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Académie de Paris
Inter-Région Ile-de-France
Coordonnateur : Professeur Benoît Plaud
Année 2017
Mémoire pour l’obtention du
Diplôme d’Etudes Spécialisées d’Anesthésie Réanimation
Présenté et soutenu le 13 septembre 2017 par
Sarah Sabbagh
Prise en charge anesthésique des césariennes en cas de
placenta percreta
U.F.R. de Médecine :
Université de Médecine Paris Descartes
Directeur du mémoire : Docteur Catherine Fischer
Service : Anesthésie-Réanimation, hôpital Cochin
Relu et validé par : Professeur Christophe Baillard
Rapporteur : Professeur Catherine Paugam-Burtz
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SOMMAIRE
ABREVIATIONS 3 Résumé 4 I. Introduction 5
1. Définitions 5 2. Physiopathologie 5 3. Incidence 6 4. Facteurs de risque 7 5. Diagnostic 7 6. Traitement 10
a. Information du couple 10 b. Organisation de l’accouchement 11 c. Procédures en cas de diagnostic anténatal 12 d. Mesures associées à la prise en charge des placentas accreta 15 e. Procédures en cas de diagnostic fortuit au cours de l’accouchement 16 f. Cas du placenta percreta 16
7. Prise en charge anesthésique 17 8. Objectif de l’étude 21
II. Matériels et Méthodes 22 1. Population d’étude et critères d’inclusion 22 2. Données recueillies 22 3. Analyse statistique 23
III. Résultats 24 IV. Discussion 35 V. Conclusion 44 VI. Bibliographie 45
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ABREVIATIONS
AG : Anesthésie générale
AIP : Anomalie d’insertion placentaire
ALR : Anesthésie loco-régionale
APD : Anesthésie péridurale
ARCF : Anomalie du rythme cardiaque fœtal
CGR : Culot globulaire
DM : Données manquantes
IRM : Imagerie par résonance magnétique
PFC : Plasma frais congelés
RA : Rachianesthésie
RPC : Rachipéridurale combinée
RPM : Rupture prématurée des membranes
SA : Semaines d’aménorrhée
SD : Standard déviation
EAU : Embolisation des artères utérines
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Résumé
Introduction: Les anomalies d’insertion placentaire constituent une cause rare mais
croissante des hémorragies du postpartum dont la prise en charge n’est pas clairement
codifiée. Objectif: Description de la prise en charge peropératoire des patientes atteintes de
placenta percreta.
Type d’étude : étude de cohorte monocentrique, rétrospective
Patients et méthodes : Entre 2003 et 2017, dans une unité de maternité de niveau 3, toutes
les femmes présentant un placenta percreta ont été incluses. Dans les cas de placenta
percreta suspectés en préopératoire, la stratégie multidisciplinaire consistait en une gestion
conservatrice (préservation utérine) a priori. Les résultats sont exprimés en nombre et % ou
médiane (extrêmes).
Résultats : 51 femmes ayant un placenta percreta ont été prises en charge par césarienne
programmée (n=27) ou césarienne en urgence (n=24). Un traitement conservateur a pu être
effectué chez 15/27 césariennes programmées (55%) et 9/24 césariennes réalisées en
urgence (37%) mais avec un taux d’hystérectomie secondaire important (67%) identique
dans les deux groupes (10/15 et 6/9 respectivement). Le taux de préservation utérine était
finalement de 15,6%. Une anesthésie générale première a été réalisée dans 21 cas (41%) et
une anesthésie locorégionale seule dans 11 cas (22%). Une rachianesthésie suivie d'une
anesthésie générale a été réalisée dans 19 cas (37%). Les patientes ayant nécessité une
césarienne en urgence ont été plus fréquemment polytransfusées (plus de 5 CGR) 14/22
(64%) que celles ayant nécessité une césarienne programmée 7/27 (26%), p=0,001. La
proportion de patientes ayant reçu plus de 5 CGR était plus importante dans le groupe
césarienne-hystérectomie 18/27 (67%), par rapport au groupe traitement conservateur 3/24
(12,5%), p=0,0001. Le recours aux catécholamines a été nécessaire dans 6 cas (10%). Un
cathéter de monitorage de la pression artérielle invasive a été posé chez 28 patientes (55%).
Conclusion : Nos résultats confirment qu’en cas d’insertion placentaire de type percreta, le traitement conservateur, classiquement recommandé dans cette situation, réduit le risque
hémorragique mais les complications à distance sont nombreuses dont celle d’une
hystérectomie d’hémostase secondaire. La stratégie devrait inclure un monitorage
hémodynamique pour l’ensemble des patientes. Si la prise en charge, en cas d’insertion
placentaire de type accreta, est actuellement mieux codifiée, l’insertion percreta est
beaucoup plus rare et beaucoup plus difficile à gérer car les choix thérapeutiques peuvent
être modifiés en fonction des constations per opératoires.
Mots clés : placenta percreta, traitement conservateur, césarienne-hystérectomie, transfusion, remplissage.
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I. Introduction
1. Définitions Le placenta accreta, increta, et sa forme extrême, le placenta percreta sont des anomalies
de l'insertion placentaire. Le placenta accreta est un terme général désignant toutes les
formes cliniques où une partie du placenta ou le placenta entier envahit la paroi utérine. Ils
se caractérisent par une invasion du myomètre par les villosités trophoblastiques, liée à une
altération de la décidue (endomètre spécialisé correspondant à la partie maternelle du
placenta)(1). L’hystérectomie en cas de percreta peut s’avérer délicate du fait de l’invasion
des organes de voisinage.
2. Physiopathologie
La physiopathologie du placenta accreta est mal connue mais des hypothèses sont
avancées : remodelage vasculaire maternel excessif, invasion trophoblastique excessive,
déficit de la décidue. Les mécanismes exacts de l’adhérence anormale et de la croissance
du tissu placentaire n’ont pas encore été totalement élucidés.
Garmi et al.(2) ont étudié le rôle de l’altération de la décidue dans l’invasion trophoblastique
excessive en utilisant des cellules trophoblastiques saines. Ils ont montré qu’un déficit
qualitatif et quantitatif en décidue entraine une augmentation du potentiel d’invasion des
cellules trophoblastiques à l’origine du placenta accreta. Cependant, Cohen et al ont montré
que le cytotrophoblaste sécrète des facteurs qui favorisent l’invasion et que la décidue ne
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semble pas jouer un rôle majeur dans la régulation de l’invasion trophoblastique in vitro(3).
Tseng et Chou ont émis l'hypothèse que l'expression anormale des facteurs de croissance et
d’angiogenèse placentaire et de facteurs liés à l’invasion au niveau des cellules
trophoblastiques sont les principaux facteurs responsables de l'apparition du placenta
accreta(4). Les données de Tantbirojn et al suggèrent que l’invasion des gros vaisseaux du
myomètre le plus externe à proximité de la séreuse est plutôt favorisée par l’existence d’une
cicatrice utérine qu’à un excès de croissance trophoblastique préexistant qui serait
responsable d’une invasion incontrôlée à travers toute la profondeur du myomètre à l’origine
d’un placenta accreta(5). Ces derniers résultats pourraient en partie expliquer le fait que les
antécédents de césarienne ou de cicatrice utérine constituent un facteur de risque majeur
dans la survenue d’un placenta accreta.
Le placenta accreta peut être méconnu et découvert au décours de l’accouchement après
échec de délivrance complète entrainant une hémorragie du postpartum sévère qui peut
conduire à une hystérectomie d’hémostase. L’insertion des villosités trophoblastiques dans
la profondeur du myomètre ne permettent pas de délimiter un plan de clivage
utéroplacentaire. Les conséquences des anomalies d’insertion placentaire sont associées à
des taux de mortalité maternelle rapportés dans la littérature aux alentours de 7 %(6).
Ces anomalies placentaires sont responsables de 35 à 50% des hystérectomies du peri-
partum dans les études récentes(7).
3. Incidence
L’incidence du placenta accreta est en augmentation constante, de 0.08% il y a 30 ans à
0.3% dans la dernière décennie(8). Le taux de placenta accreta rapporté dans les études
observationnelles, descriptives et rétrospectives, peu nombreuses, semble croître
parallèlement à celui des césariennes depuis les trente dernières années. En effet, Wu et al.
ont rapporté une incidence de placenta accreta de 1 sur 533 grossesses durant la période
1982-2002(9), ce qui contraste avec les précédents rapports qui situaient l’incidence de
placenta accreta de 1 sur 4 027 grossesses dans les années 70 à 1 sur 2 510 durant la
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période 1985-1994(10). En parallèle, Gielchinsky et al. ont évalué l’incidence de placenta
accreta à 0,9% durant la période 1990-2000(11).
4. Facteurs de risque
Toute intervention ou pathologie modifiant l'intégrité de l'endomètre (césarienne, curetage,
myomectomie, cure de synéchies, endométrite) constitue un facteur de risque d'implantation
placentaire anormale(12). Les autres facteurs de risque identifiés sont : l'âge maternel
supérieur à 35 ans, la multiparité ainsi que la présence d'un placenta prævia. Un placenta
accreta/percreta survient principalement en cas d’insertion praevia. Dans l'étude de Miller et
al., le risque relatif de placenta accreta/percreta est de 2065 (IC 95% 944-4516) en cas de
placenta prævia(10). Le risque de placenta prævia est lui-même augmenté par le nombre de
césariennes antérieures et l'âge maternel avancé de même que celui de survenue d'un
placenta accreta/percreta(13). L’association d’un placenta prævia et d’un ou plusieurs
antécédents de césarienne constituent donc une situation à haut risque. Ce risque est
majoré de façon exponentielle avec le nombre de césariennes antérieures. Il est
indispensable de dépister précocement ces anomalies d’insertion afin de pouvoir organiser
une prise en charge ou un transfert dans un établissement doté d’un plateau technique
adapté au risque hémorragique.
