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Sécurisation des parcours professionnelsformaposte-iledefrance.fr/wp-content/uploads/2014/03/telecharger... · 6 Sécurité des parcours professionnels et sécurisation de l·emploi

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RMDRH

Promotion 2012/2013

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SOMMAIRE

SOMMAIRE 3

INTRODUCTION 5

PROBLEMATIQUE 8

SECURISATION DES PARCOURS PROFESSIONNELS/SECURISATION DE L’EMPLOI :

QUELLE ARTICULATION ? ................................................................................................... 9

REPERES ET CONTEXTE 10

JALONS HISTORIQUES ...................................................................................................... 11

RETROSPECTIVE ................................................................................................................ 17

DE L'ANI A LA LOI ............................................................................................................. 19

LES EFFETS SUR LES ENTREPRISES ..................................................................................... 21

LES EFFETS POUR LES SALARIES ....................................................................................... 29

SECURISER : POURQUOI ? COMMENT ? 31

CONTRAT DE TRAVAIL, EVOLUTION PROFESSIONNELLE ET SECURISATION DES

PARCOURS ....................................................................................................................... 32

L’emploi et ses rigidités 32

L’évolution professionnelle 33

Des pistes de réflexions 34

GPEC, FLEXIBILITE ET SECURISATION DE L’EMPLOI ET DES PARCOURS ....................... 35

Des mesures d’accompagnement associées au dispositif de GPEC 35

La mobilité interne au cœur de la GPEC ? 36

La flexibilité, intrinsèquement liée à la GPEC. 37

Quelle flexibilité ? 37

Du bon usage de la GPEC 39

SECURISATION DE L’EMPLOI ET VALORISATION DES TRAJECTOIRES

PROFESSIONNELLES.......................................................................................................... 40

La sécurisation des trajectoires professionnelles : état des lieux 40

La mobilité outil de sécurisation des emplois ? 41

La dynamique prospective associée à la dynamique prévisionnelle 42

LES COMPOSANTES DE LA SECURISATION DE L’EMPLOI ............................................. 44

Un nouveau contrat social entre salarié et employeur 44

L’employabilité 45

La formation tout au long de la vie 45

4

La mobilité 46

LA FORMATION PROFESSIONNELLE : CLE DE LA SECURISATION DES PARCOURS

PROFESSIONNELS ? .......................................................................................................... 47

La place de la formation dans la sécurisation des parcours professionnels

47

Employabilité et formation 48

Deux exemples étrangers 49

FLEXICURITE : COMPETITIVITE ET SECURISATION DE L’EMPLOI ENFIN RECONCILIEES ?52

La flexicurité : une révolution européenne importée en France ? 52

ENQUETES TERRAIN REALISEES PAR LE M2 RMDRH : SYNTHESES DES RESULTATS 59

LA SECURISATION DES PARCOURS PROFESSIONNELS VUE PAR LES RESSOURCES

HUMAINES : QUELLE APPLICATION OPERATIONNELLE EN ENTREPRISE ? .................. 60

LE POINT DE VUE DES COLLABORATEURS ..................................................................... 62

ENQUETE QUALITATIVE AUPRES DES ORGANISATIONS SYNDICALES…………………76

LES BONNES PRATIQUES : 4 EXEMPLES EMBLEMATIQUES 86

LE MENTORING CHEZ DELL 87

TRAJEO’H CHEZ VINCI 88

LA FORMATION DIPLOMANTE A LA BANQUE POSTALE 89

LA PROFESSIONNALISATION DES FACTEURS A LA POSTE 90

REMERCIEMENTS 86

5

INTRODUCTION

6

Sécurité des parcours professionnels et sécurisation de l’emploi : deux concepts

dépassant désormais le champ du dialogue social mais pas encore intégrés ni

totalement clarifiés par tous les acteurs concernés. Concepts habituellement mis en

opposition avec les besoins de mobilité et de compétitivité.

L’une des premières idées fut de se tourner vers nos voisins européens qui,

comme la Hollande et le Danemark, auraient trouvé une façon de concilier ces

«antinomies » par le développement de la « flexicurité » selon leur contexte national.

« La flexicurité est une stratégie intégrée visant à renforcer à la fois la flexibilité et

la sécurité sur le marché du travail. Elle cherche à concilier les besoins des employeurs

en matière de flexibilité de la main-d'œuvre avec ceux des travailleurs en matière de

sécurité, ces derniers souhaitant avoir l'assurance de ne pas connaître de longues

périodes de chômage ».

Cette ingénierie sociale, détaillée dans les documents de la Commission

européenne, comporterait l’état embryonnaire des outils capables de concilier les

attentes économistes et sociales de chaque nation avec celles de leurs entreprises et

de leurs salariés.

Au travers de cette vision nouvelle, il nous faut appréhender la notion de

sécurisation des emplois et des parcours, sa signification, les interrogations qu’elle

suscite et les implications en termes de responsabilité et d’enjeux pour tous les acteurs

impliqués (Pouvoirs publics, entreprises, individus).

Avant la crise économique, installée depuis 2008, Jacques DELORS écrivait dans

son introduction du rapport du CERC sur la sécurité de l’emploi (2005) : « L’instabilité et

l’insécurité de l’emploi sont fonction de trois grands ensembles de facteurs :

- L’évolution de la situation macro-économique qui a un rôle essentiel qu’il

ne faut jamais oublier, au risque de ne concentrer la réflexion que sur les déterminants

micro-économiques faisant obstacle à la flexibilité.

- La politique de l’emploi, ensemble des dispositifs favorisant le retour à

l’emploi (indemnisation et accompagnement des demandeurs d’emploi, aides à la

formation, contrats aidés), […]

- Enfin, […] ce qui se joue dans l’entreprise, à savoir les différences de

modes de gestion face aux contraintes de l’environnement économique et aux

caractéristiques des salariés, différences qui s’appuient sur le cadre juridique du droit

du travail et de la protection sociale. »

De nos jours, ces facteurs d’insécurité n’ont pas changé mais la situation macro-

économique est devenue plus complexe. De ce fait, les réponses que tentent

d’apporter la politique de l’emploi et les négociations des partenaires sociaux ne

promettent plus la sécurité, apparaissant comme un Graal désormais impossible à

atteindre, mais visent désormais la sécurisation qui implique une volonté, un objectif,

une action et un effort commun.

Le rapport du Conseil économique social et environnemental disait déjà en

2007: « L’insécurité réelle et ressentie liée au chômage, aux situations de précarité, aux

difficultés de maitrise de l’avenir pour les salariés et pour les entreprises dans une

économie mondialisée, appelle des réponses nouvelles. La mobilité sur le marché du

travail est une nouvelle donne et doit être reconnue comme une perspective

souhaitable à condition d’être inscrite dans un cadre collectif construit et suffisamment

stimulant et protecteur, produisant des garanties pour les individus, notamment par la

mutualisation. »

7

Quelles différences entre sécurisation de l’emploi et sécurisation des parcours

professionnels ?

La sécurisation des emplois (« job security ») serait mise en œuvre par l’entreprise

au travers de sa gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC). En

effet, sa compétitivité dépend largement d’une gestion attentive de ses emplois

sensibles et d’une prévision des compétences « cibles » à recruter ou à former en

interne. Mais le salarié y trouve un intérêt car, il s’agit d’une condition de son maintien

dans l’emploi au sein de l’entreprise.

La sécurisation des parcours professionnels (« employment security »)

concernerait prioritairement le salarié : elle « fait référence à la permanence de

relations d’emploi qui peuvent se situer dans différentes activités et pour différents

employeurs » . Il s’agit aussi de réduire les périodes de non emploi et de les mettre à

profit pour acquérir de nouvelles compétences ou une qualification à investir dans un

nouvel emploi.

La responsabilité de l’entreprise serait peu engagée sauf au moment de

l’embauche ou du licenciement (pour des raisons économiques). En revanche,

l’individu « responsable de son employabilité » et « acteur de sa formation

professionnelle » serait le premier responsable de l’utilisation constructive de sa période

de non-emploi. Les pouvoirs publics et le système d’assurance-chômage et de

formation doivent alors l’accompagner.

L’insécurité économique et l’insécurité de l’emploi sont tellement liées que les

acteurs semblent voués à trouver ensemble des réponses compatibles. Ainsi en

témoigne le titre de l’ANI du 11 janvier 2013 : « Pour un nouveau modèle économique

et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi

et des parcours professionnels des salariés ».

Nous nous sommes donc interrogés de façon académique et empirique sur les

enjeux nationaux, ceux des entreprises, des salariés ainsi que de leurs représentants afin

de mettre en exergue des réponses et des pratiques d’entreprises permettant

d’éclairer le questionnement suivant : Sécurisation des parcours professionnels –

Sécurisation des emplois : une responsabilité partagée ?

8

PROBLEMATIQUE

9

SECURISATION DES PARCOURS PROFESSIONNELS/SECURISATION DE

L’EMPLOI : QUELLE ARTICULATION ?

En 2008 Emmanuel Dockès, professeur de droit à Lyon 2, livrait une analyse

critique éclairante et quasi prémonitoire :

« Le citoyen paie plus, mais en contrepartie il bénéficie d’une plus grande

sécurité professionnelle. Tels sont les termes réels de l’échange. En revanche, le droit de

rompre plus facilement les contrats de travail est accordé aux employeurs sans aucune

contrepartie de leur part. il n’est pas « échangé ».

Telle est la principale falsification réalisée par le néologisme « fléxicurité ». En

fusionnant la flexibilité (de l’emploi) et la sécurité (des parcours professionnels), il

présente les deux réformes comme indissociables, l’une étant la contrepartie de

l’autre. Or tel n’est pas le cas. La précarité de l’emploi serait accordée aux employeurs

sans aucune contrepartie de leur part. Elle serait simplement rendue plus supportable

grâce à une dépense publique plus généreuse, basée sur une hausse des

prélèvements obligatoires.»

En définitive, face à la dislocation du marché du travail et au chômage de masse, il

s’agirait :

D’une part, de conférer aux employeurs un pouvoir accru de la flexibilisation de

la norme, au prix notamment d’un affaiblissement de certains droits que les

salariés tirent de leur contrat de travail >> c’est la sécurisation de l’emploi.

D’autre part, de « construire un système de protection des salariés qui ne soit

plus fondé exclusivement sur le contrat de travail, mais attaché à l’individu et

non plus à l’emploi » >> c’est la sécurisation des parcours, mais dont la charge

est essentiellement assuré par la collectivité publique.

Ce faisant, un certain nombre de droits, dont les contours et la portée restent à définir,

vont être « décrochés » du contrat (formation, prévoyance, …). La SPP jouerait donc un

rôle de compensation.

D’où, plusieurs questions sous-jacentes :

Qu’est-ce que l’on sécurise ? > Contenus et droits concernés ?

Pour qui ? > Faut-il cibler les publics bénéficiaires ?

Par qui ? > Quel rôle l’entreprise peut-elle jouer en la matière ?

Pour combien de temps ? Une sécurisation prolongée est-elle encore illusoire ?

10

REPERES ET CONTEXTE

11

JALONS HISTORIQUES

1792

Rapport et projet de décret relatifs à l'organisation générale de l'instruction

publique

Présentation à l'Assemblée législative : 20 et 21 avril 1792

Formation poursuivie pendant toute la durée de la vie, égalité devant

l’instruction, des contenus en liaison avec l’évolution des sciences et des

techniques, formation civique du citoyen.

1946 Le droit à la formation professionnelle figure pour la première fois dans le

préambule de la Constitution de la nouvelle république.

1959

Loi Debré (loi 59 -989 du 31 juillet 1959) Légalise la promotion sociale et les

notions de promotion du travail et de promotion supérieure du travail

Organise la promotion professionnelle dans les centres de formation

professionnelle agréés

1966

Loi du 3 décembre 1966

Introduit le concept de formation professionnelle continue

Crée un comité interministériel et Le fonds de la formation professionnelle et

de la promotion sociale

Organisation de la formation professionnelle en France : l’Etat doit intervenir

dans le domaine de la formation.

La formation devient une obligation nationale

1969

ANI du 10 février 1969 portant sur la sécurité de l’emploi

2 axes :

- Mesures pour assurer les reclassements. Contribution majeure des

entreprises à la sécurité de l’emploi à travers leur politique d’emploi.

- Institution d’une Commission paritaire de l’emploi par les branches

professionnelles.

1970

ANI du 9 juillet 1970 portant sur la formation et le perfectionnement

professionnel

- crée une autorisation d’absence d’une durée maximum d’un an pour

suivre un stage de formation

Donner le droit de consultation au CE sur le plan de formation

- Création d’un Comité paritaire interprofessionnel au niveau national

1971 Loi n° 71-575 du 16 juillet 1971 portant sur l’organisation de la formation

12

professionnelle continue dans le cadre de l'éducation permanente

-organise le congé de formation

-Instaure une obligation de financement de la formation professionnelle

continue pour les entreprises de 10 salariés et plus (cotisation minimale

légale fixée à 0.8% de la masse salariale).

1990

Accord interprofessionnel du 24 mars 1990,

ouvre le CIF aussi aux salariés en CDD ou en intérim à l’expiration de leur

contrat, sous des conditions d’ancienneté plus souples.

1992 Loi n°92-678 relative à la validation d’acquis professionnels

1993

Le livre blanc : « Croissance, compétitivité et emploi »

l’élément originel de la stratégie européenne pour l’emploi posait déjà le

diagnostic du manque de flexibilité du travail en Europe

1997

Le Livre vert : « Partenariat pour une nouvelle organisation du travail »

élaboré autour d’un « défi politique » : « Comment réconcilier la sécurité des

travailleurs et la flexibilité nécessaire aux entreprises ? »

2000

La Stratégie de Lisbonne

désigne les axes de développement de la politique économique

européenne entre 2000 et 2010. Les mesures mises en valeur vont de la

société de l’information à la stratégie d’entreprise, le marché unique,

l’innovation, l’éducation, la cohésion sociale, des mesures en faveur de la

mondialisation et de la recherche. L’objectif est de faire de l’Europe, une

économie « capable d’une croissance économique durable accompagnée

d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi, et d’une plus

grande cohésion sociale »

2002

Loi du 17 janvier 2002 de modernisation sociale

instaure un droit à l’acquisition de certifications professionnelles (diplômes,

titres, certificats…) par la validation des acquis de l’expérience (VAE).

2003 ANI du 20 septembre 2003 portant sur l’accès des salariés à la formation tout

au long de la vie professionnelle

2004

Loi du 4 Mai 2004 relative à la formation professionnelle et au dialogue social

- Salarié acteur de son parcours professionnel pour assurer son employabilité

- 3 types d’actions : adaptation au poste, maintien dans l’emploi,

développement des compétences

- Instauration du DIF, CIF, Contrat de professionnalisation et période de

13

professionnalisation.

- Obligation de financement minimale légale portée à 0,55% pour les

entreprises de moins de 10 salariés et 1,05% pour les entreprises de 10 à 20

salariés

2005

La Stratégie révisée de Lisbonne

vise à améliorer l’adaptabilité des travailleurs et des entreprises, et à

accroître la flexibilité des marchés du travail. Afin de réaliser ces objectifs, il

est nécessaire d’augmenter l’investissement en capital humain et de

promouvoir la formation tout au long de la vie.

2006

Livre Vert «Moderniser le droit du travail pour relever les défis du XXIe siècle »

L’objectif de la démarche est de lancer un débat public sur « la manière de

faire évoluer le droit du travail dans le sens de la stratégie de Lisbonne » 72. Il

s’agit pour ce faire d’adapter la législation relative au travail dans le sens

des attentes des entreprises : « Un accroissement de la faculté de réaction

des marchés du travail européens est vital pour le développement de

l’activité économique et l’augmentation de la productivité »

20

octobre

2006

Le Sommet social tripartite de Lahti (Finlande)

Présenté comme le moment de la première expression (ou confrontation)

formelle des partenaires sociaux sur le thème de la fléxicurité.

2007

Livre Vert «Adapter le droit du travail pour garantir la flexibilité et la sécurité

pour tous »

L’ensemble des préconisations de la stratégie européenne regroupé sous le

vocable de la flexicurité est détaillé dans la communication de 2007 « Vers

des principes communs de flexicurité », qui a pour but de définir un socle

commun de principes relatifs aux droits du travail.

20 avril

2007

Stakeholders conference on flexicurity

« conférence des parties intéressées » sur la flexicurité

2009

ANI du 7 janvier 2009 sur le développement de la formation tout au long de

la vie professionnelle, la professionnalisation et la sécurisation des parcours

professionnels

2009

Loi du 24 novembre 2009 portant sur la formation et l’orientation

professionnelle tout au long de la vie

- Simplification du plan de formation avec 2 types d’actions

- DIF : portabilité, droit d’utilisation durant le préavis

14

- Le POE (préparation opérationnelle à l’emploi)

2013

ANI du 11 janvier 2013 pour la sécurisation de l’emploi et des parcours

professionnels

LOI du 14 juin 2013

Nouveaux droits individuels et collectifs pour les salariés :

- Généralisation de la complémentaire santé

- Amélioration de la portabilité de la couverture santé prévoyance

des demandeurs d'emploi

- Création du compte personnel de formation (CPF)

- Droit à la mobilité sécurisée dans une autre entreprise

Consultation des IRP :

- Sur la stratégie de l’entreprise / création d'une base de données

unique

- Présence au sein des conseils d’administration

Temps de travail :

- Encadrement du temps partiel

- Mise en place d’accords de maintien de l’emploi impliquant des

aménagements du temps de travail et des rémunérations.

Flexibilité pour les entreprises :

- Refonte des procédures des licenciements économique

15

EVOLUTION SEMANTIQUE

1955 Notion d’éducation permanente

1969

Paul Boccara (Economiste communiste) développe l’idée de

« sécurité emploi/formation » et de « sécurisation de trajectoires

professionnelle ». Il voit la formation comme un élément majeur du parcours

professionnel dans et hors période d’emploi.

Notion de sécurité de l’emploi

1990 Notion de fléxicurité aux Pays Bas

1990 Concept de formation tout au long de la vie

2003

Wilthagen, Tros et Van Lieshout :

4 formes de sécurité des salariés :

La sécurité de l’emploi

La sécurité de l’employabilité

La sécurité du revenu

La sécurité combinée

2003 Concept de parcours et d’individualisation

2004 Notion de flexicurité en Europe

Définition

Le parcours professionnel est l’ensemble des séquences, étapes choisies ou

subies, qu’un individu connaît tout au long de sa vie professionnelle, depuis le premier

jour de sa première activité professionnelle au dernier jour de la dernière activité . 1.

1 Source : Aravis/Démarche prospective 2010 « Quel travail dans 20 ans ? »

16

17

RETROSPECTIVE

L’évolution des parcours professionnels s’est faite parallèlement à celle la norme

d’emploi. Durant le XXème siècle, la montée du chômage de masse et les mutations

ayant affecté l’organisation des entreprises au plan juridique, technologique ou encore

stratégique, ont transformé l’emploi. Une règlementation légale et conventionnelle

s’est progressivement mise en place afin de faire face aux risques sociaux liés à l’emploi

(assurance chômage), à l’accomplissement du travail (accidents du travail ou

maladies professionnelles), à la maladie, à la maternité ou à la vieillesse (sécurité

sociale).

La norme de l’emploi salarié a pris alors la forme d’un CDI à temps plein au sein d’une

seule entreprise, apportant une réponse à la fois de protection des travailleurs, mais

aussi à la stabilisation de la main d’œuvre pour les employeurs.

Ce modèle a, par la suite, été largement ébranlé, en raison de plusieurs facteurs :

- Facteurs économiques : le choc pétrolier de 1973-74 a ouvert une période

d’incertitudes inédites pour les entreprises. De nouveaux modèles de contrat sont

apparus : CDD, temps partiel.

- Certains dispositifs de traitement social du chômage (de masse) ou

d’orientations ciblées, tels que les contrats aidés ou l’exonération de cotisations

sociales pour les contrats à temps partiel, ont également pu contribuer à affaiblir la

référence à l’emploi en CDI à temps plein.

- Transformations des systèmes productifs : la sous-traitance et la filialisation de

certaines activités des grandes entreprises (nettoyage, informatique, logistique…) ont

transformé le lien de subordination en contrat commercial, externalisant ainsi les risques

liés aux fluctuations de l’activité, aux conditions de travail, à l’absence de formation…

La nécessité d’une meilleure gestion des parcours professionnels est alors déclinée

autour de propositions aux contenus variables, allant dans le sens d’une plus grande

continuité :

Rapport BOISSONNAT – 1995 :

« Le travail et l’emploi en France, à l’horizon 2015 ». Le rapport suggère de remplacer le

contrat de travail par un contrat d’activité mutualisé entre plusieurs entreprises et un

institut de formation où le salarié entretiendrait son employabilité pendant les

différentes périodes sans activité.

