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Me ´ moire Re ´ flexions sur la notion de workaholisme : pour une approche transactionnelle Reflexions on the notion of workaholism: For a transactional approach E ´ lisabeth Grebot EA 4057, laboratoire de psychopathologie et processus de sante ´ (LPSS 4057), universite ´ Paris Descartes, Sorbonne Paris-Cite ´, institut de psychologie, 75007 Paris, France 1. Introduction Le workaholism est un ne ´ ologisme cre ´e ´a ` partir du terme anglais alcoholism qui de ´ signe, selon Oates [26], un « besoin incontro ˆlable de travailler constamment », une de ´ pendance et une « addiction au travail » caracte ´ rise ´ e par une activite ´ professionnelle excessive et persistante ayant des conse ´ quences nuisibles. Une telle association entre workaholisme et de ´ pendance ou addiction est controverse ´e. Aujourd’hui, les de ´ finitions sont nombreuses et divergentes et les approches pour e ´ tudier ce processus sont multiples (cognitive, syste ´ mique, psychopathologique ou psychosociale) [20]. Les premie `res de ´ finitions mentionnaient un temps de travail hebdomadaire minimal de 50 heures [22] ou une attitude consistant a ` travailler et a ` penser au travail plus que ne l’exige l’emploi [19]. Cette approche quantitative unidimensionnelle s’est Annales Me ´ dico-Psychologiques 171 (2013) 95–99 INFO ARTICLE Historique de l’article : Rec ¸u le 14 septembre 2010 Accepte ´ le 21 fe ´ vrier 2011 Mots cle ´s : Activisme professionnel Mode ` le transactionnel Stress Keywords: Stress Transactional model Workaholism RE ´ SUME ´ Le workaholism est un ne ´ ologisme cre ´e ´a ` partir du terme alcoholism. C’est pourquoi, il est parfois conside ´ re ´ comme une « addiction au travail », mais cette conception psychopathologique ne fait pas l’unanimite ´ . En effet, le workaholism est associe ´a ` diffe ´ rentes entite ´ s cliniques (obsession-compulsion ; ergomanie, boulomanie, hyperactivite ´ ou activisme professionnel, traits ou troubles de personnalite ´ obsessionnelle compulsive...). Cet article propose d’e ´ tudier l’activisme professionnel a ` l’aide d’une approche transactionnelle qui permet de prendre en conside ´ ration la multidimensionnalite ´ du processus et de le conside ´ rer non plus comme un proble ` me psychopathologique individuel mais comme une relation « Individu-Travail » impliquant de multiples interactions entre ante ´ce ´ dents organisationnels et caracte ´ ristiques psychologiques individuelles et de complexes transactions cognitivo-e ´ motionnelles dont les conse ´ quences peuvent e ˆtre ne ´ gatives ou positives pour l’organisation, l’activite ´ professionnelle, la sante ´ des salarie ´ s et l’entourage professionnel ou extraprofessionnel. ß 2012 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. ABSTRACT The workaholism is a term created starting from the word alcoholism. This is why the workaholism is often associated as an addiction at work, i.e. an individual problem. Other authors describe the workaholism using various clinical diagnostics evoking a compulsive obsessive symptomatology, bulimic or anorexic problematic, ergomany, some traits of personality (compulsive obsessive, nevrosism, etc) or troubles of personality (obsessive compulsive). These descriptions of the workaholism privilege an individual psychopathological approach which forgets the professional context contrary at the notion of professional hyperactivity and professional activism suggested by Dejours. The workaholism appears as a notion as polysemic as that of stress with which it shares many common points of which the organizational framework, the occupational context, the multidimensionality of the process, etc. Consequently, the study of the workaholism raises more of the models of stress at work than that of an individual psychopathological approach. Indeed, the transactional and multidimensional models of the stress make it possible to integrate the data of the current literature on the workaholism while differentiating clearly the organizational antecedents, the individual psychological characteristics, theirs complex interactions and the negative or positive consequences on the professional performance, physical or psychological health and the professional or extraprofessional relationships. ß 2012 Published by Elsevier Masson SAS. Adresse e-mail : [email protected], [email protected]. 0003-4487/$ – see front matter ß 2012 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. doi:10.1016/j.amp.2011.02.018

