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PROJET FEP MIGRASURE 32-1009-002 RESTAURATION CIBLEE DE LA LIBRE CIRCULATION PISCICOLE DANS LE BASSIN HYDROGRAPHIQUE DE LA HAUTE-SURE SUR BASE DU GENOTYPAGE DES POPULATIONS DE TRUITE FARIO Université catholique de Louvain Faculté des Sciences Institut des Sciences de la Vie Rapport Juin 2012

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PROJET FEP MIGRASURE 32-1009-002

RESTAURATION CIBLEE DE LA LIBRE CIRCULATION PISCICOLE

DANS LE BASSIN HYDROGRAPHIQUE DE LA HAUTE-SURE

SUR BASE DU GENOTYPAGE DES POPULATIONS DE TRUITE FARIO

Université catholique de Louvain

Faculté des Sciences

Institut des Sciences de la Vie

Rapport

Juin 2012

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Convention de partenariat

entre

Le Parc naturel Haute-Sûre Forêt d’Anlier

(bénéficiaire de la subvention)

Chemin du Moulin, 2

B-6630 Martelange

Tél : 063/45.74.77

Fax : 063/67.64.84

et

L’Université catholique de Louvain,

Faculté des Sciences

Institut des Sciences de la Vie

Croix du Sud, 4, bte L7.07.14

B-1348 Louvain-la-Neuve

Tél: 010/47.84.85

Fax: 010/47.38.72

Responsables du projet

Nicolas Mayon : chargé de mission PNHSFA

Donatien Liesse : directeur

Tél: 063/60.80.85

E-mail : [email protected]

Responsables des recherches

François Chaumont : Professeur UCL

Marie-Christine Flamand: Dr Ir., Chercheuse qualifiée

Marie-Christine Eloy: assistante technique en chef

Tél: 010/47.36.17

E-mail : [email protected]

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Table des matières

1. OBJECTIFS ........................................................................................................................... 3

1. A. ETABLISSEMENT DES REFERENTIELS 3

1.A.1. Référentiel « pisciculture » 3

1.A.2. Référentiel « rivière » 4

1. B. ETUDE DES POPULATIONS DE LA STRANGE 4

2. RESULTATS ......................................................................................................................... 5

2. A. MATERIEL ANALYSE 5

2. B. COEFFICIENT D’INTROGRESSION ET CONSTITUTION DU REFERENTIEL

« SURE » 7

2.B.1. Coefficient calculé à partir des référentiels « Meuse » 7

2.B.2. Constitution du référentiel « Rivière-Sûre » 8

2.B.3. Coefficient calculé à partir des référentiels « Sûre » 9

2.B.4. AFC 10

2. C. DIVERSITE ET DISTANCE GENETIQUE 11

2.C.1. Diversité génétique 11

2.C.2. Distance génétique 12

2. D. RESUME DES RESULTATS CONCERNANT LA STRANGE ET CONCLUSION 14

2.D.1. Matériel analysé 14

2.D.2. Coefficient d’introgression (CI) 15

2.D.3. AFC 15

2.D.4. Diversité génétique 16

2.D.5. Conclusions 16

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1. Objectifs

Le projet vise la restauration dirigée de la continuité écologique des cours d’eau du bassin de la

Haute-Sûre par la levée d’obstacles à la libre circulation de la faune aquatique.

Toutefois, cette restauration se fera au cas par cas, sur base d’une analyse préalable des

caractéristiques génotypiques des populations de truites isolées par les ouvrages incriminés.

Le but étant d’identifier puis de préserver d’éventuelles souches locales peu ou pas introgressées

génétiquement.

1. A. Etablissement des référentiels

Le bassin de la Sûre s’inscrit dans le district hydrographique international du Rhin,

actuellement peu caractérisé génétiquement dans notre laboratoire.

Par ailleurs, il est légitime de penser que les référentiels du district de la Meuse,

habituellement utilisés au laboratoire, et constitués principalement de truites des bassins de

l’Ourthe et de la Lesse, sont peu pertinents pour les analyses génétiques spécifiques au bassin

de la Sûre.