5. Diagnostic
Le diagnostic de certitude de placenta accreta est anatomopathologique. Il est donc
essentiel d’identifier les patientes à risque en prénatal afin d’organiser une prise en charge
optimale.
Deux situations peuvent se présenter :
- Le diagnostic de placenta accreta est suspecté en anténatal lorsque des facteurs de
risques sont présents et orientent le dépistage ou sur les données échographiques
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- Un diagnostic au moment de la délivrance lorsque celle-ci s’avère difficile ou
impossible. Cette situation est une extrême urgence et doit faire évoquer
immédiatement le diagnostic car le risque hémorragique est très élevé.
L’objectif du dépistage prénatal est d’évaluer la balance bénéfice/risque entre les différentes
stratégies possibles (traitement conservateur, césarienne-hystérectomie), anticiper le risque
d’hémorragie massive et optimiser la prise en charge. En effet, une étude américaine a
montré en 2010 sur une série rétrospective de 99 cas que le diagnostic anténatal associé à
une césarienne programmée à 34-35 SA sans tentative de délivrance (traitement
conservateur) a permis une diminution des CGR transfusés et le volume des pertes
sanguines en comparaison avec une découverte fortuite en per partum(14). Une autre étude
rétrospective Scandinave de 44 patientes en 2011 a également mis en évidence une
diminution de la morbidité maternelle en cas de diagnostic prénatal de placenta accreta (15).
En prénatal, le diagnostic est suspecté en cas de facteurs de risque (placenta praevia,
antécédent de césarienne et métrorragies en cours de grossesse) et exploré par
l’échographie-Doppler, examen de première intention, complétée par l’IRM (imagerie par
résonance magnétique).
La spécificité de l’échographie-Doppler n’est pas démontrée dans le cadre du dépistage
systématique d’un placenta accreta. En effet, plusieurs études ont montré qu’il existe des
faux positifs par l’échographie-Doppler(16)(17). Elle reste néanmoins l’examen le plus
sensible pour le diagnostic de placenta accreta en raison de sa précision, de son caractère
non-invasif et son faible coût avec une valeur prédictive positive entre 66% et 92% et une
valeur prédictive négative de 98%(18). Parmi les signes échographiques évocateurs : la
présence de lacunes anéchogènes est le signe le plus fréquemment retrouvé avec une
sensibilité de 78 à 93%. Les autres arguments échographiques sont : la perte du liseré
hypoéchogène (peu sensible) et l’interruption de la zone hyperéchogène à l’interface de la
séreuse utérine et de la vessie. Selon Comstock et al., ces différents signes pourraient être
présents et détectables dès 16 SA(19).
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L’apport de l’échographie 3D et du Doppler énergie sont actuellement en cours d’évaluation
dans le dépistage. Ils pourraient avoir un intérêt pour l’évaluation préopératoire de
l’extension de la vascularisation placentaire et aider à l’exploration du réseau vasculaire(20).
L’IRM, examen de seconde intention, est indiquée pour les femmes présentant des facteurs
de risque (incluant un antécédent d’une ou plusieurs césariennes associées à un placenta
bas inséré) et pour celles dont l’échographie fait suspecter le diagnostic d’AIP.
Elle a pour but d’affiner le dépistage anténatal en cas de fort doute à l’échographie et
d’évaluer le degré de sévérité de l’AIP. L’étude la plus intéressante et la plus proche de la
pratique clinique est celle de Warshak et al où 453 patientes à risque d’AIP (utérus cicatriciel
ou implantation basse du placenta) ont été dépistées par échographie-Doppler et si un
placenta accreta était suspecté, une IRM était réalisée. L’IRM a permis d’éliminer le
diagnostic chez 14 sur 16 faux positifs retrouvés par l’échographie-Doppler(18). En cas de
localisation placentaire postérieure, l’IRM fournit des indications pertinentes et peut
permettre d’éliminer les faux positifs retrouvés par l’échographie Doppler(16). Une série
prospective de 300 cas publiée en 2005 a démontré la performance de l’IRM pour décrire le
degré d’invasion placentaire et préciser ses liens avec le système vasculaire anastomotique
régional(21). De plus, elle permet de préciser les rapports anatomiques avec les organes
voisins et la vascularisation placentaire, de mettre en évidence les zones hétérogènes
correspondant aux lacunes observées en échographie. La disparition de la ligne basale
normale et l’amincissement focal du myomètre ainsi qu’un bombement anormal du segment
inférieur constituent des arguments en faveur du diagnostic.
En cas de suspicion de placenta percreta, l’IRM avec injection de gadolinium permet
d’obtenir une cartographie du réseau vasculaire abdomino-pelvien et de rechercher
d’éventuelles anastomoses artério-veineuses ou de troncs vasculaires aberrants. Cette
cartographie vasculaire en préopératoire peut être d’une grande aide pour le chirurgien et le
radiologue dans les choix de prise en charge chirurgicale ou en cas de recours à
l’embolisation.
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Cependant, s’il existe une forte suspicion de placenta accreta à l’échographie-Doppler, le
résultat de l’IRM, même s’il est négatif, ne doit pas modifier la stratégie obstétricale. La
combinaison des deux examens permet d’augmenter la spécificité de chacun permettant
d’éliminer au maximum les faux positifs et d’évaluer le degré d’invasion placentaire dans le
myomètre et les organes de voisinage.
Concernant les examens biologiques, la créatine kinase et l’alpha foetoprotéine seraient
élevées dans le sang maternel mais les données actuelles restent insuffisantes pour pouvoir
utiliser ces marqueurs en pratique clinique.
6. Traitement
Le choix de la stratégie de prise en charge des AIP dépend du degré d’invasion placentaire à
l’imagerie anténatale, des constatations per partum, et du désir maternel.
Par ailleurs, deux situations doivent être considérées : celle où le diagnostic d’AIP est fait au
moment de la délivrance et celle où le diagnostic est suspecté en anténatal. Dans ce dernier
cas, il convient de distinguer les formes de placenta accreta des formes plus sévères que
sont les placentas percreta.
a. Information du couple
L’information de la patiente et de sa famille des risques de complication est primordiale. Il est
important de s’enquérir de son désir de grossesse ultérieure afin de mettre en place une
stratégie opératoire adaptée. Tous les scénarii doivent être évoqués et discutés, notamment
la transfusion, les embolisations, le séjour en réanimation, les complications (sepsis,
hémorragie, décès) et le risque d’hystérectomie. Le choix du terme de la césarienne doit
permettre de réduire le risque de mise en travail spontané avant la date prévue sans exposer
le nouveau-né à une trop grande prématurité. En effet, une étude multicentrique a montré
que 23,9% (27/113) des patientes avec placenta accreta qui avaient une césarienne
programmée accouchaient en urgence. De plus l’équipe d’O’Brien a trouvé qu’après 35 SA,
93% des patientes avec placenta accreta présentaient des métrorragies conduisant à un
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accouchement en urgence. Warshak et al. ont proposé que les femmes suspectées d’avoir
un placenta accreta devaient être programmées pour une césarienne-hystérectomie entre 34
et 35 SA(14).
b. Organisation de l’accouchement
Les données de la littérature suggèrent qu’une prise en charge multidisciplinaire et
coordonnée dans un centre de référence adéquat avec des équipes anesthésiques et
obstétricales entrainées diminue la morbidité maternelle.
Eller et al. ont comparé en 2011 les complications de placenta accreta chez 141 patientes,
dont 79 prises en charge dans un centre de référence et 62 dans un centre standard. Ils ont
mis en évidence une diminution de la morbidité de 50%, une diminution du besoin
transfusionnel et une diminution des reprises chirurgicales pour saignement dans le cas
d’une prise en charge dans un centre de référence(22). Shamshirsaz et al.,en 2014, ont
étudié 90 patientes atteintes de placenta accreta, confirmés histologiquement. Ils ont mis en
évidence que les 57 patientes inclues dans un protocole de prise en charge multidisciplinaire
dans un des centres de niveau 3 (avec un pourcentage plus élevé de placenta percreta) ont
présenté moins de saignement, ont nécessité moins de transfusion comparées aux 33
patientes prises en charge de manière standard dans ces mêmes centres. De plus, grâce à
une organisation protocolisée et adaptée, les 57 patientes ont pu bénéficier d’un
accouchement programmé(23). Wright et al. ont aussi pu noter en 2010 une diminution de la
mortalité maternelle des patientes présentant des hémorragies du post-partum prises en
charge dans des centres de référence comparées à celles traitées dans des centres
standards(24). Dans le cas d’un placenta accreta, l’élaboration de la stratégie de prise en
charge doit être synthétisée en réunion multidisciplinaire regroupant gynécologues
obstétriciens, urologues, anesthésistes, radiologues et chirurgiens digestifs disposant des
paramètres d’évaluation du degré de l’invasion placentaire et, en particulier, en extra-utérin.
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c. Procédures en cas de diagnostic anténatal La prise en charge d’un placenta accreta suspecté avant l’accouchement consiste
actuellement à ne pas tenter une délivrance forcée qui peut provoquer une hémorragie
cataclysmique. Il est recommandé, dans tous les cas, de réaliser une césarienne avec une
incision fundique verticale au-dessus de l’insertion placentaire(25).
