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ED/HED/TED/2003/PI/9 May 2003 Original: French Le renforcement des capacités dans les institutions de formation des enseignants en Afrique subsaharienne RAPPORT DE MISSION D’EVALUATION DES INSTITUTIONS DE FORMATION DES ENSEIGNANTS EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Présenté par : NOMAYE MADANA Docteur en Sciences de l’Education Consultant /UNESCO Kinshasa, Mai 2003

Rapport de mission d'évaluation des institutions de …unesdoc.unesco.org/images/0014/001434/143498f.pdf27 avril 2003 à 14heures après une nuit à Douala au Cameroun. A notre arrivée

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ED/HED/TED/2003/PI/9

May 2003Original: French

Le renforcement des capacités dans les institutions de formation des enseignants

en Afrique subsaharienne

RRAAPPPPOORRTT DDEE MMIISSSSIIOONN DD’’EEVVAALLUUAATTIIOONN DDEESS IINNSSTTIITTUUTTIIOONNSS DDEE FFOORRMMAATTIIOONN DDEESS EENNSSEEIIGGNNAANNTTSS EENN RREEPPUUBBLLIIQQUUEE DDEEMMOOCCRRAATTIIQQUUEE DDUU CCOONNGGOO

Présenté par : NOMAYE MADANA Docteur en Sciences de l’Education Consultant /UNESCO

Kinshasa, Mai 2003

Les idées et les opinions exprimées dans ce rapport sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celles de l’UNESCO et des Etats membres. Par ailleurs, elles n’impliquent aucun engagement de la part de l’Organisation.

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Sommaire Pages Remerciements i

1. Introduction 1.1 Rappel des principaux termes de références 1 1.2 Déroulement de la mission 1

2. Le contexte 3 3. Le dispositif d’enseignement et de formation en RDC 4

3.1 Le système éducatif congolais 4 3.2 Les institutions de formation des enseignants en RDC 5 3.3 Les institutions de formation des enseignants visitées 6

3.3.1 L’Institut Pédagogique National 3.3.2 L’Institut Supérieur Pédagogique Technique

de Kinshasa 3.3.3 L’Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe 3.3.4 La Faculté de Psychologie et des Sciences

de l’Education de l’Université de Kinshasa.

4. Problèmes généraux et besoins prioritaires 9 4.1 Problèmes généraux des institutions de formation

des enseignants en RDC 9 4.2 Besoins spécifiques prioritaires des institutions

de formation des enseignants en RDC. 10

5. Observations générales 13 5.1 Les atouts 5.2 Les faiblesses

Conclusions 15 Recommandations générales 16 ANNEXES

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(i) REMERCIEMENTS

Nous voudrions nous acquitter d’un devoir, celui de remercier tous ceux qui ont facilité la réalisation de cette mission d’évaluation des institutions de formation des enseignants en République Démocratique du Congo. Nous sommes particulièrement redevable.

- Au Professeur NSAMBI BOLALUETE, Secrétaire Permanent de la

Commission Nationale pour l’UNESCO à Kinshasa, pour le balisage administratif de notre mission ;

- Au Professeur NGONGO DISASHI, Point Focal National de notre

mission, pour tous les arrangements techniques et la mise à notre disposition des documents pertinents nécessaires à la compréhension de la situation des institutions de formation des enseignants en République Démocratique du Congo ;

- Aux Directeurs Généraux des Institutions de formation visitées et au

Doyen de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa pour l’entretien qu’ils ont bien voulu nous accorder en plus des documents écrits qu’ils nous ont remis ;

- Au Professeur MASIALA MA SOLO, Vice-Ministre chargé de

l’Enseignement Supérieur et Universitaire et de la Recherche Scientifique et Technologique pour avoir bien voulu nous accorder une audience au sujet de notre mission.

Il va sans dire que la mission n’aurait pas été possible sans l’appui financier de l’UNESCO qui l’a commanditée.

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1. INTRODUCTION 1.1 RAPPEL DES PRINCIPAUX POINTS DES TERMES DE REFERENCE

Dans le cadre de l’activité de l’UNESCO intitulé « les institutions de

formation des enseignants en Afrique sub-saharienne : comment contribuer au renforcement de leurs capacités », nous avons été selectionné en tant que Consultant pour accomplir une mission en République Démocratique du Congo.

La mission consiste à :

(i) Visiter les institutions de formation d’enseignants sélectionnées comme les plus importantes, et rencontrer les responsables au niveau des ministères, quelques associations d’enseignants, quelques ONG, OIG etc. ;

(ii) Engager une discussion approfondie avec les chefs des institutions

d’enseignement et le point focal national pour assurer que les recommandations ne sont pas en contradiction avec les orientations politiques nationales ;

(iii) Faire des recommandations générales pour le renforcement des

institutions, une bonne utilisation des ressources existantes et identifier quelques besoins pour lesquels des actions urgentes seraient nécessaires. En cas de besoin, esquisser quelques orientations pour la préparation des projets extrabudgétaires.

1.2 DEROULEMENT DE LA MISSION

Parti de N’Djaména le 26 avril 2003, nous sommes arrivé à Kinshasa le 27 avril 2003 à 14heures après une nuit à Douala au Cameroun.

A notre arrivée à Kinshasa, nous avons pris contact avec le Professeur NSAMBI, Secrétaire Général de la Commission Nationale pour l’UNESCO qui nous a fait le point de degré de préparation de notre mission. En effet, bien avant notre arrivée, une commission préparatoire a été mise en place. Le rôle de cette commission est de sectionner les Institutions de formation des Enseignants à visiter et sensibiliser les responsables pour faire l’état des lieux de leurs institutions dans un document écrit. Etant donné la durée très limitée de notre mission (5 jours ouvrables) et le nombre élevé des Institutions de formation des enseignants en RDC (35 environ), quatre (4) d’entre elles ont été retenues à cause de la diversité de leurs programmes de formation. Toutes ces quatre institutions sont localisées à Kinshasa. L’ensemble des états des lieux des institutions ainsi qu’une synthèse faite par le point focal national nous ont été remis. D’autres documents relatifs au cadre macro-économique et éducatif congolais nous été remis plus tard.