Réflexions sur la notion de workaholisme : pour une approche transactionnelle

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Annales Medico-Psychologiques 171 (2013) 95–99

´

Memoire

Reflexions sur la notion de workaholisme : pour une approche transactionnelle

Reflexions on the notion of workaholism: For a transactional approach

Elisabeth Grebot

EA 4057, laboratoire de psychopathologie et processus de sante (LPSS 4057), universite Paris Descartes, Sorbonne Paris-Cite, institut de psychologie, 75007 Paris, France

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Recu le 14 septembre 2010

Accepte le 21 fevrier 2011

Mots cles :

Activisme professionnel

Modele transactionnel

Stress

Keywords:

Stress

Transactional model

Workaholism

R E S U M E

Le workaholism est un neologisme cree a partir du terme alcoholism. C’est pourquoi, il est parfois

considere comme une « addiction au travail », mais cette conception psychopathologique ne fait pas

l’unanimite. En effet, le workaholism est associe a differentes entites cliniques (obsession-compulsion ;

ergomanie, boulomanie, hyperactivite ou activisme professionnel, traits ou troubles de personnalite

obsessionnelle compulsive. . .). Cet article propose d’etudier l’activisme professionnel a l’aide d’une

approche transactionnelle qui permet de prendre en consideration la multidimensionnalite du processus

et de le considerer non plus comme un probleme psychopathologique individuel mais comme une

relation « Individu-Travail » impliquant de multiples interactions entre antecedents organisationnels et

caracteristiques psychologiques individuelles et de complexes transactions cognitivo-emotionnelles

dont les consequences peuvent etre negatives ou positives pour l’organisation, l’activite professionnelle,

la sante des salaries et l’entourage professionnel ou extraprofessionnel.

� 2012 Publie par Elsevier Masson SAS.

A B S T R A C T

The workaholism is a term created starting from the word alcoholism. This is why the workaholism is

often associated as an addiction at work, i.e. an individual problem. Other authors describe the

workaholism using various clinical diagnostics evoking a compulsive obsessive symptomatology,

bulimic or anorexic problematic, ergomany, some traits of personality (compulsive obsessive, nevrosism,

etc) or troubles of personality (obsessive compulsive). These descriptions of the workaholism privilege

an individual psychopathological approach which forgets the professional context contrary at the notion

of professional hyperactivity and professional activism suggested by Dejours. The workaholism appears

as a notion as polysemic as that of stress with which it shares many common points of which the

organizational framework, the occupational context, the multidimensionality of the process, etc.

Consequently, the study of the workaholism raises more of the models of stress at work than that of an

individual psychopathological approach. Indeed, the transactional and multidimensional models of the

stress make it possible to integrate the data of the current literature on the workaholism while

differentiating clearly the organizational antecedents, the individual psychological characteristics, theirs

complex interactions and the negative or positive consequences on the professional performance,

physical or psychological health and the professional or extraprofessional relationships.

� 2012 Published by Elsevier Masson SAS.

1. Introduction

Le workaholism est un neologisme cree a partir du terme anglaisalcoholism qui designe, selon Oates [26], un « besoin incontrolablede travailler constamment », une dependance et une « addiction autravail » caracterisee par une activite professionnelle excessive et

Adresse e-mail : [email protected], [email protected].

0003-4487/$ – see front matter � 2012 Publie par Elsevier Masson SAS.

doi:10.1016/j.amp.2011.02.018

persistante ayant des consequences nuisibles. Une telle associationentre workaholisme et dependance ou addiction est controversee.Aujourd’hui, les definitions sont nombreuses et divergentes et lesapproches pour etudier ce processus sont multiples (cognitive,systemique, psychopathologique ou psychosociale) [20].

