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chronique d'un echec, auteurs Marie Laure Bonnier, Marine Bruandet et Amandine DUBOC
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Autopsie d’un Echec :
Septimanie : une identité pour réunir ?
Marie-Laure Bonnier;Marine Bruandet;Amandine Duboc 01/02/2010
Université du Havre
Master pro 2 « Innovation et développement des territoires, Ingénierie territoriale »
M2P5
Projets territoriaux et Opinion publique
Hubert Dejean de La Batie
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Sommaire 1. La Septimanie 3
1.1 Le projet de changement de nom de la région Languedoc Roussillon 3
1.1.1 L’exposé des motifs 3
1.1.2 Un argumentaire économique 3
1.2 Démarche de communication 4
1.2.1 Communication Design 4
1.2.2 Une communication directe 4
1.2.3 Cohérence ou incohérence du nom Septimanie ? 4
2. La Septimanie: chronique d’un échec 5
2.1 La communication en question dans la Septimanie 5
2.1.1 Une communication marquée 5
2.1.2 Un effort de communication avec peu de résultats 5
2.1.3 Une communication onéreuse et dispendieuse 6
2.2 Une mobilisation des Languedociens 6
2.3 La peur de l’effacement identitaire 6
3. La Septimanie : un échec évitable ? 7
3.1 La Septimanie : projet imposé et non consulté 7
3.2 De l’échec de la Septimanie à la future réussite des autres collectivités ? 7
3.3 Une réappropriation de la campagne échouée : Sud de France 8
3.4 Une évolution du logo, peu adapté aux identités culturelles locales 8
Introduction
Depuis déjà bien longtemps villes et régions se sont dotées
d’emblèmes. Loin d’être négligeable ou simplement anecdotique,
la recherche d’un emblème, d’un logo représente la première
forme de ce qui s’avère être aujourd’hui la promotion des
territoires. La construction d’une image positive passe par la mise
en avant de certains lieux, certaines caractéristiques culinaires et
culturelles choisis parce qu’ils font sens pour la population ou
parce qu’il y a une volonté politique de les mettre en valeur.
De ce fait, l’existence d’un lien entre investissement en
communication et renforcement de l’attractivité d’un territoire est
souvent une certitude pour les décideurs. L’enjeu, est donc l’image.
On assiste aujourd’hui au renouvellement des formes de la
promotion des territoires urbains, avec des stratégies de
construction d’image multipliant désormais les événements et
usant toutes les potentialités des TIC (Technologies de
l’Information et de la Communication).
A travers l’exemple de changement de nom de la région Languedoc
Roussillon nous allons faire l’autopsie d’un échec de
communication. Dans un premier temps, nous présenterons la
démarche pour ensuite en faire une analyse et dans un troisième
temps, nous verrons sous quelle forme le projet a pu être récupéré.
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1. La Septimanie
La Septimanie au VIe siècle
En rouge, le territoire de
la Septimanie, carrefour
stratégique et culturel
1.1 Le projet de changement de nom de la région Languedoc
Roussillon
1.1.1 L’exposé des motifs
Le nom de Languedoc-Roussillon sur le plan historique n’est pas totalement
en accord avec l’histoire de la région. Le Languedoc, c’est essentiellement la région toulousaine dont la capitale historique est Toulouse. Quant au Roussillon, les Catalans utilisent peu ce nom car il ne concerne que la plaine ; le Capcir, le Conflent, la Cerdagne n’en ont jamais fait partie. Le Languedoc-Roussillon est une dénomination inexacte et très peu connue tant au plan national qu’international. Dans le monde, on connaît Carcassonne pour sa cité, Nîmes pour ses arènes, Perpignan pour son palais, Narbonne pour sa romanité ou encore Montpellier pour ses universités. Nommer la région « Septimanie », fait référence au Sud.
1.1.2 Un argumentaire économique
La Région Languedoc-Roussillon est la première productrice mondiale de vins
de qualité. Pour faire la promotion de ses produits, comme par exemple les vins, les fromages, les fruits, un changement de nom qui unifierait la région et qui offrirait une lisibilité au niveau international semble intéressant. Le nom de Septimanie, cité pour la première fois au Ve siècle, s’est imposé. La Septimanie, ce sont les liens avec Byzance, Rome, l’Italie, l’Espagne, l’Andalousie, la Castille, la Catalogne et, au-delà, le monde arabe. C’est tout un pan de l’Histoire de France que seule cette région porte et qui fait aujourd’hui de Montpellier un pont entre l’Europe et le Maghreb, et dans un même temps de Perpignan, un pont entre la France et l’Espagne. A travers ce nom, toute la région et ses habitants, les Septimaniens et Septimaniennes sont ainsi représentés dans leur identité et leur diversité.
