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Unité – Travail – Progrès RAPPORT PRELIMINAIRE DE L’ENQUETE NUTRITIONNELLE ET DE MORTALITE RETROSPECTIVE DANS LA BANDE SAHELIENNE DU TCHAD COLLECTE DES DONNEES DU 23 JUILLET AU 28 AOUT 2010 En partenariat avec : Financé par :

RAPPORT PRELIMINAIRE DE L’ENQUETE NUTRITIONNELLE ET DE MORTALITE RETROSPECTIVE DANS LA BANDE SAHELIENNE DU TCHAD (Juillet – Août 2010)

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L‘ « Analyse Globale de la Sécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité » (CFSVA1), réalisée en mai 2009 sous la coordination du Ministère de l’Agriculture, a été la dernière enquête nationale ayant procédé à une évaluation de l’état nutritionnel de la population du Tchad. Cette enquête avait révélé un taux de malnutrition aigue globale (MAG) de 16,6% au niveau national (dont 4,4% correspondant à la forme sévère) et des pics allant au delà de 20% dans presque toutes les régions de la bande du Sahel. Ce niveau (MAG > 15%) est défini par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2000) comme « critique » et, par le Standing Committee on Nutrition des Nations Unies (UNSCN, 2009), comme « urgence humanitaire ».La faible pluviométrie en 2009 et la détérioration de la sécurité alimentaire2 qui s’en est suivi ont mis en alerte les autorités nationales, les agences des Nations Unies et les ONG sur les risques d’aggravation de l’état de malnutrition et, par conséquent, de hausse du taux de mortalité.Une enquête anthropométrique et de mortalité a donc été commanditée par le Ministère de la Santé Publique et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) dans le but d’évaluer l’état nutritionnel de la population vivant dans la bande du Sahel. Les régions couvertes par l’étude sont les suivantes: Lac, Hadjer Lamis, Batha, Guera, Wadi Fira, Ouaddai et Sila.L’enquête a été financée par le Service d'Aide Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO) et réalisée en partenariat entre le Centre National de Nutrition et Technologie Alimentaire (CNNTA), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).Cette enquête fait partie d’un programme à long terme de monitorage de la situation nutritionnelle dans le Tchad et sera répété tout les six mois, selon la disponibilité des fonds.

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Unité – Travail – Progrès

RAPPORT PRELIMINAIRE DE L’ENQUETE NUTRITIONNELLE ET DE MORTALITE RETROSPECTIVE DANS LA BANDE SAHELIENNE DU TCHAD

COLLECTE DES DONNEES

DU 23 JUILLET AU 28 AOUT 2010

En partenariat avec :

Financé par :

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Rapport préliminaire de l’enquête nutritionnelle et de mortalité rétrospective dans six régions de la bande sahélienne du Tchad Juillet – Août 2010 Pour toute information complémentaire sur l’enquête, veuillez contacter : Roger Sodjinou UNICEF Nutrition Manager Unicef N’Djamena-Tchad Email : [email protected] David Rizzi Public Health Nutritionist International Consultant Email : [email protected] Fatime Barounga Unicef Nutrition Specialist Unicef N’Djamena-Tchad Email : [email protected]

MERCIEMENTS

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REMERCIEMENTS

Le CNNTA et l’UNICEF remercient vivement ECHO pour le financement de l’enquête et la Ministre de la Santé Publique du Tchad pour avoir autorisé la réalisation de l’enquête dans la bande sahélienne du pays. Nos remerciements s’adressent également : - à l’Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED)

et en particulier à Kostelngar Nodjimadji pour le soutien dans l’échantillonnage et la saisie

des données ;

- aux Drs Adoum Daliam et Bechir Mahamat du CNNTA pour leur soutien constant et efficace ;

- au staff technique, administratif, logistique et de support du bureau national de l’UNICEF à

N’Djamena, et en particulier à Yaron Wolman, Roger Sodjinou et Fatime Barounga ;

- au personnel de support administratif et logistique de l’UNICEF et, en particulier à Abel