Les premieres definitions mentionnaient un temps de travailhebdomadaire minimal de 50 heures [22] ou une attitudeconsistant a travailler et a penser au travail plus que ne l’exigel’emploi [19]. Cette approche quantitative unidimensionnelle s’est

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rapidement averee insatisfaisante car l’investissement dans letravail est qualitatif et motive par un besoin personnel dereconnaissance ou une « tendance compulsive individuelle atravailler », surtout en l’absence de toute demande organisation-nelle [7,28]. Des definitions bidimensionnelles ont associe deuxcomposantes (travailler beaucoup et etre « obsede » par son travailou travailler compulsivement) [20,28,35,41]. D’autres auteurs ontcombine trois criteres comme, par exemple :

� l’

implication dans le travail (work involvement) ; � la tendance compulsive a travailler (feeling driven to work) ; � la satisfaction au travail (work enjoyment), selon Spence et

Robbins [40].

Des scores eleves dans les trois composantes caracterisent lesworkaholiques enthousiastes, a la difference des autres work-

aholiques qui ont une faible satisfaction au travail, une forteimplication au travail et une tendance a travailler elevee.

Scott, Moore et Miceli [37] ont distingue :

� le

temps excessif consacre aux activites professionnelles audetriment de tout autre activite ; � le fait de penser en permanence et exclusivement au travail,

meme en dehors du contexte professionnel ;

� le comportement addictif au travail repondant a une tendance

compulsive individuelle et non a des exigences externes.

Snir et Zohar [39] ont decrit trois criteres plus cognitivo-emotionnels, a savoir :

� l’

engagement cognitif permanent vis-a-vis du travail ; � u ne plus forte attirance pour le travail que pour les loisirs ; � u n etat affectif plus fortement positif lors du travail qu’a

l’occasion des activites de loisirs.

Les profils de workaholiques comme les composantes duworkaholisme n’ont cesse de se multiplier, allant de 13 profils[32] a deux selon Spence et Robbins [40] :

� c

inq types ont ete decrits par Oates [26], le workaholique :� perfectionniste, qui se prend au serieux, adopte de tres hauts

standards au travail et ne supporte pas l’incompetence chez lesautres,� converti, qui n’est plus workaholique car il a su s’imposer des

limites au travail et se menager des temps de loisirs,� occasionnel, pour une securite d’emploi et non en raison de

besoins psychiques internes,� pseudo workaholique, qui ressemble beaucoup au perfection-

niste (volonte d’avancer dans la structure organisationnelle),mais ses intentions different (recherche de pouvoir et non deproductivite),� evitant, qui trouve dans le travail une echappatoire a une vie

extra professionnelle deplaisante. Le perfectionniste est le seulvrai workaholique ;

� q

uatre profils ont ete decrits par Robinson [33], en combinant letravail initie (work initiation) et le travail effectue (work

completion) a savoir le workaholique :� infatigable, qui a une initiative et une realisation elevees,

travaille compulsivement, constamment (jour et nuit, vacanceset week-ends) et sans temps mort,� boulimique, qui a une initiative faible et une realisation elevee,

allant de la crise a l’expiation (from binging to purging)et alternant boulimie et anorexie, frenesie et procrastination,� avec deficit d’attention, qui s’ennuie vite et ne mene pas a

terme les nombreux projets inities,

� savouring, qui se caracterise par la delectation, la meticulosite,la lenteur et la methode ;

� q

uatre profils ont ete decrits par Naughton [25] qui combinel’engagement professionnel et l’obsession-compulsion en dis-tinguant le workaholique :� investi dans son travail (Job-involved workaholics), qui a un

engagement eleve et une faible obsession-compulsion,� compulsif, qui a une implication et une obsession compulsion

elevees,� non workaholique, ayant des scores faibles aux deux dimen-

sions,� compulsif non workaholique, ayant un faible engagement et

une forte obsession-compulsion ;