Après son élection à la tête de la région Languedoc-Roussillon en 2004, Georges Frêche a lancé l'idée de changer le nom de la région en « Septimanie », terme qu'il estimait plus judicieux que son ancienne désignation, issue des travaux de la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale).
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1.2 Démarche de communication
1.2.1 Communication Design
1.2.2 Une communication directe
C’est aussi par le biais d’outils classiques que l’idée de changement de nom de la région a été promue. Afin de toucher la population et d’enseigner
l’histoire de la Septimanie, un site Internet, le journal régional « midi-libre» et des interviews dans la presse locale ont été sollicités. La région a aussi
distribué dans chaque boîte aux lettres des prospectus expliquant l’intérêt historique du changement de nom de la région Languedoc-Roussillon. Afin de
sensibiliser les plus jeunes, des livres distribués par la région aux lycéens portaient l'inscription Septimanie.
1.2.3 Cohérence ou incohérence du nom Septimanie ?
La Septimanie est bien la seule entité géographique historiquement avérée qui reprenne, à quelques détails près, la forme de l'actuelle région. Il est historiquement justifié de donner ce nom à la région. Le terme de Septimanie est plus proche de la réalité géographique que l'actuel nom de Languedoc-Roussillon qui est composé du Languedoc, vaste région ayant pour capitale Toulouse, et le Roussillon, ancienne province représentant la Catalogne Nord.
Néanmoins, le nom de Septimanie porte en lui plusieurs inconvénients :
Il s'agit d'une région wisigothique, un peuple ayant disparu de nos jours, dont la culture nous est étrangère. La période VIIIe - XIe siècle n'est qu'une continuité dans cette appellation par les premiers colonisateurs francs du pourtour méditerranéen. Le terme de Septimanie occulte les racines locales : Languedociennes, roussillonnaises, cévenoles.
En fait, il n'y a pas de cohérence en région Languedoc-Roussillon, il ne s'agit que d'un ensemble de territoires culturellement et géographiquement éloignés mis en commun pour des nécessités administratives. Ce n'est pas la seule région dans ce cas : les régions Rhône-Alpes et région PACA en sont d'autres exemples, au contraire de la Bretagne ou de l'Alsace qui forment des unités territoriales socio-historiques.
Les habitants du Languedoc-Roussillon ont vu apparaître le mot de "Septimanie" accolé systématiquement au nom de la région Languedoc-
Roussillon (confère p.4). La volonté de substituer le nom Languedoc-Roussillon par Septimanie a été très forte. Des tentatives d'adhésion de la population
ont été faites par la diffusion d'articles dans le journal de la région qui possédait un encart ainsi dénommé et visant ainsi à justifier historiquement le
rattachement à cette ancienne province wisigothique. La volonté de substituer le nom Languedoc-Roussillon par Septimanie est apparue aussi par
l’apposition du nom « Septimanie » sur un document officiel lors de la signature d'une convention, unissant la région au département des Pyrénées-
Orientales.
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2. La Septimanie: chronique d’un échec
On constate que dans l’élaboration de son concept de Septimanie, George Frêche a échoué dans sa communication provoquant ainsi un rejet de sa proposition politique. Le problème de la communication est parfaitement mis en valeur : effectivement les publicités et les communiqués sur le sujet n’ont pas eu un effet voulu sur la population qui s’est finalement ralliée contre le projet.
2.1 La communication en question dans la Septimanie
2.1.1 Une communication marquée
Le problème de la radicalité de politique du président du conseil général sur la communication
autour de la Septimanie, est sans doute l’une des raisons première de son échec de communication : « Tu
n’as pas voulu signer la pétition en ma faveur, tu peux faire tes valises. » selon lui. Ce genre de propos très
radicaux est l’un des points expliquant l’échec de la Septimanie : le peu de diplomatie de George Frêche a
par conséquent eu l’effet inverse de ce qu’il désirait.
