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C’est pourquoi, à l’image des voya- ges de l’humoriste d’avant Skate le monde, Mathieu Cyr et son équipe ont préféré rester en dehors des cir- cuits touristiques : « On est passé devant la tour Eiffel à Paris, c’était un incontournable, d’accord. Par con- tre, inutile de s’y attarder. On cher- chait plutôt les plus beaux endroits pour le skate, des bols de soupe ra- men pas chers et un parc pour ren- contrer des gens intéressants avec qui passer la soirée. » C’est d’ailleurs comme ça, selon lui, qu’on crée les plus beaux souvenirs de voyage : en tissant des liens avec les locaux et en s’éloignant des grandes attractions. Sur le terrain, on ne peut nier l’ef- fet des caméras. Les tournages atti- rent les curieux et sont une puissante carte d’accès pour pénétrer dans des univers autrement difficiles d’accès. Pourtant, Mathieu Cyr croit qu’il est possible de vivre en solo ce genre d’aventure. Mais ça demande du tra- vail, beaucoup de travail, en amont. « On ne peut pas débarquer comme ça quelque part et s’imaginer qu’on va nous ouvrir toutes les portes. Il faut faire ses recherches avant de partir, créer des liens par les réseaux sociaux, échanger avec les gens avant d’annoncer sa visite. Comme n’importe quel voyage en marge des grands circuits, il faut connaître les bonnes personnes et préparer son ar- rivée », conseille-t-il. Entre liberté et confinement La planche est un sport pour lequel il n’y a que peu de repères, pas de temps de jeu ni d’uniforme, pas d’équipe, de pointage ou de terrain. Pourtant, c’est un sport qui fait bouger, qui crée des rencontres et qui amène les gens à se dépasser. « Quand tu joues au hockey dans une ligue de garage à 40, 50 ou 60 ans, on trouve ça super, on admire ça. Être sur la glace, bouger, faire du sport. Mais du skate passé l’âge de 25 ou 30 ans, on se met à juger. Comme si c’était un truc réservé aux adolescents. Pourtant, c’est un sport, c’est un mode de vie, c’est une façon de s’exprimer, c’est une culture qui mérite d’être considérée à sa juste valeur. J’ai rencontré des femmes et des hommes dans la soixantaine qui écoutent la série semaine après se- maine, je reçois des messages de gens de tous les âges qui voient maintenant la planche d’un autre œil avec Skate le monde. » En fin de projet, Mathieu Cyr a vécu tout un retour à la réalité puis- qu’après une année à circuler libre- ment de continent en continent, il est rentré à la maison au moment même où le confinement s’imposait dans notre quotidien. « Pendant des mois, j’ai été loin de ma famille, très loin. Puis, de revenir en mode confi- nement, c’était comme passer d’un extrême à l’autre. Cette proximité imposée m’a non seulement recon- necté à mes proches, elle m’a fait réaliser à quel point nous sommes chanceux ici. Ça force l’introspec- tion, ça demande de remettre en question certains besoins et ça remet bien des choses en perspectives. Cette émission-là a changé ma vie, ma façon de voir les choses. C’est avec Skate le monde que j’ai brisé mon bouclier nord-américain. » Les épisodes de la série Skate le monde, diffusée sur TV5, se trouvent en ligne. tv5unis.ca/skate-le-monde Un tour du monde et une planche Chaque semaine dans ces pages, une personnalité, un collaborateur, un passionné raconte ce qui lui donne la bougeotte et une envie irrépressible de découvrir de nouveaux paysages. Aujourd’hui, Mathieu Cyr partage le tour du monde et des cultures qu’il a fait en prenant la barre de la série Skate le monde, un projet original où l’on se sert du skateboard pour parler histoire, architecture, culture, art, société, musique et gastronomie. Un rêve pour celui qui pratique ce sport depuis son enfance. n entrevue, Mathieu Cyr admet avoir été sceptique lorsqu’on lui a proposé d’ani- mer une émission sur le skateboard : « J’avais des craintes. Jusqu’à main- tenant, quand on décidait de faire une émission de skateboard, on fi- nissait souvent par prendre un angle très ado. » L’animateur a cependant rapidement vu une occasion de re- donner à la planche ses lettres de noblesse dans le fait que le diffuseur soit TV5 et que l’équipe de produc- tion derrière le projet (Quiet Motion) envisageait une approche plus dense en contenu documentaire. Dans le cadre du projet, la toute petite équipe a voyagé pendant près d’une année pour que Mathieu Cyr puisse faire tourner les roues de sa planche aux quatre coins du monde et plonger au cœur de cette culture alternative. « Chaque destination est différente. Mais puisque tout tourne autour du skate, on finit toujours par rencontrer des gens un peu dans la marge, un peu à gauche, parce que c’est aussi ça, le skate. » E Plaisirs LE DEVOIR | CAHIER SPÉCIAL C | LES SAMEDI 1 ER ET DIMANCHE 2 AOÛT 2020 CHARLES-ÉDOUARD CARRIER | COLLABORATION SPÉCIALE MANGER La librairie aux mille saveurs VOYAGER Destination douceur JARDINER Rendez-vous avec une reine de la flore urbaine Avant que ne soient fermées les frontières et cloués au sol les avions, l’humoriste et animateur Mathieu Cyr a voyagé aux quatre coins du monde pour le tournage de la première saison de Skate le monde. Ici, à Biarritz, en France. MATHIEU COUTURE Pourquoi partir ?