Rapport SUPIOT – 1999 :

« Au-delà du travail », rapport pour la Commission européenne. Le rapport propose de

doter les individus d’un patrimoine de droits sur un ensemble de comptes abondés par

les entreprises, les pouvoirs publics et les personnes permettant des allers-retours entre

emploi, formation et chômage.

18

PROPOSITIONS DE LA CGT – 2001-2005 :

Émergence de l’idée de « sécurité sociale professionnelle » comme revendication face

à la montée des « insécurités sociales ». Socle de droits attachés à la personne, garantis

collectivement, transférables et opposables aussi bien aux employeurs qu’aux aléas

économiques et sociaux qui peuvent intervenir au cours d’une vie professionnelle. En

cas de suppression d’emploi individuelle ou collective, le contrat de travail se

poursuivrait jusqu’à l’obtention d’un nouvel emploi de qualification et de rémunération

au moins égales. Et 10 % du temps de travail doit être consacré à la formation

Rapport CAHUC – KRAMARZ – 2004 :

« De la précarité à la mobilité : vers une sécurité sociale professionnelle ». Rapport au

Ministre de l’Economie et au Ministre de l’Emploi.

Après avoir proposé un diagnostic du marché du travail en France, il préconise deux

grandes séries de mesures : faciliter l’accès plus équitable à certaines professions,

unifier le contrat de travail et mieux accompagner le parcours des chômeurs.

Rapport du CERC – 2005 :

« La sécurité de l’emploi face aux défis des transformations économiques ». La tension

entre la sécurité des personnes et la flexibilité des entreprises nourries des débats

animés sur la législation de protection de l’emploi.

Rapport MEDA – MINAULT (DARES) – 2005 :

« La sécurisation des trajectoires professionnelles - Octobre 2005. Le rapport suggère

deux approches : une approche préventive et une approche curative.

Stratégie de Lisbonne – 2006 :

Elle prône, à travers le concept de « flexicurité » une flexibilisation partielle, négociée et

compensée par des garanties explicites et collectivement organisées, rassemblées sous

le terme de « sécurité ».

19

DE L'ANI A LA LOI

La loi « relative à la sécurisation de l’emploi » (dite LES), promulguée le 14 juin

2013, a transposé l'accord national interprofessionnel conclu le 11 janvier par les

partenaires sociaux (pour le patronat : le Medef, l’UPA et la CGPME , et pour les

organisations syndicales : la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC). Quels ont été les

changements apportés par cette loi par rapport à l’ANI ?

Le contexte :

Nicolas Sarkozy avait lancé en janvier 2012 une négociation baptisée « accords

compétitivité-emploi». Les négociations n’ayant pas abouti dans le délai de deux mois

fixé, les syndicats ont décidé le 16 mai du report de cette négociation dans l’attente

de rencontrer le nouvel exécutif. Lors de la conférence sociale, Jean-Marc Ayrault

déclare : « La négociation compétitivité-emploi, mal engagée, n’est plus à l’ordre du

jour ».

La Loi relative à la Sécurisation de l’emploi, destiné à transposer les dispositions

de l’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013, instaure des

modifications profondes dans le fonctionnement de l’entreprise et met la fonction RH

au cœur de son application. Ce qui laisse présager des tensions d’organisation dans

l’entreprise tant l’éventail des domaines d’implications est large et les budgets alloués

aux fonctions RH fortement contraints.

Dans le fond, toutefois, le texte de l’ANI a été peu modifié. Si l’on s’attache en

premier lieu aux changements pour les entreprises, puis aux changements pour les

salariés, on peut dresser une comparaison des changements de l’existant par rapport

aux propositions de l’ANI et aux dispositions de la loi promulguée le 14 juin 2013, au

travers des tableaux de synthèse suivants :

20

21

LES EFFETS SUR LES ENTREPRISES

Pour les

entreprises Situation antérieure ANI 2013 Loi du 14 juin 2013

1. Taxation des

CDD

Taux des contributions

patronales à l'assurance-

chômage égal à 4% de la

portion de salaire brut dans la

limite de 4 fois le plafond de la

sécurité sociale (2,4% pour les

contributions salariales).

Taux porté à 7% pour les

contrats d'une durée inférieure à

un mois ; à 5,5% pour les contrats

d'une durée comprise entre 1 et 3

mois et à 4,5% pour les contrats

d'usage inférieurs à trois mois,

autorisés dans un certain nombre

de secteurs

Prévoit uniquement la possibilité pour

les partenaires sociaux gestionnaires de

l'assurance-chômage de moduler les

cotisations, en fonction de " la nature du

contrat de travail, sa durée, le motif de

recours à ce type de contrat ".

Art 11 de la loi

Art. L.5422-12 modifié

Avenant du 29 mai 2013 à la

convention d’assurance chômage

Un avenant à la convention

d’assurance chômage fixera le montant de

ces majorations en cas de CDD de courte

durée : cet avenant doit être agréé pour une

entrée en vigueur au 1er juillet 2013.

22

2. Accords de

maintien dans

l'emploi

Possibilité de conclure des

accords d'entreprise mais sans

cadre légal.

Durée maximale de deux

ans.

Accord majoritaire.

L'accord du salarié est nécessaire.

Engagement de l'employeur à ne

procéder à aucune rupture pour

motif économique des contrats

des salariés concernés durant la

validité de l'accord.

Principe de sanction en cas de

non-respect des engagements de

maintien de l'emploi

Interdit toute baisse du salaire mensuel

pour les rémunérations n'excédant pas 20 %

au-dessus du SMIC.

Clause pénale qui s'appliquera " lorsque

l'employeur ne respecte pas les engagements

de maintien de l'emploi et donnera lieu au

versement de dommages et intérêts aux

salariés lésés".

Dans les entreprises sans délégués syndicaux,

possibilité de conclure de tels accords avec

des représentants du personnel ou à défaut

avec des salariés mandatés par une

organisation syndicale représentative dans la

branche.

En cas de refus du salarié, licenciement

individuel pour motif économique qui ouvre

droit aux mesures d'accompagnement prévu

par l'accord.

Art. 17 de la loi

Art. L.5125-1 à L.5125-7

Applicable dès le 17 juin

23

3. Temps

partiels

Pas de durée minimale.

Le nombre d'heures

complémentaires ne peut être

supérieur au dixième de la durée

hebdomadaire ou mensuelle de

travail prévue par le contrat. Mais

un accord de branche étendu,

une convention ou un accord

d'entreprise ou d'établissement

peut augmenter le nombre

d'heures complémentaires

(jusqu'à 1/3 de la durée prévue

au contrat), donnant lieu à une

majoration de salaire de 25 %.

A compter du 1er janvier

2014, la durée minimale d'activité

serait fixée à 24 heures par

semaine.

Les heures effectuées au-delà

seront majorée de 10% (pour les

deux ou trois premières heures),

puis de 25% les suivantes.

Possibilité de déroger à cette règle

par accord de branche, sur

demande écrite et motivée du

salarié ou pour les jeunes de

moins de 26 ans poursuivant des

études.

Avec deux garde-fous : les heures

ajoutées doivent être majorées de

25% et un salarié ne peut pas

conclure plus de huit avenants à

son contrat de travail (hors les cas

de remplacement) par an.

Précise les modalités de dérogation.

Deux cas sont prévus : la demande écrite et

motivée du salarié ou un accord de branche.

Ce dernier ne pourra toucher à la

rémunération minimale des heures

complémentaires. En revanche, il pourra

modifier la durée minimale hebdomadaire à

la condition d'apporter " des contreparties ".

En outre, les entreprises devront proposer aux

salariés concernés un emploi du temps

organisé autour de journées ou demi-journées

régulières ou complètes afin de permettre le

cumul avec un autre emploi.

Art.12 de la loi

Art. L.3123-14-1 à L.3123-14-5 nouveaux

du Code du travail et Art. L.3123-17 modifié du

Code du travail

A compter du 1er janvier 2014.

Négociation de branche :

Art 12 de la loi

Art. L.2241-13 /Art. L.3123-19 /Art.

L.3123-25

Les branches qui occupent au moins

1/3 de leurs effectifs à temps partiel doivent

ouvrir des négociations avant le 14 septembre

2013 sur ce thème

24

4. Mobilité

interne

Possibilité pour un salarié

de refuser une mobilité interne

proposée par son employeur si

son contrat de travail ne le

mentionne pas.

Obligation de négociation

triennale.

Le salarié est tenu d'accepter si un

accord d'entreprise le prévoit.

Salaire et qualification doivent

rester inchangés.

C'est aux organisations syndicales

de fixer les limites d'une telle

mobilité. En cas de refus, le salarié

sera licencié pour motif personnel.

Plus d'obligation de négocier.

L'employeur " peut engager une négociation

".Les cas de recours précisés, à savoir " dans le

cadre de mesures collectives d'organisation

courantes sans projet de réduction d'effectifs

". Obligation de respecter "la vie personnelle

et familiale du salarié"

Parmi les mesures d'accompagnement,

la " participation de l'employeur à la

compensation d'une éventuelle perte de

pouvoir d'achat et aux frais de transport".

En cas de refus du salarié, son " licenciement

repose sur un motif économique " : il y a une

obligation de mesures d'accompagnement et

de reclassement mais il n'y a pas de

déclenchement de plan social.

5. Effets de

seuil

Délais existants En cas de franchissement

du seuil de 11 à 50 salariés,

l'employeur disposera d'un délai

de 90 jours suivant le jour

d'affichage pour organiser les

élections professionnelles.

En cas de franchissement du seuil

de 50 salariés, l'employeur aura un

an pour se conformer aux

obligations d'information et de

consultation du CE.

Inchangé

25

6. Mobilité

externe

"sécurisée"

Prévu uniquement dans le

cadre d'un congé de mobilité

externe, proposé par l'employeur

en cas de difficultés

économiques; d'un congé sans

solde ; d'un congé de création

ou de reprise d'entreprise.

A l'initiative du salarié

travaillant dans une entreprise ou

groupe de 300 salariés et plus et

justifiant d'une ancienneté

minimale de 24 mois, consécutifs

ou non.

Contrat de travail suspendu.

L'avenant du contrat de travail du

salarié doit prévoir les modalités de retour

anticipé dans son entreprise d'origine " dans

un délai raisonnable ". Il retrouve son emploi

ou un emploi similaire, assorti d'une

qualification et d'une rémunération au moins

équivalentes.

Article 6 de la loi

Art. L.1222-12 à L.1222-16 nouveaux du Code du

travail

Applicable dès le 17 juin/Décret du Conseil

d'État

7. Consultation

des instances

représentatives

du personnel

Modalités différentes Base de données

économiques et sociales unique

(investissements, fonds propres,

endettement, éléments de

rémunération des salariés et

dirigeants) pour les entreprises de

300 salariés et plus, à réaliser dans

l'année (deux ans pour les autres)

qui suivra la promulgation de la loi.

Nouvelle consultation sur les

options stratégiques possibles de

l'entreprise et leurs conséquences

sur l'activé, l'emploi, l'évolution des

métiers et des compétences.

Consultation sur les orientations

stratégiques de l'entreprise. Obligation

d'informer et de consulter le CE sur l'utilisation

du crédit d'impôt compétitivité-emploi (CICE),

avant le 1er juillet de chaque année. Ou les

DP dans les entreprises de moins de 50

salariés.

26

8. Consultation

du CE en cas

de

licenciement

économique

En théorie, le délai dont

dispose l'expert du CE pour

adresser sa première série de

demande d'informations à

l'employeur est de 21 jours.

L'employeur doit lui répondre

dans un délai de 15 jours. Mais

en réalité, absence de maîtrise

de la procédure.

Encadrement de la

procédure de consultation. Avec

de nouveaux délais : il passe à 10

jours pour l'expert du CE ; et à 8

jours pour l'employeur.

Inchangé

9. Procédures

licenciements

économiques

Les PSE peuvent faire

l'objet d'un recours devant un

tribunal de grande instance.

Deux options pour élaborer

son PSE: soit un accord collectif

majoritaire, soit un document

unilatéral de l'employeur.

Dans le second cas, la procédure

doit être homologuée par la

direction régionale du travail (la

Direccte). Elle se déroulera en

aval de la consultation du comité

d'entreprise. L'administration aura

21 jours pour réagir.

Pour fixer l'ordre dans lequel les

salariés sont licenciés, le chef

d'entreprise aura la possibilité de "

privilégier la compétence

professionnelle ".

Dans les deux cas, les procédures sont

homologuées par la direction régionale du

travail pour apprécier leur régularité et " la

conformité de leur contenu " au regard des "

moyens " dont dispose l'entreprise ou le

groupe. Son silence vaut acceptation.

En cas d'accord unilatéral, le contrôle de

l'administration sera plus conséquent qu'en

cas d'accord où le délai de réponse sera de

15 jours. En amont, l'employeur informe

l'administration du projet de licenciement

collectif, il doit préciser son intention ou non

d'ouvrir des négociations.

En cas de refus de validation ou

d'homologation, l'employeur pourra reprendre

son projet et présenter une nouvelle

demande. Sinon, c'est le tribunal administratif

qui tranchera les éventuels contentieux.

Art 18 de la loi

Art. L.1233-22, L.1233-23, L.1233-24 modifiés,

L.1233-24-1 à L.1233-24-4 nouveaux

Art. L.1233-57-1 à L.1233-57-8 nouveaux

Applicable à compter du 1er juillet 2013

27

10. Notification

des

licenciements

Jusqu'à présent, le Code

du travail prévoit plusieurs délais

selon la taille du licenciement

(début du préavis) : 30 jours

lorsque le nombre de

licenciements est inférieur à 100 ;

45 jours lorsque le nombre de

licenciements est au moins égal

à 100 et inférieur à 250 ; 60 jours

lorsque le nombre de

licenciements est au moins égal

à 250. Ces délais peuvent par

ailleurs être prolongés en cas de

recours à l'expert-comptable.

Prévoit de nouveaux délais,

en fonction du nombre de salariés

concernés : deux mois de 10 à 99

salariés trois mois de 100 à 249

salariés quatre mois à partir de 250

salariés concernés.

Inchangé

*Source : « De l'ANI à la loi sur l'emploi: les 15 mesures qui bouleversent le Code du travail » - l’entrepise.l’express.fr/ressources-

humaines

28

29

LES EFFETS POUR LES SALARIES

Situation antérieure ANI 2013 Loi du 14 juin 2013

11.

Complémentaire

santé

Aucune obligation Obligation pour les entreprises de

souscrire un contrat auprès d'un

organisme (mutuelle, assurance,

institution paritaire...) pour proposer à leur

personnel une couverture collective

avant le 1er janvier 2016.

Liberté de choix de leur assureur,

interdisant le recours aux clauses de

désignation.

Clauses de désignation pouvant être

prévues par les branches.

Renforcement des " conditions de

transparence, d'impartialité et d'égalité de

traitement des candidats " dans les appels

d'offres des branches.

12.

Portabilité des

droits

Durée de neuf mois pour la

couverture de frais de santé et de

prévoyance

Durée portée à 12 mois Inchangé

13. Compte

personnel de

formation

Non prévu Transférable d'une entreprise à

l'autre, ce compte est alimenté par le DIF

(Droit individuel à la formation). Mais sans

possibilité de monétisation.

Comptabilisé en heures, "

intégralement transférable ", outre les heures

de DIF, il peut être abondé aussi " notamment

par l'Etat ou la région ".

Art 5 de la loi

Art. L.6111-1 modifié du Code du travail

La loi fait entrer le CPF dans le Code du travail, mais

il faudra déterminer ses modalités de mise en

œuvre dans le cadre de la réforme de la formation

professionnelle :

- Avant le 1er Juillet 2013/ Concertation

quadripartite menée par J.M Marx : Etat-Régions-

syndicats-patronat

- Avant le 1er janvier 2014 / Négociation

d’un ANI

- 2014 : Loi sur la formation et

l’apprentissage

30

14. Droits

rechargeables

Non prévu Création des droits rechargeables

à l'assurance-chômage, conditionnée à

la réalisation d'études d'impact

préalables. Et discutée lors de la

négociation de la convention Unedic,

prévue à l'automne.

Le principe est acté, sans condition

Art 10 de la loi

Art. L.5422-2-1 nouveau du Code du travail

Cette nouvelle convention devrait

s’appliquer à compter du 1er janvier 2014, la

convention du 6 mai 2011 arrivant à échéance le

31 décembre 2013.

15.

Contentieux et

litiges

Tout licencié pour motif

économique a le droit de contester

son licenciement devant le conseil

des Prud'hommes, dans un délai de

12 mois (si précisé dans notification

de licenciement) ; à défaut cinq

ans.

Délai de contestation réduit à 24

mois.

Toute demande devant les Prud'hommes

devra être portée devant le bureau de

conciliation dans les deux mois suivant le

dépôt.

Toute action portant sur l'exécution ou

la rupture du contrat de travail se prescrit " par

deux ans à compter du jour où celui qui

l'exerce a connu ou aurait dû connaître les

faits lui permettant d'exercer son droit"

Art. 21 de la loi

Art. L.1235-1 modifié du Code du travail

Barème fixé par décret

*Source : « De l'ANI à la loi sur l'emploi: les 15 mesures qui bouleversent le Code du travail » - l’entrepise.l’express.fr/ressources-humaines

31

SECURISER :

POURQUOI ?

COMMENT ?

32

CONTRAT DE TRAVAIL, EVOLUTION PROFESSIONNELLE ET SECURISATION

DES PARCOURS

L’emploi et ses rigidités

Les 30 dernières années du XXe siècle ont étés marquées par une très forte

inflation des règles du droit du travail visant à protéger le salarié et l’emploi.

La relation de travail n’est pas un contrat synallagmatique comme un autre

puisqu’il induit un lien de subordination juridique du salarié envers son employeur. Le

droit du travail a mis en place des règles permettant de protéger le salarié dans le

cadre de ce contrat qui, initialement, le place dans une position d’infériorité face à

l’employeur.

En 1973, le législateur instaure une obligation de justifier de l’existence d’une

cause réelle et sérieuse pour licencier un salarié en CDI. Cette règle crée les conditions

d’une certaine stabilité du CDI. Ceci va marquer un réel changement dans le recours

au CDD : les entreprises préfèrent utiliser des CDD car, une fois le terme du contrat

atteint, elle est en effet en mesure de se séparer du salarié sans le risque (ou peu

probable) qu’il le poursuive aux prud’hommes.

En 1982, Le législateur durcit les conditions de conclusion d’un CDD afin d’en

limiter son recours. Le CDD devient un « mode exceptionnel d’embauche ». Cette date

marque le début de la dualité entre le CDI qui représente un emploi stable et le CDD

qui représente un emploi « précaire ».

Suite aux crises successives, la question de la sécurité de l'emploi devient de plus

en plus importante. L'enjeu est de maintenir le travailleur dans l'emploi sans interruption

durable, peu importe qu'il soit mis au service de plusieurs employeurs successifs avec ou

non la signature de plusieurs contrats de travail.

Les dernières lois mises en place n'ont fait que protéger les salariés déjà en poste

sans encourager la mobilité inter-entreprises ou les reconversions professionnelles.

C’est le cas par exemple, des accords GPEC qui instaurent l’obligation de

négocier tous les 3 ans sur un dispositif de gestion prévisionnelle de l’emploi et des

compétences ainsi que sur les mesures d’accompagnement susceptibles de lui être

associées.

Cependant, cet accord est très critiqué car il est triennal. Il ne permet donc pas

d’anticiper totalement les besoins survenus pendant les trois ans suivants sa signature.

De plus, en période de crise économique, il risque d’être utilisé par les entreprises

uniquement dans le sens de la mobilité externe en vue de réduire les effectifs.

D’autres lois ont essayé d’encadrer les licenciements économiques afin que l’on

ne puisse licencier un salarié qu’après lui avoir proposé des formations et des actions

d’adaptation et vérifié qu’on ne pouvait le reclasser sur un autre emploi (le cas

échéant, dans les entreprises du groupe).

33

Aujourd’hui, les entreprises ont besoin de s’adapter rapidement à leur

environnement économique de plus en plus incertain et à un environnement législatif

très rigoureux ne leur permettant pas d’adapter rapidement la production aux

demandes du marché. Le MEDEF regrette cette rigidité du code du travail et demande

de manière récurrente une révision de celui-ci pour plus de flexibilité. Celle-ci

permettrait d’après lui de relancer la croissance et l’emploi.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs lois ont eu pour objet de relancer

l’emploi tout en conservant « la sécurité de l’emploi à la française ». C’est le cas des

Lois TEPA (2007 : Travail, Emploi et Pouvoir d’Achat), POPA (2008 : Pour le Pouvoir

d’Achat) et MOTRA (2008 : rupture conventionnelle). Cependant, ces lois qui ont eu

pour ambition de relancer la croissance ont eu un impact très limité sur celle-ci et sur

l’emploi. Elle ne satisfait donc ni les salariés, ni les employeurs.

