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3La Salida • n°80 • octobre à novembre 2012

Buenos Aires, hiver 1994. La revue La Maga et la radio FM Tangos’étaient associées dans ce scrutin où l’on vota « pour l’amour dutango », car tel était l’intitulé*. Il s’agissait de demander auxtangueros d’élire leurs pièces et auteurs favoris. On vota parmilliers. Les différentes catégories ne pesaient pas du mêmepoids : on recensa 2543 bulletins en faveur du meilleur orchestre(Troilo), mais seulement 782 pour désigner Sur comme le meilleurtango avec paroles. Meilleure interprète féminine ? Nelly Omar(1842 voix). Masculin ? Roberto Goyeneche (1 973 votes). Meilleurinstrumental ? Adiós Nonino (1501 voix) devant La Cumparsita(1039)... Ces futilités ont le mérite de laisser derrière elles laphotographie un peu floue d’une sensibilité populaire, de ce quiest aimé, reconnu spontanément. Vous-mêmes, sans y avoirrépondu, n’avez-vous pas eu une seconde au moins la tentationde confronter votre goût à celui qu’exprimaient les Argentins ? Dedire ce que serait en somme votre “plus beau tango du monde” ?Que répondraient d’ailleurs les sondés aujourd’hui ? Nelly Omardésormais centenaire recueillerait-elle un succès identique ? Legoût est mouvant, la beauté même peut tomber en disgrâce. Maisnous gardons tous au cœur un tango comme un trésor, peut-êtrepour des raisons qui excèdent sa portée et émargent à notrepetite musique de l’intimité. Nous avons fait de cette idée un traitd’union de notre numéro de rentrée. Oh, pas de sondage ici, justela volonté de demander à nos interlocuteurs quel est, quel seraitleur “plus beau tango du monde”. Juste pour nous rassemblerautour d’eux. Et vous, quel est le vôtre ? Donner une réponseunique convoque d’un coup toute votre culture du genre, vossouvenirs les plus chers et en même temps, le choix impose uneterrible ascèse. Quel tango siffloteriez-vous sur l’île déserte ?Terrible question, il y a là de quoi oublier les embouteillages, letiers provisionnel mais pas votre première milonga de la saison. l

JEAN-LUC THOMAS

* Découvrez les résultats complets de ce sondage sur la page Facebookde La Salida et n’hésitez pas à nous y laisser vos choix et commentaires.

ÉDITO

Pour l’amour du tango


P. 3 L’ÉDITO

P. 6 FLASH

P. 11 LE MOT DU TEMPS DU TANGO

P. 12 DOSSIERJuan Tata CedrónP. 20 RENCONTREM. l’ambassadeur Aldo FerrerP. 23 BUENOS AIRES HORA CERO

P. 24 RENCONTRENéstor Luis CorderoP. 27 LES ÉCHOS DE

P. 28 CAFETÍN DE BUENOS AIRES

P. 36 HOMMAGES

P. 37 SPECTACLEBuenos AriasP. 38 FESTIVAL DE PRAYSSAC

P. 45 FESTIVALS

P. 52 ON A VU ON A LU

P. 54 REPORTAGELa place du tango au LibanP. 57 NOSTALGIAS

P. 58 VOYEZ-VOUS ÇA ?P. 59 LA DISCOGRAPHIE

P. 62 LES PRATIQUES RÉGULIÈRES

P. 70 L’AGENDA


Sommaire

Photo de couverture :Sylvie Pradelle

P. 37 BUENOS ARIAS

P. 38 PRAYSSAC

P. 12 JUAN TATA CEDRÓN



C’est l’automne…

Le mot du Temps du Tango

Voilà une nouvelle année tango qui débute.Pour vous et pour nous, Le Temps duTango. Tous ceux qui étaient à Prayssac ontencore présents dans leurs souvenirs lessuperbes moments passés dans cette joliepetite ville du Lot. Aujourd'hui, l'heure estaux projets. Bien entendu, les cours à Alésiaet à La Sourdière continuent les mêmes