La première étape de notre travail s’attellera donc à établir un référentiel «Rivière» et

«Pisciculture» propres au district hydrographique du Rhin.

1.A.1. Référentiel « pisciculture »

D’après les informations recueillies auprès des diverses sociétés de pêche et du service de

la pêche, les poissons de repeuplement de la Haute-Sûre proviendraient essentiellement des

piscicultures suivantes :

1. Freux,

2. Anselme,

3. Javaux (Rossart),

4. J-M Clément,

5. Th. Xhaflaire,

6. E. Jeansene,

7. Achouffe,

8. Mirwart,

9. Sainte-Cécile.

Du côté luxembourgeois, des truites provenant de la pisciculture domaniale du Grand-

Duché de Luxembourg à Lintgen sont également déversées.

Au laboratoire, nous disposions de truites provenant de la majorité de ces piscicultures,

Clément, Xhaflaire, Jeansene et Lintgen exceptées.

Th. Xhaflaire a malheureusement arrêté son exploitation piscicole avant que nous ne

puissions y échantillonner des poissons.

Les poissons de la pisciculture de Lintgen nous sont parvenus trop tard pour les premières

analyses décrites dans ce rapport.

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1.A.2. Référentiel « rivière »

Deux populations de la Sûre, Traquebois et Wisbish avaient déjà été étudiées en 2003 mais

génotypées uniquement sur les 7 marqueurs microsatellites utilisés à ce moment là. Depuis,

pour plus de précision dans dans nos analyses, le nombre de marqueurs a été étendu au

nombre de 12 pour nos génotypages de truites.

En 2011, en préparation de ce projet, nous avions reçu du service de la pêche quelques

populations qui ont été caractérisées génétiquement avec les 12 marqueurs microsatellites

utilisés en routine. Il s’agit des populations suivantes, localisées sur la carte en figure 1:

1. Chiehet, CHIE,

2. Maisoncelle, MAIS,

3. Grande Molscht, GMOL

4. Lutrebois, LUTB,

5. la Bovire, BOVI.

1. B. Etude des populations de la Strange

La restauration de la continuité écologique de la Strange par la levée d’un obstacle majeur à la

libre circulation de la faune aquatique (voir carte en figure 1) a été envisagé dès le début du

projet. En effet, les truites tout en amont de l’obstacle sont supposées fortement introgressées

par les truites de la pisciculture de la Strange, d’Emile Jeansene.

Trois populations de la Strange ont donc été analysées :

1. STRA01, Hompré, située tout en amont de la Strange,

2. STRA02, Hollange, en amont du pont de Burnon, en amont de l’obstacle majeur,

3. STRA03, arrêt du tram vers Burnon, située tout en aval de la Strange.

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2. Résultats

2. A. Matériel analysé

La liste des populations de truites étudiées pour la présente étude ainsi que leur historique

d’échantillonnage et de génotypage sont repris au tableau 1 ci-dessous.

Tableau 1 : Populations de truite étudiées, dates d’échantillonnage et de génotypage

Populations Dénomination Date échant. Genot. 7M Genot. 12M Nbre

Rivières

Traquebois TRAQ 04/12/2002 2003 (+ 5M) 2011 58

Wisbisch WISB 04/12/2002 2003 (+ 5M) 2011 52

Lutrebois LUTB 03/12/2009 2010 48

Chiehet CHIE 05/10/2011 2011 48

Maisoncelle MAIS 05/10/2011 2011 48

Gde Molscht aval GMOL-02 31/08/2011 2011 48

Bovire BOVI 2011 2011 48

Strange, Hompré STRA-01 7/11/2011 Str03 2012 48

Strange, Hollange STRA-02 10/11/2011 Str01 2012 48

Strange, aval STRA-03 10/11/2011 Str02 2012 48

Piscicultures

Freux 2002 2002 (+ 5M) 2011 61

Achouffe 2008 2009 48

Mirwart 2008 2009 48

Javaux 2008 2009 48

Jeansene P-Strange 2011 2012 48

Clement 18/11/11 2012 48

Anselme 08/02/2002 2002 (+ 5M) 2012 49

SteCécile 24/11/1997 2002 (+ 5M) 2012 24

Les truites génotypées depuis le début du projet en janvier 2012 sont indiquées en bleu.

