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> OEUVRES   Un entretien de Transfuge autour du dernier roman de Sollers "Trésor d’amour"   Dans l’antre du Minotaure   Par V.K.- 15/12/2010  -  Version originale  MENU LE GRAND ENTRETIEN :   Dans l’antre du Minotaur e,   Minna, la nouvelle héroïne sollersienne,   Sur Houellebecq,   Les guest-stars du roman : Freud, Sartre, Debord...  LE LIVRE :  Le mot de l’éditeur,   Extrait en avant première, La revue Transfuge N° 45 de décembre 2010 fait sa couverture avec Philippe Sollers. Sous- titrage : « Le nihilisme est quotidien ».

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> OEUVRES Un entretien de Transfuge autour du dernier roman de Sollers

"Trésor d’amour" Dans l’antre du Minotaure Par V.K. - 15/12/2010 - Version originale

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LE GRAND ENTRETIEN :

Dans l’antre du Minotau r e,

Minna, la nouvelle héroïne sollersienne,

Sur Houellebecq,

Les guest-stars du roman :

Freud, Sartre, Debord...

LE LIVRE :

Le mot de l’éditeur,

Extrait en avant pre m ière,

La revueTransfuge N° 45 de décembre 2010 fait sa couverture avec Philippe Sollers. Sous-titrage : «Le nihilisme est quotidien ».

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Dans son éditorial, Vincent Jaury souligne : «Sollers n’est pas qu’un excellent critique, il est unécrivain majeur, au moins pour deux livres , Paradis et Femmes ». Et dans les pages centrales, lesmeilleures, une double page de titre, photo de Sollers en pied à gauche et ce titre à droite :

Un grand entretien consacré à Philippe Sollers autour de la prochaine publication de son livre :« Trésor d’amour », à paraître, le 5 janvier 2011, chez Gallimard.

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Minna, la nouvelle héroïne sollersienne

Car il ne s’agit que de cela, depuis quarante ans d’écriture, atteindre cette connaissance dérobée,« rejoindre dans ses tréfonds, une jouissance féminine ignorée d’elle -même », tel qu’il le formuledans Trésor d’amour . Et cet appel du féminin hante l’œuvre de Sollers.

Critique

Trésor d’amour

Le titre prête à sourire tant la guimauve ne sied pas à Philippe Sollers. Il s’en amuse lui-même enmettant en exergue un prétendu proverbe vénitien du XVIIe siècle : «Douleur d’amour ne dure

qu’un instant trésor d’amour dure plus que la vie ». Guerre ouverte au cliché. «Plaisir d’amour ne

dure qu’un instant, chagrin d’amour dure toute la vie», ce roman sera donc le récit en miroir de laquête amoureuse de Stendhal et de l’aventure lumineuse vécue par le narrateur à Venise avecune jeune Italienne,Minna Viscontini , lointaine descendante de Métilde, la Milanaise se refusaità Stendhal. Hymne à l’amour -passion, ce roman joue, sur le modèle d’Une vie divine , à perdre lelecteur entre le destin de Stendhal dans l’Italie et la France du XIXè siècle, et le moment d’amour

du couple vénitien d’aujourd’hui. Fabuleux récit où Philippe Sollers embrasse l’insoutenablelégèreté de l’amour.

Dès le premier roman, on trouve une femme à l’origine de l’écriture dans Une curieuse solitude , ladisparition d’une femme dans Le Parc qui mène à la tentation du suicide, une femme encoredans Paradis , la Vierge découvrant le tombeau du Christ vide, puis elle se démultiplie pourdevenirFemmes - Chinoise, musicienne, publicitaire, journaliste, militante communiste, toutes

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elles se pressent dans ce livre démoniaque. Vient le temps des libertines dansLe Cœur absolu etenfin de la douce stendhalienne deTrésor d’amour .