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Le 28 avril 2003, nous avons visité successivement l’Institut Supérieur Pédagogique Technique de Kinshasa et l’Institut Supérieur Pédagogique de la GOMBE. Entre les deux visites, nous avons été reçu en audience par le Vice-Ministre chargé de l’Enseignement Supérieur et Universitaire et de la Recherche Scientifique et Technologique. Un répertoire des établissements d’enseignement supérieur et universitaire qui vient d’être publié nous a été remis par le Vice-Ministre à cette occasion. Le 29 avril 2003, nous avons visité la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa et l’Institut Pédagogique National. Au cours des visites, nous avons eu des entretiens avec les responsables des institutions et leurs collaborateurs ainsi qu’une visite physique des lieux (bibliothèques, laboratoires, salles de cours, imprimerie, amphithéâtre, etc.) Le 30 avril et le 01 mai 2003 étant fériés, nous avons profité de ce temps pour écrire le premier draft de notre rapport de mission et avoir des compléments d’information auprès du point focal de notre mission. Le 02 mai 2003, une réunion a regroupé au cabinet du Vice-Ministre chargé de l’Enseignement Supérieur et Universitaire et de Recherche Scientifique et Technologique, les Directeurs Généraux des trois Instituts Supérieurs Pédagogiques visités, le Vice-Doyen de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa, le point focal de la mission et le consultant. L’objet de la réunion est la restitution des premières recommandations du rapport. Après audition du rapport du Consultant, chaque responsable des instituts a apprécié le contenu et l’a jugé fidèle aux préoccupations exprimées et a estimé que ce rapport peut être envoyé à l’UNESCO en l’état. Il y a eu quelques petites observations de forme. Dans l’ensemble, le rapport a été approuvé par les responsables des établissements visités et le point focal national. Nous estimons que nos conclusions et recommandations sont conformes aux orientations politiques nationales et aux priorités en matière de formation des enseignants en RDC. Dans l’après-midi de la même journée, nous devrions être reçu par le Ministre de l’Education Nationale, mais son calendrier ne lui a pas permis de le faire. Les 03, 04, 05 mai 2003, nous avons affiné notre rapport sur la base des observations de la réunion de restitution et avons préparé notre retour sur N’Djaména qui a lieu le 06 mai 2003.

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2. LE CONTEXTE

La République Démocratique du Congo (RDC) est un vaste pays (2 345 000 Km2) doté d’énormes potentialités naturelles (importants cours d’eau, sols très fertiles, gisements miniers considérables, forêts immenses, etc.). La population est passée de 14 millions à l’accession du pays à l’indépendance en 1960 à 50 millions environ en 2000. Le taux de croissance de la population est de 3,2 %, classé parmi les plus rapides au monde. A ce rythme, la population de la RDC pourra atteindre 100 millions en 2025. Les troubles socio-politiques qu’a connus le pays ces dernières années, n’ont pas permis de mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs de développement. On relève un paradoxe entre les potentialités économiques dont regorge le pays et l’état de pauvreté de sa population qui figure parmi les plus pauvres du monde. La pauvreté en RDC est un phénomène de masse et non de minorité 1. Le nombre de personnes vivant en deçà du seuil de pauvreté soit $ 1 US par jour et par personne est estimée à plus 80 % de la population totale. La majorité de ces pauvres se trouve en milieu rural. L’espérance de vie à la naissance est de 50 ans en 1997. Le taux de scolarisation est de 38 % sur la même période. L’accès aux services de santé, à l’eau potable et au logement demeure précaire. La situation des enfants et des femmes est particulièrement difficile et très inégale entre le milieu urbain et le milieu rural. Actuellement, le Gouvernement s’attèle à la reconstruction du pays. Les options fondamentales du gouvernement pour un développement durable reposent sur une stratégie dénommée « économie de marché à caractère social » qui vise « à réduire durablement la pauvreté en stimulant la croissance de l’économie, en améliorant les services d’infrastructure et les services sociaux, et en recourant à des interventions ciblées pour améliorer le sort des plus démunis ». Dans le cadre de cette stratégie de développement socio-économique du pays, « les services sociaux seront fournis sur la base d’un partenariat dans le cadre duquel : (i) les institutions de la société civile dispenseront l’essentiel des services éducatifs et sanitaires de base ; (ii) l’Etat fournira les ressources financières et veillera à la qualité des services par la voie de la réglementation ; (iii) les bénéficiaires apporteront une contribution financière, tandis que leurs représentants superviseront la planification et l’exécution. L’Etat participera par l’intermédiaire des administrations locales et n’interviendra que dans les domaines qui ne sont pas visés par le mécanisme décrit ci-dessus. »2

Pour le Gouvernement de la RDC, l’édification de la nouvelle société congolaise devra reposer prioritairement sur les ressources humaines capables de valoriser les énormes potentialités dont dispose le pays. « Les ressources humaines constituent la vraie richesse et le moteur de

1 RDC, Programme triennal minimum actualisé 1999-2001, Ministère du Plan et du Commerce, Kinshasa, Août 1999, p. 4 2 RDC, Programme triennal minimum, op. cit. p.18

