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3La Salida • n°102 • février-mars 20172 La Salida • n°102 • février-mars 2017

L’ÉDITO

“Mauvais genre”Les États-unis ont donc un président qui se flatte d’attraper lesfemmes « par la chatte », ce qui le qualifie en matière de distinctionet bien entendu d’humanité. Et l’on viendrait nous dire que le tangoest macho ? Sans rire ? Vous connaissez certainement ce motde Carlos Gavito assurant (à peu près) que l’homme doit danserpour la femme, pour qu’elle se sente l’égale d’une reine… car c’estainsi qu’il se sentira roi. Est-on sûr pour autant que le propos de cegrand milonguero ait échappé à tout machisme ? Étrange besoinque de se sentir roi... Et pourquoi pas simplement partenaire,complice, ami, amant.

Le diable, dit-on, se cache dans les détails. Allez, on ne fera pas deprocès à cet extraordinaire prince (mais oui !) des pistes, qui visaitavant tout à l’excellence de la danse. Que l’on sache, à l’inverse dutriste misogyne qui occupe la Maison Blanche, le tango n’a jamaisjeté des milliers de femmes dans les rues. La question du genrey est même aujourd’hui ouverte sous l’angle des rôles respectifsdévolus à l’homme et à la femme partageant cette étreinte quicontinue de faire frémir le monde.

Pourtant, il fut un temps où le tango ne portait pas plus la femmedans son cœur que la société ne lui faisait de place. La poésietanguera, entre la figure iconique de la mère, sainte femme, et cellede la putain briseuse de cœurs – ou pas –, mais dont l’horlogecondamne par avance l’éphémère pouvoir de sa jeunesse, seplaçait résolument du côté des hommes trahis. Fatalement trahis.Le poète pouvait montrer de la compassion, de l’amitié même, pources femmes perdues, mais sa muse virile (si l’on peut dire) lepoussait parfois aux frontières de la violence de genre. Je vousrenvoie à ce tango d’Eduardo Bonessi et Julio Bonnet sobrementintitulé : Matala (“Tue-la !”), dont le pitoyable héros s’efforce de nepas commettre l’irréparable envers celle à qui il regrette d’avoir tropbien enseigné l’art d’aimer et qui l’oublie dans d’autres bras. Unsommet du genre. Oui, parfois, le tango ça trumpe énormément. l

JEAN-LUC THOMAS

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P. 10 M. A. TRÍPODI

P. 34 N. BASURTO

P. 40 S. BAZELY

P. 3 L’ÉDITO

P. 6 FLASH

P. 9 LE BILLET DE

P. 10 DANSEMatías Alberto Trípodi

P. 16 SPECTACLELe Tango des toiles

P. 20 BUENOS AIRES HORA CEROMiguel Ángel Zotto

P. 22 CAFETÍN DE BUENOS AIRESEnrique Cadícamo

P. 32 POÉSIEManzi et Discépolo

P. 34 PORTRAITNéstor Basurto

P. 40 RENCONTRESolange Bazely

P. 42 DOSSIERHistoire du tango

P. 48 ON A VU ON A LUPremier salon du livre de tangoMaliciaEntre hommes

P. 52 DISCOGRAPHIE

P. 55 L’AGENDA

5La Salida • n°102 • février-mars 2017

Sommaire

Illustration de couverture : La reproduction du “Penseur” d'Auguste Rodin, telle qu'elle apparaîtdevant le Congrès à Buenos Aires - Photo Louise Lecointeet Matías Alberto Trípodi - Photo Agathe Poupeney



Le billet de

Selon nos bonnes habitudes, c’est avec un peu de retardet en dehors des dates conventionnelles que noussouhaitons que cette année 2017 vous apporte tout ce quevous désirez. Évidemment, ceux qui ayant eu le plaisir d’êtreà Kerallic ont eu la primeur de nos vœux lors de ce festivalplacé sous la bonne humeur et la joie de danser.Sans oublier le plaisir d’être ensemble et de vivre unepassion partagée. La nouvelle année a donc commencésous les meilleurs auspices. Et nous comptons la poursuivreavec des stages d’initiation, des cours, les pratiques ruede La Sourdière avec la présence régulière d’orchestresou de chanteurs, les week-ends des maestros, la Fêtede la musique, et le festival de Prayssac bien entendu...Mais nous réfléchissons également à vous apporter denouvelles propositions, à dévoiler le moment venu.Concernant les stages avec des maestros, après Julia etAndres Ciafardini, ce sont maintenant Bakartxo Arabaolazaet Joseba Pagola qui viendront un week-end par mois, defévrier à mai, nous proposer leur enseignement de trèsgrande qualité. Afin d’améliorer la présentation de La Salida,vous pourrez constater que nous avons pris la décision dela faire tout en couleur à chaque parution.Nous tenons à rappeler que Le Temps du Tango est uneassociation dont les membres du conseil d’administrationsont tous des bénévoles, qui travaillent pour celle-ci durantleurs moments de liberté. Ils donnent tous beaucoup d’eux-mêmes, mais heureusement, il y a des personnes quiviennent nous aider ponctuellement. Cette nouvelle annéeest l’occasion de remercier très chaleureusement tous ceuxqui œuvrent à maintenir l’association Le Temps du Tangoactive.Pour ceux qui sont intéressés par cette vie associativeretenez la date du 19 mars 2017, c’est le jour del’assemblée générale. l

LE TEMPS DU TANGO



O N DIT SOU-VENT QUE LETANGO EST unlangage. Iln’en fallaitpas plus àM a t í a sA l b e r t o

Trípodi, professeur et cho-régraphe de tango, maisaussi linguiste, pour se direque l’on pouvait tenterd’appliquer à cette dansecertaines idées et théoriesque l’on applique au langa-ge et à la littérature. D’où ledébut de sa réflexion : com-ment faire une transpositionde la linguistique au tango ?L’histoire se poursuit alorsque Matías, séjournantalors en Europe, voit unevidéo d’Anna Teresa DeKeersmaeker, figure de pre-mier plan de la danse

contemporaine. Celle-ci parle du regardun peu mathématique qu’elle porte sur la

DANSEA

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Tango. Comment l’écrivez-vous?