Différents types d’attitudes sont possibles :
- Une méthode extirpative consistant en une tentative de délivrance manuelle forcée
du placenta qui s’accompagne d’un risque majeur d’hémorragie du postpartum et
d’hystérectomie, cette stratégie n’est pas recommandée si le diagnostic est connu ou
fortement suspecté car le risque d’hémorragie incontrôlable est majeur.
- Un traitement radical consistant en une césarienne ou un accouchement voie basse
associée à une hystérectomie recommandée par le Collège Américain de
Gynécologie-Obstétrique(8), considéré comme le traitement de référence.
- Un traitement dit conservateur consistant, après l’extraction fœtale, à abandonner le
placenta accreta in utero sans aucune tentative d’extraction. Cette stratégie permet
de réduire d’environ 50% le volume de sang transfusé et permet une préservation de
la fertilité(26).
v Traitement radical : césarienne-hystérectomie
Le traitement radical a été longtemps le seul traitement décrit en cas de placenta accreta, il
reste le seul traitement recommandé aux Etats-Unis(27). Cette procédure a pour objectif de
limiter les risques de saignement en réalisant une hystérectomie pendant la césarienne
après la naissance de l'enfant sans tenter de retirer le placenta, lorsque le diagnostic de
placenta accreta est fortement suspecté en anténatal ou après un échec de tentative de
retrait placentaire lorsque celui-ci n'a pas pu être établi avant la délivrance pendant un
accouchement voie basse ou une césarienne.
Le taux de mortalité maternelle après césarienne-hystérectomie est faible (parmi 95 morts
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maternelles sur 1 461 270 naissances, entre 2000 et 2006, seul un décès dû à un placenta
accreta a été rapporté)(25), mais peu d’études ont évalué la morbidité après traitement
radical. L’étude d’Eller, en 2009, à propos de 76 cas survenus entre 1996 et 2008, retrouve
après césarienne-hystérectomie un taux de transfusion de 41,2%, un taux de cystotomie de
28,9%, un taux de lésions urétérales de 6,6% et au total une morbidité majeure chez environ
59% des femmes sans aucun décès rapporté(28). Dans cette analyse rétrospective, la
morbidité maternelle apparaît significativement réduite lorsqu’aucune tentative de délivrance
forcée n’est réalisée. Les auteurs ont relevé un taux de faux positifs de placenta accreta de
28% après analyse anatomopathologique des pièces d’hystérectomies(28). Les lourdes
conséquences (infertilité définitive) d’un tel traitement doivent être mises en balance avec le
risque d’erreur diagnostique. Warshak et al., en 2010, ont décrit un taux de morbidité du
traitement radical similaire à celui retrouvé par Eller et al(14). La césarienne-hystérectomie
dans ce contexte s’accompagne de complications maternelles importantes : transfusions
massives (25 à 84%), plaies vésicales (20 à 29%) et urétérales (3 à 8%) ainsi que l’infertilité
définitive et ses conséquences psychologiques pour les patientes(28)(14). La parité est donc
un élément important à prendre en compte dans la stratégie thérapeutique : le traitement
radical est plus facilement proposé pour des patientes multipares.
v Traitement conservateur
Depuis le milieu des années 1980, plusieurs séries de cas de traitement conservateur ont
été rapportés dans la littérature. Arulkumaran et al. ont été les premiers à décrire, en 1986,
le traitement médical du placenta accreta par méthotrexate après chirurgie
conservatrice(29)(30)(31). Il consiste à extraire le nouveau-né, abandonner le placenta in
utero et conserver l’utérus. Ce traitement a été initialement utilisé dans des cas de placenta
accreta ou percreta avec difficultés per opératoires prévisibles, rendant l’hystérectomie trop
risquée. Par la suite, certaines équipes, essentiellement françaises, ont adopté cette prise en
charge de façon plus systématisée. Ainsi, dès 2003, Courbière et al. publient une série
rétrospective de 23 cas de placenta accreta dont 13 patientes ayant bénéficié de traitement
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conservateur; dans cette série, deux hystérectomies secondaires ont été réalisées pour
saignements, et deux grossesses ultérieures ont été observées(32).
Le traitement conservateur présente un intérêt évident de conservation de la fertilité et
diminue la morbidité maternelle immédiate. Les rares études comparant les complications du
traitement conservateur au traitement radical mettent en évidence des pertes sanguines
moins importantes en cas de conservation utérine(33)(26). Ainsi, Kayem et al., en 2004, ont
comparé deux périodes consécutives caractérisées par un changement de prise en charge :
une première période de 1993 à 1997 incluant 13 patientes présentant un placenta accreta
et bénéficiant d’une extirpation forcée du placenta, suivie d’une hystérectomie en cas
d’hémorragie sévère et une deuxième période 1997 à 2002 incluant 20 cas de placenta
accreta pris en charge de manière conservatrice. Les volumes transfusés en culots
globulaires (3,2 litres versus 1,5 litres, p
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d. Mesures associées à la prise en charge des placentas accreta
v Méthotrexate Un traitement adjuvant par méthotrexate est proposé par certains auteurs lorsque l’option
d’un traitement conservateur est choisie, l’objectif étant d’accélérer la résolution
placentaire(35). Du fait d’une faible vitesse de renouvellement cellulaire placentaire, son
intérêt semble limité. De plus, il n’existe actuellement aucun dosage standard et la voie
d’administration varie selon les auteurs. Seul un cas est décrit dans la littérature et son
efficacité dans cette indication n’a jamais été démontrée(36). Le Collège Royal des
Obstétriciens et Gynécologues ne recommande pas son utilisation en routine en raison
notamment d’effets secondaires importants tels qu’une neutropénie ou une aplasie
médullaire entraînant des complications infectieuses majeures, qui s’élèvent à environ 30%
en cas de persistance d’un placenta en intra-utérin et sont majorées par l’administration de
méthotrexate(34).
v Embolisation des artères utérines
L’embolisation des artères utérines (EAU) est la première des techniques décrites pour la
prise en charge des placenta accreta en 1993(37). Les cathéters d’embolisation peuvent être
mis en place dans les artères utérines avant l’intervention chirurgicale permettant leur
utilisation en peropératoire lors de la césarienne-hystérectomie en cas de saignement ou en
post-opératoire lorsque le saignement persiste après hystérectomie(38)(39). Les techniques
d’embolisation peuvent aussi constituer une composante du traitement en cas de traitement
conservateur. Depuis sa première utilisation en 1993, le taux d’échec est de 23,3%(40).
L’embolisation thérapeutique a été proposée en cas d’hémorragie postopératoire lorsque le
placenta est laissé in situ(40). L’EAU associée au traitement conservateur peut être une
alternative thérapeutique pour les patientes chez qui la fertilité doit être préservée(33).
Cependant, l’embolisation artérielle s’accompagne d’une morbidité propre, plusieurs
complications ont été rapportées, en particulier des cas de nécrose utérine(34).
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v Ballonnets artériels Un ballonnet endovasculaire peut être mis en place de manière prophylactique dans les
artères iliaques internes sous contrôle radiologique pour pouvoir être gonflé en cas
d’hémorragie durant la césarienne après l’extraction fœtale. En réduisant le flux sanguin vers
les artères utérines grâce au gonflement du ballonnet en peropératoire, l’objectif est de
diminuer le volume des pertes sanguines, d’améliorer la visualisation du champ opératoire
jusqu’à ce que l’hémostase ou l’hystérectomie soient réalisées. Cette technique peut aussi
être proposée après traitement conservateur en cas de saignement permettant de différer
une hystérectomie d’hémostase. Mais les données de la littérature sont insuffisantes pour
recommander l’utilisation de ces techniques (EAU et ballonnets artériels).
e. Procédures en cas de diagnostic fortuit au cours de l’accouchement
Dans certaines situations, le diagnostic d’AIP n’est pas suspecté en anténatal. Il peut être fait
au décours d’un accouchement par les voies naturelles, au moment de la délivrance en
l’absence de plan de clivage retrouvé entre le placenta et l’utérus. Dans ce cas-là, la
délivrance forcée ne doit pas être tentée en raison du risque hémorragique majeur. Si
l’hémodynamique est stable, un traitement conservateur peut être tenté. Si la patiente
présente une hémorragie du postpartum sévère, la prise en charge doit être faite selon les
recommandations actuelles(46). Cependant, le plus souvent l’hémorragie n’est pas contrôlée
par des agents utérotoniques standards. L’embolisation des artères utérines ou la ligature
des artères hypogastriques peuvent être réalisées ainsi que la mise en place d’un dispositif
de tamponnement intra-utérin. D’autres techniques de compression utérine ont été
proposées mais n’ont pas été évaluées dans ce contexte. En cas d’échec, le recours à
l’hystérectomie d’hémostase doit être envisagé le plus rapidement possible.
f. Cas du placenta percreta
Les risques spécifiques liés à l’insertion, le plus souvent antérieure, du placenta percreta
sont liés à l’envahissement des organes de voisinage, le plus souvent vésical responsable
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de complications urologiques peropératoires évaluées à 72,2%(25). Le placenta percreta est
défini par une invasion placentaire franchissant la séreuse utérine associée à des
remaniements vasculaires pelviens parfois majeurs. La pénétration du placenta dans les
organes voisins compromet l’efficacité d’une hystérectomie sur l’hémorragie et peut
nécessiter des gestes chirurgicaux complémentaires. Il représente environ 20% des cas
d’AIP. Les facteurs de risques et le dépistage diffèrent peu de ceux d’un placenta accreta.