Comme leCasanova de Fellini, Philippe Sollers finira peut-être par danser avec une poupée pourlui arracher son dernier secret. Car la femme est sous la plume de Sollers, comme la poupée pourFreud, le symbole de l’inconnu, de l’« unheimliche », de la menace de se perdre. L’écrivain en atant joué, de ce « casanovisme», que l’on en oublie sans doute l’essentiel, ce qu’il appelledans Paradis , le « dogme de l’émasculée conception ». Les maîtresses, chez Sollers comme

chez Stendhal, sont toutes répliques d’une mère. Le Minotaure capture des femmes pour revenir dans l’antre originel, le lieu où naît la parole, ce souffle que Philippe Sollers a fait entendre dansce livre vierge de toute ponctuation, chef-d’œuvre d’inspiration joycienne, Paradis . Dans ce texteécrit il y a trente ans, l’écrivain dévoilait une entrée à son labyrinthe: « ce qui s’incarne dans lafemme terrifie l’homme, ce qui meurt dans l’homme terrifie la femme». Nous avons peur de notreplaisir, ne cesse de nous répéter l’ancien ami de Lacan, l’inlassable lecteur de Freud, l’homme quia fait entrer Sade dans la Bibliothèque de la Pléiade. Ainsi, dans notre époque triste, nous aimonsla littérature qui choisit résolument la pulsion de mort.

[...]

CE TITRE,TRÉSOR D’AMOUR, ANNONCE-T-IL UN RETOUR VERS LE CŒUR BATTANT DEVOTRE ŒUVRE : L’AMOUR?

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Le proverbe vénitien placé en exergue : «Douleur d’amour ne dure qu’un moment, trésor d’amour dure plus que la vie »,est inventé. Il prend le contre-pied de : «Plaisir d’amour nedure qu’un instant, chagrin d’amour dure toute la vie ».J’aime bien renverser les choses ainsi, c’est d’embléepolémique. L’autre exergue est de Stendhal : « L’amour atoujours été POUR moi la plus grande des affaires, ou plutôt la seule », Tout est pour moi dans ce« ou plutôt ». Vous

payez vos impôts au Trésor public? Là, j’invente autre chose,le Trésor privé. L’amour est une question extrêmementsurexposée, utilisée, instrumentalisée mais, à mon avis,toujours clandestine et refoulée.« Trésor » et « amour » sontdes mots extrêmement courants dans le langage de l’amour maternel. Pourtant, ils ne s’emploient jamais en public, ilssont un aveu de tendresse un peu ridicule... Ce titre est aussiune reprise du livre de Stendhal,De l’amour, qu’il a écrit dansdes circonstances singulières. Ces différents élémentstendent à confluer dans le roman.

VOUS ÉCRIVEZ D’AILLEURS DANS LE PREMIER CHAPITRE QUE LE ROMAN AURAIT PUS’INTITULER« DELTA »

Oui, cela signifie que j’ai l’impression d’écrire quelque chose à la confluence deplusieurs fleuves

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se dirigeant vers l’océan. La mémoire va y jouer un rôle considérable. J’ai choisi une unité de lieu,Venise, pour accueillir ce mouvement. Bien sûr, ce livre recoupe beaucoup de choses que j’ai pufaire, avec une tonalité plus resserrée.

DANS CE DERNIER ROMAN, COMME DANS TOUTE VOTRE ŒUVRE, ON RETROUVEVENISE. LA VILLE EST-ELLE UNE NOUVELLE FOIS UN LIEU HORS DU TEMPS,DE« L’INFINI DANS L’INSTANT » (LA GUERRE DU GOÛT)

Venise est extrêmement surexposée et peut donc paraître impénétrable mais il suffit de sedécaler de deux cents mètres de la foule pour se retrouver dans un lieu magique qui invite à uneouverture et à l’expérience unique de la rencontre amoureuse...

[...].

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Soon-Wha Shin , Le couple

diptyque : 2 x (H 98 x L 32 cm), très pileface .

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MINNA EST SINGULIÈRE DANS VOTRE ŒUVRE: TOUT EN ÉTANT PROCHE DESLIBERTINES DE VOS ROMANS, ELLE EST AUSSI LECTRICE DE STENDHAL ET DONC

VOTRE ALTER EGO.