Plaisirs · devant la tour Eiffel à Paris, c’était un incontournable, d’accord. Par con- ... avant d’annoncer sa visite. Comme ... plus d’un avec son mariage de go-chugaru

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Page 1: Plaisirs · devant la tour Eiffel à Paris, c’était un incontournable, d’accord. Par con- ... avant d’annoncer sa visite. Comme ... plus d’un avec son mariage de go-chugaru

C’est pourquoi, à l’image des voya-ges de l’humoriste d’avant Skate le monde, Mathieu Cyr et son équipe ont préféré rester en dehors des cir-cuits touristiques : « On est passé devant la tour Eiffel à Paris, c’était un incontournable, d’accord. Par con-tre, inutile de s’y attarder. On cher-chait plutôt les plus beaux endroits pour le skate, des bols de soupe ra-men pas chers et un parc pour ren-contrer des gens intéressants avec qui passer la soirée. » C’est d’ailleurs comme ça, selon lui, qu’on crée les plus beaux souvenirs de voyage : en tissant des liens avec les locaux et en s’éloignant des grandes attractions.

Sur le terrain, on ne peut nier l’ef-fet des caméras. Les tournages atti-rent les curieux et sont une puissante carte d’accès pour pénétrer dans des univers autrement difficiles d’accès. Pourtant, Mathieu Cyr croit qu’il est possible de vivre en solo ce genre d’aventure. Mais ça demande du tra-vail, beaucoup de travail, en amont. « On ne peut pas débarquer comme ça quelque part et s’imaginer qu’on va nous ouvrir toutes les portes. Il faut faire ses recherches avant de

partir, créer des liens par les réseaux sociaux, échanger avec les gens avant d’annoncer sa visite. Comme n’importe quel voyage en marge des grands circuits, il faut connaître les bonnes personnes et préparer son ar-rivée », conseille-t-il.

Entre liberté et confinementLa planche est un sport pour lequel il n’y a que peu de repères, pas de temps de jeu ni d’uniforme, pas d’équipe, de pointage ou de terrain. Pourtant, c’est un sport qui fait bouger, qui crée des rencontres et qui amène les gens à se dépasser. « Quand tu joues au hockey dans une ligue de garage à 40, 50 ou 60 ans, on trouve ça super, on admire ça. Être sur la glace, bouger, faire du sport. Mais du skate passé l’âge de 25 ou 30 ans, on se met à juger. Comme si c’était un truc réservé aux adolescents. Pourtant, c’est un sport, c’est un mode de vie, c’est une façon de s’exprimer, c’est une culture qui mérite d’être considérée à sa juste valeur. J’ai rencontré des femmes et des hommes dans la soixantaine qui écoutent la série semaine après se-

maine, je reçois des messages de gens de tous les âges qui voient maintenant la planche d’un autre œil avec Skate le monde. »

En fin de projet, Mathieu Cyr a vécu tout un retour à la réalité puis-qu’après une année à circuler libre-ment de continent en continent, il est rentré à la maison au moment même où le confinement s’imposait dans notre quotidien. « Pendant des mois, j’ai été loin de ma famille, très loin. Puis, de revenir en mode confi-nement, c’était comme passer d’un extrême à l’autre. Cette proximité imposée m’a non seulement recon-necté à mes proches, elle m’a fait réaliser à quel point nous sommes chanceux ici. Ça force l’introspec-tion, ça demande de remettre en question certains besoins et ça remet bien des choses en perspectives. Cette émission-là a changé ma vie, ma façon de voir les choses. C’est avec Skate le monde que j’ai brisé mon bouclier nord-américain. »

Les épisodes de la série Skate le monde, diffusée sur TV5, se trouvent en ligne. tv5unis.ca/skate-le-monde

Un tour du monde et une plancheChaque semaine dans ces pages, une personnalité, un collaborateur, un passionné raconte ce qui lui donne la bougeotte et une envie irrépressible de découvrir de nouveaux paysages. Aujourd’hui, Mathieu Cyr partage le tour du monde et des cultures qu’il a fait en prenant la barre de la série Skate le monde, un projet original où l’on se sert du skateboard pour parler histoire, architecture, culture, art, société, musique et gastronomie. Un rêve pour celui qui pratique ce sport depuis son enfance.

n entrevue, Mathieu Cyr admet avoir été sceptique lorsqu’on lui a proposé d’ani-mer une émission sur le skateboard :

« J’avais des craintes. Jusqu’à main-tenant, quand on décidait de faire une émission de skateboard, on fi-nissait souvent par prendre un angle très ado. » L’animateur a cependant rapidement vu une occasion de re-donner à la planche ses lettres de noblesse dans le fait que le diffuseur soit TV5 et que l’équipe de produc-tion derrière le projet (Quiet Motion) envisageait une approche plus dense en contenu documentaire.

Dans le cadre du projet, la toute petite équipe a voyagé pendant près d’une année pour que Mathieu Cyr puisse faire tourner les roues de sa planche aux quatre coins du monde et plonger au cœur de cette culture alternative. « Chaque destination est différente. Mais puisque tout tourne autour du skate, on finit toujours par rencontrer des gens un peu dans la marge, un peu à gauche, parce que c’est aussi ça, le skate. »

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PlaisirsL E D E V O I R | C A H I E R S P É C I A L C | L E S S A M E D I 1 E R E T D I M A N C H E 2 A O Û T 2 0 2 0

CHARLES-ÉDOUARD CARRIER | COLLABORATION SPÉCIALE

MANGER La librairie aux mille saveurs

VOYAGER Destination douceur

JARDINER Rendez-vous avec une reine de la flore urbaine

Avant que ne soient fermées les

frontières et cloués au sol

les avions, l’humoriste et

animateur Mathieu Cyr a

voyagé aux quatre coins du

monde pour le tournage de la

première saison de Skate le

monde. Ici, à Biarritz, en France.