Son taux de morbidité (25%) et de mortalité (5,6%) sont supérieurs à ceux des placentas
accreta(6)(34). La stratégie de prise en charge chirurgicale est plus complexe. Auparavant
tous les placentas percreta bénéficiaient d’un traitement conservateur en raison des
difficultés opératoires attendues et des risques de saignement majeurs. Aujourd’hui, grâce
aux performances des techniques d’imageries, il est possible de mieux préciser l’anatomie et
le degré d’envahissement des organes de voisinage permettant dans certains cas de réaliser
une césarienne-hystérectomie d’emblée.
v Place des sondes urétérales
Des sondes urétérales peuvent être mises en place en préopératoire immédiat en cas
d’atteinte percreta, en particulier en cas de visualisation d’un réseau vasculaire anarchique
important. En effet, préserver l’intégrité des uretères est l’un des enjeux en cas
d’hystérectomie, notamment en contexte hémorragique. La mise en place de sondes
urétérales avant de débuter la césarienne peut guider le chirurgien dans la dissection et
l’accès aux axes vasculaires hypogastriques et utérins. Les uretères pourront alors être
facilement disséqués et repérés sur des lacs.
7. Prise en charge anesthésique
Si les placentas prævia sont des situations à risque hémorragique, les placentas accreta, a
fortiori percreta, sont de vraies situations d’hémorragie obstétricale, parfois cataclysmique,
pouvant engager le pronostic vital. La technique d’anesthésie à privilégier pour les
césariennes dans un contexte d’anomalies d’insertion placentaire fait l’objet de controverses.
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La prise en charge anesthésique doit être anticipée au cours d’une consultation spécifique,
qui comporte notamment la réalisation d’un bilan pré-transfusionnel et la mise en réserve de
produits sanguins labiles appropriés. Il est nécessaire d’effectuer la consultation
d’anesthésie précocement pour proposer une démarche anesthésique adaptée à la
technique opératoire proposée. Dans la série de 23 patientes où un placenta accreta est
diagnostiqué en ante-partum de Lilker en 2011(47), la consultation d’anesthésie était
programmée entre 24 et 28 SA permettant une évaluation globale en vue d’une anesthésie
générale. Des explications concernant les différentes techniques d’anesthésie combinées
pouvant être utilisées, le recours au monitorage invasif, le risque de transfusion et la
possibilité d’une admission en USI ont pu être données au cours de cette consultation
dédiée. Dans cette étude, 6 patientes sur 23 ont eu une anesthésie générale associée à une
péridurale et 17 patientes ont bénéficié d’une ALR seule. Au total 5 patientes ont eu une
conversion en AG dans le groupe ALR seule, en raison de saignements peropératoires
importants dans 4 cas et d’une anesthésie inadéquate dans 1 cas. Dans cette étude
rétrospective, la mise en place de cathéters fémoraux en préopératoire avait été réalisée
sous ALR. Si une embolisation des artères utérines était nécessaire en post-opératoire en
cas d’hémorragie du post partum, la technique d’anesthésie choisie était l’ALR. 35% des
patientes au total ont présenté des pertes sanguines supérieures à 2L.
Une enquête sur les pratiques anesthésiques menée sur toutes les maternités d’Israël, en
2015, a montré qu’en cas de forte suspicion de placenta accreta, 96,2% des équipes
pratiquaient une anesthésie générale et 4,3% une rachianesthésie. Si le degré de suspicion
était faible, une rachianesthésie était réalisée dans 23,1% des cas, une anesthésie générale
dans 69,2% et une rachipéridurale combinée dans seulement 7,7% des cas (48). Dans cette
étude, l’accouchement était programmé le plus souvent après 36 SA, 84,6% des maternités
disposaient de procédures de transfusion massive mais l’utilisation d’un Cellsaver® ne
concernait que 19,2% des structures interrogées. L’étude rétrospective monocentrique de
Taylor et al. publiée en 2017, portant sur 40 césariennes pour placenta accreta/percreta
confirmé au cours de la chirurgie montre que, si 95% des interventions étaient débutées
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sous rachipéridurale combinée (RPC), une conversion en anesthésie générale était
pratiquée dans 45% des cas, dont la moitié avant la naissance. Les motifs de conversion
étaient divers : inconfort, instabilité hémodynamique, durée de l’intervention(49). Les auteurs
font état des modifications de pratiques anesthésiques sur la durée de l’étude. En effet au
cours des premières années, la technique de RPC était classique « needle through needle »
lombaire basse, alors que les 12 derniers mois, les anesthésistes utilisaient une technique
de rachipéridurale combinée en deux espaces (pose d’un cathéter péridural thoracique bas
et réalisation d’une rachianesthésie au niveau lombaire). Le bénéfice attendu de la mise en
place d’un cathéter péridural au niveau thoracique était de permettre une supplémentation
anesthésique peropératoire plus efficace, réduisant l’inconfort peropératoire et une prise en
charge analgésique postopératoire optimale par PCEA.
Le choix de la technique anesthésique est multifactoriel. Il doit prendre en compte le souhait
de la parturiente, l’existence d’éventuelles comorbidités maternelles, la difficulté d’accès aux
voies aériennes, l’expérience de l'équipe anesthésique et la technique chirurgicale.
L’anesthésie générale d’emblée pour une césarienne programmée, lorsque le diagnostic est
connu ou fortement suspecté, permet aux anesthésistes de se concentrer sur la
compensation des pertes sanguines et sur la stabilisation du système cardiovasculaire ; elle
permet la mise en place des dispositifs de monitorage hémodynamique invasifs. Elle évite
également d’être confronté à une conversion en anesthésie générale en contexte d’urgence
vitale et/ou en cas d’instabilité hémodynamique. Depuis quelques années, la proportion de
patientes bénéficiant d’une anesthésie locorégionale est en augmentation, les avantages
sont multiples. Elle permet à la patiente de se sentir impliquée dans l’accouchement et
d’établir le premier lien mère-enfant dès la naissance. Elle facilite la pose de ballonnets
endovasculaires iliaques ou de sondes urétérales préopératoires. Elle minimise le passage
transplacentaire des drogues anesthésiques et permet de réduire l’utilisation d’halogénés qui
majorent le risque d’atonie utérine. La mise en place d’un cathéter péridural peut être utilisée
pour l’analgésie post-opératoire. Pour certains auteurs, grâce à la pose de ballonnets
endovasculaires qui assurent un contrôle des saignements peropératoires, l’anesthésie
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locorégionale seule deviendrait alors possible(47). Cependant, la vasoplégie induite par
l’anesthésie périmedullaire peut constituer un facteur aggravant en cas d’hémorragie
massive.
Lors d’une hystérectomie pour placenta accreta, le saignement est considérable et
l’anticipation d’une transfusion massive est nécessaire. Une communication avec l’équipe de
la banque du sang, la vérification de la disponibilité des produits sanguins et la mise en place
d’un protocole de transfusion sont indispensables. Il est maintenant démontré qu’une
optimisation du ratio transfusionnel de CGR:PFC proche de 1:1 permet de réduire la
mortalité dans ce contexte. Une étude observationnelle récente a montré qu’une
augmentation du ratio transfusionnel de CGR:PFC était associée à une diminution du besoin
de procédures interventionnelles (chirurgie ou radiologie)(50). La transfusion sera réalisée
avec un réchauffeur et accélérateur de perfusion, l’apport de PFC étant d’emblée sur un
rapport 1:1 avec les CGR, compte tenu de la situation à très haut débit de saignement le
plus souvent. La lutte contre l’hypothermie initiée dès l’induction sera utile pour optimiser
l’hémostase. L’acide tranexamique (Exacyl®) sera utilisé́ d’emblée à l’incision, comme en
chirurgie à très haut risque hémorragique. Des bilans biologiques répétés permettront de
maintenir l’homéostasie (pH, calcémie, hémostase et hémoglobine).
De nombreux centres utilisent le CellSaver® à des fins d’épargne sanguine en peropératoire.
Il s’agit d’une technique de recyclage des pertes sanguines peropératoires. Le sang est
aspiré du site chirurgical à travers des tubes héparinés et un filtre dans un réservoir
collecteur. Les cellules sont séparées par hémoconcentration et une centrifugation
différentielle dans une solution saline à 0,9%, elles sont ensuite lavées dans 1 à 2 litres de
solution saline à 0,9%, ce qui élimine la fibrine circulante, les débris, le plasma, les micros
agrégats, le complément, les plaquettes, l'hémoglobine libre, les facteurs procoagulants
circulants et la majeure partie de l'héparine. Son efficacité est démontrée dans certaines
spécialités, l'orthopédie ou la chirurgie cardiaque par exemple(51). Avec une incidence
estimée des hémorragies obstétricales sévères au Royaume-Uni de 6,7/1000
accouchements et une consommation d’environ 70000 unités de globules rouges par an(52),
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il est possible de réduire les transfusions de sang allogéniques et de conserver
l'approvisionnement national en utilisant des techniques d’épargne sanguine telles que le
CellSaver® en peropératoire des césariennes programmées où un saignement important est
attendu(53). En cas d'hémorragie obstétricale massive et inattendue où l'approvisionnement
immédiat en sang allogénique peut être difficile, le CellSaver® est utilisé avec succès
comme une procédure de sauvetage pour recycler les pertes sanguines peropératoire et
maintenir l'oxygénation tissulaire jusqu'à ce que des CGR compatibles soient
disponibles(54). Se pose le problème, en obstétrique, de la récupération parallèle de liquide
amniotique, et donc du risque d'embolie amniotique. De nombreux progrès techniques ont
été effectués. L'utilisation de filtre anti-leucocytaire permet de diminuer très nettement la
présence de cellules fœtales dans le sang restitué. Il y persiste néanmoins des squames et
des globules rouges fœtaux. La présence de squames fœtaux dans le sang maternel est
considérée comme un marqueur d’embolie amniotique mais la mise en évidence de
squames fœtaux dans la circulation pulmonaire maternelle de parturientes saines remet en
question cette notion. Après une large utilisation au Royaume-Uni, cette technique ne
semble pas exposer aux complications graves craintes dans ce contexte et permet de
diminuer les transfusions hétérologues. De nombreuses études en milieu obstétrical plaident
en faveur de la sécurité de cette technique(53)(55).
