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ROUGE - Fnac

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ROUG

E

30.56 534893

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 408 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 30.56 ----------------------------------------------------------------------------

ROUGE

Sylvie Grignon

SYLV

IE G

RIGN

ONNov 2013

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Ce roman est une œuvre de fiction. Les personnages, les organismes, les situations et les idées développées dans ce livre ne sont que le fruit de l’imagination de l’auteur ou s’ils existent ont été utilisés de manière totalement fictive, sans intention de nuire, de décrire ou dépeindre la réalité.

La page de couverture fut réalisée par une graphiste que j’adore Emeline LOUAP.

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A toi, qui fus lui…

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Prologue

ROUGE… tout est rouge… couleur du sang, couleur du feu.

Couleur de la passion, couleur de la mort. ROUGE qui tranche avec le blanc des murs, avec le

blanc de la mémoire, avec le drap qui recouvre la vie, avec le corps sans vie.

ROUGE… est là, son image est rouge. Elle vient de loin, d’un petit coin de l’esprit, bien caché, isolé, protégé.

ROUGE déchire le drap blanc du présent et une voix se met à hurler à l’infini…

ROUGE ne fait attention à personne… ROUGE jaillit dans son intégralité ! On doit l’arrêter. Avant que ROUGE ait à nouveau frapper ! On y est presque.

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1 Marie

Un matin d’été… Marie est de retour. Elle ouvre la porte de sa maison. Elle prend ses clés. Ce sont les siennes. Ce sont juste des clés. Pourquoi ont-elles tant d’importance ? Elle rentre. Elle cherche, elle regarde, retourne chaque bibelot dans l’appartement. Mais c’est le néant. Elle a tout oublié. Amnésie rétrograde. Un bien grand mot pour juste expliquer que son passé lui a été dérobé. Tous ses souvenirs se sont volatilisés. Il ne reste rien que du vide. Elle ne sait même plus son nom. On lui a dit qu’elle s’appelait Marie. Son prénom est comme un habit trop vieux, étriqué, inconfortable. Là où elle aurait dû entendre un écho familier, elle ne perçoit qu’un son creux. Pourtant sa carte d’identité, photo à l’appui, indique bien « Marie Duval, 50 ans, 1,58 m ». C’est bien elle. Ce ne peut être qu’elle ! C’est son portrait. Elle aurait aimé se prénommer Émeraude ou Aurore mais Marie, non.

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Peu importe finalement puisque ce qu’elle fut, a disparu. Elle vient de passer des jours dans un hôpital blanc, aseptisé, plongée dans un coma de stade 2. Elle ne réagissait qu’à certains stimulis mais pas à tous. Elle entendait parfois des voix lui parler, des visiteurs passer. Elle avait eu l’impression d’être bloquée dans un corps d’où elle ne pouvait s’échapper. La sensation était horrible. Souvent elle rêvait qu’elle volait, qu’elle regardait le monde qui l’entourait. Puis, c’était toujours la chute libre qui lui donnait envie d’hurler. Aucun son de sa bouche ne pouvait sortir. Elle était prisonnière. Elle sentait la présence des infirmières venant régulièrement lui donner des soins. Elle aurait voulu dire stop, pouvoir les supplier de cesser cet acharnement ! Elle était privée de sa liberté. Parfois une sensation la bouleversait, comme un baiser sur sa joue, une caresse sur sa main. Mais son corps était de plomb. Elle n’était plus qu’esprit.

Un jour pourtant, elle s’est réveillée, sans raison. Pourquoi précisément ce jour-là ? Que s’est-il passé pour qu’elle sorte de ce coma ? La première odeur qui la frappa fut un doux parfum musqué. Un homme était passé. Elle l’avait régulièrement senti dans son sommeil. Une infirmière lui avait ensuite expliqué qu’il s’agissait du médecin qui s’était occupé d’elle durant sa maladie. Sa fragilité l’avait bouleversé et il venait souvent la voir. Marie, une fois réveillée, avait très vite repris des forces. Elle n’avait plus qu’une envie partir de cet endroit ! Pourtant le jour où elle fut

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autorisée à retourner chez elle, elle se sentit totalement paniquée. Elle avait peur de laisser ce cocon où chacun s’occupait d’elle avec douceur. Tout le monde était si gentil. Elle se trouvait dans une situation contradictoire, mélange de désir et de peur. Car il faut bien le dire, elle marchait vers l’inconnu. On ne lui laissa pas le choix. Elle avait récupéré et la clinique avait besoin de sa place.