En effet, la conversation entre Minna et moi se poursuit dans tout le livre, notamment autour de lacartographie intime de Stendhal. À la faveur de cette rencontre rarissime de l’amour -passions’établit un dialogue entre la France et l’Italie qui ne demandait qu’à surgir. Pour avoir passéquarante printemps et automnes incognito à Venise, c’est une question fondamentale pour moi.Stendhal est le grand héros de cette affaire, il est le premier à avoir un éblouissement devantl’Italie. Stendhal a fait la retraite de Russie avec Napoléon, c’est un homme absolument horrifiépar la Restauration, il écrira un jourLe Rouge et le Noir et La Chartreuse de Panne, mais le plusgrand roman de Stendhal, c’est Stendhal lui-même. Sa vie et ses dispositifs de dissimulation ... Legrand amour de Stendhal à Milan, c’est un amour -passion non accompli, il ne se rend pas compte

que Métilde n’a rien à faire de son corps. Stendhal ne se trouve pas beau, il n’a pas ce queCasanova appelle « le suffrage à vue », et il fait de cette récusation une expérience sur lui-même. Stendhal s’est fait enterrer en italien et sur sa tombe devait apparaître cetteépitaphe : « visse, scrisse, amo »(il a vécu, il a écrit, il a aimé). Un membre du corpsdiplomatique qui se fait enterrer au cimetière Montmartre en italien, ça a choqué pas mal demonde ! S’enterrer en italien, c’était une sorte de défection. En plus, son cousin a mal retranscritcette épitaphe, il a fait graver« scrisse, amo, visse »(il a écrit, il a aimé, il a vécu). Pour le cousin,il était inconcevable que le fait d’écrire ait transformé toute l’existence de Stendhal, y comprisdans la dimension amoureuse. Essayer de faire comprendre cela aujourd’hui, c’est aussipratiquement impossible! C’est pour cela que c’est intéressant.

VOUS AVEZ EN COMMUN AVEC STENDHAL L’ART DE VOUS DÉROBER. L’ÉCRIVAIN DOIT-IL SE TRAVESTIR POUR ATTEINDRE LA VÉRITÉ DE L’AMOUR?

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« Le plus grand roman de Stendhal, c’est Stendhal lui -

même »

En tout cas, il n’y a pas à ma connaissance de meilleur

connaisseur de l’amour que Stendhal... Et bien sûr,

Mozart . La merveilleuse Cecilia Bartoli dit à propos deMozart qu’aucun musicien n’a pu comprendre comme lui

les états contradictoires ou simultanés de la natureféminine. C’est très vrai si on prend les opéras deMozart,Cosi fan tutte par exemple. Or, après Mozart, lamusique est verrouillée. Chez Wagner, vous avez lesWalkyries, mais ce ne sont plus des femmes. Stendhal apénétré la nature intime de la féminité. Il comprend mieuxles femmes qu’elles ne se comprennent elles -mêmes.Beauvoir, dansLe Deuxième Sexe,descend tous lesécrivains masculins, mais fait une exception pourStendhal... Tous ses personnages de femmes, Madame deRênal, Mathile de La Mole, la Sanseverina et Clélia,

traduisent cette connaissance de la féminité. J’ai unepassion pour la Sanseverina, Stendhal a d’ailleurs eu

besoin de l’Italie pour montrer son énergie, sa liber té. On est loin de la femme repentie duRouge et le Noir,qui regrette l’adultère et l’amour. .. Mais le personnage capital pour Stendhal, c’est samère. Elle meurt en couches lorsqu’il a 7 ans, en prononçant son nom : « Henri ». Elle s’appelleHenriette... Dans sesMémoires,il insiste beaucoup sur le désir profond qu’il a pour elle. C’est unedes plus belles confessions de désir d’inceste qu’on ait. Il écrit par exemple: « Je l’embrassais

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avec fureur ».Ce qui intéresse Stendhal, c’est la dimension incestueuse de la rencontreamoureuse, il touche là très loin, à quelque chose de très tabou ... Cela peut faire penser à monlivreLes Folies françaises .

[...]

VOUS ÉCRIVIEZ DANSFEMMES : « SOUFFRIR OU NE PAS SOUFFRIR, TOUT EST LÀ. OuTOUT REVIENT LÀ» ; TOUTE VOTRE ŒUVRE EST-ELLE UNE TENTATIVED’ARRACHEMENT À LA DOULEUR, UNE FUITE VERS LA JOIE?

Un chemin vers une connaissance qui est en même temps une joie. Je crois beaucoup que toutesles conceptions mélancoliques, névrotiques, déprimées, sont dues aux embarras des êtreshumains avec la sexualité. Cela me paraît démontrable et ce n’est pas la peine de fusiller Freudpour autant ! La France a été le pays de la plus grande expérimentation libre de l’amour.