jours et aux mêmes heures que toujours. Il en est demême pour les initiations et la pratique du dimanchesoir, qui évolue avec de nouveaux intervenants. Quantà La Salida, nous travaillons toujours à améliorer soncontenu et sa présentation. Evidemment aussi, nousavons déjà commencé à préparer les festivités desvacances de Noël avec le festival de Kerallic : avec deprestigieux et fidèles maestros, et aussi du sang neuf ! Nous avons déjà les dates du festival de Prayssac 2013(20 juillet au 3 août). Tout cela, comme les annéesprécédentes. Mais la nouvelle équipe fourmille d'idées– grâce à vous, qui nous motivez et nous faites despropositions que nous sommes heureux de recevoir.Ainsi, lorsque vous lirez ce billet, certains d'entre vousauront pu assister à l’exposé sur la musicalité de lavalse que Richard Garrido a donné durant le cours deMarc dimanche 30 septembre. Notre tanguero musicieninterviendra de nouveau pour nous parler de milongale 14 octobre, toujours à La Sourdière pendant le coursde valse-milonga. Nous avons aussi le plaisirde recevoir la conférencière journaliste argentineLaura Falcoff, accompagnée d'un couple de maestrosargentins, Camila Villamil et Daniel Sansotta, le samedi6 octobre (voir page 2 et sur www.letempsdutango.com).Un stage avec les danseurs est programmé ce jour-là.Nous réfléchissons aussi à faire plus souvent appel àdes orchestres... Et encore à plein d'autres choses...Dont nous vous tiendrons au courant au fur et àmesure.Bonne rentrée à tous. l

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION


Cuarteto Cedrón, une épopée esthétique

12 La Salida • n°80 • octobre à novembre 2012

Juan Tata Cedrón

Le passeurde poésie

En 1964, troisjeunes musiciensproposèrent derenouer avec lamusique populai-re, en jouant dutango à leurmanière qui devint

une impronta, comme ondirait en italien, un style, unemarque. En 1974, le trio, déjàcuarteto, s’installait à Parisoù le tango n’était guère d’ac-

tualité. Avec les années 1980,l’arrivée de Piazzolla, la créa-tion des Trottoirs de BuenosAires et le va-et-vient desmultiples talents argentins enFrance, le Cuarteto Cedróntrouva son espace et sonpublic. Mais il était à part,singulier, installé autant parconviction que par pulsiondans une volonté de culturepopulaire sans pour autantmanquer de lucidité quant à

l’affaiblissement du tangodans l’industrie musicale. Encela le Cuarteto me semblenourrir une veine roman-tique, populaire et poétique.

Le journaliste et membrepermanent de la Academianacional del tango, LuisTarantino (voir son interviewen page 18), répondant à laquestion de savoir ce qui sepasse avec le tango aujour-d’hui, soulignait crûment lors

L’histoire

Curieux de tout, de tous et surtout de poésie, impeccablement fidèle à ses choix artistiques, Juan Cedrón et son cuarteto ont

rendu la parole au tango devenu muet. Une trajectoire exemplaire.

Concert à Brive-la-Gaillarde en février 2005



d’un colloque à BuenosAires : « Je crois qu’on aperdu la chanson... » Ce ter-rible résumé m’a fait penserau Cuarteto Cedrón. Dès sanaissance, il eut la chansonau cœur. Pour Cedrón, letango n’est pas mort dans lesannées 1950, début 1960...Avant il était musique, paroleet danse, indissociables.Ensuite, il a pris d’autresnuances, d’autres “couleurs”.Mais lors des années 1960, letango est resté muet – sansconnotation péjorative. Degrands musiciens (Rovira,Piazzolla) ont opté pour letango instrumental.