La localisation des populations de rivière du district hydrographique du Rhin étudiées

jusqu’ici est illustrée sur la carte de la figure 1.

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Figure 1 : carte du bassin de la Sûre en Wallonie

Génotypé avant le projet

Génotypé en janvier 2012

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2. B. Coefficient d’introgression et constitution du référentiel « Sûre »

2.B.1. Coefficient calculé à partir des référentiels « Meuse »

Afin d’avoir une première idée du caractère natif des populations de la Sûre

échantillonnées et analysées pour constituer le référentiel « Rivière-Sûre », la nature

« Rivière » ou « Pisciculture » de ces poissons a tout d’abord été identifiée par le calcul de

leur coefficient d’introgression.

Les référentiels utilisés sont, dans ce cas, les référentiels « Rivière » et « Pisciculture »

constitués au laboratoire pour l’étude des populations du bassin hydrographique de la

Meuse.

Le nombre et l’année d’échantillonnage des truites qui constituent ces référentiels sont

indiqués au tableau 2.

Tableau 2 : Truites des référentiels « Pisciculture » et « Rivière », origine et nombre

Pisciculture Bassin Nbre Année Rivière Bassin Nbre Année

Achouffe Ourthe 48 2008 Bois de la Hé Ourthe 48 2002

Blandiaux Ourthe 48 2008 Louba 49 2001

Freux Ourthe 61 2002 Botné 40 2009

Piront Ourthe 46 2008 Misdri Lesse 46 2008

Compère Ourthe 46 2008 NanFurnalle 50 2008

Mirwart Lesse 48 2008 Diglette 50 2008

La Gernelle Semois 45 2008 Donneuse 46 2008

Javaux Semois 48 2008 Ri des Serpents Viroin 67 2002

Total 390 Total 396

Le coefficient d’introgression (CI) est calculé avec le programme Structure 2.2. pour

chaque poisson sur 10 runs indépendants et une valeur moyenne est donnée pour chacune

des populations (Tableau 3).

Les truites assignées à plus de 85 % au groupe « Pisciculture » seront considérées comme

des truites d’élevage. De même, les truites assignées à plus de 83 % au groupe « Rivière »

seront de type natif et les truites de pourcentages intermédiaires seront définies comme des

truites hybrides.

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Tableau 3 : Coefficient d’introgression (CI) des populations de la Sûre étudiées

calculé à partir des référentiels « Meuse »

Où R = rivière, H = hybride et P = pisciculture

Il apparaît clairement que les populations de Traquebois et de Wisbisch sont de bonnes

candidates pour constituer le référentiel « Rivière-Sûre » mais moins les populations de

Maisoncelle, Lutrebois, la grande Molscht (aval) et STRA03 et encore moins la Bovire,

STRA02 et STRA01.

Le référentiel « Pisciculture-Sûre » doit, quant à lui, contenir des poissons des populations

suivantes (v. 1.A.1.) : Anselme, Javaux (Rossart), J-M Clément, E. Jeansene (P-Strange),

Freux, Achouffe, Mirwart, Sainte-Cécile et Lintgen.

Pour ce faire, des poissons de la pisciculture d’Emile Jeansene (pisciculture de la Strange),

et de Jean-Marie Clément ont été génotypés sur les 12 marqueurs en début de projet.

Les poissons de la pisciculture domaniale de Lintgen sont arrivés trop tard et n’ont pas

encore été génotypés.

Le génotypage des poissons de la pisciculture Anselme et Ste Cécile a été étendu aux 5

marqueurs additionnels.

Ce qui nous donne au final un total de 374 poissons disponibles pour ce référentiel

« Pisciculture-Sûre ».