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développement desquels dépend la mise en valeur des autres ressources » (cf. Colloque sur les priorités du développement – Palais du Peuple 27 juin-12 juillet 1997. L’éducation dans cette optique est conçue comme un élément clé de développement des ressources humaines. La finalité de l’éducation en RDC est de « former des hommes et des femmes compétents, imprégnés des valeurs humaines, morales, spirituelles, culturelles, civiques et artisans créatifs d’une nouvelle société congolaise, démocratique, solidaire, prospère et pacifique »3. L’Enseignement Supérieur et Universitaire et la Recherche Scientifique ont été retenus parmi les grandes priorités nationales dans le cadre de la reconstruction du système éducatif de la RDC. Il s’agit de « renforcer les capacités des institutions d’enseignement supérieur et universitaire à exercer leur mission traditionnelle d’enseignement-formation, de recherche et service à la collectivité. Concernant la recherche, il est nécessaire d’en améliorer les conditions en modernisant l’équipement, en formant et en recyclant les personnels et en accordant un financement conséquent à ce secteur »4

3. LE DISPOSITIF D’ENSEIGNEMENT ET DE FORMATION EN

RDC

3.1 LE SYSTEME EDUCATIF CONGOLAIS

Le système éducatif congolais est organisé de la manière suivante : (i) Un enseignement préscolaire facultatif de trois ans ouvert aux enfants de trois à cinq ans ; (ii) Un enseignement primaire que le gouvernement veut rendre accessible et obligatoire est ouvert aux enfants âgés de six ans, qui dure six années d’études et est sanctionné par le Certificat d’Etudes Primaires ; (iii) Un enseignement secondaire est ouvert aux élèves ayant terminé l’enseignement primaire avec succès. Il comprend :

a) les écoles d’arts et métiers (3ans), b) les écoles professionnelles (5 ans), les écoles normales (5 ans)

et les humanités dont les humanités pédagogiques (6 ans). L’enseignement secondaire est sanctionné par le Brevet d’Aptitudes Professionnelles pour le cycle court et le diplôme d’Etat de fin d’études secondaires pour le cycle long ; (iv) Un enseignement Supérieur organisé en deux cycles. Le premier cycle qui dure trois ans est sanctionné par le graduat et le second cycle qui dure deux ans est sanctionné par la Licence. L’enseignement supérieur est dispensé dans les instituts Supérieurs Techniques et les Instituts Supérieurs Pédagogiques ; (v) Un Enseignement Universitaire qui comprend trois cycles est organisé dans les Universités et les grandes

3 RDC, Déclaration de politique éducative, Atelier National sur l’évaluation de l’examen d’Etat et du système éducatif Kinshasa, décembre 1999, p.4. 4 RDC, Déclaration de politique éducative, op. cit. p.9

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Ecoles. Il est sanctionné par la licence, la maîtrise, le DEA ou la DES, le Doctorat.

Ce dispositif est complété par l’organisation d’un Enseignement spécial

destiné aux personnes handicapées et celles ne pouvant accéder à l’Enseignement normal de type classique d’une part, l’Education permanente non formelle et informelle d’autre part dont la forme la plus élaborée et structurée est l’alphabétisation. En 1994, le pays comptait 45 345 écoles, 109 634 classes, 162 621 enseignants et 5 139 363 élèves pour l’ensemble de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel5. L’Enseignement Supérieur et Universitaire compte 295 établissements publics et privés confondus. Le secteur public compte 83 établissements dont 3 universités, 4 Centres Universitaires, 3 Instituts facultataires, 27 Instituts Supérieurs Pédagogiques ; 46 Instituts Supérieurs Techniques. Le secteur privé compte 212 établissements agrées et/ou autorisés à fonctionner, Instituts et Universités confondus6. On peut estimer à environ 1 000 000 le nombre d’étudiants de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur et universitaire et à 40 000 environ le nombre d’enseignants intervenant à ce niveau. Les statistiques précises ne sont pas disponibles. L’Université de Kinshasa, par exemple à elle seule, compte 24 163 étudiants et 1 445 enseignants en 2003. 3.2 LES INSTITUTIONS DE FORMATION DES ENSEIGNANTS EN RDC

Dans le souci d’assurer aux apprenants à tous les niveaux un

enseignement de qualité, le système éducatif congolais dispose d’un ensemble d’institutions de formations initiale et continue des enseignants.

Ces instituts comprennent : (i) Les Ecoles Normales et les humanités pédagogiques qui forment

en cinq ans pour le cycle court et six ans pour le cycle long après le Certificat d’Etudes Primaires. Le nombre exact des étudiants n’est pas connu faute de statistiques.

(ii) Les Instituts Supérieurs Pédagogiques au nombre de 27 dont

l’Institut Pédagogique National forment en trois ou cinq ans les enseignants destinés à l’enseignement secondaire. Ces instituts ont pour but :

de former les enseignants hautement qualifiés du secondaire

dans toutes les disciplines de formation générale et technique ;

5 RDC, Programme Triennal Minimum, 1999-2001, op. cit. p 53 6 RDC, Le système Universitaire Congolais : Répertoire des établissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (publics et privés), MEN, Kinshasa Fév. 2003.

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d’encadrer les enseignants des niveaux préscolaire, primaire et secondaire en collaboration avec les autorités compétentes du Ministère ayant ce type d’enseignement dans ses attributions ;

d’organiser la recherche dans le domaine de la pédagogie appliquée afin d’améliorer la qualité de l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire ;

de vulgariser les résultats des recherches en pédagogie appliquée notamment par l’élaboration et la diffusion des manuels scolaires adaptés aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire.

(iii) Les Instituts Supérieurs Pédagogiques Techniques au nombre

de deux (publics), l’un à Kinshasa et l’autre à LIKASI forment en trois ou cinq ans les enseignants techniciens pour les écoles secondaires techniques du pays. Ils assurent également le recyclage et le perfectionnement des techniciens de diverses entreprises et sociétés du pays. On compte quelque 400 enseignants et 17 000 étudiants en 2002 ;

(iv) Les Universités au nombre de trois assurent de façon générale,

la formation des cadres de conception dans tous les secteurs de la vie nationale. Les diplômes des Universités peuvent accéder à l’enseignement après agrégation pour certains ou le DEA et le Doctorat pour d’autres.

