaires de l’accompagnement à la mobilitéWimoov, acteur de la mobilité inclusive qui accompagne les usagers afin qu’ils retrouvent leur autonomie de dépla-cement sur les territoires français, met en place WIN, un test de mobilité numérique. Il permettra à terme d’ac-compagner trois fois plus de bénéficiaires, sans pour autant augmenter proportionnellement les coûts et en renforçant l’impact social. En permettant un diagnostic simple et rapide, et en mettant parallèlement en œuvre des programmes dématérialisés de formation à la mobilité, Wimoov touche un spectre d’usagers plus large, et gagne du temps pour que ses conseillers mobilité se concentrent sur un accompagnement de qualité pour les usagers au sein des plateformes.

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Les objets connectés et assistants à com-mande vocale se généralisent et peuvent représenter une formidable opportunité si nous les concevons pour les plus exclus numériquement afin qu’ils soient accessibles à tous, et si nous anticipons les questions d’éthiques émergentes (données personnelles, conversations privées, accès pour les enfants…).

Nous devons également réfléchir à utiliser les supports numériques dans les politiques écologiques et promouvoir notamment la « tech for life » (la technologie pour la vie et l’environnement). Par exemple, par la diminution du gaspil-lage alimentaire grâce à des applications de mise en relation entre distributeur et consommateur par l’accélération et la facilitation des circuits courts producteur-consommateur via leur géolocalisation et par la collecte et l’agrégation de données des écosystèmes et terres agricoles grâce à l’Open Data pour l’évaluation du capital naturel et la facilitation de l’agriculture de régénération.

Enfin, l’agrotech et la fintech permettent de réduire les coûts et de financer des projets agroécologiques accélérant notre transition vers une agriculture saine et durable, en rapprochant les intentions des épargnants et les besoins de porteurs de projets.

NOTRE ACTION

En soutien au développe-ment d’une Tech engagéeLe GROUPE SOS soutient le développe-ment d’entreprises engagées (Tech for Good), notamment au travers d’incuba-teurs. Notre incubateur So In So Good basé à Hong-Kong accompagne des start-ups sociales et environnemen-tales. H7, hub de l’innovation par le numérique qui ouvrira ses portes à Lyon au printemps 2019, est le nouveau « lieu-totem » labellisé French Tech. Il a pour ambition de connecter les start-ups à l’économie réelle et aux enjeux de société, et d’être un lieu ouvert à tous où se rencontrent les porteurs de projets innovants et responsables.

3.  Accompagner l’équilibre entre la vie digitale et la vie quotidienne

Le numérique est devenu un objet de « consommation » et pour prévenir des risques encore mal connus, nous devons systéma-tiser la prévention d’éventuels dangers de surexposition aux écrans et d’addiction en milieu scolaire, auprès des familles et sur les plateformes de formation. Il s’agit également d’accompagner des parents de jeunes enfants, notamment sur la prévention sur les risques de troubles autistiques pour les enfants de moins de 3 ans exposés au écrans.

4.  Mettre le numérique au service de la transition écologique

Le XXIe siècle est celui de deux transitions majeures, numérique mais aussi écologique. L’une ne peut se penser sans l’autre, car le coût écologique de la révolution numérique (2% des émissions gaz à effet de serre et en accélération) peut rendre caducs les efforts menés pour la transition écologique.

Dans un premier temps, nous proposons de promouvoir un usage modéré du numérique, appelé low tech, dans nos usages quotidiens et professionnels et de porter une attention aux composantes de nos matériels informa-tiques et à leur provenance.

NOTRE ACTION

Blue Bees, plateforme de financement participatif pour l’agroécologieBlue Bees est une plateforme de finance participative destinée à promouvoir et faciliter la réalisation de projets qui œuvrent pour une agriculture et une alimentation durables, c’est à dire écologiques, viables économi-quement, source d’emplois et de liens sociaux sur les territoires. La plateforme met en relation les porteurs de projets innovants de ce secteur et les internautes engagés souhaitant investir dans une structure ayant du sens, par le prêt ou le don. Blue Bees permet également de mettre en relation les fabricants et les distributeurs, et accompagne la mise en place de stratégies de com-munication pour les projets agroécologiques.

Nous proposons donc d’investir dans la recherche et le développement d’innovations prometteuses, permettant d’appuyer le travail des soignants et d’anticiper les technologies amenées à se généraliser pour comprendre comment les mettre au service du mieux vivre.