MATHIEU COUTURE

Pourquoi partir ?

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Plaisirs | LE DEVOIR | LES SAMEDI 1 ER ET DIMANCHE 2 AOÛT 2020C 2

qu’en 1990. Dans la boutique voisine, elle écoule les doublons. En 2008, elle met la clé sous la porte du con-servatoire et rapatrie les titres d’oc-casion à la Librairie gourmande. Plus tard, l’École des métiers de la restauration et du tourisme prend en charge la collection d’ouvrages de cuisine. Mais elle espère davantage pour ce lieu de mémoire.

Si le milieu de la restauration et de la gastronomie la soutient depuis le début, Anne Fortin reconnaît l’im-portance des touristes. Et quand un client lui confie ne pas pouvoir s’en-dormir avant d’avoir feuilleté une vingtaine de pages d’un livre culinaire, elle est ravie : « Il y a, dans ces livres, un repos mental assuré. Une façon de couper avec la lourdeur du quoti-dien. » Autre forme d’évasion : tous ces romans gourmands qu’elle dé-vore et propose à ses lecteurs, avec encore plus de plaisir s’ils se com-plètent d’une série de recettes.

« Je ne peux faire plus que ce que j’ai fait », dit-elle pour expliquer son choix de passer le flambeau. Elle cherche « quelqu’un qui pourra aller plus loin, en respectant ces quinze années », et qui fera en sorte que ce petit espace où découvrir, dans les livres, l’art culinaire et les sa-veurs d’ici comme du monde entier, demeure une destination. Et c’est une fois la transaction conclue que nous saurons ce que deviendra la linguiste-ethnologue-libraire. Il y a fort à parier que la Librairie gour-mande et Anne Fortin continueront à veiller sur nos assiettes. Au grand bonheur de celles et ceux qui dévo-rent les mots et les plats !

Pour aller plus loinAnne Fortin a accepté de retenir trois livres marquants pour résumer ces quinze années à la Librairie gourmande.

• À la di Stasio de Josée di Stasio : « Parce que Josée a transformé notre façon de faire la cuisine. »

• Rollande Desbois, La gastronomie en héritage, un livre dont elle est la coautrice avec Émilie Villeneuve : « Elle a marqué, de la plus extraordinaire façon, notre rapport au beau et au bon… »

• Plenty, de Yotam Ottolenghi : « Un choc incroyable, l’ouverture à la cuisine végétarienne et au monde des épices. »

HÉLÈNE ROULOT-GANZMANN |COORDINATRICE AUX PUBLICATIONS SPÉCIALES

FABRICE GAËTAN

HÉLÈNE RAYMOND | COLLABORATION SPÉCIALE, CARIBOUMAG.COM

e 8 juillet dernier, après l’annonce de sa décision sur sa page Facebook, les com-mentaires ont fusé : chefs propriétaires,

enseignants en cuisine, passionnés de patrimoine lui ont fait part de leur estime. Rares sont les libraires qui deviennent à ce point des personna-lités représentatives de l’environne-ment qu’ils mettent en lumière. C’est le cas d’Anne Fortin, incontournable actrice de la scène culinaire québé-coise. Depuis 2004, elle guide cha-leureusement sa clientèle, signe des livres, écrit des chroniques et con-seille des auteurs.

« Au départ, je ne connaissais ni le milieu de la gastronomie, ni celui de l’édition, confie la linguiste de for-mation, jusque-là employée du sec-teur des communications culturelles. J’espérais donner à Montréal un lieu unique où présenter les livres de cui-sine publiés en français, au Québec, de même que des ouvrages qui inspi-reraient les chefs. »

Ses démarches la mènent vers Rollande Desbois, alors présidente de l’Association canadienne pour la presse gastronomique. Celle-ci lui parle des gestionnaires du marché Jean-Talon, à la recherche de bouti-quiers pour bonifier l’offre touristi-que. Elle fait face à un premier refus ; ils veulent plutôt des commerces ali-mentaires. Finalement, son plan se concrétise là où elle le souhaite. Nous sommes en décembre 2004. Josée di Stasio vient de lancer son premier livre et va inaugurer, à la Librairie gourmande, une longue série de sé-

ances de signatures. Depuis, les au-teurs s’y succèdent, plusieurs samedis par année.

Très rapidement, Anne Fortin cons-tate qu’il faut élargir la collection et s’ouvrir aux parutions anglophones. Tout le secteur bouillonne et se re-nouvelle, grâce à l’influence grandis-sante des chefs et à celle des stylistes et photographes culinaires.

La soif d’aller plus loinÀ titre d’autrice, Anne Fortin publie, en 2010, Cuisiner avec le sirop d’éra-ble du Québec. Elle s’associe à l’his-torienne Hélène-Andrée Bizier pour le volet patrimonial et obtient la col-laboration de professionnels de la cuisine pour les recettes. Quatre au-tres ouvrages, dont Ainsi cuisinaient les belles-sœurs dans l’œuvre de Michel Tremblay, s’ajouteront à sa bibliogra-phie et elle travaille d’arrache-pied à la parution prochaine d’un livre sur les menus des restaurants.

