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Sociologie de la jeunesse 20 février 2013, Hakan YÜCEL 1

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Sociologie de la jeunesse

20 février 2013, Hakan YÜCEL1

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Construction de la jeunesse

• Etre jeune n’a pas signifié en tout temps la même chose; il n’est même pas sur que cela ait toujours signifié quelque chose.

• La promotion de l’enfance, puis de l’adolescence est le fait de la bourgeoisie qui, à partir du XVIIIe siècle, modifie son attitude à l’égard de son descendance.

• La baisse de la fécondité• Promotion sociale de la famille• Éducation extra-familiale – un cadre social à un

nouvel age de la vie: l’adolescence.

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La promotion de l’enfance

• La thèse de Philippe Ariès : découverte de l’enfance, puis de l’adolescence de la société bourgeoise naissante.

• Au Moyen-âge dès l’age de sept ans les enfants auraient été pratiquement confondus avec les adultes.

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Exceptions !!!• Les étudiants constituent bien

au Moyen-âge un groupe social particulier,

• Très minoritaires parmi l’ensemble des jeunes, mais dont les manifestations sont souvent spectaculaires.

• Les communautés scolaires forment des groupes corporatifs, des communautés juvéniles qui vagabondent, qui s’initient à la vie sexuelle, qui profite de sa liberté.

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Promotion de l’enfant

• Promotion de l’enfant et l’éducation fin XVIIe siècle.

• Le mariage négocié (fonction économique de la famille) et le droit d’aînesse (éviter que le patrimoine ne se fractionne) : il faut apprendre au jeune à accepter les contraintes qu’il ne manquera pas de subir lorsqu’il accédera au statut adulte.

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Changement du statut de la jeunesse

• L’initiation précoce à la vie des adultes. • Le groupe des « compagnons » (célibataires) tient une

grande place dans le contrôle des affaires sexuelles et la célébrations des rites.

• Promotion de l’enfant et l’éducation fin XVIIe siècle. • Le mariage négocié (fonction économique de la

famille) et le droit d’aînesse (éviter que le patrimoine ne se fractionne) : il faut apprendre au jeune à accepter les contraintes qu’il ne manquera pas de subir lorsqu’il accédera au statut adulte.

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Bourgeoisie – l’enfance,la jeunesse• L’IDÉOLOGIE bourgeoise : La découverte de l’enfance correspond à

l’extension de l’économie marchande où chacun doit être libre d’aller où il veut et de vendre son travail au prix de ses capacités. Tandis que dans l’économie nobliaire et paysanne ces transmissions patrimoniales attachées à la terre et à la « maison » qui maintiennent l’enfant dans un état de dépendance totale à l’égard de l’économie familiale.

• L’enfant devient un être à former, libre de lancer dans la vie pour réussir ou échouer selon ses capacités.

• Si la place de chacun n’est plus donnée à l’avance, elle est, de toute évidence, à créer par l’éducation.

• La destruction des distinctions sociales fondées sur la naissance et en proclamant le principe de l’égalité des tous, elles exaltent le désir d’ascension individuelle et, avec lui, la projection sur les enfants, par le biais e l’éducation, des projets de promotion sociale...

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Trois Jeunesse au XIXe Siècle• La jeunesse bourgeoise : une nouvelle

catégorie intermédiaire entre la famille et la société, entre l’enfance et l’age adulte : l’adolescence. Par l’éducation

• 1842 : 1 / 42, 1876 : 1/21, en 1854 4600 bac sur 107.000

• Une culture générale que éducation professionnelle.

• L’égalité à la naissance….• Un mode de vie particulier : la chambre

du jeune homme. • La bourgeoisie encourage le désir de

réussite individuelle et elle veut contrôler la période qui y prépare.

• Contre la méfiance des parents est tempérée par l’organisation quasi militaire de l’enseignement secondaire.

L’Ecole normale de Sèvres a été crée en 1881. (l’enseignement secondaire)

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Jeunesse ouvrière

• Jeunesse ouvrière : la famille ouvrière est marqué par l’instabilité de l’emploi et de logement. En 1841 il y a 100.000 enfants de 8 à 16 ans 8h de travail.

• En 1882 l’obligation scolaire de 7 à 13 ans.

• Une entrée précoce dans le monde de travail.

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Jeunesse traditionelle

• Jeunesse traditionnelle : l’Eglise et l’Ecole empêche la classe d’age juvénile dans la société traditionnelle. L’école primaire ouvre des horizons pour les enfants.