Pour information, il vaut mieux avoir un nombre de poissons quasi identique dans les deux

référentiels pour ne pas apporter de biais lors des assignations des truites à étudier aux

groupes « Rivière » ou « Pisciculture ».

2.B.2. Constitution du référentiel « Rivière-Sûre »

Comme présenté au point précédent, nous disposons de trop peu de populations au

caractère natif indiscutable pour constituer un référentiel « Rivière-Sûre ».

Populations CI

R H P Tot

Traquebois 0,033 56 2 0 58

Wisbisch 0,014 52 0 0 52

Lutrebois 0,043 43 5 0 48

Chiehet 0,045 43 4 1 48

Maisoncelle 0,279 29 11 8 48

Grande Molsht 0,330 27 13 8 48

Bovire 0,992 0 0 48 48

STRA01 0,955 0 4 44 48

STRA02 0,313 26 13 9 48

STRA03 0,357 28 13 7 48

Nbre

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Vous aurez remarqué (Tableau 3) que seules les populations de Traquebois et de Wisbisch

ne sont pas introgressées. Est-ce un hasard ou un très bon choix d’échantillonnage, mais ce

sont les seules populations échantillonnées il y a dix ans. Ce point mériterait d’être vérifié.

Au lieu de constituer un référentiel « Rivière » avec des populations natives, il ne nous

restait plus pour option que de constituer un référentiel avec tous les poissons assignés par

le programme Structure au groupe « Rivière-Sûre ».

Un fichier a donc été constitué avec l’ensemble des poissons de la Sûre analysés jusqu’à

maintenant, auxquels ont été ajouté les 374 poissons de piscicultures sus-mentionnées.

Nous avons fait tourner le programme Structure en lui demandant de répartir les poissons

en deux groupes, c-à-d un groupe « Pisciculture » et un groupe « Rivière ». Dix runs

indépendants ont été réalisés et la moyenne d’assignation de chaque poisson sur les 10 runs

a été calculée.

Seuls les poissons assignés à plus de 83 % au groupe «Rivière» ont été conservés pour

constituer le référentiel « Rivière Sûre ». 276 poissons sur un total de 494 pour l’ensemble

des truites provenant de la Sûre analysées correspondaient à ce critère. Aucun poisson de la

Bovire et de STRA01 n’a été sélectionné.

Vous constaterez que le nombre de truites des populations de la Sûre assignées au groupe

« Rivière » est plus élevé avec ce fichier de données que lors du calcul du coefficient

d’introgression réalisé avec le référentiel « Meuse » (Tableau 3). Nous en discuterons au

point 2.B.3..

Vous remarquerez également que le nombre de poissons « Rivière » sélectionnés est moins

élevé que le nombre de poissons «Pisciculture». Cette différence pourrait, à priori,

favoriser l’assignation des truites au groupe « Pisciculture ».

2.B.3. Coefficient calculé à partir des référentiels « Sûre »

Ce référentiel « Sûre » provisoire a été utilisé pour calculer, de la même manière que

précédemment (2.B.1.), le coefficient d’introgression de chacune des rivières étudiées dans

ce projet. Le tableau 4 reprend les pourcentages ainsi obtenus.

Tableau 4 : Coefficient d’introgression (CI) des 10 populations de la Sûre étudiées

calculé à partir des référentiels « Sûre »

Populations CI

R H P Tot

Traquebois 0,033 56 2 0 58

Wisbisch 0,014 52 0 0 52

Lutrebois 0,043 43 5 0 48

Chiehet 0,045 43 4 1 48

Maisoncelle 0,279 29 11 8 48

Grande Molsht 0,330 27 13 8 48

Bovire 0,992 0 0 48 48

STRA01 0,955 0 4 44 48

STRA02 0,313 26 13 9 48

STRA03 0,357 28 13 7 48

Nbre

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Il apparaît clairement que les CI obtenus avec le référentiel « Sûre » sont nettement

inférieurs pour les populations comme Lutrebois, la Grande Molscht (aval) ou STRA02 et

03. Ce qui nous amène à supposer que le référentiel « Meuse » n’était probablement pas

adéquat pour étudier les populations de la Sûre.