En additionnant plusieurs éléments perturbateurs comme la place prise par les géants de la distribution, le commerce en ligne, les coûts élevés des livraisons, elle aurait tout pour se plaindre ! Mais, elle a peu à dire sur les écueils rencontrés : « J’ai embau-ché de bons libraires, ce sont des par-tenaires. J’occupe un créneau unique, c’est merveilleux ! Et je reconnais qu’il y a une part de chance dans ce que j’ai vécu… et d’audace aussi. »

Cette même audace la pousse à ouvrir, en 2007, à Montréal, rue de Castelnau, le Conservatoire culinaire, associé à un commerce de livres usa-gés. Grâce aux dons, elle collecte tout ce qui se publie au Québec jus-

L

Manger

La librairie aux mille saveursAnne Fortin peut être fière d’avoir mis au monde la seule librairie francophone consacrée à la gastronomie en Amérique du Nord. En pleine démarche pour vendre la Librairie gourmande, située au marché Jean-Talon, sa propriétaire revient sur quinze ans de découvertes et de plaisir.

B O I R E L E Q U É B E C

100�%LOCAL

M

A N G E R L E Q U É B EC

Saveurs d’ailleurs

JESSICA DOSTIE | COLLABORATION SPÉCIALE

1. Quand la Corée et le Québec se rencontrentOn n’en a que pour la lactofermen-tation. Pas étonnant que le kimchi, ce condiment coréen bien relevé à base de chou nappa, ait la cote par les temps qui courent ! La recette de Pedro et de Rachel en surprendra plus d’un avec son mariage de go-chugaru (une sorte de piment d’ori-gine coréenne) et d’algues sauvages du Québec. Leur atelier de fermen-tation propose aussi des bocaux de choucroute — l’accompagnement parfait pour nos hot-dogs à l’euro-péenne — et même des légumes de saison fermentés.

Kimchi nappa bio Coreana (Tout cru !, 10,50 $ le pot de 16 oz) toutcrufermentation.com

3. Le Moyen-Orientdans la cuisineLes Filles Fattoush font voyager nos papilles avec leurs petits plats d’ins-piration moyen-orientale cuisinés par de Néo-Montréalaises d’origine sy-rienne. L’entreprise propose égale-ment des essentiels de la cuisine du Moyen-Orient qui nous permettent de découvrir cette culture culinaire riche, à commencer par le zaatar, mé-lange classique d’épices et d’herbes aromatiques (thym, sumac, cumin, coriandre, fenouil, anis, citron, sel et graines de sésame). À déguster sur du pain trempé dans de l’huile d’olive, comme le veut la tradition, avec du houmous ou encore sur une salade. On attend avec impatience les mélan-ges d’épices qu’elles lanceront plus tard cet été : shawarma, shishtaouk et falafels.

Zaatar (Les Filles Fattoush, 12,95 $ les 100 g) lesfillesfattoush.com

Cette semaine, on jette notre dévolu sur des marques locales qui ont à cœur de nous faire découvrir les saveurs d’ailleurs. Voici donc trois favoris pour mettre de l’exotisme dans nos assiettes (ou notre tasse) !

La camerise est connue depuis plusieurs centaines d’an-nées par les Japonais comme étant le fruit de la longévité et de la vision. Si l’arbuste dont elle est issue (lonicera caerulea) pousse à l’état naturel dans les régions nordi-ques des forêts boréales d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord, ce n’est qu’à partir des années 1990 que les Nord-Américains ont commencé des travaux d’hybri-dation afin de la transformer en baie cultivable. Depuis son introduction en 2007 dans les fermes du Québec, la camerise fait le bonheur des petits et des grands, ainsi que des restaurateurs. Sa saveur plus complexe et plus intense que celle de la plupart des petits fruits connus au Québec est en effet très recherchée par les chefs dans leur quête de renouveau gastronomique.

La nutritionniste Laurence Da Silva Décarie la conseille…• Parce que sa chair d’un pourpre intense et sa pelure bleutée nous donnent un indice sur sa haute teneur en composés phénoliques, qui pourraient protéger l’organisme des maladies cardiovasculaires et de certains cancers.• Parce qu’en plus de sa saveur explosive qui dévoile des nuances rappelant le cassis, le bleuet et la framboise, la camerise apporte une bonne dose de fibres alimentaires.• Parce que cette petite baie à la forme ovale contientune foule de vitamines, telles que la vitamine A et C, et de minéraux, dont le manganèse et le potassium.

Le chef Simon Pierre Huneault propose…• Un gravlax de saumon maison aux camerises, au ginet au gingembre du Québec.• Une salade de betteraves, radis, pourpier et vinaigrette à la camerise.• Une tarte aux camerises.chefunofficiel.com

GETTY IMAGES

2. Une gorgée de soleilEn 2018, l’équipe de Camellia Sinen-sis inaugurait sa fabrique de thé ex-périmentale, le Tea Studio, dans ledistrict de Nilgiris, dans le sud de Inde. Ce mélange de thés vert et blanc cultivés dans les jardins des environs de la petite fabrique québé-co-indienne — le premier thé glacé fabriqué de manière artisanale au studio — amalgame les flaveurs frui-tées du Mao Feng et le petit côtézesté du Bai Mu Dan, et ce, sans parfums ajoutés. En finale, les notes florales de lavande, d’avoine fleurie, de cataire et de mauve se marient à merveille.