• • L’Ecole en préparant à la vie

adulte, a amené un changement irréversible dont l’influence ne peut être uniquement décrite en termes d’enfermement et de cassure d’une sociabilité juvénile à la fois spontanée et rituelle.

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Jeunesse comme ressource

• Le modele de jeunesse comme ressource suppose d’analyser des discours, des pratiques ou des dispositifs dans lesquels les jeunes prennent une part notable, a leurs yeux ou a ceux d’autres acteurs, dans la construction d’une place qui n’est plus donnée d’avance.

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Jeunesse menace• Une autre paradigme: la “jeunesse menace” . Le

modèle de la jeunesse comme menace repose sur l2idée que cet âge, déjà biologiquement troublé par les tourments de l’adolescence, ne peut être que socialement troublé par les affres (douleurs, tortures) de la crise socio-économique. Cependant, le paradigme de jeunesse menace/ paradigme de la jeunesse dangereuse, vise moins les problèmes qui se posent aux jeunes que ceux que les jeunes posent a la société.

• Les thématiques de la “jeunesse menace” donnent l’occasion de focaliser la question juvénile sur le triple versant de l’affrontement, de la dangerosité, et de la stigmatisation. C’est a cette occasion qu’émergent ces mots clés bien connus, que ressassent sans lassitude apparente les gros titres médiatiques, comme “délinquance”, “incivilité”, “insécurité”, “violence”, etc. Apparait aussi, en l’espèce, un système causal implicite qui, dans une chaine de stigmatisations, mets en scène familles et territoires.

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Jeunesse comme ressource

• Dans le cadre de jeunesse comme ressource, la citoyenneté renvoie aux interactions des jeunes avec les modes d’institution de la vie démocratique. Dans le registre plus informel des sociabilités, la civilité désigne d’une part un art d’etre ensemble au quotidien et, d’autre part, un exercice de maitrise de soi, avec le support que forment certaines pratiques culturelles connues sous le terme générique de hip-hop, regroupement de pratiques graphiques, chorégraphiques et musicales. (p. 13)

• Citoyenneté et civilité composent le socle de la participation, processus formant une orientation a part entière, bien que mineure, des politiques publiques de la jeunesse. (p:13)

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Jeunesse comme ressource

• Le paradigme de jeunesse comme ressource suppose des approches de recherches attentives a plusieurs points. D’abord au “terrain” urbain en tant qu’il peut être “qualifiant” au regard d’orientations pluridisciplinaires, la question du normatif sous le double aspect de l’invention normative et de la socialisation, puis réfléchir aux pratiques des jeunes, non comme des pratiques “indigènes” et/ou “sauvageonnes”, mais comme processus de socialisation secondaire et de rencontres potentielles avec les institutions.

• Enfin il faut envisager la description et l’évaluation d’eexpérimentations sociales initiées souvent par des dispositifs ou des mesures liées a l’insertion (dans sons sens le plus large).

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Discours sur la jeunesse mythes de jeunesse

• Henri Massis, Henri Massis, né à Paris le 21 mars 1886 et mort à Paris le 16 avril 1970, est un essayiste français, critique littéraire et historien de la littérature[ Après des études de philosophie, il publie à 19 ans son premier ouvrage de critique littéraire, Comment Émile Zola composait ses romans. Anti-dreyfusard, nationaliste et revanchard, Massis est très tôt attiré par Charles Maurras et l'Action française. Fervent polémiste, il stigmatise la diffusion de la culture allemande à la Sorbonne et le déclin de la culture classique (enquête avec Alfred de Tarde sous le pseudonyme d'Agathon). Un second " Agathon " suivit en 1913 : " Les Jeunes gens d'aujourd'hui " dont il applaudit le goût de l'action, la foi patriotique, la renaissance catholique et le réalisme politique.

• Alfred de Tarde, né le 20 avril 1880 et mort le 3 avril 1925, est un écrivain, économiste et journaliste français, fils du sociologue Gabriel Tarde.

• Il est surtout connu pour la publication de deux enquêtes avec Henri Massis sous le pseudonyme d'Agathon, L'Esprit de la nouvelle Sorbonne (1911) et Les Jeunes Gens d'aujourd'hui (1913). Ce dernier ouvrage a l'originalité de recourir à la méthode du sondage pour tenter d'établir les causes du déclin de la culture classique que constatent les auteurs. C'est également dans cette optique réactionnaire qu'ils s'interrogent sur la jeune génération d'avant-guerre où s'observe, selon Agathon, un déclin de l'attachement aux traditions et à la religion.