Kedigui et Habib Barka ;

- au personnel UNICEF de l’Est et en particulier à Dr Guy Yogo, Esaie Domaya et Arnaud

Quemin ;

- aux membres du comité de pilotage de l’enquête pour leur participation aux différentes

étapes de déroulement de l’enquête ;

- à ACF pour avoir participé aux discussions de préparation des enquêtes ;

- aux autorités administratives et sanitaires des différentes régions pour leur soutien dans la

phase de sélection du staff et facilitation du travail de collecte ;

- aux membres des familles, et en particulier aux 4000 enfants ayant participé à l’étude ;

- aux enquêteurs et superviseurs qui ont conduit l’enquête sur le terrain avec

professionnalisme et une endurance et patience remarquables dans un contexte de travail

très difficile.

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ACRONYMES ET DEFINITIONS

ACF Action Contre la Faim

CNNTA Centre National de Nutrition et Technologie Alimentaire

CPN Consultation Pré-Natale

CSAS Centric Systematic Area Sampling (Système de monitorage de la couverture)

ECHO Service d'Aide Humanitaire de la Commission Européenne

ENA Emergency Nutrition Assessment (Logiciel pour la planification et analyse d’enquête SMART)

ET Ecart Type

FAO Food and Agricultural Organisation of the United Nations

IC Intervalle de Confiance

INSEED l’Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques

IPC Integrated Food Security Phase Classification

MAG Malnutrition Aiguë Globale

MAM Malnutrition Aiguë Modérée

MAS Malnutrition Aiguë Sévère

MSP Ministère de la Santé Publique

NCHS National Center for Heath Statistics

OMS Organisation Mondiale de la Santé

P/A Poids-pour-Age

PAM Programme Alimentaire Mondial

PB Périmètre Brachial

PCIME Prise en Charge Intégrée des Maladie des Enfants

PEV Programme Élargi de Vaccination

P/T Rapport Poids pour Taille

UNSCN United Nation Standing Committee on Nutrition

SMART Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions

SQUEAC Semi-quantitative Evaluation of Access and Coverage

T/A Rapport Taille pour Age

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

WHO voir OMS

ZD Zone de Dénombrement

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1. INTRODUCTION

L‘ « Analyse Globale de la Sécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité » (CFSVA1), réalisée en mai 2009 sous la coordination du Ministère de l’Agriculture, a été la dernière enquête nationale ayant procédé à une évaluation de l’état nutritionnel de la population du Tchad. Cette enquête avait révélé un taux de malnutrition aigue globale (MAG) de 16,6% au niveau national (dont 4,4% correspondant à la forme sévère) et des pics allant au delà de 20% dans presque toutes les régions de la bande du Sahel. Ce niveau (MAG > 15%) est défini par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2000) comme « critique » et, par le Standing Committee on Nutrition des Nations Unies (UNSCN, 2009), comme « urgence humanitaire ». La faible pluviométrie en 2009 et la détérioration de la sécurité alimentaire2 qui s’en est suivi ont mis en alerte les autorités nationales, les agences des Nations Unies et les ONG sur les risques d’aggravation de l’état de malnutrition et, par conséquent, de hausse du taux de mortalité. Une enquête anthropométrique et de mortalité a donc été commanditée par le Ministère de la Santé Publique et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) dans le but d’évaluer l’état nutritionnel de la population vivant dans la bande du Sahel. Les régions couvertes par l’étude sont les suivantes: Lac, Hadjer Lamis, Batha, Guera, Wadi Fira, Ouaddai et Sila. L’enquête a été financée par le Service d'Aide Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO) et réalisée en partenariat entre le Centre National de Nutrition et Technologie Alimentaire (CNNTA), le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Cette enquête fait partie d’un programme à long terme de monitorage de la situation nutritionnelle dans le Tchad et sera répété tout les six mois, selon la disponibilité des fonds.