Thé glacé Un été à Nilgiri (Camellia Sinensis, 12 $ les 50 g)camellia-sinensis.com

�L’aliment de saison

La cameriseLa dernière-née des baies du Québec

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Plaisirs | LE DEVOIR | LES SAMEDI 1 ER ET DIMANCHE 2 AOÛT 2020 C 3

Voyager

vitalité : les bienfaits des ions négatifs (Éditions du Dauphin, 2008), nous respirons tout naturellement les ions négatifs à la mer et à la montagne, tandis que les ions positifs, eux, sont émis par la pollution. Les premiers nous dynamisent ; les seconds nous empoisonnent. Et ce serait sur une mer agitée ou au bord de chutes qu’on inhalerait le plus d’ions bienfaisants en raison de l’effet Lenard, un phéno-mène étudié par le physicien alle-mand Philipp Lenard selon lequel la collision des gouttelettes d’eau produit de l’électricité chargée négativement.

Destination… la chute Montmo-rency (plus haute, en passant, que celles du Niagara). Le secteur du bas du parc est fermé pour la saison, mais les sentiers du sommet, y com-pris l’escalier panoramique, demeu-rent accessibles. On a envie de mer ? Cap sur les îles de la Madeleine, archipel balayé par le vent, créateur de vagues. Le saviez-vous ? Voyages Gendron a concocté des forfaits aux Îles, incluant le transport en avion avec Air Canada. sepaq.comet tourismeilesdelamadeleine.com

Drogué à l’OEn doutions-nous ? S’entourer d’ar-bres nous est bénéfique. Une étude de deux chercheurs publiée dans le Journal of the American Medical Asso-ciation en juillet 2019 et menée au-près de quelque 47 000 participants

a révélé que ceux qui vivaient dans un environnement couvert d’au moins 30 % d’arbres présentaient un risque de détresse psychologique 31 % moins grand que ceux dont l’environne-ment était essentiellement constitué d’autres végétaux (arbustes, pelou-ses). Par ailleurs, il y a belle lurette que les Japonais croient dur comme fer aux vertus immunitaires de cer-taines substances volatiles (les phy-toncides) que libèrent les arbres.

Destination… la montagne et on y campe. Certains samedis, jusqu’en octobre, on peut planter sa tente au sommet du mont Ham. À 713 mètres d’altitude, on regardera de haut les Cantons-de-l’Est et on en profitera pour s’activer sur la vingtaine de ki-lomètres de sentiers qui sillonnent ce territoire abénaquis. Plus haut sommet des Laurentides, le mont Tremblant est pour sa part zébré de 11 kilomètres de sentier et à Mont-Tremblant, le Domaine Saint-Bernard nous convie à explorer ses 30 kilo-mètres de pistes boisées.montham.ca et tremblant.ca

L’hormone de l’attachementC’est à l’hôtel The Mirage, à Las Ve-gas, que j’ai entendu parler de l’ocy-tocine pour la première fois. Dans une pièce vitrée donnant sur un bassin où évoluaient des dauphins, je prenais part à un cours de yoga. Le professeur nous avait alors expliqué

Observer des animaux est une

activité apaisante, car

elle stimulerait la production de

l’ocytocyne, hormone de

l’attachement.CAROLYNE PARENT

Destination douceurEn tout temps — et peut-être aujourd’hui plus que jamais —, mère Nature se fait ré-confortante. Mais pourquoi donc ?

Le mont TremblantLYN LAFLEUR

CAROLYNE PARENT | COLLABORATION SPÉCIALE

es Japonais ont leur shinrin-yoku ou « bain forestier ». Les Scan-dinaves ont leur fri-luftsliv, une philoso-phie de vie basée sur

la connexion spirituelle de l’être hu-main à la nature. Ceux qui vont pieds nus, eux, ont l’earthing, pour se con-necter à l’énergie terrestre, à ses ver-tus supposément curatives. Pas de doute, la nature nous veut du bien !

Certains croient notamment qu’ions négatifs, zenitude de l’altitude et ocytocine pourraient être à l’origine des effets bienfaisants que l’on res-sent lorsque l’on s’attarde au bord d’un plan d’eau, au sommet d’une montagne ou auprès d’animaux. Le vivant réagissant à son environne-ment, bien connaître les interactions en cause permet de profiter au mieux de la nature en allant à la source du bien-être. Un beau programme pour retrouver un peu de calme en ces temps angoissants.

Chers ions…C’est au nom des ions négatifs, ap-paremment très positifs pour notre santé, que le fiancé granola m’inci-tait à pratiquer mon tai-chi devant le lac. Ça m’avait bien fait rigoler… sauf qu’il avait raison. Selon le Dr Hervé Robert, auteur d’Ionisation, santé,

Lque la présence de ces mammifères marins stimulait chez nous la pro-duction de l’hormone dite de l’atta-chement. Responsable de la création de liens affectifs, l’ocytocine serait à l’origine du sentiment d’apaisement qu’on ressent en observant ou en ca-ressant des animaux. Fadaise las ve-gassienne que tout ça ? Pas du tout : la zoothérapie reconnaît que l’animal peut procurer un bien-être psycho-logique aux patients. L’Institut uni-versitaire en santé mentale Douglas utilise notamment la médiation ani-male depuis 35 ans.