2.1.2 Un effort de communication avec peu de résultats
Des plaquettes de diffusion ont été mises en avant pour faire accréditer le nom de Septimanie pour la région Languedoc Roussillon. En tentant de le
justifier par le fait que l’on rayonnait dans cette région « que » par les villes et leur renommées et en précisant que tous les pays historiques n’étaient pas
représentés par l’appellation Languedoc Roussillon, l’argumentaire n’a pas su convaincre et séduire les principaux intéressés.
« L'insulte comme outil du dialogue : Après avoir insulté les
Catalans qui s'opposaient à la Septimanie… » :
C’est l’un des reproches directs fait au président du
conseil régional de Languedoc-Roussillon.
Pourquoi cette nouvelle appellation a suscité le désintérêt du public ?
Lorsque l’on compare ce projet à d’autres projets de collectivités territoriales du même type, on note que dans
les autres cas, il y avait une certaine nécessité à changer de nom.
Par exemple, les Côtes d’Armor anciennement nommées Côtes du Nord : en effet, dans ce cas précis peu de
personnes savait situer le département, il était donc utile de repenser un nom plus évocateur de la situation
géographique du département.
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2.1.3 Une communication onéreuse et dispendieuse
L’un des éléments subsistant de la campagne de communication sur la Septimanie est son logo représentant les sept soleils. En effet, celui-ci a été
repris par la région (confère p.7). Ce sont des millions d’euros en communication qui ont été dépensés entre 2004 et 2005 pour le changement de nom de la
région, qui finalement au demeurant n’a pas changé.
Dans la troisième partie de ce mémorandum, ce sont les points forts qui auraient du faire partie de cette communication qui seront abordés afin de
mettre en avant les secrets d’une communication réussie en matière de communication des collectivités territoriales.
2.2 Une mobilisation des Languedociens « Les citoyens du Languedoc-Roussillon n’ont pas eu à attendre longtemps pour constater un vrai
changement à la tête de la Région. En effet, dès sa prise de pouvoir en 2004, le nouveau Président a voulu imposer
le nom de ”Septimanie” à notre Région par la force et sans aucune concertation. Le mouvement de contestation
populaire, parti du pays catalan a fini par le faire renoncer à son projet. » (Source : « Le livre noir des régions »)
La mobilisation des languedociens a été efficace puisque le nom de Septimanie n’a pas été adopté. Cette
lutte aura durée plus de deux ans, cristallisée par plus de 45000 signatures recueillies par les catalans et une
manifestation rassemblant 8 000 personnes à Perpignan, le 8 octobre 2005, qui a conduit Georges Frêche à
renoncer à ce changement de nom.
2.3 La peur de l’effacement identitaire La Catalogne qui est incluse par le Roussillon, voit dans la démarche d’un changement de nom, un
effacement identitaire. La Catalogne aimerait être reconnue et pouvoir revendiquer leur diversité culturelle. La
volonté du président de région de diminuer l’impact du dialecte catalan à renforcer leur sensation d’effacement
identitaire.
2.5 De l’échec de la Septimanie à la future réussite des autres collectivités ?
D’autres collectivités ont réussi là ou certaines ont échouées : l’exemple des Côtes d’Armor est révélateur.
Mais d’autres régions et départements forts de l’expérience avortée de la Septimanie, ont finalement tiré les
leçons de cette dernière.
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3. La Septimanie : un échec évitable ? Parti d’une volonté personnelle du président du conseil régional, le changement de nom de la région Languedoc Roussillon sous un nom
historiquement plus unificateur, ce projet n’a pas été porté par la suite par les habitants. L’absence de soutien et de concertation avec la population
explique en grande partie cet échec.
3.1 La Septimanie : projet imposé et non consulté
?? De l’échec de la Septimanie … à la future réussite des autres collectivités ?
3.2 De l’échec de la Septimanie à la future réussite des autres collectivités ?
D’autres collectivités ont réussi là ou certaines ont échoué : l’exemple des Côtes d’Armor est révélateur. Mais d’autres régions et départements
forts de l’expérience avortée de la Septimanie, ont finalement tiré les leçons de cette dernière.
La région PACA par exemple, désire toujours changer son nom et essaye de rallier les habitants à sa cause. Les raisons qu’elle met en avant se doivent d’être
infaillibles et ne pas tourner simplement autour du caractère historique. La région s’assure l’appui des citoyens tout comme la région Nord Pas de Calais.