Ainsi, nous pouvons constater que malgré les différentes lois sur la formation et la

GPEC, les objectifs d'évolution professionnelle tout au long de la carrière et de la

sécurisation des parcours professionnels ne sont pas atteints.

L’évolution professionnelle

Le premier emploi est déterminant pour l’évolution de la carrière professionnelle.

Plusieurs critères sont à prendre en compte :

Le type de contrat : les personnes en emploi précaire éprouvent de grandes

difficultés à trouver un emploi stable

Le type d’emploi : est déterminant pour la suite de la carrière : les opportunités

de mobilité externes seront plus nombreuses pour les salariés positionnés sur des emplois

valorisants à fortes responsabilités

Le revenu : la crainte d’une perte de rémunération peut également être un frein

à la mobilité externe.

Une grande partie de l’évolution professionnelle peut se faire au sein de

l’entreprise. Or, aujourd’hui, le tissu économique français est principalement constitué

de PME qui ont beaucoup de difficultés à élaborer un plan de formation. Les

contraintes rencontrées par les PME et TPE sont donc principalement liées à la gestion

des ressources humaines. Peu de personnes au sein de l’entreprise maitrisent le système

complexe de la formation et des relations avec les OPCA. Il faut ajouter à cela la

difficulté à remplacer le personnel en formation. De plus, ces entreprises n’offrent pas

toujours une évolution professionnelle à leurs salariés du fait de leur taille. La formation

peut être une occasion pour les salariés d’envisager une mobilité externe, au risque

pour l’entreprise de les voir la quitter.

Pour répondre aux difficultés rencontrées par les PME, la réforme du 24

novembre 2009 propose deux types d’actions pour les inciter à former :

• Elargir la mission des OPCA à la mise en place de service de proximité à

l’intention particulière de ces structures.

• Introduire un nouveau dispositif : la POE (Préparation Opérationnelle à

l’Emploi) c’est une formation d’un demandeur d’emploi suite à un recrutement.

34

Cependant nous pouvons constater que cette loi n'a pas ou peu permis le

développement de la formation au sein des PME et TPE.

Des pistes de réflexion

A la demande du gouvernement, plusieurs rapports sont parus, mais leurs

préconisations n’ont jamais été mises en place. Quelques-uns semblent néanmoins

intéressants : c’est le cas du rapport Boissonnat qui propose un « contrat d’activité »

conclu entre un salarié et un collectif d’entreprises. Cet engagement permet de signer

un contrat de travail avec des sous-contrats dans différentes entités. Le salarié a donc

une plus grande sécurité et ce type de contrat permet de répondre à des besoins

précis et ponctuels des entreprises membres de ce collectif.

D'autres actions ont étés expérimentées sur certains territoires de l’hexagone.

C’est le cas de l’ingénieur conseil qui a un rôle de facilitateur pour mettre en relation

les entreprises avec Pôle emploi ou les OPCA. C’est un acteur clé car il est le seul

interlocuteur entre l’employeur, les OPCA et Pôle emploi. Cette expérience s'est avérée

très concluante.

D’autres préconisations concernent la mobilité interbranches visant à

développer la communication entre ces dernières afin de leur permettre de s’adapter

aux évolutions du marché de l’emploi. L’objectif est d’ajuster les besoins pour faciliter

les mouvements de travailleurs entre les branches en expansion et celles qui subissent

la crise de plein fouet.

L'Etat doit permettre à l'ensemble des acteurs économiques de se comprendre

et d'avancer ensemble. Mais les outils mis en place ne répondent pas pleinement à

cette logique, du fait de leur complexité réglementaire et de la difficulté d'application

dans les entreprises (circuit de formation, CDD, CDI etc.).

Aujourd'hui comme demain, l'enjeu réside dans le développement des

compétences des salariés en vue de sécuriser leurs trajectoires professionnelles.

Il s’agit aussi de leur permettre d’acquérir un capital de compétences

transversales pour répondre aux besoins urgents de flexibilité.

L'accord national interprofessionnel signé le 11 janvier 2013 par la CFDT, la CFTC,

la CFE-CGC et toutes les organisations patronales, la LOI n° 2013-504 du 14 juin 2013

relative à la sécurisation de l'emploi relèvent-ils ces nombreux défis ? Ces textes

répondent-ils réellement aux attentes des salariés et des employeurs? Réussiront-ils à

relancer l'emploi, tout en sécurisant les trajectoires professionnelles? Le débat est

ouvert.

35

GPEC, FLEXIBILITE ET SECURISATION DE L’EMPLOI ET DES PARCOURS

Face à un environnement concurrentiel en constante innovation, les entreprises

doivent en permanence adapter leurs organisations et leurs activités pour préserver

leur compétitivité. Afin de mieux accompagner les orientations stratégiques de

l’entreprise, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences doit en parallèle

être prise en compte pour préparer l’avenir : dans quelles mesures les entreprises

parviennent-elles à utiliser la GPEC pour agir sur les parcours professionnels de leurs

salariés ?

La définition la plus répandue, du moins dans le milieu juridique est celle de

Dominique Thierry et Christian Sauret de l’Institut Développement et Emploi : « La

gestion prévisionnelle et préventive des emplois et des compétences, est la

conception, la mise en œuvre et le suivi de politiques et de plans d’actions cohérents

visant à réduire de façon anticipée les écarts entre les besoins et les ressources

humaines de l’entreprise (en termes d’effectifs et de compétences) en fonction de son

plan stratégique et impliquant le salarié dans le cadre d’un projet d’évolution

professionnelle ».

Conscientes des limites des méthodes et des outils prévisionnels actuels, les

entreprises souhaitent accentuer leurs efforts d’anticipation, en y associant plus

étroitement les partenaires sociaux afin de faire de la GPEC l’élément central de

gestion des ressources humaines. Pour ce faire, elles doivent identifier leurs besoins à

court, moyen et (si possible) long terme, les rapprocher de leurs ressources disponibles,

en tenant compte des caractéristiques et des attentes des populations concernées.

Des mesures d’accompagnement associées

au dispositif de GPEC

Plusieurs outils permettent aujourd’hui à l’entreprise de mesurer les compétences

des salariés et de développer une visibilité de l’impact des évolutions économiques,

technologiques, démographiques sur les métiers et compétences requises.

Parcours professionnel

La GPEC étudie les évolutions des métiers et permet aux salariés d’avoir une

meilleure connaissance de leurs capacités professionnelles et du devenir de leurs

emplois. Outil majeur pour faciliter les évolutions de carrière internes ou externes,

choisies ou acceptées, la GPEC permet de disposer de points de repère dans la

gestion des parcours professionnel.

Formation

Mesure phare de la GPEC, le volet formation s’est étoffé. La VAE, le bilan de

compétences, le CIF et le DIF, les contrats et périodes de professionnalisation sont les

principaux dispositifs de formation prévus par les accords.

Entretien professionnel

36

L’entretien annuel est un outil de gestion prévisionnelle permettant de réguler

efficacement les relations entre les collaborateurs et les encadrants. Il donne lieu à un

échange voire une négociation entre l’employeur et le salarié sur le devenir

professionnel de ce dernier et les moyens de le réaliser en fonction des possibilités de

l’entreprise et des compétences et aspirations du salarié.

Mobilité

La GPEC sécurise la mobilité en donnant une vision des métiers et des

compétences nécessaires à l’évolution de l’entreprise et en orientant les salariés vers

des emplois ayant une stabilité plus affirmée. De plus, par les analyses de l’évolution

des métiers, elle permet de définir et d’orienter les flux de mobilité des emplois à

l’avenir incertain vers des emplois plus sûrs dans la durée, d’autant plus qu’elle définit

également les moyens attribués aux salariés afin de développer leurs compétences

pour accompagner cette mobilité.

La mobilité interne au cœur de la GPEC ?

Pourquoi ? Tout simplement parce que la mobilité interne répond à des objectifs

similaires à ceux de la GPEC.

En effet, il est question de développer le capital des compétences dont dispose

l’entreprise, enrichir les parcours professionnels des salariés, promouvoir la mobilité

transversale et internationale, donner aux salariés des moyens nouveaux d’être acteurs

de leur évolution professionnelle, privilégier les possibilités de mobilité interne avant

d’envisager un recrutement externe, donner les clés et les outils au management pour

anticiper l’évolution de leurs collaborateurs, accroître la qualité de la mobilité :

raccourcissement des délais de pourvoi des postes, élargissement pour le hiérarchique

de l’éventail des candidats et repositionnement de la fonction RH sur sa valeur ajoutée.

En outre, nous constatons que les entreprises s’emparent de plus en plus de la

GPEC pour agir sur les parcours professionnels des salariés ;

- Parce qu’elle permet à chaque salarié d’être acteur de son parcours

professionnel ;

- Parce qu’elle réconcilie les salariés avec la valeur du travail (leur utilité au

sein de l’entreprise est clairement identifiée) ;

- Parce qu’elle propose une co-responsabilité dans l’atteinte des objectifs.

et par là une croissance durable ;

- Parce qu’elle fédère les équipes inter-générations (tutorat) ;

- Parce qu’elle permet à chaque employé d’anticiper ses évolutions

professionnelles et de s’y préparer avec un certain recul.

Les entreprises peuvent organiser la gestion de la mobilité interne comme bon

leur semble. C’est pourquoi elles en ont fait un outil de gestion prévisionnelle des

emplois et des compétences.

Toutefois une mobilité interne, un changement de parcours ne doit pas

s’apparenter à une contrainte pour le salarié. En effet, Amélie NOTAIS et Véronique

PERRET avancent : « bien que la mobilité verticale de nature promotionnelle reste le

37

‘must’ convoité par tout salarié, les pratiques contemporaines s’en écartent ;

fréquemment horizontale ou environnementale, la mobilité interne s’avère également

de plus en plus contrainte ». De plus, L’Enquête Mobilité 2011 réalisée par l’APEC a

révélé que, sur son panel de cadres ayant vécu une mobilité interne en 2010, 42%

estiment que ce changement professionnel leur a été imposé. Par conséquent, la

mobilité doit se faire avec le salarié afin d’instaurer une véritable relation gagnant-

gagnant.

La flexibilité, intrinsèquement liée à la

GPEC.

Depuis quelques années, la flexibilité s’invite dans les politiques RH de toutes les

entreprises françaises.

Comment les entreprises peuvent-elles s’adapter ou réagir le plus rapidement

possible à des aléas, des conjonctures ou des contextes de moins en moins prévisibles ?

Dans le domaine des Ressources Humaines, la flexibilité constitue un pan

incontournable de la GPEC et permet de jouer sur des paramètres tels que la présence

des individus, leur disponibilité, leur affectation, leur compétence, leur contrat de

travail, leur statut…

Quelle flexibilité ?

La littérature à propos de la flexibilité est très riche et la plupart des publications

opposent la flexibilité interne à la flexibilité externe, mais Christophe Everaere propose

un angle d’approche différent en opposant flexibilité qualitative à flexibilité

quantitative. Dans son article « Flexibilité appliquée aux ressources humaines.

Compatibilités et Contradictions », il expose les différents types de flexibilité et pose la

question de leur compatibilité.

On peut, selon lui, envisager les dispositifs de flexibilité selon deux critères :

interne (CDI) ou externe (Marchand) et qualitatif (stable) ou quantitatif (instable).

Lorsque l’on parle de flexibilité interne, il s’agit de toutes les formes de flexibilité

pouvant s’appliquer à des personnes en CDI au sein d’une entreprise. On peut citer par

exemple le temps de travail (horaires décalés, heures supplémentaires, temps

partiel…), les lieux (télé travail, mobilité géographique…), le travail (élargissement des

tâches), le métier (reconversion), la valeur ajoutée (savoir-faire, autonomie…).

En revanche, la flexibilité externe désigne les travailleurs attachés à l’entreprise

par un lien marchand tels que les intérimaires, les CDD, les sous-traitants,

l’externalisation…

En revanche, les dimensions qualitatives et quantitatives s’attachent d’avantage

à l’aspect de la stabilité des travailleurs qu’au type de lien qui les unissent à l’entreprise.

Dans cette optique, l’intérim, les CDD de moins de 3 mois, ainsi que les aménagements

de temps de travail et le télétravail constituent des formes de flexibilité quantitative car

38

elles génèrent de l’instabilité pour ces travailleurs mais également dans l’entreprise.

Alors que les reconversions via des actions de formation, la création de valeur ajoutée

mais aussi l’externalisation via des contrats pluriannuels, sont associés à une flexibilité

qualitative, perpétuant une stabilité pour les travailleurs et pour l’entreprise.

La meilleure forme de flexibilité qu’une entreprise puisse utiliser selon l’auteur, est

à la fois interne et qualitative, ce qui l’amène à évoquer le concept de compétence

collective. Il s’agit de ce qui se joue entre les individus autour d’un objectif commun et

à travers une confiance mutuelle. « La coopération, l’entraide, la solidarité,

l’intelligence collective constituent des paramètres cruciaux de l’adaptabilité globale

des entreprises », et tous ces éléments ne peuvent naître que d’un environnement

offrant un minimum de stabilité.

L’auteur évoque deux profils types liés à ces formes de flexibilité. A la flexibilité

quantitative correspondent des travailleurs peu qualifiés, sans responsabilités, peu

autonomes et isolés dans le travail, à la rémunération faible et aux conditions de travail

dégradées. A la flexibilité qualitative correspondent des individus aux niveaux d’étude

et aux compétences élevés, titulaires d’un contrat de travail stable et d’une

rémunération intéressante. En termes de gestion des compétences, l’incompatibilité

majeure entre une flexibilité interne qualitative et une flexibilité plus quantitative ou

instable viendrait essentiellement de l’existence de ces deux types de travailleurs et de

leurs objectifs divergents. Les dispositifs de flexibilité quantitative se trouvent quasiment

substituables alors qu’il est très difficile de concilier une flexibilité quantitative et une

flexibilité qualitative. En conclusion l’auteur souligne que « les entreprises qui privilégient

une flexibilité qualitative, en considérant leurs ressources humaines comme un

investissement dans lequel il convient d’investir à long terme, dans une logique

gagnant-gagnant, sont celles qui enregistrent les meilleurs résultats sociaux et

économiques ».

Cet article nous incite à penser la flexibilité, non pas de manière uniforme, mais

comme un outil de la GPEC aux multiples facettes qui doit être réfléchi et adapté aux

politiques d’entreprise selon des axes stratégiques, prenant en compte ses différentes

conséquences possibles à la fois sur les salariés et sur l’environnement professionnel de

l’entreprise.

Nous avons vu que la GPEC dispose d’une palette d’outils riches et variés tels

que la gestion des parcours professionnels, les actions de formation, les entretiens

professionnels, la mobilité… Les entreprises se sont progressivement appropriées ces

différents outils afin d’optimiser l’adéquation de leurs besoins et de leurs ressources

humaines, au moment présent mais aussi dans la durée. Tous ces outils sont

interconnectés et servent de plus en plus une démarche de flexibilité.

39

Du bon usage de la GPEC

L’évolution du contexte économique a orienté la GPEC vers un objectif

d’adaptation de plus en plus rapide des organisations. Mais cette flexibilité si convoitée

a ses limites, notamment du fait de ses conséquences sur les collaborateurs. A leurs

yeux, elle est souvent synonyme de conditions de travail imposées et dégradées, de

stagnation et de ruptures professionnelles. C’est la raison pour laquelle les négociations

autour des derniers ANI se cristallisent autour de cette notion de flexibilité : les

collaborateurs attendent de la part des entreprises une plus grande prise en compte

de leur évolution professionnelle et de leur employabilité. Cette utilisation de la GPEC

favorisant une gestion de carrière individualisée dans le sens d’une montée en

compétences du salarié est de plus en plus valorisée par les professionnels RH, qui la

jugent également vertueuse pour l’entreprise.

40

SECURISATION DE L’EMPLOI ET VALORISATION DES TRAJECTOIRES

PROFESSIONNELLES

Dans le contexte général que connait le pays avec notamment un taux de chômage

qui atteint un seuil inquiétant, la valorisation des trajectoires professionnelles et la

sécurisation des emplois est un sujet au cœur des préoccupations de l'ensemble des

acteurs économiques, financiers et sociaux.

La sécurisation des emplois a pour vocation première de permettre aux

employés, de toutes catégories socio-professionnelles de pouvoir se maintenir en

fonction ou évoluer au sein des entreprises .Ces changements doivent pouvoir s'exercer

soit par la mobilité interne ou externe, soit par la démarche de GPEC sans pour autant

compromettre la pérennité de l'emploi acquise et mettre l'employé en difficulté voire

en échec.

Mais qu'en est-il réellement de cet objectif de sécurisation de l'emploi en France

? En est-il de même chez nos voisins Européens ? Ces objectifs de valorisation et de

sécurisation peuvent-ils être atteints dans l'état actuel des politiques d'emploi ?

La sécurisation des trajectoires

professionnelles : état des lieux

Les trajectoires professionnelles sont souvent marquées par des périodes de

chômage. Plusieurs critères influent sur ces périodes non travaillées, critères tels que le

niveau de diplôme, l'ancienneté ou encore l'âge. De plus, ces périodes sont souvent

mal vécues par les chômeurs, ce qui peut provoquer des situations d'enfermement, ou

plus gravement de perte d'identité.

Nos voisins européens ont, en moyenne, un taux de « nouveaux chômeurs » par

an inférieur à celui de la France. Cette différence est d'autant plus marquée chez « les

personnes en CDD puisque 18% des salariés en CDD une année donnée sont au

chômage l'année d'après, contre environ 4% pour les CDI (Junod, 2005). Les fins de

CDD constituent par ailleurs la cause la plus importante des sorties de l'emploi dans les

entreprises de plus de dix salariés (54% selon la DARES, 2011) ». Le passage du chômage

vers l'emploi est également plus lent en France, 32% entre 2000 et 2001 en comparaison

à une moyenne européenne de 41% sur ces mêmes dates. Au sein de l'Union

européenne cette étude illustre que la France se place en 13ème position concernant

le retour à l'emploi.

De plus, d'après l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement

Economiques), les 25-54 ans mettent en moyenne 16,7 mois pour retrouver un emploi

alors que la moyenne établie dans les pays de l'OCDE est de 12.2 mois.

De même, la précarité est d'autant plus marquée en France puisque, seul 34%

des salariés en CDD trouvent des emplois en CDI au bout d'un an, et 54% au bout de 3

ans. La France se situe au 11ème rang européen concernant les emplois précaires.

(14,5% en 2000).

41

Il semblerait que malgré les efforts de l'Etat en matière de formation, ceux-ci

bénéficient peu aux salariés les moins qualifiés ; en effet d'après l'étude, « les ouvriers

non qualifiés d'une entreprise de moins de 20 salariés ont 30 fois moins de chances de

se former qu'un cadre d'une grande entreprise de plus de 2000 salariés".

Les résultats médiocres de la France en comparaison avec ses voisins européens

en termes de retour à l'emploi s'expliquent également par le rapport des Français à

celui-ci. Les salariés Français, malgré leurs aspirations à une amélioration de leurs

conditions de travail et à une forte mobilité se montrent plus sédentaires et se résignent

finalement à l'emploi occupé.

On constate aujourd'hui un décalage entre les stratégies d'entreprises qui

favorisent la mobilité externe alors que les effets du vieillissement démographique et

des évolutions technologiques plaideraient plutôt en faveur d'une politique de

fidélisation et de développement des compétences comme levier de sécurisation.

La mobilité outil de sécurisation des

emplois ?

Ces dernières années, la place de la mobilité dans la sécurisation des parcours

professionnels joue un rôle important. Celle-ci se trouve plus ou moins facilitée par de

nombreux facteurs et notamment la nature de l'emploi occupé précédemment qui

impacterait sur la possibilité de mobilité.

Dans l'étude de BRUYERE et LIZE (2003), les auteurs illustrent qu'en fonction du

type de mobilité, la sécurité de l'emploi est plus ou moins facilitée et avantageuse.

Tout d'abord, la « non-mobilité » choisie ou subie, ne semble pas être très

adaptée à une augmentation des revenus. En effet, l'enquête réalisée entre 1998 et

2003, démontre que chaque année, 20 à 30 % des salariés restant au poste voient leur

rémunération baisser. Cette baisse résulterait pour partie des primes (13 % de la

rémunération) tandis que « le salaire de base présente des caractéristiques habituelles

de fixité. ».