Quelques années après Stendhal, il apparaît un héros énorme de cette expérimentation quis’appelle Édouard Manet. Personne ne voulait entendre parler de lui, la foule se rassemblait pour cracher surl’Olympia. Il a fallu attendre Picasso pour que quelqu’un comprenne réellement Manet.Pour Stendhal, c’est pareil. Ce sont toujours des singularités qui arrivent à ne pas céder sur leurdésir et qui, donc, s’imposent. Mais ça prend un temps fou. L’Olympia n’est entrée au Louvrequ’en 1907 sur ordre de Gambetta. Ce sont des romans passionnants, ces histoires d’art et delittérature, à l’inverse de ce que l’on enseigne comme une évidence.

Sur Houellebecq

Vous QUI AIMEZ LA LITTÉRATURE, VOUS RÉJOUISSEZ-VOUS DU DERNIER PRIX

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GONCOURT ?

Mais oui! C’est tout à fait mérité, Houellebecq est un très bon raconteur. Je ne saurais pas dutout raconter comme lui. Cequi m’intéresse, étant donné son principe de narration, c’est pourquoiil est obligé de se déclarer à propos de peinture. Son attaque contre Picasso est ridicule, mais apeut-être plu à Sarkozy, qui l’a invité à dîner.

N’A-T-ON PAS LE DROIT DE CONTESTER PICASSO ?

On a le droit de faire preuve d’ignorance. J’ai encore entendu Houellebecq dire à laradio :« Picasso, c’est mauvais, c’est laid. J’aime Kandinsky, Pollock, Mondrian et je préfèreChagall », À ce moment-là, rideau. Montrez-moi une femme désirable chez Pollock ou Chagall !Je vous assure que tout est là.

VOUS N’ÊTES JAMAIS D’ACCORD AVEC HOUELLEBECQ, C’EST MÊME UN JEU. N’EST-ILPAS VOTRE ADVERSAIRE PRÉFÉRÉ ?

Je l’aime ! C’est amusant d’avoir un adversaire comme lui. Et je trouve sa réussite tout à faitustifiée dans l’époque.

[...]

HOUELLEBECQ APPARTIENT-IL À LA «LITTÉRATURE DU DÉSASTRE »TELLE QUEL’AVAIT FORMULÉE FRANÇOIS MEYRONNIS DANS UN LIVRE PUBLIÉ PAR VOUS, DE L’EXTERMINATION CONSIDÉRÉE COMME UN DES BEAUX -ARTS ?

Pourquoi la description talentueuse du désastre et de l’apocalypse rencontre -t-elle autant de

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succès ? C’est bien parce qu’elle répond à un désir profond de la société, une pulsion de mort.Les livres de Houellebecq s’achèvent toujours sur une apocalypse, comme dans La Possibilité d’une île. Le succès de Houellebecq est un mouvement de masse. Et dans ces masses, ce

qui est en jeu, c’est le goût de la mort. Heureusement qu’il y met de l’ironie, c’est saqualité.Mais qu’est-ce qui gêne Houellebecq chez Picasso ?

Le Minotaure, cet épouvantable animal se précipitant sur les femmes. Picasso a dit :« L’art n’est amais chaste (...) S’il est chaste, ce n’est pas de l’art ». C’est touchant que Houellebecq sente

ainsi un danger dans le corps créateur de Picasso. D’ailleurs, je ne suis pas sûr que les gensn’aient pas envie de se débarrasser de cet érotisme... Freud l’a dit, se débarrasser de la sexualitéest un vieux rêve humain. C’est trop compliqué, il y a trop d’histoires, c’est mal vécu...

Les guest-stars du roman : Freud, Sartre,Debord...

VOUS GARDEZ TOUJOURS UNE APPROCHE TRÈS FREUDIENNE DES CHOSES...

« Freud l’a dit, se débarasser de la sexualité est un vieux rêve humain »

Freud est un des invités de mon roman. Je fais allusion à l’extraordinaire bonheur que connaîtFreud en Italie. Dans ses lettres, il est dans un état extatique. Sartre, au contraire, est saisi àVenise d’une névrose intensive très intéressante. De quoi s’agit-il? Freud découvre qu’il pourrait

être ce que Stendhal appelle un« privilégié », dans un texte ahurissant,Les Privilèges,où il se

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donne une liberté fantasmatique extraordinaire : il se donnele pouvoir d’inventer sa vie comme un roman et même dechoisir sa mort. Stendhal a d’ailleurs eu la mort qu’il voulait,apoplexie en pleine rue, près de la place Vendôme. Freudressent la même chose que le privilégié.