� tr ois types ont ete differencies par Scott et al. [37], le

workaholique :� compulsif dependant, presentant les traits rattaches au Trouble

Obsessionnel Compulsif (il sait que son comportement estexcessif mais essaie de supprimer ou controler ses penseesobsessives a travers le travail, continuant a travailler malgre lesproblemes de sante, les consequences sur l’entourage ou lecaractere deplaisant de l’experience),� perfectionniste, qui privilegie le travail a toute autre activite

dont le comportement est controle et inflexible et trespreoccupe par les details presentant des traits de personnaliteobsessionnelle compulsive,� oriente vers l’accomplissement (achievement), tres stimule par

la competition, la reussite, le succes, et tres apprecie carcapable de se fixer des buts a long terme. Cette forme est percuecomme positive, rejoignant le point de vue de Machlowitz [19],qui a toujours envisage le phenomene comme pouvant etreconstructif ;

� d

eux profils ont ete decrits par Spence et Robbins [40], a savoir :� les workaholiques enthousiastes, qui ont des scores eleves dans

les trois dimensions du workaholisme (Implication, Conduitecompulsive a travailler, Satisfaction au travail),� les workaholiques qui ont une forte implication, une conduite

elevee et une faible satisfaction. Les salaries non workaholiques

peuvent etre, quant a eux, enthousiastes, desinvestis, detendusou desenchantes.

Ces typologies privilegient une conception individuelle duworkaholism, mais decrivent des entites cliniques contrastees(conduite addictive, symptomatologie obsessionnelle compulsive,anorexique ou boulimique, personnalite obsessionnelle compul-sive). De plus, elles melangent les criteres descriptifs duphenomene, ses consequences et ses possibles causes en mini-misant la relation intrinseque du workaholisme avec l’activiteprofessionnelle qui implique de multiples interactions entre desfacteurs organisationnels et des caracteristiques psychologiquesindividuelles. En consequence, nous proposons d’etudier leworkaholism a la lumiere des modeles du stress et plusparticulierement des modeles transactionnels du stress [5,18]selon lesquels l’individu au travail evalue les enjeux positifs (defi,gain) ou negatifs (perte, menace) des demandes professionnelles etestime les ressources (cognitives, emotionnelles, comportemen-tales) dont il dispose pour y faire face. Ces multiples evaluationspeuvent avoir une issue positive (salutogene) ou negative(pathogene) pour la personne en termes de bien-etre ou de mal-etre, pour le travail en termes de performance ou d’improductivite,et pour les relations professionnelles et extraprofessionnelles entermes d’equilibre ou de desequilibre.

2. Le workaholism a la lumiere des modeles du stress

Peiperl et Jones [27] ont decline le workaholisme en termesd’efforts et de recompenses en reference au modele du stress de

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Siegrist [38], selon lequel le bien-etre est le resultat d’uneperception equitable entre les investissements et les recompenses(effort-reward imbalance at work). Ces auteurs decrivent dessalaries qui surinvestissent leur travail et percoivent un equilibreentre les efforts et les recompenses alors qu’en fait, ils investissentplus que ce qu’ils recoivent en retour. Le modele de Siegrist [38]permet de prendre en compte la relation individu/activiteprofessionnelle, mais delaisse :

� l

es facteurs de stress comme la demande psychologique et lalatitude decisionnelle qui composent l’indicateur du Job strain

dans le modele du stress professionnel de Karasek [17] ;

� l es transactions cognitives et emotionnelles mobilisees par les

individus au cours de la rencontre individu-travail comme leconcoit le modele de Lazarus et Folkman [18]. Celui-ci insiste surla « transaction particuliere entre la personne et l’environnementdans laquelle la situation est evaluee par l’individu commetaxant ou excedant ses ressources et pouvant menacer son bienetre ». Les transactions cognitivo-emotionnelles s’effectuentselon deux phases d’evaluation liees par des boucles deretroaction : « Un evenement est evalue au regard de l’enjeu(evaluation primaire), des ressources de coping et des optionsdisponibles (evaluation secondaire). » L’individu evalue, dans unpremier temps, l’enjeu de la situation en termes d’enjeu positif(gain, defi ou challenge), ou d’enjeu negatif (perte, menace). Cesont ces evaluations cognitives qui generent des emotionsagreables ou desagreables. L’individu evalue egalement lesressources dont il dispose pour faire face et adopte des strategiesde coping fonctionnelles ou dysfonctionnelles.