Cet effet, conforte les résultats de Duhautois en 2006 ou de Kalleberg et

Maasteca en 1998 : la probabilité de quitter une entreprise est inversement

proportionnelle à sa taille. Cette étude nous propose une comparaison entre les deux

types de mobilité.

Toujours d'après l'étude réalisée entre 1998 et 2003, par BRUYERE et LIZE, les

salariés stabilisés chez un employeur ont 25,6 % plus de chances de maintenir ou

d'augmenter leurs revenus par rapport aux salariés privilégiant la mobilité externe.

Concernant cette dernière, comme le présentent les auteurs, seuls les cadres

supérieurs et les salariés du secteur public parviennent à garantir une augmentation ou

un maintien de leurs revenus.

Il semblerait, selon cette étude, que les cadres les plus diplômés soient plus

enclins à la mobilité interne, et de ce fait, comme on l’a vu précédemment, à une

augmentation de salaire plus significative. Ce qui ressort principalement de cette

étude, c’est l'intérêt plus accentué pour la mobilité interne par rapport à la mobilité

externe lié à des éléments rassurants pour la sécurisation des emplois et notamment la

42

rémunération. La présente étude révèle également qu'il existe une discordance entre

la volonté de l'Etat de faire de la formation l'outil de l'égalité des chances face à

l'emploi, et l'inégalité persistante, les salariés de faible qualification restant les plus

vulnérables à la précarité.

Les développements qui précèdent nous questionnent sur les méthodes

d'anticipation des ressources humaines utilisées pour en arriver à des résultats

insatisfaisants. Des études font émerger des décalages importants entre l'objectif de

sécurisation et les outils mis en avant par les entreprises.

La dynamique prospective associée à la

dynamique prévisionnelle

La sécurisation des emplois amène l'entreprise à se responsabiliser sur l'évolution

de ses emplois et compétences. La GPEC a permis une première avancée sur ce sujet

mais la vision simplement prévisionnelle semble être remise en cause par

l'environnement compliqué dans lequel évoluent les entreprises françaises. La vision

stratégique réduite des entreprises amène également à intégrer plusieurs scénarios

possibles et la notion de prospective s'intègre légitimement à la démarche GPEC.

HULIN et BRILLET (2010) ont réalisé un travail de recherche qui apporte une réelle valeur

ajoutée pour les dispositifs d'anticipations des RH.

En effet, ces dispositifs sont trop souvent évoqués comme instrumentaux en

estimant qu'il n'existe qu'une "bonne et seule façon de faire les choses". Or le contexte

actuel exige justement de désinstrumentaliser ces dispositifs pour réfléchir au-delà de

l'entreprise et REBIFFE suggère même qu'il faut "oser penser la gestion de carrière des

salariés, au-delà des murs de l'entreprise dans une dynamique territoriale, au niveau de

l'ensemble des entreprises d'un bassin, en concertation avec les organisations

syndicales".

Ce dernier élément parait cohérent avec l'objectif de sécurisation des emplois.

C'est aller dans le sens d’une valorisation des compétences et des trajectoires

professionnelles que de penser territorialité, employabilité et surtout d'associer une

vision prospective. La notion de prospective qualifie et crée une valeur ajoutée à la

notion de prévision car elle prend en considération la dimension temporelle et le fait

que "les problèmes changent plus vite qu'ils ne se résolvent et prévoir ces changements

est plus important que de trouver des solutions qui s'appliqueraient à des problèmes

passés" oblige les professionnels RH à ne pas se contenter que de la dynamique

prévisionnelle.

Enfin, si le sujet de la sécurisation des emplois est d'actualité avec l'ANI de janvier

2013 et la loi du 4 juin de la même année, le sujet de la conduite de cette sécurisation

est beaucoup moins lisible. L'objectif est clair mais les méthodes pour l'atteindre sont

encore à définir. En effet c'est une évolution qui va devoir intégrer les nombreux

changements plus ou moins prévisibles de l'environnement de l'entreprise.

Malgré une volonté affichée des représentants d'entreprises, des politiques et

des partenaires sociaux d'assurer une sécurisation des parcours professionnels et de

réduire le taux de chômage, les résultats tardent à se faire sentir. Au-delà des intentions

nous nous questionnons sur les outils utilisés pour résoudre cette problématique

43

d'emploi. En effet, nous avons constaté que la mobilité externe par exemple est encore

loin d’être synonyme de garantie de maintien dans l'emploi. Le risque d'être confronté

à la précarité et des périodes de chômage ne légitime pas la mobilité. De plus ces

solutions restent actuellement destinées aux salariés en CDI, plus largement dans les

grandes entreprises, et rarement pour les emplois en CDD dits précaires. Cependant,

force est de constater que la GPEC est un outil de sécurisation des trajectoires

professionnelles cohérent permettant d'anticiper les ressources humaines.

Tous ces éléments suggèrent et permettent de valoriser les individus et leurs

compétences dans une dimension temporelle et donc de valoriser leurs trajectoires

professionnelles. Il s'agit là d'une réelle valeur ajoutée pour la sécurisation des emplois

en France.

44

LES COMPOSANTES DE LA SECURISATION DE L’EMPLOI

En 2005, lorsque parait le rapport du Conseil de l’emploi, des revenus et de la

cohésion sociale, dirigé par Jacques Delors, on constate que le sentiment d’insécurité

est croissant vis-à-vis de l’emploi. La montée du chômage peut expliquer, en partie, ce

ressenti. À l’inverse, les entreprises ont un besoin croissant de flexibilité pour s’adapter

aux évolutions de leur environnement et à l’élargissement de l’espace de la

concurrence.

Aujourd’hui, les échanges se sont internationalisés créant ainsi une forte

concurrence entre les entreprises, qui plus est exacerbée par la crise économique. Afin

de rester compétitives, celles-ci se voient dans l’obligation d’adopter de nouveaux

comportements à travers des stratégies de développement axées sur la flexibilité et le

management de la performance. Aussi, les leviers utilisés pour parvenir aux objectifs

stratégiques de l’entreprise reposent essentiellement sur la gestion des Ressources

Humaines et plus particulièrement des compétences de ses salariés. Ce besoin de

flexibilité accrue a, jusqu’ici, été principalement assuré par un recours croissant aux

contrats temporaires, suscitant par là même, une instabilité plus forte de l’emploi,

notamment pour les salariés les plus jeunes ou les moins anciens. Pour les plus fragiles

(candidats disposant de peu de formations ou de peu d’expérience professionnelle,

personnes peu mobiles), cette instabilité de l’emploi a débouché sur un risque élevé de

connaître la précarité de l’emploi.

Un nouveau contrat social entre salarié et

employeur

L’implication du salarié a longtemps reposé sur une relation contractuelle avec

son employeur. En effet, un engagement réciproque les liait, l’employeur offrait la

sécurité de l’emploi au salarié qui en contrepartie s’impliquait professionnellement dans

l’entreprise.

Aujourd’hui, cette relation a subi les changements conjoncturels du marché et

de l’emploi pour reposer davantage sur la notion d’employabilité. L’employabilité

constituerait à présent le substitut direct à cette perte de sécurité contractuelle.

En effet, l’employabilité serait la « capacité du salarié à s’adapter à diverses situations

de travail et à évoluer vers différents emplois à l’interne ou à l’externe de l’entreprise

sur le marché de l’emploi malgré les conditions qui affectent son environnement. Les

entreprises ont une responsabilité sociale vis-à-vis de leurs salariés et doivent mettre en

œuvre les moyens nécessaires pour développer leurs compétences et favoriser ainsi

leur capacité à « être employable ».

« L’emploi à vie » n’est plus d’actualité et n’est plus une réalité aujourd’hui.

L’entreprise ne peut plus assumer la sécurité d’emploi à ses salariés mais en

contrepartie elle leur offre la possibilité d’être « flexibles ». Il s’agit d’un nouveau modèle

de management de la performance qui se base principalement sur le développement

de compétences pas seulement liées au métier mais également de compétences clés

favorisant leur employabilité.

45

Si les salariés d’aujourd’hui ne s’attendent plus à passer toute leur vie

professionnelle dans une entreprise et ne croient plus à la pérennité de leur emploi,

beaucoup d’entre eux ont compris les nouveaux enjeux auxquels ils devront faire face

et deviennent alors acteur de leur parcours professionnel.

L’employabilité

Dorénavant, les individus désirent travailler dans une organisation qui leur

permettra de développer leur employabilité, d’acquérir de nouvelles compétences

dans le but de diversifier leurs champs d’activité et d’enrichir leur expérience

professionnelle. Cette stratégie repose sur un principe simple : peu importe les

changements qui surviendront, les individus possédant une formation et une

expérience riche et diversifiée seront en meilleure position pour trouver un autre emploi

le cas échéant.

Pour les salariés, la promesse d’employabilité devient un substitut possible à la

promesse de carrière et de sécurité dans les entreprises.

Plusieurs étapes clés sont analysées dans les parcours professionnels :

- L’accès au premier emploi,

- La mobilité dans l’emploi,

- Les situations de ruptures,

- Les fins de carrières.

Ces différentes étapes vont être à la jonction de plusieurs éléments essentiels de

la sécurisation de l’emploi comme l’anticipation, l’accompagnement, la sécurisation

juridique mais encore plus sur l’articulation des différentes politiques qui permettront

une meilleure sécurisation de ces parcours.

Selon Michel Bricler, nous avons pu constater que les individus ne sont pas égaux

devant l’employabilité et la sécurisation des parcours professionnels. Ainsi, nous

pouvons faire l’hypothèse que certaines compétences acquises par les individus

favorisent une « employabilité durable ».

Cette employabilité durable est la capacité d’un individu à conserver, à trouver

ou retrouver un emploi dans des délais raisonnables tenant compte de la situation

économique.

La formation tout au long de la vie

La coordination entre les actions de formation initiale et les actions de formation

continue et les schémas de développement économique apparait indispensable pour

permettre à la fois une meilleure anticipation et une sécurisation des parcours par la

formation.

La nécessité d’inscrire les politiques de formation professionnelles dans une

stratégie d’anticipation des besoins en compétences est aujourd’hui au cœur du

46

débat puisqu’elles permettent aux employeurs de développer les compétences de

leurs salariés dans le but de les rendre « flexibles » et « employables ».

Quant à l’implication personnelle, elle ne doit pas être un frein à la formation

mais, au contraire, un levier qui permettra aux salariés d’acquérir des compétences

clés et transférables, lui donnant la possibilité de s’adapter au marché de l’emploi.

Désormais, même avec un CDI, l’employé n’est plus assuré de la pérennité de

son emploi. Cependant certaines populations sont plus avantagées que d’autres,

notamment pour les cadres qui disposent d’une formation plus diplômante et

qualifiante leur permettant d’acquérir des compétences permettant d’assurer une «

employabilité durables » et de s’adapter aux activités économiques qui changent.

Les populations les moins formées (employés, ouvriers) sont par conséquent les

plus touchées et subissent de plein fouet la crise économique

.

La mobilité

Pour "faire l'entreprise de demain avec les salariés d'aujourd'hui", la mobilité est

au service de l'employabilité. Il est possible de voir certains salariés changer de métier

au sein d'une même structure. La mobilité permet de rendre flexibles et polyvalents les

salariés, elle est un réel outil de motivation et de fidélisation notamment pour les

promotions internes ou encore les primes liées à une mobilité géographique.

Elle protège les salariés d'un risque de désadaptation face aux marchés internes

et externes comme par exemple dans le cadre de licenciements ou de liquidation

judiciaire. C'est pour cela qu'une direction des ressources humaines proactive est

nécessaire pour accompagner les salariés, développer leurs compétences pour que

l'entreprise puisse bénéficier d'un gain de productivité mais aussi pour sécuriser l'emploi

des salariés.

BIBLIOGRAPHIE

- LE BOULAIRE Martine, "Tous mobiles Organisations flexibles et politiques

d'employabilité", 2006

- Contribution du Conseil National de la formation professionnelle tout au

long de la vie", Février 2008

- BRICLER Michel, "De boeck supérieur projectics" Mars 2009

- VENIARD Antoine, « Implication et employabilité : un engagement

réciproque entre salarié et employeur à construire », Management & Avenir, 2011/9 N°

49, p. 84-101

47

LA FORMATION PROFESSIONNELLE : CLE DE LA SECURISATION DES

PARCOURS PROFESSIONNELS ?

Les salariés ont le sentiment d’une insécurité croissante de l’emploi. Les

entreprises quant à elles soulignent le besoin croissant de flexibilité pour s’adapter à

l’évolution de la demande comme des technologies et à l’élargissement de l’espace

de la concurrence.

Cette tension entre deux objectifs contradictoires, la sécurité des personnes et la

flexibilité des entreprises, nourrit des débats très animés. C’est dans ce cadre que l’ANI

du 11 janvier 2013 relatif à la sécurisation de l’emploi a été conclu.

Si la formation professionnelle n’est pas le sujet principal de l’ANI, elle n’en

constitue pas moins un chapitre important. En effet, la formation professionnelle semble

pouvoir constituer, selon les signataires de l’accord, l’un des outils principaux de la

sécurisation des parcours professionnels.

L’accord traduit une volonté de corriger les inégalités d’accès à la formation,

d’organiser et d’accompagner les transitions professionnelles. Les partenaires sociaux,

comme les pouvoirs publics veulent faire de la formation un instrument de sécurisation

de l’emploi : la formation doit permettre à l’individu de garder son emploi, de

progresser dans sa carrière ou de retrouver un emploi.

On peut tout de même se demander si cet objectif de faire de la formation

professionnelle une clé de la sécurisation de l’emploi est, et sera, réellement atteint ?

La place de la formation dans la

sécurisation des parcours professionnels

La formation : outil des pouvoirs publics pour les salariés et les chômeurs

La formation professionnelle tout au long de la vie est considérée comme l’une

des principales composantes de l’équilibre entre flexibilité et sécurité. Les politiques

actives de l’emploi et la législation tentent depuis plusieurs années, à travers des

accords nationaux et des lois, de placer la formation au cœur des préoccupations et

des stratégies de l’entreprise. L’obligation légale de financement de la formation, la

mutualisation auprès d’organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA), le

développement de la responsabilité sociale de l’entreprise en matière d’emploi sont

des éléments qui contribuent à inciter les entreprises à faire de la formation un élément

à part entière de leur stratégie.

Les objectifs communs sont de faire face aux évolutions du marché du travail,

de maintenir l’employabilité et de contribuer à un meilleur encadrement des transitions

professionnelles des salariés. La formation détient une place primordiale dans ces

perspectives de sécurisation.

Dans un premier temps, l'ambition des partenaires sociaux et du législateur est

de favoriser les mobilités professionnelles pour répondre aux besoins économiques en

facilitant l’accès à la formation pour tous les salariés tout au long de leur vie

professionnelle.

48

C’est dans ce but que la loi du 4 mai 2004, relative à la formation professionnelle

tout au long de la vie, issue de l’accord national interprofessionnel de décembre 2003,

a été promulguée. Les partenaires sociaux et le législateur ont ainsi voulu

accompagner les évolutions professionnelles notamment en facilitant l’accès à la

formation pour tous les salariés.

Cette loi apporte trois innovations majeures :

- la possibilité pour l’employeur de mettre en place certaines formations en

dehors du temps de travail,

- la mise en place de dispositifs de professionnalisation sur les priorités définies par

les branches,

- la création du Droit Individuel à la Formation (DIF).

La loi du 24 novembre 2009 sur l’orientation et la formation professionnelle

s’inscrit dans la même logique. Son objectif principal est de favoriser la construction de

la sécurisation des parcours professionnels. L’ANI du 11 Janvier 2013, sur la sécurisation

des parcours professionnels, poursuit la même logique, avec pour objectif de renforcer

la sécurisation des parcours et le maintien de l’employabilité. On y retrouve

l’amélioration et l’adaptation de certains dispositifs tels que le CIF-CDD et la mobilité

volontaire sécurisée. Les chômeurs sont également concernés, leur formation a pour

vocation de permettre un retour rapide à l’emploi.

L’ANI du 11 Janvier 2013 renforce les mesures à destination des demandeurs

d’emploi. Parmi ces mesures on retrouve le compte personnel de formation. Il est

possible de mobiliser un capital d’heures sur un compte et de les utiliser pour suivre une

formation dès lors que celle-ci correspond à une priorité de formation définie

conjointement par les partenaires sociaux et les pouvoirs publics, ou pour accéder au

socle de connaissances et compétences fixé par l’ANI du 5 octobre 2009.

Employabilité et formation

Le maintien de l’employabilité constitue l’un des axes majeurs de la sécurisation

des parcours professionnels. On observe un accroissement massif du nombre d’accords

d’entreprises portant sur la GPEC depuis 2007. Ces accords placent le maintien de

l’employabilité et la prévention du risque d’ « inemployabilité » au cœur des pratiques

en matière de GPEC.

Les trois principaux outils utilisés dans la GPEC et constituant des leviers pour

l'employabilité sont :

- la VAE,

- le bilan de compétences,

- la formation professionnelle continue (DIF, CIF, période de professionnalisation,

plan de formation de l’entreprise).

Les apports de ces outils pour l’entreprise sont les suivants : faire face aux

mutations de l’environnement par l’adaptation continue des compétences, répondre

aux exigences de sa responsabilité sociale, rendre les salariés facilitateurs et promoteurs

de leur propre développement. Pour les salariés, ils peuvent faciliter l’atteinte de

49

certains objectifs : sécurisation des parcours professionnels, développement des

compétences dans le cadre de l’évolution des emplois et optimisation du déroulement

des carrières.

La VAE contribue au maintien de l’employabilité et à la sécurisation des

parcours professionnels par la reconnaissance certifiée de l’expérience professionnelle.

La finalité de ce dispositif s’inscrit dans la mobilité interne et externe, il n’est pas

uniquement limité à la promotion interne. La VAE s’inscrit dans une démarche

individuelle de développement ou de maintien de l’employabilité. Ainsi, elle peut

permettre aux salariés souhaitant faire valoir leur expérience professionnelle, d’acquérir

un diplôme ou un certificat leur permettant notamment, en cas de départ de

l’entreprise, de faire valoir leurs compétences.

Le Bilan de Compétences, quant à lui, permet au salarié de faire le point sur ses

compétences, aspirations et motivations. Ce point peut être fait dans l’optique d’une

évolution interne ou externe à l’entreprise. Il constitue souvent une étape permettant

de valider un projet professionnel nécessitant la mise en place d’un projet de formation

ou de validation de ses acquis.

La formation professionnelle continue apparait comme un levier majeur du

maintien de l’employabilité.

Le plan de formation de l’entreprise, les périodes et les contrats de

professionnalisation ainsi que les autres dispositifs (DIF, CIF) s’inscrivent dans une

démarche permettant de rendre le salarié acteur du déroulement de son parcours

professionnel.

C’est dans le contexte de mutation économique dans les années 2000,

qu’apparaît la notion de sécurisation des parcours et qu’émergent les mesures

législatives visant le soutien des salariés et leur conduite vers la mobilité (GPEC, DIF,

VAE…). Ceci s’explique également par le passage de la carrière linéaire à des

trajectoires professionnelles dites « nomades ». Depuis les années 1980, les trajectoires

professionnelles sont de moins en moins stables tout comme le recours par les sociétés

à des contrats à durée déterminée ou à l’intérim. En 10 ans, alors que les contrats

stables n’ont augmenté que de 2%, les emplois en intérim ont augmenté de 130%. Si

pour certains, cela est interprété de façon négative (précarisation, perte de repères et

instabilité), d’autres ont une vision plus optimiste de ces données (créativité, mobilité,

adaptation, nouvelle gestion des carrières professionnelles). L’enjeu sera bien là de

concilier les exigences de flexibilité exprimées par les entreprises tout en recherchant la

sécurité professionnelle pour les individus.

Deux exemples étrangers

Les stratégies et politiques européennes pour l’emploi accordent également une

place centrale à la formation professionnelle. Elles incitent les pays européens à

adapter leur système de formation aux besoins de compétences futurs et aux

évolutions du marché du travail. Prenons l’exemple de deux pays afin de comprendre

comment la formation répond aux problèmes de chômages ou de précarité.

En Belgique, la formation professionnelle en réponse au chômage : zoom sur la

Wallonie

La Wallonie est une région de tradition industrielle en reconversion depuis

plusieurs années. Le secteur industriel est en crise depuis les années 60, ce qui a de

lourdes conséquences sur l’emploi (taux de chômage de 10% en Wallonie). Ces

50

conséquences ont été plus ou moins amorties grâce au système social belge

prévoyant un chômage non limité dans la durée et un système de « prépension » assez

avantageux. Parallèlement, la Wallonie essaye de mettre en place une politique active

permettant de réduire les temps de passage par le chômage et de faciliter les

transitions professionnelles.