2. METHODOLOGIE

Cette étude à été conçue de manière a générer des données significatives au niveau régional3 et permettre ainsi donc de comparer les résultats entre différentes régions et, éventuellement, faire des recommandations spécifiques. Nous avons adopté la méthodologie d’enquête SMART: il s’agit d’une méthode transversale, en grappes, à deux degrés. Un premier tirage des 33 Zones de Dénombrement (ZD), dont 3 de réserve, a été réalisé, proportionnellement à la population, par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED). Ensuite, dans les ZD sélectionnées4, les ménages à enquêter ont été choisis au travers d’une méthode aléatoire systématique5.

1 PAM (2009). Analyse Globale de la Sécurité Alimentaire et de la Vulnérabilité. République du Tchad.

2 PAM (2010). Evaluation de la Sécurité Alimentaire des Populations Affectées par la Sécheresse dans la Bande Sahélienne Ouest du Tchad.

3 Dans le cas de la région du Kanem deux enquêtes ont été réalisées couvrant les districts de Nokou et Mao.

4 Dans le cas où la ZD incluait plusieurs villages, un degré d’échantillonnage a été rajouté en sélectionnant un village de la ZD de façon aléatoire.

5 À partir de la population de la ZD et du nombre de ménages à enquêter nous avons calculé le pas de sondage X, tiré

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La population d’étude est l’ensemble des habitants des régions sus mentionnées, sauf les résidents des camps de réfugiés et des sites de déplacés. À cause de fortes pluies, les équipes n’ont pas pu se rendre dans certaines zones, ce qui a affecte la représentativité des résultats dans ces endroits. Les tailles des échantillons régionaux qui ont été calculés diffèrent légèrement entre eux en fonction du taux de malnutrition et de mortalité attendus, de la précision souhaitée et de la composition des ménages. Elles varient entre 600 et 690 ménages. Dans chaque ménage les enquêteurs ont pris les mesures anthropométriques de tous les enfants de moins de 5 ans et demandé des informations concernant la composition du ménage et les décès qui avaient eu lieu, afin d’estimer la mortalité rétrospective, la période de rappel étant d’environ trois mois. Les références utilisées pour estimer l’état nutritionnel des enfants sont les normes de croissance de l’OMS du 20066. Les données ont été collectées sur les enfants de 0 à 59 mois. Dans ce rapport sont présentés uniquement les résultats pour les enfants de 6 à 59 mois ; ceux des enfants de 0 à 6 mois seront inclus dans le rapport final. En effet, la plupart des analyses anthropométriques concernent toujours les enfants à partir de 6 mois, période au cours de laquelle ils sont exposés a des problèmes d’accessibilité a des aliments de complément de bonne qualité. Néanmoins nous avons inclus dans l’enquête les enfants de moins de 6 mois pour éviter le biais de sélection qui, souvent, font que beaucoup d’enfants autour de 6 mois sont exclus par les enquêteurs lors de la selection. De plus, l’un des indicateurs du premier objectif du millénaire pour le développement (OMD 1) est la réduction de l’insuffisance pondérale (rapport poids/âge) parmi les enfants de 0 a 5 ans, d’où l’importance d’avoir des données sur cette tranche d’âge afin de suivre et évaluer les progressée 5 ans. La disponibilité de ces informations sera importante pour les institutions sanitaires et de développement nationaux et internationaux. Au total, 9 équipes composées de deux mesureurs, un interviewer et un superviseur ont participé à la collecte de données. Tout le staff a reçu une formation théorique sur la méthodologie d’enquête et a participé à des séances de travaux pratiques. Tous les mesureurs ont passé un test de standardisation sur la prise de mesure anthropométrique. Les Superviseurs ont reçu une formation supplémentaire sur la saisie et l’analyse de la qualité des données à l’aide du logiciel Emergency Nutrition Assessment (ENA). Une pre-enquête a eu lieu à N’Djamena pour la validation des outils de collecte des données et pour la vérification sur le terrain de la bonne compréhension et de l’application de la méthodologie. Les données anthropométriques ont été saisies une première fois sur le terrain par les superviseurs. La deuxième saisie des données anthropométriques et les deux saisies des données de mortalité ont été effectuées en collaboration avec l’INSEED à N’Djamena, après la phase de collecte des données. Les résultats ont été validés par le comité de pilotage présidé par le Directeur du CNNTA.

au sort le premier ménage, et sillonné tous les villages en enquêtant un ménage tous les X.