Enfin, en fonction du déroulé de l’intervention, un séjour en réanimation est plus ou moins
nécessaire. Si le placenta laissé en place ne saigne pas, une surveillance simple, mais très
rapprochée, est organisée en maternité.
8. Objectif de l’étude
Notre travail consiste en la description de la prise en charge anesthésique des anomalies
d’insertion placentaire, en particulier des placentas percreta survenus à la maternité de Port-
Royal de 2003 à 2017.
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II. Matériels et Méthodes
1. Population d’étude et critères d’inclusion Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective de toutes les patientes ayant accouché à la
maternité Port-Royal pour qui le diagnostic de placenta percreta a été retenu entre 2003 et
2017. Les recherches ont été effectuées sur les bases de données informatisées et les
données ont été recueillies à partir des dossiers obstétricaux papiers originaux pour tous les
cas. Le diagnostic de placenta percreta a été fondé sur l’anatomopathologie quand cela était
possible, sinon à partir d’une description claire et détaillée des constatations peropératoires
au moment de la césarienne : (i) une délivrance placentaire manuelle partiellement ou
totalement impossible avec absence de plan de clivage partiel ou total lors de
l'accouchement ou (ii) une suspicion prénatale de placenta accreta/percreta confirmée par
l'absence de délivrance possible lors de l'accouchement ou (iii) une mise en évidence lors de
la césarienne d'une invasion utérine par le placenta avec franchissement de la séreuse et/ou
envahissement des organes de voisinage (vessie). Dans les cas où le diagnostic de placenta
percreta a été suspecté en anténatal, la stratégie multidisciplinaire consistait en une prise en
charge par traitement conservateur a priori. La réalisation d’une hystérectomie pouvait être
prise au cours de la césarienne selon la faisabilité chirurgicale ou en cas d’hémorragie
sévère : césarienne-hystérectomie.
2. Données recueillies
Caractéristiques des femmes :
• Caractéristiques maternelles : âge, nationalité, IMC, parité, gestité, antécédents
médicaux, antécédents obstétricaux (utérus cicatriciel, antécédent d’AIP, de révision
utérine, de rupture utérine), antécédents chirurgicaux (interventions endo-utérines)
• Caractéristiques de la grossesse : mode de conception, gémellité, localisation
placentaire, transfert et motif de transfert
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• Modalité du diagnostic prénatal : suspicion anténatale, imagerie (échographie en
faveur de l’AIP, IRM), localisation du placenta, stratégie préopératoire
• Caractéristiques de l’accouchement : terme, mode d’entrée en travail, voie
d’accouchement, césarienne programmée ou en urgence, motif de césarienne,
traitements complémentaires (embolisation préventive ou thérapeutique, pose de
ballonnets intra-utérin, sondes urétérales)
Description de la stratégie opératoire et anesthésique :
• Prise en charge opératoire : traitement conservateur, extirpation du placenta,
hystérectomie, embolisation curative et préventive, ligatures vasculaires
• Prise en charge anesthésique : technique d’anesthésie, monitorage hémodynamique,
remplissage, administration de catécholamines, transfusion, traitements adjuvants
(acide tranexamique, fibrinogène, facteur VII activé), hospitalisation en réanimation,
décès.
3. Analyse statistique
Les résultats sont présentés pour les variables :
• Qualitatives : nombre et pourcentage
• Quantitatives non gaussienne : médiane (extrêmes)
Les données recueillies sont analysées et comparées pour la plupart d’entre elles selon le
caractère urgent ou programmé et selon la réalisation ou non d’une hystérectomie
peropératoire : comparaison du taux de transfusion, du remplissage peropératoire et du
saignement. Les données qualitatives sont comparées par un test de khi deux et les
données quantitatives par un Test de Mann-Whitney. Une valeur de p
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III. Résultats
• Données globales Entre 2003 et 2017, 51 cas de placenta percreta ont été identifiés parmi la série de 156
patientes recensées ayant une anomalie d’insertion placentaire dont 40 (80%) transférées
après diagnostic d’AIP dans leur maternité d’origine. L’âge gestationnel lors du transfert in
utéro médian était de 29 SA (24-38) (tableau II).
• Caractéristiques des patientes
Les caractéristiques des patients sont présentées dans le tableau I. Seules 8 patientes
étaient nullipares (16%).
TableauI:Caractéristiquesmaternelles
n= 51 % DM# Age médian (extrêmes) 36 (22-44) Age >35 ans n (%) 28 55 IMC (kg/m2) médian (extrêmes) 23 (18-43) 5 Gestité médianes (extrêmes) 4 (1-11) Parité médiane (extrêmes) 4 (0-7) Primipares n (%) 8 16 Multipares n (%) 42 82 Dont : Multipares ≥ 3 n (%) 22 43
#:DM=donnéesmanquantes
• Facteur de risque de placenta accreta
Toutes les patientes sauf 2 avaient au moins un facteur de risque majeur de placenta
accreta, principalement un antécédent de césarienne (n=49), un âge supérieur à 35 ans
(n=28) ou un antécédent de curetage (n=24) (tableau II).
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TableauII:Caractéristiquesdelagrossesse
N= 51 % DM# Grossesse gémellaire n (%) 1 2 Transfert in utero n (%) 40 78 Age gestationnel (SA) lors du transfert
médian (extrêmes) 29 (24-38) 10
Antécédent de césarienne n (%) 49 96 Nombre de césariennes antérieures
médiane (extrêmes) 2 (0-5)
Aucune n (%) 1 2 Entre 1-2 n (%) 34 67 >2 n (%) 15 29,4 Antécédent de placenta accreta n (%) 2 3,9 Antécédent de rupture utérine n (%) 1 2 Antécédent de chirurgie utérine (sauf césarienne) Myomectomie n (%) 0 0 Curetage n (%) 24 47 Hystéroscopie opératoire n (%) 3 6 Terme d’accouchement médian (SA) (extrêmes) 36 (25-38) 25 - 33 SA n (%) 15 29 34 - 39 SA n (%) 36 71
#:DM=donnéesmanquantes
• Diagnostic anténatal
Toutes les femmes, exceptée deux, étaient suspectées en anténatal d’anomalie d’insertion
placentaire. Pour 38 patientes sur 49, le diagnostic de placenta percreta avait été suspecté
en anténatal. Pour les 11 autres patientes le diagnostic anténatal de placenta percreta
n’avait pas été suspecté (AIP non percreta). Les circonstances du diagnostic de placenta
percreta sont précisées dans le tableau III. Deux découvertes fortuites de placenta percreta
ont eu lieu en cours de césarienne, dont l’échographie anténatale était négative.
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TableauIII:Modalitésdiagnosticplacentapercretaetaccouchement
Circonstances diagnostic de placenta percreta N=51 % Suspicion prénatale d’anomalie d’insertion placentaire
Echographique n (%) 49 96 Diagnostic prénatale de placenta percreta 38 74,5
• Echographie n (%) 24 47 Confirmée par IRM n (%) 15 29,4
• Placenta accreta échographiquement dont IRM en faveur percreta n (%)
12 23,5
• Placenta increta échographiquement dont IRM en faveur percreta n (%)
2 3,9
Suspicion prénatale de placenta accreta n (%) 11 • Echographie n (%) 23 45
IRM en faveur percreta n (%) 12 23,5 IRM placentaire n (%) 45 88,2 IRM en faveur diagnostic de placenta percreta n (%) 29 56,9
Dont échographie en faveur accreta n (%) 12 23,5 Dont échographie en faveur percreta n (%) 15 29,4
Avec injection de gadolinium n (%) 20 39,2 Mode d’accouchement Césarienne programmée n (%) 27 53
Césarienne/hystérectomie n (%) 12 44,4 Traitement conservateur n (%) 15 55,6
Césarienne en urgence n (%) 24 47 Césarienne/hystérectomie n (%) 15 62,5 Traitement conservateur n (%) 9 37,5
• Modalité d’accouchement Le terme d’accouchement était de 36 SA (25-38), la majorité des patientes (70,6%) ont
accouché après 34 SA et aucune femme n’a accouché avant 25 SA. Toutes les patientes ont
bénéficié d’un accouchement par césarienne, parmi elles, 24 ont été réalisées en urgence,
en raison, entres autres, de métrorragies (22%), de rupture prématurée des membranes
(8%), de chorioamniotite (4%) ou d’anomalies du rythme cardiaque fœtal (4%).
• Prise en charge obstétricale
La prise en charge obstétricale est résumée dans la figure I selon le caractère programmé
ou non de la césarienne. Malgré la décision d’un traitement conservateur a priori, on observe
que la préservation utérine n’est obtenue que chez moins de 20% des patientes à l’issue de
l’hospitalisation en raison de nombreuses reprises chirurgicales pour hystérectomie
secondaire. Parmi les patientes ayant bénéficié d’un traitement conservateur initial (n=24),
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16 se sont compliquées à distance, d’hémorragie (n=8), de sepsis (n=6) ou de rétention
(n=1) nécessitant une hystérectomie secondaire avec un délai médian de reprise chirurgicale
de 52 jours (7-165). Une hospitalisation en réanimation a été nécessaire chez 7 d’entre elles.