(v) Les Grandes Ecoles ont pour finalités a) la formation des

formateurs des Instituts Supérieurs, b ) et la formation des cadres de maîtrise de très haut niveau. Elles sont destinées à organiser également les études post-universitaires. Ces Grandes Ecoles n’existent pas à l’heure actuelle en RDC. Toutefois, les Etats Généraux de l’Education tenus en janvier 1996 recommandent que l’Institut Pédagogique National de Kinshasa devienne une Grande Ecole.

3.3 LES INSTITUTIONS DE FORMATION DES ENSEIGNANTS VISITEES

Au cours de la mission, le consultant a visité quatre instituions de formation

des enseignants basées à Kinshasa. Il s’agit de l’Institut Pédagogique National, l’Institut Supérieur Pédagogique Technique de Kinshasa, l’Institut Supérieur Pédagogique de la GOMBE et la faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa.

3.3.1 L’Institut Pédagogique National (IPN)

L’IPN de Kinshasa a été crée en 1961 et restructuré successivement en 1965

et 1970 dans le but de former sur place des enseignants qualifiés pour le secondaire dans tous les domaines. Dès sa création, l’IPN a bénéficié d’un important appui de l’UNESCO (Assistance Technique, infrastructure, équipements, formation des formateurs) nécessaire au développement des activités d’enseignement et de

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recherche. Le partenariat entre l’UNESCO et l’IPN prit fin en 1976 et, depuis lors, l’IPN rencontre beaucoup de difficultés pour garantir la qualité de l’enseignement dispensé tant au niveau du graduat que de la licence.

Le nombre des étudiants est en perpétuelle augmentation. Il est passé de 207 étudiants en 1963 à plus de 8 000 en 2003 dont 30 % sont des filles et des dames. Ce qui pose le problème de capacité d’accueil pour un établissement initialement conçu pour accueillir 400 étudiants tout au plus. Le nombre des enseignants est passé de 25 enseignants en 1963 à plus de 500 en 2003 dont 34 sont des femmes.

Les infrastructures de l’IPN que nous avons visitées sont assez vieilles et peu fonctionnelles au regard du nombre des étudiants. Les équipements n’existent pratiquement plus. Les laboratoires n’existent que de nom et sont parfois transformés en salle de cours. Les produits de laboratoire font défaut. L’imprimerie de l’IPN fonctionne difficilement avec des machines qui datent de 40 ans. La plupart de ces machines sont hors d’usage. La bibliothèque dispose encore d’un fonds documentaire assez important mais usé par le temps. La cantine universitaire n’existe plus, obligeant les étudiants à faire la cuisine dans leurs chambres.

Malgré ces contraintes, on a remarqué une volonté nettement affichée de l’administration de l’établissement et des enseignants d’assurer la mission assignée à l’IPN et même la dépasser en vue d’en faire une Grande Ecole destinée à la formation des professeurs de niveau doctoral pour pallier le manque de professeurs qualifiés dans les Instituts Supérieurs Pédagogiques dont le nombre est très important (± 40).

3.3.2 L’Institut Supérieur Pédagogique Technique de Kinshasa (ISPT-KIN)

L’ISPT-KIN a été créé en 1976 en collaboration avec la coopération belge. Il

est destiné à former des enseignants et de techniciens pour (i) les écoles techniques secondaires ; (ii) les écoles professionnelles ; (iii) les écoles centres de formation professionnelle ; (iv) les unités de formation, de recyclage et de perfectionnement technique de diverses entreprises et société du pays. L’ISPT-KIN est également tout indiqué pour assurer le recyclage des enseignants techniques du secondaire dans les disciplines qu’il assure maintenant à savoir l’électricité, la mécanique et l’électromécanique. L’ISPT-KIN organise aussi quelques travaux de recherche. L’effectif des étudiants est de 360 dont 10 filles en 2003. L’effectif peut même doubler mais il manque de locaux.

L’entretien que nous avons eu avec le Directeur Général et ses collaborateurs

rélève que l’ISPT-KIN est une école technique de bonne qualité à en croire les appréciations des employeurs des lauréats de l’ISPT-KIN. Les diplômés sont très appréciés sur le marché du travail. Le dispositif de cette école et son programme peuvent intéresser nombre de pays de la sous-région de l’Afrique Centrale, le Tchad et la R.C.A par exemple.

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3.3.3 L’Institut Supérieur Pédagogique de la GOMBE (ISP/GOMBE)

Crée en 1981, l’Institut Supérieur Pédagogique de la GOMBE (ISP/GOMBE) est le seul établissement d’enseignement supérieur de formation des enseignants du secondaire eu RDC, reservé aux filles. Il a pour missions : (i) de pouvoir le pays en enseignantes de très haut niveau de formation générale et spécialisée ; (ii) de stimuler chez la future enseignante une prise de conscience de son rôle d’encadreur, de la noblesse et de la dignité de sa personne ; (iii) d’organiser la recherche dans le domaine de la pédagogie appliqué et d’en diffuser les résultats.

L’ISP/GOMBE dispose des options suivantes : Lettres et Sciences Humaines ;

Sciences exactes et Techniques (Sciences commerciales et Administratives et Hôtesse d’Accueil et Hôtellerie). Cette dernière option qui vient d’être créée attire beaucoup d’étudiantes.

Le nombre d’étudiantes est passé de 200 en 1981 à 1 700 étudiantes en

2003. La formation est assurée par 120 enseignants dont 20 femmes tous grades confondus. L’infrastructures (salle de classe, laboratoire) et les équipements sont insuffisants par rapport aux besoins de l’établissement.

3.3.4 La Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa

La Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa qui a été créée en 1954 sous la dénomination « Université Lovanium ». Suite à la première réforme de l’Enseignement Supérieur Universitaire intervenue en 1971, la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education a été transférée à Kisangani avec ses laboratoires, sa bibliothèque, ses services spécialisées, son personnel académique et scientifique. Elle reprendra timidement à l’Université de Kinshasa en 1991 mais sans son patrimoine. Cela ne va pas sans problèmes.

La Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education est l’unique faculté

chargée de la formation des enseignants et administrateurs (y compris les inspecteurs des institutions éducatives) à Kinshasa. Elle a pour missions : (i) la formation des enseignants de psychologie et de pédagogie pour les humanités pédagogiques (gradués et licenciés) ; (ii) la formation des enseignants spécialistes d’autres disciplines (agrégés de l’enseignement secondaire du second degré) ; (iii) la formation des enseignants de l’enseignement supérieur et universitaire en Sciences Psychologiques et en sciences pédagogiques y compris la didactique des disciplines (DES, DEA, Doctorat) ; (iv) le développement des activités de recherche en psychologie et en pédagogie et la publication des résultats. La Revue de Psychologie et de Pédagogie sert de moyen de publication des résultats de travaux de recherche de la Faculté. Présentement, 750 étudiants dont 25 % de femmes sont inscrits à la faculté tous niveaux et toutes disciplines confondus. La faculté dispose des compétences variées (29 professeurs dont 01 femme et 53 chefs de Travaux et Assistants disponibles pour assurer la formation. Les programmes de formation en vigueur sont dépassés et un projet de nouveaux programmes est déjà élaboré et transmis aux instances nationales pour décision.

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La faculté abrite l’antenne de la Chaire UNESCO des Sciences de l’Education pour l’Afrique centrale.

4. PROBLEMES GENERAUX ET BESOINS PRIORITAIRES

4.1 PROBLEMES GENERAUX DES INSTITUTIONS DE FORMATION DES ENSEIGNANTS EN RDC

Les Etats Généraux de l’Education tenus en 1996 ont épinglé plusieurs maux

dont souffre le système éducatif congolais en général parmi lesquels (i) la dévalorisation de la fonction enseignante ; (ii) l’insuffisance, le manque d’entretien et de renouvellement des infrastructures scolaires et académiques ; (iii) le manque d’équipements et matériels didactiques appropriés ; (iv) la modicité des moyens financiers alloués au secteur éducatif ; (v) l’absence totale des matériels didactiques etc.7

Les difficultés que rencontrent les institutions de formation des enseignants en

RDC dans l’accomplissement de leurs missions outre celles déjà évoquées peuvent se résumer comme suit :

(i) les difficultés d’ordre matériel : l’insuffisance d’infrastructures

pour faire face à la demande toujours croissante en matière de formation ; le manque d’équipement et de matériels didactiques appropriés ; l’absence totale de technologie nouvelle de l’information ;

(ii) les difficultés d’ordre pédagogique : les programmes de

formation ne sont pas toujours remis à jour en tenant compte des problématiques du monde contemporain à savoir les problèmes de population, de l’environnement, de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme, etc. ; les méthodes pédagogiques sont restées traditionnelles pour la plupart des institutions ; la recherche est peu développée et les moyens de diffusion des résultats de la recherche sont presque inexistantes ;

(iii) les difficultés d’ordre social : les enseignants sont peu motivés

de fait du faible niveau de salaire ; les promotions dans la carrière ne sont pas garanties par manque d’opportunité de formation au niveau doctoral par exemple ; la suppression brutale de la bourse d’études, du logement décent, de la restauration ainsi que du transport en commun a largement contribué à rendre plus difficile les conditions des études des étudiants.

7 RDC, Programme Triennal Minimum actualisé 1999-2001, Ministère du Plan et du Commerce, Kinshasa, Août 1999 p. 117

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4.2 . BESOINS SPECIFIQUES PRIORITAIRES DES INSTITUTIONS DE

FORMATION DES ENSEIGNANTS VISITEES L’entretien avec les responsables des institutions de formation des enseignants visitées et leurs collaborateurs a mis à jour les besoins prioritaires de ces établissements. Ces besoins satisfaits permettront à chacune d’elles de jouer pleinement son rôle. 4.2.1 Au niveau de l’Institut Pédagogique National (IPN) Les besoins prioritaires retenus sont les suivants :

- L’organisation des études post-universitaires sur place pour la formation doctorale des enseignants de l’Institut. La formule préconisée pourrait être l’ouverture d’une antenne de la Chaire UNESCO en Sciences de l’Education au sein de l’IPN même. Cette antenne sera spécialisée dans le domaine des didactiques. Pour atteindre cet objectif, l’IPN pourrait être érigé en une Grande Ecole de Pédagogie ;

- Le renforcement de la bibliothèque existante et son informatisation ;

des bibliothèques spécialisées par département pourraient voir le jour ;

- La restauration et l’agrandissement des laboratoires (sciences exactes

et langues) et leur équipement ;

- La réhabilitation et l’extension de salles de cours et leur équipement ;

- La mise en place d’un parc informatique doté d’unités informatiques en nombre suffisant et l’accès aux techniques nouvelles d’information (Internet, WEB, etc.) ;

- La construction et l’équipement d’un complexe sportif pour le

département de l’Education Physique et Sportive ;

- Le renforcement des capacités du Centre de Recherche en pédagogie appliquée dans le but de produire sur place les manuels et les matériels didactiques ;

- Le renforcement des capacités de l’IPN pour assurer la formation

continue des enseignants du secondaire ;

- La réhabilitation, l’équipement et l’augmentation de la capacité d’accueil de l’Ecole d’application de l’IPN ;

- La réhabilitation et l’extension des résidences des étudiants ;

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- L’appui institutionnel en vue de rendre l’administration de l’Institut plus opérationnelle ;

- L’amélioration des conditions de travail et de vie des enseignants de

l’IPN.