Destination… le Zoo de Granby, qui a de nouveaux pensionnaires : Louis et Kuchimba, deux gorilles des plaines ouest-africaines. On voudra aussi observer ces pitres de maca-ques japonais et ces amuseurs pu-blics naturels que sont les wallabies, d’adorables petits kangourous. Une autre option est la ferme d’interpré-tation. À Saint-Eustache, de la pou-ponnière au champ, Nid’Otruche nous familiarise avec le bel oiseau.zoodegranby.com et nidotruche.com

Un beau programme pour retrouver un

peu de calme en ces temps angoissants

Chaque semaine, l’autrice, chroniqueuse et journaliste voyage survole les actualités du monde touristique

MARIE-JULIE GAGNON

Le parc de la Mauricie sans la fouleEn prévision du 50e anniversaire du Parc national de la Mauricie, le 22 août, l’équipe de Parcs Canada avait concocté une programmation de rêve. La présence d’un certain trou-ble-fête réputé pour s’inviter dans les partys a cependant forcé l’équipe à faire table rase de tout plan festif impliquant un grand nombre d’hu-mains. Les amateurs de plein air peuvent tout de même venir célébrer la nature et respirer à pleins poumons en profitant des sentiers et des acti-vités nautiques offertes sur le site.

Si les aires de pique-nique Shewene-gan et du Lac-Édouard, où se trouve aussi une plage, sont très populaires, d’autres coins tout aussi charmants méritent qu’on y dépose son panier de victuailles. « Juste à côté de l’aire de pique-nique Shewenegan, il y a celle de l’Esker, plus tranquille, près de l’entrée Saint-Mathieu, indique Julie Dumont, agente de communi-cations et de relations publiques à l’Unité de gestion de la Mauricie et de l’ouest du Québec. Il y a des ins-tallations sanitaires, mais pas de casse-croûte, contrairement à celle de Shewenegan. »

« Un autre endroit méconnu et qui est vraiment génial est le lac Bou-chard, qui a été restauré, poursuit-elle. Plusieurs espèces exotiques ont été importées à l’époque des clubs de chasse et pêche et c’est dans notre mandat de ramener les lacs le plus possible à leur état naturel. C’est un beau coin tranquille et il y a une pe-tite chute. » Elle recommande aussi

l’excursion d’une journée vers les chutes Waber.

Peu importe le secteur, Julie Du-mont conseille d’arriver tôt — « avant 11 h » — et d’effectuer les réserva-tions d’embarcation à l’avance. « Ce n’est pas possible de réserver pour une demi-journée, par contre, précise-t-elle. Nous conseillons également aux gens de venir en semaine pour éviter l’achalandage. »

Qu’en est-il des tentes oTENTik, le « prêt-à-camper » de Parcs Ca-nada ? « Pour l’instant, seuls les gens qui avaient réservé avant la pandé-mie peuvent les occuper, dit-elle. Les nouvelles réservations devraient com-mencer sous peu, mais nous n’avons pas encore de date. Chaque parc gère cela selon sa situation. » Avant de se rendre sur place, mieux vaut con-sulter la page consacrée à la COVID-19 afin d’être au fait des dernières nouvelles. pc.gc.ca

Des changements de dernière minute à la SEPAQComme de nombreuses entreprises touristiques des quatre coins de la province, la SEPAQ doit composer cet été avec un manque de personnel en plus du renforcement des règles sanitaires. Pour cette raison, des changements ont dû être apportés au Parc national des Grands-Jardins, dans Charlevoix.

« Un contexte particulier de recru-tement plus difficile et des exigences sanitaires accrues en lien avec la COVID-19 ont contraint la SEPAQ à réduire une petite partie de son offre au parc national des Grands-Jardins,

résume Simon Boivin, responsable des relations avec les médias. L’un des blocs sanitaires du parc national, celui du secteur Arthabaska, fait par-tie de ce qui a dû être fermé. Plutôt que d’annuler les réservations, les séjours prévus dans les 24 emplace-ments du camping de ce secteur ont été reclassés dans la catégorie “rus-tique” (toilettes sèches, pas de dou-che) plutôt que “avec services”. Le tarif a été ajusté en conséquence à la baisse (réduction de 10,85 $ par jour) et les gens qui avaient une réserva-tion ont été avisés de la situation. »

Pour ceux qui rêvent d’une esca-pade dans l’un des parcs de la SEPAQ au cours des prochains jours, le mieux est de consulter la section « Sortie de dernière minute en nature », ac-cessible à partir de la page d’accueil du site Web. Notre meilleur atout à ce stade-ci : la flexibilité ! sepaq.com

Une tournée des microbrasseries ?Partout au Québec, les microbrasse-ries rivalisent d’imagination pour offrir à la fois des bières uniques et des expériences agréables autant pour les amateurs de houblon que pour ceux qui en sont moins friands. Quelques terrasses exceptionnelles qui ont ravi l’autrice de ces lignes (qui appartient à la seconde catégo-rie) au cours des dernières années : le Bistro de l’Anse, à L’Anse-Saint-Jean, près du fjord du Saguenay, À l’abri de la tempête, à L’Étang-du-Nord, aux Îles-de-la-Madeleine, Tête d’allumette, à Saint-André, dans la région de Kamouraska, Sir John Bre-wing co., à Lachute, dans les Basses-Laurentides, la Microbrasserie du Lac-Saint-Jean, à Saint-Gédéon, et La Chouape, à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. Il y en a bien sûr plu-sieurs autres !