6 WHO Multicentre Growth Reference Study Group (2006). WHO Child Growth Standards: Length/height-for-age, weight-for-age, weight-for-length, weight-for-height and body mass index-for-age: Methods and development. WHO Genève.

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3. RESULTATS

La collecte des données s’est déroulée du 23 Juillet au 28 Août 2010. De fortes pluies et inondations ont retardé le travail des enquêteurs. Par conséquent, l’enquête dans la région de Sila n’a pas pu être terminée, car toute la région, à l’exception d’une partie de la sous préfecture de Goz Beida, était inaccessible en voiture. Dans les régions de Wadi Fira, Ouaddai et Batha, toujours pour des problèmes d’accessibilité, nous avons dû réduire la zone couverte par l’enquête et procéder à un deuxième tirage des grappes supplémentaires pour remplacer les grappes initialement sélectionnées mais inaccessibles. À l’exception de la sous-préfecture de Guereda dans le Wadi Fira qui présentait des risques sécuritaires, les autres zones ont été exclues lors du deuxième tirage à cause de l’impraticabilité des routes suite aux pluies torrentielles. Les zones qui ont été exclues sont les suivantes :

- Wadi Fira : les sous-préfectures de Guereda, Kolonga et Serim-birké - Ouaddai : les Départements d’Abdi et Amssoungha - Batha : les sous-préfectures de Yao, Am Djamena Bilala, Haraze Djombo Kibit, Amsak

Les résultats ne doivent donc pas être considérés valides pour les zones sus mentionnées. Dans les tableaux 1, 2, 3 et 4 sont présentés les principaux résultats de l’état nutritionnel et de la mortalité. Les résultats de l’anthropométrie concernent uniquement les enfants de 6 à 59 mois. Tab. 1 : Prévalence de la malnutrition aigue globale (P/T < -2 Z-scores et/ou œdèmes), modérée (P/T ≥ -3 Z-s

et < -2 Z-s), et sévère (P/T < -3 Z-s et/ou œdèmes) selon les références OMS 2006. Tchad, Bande du Sahel, Juillet/Aout 2010.

Région N Malnutrition aigue

globale (IC 95%) Malnutrition aigüe modérée (IC 95%)

Malnutrition aigüe sévère (IC 95%)

Lac 582 21,9%

(16,9-28,0) 16,0%

(12,4-20,3) 6,0%

(3,6-9,7)

Hadjer Lamis 574 15,2%

(11,8-19,2) 11,7%

(9,2-14,7) 3,5%

(2,1-5,8)

Batha 509 21,0%

(17,2-25,4) 15,9%

(13,1-19,2) 5,1

(3,3-7,8)

Guera 423 17,5%

(13,1-23,0) 12,8%

(9,2-17,4) 4,7%

(2,7-8,1)

Wadi Fira 619 24,9%

(20,2-30,2) 17,4%

(14,0-21,6) 7,4%

(5,3-10,4)

Ouaddai 526 19,0%

(15,5-23,0) 14,8%

(11,8-18,5) 4,2%

(2,4-7,1)

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Tab. 2 : Prévalence de la malnutrition aigue globale, modérée et sévère selon le PB (périmètre brachial) et/ou œdèmes. Tchad, Bande du Sahel, Juillet/Aout 2010.