L’AUTRE GUEST STAR DE VOTRE ROMAN, C’ESTSARTRE •••

Sartre a été un admirateur de Stendhal. Le 26 février 1940,il écrit qu’il a relu avec une admiration profonde les soixantepremières pages de La Chartreuse de Parme. Il parle plusloin de ses propres personnages « en état de désintégration » : « Eux, c’est moi décapité », dit-il. Il est

en face d’un « pullulement sinistre », Vous voyez ce quec’est, le nihilisme au travail? Je vous montre une rose, vousla voyez déjà fanée. Il ajoute :« Fabrice au contraire dans LaChartreuse de Parme, même dans ses pires désespoirs, est pour son lecteur une source perpétuelle de bonheur ».Il

écrit plus loin : «Nous ne visons pas le même but. Mes romans sont des expériences et elles ne sont possibles que par désintégration ». Il écrit cela avant Hiroshima et avant la révélation descamps d’extermination...

[...]

UNE DERNIÈRE FIGURE HANTE VOTRE ROMAN, GUY DEBORD. AVEZ-VOUS DEL’ADMIRATION POUR SA RADICALITÉ JUSQU’À SON SUICIDE FINAL?

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J’ai de l’admiration pour Debord. Et je regrette infiniment qu’il n’ait pas pu arriver à la couleur, iln’a fait que du noir et blanc. C’est un grand général qui s’est trompé, il y en a d’autres dansl’Histoire. C’est une fin de vie très lourde, le suicide dans la douleur physique. C’est beau. Maisenfin, ce n’est pas obligatoire.

POURQUOI LE FAITES-VOUS RESSURGIR À VENISE ?

Parce que sa femme m’a prêté autrefois pour un film la seule photo prise de lui en couleurs, àVenise, au Linea d’Ombra, un endroit magique. À peu près à la même date, il écrit à Pauvert qu’ilest à Venise et il précise : «Surtout n’en parlez pas à Sollers, il ne connaît pas ». Alors que jesuis à dix mètres de lui ! Comment peut-il croire cela alors que depuis quarante ans je me dirigeles yeux fermés dans Venise? C’est bizarre qu’il ait substitué, à un renseignement précis, unpréjugé politico-moral. Et pourtant, c’est tout le temps ainsi que l’on juge mon cas. Qu’on mefasse la morale, c’est bien normal, mais franchement, le problème n’est pas là.

POURQUOI, SELON VOUS, VOUS JUGE-T-ON LE PLUS SOUVENT SOUS CET ANGLEPOLITICO-MORAL ?

Pour éviter de lire.

Propos recueillis par Oriane Jeancourt Galignani/ photo Thomas Lainé pour Transfuge,Illustration Alexis Lemoine pour Transfuge.

oOo

Nota : Les coupes « sauvages » qui truffent cet extrait, ne sont là ni pour dénaturer le texte, ni

parce que les passages correspondants seraient sans intérêt, mais pour vous inviter à découvrir

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l’intégrale de ce riche entretien, et de nombreux autres articles de qualité, dans larevue Transfuge, N° 45 de décembre 2010, actuellement en kiosque.

Crédit : Revue Transfuge

Sur Stendhal etDe l’amou r , voir ici.

Le Mot de l’éditeur : Trésor d’amour « On vit donc à Venise, Minna et moi, à l’écart. On ne sort pas, on ne voit

personne, l’eau, les livres, les oiseaux, les arbres, les bateaux, les cloches,

le silence, la musique, on est d’accord sur tout ça. Jamais assez de temps

encore, encore. Tard dans la nuit, une grande marche vers la gare maritime,

et retour, quand tout dort. Je me lève tôt, soleil sur la gauche, et voilà du

temps, encore, et encore du temps. On se tait beaucoup, preuve qu’on

s’entend. L’amour, c’est comme retrouver un parent perdu, son regard traverse la mort, et, avec

lui, surgissent des foules de détails précis, formes, sons, couleurs, odeurs. Une femme vraiment

aimée est brusquement la même qu’une autre, très différente, et qu’on n’oubliera jamais. Mais

cette matinée aussi est la même qu’il y a vingt ou trente ans, ce rayon de soleil est le même, ce

passage de bateaux le même, ces mouettes les mêmes. L’autre, contrairement à la vieille

rengaine romantique, est le même quand même. Toute séparation se dissout dans le soir

puissant. Les amoureux sont seuls au monde parce que le monde est fait pour eux et par eux.

