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RÉSUMÉ DE LA NOUVELLE COMMENT WANG-FÔ FUT SAUVÉ, de Marguerite de Yourcenar Ce résumé a été réalisé par les élèves de 4e. ESO En cours de français Année scolaire 2011/2012 Professeure: M.Carmen Contreras IES Severo Ochoa (Source images: Internet) 1

RÉSUMÉ DE LA NOUVELLE€¦ · Le vieux peintre Wang-Fô et son disciple Ling erraient sur las routes du royaume de Han. La nuit ils contemplaient les astres, les jours ils regardaient

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RÉSUMÉ DE LA NOUVELLE

COMMENT WANG-FÔ FUT SAUVÉ, de Marguerite de Yourcenar

Ce résumé a été réalisé par les élèves de 4e. ESO En cours de français

Année scolaire 2011/2012Professeure: M.Carmen Contreras

IES Severo Ochoa(Source images: Internet)

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Le vieux peintre Wang-Fô et son disciple Ling erraient sur las routes du royaume de Han.La nuit ils contemplaient les astres, les jours ils regardaient les libellules.Comme bagages: des pinceaux, des pots de laque et d'encres de Chine, des rouleaux de soie et de papier de riz.Ling accompagnait le vieux peintre qui s'emparait de l'aurore et captait le crépuscule.Ling était marié à une jeune femme frêle comme un roseau, enfantine comme du lait, douce comme la salive, salée comme les larmes.

Une nuit, le peintre avait bu de l'alcool pour pouvoir peindre un ivrogne voulant être dans l'âme d'un ivrogne et Ling décida de le suivre.Wang-Fô parlait comme si le silence était un mur, et les mots des couleurs destinées à le couvrir.L'averse entra dans la chambre, Wang-Fô se pencha pour faire admirer à Ling la zebrure livide de l'éclair, et Ling, émerveillé, cessa d'avoir peur de l'orage.Dans la cour, Wang-Fô remarqua la forme délicate d'un arbuste, auquel personne n'avait prêté attention jusque là et le compara à une jeune femme qui laisse sécher ses cheveux.Ling comprit que Wang-Fô lui avait donné une âme et une perception neuves et lui offrit sa maison.

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Wang-Fô voulait peindre une princesse jouant du luth sous un saule.La femme de Ling lui servit de modèle.Le peintre la peignit en costume de fée entre les nuages du couchant.La jeune femme pleura, parce qu'elle pensait que se faire peindre c'était le symbole de la mort.Ling lui préférait les portraits que Wang-Fô faisait d'elle, et un matin on la trouva pendue aux branches du prunier rose: les bouts de l'écharpe qui l'étranglait flottaient mêlés à sa chevelure.Ling vendit toutes ses affaires et ferma derrière lui la porte de son passé.

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Wang-Fô et Ling partirent ensemble.On disait que Wang-Fô avait le pouvoir de donner la vie à ses peintures par une dernière touche de couleur qu'il ajoutait à leurs yeux.

Ling mendiait la nourriture, veillait sur le sommeil, lui massait les pieds.Un jour ils arrivèrent à la ville impériale et passèrent la nuit dans une auberge.Quand ils dormaient, des soldats entrèrent avec des lanternes et les arrêtèrent.Ils arrivèrent au palais impérial.

La Maître Céleste était assis sur un trône de jade, sa robe était bleue pour figurer l'hiver, et verte pour rappeler le printemps. Son visage était beau, mais impassible comme un miroir placé trop haut qui ne refléterait que les astres et l'implacable ciel. Il avait à sa droite son Ministre des Plaisirs Parfaits et, à sa gauche, son Conseiller des Justes Tourments.

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« Dragon Céleste, dit Wang-Fô prosterné, je suis vieux, je suis pauvre, je suis faible. Tu es comme l'été; je suis comme l'hiver. Tu as dix mille vies; je n'en ai qu'une, et qui va finir. Que t'ai-je fait?On a lié mes mains, qui en t'ont jamais nui ».

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« Tu me demandes ce que tu m'as fait, vieux Wang-Fô? » Dit l'Empéreur- Mon père avait rassemblé une collection de tes peintures dans la chambre la plus secrète du palais...C'est dans ces salles que j'ai été élevé, vieux Wang-FÔ, car on avait organisé autour de moi la solitude pour me permettre d'y grandir...Les couleurs de tes peintures s'avivaient avec l'aube et pâlissaient avec le crépuscule. La nuit je les regardais et, pendant près de dix ans, je les ai regardés toutes les nuits.Et pour m'aider à me représenter toutes ces choses, je me servais de tes peintures. Tu m'as fait croire que la mer ressemblait à la vaste nappe d'eau étalée sur tes toiles, si bleue qu'une pierre en y tombant ne peut que se changer en saphir, que les femmes s'ouvraient et se refermaient comme des fleurs, poussées par le vent, dans les allées de tes jardins, et que les jeunes guerriers à la taille mince qui veillent dans les forteresses des frontières étaient eux-mêmes des flèches qui pouvaient vous transpercer le cœur ».

« À seize ans, je suis monté sur la terrasse du palais pour regarder les nuages, mais ils étaient moins beaux que ceux de tes crépuscules.