L’opinion publique est intransigeante sur les critères avancés et doit pouvoir s’identifier à travers le nouveau nom. En effet, c’est sur le rejet des citoyens
que s’est joué l’avenir de la Septimanie qui est aujourd’hui un sujet décriée.
George Frêche : « Il faut provoquer pour que
les gens soient contre et ensuite, ils se
prononcent favorablement »
Ce projet se heurte à de nombreuses contestations pour diverses raisons. Il est reproché à
George Frêche d’avoir imposé la Septimanie en n’ayant pas prit en compte la volonté des habitants, ni
d’avoir présenté son projet lors de son programme électoral.
De plus, il exprime lui-même sa volonté d’imposer le changement de nom. En effet, concerter l’avis des
habitants et préparer au changement de nom auraient pu permettre une meilleure acceptation de la
Septimanie. Par exemple, la région PACA à demandé l’avis des habitants concernant le changement du
nom de la région.
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3.3 Une réappropriation de la campagne échouée : Sud de France
3.4 Une évolution du logo, peu adapté aux identités culturelles locales
Comme cela a été expliqué ci dessus, l’identité culturelle est forte dans cette région. La catalogne était auparavant représentée sur le logo régional
par la croix du Languedoc. Sur le logo de la Septimanie et sur celui de la région actuelle, cette identité a disparu. Beaucoup d’habitants ne se reconnaissent
plus dans le nouveau logo. Dans une volonté de transition l’appellation Languedoc Roussillon a été conservée sur le logo de la Septimanie. Même si le
changement de nom n’a pas eu lieu, le logo a tout de même été repris.
Des améliorations qui auraient pu permettre au projet d’être accepté :
Améliorer la communication socio-culturelle
- Consulter les habitants par référendum
- Préserver les identités culturelles de chacun malgré la volonté d’unification
Améliorer la communication design pour une meilleure acceptation du projet
- Garder des symboles représentant l’identité de chacun.
L’un des objectifs du président de la Région Languedoc-Roussillon était de promouvoir les produits locaux, de les doter
d’une identité forte, reconnaissable en France et en Europe.
En réunissant ces produits sous l’intitulé Sud de France, cette volonté a été reprise. Même si le projet de la Septimanie est un
échec, son volet de valorisation des produits locaux a été remanié sous l’appellation Sud de France. Cette initiative est
reconnue de tous et est un succès. Celui-ci réside dans une communication classique et efficace. C’est aussi grâce à une
campagne d’affichage et une campagne télévisée qu’elle a su s’imposer auprès d’un large publique. Par ailleurs, c’est
certainement un sujet à traiter moins délicat que le changement de nom de la région.
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Conclusion
Le changement de nom de région est inédit en France mais pas dans d’autres Etats
de l’Union Européenne, comme aux Pays-Bas par exemple. En France, ceux sont
les noms de départements qui ont changés comme le département des Yvelines
ou encore des Côtes d’Armor.
Le changement de nom de la région Languedoc-Roussillon aurait donc été inédit
en France mais il ne fut pas mis en œuvre au final.
La Septimanie, ou la nouvelle appellation de la région Languedoc-Roussillon, a été
rejetée par les habitants de cette région. Un tel changement ne peut réussir
qu’avec l’approbation de la population. Celle-ci n’ayant pas été interrogée, ni
informée préalablement, a refusé de se voir imposer ce changement. Cet exemple
permet d’insister sur le fait que la communication préventive à tous ces
changements est aussi importante que celle explicative a posteriori. En effet,
malgré une communication importante appliquée à travers plusieurs moyens
comme des sites internet, des courriers, on constate que celle-ci a échoué.
Préparer la population aux changements, tenir compte des identités culturelles
c’est s’assurer une partie du succès du changement de nom.
Alors que les communications et les tentatives de « séduction » des
Languedociens et Languedociennes se succédaient il a pourtant fallu reconnaître
la défaite de l’idée face aux pétitions et aux revendications des habitants.
Cependant la marque Sud de France conserve toujours ces racines de Septimanie.
D’autres régions veulent aujourd’hui changer leur nom : La
région Provence Alpes Cotes d’Azur, la région Nord pas de calais.
A l’inverse de la Septimanie, elles ont débuté une
communication en amont en consultant la population, en les
intégrants dès le départ à ce projet.
La région PACA voudrait avoir un nom plus
reconnaissable et non un acronyme.
La région du Nord Pas de Calais à une volonté
d’identification culturelle similaire à ces pays
voisins.