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L’amour est cellulaire dans les tourbillons du hasard, et ces deux-là avaient une chance sur

quelques milliards de se rencontrer à la même époque. Entre le français et l’italien, il y a une

longue et bizarre histoire. Elle ne demande, avec Stendhal, qu’à s’approfondir.»

Ph. Sollers

Extrait en avant-premièreNuit après nuit, jour après jour, en rêve, la demande est insistante et pressante : il faut

absolument terminer ce livre, le mener à bien, le livrer à l’extérieur pour le vérifier. Il faut . Le

titre,Delta , est là depuis des années, je revois quand et comment il a surgi en mouvement devant

moi, l’eau miroitante du Dorsoduro, à Venise, les lettres bleues sur fond blanc du grand bateau

venant d’Alexandrie. Il était midi, les cloches sonnaient à toute volée, j’avais pris une sérieuse

dose, l’horizon se mêlait à lui-même, c’était le splendide automne, et, une fois de plus, la grande

certitude était là.

C’est quoi « la grande certitude » ? Rien de particulier, le ciel en soi, le Graal. Pour quel’événement ait lieu, il faut, évidemment, un comble de fatigue, de découragement, d’angoisse, de

dégoût, la morsure de mort habituelle, le coup de l’abîme. Tu te traînes, tu rampes, tu multiplies

les erreurs, tu as mal partout, tes yeux fondent. Pas d’issue, torrent d’oubli, non-sens général. Et

puis soleil, et puis ça va.

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Ainsi, ce dimanche-là, l’admirable et élégant Delta fendait l’eau, remorqué par le Pardus , avec ses

voyageurs massés sur les ponts dans la lumière et le tintamarre des mouettes et des cloches. En

ce temps-là, si je me souviens bien, ma vie était un enchantement durable. Des heures de trous

noirs, mais elles rendaient le soleil plus fort. Comme le dit Lancelot en train de chanter et danser

dans la grande prairie aux quatre pins : «Qu’il fait bon garder ses amours ! » Au diable les

affaires, les costumes, les dates. La bonne folie nous convient.

Les mots « trésor », « amour » appartiennent spontanément au vocabulaire amoureux, ils sont

prononcés un milliard de fois par jour dans toutes les langues, sous toutes les latitudes, et

fleurissent sans cesse sur les lèvres des mères et des grand-mères qui adorent leurs enfants et

petits-enfants, surtout mâles. À l’instant l’une d’elles me téléphone: elle est avec son petit-fils detrois ans dans un parc de Paris, et je l’entends toutes les dix secondes s’inquiéter de son

équilibre, « Trésor attention ! », « Amour, non, reviens ! », mots chantonnés de façon gracieuse.

Tous les téléphones portables de la planète, même ceux qui n’ont rien à cacher, sont remplis de

ces murmures, chastes ou pas. L’humanité s’en défend, mais elle est passionnée et pudique. Elle

rougirait de dévoiler son intimité : « Chéri », « Chérie », « Amour ! », « Trésor !» Qui s’exprimerait

ainsi au-dehors, sauf affectation théâtrale,sombrerait vite dans le ridicule, mais tout va bien s’il

s’agit de bébés par définition charmants. Vous imaginez aujourd’hui un roman ayant pour

titreTrésor d’Amour ? Ça paraîtrait grotesque, on ne l’ouvrirait qu’en cachette.

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En trois siècles, on est donc passé du refoulement et de la sublimation religieuse au libertinage,

du libertinage à la passion romantique, de là à la pudibonderie, de là encore à la prolifération

sexuelle et pornographique, avant de retourner, via la maladie et la technique de reproduction, au

refoulement ordinaire et originaire qui revient, chaque fois, au point mort. La boucle est bouclée,

le spectacle achevé, il est temps d’en tirer les conséquences. Tous les éléments précédents

peuvent concourir à une unité supérieure ayant la profondeur intérieure comme objet. Sérieux,

pudeur, liberté, dévoilement, délire, cœur, goût, délicatesse, crudité, œil clinique, plaisir, retrait. Le

temps est un trésor, et, pour l’ensemble de l’aventure, on garde le mot si controversé

d’amour .Minna, trésord’amour.