L’une des principales réponses publiques au chômage, en Wallonie, est la

politique en matière de formation professionnelle. La formation des demandeurs

d’emploi est assurée par le service public de l’emploi (le FOREM), dans ses centres ou

dans des centres de compétences (associant universités et secteurs professionnels) ou

par d’autres acteurs parmi lesquels l’enseignement de promotion sociale et les

organismes associatifs d’insertion professionnelle. Les évolutions en matière de politique

d’emploi et de formation se caractérisent principalement par trois principes : la

territorialisation, l’individualisation et l’hybridation (action commune des pouvoirs

publics et des entreprises).

Nous retiendrons ici deux instruments de coordination des politiques de

formation : le « Plan Marshall Wallon » et le Fonds Social Européen (FSE). Le Plan Marshall

Wallon est un programme gouvernemental de soutien au développement

économique régional.

Les demandeurs d’emploi ont pu bénéficier, dans ce cadre, du financement de

formations qualifiantes et de formations en langue, supposées correspondre aux

attentes immédiates des entreprises.

Le FSE cofinance des formations plus diverses que celles du plan Marshall. La

Belgique fait appel au FSE en poursuivant les objectifs suivants: « le développement de

formations à la demande des secteurs professionnels ou des entreprises (y compris les

formations aux métiers en pénurie), le développement du capital humain via les

formations qualifiantes (enseignement de la deuxième chance, formation en

alternance…) et, enfin, l’insertion sociale à travers des formations de base visant

l’insertion socioprofessionnelle (alphabétisation, organismes d’insertion, etc.) »

L’exemple danois, un modèle à reproduire ou un échec ?

Avant la crise, le Danemark était en termes de flexicurité un exemple pour les

pays d’Europe.

Il se démarquait des pays voisins dans lesquels les licenciements étaient onéreux

et difficiles.

En effet, la législation danoise combinait parfaitement les exigences en matière

de flexibilité pour les employeurs en facilitant le licenciement et le recrutement, et de

sécurité pour les travailleurs par des indemnités généreuses en période de chômage.

Un employeur danois pouvait ainsi licencier un collaborateur en quelques jours

pour motif économique, ce dernier bénéficiant d'une indemnisation à hauteur de 90 %

de son dernier salaire pendant quatre années. Un compromis qui semble attrayant

.Pourtant, le modèle danois n’est plus aussi efficace qu’auparavant et a subi quelques

modifications. Cela est dû entre autres à la crise économique mondiale : une

croissance quasi nulle, un système bancaire mis à rude épreuve, un taux de chômage

qui grimpe face un Etat impuissant.

Le gouvernement prend alors des décisions radicales, et décide de réduire la

durée des allocations chômage : dorénavant les chômeurs ne bénéficieront plus de

quatre années d’indemnisation mais de deux. Parallèlement, le Danemark confirme

51

tant bien que mal sa position en matière de flexicurité en octroyant aux chômeurs qui

suivent une formation, une prolongation de six mois si leurs indemnités arrivent à

échéance. Il s’est également engagé à créer plus de 10 000 emplois réservés aux

chômeurs qui voient leurs indemnités arriver à terme dans les mois à venir.

Le système danois -qui est l’un des plus chers de l’Union- s’essouffle, en dépit des

apports positifs de ce modèle, l’investissement élevé pour l’indemnisation et la

formation professionnelle n’a pas engendré tous les effets attendus.

***

Au Danemark, en Belgique comme en France, la formation professionnelle peut

contribuer à sécuriser l’emploi dans l’entreprise ou les parcours professionnels d’une

entreprise à l’autre. Elle peut constituer un levier essentiel d’une politique active de

l’emploi. Pour autant elle ne créé pas l’emploi.

Bibliographie

ALPHONSE-TILLOY Isabelle, MASINGUE Antoine et POTTIER Jean-Michel, « L’accès à la

formation continue dans les PME : impossible sans traducteur ? », Travail et Emploi n°130, avril-juin

2012.

BARUEL BENCHERQUI Dominique, « La GPEC et ses effets sur l'employabilité»,

Management et Avenir, n°48, 2011, p. 14-36.

CONTER Bernard et ORIANNE Jean François, « La flexicurité et la formation des

demandeurs d’emploi : les politiques wallonnes à l’aune de l’approche par les capacités »,

Formation Emploi, n°113, janvier – mars 2011, p. 49 à 61.

LEVENE Thérèse, « Les politiques d’insertion : quelle pertinence pour les inemployables ? »,

Formation Emploi, n°116, 2011, p.51-67.

PINTE Gilles et LE SQUERE Roseline, « De la flexibilité à la sécurisation des parcours

professionnels : l’outil de la VAE et les intérimaires », Savoirs - hors séries, 2007, p. 81 – 93.

TUCHSZIRER Carole, « Le modèle danois de "flexicurité" » L'improbable "copier-coller",

Informations sociales, 2007/6 n° 142, p. 132-141.

Le Figaro, « La flexicurité danoise fait rêver les patrons français ».

Les Echos n° 21113, « La flexicurité danoise et néerlandaise résiste à la crise », 31 Janvier

2012, p. 6.

Rapport de la DARES, « La formation professionnelle des demandeurs d’emploi en 2011 »

n°027 Avril 2007

http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/formation-professionnelle-

continue/publics-financements/

http://travail-emploi.gouv.fr/etudes-recherche-statistiques-de,76/statistiques,78/politique-

de-l-emploi-et-formation,84/formation-professionnelle,262/la-formation-des-demandeurs-

d,2092.html

http://www.emploi.gouv.fr/thematiques/formation-professionnelle-des-demandeurs-

demploi

52

FLEXICURITE : COMPETITIVITE ET SECURISATION DE L’EMPLOI ENFIN

RECONCILIEES ?

La flexicurité : une révolution européenne

importée en France ?

Sur le thème tant controversé de la flexicurité en Europe, certains auteurs

comme Pascal Caillaud, Bénédicte Zimmerman, Bernard Conter ou encore Jean-

François Orianne, se penchent sur des approches liées aux capacités et aux

trajectoires professionnelles, tandis que d’autres tels que Alain Lefebvre et Dominique

Méda explorent la réussite et la performance de la flexicurité dans les pays Nordiques.

La question est de savoir comment la flexicurité est abordée depuis son entrée

dans le débat européen et quelles sont les pratiques matérialisées en France, pays

limitrophes et dans les pays Nordiques.

Dans un premier temps, on abordera la flexicurité de manière globale en

spécifiant les différentes approches de celle-ci qui seront traitées sous deux angles :

- l’impact des variables sur l’emploi,

- et la flexicurité par les capacités.

Ensuite, on observera les pratiques françaises et celles de nos voisins immédiats.

Enfin on s’intéressera au modèle nordique où le système de flexicurité trouve

une forme d’aboutissement.

***

Le sociologue Hans Adriansens est à l’origine de la notion de flexicurité, la

définissant comme le passage d’une « sécurité à l’emploi » à une « sécurité dans

l’emploi » avec en soi, un système de sécurité sociale plus flexible et reposant

davantage sur l’activation. Son apparition est en réalité liée au contexte de tentatives

de réformes des politiques du marché du travail qui ont lieu au cours des années 1990

cherchant à allier flexibilité du travail et sécurité dans l’emploi.

Avant tout une notion politique, ce n’est que vers les années 2000 que les

différents pays de l’Union Européenne se l’approprient en l’intégrant à leur politique

d’emploi. L’objectif est de renforcer l’économie et de créer de l’emploi.

La Commission européenne a présenté quelques orientations afin d’encadrer les

stratégies de flexicurité des Etats membres, en décrivant ce concept comme la

combinaison de plusieurs critères :

- la souplesse et la sécurisation des dispositions contractuelles ;

- des stratégies globales d'apprentissage tout au long de la vie ;

- des politiques actives du marché du travail (PAMT) efficaces ;

- des systèmes de sécurité sociale modernes.

Depuis, de nombreux auteurs traitent dans leurs ouvrages et articles, la question

de la flexicurité. CONTER la définit ainsi comme « une approche du travail et des

politiques de l’emploi qui vise à fournir aux individus plus de ressources pour les aider à

mieux assurer les transitions entre des emplois devenus plus flexibles. »

53

Pour CAILLAUD et ZIMMERMAN « la flexicurité […] n’a pas […] simplement

vocation à combiner flexibilité et sécurité ; elle promeut une flexibilité à double sens,

favorable à l’entrepreneur et au salarié ; une flexibilité qui consacre non seulement la

liberté d’entreprendre, mais encore la liberté de travailler et de se développer

professionnellement.»

Ces deux approches mettent clairement en avant la vocation de ce concept à

bénéficier aussi bien aux employeurs qu’aux salariés.

Aujourd’hui le concept est décliné sous divers angles. En effet, différentes

approches de la flexicurité ont émergé depuis son apparition. Celles qui sont retenues

ici, feront référence à l’impact des variables d’emploi sur le sujet ainsi qu’à la flexicurité

par les capacités.

Les variables d’emploi telles que définies par BRUYERES et LIZE sont : «la fonction

du poste dans l’entreprise, le secteur d’activité de l’établissement, la catégorie

socioprofessionnelle, la taille de l’entreprise, l’ancienneté dans l’emploi, le fait

d’encadrer d’autres salariés, l’appartenance au secteur public de l’établissement,

l’utilisation des TIC, le temps de travail et les conditions de travail. » Elles s’opposent

ainsi aux variables individuelles qui caractérisent l’individu et ne dépendent pas de

l’emploi occupé (diplôme ; âge…).

Celles-ci conditionnent la sécurité des parcours professionnels pour ainsi dire la

sécurité de l’emploi, la sécurité des revenus et la stabilité de l’emploi. BRUYERES et LIZE

(2010).

En effet, lors d’un recrutement, les entreprises ont tendance à se référer au passé

professionnel de l’intéressé pour évaluer sa capacité à occuper un poste à pourvoir. «

Ainsi les salariés qui viennent d’emplois instables ou de mauvaise qualité seront

présumés être instables et auront difficilement accès aux marchés internes. »

BRUYERES et LIZE ont démontré que le secteur d’activité auquel appartiennent

les salariés, leur ancienneté au sein d’une entreprise et la taille de cette dernière sont

des critères qui permettent d’identifier un emploi comme étant stable.

La sécurité de l’emploi quant à elle représente la facilité et la capacité d’une

personne à passer d’une situation à une autre, c’est-à-dire le passage d’un emploi A à

un emploi B aussi bien en interne, qu’en externe; du chômage à une activité. Ici

encore, le secteur d’activité est un critère déterminant de la sécurité ou non de l’emploi

d’un salarié.

Prenons un exemple, à niveau de formation égal et dans le contexte actuel, une

personne travaillant au sein d’un site industriel en France, aura moins de chance qu’un

salarié de la grande distribution de retrouver du travail dans le même secteur

d’activité. Le secteur industriel est en effet de plus en plus confronté à la fermeture de

sites.

De fait, même si le niveau scolaire est important pour faciliter la mobilité

professionnelle, c’est la nature de l’emploi qui primera.

La sécurité des revenus est davantage assurée par les variables d’emploi dans le

cadre d’une mobilité externe qu’interne. Dans le cadre d’une mobilité externe, seuls les

cadres et professions intellectuelles supérieures et les salariés du secteur public

parviennent à garantir le maintien ou l’augmentation de leur rémunération.»

Cependant la catégorie socioprofessionnelle, l’ancienneté ainsi que le poste de ces

derniers, leur permettront de prétendre à un salaire plus élevé.

54

***

La Belgique a mis en place des dispositifs de flexicurité basés sur une souplesse

contractuelle et un aménagement du temps de travail. La flexibilité se traduit

également par le temps de travail, les formes de travail atypiques, le chômage

temporaire. En termes de sécurité, les salariés belges sont davantage protégés que les

autres salariés européens : maintien du pouvoir d’achat, indemnisation généreuse du

chômage, droit à la formation crédit temps…permis par un système moderne de

sécurité sociale. En Belgique, la flexicurité ne repose pas seulement sur une

dérégulation du droit du travail, mais doit comporter des dispositions en faveur des

transitions professionnelles. La flexicurité belge, qui s’appuie sur la stratégie européenne

a pour objectif de favoriser « des emplois plus nombreux et de meilleure qualité » .

Toutefois, malgré de nombreux indicateurs de mesures, la prise en compte des

aspirations individuelles, de la liberté de choix des individus, des opportunités réelles,

bref, de ce qui augmente réellement les capacités individuelles devrait pouvoir être

appréhendée à travers des indicateurs de flexicurité plus poussés. Si la flexicurité belge

fait l’unanimité auprès des employeurs, « les organisations syndicales ne l’ont pas

intégré avec le même enthousiasme que la FEB (Fédération des entreprises de

Belgique) et n’ont pas hésité à communiquer dans la presse leur désaccord : « Pour la

FGTB, l’analyse sur la flexicurité contient encore beaucoup trop d’incertitudes et de

dangers potentiels. La FGTB pense notamment à la non-reconnaissance du contrat à

durée indéterminée comme étant la norme sur le marché du travail et au

développement de nouvelles formes de flexibilité sans garantie de sécurité d’emploi. »»

. Tout comme en France, le concept fait donc débat et suscite quelques réserves.

Deux régimes se distinguent par de bonnes performances en matière d’emploi

et de chômage : le libéral (Anglo-saxon) et le Nordique (Danemark, Finlande, Suède et

Pays-Bas). Ce dernier se classe premier selon le Comité de l’Emploi de juin 2007,

s’appuyant sur des indicateurs de suivi de flexicurité.

Dans les pays nordiques, la pratique a permis d’associer la flexicurité à un

système d’emploi performant (3.2 % de taux de chômage au Danemark, 6% en Suède

et 6.7% en Finlande selon Eurostat) et de protection sociale cohérente. Selon Christine

Charpail et Olivier Marchand , ce système repose particulièrement sur l’idée que c’est

l’employabilité de la personne qu’il faut préserver et non son emploi. Cela fonctionne

sur la confiance entre société, acteurs sociaux et le respect des engagements mutuels.

Ces pays ont mis en place des formes avancées de flexibilité interne et de

sécurité (aménagements flexibles du temps de travail, autonomie dans le travail et

organisations qualifiantes) associées à des efforts importants en matière de politiques

d’emploi, actives ou passives, et en matière de formation tout au long de la vie, ainsi

qu’à des taux de pauvreté peu élevés et de bonnes conditions de travail. Ils semblent

avoir découvert par la négociation, des formes de compromis acceptables à la fois

par les employeurs et les salariés.

Dans le groupe des pays nordiques, le Danemark se distingue par un système

qualifié pour certains auteurs de « Triangle d’or Danois » représenté par trois items :

- le marché du travail flexible,

- les politiques actives de l’emploi,

- et la protection sociale généreuse.

Ce système d’emploi combine un faible niveau de réglementation avec un

niveau élevé d’assistance et de prise en charge financière des individus privés

55

temporairement d’emploi. Aussi, le modèle Danois est difficilement transposable à d’autres pays comme la France par exemple. Il s’agit d’une tradition de dialogue social entre des dirigeants d’entreprises, petites ou moyennes et des syndicats puissants (80% des salariés Danois sont syndiqués) très impliqués dans la vie de l’entreprise et le contrôle du fonctionnement du marché du travail à tous les niveaux (national, branche, entreprise), facilitant la conclusion d’accords acceptables par les deux parties.

Par ailleurs, Alain Lefebvre et Dominique Méda affirment qu’il faut prendre en

compte que la population danoise bénéfice d’un haut niveau de qualification,

entretenu par des politiques très actives de formation professionnelle continue,

largement prise en charge par les employeurs favorisant l’adaptabilité de la main-

d’œuvre et donc de la mobilité interne ou externe à l’entreprise. Selon VALEYRE (2006),

les pays nordiques sont ceux où sont développées les organisations apprenantes, qui

permettent aux salariés de disposer d’une forte autonomie, d’autocontrôler la qualité

de leur travail et de rencontrer fréquemment des situations d’apprentissage. Le

développement des compétences a été encouragé par un système de rotation des

emplois qui permet aux travailleurs de se former pendant que des chômeurs les

remplacent temporairement. L’objectif n’est plus seulement de favoriser les embauches

mais d’introduire aussi de la flexicurité interne ou fonctionnelle. La liberté de rupture du

contrat de travail (LEFEBVRE, 2006) au Danemark est tout de même encadrée par un

certain nombre de règles limitant les possibilités des dirigeants d’entreprise d’agir de

façon arbitraire, mais aussi d’une obligation « morale » de s’accorder entre employeurs

et syndicats.

Pour ce qui est des exemples suédois et finlandais, en dépit d’une flexibilité du

contrat de travail moindre qu’au Danemark, les performances sur ces marchés sont

remarquables. Ces performances reposent notamment sur le rôle primordial de la

négociation collective, de la sécurisation des mobilités sur le marché du travail qui

explique le sentiment de sécurité très élevé des salariés de ces pays. De plus,

l’investissement dans le capital humain comme dans les dépenses de recherche,

développement et innovation conditionnent les bons résultats obtenus.

Le terme « flexicurité » a été énoncé à plusieurs reprises durant cette analyse en

évoquant son origine, les différents moyens mis en place en France ou en Europe. Sont

ressorties des idées très intéressantes comme celles des « capacités », (Sen, 2003), ou

celles encore du modèle Danois avec le « Triangle d’Or ».

De plus certains opposants, comme les syndicats condamnent ce terme de

flexicurité , qui est « un cadeau aux employeurs », car selon leurs dires, alors que la

période de crise appelle des mesures de protection des droits des salariés et une

réorientation de la stratégie des entreprises en faveur de l’emploi et des salaires, cet

accord va aggraver la situation déjà créée.

Les pays scandinaves, très avancés sur la question, ont réussi à faire de ce

concept un gage de flexibilité pour les entreprises et de sécurité pour les employeurs.

Avec des taux de chômage parmi les plus faibles d’Europe, La Finlande, la Suède ou

encore le Danemark sont des ovnis du genre. Les différences culturelles peuvent

expliquer ces différences entre les pays scandinaves et les pays du sud de l’Europe et

la France. Ces pays semblent avoir découvert par la négociation, des formes de

compromis acceptables à la fois par les employeurs et les salariés.

***

Dans certains pays de l’Union Européenne, la flexicurité prônée par la

Commission, a eu des effets bénéfiques sur l’emploi et sur l’employabilité des

56

travailleurs. En France, le constat est un peu plus mitigé. La flexicurité est un concept

assez peu répandu et sujet à de nombreux débats.

Toutefois, on assiste depuis quelques années à une réelle volonté des pouvoirs

publics de permettre aux entreprises d’adapter rapidement leurs effectifs à la

conjoncture et à l’environnement économique sans que pour autant les salariés soient

soumis à la précarité.

La loi du 25 juin 2008 portant sur la modernisation du marché du travail reprend

pour l’essentiel l’accord interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2008, qui est le résultat

des négociations entre les partenaires sociaux (patronat et salarié). Il manifeste la

volonté des différentes parties de trouver un terrain d’entente sur l’évolution des

relations individuelles et collectives de travail.

C’est là le début d’une certaine matérialisation du concept de « flexicurité » mis

en avant par l’Union européenne consistant à instaurer une forme de souplesse pour le

fonctionnement optimal des entreprises et une garantie de sécurisation des parcours

professionnels des salariés. Néanmoins, cette matérialisation n’est abordée que sous le

prisme du contrat de travail (projets de création du contrat de travail unique et contrat

nouvel embauche qui seront ensuite abandonnés), et de l’encadrement de la rupture

dudit contrat. La contrepartie sécuritaire préconisée par la Commission Européenne est

alors peu développée et sera donc complétée par la loi du 24 novembre 2009 relative

à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie. La flexicurité à la

Française caractérise par une recherche d’équilibre entre flexibilité (degré de faculté

de rupture du contrat de travail) et sécurisation des parcours professionnels (formation,

employabilité, mobilité…) est en train d’émerger.

Face à la crise économique et à la hausse du chômage qui l’accompagne, il

apparaît urgent de trouver des solutions pour les entreprises mais également pour les

salariés. Le concept de flexicurité prend alors une tout autre ampleur. De nouvelles

négociations sont entreprises avec les partenaires sociaux. Ces négociations

conduisent à la signature de l’« ANI du 11 janvier 2013 pour un nouveau modèle

économique et social au service de la compétitivité des entreprises – flexibilité - et de

la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salaries – sécurité ». Cet

ANI semble être la consécration d’une certaine équité entre l’objectif de compétitivité

des entreprises et l’activité professionnelle du salarié qui faisait défaut dans la loi du 25

juin 2008.