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J'ai parcouru les provinces de l'Empire sans trouver tes jardins pleins de femmes dont le corps est en lui-même un jardin. Les cailloux des rivages m'ont dégoûté des océans; le sang des suppliciés est moins rouge que la grenade figurée sur tes toiles ».

« Tu m'as menti, Wang-Fô, vieil imposteur: le monde n'est qu'un amas de taches confuses, jetées sur le vide par un peintre insensé, sans cesse effacées par nos larmes. Le royaume de Han n'est pas le plus beau des royaumes, et je ne suis pas l'EmpereurLe seul empire sur lequel il vaille la peine de régner est celui où tu pénètres, vieux Wang, par le chemin des Milles Courbes et des Milles Couleurs. Toi seul règnes en paix sur des montagnes couvertes d'une neige qui ne peut pas fondre, et sur les champs des narcisses qui ne peuvent pas mourir.

J'ai décidé qu'on te brûlerait les yeux, puisque tes yeux, Wang-Fô, sont les deux portes magiques qui t'ouvrent ton royaume. Et puisque tes mains sont les deux routes aux dix embranchements qui te mènent au cœur de ton empire, j'ai décidé qu'on te couperait les mains ».

Ling arracha de sa ceinture un couteau ébréché et se précipita sur l'Empereur.

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Un soldat leva son sabre et la tête de Ling se détacha de sa nuque, pareille à une fleur coupée

Deux eunuques essuyèrent les yeux de Wang-Fô

« Écoute, dit l'Empéreur, avant de mourir j'ai d'autres projets pour toi. Je possède une peinture admirable...mais elle est inachevée, Wang-Fô, ton chef d'œuvre est en état d'ébauche...je veux que tu consacres les heures de lumière qui te restent à finir cette peinture, qui contiendra ainsi les derniers secrets accumulés au cours de ta longue vie ».

« Si tu refuses, avant de t'aveugler, je ferai brûler toutes tes œuvres, et tu seras alors pareil à un père dont on a massacré les fils et détruit les espérances de postérité ».

Sur un signe du petit doigt de l'Empereur, deux eunuques apportèrent respectueusement la peinture inachevée où Wang-Fô avait tracé l'image de la mer et du ciel. Wang-Fô sécha ses larmes et sourit, car cette petite esquisse lui rappelait sa jeunesse.Wang commença par teinter de rose le bout de l'aile d'un nuage posé sur une montagne. Puis il ajouta à la surface de la mer de petites rides qui en faisaient que rendre plus profond le sentiment de sa sérénité.

Le pavement de jade devenait singulièrement humide, mais Wang-Fô absorbé dans sa peinture, ne s'apercevait pas qu'il travaillait assis dans l'eau.Un frêle canot grossi sous les coups de pinceau du peintre occupait maintenant tout le premier plan. Le bruit cadencé des rames s'éleva soudain dans la distance, rapide et vif comme un battement d'aile.Dans l'eau jusqu'aux épaules, les courtisans, immobilisés par l'étiquette, se soulevaient sur la pointe des pieds.L'eau atteignit enfin au niveau du cœur impérial. Le silence était si profond qu'on eût entendu tomber les larmes.C'étaient les larmes de Ling, il avait sa vieille robe de tous les jours mais il avait autour du

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cou une étrange écharpe rouge.

« Je te croyais mort »- lui dit Wang-Fô.

« Vous vivant, dit respectueusement Ling, comment aurais-je pu mourir? »Et il aida le maître à monter en barque. Le plafond de jade se reflétait sur l'eau. Les tresses des courtisans submergées ondulaient à la surface comme des serpents, et la Tête pâle de l'Empereur flottait comme un lotus« Regarde, mon disciple, ces malheureux vont périr. Je ne savais pas qu'il y avait assez d'eau dans la mer pour noyer un Empereur ».

« Ne crains rien, Maître ». Bientôt ils se trouveront à sec. Seul l'Empereur gardera au cœur un peu d'amertume marine. Ces gens ne sont pas faits pour se perdre à l'intérieur d'une peinture. Et il ajouta: La mer est belle, le vent bon, les oiseaux marins font leur nid. Partons, mon Maître, pour le pays au-delà des flots.Wang-Fô se saisit du gouvernail, et Ling se pencha sur les rames. La cadence des avirons emplit de nouveau toute la salle, ferme et régulière comme le bruit d'un cœur.Le niveau de l'eau diminuait autour des grands rochers verticaux qui redevenaient des colonnes.Les robes des courtisans étaient sèches, mais l'Empereur gardait quelques flocons d'écume dans la frange de son manteau.

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La barque occupait tout le premier plan, elle s'éloignait peu à peu. Déjà on ne distinguait plus le visage des deux hommes assis dans le canot, mais on apercevait encore l'écharpe rouge de Ling, et la barbe de Wang-Fô flottait au vent.L'Empereur regardait s'éloigner la barque de Wang qui n'était déjà plus qu'une tache imperceptible dans la pâleur du crépuscule.Enfin, la barque vira autour d'un rocher qui fermait l'entrée du large.Le peintre Wang-Fô et son disciple Ling disparurent à jamais sur cette mer de jade bleu que Wang-Fô venait d'inventer.

FIN

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