4.2.2. Au niveau de l’Institut Supérieur Pédagogique Technique de Kinshasa (ISPT-KIN) Les besoins prioritaires de cet établissement concernent globalement l’équipement, l’infrastructure et le fonds documentaire de la bibliothèque : - L’équipement des salles de cours, des ateliers et des laboratoires ; - Le réapprovisionnement en matières premières ;

- L’augmentation de la capacité d’accueil de l’ISPT-KIN par la

construction des infrastructures supplémentaires ;

- La dotation des livres techniques en complément des 2 000 livres techniques dont dispose actuellement la bibliothèque qui date de la coopération belge, il y a 10 ans ;

- La mise en place d’un parc informatique doté d’unités informatiques

en nombre suffisant avec des logiciels techniques spécialisés ;

- L’informatisation intégrale de l’ISPT-KIN (Internet – création de réseau, etc.) ;

- L’appui financier et matériel à l’ISPT-KIN pour la création d’un centre

de recyclage des Enseignants Techniques du secondaire ;

- L’ouverture de deux autres options prioritaires à l’ISPT-KIN à savoir l’Agriculture (agro-alimentaire et mécanique agricole) et la chimie industrielle ;

- L’érection de l’ISPT-KIN en un Centre d’Excellence sous-régional.

4.2.3. Au niveau de l’Institut Supérieur Pédagogique de la GOMBE (ISP/GOMBE)

Les besoins prioritaires identifiés pour améliorer la qualité de la formation à l’ISP/GOMBE sont les suivants :

- La construction de nouvelles infrastructures pour faire face à la demande croissante des étudiantes ;

- La dotation d’un fonds documentaire spécialisé pour la bibliothèque

qui ne dispose que de vieux livres, parfois désactualisés ;

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- La mise en place d’un parc informatique connecté sur le réseau

Internet ;

- L’équipement des salles de cours et des laboratoires en matériels didactiques appropriés ;

- La formation doctorale sur place pour les enseignants de

l’ISP/GOMBE en vue d’assurer la relève de l’actuel corps vieillissant ;

- La motivation des enseignants par la relève de leurs salaires ;

- L’encouragement aux activités de recherche en léthargie par manque de moyens.

4.2.4. Au niveau de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa.

Les besoins prioritaires de la Faculté sont les suivants :

- La réhabilitation des infrastructures et leurs équipements (salles de cours, bibliothèque, laboratoires, en particulier le laboratoire de psychologie expérimentale.) ;

- La formation des professeurs attitrés pour assurer la relève du corps

enseignant vieillissant ;

- La motivation des enseignants en améliorant leurs conditions de

travail (relèvement du niveau de salaire, transport, logement, soins médicaux, congé, etc.) ;

- La dotation de la bibliothèque d’ouvrages scientifiques, périodiques,

journaux, CD-ROM, équipements modernes, etc. ;

- La mise en place d’un parc informatique doté d’unités informatiques en nombre suffisant et leur connexion à l’Internet ;

- La mise à la disposition d’un fonds permettant la réalisation des

travaux de recherche des étudiants ; les projets de recherche individuels et collectifs des enseignants ; les publications (revues, annales, journaux, thèses, etc.) ;

- La mise à disposition d’un fonds permettant la participation à des

conférences, colloques scientifiques, séminaires internationaux ;

- La mise en place d’un atelier spécialisé en micro-enseignant .

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5. OBSERVATIONS GENRALES

En matière de formation des enseignants, la RDC dispose d’un dispositif très fonctionnel, varié et décentralisé qui couvre l’ensemble des besoins du pays dans ce domaine. Ce dispositif qui est assez original en comparaison à ceux de même vocation en Afrique Centrale (Tchad, R.C.A, Gabon…) a des atouts certains, mais comporte tout de même quelques faiblesses liées principalement aux moyens de mise en œuvre de la politique nationale de formation des enseignants. 5.1. LES ATOUTS : Les atouts peuvent être résumés en quelques points :

5.1.1 La RDC affiche clairement sa volonté de valoriser les ressources humaines. Pour le Gouvernement, les « ressources humaines constituent la vraie richesse et le moteur de développement dont dépend la mise en valeur des autres ressources ».

5.1.2 Cette volonté s’est matérialisée par la création des humanités pédagogiques pour la formation des maîtres de l’enseignement primaire à travers tout le pays. La formation des enseignants de secondaire est assurée dans 27 Instituts Supérieurs Pédagogiques, 2 Instituts Supérieurs Pédagogiques Techniques publics, 3 Universités avec des effectifs d’étudiants assez considérables. Rien que les quatre établissements que nous avons visités ont un effectif total de 3 410 étudiants. Ce qui veut dire que ces quatre institutions seulement peuvent injecter plus d’un millier d’enseignants dans le système éducatif congolais chaque année.

5.1.3 Les structures de formation des enseignants existent physiquement. Les institutions que nous avons visitées fonctionnent dans des locaux assez solidement bâtis.

5.1.4 Le personnel d’encadrement est en nombre et qualité fort appréciable. Dans les institutions visitées par exemple, on a noté la présence de plusieurs professeurs de haut niveau (Doctorat) et des Chefs de Travaux (DES, DEA). La volonté de former sur place des doctorants est exprimée partout où nous sommes passés.

5.1.5 Les candidats à la formation des enseignants sont nombreux aussi bien les filles que les garçons, en témoignent leurs effectifs toujours croissants dans les établissements que nous avons visités.

5.2. LES FAIBLESSES

La faiblesse majeure des institutions de formation des enseignants en RDC réside dans le financement des activités de formation pour garantir sa

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qualité. Les infrastructures méritent d’être réhabilitées et agrandies pour répondre au besoin de la demande de formation ; les équipements sont à renouveler ; la nouvelle technologie de l’information doit être mise en place dans les institutions de formation pour les adapter aux impératifs du troisième millénaire ; les conditions de travail des enseignants doivent être sérieusement améliorées. Tout cela nécessite un financement conséquent. Les sources de financement doivent provenir de l’Etat, des bénéficiaires et des partenaires en développement. En RDC, le fonctionnement des établissements de formation des Enseignants repose essentiellement sur la contribution des bénéficiaires c’est-à-dire les étudiants et leurs parents. L’apport de l’Etat est insignifiant. La coopération des partenaires au développement est inexistante depuis plus d’une décennie.