Par contre, les populations fortement introgressées comme la Bovire et STRA01 montrent

des valeurs d’introgression identiques à celles calculées avec les référentiels « Meuse ».

Ensuite, les CI des 10 populations de la Sûre ont été recalculés avec le référentiel

« Pisciculture-Meuse » tout en gardant le référentiel « Rivière-Sûre ». Les résultats ainsi

obtenus (non montrés) sont du même ordre de grandeur, prouvant l’influence unique des

poissons de rivière de référence.

Cependant, il est bien évident que la constitution du référentiel « Rivière-Sûre » n’en est

qu’à ses balbutiements et devra être poursuivie.

2.B.4. AFC

Une AFC a été réalisée avec le programme Genetix 2.2. (Figure 2). Elle donne une image

très visuelle de l’identité des truites uniquement sur base des différences alléliques entre

les poissons et permet de concrétiser tout ce qui a été expliqué ci-avant.

L’AFC est réalisée avec les poissons du référentiel « Pisciculture-Sûre », carrés bleus sur

pointe, les truites du référentiel « Rivière-Meuse » (carrés fuchsias) auxquelles ont été

additionnées les truites des 10 populations de la Sûre (triangles jaunes ou ronds de couleurs

pour les truites de la Strange).

Figure 2 : Analyse factorielle des correspondances sur les truites de la Sûre

additionnées des truites de référence « Rivière-Meuse » et

« Pisciculture-Sûre ».

-1,5

-1

-0,5

0

0,5

1

1,5

2

2,5

-1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2

Piscicultures-Sûre

Rivières-Meuse

Sûre

STRA01

STRA02

STRA03

Bovire

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Les truites de référence « Pisciculture-Sûre » et « Rivière-Meuse » forment deux groupes

bien distincts l’un de l’autre.

La majorité des poissons de la Sûre, ceux de la Bovire exceptés (situés en haut à droite),

forment également un groupe distinct des poissons de piscicultures. Ils sont cependant

moins éloignés sur le graphe et donc génétiquement des poissons de pisciculture que ceux

du référentiel « Rivière-Meuse ». Cette constatation explique la différence de stringeance

dans l’assignation des truites de la Sûre entre les référentiels « Rivière-Meuse » et

« Rivière-Sûre ».

Les truites de la Bovire sont différentes de toutes les autres truites. Elles se situent

cependant sur la gauche du graphe, comme les truites de pisciculture.

En ce qui concerne les truites de la Strange, il en sera discuté au point 2.D.

2. C. Diversité et distance génétique

2.C.1. Diversité génétique

Pour cette partie de l’étude, nous avons travaillé avec un fichier contenant les truites des

piscicultures-Sûre additionnées des truites provenant des 10 populations de la Sûre.

La diversité génétique de ces populations a été mesurée par le pourcentage d’hétérozygotie

attendu et observé (Tableau 5). L’hétérozygotie attendue non biaisée (Hnb) est corrigée

pour éviter les biais dus à la taille des échantillons.

La diversité génétique des populations de pisciculture est plus élevée que celle des

populations de rivière. Cette observation est habituelle et est le reflet des nombreux

croisements réalisés en pisciculture pour éviter toute consanguinité. La population de

Wisbish montre le taux d’hétérozygotie le plus faible, signe d’un probable isolement de

cette population. Comme cette population, la Bovire présente un nombre très faible

d’allèles différents.

Le Fis, défini comme étant égal à (Hnb – Ho/ Hnb) (Weir and Cockerham, 1984) mesure le

déficit en hétérozygote dû à un écart par rapport à l’hypothèse de panmixie (rencontre

aléatoire des poissons pour l’accouplement) et donne donc une certaine mesure de la

consanguinité.

Un Fis négatif signifie un excès d’hétérozygotes par rapport à celui attendu sous équilibre

d’Hardy-Weinberg (c-à-d un mélange récent ou forcé des populations).