L’ANI du 11 janvier 2013 pose les bases de certaines dispositions donnant aux

entreprises la possibilité de s’adapter aux fluctuations conjoncturelles de l’économie

tout en préservant l’emploi. C’est l’objectif des accords de maintien dans l’emploi, du

recours à l’activité partielle ou au chômage partiel, de l’assouplissement des règles

relatives aux licenciements économiques ou du contrat de travail intermittent. Il s’agit

de trouver un équilibre entre salaire, temps de travail et emploi dans un contexte de

morosité économique. Il s’agit aussi d’éviter des licenciements économiques massifs et

préserver l’emploi dans les entreprises rencontrant de grosses difficultés tout en

donnant plus de sécurité aux parcours professionnels des salariés (droits rechargeables

à l’assurance-chômage, majoration de la cotisation d’assurance chômage des

contrats à durée déterminée, création d’un compte personnel de formation,

assouplissement des conditions d’accès des salariés de moins de 30 ans au CIF-CDD,

création d’un droit à une période de mobilité volontaire sécurisée, accompagnement

financier des demandeurs d’emploi bénéficiant d’un accès au contrat de sécurisation

professionnel expérimental…).

57

La flexicurité à la française est-elle en marche ? Elle est déjà entrée dans le

dialogue social. Sa définition française et sa mise en œuvre relèvent de la

responsabilité partagée des partenaires sociaux et des pouvoirs publics.

***

Bibliographie

Bernard Conter et Jean-François Orianne, « La flexicurité et la formation des

demandeurs d’emploi : les politiques wallonnes à l’aune de l’approche par les

capacités », Formation emploi, 113 | 2011, 49-62.

Pascal Caillaud et Bénédicte Zimmerman « Sécurisation des parcours et liberté

professionnelle : de la « flexicurité » aux capacités », Formation emploi 1/2011 (n° 113),

p. 33-48.

Mireille Bruyeres et Laurence Lize « Emploi et sécurité des trajectoires

professionnelles. La nature de l’emploi détermine la sécurité des parcours

professionnels. » Economie et statistique, n° 431-432 -2010, pages 95-113

Alain Lefebvre et Dominique Méda, « Performances nordiques et flexicurité :

quelles relations ? », Travail et emploi, 113, janvier-avril 2008, 129-139.

CONTER Bernard, « La flexicurité en chiffres et en débat », Courrier

hebdomadaire du CRISP, CRISP, n°2106-2107, 2011, pages 1 à 63.

58

59

ENQUETES TERRAIN

MENEES PAR LES

ALTERNANTS DU M2

RMDRH :

SYNTHESES DES

RESULTATS2

2 Vous retrouverez les guides d’entretien, questionnaires, analyses plus détaillées et fiches

consacrées à d’autres pratiques d’entreprise sur le blog RH de l’IGS :www.leblogrh-igs.com

60

LA SECURISATION DES PARCOURS PROFESSIONNELS VUE PAR LES

RESSOURCES HUMAINES :

QUELLE APPLICATION OPERATIONNELLE EN ENTREPRISE ?

Dans le cadre de la mise en place de l’ANI du 11/01/2013, nous avons souhaité

recueillir les points de vue et la position de professionnels de la fonction Ressources

Humaines (DRH, RRH). Nous nous sommes également intéressés à ce qui avait déjà été

mis en place dans le sens de la sécurisation des parcours professionnels, avant même

la signature de cet ANI. A cet effet, un questionnaire a été transmis à un panel

d’entreprises issues de secteurs différents tels que le Commerce, la Banque, l’Industrie…

Il s’agit principalement de grandes entreprises de plus de mille salariés dont la moitié

indique posséder une population cadre minoritaire et l’autre moitié une population

cadre majoritaire.

Les réponses apportées par les 13 DRH et RRH interrogés ont révélé des

divergences d’opinion assez marquantes, révélatrices, tantôt, d’interrogations sur

l’efficacité réelle des mesures prévues et d’une certaine forme d’expectative, tantôt,

d’avancées certaines en matière de sécurisation des parcours professionnels et de

l’emploi.

Pour corroborer nos résultats, nous les avons croisés avec ceux de l’enquête

réalisée conjointement par l’ANDRH et Inergie. Cette dernière a été administrée auprès

de 201 Responsables des Ressources Humaines, entre le 19 mars et le 7 avril 2013, et

présente la particularité d’être en résonance avec notre propre enquête.

Plus d’un tiers des entreprises que nous avons interrogées, soit près de 40%,

évoluent dans un contexte social tendu.

La notion de Flexi-sécurité est perçue comme un moyen de faciliter le

licenciement avec notamment une compensation financière plus importante pour les

salariés. Effectivement, certains DRH-RRH indiquent qu’il s’agit de trouver un équilibre

entre les intérêts de l’entreprise et ceux des salariés, notamment par rapport au cadre

légal. Selon l’enquête de l’ANDRH, 54% des DRH pensent que l’ANI flexibilise l’emploi.

Concernant la Sécurisation des Parcours Professionnels (SPP), les répondants ont

indiqué que pour eux cette notion recouvrait en priorité le développement des

compétences et le développement de l’employabilité. D’ailleurs, ils considèrent

l’objectif visé par cet ANI réalisable.

Selon le panel interrogé, la Sécurisation des Parcours Professionnels relève en

premier lieu de la responsabilité de l’individu. Néanmoins, il apparaît que les

responsabilités doivent être partagées entre tous les acteurs (entreprise, Etat,

collaborateur…). La SPP doit dans leur esprit profiter à l’ensemble des salariés ; le

baromètre Défi de l’ANDRH va en ce sens puisque 44% des DRH considèrent que la loi

sécurise les parcours professionnels des salariés. En revanche, les répondants à notre

enquête ont insisté sur la nécessité de diriger les actions de sécurisation des parcours

professionnels prioritairement vers les salariés occupant des emplois critiques, des

métiers sensibles, des postes menacés, et une attention particulière doit être apportée

aux populations peu qualifiées ainsi qu’aux seniors et demandeurs d’emploi.

La réforme apparaît comme équilibrée pour le tiers des personnes interrogées et

incomplète pour un autre tiers. Globalement, l’appréciation générale diffère selon les

points abordés dans l’ANI et certains s’interrogent quant à la réalité opérationnelle de

l’application de cet accord.

61

Trois mesures semblent répondre selon les acteurs RH aux besoins de l’entreprise :

la possibilité de négocier un accord de maintien dans l’emploi, la possibilité de

négocier un accord sur la mobilité interne et la refonte des procédures de

licenciement. L’enquête de l’ANDRH confirme cette tendance: 56% des DRH trouvent

les mesures d’accord de maintien dans l’emploi pertinentes et 52% celles portant sur la

mobilité interne.

Pour les acteurs RH, quatre mesures semblent répondre plus particulièrement aux

besoins des salariés : la possibilité de négocier un accord de maintien dans l’emploi, la

possibilité de bénéficier d’un compte personnel de formation, les droits rechargeables

au chômage ainsi que la généralisation de la complémentaire santé. Cependant,

plusieurs points restent à approfondir tels que : mobilité externe/interne, les règles de

financement des OPCA, les règles du Compte Personnel de Formation.

Quant aux conséquences de l’application de l’ANI dans l’entreprise au niveau

RH, les avis sont partagés. En effet, la moitié des personnes interrogées pensent que les

mesures adoptées vont complexifier la gestion des RH de l’entreprise et l’autre moitié

que ces mesures vont offrir plus de souplesse.

La majorité des entreprises ont déjà mis en place des actions dans le cadre de

l’ANI, notamment des actions de gestion des talents et des carrières, dispositifs

favorisant la mobilité professionnelle interne et/ou externe ainsi que le maintien dans

l’emploi des collaborateurs en situation de handicap ou d’inaptitude.

Concernant la négociation d’un accord de maintien dans l’emploi, les avis sont

très partagés, puisque la moitié des entreprises y sont favorables et l’autre pas.

En ce qui concerne l’application des mesures de l’ANI, les avis divergent :

certains évoquent que « l’entreprise ne peut être le seul acteur en la matière » pour

d’autres, ce sera l’occasion de recruter plus de personnes dans le département des

Ressources Humains car ce nouveau “carcan législatif” nécessitera une expertise

particulière dans l’entreprise. D’autres encore estiment ne pas avoir suffisamment de

recul ou que cette réforme ne changent pas fondamentalement les choses. Selon

Alain GUILLOU, DRH de DCNS “Cette loi est innovante mais juridiquement complexe car

elle dépendra de ce qu’en feront le juge et les partenaires syndicaux”3.

Majoritairement les entreprises ne sont pas enclines à mettre en place des

mesures de réduction du temps de travail ou de la rémunération. Cette option

n’interviendrait qu’en dernier recours. Dans un premier temps elles seraient plus

favorables à négocier un accord de maintien dans l’emploi, dans un second temps de

prendre des mesures de réduction de temps de travail et en tout dernier recours

réduire la rémunération de leurs collaborateurs.

En conclusion, tous s’accordent à dire que le résultat de cet ANI dépendra de ce que

le législateur appliquera dans le texte de loi et de ce que négocieront les partenaires

sociaux.

Il est encore trop tôt pour dire si les mesures prévues seront à hauteur des attentes des

entreprises , d’une part, en termes de flexibilité, et à hauteur de celles des salariés,

d’autre part, en termes de sécurisation des parcours professionnels et, peut-être, et

surtout de sécurisation de l’emploi .

3 Les échos, Marie-Sophie RAMSPACHER, 22 avril 2013

62

LE POINT DE VUE DES COLLABORATEURS

I-Méthodologie et présentation du panel

Enquête quantitative menée d’avril à septembre 2013 par les alternants du

Master 2 RMDRH auprès de salariés tous âge, de tous services et entreprises, cadres et

non cadres.

Cette vaste enquête, impulsée par les alternants auprès de collaborateurs

évoluant, en général, au sein de leur entreprise (mais pas nécessairement), a été

ensuite administrée en ligne via Google docs ou par un process sécurisée venant

s’agréger aux résultats obtenus, et dans de strictes conditions de confidentialité.

Le questionnaire avait pour but de permettre aux alternants de comprendre

comment, globalement, les salariés eux-mêmes percevaient la notion de flexicurité et

les enjeux de la réforme afférente, alors même qu’ils en constituent des acteurs clés.

L’enquête comportait une trentaine de questions , outre celles destinées à

mieux cerner le « profil » du répondant, regroupées en 4 grands thèmes :

1) La trajectoire professionnelle

2) Connaissance et compréhension de la « flexicurité » et de la réforme ANI / LSE

3) Appréhension de la sécurisation de l’emploi et de ses incidences (SE)

4) Appréhension de la sécurisation des parcours professionnels et de ses

incidences (SPP)

La questionnaire comportait essentiellement des questions fermées (pour obtenir des

données factuelles et plus objectivables), éventuellement avec des critères à

hiérarchiser pour nuancer les réponses, mais aussi certaines questions ouvertes ou semi-

ouvertes (pour recueillir des éléments plus perceptifs).

Pour approcher un certain niveau de fiabilité, un panel de 167 questionnaires

renseignés a été finalement retenu, après plusieurs retraitements successifs, sur les 224

réponses initialement recueillies.

Compte tenu de la densité et de la précision du questionnaire –volontairement

long afin d’obtenir une véritable richesse d’informations sur plusieurs thématiques – ce

nombre total de réponses collectées et retenues apparait significatif pour fonder une

analyse pertinente.

Nous vous livrons ici la synthèse des réponses les plus marquantes de cette

enquête, accompagnée de brèves analyses.

Précisions sur le panel :

- L’enquête ayant été réalisée par des alternants en RH travaillant majoritairement

au sein de sièges sociaux de grandes entreprises, cela explique une certaine

surreprésentation de cadres (47%) et de salariés évoluant sur des fonctions

support.

- Répartition par sexe : 53% de femmes et 47% d’hommes.

63

Un âge médian : des salariés pour

la plupart en cours de carrière

Les deux tiers des répondants ont

entre 26 et 49 ans, cette tranche d’âge étant

la plus représentative du marché du travail.

Une forte prédominance

des CDI à temps complet

La grande majorité

des répondants sont en CDI

à temps complet (80%), ce

qui reflète, là aussi, la réalité

du marché de l’emploi. Les

contrats précaires et

contrats en alternance sont

par ailleurs assez fidèlement

représentés dans notre

enquête.

Des secteurs d’activité diversifiés

Nous avons une répartition des secteurs d’activités en cohérence avec le panel

des personnes interrogées, globalement situées en Ile de France. De plus, cela reflète

bien la typologie et la diversité des entreprises au sein desquelles les alternants de la

promotion effectuent leurs contrats en alternance. A noter que la Poste (courrier)

regroupe à elle seule 10% des réponses, chiffre en cohérence avec l’existence d’un

groupe Formaposte d’alternants travaillant tous au sein de cette grande entreprise

(245 000 collaborateurs).

CDD

9%

CDI temps

complet

80%

CDI temps partiel

4%

Altern.

3%

Intérim

2% Contrat

ou statut public

2%

CDD

CDI temps complet

CDI temps partiel

Alternance

Moins de 26 ans 16%

Entre 26 et 49 66%

50 ans et plus 18% Moins de 26

ans

Entre 26 et49

50 ans etplus

SANTE 3%

PHARMACEUTIQUE 4%

ASSOCIATIF 5%

DISTRIBUTION 5%

ENERGIE 7%

TRANSPORT 8%

La Poste 10% INDUSTRIE et BTP

13%

BANQUE / ASSURANCE 14%

AUTRES ET SERVICES DIVERS

31%

64

II-Synthèse des résultats et commentaires

1°) La trajectoire professionnelle : réalité du déroulé et perception

Une expérience d’une durée encore relative mais de plus en plus fractionnée…

Les répondants ayant moins de 10 ans d’expérience professionnelle représentent

la moitié des répondants interrogés (49%). Cela peut notamment s’expliquer par

rapport à l’âge des répondants. De plus, la durée des études augmentant, les salariés

entrent donc dans la vie active de plus en plus tard.

Si l’on regarde maintenant la continuité de l’expérience, donc plus précisément

la question de l’ancienneté, seuls 26 % des répondants disposent d’une ancienneté

comprise entre 10 et 30 ans au sein de la même entreprise, et seulement 4 % ont plus

de 30 ans d’ancienneté, un cas de figure aujourd’hui assez exceptionnel. De façon

assez logique, le parcours professionnel apparait donc de moins en moins rectiligne,

puisque 62% répondants ont cumulé entre 2 et 5 expériences dans plusieurs

entreprises, et près de 30% totalisent au moins 6 expériences différentes.

Moins de 10 ans

49% Entre 10 et 30 ans

37%

plus de 30 ans

10%

NSP

4% Expérience professionnelle

Moins de 10 ans

Entre 10 et 30 ans

plus de 30 ans

NSP

9%

62%

18%

11%

Nombre d'expériences dans une ou plusieurs entreprises

1

2 à 5

6 à 10

plus de 10

54%

14%

100%

33%

49%

46%

86%

0%

67%

51%

43%

13%

1%

2%

41%

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120%

Un parcours cohérent au sein de plusieursentreprises dans le même univers

professionnel

Une alternance chaotique d’expériences professionnelles plus ou moins longues et dans le cadre de contrats de travail divers

Une alternance d’expériences professionnelles plus ou moins longues et dans le cadre de contrats de travail divers

Une alternance de périodes d’activité et d’inactivité (recherche d’emploi,

interruptions pour raisons familiales…)

Un parcours linéaire et progressif au sein d’une ou deux entreprises

La perception du parcours professionnel : une vision

globalement positive et cohérente

Total général

Non cadre

Cadre, ingénieur ou assimilé

65

(Nb : pour chaque item, une ventilation cadre / non cadre a été opérée)

Globalement, les salariés perçoivent ou vivent leur parcours de façon assez

positive puisqu’ils le considèrent comme progressif (41%), ou à tout le moins, cohérent

dans l’univers professionnel dans lequel ils évoluent, même s’il se déroule au sein de

plusieurs entreprises (43%). On peut y voir là l’expression d’une volonté marquée des

salariés de construire activement leur propre trajectoire professionnelle.

A noter que les répondants qui jugent leur parcours professionnel chaotique

(13% du total) ou émaillés de périodes d’inactivité (2% du total) sont très

majoritairement des non-cadres.

.

Sur le démarrage de la trajectoire professionnelle, une nette majorité des

répondants (61 %) estiment qu’elle devrait être appréhendée plus en amont du

démarrage de la carrière professionnelle à proprement parler.

Une opinion à mettre en regard des difficultés rencontrées par les jeunes de

moins de 26 ans à trouver un premier emploi, une des données structurelles du marché

du travail en France.

La question des étapes initiales de cette trajectoire, et de ses conséquences

institutionnelles et juridiques (portabilité des droits, retraite, droit à la formation…)

renvoie notamment au statut rénové à conférer au stage, à la valorisation de

l’alternance, et à la mise en place d’un véritable service public de l’orientation.

D’autres éléments à prendre en compte dans la trajectoire professionnelle

Si 59% des personnes interrogées déclarent avoir exercé une au plusieurs

activités professionnelles indépendantes ou des responsabilités (associatives ou

électives) ne relevant pas d’un emploi salarié, 34% d’entre eux considèrent même que

ces périodes – ou ces différentes expériences - devraient faire partie intégrante du

parcours professionnel, et être valorisées à ce titre.

66

Une vision très partagée des axes prioritaires pour maintenir sa trajectoire

Les réponses sont très partagées puisque pour 26% des répondants, le

développement des compétences est déterminant pour assurer son employabilité et

avoir ainsi une continuité dans sa trajectoire professionnelle. Vient ensuite la

préservation de son emploi, suivi de la protection sociale à égalité avec la valorisation

des périodes d’inactivité liées à une recherche d’emploi.

17%

17%

19% 21%

26%

Pour assurer la continuité d’une trajectoire professionnelle, le

plus déterminant est de :

Préserver sa protection sociale

Valoriser ses périodesd'inactivité liées à unerecherche d'emploiAssurer la transférabilité desdroits d'une entreprise àl'autrePréserver son emploi

Developper ses compétencespour augmenter sonemployabilité

67

2°) Perception globale de la « flexicurité », et de ses objectifs

La sécurisation de l’emploi : une vision encore assez floue…

On le voit ici, les réponses des collaborateurs sont très éclatées, ce qui révèle

une compréhension inégale de cette notion. Il n’est d’ailleurs pas anodin de noter que

la réponse « ne sait pas » fait partie des trois critères les plus cités sur l’ensemble des dix critères proposés.

Du point du vue des objectifs à poursuivre en la matière, ceux jugés les plus importants pour sécuriser les emplois sont les suivants :

Développer les compétences des collaborateurs dans une logique

d’adaptation ou d’anticipation des besoins ou contraintes futures de

l’entreprise : 60%

Mieux accompagner la carrière des collaborateurs : 47%

Développer l’employabilité des collaborateurs au sens large : 42%

Quid de la sécurisation des parcours ?

Selon les collaborateurs, de nombreuses définitions ressortent de cette question.

Nous avons retenu deux d’entre elles:

« Mettre en œuvre des pratiques qui permettront aux salariés d'avoir un vision à

long terme de leur emploi et de leur parcours professionnel futur »

18% 17%

16%

12%

8% 7% 6% 5%

4%

8%

0%

2%

4%

6%

8%

10%

12%

14%

16%

18%

20%

Que signifie pour vous la "Sécurisation de l'emploi" ?

68

« Donner une visibilité sur les choix laissés aux salariés quant à leur évolution

verticale ou horizontale, dans et hors de l'entreprise. Développer des compétences

"vendables" sur le marché du travail. Reconnaître l'acquisition des compétences par

l'octroi de diplômes ».

Ils ont également une vision assez partagée des objectifs essentiels à poursuivre

dans le cadre d’une démarche de sécurisation des parcours professionnels, même si 4

axes prioritaires se dégagent nettement :

- Le maintien de l’emploi (ce qui renvoie plutôt à la question de la sécurisation de

l’emploi)

- L’orientation professionnelle

- Le développement de l’alternance

- La sécurisation des salariés en situation précaire.

On note par là même une forte sensibilité à la situation difficile de certaines catégories

de salariés plus fragilisés.

Nb : plusieurs réponses possibles à classer par ordre d ‘importance

La sécurisation des parcours, un objectif réalisable

De façon à priori assez surprenante, les collaborateurs interrogés estiment

majoritairement (à 64%) que la sécurisation des parcours est un objectif réalisable, un

résultat sans doute à corréler avec les espoirs qu’ils fondent dans la capacité des

entreprises à contribuer concrètement à cette aspiration, via notamment la formation,

et en leur propre conscience des enjeux de cette question.