Région N PB < 125mm et/ou œdème (IC 95%)

PB ≥110 et < 125mm (IC 95%)

PB < 110mm et/ou œdème (IC 95%)

Lac 581 22,0%

(18,7-25,4) 14,8%

(11,9-17,7) 7,2%

(5,1-9,3)

Hadjer Lamis 563 16,2%

(13,1-19,2) 13,0%

(10,2-15,7) 3,2%

(1,7-4,7)

Batha 505 7,1%

(4,9-9,4) 5,3%

(3,4-7,3) 1,8%

(0,6-2,9)

Guera 426 18,5%

(14,9-22,2) 14,3%

(11,0-17,6) 4,2%

(2,3-6,1)

Wadi Fira 613 14,2%

(11,4-17,0) 11,1%

(8,6-13,6) 3,1%

(1,7-4,5)

Ouaddai 527 16,1%

(13,0-19,3) 12,1%

(9,4-14,9) 4,0%

(2,3-5,7)

Tab. 3 : Prévalence de la malnutrition chronique globale (T/A < -2 Z-scores), modérée (T/A ≥ -3 Z-s et < -2 Z-

s), et sévère (T/A < -3 Z-s), modérée et sévère selon l’indice taille-âge exprimées en z-score selon les références OMS 2006. Tchad, Bande du Sahel, Juillet/Aout 2010.

Région N Malnutrition

chronique globale en % (IC 95%)

Malnutrition chronique modérée (IC

95%)

Malnutrition chronique sévère (IC

95%)

Lac 588 51,0%

(44,6-57,4) 25,0%

(21,7-28,6) 26,0%

(21,4-31,2)

Hadjer Lamis 574 37,1%

(33,1-41,2) 23,9%

(20,6-27,4) 13,2%

(10,3-16,8)

Batha 499 48,7%

(41,2-56,2) 26,7%

(22,6-31,1) 22,0%

(17,2-27,8)

Guera 407 54,1%

(47,7-60,3) 26,8%

(21,0-33,5) 27,3%

(22,5-32,7)

Wadi Fira 619 44,7%

(39,3-50,3) 25,0%

(21,4-29,1) 19,7%

(15,7-24,5)

Ouaddai 502 48,8%

(43,7-53,9) 22,9%

(19,0-27,4) 25,9%

(20,8-31,7)

Tab. 4 : Taux de mortalité brut et des enfants de moins de 5 ans mesuré rétrospectivement sur trois mois et exprimé en décès par jour et par 10.000 personnes. Tchad, Bande du Sahel, Juillet/Aout 2010.

Région N tot. Taux de mortalité brut /10.000/jour

(IC 95%)

N enfants de moins de 5

ans

Taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans /10.000/jour

(IC 95%)

Lac 2951 0,97

(0,65-1,43) 639

2,53 (1,52-4,19)

Hadjer Lamis 2994 0,39

(0,22-0,70) 636

1,72 (0,97-3,03)

Batha 3148 0,46

(0,33-0,64) 582

1,18 (0,63-2,19)

Guera 2966 1,03

(0,74-1,43) 549

3,18 (1,91-5,23)

Wadi Fira 3021 0,38

(0,20-0,73) 708

0,26 (0,06-1,05)

Ouaddai 2909 0,98

(0,56-1,72) 623

2,14 (1,03-4,41)

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4. DISCUSSION ET CONCLUSIONS

La classification de l’OMS7 (2000) de la situation nutritionnelle est présentée dans le tableau 5, la situation actuelle au Tchad est mise en évidence en rouge. Ce même document affirme qu’un taux de mortalité brut supérieur à 1 décès/10.000/jr est considéré un facteur aggravant de la situation nutritionnelle et que un taux de 2 décès/10.000/jr définit une situation sévère. Le seuil de 1 décès/10.000/jr a été proposé8 et est souvent utilisée comme seuil pour déclarer une urgence. Tab. 5 : Classification de l’état nutritionnel d’une population selon la prévalence

de la malnutrition aigue (% d’enfant avec P/T <-2 z-scores et/ou œdèmes).