Un Fis positif peut refléter un déficit en hétérozygotes (consanguinité), un mélange de

population (effet Walhund) ou la présence d’allèles nuls.

La population n°3 de la Strange présente le Fis le plus élevé des populations de rivière.

Cette population présente néanmoins un nombre d’allèles par marqueurs (NA) assez élevé.

Ces observations nous amènent à supposer, dans ce cas, un mélange de populations

(poissons natifs et de rempoissonnement ?).

Ensuite, nous observons la plus haute valeur de Fis pour Wisbish, combiné à des valeurs

d’hétérozygotie et de nombre moyen d’allèles faible, il indique un probable effet de

consanguinité pour cette population.

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Tableau 5 : Variabilité génétique des populations estimée sur base de l’hétérozygotie observée

(HO), calculée avec biais (HE) et sans biais (Hnb) et FIS pour chaque population.

N = nombre d’échantillons, NA = nombre moyen d’allèles par marqueur.

Populations N Hexp Hn.b. Hobs NA Fis

Mirwart 48 0,757 0,765 0,734 10,00 0,040**

Achouffe 48 0,724 0,732 0,719 8,00 0,018NS

Javaux 48 0,746 0,754 0,684 9,00 0,094***

Freux 61 0,736 0,742 0,689 10,25 0,072***

Clement 48 0,738 0,746 0,670 8,00 0,103***

Strange 48 0,697 0,704 0,689 7,50 0,021NS

Anseme 49 0,666 0,673 0,647 6,50 0,039**

StCecile 24 0,674 0,689 0,630 5,50 0,088***

Chiehet 48 0,594 0,600 0,611 6,08 -0,019NS

Maisoncelle 48 0,660 0,667 0,651 8,08 0,024NS

GMolsht 48 0,672 0,679 0,675 6,42 0,005NS

Bovire 48 0,533 0,539 0,528 3,33 0,020NS

Traquebois 58 0,525 0,529 0,542 5,50 -0,024NS

Wisbish 52 0,435 0,439 0,420 3,33 0,044NS

Lutrebois 48 0,588 0,594 0,580 5,67 0,024NS

STRA01 48 0,703 0,711 0,705 8,17 0,008NS

STRA02 48 0,675 0,682 0,662 8,25 0,031***

STRA03 48 0,673 0,680 0,606 8,92 0,110NS

Où : NS

= non significatif, * =significatif à P = 0.9, ** = significatif à P = 0.95 et *** à P = 0.99

2.C.2. Distance génétique

Les distances génétiques entre les paires de populations de truites ont été estimées sous

forme de l’indicateur FST de Weir et Cockerham, avec le programme FSTAT (Tableau 6).

Tableau 6 : Distance FST entre toutes les paires de populations

FST Achouf Javaux Freux Clemen Strange Anselm StCecil Chie Maison Gmols Bovire Traque Wisb Lutreb STRA03 STRA02 STRA01

Mirwart 0,0256 0,0135 0,0122 0,0291 0,0389 0,0466 0,0380 0,1122 0,0666 0,0599 0,1749 0,1665 0,1998 0,1236 0,0636 0,0499 0,0330

Achouffe 0,0367 0,0323 0,0458 0,0676 0,0651 0,0475 0,1190 0,0614 0,0765 0,1907 0,1420 0,1917 0,1108 0,0788 0,0666 0,0431

Javaux 0,0231 0,0252 0,0431 0,0653 0,0579 0,1018 0,0686 0,0507 0,1719 0,1507 0,1762 0,1194 0,0445 0,0466 0,0385

Freux 0,0207 0,0381 0,0508 0,0407 0,0990 0,0619 0,0561 0,1400 0,1649 0,1915 0,1116 0,0583 0,0489 0,0262

Clement 0,0455 0,0541 0,0458 0,1195 0,0712 0,0670 0,1609 0,1538 0,1986 0,1227 0,0725 0,0628 0,0395