Parmi les deux cas d’AIP découverts de manière fortuite et s’avérant être un placenta
percreta au cours d’une césarienne réalisée en urgence, l’une était réalisée pour ARCF sous
rachianesthésie avec un traitement conservateur. Dans le deuxième cas, la césarienne a eu
lieu pour début de travail dans un contexte d’utérus bi-cicatriciel sous rachianesthésie
convertie en anesthésie générale en raison de saignement nécessitant une hystérectomie en
urgence.
FigureI:Priseenchargeopératoiredespercretaavecdiagnosticanténatald’AIP(n=51)
Un traitement conservateur a pu être réalisé chez 15 cas/27 césariennes programmées
(55,5%) et 9 cas/24 césariennes en urgence (37,5%), p=0,26. Le taux d’hystérectomie
secondaire était identique dans les deux groupes 10/15 et 6/9 (66,6%) respectivement,
p=0,38. Le taux de préservation utérine final est de 15,6% (8 patientes).
La pose de ballonnets artériels préopératoires a été réalisée chez 7 patientes dont 5 avant
césarienne programmée. Onze patientes ont bénéficié d’une embolisation artérielle
préventive post-césarienne au décours d’un traitement conservateur, mais 9 d’entre elles ont
Césarienne programmée N = 27/51 (53%)
Hystérectomie primaire N = 12/27 (44,4%)
Hystérectomie secondaire
N = 3/51 (5,8%)
Césarienne en urgence N = 24/51 (47%)
Préservation utérine
N = 15/24 (62,5%)
N = 5/51 (9,8%)
N = 10/15 (66,6%)
N = 6/9 (66,6%)
Suspicion anténatale de Percreta n= 38 (74,5%)Suspicion anténatale d’AIP non percreta n= 11 (21,6%)
Absence de suspicion d’AIP n=2 (3,9%)
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finalement nécessité une hystérectomie secondaire. Trois patientes ont bénéficié d’une
embolisation artérielle curative au décours d’une césarienne réalisée en urgence associée à
une hystérectomie pour deux d’entre elles. Enfin, une patiente a bénéficié d’une embolisation
artérielle curative à J1 pour saignements persistants après traitement conservateur.
• Modalités de prise en charge anesthésique peropératoire
o Technique d’anesthésie
Une césarienne a été réalisée sous anesthésie générale, en première intention, dans 21 cas
(41%), dont 6 étaient suspectés d’avoir un placenta accreta et 15 d’un placenta percreta en
anténatal. 10 de ces 21 césariennes étaient réalisées en urgence. Une ALR suivie d’une AG
a été réalisée pour 19 patientes (37%),dont 14 en raison de la décision peropératoire de
réaliser une hystérectomie. Douze de ces 19 césariennes étaient réalisées en urgence. Pour
15 de ces 19 patientes des sondes urétérales ou des sondes JJ ont été mises en place sous
ALR juste avant la césarienne et 4 patientes n’ont pas bénéficié de mesures associées à la
césarienne. Le taux d’AG (20%) était le même que la césarienne ait été réalisée en urgence
ou non. Une ALR seule (rachianesthésie) a pu être pratiquée pour 21,5% des patientes,
avec une proportion plus importante entre 2010 et 2017 (82%) par rapport à 2003-2009 où
seulement 18% ont pu bénéficier de cette technique. Dans ce groupe (ALR seule) 8
patientes étaient suspectes d’avoir un placenta percreta, 2 de placenta accreta. Une seule
césarienne programmée avec traitement conservateur pour placenta percreta suspecté en
anténatal a pu être réalisée sous anesthésie péridurale seule (tableau IV).
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TableauIV:Priseenchargeperopératoire
Total n=51#
Suspicion percreta anténatale n=38
Suspicion d’AIP anténatale n=11
Césarienne programmée
n=22
Césarienne en urgence
n=16
Césarienne programmée
n=5
Césarienne en urgence
n=6 Prise en charge peropératoire
Technique d’anesthésie
AG d’emblée n (%)
21 (41,1) 8 (36,3) 7 (43,7) 3 (60) 3 (50)
ALR seule n (%) 11 (21,5) 7 (31,8) 1 (6,2) 2 (33,3) 0 ALR puis AG n (%)
19 (37,2) 8 (36,3) 7 (43,7) 0 3 (50)
Monitorage hémodynamique
Cathéter artériel n (%)
28 (54,9) 15 (68,1) 9 (56,2) 2 (33,3) 2 (33,3)
Cathéter veineux central n (%)
1 (2) 1 (4,5) 0 0 0
#:dont2découvertesfortuitesd'AIPnonprésentéesdanscetableau
o Monitorage hémodynamique et gestion du risque peropératoire Un cathéter de monitorage de la pression artérielle invasive a été posé chez 28 patientes
(54,9%), dont 17/27 (63%) césariennes programmées et 11/22 (50%) césariennes réalisées
en urgence, p=0,39 (tableau IV). On observe une tendance non significative (p=0,09) à une
mise en place plus fréquente d’un cathéter artériel selon que le diagnostic de placenta
percreta était suspecté en anténatal 24/38 (63%) ou pas 4/11 (36%). Un seul cathéter central
veineux a été mis en place pour une césarienne programmée chez une patiente suspectée
en anténatal de placenta percreta avec rupture prématurée des membranes ayant bénéficié
d’une césarienne-hystérectomie programmée. Toutes les patientes ont bénéficié d’un
système de réchauffeur de fluides et accélérateur de perfusion type Level one®. Aucun
dispositif de récupération sanguine peropératoire (type CellSaver®) n'a été utilisé.
• Besoins transfusionnels et gestion du remplissage peropératoire
o Données globales
Les données concernant la délivrance des produits sanguins labiles et des solutés de
remplissage peropératoire sont précisées dans le tableau VI. Les pertes sanguines estimées
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médianes étaient de 1L (0,2-10L) (tableau V). Toutes les patientes ont bénéficié d’un
remplissage par cristalloïdes et 26 ont également reçu un remplissage par colloïdes. Six
patientes (9,8%) ont présenté une instabilité hémodynamique peropératoire nécessitant un
traitement par noradrénaline. Dix-neuf patientes ont reçu de l’acide tranexamique et 10 un
utéro-tonique. Le nadir du taux d’hémoglobine médian à 24h était de 9,9 g/dL (6,1-13,6). Du
facteur VII activé (Novoseven R) a été administré chez 2 patientes.
TableauV:Besoinstransfusionnelsetgestionduremplissageperopératoire
Prise en charge peropératoire N=51 % DM # Pertes sanguines estimées médianes (mL) 1000 (200-10000) 1500mL n (%) 20 39,2 Transfusion n (%) 35 68,6 CGR n (%) 35 68,6 Nombre CGR médian (extrêmes) 6 (1-35) PFC n (%) 27 52,9 Nombre médian PFC (extrêmes) 5 (0-30) CPA n (%) 9 17,6 Nombre médian de CPA (extrêmes) 2 (1-3) Ratio PFC/CGR médian (extrêmes) 0,6 (0-1) Remplissage n (%) 40 78,4 10 Cristalloïdes (mL) médian (extrêmes) 2000 (1000-6500) Colloïdes (mL) médian (extrêmes) 1000 (500-2000) Fibrinogène (g) n (%) 16 31,3 Dose fibrinogène (g) médian (extrêmes) 3 (1,5-10,5) Acide tranexamique (g) n (%) 19 37,2 Dose acide tranexamique (g) médian (extrêmes)
1 (1-3)
Sulprostone (g) n (%) 10 19,6 Dose totale médiane (g) (extrêmes) 1 (0,5-1) Facteur VII activé n (%) 2 3,9 Catécholamines n (%) 6 9,8 Nadir taux hémoglobine à 24h médian (extrêmes) 9,9 (6,1-13,6) 6 Nadir taux hémoglobine à 7 jours médian (extrêmes)
9 (5,7-11,9) 13
#:DM=donnéesmanquantes
o En fonction de la stratégie obstétricale
Le nombre de CGR et le saignement peropératoire étaient différents selon le caractère
programmé ou non et selon la réalisation ou non d’une hystérectomie. Les patientes ayant
nécessité une césarienne en urgence ont été plus fréquemment polytransfusées (plus de 5
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CGR) 14/22 (64%) que celles ayant nécessité une césarienne programmée 7/27 (26%),
p=0,001. La proportion de patientes ayant reçu plus de 5 CGR était plus importante dans le
groupe césarienne-hystérectomie 18/27 (67%), par rapport au groupe traitement
conservateur 3/24 (12,5%), p=0,0001. Un remplissage vasculaire peropératoire par
cristalloïdes (supérieur à 3L) a été plus fréquent dans le groupe césarienne en urgence en
comparaison au groupe césarienne programmée quel que soit le type d’AIP suspecté en
anténatal (respectivement 7 cas (31,8%) versus 5 (18,5%), p=0,33).
Six patientes sur 51 (11,8%) ont nécessité des catécholamines dont 4 avec hystérectomie
réalisée en urgence. La majorité des patientes nécessitant un transfert en réanimation était
dans le groupe césarienne-hystérectomie en urgence (8 cas versus 2) (tableau VI).