29

19

67

76

63

60

44

52

33

21

40

29

Mobilité externe

Mobilité géographique

Orientation professionnelle

Maintien de l'emploi

Développement de l'alternance

Sécurisation des salariés en situation précaire

Employabilité des salariés fragilisés

Formation professionnelle

Amélioration des droits des salariés précaires

Droits rechargeables à l'assurance maladie

Généralisation et portabilité de la complémentaire santé

Développement mécanisme de "partage" du travail

Les axes prioritaires de la sécurisation des parcours professionnels

69

Des responsabilités partagées…mais des collaborateurs conscient des enjeux et

investis dans la sécurisation de leur parcours

Pour la majorité des répondants (57%) la sécurité des emplois est de la

responsabilité de l’ensemble des acteurs, certains estiment d’ailleurs que « tous les

acteurs sont liés les uns aux autres et ils ont tous leur part de responsabilité dans la

sécurité de l'emploi », d’autres mettent en avant « les parties prenantes qui suivent le

projet et accompagnement la société ». Enfin « chacun doit prendre ses

responsabilités, l'emploi est à la base d'un équilibre où chacun doit trouver son

compte ».

On constate que pour la sécurisation des parcours professionnels, 46% (soit 11%

de moins que la sécurité des emplois) des sondés considèrent qu’elle incombe à

l’ensemble des acteurs.

22%

13%

57% 55%

46%

0

10

20

30

40

50

60

Etat Collectivité Entreprise Salariés L’ensemble des acteurs

A qui incombe la sécurisation des

parcours professionnels ?

57%

6%

19% 12%

2% 5%

De l’ensemble des acteurs

De l’Etat et/ou

organismes de sécurité sociale, par

des mécanismes de solidarité

De votre seulemployeur

De vous-même, en

partie

Descollectivitésterritoriales

Despartenairessociaux, en

négociant desaccords

collectifscontraignants

D’après vous, la sécurité de votre emploi relève-t-

elle principalement :

70

12% mettent en avant leur responsabilité en partie sur le sujet de la sécurité de

leur emploi ; ils estiment « qu’il faut rendre chaque personne responsable de sa vie

professionnelle. .. ». Il faut lui donner aussi les moyens de développer ses compétences

et son potentiel. D’autres estiment que « La personne qui développe son employabilité

et ses compétences trouvera toujours un emploi dans sa société actuelle ou dans une

autre société ».

Du côté des acteurs faiblement cités, nous retrouvons les partenaires sociaux, les

collectivités territoriales et l’Etat.

Les deux acteurs principaux dans la sécurité des parcours professionnels sont

l’entreprise (57%) et le salarié lui-même (55%). L’entreprise doit déployer une politique

optimisée pour garantir le développement des compétences des collaborateurs. De

plus, il est nécessaire que le collaborateur soit également acteur de sa carrière

professionnelle.

Afin d’illustrer ce constat on peut citer d’une part les propos d’un salarié qui

estime qu’ « on est responsable de son parcours et de ses choix. Sans motivation de

l’employé les efforts des autres n’aboutiront pas » et d’autre part un autre salarié qui

considère que « le rôle de l’entreprise est essentiel. La responsabilité sociale de celle-ci

ne doit pas être qu’une valeur affichée mais un réel objectif concret». Cette tendance

s’affirme pour toutes les catégories de population interrogées (cadres et non cadres) et les différentes tranches d’âge.

3°) Connaissance et degré d’adhésion à la réforme

36%

64%

La "flexicurité" et la réforme de

janvier : un sujet relatiivement

connu

Non, je n'en aipas entenduparler

Oui, j'en aientendu parler

1% 2% 8%

10%

79%

Un sujet relayé par les médias

Communication de l’entreprise (via notamment son portail intranet)

Veille sociale

Collègues de travail

Représentants du personnel et/ou syndicaux dans votre entreprise

Medias

71

27%

22%

52%

Une solidarité afichée entre les

salariés

Ne saispasNon

Oui

On remarque que la notion de « Flexicurité » et la réforme rattachée à cette

notion est à 64% connue du panel. L’information est majoritairement arrivée par la voix

des médias à 79%. A noter que les entreprises ont très peu communiqué sur le sujet.

Enfin, les collègues de travail (8%) et de ce fait, les discussions informelles, permettent

également de véhiculer de l’information.

Le panel est très divisé sur le bien fondé et la qualité de la réforme. En effet, près

de 40% des répondants pensent que la réforme est incomplète et 40% estiment qu’elle

apportera surtout plus de souplesse aux entreprises. Pour seulement 17% des répondants, la réforme est globalement équilibrée.

Des salariés majoritairement prêts à faire des concessions relatives au contrat

de travail, mais sur quel plan ?

La majorité des répondants (52%) sont prêts à faire des concessions sur leur

contrat de travail en cas de graves difficultés économiques pour l’entreprise (ce qui

renvoie aux nouveaux « accords de maintien de l’emploi ») et mettent en avant un

esprit de solidarité. Par exemple ils estiment que « si aucune concession n'est

acceptée, l'ensemble de l’entreprise pourrait être affectée ».

A l'inverse, ceux qui s'y opposent, mettent en avant des conditions de vie déjà précaires et le souci du maintien du niveau de vie.

8%

17%

39%

39%

Un avis très partagé sur cette réforme

Apportant surtout plus desécurité aux salariés

Equilibrée

Apportant surtout plus desouplesse aux entreprises

Incomplète

72

D’autres apportent une condition liée à une vision stratégique de l’avenir : « si

c'est équitable et limité dans le temps avec un plan de route clairement défini pour

sortir de cette situation ».

22% des répondants ne sont pas prêts à faire des efforts pour sauver leur

entreprise car ils ne s’estiment pas responsables de la situation de l’entreprise alors que

d’autres sont en demande de conditions sur les concessions fournies.

La part des indécis sur le sujet est relativement importante (27%) ce qui

démontre un besoin de clarification du sujet.

Dans les 52% favorables aux concessions, 51% ne savent pas sur quel axe faire

des concessions. Il apparait cependant que 22% sont prêts à réduire et aménager leur

temps de travail. La mobilité géographique, professionnelle et la rémunération sont en

retrait.

Les salariés opposés à toute concession : une réticence de principe ?

La plupart des répondants qui s’étaient déclarés hostiles à toute concession n'ont pas

d'avis tranché, sachant qu'il est difficile de se prononcer sur un sujet aussi sensible et

impactant (incidences sur la rupture possible du contrat en cas de refus) sans y être

encore directement confronté.

8%

10%

22%

9%

51%

Sur le plan d’une mobilité géographique

Sur le plan d’une mobilité professionnelle

Sur le plan d’une réduction ou d’un aménagement du temps de travail

Sur le plan de la rémunération

Ne sais pas

Encore peu d'avis tranchés sur le type de

concessions à réaliser

73

La période de mobilité externe volontaire : un nouveau dispositif présenté et

perçu comme attractif pour les salariés

Seuls 24% des sondés ne considèrent pas la « période de mobilité volontaire sécurisée »

comme un dispositif pertinent.

Près de 70% des personnes interrogées estiment que la démarche de « mobilité volontaire » pourrait représenter une opportunité dans leur parcours professionnel.

72%

24%

4%

La mobilité volontaire, un dispositif

pertinent pour les salariés

Oui Non Sans avis

69%

24%

7%

La mobilité "volontaire", une opportunité pour les salariés

Opportunité Risque Sans avis

74

4°) Quelle contribution des entreprises ?

Les entreprises sont clairement perçues comme l’un des acteurs principaux de la

sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels.

L’attente des collaborateurs est forte, et une nette majorité d’entre eux estiment

d’ailleurs que leur entreprise mène une action en la matière, mais avant tout s’agissant

de la sécurisation de leur emploi.

D’après les personnes interrogées, 3 types d’actions sont ainsi déployées par les

entreprises pour sécuriser leur emploi :

Formation : 59%

Mobilité interne : 19%

La combinaison Formation/Mobilité : 12%

Les attentes des collaborateurs interrogés correspondent dans la grande majorité aux

actions déjà mises en place par les entreprises.

Quant à la sécurisation des parcours, les collaborateurs interrogés estiment que

leur entreprise y contribue en proposant un dispositif de formation fourni, une réelle

politique de mobilité à travers des entretiens de carrière, des passerelles métiers, la

mobilité géographique, des possibilités de reconversion et des évolutions

professionnelles dans le même métier.

Des dispositifs à déployer prioritairement par les entreprises

Les collaborateurs ont déterminé 6 dispositifs (classés par ordre

d’importance) permettant de sécuriser les parcours professionnels :

15%

25% 60%

Estimez-vous que votre entreprise contribue

concrètement à la sécurisation de votre emploi ?

Ne sait pas

Non

Oui

75

Des carences notables en matière de sécurisation de l’emploi

En revanche, les collaborateurs qui estiment que leur entreprise ne contribue pas

à la sécurisation de leur emploi, ont relevé 4 dispositifs manquants au sein de leur

organisation (classés par ordre d’importance).

Les insuffisances repérées en matière de sécurisation des parcours

Les collaborateurs estiment que l’accompagnement des parcours professionnels

n’est pas structuré ni valorisé au sein des organisations et plus particulièrement dans les

petites structures. En effet, d’après eux, la sécurité des parcours professionnels fait

l’objet d’une gestion au cas par cas et non d’une réelle politique de gestion des

compétences. Afin de justifier cette situation, les interrogés énoncent entre autre le

coût (ex : staffing et dépenses des outils). De plus, on assiste à de nombreuses

réorganisations qui empêchent de déployer une réelle politique en faveur de la

sécurisation des parcours professionnels. L’une des personnes interrogée estime qu’il n’y

a « pas de suivi concret, ni de perspectives concrètes formulées par mon entreprise. Je

suis le seul acteur de mon évolution ».

Dans certaines entreprises les moyens permettant une sécurisation des parcours

professionnels existent mais ne sont pas valorisés, par manque de prise de conscience

accompagnée d’un manque de communication.

Alternance

Expérience

Pérénnité de l'emploi

dans l'entreprise

Mobilité

GPEC

Formation

Dispositif inadapté à la

taille de la structure

Manque de Communication

Stratégie de l'entreprise non définie

Pas de GPEC

76

ENQUETE QUALITATIVE

MENEE AUPRES DES ORGANISATIONS SYNDICALES

(AU NIVEAU DES ENTREPRISES)

I-Méthodologie et présentation du panel

Enquête qualitative de type semi-directive, menée de juin à septembre 2013,

par les alternants du Master RMRDH, auprès de délégués, représentants syndicaux ou

secrétaires de section (et/ou élus du personnel membres d’OS) d’organisations

syndicales représentatives au sein de plusieurs grandes entreprises, et par ailleurs

affiliées à une confédération syndicale reconnue représentative au plan national et

interprofessionnel.

L’enquête, assez longue, comportait une quarantaine de questions destinées à

recueillir la perception de représentants syndicaux sur les enjeux et modalités de la

« flexicurité » et mieux comprendre leur positionnement, au niveau des entreprises,

quant à la réforme récemment adoptée en la matière.

Appelés à jouer un rôle majeur dans la mise en place de certains dispositifs

prévus par la LSE (Loi de Sécurisation de l’Emploi du 14 juin 2013), dans le prolongement

de l’ANI du 11 janvier 2013, il nous a semblé en effet décisif d’analyser le point de vue

de ces délégués syndicaux, au regard notamment des postures adoptées, au plan

national, par leurs confédérations (cf. III/ pour rappel).

S’il n’a pas été possible d’interroger un nombre important de délégués, compte

tenu de la sensibilité, de l’acuité du sujet, ainsi que de la densité du guide d’entretien,

le panel retenu, même restreint, reflète cependant bien le paysage syndical national

(à l’exception toutefois de la CFE-CGC ici non représentée) et la qualité des réponses

apportées constitue une base pertinente d’analyse.

Nous avons ainsi obtenu 11 retours d’entretien dont certains constituaient la

synthèse commune de plusieurs délégués syndicaux (13 répondants au total). Ces

derniers disposent de mandats au sein de grands groupes tels que Capgemini, l’Oréal,

CNP Assurances, la SNCF, Goodyear, Allianz, Alten, Vinci – là où les enjeux en terme

d’emploi sont les plus significatifs – et dans des secteurs d’activité assez diversifiés.

13 élus, représentants et/ou délégués syndicaux4 affiliés aux organisations

syndicales CGT, CFDT, CFTC, FO ont donc répondu à notre enquête, le plus souvent au

terme d’un véritable entretien conduit par nos alternants. 11 d’entre eux sont par

4 Au sein de ce panel on retrouve essentiellement des délégués syndicaux, mais aussi des

secrétaires de CE, des représentants syndicaux au CHSCT ou au CE, des secrétaires syndicaux (avec dans

certains cas -assez classiques - des situations de cumul de mandats), dotés pour la grande majorité d’entre

eux d’une solide expérience en tant que mandaté (jusqu’à 14 ans).

77

ailleurs responsables de section syndicale, ce qui témoigne de leur leadership, et ont

déjà négocié toute l’année avec la direction5.

La ventilation par OS est la suivante :

- 7 élus, représentants et délégués syndicaux affiliés à la CGT au sein des

entreprises Véolia6, SNCF7, CNP Assurances, Capgemini, Facéo Sécurité

- 3 élus/délégués syndicaux affiliés à la CFDT au sein des entreprises

Allianz8, Alten, L’Oréal

- 1 représentant affilié à la CFTC au sein de l’entreprise Good Year

- 2 délégués syndicaux affiliés à FO au sein des entreprises Vinci, SNCF

II-Synthèse des résultats et commentaires

1°) Perception globale de la “flexicurité”

Une vision brouillée

Aux yeux de la CFDT, la flexicurité suit la logique d’apporter de la flexibilité au

marché du travail en même temps que de la sécurité aux salariés. Elle correspond au

fait de pouvoir assurer au salarié un emploi, même si celui-ci est totalement différent du

précédent puisque de nos jours, plus personne n’a le même emploi toute sa vie. C’est

pour la CFDT une bonne méthode à condition que tous les acteurs s’en servent «

honnêtement ».

L’opinion de la CGT est moins positive puisqu’il s’agit, selon ses délégués, d’une

logique économique appliquée au domaine social par laquelle le salarié devient une

variable d’ajustement pour améliorer le résultat du bilan comptable et satisfaire ainsi les

actionnaires.

D’après nos entretiens, la CFTC considère la flexicurité comme un moyen

d’assurer un avenir plus serein aux salariés qui auront dû pour cela fournir plus d’efforts.

Globalement, la flexicurité demeure une notion vague pour l’ensemble des

syndicats interrogés du fait de la pluralité des réponses. Une tendance se dégage

cependant : la flexicurité est une réponse à la recherche de souplesse économique

demandée par les entreprises. Les délégués syndicaux estiment dans l’ensemble qu’il

s’agit d’un objectif réalisable mais qui nécessitera du temps. A défaut de véritables

négociations, la CGT considère toutefois l’objectif comme illusoire...

5 Notamment sur la NAO (augmentations générales, primes et rémunération ; modulation du

temps de travail, horaires variables, astreinte…), GPEC, emploi des seniors, contrat de génération, l’emploi

(suppressions de postes), le bien-être et qualité de vie au travail, mutuelle, égalité hommes/femmes, travail

de nuit,, handicap, stress, chômage partiel, sécurité, prévention de la pénibilité au travail, etc..

6 Représentatif et majoritaire 7 Représentatif et majoritaire 8 Représentatif et majoritaire

78

L’appréhension de la « sécurisation des parcours professionnels » (SPP)

De manière générale, en reprenant les verbatim de toutes les organisations

syndicales, la sécurisation des parcours professionnels signifie :

- Avoir un emploi stable

- Faire reculer la précarité, anticiper les mutations

- Protéger les salariés contre les licenciements, les délocalisations, les baisses

de salaire, les aléas conjoncturels

- Faire reconnaître et valider/certifier les parcours professionnels

- Permettre au salarié de changer d'employeur plus facilement tout en

gardant ses droits

Des priorités bien identifiées, avec un objectif n° 1 de maintien dans l’emploi

Les répondants ont globalement considéré qu’il fallait fixer les priorités suivantes :

- le maintien dans l’emploi devrait être la priorité des priorités en matière de

SPP

- le développement de l’alternance au profit des jeunes apparait en seconde

position, ce qui témoigne d’une vraie sensibilité au problème de

l’employabilité de cette population

- la généralisation et portabilité de la complémentaire santé en 3ème position

- l’amélioration des droits des salariés sous ou en fin de contrat précaire en

quatrième position

La mise en place d’une « sécurité sociale professionnelle », une idée ambitieuse

mais peu réaliste

Un délégué CGT précise que c’est une revendication historique de la CGT à

laquelle il souscrit et qui permettrait au salarié de garder la continuité et la progressivité

des droits au salaire, à la formation et à la protection sociale. Deux autres délégués

CGT estiment néanmoins que cela entraînerait une sécurité sociale à plusieurs vitesses

et une privatisation de la sécurité sociale au profit des organismes d’assurances.

Le délégué CFTC n’est pas contre dans l’absolu mais souhaite une négociation

accrue.

Le délégué CFDT s’y oppose, estimant qu’il y a déjà beaucoup de cotisations,

beaucoup d’organismes, et qu’il faudrait mieux allouer les ressources des organismes

déjà existants.

79

La sécurisation des parcours au profit de qui ? Une question délicate au regard du

principe d’équité et de la lutte contre la précarisation.

Globalement, les répondants, quelle que soit leur OS, estiment que la SPP doit

respecter une équité et profiter à tous les salariés.

Un délégué CGT attache une importance particulière aux jeunes qui sont le plus

souvent en situation de travail précaire malgré des diplômes assez élevés, et

souhaiterait donc que la SPP leur profite davantage. Un second délégué CGT ajoute

que pour une réelle sécurisation, il ne faudrait pas cibler les salariés mais plutôt prendre

en compte les spécificités relatives aux secteurs d’activité et aux métiers. Un autre

délégué CGT va même jusqu’à demander quel est l’intérêt du dispositif, s’il s’agit de

« sécuriser » uniquement les contrats les plus stables.

Le délégué FO refuse d’office de négocier sur ce sujet mais si cela devait être

imposé, il défendrait des droits pour des salariés ciblés afin de tirer au maximum vers le

haut les droits de la « base » (= les autres salariés).

Quel regard rétrospectif et prospectif sur une mesure déjà mise en place : la portabilité

du DIF ?

Concernant la mise en œuvre de la portabilité du DIF, les délégués estiment

globalement que c’est une bonne idée, mais que dans les faits, le DIF reste très difficile

à prendre en entreprise. Celui de l’entreprise de l’industrie automobile souhaiterait que

l’Etat y ajoute un budget supplémentaire. Les délégués syndicaux CFDT et CGT

d’Entreprises de SSII déplorent que le DIF nécessite l’accord du nouvel employeur et

pensent que les salariés devraient pouvoir en disposer pleinement et en avoir le

contrôle total. Cela n’est pas étonnant dans ce secteur d’activités où les formations

sont difficiles à obtenir et pourtant nécessaires étant donné le degré d’expertise

qu’exigent les nouvelles technologies.

Une responsabilité éminente de l’Etat et des entreprises

De manière générale, l’ensemble des syndicats estime que la sécurisation des

parcours incombe d’abord à l’Etat et aux entreprises.

Quant à la sécurisation de l’emploi, les délégués de la CGT préconisent

unanimement une responsabilité du législateur en matière de mise en place de

dispositifs afférents. Les autres syndicats sont plus favorables à une négociation entre les

parties prenantes à tous les niveaux (branche, interpro et entreprise).

Un délégué CFDT ajoute que les entreprises et les salariés devront

nécessairement fournir un effort conjoint.

80

2°) Quel regard sur la trajectoire professionnelle des individus ?

Comment doit-on appréhender la trajectoire professionnelle : au démarrage d’une

carrière professionnelle ou plus en amont (fin du parcours d’études secondaires) ?

Concernant l’appréhension de la trajectoire professionnelle, pour les élus CFDT,

la trajectoire professionnelle doit être appréhendée en amont de la carrière

professionnelle, lors de la formation initiale. Idem pour l’élu CFTC qui souhaiterait même

un développement des partenariats école.

Les élus CGT émettent un bémol : “il ne faut pas d’intervention de l’entreprise à

l’école autre que dans une fonction de conseil ou d’information sur la réalité des

secteurs d’activité et que les études, primaires et secondaires, ne sont pas faites pour

être subordonnées aux exigences d’intérêts particuliers et privés que sont ceux des

entreprises. Leur but est au contraire de permettre aux étudiants d’appréhender le

maximum de connaissances afin de pouvoir choisir le plus grand nombres possibles

d’opportunités et de voies. La trajectoire professionnelle n’a donc pas à influer par

anticipation sur l’enseignement reçu par les étudiants”.

L’élu FO estime que les années d’étude doivent être prises en compte

notamment dans le calcul effectué pour les retraites.