Le Cuarteto est une ruche

Le choix fut alors évident :« Al tango, hay que cantar-lo ! » (« Le tango, il faut lechanter ! »). Cedrón nousrappelle aussi que si le chan-teur de tango se tait, les dan-seurs s’assoient ou vont dan-ser autre chose, loin desmilongas. Bien qu’il ait chan-té des thèmes traditionnels(de Manzi, Cadícamo...), leCuarteto a fait le choix des’intéresser à des poètes horsdu champ du tango.

Cedrón a mis en musiqueet chante des textes de JuanGelman, Francisco Urondo,Raúl González Tuñon, JulioCortázar, Jorge Luis Borges...et des poètes d’ailleurs(Bertolt Brecht, DylanThomas, César Vallejo...).S’il s’était confiné dans l’uni-vers du tango, que se serait-ilpassé ? Aurait-il eu la mêmerépercussion ? Sa démarchene permet-elle pas de mieux

comprendre le rôle de lachanson dans le tango ?

Antonia García Castro,dans son remarquable livreconsacré au Cuarteto*, dit :« Chaque chanson (du grou-pe) est comme une scène defilm à l’arrêt... Un spectateurcurieux pourrait essayer derembobiner la pellicule ou aucontraire la faire avancerpour capter la généalogie oule dénouement. »

La vie du Cuarteto ne peutse dire sans parler des liens,avec les gens en général,avec les exilés politiques,artistes ou poètes qui ontactivement travaillé à sescôtés. Il a été le promoteurde plusieurs espaces : lecafé-concert Gotán ouvert àBuenos Aires en 1965 ; leBulín Mistongo et le Tallerde Garibaldi en 1970 à LaBoca. Jaime Torres, le grandinterprète de charango,raconte : « Au taller (l’ate-

lier), il y avait quelque chosede très fort, une effervescen-ce. Il fut une marmite où lesgens se retrouvaient, où l’ondiscutait avec passion duprésent et d’un certainfutur. »

Au Taller sont passées degrandes figures, telles PacoIbáñez, Georges Moustaki,Paco de Lucía, DinoSaluzzi... La famille Cedrón aété fortement présente dans latrajectoire du groupe :Alberto et Roberto, qui ontdessiné des pochettes desdisques et des affiches, Jorgele cinéaste, ou Román, le fils,qui s’est incorporé auCuarteto comme contrebas-siste. Juan affirmait en 1970 :« Je voulais réunir tous lessoirs, autour du tango, lemaximum de gens qui fai-saient des choses différentes :poètes, peintres, acteurs... et

Juan Tata et Eduardo Cedrón (à gauche) devant la verduleria

La suite dans La Salida sur papier...

Chacune de leur chanson est comme une scène de film à l’arrêt(



On me demande quels sontmes tangos préférés. Commentrépondre à cette question, tantmes préférences ont changéavec le temps, avec l’âge,l’endroit, le contexte, les étatsd’âme, l’histoire récente, lavieille histoire. J’aime, d’unemanière générale, les tangostendres, les tangos tristes, lestangos denses. J’aime les tangosqui me parlent de Buenos Aireset qui décrivent son architecture,sa topographie, son histoire, ceuxqui me ramènent à ses rues,à ses cafés, à son port, à sesquartiers, et à sa pluie. J’aimeles tangos désespérés etdésespérants, ceux qui parlentdes immigrés, des milonguitas,d’illusions abandonnées,d’espoirs déçus. J’aime lestangos qui parlent d’un retourimpossible, qui rêvent d’unvoyage rendu irréalisable parle temps, par la distance, parl’absence, par les infortunesde l’existence. J’aime les tangosqui parlent de fumée et d’alcool,de déchéances et de suicide.Et de la nuit...Encore faut-il que leurs musiquessoient belles et expressives, etqu’elles transmettent les mêmessentiments que les textes,qu’elles véhiculent les mêmesémotions, que l’harmonie soitparfaite. C’est le cas, me semble-t-il, des deux tangos et des deuxvalses, dont je vais vous vousparler aujourd’hui. Ces tangos,bien que relatant des histoiresdistinctes et ayant été composés

par des auteurs différents, onten commun le fait de placer,au centre du récit, la maisonpaternelle, de nous transmettredes images et des souvenirsd’enfance, de nous parler derêves oubliés et de paradisperdus. Ils comptent parmi ceuxque j’aime le plus.