Marie était donc de retour. Elle resta plantée au milieu de son séjour sans pouvoir avancer. Plusieurs personnes étaient présentes pour l’entourer, pourtant aucun de ces visages ne lui semblait vraiment familier. Juste cette impression de possible déjà vu. C’était un peu comme si on les avait floutés. Seul son petit garçon de 10 ans Léo, son fils adoré, lui procurait des sensations connues. Ses aînés étaient venus pour l’embrasser. D’eux aussi, elle se souvenait. Une sensation viscérale. Marie était revenue chez elle. Elle se sentit en confiance comme si plus rien ne pouvait plus lui arriver. A l’hôpital, des policiers étaient venus l’interroger. Elle n’avait pas été d’une grande utilité. Elle ne se souvenait de rien ! Même pas de l’accident. Juste d’un drap blanc sur sa mémoire et d’une douleur terrible, puis cette sensation de Rouge qui l’avait aveuglée. « Qu’avez-vous vu ? » n’avait cessé de lui demander la jeune inspectrice. RIEN. Homme ou femme ? Quelle marque de voiture ? Elle n’aurait su le dire. Qui la conduisait ? Des témoins parlaient d’un individu au volant d’une voiture ROUGE mais

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personne n’avait pu donner son signalement. Brun ou blond ? Jeune avec une casquette ? Ou vieillard à lunettes ? Chacun y allait de son histoire plus ou moins transformée… Marie, elle, ne pouvait pas se rappeler. Elle se souvenait seulement de la violence qui l’avait percutée et qui lui avait fait tout oublier.

Marie. Elle s’appelait donc Marie… C’était un nom courant dans son année de naissance. On donnait parfois aux fillettes ce prénom histoire de plaire « au bon dieu ».

Les jours suivants son retour, Marie ne cessa de se regarder dans la glace en se répétant : « Marie, Marie… ». Non, décidemment, elle se serait choisie un autre prénom. Cette idée ne la quittait plus. Elle observait son image avec minutie : elle était plutôt jolie, ordinaire, avec des rides d’expression qui prouvaient qu’elle avait du beaucoup pleurer ou rire selon les occasions. Elle passait sans cesse ses doigts sur le miroir afin de révéler les secrets de son visage. C’était une sensation étrange comme celle de porter une sorte de peau que l’on ne reconnaissait pas. Des boucles blondes de la couleur de celles de Léo qui tombaient en cascade sur ses épaules, des yeux verts en amande, quelques kilos en trop. Elle sourit malgré elle. Elle aurait pourtant dû perdre ses bourrelets durant son hospitalisation ! Mais voilà, ces satanés toubibs avaient tout fait pour l’engraisser à coup de perfusions. Son sourire s’effaça très vite. Elle n’était rien en fait. Une vie qui s’était gommée. Des cicatrices

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qu’elle ne pouvait expliquer. Soudain, perdue dans ses pensées, elle sentit un bisou venir se poser sur sa joue. C’était Léo, son Léo. Curieusement, elle se rappelait sa naissance et par ses baisers, elle se sentait de nouveau exister. C’était comme si ce lien sacré mère-enfant ne pouvait disparaitre. Des images continuèrent d’affluer par bribes : son dernier panier de Basket où tout le monde s’était levé, les bougies d’anniversaire soufflées au milieu d’une ribambelle d’enfants, son regard espiègle, son premier dessin. En y repensant, Marie se sentit frissonner. C’était un miracle qu’il ait été épargné lors de l’accident. Marie se rappelait son cri lorsque la voiture avait foncé sur elle. Dans un brouillard, elle l’avait entendu pleurer.

La vie, quant à elle, ne s’était pas arrêtée dans la petite ville située dans une banlieue en région parisienne, un petit coin de campagne, un endroit sympathique, un peu comme dans nos bons vieux villages de province. Un coin, un peu protégé, où les langues aiment jacasser. Oh ! Ce n’était pas de la méchanceté ! Juste une manière de s’intéresser. Ce n’était pas tous les jours qu’un tel drame venait bouleverser la tranquillité. Certains parlaient de vengeance, d’accident prémédité. Pourtant Marie n’avait pas d’ennemi. Elle était assistante sociale et travaillait pour la mairie où elle était plutôt appréciée. Mais les commères aimaient colporter l’idée qu’il pourrait s’agir d’un cas social perturbé qui aurait disjoncté ou d’une histoire plus compliquée. Cela