OMS (2000)

Acceptable Poor Serious Critical

<5% 5-9% 10-14% ≥15%

Les résultats de cette enquête montrent une situation nutritionnelle critique et au dessus des seuils d’urgence dans toutes les régions de la bande sahélienne du Tchad. Bien qu’une analyse plus approfondie de la situation nutritionnelle sera faite lors de l’élaboration du rapport final et permettra d’émettre des recommandations ciblées par régions et tranche d’âge, la gravité de la crise dans l’ensemble de la bande requiert une intervention massive et urgente pour réduire la forte prévalence de la malnutrition aigue et la mortalité qui en résulte. La région plus affecté par la malnutrition aigue est celle de Wadi Fira. Toutefois un niveau de mortalité au-dessous de seuils d’urgence semblerait exclure la présence de facteurs aggravants et de mortalité accrue. Bien qu’aucune relation de causalité ne peut pas être inférée entre la présence de programmes de nutrition et le taux de malnutrition trouvés à partir de cette enquête, il demeure évident que les régions prioritaires pour les interventions nutritionnelles sont Lac et Wadi Fira. Dans ce régions on remarque des taux de malnutrition élevés et un manque d’organismes humanitaires s’investissant dans des opérations de prise en charge nutritionnelle. L’analyse de l’évolution de la situation nutritionnelle pendant l’année (saisonnalité) demeure difficile par manque des données de base. De la même manière, la mortalité accrue ne peut pas être estimée pour les mêmes raisons. Cette enquête permettra la génération de données de bases nécessaires pour le suivi des tendances. Les taux de mortalité (brut et des enfants de moins de 5 ans) dans la région du Guera sont les plus élevées de notre étude. Ils sont en-dessus des seuils d’alerte. Cette mortalité pourrait cacher une situation nutritionnelle encore plus sévère que celle constatée lors de la présente

7 OMS (2000). The Management of Nutrition in Major Emergencies. WHO, Genève.

8 Checchi, F. and L. Roberts (2005). Interpreting and using mortality data in humanitarian emergencies: A primer for non‐epidemiologists. Humanitarian Practice Network. London, ODI: 41.

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étude, des enfants malnutris sévères ayant pu décéder au cours des derniers mois précédant la collecte des données. Cela pourrait être la même situation pour les régions du Lac et du Ouaddai ou la mortalité des enfants de moins de 5 ans est supérieur à 2 décès/10 000/jr.

5. RECOMMANDATIONS

Par ordre de priorité nous recommandons : 1. Extension et renforcement des programmes de prise en charge de la malnutrition aigue sévère au niveau communautaire et hospitalier (pour les cas de malnutrition sévère avec complications).

Pour atteindre cet objectif, il est prioritaire d’augmenter la couverture géographique des services de prise en charge de la malnutrition sévère. L’UNICEF est en train de développer une stratégie d’intervention intégrée (incluant des composantes comme le PEV, la CPN et la PCIME ) et fonctionnant avec des cliniques mobiles qui permettront d’atteindre les zones les plus éloignées qui ne sont pas couvertes par des centres de santé. Cette approche est justifiée dans l’immédiat et permettra d’atteindre une importante couverture géographique. Toutefois, dans un pays avec un niveau de malnutrition aigue ‘structurelle’ très élevé tous les centres de santé et les hôpitaux devraient être en mesure de prendre en charge les cas de malnutrition sévère. La réponse actuelle à la crise nutritionnelle peut devenir une opportunité pour le passage à l’échelle du programme de prise en charge de la malnutrition aigue dans les aires plus affectées. Un plan d’approvisionnement et de distribution de matériel anthropométrique, outils, produit alimentaire thérapeutique devra être élaboré, le cluster nutrition étant le lieu idéal pour coordonner les efforts sous la supervision du CNNTA et de l’UNICEF. La formation du personnel revêt aussi une importance capitale. L’implication de tous les partenaires intervenant dans le domaine de la nutrition reste indispensable pour apporter une réponse rapide et efficace. La faible couverture des services nutritionnels a été remarquée par tous les partenaires participant au cluster nutrition9 coordonné par l’UNICEF à N’Djamena. Un programme de dépistage actif de la malnutrition dans les communautés peut être envisagé dans les zones/régions où des centres nutritionnels sont déjà opérationnels. Toutefois, le refus d’être pris en charge dans le programme alors qu’un état de malnutrition sévère a été dépisté est fréquent et devrait être mieux étudié pour comprendre les raisons et trouver des solutions adaptées.