Nous proposons de mettre l’innovation technologique au service de la transition écologique, en cherchant d’une part la réduction de l’impact du numérique sur l’environnement, et d’autre part l’utilisation réfléchie du numérique pour soutenir les projets écologiques.

NOTRE ACTION

Play International et le CSAPA Monceau : accompa-gner l’usage et prévenir les nouvelles addictionsL’association PLAY International, qui développe des programmes d’édu-cation par le sport dans les quartiers prioritaires des villes notamment, lance un projet de recherche sur l’ad-diction aux écrans, avec pour objectif de créer des contenus pédagogiques pour les enseignants, à destination du jeune public (6 à 12 ans). Sur le plan plus large de l’éducation au numérique, elle a entamé une collaboration avec deux fédérations sportives majeures pour permettre aux éducateurs des clubs d’aborder les risques et bons usages liés au numérique à travers les activités physiques et sportives qu’ils utilisent au quotidien.. Le CSAPA Monceau, centre de soin qui lutte contre les addictions, propose quant à lui des ateliers à média-tion vidéo-ludique. Partant du constat que 92% des adolescents consomment le numérique au-delà du seuil quoti-dien recommandé, ces ateliers visent à apprendre par le jeu comment garder le plaisir de jouer, tout prévenant les risques d’addiction et en favorisant la commu-nication intrafamiliale et les capacités relationnelles des adolescents. Ces deux associations travaillent ainsi de manière complémentaire sur une réduction du risque addictif tout en favorisant le bien-être et la santé des enfants.

NOTRE ACTION

Une politique de Green IT développée dans notre groupeLe GROUPE SOS s’efforce de mener en interne une politique de réduction de l’impact écologique du matériel informatique. L’un des impacts les plus significatifs du numérique sur l’envi-ronnement est lié à la production de matériel. Le GROUPE SOS mène donc notamment une politique d’achat de postes informatiques recondition-nés, pour prolonger la durée de vie des équipements. D’autre part, il met en place sur la quasi-totalité des secteurs Santé & Seniors des « clients légers », c’est-à-dire des postes moins puissants dont l’infrastructure est centralisée en un seul lieu, avec durée de vie supé-rieure et 2 à 3 fois moins d’impact sur l’environnement. Il promeut un usage responsable dit « low tech » et déploie des prestations spécialisées dans le recyclage et le reconditionnement du matériel en fin de vie.».

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GROUPE SOS102c, rue Amelot - 75011 ParisTél. 01 58 30 55 55 - [email protected]

Retrouvez-nous sur groupe-sos.org

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Pour pouvoir, ensemble, faire du numérique une chance pour tous, nous proposons de :

1. Mettre le numérique au service de l’inclusion : en garantissant une offre de formation au numérique adaptée aux différents besoins de chacun, mais

également en veillant à ce que le numérique ne soit jamais le seul point d’accès aux droits. Le numérique doit également être un atout dans l’insertion par l’emploi des plus fragiles, par exemple par la reconnaissance des nouveaux modes d’apprentis-sage, l’évaluation des compétences ou la facilitation de recrutement des personnes formées par l’IAE dans des secteurs en tension.

2. Redéfinir la citoyenneté numérique : par sa capacité de mise en réseau, le numérique représente un formidable levier d’expression, de mobilisation et

d’engagement citoyen au service du vivre-ensemble. Nous proposons que cette nou-velle citoyenneté numérique soit accompagnée systématiquement d’une éducation critique aux médias et à leurs usages. Par ailleurs, la gestion des données toujours plus nombreuses implique d’articuler le respect de la protection des données personnelles et le droit à l’oubli effectif ; avec l’utilisation des données comme « biens publics » dans la définition des services numériques sur les territoires au service de la réduction des inégalités.

3. Faire un numérique durable au service du mieux-vivre : d’un côté, exploiter les possibles des innovations technologiques pour démultiplier l’im-

pact des actions médicales et sociales, proposer de nouveaux services et améliorer tant le soin que le quotidien de l’ensemble de nos bénéficiaires, tout en veillant à pré-server les usagers contre les effets néfastes de la surconsommation ; de l’autre favo-riser les initiatives respectueuses des enjeux de la transition écologique et construire ainsi un modèle économique durable.