Le modele multifactoriel du stress en psychologie de la sante [5]etudie la confrontation individu/activite professionnelle au-delades limites temporelles et spatiales de la situation, en prenant encompte des caracteristiques historiques et psychologiques du sujet(histoire du sujet, ses croyances et valeurs, ses traits depersonnalite. . .). Ce modele integratif decline les predicateurs endeclencheurs (facteurs de stress) et en caracteristiques psycholo-giques dont certaines sont pathogenes (nevrosisme, anxietetrait. . .), alors que d’autres sont salutogenes (optimisme, lieu decontrole interne. . .). Une telle approche permet d’integrer lesdonnees de la litterature sur le workaholisme en distinguant lesfacteurs professionnels situationnels, les caracteristiques psycho-logiques dispositionnelles, les variables transactionnelles, lesconsequences positives et les effets negatifs sur l’entourage,l’organisation et la personne.

2.1. Antecedents

Les antecedents designent les variables environnementales etles caracteristiques psychologiques individuelles qui interagis-sent et influencent les transactions deployees par l’individuconfronte a une situation stressante comme les strategies decoping.

2.1.1. Les facteurs organisationnels

Plusieurs antecedents au workaholisme ont fait l’objet d’inves-tigations comme les caracteristiques demographiques et profes-sionnelles [40] ou les valeurs de la place du travail [6,7]. Lescaracteristiques demographiques ou professionnelles ne sontpas liees au workaholisme de maniere lineaire. Ainsi, les categoriessocioprofessionnelles moyennes et superieures qui n’ont pasbesoin de travailler au-dela des heures habituelles d’un point devue strictement economique sont touchees par le workaholisme.Le workaholisme concerne la sphere professionnelle ou lesfacteurs organisationnels sont en interaction permanente avecles caracteristiques psychologiques individuelles.

2.1.2. Les caracteristiques individuelles

Les recherches sont nombreuses a montrer les relations entre leworkaholisme et certaines caracteristiques psychologiques indivi-duelles. Toutefois, les etudes associent le workaholisme a desentites cliniques contrastees pouvant decrire :

� u

ne symptomatologie obsessive compulsive [28,40]. Le work-

aholisme designe les personnes dont le surinvestissement dans letravail resulte d’une « compulsion obsession » qui ne touche pastous les individus impliques dans leur travail [28], et « unerelation pathologique, ego-dystonique, d’un sujet a son travail,caracterisee par une compulsion a lui consacrer toujours plus detemps et d’energie. Le phenomene est durable et il persiste endepit de consequences negatives sur la sante physique ou sur savie sociale » [11] ;

� d es traits de personnalite obsessionnelle compulsive comme le

perfectionnisme, la rigidite [4,26,28,36], ou des traits depersonnalite de type A [6,20,37] tels que l’hostilite, la colere,l’impatience, l’urgence [31]. Certains travaux montrent que leworkaholisme resulte chez des personnalites obsessionnellescompulsives d’un investissement eleve au travail (high job

involvement) [25,31]. Toutefois, les differentes composantes duworkaholisme sont liees a des traits specifiques. Ainsi, Mudrack[23], qui a explore les relations entre six traits de la personnaliteobsessionnelle compulsive (obstination, ordre, parcimonie,rigidite, perseverance et surestime de soi) et deux composantescomportementales du workaholisme (tendance a s’engager dansdes activites professionnelles non sollicitees et tendance as’immiscer activement dans le travail d’autrui), montre quel’attitude au travail en termes d’investissement eleve dans letravail et d’intrusion dans le travail d’autrui est liee aux traits dela personnalite obsessionnelle (obstination, ordre, rigidite etsurestime), mais une relation plus importante existe avec deuxtraits de la personnalite obsessionnelle (l’obstination et lasurestimation de soi) ;