Strange 0,0758 0,0901 0,1475 0,1062 0,0883 0,1684 0,2240 0,2563 0,1666 0,0920 0,0799 0,0186

Anselme 0,1092 0,1711 0,1180 0,1326 0,1954 0,1884 0,2349 0,1531 0,1221 0,1023 0,0735

StCecile 0,1217 0,0650 0,0639 0,2212 0,1728 0,2239 0,1238 0,0892 0,0763 0,0646

Chiehet 0,0383 0,0725 0,2687 0,1020 0,0790 0,0739 0,0319 0,0427 0,1123

Maisoncelle 0,0665 0,2292 0,0743 0,0940 0,0492 0,0406 0,0399 0,0685

GMolsht 0,1951 0,1478 0,1512 0,1267 0,0373 0,0481 0,0775

Bovire 0,3468 0,3792 0,3004 0,2215 0,2096 0,1642

Traquebois 0,0666 0,0971 0,1058 0,1119 0,1785

Wisbish 0,1180 0,0968 0,1195 0,2171

Lutrebois 0,0902 0,0856 0,1282

STRA03 0,0125 0,0695

STRA02 0,0614

Page 14: RapportSure12-1

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Toutes les valeurs obtenues sont significativement différentes de 0, indiquant que les

populations sont bien génétiquement différenciées.

Un dendrogramme a été construit, sur base de la matrice obtenue, avec la méthode du

neighbour-joinging (Figure 3). Les populations de la Sûre sont indiquées en bleu, sauf

celles de la Strange, en rouge.

Figure 3 : Dendogramme basé sur la matrice FST des populations de

truites et construit à l’aide de la méthode du neighbour-

joining

0.1

StCecile

GMolsht

STRA03

STRA02

Maisoncelle

Chiehet

Lutrebois

Traquebois

Wisbish

Achouffe

Javaux

Freux

Bovire

P - Strange

STRA01

Clement

Anselme

Mirwart

Page 15: RapportSure12-1

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Les populations de pisciculture sont regroupée ensemble dans le haut de l’arbre.

La majorité des populations de la Sûre (en bleu), assez distinctes génétiquement les unes

des autres, sont regroupées dans le bas de l’arbre.

Les poissons de la Bovire montrent une forte distance génétique par rapport à toute les

populations (Tableau 6). Ils sont cependant plus proches des poissons de pisciculture et

plus particulièrement de ceux de Freux. Il doit probablement s’agir d’une population

formée à partir de rempoisonnements qui aura subit, avec le temps, une forte dérive

génétique de par son isolement et/ou son faible nombre de géniteurs.

Les poissons tout en amont de la Strange STRA01, échantillonnés géographiquement

proche de la pisciculture d’Emile Jeansene sont presque identiques génétiquement aux

poissons de cette pisciculture ainsi que cela avait été soupçonné.

Les deux populations situées de part et d’autre de l’obstacle majeur STRA03 et STRA02

sont assez proches génétiquement.

2. D. Résumé des résultats concernant la Strange et conclusion

2.D.1. Matériel analysé

Les trois populations de truites étudiées sont clairement positionnées sur la carte suivante

(Figure 4) ainsi que la pisciculture d’Emile Jeansene située sur la Strange et le barrage

majeur à lever.

Figure4 : Position des points d’intérêt de la Strange, affluent de la Sûre étudié

en ce début de projet

Hompré

Hollange (amont obstacle)

Arrêt de Burnon (aval obstacle)

Pisciculture Strange (Jeansene)

Obstacle à lever

Confluence non fonctionnelle (projet

d’aménagement en cours - DCENN)

Tronçon touché par la

pollution au mazout en 1998

Obstacle majeur levé fin 2011

Page 16: RapportSure12-1

15

2.D.2. Coefficient d’introgression (CI)

Les coefficients d’introgression des populations de la Strange ont été calculés avec les

deux référentiels « Meuse » et « Sûre » et sont montrés à titre comparatif au tableau 7. La

population tout en amont de la Strange (STRA01) et proche de la pisciculture garde, dans

les deux cas, un CI élevé et quasi identique.