Une pluriactivité « salariat/ bénévolat (ou mandat électif ou associatif)

/entrepreunariat » à intégrer pleinement dans le parcours professionnel

Une telle pluriactivité est largement plébiscitée par les OS, qui, dans l’ensemble,

considèrent qu’elle devrait être prise en compte dans un parcours professionnel

sécurisé.

Une idée aujourd’hui rejetée : le « contrat de travail unique » exploitable sur tout ou

partie d’une trajectoire professionnelle

Toutes les OS sont défavorables à la création d’un « contrat de travail unique »

car des points juridiques resteraient en suspens, comme par exemple lors des situations

de licenciement et l’uniformisation gommerait les problèmes et les recours. De plus,

cela annihilerait les effets des conventions collectives. Toutes les sociétés sont

différentes, donc les contrats doivent l’être aussi.

A noter que le courant normatif va exactement en sens contraire par la

multiplicité croissante des dispositifs contractuels aujourd’hui utilisables sur le marché du

travail.

81

3°) Une appréciation controversée de l’ANI/ LSE faisant apparaitre

de profonds clivages Une réforme équilibrée ? Un progrès ou une régression pour les collaborateurs ? Des

positions syndicales très partagées…

La réforme de 2013 est, d’après les délégués de la CFDT et de la CFTC,

équilibrée en termes de flexibilité accordée à l’entreprise et de sécurité assurée aux

salariés. La CFDT la considère même comme un réel progrès, tandis que la CFTC est

d’avantage mitigée et attentiste sur le sujet, en particulier quant aux retombées

attendues sur l’emploi.

A l’inverse, les délégués de la CGT affirment unanimement qu’elle apportera

uniquement plus de souplesse aux entreprises. Un délégué CGT estime d’ailleurs que la

loi constitue un net recul en termes d’acquis salariaux et critique notamment la

réduction des délais de recours pour les salariés en matière de licenciements, de

paiement des salaires même position pour un autre délégué CGT qui ajoute que cette

ANI/LSE est néfaste pour les droits des salariés parce qu’il entraîne une perte de lisibilité

du droit, au seul profit des employeurs avec une instrumentalisation de la conciliation

prud’homale. La CGT entend la loi de sécurisation de l’emploi comme permettant

avant tout de flexibiliser l’emploi et non pas comme un dispositif de sécurisation des

parcours.

De manière générale, les témoignages recueillis reflètent donc bien les

positionnements des OS au niveau national.

Des nouveaux dispositifs qui restent encore à améliorer

Globalement les délégués de la CFDT estiment que la LSE n’est qu’un point de

départ pour la SPP et attendent sa mise en pratique pour apprécier son caractère

suffisant.

Les délégués de la CGT sont plus sévères et fidèles à la vision nationale de leur

couleur syndicale, concluant que l’ANI est insuffisant, notamment car elle ne va pas

vraiment dans le sens de la SPP. Etonnamment, compte tenu du fait que la CFTC était

signataire de l’ANI, le délégué CFTC de l’entreprise automobile estime que l’ANI/LSE est

insuffisant et qu’il doit être encore complété. Un avis mitigé sans doute lié à sa

présence dans un secteur sinistré…

Si l’on examine de plus près certains dispositifs spécifiques, les avis sont

également très partagés. Par exemple, en ce qui concerne la « Période de Mobilité

Volontaire Sécurisée », le délégué de la SNGC-CGT trouve que c’est un système

inefficace voire risqué pour les salariés, alors que la CFDT considère que c’est une

bonne mesure, à condition qu’elle soit réellement le choix du salarié.

D’une manière générale, les OS se rejoignent sur le fait que les garanties

données aux salariés puissent paraître encore insuffisantes (voire fictives, pour certains

délégués).

82

Des collaborateurs encore trop peu informés et concernés

S’agissant du niveau d’information des collaborateurs sur l’existence et la mise

en œuvre des nouveaux dispositifs, les délégués, quelle que soit l’OS et quelle que soit

l’entreprise, ont été unanimes pour estimer que les collaborateurs n’étaient pas

suffisamment informés sur l’existence et la mise en œuvre des dispositifs. Un élu CFDT

allant jusqu’à dire que malgré la volonté des élus d’informer les collaborateurs, ces

derniers ne se sentaient pas concernés.

Un élu CGT a estimé pour sa part que c’était à l'employeur de communiquer sur

la question.

4°) L’implication des OS dans la négociation d’accords SPE/SPP : une

position vigilante et encore attentiste

Des OS disposés à négocier et conclure des accords afférents à certaines conditions

Majoritairement les OS sont relativement ouvertes à la négociation collective

sous réserve que le contenu des accords ne soient pas uniquement favorable à

l’employeur. Les OS sont sensibles au maintien de l’emploi et des salaires et

souhaiteraient établir un rapport « gagnant-gagnant » avec les directions d’entreprises.

La GPEC et le compte personnel de formation sont des thèmes d’accords que les OS

souhaiteraient aborder au travers de négociations futures. Cela démontre une réelle

volonté des OS de développer l’employabilité et de sécuriser les parcours

professionnels des salariés par ces leviers.

Enfin, les syndicats semblent d’accord sur le fait qu’il faut à la fois se concentrer

sur :

- L’accompagnement de la carrière des collaborateurs

- Développer leurs compétences

- Maintenir l’emploi des collaborateurs sur le site.

Une vigilance accrue sur la préservation des droits des salariés

Les OS considèrent « la nature et l’étendue des garanties aux collaborateurs »

comme un élément fondamental de la négociation de ces accords. Elles souhaitent

avoir un rôle important dans la négociation de ces derniers et être les garants des droits

des salariés. Pour l’ensemble des OS, la nouvelle « Période de mobilité volontaire

sécurisée » (mobilité externe) devrait être d’ailleurs encadrée par un accord collectif

de manière à donner le plus de garanties aux salariés susceptibles de souscrire à un tel

dispositif.

83

Des positions très contrastées concernant les « accords de maintien de l’emploi » liés

aux difficultés économiques conjoncturelles de l’entreprise

Les délégués de la CGT sont très opposés à la négociation d’accords en cas de

difficultés économiques. Ils évoquent leur manque de confiance dans la transparence

des informations transmises par l’employeur concernant les difficultés économiques des

entreprises. Les délégués de la CGT estiment que « les salariés n’ont pas à payer les

pots cassés » de la Direction et est unanimement contre une dévalorisation des salaires

et une baisse du temps de travail pour sauvegarder la compétitivité de l’entreprise.

A l’inverse, un délégué de la CFDT serait enclin à négocier de telles dispositions

dans l’optique d’un accord « gagnant-gagnant » entre salariés et direction. Les

délégués des autres OS n’ont pas de position tranchée sur cette question sensible.

A noter que si certains accords de maintien de l’emploi ont d’ores et déjà été

signés (principalement dans l’industrie automobile), la plupart des partenaires sociaux

manquent encore de recul et d’expérience pour en mesurer la portée.

III- Rappel du positionnement des

confédérations syndicales nationales sur

l’ANI et la LSE

Les organisations syndicales signataires de l’ANI du 11 janvier 2013 : la CFDT, la

CFTC, la CFE-CGE ; et pour les organisations patronales : le MEDEF, la CGPME, et

l’UPA.

Les organisations syndicales non signataires : la CGT et FO

84

Organisations favorables

Positionnement de la CFDT

La CFDT est satisfaite que les parlementaires aient voté cette loi. Elle souhaite que les

mesures pour les salariés et l’emploi se mettent en œuvre rapidement. En effet, la loi

adoptée permet une nouvelle étape dans la sécurisation des parcours professionnels,

avec de nouveaux droits pour les salariés, notamment les plus fragiles : une

complémentaire santé pour tous, des droits rechargeables à l’assurance chômage,

une durée minimum de travail pour les temps partiels imposés, un compte personnel de

formation, etc.

L’accord transcrit dans la loi dessine une articulation nouvelle entre l’économique et le

social, fondée sur l’anticipation des évolutions, une information renforcée et un rôle

accru des représentants des salariés.

Positionnement de la CFE-CGC

Un point d‘équilibre a été trouvé entre la démocratie sociale et la démocratie

politique. De nombreuses avancées ont ainsi été consacrées par la loi. Sans être

exhaustif, certains sujets sur lesquels la CFE-CGC a été à l’origine peuvent être cités :

- De nouveaux droits individuels, garants d’une meilleure sécurisation des

parcours professionnels des salariés

la complémentaire santé pour tous, bien que certaines dispositions aient été

rejetées par le conseil constitutionnel

le droit à la mobilité volontaire sécurisée

le compte personnel de formation

- De nouveaux droits collectifs en faveur de la sécurisation des parcours, un

premier pas vers un dialogue social plus mature

la mise en place de la base de données telle que prévue dans l’ANI du 11

janvier, véritable révolution en matière de dialogue social

la reprise par la loi de la mise en place des administrateurs salariés

● Positionnement de la CFTC :

pas de positionnement officiel communiqué, les arguments sont assez convergents

avec ceux développés par la CFDT et la CFE-CGC

85

Organisations hostiles

● Positionnement de la CGT :

Selon la CGT cette loi considère le Travail comme un coût à réduire. Elle va développer

la précarité et pousser à des baisses de salaire. Elle va contribuer à dégrader

davantage la situation des salariés et de l’emploi. Les statistiques économiques, avec

notamment l’annonce de l’entrée de la France dans la récession, confirment les

analyses de la CGT et la pertinence des exigences sociales exprimées par les salariés

en lutte.

Synthèse des récriminations exprimées :

- En réalité pas de nouveaux droits créés pour les salariés.

- Une mobilité interne plutôt forcée

- Accès plus difficile à la justice en cas de licenciement

- Pa vraiment de garantie de Maintien dans l’emploi en cas de difficulté

- fragilisation de l’emploi et facilitation des licenciements de par la nouvelle

procédure prévue

● Positionnement de FO :

Pour FO la loi dite de sécurisation de l’emploi consacre un modèle basé sur une

flexibilité à outrance non compensée par une plus grande sécurité pour les salariés ou

si peu. Si la croissance ne se décrète pas, elle ne peut pas non plus se trouver dans une

recherche effrénée de la flexibilité et dans le dogme de la baisse du coût du travail.

Selon ce syndicat, l’accord va notamment :

- faciliter les licenciements économiques collectifs en restreignant tous les

délais de consultation et d’action des représentants du personnel

- exonérer les employeurs de plan de sauvegarde d’emploi (PSE) dès lors

que des salariés s’aviseraient de refuser une mobilité forcée

- généraliser les accords collectifs « chantage à l’emploi » avec un risque

de baisses de salaire imposées s’il existe un accord dit de maintien dans l’emploi

dans l’entreprise et le licenciement des salariés qui refuseront.

86

LES BONNES

PRATIQUES :

4 EXEMPLES

EMBLEMATIQUES

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LE MENTORING CHEZ DELL

Secteur

d’activité

Informatique

Nombre de

collaborateurs

En France, 1 600 collaborateurs répartis sur 2 sites.

Explications Entreprise américaine leader dans la vente de solutions informatiques

personnalisées.

Au sein de l’entreprise Dell, le développement de carrière suit un modèle

comprenant 70% de l’acquisition de l’expérience sur le terrain, 10% de

formations et 20% d’apprentissage auprès des collaborateurs.

C’est dans ce but qu’un système de mentoring a été mis en place grâce à

l’outil « Dell Mentor Connect ».

Des entretiens individuels sont réalisés entre les salariés séniors « mentors »

et les salariés juniors « mentorés ». Les « mentorés » volontaires à cette

pratique ont pour rôle d’accompagner et de conseiller les « mentorés »

volontaires également de manière informelle. Les entretiens amènent

aux « mentorés » des commentaires à 360° afin qu’ils puissent devenir les

leaders de demain.

Quels résultats ? Ce modèle de développement notamment grâce au monitoring a prouvé

son efficacité auprès des salariés suivis, en effet, au sein de Dell France, 20

« mentorés » ont été suivies par autant de « mentors ».

Les juniors apprécient d’être accompagnés par un sénior afin d’être plus

rapidement opérationnels.

Cette bonne

pratique

sécurise-t-elle

les parcours ou

les emplois ?

Le mentoring mis en place au sein de l’entreprise Dell permet aux

collaborateurs « juniors » dans l’entreprise d’acquérir des compétences par

l’expérience des séniors.

Le fait d’associer les juniors et les séniors est une bonne initiative afin de

favoriser le dialogue et les échanges entre générations.

Ainsi, cette pratique favorise les parcours des juniors dans l’entreprise et

peut permettre de les fidéliser afin qu’ils deviennent par la suite « mentors »

à leur tour.

88

TRAJEO’H CHEZ VINCI

Secteur

d’activité

BTP/ Construction

Nombre de

collaborateurs

190 000 (10 000 collaborateurs concernés)

Explications Le groupe compte près de 260 implantations en Rhône-Alpes / Auvergne,

ce qui induit une forte décentralisation du management. Il existe une

grande disparité entre les établissements : certains emploient de très

petites équipes, d’autres comptent plusieurs centaines de salariés et

possèdent leur propre service RH. Le niveau de sensibilisation au handicap

et l’approche de la thématique sont donc très différents d’un site à l’autre.

Comme toutes les entreprises du BTP, le groupe Vinci est concerné en

premier lieu par la problématique des inaptitudes et a pris conscience de

la nécessité d’harmoniser ses pratiques pour gérer au mieux ses salariés

victimes d’accidents du travail ou de la vie, et de maladies

professionnelles.

Afin de structurer les moyens d’action et de mutualiser les connaissances,

les bonnes pratiques et les réseaux, le Club des DRH régionaux du groupe,

issus des 4 pôles d’activités Vinci (construction, routes, énergies et

concessions), fait le choix, en 2008, de créer une structure dédiée au

reclassement, baptisée Trajeo’h.

Pour mener à bien ce projet, le groupe souhaite bénéficier de

l’accompagnement de l’Agefiph avec qui il signe une convention. C’est

dans ce cadre que l’association Trajeo’h voit le jour. C’est une structure

autonome – elle n’est rattachée à aucun pôle en particulier-, proche du

terrain et très opérationnelle.

Quels résultats ? En trois ans, Trajeo’h a réalisé 40 accompagnements, répartis à parts

égales entre maintiens dans l’emploi, reclassements au sein du groupe

Vinci et reclassements extérieurs. Aujourd’hui, l’activité de l’association «

bat son plein », conséquence des sollicitations de plus en plus nombreuses

des entreprises du groupe. La réussite est telle que deux nouvelles

structures Trajeo’h ont vu le jour, l’une en Ile-de-France, l’autre dans le

secteur Sud-Est. Manifestement, le concept du guichet unique colle

parfaitement aux besoins des établissements.

Cette bonne

pratique

sécurise-t-elle

les parcours ou

les emplois ?

Trajeo’h sécurise les parcours des personnes en situation de handicap au

sein de l’entreprise Vinci. La mise en place d’une structure dédiée a permis

la prise en charge et l’accompagnement de ces personnes dans leur

évolution de carrière au sein du Groupe.

Elle sécurise également les emplois car ces personnes, ayant bénéficié de

formations et d’évolutions au sein de Vinci, ont de ce fait la possibilité de

renforcer leur employabilité et ainsi d’évoluer également en dehors de

l’entreprise.

89

LA FORMATION DIPLOMANTE A LA

BANQUE POSTALE

Secteur

d’activité

Services Financiers

Nombre de

collaborateurs

16 000 collaborateurs :

-2000 salariés banquiers

-14 000 collaborateurs fonctionnaires et salariés postiers

Explications Il s’agit de formations longues en alternance (durée de 2 ans) délivrant un

diplôme ou une certification enregistrée au RNCP, s’adressant à des

collaborateurs déjà en poste, dans le cadre de la formation continue.

L’entreprise propose 3 niveaux de diplômes :

- Le Brevet Professionnel Banque (niveau bac) : Permet de développer les

compétences fondamentales à l’exercice de différents métiers de la

banque.

-L’Institut Technique Bancaire (niveau bac +4) : Permet d’évoluer d’une

filière de métier à une autre et d’exercer des responsabilités managériales

dans les différentes entités de la banque de détail.

- Le Centre d’Etudes Supérieures Bancaire (niveau bac +6) : Permet

l’exercice d’un management bancaire de haut niveau.

Quels résultats ? Depuis la signature de l’accord 16 Juillet 2007, relatif à la formation tout au

long de la vie à La Banque Postale, on constate un bilan positif :

Un engagement financier

-Des coûts de formation élevés entre 5000 et 18 000€ par formation pour

une durée moyenne de 300 heures.

-Plus d’1 million d’€ engagés en 2012 sur le budget formation.

Une politique d’accès dynamique

-238 collaborateurs sont actuellement en cours de formation diplômante

De nombreuses actions pour informer et communiquer

-Des Séminaires, Des Espaces temps communication (ETC)

-Un film

Cette bonne

pratique

sécurise-t-elle

les parcours ou

les emplois ?

La formation diplômante à La Banque Postale, s’inscrit dans une

démarche de sécurisation des parcours professionnels pour les salariés de

l’entreprise. D’une part, elle facilite l’accès à la formation d’un public

fragile, particulièrement moins qualifiés. D’autre part, à travers l’accès à la

formation, La Banque Postale développe et maintien l’employabilité de

ses collaborateurs, en interne comme en externe.

90

LA PROFESSIONNALISATION DES FACTEURS

A LA POSTE

Secteur

d’activité

Service

Nombre de

collaborateurs

Groupe : 268 000 – Courrier : 154 078

Explications Une période professionnalisation, visant à créer une passerelle entre le

métier de facteur et de commercial, à diversifier les modes de

recrutement interne et à impulser la mobilité interne, a été mise en place

de façon expérimentale par l’Ecole des Ventes du Courrier.

Ce dispositif se compose 4 phases :

•Période communication = dans les établissements de distribution - auprès

des managers pour identification des potentiels et communication

-auprès des équipes

-auprès des conseillers mobilité

•Sélection : constitution d’un dossier de candidature et test de sélection

•Cursus : alternance entre période de formation et période en équipe de

vente

•Evaluation : - évaluations intermédiaires sur des points techniques

-Dossier : travaux réalisés + bilans intermédiaires

-Oral devant un Jury Interne : motivation et en mise en situation sur la

méthode de vente

Quels résultats ? 7 facteurs ont suivi cette période de professionnalisation. A l’issue de celle-

ci ils ont tous intégré au poste de Chargé de Comptes (= commercial B to

B)

Cette bonne

pratique

sécurise-t-elle

les parcours ou

les emplois ?

Ce dispositif est assimilable à une pratique de Sécurisation des Parcours

Professionnels au sein du Groupe La Poste. Elle vise à créer une passerelle

entre le métier de facteur et le métier de Chargé de comptes.

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REMERCIEMENTS

Il nous paraît opportun de terminer ce « book » dédié à la Sécurisation des

parcours et de l’emploi, par des remerciements à l’ensemble de la promotion 15 des

alternants RMDRH IGS (groupes 1 et 2, ainsi que le groupe Formaposte P3) pour les

recherches, articles et travaux réalisés sur le sujet, en amont du colloque.

Merci à l’ensemble des alternants de la promo :

Merci aux alternants du M2 RMDRH pour les différentes enquêtes menées

pendant plusieurs mois auprès de plusieurs dizaines de salariés, responsables RH et

délégués syndicaux et pour l’important effort d’analyse et de synthèse qui a pu ensuite

être accompli.

Merci aux alternants pour leur travail d’investigation auprès de leur service RH

pour dégager les pratiques mises en place en interne en matière de sécurisation de

l’emploi et/ou sécurisation des parcours.

Merci aux entreprises et responsables RH ayant accepté de livrer leurs

témoignages sur leurs pratiques dans le film réalisé à cette occasion par Yves Pinol

Merci aux auteurs des articles de ce « book » et/ou présentés sur le blog RH de

l’IGS, pour leur précieuse contribution à la réflexion d’ensemble de la promo., merci

aux étudiants ayant contribué à la mise en forme de ce « book ».

Merci aux membres du comité de pilotage et aux différents responsables de

groupes qui ont assuré la liaison avec la promo. et le suivi des travaux, ainsi qu’aux

étudiants ayant plus particulièrement assuré le suivi logistique et informatique des

enquêtes.

Merci aux différents intervenants ayant tour à tour participé au cycle de

conférences sur le thème de la SPP / SE :

- René BAGORSKI

- Fabrice GUTNIK

- Michel BLACHERE

- Francis COHEN

Merci à Michel BLACHERE, Francis COHEN, Eric OUAKNINE, Leïla ROZE DES

ORDONS ainsi que Didier SANNIPOLI pour leur aide dans la supervision des différentes

productions des alternants, ainsi que dans la préparation et l’organisation du colloque.

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