Il me semble la revoir, la petite jupette courte…Commençons par Marionetas(Marionnettes), un vieux tangocomposé en 1928 par ArmandoTagini (paroles) et Juan JoséGuichandout (musique). ArmandoTagini (1906-1962) est moinsconnu que d’autres auteurs, etbien que son œuvre soit assezlongue, seulement trois de sestangos sont devenus populaires,Misa de once, La Gayola etMarionetas, à mon avis lemeilleur. Marionetas est un tangotrès beau et très doux, quidégage une grande tendresse.Le poème nous décrit l’émotiond’une petite fille à la jupettecourte, qui s’émerveillait devantun spectacle de marionnettes,dans la cour fleurie d’une vieillemaison coloniale, pour nous direensuite qu’elle est devenue,quelques années plus tard, unemilonguita, une marionnette tristequi danse et bouge sans arrêtdans la cour sordide d’unmédiocre cabaret. Ce tangoamer mais lumineux a étéimmédiatement enregistré parCarlos Gardel, mais les versions

Cafetín de Buenos Aires


Tu te souviens, ma sœur ?



Prayssac

Cet été, c’étaittous les jours tango

NOUS VENONS DENOUS POSER à laterrasse des PetitsVentres. Un res-taurant bien sym-pathique sur uneplace ensoleilléede Prayssac dans

le Lot. Il est l’heure de dîneret, pour tous, de s’accorderun moment de repos bienmérité. Aux tables autour denous, les tangueros festiva-liers récupèrent de leur jour-née et prennent des forcespour la milonga du soir. Il y aun gentil brouhaha.

Il faut dire que la ville seprête parfaitement à la convi-vialité à laquelle nous tenonstant au Temps du tango.Derrière nous, les maestros seretrouvent, heureux d’êtreensemble après leur journée àdonner des cours. L’un descouples est absent, commechaque soir. Celui qui va fairesa démo, plus tard dans lanuit. Manquent également àl’appel Dominique, notresecrétaire, et François son

17e Festival

Soleil, bonne humeur, maestros excellents, tant dans leurs démonstrations que dans leurs cours… On peut le dire, le cru 2012

du Festival de Prayssac est un bon cru.

Aux Petits Ventres ou àTerre gourmande, les

maestrosaiment se retrouver

Cette année, nous avonseu le plaisir d’accueillir

le Cuarteto Silbando




Enquête

Le choix des maestros

C omme nous, lesmaestros ont desgoûts qui évo-luent. En fonc-tion de leur viepersonnelle, deleurs “étatsd'âme”... mais

aussi avec leur travail dumoment, de leur danse, deschorégraphies qu'ils prépa-rent, des cours qu'ils donnent.Ainsi, Fernando avoue êtreaujourd'hui très proche de lamusique de Francisco Canaro

ou d'Enrique Rodríguez. DeDonato aussi. Il dit être sur-tout attentif à leur orchestra-tion, plus rythmique quemélodique. Plus « joueuse »également. Néanmoins, s'ilfallait ne citer qu'un tango, ceserait Te quiero todavía ouInvierno, interprétés, évidem-ment par... Canaro.