• Ces enquêtes se réclament du patronage de Charles Maurras et de L'Action française et s'inscrivent dans le climat des tensions succédant à l'affaire Dreyfus, qui voit naître une montée des nationalismes et une insatisfaction face aux mesures de laïcisation de l'État 16

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Les jeunes gens d’aujourd’hui • Qu’entendons-nous par la jeunesse?• Nous avons fait porter notre recherche sur des

garçons de dix-huit à vingt ans. • C’est la sortie du lycée, dans lesgrands écoles,

avant l’emprise d’une carrière…• La génération dont nous voulons esquisser une

image est donc celle qui naquit vers 1890.• … Pour être franc il s’agit de la jeunesse d’élite.

Nous n’avons pas voulu tracer le portrait du jeune homme moyen de 1912, mais esquisser les traits des meilleurs et d’écrire le type nouveau de la jeune élite intellectuelle.

• http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5729391w/f4.image.r=.langFR (pour télécharger)

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Les thèmes du livre “les jeunes gens d’aujourd’hui”

• Le pessimisme des ainés• L’optimisme de nouveaux venus• C’est par la confiance en soi que d’abord elle

nous frappe. Elle a exilé le doute.L’espritqui la guide est un esprit d’affirmation, de création.

• La foi patriotique• Le réveil de l’instinct national

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Suite.. Sport –nationalisme-jeunesse

• L’influence du sport et des voyages• Le bénéfice moral du sport,

j’entends de ces sports collectifs, comme le football, si répandu dans nos lycée, c’est qu’il développe l’esprit de solidarité…

• D’autre part, les sports font naitre l’endurance, le sang-froid, ces vertus militaires, et maintiennent la jeunesse dans une atmosphère belliqueuse

• . Photo: Vahram Papazian, Vèmes Jeux Olympiques, Stockholm 1912

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Suite… Contacts avec les autres• L’habitude des voyages, enfin, loin d’affaiblir

l’idée de patrie, l’a transformée et précisée. Ceux qui voyagent sentent le mieux l’opposition des étrangers à eux-mêmes: ils prennent conscience de leurs différence :”Chaque fois que je me suis trouvé à l’étranger, nous déclarait un jeune étudiant de lettres, j’ai éprouvé en moi la vérité et la force du sentiment patriotique.”.

• La facilité des communications a servi au réveil des nationalités: le sentiment national est devenu moins territorial, il s’est transformé en sentiment de race, de culture. De réalités physiques, naturelles, les frontières sont devenues, aux yeux de notre jeunesse, une réalité morale.

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La jeunesse n’est qu’un mot

• Le réflexe professionnel du sociologue est de rappeler que les divisions entre les âges sont arbitraires. on ne sait pas à quel âge commence la vieillesse, comme on ne sait pas où commence la richesse. En fait, la frontière entre jeunesse et vieillesse est dans toutes les sociétés un enjeu de lutte. Par exemple, j'ai lu il y a quelques années un article sur les rapports entre les jeunes et les notables, à Florence, au XVIème siècle, qui montrait que les vieux proposaient à la jeunesse une idéologie de la virilité, de la virtú, et de la violence, ce qui était une façon de se réserver la sagesse, c'est-à-dire le pouvoir.

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Stéréotypes sur la jeunesse

• les stéréotypes sur la jeunesse, ou encore dans la philosophie, de Platon à Alain, qui assignait à chaque âge sa passion spécifique, à l'adolescence l'amour, à l'âge mûr l'ambition. La représentation idéologique de la division entre jeunes et vieux accorde aux plus jeunes des choses qui font qu'en contrepartie ils laissent des tas de choses aux plus vieux. On le voit très bien dans le cas du sport, par exemple dans le rugby, avec l'exaltation des « bons petits », bonnes brutes dociles vouées au dévouement obscur du jeu d'avants qu'exaltent les dirigeants et les commentateurs (« Sois fort et tais-toi, ne pense pas »). Cette structure, qui se retrouve ailleurs (par exemple dans les rapports entre les sexes) rappelle que dans la division logique entre les jeunes et les vieux, il est question de pouvoir, de division (au sens de partage) des pouvoirs. Les classifications par âge (mais aussi par sexe ou, bien sûr, par classe...) reviennent toujours à imposer des limites et à produire un ordre auquel chacun doit se tenir, dans lequel chacun doit se tenir à sa place.