De manière générale, l’observation des établissements de formation

des enseignants visités amène aux constats suivants : (i) les établissements de formation des enseignants ont des spécificités mais fonctionnent de façon complémentaire. Il n’ y a pas de chevauchement dans les actions menées. L’orientation politique dans ce domaine est claire. (ii) l’ensemble des établissements ont procédé à la révision de leurs programmes de formation en tenant compte des préoccupations du monde contemporain (santé, environnement, population, etc.). Les compétences intellectuelles existent mais les ressources matérielles et financières ne sont pas disponibles pour atteindre les objectifs assignés à chaque établissement de formation. (iii) les méthodes pédagogiques demeurent traditionnelles. L’utilisation de la nouvelle technologie de l’information bien que vivement souhaitée n’existe pas faute de moyens. La formation continue des enseignants figure dans le dispositif de formation des établissements visités mais elle n’est opérationnelle par manque d’appui. (iv) les bibliothèques existent mais sont peu fournies. Tous les établissements visités ont clairement exprimé leurs besoins dans ce domaine et la liste des ouvrages, périodiques, journaux et autres équipements sont disponibles. Il ne reste que l’appui financier pour les acquérir. Toutes les institutions entretiennent de liens de coopération au niveau national. La coopération internationale avec les institutions de même vocation est plutôt timide. (v) l’Association des Enseignants participe à la préparation des plans et des programmes des institutions de formation des enseignants (à l’IPN par exemple). Elle est consultée sur les questions relatives aux conditions de travail des enseignants. (vi) les conditions de travail des enseignants sont très difficiles : salaires insignifiants et irréguliers, absence d’avantages sociaux tels que le logement, le transport, les soins de santé, les congés sabbatiques, de participer à des conférences et autres colloques internationaux sur l’éducation. (vii) l’équité dans le domaine genre est prise en compte dans les établissements visités. Le personnel enseignant féminin représente 25 à 30 % des effectifs dans ces établissements. La proportion des étudiantes est de l’ordre de 40 %. Un établissement est spécialement ouvert aux filles et compte 1 700 étudiantes en 2003.

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CONCLUSIONS La volonté de valoriser les ressources humaines, seules vraies richesses du pays, est clairement exprimée en RDC. Les orientations politiques sont claires et précises dans ce domaine. La matérialisation de cette volonté politique s’est traduite par la mise en place d’un important dispositif de formation des enseignants à tous les niveaux pour couvrir l’ensemble des besoins du pays. Les institutions de formation des enseignants existent en nombre suffisant mais leurs capacités d’accueil méritent d’être augmentées pour répondre à la demande toujours croissante des étudiants. Les équipements sont détériorés pour la plupart. Les matériels didactiques sont inexistants ou peu performants. L’outil informatique n’existe pas. Les compétences intellectuelles de haut niveau sont disponibles mais leurs conditions de travail sont très précaires. Les salaires sont bas et il manque les avantages sociaux. Tout cela tend à jouer négativement sur la qualité de la formation des enseignants en RDC. Les ressources à mobiliser pour renforcer les capacités des institutions de formation des enseignants proviennent de l’Etat, des bénéficiaires et de la coopération internationale. Mais à l’état actuel, tous les établissements ne fonctionnent que sur les contributions des bénéficiaires. Ce qui limite les capacités de ces institutions. L’Etat devra s’efforcer d’apporter un appui financier conséquent. A défaut de cet appui, la coopération internationale pourrait agir efficacement pour renforcer les capacités des instituions de formations des enseignants en RDC. Certains besoins sont urgents : matériels didactiques, équipement, formation des formateurs (initiale et continue), informatique ; d’autres peuvent faire l’objet de recherche de source de financement : réhabilitation des infrastructures, augmentation de leurs capacités d’accueil, construction de nouveaux campus, etc.

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RECOMMANDATIONS GENRALES Des divers documents consultés, des avis recueillis auprès des plus hauts responsables des institutions de formation des enseignants visitées, des informations reçues sur les priorités nationales en matière de formation des enseignants en RDC, il se dégage un certain nombre d’éléments majeurs, de grands axes prioritaires des recommandations générales auxquels les autorités nationales et l’UNESCO devront porter une attention particulière. Il est donc recommandé : En ce qui concerne le renforcement des capacités

1. Assurer sur place la formation des formateurs au niveau du troisième cycle à l’Institut Pédagogique National et à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa ;

2. Eriger l’Institut Pédagogique National en une Grande Ecole

Pédagogique pour former les formateurs des Instituts Supérieurs Pédagogiques orientés vers la pédagogie appliquée. La formule serait d’ouvrir une deuxième antenne de la Chaire UNESCO des Sciences de l’Education au sein de l’IPN ;

3. Doter l’Institut Supérieur Pédagogique Technique de

Kinshasa des moyens conséquents pour en faire un Centre d’Excellence dans le domaine de la formation des enseigants du secondaire Technique qui peut intéresser nombre des Etats de la sous-région (Tchad, R.C.A, Gabon etc.) ;

En ce qui concerne les programmes

4. Diversifier les options dans les Instituts Supérieurs

Pédagogiques pour répondre à la demande de l’enseignement secondaire. Cela suppose un renforcement de la formation des formateurs en amont dans les Facultés de Psychologie et de Pédagogie et à l’Institut Pédagogique National ;

En ce qui concerne les matériels didactiques 5. Doter les institutions visitées des matériels didactiques

adoptés à leurs spécificités pour atteindre le niveau normal de performance requis ;

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Pour ce qui concerne les bibliothèques et équipement