Oui, il est possible de trouver de petits bouts de nature avec plus de vert que d’humains… et d’aller boire une bière bien fraîche sur une terrasse, à deux mètres de ses voisins !

Quoi faire au Québec cet été ?

Parcs nationaux, bières et autres plaisirs estivaux

À surveiller• Assurance voyage et COVID-19 : au moins

deux compagnies d’assurances, Medipac et Croix Bleue, offrent maintenant une protection à l’étranger, même pour la COVID-19. Il faut toutefois s’attarder aux détails avant de sauter dans le premier avion. L’avis du gouvernement canadien d’éviter tout voyage non essentiel était par ailleurs toujours en vigueur au moment où ses lignes ont été rédigées, ainsi que la quarantaine de 14 jours obligatoire de retour au Canada.

• Forfaits vélo avec Vélo Québec Voyages : Vélo Québec Voyages propose une dizaine de forfaits à vélo en formule En liberté avec un rabais de 25 % sur le prix de vente (avant taxes). La durée des itinéraires varie de 3 jours à 7 jours. Parmi les séjours les plus courts, mentionnons le circuit de Drummondville à Victoriaville, dans le Centre-du-Québec, celui de Gatineau à Wakefield, en Outaouais, et celui de Rivière-du-Loup à Matane, dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. veloquebecvoyages.com

• Explorer le Centre-du-Québec autrement : À la dRoute, qui a pignon sur rue à Victoriaville, invite les vacanciers à se balader dans la région grâce à différents forfaits. Celui baptisé Au cœur de 1001 trouvailles entraîne par exemple les visiteurs à la découverte d’antiquaires, de galeries d’art à ciel ouvert, de jardins, de producteurs artisans et de chemins ancestraux, en plus d’inclure des nuitées dans des gîtes. aladroute.ca

Le lac Bouchard, dans le Parc national de la Mauricie

PARCS CANADA

Page 4: Plaisirs · devant la tour Eiffel à Paris, c’était un incontournable, d’accord. Par con- ... avant d’annoncer sa visite. Comme ... plus d’un avec son mariage de go-chugaru

Plaisirs | LE DEVOIR | LES SAMEDI 1 ER ET DIMANCHE 2 AOÛT 2020C 4

Jardiner

Faut-il attendre que nos laitues aient atteint une certaine taille pour en récolter les feuilles ?Cela dépend du type de laitue, mais, de manière générale, on peut récol-ter des feuilles à tout moment. Si tu cultives de la laitue qui est censée faire une pomme de laitue, on peut la laisser pousser jusqu’à ce qu’elle ait atteint cette forme. Les feuilles de romaine, elles, on peut les cueillir tout au long de la saison.

Comment cueillir les feuilles de laitue ?Si on ne cueille que les feuilles, il faut partir de l’extérieur. Elles vont alors repousser par le centre. Et si on décide de cueillir le plan en entier, on peut en ressemer toutes les deux à trois semaines.

J’ai déjà récolté mes feuilles au fur et à mesure et, à la longue, leur goût était plus amer. Est-ce normal ?

Les laitues n’aiment pas la chaleur, elles aiment l’humidité. Donc, les laitues ont sûrement eu soif, ce qui a développé ce goût amer. C’est la même chose pour les radis.

En parlant de radis, une lectrice nous disait qu’elle n’arrivait ja-mais à bien les faire pousser. Les racines ne grossissent pas, ils font seulement des feuilles. Pourquoi ?Cela arrive aussi avec les carottes, et ce problème est souvent causé par un sol trop riche en azote. C’est iro-nique, car c’est ce qu’on veut habi-tuellement, puisque le rôle de l’azote est de favoriser le feuillage, mais c’est moins bon pour les légumes racines. On peut donc se garder un espace dans le jardin pour nos radis et nos carottes dans lequel on ne mettra pas d’engrais riche en azote.

Et les haricots, est-ce que ça grimpe toujours ?En fait, il existe deux types de hari-

PROPOS RECUEILLIS PAR GENEVIÈVE VÉZINA-MONTPLAISIR � � � �COLLABORATION SPÉCIALE, CARIBOUMAG.COM

cots, les haricots grimpants et les haricots buissonnants. Pour aider les plants de haricots grimpants à croî-tre, on peut utiliser un système de tuteurs fait de ficelles ou de bâtons de bambou.

Dernière question de la semaine, sur le compagnonnage : est-il vrai que certains légumes sont les « amis » de certains et les « en-nemis » d’autres ?Le concept de compagnonnage est davantage basé sur des connaissan-ces ancestrales que sur la science. Il n’y a pas beaucoup de recherches qui prouvent que certains compagnonna-ges fonctionnent plus que d’autres. En fait, c’est plutôt une question de logique. Il faut par exemple faire attention à ne pas placer de super gros plants côte à côte pour qu’ils ne soient pas en concurrence pour la lumière et les nutriments.

Lisez l’intégralité des questions et des réponses sur le site Web de Caribou. bit.ly/2CwmYvH

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir.La rédaction du Devoir n’a pas pris part à la production de ces contenus.