Alberto, quant à lui, recon-naît préférer des tangos quiprésentent des changementsde mélodies, plutôt que deschangements de rythme carils offrent beaucoup plus de

Leurs plus beaux tangos

Valeria Cuenca et Fernando Nahmijas

Mariela Sametbandet Alberto Colombo



possibilités dans la danse etsurtout permettent de “jouer”avec. Il n'aime pas trop lestango “marchés”. Parmi sespréférés, Te aconsejo que meolvides par Aníbal Troilo etFrancisco Fiorentino. Sa par-tenaire Mariela fait le mêmechoix – bizarre non ? –« C'est un tango très richedans son interprétation. Ilparle d'une lettre qu'unefemme reçoit dans laquellel'homme lui conseille de l'ou-blier... Nous en avons fait unechorégraphie. Il y a des pas-sionnés, très picaresques. »

Valeria apprécie tout parti-culièrement Di Sarli yRoberto Florio en cemoment. Un duo très « mélo-dieux » qui lui font découvrir

une qualité de danse possé-dant une charge émotionnelletrès grande, avec des mouve-ments très lents. Ensueñol'emmène cependant « tou-jours très loin, la touche auplus profond de son cœur ».

C'est Oblivión d'AstorPiazzolla qui accompagnedepuis toujours Paula « Ilfaut en écouter les paroles,insiste-t-elle. Elles parlentd'amour, de passion. de tris-tesse par moments... Chantépar Guillermito Fernández,c'est une merveille. » Et puis,Paula adore danser Piazzolla,parce qu'elle aime raconterdes histoires – ce qu'il lui per-met. Piazzolla est aussi lecompagnon de route deCristian, avec Tristeza de un

doble A dans sa version enre-gistrée avec son NuevoQuinteto au Regina. « C'étaiten mai 1982. Un mois aprèsla guerre des Malouines. » Ily a là une charge émotionnel-le énorme pour Cristian. Quiavoue même que, sansTristeza, il n'aurait peut-êtrejamais dansé le tango...

Jenny et Frank eux, sontplus catégoriques. « Nous nepouvons pas choisir un tango.Ce que nous pouvons dire,c'est que, quel que soit letango choisi, il le soit par sen-timent. Parce que c'est ça quifait le tango ! » l

PROPOS RECUEILLIS PAR F. G.-F.

Paula Rubin et Cristian Miñoz

Jenny Gil et Frank Obregón



Tarbes

La consécration !

U n monumenthautement sym-bolique scellantamitié et parte-nariat avecl ’ A r g e n t i n e .Déjà marquéepar Caminito, ce

mur coloré en plein centre-ville qui évoque en trompe-l’œil le célèbre quartier de LaBoca, Tarbes recèle désor-mais un autre trésor, installédans le parc Paul-Chastellain.C’est la réplique (unique)d’une sculpture située sur unepetite place du quartier

Puerto Madero à BuenosAires. Créée en 2007 par lasculptrice Estela Treviño etl’ingénieur Alejandro Coria,elle représente l’esprit dutango à travers l’âme d’unbandonéon géant (2 tonnesd’acier, 5 mètres de hauteuret 9 mètres cubes de volume).

Ce monument est uncadeau de l’Institut nationalde promotion touristique del’Argentine. Il a été inauguréle 25 août 2012 en présencedu ministre du Tourismeargentin, en personneEnrique Meyer, accompagnédu secrétaire d’État à laCulture : « C’est une œuvred’art qui marque l’amitiéentre Buenos Aires etTarbes. »

15e festival

Tarbes, officiellement consacrée ville (européenne) du tango au cours de la quinzième édition de son festival international, une

manifestation incontournable au sommet de sa gloire.

La réplique à Tarbes

L’original à Buenos Aires




Beyrouth

La place dutango au Liban

C e petit paysméditerranéen,entre Orient etOccident, richede quatre milleans d’histoire etde merveilleuxsites et paysages

(dont cinq classés au patri-moine mondial de l’Unesco),tire son originalité et sa forcede la cohabitation – depuistoujours – de dix-huit com-munautés religieuses donttreize chrétiennes et cinqmusulmanes. Ici, quand lemuezzin chante, les clochesdes églises sonnent.

L’accueil des Libanaisn’est pas une légende : unsourire, un geste, une parole,une aide spontanée et systé-matique si vous cherchezvotre chemin, une patiencesurprenante.