6. Acquérir des ouvrages scientifiques, des périodiques, journaux, CD-ROM et tous les équipements de gestion moderne des bibliothèques ;

7. Equiper les salles de cours, amphithéâtres et les centres de

documentation et de production des manuels, par exemple l’Imprimerie de l’Institut Pédagogique National ;

En ce qui concerne les nouvelles technologies de l’information 8. Doter chacune des institutions visitées d’un parc informatique

avec des unités en nombre suffisant et des logiciels spécialisés pour l’enseignement technique ;

9. Connecter chaque parc informatique au réseau Internet ; En ce qui concerne la recherche 10. Equiper les laboratoires spécialisés dans chaque institution ; 11. Mettre en place des fonds spéciaux pour appuyer la

recherche dans chaque institution ;

12. Faciliter la diffusion des résultats de la recherche à travers les revues scientifiques et leurs communications dans les colloques scientifiques internationaux ;

En ce qui concerne les infrastructures 13. Réhabiliter les infrastructures existantes ; 14. Construire de nouvelles salles de cours, laboratoires et

autres installations sportives pour répondre aux besoins toujours croissants ;

Au sujet des relations avec d’autres Institutions 15. Instituer, au niveau national, une Conférence annuelle des

Directeurs Généraux et Doyens des Facultés de Psychologie et Pédagogie comme cadre de concertation ;

16. Rechercher un partenariat au niveau international avec les

institutions de même vocation. L’UNESCO peut jouer un rôle de facilitateur ;

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En ce qui concerne les conditions de travail des enseignants

17. Prévoir dans chaque projet d’appui aux institutions de formation des enseignants une ligne budgétaire pour les primes de sujétion destinées à motiver les formateurs.

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ANNEXES

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ANNEXE 1

Liste des personnes rencontrées

1. Prof. MASIALA MA SOLO, Vice-Ministre chargé de l’Enseignement Supérieur et Universitaire et de la Recherche Scientifique et Technologique.

2. Prof. NSAMBI BOLALUETE, Secrétaire Permanent de la Commission Nationale pour l’UNESCO

3. Prof. Paul-Richard NGONGO DISASHI, Chef de Département de Gestion et Administration Scolaire de l’Institut Pédagogique National, Point focal de la Consultation.

4. Prof. MBAFUMOJA PALUKU, Directeur Général de l’Institut Pédagogique National.

5. Prof. MEKONGO SAYA, Secrétaire Général de l’Institut Pédagogique National.

6. MENGI KAPITA, Secrétaire Général Administratif, IPN. 7. YEYE MAKAMBO, AB/IPN. 8. Prof. NGILAMBI-TE-AKONAMBI, CRPA/IPN. 9. YVNA RADJABU, Chef de Documentation, IPN. 10. SIKU KAMATE, Directeur de Cabinet, DG/IPN 11. NKEMA LOK, Chef de section bibliothèque IPN 12. BAKANOA ASSANGU, Assistant DG/IPN 13. KABAMBA PALATA, IPN 14. Prof. BINZANGI K, IPN 15. Prof. NKONGOLO TIKIM, IPN 16. Prof. KASELE LAÏVI, IPN 17. Prof. MBAYA NTUMBULA, UNAPES, IPN 18. Robert MAHAMBI BAKAYA, IPN 19. BOLA BOTO, Assistant DG/IPN 20. NGABIE MULINGA, Secrétaire/SYNAPAT, IPN 21. Rév. Fr. GUEBEN Jena-Marie, Directeur Général de l’Institut Supérieur

Pédagogique Technique de Kinshasa. 22. Prof. KITSISA KHONDE, Secrétaire Général Académique ISPT/Kin 23. MASIMO MOZIBA, Secrétaire Général Administratif, ISPT/Kin 24. BYRUNGU KAGABA, Administrateur du Budget, ISPT/Kin. 25. Prof. GOLAMA SWANA Anicet, Directeur général de l’Institut Supérieur

Pédagogique de la GOMBE (ISP/GOMBE) 26. Valentin MATUMELE MALAYI, Secrétaire Général Académique de

l’ISP/GOMBE. 27. Mme MANANGA BUSHABY, Administrateur de Budget, ISP/GOMBE. 28. Prof. Timothée BAYOMBO MBOKOLIABWE, Doyen de la Faculté de

Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa. 29. Prof. MPINDA MUKUMBI, Vice-Doyen chargé de la recherche à la Faculté de

Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Kinshasa.

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ANNEXES 2 Liste des documents consultés 1. République Démocratique du Congo, Le système universitaire congolais :

répertoire des Etablissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, Ministère de l’Education Nationale, Kinshasa, Fév. 2003, 163 p.

2. République Démocratique du Congo, Programme Triennal Minimum actualisé 1999-2001, Ministère du Plan et du Commerce, Kinshasa, Août 1999, 150 p.

3. République Démocratique du Congo, Loi-cadre portant organisation du système éducatif de la République Démocratique du Congo, Ministère de l’Education Nationale, Kinshasa, Déc. 2001, 48 p. (Avant-Projet).

4. République Démocratique du Congo, Déclaration de Politique éducative, Ministère de l’Education Nationale, Kinshasa, Décembre 1999. 18 p. (Avant-Projet).

5. Ministère de l’Education Nationale, Etat des Lieux de l’Institut Pédagogique National, IPN, Direction Générale, Kinshasa, Avril 2003, 12 p.

6. Ministère de l’Education Nationale, Identification de l’Institut Supérieur Pédagogique Technique de Kinshasa, ISPT-KIN, Direction Générale, Kinshasa, Avril 2003, 4 p. et annexes.

7. Ministère de l’Education Nationale, Présentation de l’Institut Supérieur Pédagogique de la GOMBE, ISP/GOMBE, Direction Générale, Kinshasa, Avril 2003, 25 p.

8. Univeristé de Kinshasa, Etats des lieux de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education, Kinshasa, Avril 2003.

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