Il y a plusieurs Venise, mais la plus dérobée et la plus secrète est la mienne depuis toujours. Jerevois la petite boutique aujourd’hui disparue à droite, sur le Campiello Barbaro, basse, sombre,

étroite, derrière la fontaine coulante, venue d’on ne sait où et maintenue on ne sait comment, bric-

à-brac en tout genre, meubles anciens, cartes, miroirs, vieux livres, bijoux, avec son nom,

impensable en français mais bel et bien là en italien, en lettres dorées à peine

lisibles :Tesorod’amore. Drôlede trésor, accumulations et entassements d’histoires, au moins

cent petits romans. On passe un matin par là, Minna et moi, les deux bagues sont là, en vitrine,

sur un coussin rouge, elles s’offrent avec une telle évidence qu’on entre. Le type, à l’intérieur,

dans un coin, doit avoir 120 ans ou peut-être 6000, il somnole dans un grand fauteuil, même pas

dans l’attente d’une clientèle d’ailleurs improbable, vu la vétusté du lieu qui doit rejeter les rares

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touristes égarés par là. Je montre les deux bagues autype à moitié endormi, deux serpents d’or

entrelacés, petit doigt pour Minna, index pour moi, sûrement une fortune. Le type n’ouvre même

pas les yeux, il fait un geste de la main droite qui veut dire «je m’en fous, vous voyez bien que je

ne suis plus là, prenez et partez», et on se retrouve dehors, il n’y a personne, j’ai laissé pas mal

d’argent près du vieux, tout cela comme en rêve, avec le plus grand naturel, tesoro , amore , trésor,

amour. Les deux bagues qui, comme l’indiquent deux minuscules étiquettes, ont été conçues pour

un homme et une femme de la fin du 16e siècle, brillent maintenant sur nos deux mains gauches.De qui venons-nous de prendre la place ? On ne sait pas.

Récemment, pendant qu’une crise financière énorme secouait les banques mondiales , une

information étrange est passée inaperçue. Des archéologues grecs venaient de découvrir uneépée de quatre-vingt-quatorze centimètres, à poignée d’or, datant du 12e siècle avant notre ère.

Elle était là, au repos, dans une tombe mycénienne. Vingt mille milliards de dollars partis en

fumée d’un côté, une épée à poignée d’or de l’autre, choc des siècles, Bourse en folie, raccourci .

Beaucoup de choses ont lieu, très peu sont à l’œuvre, et pourtant, malgré l’intense brouillage

social, des angles nouveaux se font jour. Autre information inaperçue : celle qui concerne

l’acoustique des grottes ornées préhistoriques. Là où il y a peinture, il y a maximum de son, au

point qu’un simple «oh », près des niches très décorées, fait gronder l’ensemble de la grotte.

Dans plusieurs sites explorés, le nombre de peintures augmente d’une salle à l’autre avec le

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nombre d’échos. J’ai eu, très jeune, cette expérience à Lascaux : un son immense, en même

temps que la chevauchée des animaux libres.

Les hommes du paléolithique chantaient lors de leurs cérémonies. Les peintures des grottes sont

souvent exécutées dans des endroits presque inaccessibles, certaines salles étant situées à

plusieurs kilomètres à l’intérieur. Cette peinture d’action devait servir de lien rituel entre lemonde

physique et les forces invisibles. S’il est inspiré, le voyageur du temps le ressent. Mais il y a mieux: le son, dans les cavernes était d’abord une boussole. Dans l’obscurité

souterraine,l’éclairage était faible et les torches inutilisables dans les boyaux. On se servait donc

du son comme d’un sonar pour se déplacer et s’orienter. La voix allait et revenait, déchiffrant

l’espace. Très souvent, il suffit de suivre la direction de la meilleure résonance pour arriver auxpeintures. L’oreille sait où elle a quelque chose à voir. Ainsi, les points d’ocre, à l’intérieur des

boyaux, correspondent au maximum de résonance. Voilà le chemin, et, au fond, quand on écrit,

c’est pareil.