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Coupures en classes d’age

• La jeunesse et la vieillesse ne sont pas des données mais sont construites socialement, dans la lutte entre les jeunes et les vieux. Les rapports entre l'âge social et l'âge biologique sont très complexes. Si l'on comparait les jeunes des différentes fractions de la classe dominante, par exemple tous les élèves qui entrent à l'École Normale, l'ENA, l'X, etc., la même année, on verrait que ces « jeunes gens » ont d'autant plus les attributs de l'adulte, du vieux, du noble, du notable, etc., qu'ils sont plus proches du pôle du pouvoir. Quand on va des intellectuels aux PDG, tout ce qui fait jeune, cheveux longs, jeans, etc., disparaît.

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Les champs

• Chaque champ, comme je l'ai montré à propos de la mode ou de la production artistique et littéraire, a ses lois spécifiques de vieillissement : pour savoir comment s'y découpent les générations, il faut connaître les lois spécifiques du fonctionnement du champ, les enjeux de lutte et les divisions que cette lutte opère

• l'âge est une donnée biologique socialement manipulée et manipulable ; et que le fait de parler des jeunes comme d'une unité sociale, d'un groupe constitué, doté d'intérêts communs, et de rapporter ces intérêts à un âge défini biologiquement, constitue déjà une manipulation évidente. Il faudrait au moins analyser les différences entre les jeunesses 24

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Adolescence irresponsabilité

• Dans un cas, on a un univers d'adolescence, au sens vrai, c'est-à-dire d'irresponsabilité provisoire : ces « jeunes » sont dans une sorte de no man's land social, ils sont adultes pour certaines choses, ils sont enfants pour d'autres, ils jouent sur les deux tableaux. C'est pourquoi beaucoup d'adolescents bourgeois rêvent de prolonger l'adolescence : c'est le complexe de Frédéric de L'Éducation sentimentale, qui éternise l'adolescence. Cela dit, les « deux jeunesses » ne représentent pas autre chose que les deux pôles, les deux extrêmes d'un espace de possibilités offertes aux « jeunes ».

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Jeunesses et classes sociales• Un des facteurs de ce brouillage des oppositions entre les

différentes jeunesses de classe, est le fait que les différentes classes sociales ont accédé de façon proportionnellement plus importante à l'enseignement secondaire et que, du même coup, une partie des jeunes (biologiquement) qui jusque-là n'avait pas accès à l'adolescence, a découvert ce statut temporaire, « mi-enfant mi-adulte », « ni enfant, ni adulte ».

• Les écoles du pouvoir, et en particulier les grandes écoles, placent les jeunes dans des enclos séparés du monde, sortes d'espaces monastiques où ils mènent une vie à part, où ils font retraite, retirés du monde et tout entiers occupés à se préparer aux plus « hautes fonctions »

• On connaît le cas du fils de mineur qui souhaite descendre à la mine le plus vite possible, parce que c'est entrer dans le monde des adultes. (Encore aujourd'hui, une des raisons pour lesquelles les adolescents des classes populaires veulent quitter l'école et entrer au travail très tôt, est le désir d'accéder le plus vite possible au statut d'adulte et aux capacités économiques qui lui sont associées : avoir de l'argent, c'est très important pour s'affirmer vis-à-vis des copains, vis-à-vis des filles, pour pouvoir sortir avec les copains et avec les filles, donc pour être reconnu et se reconnaître comme un « homme ».

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révolte• …pour que les classes populaires puissent découvrir que le

système scolaire fonctionne comme un instrument de reproduction, il fallait qu'elles passent par le système scolaire. Parce qu'au fond elles pouvaient croire que l'école était libératrice, ou quoi qu'en disent les porte-parole, n'en rien penser, aussi longtemps qu'elles n'avaient jamais eu affaire à elle, sauf à l'école primaire. Actuellement dans les classes populaires, aussi bien chez les adultes que chez les adolescents, s'opère la découverte, qui n'a pas encore trouvé son langage, du fait que le système scolaire est un véhicule de privilèges.

• La révolte confuse est globale, elle met en cause le système scolaire dans son ensemble et s'oppose absolument à ce qu'était l'expérience de l'échec dans l'ancien état du système (et qui n'est pas pour autant disparue, bien sûr ; il n'y a qu'à écouter les interviews : « Je n'aimais pas le français, je ne me plaisais pas à l'école, etc. »). Ce qui s'opère à travers les formes plus ou moins anomiques, anarchiques, de révolte, ce n'est pas ce qu'on entend ordinairement par politisation, c'est-à-dire ce que les appareils politiques sont préparés à enregistrer et à renforcer.