Le danseur et chorégraphe Matías Alberto Trípodi adéveloppé un système de notation des pas quiemprunte à sa formation de linguiste. Mais il se

garde de vouloir figer la danse.

La suite dans La Salida sur papier...



Le tango sous toutes ses coutures

Cinéma et tango sont depuis longtemps partenaires.Depuis le cinéma muet jusqu’à nos jours.De Charlot à Assassination Tango…Voici leur histoire.

SPECTACLE




Cafetín de Buenos Aires

Il est relativement facile, pour ceux quis’intéressent aux textes des tangos, dereconnaître qui les a écrits. D’abord parla forme, ensuite par le contenu. On peutidentifier des auteurs tels que Homero Manzi,Cátulo Castillo, Enrique Discépolo, EnriqueCadícamo, Homero Expósito et quelquesautres, par des aspects purement formelstels que l’utilisation, ou pas, de mots delunfardo (argotiques), par la longueur desphrases ou la métrique, par l’utilisation derimes internes ou en fin de vers. Par leurstyle littéraire pour faire court.

Mais plus important encore, on peut lesreconnaître également, et surtout, grâce àleurs univers poétiques, aux images qu’ilsaiment créer, à la précision ou l’ambigüitéde leur récit, à leurs thématiques et leursobsessions. Car on dirait que certainsauteurs ont vraiment des obsessions, dessujets qui reviennent sans cesse pour secompléter, pour se répondre, pour secontredire, créant une sorte d’intertextualité,probablement parce qu’ils ne peuvent faire

Enrique Cadícamo au piano dans son appartement, en 1996

‘Aujourd’hui, tu vas entrer dans

mon passé’Enrique Cadícamo est de ces poètes

qui confrontent leur muse à un thème obsédant. Pour ce très francophile parolier, ce fut l’amour vaincu,

mais sublimé dans ses vers.



Six cordes, unevoix, un patio

Guitariste et chanteur aussi à l’aise dans le folkloreque dans le tango, Néstor Basurto cultive aussi

dans sa cour la petite musique de l’amitié.

PORTRAIT : NÉSTOR BASURTO





Dossier

L’histoire du tango, son développement, continuent de susciterde nombreuses études en Argentine. Au-delà,

les chercheurs trouvent dans l’histoire musicale du paysun profond reflet de la société et de ses mutations.

P ARIS, PHARE UNIVERSEL de la cul-ture pour la bonne société por-tègne au début du XXe siècle etpuissant aimant des pionniers dutango a-t-il occulté la pénétrationdu genre en Amérique du Nord ?Alors que la Ville Lumière s’enti-chait de ses “thés tango” avant la

Grande Guerre, New York suivait sonexemple et faisait de même... Mais AndreaMatallana, historienne et sociologue, auteurede El tango entre dos Américas (ed. Eudeba,juin 2016), relève que la chronique du tango,

sa légende urbaine plutôt, ont profondémentminoré la diffusion du genre aux États-Unisalors qu’elles en ont mythifié la propagationen France : « Si l’on ne considérait que la lit-térature tanguera (en incluant les écrits sur letango au sens large), ce livre serait impos-sible : parce que selon cet imaginaire, person-ne n’est resté anclao (échoué, ndlr) à NewYork mais bien à Paris, et aucun tanguero n’ajamais salué New York, Chicago ou LosAngeles de son “Nous voilà !” mais bien lacapitale française... De même qu’aucune

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Des discours dʼEva Perón aux émeutesde la crise de décembre 2001 enpassant par la ronde des Mères de maisous la dictature (1976-1983), la Plazade Mayo, siège de la présidence, estl'épicentre symbolique de la viepolitique argentine.

La musique, écho del’histoire argentine




28/03 Touques-Deauville (14)Stage Tango Argentin avec Geneviève Jean etJoël Delacroix de 16:45 à 19:50, Salle de Danseà lʼAmirauté - Route de Paris, 06.89.77.69.95,abasto-tango-caen.com

30/03 - Neuilly-sur-Seine (92)Cours dʼEl Turquito :Débutants/Fondamentaux/Intermédiaires de19:30 à 22:30, Espace Saint-Pierre 121 av.Achille Peretti, 06.42.48.15.65, almadetango.org

31/03 - ANNECY (74)Milonga des Romains de 20:45 à 23:45, MJCdes Romains 26 Av. du Stade, 06.20.65.30.04,fondusdetango.free.fr

01/04 au 02/04Hérouville Saint-Clair (14)Stage Tango/Milonga/Canyengue avec Josiane etOuali Benhadji de 14:30 à 13:00, Salle LébiseyAvenue 3è Division dʼInfanterie Britannique,06.89.77.69.95 abasto-tango-caen.com

01/04 - Hérouville St-Clair (14)Milonga de 21:00 à 01:00, Salle Lébisey -Avenue 3è Division dʼInfanterie Britannique,06.89.77.69.95, abasto-tango-caen.com



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