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mettait un peu de piquant dans la vie du quartier. Marie, elle, parlait peu, écoutait, essayant d’assembler les morceaux qu’elle pouvait glaner. Elle aimait partager une tasse de thé avec ses voisines afin de papoter. Avec ses copines, elle discutait des potins, les écoutant raconter des anecdotes auxquels elle avait participé. Ces rencontres aidaient ses proches à se déculpabiliser de ne pas avoir été là ce jour-là, de n’avoir pu prévoir ce qui allait arriver. Comme si le destin aurait pu être évité. Sa mémoire restait, malgré tous ses efforts, une feuille blanche avec plein de trous. Ses nuits, elles, étaient ponctuées de cauchemars. ROUGE. Elle n’y voyait que du ROUGE. Elle se réveillait souvent tremblante face à ses angoisses, avec une peur qui lui tordait le ventre. Une peur inexpliquée. Son téléphone portable avait été cassé lors de l’accident. Elle était certaine qu’un ou plusieurs de ses amis ignoraient ce qui lui était arrivé. Marie s’en voulait de ne pouvoir les contacter, de les avoir oubliés. Depuis son retour, elle épluchait ses factures, ses mails, son courrier, histoire de redessiner sa vie. Curieusement sur son ordinateur, la plupart de ses fichiers avaient été effacés. Etait-ce elle ? Ou quelqu’un qui avait tout nettoyé ?

Un mercredi matin, Léo lui proposa de monter fouiller dans le vieux grenier. Il adorait chercher dans les vieux cartons pour en sortir une vieille voiture de collection ou un train à vapeur d’une autre génération. Tout y était bien rangé mis à part de

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petites araignées qui se baladaient sur le plancher. Marie se plongea dans de vieux albums photos d’une l’époque. Elle y reconnut ses voisines de classe du lycée, des gens du quartier, ses copines lors de sorties de fin d’année. Elle se rappelait souvent s’être amusée à accoupler certains des amis de sa promotion, les regroupant par affinités. Aujourd’hui, elle se demandait si elle avait su un jour ce qu’ils étaient devenus. Certains étaient-ils mariés ? Avaient-ils des enfants ? Pendant ce temps, bien au fond du grenier, Léo retrouva un carton rempli de livres et de vieux disques. Cela sentait le renfermé et il ne put s’empêcher de tousser. Léo adora cette boite pleine de Comics. Tout au fond, il remarqua un vieux cahier tout usé. On aurait dit un gros grimoire. Fièrement il le prit, le déposa sur les genoux de sa maman en lui chuchotant : « C’est un livre de magie pour retrouver tes souvenirs enfouis. » Marie le contempla avec perplexité puis l’ouvrit. « Mon dieu ! » dit-elle. « Mais c’est un journal intime ! » Sur la première page était juste tracée : « Marie ». Elle se sentit comme anesthésiée. Elle tenait dans ses mains sa propre histoire, un morceau de son passé. Marie prit Léo dans ses bras.

– Merci mon ange. Tu es un vrai petit détective. Tu viens de trouver une clé pour m’aider.

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2 Adélyse

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire ! J’ai 28 ans. Je me sens déjà vieille. Je me regarde dans mon miroir : Ouf ! Aucune ride. Mes boucles blonds-châtains tombent en cascade sur mes épaules, mes yeux ne sont pas cernés, mon corps est mince, musclé. Je mate mes seins. Ils sont parfaits. Je tortille du postérieur, satisfaite, mes cours de zumba me font des fesses superbes et bien musclées. Je suis une bombe ! Une bombe de vingt-huit piges mais je suis une bombe !

J’ai lu sur un blog trouvé sur le net cette citation : « Ecrire, c’est crier en silence » alors j’ai décidé d’écrire faute de ne pouvoir crier. J’ai décidé de tout raconter. Je ne suis pas très portée littérature mais peut-être que mettre des mots sur le papier m’aidera à comprendre ce qui a bien pu m’arriver. Ma vie est devenue si compliquée depuis que j’ai rencontré Matt en Juin dernier.