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Arts et Metiers et Polytechnique

• On trouve aussi côte à côte, dans le même bureau, dans le même poste, des ingénieurs issus les uns des Arts et Métiers, les autres de Polytechnique ; l'identité apparente de statut cache que les uns ont, comme on dit, de l'avenir et qu'ils ne font que passer dans une position qui est pour les autres un point d'arrivée. Dans ce cas, les conflits risquent de revêtir d'autres formes, parce que les jeunes vieux (puisque finis) ont toutes les chances d'avoir intériorisé le respect du titre scolaire comme enregistrement d'une différence de nature. C'est ainsi que, dans beaucoup de cas, des conflits vécus comme conflits de générations s'accompliront en fait à travers des personnes ou des groupes d'âge constitués autour de rapports différents avec le système scolaire.

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Discrimination anti-jeunes• Il est certain que, par-delà toutes les différences de

classe, les jeunes ont des intérêts collectifs de génération, parce que, indépendamment de l'effet de discrimination « anti-jeunes », le simple fait qu'ils ont eu affaire à des états différents du système scolaire fait qu'ils obtiendront toujours moins de leurs titres que n'en aurait obtenu la génération précédente. Il y a une déqualification structurale de la génération. C'est sans doute important pour comprendre cette sorte de désenchantement qui, lui, est relativement commun à toute la génération. Même dans la bourgeoisie, une part des conflits actuels s'explique sans doute par là, par le fait que le délai de succession s'allonge, que, comme l'a bien montré Le Bras dans un article de Population, l'âge auquel on transmet le patrimoine ou les postes devient de plus en plus tardif et que les juniors de la classe dominante doivent ronger leur frein. Ceci n'est sans doute pas étranger à la contestation qui s'observe dans les professions libérales (architectes, avocats, médecins, etc.), dans l'enseignement, etc. De même que les vieux ont intérêt à renvoyer les jeunes dans la jeunesse, de même les jeunes ont intérêt à renvoyer les vieux dans la vieillesse. 29

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adulescents

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adulescents

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Tanguy adulescent

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adulescents

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Adolescence post-adolescence

• Dans un article récent Olivier Galland attire notre attention sur les termes d’adolescence, post-adolescence et jeunesse employés de façon proche afin désigner la période transitoire de l’enfance à l’âge adulte, tout en insistant sur les différentes interprétations sociologiques du choix de terme. En citant Talcott Parsons, Galland définit l’adolescence comme culture d’irresponsabilité.

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Suite…

• Il cite Hugh Cunnigham pour la post-adolescence qui est liée à la poursuite des études plus longue des jeunes face à une perspective d’emploi moins favorables depuis la décennie 1980. Il peut même s’agir, parfois, de tentatives théoriques de prolonger cette étape transitoire entre l’enfance et l’age adulte jusqu’au début de la trentaine. On peut les regrouper dans la catégorie des « adulescents ». Olivier Galland, Les Jeunes, Paris : Eds. La Découverte, 6e édition, 2002, pp. 49-60.

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adulescent

• Tony Anatrella définit la notion des « adulescents », qui l’a inventé dans la décennie 1970, des jeunes entre 24 ans et le début de la trentaine, en partie marqués par le chômage et en partie relativement insérés socialement dans des études ou une activité professionnelle toute en formant un groupe des post-adolescents dépendant de leurs parents.

• Voir pour les détails sur cette catégorie:• Tony Anatrella, « Les ‘adulescents’ » in Etudes, n°3991-2,

juillet-août 2003, pp. 37-47.

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Adonaissant

• Posters de lolitas ou de footballeurs aux murs de leurs chambres, « looks griffés »…,

• ils n’ont pas 12 ans, mais ils affichent déjà des codes de représentation et d’expression propres. Entre l’enfance et l’adolescence, voici donc venue l’adonaissance. Et s’il s’agissait bien d’une phase nouvelle et originale de prise de possession de soi ?

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adonaissant

• François de Singly s’intéresse à ces jeunes de 10-12 ans, pour la plupart en première ou deuxième année du collège.Ces jeunes de l’entre-deux, loin de l’innocente légèreté des premières années, ne sont pas à proprement parler encore entrés dans une volonté d’affirmation de soi, voire dans une mise à distance brutale de l’univers familial. Cette époque charnière, F. de Singly l’appelle l’« adonaissance ». A ne pas confondre avec l’adolescence. Ces jeunes sont en demande de petits gestes de flexibilité de la part de leurs parents (sur les horaires, sur les sorties, sur la musique, l’installation de la chambre…), mais ne sont pas encore à même d’opposer à l’identité familiale une originalité personnelle.