FigureII:Comparaisondutauxdetransfusionetpertessanguinesenfonctiondelastratégieopératoire
0
2
4
6
8
10
12
14
traitementconservateur césarienne/hystérectomieenurgence
césarienne/hystérectomieprogrammée
NombredeCGRtransfusésmoyen Pertessanguinesestiméesmoyennes(L)
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TableauVI:Priseenchargeanesthésiqueenfonctiondelastratégieobstétricale
Le volume de remplissage peropératoire était plus faible mais non significatif dans le groupe
traitement conservateur (césarienne programmée ou en urgence) comparé au groupe
césarienne-hystérectomie programmée (respectivement 2031 ± 740 mL contre 2500 ± 879
mL, p = 0,13). Le taux de transfusion sanguine était significativement plus faible dans le
groupe traitement conservateur (césarienne programmée ou en urgence) par rapport au
groupe césarienne/hystérectomie programmée (respectivement 9 cas/24 (37,5%) versus 12
cas/12 (100%), p=0,0002) (tableau VII).
TableauVII:Comparaisonduvolumederemplissageperopératoireetlenombredepatientestransfuséesenfonctiondelastratégieopératoire
Traitement conservateur
N=24
Césarienne-hystérectomie programmée
N =12
P
Volume remplissage peropératoire (mL)
2031 ± 740# 2500 ±879 =0,13
Transfusion CGR n (%) 9 (37,5) 12 (100) = 0,0002 #:donnéesexpriméesenmoyenne±déviationstandard
Les patientes ayant bénéficié d’une hystérectomie primaire ont majoritairement eu des
pertes sanguines > 1000mL et ont été transfusée de plus de 5 CGR de manière significative
comparativement au groupe traitement conservateur (p=0,0001, tableau VIII).
Total n = 51#
Suspicion percreta anténatale
N= 38
Suspicion d’AIP anténatale
N=11 Césarienne
programmée n= 22
Césarienne en urgence
n = 16
Césarienne programmée
n = 5
Césarienne en urgence
n= 6 Transfusion CGR >5 n (%)
21 (41,1) 5 (22,7) 10 (62,5) 2 (40) 4 (66,6)
Pertes sanguines > 1000mL n (%)
24 (47) 8 (36,3) 9 (56,2) 2 (40) 4 (66,6)
Amines vasopressives n (%)
6 (11,8) 2 (9) 4 (25) 0 0
Remplissage cristalloïde ≥ 3000mL n (%)
13 (25,5) 4 (18,1) 5 (31,2) 1 (20) 2 (33,3)
Transfert en réanimation n (%)
10 (19,6) 1 (4,5) 6 (37,5) 1 (20) 2 (33,3)
Décès n (%) 2 (3,9) 0 2 (12,5) 0 0
#:dont2découvertesfortuitesd'AIPpercésariennenonprésentéesdanscetableau
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TableauVIII:Comorbiditésenfonctiondelastratégieopératoire
Hystérectomie Primaire
n=27
Traitement conservateur
n= 24
P
Pertes sanguines >1000mL n (%) 20 (74) 4 (16,6) = 0,0001 Pertes sanguines (mL) moyenne ± déviation standard
2986 ± 2331 704 ± 1020 =0,99
Transfusion > 5 CGR n (%) 18 (66,6) 3 (12,5) =0,0001 Transfert en réanimation n (%) 5 (18,5) 5 (20,8) =0,83
• Complications et morbidités maternelles
Dix patientes ont nécessité un transfert en réanimation pour suite de la prise en charge,
toutes pour hémorragie sévère. Le nombre de patientes nécessitant une prise en charge en
réanimation était identique dans les deux groupes (p=0,83). Parmi elles, 3 se sont
compliquées d’une insuffisance rénale aigüe et 6 d’un sepsis grave.
Dans 34 cas une plaie vésicale peropératoire a été observée dont 3 compliquées
ultérieurement de fistule vésico-vaginale. Une patiente a été suspectée de rupture utérine en
pré-partum nécessitant une césarienne en urgence et une hystérectomie.
Trois patientes ont présenté un arrêt cardiaque peropératoire, dont 2 sont décédées (tableau
IX). Le premier décès concerne une patiente suspectée de placenta percreta confirmé par
l’IRM césarisée en urgence pour métrorragies sous AG et traitée de manière conservatrice.
L’intervention initiale s’est déroulée sans complication, les pertes sanguines estimées
inférieures à 500mL et transfusée d’1 CGR. Elle nécessite une reprise opératoire devant des
hématuries macroscopiques à J13 postpartum avec hystérectomie secondaire sous AG
après embolisation curative. La patiente présente un état de choc hémorragique, une CIVD.
La patiente est transfusée de 29 CGR, 18 PFC, 3 CPA et reçoit 4mg de Novoseven. Un
packing est mis en place et la patiente est transférée en réanimation où elle décède d’une
défaillance multiviscérale. Le second décès survient chez une patiente suspectée de
placenta percreta ayant été césarisée en urgence sous rachianesthésie convertie par AG
ayant nécessité une hystérectomie en urgence devant une hémorragie sévère. Au cours de
l’intervention, la patiente a nécessité une cystectomie partielle en raison d’une néoformation
vasculaire paramétriale gauche atteignant le col, compliquée de plaies des veines iliaques.
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Les pertes sanguines estimées sont de 6000mL, elle est transfusée de 35 CGR, 30 PFC, 3
CPA et 3g de Fibrinogène et reçoit 4mg de Novoseven. La patiente présente deux arrêts
cardiaques traités par massage cardiaque externe et Adrénaline. Survient une plaie
hépatique post massage cardiaque, la patiente nécessite une embolisation thérapeutique
post césarienne. La patiente est transférée en réanimation pour suite de la prise en charge
où elle décède de défaillance multiviscérale.
TableauIX:Complicationsprécocesettardives
N= 51 % Complications précoces Plaie vésicale n (%) 34 66,6 Rupture utérine n (%) 1 2 Arrêt cardiaque peropératoire n (%) 3 5,8 Transfert en réanimation n (%) 10 19,6 Insuffisance rénale aigüe n (%) 3 5,8 Complications tardives Sepsis n (%) 6 11,7 Fistule vésico-vaginale n (%) 3 5,8 Durée d’hospitalisation (jours) médiane (extrêmes)
8 (7-33)
Décès 2 3,9
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IV. Discussion
L’incidence des placentas percreta est faible mais est en augmentation constante au cours
des deux dernières décennies. En comparaison avec l’enquête périnatale de 2010, les
patientes de notre étude sont en moyenne plus âgées (54,9% ont plus de 35 ans versus
19,2%), ont un IMC plus important (25,4% ont un IMC≥30 versus 9,9%) et ont un nombre
d’accouchement antérieur plus important (82,3% ont une parité ≥ 2 versus 33,9%). Dans
cette étude, la majorité des patientes avaient des facteurs de risques majeurs de placenta
accreta. Comme recommandé par les sociétés savantes, toutes les femmes suspectes d’AIP
ont bénéficié d’un accouchement par césarienne. Seules 2 patientes sur les 51 ont eu une
découverte fortuite per-césarienne (imagerie négative en ante-partum). Dans l’ensemble, la
présence d’un placenta accreta/percreta s’associe à un taux de césarienne important (100%
dans cette étude) et à des naissances prématurées (90,2% dans cette étude). Les
césariennes ont été réalisées en urgence dans 47% des cas, le plus souvent en raison de
métrorragies. Un traitement conservateur n’a pu aboutir que dans 8 cas (15,6%) en raison
d’un taux d’hystérectomie secondaire très élevé : 66,6% (16 cas/24).
Warshak et al. ont démontré que le dépistage en anténatal des placenta percreta permet de
diminuer le risque transfusionnel(14). En effet, dans cette étude, le diagnostic anténatal
associé à une césarienne programmée à 34-35 SA sans tentative de délivrance (traitement
conservateur) a permis une diminution du taux de transfusion ainsi que le volume des pertes
sanguines en comparaison avec une découverte fortuite en per-partum. Un dépistage
anténatal et une connaissance du diagnostic sont donc primordiaux pour permettre une prise
en charge optimale de ces patientes et éviter des complications qui peuvent être fatales.
L’échographie reste l’outil de dépistage le plus simple, le plus pratique, le plus rapide avec
une valeur prédictive négative de 98%(18). Actuellement, le diagnostic du caractère
accreta/percreta ne peut être établi avec certitude en anténatal ; la décision de réaliser une
hystérectomie définitive d’emblée est donc toujours difficile, notamment lorsque les patientes
souhaitent des grossesses ultérieures. Il n’existe qu’une seule étude comparant le traitement
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radical versus le traitement conservateur(44). Aucune différence n’a été mise en évidence
entre les deux groupes exceptés sur les pertes sanguines qui étaient inférieures dans celui
du traitement conservateur avec un taux de préservation utérine initiale de 60%. En effet 4
patientes sur 10 dans le groupe conservateur ont finalement été hystérectomisées en raison
de saignements importants percésarienne, d’un sepsis et d’une coagulopathie. L’un des
objectifs du traitement conservateur est de préserver la fertilité, cependant le risque de
récurrence de placenta accreta pour les grossesses ultérieures est de 28,6% dans la série
de Sentilhes et al. en 2010(45), avec un risque infectieux non négligeable. Les patientes
doivent également être informées de la nécessité d'un suivi prolongé sur plusieurs mois ; les
risques infectieux et hémorragiques persistent jusqu’à l’involution placentaire complète et un
risque de nécrose utérine secondaire existe.