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On a tous en mémoire LA rencontre, celle qui a changé notre vie, celle qui fait ce que nous sommes aujourd’hui. Celle qui laisse des traces indélébiles, celle qui fait saigner les cicatrices. Pourtant LA rencontre n’en fut pas une. Ce fut une rencontre banale, ordinaire, deux inconnus qui se croisent juste le temps d’une seconde à cause d’un rhume sans gravité. Rien du grand boum qui fait que le cœur explose. Juste un bonjour, un bonsoir, un « comment allez-vous ? ». Une ambiance. Une atmosphère. Une ordonnance signée. Quelques billets déposés. Une rencontre qui n’a pas laissé vraiment de traces dans ma mémoire. Je sais à quoi vous vous attendez : à un Apollon sur lequel j’aurai flashé. Et bien non, vous vous trompez. C’était juste un toubib grisonnant, pas vraiment attirant, un type ordinaire qui faisait juste sa tournée. Depuis ma plus tendre enfance, je n’ai jamais été malade et ce jour là, je me suis réveillée avec le nez bouché. Cela peut prêter à rire mais j’étais paniquée. C’était pour moi une nouveauté. J’avais sûrement l’air d’une gamine effrayée. Il m’a regardée avec amusement, m’a conseillé de manger sainement et surtout d’acheter des mouchoirs en papier. Je lui ai proposé un café. Je ne savais pas quoi dire à un médecin, n’en ayant jamais rencontré. Allez ! Va pour un Expresso ! Il n’a pas refusé. J’avoue ne pas trop m’être sentie très à l’aise. J’interceptais son regard très appuyé sur mon décolleté ! Je sais ce que vous allez penser ! Mais ce n’est pas ça ! Quand on appelle un

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toubib en pleine nuit, on est rarement très habillée et malgré mon long gilet, on voyait bien que je ne portais dessous qu’une jolie nuisette. Je ne suis pas une mijaurée. J’en ai profité pour l’observer. Franchement, ce n’était pas ce que j’appellerais un beau mec. Je doute qu’une femme, un jour, sur son physique, se soit arrêtée ! Petit, chauve, avec des touffes de cheveux sur chaque côté, un peu le genre savant fou. Ironie du sort, il venait de m’expliquer qu’il avait été directeur de recherche dans une grande entreprise de médicaments à Toulouse. Ça devait très bien lui aller. Je l’imaginais tout à fait avec sa blouse blanche, ses cheveux mal coiffés, le cerveau en ébullition devant ses éprouvettes et ses souris à tester. Ouf, il avait enfin fini son café ! J’avais hâte qu’il prenne sa mallette et qu’il parte. Sur le pas de la porte, il m’a demandé s’il pouvait me rappeler afin d’être certain qu’il m’avait bien soignée. J’ai trouvé ça glauque mais je pouvais difficilement refuser.

Le lendemain, je l’avais déjà zappé. Mon rhume avait disparu. Je n’avais pourtant pas avalé ses médicaments. J’aurais pu éviter de le faire venir et j’aurais économisé de l’argent. Je suis donc retournée travailler même si l’envie de fainéanter m’avait traversée l’esprit. Mais il faut dire qu’en ce moment, je suis sur un coup d’enfer. Je ne peux manquer une journée ! Le fils de mon boss vient d’être embauché ! Des yeux à se damner, un cul à faire fantasmer, plein aux as, ce qui n’est pas à négliger, beau et musclé.

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Le stéréotype du People que l’on mâte à la télé. Je me suis fringuée de ma petite jupe en cuir, celle qui est ultra courte, de bottes en daim montantes. Me voilà parée ! Devant mon ordi, je laisse mes pensées s’évader vers le beau jeune homme que je rêve de mettre dans mon lit. J’ai plein de boulot à rattraper ! Des dossiers à traiter, des fichiers à classer. Adelyse, concentre-toi ! Il faut bosser !

Dring… Mon portable se met à vibrer… « Allo. » Fais c… ! Qui donc peut appeler en numéro masqué ? Serait-ce mon apollon tant désiré ? Non ! Sérieux ! Je reste scotchée. C’est le toubib de cette nuit ! Il vient aux nouvelles. Soit il a une sacré conscience professionnelle, soit j’ai dû lui faire de l’effet. J’ai traité tous mes dossiers, je me mets donc à bavasser. Lui, se contente de m’écouter puis finit par me dire qu’il est à deux pas de mon travail et qu’il me doit un café, prétextant que son téléphone commençait à se décharger. Euh… Je ne sais pas… M’afficher avec un papy à la cafétéria ! D’un autre côté, cela me dit bien une pause-café ! J’ai besoin d’un remontant pour continuer à travailler. Allez, toubib ! Ta proposition est acceptée ! Je descends…

Il n’y a personne à cette heure. J’aime autant ! Le mec, il m’éclate. Il arrive tout en blanc cassé ! Un look très particulier. On ne peut pas le louper ! C’est plutôt cool, il faut bien l’avouer. Il manque de s’emplafonner la chaise en me voyant arriver. Ses yeux sont littéralement collés à mes jambes ! Ah mes aïeux ! Je