Les CI des deux autres populations diminuent fortement avec le référentiel « Sûre », ce qui

nous a amené à penser que le référentiel « Meuse » n’était probablement pas adéquat.

STRA02 montre un CI moins élevé que STRA03 bien que cette population présente plus

de truites de type « pisciculture » et moins de truite de « rivière » que STRA03. Il ne s’agit

pas d’une erreur. Le CI est calculé comme la moyenne des assignations de chaque poisson

au groupe « Pisciculture ».

Tableau 7 : Comparaison des valeurs de coefficient d’introgression des populations

étudiées avec le référentiel « Meuse » ou « Sûre »

2.D.3. AFC

L’AFC est réalisée avec les poissons du référentiel « Pisciculture-Sûre », carrés bleus, et

ceux des populations de la Sûre, la Bovire exceptée (carrés jaunes ou ronds de couleurs

pour la Strange).

Figure 2 : Analyse factorielle des correspondances sur les truites de la Sûre

moins la Bovire + les truites de référence « Pisciculture-Sûre ».

Population CI - "Meuse" CI -"Sûre"

R H P R H P Tot

STRA01 0,951 0 7 41 0,955 0 7 41 48

STRA02 0,882 1 9 38 0,313 26 13 9 48

STRA03 0,713 5 18 25 0,357 28 13 7 48

Nbre Nbre

-1

-0,8

-0,6

-0,4

-0,2

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

-1,1 -0,6 -0,1 0,4 0,9

Piscicultures

Sure

Strange1

Strange2

Strange3

Page 17: RapportSure12-1

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Les poissons de STRA01 sont clairement superposés aux poissons de type «Pisciculture ».

Pour les populations de la Strange situées de part et d’autre du barrage, STRA02 et 03, les

truites se retrouvent dans les deux groupes.

2.D.4. Diversité génétique

Pour des populations de rivière, la diversité génétique des trois populations de la Strange

est élevée et du même ordre de grandeur.

STRA03 montre un Fis élevé, qui pourrait refléter un déficit en hétérozygotes du à la

consanguinité. Cependant, nous remarquons que le nombre d’allèles est légèrement plus

important pour cette population. Cette observation combinée au fait que des truitelles de la

pisciculture de J.-M. Clément sont déversées à cet endroit au contraire de STRA02

(information de N. Mayon), nous amène à penser plutôt à un effet Walhund (mélange de

populations).

Tableau 5 : Variabilité génétique des populations estimée sur base de l’hétérozygotie observée

(HO), calculée avec biais (HE) et sans biais (Hnb) et FIS pour chaque population.

N = nombre d’échantillons, NA = nombre moyen d’allèles par marqueur.

Populations N Hexp Hn.b. Hobs NA Fis

STRA01 48 0,703 0,711 0,705 8,17 0,008NS

STRA02 48 0,675 0,682 0,662 8,25 0,031***

STRA03 48 0,673 0,680 0,606 8,92 0,110NS

Où : NS

= non significatif, * =significatif à P = 0.9, ** = significatif à P = 0.95 et *** à P = 0.99

2.D.5. Conclusions

La levée de l’obstacle majeur situé en aval de la Strange permettra la libre

circulation des poissons jusqu’aux obstacles suivants et ne conduira pas à la perte

d’une population relique.

L’influence des poissons de pisciculture est très importante sur le secteur STRA01,

à proximité directe de la pisciculture. A l’inverse, on observe une introgression plus

réduite sur l’aval (STRA02 et STRA03). Il faut souligner que le secteur amont (+/-

10 premiers kilomètres de rivière) a subit une importante pollution aux

hydrocarbures en 1998, éliminant la quasi-totalité de la population en place. Des

échappées continues depuis la pisciculture pourraient avoir contribué grandement à

la repopulation de ce secteur au détriment de poissons typés « rivière », vu

l’impossibilité - à l’époque - de montaison des sujets sauvages du fait des obstacles

présents en aval.