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OCTOBRE 2009 ÉCHANGES 15 DOTÉE D’UNE DOUBLE FORMATION D’INGÉNIEUR ET EN FINANCE, ET DÉSIREUSE DE RESTER PROCHE DU TERRAIN, SYLVIE BRETONES A SU SAISIR LES OPPORTUNITÉS QUI SE SONT PRÉSENTÉES DANS SA CARRIÈRE. ELLE FAIT LE POINT SUR SON PARCOURS. Sylvie Bretones Asset Manager, Vinci Concessions, groupe Vinci « Travailler sur du concret » Échanges : Pourquoi Vinci Concessions s’est-elle dotée d’une direction Asset Management ? SYLVIE BRETONES : Après une période relati- vement stable de 2000 à 2006, Vinci Concessions a bénéficié d’une forte croissance en 2007 et 2008. Elle a ainsi décidé de scinder son activité en deux : une activité de développement, qui s’occupe de la phase d’appel d’offres jusqu’à la mise en vigueur commerciale et au closing financier des projets, et une activité de gestion dont l’objectif est de veiller au développement de ces actifs industriels une fois que les projets ont été gagnés (construction et ex- ploitation des ouvrages). J’ai été recrutée dans le cadre de la forte croissance de notre activité, suite aux projets gagnés en 2007 et 2008. De quels projets s’agit-il ? La plupart du temps, ce sont des projets de parte- nariat public-privé (PPP), mais il peut aussi s’agir de contrats de partenariats (CP), rémunérés unique- ment par le concédant (dans ce type de contrat, la rémunération est connue d’avance sous réserve de remplir certaines obligations liées à la performance), et de délégations de service public (DSP). Le PPP, lui, pourra être rémunéré à la fois par le concédant et par l’utilisateur final pour partager les risques (c’est le cas par exemple des autoroutes en raison du risque trafic). Vos compétences sont très larges : pourquoi avoir choisi de vous spécialiser en finance après une école d’ingénieur ? Comment gérez- vous votre carrière ? J’ai en effet une double formation, technique grâce à mon diplôme d’ingénieur de l’Ecole Centrale Marseille, et financière via un mastère finance à HEC. J’ai commencé ma carrière en tant qu’analyste, mais, certainement du fait de ma formation d’ingé- nieur, je souhaitais rester proche du sous-jacent industriel en général et travailler sur du concret. J’ai donc assez rapidement rejoint le groupe Construc- tions Industrielles de Méditerranée (Cnim), un conglomérat industriel. Cnim est un constructeur ensemblier dans deux grands domaines : la thermi- que et la mécanique. Son chiffre d’affaires s’élève à 700 millions d’euros, pour un effectif mondial de 3 500 personnes. Cette taille d’entreprise autorise une certaine polyvalence car la direction financière reste petite. En tant que contrôleur de gestion, j’ai dû mettre la main à la pâte pour aider les patrons des petites filiales à construire leurs budgets, mais aussi gérer des questions juridiques, fiscales, etc. Lorsqu’il y a eu des opportunités de changement, je les ai saisies. Au sein de la branche escaliers mé- caniques et ascenseurs dédiée aux grands projets d’infrastructure, je me suis occupée d’opérations de croissance externe en France et au Canada en tant que chef de projet. Je rendais compte au directeur financier ainsi qu’au directeur de l’activité. Cela m’a permis d’acquérir une connaissance globale sur les opérations de croissance externe en coordonnant les différentes diligences comptables, techniques, commerciales, juridiques et sociales, fiscales, etc. et en participant à l’ensemble des négociations. Comment êtes-vous devenue directeur admi- nistratif et financier de filiales du groupe Cnim, puis revenue au financement de projet ? Après avoir réalisé deux opérations de croissance externe en France, j’ai demandé à rejoindre un pôle de filiales nouvellement constitué en tant que nnn parcours Sylvie Bretones Depuis novembre 2008 : Asset Manager, Vinci Concessions, groupe Vinci De février 1999 à octobre 2008 - groupe Constructions Industrielles de Méditerranée (Cnim) : - Responsable des financements structurés, administrateur de projets - Directeur administratif et financier de trois filiales - Manager financements de projets et croissance externe - Contrôleur de gestion de filiales De juin 1997 à janvier 1999 : analyste financier chez Banexi puis Détroyat Associés Membre du bureau Île-de-France de la DFCG © Jean-François Lange

Portrait Sylvie Bretones DAF DFCG Finance

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Sylvie BretonesAsset Manager, Vinci Concessions, groupe Vinci.Dotée d’une double formation d’ingénieur et en finance,et désireuse de rester proche du terrain, Sylvie Bretonesa su saisir les opportunités qui se sont présentées danssa carrière. Elle fait le point sur son parcours.