Dans notre étude, le risque hémorragique majeur concerne le groupe des césariennes-
hystérectomies réalisées en urgence. En effet dans ce groupe, 13 patientes sur 22 ont eu
des pertes sanguines supérieures à 1500mL et 14 patientes sur 22 ont été transfusées de
plus de 5 CGR. Parmi les patientes ayant bénéficié d’une césarienne-hystérectomie
primaire, 96% (26/27 patientes) ont été transfusées. Il est tout de même difficile de présumer
du motif de l’hystérectomie en urgence, puisque celle-ci a pu être décidée en raison de
saignement majeur ne pouvant pas être traité de manière conservatrice. Dans une revue de
la littérature, Rossi et al [34] retrouvent un taux de seulement 44 % de transfusion en cas
d'hystérectomie en urgence pour hémorragie du post-partum. Dans la série de Imudia et al
[35], les pertes sanguines estimées sont au contraire relativement élevées (3492 ml, 900-
21500 ml). Pour Warshak et al. qui pratiquent une hystérectomie systématique en cas de
placenta accreta/percreta, les pertes sanguines moyennes sont de 2570 ml, aussi
importantes que dans notre étude (pertes sanguines moyennes en cas d’hystérectomie
2900mL).
Il est important de souligner que la prise en charge des placentas percreta diffère de celle
des placenta accreta en raison des difficultés chirurgicales liées à l’envahissement des
organes de voisinage. En effet, en cas de localisation uniquement accreta, la césarienne-
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hystérectomie constitue une alternative thérapeutique en cas d’hémorragie survenant au
moment du décollement placentaire puisque l’ablation de l’utérus permet de supprimer
l’origine du saignement. Cependant, en cas d’une insertion percreta, le saignement peut
persister après l’hystérectomie si le lit placentaire envahit les organes de voisinage (vessie
notamment). De plus, avant l’ablation de l’utérus, la dissection de la zone percreta extra
utérine est le plus souvent complexe et minutieuse et, pendant ce temps chirurgical, l’atonie
utérine, très fréquente, s’accompagne d’une hémorragie le plus souvent extériorisée par voie
basse. Ces risques majeurs conduisent donc les équipes médicales à proposer un traitement
conservateur à priori lorsque le diagnostic de percreta est fortement suspecté, comme c’est
le cas dans notre série. Comme exposé précédemment, l’un des objectifs secondaires du
traitement conservateur est également de permettre une préservation de l’intégrité utérine
afin de favoriser la fertilité ultérieure (34). Cependant le taux d’hystérectomie total dans cette
étude est très élevé (84%) dont 31% survenant secondairement (délai médian de 52 jours en
postpartum). En effet, 67% des patientes traitées de manière conservatrice ont nécessité
une hystérectomie secondaire en post-partum, c’est-à-dire à distance de leur prise en charge
initiale et 6 patientes ont présenté un sepsis en postopératoire dans le groupe traitement
conservateur (versus une dans le groupe césarienne-hystérectomie en urgence), la majorité
étant due à des endométrites, nécessitant une reprise opératoire postpartum pour une
hystérectomie secondaire dans un délai médian de 43 jours. Donc, le taux de préservation
utérine finale est de 15,6%, taux bas par rapport aux données de la littérature. Au vu des
résultats décevants d’une stratégie conservatrice (taux élevés de complications infectieuses,
hémorragiques et d’hystérectomies secondaires), il peut être licite, pour des équipes
entraînées et au vu des constatations chirurgicales semblant favorables, de réaliser une
hystérectomie, notamment lorsque la zone percreta est antérieure et peu étendue.
Dans notre cohorte, 3 patientes ont été transfusées de plus de 20 CGR au cours de leur
césarienne. Cette complication est bien décrite dans la littérature, puisque jusqu’à 95% des
patientes peuvent être transfusées au cours de leur prise en charge pour un placenta
accreta(6) et jusqu’à 40% de plus de 10 CGR. Dans cette étude qui ne concerne que des
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AIP de type percreta, 68,6% des patientes ont été transfusées dont 19,6% de plus de 10
CGR. Au-delà de ces données moyennes, le placenta percreta expose à un risque
hémorragique supplémentaire qui peut être fatal surtout si la césarienne est réalisée en
urgence, comme le prouve les décès maternels survenus du fait de complications
hémorragiques dans des cas de placenta percreta traités de manière conservatrice lors
d’une césarienne en urgence.
Au-delà de toutes ces limites attribuées au traitement conservateur, notre étude met en
évidence qu’une prise en charge conservatrice permet une épargne transfusionnelle
importante. En effet, les patientes saignent moins (700mL dans le groupe traitement
conservateur versus 3400mL dans le groupe hystérectomie en urgence) et sont moins
transfusées (nombre de CGR transfusés médian de 1,75 dans le groupe traitement
conservateur versus 12 dans le groupe césarienne-hystérectomie en urgence). De plus, sur
les 19 patientes suspectées d’un placenta percreta et ayant bénéficié du traitement
conservateur, seules deux patientes ont été transfusées de plus de 5 CGR et ont eu des
pertes sanguines estimées supérieures à 1500mL. Il est aussi important de noter que le
nombre de patientes transférées en réanimation était similaire dans les deux groupes
(traitement conservateur et césarienne-hystérectomie programmée).
Ces deux approches chirurgicales ont leur avantage et inconvénient, une prise en charge
conservatrice a son intérêt propre permettant une épargne sanguine non négligeable et un
bénéfice majeur qui est une préservation utérine dans 8 cas. Néanmoins, il engendre des
complications et des reprises chirurgicales, notamment pour hystérectomie secondaire
pouvant être fatales. Faut-il alors privilégier un taux de saignement moindre grâce à une
prise en charge conservatrice par rapport à une hystérectomie secondaire à distance
associée à toutes les complications qui en découlent ?
L'hémorragie massive du post-partum est une situation à risque de coagulopathie. Chez les
patients polytraumatisés, plusieurs études tendent à montrer qu'un rapport CGR/PFC proche
de 1/1 pourrait améliorer le pronostic des patients(58). Il semblerait que de tendre à un
rapport de transfusion de CGR/PFC proche de 1/1 permet de diminuer le recours aux
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procédures interventionnelles(50). En parallèle à la transfusion de produits sanguins labiles,
depuis plusieurs années s’y associent des thérapeutiques adjuvantes pro-coagulantes telles
que l’acide tranexamique et le Fibrinogène. Dans cette étude, leur administration a
augmenté au cours du temps devenant systématique à partir de 2011.
Le risque hémorragique important justifie classiquement le choix d’une anesthésie générale.
Dans notre série, la prise en charge anesthésique a évolué au cours du temps avec une
diminution progressive des anesthésies générales seules. En effet, elles ont été remplacées
par la combinaison de deux techniques d’anesthésie à savoir la rachianesthésie suivie de
l’anesthésie générale. La technique anesthésique choisie doit tenir compte de la stratégie
opératoire : l’ALR seule peut être proposée initialement, notamment en cas de procédure
complémentaire préopératoire initiale mais la conversion en AG doit être anticipée et
possible dans un délai très court après l’extraction fœtale. En cas de traitement conservateur
programmé, il est licite de privilégier une ALR, cependant l’incision chirurgicale peut
remonter en sus-ombilical pour permettre une hystérotomie fundique. Le niveau d’anesthésie
peut dans ce cas être insuffisant et l’AG doit être envisagée également. Dans notre centre, la
technique d’ALR la plus utilisée est la rachianesthésie-péridurale combinée permettant
théoriquement un relais péridural de la rachianesthésie initiale en cas de procédure
prolongée, mais en fait la voie péridurale n’est jamais utilisée dans ce cadre. Dans cette
étude, une ALR seule a pu être réalisée pour 9 patientes dont le diagnostic était suspecté en
anténatal, majoritairement, pour des patientes dont la césarienne était programmée en vue
d’un traitement conservateur, dont l’hémodynamique est restée stable, sans saignements
majeurs. Les deux autres patientes sont celles dont la découverte a eu lieu percésarienne.
Le taux de conversion peropératoire de l’ALR en AG était de 37,2%. Ce taux très important
reflète une incidence très élevée de complications hémorragiques mais témoigne également
d’une stratégie opératoire comportant la mise en place de techniques complémentaires en
début d’intervention (sondes urétérales notamment) volontairement réalisées sous ALR. En
effet, en cas de placenta percreta, il est de plus en plus couramment décidé avec les
urologues de mettre en place des sondes urétérales (type JJ) avant la césarienne afin de
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repérer les uretères, souvent envahis, et permettre la dissection des tissus extra-utérins sans
risque. Ces techniques sont mises en place sous ALR permettant de diminuer le temps
d’exposition du fœtus aux produits anesthésiques. Une AG peut alors être réalisée en
deuxième temps, si nécessaire, en fonction de l’évolution opératoire, de l’apparition d’une
hémorragie ou autre complication. Cela expliquerait sans doute l’évolution de nos pratiques
d’anesthésie au cours du temps avec une utilisation récente d’une ALR combinée à l’AG
depuis 2010. Dans ces cas, la conversion était soit « programmée » au décours de
l’extraction fœtale, soit nécessaire pour la prise en charge du choc hémorragique. Aussi,
cette technique permettrait à la patiente de participer à la naissance puisque la conversion a
lieu le plus souvent après l’extraction fœtale. Cette évolution expliquerait également la
proportion plus importante depuis 2010 des ALR seules. En effet, lorsque les conditions
peropératoires (absence de complication du geste opératoire, absence de saignement,
hémodynamique stable) sont réunies, la césarienne est entièrement réalisée sous ALR.
Dans notre série, la mise en place des mesures associées à la prise en charge des
placentas accreta a évolué au co