� l’ auto-efficacite est liee a l’implication au travail (greater

commitment) et a la satisfaction [9]. L’auto-efficacite estconsideree comme une variable individuelle, stable etdifferenciatrice ;

� l’ ergomanie (du grec ergon : travail, et manie) [30], ou la

boulomanie [14] ;

� u ne hyperactivite professionnelle et un activisme professionnel

selon Dejours [13] ;

� c ertains traits de personnalite en reference au modele en cinq

facteurs [12]. Les cinq dimensions de la personnalite sont :� le nevrosisme, qui sous-tend un axe allant du pole de la stabilite

emotionnelle au pole de l’instabilite emotionnelle (nevro-sisme) et evalue la tendance generale a eprouver des affectsnegatifs (colere, peur, tristesse),� l’extraversion, qui se refere a la propension des individus a la

sociabilite et a la cooperation. Les personnes extravertiesapprecient les gens, sont loquaces, actives et optimistes, tandisque les individus introvertis sont plutot reserves et indepen-dants,� l’ouverture a l’experience, qui evalue l’imagination active, la

sensibilite a l’esthetique, l’attention pretee a ses propressentiments, la preference pour la variete, la curiosite intellec-tuelle, l’independance de jugement,� l’agreabilite, qui se rapporte aux comportements d’altruisme.

Les individus dits « agreables » sont disposes a aider les autreset a leur faire confiance. A l’autre extremite, les individus peuagreables ont un penchant pour l’egocentrisme, doutent desintentions des autres et preferent la competition a lacooperation,� la conscience, qui renvoie a la planification, l’organisation, la

mise a execution des projets. L’individu consciencieux est

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reflechi, determine, volontaire. Cette dimension signe unevolonte de reussite.

Burke, Matthiesen et Pallesen [9] ont etudie les relations entreles trois composantes du workaholism (engagement, satisfaction etconduite compulsive), et les cinq dimensions de la personnaliteevaluees a l’aide du questionnaire de personnalite NEO PI-R [12].Leurs resultats montrent que :

� le

nevrosisme est lie positivement a la tendance compulsive atravailler ; � l’ extraversion est liee positivement a l’implication au travail et a

la satisfaction au travail ;

� l’ agreabilite est correlee a la satisfaction au travail. Les trois

composantes du workaholism sont liees specifiquement acertaines dimensions de la personnalite (nevrosisme, extraver-sion, agreabilite).

Andressen, Hetland et Pallesen [3] observent, d’une part, desrelations positives entre a) la conscience et les trois composantesdu workaholisme (implication, conduite compulsive, et satisfactionau travail) ; b) l’extraversion et l’ouverture et les deux composantesdu workaholism (implication et satisfaction) ; c) le nevrosisme et laconduite compulsive, et, d’autre part, des relations negatives entrele nevrosisme et la satisfaction au travail et l’agreabilite et laconduite compulsive a travailler. Ces relations etant faibles, lesauteurs suggerent de differencier les workaholiques enthousiasteset les non enthousiastes dans les travaux ulterieurs.

2.2. Les consequences du workaholism

Le workaholisme influence, positivement ou negativement, laperformance au travail, la vie extraprofessionnelle, les relationsavec l’entourage professionnel et familial, la sante physique etpsychique du sujet.