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Dotée D’une Double formation D’ingénieur et en finance,

et Désireuse De rester proche Du terrain, sylvie bretones

a su saisir les opportunités qui se sont présentées Dans

sa carrière. elle fait le point sur son parcours.

sylvie bretonesAsset Manager, Vinci Concessions, groupe Vinci

« travailler sur du concret »Échanges : pourquoi vinci concessions s’est-elle dotée d’une direction asset management ?sylvie bretones : Après une période relati-vement stable de 2000 à 2006, Vinci Concessions a bénéficié d’une forte croissance en 2007 et 2008. Elle a ainsi décidé de scinder son activité en deux : une activité de développement, qui s’occupe de la phase d’appel d’offres jusqu’à la mise en vigueur commerciale et au closing financier des projets, et une activité de gestion dont l’objectif est de veiller au développement de ces actifs industriels une fois que les projets ont été gagnés (construction et ex-ploitation des ouvrages). J’ai été recrutée dans le cadre de la forte croissance de notre activité, suite aux projets gagnés en 2007 et 2008.

De quels projets s’agit-il ?La plupart du temps, ce sont des projets de parte-nariat public-privé (PPP), mais il peut aussi s’agir de contrats de partenariats (CP), rémunérés unique-ment par le concédant (dans ce type de contrat, la rémunération est connue d’avance sous réserve de remplir certaines obligations liées à la performance), et de délégations de service public (DSP). Le PPP, lui, pourra être rémunéré à la fois par le concédant et par l’utilisateur final pour partager les risques (c’est le cas par exemple des autoroutes en raison du risque trafic).

vos compétences sont très larges : pourquoi avoir choisi de vous spécialiser en finance après une école d’ingénieur ? comment gérez-vous votre carrière ?J’ai en effet une double formation, technique grâce à mon diplôme d’ingénieur de l’Ecole Centrale

Marseille, et financière via un mastère finance à HEC. J’ai commencé ma carrière en tant qu’analyste, mais, certainement du fait de ma formation d’ingé-nieur, je souhaitais rester proche du sous-jacent industriel en général et travailler sur du concret. J’ai donc assez rapidement rejoint le groupe Construc-tions Industrielles de Méditerranée (Cnim), un conglomérat industriel. Cnim est un constructeur ensemblier dans deux grands domaines : la thermi-que et la mécanique. Son chiffre d’affaires s’élève à 700 millions d’euros, pour un effectif mondial de 3 500 personnes. Cette taille d’entreprise autorise une certaine polyvalence car la direction financière reste petite. En tant que contrôleur de gestion, j’ai dû mettre la main à la pâte pour aider les patrons des petites filiales à construire leurs budgets, mais aussi gérer des questions juridiques, fiscales, etc. Lorsqu’il y a eu des opportunités de changement, je les ai saisies. Au sein de la branche escaliers mé-caniques et ascenseurs dédiée aux grands projets d’infrastructure, je me suis occupée d’opérations de croissance externe en France et au Canada en tant que chef de projet. Je rendais compte au directeur financier ainsi qu’au directeur de l’activité. Cela m’a permis d’acquérir une connaissance globale sur les opérations de croissance externe en coordonnant les différentes diligences comptables, techniques, commerciales, juridiques et sociales, fiscales, etc. et en participant à l’ensemble des négociations.

comment êtes-vous devenue directeur admi-nistratif et financier de filiales du groupe cnim, puis revenue au financement de projet ?Après avoir réalisé deux opérations de croissance externe en France, j’ai demandé à rejoindre un pôle de filiales nouvellement constitué en tant que nnn

parcours sylvie bretones

Depuis novembre

2008 : Asset Manager,

Vinci Concessions, groupe

Vinci

De février 1999

à octobre 2008 - groupe

Constructions Industrielles

de Méditerranée (Cnim) :

- Responsable des

financements structurés,

administrateur de projets

- Directeur administratif

et financier de trois filiales

- Manager financements

de projets et croissance

externe

- Contrôleur de gestion

de filiales

De juin 1997

à janvier 1999 : analyste

financier chez Banexi

puis Détroyat Associés

Membre du bureau

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directeur administratif et financier pour pren-dre des fonctions plus opérationnelles et intégrer les sociétés récemment acquises. Le contrôle de gestion dans les PME rachetées était très restreint, il y avait donc beaucoup à faire ; cela m’a également permis d’acquérir une expérience en management en ani-mant une équipe de dix personnes. Une fois les outils et procédures développés et maîtrisés, et après 3 ans en tant que directeur financier, je suis retournée au siège pour travailler sur de gros projets pour l’activité Environ-nement, en particulier pour met-tre en place des financements structurés. J’ai notamment tra-vaillé sur un projet de centre de tri, recyclage et incinération avec valorisation énergétique de 1 milliard d’euros à Bahreïn, par-ticipé activement à la vie de nos concessions au Royaume Uni et signé un partenariat stratégique avec un fonds d’investissement en infrastructures. Après 10 ans passés dans le groupe, j’ai eu l’oppor-tunité de rejoindre Vinci Concessions.