On avance à tâtons, à l’aveuglette, on envoie la voix, elle résonne, elle faitparler le roc, on

allume, et c’est aussitôt la féerie des bisons, des chevaux, des bouquetins, des cerfs, la splendeur

du monde en couleur. On entend d’abord, on voit ensuite. La peinture n’est pas une image, mais

une sculpture en mouvement dans le son. Le mugissement spirituel de Lascaux traverse la terre

et la roche, et c’est le ciel de la chasse, la sauvagerie ultra délicate de l’air. Ma voix devient un

opéra d’avant le Déluge, et dans le puits sacré, là-bas, près d’un bison blessé, un homme à tête

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d’oiseau affronte la mort.

Je ne suis pas ressorti le même de cette plongée. J’avais volé non pas le feu mais le son. Grand

vertige, souffle intense. Un truc à la Jonas,de profundis clamavi. Ma main, un instant posée

contre la paroi, m’entendait. Elle m’entend toujours.

Quant au roman qui, au lieu de celui-ci, aurait dû s’appeler Delta , il a fini par se perdre dans un

flot imprévu et ininterrompu de mémoire. Je voulais partir de la source à peine perceptible des

fleuves, m’arrêter en montagne, étudier la naissance cachée de ces grands monstres incessantsqui deviennent ensuite le Nil, le Niger, le Danube, le Rhin, les fleuves Bleu et Jaune, leurs entrées

ramifiées, bien plus tard, dans les océans ou les mers. L’Amazone, pourquoi pas, sept mille

kilomètres des Andes à l’Atlantique, avec ses trois mille espèces de poissons, ses dauphins, ses

caïmans. J’ai commencé, j’ai vite renoncé, l’élégant et rapide Delta me ramenait toujours àVenise, cloches, mouettes, soleil.

Il n’empêche: le motdelta , quatrième lettre de l’alphabet grec (daleth en hébreu), m’attire et me

fascine encore. Je trouve amusant qu’un esprit aussi positiviste que Littré en donne la définition

suivante : «Triangle entouré de rayons, dans lequel on dessine un œil ou les lettres hébraïques

qui composent le nom de Dieu et qui, dans nos églises, est le symbole de la sainte

Trinité. »C’était le bon vieux temps. Plus curieusement, un article d’un dictionnaire maçonnique a

retenu mon attention. « Delta : selon certains auteurs, dont les sources restent invérifiables, nom

d’une société secrète fondée en Egypte par des membres de l’expédition de Bonaparte, en

1798. »

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Mais enfin, à cause du roman vénitien avec Minna,Trésor d’Amour s’est imposé. L’idée est lamême : confluence, convergence, débordement, synthèse, bouillonnement venu de partout, del’enfance, des années lointaines, des villes, des campagnes, des pays traversés, des situationshistoriques,des glaciers disparus, des livres, des corps rencontrés, des vallées. L’entrée, à midi,du paquebot Delta dans Venise voulait dire que Venise, en soi, était ce delta. La rencontre avecMinnadevait se produire.

Minna Viscontini est née en 1973 à Venise. Son père, mort en 1989, était bibliothécaire à la

Marciana, et sa mère, morte en 2003, professeur de piano au conservatoire Benedetto Marcello.Elle a été mariée deux ans à un banquier de Turin (« une erreur»), le temps d’avoir une fille,Clélia, qui a maintenant 5 ans. À 35 ans, elle est toujours professeur de littérature comparée àl’université de Milan. Sa spécialité est la littérature française, et, en réalité, un seul auteur :Stendhal. Elle a publié, en italien, un brillant petit essai sur lesSouveni rs d’égotisme.

Son prénom, donné par son père, vient de Stendhal, en pensant à « Mina de Vanghel », un brefroman qu’on trouve dans Le Rose et le Vert . Le deuxième a été ajouté pour conjurer l’étrangefolie de ce personnage. Le prénom de sa fille Clélia, vient deLa Chartreuse de Parme . Minna,aussi, en écho à la Pamina de La Flûte enchantée de Mozart. Quant à son nom, il m’a fallu uncertain temps pour en découvrir la légende.

Crédit : Philippe Sollers, Gallimard Le livre sur amazon

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