2.2.1. Les consequences sur l’activite professionnelle

Le workaholisme peut etre decrit en termes d’issue positive ounegative pour l’organisation. Les workaholiques sont considerescomme un atout car ils sont plus productifs que les autres salaries[19,27,37]. A l’inverse, les workaholiques sont consideres commemoins performants et sont susceptibles de creer des difficultes carils sont insatisfaits et obsessionnels. Plusieurs etudes montrent quel’acharnement au travail devient improductif et a des effetsnegatifs sur la performance et sur l’epanouissement personnel[15,25,26,28,29]. Ainsi, Burke [7] constate que les workaholiques nesont pas particulierement plus performants et que leurs efforts nesont pas recompenses en termes d’augmentation financiere ou deprogression de carriere. La tendance compulsive individuelle atravailler ne repond pas forcement a une demande organisation-nelle ou sollicitation externe [40].

Les effets positifs du surinvestissement au travail incitentcertains auteurs a parler d’une « addiction propre » (clean

addiction), appellation qui suscite quelques critiques [28]. Effecti-vement, la dependance au travail est decrite comme l’addiction laplus socialement acceptee et cette valorisation sociale la rend plusdifficile a combattre [1]. Cette inscription du comportementworkaholique dans un comportement socialise specifie les addic-tions sans drogue.

2.2.2. Les consequences extraprofessionnelles

L’addiction au travail amene les individus a consacrer plus detemps aux activites professionnelles qu’aux autres domaines.Certains travaux observent des effets negatifs sur l’entourage quecontestent d’autres etudes.

Les effets du workaholisme sont negatifs sur la famille [33] carl’entourage se sent delaisse et abandonne. Meme present, leworkaholique est emotionnellement absent et indisponible. Leconjoint devient parfois la cible d’acces de colere ou de rage [1]. Leworkaholisme peut etre envisage comme un probleme systemiquefamilial car il constitue une atteinte de l’image de soi et de l’estimede soi chez les enfants, qui, plus tard, compensent par la recherched’une reconnaissance a travers le travail et la reproduction dumodele parental [10].

D’autres travaux observent a l’inverse que le workaholisme

n’entraıne pas forcement de problemes extraprofessionnels. Ainsi,Burke [6] observe que les workaholiques, dans une population demanagers mixte, ne different pas sur le plan du statut marital. Enfait, le lien entre le workaholisme, l’equilibre travail/vie familiale etle bien-etre psychologique ou la satisfaction de sa vie est differentselon que les individus sont workaholiques enthousiastes ou nonenthousiastes. Ces derniers ont plus de conflits travail/vie familialealors que les enthousiastes sont plus satisfaits de leur vie que lesnon enthousiastes [4]. Les degres de detachement conjugal (marital

estrangement) sont plus eleves parmi les workaholiques que parmiles non workaholiques [34].

2.2.3. Les consequences sur la sante

Les individus workaholiques ne presentent pas forcement plus deproblemes de sante que les autres salaries. Les effets sur la sante sontsouvent indirects, a travers par exemple un degre de stress pluseleve. McMillan et O’Driscoll [21] ont etudie l’etat general de santephysique et psychologique dans une population de Nouvelle-Zelande comprenant des workaholiques et des non workaholiques.Des relations existent entre maladies et facteurs de risque potentielsur la sante comme le degre de stress. Plusieurs travaux observentque les workaholiques presentent un degre de stress plus eleve qu’ungroupe controle [4,40]. Les workaholiques se caracterisent par unefrequence plus elevee de plaintes somatiques comme la fatigue, lesdouleurs musculaires ou intestinales [2,20,40].

Des travaux montrent des consequences negatives en termes deburnout [28,36,41].

Nagy et Davis [24] ont observe une correlation significativeentre le workaholisme et le burnout dans une recherche meneeaupres de 240 enseignants. Le workaholisme etait lie aux deuxcomposantes du burnout (depersonnalisation et epuisementemotionnel), et non au manque d’epanouissement personnel.

Burke et Matthiesen [8] ont etudie le workaholisme chez211 journalistes norvegiens en distinguant trois groupes (salariesenthousiastes, addicts enthousiastes, addicts au travail), et ontconstate que les salaries enthousiastes presentent moins d’affectsnegatifs, moins d’epuisement emotionnel et de cynisme que lesworkaholiques. Les relations varient selon les dimensions duburnout et selon les types de workaholism.