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adonaissance• « L’adonaissance, explique l’auteur, ce n’est ni la rupture du lien de filiation, ni le

maintien de cette identité dominante. C’est un temps pendant lequel le jeune cherche ses marques, plus générationnelles que personnelles afin de se prouver et de prouver aux autres que son identité ne se réduit pas à son appartenance familiale. » Il ne s’agit pas de s’affirmer comme un individu autonome, mais de remplacer, en somme, l’identité familiale par l’identité générationnelle, comme un premier processus en douceur de prise de pouvoir sur soi. A défaut de dire « je », ils commencent par se dire « jeunes ». Porter telle marque, avoir le poster de tel chanteur ou de tel sportif au mur de sa chambre, autant d’actes d’apparence anecdotique qui prennent une dimension symbolique. Le « contenu » des acquis importe peu, ce qui importe c’est l’éloignement relatif des parents. Luca, 12 ans, affirme qu’il souhaiterait conduire une moto. « Pourquoi ? » demande l’enquêtrice. Réponse de l’intéressé : « Pour y aller. » « Pour aller où ? » reprend-elle. Et lui de marmonner : « Mais je sais pas, j’en sais encore rien. » Les réponses de Luca sont symptomatiques de cette période d’adonaissance. Le temps de la découverte d’un moi original n’est pas encore venu.

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adonaissants• F. de Singly : la croyance selon laquelle les enfants deviendraient trop tôt des

individus « tout-puissants » est à nuancer. Les adonaissants reconnaissent d’ailleurs souvent le bien-fondé de la négociation avec l’autorité parentale. La plupart des jeunes interrogés comprennent les raisons de ce qui leur est demandé, par exemple, la légitimité de différencier les horaires de coucher entre les veilles d’école et les soirs de lendemains plus libres. Autre exemple qui illustre bien le contrôle toujours d’actualité de la famille sur les enfants : le rituel d’inspection des habits. Dans ce domaine, rien d’étonnant, les jeunes cherchent à répondre au plus près aux codes de leur classe d’âge. Mais l’auteur cite les résultats des questionnaires qu’il a consacrés à ce sujet : si près de la moitié des filles déclarent que leurs parents les laissent entièrement libres de s’habiller comme elles le souhaitent, elles n’achètent leurs vêtements sans leurs parents que dans un sixième des cas, et dans 40 % des cas, ces derniers donnent l’accord final pour l’achat.

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Parents - adonaissants

• Les parents de ces enfants-là, montre F. de Singly, réduisent la personnalité de leur fils ou fille de 10-12 ans à celle d’un « héritier », bien souvent synonyme de celle de « bon élève ». Les entretiens montrent que ces filles perçoivent le caractère oppressant de leur modèle éducatif, mais sans savoir pour autant quelle alternative elles souhaiteraient voir mettre en place.

• La plupart s’en tiennent, en guise de contestation, à des comportements d’obéissance, de passivité ou, plus inquiétant, d’« absence ». On doit cependant parler d’adonaissance : on retrouve là toute l’ambiguïté de cette période pivot entre désir de possession de soi et absence de revendications bien personnelles.

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Parents - adonnaissants• Enfants de cadres et enfants des milieux populaires, deux mondes distincts,

deux modes d’individualisation différents. • Dans les familles de cadres, préoccupées par la reproduction sociale, le jeune

doit rester « fils ou fille de » pour une part de son existence, notamment dans le domaine des études.

• Il reste fortement dépendant de ses parents lorsqu’il s’agit d’activités où il y a des enjeux de transmission sociale, morale et culturelle. Il s’exprime personnellement dans d’autres sphères, comme celle des loisirs.

• En somme, l’adonaissant a une identité clivée. Dans le modèle des familles populaires, le schéma prévalent n’est pas celui du clivage, mais plutôt celui de la conciliation. Les parents de ces jeunes ne considèrent pas la culture « jeune » comme une menace contre l’ordre établi, contre « les choses sérieuses ». Ainsi, il est fréquent de trouver chez ces familles des postes de télévision dans les chambres des enfants ou une ligne téléphonique spécialement réservée à la chambre des filles.

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