Quand et comment cueillir les laitues ?Vous vous êtes vous aussi intéressés au jardinage ce printemps et vous avez maintenant toutes sortes de ques-tions ? Marie-Hélène Dubé, de l’organisme Les Urbainculteurs, y répond. Sujets du jour : la laitue (beaucoup) et les haricots et autres radis (un peu).

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Le portrait de la semaine

Rendez-vous avec une reine de la flore urbaine

assure la pousse des semis, qui, une fois qu’ils auront atteint une taille satisfaisante, seront transférés dans le système rodé au quart de tour. Chaque graine est plantée dans un cube de fibre de noix de coco, seul substrat qui accompagnera la ver-dure jusqu’à sa maturité, un matériau compostable choisi pour faciliter une irrigation régulière. De longues piè-ces de métal blanc reçoivent ensuite les cubes, qui, jour après jour, avan-cent d’environ un pouce lorsque les bandes mûres sont retirées à l’extré-mité de la serre. En 6 à 10 semaines, les verdures sont habituellement prê-tes à être récoltées. Pour en arriver là, Camille a dû travailler dur. Il y a trois ans, cinquante espèces différen-tes poussaient à Anjou. Aujourd’hui, on en compte quinze.

Une machine muscléeBon an mal an, la serre fonctionne sept jours sur sept pour répondre aux besoins des clients des Fermes Lufa, qui commandent chaque semaine leur panier de fruits et légumes. À la diffé-rence de nombreux paniers fermiers,

La serre des fermes Lufa est humide, bourdonnante, fluorescente. Partout, les courtes verdures se dressent, classées par taille comme à l’école primaire, des plus jeunes aux plus vieilles, qui sont prêtes à quitter le nid. C’est là que Camille Dubreuil Bessette, cheffe de culture, veille à leur bon développement.

Les trois trucs de la jardinièreÊtre proactif plutôt que réactif

« Plus je passe de temps à regarder mes plantes et mes données, plus je préviens des problèmes », remarque Camille. À la maison comme au jardin, il faut surveiller les racines, le taux d’arrosage, les feuilles et les insectes une à deux fois par jour pour éviter les pépins, plus difficiles à régler une fois qu’ils sont bien installés.

Connaître les conditions des semis qu’on achète

Camille indique que l’on peut faire repousser les plants achetés aux fermes Lufa ou d’autres plants achetés en pépinière ou au marché. Encore faut-il connaître les conditions dans lesquelles la plante a grandi pour pouvoir les reproduire. Dans le cas de celles de la serre d’Anjou, on s’assure de donner un maximum de soleil et, surtout, ne pas submerger le substrat.

Développer une routine

Si nos plantes sont sur un balcon au grand soleil, il faut être prêt à arroser souvent. « Au moins chaque jour, matin et soir, si on reçoit beaucoup de soleil, et abondamment », précise la botaniste. « En pleine terre, les racines vont chercher l’eau dans le sol, donc on aura besoin de moins d’irrigation », souligne-t-elle.

La serre hydroponique des Fermes Lufa, à Anjou, où Camille Dubreuil Bessette supervise la production de

210 000 plants de laitue et de fines herbes. PHOTOS FABRICE GAËTAN

GABRIELLE TREMBLAY-BAILLARGEON | COLLABORATION SPÉCIALE

otre discussion sera ponctuellement arrê-tée par le bruit de gigantesques ventila-teurs, des appareils qui s’activent à inter-

valles réguliers pour réguler la tem-pérature de la serre hydroponique, où ne poussent que laitues et fines herbes. En effet, dans cette pépinière aussi grande qu’un terrain de foot-ball, véritable oasis de fraîcheur per-due au milieu des dédales industriels d’Anjou, rien n’est laissé au hasard.

« Tout est automatisé », explique Camille, qui arpente le sol de béton mouillé avec l’assurance de quelqu’un qui y passe tout son temps. Son em-ploi consiste principalement à gérer les variables de cette serre, qu’elle qualifie de « dernier cri » : lumière, humidité, irrigation, circulation d’air… Le système réagit aux variations du climat selon des critères déterminés (et constamment réévalués) par la cheffe de culture. « C’est une ma-chine très précise », affirme-t-elle.

Au fond, une zone de propagation sertie de lumières bleues et rouges

N

ceux de Lufa sont totalement person-nalisés par les consommateurs. Ce qui, on le devine, donne parfois du fil à retordre à la petite équipe de la serre d’Anjou. Le poste de cheffe de culture consiste également à essayer de prévoir quoi faire pousser, et sur-tout en quelle quantité.

Chaque matin, Camille commence sa journée en survolant les commandes des clients, qui devront être récoltées le soir même : 2000 plants de verdure quittent la serre au quotidien. Tra-vailler en circuit fermé sans s’arrêter demande également plus d’efforts pour le contrôle des pucerons, par exemple, le grand ennemi de Ca-mille. « On a introduit des guêpes parasitiques pour les contrôler et on fait présentement des tests avec des chrysopes », souligne-t-elle. Le plus grand défi de la serre, c’est donc de trouver une formule qui convient à toutes les plantes.

« Il faut travailler avec le système et les conditions qu’on a », affirme la cheffe de culture, qui n’utilise qu’une seule solution nutritive pour ses 210 000 plants, tous cultivés sans produits chimiques. « Je suis loin d’avoir fait le tour ici. Il y a encore plein de choses à expérimenter, à perfectionner, à améliorer… Sky is the limit chez Lufa ! » conclut-elle.

« Sky is the limit chez Lufa ! »