Andreassen, Ursin et Ericksen [2] montrent que :

� la

satisfaction du travail est correlee negativement avec le stress,le burnout et les plaintes somatiques ; � le score de tendance compulsive est correle positivement avec le

stress professionnel et les plaintes somatiques et, de manieremoindre, avec le burnout et l’engagement au travail.

Schaufeli et al. [36] ont explore aupres d’un echantillon de587 cadres des telecommunications les relations entre leworkaholism, le burnout et l’engagement au travail, celui-ci etantsuppose etre l’inverse du burnout. Il s’agit de trois formes distinctesplutot que trois facettes du bien-etre, selon ces auteurs. Il s’agitsurtout de processus complexes ou interagissent des facteursprofessionnels, des variables psychologiques dispositionnelles, desvariables situationnelles et transactionnelles identifiees dans lesdifferents modeles du stress.

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Grebot et Berjot [16] ont etudie les relations entre l’activismeprofessionnel (workaholisme) et l’epuisement professionnel (burn-

out) chez des internes en medecine en se referant au modele dustress de la psychologie de la sante [5]. Leurs resultats mettent enevidence :

� l

a nature transactionnelle des strategies de coping centrees sur larecherche de solution au probleme ou sur l’emotion sur lacomposante « satisfaction au travail » de l’activismeprofessionnel ; � l e role d’antecedents psychologiques de la composante « ten-

dance compulsive a travailler » de l’activisme professionnelcorrelee fortement avec une suractivation de schemas cognitifscomme l’assujettissement, les exigences elevees, et le sacrifice deSoi ;

� l ’issue du processus pouvant etre positive ou negative en

termes de satisfaction ou d’insatisfaction, de burnout ou nonselon l’activation de certains schemas cognitifs et de certainesstrategies de coping. L’activisme professionnel est donc unprocessus multidimensionnel impliquant differentes variablespsychosociales et professionnelles interagissant avec diversescaracteristiques psychologiques individuelles (cognitives,emotionnelles, comportementales, traits de personnalite,troubles de la personnalite. . .), et mobilisant des variablesmoderatrices comme les strategies de coping dont l’issue peutetre positive (salutogene, bien-etre) ou negative (pathogenes,mal-etre).

3. Conclusion

Le neologisme workaholisme, qui provient du mot alcoholism,associe le processus d’activisme professionnel a une addiction autravail [26,29] alors qu’il est lie a une activite professionnellesocialisee regie par une relation de subordination caracterisant lecontrat de travail. L’activisme professionnel questionne l’etymo-logie du terme travail (tripalium, torture) car le sujet devient« esclave » de son comportement alors meme qu’il ne veut enaucun cas se faire du tort, bien au contraire, puisqu’il cherche unmieux etre ou a donner du sens a sa vie professionnelle. Dejours[13] analyse a juste titre l’« activisme professionnel » dans sadimension defensive contre la souffrance venant du travail.Grebot et Berjot [16] mettent en evidence la valeur moderatricedes strategies de coping centrees sur le probleme ou l’emotiondans l’insatisfaction au travail en cas d’activisme professionnelnon enthousiaste en cas de burnout qui sont les effets negatifsd’antecedents dispositionnels comme les schemas cognitifs et latendance compulsive a travailler. Des travaux ulterieursdevront poursuivre aupres d’autres categories professionnelleset d’echantillons plus consequents l’etude de l’activisme pro-fessionnel a la lumiere d’un modele integratif en vue dedifferencier :

� l

es antecedents professionnels et les antecedents dispositionnels(schemas cognitifs, traits de personnalite, tendance compulsive atravailler) ; � l es transactions comme les strategies de coping ou les styles

defensifs ;

� l es consequences positives (satisfaction, accomplissement per-

sonnel), et les consequences negatives (insatisfaction, burnout).

Declaration d’interets

L’auteur declare ne pas avoir de conflits d’interets en relationavec cet article.

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