Une histoire vécue àBeyrouth : celle d’un chauf-feur de taxi quitourne pendanttrente minutessupplémentairesà 11 heures dusoir (sans surcoûtde la course),pour conduiretrois étrangères àbon port, ellesn’ont à lui donnerque le nom duquartier et de lamilonga, maispas l’adresse !

Les Libanaissont chaleureux,sincères et aimentla France. On adu mal à se repré-senter le pays enguerre. Il y aencore quelques

immeubles détruits, témoinsdouloureux laissés dansl’état, mais les mortiers ontfait place aux pelleteuses etaux grues gigantesques.

On reconstruit un peu par-tout. Beyrouth retrouve peu àpeu son visage avec sesodeurs, celle sucrée du nar-

Reportage

Énergie, joie de vivre, soif de liberté animent ce pays en reconstruction, donnant un tango dynamique et passionné à son

image, unique au Moyen-Orient.

Milonga Art Loundge, Mark sur la pisteEglise Saint-Georges et

Mosque e Mohammad Al Amin

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@À la question posée : « Quel

est pour vous le plus beautango du monde ? », les

réponses ne fusent pas desquatre coins de l’Internet...

Question difficile ou réponseindicible ? Les avis, s’ils ne

divergent pas, n’en sont pasmoins hésitants ou dispersés.

À moins que la réponse nesoit déjà dans la question

puisque plusieurs chanteurss’en sont emparé, de ce titre

superlatif, des plus aux moinsconnus comme vous pouvez

le découvrir dans ma sélectionde “plus beaux tangos

du monde” surlasalida.info/voyezvousça

Pourtant, par le biais d’unréseau social, Sylvie Pradelle

de l’Espace Tango nousexprime nettement sa

préférence pour la versiongrecque de Tango pour Evora

chanté par Haris Alexiou.Et Elisabeth Dussaud de

l’association Todo Tango àMontargis nous fait part de

son sentiment sur la question :« On a tous dans nos cœurs

quelque part, caché etenseveli dans notre âme, untango chéri, oui et c’est vrai,

il demeure “le plus beau tangodu monde”. “Celui que j’ai

dansé dans vos bras.” Maisil est difficile de dire lequel,lesquels ? Est ce un tango,

une valse, une milonga ?Est-ce l’œuvre musicale,

le poème, l’orchestre,le chanteur, sont-ce les

danseurs ? Est-ce l’homme, lafemme avec qui je l’ai partagé,

dansé ? Il y a tant de chosesqui font que “les plus beaux

tangos du monde” sont sinombreux.

Mais si je devais choisir ou ledéfinir, ce serait par rapport à

un ensemble de facteurs.Un orchestre d’abord, et

probablement Pugliese, pource qu’il représente, pour ce

qu’il fut, pour son lyrisme, lesentiment que chaque note

provoque en nous, l’élan et lapuissance qu’il nous donne si

nous voulons le danser.Oui, ce serait un tango de

l’orchestre de Pugliese. Après, pour définir ce que

serait pour moi le plus beautango du monde, ce serait un

tango dansé comme enapesanteur sur le

pentagramme, un tango où lamusique serait la seule

inspiratrice (et impératrice).

Un tango où ou les danseurs :guideur, guidée, homme,

femme, femme et femme,partageraient avec l’orchestre

le même dialogue. Puis, ce serait un tango

partagé avec un cavalier ouune cavalière, où nul n’imposesa personnalité à l’autre, mais

où l’un et l’autre secomplètent.

Ce serait un tango partagéavec une personne que j’aime,ou bien un(e) inconnu(e) dont

le corps parlerait detendresse, de fraternité ou

d’amour.En cherchant dans mes

souvenirs de tanguera, il n’ypas eu qu’un seul plus beau

tango du monde, mais“des plus beaux tangos dumonde”. Des moments degrâce dont la rareté fait le

souvenir, des moments desurprise aussi.