2. Démarrer une distribution de vivres supplémentaires ‘blanket’ adressée aux groupes vulnérables (enfants de moins de 5 ans, femmes enceintes et allaitantes en priorité) quelque soit leur statut nutritionnel. La ration journalière recommandée est de 1000-1200 Kcal.

Un programme de nutrition supplémentaire peut réduire la dégradation de l’état nutritionnel des enfants vers la malnutrition sévère et donc prévenir la haute prévalence

9 Réunion du 31 aout 2010 dans le bureau de l’UNICEF de N’Djamena. Participants : CNNTA, UNICEF, PAM, ACF,

OCHA, MDM, Croix Rouge Française.

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actuellement enregistrée. La portée de cette crise demande10 l’apport d’une aide alimentaire supplémentaire ciblée sur les groupes les plus à risque des conséquences de la malnutrition. La priorité doit être donc donnée aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes ayant un enfant de moins de 6 mois et aux enfants de moins de 5 ans. Dans le cas des enfants de moins de 6 mois présentant la malnutrition aigue, la ration alimentaire sera donnée à la mère, eux même devant bénéficier d’une prise en charge thérapeutique selon le protocole en vigueur dans le pays. Le PAM a déjà prévu de mettre en place un programme similaire dans les régions de Lac, Kanem, Hadjer Lamis, Bahr el Gazel et Guera. Nous recommandons d’élargir ce programme dans les régions de Batha et Wadi Fira et Ouaddai, ces dernières étant parmi les plus touchées par la malnutrition aigue.

3. Monitorage de la situation nutritionnelle

Il est important de répéter les enquêtes nutritionnelles et de mortalité suivant la méthodologie SMART deux fois par an, une étant toujours réalisée pendant la période de soudure. Un système de monitorage basé sur les données épidémiologiques des centres nutritionnels est également recommandé, bien que plus sujet aux biais et contraintes opérationnelles (disponibilité des vivres et autres intrants, présence du personnel de gestion des centres, accessibilité aux centres par les bénéficiaires etc.). Cela permettra un suivi plus rigoureux et rapproché de la situation nutritionnelle entre les enquêtes. Une enquête de couverture CSAS (Centric Systematic Area Sampling) ou un système de monitorage de la couverture SQUEAC (Semi-quantitative Evaluation of Access and Coverage) est également recommandé pour évaluer la couverture des programmes de prise en charge et surtout comprendre les raisons qui empêchent la fréquentation des centres.

4. Divers

Les taux de malnutrition chronique sont très élevés dans tous les régions puisque près d’un enfant sur deux est atteint. Dans une perspective de moyen et long terme, il faudra prendre en compte les causes sous-jacentes de la malnutrition, tel que la santé, l’eau et l’assainissement et les soins psychosociaux. En termes opérationnels, il sera nécessaire d’utiliser une approche multisectorielle regroupant tous les secteurs (sante, WASH, VIH/SIDA, communication, etc.) et différents acteurs, gouvernementaux ou non, qui sont actifs dans ces domaines. Afin de prévenir l’apparition répétée des crises nutritionnelles de cette portée, il faudra également augmenter les investissements pour les programmes de prévention de la malnutrition.

Le rôle du CNNTA, notamment dans le passage à l’échelle du programme de prise en charge de la malnutrition sévère ainsi que dans les activités de prévention, de contingence et dans la surveillance nutritionnelle, est essentiel et devra être soutenu par le renforcement des capacités, et par la mise une mise a disposition par le gouvernement et les partenaires des ressources matérielles et financières beaucoup plus conséquents.

10 OMS (1999). Guidelines for Selective Feeding Programmes in Emergency Situations. WHO, Genève.