avec qui travaillez-vous ?En tant que membre du conseil d’administration des filiales, je travaille en mode projet, avec des équipes situées à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des projets. Nous n’avons pas les mêmes relations avec les filiales où nous détenons une participation minoritaire ou majoritaire.

vous voyagez beaucoup chez vinci : comment arrivez-vous à concilier vie privée et profes-sionnelle ?Je suis impliquée dans trois projets en Grèce, deux en Allemagne, deux autres au Bénélux et un en

France, et j’y trouve beaucoup de plaisir ! Sur le plan familial, il faut une organisation sans faille. Il faut aussi être clair avec soi-même et avec ses enfants, les prévenir à l’avance du « qui fait quoi ».

comment s’organise votre journée de travail ?Mes journées sont rythmées par l’avancement des projets en cours. Mon rôle consiste à veiller à ce que les intérêts du Groupe soient bien pris en

compte au sein des consortiums (où nous cohabitons avec nos partenaires qui peuvent être par ailleurs  nos  concurrents  sur d’autres projets) et à ce que les projets se réalisent correctement. Au-delà de cela, il faut structurer le projet, se doter des bons outils, obtenir les remontées d’infor-mation nécessaires pour pouvoir suivre les indicateurs clés. Ces projets sont financés essentiel-

lement par endettement : en période de tirage, nous devons communiquer avec les conseillers techniques des banques qui vérifient que le projet se déroule conformément au business-plan. En phase de dé-marrage d’un projet, nous tenons un board par mois en général. Mon travail est également rythmé par le calendrier des revues budgétaires de Vinci (4 par an) et les clôtures trimestrielles : j’assure la coordination entre le projet et la holding qui conso-lide les résultats de l’ensemble des sociétés du Groupe.

quelles qualités faut-il avoir en dehors des aspects techniques ?Il faut communiquer avec tout le monde, être proactif et rigoureux. Les boards nécessitent une grande préparation, il faut être constant dans ses

nnn

chiffres-clés vinci concessions

Chiffre d’affaires

2008 : 4,7 milliards

d’euros (33,9 milliards

pour le groupe Vinci)

14 % du CA total

Groupe

58 % du résultat

opérationnel

77 % de la dette

du groupe Vinci

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portrait sylvie bretones

DAF et DG Doivent Former un binôme De conFiAnce

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positions et ouvert à la négociation, ce n’est pas toujours facile… Dans les projets de partenariats publics privés, les sponsors industriels d’un projet sont bien souvent présents dans la société conces-sionnaire, mais aussi dans les groupements de construction et dans les sociétés d’exploitation. En général, nos intérêts sont alignés entre nos diffé-rentes participations, mais j’ai déjà été amenée à vivre des situations différentes, ce qui, dans ce cas, ne facilite pas la relation avec nos partenaires.

la fonction financière est-elle une fonction à risque ?Oui, la fonction est de plus en plus exposée. Pour autant, et notamment dans les situations de retour-nement, un directeur financier peut proposer, mais s’il n’a pas l’appui de son directeur général, il ne peut pas mettre en place des mesures de correction. J’attache une grande importance à la qualité de la relation humaine entre le DAF et son DG : ils doivent former un binôme de confiance. n

Propos recueillis par anne bechet

né de la fusion en 2000 de SGE et du groupe GTM, Vinci est un groupe très décentralisé et leader sur l’ensemble de ses métiers. Vinci Concessions gère aujourd’hui un portefeuille d’une trentaine de concessions, c’est le premier opérateur européen de concessions d’infrastructures de transport et le premier opérateur privé de concessions autoroutières au monde. Ses filiales les plus importantes sont : • vinci autoroutes, qui regroupe les quatre sociétés autoroutières (Autoroutes du Sud de la France – ASF – Cofiroute, Escota et Arcour) représentant un réseau de 4 374 km, soit près de 50 % du réseau autoroutier concédé français.• vinci park, 2e exploitant européen et leader mondial du stationnement concédé, qui gère 1 220 000 places réparties entre la France et l’international. Cette activité se développe très fortement aux États-Unis.• vinci airports, qui gère 4 aéroports en France en partenariat avec Keolis Airport (Grenoble-Isère, Chambéry-Savoie, Clermont-Ferrand-Auvergne et Quimper Cornouaille) et 3 aéroports au Cambodge, pour un trafic total de plus de 4,5 millions de passagers.

présentation du groupe vinci