Le plus beau sera à venir. » l

ELISABETH DUSSAUDET PHILIPPE FASSIER

Les tangos sur YouTube n'attendent pas le nombre de vues pour être lesplus beaux du monde... La preuve avec notre sélection marquée

notamment par un bijou de la superbe chanteuse grecque Haris Alexiou

Voyez-vous ça ?

www.lasalida.info/voyezvousca

Le plus beau tango... à la grecque

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▲ Elisabeth et Margaux

▲ Haris Alexiou



Discographie

OrquestaTípicaAndariegaPERTENENCIACette très jeune formations'est produite cette annéedans une tournéeeuropéenne, avec plusieursdates en France. Ellepropose, déjà, un premiertravail discographique.Leur démarche est claire :s'inscrire dans le tango pourle bal. Le répertoire estmajoritairement construitavec des pièces desgrandes époques du bal,mais cela ne réduit pas lavision du groupe qui tient àne pas laisser au bord duchemin d'autres créations.Ainsi, ils nous proposentune version du magnifiquethème d'Emilio Balcarce :La Bordona (1958), et uneœuvre d'Astor Piazzolla :Prepárense. Une structuretraditionnelle d'orquestatípica (4 violons,3 bandonéons, piano,contrebasse et voix) pour untango dynamique, sans tropd'artifices avec une jolieprestation de SandraMárquez, la chanteuse dugroupe. Dans Pertenencia,composition de PaulineNoguès (la pianiste etdirectrice du groupe) quidonne son titre au CD,

on peut noter une certainetendance pugliesana. Est-cela ligne qu'ils vontdévelopper ? À suivre. EN VENTE CHEZMUSICARGENTINA.COM

Las MalenasLIVE AU TRITONDepuis plusieurs années,cette formation parisienneoffre un tango émouvant,puissant ; il nous pousse etnous envahit. Elles – les sixmusiciennes du groupe –n'ont jamais cessé de sedécouvrir dans leurdémarche d'artistes detango, motivées par unequête qui va, non pas versune synthèse des formesque le tango a pris le longde son parcours, mais versune volonté de rendredansante une musique quenous pouvons vivre aussicomme un concert.La grâce et la finesse deleur interprétation, le soinapporté aux arrangements,nous permettent de dire quele tango qu'elles offrent est« un concert qui se danse ».Dans cet album, unclassique comme Malena deDemare-Manzi, trouve toutesa place auprès d’un thèmerare d'Astor Piazzolla : ChauParis (qui date de l'époqueoù il compose Nonino,Marrón y Azul...). Et letraditionnel Caserón de tejas

de Sebastian Piana semarie avec Nocturna deJulian Plaza. Ainsi va lerépertoire de ce CD, quinous fait découvrir aussi denouveaux thèmes, commeEnsueños de Luis Brighentiou Amarga Invitación deJulien Chirol. Hormis cedernier thème, tous lesautres ont été brillammentarrangés par LeonardoTeruggi et AlejandroSchwarz. Ce CD crée uneambiance. Du début à la fin,nous sommes installés dansun travail clair et cohérent.Outre la joie qu'elle procure,l'écoute nous montre lasolidité du groupe et lapreuve de son travail pourtoujours aller de l'avant danssa volonté tango.EN VENTE CHEZ FNAC.COM,AMAZON.FR

Ana KarinaRossi & HoracioGomezALLER-RETOURLa chanteuse uruguayenneAna Karina Rossi, que nousavons présentée pour sonCD Tango y Gotán qu'elleréalisa avec la participationd'Horacio Ferrer, nous






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Site Internet et mailingCatherine CharmontMichel VargozDirection artistiqueMarie-Françoise MarionPhotos, mise en page et agendaPhilippe FassierImprimeurPolycolor - 56, av. Jean-Jaurès - 94230 CachanLes informations de l’agenda sont gratuiteset publiées sans autre critère que denous parvenir avant le 10 novembre 2012et formatées comme indiqué sur le site.

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Tirage de La Salida n° 80 en 1 700 exemplairesCommission paritaire n° 1114G78597

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